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'4
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MANUEL
D’UN
COURS DE CHIMIE
/
On trouve chez le même Libraire 3
Le Manuel du Pharmacien , par M. Bouillon-Lagrange ,
3ae. édition, avec des changemens, 9 planches. Pour Paris, 6 fr.
La seconde Table des Annales de Chimie, depuis le 5ie.
>'ûl. jusqu’au 60e. Prix, 6 fr.
Sous presse.
Le Système de Chimie, de Th. Thomson , professeur de
l’université et membre de la Société d’Edimbourg , traduit par
M. Riffault , administrateur général des poudres et salpêtres ,
avec une Introduction enrichie d’observations nouvelles , par
M. Berthollet , membre de l’Institut , en 9 vol. in-8°. , avec
200 Tableaux et Planch. Prix pour Paris , fr.
1
MANUEL
D’UN
COURS DE CHIMIE,
OU
PRINCIPES ELEMENTAIRES
THÉORIQUES ET PRATIQUES
DE CETTE SCIENCE.
QUATRIÈME ÉDITION, avec 25 Flanelles et des Tableaux.
Par E.-J.-B. Bouillon-LaguAîvge , Docleur en médecine ;
Professeur au Lycée Napoléon et à l’Ecole de Pharmacie ,
Membre du Jury d’mstruction de l’Ecole impériale vétérinaire
d’Alfort ; de plusieurs Sociétés savantes françaises et étrangères.
Chez Bernaud , Editeur des Annales de Chimie , et
du Bulletin des Sciences , par la Société philo-
mathique , quai des Augustins , N°. a5.
M. DCCC. VIII.
IMPRIMERIE DE H.-L. PE RR O NIVEAU,
M A N U F. L
DU N
COURS DE CHIMIE.
CHAPITRE PREMIER.
IVe. CLASSE. — Bases salifiables combinées
avec les Corps brûlés. (Substances salines. )
§•- Ier-
Des Sels en général.
On donne le nom de sel à tonte substance composée
d’un principe salifiant et d’une base salifiable ; l’un est
toujours un acide , et l’autre une terre , un alcali ou oxide
métallique.
Il existe trois classes de sels , les sels terreux , al-
calins , et métalliques.
On divise les sels en genres , espèces et variétés. Les
acides forment les genres , et les bases les espèces. Quant
aux variétés, qui sont peu nombreuses, elles dépendent
toujours de quelque accident , qui modifie l’espèce , tels
'lue des sels aycc excès d acide , ou avec excès de base.'
2,
1
a Des Sels en général.
Les genres et les espèces sont distribués suivant les
degrés d’affinités des acides pour les différentes bases ;
aussi nous traiterons successivement des sulfates , ni-
trates , muriates , phosphates , fluates , borates et car
bonates. y
Tout sel a un nom double, ou composé de deux
mots. Le premier qui exprime la nature de l’acide , se
termine en aie ou en ite, selon que l’acide est plus ou
moins saturé d’oxigène, le second indique l’espèce et
le nom de la base qui le constitue -, aussi nous avons
les sulfates et les sulfites, les phosphates et les phos-
phites , etc. *, quant aux combinaisons de 1 acide muria-
tique oxigéné et sur-oxigénë , on les distingue par
l’épithète d’oxigéné ou de sur-oxigéué. Ceux oh domine!
l’acide ou la base, par sels acides, sels sur-saturés de
base. Les sels triples ou à double base se composent du
nom spécifique des deux bases qui entrent dans leur
composition -, ainsi ou exprimera la combinaison de 1 acide
sulfurique avec l’ammoniaque et la magnésie , par le
nom de sulfate ammoniaco-magnésien.
La faculté de prendre une forme régulière, soit par la
nature, soit par l’art, est une propriété presque commune
à tous les sels. De cette propriété resuite la crista i
sation , que nous traiterons en particulier.
La solubilité et la saveur ne doivent - pas etre consi
dérées comme essentielles à la constitution des sels car
il faudrait retrancher de la classe des substances salines
quelques sels qui lui appartiennent, tels que les sul
fa le , phosphate et fluate de chaux , etc. -, nous dnom
donc , qu’il existe des sels solubles et insolubles , de sa
pides' et d’insipides -, que la solubilité augmente otj
Des Sels en général. 3
fc’affoihlit avec la saveur , et que l’insipidité est toujours
«n raison de l’insolubilité.
Les sels éprouvent deux parties de fusion , la fusion
aqueuse et la fusion ignée. La première a lieu lors-
qu’on élève assez la température pour fondre un sel *,
dans ce cas il se dissout dans sa propre eau de cristal^»
lisation , ce n’est donc qu’une dissolution dans l’eau
chaude ; mais il faut pour cela que les sels contiennent
beaucoup d’eau de cristallisation. Lorsque le sel est ainsi
fondu , si l’on continue l’action du feu , l’eau s’évapore
le sel se dessèche ^ et dans cet état on le nomme sel
< calciné .
La fusion ignée dépend également de l’action du feu ,
elle succède à la première. Les matières salines em-
ployées dans cette opération contiennent ordinairement
peu d’ eau de cristallisation-, et sont aussi plus fusibles,
tels que les phosphates et borates dont on se sert com*
me fondans dans beaucoup d’opérations de chimie et
des arts.
On dit aussi que les sels décrépitent. La décrépita-
tion n’est autre chose qu’un bruit provenant de l’écar*
tement des molécules intégrantes qu’éprouvent certains
Sels par l’action subite du feu , et qui à pour cause la
vaporisation instantanée de l’eau qu’ils contiennent , la-
quelle par la force expansive brise les cristaux , et lance
les fragmens à une certaine distance.
Certa ins sels sont susceptibles de se volatiliser ou de
se sublimer, comme le muriate d’ammoniaque -, cela tient â
Une grande adhérence entre ses principes constitutifs et une
jgraude alhnité avec le calorique. D’autres sont décomposé^
£ De la Cristallisation.
en tout ou en # partie , comme le nitrate et le sulfate
d’ammoniaque , etc.
Les sels cristallisés , exposes au contact de 1 air , ne
présentent pas tous des phénomènes semblables, les uns
perdent leur forme et leur diaphanéité , les autres se
liquéfient, d’autres se convertissent en poudre.
On donne le nom de déliquescence au premier de
ces phénomènes et celui d’efflorescence au deuxième.
Mais tous les sels ne sont pas déliquescens au même
degré , il en est de même de ceux qui sont efflorescens.
§. II. ~
De la Cristallisation.
Avant de présenter les caractères et les propriétés des
combinaisons des acides avec les terres et les alcalis,
je crois utile de donner quelques notions sur la cris-
tallisation des sels.
La cristallisation est une opération dans laquelle les
parties intégrantes d’un corps, séparées les unes des
autres par l’interposition d’un liquide, sont déterminées
par la force d’attraction quelles exerceut les unes sur
les autres, à se rejoindre pour former les masses
solides.
Lorsque les molécules d’un corps sont simplement
écartées par le calorique , et qu’en vertu de cet écarte-
ment ce corps est porté à l’état de liquide, il ne faut,
pour le ramener à l’état de solide , cest-a-diie, pour
opérer sa cristallisation , que supprimer une partie du
calorique logé entre ses molécules , autrement dit , e
De la Cristallisation.
5
refroidir. Si le refroidissement est lent , et si en même
tems il y a repos , les molécules prennent un arrange-
ment régulier , et alors il y a cristallisation proprement
dite ; si , au contraire , le refroidissement est rapide, ou
si , en supposant un refroidissement lent , on agite le
liquide au moment où il va passer à l’état concret , il y
a cristallisation confuse.
Les mêmes phénomènes ont lieu dans les solutions
par l’eau , ou pour mieux dire , les solutions par l’eau
sont toujours mixtes ; elles s’opèrent en partie par l’ac-
tion de l’eau , en partie par celle du calorique. Tant
qu’il y a suffisamment d’eau et de calorique pour écar-
ter les molécules du sel, au point qu’elles soient hors de
leur sphère d’attraction , le sel demeure dans l’état liquide.
L’eau et le calorique viennent-ils à manquer, et l’attraction
des molécules salines , les unes par rapport aux autres , de-
vient-elle victorieuse , le sel reprend la forme concrète, et
la figure des cristaux est d’autant plus régulière que l évapc-
ration a été plus lente, et faite dans un lieu plus tranquille.
Tous les phénomènes qui ont lieu dans la solution des
sels se retrouvent également dans leur cristallisation ,
mais dans un sens inverse. 11 y a dégagement de calo-
rique , au moment où le sel se réunit et reparaît sous sa
forme concrète et solide, et il en résulte une nouvelle
preuve que les sels sont tenus à la fois en dissolution 7
par l’eau et par le calorique. C’est par cette raison qu’il
ne suffit pas , pour faire cristalliser los sels qui se liqué-
fient aisément par le calorique, de leur eidever l’eau qui
les tenoit en dissolution, il faut encore leur enlever le
calorique , et le sel ne cristallise qu’autanl que ces deux
conditions sont remplies. Le muriate de potasse oxigéué ,
6
De la Cristallisation.
le nitrate de potasse, le sulfate acide d’alumine, le sul-
fate de soude, etc. , en fournissent des exemples. Il u’ens
est pas de même des sels qui exigent peu de calorique
pour être tenus en dissolution , et qui par cela#nême sont,
à-peu-près également solubles dans l’eau chaude et danü
l’eau froide-, il suffît de leur enlever l’eau qui les tenoit
en dissolution, pour les faire cristalliser, et ils repaf-
roissent sous forme concrète, dans l’eau bouillante même,
comme on l’observe relativement au sulfate de cbaux ,
aux. muriates de soude et de potasse , et à beaucoup
d’autres.
]\on seulement tous les sels cristallisent sous différentes
formes , mais encore la cristallisation de chaque sel varie
suivant les circonstances de la cristallisation. Il ne faut
pas en conclure que la figure des molécules -salines ait
rien d’indéterminé dans chaque espèce : rien n est plus
constant au contraire que la figure des molécules primi-
tives des corps , sur-tout à L’égard des sels. Mais les cris-
taux qui se forment sous nos yeux sont des agrégations
de molécules , et ces molécules , quoique toutes parfaite-
ment égales en figures et en grosseur , peuvent prendre
des arrangemens différens , qui donnent lieu à une grande
variété de figures toutes régulières, et qui paroissent
quelquefois n’avoir aucun rapport ni entre elles , ni avec
la figure du cristal originaire.
Il étoit réservé au célèbre minéralogiste français M.
Hai'tjr de dévoiler ce mystère , par le calcul analytique.
Voici le précis de cette belle théorie, qui a si heureuse-
ment développé la structure des cristaux , et dont la con-
noissance est devenue si nécessaire pour présenter avec
exactitude les formes régulières. C’est ce travail que je
De la Cristallisation.
T
ferai connoître ici , .comme étant le plus facile et le plus
à la portée des élèves.
La science de la cristallisation , très-peu avancée du
tems de Werner , est devenue si importante par les
accroissemens qu elle a pris de nos jours , qu’elle sert à
rectifier les erreurs de l’analyse, en nous indiquant sou-
vent les vrais principes oonstituans des corps. Linnée ,
qui a beaucoup travaillé sur cette partie , avoit imaginé
que les sels seuls avoient la propriété de- cristalliser , et
que les corps composés de plusieurs substances sim-
ples , qui ne pouvoient former par leur union aucun
sel , ne dévoient leur propriété de cristalliser qu'à
quelque sel qui s’y trouve combiné dans une propor-
tion quelconque ; mais le degré de perfection de l’ana-
lyse actuelle rend l’idée de ce grand homme inadmissible.
Rome Delisle a fait le premier un corps de doctrine
fondé sur un grand nombre d’observations. Le principe
qu’il avoit établi étoit celai-ci: voilà un cube, s étoit-il
dit : il a subi une espèce de dégénéràtion .- comment s’est-
elle faite ? Par des troncatures ; et il en a conclu qu’il
existoit dans la nature des formes primitives, formes
qui, dans différens cristaux, sont modifiées par des
troncatures.
Mais la clef de la science n’étoit point encore trouvée.
Le premier mot de l’énigme est dû à Bergmann -, il est
probable, a-t-il dit, que les irrégularités des formes pri-
mitives des cristaux sont dues au défaut des matières.
Pourquoi ce cristal n’est-il pas un cube parfait ? C’est que
la forme primitive du cube a été modifiée par des décrois-
6emens assujétis à certaines lois.
Un cristal est un solide terminé par des angles et doa
3
De la Cristallisation
faces : il existe une force par laquelle les parties tendent
à s’unir-, la solidité est l’effet qui en résulte. Mais sur
quoi agit cette force ? Sur des parties similaires qu’on
appelle génératrices. Il est facile de voir que l’union d un
certain nombre de ces parties génératrices peut former
des cristaux différens du cristal générateur ; ainsi le té-
traèdre engendre l’octaèdre.
Cristallisation ( structure ).
M. Tiaiij distingue dans les cristaux :
i°. Les molécules intégrantes -,
2°. Les formes primitives ;
3°. Les formes secondaires.
Les molécules intégrantes sont celles dont le cristal
entier est l’assemblage : la division les indique , 'quoiqu’il
ne nous soit pas donné de la porter à son dernier
terme.
Ces molécules sont nécessairement similaires ; mais
elles ne sont pas toujours assemblées de la même manière.
Quelquefois elles se joignent face à face , quelquefois elles
ne sont unies que par les bords, laissant ainsi quelques
vacuoles.
Les molécules intégrantes peuvent se réduire à trois ;
savoir :
i°. Le parallélipipede , le plus simple des solides, dont
les faces sont parallèles deux à deux , et au nombre de
six-,
2°. Le prisme triangulaire , le plus simple des
prismes ;
3°, Le tétraèdre , la plus simple des pyramides.
Tom. II , page 8.
MÉTHODE DESCRIPTIYE
DES CRISTAUX SECONDAIRES
ET DES DÉCROISSEMEWS QUI LES PRODUISENT;
Par M. HAUY.
Octaèdre régulier.
Passage au dodécaèdre à plans rhonibes.
Passage au cube par décroissement par résultant d’un décroissement par une rangée
une rangée sur tous les angles. sur tous les bords.
Rhomboïde dont les angles et les bords Rhomboïde passant au dodécaèdre à douze
subissent des lois différentes.
triangles scalènes.
Parallélipipède obliqu’angle forme primi-
tive du feld- spath passant au feld- spath
similaire.
— G%M T IP —
Nota. Les voyelles majuscules A, E, 1,0 ex priment les décroissemens sur les
angles. Les minuscules a, e, i, o servent pour les angles opposés qui subissent
des lois différentes.
Les consonnes majuscules B,C,D,F,G,II, etc. désignent les bords ou arêtes.
Les minuscules b,c,d, etc. servent de même pour les arêtes opposées, dont les
fonctions sont différentes.
Les angles et bords semblables, subissant les mêmes lois , s’expriment par la même lettre.
Les chiffres i , 2, 5, 4, etc. indiquent le nombre des rangées de décroissement. La position du chiffre fait connoître de quel côté
se fait la superposition décroissante , si c’est à droite, à gauche, en montant, en descendant et en tout sens.
Les fractions \, §, f, etc. indiquent les décroissemens inégaux en hauteur et largeur. Le numérateur se rapporte à la largeur,*
le dénominateur à la hauteur. Les lettres affectées de chiffres , et représentées avec un zéro , annoncent que le point opposé ne
change pas.
Enfin, P, M , T , consonnes organiques de primitif , représentent les faces de la forme primitive, ou qui leur sont parallèles.
Les lignes ( fig . 7 ) marquent les parallèles des décroissemens.
De la Cristallisation , §
La forme primitive est celle que l’on obtient par des
sections faites sur toutes les parties semblables cl’un cris-
tal : elle en est proprement le noyau.
Les formes primitives peuvent se réduire à six, qui
sont :
i°. Le parallélipipède qui comprend le cube , le rhom-
boïde , et tous les solides terminés par six faces parallèles
deux à deux -,
2°. Le tétraèdre régulier ;
3°. L’octaèdre à faces triangulaires ;
4°. Le prisme hexagonal ;
5°. Le dodécaèdre à plans rhombes ;
6°. Le dodécaèdre à plans triangulaires isocèles.
Parmi ces formes , il y en a qui se retrouvent
comme noyau , *»vec les memes angles , dans divers
minéraux.
En effet, la même forme du noyau peut être produite,
dans la première espèce, par tels élémens ; dans une se-
conde espèce , par d’autres élémens.
Ces formes de noyau ont un caractère de perfection et
de régularité , comme le cube et l’octaèdre régulier : ce
sopt des limites auxquelles la uature semble arriver par
différentes routes.
Les formes secondaires sont celles qui résultent
d’une superposition de matière qui masque la figure
primitive.
Celte superposition engendre divers polyèdres qui ont
aussi la propriété de se terminer régulièrement. Ces
polyèdres , quoique formés de lames similaires , sont
differens du noyau ou des solides qu ils enveloppent.
Cette modification de figure est le produit d’un
to De la Cristallisation.
décroissement régulier, par soustraction dune ou de-
p usieurs rangées de molécules intégrantes.
Ce décroissement est soumis a des lois, d apres les-
quelles on détermine le nombre de ces rangées -, et par
suite , la forme exacte du cristal secondaire.
11 j a quatre sortes de décroissemens :
i°. Décaissement sur les bords, c’est-à-dire, paral-
lèlement aux arêtes de la figure primitive ;
2°. Décroissement sur les angles : e’est-a-dire , dont
les lignes de départ sont parallèles aux diagonales des
faces de la forme primitive;
3°. Décroissemens intermédiaires qui se font parallè-
lement à des lignes situées entre les diagonales et les
bords ;
4°, Décroissemens mixtes qui se font dans les deux sens,
par des quantités au-dessus de l’unité.
Il faut développer ces quatre lois , en saisir 1 appli-
cation par quelques exemples , considérer l’étonnante
variété de leurs résultats , et recueillir les vérités fonda-
mentales qui doivent diriger dans l’observation de ces
phénomènes.
PREMIÈRE LOI.
Décroissement sur les bords.
Le cube passant au dodécaèdre à plans rhombes, fournit
un exemple sensible du décroissement sur les bords ou
parallèlement aux arêtes.
Les lames décroissantes superposées sur les six laces,
forment sis. pyramides quadrangulaires , ce qui fait vingt*
ï)r la Cristallisation'. 'f f
quatre faces ; mais ces faces se trouvent deux à deux sur le
meme plau, ce qui réduit la figure à douze rhombes.
Si la superposition s’arrête avant de termiuer les pyrami-
des , le cristal est à dix-huit faces ; savoir : les six carrés
du cube , mais plus petits et douze hexagones. On a cette
variété dans le borate magnésio-calcaire , si improprement
nommé quartz cubique de Lunebourg.
Si le décroissement et plus rapide, c’est-à-dire, si la
lame superposée a , par exemple , deux , trois ou quatre
rangées de moins que la lame inférieure, alors il en ré-
sulte vingt-quatre triangles tous inclinés les uns sur les
autres.
Ce décroissement peut aussi se faire de manière à en-
gendrer le dodécaèdre à plans pentagones ; exemple : le
sulfure de fer. Mais il faut observer que ce n’est pas le do-
décaèdre des géomètres , dont les pentagones sont réguliers
et moins inclinés. Aucune loi de décroissement n’est sus-
ceptible de le donner.
Les lames décroissant par deux rangées parallèlement
aux bords du rhombe , produisent le dodécaèdre à douze
triangles scalènes. Exemple : spath > dent de cochon.
( métastatique d'Haüy. )
Uu décroissement par une rangée parallèle aux bords
supérieurs du rhombe , produit uu rhomboïde beaucoup
plus obtus que le noyau. Exemple : spath calcaire lenti-
culaire. Enfin, c’est par un décroissement sur les bords des
bases que le prisme droit quadrangulaire à bases rhombes,
prend une pyramide. Exemple : le rubis, la topaze, le
b élit.
De La Cristallisation.
*2
DEUXIÈME LOI.
\ >
Décroissement sur les angles.
Soit la molécule intégrante , un cube. On a vu que le
décroissement sur les bords produisoit le dodécaèdre rhom-
boïdal , et le dodécaèdre a plans pentagones ; mais le cube
devient aussi octaèdre régulier : or le décroissement sur
les bords ne pourvoit le donner qu’autant que la quantité ,
dont chaque lame seroit dépassée par la précédente , seroit
en rapport commensurable avec la hauteur de cette lame ;
puisque chacune de ces deux quantités mesure une ou
plusieurs arêtes- du cube qui représente la molécule : et ici
ce rapport est incommensurable. On trouve l’explication
de Cette structure , en considérant que dans la section mé-
canique de l’octaèdre régulier , originaire du cube, chacun
des huit angles solides de ce cube répond au centre d un
des triangles de l’octaèdre , et qu’ainsi les bases de ces
triangles regardent les angles du cube.
On conçoit donc que trois décroissemens s'établissent
en partant de l’angle du cube, s’étendant sur les trois plans
qui forment cet angle. Comme il y a huit angles , cela
fait 3 x 8 = 24, mais les décroissemens se faisant par une
seule rangée , les trois faces qui se forment autour d’un
même angle , sont un plan commun.
On conçoit ici qu’au lieu de stries parallèles qui indi-
quent souvent les décroissemens des lames , ou observe
des saillies anguleuses ou en pointe ( quoique dans une
formation parfaite elles dussent disparoitre comme les
stries, par la petitesse infinie des molécules ).
Du la Cristallisation.
i3
C’est suivant la loi de ce décroissement, que le sulfure
Je plomb , le muriate de soude , passent à heptaèdre -, que
les cristaux de fer de l’île d’Elbe forment un rhomboïde
très-obtus (souvent modifié par des facettes parallèles aux
faces au noyau ) -, que le spath siliceux de Fontainebleau
forme un rhomboïde aigu, dont les faces répondent aux
angles solides du rhomboïde primitif -, que les zéoliibes de
Caltown-Hil , près d’Edimbourg, deviennent des polyèdres
à vingt-quatre facettes, comme le grenat- trapézoïe al, quand
le décroissement qui produit le rhomboïde a lieu à la fois
sur les huit angles solides du cube.
TROISIÈME LOI.
Décroissemens intermédiaires.
Ces décroissemens ne sont parallèles ni aux bords , ni
aux diagonales, mais à des lignes intermédiaires. Cela
vient de ce que les soustractions ont lieu par des rangées
de molécules doubles , triples , etc. Supposons , par exem-
ple , des molécules cubiques et soustraites deux à deux ,
c est comme si chaque molécule étoit composée de deux
cubes accollés par une de leurs faces. En effet, si on con-
cevoit le cristal composé de parallélipipèdes de ces di-
mensions , ce cas rentreroit dans celui des décroissemens
ordinaires sur les angles.
Le fer de Framont (fer syntaclique AHaüy ) , qui a
un cube pour molécule intégrante ( qui se présente ordi-
nairement sous la forme de deux pyramides naissantes ,
posées hase à base ), fournit un exemple de décroisse-
ment intermédiaire en formant un solide à quatorze laces ,
De la Cristallisation.
*4
résultant dès deux pyramides droites hexaèdres, unies hase
à base , et depieurées incomplètes , ou terminées par deux
hexagones.
Il faut remarquer que le cube fait ici fonction de
rhomboïde.
QtJATItlÎMï LOI.
Dècroissemens mixtes .
Il arrive quelquefois que chaque lame dépasse la sui-
vante de deux rangées parallèlement aux arêtes , et qu’elle
a en même tems trois fois la hauteur d’une molécule
simple. C’est un décroissement mixte.
Le rapport de cette loi s’exprime par la fraction | pour
le cas indiqué, et par la fraction | lorsqu’il y a trois mo-
lécules en retraite et quatre de hauteur.
Ces déeroissemens sont rares et n'ont encore été re-
connus que dans quelques cristaux métalliques -, mais oit
conçoit qu’ils doivent changer la valeur des angles : c est
là ce qui a conduit à la recherche de cette loi } toute autre
se trouveroit en défaut.
Il reste maintenant à parcourir les différens cas où ces
lois engendrent des modifications, à distinguer les formes
secondaires simples, et les formes secondaires composées
qui en résultent , et à considérer à la fois l’étonnante fé-
condité de ces çauses aiusi réduites , et la dispropmlion
non moins étonnante entre les variétés possibles et les va-
riétés existantes.
De la Cristallisation .
Sept cas diffèrens.
ïS
Les quatre lois de décroissement expliquent la structure
de toutes les modifications sous lesquelles se présentent,
les cristaux.
i°. Tantôt les décroissemens se font à la fois sur tous
les bords ou tous les angles.
Exemples : Dodécaèdre à plans x'hombes , octaèdre*
venant du cube.
a0. Tantôt sur certains bords , ou sur certains angles.
3°. Tantôt ils sont uniformes par une, deux, trois
rangées , etc.
4°. Tantôt la loi varie d’un bord à l’autre , d un angle à
l’autre.
5°. Tantôt les décroissemens sur les bords concourent
avec les décroissemens sur les angles.
6°. Tantôt un même bord , un même angle subit succes-
sivement plusieurs lois de décroissement.
7°. Tantôt enfin, le cristal secondaire a des faces paral-
lèles à celles de la forme primitive , et qui produisent d©
nouvelles modifications , en se combinant avec les faces
résultant des décroissemens.
De là , la distinction de formes secondaires simples ,
celles qui sont dues à une loi unique dont l’effet est de
masquer complètement le noyau -, et formes secondaires
composées, celles qui proviennent de plusieurs lois si-
multanées , ou d’une seule loi , mais qui n’a pas atteint sa
limite, de sorte qu’il reste des faces parallèles à celles du'
noyau.
j 6 Propriétés génériques des Sulfates,
Variétés possibles.
A ne prendre que les deux lois les plus simples , c esl-
à-dire , par une ou deux rangées , le spath calcaire est
susceptible de 2044 formes différentes. ( On n’en connoît
que 4o).
Haüy en a trouvé une variété à décroissemens de six
rangées.
Ordinairement il ne passe pas quatre rangées : le calcul
établi sur cette base donne 8,388,6o4 j ®.t si l’on admettait
le décroissement jusqu’à io et 12, avec les décroissemens
intermédiaires et mixtes ( ce qui n’est pas impossible ) , le
nombre seroit effrayant.
Il y a donc une limite à cette action de décroissement ;
mais qu’est-ce qui fixe cette limite? quelle est la loi qui la
donne ? Cela reste à découvrir.
§• III.
Propriétés génériques des Sulfates.
Les sulfates solubles sont amers-, il y en a de solubles
et d’insolubles.
Soumis à l’action du calorique , ils se fondent et se vola-
tilisent, mais ils 11e se décomposent pas, pourvu qu'ils
soient neutres -, car les sulfates acides donnent du gaz acide
sulfureux et du gaz oxigène.
Les sulfates neutres qu’on fait rougir avec l’acide phos-
phorique ou boracique , donnent suivant M. Gay-Lussac
Sulfate de B a rite. i-j
de l’acide sulfurique, du gaz oxigêne et de l’acide sul-
fureux.
Tous sont décomposés par le carbone à une haute tem-
pérature ; le même phénomèue a lieu au chalumeau, avec
un support de charbon -, il se forme des sulfures et de
•l’acide carbonique.
Pour reconnoître un sulfate en dissolution dans l’eau
on peut se servir ; i°. de la barite -, 2°. du nitrate et de
l’acétate de plomb , les précipités qu’on obtient avec ces
deux sels sont insolubles dans l’acide nitrique-, 3°. de
l’alcool qui précipite sur-le-champ toutes les solutions de
sulfates sous la forme de petits cristaux.
L’ordre d’attraction des bases pour l’acide sulfurique est
comme il suit :
Barite, strontiane , potasse , soude , chaux, ammoniaque,
magnésie , glucine, alumine , zircone et yttria.
S- iv.
Sulfate de Barite.
On a longtems regardé le sulfate de harite comme une
pierre : on l’appeloit terre pesante , spath pesant.
Ou le trouve dans la nature , mêlé à l’alumine , au plâtre/
aux mines , filons , gangues , etc. Il est cristallisé en rhom-
bes , prismes à six pans-, il est souvent blanc, demi-
transparent , gris , opaque , jaune , vert, etc. Souvent il est
accompagné de sulfure de fer.
Il est sans saveur, sa pesanteur varie par sa contexture ,
ou par les matières étrangères qu’il contient. Il pèse 4?4OL);
l’eau à 1,000.
f
j 8 Sulfate de Baritë.
11 perd au feu son eau de cristallisation ; il ne fond qu à
un très- grand feu; il se ramollit et coule ensuite, mais
il ne coule jamais liquide ; il fond en globules au cha-
lumeau.
Point altéré par l’air; insoluble dans l’eau.
On le décompose par 1 oxide de carbone; a cet effet,
on met en poudre fine du sulfate de barite; on le mêle
avec un huitième de son poids de charbon ordinaire , éga-
lement pulvérisé , on y ajoute un peu d'huile grasse pour
en faire une pâte.
On chauffe le tout dans un creuset le plus fortement
possible pendant 2 ou 3 heures , le sulfate de barite ne se
décompose qu’à une très-haute température , même étant
en contact avec une grande quantité de carbone contenu
dans l’huile et le charbon. Si l’on a chauffé assez fort et
assez longtcms , il ne restera dans le creuset que du sul-
fure de barite qui est grisâtre. On dissout ce sulfure dans
l’eau qu’il décompose , une partie de 1 oxigene de 1 eau se
porte sur le soufre du sulfure et forme de l’acide sulfu-
rique qui s’empare de la barite et régénère du sulfate de
barite qui se précipite ; l’hydrogène se porte sur une
partie du soufre , et forme ainsi un sulfure hydrogéné de
barite qui est soluble. On verse alors de l'acide nitrique
qui s’empare de la barite , il forme du nitrate de barite
soluble , et il se dégage beaucoup d’hydrogène sulfuré , qui
est très-dangereux à respirer, en raison dune petite quan-
tité de barite qu’il tient en dissolution ; on fait chauffer et
on filtre , on lave avec de l’eau chaude et il reste sur le
filtre du sulfate de barite , du soufre et quelques matières
étrangères, il passe dans la liqueur du nitrate de barite,
on fait évaporer jusqu’à légère pellicule , on obtient p u le
Sulfate de B a rite. ig
^refroidissement des cristaux octaèdres. On met les cris-
taux dans un creuset et l’on chauffe fortement , le nitrate
de barite se décompose à une haute température, il se
dégage du gaz acide nitreux et du gaz azote ; au bout de 4
heures ou 3 heures et demie environ on cesse le feu ,
on trouve dans le creuset une matière verdâtre qui est
de la barite pure. Elle a un aspect poreux , elle est bour-
souflée par la grande quantité de gaz qui se sont dégagés',
elle contient cependant dans cet état quelques corps étran-
gers , tel que de l’oxide de fer •, on l’en prive en la
dissolvant dans l’eau , filtrant et faisant évaporer ; ell§
cristallise en petits prismes à 4 pans terminés par des
sommets dièdres.
Quand on veut avoir le nitrate de barite bien pur , il
faut préalablement traiter le sulfate de barite par l’acide
muriatique qui s’empare du fer.
Le sulfure de barite , ainsi que le sulfate , présente un
phénomène dont nous devons la counoissance à Vincenzo
Casciarolo , cordonnier d Italie.
On prend du sulfure ou du sulfate de barite', on le ré-
duit en poudre dans un mortier; on en fait une pâte avec
un peu de mucilage de gomme adragant ; on en forme en-
suite des gâteaux , minces comme des lames de couteaux ;
on fait sécher ces gâteaux, et on les calciue fortement en
les mettant au milieu des charbons dans un fourneau qui
tire bien: on ne les en retire que lorsque le charbon est
consumé et le fourneau refroidi; on les nétoie par le moyen
d un souflet; on les expose à la lumière pendant quelques
minutes, et en les porLant dans un lieu obscur, on les voit
briller comme un charbon ardent. Gcs gâteaux luisent
aième dans leau ; ils perdent peu-à-peu cette propriété, et
20 Sulfate de Strontiane'.
on la leur rend en les chauffant de nouveau ; c’est ce qu’on
nomme phosphore de Bologne.
Les alcalis ne décomposent pas le sulfate de barite ;
mais M. Berthollet a reconnu que la potasse pure qu'on a
fait bouillir avec lui , le décompose en partie.
Les acides forts n’ont point d’action sur le sulfate de
barite , parce que l’acide sulfurique est le plus adhérent de
tous à la terre qui sert de base a ce sel.
M. Gay-Lussac a cependant annoncé qu'on pouvoit
le décomposer à une haute température par les acides
phospliorique et boracique.
Le sulfate est décomposé par les carbonates de potasse
et de soude, et par le muriate de chaux.
Le sulfate de barite est composé , d’après MM. V au-
quelin et Thénard , d’acide sulfurique 2 5, de barite - S.
Ces proportions diffèrent dans le sulfate artificiel, acide 38,
barite 64 5 eau 3.
Le sulfate de barite n’est d’aucun usage ; on en extrait
la barite pour l’usage de la chimie.
§. y.
Sulfate de Stronliane.
Gn ne connoissoit pas autrefois ce sulfaté; la strontiane
se trouvoit à l’état de carbonate terreux a Strontian, dans
l’Argylesliire , dans la partie occidentale du nord de
l’Ecosse , accompagnant un filon de mine de plomb. C est
à M. Klaprotli , que l’on doit la connoissauce de ce sel.
On en a découvert depuis peu une grande quantité en
France. On l’appelle strontiane sulfatée terreuse. ; cette
f
Sulfate de Strontiane. 21
Variété , que l’on trouve â Montmartre , près Paris , d’après
M. Vauquelin , est composée de chaux carbonatée H, 33 ,
de strontiane sulfatée 91,42 , de fer ©,2 5. Voy. strontiane.
D’après les expériences de M. Vauquelin , le sulfate
de strontiane natif est composé de carbonate de chaux
0,10, eau o,5, sulfate de strontiane o,83 , et un peu
de fer.
Ce dernier est lui- même composé sur 100 parties ,
strontiane o,54 , acide sulfurique o,46.
Le sulfate de strontiane n’a pas de saveur -, il est
insoluble dans l’eau, très-blanc, lorsqu’il est pur-, cris-
tallisé , pesant un peu moins que le sulfate de barite.
Les formes secondaires du sulfate de strontiane sont à-
peu-près les mêmes que celles du sulfate de barite , mais
elles sont plutôt en prismes qu’en tables. Les plus
beaux cristaux viennent des vallées de Noto et de Maz-
■ 1 * ■ \ 1 *
zare en Sicile. On trouve aussi des cristaux bleuâtres de
sulfate de strontiane dans les bancs de soufre eu Espagne.
Ce sel est fusible à une haute température, et il ré-
pand une lueur phosphorique d’un jaune purpurin lorsr
qu’on le traite au chalumeau.
Le charbon décompose le sulfate de strontiane , mais
il faut préalablement enlever, par un acide , le carbonate
de chaux qui y est mêlé : on se sert ordinairement d’acide
nitrique 0u muriatique -, on lave bien la partie non soluble
dans cet acide , et on la traite par le charbon , comme
nous 1 avons indiqué pour le sulfate de barite. Voyez ce mot.
On obtient ainsi un sulfure de strontiane que l’on
décomposé par l'acide nitrique : il se forme un nitrate
de strontiane -, quand on veut avoir la strontiane pure/
on chauffe ce nitrate daus une cornue, ou mieux, dans
52
Sulfate de Potasse.
un creuset d’argent , l’acide nitrique se décompose , et £a
strontiane reste pure.
Le sulfate de strontiane est soluble dans l’excès de son
acide : phénomène qu’on ne peut obtenir avec le sulfate-
de barite.
La barite, la potasse et la soude décomposent le sulfate
de strontiane par la voie sèche , à l’aide de la chaleur.
S- VL
.Sulfate de Potasse
Le sulfate de potasse existe dans les végétaux , d’où
l’on peut le retirer par l’incinération et par le lavage des,
cendres.
Il y a des salins du commerce qui contiennent moitié
de letir poids de sulfate dépotasse.
Les cendres des végétaux en tiennent une très-grande
quantité, sur-tout ceux qui croissent loin delà mer; car,
près de la mer , ils contiennent plutôt du sulfate de soude £
on le sépare des cendres par leur lixiviation dans l'eau.
Ce sel portoit autrefois diffère ns noms, teLs que tartre
vitriolé , sel de duobus , sel polychreste de Glaser ,. area*
num duplicalurn , vitriol de potasse , etc.
Pour préparer ce sel , on met dans une terrine de grès,
quatre parties de potasse carbonatée , que l’on fait dis-
soudre dans douze parties d’eau chaude. On verse peu-
à-peu de l’acide sulfurique étendu d eau : il se fait une
Vive effervescence, si l’on emploie la potasse du commerce:
alors, on continue de verser de l’acide jusqu’à ce que la
liqueur ne change point la couleur du papier teint de tour-
Sulfate de Potasse. 2 3
«esol : c’est ce que I on nomme point de saturation-, on
filtre la liqueur , et on la fait évaporer jusqu’à légère pel-
licule , ou jusqu’à ce que la liqueur donne i5 degrés à
l'aréomètre de Mossj. Ce sel cristallise par refroidis-
sement.
On peut aussi retirer ce sel du sulfate acide de potasse,
provenant de la décomposition du nitrate de potasse par
l’acide sulfurique. On dissout «ce sulfate acide dans de
l’eau , on ajoute de la potasse carbonatée et pour plus
d économie , de la craie délayée-, on fait chauffer ; l’acide
sulfurique libre décompose le carbonate de cliaux -, l’acide
carbonique se dégage, et il se précipite du sulfate de
chaux : on cesse d’ajouter de la craie quand la liqueur ne
donne plus aucun signe d’acide ; on filtre ; il passe dans la
liqueur du sulfate de potasse , et il reste sur le filtre du
sulfate de chaux insoluble, et un peu de carbonate de
chaux. On fait évaporer la liqueur jusqu’à ce qu’il se
forme quelques cristaux sur les bords ; en refroidissant ,
il cristallise en prismes hexaèdres terminés par des py-
ramides hexaèdres; le plus souvent, ce sont deux pyra-
mides hexaèdres jointes base à base , ou deux pyramides
quadrangulaires.
Le sulfate neutre parvient difficilement à la fusion
ignée ; il ne donue jamais qu’un émail , au lieu qu’il ne
faut qu’une température modique pour le sulfate acide ;
le sulfate neutre décrépite au feu.
11 a une saveur amère , assez désagréable. Sa pesanteur
spécifique est de 2.4073.
Ce sel n est point altéré par l’air.
Le sulfate de potasse est décomposé par le charbon.
Si 1 on chauffe fortement dans un creuset parties égales
ȟ\. Sulfate de Potasse.
de charbon et de sulfate de potasse, il se forme du sulfure
de potasse •, le charbon absorbe l’oxigène de l’acide sul-
furique, et il se dégage du gaz acide carbonique.
On peut ainsi dans les arts , transformer du sulfate de
potasse , en sulfure par le charbon ; et décomposant en-
suite ce sulfure par la chaux , on obtiendrait un sulfure de
chaux insoluble, et la potasse resterait à nu.
Ce sel n’est soluble que dans 16 à 18 parties d’eau, à
la température de io degrés, échelle de Réaumur. L’eau
bouillante paraît en dissoudre presque le quart de son
poids. Par refroidissement, on l’obtient cristallisé, pourvu
toutefois que l’eau en soit parfaitement saturée ; sans cela,
il faut employer l’évaporation.
Ce sel est décomposé en partie par l’acide nitrique.
On met dans une cornue de verre , parties égales de
sulfate de potasse en poudre , et d’acide nitrique , à 34
degrés. On y adapte un l'écipient , et l’on pose la cornue
sur un bain de sable ; on soumet ensuite le mélange à la
distillation.
Ou bien l’on met le mélange dans un matras ; on fait
chauffer jusqu’à ce que le sel soit dissous ; on verse la li-
queur dans une capsule de verre -, elle fournit par le re-
froidissement , des cristaux de uitre -, cepeudant tout le
sulfate n’est pas décomposé , on obtient encore du sulfate
acide de potasse.
C’est une cause de l’affinité de l’acide sulfurique pour
le sulfate de potasse , que l’acide nitrique peut décom-
poser le sulfate de potasse : l’affinité seule de l’acide ni-
trique pour la potasse ne suffirait pas; mais celle de l’a-
cide sulfurique pour le sulfate, qui s’exerce en même
tcm§ , détermine la décomposition ; il sc forme un nitrate
Sulfate acide de Potasse. 2 5
de potasse, et un sulfate acide de potasse qui n’est pas
décomposé par l’acide nitrique.
L’acide muriatique opère le même effet. Parmi les bases,
il n’y a que la barite et lastrontiane qui décomposent ce sel.
Si l’on verse une dissolution de barite ou de strontiane
dans une dissolution de ce sel , il se forme un précipité
de sulfate de barite ou de strontiane.
Proportions, d’après Kirwan , acide sulfurique 4-5 5
potasse 55.
Le sulfate de potasse est d usage en médecine -, on s’en
sert aussi pour faire cristalliser le sulfate d alumine.
§• VII.
Sulfate acide de Potasse.
Le sulfate de potasse a la propriété de se charger
d’une plus grande quantité d’acide sulfurique, qufil ne lui
en faut pour se constituer sulfate de potasse.
Si l’on chauffe dans une cornue du sulfate de potasse,
ayec le tiers de son poids d’acide sulfurique concentré,'
ce sel reste imprégné d’acide , et acquiert des propriétés
nouvelles.
On peut encore le préparer en faisant dissoudre dans de
l’eau bouillante le résidu provenant de la décomposition
du nitrate de potasse par 1 acide .sulfurique.
Il rougit les couleurs bleues végétales.
Il cristallise en grimpant sur les parois des vases , en
aiguilles fines -, on a cru remarquer qu’il grimpe toujours
yers le côté éclairé.
Sa saveur esl très-aigvç > piquanU et amère-, il est
/
a 6 Sulfate de Soude.
composé de 67 parties de sulfate de potasse et de 33 da-
eide en. excès.
Il fait effervescence avec les alcalis saturés d acide car-
bonique -, il n’attire pas l’humidité de l’air.
Il se fond au feu , beaucoup plus facilement que le sul-
fate de potasse , il en résulte une espèce de verre , ou
d’émail blanc opaque, d’une saveur très-acide. A un grand
feu l’excès d’acide se décompose, il se change d après
M. Gciy-Lussac , en gaz oxigène et en acide sulfureux.
Il est beaucoup plus soluble dans l’eau que le sultate
de potasse neutre.
Ce sel est plus facilement décomposé par les corps
combustibles , tels que l’hydrogene . le carbone rouge , et
le soufre qui s’empare de l’excès d’acide , et qui le vo-
latilise à l’état d’acide sulfureux.
La barite le décompose ; on le rappelle à l’état neutre
par la potasse.
Si l’on ajoute du sucre à la dissolution de ce sel , on
imite ainsi une sorte de limonade laxative.
§. V 1 1 ï.
Sulfate de Soude .
Ce sel est plus abondant dans la nature que le sulfate
de potasse. Les marais salans des environs de Aarbonne
ont fourni pendant longtems à tout le midi de la France,
le sulfate qui y étoït employé; les salines de la Iouraine,
du Jura et du Mont-Blanc}, en donnent aussi beaucoup ; oit
le trouve encore en assez grande quantité dans les eaux
de la mer , dans celles de certaines fontaines salees , et
Stfîfnfe ftt 'Soiuhr. ij-
frur-tout dans plusieurs eaux minérales , en Lorraine -, on
lui donne improprement le nom de sel d’Epsom , nom
d’un sel que l’on envoie d Angleterre d’une fontaine nom-
mée Epsom.
On l’a nommé aussi set admirable de Glauber , parce
qu’il a été découvert par ce chimiste.
Quand on veut obtenir ce sel très-pur , on met dans
une terrine de grès des cristaux de soude , ou carbonate
de soude: on les fait dissoudre dans une suffisante quan-
tité d’eau chaude ; on verse peu-à-peu dans cette disso-
lution de l’acide sulfurique affoibli 5 il se fait une vive
effervescence, due au dégagement de l’acide carbonique.
On continue d’en mettre jusqu’à ce qu’il ne se fasse plus
de mouvement , et que le mélange soit bien saturé ; ce
que l’on reconnoît encore avec le papier réactif. On filtre
la liqueur presque bouillante, et on la fait .évaporer con-
venablement : elle fournit par le refroidissement de très-
beaux cristaux.
Il est rare que l’on compose ce sel de toute pièce , on
l’obtient plus souvent, dans les laboratoires , de la décom-
position du muriate de soude par l’acide sulfurique.
A cet effet , on réduit en poudre la masse restante
dans la cornue , on fait dissoudre dans de l’eau et on
sature l’excès d’acide du sulfate acide de soude. On y
ajoute de la craie délayée ; ou fait chauffer ; il se forme
du sulfate de chaux, et du sulfate de soude-, on filtre;
le sulfate de chaux reste avec un peu de carbonate non
décomposé , et il passe du sulfate de soude qu’on fait éva-
porer jusqu’à très-légères pellicules, ou jusqu’à cc que
la liqueur marque t?4 degrés , aréomètre de Mossy. Il
cristallise , eu refroidissant , sa forme la plus ordinaire
' 2 S Sulfate de Soude.
est celle d un prisme hexagone , applati , terminé par de*
pyramides dièdres.
Ce sel admet dans la formation de ses cristaux plus que
la moitié de son poids d’eau.
Il a unç saveur salée , amère et fraîche. Sa pesanteur
spécifique est à celle de l’eau comme 2246 est à 100a.
Mis en contact avec le calorique , on obtient deux es-
pèces de fusion : l’une qui est due à l’eau qui entre dans
la formation de ses cristaux , et que l’on appelte fusion
aqueuse-, l’autre , quand on opère à l’aide d’une grande
chaleur : on la nomme fusion ignée. La manière dont le
sulfate de soude se comporte au feu , donne un exemple
de ces deux espèces de fusion.
Lorsqu’on expose ce sel à l’action du calorique , il se
liquéfie assez promptement: cette fusion n’est donc qu’une
dissolution de la matière saline par l’eau chaude.
Si r on continue de faire chauffer ce sel , après l’avoir
fait liquéfier , il se dessèche , blanchit et coule : si on le
laisse refroidir dans cet état, il ressemble à l’émail blanc*,
mais il n’est pas décomposé.
Enfin , si on l’expose longtemps à uu feu violent , il se
réduit en vapeurs.
L’air réduit peu-à-peu les cristaux de sulfate de soude *,
ils tombent en une poussière blanche très-fine. On donne
a ce phénomène le nom d efllorescence. Cet effet n’a lieu
que parce que ce sel perd beau qui entre daus la combi-
naison de ses cristaux ; aussi, l cftlorescence n est-elle ja-
mais plus rapide et plus marquée, que lorsque l’air est
très-sec , et par conséquent très-avide d’humidité ; il y a
donc ici une affiuilé plus grande entre l'eau et l’air ,
Sulfate de Soude. zy
qu’entre l’eau et la matière saline. Il perd environ la
moitié de son poids.
La nature du sel n’est pas changée ; on peu lui ren-
dre sa forme cristalline , en lui restituant l’eau qu’il
a perdue.
On peut à l’aide du calorique opérer le môme phé-
nomène d’efflorescence et dans un espace de tems plus
court.
Le carbone décompose ce sel , ainsi que quelques
métaux.
Il ne faut pas croire cependant que cette décomposition
ait lieu, parce que ces substances enlèvent l’acide sulfu-
rique ; mais bien parce qu’ils s'emparent de l’oxigène de
l’acide; or, 1 ’oxigène est là un principe éloigné de ce sel,
tandis que la soude et l’acide en sont les principes pro-
chains: ainsi les combustibles agissent seulement sur un
des principes éloignés , et l’on obtient un sulfure.
On a proposé ce moyen pour décomposer le sulfate de
soude; mais le charbon seul ne suffit pas, il faut y joindre
un carbonate calcaire ; dans ce cas, la chaux s’empare du
soufre: mille parties de sulfate de soude, cinq cent cin-
quante parties de charbon , et mille de carbonate calcaire
suffisent. On obtient un sulfure de chaux et du carbonate
de soude , que l’on peut séparer par le lessivage.
Schèele a vu qu’en mêlant dans une dissolution de sul-
fate de soude , de la chaux vive , il se forme , en laissant
le mélange exposé à l’air, du carbonate de soude , qui se
cristallise , et grimpe contre les parois du verre ; le môme
effet a lieu avec le muriate de soude.
On peut encore retirer la soude du sulfate, en mettant
les cristaux desséchés avec du charbon et de la limaille
/
3 o Sulfate de Soudé.
de fer bien mélangés, dans un creuset j on chauffe forte*
ment: le charbon décompose l’acide sulfurique du sul-
fate de soude ; le sulfure de soude formé, est décomposé
par le fer , qui a plus d’affinité pour le soufre que la
soude •, il se forme un sulfure de fer , et un carbonate
de soude. Après avoir laissé refroidir , on dissout le
carbonate de soude -, en filtrant , on sépare le sulfure
de fer ; on fait évaporer, et on obtient des cristaux de
carbonate de soude.
Le sulfate de soude se dissout très-facilement dans
l’eau , et la refroidit. Ce froid provient de la quantité
de calorique qu’absorbe le sulfate pour devenir liquide.
A io degrés de clialeur , l’eau n’en dissout que le 5e.
de son poids -, l’eau bouillante dissout plus que son poids
de ce sel.
Mêlé avec le double de son poids de glace , il produit
a degréç de froid ; la température étant au terme de la
congélation.
Parmi les bases salifiables , il n’y a que la barite et la
stronliane qui le décompose. En vei’sant une dissolution
de ces terres dans de l’eau saturée de sulfate de soude,
il se forme un sel insoluble , sulfate de barite ou de
stronliane , et la soude reste dissoute daus l’eau.
La potasse pure est caustique , mêlée à une disso*-
lution de sulfate de soude , le décompose, parce qu elle
a plus d’affinité avec l’acide sulfurique , que n'en a la
sonde.
M. T rommsdorff a proposé d extraire la soude du
sulfate de soude , à l’aide de la potasse.
On fait dissoudre 16 livres de sulfate de soude cristal-
lisé dans 3a livres d eau bouillante \ on ajoute 3 livres
Sulfate cle Chaux. 3i
de potasse; on fait éprouver au mélange quelques bouil-
lons , et on laisse refroidir; il se dépose une grande
quantité de sulfate de potasse. On passe la lessive à
travers un filtre ; et on la place dans un endroit frais.
Après quelques jours , on y trouve une belle cristalli-
sation de carbonate de soude. On décante le liquide,
on le concentre par l’évaporation , et on met de nou-
veau à cristalliser. Cette cristallisation , ainsi que les
suivantes , seront mêlées de sulfate de potasse. Pour
séparer ce sel du carbonate de soude , on expose les
différentes cristallisations à une légère chaleur qui fait
fondre le carbonate dans son eau de cristallisation.
Après la fusion, on décante ce sel de dessus le sulfate
de potasse ; on le fait dissoudre dans l’eau , et on le
cristallise de nouveau.
On fait, d’un autre côté, dissoudre dans de l'eau le
sulfate de potasse précipité , et celui obtenu par la cris-
tallisation ; et on le cristallise.
Le sulfate de soude se combine encore avec l'acide
sulfurique ; il en résulte un sulfate acide , comme celui
de potasse.
Les acides nitrique et muriatique décomposent ce sel ,
avec les mêmes circonstances.
Ce sel est souvent employé en médecine. L analyse
y a démontré 27 pallies d’acide, i5 de soude, et 58
d'eau.
§. IX.
Sulfate de Chaux.
Îa: sulfate de chaux, connu vulgairement sous le nom
32 Sulfate de Chaux.
de gypse, plâtre , sélénite , est très-abondant dans la na-
ture : il est composé de 4^ parties d’acide , de 32 de
cliaux et 22 d’eau , et d’après M. Clienevix , lorsque
ce sel a été bien chauffé daus uu creuset de platine ,
de 57 d’acide et de 4^ de chaux.
On compte beaucoup de variétés de sulfate de chaux : il
y en a eu gros cristaux, en masse déposée, en petites
écailles , etc.
Ce sel n’a pas de saveur sensible. Sa pesanteur spé-
cifique est à celle de l’eau comme 23 est à xo.
Au feu , il décrépite légèrement, et devient d'un blanc
mat ; il forme cc qu’on appelle le plâtre fin. On se sert
de ce sulfate cristallisé, pour avoir un plâtre plus pur
et plus blanc-, on l’emploie pour les objets de sculpture
que l’on 'coule dans des moules. 11 perd , par celle cal-
cination , environ 20 pour 100 de son poids , et augmente
beaucoup de volume. A une haute température , il se
fond sans se décomposer.
Ce sel n’est pas décomposable à l’air -, il perd seulement
un peu de sa transparence, et présente différentes cou-
leurs et se brise. A l’humidité , il se dégrade facilement.
Il faut 5oo parties d’eau pour en dissoudre une de
sulfate de chaux, à la température de 10. Après la dis-
solution , l’eau est plus pesante, d’une saveur fade , lourde
sur l’estomac. L’eau des puits de Paris en tient eu
dissolution -, car, si on la laisse déposer , on y trouve du
sulfate de chaux en très-petits cristaux , ou en pous-
sière grise.
Les légumes durcissent , si on les fait cuii-e dans ces
sortes d’eaux. Un peut faire cette expérience, en faisant
cuire comparativement un légume ( des haricots ) , dans
Sulfate de Chaux. 33
de 1 Vau chargée de ce sel , et dans de l’eau pure. Il faut
prendre une quantité égale d’eau et de haricots , et les
faire cuire dans le même espace de teins.
Le charbon décompose le sulfate de chaux ; et, si le
plâtre u 'est pas bien sec , on obtient aussi du gaz hydro-
gène carboné.
O11 prend une cornue de grès -, l’on y introduit un mé-
lange de charbon en poudre et de plâtre , environ £ de
charbon et £ de plâtre ; on adapte à la cornue un titbe re-
courbé , qui va plonger sous une cloche dans la cuve
pneumato-chimique.
Le sulfate de chaux se réduit à l’état de sulfure, que
l’on retrouve dans la cornue , et l’on obtient sous la
cloche du gaz acide carbonique et du gaz hydrogène car-
boné. V,oyez l’article sulfure.
La barite, la strontiane et les alcalis, ont plus d’affinité
que la chaux avec l'acide sulfurique. En versant une
dissolution de ces substances dans une eau chargée de
sulfate de chaux , il se forme un précipité. L’acide
sulfurique rend ce sel très-soluble. Les acides nitrique
et muriatique augmentent sa solubilité sans le dé-
composer.
On calcine le plâtre pour les bâtiméns avec du bois , et
la flamme le traverse ; il se forme en même tems un
peu de sulfure de chaux -, aussi , si l’on gâche le plâtre
Irais cuit , il répand une odeur d’hydrogène sulfuré ,
tres-sensible. Dans les carrières à plâtre, eu France , par
exemple, on brise la pierre en morceaux, on en fait
alors des fourneaux , construits eu forme de voûtes sous
des hangards , on réunit les pierres en un massif parallé-
lipipédique et a claire voie , dans le bas duquel sont
34 Sulfate de Chaux.
pratiqués des cavaux voûtés. On jette du bois dans c es
cavaux , et la chaleur produite par sa combustion suffit
pour cuire le plâtre. On entretient le feu jusqu’à ce
que les pierx-es commencent à rougir; alors , on retire
le feu, on fait crouler la voûte, et on brise la pierre
calcinée avec des baltes ordinaires. Les pierres qui se :
refusent au broyement , sont mises de côté pour être i
calcinées de nouveau. La cuisson a donc pour but de chas-
ser toute l’eau de cristallisation, et de rendre par là le
sulfate de chaux plus blanc , pulvérulent , et avide d absor-
ber l’eau dont on l’a privé.
Le plâtre calciné n’est pas pur : il s’y trouve de la
chaux vive, qui est la cause de la chaleur qu’il prend,
lorsqu’on le gâche. Cette chaleur vient encore du calori-
que de l’eau solidifiée , qui se dégage pendant la cristalli-
sation.
Si l’on verse un acide sur du plâtre pur, il n’y a pa»
d’effervescence ; mais , si c’est de la pierre à plâtre , il y a
effervescence, parce que l’acide carbonique du carbonate
de chaux qui s’y tx’ouve , se dissipe.
Lorsque le plâtre est cuit et gardé tx-op longtems , il
fait effervescence avec un acide , parce que la chaux qu’il
contient a eu le tems de reprendre de l’acide carbonique : t
acide qu’elle avoit pex’du par la calcination : il r eprend aussi
peu-à-peu soxx eau de cristallisation ; aussi est-il essentiel,
pour conserver le plâtre pur , de le priver, autaut qu il est
possible , du contact de l’air et de l'humidité.
Si l’on gâche le plâtre calciné, on lui rend son eau de
cristallisation -, loi'sque la quantité d’eau qu’on ajoute au :
plâtre , est à-peu-près égale au volume du plâtre employé ,
Sulfate d’ Ammoniaque. 35
ce liquide ne tarde pas à être absorbé ; le plâtre se prend
alors en une masse solide.
Le plâtre employé durcit, i°. parce que le sulfate de
chaux se cristallise ; i°. parce que la chaux absorbe de l’a-
cide carbouique , et c’est l’entrelacement de ces cristaux de
deux espèces , qui est la cause de la solidité.
C’est le carbonate de chaux, qui est dans le plâtre , qui
est cause que les plâtras se salpétrent très-promptement ,
lorsque les murs sont exposés à l’humidité et aux matières
animales -, la chaux alors se combine avec l’acide nitrique
qui se forme.
Le plâtre sert, dans plusieurs pays , à amender les
terres , principalement les terreins trop humides , dans
lesquels on veut cultiver du txèlle.
Les usages du sulfate de chaux, comme plâtre , font la
base d’une foule d’arts-, tels que ceux du stucateur , du
modeleur , du décorateur , du mouleur , etc.
$■ X.
J A » .J . . i
Sulfate d’ Ammoniaque.
On appeloit autrefois ce sel , vitriol ammoniacal , sel
tecret de Glauber , parce que c’est ce chimiste qui l’a
découvert.
On dit l’avoir trouvé en efllorescence blanche , aux en-
virons des volcans et eu cristaux , autour de la bouche du
Vésuve , et l avoir retiré de quelques eaux de Toscane : ou
a dit aussi qu’on eu avoit vu à la surface de la terre , en
elllorescence , comme le nitre aux environs de Turin;
mais cela paraît encore douteux. Bergmann n’eu a point
trouvé dans les eaux qu'il a examinées ; cependant, comme
36
Sulfate cl’ Ammoniaque.
il y a beaucoup de soufre et d’ammoniaque dans la na-
ture , cette combinaison peut se former -, mais étant très-
soluble dans l’eau , elle disparoît en attirant l’humidité de
l’air. On le rencontre aussi dans les eaux de fumier , et sous
forme de stalactites jaunâtres, recouvertes d’une pous-
sière farineuse blanchâtre, dans les lagonis de Sienne, en
Toscane.
Pour préparer ce sel , on met *dans un ballon du carbo-
nate d’ammoniaque', on le fait dissoudre dans une sufiisante
quantité d’eau , on verse peu-à-peu dans cette dissolution
de l’acidc sulfurique, jusqu’à ce que le mélange soit au
point de saturation ; il se fait chaque fois une vive efferves-
cence. Lorsque le mélange est saturé , on filtre la liqueur,
on la fait évaporer à une douce chaleur, jusqu'à légère
pellicule -, ou bien on peut faire cristalliser ce sel sponta-
nément -, mais il faut une basse température et un repos
parfait , et recouvrir la capsule d’une gaze ou d’un papier
percé de petits trous.
On peut aussi le faire directement eu ajoutant a de 1 am-
moniaque liquide de l’acide sulfurique étendu d’eau ; mais
avec beaucoup de précaution, à cause de la grande quan-
tité de chaleur dégagée qui jetteroit la liqueur hors du
vase 5 on en ajoute jusqu a saturation , on fait evaporer
jusqu’à légère pellicule, et en refroidissant, on obtient de
petits cristaux.
Ce sel cristallise en prismes comprimés a six pans, dont
deux plus larges que les autres. Sa saveur est amère , mi-
neuse. Le sulfate d’ammoniaque fond dans son eau de
cristallisation.
IL est décomposé par la chaleur , une partie de 1 ammo-
niaque se dégage d’abord -, il se forme ensuite de l’eau par
Sulfate d Ammoniaque. 3^
l'hydi'ogène de l’ammoniaque qui se porte sur l’oxigène
de l’acide, et le gaz azote se dégage-, il reste un sulfite
acide d’ammoniaque cristallisé -, on fait ordinairement cette
opération dans une petite cornue de verre, de manière à
recueillir les gaz. Dans son mémoire sur les sulfates , M.
Gaj-Lussac a confirmé ces phénomènes. J’avois annoncé
cette décomposition dans ma 3e. édition , mais elle fut
révoquée en doute par plusieurs chimistes.
Si on chauffe doucement le sulfate d’ammoniaque , il se
durcit et l’ammoniaque se dégage en partie , et si l’on con-
tinue faction du calorique , il se volatilise au dôme de la
cornue en sulfate acide d’ammoniaque ^ ce qui vient de la
double affinité qui s’exerce, sur-tout celle ducalorique pour
1 ammoniaque.
Cette décomposition démontre que le sulfate d’ammo-
niaque peut devenir sulfate acide , ainsi que le sulfate de
potasse. Il absorbe 1 humidité de 1 air en hiver , et presque
pas en été. Le sulfate acide d ammoniaque u’est pas dé-
composé par l’eau, il cristallise très-bien ; il rougit la tein-
ture de tournesol. Il ne faut cependant pas s’en rapporter
a la rubescence de cette teinture , pour juger qu’un sel
ammoniac est à l’état dacide , car les sels ammoniacaux
bien neutres rougissent si on les chauffe. On s’assure de la
parfaite neutralité de ces sels , en les essayant sur une
dissolution de carbonate de magnésie-, s’il y a présence
dacide, il y a effervescence.
Le sulfate d’ammoniaque ne peut pas être décomposé
par les combustibles comme les autres sulfates, car il n’y
a que la portion doxigène excédante dans l’acide sulfu-
rique, qui se dissipe ; il ne reste que l’acide à l’état d acide
38 Sulfate cl’ Ammoniaque.
sulfureux : or, cet acide sulfureux ne peut retenir toute
l’ammoniaque -, une grande partie se volatilise.
Dans l’expérience avec 1 oxide de carbone , cette sub-
stance enlève l’excès d’oxigène-, il reste de l’acide sulfu-
reux et un sulfite -, mais comme le sulfite se volatilise très-
facilement, il sa sublime , par ce moyen , il échappe à la
décomposition du charbon , et il passe de 1 ammoniaque et
de l’acide carbonique.
Quelquefois même , dans cette opération , il se forme
de l’acide prussique , provenant du carbone et de 1 am-
moniaque.
Deux parties d’eau froide en dissolvent une de ce sel ,
et l’eau bouillante en dissout son poids ; il cristallise par
refroidissement , en prismes à six pans.
Dans sa dissolution dans l’eau , il produit du froid , et
ce froid est beaucoup plus sensible que celui que donnent
les autres sels , attendu qu'il s’y dissout plus prompte-
ment.
Mêlé avec la glace , il produit un grand froid.
Les acides nitrique et muriatique ne décomposent pas
entièrement ce sel.
Toutes les bases alcalino-terreuses et alcalines le dé-
composent.
Avec la chaux vive , le mélange s échauffe et 1 ammo-
niaque se dégage. Si l’on fait cette opération dans une
eornue , on peut en extraire l'ammoniaque.
Quand la magnésie agit à lroid et par la voie humide ,
«lieue décompose qu’en partie le sultatc d ammoniaque •,
il se forme , avec l'autre poitiou , un sel à deux bases , ou
un sel triple.
Sulfate de Magnésie. 3 9
La potasse et la soude forment avec ce sel , des sels solu-
bles , et l’ammoniaque se dégage à l’état de gaz.
Toutes ces substances ont la propriété de décomposer le
sulfate d’ammoniaque à froid , et par la seule trituration à
sec , ou parle simple mélange des dissolutions.
Proportions de ce sulfate, d’après Kirwan : acide sulfu-
rique, 0,4^ ; ammoniaque , o,4o; eau ,0,18.
S- XI.
Sulfate de Magnésie.
Le sulfate de magnésie est connu en pharmacie sous le
nom de sel d ’epsom , parce qu’on le retiroit d’Angle-
terre , d’une fontaine appelée epsotn. On l’a aussi appelé
sel d Egra , sel de Sedlitz , sel de canal -, d’autres , sel ca-
thartique amer. Ce sel existe dans les eaux, de la mer , et
dans celle des puits de Paris, dans les eaux-mères, d’où,
l’on a tiré le sel marin. Dans les pyrites martiales, dans les
matériaux de l’alun, etc. Il existe sur la partie la plus
élevée du monte Ramazzo , dans les Apennins de la Ligurie,
une mine de magnésie, appelée par M. Faujas-St.-Fond ,
stéatite très-pyriteuse. On la grille, après l’avoir réduite
en morceaux , pour en faire évaporer un peu d’arsenic qui
s’y trouve combiné. C est dans cette opération du grillage,
que le soufre qui se trouve combiné avec le fer, se dispose
à quitter sa base , et se porte sur la terre magnésienne de
la serpentine pour en former le sulfate de magnésie. On
pile grossièrement cette pyrite grillée; on la réduit eu
grands tas qu’on arrose légèrement : alors la combinaison
avec la terre magnésienne achève de sc faire par lia
4° Sulfate de Magnésie.
mouvement lent d’altération qu'éprouve la matière ; on
lessive ensuite ces terres , et l’on en obtient un sulfate de
magnésie très-abondant, qu’on puiifie et qu’on raffine.
M. ylbei 'to-ytnsaldo , entrepreneur de l’exploitation du
sulfate de magnésie, a porté cette fabrication à un tel point,
que le sel qu il livre au commerce est préféré par sa pureté
à celui qu’on tiroit d’Angleterre.
On trouve aussi du sulfate de magnésie en efflorescence
près Paris, dans les carrières à plâtre de Montmartre.
M. Proust a observe que ce sel se montre en efflores-
cence en Espagne , a Madrid , et dans un grand nombre de
lieux, sur la terre , sur les grès, et sur presque tous les
muis de platie. Dans tous ces lieux, il est mêlé avec le
nitre. Schmeisser 1 indique en incrustation , avec la
textuie fibreuse , dans les Alpes de la Suisse, etc.
On purifie le sulfate de magnésie du commerce, en le
dissolvant dans l’eau, et le faisant cristalliser.
On peut aussi préparer ce sulfate en saturant la magnésie
pure d’acide sulfurique.
Dans le commerce , la cristallisation du sulfate de ma-
gnésie est confuse-, ce sont des petites aiguilles. On doit
faire évaporer la liqueur jusqu’à 3o degrés , aréomètre de
Mossy.
bi on le fait cristalliser spontanément , on obtient des
prismes à quatre pans égaux , lisses , terminés par des
pyramides quadrangulaires. Pour l’obtenir ainsi , il faut
en faire une dissolution dans l’eau froide , et l exposer à
l’air.
Il est d’une amertume extrême. Toutes les eaux salées
amèies sont ordinairement des dissolutions plus ou moins
fortes de su laie de magnésie.
Sulfate de Magnésie. 4*
II est d’un blanc grisâtre , un peu brillant.
Exposé au calorique , il perd presque toute son eau do
cristallisation, ce qui le réduit à presque moitié de sou
poids -, il éprouve aussi une fusion aqueuse.
A un feu violent il coule, mais il ne se décompose pas ;
et si , après avoir été fondu , on le verse dans un vase , il
reprend l’humidité de l’air, et brise le vase qui le contient.
Il est légèrement efflorescent à l’air bien sec.
Le sulfate de magnésie est très-soluble dans l’eau; il
ne demande qu’une partie et demie de ce fluide froid, pour
être tenu en dissolution. L’eau chaude peut en dissoudre le
double de son poids.
Si l’on ajoute à du sulfate de magnésie un peu d’aeide
sulfurique, on a un sulfate de magnésie, avec excès d’a-
cide ; et si l’ou y verse de l’ammoniaque, il ne s’y forme
pas de précipité, parce que l’ammoniaque ne décompose
pas le sulfate de magnésie avec cot excès d’acide , mais il se
forme un sel triple.
La barite enlève l ucide sulfurique à ce sel. Si I on em-
ploie de la barite dissoute dans l’eau pure, le sulfate de
barite et la magnésie se précipitent ensemble ; mais si
Ion emploie une dissolution acide, le muriate de barite,
par exemple , le sulfate de barite se précipite , et la ma-
gnésie reste dans la liqueur , à l’état de muriate de
magnésie.
Le sulfate de magnésie est décomposé par la potasse et
la soude.
La potasse caustique précipite la magnésie en flocons
blancs très-purs, et il se forme du sulfate de potasse.
La chaux précipite la magnésie du sulfate de magnésie;
4.2 Sulfate Ammoniaco- Magnésien.
il se forme du sulfate de chaux , mais il faut opérer à
grande eau.
L’ammeniaque décompose à froid une partie du sul-
fate de magnésie •, mais le précipité est léger , et toute la
magnésie n’en est pas séparée ; car , si après avoir filtré ,
on essaie la liqueur avec la potasse , on a encore un pré-
cipité.
Mais si l’on fait évaporer lentement la liqueur , on a un
sel triple , ammoniaco-magnésien.
Le sulfate de magnésie est très-employé en médecine ;
il est composé comme il suit :
En cristaux. Desséché.
Acide 29,35 . . 63,3a
Magnésie 17,0 36,68
Eau. . . . . 53,65 ......... », »
§. XII.
Sulfate A mmonlaco- Magnésien .
C’est à Bergmann et Fourcroy que nous devons la
connoissance de ce sel.
On le prépare comme nous l’avons indiqué ci-dessus.
Le sulfate ammoniaco-magnésien peut aussi se former 1
directement, en mêlant des dissolutions de sulfate de 1
magnésie avec du sulfate d'ammoniaque : la liqueur se
trouble sur-le-champ, et cristallise peu de tems après.
C<e sel , comme le dit M. Fourcroy , est une vraie
union de deux sels , et non pas comme l’expression de sel
triple pourrait le faire croire , une combinaison de la
Sulfate d' Alumine. 43
même quantité d’acide sulfurique , en meme lems aux deux
bases.
Ce sel est amer, a une saveur urineuse, est moins
soluble que le sulfate d’ammoniaque, et plus que le sul-
fate de magnésie-, il cristallise eu dodécaèdre , quelque-
fois à quatre pans.
il se décompose au feu.
On reconnoît la présence de l’ammoniaque dans ce sel ,
en le triturant avec de la chaux , de la barite ou de la
strontiane.
On j reconnoît la magnésie , en le précipitant par un
alcali caustique ; et si l’on ajoute après de la chaux avec
un peu d’eau , l’odeur d’ammoniaque se dégage.
Lorsqu’on chauffe ce sel triple avec force , le sulfate
ammoniacal se volatilise , et il reste du sulfate de ma-
gnésie au fond de Ja cornue.
Les alcalis le décomposent complètement : ce sel se
comporte avec la plupart des sels précédemment énoncés
comme avec le sulfate de magnésie.
Ce sel contient sulfate de magnésie , o,68 -, sulfate
d’ammoniaque , o.32.
S- XIII.
Des diverses espèces de Sulfates d’ Alumine.
On connoît plusieurs étals de sulfate d’alumine; le
plus commun est le sulfate acide d alumine et de potasse
ou d ammoniaque , alun du commerce.
D apres les travaux de M. Kauquelin , sur les di-
verse* maniérés d’ètre de la combinaison de l’alumina
44 Sulfate dvilumine.
avec l’acide sulfurique , qui se trouve en même tems uni
à d’autres bases , on doit distinguer sept états dans cette
combinaison -,
i°. Sulfate d’alumine-, c’est l’union artificielle de l’acide
sulfurique et de l’alumine : ce sel est astringent , il
cristallise en lames, ou feuillets plians, soluble dans l’eau:
ce sel n’étoit pas connu -,
2°. Sulfate acide d’alumine ; c’est le précédent avec
excès d’acide : il n’en diffère que parce qu’il rougit les
couleurs bleues végétales. On le fait aisément, en dis-
solvant le précédent dans l’acide sulfurique; tandis qu’on
ne le convertit que très-difficilement en sulfate d alumine
neutre , et qu’en le faisant bouillir longtems avec sa terre :
comme le premier , ce sel n’a pas été décrit ;
3°. Sulfate d’alumine et de potasse saturé ; c’est l’alun
saturé de sa terre : ses caractères sont d’être pulvérulent ,
insipide, insoluble , iucristalli sable , et de se convertir
aisément en véritable alun par l’acide sulfurique ;
4°. Sulfate acide d’alumine et de potasse. Il est aisé à
préparer chimiquement , il ressemble beaucoup à 1 alun
ordinaire , cependant M. Vauquelin n'a trouvé que celui
de la Tolfa qui soit de cette nature ;
5°. Sulfate acide d’alumine et d’ammoniaque : on le
fait facilement dans nos laboratoires; il n a point été
rencontré pur dans le commerce ;
6°. Sulfate acide d’alumine, de potasse, d'ammoniaque ;
c’est la nature de l’alun le plus fréquemment fabriqué
dans les manufactures : aussi nous lui réservons le nom
d’alun , pour le distinguer ;
7°. Le sulfate acidulé d’alumine et de potasse. M. V au-
quelin propose ce nom , parce qu’en ajoutant un peu plus
Sulfate acide d’ Alumine et de Potasse. If»
Je potasse à la dissolution , qu'il n'est nécessaire pour en
obtenir des cristaux octaèdres , il passe à la forme cu-
bique.
§. XIV.
Du Sulfate acide d’ Alumine et de Potasse.
On distingue six espèces d'alun dans le commerce’,
i°. Aluu de glace; 2°. alun de Rome ; 3°. alun de
Naples ; 4°- alun de Smyrne ; 5°. l’alun de France ;
6°. enfin , l’alun extrait des schistes eftlorescens et des
produits volcaniques.
L’acide sulfurique forme avec l'alumine et les alcalis ,
nn grand nombre de combinaisons salines qui ont été
examinées avec beaucoup de soin par M. V auquelin , et
dont la plus importante est celle qui est connue dans le
commerce et dans les arts sons le nom d’alun. Celte
substance qui est un sulfate acide d'alumine et de potasse
se trouve toute formée dans le voisiuage de plusieurs
volcans ; mais comme elle n’y existe qu'en très - petite
quantité , on n’auroit aucun avantage à l'en extraire. On
obtient l’alun en traitant par des procédés convenables ,
soit les mines qui le contiennent tout formé , soit les
schistes bitumineux et pyriteux qui eu renferment seule-
ment les principes , et en le formant de toutes pièces
ainsi que cela se pratique dans uu très - grand nombre
d ateliers.
Dans la première classe de ces mines se trouvent celles
de la lolfa près de Rome , celle de la Solfatare daus
les environs de Naples , celles du duché de Piombino,
de Bausac , département de l’Aveyron , etc. ; et dans la
46 Sulfate acide d’ Alumine et de Potasse.
deuxième , les mines si abondantes de Suede , d Angle-
terre , de Saxe , de Bohême , de Hesse et du pays de
Liège.
Pouf' retirer l’alun des mines de la "lolfa , ou calcine
la pierre (i), on la laisse pendant deux mois exposée à
l’air en ayant soin de l’arroser plusieurs fois par jour ,
et de la tenir constamment humectée -, elle se trouve alors
convertie en une espèce de pâte qu’on lessive avec très-
peu d’eau , et dont on obtient , sans aucune addition ,
cet alun de Rome que toutes les fabriques recherchèrent
autrefois avec tant d’empressement. Les mines de Liège,
de Suède, du Freien Walde qui ne contiennent que
les élémens de l’alun , s’exploitent toutes à-peu-près de
la même manière. On dispose sur des plans inclines des
couches alternatives de minerai et de combustible , de
manière à former des pyramides plus ou moins élevées aux-
quelles on met le feu. On laisse ensuite la mine s effleurir
à l’air , ou bien si elle est dans un état convenable , on la
porte après le grillage dans de grands cuviers où elle est
mélangée avec 1 eau qui séparé tous les principes solubles.
Après avoir ajouté des quantités plus ou moins grandes
de potasse à cette lessive convenablement évaporée , ou
la fait couler dans de grands cristallisoirs où elle déposé
(i) M. Gay-Lussac qui a suivi les phénomènes de la cal-
cination de la pierre de la 'lolla, a vu qu il s en dégageoit
de l’acide sulfureux et du gaz oxigène, d’où il a conclu que
l’acide sulfurique y est combiné avec plus d’alumine qu’il n’en
peut saturer , ce qui forme un sel insoluble , tandis que , après
la calcination , l’alun y est ramené à ses véritables principes ,
ce qui en facilite la lixiviation.
Sulfate acide d’ Alumine et de Potasse. 41)
des masses considérables d’alun qu’on purifie en les dis-
solvant dans l’eau et en les faisant cristalliser une deuxième
fois.
Les expériences analytiques qui avoient été faites sur
l’alun , ayant conduit à reconnoître la nature de ses prin-
cipes , on chercha les moyens de les combiner ensemble
d’une manière aussi intime , afin d’obtenir plus abon-
damment cette substance. Les premières fabriques d’alun
élevées en France furent celles de M. Chaptal , à Mont-
pellier , et celle de M. Alban , à Javelle, près Paris ,
dont les procédés étoient fort différens. A Montpellier,
on calcinoit dans un four des boules formées de parties
égales d’argile et de résidu de la combustion des chambres ;
on les exposoit ensuite pendant un mois à la vapeur de
l’acide sulfurique , et on en obtenoit une lessive qu’on
faisoit évaporer et cristalliser.
Dans la manufacture de Javelle , l’argile calcinée et
réduite en poudre , étoit traitée avec l’acide sulfurique.
On plaçoit ensuite ce mélange pendant vingt-quatre heures
dans un four à une température de ^o à y 5 degrés cen-
tigrades , après quoi il étoit lessivé. Le liquide obtenu
étoit évaporé et breveté avec des proportions constantes
d’urine ou de potasse.
Depuis cette époque diverses méthodes ont été per-
fectionnées , et l’on a vu s élever en France et dans l’é-
tranger un grand nombre de fabriques d’alun artificiel.
Voici le procédé que M. Curaudeau emploie à Vau-
girard. Il délaie ioo livres d’argile dans une dissolution de
trois parties demurialede soude, et il en forme des petits
j pains qu il calcine dans un four. Il mcle le résidu broyé avec
48 Sulfate acide d’ Alumine et de Potasse.
le quart de son poids d’acide sulfurique concentre, et il
y ajoute un sixième d’eau ou suffisante quantité.
Lorsque la combinaison est faite, il termine cette opé-
ration en combinant exactement avec ce mélange une dis-
solution de potasse dans laquelle 1 alcali se trouve être le
sixième du poids des matières employées , sur ioo livres
d’acide on peut mettre de i5 à 18 parties de potasse
suivant sa pureté. Cet alun ainsi obtenu n’est pas encore
pur ; pour l’avoir ainsi on le fait dissoudre de nouveau
et on le fait cristalliser.
M. Bouvier dans sa fabrique de Mennecy , près Cor-
beil , se sert avec beaucoup de succès des résidus de ses
eaux fortes , dont M. Curaudeau avoit indiqué l’emploi
il y a six ans , dans un mémoire pour fabriquer son
alun ; ces résidus après avoir été écrasés et tamisés sont
traités dans une chaudière en plomb avec de 1 acide à
35 degrés. Ce mélange reste un jour dans cet état , et le
lendemain toute sa surface est couverte de petits cristaux
d’alun. Cet alun purifié par deux dissolutions est mis a
cristalliser et est ensuite livré au commerce.
Ce procédé , ainsi que celui de M. Curaudeau , ont
un très-grand avantage sur tous ceux qu’on exécute dans
les autres fabriques , parce qu’on sépare le fer qui exerce
dans quelques teintures une influence si daugereuse.
Depuis un grand nombre d’années l'alun de Rome
jouissoit dans le commerce et dans toutes les fabriques
d’une prééminence extrêmement marquée ; mais les ana-
lyses de MM. Fauquelin et Chaptal prouvèrent que tous
les aluns contenoient exactement les mêmes proportions
des mêmes principes , et qu’ils ne différoient que par des
quantités infiniment petites de fer. Cependant malgré ces
Sulfale acide d' Alumine et de Potasse. 49
intéressantes recherches tous les teinturiers conservèrent
encore leurs préjugés sur les avantages exclusifs de l’alun
de Rome -, et ils n’ont été entièrement détruits que par les
nombreuses expériences de MM. Thénard et Roard sur
1 emploi compare des aluns dans toutes les opérations de
la teinture.
L alun cristallise par x’efroidissement : ces cristaux sont
des octaèdres , mais avec plusieurs modifications -, sa pe-
santeur spécifique est de 1,7109 par rapport à celle de
l’eau supposée de 10,000.
Ce sel se liquéfie à une douce chaleur ; il se boursoufle
beaucoup, et il offre une masse très-volumineuse , légère,
d’un blanc mat, et remplie de beaucoup de cavités. 11 est
peu altéré; il altère inégalement les couleurs bleues. Sa
saveur est beaucoup plus forte : c est ce qu’on nomme alun
calciné.
Lalun perd, en chauffant ainsi, son eau de cristallisa-
tion , et une très-petite partie de son acide. Car , si on
fait cette expérience dans des vaisseaux clos, l’eau que
l’on retire est acide. Cependant l’alun calciné est toujours
avec excès d acide.
Le sulfate dalumiue s effleurit légèrement à l’air. L’alun
se dissout dans 16 parties d’eau à 10 degrés , et il ne faut
que 7 a parties d eau bouillante pour eu dissoudre 100
1 d’alun.
Beaucoup de matières combustibles décomposent l’alun.
Prenons pour exemple le charbon.
On mêle ensemble huit parties de charbon en poudre ,
|5ur une dalun; on introduit le tout dans une cornue, et
don y adapte l’appareil pneumato-chimique.
A 1 aide du calorique , on obtient sous la cloche du gaz
5o Sulfate acide dû Alumine et de Potasse.
acide carbonique , et ce qui reste dans la cornue , est un
sulfure d’alumine.
On décompose encore l’alun par les matières animales
et végétales : cette décomposition produit une substance
qui s’enflamme à l’air, et qu’on a appelée pyrophore.
On prend deux ou trois parties d alun contre une de
miel , de farine , de sucre ; l’une ou l’autre de ces sub-
stances opère le meme effet. On fait dessecber les deux
matières dans une poêle de fer , ou dans une cuiller de
même métal , ayant soin de les remuer avec une spatule.
Les matières 8e liquéfient d abord ] elles se boursouflent
ensuite , et se réduisent on grumeaux : lorsque la matière
est en cet état, on la pulvérise grossièrement : on achève
de la dessécher-, elle forme alors une poudre noire char-
bonneuse. On la met dans un petit malras à long col -, il
ne faut le remplir qu’aux trois quarts : on place ce matras
dans un creuset avec du sable , et on en recouvre la boule :
on met dans un fourneau le creuset qui contient le matras ,
et l’on chauffe par degrés , jusqu’à faire rougir le matras ,
l’acide sulfurique est décomposé , l'acide carbonique se
dégage j ainsi qu’un peu d’hydrogène sulfuré et d’hydro-
géne carboné , que la température fort élevée fait brûler
à la fin de l’opération dans le goulot du matras , ou de
la bouteille-, on laisse la petite flamme brûler pendant 3
à 4 minutes -, on ôte le feu du fourneau , on bouche le
matras , et on laisse refroidir , ou bien on verse le py-
rophore qu’il contient dans un llacou de cnstal bien
bouché.
Les chimistes ne sont pas encore d’accord sur la vraie
dénomination de ce composé -, les uns le regardent comme
un sulfure d’alumine , mêlé d’une petite quantité de char-
Sulfate acide d’ Alumine et de Potasse.
bon ; les autres pensent que le pyrophore contient un sul-
fure hydrogéné de potasse et d’alumine mêlé de carbone
extrêmement divisé.
S: 1 on met un peu de ce sulfure sur du papier , à l’air
libre, il prend feu. Lorsque le pyrophore est un peu
lent a brûler , on accélère son inflammation , en répan-
dant dessus la légère vapeur humide qui sort de la bouche.
L’inflammation du pyrophore ne se fait que dans un air
chargé d’humidité , il ne brûle pas à l’air sec ; ce sulfure
décompose une partie de l’eau de l’atmosphère, le sulfure
d’alumine et de potasse en solidifie une partie qui laisse
dégager une quantité de chaleur suffisante pour mettre le
charbon en combustion. Il se régénère un peu d’alun dans
cette opération. L’humidité est absorbée par la matière et
le calorique de cette humidité dégagé, élève la tempéra-
ture de cette matière : alors, elle brûle elle-même, le
charbon et le soufre , dans cette combinaison , régénèrent
de l’acide sulfurique et du sulfate d’alumine, et il se
dégage un peu d acide carbonique.
Voici comme M. Fourcroy explique sa combustion : il
'use, dit-il , entièrement le gaz oxigène atmosphérique, et
lie convertit en partie en acide carbonique -, une autre partie
-se fixe dans le soufre qu’elle fait passer à l’état d’acide
•sulfurique ; en sorte que , lorsque le pyrophore a brûlé ,
il ne contient plus de sulfure hydrogéné comme aupara-
vant, mais du sulfate d’alumine et de potasse-, ce u’est
qdus de lalun, parce qu’il a perdu son excès d’acide qui
lui donne son caractère.
Lorsqu on le jette dans l’eau, il répand une odeur fé-
tide, et donne une dissolution de sulfure de potasse et
td’alumine hydrogéné.
52 Sulfate de Glucine.
Le gaz nitreux et l’acide sulfureux gazeux enflamment
aussi le pyrophore.
Le même effet a lieu dans le gaz acide muriatique
oxigéné.
L’alun est décomposé'par la barite , la chaux , la stron-
tiane , la magnésie , la glucine , et par tous les alcalis -,
versés dans une dissolution de ce sel , ils en précipitent
l’alumine. L’alumine que l’on obtient ainsi est rarement
pure. Jroyez alumine.
L’alun est aussi décomposé par un grand nombre de
sels ; la plupart des sulfites , nitrates ; nitrites , muriates ,
phosphates , fluates , borates et carbonates décomposent ce
sel par une double attraction.
M. Vauquelin a trouvé dans cent parLies d'alun de fa-
brique : sulfate d’alumine , 0/19 sulfate de potasse , o,oÿ -,
eau , o,44-
L’alun est d’un usage très-étendu , soit en médecine ,
soit dans les arts. 11 sert aux chandeliers pour blanchir
et durcir le suif. — Il entre dans la pcàte des papiers. On
peut l’employer pour éteindre les incendies. Il est le
conservateur des substances végétales et animales dans les
cabinets d’histoire naturelle -, enfin , son plus grand usage
est dans l’art de la teinture.
K. XV.
O
Sulfate de Glucine.
La glucine se combine très -bien avec l’acide sulfuri-
que 3 soit lorsqu’elle est libre , soit à 1 état de caibonatc ■,
53
Sulfate de Glucine.
dans ce dernier cas , il se produit une effervescence assez
vive.
Le sel qui résulte de cette combinaison est très-soluble
dans 1 eau , en sorte que sa dissolution devient épaisse
comme un sirop , avant de cristalliser : on obtient des
aiguilles ou des prismes mal formés.
La saveur de ce sel est très -sucrée et légèrement as-
tringente.
Exposé au feu , il se boursoufle comme l’alun ; et si on
le fait rougir assez fortement , il se décompose entière-
ment : 1 acide sulfurique s’échappe en vapeurs , et la terre
reste pure.
Le charbon décompose , à l’aide du feu , le sulfate de
glucine , et il en résulte un sulfure.
Aucun acide ne décompose ce sel , d’où il suit que l’a-
cide sulfurique 1 emporte sur tous les autres par son affinité
pour cette terre.
Les alcalis et les terres , excepté l’alumine , le décom-
posent, en s’emparant de l’acide sulfurique , avec lequel
ils ont une attraction plus forte.
L’infusion de noix de galle , ajoutée à la dissolution ,
donne un précipité blanc jaunâtre.
Le sulfate de glucine est décomposé par un grand nom-
bre de sels; la plupart des sulfites, nitrates, muriates ,
phosphates , fluates , borates et carbonates , jouissent de
cette propriété.
54 Sulfate d’ Yttria ; sulfate de Zircone.
§. XVI.
«
Sulfate cl Yttria.
Ce ^sel résulte de la combinaison directe de 1 yttria avec
l’acide sulfurique , il se dégage une grande quantité de
calorique, et le sel se précipite sur-le-champ sous la
forme de grains brillans.
Le sulfate d’yttria a d’abord une saveur astringente ,
qui finit par être sucrée. Il exige environ 5o parties d eau
pour se dissoudre. Il est décomposé par le calorique et par
les alcalis.
§. XVI I.
Sulfate de Zircone.
M. Klaproth est le premier qui ait fait connoître ce sel.
M. Vauquelin a ajouté au travail du savant chimiste de
Berlin quelques détails sur le caractère et les propriétés
de ce sel.
Pour que les combinaisons de la zircone avec les acides
s’opèrent facilement , il faut qu’elle soit très-divisée et
encore humide, telle qu’elle est lorsqu elle vient d être
précipitée de ces dissolvans ; si elle a clé desséchée au
feu , ou même à la chaleur d’une étuve , elle ne se prête
que difficilement à ces compositions. Cette terre adhère peu
aux acides , car l’action de la chaleur , même médiocre ,
suffit pour en rompre les liens ; cette vérité est d’ailleurs
démontrée par les alcalis, et toutes les autres terres qui
lui enlèvent les acides.
L’acide sulfurique et la zircone s’unissent aisément , et
Des Sulfites. 5 5
le sel qui résulte de cette combinaison est blanc , insoluble
dans l’eau , et sans saveur sensible. La chaleur le décom-
pose , et laisse la zircone pure. Il n’éprouve aucun change-
ment à l’air, et l’eau ne dissout ce sel que lorsqu’elle est
acide. A une haute température , le charbon convertit ce
sulfate en sulfure. Ce sulfure est très-soluble dans l’eau,
et sa dissolution fournit , par l’évaporation , des cristaux
d hydro-sulfure de zircone.
Ce sel ne subit aucun changement , dans sa nature in-
time, de la part des autres acides.
Les terres et les alcalis le décomposent , ainsi que la
plupart des sels à base d’alcali, et ces décompositions n’ont
lieu que par attractions doubles superflues.
Proportions : — Inconnues.
Ou n’emploie encore à aucun usage le sulfate de zir-
cone.
§. XVIIL
Des Sulfites.
On appelle sulfites , les combinaisons de l’acide sulfu-
reux avec les terres et les alcalis. C’est à MM. Fourcroy
et Vauquelin que nous devons la connoissance de ces sels.
Ces composés se nommoient auparavant sels sulfureux.
Pour faire les sulfites en général , on peut mêler des
dissolutions alcalines ou terreuses , avec de l’eau chargée
d acide sulfureux.
Ou bien on met du mercure et de l'acide sulfurique
dans une cornue , il se forme de l acide sulfureux gazeux ,
produit de la décomposition* de l’acide sulfurique par le.
mercure.
56
Des Sulfites.
A , comue de verre lutée , posée sur des barres de fer
dans un fourneau contenant le mercure et l’acide sulfu-
rique ; on j adapte un tube recourbé qui va plonger dans
un flacon B , dans lequel on met de l’eau pour absorber
l'acide sulfurique qui pourroit passer sans être décom-
posé ; de ce flacon , part un tube, qui va se rendre dans
une autre bouteille C , à trois tubulures , dans laquelle on
met une dissolution de carbonate de potasse ; on peut
mettre ainsi autant de flacons que l’on a de sulfites à pré-
parer -, le dernier est terminé par un tube de sûreté à
boules , dont l’extrémité plonge sous une clocbe D , dans
l’appai-eil pneumato-chimique. II faut avoir soin de mettre
dans la tubulure du milieu de chaque flacon , un petit tube
E , dont une des extrémités doit plonger de quelques
millimètres dans l’eau , et l'autre rester dans l’atmos-
phère, afin que, pendant l’opération, si la chaleur vient
à diminuer, ou après qu’elle est finie, il donne passage
à l’air extérieur-, à mesure que le gaz diminue de volume
par le refroidissement, et empêche parla, que la dis-
solution du sulfite ne remonte dans le premier flacon, et
ne se mêle à l’eau qu’il contient, par la pression de l’at-
mosphère.
Pour vérifier si un appareil aussi complique, perd en
quelques endroits, on insufle de l’air avec la bouche par
le premier tube de sûreté E. Cet air doit arriver dans la
cloche />, en vainquant l’opposition qu’il éprouve de la
part des colonnes fluides qu’il traverse dans son passage;
opposition qui le porteroit à s échapper , s’il avoit issue par
les assemblages : les flacons tabulés sont sujets à avoir des
ouvertures aux soudures dés tubulures.
Le tout ainsi disposé, on chauffe légèrement la cornue ,
*
PI jS
Des Sulfites.
l’acide sulfureux se dégage à l’état de gaz , et sature la
potasse , la soude , etc. Il passe sous la cloche D , de l’a-
cide carbonique , qui provient de la décomposition des car-
bonates liquides que contiennent les flacons , carbonates
qui se décomposent à mesure que lacide sulfureux chasse
l’acide carbonique , pour s’emparer de la base , et en com-
poser des sulfites.
Ce moyen de préparer les sulfites , est le plus avanta-
geux -, car on peut les obtenir cristallisés , sans faire éva-
porer.
Si on les faisoit avec l’acide sulfureux liquide, il fau-
droit faire évaporer , et l’évaporation donnant accès à
l’oxigène , il peut se former de l’acide sulfurique et des
sulfates.
Propriétés génériques des sulfites.
Les sulfites n’ont point d’odeur. Lorsqu’ils ne sont pas
neutres, ils décolorent entièrement les couleurs bleues vé-
gétales : voilà pourquoi on emploie la vapeur du soufre,
ou l’acide sulfureux , pour blanchir la soie , le linge, etc.
Us ont une saveur marquée d’acide sulfureux ; ils sont
décomposés par le calorique à une haute température.
Cette décomposition varie suivant la fixité de la base , et
son affinité pour l acide sulfurique -, tantôt l’acide se dé-
gage et la base reste pure , tantôt il se sublime lentement
du soufre -, le gaz oxigène se dégage , et il reste un sulfate ,
comme cela a lieu dans la distillation du sulfite de
oha ux.
Le gaz oxigène les change en sulfate : quelques sulfites
peuvent servir d’eudiomètre , sur-tout celui d ammoniaque,
53
' Sulfite de Barite.
car c’est celui de tous les sulfites qui passe le plus facile-
ment à l’état de sulfate par le seul contact de loxigène de
l’atmosphère. Le passage à l’état de sulfate est cependant
peu sensible dans les sulfites terreux , qui sont presque
tous insolubles , tandis que les sulfites alcalins qui sont
très-solubles passent promptement à l’état de sulfates.
Les uns sont solubles dans l’eau , les autres ne le sont
pas , excepté avec excès d’acide. Ils sont décomposés par
les acides. Ils sont tous convertis en sulfure par le charbon ,
excepté celui d’ammoniaque.
Les alcalis et les terres agissent sur ces sels en raison de
leurs affinités pour l’acide sulfureux -, ainsi la barite dé-
compose tous les autres sulfites, ensuite la strontiane, la
chaux , la potasse, la soude , la magnésie , l'ammoniaque,
la glucine , l’alumine et la zircone.
§. XIX.
Sulfite de Barite.
Pour préparer ce sel , on mêle une dissolution de sul-
fite de sonde ou d’ammoniaque, avec une dissolution de
»
muriate de barite; le sulfite de barite se présente alors
sous la forme de très-petites aiguilles , qui se précipitent
au fond de la liqueur. Ou bien on fait passer du gaz
acide sulfureux dans une solution de barite jusqu à satu-
ration. Ce sel n’a pas de saveur sensible, il est blanc,
opaque.
Le calorique en chasse le soufre excédant, et il passe
à l’ctat de sulfate. Le soufre se cristallise au col du ma-
tas,
Suljite de Chaux. 5g
Le charbon décompose le sulfite de barile, et le change
en sulfure , en lui enlevant son oxigène.
Ce $el n'est pas soluble dans l’eau, au moins d’une
manière sensible -, l’acide sulfureux le rend un peu dis-
soluble.
Les acides sulfurique, muriatique et nitrique , décom-
posent le sulfite de barile , en produisant un pétillement
très-violent, et un gonflement très-considérable. Les deux
derniers acides le dissolvent entièrement.
L’acide muriatique oxigéné le change entièrement en
sulfate.
Le sulfite de barite n’est décomposé par aucune subs-
tance terreuse ou alcaline.
Ce sel cristallisé, suivant MM. Fourcroy et Fauquelin ,
est composé dans ces proportions : barile o,5g ; acide sul-
fureux o, 3g ; eau 0,02.
M. Fourcroy emploie avec succès le sulfite de barife
dissous dans l’eau par le moyen de l acide sulfureux , pour
recounoitre si cet acide est pur, et pour en séparer l’acide
sulfurique qu’il pourroit contenir.
S- x X.
Sulfite de Chaux.
Le meilleur procédé pour préparer le sulfite de chaux ,
c est défaire passer du gaz acide sulfureux au milieu du
carbonate de chaux délayé dans l’eau.
Quand la liqueur est bien saturée , il cristallise sur les
parois du flacon eu aiguilles transparentes.
6o
Sulfite de Pc tas se.
Sa saveur est d abord presque nulle, elle imite ensuite
celle de l’acide sulfureux.
Ce sel cristallisé perd un peu de sa transparence mais
il ne se convertit que très-lentement en sulfate.
Le calorique fait passer ce sel à l’état de sulfate.
Ce sel demande environ huit cents parties d’eau pour se
dissoudre, mais il devient plus soluble par excès d’acide :
c est ainsi quon peut l’obtenir cristallisé, en exposant à
1. air sa dissolution dans l’acide sulfureux.
Il ny a que la barite qui décompose le sulfite de chaux.
Les acides minéraux le décomposent, lacide sulfuri-
que en dégage lacide sulfureux, avec effervescence. On
peut même l’en extraire ainsi dans l’état de la plus grande
pureté.
Lacide nitrique et lacide muriatique oxigéné le con-
vertissent en partie en sulfate de chaux , proportions :
chaux 0,47 ? acide sulfureux o,4-8 -, eau 0,1 5.
*
§. XX !.
Sulfite de Potasse.
Stahl est le premier qui ait fait connoîlre ce sel , depuis
longterns on le nommoit sel sulfureux de Stahl. MM. Ber-
thollet , Fourcroy et Fauquelin ont fait counoître plus
particulièrement ses caractères.
Pour le préparer on prend du carbonate de potasse
cristallisé très - pur , on le dissout dans trois fois son
poids d’eau distillée, et on y conduit* du gaz acide sul-
fureux.
Lorsque l’effcrvcsccnce n’a plus lieu par la présence de
Sulfite de Potasse. (jf
l'acide sulfureux, on cesse l’opération, et la liqueur donne
ordinairement des cristaux en refroidissant , qui présentent
la forme d’une lame rhomboïdale alongée ; souvent sa cris-
tallisation offre de petites aiguilles divergentes d’un centre
commun. Ce sel est blanc et transparent -, sa saveur est
piquante et sulfureuse. Exposé a une chaleur brusque, il
décrépite , perd son eau de cristallisation., il rougit en-
suite , répand quelques vapeurs d’acide sulfureux ; entîn ,
il s’en sépare une portion de soufre , et le résidu est du
sultate de potasse, avec un léger excès d’alcali.
Si Ion expose ce sel à 1 air , il s’efüeurit légèrement ,
devient opaque et dur, sa saveur piquante et sulfureuse
disparoît; il en acquiert une autre qui est acre et amère
alors il ne fait plus d’effervescence avec les acides.
Le charbon décompose ce sel ; à cet effet , on prend
douze parties du sel desséché ; on le met dans une cornue
avec une partie de charbon en poudre fine : on chauffe
jusqu’à l’incandescence. On obtient , 1°. une petite quan-
tité d eau 5 2°. de 1 acide carbonique •, 3°. une certaine
quantité de gaz hydrogène sulfuré; 4°- enfin,, il reste
dans la cornue une masse rouge très-soluble dans l’eau ,
et qui répand une odeur fétide d’hydrogène sulfui'é, d'où
les acides dégagent cette matière à l’état de gaz , et pré-
cipitent du soufre : on obtient donc un vrai sulfure de
potasse hydrogéné.
Le gaz hydrogène décompose aussi le sulfite de po-
tasse.
On met dans un canon de porcelaine du sulfite dépotasse
tres-scc ; on fait passer ce tube à travers un fourneau, ou
adapte à son extrémité supérieure un appareil pour dé-
gage! du gaz hydrogène , et à l’extrémité inférieure, un
62 Sulfite de Potasse.
tube qui va plonger dans un flacon sec. On chauffe légê-
l'ement le tube de porcelaine -, et par le passage du gaz
hydrogène, il se forme de l’eau : il reste dans le tube du
sulfure de potasse.
Le sulfite de potasse est soluble dans une quantité
d’eau à-peu-près égale à la sienne : celte solubilité
augmente par la chaleur.
Parmi les acides , les uns décomposent le sulfite de
potasse , en en séparant l’acide sulfureux -, les autres , en
changent la nature , sans en chasser l’acide , mais en y
portant une portion d’oxigène , et en le convertissant en
acide sulfurique. Le premier de ces effets appartient aux
acides sulfurique, muriatique , phosp borique et fluorique -,
le second , aux acides nitreux et muriatique oxigéné. L’ac-
tion de ce dernier est même très-prompte. Quand ou verse
une solution concentrée de sulfite de potasse dans un flacon
rempli de gaz acide muriatique oxigéné , celui-ci se dé-
compose , et l’on apperçoit bientôt des cristaux de sulfate
de potasse. Les acides boracique et carbonique ne lui font
éprouver aucun changement à froid.
La harite , la strontiane , et la chaux sont les seules
bases qui décomposent le sulfite de potasse -, ainsi , dans
une solution de ce sel , si l’on verse de l’eau de chaux
ou de barite , on obtient un précipité, et la potasse reste
pure.
On ne commît pas les proportions de ce sel.
Sulfite de Soude.
63
§. XXII.
Sulfite de Soude.
On prépare du sulfite de soude , en mettant dans une
bouteille de TVoulf une partie de carbonate de soude
cristallisé, avec deux parties d’eau distillée ; on y fait
passer du gaz acide sulfureux, jusqu’à ce que l’eflerves-
cence soit passée. Lorsque la saturation approche de sa fin,
une portion de sulfite de soude cristallise au fond de la
liqueur.
Sa forme est un prisme à quatre pans , dont deux très-
grands et deux petits , terminés par des pyramides dièdres.
Ce sel est blanc , parfaitement transparent -, sa saveur est
fraîche, et ensuite sulfureuse.
Il se comporte au feu , absolument comme le sulfite de
potasse, à l’exception seulement qu’il éprouve la fusion
aqueuse.
Il s’effleurit à 1 air , et se convertit ensuite en sulfate
de soude, mais moins promptement que le sulfite de po»
tasse.
Ce sel, mêlé avec un douzième de son poids de charbon
cn poudre, et chauffé dans une cornue , fournit d’abord un
peu d’eau , ensuite de l’acide carbonique , mêlé d'une por-
tion de gaz hydrogène sulfuré j enfin, il reste dans la
cornue uu sulfure de soude hydrogéné.
Les acides minéraux lui font éprouver les mêmes chan-
gemens qu’au sulfite de potasse.
La barite, la stronliarie , la chaux et la potasse décom-
posent lç sulfite de soude. Le précipité que l’on obtient est
6/ Sulfite de Soude sulfuré ,
du sulfite de barite , ou de chaux , ou de potasse , suivant
que I on a employé l’une ou l’autre de ces terres.
Les sulfates de chaux , d’ammoniaque et de magnésie le
décomposent.
On y a trouvé , par l’analyse : soude, 18 -, acide sulfu-
reux, 3i ; eau, 5i.
Le sulfite de soude est un fort bon réactif pour les disso-
lutions métalliques , tantôt il précipite du soufre , tantôt le
métal sous telle ou telle couleur. Le sulfite d’ammoniaque
jouit de ces propriétés à un moins haut degré.
§. XXIII.
Sulfite de Soude sulfuré , ou arec excès de Soufre.
Cette nouvelle combinaison , découverte par M. Chaus-
sier et examinée depuis par M. Vauquehn , présente
un nouveau genre de sulfites que l’on n’a pas encore
étudié.
Ce que nous savons de plus particulier sur ce sel est du
aux chimistes que je viens de citer.
Voici comme on peut préparer le sulfite de soude avec
excès de soufre : .
! o En faisant bouillir du soufre avec une dissolution de
sulfite de soude bien neutre, en obtient un sel qui ne
contient pas de sulfate.
ao. On peut former également ce sel avec un mélange
de sulfite de soude et d’hydrogène sulfure , d'acide sultu-
reux et d’hydro-sulfure de soude, avec le sulfite de soude
et rbydro-sulfuve de soude ; mais toutes les fois que Ion
ou avec ex ces de Soufre. g5
présente à l’acide sulfureux, ou au sulfite de soude, du
soufre uni à l’hydrogène , ce dernier corps est brûlé, et le
soufre mis à nu se combine à une portion du sulfite ou de
l’acide sulfureux nou décomposé.
L’hydrogène sulfuré, qui se dégage du sulfite de soude
culture par 1 acide sulfurique , uest pas une raison de
croire qu'il existe dans ce sel -, car le dégagement n’a lieu
sensiblement qu’avec ce sel û 1 état solide, et l’acide sul-
furique concentré : s'il existoit dans le sulfite de soude
sulfuré, il douneroit quelques signes de sa présence, par les
dissolutions métalliques.
Lorsque ce sel est pur, 1°. il est transparent et cristal-
lise eu forme ds prisme carre, termine par une pyramide
a six faces , 2°. il uc s effleurit point , et ne tombe point eu
déliquescence -, 3°. il n’altère point les couleurs bleues ou
violettes des végétaux • 4°. il a une saveur fraîche, légère-
ment amère et sulfurée; 5°. il n’a aucune odeur; 6°. sur
les charbons ardens , i 1 entre facilement eu fusion, brûle
ensuite avec lodeur et la flamme du soufre ; il est «in-
soluble dans 1 alcool ; 8°. l’eau en dissout près de trois fois
:SOn poids ; g°. tous les acides , même le sulfureux , le dé-
composent et en précipitent le soufre, du moins en partie ;
io°. 1 addition des acides sulfurique, nitrique, muria-
tique , produit d’abord un dégagement de gaz hydrogène
sulfure , qui est bientôt accompagné et suivi de gaz acide
: sulfureux-, no. i] précipite le plus grand nombre des dis-
solutions métalliques , mais avec des phénomènes parti -
culieis ; ainsi , il précipite le nitrate de mercure en jaune,
taudis que le sulfite de soude le précipite en blanc -, 120. il
; précipité le muriate de platine en noir , tandis que le sul-
htc de soude le précipite en rose; i3°. il ne revivifia pas
66 Suljîte de Soude sulfuré , etc.
l’or de la dissolution nitro-muriatique , mais le précipite
en jaune-brun ; i4°- il ne précipite pas les dissolutions
sulfuriques de cuivre-, i5°. si Ion chauffe ce sel dans une
cornue, il se fond, sé dessèche, laisse ensuit échapper
une portion de soufre qui se sublime ; il ne se de gage pas ;
un atome de gaz; ce qui reste dans la cornue prend me
couleur rouge , et communique cette couleur à la disso-
lution aqueuse ; i6°. l’eau de harite , en petite quantité , ;
ne forme point de précipité dans la solution de ce sel ; J
370. l’acide sulfureux en sépare du soufre; 180. Si 1 on
mêle à une dissolution de sulfate de soude une peine 1
quantité d’eau trés-chargée d’hydrogène sulfuré, cette eau :
perd entièrement son odeur, et la dissolution n’est point:
altérée ; si l’on verse de cette eau jusqu’à ce que l'odeur de
rhydro-sulfure reste sensible, alors la dissolution devient
laiteuse , et dépose une grande quantité de soufre. La li-
queur éclaircie et évaporée ,- fournit une matière épaisse
dont l’alcool sépare le sulfure hydrogéné, et il reste un
liquide épais qui donne un sel d’une saveur amère et al-1
câline, dont les acides dégagent du gaz acide suliuieux, et
précipitent du soufre. L hydrogène sulfuré décompose
donc du sulfite de soude.
M. Chaussier croit que ce sel peut être intéressant ec
médecine. Comme il n’a pas 1 odeur fétide des sulfuies e
des hydro-sulfures, on peut l’employer avec avantage daus
tous les cas où l’on employoit ce genre de préparation
ainsi , on peut en prescrire l'usage, soit en bains , soit ei
douches, soit intérieurement, sous forme de pilules or
de boissons, et déjà M. Chaussier s’en est servi avec avau
tage dans le traitement de plusieurs affections rebelles de
la peau.
Sulfite de Strontiane ) sulfite <T Ammoniaque. G-
, ' S , .
§. xxi y.
Sulfite de Strontiane.
Ce sel a beaucoup d’analogie avec le sulfite de barite.
Il est cependant un peu soluble dans l’eau , et cristallise
eu prismes. Il est décomposé par la barite.
§• XXV.
Sulfite d’ Ammoniaque.
Pour former le sulfite d’ammoniaque cristallisé , il failt
faire passer , de la manière qui a été décrite , du gaz acide
sulfureux dans de l’ammoniaque liquide concentrée. Quand
1 ammoniaque est parfaitement saturée d’acide sulfureux
il se déposé des cristaux transparens et très-régulier* for-
mes par la portion de sulfite d’ammoniaque, que l’eau ne
tenoit en dissolution que parce qu’elle étoit chaude.
Ce sel a la forme d’un prisme k six pans , terminé par
des pyramides à six faces.
ici lin U]
^ saveur est fraîche et piquante ; il laisse sur 1
impression semblable à celle de l’acide sulfureux.
Il se volatilise au feu sans décomposition; il attire fli
mu îte de lair, et passe bientôt à l’état de sulfate.
Le charbon ne le convertit pas en sulfure , parce qu’il
volatilise trop promptement.
Il est très soluble dans l’eau , et cristallise par refin
• üissement. *
68
Sulfite de Magnésie.
Tous les acides minéraux , excepté les acides bora-
cique et carbonique , décomposent ce sel. Cette décom-
position se fait avec chaleur et effervescence , et I on peut
recueillir l’acide sulfureux , à l’état de gaz , au-dessus du
mercure.
La barite décompose ce sulfite. Si 1 on broie de la barite
en poudre avec ce sel cristallisé, desséché , ou même dis-
sous dans l’eau , l’ammoniaque se dégage.
La chaux se comporte comme la barite. La magnésie
en poudre , chauffée avec du sulfite d’ammoniaque , le dé-
compose entièrement.
La magnésie décompose aussi ce sel dissous dans 1 eau ,
si l’on expose le mélangé a une chaleur capable de faire
bouillir la liqueur.
A une température moyenne , la magnésie ne décompose
pas entièrement le sulfite d’ammoniaque -, il se forme uu
sel triple , composé de magnésie et d ammoniaque.
La potasse et la soude décomposent aussi le sulfite
d’ammoniaque.
Principes constituans : ammoniaque, 29; acide sulfu-
reux , 60 -, eau , 11.
§• XXVI.
Sulfite de Magnésie.
Pour former ce sel , on met dans un flacon de Woul
une partie de carbonate de magnésie , avec deux partie ;
d’eau distillée , et on y fait passer du gaz acide sulfureux I
Si l’on ne fait entier que la quantité d’acide sulfureux
I
Sulfite de Magnésie. 6cj
! simplement nécessaire à la saturation de la magnésie , on
i n’apperçoit pas de cliangement sensible dans le volume de
i cette matière ; et si l’on n’étoit pas assuré , par le dégage-
jment de l’acide carbonique, qui a lieu pendant cette opé-
ration , et par la fixation du gaz acide sulfureux , qu’il sq
3 forme uue combinaison, on seroit tenté de croire qu’il n’y
;apas d’action entre cet acide et le carbonate de magnésie.
La plus grande partie de sulfite de magnésie formé reste au
fond de la liqueur -, mais en accumulant , lorsque l’efferves-
<ceuce est passée, une nouvelle quantité d’acide sulfureux
- sur la masse de sulfite de magnésie , celle-ci se dissout
* entièrement dans la liqueur, et une partie du sel se sépare
» en cristaux transparens par le refroidissement.
Cette solution de sulfite de magnésie , exposée à
, l’air , dans une capsule , perd peu-à-peu l’excès d acide
; sulfureux qu’elle contient , et dépose des cristaux trans-
parens.
Ce sel est blanc, transparent-, sa forme est un tétraèdre
surbaissé ; sa saveur est douceâtre et terreuse au commen-
cement , et sulfureuse à la fin.
Exposé au feu, il se ramollit, se boursoufle, et devient
ductile comme une gomme -, en continuant ainsi de le
chauffer , après qu'il a perdu son eau de cristallisation ,
l’acide sulfureux s’en sépare , et la magnésie reste pure.
Il devient opaque à l’air , et se change peu-à-pcu en
sulfate -, mais il faut beaucoup de tcms.
Le charbon réduit en poussière , et chauffé dans une cor-
nue avec douze parties de sulfite de magnésie , lui enlève
1 oxigène et le convertit en sulfure de magnésie.
Ce sel est un peu soluble dans l’eau.
'jo Sulfite Ammoniaco- Magnésien ; Suif, de Glucine.
U
Les acides minéraux produisent sur ce sel les mêmes
effets que sur les autres sulfites.
Les substances terreuses et nlcalines , déjà examinées , :
décomposent toutes le sulfite de magnésie. Les substances j
terreuses forment avec sa solution , un dépôt composé
des nouveaux sulfites formés , et de magnésie. La potasse
et la soude opèrent le même effet -, mais la magnésie, dans
ce cas , se précipite dure , parce que ces sulfites alcalins
sont solubles.
L’ammoniaque ne forme aucun précipité dans la solu-
tion acide de ce sel, parce que le sulfite d’ammoniaque
s’unit sans décomposition avec le sulfite de magnésie.
Les composans de ce sel sont : magnésie , 16 •, acide sul- j
fureux , 39 ; eau, 4fi.
§. XXV IL
Sulfite Ammoniaco -Magnésien.
Ce sel n’est ni usité ni complètement connu.
§. XXV III.
Suif "e de Glucine .
Inconnu.
Suif, d’ Alumine , de Zircone ; des JS itratcs en gèn. j t
§ XXIX.
Sulfite d’ Alumine.
On peut se servir, pour préparer ce sulfite , des mêmes
procédés que nous avons indiqués.
Ce sel ne cristallise pas -, il se prend en une masse duc-
tile et mollasse.
Le feu en dégage l’acide sulfureux.
Il est insoluble dans l’eau.
Les acides minéraux , les terres et les alcalis le décom-
posent.
D après l'analyse de MM. Fourcroy et F auquel in , ce
sel est composé de, alumine, 44 5 acide sulfureux, J 2 }
eau , 24.
§. XXX.
Sulfite de Zircone.
Inconnu.
§. XXXI.
Des Nitrates en général.
La plupart des nitrates existent dans la nature; d’autres
sont le produit de l’art. Ils ont tous des propriétés com-
munes et des propriétés particulières. Ces dernières seront
décrites dans l’histoire de cha p/e espèce.
72 Des Nitrates en général.
Ces sels ont une saveur fraîche et piquante, ils n’éprou-
vent aucune altération sensible au contact de la lumière ,
ils donnent du gaz oxigène et du gaz azote par la chaleur,
et laissent un résidu alcalin ou terreux. Ils brûlent avec
flamme beaucoup de corps combustibles , lorsqu'on élève
suffisamment leur température.
Tous sont solubles dans l’eau, et cristallisables par re-
froidissement.
L’acide sulfurique décompose tous les nitrates, ils ré-
pandent de légèi'es vapeurs blanches sans produire d’effer-
vescence.
L’acide muriatique n'a aucune action à froid sur les
nitrates, mais il les décompose à l’aide du calorique, en
s’emparant d’une partie de l’oxigène, de l’acide nitrique ,
qui devient acide nitreux-, de sorte qu’il se forme de la-
pide muriatique oxigéné et des nitrates qui , à mesure qu’ils
se forment, sont décomposés et transformés en muriates.
Telle est la cause que l’on obtient de l’acide muriatique
oxigéné, en distillant une partie de muriate de soude avec
deux d’acide nitrique , ou une de nitrate de potasse , avec
deux d’acide muriatique.
L’acide boraciquc décompose, à une haute température,
tous les nitrates, excepté celui d ammoniaque qui se sous-
trait à son action en se volatilisant trop promptement.
L’acide phosphorique à froid décompose quelques-uns
de ces sels, il se forme un phosphate acide. Si l’on em-
ploie l’actîoh du calorique, les nitrates sont alofrs décom-
posés entièrement , excepté le nitrate d’ammoniaque.
Enfin , il n y a aucune substance qui fasse un préci-
pité dans une solution d’un nitrate; c'est par celle raison
Nitrate de Barite'. 7 3
qu’on ne possède aucun moyen de découvrir un nitrate ,
ou l’acide nitrique dans une liqueur.
§. X X X 1 1
Nitrate de Barite.
On prépare ce sel , en décomposant le sulfure de barite
par l’acide nitrique ; ou en saturant cet acide avec du car-
bonate de barite naturel ou artificiel. Voyez l’article
sulfate de barite.
Ce sel cristallise en octaèdre \ sa saveur est piquante et
styptique comme les sels métalliques.
Exposé à l’action du calorique dans une cornue , il se
décompose , fournit du gaz oxigène , mêlé de gaz azote.
Cette opération a fourni à M. Vauquelin la barite pure.
V oyez cet article.
Ce sel est peu altérable à l’air.
Il demande au moins dix à douze parties d’eau froide ,
pour se dissoudre', 1 eau chaude en dissout beaucoup plus ,
de manière que la plus grande partie se cristallise par le
refroidissement.
«
Plusieurs acides décomposent ce sel -, les acides sul-
furique , phosphorique , oxalique et tartareux, sont de ce
nombre.
Ee nitrate de barite n’est pas décomposé par les terres ,
mais bien par la potasse et la soude , qui en séparent la
barite en cristaux, comme M. DarcetYa fait voir.
Un foule de sels le décomposent, tels que les sulfates,
les carbonates , etc.
Proportions : acide nitrique , 38 j barite , 5o -, eau , 12.
n4 Nitrate de Potasse.
Ce sel est utile pour recounoîlre la présence <le 1 acids
sulfurique. On peut s’en servir pour séparer cet acide , qui
se trouve quelquefois dans 1 acide nitrique , et qui emp ech
de l’employer dans des expériences exactes.
§. XXXIII.
Nitrate de Potasse..
Ce sel existe dans la nature -, les plaines crayeuses des
pays chauds et secs, et les plaines sabloneuses qui con-
tiennent aussi du carbonate de chaux, sont fréquemment
couvertes d’efflorescence de nitre , comme en Espagne,
dans l’Inde , en Hongrie , en Perse et en Egypte. On en
trouve encore à la surface des murailles calcaires , aux
voûtes des caves , sous des arceaux de ponts , etc. -, on
l’appelle dans le commerce, nitre de houssage, parce
qu’on le ramasse avec des balais ; salpêtre , sel de nitre , etc.
Quelques végétaux en contiennent aussi, tels que la bou-
î-aclie, buglose , ciguë, pariétaire, tabac, le soleil , etc.
C’est pourquoi ou leur a donné le nom de plantes ni-
treuses.
Malgré l’abondance de ce sel dans la nature, il est loin
d’être suffisant pour les usages multipliés dans certains-
pays du nord de l’Europe -, on a recours aux nitrières
artificielles.
Pour cela on élève sous des hangards des monceaux de
décombres , des plâtras et des craies argileuses que l’on
mcle avec des fumiers et d’autres débris de végétaux ,
tels que* l’ortie, la jusquiame , etc.-, ou arrose ces amas
avec différentes liqueurs animales, telles que l'eau des
I
Nitrate de Potassç. ^ 5
fumiers-, de l’urine, du sang, etc. -, on a soin d’établir la
putréfaction de toutes les matières organiques , jusqu’à
leur décomposition , ce qui exige une température ni trop
chaude, ni trop froide et une humidité non interrompue.
On reprend ensuite ces terres salpètrées, on les lessive
avec soin en faisant passer des eaux neuves sur des terres
déjà lessivées; et pour saturer les eaux très- chargées , on
les fait passer sur des terres qui n’ont pas encore été
lessivées.
Pour avoir une idée exacte de la formation du ni li e
dans ces circonstances , il faut se rappeler que l’acide ni-
trique est composé d’azote et d’oxigene ; et ce n’est que la
formation de celui-ci qu’on se propose d opérer , cpii se
combine ensuite avec les bases terreuses ou alcalines con-
tenues dans les matériaux. Il faut se rappeler de plus que
1 azote et 1 oxigeue , à 1 état de gaz , 11e peuvent contracter
d union que par 1 étincelle électrique.
Pour opérer cette combinaison, on prend l’azole sortant
de ses composés , c’est-à-dire, au moment où il ne jouit
pas encore de sa lorce élastique ou expansive.
La décomposition des substances organiques s’offre dans
cet état , puisqu il en est un des principes constituans -, et
a mesure qu il est mis à nu par leur désorganisation ,
1 0x1 gène ou l'hydrogène s’en empare, l’un pour former
de l’acide nitiique, l’autre pour former de l’ammoniaque.
Eu France où la nature forme ce nitre assez abondant -
ment , on le retire en grand des vieux plâtras, des terres
dites salpètrées , qui se sont chargées de nitrate de potasse
et de chaux par le contact des substances végétales et
animales et par des arrosemens presque continuels. Les
murs des anciennes écuries contiennent , jusqu’à la hauteur
\
rg Nitrate de Potasse.
d’environ deux mètres , une assez grande quantité dtf
nitrate de potasse. Les plâtras qui tapissent les lieux
d’aisance en contiennent aussi. On trouve dans ces terres
des sels solubles , tels que le nitrate de chaux, le nitrate
de magnésie , le muriate de magnésie , le muriate de
soude , et plus ou moins de nitrate de potasse.
Pour obtenir le salpêtre des plâtras, ou autres terres
salpêtrées , on dépose les terres dans des tonneaux places
sur des chant iersou dans des bassins de pierre perces
d’un trou qu’on garnit d’une champlure fermée avec une
broche -, au-dedans on applique contre le trou un bouchon
de paille pour que l’eau sorte claire en se filtrant à
travers ; on verse de l’eau par-dessus , jusqu’à ce qu elles
en soient recouvertes de la hauteur d’un décimètre. Lors-
que l’eau a séjourné pendant cinq à six heures sur ces
terres , on la laisse écouler par des ouvertures pratiquées
au bas des tonneaux , d’où elle tombe dans un demi-canal ,
qui la conduit dans une recette commune , enfoncée dans
la terre. Celte première eau n’est pas assez chargée de
salpêtre pour pouvoir être évaporée avec avantage , et la
terre elle-même n’est pas épuisée. C’est pour cela qu on
fait passer la même eau sur trois terres , dont 1 une a
été lessivée deux fois , l’autre une fois , tandis que la tioi
sième ne l’a pas été du tout.
Comme la plus grande partie de ce mtre est a base
terreuse, et qu’il importe de le ramener à l’état de ni-
trate de potasse, on retire cette base de la lessive des
cendres pour en séparer les terres.
11 est des salpêtriers qui se servent même aujourd'hui,
au lieu de potasse, du sulfate de potasse, ou lessive
jusqu’à 20 degrés à l’aréomètre de Baume; on laisse dé-
JVilrale de Potasse,
11
poser les terres , et on fait couler la liqueur claire dans la
chaudière de cuivre, à défaut, dans une chaudière de fer,
pour être soumise à l'évaporation.
Quand la liqueur est en ébullition , à mesure que la
liqueur s'évapore , on ajoute pour la remplacer , de l’eau
salpêtrée nouvelle ; on soutient l’ébullition pendant quel-
ques jours jusqu’à ce que la liqueur soit assez rapprochée ,
et qu en en mettant une goutte sur un fer froid, elle se
fige et présente la forme d’un globule blanc et solide ;
alors on arrête le feu , et on fait couler les eaux convena-
blement rapprochées dans des cristallisoirs de terre, de
bois , ou de cuivre. Après quelques heures de repos, on
sépare les eaux-mères de dessus les cristaux qui se sont
formés.
Lorsque la lessive du salpêtre contient beaucoup de
muriate de soude, on profite de la propriété qu’il a de
se précipiter pendant l'ébullition pour l’en séparer; on
1 enlève aussi avec une écumoire clés qu il se forme , et on
le met dans un panier d’osier qui est suspendu au-dessus
de la chaudière pour ne rien perdre de ce qui peut en
dégoûter.
Des produits de la cuite.
Ou obtient de la cuite quatre produits différens : les
bases terreuses qui s’j précipitent, les écumes qui viennent
à sa surface , le sel marin qui se cristallise pendant l’éva-
poration ou le repos de la liqueur ; enfin , les eaux-
nieres restant après la cristallisation du salpêtre. 11 ne
faut rejeter aucun de ces produits qu après en avoir retira
tout le salpêtre qu’ils contenoient.
bases terreuses. Ces bases terreuses x’clicnuent un®
Nitrate Je Potasse.
;3
portion d’eau de la cuite, et par conséquent du salpêtre:
pour les en dépouiller, on les lave dans un cuvier; et
l’eau provenant de ce Lavage y est employée à fondre de
la potasse pour les saturations, ou mise dans une autre
cuite, si elLc est assez forte.
Ecumes. Les écumes contiennent , outre les matières
grasses ou extractives , les bases terreuses ramem-es à la
surface du sel marin , et beaucoup de salpêtre : pour en
extraire ce dernier , on les délaie avec suffisante quantité
d’eau , en écrasant les parties les plus dures ; on enlève
la partie surnageante , et on en retire l'eau sans troubler
le dépôt qui s’y est formé. Cette eau est ajoutée aux
cuites suivantes, et les résidus sont jetés sur les terres
neuves pour être lessivés avec elles.
Muriate de soude. Ce sel cristallisé dans l’eau de la
cuite chargée de salpêtre, en retient nécessairement une
certaine quantité ; pour l’en retirer , on le lave avec de
l’eau chaude. On peut amasser les produits de plusieurs
cuites pour les laver ensemble et à moins de frais: à cet
effet, on fait chauffer de l’eau dans la chaudière; quand
elle est en ébullition , on y jette une portion de sel , on
l’agite, on le retire avec l’écumoire dans un panier placé
sur la chaudière ; on le remplace par- une nouvelle por-
tion de sel, qu’on renouvelle jusqu’à ce que lamas en 1
soit épuisé* L’eau de lavage de sel se joint à celle de
cuite , ou on La fait évaporer séparément , si elle est
assez chargée.
Eaux-meres. Les eaux-mères sont , de tous les produits
delà cuite , celui dont les salpêtriers doivent le plus s'oc-
cuper. Ces eaux contiennent beaucoup de salpêtre à base
terreuse, qui, dans la saturation par la potasse, ou en
Nitrate de Potasse. -g
passant sur les cendriers , n’a pas trouvé la quantité d’al-
cali nécessaire à sa décomposition; il faut la lui fournir:
niais il est bien important de ne pas outrepasser la quantité
d alcali qu exige ce salpêtre à base terreuse : le surplus
seroit employé en pure perte à décomposer le muriate
calcaire, à former du muriate de potasse, qu’il fa u droit
séparer du salpêtre et rejeter ensuite.
On peut décomposer les eaux-mères par deux procédés
dilférens ; ou en employant directement la potasse , ou eu
les passant sur des cendriers : dans l’un ou l’autre cas , il
faut les étendre dans environ quatre fois leur volume
d’eau pure , d’eau de lavage , ou mieux encore , d’eaux de
lessive ou de buanderie. On ne doit négliger aucune occa-
sion de se procurer ces dernières, qui présentent l’avantage
de contenir une certaine quantité d’alcali.
Si Ion veut saturer ces eaux-mères par la potasse, on
en fait dissoudre dans le double de son poids d’eau, à rai-
son de 12 décagr. par 5 hectogrammes ( 4 onces par liv. )
d eau-mère , avec laquelle on mêlera celte dissolution peu-
a-peu. Ce mélange qui réussit mieux à chaud qu’à froid,
peut se fau'e dans la chaudière , d’où on le retire pour le
verser dans un cuvier , au fond duquel les bases terreuses,
devenues libres, se déposent.
, au lieu de peser l’eau-mère , on trouvoit plus com-
mode de la mesurer , alors il suffit de savoir qu’un litre
( une pinte mesure de Paris ) d’eau-mère pèse ordinaire-
ment if» heclogr. (3 livres), et exige environ 36 déca-
gi animes 12 onces ) dépotasse. On ne peut, au reste,
fixo que par approximation la quantité dépotasse qu’on
doit employer à la saturation des eaux-mères; elle varie
I
\
go Nitrate de Potasse .'
suivant la nature de ces eaux , et des terres dont elles
proviennent.
Dans le cas où l’on auroit assez de cendres , on pourra
les employer avec avantage à décomposer les eaux-meres.
Les eaux-mères décomposées de l une oui autre manière,
se mêlent avec les eaux de cuites. Dans les grands ateliers
on peut les faire évaporer seules.
»
Du raffinage du salpêtre.
L’art du raffinage a pour but de debarrasser le sal-
pêtre de tous les corps etrangers.
Celui qu’on obtient par une première cristallisation s ap-
pelle salpêtre brut , ou de la première cuite , et dans cet état
il n’est pas propre à la fabrication de la poudre , et retient
du muriate de soude , des nitrates et des muriates terreux ,
une matière colorante , etc.
Pour raffiner le salpêtre brut , on dissout 2,000 liircs
de ce sel dans environ 1,600 livres d eau-, 011 ajoute ensuite
12 onces de cette sorte dissoute dans 10 pintes d eau
bouillante , et mêlée avec quatre seaux d’eau froide , on
fait bouillir le tout dans une chaudière de cuivre -, ou
continue quelque tems l’ébullition, et on enlève l’écume, ,
jusqu’à ce qu’il ne s’en forme plus -, on sépare avec une 1
écumoire le muriate de soude qui se précipite.
On porte alors la liqueur dans des bassins de cuivre ,
fermés d’un couvercle en bois. Après quatre à cinq jours
le salpêtre de la seconde cuite y est cristallisé.
Le salpêtre, dans ce premier état est beaucoup plus j
blanc , mais il contient encore un peu de muriate de soude, i
Ou lui fait subir un second raffinage. Pour cela on redis-
Nitrate de Potasse.
I sout de nouveau y ,000 livres dans le quart de son poids
d’eau -, on lui fait jeter quelques bouillons , et on y verse
< encore une dissolution de 8 onces de colle-l'orte , et on
• rafraîchit la liqueur avec un ou deux seaux d’eau froide ;
on écume et on met en cristallisation. Cette fois tout le sel
marin reste en dissolution danS^eau-mère , et le salpêtre
est pur. On leno nimp. alors uitre de troisième cuite.
Le deuxième procédé ne diffère du premier , qu’en ce
qu’on n’ajoute au salpêtre brut que la quantité d’eau né->
cessaire seulement pour dissoudre à chaux le nitrate de
potasse qu’il contient.
Le troisième procédé est fondé sur ce que le sel marin
et les sels déliquescens sont plus solubles à froid, que
de nitrate de potasse.
Telles sont en abrégé les différentes opérations que l ou
fait sur le salpêtre brut -, ceux qui voudront de plus grands
idetails , peuvent consulter le Manuel du commissaire des
•poudres et salpêtres , par MM. Riffault et Bottée.
Quand 011 veut obtenir le nitrate de potasse parfaite-
ment pur , pour l’usage de la médecine , on purifie Je
uitre de la troisième cuite par de nouvelles solutions
f‘t cristallisations. Quand on veut faire cristalliser ce sel
il faut évaporer la liqueur jusqu’à 35 degrés de l’aréomètre
de Mossy ■ si l’on veut l’avoir en masse ou peut porter
1 évaporation jusqu’à degrés.
Le nitrate de potasse a une saveur fraîche et piquante,
sa forme la plus ordinaire est celle d’un prisme à six pans,
terminé par des pyramides hexaèdres. Sa pesanteur
spécifique comparée à celle de l’eau , est dans le rappc rl
3e 1,9069 à 10,000. Ce sel craque dans la main lorsqu’on
le presse. 11 est décomposé par le calorique : la première
0
2,
g2 Nitrate de Potasse.
portion qui se dégage , est du gaz oxigène , ensuite il est
mêlé de gaz azote. ?
L’attraction de la potasse pour l’acide nitreux , s uppose
à ce que l’acide nitrique soit complètement décompose au i
commencement de l’ opération -, et telle est la raison pour
laquelle il passe à cette ÿpôque , du gaz ox.geue pur, ou |
presque pur.
En arrêtant la décomposition du nitrate de pr.tassp , a
l’instant où le gaz azote commence à paroître , on forme |
du nitrite de potasse ; aussi le résidu fait-il une m« effer-
vescence avec l’acide nitrique, et répand des vapeurs
rougeâtres; ce. qui prouve que l’acide nitrique a c ange
d’état. I
Si on met du nitrate de potasse dans un creuset , e
Won l’expose à l’action du feu , il se liquéfie assez vite, j
et cette liquéfaction est une fusion ignée; car il peut rougir
sans prendre la forme sèche. Si on le coule , après être
fondu , dans une liassine , et qu’on l’étende afin de lui
faire présenter plus de surface , on obtient une substance
solide blanche , opaque, que l’on nomme cnstnl mmera 7,
■tel de prunelle ; c’est du nitrate de potasse fondu. Quel-
quefois on y ajoute du soufre; alors ce sel eouhent in,
peu de sulfate de potasse , produit par la combustion du
soufre qu’on ajoute. ,
Lorsque ce sel est très-pur , » n'éprouve aucune aile
ration à l oir ; quelquefois il y perd sa transparence.
Le nitrate de potasse est décomposé , à laide du calo
ri que , par plusieurs corps combustibles -, tels que le soufre
le charbon , les métaux , etc.
Si l’on fait chauffer dans une cornue trois parhes d
nitrate de potasse, et une partie de soufre,, il se produit
Nitrate de Potasse . 83
dès que le mélange commence à rougir , une combustion
vive ;• il' se dégage beaucoup de gaz , dans lequel on trouve
une petite quantité de gaz nitreux et du gaz azote: le résidu
est du sulfate de potasse. Le soufre a donc, à une haute
température , plus d’affinité avec l oxigène que n’en a
l’azote.
On donne au sel , obtenu de cette manière , le nom de
sel polychreste de Glaser , nom de celui qui l’a fait con-
noître.
Le charbon décompose avec beaucoup de rapidité le
nitrate de potasse, lorsqu’on élève leur température. Cette
décomposition se fait avec tant de promptitude, qu’elle
produit une de'tonnation considérable et presque instan-
tanée.
On met trois parties de nitre dans un creuset , que l’on
place dans un fourneau entre les charbons ardens : lors-
que le nitre est fondu , et qu’il commence a rougir , on
projette par cuillerée une partie en poids de charbon eu
poudre , il se fait une grande détonuation. Lorsqu’elle est
passée, on remet une nouvelle cuillerée de charbon, et
Ion peut continuer ainsi , jusqu’à ce qu’eu remettant du
charbon, il ne se fasse plus de détonuation, ou bien on
fait préalablement le mélange , qu’on projette dans un
creuset rougi.
11 reste dans le creuset une matière saline -, on la fait
calciner, on fait dissoudre ensuite le sel dans l’eau; on
filtre , et on évapore jusqu’à siccité : c’est ce qu’on nom-
moit nitre fixé par las charbons. Si on le conserve en
liqueur un peu concentrée , on a une substance qufon
appeloit autrefois, liqueur de nitre fixé, et alkaest de
JVanhelmont.
g u Nitrate de Potasse.
Les chimistes modernes ne voient dans celte opération
que de la potasse , plus de l’acide carbonique , forme par
la décomposition de l’acide nitrique , dont l’oxigene s est
porté sur le carbone.
Quand on veut faire cette décomposition dans des
vaisseaux clos , on place dans un fourneau une cornue de
terre ou de fer tubulée ; on y adapte deux ou trois ballons
enfilés. On fait chauffer ce vaisseau -, et lorsque son
fond est rouge , on projette peu-à-péh un mélange de
nitrate de potasse et de charbon , fait à parties égalés ,
par la tubulure que l’on ferme promptement. Pendant la
détonnation, les ballons sont remplis de vapeurs, dont
une partie se condense en une liqueur fade , nullement
acide , et souvent alcaline; le résidu n’est que de la potasse
chargée d’acide carbonique : c’est ce produit que Ion
nomme clissus de nitrc.
Si l’on met un mélange de nitre et de charbon allumé
dans un tube, et qu’on le plonge dans l'eau , la combustion
continue ; c’est ainsi qu’on peut recueillir, à l’appareil
pneumato - chimique , les gaz résultant de celte com-
bustion.
Pour faire la poudre fulminante , on met dans un mor-
tier de marbre , trois parties de nitrate de potasse bien
sec , deux parties de carbonate de potasse très - sec , et
une de soufre , réduites en poudre fine ; on mole toutes
ces matières en les triturant avec un pilon de verre ,
jusqu’à ce que le mélange soit bien exact : ou renferme
la poudre dans une bouteille qui bouche bien.
La propriété de cette poudre est de produire , étant
exposée sur le feu , une explosion des plus fortes et des
plus bruyantes. Pour cela on met dans une cuiller de fer ,
Nitrate de Potasse.
8S
sur un feu très-doux , environ trois grammes do cette
poudre , la poudre se liquéfie : lorsqu’elle est parvenue
à un certain degré de chaleur , elle se réduit subitement
en vapeurs , et elle produit l’explosion. Dans cette expé-
rience la potasse s’unit au soufre et forme un sulfure
qui à 1 aide de 1 eau de cristallisation du nitre se convertit
en sulfure hydrogéné. Parvenu à une certaine tempéra-
ture le gaz hydrogène sulfuré se dégage de même que le
gaz oxigène du nitre, leur contact aidé du calorique pro-
duit 1 inflammation subite. Les gaz abondans qui accom-
pagnent se dégagent , produisent le bruit sur l’air qui tend
à s opposer à leur dilatation, le vide produit par la for-
mation de l’eau pourroit aussi contribuer au bruit.
Si 1 on chauffe du fer et du cuivre avec du ni-
trate de potasse, ces métaux s’oxident et la potasse
reste pure.
Le nitrate de potasse est très-soluble , il ne lui faut
que trois ou quatre parties d’eau pour en dissoudre une ;
1 eau bouillante en dissout le double de son poids. Aussi
cristallise-t-il tres-bien par refroidissement. Ce sel fait
. baisser le thermomètre , en passant -de l’état solide à l’état
liquide.
Le nitrate de potasse , mêlé au charbon et au soufre
dans les proportions de 76 parties de nitrate , 12 de
charbon et 12 de soufre, forme la poudre à canon.
On divise ces trois matières par l’action des pilons ou
d une meule; on en rapproche les molécules, par l’effort
dune presse ou du pilon qui a servi à les broyer, en
y mêlant un peu deau; il en résulte une masse solide
qu on laisse sécher légèrement , et qu’ensuite on granule
eu 1 écrasant sur uu crible de peau ou de fil de enivre
86
Nitrate de Potasse. '
qui laisse passer le* grains à mesure qu’ils se détachent.
Lorsqu’on a divisé la masse de la poudre eu grains de
la grosseur convenable, pour l’usage auquel on la destine,
on la fait sécher au soleil , et ou la renferme dans des
barils pour la priver de 1 humidité de 1 air.
On distingue deux espèces de poudre , la poudie de
guerre et la poudre de chasse ; la première est plus grosse
et non lissée ; la seconde est plus fine et lissée.
Le lissage se fait en la mettant dans des tonneaux qui
tournent sur leur axe , et qui sont traversés de quatre
barres parallèles à l’axe. Le mouvement lent et continu j
qu’on leur imprime , expose le grain à un Irottement qui
lui donne du lustre et en détruit les aspérités.
Lorsque la poudre s’enflamme , il se dégage du gaz ,
azote , qui se développe instantanément en reprenant saj
liberté; et on ne sait pas môme encore jusqu’où va la
dilatation causée par la grande chaleur qui uait de la,
combustion. Il se forme de l’eau et de 1 ammoniaque dans|
cette violente combustion : il y a aussi de 1 eau de décom-
posée et du gaz hydrogène qui se dégage avec élasticité:
le carbone brûlant rapidement par l’oxigèue du nitre J
passe à l’état de gaz acide carbonique : comme tout le
soufre ne brûle pas , le gaz hydrogène en dissout une cer-
taine quantité ; c’est ce gaz hydrogène sulfuré qui constitué
l’odeur de la poudre brûlée.
Pour analyser la poudre a canon, on épuisé pai 1 eau
chaude la substance pulvérisée ; 1 eau dissout le nitiatt
de potasse ; on fait évaporer à siccité et l'on pèse leuilrt
obtenu ; le soufre et le charbon restent sur le filtre. 11 es’
très-difficile de séparer le soufre du charbon. On emploi
ordinairement deux moyens , le premier est la sublima-
Nitrate de Potasse.
*7;
tïon ; le deuxième de traiter le résidu par la potasse.
Quand on fait sublimer, le soufre entraîne toujours«avec
lui un peu de charbon ; il se forme même un peu de
soufre hydrogéné et du gaz acide carbonique. On ne peut
donc jamais, par ce moyen, les séparer entièrement, et par
conséquent déterminer exactement. En suivant le second
procédé , on met la poudre à canon dans une capsule
avec un sixième de potasse caustique , dissoute dans i eau
qu’on fait bouillir. L'alcali dissout le soufre, d où résulte
un sulfure de potasse hydrogéné qu’on enlève par le lavage;
le résidu insoluble dans 1 eau , bien desséché, présente la
quantité de charbon.
On peut encore après avoir fait sécher le résidu de
charbon et de soufre , l’amalgamer avec du mercure et
faire sublimer , alors le soufre sera entraîné par le mer-
cure.
On fait encore avec le nitrate de potasse un mélange
appelé poudre de fusion très-usitée, comme fondant, en
docimasie. Ce sont trois parties de nitrate de potasse ,
une d,e sciure de bois et une de soufre. Ce mélange a
la propriété de fondre une pièce de cuivre. On fait
ordinairement cette expérience dans une éeale de noix ;
on met de la poudre de fusion dans le fond , ensuite la
pièce de cuivre , puis on la couvre de poudre; en y mettant
le feu , la pièce se fond sans attaquer Fécale de noix ,
parce que le soufre forme avec le cuivre un sulfure de
cuivre qui est très-fusible..
Ce sulfure exige pour se dissoudre sept fois son poids
deau à ra°. Rêaumur. L’eau bouillante en dissout son
propre poids.
Le nitrate de potasse est décomposé par 1 acide sullu-
8T Nitrate de Potasse .
rique; c’est ce moyen qu’on emploie pour se procurer
l’acide nitrique.
Ou met dans une cornue de verre tubulée ou non
tubulée , cent parties de nitrate de potasse en poudr#
très-pur et très-sec, et 0,7 5 d’acide sulfurique concentré;
on pose la cornue sur un bain de sable , et I on y adapte
une alonge qui communique dans uu ballon tubulé , ou
a deux pointes , auquel on adapte un tube recourbé ; on
le fait plonger dans un flacon tubulé vide ; un deuxième
tube va plonger dans une fiole à médecine pleine d’eau,
on chauffe ensuite doucement ; il se dégage des vapeurs
nitreuses qui viennent de la décomposition de l’acide
nitrique : en continuant le feu , l’acide nitrique se dégage
et va se «condenser dans le ballon ; la matière qui est dans
la cornue blanchit, se boursoufle, et il se dégage alors
une grande quantité de vapeurs nitreuses qui indiquent que
l’opération est finie : elles viennent de ce que les dernières
portions d’acide tiennent fortement à la potasse, et que
l’acide nitrique se décompose.
Il ne faut pas être surpris si , dans cette expérience ,
le nitrate de potasse donne un acide orangé , quoiqu’il
y soit complètement saturé d’oxigène. On se rendra faci-
lement compte de *gt effet, en se rappelant que l’oxigène
se sépare aisément de l’acide nitrique par le contact de
la lumière ou d’une’ chaleur moyenne , et en se souvenant
que l’acide nitrique a une affinité assez forte avec le gaz
nitreux.' C est , en effet, en vertu dune double affinité
qu’une portion de l’acide nitrique est décomposée ; l’une *
qui s’exerce entre le calorique , la lumière et l’oxigène ;
l’autre , entre l’acide nitrique et le gaz nitreux. Cette
théorie est confirmée par le gaz oxigèuc qui se dégage ,
Nitrate de Potasse. 89
sur la tin de la distillation , de l’acide nitrique, et que
l’on peut recueillir avec l’appareil pneumato -chimique ,
et par le gaz nitreux qui se sépare de l’acide coloré ,
lorsqu’on le mêle avec de l’eau.
Le résidu de cette décomposition est du sulfate de
potasse très-acide; il est ordinairement en masse blanche ,
opaque , à demi vitrifié.
Pour enlever cette masse de la cornue sans la casser,
on la remplit deau et on la laisse plongée verticalement
dans un cuvier d’eau. L’eau qui est chargée de sel des-
cend en raison de la densité acquise , tandis qu’une
nouvelle eau remonte , de manière que par ce courant
continuel, la masse saline est dissoute au bout de quelques
jours.
L acide qu on obtient par ce procédé , 11’a jamais ce
degre de pureté necessaire pour s en servir dans les
expériences exactes. On est donc obligé de le purifier.
A cet effet , on redistille cet acide sur du nitre , ou
bien , on y verse du nitrate d’argent, du nitrate de barite ,
et même encore de 1 oxide de plomb demi-vitreux; quand
on distille 1 acide nitrique sur celte dernière substance,
d laut avoir soin de séparer le premier produit. Noyez
1 article l’acide nitrique.
Par l’un ou l’autre moyen , on obtient un acide très-
pur.
L acide muriatique décompose aussi le nitrate de po-
tasse, mais par un mécanisme différent de celui de l’acide
sulfurique, ce n est point en lui enlevant directement la
potasse qu il opéré cette décomposition, c’est au contraire
en attaquant 1 acide nitrique , dont il s’empare d’une
qo Nitrate de Polafsc.
partie de son oxigène , d’où naissent 1 acide muiiahquff
oxigéné , et l’acide nitreux en vapeurs : ainsi , à mesure
que l’acide muriatique prend une partie de 1 oxigène de
1 acide nitrique , il passe à l'état d acide nitreux-, et comme
celui-ci a moins d’affinité «avec la potasse que 1 acide
muriatique , il en est chaesé , et il se forme du muriate
de potasse. Il faut observer que ces effets u ont lieu
qu’à l’aide de la chaleur , et qu’il faut employer beaucoup
d’acide muriatique, parce qu’une partie se combine arec
fox i gène , tandis que l’autre s’unit à la potasse. 11 y a
donc encore ici une double affinité.
La silice, l’alumine et la barite favorisent le dégagement
V
de l’acide nitrique.
On suit dans les arts un procédé pour extraire 1 acide
nitrique du salpêtre : il consiste à meler trois paities
d’argile , ou de terre bolaire avec une partie de nitrate de
potasse. On calcine préalablement la terre, pour en chasser
la plus grande partie de 1 humidité , et pour convertir
les pyrites martiales , dont elle n’est presque jamais
exempte, en acide sulfurique , qui sc porte sur le nitrate de
potasse.
On introduit ce mélange dans des espèces de cornues,
nommées cuines , placées sur deux rangées, dans un four-
neau al ongé, appelé galère; on y adapte dc-s récipicus
de la même matière, et à-peu-pres de la même loi me,
qu’on lute ensemble avec do 1 argile. Lorsque les cornues
ont été recouvertes , et qu elles sont bien ajustées arec
les récipicus, on allume le fourneau , ou chauffe par
degrés , et dès que les vapeurs rouges commencent à
paroit.ee , on dé Lute les récipicus , ou en retire le liquide
qu’ils contiennent, que les ouvriers appellent Jlegmc ;
Nitrate de Soude. 91
on les replace, et on continue la distillation, jusqu’à ce
qu’il ne passe plus de vapeurs.
La décomposition du nitrate de potasse n’a pas lieu ici
comme par l’acide sulfurique , en raison cl une affinité
plus grande de l’argile pour la potasse , mais par une
double attraction ; l’une qui s exerce entre 1 acide nitrique
et le calorique , l’autre entre l alumine et la potasse , avec
laquelle elle forme une espèce de fritte clemi-vitreuse. IL
y a cependant , dans cette opération , beaucoup d acide
nitrique décomposé , ce qui csl prouvé par les vapeurs
rouges qui sortent à travers les bits. On a remarque que
la présence des pyrites favorisoit singulièrement la décom-
position du nitrate de potasse -, car , plus les argiles en
contiennent , et plus on obtient d’acide , et à un degré de
chaleur moins élevé. Le résidu de cette opération est
appelé ciment par les distillateurs cl’eau forte; il sert à
préparer l’alun. Voyez l’article, sulfate acide d’alumine ,
relativement au parti que I on peut tirer de ce résidu.
Le nitrate de potasse, d’après Bcrgmann , est composé
de : acide nitrique , 33 ; potasse , 49 ; eau ? iB.
Quelques sulfates et le muriate de barite décomposent
ce sel.
Le nitrate de potasse est extrêmement utile dans les
arts , la chimie et la médecine.
§. X X X i V.
Nitrate de Soude.
Le nitrate de soude ne se rencontre presque jamais
pur dans la nature ; il est le produit de l’art : cependant
9* Nitrate de Soude.
Bowles assure qu’il se ti’ouve en Espagne. On l’a nommé
mtre cubique , nitre quadvangulaire , nitre rhornboidal.
Ce nitrate se prépare avec le carbonate de soude : on le
sature d’acide nitrique ; on filtre la liqueur , et on la fait
évaporer à une douce chaleur , jusqu’à ce qu’il se forme
des pellicules à la surface -, on obtient , par le repos et le
refroidissement , des cristaux qui sont sous la forme d’un
rhomboïde ou de prismes rhorûboïdaux.
Sa saveur est fraîche, piquante, plus forte , mais ana-
logue à celle du nitrate de potasse.
Il se comporte au feu de la même manière que le nitrate
de potasse ; ainsi, il fournit d’abord du gaz oxigènepur,
qui est ensuite mêlé de gaz azote j il reste dans la cornue
de la soude caustique.
Il attire légèrement l’humidité de l’air, sur-tout si celui-
ci est humide.
Les combustibles, le charbon , par exemple, décompo-
sent le nitrate de soude , mais plus lentement que le nitrate
de potasse, et la couleur de sa flamme est jaune foncé ;
celle du nitrate de potasse est d un rouge-blane très-vif ;
en sorte que celte épreuve donne le moyen de conuoitre
s’il ne se trouve pas du nitrate de soude daus le salpêtre ;
quoiqu’il agisse sur les matières combustibles , comme le
nitrate de potasse , cependant il ne les enflamme pas avec
la même énergie , et ne produit pas avec elles d^s déton-
nations aussi rapides : ainsi , de la poudre fabriquée avec
le nitrate de soude, 11’auroit pas autant de force que celle
qui est faite avec le nitrate de potasse. Après les combus-
tions , il reste de la potasse ou de la soude combinée avec
l’acide carbonique ; ce qui prouve que tout l'acide carbo-
nique qui se forme , ne s’exhale pas.
Nitrate de Soude.
Ce sel se dissout facilement dans l’eau ; il en demande
environ trois parties a la température moyenne de l’atmos-
phère : l'eau bouillante en dissout plus que son poids.
L acide sulfurique décompose le nitrate de soude, il se
dégage des vapeurs blanches, et il se forme du sulfate de
soude.
L acide muriatique décompose le nitrate de soude ,
mais non pas en s'emparant de la soude -, il attaque l’acide
nitrique , fait de 1 acide nitreux , et il se forme du muriate
de soude.
Il faut beaucoup d’acide muriatique, car pendant qu’une
partie de cet acide décompose l’acide nitrique, une autre
se com.1 ;ne avec la soude.
On fait aussi, avec le nitrate de soude et l’acide muria-
tique , une espece d’acide nitro-muriatique.
On fait un très-beau verre avec le nitrate de soude et le
sable lin. La soude s’unit à la silice , l’acide nitrique est.
décomposé par le calorique, et il reste dans le creuset un
veire très-beau et très-pur : le nitrate de potasse n’en donne
pas d aussi beau.
Le nitrate de soude est décomposé par la barite , la
strontiane et la potasse; il se forme, dans un cas, du
nitrate de barite, .et, dans l’autre, du nitrate de p< -
tasse.
Quelques sulfates le décomposent aussi.
, j. .
apres Airwan, les proportions de ce sel sont: acide
nitrique , 29 ; soude , 5o ; eau ,21.
L utilité du nitrate de soude est presque bornée aux
expériences chimiques.
94
Nitrate de Strontiane.
XXXV.
c»
Nitrate de Strontiane.
C’est aux travaux de MM. Klaproth et liope que l’on
doit les premières connoissances de *ce sel : Pelletier et
Vauquelîn l’ont ensuite soumis à leurs recherches.
On obtient du nitrate de strontiane , en décomposant
le sulfure de strontiane par L’acide nitrique. On délaie le
sulfure de strontiane dans de l’eau , qu'il décompose , il se
forme un sulfure hydrogéné de strontiane, et il se iégé-
nère un peu de sulfate de strontiane -, on ajoute ensuite de
l’acicle nitrique à 3o degrés , il se dégage du gaz hydrogéné
sulfuré , et du soufre se précipite. On filtre la liqueur, et on
la fait évaporer à siccité, pour en séparer un excès d acide et
une petite quantité d’oxide de fer que contient le sulfate
de strontiane. On fait redissoudre le résidu dans 1 eau , et
on soumet de nouveau la dissolution à une évaporation
douce. Lorsque la liqueur présenté a sa surface une légère
pellicule saline , on la laisse refroidir, elle donne des cris-
taux octaèdres réguliers. Voyez sulfate de strontiane et
strontiane pure.
Sa saveur est fraîche et piquante : exposé à une chaleur
brusque , il décrépite et saute en éclats; il luse à peine
sur les charbons allumés ; il perd par la dessication les
0,0 j. de son poids seulement. Chauffé dans un creuset ou
dans un appareil clos, il s’y décompose entièrement, en
• donnant du gaz oxigéne mêlé de gaz acide nitreux , et la
terre reste pure au fond du vase. Elle retient cependant
une petite quantité de fer qui lui donne une légère couleur
Nifvate de Stronliane. <p
verte. La quantité de cette terre s’élève aux 0,/J G de la masse
du sel employé.
En mettant un peu de nitrate destrontiane dans la mèelie
d'une bougie , il communique à la flamme une couleur
«
purpurine.
Si l’on braie de l’alcool , qui tiendra de ce nitrate en
solution , on aura la meme flamme -, ce qui différencie par-
ticulièrement cette terre de la barite.
Exposé à l’air , il s’effleurit fortement , et se couvre
d’une couche blanche considérable -, le sel éprouve par
cette efflorescence une perte de io pour ioo en poids.
Ce sel est soluble dans 4 parties d’eau à io°.
L’acide sulfurique le décompose ; il précipite sa so-
lution en sulfate de strontiaue , et l’acide nitrique se
dégage.
L’acide phosphorique le décompose en partie à froid, et
tout-à-fait , à l’aide de la vitrification ; il en est de même
de l’acide boracique.
L’acide muriatique le dénature en décomposant son
acide , et forme du muriate de strontiaue.
Le nitrate de strontiaue est peu propre à alimenter la
combustion des corps combustibles; ISl.^auqueliu a fait un
mélange de ce sel , de charbon et de soufre, dans les pro-
portions où ces substances entrent dans la poudre à canon ;
et ce mélange, quoiqu’exact et sec, a brûlé très- lentement ,
en lançant des étincelles purpurines, et en répandant une
flamme d un beau vert , qui léchoil la surface de la matière
-brûlante.
Il est décomposé par la barite et la soude.
^1. } aiujuelin a trouvé dans les compusans de ce sel les
g6 Nitrate de Chaux.
proportions suivantes : acide nitrique, 4-8)4 j strontiane i
47,6; eau, 4,o.
Ce sel n’est encore d aucune utilité.
§. • XXX VI.
Nitrate de Chaux.
Le nitrate de chaux se trouve très-abondamment dans
les anciens bâtimens , qui ont été pendant longtems habités
par les hommes ou les animaux.
Ce sel étoit connu des anciens chimistes ; il portoit
autrefois les noms de nitt'e calcaire , salpêtre terreux ,
7 litre à hase de terre absorbante , phosphore de Bau-
doin , etc.
On prépare ce sel , en saturant l’acide nitrique avec la
chaux ; on filtre , et l’on fait évaporer la liqueur jusqu'à
ce quelle ait acquis une consistance un peu moindre que
celle d’un sirop. On l’expose ensuite dans un endroit frais;
il s’y forme alors des cristaux prismatiques très-alongés , et
qui présentent ordinairement des faisceaux dont les ai-
guilles divergent d’un centre commun. On obtient aussi ce
sel des matériaux salpêtres.
Il a une saveur acre et amère.
Le nitrate de chaux desséché fuse sur les charbons.
Dans un état de siccité parfaite ce sel est très-propre
pour dessécher les gaz.
Il se fond à l’aide de son eau de cristallisation ; mais
cet effet est peu sensible : il se dessèche -, et si on le porte
dans l’obscurité, après l’avoir liquéfié sur le feu, il paroit
/
Nitrate de Clmuxi
lumineux, et constitue dans cet état le phosphore de
Baudoin.
Chauffé plus fortement, il se décompose, donne beau-
' coup de vapeur rouge , du gaz oxigène et du gaz azote.
Il attire promptement l’humidité de l’air.
Il est plus décomposable par le charbon, que l’acide
i nitrique ne 1 est lui-même par ce corps combustible -, car la
chaleur dégage du nitrate de chaux des vapeurs nitreuses,
au lieu que dans les autres nitrates , l’acide est décompose
en ses élémens.
Ce sel est tres-soluble dans l’eau ; il ne faut que , deux
paities de ce fluide a froid : 1 eau bouillante en dissout plus
{que son poids.
L’acide sulfurique décompose le nitrate de chaux , et
1 acide nitrique passe en vapeurs blanches ; il reste un
sullate en masse dure. Il se dégage dans cette opération
beaucoup de calorique.
Si Ion verse de 1 acide sulfurique dans une dissolution
lie nitrate calcaire , on obtient sur-le-champ un précipité
Ue sulfate de chaux , et l’acide nitrique reste libre et à
1U dans la liqueur. On ne counoît point l’action des autres
«tcides.
L argile , la barite, la strontiane ,
décomposent le nitrate de chaux ;
'impose tous les sulfates solubles.
Proportions des principes : acide
•i'j ; eau , a5.
Ce sel n est d usage qu’en chimie.
la potasse, la soud^
le nitrate calcaire
mtrique.^chamj
s
t
A
Nitrate d’ Ammoniaque'.
§. XXXVII.
N htralt cV Ammoniaque.
Le nitrate d'ammoniaque se trouve quelquefois dans les i
eaux-mères du uitre -, mais , en général , il est toujours le j
produit de l’art.
C’est M. Berthollet qui nous a fait connoître les pro- *
priétés de ce sel.
On le prépare en combinant directement l'acide nitrique
avec l’ammoniaque. Il vaut mieux, pour éviter de lapeile, !
employer le carbonate que l’ammoniaque pure , parce qu iL I
y a effervescence , et forte chaleur que 1 acide carbonique
tempère.
Si l’on opère avec l’ammoniaque liquide , on met alors j
de l’acide nitrique à 3o degrés dans une capsule •, on veiseï
dedans de l’ammoniaque liquide nou concentrée , avecj
précaution, parce qu’il y a beaucoup de chaleur produitcj
qui pourroit lancer la liqueur au dehors de la capsule ; il
est nécessaire d’en verser un petit excès , parce qu il y al
toujours une portion d’ammoniaque qui se volatilise pen-
dant l’évaporation, et il ne reste qu’un nitrate neutre. Si
p0- n’en avoit pas ajouté un excès , il se seroit forme un
nitrate ac'cle i qtii cristallise très-difficilement : en faisant
r liqueur jusqu’à pellicule, on obtient pai re-
r • v de longues aiguilles , nui sont des prismes
froidissèmen> 8 . . . . ,
, , . foliés. Quelquefois on obtient des prismes ;
hexaèdres très- . / , .- r
v - vtyramides a six races.
V x pans , avec de,
t, particulier, en calcinant douccmen
Un obtient un ga.
9*
«
Nitrate d’ Ammoniaque.
| ce sel , pas assez pour le décomposer entièrement ; c’est
une combinaison d’oxigène et d’azote; ce gaz est moins
oxidé que Je gaz nitreux. Voyez pour ces propriétés
4 l’article sieide nitrique.
Le nitrate d’ammoniaque a une saveur piquante , acre et
i urineuse , très- fraîche ; il est très-flexible sous le pilon,
* comme tous les sels ammoniacaux. »
Au feu , il perd son eau de cristallisation.
Si 1 on jette du nitrate d ammoniaque sur une plaque de
1er rouge, il s enflamme ; ce qui n’arrive pas aux autres
nitrates : il lait entendre un bruissement assez considérable,
-et répand une flamme jaunâtre très-vive.
En laisant cette expérience à l’appareil pneumato-chi-
mique, il passe de leau, qui se forme ; ensuite du gaz
«oxide d azote ; une partie de l’acide nitrique est volatili-
sée et dissoute dans l’eau du récipient : enfin, il détonne
A une chaleur très-forte, avec beaucoup de vivacité.
H est prudent de n’opérer que sur quelques déci*
çgrammes de matière.
La théorie de celte inflammation est simple. L’hydro-
:géne de l’ammoniaque se porte rapidement sur l’oxigène
de 1 acide nitrique, et il y a déflagration par la conden-
sation de ce dernier principe et par le dégagement du
calorique ; il se forme de l’eau , et il se dégage du gaz azote
• par U séparation de ce second principe commun aux deux
cornposans du sel.
M. JJavy détermine la chaleur que le nitrate d’ammo-
i niaque peut supporter avant de se décomposer , et qui est
peu pris de iPo degrés du thermomètre de Réaumur ;
avant ce teime il se liquéfie , ou se sublime selon la quan-
tité deau de cristallisation qu’il contient.
-ÏOO Nitrate d’ Ammoniaque.
Au-dessus de cette température , ou obtient un gaz dont
nous avons fait connoître les propriétés. Voyez Gaz oxide
d’azote.
Le nitrate d’ammoniaque est déliquescent, sur-tout ett
hiver.
Si l’on mêle ce sel avec du soufre , ou du charbon , il
détonne rapidement par un corps en ignitiou-, l oxigène de
l’acide se porte sur ces matières , l’ammoniaque se décom-
pose comme l’acide.
Le nitrate d’ammoniaque se dissout dans deux parties
d’eau froide ; une demi-partie d eau bouillante suffit pour
le dissoudre : aussi la plus grande partie de ce sel se sépare
par le refroidissement de la solution.
L’acide sulfurique décompose le nitrate d’ammoniaque ;
il se forme du sulfate d’ammoniaque , et l’acide nitr ique
> devient libre.
L’acide muriatique lui fait aussi éprouver une altération
mais dont les résultats sont differens , 1 acide muriatique
agit d’abord sur l’acide nitrique, auquel il prend uue por-
tion d’oxigène , et le convertit en acide nitreux : il se forme
donc de l’acide muriatique oxigéné , qui se volatilise <
l’aide du calorique, et du muriate d’ammoniaque, qui rest<
eu solution dans l’eau.
On fait avec deux parties de nitrate d ammoniaque , e
une partie d’acide muriatique , une liqueur qui peut dis
soudre l’or. Dans ce cas , la décomposition du nitrate d am
moniaque a lieu d’une autre maniéré : 1 qxigene de la
eide nitrique se porte immédiatement sur 1 or ; loxid
d’or formé se dissout à mesure dans une portion de 1 acid
muriatique : il se dégage du gaz nitreux, et il reste, dan
ja liqueur , du muriate d’or et du muriate d’atnaioniaqu.
Nitrate de Magnésie. xof
En précipitant ensuite celte dissolution d’or avec un aldali
fixe, on fait de l’or fulminant ou orate d’ammoniaque -, car
1 l’alcali décompose non -seulement le muriate d’or, mais
« encore le muriate d’ammoniaque , de manière qu’à me-
• sure que l’oxide d’or se sépare, il s’unit à l’ammoniaque, et
I forme la combinaison particulière , dont ou vient de parler.
I.a barite, la chaux, la magnésie, la potasse, la soude
<etla strontiaue décomposent le nitrate d’ammoniaque , en
-s unissant a son acide -, d’où résultent différens nitrates , et
de 1 ammoniaque libre, qui se manifeste par son odeur vive
et pénétrante.
Cette décomposition est sensible à froid, et elle s’opère
en triturant ce sel avec les mêmes substances sèches , telles
que la chaux , la potasse , etc.
Avec la magnésie, on a un sel triple, nitrate ammo-
niaco-magnesien , dont nous allons décrire plus bas les
propriétés.
Il ne faut pas préparer le nitrate d’ammoniaque dans des
«vases métalliques, et particulièrement de fer et de cuivre,
{ parce qu il les dissout facilement.
ioo parties de ce sel contiennent : acide nitrique ,
; ammoniaque , 4o •, eau , i4-
g. XXX V 1 1 I.
Nitrate de Magnésie.
Le niliate de magnésie se rencontre quelquefois natif ,
mais toujours en petite quantité, il est contenu dans les
plàlias et dans les eaux-mères du uitre.
i 02 Nitrate de Magnésie.
'Pour -faire le nitrate de magnésie , on prend du car-
bonate de magnésie , et on le 6ature par 1 acide nitrique.
Ce sel a une saveur piquante, qui a quelque analogie
avec celle du nitrate de chaux.
Ce sel est déliquescent à l'air ; il ne demande tout au
plus qu’unedem i-partie d’eau pour se dissoudre-, il cristal-
lise par le refroidissement, ou par l’évaporation à la cha-
leur du soleil -, ses cristaux ont la forme de prismes a
quatre faces obliques , tronqués au sommet-, le plus souveut
il se présente 'en aiguilles, qui , en s’unissant les unes aux
autres , se masquent réciproquement, et donnent naissance,
à des masses informes.
Exposé au feu dans un appareil fermé , il donne d abord j
quelques bulles de gaz oxigène et des vapeurs d acide ni-
treux ; mais bientôt l’acide nitrique passe sans décomposi-
tion, et la magnésie reste pure dans la cornue. La décom-
position du nitrate de magnésie exige peu de chaleur;,
ce qui indique que ses élémens n'ont pas entre eux une
très-grande affinité : cela prouve aussi que la magnésie
lie tend pas à s’unir à l’acide nitreux , comme la chaux , la
barite, etc.
L’acide sulfurique décompose le nitrate de magnésie,
en lui enlevant sa hase.
L’acide muriatique le décompose egalement : mais ce-
lui-ci n’agit point comme l'acidc sulfurique ; il n’enlève
pas la base, il décompose I acide nitrique, et il se forme
de l’acide muriatique oxigéné. L’acide muriatique s em-
pare de la magnésie, à mesure quelle est séparée de
£011 acide , et forme avec elle du murialc.de magnésie. ,
Ce sel est décomposé par la barite, la potasse , la soude, >
Nitrate cïe Magnésie. îo3
la chaux et la strontiane. L’ammoniaque n’y donne pas un
précipité si abondant-, car, dés que la quantité d'ammo-
niaque se trouve correspondre à la quantité nécessaire de
nitrate de magnésie, pour former le sel triple, le préci-
pité s’arrête , parce que l’ammoniaque ne peut pas dé-
composer en entier le nitrate de magnésie : on ajouterait
davantage d ammoniaque , elle ne produirait plus aucun
effet.
Ce qui prouve que l’ammoniaque ne peut pas décompo-
ser tout le nitrate de magnésie , c’est que passé le terme où
le précipité n’a plus lieu par l’ammoniaque, on précipite
encore de la magnésie par un autre alcali.
Les autres alcalis en précipitent la magnésie en vésicules
floconneuses d une extrême légéreté : c’est de la magnésie
pure , exempte de tout acide ; mais il faut prendre garde,
en la desséchant, qu’elle n’attire l’acide carbonique, il faut
la dessécher au bain-marie , dans un vase couvert.
Les sulfites alcalins décomposent le nitrate de magnésie;
il se forme des nitrates alcalins et du sulfite de magnésie,
qui se précipite sous la forme de petits cristaux inso-
lubles.
Le nitrate de magnésie décompose plusieurs sulfates.
Proportions d’après Bergniann : acide nitrique, ^.3 ', ma-
gnésie, 2 7 -, eau , 3o.
Ce nitrate n’est point cl usage en médecine.
io4 Nitrate Ammoniaco-magnèsien.
§. XXXIX.
Nitrate Ammoniaco-magnèsien.
M. Fourcroj est le premier qui ait fait connoître ce j
sel.
On peut obtenir ce nitrate par les moyens que nous avons :
indiqués ci-dessus , ou en unissant directement des solutions
de nitrate d’ammoniaque et de nitrate de magnésie. Cette t
dernière piéthode fournit ce sel pur et en cristaux qui se !
déposent peu de tems après le mélange -, souvent ce sont
des prismes lins et aiguillés.
Il a une saveur amère , âcre et ammoniacale. Ce ni- j
trate est un peu inflammable spontanément quand on le ;
chauffe rapidement. Si ou le chauffe lentement dans des i
vaisseaux , il donne , après s’être fondu , du gaz oxigèue , ;
du gaz azote , de l’eau plus abondante que celle qu il
contenoit , de la vapeur nitreuse et de l’acide nitrique. Ou
n’y trouve plus la moindre trace d'ammoniaque; il laisse j
pour résidu de la magnésie pure. L'air 1 humecte un peu , j
mais il n’est pas déliquescent comme les deux sels dont il j
est composé.
Le nitrate ammoniaco-magnèsien est moins soluble
que les deux sels qui le forment. Il cristallise en refroi-
dissant.
Décomposition par les bases : 1 ammoniaque n y produit
aucun effet ; la magnésie à chaud en chasse l'ammoniaque ,
cl forme du résidu un nitrate magnésien pur.
barite , la strontianc, la chaux , la potasse et la soude
Nitrates d' Yttria , de Glucine. io5
le décomposent complètement par la voie sèche et par la
voie humide.
D après M. Fourcioj ce sel est formé de : nitrate de
magnésie , 0,78 -, nitrate d’ammoniaque, 0,22.
Ce sel n est d’aucun usage.
§. XL.
Nitrate d’ Yttria.
On prépare ce sel par la combinaison directe de sa base
avec l’acide. Il a une saveur douce , est très-soluble dans
l’eau. Avec l’acide sulfurique, on obtient des cristaux de
sulfate d’yttria.
§• XL1.
Nitrate de Glucine.
Le nitiate de glucine a une saveur douce -, il ne cristallise
pas , ou du moins très-difficilement.
Il est decomposable par la chaleur , cl ne fuse point sur
les charbons allumés.
Quand il est sec , il enlève l’eau dissoute dans l’air, et se
résout en liqueur. Il est soluble dans l’alcool.
Larvni les acides , le sulfurique paraît être le seul qui
puisse le décomposer à froid ; l’infusion de noix de galle
1 . °
onnc un précipité floconneux d’un jaune ~ brun qui se
forme sur-le-champ.
La glucine diffère de l’alumine , non-seulement par les
piopiiclts que nous venons dénoncer, mais encore parce
lo6 Nitrate d' Alumine.
qu’elle n’est pas précipitée par les sels oxalique , tartarique
et prussique solubles , tandis que le nitrate d alumine
est tout-à-coup précipité par ces réactifs.
Nulle action de la part de l’alumine , de la zircone et de
la silice.
La potasse et la soude redissolvent la glucine , quand ils
sont en excès.
L’ammoniaque la précipite toute entière sans la dis-
soudre.
s. XL IL v , I
Nitrate cl’ Alumine'.
Le nitrate d’alumine n’a pas été trouvé natif.
Ce sel n’est presque pas encore connu ; ou sait seulement
que l’acide nitrique dissout l’alumine. 11 faut employer
l’alumine bien pure et liumide •, sans cela la combinaison se
feroit difficilement : cette combinaison est susceptible de
cristalliser en lames , ou feuillets ductiles et de peu de
consistance -, ce sel est toujours légèrement acide , quelque
quantité d’alumine que l’on emploie.
Une chaleur médiocre le décompose et en sépare 1 acide
nitrique sans décomposition.
Ce sel ne fuse pas sur les charbons , comme les autre*
nitrates ^ il se boursoufle comme lalun , mais il ne fait pas
brûler le charbon -, il ne l’enflamme pas comme le nitrate
de potasse, il fond , se boursoufle et perd son acide, et il
est déliquescent à l’air.
Le nitrate d’alumine est décomposé par l’acide sulfu-
rique -, il se dégage des vapeurs blanches.
Nitrate de Zircone.
lo ~j
Toutes les substances terreuses et alcalines le décom-
posent.
Le précipité alumineux, obtenu du nitrate, d’alumine ,
par la potasse caustique , se redissout dans l’excès d’alcali ;
cela donne uu très-bon moyen de séparer l’alumine de la
magnésie : car la magnésie n’est pas soluble dans un excès
d'alcali. On peut précipiter de nouveau celte terre, en satu-
rant l’excès d’alcali par un acide.
L’ammoniaque n’a pas celte propriété.
La chaux redissout 1 alumine comme les alcalis caus-
tiques. Quand on met trop de chaux dans du nitrate d’a-
lumine , il se forme d’abord du nitrate de chaux , puis
une combinaison de chaux et d’alumine qui se précipite
ensemble.
Le nitrate d’alumine précipite toutes les dissolutions
des couleurs végétales ; telles que le tournesol , le sirop
de violette , le bois d’Inde , etc. C’est de cette manière que
l’alun ordinaire agit ; c’est en avivant les couleurs , et les
précipitant sur les étoffes qu’on veut teindre, qu’il favorise
la teinture.
§. X L I I I.
Nitrate de Zircone.
IVous devons la connoissaîice de ce sel à M. Kiaproth.
MM. Guyton et V auquelin l’ont ensuite examiné.
L acide nitrique s’unit à la zircone, lorsqu’elle est en-
core humide. Quelle que soit la division de celle terre , il
est cependant impossible d’en saturer tellement 1 acide
nitrique . que ses propriétés acides soient entièrement
108 Des Nitrites.
masquées. Cetle Combinaison altère toujours les couleurs
Jrleues , sensibles aux acides.
La solution de nitrate de zircone , évaporée à une
clialeur douce , fournit une matière jaunâtre , transpa-
rente , extrêmement tenace , visqueuse , et qui se dessèche
difficilement.
Il a une saveur styptique et astringente -, il laisse sur
la langue une matière épaisse, qui provient d une décom-
position que lui fait éprouver la salive.
Ce sel est déliquescent et soluble dans 1 eau.
Le nitrate de zircone est décomposé , i°. par 1 acide
sulfurique , qui forme , dans sa solution , un précipité
blanc , soluble dans un excès de cet acide , 2°. par le
carbonate d’ammoniaque , qui y produit un dépôt soluble ,
dans une surabondance de ce sel ; 3°. par une infusion
alcoolique de noix de galle, qui y fait naître un préci-
pité blanc , soluble dans un excès de cette infusion -,
mais , si la zircone contient du fer, la couleur du préci-
pité est d’un bleu tirant sur le gris , dont une portion
reste en dissolution, et donne à la liqueur une couleur
bleu pur.
Le nitrate de zircone est décomposé par toutes les bases
précédentes.
§. x l i y.
Des Nitrites.
Les nitrites ont des propriétés communes aux nitrates ,
telles qu’une saveur fraîche , et de fuser sur les charbons.
Des Nitrites.
i°9
L'acide nitrique les décompose -, ce qui annonce bien
que l’acide nitreux existe dans les nitrites.
Ces sortes de combinaisons ne peuvent aisément s'ob-
tenir , qu’en décomposant les nitrates par l’action du calo-
rique ; car , en combinant directement l’acide , appelé
nitreux, avec différentes bases alcalines, terreuses, ou mé-
talliques, on n’obtient pour l’ordinaire que des nitrates,
parce que ces diverses bases chassent presqu’cq entier le
gaz nitreux de sa combinaison avec l’acide nitrique.
Pour faire le nitrite de potasse , on met le nitrate dans
une cornue de verre, et l’on chauffe; le sel est décomposé,
il se dégage dans le commencement du gaz oxigène pur,
et plus l’opération avance , plus l’oxigène passe chargé de
gaz azote. Ces gaz viennent de la décomposition de l’acide
nitrique , qui passe à l’état d’acide nitreux qui forme un
nitrite avec la potasse. Ou reconnoît que l’opération est
finie , ou du moins qu’on peut l’arrêter, quand l’oxigène
qui passe commence à contenir de l’azote , ou a alors dans
la cornue une masse blanche déliquescente d une saveur
âcre, qui donne avec l’acide sulfurique des vapeurs rouges
rutilantes , passe lentement à l’air à l’état de nitrate. Ou
essaie si le nitrite dépotasse est pur, en versant dessus
de 1 acide sulfurique ; si l’opération n’est pas assez avan-
cée , il ue se dégage presque pas de vapeurs rouges , alors
on remet au feu ; quand on pousse trop , il y a excès de
potasse ; quand on ne chauffe pas assez, il est mélangé de
nitrate.
Si on Ie pile , et si l’on verse de l’acide nitrique très-
Ç -1 1 A
U1 e > ori voit se dégager la vapeur nitreuse; celle vapeur
est ties-rouge et très -forte , il y a chaleur, effervescence,
• Pafl-e fluc 1 acide nitreux se dégage en gaz , l’autre vapeur
jj0 Mur laies.
n’est pas aussi forte , parce que l’acide nitrique étant
étendu d’eau, cette eau délaie la vapeur k mesure qu elle
se dégage ; ce qui n’arrive pas quand on emploie l’acide
sulfurique concentre.
Le nitrite de potasse , délayé dans 1 eau , verdit le sirop
de violette. H y a donc un excès d’alcali dans le nitrite de
potasse , et comme le nitrate est parfaitement neutre , il
est évident que l’excès d’oxigène que tient le nitrate,
sert à saturer l’acide qui de son côté sature la base alcaline.
Les autres nitrites sont peu connus.
Pour faire' voir que les alcalis n’absorbent que 1 acide
nitrique, et qu’ils laissent du gaz nitreux , on remplit un
ballon , à large ouverture , de vapeurs nitreuses ; on y
suspend , par le moyen de plusieurs fils , une capsule de
verre , contenant de l’alcali caustique , liquide ou solide ;
ou obtient un nitrate , et du gaz nitreux qui se dégage.
«L XL Y.
O
Des Mariâtes.
Des propriétés génériques de ces sels.
Les muriates sont également un produit de la nature
et de l’art. Leur saveur est salée, plus ou moins franc e,
pure ou mêlée d’amertume.
La lumière n’exerce aucune action sur eux. Le ca ï -
rique agit diversement. Ils dccrcpitent , se fondent et se
subliment. Les uns se volatilisent sans se décomposer ;
les autres se décomposent sans se volatiliser, d’autres cniin
résistent au plus grand leu.
Mûri cite de Bcirite. ! x t
Exposés à l’air , iis n’éprouvent pas dé décomposition ;
' quelques-uns sont déliquescens : tous sont solubles dans
: l’eau , et cristallisables.
Ils n’éprouvent aucun changement de la part des corps
• combustibles.
L acide sulfurique les décompose avec une forte effer-
vescence et dégagement de vapeurs blanches.
L acide nitrique les convertit en nitrates passant en
.pait'e a 1 état d acide nitreux , et transformant l’acide
muriatique en acide muriatique oxigéné.
L acide phospuocique et horacique décomposent tous
les muiiates à chaud ; mais à froid, 1 acide phosphorique
ne les décompose qu'en très-petite partie. Les bases sali-
iîables ag’ssent dune manière différente en raison de leur
= attraction pour l’acide.
Ils jout tous précipites par le nitrate d’argent , lequel
{précipité est insoluble dans l acide nitrique.
Enfin , ils sont pour la plus grande partie solubles dans
il alcool.
§. XL V 1.
Muriatc ce Ecrite.
&argmann dit que ce
minérales de Suède.
sel existe dans quelques eaux
On le prépare
■de bar île yyçç
.dans l’eau , on
ordinairement en décomposant le sulfure
1 acide muriatique ; après I avoir délai é
ajoute l’acide , on fait chauffer un peu
X IÜ
Muriate de Barite.
pour faire dégager tout 1 hydrogéné sulfure; on filtre , et
lou fait évaporer jusqu à très -légère pellicule; on ob-
tient par le refroidissement des cristaux. Mais comme le |
sulfate de barite contient souvent de 1 oxide de fer ,
l’acide muriatique s’y unit en même tems qu à la barite ;
d’où provient la couleur jaune que prend ce sel. On le
débarrasse facilement de cette matière étrangère , en
exposant les cristaux de muriate de barite au feu pendant
quelques instans dans un creuset ; dès quil commence
à rougir , le muriate de fer se décompose ; son acide
se volatilise , il ne reste plus que l’oxide de fer avec
le muriate de barite, qu’il suffit de dissoudre dans 1 eau
pour l’avoir pur.
On peut encore s’assurer de sa pureté en le lavant dans
l’alcool; le muriate de fer s’y dissout, et le muriate de
barite reste pur.
J’ai proposé , Annales de Chimie , tome 47 , un pro-
cédé par lequel on peut obtenir le muriate de barite eu
beaucoup 1 moins de tems et avec moins de combustible.
Il consiste à mêler parties égales de muriate calcaire
et de sulfate de barite , réduits eu poudre. O11 projette
par cuillerée le mélange dans un creuset que Ion fail
l' o unir d’avance. La matière se boursoufle nu lieu et se
O
fond ensuite. On ajoute successivement le reste du mé-
lange , cl; Ion entretient une même température jusque
cp que le tout soit liquide; des que la fonte est tranquille
on retire le creuset du leu , et on coule sur une plaqui
de fonte , qu’il faut avoir soin de chauffer auparavant
Sans celte précaution, la matière , en se refroidissant , s*
brise avec éclat et s’élance avec une force extrême
M uriate de Bar ile. ^3
îles morceaux entraînent même avec eux des fragmens de
«la pierre auxquels ils adhérent fortement.
La matière ainsi coulée se brise en refroidissant a
; COuleur Slis 1)lanchâtre , quelquefois gris d’ardoise
Suivant le tems qu’on l’a tenue en fusion. Elle est très-
dure , sonore, et attire l’humidité de l’air.
On la réduit ensuite eu poudre et on la fait bouillir
.quelques minutes dans environ six fois son poids d’eau
idistdlee, et l’on filtre.
On verse sur la partie non soluble une moins grande
.quantité d eau bouillante, et l’on réunit les liqueurs
On évapore ensuite jusqu’aux deux tiers environ dans
18,16 baSSme de cuivre bien étamée , et I on termine l’éva-
r°rat,on , soit dans une capsule de porcelaine, soit dans
«ne capsule de verre, ou de grès, au bain de sable , on
ir 6 evaP°ration dès qu’on apperçoit une pellicule à
! f"rfa<* du lUlU'lde- Alors 011 relire la capsule du feu,
L °n/,Lt,ent Par refroidissement de très-beaux cristaux ,
- es- ri ans , dont la blancheur éclatante les fait distinguer
-e ceux obtenus par l’autre procédé.
I 0n evaPm'e la ligueur décantée, et l’on obtient une
[ XIeme cristallisation : celle-ci ne donne que des cristaux
| es- petits, ils s’humectent un peu à l’air.
,vn;ï0'r.k lm“iate de parfaitement pur et
fCa';aire °" 1,,i “ subir <•»<“»«
paéa a,oii- dieanl .T' avo"' Oéca„ü„„ de passer ,
nanti té 4. ' !" 'a surnageante , une petite
enlever les dUcm'S ‘K"de 5ur . >“ ««tau*, -fi»
p , " S Pirf'ens du liquide qui / adhère.
'-e srf a uue saveur .
■étallique. Sa f„rme e‘sl ’u/| 'ï"0 ’ P'<,U'"l.le ’ c°m"’c
c lL d un pusme très-court ou
«
a
5 t£ Mu ri cite de B an Le.
lames carrées , dont les l>ords sont biselés et les somi
mets dièdres ; il a une pesanteur spécifique très-com»
dérable.
Le muriale de barite n’est pas décompose par la ch;
leur , ni altéré par l’air.
Ce sel exige pour se dissoudre entie. cinq et six parti
d’eau froide. Cette combinaison se fait plus abondamme
à l’aide de la chaleur , et elle cristallise par îelioidi
sement.
Plusieurs acides opèrent la décomposition de ce se
tels sont l’acide sulfurique , l’acide nitrique.
Comme l’acide sulfurique forme avec la barite un
parfaitement insoluble dans l’eau , on découvre les pl
petites traces d’acide sulfurique dissous dans les eaux ,
dans toute autre matière. De 1 eau qui tient seuleun
o,ooo4 de son poids de sulfate de soude récemment cr
tallisé , donne sur-le-champ un précipité sensible, en
mettant une seule goutte de solution de muiiate
barite ; 0,00009 de ce sel dissous dans la même quant
d’eau , fournissent en quelques minutes un nuage sensib
enfin , o,oooo3 de sulfate de soude , dans la même quant
d’eau , occasionnent un nuage léger , qui demande plusie
heures pour devenir apparent.
L’acide sulfureux décompose le muriate de bari
mais le sulfite se redissout dans 1 acide nitiique.
L’acide nitrique décompose aussi le muriate de bari
on s’assure facilement de ce fait, en mettant dans 1
solution un peu concentrée de ce sel , quelques gou
d’acide nitrique -, elles y formçnt. un précipité cristalli j
qui demande ensuite dix à douze parties d’eau pour
issoudre. De là il suit que , si l’on veut savoir si
Muriate de Potasse.
ït5
lucide nitrique contient de l’acide sulfurique, ou quelques
lilfates , en se servant de muriate de barite , il faut avoir
>in détendre d eau les liqueurs-, car, sans cela, on pour-
oit être induit en erreur , en attribuant à l’acide sulfurique
i qui ne seroit dù qu’à la combinaison de l’acide nitrique
:ec cette substance terreuse.
La soude et la potasse décomposent le muriate de
-rite , celle-ci se cristallise. M. Darcet a proposé ce pro-
Idé pour se procurer la barite pure.
ILes sulfates et sulfites ont la propriété de décomposer
muriate de barite -, cette décomposition s’opère par
.uble attraction.
Nous verrons aussi que les carbonates forment du car-
mate de barite et différons muriates , suivant qu’on a
jiployé tel ou tel carbonate.
îl.e muriate de barite est non-seulement un réactif ex-
• l
mernent précieux pour l’analyse de l’acide sulfurique ;
us -encore pour s’assurer si les alcalis sont purs , ainsi
« beaucoup d’autres substances encore.
-Crawfford , C haussier et autres l’emploient en méde-
e > oomme LU1 fondant très-actif dans les maladies scro-
nleuses. V ojez le Recueil de la Société de Médecine de
nris , an VI.
Cent parties de ce sel contiennent : barite , 60 -, acide
u ialiq^e , 24 • eau , if>.
S- XL VIL
Muriate cle Potasse.
Ce sel se rencontre
rarement dans la nature. On dit
1 1
[6
Mûriâlc de Potasse.
cependant qu'il existe dans des fondrières en Picardie,
et dans quelques eaux minérales de Kormand.e. JH
Il se trouve assez abondamment dans plustenrs vege-
taux , et 11 n'est pas de cendres qui n’en contiennent plus
OU moins : cela prouve que ce sel est répandu a la surface
du sol , où il est pompé par les vaisseaux des plantes , en
même tems que les sucs dont elles se nourrissent ; car |
est vraisemblable , dit M. Vauqudin , qu’il ne se lorn|
pas pendant l’acte de la végétation. Jj
Quand on veut obtenir ce sel très-pur , on prend de la
potasse caustique , et on la sature d’acide muriatique . on
fait évaporer jusqu’à pellicule; et, en aissan ensu»|
refroidir lentement, on l’obtient cristallisé.
Ce muriate s'appeloit autrefois sel fébrifuge de ^icun
et improprement , sel marin régénéré .puisqu'il différé U
ce sel par la nature de sa base.
Ce sel a une saveur salée , légèrement amère. 1
Il n’est point décomposé par l’action du feu le plus v|
mais il déerépite , se fond et même se volatilise e,
fumée. . . JH
Il est peu altérable à l’air ; il n’en alüre que tres-le„e«i
ment l’humidité. ,
L’eau froide en dissout le tiers de son poids. ®
chaude en dissout un peu plus , et la so ni, on crislalk
par le refroidissement. Sa forme est celle d un cuber)
nulier, ou d’un parallélipipède rectangle. j
L’acide sulfurique en sépare les élément en s unis»,
sa base -, l’acide muriatique se dégagé sous la iorn
de fumée blanche. ,
L’acide nitrique agit aussi sur le m, male de potasse
s’emparant de la potasse ; mais à mesure <p.c au c H
Muriate de Soude.
11,7
viatique est dégagé, il réagit sur l’acide nitrique, dont il
Lrend une portion de l’oxigène , et passe à l’état d’acide
muriatique oxigéné , tandis que l’acide nitrique devient
eide nitreux.
Les acides fixes au feu , tels que ceux du phosphore ,
Éu borax , de l’arsenic , du tungstène, etc. le décomposent
une haute température : mais c’est le contraire à lroid.
Largile paroit le décomposer en partie ; mais cette
ipération n’en fournit qu’une très-petite quantité.
Le nitrate de chaux le décompose; il se forme, dans ce
as, du nitrate de potasse et du muriate de chaux : d où
l suit que ce sel , contenu dans les potasses du com-
merce , n’est pas inutile ponr la fabrication du salpêtre.
D’après Bergmann , ce sel contient : potasse, 62 ; acide
muriatique , 3o ; eau , 8.
Le muriate de potasse n’est pas d’usage dans les arts ,
•on s’en sert maintenant très-peu en médecine.
§. X L V 1 1 1.
Muriate de Soude.
Ce sel existe abondamment dans la nature , tantôt en
.nasses considérables , et formant le sel gemme , comme
lans les mines de Wiclicska , de la Pologne , en Hongrie,
n Russie , etc. ; tantôt en solution dans les eaux de la
ner , des fontaines salées , etc.
Lorsqu’on rencontre dans le sein de la terre, des minés
le sel gemme , leur exploitation est facile et peu coû-
teuse : il suffit de percer des puits, des galeries, comme
ela se pratique pour les mines de houille ou métalliques ,
■lift Miiiiatc (îe Soude .
ot de détacher cette substance à l aide de pics , de tranch
et de leviers , etc.
Le sel gemme présente differentes modifications reli
livement à sa couleur , à son. grain et à sa savenr. On «
voit de blanc, de jaune, de bleu, de rose , etc. -, on <
connoit de dur, de tendre : enfin, il y en a dont la save
est agréable, et d’autre qui est amer. Il doit commun
ment ses variétés de couleur à la présence de I oxide
fer ou de manganèse plus ou moins chargé d oxlgen
sad ureté dépend de la vitesse plus on moins grande av
laquelle il a été formé , et sa saveur variée tient au ml
lange de quelques autres substances salines , et partie
lièrement au muriate de chaux qui l’accompagne presq
toujours.
Le sel gemme , en Transilvanie , est généralement e
ploité par des puits -, il y en a toujours deux au moi
dans chaque mine , 1 un pour les ouvriers , et 1 autre pc
l’extraction du sel.
La masse du sel est exploitée en gradins montans ,
qui produit des coins vides au milieu des couches. C
échelles se prolongent perpendiculairement jusqu à
base de ces cônes , en sorte qu’elles sont dans cette par
absolument isolées. Lorsque le sel que produisent
mines n’est pas assez pur , on est oblige dé le faire d
soudre dans l’eau pour le purifier.
Les procédés suivis pour extraire le muriate de sou
des eaux où il est dissous, ont tous pour objet d’en sépa
l’eau -, mais les moyens qu’on emploie sont différons , s
vant les climats et la richesse de ces mêmes eaux.
i°. Dans les provinces du nord , on lave les sables sa
Muriate de Soude .
IT9
îles bords de la mer a»ec le moins d’eau .possible , et on
obtient le sel par évaporation.
2°. Dans les pays trés-froids , on concentre l’eau par la
•elée , et on évapore le reste par le feu.
3°. Dans les fontaines d’eau salée de la Lorraine et de
i Franche-Comté , on élève l’eau par des pompes , et ou
a précipite sur des fagots d’épines (jui la divisent et la
•ont évaporer en partie : on finit de la rapprocher dans des
ihaudières.
4°- On extrait aussi le sel de l’eau de la mer par la seule
■vaporatiou naturelle , ou bien encore par l’évaporation
naturelle combinée avec l’évaporation artificielle.
Dans le premier cas , on fait celte extraction au moyen
des marais saluas : ce sont des bassins très-étendus ,
mais très-peu profonds , dont le fond est argileux et fort
uni-, ils sont pratiqués sur le rivage de la mer. Ces marais
ou bassins consistent , i°. en un vaste réservoir placé en
.vant des marais proprement dits et plus profonds qu’eux.
Ce réservoir communique avec la mer par un canal formé
l’une écluse j on peut , sur les bords de l’Océan , le rem-
plir à marée haute ; mais les marais sont plutôt un in-
convénient qu’un avantage pour les marais salans. 2°. En
marais proprement dits, qui sont divisés en une multi-
tude de compartimens au moyen de petites chaussées ,
.tous ces compartimens communiquent entre eux , mais
de manière que l’eau n arrive souvent d une case dans la voi-
sine, qn’après avoir fait un très-long circuit ; en sorte qu elle
a parcouru une étendue quelquefois de mètres
•avant d arriver à l’extrémité de cette espèce de labyrinte.
C est en mars que l’on fait entrer l’eau de la mer dans-
ces bassins étendus.
320
Muriate de Soude.
Le sel obtenu par ce moyen , participe de la couleur
du sol sur lequel il est déposé , et selon la nature du
terrein , il est blanc , rouge et gris : on appelle aussi ce
dernier sel vert . Le sel de mer a 1 inconvénient d être
amer , si on 1 emploie immédiatement après sa fabrication.
11 doit ce goût au muriate de chaux et au sulfate de soude
qu’il renferme. L’exposition à l’air , pendant deux ou
trois ans , le débarrasse en partie de ces sels.
Dans la seconde manière d’extraire ce sel de 1 eau de la
mer , on tonne sur le rivage une esplanade de sable très-
unie , que la mer doit couvrir dans les hautes marées des
nouvelles et des pleines lunes •, dans 1 intervalle de ces ma-
rées, ce sable, en partie desséché , se couvre d efflores-
cences dé sel marin; on l’enlève, et on le met en ma-
gasin. Lorsqu’on en a une suffisante quantité, on le lave
dans des fosses avec 1 eau de mer qu’on sature ainsi de
sel marin : on porte cette eau dans des bassins de plomb
assez étendus , mais peu profonds ; on évapore , par le
moyen du feu , l’eau surabondante , et ou obtient ce sel
marin d’un beau blanc. Ce procédé est mis en usage sur
les côtes du département de la Manche.
Enfin on se sert de bâtimens de graduation pour con-
centrer 1 eau de la mer. Pour accélérer l’évaporation , on
eleve par des pompes 1 eau salée à une hauteur de 9 mètres
environ , et 011 la fait tomber sur des murailles de fagots
qaii ont cette hauteur; ces murailles sont couvertes d’un
toit qui les met à l’abri de la pluie ; l'eau qui est distri-
buée avec égalité sur ces fagots par des conduits et par
des robinets , s y divise à l’infini, et éprouve dans sa
chute une évaporation considérable. La meme eau est
plevée souvent plus de vingt fois pour être amenée ru
Muriate de Soude.
121
degré de concentration nécessaire. L’eau , en se con-
centrant , dépose sur les fagots une couche de sélénite , ou
chaux sulfatée, qui devient à la longue si épaisse qu’il
faut les renouveller. L’eau amenée à 26 ou 27 degrés par-
la gradation , est ensuite évaporée. ( Voyez pour les
détails, le Traité élémentaire de minéralogie à Alexandre
Bronsniai't ).
En Angleterre on fait évaporer l’eau de la mer prise à
la haute marée , daus des chaudières en fer de tôle , dont
les lames sont assemblées par le moyen de clous bien
rivés. Cqs chaudières ont de 20 à pieds de longueur
sur 12 à i5 de largeur et 2 à 3 de profondeur. On y jette
à la fin du sang de bœuf, et on écume lorsque l’ébullition
recommence.
Aux salines de Lunebourg dans le pays d Hanovre , on
fait lévaporation dans des chaudières formées d’une lame
de plomb dont les bords sont relevés en marteau. Ces
chaudières , d’une longueur et largeur considérables ,
tfoffrent pas une profondeur de plus de 3 ou 4 pouces.
Le sel marin gris ordinaire contient du muriate de
soude , des muriates de chaux et de magnésie , des nitrates
dechaux et de magnésie, du sulfate de soude , du fer , du
carbonate de chaux , de l’argile , quelquefois du mercure.
(On s’assure qu’il tient du mercure, en y laissant
séjourner pendant quelque tems une lame de cuivre ; elle
blanchit. ) Pour reconnoître la présence des sels de chaux ,
on verse dans l’eau-mère qu icontient un peu de sel
marin, du sulfate de potasse qui décompose le muriate de
chaux -, il précipite du sulfate de chaux -, on filtre : il passe
dans la liqueur du muriate de potasse, du muriate de
jnagnesie non décomposé par le sulfate de potasse ; on
J Muriate de Soude.
fait evaporer la liqueur jusqu’à consistance sirupeuse , et
on traite par l’alcool qui dissout le muriate de magnésie -,
il laisse précipiter le muriate de potasse-, on décante-, on
dissout ces derniers dans l’eau, et on fait évaporer et
cristalliser; on les distingue l’un de l’autre par leur ma-
nière de cristalliser, l’un en aiguilles, l’autre en cubes:
on fait évaporer tout l’alcool-, on verse sur le^résidu de
sels magnésiens, du carbonate de potasse qui les décom-
pose ; il se précipité du carbonate de magnésie; on filtre;
et il passe dans la liqueur du muriate de potasse qu'on
sépare par la cristallisation. ,
On voit donc qu’il existe dans le muriate de soude des
sels a bases de chaux , combinés à l’acide muriatique:
le carbonate de magnésie précipité par le carbonate de
potasse , prouve la présence des sels magnésiens.
Purification du muriate de soude.
On a pour but de séparer dans cette opération les mu*
riates de chaux , de magnésie et de fer du muriate de
soude, ce qui lui donne la propriété d attirer l’humidité
de l’air.
Pour obtenir le muriate de soude pur, comme cela est
nécessaire pour les expériences de chimie , on le fait dis-
soudre dans quatre parties d’eau froide ; on filtre la dis-
solution : les matières qui ne s’unissent point à l'eau ,
telles que l’argile , le sable , la craie , l’oxide de fer, etc.
restent sur le filtre; mais le muriate de clianx se dissout
aussi : on le décompose en mettant dans la solution
quelques gouttes de carbonate de soude ; sa base se com-
bine avec l’acidc muriatique , et l’acide carbonique avec
Mariale de Soude.
{a cfWux , ef forme du carbonate de chaux , qui, étant
insoluble , se précipite au fond.
Il faut avoir l'attention de ne pas ajouter plus de car-
bonate de soude qu il n’en faut , car on tomberait dans un
autre inconvénient aussi désagréable que le premier; on
s’apperçoit qu’on en a mis suffisamment , lorsque les der-
nières gouttes n’occasionnent plus de trouble dans la
liqueur-, pour en débarrasser le sulfate de soude , il faut
y verser du muriate de barite jusqu’à ce qu’on n’apper-
çoive plus de précipité -, on décante et on soumet ensuite
la solution à lévaporation ; on ramasse le sel à mesure
qu’il se sépare ; il est alors très-pur. Si l’on veut l’avoir
régulièrement cristallisé , il faut abandonner la solu-
tion à l’évaporation spontanée, alors les molécules sa-
lines se réunissent facilement , et donnent naissance à des
cristaux cubiques.
Le muriate de soude a une saveur salée et agréable; il
n’éprouve aucune altération de la part de l’air atmosphé-
rique, lorsqu’il est très-pur, à moins que celui-ci ne soit
très-humide; alors il s’humecte légèrement.
Exposé à une chaleur brusque, il se divise en frag-
mens , fait entendre un pétillement assez fort, qu’on
appelle décrcpitation. Ces effets sont dus à l’eau de cris-
tallisation , qui est réduite tout- à-coup en vapeurs , et qui,
eu écartant les lames cristallines avec beaucoup de vitesse ,
produit le bruit et l’explosion du sel.
Si l’on continue l’action du feu sur ce sel , après qu’il a
perdu l’eau , il rougit, se fond, il coule et se prend en
masse opaque , sorte d’émail blanc , quelquefois rougeâtre,
a cause du fer qui se trouve dans 1 argile des creusets j
124 Muriate de Soude.
à une chaleur blanche il se volatilise , s'il a le contact de
l’air , sous la forme de fumée blanche.
Le muriate de soude , fondu et sublimé , n'a point
éprouvé d’altération dans sa nature intime ; ses élémens
ne sont point désunis par cette opération -, ils se volatilisent
plutôt ensemble que de se séparer ; ce qui indique qu'ils
ont entre eux une grande affinité.
Ce sel est très - soluble dans l’eau ; il ne demande
que deux parties et demie d’eau : il n’est pas sensiblement
plus soluble à chaud qu’à froid : aussi ne se cristallise-
t-il pas par le refroidissement , comme la plupart des
autres sels : il faut , pour l’obtenir dans cet état , faire
évaporer la solution , soit par l’action du feu , soit
spontanément à l’air. Sa forme cristalline est un cube
parfait. Cependant si on le fait bouillir quelque tems avec
l'urée, il cristallise en octaèdres; dans ce cas le muriate
est combiné avec un peu d’eau.
Comme le muriate de soude se combine tres-prompte-
ment avec l’eau, il se produit un grand froid, cest-à-dire ,
que , dans un tems très-court , il y a beaucoup de calo-
rique absorbé. Il n’en faudroit cependant pas conclure
qu’il demande plus de chaleur qu’un autre pour se dis-
soudre ; il y a même quelques faits qui semblent prouver
qu’il en a moins besoin que beaucoup d’autres.
Il paroît avoir plus d'affinité avec 1 eau , que la plupart
des autres sels ; car , à l’exception de ceux qui sont déli-
quescens , il les précipite tous de leurs solutions ; et
pendant ces précipitations , il se dégage constamment une
certaine quantité de calorique.
L’acide sulfurique décompose le muriate de soude ;
l’acide muriatique se dégage ayec effervescence.
\
X
oru —
Mariette de Soude. 1^5
Pour obtenir l’acide muriatique , on prend 8 parties de
muriate de soude décrépité et pulvérisé-, ou 1 introduit dans
une cornue si , ou dans un matras que 1 on place sui un bain
de sable. On verse sur le sel 5 parties d’acide sulfurique
à 66 degrés , à l’aide d’un tube à double courbure B. On
adapte à la cornue un matras C , pour recevoir la portion
d’acide sulfurique et dacide muriatique impur , qui
passent , sur-tout vers la fin de l’operation , à la faveur du
calorique. D , E , F, suite de flacons dans lesquels on
met de l’eau distillée ; la quantité doit être égale au poids
du sel employé. Ces flacons sont réunis par des tubes de
sûreté G. Il faut avoir soin de luter exactement tes join-
tures. Les choses ainsi disposées, on met un peu de feu
sous l’appareil, et l’on augmente la chaleur par degrés,
jnsqu’à ce qu il ne se dégage plus rien.
Si au lieu d’une cornue , I on se sert d’un matras , il
faut mettre pour premier récipient une bouteille à deux
tubulures , comme il est représenté dans la planche ; on
met aussi dans ce premier flacon un peu d’eau , pour y
placer un tube de sûreté, et retenir l’acide sulfurique et
l’oxide de fer qui s’élève pendant la fin de l’opération.
L’acide sulfurique qu’on a versé par le lijbe en S ,
décompose ce muriate de soude , l’acide muriatique se
dégage et va se dissoudre dans l’eau; on trouve dans le
ballon du sulfate acide de soude; dans le premier flacon,
de l’acide muriatique mélangé d’acide sulfurique qui passe
toujours en petite quantité ; dans le deuxième flacon , on
trouve l’eau augmentée environ d’un tiers de son volume,
c’est l acide muriatique liquide.
' Quand on calcine le muriate de soude l’action est plus
prompte. Lorsque l’opération est finie et qu’il ne se dégage
s 26 Mui'iate de Soude.
■
plus lien , on peut continuer le dégagement du gaz acide
muriatique , pendant quelques instaus , en versant par le
tube en S de l’eau bouillante-, cette eau divise le muriate de
soude et fait dégager encore une petite quantité d acide
muriatique.
Il faut avoir soin que le tube en S descende plus bas
que le tube recourbé dans le col du ballon , parce que ,
lorsqu’on verse l’acide sulfurique , il y auroit toujours
une portion qui couleroit le long du tube recourbé , et
qui restant g son extrémité , remonteroit dans le tube par
la force expansive du gaz qui se dégage et passeroit en
assez grande quantité dans le premier flacon , sans avoir
gervi dans l’opération.
11 n’est pas non plus nécessaire de faire plonger les
tubes très-avant dans l’eau , parce que l’acide muriatique
étant plus lourd que l’eau , tombe au fond sous forme de
stries , ce qui provient encore de sa grande affinité pour
l’eau.
Lorsque le gaz se combine avec 1 eau , il y a chaleur ;
et quand la température s’abaisse , 1 eau redevient sus-
ceptible d’en absorber encore. Pour tirer parti de 1 opé- j
ration ; il faut environner les flacons de glace , mais il
faut prendre garde que les (laçons n’éclatent , lorsque ,
par une élévation de température , l’eau ne peut plus ,
retenir l’acide -, car il ne faut pas perdre de vue que 1 eau
chaude coerce moins d’acide muriatique que l’eau froide.
Quoique l’acide muriutjque doive être parfaitement
blanc , il arrive très-souvent , qu'il a une couleur plus ou
moins jaune. Elle paroît provenir ou d’un peu de fer ou
d’un peu d’acide muriatique oxigené formé pendant 1 o-
péralion. Pour reconuoUrc à laquelle de ces substances I
Muruile de Soude. s
l’acide doit sa couleur, on l’expose aux rayons solaires
» ou on lui lait subir une légère ébullition. Alors l’acide
se décolore et devient blanc si la couleur est due à l’acide
; muriatique oxigéné -, si , au contraire , elle provient du
fer l’acide reste coloré.
L’acide nitrique décompose à froid le muriate de soude -,
mais 1 acide muriatique qui se dégage n’est pas pur: il
est à 1 état d’acide nitreux , mêlé d’acide muriatique
' oxigéné.
Pour faire cette expérience , on met du muriate de soude
decrepite , réduit eu poudre, dans nue cornue ; on y ajoute
de 1 acide nitrique, dans les mêmes proportions que pour
la décomposition de ce sel par l’acide sulfurique : on
adapte à la cornue un ballon tubulé, d’où part un tube de
sûreté , qui va plonger dans un flacon de PFouIf , dans
lequel on met autant d eau que 1 on a employé de sel
Lorsque l’appareil est monté , on l’échauffe par degrés.
L’acide nitrique commence par s’unir avec la soude ,
et forme du nitrate de soude , et il se dégage de l’acide
muriatique très-concentré.
Cet acide attaque 1 acide nitrique non encore combiné*
fl lui enlève une portion d’oxigèue , et forme de l’acide
muriatique oxigéné.
L’une autre part, il se forme de l’acide nitreux, pro-
venant de la partie de l’acide nitrique privé de son oxiVène
ua pas pu se combiner avec la soude , même avant
qufl ait pu lormer cette combinaison ; et l’acide muriatique
oxigéné , combiné avec l’acide nitreux , change cclui-ci
en acide nitrique : en lui donnant son oxigèpe, il est
reduu a létal d’acide muriatique simple.
Les L.uucs acides nonl pas d’action à froid sur Jo
iaB Muriate de Soude.
muriate de soude ; mais quelques-uns le décomposent à
l’aide de la chaleur : tels sont l’acide phospliorique et
l’acide boracique.
La raison de cette différence dépend de ce que l’acide
muriatique tend à se combiner avec le calorique, lorsque
celui-ci est accumulé et condensé, en quelque sorte , dans
le muriate de soude ; ce qui , conséquemment , affoiblit
1 affinité entre les principes : tandis que les acides phos-
phorique et boracique , n’ayant pas la même attraction
pour le calorique , leur tendance pour se combiner aveG
la soude n étant pas disséminée, il arrive une époque où
l’affinité du calorique pour l’acide muriatique , et celle des
acides fixes pour la base du sel marin, l’emportent, et la i
décomposition a lieu.
Dans un cas , il se forme du phosphate de soude , et
dans l’autre , du borate de soude.
Parmi les substances alcalino -terreuses , il n’y a' que la
barite et la strontiane qui puissent décomposer à froid le
muriate de soude; elles s’emparent de l’acide muriatique,
et en séparent la soude à l’état caustique.
Quoique dans les circonstances les plus ordinaires , la
soude ait plus d’affinité que 1 alumine avec l’acide muria-
tique, cependant, en élevant beaucoup sa température, ou
sépare une certaine quantité d’acide muriatique , et tel
est le procédé qu’on employoit autrefois dans les fabriques
d eau-forte pour faire ce qu’on appelle esprit de sel. 11 est
très-vraisemblable que cette décomposition est en grande
partie due à la présence des pyrites , presque toujours
contenues dans les argiles siliceuses qui servent à cette
opération.
La chaux et la craie décomposent aussi ce sel. Si l'on
Muriate de Soudé. ]r)^
fait u ùe bouillie avec du muriate de soude et de la diaux
,1a soude vieut à la surface , grimpe à 1 état de carbonate
de soude; elle absorbe l’acide carbonique contenu dans
Tatmosphère.
C’est ainsi que d’après M. Berthollct , il s’opère une
idécompositiôn semblable dans le sein de la terre, d’où
vient qu’on trouve en Egypte une grande quantité de
carbonate de soude à la surface du sol.
Il faut croire qu’il se fait une combinaison de muriate
le chaux avec l’excès de chaux mis à nu par la soude
«enlevee par 1 acide carbonique.
La potasse pure ou carbonatée est la seule , entre le»
klcalis, qui décompose le muriate de soude-, il se forme
l lu muriate de potasse , et la soude devient libre ou carbo-
|aatée.
On s est beaucoup occupé des moyens d’extraire la soude
lu sel marin ; presque tous les procédés qu’on a proposés
e réduisent au même principe , c’est-à-dire , à convertir
:e muriate de soude en sulfate de soude, à décomposer
«elui-ci par le charbon , et à absorber le soufre par une
=erre calcaire , ou par le fer.
Les personnes qui désireront avoir des connoissances
<>lus étendues sur cet objet, peuvent consulter un excellent
apport de MM. Pelletier , Leli'evre et Darcet dans le
1 9e- vol. des Annales de Chimie.
Pour décomposer le muriate de soude par un oxide de
:‘7.b’ “ P*-» de naueia.e de aoude conlre
ep M«( de plomb demi-vitreux , ou litharRc, et l’on
e'- une bouillie liquide avec un peu d'eau , la ,il,,a,.çe
„erd peu-à-peu sa coulcm.; on ^ pendrinl
y
i ;}0 Muriate de Soude.
heures pour renouveler les surfaces et faciliter 1 action j
des matières.
L’oxide de plomb devient peu-a-peu blanc; il augmente!
de volume, et à mesure que l’eau est absorbée, le mélangej
prend une consistance considérable , en sorte qu on est
obligé d’ajouter à plusieurs reprises une assez grande
quantité d’eau; au bout de quatre jours , la litkarge paroît:
entièrement changée de nature ; alors ou étend la matière;
de 7 à 8 parties d’eau , et on filtre.
On fait ensuite évaporer la liqueur dans des vases dei
fer ; on obtient ainsi de la soude carbonatée , euvuonj
les 0,12 du sel employé.
Si l’on fait calciner la matière restante sur ce filtre ,
on obtient une belle couleur jaune, solide, brillante,,
qu’on peut employer à l’huile avec succès.
M. Vauquelin , à qui nous devons cette expérience , a
reconnu que la liqueur filtrée avoit une saveur alcaline
très-marquée , et contenoit un peu de muriate de plomb
en dissolution , et pas un atome de muriate de soude :
réduite environ au ioe. de son volume, elle a fourni des
cristaux de carbonate de soude , rendu opaque par quel-
ques traces de muriate de plomb.
11 est bien démontré , d’après les expériences de M. T au-
quelin , que la litharge qui a servi a la décomposition
du muriate de soude , est un mmiate de plomb a\ec|
excès d’oxide , et que c’est en vertu d'une affinité doublt
que l’oxide de plomb décompose le muriate de soude:
savoir , par les forces réunies de l’oxide de plomb poui
l’acide muriatique et du muriate de plomb pour un exces
d’oxide.
Cela explique pourquoi il faut tant d'oxide de ploin!
Muriate de Strontiane. i3j
- polir décomposer complètement le muriate de soude,
; parce que les | au moins de cet oxide sont employés , non
ia décomposer le sel marin , mais à former le muriate de
cplomb avec excès d’oxide, et que le quart tout au plus
#de cet oxide s’unit à l’acide muriatique à l’état de véri-
table muriate de plomb.
Le muriate de soude est décomposé par quelques sul-
fates et nitrates ; les phosphates de potasse et d’ammo-
«niaque ; les Huâtes de barite et de potasse -, le borate de
i-potasse , le carbonate de potasse et beaucoup de sels
I métalliques paroissent aussi le décomposer.
Le muriate de soude est d’un usage trés-multiplié dans
les arts et les opérations domestiques; on s’en sert dans
les manufactures de poterie ou de faïence, pour aider la
I (vitrification de la surface ; pour faire l’émail , pour con-
server le vinaigre : en chimie , pour faire l’acide muria-
ique simple et oxigéné , pour faciliter la fusion des snb-
fetauces métalliques , et les garantir du contact de l’air;
:bez les tanneurs , pour préparer les cuirs cle Hongrie ;
rnfin , on 1 emploie dans les salaisons pour conserver les
matières végétales et animales , etc. >
Proportions des principes du muriate de soude :
°. D’après Bergmanu , soude, 4^ ; acide muriatique, 52;
eau, 6; 2°. D’après Kirwan , soude, 5o ; acide rnuria-
■<que , 33 ; eau , 17.
§. X L 1 X,
Muriate de Strontiane.
Ce sel , d abord confond
u avec le muriate de barite,
j Muriate de Stronüane.
en a été distingué par M. Klapvoüi ; Hope , PelleUer et
Vaùquelin Font ensuite examiné.
Pour préparer ce sel , il faut suivre le procédé indiqué
pour le muriate de barite , en décomposant le sulfure
par l’acide muriatique , ou bien suivre les deux procé-
dés que j’ai indiqués, Annales de Chimie, tome 4, ,
pag. i39-
On réduit en poudre le sulfate de strontiane et on le^
passe à travers un tamis y on l'arrose ensuite avec de
l’acide muriatique , qui s’empare de la cliaux et de 1 oxide
de fer-, on laisse macérer quelque tems , on décante et
on lave avec soin le résidu insoluble.
Lorsque la matière est parfaitement sèche, on la mele :
avec son poids égal de muriate calcaire , et 1 on suit pour le
reste de l’opération , ce qui a été dit pour le muriate de
barite.
On peut aussi préparer ce muriate sans laver préala-
blement le sulfate de strontiane par un acide.
A cet effet , on prend parties égales de sulfate de
strontiane et de muriate calcaire , réduit en poudre , on
introduit le mélange par cuillerée dans un creuset que
pou entretient rouge blanc l’espace d un quart a heure
Cette opération exige un coup de feu plus tort que la
précédente. Lorsque la matière est totalement fondue
ou la coule sur un marbre , ou sur une plaque de
fonte.
On réduit en poudre cette substance-, onia fait bouilli i
dans quatre fois sou poids d’eau, et l’on filtre-, en exposi
ensuite la liqueur à une douce chaleur , avec le contac
tic l’air-, bientôt elle sc trouble et devient laiteuse , phé
Muriate de Slrontiane.
1 33
momène qui est du à la chaux rendue caustique dans
l’opération, et qui repasse à l’état de carbonate. On filtre
•la liqueur et l’on fait évaporer jusqu’à siccité -, on dissout
hle nouveau dans de l’eau distillée ; le carbonate de chaux
tse pre'cipite et on obtient ensuite par l’évaporation le
pmuriate de strontiane , que l’on peut faire cristalliser une
■deuxième fois pour le priver du muriate calcaire.
Soumis à l’action du calorique , le muriate de strontiane
| se fond sans se décomposer -, à une haute température ,
"il se sublime , il attire puissamment l'humidité de l’air.
Ce sel est soluble dans 0,^5 d’eau , il cristallise en
i longs prismes fins tétraèdres.
Il est décomposé par l’acide sulfurique , nitrique et
(iphosphorique. L’acide nitrique n’y produit un effet scn-
jsihle que lorsqu’il est très-concentré.
La harite, la potasse et la soude le décomposent.
Si l’on bride de l’alcool , tenant en solution du mu-
I riate de strontiane, la flamme est toujours d’un rouge
(■purpurin , caractère- qui distingue ce sel de celui de barde
pet de tous les autres.
Proportions indiquées par M. Kauquelin : strontiane ■>
136,4- acide muriatique, 23,6 -, eau , 4o.
La plupart des sulfates , nitrates , phosphates , Huâtes >
borates , carbonates alcalins , décomposent le muriate de
strontiane.
Ce sel u est encore employé que comme réactil.
»34
Muriate de Chaux .
S- L.
I v
Muriate de Chaux.
Le muriate de chaux existe dans les matériaux salpê-
tres , dans les terres calcaires , dans les eaux de la mer ,
les eaux-mères des salines , des puits de Paris, etc.
Pour préparer ce sel , on décompose le carbonate de
chaux par l’acide muriatique. Lorsque la saturation est j
complète , on filtre , et l’on fait évaporer , ou bien ou
lessive dans peu d’eau le résidu de la fabrication de ■
l’ammoniaque. On fait évaporer la solution à consistance
sirupeuse , et l’on fait refroidir lentement , alors le sel '
cristallise.
Sa saveur est acre , piquante et amère. Il verdit le
sirop de violette.
Il perd une portion de son acide par 1 action d un feu
violent, mais jamais la totalité; il reste du muriate de
chaux avec excès de base , c’est le phosphore de Hamberg ,
qui répand la clarté dans l’obscurité , sur-tout si on le
frotte avec une lame de fer.
Il est susceptible de deux fusions. — Fusion aqueuse j
et fusion ignée.
Si pendant sa fusion ignée , ou y plonge des barreaux
de fer, ils s’encroûtent , et si on les laisse ensuite dans j
l’obscurité , ils jettent une belle lumière phosphorique.
Exposé à l’air, il se résout en liqueur, c’est ce qu'on
appeloit autrefois huile de chaux.
L’énergie avec laquelle le muriate de chaux sec absorbe
l’humidité de l’air , l’a fait employer par Lavoisier pour
Muriate de Chaux.
1 3 5
-.dessécher les gaz, sur-lout lorsqu’il reformoit de l’eau avec
de gaz hydrogène et le gaz oxigèue. Cette substance peut
îtrés-bien remplacer la potasse caustique.
Le muriate de chaux se dissout dans le quart de son
kioids d’eau, c est un hygromètre fidèle qui absorbe vive-
(rnent l’humidité de l’air : ainsi on expose un poids
buelconque de muriate de chaux desséché dans un vo-
nume d’air déterminé , on voit qu’on en obtiendroit la
[counoissance du poids réel et effectif de l’eau que pourrait
(«contenir l’air.
Ce que nous venons de dire, prouve que ce sel a une
•très-grande affinité avec l’eau , mais il ne se cristallise
que difficilement. Cependant, par une évaporation con-
venable ( 24 degrés à l’aréomètre de Mossj ) , sa solu-
tion fournit des cristaux dont la forme est celle d’un
•prisme à six pans égaux, avec des pyramides à six faces.
Lorsqu on a beaucoup rapproché la solution du mu-
viate calcaire, elle se refroidit sans se cristalliser , si elle
rst dans un repos absolu -, mais si l’on vient à l’agiter tout
u coup, elle se prend- en une masse solide et dure comme
de la pierre , d où il se dégage une grande quantité de
(calorique.
MM. Guy ton , F 'ourcroy et Vauquelin ont fait quel-
ques expériences sur la congélation de différens liquides
• par un froid artificiel.
Ils ont vu qu’une partie de muriate de chaux cristallisé
et deux parties de neige, firent descendre le thermomètre
de Rcaumur e n se liquéfiant, à 34 — o.
Huit parties de muriate de chaux et six parties de neige
i mêlées dans un vase de verre , ont donné — o.
8^5,1 H S1’- ( 27 onces ) de muriate de chaux cristallisé
1 36 Muriate de Chaux.
et 560,296 gr. (18 onces ) de neige , le thermomètre des-
cend à 38 — o.
Un autre mélange de 246,676 gr. ( 8 onces ) de murLte
de chaux, i83,432 gr. ( 6 onces ) de neige, formé dans
un yase de verre et placé dans le premier mélange fondu,
si on y plonge un thermomètre , on obtient 43 — o de
froîcl. v
Les acides sulfurique , nitrique, décomposent aussi le
muriate de chaux en s’emparant de sa base.
L’acide phosphorique décompose aussi ce sel, mais en
partie, ou jusqu’à ce qu’il ait formé du phosphate acide
de chaux , par la voie humide, et complètement par la voie
sèche.
Nous verrons aussi que les acides oxalique et tartarique
décomposent ce sel.
La barite , la strontiane , la potasse et la soude décomposent
le muriate de chaux , parce qu’ils ont avec l’acide muriatique
plus d’affinité que cette terre. Quand la potasse ou la
soude dissoute sont versées dans une dissolution très-saturée
de muriate de chaux, la chaux s’en dépose si abondamment
que la liqueur devient épaisse -, c’est ce qu’on uommoit
miracle chimique. C’est encore un exemple de deux
liquides qui forment par leur mélange , un solide.
L’ammoniaque ne le décompose en aucune manière 1
lorsqu’elle est bien pure. Si elle se trouve mêlée d acide
carbonique , alors il y aura double affinité , et il se for-
mera du carbonate de chaux.
Tous les sulfates , excepté celui de chaux , avec le
muriate calcaire , éprouvent réciproquement des décom- i
positions ; il se forme dans toutes ces circonstances du
sulfate de chaux , et des muiiates différons, suivant la
Muriate cC Ammoniaque. 1 3 7
«nature des sulfates employés. Quelques phosphates, fluates,
r borates et carbortntes, sur-tout alcalins, décomposent aussi
• le muriate calcaire.
Le muriate de chaux n’est d usage qu’en médecine ;
m. Füurcr'oy l’a proposé comme un fondant très-actif : il
*se dissout dans son poids d’alcool , ce qui donne une
^grande facilité pour le séparer des autres sels auxquels
! il est mêlé. Ce sel , ainsi dissous dans l’alcool , brûle avec
une flamme d’un beau rouge ; il faut avoir soin d’agiter
pendant l'inflammation -, plus la liqueur s épaissit , plus
1 elle rougit.
§• ci.
Muriate d' Ammoniaque .
Ce sel a été nommé par les anciens , sel ammoniac ,
•parce qu’on le retiroit de l’Ammonie , contrée de la Lybie
:où étoit situé le temple de Jupiter-Ammon.
Ce sel existe en petite quantité dans la nature , aux
•environs des volcans , au Vésuve , vers l’Elna , et inêtâe
•au Vivarais , où il se présente sous différentes couleurs-,
jisavoir le gris , le noirâtre, le rouge, le vert, etc. : mais
I d est impur, combiné ordinairement avec de l’arsenic
et du fer.
D après Wallerius , on le trouve en Perse, dans le
1 urquestan -, il est mêlé avec de la terre, ou en efflo-
rescence sur des- rochers ; en Bucharie , sur des roches
schisteuses-, en Sibé ie , dans le territoire d’Orenbourg.
Il esl quelquefois en dissolution dans les eaux de cer-
.tams lacs de toscane ; il existe aussi dans quelques
i38
Muriate ci Ammoniaque.
montagnes de la Tartarie et duThibet; dans les cavernes
ou grottes de Solfatarre , près de Pouzzole, etc.
Le muriate d’ammoniaque du commerce est le pro-
duit de Tait -, c’est particulièrement en Egypte qu on
fabrique cette substance saline, avec les excrémens des
animaux ruminans qui se nourrissent des plantes salées.
Pour cela , on ramasse la fiente de bœufs , de chameaux,
et de plusieurs autres animaux -, on la fait dessécher en i
rappliquant à la surface des murs , et on la brûle en- |
suite dans les foyers ‘domestiques pour se chauffer.
La suie qui résulte de la combustion de ces matières
est recueillie avec soin , et on la met dans de grands :
ballons de verre, d’environ io à 12 pouces de diamètre ,
lûtes avec le limon du Nil , et terminés par un col d un
pouce de long sur 2 de large. Ou les expose sur une |
galère couverte d’une voûte à l’action d’un feu assez vif,
que l’on continue pendant soixante-douze heures. Le feu, 1
qui est alimenté avec la fiente desséchée, doit être gradué i
avec beaucoup de soin. Lorsque la sublimation est coin- j
mencée , on a 1 attention d introduire de teins en tems 1
un fil de fer , pour empêcher que le col du matras né i
s’obstrue. Le sel ammoniac s’élève à la partie supérieure |
du ballon , où il s’attache et prend la forme d une demi- :
sphère creuse ; les matières charbonneuses et fuligineuses 1
restent au fond , parce qu’elles 11e sont pas volatiles ;
il y a cependant toujours un peu d’huile empyreuma-
tique à moitié décomposée, qui se volatilise aussi, cl
qui colore les pains de sel ammoniac par la partie supé-
rieure.
Il s’est élevé plusieurs manufactures dans lesquelles
on fabrique le sel ammoniac de toutes pièces, en dis-
DÏuriate dJ Ammoniaque. 1 3;)
tillant toutes sortes de matières animales dans des espèces
de fourneaux qui font l'office de grandes cornues , et en
mêlant le produit aqueux , chargé de carbonate d'ammo-
niaque, avec des eaux-mères des saiines des départemens
■le la Meurthe , du Jura , du Mont-Blanc, etc. , qui
ontiennent des muriates de chaux et de magnésie. Ces
:els sont décomposés par le carbonate d’ammoniaque ,
laide dune double attraction, dans laquelle lacide
muriatique s’unit à l alcali volatil , et l’acide carbonique
i la chaux et à la magnésie. Ces deux dernières coin-
nnaisous étant insolubles , se précipitent , et le muriate
1 ammoniaque reste dans la liqueur : on fait évaporer
■elle-ci jus qu’à siccité ; on sublime ensuite le sel dans
les vases de terre , qui, en s’ouvrant en deux parties,
militent 1 extraction de la matière, et peuvent servir à
lusieurs opérations.
Dans la Belgique et quelques cantons d’Allemagne , on
\brique le sel ammoniac en brûlant un mélange de charbon
■e terre , de suie, d argile et de muriate de soude. On dis-
mut du sel marin dans une quautité suffisante d’eau, et
n forme du tout des briques ovales de 6 pouces de
►>ng , larges de 3 pouces 8 lignes, épaisses de 2 lignes.
On brûle à la fois i5 à 18 briques avec des os qu’on
1 iterpose entre les briques , dans un petit foyer qui
ommimique , par une petite ouverture de 2 pouces de
iamètre placée à la hauteur de la partie du fourneau ,
ans une chambre oblongue et voûtée. J^a suie qui s’est
xce sur la voûte et les parois de la chambre, est lé-
ere et riche en sel. On sublime dans des caisses de
erre.
MM. Leblanc et Dizé , dans leurs manufactures à Saint-
\\o Murialc d’ Ammoniaque.
Denis , combinoient directement l’acide muriatique , retire i
du sel marin par l’acide sulfurique, avec le produit des
matières animales distillées dans des tuyaux de fonte.
Baume a aussi préparé pendant longteras ce sel ; il I
se servoit de matières animales.
Dans les laboratoires de chimie , on prépare ce sel
en mêlant directement de l acide muriatique avec de
l’ammoniaque ; mais il faut avoir soin de mettre excès
d’ammoniaque : on fait évaporer à une douce chaleur ^
et on fait cristalliser.
On fait maintenant en France, et à peu de frais, du
muriate d’ammoniaque.
C’est à MM. Pluvinet et Bourlier que nous devons
le procédé que l’on suit aujourd’hui.
On met des matières animales , des os, des chiffons
de laine, dans de grands tuyaux de fonte de fer qui
traversent des fourneaux; ces cylindres sont fermés par
une extrémité, et par l’autre se dégage le gaz ammoniacal,^
qui est conduit par des tuyaux dans des cuves pleines
d’eau. Ce produit est composé dhuile animale et de
carbonate d’ammoniaque liquide. On sépare avec soin
l’huile qui surnage ; on filtre ensuite le carbonate d’am-
moniaque à travers une couche de sulfate de chaux cal-
ciné et broyé : celle couche est disposée sur nue toile
bien tendue'; ou renouvelle trois fois la filtration, pour
que la décomposition soit complète, et pour qne la li-
queur ne contienne plus que du sulfate d’ammoniaque.
Dans quelques fabriques, on reçoit le produit liquide
dons des cuves dans lesquelles pn a délayé le sulfate
de chaux avec de l’acide sulfurique très-étendu d’eau,
jusqu’à consistance de bouillie claire; il se précipite du
Muriate (V Ammoniaque. 41
carbouate de chaux. On décompose ensuite le sulfate
I d'ammoniaque par le muriate de soude, à l'aide de IV:-
bullilion , qui forme du muriate d’ammoniaque et du
isulfate de soude -, on Jes sépare en cristallisant et subli-
mant. Lo muriate dammoniaque se sublime ; on y ajoute
.quelquefois un peu de suie pour noircir les pains, lors-
qu’on veut l’employer pour décaper les métaux ou pour
•souder : celui qui u’est pas noir n’est pas estimé de ceux
qui s’en servent à cet usage.
Ce sel a une saveur piquante , âcre, huileuse et am-
moniacale.
Il est légèrement ductile ; il est flexible à la main ;
il s applatit lorsqu’on le presse , et cède au choc du
.marteau : de là vient qu’il est très-difficile à piler. Sa
«pesanteur spécifique est à celle de l’eau dans le rapport
kle 453 o à 10000.
*
Le calorique ne le décompose pas, mais il le réduit en
vapeurs.
Ce sel contient, comme tous les sels ammoniacaux,
un peu d’huile -, voilà pourquoi il noircit en le chauf-
fant. Une partie de t’1 luile se carbonise.
Si on le jette sur des charbons , il se volatilise promp-’
temeut en fumées blanches ; et si on y applique un vase
renversé , il se tapisse de poussière blanche 5 c’est du
muriate d’ammoniaqiu .
Lorsqu on opère en grand, il faut avoir un matras à
long col , et boucher le bout avec du
papier , pour n eu.
■pas perdre.
Cj unie ee sel est tres-voiatil , on emploie ce moyen
[ > puiifier. Lmnii a dit qu’on peut opérer cette
sublimation dans des vase» qu’il appelle circulaires, c’esL-
t
3 4a Muriate et Ammoniaque.
à-dire , coupés tout autour, ou bien dans des vases s ou-
vrant comme des boîtes à savonnettes.
Ce sel n’est point altéré par 1 air.
11 demande 3 parties et demie d’eau à la température de I
10 degrés Réaumur pour se dissoudre. L'eau bouillante
en dissout poids égal , de manière qu elle en dépose une
grande quantité par le refroidissement.
Mélé avec la glace, il produit un froid considérable.
Sa forme est celle d’un prisme à quatre pans, terminé
par des pyramides à quatre faces.
Quelques acides, et spécialement l’acide sulfurique,
décomposent ce sel -, il résulte de l’acide muriatique et du
sulfate d’ammoniaque. .
Mêlé avec l’acide nitrique , il forme une espèce d’eau
régale qui dissout bien l'or.
Le muriate d’ammoniaque est décomposé parla bante, ;
la strontiane , la cliaux. La magnésie ne décompose qu’à
moitié ce sel, à froid-, il se forme un sel triple : quand j
on emploie l’action du calorique , la décomposition est
totale.
C’est avec la chaux qu’on décompose le muriate d am-
moniaque , pour en obtenir l’ammoniaque.
Pour faire celte opération , l’on prend ordinairement !
une partie et demie de chaux vive et une de muriate
d ammoniaque , quelquefois parties égales; on pulvérise j
la cbaux et le muriate séparément; on les mélangé ; en-
suite on introduit le tout dans une bonne cornue de grès |
qu’on a eu soin de bien luter avec (Je la terre jaune : ou
saupoudre la surface du mélange d’une couche de chaux ;
pulvérisée , qui empêche que le muriate d’ammoniaque j
ne passe çhuis le récipient; ou place la cornue dans uni
Mu riate d’ Ammoniaque. , ^3
fourneau de réverbère ; on y adapte une alonge qui
•communique à un ballon tubulé , auquel on adapte un
itube recourbé, dont l’extrémité plonge dans un flacon à
trois tubulures : de la deuxième tubulure part un autre
ube que l’on fait communiquer à un autre flacon : si
leux ne sulliseut pas, on peut en mettre un troisième,
i l faut avoir soin clc placer des tubes de sûreté dans une
les tubulures de chaque flacon , et de verser dans les
laçons autant d’eau distillée qu’on a employé de mu-
date cl ammoniaque. Quand l’appareil est bien luté , on
commence à chauffer très-cloucement , se guidant sur le
legagemeut de l’ammoniaque , diminuant le feu s’il est
rbp fort , I augmentant s il est trop foible.
On trouve dans l’allonge ou dans le ballon de l’eau
provenant du muriate d’ammoniaque; elle est chargée
ammoniaque impure, parce quil y a toujours un peu
e muriate d ammoniaque de volatilisé; dans le deuxième
tcon est 1 ammoniaque liquide, qu’on appeloit autrefois
leali volatil fluor.
L acicle muriatique reste dans la cornue uni à la chaux,
i 1 ou chauffe fortement ce muriate de chaux, il se vi-
ifie et acquiert la propriété phosphorescente , d’où lui
!ent le nom de phosphore de Humberg , parce que,
,Jtte dans l’obscurité, il répand des traces de lumière
’ sez VlVe , qui sont ducs probablement à une grande
xpression du calorique.
C.Jl j 1
1 na pas été assez chauffé , c’est un simple mélange
llale de chaux avec excès de chaux , qui , exposé
ans un lieu humide , se fond en partie, et se réduit eu
| 1 lu 1 pais et doux au toucher; ce qui lui a valu.
1 dénomination à' huile de chaux.
Muriate de Magnésie.
La chaux en poudre, et triturée avec le muriate d’am- j
moniaque , dégage aussi du gaz ammoniaque.
La potasse et la soude décomposent le muriate am-
moniacal, comme fait la chaux, et en dégagent de meme j
l’ammoniaque pure et sous forme de gaz.
Parmi les sels, quelques sulfates, phosphates , fluates ,
borates et carbonates , ont la propriété de décomposer le
muriate d’ammoniaque.
Les proportions de ces principes sont, d’après Kirwan: |
Ammoniaque, z5 ; acide muriatique, 4^,7 5 i eau>
Ce sel est très-utile dans les arts.
Il sert en teinture pour aviver certaines couleurs;
pour étamer les métaux, dont il décape la surface et
l'empèche de s’oxider : on l’emploie en docimasie, pour
reconnoître la présence du fer dans les minéraux , parce
quil en favorise la sublimation; enfin, il est très-usité
eu médecine , pour la préparation des médicameus, tant
externes qu’internes.
§• lii.
Muriate de Magnésie.
On trouve souvent ce sel en solution dans les eaux f
On le prépare en mêlant directement de la magnésie
avec de l’acide muriatique, jusqu’au point de saturation
un filtre et l’on évapore.
6a saveur est amère , acre , piquante.
Muriate de Magnésie.
i45
Il est décomposé par la chaleur qui en chasse l’acide '
it la magnésie reste pure.
11 attire l’humidité de l’air, et se résout en une sorte
te bouillie ou d’huile très-douce à la peau.
Sa solution dans l’eau cristallise difficilement ; quel-
quefois il est en lames ou en prismes tétraèdres ; mais
; plus souvent ce sel est mou, et n’offre que rarement
-es formes régulières.
Il se dissout dans son poids d’eau. Il est également
bluble dans l’alcool.
Lorsque ce sel est pur et bien cristallisé , il donne
u froid en se dissolvant dans l’eau ; mais s’il a été des-
éché , il produit un effet contraire. Ces deux propriétés
»nt communes à tous les sels qui absorbent beaucoup
:eau pour se cristalliser-, et l’on en voit facilement la
ison, en considérant l’eau qu’ils solidifient.
Les acides sulfurique et nitrique décomposent le mu-
ate de magnésie.
Pour opérer ces décompositions, il faut distiller dans
«e cornue de verre un mélange d’une partie de cet
,lde et de deux parties de muriate de magnésie. L’a-
le de ce dernier se volatilise, tandis que les deux autres
«us pmssans se combinent avec la magnésie, et forment
J sulfate ou du nitrate magnésien.
Avec l’acide nitrique, on obtient de l’acide muriatique
■acique en dégage l’acide muriatique par la
ane et les alcalis décomposent lo
»i ies alcalis sont bien caustiques ,
2.
ï4.6 Muriate avvnoniaco-magnésicn.
Les alcalis en excès ne dissolvent pas la magnésie, ;
comme ils le font par l’alumine -, ce qui donne un très-
bon moyen de séparer ces deux terres, lorsqu'elles se
trouvent réunies dans quelques dissolutions.
L’ammoniaque n*en opère pas la décomposition corn- J
plète , parce qu’il se forme une espèce de sel triple,;
muriate ammoniaco-magnésien, cristallisable avec la portion j
subsistante de muriate magnésien.
Le muriate magnésien décompose les sulfates et nitrates, 1
à bases d’alcalis fixes et d’ammoniaque , par la voie de.j
doubles affinités -, mais , pour s’assurer de ces décompo- ;
sitions, il faut évaporer du mêler avec l’alcool , les
solutions de ces sels , versées sur la solution M
muriate de magnésie , parce que les matières salines
nouvelles qui en résultent , restent en solution dans:
la liqueur aqueuse , après le mélange. I
Le muriate de magnésie est très-soluble dans 1 alcool
et brûle avec une flamme jaunâtre , qui rougit sur la fini
de l’opération.
Les proportions de ce sel , d’après Bergrnann , sont .
magnésie, 4i ; acide muriatique , 34', eau, *5.
Le muriate de magnésie n’est presque d aucun usage
§• LUI
Muriate ammoniaco-magnésien .
Bergrnann a le premier indiqué cette combinaison triple
et M- Fourcroy l’a fait conuoître plus positivement. L-
muriate ammoniaco-magnésienest susceptible de cristallisa
en petits polyèdres qui se séparent très-vite de l’eau. ?
Muriate de Glucine.
II a une saveur amère et ammoniacale à la fois.
Ou le prépare de trois manières différentes. La pre-
mière consiste à mêler des solutions de muriate de
magnésie et de muriate d’ammoniaque; on voit se déposer
?e sel triple en petits cristaux. La seconde appartient à
a demi -décomposition du muriate d’ammoniaque par la
magnésie à froid, et par l’agitation de la solution de
îe sel avec cette terre; et la troisième , a celle du muriate
te magnésie par l ammoniaque. Suivant M. Fourcroy , le
premier procédé est le plus certain , et donne le sel le
dus pur.
Ce sel triple se décompose au feu , Je muriate d’ammo-
niaque s’en volatilise, et celui de magnésie perd son acide.
1 est peu altérable à I air. L’eau froide ie dissout à la
ose de 6 à 7 parties sur une ; l’eau chaude en dissout
-avantage. Les acides le décomposent à la manière des
mtres muriales. La barite , la potasse , la soude , la
rtontiane et la chaux en précipitent complètement la
magnésie , et en dégagent entièrement l’ammoniaque sous
i forme de gaz. M. Fourcroy a trouvé , eu analysant
e se* ’ il œntenoit sur cent parties : muriate de ma-
nésie, ’jS ; muriate d’aimnouiaque , 27. Ce sel a est
•.aucun usage.
S- LIV.
Muriate de Glucine.
Ce sel a beaucoup de propriétés analogues h celles du
dtrale ( ï oyez ce sel ) : il n’en diffère, 1°. qu’en ce qu’il
e cristallise plus facilement ; cepeudaut ses distaux sont
i£8 Muriate d’ Alumine.
si petits, qu’il a été impossible à M. Vauquelin déni
reconnaître la forme -, 2°. que parce qu’il n’attire pas :
l’humidité de l’air.
Quoiqu’il ne soit pas déliquescent , il est assez abon-j
damment dissous par l’alcool, et cette solution etendue|
d’eau , forme une liqueur sucrée fort agréable. Ce sel est|
décomposé par toutes les bases précédentes. Ce sel nest,
encore d’aucun usage.
S- LV.
Muriate d’ Alumine.
Ce sel ne se trouve pas dans la nature.
On unit l’acide muriatique à l’alumine non calcinée *
mais il est difficile de saturer parfaitement l’acide.
On ne peut pas l’obtenir sous une forme régulière.
Il rougit le sirop de violette.
Sa saveur est styptique , comme 1 alun , acide et âcre.
Il gonfle les peaux : on croit même que les cuirs dt
Hongrie sont préparés avec du muriate d alumine , parc<
qu’on j emploie du muriate de soude et du sulfate d a-
lurnine -, de manière qu’il se forme une décompositioi
dans la trempe des peaux : dans ce mélange , 1 acide mu-
riatique du muriate de soude se porte sur 1 alumine , e
l’acide sulfurique du sulfate d’alumine, sur la soude ; et
sorte qu’il se forme du sulfate de soude, qui est soluble
et du muriate d’alumine qui s’interpose dans les cuirs, e
les conserve.
Le muriate d’alumine se décompose au feu -, l’alumim
reste pure.
Muriate de Zircone.
ï49
Il est très-déliquescent à l’air.
La solution de ce sel prend une couleur jaune par
•évaporation: elle fournit une masse gélatineuse , demi-
tfansparente , de la même couleur que la solution , et
iomme cornée , difficile à réduire en poudre.
Les substances terreuses et les alcalis décomposent ce
nuriate. La potasse et la soude ont la propriété de redis-
•oudre le précipité d’alumine, quand on met ces alcalis
m excès , propriété que n’a pas la magnésie. L’ammoniaque
e redissout pas le précipité.
Plusieurs acides décomposent ce sel , sur-tout l’acid«
idtrique et sulfurique : en général , l’alumine tient peu
ux acides.
s. l y ï.
Muriate de Zircone.
Lacide muriatique est celui qui s’unit le plus amè-
nent à la zircone , lorsqu’elle est divisée ou combinée
Yec l’acide carbonique -, mais elle refuse absolument de
ormer cette unio» , si on la fait rougir , même légèrement :
est donc important de ne pas dessécher celte terre à
-ne forte chaleur , lorsqu’on veut la combiner avec les
teides.
Le muriate de zircone n’a point de couleur; sa saveur
i:st astringente.
Le calorique le décompose , il en chasse l’acide.
Il forme des grumeaux dans la bouche , en se décom-
posant par la salive.
Ce sel perd sa transparence à l’air , eu perdant una
oartie de son eau de cristallisation.
i5o Muriale de Zircone.
Une dissolution de gaz hydrogène sulfure dans 1 eau
mêlée à une solution de muriate de zircone , tenant i
du fer , en trouble la transparence , et lui donne une
couleur rougeâtre , mais n’y occasionne pas de véritable
précipité.
L’hydro-sulfure d’ammoniaque précipite sur-le-champ
ce sel en un très beau vert , qui paroit noir lorsqu il est
sec; ce précipité, exposé sur les charbons ardens , répand
une odeur de gaz hydrogène sulfuré , et devient d un bleu
légèrement purpurin par la pulvérisation; tandis qu avant
d’avoir été chauffé , il donne une poudre d’un gns de
perle : cette couleur est due à l’oxide de fer combiné:
à la zircone.
Ce sel jouit d’une solubilité assez grande; il se dis-
sout également dans l’alcool, à la flamme duquel il nt
communique pas de couleur particulière. /
La solution de ce sel fournit, par une évaporatior
ménagée, de petites aiguilles transparentes , dont la forme
est très-difficile à déterminer.
Lorsque le muriate de zircone contient encore quelque
portions de silice, il donne des cristaux cubiques, qui sofii
sans consistance , et ressemblent à une gelée. Ces cristaul
cubiques, exposés à l’air, perdent peu-a-peu leur trans
parence, et diminuent de volume; il se forme, dans 11
masse même de ce sel , des aiguilles blanches et soyeuses:
qui sortent au-dehors des cubes où elles out pris naissanc.
Une lame de zinc, mise dans une solution de mu
riate de zircone, donne naissance à une légère efferves
cence , due à du gaz hydrogène ; la liqueur devient la
teuse , et se prend en gelée blanche , demi-transparen'
au bout de quelques jours.
Muriate de Zircone. î5i
Les snbstances terreuses décomposent, ce sel , ainsi que
ses alcalis.
L’alumine pure le décompose , à l’aide d’une légère
ilialeur ; l’alumine se dissout , la liqueur devient laiteuse,
it se prend en gelée par le refroidissement. Lorsque le
Buuiate de zircone contient du fer, il reste en dissolution
ivec l’alumine ; et la zircone , qui a été précipitée par ce
îioyen , ne contient plus sensiblement de ce métal ; c’est
<ionc un moyen simple et facile de dépouiller cette terre
lu fer qui l accompagne dans les hyacinthes , et qui y lient
avec beaucoup de force.
L’affinité de la zircone pour \|’acide muriatique suit
•te même ordre que pour l’acide nitrique , relativement aux
tolcalis et aux terres.
Le muriate de zircoue est décomposé, i°. par 1 acide
■sulfurique -, une partie du sultate de zircone forme se
nrécipite sous la forme de flocons blancs , très-pesans , et
une autre portion est retenue en solution par 1 acide
muriatique: mais, à l’aide de la chaleur , cet acide se
llissipant , le reste du sulfate de zircone se dépose à
mesure ; et si l’on arrête l’évaporation de la liqueur avant
jrju’elle ne soit réduite à siccite , elle se prend en une
■espèce de gelée par le refroidissement. Le sulfate de
zircone est donc soluble dans 1 acide muriatique , so-
lubilité qui est encore augmentée par l’intermède du
calorique.
2°. Les acides phosphorique, citrique , tartarique , oxa-
lique, sachlactique , décomposent le muriate de zircone ,
i forment avec sa base des composés insolubles , qui sc
;j précipitent en flocons blancs.
3°. L acide galliquc précipite le muriate de zircone en
’ï 5 2 Muriaies oxigénés \ mu ri aie s mr-ôxîg. ; etc*.
line ùiatière blanche , et en vert grisâtre , si elle contient
«lu fer ; et le dépôt qu’il forme dans ce dernier cas , de- :
vient, en se séchant, d'un noir luisant, qui a le même j
aspect que l’encre de la Chine. La liqueur, au milieu de
laquelle les gallates de zi rcone et de fer ont été formés,
conserve une couleur verdâtre; et, quoique de nouvelles
quantités d’acide gallique n’y occasionnent plus de pré-
cipitation , le carbonate d’ammoniaque en sépare une mar
tière floconneuse très-abondante , qui a une couleur pur- i
purine , à-peu-près semblable à celle de la lie de vin.
On voit, d’après ces expériences, que l'acide gallique
a plus d’affinité avec la zircone que l’acide muriatique , et j
que les gallates de zircone et de fer sont solubles dan$ i
l’acide muriatique , puisqu’il en est resté une partie ea
solution dans la liqueur qui a été séparée par le car- !
bonatc d’ammoniaque.
§. L V 1 1.
Mariâtes oxigénés et mariais s sur-oxigénés terreux
et alcalins.
Caractères génériques de ces sels.
Les muriafes oxigénés et sur-oxigénés résultent des !
combinaisons de l’acide muriatique oxigéné et sur-oxigéné j
avçc les différentes bases. Tous ces sels sont le produit i
de l’art.
On obtient ces sels en faisant passer un courant de gaz i
acide muriatique oxigéné dans de l'eau distillée dans |
laquelle on a dissous ou délayé les base s alcalines et ter-
» 1 « '*
Muriates oxigénés , muriates sur-oxig. ] etc. 1 53
•reuses , soit dans leur état de pureté , soit combinées avec
9 acide carbonique.
Dans cette opération on obtient trois sortes de sels , les
muriates oxigénés , les muriates simples et les mariâtes
rur-oxigénés -, les deux derniers ne se forment que. lorsque
acide muriatique oxigéné acquiert un certain degré de
concentration •, alors une partie de 1 acide se sur-oxigene
iux dépens d’une autre qui repasse a 1 état d acide muria-
ique simple , phénomène qui détermine une affinité
crédisposante ; ce muriate sur-oxigene se forme , et il reste
dans la liqueur le muriate simple et le muriate oxigén é
car une grande partie de l’acide muriatique oxigene reste
En combinaison sans éprouver de décomposition. M. 67m-
*ievix a publié des observations très-intéressantes sur les
muriates oxigénés et sur-oxigénés. Ce chimiste prétend
que le muriate sur-oxigéné se forme aussitôt que la po-
sasse entre en combinaison -, de sorte que , selon lui ,
acide muriatique oxigéné ue reste pas dans cet état lors-
qu’il se combine avec la potasse , ou du moins il n’en reste
qu’une si petite partie , qu’il ne lui attribue aucune pro-
oriété sensible. M. Bertholiet , au contraire , pense
que, quoiqu’il puisse se former un peu de muriate sur-
jxigéné de potasse , dès le commencement de l’opéra-
tion, lorsque la dissolution de la potasse a une certaine
concentration, ce n’est, cependant, que lorsque l’acide
mi-même est parvenu à une grande condensation , qu il
subit , pour la plus grande partie , le changement d’a-
cide muriatique oxigéné , en acide sur-oxigéné ; que ce
changement continue avec lenteur , même lorsque le
iquide ne reçoit plus d’acide muriatique oxigéné , et
qu enfin les proportions de celui qui subit ce change-
î 54 Muriatcs oxigénés , mimâtes sur-oxig. , etc.
ment peuvent varier considérablement par differentes
circonstances.
II se fait donc , lorsque l’acide muriatique oxigéné est
reçu dans une solution de potasse, differens cbangemens J
qui varient selon les circonstances , et qui par conséquent |
ne peuvent être indiqués que d’une manière générale »
une partie de l’acide muriatique oxigéné se change en
su r-oxigéné par l’accumulation de l’oxigène , qui abandonne |
une portion correspondante d'acide muriatique \ cette
dernière portion se trouve par là dans l’état de muriate
de potasse.
En même tems , une partie d’acide muriatique oxigéné
se condense sans éprouver, par une combinaison plusfoible:
que les précédentes , d’autre changement que celui qui
dépend d’une grande condensation -, une portion de la.
potasse paroît correspondre à cette combinaison, et ce
n’est que par un intervalle de tems assez long que 1 acide
muriatique oxigéné subit tout le changement dù au trans-
port de l’oxigène ; mais il s’établit enfin un équilibre des
forces , et une portion de l’acide muriatique oxigené résiste
à une décomposition ultérieure. ( Berlhoilet. )
Trois propriétés distinguent et caractérisent les mu ris tes
oxigénés. i°. Leur décomposition par la lumière et le calo-
rique, qui en dégagent du gaz oxigène, et qui dans 1 état
d acide muriatique oxigéné altère et détruit beaucoup
de couleurs, ce qui indique que pour conserver cet
acide, 011 doit le mettre à 1 abri du contact de la lumière.
2°. Leur utilité dans l’art du blanchiment. 3°. Enfin
l’impossibilité de les examiner en particulier, attendu
qu’il 11’existe aucun moyen de séparer les muriates oxi-
génes des sur-oxigéués sans les décomposer.
Muriâke sur-oxigéné de Potasse. l55
Tons les muriates sur-oxigénés , jettes sur les charbons,
brûlent avec flamme accompagnée d un léger bruit ; chauffes
idans une cornue, ils se fondent et passent a 1 état de
muriates en abandonnant une grande quantité de gaz oxi-
Cgène parfaitement pur.
Mêlés avec les corps combustibles et exposés a une
température convenable,* ils les enflamment-, et quoique
zcette propriété les rapproche des nitrates , non-scule-
imeut l’énergie de l’inflammation , même par la simple
percussion , mais encor le résidu qui offre tous les carac-
tères des muriates , suffisent pour distinguer ces genres
I de sels.
Tous les muriates sur-oxigénés sont solubles dans 1 eau-,
: beaucoup se dissolvent dans l’alcool, et quelques-uns sont
i déliquescens. Les acides sulfurique, nitrique et muria-
1 tique les décomposent à une légère température.
Les muriates sur-oxigénés convertissent , a 1 aide du
calorique, les sulfites et phospbites en sulfates et phos-
phates; et, selon M. Chenevix , l altraclion des bases pour
l’acide est dans l’ordre suivant : muriates snr-oxigéués d“
potasse, de soude, de barile, de strontiane , de chaux,
d ammoniaque , de magnésie, d alumine et de silice.
Ç. LVilL
Muriate sur-oxigénc de Potasse.
Ce sel , dont la découverte est due à M. Berlhollet , se
prépare en faisant passer dans une solution de potasse
caustique , ou combiuée à l’acide carbonique , du gaz acide
muriatique oxigéné.
1 56 Muriate sur-oxigènè de Potasse .
L'appareil dont on se sert pour cette opération , est Id
même que pour 1 acide muriatique oxigéné , à cette diffé-
rence que dans les flacons de JP oulf , au lieu d eau , on.
met une solution de potasse, ou toute autre base dis-
soute ou délayée dans l’eau. C’est ainsi que par le mêmç
appareil on peut préparer plusieurs muriates sur-oxigénés
à la fois. La meilleure proportion à garder entre l’eau et
la potasse , c’est six parties de la première , et une de la
dernière.
Comme le muriate sur-oxigéné de potasse n’est pas , à |
beaucoup près , aussi soluble que la potasse , dès qu’il
s’en est formé une certaine quantité , il cristallise au j
milieu de la liqueur , sous la forme de paillettes bril- j
lantes , dont la quantité augmente à mesure que la satu- i
ration se fait. Cette conjecture de M. Berthollet a été j
constatée par les ‘expériences de M. Chenevix de la ma- |
nière la plus satisfaisante , dans un mémoire inséré, j
Journal de physique , tome 60. Le travail de ce savant
chimiste anglais nous donnera les faits pour établir les
’jaractères de ce genre de sels.
Il paroît qn’il faut beaucoup d’oxigène à l’acide muria-
tique oxigéné pour le sur-oxigéner ; car on trouve dans le |
flacon plus de muriate de potasse que de muriate sur- !
oxigéné : quand la potasse est bien concentrée , il se pré- j
cipile des petites lamelles de muriate sur-oxigene.
La solubilité de ces sels étant très - différente dans,
l’eau froide, leur séparation devient facile fie muriate
de potasse est beaucoup plus soluble que le muriate sur-
oxigéné -, celui-ci est. soluble dans 16 parties d’eau froide
et; 2 parties d’eau bouillante-, il suffit de ramasser le
sel qui s’est cristallisé pendant l’opération , de le dissoudre
Muriate sur-oxigéné de Potasse. i5j
Jans la quantité d’eau bouillante nécessaire, de filtrer la
solution pour en séparer une petite quantité de terre qui
existe dans la potasse commune, et de la laisser refroidir;
Le muriate sur-oxigéné se dépose sous la forme de lames
Brillantes. Pour l’obtenir sec , on décante la liqueur surna-
geante, on le laisse égoutter et on le fait sécher ensuite
ur des papiers-brouillards. Comme le muriate sur-oxigéné
le potasse est peu soluble dans l eau froide , il eu reste
N)eu en solution dans les eaux-mères •, cependant , si on
*?eut le recueillir entièrement , on y parvient en rédui-
sant la liqueur par l’ébullition , et eu la laissant re-
roidir.
Ce sel prend ordinairement la forme de lames carrées
rès-minces : quelquefois il se présente sous celle d’uu
aarallélipipède.
Sa saveur est fraîche et piquante comme celle du sal-
pêtre : il fuse sur les charbons allâmes à la manière de ce
lernier, cependant avec plus de vélocité , et en répandant
me flamme plus vive. Broyé sur un porphyre , ou dans ou
mortier de marbre avec un pilon de bois , il pétille et lance
les étincelles.
Distillé dans une cornue , il se décompose assez facile-
ment, et donne, à une chaleur médiocre , après sa fusiou,
lu gaz oxigène bien pur.
Cent parties de ce sel donnent environ o,38 de son poids
de gaz oxigène.
La chaleur modérée, à laquelle ’oxigéne quitte le mu-
iate sur-oxigéné de polassc , indique que ce principe n’y
(adhère pas très-fortement. , ou qu’il relient dans sa com-
maaisou uue grande qu ut.. g de calorijue ; ce que seul-
i58 Muriate sur-oxigènè de Potasse.
blent annoncer plusieurs faits où le muriate sur-oxigene est
décompé par les corps combustibles.
Ce sel est peu sensiblement altéré par l’air.
Si on le jette dans de l’acide sulfurique concentré, il
détonne , en faisant entendre un bruit sec -, il s'élance à une
grande distance du vase, et répaud une lumière rouge
très-foncée. Si l’on verse sur ce sel , préalablement mis
dans une cornue tubulée, munie d’un récipient convenable
et posée sur un bain de sable , de l’acide sulfurique par
un tube recourbé en 5, il se fait une décrépitation vio-
lente. Il se dégage une vapeur jaune-verdâtre , épaisse et
pesante. L’odeur a quelque analogie avec le gaz nitreux, j
et diffère beaucoup de celle du gaz acide muriatique oxi-
géné. Cette vapeur pesante peut être considérée comme i
l’acide muriatique sur-oxigéué , qui retient probablement i
un peu d’acide muriatique oxigéné. Pour obtenir cet acide ,
en assez grande quantité , M. Chenevix a placé la cornue
dans un bain-marie. Presqu’aussitôt que le feu fut allumé,
il vit un éclair blanc, rapide, suivi d’une détonnation J
violente. La cornue fut réduite en poussière , et les fe- ;
nôtres et les vases du laboratoire furent brisés. Vu le danger ;
qui accompagne celte opération , M. Chenevix a employé j
l’acide sulfurique étendu d’eau; mais dans ce cas, les i
résultats n’ont pas été plus heureux, il a obtenu de l acide I
muriatique oxigéné, et du gaz oxigène.
Avec l’acide nitrique concentré, il pétille et répand
quelques étincelles, mais sans explosion violente comme ;
dans le cas précédent. L’acide muriatique décompose ce
sel et s’unit à sa base , mais il ne produit pas de vapeurs i
jaunes, ni de liqueur orangée.
Mélangé , à la dose de trois parties , avec une de soufre,
Muriate sur-oxigéné de Potasse. i 5q
lit trituré dans un mortier de métal, il produit une suite
Mie détonnations très- fortes, qui ressemblent à des coups de
Iristolet, si l’on fait l’expérience seulement à la dose d’un
ranime.
Le même mélange détoune encore plus fortement sous
s choc du marteau : il s’entlamme dans lucide sulfu-
ique concentré , en répandant une lumière extrêmement
ive.
Un mélauge de trois parties de ce sel , d une denn-
dartie de soufre , et d’une demi-partie de charbon , pro-
luit les mêmes effets que le précédent , mais encore plus
iriolens. Quand ou veut le faire détonner avec le phos-
phore , il faut dissoudre celui-ci dans 1 huile volatile de
lérébenlhine -, lorsque la solution est un peu sèche ,
xi en fait une pâte avec le muriate sur-oxigéné -, il faut
ttendre, pour faire détonner, que la pète soit entièrement
lèche.
Plusieurs métaux très - combustibles , tels que le fer,
s-antimoine, le zinc, l’arsenic et les sulfures métalliques,
tiêlés avec deux parties de muriate oxigéné , détonnent
atssi avec flamme , par le choc ; mêlé avec l’arsenic et le
nélange projetté dans l’acide sulfurique , il se produit une
*amme blanche.
Beaucoup de matières végétales , telles que les huiles ,
e sucre , l’amidon , l’alcool , l’éther, la sciure de bois , etc.
Présentent les mêmes phénomènes. Tous ces mélanges
létonnent aussi par le choc électrique , ou par uue goutte
1 acide sulfurique, en produisant une flamme extrêmement
•'ive.
Ces expériences , dues à MM. Fourcroy et Fauquelin ,
•non veut que l’oxigène est beaucoup moins fortement
i6o Muriatc sur-oxigéné de Potasse.
attaché au tauriate sur-oxigéné de potasse, qui! ne lest
dans le nitrate de potasse, puisque ce sel ne produit pa*.
les mêmes phénomènes, avec les corps combustibles, traités
de la môme manière.
Il faut, Suivant M. Berthollet , pour que les detonna-
lions aient lieu par la percussion ou par 1 élévation de
température , qu’il y ait de l’oxigène condensé , et une
substance inflammable. Les conditions qui favorisent cet
effet , sont , i°. la foible adhérence de loxigène à la
base qui le tient côndensé; 2°. la forte tendance de la;
substance inflammable à se combiner avec loxigène ; 3°. la
grande quantité de calorique qui est exclue par la com-
binaison ; 4°. la volatilité dune combinaison.
D’après la facilité avec laquelle ce sel cède son oxigèné
aux corps combustibles , M. Berthollet fit plusieurs ten-
tatives pour en former une poudre plus forte que la poudre
a canon ordinaire. Ses essais réussirent ; mais il reconnut
bientôt que l’usage en deviendroit dangereux , tant est
grande rinflammation de cette matière :
On n’a pas encore examiné la manière d agir de ce sel
sur les autres sels précédemment examinés , si ce n est sur
les sulfites et phospliites , qu’il convertit en sulfates et en
phosphates , en brûlant même avec flamme le soufre exce-
dant des premiers , lorsqu’on le fait passer avec ces sels , à
travers un tube de terre rouge.
Cent parties de ce sel contiennent muriate de potasse ,
67 ; oxigène ,38.
Et d’après M. Chenevix : acide muriatique sur-oxigéné,
58,3 ; potasse, 39,o ; eau, 2,5.
L’usage de ce sel n’est pas encore très-étendu. On a
employé depuis peu sa solution dans l'eau avec quel-
i
■
Mimâtes sur-o xi gênés cle Soude , de Ëarite. IQl
ques succès , pour nettoyer le marbre blanc , et pour fairè
les alumettes soufrées qui s enflamment en les plongeant
flans l’acide sulfurique. Il sert aussi fréquemment dans
:es laboratoires pour en extraire le gaz oxigène très-pur.
S- LIX.
Muriate suv-oxigene de Soude.
Ce sel cristallise eu cubes, sa saveur est fraîche II
ht légèrement déliquescent , soluble dans trois' parties
^cau froide, et eu plus grande proportion dans l’eau
îaude , 1 alcool le dissout aussi.
C’est ce moyen que M. Chenevix a employé pour le
istalliser, en réitérant l’opération plusieurs fois , parce
ie le muriate de soude a aussi la propriété de se dis-
udre dans ce liquide. M. Berthollet a obtenu ce muriate
■ laissant la dissolution trés-rapprochée , exposée long-
es a l’air. Il paroît probable, dit ce chimiste, que la
«npérature de la congélation seroit propre à produire la
■paration des deux sels, en faisant varier leur solubilité
fpeclive.
Ce muriate présente les mêmes phénomènes que celui
potasse, avec les corps combustibles et les acides.
l\ C°ntieQt suivant M ChenevLx : acide, 66,2 ; soude
i eau , 4,2. 5
S- LX.
Muriate sur-oxigéné de Bciritc.
e muriate se dissout dans quatre parties d’eau froide ,
‘moins de chaude -, il cristallise de la même manière que
ïga Muriate sur-oxigcnê de Strontiane.
le muriate simple, et lai ressemble si fort en solubilité ,
que M. Chenevix n’a pu venir à bout de les séparer par
des cristallisations plusieurs fois répétées. Ce cumul a
employé pour toutes les combinaisons semblables des ases
terreuses , un moyen ingénieux : il a mis en digestion ans
les combinaisons liquides, du phosphate d’argent, qui
décompose le muriate de barite , ainsi qu’il s’en est assure ,
parce que d’unepart, l’acide phosphorique s umt «la barite,
e, d’autre part, l’argent s’unit à l’acide muriatique , deux
•combinaisons insolubles.
Le muriate sur-oxigéné de barite a toutes les propriétés
des muriates sur-oxigénés ; et à l’aide du calorique ou le
décompose par tous les acides. Les plus forts dégagent,
cet acide avec un éclair de lumière , plus fréquemment de.
muriates terreux oxigénés , que des alcalins.
Les proportions de ce sel sout : acide , 47>° » an e ’
4.2,2 ; eau 3 10,8.
§. L X I.
Muriate sur-oxigéné de Strontiane.
Les observations précédentes s’appliquent à la forma-
tion de ce sel , à la méthode de l’obtenir pur par le
moyen du phosphate d’argent, à la manière de se com-
porter avec les acides , au rang de son ac.de dans 1 ordre
des affinités , et i ses autres propriétés. Il est déliques-
cent, et plus soluhlo dans l'alcool que le muriate d,
strontiane. 11 fond dans la bouche immédiatement , et ;
produit une sensation de fraîcheur. Les cristaux preunen
la forme d’aiguilles.
IL est composé de : acide , 46 -, strontiane , ab -, eau afc
Muriate sur-oxigénè de Chaux.
*63
S LXII.
Muriate sur-oxigénè de Chaux.
Ou obtient ce set pur de la même manière que les
autres sels terreux. 11 est extrêmement déliquescent; il
se liquéfie à une petite chaleur par le moyen de son eau
de cristallisation , et il est très-soluble dans l'alcool II
produit beaucoup de froid , avec un goût amer et âpre dans
la bouche.
J’ajouterai à cet énoncé de M. Chenevix , les obser-
vations suivantes de M. Berthollet. La chaux , dit ce
célèbre chimiste , a une forte action sur l’acide muriatique
oxigene , elle en condense une grande quantité ; si l’on
distille cette combinaison , il s’en dégage beaucoup d’acide
muriatique oxigéné, et il ne s’en décompose qu’un peu
«ur la fin , de sorte qu’il passe alors une petite quantité
de gaz oxigène : le résidu qu’on n’a dù qu’amener à des-
sication , ne détruit plus les couleurs végétales -, mais il
scintille sur les charbons ardens, avec beaucoup moins de
vivacité , que ne le feroit un mélange analogue de mu-
riate oxigéné de potasse : il n’a pas détonné par la per-
cussion, après en avoir fait un mélange avec le soufre-
maiS Sl ,?ans cet état » on le pousse au feu dans une
cornue , il se boursoufle , et il s’en dégage beaucoup de
gaz oxigene -, ce qui fait voir qu’il s’étoit réellement formé
une proportion considérable de muriate sur - oxigéné -,
cependant , sein, dk foiblement sur les charbons ardens!
■ BerthoUet conjecture qne cette différence vient de co
qui ses ait une perte de calorique, plus grande que
dans les muriales .ur-oxijéné, de potasse et de soude :
1
x64 Muriate sur-oxigéné d’ Ammoniaque. '•
et en effet , lorsque l’on reçoit l’acide muriatique oxigéné j
dans la potasse et la soude , il ne se dégage pas sensible-
ment de chaleur-, mais avec la chaux, il )' a une Pro uc
tion de chaleur assez considérable ( Statique chimique ,
Le muriate sur-oxigéné de chaux est composé, d’apres :
JVT. Chenevix : acide , 55,2 -, chaux , 28,3 -, eau, i6,o.
:
§. LX1II.
Muriate sur-oxigéné d’ Ammoniaque.
M. Chenevix a produit cette combinaison , en décom-
posant un muriate sur-oxigéné, à base alcalino-terreuse,,
par le moyen du carbonate d’ammoniaque -, mais il n’a pu;
l’isoler. M. Berthollet pense que l’on peut conserver quel-i
ques doutes sur l’état dans lequel se trou voient les sub,
stances -, l’acide muriatique a pu retenir une portion de
la base , pour former une combinaison triple qui servoit r
maintenir l’ammoniaque. Il
Ce sel est très-soluble dans l’eau et l’alcool. 11 se de-
composa à une température très-basse, et donne quanta, <
de gaz avec une odeur d’acide mnriat.que sur-ox,gene.
M. Chenevix n’a pu établir les proportions des prrn ,
cipes de .ce sel.
/
s- LXIV-
Muriate sur-oxigéné de Magnésie.
Ce muriate se prépare comme celui de cbaox. Cett ]
terre alcaline et l’ammoniaque forment un précipite darl
sa dissolution.
Muriatcs sur-oxig. de Magnésie , d’ Alumine, j G 5
Ses proportions sont : acide , 60 -, magnésie , ;
eau, i4,3.
§. l x y.
Muricite sur-oxigéné cl’ Alumine.
Pour préparer ce sel , M. Chenevix délaya dans" de'
l’eau , de l’alumine récemment préparée ; il fit passer un
courant de gaz acide muriatique, oxigéné à travers la
liqueur. L’alumine disparut promptement -, et en versant
de l’acide sulfurique dans la liqueur , une forte odeur
d’acide muriatique oxigéné se fit sentir. Ce chimiste essaya
d’obtenir le sel pur par le moyen du phosphate d’argent;
il ne trouva rien dans la solution que du muriate sur-
oxigéné d’argent , tout le muriate d’alumine avoit été
décomposé.
Quant au muriate sur-oxigéné de silice, M. Chenevix
n’a pu réussir à le former.
§. L X V I.
Phosphates terreux et alcalins.
Caractères génériques.
Ou rencontre beaucoup de ces combinaisons dans lés
substances végétales et animales ; les unes doivent leur
existence a 1 art , les autres se trouvent entre les fossiles à
1 état de phosphate calcaire.
i66 Phosphates terreux et alcalins.
Tous les phosphates ne sont ni volatil! sables , ni decom-
posables par l’action du feu. Ils ont la propriété de se
fondre et de se vitrifier a une température plus ou moins
élevée , excepté le phosphate d’ammoniaque qui se décom-
pose en raison de la grande volatilité de sa base.
Excepté le phosphate d’ammoniaque , ces sels se com-
binent à l’aide du calorique avec les oxides métalliques •, *
ils forment avec eux des vitrifications dont on se sert en
minéralogie , pour reconnoître la nature do différens
fossiles.
L’acide sulfurique décompose complètement la plus
grande partie des phosphates , les autres passent à 1 état
d’acidule.
Les acides nitrique et muriatique agissent de la même
manière, mais avec cette différence, que faction de ces
acides sur les phosphates est toujours accompagnée de la
solution complète de ces sels, de manière que la liqueur
toujours acide contient des nitrates pu muriates , et de
l’acide phosphorique , ou nitrates ou muriates , et phos-
phates acidulés , observant qu’on ne peut les décomposer
qu’en partie.
L’acide phosphorique est susceptible de s’unir à des
phosphates , et de former des sels acidulés. Dans cet état ,
ils se fondent et se vitrifient beaucoup plus facilement ,
que lorsqu’ils sont neutres. Ces sels dans cette opération,
acquièrent une telle force de cohésion, qu’ils sont insipides,
et qu’ils n’exercent aucune action sur la couleur bleue
des végétaux , malgré qu’ils n’aient perdu aucun atome
d’acide.
Les trois phosphates alcalins sont très-solubles dans
l’eau , tandis que les phosphates terreux -ue le sont pas. :
Phosphate de Baritc. J®7
ou très-peu. Ils sont cependant très-solubles dans un exccs
d’acide phosphorique ou dans tout autre acide.
L’eau de chaux forme dans tous les phosphates dis-
sous dans l’eau ou dans un excès d’acide , un précipité
floconneux ; ce précipité est soluble dam l’acide nitrique
et muriatiqu? , sans produire la moindre effervescence.
Les phosphates acides distillés avec du charbon donnent
pour produit du phosphore.
§. l x y 1 1,
Phosphate de Barite.
On peut préparer le phosphate de barite de deux ma-
nières , ou en unissant immédiatement jusqu’au point de
saturation , la barite à l’état de pureté ou earbonatée , à
l’acide phosphorique , ou bien par une double affinité , en
versant dans un sel baritique dissous dans l’eau , tel que
le muriate ou le nitrate un phosphate alcalin : alors
l’acide phosphorique se porte sur la barite,. et forme un
dépôt dans la liqueur , tandis qu’un autre sel alcalin resta
en dissolution.
Le phosphate de barite se fond au feu sans changer da
nature , et se vitrifie à une chaleur rouge de plusieurs
heures. 11 se fond au chalumeau, et si Ion fait 1 operation
sur un support de charbon, il répand une flamme jaune
phosphorique ; les globules qu’il forme deviennent opa-
ques en refroidissant , à moins qu ils ne contiennent un
excès d’alcali. Il est inaltérable à l’air. Ce sel est insoluble
dans l’eau , mais il devient soluble par exces d acide. U
a’e§t pas décomposé par les. terres et les alcalis.
3 68 Phosphate de Barite.
Les acides ne décomposent pas entièrement le phosphate
de barite*, cependant le sulfurique le décompose : si l’oa j
ayoit une grande quantité de phosphate de barite à sa j
disposition, ou si la nature nous en offroit avec profusion,
l’acide sulfurique seroit un très-bon moyen de le décoin- <
poser , et de se procurer ainsi de l’acide phosphorique pur.
Comme le phosphate de barite a une très-grande affinité
pour un excès d’acide , les acides* nitrique et muriatique |
n’enlèvent qu’une partie de la barite, et il reste un phos-
phate acide de barite.
Le phosphate de barite est décomposé par les sels qui ,
agissent par double affinité, sur-tout lorsque l aeide de ces
sels agit plus fortement sur la barite que sur leurs bases *, :
ainsi le phosphate de barite est décomposé par les sulfates,
et par tous les carbonates alcalins , soit à chaud , soit à j
froid; mais , dans le premier cas, le carbonate d’ammonia-
que est insuffisant.
Ce sel n’est encore d’aucun usage ; mais on peut s’en
servir , avec avantage , pour séparer le sulfate de chaux
de l’acide phosphorique retiré des os; en faisant bouillir
ces matières ensemble , l’acide sulfurique s’unit à la barite,
et la chaux à l’acide phosphorique ; d’où naissent deux sels
parfaitement insolubles.
§. l x v 1 1 r.
Phosphate de S iront ta ne.
%
La connoissance de ce sel , ainsi que le phosphate de
barite , sont dus à M. V auquelin.
Ou prépare ce sel en combinant l’acide phosphorique
Phosphate de Stronliane. 169
avec la stronliaue pure , ou bien en mêlant les solu-
tions de nitrate et de muriate de strontiane avec celles de
phosphates alcalins; il se précipite du phosphate de stron-
liane pur.
Il est composé de : strontiane, 58,^6; acide phospho-
rique , 4T724-
Chauffé au chalumeau , il se lond en un émail blanc , et
répand une lueur phosphorique.
Ce sel n’a point de saveur ; il est insoluble dans 1 eau ,
mais soluble dans l’eau par les acides muriatique et
nitrique.
Il est décomposé par la barite , ainsi que par l acide
sulfurique ; les acides nitrique et muriatique ne le décom-
posent que jusqu’à l’état de phosphate acidulé.
§. L X I X.
Phosphate de Chaux.
Ce sel existe abondamment dans la nature, où il forme
des masses considérables : chez les animaux il constitue,
au moins dans la plupart , la base du squelette ; et dans les
végétaux , dans les cendres, on le trouve en plus ou moins
grande quantité.
C’est en Espagne , à Logrosan , dans 1 Estramadure ,
qu’on a trouvé, il y a peu de teins encore, le phosphate
de chaux , formant des couches assez étendues ; il a une
couleur opaque , parsemée de taches jaunâtres , dues a de
l’oxide de fer.
On en trouve de même dans les mines d’étain de
Schlagenwald en Bohème , dans le béril de Saxe , ou
i^o Phosphate de Chaux.
, N
agustite , à Cornouaille , au St. - Gothard , et près de
Nantes.
Celui dont on se sert pour les opérations de chimie et
des arts , est retiré des os des animaux , fortement calcines
dans des fourneaux , pour brûleries matières animales qui
en lient les parties.
Ce sel ne paroît éprouver , de la part de la chaleur ,
qu’un ramollissement , une espèce de demi-fusion qui lui
donne l’apparence de biscuit de porcelaine ; et c’est pour
cette raison que l’on a donné à ces matières , fortement
calcinées , le nom d’os porcelanisés. On remarque cepen-
dant que les os exposés à l’action d’un feu violent , ré-
pandent aux environs unè lueur jaune pliosphorique ,
qui indique line décomposition de l’acide pliosphorique,
dont le phosphore brûle à une certaine distance ; mais
cette décomposition a des bornes fort étroites , et s’ar-
rête bientôt. Peut-être ces phénomènes sont -ils dus à une
petite quantité de phosphate d’ammoniaque , contenue
entre les lames osseuses, ou dans les membranes qui les
I
enveloppent.
Le phosphate de chaux est insoluble dans l’eau , mais il
devient soluble par le secours d’un acide , tel que le vinai-
gre , ou l’acide pliosphorique lui-même.
Parmi les bases, il n’y a que la barite etlastrontiane,qui
lui font subir line altération, d’où il est évident que les
liens qui unissent ses principes entre eux sont très-forts ;
mais les acides sulfurique, nitrique , muriatique, acéteux ,
le décomposent en partie , et jusqu'au point seulement où
ils ont enlevé à l’acide pliosphorique , environ les o,4o
de la chaux qui existe dans une masse quelconque d«
phosphate calcaire.
Phosphate acide de Chante. *7 1
M. Théodore Saussure a annoncé avoir décomposé le
phosphate de chaux par le charbon.
Il a mêlé une dissolution aqueuse de nitrate de chaux,
avec de l’acide phosphorique , l’ammoniaque en a séparé
le phosphate de chaux. Dix grammes de ce sel bien lave,
pulvérisé, et desséché à une chaleur rouge, ont ete meles
avec vingt grammes de poussière de charbon de hetre ,
qui avoit été elle-même soumise à l’ébullition dans une
grande quantité d’eau pour en séparer la potasse. Le mé-
langé fnt mis dans un creuset de Hesse , terme par un
couvercle de platine , et entouré de poussière de charbon
dans un autre creuset fermé avec un couvercle de terre
cuite. Cet appareil a été exposé pendant deux heures à
l’action d’un fourneau à vent. Il est résulté que la moitié
environ du phosphate de chaux a été décomposée par le
charbon.
Le phosphate de chaux naturel de M. Sage est com-
posé , d'après M. Klaproth , de : chaux o,55 ; acide phos-
phorique 0,45-
Suivant l’analyse de MM. Fourcroy et Vauquelin, le
phosphate de chaux contient: acide phosphorique, 41 5
«baux , 5g.
§. L X X.
Phosphate acide de Chausc.
Jusqu’ici on n’avoit pas rencontré ce sel dans la nature:
MM. Fourcroy et Vauquelin ont retire dernièrement
des cristaux de phosphate acide de chaux , des os tiouves
I7® Phosphate acide de Chaux.
dans un tombeau dans l’ancienne église de Sainte-Gene-
viève.
C est en décomposant le phosphate de chaux par l’acide
nitrique , que Scheele nous a fait connoître la nature des
os et 1 existence de ce sel ; mais on arrive maintenant au
même but , en suivant une marche plus simple.
Voici la manière d’opérer :
Pour calciner les os , on élève à un double décimètre
de hauteur, sur environ un mètre , des briques , au-dessus
desquelles on place des barres de fer pour former une
espèce de grille , sur laquelle on met tous les os que l’on
veut calciner; lorsqu’on élève les briques, il faut avoir
1 attention de laisser une ouverture d’un double décimètre
en carre , afin de déterminer un courant d’air; et, par
celte ouverture , on introduit quelques morceaux de bois
déjà allumes, lesquels mettent le feu aux os, qui brûlent
ensuite par eux-mêmes, jusqu’à ce qu’ils se trouvent assea
calcines ; cette operation , qui n’entraîne avec elle aucune
dépense, doit se faire en plein air, parce que la quantité
de matière huileuse qui échappe à la combustion , est
encore assez considérable pour devenir dangereuse dans un
endroit qui seroit petit et clos : tous ces os sont ensuite
réduits en poudre fine et passés au tamis.
Séparation de l’acide phosphàrique , par l’intermède de
V acide sulfurique.
On prend ioo parties d’os calcinés bien pulvérisés, on
les delaie dans ^.00 parties d eau , et on verse sur ce
mélange 70 parties d’acide sulfurique concentré , en agitant
continuellement la matière. On laisse macérer le tout
Phosphate acide de Chaux. i ^3
pendant i4 jours et même un mois, ayant soin de 1 agiter
de tems en tems , pour renouveler les surlaces et les
points de contact.
Au moment où l’on verse l’acide , il y a dégagement de
calorique , et il se fait une vive effervescence , occasionnée
par le dégagement de l’acide carbonique -, car , outre le
phosphate de chaux, les os contiennent une certaine
quantité de carbonate de chaux.
Alors , l’acide sulfurique s unit ata chaux, avec laquelle
il forme un sel insoluble.
On délaie ensuite le tout dans beaucoup d’eau , on
filtre et on presse le résidu pour en extraire tout liquide.
On lessive le résidu exprimé avec une quantité d’eau
bouillante.
La liqueur contient encore beaucoup de chaux , et doit
être regardée comme un phosphate acid"le de chaux, que
les acides ne peuvent décomposer.
Pendant cette opération , il se précipite encore du sul-
fate de chaux qu’on doit séparer.
D’après les expériences de MM. Fourcroj et V auquelin ,
cent parties de phosphate de chaux neutre, ou de teire
des os calcinés , contiennent o,4* d acide phosphoiique
qui , d’après l’analyse de Lavoisier , sont composés de
0,16 de phosphore; ainsi, en parvenant à mettre ces o,4-i
d’acide phosphorique à nu , on obtiendroit en le distil-
lant avec le charbon , 0,16 de phosphore , ou un peu
moins du sixième du poids de la terre des os, qui en
recèle véritablement cette quantité. Mais, comme il n y a
que 0,17 de cet acide mis à nu , et que 0,24 restent
encore intimement unis à la chaux , les 0,17 ne peuvent
donner que 4,8 de phosphore j ainsi , l’on perd plus des
*74 Phosphate acide de Chaux.
deux tiers du phosphore conteuu dans les os , et , après la
distillation de leur aeide obtenu par le procédé ordinaire
avec le charbon , il reste encore dans le résidu 0,69 de
phosphate de chaux neutre non décomposé.
De V évaporation des liqueurs acides et de leur mélange
avec la poudre de charbon.
I
Quand la matière a été macérée, comme nous l’avons
dit ci-desms , on tire la liqueur à clair : on lave le marc
à plusieurs reprises avec de l’eau de rivière -, on réunit ces
lavages avec la première eau , et on les fait évaporer dans
des chaudières de cuivre, ou mieux de plomb. Pendant
l’évaporation de cette liqueur, il se sépare une assez grande
quantité de sulfate de chaux , retenu en dissolution à la
faveur de l’acide phosphorique : on le sépare par le repos
et la décantation ; mais l’acide phosphorique en retient
toujours une certaine quantité , qu’on n’en peut séparer
que par des moyens compliqués et coûteux.
L’acide phosphorique se présente communément sous la
forme d une niasse blanche légèrement jaunâtre , formée
de petites écailles brillantes et comme nacrées ; c est ce
, *
qu on appelle acide phosphorique concret; mais il est
impur ; il contient encore beaucoup de chaux.
C’est avec cet acide, que l’on fabrique le phosphore.
Pour extraire le phosphore de l'acide phosphorique , il
«uffit de le mêler avec le quart de son poids de charbon
en poudre, de faire dessécher le mélange dans une chau-
dière de fonte, jusqu’à ce que la plus grande partie de
l’humidité soit dissipée.
Pelletier amène les liqueurs acides au point d’une ma*
Phosphate acide de Chaux. vj5
tière épaisse. Alors il y ajoute de la poudre de charbon , ou
delà braise de boulanger , calcinée auparavant, jusqu à
•e que la matière devienne friable : on continue de la
dessécher en remuant continuellement , pour empêcher
que la matière ne se grumèle, et on porte cette dessication
au point de faire rougir le fond de la bassine.
Il faut avoir l’attention de choisir une bassiné dont le
fond soit très - épais , et même de luter extérieurement
pour le défendre du coup, de feu qui le calcineroit.
* ê
De la distillation du phosphore.
On remplit une cornue de grés , bienlutée, du mélange;
on la place dans un bon fourneau de réverbère. On se
sert pour récipient d’une cornue renversée , dans laquelle
on met de l’eau. Pelletier se sert aussi d’un récipient en
cuivre , qui est fait d’après l’idée d’une cornue renversée;
Voyez la planche.
On met de l’eau dans le récipient , de manière que le
phosphore , à mesure qu’il passe , est arreté , et n a pas
contact avec l’air. Par là , il y a une grande quantité de
phosphore qui échappe à la combustion , puisqu il faut
qu’il passe à travers une colonne d’eau d’environ un
double décimètre , avant qu il ait le contact de 1 air ; il y
en a cependant une petite portion qui est volatilisée en
nature, et qui est poussée quelquefois a un decimètie
au-dessus de la tubulure , où ce phosphore brûle en scin-
tillant , et la tubulure se trouve quelquefois engorgée par
du phosphore pulvérulent ; c’est ce à quoi il faut iaiie
attention , pour éviter l’absorption : mais lorsqu’on a 1 atten-
tion de bien conduire l'opération 2 cet iuconve aient n»
iy6 Phosphate acide de Chaux.
pas lieu. Quant à la purification et au moulage du phos-
phore , voyez l'article sur le phosphore.
L’appareil ainsi monté, on chauffe par degré la cornue;
au bout de quatre heures environ on la pousse jusqu’à
l’incandescence.
Le charbon s’empare de l’oxigène , et le phosphore mis
à nu se Volatilise et va se condenser dans le récipient : à
la partie supérieure du récipient , on peut adapter un tube
recourbé qui plonge dans l’eau ; il se dégage du gaz hy-
drogène phosphoré et du gaz oxide de carbone qui
emporte et - dissout une assez grande quantité de phos-
D’après M. T rommsdorf il se dégage pendant l’opé-
ration du phosphore un gaz particulier qu’il appelle gaz
hydrogène carhoné-pliosphoré. Au bout de 3o à 36 heures,
l’opération est finie, le phosphore ne passe plus pur, il
est mélangé et peut être même combiné avec le carbone
.®it un peu de soufre.
On trouve au fond de la cornue du phosphate de chaux
quelquefois du sulfate de chaux , et une matière noire ,
dure qui, suivant Proust , est la combinaison intime du
phosphore avec le carbone.
Cette expérience fait voir qu’à une haute température,
le carbone a plus d’affinité avec l’oxigène que n en a le
phosphore. Il paroît que l’eau du récipient retient de
l’hydrogène phosphoré; car, lorsqu’on l’expose à l’air dans
l’obscurité, même après avoir été filtrée , elle répand des
llammes phosphoriques très-brillantes , sur-tout lorsqu'on
renouvelle ses surfaces en l’agitant. Peut-être pourroit-on
aussi attribuer celte phosphorescence à du phosphore très-
diyisé, qui subit une combustion quand on l’agite.
Phosphate de Potasse.
Le phosphate acide de chaux se cristallise en petits
filets soyeux ou en lames brillantes , micacées, nacrées,
qui se collent ensemble et qui prennent par leur réunion
une forme mielleuse ou presque glutiueuse.
La nature le présente dans l’urine humaine , d’où ou
le précipite en phosphate de chaux par les alcalis purs ,
d’où il se dépose même spontanément, et aussi en phos-
phate de chaux , à mesure que l’ammoniaque , qui se
forme si promptement dans celte liqueur excrémeulitielle ,
sature l’acide phospliorique, qui le conslituoit acide.
Ce sel se prépare toujours artificiellement, comme nous
venons de 1 indiquer. Il attire l’humidité de l’air-, il sa
dissout dans l’eau. Les acides ne le décomposent pas.
Le phosphate acide de chaux sert à faire les phosphates
alcalins. Le phosphate de chaux neutre est employé à polir
les métaux , les pierres précieuses et factices , pour la fabri-
cation des coupelles , pour enlever les taches de graisse de
dessus les étoffes, les linges ou les papiers ; pour en fabriquer
différens objets de tabletterie, avant d’avoir été calciné;
enfin, il sert dans les manufactures de sel ammoniac ,
ainsi que cela se pratique dans le pays de Liège.
Les proportions de ce sel sont : chaux , 46 j acide phos-
phorique , 54-
§■ LXXI.
Phosphate de Potasse.
Ce phosphate est peu connu ; on sait seulement qu’il se
prépare en combinant directement l’acide phospliorique
pur avec la potasse , ou bien en saturant le phosphate
%< ' l ‘A
8 Phosphate de Soude.
acide de chaux par le carbonate de potasse. La liqueur
surnageante évaporée donne le phosphate de potasse.
Ce sel ne cristallise pas ; il se prend en une espèce de
gelée, lorsqu’on fait, évaporer sa dissolution-, il attire en
cet état l’humidité de l’air ; il est assez soluble dans l’eau ;
mais quand ou l’a fait calciner quelque tems , et sur-tout
avec excès de potasse , le sel devient presqu'insoluble [
dans l’eau. Il est décomposé par la chaux , la barite et
la strontiane , qui , l’une et l’autre , ont plus d affinité pour
l’acide phosphorique. J^auquelin annonce que quelques
expériences semblent prouver que la soude enleve cet
acide à la potasse.
Ce sel, suivant M. Saussure , est décomposé par le
charbon.
On neutralise de la potasse pure avec de l’acide phos- :
phorique , on ajoute même un léger excès d’alcali , on fait
dessécher à une chaleur rouge •, on pulvérise ensuite le sel, :
et on le triture avec le double de son poids de poussière de
charbon de hêtre , préalablement rougie -, on introduit le
tout dans une petite cornue de porcelaine lulée , et on 1 ex-
pose pendant quatre heures à uue forte chaleur, le phos- i
phore coule par goutte dans l’eau du récipient.
Ce phosphate est très-peu décomposé parle feu, pourvu
qu’il ne soit pas avec excès d’acide , il se vitrifie.
Il décompose tous les nitrates et muriates terreux.
La plupart des dissolutions métalliques , telles que |
celles d’argent, de fer, de mercure, de cuivre , sout
décomposées.
Si le phosphate de potasse n’est pas bien saturé d'alcali ,
il. rougit les cçmleurs bleues végétalos.
Phosphate de Soude.
§. LXXII.
J79
Phosphate de Soude.
C’est de l’urine humaine que Margraff l’a séparé le
premier. Bergmanne t beaucoup d’autres chimistes l’avoient
pris pour une substance particulière , qu’ils appeloient
sel perlé. M. TVestrurnh a fait connoître ses principes
constituans , tels qu’on les connoît aujourd’hui.
Pour préparer ce sel , on prend trois parties d’os bien
calcinés -, on les réduit en poudre et on les passe au tamis ;
on met dans une terrine de grès la matière tamisée; on
en fait une bouillie avec quatre parties d’eau , et on
ajoute ensuite une partie et demie d’acide sulfurique con-
centré ; on agite : il se fait une vive effervescence , et la
matière se prend en masse. Ainsi prise en masse , dans
une quantité d’eau , telle que cette masse devienne
extrêmement liquide , ou abandonne alors , si on veut ,
l’opération à elle-même , pendant deux ou trois jours ,
en remuant de tems en tems , ou bien on fait chauffer
pendant quatre à cinq heures ; on filtre , on lave ; il faut
laver à chaud ; on réunit toutes les liqueurs , et on les
précipite par du carbonate de soude en excès ; il se
dégage de l’acide carbonique , et il se fait un précipité
de phosphate de chaux ; on fait bouillir , on filtre , on
lave , et on fait évaporer convenablement ; il ne faut pas
faire évaporer jusqu’à pellicule, car la matière , par le
velroidissement , se prendrait en masse : lorsqu’on a
obtenu une première cristallisation, il faut examiner les
eaux-mereset voir si elles contiennent un excès de soude
ou d acide. Si elles contiennent un excès de soude, et que
i8o Phosphate de Soude.
cet excès ne soit pas trop grand, il faut continuer 1 évapo-
ration : si l’excès de carbonate de soude est trop grand , on
ajoute du phosphate acide de chaux. Si elles contiennent
au contraire un excès d’acide , il faut ajouter du carbonate
de soude , et ainsi de suite jusqu’à la fin. On obtient par
ce moyen de beaux cristaux , même des dernières eaux-
mères. Si le sel n’est pas parfaitement pur , on le fait redis-
soudre et cristalliser une deuxième fois -, 21 hectogrammes
d’os calcinés , traités par 7 hectogrammes d’acide sulfurique
concentré , demandent 667 gram. de carbonate de soude
pour être saturés -, on obtient 855 grammes de phosphate
de soude.
Il est soluble dans 4 parties d’eau à 10 degrés , et dans
la moitié de son poids d’eau bouillante, et se cristallise
facilement. Sa forme la plus ordinaire , est celle d un
rhomboïde alongé , dont les faces sont inclinées les unes
sur les autres. Ce sel se présente aussi sous la forme de
cristaux rhomboïdaux et prismatiques , sous la forme de
petits cristaux lamelleux ; sa cristallisation la plus ordi-
naire est un parallélipipède rhomboïdal , dont les angles
sont quelquefois tronqués. Il contient : eau , 66 -, acide , i5 ;
soude ,19.
Pour que ce sel se cristallise aisément , il est nécessaire
qu’il contienne un léger excès d alcali-, c est pourquoi,
celui qui est sous cette forme verdit le sirop de violette.
S’il contient, au contraire, un excès d acide , il ne cristallise
qu’avec peine, et se prend alors en une masse , composée
de petits feuillets brillans , et comme nacrés, qui ressem-
blent beaucoup au sel sédatif ; c est ce que Bergruaun
appeloit sel perlé de ffaupt.
Ce sel a une saveur agréable , douce et peu salée.
Phosphate de Soude! 181
Il est d’une grande transparence -, mais , exposé à l’air ,
il ne tarde pas à devenir blanc et opaque : les cristaux
néanmoins conservent leur foi’rue et assez de consistance ,
à la différence de plusieurs sels qui , en perdant l’eau cia
cristallisation , deviennent farineux. Ce phosphate comme
celui de potasse est décomposé par le charbon • d’après
JVI. Saussure , il faut le dessécher le plus fortement pos-
sible ; sur 3o grammes de ce sel pulvérisé , on ajoute 60
grammes de charbon de hêtre. L’opération doit être con-
duite comme la précédente. L’auteur dit avoir obtenu des
quantités ci-dcssus , 2 grammes et demi de phosphore.
Le phosphate de soude contient beaucoup d’eau de cris-
tallisation , ce qui fait qu’il se liquéfie à une douce chaleur.
Si on lui eu applique une plus forte , il devient opaque , et
il se vitrifie ; il donne alors un verre qui est d’un blanc
de lait.
Essayé au chalumeau , il commence à se liquéfier ; il
passe ensuite à un état blanc et concret , et il finit par
donner un petit globule vitreux , qui paroît transparent ,
tant qu’il est fondu. Ce petit globule devient opaque en
se refroidissant, et il prend une figure polyédrique. Le
phosphate de soude se comporte en cela comme le phos-
phate de plomb , d’après Pelletier.
Comme ce sel se fond aisément, il favorise la fusion des
terres, soit simples, soit composées, ainsi que les oxides
métalliques -, c’est pourquoi les minéralogistes et les chi-
mistes l’emploient souvent avec succès , dans leurs essais
au chalumeau, pour recounoitre la nature des matières
qu’ils examinent.
Ce sel est décomposé par la barite,la strontiane, la chaux,
la potasse, et par les sels calcaires , magnésiens, baritiques
i8a Phosphate d’ Ammoniaque.
et alumineux ; mais ce n’est que par une double attraction J
qu’il opère la décomposition de ces derniers.
La plupart, des sels métalliques éprouvent egalement ,
de la part de ce sel , des décompositions ; ce sont des1
moyens de former sur-le-champ et facilement, des phos-
phates métalliques, qui, à la vérité , sont sujets a varier
par les proportions, parce que c’est toujours 1 acide le plus
fort qui , dans ces sortes de décompositions , fait la loi, et !
détermine les rapports entre l acide le plus foible , et la i
base que l’autre lui cède.
Pour reconnoître la pureté de ce sel , il faut verser dans
sa solution du muriate de barite. Le précipité doit se
redissoudre entièrement dans l’acide muriatique ou nitrique, !
si le phosphate ne contient pas de sulfate de soude.
On substitue ce sel , pour l’usage médicinal , au sulfate j
de soude , dont il a tous les avantages.
On l’emploie à la dose de trois ou quatre decagrammes, !
dans deux tasses de bouillon aux herbes, ou fondu dans
deux verres d’eau.
§. LXXIII.
Phosphate cC Ammoniaque.
■
On rencontre ce sel fréquemment dans 1 urine des anir l
maux carnivores , où il est souvent combiné en sel triple , |
avec de la soucie ou de la magnésie.
Pour le préparer , on emploie du carbonate d'amrno- i
niaque et du phosphate acide de chaux , jusqu’au point de |
saturation ; on filtre et on fait ensuite évaporer la liqueur !
à1 une chaleur très-douce. 11 faut des précautions pour faire
cristalliser ce sel ,car , si ou fait trop chauffer, l’ammoniaque j
Phosphate P Ammoniaque. i85
se volatilise. On est même obligé , à mesure que la
Jiqueur s’évapore , d’ajouter un peu d’ammoniaque , pour
remplacer celle qui se volatilise ; sans cela, le sel seroit
avec excès d’acide , et ne cristalliseroit pas.
Exposé au feu , l’ammoniaque se dégage , et 1 acide
phosphorique reste vitrifié. Ou pourroit retirer ainsi l’acide
phosphorique du phosphate d’ammoniaque en le calcinant,
il reviendrait moins cher que par 1 acide nitiique et le
phosphore.
Ce sel n’est pas altéré dans sa nature par son exposition
à l’air , il s’efüeurit légèrement.
Il est soluble dans l’eau, dont il demande environ quatre
parties , à la température moyenne de l'atmosphère , il so
cristallise avec facilité ; sa forme est celle d’un prisme a
quatre pans réguliers, terminé par des pyramides a quatre
faces également régulières.
Le charbon décompose ce sel.
A cet effet, on met dans une cornue , un mélange de
phosphate d’ammoniaque et de charbon en poudre ; il faut
luter la cornue avec de la terre. On y adapte un ballon qui
reçoit le phosphore -, on peut terminer l’appareil par un
tube de sûreté recourbé qui part du ballon, et dont l’cxtre-
mité inférieure plonge sous une cloche à 1 appareil a mer-
cure, pour recueillir le gaz ammoniac qui se m gage.
L’acide phosphorique est attaque pai le charbon qui
s’empare de l’oxigène , et met le phosphore a nu.
C’est à celte opération, que se réduit l’opération defi-
nitive, quand on décompose le résidu d urine évapoié à
consistance de mie!, pour fabriquer le phosphore de J unhel,
car le phospfi é.e soude et celui de chaux , que contient
le résidu , ne sont nullement décomposes par ic charbon \ ,
u 8 4 Phosphate de Magnésie.
il n’y a que le phosphate d'ammoniaque qui , se trouvant
privé de l’ammoniaque , par l’effet de la chaleur qui la
Volatilise , laisse l’acide phosphorique à nu -, et c’est alors!
que le charbon agissant sur l’oxigène , laisse la facilité
au phosphore de se distiller. Voilà pourquoi les procédés
par l’urine, donnent si peu de phosphore; et certes on.
a longtems ignoré qu’on laissoit ainsi , sans l’obtenir, tout
le phosphore de l’acide qui constituoit les phosphates deî
chaux et de soude , lesquels ne peuvent être décomposés
que par un acide supérieur en affinité avec la soude et la
chaux, à l’acide phosphorique, tels sont les acides nitrique,
et sulfurique.
Les acides forts décomposent ce phosphate , ainsi que
la barite, la strontiane , la chaux , la potasse et la soude.
La magnésie le décompose, mais à chaud, car à froid, il
veste toujours une partie d’ammoniaque.
Si l’on mêle une solution de phosphate d’ammoniaque
concentrée , avec une solution de phosphate de soude ,
aussi concentrée, on a une combinaison triple; c’est ce qu’on
appelle phosphate de soude et d’ammoniaque.
Voici comme on peut reconnoître la présence de ce sel.
Si le mélange de ce sel triple n’a pas été bien fait, on
Voit que celui qui s’est bien formé est sensible par 1 efflo-
rescence qui sc manifeste , tandis que la portion de phos-
phate de soude , qui n’étoil pas combinée , se cristallise
pure à part , transparente et en rlxombe. Si c est au con-
traire le phosphate d’ammoniaque qui se trouve en excès
dans la combinaison triple, on s'en apperçoit facilement,
parce que l’ammoniaque peut en être dégagée par la chaux
caustique.
Ce sel est un des meilleurs fondans que l'on puiss*
1 85
Phosphate de Magnésie.
employer pour les essais au chalumeau; il hâte la fusion des
pierres , des terres et des oxides métalliques , dont ou
reconnoît souvent 1 espèce , par la couleur qu ils lui com-
muniquent.
§. LIXIV.
• \
Phosphate de Magnésie.
Ce sel existe en petite quantité dans les os, dans les
calculs , dans différens liquides animaux, et dans quelques
végétaux , tels que le bled, lorge, etc.
On doit à M. Vauquelin un moyen de l’obtenir promp-
tement cristallisé en solides de plusieurs centimeties de
long , et quelquefois de vingt -deux millimétrés d épais-
seur. Ce moyen consiste à mêler parties égales de sulfate
de magnésie et de phosphate de soude, 1 un etd autre dis-
sous dans peu d’eau. Il pai'oît d abord ne se passer aucune
action entre ces matières; mais, au bout de vingt-quatre
heures , il se forme dans la liqueur des prismes hexaedres,
parfaitement trausparens ; dont les dimensions varient sui-
vant les quantités de sels employés.
Cette substance, exposée à l’air, perd son eau de cristal-
lisation , devient opaque , et même se réduit en poussière
en peu de tems : cela prouve qu’il n’a pas une grande affi-
nité avec l’eau.
Il n’a pas de saveur sensible.
Il se fond aisément au chalumeau , en un globule qui
conserve sa transparence après le refroidissement.
Les acides sulfurique, nitrique et muriatique séparent
les élémens du phosphate de magnésie , en s’unissant a sa
base, et en rendant l ucide phosphorique libre.
3 86 Phosphates de Glucine et et Alumine.
Ce sel est décomposé par la barite , la strontiane et la
cliaux ; il est facile de s’en convaincre , en versant une
solution de ces terres dans une solution de ce sel , qui
se trouble sur-le-champ, parce que ces phosphates sont
beaucoup moins solubles que celui de magnésie.
Dissous dans un acide, il est décomposé par les alcalis
caustiques , et en partie par l’ammoniaque -, la magnésie
décompose complètement le phosphate dammoniaque ,
sur-tout à l’aide d’une chaleur douce.
Le phosphate de magnésie s’unit aisément au phosphate
d’ammoniaque , et ils forment ensemble une combinaison
triple très-insoluble. M. Fourcroj en a fait conuoître les
propriétés dans un calcul pesant plusieurs hectogrammes ,
trouvé dans le colon d’un cheval mort de tranchées à 1 é-
cole vétérinaire d’Alfort.
§. LXXV.
Phosphate de Glucine.
L’acide phosphorique forme avec cette terre un sel in-
soluble -, ce dont on a la preuve , en versant , dans une solu-
tion de sulfate de glucine , une solution de phosphate de
soude, sans excès d’alcali ; il se forme ainsi un précipité
abondant, comme mucilagineux , qui n’a pas de saveur
sensible, et qui est très-soluble dans un excès d acide phos-
phorique, et même dans un acide étranger.
Ce sel est insoluble dans l’eau.
Ce sel est décomposé par l’acide sulfurique , et par les
terres et les alcalis, excepté l’alumine , la zircone et la silice.
Il se fond au chalumeau en perle vitreuse, qui reste
transparente après le refroidissement.
Phosphates de Zircone et de Silice. 187
Ce sel , comme le précédent, est peu connu -, on le pré-
pare en combinant directement l’alumine avec l’acide
phosphorique.
g. LXXVI.
Phosphate d Alumine.
Il se fond au chalumeau en un verre transparent , et
sans éprouver de décomposition.
11 est presque insoluble dans 1 eau ; mais il le devient
abondamment par un excès d acide.
Il est décomposé par les acides minéraux , et par les
terres et les alcalis , excepté la zircone.
§. LXXVIÏ.
Phosphate de Zircone.
On ne commît encore rien sur la nature de ce sel : on
sait seulement que l’acide phosphorique décompose le
muriate de zircone , et forme avec sa base , un compose
insoluble , qui 6e précipite en flocons blancs.
§. L X X V 1 1 1.
Phosphate de Silice.
Ce sel n’est pa« connu -, cependant M. F urcroy a an-
noncé qu’en unissant de l'acide pb s; \ ri que a la silice par
}a fusion, ou ubtieut uu sul, dont il nu pas encore décrit
i88
Des Phosphites terreux et alcalins'.
les caractères. On peut même , par ce moyen , préparer deS
pierres précieuses artificielles.
§. LXXIX.
Des Phosphites terreux et alcalins.
Propriétés génériques de ces Sels.
Le caractère dominant des phosphites consiste dans hc
propriété qu ils ont d’etre décomposés par le calorique ;
ils perdent une certaine quantité de phosphore et ils
passent a 1 état de phosphates ; cette décomposition est
toujours accompagnée d’une lumière pliosphorique , plus
ou moins Brillante , sur - tout lorsqu'on les chauffe au
chalumeau , même sur un support incombustible.
Le phosphite d’ammoniaque présente d’autres phéno-
mènes dans sa décomposition , comme nous le verrons à
l’article de ce sel.
Ils sont tous décomposés par la chaux.
Les acides sulfurique , muriatique et pliosphorique
décomposent les phosphites ; ils s’emparent des bases eu
isolant 1 acide phosphoreux.
Les acides nitrique et muriatique oxigéné les font passer
à 1 état de phosphates. Les nitrates et les muriates sur-
oxigénés opèrent un effet semblable.
Les phosphites ont aussi la propriété d’être solubles
dans l’acide phosphoreux.
Oïdie d affinité de cet acide pour les bases ; chaux ,
baiite, stiontiane, magnésie, potasse, soiidc, ammoniaque,
glucine , alumine , et zircone.
Phosphites de Chaux et de Barile.
189.
LXX X.
Phosphite de Chaux.
O11 prépare ce pliospliite calcaire en combinant direc-
tement la chaux avec l’acide phosphoreux.
Ce sel insipide et inaltérable à l’air , mais il se
dissout dans l’acide phosphoreux , alors on peut l’obtenir
cristallisé sous forme d aiguilles ; dans cet état , c est un
vrai sel acidulé , il rougit les couleurs bleues végétales ,
et se dissout dans l’eau. Le phosphite neutre de chaux,
selon M. Fourcroy , contient 5i de chaux, 34 d’acide
phosphoreux et x5 d’eau.
§. LXXXI.
Phosphite dî Barde .
On le prépare de la même manière que le précédent ,
et mieux encore eu décomposant un phosphite soluble
par la solution de barite.
On distingue deux phosphites de barite , un neutre
qui est insipide , peu soluble dans l’eau , incristallisable
et inaltérable à l’air , et l’autre acidulé qui résulte de la
solution du phosphite neutre dans l’acide phosphoreux ,
qui a de la saveur , qui est soluble et susceptible de
former par l’évaporation des cristaux en aiguilles.
Le phosphite neutre de barite est composé de : 5i j de
barite; 41 5 d’acide; et 7 d’eau.
jr)0 Phosph. de Strontiane , de Magnésie et de Potasse.
§. LXXXIÏ.
Phosphite de Strontiane.
, /
Cetle combinaison n’est pas connue.
§. LXXXIII.
g*
Phosphite de Magnésie.
Pour préparer ce sel on décompose le phosphite de
soude par le sulfate de magnésie , il se précipite des
cristaux soyeux très-brillans.
Ce phosphite est presqu’insipide et peu soluble dans
l’eau-, à la température de io degrés il faut quatorze cent
parties de ce liquide.
Il contient 0,20 de magnésie -, o,44 d’acide ; et o,3 6
d’eau.
§. l xx xi y.
Phosphite de Potasse.
i
En dissolvant du carbonate de potasse dans de 1’ eide
phosphoreux , et évaporant la dissolution , on obtient par
le refroidissement des cristaux de phosphite de potasse.
Ce sel cristallise en prismes droits à quatre faces ,
terminés par des biseaux. 11 a une saveur piquante et salée,
peu altérable à l’air, soluble dans trois à quatre parties
d’eau à la température de 10 degrés 5 quand on le chauffe,
il décrépite avant de se fondre.
Phosphites de Soude et d' Ammoniaque. 191
Il est composé de 49 i parties de potasse -, 39 l d’acide -,
et 1 1 d’eau.
§. L X XX V.
Phosphite de Soude'.
Ou le prépare comme celui de potasse , et sa cristalli-
sation est très-variée , tantôt ce sout des lames , tantôt des
prismes , tantôt des rhomboïdes oblongs , quelquefois
les cristaux représentent des barbes de plumes.
Ce sel a une saveur douce et Iraiche , est eiflorescent
se dissout dans le double de sou poids d eau a la tem-
pérature de 10 degrés, et décompose les sulfates, les
nitrates et les muriates de chaux , de barite , de stron-
tiane et de magnésie.
Il est composé de 32 | parties de soude; 16 3 d acide;
«t 60 d’eau.
§. L XX XVI.
Phosphite d’ A mm 0 n iaque.
Pour obtenir ce phosphite on combine directement
L’ammoniaque avec l’acide phosphoreux , on évaporé la
liqueur à un feu doux, afin de ne point volatiliser de
la base , dans ce cas il faudroit ajouter un peu d ammo-
niaque.
Ce sel cristallise en aiguilles, ou en prismes a quatie
faces , terminés par des pyramides quadrangulaires , il tl
une saveur piquante , est déliquescent , et se dissout dans
Tf)2 Phospliite Ammoniacjo-magnésien.
deux parties d’eau à la température de io degrés et en
beaucoup plus grande quantité dans l’eau chaude.
Distillé dans une cornue , il se décompose , et l’ammo-'
niaque se dégage en partie à letat liquide et en partiel
à l’état de gaz , et il reste dans la cornue de l'acide
pliosphorique pur. Le gaz ammoniac obtenu dans cette
expérience contient un peu de phosphore et brille quand
on le mêle au gaz oxigène.
Mais si on le chauffe sur un charbon , il se gonfle en
raison de l’eau de cristallisation*qui se vaporise , et répand
une lumière assez vive , il se dégage ensuite du gaz hy-
drogène phosphoré qui brûle par le contact de l’air.
Il reste sur le charbon un globule vitreux d’acide phos-
phorique.
Le phospliite d’ammoniaque est composé de 5i parties
d’ammoniaque •, 26 d’acide •, et 23 d eau.
§. LXXXVII.
Phospliite Ammoniaco-magnèsien .
Ce phospliite a été peu examiné. On peut l'obtenir
en mêlant des solutions de phospliite d ammoniaque et
de magnésie. Quand les liqueurs sont concentrées le sel
se dépose au fond du vase.
Ce phospliite triple , suivant M. Fourcroj , est dé-
composé par les acides forts , la chaux, la barite et la
strontiane.
Pliosph. et Alumine. Finales terreux et aie al. \eyS
§. L X X X V 1 1 1.
Phosphite âü Alumine.
Ce phosphite résulte de la combinaison directe de
alumine avec l’acide phosphoreux -, il a une consistance
gélatineuse , une saveur, styptique , soluble dans l’eau, se
«oursoufle au feu avant de se fondre , et conserve après
4e volume qu il avoit auparavant.
Les phosphites de glucine , d’yttria , de zircone et de
silice, sont inconnus.
§. L X X X I X.
Fluates terreux et alcalins.
Propriétés génériques de ces sels.
A l’exception du fluate de chaux qui est très-abon-
dant dans diverses parties du globe, et du fluate d’alu-
mine que l’on a découvert depuis peu dans la topaze,
-■combiné avec la soude, par conséquent en sel triple, la
mature ne nous offre pas d’autres combinaisons de l’acide
Ifluorique.
La plus grande partie des fluates décrépitent au feu
-et y deviennent phosphoresceus. Ils se fondent et se vi-
trifient, excepté celui d’ammoniaque qui se décompose
immédiatement.
On divise ces sel* en solubles et insolubles , les uns
2. i'i
iqb FluaLe de Chaux.
sont insipides , les autres ont une savear salee , piquante
et un peu amère.
Ils sont décomposés à froid par les acides sulfurique ,
nitrique et muriatique, en dégageant 1 acide fluorique a
l’état de gaz et sans aucune effervescence.
L’acide pliospliorique décompose aussi ces sels , mais
à une haute température.
La silice se combine avec les filiales par la voie humide
et par la voie sèche , eu formant des sels triples , c est
pourquoi , il est indispensable , pour les avoir puis oe
les préparer dans des vases de plomb et avec des ma-
tières qui ne contiennent aucun atome de silice. Il faut
avoir les mêmes précautions quand on extrait 1 acide
flüorique des sels qui le contiennent.
§■ XC. \
Flucde de Chaux.
Le fluate de chaux existe en filous, en niasse dans fa
nàturè , avec les mines de plomb , d argent , de cobalt .
de cuivre, etc. ; il en est souvent la gangue.
On en trouve dix variétés de différentes couleurs ,bl eue,
verte , blanche, rouge, etc. Ses couleuis sont dues a la
présence et à l’état du fer qui prend diffci entes couleuis .
à proportion dés doses d’oxigène qu’il contient. Le plus
beau spath fluor, et le plus rare , est le blanc-, le vert est
le plus commun , et ensuite celui de couleur améthistc.
Il n’est ni dense, ni dur, ni susceptible d’un très-beau
poli ; on y voit presque toujours le tissu lamellcux : il
Filiale de Chaux.
i95
est aussi mélangé de quartz -, — le blanc est toujours un
peu jaunâtre.
Ou l'a appelé spath fluor, spatlx vitreux, fluor spathi-
que , spath phosphoreux.
Ces diftérens fluates ne sont , pour la plus grande
partie , qu une seule et même substance saline -, c’est-à-dire,
la combinaison de l’acide fluorique avec la chaux.
On trouve encore le fluate de chaux dans les os fossiles,
dans 1 ivoire fossile-, Berzèlius prétend même qu’il existe
en petite quantité dans les os frais et dans l’urine.
Ce sel pèse trois fois plus que l’eau distillée : M. Haïty
a trouvé que le no.jaii de ce sel est un octaèdre parfait ,
qui passe au cube par décroissement.
Si l’on réduit ce sel en petits morceaux , et qu’on le
chauffe sur une pelle rouge , il répand une lueur phos-
phorescente violette.
Sch'eele a fait des recherches à cet égard ; il a démontré
que ce sel une fois rougi n est plus rendu phosphorique
par une nouvelle calcination. Sch'eele croyoit aussi què
cette phosphorescence étoi.t due à une combustion -, mais là
matière est phosphorscente , même dans le vide; ou
ignore la cause de ce phénomène.
Le calorique foucl ce sel , «mais ne le décompose pas; il
devient une sorte d émail.
Si on le chauffe- brusquement , il décrépite aussi vive-
ment que le inuriate de soude.
On peut s’en servir au chalumeau , comme fondant
four les miues.
Ce sel n’éprouve aucune action de la part de l’air.
Il nest pas soluble dans l’eau -, cependant la nature lé
dissout , puisqu elle le cristallise.
196 Fluale de Barite.
Les acides sulfurique, nitrique et muriatique , décom-
posent le fluale calcaire. On obtient pour résidu des sels
à base de chaux 5 l’acide que l’on obtient est d’une
nature particulière et n’a rien de commun avec les acides
employés , comme nous l’avons démontre dans 1 examen
de l’acide fluorique.
Quand on fait cette décomposition il faut étendre
d’eau les acides , afin que les sels qui se forment trouvent
de l’eau pour les dissoudre -, ils s’en emparent vivement.
Sans cette précaution , le peu d eau que l’acide concentré
contient, est bientôt absorbé, ce qui empâte le mélange,
empêche le point du contact , et peut aller jusqu'à arrêter
l’opération.
Le fluate calcaire n’est décomposé par aucune matière
«Icaline ou terreuse-, mais , si l’on emploie des alcalis à
l’état de carbonate , il y aura jeu de doubles affinités ;
il se fait une double décomposition.
A cet effet, on fond une partie de spath fluor avec quatre
parties de carbonate de potasse ou de soude -, on verse de
l’eau sur la masse résultante du mélange , l eau se charge
de tout ce qui est soluble , et il reste au fond un carbo-
nate calcaire. Si l’on fait évaporer la liqueur surnageante
jusqu’à siccité , on obtient un fluate de potasse ou de
soude ; on peut , avec cette dernière substance , obtenir
un sel cristallisé.
s- XCI
Fluate de Barite.
Sion verse del’acidé fluorique dans une dissolution de
Filiales de Strontiane et de Potasse. iqj
nitrate ou de muriate de barite , on y occasionne un
précipité.
Ce précipité traité par l’acide sulfurique , laisse dé-
gager de l’acide fluorique ce qui prouve que Monnet
a eu tort de dire que l’acide sulfurique et l’acide tluo-
rique sont semblables.
On peut encore préparer le fluate de barite , en faisant
passer du gaz acide fluorique dans de la barite pure , ou
dans le carbonate délayé dans l’eau. Quand la barite est
saturée , ou avec un léger excès d’acide , on filtre et l’on
fait évaporer la liqueur.
Le fluate de barite est susceptible de cristalliser -, il
est soluble dans l’eau.
Ce fluate n’est décomposé que par la chaux et par les
alcalis à l’état de carbonate.
§. xcir.
Fluate de Strontiane.
Ce sel n’est pas connu. Si l’on ajoute de l’acidc fluorique
li une solution de strôntiane dans l’eau , ou dans les
acides nitrique ou muriatique , on obtiendra un résultat
semblable à celui de barite.
Ce sel est décomposé par la cbaux et la barite.
§. X C I II.
Fluate de Potasse
Quand on prépare un fluate alcalin n*«c de l acide-
I
Finale de Potasse'.
198
fluorique siliceux , on ne parvient jamais à précipiter toute
la silice , il en reste une partie en sel triple , qui , cepen-
dant, se décompose , si l’on chauffe un peu lorigtems :
alors , la silice se sépare en gelée. v
Si , au contraire , on prépare le fluate de potasse avec
de l’acide fluorique pur , on l’obtient en lames ductiles ,
tandis qu’avec l’acide préparé dans des vaisseaux de
verre, il est en gelée ; c’est ce qui avoit induit en erreur
le célèbre Scheele , car il ne parvint jamais à l’obtenir
cristallisé.
Pour préparer ce sel , on met dans un creuset i3o par-
ties de carbonate de potasse avec 100 parties de fluate de
cbaux, le tout pulvérisé. On place le creuset au milieu
des charbons, et on l’entretient au petit rouge pendant
environ une demi-heure j il se forme du fluate de potasse
et du carbonate de chaux : il faut avoir l’attention de ne
pas trop chauffer , pour, éviter de décomposer le carbonate
de chaux, car l’acide carbonique se dégage en partie et
il se reforme du fluatç de chaux ; on fait dissoudre et on
évaporé jusqu’à forte pellicule , on obtient des cristaux
sous la forme cubique. Dans cette opération on a toujours
Un sel avec excès de base -, pour l’avoir neutre , il convient
de saturer la potasse par l’acide fluorique gazeux ou
liquide.
Le feu en dégage l’acide fluorique, et il ne reste que de
l’alcali dans le vaisseau -, si on ne faisoit pas cette expé-
rience dans un vase de métal, on obtiendroit un sel triple
en gelée.
Le fluate de potasse est soluble dans l’eau.
Les acides sulfurique, nitrique et muriatique en chas-
sent l’acide fluorique. On apperçoit promptement des
I
Fluates de Soude et d' Ammoniaque. ir,§
, vapenrs blanches et lourdes , et qui sont siliceuses dès le
premier moment , si l’on opère dans des vaisseaux de
verre.
Ce fluate est décomposé par la chaux la barite et la
! strontiane. •
Le muriate calcaire et le sullate de magnésie, d après
Schèele , décomposent aussi c esel.
§. xciy.
Fluate de Soude.,
Le fluate de soude se prépare de la même manière que
! le fluate de potasse.
Boullanger , qui a examiné tous les produits de l’acide
fluorique, a dit que ce sel cristallise en cubes -, Scheele
a annoncé qu’il ne se cristallise pas. Du reste , il se com-
porte à-peu-prés comme le fluate de potasse , lorsqu on le
met en contact avec le calorique.
Il est décomposé par la chaux , la baflte , la strontiane
et la potasse. L’acide fluorique quitte la soude pour
s’unir à la base qu’on ajoute.
Les carbonates et le muriate de chaux le décomposent
aussi.
§. X C V.
Fluate d’ Ammoniaque .
On peut préparer ce sel avec le carbonate d’ammo-
niaque cristallisé , ou bien en saturant l’ammoniaque li-
quide , par 1 acide fluorique.
aoo Fluate rf Ammoniaque.
Ce sel cristallise en petits grains , pourvu que 1 acide
fluorique soit bien pur ; car, s il tenoit de la silice , il se
formeroit un sel triple , qui n’est plus susceptible de
cristalliser, et si l’on évaporoit , même dans des vaisseaux
de verre , ce sel triple se formeroit. On dôit observer
que , sur la fin de l’opération , il se dégage de l’ammo-
niaque , en sorte qu’il faut en ajouter pour obtenir le
fluate d’ammoniaque , sous une forme régulière : sans
cette précaution , la presque totalité de l’ammoniaque se
dégageroit.
Ce sel existe toujours avec excès d’acide. Le fluate
d’ammoniaque, le plus neutre qu’on puisse obtenir , cor-
rode le verre , et peut-être les cristaux qui se forment,
sont-ils un sel triple , fluate ammoniaco-siliceux.
Lorsqu’on distille ce sel dans des vaisseaux clos, avec
l’acide sulfurique, il passe de l’acide fluorique pur, et
il se forme une croûte épaisse Sur l’eau dans le réci-
pient.
Les substances terreuses précédemment examinées ,
ainsi que les alcalis , décomposent ce sel , l’ammoniaque
se dégage.
Si l’on distille du fluate d’ammoniaque avec du carbo-
nate de chaux, on obtient du carbonate d ammoniaque et
du fluate de chaux. Cette décomposition ne peut avoir
lieu qu’à l’aide du calorique.
Le muriate et le nitrate calcaire décomposent aussi ce
sel. 11 j a échange de base.
Scheele dit que ce sel trouble la solutiotv de sulfate
de magnésie.
Fluates de Magnésie , de Glucine et d’.llumine. sert
§. XCVI.
Fluate de Magnésie.
La magnésie est dissoute par l’acide fluorique , mais
elle se précipite aussitôt avec l’acide , et forme avec la
terre , non dissoute , une masse gélatineuse.
Ce sel est soluble par excès d acide •, on ne peut jamais
l’obtenir neutre.
Il est décomposé par toutes les bases précédentes.
Lorsqu’on décompose ce fluate par l’ammoniaque , il
se forme un sel triple, fluate ammoniaco - magnésien ;
c’est ce qui arrive pour tous les sels magnésiens , quand
on les décompose par l’ammoniaque , et la décomposition
de ces sels s’arrête au moment où les doses nécessaires
pour la formation du sel triple qui se forme , se sont réci-
proquement combinées.
§. XCV1I.
Fluate de Glucine .
Combinaison inconnue.
§. XCVI II.
Fluate d’ Alun âne.
M. V aufjueliu a reçu de Danemarck un minéral blanc ,
lamelleux , apporté de Groenland -, ce chimiste a reconnu
202 Filiales de Zircone et de Silice. Borates , etc :
qu’il contenoit du fluate d’alumine , sel qu’on n’avoit
point encore trouvé dans la nature. Ce minéral a reçu le
nom de Chryolite. Le fluate d’alumine existe également
dans la topaze. .
L’alumine donne , avec l’acide fluorique , une foible
dissolution qui ne peut être cristallisée , et qui se met en
gelée.
Ce sel est décomposé par toutes les bases.
i §. X C I X.
j Fluate' de Zircone.
encore traité cette terre avec l'acide
Fluate de Silice.
Voyez acide fluorique.
i
S- CI.
Borates terreux et alcalins.
Propriétés génériques de ces sels.
Excepté une ou deux espèces , les borates sont le
produit de l’art.
Ces sels sont fixes au feu , ils se fondent et se vitri-
fient 5 le borate d’ammoniaque seul se décompose.
On n’a point
fluorique.
Borate de Chaux. 20Ü
Us n'éprouvent aucune altération de la part de l’air.
Les uns sont solubles dans l’eau et les autres insolubles,
mais ils acquièrent tous la solubilité quand ils sont avec
: excès de base , caractère qui n’appartient a aucun autre
igenre de sel.
Beaucoup d’oxides métalliques se combinent par la
sfusion avec les borates , il en résulte des verres de di-
verses couleurs.
Les acides sulfurique , nitrique , muriatique , phos-
| pboriquc et üuorique décomposent les borates.
S- CH.
Borate de Chaux .
Pour préparer ce borate , on verse de l’eau de chaux
dans une solution d’acide boi'acique , jusqu’à parfaite
saturation : on fait ensuite évaporer la liqueur saline
jusqu’à siccité.
Ce sel a peu de saveur -, il est fixe au feu et se vitrifie.
Il est insoluble , ou du moins plus insoluble que la
chaux.
A l’aide de la chaleur, il est décomposé par les acides
qui en précipitent l’acide boracique.
On doit préférer , pour faire cette expérience , l’acide
muriatique, attendu que le muriate de chaux qui se
forme, étant soluble, reste en solution dans ia liqueur;
avantage que l’on n’auroit pas , si I on employoit l’acide
sulfurique, parce que le sulfate de chaux se précipiteroit
en même tems.
Il existe , aux environs de Lunebourg , dans des couches
2©4 Borate de Barite.
de sulfate de chaux , une substance qui , à cause de sa forme
et de sa dureté , reçut le nom de quartz cubique. fVestrumb
a prouvé , par des expériences nombreuses , que cette
matière est un sel triple , composé de magnésie , de chaux
et d’acide boracique , dans les rapports suivans : acide-
boracique , 0,660 ; chaux , 0,1 o5 ; magnésie , 0,1 35 •, le
reste en matières étrangères , qui consistoient en un peu
de fer , de silice et d’alumine.
La chaux boratée a été encore trouvée par Klaproth ,
dans un fossile d’Arendal , en Norwège, appelé d’ Atholite.
Les alcalis caustiques sont impuissans pour décomposer
le borate magnésio-calcaire natif-, ce n’est que par les
acides , que TVestrumb est parvenu à en séparer les élé-
mens , et à en déterminer les proportions.
§. CIII.
Borate de Barite.
La barite se combine avec l’aeide boracique.
On prépare ce sel , en versant une solution d’acide
boracique dans une solution de barite.
Ce sel est soluble; il est indécomposable par les
autres terres et les alcalis : il est cependant encore in-
certain s’il ne seroit pas décomposé par la chaux.
11 est décomposé par tous les acides même à froid.
Outre les alcalis et les acides, il y a plusieurs sels qui
décomposent ce borate -, alors il y a action de double affi-
nité : c est ce qui arrive , si I on met en contact du muriate
de chaux avec le borate de barite ; il y a échange de base.
Borates de Strontiane et de Magnésie.
ao5
S- Civ.
Borate de Strontiane.
Sa préparation est la même que celle du borate de ba-
:rite. Ses propriétés ont aussi beaucoup d’analogie avec le
■sel précédent.
L’un et l'autre ne s’est point encore trouvé dans la
mature.
S-'cv.
Borate de Magnésie .
Ce sel se trouve en cubes transparens dans une carrière
de sulfate de chaux au Kalckberg, près Lunebourg. Dans
icet état de transparence , il ne contient pas de chaux.
JÆ. Haupt a découvert que ces cristaux s’électrisoient par
lia chaleur, et que les angles qui présentoient le plus de
ifacettes , manifestoient l’électricité résineuse.
Pour préparer ce sfcl , on jette de la magnésie dans une
[solution d’acide boracique -, elle s’y dissout lentement.
La liqueur évaporée donne des cristaux grenus , sous forme
i régulière.
Ce sel a une saveur douce et comme sucrée.
11 est fixe au feu •, il se fond et fait un verre transparent,
qui devient opaque par refroidissement, mais qui reste
i clair , si 1 acide boracique est en excès.
On ne connoît pas le degré de solubilité de ce sel.
La chaux et la barite décomposent le borate de magné-
sie •, les alcalis produisent le même effet.
206 Borate de Potasse.
Les acides s’emparent de la magnésie , et en séparent
l’acide boracique.
Quand on veut préparer du borate magnésien calcaire,
on mêle du sulfate de magnésie avec du muriate de chaux ,
et l’on y ajeute du borate de soude.
§. c v i.
Borate de Potasse.
\
L’acide boracique s’unit facilement à la potasse.
Ce sel a une saveur légèrement alcaline.
Il se cristallise irrégulièrement en prismes à six faces}
deux grandes , deux petites avec pyramides à quatre
faces.
Le borate de potasse ne cristallise, comme celui de
soude , que lorsqu’il est avec excès de potasse. Quoique
sa saveur alcaline, dans les borates de potasse et de soude,
soit très-marquée -, et quoiqu’ils colorent en vert les cou-
leurs bleues végétales , et rétablissent les couleurs rougics
par les acides , il est certain que l’excès d’alcali n’est point
pour cela à nu.
Ce sel vitrifié au feu est plus soluble que celui de
soude.
Il est décomposé par la barite et la chaux. Lorsqu’on
ajoute une trop grande quantité de chaux, on redissout
par excès de chaux -, c’est alors une propriété bien remar-
quable , que la chaux en excès puisse dissoudre le borate
de chaux qui s’est formé : car les sels insolubles sont ordi- !
•iiairement redissous par excès d’acide. C’est donc par excès
de base , que cette dissolution a lieu.
Borate sur-saturé de Soude , ou Borax.
207
§. C V 1 1.
Borate sur-saturê de Soude , ou Borax.
Ce sel existe dans le commerce, sous trois états ; x°. bo-
rax brut, tinchal , ou chrysocolle , nom qui lui vient de
l’emploi qu’en font les chaudronniers , les bijoutiers, et
les orfèvres , pour souder les métaux ensemble •, 20. borax
de la Chine -, 3°. le borax de Hollande , ou borax raffiné.
Le borax brut , tinchal , arrive de la Perse et de la Chine
en Hollande, en cristaux vert-porreau effleuris par une
poudre blanche verdâtre. Le borax est combine avec une
matière grasse, qu’on reconnoît en le jetant sur des char-
bons ; il répand une odeur de graisse.
Pour purifier ce sel , les Hollandais font dissoudre le
borax dans l’eau bouillante -, ils y mêlent de la chaux , ou
de la soude , et on clarifie avec des blancs d’œufs , ou du,
sang de bœuf : ou bien encore on fait dissoudre le borax ,
et I on ajénte un peu de chaux et d’argile qui se combi*-
uent avec les matières graisseuses ; on chauffe -, il résulte
uu savon calcaire insoluble qui se précipite , et le borate
sur-saturé de soude reste dans la liqueur ; on décante , et
•on lave le résidu -, on fait évaporer , et l’on obtient par le
refroidissement des cristaux , auxquels on fait subir une
deuxieme, et même une troisième cristallisation. Margrajf
a trouve du cuivre dans le borax brut et de l’argile ; peut-
être cela vient-il des vaisseaux où on le prépare. Sa saveur
est styphque , mineuse -, il verdit le sirop de violette, parce
qu’il contient excès de soude.
208 Borate sur-saturê de Soude , ou Borax.
Sa forme cristalline est un prisme à six pans irréguliers,
terminé par des biseaux.
Ce sel se fond aisément au feu ; il commence par se
gonfler, et prendre un volume considérable -, dans cet état ,
il porte le nom de borax calciné. Le borax n est nulle-
ment altéré dans sa composition -, il n’a perdu que son eau
de cristallisation. Le borax, le mieux raffiné retient une
matière grasse , aussi noircit-il par la fusion , ce qui prouve
que cette substance se carbonise.
Si on continue à le chauffer, il s’affaisse et se fond en im
verre transparent, qui effleurit à sa surface. Le borax ,
ainsi vitrifié, perd au moins les i de son volume^ on le
préfère souvent à l’acide boracique , pour des essais au
chalumeau , parce qu’il se fond plus aisément , et qu il se
combine mieux avec les substances terreuses.
L’air n’altère pas ce sel -, il s’effleurit cependant à sa
surface , en perdant une portion de son eau de cristalli-
sation.
Ce borate est soluble dans l’eau ; il faut environ 20 par-
ties d’eau froide pour eu dissoudre une de ce sel , et
3 parties d’eau bouillante.
Le borax est un fondant pour la silice , et le verre qui
se forme, est aloi's inaltérable à l’air. Il faut avoir soin
de bien diviser la terre , quand on veut la fondre avec le
borax.
Quand ou soufle au chalumeau une substance terreuse ,
en poudre très-fine avec du borax , il faut mettre la terre
au fond , et le borax par-dessus , afin que le vent ne l’em-
porte pas-, on doit aussi ménager le vent, jusqu'à ce qu il
y ait un. commencement d’agglulinatipn ; il faut melU'e
Borate sursaturé de Soude , ou Borax. aog.
assez de borax , pour que le verre soit transparent -, car s’il
y avoit trop de silice , le verre seroit opaque.
Le borax donne une couleur jaunâtre à la flamme ; c’est
un de ses caractères. Il dissout très-bien la silice, et l’on
voit que la combinaison est parfaite , quand le globule est
brillant.
Les fabricans de pierres précieuses fausses , aiment
mieux employerje borax pour fondant , que l’acide bora-
cîque ; il se fond mieux, et fait un verre fixe très-brillant,
plus beau même que certaines pierres, mais qui n’p ni leur
densité , ni leur dureté, ni leur poids.
Li alumine, en se combinant avec le borax, fait une
effervescence très-rapide ; cela est dû apparemment à un
peu d’air, ou d’acide carbonique qui s’y trouve.
La barite et la chaux décomposent ce sel. Si l’on em-
ploie de la chaux vive, on opère une décomposition
complète.
Le borax fait reconnoître la présence des matières mé-
I talliques, par la manière dont son verre se colore.
Le borax du commerce est avec excès de soude , et
Bergmann a vu que , pour l’amener à 1 état de sel neutre ,
il absorbe moitié de son poids d’acide boracique ; ce bo-
rate neutre n’est pas aussi soluble que le borax du com-
merce.
La potasse décompose le borate de soude , mais l’am-
moniaque ne l’altère en aucune manière ; car sa dissolu-
tion , par une évaporation spontanée , laisse échapper
1 ammoniaque , et ne conserve à la fin que de l’acide bora-
L cique.
Tous les acides , excepté l’acide carbonique , décompo-
f ‘Cnt Ie b0raï * Acide boracique. Mais , à
*4
210 Borates d Ammoniaque et de Glucine.
r r I
l aide d’uue forte chaleur , 1 acide boracique décompose t
son tour presque tous les sels dont les acides sont moins :
fixes que lui.
Kirwan a donné de ce sel les proportions suivantes :
acide boracique , 34 \ soude , 17 ; eau , 47*
§. C V 1 1 I.
Borate df Ammoniaque.
Pour obtenir ce sel , on dissout de l’acide boracique bieni
pur dans de l’ammoniaque, jusqu'à ce que la saturation
soit complète •, 011 étend ensuite cette dissolution dans ur
peu d’eau , et l’on fait évaporer au bain de sable cnviroc
moitié de la liqueur; elle a fourni à M. Fourcroj, qui le
premier a fait cette expérience , une couche de cristauii
réunis , dont la surface offroit des pyramides : j’ai obtenu!
aussi ce sel en lames feuilletées.
Ce sel a une saveur piquante et urineuse ; il verdit It
sirop de violette ; il perd peu-à-peu sa forme cristalline i
et devient d’une couleur brune par le coutact de 1 air ; il
paroît assez soluble dans l’eau.
Il est décomposé par la barite , la chaux, la potasse et
la soude.
11 diffère des autres borates , en ce que l’ammoniaque se
volatilise , tandis que l’acide reste pur.
§. C I X. |
Borate de Glucine.
J
Inconnu.
Borates d‘ Alumine , de Zircone , de Silice , etc. an
§> ex.
Borate A Alumine,
Inconuu.
Inconnu.
§. ’CXI.
Borate de Zircone.
y:.-;;q oJt
!
S. c x 1 1.
Borate de Silice par la fusion.
Ùa u’a point encore examiné la nature de ce seL
il
§. C XI 1 1.
%
Carbonates.
Caractères génériques.
La plus grande partie de ces sels existe dans la nature,
lous les carbonates se décomposent par l’action du calo*
ique , 1 acide se dégage sous forme de gaz. On doit cepen-
dant excepter les carbonates de barite et d’ammoniaque,
:n raison de 1 affinité intime de leurs élémens qui leur
donne la tendance a l’élasticité. Ces' deux forces l’empor-
;eut sur l’énergie du calorique.
.
2 12
Carbonates.
Exposés à l’air, ils éprouvent peu d altération ; quel-.,
ques-uns s’y effleurissent.
On les divise en solubles et insolubles. Cependant on
parvient à les rendre solubles dans un excès d’acide.
Le carbone réduit en poudre et mêlé avec les carbo-i
nates de barite , de stroptiane , de chaux , de potasse et de:
soude , et exposé à une haute température les décom-
pose entièrement , il se dégage du gaz oxide de car-
bone.
Le phosphore décompose aussi ces carbonates à unei
température élevée , il en resuite des phosphates.
Avec le soufre, la décompositiou a de même lieu, ei
il se forme des sulfures.
Tous les acides décomposent les carbonates avec effer-
vescence , d'où résultent des sels selon l’espèce d acide!
employé. Dans ces sortes de décompositions , il y a tou-
jours dégagement de calorique.
Procédés pour obtenir les carbonates.
Quand on veut obtenir les différens carbonates , voie:
l’appareil et la manière d’opérer.
Dans une grande bouteille à deux tubulures, on met ur
acide foibîe, très-étendu d’eau-, à lune de ces tubulure;!
on adapte un long tube, ou conduit conique, dont la partiel
rétrécie est en-dedans , et la base en-dehors ; ce tube es ;
destiné à introduire de la craie délayée.
On peut se procurer ce conduit conique en prenant uij
matras que l’on coupe perpendiculairement à son col
que l’on effile à lu lampe à son extrémité } on choisit et 01
prépaye le matras , en sorte que sa partie évasée ait sep
Carbonates.
2l3
« huit centimètres de diamètre , et sa partie effilée qui est.
dans Je flacon , environ deux millimètres -, il faut que le
jîoI ait assez de hauteur pour qu’à l’aide du liquide , dé-
rayant le carbonate , on comprime le gaz avec une force
Supérieure aux pressions exercées sur lui dans les autres
carties de l’appareil : on bouche ce conduit à volonté , à
s’aide d’un piston que l’on fait en prenant un tube solide
de verre sur l’une des extrémités duquel on applique du
Ferre fondu à la lampe , afin d’avoir des inégalités , et 1 ou
entoure cette extrémité de filasse ou de linge.
A la deuxième tubulure, on adapte un tube recourbé,
dont l’ouverture a environ dix à douze centimètres -, ou
liait plonger la deuxième branche de ce tube dans une
tbouteil le semblable à la première, dans laquelle on met
une solution de potasse ; on peut ajouter successive-
ment une série de bouteilles , dans lesquelles on met des
solutions, soit alcalines, soit terreuses-, quant aux terres
qui ne sont pas susceptibles de se dissoudre dans l eau ,
un les délaie seulement.
L’appareil ainsi disposé, on lute toutes les jointures,
ensuite ou soulève la tige ou siphon , et l’on introduit
eeu-à-peu la craie délayée, qui tombant sur l’acide, se
décompose , et perd son acide carbonique , qui est obligé
le traverser les solutions, et en les traversant, le gaz
«ci de les sature. Lorsque les liqueurs sont entièrement
eaturées on les filtre, et on les fait évaporer pour obtenir
des carbonates cristallisés.
On peut encore les obtenir par les carbonates alcalins ,
:en prenant ces substances telles qu elles se trouvent dans le
commerce -, et après les avoir dissoutes dans l’eau , ou les
sature avec 1 acide carbonique , et ou les fait cristallisée
Carbonates.
■ 2 1 4-
plusieürs fois de suite. Ces sels cristallisés se dissolvent
dans l'eau en produisant du froid.
M. TVelter a imaginé un autre appareil , dont je vais
donner la description.
Le but de cet appareil est d’entretenir un contact con-
tinuel de gaz acide carbonique avec l’alcali , et de propor-
tionner le dégagement du gaz à sa fixation.
La figure première présente l’appareil complet : il est;
composé des quatre parties distinctes A , B , C , D , quij
servent , savoir :
La première A au dégagement, ou à la production dui
gaz acide carbonique , et d’où il se répand dans l’ap-
pareil ;
La seconde B , à réunir toutes les parties de l'ap-
pareil
La troisième C , de l'éservoir pour le gaz acide car-i
bonique : la fonction principale de cette partie est de
fournir le gaz à l’alcali à mesure que celui-ci l'absorbe -,
Et la quatrième D , a contenir l’alcali que l’on veut:
saturer en contact avee l’acide carbonique.
Chacune de ces parties demande un examen particulier
on va les décrire dans l’ordre présenté.
Partie À , flacon à deux tubulures , a,b, (la troisième!
c , n’est pas nécessaire. )
Ce flacon contient de l’acide sulfurique , étendu de i
quatre parties d’eau , jusqu’à la hauteur d.
La tubulure a reçoit un tube e' c' e dont la partie supé-
rieure e' e' est évasée comme la base d’un entonnoir , et j
dont la partie inférieure e qui traverse le bouchon de la
tubulure, et qui entre dans le flacon, est tellement tirée à
la lampe, que la portion du tube qui est dans le bouchon.,
Carbonates. 21 5
a pour diamètre intérieur celui de l’extrémité g de la
•tige/représentée figure 2 A , et que l’orifice e qui se trouve
alans le flacon, n’a au plus que deux millimètres de dia-
mètre. ( Ou peut faire ce tube e'e'e avec un petit matras
h long col : on enlève le fond en laissant à-peu-près la
•moitié de la panse du matras, ce qui forme la partie e'e'
«du tube; le col eu donne la partie a a et l’extrémité du
ccol ramollie et tirée à la lampe d’après les dimensions in-
diquées , donne l extrémité e. ) Dans le tube e'e' e entre une
./tige de verre f représentée fig. 2 A. Cette tige est garnie
ide filasse à son extrémité gy- introduite dans le tube e'e'e,
-elle sert de piston , bouchant hermétiquement la partie
rétrécie du tube qtii se trouve dans le bouchon , et ne per-
* mettant à la liqueur qui remplit le tube, de s introduire
dans le flacon A que lorsque g élevé en a se trouve dans
la partie non rétrécie du tube.
La tubulure b contient un tube lihh doublement re-
icourbé et faisant communiquer le flacon A avec celui B.
Partie B. Flacon à cinq tubulures a ,b,e,i}h , dont
le plan est représenté fig. 3 B.
Ce flacon contient de l’eau jusqu’à la hauteur l.
La tubulure h reçoit le tube hhh venant du flacon A.
La tubulure b coutieut un tube droit g g , dont 1 extré-
mité g" plonge dans l’eau à la profondeur d un ou de deux
centimètres-, il sert à indiquer la pression exercée dans
l’appareil par le gaz acide carbonique.
La tubulure a contient un tube droit a a qui permet
de faire communiquer à volonté 1 intérieur du flacon. B
avec l’atmosphère , au moyen d’un ensemble de tubes
dessiné dans la fig. B 4. On y voit le tube a' a garni de
deux bouchons m et ri : le bouchon m entre dans u®
2I^ Carbonates.
tube min entourant le tube a' a ; dans l’intervalle de ces j
deux tubes , et sur le bouchon ni , on met une hauteur r
de 12 a i5 millimètres de mercure; on recouvre ensuite
le tube aa d’un troisième tube d fermé par le haut, e* j
qui , plongeant dans le mercure en p m , interrompt le j
contact de l’atmosphère avec l’orifice a' du tube a' a et j
conséquemment bouche le flacon B , lorsque le bouchon n <
est placé dans la tubulure a.
La tubulure i contient un tube ii composé comme le i
piecedent a a , mais dont le tube intermédiaire ooo , dou- j
blement recourbe , établit une communication entre le j
flacon B et le réservoir C.
La dernière tubulure /contient un tube ///double- j
ment recourbé , établissant la communication entre les j
flacons B et D.
Partie C. Cette partie est composée d’un tonneau t7
ayant latéralement un trou b pratiqué un peu au-dessus de !
son fond a a.
Dans le trou latéral b , entre un bouchon percé rece— •
•vant dans 1 orifice qui se trouve au-dedans du tonneau , j
■un tube b bb"b courbé à angle droit, dont la portion b ' '
doit etre courbee de manière que la courbure b" touche le \
fond a a du tonneau, ce qui donne au tube b b plus de i
solidité. Dans l’orifice du bouchon qui se trouve eu-dehors i
du tonneau , est vissé un robinet de cuivre r , dont la I
partie c reçoit un tube cc' c" c courbé en c' pour s’élever 1
verticalement , et de c' en c" pour s’accoler en dd' contre
le châssis dd. Ce tube , a la hauteur d , se trouve composé
comme celui a' a décrit fig. q B ; il reçoit alors le tube ooo
qui le fait communiquer avec B.
Les pièces qui correspondent au trou B du tonne:**
Carbonates.
ax7
sont lutées , dans l’intérieur , avec dû mastic de graveur
et à l’extérieur avec du lut gras.
Dans le tonneau t, contenant de l’eau jusqu’à la hau-*
leur eee , entre une cloche c à boîte en robinet de cuivre
l et m : cette cloche est suspendue en g' par une corde
qui passe sur les poulies hh , et qui supporte en i un poids Je
un peu moins pesant que la cloche lorsqu’elle se trouve
entièrement noyée dans l’eau du tonneau.
Quand la cloche C est enfoncée totalement dans le ton-
neau , elle doit reposer sur deux morceaux de bois d’ere-
viron deux ou trois centimètres d épaisseur , garnissant
les deux portions lll de la circonférence intérieure du
fond «a du tonneau ( V^oyez la fig. 5 C , qui représente
le plan du tonneau , et la fig. 6 C , qui en représente la
coupe verticale jusqu’en AB); en sorte que la base l'I'Jf
de la cloche ne touche point le tube b.
Partie D. Flacon à trois tubulures , a , b , c.
La tubulure a reçoit un tube aa' a allant dans un petit
flacon d contenant de l’eau jusqu’en e.
La tubulure b reçoit le tube fff venant du flacon B ;
ce tube doit avoir à-peu-près deux centimètres de dia-
mètre à son orifice y7.
La tubulure c contient un siphon gg' , communiquant
avec le flacon l, et dont la branche g' doit être plus
longue que celle g.
Le flacon l a trois tubulures h , i , k.
Il reçoit dans la tubulure i le siphon gg' ; dans celle k
un tube bb à une seule courbure -, la tubulure n reste
•libre : en la bouche.
Après la formation de l’appareil , par la réunion des
quatre parties que l’on vient de décrire , chacune d’elles
ai 8 Carbonates.
demande , avant que l’on puisse faire 1 operation , un»
préparation particulière.
Il faut remplir le tube e'e'c de la partie A , de carbo-
nate de chaux délayé.
Par la tubulure h du flacon l (partie D i , on remplit
d’alcali le flacon l ; on bouche la tubulure h avec son.
bouchon , et , soudant par le tube k , on force 1 alcali à
remplir le siphon g’ g' , et à entrer dans le flacon D : 1 air
contenu dans ce flacon s’échappe par le tube au’ a , et
traverse l’eau du petit flacon d. La liqueur se met à-peu-
près de niveau dans les flacons D et Z, et 1 extrémité du
tube ff p , qui réunit les flacons B et D , ploDge dans
l’alcali.
Passant ensuite à la partie c, on ouvre le robiuet m de
la cloche , et l’on tient fermé celui r du tonneau. Par
l’eXcédant du poids de la cloche k , elle s’enfonce dans
le tonneau, et se remplit d’eau, laissant . échapper en g'
l’air qu’elle contenoit.
Lorsque , totalement enfoncée dans le tonneau , la.
cloche repose sur les segmens de cercle /,/,/, 1 orifice du.
tube supérieur b se trouve dans la boîte de cuivre l : il faut
que le niveau d’eau , qui par l’enfoncement de la cloche, a
pu s’élever de e en e' ait, au-dessus de lui , la hauteur b e '
du tube b égale au moins à deux centimètres, afin que ce
tube ne puisse passe boucher par l’eau , ce qui empècheroit
le gaz de parvenir dans la cloche c.
Lorsque la cloche est pleine d’eau, on ferme son robinet /*
et l’on ouvre le robinet r du tonneau.
L’appareil ainsi disposé, on soulève la tige /'(partie A)
et l’on introduit peu-à-peu du carbonate de chaux, qui,
tombant sur l’acide sulfurique, se décompose et perd son
Carbonates. *i$
nci^p carbonique; celui-ci, mis à letat de gaz par le fait
de la décomposition, arrive, par le tube Zi, h , h , dans le
flacon B. On lève le tube d, qui bouche celui a' a de ce
flacon, afin de laisser sortir l’air atmosphérique contenu
dans les flacons yf et fi; lorsqu’il est sorti , on ferme la
tubulure a du flacon B en remettant le tube d : alors le
gaz acide carbonique qui pase dans B} éprouvant moins
de résistance pour arriver dans la cloche , par les tubes ii et
o o o , pour aller dans la partie D , par le dube fff qui
plonge dans l’alcali , soulève et remplit la cloche C.
La cloche pleine, on cesse d introduire du carbonate
de chaux dans le flacon A, et l’on remplit le flacon D
d’alcali en souflant par le tube À du flacon Z. Les niveaux
de la liqueur alcaline sont à la hauteur n dans le flacon D
et m < n dans le flacon Z; et la liqueur tendant à se mettre
en équilibre , à cause du siphon g1 g1 , le niveau n s abaisse
et produit un vide dans le flacon D *
Le gaz acide carbonique est alors attiré et tend à entrer
dans le flacon D par le tube fff'\ eu même tems, 1 eau
du petit flacon d (partie D ) s’élève dans le tube a a’ a-,
mais la hauteur de ce tube est telle que le gaz acide caibo-
nique peut entrer dans le flacon D , avant que 1 eau soit en
a' dans le tube aa' a.
Les deux niveaux n et m se mettant en équilibré dans
les flacons D et Z, et le gaz acide carbonique qui occupe
la partie supérieure du flacon D se combinant avec la
potasse, il se forme un vide rempli continuellement par de
nouveau gaz.
Lorsque la cloche ne contient plus , ou presque plus de
gaz acide carbonique, on la remplit par un nouveau
dégagement.
Carbonate de Barite.
Comme le gaz acide carbonique se frouve mêlé d’un petr
d air atmosphérique, cet air, qui n'est pas absorbé parla
potasse, s accumule dans le flacon et pourroit arrêter
1 operation : on l’en chasse en souflant par le tube b du
flacon l et en remplissant d alcali le flacon D .
9
§. CXÏV.
Carbonate de Barite.
i
On connoit depuis quelques années le carbonate de ba-
rite natif. C est le docteur TVitering, qui le premier l’a
trouve dans les mines de Moor-AIston en Angleterre, ce
qui lui avoit fait donner le nom de Witherite. On trouve
aussi ce sel en ruasses cellulaires cariées auprès de Neuberg
dans la Haute Styrie, et à Scbîengenberg en Sibérie.
Cette substance , extrêmement compacte et demi-trans-
parente, a la couleur de la corne; elle offre un tissu fibreux,
et se divise en lames peu régulières, selon la direction de
ses fibres ; la cassure transversale a un coup-d’œil gras, et
offre une forme concave et convexe, comme les substances
siliceuses; a 1 extérieur , les fibres qui composent sou
tissu , se trouvent quelquefois de longueur inégale, et pré-
sentent divers faisceaux, séparés par de petits intervalles,
qui lui donnent une apparence cellulaire; mais cet accident
ne lui est point essentiel.
Le carbonate de barite natif de Strontian , est sous la
foi me d un pnsme, a six pans termines par des pyramides
hexaèdres, adossés horisontalcmeni au spath calcaire.
La pesanteur spécifique de ces difîérens carbonates de
barite est très-forte; elle est do 4,29.
Carbonate de JBarite, 24 1*
Ce sel n’a pas de saveur, ni d’odeur, soumis à l’action
du chalumeau il fond, mais ne laisse pas dégager d’acide
carbonique, comme les autres carbonates-, cest un sel
neutre , insoluble ; mais qui , comme le carbonate de chaux,
est soluble dans une eau chargée 4 acide carbonique.
On forme artificiellement le carbonate de barite, car le
natif est assez rare. P >ur cela ou verse dans une dissolu-
tion d’un sel baritique, du carbonate d’ammoniaque liquide,
jusqu'à ce qu’il ne se tonne plus de précipité. Ou décante
et ou lave ie précipité, ou bien d’après un procédé de
M. Buchoz, on lait rougir pendant une heure et demie un
mélange de iü onces de suliate de barite, a onces de char-;
bon c. 4 ouces de muriate de soude, ou lessive la masse
restante dans le creuset par l’eau , et on précipite la liqueur
filtrée par le carbonate de soude, ou. de potasse. Il paioit
que le muriate de soude, n’agit que mécaniquement en.
favorisant la t.isiou.
Le carbonate de barite natif diffère beaucoup du carbo-
nate de barite artificiel; le premier ne perd pas un atome
de son acide par sou exposition au grand leu , aulieu que
le second en perd une petite partie. Priestley a lait voir que
l’acide carbonique s’en dégageoit quand on y taisoit passer
un courant de vapeur d eau.
Mêlé avec le charbon , et traité à un grand feu, pendant
deux heures, dans un creuset brusque, le carbonate do
baril» se décompose, il Se dégagé du gaz oxide de carbone,
et la barite reste pure.
La 'limaille de fer qu’on fait rougir avec lui, décompose
l’acide carbonique du carbonate , il se dégage du gaz oxide
de carbone, et il reste du fer oxidé avec la barite pure»
Plusieurs autres métaux produisent le môme fiifgt.
222
Carbonate de Strontiane.
Si on met du carbonate natif avec l’artificiel , le tout
en poudre et chauffé ensemble, le mélange prend une
couleur verte interne, qui dure quelques mois et fiait par
disparoître.
lous les acides minéraux décomposent ce sel.
Proportions de ce sel naturel, suivant MM. Desormes et
Clement: barite 0,78 •, acide carbonique sec 0,22.
§. cxv.
Carbonate de Strontiane.
Le carbonate de strontiane se rencontre à Stronlian ,
en Ecosse dans une montagne de gneiss.
Ce sel est d’un vert clair, il s’en trouve aùssi de trans-
parent et sans couleur -, il est strié et quelquefois sous forme
cristalline régulière. Sa pesanteur spécifique est de 3,6; 5.
Ce carbonate estconséquemment plus léger que le carbonate
de barite.
Le carbonate de strontiane retient assez fortement le gaz
acide carbonique -, mais avec des précautions, et en conti-
nuant le feu, on peut en séparer jusqu à cinq ou six parties
de gaz acide carbonique , sur cent de carbonate de strontiane,
sans que le creuset soit attaqué : il faut cependant avoir
l’attention de ne pas donner un feu trop fort, car alors cette
terre altaqueroit le creuset, et fourniroit un verre couleur
de chrysolite ; chauffé au chalumeau il se gonfle, semble
végéter, et les extrémités des filamens qui se forment , se
fondent un peuj la flamme du chalumeau est d un rouge
purpurin.
Si lou ajoute à cent parties de carbonate de strontiane >
Carbonate de Strontiane.
dix parties de charbon en poudre, et que l’on lasse avec
uu peu de colle d’amidon, une pâte solide, on parvient
à décomposer ce sel. A cet effet , on met cette pâte dans
un creuset, dans lequel on a mis un peu de charbon en
poudre, nouvellement calciné; on pose la pâte sur «*
charbon, on recouvre le tout de poudre de charbon, on
adapte aussi au creuset un couvercle , et on lute avec uu
peu de terre. Le creuset ainsi disposé , on l’expose a un
feu très-fort, pendant une bonne .heure : ce teins suifil
pour dégager le gaz acide carbonique. Le creuset étant
refroidi, ou l’ouvre, et on y trouve la petite boule parlat-
tement conservée , ne pesant que 72 parties.
Si I on fait dissoudre ensuite la matière restante dans »
l’eau distillée, on obtient la strontiane cristallisée.
Pour obtenir le carbonate de strontiane factice, on ex-
pose à l’air une solution de cette terre dans l’eau, il se
forme une pellicule blanche qui n’est que la combinaison
de la strontiane avec le gaz acide carbonique quelle a puisé
de l’atmosphère. Ce carbonate peut aussi se préparer d’apres
les procédés indiques au carbonate de baiite.
Les acides minéraux décomposent le carbonate de
strontiane.
Ce carbonate n’est ni vomitif, ni mortel, tandis que les
carbonates de barite uatii ou artificiel le sont, ce qui indique
une très-grande dilféreuce entre ces carbonates.
Proportions d’après l’analyse de Pelletier : strontiane,
52; acide carbonique, 3o; eau, 8. Le carbonate de slrou*
tiane naturel , contient d après Klaproth : strontiane , o,6<y> »
acide carbonique, o.3oo ; eau, o,oofi.
Carbonate de Chaux
2»4
§. c x v 1.
Carbonate de Chaux .
11 J a une foule de substances composées de carbonate t
calcaire, tels sont la craie, les spaths, les marbres, les
coquilles, les concrétions, etc. Tous ces sels sont modifiés
dans le tissu , la transparence , le grain : ces variations vien-
nent de la vitesse ou de la lenteur de la combinaison,
des événemeus subséquens , de la température, etc. Ces
matières sont ordinairement colorées par des substances :
métalliques, telles que le fer, le manganèse , etc.
Le spath d Islande, le carbonate calcaire le plus pur et
le plus transparent que la nature nous offre, a la propriété I
de nous présenter les objets que nous voyous à travers en
une double image, appelée réfraction double.
La craie, improprement appelée blanc d Espagne, se
prépare en France , à Marly , au bas de Meudon , au Cave-
reau , etc. V oyez mou Mémoire sur la manière de préparer
le blanc de craie, etc. Annales de chimie, tome XXVI.
C’est sur le spath calcaire le plus transparent, ou sur le
marbre blanc que l’on doit faire les expériences qui établis-
sent les propriétés de ce sel terreux. La pesanteur spécifique
de tout carbonate de chaux naturel, est toujours au-dessus
de 3,ooo.
Exposé à l’action du feu, il perd son acide et son eau de
cristallisation.
A cet effet, on prend du spath calcaire ou du marbre
réduit en poudre; on l’introduit dans une cornue de porce-
laine, de terre, ou mieux dans un tube de verre bien luté ;
Carbonate de Chaux.
225
on peut encore se servir d’un canon de fusil que l’on fait
passer à travers un fourneau. Quand on se sert d’un canon
Ide fusil, il ne faut pas être surpris si l’on obtient un peu de
rgaz hydrogène. Ce gaz est produit par l’action de l’eau con-
•tenue dans le sel terreux par le fer. On adapte à son extré-
nnité inférieure un tube de sûreté recourbé, qui va plonger
•sous une cloche. On chauffe ensuite le tube, et l’on obtient
•sous la cloche du gaz acide carbonique : il reste dans le tube
ou dans la cornue de la chaux vive, substance qui ne fait
plus effervescence avec les acides.
Si l’on chauffe brusquement du spath calcaire transpa-
rent, il décrépite et perd sa transparence.
Le procédé que l'on emploie pour la fabrication de la
ichaux , est établi sur le principe que nous venons d’indiquer
.dans les expériences précédentes ; on cherche toujours à
enlever aux matières calcaires leur acide.
On se sert plus communément, pour obtenir la chaux,
d une espèce de pierre calcaire dure , que l’on nomme
pierre à chaux. On arrange ces pierres dans une espèce de
four ou de tourelle , de manière quelles forment une voûte.
On allume sous cette voûte un feu de fagots , que l’on con-
tinue jusqu a ce qu’il s’élève une flamme vive , sans fumée ,
i environ trois mètres au-dessus du four, et jusqu’à ce que
•les pierres soient d’une grande blancheur.
Il faut prendre garde de donner trop de feu , car la sur-
lace des pierres se vitrifie , sur-tout lorsqu’elles contiennent
de la silice et de 1 alumine : dans ce cas, la chaux est inso-
luble; c est ce qu’on appelle chaux brûlée.
Si 1 acide n a pas été tout dégagé , la chaux est encore
•insoluble : ce qui se rencontre souvent dans la chaux di*
Carbonate de Chaux.
commerce. On y trouve aussi des morceaux trop cuits, ou
pas assez cuits. . ,
L’oxide de fer que contient la pierre, est auss, tres-
propre à exciter la fusion : aussi faut-il pour les pierres
ochreuses, chauffer modérément et plus longtems
Les oxides de fer et de manganèse rendent la chaux
meilleure, l’oxidede manganèse sur-tout. Souvent unepierre
à chaux est Manche à la carrière; exposée à l’air elle noir-
cit- elle devient même d’un beau noir velouté. C est 1 011-
gène de l'atmosphère qui développe l’oxide de fer ou de
manganèse, qui étoit d’abord en état d’oxide blanc: beau
favorise singulièrement le développement de celte ox, dation.
Celte décomposition du carbonate de chaux par la cha-
leur , éprouve quelques modifications par les nouvelles
expériences de M. Hall do Londres. Ce physicien a com-
primé fortement le carbonate de chaux en poudre dans un
canon de fusil , dont une extrémité étoit fermée, la partie
vide étoit remplie d’un métal fusible; dans d'autres expé-
riences le carbonate a été enveloppé dans des feuilles de
platine; après une forte chaleur, l’acide carbonique ne
s’étoit pas dégagé, et le carbonate présentai nue f.aeture
cristalline, étoit demi-transparent et ressemble, l en quelque
sorte au marbre .Ces expériences ont été consistées d une ma-
nière très-simple, par M.BuchoU, ila comprime fortement de
la craie pure dans un creuset qu’il a fait rougir brusquement,
la matière étoit en partie fondue, et ne laisse, t dégager;
qu’une petite partie d’acide car’ unique. Il en tue la consé-
quence que pour faire la chaux vive, il ne faut pas pousser;
fortement le feu au commencement de la calcination, pourj
éviter une légère fusion, qui peut avoir lieu sans être occ.a-i
sionnée par d autres teircs.
Carbonate de Chaux .
£27
Le carbonate calcaire n’est point altérable à l’air.
Ce sel h'est pas soluble dans l’eau pure, mais il est
1 soluble dans l’eau chargée d’acide carbonique. C’est ainsi
tque la nature dissout des masses calcaires, que les eaux
«charient et déposent ensuite. •
Lorsque, par leur exposition à l’air, les éauX perdent
I l’acide qui favori soit la solution delà substance calcaire,
iil se forme des dépôts, de là les stalactites, et les incrus-
' tâtions qui se forment dans les fontaines, etc., et même les
couches de roches calcaires feuilletées, qui ont sans doute
été tenues en dissoluiion.
Si ces eaux ont perdu très-vite l’acide qui favorisoit la
dissolution, il y a un précipité irrégulier; de là les pierres
r calcaires, tendres, cellulaires, peut-être même les tufs en
1 éponge : mais si l’évaporation de l’acide a été lente, de là la
'Cristallisation, les marbres, stalact'tes, etc.
Le phosphore décompose ce sel à chaud en décom-
posant l’acide carbonique lui - même. Il se forme de
l’acide phosphorique qui se porte alors sur la chaux, et le
carbone est mis à nu eu poussière noire qu’on peut séparer
en disolvant le phosphate de chaux dans l’acide nitrique.
Les acides sulfurique , nitrique et muriatique, décom-
posent le carbonate calcaire ; ils en dégagent l’acide car-
bonique avec effervescence ; les alcalis , excepté l’ammo-
niaque , précipitent la chaux de ces dissolutions.
L acide üuorique décompose aussi le carbonate calcaire,
ainsi que 1 acide boracique ; mais ce dernier ne se dé-
compose qu à une élévation de température.
Le carbonate calcaire aide la vitrification de quelques
substances pierreuses et terreuses ; avec la terre sihcée.,
228 Carbonate de Potasse.
il la fait entrer en fusion : il faut ordinairement un lier»
ou un quart de silice.
Lorsque ce sel est mêle par la nature avec une tenc
argileuse, cette matière mixte porte le nom de marne.
La barite décompose le carbonate calcaire , mais à laide
du calorique.
Le muriate d’ammoniaque n’a aucune action sur le
carbonate à froid, mais à l’aide du calorique la décom-
position a lieu ; il en résulte d’une part , du muriate de
■«baux , et de l’autre , du carbonate d’ammoniaque, que
l’on appeloit autrefois , sel volatil d’Angleterre , alcali
volatil concret. Voyez pour sa préparation , carbonate
d’ammoniaque.
D’après les expériences de M. Cruisckank le carbonate
de chaux est décomposé par le zinc métallique. Il se
dégage beaucoup de gaz oxide de carbone et une partie
de zinc se trouve oxidée.
Suivant Bergmann , ioo parties de ce sel sont for-
mées de : chaux: , 55 •, acide carbonique , 3-j. •, eau , 1
V
§. CX V 1 1.
Carbonate de Potasse.
Quand on veut combiner la potasse , et en général les
alcalis, avec l’acide carbonique, on se sert de l'appareil
décrit au commencement de ce chapitre -, mais il faut
toujours disposer l’appareil de manière que les surfaces
puissent se renouveler.
M. Berthollet a indiqué un autre procédé pour pré-
parer le carbonate de potasse. Il consiste à distiller, avec
Carbonate de Potasse *
I une dissolution de cet alcali non saturé , du ^carbonate
d'ammoniaque solide , auquel la potasse enlève l’acide
carbonique : de sorte qu’elle se cristallise dans la cornue ,
tandis que l'ammoniaque se dégage en gaz ou en liqueur
i caustique.
L’acide carbonique, quoique foible , neutralise les ma-
I tières alcalines , et forme des sels -, cependant les alcalis
i conservent avec lui la propriété de verdir encore certaines
couleurs bleues végétales , et gardent un peu de saveur
alcaline. Ainsi l’acide carbonique n’a pas la propriété
tant saturante à l’égard des alcalis que les autres acides.
Il n’y a pas longtems que l’on connoît le carbonate
de potasse daus cet état de pureté : on le crojoit au-
trefois déliquescent ; ou l’appeloit alcali du tartre , parce
qu’on le retiroit de l’incinération du tartre du vin : quand
il étoit humecté par l’air , on l’appeloit huile de tartre
par défaillance. Cette propriété ne dépendoit que de
ce que le sel f xe de tartre n’étoit pas saturé d’acide
carbonique.
Comme on est maintenant parvenu à préparer ce sel
de toute pièce, en combinant directement le gaz acide
carbonique avec la potasse , on a reconnu la possibilité
d’obtenir un sel dont les propriétés sont toutes différentes
de celui dont nous venons de parler. On lui a donné le
nom de carbonate de potassse neutre , pour le distinguer
des autres alcalis uou saturés qui existent dans le com-
merce.
Le carbonate de potasse neutre n’est plus caustique;
il est seulement salé, laissant une légère saveur urineuse-
Ce sel est très-altérable au feu. Exposé au calorique x
a3o Carbonate de Potasse.
il perd les ,*0-0 de son poids , et ce qui reste est de la
potasse caustique.
Si on le distille dans une cornue , on en retire l'eau-j
de cristallisation, et son acide daus l’état aériforme. La
potasse reste au fond de la cornue, retenant toujours un s
peu d’acide carbonique , qu’il est très-difficile de lui en-
lever.
Ce sel est inaltérable à l’air. S’il est en contact avec j
l’air sec, il se couvre bientôt d’une légère poussière i
blanche , qui annonce qu’il est efflorescent.
Quand on dissout de la potasse du commerce dans de!
l’eau, elle commence par en absorber une certaine quan-
tité qu’elle solidifie , puis la potasse se dissout dans l excès j
d’eau qu’on ajoute.
En général, lorsqu’un sel absorbe de l’eau et qu’il la
solidifie , il doit naturellement se dégager du calorique, j
qui constituoit la liquidité de l’eau. C’est le contraire,!
lorsqu’il produit du froid.
L absorption de l’eau par la potasse est véritablement \
une combinaison , en vertu de l’affinité qui s’exerce; ce;
qui est très-différent d’une simple extension par dissolu- ;
tion dans un liquide; voilà pourquoi il se dégage une cha- i
leur qui devient sensible
Si l’on met, au contraire, un sel bien cristallisé dans;
l’eau , il y a constamment production de froid , car , dans i
ce cas, il n'y a pas, d eau à solidifier, c est uu solide qui ;
passe à la liquidité.
Mais , si 1 ou emploie un sel desséché, il exerce d’abord j
la force d’affinité qu’il a avec l’eau, il la prend, s’en:
empare , et en dégage le calorique : ensuite, lorsqu'il est
Carbonate de Potasse. *31
, saturé d’eau solidifiée , il rentre dans la classe des sels
cristallisés.
Il ne faut que si* parties d’eau frotde pour dis-
soudre une de ce sel : on obtient par l’évaporation et e
refroidissement, des cristaux sons diverses tonnes -, la
plus commune est le prisme carré , ou lavncs avec des
sommets dièdres triangulaires , en sorte que la fece re-
pond à un des angles solides du prisme.
Lorsqu’on le jette dans l’eau chaude une part, e du
sel se décompose, en laissant dégager du ga/ ac.de car-
bonique. .
Le carbonate de potasse est décompose par tous les
acides , soit concentrés , soit étendus d eau.
L’acide boracique ne décompose pas à froid le carbo-
nate de potasse, mais en élevant la température, la dé-
composition a lieu.
Ce sel peut servir , comme la potasse , de fondant
aux terres vitrifiables, attendu que le calorique le dé-
compose en lui enlevant l’acide carbonique.
Si l’on prend une partie de silice et trois de car-
bonate de potasse, et que l’on fasse du tout une pâte,
on obtiendra un verre , soit au chalumeau , soit fondu dans
un creuset.
La barite, la strontiane et la chaux décomposent ce
sel. Si Von verse une solution de ces substances ter-
reuses dans une solution de carbonate de potasse, il
se forme sur-le-champ un précipité ; 1 acide carbonique
se porte sur la substance terreuse pour former un sel
insoluble , tandis (pie la potasse reste en solution
dans la liqueur. On prépare ainsi , par cette decotnp1 ■
sition , la pierre u caut'ere ou potasse canstn/ue.
2 32 Carbonate de Potasse.
Tous les sels calcaires , strontianiques , bariliques 'y
magnésiens , alumineux , donnent par l’addition du car- •
bonate de potasse , des précipités abondans , qui sont
des carbonates insolubles.
Quand ou verse une solution de carbonate de po- ■
tasse dans une solution de nitrate ou de muriate de i
barite , on obtient un carbonate de barile, etla liqueur .
surnageante retient le nitrate ou le muriate de potasse.
C est ainsi qu’on prépare le carbonate de barite arti-
ficiel.
Tes sels magnésiens ne donnent pas ordinairement le !
précipité à froid, lorsqu’on les mêle avec le carbonate
de potasse-, mais si Ion fait bouillir le mélange, on
1 obtient : le même effet a lieu , si on expose le
mélangé à lair, il se forme un carbonate de magnésie,
que 1 on peut meme obtenir cristallisé. Cela donne dex-
cellens moyens de séparer la cbaux , la barite , et l’alu-
mine de la magnésie-, car, en versant dans une solution
de ces substances terreuses , du carbonate de potasse ,
on précipite d abord la cbaux en 1 enlevant au sulfate ,
nitrate , etc., si elle se trouve combinée avec ces acides
dans une liqueur qu’on a analysée; si l’on chauffe en-
suite la liqueur, on obtient la magnésie provenant d une
double attractiou.
Les sels ammoniacaux le décomposent à l’aide de la
chaleur.
Pour être sur de la pureté de ce sel , il faut que les
précipités occasionnés par les nitrates de baritect d'ar-
gent soient entièrement solubles dans 1 acide nitrique.
Le caibonate de potasse contient , d après Bergniann
sur cent parties : potasse, 48) 3Lcide carbonique, 20 \
Carbonate de Soude. 233
eau, 32 ; suivant Pelletier : potasse, 3o -, acide carboni-
que, 43 ;eaux , 17.
Le carbonate de potasse est employé en médecine ,
:dans les verreries , dans les teintures , etc.
§. C XVII 1.
Carbonate de Soude.
On appeloit autrefois ce sel , nalrum , ou nation ,
alcali minéral , sel de soude , méphyte de soude,
craie de soude , etc.
Dans les arts , on retire la soude de l’incinération des
plantes marines ; c'est ce qui forme le carbonate de
i soude du commerce.
On le trouve dans beaucoup d'eaux minérales, ce sont
Iles eaux acidulés alcalines ; le Nil en laisse après ses
« débordemens ; les sources jaillissantes du mont Hecla ,
«en Islande , ainsi que dans les différens lacs du Mexique
«et de Tenér.ffe. Ce sel se trouve en efflorescence sur le
«sol aride de certaines plaines des pays cliauds , sur les
îmurailles et autres lieux humides des villes voisines
«de la mer. M. Berthollet soupçonne d’après ses obser-
vations en Egypte, qu'il provient d’une décomposition
\ du muriate de soude par le carbonate de chaux.
Le plus ordinairement , la soude se retire des plantes
marines par la combustion •, c’est la hardie d’Espagne
qui fournit la plus belle soude.
Quand on veut obtenir ce sel parfaitement pur et bien
« cristallise , on peut opérer comme pour le carbonate de
| potasse.
234
Carbonate de Soude.
Outre l’extraction du carbonate de soude des cendres
des piaules maritimes , on le fabrique encore en grand,
en le retirant des sels qui le contiennent. M. Chaptal
l’a obtenu en laissant macérer 4°° parties de litharge
avec ioo parties de sel marin dissous dans 4°° par*
ties d’eau ; la soude obtenue n’étoit pas très - pure ,
et M. Chaptal n’avoit pas trouvé un grand avan-
tage à ce procédé , s’il n'avoit tiré parti du muriate de
plomb restant dont il préparoit par la fusion une cou-
leur jaune. MM. Carny et Guyton ont proposé de se
servir de la chaux vive délayée pour décomposer le
muriate de soude. La soude eftleurit au bout de quelques
jours à la surface , et on l’eulève.
Le procédé qui présente le plus d avantage , est celui j
de MM. Leblanc et Dizc. Ils mêlent et broient 1000
parties de sulfaie de soude avec 55o de charbon et 1000
de craie de Meudon lavée. On porte le mélange dans un
fourneau de réverbère chauffé au rouge et on entretient
la chaleur jusqu’à ce que la pâte présente un grain bien
uni , on la retire du four et on la porte dans un magasin
un peu humide, on lessive ensuite et l’on fait cristalliser.
M. Alban , directeur de la fabrique de Javelle opère la
fabrication de la soude à-peu-prés de la même manière,
mais il y ajoute des rognures de fer.
Ce sel a une légère saveur alcaline-, il est plus neutre i
que le carbonate de potasse : cependant il verdit les !
couleurs bleues végétales. Ses cristaux sont des octaèdres i
rhombnïdaux , dont les pyramides sont tronquées très-
près de leurs bases.
Il perd au ieu les soixante - huit centièmes de
son poids. Si l’on continue le feu , il perd son acide
Carbonate de Soude. 2j5
Carbonique, et devient caustique-, car, à mesure que
I l'âcide se dégage, celui qui .este est plus enveloppé, plus
■ retenu par la soude ; ce qui oblige à donner sur la fin un
1 fort coup de ieu.
Ce sel s’effleurit à l’air , et les cristaux de carbonate de
soude se réduisent en farine ; c’est que ce carbonate a
moins d’affinité avec l’eau que l’air. L’air chaud et sec de
l’été agit vivement sur lui; cependant l’air ne lui enlcve
que la moitié environ du poids de l’eau qu’il contient, et
c’est à remarquer ; car pour lui ôter plus cl eau , il faut
plus que l’action de l’air sec , il faut l action du calo-
rique.
Le carbonate de soude produit du froid dans sa so-
lution dans l’eau. Il est aussi plus soluble que celui de
potasse; 3 à 4 parties d’eau froide suffisent pour en dis-
soudre une ; il se cristallise par le refroidissement, mais
l’évaporation lente fournit des cristaux beaucoup plus
réguliers.
Le carbonate de soude bien saturé et desséché est
décomposé par le phosphore. On peut voir les details
de cette expérience à l’article de l’acide carbonique.
On opère encore cette décomposition en se servant
cl’uu autre appareil, dont voici la description . Fojc„ Ici
planche.
A, B , C, tube de verre, de quatre à cinq millimè-
tres de diamètre , poi tant une boule en A , comme celle
d un thermomètre. On courbe le tube en B , pour éviter
que le carbonate de soude , venant à fondre , ne puisse
couler; on courbe aussi légèrement la partie A , pour
que le phosphore fondu ne coule pas. ü faut avoir soin
d’enduire le tube d’uu lut terreux , pour le garaulii de
a36
Carbonate de Soude.
a violence du feu. Ou adapte au tube un tube de sûreté
qui va plonger sous une cloche , à l’appareil au mercure! ’
les choses ainsi préparées , on introduit dans le tube
A, B, C, du phosphore en A, et du carbonate de soude,
desséché en B: on place le tube A,B,C, dans un four-
neau , de manière que l’extrémité supérieure et celle in-
ferieure dépassent le fourneau. Lorsque l’appareil est
monte, on chauffe la partie B du tube jusqu’à ce qu'il
soxt légèrement rouge -, c’est à cette époque que l’on doit
augmenter la température du phosphore. A cet effet , on
passe une lumière-sous la boule A , le phosphore se fond
ule, et l on obtient sous la cloche , du gaz hydrogène
phosphoré. Il reste dans la partie B du phosphate de
soude mêlé avec le charbon.
Ce sel facilite beaucoup plus la fusion dés terres que le
carbonate de potasse ; il fait aussi un verre beaucoup
moins altérable.
Si Ion verse dans une solution de carbonate de
soude, une solution soit de barite, soit de strontiane ,
soit de chaux, on obtient sur-le-champ un précipité, l’a-
cide caibonique s empare de ces substances terreuses , et
tonne avec elles un sel insoluble-, la soude reste en so-
lution dans la liqueur. La potasse décompose aussi ce sel.
tous les acides en dégagent l’acide carbonique avec effer-
vescence.
Puen nest plus aisé à décomposer que les carbonates
alcalins ; cela vient sans doute de ce que l’acide carbo-
nique a une extrême affinité avec le calorique, et celte
affinité agit dans presque toutes les expériences.
Le carbonate de soude décompose les sels calcaires ,
boutiques , magnésiens, alumineux et slrontianiques.
Carbonate de Magnésie. 2 ?<j
Quaud on décompose un sel magnésien par le carbo-
nate de soude , il faut faire chauffer la liqueur -, sans
cela , il resteroit daus la solution assez d’acide car-
bonique pour tenir eu solution du carbonate de ma-
gnésie ; cet excès d’acide est chassé par le calorique.
D’après l’analyse de Bergmanu , que M. Fourcroj a
'vérifiée , ce sel est compose de : soude , 20 5 acide
sarbonique , 16 -, eau , 64.
De carbonate de soude peut être employé comme le
carbonate de potasse -, il est d’un usage beaucoup plus
«multiplié pour les manufactures de verrerie, de savon ,
dans les lessives, la teinture , en médecine , etc.
§. cxx.
Carbonate de Magnésie.
Beaucoup d’eaux minérales contiennent le carbonate
îde magnésie en solution-, on la trouvé natif en masses
[blanches dans le département du Pô. Il n’y est pas pur ,
itoujflurs uni à d’autres terres.
Il a une plus grande solubilité que la chaux dans les
• eaux acidulées , celles qui existent avec excès d’acide car-
I boni que.
Ce sel portoit autrefois différens noms : on 1 appeloit
magnésie douce ou blanche , poudre du comte de Palme ,
poudre de Scutinelli , poudre laxative polycreste par
C alenlini , magnésie blanche du /litre 5 magnésie de
sel commun , parce qu’on la retiroit de l’eau- mère de
ce dernier sel. Black est le premier qui ait fait connoître
ce sel.
238 Carbonate de Magnésie.
Pour obtenir ]e carbonate de magnésie , on délaie une
quantité quelconque de potasse carboriatée dans le dou-
be de son poids deau froide: on la laisse exposée à
1 air pédant quelques mois, si le tems le permet, pour
quelle absorbe 1 acide carbonique de l’atmosphère, et
pour que la terre qu il contient se précipite : on la
filtre, on dissout une quantité de sulfate de magnésie,
égalé a ci lle de la potasse , dans quatre ou cinq fois
son poids d eau : ou filtre cette solution , et on y
ajoute de nouvelle eau ^ à-peu-près quinze fois le poids
du sel. On fait chauffer cette liqueur, et lorsqu’elle
bout , on y verse la solution alcaline. Le précipité
de magnésie se forme , on agite bien le mélange , et
on le filtre au papier. On lave le précipité resté sur
le filtre avec de l’eau bouillante , pour enlever le sulfate
de potasse qui peut y etre mêle. Quand la magnésie
est bien egouttee , ou 1 cnleve de dessus le filtre , on
1 étend en couches minces sur des papiers que l’on
porte a letuve. Lorsqu’elle est desséchée, elle offre
des morceaux blancs qui s'écrasent sous le doigt
en une poudre extrêmement fine , et adhérente « la
peau.
- potasse est trop saturée d’acide carbonique, une
g1 a:, de partie du carbonate de magnésie reste dissoute
dans 1 acide carbonique, il faut alors faire bouillir quel-
que tems la liqueur, l’acide carbonique se volatilise ,
et il se précipite du carbonate de magnésie.
On peut obtenir ce sel cristallisé-, quelquefois ce sont
de petits cubes , d’autres fois de petites aiguilles très-
fines, qui présentent à la loupe des prismes à 6 ou 8
pans.
Carbonate de Magnésie. z3cj
Quand on veut obtenir le carbonate de magnésie tres-
léger, on fait sécher les dépôts très -lentement par petits
morceaux à l’ombre -, c’est le dessèchement lent qui fa-
vorise la suspension des molécules, qui lait que les petits
blocs conservent leur légèreté.
Sa saveur est douceâtre , fade -, il a une action mar-
quée dans les intestins , puisqu il est puigatif.
Exposé au feu dans un creuset, ce sel perd l’eau et
hacide qui lui sont unis, et la magnésie reste pure: on
l’appelle dans cet état magnésie, caustique , quoiqu elle
ne le soit nullement -, on peut en prendre un , deux ,•
et même trois hectogrammes sans danger.
Lorsque le carbonate de magnésie est bien calciné , il
ne fait plus d’effervescence avec les acides.
La médecine se sert avantageusement de la magnésie
calcinée pour absorber les acides qui se développent
dans l’estomac.
Le carbonate de magnésie n’éprouve point d’altéra-
tion bien remarquable de la part de 1 air-, cependant
il se pelotonne dans l’air humide, et il paroit attirer
légèrement ce liquide.
L’eau ne dissout qu’une infiniment petite quantité de
ce sel, mais il est beaucoup plus soluble par excès d acide
carbonique. Si l’on chauffe une dissolution de magnésie
avec surabondance d acide carbonique , elle se tiouble.
Les acides sulfurique , nitrique et muriatique décom-
posent le carbonate de magnésie : ils s’unissent à la
magnésie, avec laquelle ils ont plus d affinité que
n’en a l’acide carbonique, et ils dégagent ce dernier
acide sous la forme gazeuse , ce qui constitue 1 cllci-
vescence.
24° Carbonate d Ammoniaque.
La barite, la strontiane et la chaux décomposent ce
sel : en versant une dissolution de ces terres dans du
carbonate de magnésie , on obtient un précipité assez no-
table, quelque petite que soit la quantité de ce sel neutre
tenue en dissolution dans l’eau.
La potasse et la soude produisent le même phéno-
mène.
L ammoniaque se comporte différemment ; lorsqu’on
1 ajoute a une dissolution de carbonate de magnésie1,
par 1 acide carbonique , elle en sépare, le sel' effer-
vescent.
Les sels neutres calcaires sont décomposés par la ma-
gnésie effervescente -, c’est en vertu des affinités doubles ,
que s opère cette décomposition.
Suivant M. F ourcroj , ce sel saturé contient : ma-
gnésie, a5; acide carbonique, 5o ; eau , 25. Celui non
saturé offre les proportions suivantes: magnésie, 4®;
acide carbonique, 4$ eau, 12. Ce sel est emplové en
médecine.
CXXï.
Carbonate d’ Ammoniaque.
On croyoit autrefois que le carbonate d’ammoniaque
etoit l’ammoniaque pure.
On l’appeloit alcali 'volatil concret, sel volatil d’ am-
moniaque , et on donnoit à ce sel une grande affinité
avec la chaux dans les anciennes tables -, c’étoit une erreur;
011 sait maintenant que cola 11 etoit du qu à la présence
de 1 acide carbonique, que Ion n y soupcounoit pas, et
Carbonate d'ammoniaque.
les effets qu'il produisent étoieut attribués à l’annno-
niaque.
La préparation la plus généralement adoptée consiste
dans le procédé suivant.
On fait cette opération en distillant dans une cornue
de grès un mélange d’une partie de muriate d’ammo-
niaque purifié et d’une partie et demie de craie lavée
et séchée, le tout réduit en poudre et bien mêlé. On
adapte à la cornue une alonge et un ballon d’une
grande capacité , et on Iule bien toutes les jointures ,
ayant soin cependant de laisser une petite ouverture.
On donne le feu par degrés jusqu’à faire rougir le
fond de la cornue ; il faut avoir soin de refroidir les
récipiens avec des linges mouillés.
Le carbonate de chaux est décomposé par la chaleur ,
l’acide muriatique se porte sur la chaux, et l’acide
carbonique sur l’ammoniaque ; le carbonate d’ammonia-
que se volatilise sous la forme de vapeurs blanches ,
qui viennent se condenser dans le récipient ,* il s’y
trouve cristallisé en pyramides très-applaties , l’ouver-
ture ménagée au ballon, sert à évaluer l’excès des va-
peurs qui ne se condensent pas. On trouve un peu
de liqueur dans le ballon ; cette liqueur contient du
carbonate d’ammoniaque , mais elle peut cristalliser parce
que le carbonate d’ammoniaque se volatilise en même
tems que l’eau s’évapore.
Il arrive quelquefois que l’alonge se bouche , alors
on la chauffe pour faire passer les vapeurs dans le
ballon.
Si le muriate d’ammoniaque contient de la suie , il
en résulte une huile par la distillation qui, dissoute
2i r6
Carbonate d’ Ammoniaque.
dans la liqueur permet de la faire cristalliser ; ou ob-
tient alors des rhomboïdes.
Nous avons dans cette expérience une nouvelle preuve
que la différence 'de température change les affinités ;
car le carbonate d’ammoniaque décompose a froid le
muriate de chaux , ce qui démontre une anomalie; à chaud
le contraire arrive : le calorique tend à détacher 1 acide
carbonique de la chaux , et l’ammoniaque de l’acide mu-
riatique ; dès lors , il n est pas étonnant que 1 équilibré
des affinités divellentes et quiescentes soit renverse de
ce qu’il étoit à froid et qu’il change ainsi totalement
à chaud.
Il reste dans la cornue, après l’opération , un mu-
riate avec excès de cliaux. »
On peut encore obtenir le carbonate d ammoniaque par
différens procédés , i°. en' agitant cet alcali dans une cuve
en fermentation ; 2°. en faisant passer de 1 acide carboni-
que daqs de l’ammoniaque ; 3°. en remplissant des flacons
de gaz acide carbonique , et en versant quelques gouttes
d’ammoniaque liquide, bien pure et bien concentrée,
bientôt on apperçoit des cristaux aux parois du vase *,
4°. en combinant directement , au-dessus du mercure ,
le gaz acide carbonique et le gaz ammoniacal. Ces deux
gaz se pénètrent tout-à-coup , il s excite beaucoup de
chaleur, et il se forme un sel concret sur les parois ;
de la cloche où l’on a fait le mélange.
La saveur de ce sel est un peu uriueuse et alcaline. !
Il verdit la teinture de violettes.
11 est très-volatil , et la moindre chaleur le sublime
en entier. D abord , il se fond par son eau de cris»
Carbonate cT Ammoniaque. a/j3
! tallisalion -, ensuite , il se dessèche ; enfin, il disparoit
Isen vapeurs.
Il s’humecte légèrement à l’air , sur-tout lorsqu’il n’est
pas entièrement saturé d’acide carbonique.
Le carbonate d’ammoniaque n’est pas décomposé par
le phosphore : cela vient de la volatilité du sel qu’on
|ne peut pas chauffer convenablement.
Ce sel est très-soluble dans l’eau ; il produit “du froid
dans cette dissolution. 3 parties ^ d’eau froide en dis-
solvent plus d’une de carbonate ammoniacal : l’eau chaude
en dissout pins que son poids.
Pour obtenir ce sel cristallisé , il y a des précau-
tions à prendre ; car, comme il est plus volatil que l’eau,
si l’on évaporoit la liqueur, il se volatiliseroit. Il faut
. donc , poor réussir , dissoudre le carbonate d'ammonia-
que dans l’eau chaude , à trente degrés : on verse ensuite
la liqueur dans un flacon qu’on bouche promptement :
• alors, comme il est moins soluble à froid qu’à chaud ,
il se cristallise par refroidissement en octaèdres ; dans
icet état, il parolt être plus saturé d’acide carbonique,
il a alors beaucoup moins d’odeur.
Les acides sulfurique, nitrique, muriatique et fluo-
trique ont plus d’afûuité avec l’ammoniaque que n'eu a
l’acide carbonique. Lorsqu’on verse uu de ces acides
i sur le carbonate ammoniacal , il se produit une vive
effervescence , due au dégagement de l’acide caiv
I bouique.
L acide boracique ne décompose pas à froid ce car-
: bonate ; mais , lorsque la solution d’acide boracique
• est chaude , il se produit une effervescence tvèsr
i sensible.
2 44 Carbonate d’ Ammoniaque.
Cette expérience prouve que la chaleur modifie ou
change les lois des attractions.
Ce carbonate est décomposé par la barite, la stroutiane
et la chaux.
Si l’on mêle à du carbonate d’ammoniaque de la chaux
en poudré , sur-le-champ l’odeur ammoniacale se dégage-,
en ajoutant quelques gouttes d’eau , on favorise le dé-
g agement.
Quand on verse de l’eau de chaux dans une so-
lution de carbonate d’ammoniaque , il se fait sur-le-
champ un précipité , et l’ammoniaque se volatilise.
Avec la magnésie, il n’y a qu’un léger précipité, parce
que le mélange retient à froid assez d’excès d acide car-
bonique pour tenir le carbonate de magnésie formé en
dissolution-, mais, si l’on chauffe la liqueur, cet excès
d’acide se dégage , et le précipité se forme.
La potasse et la soude décomposent le carbonate am-
moniacal , comme le font la chaux , la barite et la stron-
tiane , en séparant l’ammoniaque pure , et en s’unissant
a son acide. Les sels baritiques , stroutianites et cal-
caires solubles décomposent sur-le-champ le carbonate
d’ammoniaque.
Ce sel est composé , suivant Bergmann , de : acide car-
bonique , 45; ammoniaque, • 43 > eau, 12.
Ce sel est employé en médecine -, on le mcle quel-
quefois avec des matières aromatiques , ou des huiles
volatiles ; c’est ainsi qu’on prépare les flacons de sel
volatil aromatique nommé autrefois sel d’Angleterre.
Carbonates de Glacine et d’ Alumine. 245
§. CXI1 I.
Carbonate de G lue inc.
L'acide carbonique s’unit aussi à la glucine , même
immédiatement ; car lorsqu’on fait dessécher a l air celte
terre précipitée de ses dissolutions par un alcali causti-
que, il se produit une effervescence en la dissolvant
ensuite dans les autres acides.
Le carbonate de glucine est blanc, insipide, insolu-
ble, très-léger-, quelque sec qu’il soit, il n’est jamais
très-pulvérulent; il est toujours mat, pelotonne, gras
et doux sous les doigts. 11 contient environ le quart
de son poids d’acide carbonique, qu il perd très-laci-
lement par la chaleur; il ne paroît pas sensiblement
soluble dans l’acide carbonique , comme le sont les car-
bonates de chaux et de magnésie. Il est décomposé par-
tous les acides et les alcalis
§. C XX III.
Carbonate d’ Alumine.
Le carbonate d’alumine est encore très-peu connu, et
il ne paroît pas que l’acide carbonique ait une grande
tendance à s’unir à l’alumine. On prépare ce sel en
précipitant la solution d’alun par le carbonate de po-
tasse.
En calcinant le carbonate d alumine , on obtient 1 a»
lumiue.
Carbonate de Zirconë.
§. CXXIV.
Carbonate de Zirconé.
La connoissance de Ce sel est due à M. Vauquelin. Ce
chimiste a vu qu’en décomposant une solution de mu-
riate de zircone par une solution d un carbonate alca-
lin quelconque, la terre se précipitoit sans qu'il y eût
d’effervescence , ce qui lui a prouvé que lacide car-
bonique s’unissoit à la zircone à mesure que l’alcali se
combinoit avec l’acide muriatique.
On peut , en outre , s’assurer de la présence de l’acide
Carbonique , en chauffant le précipité dans des vaisseaux
fermés; on obtient du gaz acide carbonique.
Le même effet a lieu lorsqu’on décompose le carbonate
de zircone par les acides muriatique et nitrique.
D’après M. T'auquelin , 100 parties de ce sel contien-
nent 55,5 de zircone, et 44^ d’eau et d’acide.
M. Vauquelin a aussi reconnu, que le carbonate de
zircone se combinoit très-facilement et devenoit très-
soluble avec les carbonates alcalins. Il forme alors des
sels triples; M. Fourcroj en a énoncé trois espèoes: i°. un
carbonate de potasse et de zircone; 2°. un carbonate de
soude et de zircone; 3°. un carbonate d’ammoniaque et
de zircone.
Tous ces sels ne sont pas encore assez connus pour
Jes décrire.
Division de la Chimie minérale. ï47
CHAPITRE II.
Ye. Classe. — Propriétés chimiques obser-
vées dans les Métaux.
§■ Ier-
Division de la Chimie minérale.
La Chimie minérale se divise naturellement en tiois
tranches :
i°. Histoire naturelle des minéraux •,*;
2°. Opérations chimiques et minéralogiques des mi-
néraux -,
3°. Application aux arts, des procédés et des produits
de ces operations.
On peut présenter l’histoire naturelle des minéraux
en sept articles principaux :
i°. Contemplation du globe , et de son organisation
en masse -,
2°. Classification des corps qui les composent à la
profondeur connue;
3°. Leur manière d’être, position ou gissement ;
4°- Caractères sensibles et extérieurs auxquels on les
reconnoît -, leurs qualités physiques et les lois d après
lesquelles ils forment des solides réguliers ;
5°. Causes connues ou probables de leur formation ;
Contemplation du Globe
6 . Leui alteration plus ou moins ancienne , ou pas-
sage -,
7°. Leurs propriétés dans l’état actuel.
§•11.
ty. *
( ontemplation du Globe et son organisation ;
en masse.
Bans 1 étude du globe on doit considérer en même tems
la forme , la masse, et les différentes altérations arrivées
à des périodes ■'plus ou moins éloignées.
La terre est, comme on sait, un sphéroïde applati vers '
les pôles. Son diamètre à l’équateur est de ^ plus consi-
dérable qu’au pôle.
On a tout lieu de croire que le centre de gravité de sa
masse est le même que celui de sa figure, du moins qu’il !
en différé assez peu, et que ses variations sont assez insen-
sibles pour qu’on puisse les négliger dans les calculs soit
physiques soit astronomiques. Un physicien a prétendu
que le mouvement d’un grain de sable produisoit un
déplacement dans le centre de gravité. On sent tout ce :
qu il y a de viai et d absurde en même tems dans cette
assertion.
La pesanteur du globe avoit été estimée, jusqua ce
dernier tems, 4 celle d’nne masse d’eau d’un égal volume
étant i. Des expériences de Cavendich ont démontré
1 inexactitude de cette estimation, et en ont fait substituer
une sur la vérité de laquelle on peut se reposer. Il est parti
de l’observation assez ancienne de la déviation du pendule
auprès des hautes montagnes. Il a placé une très -longue
et son organisation en masse. a4g
aiguille) terminée par une houle , dans une cage de verre,
afin d’intercepter tous les mouvemens étrangers à celui qu’il
vouloit produire, et il a présenté, à différentes distances, et
dans différentes situations, des 'masses de plomb à cette
aiguille-, il a calculé ses déviations, et en a déduit que la
pesanteur spécifique de la terre étoit de 5 ;j. Ce calcul nou-
veau est plus important qu’on ponrroit le penser, parce
qu’il infirme considérablement les systèmes des géologues
qui placent dans les entrailles de la terre , soit un feu aus-
tral, soit d’immenses excavations.
Que l’œil de l’homme soit supposé place a une certaine
distance, au-dessus de la surface du globe, il le vena
composé d’une immense étendue de matière solide et
opaque que nous appelons terre , et dont 1 ensemble cons-
titue les continens , et d’un autre espace plus immense
encore , d’une matière fluide et transparente , que nous
appelons mer. S’il porte plus particulièrement sa vue sur
cette dernière, il la verra semée de points que nous avons
appelés îles. Sur la première il verra des rivières plus ou
moins considérables, descendant des montagnes plus ou
moins élevées. Sur ces montagnes il verra les deux états
extrêmes de la matière , de la glace et des fluides élastiques ,
états dus en apparence à la même cause , qui est 1 élévation
au-dessus de la surface du globe; mais ce n est, comme la
physique le démontre, qu’une cause qui ne sert qu à mettie
les corps dans la dépendance des causes assez différentes
pour produire ces effets extrêmes. Au pied de ces monta-
gnes il verra des lacs, des fontaines.
La profondeur moyenne des mers est a-peu-près de
3<jo mètres. Les eaux, quels qu’aient étélesbouleversemcus
du globe, n’ont donc pu couvrir sa surface qu’à la hauteur
I
û5o Contemplation du Globe
de 195 mètres; ce qui devient inportant poür combattre
les systèmes qui leur attribuent la formation des montagnes.
Les montagnes ne nous paroissent pas formées toutes en
même tems; elles portent écrits à leur surface, ou au moins
dans leur intérieur, les rapports des périodes qui ont opéré
leur formation : nous en distinguons de trois ou quatre
ordres. Les primitives, secondaires, ternaires, etc. Ce n’est
pas seulement dans ces anciennes archives de la terre, que
nous lisons cette existence successive des montagnes; la
nature nous en a donne, de nos jours, des preuves incon-
testables, dans la formation spontanée d’îles et de monta-
gnes sorties du fond de la mer, et de cette montagne .
formée il y a quelque tems en Italie, par l’éruption d:un !
volcan.
Voilà à-peu-près l’ensemble que préseute le globe à sa
surface : quant à l’intérieur, les faits nous manquent
absolument, et à peine avons-nous effleuré la première
couche , encore 1 avons-nous trouvée formée en grande
partie de substances qui frappent nos regards à l’extérieur.
Nous n’avons pas même pénétré jusqu’au noyau dune
montagne granitique, pour y découvrir le secret de sa for-
mation, la direction de leurs couches, etc. M. de Saussure
avoit eu I intention d’entreprendre cet important travail,
mais il en a été détourné par plusieurs obstacles.
M- Humboldt. a observé que les couches des montagnes
primitives , ne suivoient aucune direction que leur avoient
supposée différons géologues ; mais quelles conservoient,
depuis les montagnes du nord de 1 Asie, jusqu’aux extré-
mités de l’Apennin, un parallélisme surprenant.
1 ai mi les diilércns systèmes imaginés pour expliquer
îa loi ma lion du globe, il faut distinguer celui du professeur
et son organisation en massé.
Pallas. Il commence par observer que la géologie, ne'é
dans ce siècle, présente une carrière qui ne sera probable-
ment épuisée que dans quelques centaines d’années-, il
discute ensuite toutes les hypothèses destinées a mettre en
ordre l’histoire des élémens du globe , lue jusqu à présent
d’une manière imparfaite dans les archives de sa surface; il
montre l'inefficacité de chacun d’eux pour expliquer les
différens phénomènes de la nature; presque tous ont été
combinés par leurs auteurs * pour expliquer les phénomène*
qui les avaient frappés davantage. Pallas n’auroit rien
fait s’il se fût contenté de détruire sans édifier, ou si en
élevant un système à la place de ceux qu’il renversoit, il fût
tombé dans les mêmes inconvéniens qu’il leur reprochoit.
II présente donc une hypothèse, mais qu’il ne donne pas
comme démontrée. Il laisse une place pour les pierres
d’attente qui seront préparées parles observations successi-
ves des géologues ; il se fonde sur les observations suivantes.
1°. Toutes les grandes masses des montagnes sont for-;
mées de granits qui ne sont ni par couches, ni par filons,’
ni par congestion uégulière ; on y remarque bien des fis-
sures, mais elles se rencontrent rarement, ce qui prouve
qu’elles ne leur sont point essentielles.
a». Le granit se trouve dans toutes les parties du globe^
même sur les montagnes calcaires, dans les marais, etc.
il n’est que peu altérable à l’air; il n est point forme d une
substance homogène, mais compose de quartz, de mica,
de feld-spath, dont les grains sont assez distincts; ce qui
détruit à-peu-près le système de Buflon, qui veut quels
terre soit le produit d’une vitrification causée par un
féu dont l’activité eût dû la réduire à une masse homogène.
3°. Que la chaîne des montagnes granitiques est loujour*
25a Contemplation du. Globe , etc.
côtoyée par une bande de montagnes schisteuses; que ce ne
sont pas les schistes qui nous fournissent des ardoises, mais
des substances beaucoup plus dures , composées cependant
en partie d'alumine, tels par exemple que les silear, le
porphyre. Ces substances contiennent à la vérité quelques
corps organisés, mais en très-petit nombre, et situés de
manière qu’il est à-peu-près démontré qu ils y ont été
apportés, non dès leur formation, mais par des accidens
postérieurs. Ce sont ces montagnes qui sont généralement
le réservoir des mines.
4°- Ces montagnes schisteuses sont elles-mêmes cô-
toyées par des montagnes calcaires qu'on distingue en deux
classes; montagnes calcaires de première formation, et
montagnes calcaires de seconde formation. Les premières
sont beaucoup plus dures , contiennent peu de corps orga-
nisés ; ce sont en général les marbi’es. Ces montagnes ren-
ferment dans leur sein les albâtres , des cavernes dans
lesquelles on trouve les stalactites, stalagmites et autres
concrétions pierreuses formées par le cours des eaux, et
colorées par différens oxides métalliques.
5°. La quatrième classe des montagnes comprend les
montagnes schisteuses de seconde formation , qu’il faut
placer entre ces deux classes de montagnes calcaires, celle
qui contient des ardoises , etc. Pallas les regarde comme le
produit de la putréfaction des corps marins et des subs-
tances combustibles. Il a raisonné en cela comme géologue,,
mais le chimiste répugne à adopter son idée, à cause des
pyrites qui y sont abondamment répandues.
6°. Les substances calcaires de la seconde formation con-
tiennent abondamment les substances organisées qui s’y sont
infailliblement introduites par des fissures.
Distribution méthodique des Minéraux. 2 53
D’après ces observations, Pallas montre que chaque
i hypothèse en particulier est insuffisante pour expliquer
i tous les phénomènes , mais qu’en les supposant modifiées
■ et leurs résultats réunis, les différens accidens de la nature
recevront une explication au moins satisfaisante -, ainsi
l’existence d’un feu central, et ses résultats, tels que les
suppose Buffon , ne peuvent être admis : mais en suppo-
sant l’existence primitive des montagnes granitiques, la foi -
mation des montagnes calcaires au-dessus de 200 mètres,
sera le produit des feux souterrains.
L’existence successive des continens est une hypothèse
tout-à-fait hardie-, elle demanderoit d’ailleurs 1 existence
passée de millions de siècles -, mais on conçoit cependant
que les eaux entraînant avec elles les débris des continens ,
aui’ont pu en former de nouveaux au milieu des mers.
Ainsi un déluge universel est impossible, par des causes
physiques; mais on conçoit que certaines causes physiques
ont pu déterminer la translation d une partie des eaux , le
transport et l’amoncèlcment des substances contenues dans
leur sein.
»
Quant aux montagnes au-dessous de 200 métrés, elles
seront produites parle détritus des montagnes plus élevées,
entraîné et amoncelé par les eaux.
§• III.
Distribution méthodique, des iMinerciux .
La classification est un système suivant lequel on dis-
tribue une grande série d objets afin d en pouvoir mieux
Distribution méthodique, des Minéraux.
saisir 1 ensemble, et d’en rendre par conséquent l'étude
plus facile.
Depuis qu’on étudie l’histoire minérale, on en a imaginé
plusieurs d’après lesquels on a classé les minéraux: en s’atta-
chant seulement à leurs caractères extérieurs, ce qui intro-
duisoit une grande confusion, parce que leur nombre étant
très -consi derable , on manquoit d’expressions pour spécifier
les nuances (plus considérables encore) de leurs caractères
extérieurs; ou admettait encore comme caractères distinctifs
des minéraux, leur effervescence avec l’acide nitrique, le
feu qu’ils faisoient avec le briquet, ce qui était capable
d induire en erreur, puisqu’il est plusieurs minéraux qui
produisent l’un et l’autre effet.
La méthode de classification que M. Guy ton a adoptée ,
dépend du degré de composition d’un minéral, c’est-à-dire,
quapiès avoir classé les corps simples suivant la méthode
générale, il classe les composés suivant cette même méthode,
en prenant 1 ordre de la partie composante qui y domine.
On objecte en vain que la chimie n’est pas assez avancée
pour déterminer les elémens de tous les corps, ni celui qui
y domine; mais cette difficulté, diminue tous les jours par
les progrès delà science , et ne doit pas faire abandonner
nne méthode qui a le précieux avantage de rappeler de
suite les principaux composaus de la matière cherchée.
Les corps sont partagés en six ordres qui sont les terres ,
les sels, les combustibles non métalliques , les combustibles
métalliques, les matières volcaniques, les eaux. Chaque
ordre se divise en classes; par exemple, dans 1 ordre des
terres, on distingue la classe siliceuse, la classe alumi-
neuse, etc.
Les classes se sous-diyiscnt eu genres qui sont les dif-
Distribution méthodique des Minéraux. aS5
érens produits des diverses combinaisons de la classe
-riginaire.
M . Haüy a adopté, dans son Traité de Minéralogie,
une nouvelle distribution méthodique des minéraux, par
Tasses, ordres, genres et espèces. Ilaetabli quatre grandes
liasses; la première renferme les substances aciditères; la
æconde les substances terreuses; la troisième les substances
combustibles non métalliques; et la quatrième les substances
métalliques.
M. Brongniart a fait une autre distribution des minéraux.
Il a établi cinq classes.
•
Classe Ire. Les oxigénés non métalliques,
Ier. Ordre. Les oxigéués non acides.
2*. Les oxigénés acides.
Classe IIe. Les sels non métalliques.
1er. Ordre. Les sels alcalins.
2e. Les sels terreux.
Classe III8. Les pierres.
i*r. Ordre. Les pierres dures.
2e. Les pierres onctueuses.
3*. Les pierres argiloïdes.
.Classe IV8. Les combustibles.
ier. Ordre. Les combustibles composes.
2e. Les combustibles simples.
Classe Ve. Les métaux.
ïCt. Ordre. Les métaux fragiles.
»*r Les qaéUux ductiles,
a56
De l’usage des caractères extérieurs
S- IV.
De V usage des caractères extérieurs des Minéraux .
Les caractères extérieurs peuvent servir à distinguer
les classes ; on reconnoît la nécessité de les employer pour
établir les variétés qui peuvent se présenter dans les corps
d’un même genre.
Décrire un corps, c’est exprimer les différens effets
qu’il produit sur nos sens ; la méthode de Werner est fon-
dée sur ce principe : on peut consulter un tableau des carac-
tères extérieurs de Werner , qui indique l’ordre dans lequel
on doit interroger les sens , et les expressions adoptées pour
en consigner les jugemens-, qui rappelle tous les principes
de la méthode descriptive, sans surcharger de ces détails^
que l’iulelligence peut suppléer même avant lhabitude.
( F oyez le tableau ci-contre. )
Les mots magnétisme et électricisme indiqués dans le
tableau, exigent quelques détails pour ceux qui u ont point
suivi de cours de physique.
Le magnétisme est une propriété qui appartient prin-
cipalement au fer; pour la connoître, on approche d’une
aiguille aimantée et mobile le corps qu on soupçonne avoir
cette propriété. La vitesse avec laquelle l'aiguille est mue ,
détermine le degré de la propriété,, on remarque aussi s i I
possède la polarité, c’est-à-dire, s’il attire dans un sens et
repousse dans l’autre.
M . Ilaiiy distingue le magnét isme en simple et polaire.
( Attraction sur chaque pèle de barreau ai-
jO. simple. \ . , i
1 t niante : la corneenne.
Tom. Iï , page 256.
TABLE SYNOPTIQUE
R A C T È R E S EXTÉRIEURS DES MINÉRAUX,
h déterminer l a série des observations et les expressions appropriées à la méthode descriptive de Werner.
ORDRE
dans LEQUEL on consulte -•
LES SENS.
f commune. en masse., informe , en grains , superficiel, dissémine , etc.
I particulière -capillaire , tricoté , coraJliformc , cellulaire , etc.
/ en cube, en rhoinbe, e
pyramide; etc.
/ APPARENCE
EXTERIEURE.
. régulère .
icÿèdre ,-cn tétrnèdro , en prisme avec
Ta description d'ün cristal n’est |
complettc que lorsqu’elle in-i
dique, îi la manière Û’Hauy,
le nombre des faces,
leur Ggurc.
leur position respective,
les angles d’inclinaison,
les stries,
leur direction.
les variétés produites par assem-
blage ou macles.
Cela est sur-tout indispensable , lorsqu il s'agit dune forme
primitive ou secondaire peu connue , ou dont la loi de dé-
. croissernent n'a pas encore été déterminée.
f 'blanc.
■ de neige, bla îc de luit, blanc-rougeâtre , etc.
I gris gris de fer, gris de perle, etc.
| noir. noir foncé, loir bleuâtre, etc.
' bleu d’indigo, de Prusse,, violacé, etc.
Lvert vert de pré, vert de poireau, etc.
I jaune. de soufre, citrin , orangé, etc.,
I rouge. de brique , écarlate , rose , etc.
L brun . rougeâtre, couleur de foie , etc.
i en druscs , lisse , rude , etc.
I rayée, ........
i travers , en long , alternativement , etc.
l’intensité .
, l’espèt c. - ..
TRANSPARENCE. -
i le degré . .
I la réfraction .
f l’intensité^
[ l’espèce. -.
<très-brillant , brillant ; peu brillant, mat, etc.
métallique, nacré, vitreux, etc.
transparent , demi-transparcnl , translucide aux bords,
simple, double.
^rès-brillant, peu brillant, etc.
métallique , nacré -, vitreux , etc.
L’ODORAT.
LE GOÛT. .
L OUIE . • .
ASPECT
INTÉRIEUR. J CASSURE .
compacte
torses ,
tée , î»
■FIGURE DES FRAOMF.NS.
triques
( cubiques .
( laines ,
, anguleuse , conchoïdc , fibreuse , h fibres
striées , en rayons divergeas , feuille-
feuillets parallèles, à feuillets conccn-
, etc.
cubéiformcs , çn -grains, en éclats, i
en esquilles informes , etc.
Nota. On doit sur-toul porter attention aux frngmcns découpé
cm de dissection , ayant le poli naturel, et qui servent à dé-
terminer le mécanisme de la structure , suivant les principes
J'IIauy.
pesanteur . ...... le^egré.
- surnageant l'ean , léger , peu pesant , très-pesant.
I On ne peut se dispenser aujourdhui d'indiquer la pesan-
. leur spécifique par le rapport avec l'eau , que f on détermine
| facilement avec le pèse-liqueur de Nicuolson , ou le gravi-
t mètre de Guyton.
le degrc.
” cédant h l’ongle, au couteau, à la lime; étincelant avec l'acier;
rayant le verre , le cristal de roche, les gemmes; tendre, très-
[ tendre , etc.
| FLEXIBILITÉ .
I DUCTILITÉ. ,
I COHÉSION. .
FROID . .
TACHURE.
pliant , élastique , etc.
malléable, aigre, etc.
très-lcuacc , fragile , friable , etc.
onctueux , savonneux , etc.
le ogre.
la couleur , sou celât.
il convient d'ajouter le magnétisme et félectricisme , qui ap-
partiennent certainement plus à la description qu’à l'analyse.
On entend par Electricisme , la propriété de conduire le fluide
électrique tjt celle de s'électriser par chaleur ou par frotte-
ment ; la première forme un caractère important pour les
métaux et A-s carbures ; la seconde a déjà été employée avan-
tageusement par Daubenton, pour les cristaux congénères à
la tourmaline .
cliangemcns qu'elle produit dans la couleur et
dans l’éclat.
happement a la langue,
odeur
très-fort, médiocre, foiblc , nul.
f le degré.
L l’espèce.
forte, foiblo, nulle.
bitumineuse, sulfureuse, urineose , argileuse, etc.
i le degré.
: l'espèce.
forte , foiblc , nulle.
acide, alcaline, salée, styptique, amère, terreuse, etc.
sonore comme l'ardoise, l’arsenic , l’ctain qu’on pile, etc.
- *
U
des Minéraux.
7 î>57
: 3». polaire.! Attraction sur ,ln Pôle et répulsion sur l’autre:
l presque tous les cristaux de fer.
L électricité est la propriété qu'ont les corps, préparés
■ convenablement, d'attirer ou repousser les corps légers uni
“ Le mot dérive dW^nm. Le succin fut
; Prem,er C0,PS s'"' Ie(Iue^ »n fit l'observation, qu'en le
'frottant, il attiroit les corps légers; on divise les corps qui
jomssent de la propriété énoncée , en corps susceptibles de
isCeet,., ... par frottement; ... par communication;
3°. par le feu. ’
M. Haüjr divise 1 électricité en passive et active:
par communication. (Les métaux à l’état mé-
t tallique.
i°. Vitrée : la plupart
des substances terreu-
par frottement \ ses ;
2°. Résineuses : le sou-
Ire , le succin. g.
rVitrée d’un côté et ré-
par chaleur ) S'neuse de l’autre ;
tourmaline, la mé-
[ sotjpe.
i°. Vitrée : le molyb-
dène sulfuré ;
2°. Résineuse : la plu-
part des minéraux ;
3°. Nulle : le fer car-
buré.
Pour distinguer ces deux espèces d’électricité, on se
sert dun instrument nommé électromctre , composé de
*7
1°. PASSIVE/
a°. active ou communiquée à la
Cire d’Espagne, à l’aide du frot-
tement.
a 58 De l’usage des caractères , etc.
deux boules de moelle de sureau, le tout enfertne dans
un récipient. On approche d’abord du métal qui lie ces l
deux fils métalliques , un corps chargé convenablement
d’électricité-, ce qui produit un certain ecartcment dans
les boules: on présente aussitôt le corps qu'on veut sou-
mettre à l’expérience , et s’il est électrisé en plus, il pro-
duit un plus grand écartement , s il est électrisé en moins
les boules se rapprochent.
Les cristaux ont généralement un axe d électricité dont
les extrémités sont nommées pôles, 1 un de ces pôles est
celui de l’électricité positive, l’autre est celui de l'élecj
tricité négative. 11 est quelquefois intéressant de faire la
distinction de ces deux pôles. Pour cela, M. Haüy se sert
d’un fil de soie attaché a une verge métallique-, on 1 élec-
trise, et on l’approche du cristal dont on veut déterminer
les pôles; s’il y a répulsion, c’est le pôle de 1 électricité
positive ou vitreuse; si le phénomène contraire arrive,, on
en conclut que c’est le pôle de l’électricité négative, de là
est venu cet axiome : les semblables se repoussent, les con-
traites s’attirent.
M. Haüy est parvenu par ce moyeu à déterminer
avec beaucoup de sagacité l’axe d électricité de cristaux
qui n’avaient guère plus de deux millimètres de grandeur.
Le borate magnésio-calcaire présente une propriété
singulière que des expériences délicates ont de\eloppee.
Il est cristallisé en cube ayant un décroissement angulaire
et marginal. Il est électrique , et a par conséquent un axci
et deux pôles. Pour les déterminer , M. Haüy a électrisé un
corps résineux d’une figure cylindrique entre ce corps et1
une aiguille métallique, très-mobile sur un pivot, et paral-i
lèle au corps ; on place le cristal qui ne doit être pourtant pas
!
&<■ l’histoire générale des Miné rau t.
assez petit poui que la direction de son axe électrique influe
sur celle de l’électricité dans son passage du cylindre de
résine dans 1 aiguille. Il en a calculéles déviations , et a dé-
i montré que ce cristal avait huit axes différons d’électricité,
4 Ce qui sans doute avoit influé sur sa figuration. •
Les métaux que nous avons annoncés précédemment
comme jouissant de li propriété conductrice, et comme
la perdant par l’oxidation , acquièrent la propriété de
,s électriser par frottement , lorsqu’ils se combinent avec
l’oxigèue.
S- V.
De l’ Histoire générale des Minéraux.
Après avoir considéré le globe en masse, et les diffc-
<ens systèmes imaginés pour expliquer sa formation ,
[piand un minéral tombera sous la main d'uu naturaliste ,
ü ne s’occupera plus de la formation de la montagne d’ou
.1 a été tiré , mais bien de la situation du minéral dans la
montagne , et de la situation de celle-ci par rapport à
selles qui l’environnent. C'est ce qu’on appelle le "gisse-
ment. Un minéral peu important par lui-même , le de-
>cnt souvent entre les mains du naturaliste qui conrioît
ion gisscment. Il pourra expliquer différentes circons-
ances qui se manifestent dans sa formation, s’il connoît
a nature, 1 arrangement , etc. des substances qui l’en-
rironnent.
Des causes connues ou probables de leur formation.
Ces causes peuvent être considérées comme indépen-
tantes des grandes révolutions du globe , en admettant
260 De l'histoire générale des Minéraux.
cependant l’existence préalable de certaines substances
Elles se réduisent :
i°. A l’action de l’eau ;
20. Au dégagement des gaz ;
3°. Aux dépôts par coucbes ; ainsi les albâtres , les in
crustations, le s veines spathiques , ne sont que les produit
de ces dépôts introduits au moyen de fissures dans le
substances primitives où on les trouve : ce n est point uni
quement une théorie dénuée du secours de 1 observation
qui fait établir ce principe-, cette incrustation se fait sou
nos yeux, et dans un très-court espace de tems , dan
les grottes naturelles et artificielles -,
4°. Aux feux souterrains produits ordinairement pa j
la combustion des schistes pyriteux j le tripoli est le prO;
duit d’une combustion de cette espèce. Il s’y trouve ain;
que dans beaucoup d autres substances pyriteuses de
débris de substances végétales , ce qui porterait à croir
que le soufre des sulfures , regardé jusqu’à présent comm
une substance minérale, et même celui des sels sulfu
riques natifs , étoient dus a la décomposition des sub,
stances végétales.
De leur altération plus ou moins ancienne ou passage. |
Le plus frappant de ces passages est celui de la form
cristalline à la forme arrondie par le frottement , de là cj
qu’on appelle galet siliceux. Le cristal de roche lui-mêui';
perd ses angles et ses arêtes.
Une autre espèce de passage remarquable est celui p»
lequel un cristal perd la forme cristalline qui lui est affecte
par la nature , pour en prendre une autre qui 11'a nul rappc1
Les transsudations également produites par les sub
Propriétés des Minéraux. 261
-stances termes en suspension par les eaux, «sont encore
une espèce de passage qui explique un grand nombre
de phénomènes de la nature. Les transsudations peuvent
fitre intérieures ou extérieures. 11 est une espèce de jaspe
grossier parsemé de calcédoine , qui a longtems d visé
es minéralogistes sur les circonstances de sa formation.
.211e s’explique naturellement par le retrait de la matière
îomogèue dout le jaspe est composé, et la transsudation
intérieure de la calcédoine.
§• VI.
Propriétés des Minéraux. Essais préliminaires .
On découvre ces propriétés :
i°. Par les réactifs ;
2°. Par les essais au chalumeau -,
3o. Pari analyse chimique qui confirme ou réforme îe
ugement porté d’après le caractère extérieur.
Parmi les réactifs , les acides minéraux et les alcalis
•ont les plus puissans -, ainsi , s’il tombe sous la main
ane substance dont od ignore les principes constituaus ,
an verse dessus une goutte d’acide nitrique. S il y a
■ffervescence , on en conclut , non que c’étoit un carbo-
nate de chaux , mais un carbonate quelconque. Si on
soupçonne que ce soit du sulfate de chaux , on en met
une petite quantité dans de l’eau. Si elle se dissout, on
en conclut que la présomption étoit fondée. Si la sub-
stance inconuue, mouillée avec un peu d’acide sulfurique
concentre , laisse dégager une vapeur acide ayant une
ideur particulière, on en conclut que c'est un liuate , ou
unmuriate, ou un nitrate.
Quelques substances se montrent extrêmement rebelles
a6a Considérations générales sur les Métqux.
aux réactifs , ce sont celles qui contiennent des métaux.
Si on le soupçonne , on les met en contact avec un peu
d’hydrogène sulfuré, qui donne sur le champ, quelque
soit ce métal combiné , le plus souvent une couleur noire.
On distingue ensuite plus particulièrement chaque métal ,
soit en le faisant passer au bleu avec l’acide prussique, si
c’est du fer , soit en le faisant passer au vert par l’ammo-
niaque , si c’est du cuivre , etc.
Quant au chalumeau, voyez le Ier. volume , page 4^-
§• VII.
Considérations générales sur les Métaux.
Les métaux se trouvent dans la nature dans six états
différens -,
i°. A l’état métallique pur , comme l’or, f argent ,
le mercure -, 2°. à l’état d’ oxide ou diacide , un grand
nombre se rencontre plus ou moins oxidé ; 3°. unis
au soufre, on les appelle alors sulfures ou pyrites , tels
que le mercure , le fer , le plomb , l'antimoine , ces
métaux conservent toujours dans cet état un éclat mé-
tallique , etc. -, 4°. unis aux acides , ce qui constitue les
sels métalliques -, 5°. combinés avec d autres métaux , ce
qui forme les alliages naturels ; 6°. unis au carbone ,
d’où résulte un carbure métallique. On ne couuoît jusqu à
présent que le fer susceptible de cette union.
La docimasie et la métallurgie enseignent à les séparer
de toutes ces substances étrangères.
Les métaux ont des propriétés si caractéristiques qu’il
est impossible de les confondre avec les autres substances
mi p étales, Le caractère le plus saillant qui les fait re-
Considérations générales sur les Métaux. 26.3
'Eonnoitre sur-le-champ est ce brillant particulier qu’on
pppelle éclat métallique , les lames les plus minces sont
ppaques et ne laissent pas passer la lumière. Leur grande
oesanteur spécifique est un moyen non moins précieux
jnour les distinguer d’une manière évidente. Cette
densité varie dans les métaux depuis 7 jusqu a 21 , l’eau
■tant 1. Le métal le moins dense est encore plus pesant
que la substance minérale non métallique la plus lourde.
La propriété des métaux d’étre ductiles est de la plus
grande importance pour les arts , on n’en conuoît pas la
cause. Il est cependant probable qu’elle tient à la dis-
position des molécules entre elles. La ductilité se divise
æn ductilité à la filière ou ténacité ou ductilité sous le
marteau ou malléabilité -, l’ordre des métaux est différent
-mur chacune de ces propriétés.
Leur conductibilité est la propriété de laisser passer
-rapidement le calorique entre leurs molécules, et d’enlever
airomptement la chaleur à d’autres corps chauds. On no
«eut pas encore bien expliquer la raison de ce phéno-
mène ; on pourroit croire que cela tient à la mobilité des
parties qui se meuvent avec beaucoup de facilité. Tous
«es métaux sont bons conducteurs , mais ils diffèrent
entre eux par celte propriété.
Les métaux sont susceptibles de se fondre , cette
fusibilité varie tellement entre eux , que quelques-uns
rise fondent à une légère température, et d’autres exigent
tme très-forte chaleur -, d’autres se volatilisent comme le
■mercure, l’antimoine , etc.
Le point de vue le plus intéressant sous lequel on
"Puisse considérer les métaux en général , est leur rapport
Lavée l’oxigène.
a(>4 Considérations générales sur les Métaux.
Quelques métaux s’oxident, par la simple exposition
a 1 air , a la température ordinaire , tels sont 1 arsenic et
le manganèse.
D autres métaux s’oxident par la simple exposition à
1 air ; mais ce n est qu au moyen d’un degré de chaleur
considérable. Le fer , le zinc , le cuivre , l étain , etc. ,
quand on les chauffe au rouge , perdent le brillant mé-
tallique , et se convertissent en oxides de différentes
couleurs.
D autres métaux ne sont pas oxidés même par faction
réunie de l’air et de la chaleur -, tels sont l’or et le
platine.
Mais ces deux métaux eux -mêmes > et à plus forte
îaison tous les autres , sont oxidés par les acides. C’est 1
ainsi que les acides nitro-muriatique et muriatique oxi-
gene oxident d abord 1 or , puis dissolvent son oxide. Le
fer est oxide par l’acide sulfurique étendu , en se com-
binant avec 1 oxigène de l’eau , et cet oxide de fer ainsi
produit , est dissous par 1 acide.
lous les métaux qui sont oxidables à l’air , le sont
bien plus rapidement dans le gaz oxigène.
Quelques métaux sont oxidés par l’eau , soit à la tem-
pérature ordinaire , soit à une température plus élevée.
La limaille de 1er , humectée d’eau , s’oxide en consé-
quence de la décomposition de ce lluide ; et la vapeur
de leau se décompose rapidement , lorsqu'on la fait
passer sur du fer rouge. Le fer ainsi oxidé gagne 28 pour
cent d oxigène. D’autres métaux, l’or et l’argent, par
exemple , ne sont point oxidés par l’eau , à quelque
tempérai tire, que ce soit.
Tous les métaux acquièrent du poids par 1 oxidafion.
Considérations générales sur les Métaux. 26$
On peut s’en convaincre en faisant chauffer au ronge un
peu de fil-de-fer , et le gardant quelque tems dans cet
état.
Les métaux retiennent l’oxigène avec différons degrés
de force. Quelques oxides , celui de mercure , par exemple,
se réduisent a 1 état métallique par la seule application
de la chaleur ; d’autres, tels que l’oxide de fer, exigent
l’addition de quelque substance qui ait plus d’attraclioii/
pour 1 oxigene , que le métal auquel il est combiné.
C est ainsi que pour réduire l’oxide de fer , on doit ajouter
du charbon.
Tous les oxides métalliques , excepté celui de mer-
cure , sout convertis par une violente chaleur , en une
substance vitreuse , appelée verre métallique ■ ces verres
(servent a colorer les émaux et la porcelaine.
Les métaux se comportent avec les acides d’une ma-
niéré particulière 5 aucun métal ne se dissout dans un
acide, à moins qu il ne soit préalablement oxide, ou ils
s oxident , soit aux dépens de I eau ou de l’acide.
L acide sulfurique concentré attaque un grand nombre
■de métaux , sur-tout à l’aide de la chaleur, en dégageant
• de 1 acide sulfureux ; l’acide sulfurique étendu d’eau
«dissout mieux les métaux , et l’eau est toujours décom-
] posée.
L acide nitrique agit sur tous les métaux sans qu»
1 eau soit décomposée. Il y a cependant des circonstances
où l action de 1 acide est si grande qu’une partie de l’eau
est décomposée, ou 1 hydrogène se constitue avec l’azote
forme de 1 ammoniaque. Le zinc est Je plus propre
pour cet effet , mais il ne se dégage pas de gaz hydrogène.
Aucun métal ne décomposé entièrement l’acide nitrique.
266 Considérations générales s ir les Métaux ,
L’acide muriatique ne dissout les métaux d'aucun* *
manière , s il n’est pas étendu d’une certaine quantité
d eau ; alors il se dégage toujours du gaz hydrogène.
Les oxides au maximum ne se dissolvent dans aucun
acide , mais l’acide muriatique les dissout en leur enlevant
une partie d’oxjgène qui forme l’acide muriatique oxigéné ; f
1 acidç muriatique .qui reste trouve le métal moins oxidé
et le dissout.
Les métaux sont précipités de leurs dissolutions par
les acides , les uns par les autres , et non pas à l'élat
d’oxides , comme lorsqu’on emploie les alcalis , mais
généralement à l’état métallique. Si on plonge, par exemple,
une laine de fer poli dans une solution de sulfate de
cuivre , le cuivre reparoît sur la surface du fer à l'état
métallique. Dans ce cas , le fer s’empare de l’oxigène
du cuivre -, et comme aucun métal n’est soluble dans
un acide qu’il ne soit combiné avec l’oxigèue , le cuivre
est précipité.
Quelques oxides métalliques sont solubles dans l'eau ,
comme l’oxide de plomb, d’antimoine, d'argent, etc.
Les alcalis agissent aussi sur les métaux. L'étain , le zinc,
le tellure, etc. s’y dissolvent en état métallique ou il se
dégage du gaz hydrogène. Le cuivre et l'argent sont
solubles dans l’ammoniaque.
Les oxides métalliques sont solubles dans les alcalis,
comme celui d’or, d’argent, de cuivre, d'étain , d’anti-
moine , d’arsenic, de manière que les oxides servent ici
au lieu des acides , tandis qu’avec les acides ils servent
de bases.
Les métaux en général sont des substances simples.
C est par leur rapport ayëc l’oxigène que M. Fourctoy
Considérations générales sur les Métaux. 267
a établi la classification des métaux sur l’ordre de leurs
divers degrés d’attraction pour l’oxigène. Il les divise en
cinq sections.
PREMIÈRE SECTION.
Métaux cassans et acidifiables, cinq espèces * arsenic j
tungstène , molybdène , chrôme et columbium.
DEUXIEME SECTION.
Métaux cassans et simplement oxidables ; il y en a sept
especes; titane , urane , cobalt , manganèse , bismuth
» antimoine et tellure.
I
troisième section.
Métaux demi - ductiles et oxidables , trois espèces ;
mercure , zinc et nickel.
QUATRIÈME SECTION.
Métaux bien ductiles et facilement oxidables , quatre
* especes ; étain , plomb , fer et cuivre.
CINQUIÈME SECTION.
Métaux très-ductjles et difficilement oxidables,
l espèces ; l’argent, V or et le platine.
trois
268
Arsenic.
CHAPITRE III.
\
De V .Arsenic , de V Acide arsemeux , et de
l'Acide arsenique.
§• Ier-
Arsenic.
On trouve souvent l’arsenic natif; il est en masse»
noires peu brillantes , très-pesantes : il a quelquefois
l’éclat métallique , et réfléchit les couleurs de 1 iris.
Dans sa cassure il paroît plus brillant , et semble com-
posé d’un grand- nombre de petites écailles ; lorsque ces
écailles sont sensibles à l’extérieur des échantillons , on
le nomme alors arsenic testacé , ou improprement cobalt
testacé , arsenic écailleux.
On prétend que le nom arsenic est tire d un mot grec,
qui signifie miile , et qu’il a été donne à 1 arsenic à cause
de la grande énergie avec laquelle agit ce métal.
Voici les espèces décrites par M. Haiij.
Première ; Arsenic natif , trois variétés.
L’arsenic natif se trouve à Sainte-Marie-aux-Mines ,,
en France; à Freyberg , en Saxe; à Joachimsthal , en
Bohême; dans le Baussa de Temcswar , en Hongrie;
1
Arsenic. 269
dans les montagnes primitives, mais presque jamais en
filons particuliers. Il accompagne ordinairement l’argent
sulfuré , le co >alt gris et arsenical , le cuivre gris , la
fer spathique.
Deuxième •, Arsenic oxidé , trois variétés.
L’arsenic oxidé se trouve à la surface ou dans le voisi-
nage de certaines mines arsenicales et en particulier de
celles de cobalt. Il est sous plusieurs formes, en pris-
mes quadrangulaires , en aiguilles et en état pulvé-
rulent , à Andreasberg , à Richelsdorf en Hesse et en
Saxe.
Troisième; Arsenic sulfuré ; première variété , Arsenic
sulfuré rouge ; deuxieme , Arsenic sulfuré jaune.
L’arsenic sulfuré rouge se trouve à la bouche de plu-
sieurs volcans , où il a été produit par sublimation , en
particulier à la Solfatare, près de Naples, et à la Gua-
deloupe où il porte le nom de soufre rouge : il n’est pas
rare de le rencontrer aussi dans la dolomie, au Saint-
Golhard et dans d’autres montagnes primitives. Quel-
quefois il a pour gangue le quartz , la barite sulfatée, etc.
Il existe dans plusieurs mines, telles que celles de
Nagyag , en Transilvanie ; de Felsocanya , en haute
Hongrie; de Joachimslhal, en Bohème; de Marienberg,
en Saxe , etc.
On trouve de l’arsenic sulfuré jaune à Moldava , en
Hongrie, où il accompagne un filon de cuivre pyriteux,
a Ohlalapos , en Transilvanie ; il est en globules testacés,
à Ihajoba, en Hongrie.
27° Arsenic.
Lorsqu’il est rouge , on l’appelle réalgal , réalgar , ri -
* zigal factice , ou arsenic rouge.
Lorsqu’il est jaune , on le nomme Iwjpin , ou orpiment
factice.
Le réalgar est commun dans la Chine; on en fait des
vases , des pagodes et autres ouvrages d’ornement. Les
Indiens se servent de ces vases pour se purger, en y
laissant séjourner pendant quelques heures , du vinaigre,
ou du suc de limon.
L’orpiment est moins rare que le réalgar ; il accom-
pagne presque toujours celte substance : mais celui du
commerce nous est envoyé de diverses contrées du le-
vant en masses irrégulières, solides ou lamelleuses , d un
beau jaune citrin. Le réalgar est composé , d’après
M. Thénard , de 0,25 de soufre et de o,^5 d arsenic ,
et l’orpiment de o,43 de soufre et de 0,67 d arsenic.
Les sulfures d’arsenic sont très-employés dans la pein-
ture , à raison de la solidité et de l’éclat de leurs
couleurs.
On s’en sert également dans la teinture , sur-tout
pour l’impression des toiles de coton.
Ces sulfures ont encore l’avantage de conserver les
couleurs, de les préserver de la décomposition et moi-
sissure lorsqu’elles sont liquides, décarter les insectes
rongeurs.
Ces sulfures peuvent servir encore de dissolvant à
l’indigo. On les emploie aussi à rendre aigres et durs
quelques métaux, tels que le plomb, le fer, etc., et
on les dispose par ce léger alliage à plusieurs opéra-
tions qui exigent moins de ductilité. ( Chapial. )
C’est eu calcinant ces métaux qu’on dégage l’arseuiC
—'if l'SC/ll C • «2 j
Dans plusieurs endroits, on a établi de longues cheminées
tortueuses , qu’enfilent les vapeurs arsenicales , et où
elles s attachent ; ou enlève la croûte qui se forme sur les
murs ou parois de ces cheminées: et c’est là ce qui est
introduit dans le commerce sous le nom d 'arsenic. C’est
de 1 oxide d arsenic blanc ou acide arsénieux comme
nous le verrons plus lias.
On retire le métal pur par le procédé suivant : on
mêle deux parties ds cct oxide blanc avec une partie
de flux noir (i), et on inet le tout dans un creuset
qu’on recouvré avec un autre creuset renversé -, on lute
avec un peu de terre glaise et de sable -, on applique eusuile
la chaleur au creuset inférieur ; l’arsenic se réduit et
tapisse les parois du creuset supérieur , sous uue forme
brillante et métallique.
L’arsenic métal s’obtient encore de la manière sui-
vante : on fait uue pâte avec cet oxide en poudre et du
savon noir , ou de l’huile de lin , ou de toute autre
huile tirée par expression -, on introduit cette pâte dans
un mafias, on le place sur un bain de sable, et ou
piocede a la sublimation par un feu doux d’abord
afin d’échauffer les vaisseaux et de faire dissiper les
vapeurs humides. On augmente ensuite le feu par degrés,
jusqu’à faire rougir le fond du vaisseau ; il se sublime
daus la capacité supérieure du matras , uue substance
i presque noire. Ou casse le matras, on sépare la ma-
tière qui s’est sublimée; c’est l’arsenic métallique.
(0 Pour obtenir le flux noir, on fait détonner, dans nu
.creuset, une partie de nitrate de potasse avec deux parties de
star tri te acidulé de potasse.
Arsenic.
272
On peut encore obtenir cette réduction par la fusion.
A cet effet , on mêle une partie d’oxide d’arsenic avec
deux parties de savon noir et une partie et demie de
potasse. On fait fondre promptement ce mélange dans
un creuset , aussitôt qu’il est fondu , on le coule dans
un mortier de fer un peu échauffé et graissé-, 011 le
couvre lorsque la matière est parfaitement refroidie : ou
sépare l’arsenic qui occupe sa partie inférieure d avec
les scories.
La pesanteur spécifique de l’arsenic extrait de ses
minerais et pur est , suivant Bergmann , de 8,3o8 à
8,3io.
L’arsenic s’altère pxomptemeut à l’air -, il s’oxide à sa
surface, et passe au noir; chauffé avec le concours de
l’air, il s’oxide très-promptement: il se réduit en va-
peurs blanches , qui ont une forte odeur d’ail , et se
subl me dans les vaisseaux clos , avant qu’il ne soit
assez chauffé pour entrer en fusion. Il est susceptible
de cristalliser en tétraèdres réguliers , lorsqu'on le su-
blime lentement. Lorsqu’il est rouge, il brûle avec une
flamme bleuâtre.
L’arsenic , dans l’état métallique , n’agit pas d’une
manière sensible sur l’azote et le carbone -, cependant
il se dissout assez facilement dans le gaz hydrogène , et
forme le gaz hydrogéné arsemquè , dont Schcele a
parlé le premier. M. Slromeyer de Gottinguc la fait
connoître plus particulièrement. Ce chimiste le prépare
en chauffant un mélange de i5 parties d’étain et d une
d’arsenic avec de l’acide muriatique.
Ce gaz est extrêmement fétide , lue les animaux ,
bïûle d’une flamme blanche bleuâtre , accompagnée d une
(
<ll
A rsenic. . a j
fumée blanche-brunâtre. Il est peu soluble dans l'eau pourvu
~u’elle soit privée d’air , sans cela le gaz est décomposé.
Mêles à parties égales avec le gaz oxigène , il détonne
lolemment a 1 approche d’une bougie allumée , il sa
orme de I eau et de l’acide arsenieux.
Les acides nitreux et muriatique oxigéné le décom-
ïosenl sur-le-champ. Quand on fait passer ce dernier ,
az acide dans- un mélange de gaz hydrogène arseniqué
t sulfuré, il se forme, suivant M. Trommsdorf , un
«ulfure jaune d’arsenic.
Ce gaz convertit le sublimé corrosif en muriate de
nercure au minimum. N
Si l'on distille partie» égales de phosphore et d'arsenic
n employant One douce chaleur , on obtient un sublimé
n ant ’ n°lrâlre ’ «J11* b™'e sur les charbons avec l’o-
mixte de l’un et de l’autre de ces corps. Il reste un
îsidunoir, rempli du phosphore, que l’on doit couses
»r sous leaa; c est du phosphure d’arsenic.
C^tte combinaison peut encore avoir lieu sous l’eau h
chaleur de l’ébullition. Le phosphore s’unit à l’arsenic
'mesure qu’il se fond.
L’arsenic s’unit très-bien au soufre. 11 résulte une
•sse demi-transparente, très-pesante, d’une couleur
ne ou rouge , suivant les proportions de soufre
relu prépare ces sulfures d'arsenic en mêlant ensem-
Un a cru pendauL lAnm
, il ne falloit uu'un ^l tl11* pour iormet le réal-
a 1 ' duième de soufre, tandis qu’il
18
274 Arsenic.
n’en falloit qu’un cinquième pour former 1 orpin -, et c est
dans ces proportions qu’on prescrivoit le dosage des
deux principes pour fabriquer l’un ou l’autre de ce»
produits. Mais il est connu aujourd’hui que , quelle que
soit la proportion du soufre, on obtient de 1 'orpin ou
du réalgar, en variant le degré de la chaleur. Le real-
» gar est constamment le produit d’une chaleur plus forte ; :
cet excès de chaleur volatilise une portion du soufre et |
concourt à oxider l’arsenic ( Chaptal ). I
D’après les dernières expériences de M. Thénard |
il n’y a pas d’autres différences entre les deux sulfures
( orpiment et réalgar ) que dans la proportion plus
grande du soufre; le procédé que l’on peut employer
pour les obtenir , doit se borner à les composer de ,
toute pièce dans les proportions convenables.
Pour l’orpiment, on fait un mélange de trois parties
de soufre et de quatre d’arsenic , on introduit le tout
dans un matras que l’on place sur un bain de sable I
et on fait sublimer. , • ,j
On peut obtenir aussi ce sulfure en mêlant de 1 acide
arsenieux et de l’hydrogène sulfuré , ou bien encore avec
un mélange d’arsenite de potasse, d’hydro-sulfure A]
potasse et d’un acide.
Le réalgar se prépare en sublimant un melangj
d’une partie de soufre et de trois d'arsenic. Il tond,
très-facilement et reste même à une température plu*
basse dans cette fusion.
On peut transformer l’orpiment en réalgar par *
fusion avec une nouvelle quantité d arsenic , et 8
réalgar se convertit en orpiment par une addition cj
soufre.
A rsenic.
Les acides sulfurique , nitrique et muriatique oxigénés
décomposent les deux sulfures , en les transformant en
acide sulfureux et en acide arsenieux.
La potasse et la soude dissolvent les sulfures , il se
forme du sulfure hydrogéné de potasse et de l’arsenite
de potasse.
L arsenic ne décompose pas l’eau.
On ne connoît pas l’action des matières salino-ter-
i reuses sur l’arsenic.
L acide sulfurique foible a peu d’action sur l’arsenic.
I 11 faut qu’il soit concentré et bouillant; alors la so-
lution est complète : elle est transparente , mais d’une
légèie couleur brune. Celte solution fournit de l’acide
p sulfureux gazeux, et par le refroidissement une assez
grande quantité de petits cristaux irréguliers ; c’est l’ar-
isenic 3 l’état d’acide.
L’acide nitrique dissout très-bien l’arsenic, même avec
wiv^cité; mais il faut que cet acide soit chaud : lorsqu’il
est froid , il na pas d’action sensible.
Si Ion met une partie d’arsenic en poudre sur douze
d’acide nitrique à 36 degrés , et que l’on distille à une douce
chaleur, on obtient beaucoup de gaz nitreux, et de l’acide
'tnque non décomposé : on reprend alors cet acide, et on
le distille de nouveau sur les matières restées dans la cor-
‘nue ; on obtient une poudre blanche que l’on sépare de la
“Peur ; on verse dessus six particsd’acide nitrique et
on istille de nouveau : on a pour résultat de l’acide
nrsenique.
, Ba) Cn Ct Churlard out constaté que l’acide muriatique
î a aucune action a froid sur l’arsenic ; il faut donc l’ac-
cu poui dissoudre l’arsenic dans cet acide , et il
Arsenic.
dégage du gaz hydrogène arsénié. Baume dit qu’il se
précipite une poudre jaune comme du soufre , insoluble
dans l’eau.
Le muriate d’arsenic sublimé , appelé beurre d'arsenic ,
huile corrosive , se prépare comme il suit.
On mêle ensemble deux parties de muriate sur-oxi-
géné de mercure avec une partie d’arsenic : on met ce
mélange dans une cornue de verre -, on place le vaisseau
sur un bain de sable -, on adapte un récipient à la
cornue, on lute les jointures des vaisseaux , et on pro-
cède à la distillation par un feu doux d’abord. 11 passe
dans le ballon une matière de la consistance de 1 huile
transparente, dont une partie se condense bientôt eu
une espèce de gelée blanche qui lui avoit fait donner
le nom de beurre cT arsenic. On délute l'appareil, et
on adapte à la cornue un autre récipient , on procédé en-
suite à une autre distillation par un feu plus fort ; on
obtient du mercure coulant.
Parties égales d’oxide d’arsenic sulfuré et de mu-
riate sur- oxjgéné de mercure, donnent, par la distilla-
tion, du muriate d’arsenic et de l’oxide de mercuic
sulfuré rouge, qu’ou nommoit autrefois cuiabre d ar-
senic.
On n’a pas encore pu faire cristalliser le muriate
d’arsenic.
Les seules propriétés qu’on lui commisse , sont d’avoir
une saveur très-caustique, de se fondre a une douce
chaleur *, de se dissoudre dans l’eau qui le décompose en
partie , et qui en précipite de l’acide arsénieux.
Si l’on projette ce métal , réduit eu poudre don*
De T Acide arsenieux.
\-&z acicIe muriatique oxigéné , il y brûle avec une
liflamme blanche.
Les nitrates ont la propriété de convertir l’arsenic en
ncide arsenique; cet acide se combine avec la base, et
mrrae des arseniates. T oyez décomposition du nitrate
é/e potasse par V acide arsenieux
Mêlé avec trois parties de muriatc sur-oxigéné de po-
usse, le mélange détonne très -fortement par la tritura-
ion et le choc du marteau. Il s’enflamme avec une rapi-
bte et un éclat extraordinaires par le contact de l’acide
ulfurique concentré.
L arsenic blanchit le cuivre. Si on met un peu
arsenic a letat métallique entre deux lames de
mivre, qu on serre fortement ces deux lames avec du fil
<e fer, et qu’on chauffe, elles seront blanchies par
earsenic.
L arsenic a aussi la propriété de durcir le cuivre.
L arsenic est employé dans beaucoup d’arts, dans
M temtures î <Lms des verreries , on s’en sert de fon-
ant, et dans les travaux doci mastiques. On le fait
utrer aussi dans quelques vernis.
L arsenic est une de ces productions dont les avanta-
ÎS ne racLetent pas les mauvais effets. Ce métal , sur-
Ut a 1 ctat d’oxide ou d’acide arsenieux , est un poison
i-olent. r
§ IL
l Acide arsenieux.
Ce que Ion appeloit autrefois arsenic blanc , ensuite
e d arsenic, est appelé maintenant acide arsenieux.
278 De l’Acide arsenieux.
Nous avons indiqué ci-dessus la manière de l’obtenir j
dans les arts. 1
L’acide arsenieux a une saveur tres-forte et im mc
caustique. _ ]
Si on le met sur des charbons ardens , il se re ui e
vapeurs blanches qui ont une forte odeur d'ail.
Dans les vaisseaux clos, il se volatilise. Lors-
qu'on veut faire sublimer l'oxide d'arsemc , on pul-
vérise grossièrement la quantité que l'on veut -, on
en remplit la moitié de la capacité d’un matras a long
col ; on le place sur un bain de sable , et ou couvre
la boule du matras jusque yers la naissance du col;
on procède à la sublimation par un feu gradue qne|
l'on continue jusqu'à ce que tout l'arsenic sort sublime:
on laisse refroidir et l'on casse le malras. Si la chaleur
est forte , il se vitrifie. 11 en résulte un verre transparent ,
susceptible de se cristalliser en tétraèdre , dont les angles
sont tronqués. . . .
Ce verre se ternit facilement à l’air , et devien ai-
teux, en éprouvant une sorte d’efflorescence.
Lorsqu’on chauffe dans une cornue l’acide arsenieux..
avec du soufre, on n’obtient pendant longtems que de
l’acide sulfureux ; ce u’est qu'à la fin qu'il se fonn.
de l'orpiment on du réalgar, d'où M. Thénard a con-
clu que ces sulfures ne contenoient pas d’ox.gene.
L’acide arsenieux se dissout dans l’eau avec assez e
facilité. Il ne faut que douze parties d’eau bouillante et
quatre-vingts parties d’eau froide, pour en dissoudre i
une: par l’évaporation et le refroidissement , on 1 ob-
tient cristallisé en octaèdre, souvent aussi avec
décroisscmens et diverses formes.
De T Acide arsénieux. 27g
Cette substance diffère des autres oxides métalliques ,
11 o. en ce qu elle est soluble ; 2 °. eu ce quelle est très-
fsvolalile ; 3°. en ce quelle s’unit avec les métaux-, 4°.
ben ce qu elle se combine aux alcalis , d’où résultent des
sels que nous allons examiner.
Toutes ces propriétés doivent donc classer cet oxide
eiu rang des acides en eux y c’esl^ce que M. Fourcroy
ea déjà fait , puisqu’il l’appelle acule arsemeux. Il faut
•seulement observer que les morceaux transparens et
d’une cassure vitreuse possèdent seuls la propriété acide;
jiceux qui sont opaques ne rougissent pas la teinture de
I tournesol.
L’acide arsenieux est un excellent fondant des ma-"
Itières terreuses en général; il se fixe avec la plupart de
-ces terres, et entraîne leur vitrification; mais tous les
verres dans lesquels il entre , ont l’inçonvenient de se
ternir à l’air en peu de tems.
Action de L'acide arsenieux sur les bases alcalines
et terreuses.
Arsenite de potasse. Pour préparer ce sel, on met
l’acide arsenieux avec la potasse carbonatée dans une
terrine ; il y a une effervescence due à 1 acide carbo-
nique : ou chauffe pendant quelque tems , environ une
demi-heure. 11 faut avoir soin de mettre un petit excès
d’acide arsenieux pour l’avoir bien neutre, parce qu’il y
en a toujours une portion qui se volatilisa pendant 1 ope-
ration ; on filtre , on fait évaporer , il cristallise très-di£j
ficilement en petits filets et est déliquescent.
T arsenite de sQud.e se prépare de ca.èmet
V
280 De l’Acide arsénieux.
Arsenite de strontiane. On le fait en versant une
dissolution de nitrate de strontiane dans une solution»
d’arsenite de potasse ou d acide arsenieux; il y a double*
décomposition', larsenite de strontiane est précipite, et i
la potasse reste dans la liqueur ; on reconnoît larse-
nite de strontiane en le traitant par le feu ; il exhale ,,
comme tous les autres , une odeur d’ail.
On pourvoit obtenir par le même moyen Farsenite de
chaux et de barite.
* L’ammoniaque s’unit aussi à cet acide, et on obtient
larsenite d’ammoniaque cristallisé. Si Ion chauffe un
peu, l’ammoniaque se décompose , le gaz azote se dégage,
l’hydrogène s’unit à une portion de l’oxigène de L'acide ,
et forme de l’eau.
L’acide sulfurique concentré et bouillant dissout 1 acide-
arsenieux, hïàis lorsque la solution est refroidie , l’a-
cide arsenieux se précipite , et l’acide sulfurique ne paraît
plus en retenir.
L’acide nitrique attaque plus efficacement 1 acide ar-
senieux.
On met une partie d'acide arsenieux avec six d'acide
nitrique à trente degrés dans une cornue, dont le col s en-
gage dans celui d’un matras ; on met la cornue sur un
bain dcsable , et on chauffe graduellement ; l’acide nitri-
que est décomposé eu partie, l’oxigène se porte sur l’a-
cide arsenieux , il se forme de l’acide arseuique , et il se
dégage des vapeurs nitreuses ; quand il ne se dégage plus
de gaz acide nitreux , l’opération est finie, et après avoir
donné un coup de feu un peu fort, pour séparer les
dernières portions d’acide nitrique , il reste dans la cor,
ane de l’acide arsenique qui est en masse blanche; mais;
De V Acide arsenieux. 281.
il 11'cst pas pur, il contieut de l'acide arsenieux ; pour
1 en priver , ou le fait chauffer dans un creuset , l’acide
■ arsenieux se volatilise, et l’acide arsenique reste pur;,
ion obtient alors un verre déliquescent qui ne se vola-
tilise pas.
Lorsque 1 acide muriatique est très-concentré , il dis-
sout, al aide de 1 ébullition , le tiers de son poids d’acide-
sirseuieux , et pendant le refroidissement, il s’en sépare
•spontanément une grande partie.
Avec l’acide muriatique oxigéné , on peut obtenir l’a-
Ecidification complète de 1 acide arsenieux , comme
savec l’acide nitrique.
On ne connoît pas l’action des autres acides. Beclier ,
S ta J il y Luukel et M acquêt' , se sont particulièrement
•occupés de l’action de l’acide arsenieux sur le nitrate
de potasse. Ce dernier sur-tout a répété les expériences
des chimistes precédens ; il a examiné le résidu dont ces
Ebitnisles navoient pas parlé , et a découvert que c’étoit
an neutre particulier , auquel il a donné le nom de
«el neutre arsenical.
Quand on veut décomposer le nitrate de potasse, par
•I acide arsenieux, on fait un mélange de parties égales,
de ces deux substances , qu’on met dans une cornue
leaucoup plus considérable que les proportions du mé-
lange , pour éviter le gonflement qui survient ; on pose
!a cornue sur un bain de sable , on y adapte un ballon à
deux ouvertures; l’une beaucoup plus large pour rece-
voir le bec de la cornue, et l’autre, moins évasée, s’alonge
et diminue tellement, qu’oile peut être reçue dans un
tube qui , en se recourbant , diminue beaucoup de dia-
mètre; et plonge dans une bouteille où on a mis la quantité
a8a De l'Acide arsénieux.
d’eau nécessaire , suivant qu’on veut avoir 1 acide
nitrique plus ou moins concentré. L’appareil ainsi dispose,
on lute toutes les jointures -, et l’on distille à une douce
chaleur.
A mesure que la vapeur nitreuse se dégage , elle
passe par le tube , et se dissout dans l’eau qu elle ren-
contre , il s’échappe aussi, du gaz nitreux que l'on peut
recueillir sous une cloche ; l’eau acquiert une couleur
bleue.
Le résidu de l’opération est le sel neutre arsenical de
Macquer, ou 7’ arseniate de potasse.
On fait dissoudre cette masse saline dans une suffisante
quantité d’eau bouillante-, on filtre la liqueur, et l’on
obtient par refroidissement des cristaux très-régulieis ,
en prismes tétraèdres , terminés par des pyramides triant
gulaires -, on observe aussi beaucoup de variétés dans la
figure des cristaux. On croit même qu un excès d acide
convient pour la cristallisation de ce sel , car lorsqu’il est
neutre il ne cristallise pas.
On peut aussi obtenir ce sel en suivant un autre pro-
cédé. On mêle ioo parties d’acide arseuieux avec i5o de
nitrate de potasse; on met le mélange petit-à-petit dans
un creuset rouge , parce que la matière se boursoufle , à
cause dé la décomposition de 1 acide nitrique; quand elle
n’est plus boursouflée, on bouche le creuset, et ou donne
un fort coup de feu. L’oxigène de l’acide nitrique se porte
sur l’acide arseuieux, forme de 1 acide arsenique qui
s’empare de la polasse; il se dégage des vapeurs nitreuses
et du gaz azote. On cesse le feu, quand il ne se dégage
plus rien du creuset; lorsqu’il est refroidi , on jette de
l’eau dedans , l’arseniate de polasse se dissout ; on filtre
a83
De V Acide arsenieux.
let on fait évaporer jusqu’à pellicule , on obtient des pris-
imes très-courts , terminés par des pyramides triangu-
laires , quelquefois sans prisme-, mais il faut pour 1 ob-
itenir cristallisé , y ajouter de l acide arsenique. Il est
possible cependant qu’avec les proportions ci-dessus ,
:on puisse l’obtenir cristallisé; il est employé en métal-
tlurgie comme fondant.
On décompose aussi le nitrate de soude par lacide
;arsenieux.
Quand on fait celte opération , il faut y apporter le
rmêmes précautions que dans 1 opération precedente. Les
Tuémes phénomènes ont lieu, et on peut se servir du
.même appareil. Le résidu lessive ne fournit pas le meme
•sel ; il cristallise en prismes hexagones , terminés par des
plans perpendiculaires à leur axe ; c’est l’ arsenïate de
joude.
Le nitrate d’ammoniaque peut être décomposé de
même par l’acide arsenieux , mais les phénomènes sont
•différens. Cette opération demandoit autrefois beaucoup
«de précaution, mais Pelletier a prouvé qu on pouvoit la
Jfaire sans danger ; voici son procéda
Quand on a fait le mélange, dans les proportions dé-
tentes ci-dessus , on l’introduit dans une cornue de verre
ilutée , assez vaste , qu’on place dans un fourneau de re-
iverbère, avec un ballon pour récipient. Il faut commen-
cer par un léger degré de feu , car la décomposition est
si rapide , et les vapeurs nitreuses sortent avec une telle
force, qu’elles entraînent une portion d arsenic non dé-
composé-, mais, si on va doucement, la décomposition
;est plus lente : d’abord il passe de l’acide nitreux , et
-pour peu qu’on augmente le feu , ou qu’on le continue,
s84 De l’ Acide arsenieux.
il s en dégage de l’ammoniaque; enfin, si on donne un
leu trop vif , il se sublime une portion d’oxide d’arsenic,
sous la forme d’une poudre blanche, et il reste dans la
cornue une masse vitreuse, qui attaque très-fort la cor-
nue et la ronge -, c’est Y acide arsenique.
Quand l’opération a été conduite avec les précautions
indiquées , il reste dans la cornue une masse saline , que
Ion dissout dans l’eau bouillante-, on filtre la liqueur, et
on la laisse évaporer à l’air ; elle fournit des cristaux.
C’est Y arseniale dy ammoniaque.
Nous verrons bientôt que tous ces sels peuvent être
préparés en combinant directement lacide arsenique
avec ces mêmes bases, en projetant, peu-à-peu, dans un
creuset chauffé, le mélange*. Parce procédé , sur-tout si
on est attentif, on prévient le gonflement; mais il y a un
inconvénient très-grand , qui est que lorsque l acide arse-
nique est sans base , alors il porte son action sur l’argile
du creuset ; mais , pour la décomposition du nitrate de
potasse et de soude, on peut très-bien faire ces sortes
de décompositions dans des creusets, sur-tout lorsqu'on
ne cherche pas à . conserver l’acide nitrique : alors , par
les dissolutions et filtrations , on parvient à les priver de
sel arsenical à base d’argile.
Acide arscnieux et acétate de potasse. M. Cadet fit
eonnoître, il y a près d’un demi-siècle, Faction réciproque
de ces deux substauces. Il obtint un produit qui reçut le
nom de Liqueur fumante ; à cet effet il distilla parties égales
d’acelate de potasse, et d acide arseuieux. M. Thénard qui
a répété cette expérience , a reçu les produits dans des bal-
lons de verre , entretenus sans cesse au-dessous de zéro par
un mélange de glace et de sel marin, qu’il renouvcloit de
/
Acide arsenic/ue.
î85
items en lems. II obtint d’abord un liquide peu coloré,
Iheutaut fortement l’ail, et bientôt un fluide élastique qui
Jépandoit aussi la même odeur. En augmentant le feu la
iiécom position devint plus rapide , et le dégagement du
;az plus* abondant; les récipiens se remplirent de vapeurs
ourdes coulant comme de l’huile. Les gaz dont la quantité
-st très-grande, contiennent de l’hydrogène arseniqué.
Le produit liquide <#t formé de deux couches, tenant en
luspeusion de l’arsenic métallique , qui ne tarde pas à se
déposer sous la forme de flocons. La plus pesante a une
•odeur très-fétide, elle s’enflamme au contact de l’air, et
lans le gaz acide muriatique oxigéné. L’analyse a dé-
montré à M. Thénard, que celte liqueur étoit composée
l’huile , d acide acétique , et d’arsenic presqu’à l’état
métallique; il pense quelle doit être regardée comme une
espèce de savon à base d acide et d arsenic , ou comme une
orte d acétate oleo-arsenical ; quant à la liqueur supérieure,
: Ue ne diffère suivantce chimiste de l’inférieure, que parce
u elle est dissoute dans beaucoup d eau chargée de peu
.l’acide acétique.
L’acide arsenieux est composé, suivant M. Chenevix, de
5 d’arsenic et de 25 d’oxigène; cet acide est un poison
rès-violent. Les sulfures et hydro-sulfures peuvent être
tmployés avec succès dans les empoisonnemens par
s’arseuic.
S- III.
Acide arsenique.
Scheele a donné deux procédés pour obtenir cet acide ;
un par 1 acide muriatique oxigéné, l’autre par l’acide
a 86 Acide arsenique.
nitrique. Voyez acide arsenieux et acide nitrique, ainsi
que la décomposition du nitrate de potasse , et du nitrate
d’ammoniaque par l’acide arsenieux.
Cet acide est sous forme concrète , attirant l humidité
de l’air, d’une saveur plus forte que l'acide arsenieux, dont
la pesanteur spécifique est de 3, 3ç)i.
Il rougit les couleurs bleues végétales.
Si on met de l’acide arsenique dans une cornue de verre , |
et qu’on l’expose à un feu capable de la faire rougir , il coule j
transparent , et devient laiteux en refroidissant. Si 1 on I
augmente la chaleur, au point que la cornue commence
à fondre, l’acide entre en ébullition-, mais il ne se sublime j
pas comme l’acide arsenieux.
Si, au lieu d’une cornue, on se sert d’un creuset cou- •
vert, et qu’on lui fasse subir une chaleur violente, 1 acide j
bout fortement, et commence à fumer au bout d’un quart 1
d’heure.
Si on place le creuset sous une cloche de verre , pen- j
dant que l’acide fume, on la trouve couverte intérieure-
ment d’une poudre blanche , qui est de l’acide arsenieux, i
et non de l’acide arsenique. Il reste dans le creuset un i
peu de verre transparent, difficile a fondre, et qui |
s’étend sur les parois du creuset; c est de 1 arseniate da- j
lumine.
Le charbon décompose cet acide. A cet ci tel , on fait j
un mélange d’acide arsenique et de charbon, il faut en- !
viron une demi-partie de charbou ; on introduit le mélange \
dans une cornue de verre, lutée avec de la terre, et on y
adapte un matins : on place la cornue daus un fourneau
de réverbère , ensuite on 1 échauffe par degrés jusqu à laire
rougir son fond; alors toute la masse s'enflamme avec vio-
Acide Arsenique. 287
lence , l'acîde est réduit et s’élève au col de la cornue
à l’état de métal, mêlé d’un peu d’oxide et de poussière
de charbon. On trouve dans le récipient quelques gouttes
d’eau non acide.
Avec le soufre, on a des phénomènes différens. Si l’on
fait digérer un mélange de six parties d’acide arsenique,
et d’une partie de soufre pulvérisé, il n’éprouve aucun
changement; mais, en le faisant évaporer à siccité, et
distillant dans une cornue de verre , garnie de son récipient,
il se fait une combinaison violente, aussitôt que le mé-
lange est assez échauffé , pour faire couler le soufre. Toute
la masse s’élève presqu’en une fois , et forme un sublimé
rouge. Il passe dans le récipient de l’acide sulfureux.
D’après Pelletier , on peut encore opérer d’une autre
manière.
On prend parties égales d’acide arsenique , sous forme
vitreuse, et de soufre; on met le mélange dans un matras
que l’on tient au feu pendant une heure ; il s’en dégage de
1 acide sulfureux très- vif : lorsqu’on ne sent plus l’acide
sulfureux, on retire le matras du feu et on le casse; on
trouve de très-beau réalgar sublimé.
L’acide arsenique perd sa propriété acide, lorsqu’on le
met en contact avec le gaz hydrogène.
On prend de l’acide arsenique pur, on l’étend d’un
peu d’eau distillée; la solution est transparente. Oi y
fait passer une certaine quantité de gaz hydrogène, dégagé
par 1 action de 1 acide sulfurique sur le fer : alors la
liqueur se trouble, il se fait un précipité noirâtre, qui,
bien lavé avec de l’eau distillée, représente tous les phéno-
mènes de l’arsenic.
L oxigène de 1 acide s’est uni à l hydrogéne et a formé
288 Acide arsenic/ uc.
de l’eau, tandis que l’acide arsenique s’est réduit : aussi
trouve-t-on de l’arsenic métallique, et quelquefois un
oxide gris-noir d’arsenic.
Si, au lieu du gaz hydrogène, on emploie du gaz
hydrogène sulfuré , on obtient de l’eau , et un sulfure
d’arsenic.
Avec le phosphore, on obtient de l’acide phosphorique
et un phosphure d’arsenic qui se sublime.
L’acide arsenique se dissout dans trois ou quatre parties
d’eau.
On ignore comment cet acide se comporte avec les autres
acides.
Suivant Scheele , la barite , la chaux, la magnésie,
l’alumine , forment des sels avec cet acide-, mais ils sont
peu connus, et peu employés. Si Ion verse de cet acide
dans de l’eau de chaux , il se forme un arseniate de chaux, (
soluble dans un excès de sa base, ou dans un excès de
son acide.
La même chose a lieu avec l’eau de barite et de strou-
tiane. Ces arseniates terreux sont insolubles daus l'eau lors- j
qu’ils sont neutres.
Si l’on combine l’acide arsenique avec la potasse, on
obtient un sel qui attire 1 humidité de 1 air , verdit le sirop
violât sans altérer la teinture de tournesol. Si Ion ajoute u
ce sel de l’acide arsenique, il rougit la teinture de toui-
nesol , et donne des cristaux très-réguliers ; on régénère le
vrai sel neutre arsenical de Macquer , l’arseuiate de
potasse. M. Fourcroy le nomme arseniate acidulé de
potasse. Voyez acide arsénieux et nitrates.
*Âvec la soude, on produit un sel semblable ù celui
Acide arseniqüe.
obtenu, en décomposant le nitrate de soude par l’acide
arsenieux.
Pour obtenir l’arseniate d ammoniaque , on combine
1 acide arec l’ammoniaque , jusqu au point de Saturation.
On évapore ensuite la liqueur à une douce chaleur, et onia
fait cristalliser.
On obtient des cristaux très-prononcés, qui ont une
figure rhomboidale, et qui , au premier coup d’œil , res-
semblent au nitrate de soude : mais ils en diffèrent, en
ce que, soumis à l’action du feu dans une cornue,’ ils
perdent d’abord l’eau de cristallisation , puis l’ammoniaque;
et il reste dans la cornue une mass e vitreuse, qui attire
fortement l’humidité de l’air, et qui n'est que de l’acide
arseniqüe très-pur.
Tous les arseniates alcalins sont décomposés par la
chaux ; il paroît que la chaux et la barite ont beaucoup
plus d’affinité avec cet acide, que n’en ont les alcalis.
Parmi les sels neutres , il n’y a que le sulfate de potasse ,
e soude, le nitrate de potasse, le muriate de soude, et le
muriate d’ammoniaque, qui soient décomposés par l’acide
arseniqüe ; mais cette décomposition n’a lieu qu’à l’aide
du calorique.
a.
Du Tungstène.
a9°
CHAPITRE I Y.
i
Du Tungstène et de T Acide tungstique*
§• I".
Du Tungstène , ou Schéelin de Werner, de Karsten
et de M. Haüy , comme un hommage rendu au
savant qui a frayé la route vers la découverte
de ce métal.
On conuoîl (leux espèces cle minerais qui méritent le titre
générique de tungstène-, la première blanche, connue sous
le nom de tungstène , pierre pesante des Suédois , tungstate
calcaire des chimistes.
La deuxième , désignée sous le nom de wolfram per
les minéralogistes. Ce mot veut dire écume de loup, parce
que les Allemands, lorsqu’ils en jetoient dans des four-
neaux , oxidoieut et scorifioient les métaux, au lieu d operer
Ienr réduction : c’est du tungstate de fer.
M. Haüy désigne deux espèces de minerais.
Première
Schéelin ferrugineux , ix variétés .
On trouve le schéelin ferrugineux à ÀltenbeVg , en
Misnie; à Zinnwable, en Bohême; à Westanfors, en
Westmanie; dans la Saxe, où il accompagne les mines
Du Tungstène. 2gj
d’étain; et en France, dans le département de la Haute-
Vienne, montagne du Puy-les-Mines, près Saint- Léonard.
Deuxième : Schéelin calcaire , deux variétés.
Le schéelin calcaire se trouve à Marienberg et à Alten-
berg, en Saxe-, à Schonfeldt et à Zinnwalde, en Bohême ,
à Riddarhyttan , en Suède , etc.
Sur les charbons, cette substance décrépite et ne se fond
pas. Elle a une apparence spathique.
Quand on veut la distinguer des autres substances sa-
lines natives, on en leduit en poudre, et on verse dessus
de l’acide nitrique foible, ou de l’acide muriatique, et on
fait digérer à une douce chaleur. On ne tarde pas à voir ,
sur-tout avec le dernier, que la poudre prend à la fin une
belle couleur jaune clair.
Pour décomposer le tungstate calcaire, on counoît phi-
sieurs procédés.
i°. On mele une partie de tungstate calcaire avec quatre
parties de carbonate de potasse, et on fait fondre le mé-
lange dans un creuset. Lorsque la matière est refroidie,
on la met en poudre, et on verse dessus douze parties
d’eau bouillante; puis on ajoute de l’acide nitrique, qui
s’unit à la potasse avec laquelle il a plus d’affinité, et en
piécipite l’acide tungstique. On peut y repasser de l’acide
nitrique qu on évapore à siccité, et continuer ainsi jusqu’à
ce qu il ne se dégage plus de vapeurs rouges : on est assuré
pour lors qu’il est complettement oxigéné.
2°. Ou prend douze parties d’acide nitrique foible sur
une paître de tungstate calcaire; mais onfait cette opé-
ration à plusieurs reprises. Après l’action de trois partie»
391 Du Tungstène.
d’acide nitrique sur une de ce -sel, on décante et l’on verse
sur le résidu, deux parties d’ammoniaque caustique, et l'on
chauffe -, la poudre que l’acide nitrique change en jaune ,
devient blanche par l’alcali : on répète l’action successive
de l’acide et de l’alcali, jusqu’à ce que le tungstate calcaire
soit toul-à-fait dissous.
Dans cette expérience l’acide nitrique décompose le
tungstate calcaire, en s’emparant de la chaux-, et l’acide
tungstique , mis à nu par cette décomposition , est enlevé
par l’ammoniaque. Ce tungstate d’ammoniaque est ensuite
décomposé par l’acide nitrique’, qui a plus d’affinité avec
f’ammoniaque , que celle-ci n’en a ayec l'acide tungstique ;
comme ce dernier acide est beaucoup moius soluble que
le nitrate d’ammoniaque, il se précipite à mesure qu il
devient libre, sous la forme d’une poudre blanche : on
lessive cette poudre avecde l’eau distillée froide , pour avoir
l’acide tungstique bien pur.
L’acide sulfurique n’a que très-peu d’action sur le
•tungstate calcaire-, il n’en décompose qu’une très -petite
partie.
L’acide muriatique agit sur le tungstate calcaire , de la
même manière que l’acide nitrique ; il le décompose avec
la même énergie.
Le tungstate de chaux cristallisé est translucide , et com-
posé d’après M. Klaproth , de : 0,78 d'oxide jaune de tungs-
tène , de 0,18 de chaux et de o,o3 de silice.
La couleur du tungstate de fer est d'uu noir presque
pur-, il cède facilement à l’action de la lime, et prend, à
l’endroit où il a été attaqué, uue tciute d'uu brup. légère-
ment violet.
Z>u T ungstcne.
Sa poussière, étendue avec frottement sur le papier-, y
forme des taches de cette même teinte.
Il e$t composé de lames brillantes qui se détachent aisé-
ment par la percussion.
Sa pesanteur spécifique est considérable ; elle est, d’après
M. Haüy , de 7, 333.
Enfin , le wolfram n’est que médiocrement électrique
par communication, et n’attire point l’aiguille aimantée.
Expose au chalumeau, il est parfaitement infusible.
Le phosphate de soude et d ammoniaque forme égale-
ment un globule transparent d’une couleur rouge foncé.
Pour décomposer le wolfram , nous devons à MM. Del-
huyar et Fauquelin divers procédés; 1°. par le nitrate
dépotasse; 2®. par le carbonate de potasse; 3°. par l’acide
muriatique.
Quand on veut opérer la décomposition du wolfram
par le nitrate de potasse, on projette peu-à-peu dans un
creuset de porcelaine, rougi au feu, un mélange de trois
part,es de nitrate de potasse, et d’une partie de wolfram
en poudre; il est nécessaire d’employer un grand creuset
pour pae la matière ne puisse pas en sortir par le bouil-
lonnement considérable quelle éprouve de la part de l’a-
cide nitreux qui se dégage en vapeurs rouges. Après avoir-
tenu la matière en fusion pendant une demi-heure, on la
coule sur une plaque de fer où elle se prend en une masse
une couleur verte, cristallisée en aiguilles à la surface :
celte matière délayée dans l’eau laisse une poudre brune
e, la liqueur filtrée conserve une couleur verte :
pour U' enleV<Jr celte couleur, ou la fait bouillir pendant
quelque teins, alors ell„ 1 ,
e déposé de nouveau une substance
brune.
2C4 T)u Tungstène.
Les acides précipitent de cette liqneur transparente une
poudre blanche qui est l’acide tungstique , combiné avec
•la potasse , et qui a retenu une certaine quantité de 1 acide
employé a la précipitation de cette substance.
La poudre brune que la liqueur dépose par l'ébullition ,
ainsi que celle qui est insoluble dans l’eau, sont un mé-
lange d’oxide de fer et d’oxide de manganèse.
On décompose aussi le wolfram , en exposant au feu un
mélange d’une partie de cette substance, avec deux parties
«de carbonate de potasse.
La liqueur que l’on obtient, est de même une combi-
naison d’acide tungs tique et de potasse.
L’analyse du wolfram , par l’acide muriatique , est pré-
férable, parce que l’on peut obtenir très-facilement, et sur-
le-champ, l’acide pur-, au lieu que dans les expériencc>
précédentes, il faut, pour obtenir de l’acide pur, décom-
poser le sel triple que l’on obtient.
On fait bouillir pendant un quart-d'heure deux ccntsi
parties de wolfram en poudre, avec trois fois son poids
d’acide muriatique; dès que la bqueur commence à s é-
cliauffer , il se forme une poussière jaune, et la liqueur
prend une couleur brune. Après le refroidissement on
décante la liqueur, et on lessive le dépôt-, on fait digérer
celui-ci pendant quelques heures avec de 1 ammoniaque
qui en dissout une partie. On répète successivement sut
ce résidu les mêmes opérations , jusqu’à ce qu'en fin la maj
tière, n’éprouvant plus d’altération ultérieure, il ne reste
qu’environ six parties insolubles. En répétant ainsi ce
procédé , on parvient à décomposer entièrement le wol-
fram -, la liqueur ammoniacale étant évaporée à siccite
çt le sel quelle fournit calciné , on obtient une poudre
Du Tungstène. 2g 5
Jaime qui répond à cent trente-quatre parties. L’on met
dans la liqueur acide, contenant le fer et le manganèse,
de l’acide sulfurique , et on la fait évaporer jusqu’à siccité.
On dissout dans l’eau les sulfates de fer et de manganèse;
il reste sur le filtre trois parties de silice. L’on sature l’excès
d’acide de la liqueur avec du carbonate de potasse-; la
liqueur prend une couleur brune , mais ne se trouble
point : par l’ébullition , elle perd sa couleur brune , et
dépose une poudre rouge. La liqueur claire et blanche ,
mêlée avec du carbonate de potasse , laisse encore préci-
piter une matière jaunâtre , composée d’oxide de man-
ganèse et d’oxide de fer. Eu traitant le précipité par les
moyens indiqués dans l'expérience précédente , on sépare
l’oxide de manganèse.
D’après cette expérience , M. V auquclin a retiré de
cent parties de wolfram : acide tungstique calciné , 67 ;
oxide de fer noir , 18 ; oxide de manganèse noir, 6,25 ;
silice, ï,5o.
Du Tungstène métal.
Pour obtenir celte substance à l’état métallique, voyez
le procédé, article schéelin calcaire , pag. 292.
Lorsque ce métal est pur , il est d’un blanc gris ,
extrêmement dur, très-cassant et cristallisable. La lime ne
1 attaque que difficilement ; il u’obéit point à la force
magnétique.
M. Guyton est parvenu à obtenir un culot du poids
de 35 grammes bien arrondi , à une forge à trois vents ,
où 1 intensité du leu peut être portée à 18 5 degrés pyro-
métriques.
296 De T Acide tungstique.
Il résulte des expériences de ce chimiste j que 1»
pesanteur spécifique de ce métal est de 7,33; que 1 infu-
sibilité et la fragilité du tungstène ne laissent guère d’es-
pérance d’en faire des applications aux arts , quoique le* 1
mines en soient abondantes dans plusieurs de nos dépar-
temens , qu’au moyen des alliages où on le fera en-
trer , ou par la propriété qu’il a reconnue à ses oxides ,
de donner des couleurs fines , et de fixer les couleurs j
végétales.
On croit que ce métal s’oxide facilement à l air. :
Sa combinaison avec des corps combustibles , n est pas
connue ; les acides n’agissent point, ou très-peu , sur
le tungstène.
Si l’on fait bouillir une petite quantité de tungstène
a'Pec del ’a eide muriatique , il ne se dégage pas de gaz
hydrogène ; et le métal ne paroît subir aucun change-
ment.
Si l’on fait bouillir de l'acide nitro-muriatique sur le
même métal, il s’oxide un peu; il se dégage des vapeurs
rouges , et la couleur grise du métal est changée en un
gris -blanc.
§• U. !
De l’Acide tungstique. .
Cet acide, comme nous l’avons dit, se trouve toujours
à l’état de combinaison,
Voyez, pour la manière de l’extraire , les articles
liwgslatc calcaire et tungstate de fer.
Traité au chalumeau dans une cuiller de platine, cet
De l' Acide tungs tique.
acide prend nue couleur vert foncé; il devient presqu’em»
fièrement noir sur le charbon.
lise dissout dans le borax, sans altérer la couleur et
la transparence du globule, même lorsqu’on en ajoute en.
assez grande quantité; cependant une très-grande dose
colore enfin le borax en noir ou bleu foncé.
Le phosphate ammoniacal de soude dissout parfai-
tement cette matière , et forme un globule d’un bleu
foncé.
Lorsque l’on calcine pendant longtems cet acide avec
le contact de 1 air , sa couleur jaune devient plus foncée ,
et passe quelquefois au vert; en l’exposant au feu pen-
dant plusieurs heures , dans un creuset couvert , il prend
une couleur gris noirâtre.
Cet acide , ainsi calcine , n’a aucune saveur ; il n’est
point soluble dans l’eau , et infiniment peu dans les
acides.
En triturant avec de 1 eau l’acide tungstique , il y reste
suspendu pendant longtems , et forme une espèce de
lait jaunâtre , qui ne colore point en rouge les couleurs
végétales bleues.
Il ne change pas non plus de couleur, en l’exposant
soit au soleil ou à l’humidité.
Les acides n’ont aucune action sur cet acide , ou du
moins les altérations qu’il éprouve ne sont pas encore
assez bien connues.
D apres ces expériences, M. / auquelin conclut que
la substance formée par la combinaison du tungstène
avec 1 oxigène , ne jouit véritablement point des pro-
priétés qu ou a jusqu’ici attribuées aux acides, puis-
qu elle est insoluble dans l’eau, qu’elle u 'altère point
298 Des Tungstates
les couleurs bleues végétales , et qu’elle na point de sa- j
yeur sensible. Si Sch'eele, ajoute le même chimiste, la j
regardée comme un acide, c’est qu il ne l’a jamais ob-
tenue qu’en combinaison triple, laquelle présente eu effet
des propriétés acides , parce qu’elle retient constamment
une portion de l’acide qui a servi à précipiter l’acide i
tungstique de ses dissolutions alcalines.
M. Vauquelin conseille donc d’exclure cette sub-
stance des acides métalliques , et de la regarder comme 1
un oxide de tungstène -, tels que les oxides de zinc , d’é- 1
tain, d’antimoine et d’arsenic, qui, comme cette sub-
stance , s’unissent aux terres , aux alcalis et à quelques
autres oxides métalliques , avec lesquels ils forment des
espèces de sels neutres.
Quand on veut réduire l’oxide de tungstène à l’état
métallique , ou introduit dans un creuset brasqué cent
parties d’oxide de tungstène , mêlées avec un peu d’buile ^
et l’on expose le mélange , pendant deux heures , au feu 1
violent d’un fourneau de forge. Après le refroidissement
on trouve dans le creuset une matière d’un gris noirâtre !
formée d’une grande quantité de petits globules.
§• m-
Des Tungstates.
jXous avons parlé au commencement de cet article des
tungstates de chaux et de fer : ces sels sont natifs et
insolubles dans l’eau.
Des Tungstates.
fi99
Tungstate de magnésie.
Ou mêle de l’oxide de tungstène avec du carbonate
de magnésie et de l’eau-, on fait bouillir le mélange pen-
dant quelque tems , et la liqueur filtrée laisse précipiter
une poudre blanche par le mélange d’un acide. On
obtient par l’évaporation un sel soluble , qui a la
même saveur que les autres sels de cette nature -, il est
inaltérable à l’air, et il cristallise en petites paillettes
brillantes.
On ignore si cet oxide se combine avec la barile , la
strontiane et l’alumine.
Tungstate de potasse.
La potasse caustique dissout l’oxide de tungstène ,
même à froid -, mais malgré qu’on fasse bouillir la li-
queur , et qu’il reste une certaine quantité d’oxide de
tungstène qui n’a point été dissous , la liqueur contient
toujours un excès de potasse: on obtient par l’évapora-
tion un sel sous la forme d’une poudre blanche, qui ne
présente point de cristallisation régulière.
Ce sel a une saveur métallique et caustique; il est
soluble dans l’eau , attire fortement l’humidité de l’air;
sa solution dans l’eau est décomposée par tous les
acides qui y occasionnent un précipité blanc , lequel est
un sel triple, différent suivant la nature de l’acide que
fon a employé..
3o©
Des Tungslates.
Tungstate de soude.
On traite de la même manière cet oxide , avec une
solution de soude caustique et même du carbonate de
soude. En faisant évaporer la liqueur, on obtient un sel
cristallisé eu lames hexaèdres alongées.
Ce sel a une saveur âcre et métallique -, il est soluble
dans quatre fois son poids d’eau froide -, l’eau bouillante
en dissout la moitié de son poids. Il rétablit la couleur du
tournesol rougie par un acide -, les acides sulfurique, ni-
trique , muriatique, acétique et oxalique le décomposent
et forment un sel blanc , qui est un trisule ; il est de
même précipité par l’eau de chaux. L’acide phospho-
rique ny occasionne aucun précipité.
Le muriate de chaux , de barite et le sulfate acide d'a-
lumine y occasionnent un précipité blanc.
Tungstate d" ammoniaque.
L ammoniaque dissout facilement , même à froid ,
1 oxide de tungstène-, il résulte de cette combinaison un
sel qui cristallise, tantôt en petites paillettes pareilles à
celles de l’acide boracique , tantôt en petites aiguilles qui
affectent la forme d’un prisme tétraèdre.
Ce sel a , comme les autres de ce genre > une saveur
métallique -, il est soluble dans l’eau , n’attire point
1 humidité de lair, et est parfaitement décomposé par la
chaleur.
L’ammoniaque en se dégageant laisse l'oxide de t ung-
3oi
Du Molybdène.
«tène à nu avec une couleur jaune : cent parties de ce
sel contiennent soixante-dix-huit parties d’acide tung-
stique.
CHAPITRE Y.
Du Molybdène et de son acide.
Ier.
Du Molybdène .
On a trouvé le molybdène en Irlande , en Suède
<en Saxe, en Espagne et en France -, celui d’Irlande se
î trouve par James dans du feld-spalh rouge, mêlé de
• quartz.
Guillaume Bowles dit avoir trouvé du molybdène près
•du hameau de Réal de Monasterie -, il est dans des
Ibancs de grès , mêlé quelquefois de granit.
M. Haüy en fait une espèce unique. Il en décrit
ttrois variétés, prismatique, trihexaèdre , lamellaire.
Le molybdène se trouve aussi à l’état d’acide com-
biné avec le plomb , appelé plomb nxolybdaté , ou plomb
jaune de Carinthie , substance qui renferme, d’après
Macquan o,58 de plomb et 0,28 d’acide molybdique.
C u a contondu pcndaut longtems sous les noms de
•ütiiue de plomb noir, plomb minéral , plombagine ou
3oa Du Molybdène \
molybdène , des substances que l’analyse la pins exacte
de Scheele a prouvé être de nature différente.
Le molybdène sulfuré ne peut plus être confondu
avec la mine dont on fait des crayons pour le dessin ,
et qu’on appelle plombagine. Les différences qui les
caractérisent sont assez saillantes pour qu’il ne reste i
plus aucun doute.
Le molybdène sulfuré est composé de particules la- ;
melleuses plus ou moins grandes , peu serrées les unes
contre les autres : il est doux et gras au toucher , tache j
les doigts et laisse des traces d’un vert jaunâtre sur
la porcelaine -, il a un aspect bleuâtre qui approche
beaucoup de celui du plomb -, les traits qu’il laisse sur
le papier ont un brillant argentin , tandis que ceux de
la plombagine sont d’une couleur plus sombre , plus j
matte , la poussière en est bleuâtre ; il donne à la ,
calcination une odeur de soufre : le résidu est une ma- ,
tière blanchâtre. L’acide sulfurique , nitrique et l’acide |
arsenique sont les seuls qui 1 attaquent •, il se dissout
dans la soude , au feu du chalumeau-, il fait détonner :
le nitrate de potasse , et le résidu- est rougeâtre.
Exposé la flamme du chalumeau , dans une cuiller, i
il laisse échapper une fumée blanche d une odeur sul- I
fureuse.
Le sulfure de molybdène est indestructible dans des
vaisseaux clos , et très -réfracta ire.
Quand on veut pulvériser le sulfure de molybdène , il
faut jeter dans le mortier un peu de sulfate de potasse;
on lave ensuite la poudre avec de l’eau chaude qui emporte
le sel.
Du Molybdène. 303
L’acide muriatique n’a point d’action sur le sulfure de
' molybdène -, mais il n’eu est pas de même de l’acide ni-
trique. Celui-ci l’attaque avec force , et, lors de l’action,
il se dégage une très-grande quantité de vapeurs rouges ,
et le sulfure de molybdène est changé sur-le-champ en
une poudre blanche. Il faut environ trente parties d’a-
cide nitrique , sur une de sulfure de molybdène -, on distille
à plusieurs reprises : on peut chaque fois employer six
parties d’acide. Lorsque tout l’acide est employé , et que
l’on n’apperçoit plus de vapeurs , on retire la poudre
blanche restée dans la cornue -, on la lave avec un peu
d eau distillée, pour la débarrasser des dernières portions
d’acide sulfurique qui pourroient y adhérer : il est même
nécessaire, avant de la laver, de la chauffer légèrement
dans un creuset. L’oxigène de l’acide nitrique se porte
sur le molybdène et sur le soufre ; il transforme l’un eu
oxide métallique, et l’autre en acide sulfurique. C’est cé
moyen qu’il faut employer quand on veut obtenir l’acide
molybdique.
L’acide molybdique, obtenu par la calcination , ou par
l’action de l’acide nitrique , est irréductible quand on le
traite avec le flux noir, 1 alcali, le charbon, ou les autres
fondans salins -, cependant , si on ajoute de l'oxide de
plomb ou de cuivre, les métaux qui en résultent sont
alliés dune portion de molybdène , qu’on peut en sé-
parer.
L oxide de molybdène, empâté d’huile et desséché tu
feu , mis dans le creux d une brasque, et poussé à un feu
violent pendant deux heures , on trouve la substance
agglutinée, noire, se brisant facilement sous les doigts,
ayant le brillant métallique -, vu a la loupe , on yappercoit
3°4 De l'acide molybdique.
de petits grains arrondis , et d’nne couleur métallique
grisâtre. C’est là le vrai métal de molybdène.
Le molybdène se calcine et passe à l’état d’oxide plus ou
moins blanc.
Il détonne avec le nitre, et le résidu est un oxide de
molybdène mêlé à l’alcali.
L’acide sulfurique bouillant oxide le métal , et il se
dégage de l’acide sulfureux.
L acide nitrique le convertit en un acide blauc.
Traité avec les alcalis, par la voie sècbe , ceux-ci en
dégagent du gaz hydrogène , et le résidu n'est plus que le
molybdène à 1 état d’oxide combiné à l’alcali.
Il s’allie avec les métaux de diverses manières. Son
alliage avec le 1er, le cuivre et l’argent , est très-friable.
Enfin, traité avec le soufre, il régénère le minéral de
molybdène , sulfure de molybdène.
De l'Acide molybdique.
M. Klaproth a retiré cet acide d’une mine de plomb j
jaune.
Pour l’obtenir artificiellement , il y a quatre pro-
cédés.
Le premier consiste à oxider le sulfure de molybdène
par le feu et 1 air ; à cet effet , on met daus un creuset du j
sulfure de molybdène , on le recouvre d’un autre creuset ,
et Ion chauffe. 11 se sublime une matière blanche , quel-
quefois cristallisée; c’est de l’acide molybdique.
De V Acide molybdique.
Le second procédé est de traiter le salaire par l’acide
nitrique. b oyez le paragraphe précédent.
Le troisième consiste à distiller du sulfure de mo-
lybdène avec de l’acide arsenique. Il se sublime de
1 arsenic et du sulfure d’arsenic-, il passe de l’acide sul-
fureux , et il reste dans la cornue de l’acide molybdique
concret. 1
Le quatrième est de projeter dans un creuset trois
part.es de nitrate d e potasse et une partie de sulfure de
molybdène bien pulvérisés et mêlés ensemble aupara-
vant. U résulte une masse rougeâtre composée d’oxide de
fer , de sulfate de potasse et de molybdate de potasse. On
lessive cette masse dans l’eau , l’oxide de fer seul reste -,
’ on évaPore la dissolution , et Ion obtient le Sulfate de
potasse cristallisé. On verse ensuite dans la liqueur qui
.refuse de cristalliser, de l’acide sulfurique-, il se forme
un molybdate avec excès d’acide molybdique qui se
précipité. On voit donc que ce procédé ne peut être em-
ployé pour avoir l’acide molybdique pur , et que Ion
'doit préférer le second procédé.
Cet acide est blanc -, il laisse sur la langue une sa-
’veur sensiblement acide et métallique. Sa pesanteur spé-
cifique est , suivant Bergmann , à celle de l’eau pure :
:c: 3,46o : 1,000.
Il n’éprouve aucune altération à l’air. Il ne%e sublime
que par le concours de l’air. Il colore d’un beau vert le
phosphate natif. Au chalumeau , il se volatilise en une
fumee blanche, qui se condense en cristaux aiguillés, et
il se fond en partie sur les parois du creuset.
Si on le tr.nle à la distillation avec trois parties de
•soufre , on régénère le sulfure de molybdène.
3o6 De l’Acide molybdique. .
Il se dissout dans cinq cent soixante-dix parties d eau
à une température moyenne.
Il décompose les solutions de savon, et les sulfures
alcalins.
La solution de cet acide devient bleue, et prend de
la consistance par le froid.
L’acide molybdique se dissout en grande quantité dans
l’acide sulfurique concentre a laide de la chaleui •, cette
dissolution prend une belle couleur bleue et s épaissit
par le refroidissement. On fait disparoitre ces deux phé-
nomènes en la chauffant, et ils reparaissent à mesure!
que la liqueur refroidit : si Ion chauffe fortement cette
combinaison dans une cornue , 1 acide sulfurique .se vo-
latilise , et l’acide molybdique reste sec au fond de ce
vaisseau.
L’acide nitrique n’a nulle action sur l'acide molyb-
dique.
L’acide muriatique en dissout une quantité considé-i
rable à l’aide de l’ébullition : si on distille la dissolution,
on a un résidu d’un bleu obscur*, en augmentant la cha-
leur , il s’élève un sublimé blanc, mêlé d’uu peu de bleu :
ce qui passe dans le récipient, est de 1 acide muriatique
oxigéné. Il e^t facile de concevoir que dans cette opeia-
tion l’acidlfmuriatique enlève une portion d’oxigène il'
l’acide molybdique , et qu’une portion de cet acide passe
à l’état d’oxide de molybdène.
L’acide molybdique décompose, à l’aide de la chaleur ,
les nitrates et les muriates alcalins , en dégageant leurs
acides , et il forme avec leurs bases des sels neutres , dont
Scheele n’a point examiné toutes les propriétés.
î)e V Acide molybdique.
Cet acide dégage aussi l’acide carbonique des trois
alcalis , et forme des sels neutres avec leurs bases.
Les expériences de Scheele nous prouvent que l’alcali
fixe rend l’acide molybdique plus soluble dans l’eau -, que
ce sel empêche cet acide de se volatiliser par la chaleur ;
que le molybdate de potasse se précipite par refroidisse-
ment en petits cristaux grenus ; qu’on peut le séparer de
son dissolvant par les acides sulfurique et muriatique.
Le molybdate de potasse en dissolution mêlé avec le
muriate d etain , forme un précipité d’un beau bleu foncé,
et le nitrate de plomb y occasionne un précipité jaune.
C'est le caractère le plus frappant qu’offre ce métal.
L’acide molybdique décompose le nitrate et le mu-
:riate de barite. Le molybdate de barite est soluble dans
leau.
Il décompose en partie le sulfate de potasse par une
forte chaleur.
Cet acide dissout plusieurs métaux , et prend une cou-
leur bleue a mesure qu il leur abandonne une portion de
son oxigène.
>
3oS
Du Chrome.
CHAPITRE VI.
Du Chrome et de l’Acide chrômique,
§. I".
\
Du Chrême.
Ce métal, découvert par M. Vauquelin , se trouve à
l’état d’acidè dans le plomb rouge de Sibérie , à l’état
d oxide dans l’émeraude et dans le plomb vert qui accom-
pagne le plomb rouge.
On le rencontre également dans quelques serpentines,
dans le spinelle rubis et dans un grand nombre d’autres
fossiles.
M. Pontier a trouvé dans le departement du Var , à
la Bastide de la Carrade , près Gassin , une substance eu
masse irrégulière , d’un brun foncé , ayant un éclat mé-
tallique et une dureté moyenne. Ce minerai avoit ete
analysé par M. Tassaert; mais M. Fauquelin en a fait
une nouvelÉÉ analyse •, il y a trouvé quatre substances:
i°. de l’aci^^ chrômique , 4^ 5 2°- ^ ox^e ^er ’ ^4)7 >
3°. de l’alumine , 20, 3 ; 4°. <le la silice, 2.
Il pense que l’on doit regarder ce minéral comme un
chrômate à double base ,( le fer et l’alumine ) lequel est
mêlé accidentellement à la silice.
‘M. Laugier a aussi analysé cette substance. Ses ré-
sultats diffèrent peu de ceux qu’a obtenus M. Fauquelin ;
n
Du Chrome. 3orpi
trouvé que le chrômate de fer de Sibérie contenoit :
oxide de chrome , 53; oxide de fer, 34; alumine, n ;
silice, i ; trace de manganèse, x.
M. Laugier , pense que ce minéral , nommé jusqu’à
présent chrômate de fer , n’est réellement qu’une com-
binaison des oxides de chrôme et de fer.
Le même chimiste a trouvé une petite quantité de
chrome dans les aérolites.
M. T^auquelin indique les usages auxquels le fer clirô-
maté pourroit être employé dans les arts ; il pense qu’il
pourroit être employé avec succès dans les manufactures
de porcelaine , pour les verts , depuis la nuance de l’é-
meraude , en l’employant pur , jusqu’au vert serin , en le
mêlant au plomb ou à l’antimoine. Le vert qu’il donne,
lorsqu’il est seul dans un vernis, est beaucoup plus beau
et plus solide que ceux que fournissent le cuivre ou les
mélanges de cobalt , de plomb et d’antimoine.
Il sera également employé dans les verreries pour le
même usage ; il donnera au venre toutes les nuances de
vert possibles.
Il ne sera pas moins utile à ceux qui s’occupent de la
fabrication des cristaux colorés, pour imiter les émeraudes -,
à cet égard on n’aura rien à desirer pour Jes nuances et
la beauté des couleurs , puisque c’est cett^Kibstauce qui
colore les véritables émeraudes.
On pourra de même le faire servir à la peinture en
séparant son acide du fer , et en le combinant ensuite à
divers oxides métalliques, par la voie des doubles affinités :
on peut en tirer des couleurs belles et solides ; son oxid'fc
Vert pourra être aussi employé au même objet.
3 io '
Du Chrome.
Les combinaisons du chrome avec l'oxigéne donnent
un oxide vert, ou un acide rouge, suivant les propor-
tions de ce principe , et ces substances communiquent
leur couleur à toutes les combinaisons où elles entrent ;
le nom de chrome, qui signifie couleur, convient donc
parfaitement à cette substance.
Pour obtenir cet acide , on fait bouillir le plomb rouge ,
réduit en poudre , avec deux parties de carbonate de
potasse -, le plomb se combine avec l’acide carbonique de
la potasse ; l’alcali se trouve ensuite uni à un acide parti-
culier qui lui donne une couleur jaune-orangée , et la
propriété de fournir des cristaux de la même couleur.
Cette nouvelle combinaison est ensuite décomposée par i
les acides minéraux •, et en faisant évaporer la liqueur dans I
laquelle on a opéré la décomposition, on obtient: i°. le 1
sel formé par l’acide minéral ajouté -, ?.°. l’acide du plomb
rouge , sous la lorrne de prismes atongés , d’une couleur
de rubis.
L’autre méthode consiste à mettre sur une partie de
plomb rouge, réduit eu poudre, autant d’acide muria-
tique concentré , étendu d’une même quantité d'eau •
il se forme du muriate de plomb qui se dépose sous la !
forme de cristaux blancs , et la liqueur prend une très- <
belle couleur ^rangée. Lorsqu’on a employé des propor- j
lions conveififles d’acide, d’eau et de plomb, Ion peut, I
en faisant évaporer la liqueur à une chaleur douce, et sans
le contact de la lumière , obtenir des cristaux d’acide de
couleur de rubis.
L’acide clnômique obtenu par ce procédé retient tou-
jours de l’acide muriatique.
L’acide sulfurique décompose aussi le plomb ronge eu
Du Chrome. 3n
s’emparant du plomb; mais ce moyen n est pas aussi
bon pour en extraire l’acide , parce que , pour peu qu on
en ajoute plus qu’il ne faut , il est fort difficile de l’en
séparer.
L’acide nitrique ne fait subir aucun changement a la
nature du plomb rouge.
Pour réduire cet acide à l’état métallique , on prend
soixante-douze parties d’acide chrômique , on le inet dans
un creuset de charbon , que l’on place dans un autre
creuset de porcl aine rempli de poussière de charbon ;
on place l’appareil dans un fourneau de forge , et on le
chauffe pendant une heure à l’action d un feu très-vif.
On trouve ensuite dans le creuset de charbon , une
masse métallique d uu gris - blanc , fonnee d aiguilles
entrelacées les unes dans les autres. De soixante-douze
parties , M. Fauquelin a obtenu quarante-trois parties
de métal.
Ce métal est très-fragile, iufusible , fixe, et cristallise
en aiguilles.
Exposé à la chaleur du chalumeau , il se recouvre
d’uue croûte lilas, qui devient verte en refroidissant.
Chauffé au même appareil avec du borax , il ne se
fond pas ; mais une partie , après s’etre oxidée , se dis-
sout dans ce sel , et lui communique une très - belle
couleur verte.
Les acides n’ont sur lui qu’une très-foible action. L acide
nitrique est le seul qui lui fasse subir un changement
remarquable ; en distillant cinq à six fois de suite, jus-
qu à siccitc , vingt parties de cet acide concentré, sur une
du métal , ou le convertit en nue poudre jaune-orangee ,,
qui commence par être verte.
012 De l'Acide chrômiquc.
Cette poudre a toutes les propriétés de l’acide chrèr
mique.
De l acide chrômique.
Outre les procèdes indiqués à l’article précédent ,
on peut se procurer l’acide clirômique , en décomposant
le chrômate d argent par 1 acide muriatique , ou le chrô-=
îuate de barite par l’acide sulfurique.
I-/ acide chromiqtje a une couleur rouge-orangée . un#
saveur piquante et métallique ; il est très-soluble dans
1 eau , et sa dissolution évaporée à une chaleur douce, ou
spontanément a lair, cristallise en petits prismes alon-
ges , qui ont une couleur rouge de rubis.
Si l’on mouille un papier de cet acide , et qu’on
l’expose pendant quelques ‘ jours aux rayons du soleil,
il prend une couleur verte , qui ne change point dans
l’obscurité.
Une lame de fer , detain, mise dans la dissolution de
çet acide , lui fait prendre la même couleur.
L e tirer , 1 alcool bouillis quelques iustans avec cette
substance , produisent le même effet.
L acide muriatique, chauffé dans une cornue avec
«et acide, soit solide, soit dissous, produit une vive
effervescence -, il se forme beaucoup d'acide muriatique
oxigcne , et la liqueur prend une belle couleur verte
foncée.
Cet acide, mêlé avec une dissolution d’hydro-sulfure
de potasse , est précipité sous la forme de flocons d’un
brun verdâtre.
Chromâtes de B apte et de Chaux. 3 1 3
La solution aqueuse du tannin le précipite en flo-
cons d’une couleur brune-fauve.
Chauffé au chalumeau, sur un charbon , il bouillonne T
et laisse une matière verte infusible.
Fondu avec le verre phosphorique et avec le borax , il
communique aux perles vitreuses qui en résultent , une
très-belle couleur verte d’émeraude.
DES CHROMATES TERREUX.
§. III.
|
Chrûmate de Barde.
L’acide chrômique s'unit facilement à la barite ; il
forme avec cette terre un sel très-peu soluble dans l’eau;
car , en versant dans une solution de cette terre de
l’acide chrômique liquide, il se forme un précipité d’une
couleur jaune-citrine pâle; cependant, ce sel n’est pas
entièrement insoluble , car la liqueur conserve encore
une légère couleur jaune, quoique les deux principes du
sel soient réciproquement saturés.
Ce sel pulvérulent n’a pas de saveur sensible.
Il est décomposé parles acides minéraux ; il donne du
gaz oxigène au feu , et il reste à l’état d une masse terreuse
d’une couleur verte.
S- IV.
Chrûmate de Chaux.
Le sel formé par la combinaison de la chaux et de l’a-
cide chrômique , ne diffère de celui de barite que par
34 Chromâtes alcalins.
moins de solubilité, par des affinités et proportions
différentes dans ses principes.
Au feu, et avec les acides , il se comporte de la même
manière que le sel formé par la barite et cet acide.
On n’a point encore examiné les autres combinaisons
terreuses.
S.
v.
Chromâtes alcalins.
Le procédé le plus simple pour préparer ces sels, con-
siste à faire bouillir , sur une partie de plomb rouge
réduit en poudre fine , deux parties d'un alcali uni à
l’acide carbonique, avec quarante parties d eau ; par ce
moyen , il s’établit une double affinité , en vertu de la-
quelle il se forme du carbonate de plomb qui tombe au
fond, et une combinaison de l’acide du plomb avec 1 al- |
cali dont on s’est servi, combinaison qui, étant soluble , |
reste dans l’eau.
Comme le plomb rouge est très-rare , on se sert
avec plus d’économie du chrômate de fer. Pour cela , i
on fait rougir dans un creuset une partie de chroma te i
de fer en poudre fine avec deux parties de potasse i
caustique ; on lessive ensuite et l’on fait évaporer len-
tement , le chrômate de potasse se cristallise en paillettes
jaunes. On peut faire avec ce chrômate de potasse pres-
que tous les autres chromâtes et même l’acide clirôroi-
que. La dissolution du chrômate de potasse est précipitée,
én rouge plus ou moins foncé par les nitrates d ar-
gent et de mercure , en jaune par 1 acétate de plomb
Chromâtes alcalins. 3 1 5
et le mnriate de barite -, le précipité est ronge marron avec
le nitrate de cuivre.
La couleur des combinaisons de l’acide avec les autres
alcalis, est d’un jaune-citron-, celle avec l’ammoniaque,
est sous la (orme de lames jaunes , qui ont le brillant
et le reflet métallique de l’or.
Leurs dissolutions donnent des cristaux qui ont à-
peu-près la même nuance , seulement un peu plus
foncée.
Ces sels sont décomposés par la barite , la chaux et
la strontiane.
Les acides minéraux les décomposent aussi , mais
d’une manière inverse.
Ces sels donnent, par l’action du feu, du gaz oxigène,
et leur résidu est sous la forme d’une masse verte :
il faut cependant en excepter celui d’ammoniaque , dont
la base est en partie décomposée par l’oxigène de
lacide , et il laisse dans la cornue un oxide vert pur,
parce que la portion d’ammoniaque non décomposée se
volatilise.
M. Goclon a fait une suite d’expériences sur le chrome;
il résulte que le chrômate de potasse cristallise en pris-
mes rhomboïdaux.
Que le chrômate de barite donne à la porcelaine une
couleur verte jaunâtre.
Que le chrômate de chaux est soluble dans l’eau et
susceptible d une cristallisation régulière.
Que lacide chrômique peut s’unir à la silice, qu’on
obtient un sel d une couleur rosée , insoluble dans
1 eau et inaltérable au leu de porcelaine.
Entin , que le chrome existe clans le chrômate de
3x6
Du Columbium.
fer en état d’oxide , et qne celui-ci par l’action de la
potasse se transforme en acide à l’aide de la chaleur.
CHAPITRE VII.
Du Columbium.
Ce minerai a été trouvé en Amérique , et en l’honneur
de Christophe Colomb , ou 1 a appelé Columbium.
Il fut envoyé a sir Hans Sloane par M. Winthrop ,
de Massachusett , parmi des mines de fer.
Ce minerai est lourd et de couleur gris foncé , ayant
l’apparence du chrôrnate de fer.
Les acides nitrique, muriatique et sulfurique, n’a-
gissent que très-foiblement sur ce minéral • c'est cepen-
dant l’acide sulfurique qui produit le plus d’effet, et il
dissout un peu de fér.
On le décompose avec le carbonate de potasse et l’a-
cide muriatique , que I on fait agir alternativement. L’a- i
eide carbonique est chassé, l’acide muriatique s’empare
du fer, et la potasse se combine avec l’acide du métal ;
on l’en sépare par l’acide nitrique que l’on peut mettre en
excès -, et il se forme un précipité blanc, floconneux et
abondant, qui est l’acide du métal. Le minéral dont la
découverte est due a M. Jfatchett , est composé de 0,21
de fer oxidé et de 0,^8 de columbium. L acide ainsi
obtenu est insoluble dans l’acide nitrique bouillant , et
conserve sa blancheur parfaite. L acide muriatique bouil-
lant le dissout lorsqu’il a été récemment séparé de las
Du Columbium . 3 17
potasse, il est aussi dissoluble dans l’acide sulfurique
fortement chauffé.
Ces solutions acides , lorsqu’on les sature par les alcalis,
donnent des précipités blancs floconneux : le prussiate'
de potasse donne un précipité vert-olive , et la teinture
de noix de galle , un précipité tonce , couleur orangee ■,
l’eau même ajoutée en abondance aux solutions dans
l'acide sulfurique , précipite la substance à l’état de
sulfate , qui , en se desséchant , passe du blanc au bleu ,
et devient finalement gris. Le zinc forme un précipité
blanc.
Le précipité blapc se combine avec la potasse et la
soude , tant par la voie sèche que par la voie humide. IL
chasse l’acide carbonique, et forme avec la potasse un
sel en écailles brillantes , qui ressemble beaucoup à l’acide
boracique.
Les acides le séparent des alcalis fixes, et lorsqu’on
les met en excès, ils ne le dissolvent qu’à l’aide de la
chaleur ; et même dans ce dernier cas , l’acide nitri-
que demeure sans effet. Ou observe des résultats ana-
logues quand on ajoute aux solutions acides des alcalis
en excès.
Si Von verse sur les solutions alcalines de cette sub-
stance , l’hydro-sulfure d’ammoniaque, on a un précipité
couleur de chocolat. L’ammoniaque ne se combine pas
avec le précipité blanc.
Quand on ajoute aux solutions alcalines le prussiale de
potasse , ou la teinture de noix de galle , il n’y a point
deftet jusqu a ce qu’on verse un acide sur le tout-, alors
an obtient les précipités vert, olive et orange, dont il a
Du Titane.
été question ci-dessus. Les solutions acides et alcaline*
sont sans couleur.
Le précipité blanc ne se combine pas avec le soufre par
'la voie sèche.
Uni par la fusioîiau phosphate d’ammoniaque, il forme
un verre de couleur bleue tirant sur le pourpre.
Il rougit le papier teint en bleu , par le tournesol.
Il paroit tres-dilficile a réduire , ou à obtenir en état
mé allique.
D’après ces propriétés, cette substance paroît être un
métal acidifiable , diiférent des métaux connus.
CHAPITRE y I IL
Du Titane.
La découverte de ce métal est due à M. Klaproth.
La nature n’a offert jusqu’à présentie titane qu’à l’état
d’oxide.
La substance dont on extrait le titane est un schorl
rouge qui se trouve principalement en Hongrie. On la
trouvé depuis en plusieurs endroits , en Bretagne et
dans le canton de S aînt-Yriez , département de la Haute-
Vienne , près de Moutier , département du Moutblauc ,
dans la vallée de Doron.
La couleur du scliorl rouge de France, est dans qUel-
(Xues échantillons d'un rouge clair, à-peu-près comme
celui de 1 argent rouge, et dm, rouge foncé dans quelques
autres. 11 se rencontre à la surface du sol, sous la fonce
Du Titane. 3 iq
de petites masses, grosses au plus comme le ponce , dont
la plupart ont été roulées et usées à la surface. Quelques-
unes conservent quelquefois une forme cristalline régu-
lière. Sa dureté est très-considérable; il raie le verre, et
se réduit très-difficilement en poudre. Les éclats qui s’en
détachent parle choc, sont Irès-briHans , et présentent
des surfaces très-polies.
Cet oxide , fondu avec l’émail, donne à la porcelaine
un jaune sale , opaque et piqueté , qui n’est d’aucun
usage.
Lorsqu’on fait rougir le scliorl rouge avec du carbonate
de potasse, le scliorl enlève à la potasse une certaine
quantité d’acide carbonique.
Pour faire cette expérience on prend cent parties de
schorl rouge réduites en poudre fine ; on les fait fondre
dans un creuset avec six cents parties de carbonate de
potasse. La masse acquiert une couleur verdâtre. Si l’on
délaie cette masse fondue dans l’eau bouillante , elle dé-
pose une poudre blanche légèrement rosée.
Cette substance ne diffère du scliorl rouge que par
la présence de l’acide carbonique , et par une plus
grande quantité d’oxigène ; c’est donc un carbonate de
titane.
Pour rédu ire cet oxide , on prend du carbonate de ti-
tane , préparé ci-dessus ; on en forme une pâle avec l’huile
de poisson : on place le mélange au milieu d’une brasque
de charbon en poudre fine , et d’un peu d’alumine ; on
soumet le tout pendant une heure et demie à l’action d’un
feu violent : on obtient une substance noirâtre , boursou-
flée , dont quelques points ont une couleur métallique
rougeâtre.
Du Titane.
320
Les acides ont très - peu d action marquée^ sur ce
métal.
Si l’on fait bouillir pendant longtems une petite quan-
tité de titane métallique avec de l’acide nitrique pur, iL
n’y a pas d’action très-marquée entre ces deux corps.
Cependant , les points brillans et métalliques qu offre
cette matière , disparoissent , et sont remplacés par une
matière blanche.
Avec l’acide nitro-muriatique , il se forme une pous-
sière blanche qui s’étend dans toute la liqueur. La surface
du titane se couvre également d’une pellicule blanche.
Avec l’acide sulfurique, dès que l’ébullition commence ,
il se dégage des vapeurs d’acide sulfureux , et la matière
se change en poussière blanche , dont une partie reste en
dissolution dans l’acide sulfurique.
Les dissolutions acides de l’oxide de titane sont pré-
cipitées , par les carbonates alcalins , en une matière
blanche et floconneuse, en brun rougeâtre par 1 infu-
sion de noix de galle. Ce précipité lavé et séché res-
semble au kermès minéral. Les acides arsenique et
phosphorique occasionnent un précipité blanc.
Une lame d’étain précipite la dissolution de muriate
de titane , et prend une couleur rose pâle , qui bientôt
prend une autre couleur de rubis.
Le zinc fait changer la couleur de la même dissolution
en violet , qui peu-à-peu , passe au bleu d indigo. La
chaleur la décolore : il se précipite une poudre blanche,
qui , redissoutc dans le même acide , teprend les mêmes
Le prussiate de potasse , mêlé avec les dissolutions
acides du titane , y occasionne un précipité vert qui
De VUranc.
321
ne bleuit pas à l’air comme celui du fer. Ce prussiate
de titane , au milieu des liqueurs où il a été formé
est décomposé par les alcalis , en passant par différentes
nuances de couleurs qui suivent 1 ordre suivant : lo
purpurin, le bleu, le blanc.
Quoiquon ne soit pas encore parvenu à fondre et à
réduire complètement le titaue , cependant , ceux qui
examineront avec attention les expériences * de MM.
Klaproth , Vauquelin et Iieclit , seront forcés de conclure
-que le titane est un métal particulier , et que le schorl
rouge de Hongrie contient un tiers d oxide de titane uni
jà de la chaux et à de la silice.
Les propriétés qui caractérisent ce métal, sont : i°. que
la solution du muriate de titane est précipitée en bleu
[par une lame de zinc, en violet rosé par une lame d’étain ;
:2°. que la noix de galle y forme un précipité d’un
uouge de sang ; 3°. quavec le prussiate de potasse on
obtient un précipité d’un vert foncé.
CHAPITRE IX.
De l Urcine.
Ce métal a été découvert par Klaprotli. Il l’a nommé
uranium , dérivé d un mot grec qui signifie ciel.
On ne la point encore trouvé natif.
Klaproth a retiré ce métal de la pechblende- et de
Vu ra Jiglimmer.
322 De L’Urane.
M. Uaiiy eu distingue deux espèces.
Première; Urane oxidulé , une variété : Urane oxidulé.
amorphe.
Deuxième ; Urane oxidé , six variétés.
On trouve de l’urane oxidé à Eibenstock et à Johann-
Gcorgenstadt, en SaM; Saska , en Hongrie , etc. Sa gan-
gue est tantôt 1 urane oxidulé , tantôt le quartz , tantôt
une argile ferrugineuse.
M. Champeaux , ingénieur des mines, a donne ntt
précis historique sur la découverte de l’urane oxide en
France. Il résulte que F urane oxidé est à Saint-Sympho-
rien , en morceaux assez volumineux, situé dans une
colline jointe à la chaîne de montagnes qui borde au
sud-ouest une partie de la vallée où coule la rivière de
Mesurai n.
L’urane oxidé remplit plusieurs veinules ou fissures-
extrêmement minces,' situées dans la roche ieid-spa-
thique dont la montagne est formée.
L’oxide d’urane se trouve le plus souvent dans les
fissures, sans aucun mélange de substances étrangères ;
quelquefois il est mélangé avec un peu de roche.
L’oxide d’urane de Saint-Symphorieu ne présenté au-
cune cristallisation régulière; quelquefois il est formé de
faisceaux groupés , lesquels sont composés de lames car-
rées, divergentes entre elles à-peu-près comme les feuillets
d’un éventail; mais le plus souvent on le trouve en petites
lames réunies irrégulièrement, et composant des espèces
de réseaux. Sa couleur est d’un beau jaune verdâtre, ra-
rement d’un vert bien prononcé : elle n’a jamais 1 inten-
sité de l’urane oxidé de Saxe. L’immersion dans l’eau ,
ou simplement la vapeur de l'haleine avive beaucoup
ï)e l’U rane.
323
tette couleur; ce qui, suivant M. Champeaux , doit
être attribué à un commencement d’altération.
Klaproth , à qui l’on doit l’analyse de cette substance ,
en retira d’abord du soufre , puis il la fît dissoudre dans
les acides nitrique et nitro-muriatique , et précipita par
les alcalis; il obtint des précipités d’un jaune citron ou
orangé.
Avec l’ammoniaque le précipité est d’un jaune plus
ou moins sale.
Pour opérer la réduction de ce métal , on prend les pré-
cipités jaunâtres de la dissolution par les acides ; on eu
Ifatt une pâte avec de l’huile de lin , et on met le tout dans
un tel à rôtir : on obtient une poudre noire que l’on place
dans un creuset bien brasqué avec la poudre de charbon,
et l’on donne un grand feu.
Ce métal est d’un gris foncé à l’extérieur à l’intérieur
rcette couleur est d’un brun pâle: sa pesanteur spécifique
«est 6,44. ^ 1
Sa dureté est assez considérable. Sa fusion est plus dif-
Ifîcile encore que celle du manganèse.
Dissous dans les acides forts , il donne un précipité
|par les alcalis.
Par les prussiatcs le précipité est d’un rouge bru-
mâtre.
Par le sulfure hydrogéné ammoniacal on l’obtient d’un
jaune brunâtre.
Ces expériences sont très-incertaines, parce qu’on n’a
pas encore pu obtenir ce métal en grandes masses ; ainsi
ll Ü? ^,ffi7C'lc d’eu ass'g»er toutes les propriétés.
i Bucholz a fait depuis un travail sur l’urane ; il
•est parvenu a réduire l’oxide d’urane sans opérer la
324 Du Cérium.
fusion , en exposant ioo grains de celte substance avec
cinq grains de charbon à une chaleur blanche de la forge
pendant trois heures. Le métal obtenu etoit très-poreux
et non fondu , sa pesanteur spécifique étoit de 9,000.
L’auteur soupçonne que cette densité auroit été encore
plus considérable s’il eût pu obtenir un bouton de métal.
L’urane métallique est attaqué par l’acide sulfurique
bouillant et il se dégage du gaz acide sulfureux.
L’urane est susceptible de deux degrés d oxidalion ,
l’un oxide gris noir au minimum contenant o,5 — 6 do-
xigène , l’autre au maximum d’un jaune citron de 0,20 24
d’oxitrène.
Le sulfate d’urane d’un jaune citron affecte la forme de
pyramides triangulaires. Ce sel échauffé fortement , ne se
fond pas, perd o,36 de son poids d eau. Il se dissout
dans moins que son poids d’eau. IVf. Bucholz la trouve
composé de 0,18 d’acide sulfurique , 0,70 d'oxide d u-
rane , 0,12 d’eau.
Le nitrate d’urane est également d’un jaune citron f
cristallise en pyramides quadrangulaires rectangles , se
dissout dans la moitié de son poids d’eau , est composé
d’oxide d’urane , 0,61 ; d’acide nitrique , 0,20 ; eau , 0,14.
CHAPITRE X.
Du Cérium.
Le cérium se retire d’un minéral appelé cérite.
Cette substance a été aualysée par M. Klaproih
Du Cérium.
3a5
par MM. Hisenger et Berzelius de Stockholm , et de-
puis peu par M. Vauquelin.
Sch'eele et d’Elhuyar avoient aussi essayé ce miné-
ral , sous le nom de wolfram , qui fut trouvé en l’an
1750 , dans une mine de cuivre appelée Bastnas ou
St. Gorans Koppargrufra , à Riddare-Hyttan , eu West-
manie , dont il formoit avec de l’asbeste la matrice-
Les chimistes suédois donnèrent le nom de cérium
au métal , dénomination tirée de la planète Céres , dé-
couverte par M. Piazzi\ de celui-ci ils ont fait celui
de cérite , pour désigner la mine naturelle de ce
métal. \
La couleur de ce minéral , suivant M. Vauquelin 1
est légèrement rosée , sa dureté assez grande pour
rayer le verre , sa pesanteur spécifique de 4^3o , sa
poussière grisâtre : elle devient rougeâtre par la calci-
nation , et perd douze pour cent.
Il y en a des variétés qui contiennent des pyrites
martiales , et qui sont traversées par des veines d’acti-
note verte.
100 parties de cérite soumises à l’analyse ont fourni :
i°. silice , 17 ; 20. chaux , 2 -, 3°. oxide de fer , 2 ;
4°. oxide de cérium , 67 ; 5°. eau et acide carboni-
que , 11.
Les expériences que M. Vauquelin a faites sur le
cérium lui ont prouvé : i». que le cérium débarrassé
des matières étrangères qui l’accompagnent daus le mi-
nerai, est une substance susceptible de s’unir à deux
quantités d oxigene très-distinctes ; 20. qu’avec la première
3^6
Du Cérium.
quantité il forme une substance blancbe , soluble dans
les acides , sans dégagement d’oxigène ; 3°. qu’avec la
seconde portion , il prend une couleur rouge légère et
ne se combine plus que difficilement aux acides \ et
produit constamment une quantité notable d’acide mu-
riatique oxigéné en se dissolvant dans l’acide muriati-
que ordinaire ; 4“- que ces oxides ne se dissolvent point 1
dans les alcalis , mais que bouillis ensemble ils ne se
colorent plus par le contact de l’air , et que ceux qui
sont rouges deviennent blancs par une légère chaleur ,
sans cependant se combiner aux alcalis ; 5°. que leurs
combinaisons avec les acides sulfurique , pbosphorique ,
oxalique, tartarique et prussique sont blanches et insolu-
bles dans l’eau ; 6°. qu’au contraire , celles qu’ils forment
avec les acides nitrique , muriatique et acétique , sont
très-solubles dans l’eau et dans l’alcool, et sont même
déliquescentes-, 70. que tous ces sels ont une saveur as-
tringente et très-sucrée -, 8°. que les meilleurs procédés
pour séparer le fer du cérium , c’est de précipiter ce
dernier de sa dissolution nitrique ou muriatique par
l’oxalate d’ammoniaque , ou tartrite de potasse , en met-
tant un léger excès d’acide dans la liqueur : ou bien ,
ce qui est encore préférable , de calciner le ruuriate de
cérium , de redissoudre son résidu dans l’acide muriatique,
de calciner de nouveau et ainsi de suite jusqu’à trois
fois, pour sublimer entièrement le muriate de fer , ce
qui réussit fort bien-, g0, que le cérium ne s'unit, point
à 1 hydrogéné sulfure comme les autres oxides métalli-
ques ; io°. qu il paroît irréductible par les moyens qui
réussissent ordinairement pour les oxides les plus rt—
tracta ires , mais qu il est volatil, et que ce u’est pro-
Du Cobalt. daq
Ijablement qu’à ce moment que sa réduction s opère ;
ii° que si , contre toute apparence , le cérium n est
point un métal , il a au moins avec cette classe de corps
beaucoup plus d’analogie et de rapports qu’avec aucun
autre , et que pour ces raisons M. V auquelin le place
avec MM. Hi singer et Berzehus dans cette catégorie ,
jusqu’à ce quon ait démontré qu’il convient mieux à
un autre genre de matière; 120. enfin, quelque hasard
heureux ou des moyens mieux combines que ceux em-
ployés jusqu’à présent j le feront obtenir à 1 état métal-
lique , et l’auteur lui-même annonce qu’il ne désespère
pas d’y réussir. (
4
CHAPITRE XI
Du Cobalt .
Le cobalt a été employé dans les ateliers à donner une
couleur bleue au verre , longtems avant qu on soupçon-
nât que c’étoit un métal particulier. C est a Brandt , mi-
néralogiste suédois, que nous devons la connoissance de
•cette substance.
Cobalt on cobolt est tiré d’un mot allemand qui signifie
un être malfaisant. Les mineurs lui avoient donne ce
nom à cause des incommodités auxquelles les cxposoit la
vapeur de l’arsenic qui l’accompagne.
3a8
Du Cobalt .
Les espèces décrites par M. Haüy sont :
Première •, Cobalt arsenical , six variétés.
Ou le trouve à Annabergetà Schnéeberg , en Saxe; à
Wittichen , dans le Wirtemberg ; à Joachimsthal , en
Bohême ; à Sainte-Marie-aux-Mines , et Allemont , en
France.
Deuxième ; Cobalt gris , six variétés.
La mine de Tunaberg , en Suède , fournit le plus beau
cobalt gris. C’est une des mines les plus recherchées pour
la préparation du bleu d’azur employé dans la coloration
de la porcelaine.
Troisième ; Cobalt oxidè noir , trois variétés.
Cette mine se trouve à Kitzbichel ; dans le Tyrol ; à
Saulfeld , en Thuringe ; à Freydenstatdt, dans le duché
de Wirtemberg; à Schnéeberg, eu Saxe.
Quatrième; Cobalt arseniaté , deux variétés.
Cette espèce existe souvent à la surface ou auprès des
mines de la même substance à l'état métallique.
On attribue la formation du cobalt arseniaté à la décom-
position du cobalt arsenical.
Il y a encore un cobalt arseniaté, tenant argent, et
mêlé avec le cobalt oxidé noir , le nickel oxidé , et quel-
quefois des terres argileuses et ocreuses. Il compose des
masses qui présentent des teintes variées de rouge, de
verdâtre , de brun , etc.
Du Cobalt.
3a9
Quand on veut faire l’essai d’une mine de cobalt, plu-
sieurs chimistes recommandent de piler, de laver et de
griller la mine , pour en séparer l’arsenic : le cobalt reste
dans l’état d’un oxide noir , plus ou moins foncé. Alors
on mêle cet oxide avec trois parties de flux noir , une
partie du muriate de soude décrépité-, quelques-uns y
ajoutent une demi-partie de poix résine : on met le tout
dans un creuset dont le tiers au moins reste vide ; on
le place dans un fourneau, on chauffe doncement jusqu’à
ce que la poix résine cesse de brûler: on fait agir ensuite
le souflet , pour augmenter le feu par degrés , et on
chauffe le creuset jusqu’au rouge blanc; on l’entretient
ainsi jusqu’à ce que les matières soient parfaitement fon-
dues ; on laisse refroidir le creuset, on le casse, et on
sépare le culot d’avec les scories qui ont toujours une
couleur bleue.
G est avec une grande difficulté qu’on parvient à
obtenir le cobalt dans son état de pureté ; en traitant
le cobalt de Tunaberg, comme M. Tassaert l’a décrit
dans l’analyse qu’il a faite de cette substance , on peut
établir quelques caractères de ce métal.
Après avoir obtenu un oxide de cobalt parfaitement
pur , voici le moyen que l’auteur a employé pour le ré-
duire.
On prend un creuset de porcelaine , que l’on brasque
avec du carbone retiré de l'acide carbonique. Après une
heure et un quart de feu de forge , on retire le creuset
du feu , on le laisse refroidir , on le casse , et I on trouve
un culot de couleur de fer , cassant , dont la cassure pré-
sente un assemblagé de feuillets en feuilles de fougère ,
d.’un gris d’acier , n’ayant pas un grand éclat métallique.
33o Du Cobalt.
La pesanteur spécifique de ce cobalt, d après M. Jiaüy y
est de 8,5384-
Ce métal , quoiqu’entièrement privé de fer, est très-
sensible à l’aimant.
M. Tassaert n’a point décrit d'autres caractères de ce
métal dans cet état de pureté.
J’ajouterai ici les résultats d’un travail entrepris dans Te
laboratoire de l’Ecole des mines sur les mines de cobalt, et
sur sa purification.
Pour obtenir le cobalt pur de ses mines, on emploie
les procédés suivans : i°. les calciner pendant longtems ,
en ajoutant tous lés quarts- d’heure de la poussière de
charbon, ou de 1 huile pour favoriser l’évaporation de
l’arsenic-, 2°. les dissoudre dans l’acide nitrique, évaporé
à siccité , et redis^oudre dans l’eau; 3°. précipiter par la
potasse pure, et faire bouillir le dépôt avec une lessive de
même alcali ; 4°- bien laver le dépôt, le dissoudre dans
l’acide acétique, évaporer plusieurs fois à siccité; 5°. redis-
soudre dans l’eau , précipiter par l’ammoniaque, filtrer et
reprendre le dépôt par le même alcali volatil; 6°. enfin,
évaporer cette solution ammoniacale à siccité, et calciner
légèrement, pour en séparer toute l’ammoniaque. On obtient
ainsi un oxide d’un brun rougeâtre , qui , fondu au feu
de forge avec un mélange de llux noir , de borax et d’un
peu d'huile, réduiUen pâte , donne du cobalt bien pur,
et dans lequel aucun réactif ne peut montrer aucun vestige
de fer.
Ts'ous devons aussi à M. Thénard un procédé d’analyse
pour la mine de cobalt; il faut, apres l’avoir traité par
l’acide nitrique, décomposer la solution par la potasse qui
ne forme pas de sel triple. On traite ensuite le précipité par
Du Cobalt.
33 t
l’ammoniaque. On pourrait cependant encore traiter la
solution par l’ammoniaque; mais alors, il faudrait mettre
dans la liqueur filtrée de l'hydrogène sulfuré, ou un
hydro-sulfure.
Depuis les travaux de MM. Tassaert, et Tlienard , beau-
coup de chimistes se sont occupés du cobalt. Trommsdorff
Richter et Bucholz , ont ajouté à sa perfection ; M. Proust
& décrit les sels de cobalt avec beaucoup de soin.
Le procédé de Trommsdorff consiste à faire un mé-
lange de quatre parties de soufre, d’une partie de nitrate de
potasse et d’une demi-partie de charbon. On projette le mé-
lange dans un creuset rouge et on répète à trois reprises,
en ajoutant chaque fois au résidu de nouvelles quantités de
nitre et de charbon. La masse résultante doit être rougie
pendant une heure avec une partie de flux noir. Lorsque la
matière est refroidie, ou sépare le cobalt, on le pulvérise et
on le mele avec trois fois son poids de nitre, et on fait
détonner le mélange avec précaution.
Le fer contenu datas le cobalt s’oxide alors fortement,
et l’arsenic acidifié s'unit à la potasse. On lessive bien, et on
traite le résidu par l’acide nitrique qui dissout le cobalt
sans attaquer le fer oxidé au maximum. On évapore à
siccité, on redissout dans l’acide nitrique pour eu séparer
les dernières portions d’oxide de fer. Ou décompose le
nitrate de cobalt par la potasse, et on réduit le précipité
au moyen de la chaleur.
La purification du cobalt en grand, a été décrite par
Richtei . Voyez Annales de Chimie, tome 53, page 107.
Le cobalt purifié, d’après le procédé de M. Tlienard ,
a une couleur un peu rosée , il est quelquefois lamelleux ,
souvent grenu, quelquefois aussi fibreux; sa pesanteur
33 2 Du Cobalt.
=7,700 .11 fait mouvoir l’aiguille aimantée , quoiqu'il repré-
sente aucune trace sensible de fer. Sa fusibilité se rapproche
de celle delà fonte de fer, à une haute température, il
brûle avec une flamme rouge , et laisse un oxide noir. Cet
oxide donne une couleur bleue très-intense à cinquante
parties de fer. Tous les sels de cobalt sont précipités en
rose parles alcalis, dont un excès donne une couleur bleue I
au dépôt. L’ammoniaque, en dissolvant l’oxide de cobalt,
prend une couleur rouge de vin. Le cobalt précipite le
cuivre et le nickel de leur dissolution à l’état métallique.
Suivant M. Thénard ces changemens de couleur tiennent 1
à des quantités plus ou moins grandes d oxigène absorbé;
il a précipité une dissolution de cobalt par la potasse pure r
l’oxide étoit bleuâtre-, à l’air il devint olive-, lavé avec
l’acide muriatique oxigéné , il passe du verdâtre au puce, et
de cette nuance au noir le plus foncé. Il ne se dissout
qu’une très-petite quantité d’oxide de cobalt-, sa dissolution
est rose et précipite par les alcalis en noir.
Les propriétés que ce chimiste a reconnues à ces oxides,
puce et noir, sont.
L’oxide noir; d’être soluble avec effervescence dans
l’acide muriatique, de former alors beaucoup de gaz acide
muriatique oxigéné; et si llacide muriatique est concentré,
on obtient une solution verte , qui, abandonnée à elle-même,
devient purpurine dans l’espace de vingt-quatre heures,
et rose sur-le-champ, si on l’étend d’eau.
Les acides sulfurique et nitrique , dissolvent l’oxide
noir bien moins facilement que l'acide muriatique; cepen-
dant, avec le tems la solution a lieu : elle est toujours rose
et accompagnée de bulles, que l’auteur présume être de
gaz oxigène.
Du Cobalt.
333
On vient de voir que M. Thénard, distingue quatre
espèces d’oxides de cobalt, savoir, l’oxide bleu, olive,
puce et noir. M. Proust qui a fait un travail ultérieur, n’en
admet que deux.
i°. L’oxide de cobalt au minimum. M. Proust décom-
pose le carbonate, et obtient un oxide gris-verdâtre. Cent
parties de cet oxide , réduites avec les précautions conve-
nables dans un creuset fermé, donnent 83 i. de grains mé-
talliques au minimum.
2°. L’oxide au maximum. Si on distille une solution
nitrique de cobalt, il se dépose des encroûtemens noirs sur
les parois de la cornue, il se dégage du gaz nitreux, et on
obtient de l’oxide noir pour résidu. M. Proust conclut que
l’oxide mis au maximum , • contient entre 25 et 26 sur
ïoo d’oxigène.
Cet oxide ne se dissout, dans les acides nitrique et sulfu-
rique, qu’en perdant la portion d’oxigène qui constituoit
son maximum.
Il convertit l’acide muriatique en acide muriatique
oxigéné, il est insoluble dans l’ammoniaque et la potasse.
L’oxide noir, chauffé pendant une demi-heure au "fond
d’un creuset, redevient oxide gris en perdant de son
oxigène: alors il peut teindre les matières vistrescibles en
bleu.
Les acides nitreux et sulfureux dissolvent l’oxide noir,
et lorment avec lui du nitrate et du sulfate au minimum.
MM. Proust et Tlialaker ont trouvé loxide noir à
Parias, près de Valence. Il se trouve également dans les
mines de cobalt , qu’on a appelées mines vitreuses ou
mines noires.
Dans les arts , on ne retire point le cobalt sous la forme
Du Cobalt.
334
métallique; on se contente d’en séparer l’arsenic par le
grillage. Ce sont ses sortes de mines qui fournissent presque
tout l’oxide d’arsenic qui est dans le commerce.
Après le grillage, l’oxide de cobaltest pilé, tamisé et mêlé
avec 2 à 3 parties de sable ou de quartz; c’est ce qui cons-
titue le safre.
Si au lieu d’ajouter du sable à l’oxide de cobalt grillé, on
fait un mélange avec 25o liv. de l’oxide, 28 1 liv. de potasse,
600 liv. de cailloux calcinés et 4o liv. d'arsenic lïlanc , que
l’on fait fondre dans de grands creusets exposés à une forte
chaleur, pendant dix heures , il se forme nue matière vitreuse
qu’011 enlève avec des cuillers , on la verse dans une grande
caisse où l’eau se renouvelle continuellement; la substance
non soluble est connue sous le nom de smalt ; on réduit ce
smalt en poudre à l’aide de moulins, et on le délaie dans
l’eau. On lui donne divers degrés de finesse en agitant le
smalt porphirisé dans des tonneaux pleins d eau , et percés
de trois ouvertures placées à différentes hauteurs. L eau
qu’on fait couler en ouvrant le robinet le plus élevé,
entraîne la partie la plus fine, qui forme l'azur du pre-
mier jeu; le second et le troisième robinet donnent l'azur
du second et troisième feu.
Cet azur est employé dans plusieurs arts, pour colorer
en bleu les émaux , les verres et l’amidon.
Le gaz hydrogène et 1 eau n’ont aucune action sur le
cobalt, il s’unit très-peu au soufre; mais, si on y ajoute
de l’alcali , l’union est très -intime , de manière qu’on ne
peut l eu séparer que par la dissolution dans les acides.
A cet effet , on lait fondre dans un creuset , parties égales
de mine de cobalt calcinée , de potasse , de sulfate de
chaux et de poix résine ; lorsque le mélange e.^l fondu , on
Du Cobalt.
335
le laisse refroidir , et l’on trouve une grande partie do
cobalt combinée avec le sulfure formé pendant l’opé-
ration ; cette combinaison surnage ordinairement les sco-
ries. L'autre partie , rassemblée au fond du creuset , pa-
roît composée de plusieurs matières métalliques séparées
du cobalt.
Ce cobalt sulfuré se dissout très-facilement dans l’acide
nitrique , et laisse déposer une poudre blanche , qui con-
tient du soufre, et quelques autres substances métal-
liques.
Pour obtenir le cobalt phosphore, on fait fondre un
mélange d’une partie de verre phosphorique , d’une
partie de cohalt métallique en poudre , et un huitième
de charbon. Le produit de cette fusion est un culot de
cohalt phosphore , recouvert d’un verre d’un très-beau
bleu.
On peut encore obtenir cette combinaison , en faisant
rougir du cobalt dans un creuset , et y promettant des
petits morceaux de phosphore jusqu’à saturation.
Le cobalt phosphore diffère du cobalt ordinaire par sa
couleur, qui est blanche et plus bleuâtre ; il est fragile , et
dans sa cassure on apperçoit une forme cristalline.
Exposé à l’air il y perd son éclat.
Au chalumeau, le phosphore brûle à la surface , il reste
< un petit globule vitreux d’un bleu foncé.
L ammoniaque a une action marquée sur l’oxide de
• cobalt.
M. Proust a fait conuoître que l’oxide gris renfermé
-avec 1 ammoniaque dans un flacon bien fermé , lui connrui-
i nique une légère couleur rose , qui ne passe pas au-delà ,
«quelque teins que Ion garde le flacon ; cet oxide n’est 1
336 Da Cobalt.
donc que très-difficilement soluble dans 1 ammoniaque.
Mais si le flacon reste débouché , l’ammoniaque le colore
très-vîte, parce quil attire l’acide carbonique de l’air. Oa
peut opérer cette dissolution en très-peu de tems , mettant
le flacon dans un grand bocal , dans lequel on entretient
un sel d’acide carbonique.
Si on ne fait que de saturer l’ammoniaque d’acide , la
dissolution est celle de l’oxide dans le carbonate d ammo-
niaque , si on continue de faire passer de 1 acide carbo-
nique, on obtient une dissolution de carbonate de cobalt
dans le carbonate d’ammoniaque. Cette dissolution , gardée
dans un flacon plein et bouché , dépose des cristaux de
carbonate métallique -, elle en abandonne une partie par
l’addition d’eau: un excès d’ammoniaque redissout ce
précipité.
On peut faire cette dissolution très-promptement , en
jettant du carbonate de cobalt dans du carbonate d am-
moniaque.
Si l’on met de l’ammoniaque, pure sur du carbonate de
cobalt en excès , les choses se passent bien autrement. Le
carbonate de cobalt se partage en deux parties, l'une cède
son acide à l’ammoniaque et il devient hydrate , dit
M. Proust; cette combinaison est insoluble, tandis que
la portion non décomposée se dissout dans le carbonate
alcalin.
On obtient une troisième dissolution ammoniacale de. 1
cobalt en mettant de l’hydrate bien lavé , ou de l'oxide
bleu , dans un flacon plein d’ammoniaque et bien bouchée
La dissolution se fait au bout de vingt-quatre heures ; elle
est rouge comme les précédentes; mais elle en diffère,
en ce que si l’on en verse un filet dans l’eau bouillante.
Du Cobalt.
337
il se précipite aussitôt de l’oxide bleu , quand on opère
;avec beau froide , on obtient de l’oxide vert. Si l’ammo-
juiaque dissout l’hydrate de cobalt , ou l’oxide bleu frais,
qdus facilement que l’oxide gris, c’est que les deux pre-
miers sont très-divisés.
Quand on distille ces dissolutions de cobalt , il
passe du carbonate d’ammoniaque ; la liqueur finit par
Reposer un oxide d abord vert sale , mais qui ensuite
uevient noir. C est un mélangé d oxide gris et d oxide
noir.
Les acides sulfurique , muriatique et nitrique , d’après
•M. Proust , oxident ce métal de la même manière ; il y
1 dégagement d’hydrogène avec les deux premiers.
Sulfates de cobalt. Il y en a deux , l’un simple , et
autre triple a base de potasse ou d’ammoniaque.
Le sulfate simple a une saveur légèrement piquante ,
m peu amère , à laquelle se joint quelque chose de mé-
tallique. Ses cristaux, peu volumineux , sont des sections
ntassées d’octaèdres peu réguliers , ils sont rouges inal-
térables à 1 air ; ils perdent fi centièmes d’eau à la
lisli dation -, ils sont alors roses et opaques. Daus cet état ,
ls peuvent supporter une chaleur rouge sans se décom-
ooser, excepté dans les points où ils touchent la retorte.
Quand on mêle du sulfate de potasse au précédent ,
>n obtient des cristaux plus volumineux , qui sont des
mbes rhomboïdaux. Ce sel triple est moins soluble que le
impie j due perd que 26 centièmes d’eau à la distil-
lation.
Quand on jette des cristaux de sulfate dans un flacon
llîiu d'ammoniaque, et fermé .sur-le-champ, ils donnent
338 Du Cobalt.
un précipité bleu , qui ne devient pas rose comme dans
.
la potasse.
Le carbonate de potasse donne de 4° ^42 centièmes de !
carbonate de cobalt avec le sulfate simple. Un excès d al-
cali dissout une grande partie du précipité ; l'ébullition et
l’eau froide décomposent cette dissolution. M. Proust a !
obtenu de ce carbonate de cobalt de 60 à 62 d’oxide gris \
verdâtre.
L’acide nitrique dissout le cobalt , à l’aide du calo-
rique.
On met dans un matras du cobalt réduit en poudre; on
verse dessus cinq à six fois son poids d’acide nitrique , à
4o degrés : on place le matras sur un bain de sable, et on
le chauffe jusqu’à ce que le cobalt soit dissous : on laisse
reposer la dissolution, et on la décante. Lorsque la disso-
lution est au point de saturation, elle est d un brun iosé ,
ou d’un vert clair. On fait évaporer cette dissolution dans 1
une capsule, au bain de sable,, jusqu’à réduction de
moitié : elle fournit par le refroidissement des cristaux
en petites aiguilles réunies, déliquescentes à 1 air.
M. Thénard a reconnu l’existence d’un nitrate animo-
niaco de cobalt.
Voulant purifier du cobalt qui contenoit du fer,
M. Thénard le* traita par l’acide nitrique et versa dans la
dissolution un excès d’ammoniaque. La liqueur filtrée fut
évaporée jusqu’à siccité , et après avoir fait digérer le ré-
sidu avec de l’eau , si l’on sépare l’oxide par le filtre, non-
seulement l’eau contient du nitrate d’ammoniaque , mais
encore de l’oxide de cobalt -, si on la fait évaporer lente-
ment , on obtient , par le refroidissement , des cristaux
cubiques réguliers , dont les uns sont isoles et les autres
Du Cobalt.
339
forment des espèces f de trémies. Ces cristaux sont roses ,
ont une saveur. piquante et urineuse ; l’air atmosphérique
ine les altère en aucune manière : calcinés dans un creuset ,
!!s s enflamment comme le nitrate d’ammoniaque. La
flamme est assez vive et d’un blanc jaunâtre. Le résidu
lire sur le noir et présente toutes les propriétés du cobalt.
Leur solution daus 1 eau ne précipite par aucune base
■ali Gable ; elle précipite et même sur-le-champ , par
hydrogène sulfuré, et à plus forte raison par les hydro-
sulfures. En les faisant bouillir avec de la potasse, il s’en
dégage de l’ammoniaque; il se forme du nitrate de potasse,
-t il se fait un dépôt d’oxide de cobalt.
L’oxide gris de cobalt, suivant M, Proust , se dissout
avec chaleur dans 1 acide nitrique, sans donner de gaz
nitreux ; chauffé avec le contact de l’air , il passe sur-le-
:hamp au noir.' On découvre facilement lin oxide, dont
quelques parties se sont élevées au maximum , par l’ap-
nlication d’un acide foible qui ne dissout que l’oxide
îu minimum. L’ammoniaque opère la même séparation,
comme J’a vu M. Thénard.
L’acide muriatique ne dissout qu’une très-petite portion
Ue cobalt , même à l’aide du calorique.
Pour préparer le muriate de cobalt , on dissout l’oxide
gris dans un acide du i5e degré; la dissolution chaude ou'
iroide est d un bleu foncé ; elle cristallise facilement, les
cristaux sont bleus ; c’est le muriate anhydre , suivant
*M. Proust. Dès qu il absorbe de l’humidité , il devient rouge.
L’acide muriatique de 1 5 degrés donne beaucoup de
gaz avec 1 oxide noir. Cette dissolution est verte tant
quelle retient du gaz; mais, dès qu’elle l’a perdu, elle
.devient bleue. Les traits bleus du muriate de cobalt, des-
Du Cobalt. ’
34°
séchés sur le papier, ne sont autre cl^ose (jue du mariale *
anhydre. Quand ils sont verts , c’est que le sel contient
encore du murrate de nickel qui teint en jaune, et qui
forme alors du vert avec le bleu. .
Poussé à un feu rouge dans une cornue lutée , il ne se
décompose que dans les parties qui touchent le verre: I
alors les produits sont de l’acide muriatique en vapeur, !
mêlé d’acide oxigéué. Le verre se teint en Lieu ; le mu- :
riale non décomposé se sublime , après s’être fondu , eu
fleurs gris de lin -, celles-ci ont éprouvé une sorte de con-
densation qui les rend insolubles dans l’eau pendant au
moins douze heures. A la fin elles donnent une dissolution
de müriate ordinaire.
Lorsque la dissolution n’est point évaporée , elle cons-
titue r<?//c7’<3 de sympathie.
On prépare * aussi cette encre par l'acide nitro-muria- 1
tique: ou bien encore en mettant dans un malins une
partie de cobalt , et mieux du safre , sur quatre d acide
nitrique. On fait digérer le mélange sur un bain de sable
chaud, pendant trois ou quatre heures, ou jusqu'à ce que
la dissolution soit presque faite: alors on ajoute autant de
muriate de soude que l’on a employé de cobalt , et quatre
fois autaut d eau que d’acide nitrique. Ou filtre la liqueur
an travers du papier.
Si l’on trace sur du papier blanc des caractères arec
de cette dissolution, on n’apperçoit aucune écriture; mais
en faisant chauffer légèrement le papier, les caractères
paraissent d’une belle couleur vert-céladon ; celle cou-
leur disparaît à mesure que le papier se refroidit : on la
fait reparaître et disparaître de nouveau. On fait ainsi
des écrans sur lesquels ou dessine avec de l cncre ordi-
Du Cobalt., 34*
maire, des arbres dont les branches sont nues-, puis on se
-sert de l’encre de cobalt pour ajouter le feuillage , qui
Jdisparoît par le dessèchement. Mais si 1 ou expdse l’écran
«au feu , le feuillage’ paroît sous une belle couleur verdâtre.
Le refroidissement suffit pour le faire disparoître , et
Ion peut répéter cette expérience un grand nombre de
lois , en évitant de trop chauffer le papier , car alors la cou-
leur des caractères reste fixe.
Le gaz acide muriatique oxigéné présente un phéuo-
Jiiene particulier. Si l’on jette du cobalt en poudre dans
ce gaz , le cobalt s’enflamme , et brûle avec des étincelles
Jdanches; on obtient un oxide rose pâle, que l’on n’a pas
encore examiné.
L’acide phosphorique se combine avec l’oxide de cobalt,
et forme le phosphate de cobalt. A cet effet on grille for-
tement la mine de cobalt, traitant l’oxide par l’acide ni-
trique qui le dissout eu partie et en sépare le fer eu oxide
rouge ; on évapore jusqu’*à consistance sirupeuse pour
chasser l’excès d’acide nitrique. On l’étend d’eau et on y
«verse une solution de phosphate de soitde -, il s’y forme
.un précipité blemviolet qui , en se dissolvant , devient rose.
four faire passer ce phosphate à une belle couleur
Lieue, dont la découverte est due à M. Thénard , ou
;procède de la mauière suivante :
On mêle trois parties d’alumine précipitée de l’alun par
1 ammoniaque , avec une partie de phosphate de cobalt ,
1 un et 1 autre à l’état de gelée ; ou fait dessécher et cal-
ciner dans un creuset pendant une demi - heure. On
trouve une matière d un beau bleu qui peut être com-
iparée a 1 outremer , et pouvant comme lui être employée
•à l'huile.
342 Vu Cobalt.
Il est essentiel que le cobalt- ne contienne pas de fer.
Au lieu de 'phosphate de cobalt , on se sert avec un égal
succès de V arseniate de cobalt.
Le cobalt s unit aussi à l’acide boracique \ à cet effet ,
on mele une solution de borate de soude ayec une so-
lution de cobalt dans un des sels solubles , il s’opère
une double décomposition. La soude s’unit avec l’acide qui •
tenoit l’oxide métallique en dissolution , et l’acide bora-
cique , combine avec cet oxide , forme un sel peu soluble 1
qui se précipite. On recueille ce borate de cobalt ? en
séparant par le filtre la liqueur qui le surnage,”
On peut aussi former un carbonate de cobalt , en.
précipitant les sels cobaltiques avec des carbonates alcalins.
Les combinaisons des acides métalliques avec le cobalt,
il n’y a encore de connue que celle de l’acide arsenique
avec le cobalt.
Pour obtenir I arseniate de cobalt , on emploie la mine
de cobalt de Tunaberg, composée d’arsenic, de soufre ,
de fer et de cobalt. On la dissout dans l’acide nitrique
et quand 1 arsenic est passé à l’état d acide arsenique , on
chasse 1 excès d acide nitrique par la chaleur ; on étend
d’eau*, eu y versant peu-à-peu de la potasse ; il se forme i
d’abord un précipité blanc d 'arseniate de fer. Celui-ci étant
totalement séparé , on y porte encore de la potasse ret ou
obtient un beau précipité rose , qui est l’arseniate de cobalt. !
M. Proust prépare cet arseniate en versant une solu- |
tion de nitrate de cobalt tres-etendue dans une solution
d arseniate de potasse , on obtient un précipité rose.
Chaulfé dans un tube, il ne se sublime pas, il devient
violet , sans teindre le verre. L’acide nitrique le dissout
sans gaz. nitreux. Sa dissolution muriatique n’est troublée
' Du Cobalt. 343
par l’hydrogène sulfuré que plus de deux heures après le
a mélange.
La potasse pure met de l’oxide bleu à nu , et le com-
|] bine à l’acide.
Ce sel est d’un belle couleur rose.
Le nitrate de potasse oxide le cobalt. Pour opérer cette
oxidation,.on mêle une partie de cobalt et trois parties de
nitrate de potasse -, on fait détonner ce mélange par cuil-
lerées dans un creuset qu*on a bien fait rougir auparavant.
Lorsque tout le mélange est entré dans le creuset, on le
pousse au grand feu-, on ofe le creuset du leu, on enlève
la matière qu’il contient, ou la lave dans beaucoup d’eau
bouillante, on filtre la liqueur v: la poudre qui reste sur le
filtre est l’oxide de cobalt de couleur de chair, et qui, par
un lavage réitéré, passe au gris de lin.
Le cobalt détonne par le choc du marteau lorsqu’il est
mêlé avec le tiers de son poids du muriate sur-oxigéné
dépotasse. Si l’on met ce mélange en contact avec l’acide
sulfurique, il s’enflamme avec une grande rapidité. Dans
cette dernière expérience , il s’élève une fumée qui prend
dans l’air la forme d’une couronne, comme le tait le gaz
hydrogène phosphoré, enflammé spontanément dans l’at-
mosphère tranquille.
On n’emploie guère dans les arts que l’oxide de cobalt.
On s’en sert pour peindre la faïence, les porcelaines. Les
anciens peintres broyoienL à l liuile cet oxide à l’état vitreux ;
mais cette couleur se fonce en vieillissant, par le contact de
l’air. On en colore aussi les verres et les émaux. L’azur s’em-
ploie en teinture, pour les toiles, pour faire l’empois, etc.
344 Du MàJisanhsc.-
CHAPITRE XII.
Du Manganèse eide son Oxide,
§• I".
Du Manganèse.
■ , . ... h .J ' •
Le manganèse est un métal qui a été longtems méconnu f
quoiqu’on en fit beaucoup d’usage dans les arts. Il est
reconnu que, depuis plus de deux mille ans , il étoit em-
ployé a 1 état d oxide dans les verreries.
Ce minéral a la propriété de blanchir le verre; aussi
1 ajapelle-t-on le savon des verriers.
les chimistes ne se sont rendu compte de cette subs-
tance que depuis Sch'eelc , qui a fait voir que cetoit un
nietal particulier de son genre.
On dit avoir trouvé du manganèse natif; jusqu’ici il n'y
a que M. Picot-Lapeyrou&e , qui ait cité du mangauèse
natif : il l’a trou vé dans les mines de fer de la vallée de
Vicdesos, an ci-devant comté de ïoix. Cette substance
étoit sous forme déboutons, un peu appbtis, malléables,
ayant le tissu lamelleux.
Le manganèse se trouve plutôt à l’état d’oxide , présen-
tant plusieurs variétés.
M. Haüy eu fait une espèce unique. Le manganèse-
oxidé.
i
Du Mûn gancsê. 3,^5
En (Ttr, on trouvé cet Oxide noir, rouge, blanc, compacte,
friable , en cristaux tétraèdres très-alongés comme des
aiguilles implantées , particulièrement dans le spath pesant;
il y en a de globuleux, stalactieux et pulvérulens, sem-
I
blables à une poussière noire , tachant les doigts. Le blanc
• est le plus foiblément ôxidé; on le trouve dans les mines de
fer , non mélangé avec lé fer.
L’oxide noir de manganèsese trouve souvent dans les
hématites.
Il y a eifcore le carbonate de manganèse qui contient
beaucoup de fer, de l'acide carbonique et de la chaux, etc.
Schèele a prouvé que la cendre des végétaux contenoit
du manganèse. On l’y trouve, en traitant les cendres
avec le nitrate de potasse ; et poussant le mélange à la
fusion, on obtient un verre coloré, soit eu .bleu, soit en
vert.
D’après un travail de MM. Cordier et Bauniet , ingé-
nieurs des mines, sur les diverses espèces de mine de man-
ganèse, les espèces analysées peuvent, par rapport à la
quantité d’oxide de manganèse d’un jaune brun clair qu’el]es
contiennent, être classées ainsi qu’il suit; en commençant
par celle qui en contient le plus.
x°. Manganèse de l’Aveline; 2°. Manganèse de Roma-
nèche; 3°. de Périgueux; 4°- de Tholey; 5°. de Piémont;
6°. d’Allemagne; et r]°. de Saint-Micaud.
On voit que dans les manganèses de Saint-Micaud et de
Romaneche , d Allemagne, de Piémont et de Tholey, la
qyntilé d’oxigène , séparable par l’acide muriatique,
égale ! environ, tAudis qu’elle n’est que ,3g environ dans,
ceux de Périgueux et de l’Aveline. - >
346
Du Manganèse.
Les manganèses de Romanèche, de l’Aveline et d’Alle-
magne ne contiennent point d’oxide de fer ; ceux de Tholey
et de Piémont en contiennent une quantité si peu considé- „
îable, quelle n est point nuisible dans les procédés des
arts, enfin , dans ceux de Périgueux et de Saint-Micaud -,
cet oxide forme jusqu au septième de la masse pour le .
piemier, et jusqu au sixième pour le second.
D’où les auteurs concluent:
i°. Que les manganèses de Tholey et de Romanèche
peuvent etre employés avec autant d’avantage que ceux
d Allemagne et de Piémont , dans tous les procédés ,
puisqu ils sont comme eux exempts d’oxide de fei», et qu’ils
xenferment les mêmes proportions d’oxigène;
2°. Que celui de Saint-Micaud peut rivaliser avec ceux
de la Romanèche , de dholey , de Piémont et d’Allemagne,
seulement pour la confection de 1 acide muriatique oxigéné;
3°. Que le manganèse de 1 Aveline peut être substitué
a ceux de Tlioley , d Allemagne et de Piémont, seulement
dans la fabrication du verre commun et des émaux colorés;
4°- Que celui de Perigueux est le sepl qui ne puisse
entier en comparaison, non-seulement avec ceux d’Alle-
magne et de Piémont, mais même avec ceux de France.
Ordre de préférence pour Ordre de préférence pour
u Ai confection de l'acide l'emploi dans les verre -
muriatique oxigéné. ' ries.
r 1
i°. Mang. de Piémont.
4°. de Romanèche. 2°. de Tlioley.
2°. de Tlioley.
3°. d’Allemagne.
Du Manganèse. 34 7
3°. fie Piémont.
4°. de Saint-Micaud.
5°. de Pérjgueux.
, • »
Le manganèse se rencontre combiné avec le soufre dans
un fossile gris noirâtre d’un éclat métallique. Onia trouvé en
Trausilvanie et au Mexique; on a aussi trouvé il y aquelques
années près de Limoges, un minérai d’un brun foncé, que
M. Kauquelin a reconnu pour un phosphate de manganèse.
Pour avoir le métal parfaitement pur et exempt de fer,
on fait dissoudre Poxide noir de manganèse, dans l’acide
muriatique; si l’oxide contenoit de la chaux, il fauchant la
séparer par l’acide oxalique. On verse ensuite dans la
liqueur un succinate alcalin qui précipite le fer à 1 état de
succinate, on décompose ensuite le muriate de manganèse
par la potasse. Le précipité bien lavé et séché, on brasque
un creuset; on met dans le trou de la brasqu» une boule
de cet oxide de manganèse, pétri avec de l’huile ou de
l’eau gommée, et on recouvre le tout d’une couche de char-
bon; on adapte un autre creuset par-dessus , et on donne
un coup de feu violent pendant une heure ou une heure et
demie.
Le culot qui en résulte offre presque toujours des aspé-
rités à sa surface.
Sa réduction est très-difficile; ce métal est très-réfrac-
taire, et demande un très-grand degré de feu.
Gahn est un des px'emiers qui soient parvenus à réduire
1 oxide de manganèse.
Le manganèse métal est blanchâtre; d’une pesanteur
spécifique de 6,85, sa cassure est grenue, irrégulière, d un
blanc métallique, brillant, qui disparoît bientôt à lair?
5°. — de Saint-Micaud.
de l’Aveline,
de Périgueux.
6
^ De l Oxulc tle Mang,a u esc.
aussi doit-on le conserver dans l'huile. Si on le réduit en
poussière , il s’oxide facilement à l’air.
Au feu, avec le contact de l’air, ce métal se calcine
comme les autres substances métalliques, et se réduit en
un oxide d’abord blanchâtre, qui devient noir de plus
en plus a mesure que la calcination augmente, et qui
passe ensuite au vert -, il ne fond qu’au degré de feu le
plus fort.
L’acide sulfurique dissout ce métal, avec dégagement
de gaz acide sulfureux ou de gaz hydrogène , selon
ietat déconcentration de l’acide.
L’acide nitrique le dissout; il se dégage du gaz
nitreux.
L acide* muriatique dissout aussi ce métal; il y a effer-
vescence et dégagement de gaz hydrogène.
H s’alliera, vec le fer , et se trouve dans les aciers
d’Allemagne. Tout ce que l’on sait sur ce métal, est,
comme ou le voit, très-incertain ; on ne le connoît pas
bien encore dans son .état de pureté.
$. II.
> ‘ ‘ > l . ’ .
De l’ Oxide de Mamiarièsc.
» . °
Les propriétés de l’oxide de manganèse natif nous sont
mieux connues. Le beau travail de Schèelc sur cct oxide
ainsi que les expériences de Bcrgmann, Gahn , Rimnann ’
v d Engestroem, llsemaim. , Lapeyrouset et Fourcroy , ont
joie un grand jour sur les phénomènes que présente celle
substance métallique.
De l'Oxide de Manganèse. 349
L’oxide de manganèse bien pur est pulvérulent , doux
nu toucher , et salit les doigts.
Fondu au chalumeau avec le sel fusible , ( phosphate de
soude et d’ammoniaque), on obtient un verre trans-
parent d’un rouge bleuâtre. & on le laisse refroidir , et
qu’ou le refonde , mais lentement, la couleur disparoîtra;
si on , le refond de nouveau avec la flamme extérieure
du chalumeau , la couleur reparoîtra et disparoîtra de
nouveau, etc. Forer Opuscules chimiques de Bergmann ,
tome II, §. VII. .
Ü11 chauffant seul cet oxide natif dans un appareil
pneumato-chimique , on obtient du gaz oiigéne très-pur.
Après l’opération , on trouve dans la cornue une ma-
tière grise ; si on l’expose à l’air , elle absorbe de l’o-
xigène , et passe' [à la longue au noir naturel de l’oxide.
bi Ton distille de l’oxide de manganèse avec du char-
bon , on a pour produit du gaz acide carbonique’, et
loxide se réduit à une haute température.
Le soufre peut s’unir, d’après Gmelin , à l’oxide de
manganèse. On obtient cette combinaison en mettant dans
une cornue de verre un mélange de huit parties d’oxide
et quatre de soufre; on chauffe par degrés; on obtient
une niasse jaune verdâtre, donnant du gaz hydrogène
sulfuré par les acides.
Pelletier a fait voir qu’on pouvoit unir le manganèse
au phosphore. Si l’on chauffe parties égales de verre phos-
phorique et de manganèse avec un h uitième du premier
de charbon , le produit est un phosphure d’une couleur
blanche, brillante et métallique, d’uno texture grenue ,
très-disposé à la cristallisation , fragile, et qui peut so con-
server à l’air sans s’effleurir.
^ De l Oxide, de Manganèse.
Ou peut obtenir la même combinaison, en jetant dix
pbosphoie sur du manganèse rougi djins un creuset.
On ne connoit pas 1 action des autres corps combus- <
tibles.
Si 1 on verse de l’acide suifurique concentré sur de l’oxide j
de manganèse, et qu on aide son action par un feu très— J
doux, il se dégage du gaz oxigène. Voyez l’article gaz ,
oxigène, pour la manière d’opérer.
Si l’on met une plus grande quantité d’acide, l’oxide se
dissout, mais difficilement. La solution est colorée, et perd
sa couleur par l’addition d’une matière combustible , conrtne
le sucie, le miel-, 1 addition dune de ces substances i'end
en même terris l’oxide plus soluble.
On met ioo parties d’oxide noir de manganèse avec 6o
parties d’acide sulfurique dans une fiole à médecine, ou
dans un matras; on y adapte un tube recourbé qui va s’en-
gager sous une cloçjie pleine d’eau; on chauffé, l’excès
d oxigtne se dégagé et 1 oxide de manganèse moins oxidé
se porte sur l’acide sulfurique, et forme un sulfate de
manganèse qui varie de couleur depuis le blanc jusqu’au
violet en passant par le jaune et le rose. Si lorsque la tempé-
rature est élevée, on ajoute un peu de sucre, il se fait sur-le-
champ une vive effervescence, à cause de l’acide carbonique
formé aux dépens du carbone du sucre qui se combine
avec l’excès d’oxigène de l’oxidc de manganèse, et le sulfate
est plus promptement fait; on filtre, on fait évaporer en
consistance sirupeuse, et on obtient des cristaux prisma-
tiques applatis à 6 pans d’une couleur rose.
Ce sulfate parfaitement neutre, est décomposé par le feu,
et donne du gaz oxigène. Il a une saveur styptiqne, astrin-
gente-, il est efllorcscent à l’air cl très-soluble daus l’eau.
De l'Oxide de Manganèse. 35 1
Les alcalis eu séparent un oxide de manganèse, sous
forme d’une matière gélatineuse blanchâtre, qui devient
brun par son exposition à l’air.
L’oxide de manganèse est peu attaqué par l’acide nitri-
que, parce que cet acide trouve le manganèse déjà oxidé;
mais en y ajoutant un corps combustible tel que le miel,
le sucre, etc. on obtient une solution complète. L’oxide
privé d’une portion de son oxigène par ces corps, se dissout
dans cet acide.
Pour obtenir le nitrate de manganèse, on fait chauffer
dans une capsule un mélange de 4° parties d’acide ni-
trique, de 24 degrés, de 3o d’oxide de manganèse et de
10 parties de sucre pour désoxider assez l’oxide noir
de manganèse , afin de faciliter la combinaison avec l’acide
nitrique; il se forme de l'eau et de l’acide carbonique qui
se dégage; l’oxide de manganèse moins oxidé se porte-sur
l’acide nitrique qui le dissout; on filtre, on fait évaporer
jusqu’à très-forte pellicifle, et l’on obtient par refroidisse-
ment des cristaux déliquescens; sa couleur n’est pas cons-
tante , elle dépend du degré cl’oxidation du manganèse',
elle est tantôt blanche, tantôt jaune-rougeâtre ou violette.
Ce sel est décomposé par les bases salifiables solubles , et le
précipité varie dans sa couleur comme le sel lui-même;
mais il est à remarquer que le précipité, de quelque
couleur qu’il soit, exposé à l’air, passe assez promptement
au noir, et donne avec l’acide muriatique ordinaire l’acide
muriatique oxigéné.
Aucune des bases ne dissout ce précipité. -Si , au lieu
de bases , on ajoute un carbonate saturé, le précipité
est blanc et constant dans sa couleur; le précipité noir
obtenu avec les bases , n’est pas décomposé par l hy-
35ï De l'Qxide de Manganèse.
drogène sulfuré -, on obtient un précipité par les hydro-
sulfures.
L’acide muriatique dissout l’oxlde de manganèse; et
lorsqu’on le fait digérer, il se. saisit de l oxigène , passe
en vapeurs à travers l’eau : c’est ce qu’on appelle acide
muriatique oxigênè. Voyez cet article.
Le muriate de manganèse cristallise en lames rhom-
boïdales. 11 est très-soluble dans l’eau et dans l’alcool ;
il est déliquescent et décomposé parles acides sulfurique,
nitrique , et par les alcalis.
L’acide fiuorique forme, avec l’oxide de manganèse,
un sel peu soluble; mais en décomposant le sulfate, le
nitrate ou le muriate de manganèse , par le ûuated am-
moniaque , il se précipite am fluate de manganèse.
* Les acides pbospliorique , boracique et carbonique n’ont
pas une action très-sensible sur l’oxide de manganèse-,
on prépare ces combinaisons qui sont toutes insolubles dans
l’eau , en versant une solution kd’un phosphate , borate
ou carbonate alcalin dans une solution de sulfate de
manganèse ; le précipité , bien lavé et séché , représente
le sel qu’on se propose de faire.
Dans tous les sels à base de manganèse, le métal est
au minimum d’oxidation , à l’état d’oxide blanc , qu’on
• peut précipiter par une base , d’où résulte qu’il existe
deux degrés d’oxidation au minimum , le gris et le blanc,
et au maximum , le noir.
L’oxide de manganèse se combine et se vitrifie avec les
substances terreuses. Il s’unit aussi très-bien avec les
alcalis.
La combinaison de l’oxide de manganèse avec la po-
tasse, par la Yoic sèche, a été appelée caméléon -minéral.
De l'Oxide de Manganèse. 353
Pour obtenir cette combinaison , on . réduit deux parties
d’oxide de manganèse en poudre , on le mêle avec dix
parties de potasse caustique ; on introduit le mélange
dans un creuset ; on chauffe fortement pendant trois à
quatre heures environ. Le produit est une espèce de fritte
vitreuse ? soluhle dans l’eau , qui a une saveur uu peu
' caustique. En dissolvant cette matière dans l’eau froide
I l’eau devient verte ; en la laissant à l’air , elle devient
i blanche -, l’oxide de manganèse en absorbant ce nouvel
oxigène , passe au noir et se précipite.
Si on la dissout dans l’eau chaude , elle devient rouge
et passe au vert en refroidissant; si on jette un acide
dans une de ces dissolutions, elle passe au rouge sur-le-
champ.
La même matière avec la même eau , à différentes tem-
i pératures , prend diverses couleurs. Cela tient à une
* oxidation diffeiente ; car , au bout de vingt — quatre ou
trente - six heures , toutes les liqueurs deviennent in-
colores comme l’eau , et on trouve le manganèse égale-
ment précipité dans les vases.
Si on arrose d’ammoniaque l’oxide de manganèse , il
se produit une légère effervescence à la température de
10 à 12 degrés, et l’oxide passe lentement à la couleur
grise ou blanche. L’effervescence est due au gaz azote ;
■on peut en augmenter et accélérer la production en
élevant la température. M. Berthollet a fait voir que
dans celte combinaison il se dégageoit du gaz azote , et
que 1 hydrogène de 1 ammoniaque se portoit sur l’oxigène
qu’il enlevoit au manganèse ; celui-ci est alors réduit et
devient blanc.
L ammoniaque quon fait passer à travers l’oxide rouge
a3
a.
354 De V Oxide de Manganèse.
de manganèse , forme de l’acide nitrique. J oy ez cet
article.
L’oxide de manganèse mêlé avec le nitrate de potasse ,
et projette dans un creuset rouge , offre le même phé-
nomène. Le nitrate est décomposé par le calorique , et
l’oxide forme avec la potasse une masse soluble d un
vert foncé , qui présente les mêmes propriétés que l opé-
ration ci-dessus.
Le borax fondu avec l’oxide de manganèse, prend une
couleur brune ou violette.
Si l’on distille du muriate d’ammoniaque avec loxide
de manganèse, on obtient un peu d’ammoniaque; mais il ,
y en a une partie de décomposée, d’où résulte de 1 eau
provenant de l’union de l’hydrogène, l’un des principes
de cet alcali , avec l’oxigène de l’oxide , taudis que 1 azote
se dégage à l’état du gaz. On obtient aussi dans cette
opération un peu d acide nitrique.
Si l’on ajoute aux substances qui composent le verre, de
l’oxide de manganèse , on parvient à le blanchir.
Le nitrate de potasse ajouté , rend ce verre violet , et
d’autant plus foncé, que l’oxidation de ce métal par l acide
nitrique est plus complette.
L’oxide de manganèse n’a été pendant longtems employé;
que dans la fabrication du verre et des émaux.
Dans la fabrication de verre blanc, ce métal sert non-
seulement à le décolorer , en fournissant une partie de
son oxigène pour l’oxidation des matières charbonneuses et
métalliques qu’il contient; mais il sert encore à lui donner
de la solidité, en se combinant avec lui par la fusion. Il le
«dore au contraire , s’il est souillé de beaucoup d’oxide de
Du Bismuth. 355
fer, et s’il est employé eu trop g ande proportion; cet effet
arrive sur-tout lorsqu’il est peu oxide.
Dans les émaux, le manganèse est employé, ou pour
détruire les matières charbonneuses, et maintenir dans
un état de saturation convenable les oxides métalliques,
employés comme corps colorans, qui pourvoient perdre
de leur oxigèue au degré de feu qu’ils éprouvent; alors
les oxides de manganèse les plus oxidés sont les meil-
leurs ; ou ce minerai est( employé lui-même comme prin-
cipe colorant , alors il n’est pas nécessaire qu’il contienne
une surabondance d’oxigène. Dans tous les cas , l’oxide
de fer est nuisible à la pureté et à la vivacité des couleurs.
On emploie souvent l’oxide de manganèse, pour la fabri-
cation du verre commun, afin de rendre sa couleur moins
désagréable; dans ce cas il n’est pas aussi nécessaire qu’il
soit exempt d’oxide de fer.
Pour la fabrication de l’acide muriatique oxigéné , la
présence de l’oxide de fer, n’est pas plus nuisible dans
l’oxide de manganèse, qui est d’autant plus propre qu’il
est plus oxigéné que les autres bases salifiables qui s’y
trouvent unies.
CHAPITRE XIII.
Du Bismuth.
Le bismuth se trouve sous divers états dans le sein de
la terre : il y est ou natif, ou combiné avec Je soufre, l’ar-
senic ou l’oxigène.
356 T) u Bismuth.
M. Haïij décrit plusieurs espèces de mine :
I ' ,
Première ; Bismuth natif , deux variétés.
On trouve du bismuth natif dans un jaspe d’un rouge
brun , à Joacbimsthael , en Bohême -, à Schnéeberg , en Saxe',
à Saint-Sauveur , et dans les mines de la ci-devant Bretagne’
Deuxième-, Bismuth sulfuré ; deux variétés.
Cette mine d'ungris de plomb, se trouve à Srfméeberg et
à Jobann-Georgenstadt, en Saxe, et à Bastnaès, en Suede.
Sa gangue est le quartz.
Troisième-, Bismuth oxidè ; deux variétés.
Ce bismuth se rencontre quelquefois à la surlace des
mines de bismuth natif, sous la forme dune poussière d’un
jaune verdâtre.
Pour exploiter le bismuth on fait une fosse en terre, on
la couvre débuchés qu’on place près les unes des autres-,!
on allume le bois, et on jette par-dessus la mine concassée;
le bismuth se fond et coule dans la fosse , oh il se moule en;
pain orbiculaire.
Ou bien on met les morceaux concassés de la gangue du
bismuth natif, dans de grands creusets, que l’on entoure de,
bois allumé. Une chaleur modérée sufGt pour laire fond ri
le métal , et le retirer de sa gangue.
Ou suit encore d’autres procédés, suivant les endroits ;|
quelquefois on incline un tronc de pin creusé en canal J
sur lequel on met un lit de bois -, on jette le bismuth sur
Du Bismuth. 3!>7
cette matière combustible , après l’avoir allumé. Ce métal
se fond , coule dans un canal qui le conduit dans un trou
fait en terre, sur lequel pose l’extrémité du pin. On puise
le bismuth, et on le verse dans des moules de fer, ou dans
des lingotières.
Le bismuth est alors d’une couleur de blanc jaunâtre,
naturellement lamelleux; il est fragile. Son brillant mé-
tallique s’altère à l’air-, il prend une teinte violette : on
voit même à la longue une poussière blanche à sa surface;
c’est du bismuth à l’état d’oxide ; sa pesanteur spécifique
est de 9,822.
Le bismuth est très-fusible; en petits fragmens il entic
en fusion à la flamme d’une bougie.
On emploie ce moyen pour l’obtenir cristallisé. A cet
effet, on l’enferme dans un creuset, on le fait fondie.
Sitôt qu’il est fondu on retire le creuset du feu, on laisse
refroidir la fonte un moment; on verse ensuite comme
si on décantoit : la partie fluide fondue s écoulé, et les pai lit s
figées au pourtour du creuset, présentent le métal cristallise
à la partie inférieure et au fond.
On peut aussi, d’après M. Mangez, employer pour
cette opération un creuset percé et bouche par le fond.
Lorsque le métal est fondu on laisse figer la suiface supé-
rieure du métal, et lorsqu’elle commence à sepreudre,
on débouche le. fond du creuset; la partie fluide s écoule
et tous les parois, et le dessous de la surface supérieur
figée, laissent voir les cristaux qui se sont formés.
Sa cristallisation est le cube qui passe quelquefois à
l’octaèdre.
Si on le fond ayec le contact de l’air , i un feu modère.
358
Du Bismuth.
il se change insensiblement en un oxide d’un gris verdâtre
ou brun, nomndé cendre ou oxide de bismuth.
Lorsqu il éprouve l’action d’un feu très-violent, il est
volail et se sublime dans des vaisseaux clos; il produit
une petite flamme bleue, et laisse exhaler son oxide sous
la forme de fumée jaunâtre qui se condense sur les corps
froids.
Pour faire cette expérience on met du bismuth dans un
creuset, on l’expose à un grand feu, pour bien découvrir
la surface; sitôt que le bismuth répand la flamme bleue,
on retire le creuset dufeu,eton applique dessus un en-
tonnoir de verre, ou tout autre vase, il s’y sublime du bis-
muth à l’état d’oxide. Lorsque le bismuth ne fume plus
on le fait chauffer de nouveau au même degré de feu;
et l’on recommence ainsi jusqu’à ce que le bismuth ne
se volatilise plus : c’est ce qu’on appeloit autrefois fleurs
de bismuth.
L’oxide de bismuth est très-fusible ; il se fond seul par
l’action du feu , et se convertit en un verre jaune et trans-
parent. Ce verre perce les creusets et les vitrifie.
Loxide de bismuth est susceptible d’être réduit. On
prend la quantité qu’on veut d’oxide de bismuth; on en
forme une pâte avec du savon noir : on fait fondre ce
mélange dans un creuset ; l’oxide se réduit et reforme du
bismuth.
Le gaz hydrogène altère la couleur du bismuth, et lui
donne une teinte violette.
Le bismuth s’unit très-bien avec le soufre; si on chauffe
parties égales de ces deux substances dans un creuset , il
en l’esulte une mine de bismuth sulfureuse , artificielle,
noirâtre et poreuse, qui , refondue, devient , par le refroi-
Du Bismuth. 35g
dissement, grise , brillante , striée, et même susceptible de
cristalliser.
Le bismuth., d’après Pelletier , a très-peu d affinité avec
le phosphore. Parmi les expériences qu’il a faites pour phos-
phorer du bismuth, voici celle qui a le mieux réussi.
Ou fait foudre dans un creuset un peu de bismuth;
lorsqu’il est fondu, on y projette, par parties, de petits
morceaux de phosphore : on retire ensuite le creuset du feu,
et I on trouve le bismuth très-adhérent au creuset.
Sa cassure est celle du bismuth. Au chalumeau, il donne
une très-petite flamme verte , au moment où il entre en
fusion. Exposé quelque terns à l’air, il prend une couleur
irisée. Si on le lime , et si on jette la limaille sur un charbon
bien allumé, l’on voit qu’il se dégage de petites flammes
verdâtres, qui ont l’odeur de phosphore.
On ne connoît pas l’action du bismuth sur l’arsenic, le
cobalt, quoiqu’on le trouve allié avec ces deux métaux dans
les mines de Saxe , exploitées à Schnéeberg.
L’eau paroît n’avoir aucune action sur le bismuth.
L’acide sulfurique concentré agit sur lui , à 1 aide du calo-
rique, il en dissout une portion avec laquelle il forme un
sulfate de bismuth , et il se dégage du gaz acide sulfureux.
Ce sel est en poudre blanche , lorsqu’il est neutre il est
peu soluble dans l’eau; mais il le devient davantage dans
un excès d’acide. M. Fourcroj annonce qu’il peut être
décomposé par le feu, par les substances salines tei reuses,
par les alcalis, et même par l’eau en grande quantité.
L’acide nitrique dissout le bismuth avec une rapidité
singulière. Le mélange s’échauffe beaucoup, et 1 acide se
décompose en partie.
Ou met dans un matras, ou dans une fiole u médecine }
•' "ÎÇa
36° Du Bismuth.
une partie et demie d’acide nitrique foible; on ajoute, à
diverses reprises, une partie de bismuth cassé par petits
morceaux, il se forme de l oxide de bismuth qui se dissout
dans l’acide nitrique.
Lorsque la solution est faite, il se précipite ordinairement
une poudre noire en flocons légers, qui est un sulfure de
bismuth.
Quand on veut filtrer la solution de bismuth, il faut y
ajouter de l’eau acidulée, à cause de la propriété du bismuth,
d être précipité en blanc par l’eau : on fait ensuite évaporer
et cristalliser j elle fournit un sel blanc très-brillant.
M. Fourcroj a obtenu par une évaporation lente, des
rhombes applalis , fort gros.
Ce sel détonné foiblement, et par scintillations rougeâtres;
il se fond et il se boursoufle , et laisse un oxide d’un
jaune verdâtre, qui ne se réduit pas sans addition. Il a une
saveur très -caustique, il est déliquescent.
Exposé â l’air, ce sel perd sa transparence.
Ce sel est décomposé par les alcalis et par la chaux , par
l’acide sulfurique; il est précipité en gris par les prussiates,
en noir par l’hydrogène sulfuré, et en blanc par l'acide
gallique.
Quand on précipite par l’hydrogène sulfuré , il y a une
portion de bismuth revivifié, qui forme une pellicule grise,
brillante à la surface.
Si on fait dissoudre de ce sel dans de l'eau , il la rend
blanche, laiteuse, et y forme un précipité d’oxide de
bismuth.
Si on verse de 1 eau dans une dissolution nitrique de
bismuth, on a un effet semblable : c’est ce qu’on a appelé
magistère de bismuth.
Du Bismuth.
36i
Pour l’obtenir Irès-blanc et très-léger , on fait , comme
nous l’avons dit ci-dessus , une dissolution de bismuth par
l’acide nitrique ; on l’étend dans deux fois son poids d’eau
acidulée , on laisse bien déposer , on décante pour séparer
le dépôt noir qui s’est formé : ou verse cette dissolution
dans une très-grande quantité d’eau très-pure : il se fait
aussitôt un précipité blanc. Lorsqu’il est bien formé , ou
filtre la liqueur ; on passe de l’eau, à plusieurs reprises ,
sur le dépôt resté sur le filtre , afin d enlever tout 1 acide ,
et on le fait sécher : c’est ce que l’on nomme magistère
de bismuth ; blanc de Jard , et blanc de perle.
Le bismuth se précipite à l’état d’oxide blanc ; mais il
retient toujours une petite quantité d acide nitrique,
dont on peut le priver par la potasse. C’est cette portion
d’acide nitrique qui est la cause de son action sur la
peau.
Les femmes s’en servent pour blanchir la peau -, mais
il a l’inconvénient de noircir lorsqu’il est en contact avec
des matières fétides, odorantes , etc. Si l’on verse dans une
solution de nitrate de bismuth, précipitée par 1 eau du
sulfure de potasse , ou de l'hydro-sulfure ; du blanc ,
l’oxide passe au noir foncé.
Le magistère de bismuth , pour être beau , doit être
parfaitement blanc , et très-peu volumineux.
L’acide muriatique dissout difficilement le bismuth -, il
faut qu’il soit concentré et en digestion longtems sur ce
métal : mais il dissout plus facilement son oxide.
Suivant M .'Fourcroy , cette dissolution réussit encore
mieux, en distillant une grande quantité d’acide muriatique
sur le métal -, il s’exhale une odeur fétide de gaz hydro-
gène sulfuré de ce mélange : on laye le résidu avec de
362
Du Bismuth.
l’eau , qui se charge de la portion d’oxide métallique
unie à l’acide.
Le sel que l’on obtient de ces dissolutions, cristallise
difficilement.
Il se subMme , et forme une sorte de sel mou , fusible,
nommé improprement beurre de bismuth , qui attire
fortement l’humidité de l’air.
L’eau le décompese , et en précipite un oxide blanc.
Le bismuth décompose le muriate sur-oxigéné de
mercure.
Poli , Histoire de l’Académie, année 1713, pag. 4o :
dit avoir distillé un mélange d’une partie de bismuth ,
et de deux de ce sel : il a obtenu une substance fluide
épaisse , qui se congèle en une masse graisseuse , qui
se fond au feu , qui se précipite par un grand lavage ;
c’est du muriate de bismuth. Il distilla ensuite ce sel
plusieurs fois de suite ; il resta chaque fois dans la
cornue une poudre très-fine , de couleur de perle orien-
tale , douce au toucher et gluante. L’auteur croit que
cette poudre peut être employée dans la peinture , et
par les émail leurs , pour imiter les perles fines.
L’acide nitro -muriatique dissout aussi le bismuth \ la
dissolution est d’abord un peu verdâtre , elle blanchit
.
ensuite.
L’acide muriatique oxigéné oxide très - promptement
le bismuth.
Si l’on jette du bismuth en poudre dans du gaz acide
muriatique oxigéné, il s'enflamme et donne des étincelles
blanches , et le bismuth passe à l’état d'oxide blanc.
On ne connoît pas encore les propriétés des phosphate,
fluale , borate et carbonate de bismuth.
Du Bismuth.
363
On ignore l’action des substances terreuses et des
alcalis sur le bismuth -, on sait seulement qu’il s’unit par
la fusion vitreuse avec la silice , qu’il colore en jaune
verdâtre.
Le bismuth ne détonne pas avec le nitre ; cependant ce
sel le convertit en oxide.
Le bismuth , en poudre , mêlé avec le muriate sur-
oxigéné de potasse , détonne par le choc.
Le muriate d’ammoniaque est décomposé par l’oxide
de bismuth , mais non par le métal; on obtient ce qu’on
appeloit autrefois fleurs de sel ammoniac bismuthiques ,
et il se dégage une grande quantité de gaz ammoniac.
On mêle ensemble une partie d’oxide de bismuth , et
deux parties de muriate d’ammoniaque ; on met ce
mélange dans une cornue de verre , et on procède à la
distillation à l’appareil pneumato-chimique : il passe de
l’ammoniaque , il s’élève et s’attache dans le col de la
cornue , un peu d’oxide de bismuth mêlé avec du mu-
riate d’ammoniaque non décomposé. Le résidu contient
la combinaison de l’oxide métallique avec l’acide mu-
riatique.
Ou peut séparer l’oxide de bismuth du muriate d’am-
moniaque , par la seule solution dans 1 eau.
On peut se servir du bismuth pour faire une encre de
sympathie.
Toutes les dissolutions de bismuth peuvent servir, mais
on prend de préférence un acide qui n’attaque pas le pa-
pier, tel que l’acide acétique faible. On écrit des caractères
sur le papier avec l’acétate de Insmutli formé , qui ne pa-
roissent pas : pour les rcudre visibles , on prend du sulfure
364 T)e V Antimoine.
alcalin. , on prend même de préférence le sulfure d'am-
moniaque. En le mettant en contact avec le papier , la
vapeur désoxigène le bismuth et le noircit, il se forme un
sulfure de bismuth : cette expérience se fait en mettant
un peu de sulfure d’ammoniaque dans un verre , qu’on
recouvre d’un papier , sur lequel on a écrit -, le sulfure se
volatilise , et se porte sur la dissolution de bismuth.
Le bismuth à l’état de métal , est employé dans les arts.
On l’allie à l’étain pour lui donner plus de solidité , sans
lui enlever sa blancheur. Il donne en général aux mé-
taux mous , de la dureté , de la roideur , ou de la con-
sistance.
Son oxide est utile dans la préparation de quelques ;
émaux , des verres colorés -, pour la dorure sur porce-
laine , il est ajouté à l’or dans la proportion du quin-
zième , etc.
CHAPITRE XI Y.
1 Antimoine et Sulfure d .Antimoine*
§• Ier-
De V Antimoine.
Lis latins ont appelé ce métal, stibium. Le mot anti-
moine est venu de ce que la première épreuve qu’on fit;
avec ce métal, fut faite sur des moines, auxquels , dit-on J
De V Antimoine. 365
on le donna comme purgatif. Il n’y a pas de métal qui
ait plus fourni matière à l’alchimie; l’on a écrit une
quantité de volumes sur cette substance. Les alchimistes
lui ont donné différens noms , racine des métaux, plomb
sucré, etc.
On distingue quatre espèces de mine d antimoine et
quelques variétés.
i°. Antimoine natif; 2°. antimoine sulfure; 3°. anti-
moine oxide ; 4°* antimoine hydro - sulfuré. ( llaüy ,
Traité de minér. )
L’antimoine natif a été découvert par Swab , à Salil-
berg , en Suède ; à Andreasberg , au Hartz , et depuis
M. Schreiber, inspecteur des mines , en a trouvé à
Allemont , près de Grenoble. Celui-ci fut pris pendant
quelque tems pour de la pyrite arsenicale.
L’antimoine sulfuré , sous la forme d’aiguilles noires ,
d’un brillant métallique , est commun dans différens
endroits de la Hongrie , comme à Cremnitzet à Schemnitz.
On connoît l’antimoine sulfuré argentifère , dite mine
d’argent grise antimoniale. ( De Lisle , t. 3. )
On a trouvé cette mine au Hartz a Himmelsfurst , pies
de Freyberg , où ses cristaux sont accompagnés de fer
carbonaté en petits rhomboïdes primitifs.
L’antimoine oxidé , antimoine muriate de Rirwan, d un
blanc natif, a été trouve par Montez le jeune, aux
Chaînages , montagne de la mine d’ Allemont , departe-
ment de 1 Isère.
On a trouvé la variété laminaire , a Przibram en
Bohême , et à Braunsdorff , en Saxe, sur du plomb sul-
furé , et la variété ôcicula ire , à Malazka , en Hongrie.
366
De V Antimoine'.
Ou trouve l’antimoine hydro - sulfuré , d’un rouge
sombre, a Braunsdorff, en Saxe •, à Felsobanya , en
Hongrie -, à Kapnick, en Transi Lvanie , etc.
L antimoine sulfuré étant la seule espèce qui se trouve
en masse ou en filon , de quelque étendue , sert à l’ex-
ploitation. Les mines les plus remarquables de ce sul-
fure sont : celles de Cremnitz de Filsobang,en Bohème ,
en Saxe , en Angleterre , en Suède , en Espagne -, en
France, celles des environs d’Uzès , département du
Gard ; celle de Massiac et de Lubillac , département
du Puy-de-Dôme ; celle du Vivarais •, enfin celles de
Glandon et de Biar , près Saint - Yriez , département
de la Haute-Vienne.
Pour extraire 1 antimoine de sa gangue , on bocarde la
mine, et on la met en morceaux dans des pots percés à
leur partie inférieure. Ces pots sont placés sur dautres
qui sont enfonces dans la terre •, on chauffe les premiers ,
le sulfure se fond et coule dans le creuset inférieur. Les
scories restent dans le pot supérieur.
Cette substance est d’un gris noirâtre , en lames on
eu aiguilles plus ou moins grosses , friables.
Pour obtenir l oxide d’antimoine du sulfure natif, ou
réduit le sulfure en morceaux , on l’expose au feu qui
volatilise une partie du soufre , il faut employer une très-
douce chaleur pour l’amener à l’oxide gris d’antimoine.
On prend huit parties de cet oxide gris sulfuré d’an-
timoiue , et quatre de tartre. On projette ce mélange dans
un creuset rougi dans un fourneau de réverbère.
On a pour résultat, suivant les différentes affinités des
substances que Ion emploie, de l’acide carbonique, qui se
dégagé , un peu de carbonate de potasse , du sulfure de
De V Antimoine. 36-J
potassé , tenant un peu d’antimoine ; enfin , du sulfate
de potasse. Ces trois produits restent dans le creuset ,l de
même que l’antimoine qui en occupe la partie inférieure.
Pour obtenir l’antirhoine du sulfure, on fait un mé-
lange de 200 parties de sulfure d’antimoine , 100 détartré
brut, et de 170 de nitrate de potasse. On projette le tout
par cuillerées dans un creuset rouge, il se dégage une
grande quantité de gaz •, on bouclie de suite le creuset
et on donne un coup de feu assez fort : voici ce qui
se passe.
L’acide nitrique du nitrate de potasse se décompose ;
une partie de sou oxigène se porte sur une partie du
soufre du sulfure d’antimoine, et forme de 1 acide sul-
furique qui se porte sur la potasse-, une partie de l’acide
tartareux du tartre met alors à nu du charbon qui em-
pêche l’excès d’oxigèae de se porter sur l’antimoine et
de l’oxider-, il se dégage une grande quantité de gaz
nitreux, une partie du soufre se porte sur l’autre partie
de la potasse mise à nu , et forme un sulfure de po-
tasse ; il se forme encore du sulfure d antimoine oxidé,
à cause d’une partie d’oxigène qui se porte sur un peu
de sulfure qui n’a pas été décomposé. Après avoir chauffé
pendant une heure et demie, on trouve au fond du
creuset un culot gris-hlanc pesant, tres-cassant , a facettes,
et cristallisé en feuilles de fuugere. Pour reconnoitre
cette substance , après en avoir pulvérisé une partie , ou
jette dessus de l’acide nitrique concentré, qui se décom-
posé : l’oxigène se porte sur le métal et l’oxide 5 il se
dégage beaucoup de gaz nitreux. Si on jette ensuite sur
cet oxide, de l’acide muriatique, il le dissout, et il se
forme un muriate qui précipite eu blanc par l’eau ; pour
368
Dr V Antimoine.
s’assurer si c’est de l’antimoine, on y jette de l’hydro-
sulfure, et on voit qu’il se précipite du soufre doré ou
du sulfure d’antimoine, ce qui le différencie du bismuth
qui précipiteroit en noir.
Sur ce culot surnage une matière légère, spongieuse,
rougeâtre , appelée scorie.
Ces scories contiennent de la potasse libre , du sulfure
de potasse , du sulfate de potasse et du sulfure d’auti-
moine, peut-être un peu oxide.
Lorsque le métal est pur, il est fragile, d’une belle
couleur argentine tirant sur le bleuâtre, composé de lames
ou feuillets. On le coule ordinairement en pains orbicu-
laires et applatis ; ces pains présentent , à leur surface ,
une cristallisation en forme de feuilles de fougère.
Sa pesanteur spécifique est de 6,-j 02.
Il est peu altéré par l’air-, quelquefois la surface du
métal se ternit.
Si l’on fond l’antimoine dans un creuset couvert , et
qu’on le laise refroidir avec les précautions convenables ,
il est susceptible d’un vraie cristallisation en pyramides
isolées.
Si l’on chauffe fortement l’antimoine dans des vaisseaux
clos , il se sublime en entier , sans souffrir aucune alté-
ration.
Mais, lorsqu’on fait subir l’action du feu à l’antimoine,
dans des vaisseaux où l’air a de 1 accès , il s’oxide à la sur-
face, et se réduit en fumée blanche.
On met dans un fourneau un creuset*,. mais au lieu de
le placer verticalement, on 1 incline à 45 ou 5o° parce
que l’oxide d’antimoine étant volatil, ne se sublime pas,
s’il est exposé à un feu un peu fort 5 sou ouverture doit
De V Antimoine. 369
i déborder utl peu la porte par laquelle on le fait entrer, on
• le Iule à l’aide de la terre à four. On met dans ce creuset
de 1 antimoine-, on pose à son ouverture un autre creuset
upercé à son fond, et qui est recouvert par un ou plusieurs
«autres , percés à leur fond ; on met au dernier un cornet
de papier pour recueillir ce qui peut encore passer d’oxide.
Il faut avoir soin de laisser entre le premier creuset
inférieur, un intervalle, pour donner un courant d’air,
•sans lequel l’antimoine ne s’oxideroit pas bien -, l’oxide
iseroit jaune au lieu d’être blanc; on chauffe jusqu à ce que
de creuset soit rouge à blanc.
Quand on veut augmenter le courant d’air, on peut
îsoufler sur le métal rouge; si l’on voit se former une
rcroûte épaisse à la surface, ôn la brise avec une baguette
de fer. C’est ce quê l’on nomme improprement fleurs
'.argentines de régule d’ antitnoine , ou neige d’antimoiné.
iC’est un oxide métallique sublimé en aiguilles très-déliées,
Iblanches et brillantes, qui contient o,a3 d’oxigène.
Quand on le fait fondre avec le quart d'antimoine métab
llique, il passe à un miniinum d’oxidation.
Enfin il arrive à l’état d’oxide noir, tenant 0,02 d’oxigène
< avant de revenir métallique.
L’antimoine éprouve très-peu d’altératioti de la part des
«Corps combustibles.
Le gaz hydrogène altère sa surface et la colore. Il agît
' d’une manière plus énergique sur ses solutions.
L’antimoine s'unit au phosphore : pour obtenir cette
combinaison , on mêle ensemble parties égales de verre
phospborique et d’antimoine, on y ajoute un huitième
de charbon en poudre ; on fait fondre le tout dans un creuset.
Le résultat est une scbstancemétallique blanche, fragile,
^4
2.
De V Antimoine.
370
ayant une cassure lamelleuse, mais à petites facettes, qui
paroissent cubiques; c’est de l’antimoine phosphore.
L’antimoine a aussi beaucoup d’affinité avec le soufre. 1
Ces deux substances s’unissent ensemble, et forment uni
sulfure d’antimoine artificiel.
Pour produire cette combinaison, on pulvérise parties 1
égales d antimoine et de soufre ; on met ce mélange dansi
un creuset, on le couvre; on fait fondre promptement:
le mélange à un feu capable de rougir foiblement le creuset.
Lorsque les matières sont fondues , on tire le creuset du feu,
on le laisse refroidir; ou le casse; on trouve uue masse
brillante de couleur gris d’ardoise; cette masse est disposée
en belles aiguilles dans l’intérieur.
Les sulfures hydrogénés alcalins dissolvent complètement
l’antimoine, et forment une matière jaunâtre, d’où l’on
peut précipiter le soufre antimouié par un acide qui lui
donne sur-le-champ une couleur orangée.
Le gaz hydrogène sulfuré agit sur les solutions de ce
métal , et le brunit.
On peut encore faire cette expérience en versant de l’eau;
chargée d’hydrogène sulfuré, sur de l’oxide blanc d’anti-l
moine. Par l’un ou l’autre moyen, on obtient un précipité j
jaune-rougeâtre.
L’arsenic s unit à l’antimoine. Il en est de même dul
nickel, du cobalt et du bismuth. L’antimoine s'allie aussi
avec l’étain et le plomb. F oyez ces deux articles.
L’acide sulfurique, concentré et bouillant, attaque
l’antimoine ; il se dégage uue grande quantité de gaz sulfu-
reux , et sur la fin il se sublime un peu de soufre. La solu-
tion est brunâtre , et il se précipite une masse blanchâtre
gnesqu’insoluble qui est du sulfate d’anlimoiue.
De V Antimoine.
V
Ce sel se décompose facilement an feu.
Les substances terreuses et les alcalis en séparent aussi
1 l’antimoine.
L’antimoine décompose rapidement l’acide, nitrique,
i même à froid. Il se dégage une grande quantité de gaz
; nitreux, et l’antimoine passe à l’état d’oxide blanc. M. The~
i nard a trouvé que l’oxide d’antimoine , obtenu par l’acide
nitrique, contenoit o,3o d’oxigène; il est très-difficile à
réduire , mais ce chimiste y est parvenu en le chauffant avec
un peu d’antimoine , pour lui enlever son oxigène.
On met ordinairement 20 parties d’antimoine en poudre,
sur 5o d’acide nitrique; on fait chauffer un peu, et l’anti-
moine s’oxide en blanc et se précipite.
Dans cette expérience, l’acide nitrique seul n’est pas
seulement décomposé, mais encore une petite quantité
d’eau. L’azote de 1 acide nitrique s’unit à l’hydrogène de
l’eau et forme de l’ammoniaque, qui se combine avec de
l’acide nitrique : ce que l’on reconnoît en traitant la masse
blanche avec la chaux vive ou les alcalis ; il y a dégagement
d’ammoniaque.
L’acide muriatique agit sur l’antimoine, et en dissout à
l’aide du calorique une assez grande quantité. L’eau se
décompose par l’évaporation, on obtient des petites aiguil-
les qui sont déliquescentes; l’eau forme un précipité
blanc dans la liqueur; c’est un caractère que l’antimoine
a de commun avec le bismuth.
L’acide muriatique oxigéné brûle l’antimoine avec une
grande facilité. A cet effet, on le réduit en poudre, et on
le jette dans un flacon rempli de ce gaz. Il faut que le
flacon soit bien sec; le métal brûle rapidement et avec une
flamme blanche très-brillante.
3 7 2 De V Antimoine.
On peut obtenir un muriate sur-oxigéné d’antimoine
en se servant du muriate sur-oxigéné de mercure et d’an-
timoine.
On forme ce que l’on nomme improprement beurre
d antimoine 7 maintenant muriate d’ antimoine sublime.
On mêle exactement 12 parties d’antimoine et 32 de
muriate sur-oxigéné de mercure-, on introduit le mélange
dans une cornue de verre, de large ouverture, dont le tiers
demeure vide. On place la cornue dans le bain de sable
d’un fourneau de réverbère 5 on ajuste à la cornue un ballon
des deux tiers moins de capacité que la cornue : on procède
ensuite à la distillation à un feu doux. Dans l’espace de la
première demi- heure, il distille une petite quantité d’une
liqueur claire, laquelle est suivie d’une semblable liqueur,
mais qui se fige dans le récipient, souvent même dans le
bec de la cornue, en une masse blanche : c’est ce qu’on a
appelé beurre d'antimoine. Cette substance engorge souvent
le col de la cornue-, alors on approche un charbon ardent
pour la liquéfier et la faire passer dans le ballon. On entre-
tient le feu jusqu'à ce qu’il ne passe plus rien; on laisse
refroidit- les vaisseaux, on délute le ballon, on le fait
chauffer doucement au-dessus d’un réchaud pour liquéfier
le muriate d’antimoine.
Le résidu est composé de mercure et d’une poudre grise!
d’antimoine qui surnage ce fluide métallique.
Si l’on continue la distillation après que le muriate
d’antimoine a passé, en adaptant un nouveau ballon, on
obtient du mercure coulant; mais il est sali par un peu de
muriate d’antimoine.
Dans cette expérience l’antimoine se charge de l’oxi-
gène qui se séparé de 1 oxide de mercure: et il s’unit 4
De V Antimoine. 3^3
l'acide muriatique avec lequel il forme le mûri ale d’anti-
moine.
Cette décomposition a également lieu avec le sulture
d’antimoine-, mais on obtient pour résidu une combinaison
appelée improprement cinabre d’antimoine.
Pour faire cette opération , on réduit en poudre deux
parties de sulfure d’antimoine et six de muriate sur-oxigéné
de mercure, d’après Baume , et d apres Bourcroy, une
partie sur deux : on mêle ces deux substances, et on procède
pour le reste, comme dans l’opération précédente. Lorsque
la distillation est terminée, on adapte un nouveau ballon
à la cornue, et on fait sublimer le résidu par un feu très-
violent. On obtient une substance, sous forme d’aiguillea
rouges, appelée cinabre d antimoine.
Les propriétés du muriate d’antimoine sublimé, sont
d’être très-caustiques, de détruire sur-le-champ nos or-
ganes , de brûler les matières végétales, de se fondre à la
moindre chaleur, et de se figer par refroidissement, de
perdre facilement sa blancheur, d’être altérable à la lu-
mière, d’attirer fortement l’humidité de 1 air , et de se
résoudre en un fluide épais, comme oléagineux , de cristal -
liser en parallélipipèdes très-gros.
Ce sel a aussi la propriété de ne se dissoudre qu en par-
tie dans l’eau, et d’être décomposé en grande partie par
ce fluide.
Lorsqu’on jette du muriate d antimoine sublime dans
de l’eau distillée , il se fait un précipité très-abondant; ou
lave cette poudre à plusieurs reprises, dans beaucoup deau
bouillante, et on la fait sécher. C’est ce qu’on a appelé
poudre d’Algaroti , nom d’un médecin italien. On lui a
aussi donné le nom de mercure de vie. C’est un oxide
374 De l'Antimoine.
d’antimoine retenant de l’acide muriatique qui est un
violent purgatif et émétique.
L’eau de lavage contient une portion de cet oxide, à
l’aide de l’acide que ce fluide entraîne-, un peut s’en assurer j
en versant un peu d’alcali dans la liqueur : il y occasionne i
tin précipité blanc. Ce n’est que cet excès d’oxide dont est;
chargé le muriate d’antimoine, qui lui donne la propriété 1
d'être décomposé par l’eau , ainsi que celle de se prendre |
en une masse solide.
Quand on traite à chaud le muriate sublimé d’antimoine, i
par l’acide nitrique, il se dégage beaucoup de gaz nitreux ; i
au bout de quelque tems il se dessèche en oxide d’antimoine. I
Si , au lieu de laisser former un dépôt, on fait évaporer ;
la liqueur jusqu’à siccité , on obtient un oxide très-blanc. I
On repasse jusqu’à trois fois cet oxide dans de l’acide j
nitrique que l’on fait évaporer chaque fois ; enfin, on le '
chauffe dans un creuset, en faisant rougir médiocrement :
la matière, environ l’espace d’une demi-heure-, on tire le i
creuset du fourneau , et on le laisse refroidir. On trouve *
une poudre blanche en-dessus, et rose en-dessons : on i
mêle ces poudres ; c’est ce qu’on a appelé bézoard minéral.
L’acide pliosphorique attaque aussi l'antimoine: mais
on ne connoît pas encore bien le sel qui résulte de cette J
action.
L’antimoine paroît ne contracter aucune union avec
les matières terreuses; mais lorsqu’il est à l’état, d’oxide,
il facilite leur fusion , et forme des verres dont les pro-
priétés ne sont pas connues. Ces verres sont ordinairement
de couleur orangée.
L’action des alcalis n’est pas mieux connue.
De V Antimoine. ?)~j 5
La plupart des sels éprouvent des altérations de la part
de l'antimoine.
Si l’on fait fondre dans un creuset une partie de sulfate
de potasse et une demi-partie d antimoine , le métal dis-
paraît; on obtient une masse jaune , comme vitrifiée , caus-
tique, qui est un sulfure de potasse antimonié, et qui ,
délayé dans l’eau chaude, donne de l’oxide d’antimoine
hydro-sulfuré par le refroidissement.
Dans cette expérience , l’antimoine enlève l’oxigène de
l’acide sulfurique, et s’unit en état d’oxide au sulfure de
potasse formé. Ensuite l’eau , par sa décomposition con-
vertit ce sulfure alcalin en hydro-sulfure, de sorte que sa
solution chaude devient susceptible de se séparer en deux
portions; l’une très-antimoniée , qui se précipite en brun y
et l’autre plus sulfurée, qui reste dissoute.
Le nitratede potasse estaussi décomposé par l’antimoine?
il résulte une combinaison connue sous le nom d’ antimoine
diaphonique , et appelée parles chimistes modernes r
oxide d'antimoine par le nitre.
Ou mêle une partie d’antimoine réduit en poudre fine
avec deux ou trois de nitrate de potasse ; on projette ce
mélange par cuillerées, dans un creuset qu on a îait îougu.
auparavant; ce sel détonne vivement, et brûle le métal à
l’aide de l’oxigène quil fournit; apres cette opération, on
trouve dans le creuset une masse blauche scorifiéc, qui,
lavée avec de l’eau y laisse une portion de 1 oxide d anti-
moine unie à une petite partie de potasse, et. en donne une
autre combinée avec beaucoup plus d’alcali, dans lequel
l’oxide semblable fait*fouclion d’acide.
Quand on fait cette opération dans les pharmacies, on
emploie plus ordinairement le sulfure d’antimoine. Jû
^7^ Du Sulfure d’ Antimoine.
reporte donc les détails de cette expérience à l'article
du sulfure.
Deux parties de muriate 6ur-oxigéné de potasse et une
d antimoine en poudre, fulminent par le choe, et produi-
sent des étincelles rougeâtres, par l acide sulfurique.
L antimoine paroît susceptible de décomposer le mu-
riate de soude, puisque, si I on chauffe dans une cornue
un mélange de ces deux substances, il passe , suivant
Monnet , du muriate d’antimoine sublimé dans Le récipient.
S- II
Du Sulfure d’ Antimoine.
Après avoir examiné les principales propriétés de L'anti-
moine métal, il est nécessaire maintenant de considérer en
particulier sa mine, connue sous le nom impropre d anti-
moine, ou d5 antimoine crud , et que les chimistes moderne»
ont appelée sulfure d’ antimoine natif
Nous avons déjà vu au commencement de cet article la
manière de séparer de ce sulfure une portion du soufre ; ce-
qui le met à l’état d'oxide gris.
Si, au lieu de fi ire fondre l’oxide gris d’antimoine avec
des matières combustibles, on le fait entrer tout seul en
fusion, il se convertit en une matière vitreuse, transpa-
rente, qui a plus ou moins de couleur , depuis le jaune
foible jusqu’à la couleur rouge d’hyacinthe très-foneee.
C’est ce que l’on nomme verre d'antimoine.
I oui iaire cette operation, on m^t dans un creuset de
I oxide gris d antimoine sulfure 5 on le place dans un four-
neau, et on le lait chauffer au rouge-blanc jusqu’à ce que’
Du Sulfure cT Antimoine*
fa matière soit dans une parfaite fusion. On s’assure qu’elle
est suffisamment bien fondue, en plongeant une verge de
fer dans le creuset, et on i’en retire pour examiner l’état de
la fusion : si la matière est transparente, et quelle file comme
du verre ordinaire, elle est bien. On ôte le creuset du feu j
on coule ee qu’il contient sur une plaque de cuivre : c’est
le verre d antimoine. Ce verre est aigre, et se casse de lui-
même eu refroidissant.
Tous les verres d’antimoine, d’après les expérience»
de M. Vauquelin , contiennent de la silice en plus oa
moins grande quantité; il y en a qui en tiennent jusqu’à
12 pour ioo, mais le plus souvent elle s’y trouve entre 9
et 10. Cette matière paroît provenir des creusets dans
lesquels on fait fondre l’oxide d’antimoine sur la silice
desquels cet oxide a , comme l’oxide de plomb , une grande
action.
Ou connoîtra tous les avantages du travail de M. T au-
tjuelin , par l’application qu’en a faite ce chimiste à une
des plus importantes préparations pharmaceutiques, le
ta/ frite de potasse antimonié. Voyez ce mot.
Il y a encore une autre préparation connue sous le nom
à.' oxide d’antimoine sulfuré vitreux, ou de foie d’anti~
moine , à cause de sa couleur rouge sombre, semblable à
celle du foie des animaux, et qui ne diffère de la précé-
dente, qu’en ce que cet oxide contient beaucoup plus de
soufre ; aussi le verre qu’on en obtient est-il plus fusible e^
plus opaque.
A cet effet , ou calcine le sulfure d’antimoine , mais,
beaucoup moins que lorsqu’on veut couvertir l’oxide en.
verre : alors on fait fondre cet oxide dans un creuset ; il
entre facilement en fusion : on le coule dans un mortier
».
^7^ Du Sulfure (T Antimoine'.
de fer ; on obtient une matière vitriforme de la couleur
du foie d’un animal.
Si Ion avoit trop fait calciner l’antimoine , on obtien-
drait une matière qui se rapprocherait de la nature du
verre d anlimoine et de sa transparence ; mais on y re-
médie en ajoutant un peu de sulfure d’antimoine en
poudre.
L’acide sulfurique bouillant agit sur le sulfure d’an-
timoine -, il y a dégagement de gaz acide sulfureux et
point de gaz hydrogène sulfuré. Il reste dans le fond
du vase du sulfate d’antimoine mêlé au soufre.
L’acide sulfureux paraît être décomposé à chaud, ce
métal s oxide , et il se forme un sulfite d’antimoine
sulfuré.
L acide nitrique attaque avec violence le sulfure d’an-
timoine, sur-tout à l’aide du calorique ; tout le métal est
oxide, et 1 acide n’en retient pas. Il se dégage beaucoup
de gaz nitreux , et point de gaz hydrogène sulfuré.
Le soufre se trouve mêlé à l’oxide au fond de la li-
queur.
L’acide muriatique dissout mieux le sulfure que l’an-
timoine métal , mémo sans le secours de la chaleur. II y
a dégagement de gaz hydrogène sulfuré. A l’aide du calo-
rique , tout le métal se dissout, et le soufre reste au
fond.
L’acide muriatique oxigéné gazeux brûle et enflamme
ce sulfure.
Les bases salifiables tei'reuses ont peu d'action sur le
sulfure d’antimoine.
Si 1 ou verse de l’eau de chaux sur du sulfure d'auti-
moiue en poudre , elle forme, au bout de quelques heures,
Du Sulfure cT^ntimoine. 370
un précipité jaunâtre. Si on laisse longtems l’eau de
chaux sur ce sulfure, on obtient, en versant dans la li-
queur filtrée , un acide , un précipité d’antimoine bjdro-
sulfuré pale ou de soufre doré.
On obtient un effet semblable , mais plus sensible
avec la barite et la strontiane.
Les alcalis ont une action très-marquée sur ce sulfure -,
avec la potasse, on forme une préparation connue sous
le nom de kermès minéral , maintenant oxide d’anti-
moine liydro-sulfuré.
Ce n’est que depuis le commencement de ce siècle, que
l’usage du kermès s’est établi dans la médecine : on lui
avoit aussi donné le nom de poudre des Chartreux , at-
tendu que le frère Simon , après avoir administré ce re-
mède, qui eut un plein succès , publia partout la vertu
de ce médicament. Il tenoit cette préparation d’un chi-
rurgien nommé la Ligerie , lequel la tenoit lui-même
de Chastenay. Dodart , médecin, fit acheter au gouver-
nement ce secret en 1720 , et la Ligerie le rendit
public. 1
Le nom de kermès lui a été donné par le frère Simon ,
Chartreux , sans doute à fcause de sa couleur semblable à
celle de la coque animale appelée kermès.
Les divers procédés connus sont ceux de la Ligerie , de
Lèmery , de Baume , Chaptal , Deyeux et Dizé , ils
se réduisent presque tous à faire bouillir le sulfure d’an-
timoine avec une lessive de potasse ou de soude plus
ou moins carbonatée, à filtrer la liqueur encore bouil-
lante , et à obtenir le kermès , qui se précipite par le refroi-
dissement. Mais les proportions des substances employées ,
38o Du Sulfure d* Antimoine.
le teras de l’ébullition , la concentration des lessives , la
pureté plus ou moins grande des alcalis , celle de 1 eau
et une infinité d’autres circonstances rendoient sa pré-
paration très-incertaine et très-variée. Rarement cette
substance éloit la même , pour la couleur , la finesse ,
et peut-être relativement à ses effets , n’avoit-on pas
assez généralisé sa préparation! Un médicament aussi
important méritoit donc toute l’attention des chimistes;
M. Cluzel , neveu , s’en est occupé particulièrement ,
il est parvenu à présenter dans un mémoire qui a rem-
porté le prix de la Société de pharmacie , un procédé
qui a paru mériter les suffrages.
Il consiste à prendre une partie de sulfure d’anti-
moine pulvérisé , 22 i parties de carbonate de soude , et
25o parties d’eau de rivière , et moins pour une plus grande
quantité de mélange. On fait jeter quelques bouillons avant
d’ajouter le sulfure , ou fait ensuite bouillir trois quarts
d’heure au plus dans une chaudière de fer , on filtre
la liqueur chaude dans les terrines échauffées par l’eau
bouillante , ayant soin après de les couvrir. On laisse
reposer pendant 24 heures , on décante , on lave le
kermès avec de l’eau préalablement bouillie et refroidie
à l’abri du contact de l’air , on fait ensuite sécher dans
une étuve portée à 25 degrés de température.
.L, hydrogène sulfuré , suivant M. Cluzel, est la cause
de la couleur du kermès. Ainsi les oxides d'antimoine
ïnaron , jaune ou orangé n’existent pas, et la couleur
veloutée du kermès ne dépend que de la quantité d hy-
drogène sulfuré qu’il contient.
M. Nachet , professeur 0 l'Ecole de pharmacie , qui
« préparé pendant longtems le kermès très-en grand ,
Du Sulfure d’ Antimoine. 38 1
m’a assuré qu’il l’obtenoit toujours également beau par
le procédé suivant.
On prend 4 kilogrammes de potasse blanche du com-
merce , on l’a fait dissoudre dans 12 kilogrammes d’eau,
on filtre. On porte ensuite à l’ébullition cette liqueur
alcaline , et l’on y projette un mélange de 4^9 gram-
mes i46 millig. ( une livre ) d’antimoine métal pulvérisé,
et passé au tamis de soie , et de 366 grammes '859
millig. ( 12 onces ) de soufre sublimé et lavé. On con-
tinue l’ébullition jusqu’à ce que l’on s’apperçoive que
le kermès est formé. On cesse l’ébullition et on laisse
déposer la liqueur sur le feu -, quand elle est claire ,
on filtre à travers une toile serrée. Le kermès est en-
suite lavé et séché.
Comme tout le métal n’est pas dissous par cette pre-
mière opération, on fait bouillir de nouveau la liqueur
filtrée sur le métal , ayant soin de porter le liquide à
12 kilogrammes.
Ou continue les ébullitions , en ajoutant : i°. à la li-
queur 8 onces de métal et 6 onces de soufre ; 2“. 4
onces de métal et 3 onces de soufre. Si tout le métal
n’est pas dissous , on ajoute à la liqueur bouillante 4
onces de soufre. On peut continuer les dernières propor-
tions de soufre et de métal tant, que la liqueur lorme
du kermès.
Une fois desséché, on achève de le diviser à l’aide du
porphire,et enfin on le renferme dans un flacon de verre
bien bouché. On doit avoir attention de ne pas mettre
ce flacon dans un endroit trop exposé à la lumière,
sans quoi op verroit- la couleur du kermès s’affoibbr peu-
38a
Du Sulfure d’ Antimoine.
à-peu , attendu que l’hydrogène sulfuré se décompose.
Cela arrive également quand on lave le kermès à plu-
sieurs reprises avec l’eau aérée. Le kermès devient pres-
que blanc lorsqu’on le prive entièrement de 1 hydrogène
sulfuré -, mais quand le kermès n’a perdu qu'une
partie de l’hydrogène sulfuré , il se rapproche du sou-
fre doré.
Si l’on verse un acide dans la liqueur dans laquelle s'est
formé le kermès , et dont il s’est entièrement séparé par
le refroidissement , cette liqueur se trouble de nouveau ,
et l’acide s’empare de la potasse.
Si l’on filtre la liqueur, et qu’on ajoute encore de l’acide,
on obtient encore un précipité bien moins coloré.
On prouve que le kermès et le soufre doré contiennent
de l’hydrogène , en versant dessus de l’acide muriatique
qui dégage de l’hydrogène sulfuré.
Il est très-aisé maintenant de concevoir la théorie de J
cette préparation.
Dans cette opération, l’alcali en contact avec le sulfure
d’antimoine , s’empare de la plus grande partie du soufre ;
le sulfure alcalin qui en résulte opère la décomposition
de l’eau ; l’oxigène de l’eau se porte sur l’antimoine, et le
transforme en oxide d’antimoine. Sou hydrogène s unit au
sulfure , et donne naissance à l’hydrogène sulfuré qui se
pai’tage en deux parties ; l’une qui se joint à 1 oxide d an-
timoine sulfuré , d’où résulte le kermès , et l’autre se réunit
à la base alcaline , et dissout le kermès , qui se précipite.
La masse totale de ce composé se partage donc en deux
portions différentes*, l’une plus antimoniée et moins sul-
furée , qui ne peut être tenue en dissolution à froid ; l’autre
Du Sulfure d’antimoine. 383
moins antimoniée et plus sulfurée , qui reste en dissolu-
tion, qui ne se sépare que par l’addition des acides, ce que
l’on connoît sous le nom de soufre doré.
On peut même partager en divers hydro-sulfures de
moins en moins antimoniés , et de plus en plus sulfurés ,
suivant qu’on fractionne sa précipitation , en n’employant
quepeu-à-peu la quantité d’acide nécessaire pour la séparer
de l’alcali . De là les soufres dorés delà première, de la
seconde et de la troisième précipitation , de moins en
moins orangés, de plus en plus pâles , et dont la dernière
n’est presque que du soufre.
M. Thénard a vérifié l’oxidation prompte du kermès
récemment préparé, en le renfermant dans un flacon plein
d’air; quelques jours ont été suffisans pour l’absorption
totale du gaz oxigène , et pour mettre à nu le gaz azote.
Cette observation fait connoître aux pharmaciens la cause
de l’altération du kermès , et leur prouve la nécessité de le
conserver à l’abri de l’air et de la lumière qui favorisent
cette décomposition.
Le soufre doré décompose l’air comme le kermès , et il
subit à-peu-près les mêmes changemens.
D’après les expériences de M. Cluzel , io grammes de
kermès ont donné par l’analyse : hydrogène sulfuré 2,162 ;
soufre 0,2 ; oxide d’antimoine blanc 8,3.
* * • -
11 suit de là que le kermès et le soufre doré sont des
oxides d’antimoine bydro-sulfurés contenant peu de soufre ,
et qui ne diffèrent entre eux qu’en ce que le premier est
coloré par une plus grande quantié d’hydrogène-sulfuré,
par moins de soufre et d’oxigène.
Le sulfure d antimoine décompose aussi le nitrate de
384 Du Sulfure <1 Antimoine.
potase , comme nous l’avons déjà indiqué en examinant
le métal. Il en résulte différentes préparations employées
en médecine.
Si l’on fait un mélange d’une partie de sulfure d anti-
moine réduit en poudre, et de trois parties de nitre très-
pur, et qu’on projette ce mélange dans un creuset, que
l’on aura fait rougir auparavant , il se fera une grande dé-
tonnation : lorsqu’elle est passée , on remet une cuillerée
de mélange ; on attend que la déflagration soit cessée : on
continue de projettcr par cuillerées, jusquà ce que tout
soit entré dans le creuset. Alors , ou augmente le feu ,
pour faire entrer la matière en fusion pâteuse : il se dégage
du gaz nitreux et du gaz azote : loxigène se porte sur
l’antimoine ; on coule la matière dans un mortier de fer
très-propre , ou sur un marbre ; ou enfin , on la laisse re-
froidir dans le creuset : on la détache , on la pulvérise ,
et on l’enferme dans une bouteille qui bouche bien, parce
qu’elle attire puissamment l’humidité de l’air. C est le
fondant de Rotrou , qu’on nomme aussi, antimoine dia-
phorctique non lavé. '
Si l’on jette cette matière dans l’eau, bien chaude , elle
s’y délaie ; on sépare ainsi l’oxide d’antimoine , mais la
potasse enlève toujours une portion d’oxide d’antinioine r
et l’oxide d’antimoine qui reste sur le filtre , retient aussi
une portion de potasse. Cet oxide d antimoine a été appelé
antimoine diaphorélique lave ; il contient, d'après
M. Thénard , o,32 d’oxigène.
Ce chimiste y a reconnu des caractères particuliers ; il
est moins soluble dans l'eau que les autres oxides d an-
timoine; il s’unit plus difficilement aux acides, il exige’
pour sa déscrxigéùation la plus haute température , et ne
Du Sulfure d’ Antimoine. 385
se réduit bien que quand on le chauffe avec une portion
d’antimoine.
L’eau qui surnage le dépôt, tient en dissolution les
matières salines qui étoient dans le mélange, et une por-
tion d’oxide métallique presqu’acidifié, unie à la potasse
du nitre. Cette espèce d’antimoniate de potasse est sus-
ceptible de cristalliser , suivant M. Berthollet. Les acides
le décomposent et en précipitent un oxide d’antimoine
nommé cêruse d’antimoine , magistère d’antimoine dia -
phonétique , matière perlée de Kerkringius.
La liqueur qui reste après ce précipité , contient un
peu de nitrate de potasse échappé à la détonuation , un
peu de sulfite de potasse, produit pendant la détonnation,
et le sel neutre formé par l'union de l’acide avec l’alcali
qui tenoit 1 oxide métallique en dissolution. Quoique ce
dernier sel varie suivant l’acide qu’on a employé , il porte
le nom très-impropre de nitre antimonié de Stahl ; le plus
souvent ce sel n’est point du nitre , puisqu’on peut se
servir des acides sulfurique ou muriatique pour préci-
piter l’oxide d’antimoine -, lorsque la précipitation est bien
faite , il ne contient point du tout de cet oxide.
Si l’on fait calciner sept fois de suite de l’antimoine
diaphorétique , avec de nouveau nitre chaque fois , le
lessivant à chaque opération, pour en séparer les sels
on obtient un oxide d’antimoine, connu sous le nom
de poudre de la Chevaleraj . Ce médicament n’est plus
d usage.
Quand on n emploie que parties égales de nitre et de
sulfure d antimoine , on obtient une vitrification opaque quo
«Ion connoissoit sous le nom de foie et antimoine.
On fait un mélangé de parties égales de nitrate d«
2. 35
386 Du Sulfure d’ Antimoine.
potasse et d’antimoine -, on le projette par cuillerées dan*
un creuset qu’on a fait rougir : il se fait une détonnation *,
lorsqu’elle estpassée , ou ajoute une nouvelle cuillerée delà
matière ; on procède de môme jusqu'à ce que tout le mé-
lange soit mis dans un creuset-, alors on le cliauffe assez
pour faire entrer la matière en fusiou : on ôte le creuset
du feu ou le laisse refroidir-, on sépare les scories qui
occupent la partie supérieure d’avec 1 antimoine , qui est
alors à l’état d’un verre brun et opaque.
Lorsqu’on ne pousse pas ce mélange à la fonte , on
n’obtient qu’une scorie vitreuse , à laquelle on a donné le
nom d e faux foie d’ antimoine de Rulland.
Cette matière réduite en poudre, et bien lavee dans de
l’eau, forme le safran des métaux , crocus métallorum ,
qui n’est que de l’oxide d’antimoine vitreux, pulvérisé
et séparé des matières salines , provenant de la déton-
nation du nitre.
On fait encore deux préparations analogues à la pré-
cédente , et qui sont de véritables verres d’antimoine
sulfurés.
L’une est appelée magnesia opalina ; ou rubine J an-
timoine.
Pour obtenir cette préparation, on lait un mélange de
parties égales de muriate de soude , de nitrate de potasse
et de sulfure d’antimoine -, on mêle ce mélange dans un
creuset , et on le fait fondre , il ne se fait aucune déton-
nation. Lorsque ces matières sont bien fondues , on tire
le creuset du feu ; on le laisse refroidir -, ou le casse ;
on sépare les scories d’avec la substance nommée rubine ,
c’est une masse vitreuse , d’un brun peu foncé , très-
brUlante.
Du Sulfure d’ Antimoine. 33-
L’autre, improprement appelée régule médicinal , se
prépare eu fondant un mélange de quinze parties de sul-
fure d’antimoine , de douze de muriate de soude , et de
trois de tartre : ii en résulte un verre nqir, luisant, très-
opaque , très-dense , qui n’a nullement l’aspect métallique.
Ces deux composés sont des espèces de foie d’ antimoine ,
qui sont dues à une décomposition de muriate de soud©
ou de nitrate de potasse.
Le sulfure d’antimoine, mêlé avec le muriate sur-oxi-
gêné de potasse , a la dose de deux parties de muriate sur
uue de sulture , présente les mêmes phénomènes que le
mélange d’antimoine et de muriate sur-oxigéné.
L antimoine avec le plomb fait un alliage très-utile ;
c’est celui des caractères d’imprimerie, ployez l’article
Plomb.
On le fait entrer avec le plomb et l’étain, dans des
alliages roides et durs.
L oxide sert dans la fabrication des verres de couleur ’
des émaux , des couvertes et des peintures sur les por-
celaines.
En médecine , on ne se sert que du sulfure d’anti-
moine , du fondant de Rotrou , de l’oxide d’antimoine ,
appelé antimoine diaphoréticjue , du kermès minéral et
du soufre doré.
388
Du Tellure.
CHAPITRE XV.
Du Tellure.
Tellure dérive du mot tellus , qui signiGe terre.
Tellure natif. Espece unique.
ao. Tellure natif. . . Fetrifere et aurifère.
aq. Tellure natif., . . Aurifère et argentifère.
3». Tellure natif. . . Aurifère et plomb fere.
( Haüy ,
( Miner.
Le tellure natif ferrifère et aurifère, connu sous, le
nom de mine d’or blanche , se trouve à Falzbay , en
Transilvanie; ses gangues, selon Je Boni , sont la litho-
marge et le quartz : la seconde variété, qui contient de
l’or et de l’argent , se trouve à Offeubanya , dans le
meme pays-, la troisième est connue sour le nom d’or de
Nagyac , endroit de la Transilvanie d’où on la retire ,
et où elle a pour gangue le manganèse silicifèie, d un
rouge de rose pâle , et quelquefois d’une couleur blanche ;
elle est assez souvent accompagnée, ou même entremêlée
de diverses substances métalliques que l’on distingue à
l’œil , teh que le zinc sulfuré, le plomb sulfuré , l’arsenic
natif, etc.
C’est h. Klaproth que nous devons la découverte du
tellure.
Pour obtenir le tellure, ou fait chauffer légèrement
Du Télluvs.
33g
la mine avec six parties cl’acide muriatique-, puis, en
ajoutant trois parties d’acide nitrique , on fait bouillir le
mélange-, il se fait une effervescence très- considérable , et
l’on obtient une dissolution complette.
On étend la solution filtrée avec autant d’eau qu’elle en
peut supporter sans se troubler, ce qui n’en exige que très-
peu; on ajoute alors à la liqueur une solution de potasse
caustique, jusqu’à ce que le précipité blanc, qui se forme
d’abord, disparoisse, et qu’il ne reste plus quun depot
brun et floconneux-, ce dernier précipité est de l’oxide d or ,
mêlé avec de. l’oxide de fer.
On ajoute à la solution alcaline , de l’acide muriatique en
quantité nécessaire pour saturer entièrement 1 alcali. Il se
produit un précipité blanc; on le lave et on le fait seclier.
On en forme ensuite une pâte avec de 1 huile grasse; on in-
troduit cette masse dans une petite cornue de verre, a la-
quelle on adapte un récipient ; on chauffe par degrés jus-
qu’à la chaleur rouge : a mesure que l’huile est décomposée ,
on observe des gouttes brillantes et métalliques, qui ta-
pissent la partie supérieure de la cornue, et qui retombent
par intervalle au fond du vase; elles sont remplacées à
l’instant par d'autres. Après le refroidissement, on trouve
des gouttes métalliques figées et fixées sur les parois de la
cornue et au fond du vase, et le reste du métal réduit et
fondu avec une surface brillante, et presque toujours cris-
tallisée.
La couleur de ce métal est le blanc d’étain , approchant
du gris de plomb.
Son éclat métallique est considérable; la cassure en est
Jamelleuse. Il est très-aigre et très-friable. En le laissant
3go Du Tellure.
refroidir tranquillement , et peu-à-peu , il prend volontiers
une cristallisation radiée.
Sa pesanteur spécifique est de 6, i J ü.
Il est très fusible.
Chauffé au chalumeau sur un charbon, il brôle avec une
flamme assez vive, d’une couleur bleue, qui sur les bords
passe au verdâtre : il se volatilise entièrement en une fumée
grise blanchâtre, et répand une odeur désagréable qui
approche de celle des raves. En cessant de chauffer, sans
avoir entièrement volatilisé la partie soumise à 1 évapora-
tion , le bouton restant conserve assez longtems sa liqui-
dité, et se couvre par le refroidissement, d'une végétation
radiée.
Ce métal forme , avec le soufre, un sulfure gris de tel-
lure, d’une structure radiée.
Sa solution dans l’acide nitrique est claire et sans couleur -,
lorsqu’elle est concentrée , il se produit par le tems de pe-
tits cristaux blancs et légers, en forme d’aiguilles, qui pré-
sentent une agrégation dentritique.
Ce métal se dissout également dans l’acide nitro-muria-
lique. L’eau précipite ce métal à l’état d’oxide, sous la
forme d’une poussière blanche, soluble dans l’acide muria-
tique.
Ce précipité est composé d’oxide de tellure qui retient
un peu d’acide muriatique. C'est une propriété que le tel-
lure a de commun avec l’antimoine et le bismuth.
Si l’on mêle à froid une partie de tellure , sur cent d’acide
sulfurique concentré , il se produit uue belle couleur rouge-
cramoisie. Si l’on ajoute de l’eau goutte par goutle, la cou-
leur disparoît , et la petite quantité de métal dissous sc dé-
pose sons la forme île flocons noirs. La chaleur de même de-
Du Tellure. 3g'!
truit la solution; elle fait disparoltre la couleur rouge, et
dispose le métal à se séparer à l'état d’un oxide blanc.
Lorsqu’au contraire on étend l’acide sulfurique concen-
tré avec deux ou trois parties d’eau , et que 1 on y ajoute une
petite quantité d’acide nitrique , alors il dissout une quanti-
té assez considérable de ce métal; la solution est claire et
sans couleur , et elle n’est point décomposée par le mélange
d’une plus grande quantité d eau.
Tous les alcalis purs précipitent des solutions acides de
ce métal , un oxide de couleur blanche soluble dans tous les
acides ; par un excès d’alcali , le précipité formé se redissout
en entier. Si , au lieu d’alcali pur, on emploie un carbonate,
le précipité qui est formé, n’est redisssous qu’en partie.
Les sulfures alcalins hydrogénés versés dans lessolutions
acides, occasionnent un précipité brun ou noirâtre, suivant
que le métal y est combiné avec plus ou moins d’oxigène.
Quelquefois il arrive que la couleur du précipité ressemble
parfaitement au kermès minéral.
Lorsque l’on expose le sulfure de tellure sur un charbon
ardent, le métal brûle avec la couleur bleue , conjointement
avec le soufre.
L’oxide de tellure , obtenu des solutions acides par les
alcalis, ou celui obtenu des solutions alcalines par lej acides,
se réduisent l’un et l’autre avec une rapidité ressemblant A
la détonnation ; lorsqu’on les expose à la chaleur sur un
charbon , il se brûle et se volatilise.
En chauffant pendant quelque tems, dans une cornue,
cet oxide de tellure, il se fond, et reparaît après le refroi-
dissement avec une couleur jaune de paille, ayant acquis
une sorte de tissu radié.
%2 Du Mercure.
*
Mêlé avec des corps gras, l’oxide de tellure se réduit
parfaitement.
L antimoine précipité le tellure de ses solutions 'acides à
1 état métallique. Le précipité formé par 1 antimoine, prouve
évidemment que le tellure n’est point de l’antimoine *
comme on l’avoit supposé.
Les solutions de tellure où l’acide prédomine un peu . ne
sont ni troublées ni précipitées par celles de prussiate de
potasse. C est une propriété remarquable de ce métal, qu'il
partage cependant avec le platine et l’antimoine. I. a teinture
de noix de galle versee dans la solution, donne un précipité
floconneux de couleur isabelle.
CHAPITRE XVI.
Du Mercure.
Me? cui e natif , mercure argentai , mercure sulfui'é et
mercure muriaté. ( Haüy , Minér. )
/
Le Aercure natif se trouve Ordinairement en globules
brillans , disséminés dans l’intérieur de différentes subs-
tances, telles que les ’chistes argileux, la marne, le quartz,
etc. Il accompagne souvent le mercure sulfuré ou cinabre ,
et quelquefois la pyrite, le plomb sulfuré, l'argent antimo-
nié sulfure, etc. Il y a des endroits où il coule à travers les
fentes desiochers, et s arrête dans des cavités où I on va le
puiser. Les mines d Europe les plus abondantes en mer*
Du Mercure.
3p3
cure natif, sont celles d’Idria,en Carniole; du duché des
Deux-Ponts, danslecercle du bas-Rhin-, et d’Almaden en
Espagne. Il y en a une très-riche en Amérique, près de
Guanea Velica, petite ville du Pérou.
1 L’amalgame natif de mercure et d’argent , se trouve com-
munément dans les mines de mercure dont les filons sont
croisés par des veines de mines argentifères ou mêlées
avec elles. Telles sont la vieille mine de Morsfedt, dans lo
Palatinat , et celle de Rosenar, en haute-Hongrie.
On trouve des mines abondantes de mercure sulfuré
dans le bas-Palatinat et le duché des Deux-Ponts ; à Schem-
nitz,en Hongrie ; à Idria , en Garinthie-, à Almaden,en Es-
pagne. On a aussi rapporté du Japon un cristal de forme
primitive , ainsi que du mercure sulfuré en petites masses ,
d’un tissu très-lamelleux. Les diverses gangues de cette
substance métallique sont l’argile , le fer oxidé limoneux,
le quartz ferruginé, le fer sulfuré, la chaux cnrbopatée,
etc. AAlmaden et dans le duché des Deux-Ponts, le mer-
cure sulfuré est disséminé en cristaux granuli formes, sur la
surface et dan* l’intérieur des cristaux de barite sulfatée ,
auxquels il communique sa belle couleur rouge.
On trouve le mercure muriaté dans les mines de mercure
sulfuré du duché des Deux- Ponts, où il a été découvert par
Woulf. Il y occupe les cavités d’une argile ferrugineuse
endurcie. Ses cristaux sont extrêmement petits, il y en a
de verdâtres, qui paroissent devoir cette, couleur à un oxide
de cuivre.
Les mines du Palatinat et des Deux-Ponts sont d’une
même chaîne , et fournissent une très-grande quantité de
cinabre , d'où on extrait le mercure.
394
Du Mercure.
On le nomme vermillon natif, ou cinabre en fleurs, lors*
gu il est sous la forme d’une poudre rouge très- brillante.
On reconnoît la présence du mercure en sublimant un
peu cl une mine , et présentant à la fumée qui se dégage un
vene mouillé; il s y forme une poudre blanche, dont on
frotte une piece d or ; si elle blanchit, il n’y a pas de doute
qu elle ne contienne du mercure.
Il y a deux procédés très-différens de -.traiter les rniné-
îais de mercure. L un est usité dans le département du.
Mont- 1 onnerre , 1 autre est celui d’Almaden et d Idria.
Au Mont-Tonnerre , le sulfure de mercure convenable-
ment broyé , est mélangé avec de la chaux éteinte. Plus le
minerai est riche, plus la proportion de chaux doit être
forte. Lorsque le minerai tient o,oi5 de son poids de mer-
cure, on y ajoute environ o,i3 de chaux.
On met ce mélange dans de grandes cornues de fonte,
qui ont environ un mètre de long, sur 35 centimètres de
diamètre. On dispose ces cornues sur deux rangs de hau-
teur dans des fournaux longs que l’on nomme galères , et
ou adapte à chacune d’elles un récipient de terre rempli
d eau jusqu au tiers, on fait du feu daus ce fourneau avec du
bois ou de la houille. Le sulfure de mercure est décomposé
par la chaux. Le mercure pur est reçu dans le récipient.
A Almaden et à Idria, le sulfure de mercure est traité
dans un fourneau d’une construction particulière. Ce sont
deux petits bàtimens éloignés l’nn de l’autre, et communi-
quant par une terrasse traversée par une rigole; 1 nu de ces
bàtimens est le fourneau dans lequel on met le cinabre. On
le pose sur un plancher de. briques, percé d’ouvertures, par
lesquelles passe une partie de la flamme du foyer qui est
au-dessous. Le minerai eu poussière est pétri avec de 1 ar-
Du Mercure. 3g5
*gile, pour qu’on puisse en faire de petites masses. On
s ajuste aux ouvertures de ce fourneau, qui donnent sur la
■ terrasse , plusieurs rangées d’aludels enfilés à la suite les
*uns des autres , et qui vont se rendre dans le bâtiment op-
jposé. C’est par ces canaux que le mercure est porté par dis—
titillation dans le bâtiment qui est <à l’autre extrémité de la
|i terrasse, et qui sert de récipient.
Ce fourneau a été d’abord établi à Almaden, puis copie
i.àldria. Si la description qu’on en a donnée est ’complette,
■ on voit qu’il a de nombreux défauts , notamment ceux d em-
, ployer beaucoup de combustible , et de laisser probable-
ment perdre beaucoup de mercure. Ou ne dit pas non plus
quel est l’intermède dont on se sert pour décomposer le sul-
fure de mercure. ( A Brongmart. )
Ordinairement on retire le minerai par la fouille : on em-
ploie les pompes pour les priver d’eau. On se sert aussi
avec avantage degaleriesd'écoulement : quelquefois on mêle
la mine avec de la chaux , et 1 on distille dans des cornues
de fer. Ces cornues sont montées de maniéré qu on ne les
démonte jamais : on les charge par la gueule, et l on reçoit
le mercure dans des vases pleins d eau.
Le mercure obtenu par distillation, différé des au lies
substances métalliques par sa fluidité ; ce qui 1 a fait regar-
der comme une eau métallique , et on 1 a appelé cirjua non
madafuciens manus eau qui ne mouille pas les mains.
Cette substance n’est fluide qu’en raison de la tempéra-
ture qui la tient en fusion , puisqu’on la congèle par un froid
estimé de 29 à 32 degrés au-dessous de o , échelle de
JXèciumur.
A cct effet on foil un mélange de huit parties de mariât*
3 96 Du Mercuwè.
calcaire et six de neige mêlées clans un vase de Terre, le
thermomètre centigrade descend à — 4-3 gr.
Les expériences de MM. Guylon , Fourcroy et V auque-
lin ont prouvé que le mercure se solidifioità 42 gr. ( échelle
centigrade. )
Lorsqu’on agit sur une quantité un peu considérable de
mercure, le milieu de la masse ne se solidifie point. En le
décantant, on trouve le mercure cristallisé en octaèdres.
Le mercure solidifié adhère au verre, et se laisse étendre
sous le marteau.
Dans le commerce, on falsifie le mercure avec du plomb,
du bismuth et de l’étain -, il est ordinairement terne , et, au
lieu de se diviser en globules lorsqu’il coule , il s applatit ,
et semble se hérisser de pointes ; ou dit alors qu’il fait la
queue.
Lorsqu’il est pur, celui sur-tout qu’on retire du cinabre,
et qu’011 nomme mercure revivifié du cinabre , se laisse
diviser avec une extrême facilité-, ses globules affectent tou-
jours une figure convexe.
lia une saveur que 1 on ne peut appercevoir avec les nerfs
du goût , mais qui , Cependant, produit un effet très - mar-
que dans 1 estomac et les intestins , aussi bien qu à la sur-
face dre la peau.
Frotté quelque tems entre les doigts , il répand une lé-
gère odeur particulière. Lorsqu’on l’agite, on observe quel-
quefois , et sur-tout dans les tems chauds, qu il brille d une
petite lueur phosphorée.
Si Ion plonge la main dans ce fluide métallique, on
éprouvé une sensation de froid , qui sembleroit indiquer
c[u il est dune température plus froide que 1 air atmos-
phérique-, cependant, en y plongeant un thermomètre,
Du Mercure. 397
, on s’assure que le mercure est à la température de l’atmos-
phère.
Sa pesanteur spécifique est de 1 3,568, l’eau étant 1,000.
Le mercure est très-bon conducteur du calorique et de
l’électricité.
Si l’on divise le mercure à l’aide d’un mouvement rapide
et continuel, comme celui d’une roue de moulin, ou bien en
en mettant dans un flacon , environ moitié , et portant ce fla-
con pendant longtems dans sa poche , le mercure se change
peu-à-peu en une poudre noire très-fine, qu’on a appelée
êthiops per se. Les chimistes modernes ont reconnu que le
mercure dans cet état aVoit un commencement d’oxidation
due à l’air atmosphérique contenu dans le flacon; aussi l’ont-
ils appelé oxide noir de mercure.
L’oxide noir est composé de 96 parties de mercure et de
quatre d’oxigène. Ses caractères sont d’être insipide, insolu-
ble dans l’eau ; d’étre soluble tranquillement et sans effet*,
vescence dans les acides, de former des sels peu oxidés.
En chauffant cet oxide , on fait reparaître le mercure à
son état métallique ; et si l’expérience est faite dans de*
vaisseaux clos , on obtient à 1 appareil pneumatique , du
gaz oxigène. Si , après 1 avoir arrose d ammoniaque , on 1 ex-
pose aux rayons solaires , il se change en globules métal-
liques.
Il n’y a que deux états d’oxidation du mercure , d’après
les expériences de MM. Fourcroy et Thénard : oxide noir
et oxide rouge de mercure. Ces chimistes ont Remontre
qu’il n’y avoitni oxide gris , ni oxide blanc , ni oxide jaune
de mercure ; que les composés auxquels on a donné l’un de
ee3 noms , sont de vrais sels peu solubles ; que l’oxide rouge
vient seul après le noir et sans intermédiaire.
598 Du Mercure.
Comme nous l’avons déjà dit , le mercure se réduit faci-
lement en vapeurs par l’action du feu. On se sert avec
avantage de ce moyen pour le purifier, eu le séparant des
matières plus fixes que lui.
A cet effet, ou met du mercure dans une cornue de
verre, on adapte au bec de la cornue un nouet de linge
que l’on fait tremper dans de. l’eau contenue dans un ma-
tras ou ballon que l’on ajuste à la cornue , et l’on distille.
Lorsque le mercure est pur , il passe en entier dans la
distillation -, s’il contient des matières étrangères , elles
lestent au tond de la cornue. Souvent il laisse un peu de
poudre grise, qui est un peu de mercure oxidé , à la
laveur de l’aiu contenu dans les vaisseaux. ’
k
Boerhaave a distille cinq cents fois de suite la même
quantité de mercure ; il n etoit altéré en aucune manière.
Il rcstoit simplement a chaque distillatiou une poudre
grise dont nous avons déjà parlé ; c’étoit de l’oxide noir
de mercure , dû à l’air contenu dans l’appareil.
Le meroure s’oxide difficilement à l’air froid.
Si l’on chauffe le mercure avec le contact de l’air, au
bout de quelque tems , ce métal se change en une poudre
rouge brillante.
On met dans un inatras, à fond plat, à long col et
étroit, assez de mercure pour couvrir le fond de quelques
millimètres de hauteur -, on fait foudre le coi du vaisseau
à la lampe d’émailleur , pour le tirer eu pointe et pour
former un tuyau capillaire-, on casse la pointe, pour
donner communication à l’air extérieur -, on place l’ap-
pareil sur un bain de sable, et on le chauffe jusqu’à
faire bouillir le mercure ; on entretient le (bu à ce degré
pendant pluçiçqrs jours y on sépai’e l’oxide qui s est
Du Mercure.
399
'formé à la surface du mercure , par le moyen d’une
ùtoile que l’on presse : le mercure passe , tandis que l'oxide
rreste dessus , et Ton continue l’opération jusqu’à l’en-
ttière oxidation du mercure. Ce procédé n’est plus usité
laujourd hui.
Cette substance a été appelée mercure précipité per se,
:«ou mercure précipité ronge sans addition-, c’est un vrai
oxide de mercure, ou une combinaison de cette matière
^métallique avec l’oxigène , qu’elle enlève peu-à-peu à
ll’atmospbère.
Ce qui le prouve d’une manière convaincante , c’est
•que, i°. on ne peut jamais obtenir cet oxide sans le con-
cours de l’air -, 2°. le gaz oxigène est le seul fluide élas-
tique qui puisse servir à sa formation • 3°. son augmen-
tation de poids ; 4°- on le réduit tout entier par l’action
du calorique , et il se dégage en môme tems une très-
i grande quantité de gaz oxigène. Avant de se réduire
> entièrement , il repasse à l’orangé et au jaune; et si
l’on arrête l’opération au moment où il est prêt à se
réduire, on le trouve en une poudre sensiblement noire.
On peut encore décolorer l’oxide rouge de mer-
cure , en le mettant en contact avec de l’ammoniaque
pure, et il se dégage du gaz azote, provenant de la dé-
composition de l'ammoniaque.
On ne connoît ni azoture, ni hydrure , ni carbure de
mercure.
On peut, à l’aide du calorique , réduire l’oxide de mer-
cure par le carbone ; le mélange est changé en mercure
coulant et en gaz acide carbonique.
Cet oxide peut aussi être réduit par la lumière.
4-00 Du Mercure.
Si l’on triture cet oxide rouge avec du mercure coulant .
on fait un oxide noir de mercure.
L oxide de mercure rouge ainsi obtenu, contient en-
viron 0,10 de son poids d’oxigène, suivant Lavoisier.
Suivant MM. Fourcroy et Thenarcl , cet oxide contient
0,08 d’oxigène.
Cet oxide est très-purgatif , très-émétique. On peut
le regarder comme un poison. Il cède son oxigène au
zinc, à l’étain et au soufre avec lesquels on le fait chauffer
dans des vaisseaux fermés ; il enflamme ces substances:
il a une saveur âpre et désagréable-, il est un peu so-
luble dans l’eau ; il peut parvenir à l’état d'une plus
grande oxidation par l’action de l’acide muriatique oxi-
géné -, mais dans ce dernier état , on ne peut pas l'ob-
tenir isolé , parce qu’il est alors mêlé avec un sel
qu’aucun moyen connu ne peut en séparer , comme
l’-ont démontré les chimistes portugais. Nous reviendrons
plus bas sur cet objet.
Le mercure se combine très-bien avec le soufre, il ré-
sulte de ce mélange diverses préparations , dont nous
allons rendre compte.
La première est comme sous le nom à’éthiops minéral -
on conuoît deux procédés , l’un par trituration , l’autre
par fusion.
On met dans un mortier de marbre une partie de mer-
cure sur deux ou trois de soufre sublimé: on triture ces
deux substances, jusqu’à ce que le mercure soit parfai-
tement éteint.
Il résulte une poudre noire, que l’on a appelée éthiops ,
et qui n’est qu’un sulfure noir de mercure.
On prend sept parties de mercure , sur une de soufre
Du Mercure . ^oî
■ sublimé ; on fait çhauffer le mercure jusqu’à ce qu’il soit
prêt de se volatiliser-, on jette alors le soufre peu-à-peu
en continuant de chauffer tout doucement et en agitant
; continuellement. Ou tire le creuset du feu , et l’on con-
i tinue d’agiter la matière, jusqu’à ce qu’elle soit figée et
créduite en grumeaux.
On peut encore préparer cet élhiops , eji jetant du
mercure très-divisé, le pressant et le faisant tomber
» en pluie par la peau de chamois dans du soufre fondu
à parties égales , et en agitant le mélange , la division
du mercure , son union avec le soufre , qui prend la
même nuance, ont lieu très-promptement. Il faut remuer
sans interruption , retirer le mélange du feu quand le
mercure a presque entièrement disparu , continuer à
l’agiter hoirs du feu x jusqu’à ce que, parle refroidisse-
ment et le mouvement, le tout se convertisse en petits
grumeaux qu’on réduit en poudre et qu’on passe à tra-
vers un tamis fin.
La seconde est connue sous le nom de cinabre artificiel,
sulfure rouge de mercure.
Gomme on parvient difficilement dans nos laboratoires
à donner au cinabre la beauté desirée , nous décrirons,
d’après MM. Luckerl et Payssé , le procédé suivi en
Hollande. On mêle i5o livres de soufre avec 1080
de mercure -, on met le mélange dans une chau-
dière de fer plate et polie , d’un pied de profondeur
sur un pied et demi de diamètre , et on entretient une
douce chaleur capable de tenir le soufre eu liqué-
faction.
On brise le sulfure de mercure ainsi préparé, et on
chaulfe des creusets au rouge. Alors on y projette le
2. • 26
4o2 Du Mercure.
sulfure-, il s’élève de suite une flamme très-noire. Lors-
que la flamme a cessé , on ferme les vaisseaux avec
des plaques de fer , et on continue le feu 36 heures ,
tems nécessaires pour sublimer tout le cinabre.
Ce sulfure rouge de mercure présente une masse aiguil-
lée rouge, d’une couleur d’autant plus brillante et plus
belle que le feu a été plus fort, et que le mercure y retient
moins de soufre.
Les chimistes ont toujours attribué la couleur rouge du
cinabre à une oxidation du mercure -, mais M. Thénard a
fait des expériences qui paroissent prouver le contraire ; si
l’on met dans une fiole où il y a du mercure , de l'azote , et
qu’on y ajoute du soufre , en agitant , ou forme du sulfure
noir; en mettant ensuite le sulfure dans une très-petite cor-
nue de verre , dans le corps de laquelle 1 air èîterieui ne
communique pas, on obtient par la sublimation du ■\eimil —
Ion; ce n’est donc pas par oxidation que le sulfure de mer-
cure est rouge.
M. Klaproth soupçonne cependant que le mercure y est
à un degré très-inférieur d oxidation, attendu que le pas-
sage de l’èthiops au cinabre , est toujours accompagné d'une
inflammation.
On peut préparer aussi du cinabre par la voie humide ,
en secouant du mercure coulant avec un sullure alcalin hy-
drogéné. L’expérience réussit mieux quand on emploie ce-
lui d’ammoniaque , ou la liqueur fumante de Boy le.
Le sulfure rouge de mercure broyé sur un porphyre
avec de l’eau, devient d’un beau rouge vif, à raison de
son extrême division ; lorsqu’il est ainsi broyé, on le délaie
dans beaucoup d’eau : on laisse déposer, on décante l eau,
et ou fait sécher la poudre. C'est ce qu’on nomme dans
Du Mercure.
le commerce, V ermillon. On s’en sert dans
et très-peu en-médecine.
4o3
la peinture ,
Si on fait bouillir du sulfure noir de mercure avec la po-
tasse, il se change en cinabre. M. Berthollet : qui a répété
cette expérience , dit qu’il s’est servi de potasse pure ; mais
qu’il a fallu une ébullition longue pour produire cet effet.
L’air n’altère point le cinabre-, il n’est point décomposé
par l’action du feu dans les vaisseaux clos, et lorsqu’on le
cbaulte dans des vaisseaux ouverts , le soufre se brûle et le
mercure se dissipe en vapeurs.
Les acides simples n attaquent pas le cinabre -, beaucoup
de substances sont capables de le décomposer, telles que la
chaux, les terres alcalines et les alcalis. Lorsqu’on les chauffe
dans une cornue avec ces substances , à la dose de deux
parties contre une de ce sulfure , on obtient du mercure
coulant , et le résidu est du sulfure alcalin ou terreux.
Plusieurs métaux ont aussi cette propriété , le cobalt , le
bismuth, l’antimoine, l’étain, le fer et le cuivre; mais
Ion se sert plus ordinairement du fer, comme nous le ver-
rons à 1 article de ce métal -, le mercure que l’on obtient par
ce procédé est distingué sous le nom de mercure revivifié
du cinabre.
Les cinabres naturels de Neumaerktel et du Japon sont
composés , d’après M. Klaprothfie o,85 de mercure et de
o,i5 de soufre. Le cinabre hépatique d’Idria contient, d’a-
près le meme chimiste, outre ces principes , du charbon et
un peu de cuivre. Le cinabre artificiel ne contient que 0,10
de soufre.
Le phosphore s unit assez difficilement au mercure.
Si on iraitelephosphore avec lé mercure métallique, ou
avec 1 oxide rouge de mercure, ce dernier se noircit et se
4o4 Du Mercure.
combine en partie avec le phosphore ; mais le meilleur
moyen de se procurer ce phosphore , c’est de plonger des
bâtons de phosphore décapés dans une solution de nitrate
de mercure. La surface du phosphore se couvre aussitôt de
mercure qui s’unit au phosphore et forme un phosphure de
mercure.
L’eau paroît n’avoir aucune action sur le mercure ; on
observe cependant que l’eau qu’ou a fait bouillir avec du
mercure , est vermifuge. Lémerj a prouvé que le mercure
ne perdoit rien de son poids dans cette décoction.
L’arsenic et le cobalt s’unissent peu au mercure-, mais le
bismuth s’y combine en toute proportion. Il résulte de cette
combinaison une matière brillante, friable, et plus ou moins
solide, suivant la quantité de bismuth. Cet amalgame cris-
tallise en pyramides à quatre pans, qui, quelquefois se
réunissent en octaèdres.
Le mercure décompose sur-le-champ les sulfures al-
calins.
Si l’on mêle du mercure avec une solution de sulfure hy-
drogéné de potasse , il se réduit en sulfure noir ; au bout de
quelques jours , il devient rouge.
Si l’on mêle du mercure avec X hydro-sulfure d ammonia-
que sulfuré, il prend la forme d’une poudre rouge.
La liqueur surnageante perd toute sa couleur. Ou peut la
décomposer par l acide muriatique, et il s’en dégage beau'
coup de gaz hydrogène sulfuré, sans précipitation de soufre.
M. Fourcroy a le premier découvert qu’en agitant du
mercure dans de l’eau chargée de gaz hydrogène su lluré ,
soit par la nature, soit par l’art, qu’il la décompose très-
promptement , et qu’il se change en sulfure noir.
Si l’on chauffe cette combinaison dans une cornue, elle
Du Mercure. 4° 5
ne donne que très-difficilement le mercure qui lui sert de
dissolvant.
L’acide sulfurique attaque le mercure, mais il faut qu’i
soit concentré et chaud. On connoît trois sortes de sulfates
i°. sulfate neutre, i: °, avec excès d’acide, 3°. un sulfat
dans lequel il y a un excès d’oxide de mercure.
On met dans une cornue de verre une partie de mercure
et une partie et demie d’acide sulfurique concentré. On y
adapte un tube recourbé , qui va plonger sous une cloche à
l’appareil à mercure : ou chauffe le mélange; peu-à-peu il
s excite une effervescence vive ; la surface du mercure de-
vient blanche; il s’eu sépare une poudre de la môme couleur,
qui trouble l’acide en s’y dispersant.
Il se dégage une grande quantité de gaz sulfureux.
Si l’on a adapte un ballon à la cornue , on obtient aussi
un peu d eau chargée-tle-gaz acide sulfureux.
Si l’on continue le feu jusqu’à ce qu’il ne sorte plus rien
de la cornue, on obtient une masse blanche, opaque, très-
caustique, et qui attire l’humidité de l’air, appelée par M.
Fourcroy sulfate acide de mercure. Lorsqu’il reste encore
une portion de liquide à la surface de cette masse , elle con-
tient de l’acide sulfurique à nu.
M. Fourcroy pense que le sulfate acide peut contenir
des doses très-variées d’acide sulfurique., suivant qu’on en
aura versé la quantité primitive; car on obtiendroit une
masse également acide , en employant plus de ce corps , que
la proportion indiquée ci-dessus, et suivant qu’on en aura
dégagé une plus ou moins grande quantité par l’action du
feu. il est en général d’autant plus soluble dans l’eau, qu’il
contient plus d’acide.
Si on lave, ajoute le même chimiste, ce sulfate acide de
4o6
Du Mercure.
mercure avec beaucoup moins d eau qu’il n’en faudroitpour
Je dissoudre complètement ; si l'on emploie cette eau froide
et a petites doses fractionnées, jusqu’à ce qu’elle ne change
plus le papier bleu , il reste un sel blanc sans acidité , beau-
coup moins acre et moins corrosif que l’étoi t toute la masse
saline d ou il provient, laquelle doit être considérée comme
un sel métallique véritablement neutre. M. Fourcror le
nomme sulfate de mercure , pour le distinguer des précé-
dons. L’eau des lessives en emporte une partie avec l’acide
sulfurique.
Ce sulfate présente les caractères suivans : il est blanc ; il
cristallise en lames et en prismes aiguillés très-fins -, sa sa-
veur n’est pas très-âcre ; il demande 5oo parties d’eau à io
degrés pour le dissoudre, et environ moitié de cette dose
lorsqu’elle est bouillante. Sous sa forme sèche et cristalline,
il contient sur ioo parties , ^5 de mercure, 8 d’oxigène,is
d’acide sulfurique, et 5 d’eau. L’eau froide ou chaude le dis-
sout tout entier sans l’altérer ni le décomposer-, les alcalis
purs ou caustiques , l’eau de chaux , le précipitent en gris
noir. Lorsqu’on décompose le sulfate par un alcali , l’oxide
précipité conserve toujours , suivant M. Berthollet , un peu
d’acide. Lorsqu’on y ajoute de l’acide sulfurique, on le
met dans l’état de sulfate acide; alors sa solubilité croît
dans des proportions relatives à la quantité d acide ajouté:
un 12e de celui-ci le rend soluble dans i5 7 parties d’eau à
îo degrés, et dans 33 d’eau bouillante.
Le turbith minéral que M. Fourcroj nomme sulfate
avec excès d'oxide de mercure , ou sulfate jaune de
mercure , se prépare eu faisant chauffer longtems la masse
sulfurique mercurielle. Dans cette opération on décompose
une plus grande quantité d acide sulfurique, et on oxide
j Du Mercure. 4°jT
davantage le mercure; si l’on jette ensuite de l’eau chaude
ou froide sur la masse, on obtient tout-à-coup une poudre
jaune. Souvent aussi on obtient ce sel en différons états,
jouissant de couleurs très-variées , depuis le jaune pâle et
çitronn? jusqu’au jaune presque orange.
Ce sulfate est jaune, soluble dans plus de 200 parties
d’eau. Si tout le mercure y est au maximum , il se dissout
entièrement dans l’acide muriatique, s’il y a une partie au
minimum , l’acide muriatique laisse une poudre blanche,
qui est le muriate doux, et la liqueur filtrée, est du sublimé
corrosif, contenant de l’acide sulfurique du sulfate, comme
on peut sien assurer en y versant du muriate de barite.
Il est soluble à l’aide de la chaleur, dans l’acide sulfu-
rique un peu étendu.
Cette solution n’étant pas surchai'gée d’oxide mercuriel,
elle ne précipite pas par l’eau. Si, au contraire, on charge
cet acide de tout ce qu’il en peut dissoudre à l’aide
de la chaleur, alors on obtient un précipité blanc avec
l’eau froide, et un précipité jaune avec l’eau bouillante;
et en ajoutant un peu d’acide sulfurique , on fera cesser
les précipitatiQns.
Broyé avec du mercure coulant, il l’éteint promptement,
devient d’abord d’un vert fonce , passe bientôt avec
celui-ci à l’état d’oxide noir; et lorsqu’on le fait bouillir
avec de l’eau et peu de mercure , le même changement
en oxide noir a lieu, seulement avec plus de lenteur que
par le broiement.
Fondu au chalumeau avec le verre phospliorique, il
acquiert une couleur yerte.
Poussé au feu dans une cornue, il donne d’abord un
4°8 Du Mercure.
peu cl acide sulfureux, et se réduit eu mercure coulant, en
fournissant une grande quantité de gaz oxigèue.
1 Les chimistes portugais ont trouvé, dans l’acide phospho-
reux, un moyen de faire l’analyse des sels à hase de mer-
cure. L’oxide se réduit à l’état métallique, en cédfant son
oxigène à l’acide phosphoreux, et le convertit en acide
phosphorique.
Le turbith, d’après ces chimistes, est composé de 85 de
mercure, et de i5 d’acide sulfurique.
L ammoniaque ne précipite pas le sulfate de mercure,
quand il est avec excès d’acide ; elle forme un sel triple
am moni aco-m er c uri el . Quand le sulfate de mercure est
bien neutre, elle ne sépare qu’une petite portion d’oxide
noir, qu’elle rend réductible par le seul contact de la lu-
mière, et elle forme un sel triple avec la plus grande
partie du sulfate de mercure.
Suivant M. Fourcroj , ce sulfate a une saveur piquante
et austère, il décrépite et donne, par la chaleur de l’am-
moniaque, du gaz azote, un peu de mercure coulant, et un
peu de sulfite d’ammoniaque : il reste dans la cornue du
sulfate de mercure jaune-, il est peu soluble dans l’eau-, les
alcalis et la chaux le précipitent en une poudre blanche, qui
est encore un sel triple aVec excès de base, ou privé de
beaucoup de son acide. Ce précipité, exposé au soleil ,
noircit et se re'duit en mercure coulant, parla décomposition
réciproque de l’oxide mercuriel de l’ammouiaque. Ce sulfate
ammoniaco-mercuriel est soluble par l'ammoniaque, dont
il retient une partie lorsqu’il se cristallise par l’évaporation
de cet alcali volatil. Cent parties contiennent 18 d’acide
sulfurique, 33 d’ammoniaque, 3g de mercure et io d’eau.
Cette analyse prouve que ce sel triple contient une très*
- t
Du Mercure. 4°9
grande proportion des deux bases sur celle de l'acide sulfu-
rique, et que , dans cette combinaison, l’attraction diffère
beaucoup entre trois substances qui la forment, d’avec ce
quelle est entre deux d’entre elles en particulier.
Il n’y a aucune action entre le mercure et l’acide sulfu-
reux-, mais si l’on met de l’oxide rouge en contact avec
l’îtcide sulfureux, lioxide devient tout-à-coup blanc, il se
dégage du calorique, et l’odeur de l’acide sulfureux, est
tout-à-coup détruite. En n’employant qu’une petite quantité
de cet acide, il se forme du sulfite de mercure; mais si
on en met beaucoup, l’oxide de mercure est ramené à
l’état métallique, et l’on trouve de l’acide sulfurique dans
la liqueur.
Le mercure est attaqué par l’acide nitrique à chaud et à
froid; mais la différence de température en apporte aussi
une très-grande dans la solution.
L’acide nitrique soit concentré, soit étendu dissout le
mercure avec facilité, et il en résulte selon les circonstances,
un nitrate au minimum , ou au maximum. Le mercure
s’oxide aux dépens de l oxigène de l’acide, et se dissout
ensuite dans la partie d’acide- nitrique non décomposé.
Quand on veut se procurer une solution de mercure
dans de l’acide nitrique, on met dans un matras, suffi-
samment grand , une partie de mercure sur une quantité
égale d’acide nitrique à 32° ; lorsque la première efferves-
cence est passée, on place le vaisseau sur un bain de sable,
afin d’aider l’action de l’acide nitrique parle calorique;
mais pour peu que l’acide soit concentré, la solution se fait
sans feu.
Cette solution nitrique mercurielle est très-caustique;
elle ronge et détruit nos organes. On se sert en chirurgie de
410 Du Mercure.
cette solution , et on la nomme eau mercurielle , en l’éten-
dant d’un peu d’eau.
Cette solution fournit, par le seul refroidissement, des
cristaux en aiguilles plates, très-longues, très-aigues,
striées sur leur longueur.
La forme cristalline du nitrate de mercure varie suivant
les circonstances dans lesquelles la solution du mercure est
faite à froid, à chaud, dans de l’acide concentré, de l’acide
affoibli , etc.
La solution qui a été faite à froid, et qui n’a point
donné lieu au dégagement des vapeurs rouges, n’est point
décomposable par l’eau distillée-, mais si l’on a aidé la
solution par la chaleur, s’il s’en est dégagé une grande
quantité de gaz nitreux, elle précipite par l eau-, ce qui
prouve combien il faut mettre de soin dans la préparation
de ce réactif.
Le précipité que l’on obtient est du nitrate avec un
grand excès de mercure, très-oxidé et très- jaune si l’on
verse la solution dans l’eau chaude, ou blanc si on la verse
dans de l’eau froide.
La solution faite à froid ne contient au contraire, que du
nitrate sans excès d’oxide de mercure; puisqu’elle 11e peut
se charger d’oxide surabondant, qu à l’aide de la chaleur;
l’eau distillée ne peut y produire aucun précipité. Ce qui
prouve cette assertion, c’est qu’on peut rendre à volonté
la même solution mercurielle décomposable ou non par
l’eau, en y ajoutant de l’oxide de mercure, ou de l’acide t
et la fairc'passer plusieurs fois de suite à l’un ou à l’autre de
ces états.
Si l’on met sur du mercure, de l’acide nitrique de 22 à
2 5 degrés, et qu’on laisse agir à froid, il y a une moindre
Du Mercure.
4il
portion d’acide de'composé, il se dégage du gaz nitreux,
et lacide nitrique non décomposé dissout l’oxide de mer-
cure, si on fait évaporer doucement , on obtient des cristaux
très-variés , tantôt octaèdres , tantôt prismatiques , si on
jette de l’eau dessus , elle s’empare de l’excès d’acide
qui emporte avec lui une petite portion de nitrate neutre,
il en reste une autre portion précipitée qui est d’un gris
blanchâtre.
Voilà deux nitrates de mercure , l’un avec excès
d’acide, l’autre neutre, dans lesquels le mercure est au
minimum.
Pour avoir les deux autres nitrates, on fait bouillir
l’acide nitrique sur le mercure pendant trois quarts d heure
environ, on fait évaporer ensuite, et l’on obtient quelques
longues aiguilles déliquescentes ; si l’on pousse jusqu’à
consistance sirupeuse , on aura le nitrate acide de mercure ,
dans lequel le mercure est trés-oxidé; en jetant de l’eau
dessus, elle s’empare de l’excès d’acide, à l’aide duquel
elle dissout une petite portiou du nitrate neutre, l’autre
partie est précipitée en couleur jaune*, c’est ce qu’on appelle
le lurbitli nitreux , qui d’après les chimistes portugais., est
composé de 88 d’oxide de mercure au maximum , et de 12
d’acide nitrique.
Le nitrate de mercure neutre est très-caustique ; il fuse
et détonne sur le charbon, et lorsqu’il est bien sec, on
apperçoit une flamme blanchâtre très-vive, et qui cesse
très-promptement.
Exposé a l’air, il devient jaune, et s’y décompose très-
lentement.
Mis dans un creuset, au milieu des charbons, il se fond,
il s en exhale des vapeurs rouges très-épaisses; il prend
4 12 Du Mercure.
d abord une couleur jaune foncée , qui passe à l’orangé ,
et enfin au rouge brillant: on l’a nommé dans cet état,
précipite rouge , et les modernes, oxide de mercure rouge
par l acide nitrique.
En Angleterre et en Hollande, on prépare cet oxide
parfaitement beau. M. Payssc nous a procuré quelques
renseignemens sur le procédé employé par les Hollandais.
On dissout 5o parties de mercure, dans 70 parties d’acide
nitrique de 34 à 38 degrés. On évapore par la distillation
dans une cornue, et on enlève le récipient dès que le gaz
nitreux commence a paroître, dès que le gaz nitreux a
dispaiu , on élève la chaleur, et on lent etieut à ce degré
jusqu’à ce que la masse d’oxide soit d’un rouge vif. Huit
heures de feu suffisent ordinairement pour une opération de
4 quintaux. Cet acide ainsi obtenu, contient 0,18 d’oxigène.
Si on fait fondre au chalumeau cet oxide avec le verre
pliosphorique, il lui donne différentes couleurs.
Si on distille le nitrate de mercure dans une cornue . à
l’appareil pneumato-chimique , on obtient un phlegme
acidulé et du gaz nitreux dans le premier tems; il est alors
dans l’état d’oxide ronge ; si on le chauffe fortement, il s’en
dégagé une grande quantité de gaz oxigène, mêlé d’un
peu de gaz azote, et le mercure se sublime sous forme
métallique.
Ce sel est assez soluble dans l’eau distillée, et beaucoup
plus dans l’eau bouillante.
Lorsqu on dissout ce sel dans l’eau, il y a une portion
qui se précipité sans s y dissoudre, et qui est jaunâtre;
1 eau bouillante sur-tout présente ce phénomène d une ma-
niéré plus marquée. Si on expose au feu cet oxide jaune,
il devient rouge sur-le-champ.
Du Mercure.
4i3
Quand on veut obtenir une solution claire, transparente,
il faut employer de l’eau distillée , dans laquelle on verse
un peu d’acide nitrique foible, jusqu’à ce que le précipité
disparoisse.
La barite, la strontiane, la chaux dissoute dans l’eau et
les alcalis décomposent le nitrate de mercure-, le métal
est précipité à l’état d oxide, le précipité est noir dans le
nitrate au minimum , et jaune dans celui nu maximum.
Tous les précipités qu’on obtient par les bases, sont des
sels triples , dans lesquels il y a grand excès d’oxide de
mercure , par exemple , en traitant par la potasse’, on obtient
un nitrate de mercure et de potasse-, mais si l’on étend de
beaucoup d’eau, le sel triple reste dissous dans la liqueur,
et il n’y a pas de précipité.
L’ammoniaque précipite en gris noirâtre , lorsque la
solution mercurielle nitrique n’est pas trop oxidée-, tandis
que le même alcali produit un dépôt blanc dans une solu-
tion saturée de mercure , que l’eau est susceptible de
précipiter.
M. Fourcroy regarde ce précipité blanc comme un sel
triple, espèce de nitrate ammoniaco-mercuriel tiès-peu
soluble, avec excès d’oxide de mercure et d’ammoniaque
relativement à la dose de l’acide nitrique, dans lequel
l’oxide de mercure paroît saturer de l’ammoniaque et.
former un nitrate de mercure et d’ ammoniaque. Ce sel
est compose suivant le même chimiste, de 68,20 cl’oxide
de mercure, de 16 d’ammoniaque, et de i5,8o d’acide
nitrique et d’eau.
Les oxides obtenus par les carbonates alcalins, fournis-
sent un peu d’acide carbonique à l’aide du calorique.
44 Du Mercure.
Si on laisse les oxides obtenus par les alcalis caustiques,
au contact de l’air atmosphérique, on en retire aussi du gaz
acide carbonique.
Les oxides de mercure précipités de leurs solutions
acides par les alcalis , détonnent comme la poudre à canon
lorsqu’on les expose dans une cuiller de fer à un feu gradué.
A cet effet, on triture ces oxides de mercure avec du
soufre (on prend 36 parties d’oxide sur 6 de soufre;,
on met le mélange dans une cuiller, et l’on fait détonner-,
il reste après la détonnation une poussière violette, suscep-
tible de se sublimer. Cetle substance peut alors se trouvera
l’état de sulfux-e de mercure rouge.
/
Bayen à qui l’on doit cette expérience, n’a pas dit à
quoi tenoit le phénomène de la détonnation, et les circons-
tances dans lesquelles il se présentoit. M. Berthollet a fait
voir que le soufre mis en contact avec les oxidesde mercure,
leur enlève subitement l’oxigène peu adhérent, lorsque ces
précipités contiennent peu d’acide muriatique-, mais cet
effet ne peut avoir lieu lorsque l’oxide de mercure est
garanti de l’action du soufre par une trop grande quantité
d’acide muriatique.
L’acide sulfurique , et les sels dans lesquels il entre,
décomposent le nitrate de mercure. Bayen , qui a examiné
ces précipités, a reconnu qu’ils retenoieqt toujours un
peu d’acide nitrique.
Quand on verse du sulfate alcalin dans une solution de
nitrate de mercure au minimum, il se forme un précipité
blanc, qui est le sulfate neutre de mercure-, mais dans une
solution de nitrate au maximum , le même sulfate alcalin
y forme un précipité jaune qui est le turbith minéral.
Le muriate de soude précipite des solutions nitriques de
Du Mercure. /^i5
mercure, des mariâtes différens selon les degrés d’oxigéna-
tion du mercure dans ses solutions.
M. Howard a fait connoître une préparation du mercure,
qui a la propriété de fulminer.
Pour préparer cette poudrq, on prend une once de mer-
cure que l’on fait dissoudre, à l’aide delà chaleur, dans
dix onces d’acide nitrique. On verse la solution refroidie
sur cinq onces d’alcool, en employant un vaisseau de verre
convenable, et on applique une chaleur modérée jusqu’à ce
quil y ait effervescence. Une fumée blanche sélevera
d’abord légèrement sur la surface de la liqueur, et la poudre
se précipitera par degrés. On filtre immédiatement le
précipité, on le lave bien à l’eau distillée, et on le fait
sécher avec précaution à une température an plus égale à
celle de l’eau tiède. Il est absolument nécessaire de laver
immédiatement cette poudre, parce que l’acide nitrique
réagit sur elle-, et que tant que cet acide y est adhérent, la
lumière seule suffît pour la décomposer; ioo grains de
mercure en fournissent environ 120 ou i3o grains.
Cette poudre a la propriété de détonner à une légère
chaleur, ou par le simple frottement. Elle contient de l’oxide
de mercure, de l’ammoniaque et une substance que M. Bei-
thollet n’a pu séparer sans la décomposer, mais qu’il regarde
comme voisine , par sa nature , de l’alcool.
La préparation mercurielle fulminante que M. Fourcroy
a découverte, est un oxide de mercure ammoniacal produit
pendant une digestion continuée pendant huit ou dix jours,
d’ammoniaque concentrée sur de l’oxide rouge. L’oxide
devient peu- a-peu d un beau blanc : il se couvre de cristaux
iamelleux, brillaus et très-petits. Mis sur des charbons
bien allumés, il détonné presque comme l’or fulminant,
r
4 1 6 Du Me rcu re.
sur-tout lorsqu’il est en pelotons ou petites masses. Il se
décompose spontanément, et cesse d’être fulminant troisou
quatre jours après sa préparation. Une chaleur douce en
dégage l’ammoniaque, et laisse l’oxide rouge isolé. Les
acides décomposent sur-le-cliamp cet oxide fulminant, qu il
faut ajouter à l’oxide d’or et a l’oxide d’argent , lesquels ont
la même nature ammoniacale.
L’acide muriatique n’attaque pas sensiblement le mer-
cure-, mais si on présente le mercure à l’état d’oxide à l’acide
muriatique, son action est alors très-marquée , il peut même
en résulter un muriate au minimum et un au maximum.
Ainsi, si les oxides de mercure trop oxigénés ne peu-
vent point rester combinés avec les acides sulfurique et
nitrique, il n’en est point ainsi à l'égard de l’acide muria-
tique, qui dissout le mercure et les autres métaux à tous
les degrés d’oxidation -, aussi le mercure combiné avec lui
dans le muriate suroxigéné, est-il bien plus oxidé que dans
la combinaison nitrique' la plus oxidée.
On obtient le muriate au minimum en versant de l'acide
muriatique, ou mieux encore une solution de muriate de
soude, dans une solution de nitrate de mercure au mini-
mum-, il se fait sur-le-champ un précipité blanc, connu sous
le nom impropre de précipité blanc , qui est le muriate de-
mercure.
Ce sel est insoluble dans l’eau. Le mercure y est
à l’état d’oxide noir ou au minimum d’oxidation , ce
qui constitue le mercure doux.
L’acide muriatique oxigéué n’offre pas le même phé-
nomène, quand on le verse dans uue dissolution de
nitrate de mercure, parce que le sel qu’il forme est
très-soluble.
Du Mercure.
Pour préparer le muriate au maximum , on pourroit
dissoudre tout simplement l’oxide rouge de mercure
dans l’acide muriatique ; mais pour opérer avec plus
d’économie, on fait dissoudre dans un matras huit par-
ties de mercure , sur dix ou douze d’acide nitrique.
On fait évaporer cette solution jusqu’à siccité ; on pul-
vérise la masse dans un mortier de marbre , et on mêle
u avec huit parties de muriate de soude décrépité, et
sautant de sulfate de fer calciné à blanc. Lorsque le mé-
lange est bien exact, on le met dans un matras à col
«court , dont les deux tiers demeurent vides : on place
d le vaisseau dans un bain de sable , de manière que la
i boule en soit couverte ; alors on procède à la sublima-
tion par un feu gradué , qu’on augmente jusqu a faire
irougir obscurément le cul du matras ; on l’entretient en
rcet état pendant environ trois heures ; on laisse refroidir
lie vaisseau -, on le casse proprement , afin de ne pas salir
lia partie sublimée -, on détache ce sel qui est sous la
i: forme de cristaux applatis et pointus à la partie supé-
irieure du matras : c’est le sublimé corrosif. Dans cette
'.opération le nitrate de mercure est décomposé par la
(chaleur , et donne l’oxide rouge de mercure -, le sul-
fate de fer se décompose à l’aide du calorique -, son
acide en se dégageant se porte sur le muriate de soude
«qui se décompose ; l’acide muriatique se combine avec
il oxide rouge de mercure et forme le muriate sur-oxi-
géné de mercure qui se sublime.
Le résidu est rougeâtre ou brun : il contient de l’oxide
«de fer et du sulfate de soude, formés par l’union de
ill’acide sulfurique avec la base du muriate de soude.
On peut préparer ce sel de plusieurs manières : celle
4x8 Du Mercure.
que nous venons de décrire est la plus usitée dans
les arts.
En Hollande , où il y a des fabriques de sublimé i
corrosif, on triture parties égales de mercure, de mu- ;
riate de soude et de sulfate de fer , et on fait sublimer i
le mélange.
Tous les précipités mercuriels par les alcalis fixes ,
du tout autre oxide de mercure, peuvent servir avec
avantage à cette opération : on mêle l’un ou l’autre de
ces précipités en proportions égales avec du muriate
de soude , et du sulfate de fer calciné à blanc , et on
fait sublimer le mélange dans un matras.
Boulduc a aussi donné un très -bon procédé pour
obtenir ce sel : cm mêle parties égales de sulfate de
mercure et de muriate de soude bien sec : on obtient
un très-beau sublimé corrosif. Le muriate de mercure
se volatilise , et le résidu n’est que du sulfate de
soude.
Si l’on verse dans une solution de nitrate de mercure de
l’acide muriatique oxigéné, et qu’on évapore lentement
le mélange , l’acide ^ nitrique se dégage , la liqueur donne ,
par le refroidissement , des cristaux de muriate sur-
oxigéné de mercure.
L’action de l’acide muriatique oxigéné sur l’oxide
j"ouge de mercure a été examinée par MM. Fourcroj et
Thénard. MM. Braamcamp et Scqueira-Oliva , chimistes
portugais , ont obtenu à-peu-près les mêmes résultats ,
mais ils ont remarqué quelques légères particularités.
Lorsqu’on fait passer du gaz acide muriatique oxi-
géné dans l’oxide rouge de mercure délayé dans
Du 31 er cure. ^
Veau bouillante , l’oxide se convertit en une poudre vio-
lette qui contient de l’acide muriatique ; la liqueur sur-
nageante laisse cristalliser par l’évaporation du sublimé
corrosif. L’eau mère qui refusoit de cristalliser fut évapo-
rée à siccité et présenta un nouveau sel qu’ils ont
appelé muriate sur-oxigéné , ces chimistes donnant au
sublime corrosif le nom de muriate oxigéné ; ce sel a
présenté les propriétés suivantes :
Il est déliquescent et très-soluble dans l’eau , plus
soluble dans l’alcool que le muriate oxigéné ( sublimé
corrosif ) 11 pétille par l’acide sulfurique concentré ,
prend une couleur jaune et laisse dégager du gaz acide
muriatique oxigéné ; mêlé avec le sulfure d’antimoine ,
il s’enflamme quelques instans après le mélange.
On peut encore préparer le muriate sur-oxigéné de
mercure , en employant un muriate sur-oxigéné alcalin
avec un sel à base de mercure, ou bien du turbith mi-
néral, sulfate de mercure neutre, très-oxidé, qu’on
met dans un petit matras avec partie égale de muriate
de soude bien desséché-, on fait chauffer, le sulfate de
mercure se décompose, l’acide sulfurique se porte sur
la soude , et l’acide muriatique sur l’oxide de mercure
d’où il résulte un muriate de mercure très-oxidé qui se
sublime.
f J ’ •* ^ ,
Ce sel a une saveur âcre et très-caustique. Il laisse, sur
la langue une impression styptique et métallique très-
desagreable. Il corrode les intestins , et les fait tomber
en escarres.
Le muriate mercuriel corrosif n’est pas sensiblement
altéréparla lumière.
Du Mercure.
4 20
Le calorique le volatilise, et lui fait éprouver une demi-
vitrification, mais 11e le décompose pas.
Chauffé ù l’air libre, il se dissipe en une fumée blanchey
très-dangereuse sur l’économie animale. *
Chauffé lentement et par degrés , il se sublime sous
forme cristalline : ce sont des cristaux dont les prismes
sont si comprimés, qu’il est impossible de déterminer le
nombre de leurs pans. . ...
Il n’est point altéré par l’air.
Dix-neuf parties d’eau en dissolvent une de ce sel ;
l’évaporation spontanée produit des prismes applatis,
très-aigus.
M. Chaussier a indiqué la solution de mnriate sur-
oxigéné de mercure dans l’eau distillée, comme le moyen
le plus propre de préserver les cadavres des animaux de
la putréfaction , en conservant leur forme essentielle ,
et môme en leur donnant la fraîcheur , l'apparence de
la vie.
S’il s’agit uniquement d’une pièce séparée, comme la
plupart dés préparations anatomiques, il suffit de la plon-
ger dans une solution de muriate sur-oxigéné de mercure,
et d’ajouter dans le vase un ou plusieurs nouets de linge
fin qui contiennent quelques grammes de ce sel mercu-
riel, précaution essentielle pour qu’elle reste toujours
également saturée. Après dix , vingt ou trente jours d’im-
mersion , c’est-à-dire lorsque la partie a été pénétrée
dans toute son étendue par la solution saline, lorsqu’il
s’est opéré dans tous ses points une combinaison nou-
velle , on peut la retirer de la liqueur , la placer dans
un bocal que l’on remplit d’eau distillée , légèrement
chargée de muriale sur-oxigéné de mercure ; ou Lieu
Du Mercure.
on l’expose dans un endroit aéré, à l’abri du soleil ,
de la poussière -, peu-à-peu elle se dessèche, prend une
consistance , une dureté presque ligneuse , et dans cet
état elle ne peut plus être altérée par l’air , ni attaquée
par les insectes.
La conservation du corps entier exige des soins, des
attentions particulières dont on trouvera les détails dans
le mémoire de ce célèbre anatomiste -, c’est , en quelque
sorte , un art nouveau , dont les procédés ne peuvent
être bien exécutés que par un anatomiste exercé.
Cette solution de muriate sur-oxigéné de mercure peut
être employée avec succès pour conserver les bois, les
cartons , les pelleteries , de la voracité des insectes , ainsi
que dans les cabinets d’histoire naturelle pour laftconser-
vation des oiseaux , des petits quadrupèdes , etc.
La barite , la strontiane , la magnésie et la chaux
décomposent ce sel, et en précipitent l’oxide de mer-
cure.
A vec l’eau de chaux on prépare pour la médecine un
médicament connu sous le nom d’eau phagédénique.
Dans un litre d’eau de chaux environ , on fait dissoudre
4 à 5 grammes de sublimé corrosif; il se forme un préci-
pité jaune rougeâtre qui trouble la liqueur , et on l’em-
ploie sans en séparer le dépôt.
Les alcalis fixes séparent de ce sel un oxide orangé ,
dont la couleur se fonce par le repos.
L ammoniaque précipite ce sel en blanc; mais il prend
peu-à-peu une couleur ardoisée.
M. Fourcroy nous a fait connoîlre la nature de ce
précipité ; il a trouvé par une analyse exacte que ce pré-
cipité coutenoit 0,81 doxide de mercure, 0,16 d’acide
4 22 Du Mercure.
muriatique, eto,o3 d'ammoniaque. Les expériences de ce
chimiste indiquent que l’ammoniaque, sans décomposer
le muriate sur-oxigéné de mercure, et sans en séparer
d oxide, forme un sel triple où cet oxide plus abondant
que dans le sublimé corrosif, est saturé par l’ammo-
niaque qu’il sature en même tems à la manière d’un
acide.
Les acides et les sels neutres alcalins ne laite- •
rent pas.
Le muriate d’ammoniaque s’unit très-bien avec le mu-
riate oxigéné de mercure : lorsqu’ils sont unis , il est im-
possible de les séparer l’un de l’autre sans les décomposer.
Il forme, soit par la cristallisation , soit par la sublima-
tion , un composé salin , que les alchimistes ont nommé
sel alembroth , sel de ï art sel de sagesse.
On le prépare en mêlant parties égales de ces deux
substances.
Baume prétend que le muriate ammoniacal rend le
sublimé corrosif plus soluble.
Le muriate ammoniacal donne encore, avec ce sel
un autre composé , connu sous le nom de mercure préci-
pité blanc.
On fait disssoudre la quantité que l’on veut de muriate
d ammoniaque dans suffisante quantité d’eau; on ajoute
une égale quantité de sublimé corrosif réduit en poudie.
Lorsque la solution est faite, on y verse une solu-
tion de carbonate de potasse , qui y forme un précipité
blanc -, on continue d’en verser jusqu’à ce qu’il ne se pré-
cipite plus rien : alors on filtre la liqueur -, on la met à
part -, on passe beaucoup d’eau froide très-pure sur le
précipité : on le met ensuite en petits tcochisques , par 1*
Du Mercure. 4î*
moyen d’un entonnoir de verre , et on les fait sécher
à l’air.
Dans cette opération , la potasse dégage l'ammoniaque y
qui précipite à son tour le mercure en oxide blanc.
Cette espèce de . précipité blanc est appelée , par
]VÎ. Fourcroy , muriate mercurio-ammoniacal insolu-
, £/e,etil le distingue du sel alembroth , qu’il désigne par
le nom de muriate ammoniaco-mercuriel soluble.
Ce précipité jaunit lorsqu’il est exposé à la chaleur et
même à la lumière.
Ce muriate sur-oxigéné de mercure est décompose par
l eau chargée de gaz hydrogène sulfuré , ainsi que par les
sulfures hydrogénés. On obtient un précipité de mercure
sulfuré noir.
Le soufre ne le change pas, ni le carbone : le phos-
phore ne décompose pas entièrement le muriate oxigéné
de mercure, mais le gaz hydrogène phosplaoré y forme
un précipité noir.
La plupart des métaux décomposent ce sel. Avec l’ar-
senic , on obtient un composé connu sous le nom de
beurre cl arsenic , huile corrosive. C’est du muriate d ar-
senic sublimé. Voyez l’article arsenic.
Avec le bismuth, on peut obtenir la décomposition
du muriate sur-oxigéné de mercure. Voyez muriate de-
bismuth.
L’action du muriate sur-oxigéné de mercure sur l’ail-
timoine , est très-marquée , il en résulte le muriate
d’antimoine sublimé. Voyez l’article de l’antimoine.
Une préparation beaucoup plus importante que celles
dont nous venons de parler, est celle qui résulte de 1*
424 Du Mercure.
combinaison du muriate sur-oxigéné de mercure avec le
mercure métal.
Pour faire cette combinaison , il existe plusieurs pro-
cédés.
D apres Baume , on prend quatre parties de muriate
sur-oxigene de mercure et trois de mercure coulant-, on
tiiture ces deux substances dans un mortier de marbre avec
un peu d eau ; quand le mercure est parfaitement éteint,
ce que I on reconnoît lorsque la poudre est grise , et que
Ion napperçoit a la loupe aucun globule de mercure , on
brise cette poudre sur un porphyre ; on distribue ce mé-
lange dans plusieurs grandes fioles à médecine, en obser-
vànt que la moitié au moins reste vide -, on pose les fioles
sur un bain de sable, et on les recouvre de sable jusqu’à
la naissance du col seulement : on procède à la sublima-
tion par un feu gradué, qu’on augmente dans l’espace
d’une heure assez pour faire élever ce mélangé à la partie
supérieure des fioles , ce dont ou s’appercoit par des vapeurs
blanches qui sortent des vaisseaux.
On entretient le feu en cet état pendant environ six
heures : alors on laisse refroidir les vaisseaux ; on les en-
lève du sable ; on les casse; on sépare la poudre blanche
qui se trouve à la partie supérieure, et on la met à part.
On détache des bouteilles la substance qui y est sublimée
en une seule masse, et on porphirise la masse.
Le procédé que nous venons d’indiquer , quoique le
plus ordinairement suivi , n’est pas sans inconvénient :
j°. l’extinction du mercure par la trituration est très-
longue ; 2 . le mercure n est jamais exactement éteint dans
le mortier, 3°. les sublimations sont très-lentes.
Sçhèele conseille de dissoudre du mercure dans son
Du Mercure. 5^5
poids d'acide nitrique, à l aide d’une le'gère chaleur , de
faire d'un autre côté , une solution de mnriate de soude
dans trente-deux fois son poids d’eau bouillante , de mêler
les deux liqueurs chaudes , de remuer continuellement le
mélange , de laisser déposer le précipité , de décanter la
liqueur claire qui le surnage , de l’édulcorer avec de l’eau
chaude jusqu’à ce que celle-ci sorte sans saveur , de jeter
le tout sur un filtre , et de faire sécher à une douce cha-
leur. Ce muriate de mercure est aussi doux et aussi pur
que celui qui est préparé par la trituration , l’extinction et
la sublimation.
Il est essentiel de ne point trop réitérer les sublima-
tions du muriate mercuriel doux , puisque ce derjiier perd
chaque fois une portion de mercure, ce qui donne à
chaque sublimation une certaine quantité de muriate mer-
curiel corrosif. Le moyen le plus sûr d’adoucir le muriate
mercuriel doux , est de le laver dans beaucoup d’eau ,
pour dissoudre tout le muriate mercuriel corrosif qu’il
peut contenjf.
Ces réflexions nous conduisent naturellement à rejeter
cette préparation, connue sous le nom de panacée mer-
curielle , laquelle se préparoit en faisant sublimer neuf
fois de suite le muriate mercuriel doux.
La théorie de cette opération est facile à concevoir. Le
muriate sur-oxigéné de mercure cède très-facilement au
mercure une portion de son oxigène; de là l’extinction de
ce métal et la couleur grise que prend ce mélange -, il se fait
ici un partage de l’oxigène entre l’oxide de muriate de mer-
cure corrosif et les | de son poids de mercure -, alors il s’établit
un équilibre permanent.
Dans cet état, le mélange a perdu son àcreté et sa disso-
4*6 JOu Mercure*.
lubilite, mais il n’y a pas de combinaison bien intime entre
les deux portions d’oxide et celle de l’acide; le calorique
achevé 1 union réciproque qui se trouve complette après \
mie sublimation.
Les propriétés du muriate doux sont très-différentes I
de celles du muriate sur-oxigéné. Il n’a pas de saveur ;
il n’agit sous forme solide que comme un purgatif léger.
Exposé à la lumière , il noircit ; frotté dans l’obscurité , iL
est lumineux et phosphorique. Il est plus difficile à vola-
tiliser et à sublimer que le muriate sur-oxigéné.
Sublimé lentement, il fournit des cristaux en prismes <
tétraèdres , terminés par des pyramides à quatre faces.
Les bases salifiables, alcalines -terreuses et alcalines
le décomposent quand on l’agite avec l’eau de chaux,
de barite, ou avec une dissolution de potasse ; de blanc
qu’il est il passe au noir, ce qui prouve que ce sel est
nn muriate dans lequel le mercure se trouve au minimum
d’oxi dation.
Parmi les autres acides , il en est beaucoup qui ne se
combinent pas immédiatement au mercure ; mais presque
tous s’unissent par voies d’affinités doubles.
On ne connoît pas encore l’action des acides carbonique,
fluorique et boracique sur le mercure.
On sait seulement que les carbonates alcalins précipitent
le mercure de ses dissolutions acides , et que les préci-
pités sont différens de ceux que l’on obtient avec les alcalis
purs , contenant de l’acide carbonique.
L’acide phosphorique s’unit à son oxide ; maison n’opère
bien cette union qu’en précipitant du nitrate de mercure
avec une dissolution de phosphate alcalin.
L’action de l’acide phosphoreux sur l’oxide ronge de
Du Mercure. 427
•mercure , est assez remarquable. Quand on fait bouillir
ensemble ces deux substances, il se forme de l’acide
phosphorique , et l’oxide se réduit à l’état métallique.
Pour faire le borate de mercure , on verse dans une dis-
solution de nilrate de mercure , du borate de soude saturé;
I il se précipite un sel peu soluble ; on peut l’obtenir par
«yaporation , sous la forme de pellicules fines et brillantes.
M. Chaussier emploie avec succès cette combinaison
saline dans le traitement des maladies vénériennes.
Si l’on expose ce sel à l’air, il y verdit. Le muriate
ammoniacal le rend très-soluble ; l’eau de chaux le précipite
*n jaune , qui devient rouge foncé ; la potasse le précipite
æn blanc.
On sait très-peu de chose sur l’union de l’oxide de mer-
«cure avec les acides métalliques.
Schèele a indiqué quelques-unes des propriétés de l’ar-
•jseniate , du tungstate et du molybdate de mercure , qu’on
prépare en versant dans la dissolution nitrique de ce
iznétal des sels alcalins ou solubles formés par ces acides.
L’acide chrômique , combiné avec l’oxide de mercure
(■par l’union de la dissolution d’un chrômate alcalin avec
' çelle du nitrate de mercure, forme un précipité indissoluble
d’un rouge de cinabre très-vif, qui est utile à la pein-
ture.
Les oxides de mercure s’unissent en général aux alcalis.
M. Fourcroy a reconnu qu’en évaporant la lessive d’un
mélange d’oxide rouge de mercure et d’ammoniaque en
excès , qui en avoit produit en partie la réduction , on
pouvoit obtenir un vrai sel triple, un nitrate ammoniaco-
piercuriel , ce qui est dû à de l’acide nitrique formé par
1 effet de cette décomposition.
4^8 Du Mercure.
Les sels neutres n’ont que peu d’action sur le mercure.
Quoique cette assertion soit sur-tout applicable aux diffé- ;
îens sels sulfuriques*, M. Fourcroy a cependant remarqué
que le meicure s eteignoit très-promptement dans le sulfate j
de potasse.
Le mercure , d’après l’expérience de la Garaye , forme :
avec le muriate d’ammoniaque, un muriate ammoniaco- j
mercuriel.
.
On met dans un mortier de marbre une partie de mer-
cure coulant et quatre de muriate d’ammoniaque en
poudre ; on triture ces deux substances jusqu’à ce que le
mercure soit bien eteint ; on humecte le mélange avec un
peu d eau , s il est trop sec. On laisse cette poudre grise
a 1 air pendant 20 ou 5o jours , ayant soin de l agiter
de tems en tems ; on la broie de nouveau dans un
mortier , on la met dans un matras , et on verse dessus
de 1 alcool jusqu a ce qu’il surnage la poudre d environ
deux doigts *, on place le vaisseau sur un bain de sable,
on le chauffe par degrés jusqu’à fairebouillir l’alcool qui
acquiert une couleur citrine , et alors on laisse refroidir
la liqueur , on la filtre *, c’est la teinture de' mercure de
la Garaye.
Cette teinture contient du mercure ; car en y trem-
pant une lame de cuivre bien décapée, elle acquiert de
la blancheur.
Le mercure se combine avec beaucoup d'autres sub-
stances, avec les gommes, les liqueurs sirupeuses, divers
acides végétaux, etc. ; substances que nous examinerons
par la suite.
Le mercure est d un usage très-étendu dans les arts ,
il est employé aujourd’hui presque généralement pour
X
Du Zinc.
420
i la construction du thermomètre. On le préfère , avec
: raison, à l’alcool , soit à cause de son homogénéité,
soit parce que ses dilatations depuis zéro jusqu’à l’eau
:bouillante , sont sensiblement égales aux accroissemens
de chaleur , tandis que l’àlcool , toutes choses égales d’ail-
lleurs, indique les degrés inégaux par des variations
(égales de température, et de là vient qu’il n’y a que les
lhermomètres à mercure qui soient vraiment compa-
rables.
Le mercure s’amalgame avec presque tous les métaux ,
æt cette propriété, jointe à sa volatilité, le fait employer
-dans la dorure et l’argenture sur cuivre , et dans le
Etraitement des mines d’or et d’argent. L’étamage des
glaces se fait à l’aide du mercure amalgamé avec l’étain.
ILes physiciens se servent du meme amalgame , ou de
îcelui du mercure avec le bismuth , pour enduire les
(frottoirs des machines électriques.
C’est sur-tout aux différentes manières de le combiner à
(différentes substances que sont dus les grands avantage»
.ajue l’on retire de ce métal. En médecine on l’emploie
sous toutes les formes.
CHAPITRÉ XVII.
Du Zinc.
Le zinc natif est très-rare ; on doute même de 30a
«Htistenoe.
34o Du Zinc.
M. Brongniart compte quatre espèces de mines dç
zinc ; savoir : le zinc oxidé on la calamine , zinc car-
bonaté, zinc sulfuré ou la blende et le zinc sulfaté.
Le zinc oxidé cristallisé se trouve à Fribourg, en i
Brisgaw; à Bleyberg , en Carintliie-, dans les comtés dei
Sommerset et de Nottingham , en Angleterre, etc. Le
zinc oxidé concrétionné ou informe se rencontre dans les
mêmes lieux. Il y en a aussi près de Strasbourg , dans la
ci-devant Alsace -, dans le ducbé de Limbourg ; à Saint-
Sauveur , dans la Normandie, etc.
Zinc carbonaté. Cette espèce se lie à la précédente
par des nuances insensibles , et a été confondue longtems
avec elle. Elle est d’un blanc sale jaunâtre et fait effer-
vescence avec l'acide nitrique. On la trouve à Baibel ,
en Carintliie , dans le comté de Commerset et dans le
Derbyshire , en Angleterre.
Le zinc' sulfuré abonde dans les mines de Saxe , de
Bohême et de Hongrie. On en trouve aussi en Suède , en
Norwège , en Angleterre , en France , etc. ; et c est en
général une des substances métalliques les plus commu-
nes. 11 a pour gangue différentes substances terreuses on
acidifères , sur-tout le quartz , le fluate de chaux et le car-
bonate de chaux. Les métaux qu il accompagne le plus
ordinairement sont le cuivre gris, le fer sulfuré , et spé-
cialement le plomb sulfuré, avec lequel on l’a quelque-
fois confondu. C'est probablement ce qui l’a fait appeler
blende , on l’a nommé aussi pour la même raison, pseudo-
galène ou fausse galene.
Le zinc sulfaté est très-rarement un produit immédiat
de la nature , parce que les mines de zinc sulfuré qui pour-
Du Zinc.
tfil
roient en fournir les principes, quoiqu’abondantes , se
décomposent très -difficilement d’elles-mêmes. Mais on
trouve ce sel attaché aux parois des galeries , dans les lieux
où l’art l’extrait du zinc sulfuré , comme à Ramelsberg ,
près de Goslar, en Suisse-, à Idria, en Garinthie-, àSchem-
nitz, en Hongrie, etc. La plus grande partie de celui qui
est dans le commerce vient de Goslar.
Le zinc du commerce est ordinairement allié à un peu
de plomb et au carbure de fer. Ce mélange est dû pro-
bablement au plomb sulfuré , dont on a retiré le zinc à
1 état métallique. Celui que l’on apporte de l'Inde sous
le nom de toutenague , est plus pur. La véritable tou-
tenague de la Chine est une substance métallique blanche,
dont on fait des vases de diverses formes et sur-tout des
chandeliers. On présume quelle est un alliage artificiel
de différens métaux.
On n’exploite guère les mines de zinc pour en retirer
ce métal $ c’est en fondant les mines de plomb , mêlées de
blende, que l’on retire du zinc sous la forme d’oxide,
qui se sublime dans les cheminées des fourneaux, et y
produit des inscrustrations grisâtres, nommées tuthie où
cadmie des fourneaux. On en obtient une autre portion
en métal ; pour cela , on a soin de rafraichir la partie an-
térieure du fourneau , qu’on nomme la chemise. Le zinc ,
réduit eu vapeurs par l’action du feu , vient se condenser
dans cet endroit , et retombe en grenailles dans la poudre
de charbon, dont on a couvert une pierre placée au bas
de la chemise dans le fourneau , et nommée assiette de
zinc. Ce métal est préservé de l’oxidation par la poudre
de charbon ; on le fond de nouveau dans un creuset, et
«n le coule en saumons.
432 Du Zinc.
Les Anglais retirent le zinc en grand de la pierre Cala-
minaire , par la voie de la distillation.
Ce métal présente dans sa cassure une couleur blanche ,
éclatante , avec une nuance bleuâtre ; sa structure est
très-lamelleuse. M. Haüj n’a pu en déterminer la for-
me primitive, à cause de la difficulté qu’on éprouve à
réduire le zinc en fragmens par la percussion.
Ce métal a un certain degré de ductilité. 11 est sus-
ceptible d’être forgé en le tenant à une température
de 4o à 60 degrés centigrades.
Sa pesanteur spécifique est de 7,19.
Lorsqu’on veut avoir du zinc très-divisé , il faut le gre-
nailler , c’est-à-dire , le couler fondu dans de l’eau froide,
ou le réduire en limaille.
On met du zinc dans un creuset, on l’expose au feu ;
sitôt qu’il est fondu , on le coule doucement dans un
baquet plein d’eau : le zinc se trouve réduit en petites
parties.
On peut encore l’obtenir très-divisé , en le triturant ,
lorsqu’il est fondu , et en tenant les molécules écartées
par le mouvement. 11 faut faire cette opération dans un
mortier de marbre.
Mangez a trouvé le moyen d obtenir ce métal sous
une forme régulière ; il s’est servi à cet effet d'un têt à
rôtir , percé au fond et sur ses côtés , de plusieurs trous
qu’il bouchoit avec des os , calcinés et réduits eu pou-
dre, dont il fornioit une pâte avec un peu d’eau. Quand
le zinc se refroidit à sa surface , on débouche peu-à-peu
les trous, et on agite le métal avec un fer rouge in-
troduit par ces ouvertures. La portion de zinc fondu ,
coule-, alors , on agite le têt à rôtir, jusqu’à ce qu’il-
Du Zinc.
433
n’échappe plus de métal fondu, et la portion refroidie
cristallise en prismes aiguillés. Si on la laisse dans le
vaisseau , elle a la couleur métallique ; si on l’expose à
l’air, elle prend des nuances irisées.
Lorsque le zinc n’éprouve que le degré de calorique
suiüsanl pour le tenir en fusion, sa surface se couvre d’un
oxide gris. On pourroit , avec beaucoup de patience ,
le réduire tout en oxide semblable ; mais cela est très-
difficile , parce que , pour peu1 qu’il soit rouge, même
' obscurément , et qu il ait le contact de l’air , il s’enflamme
et brûle avec une flamme blanche , ou d’un jaune légè-
rement verdâtre , très-brillante.
O11 réduit facilement cet oxide gris, à l’aide d’un corps
combustible.
Quand ou chauffe fortement le zinc, il brûle et se vola-
tilise. On emploie ce moyen pour préparer son oxide,
' connu sous le nom de fleurs de zinc , nihil album , pom-
\phol/x , laine philosophique , coton philosophique , etc.
Le zinc dans cet état augmente d environ un seizième.
. M. Gruyton porte la proportion d’oxigène jusqu’à 0,61.
\oici la manière d’obtenir cet oxide blanc.
On place dans un bon fourneau un grand creuset sur
deux briques , et 011 1 incline sur un angle d environ qua-
rante-cinq degrés ; on forme devant l’ouverture du
creuset un mantonnet pour supporter le couvercle , afin
de boucher l’ouverture du creuset , lorsque .cela est né-
- cessaire.
On met dans ce creuset du zinc; on le fait fondre par
un feu Irès-aclif et capable de le rougir à blanc, en te-
nant le creuset fermé. Lorqu’on juge qu’il est bien
i rouge , on découvre le creuset ; il s’élève aussitôt de la
2- 28
434 Du Zinc-
surface du zinc une flamme parfaitement blanche et tn.s-
vive ; il s’élève en même tems des flocons de matière
très-blanche et légère comme du coton : c’est 1 oxide blanc
de zinc. On ôte cet oxide avec une cuiller de fer à long
manche -, il s’en reforme d’autre aussitôt : on 1 ote de
même, et on continue de suite jusqu’à ce que tout le zinc
soit converti en oxide.
Il faut avoir soin d’agiter avec une spatule pour a- g -
menter le contact de l’air^et même de laisser un courant
d’air , ou mieux encore de souffler sur le métal , on ob-
tient ainsi un oxide blanc en beaux flocons.
On peut encore préparer cet oxide en agitant fortement
le zinc quand il est rouge, mais 1 oxide est gris •, il faut
ensuite le mettre dans un têt à rôtir, ou p .rte au rouge ,
on agite et on enlève à mesure que 1 oxide se forme-, il est
alors blanc , mais en poudre.
Cet oxide n’est point volatil, quoiqu il sélè\e à la
manière des corps volatils ; il est, au contraire , très-fixe
au feu.
Cet oxide peut être fondu en verre , mais il faut un
feu de la plus grande violence; cet oxide vitrifié est d un
jaune pur, et ne peut être réduit que. par le charbon ou
tout autre corps combustible.
MM. Desormes et Clément qui ont réduit l’oxide
blanc de zinc par le charbon , distillation qui leur a
fourni du gaz oxide de carbone en très-grande quantité,
ont trouvé que l’oxide de zinc étoit composé de o,833,
de métal et de 0,167, d’oxigène.
Le zinc est peu altéré par l’air; sa surface s’y ternit :
il paroît que c'est un commencement d’oxidation.
Du Zinc.
435
Le phosphore peut s’unir au zinc : ces expériences sont
dues à Pelletier.
On peut obtenir le phosphure de zinc, en projetant du
phosphore sur du zinc en fusion.
Ou fait rougir clans un creuset du zinc coupe par petits
mor eaux, et ensuite on y piojctte du phosphore bien
essuyé : le zinc eutre en fusion-, ou continue à y projeter
du phosphore, et en même tems des petits morceaux de
résine , afin d’empêcher l’oxidation du zinc. On relire le
creuset du feu, et l’on trouve une substance métallique,
qui n est que du phosphure de zinc.
Sa couleur est blanche, mais moins brillante que celle
du zinc; elle est plutôt plombée.
Lorsqu’on lime le phosphure de zinc, ou bien lorsqu’on
le frappe avec un marteau sur une enclume, il répand
une odeur analogue à celle du phosphore; il s’étend aussi
un peu sous le marteau.
T.e zinc se dissout dans le gaz hydrogène. Cette expé-
rience est due à M. Vauquelin.
On met dans une cornue quatre parties de blende grillée
avec une partie de charbon desséché fortement; on y adapte
un tube recourbé qui va plonger dans l eau sous une cloche
à l’appareil pneumat i-chimique.
Quand la température n'est pas assez forte pour opérer
la réduction du zinc, le gaz qui se dégage n’a d’autres
propriétés que celles du gaz hydrogène carboné; m is
aussitôt que la réduction commence à s effectuer, le gaz
hydrogéné tient du zinc en solution; ce qu’on apperçoit
aisémeut par la flamme jaune bleuâtre quil produit en
brûlant.
4-36 Bu Zinc.
Plus l’opération approche de sa fin, et que la chaleur est
vive , plus le gaz est chargé de zinc.
On obtient donc, pendant le cours de cette opération,
du gaz acide carbonique et du gaz hydrogéné zince et i
carboné.
Le mélange de ce gaz est beaucoup plus lourd que le gaz f
hydrogène ordinaire-, mais il est plus léger que lair atmos- |
phèrique , car ce dernier le déplace facilement.
Si l’on enflamme ce gaz, on n’apperçoit aucun résidu }
sensible sur les parois du vase, comme cela arrive pour
l’hydrogène sulfuré-, mais si Ion remplit ensuite le vase j
d’eau, la surface de ce liquide se couvre d’une pellicule J
brillante, d’une couleur blanche- grisâtre, et qui , ramassée,
présente tous les caractères du zinc métallique.
Il n’y a donc qu’une portion de zinc qui brûle avec le
gaz hydrogène, puisqu’il s’en échappé a la combustion, et 1
que l’on obtient à l’état métallique.
Le gaz hydrogène zincé n’est pas décomposé par 1 acide
muriatique oxigéné, comme le gaz hydrogène sulfuré et
pliosphoré. Si l’on enflamme ce mélange avec le contact
de l’air, alors la combustion est plus rapide, la flamme
plus blanche, et il ne se dépose point de zinc métallique;
ce métal est au contraire combiné avec l’acide muriatique à
l’état d’oxide, qu’on rend sensible par un carbonate alcalin
ou à l’aide d’un hydro-sulfure.
M- Vauquelin n’a pu découvrir la présence du zinc dans
du gaz hydrogène produit par la solution de ce métal dans
les acides étendus d’eau.
L’oxide de zinc s’unit très-bien au soufre, d après I
M. Guy ton.
A cet effet, on fait fondre du soufre dans un creuset,
Du Zinc.
437,
et on y projette de l’oxide de zinc; il en résulte une sub-
stance minérale grise , semblable à la blende d’Huelgoè'ty
d’où s’élèvent quelquefois des aiguilles prismatiques jaunes
et brillantes, qui s’attachent au couvercle du creuset.
Le zinc ne contracte aucune union avec l’arsenic par la
voie humide.
Malouin -, qui a essayé cette combinaison, a vu qu’en
distillant un mélange d’oxide d’ai'senic, de suif et de zinc,
on obtenoit une masse noirâtre semblable à la blende et
plus tendre que cette mine, et qu’il s’exhaloit de la cornue
une odeur insupportable.
On n a encore pu allier le zinc avec le cobalt et le bis-
muth.
Fondu avec l’antimoine, il donne un alliage dur et cassant,
dont on n’a pas encore examiné les propriétés.
Le mercure se combine au zinc par la fusion; mais il
ne faut pas que le zinc soit trop chaud : le degré de chaleur
convenable est celui où il peut roussir une caite sans la
brûler.
L’amalgame qu’il forme avec ce métal est solide; il
devient lluide parla trituration. Lorsqu’on le fond et qu’on
le laisse refroidir lentement, il cristallise en lames qui
paroissent carrées et arrondies sur les bords.
L’eau est décomposée par le zinc. Lavoisier et Meusnfer
l’ont prouvé par leurs expériences sur la décomposition de
l’eau. En effet, si l’on fait passer de l’eau sur du zinc qui
commence à rougir, on obtient beaucoup de gaz hydrogène,
et le zinc est à l’état d’oxide. <
L’acide sulfurique agit très-bien sur le zinc, même à
froid.
On met dans un rnalras une partie de zinc en grenaille*
438 Du Zinc.
on verse dessus deux parties d’aride sulfurique étendu
d’eau; si l’on veut recueillir le gaz ({ni se dégage , on y
ajuste un tube recourbé qui va plonger sous une cloebe
pleine d’eau: il se produit beaucoup de chaleur, et il se
précipite une poudre noire, qui est du carbure de fer. On
obtient aussi sous la cloche du gaz hydrogène tenant un
peu de carbone en solution. Lorsque la solution cM faite,
on l’étend d’eau, on filtre la liqueur, et on la fait évaporer
dans une capsule de verre, on la laisse ensuite refroidir, et
l’on obtient des cristaux qui sont des prismes tétraèdres ,
terminés par des pyramides à quatre faces.
Quand on veut obtenir ce sel parfaitement cristallisé,
il faut exposer , pendant quelques jours à l’air, une solu-
tion de ce sel, faite dans l’eau bouillante et un peu
r /
evaporee.
On prépare aussi pour les arts un sulfate de zinc, appelé
couperose blanche , vitriol blanc , vitriol de Goslar.
C’est principalement au Rammclsberg près de Goslar, et
en Suède , que se fabrique ce sel.
On fait griller les minérais qui renfewnent dn zinc
sulfuré, et on les lessive encore chauds. On décompose,
par l’agitation à J’air, le sulfate de fer qui peut s’y trouver,
et on sépare l’oxide jaune qui résulte de cette décompo-
sition. On fait évaporer la lessive purifiée, èt on obtient du
sulfate de zinc cristallisé et limpide, on le fond à l’aide de
son eau de cristallisation -, on l’agite continuellement, et on
le verse dans des baquets : il se prend en une masse cris-
talline et blanche comme du sucre. C’est ainsi qu’il est
répandu dans le commerce.
Le sulfate de zinc a une saveur styptique assez forte; il
est blanc transparent-, chauffé fortement dans une cornue
Du Zinc.
43»
de grès, il se décompose entièrement. Il passe dans le réci-
pient de l’acide sulfurique, et il se dégage du gazoxigène,
et du gaz acide sulfureux.
Le sulfate de Goslar jaunit à l’air au bout de quelque
teins. Il se dissout dans deux parties d’eau froide.
Ce sel est décomposé par toutes les substances terreuses
et alcalines.
L’oxide de zinc précipité par ces substances peut se
redissoudre dans les acides, et meme dans les alcalis.
D’après M. Proust , le zinc en se combinant avec un
acide quelconque, absorbe constamment la meme quantité
d’oxigène.
Pour purifier le sulfate de.zinc du 1er, ce chimiste pio-
pose de faire bouillir deux livres de ce sel avec une once
d’acide nitrique; on y mêle ensuite de la potasse pour
saturer l’excès d’acide; l’on obtient un précipité de 3 ou 4
<rros. On fait bouillir de nouveau, alors le précipité qui est
b
blanc passe au jaune; en répétant plusieurs cristallisations,
il ne reste pas un atome do fer dans la solution de zinc.
D’après M. Teintant le sulfate de zinc desséché, est
composé de o,5o d acide , et de o,oo de zinc.
Les sulfures alcalins et les hydro-sulfures précipitent
aussi le sulfate de zinc en orangé foncé ou brun; il se
dépose alors de l’oxide de zinc sulfuré ou hydro-s ulfuré.
L’acide sulfureux attaque le zinc, soit en poudre, soit
en limaille; il se produit de la chaleur; il. se dégage du gaz
hydrogène sulfuré: la liqueur devient d’abord brune,
quelquefois elle se trouble et prend une couleur jaune de
soufre; mais elle s’éclaircit sur la fin de l’action.
Celte solution a une saveur piquante, astringente, et
sulfureuse.
44° Du Zinc.
Si on l’expose à l’air, elle s’épaissit, donne des aiguilles
ou prismes fins .tétraèdres, à pyramides quadrangulaires
très-aigues : c’est un sulfite de zinc, qui devient blanc à
1 air , et forme une poussière blanche insoluble dans l’eau.
M. Fourcroj , nomme ce sel sulfite sulfuré de zinc.
Le meme chimiste a fait aussi connoître une autre espèce
de sel ou de sulfite de zinc non sulfuré. Voici l’exposé de
ses expériences faites en commun avec M. Vauqueliu.
En mêlant de l’oxide de zinc blanc avec de l’acide sul-
fureux très-concentré, ces deux corps se combinent sans
mouvement, avec chaleur et destruction d’odeur de la part
de l’acide. Quand la saturation estcomplette, il se forme à la
surface de la liqueur, des cristaux blancs en trémies. Ce
sel, ou sulfite de zinc pur, comparé au précédent , jjrésente
les propriétés suivantes :
Il aune saveur moins piquante, mais p^is styptique
que ce dernier; il est moins soluble dans l’eau , et cristallise
plus facilement.
Les acides le décomposent avec effervescence; mais ils
n’en séparent point de soufre comme du sulfite sulfuré.
L’acide nitrique dissout très-facilement le zinc, et est
décomposé par ce métal.
A cet effet, on met du zinc en grenaille dans un malras:
on verse dessus de l’acide nitrique foible; il se fait une
vive effervescence, l’acide est partagé en deux parties,
l’une sert à oxicler le zinc, tandis que l’autre le dissout; on
chauffe un peu, ou filtre parce qu’il y a un peu de fer et
de matière charbonneuse qui reste sur le filtre.
La solution nitrique de zinc est d'un jaune verdâtre,
et un peu troidde quand elle vient d être faite; mais le
repos la rend transparente.
Du Zinc.
44*
Elle fournit par l’évaporation et le repos «les cristaux en
prismes tétraèdres, comprimes et stries, termines par des
pyramides à quatre faces, aussi striées, qui attirent l’humi-
dité de l’air.
' Ce sel est très-soluble dans l’eau et dans l’alcool.
Mis sur les charbons, il se fond d’abord, et fuse en pétil-
lant dans les portions qui se dessèchent.
Il répand en détonnant une petite flamme rougeâtre.
Lorsqu’on le fond dans un creuset , on ne peut le des-
sécher, même à la chaleur la plus douce, sans l’altérer;
il laisse échapper des vapeurs de gaz nitreux; il devient
d’un rouge-brun, et prend la consistance d’une gelée : si
l’on continue de le chauffer, il se dessèche tout- à-fait, et
• •
laisse un oxide jaunâtre.
Il est décomposé par l’acide sulfurique.
Les alcalis en précipitent un oxide blanc qu’ils redis-
solvent, et les carbonates alcalins fournissent, en le préci-
pitant, un carbonate de zinc très-blanc. Ce sel est aussi
précipité en blanc par les prussiates. En distillant ce
nitrate de zinc, en le décompose; on obtient un acide ni,-
treux très-fumant, et le sel passe à l’état de nitrite.
L’acide muriatique a aussi une action très-vive sur le
zinc. Il se dégage pendant l'effervescence beaucoup de gaz
hydrogène provfriant de l’eau décomposée par le zinc.
Ou ne peut obtenir ce sel sous une forme régulière.
Si l’on chauffe celte solution, elle s’épaissit et fournit par
la distillation un peu d’acide très-fumant, et un muriate de
zinc solide et fusible : on obtient aussi une matière
congelée dans l’alonge et dans le bec de la cornue, que l’on
nommoit autrefois beurre (le zinc.
Celle propriété de se volatiliser à une douce ohaleu
Du Zinc.
peut donner le moyen de séparer ce sel du muriale de fer,
qui e,t beaucoup moins volatil.
Ce muriate est décomposé par l’acide sulfurique, qui en
dégage 1 ac.de muriatique en vapeur ou gaz.
Les alcalis le précipitent en blanc ; 1 eau ne le précipite
point.
On peut aussi obtenir ce sel en décomposant le- muriate
sur-oxigéné de mercure par le zinc. Voyez la fin de ce
chapitre.
L’acide muriatique osigéné dissout le zinc sans efferves-
cence, mais le sel qui en résulte n’est qu’un simple muriate.
Le zinc est enflammé par le gaz acide muriatique oxigéné;
alors il s’oxide en blanc.
L’acide phospborique dissout le zinc-, mais pour obtenir
le phosphate de zinc , on vei'se le nitrate de zinc dans le
phosphate de soude.
Ce sel est peu soluble dans l’eau.
L’acide carbonique dissout le zinc; mais cette solution
se fait tics- lentement.
Si on l’expose à l’air, elle se couvre d'une pellicule qui
réfléchit diverses couleurs, et qui n’est autre chose que du
carbonate de zinc.
On ne connoît pas les combinaisons des antres acides.
Toutes les solutions de ziuc dans les aCides, sont préci-
pitées par l’eau de chaux, la magnésie, les alcalis fixes et
l’ammoniaque.
La silice et l'alumine ne forment point de combinaison
avec le ziuc; mais son oxide entre dans les composés
vitreux, et colore les verres en jaune.
Point d’action avec la magnésie, la chaux, la barite et la
strontiaue.
Du Zinc.
443
La potasse, ou la soude caustique en liqueur, que l’on
fait bouillir sur ce métal, noircissent sa surface, se colo-
rent en jaune s^le, tiennent en solution une certaine
quantité d’oxide de zinc , que l’on peut en séparer par
les acides.
L’ammoniaque agit moins bien à chaud sur le zinc ,
sans doute à cause de sa volatilité : cet alcali mis en digestion
à froid avec le zinc, en dissout un peu -, il se dégage dans
les trois dissolutions du zinc, par les alcalis , une certaine
quantité de gaz hydrogène , provenant de la décomposition
*
de l’eau.
Plusieurs sels neutres sont décomposés par le zinc.
Si l’on chauffe dans un creuset, du sulfate de potasse
avec du zinc, le sel est décomposé, il se forme un sulfure
de potasse.
Le nitrate de potasse, mêlé avec le zinc, détonne avec
rapidité.
On fait un mélange de parties égales de nitrate de po-
tasse et de zinc en limaille; on le projette par cuillerées
dans un creuset qu’on a fa;t rougir auparavant. Lorsque la
jpoudre a acquis le degré de chaleur convenable, il se fait
toul-à-coup une inflammation très-vive; lorsqu’elle est
cessée , on remet une nouvelle cuillerée de mélange , et
l’on continue de même jusqu à ce qu on ait tout employé :
on retrouve ensuite un oxide de zinc.
Une partie de ce résidu est soluble dans l’eau ; c’est delà
potasse combinée avec une portion d'oxide de zinc, que
l’on peut en précipiter à l’aide des acides.
C’est ce qu’on appeloit liqueur de nitre fixé par le ziuc ,
et que Hcllot dit être ialkaesl de Rcspour , qui lui altri-
444 T) il Zinc*.
buoit la vertu de dissoudre tous les métaux, propriété
chimérique, comme bien d’autres.
Le zinc décompose le muriate d’ammoniaque. Monnet
prétend que cette décomposition a lieu par trituration.
Bucquet l’a obtenue par distillation. On fait un mélange
de deux parties de zinc ( Hellot s’est servi de l’oxide ) ,
sur une de muriate d’ammoniaque , et l’on’distille ce mé-
lange dans une cornue de verre ; on obtient beaucoup de
gaz ammoniac et du gaz hydrogène ; le résidu de l'opéx-ation
est du muriate de zinc.
M. Thénard a reconnu l’existence d’un sel triple
ammoniaco de zinc. Pour l’obtenir , on fait bouillir du
muriate d’ammoniaque avec de l’oxide de zinc ; il se fait
alors un foible dégagement d’ammoniaque -, le muriate
d’ammoniaque dissolvant beaucoup plus d’oxide de zinc
à chaud qu’à froid , en abandonne la majeure partie par
le refroidissement. Aussi lorsque la dissolution est encore
chaude , si on y jette de l’eau froide, elle forme presque
un magma. Cette dissolution refroidie, pourvu qu’il n’y ait
point eu de muriate d’ammoniaque de décomposé, ne pré-
cipite même pas par les carbonates alcalins, et à plus
forte raison par les alcalis ; elle précipite en blanc par
l’hydrogène sulfuré et les hydro-sulfures; elle refuse de
cristalliser.
Un mélange de parties égales de muriate sur-oxigéné de
potasse et de zinc, fulmine par le choc avec une flamme
blanche ; il n’éprouve rien de la part de l’acide sulfurique.
Le muriate oxigéué de mercure est décomposé par le
zinc.
A cct effet, on distille dans une cor une de verre un mé-
lange de deux parties de ce sel , avec une partie de zinc;
Du Nickel.
415
il se sublime un sel qui cristallise en petites aiguilles réu-
nies , le mercure reste pur : c’est clu muriate de zinc.
On mêle du zinc en limaille fine à la poudre à tirer,
pour produire les étoiles blanches et brillantes dans les
feux d’artifice.
Le zinc , par sa propriété de décomposer un grand
nombre de sels et de dissolutions métalliques, est très-
utile pour les analyses des mines.
Le grand usage du zinc est de former le laiton par son
alliage avec le cuivre. Le zinc entre aussi avec l’étain et le
cuivre , dans la composition du bronze. On a proposé de
l’employer au lieu d’étain pour l’étamage. M. Gujton a
substitué avec avantage l’oxide de zinc obtenu par la com-
bustion au blanc de plomb employé dans la peinture.
La couleur qui en résulte , sans avoir aucun inconvénient
pour la santqgde l’artiste , remplit parfaitement son but.
On s’en sert aus'si avec beaucoup de succès pour former
la pile voltaïque.
Le sulfate et l’oxide sont employés en médecine.
CHAPITRE XVIII.
f '
fc ' \
Du Nickel.
Il parolt que le nickel a été employé par les Chinois
bien avafit qu’on eût découvert ce métal, puisqu’il existe
un alliage à la Chine, connu sous le nom de Pakfoud,
qui contient du nickel. Engestroem a trtfuvé- que c’étoit un
44^ T)u NîckcL
alliage de cuivre, de zinc et de nickel, dont les propor-
tions de ce dernier varient suivant 1 objet auquel les Chinois
en destinoient 1 usage ; ils en font communément des b j mx.
Hyerne paroît être le premier qui ait parlé du nickel,
sous le nom de kupfernickcl , en 1694 HenekclW regardé
c mme une espèce de cobalt, ou d’arsenic mêlé de cuivre.
Ciamer l’a aussi placé parmi les mines de cuivre: et ce
n’est qu’en i^5i que Cronstedt a retiré un nouveau métal
de ce prétendu mélange.
Nickel arsenical , ou Kupfernickel.
Cette mine d’un rouge de cuivre se trouve en divers
endroits de l’Allemagne, et eu particulier à Se hnéeberg,
à Saalfeld et à Andreasberg -, en France, à Sainte-Marie-
aux-Mines et à Allemont; en Angleterre, au comté de
Cornouailles. Il accompagne assez souvent le cobalt
arsenical.
Nickel oxidé , ou 3S ickel-Okker.
Cette substance x’ecouvre souvent les mines de nickel
arsenical, sous la forme d’une espèce de croûte, ou d’une
poussière vert-pomme.
C’est à Cronstedt que l’on doit la découverte de ce métal.
Plusieurs minéralogistes ont nié son existence; ils ont
regardé comme un mélange, un alliage de plusieurs subs-
tances métalliques : mais Bergniann et plusieurs autres
chimistes ont prouvé que cette substance si cfiflicile à
obtenir pure, jouit de toutes les propriétés métalliques.
Pour obtenir le nickel en grand, on grille d’abord le
f
Du Nic7iel.
447
kupfernickel pour lui enlever le s eu Te-, on arrose ensuite,
suivant M. Proust , la mine grillée avec de l’acide sulfi -
rique, dans l’intention de séparer le nickel du fer, du cuivre,
de l’arsenic, du bismuth et du cobalt. On lessive par l’eau;
si le fer est en grande quantité, il se combine à l’acide
arsenique. Alors on précipite le fer qui est au maximum
par la potasse qu’il faut employer avec modération; le
précipité est d’un blanc jaunâtre. Lorsque la solution est
ainsi débarrassée du fer, on y fait passer du gaz hydrogène
sulfuré jusqu’à ce qu’il ne se forme plus de précipité.
L’arsenic, le bismuth et le cuivre passent à l’état de sul-
fure. La liqueur n’est donc plus composée que de sulfate
de nickel et de cobalt potassé. Le premier sel étant
moins soluble, on parvient par des cristallisations répétées
à séparer entièrement les deux sels. L’oxide de nickel se
réduit à une haute température sans addition de corps
combustible.
M. Riclitcr a établi les caractères de ce métal.
Sa couleur tient le milieu entre l’argent et l’étain. Sa
pesanteur spécifique est de 8,666; il est très-ductile, on.
peut en forger des baguettes, et en faire des plaques minces
sur l’enclume. 11 est inaltérable à L’air; sa force magnétique
lui est enlevée par un peu d’arsenic. Ce métal est suscep-
tible d’acquérir le magnétisme pôlaire, il est très-difficile
à fondre.
Dans nos laboratoires on traite, d’après le procédé de
M. Thénard , la mine de nickel grillée par l’acide nitrique.
La liqueur decantée et étendue d’eau, "on y ajoute de l’hydre -
gène sulfuré; on sépare le précipité et d’on décompose
ensuite la liqueur par l’hydro-sulfure de potasse. On sépare
cedcrnier précipité et on le dissout dans l’acide nitrique.
[\\ 8 Du Nickel.
Ou filtre la liqueur et l’on ajoute delà potasse qui en séparé
les oxides de nickel, de cobalt et de fer, alors on traite ces
trois oxides par le muriate sur-oxigene de diaux qui les
porte au maximum d’oxidation. Dans eetetatl ammoniaque
dissout seulement le nickel sans attaquer le cobalt et le 1er.
On fait volatiliser l’ammoniaque, il reste l’oxide de nickel
que l’on mêle avec de l’huile, du noir de fumée et du
borax , on obtient, à l’aide d’un feu de forge, quelques
globules métalliques non fondus.
Ce métal se combine.très-bien au soufre par la fusion.
Cronstedta. qui est due cette expérience , annonce aussi que
ce métal se dissout dans les sulfures alcalins, et forme un
composé semblable aux mines de cuivre jaune.
D’après M. Proust , il n’y a que deux espèces d’oxide
de nickel , l’une l’oxide gris au minimum , et l’autre 1 oxide
, W
noir au maximum.
L’oxide gris se prépare en calcinant le nitrate de nickel;
cet oxide se dissout dans l’acide muriatique sans le convertir
on acide muriatique oxigéné ; mais il s en formerait si
l’oxide de nickel contenoit un peu d’oxide de cobalt.
L’oxide noir s’obtient en traitant le carbonate de nickel,
par l’acide muriatique oxigéné. Cet oxide noir gardé dans
l’ammoniaque, donne des bulles, passe à 1 état d oxiaegris
et se dissout dans l’alcali employé.
L’acide sulfurique n’agit que très-peu sur le nickel
métallique, mais il dissout bien 1 oxide. Le sulfate qui eu
résulte est transparent, d’un vert d'émeraude, cristallisé en
prisme hexaèdre terminé par une pyramide irrégulière,
inaltérable à l’air, et susceptible de s'unira la potasse, et
de former avec elle un sel triple de la même couleur qui
cristallise en rbombes.
ickel.
Du
449
L’acide nitrique dissout le nickel avec beaucoup de
«vivacité. La liqueur est d’une belle couleur verte; le nitrate
«cristallise en rhombes , ses cristaux son verts, inaltérables à
Il air, tres-solubles dans 1 eau ; ce sel est décomposé par
ll’acide sulfurique.
Cent parties de nickel dissoutes dans l’acide nitrique, et
[«distillées jusqua parfaite décomposition, laissent de izS à
l:iu6 d’oxide gris verdâtre au minimum. L’acide nitrique ne
jpeut pas faire passer cet oxide au maximum. Si l’on dis-
tille avec précaution le nitrate de nickel, on obtient un
mitrate avec excès de base insoluble dans l’eau.
L’acide muriatique attaque difficilement le nickel mé-
ttallique, mais il dissout très-bien son oxide. Le muriate de
mickel cristallise en petits grains d’un vert de pomme,
idéliquescens, très-solubles dans l’eau et dans l’alcool.
Les traits de ce sel sur le papier sont jaunes. Le feu le
«décompose en partie; une portion se sublime sous la forme
::de fleurs nacrées d un jaune doré. Ces fleurs absorbent
[l’humidité de 1 air et verdissent.
Pour se procurer les phosphate, borate, carbonate et
arseniate de nickel, on verse ces acides unis à un alcali dans
-une solution de nitrate de nickel. Il se forme dans tous les
xas un sel insoluble.
Le fer, le zinc, l’étain, le manganèse et le cobalt, préci-
pitent le nickel de ses solutions eu état métallique.
ILes alcalis en séparent un oxide verdâtre ; la noix de galle
le précipite eu blanc grisâtre; les prussiates engris verdâtre,
'îet les hydro-sulfures en noir foncé.
Le nickel dissous dans un acide a également la propriété
de former des sels triples avec l’ammoniaque, et avec la
potasse. M. 1 henard a fait sur le nitrate de nickel les
4.30 T)e l'Étain.
mêmes expériences que snr le cobalt, et il a obtenu de*
résultats analogues. Seulement il n’a point eu de cristaux
bien prononcés 5 ce sel triple est vert; éprouvé poi les
mêmes réactifs que le nitrate ammoniaco de cobalt , il se
comporte de la même manière.
Le nickel est peu employé dans les arts; on croit qu’pn
l’emploie dans les émaux, les verreries , les porcelaines et
les faïences.
CHAPITRE XIX.
/
De V Etain.
Il est encore incertain s’il existe de 1 etain natif.
M. Haiij compte deux espèces de mine d étain.
i°. Etain oxidé ; 20. Etain sulfuré.
On trouve de l’étain oxidé en Angleterre, au pays de
Cornouailles ; à Altemberg, en Saxe ; à Schackenwald , en
Bohême, etc.: sa gangue est tantôt le quaitz, tantôt un
granit, tantôt une lithomarge blanchâtre ou jaunâtre.
Il est souvent accompagné de fer arsenical ou mispickel ,
çt quelquefois de schéelin , soit ferruginé , ou à l’état de
wolfram, soit calcaire. Celui de Saxe est entremêlé de
topazes opaques d’un blanc mat. Les plus gros cristaux de
cette espèce que M. Haüj a vus , avoient environ quatre
centimètres, on dix-huit lignes d’épaisseur.
Il est assez remarquable , dit le même minéralogiste
que 1 étain , qui , h l’état métallique , est un des métaux les
plus légers , égale presque en pesanteur spécifique , lors-
qu il est à 1 état d’oxide, la plupart des autres substances
de la même classe, soit simplement oxidées , soit com-
posées d’oxide avec un minéralisateur. Cette pesanteur
de 1 étain oxide est de fi, 9 ; celui de Cornouailles est
composé , d’après M. Klaproth, de 0,77 d’étain, 0,21 d’oxi-
gene , d un atome de Ter et d’un peu de silice.
L etain sulfuré est encore très-peu connu. Cette sub-
stance porte différens noms , or mussif natif, sulfure d’étain
allié au cuivre, etc.
Klaproth a fait l’anal yse de cette mine , il en a retiré :
soufie , 2 o ; etaiu, 34 ; cuivre, 36 ; fer ,25 perte , 3.
C est à Bei gnuxnn que nous devons les premières coti-
noissances sur les essais des mines d’étain. Il les traita par
l’acide nitro-muriatlque; mais M. Klaproth les fait rougir
avec trois parties de potasse qui dissout entièrement l’étain.
11 dissout ensuite la masse fondue dans l’eau , et il sature
la liqueur par l’acide muriatique , d’où résulte uu muriate
de potasse et d’étain ; il y plonge après des lames de zinc
sur lesquelles l’étain se dépose..
Pour faire l’essai d'une mine detaiu , il faut la piler
grossièrement, la laver et la griller dans une capsule d«
terre couverte, afin qu’il se dissipe le moins possible
d étain , en ayant soin de la découvrir de tems en tems.
Il faut aussi la griller promptement pour que l’étain ne soit
pas trop oxidé.
L oxide d étain ainsi purifie, est fondu dans uu fourneau
a manche tics-bas , dont le sol fort incliné est en granit ,
/^2 De L’Étain.
le bassin de l’avant-foyer eu argile bra quée, et le bassin
de réception en fonte.
Ce fourneau se charge par en haut avec du scblick et du
charbon mouillé , afin que le vent des soufflets n’enlève pas
le minerai, qui est très-léger. Comme le courant de la
flamme en emporte toujours une partie , la chemi-
née se change , vers la moite de sa hauteur , en une
espèce de chambre de bois enduite d'argile; la poussera
du minéral , entraînée par la flamme , se dépose dans celte
espèce de caisse. _ .
Ces principes de traitement sont ceux qui sont suivis en
Saxe et en Bohême. Les procédés anglais usités dans le
comté de Cornouailles sont un peu différens.
L’étain de filons, qui contient ordinairement des sul-
fures métalliques, est mêlé avec de la houille grasse, et
fondu directement sans grillage préliminaire dans un four-
neau de réverbère. On obtient , par ce moyen et des le
premier feu , de 1 elain et des scories qui contiennent le
cuivre , le fer et les autres métaux , qui étoient mêlés au
minerai d’étain. Comme ces scories ne sont pas entière-
ment privées d’étain métallique, on sépare ce métal par le
bocardage et le lavage. r
L’étain fondu par l’un ou l’autre des procédés précédons ,
est rarement assez pur pour être livré au commerce; d a
besoin d’être affiné. En A llemagne , on fait éprouver a ce
métal une nouvelle fusion , au milieu d’un feu de bois , et
on couvre de résine la surface du bain d étain fondu. En
Cornouailles, on le fond de nouveau avec de la houille eu
poudre dans le même fourneau de réverbère. Le minerai
d’étain mêlé de sa gangue donne , en grand , dans le
comté de Cornouailles , à-peu-près o,5a5 de métal.
De V Étain. 4^
Ou peut encore se servir , d’après Cramer , d’un peu
de charbon de tilleul ou coudrier, dont l’un d’eux doit être
creusé , et dans lequel on met de la mine d’étain avec de
la poix résine ; on perce l’autre d’un petit trou , pour donner
issue aux vapeurs ; on l’applique sur le premier pour le re-
couvrir , et on les lie ensemble avec du fil de fer -,
après avoir luté les jointures , on les allume devant la
tuyère d’une forge. Lorsque l’étain est fondu , on éteint
avec de l’eau les charbons qui ont servi à l’essai , et on
trouve l’étain en culut.
L’étain d’Angleterre arrive en saumons -, il est moins
pur que celui de Malaka , il contient o,3 à o,4 de cuivre
et autant de plomb. L’étain du commerce contient souvent
un peu d’arsenic et du charbon.
L’étain des Indes se vend en forme de chapeaux, ou
en écritoires -, c’est un triangle ou une pyramide quadran-
gulaire tronquée.
L’étain a une blancheur qui tient le milieu entre celle
du plomb et celle de l’argent; il a une saveur sensible et
une odeur remarquable.
11 se plie facilement , et laisse entendre un bruit qu’on
appelle le cri de 1 étain. ,
Ce métal est très-mou , très-ductile , et il se réduit en
feuilles plus minces que le papier.
Sa pesanteur spécifique est , suivant Kirwan , 7,67
l’eau, et, suivant Brisson , de 7,291 à 7,5oo.
Sa cohésion se mesure par le moyen d’un fil d’étain d en-
viron un millimètre de diamètre ; il ne faut qu’un peu plus
de 242 hectogrammes pour faire rompre le fil.
L’étain est un très-bon conducteur de l’électricité , aussi
l’emploie-t-on souvent pour garnir les conducteurs, les
454 De l’Étain.
bouteilles de Leyde: il en est de meme de 1 électricité
animale ou galvanique, qu’il excite fortement par soa
contact avec les nerfs et sa communication avec un autre
métal. Il n’a pas plus d’élasticité que le plomb.
Sa fusibilité n’est pas très-bien déterminée : on a fait
des expériences équivoques, et on l’a fixée à 168 degrés
de l’échelle de Réaumur ; sa fusibilité seroit donc plus
grande que celle du plomb , qui ne fond qu à 258 degrés
de la même échelle , et en employant le même moyen;
on ne peut pas déterminer cette fluidité par le pyromètre
de TDedgwood , parce que cette échelle ne commence
qu’à 4bo degrés du thermomètre de Réaumur.
Le sou en est presque nul-, 1 étain, même écroui, n'a
pas de son.
Ou n’a pas encore pu obtenir une cristallisation régu-
lière de ce métal ; cependant M. Fourcroy annonce que
Lachenaye a obtenu un assemblage îliomboïdal de prismes
ou d’aiguilles.
Il reste fixe tant qu’on n’augmente pas le feu •, ensuite il
se volatilise.
Si on le chauffe avec le contact de l’air , sa surface se
couvre d’une pellicule grise terne , et qui forme des rides;
ce n’est autre chose qu’un oxide métallique au minimum
qui contient 0.2 2 d’oxigèue. On continue la calcination
jusqu’à ce qu’on ait suffisamment de cet oxide; alors ou
ôte le vaisseau du feu; on le laisse refroidir; on pulvérise
l’oxide dans un mortier de fer ; on le passe au travers d’un
tamis un peu clair , et on sépare, par ce moyen, les por-
tions d’étain qui ne se sont point calcinées.
Quand on veut préparer ce qu’on appelle dans le com-
merce potée d’étain , on prend l’oxide ci-dessus, on le fait
De l'Étain. 4^5
calciner dans une capsule de terre , sous la moufle d’un
fourneau de coupelle , pendant six ou sept heures , ayant
soin de le remuer de lems en tems avec un crochet de
fer; cet oxide acquiert de la blancheur , et s oxide davan-
tage : c’est dans cet état qu’on le nomme potée d'étain.
M. Da rcct Gis , qui a analysé plusieurs potées (Pétain
du commerce , a trouvé dans toutes beaucoup de plomb.
Ce chimiste pense que l’on peut en conclure que la po-
tée du commerce se fait avec un alliage de ces métaux
dont l’oxidation est favorisée par l’influence galvanique.
On se sert de cet oxide pour polir les glaces , les verres
de lunettes, les miroirs de télescope, l’acier, etc.
Si l’on expose cet oxide à la plus grande violence du
feu, il est susceptible de se fondre en verre, qui présente
les couleurs du prisme.
On parvient à décomposer cet oxide a 1 aide des corps
combustibles, mais on le réduit assez facilement, lors-
qu’on n’emploie pas trop de charbon.
Si on chauffe de l’étain au chalumeau , et qu’on le
jette aussitôt sur le sol , ou sur une pierre , il paroît
étincelant.
L’étain résiste très-bien à l’action de l’air ; sa surface se
ternit seulement, et se couvre d’une poussière grise.
Il n’y a point d’union entre l’azote , l’hydrogène et
l’étain.
Pour phosphorer l’étain , on prend parties égalés d etain
et de verre phosphorique , avec un huitième de charbon ;
on mêle exactement ces trois substances, et on les lait fou-
dre dans un creuset ; on obtient quelques grains métal-
liques assez gros. Ce composé est un phosphure d étain.
Ces grains ne paroisseut pas différens de l’étain ; mais ,
456 De l’Étain.
lorsqu on Jes fond au chalumeau , on voit que le phos-
phore quitte l’étain , et qu’il vient brûler à la surface
du métal.
L étain s’unit très-bien au soufre par la fusion.
On fait fondre dans une cuiller de fer huit parties d’é-
tain , et on le fait rougir obscurément, on jette par-dessus
deux ou trois parties de soufre sublimé-, on mêle ces sub-
stances à l’aide d’une spatule de fer: lorsqu’elles sont par-
venues a un certain point de combinaison , le mélange
s’enflamme , et il en résulte une poudre noire. On peut
la faite fondre dans ui creuset, et couler la matière dans
une lingoliere : on obtient un corps aigre , cassant, dis-
pose en aiguilles larges , plates , réunies en faisceaux.
Pour unir 1 arsenic a l’etain , on met dans une cornue
trois parties d etain sur un huitième d’arsenic, réduit en
poudre-, on adapte un récipient, on chaufte la cornue jus-
qu a la faire roiigir : il s’élève très-peu d arsenic, et I on
trouve dans le fond un culot métallique. Cet alliage con-
tient a-peu-pres un seizième d arsenic , il cristallise en
gf'andes facettes, très-fragiles et de difficile fusion.
L arseniate de potasse se combine beaucoup mieux à
l’étain.
A cet effet, on fait fondre dans un creuset parties égales
d’étain et d’arseniate de potasse , on obtient un culot
aigre , cassant , rangé à facettes extrêmement brillan-
tes. Cet étain ne peut entrer en fusion qu’après avoir
rougi.
En mêlant, par la fonte, parties égales d étain et de bis-
muth , Geller a obtenu un alliage très-fragile , et d une
couleur moyenne entre celles de ces substances métalli-
ques : son grain ctoit à facettes. Ccqiendaut , toute 1*
quantité de bismusth ne s’allie point à l’étain : il y en a
une petite quantité de perdue.
On doit encore à Geller l’alliage d’étain avec l’anti-
moine, il dit que parties égales de ces deux substances
métalliques forment un métal blanc , très-aigre , qui a
moins de pesanteur spécifique que les deux métaux pris
séparément.
M. Thenarcl a examiné un alliage qu’on vouloit in-
troduire dans le commerce. Il l’a trouvé composé d’étain
et d’antimoine.
L’union de l’étain avec le mercure , s’opère avec faci-
lité et en toutes proportions: il enrésulte des amalgames
qui ont différens degrés de solidité suivant les proportions
de ces deux substances ; ils sont plus mous lorsqu’on met
beaucoup de mercure.
On prépare ainsi des boules d’un certain degré de soli-
dité , qui passoient autrefois pour avoir la propriété ds
purifier l’eau.
A cet effet , on fait fondre dans une marmite de fer
douze parties d’étain -, on ajoute trois parties de mercure ;
on mêle ces deux substances , on coule ce mélange dans
un moule, pour lui donner la forme d’une boule de la gros-
seur à-peu-près d’un œuf de pigeon : cet amalgame
prend de la solidité en refroidissant.
Ou peut encore obtenir un amalgame en faisant fondre
l’étain et chauffer le mercure à part j quand l’étain est
élevé à la température nécessaire qui est la fusion,
on projette peu-à-peu le mercure chauffé , afin d’éviter
une détonnation dangereuse. On fait encore chauffer un
instant auparavant de couler-, on a de cette manière un
amalgame d’étain qui est blanc et moins coulant ; si le
t
458 De l’Étain.
mercure étoit en assez grande quantité , l’amalgame cris-
talliserait.
Pour analyser cet amalgame, on verse dessus de 1 a-
cide nitrique à 36 degrés qui précipite l’oiide d’étain ; on
filtre, il passe du nitrate de mercure , qu’on pourroit trai-
ter par la potasse , mais on obtiendroit aussi un précipité
composé de deux oxides de mercure, l’un blanc et l’autre
rouge et dont on ne connoît pas les proportions , c’est
pourquoi il vaut mieux précipiter le mercure par le cuivre
et le peser après l’avoir distillé.
On fait une opération à-peu-près semblable dans réta-
mage des glaces. Elle consiste à appliquer à une de leurs
surlaces un amalgame d’étain et de mercure , amalgame
qui se fait immédiatement sur la glace, en même tems
qu’on l'applique.
Avec parties égales d’étain et de zinc ,on forme un mé-
tal ductile et fort dur, à petits grains serrés.
L’eau froide a peu d’action sur l’étain , cependant elle
ternit à la longue sa surface. L’eau de puits sur-tout a cette
propriété ; car les serpentins d’étain qui se trouvent tou-
jours plongés dans cette eau, se détruisent au bout de quel-
que tems.
L’étain est attaqué par l’acide sulfurique , soit concen-
tré soit étendu d’eau. Lorsque cet acide est concentré ,
il se dégage du gaz sulfureux et il se sublime du
soufre.
L’acide sulfurique , étendu d’eau, agit de même sur
l’étain; dan> ce cas, l’eau se décompose, mais foible-
ment , il se dégage du gaz hydrogène.
Le sulfate d’étain existe sous la forme d’une poudre
De l’Étain. [fi q
'blanche insoluble dans leau , mais un peu soluble dans
l’acide sulfurique.
Cette solution est d’une couleur brune foncée , lors-
qu’elle est chaude -, mais elle s’éclaircit par le repos.
Elle fournit des cristaux en aiguilles fines , entrelacées
fies unes dans les autres.
Lorsque la solution est faite à froid , qu’elle n’est pas
^concentrée, ni surchargée d’étain , et qu’elle ne se trou-
ftjle pas par l’eau , elle précipite par les alcalis et les terres
uin oxide blanc très-réfractaire , et cl’une très-difficile ré-
duction.
Les hydro-sulfures et les sulfures alcalins la précipitent
ten brun noirâtre en perdant leur odeur ; et ce précipité ,
xchauffé légèrement dans un appareil fermé, donne de l’or
■nussif , ou de loxide d’étain sulfuré.
MM. Fourcroy et Vauquelin ont fait connoître Fac-
tion de l’acide sulfureux sur l’étain. Dès que l’étain est
unis en contact avec l’acide sulfureux liquide , il prend
une couleur jaunâtre analogue à celle de l’or mussif.
•Quelques jours après , il devient noir comme du char-
Jbon , et il se dépo e dans la liqueur une poudre noire.
Ces chimistes ont prouvé que l’étain décompose une
partie de l’acide sulfureux qui lui fournit de i’oxigène et
qui , une fois oxidé, s’unit à une autre partie de cet acide;
qu’une portion du soufre se dépose avec le sulfite d étain
iblanc peu soluble ; qu’une autre reste en solution dans
lia liqueur avec un peu de sulfite d étain, qui est un sul-
tfite sulfuré; enfin,- qu’une troisième partie du soufre
sse combine à une portion de l’étain métallique , et forme
tua sulfure noir sur lequel l’acide sulfureux n’a point
td’aclion : ce qui arrête ou limite la solution.
460 De l' Étain.
L’acide nitrique concentré attaque I étain avec énergie.
Ou ne retire pas de gaz , ni oxigène , ni azote -r si î on
traite à la cornue une partie et demie d’étain et une d’acide
nitrique. Mais dès que le résultat est de l ammoniaque,
on ne doit plus chercher ce qu’est devenu 1 azote, ni I
l’oxigène, puisque l’étain s’est oxidé.
On peut obtenir , d’après les recherches de Bayen et i
Charlard , un sel qu’ils ont nommé stanno-nitreux.
Si l’on prend l’acide nitrique un peu foible , et qu’oa
fasse l’opération avec lenteur et précaution , on obtient
une solution qui contient vin peu d’étain.
L’oxide d’étain est insoluble dans l’acide nitrique
concentré. Pour obtenir cet oxide, on verse a5 parties
d’acide nitrique à 22 degrés sur i5 détain; on chauffe
légèrement ; il se forme de l’oxide d’étain , dont une*
très-petite partie est dissoute dans l’acide quand il est
étendu d’eau. Il y a dans cette opération de 1 ammoniaque
formée par l'hydrogène de l’eau qui se porte sur 1 azote de
l’acide nitrique ; la liqueur contient donc du nitrate
d’ammoniaque qu’on peut faire cristalliser après avoir
filtré ; l’oxide d’étain est blanc , et il contient environ
3o à 32 d oxigène.
On a pensé que l’oxide d’étain prenoit les caractères
d’un acide, et que c’étoit pour cela qu’il ne pouvoit pas
rester uni à l’acide nitrique ; sa solubilité dans les al-
calis seroit encore en faveur de celte opinion, et c est
ainsi que M. Gujton conçoit que M. Klaproth a réussi
à traiter et à analyser les oxides d étain natifs par la po-
tasse : il regarde cette solution de mine d’étain dans
l’eau par l’alcali , comme un stannate ou un stanuite de
potasse.
De V Étain. 4-6 1
M Thénard a annoncé l’existence d’un nitrate am-
moniaco d’étain. L’oxide d’étain très-oxidé est insoluble
idans l’acide nitrique. Si on traite cet oxide avec de l’am-
rmoniaque et de l’acide nitrique, on obtient une solu-
tion d’étain -, et voilà pourquoi en traitant l’étain par l’a-
xide nitrique, et faisant évaporer, on obtient un sel qui
ixontienl beaucoup de cet oxide , c’est que la solution
kde ce métal est favorisée par le nitrate d ammoniaque
Èformé dans cette solution.
Pelletier a traité l’oxide d’étain préparé par l’acide
«nitrique , à la dose de trois parties avec deux parties de
soufre , dans une cornue de verre, il a obtenu de 1 acide
«sulfureux et de l’or mussif, tandis que l’oxide detain
«moins oxidé , tel que le gris ou la potée , traité avec le sou-
fre, ne lui a donné que du sulfure detain.
Trois parties de sulfure d’étain, traitées au feu et jus-
qu’à siccité par l’acide nitrique, puis chauffées dans une
cornue avec deux parties de soulre, donnent également
«de l’or mussif.
Le morne sulfure d’étain mêlé de deux parties de soufre
•sur trois, et distillé avec l’acide sulfurique concentré , a
adonne au même chimiste pour produit, de l acide sulfu-
reux et de l’oxide d etaiu hydro-sulfure et doie.
On peut employer avec avantage 1 acide nitrique pour
[jfaire l’analyse de l’étain.
A cet effet, on fait bouillir l’étain avec de l’acide ui-
rtriqne concentré -, alors l’étain se convertit en oxide blanc;
i<on le lave et on le fait sécher. La liqueur surnageante
ncoutient du nitrate de plomb et de cuivre qu’on peut sé-
| parer par l’acide sulfurique , on pèse ensuite le sulfate
de plomb. Ou Lieu on Iraitepar l’ammoniaque qui
46» T)e l'Étain*
précipite l'oxide de plomb , et dissout l’oxide de
cuivre.
L’acide muriatique dissout l’étain -, avec dégagement de
gaz hydrogène. On dislinguedeux sortes de muriates d’étain-,
l’un peu oxidé, l’autre très-oxidé. Le premier s’obtient
en prenant de l’étain très-divisé. On le fait fondre dans
un creuset, et on le projette dans l’eau. Pour cela on
le met ensuite dans un matras , avec deux parties d’a
eide muriatique à 20 degrés.
Ou bien on fait passer un courant de gaz acide mu-
riatique dans de l’eau dans laquelle on a mis de l’étain
en feuilles coupées menues, jusqu’à ce que la solution
soit entièrement opérée. Dans les manufactures où l’on
prépare ce sel en grand, il est probable qu’on mêle une
petite quantité d’acide nitrique à l’acide muriatique .
Une portion d’eau se décompose, il se dégage de
l’hydrogène contenant de l’étain ; ce gaz est fétide , l’acide
muriatique se porte sur l’étain oxidé , l’on obtient en-
suite un muriate d’étain peu oxidé qui cristallise en
prismes à six pans.
Quant à la cause de j l’odeur fétide de ce gaz , les
opinions sont partagées. M. p'auçuelin l’explique ainsi :
l’étain contient toujours du carbone qui forme alors avec
l’hydrogène de l’eau une huile fétide qui surnage en
partie la liqueur , et dont une partie se dissout dans le
gaz hydrogène.
M. 1 Stromeyer attribue cette odeur fétide à un peu
d’arsenic qui se trouve dans l’étain.
Le muriate d’étain très-oxidé s’obtient en faisant passer
de l’acide muriatique oxigéné dans nue solution de muriate
d’étain peu oxidé. L’acide muriatique oxigéné perd son
De l'Étain. /j.63
I
odeur, il est décomposé par l’étain qui s'empare de l’excès
d'oxigèue. Ce muriate très-oxidé cristallise comme l’autre,
et est de'composé par les hydro-sulfures.
Le muriate d’étain cristallise à 60 degrés en hiver, et à
65 l’été, aréomètre de Mossj.
Ce sel a une saveur très-âcre; très-soluble dans l’eau, il
attire l’humidité de l’air. Il est très-avide d’oxigène, et
décompose l’air avec une grande facilité.
Si l’on distille le muriate d’étain dans une cornue, et
qu’on y adapte un récipient, on obtient d’abord l’eau
de cristallisation, ensuite du muriatq sur-oxigéné d’étain ,
qui se volatilise, et il reste dans la cornue de l’oxide
d étain.
Les alcalis précipitent du muriate d’étain un oxide blanc
très-abondant qu’ils redissolvent lorsqu’on les ajoute en
excès. Le sulfure hydrogéné d’ammoniaque précipite ce
sel en poussière lie de vin, qui devient noire en séchant,
et qui par la distillation, donne de l’ammoniaque et de l’or
mu ss if.
Le muriate d’étain en solution fait effervescence avec
l’acide nitrique , et en dégage beaucoup de gaz nitreux.
L’acide sulfureux la rend rougeâtre, et il se dépose de
l’oxide d’étain sulfuré jaune.
Elle noircit et change en métal l’acide arsenique. Elle
fait repasser à l’état métallique les acides molybdique et
tungstique , le tungstate de chaux etcelui d’ammoniaque.
L’oxicle rouge de mercure , le muriate sur-oxigéné de
mercure, l’oxide blanc d’antimoine, de zinc et d’argent, lui
cèdent aussi leur oxigène , et repassent à l’état métallique.
Si, à une solution de muriate d’étain récente et peu
exidée, on ajoute de la solution d’or, il se fait un précipité
464 De. l’Étain.
pourpre, qui ëst connu sous le nom de précipité de Cassius ;
mais la précipitation de l’or n’auroit pas lieu, si , au lieu de
muriate d’élain ordinaire, Ion se servoit d’une solution de
muriateoxigéné d’étain. Ce précipité u’csl autre chose qu’une
combinaison d’oxide d’étain et d’or presque réduit.
Si l’on met une lame d’étain dans de l’acide muriatique
oxigéné, l’étain se dissout très-promptement. Ce métal
absorbe l’oxigène surabondant, et n’opère point la décom-
position de l’eau pour s’oxider.
Si on laisse une solution muriatique d'étain en contact
avec l’air, on parvient à l’oxigéner.
L’acide nitro-muriatique dissout très-bien 1 étain.
On verse dans un matras deux parties d’acide nitro-
muriatique et une partie d’étain : il faut avoir soin d ajouter
l’étain peu-à-peu, et faire la solution à froid-, et si la
chaleur est trop vive, il faut la diminuer en plongeant le
mélange dans de l’eau froide. Cette solution est d un brun
rougeâtre-, elle forme souvent en quelques iustans une
gelée tremblante, visqueuse. Si Ion étend cette solution
d’environ moitié son poids d’eau, elle devieut concrète, et
cette gelée est d’une couleur d’opale.
L’étain décompose le muriate sur-oxigéné de mercure;
il en résulte une liqueur que l’on a nommée liqueur fu-
mante de Libavius.
Ou fait fondre dans une cuiller de fer cinq parties dé-
lain; on ajoute une partie de mercure; on triture ce mé-
lange dans un mortier de marbre avec une égale quantité
de muriate sur-oxigéné de mercure; on met ce mélange
dans une cornue de verre que l'on place sur un bain de
sable, et on adapte au col de la cornue un ballon percé
d’un petit trou, on chauffe doucement, il passe des vapeurs
De l'Étain. qg£
lextrêmement épaisses, qui se condensent dans le ballon;
-Après une heure et demie ou deux heures d’un feu très-
imodéré, on cesse le feu; il ne faut pas que la température
■s’élève au-dessus de iio degrés afin que le mercure ne
^puisse pas se volatiliser-, dans cette opération l’oxigène du
jmercure se porte sur l’étain et l’acide muriatique sur l'étain
•oxide -, il passe dans le récipient du muriate d’étain très-
wxidé et presqu’entièremeut privé d’eau. Le mercure,
«comme on le voit, ne contribue qu’a la division de l’étain.
Ce muriate d’étain, étant très - volatil , se volatilisG
[lorsqu’il est exposé à l’air, alors il condense l’eau de l’ai -
i:mosphère , avec laquelle il a beaucoup d’affinité, c’est ce
•qui produit le petit nuage qu’on apperçoit et qui l a fait
tmommer liqueur fumante. Si l’on y ajoute de l’eau, elle
une fume plus.
M. Adet a donné un mémoire sur le muriate d’étaiq
(fumant; les observations qu'il y a développées ont appris,
i°. que le muriate fumant d’étain étoit une substance
i, saline formée par la combinaison de l’étain et de l’acide
; muriatique oxigéné privé d’eau; 2°. qu’en mêlant le
muriate fumant d’étain à l’eau, dans les proportions de
■ 7 à 22 , on obtenoit une substance saline concrète ; 3°. que
le muriate d’étain fumant peut, lorsqu’il est étendu d’eau ,
dissoudre une nouvelle quantité d’étain, sans qu’il y ait
dégagement d’hydrogène : c’est donc, d’après ces faits,
un muriate sur-oxigéné d’étain.
Le résidu de la liqueur fumante de Libavius présente les
phénomènes suivans.
La voûte et le col de la cornue sont enduits d’une légère
couche blanche et grisé, qui contient un peu de liqueur
fumante, du muriate d’étain concret, du muriate mercuriel
3 o
2.
46® De l’Étain.
doux, et du mercure coulant. Le fond du vaisseau offre un
amalgame de mercure et d’étain , au-dessus duquel se
trouve un étain corné d’uu gris blanc, solide et compact,
qui peut être volatilisé par une chaleur plus forte.
On peut eucore préparer ce muriate d’étain en faisant
passer un courant de gaz acide muriaticpie oxigéné dans
du muriate d’étain.
Si l’on met dans du gaz acide muriatique oxigéné de la
limaille d’étain, l’étain s’enflamme et s’oxide.
Cet acide liquide oxide l’étain , et se dissout sans mou-
vement et sans effcrvetffcence.’On peut, suivant les propor-
tions réciproques de ces deux corps, faire du muriate
d’étain ou du muriate sur-oxigéné d’étain.
On voit donc qu’il existe deux muriates bien distincts,
l’un au minimum, et l’autre au maximum. Ce dernier
diffère encore du premier en ce que l’ hydro-sulfure alcalin
y forme un précipité jaune, taudis qu’il forme un précipité
noirâtre dans celui au minimum.
On ne connoît pas encore l’action des acides plxospho-
rique, fluorique , boraeique et carbonique sur l’étàin.
La potasse et la soude qu’on fait bouillir avec l'étain le
dissolvent -, l’eau se décompose et il se dégage du gaz
hydrogène.
11 en est de même de l'ammoniaque; mais elle dissout
l’étain moins rapidement.
Les matières terreuses ne contractent aucune union avec
ce métal. Son oxide, qui est très-infusible, ne forme point
de verre transparent ni coloré avec les substances capables
de se vitrifier; mais, comme il est très-blanc, il peut
s’interposer entre les molécules du verre, et le rendre d’un
De l'Étain. ^
blanc mat et très-opaque. Cette sorte de fritte vitreuse
porte le nom d 'émail.
La potée d’étain, à cause de son infusibilité, ôte la
transparence à tous les verres, et en fait des émaux
colorés.
*
Les sulfates de potasse et de soude sont décomposés par
Fêtai n.
On chauffe dans un creuset parties égales de sulfate da
potasse et détain ; on obtient une masse fondue verdâtre,
qui ne contient plus d’étain : c’est, d’après M. Fourcroy \
' un vrai sulfure d'étain.
L’étain enlève l’oxigène à l’acide sulfurique- le soufre;
J mis à nu par cette décomposition, se combine avec la
■ potasse, et ce sulfure dissout une portion de l’oxide detain.
L'étain fait détonner le nitrate de potasse.
f ' cet e^et ’ on fa't fondre et un peu rougir de l’étain
^idans un creuset : on projette dessus du nitre en poudra
Ketbien sec; il se fait aussitôt une déflagration, et il s’élève
-une flamme blanche et brillante. On ajoute une nouvelle
quantité de nitre, jusqu’à ce qu’il ne se fasse plus de dé-
formation; on tire le creuset hors du feu, on lessive la masse
^daus l’eau, on filtre la liqueur; elle contient la potasse du
[«nitrate, qui a dissous une grande partie de l’oxide d’étain.
Le muriate d’ammoniaque est aussi décomposé par l’étain.'
On prend de l’étain en grenailles , et du muriate d’ammo-
miaque réduit en poudre , environ une égale quantité : on
introduit le mélange dans une cornue, et on y adapte un
récipient et l’appareil pneumato-chimique à mercure; sitôt
Hue la cornue est échauffée, il se dégage de l’ammoniaque
•caustique à l’état de gaz, mêlé de gaz hydrogène.
De ÏÉtain.
Le résidu de cette décomposition est un muriate detaiu
solide, décomposable par l’eau, et semblable à celui que
l’on forme avec le muriate oxigéné de mercure.
C’est eu décomposant le muriate d’ammoniaque par
l’étain, et en ajoutant du soufre au résidu de cette décom-
position, que l’on prépare l’or .mussif.
On connoît divers procédés pour prépare l’or mussif.
appelé, par M. Fourcroy, oxide d’étain sulfuré.
i®. On prend' six parties d’oxide d’étain, que l’on mel(
avec quatre parties de soufre -, on met le mélange dan;
un creuset évasé, jusqu’au tiers de sa hauteur; on in-
troduit ensuite dans le creuset un couvercle en terre
échancré en plusieurs endroits. Ce couvercle doit entre:
dans le creuset de manière qu’il se trouve à deux centi
mètres au-dessus de la matière,; on recouvre ensuite b
creuset d’un deuxième couvercle; et on l’y lute avec ui
peu d’argile détrempée: le creuset ainsi disposé, on 1
ipet dans un creuset plus grand, dans lequel on met d'
6able. Par ce moyen, le creuset contenant le rnélang
nécessaire pour l’or mussif, se trouve dans un bain de sabh
alors, ou place cet appareil immédiatement sur la grill
d’un fourneau ordinaire, et on le chauffe ensuite avec pré
caution. En général, pour avoir de bel or mussil, il iat
qu’il soit préparé à une chaleur tres-douce et longtem
continuée : le degré de feu nécessaire pour sublimer 1
muriate d’ammoniaque, est celui qu'il faut maintenir peu
dant que l’on fait cettte opération, qui exige ordiuairemei
huit à dix heures , il n’y a pas même d’inconvénient à con
tinuer le feu plus longtems, pourvu toutefois qu'on ne i
pousse pas au-delà du degré indiqué : à ce degré de 1er
l’or mussif n’çst pas décomposé.
De l’Étain. 46*9
Il est avantageux d'ajouter une petite quantité d’eau dans
les mélanges : l’opération n’en réussit que mieux.
2°. On forme un amalgame de 5o parties d’étain et
autant de mercure; pour cet effet, on fait chauffer un
mortier de cuivre ,011 y met le mercure, et lorsqu’il a acquis
un certain degré de chaleur, on yerse dessus l’étain fondu :
on agite et on triture cet amalgamé jusqu’à ce qu’il soit
froid, alors on prend huit parties de cet amalgame qu’on
mêle exactement avec six parties de soufre et quatre
de muriate d’ammoniaque. On met ce mélange dans une
cornue ; on place la cornue sur un bain de sable qu’on
chauffe à un feu doux. On entretient le feu pendant
trois heures.
L’eau de cristallisation du muriate d’ammoniaque est
décomposée par deux affinités, celle de l’oxigène pour l’é-
tain , et celle de l’hydrogène pour le soufre ; l’oxide d’é-
tain formé se partage en deux parties, l’une en grande
quantité s’unit au soufre et forme l’oxide d’étain sulfuré ,
ou or mussif qui reste dans le fond du matras, l’autre
partie en petite quantité , décompose le muriate d’am-
moniaque formé du muriate d’etain qui se dégage en va-
peurs, tandis que l’ammoniaque libre se combine arec de
l’hydrogène sulfuré; il se dégage de l’hydro-sulfure d’am-
moniaque, qui rencontrant du muriate d étain , décompose
et précipite un sulfure hydrogéné d’oxide d’étain qui se
dépose contre les parois supérieures du matras, c’est encore
de l’or mussif.
Cet or mussif a l’apparence de l’or ; il est en lames minces;
il se décompose à un grand feu et passe à l’état de sulfure
d’étain, en dégageant de l’acide sulfureux. L’oxide d’étain
sulfuré contient 60 d’étain et 4° d’oxide de soufre; tandis
47 ° De V Etain.
que le sulfure détain ne contient que 20 de soufre et
80 d’étain.
Il paroît y avoir deux espèces d’or mussif; l’un seroii
un sulfure d’étain oxidé, l’autre un sulfure hydrogéné
d’elain oxidé, celui qui est sublimé paroît être dans le
dernier cas. On peut encore faire un sulfure hydrogéné
d’étain oxidé, en précipitant directement une solution
de muriate d étain très-oxidé par un hydro-sulfure -, c’estl
de 1 or mussif qui se précipite.
Pelletier avoit observé que, dans cette opération, il
se dégageoit du gaz hydrogène sulfuré, du sulfure d’am-
moniaque , du muriate d’étain -, que l’étain oxidé et uni
au soufre constituoit l’or mussif; qu’une portion de cette
combinaison , formée par les matières en vapeurs , se dé-
posoit en cristaux lamelleux hexangulaires à la voûte et
dans le col de la cornue; que l’or mussif n’étoit point
volatil par lui- même -, qu’à un grand feu , il se décomposoit,
donnoît de l’acide sulfureux, et repassoit à l’état de sul-
fure d’étain; que Ion pouvoit fabriquer ce produit en
chauffant le sulfure d’étain avec parties égales de soufre
et de sel ammoniac; qu'on l’obtenoit encore avec parties
égales de sulfure d’étain et de muriate sur-oxigéné de
mercure chauffé ; que ce composé coutenoit o.6o d’oxide
d’étain et 0.40 de soufre , tandis que dans le sulfure
d’étain il n’y avoit que 0.20 de soufre uni à 0.80 d’étain
métallique ; que, chauffé avec du charbon , l’oxide d’étain
sulfuré se décomposoit, donnoit du gaz acide carbonique
avec du gaz hydrogène sulfuré , cl qu’il se réduisoit à
l’étal de sulfure d’étain, en perdant ainsi du%oufre eide
l’oxigène.
Cette préparation est usitée pour donner une belle cou-
De l’Étain. $7 t
leur au bronze , et pour exciter les effets de la machine
électrique, en eu frottant les coussinets.
Le muriate sur-oxigéné de potasse brûle, enflamme et
oxide fortement l’étain. On obtient aussi par le choc une
détonation.
L’étain décompose un grand nombre de sels et de
solutions métalliques.
Il est d’un usage étendu dans les arts , à l’état de métal ,
d’alliage , d’oxide , etc. ; on s’en sert aussi pour donnes
aux glaces ce que l’on nomme le tain , c’est-à-dire , pour
fixer sur une de leurs faces un amalgame d’étain et de
mercure- On étend sur une grande table de pierre, mobile
et à rebord, des leuilles d’étain laminé •, on les recouvre
d’une couche de mercure de quelques centimètres d épais-
seur. On glisse la glace qu’on veut mettre au tain sur ce
bain de mercure , et on fait écouler le mercure surabon-
dant , en redressant la table de pierre. La feuille d’étain
amalgamé s’applique exactement et solidement sur la glace.
Les solutions d’étain sont d’un grand usage dans l’art
de la teinture : elles avivent les couleurs pourpres tirees
du règne animal , soit des coquilles qui fournissoient
cette couleur aux anciens, soit de la cochenille, qui la
donne bien plus facilement aux modernes. On croit meme,
dit M. Brongniart , que les Phéniciens , qui connoissoient
l’action de ce métal , laisoicnt bouillir leur teinture pourpre
dans des vases d étain.
On l’applique, parla fusion, à la surface du cuivre et
du fer. V oyez les articles Cuivre et Fer.
47*
Du Plomb.
CHAPITRE XXI.
Du Plomb.
Les mines de plomb se trouvent en rognons , en filons ,
dans les montagnes primitives , tertiaires, dans les terreins
modernes , dans des roches de tout âge et de toute espèce ;
ses gangues ordinaires sont le quartz, le spath pesant, les
spaths calcaire, fliior, les argiles, les schistes , etc.;
souvent aussi accompagné de sulfure de fer , de zinc , de
calcédoine et même de jaspe.
Le plomb se trouve encore à letat de sulfure, de phos-
phate , d arsenite , de moljbdate , de chroma te , connu
Autrefois sous le nom de plomb rouge de Sibérie ; enfih v
à l’état de carbonate.
Les espèces décrites par M. Haüy sont :
Première ; Plomb natif , une variété.
M. Rdtlikê , savant danois , a trouvé dans les laves de
l’îlè de Madèrè , une assez grande quantité de plomb
natif.
Deuxième; Plomb sulfuré , vulgairement galerie , treize
variétés.
Alliages : Plomb sulfuré argentifère - antimonifere ,
ferrifère.
On trouve le plomb sulturc en une multitude d’en-
Du Plomb. 4^3
droits ; et c’est une des mines les plus communes qu’il y
ait en Europe.
Troisième-, Plomb arsénié , trois variétés.
Quatrième -, Plomb chrômaté , trois variétés.
Cinquième-, Plomb carbon até , douze variétés.
Le plomb carbonate accompagne assez souvent le plomb
sulfuré , comme à Huelgoët, et quelquefois le cuivre car-
bonate vert ou bleu.
Il y a aussi un plomb carbonaté terreux , quelquefois
disséminé dans l’intérieur de diverses matières terreuses ,
auxquelles on a donné improprement les noms de minium
natif, de massicot natif , et de céruse native.
Sixième ; Plomb phosphaté , six variétés.
On trouve du plomb phosphaté en cristaux jaunâtres ,
rougeâtres , ou d’un gris cendré , et en aiguilles d’un gris
brun, à Huelgoët, en Bretagne-, en cristaux ou en aiguil-
les d’une couleur verte , à la Croix , dans la ci-devant
Lorraine -, près de Fribourg en Brisgaw -, dans les mines
du Hartz , etc.
11 y a encore le plomb phosphaté arsénié et le plomb
noir, appelé mine de plomb.
Septième -, Plomb molybdatë , sept variétés.
Le plomb molybdaté se trouve à Bleyberg , en Carîu-
thie , ôù il a pour gangue ufte chaux carbonatée com-
pacte.
Du Plomb.
d Huitième -, Plomb sulfaté , six variétés.
Le plomb sulfaté se trouve dans l’ile d’Anglesey , où
il occupe les cavités d’une ocre ferrugineuse d un brun
noirâtre, situee au-dessus d’une mine de cuivre pyriteux.
Il y en a aussi près de Stronlian , en Ecosse.
Neuvième-, Le Plomb oxidè , tel que le massicot , la
céruse et minium natif.
Dixième ; Le plomb noir. ,
Onzième ; Le plomb arsénié.
Douzième , enfin -, La mine de plomb de Johann- G eorgen-
stadt.
M. La ugier a démontré que cette mine n’étoit qu’un
mélange d’arseniate et de pbospliate de plomb.
On a aussi trouvé un minerai de plomb sur-oxigéné,
dont M. J auquelin a fait l’analyse. Il l’a trouvé composé
d’arsenic oxidé, 58 j plomb oxide, 22 ; fer oxide, 3 9.
D’après les phénomènes qu’a présentés cette mine avec
l’acide muriatique , M. Vauquelin pense qu’il est trcs-
vraisemblable que le plomb y est à 1 état d oxide brun ou
sur-oxigéné -, car les oxides de fer et. d’arsenic ne donnent
point une aussi grande quantité d’acide muriatique
oxigéné.
Le plomb sulfure est le *seul que I on exploite comme
minerai de plomb proprement dit. On sait qu’il contient j
presque toujours de l’argent.
Du Plomb.
47 5
On grille le sulfure de plomb de deux manières : i°. sous
des hangards , entre trois petites murailles. Comme
l’air nécessaire au grillagene pourroit pas circuler au travers
de cette poudre compacte , on est obligé de mouler le
sclilich en petites mottes , en le mêlant avec un peu d’ar-
gile humide. On le grille ainsi une ou deux fois. 2°. Dans
des fourneaux à réverbère. On obtient immédiatement ,
par cette dernière méthode et par un feu ménagé , une
certaine quantité de plomb métallique.
Le plomb grillé par l’un ou par l’autre procédé , est en
état d’être fondu dans un fourneau appelé courbe ou à
manche : on se contente de jetter ce métal clans le four-
neau ; on ne le mêle ordinairement avec aucun fondant ;
quelquefois cependant on y ajoute des scories de fer et
des scories des fontes précédentes. La houille carbonisée
ou le charbon de bois mêlés avec le minérai , suffisent
pour revivifier le plomb oxidé qui coule dans le bassin
d’avant-foyer , et ensuite dans celui de percée.
Le plomb obtenu par cette première fusion, porte le
nom de plomb-d’ œuvre. Il est assez pur-, mais il contient
souvent de l’argent, qu’il est important d’en séparer. L’o-
pération qui a pour objet cette séparation , se nomme affi-
nage. ( Voyez Brongniart. )
Le plomb a peu de dureté, encore moins d’élasticité:
c’est le plus doux des métaux; il a une odeur particulière
qui se développe par le frottement , ce qui est dû à un
commencement d oxidalion : cet effet peut être aussi appli-
qué à sa saveur: la mollesse du plomb fait qu’il n’a pas
de son. Sa cohésion est rendue sensible par l’adhésion ,
au moyeu du conLact de s«s surfaces récemment coupées -,
c'est même le seul métal qu’on puisse mettre parfaitement
Du Plomb.
476
en contact : en coupant une balle de plomb en deux , et
rapprochant les parties , on connoîlra son adhésion. Sa
pesanteur spécifique est de 11.35a.
Le plomb s’étend facilement sous le marteau , et se
réduit en lames et en feuilles. Quand on veut l’obtenir eu
grenailles , on le lait fondre , et on le broie dans un mor-
tier de fer. 11 n’est pas assez tenace pour passer à la
filière.
Exposé au feu , le plomb entre en fusion à un degré
de chaleur très-modéré. Lorsqu’il n’a que le degré de
chaleur capable de le tenir en fusion, il est si peu chaud,
qu’il ne peut roussir une plume ou du papier.
Si , lorsqu’il a été fondu , on le laisse refroidir très-len-
tement , il se recouvre d’une légère poussière grise à sa
surface ; et si l’on decante la portion fondue de celle qui
est devenue solide , on 1 obtient cristallisé en pjramides
quadrangulaires. A une chaleur violente il se volatilise en
grande quantité.
Pour obtenir l’oxide de plomb , on met dans une cuiller
de fer la quantité que l'on veut de ce métal : on place la
cuiller sur le feu-, aussitôt que le plomb est fondu, il
s’oxide à sa surface , sous la forme d’une poussière grise,
que l’on réduit par l’agitation en un oxide d’un gris ver-
dâtre , tirant un peu sur le jaune. On peut , en conti-
nuant la calcination , convertir tout le plomb en oxidè
semblable. Cette poudre grise est un oxide de plomb au mi*
nimum. M. Prou V, ei quelque tems après M. Thomson ,
ont prétendu qu’elle étoit composée d oxide jaune et dé
plomb métallique.
Si l’on fait calciner celte pondre grise de plomb à un
feu capable de la faire rougir , elle acquiert d'abord une
Du Plom Z-, 4" 7
couleur jaune sale -, c’est ce qnon nomme massicot ordi-
naire. En continuant la calcination plus longtems , cet
oxide prend une couleur jaune assez foncée : en cet état
on le nomme massicot jaune. Cet oxide jaune contient,
d’après Thomson , g centièmes et demi d’oxigène.
Si l’on fait calciner cet oxide jaune à un feu de réver-
bère , qui ne soit pas en état de le fondre , il augmente
toujours en couleur , et il acquiert enfin une belle couleur
rouge : c’est ce que l’on nomme minium.
Voilà donc déjà trois degrés différens d’oxidation que
le plomb est susceptible d’affecter ; l’oxide gris , jaune
et rouge.
Dans les arts on fabrique l’oxide rouge de plomb , eu
disposant le plomb dans une espèce de four qui ressemble
à ceux des boulangers ; ou y met le feu par les côtés ,
de manière que la flamme vient se rabattre sur le plomb •,
celui-ci se couvre d’une pellicule grise qu’on enlève, et
on répète cela jusqu’à ce que le plomb soit converti en
oxide gris ; en augmentant le feu on le fait passer a 1 état
d’oxide jaune. On le fait torpber alors sur un pavé uni ,
et on y fait tomber assez d’eau pour l’imbiber et le re-
froidir. On le broie ensuite dans l'eau avec des meules ,
on le réduit aussi en poudre très-fine. On le met dans
des cases que l’on porte dans un four plat , et lait a-peu-
près comme le premier. Ou ÿgite continuellement, et au
bout de 4° heures il passe à l’état d’oxidc rouge , ou
minium. Aussitôt qu’on s’apperçoit qu’il ait acquis cette
couleur rouge, on ferme promptement toutes les ouver-
tures du four , et on le laisse refroidir lentement.
Pour avoir un minium d’une grande beauté tel qu on
l’exige pour les verreries où l’on fabrique le beau cristal, il
47® Du Plomb.
est essentiel que le plomb qu’on emploie ne contienne nî
étain ni cuivre.
L’oxide rouge de plomb contient, d’après Thomson,
0,1? d’oxigène.
M. Pécard fils , à Tours , d’après les conseils de M. Chap-
tal, fabrique aujourd’hui le minium qui ne paroît pas
différer du meilleur minium d’Angleterre.
En exposant cet oxide ronge a un feu plus violent et
capable de lui donner une demi-vitrification, ses parties
® 3§£jlntinent en petites écaillés minces, qui conservent
toujours leur couleur rouge, mais moins vive : cet oxide
prend alors le nom de litharge d’or , et celui de litharge
d’argent, lorsqu’il est plus pâle.
Quand on veut se procurer celte matière , on ne la prépare
pas exprès. Toute celle qui est dans le commerce est tirée
des tiavaux en grand qu on fait sur 1 or et sur 1 argent pour
les purifier.
La labiication de la lilharge se fait daus les fonderies des
mines de plomb pour en séparpr l’argent parla coupellation.
On fait fondre le plomb dans des fourneaux de coupel-
lation dont le dôme est mobile, et qu’on enlève à volonté
à laide d’une grue. La flamme qui s’élève du foyer, est
versée dans le fourneau qu’elle traverse pour gagner la che-
minée qui est vis-à-vis; deux gros soufflets dirigent sans
cesse un courant d’air rapide sur le plomb eu fusion pour
faciliter l’oxidation. A mesure qu’il se forme une couche à
la surface on l’enlève, et on la fait tomber sur le sol. Peu-
à-peutout le plomb se convertit en litharge , tandis que
l’argent conserve son état métallique, et finit par rester seul
au milieu de la coupelle.
Presque toute la lilharge qu’ou trouve dans le commerce;
Du Plomb.
Contient 0,4- d’acide carbonique , d’après Thomson. Le
plomb s’y trouve à l’état d’oxide jaune. Ce chimiste dit
aussi avoir retiré de la litharge o,3 d’oxide d’antimoine.
Si Ion expose l’oxide rouge, au feu dans un creuset, il
entre en fusion , mais beaucoup plus difficilement que le
plomb., et se transforme en verre; mais ce verre a tant
d’action sur les substances terreuses, qu’il pénètre les
creusets , passe facilement au travers , et les fait entrer en
fusion.
Tous les oxides de plomb se réduisent avec facilité.
Ou prend la quantité que l’on veut d’oxide de plomb;
on le mele avec du suif, du charbon , ou toute autre matière
combustible; l’on fait chauffer et rougir le .mélange dans
un creuset, on trouve au fond un culot de métal.
On peut encore faire cette réduction sur un charbon au
chalumeau.
Le gaz hydrogène colore la surface du plomb, et lui
donne les nuances de l’iris; il revivifie même les oxides
de plomb.
Si l’on met de l’oxide de plomb rouge en contact avec ce
gaz, il devient noir et plombé.
Avec le soufre, on obtient un vrai sulfure.
Pour faire le sulfure de plomb, on peut faire fondre
ioo parties de plomb et projetter peu-à-peu 4o parties de
soufre; mais alors il arrive que le sulfure de plomb qui
est moins fusible, forme une croûte à la surface et empêche
la seconde portion de soufre de se combiner avec le reste
du plomb.
C’est pourquoi il vaut mieux mettre le soufre et le
plomb par couches en observant de mettre la plus grande
partie du soufre dans le fond, et terminant par une couche
48 o Du Plomb.
de plomb. En poussant au rouge , ou obtient un culot qui
est du sulfure de plomb qui a absolument les mêmes pro-
priétés que la galerie.
Le plomb se combine avec le phosphore.
On fait fondre dans un creuset un mélange de parties
égales de plomb limé, de verre phospjaorique et d’un hui-
tième de charbon-, on obtient un culot qui paroit peu dif-
férent du plomb : il est malléable, se coupant facilement
avec le couteau-, mais il perd son brillant plus prompte-
ment que le plomb-, et lorsqu’on en fond au chalumeau
sur un charbon, l’on voit que le phosphore brûle et quitte
le plomb.
On ne connoît pas les alliages du plomb avec le tungs-
tène, le molybdène, le chrome, le titane, l’urane, le nickel,
le cobalt, le manganèse.
Avec le bismuth on obtient un alliage.
Parties égales de plomb et de bismuth donnent un mé-
tal plus dur que le plomb, très-ductile, s’applatissant
sous le marteau sans se gercer, mais se cassant facilement
dans letau, et ayant le grain très-fin , très-serré , de couleur
d’acier.
Avec l’antimoine, on obtient un alliage cassaut à petites
facettes brillantes, qui imitent le tissu et la couleur du fer
ou de l’acier, suivant les proportions du mélange, et qui
est d’une pesanteur spécifique plus considérable que les
deux substances métalliques qui le composent, prises
séparément.
C’est l’alliage de ces deux métaux, qui forme les carac-
tères d’imprimerie; d’après M. Chaptal les meilleures pro-
portions sont 80 parties de plomb, sur ao d’antimoine.
Du Plomb.
48 1
J Le plomb s’unit très-bien au mercure -, il re'sulte de ce
mélange un amalgame.
On le fait en versant du mercure chaud' dans du plomb
fondu ; il .est blanc et brillant, et acquiert de la soli-
dité au bout d’un certain tems.
Avec le zinc, le plomb s’unit, mais cetalliage ne présente
aucun intérêt.
L’alliage du plomb avec l’étain est très-usité dans les arts.
La soudure des plombiers se fait avec deux parties de
plomb et une d’étain.
Cet alliage est plus fusible qu’aucun des deux métaux
qui le constituent.
Ou peut faire un alliage de plomb et d’étain en prenant
i5 parties de plomb et 5o d’étain. On met l’étain et le plomb
dans un creuset et on chauffe , en agitant, l’alliage se forme.
Il j a de certaines proportions d’étain et de plomb qui
donnent uu alliage qui a la propriété de brûleravec beaucoup
de vivacité, lorsqu il est porté jusqu’au rouge.
L alliage de Darcet se fait avec huit parties de bismuth ,
cinq de plomb et trois d’étain. Cet alliage est si fusible
qu ilne faut que 7 5 degrés de Réaumurpour le fondre.
Pour 1 analyser, on le casse en petits morceaux et ou
jette dessus peu-à-peu de l’acide nitrique à 3o degrés qui
se décompose; le gaz nitreux se dégage et il se précipite
de 1 oxide d étain , il se forme du nitrate de bismuth et du
nitrate de plomb qui restent dans la liqueur; quand il ne
se dégage plus (le vapeurs nitreuses, on filtre et il reste sur
le filtre l’oxide d’étain; on le lave à plusieurs fois avec de
l’acide nitrique étendu d’eau, on le fait dessécher et on le
pèse. On fait évaporer presqu ’à consistance sirupeuse, eton
jette dans la liqueur de l’eau pure qui précipite de l’oxide
3 x
482 Du Plomb.
de bismuth blanc-, on filtre une seconde fois, on peut
ensuite précipiter l’oxide de plomb au moyen de l’acide
sulfurique qui fait un sulfate de plomb; de cette manière,
on obtient les métaux à l’état d’oxide, ou de sel. On sait
que le sulfate de plomb contient sur 100 parties 70 de
plomb, que l’oxide de bismuth contient 80 à 85 de bismuth,
et l’oxide d’étain 70 à 72 d’étain.
Le plomb et l’étain fondus ensemble s’oxident récipro-
quement. En faisant fondre quatre parties de plomb et une
d’étain, on obtient un alliage qui a beaucoup d’affinité pour
l’oxigène , et quand il est poussé au petit ronge, en soufflant
dessus il s’allume avec beaucoup de force et brûle très-
vivement : cela forme un oxide. Ces deux oxides mélés
ensemble, sont la base des différens émaux, et de la cou-
verte de la faïence.
On fait ordinairement calciner dans des fours cent parties
de plomb et trente d’étain; on mêle ensuite ces oxides avec
cent parties de sable et vingt de potasse; on fond ce mé-
lange, et l’on obtient un verre blanc laiteux, opaque, que
l’on nomme émail blanc.
L’eau pure n’altère pas le plomb.
Si l’on agite du plomb en grenailles dans un peu d'eau
avec le contact de l’air, le métal s’oxide promptement:
bientôt cet effet se complique.
Le plomb oxidé absurde l’acide carbouique atmosphé-
rique : il se forme du carbonate de plomb qui se dissout
même daus l’eau, comme on le prouve en*er§ant des hy-
dro-sulfures dans cette eau, qui prend une couleur noire.
Cela prouve que les canaux, et sur-tout les réservoirs de
plomb où l’eau séjourne, sont très-dangereux dans les
usages de la vie.
Du Plomb.
483
La plupart des acides attaquent le plomb. Pour que
l'acide sulfurique agisse sur lui, il faut qu’il soit concentré
ïet bouillant-, il se dégage du gaz acide sulfureux. Si on lave
•le mélange qui reste au fond de la cornue, avec de l’eau
idistillée , on enlève l’excès d’acide .sulfurique, et il reste
sune poudre blanche qui est du sulfate de plomb.
L’acide sulfurique se combine beaucoup mieux avec
foxide de plomb. Si l’on verse cet acide dans une solution
ile plomb, on obtient un sulfate qui se précipite.
Le sulfate de plomb est décomposé par le charbon; il
passe à l’état de sulfure, comme les sulfates alcalins et ter-
-reux; il est insoluble dans l’eau, et très-peu dans un excès
Ü’acide.
On le décompose aussi par les alcalis ; pour obtenir une
décomposition exacte, il faut faire bouillir les alcalis caus-
tiques avec le sulfate.
L’acide muriatique qu’on fait bouillir avec le sulfate de
plomb, le décompose; c’est une circonstance assez remar-
quable à laquelle il faut prendre garde dans l’analyse des
. ,
tanineraux.
L’acide nitrique dissout facilement le plomb.
On verse dans un matras deux parties d’acide nitrique
$Toible sur une de plomb réduit en limaille : on place le
imatras sur un bain de sable chaud , l’acide nitrique dissout
» le plomb.
Lorsque la dissolution est faite , on filtre la liqueur et
'an la fait évaporer ; elle donne par le refroidissement des
qirismeso ctaèdres, qui sont toujours opaques et très-pesans.
Ce sel fuse sur les charbons, et décrépite au feu; il s’y
«décompose et perd son eau de cristallisation; il se dégage
£84. Du Plomb.
ensuite du gaz oxigène , et il reste dans la cornue un oxide
jaune de plomb.
Les alcalis le décomposent aussi; ils en séparent le
plomb à b état d’oxide.
L’hydrogène sulfuré , et les hydro-sulfures alcalins
décomposent le nitrate de plomb; on obtient un précipité
noir.
L’acide muriatique opère la même décomposition.
L’acide sulfurique le décompose aussi : si Ion verse de,
cet acide dans une solution de nitrate de plomb , on obtient
un sulfate de plomb insoluble.
L’acide sulfureux précipite la solution de plomb en
sulfite.
On peut encore obtenir le nitrate de plomb, en suivant
un autre procédé.
O11 fait chauffer 80 parties d’acide nitrique à s5 degrés,
sur 5o d’oxide rouge de plomb ; l'oxide se partage en deux
parties, l’une cède son oxigène et le lait passer a létal
d’ oxide brun ’qui est insoluble dans l’acide nitrique. L’oxide
de plomb moins oxidé à l’état jaune, se dissout dans l'acide
nitrique, et forme uu nitrate de plomb; on -filtre, il reste
dessus le filtre une poussière brune), qui est 1 oxide brun de
plomb ; on fait évaporer la liqueur jusqu a légère pellicule,
et on obtient par refroidissement, de beaux octaèdres de
nitrate de plomb. Ce sel a uue saveur sucrée d’abord:
suivie d’une saveur métallique : il est décomposé par le feu
et donne le minium ( oxide rouge de plomb ).
Le nitrate de plomb séché sur le papier joseph , contient,
d’après M. Thomson , 0,66 d’oxide jaune, et o,34 d acide
nitrique et d’eau.
Avant les travaux de MM. Proust , Fauquelin , The -
Du Plomb. 4^ S
inard et Thomson, on ignoroit l’action de l’acide nitrique
asur les divers oxides de plomb, ainsi que leurs différent
ïétats d'oxidatiôn.
M. Vauquelin a décrit deux procédés pour préparer
Il’oxide brun de plomb. L’acide nitrique à 26 ou 3o degrés,
jjetté sur de l’oxide rouge de plomb, s’échaulte, blanchit cet
toxide, le dissout en grande partie, mais en sépare une
ipoudre noire insoluble, pesant les 0,1 5 ouïe septième de
il’oxide employé; on étend la soluttftn de beaucoup d eau,
«et on lave bien cette poudre. Les ® de l’oxide dissous, per-
<dent une partie de leur oxigène qui se porte sur le septième
«qui n’est pas dissous, lequel se colore eu brun foncé. Si
«cela n’arrivoit pas, l'acide nitrique ne dissoudroit pas
ll’oxide rouge, ou il faudroit qu il en dégageât avant une
jportion de sou oxigène; et c’est ce qui arrive, en ellet,
llOrsqubn chaufle l’acide sur cet oxide, il fournit, dans
«ce cas, du gaz oxigène ( comme l’avoit reconnu, il y a
ilongtems M. Priestley ).
Une preuve que 1 oxide jauue de plomb contient moins
d’oxigène que le rouge , c’est que la litharge se dissout
dans l’acide nitrique sans former d oxide brun: G est aussi
ce qui fait que la litharge s unit a 1 acide Carbonique
tandis que l’oxide rouge né s y unit pas.
On prépare l’oxide brun , en faisant passer sur un
oxide de plomb rouge , délayé dans 1 eau, du gaz acide
muriatique oxigéné , jusqu’à ce qu’il cesse d’en absorber.
Il se passe ici deux effets simultanés : l’oxigène de l’a-
cide se porte sur une partie de l’oxide , tandis que l’acide
désoxigéné s’unit à l’autre portion de l’oxide. On obtient
ainsi ayec cent parties d’oxide rouge 68 parties d’oxide
brun qui se précipite en étendant de beaucoup d’eau.
486 Du Plomb.
L’oxide de plomb brun ainsi préparé , montre des proprié-
tés qui le distinguent.
Sa couleur est brune foncée, puce, et en même temsi
son aspect brillant est velouté. A la flamme du chalumeaulj
il jaunit et se fond ; sur le charbon allumé, il se réduit en
bouillonnant ; chauffé dans une cornue , il donne du gaz*
oxigène très-pur, et se réduit en verre de plomb, jaune
verdâtre. En le distillant avec l’acide sulfurique , il fournit
aussi du gaz oxigène, et se comporte dans ces deux expé-
riences comme l’oxide noir de manganèse, avec lequel
il a quelqu’analogie.
L’oxide de plomb brun est inattaquable par l’acide ni-
trique , à moins qu’on ne prenne cet acide surchargé de
gaz nitreux et qu’on ne le fasse chauffer sur l’oxide: dans
ce ca6, le gaz nitreux lui enlève une portion de son
oxigène , et l’acide le dissout. L’addition d’un corps
hydro - carboné très - combustible, comme le sucre, le
miel, etc., le rend aussi facilement soluble par lacide
nitrique : c’est encore une analogie qu’il présente avec
l’oxide de manganèse.
L’acide muriatique versé sur l’oxide de plomb brun,
produit, sur-tout à l’aide de la chaleur, une efferves
cence vive , passe en partie à l’état d’acide muriatique
oxigéné, tandis que l’autre partie de cet acide s’unit à
l’oxide de plomb désoxidé. Cet effet a lieu jusqu’à ce que
le muriate de plomb soit saturé d’acide muriatique. En
le combinant avec les acides végétaux , on voit cet oxide
en détruire une partie, et l’on est obligé d’employer beau-
coup de ces acides pour en opérer la combinaison avec le
plomb.
L’oxide bruu de plomb décompose rapidement l'ami
Du Plomb. 4§7
moniaque, à l’aide de la chaleur; une partie de son oxi-
gène se porte sur l'hydrogène de l'ammoniaque et forme
de l'eau ; une autre partie se combine avec l'azote , et
forme de l'acide nitrique , de sorte qu'après cette action
on trouve du nitrate d’ammoniaque dans la liqueur. Lors-
qu'on broie cet oxide avec du soufre , celui-ci s'enflamme
très-promptement, ce que ne fait aucun autre oxide de
plomb. Il y a une lumière très-vive dans cette combus-
tion , quoiqu'elle ne soit susceptible d'aucune détonna-
tiou , même par la plus forte pression et le choc le plus
rapide. Le charbon cependant ne s’enflamme point par
l'oxide brun , il arrête même l'inflammation du soufre.
Il reste , après la combustion de ce dernier par l’oxide
brun , un sulfure noir bleuâtre , semblable à la galène.
C’est sans doute à cette attraction du plomb pour le
soufre , qu'est due son inflammation par l’oxide sur-
oxigéné de plomb.
On unit facilement cet oxide brun avec de l'huile d’o-
live , qu'il convertit en une espèce d’emplâtre d’un brun,
clair très-solide : pendant qu'on fait cet emplâtre , il
s'en sépare un sel sucré , soluble et cristallisable. Cette
espèce d’emplâtre pourroit avoir quelques vertus, si c’est
à l’oxigène que beaucoup de préparations emplastiques ou
onguentassées doivent leurs propriétés. Il y a lieu de
croire qne dans quelques cas, et notamment dans les
vieux ulcères , cet emplâtre sera préférable même à la
graisse ou pommade oxigénée , lorsque le coqtact du
plomb ne sera point contr’indiqué.
L’oxide pur contient, d’après MM. Proust et Thomson ,
0,20 à 2 1 d’oxigèue.
Si l’on fait bouillir le nitrate de plomb avec la
4^8 Du Plomb.
litharge, il se forme une poudre blanche peu soluble datis
1 eau , qui est un nitrate avec excès d’oxide.
Le nitrate de plomb qu’on a fait bouillir avec une
lame de plomb , passe à un état inférieur d’oxidation :
la solution déposé , par le refroidissement de petites écailles
cristallisées d’un jaune clair.
L acide muriatique pur, quoiqu’aidé de la chaleur , ne
se sature pas complettement de plomb ; pour obtenir ce
muriate , on verse dans une solution nitrique de plomb
de 1 acide muriatique : le précipité qui en résulte, étoit
appelé plomb corné. Si l’on dissout ce sel dans l'eau , on
peut obtenir par évaporation et refroidissement des cris-
taux sous la forme de petites aiguilles fines.
Ou peut aussi préparer ce sel en faisant bouillir de la
li.tharge avec de l’acide muriatique , on décante ensuite
la liqueur encore bouillante , et l’on obtient par le re-
froidissement de petits cristaux aiguillés.
Ce sel a une saveur douce , il se fond au feu assez faci-
lement, et en le laissant refroidir, il prend l'apparence
d une corne ; il peut alors etre coupé et s’applatir j c est
ce qui lui avoit fait donner le nom de plomb corné.
Ce sel se dissout dans 4-0 fois sou poids d’eau.
La chaux et les alcalis le décomposent.
L acide sulfurique précipite cette solution en sulfate de
plomb insoluble.
M. Thcnarcl a reconnu l’existence d’un muriate am-
momaco de plomb. On peut le faire en versant dans du
muiiate de plomb , du muriate d’ammoniaque.
Le plomb ne se dissout que 1i ès-Ientement dans
l’acide phosphorique. Pour préparer du phosphate de
plomb , on piécipite le nitrate de plomb par un phos-
Du Plomb.
4%
phale alcalin. Ce phosphate est soluble par un excès
d’acide phosphorique , il est fusible et décomposé pair
le charbon qui le change eu phosphore et en plomb ,
et il passe de l’acide carbonique. Il est aussi décomposé
par les acides sulfurique , nitrique et muriatique.
L’acide boracique n’attaque pas le plomb-, mais on peut
former un borate en décomposant le nitrate de plomb
par un borate alcaliu ; on peut l'obtenir aussi avec Ses
oxides et 1 acide boracique.
L’acide fluorique attaque un peu le plômb , mais l’effet
est bien plus marqué sur les oxides.
L’acide carbonique s’unit aussi à l'oxide de plomb. Le
carbonate de plomb se prépare en versant dans une so-
lution filtrée de carbonate de potasse , de l’acétate de
plomb ; il se forme un acétate de potasse et un carbonate
de plomb , d’un gris blanc. Ce caxbouate est soluble' dans
un excès d’acide carbonique. On opère cette même so-
lution en chargeant de l’eau d’acide carbonique, et en. la
laissant ensuite séjourner sur de l’oxide de plomb. Cette
eau se trouble bientôt et se noircit, par le contact de l’hy-
dro-snlfure. On ne connoît pas encore exactement toute s
ses combinaisons.
Dans son état d’oxide , le plomb s’unit à la silice.
Si on en ajoute au verre, i! n’altère point sa transpa-
rence, mais il lui donne plus de pesanteur, et sur-tout une
sorte d’onctuosité qui le rend susceptible d’être taillé et
poli plus aisément sans le briser. Ce verre est très-propre
à faire des luuettes acromaliques; les Anglais le nom-
rnent Jhnt-glass. P oyez verre de plomb.
Le plomb peut être oxidé par le nitrate de potasse.
Ou fait fondre du plomb dans un creuset , et lorsqu il
Du Plomb.
49°
commence à rougir, on projette du nitrate de potasse en
poudre, il n’y a pas de détonnation sensible. Le plomb
est à l’état d’oxide en petits feuillets jaunâtres , semblable
à l’oxide de plomb demi-vitreux. On laisse refroidir le
creuset , on lave la matière , et on obtient l’oxide.
A l’aide du calorique , l’oxide de plomb décompose le
muriate d’ammoniaque.
A cet effet, on réduit en poudre deux parties de mu-
riate d’ammoniaque, on mêle avec deux ou trois parties
d’oxide rouge de plomb ; on met ce mélange dans une
cornue de grès , on la place dans un fourneau de réver-
bère, on adapte au col de la cornue un ballon , duquel
part un tube qui va plonger dans un flacon à tubulures ,•
dans lequel on met environ autant d’eau que l’on a em-
ployé de muriate d’ammoniaque-, on lute et l’on procède
à la distillation par un feu gradué que l’on augmente sur
la fin jusqu a faire rougir la cornue. Il passe de l'ammo-
niaque très-pure et très-caustique ; lorsqu’il ne passe plus
d’ammoniaque , l’opération est finie.
La masse qui reste dans la cornue , après la décompo-
sition du muriate d’ammoniaque , est du muriate de
plomb qui se fond à une chaleur médiocre , eu plomb
corné, et que l’on peut dissoudre eu totalité dans l’eau.
L oxide de plomb rouge agit même à froid sur le mu-
riate d’ammoniaque, car aussitôt que le mélange est fait,
l’ammoniaque se dégage.
, L’oxide de plomb demi-vitreux décompose le muriate
de soude. J oyez muriate de soude.
Si 1 on mêle de 1 oxide de plomb gris avec du muriate
sur-oxigene de potasse , on obtiendra une détonnation par
le choc.
Du Fer. /jç!
Les usages de ce métal sont trés-multipliés dans les
arts. Le plomb sulfuré est employé sous le nom d’alqui-
foux par les potiers de terre , qui en saupoudrent feue
poterie grossière.
On prépare diverses substances employées en médecine
tels que le blanc de plomb , la céruse , un acétate ,
1 oxide rpuge , jaune demi-vitrifié , on la litliarge , etc.
Le blanc de plomb et la céruse sont employés dans la
peinture à 1 huile •, mais ils ont 1 inconvénient de jaunir
et même de noircir à l’air.
L acetate de plomb liquide est aussi employé dans la
teinture.
\
Le massicot et le minium servent daus la peinture
à l’huile.
Kn general , les oxides de plomb sont des poisons. Les
vapeurs même de ce métal sont dangereuses.
CHAPITRE XXII.
S
r
Du Fer.
Ce métal appelé Mars parles anciens, est répandu avec
profusion dans la nature , et sous différentes modifications.
Une multitude de substances terreuses , telles que les
serpentines , le feldspath opalin, le corrindon , etc. , en
rentermeut des traces plus ou moins considérables. Il
fait dans un plus graud nombre encore la fonction de
principe colorant!
Du Fer.
49*
On le trouve clans la nature, à l’état de mine *, il y en
a beaucoup d’espèces : le fer natif, le fer arsénié, le car-
buré de fer, le sulfure de fer, le sulfure de fer arsénié ,
l’oxide noir de fer, l’oxidule de fer pyrocite , l’oxidule
de fer oligiste , l'oxide jaune ou rouge de fer, le sulfate
de fer, le phosphate , le tungstate , le carbonate , le prussiate,
le fer quartzeux , etc.
M. Hciiïy en distingue neuf espèces , et M. A. Bron-
gniart douze.
Première ; Fer oxidulé , cinq 'variétés.
On trouve du fer oxidulé dans l’île de Corse, où ses
cristaux ont pour gangue une stéatite -, en Suède , où ils
sont recouverts cl’une croûte talqueuse ; en France, près
de la ville du Puy , où ils sont mêlés avec un sable
ferrugineux , qui contient aussi des zircons et des tél é—
sies bleues.
A l’égard de la variété à laquelle on a donné le nom
d 'aimant , parce que l’action de ses pôles a beaucoup plus
d’énergie , il en existe des masses considérables en
Suède, en Nonvège, en Chine , à Siam, aux îles Philip-
pines , etc.
Deuxième; Fer oligiste , c’est-à-dire , peu abondant en
métal , quatorze variétés.
Les mines les plus célèbres qui appartiennent à cette
espèce, sont celles de l’île d’Elbe , près de la côte de Tos-
cane , où on les lire, sur-tout des monts Calamila et Rio.
Le fer oligiste habite aussi les terreins volcaniques , eu par-
ticulier ceux du Puy-de-Dôme , du montd’Orelde Voirie.
Du Fer.
4q3
Troisième-, Fer. arsenical , quatre variétés ; il y a encore
la pyrite arsenicale , et le fer arsenical argentif ère.
Oq trouve le fer arsenical dans différons endroits de la
Saxe, et eu particulier à Freyberg. Il y en a aussi dans le
comté de Cornouailles, en Angleterre-, à Utoé, en Suder-
manie , etc. Il accompagne souvent des mines d’une espèce
différente, telles que l’étain oxidé, le zinc, le plomb sul-
furé, le fer carbonate, etc.
Quatrième -, Fer sulfuré , vingt-quatre variétés.
Aucune substance métallique n’a un domaine plus étendu
que celle-ci. Le fer sulfuré abônde , en beaucoup d’endroits,
dans l’argile schisteuse qui recouvre les houilles , ainsi
que dans les houilles elles-mêmes. Les ardoises en con-
tiennent fréquemment des cristaux cubiques. Le quartz
est aussi une des gangues les plus communes du fer sulfuré.
Cinquième -, Fer carburé , deux variétés.
Les mines de fer carburé ou de plombagine situées en
Angleterre, dans le duché de Cumberland, sont les plus
estimées pour la finesse du grain et le brillant de la surface.
On trouve aussi de cette substance en plusieurs endroits de
l’Allemagne , et en Espagne, près de Casalla et de Ronda,
et très-peu en France.
Sixième; Fer oxidé , trois variétés.
Le 1er oxidé paroît devoir son origine à l'altération ou
Du Fer.
4d4
à la décomposition des autres mines de fer , et en particu-
lier du fer sulfuré. Cette matière est très-répandue dans la
nature.
Septième ; Fer azuré, fer phosphaté.
Le fer azuré se trouve sous la forme d’une poudre bleue
plus ou moins fine, mêlée à l’argile, ou répandue à la
surface de la terre , ou disséminée dans la tourbe des
marais.
M M . Fou rcroy et Laugier ont examiné un nouveau miné-
ral de l’île de Fiance; ils ont reconnu que c’étoit un véri-
table phosphate de fer pur et cristallisé. Voyez les Annales
de Chimie , tome 5o , page 200.
Huitième; Fer sulfaté , sulfate de fer , dix variétés.
On le trouvé dans les tourbes, dans les schistes argileux
et même dans la houille. Il doit communément son origine
à la décomposition spontanée du fer sulfuré.
Neuvième; Fer chrômalé , chrornate de fer.
Le fer chrômaté a été trouvé par M. P entier , dans
le département du Var, à la Bastide de la Carrade, près
Gassin.
Les espèces indiquées par M. B ron gui art sont : i°. fer
natif; 20. fer arsenical ; 3°. fer sulfuré; 4°- fer oxidulé;
5°. fer oligiste ; 6°. fer oxidé ; 70. fer terreux ; 8°. fer spa-
th ique; 9°* fer phosphaté; io°. fer sullaté; 110. fer chrô-
Uiaté; 12°. fer arseniaté.
Du Fer. 495
Il existe aussi des miues de fer limoneuses en Bourgogue
et en Franche-Comté.
Ces mines contiennent , d’après les expériences de
M. J auquelin , de la silice, de l’alumine, de la chaux , du
manganèse oxidé, de l’acide phosphorique, de la magnésie
et de 1 acide chrômique.
Ce chimiste remarque qu’il ne manque à ces mines que
du nickel pour ressembler par la composition aux pierres
de 1 atmosphère.
Lorsque le 1er est dans un état voisin de l’état natif, et
qu’il ne contient pas de matières qui diminuent la vertu
fusible , ou sebnêlent à lui dans la fonte, il suffit de fondre
le minéral en le mettant en contact avec les charbons pour
obtenir du fer. La méthode qu’on emploie en ce cas s’ap-
pelle méthode à la catalane : elle est usitée sur-tout, pour
celles des mines de fer spathique, où la magnésie est peu
abondante-, pour les mines en stalactite ou hématite, dans
lesquelles l’oxide de fer est presque pur et peu chargé
d oxigéne; pour les mines* de fer spéculaire, libres de
gaugue et de tout mélange de substances étrangères : ces
mines fournissent assez généralement plus ou moins d’acier
par une première fonte.
Les mines d’alluviou , et en général toutes celles qui sont
chargées de substance terreuse , ou de quelqu’autre matière
métallique , exigent des travaux plus compliqués, et la fonte
s opère dans ce quon appelle les hauts fourneaux.
Lorsque la mine est argileuse, ou la môle avec de la
pierre calcaire , qu’on nomme castine ; et lorsque la gangue
est calcaire, on y môle de l’argile qu’on nomme herbue.
L’addition de ces matières étrangères sert k faciliter la
fusion.
Du Fer.
496
A mesure que le métal entre en fusion , il coule et se
ramasse dans le fond du fourneau , d ou on le fait couler de
tems en tems dans des moules destinés à le recevoir et à
lui donner la forme qu’on desire.
Ce premier état du fer s’appelle fer de fonte , fer de
gueuse.
Dans cet état le fer est mêlé d’un reste d’oxigène et d’un
peu de charbon, quelquefois même de quelques principes
terreux ou métalliques, dont on le débarrasse par des opé-
rations ultérieures; pour cet eftet, on fond le fer de
gueuse, on le pétrit et brasse avec soin poui en fane pie—
senter toutes les parties à l’air, et ramener à la surface les
matières étrangères. Peu-à-peu le fer devient ductile, et on
eu forme alors, sous le marteau, des barres carrées ou
plates , et de diverses proportions pour l’usage du com-
merce.
Le travail sous le marteau concourt beaucoup à améliorer
le fer; c’est cette opération qu’on désigne par le mot cor-
royer le fer.
Lorsque le fer est mélangé de diverses matières étran-
gères, soit terreuses, soit métalliques, la fonte se trouve
alliée d’une partie de ces substauces.
La fonte est blanche, grise ou noire , selon les proportions
dans lesquelles ces principes y sont contenus. La fonte
blanche contient moins de charbon que la fonte grise.
Indépendamment des matières étrangères, dont nous
venons de parler, et qu’on peut séparer de la tonte, il s y
trouve souvent du phosphate de fer qui résiste à toutes les
opérations ; c’est ce phosphate qui rend le fer cassant dfroid
et à chaud : le fer qui a cette mauvaise qualité, est connu
sous le nom de fer aigre ou rouyrain.
497
Lorsque le fer a été ramené à l'état de pureté , on peut
eu le combinant avec un peu de carbone , lui faire contrac-
ter de nouvelles propriétés qui le rendent précieux pour les
arts dans lesquels iL est. alors connu sous le nom d ’ acier ou
d acier de cémentation. ( Chaptal ).
Quand le fer est pur, il èst doux et ductile.
Le magnétisme est un caractère du fer; il le fait recon-
noître partout, même dans des pierres, dans les marbres et
j dans les corps , dans lesquels il ne fait qu’une très-petite
partie, et où il n’est meme que principe colorant. Dans le
marbre vert de Catnpan , il fait mouvoir l’aiguille aimantée;
| dans le rouge, il ne le fait pas, quoiqu’il contienne beau-
t coup plus de fer ; mais ici le fer y est plus oxidé. • -
La pesanteur spécifique du fer est de 7,7 38, et sa dureté
supérieure à celle des autres métaux.
Le fer a de 1 odeur , sur-tout lorsqu’on le frotte ; il a une
saveur styplique très-marquée.
Il s’étend sous le marteau, on le tire en fils très-fins.
Il s enflamme et se fond subitement par le choc des cail-
loux. • r ■ -Tvrr; .
Le fer s’oxide très-aisément.
D’après M. Bucholz , il n’y a que deux espèces d’oxide'
•de fer. L’oxidé noir au minimum qui contient o,23 d’èxi-
igène et demi, et l’oxide rouge au maximum , contenant
«o,ag d’oxigène. ; :: ;
Pour oxidcr le fer, on prend une barre de fer, et on la
tfait rougir. Si on la laisse çefroidir, elle offre à sa surface
ides écaillés qu on peut enlever avec un marteau; c’est ce
(qu’on appelle battitures de fer , oxide noir de 1er.
Si on expose cet oxide a un feu beaucoup plus fort, il se
•Convertit en une poudre d un brun rougeâtre , non attirable
2. 3a
>
4<)8 Du Fer.
« à l’aimant , qu’on nommoit safran de Mars astringent-, c’est i
un oxide rouge de fer.
On peut encore obtenir de l’oxide noir, en mettant par- a
*ties égales de limaille de fer et d’oxide rouge dans un creuset.
On lute le couvercle, et on pousse le feu , pendant environ j
deux heures , dans un fourneau de réverbère. L'oxide rouge
cède une partie de son oxigène au fer, le fait passer à 1 état
noir , et passe lui-même par cette décomposition, â 1 état
noir.
Le courant de gaz oxigène, porté sur du fer en limaille,
le fait brûler très-rapidement. A cet effet, on remplit une
vessie de gaz oxigène on y adapte ensuite un tube. En
pressant la vessie sur un charbon, dans lequel on a mis la
limaille, on parvient a la faire brûler. Voyez aussi l’expé-
rience d ’lngenhouz , décrite à la leçon sur le gaz oxigène.
Dans toutes ces fusions1, le fer devient cassant, et s oxide
en prenant une couleur noire.
L’air sec a: peu d’action sut le fer, mais l’air humide lui
fait perdre son brillant-, il se couvre d'une croûte pulvéru-
lente et d’un jaune-brun , connue sous le nom de rouille.
Onconnoît aussi cet oxide sous le nom de safran de Maïs
apéritif.
On- met à cet effet dans un vase large et plat de la limaille
de fer, et on l’étend un peu mince : on 1 expose à la rosée-,
la surface de chaque brin de limaille de fer, se convertit en
rouille. Lorsqu’il y en aune certaine quantité de formée,
on pulvérise la limaille daus un mortier de 1er-, il s en dé-
tache une poussière jaunâtre , que l’on sépare par le moyen
d’un tamis de soie : c’est le saf ran de Mars , ou plutôt une
combinaison de l’oxide de fer ayec l’acide carbonique.
Le fer est susceptible de s’unir au phosphore. Un lait
bu bêf'. t
499
Vm mélange Je parties égales de verre phosphoriq„e et de
fer en copeaux, avec un huitième de charbon : on fond le
tout dans un creuset, et on obtient un culot très- aigre’
blanc dans sa cassure, ayant une apparence striée et gre-
nue : quelquefois on le trouve cristallisé en prismes rhom*
boïdaux : c est un phosphure de fer.
L'oxide de carbone s’unit aussi au fer -, c’est ce qui cons-
titue le earbure de fer , appelé vulgairement plombagine.
Le carbure de fer est luisant et d’un bleu noirâtre ; il est
gras au toucher, et présente une cassure tuberculeuse : il
tache les mains, et laisse sur le papier une trace noirâtre,
que î on connoit dans le crayon noir.
Cette substance neprouye aucune altération par la cha-
leur dans des vaisseaux fermés.
Chauffé loDgtems avec le contact de l’air , il brûle et se
volatilise en partie. Le nitrate de potasse rend cependant
la combustion plus prompte et plus sensible. Il contient
o;go de charbon.
On en fait des crayons dans le duché de Cumberland.
Parmi les acides , il n'y a que l’acide muriabque qui
'puisse servir, parce que cct acide dissout toutes les subs-
tances avec lesquelles on le trouve uni.
Une auhe combinaison de 1 oxide de carbone avec le fer*
et bien plus importante que la précédente , est celle que
l ’on commît sous le nom à acier. Les travaux d eBergmann ,
Rinma.m , G nylon , Berthollei , Vauxjuelin et Darcat ont
jctlé un grand jour sur la théorie de cette opération.
M. Muschet a donné une nouvelle méthode pour la fa-
brication de diverses qualités d’aciers. (Philos. Magaz.
tom. IX. )
Le principe général de ces procédés consiste a fondre h?
Du Fer.
5oo
fer malléable, ou la mine de fer, de manière à convertir
immédiatement l’utie ou l’autre de ces matières en acier
fondu, quelquefois aussi à donner à cet acier, par une
cémentation postérieure, la malléabilité et la propriété de
se souder, en sorte qu’on puisse l’employer dans tous les
cas où ces propriétés sont exigées.
Tous les fers ne sont pas propres a donner du bon acier :
ceu? qui sqpt les plus doux et les plus ductiles, méritent la
préférence. En Angleterre , où l’on fabrique la presque
totalité de l’acier employé en Europe, ou ue se sert que du
fer de la province de Roslagie en Suède, le meilleur et le
plus pur des fers connus.
Après avoir fait choix du meilleur fer, dont les barres
ou bandes ont , .en général , un pouce | à 3 pouces de
largeur sur 6 lignes d’épaisseur-, on coupe ces bandes de fer
de la longueur de là caisse dans laquelle on les cémente.
Pour disposer le fer dans ces caisses, qui sout construites
en pierres de grès, liées ensemble avec de l'argile qui s’in-
troduit dans les joints, et qu’on a placées dans un four-
neau, de manière que la flammé puisse en frapper toutes
les. surfaces, ou commence par former, dans le fond, un lit
de poussière de charbon faiblement humecté avec l’eau, on
inet dessus un rang de bandes de fer , parallèlement les
unes aux autres et sans se toucher; on recouvre ce premier
rang avec un lit de poussière de charbon de 6 lignes d épais-
seur ; et on en remplit avec soin le vide que laissent entre
elles les barres; on continue ainsi successivement à élever,
couche sur couche, des lames de fer et du charbon; on revêt
la dernière couche d'une enveloppe de poussière qu'on re-
couvre d’un lit de sable humecté , en formant un dos d’âne
au-dessus de la caisse.
Du Fer.
5ol
Lorsque les caisses sont chargées , on bouche les ouver-
tures du fourneau par lesquelles on s’éloit introduit pour
cette première opération, et on allume le feu, qu on entre-
tient, pendant cinq à six jours, de manière à maintenir au
rouge toute la capacité des caisses: L’habitude suffit, dans
plusieurs fabriques , pour indiquer au chef ouvrier le mo-
ment où la cémentation est terminée; mais, dans quelques
ateliers, on ménage une petite ouverture à l’un des fouds
du fourneau, correspondante à une semblable ouverture
pratiquée dans la caisse ; et on retire, de teins en teins , une
des barres pour juger de l’état de l’opération.
Lorsqu’on a reconnu que le fer est totalement converti eu
acier , on démolit la maçonnerie des extrémités du four-
neau , pour accélérer le refroidissement ; on retire les barres
de la grille, pour retirer le charbon, et au bout d’une
semaine, on peut extraire l’acier.
Daus ce premier état, on appelle l’acier, acier' bour-
soufflé.
On le forge à un martinet, et l’on réduit les bandes de
fer en un carré de 7 à 8 lignes d épaisseur , et d une lon-
gueur indéterminée; ensuite, on le laisse refroidir a laie
sans le tremper dans l’eau. Les larges facettes qu’avoit
l’acier boursoufllé, se réduisent en petits grains ; on l’appelle
en cet état acier commun.
Comme les extrémités des barres converties en acier ont
ordinairement des pailles, et font un acier moins parfait, on
les coupe pour les forger en paquets , et on appelle cet acier,
acier doux.
On peut encore ajouter à la qualité de l’acier de cémen-
tation , en le prenant, au sortir du fourneau, pour en former
des h ousses de dix à douze barres : on chàusse ces trousses
T) a Fer.
5oa
dans le charbon, en ayant soin de jettef de tems en lcmsT
par-dessus, de l’argile sèche pour concentrer la chaleur; etr
lorsque le paquet est bien chaud, on le porte sous le mar-
teau pour le souder, l’étendre et le forger : on obtient, par
ce moyen , l’acier à' Allemagne. C’est par le même pro-
cédé qu on le piepare eu Styrie et a Newcastle.
Les Anglais donnent encore de nouvelles propriétés à
î aciei cl Allemagne , pour l’employer dans des ouvrages
délicats. A cet effet, pour réduire l’abier de cémentation eu
acier d’Allemagne, ils Remploient que du charbon de bois.
Ils font ensuite cémenter cet acier & Allemagne de la
même façon que le fer, et le forgent de nouveau en trousses
au charbon de bois.
Les Anglais fournissent aussi au commerce ce quon y
connoît sous le nom d’acier fondu : on prend à cet effet ,
de vieilles limes, ou autres morceaux d’acier, et on les fond
avec un flux vitreux. ( Chaplal ).
M. CLouet a prouvé que le fer peut se combiner avec un
peu de verre, et que la matière qui en provient est fusible,
un peu ductile , sans pouvoir être forgée.
Comme le fer a une très-grande affinité pour le carbone,
l’auteur s’est assuré que l’on pouvoit enlever le carbone à
1 acide caroonique , à une très-hâute température.
On prend parties égales de carbonate de chaux et d’ar-
gile en pondre, on en fait un mélange exact, ou l’introduit
dans un creuset avec du fer coupé en petits morceaux : il .
faut que ce mélange recouvre bien le fer, et remplisse les
petits intervalles que laissent entre eux les petits morceaux
de fer: on chauffe ensuite par degrés, pour ne pas casser le
creuset; on augmente toujours le feu jusqu’à ce qu’il soit
au degié nécessaire pour ramollir du fer forgé et le souder.
s
v
Ai./' Soi. a.;/
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Otrnr,/ t/r/
— rrrr T..
5o3
Du Fer.
en le soutient euviron une heure clans cét état, plus ou
moins, suivant la grandeur du creuset: lorsque la matière
est fondue, on la coule dans une lingotière , et, si on a
employé du bon fer, le résultat est de l’acier semblable à
l’acier fondu. <•
$ | , ,
Fourneau à. vent qui a servi à V expérience de M. Clouet^
voyez la planche.
Le fourneau est construit en briques y son foyer est un
espace carré de 25 centimètres de chaque face intérieure,
de 45 de hauteur, terminé en bas par une grille composée
de sept barreaux carrés de 27 millimétrés, et élevée de
a5 centimètres au-dessus du sol du cendrier.
Le foyer est surmonté d’une chape de fer posée à char-
nière, inclinée eu arriére d’environ 25 degrés.
Le tuyau qui termine ce fourneau, est également cons-
truit eu briques; il commence au-dessus de 1 ouverture
de la chape; il forme d’abord un carré de 25 centimètres
de chaque face intérieure, qui se rétrécit en montant-,
de sorte qu’à l’extrémité il n’en a plus que 20; ce tuyau
s’élève, en s’inclinant contre le mur, a i3 décimètres de
hauteur, là, il s’abouche dans une grande cheminée élevée
d’environ i5 mètres, dont la largeur excédante se ferme
par une trape jouant à crémaillère , lorsque le fourneau est
en travail.
Quant à la manière d’analyser les fers et aciers, on peut
consulter le mémoire de M. Fauquelin , Annales de Chi-
mie, tom. 22 page 1.
Le fer a une très-grande affinité pour le soufre, c est
pourquoi ce métal décompose presque tous les sulfures
métalliques.
I
5°4 Du Fer.
Pour faire le sulfure de fer, on prend ioo parties de
fer eu limai lie et 5o parties de soufre en poudre; on fait
d abord rougir la limaille dans un creuset , et on y projette
peu-à-peu le soufre ; on agite avec une baguette de fer,
on a de cette manière une masse très-fluide qui ne contient
presque plus de limaille de fer; on couvre ensuite le
creuset, et on donne un fort coup de feu. On coule le
sulfure sur une plaque de fonte préalablement chauffée.
On peut faire ce sulfure en mettant le soufre et
le foi par couches dans un creuset, terminant par une
couche de fer. Il faut toujours sur la fin un fort coup de feu.
On peut encore former ce sulfure artificiel, en appli-
quant à un des bouts d’une barre de fer, chauffée jusqu’au
iouge Liane, une bille de soufre eu canon; hune et l’autre
coulent.
On fait cette opération- au-dessus d’une terrine pleine
d eau afin que la portion de soufre qui 11e s’est pas combinée
avec le fer, s’éteigne sur-le-champ. On trouve dans l'eau
des globules noirâtres, cassans , semblables à des pyrites, et
formés comme elles de petites pyramides très-alongées et
concentriques.
Toutes les pyrites, ou sulfure de fer uatif, se décom-
posent facilement.
Un degré de chaleur assez foible suffit pour leur enlever
le soufre.
Exposé à l’air, il s’altère de lui-même, sur-tout lorsqu'il
est humide', il se renfle, se brise,- perd son éclat, et se
couvre d’une efflorescence d'un blanc verdâtre, qui n’est que
du sulfate dè fer.
L’eau est décomposée .par ]e sulfure de for, à l'aide de
1 acide suil inique, ou muriatique. A cet effet on inet du
Du Fer.
5 o 5
sulfate pulvérisé dans unmatras; on y adapte un tube en
iS, et un autre tube recourbé qui va s’engager dans un flacon
à tubulures, contenant un peu d’eau; de ce flacon, un
second tube recourbé va plonger dans un autre flacon rempli
deau; 1 appareil ainsi disposé, on verse dans le matras par
le tube en S de l’acide sulfurique , étendu de 4 à 5 fois son
volume d’eau , le fer s’empare de l’oxigène de l’eau , à cause
de 1 attraction de 1 acide sulfurique pour l’oxide de fer;
1 hydrogène de l’eau trouvant du soufre libre s’y unit et il
se dégage de 1 hydrogène sulfuré, dont une grande paitie
est dissoute dans l’eau contenue dans les flacons.
Le fer s’allie avec beaucoup de substances métalliques.
Avec 1 arsenic , on obtient un alliage aigre, et cassant.
Il constitue avec le cobalt un métal mixte à petits grains
serrés, dur et difficile à casser. On fait fondre ensemble
dans un creuset une demi-partie de limaille d’acier, deux
de cobalt et deux de muriate de soude : le mélange entre
facilement en fusion.
Le bismuth ne peut s’unir au fer.
Le fer s’unit très-bien par la fusion à l’antimoine; ce
mélange, fait dans les proportions d’une partie de fer et
de deux d’antimoine, produit un métal mixte, qui a beau-
coup de dureté : ce mélange est à petites facettes.
Le fer décompose le sulfure d’antimoine.
On fait rougir dans un creuset cinq parties de pointes
de clous de maréchal; aussitôt qu’elles sont rouges, on in-
troduit dans le creuset seize parties de sulfure d’antimoine
en poudre. On chauffe ce mélange promptement et forte-
ment; le fer s’empare du soufre : lorsque le mélange est
bien fondu, on projette à plusieurs repw'ses une partie de
«itrate de potasse en poudre, ce qui -facilite la séparation
Du Fer.
5o6
des scories avec l’auümoine, et l’on trouve dans le creuset
de l’antimoine qui ne contient pas de fer. Cependant, si
l’on emploie une partie de fer, sur deux, de sulfure d anti-
moine, un peu de fer reste allié avec l'antimoine : cest ce
qu’on appeloit régule martial.
On a donné le nom de. scories succinées à celles qui
surnagent. D’après Stahl, ou fait avec ces scories une pré-
paration nommée safran de Mars anümoniê apéritif.
On pulvérise les scories; on les fait bouillir dans de
l’eau : elles se divisent considérablement; on décante la
liqueur , après qu’on a laissé déposer ce qu’elle a de pluis
grossier : on triture de nouveau la poudre grossière , et
l’on décante pareillement leau trouble. Après que cette
poudre grossière s’est précipitée, on réunit les liqueurs
décantées; on les filtre. On fait sécher la poudre qui est
restée sur le filtre, et on la fait détonner dans un creuset
avec trois fois son poids de nitrate de potasse : on lave
ensuite la matière calcinée, et on la fait sécher: cest le
safran de Mars antimonié de Stahl.
Le fer décompose le sulfure de mercure. À cet effet on
mêle deux parties de limaille de fer, avec trois de cinabre,
on distille, le mercure se volatilise et vient se condenser
dans un récipient, dans lequel on a mis de leau. Il reste
dans la cornue un sulfure de fer.
Le fer, suivant Cronsledt , a une très-grande alfinile
avec le nickel, mais on ne counoît pas les propriétés de
cet alliage.
On ignore si le fer peut s’unir avec le zinc, ainsi quavec
le mercure et le plomb.
L’étain est susceptible de s’unir au fer par la fusion.
L’art qui consiste à enduire la surface du fer d une couche
Du Fer.
5oy
d etain , on la préparation du fer blanc , indique que celte
combinaison a lieu.
Pour faire ce fer etamé, on décape le fer avec un acide
foible, quelquefois on lime, ou bien on l’enduit de muriate
d ammoniaque-, on le décape afin de nétoyer sa surface avec
la plus grande exactitude; on le plonge ensuite dans une
chaudieie pieine d etain fondu; on le retourne, afin de
multiplier le contact; et lorsqu’il est assez étamé, on le
retire et on le frotte avec de la sciure de bois ou du son,
pour enlever le suif ou la poix dont on avoit recouvert
1 etain fondu, et qui s est appliqué à la surface du fer étamé.
On ne peut obtenir un alliage avec le manganèse, qu’en
prenant ces deux substances à letat d’oxide.
A cet effet, on prend parties égales d’oxide de fer et'de
manganèse; on en fait une pâte avec de l’huile ; ou place
cette pâte au milieu d’un creuset brasqué, et l’on pousse
a un grand feu. On obtient un culot métallique, cassant,
grenu dans sa cassure.
On fait, par le moyen de l’eau, une préparation de fer,
connue sous le nom d’éthiops martial , ou de safran de
]\lars , qui n’est autre chose qu’un oxide noir de fer.
Il existe maintenant une infinité de procédés pour pré-
parer cet éthiops, outre ceux de MM. Fourcroy , Vauque-
hn , Croharé et Josse, on trouvera dans le Journal de
Pharmacie , page 8, i5i et 2Zj.8, des expériences inté-
ressantes, et des moyens prompts et exacts pour obtenir ce
composé.
Le procédé de M. J auquelin , consiste à prendre deux
parties de fer en poudre fine, et une partie d’oxide roug#
de fer; on met ce mélange dans un creuset couvert ,. et on le
chauffe fortement pendant deux heures.
5o6 4 Du Fer.
Dans celte expérience , le fer enlève une portion de
son oxigène à l’oxide rouge, et fait passer par i équilibre
qui s’établit bientôt entre les deux portions de fer, toute
la masse àletat d’un oxide noir bomogène.
Il est difficile de saisir le point juste pour qu il n y reste
pas d’oxide rouge, ou du fer métallique.
J’ai donné conjointement avec M. T rus s on , directeur
adjoint de l’École de Pharmacie de Paris , un procédé pour
préparer un èthiops martial , (oxide de fer noir;. J oyez
Annales de Chimie, tome 5x , page 333.
On. prend du sulfate de fer purifié , on le fait dissoudre
dans huit parties d’eau distillée bouillante , on fiilie.
On dissout d’autre part, une partie de carbonate de soude
■cristallisé dans finit à dix parties d eau, et 1 on filtre.
On verse ensuite jaar partie le carbonate de soude dans la
dissolution de sulfate de fer; il se produit une légère effer-
vescence, due au dégagement d’une portion d acide carbo-
nique. La première partie du carbonate de soude, ajoulét
à la liqueur, produit un précipité d’un vert clair; la couleui
des précipités successifs varie, prend diverses nuances, es
en général, plus il y a de sulfate de fer de décomposé
plus le précipité acquiert une couleur foncée.
Il faut laver ensuite le précipité jusqu'à ce que l’eau u<
lavage n altère ni 1 alcool gallique, ni le munate de haute
On le fait ensuite sécher à une douce chaleur , et 1 on ajonli
par once de cette substance, trois gros d’acide acétiqu.
étendu d’eau, qui y produit une légère effervescence. Oi
mêle exactement, et on introduit le tout promptement dan
une cornue de grès, enduite d’un lut de terre jaune, oi
dans une cornue de fer; on la place dans un fourneau d-
réverbère, et on y adapte une alonge et un récipient tubufi*
Du Fer.
\
^09
munis d'un tube recourbé' qui plonge dans l’eau. Après
avoir lutc exactement toutes les jointures, on chauffe par
degrés, demanièÆ à donner un fort coup de feu vers la fin
de l’opération; elle doit durer, pour la quantité d’une demi-
livre, tout au plus deux Jieures. IL passe une liqueur trans-
parente, qui a une odeur légèrement empyreumatiqne.
On trouve dans la cornue une matière volumineuse d’un
très-beau noir , pulvérulente, et très-douce au toucher.
Nous avons reconnu que cet oxide noir pouvoit contenir
environ un grain et demi de carbone par gros , provenant do
la décomposition de l’acide acétique. Mais cet inconvénient
ne peut nuire aux propriétés de cet éthiops. On jugera de
l’avantage de ce procédé, par la beauté constante de l’oxide,
et par la quantité que i’011 en obtient dans nn tems tr£fc-
court.
. • . • • ,
Le fer décompose l’eau à chaud. Fojez l’article, Décom-
position de l’eau.
Le fer s'unit très-bien aux acides.
Si l’on verse de l'acide sulfurique concentré sur de la
limaille de fer, on obtient du gaz acide sulfureux. Si on
distille ce mélange à si'ccité, on trouve dans la comité du
soufre sublimé , et une masse blanche de sulfate de fer,
soluble en partie dans l’eau , mais qui ne peut fournir des
cristaux. , '
Lorsque l’acide est étendu d’eau, on obtient du gaz
hydrogène : à cet effet on met dans une fiole, ou dans un
matras, une partie d’acide sulfurique étendu d’eau, et
une demi-partie de limaille; à mesure que le fer se dissout
dan3 l’acide , il se dégage du gaz hydrogène qui quelquefois
<st un peu carbone lorsque le fer employé contient du
5x6 2)a Fer.
carbone-, dans ce cas il se précipite une matière noire, qui
est du carbure de fer.
Lorsqu’il n’y a plus d’effervescence.*dans la liqueur^
on la filtre, on la fait évaporer jusqu’à 33 degrés de l’aréo-
mètre de Mossyi elle fournit, par le refroidissement un sel
transparent, d’une belle couleur verte d’émeraude, cristal-
lisé en rhomboïdes un peu aigus; c’est ce qu’on nomme
vitriol martial , couperose verte , sulfate de fer.
Dans les arts , on extrait ce sel des pyrites martiales , ou
sulfure de fer.
On expose les pyrites à l’air, et on les arrose. Le soufre
s’oxigéne, et passe à 1 état d’acide sulfurique qui se com-
bine avec le fer : quand on voit que la pyrite 's’efîleurit ,
on lessive et on fait évaporer. On obtient ainsi le sulfate
de fer.
Pour purifier le'sulfate de fer du commerce, on le dis-
sout dans de l’eau, on filtre, on fait évaporer jusqu à 33
degrés aréomètre de Mossy , ou 36 aréomètre d ' Acier-*
Perricat.
Il a unesaveur âcre astringente très -forte.
Comme ce sel coudent plus de la moitié de son poids
d eau, si on le fait chauffer, même à une chaleur modérée,
il se liquéfie et bouillonne ; l’eau s’évapore, et il reste une
masse grise blanchâtre , c’est ce qu’on nommoit vitriol cal-
ciné en blancheur.
Quand on veut obtenir de l’acide sulfurique du sulfate
de fer, appelé acide sulfurique fumant ou glacial, on
commence par priver le sulfate de fer de son eau de cristal-
lisation qui y entre pour centièmes ; on le calcine au
blanc; on le met ensuite dans une cornue de grès: ou y
adapte une alongc qui communique dans un ballon tubulé
Du Fer.
Sx T
«uquel on adapte un tube qui plonge dans un flacon plein
d'eau ; on met la cornue dans un fourneau de réverbère et
on chauffe fortement. Le sulfate de fer est décomposé , il
cède une partie de son oxigène à l’oxide de fer vert et' le
fait passer à l’état rouge -, à cet état, ayant très-peu d’af-
finité pour l’acide sulfurique , et l’acide sulfurique en
ayant beaucoup pour l’acide sulfureux , il se dégage en
même tems que lui , ainsi que du gaz oxigène , et il
vient se condenser daus l’alonge et le récipient sous forme
cristalline. Il reste dans la cornue de l’oxide de fer-
rouge.
Quand on fait chauffer cet acide, l’acide sulfureux se
et il l’este de 1 acide sulfurique qui passe blanc et
fluide. Il doit son état concret à la présence de ce gaz. Cet
acide s’unit à l’eau avec bruit et chaleur, et en laissant
dégager du gaz sulfureux: tels sont l’huile de vitriol
fumante de Northausen , et le sel concret qu’on eu retire
par une chaleur douce.
Le résidu de la première expérience est rouge, c’est
ce qu on appelle colcothar , ou oxide de fer calciné au
rouge.
Si on le lave, il reste une terre rouge , insipide, qui est
un pur oxide de fer , et qu’on nomme terre douce de
vitriol.
Le colcothar est employé pour le polissage des gla-
ces , etc.
Il nest pas toujours nécessaire que cet oxide soit bien
pur , ni meme d un grain très-fin et parfaitement égal ;
dans ce cas, on peut employer quelques argiles ocreuses
que 1 on fait rougir au feu , -ou encore mieux les ocres
rouges naturels qui proviennent plus immédiatement des
Du Fer.
sulfures dé fer oxides -, tels que la terre que I on trouve en
Espagne à Almagra ou Almagnù , dont on se^ sert meme
pour le polissage des glaces, qui tient , suivant Proust ,
une quantité sensible d’acide sulfureux , et qui , en étant
privée par les lavages , est employé à marquer les mou-
tons , à peindre les maisons et à teindre le tabac dé
Séville.
La plus grande difficulté pour donner le dernier poli
à l’acier et aux pierres dures , est d’obtenir une matière
de la pulvérisation la plus subtile et absolument exempte
de grain. Pour remplir celte condition , on soumet le
colcothar à plusieurs lévigations successives, ce qui exige
des manipulations laborieuses. N
M. Guyton a trouvé le moyen d’y suppléer d’une
manière bic'U simple: le feutre des chapeaux est coloré
en noir par le sulfate de fer ; si on le plonge dans 1 acide
sulfurique étendu d’eau , le fer est précipité en rouge , en
parties impalpables. On n’a donc après cela qu’à le faire
tremper dans l’eau , pour enlever l’acide ou l'imbiber
d’huile, et on a pour lors des pièces toutes préparées ,
telles qu’on les emploie pour finir le polissage du cristal ,
des glaces et autres corps durs.
Quand on expose du sulfate de. fer a J air, il jaunit un
peu , et se couvre de rouille , en absorbant un peu doxigèue.
On change ainsi le sulfate vert en sulfate rouge , dans lequel
le fer est à l’état d’oxide rouge, qui est insoluble. On peut
opérer le même phénomène par sa dissolution dans 1 eau
aérée , par l’agitation de sa dissolution dans 1 air , par
l’action de l’acide nitrique et de l’acide muriatique oxigéné;
enfin, par tous les procédés qui portent de 1 oxigèue , et
peuvent augmenter la quantité de o.a3 doxigèue , qu’il
Du Fer. ? •?
oi Ji
contenoit d'abord , jusqu’à 29 et demi qu’il doit en contenu-
pour être sulfate de fer rouge.
Les expériences que nous venons de rapporter , et qui
sont dues à Proust , prouvent qu’il y a deux sulfates de
fer bien différens l’un de l’autre.
Les propriétés que ce chimiste a reconnues à ces deux
sels, sont: que le sulfate de fer vert etoit cristallisable et
insoluble dans 1 alcool , d’une couleur Vert-de-mcr , efllo-
rescent et jaunissant à l’air, inaltérable' par l’acide gal-
lique , ne donnant point de bleu de Prusse avec les prus-
siates alcalins, donnant avec les alcalis caustiques, ua
-précipité vert foncé qui noircit sous l’eau. [1 Se dissout
dans six parties d’eau ffoide ; l’eau bouillante en dissout
un peu plus que son poids.
Le sulfate de fer rouge ne cristallise pas, il est
soluble dans l’alcool, déliquescent, précipitable en noir
par 1 acide galhque , en bleu par les prussiates alcalins
donnant avec les alcalis purs un précipité jaune-rouge qui '
n’est plus oxidable. ° 1
L’eau chargée d’hydrogène sulfuré, décompose le sul-
fate de fer rouge sans altérer le sulfate vert; l’oxide rou-e
brûle 1 hydrogène , et le soufre se précipite. On ramène
ainsi l’eau mère du sulfate de fer, ou ce sel sur-oxigéné
a l’etat de sel vert et cristallisable. Quand ce dernier est
précipité par de l’eau sulfureuse, le précipité est brun et
nest occasionné que par du sulfate de cuivre qui est sou-
vent mêlé à ce sel du commerce.
L’eau de chaux versée dans une dissolution de ce sel
J forme un précipité d’un vert d’olive foncé.
a La P0tasfe ’ la SOUde et l’^moniaquc pure versée
•dans une dissolution de sulfate de fer vert , donnent un
a' 33
5i4 Du Fer.
précipité d’un vert foncé , et qui ne se redissout pas dans
1 alcali précipitant ; mais le sulfate rouge est précipité en
rouge -jaunâtre par les mêmes alcalis.
A l’état de carbonate , le précipité est d’un gris verdâtre,
6t sc redissout eu. partie.
Différentes substances végétales , telles que la noix de
galle, le sumac, l’écorce de grenade, le brou de noix ,
les noix de cyprès , le bois de Campêcbe , le tbé, etc.
précipitent le sulfate de fer en noir. C’est ce moyen que
l’on emploie pour faire l 'encre. Voyez Acide gallique.
Quant à l’acide prussique et à ses combinaisons , voj ez
l’article sur le Sang.
Le sulfate de fer peut être aussi décomposé par le
nitrate de potasse.
Pour obtenir cette décomposition , on prend 5o parties
de nitrate de potasse et 3o de sulfate de fer médiocrement
calciné au rouge -, on met ce mélange dans une cornue
de grès, ou dans un creuset , que l’on place dans un four-
neau de réverbère ; on adapte au col de la cornue une
alonge et un grand ballon à deux pointes; on ajuste à
l’extrémité inférieure un tube qui va plonger dans un flacon
à moitié plein d eau.
On obtient de l’acide nitrique très-rouge et très
fumant.
Le résidu lessivé fournit du sulfate de potasse, et il
reste sur le filtre un oxide rouge de fer.
Si l’on fait passer quatre litres et demi de gaz nitreux
dans une dissolution contenant 46 grammes de sultale dt
fer, il y a plus de trois litres et demi de gaz absorbés.
Pour faire cette expérience , due à MM. J auquclm e
Humboldt , on prend un flacon à deux tubulures , on j
Du Fer.
5x5
met de la limaille de cuivre, on adapte à l’une des tubu-
. lures un tube recourbé, qui va plonger dans un autre
flacon contenant une dissolution de potasse , de ce second
flacon part un autre tube qui va plonger dans un troisième,
dans lequel on a mis une dissolution de sulfate de fer.
Lorsque l’appareil est bien luté , on verse par la tubulure
du premier flacon de l acide nilrique à trente degrés.
Il y a effervescence et dégagement de gaz nitreux.
Ce gaz passe à travers la dissolution de potasse avant de
parvenir dans le sulfate de fer.
Le gaz nitreux perd entièrement la forme élastique;
il ne reste qu’une très-petite proportion de ga* qui y est
simplement mélangée.
Il y a dégagement de gaz azote : la couleur verte de là
solution du sulfate de fer devient brune foncée, sans perdre
cependant sa transparence , ni rien déposer.
Ily a , dans celte expérience , de l’ammoniaque et de
l’acide nitrique formés. Voyez aussi l’article eudio-
méfrie.
Nous devons à M. Thénard un travail sur le sulfate
de fer , ce chimiste a découvert un oxide blanc de fer
également susceptible de s’unir à l’acide sulfurique , ce
qui donncroit une troisième espèce de sulfate; mais
M. Thénard s’est apperçu que cet oxide pouvoit se
combiner avec un excès plus ou moins grand d’acide, et
former deux sels différens auxquels il a donné le nom
de sulfate acidulé de fer blanc , et sulfate acide de fer
blanc. Le même phénomène à lieu par le sulfate vert ;
quant au rouge, il y a un sulfate neutre et sulfate acide,
ce qui a donné à l’auteur six espèces de sulfate de fer.
Le sulfate acidulé blanc se prépare eu faisant bouillir
6 1 6 ïdu Fer.
de l’acide sulfurique étendu sur un excès de limaille de
fer. Les cristaux sont d’un vert bouteille.
Le sulfate acide se prépare en ajoutant au sulfate aci-
dulé une quantité d’acide sulfurique qui le change en
yert émeraude. On peut le ramener au sulfate acidulé
en le faisant bouillir avec du fer , ces denx sels laissent
précipiter un oxide par les alcalis que M. Thénard, a
reconnu pour être un oxide de fer au minimum.
M. Bucholz croit que ce précipité est un composé
d’oxide noir et diacide sulfurique.
Le sulfate àçidule de fer vert ne cristallise pas. La
liqueur absorbe de l’oxigène de l’air, se trouble et dépose un
Sulfate neutre très-oxidé d’une couleur jaune, et la liqueur
surnageante est transformée en sulfate acide de fer vert
susceptible de . cristalliser.
Le sulfate acide de fer rouge se prépare en faisant dis-
1 m * r - -• •
soudre l’oxide rouge dans l’acide sulfurique étendu.
Le sulfate neutre de fer rouge est la poudre jaune
insoluble qui se précipite avec le teins des solutions
du sulfate acide blanc et vert exposées à l’air.
L’acide sulfureux attaqué lé fer, la couleur de cette
solution est verte , sa saveur est aussi astringente.
Par évaporation ét refroidissement , on obtient uu sel
qui cristallise en rhombés.
Si l’on ajoute à la solution de ce sel un acide plus
fort que l’acide sulfureux, il se fait une vive efferves-
cence due au gaz sulfureux , et le soufré se précipite.
Lorsque le fer se dissout dans l acidc sulfureux, il n’y a
dégagement d’aucun gaz -, mais il se précipite un peu de
sçufre : il faut donc qu une partie de l’acide sulfureux
soit décomposée.
Du Fer. §I7
Si l’on verse de l’acide nitrique à 5 degrés , suivant
M. Thénard , sur du fer et qu’on laisse agir à froid, il
se dissout sans dégagement de gaz nitreux. La solution
devient verdâtre.
Si l’on fait évaporer cette solution à consistance siru-
peuse , elle ne fournit pas de cristaux , la liqueur se
prend en une gelée rougeâtre , soluble en partie dans
leau , tandis qu’une autre portion se précipite.
L’acide nitrique concentré attaque le fer avec véhé-
mence ; l’oxide de fer qui se forme, se précipite peu-à-peu
en oxide rouge retenant un peu d’acide, et il ne reste
que peu de fer en solution dans l’acide nitrique.
Il se forme de l’ammoniaque par le transport de l’hy-
drogène de l’eau décomposée sur l’azote de l’acide ni-
trique.
Cette solution rapprochée donne un magma semblable
à celui que l’on obtient avec l’acide foible 5 le fer y est
oxidé au maximum .
Si l’on continue de chauffer ce nitrate de fer, il s’en dé-
gage beaucoup de vapeurs rouges , la masse se dessèche
et donne un oxide rouge briqueté. Ce moyen a été employé
par M. Bucholz , pour déterminer la quantité d’oxigène
dans l’oxide rouge de fer. Il fait dissoudre 100 grains
de fer dans 1 acide nitrique , il fait ensuite évaporer et
obtenir le nitrate ■ l’augmentation du poids lui a indiqué
la quantité d’oxigène absorbée.
La potasse caustique précipite le nitrate en vert ou en
brun clair, d’après l’état d’oxidation du métal.
Si Ion verse dans une solution de nitrate de fer du
carbonate de potasse, il se fait tuul-à-coup un précipita
jaunâtre ; qui acquiert bientôt une belle couleur orangée.
5x8 Du Fer.
En agitant le mélange, le précipité disparoît et se dissout
compleltement.
C’est cette solution de fer par le carbonate de potasse,
qui porte le nom de teinture martiale alcaline de Slahl.
Le fer est précipité de sa solution nitrique, en vert, paf
les hydro-sulfures , en bleu , par les prussiates , en bleu-noir,
par l’acide gallique.
L’acide muriatique dissout très-bien le fer. On met de
la limaille de fer dans un matras, on verse par dessus de
l’acide muriatique affoibli ; le fer se dissout avec assez de
rapidité, en faisant effervescence et occasionnant un peu
de chaleur. Il se dégage une assez grande quantité de gaz
hydrogène, provenant de la décomposition de 1 eau. L ne
portion du fer se précipite sous la forme d une poussière
noire , c’est du carbure de fer, si le fer contient du carbone.
Lorsqu’on a filtré la solution, elle est dune couleur verte
tirant sur le jaune.
Exposée à l’air, elle dépose une partie d'oxide de fer,
retenant un peu d’acide.
Cette solution cristallise très-bien.
Ce sel a une couleur verte; il a une saveur astringeute,
attire l’humidité de l’air.
L’oxide rouge de fer se dissout dans 1 acide muriatique;
mais ce sel ne cristallise pas. Exposé au feu, il se sublime
en petits cristaux très-fins, ce qui constitue le muriate de
fer au maximum, qui est extraordinairement déliquescent,
et qui se réduit promptement en liqueur. C'est ce qu’on
appelle oleiim niartis per deliquiimi.
Les deux muriates de fer sont décomposés par la chaux
et par les alcalis.
L’acide phosphorique se combine lentement avec le ter.
Du Fer. 5ig
M. Vauquelin , qui a analysé des morceaux de fer
arrosés continuellement d’urine, a reconnu qu’il étoit à
letat de phosphate.
Ce fer est brun-jaune en dehors, et brun- rouge foncé
en dedans-, il se brise facilement par le seul effort de la
main.
Dans sa cassure intérieure, il présente un grain lamel-
leux , brillant et comme spathique , il est rempli dans ses
cavités extérieures, d’une grande quantité de petits cristaux
brillans.
En le chauffant au feu de forge, dans un creuset brasque
avec du charbon en poudre, il se fond assez facilement, et
donne un culot bien homogène , cassant, d’un grain serré
et très-aigre, d’un gris brillant et métallique, qui présente
au chalumeau et par les acides, toutes les propriétés du
phosphure de fer. Sa surface est recouverte d’une espèce
d’émail d’un gris verdâtre boursouftlé, que M. Vauquelin
a reconnu pour du phosphate de chaux fondu.
Dans cette expérience , le charbon à une haute tempe-
rature, réduit l’oxide de fer en métal, et 1 acide phospho-
rique en phosphore.
Quand l’acide phosphorique dissout le fer, sur- tout
lorsqu’il est étendu d’eau, il y a dégagement de gaz hy-
drogène.
Le phosphate de fer neutre est insoluble dans beau , et il
est soluble, s’il contient un excès de son acide.
On peut encore préparer un phosphate de fer en versant
des solutions de phosphate alcalin dans une solution de
sulfate de nitrate ou de muriate de fer; il se fait un double
échange de bases et d’acide. J’ai reconnu que le phos-
phate de fer étoit le principe colorant de certaines espèces
520 j T)u Fer.
de turquoises. Voyez Annales de Chimie , toi ne 5g r
page 180.
Le fer se dissout avec une grande facilité dans l’acide'
fluoriquc liquide. Il y a dégagement de gaz hydrogène,,
provenant d’une portion d’eau décomposée.
Ce sel n’a point encore été examiné.
La combinaison de l’acide boracique avec le fer n’est,
pas plus connue. On sait seulement qu’on peut l’obtenir
sons forme de poussière, en précipitant la solution duc
sulfate de fer par celle de borate de soude neutre.
L’oxide de fer s’unit facilement à l’acide carbonique.
On prend de la limaille de fer, ou des copeaux , et mieux
de l’oxide de fer, on verse dessus de l’eau très-ckargée
d’acide carbonique-, ou laisse le mélange en digestion pen-
dant quelques jours, ou filtre ensuite la liqueur.
Elle a une saveur piquante et un peu sty ptique.
Exposée à 1 air, elle se couvre d’une pellicule irisée.
Elle est décomposable par les alcalis, non saturée d'acide;
carbonique.
La décoction de noix de galle y occasionne un précipité
pourpre.
Si on la chauffe, elle laisse déposer de l'oxide de fer.
La nature présente ce carbonate de fer.
Les mines de fer limoneuses, le fer spathique paroissent
être en grande partie formés par cette combinaison.
Les eaux minérales ferrugineuses contiennent souvent le
fer dans l’état de carbonate.
On ne commît pas bien encore faction des acides métal-
liques sur le fer.
/
Scheele a seulement observé que le fer étoit attaqué par
1 acide arsemque, et que la solution rapprochée prenoit la
forme d’une gelée.
On a trouvé de l’arseniate de fer natif dans le comté de
Cornouailles. Il en existe dans le cabinet de sir John Saint-
Aubin , décrit par M. Bournon .
Fer chromaté naturel.
Les alcalis fixes purs et l’ammoniaque n ont pas d’action
sur le fer, mais s’ils sont combinés avec l’eau, alors ils
attaquent le fer plus facilement
Ü , AU b°Ut de (îUel<ïues jours de digestion les liqueurs
. eviennent louches , et laissent précipiter un peu d’oxide
noir de fer. Il se dégage du gaz'hydrogéne ; ce qui prouve
la nécessité de l’eau, puisque c’est elle qui est dé-
composée.
L’action du fer sur la potasse a présenté à MM. Thénard
et Gay-Lussac les phénomènes les plus iutéressans. Nous
allons donner un extrait de leurs recherches.
On prend un canon de fusil très-propre dans son inté-
rieur; on en courbe la partie moyenne et l’un des bouts, de
manière à le rendre parallèle à l’autre ; on couvre cette partie
moyenne qui doit être fortement chauffée , d’un lut infusible
et on la remplit de limaille de fer, ou mieux de tournure de’
er bien broyee ; puis on dispose le tube eu l’inclinant sur
un fourneau a réverbère ; ensuite on met de l’alcali bien pur
dans le bout supérieur, et on adapte une alonge bien sèche
poitant un tube bien sec lui-même au bout inférieur. Les
proportions de fer et d alcali qu’on emploie sont trois parties
-i premier et deux parties du second; mais on peut les
faire varier. L’appareil ainsi disposé, on fait rougir fortement
52 2 Du Fer.
le canon du fusil en excitant la combustion , au moyen d un
soufflet de forge ou d’un tuyau de tôle qui détermine une
plus vive aspiration. Lorsque le tube est extrêmement
ronge, on fond peu-à-peu l’alcali qui par ce moyen est
mis successivement en contact avec le fer, et converti pres-
qu’enlièrement en métal.
Dans cette opération , il se dégage , en même tems que
le métal se volatilise, beaucoup de gaz hydrogène qui
quelquefois est très-nébuleux , et qui provient de l’eau que
contient l’alcali-, on est même averti que l’opération touche
à sa fin quand le dégagement des gaz cesse. Alors on retire
du feu le canon, qui n’a nullement souffert , si les luts ont
bien tenu-, et qui , au contraire est fondu si les luts se
sont détachés. On le laisse refroidir , et on en coupe
l’extrémité inférieure près de l’endroit où elle sortoit du
fourneau : c’est dans cette extrémité inférieure, et en partie
dans l’alonge qu’on trouve une substance d’une apparence
métallique-, on l’en retire en la détachant avec une tige
de fer tranchante , et la recevant soit dans le naphte, soit
dans une petite éprouvette bien sèche. Pour 1 obtenir plus
pure encore , on la passe au travers d’un nouet de linge
dans le naplite même , à l’aide d’une température et d'une
compression convenables. Ensuite on réunit en masse celui
de la potasse , en le comprimant dans un tube de vcire et
le fondant de nouveau. Mais comme celui de la soude est
liquide au-dessus de zéro , avant de lui faire subir cette
opération , il faut le congeler en le mettant dans un mé-
lange refroidissant. Ou peut cependant aussi parvenir a le
réunir par une légère agitation. Voilà la substance appelée
• métal de potasse , ou le potasse ; et le soude , quand ou
l’obtient de cet alcali.
Du Fer.
5*3
Le métal ainsi préparé , disent MM. Thénard et Gay-
Lussae , est pur; il ne contient ni fer ni alcali ? et peut se
conserver dans l’huile indéfiniment. Il faut bien se garder,
ajoutent ces chimistes , d’employer du charbon ou des ma-
tières qui en contiennent , pour retirer ces métaux des
alcalis: car alors ils en retiendroient une plus ou moins
grande quantité, et jouiroient de propriétés très -variables.
Le métal de la potasse a un éclat métallique semblable
a celui du plomb; on peut le pétrir entre ses doigts comme
de la cire , et le couper plus facilement que le phosphore
le plus pur.
Sa pesanteur spécifique est de o,8;4, celle de l’eau
étant i. Aussitôt qu’on le jette sur l’eau, il s’enflamme et
se promène lentement sur ce liquide ; lorsque l’inflamma-
tion cesse, il se fait ordinairement uue petite explosion,
et il ne reste dans l’eau que de la potasse caustique très-
pure. Pour déterminer la quantité d hydrogène que le métal
dégage dans son contact avec l’eau , MM. Thénard et Gay-
Lussac en ont rempli un tube de fer qui avoit reçu par là
un accroissement en poids de 2,284 grammes , et ont intro-
duit ce tube fermé par un disque de verre, sous une cloche
pleine d’eau. A peine le métal a-t-il touché l’eau , qu’il a
été projette contre la partie supérieure de la cloche en
dégageant beaucoup de gaz hydrogène , mais sans aucune
apparence d’inflammation. Ce gaz hydrogène étoit très-
pur et formoit un volume de 648, c)2 centimètres cubes ;
le thermomètre étant à 6 degrés , et le baromètre à 76
centimètres.
Le métal de la potasse se combine très-bien avec le
phosphore et le soufre ; cette combinaison est si intime
qu au moment où elle a lieu, il y a un graud dégagement
5*4 Du Fer.
de chaleur et de lumière. Le phosplmre projette dans
1 eau y forme beaucoup de gaz hydrogène phosphoré
qui s enflamme : le sulfure y forme un sulfate et uu
sulfure hydrogéné.
11 se combine aussi avec un grand nombre de métaux,
et sur-tout avec le fer et le mercure, landis qu il rend le
fer mou , il donne de la durete au mercure -, et selon que
ces alliages contiennent plus ou moins de métal, il décom-
pose 1 eau plus, ou moins rapidement -, tous deux se font
aisément. Pour obtenir le premier, il faut chauffer assez
fortement les deux matières ensemble ; mais à peine le
métal de la potasse est-il sur le mercure qu'il s’applatit,
tourne très -rapidement et disparoît. S il y a beaucoup de
mercure, l'alliage est liquide ou mou-, si c’est le contraire,
il est solide.
II brûle vivement dans le gaz oxigène à la température
ordinaire , 1 absorbe et se transforme en potasse.
Mis en contact avec l’air atmosphérique , sans élever la
température , il prend d’abord une belle couleur bleue ;
ensuite en l’agitant, il se fond, forme un bain brillant,
s enflamme , absorbe tout 1 oxigène de l’air , se convertit
en potasse et n’absorbe point d’azote. Ainsi donc il n’a
aucune action sur ce dernier gaz.
Il n en est pas de même sur le gaz hydrogène ; il peut
a une haute température en absorber une quantité remar-
quable, et se transformer alors eu une matière solide d'un
gris blanchâtre.
Son action sur les gaz hydrogène phosphoré, sulfuré,
arseniqué, est encore plus grande que sur le gaz hydro-
gène. A une température d’environ 70 degrés, il les dé-
compose, s’empare du phosphore , du soufre, de l’arsenic ,
Du Fer. 5*5
et d’une portion de l’hydrogène qu’ils contiennent. La dé-
" composition de l’hydrogène phosphore a même lieu avec
flamme. La portion d’hydrogène non absorbée, reste à
1 état de gaz. ’
Sa combustion dans les gaz acide nitreux et acide muria-
tique oxigéné, est aussi, vive que dans le gaz oxigène.
Quelquefois pourtant , l’inflammation n’a point lieu de
suite : mais cela tient à ce que le métal se recouvre de mu-
riate ou de nitrite dépotasse, qui protège le centre contre
l’action du gaz ; alors il faut remuer la matière, et bientôt
une vive lumière est produite.
f . °n Peut analyser rigoureusement et en un instant le gaz
nitreux et le gaz oxide d’azote par le métal de la potasse.
Aussitôt ou presqu aussitôt que ce métal est fondu et en
contact avec ces gaz , il devient bleu , s’enflamme , absorbe
tout l’oxigène et laisse l’azote à nu. C’est encore de cettè
manière qu'il se comporte avec le gaz acide sulfureux ,
et avec le gaz acide carbonique, et le gaz oxide de carbone
provenant de la décomposition du carbonate de barite par
le fer; seulement il faut plus élever la température dans
toutes ces expériences que dans la précédente : le métal
devient bleu, bientôt s’enflamme, et la base du gaz est
séparée. Avec le gaz acide sulfureux , on obtient un sulfure
de potasse et point de résidu gazeux ; avec les gaz acide
carbonique et oxide de carbone, on obtient du charbon ,
de la potasse , et toujours point de résidu gazçux.
L’acide fluorique sec a aussi offert avec le métal des
phénomènes dignes de la plus grande attention.
A froid, il n’y a aucune action, mais à chaud , il y a
une inflammation très-vive; tout le gaz disparoît sans
'qu il s eu développe aucune autre , et le métal se convertit
5.a6 J>u Fer.
on une matière noirâtre, qui ne fait aucune effervescence
avec l’eau , et qui contient du üuate de potasse, et un peu
de charbon provenant du métal. On peut présumer que
dans cette expérience , l’acide fluorique est décomposé',
mais cette décomposition ne sera démontrée et ne pourra
être admise qu’autant qu’on en séparera le radical , et
qu’avec ce radical on pourra reformer cet acide.
MM. Thénard et Gay-Lussac ont fait un grand
nombre d’essais sur le gaz acide muriatique ; mais comme
jusqu’ici ils ne l’out point obtenu sans eau, ils n’ont point
parlé de son action sur le métal. Seulement ils ont vu
qu’en traitant le mercure doux par le phosphore , dans
l’espérance d’avoir de l’acide muriatique Lien sec, ils ont
trouvé une liqueur nouvelle très-limpide , sans couleur,
répandant de fortes vapeurs , s’enflammant spontanément
lorsqu’on en imbibe le papier josepli , laquelle ne paroit
être qu’une combinaison de phosphore, d’oxigèue et d acide
muriatique, et par conséquent analogue à celle qu ou
obtient en traitant le soufre par le gaz acide muriatique
oxigéné.
Lorsqu’on met ce métal en contact avec le gaz ammo-
niac dans un tube bien sec sur le mercure, et qu’on le
fait fondre, il disparoit peu-à-peu , se transforme en une
matière grise -noirâtre très-fusible ; l’ammoniaque elle-
même disparoit en presque totalité, et se trouve remplacée
dans le tube par un volume de gaz hydrogène égal à en-
viron les deux tiers de celui de gaz ammoniac employé
Si on chauffe fortement dans le tube de verre même tou
rempli de mercure, la matière grise-noiràtre qui y es
attachée à la partie supérieure sous forme de plaque, 01
peut en retirer au moins les trois cinquièmes de l’amme
Du Fer.
$27
iliaque absorbée ; savoir , deux cinquièmes d’ammoniaque
non décomposée et un cinquième d’ammoniaque décom-
posée , ou dont les élémens ont été rendus par le feu à
l’état de liberté. Si ensuite ou met avec quelques gouttes
d’eau la matière grise-noirâtre ainsi fortement chauffée,
on en dégage sensiblement les deux autres cinquièmes
d ammoniaque absorbée-, on n’en dégage point d’autre gaz,
et ce qui reste n’est que de la potasse très-caustique. Enfin
si on reprend le gaz ammoniac dégagé par le feu de la
matière grise-noirâtre , et si on s’en sert pour traiter de
nouveau métal , il y a de nouveau formation de matière
semblable à la précédente , absorption de gaz ammoniac
et apparition d’une grande quantité de gaz hydrogène.
On peut encore répéter cette expérience avec l’ammo-
niaque retirée de celle seconde matière grise-noirâtre , etc.,
et toujours on obtiendra les mômes phénomènes -, en
sorte que, par ce moyen, avec une quantité donnée
d ammoniaque, on peut obtenir plus que son volume* de
gaz hydrogène.
MM. 7 henard et Gay -Lussac pensent que cet hydro-
géné ne provient que de l’eau qu’on pourroit supposer
dans le gaz ammoniac, ou du métal lui-même; mais
d’après les expériences de M. Berthollel fils, il est prouvé
que le gaz ammoniac 11e contient point sensiblement
d’eau , et on obtient tant d’hydrogène que, pour supposer
qu il soit du à 1 eau de l’ammoniaque , il faudroit ad-
mettre que cette ammoniaque contient plus que son poids
d’eau, ce qui est impossible. Donc, le gaz hydrogène
provient du métal -, et comme , lorsqu’on en a séparé le gaz ,
ce métal se trouve transformé en alcali ; donc ce métal né
paroît être qu’une combinaison d’aloali et d’hydrogène.
^28 ÏDu Fer.
Le sulfate de potasse est décomposé par le fer. On mêle
ensemble une partie de sulfate de potasse avec demi-partie
de limaille de fer ; on met le mélange dans un creuset et
l’on pousse au feu.
Le creuset refroidi , on trouve le sulfate à 1 état de
sulfure.
Pour opérer la décomposition du nitrate de potasse , on
projette, dans un creuset qu’on a fait rougir, un mélange
de parties égales de nitrate de potasse et de limaille de
fer. Le nitre entre d’abord en fusion , et lorsqu il est bien
rouge, il agit avec une grande violence sür la fer; il*, se
fait une détonnation qui fait élever du creuset des étincelles
vives et brillantes.
Après cette détonnation, il reste dans le creuset un
oxide de fer rougeâtre , dont une petite portion est com-
binée avec l’alcali ; on fait dissoudre cette matière dans
une suffisante quantité d’eau , on filtre, et l'oxide de fer
reste sur le filtre ; c’est ce qu’on appeloit autrefois safran
de Mars de Zwelfer .
Avec le muriate d’ammoniaque on obtient une prépa-
ration qui. portoit autrefois le nom de fleurs de sel amrno^
niac martiales , ou chalibées , et d’e/z^ Martis.
On prend une partie de muriate d’ammoniaque bien sec
et réd,uit en poudre on la môle avec un seizième de son
poids de limaille de fer porpby risée : on met ce mélange
dans une terrine non vernissée , on la recouvre d’une sem-
blable terrine : on peut aussi faire cette opération avec
deux grands creusets , qu’on lute exactement avec dG la
terre jaune.
On plaee l’appareil dans un fourneau , et ou procède a
la sublimation par un feu capable de faire presque rougir
Du Fer.
520
le fond de la terrine inférieure , et on l’entretient dans cet
état l’espace de cinq à six heures ; on laisse ensuite refroi
d,r les vaisseaux , on enlève la terrine supérieure qui co*-
tient une matière jaune , brillante.
Da“S, Celle 'V"™' - ‘<>“t le muriate n’est pas dé-
compose, car le produit que l’on obtient est du muriate
d ammoniaque sublimé, et coloré par une portion d oxide
de ter.
Wiegleb a donné un procédé plus avantageux. Il consiste
f f el0I'd" de fer l),écil)ité d“ ‘ulfate par la potasse,
atroser avec 1 acide muriatique et à en meler une partie
avec , 2 de mur, aie d’ammoniaque. On sublime ensuite dans
un matras au bam de sable ; il reste au fond du matras du
Biuriate de fer.
Le ter s’enflamme rapidement , lorsqu’on le triture dans
u n monter de métal , avec le muriate sur-oxigéné de potasse ;
ce mélangé, frappé sur le tas d’acier, détonne fortement, e
avec une flamme rouge.
On a du voir partout ee qui précédé, combien le fer
donne de produits intéressans à la chimie et à la .né-
decine.
C’est, sans contredit, le métal le plus utile à la société.
11 est véritablement l’ame de tous les arts.
2.
34
53o
Du Cuivre.
CHAPITRE XXIII.
Du Cuivre.
Le cuivre, appelé par les anciens Vénus , est un inétal de
couleur rouge, d’une odeur désagréable, et dune saveur
styptique.
Les mines de cuivre sont très-multi pliées. On peut,
d’après M. H ait y les rapporter toutes aux suivantes.
Première espèce -, Cuivre natif , six variétés.
Le cuivre natif abonde sur-tout en Sibérie , du côté
d’Ekaterinbourg. Le beau cuivre natif cristallisé vient des
mines appelées Tourinshi , sur les bords de la 1 oui ta ^ a
environ 120 lieues au nord d Ekaterinbourg, dans la paitie
orientale des monts Oural a 60 degrés de latitude.
Il existe encore du cuivre natii dans plusieuis endroits
de la Hongrie -, à Deva , en transylvaine ; à Falliun, eu
Suède, etc. On n’a encore trouvé cette substance eu France
qu’à Saint-Bel et à Chessy , près de Lyon.
Deuxième; Cuivre pyriteux , sept variétés.
Le cuivre pyriteux est la plus commune des mines de ce
uenre. On le trouve en filons plus ou moins étendus, ou en
Du Cuivre .
53 1
masses adhérentes soit à d’autres espèces de cuivre soit à
des pierres de diverses natures. Le Derbyshire en fournit des
groupes irisés qui recouvrent la surface de la chaux carbo-
natée cristallisée.
Troisième ; Cuivre gris , quatorze variétés.
On trouve- du cuivre gris à Baygorry dans la basse Na-
varre ; a Sainte-Marie-aux-Mines , dans la ci-devant Alsace 5
a Schemnitz, eu Hongrie; à Kapuik, en Transylvanie; h
Freyberg, en Saxe; dans différentes mines' du Hartz; à
Stahlberg , dans le Palalinat, etc.
Quatrième; Cuivre sulfuré , deux variétés.
On trouve du cuivre sulfuré à Saska, et dans d’autres en-
droits du Bannat de Hongrie ; à Freyberg et à Marienbourg,
eu Saxe; a Saalfeld , en Thuringe; dans les monts Altaï, en
Sibérie , etc.
Cinquième; Cuivre oxidé rouge , sept variétés.
0Q rencontre cette espèce dans les mines de ce métal à
1 état de nat.f, situées eu Sibérie, dans la partie orientale
des monts Oural.
M. Lelièvre a aussi reconnu un cuivre oxidé rouge arsc-
nifère. ... o
• Sixième ; Cuivre muriaté , une variété.
Ce cuivre muriaté a été rapporté du Pérou par Dombey,
532 Du Cuivre.
sous la forme d’une poudre Yerte mélangée de particule»
quartzeuses et autres. Ou trouve ce sable vert dans une
petite rivière de la province de Lipès à 200 lieues au-delà
de Copiapu.
Septième; Cuivre carbonate bleu , neuf variétés.
On le trouve dans les mines de cuivre de Sibérie; dans
celles de Zellerfeld, au Hartz; de Temeswar et de Mol-
dava, en Hongrie; de Saalfeld, en Thuringe, etc. Il re-
couvre assez communément la surface du cuivre gris.
Ailleurs il accompagne le cuivre carbouaté vert.
Huitième; Cuivre carbonaté vert , trois variétés.
On trouve du cuivre carbonaté vert près de Temeswar et
d.e Moldava, en Hongrie; au Hartz, dans le Tyrol ; en Si-
bérie , etc. Celui qui est soyeux recouvre tantôt la surface
du cuivre oxidé, nommé hépatique , tantôt celle du cuivre
oxide rouge, comme en Sibérie; quelquefois il a pour gan-
gue une ocre ferrugineuse. La Sibérie fournit aussi de très-
beaux morceaux de malachite.
Neuvième; Cuivre arseniaté , deux variétés.
On trouve le cuivre arseniaté sur le mont Karrarach ,
dans le comté de Cornouailles, en Angleterre, près d’une
mine de fer brune. Il y est accompagné de cuivre carbonaté
vert ou bleu, de cuivre gris, et plus communément de
lithomarge jaune et de quartz. On a cité aussi du cuivra
arseniaté, en Silésie, près de Jousbach.
533
\
Du Cuivre.
Dixième-, Cuivre sulfaté , quatorze variétés.
Le cuivre sulfaté est presque toujours en solution dans
les eaux voisines des mines de cuivre. L’origine du cuivre
sulfaté a cté bien connue des anciens. Ils donnoient k ce
sel le nom de Calcantlie. Pline dit qu’on le retiroit des
eaux de certains puits ou étangs qui se trouvoient en
Espagne.
Les mines de cuivre sulfureuses sont presque les seules
qu’on exploite.
On commence par trier le minerai pour séparer la mine
grasse de la mine maigre. On bocarde avec soin celle qui
contient beaucoup de gangue ou de principes pierreux-, on
lave ensuite pour séparer la gangue , que l’eau entraîne , de
préférence au minerai qui est plus pesant; on grille le mi-
nérai pour lui enlever le soufre, après quoi on le fond au
fourneau a mancbe. Cette première fonte donne du cuivre
noir qu on fait refondre au fourneau d’affinage, et qu’on
tient en fusion pendant longtems , en contact avec du char-
bon, pour dégager les dernières portions de soufre qui y
adhèrent avec force. Dès que le cuivre est très-pur, on le
lait couler dans la casse , et on verse sur- le bain un peu d’eau
pour bâter le refroidissement, et former une couche de
cuivre qu’on enlève : en répétant la même manœuvre, on
convertit tout le cuivre, qui est dans la casse, en feuilles ou
lames de cuivre qu on porte sous le marteau pour leur donr
ner la forme, lepaisseur et le poli convenables. ( Chaptal. )
La pesanteur spécifique du cuivre est de 8,5844; mais
celte pesanteur varie.
Du Cuivre.
534
La ductilité du cuivre est extrême, elle est telle qu’on le
place après l’or pour cette propriété.
La ténacité du cuivre est assez grande, car, un fil de
cuivre de deux millimètres de diamètre, peut soutenir un
poids d’environ cent soixante-quatre kilogrammes.
Le cuivre est élastique ; les fils de cuivre sur lesquels on
voltige en sont une preuve. .
Ce métal est le plus sonore. On sait que les trompettes .
les cymbales , etc. sont faites de cuivre.
La fusion du cuivre a lien à 27 degrés du pyromètre de
Wedgewood. Lorsqu’il est fondu, si ou attend que la partie
supérieure soit coucrète, et que l’ou décante , on obtient des
cristaux sous forme d’octaèdres.
Si I on chauffe fortement avec le concours de l’air, il
s’oxide, et se recouvre d’une matière d’un rouge noirâtre.
Ln frappant ensuite avec un marteau sur la lameoxidée,
la pellicule se sépare sous la forme d écailles. Ou opère
encore le mémo effet , en trempant la lame toute rouge
dans l’eau froide : c’est ce qu’on nomme battiLures de
cuivre»
Le cuivre, dans cette combustion, absorbe 0,2.5 d’oxi-
gène-, sa couleur plu s ou moins foncée, noire ou marron, dé-
pend d’une sorte de fusion ou de vitrification; c’est le seul
oxide de cuivre, suivant M. Proust; il est impossible de
l’oxider davantage.
Si l’on expose du cuivre à l'air humide, ‘ il perd bientôt
son brillant, il devient terne, et au bout de quelque tems
sa surface se recouvre d un oxide vert, appelé rouillé , verl~
de- g ris.
11 faut attribuer cette oxidation à la décomposition de
Du Cuivre. 535
l’eau contenue dans l’atmosphère, et la couleur verte à l’ab-
sorption de l’acide carbonique qui est répandu.
Quand on veut réduire l’oxide de cuivre, on mêle de cet
oxide avec du savon noir ; on en forme une pâte un peu
ferme. O11 met ce mélange dans un creuset que l’on place
dans un fourneau de fusion; on chauffe ce mélange d’abord
doucement jusqu’à ce que le savon ne brûle plus : alors 011
augmente le feu rapidement pour le chauffer jusqu’au rouge-
blanc. On laisse refroidir le creuset, on le casse, et l’gn
trouve un culot de cuivre.
Point d’union, avec l’azote , l’hydrogène et le carbone.
Pour combiner le cuivre , avec le phosphore, on mêle
ensemble parties égales de cuivre eu copeaux et de verre
phosphorique ; on y ajoute un huitième de poudre de char-
bon; on fond ensuite le tout dans un creuset : on a pour
produit un culot métallique, d’un coup d’œil blanchâtre et
quelquefois irisé.
On unit très-bien le soufre au cuivre.
A cet effet, on stratifie dans un creuset des lames de
cuivre et du soufre en poudre; on place le creuset dans un
fourneau , et on le fait chauffer par degrés jusqu’à ce qu’il
n’en sorte plus de vapeurs : alors on le fait rougir obscuré-
ment pendant une heure; on ôte le creuset du feu, on le
laisse refroidir, on trouve une sorte de mcitte de cuivre,
aigre, cassante, de couleur de fer; mais à l’emploi, la cou-
leur verte de l’oxide de cuivre se développe.
On pulvérise ensuite cette matte ; c’est Yens Veneris , que
1 on ne doit pas confondre avec une autre préparation qui
porte le même nom , laquelle se fait avec le cuivre et le
muriate d’ammoniaque.
536
Du Cuivre.
On peut allier le cuivre avec la plupart des métaux.
Ou fait fondre dans un creuset six parties de cuivre avec
quatre d arsenic et autant de potasse. On obtient un culot
de cuivre , aigre , cassant , très-blanc.
CronstecLt dit avoir allie le cuivre au nickel dans diffé-
rentes proportions: la presence du cuivre s’est toujours dé-
celée , en ce qu il coloroit en vert et en rouge-brun le verre
de borax.
Si 1 on fait fondre ensemble sept parties de cuivre rouge
et neuf de bismuth, on obtient, d après Geller , un alliage,
fragile, d un rouge blanchâtre, et ayant le grain à facettes
cubiques.
Parties égalés de cuivre rouge et d’antimoine fondues
ensemble, donnent un culot fort aigre et cassant-, il a une
couleur violette, et il est disposé en petites facettes assez
brillantes : c est ce qu’on nommoit régule cuivreux ou ré-
gule de V éuus.
Le cuivre décomposé très-bien le sulfure d’antimoine ;
il s unit au soufre. On n’a pas encore déterminé les propor-
tions de cuivre.
Avec le mercure, on parvient à faire un amalgame; on
prend des feuilles de cuivre très-minces , comme celles d’or
et d argent, et on triture à froid : cet amalgame est peu
connu.
Quand on plonge une lame ds cuivre dans une dissolu-
tion de nitrate de mercure, le mercure se précipite sur la
lame qui parent alors comme argentée : cette combinaison
n est pas solide; le moindre frottement et la chaleur en sé-
parent le mercure.
Le cuivre jaune contient peu de zinc et beaucoup de
cuivre rouge.
Du Cuivre.
537
Ou fait fondre ensemble dans un creuset trois parties de
cuivre rouge et une de zinc-, on obtient un cuivre jaune qui
diffère peu de celui du commerce.
Dans les arts, on ne prépare pas le cuivre jaune avec le
ziuc pur; on emploie les mines de zinc calcinées, sur-tout
celle quon nomme calamine , pierre calaminaire : c’est
de cette manière qu’on prépare le laiton.
Cet alliage peut encore s’obtenir en mettant huit parties
de zinc au fond d un creuset, et vingt parties de limaille
de cuivre par dessus ; on lute bien et on pousse au feu forte-
ment. Si Ion mettoit le zinc par*dessus il s’en perdroit une
poitionpar la volatilisation: on le tient bien rouge pendant
huit a dix minutes, on le retire ensuite : on trouve au fond
du creuset un culot jaune un peu ductile.
Cet alliage s’oxide moins facilement que le cuivre; il est
aussi malléable et plus fusible que lui; il est si ductile,
sur-tout lorsqu’il est légèrement chauffé, qu’on peut le
filer en cordes trés-déliees ; il est plus ductile a la filière
que sous le marteau : lorsqu’on le frappe à chaud, il
s écrouit, et se réduit en poudre. Sa pesanteur spécifique est
de 83,958; le cuivre jaune est donc plus pesant que le
cuivre rouge.
Pour analyser le laiton , on dissout une quantité connue
de laiton dans la quantité nécessaire d’acide nitrique à
36 degrés; on introduit la solution dans un matra s , on fait
légèrement chauffer; on y verse une solution de potasse
caustique jusqu a ce qu il y en ait un excès sensible au goût,
cet excès dissout l’oxide de zinc , et on laisse bouillir
quelque lems. On jette ensuite le tout sur un filtre; le zinc
dissous dans la potasse, passe an travers du papier, et
538
Du Cuivre.
]’oxide de cuivre reste dessus. On lave ce métal jusqu'à ce
que les dernières portions d’eau n’aient plus de saveur; on le
fait sécher ensuite à une chaleur douce : on le pèse, ou bien
on le convertit en sulfate de cuivre , d’où l’on sépare ensuite
le métal par une lamé de fer ou de zinc.
On verse dans la liqueur qui contient le zinc potassé de
l’acide sulfurique. Si ou n’en ajoute pas en excès il se forme
dans la liqueur un sulfate de potasse et il se précipite de
l’oxide de zinc; mais comme il est très-difficile d’en mettre
la quantité juste, il vaut mieux en ajouter un excès qui
dissout l’oxide de zinc; endettant ensuite du carbonate de
potasse, l’acide carbonique se porte sur le zinc, forme du
carbonate de zinc qui se précipite, il reste dans la liqueur
du sulfate de potasse; on Gltre et on décompose le carbonate
de zinc en le faisant calciner dans un creuset. On connoitra
la quantité de zinc métallique en retranchant les o,3i de la
somme d’oxide obtenue.
Ce que l’on nomme dans les arts , tombac jaune , similor,
pinchebec , métal du prince Robert, or de Manheim,
diffère suivant la proportion du mélange. Parties égales de
laiton, et de cuivre rouge forment un métal ductile, cou-
leur d’or, un peu pâle.
Trois cinquièmes de cuivre rouge, sur deux de cuivre
jaune, donnent un alliage, dont la couleur se rapproche et
se confond avec celle de for.
Une partie de cuivre jaune et deux parties de cuivre,
rouge , présentent une couleur d'or plijs intense.
On peut aussi faire cet alliage avec le zinc et le cuivre.
On fait foudre d ans un creuset quatre parties de cuivre
rouge, et on ajoute une partie de zinc. On couvre aussi-
Du Cuivre.
tùt le mélange avec du charbon en poudre, pour empêcher
l’oxidation du zinc, et on porte la fusion-, on obtient par ce
moyen, un tombac d’une très-belle couleur d’or.
En ajoutant de l’oxide d’arsenic, on obtient un métal
presque blanc, aigre, cassant, le grain ferme, fin et
très-serré. Les proportions sont de six parties de cuivre
ronge, quatre de zinc, cinq d’oxide d’arsenic, et autant
de potasse. ,
L étain , en s unissant au cuivre, lui donne beaucoup de
raideur , de dureté et' d aigreur, ét le reud en même tems
infiniment sonore'.' C’est ce mélange du cuivre et de l’étain
qui forme le métal des cloches, celui des canons et des
statues d’airain.
On fait cet alliage dans différentes proportions, et on
ajoute, suivant l usage auquel est destiné ce métal, ou du
zinc, ou de 1 antimoine, et quelquefois tous les deux en
meme tems, mais ces additions paraissent inutiles.
Suivant M. Chaptal , soixante-quinze parties de cuivre
rouge fondues avec vingt-cinq parties d’étain forment le
métal des cloches. » •
Pour les pièces d’artillerie, on emploie le cuivre dans
une plus forte proportion , pour rendre l’alliage moins
cassant, v ' •')
L alliage du cuivre et de l’étain présente les propriétés
suivantes : il est plus sonore qu’aucun des métaux employés.
Il est plus dur que chacun d eux pris séparément. Il es-t
plus fusible que le cuivre, et beaucoup moins que l'étain;
il est moins oxidablc et moins ductile que les deux métaux
qui le forment.
L étamage du cuivre consiste à appliquer une couche
d’etajn à la surface de cc métal, et à l’y faire adhérer.
54-0 Du Cuivre.
On emploie divers moyens pour disposer les pièces â i
recevoir l 'étamage.
Les uns raclent le cuivre qu’ils veulent étamer. Les autres
le récurent avec de la lie-de-vin, un peu d’acide nitrique
très-foible, et du sable.
Quand les pièces sont bien décapées, on y applique Té-
tain de deux manières.
On fait fondre de l’étain, on recouvre la surface do
poix-résine, et on trempe dedans les pièces qu’on veut
étamer; mais pour que le cuivre prenne mieux l’étamage,
on le plonge auparavant dans une solution de muriate
d’ammoniaque, et on le fait sécber avant de le plonger dans
l’étain fondu.
La seconde manière d’étamer et de chauffer le cuivre ?
sur des charbons. On met dans l’intérieur de la pièce une
certaine quantité d’étain; on le fait fondre, on jette une
pincée de muriate d’ammoniaque en poudre, et on le
frotte avec une poignée d’étoupe : on fait parcourir l’étain
fondu qu’on, frotte de même dans les endroits imprégnés
du sel.
L’effet du muriate d’ammoniaque est de nétoyer la
surface du cuivre à étamer , et d’empêcher aussi Toxidation
de l’étain.
Le cuivre et le plomb s’unissent bien ; on peut séparer ces
deux métaux par une douce chaleur capable de foudre le
plomb et point le cuivre.
On en a un exemple dans les pains de liquidation.
Si Ton fait fondre dans un creuset deux parties de cui-
vre , et une demi -partie de fer, le fer entre en fusion.
Du Cuivre. 5^,
MM. Anfrie et Darcet ont fait pour l’artillerie des alliages
complets de cuivre et de fer doux.
L'action des acides sur le cuivre est très-marquée -, les
plus foibles même colorent ce métal en bleu ou en vert.
Pour que l’acide sulfurique attaque le cuivre, il faut
qu’il soit très-concentré et bouillant; le cuivre se dissout
avec dégagement de gaz acide sulfureux; une partie de
l’acide cède son oxigène au cuivre, tandis que l’autre por-
tion dissout l’oxide qui s’est formé.
On peut ajouter un peu d’eau ; on fait ensuite évaporer
et oristalliser.
Ce sulfate se prépare plus ordinairement dans les arts; on
le nomme vitriol bleu , vitriol de Chypre , vitriol de
V énus , et vitriol de cuivre , on le prépare de deux manières
i°. par la décomposition des pyrites; 20. en prenant du
soufre et des lames de cuivre, pour en former un sulfure
artificiel.
•
On délaie ensuite ce sulfure, ou la pyrite naturelle, et
on l’expose à l’air. Le soufre, en absorbant de l’oxigène ,
passe à l’état d acide sulfurique, qui s’empare du cuivre,
pour former le sulfate. Ce sel cristallise aisément; la forme
la plus ordinaire de ces cristaux est celle d’un parallélipi-
pède rhomboïdal.
Il a une belle couleur bleue, et une saveur styptique
tres-forte ; cest un poison très-violent, et auquel il est
difficile de remédier.
Exposé à un feu doux, il perd d’abord son eau de cristal-
lisation, et devient blanc, d’où l’on peut conclure que sa
couleur bleue est uniquement d'de à l’eau, car quand'ou
liumecte ce sel blanc,; il reprend sa couleur bleue.
1
5/^2 Du Cuivre.
A
Si on le fait chauffer fortement dans la cornue, on obtient
de 1 acide sulfurique, il reste un oxide de cuivre noir.
M. Proust à qui est due cette remarque, donne pour
les composaus du sulfate de cuivre, les proportions sui-
vantes : oxide noir de cuivre, 32-, acide sulfurique, 33 j
eau, 35.
Si l’on expose à l’air des cristaux très-purs de sulfate
de cuivre, ils perdent de leur transparence, une partie
de l’eau de la cristallisation s’évapore, ils se recouvrent
d’une poussière bleue blanchâtre.
Il se dissout dans huit parties d’eau froide , et dans trois
d’eau bouillante.
Lorsque le sulfate de cuivre a une couleur verdâtre,
cela n’est dû. qu’à un peu de fer.
Pour en séparer le fer, il ne s’agit que de l’oxider, ce
qu on peut faire par 1 acide nitrique, ou l’acide muriatique
oxigéné. Dans les arts on fait uissoudre le sel dans l’eau , et
on j’agite fortement avec des ballets, alors le sulfate de
fer se décompose.
Les bases salifiables terreuses et alcalines, décomposent
le sulfate de cuivre-, le précipité formé, est d’un blanc
bleuâtre-, si on le sèche à l’air, il devient vert, en absorbant
l’acide carbonique.
Quand on ne verse qu’une petite quantité de potasse
caustique en liqueur dans la solution de sulfate de cùivre,
le précipité verdâtre que l’on obtient et qui nage dans une
solution de sulfate cuivreux, puisque ce sel n’est pas alors
entièrement décomposé, est une espèce particulière de»
sulfate de cuivre, que M. Proust dit être au minimum
d’acide. ■ • ; ■ ,u:
Du Cuivre. 5^3
Si ou le traite avec de la potasse pure, elle le réduit à
68 d’oxide noir. Suivant ce chimiste, ce sulfate contient:
oxide noir, 68 parties; acide sulfurique, 18; eau, 14.
M. Proust a vu aussi qu’en décomposant partiellement
le sulfate de cuivre par la potasse , employée avec excès
tout l’acide du sel est enlevé par cet alcali , et il se dépose
un oxide bleu, qu’il regarde comme un composé parti-
culier d’oxide noir , du seul oxide de cuivre qu’il commisse
avec de l’eau ; il le nomme hydrate de cuivre.
Si l’on chauffe le précipité obtenu par la potasse avec
de la potasse caustique, le précipité perd sa couleur, et
en prend une autre brune; dans cette opération, le cuivre
perd une portion de son oxigène, car le précipité brun
contient moins d*oxigène que le bleu.
L’ammoniaque précipite d’abord le sulfate de cuivre,
mais le précipité se dissout dans un excès de cet alcali et
présente une liqueur bleue qu’on appelle en pharmacie
eau celeste. On regarde l’ammoniaque comme le meilleur
réactif pour découvrir la présence du cuivre dans une
liqueur.
L hydrogène sulfuré et les hydro-sulfures décomposent
ce set , et en précipitent un sulfure qui est noir.
Les prussiatCs alcalins forment un précipité d’un rouge
mai roD dans le sulfate de cuivre. O11 peut aussi les regarder
comme des réactifs trcs-sensibles pour démontrer la pré-
sence de ce métal tenu en dissolution.
Plusieurs métaux le décomposent.
Si l’on plonge une lame de fer, de zinc, d’étain dans
une dissolution de ce sd ,»de cuivre se précipite sur le
métal employé.
Du Cuivre.
544
Le sulfate de cuivre est aussi décomposé par l’arsenita
de potasse -, le précipité est d’une belle couleur verte ,
appelée vert de Sch'eele, que ce chimiste h proposée pour
la peinture. C’est un véritable arsenite de cuivre.
On fait dissoudre, à laide du calorique, suivant le
chimiste suédois, une livre et demie de sulfate de cuivre
dans seize pintes d’eau -, on verse peu-à-peu cette disso-
lution chaude dans une autre dissolution également chaude
d’une livre et demie de potasse , et de dix onces d’acide
arsénieux dans cinq pintes d eau -, on remue continuelle-
ent avec un tube de verre , et on laisse reposer le mé-
lange ; il se produit un précipité ; on décante la liqueur 7
on jette sur le résidu quelques pintes d’eau chaude , et on
remue bien , on décante de nouveau la liqueur , on la lave
deux fois avec de l’eau chaude , de la même manière ; on
jette le tout sur un filtre, et on laisse sécher. On obtient
une belle couleur verte qui n’est point altérable à l’air.
Si , au lieu d’ arsenite de potasse, ou se sert d’arseniale,
on a un précipité bleu ; c’est alors un arseniate de
cuivre.
Le sulfate de cuivre décompose quelques sulfates al-
calins , terreux et métalliques -, il s’y uuit en sels triples.
Il décompose quelques nitrates et muriales ; il en dé-
gage , par l’action du calorique , les acides nitrique et
muriatique.
M. Gillet-Laumont a obtenu d’un mélange de sulfate de
cuivre et de muriate d’ammoniaque, à parties égales , une
dissolution d’un jaune vif lorsqu’elle est chaude , d’un beau
vert d’émeraude lorsqu’elle est froide, et qui donne d’abord
des cristaux en prismes obliques , à base rhombe , puis des
cristaux bleus en octaèdres surbaissés.
Du Cuivra.
545
Cette liqueur et la solution des cristaux octaèdres
donnent une encre jaune sympathique.
Eu comparant cette encre avec celle que donne le mu-
riate de cobalt, on voit que toutes ces encres ne doivent
la propriété quelles ont de disparoître qu’au munate
métallique , qui attire puissamment l’humidité des corps
environnans.
•
L encre jaune , produite par le muriate de cuivre et les
dissolutions qui en contiennent , bien différente de celles
qui d’abord invisibles , restent fixes après avoir paru , donne
par sa couleur une variété très-distincte de celle de cobalt,
laquelle est d’un vert céladon ; elle forme , avec cette'
derniere , des teintes variées en vert d’émeraude.
MM. Fourcroj et V auquelin cuit fait voir que l’acide
sulfureux n’attaque pas le cuivre, mais l’oxide de ce métal
isy unit promptement.
Ces chimistes ont indiqué qu’on pouvoit faire cette
combinaison en versant une solution de sulfite de potasse
«u de soude dans une solution de sulfate de cuivre; il
se forme , à l’instant du mélange, un précipité cl’un jaune
citron qui paroit elre le sulfite de cuivre.
L’acide nitrique dissout bien le cuivre , même à froid.
On doit faire cetlc dissolution dans un matras suffi-
samment grand. On met une partie de limaille de cuivre
dans un malras ; on verse dessus deux parties d’acide
nitrique étendu d’eau. Après l’action de l’acide, on chauffe
égerement et il se dégage du gaz nitreux.
' Lors<Iue k dissolution est faite, il se précipite un peu
3. oxide du métal en poudre brune, ou en noir à sa
#
546 — Du Cuivre.
surface -, on filtre ensuite la liqueur , et , en 1 évaporant avec
précaution, on obtient des cristaux sous la forme d’ai-
guilles alongées -, quelquefois ce sont des prismes hexaèdre*
ou tétraèdres.
Ce nitrate a une belle couleur bleue.
Sa saveur est âcre et caustique.
11 est fusible à 2 5 ou 3o degrés , thermomètre de
Réaumur. •
Exposé au feu, il détonne et se décompose : dans les
vaisseaux clos , il donne d’abord son eau de cristalli-
sation , ensuite du gaz nitreux ; sur la fin il se dégage
un peu de gaz oxigene. Il reste dans la cornue un oxide
brun de cuivre.
Chauffé fortement, le nitrate de cuivre se réduit à
0,67 d’oxide noir. La potasse lui enlève également à
chaud son oxide , et l’amène à l’état d'oxide noir : il
contient 0,67 de cet oxide , 0,16 d'acide et 0,17 d’eau. Le
nitrate avec excès d’acide 11e contient, au contraire, que
0,27 d’oxide noir. Cent parties de cuivre traitées par l'acide
nitrique , et réduites à 1 état d’oxide par l’action du
feu, laissent ia5 parties de cet oxide : ce qui fait dire à
M. Proust que le cuivre n’est pas plus brûlé par 1 acide
nitrique que par d’autres moyens. Le nitiate de cuivie ,
au maximum d’acide , donne , avec une petite quantité de
potasse, un précipité qui passe du bleu au vert, et qui
n’est que le nitrate au minimum, ou avec excès d oxide.
Si , au contraire , ou jette le premier sel cuivreux dans la
potasse bien délayée et suffisamment abondante pour pré-
dominer , on a un précipité volumineux , d un beau bleu ,
sur la nature duquel M. Proust a sur-tout insisté.
Du Cuivre.
Ce sel est très-déliquescent ; cette propriété le fait dif-
férer essentiellement du sulfate.
Ce sel est très^soluble dans l’eau et dans l’alcool.
Les terres et les alcalis précipitent en général la so-
lution du nitrate de cuivre en un oxide blanc bleuâtre, qui
devient vert à l’air.
En Angleterre*, pour ne pas perdre le nitrate de cuivre
quon obtient dans les monnoies , eu précipitant l’argent
du nitrate, par le moyen du cuivre, on en forme ce qu’on
appelle terre bleue , cendre bleue , laquelle est employée
pour la peinture des papiers.
On ajoute à une dissolution de cuivre dans l’acide ni-
trique, de la chaux en poudre , ou délitée par l’eau, afin
de l’avoir en poudre très-fine; on agite le mélange pour
faciliter la décomposition du nitrate de cuivre ; il faut
avoir soiu de mettre un petit excès de nitrate de cuivre ,
afin que toute lu chaux soit absorbée, et afin que le pré-
cipité , qui a lieu dans l’instant même du mélange , soit
un pur précipité du cuivre : on laisse déposer ce précipité ;
on décante la liqueur qui le surnage ( qui est du nitrate
de chaux); on le lave à plusieurs reprises; on met alors
le tout sur un linge , pour qu’il puisse s’égoutter.
Ou en prend une certaine quantité que l’on met sur
nne pierre à broyer, ou dans un grand mortier ; on ajoute
ensuite un peu de chaux vive en poudre : le mélange prend ,
par la trituration, et dans l’instant , une couleur bleue très-
vive. La quantité de chaux que l’on emploie est de sept à
dix pour cent du précipité.
Si le précipité est trop sec, on ajoute une très-petite
quantité d eau , afin que le mélange forme une espèce de
pâte un peu liquide et facile à broyer.
Du. Cuivre.
HS
Cette substance est soluble en totalité dans les acides 1
f 7
avec effervescence , et il 6e dégage du gaz acide carbo-
nique ; ce qui prouve qu’elle en absorbe une très-grande
quantité dans sa formation.
Pelletier , à qui l’on doit ce procédé, regarde les
cendres bleues comme un composé de carbonate de chaux
fit de carbonate de cuivre.
Il est difficile d’avoir des résultats comparables à ceux
.que ce chimiste obtenoit , d’où l’on peut présumer qu’il n’a
pas tout dit en publiant son procédé.
La belle cendre bleue d’Angleterre lui a donné par
l'analyse 5o de cuivre, 3o d’acide carbonique, io d’oxigène,
7 de chaux et 4 d’eau.
Le nitrate de cuivre présente les mêmes phénomènes
que le sulfate quand on le combine avec les alcalis ; mais ,
<en général , les précipités ont une couleur bleue plus
-belle.
L’ammoniaque redissout le précipité, et il eu résulte un
sel triple , nitro-ammoniaco de cuivre.
Les hydro-sulfures et les prussiates produisent les
mêmes phénpmènes qu’avec le sulfate de cuivre.
L’acide sulfurique décompose le nitrate de cuivre , mais
il faut qu’il soit très-concentré.
La plupart des sels et plusieurs métaux décomposent
aussi le nitrate de cuivre.
Après avoir fait observer que l’on obtient un précipité
semblable de tous les sels cuivreux jettes dans une lessive
.de potasse caustique qui leur enlève tout leur acide ,
M- Proust le nomme hydrate de cuivre , et cherche à
prouver , par des expériences , que c’est une combinaison
Du Cuivre. 5 '^
d'oxide de 0,20 d’oxigène et d’eau. Voici les faits qui l’ont
conduit à ce résultat et à cette dénomination.
Ce composé , d’un bleu assez beau , analogue à celui
de la cendre bleue, n’est ni sec , ni vraiment pulvérulent:
il est consistant et légèrement gras comme le bleu de
Plusse. Etendu sur un papier et chauffé, il perd peu-à-
peu son eau constituante , il se décolore , tourne au vert ,
et finit par se changer en oxide noir. Quoiqu’inaltérable*
dans son état de sécheresse , il s’obscurcit , se décotnpose
lentement sous l’eau , perd de sou volume , et devient
oxide noir : la lumière du soleil accélère ’ celte décompo-
sition. Cent parties de ce composé distillées donnent 24
parties d’eau, et en laissent 7 5 d’oxide : ces 24 par-
ties d eau jettees sur 1 oxide au sortir de la cornue, le
mouillent sans le faire repasser à l’état bleu prinjitif. Il>
est dissoluble dans tous les acides sans effervescence-, il
devient sel au minimum d’acide dans les dissolutions des*
sels cuivreux au maximum ; il se dissout dans la potasse
caustique et dans le carbonate de potasse; il dégage l’am-
moniaque du muriate ammoniacal humide , avec lequel ou
le broie : il se dissout facilement dans l’ammoniaque. Les
cendres bleues ne sont que de l’hjdrate de cuivre obtenu
par la chaux : ce composé existe vraisemblablement
dans les mines de ce métal. M. Proust conclut de toutes
ces propriétés, que le précipité dont il est ici question
est un composé de l’oxide de cuivre avec de l’eau dé-
pouillée de son calorique spécifique , comme elle l’est
toutes les fois qu’elle s’élève, suivant la propre expression
de l auteur, de l’état de simple mélange à celui de com-
binaison. ‘
On ne peut obtenir la dissolution du cuivre dans l’acide
55 o Du Cuivre.
muriatique , que lorsqu’il est concentré et bouillant, il ne
se dégage que très-peu de gaz hydrogène.
On peut encore obtenir le même phénomène en jettant de
l’oxide de cuivre dans l’acide muriatique même un peu
étendu d’eau.
Cette dissolution se fait de la même manière que les
précédentes; elle est d’une couleur verte, au lieu d’étre
bleue.
Si l’on fait évaporer la dissolution avec les précautions
convenables, on obtient des cristaux prismatiques réguliers;
mais, le plus souvent, ce sont des aiguilles très-petites et
fort aigues ; ils sont d’un vert de pré fort agréable : la saveur
est caustique et très-astringente.
Il se fond à une chaleur douce, et il se prend en masse
en se refroidissant.
Evaporé jusqu’à siccité, il reste une masse d une cou-
leur brune, et si l’expérience est faite dans les vaisseaux
clos, on peut obtenir de 1 acide muriatique oxigéué; ce qui
prouve que le cuivre , dans cet état , contient moins d’oxi-
gène.
Ce sel attire l’humidité de l’air.
Les réactifs alcalins employés pour le sulfate et le nitrate,
produisent les mêmes phénomènes.
La chaux forme avec lui une belle cendre bleue.
Les acides sulfurique et nitrique le décomposent à l’aide
de la chaleur; les dissolutions nitriques de mercure et
d argent le décomposent , et sont elles-mêmes décom-
posées dans l’instant du mélange.
INous devons encore à M. Proust quelques expériences
sur ce sel.
Après avoir purifié et cristallisé le sel par l'alcool , il l’a
décomposé par la potasse et le nitrate d’argent : la première
lui a indiqué la proportion d’oxide-, le second, celle de
l’acide muriatique. Il J a trouvé 4o parties d’oxide noir de
cuivre, 24 d’acide et 36 d’eau. On peut , suivant lui, distil-
ler ce sel à sec sans lui faire éprouver d’altération; mais , en.
forçant le feu, une partie de son acide passe en acide mu-
riatique oxigéné-, le cuivre est ramené de 0,23 d’oxidation
à 0,17, et forme un muriate blanc particulier. Le muriate
de cuivre, traité avec un peu de potasse , donne un préci-
pité vert de muriate au minimum d’acide; si cet alcali pré-
domine, on obtient l’oxide bleu que M. Proust nomme
hydrate de cuivre. Ce métal, traité par l’acide nitro-muria-
tique , fournit spontanément , en poudre verte , un muriate
au maximum d’acide qui contient, suivant ce chimiste,
79 parties d’oxide noir, 125 d’acide muriatique, 8 £ d’eau.
Le muriate de cuivre se trouve aussi dans la nature, mais
avec un grand excès d’oxide. Le sable vert du Pérou en
contient d’après les analyses de Prusot et Klaproth.
L’acide muriatique oxigéné oxide le cuivre, le dissout
sans effervescence , mais on ne connoit point de muriate
sur-oxigéné de cuivre.
L’acide phosphorique concentré et bouillant, a une foible
action sur le cuivre; il faut pour l’obtenir décomposer les
sulfate, nitrate ou muriate de cuivre par un phosphate alcalin-
Le phosphate de cuivre qui se précipite çst d une couleur
bleue, insoluble dans l’eau.
L’acide boracique n’attaque pas le cuivre , mais si on le lui
présente à l’état d’oxide , il y a combinaison.
Pour obtenir le borate de cuivre , on doit préférer de
verser un borate alcalin dans un sel cuivreux ; le borate de
cuivre se précipite.
û£>2 T) a Cuivre.
L’acide arsenique s’unit à l’oxide de ce me'tal.
On prépare cependant ce sel plus facilement en versant
un arseniate de potasse dans le sulfate de cuivre.
M. Bournon a reconnu l’existence d’arseniates de cuivre.
Voyez Journal des mines , n°. 61.
Première espèce; Arseniate de cuivre en octaèdre obtus.
Deuxieme; Arseniate de cuivre en lûmes hexaèdres d.
bords inclinés.
Troisième; Arseniate de cuivre en octaèdre aigu, il y a
cinq variétés.
Quatrième; Arseniate de cuivre prismatique Iriedre.
Il y a longtems que l’on a trouvé l’arseniate de cuivre
pour la première fois en Cornouailles , soit dans la mine de
Carràrach, paroisse de Gwennap, soit dans celle de Tin-
croft, paroisse d’Allogan. Sa gangue étoit quartzeuse , ainsi
qu’elle l’est dans presque toutes les mines de cuivre de ce
comté, qui existent dans une x'oclie granitique attérée,
dont la plus grande partie du feld-spatli est passée à l’état
argileux, connu sous le nom de kaolin. Elle y étoit
accompagnée de mine de cuivre vitreuse grise , souvent eu
masses assez considérables , de beaucoup d’oxide noir de
cuivre et de divers oxides de fer.
Cet arseniate qui s’étoit montré alors avec fort peu de
profusion , avoit cessé d’exister dans ces mines , lorsque
celle de Huel Gorlan , nouvellement mise en exploi-
tation, est venue enrichir de nouveau la minéralogie
de cette rare substance. La gangue y est de même un
quartz.
On ne peut obtenir de combinaison avec l'acide carbo-
nique qu’en présentant ce inétal & l’état d’oxide; c’cst ce
qu’on nomme carbonate de cuivre, ou malachite.
Du Cuivra.
553
Eu général tous les carbonates métalliques se préparent
en décomposant une dissolution de métal , par un carbonate
alcalin. Ils sont tous insolubles dans l’eau.
Pour faire le carbonate de cuivre, on fait une solu-
tion de sulfate de cuivre, on filtre, on y verse une solu-
tion filtrée de carbonate de potasse , le carbonate de cuivre
■
se précipite en bleu , mais il passe bientôt au vert et même
au gris.
Si r on chauffe ce carbonate dans un appareil pneiimato-
chimique, on le décompose; il passe du gaz acide carbo-
nique, et il reste dans la cornue un oxide brun de cuivre,
si l’on a employé sur la fin une chaleur assez forte.
Si 1 on remplit exactement d’ammoniaque liquide un
flacon contenant un peu de cuivre, l’alcali en dissout sans se
colorer ; mais aussitôt que la liqueur a été exposée à l’air,
elle se colore en bleu.
Le muriàte d’ammoniaque, est décomposé par le cuivre.
Pour obtenir cette décomposition à l’appareil pneuraato-
chimique, on prend deux parties de limaille de cuivre , sur
une de muriate d’ammoniaque très-pur ; on obtient de
l’ammoniaque très-caustique , presque toujours colorée en
bleu.
On mêle ensemble du muriate d’ammoniaque réduit en
poudre , avec environ un 60e. de son poids d’oxide dé cuivre.
On fait sublimer ce mélange dans deux terrines placées l’une
6ur 1 autre, on lute les jointures avec des bandes de papier
enduites de colle <3% farine. On place cet appareil dans un
fourneau : ou procède à la sublimation. Tout le muriate
d ammoniaque se volatilise sans être décomposé , et il
entraîne un peu d oxide de cuivre, qui lui donne une
couleur bleuâtre. Cette préparation sc nemmoit dans les
554 Du Cuivre.
pharmacies eus Veneris , fleurs de sel ammoniac cui-
vreuses.
Le cuivre paroît décomposer le sulfate d'alumine ;
mais on n’a pas encore assez examiné le résultat de cette
expérience.
Le nitrate de potasse oxide le cuivre , à cet effet crn fait
fondre dans un creuset du nitrate de potasse-, lorsqu’il est
fondu, on y projette de la limaille de cuivre : il se fait
chaque fois une légère déflagration; lorsqu’elle est passée,
on remet une nouvelle dose de ce métal, et on continue
jusqu’à ce qu’on ait employé moitié de poids du sel. On
chauffe ensuite fortement le creuset l’espace de dix minutes :
on ôte le creuset du feu , on le laisse refroidir.
Le résidu est un oxide d’un gris un peu brun, mêlé avec
la potasse.
On le lave; l’eau s’empare de l’alcali qui retient un peu
de cuivre , et l’oxide de ce métal reste pur.
Cet oxide s’emploie dans la peinture en émail.
Si on le fait fondre dans un creuset, il se convertit en
verre d’un brun foncé et opaque.
11 sert à imiter le corail en le faisant fondre avec le
verre.
Tout le mondo^connoît les usages du cuivre; on en fait
une multitude d’instrümens et d’ustensiles : quelques-unes
de ses combinaisons sont usitées dans les arts et peu en
médecine.
De l'Argent,
555
CHAPITRE XXIV.
De 3 V Argent .
L’argent , appelé p^ les anciens lune ou Diane , est
un métal blanc, sans saveur ni odeur, sonore.
Il est très-ductile et tenace.
Suivant M. Guyton, sa pesanteur est de 1 0,4743 sa
dureté l’a fait placer entre le fer et l’or.
On le bat en lames aussi minces que le papier, et on le
réduit en fils plus fins que les cheveux.
M. Haiij distingue cinq espèces de mines d’argent.
Première; Argent natif , neuf 'variétés.
Le Pérou et le Mexique sont les parties de l’Amérique
méridionale où la nature a répandu l’argent natif avec le plus
d abondance. Il existe aussi en Europe plusieurs mines du
même métal , parmi lesquelles on distingue celle de Kongs-
berg en Norxvège, et celles de Freyberg, de Fur§temberg
et de Johann-Georgenstadt , en Allemagne. On a trouvé ,
en France , de 1 argent natif à Allemont et à Sainte-Marie-
aux-Mines.
Deuxième; Argent antimonial , quatre variétés.
On le trouve à Cassala , près de Guadalcanal , en Espagne ;
556
De T Argent.
à Vittichen et à Wolfacli , dans la principauté de Furs-
temberg; à Andreasberg au Hartz. Ses gangues sont la
barite sulfatée et la chaux carbonatée.
II j a aussi de l’argent antimonial arsenifère et ferrifère.
Troisième-, Argent sulfuré , quatre variétés.
Cette mine se trouve à Freyberg en Saxe ; à Joachims-
thal en Bohême-, à Schemnitz en ïfongrie; à Kongsberg en
Norwège-, à la Valenciana au Mexique.
Quatrième; Argent antimonié sulfiAé , argent rouge ,
quinze variétés.
Les mines les plus fameuses d'argent antimonié sulfuré,
sont celles de Freyberg , en Saxe ; d’Andreasberg au Hartz;
de Schemnitz en Hongrie; de Joachimsthal en Bohême;
de Sainle-Marie-aux-Mines en France; et de Guadalca-
nal en Espagne.
H y a aussi l’argent noir y l’argent minéralisé par le soufre,
l’arsenic et le fer.
Cinquième; Argent muriaté , muriaie d’argent , deux
variétés.
Cette mine existe à Johann-Georgenstadt et à Freyberg
en Saxe ; à Guadalcanal en Espagne ; au Pérou, au Mexi-
que, en Amérique, à Sainte*Marie-aux-Mines en France.
On en a trouvé en Sibérie, qui servoit de support à l’or
natif. . , .
De r Argent. 55 7
ï/art d’extraire l’argent de ses mines, varie selon l’état
dans lequel il s’y trouve.
Lorsque l’argent est à l’état natif, il ne s’agit que de
séparer la gangue par la trituration et le lavage à l’eau, et
fondre avec du plomb pour s’emparer de tout le métal. On
réduit ensuite le plomb fen litbarge par la calcination ; on
enlève la litharge à mesure quelle se forme à la surface du
plomb fondu, et l’argent reste seul et pur.
Lorsque l’argent est allié au cuivre, ou fait fondre 7 5
livres de cuiyi'e avec 275 livres de plomb-, on coule cet
alliage en gâteaux, qu’on appelle pains de liquidation. On
expose ces pains a une chaleur suffisante pour fonçlre le
plomb, qui entraîne avec lui l’argent j le cuivre reste criblé
et persillé par les vides qu’y laissent les métaux qui s’en
séparent. Le plomb est ensuite traité au fourneau de cou-
pelle.
Lorsque 1 argent est minéralisé par le soufre ou l’arsenic,
on grille le minerai, on le pile ou bocarde, on le lave pour
en séparer les matières terreuses ou pierreuses que l’eau
entraîne comme moins pesante que le métal , et on fond le
résidu avec du plomb. ( Cliaptal).
La seule manière d’avoir de l’argent pur, beaucoup plus
pur que celui de coupelle, est celui qu’on retire du ihuriatc
d argent. T' oyez muriate d’argent.
L’argent rougit avant d’entrer eu fusion • s’il éprouve un
violent coup de feu , il se volatilise.
Lorsqu’on fait refroidir lentement l’argent fondu , il
forme desdendrites composées de petits octaèdres implantés
les unes dans les autres et dont l’assemblage imite une
pyramide.
L argent s oxide avec la plus grande difficulté , par l’action
558 De V Argent.
combinée de la chaleur et de l’air-, mais en le mettant en
contact avec Tétincelle électrique, cette oxidation se fait
plus promptement.
L’air paroît n’avoir aucune action sur ce métal ; cependant
à la longue sa surface se ternit.
Il n’y a point d’union entre l’azote, l’hydrogène, le car-
bone et l’oxide de carbone; mais l’hydrogène et l’oxide de
carbone décomposent ses oxides.
Pour opérer la combinaison du' phosphore avec l’argent,
on fait un mélange d’une partie de verre phosphorique ,
d’une demi-partie d’argent en limaille , et on y ajoute
moitié du poids de l’argent de charbon en poudre. Onin-
troduit le tout dans un creuset que l’on place dans un four-
neau de fusion, où on lui donne demi-heure de feu.
Lorsque la fusion est parfaite , l’argent paroît au fond du
creuset en bain, et il s’en dégage de petits jets de phos-
phore : on retire aussitôt le creuset, et on le porte à lair,
afin de le refroidir plus promptement.
Le métal cesse bientôt d’être fluide, et il sort du culot
formé quelques jets de phosphore.
L’argent augmente de poids , perd de sa ductilité-, il
paroît*grenu et cristallisé, et se brise sous le marteau.
L’argent se combine facilement au soufre-, pour obte-
nir cette combinaison , 011 stratifié dans un creuset des
lames d’argent avec du soufre sublimé , en commençant
la première couche avec du soufre, et finissant la dernière
de même. On couvre le creuset., on le place entre des
charbons ardens , et on le fait, rougir promptement : l’ar-
gent et le soufre se combinent-, il en résulte une masse
d'un noir violet, beaucoup plus fusible que l’argent ,
De V Ar sent.
g»
■cassante et disposée en aiguilles : c’est ce qu’on nomme
argent sulfuré, ou sulfure d’argent artificiel.
On peut imiter certaines mines d’argent, en ajoutant
un peu d’arsenic -, la masse devient rougeâtre , et imite la
mine d’argent rouge native. Le sulfure d’argent artificiel
se décomposé facilement par l’action du calorique : le
soufre se volatilise et l’argent reste pur.
Le sulfure de potasse dissout l’argent par la voie sèche*
On fait fondre ensemble , dans un creuset , une partie
d argent , et trois ou quatre parties de sulfure de potasse j
on agite le mélangé , et lorsque la matière est bien fon-
due , on la coule sur une pierre unie et peu graissée.
On peut faire dissoudre la matière dans de l’eau , l’ar-
gent reste combiné avec le sulfure de potasse , et passe
avec lui à travers le filtre.
Si l’on verse un acide dans cette dissolution, on obtient
un précipité noir d’argent sulfuré.
On met dans une bouteille de l’hydro-sulfure de po-
tasse liquide, on y ajoute des feuilles d’argent : bientôt
elles prennent une couleur noire -, le soufre quitte l’alcali ,
pour s’unir au métal et le minéraliser.
Les corps combustibles ont une action plus ou moins
marquée sur l’argent , le gaz hydrogène sulfuré , les va-
peurs animales fétides , l’urine putréfiée, des œufs pour-
ris , etc.
Dès qu’on met de l’argent en contact ayec ces corps,
il acquiert une couleur bleue ou violette , tirant sur le noir.
L argent s allie avec presque tous les métaux : avec
1 arsenic , on obtient un alliage aigre et cassant , jaumàtre
en dehors , et gris obscur à l’intérieur en l’exposant au
feu j 1 arsenic se sublime, et l’argent reste pur.
55^
£»Go De ï Argent.
On ignore les propriétés" de cet alliage.
Cronstcdt , qui a fait beaucoup d’expériences sur cet
objet , dit que l’argent et le nickel ne se confondent point,
mais se placent l’un à côté de l’autre.
Le cobalt ne s’allie que très-difficilement à l argent.
Geller dit avoir fait fondre ensemble de l’argent avec
du bismuth. Il obtint un alliage très-fragile , d’une cou-
leur moyenne, entre le bismuth et l'antimoine, et qui
nvoit plus de pesanteur spécifique que les métaux pesé*
avant leur alliage.
L’argent se fond avec l’antimoine-, on chauffe ces deux
métaux, d’où résulte un alliage de couleur d’antimoine,
ët qui est très -fragile.
L’argent décompose le sulfure d'antimoine, une partie
de 1 argent s’unit au soufre , tandis qU une autre se com-
bine en même tems à l’antimoine : autrefois , ce dernier
étoit appelé , dans les pharmacies , régule d’ antimoine
lunaire. »
L'argent s’unit au mercure avec beaucoup de facilité.
On met dans un mortier de marbre une partie de
feuilles d'argent, et sept de mercure; on triture ces ma-
tières avec un pilon de verre : il résulte uu amalgame
d'une consistance peu solide.
On peut encore employer de 1 argent en limaille très-
fine-, dans ce cas , on le triture dans un mortier chaud,
avec le mercure.
Cet amalgame est susceptible de prendre une forme
régulière par la fusion , et le rçfrpi discernent lent. Le
mercure prend une sorte de fixité dans cette combinaison;
car , il faut , pour le séparer de l argent, uu degré de cha-
&e l’Argènt.
« - ° t
i'"r f'“s ‘«“‘lérable que celui qui est nécessaire
le volatiliser seul. ' uecessaire pou?
Quand on veut unir IWent an .
ces deux substances ensemble , ou obden’t 2 1^2
gie, rempli de grains à sa surface. 8
Avec l'étain, on obtient un alliage fragile , s'apetissant
peu sons le ,nartea„. En général , on conuoit peu ,es ni
pnetes de cet alliage, on sait seulement que l'argent perd
de sa ductilité par l'étain. 8 P “
Le plomb allié à l'argent, le rend très-fusible, et lui
Me son élasticité et sa qualité sonore.
On s’en sert avec avantage pour séparer les métaux
.pelJôn* 'a8M’ Pr U“e 0pérati011 <‘U'°n «—
La eoupellation est une onératîn»
j . . r. e operation qui a pour ohiet la
tüetermination exacte de la auantifé V
il-» , , quantité d or ou dardent
allies ensemble on à d'autres métaux.
j:riréd"' cm prend “• ï^^e du
métal allie , dont on veut connoître le titre : autre-
fois , cette quantité étoit de trente-six grains ou'on a
peloit semelle; mais, aujourd'hui, on Pa réduite à un
qiamme , qui est l'unité de poids du nouveau svstènr"
et qui représente iS,84i grains. J
Les substances qu’on emploie à la séparation des mé-
e bismuth n arSent . - le plomb et
e nismutn ; cependant, ce dernipr Q „ i .
liens V >r ’ fermer a quelques mconvé-
nens qui 1 ont fait abandonner.
Peur mieux concevoir les effets de ces métaux dans la
‘OU pellation , i, fa„, d'abord savoir que le plomb sur , “
“ MeU1 ***-«•. facile à oxiderP, dont ,'ox^'
36
56î
De l’Argent.
par sa propriété fondante , vi tri fiable , et pénétrante a
travers tous les corps , favorise l’oxigenation et la vitrili-
cation du cuivre , métal le plus communément uni a
l’or et à l’argent.
Ce n’est pas assez de savoir qu’il faut du plomb pour
enlever le cuivre à l’or et à l’argent , il est nécessaire de
déterminer , au moins d’une manière approchée, la quan-
tité la p us convenable de ce métal ; car elle doit augmen-
ter dans une certaine raison avec le cuivre. Ce moyen
est donné par l’habitude et le tâtonnement -, c’est ordi-
nairement par la couleur , la pesanteur , le son et 1 élas-
ticité , et sur-tout par le changement de couleur , que le
métal prend par la chaleur rouge, que Ion juge à-peu-
près de son titre , et que 1 on établit la dose de plomb a
employer ; la résistance qu il oppose a la lime, et la cou-
leur que prend la surface limee , sont encore des indices
bons à consulter , et celui qui a de l’exercice dans ce genre
de travail , ne se trompe pas d’une grande quantité.
Si le métal allié (de l’argent , par exemple), contient
Un vingtième de cuivre , il faudra employer quatre fois
et demi autant de plomb que de métal allié ; mais s il en
contient 0,20, il faudra en metlre au moins onze parties. T a
quantité de plomb doit augmenter comme le métal chan-
ger; de là, il suit que quelquefois il arrive qu on est
obligé de 11’opérer que sur le demi-gramme, lorsque 1 ar-
gent est tellement chargé de cuivre , qu il exige quinze
ou seize parties de plomb, par exemple, a moins quon
n’emploie dans celte circonstance des coupelles deux à
trois fois plus grandes que pour l’argent , qui ne contient
qu’un vingtième de cuivre ; car les coupelles ne peuvent
guère absorber plus de parties égales à leur poids d oxid«
De l ud rgenl. £63
de plomb ; et alors le surplus resteroit à la surface de
la coupelle ou du bain , ce qui seroit un inconvénient.
Lors donc que la quantité de plomb nécessaire pour
la coupellation de l’espèce d’argent dont on veut con-
noître le litre , a été approximée par les moyens indiqués
plus haut , ou place la coupelle dans la moufle du four-
neau-, on charge ce dernier , et quand on juge que la cha-
leur est suffisamment élevée , ce qui a lieu ordinairement
au bout d’une heure , et ce qu’on reconnoît au rouge légè-
rement blanc des coupelles, on y met le plomb. Dès qu’il
est découvert , et que sa surface est bien brillante, on y
place avec soin , à l’aide d’une pincette , l’argent enve-
loppé dans un cornet de papier : si le plomb est suffisam-
ment chaud, l’argent se fond promptement, la matière
se découvre et s’éclaircit -, I on voit se former des points
plus lumineux que le reste de la matière , se promener
sur la surface , et tomber vers la partie inférieure ; une
fumée s’élève et serpente daus l’intérieur de la moufle.
A mesure que la coupellation avance , la matière s’arron-
dit davantage, les points brillans deviennent plus grands ,
et sont agités d’un mouvement plus rapide.
Il est toujours utile quç^ l’essai soit plus chaud au com-
mencement de l’opération , sur-tout s’il est à un titre bas ;
mais il est dangereux que la chaleur soit trop élevée sur
la fin v on le finit ordinairement ’ à 8° de Wedgwood. II
faut , lorsque les deux tiers environ de l’essai sont passés ,
rapprocher la coupelle sur le devant du fourneau, de
sorte qu il nait justement que la chaleur nécessaire pour
bien présenter tous les signes de l’éclair : on appelle ainsi,
ou encore , fulguration , doruscation , le mouvement ra-
pide dont est agité le' botiton lorsque les dernières portions
564 De l’Argent.
de plomb s’évaporent , et qu’il présente , sur la surface ,
des rubans colorés de toutes les nuances de l’iris. On re-
connoît que l’essai est bien passé , lorsque le bouton de
retour est bien arrondi , qu il est blanc, clair et cristallisé
en dessus , enfin qu’il se détache facilement de la coupelle
lorsqu’il est froid.
Cependant, comme ils est très-difficile, à moins quon
n’ait une très-grande habitude, de saisir ce degré de cha-
leur convenable pour l’essai de tel ou tel argent , il est
toujours sage d’en faire deux essais, qu’on a soin de placer
aux deux côtés de la moufle , afin que les causes de dé-
perdition qui pourroient agir sur l’un n influent pas sur
l’autre, et que l’on puisse conséquemment avoir une ga-
rantie de la justesse de l’opération; si les deux boutons
sont égaux , ou s’ils ne diffèrent que d un millième , par
exemple , on peut regarder l’opération comme ayant été
bien faite; mais, s’il y avoit plusieurs millièmes, il fau-
drait la recommencer jusqu’à ce qu’on fût parvenu à cette
précision indispensable , et s’il s’agit sur-tout de prononcer
6ur le titre d’une grande masse d argent , et d en garantir
le titre par l’application d’un paraphe.
Il n’est pas nécessaire d’avertir qu il faut peser , avec
beaucoup d’exactitude , l’argent que I on soumet à 1 essai ,
car la moindre négligence pourrait apporter plusieurs
millièmes en plus ou en moins., ce qui deviendrait d une
conséquence assez considérable sur de grandes quantités
de matière : il n’est pas moins important de ne pas em-
ployer dans la pesée dp trop petits fragmens de matière ,
parce qu’ils peuvent s’échapper sans qu’ou s en apperçoive
en les enveloppant dans le papier, ou lorsqu’on place le
cornet dans la coupelle , par le courant d air et le pétil-
De l’Argent. 565
lement qui a lieu quelquefois lorsque le papier s’en-
flamme.
La pureté du plomb n’est pas une chose dont la consi-
dération doive être négligée; on conçoit, en effet, que
s il conlenoit des quantités notables d’argent, comme cela
arrive souvent , il apporteroit à la matière une quantité
de fin qui n y existoit pas. Une remarque qu’il ne faut
jamais perdre de vue, c’est qu en général, lorsque l’ar-
gent est a un bas titre , il a besoin d’une chaleur plus
forte, dans le commencement sur-tout, que l’argent fin;
celui-ci, au contraire, exige tout au plus une partie et
demie de plomb, et demande, en même tems , moins
de chaleur vers la fin de la coupellation principalement.
1 els sont les principes que l’on doit suivre pour exé-
cuter avec précision , l’opération de la coupellation de
l’argent.
On n’a point encore examiné avec soin l’alliage du fer
avec l’argent. W allérius prétend que si on allie à parties
égales , l’argent avec le fer , l’alliage a presque la même
couleur que l’argent; il est plus dur, plus roide, assez
ductile et altirable à l’aimant.
L’argent s’allie au cuivre dans toutes proportions.
Le cuivre , uni à l’argent jusqu’à parties égales , n’en
altère pas bien sensiblement la couleur.
Le cuivre doune beaucoup de corps , de roideur et d’é-
lasticité à 1 argent , ên diminuant considérablement sa
ductilité.
C’est le cuivre qu’on choisit pour allier l’argent destiné
à faire la vaisselle et les monnoies : sans cet alliage , l’ar-
gent n’auroit pas assez de dureté pour résister aux diffé-
rens usages.
566 De, V Argent.
L’argent est moins altérable et moins dissol uLIe paf
les acides que la plupart des métaux précédens.
Si l'acide sulfurique n’est pas concentré et bouillant y
il attaque peu l’argent. Dans ce cas , l’acide se décom-
pose , il y a dégagement de gaz acide sulfureux ; 1 ar-
gent est alors réduit en une matière hlancbe sur laquelle
il faut verser de nouvel acide , si on veut l’avoir en dis-
solution.
En faisant évaporer la dissolution d’argent par 1 acide
sulfurique , on obtient un sel avec excès d acide , sous
forme de petites aiguilles , très-àcre et très-caustique.
Ce sulfate se fond au feu, s’y décompose j il se dégage
de l'acide sulfureux, ensuite du gaz oxigène et 1 argent reste
pur.
Si l’on verse dans une dissolution de ce sel , de la po-
tasse ou tout autre alcali , on a un précipité que I on peut
réduire sans addition dans les vaisseaux fermés.
Il est aussi décomposable par le fer, le cuivre, le zinc, le
mercure j etc.
Les hydro-sulfures précipitent l’argent de sa dissolution;
sulfurique en un beau noir.
L’acide muriatique , ainsi que tous les muriates oui la
propriété de décomposer ce sel.
Point d’action de la part de l’acide sulfureux sür l’ar-
gent, il n’agit que sur son oxide.
Quand on veut avoir une dissolution nitrique d’argent
très-pure, il faut se servir d’argent de coupelle, ou mieux de
l’argent obtenu par réduction du muriate d’argent; sans
cette précaution , l’acide nitrique se colore en bleu ou en
vert , ce qui indique qu’il contient du cuivre.
Il est encore essentiel de counoitre la pureté de l’acide
De l'Argent. 56}
nitrique , car s’il contient de l’acicle sulfurique ou mu-
riatique, il se forme un précipité blanc plus ou moins
abondant.
Pour faire cette dissolution, il faut se servir d’un matras
dune grande capacité, car l’action de l’acide nitrique sur
l'argent est très-vive-, il se dégage beaucoup de gaz nitreux,
même sans le secours du calorique.
Lorsque la dissolution est très-chargée , elle dépose des
cristaux minces, brillans, semblables a 1 acide boracique ,
c’est le nitrate d’argent.
Si l'on n’obtient pas de cristaux par refroidissement, on
fait évaporer la dissolution dans une capsule de verre au
bain de sable-, elle fournit alors des cristaux plats qui sont
ou hexagones , ou triangulaires, ou carrés, et qui paroissent
fo més d’un grand nombre de petites aiguilles posées les
unes à côté des autres.
Il a une saveur acide, il est si caustique qu’il tache lepi-
derme en noir, et le corrode entièrement.
Ce nitrate est promptement altéré par la lumière, et
noirci par les vapeurs sulfureuses.
Si l’on met du nitrate d’argent sur des charbons, il fuse
et détonne -, l’acide nitrique se décompose, et il reste une
lame d’argent très-mince , appliquée sur les charbon?.
Si l’on frotte cette lame avec un couteau, l’argent se bru-
nit et reprend son brillant métallique.
Si l’on fait cette décomposition dans une cornue , à l’ap-
pareil pneumato-cliimique , on obtient d’abord de l’acide
nitrique , du gaz oxigène , eusuite du gaz nitreux , et l’argent
reste àl état métallique.
Pour obtenir le nitratoîd’argcnt fondu, ou pierre infer-
163
fie V Argent.
nale des pharmacies , on peut se servir (Tune dissolution
intriqué d’argent au lieu de nitrate cristallisé.
A cet effet, on fait évaporer jusqu à siecité une dissolu-
tion d argent par l’acide nitrique : alors on met cette matière
dans un creuset de platine ou dans une fiole de verre dont
la surfaceestenduite , jusqu’aux trois quarts, de terre jaune.
i» 1 on n emploie pas de l’argent pur, il faut faire cristal-
iser le nitrate d’argent, le dissoudre et cristalliser de nou-
veau. On sépare les eaux mères qui son t bleues , et l’on fait
se cher le nitrate sur du papier joseph, dans lequel s’imbibe
le nitrate de cuivre, à cause de sa déliquescence.
, Le ,Seî Commence par se boursouffler en se liquéfiant r
c est 1 eau de cristallisation qui s’évapore, ensuite bouil-
lonne. Lorsque tous ces phénomènes cessent, la matière
reste dans une fonte tranquille, on la coule dans une lingo-
ùere préalablement graissée , on lui donne ainsi la forme de
petits Cylindres.
La pierre infernale a une couleur grise, blanchâtre,
sur-tout si on ne l’a pas tenue trop longtems sur le feu.
Si l’on casse des cylindres de pierre infernale, on observe
qu’ils sont formés d’aiguilles qui partent en rayons du
centre à la circonférence.
Le nitrate d’argent très-pur et bien cristallisé, n’attire
pas 1 humidité de l’air.
Ce sel est très-soluble dans l’eau ; deux parties d'eau
en dissolvent une; l’eau bouillante en dissout presque son
poids.
Les matières terreuses et alcalines ont la propriété de
décomposer le nitrate d’argent, les alcalis fixes le décom-
posent en partie, et forment un précipité gris qui est l'oxide
daigent. Cet oxide est sensiblement soluble dans l’eau.
De l’Argent. 5fi9
L’ammoniaque n’y occasionne que très-peu de précipite',
qu’il redissout même quand on en ajoute en excès : il se
produit, dans ce cas, un sel triple ammoniaco d’argent.
Celte action donne naissance à une préparation très-
singuliere, appelée argent fulminant , ou oxide d’argent
ammoniacal .
Pour l’obtenir, on prend de l’argent à douze deniers, on
le dissout dans de l’acide nitrique très-pur, on le précipite
ensuite par 1 eau de chaux; on filtre et on laisse sécher le
précipité pendant trois jours à l’air ou au soleil, sur un
papier gris, qui absorbe toute l'eau et le nitrate calcaire.
On verse ensuite sur cet oxide desséché de l'ammo-
niaque bien pure : il se produit un pétillement semblable
à celui de l’extinction de la chaux vive dans l’eau; l’am-
moniaque ne dissout qu’une partie de ce précipité : en
laissant reposer le mélange pendant dix à douze heures ,
il se forme à sa surface une pellicule brillante qu’on redis-
sout avec de nouvelle ammoniaque , et qui ne paroît pas si
l’on met beaucoup de cet alcali dès la première fois : on
décante la liqueur; et l’on dépose sans secousse le préci-
pité noir qui en occupe le fond, sur de petits morceaux
de papier gris, où on le distribue de manière à ce qu’il soit
peu abondant sur chacun. Ce précipité encore humide ful-
mine avec violence, quand on le frappe avec un corps dur;
s il est sec, il suffit de le toucher ou de le frotter légèrement
pour le faire fulminer.
La liqueur décantée de dessus ce précipité, chauffée
dans une cornue de verre, fait effervescence, donne du
gaz azote, et se remplit bientôt de petits cristaux opaques,
bnllans , comme métalliques, qui fulminent quaud on les
touche, quoique couverts de liqueur» et qui, d’après
5 7 o De l’Argent.
l'observation de M. Fourcroy , brisent même souvent les
vaisseaux avec violence.
Il faut prendre les plus grandes précautions pour la
préparation de cet oxide , car il détonne avec une facilité
extrême.
Cette détonnation est due à la décomposition de l'am-
moniaque et de b oxide , car l’hydrogène de 1 ammoniaque
se combine avec l’oxigène de .1 oxide, et 1 azote se dégagé.
C’est à M. Berthollet que l’on doit cette expérience.
M. Howard a annoncé avoir découvert un argent dé-
tonnant qu'il prépare de la même manière que le mercure
fulminant.
M. Figuier , de Montpellier, a indiqué depuis un autre
procédé ; il consiste à faire dissoudre 100 grains d’argent
dans 4 onces d’acide nitrique à 3a°, au bain de sable, à
verser dans la dissolution encore chaude 4 oneçs d alcool,
qui donne, au bout de quelque tems, un précipité blanc,
cristallin que l’on fait sécher à l’ombre.
M. Descostils a décrit les caractères de cette substance,
il lui a reconnu les propriétés suivantes : peu altérable à la
lumière-, s’enflammant avec détonnation vive par la chaleur ,
parle choc et par l’étincelle électrique ; peu soluble dans
l’eau; s’enflammant par l’acide sulfurique concentré-, dé-
composée par l’acide muriatique d’où on peut en retirer 0,7 r
d’argent métallique. L’acide nitrique le décompose à laide
de l’ébullition, et le convertit en nitrate d'argent et en
nitrate d’ammoniaque. L'hydrogène sulfuré y forme un
sulfure d’argent ; 1 ammoniaque et la matière végétale
restent dans la liqueur. On en précipite par la potasse de
l’oxide noir d’argent, et on en dégage de l'ammoniaque.
Il tue promptement les animaux, et pareil être un des
De V Argent. 5-j r
poisons les plus violeas que nous présentent les combi-
naisons métalliques.
Plusieurs acides décomposent le nitrate d’argent; si
l’on met dans un verre de la dissolution d’argent par
l’acide nitrique , on verse goutte à goutte de l’acide sulfu-
rique : il se fait sur-le-champ un précipité blanc pulvé-
rulent , c’est un sulfate d’argent. Les sulfates produisent le
même. effet.
L’acide muriatique et ses combinaisons présentent des
phénomènes analogues.
Si l’on verse un hydro-sulfure dans une dissolution de
nitrate d’argent, l’argent est précipité en noir.
La plupart des matières métalliques sont susceptibles de
décomposer la dissolution nitrique d’argent. La sépara-
tion de ce métal par le mercure , à cause du phénomène
qu’il présente, a été appelée arbre de Diane.
On conuoît plusieurs procédés.
Lémerj a prescrit une partie d’argent fin dissous dans
de l’acide nitrique foible ; on étend ensuite cette dissolu-
tion avec environ vingt parties d’eau distillée, et on y
ajoute deux parties de mercure.
»
Hombcrg a conseillé de faire un amalgame à froid do
quatre parties d’argent en feuilles avec deux parties de
mercure ; de dissoudre ensuite cet amalgame dans une
suffisante quantité d’acide nitrique , et de délayer la
dissolution dans 3.1 fois le poids des métaux d’eau dis-
tillée.
Si l’on met dans cette liqueur une petite boule d’un
amalgame d’argent mou , la précipitation de l’argent a lieu
presque sur-le-champ.
Baume a décrit un procédé qui réussit plus sûrement.
î>75 De l'Argent.
On mêle ensemble six parties de dissolution d’argent,
quatre de dissolution de mercure , toutes deux faites par
l’acide nitrique et parfaitement saturées. Ou leur ajouLe
un peu d’eau distillée, ou met ce mélange dans un vase
conique, dans lequel on a mis auparavant six parties d’un
amalgame fait avec sept parties de mercure , et une partie
d’argent.
Au bout de quelques heures , il se fait à la surface
de la petite masse d’amalgame, une végétation en forme
de buisson.
Le mercure contenu dans la dissolution , attire celui de
l’amalgame , l’argent contenu dans cette dernière , agit
aussi sur celui qui est tenu en dissolution, et il résulte de
ces attractions une précipitation plus prompte de largent.
Le mercure qui fait partie de l’amalgame étant plus abon-
dant qu il ne seroit nécessaire pour précipiter l argent de
la dissolution , produit encore un troisième effet , c’est
qu’il attire l’argent par l’affinité et la tendance qu’il a à
se combiner avec ce métal.
L’argent précipité par le cuivre , est une opération
qu’on pratique le plus souvent dans les atteliers monétaires
et dans ceux des orfèvres.
On met dans un vase de verre de la dissolution d’ar-
gent. On l’affoiblit avec son poids égal d’eau distillée : on
plonge dans cette dissolution des lames de cuivre; largent
se sépare sur-le-champ en flocons d’un gris blanchâtre. On
lave ce précipité à plusieurs eaux : on le fond avec du
salpêtre dans un creuset, ou on le passe avec du plomb à
la coupelle , pour en séparer une portion de cuivre qui s'y
trouve presque toujours unie.
De V Argent. 5^5
L’argent que fournit cette operation est ordinairement
très-pur.
Si l’on verse dans une dissolution de nitrate d’argent de
l’arseniate de potasse , l’argent se précipite en s’unissant
à l’acide arsenique, et prend une couleur rougeâtre qui
imite la mine d’argent rouge.
Lorsque la dissolution d’argent n’est pas parfaitement
saturée, il n’y a pas de précipité.
L’acide muriatique n’a aucune action sur l’argent à l’état
de métal -, mais il s’unit à son oxide.
Pour se procurer le muriate d’argent , on décompose
le nitrate par l’acide muriatique , ou par le muriate de
soude.
Le précipité blanc qui se forme sur-le-champ, est le mu-
riate d’argent.
Si l’on verse de l’acide muriatique oxigéné sur des
feuilles d’argent, l’argent s’oxide aux dépens de l’oxi-
gène de l’acide muriatique oxigéné. L’oxide formé se com-
bine ensuite avec l acide muriatique.
Le seul contact de la lumière fait brunir le muriate.
Exposé sur un feu doux dans une fiole, il se fond en
une substance grise demi - transparente , assez semblable
à de la corne -, c’est pour cela qu’on l’a appelé lune
cornée.
Ce muriate se sublime en partie, et si l’on le chauffe for-
tement dans un creuset, il devient extrêmement fondant;
il filtre comme à travers un réseau ou canevas , et se perd
dans le feu. On trouve dans ce cas un peu d’argent réduit
et disséminé en globules dans la portion de muriate fondu
qui reste encore.
Si , lorsqu’il est fondu , on le coule sur un porphyre , il
5 7 4 De l’Argent
se fige en une matière friable, et comme cristallisée en
belles aiguilles.
Ce sel est insoluble dans l’eau.
Pour décomposer le muriate d’argent, on le mêle avec
quatre parties de potasse ou de soude-, on met ce mélange
dans un creuset, et on le fait entrer en fusion. Lorsque le
mélange est bien fondu, on le laisse refroidir, on le casse,
et on sépare l’argent du muriate formé. Quand on fait
la fonte promptement, tout le muriate est bien décom-
posé.
Ce procédé donne l’argent le plus pur.
Si l’en verse sur le muriate d’argent de 1 ammoniaque
caustique et liquide, cet alcali dissout le muriate. Cette
dissolution très-claire et sans couleur éprouve un change-
ment très-remarquable lorsqu’on la laisse exposee à 1 air.
A mesure que l’ammoniaque s’en exhale dans 1 atmos-
phère, il se forme à sa surface ur.e ptllicule qui prend une
couleur bleuâtre ou irisée très-brillante-, c’est du muriate
d’argent contenant un peu de métal réduit.
On ne connoît pas bien l’action des autres acides sur
l’argent; il en est cependant plusieurs qui le dissolvent
à l’état d’oxide; tels que les acides phosphorique , fluo-
rique et carbonique. Pour combiner l’acide boracique et
phosphorique à l’oxide d’argent , on verse sur sa dissolu-
tion nitrique une dissolution d’un borate ou phosphate
alcalin. Le borate d’argent se précipite en poudre blanche
très-lourde et le phosphare en jaune.
Le fluate d’argent est très-soluble dans l’eau. Sa solu-
tion est décomposée par l acide muriatique. Ce phénomène
a conduit Schèele à faire counoîtrc la nature particulière de
l’acide fluorique.
L’acide lungslique enlève l’oxide d’argent au nitrate de
ce métal. On n’a point encore examiné les propriétés de ce
sel; il en est de même avec l’acide molybdique.
L’acide chrômique s’unit à l’oxide d’argent. Si l’on verse
du chrômale de potasse dans la solution nitrique d’argent,
il se produit un précipité pulvérulent, du plus beau rouge
de carmin, qui devient pourpre par son exposition à la
lumière. Chauffé au chalumeau, il se fond avant que le
charbon qui le supporte ne s’enflamme; il prend un aspect
noirâtre et métallique. Pulvérisé dans cet état, il est encore
pourpre ; mais dès qu’on le chauffe avec la flamme bleue
de la bougie dirigée par le chalumeau, le sel prend une
couleur verte , et l’argent s’en sépare en globules dissé-
minés dans la masse. L’acide chrômique décomposé par
l’hydrogène de la flamme bleue, repasse à l’état d oxide
vert , et l’oxide d’argent est réduit.
Le nitrate de potasse n altère pas l’argent; mais si l’ar-
gent est allié avec un autre métal , ce sel fuse et détonne
avec la matière métallique étrangère, et la réduit à l’état
d’oxide.
On se sert de ce moyen pour préparer le cuivre, le
plomb, etc., qui peuvent être unis à l’argent.
Les usages de l’argent sont trop multipliés pour entrer
dans des détails sur cet objet.
De l'Or.
076
CHAPITRE XXV.
De V Or.
L’on se trouve toujours à l’état métallique; sa couleur
jaune, et sa malléabilité le font distinguer assez facilement
de tous les autres métaux; mais il est quelquefois tellement
enveloppé et en si petite quantité dans ses gangues, qu’il
faut recourir à des moyens chimiques pour le découvrir.
Ces moyens consistent à broyer avec du mercure le mi-
nerai; on fait ensuite sublimer le mercure, et l’or reste.
L’or appelé soleil par les anciens n’est pas très-élasti-
que , ni très-dur; mais sa ductilité surpasse celle de tous les
autres métaux : on peut 1 avoir sous la forme de lames, de
feuilles très-minces dont huit pèsent à peine un grain.
Sa ténacité 11’est pas moins grande; un fil d'or très-fin
peut supporter un poids très-considérable.
Il 11’a ni saveur, ni odeur; il est d’une couleur jaune
brillante ; il est bon conducteur du fluide électrique.
L’or est presque toujours dans le sein de la terre, tantôt
sous forme pyramidale, quelquefois en lames disséminées
dans une gangue : enfin , on le trouve encore en grains dans
les pyrites.
Il est sous la forme de petites masses isolées de lames 1
de filets ou de grains, au Pérou, en Afrique, en France,
en Allemagne. On le trouve aussi en parcelles renfermée»
dans une gangue pierreuse , presque toujours de quartz f
quelquefois de jaspe, etc. Le Pérou , le Mexique, le Brésil
la Sibérie, la Hongrie, la France, etc. l’offrent particulière-
ment dans cet état.
On le trouve disséminé sous forme de paillettes dans
les sables siliceux, argileux et ferrugineux de certaines
qdaines , et dans le sable d’un grand nombre de rivières.
Sa pesanteur spécifique est de 19,2572 à i9,300.
L’or fond un peu après qu’il est rouge. M. Guyton
a déterminé sa fusion à 3a degrés du pyromètre de
J'Pedgwood.
Si on laisse refroidir lentement de l'or fondu, il cristallise
en pyramides quadrangulaires courtes.
L’or s’oxide très-difficilement; il lui faut une I|lg
grande chaleur, et un tems beaucoup plus long qu’aux
autres substances métalliques.
En 1 exposant entre deux cartes à une forte commotion
électrique, on l’obtient à l’état d’oxide purpurin.
Expose a l’air, mis en contact avec l’eau, nul chan-
gement. •
L’or ne contracte pas d’union avec l’azote, l’hydrogène
e carbone, l’oxide de carbone et le soufre.
Le phosphore se combine avec l’or; pour préparer le
ahosphure d’or, on fait un mélange d’une demi-partie d’or
le départ en poudre, d’une partie de verre phosphorique ,
:t d environ un huitième de charbon; on met le tout dans
»n creuset, en recouvrant la matière d’un peu de poudre
le charbon; on donne ensuite \m coup de feu assez fort
*ôur faire entrer l’or en fusion : il se dégage pendant l’opé-*
aüon beaucoup de vapeurs de phosphore ; mais il en reste
une petite quantité unie à l’or.
Lor se réunit au fond du creuset, et ne conserve point
578 Dé l'Or.
son état naturel; il est plus blanc, se brise sous le marteau,
et a une apparence cristalline.
Il faut avoir soin de ne pas continuer trop longtems le
feu , car on trouverait l’or au fond du creuset sans aucune
altération.
L’or et le soufre bien purs ne s’unissent pas; mais si 1 on
ajoute du fer, l’union a lieu : ce qui explique la présence
de l’or dans tes pyrites.
On peut aussi, par le moyen du soufre, séparer de 1 or
les métaux qui peuvent lui être unis.
Si l’on a, par exemple, une petite quantité d’or unie à
beaucoup d’argent, on fait fondre dans un creuset 1 argent
allié d’or; on projette à sa surface du soufre en poudre : une
partie du soufre se brûle; mais 'la plus grande partie se
combine avec l’argent.
Les sulfures alcalins dissolvent l'or; on peut retirer 1 or
de cette solution , en exposant le résidu de L'évaporation au
feu : l’or se fond, et occupe la partie iuférieure du creuset,
tandis que le sulfure reste au-dessus.
Pour faire cette opération, on fait fondre un mélange de
parties égales de soufre et dépotasse avec un huitième du
poids total d’or en feuille. On coule cette matière sur un
porphyre, on la pulvérise, on y verse de l’eau distillée
chaude ; elle forme une solution d’un vert jaunâtre, qm
contient un sulfure de potasse aurilere.
L’or s'allie très-bien a\£C la plupart des substances mé-
talliques, et il donne différentes couleurs, selon les pcopoi-
tions de l’alliage.
L’arsenic s’unit à l’or. Quand on veut separer 1 arsenic,
il faut un fort coup de feu; quelquefois même il iaul y
De l’Or.
ajouter quelques matières inflammables pour enlever les
dernières portions darse nie.
L'arsenic rend l’or aigre et cassant, il en pâlit beaucoup
la couleur : lorsqu’il se dissipe, il entraîne presque toujours
un peu d’or avec lui. *
Cronstedt a combiné l’or avec le nickel; il résulte une
masse métallique, blanche, aigre et cassante. Il dit qu’on
peut en séparer l’or par le moyen de l’acide nitrique.
On ignore les moyens d’allier l’or au cobalt et au man-
ganèse.
Le bismuth s’unit très-bien à l’or : ce métal rend l’or
aigre et cassant.
L’antimoine allié d’un peu d’or, est moins cassant qu’il
ne l’est ordinairement.
Lorsque l’or est en plus grande quantité, l’alliage est aigre
et cassant.
Ces deux métaux peuvent, être séparés facilement Pu ri
de l’autre par l’action du calorique; l’antimoine se volatilise,
et l’or reste fixe.
Si 1 or est allié avec quelques autres substances métal-
liques, le sulfate d’antimoine a la propriété de séparer l’or.
On fait fondre ensemble de l’or avec deux parties de
sulfure d’antimoine. Lorsque le mélange est en parfaite
fusion, on tire le creuset du feu , on le laisse refroidir ;
on trouve un sulfure formé, avec les métaux étrangers, à
la partie supérieure, et l’antimoine au fond du creuset
uni à l’or.
On sépare ensuite l’or d’avec l’antimoine, en le chauffant
jusqu’au rouge blanc; l’antimoine se volatilise.
L’or a une très-grande affinité avec le mercure : et»
dernier y adhère avec force et le blanchit sur-le-champ.
•5&o De l’Or.
Pour faire cet amalgame, on met dans un mortier de
marbre une partie d’or en feuilles et sept parties et demie
de mercure; on triture ce mélange avec un pilon de verre
jusqu’à ce que l’amalgame soit bien fait.
L’action du calorique peut séparer l’or du mercure; le
mercure se volatilise.
On parvient à oxider facilement l’or , lorsque ce Aétal
est uni au mercure.
On met du mercure avec un 48e de sob poids dor, dans
un malras- à fond plat, dont on a tiré le col à la lampe d é-
anaillcur. On chauffe ce mélange dans un bain de sable; les
deux matières métalliques s’oxident : elles se changent en
xme poudre foncée.
Parties égales d’or et de zinc, fondues ensemble, don-
nent un métal extrêmement aigre, très-dur, et qui est très -
propre à faire des miroirs de télescopes, par le brillant et
'le poli que prend ce métal.
Ce mélange est compacte dans sa cassure; son grain est
très-fin et blanchâtre.
On peut séparer l’or allié de zinc par l’action du calo-
rique;^ zinc passe à l’état d’oxide : mais, comme il en-
traine toujours un peu d’or avec lui, 1 oxide de zinc est
rougeâtre.
Ou peut encore mettre cet alliage dans de l'acide nitrique,
qui dissout le zinc sans toucher à l’or.
L’étain et le plomb ont la propriété de rendre l’or aigre
çt cassant.
On peut unir par la fusion l’or au fer.
Parties égales d’or et de fer, ou d’acier, forment une
ruasse grise, tuais trois ou quatre parties de 1er sur une d or,
De l'Or. 58 f
forment un métal d’un blanc à-peu-près semblable à celui
de l’argent.
Le mélange qui en résulte, est d’une dureté considérable-
Le cuivre s allie très-bien à loi-, et lui donlie plus de
dureté et plus de fusibilité : voilà pourquoi la loi autorise
l’alliage d’un onzième de cuivre dans les ouvragés d’orfè-
vrerie. Le cuivre sert aussi de soudure à l’or-, il e.sti mployé
dans les monnaies. Les ducats d’Hollande ne contiennent
que très-peu de cuivre, aussi sont-ils extrêmement mous.
L or et l’aigent s’unissent très-bien dans toutes proportions.
Ces métaux alliés paraissent perdre fort peu de leur
ductilité; mais ils acquièrent de la roideur et de l’élasticité.
Une vingtième partie d’argent rend l’or sensiblement pale.
Quoiqu’il faille faire subir à l’or l’opération de la coupel-
lation, pour en conuoître exactement le titre , cependant ,
si l’or 11e contenoit pas d’argent, on ne parviendrait que
difficilement, ct avec beaucoup de peine, à en séparer les
métaux élraugers qui y seroievft alliés, et en particulier le-
cuivre, car il adhère si fortement à l’or, qu’il ne lui est
permis qu’avec une extrême difficulté de s’oxider et de se
vitrifier avec l’oxide de plomb. Ainsi au lieu de mettre-
simplement l’or avec le plomb dans la coupelle, on y mêle
de l’argent, dont la quantité doit varier suivant le titre pré-
sumé de l’or; titre que l’on apprécie, non-seulement par les
moyens indiqués à 1 article de l’argent, mais encore par
1 essai à la pierre de louche, en le comparant avec des alliages
dont le titre est connu.
Lorsque 1 or est fin, c’est-à-dire, qu’il contient par-
exemple, 997,998,999 parties de fin , sur 1000, la quan-
tité d argent à ajouter doit cire de 3 parties , et c’est ce
qu’on appelle inquartation ^ mais s'il recèle 2oo,25o,3oo
582
De l’Or.
p&rtics de cuivre, 2 parties d’argent fin suffisent: s il est
nécessaire que la quantité d’argent diminue eu raison
inverse de la pureté de l’or , le plomb au contraire doit
s’élever dans la raison opposée ; il est aise de sentir , eu effet ,
que, quand l’or est fin ou presque fin , le plomb est véri-
tablement plus utile pour favoriser la fusion de l’or et de
l’argent , que pour l’affinage de l’or ; mais il n’en doit pas
être de même, lorsque l’or contient beaucoup de cuivre-,
et si, par exemple , U est à ;)5o millièmes de fin, 24 fois
son poids de plomb sont nécessaires à sa purification, et
ainsi proport 1 on n citerne n t.
Quant à. l’essai de l’or fin, comme il n’exige pas une si
grande quantité de plomb, il peut être fait sur le gramme-
entier-, mars celui de l’or bas, par la raison contraire, ne
peut avoir lieu que sur un demi-gramme, à moins d em-
ployer une coupelle deux fois plus grande.
L’essai de l’or a besoin d’une plus grande chaleur que
celui de l’argent ; mais heureusement il ne craint point
cette épreuve , et il ne se sublime pas comme l'argent.
Après donc avoir pesé l’or, avec les précautions requises y
on l’enveloppe dans un cornet de papier , avec la quautité
d’argent convenable, et on le place dans la coupelle ou
le plomb doit être bien découvert et bien chaud ; alors ,
l’or et l’argent se fondent , et les phénomènes qui ont été
décrits pour l’argent, .ont également lieu ici. Les précau-
tions que nous avons recommandées pour l'essai de l'argent,
ne sont pas nécessaires ici ; c’est-à-dire, qu'il est inutile ,
et quelquefois même nuisible, de rapprocher vers la fin
la coupelle sur le devant de la moufle , et quon 11e risque1
point en retirant le bouton encore rouge du fourneau ,
qu’il roche comme le bouton d’argent. Cependant , il est
De l'Or. 583
toujours prudent de le laisser un peu refroidir -, car, à
la rigueur, il peut aussi végéter, et alors l’essai seroit
manqué. Quand l’essai est bien passé, et qu’il est refroidi ,
on.l’applatit sur l’enclume à petits coups de marteau -, on le
recuit, soit en le plaçant sur un charbon au feu de lampe ,
soit à travers les charbons allumés, soit enfin en le plaçant
dans la moufle du fourneau de coupelle , en prenant garde
qu’il ne fonde; on le passe ensuite au laminoir, pour lui
donner la forme d’une lame d'un quhrt de ligne tout au
plus d épaisseur : on recuit une seconde fois cette lame
métallique, et on la roule sur elle-même en forme de
cornet.
Le laminage et le recuit sont deux opérations néces-
saires au succès de l’essai , et qui exigent quelques pie-
cautions. i°. La lame ne doit être ni trop mince , ni trop
épaisse; dans le premier cas, on courroit risque que par
le mouvement que lui communique l’eau forte, avec la-
quelle on la fait bouillir, elle ne se brisât : ce qui apporte-
ront des difficultés pour l’exactitude de 1 operation. Dans
le second cas , au contraire, il y auroit à craindre que 1 é-
paissenr trop considérable de la lame , ne peimit pas a.
l’eau forLe de pénétrer jusqu’à son centre , et d’enlever
jusqu’à la dermere molécule d argent ; 2°. le lecuit de la
lame , en même tems qu’il lui donne plus de liant , et fa-
cilite sa circonvolution autour d’elle-même , sans se bri-
ser ni se gercer , ouvre les pores du métal , que la pression
du laminoir avoit resserrés, et favorise par là 1 action de
l’eau forte.
Ces dispositions ayant été prises, on met le cornet dans
un petit matras en forme de poire, c’est-à-dire, dont le
* col va en diminuant insensiblement , depuis la panse
584 De l’Or.
jusqu à 1 extrémité-, on verse par dessus de l'eau forte pure
a 22 degrés , jusqu a ce que le matras , qui contient ordi-
nairement 3 onces , soit à moitié ou aux deux tiers plein :
on le place ensuite sur les charbons allumés , couvçrts
d une légèie couche de cendre , afin d’éviter que , par une
chaleur trop brusque, le vase ne casse; depuis 1 instant
où la liqueur entre en ébullition, jusqua celui où l’opé-
îation doit être finie , i5 a 20 minutes sont nécessaires :
cette opération s’appelle départ. Pendant qu’elle a lieu ,
il se dégage une vapeur rouge qui est l’effet de la dis-
solution de l’argent par l’acide nitrique ; le cornet change
de couleur; il devient brunâtre , il perd de sa solidité et
de sa consistance ; ce qui est facile à concevoir. Lorsque
l’eau forte a ainsi bouilli pendant vingt minutes sur lor,
on décante avec soiu la solution , en prenant garde que
le cornet ne tombe ; on y remet environ le 5 d'acide pour
enlever les dernières portions d’argent qui pourroient
rester encore dans l’or. On. fait bouillir une seconde fois
pendant 7 à 8 minutes ; on décante celte nouv elle eau forte
comme la première, et ou remplit le matras d’eau distillée
ou de rivière bien pure.
On place alors un pelit creuset à recuire sur l’ouverture
du matras ; et l’on renverse avec beaucoup de précaution
ce matras, de haut en bas ; par ce moyen , le cornet des-
cend dans le creuset à travers l'eau qui supporte- une
Partie de son poids et Fempcche de se briser : on élève
ensuite un peu le matras , et on le retourne avec célérité
et dextérité , de manière que l’eau n’ait pas le teras de
tomber en as.^ez grande quantité pour remplir le creuset
et renverser par dessus les bords; on verse l’eau du creuset
en picnanf gai de -de laisser échapper le cornet; Ou quelques
k
k
* - •“* f s c >
De VOr. 585
fragmens qui pourroient s’en détacher, et on fait recuire le
cornet dans le creuset couvert, au milieu des charbons , ou
sous la moufle du fourneau de coupelle.
Le cornet qui avoit, au sortir de l’eau forte , une couleur
brune de cuivre oxide , une fragilité très-grande, diminue
de volume, devient ductile, et recouvre sa couleur et son
éclat métallique par cette operation. La seule chose qui
reste à faire alors pour conduire l’essai à sa fin, c’est de
peseï le cornet , pour déterminer le titre de la matière
essayée par la diminution qu’il a éprouvée-, quoique les
essais d or ne soient pas si sujets à perdre que les essais
d aigent , uéanmoius il est bon de les faire doubles ;
et lorsque les deux cornets sont parfaitement égaux ,
on peut être assuré que l’opération est bien faite; mais
s il y avoit entre eux une différence sensible , il faudrait
recommencer.
On na jusqu ici parle que de deux cas , les plus com-
muns à la vérité ; savoir , de l’alliage de l’argent avec le
cuivre , et de 1 alliage de 1 or avec le même métal ; mais
il en est encore deux autres qui méritent aussi quelques
considérations; 1 uu , c est loi’sque dans une grande quan-
tité d’argent il ne se trouve qu’une très-petite quantité
d or ; c çst ce qu on appelle du doré , et l’essai qu’on en
fait se nomme esscu de doré; 1 autre, c’est que daus une
grande quantité d or ii existe une petite portion d’argent
qu il faut déterminer. S il n y avoit que ces deux métaux
allies dans les cas que nous venons de citer, l’essai en
seroit but simple; il suffiroit de faire dissoudre le pre-
mier dans 1 eau forte pure, et d’ajouter de l’argent au
deuxieme, pour eu taire ensuite le départ ; mais , presque
toujours, il y a en même lents avec eux une certaine
586 De l'Or .
quantité de cuivre, qu’il faut enlever par la coupellation:
si c’est du doré, par exemple , que l’on ait à essayer, il
ne sera pas nécessaire d’y ajouter de l’argent ; mais il
faudra , après l’avoir déterminé par approximation , a l’aide
des moyens exposés ci-dessus, y mettre la quantité de
plomb convenable , et procéder à la coupellation comme
pour les essais d’argent ordinaire ; mais quoiqu’ils con-
tiennent de l’or , il faut bien se garder de donner aussi
chaud que pour l’essai de ce métal , le seul qu on ait alois
en vue , tandis qu’ici il faut nécessairement counoitre les
quantités relatives d’or et d’argent qui composent le lingot
doré. Lorsque le bouton est passé avec toutes les con-
ditions qui caractérisent un bon essai , on en fait le retour
avec soin à la balance , et on prend note de son poids ,
lequel donne la quantité d’alliage qu il conlenoit •, on ap-
platit ensuite le bouton sous le marteau , on le fait recuire ,
et on le met dans un petit matras en poire à ouverture
étroite; on verse par dessus de l’eau forte |*ire , à vingt
ou vingt-deux degrés , et on fuit légèrement bouillir jusqu a
ce qu’il ne reste qu’une poussière an fond de la liqueur:
alors on laisse reposer pendant quelque teins pour que les
parties de l’or se rassemblent au fond ; on décante ensuite
la liqueur claire avec beaucoup de précaution ; ou remet
une nouvelle dose d’eau forte plus concentrée que la pre-
mière, et on le' fait encore bouillir pendant quelques mi-
nutes ; après avoir laissé déposer la poussière d or , ou
verse l’eau forte comme la première fois ; on remplit le
matras d’eau pure ; ou renverse l’ouverture du malras dans
un petit creuset à recuire , et lorsque toutes les particules
d’or sont descendues dans le creuset, ce qu’on accélère en
frappant doucement sur le matras , ou élève légèrement ce
De l’Or. 587
i
Tnsc et on ît? retourne avec bcâticoup d sltcnlion ^ pour
ne uas donner un trop grand mouvement à 1 eau , et ne
pas faire sortir l’or du creuset avec l’eau , qui indubitable-
ment l’entraîneroit.
On laisse également reposer l’or au fond du creuset ;
on agite même de quelques légers coups ce vaisseau , pour
faciliter la précipitation de l’or , en le détachant de ses
parois remplies d’aspérités qui le retiennent-, alors on dé-
cante l’eau très-doucement, et on fait recuire le métal
comme il a été dit a l article de 1 esscii de lot .
La quantité d’or obtenue donne celle de l’argent, puis-
qu’on connoissoit auparavant celle des deux métaux-, il
suffit donc de la soustraire de la somme totale.
Quaut au cas où de l’or contiendroit de l’argent , dont
on désirerait avoir le rapport , après l’avoir estimé à-peu-
près par la pierre de touche , il faudroit y ajoutei la dose
d’argent capable de former 1 inquartation, et le coupellei
avec la quautité de plomb couvenahle , d’après l’indice
acquis de la quantité d’alliage qu’il contient, peser le
bouton de retour , et agir du reste comme pour l’essai de
l’or ordinaire-, il faut ici seulement défalquer, de la quan-
tité d’argent trouvée par le poids de 1 or , celle de 1 aigent
que l’on y a mis.
Ceux qui desireroient avoir sur la coupellation de l’or
et de l’argent des détails que je ne puis présenter ici ,
peuvent consulter un ouvrage de M. V auquehn , intitulé :
Manuel de L’Essayeur , in-4° , chez Bernard.
Parmi les acides , il n’y a que l’acide nitreux , nitro-
muriatique , muriatique oxigéné , et l’acide chrômo-muria-
tique , suivant M. / auquelin , qui aient quelqu action
sur l’or.
588 . De l'Or .
L’acide nitreux a la propriété, suivant M. Deycux ,
de* dissoudre une petite quantité d’or.
L;acide muriatique oxigéné dissout ü'ès-bien l or sans
aucune effervescence.
Mais le vrai dissolvant de l’or est l’acide nitro- mu-
riatique , eau régale. Dans sa dissolution , il se dégage
du gaz nitreux ; l’or s’empare d’abord de l’oxigène de
1 acide nitrique ; ensuite cet oxide d’or est dissous par
lacide muriatique.
Si l’on faic rapprocher cette solution , qui est jaune ,
on obtient un muriate d’or, également jaune, cristallisé en
prisme ou en ootuèdre.
Chauffé doucement dans une cornue, le muriate d or
se sublime en partie ; le reste de l’or est sous une forme
poreuse. C’est un poison violent ; il attire 1 humidité
de l’air.
Le phosphore , le gaz hydrogène et l’acide sulfureux
décomposent la solution muriatique d’or.
La solution d’or est décomposée par la chaux et la
#
magnésie ; l’or se précipite sous la forme d’une pondre
jaunâtre, qui acquiert à l’air une couleur plus foncée.
Les alcalis ont aussi la propriété de décomposer le mu-
riate d’or; il se forme des sels triples ; souvent on obtient
un précipité de couleur jaune. Si l’on met trop d alcali .
la liqueur prend une légère couleur purpurine , et le pré-
cipité se forme plus difficilement.
On peut dissoudre facilement, le précipité obtenu par
le, s alcalis dans les acides sullurique , nitrique et mu-
riatique.
Si l’on verse dans une dissolution d’or de la liqueur
De l'Or. 589
des cailloux , potasse silicée , l’or est précipité en jaune
pâle ; mais , en le chauffant , il devient d’un assez beau
pourpre.
Avec l’ammoniaque, une partie de cet alcali s’unit
avec l’acide muriatique , et l’autre se combine avec l’oxide
d’or, pour former l 'oxide d’or ammoniacal ou or ful-
minant.
Pour le préparer , on étend une solution de mu-
riate d'or de trois ou quatre fois son poids d’eau dis-
tillée j on y verse de l’ammoniaque caustique peu- à-peu ,
et jusqu’à ce qu’il ne se fasse plus de précipité, en ayant
soin de qe point en ajouter plus qu’il n’en,faut , car l’ex-
cédant dissout facilement l’oxide suspendu dans la liqueur.
On le lave avec soin , et ou le fait sécher sur des papiers
à l’air-, puis on le renferme drfns des vaisseaux bouchés
de linge ou recouverts de simple papier.
Si l’on met sur une lame de couteau une très-petite
quantité d’or fulminant , et qu’on le fasse chauffer légè-
rement , il s’enflamme et produit une explosion violente.
L’oxigène de l’oxide d’or s’empare de l’hydrogène et
forme de l’eau qui, portée subitement à l’état de vapeur,
fait explosion-, le gaz azote se dégage, et l’air reste pur;
on le trouve incrusté sur la lame du couteau sur lequel
on fait l’expérience.
M. Berlhollet a prouvé qu’en chauffant ce sel dans des
tubes de métal , on obtenoit du gaz azote, quelques gouttes
d’eau , et que l’or étoit réduit à l’état métallique.
Pour ôter à ce sel la fulmination, M. Darcet mit
tremper de l’or fulminant dans de l’huile, et il poussa la
mélange au feu dans un creuset.
L or fulminant est soluble dans uu excès d’alcali,
I
690 De l Or.
L’or est précipité de ses dissolutions par tons les corps j
qui ont plus d’affinité avec l’oxigène qu’il n’en a lui-
mèrae.
Avec l’acide sulfureux, on forme de l’acide sulfurique,
et l’or se précipite.
C’est à-peu-près par le même moyen qu’on prépaie
dans les manufactures de porcelaine , le précipité pourpre
de Cassius.
A cet .effet , on précipite l’or de sa dissolution uilro-
muriatique par une solution de muriate détain receci ,
très-étendu , il se fait un précipité pourpre.
Les expériences de Pelletier ont prouvé pourquoi la
précipitation de l’or n’a pas lieu avec le muriate d étain
au maximum.
On obtient aussi un précipité de Cassius en mettant
une lame d'étain dans une solution d’or-, 1 étain, comme
dans l’expérience précédente , enlève l’oxigène à la
solution.
De môme les sulfites alcalins et le sulfate de fer
vert ne précipitent la solution d or , que parce que ces
substances sont susceptibles de s’unir à une plus grande
quantité d’oxigène , et qu’elles s'emparent de celui qui
étoit uni à l’or, et à la faveur duquel il étoit tenu en
solution.
Le sulfate de fer vert, versé dans une solution d’or
cuivreuse , est un très - bon moyen de séparer l’or du
muriate de cuivre. On lave le précipite , on le fait chauffer
un peu , et on le traite par l’acide muriatique pour enlever
une quantité de fer qui sc précipite toujours en même tems.
Plusieurs substances métalliques ont la propriété de sé-
parer l’or de sa solution.
De fOr.
Le plomb et l’argent le précipitent en un pourpre sale
et foncé.
Le cuivre et le fer le séparent avec son brillant mé-
tallique.
L éther est encore un moyen de retirer l’or de sa
solution -, c’est ainsi que le général Lamotte préparait
ses gouttes.
La dissolution d’or appliquée sur les os ; l’ivoire,
les plumes , et sur les matières végétales , telles que le
linge , etc. , y laisse une tache d’un rouge pourpre qui ne
s’efface point-, sur la peau, la dissolution laisse de même
des taches pourpres qui durent plusieurs jours : elles de-
viennent ensuite brunes , presque noires.
Quand on veut préparer l’or en chiffons , on plonge de
vieux linges fins et très-propres dans une solution d’or,
et lorsqu’ils en sont bien imbibés , on les fait sécher et
biùler dans un creuset. Il reste une cendre de couleur
pourpre foncée.
On se sert de cette poudre , appliquée au bout d un bou-
chon de liège , pour dorer des pièces délicates de cuivre
et d’argent.
I/or est employé à un grand nombre d’usages; on
l’applique à la surface des corps , qu’il défend des impres-
sions de l’air ; cet art constitue en général les dorures.
Du Platine.
5ga
CHAPITRE XXVI.
Du P latine.
Le platine , platina , petit argent , or blanc , se trouve
à Santa-Fé, dans la province de Choco au Pérou , et à
Saint-Domingue, d’après M. Girould.
m. y aucjuehn l’a découvert depuis dans les mines d’ar-
gent de Guadalcanal en Estramadure. 11 y à des variétés
qui en contiennent dix pour cent.
Le ruinerai de platine est en petits grains applatis-, le
minerai gros grain est plus précieux.
La plus grosse masse qu on ait encore vue, avoit à-peu-
près le volume d’un* œuf de pigeon.
M. Guy ton en a vu la gangue , il a même publié qu il
avoit trouvé des grains adhérèns à du feld-spath , ce qui
fait présumer que le platine a été détaché par uu ravin ,
et roule en forme de sable aurifère.
On ne connoit pas de mine aussi compliquée que celle
de platine; les recherches de MM. Proust, Descostils ,
Fourcroy et Fauquelin , Tonnant , Wollasion et autres,
ont conduit à la conuoissance de onze métaux dans le
platine brut : ces métaux sont , le platine , l’or, l’argent ,
le 1er, le cuivre, le chrome, le titane, l’iridium, l’os-
mium, le rhodium et le palladium-, quelques-uns y sont
à l’état de sulfure.
Pour obtenir le platine en barre et malléable , SI, Jea-
Du Platine. 5^3
hety a voit indiqué le procédé suivant : il faut piler le
platine à l’eau pour le débarrasser des parties ferrugi-
neuses et hétérogènes qui y sont mêlées ; ce préliminaire
rempli , je prends , dit l’auteur , trois marcs de platine,
six marcs d’arsenic blanc en poudre, et deux marcs de
potasse rafinée; je mêle le tout ; je mets au feu un creuset
du contenu de quarante marcs ; et quand mon fourneau
et mon creuset sont bien chauds , je jette dans mon creuset
un tiers du mélange , et je donne une bonne chaude, en-
suite une seconde charge, et ainsi de suite, ayant soin à
chaque charge de mêler le tout avec une baguette de pla-
tine : je donne alors un bon coup de feu : et, après m’être
assuré que le tout est bieu liquide , je retire mon creuset
et je laisse refroidir. Après l’avoir cassé,, je trouve un
culot bien formé qui attire le barreau aimanté -, je brise
mon culot, je le fonds une seconde fois de la même ma-
nière , et si cette seconde fonte ne l’a pas purifié du fer,
je le fonds une troisième fois 5 mais, en général, deux
fontes suffisent, et si je suis forcé d’en faire une troi-
sième, je réunis deux culots pour épargner uu creuset et
du charbon.
Cette première opération étant faite, je prends des
creusets dent le fo.ud est plat , d’une circonférence qui
donne uu culot d’environ trois pouces et un quart de
diamètre ; je fais bien rougir mon creuset et je jette
dans chaque ; trois marcs de platine qui a été fondu par
l’arsenic après i avoir brisé, et auquel je joins son poids
égal d’arsenic et un marc environ de potasse raffinée -,
je donne alors un bon coup de feu -, et après m’être assuré
que le tout est bien liquide, je retire mon creuset du
feu , et je le mets refroidir , observant de le placer hori—
2, 3«
Du Platine.
sontalement , pour que mon culot soit d’égale épaisseur,
après avoir cassé le creuset , je trouve un culot bien net
et bien sonore ,* pesant communément trois marcs et trois
onces ; j’ai observé que plus il se combinoit d’arsenic avec
le platine , plus sa purification étoit prompte et facile :
dans cet état, je mets mon culot dans un fourneau à
moufle , laquelle ne doit pas être plus haute que la circon-
férence des culots placés sur leur champ et un peu in-
clinés contre les parois de la moufle ; j’en place de cette
manière trois de chaque côté; je mets le feu a mon
fourneau , afin que la moufle soit également chauffée
dans sa circonférence , et à l’instant que les culots com-
mencent à évaporer , je ferme les portes de mon fourneau
pour soutenir le feu au même degré ; ce qui doit être
observé jusqu’à la fin de l’opération, car un seul coup
de feu trop violent détruirait toutes les peines que 1 on
se serait données jusque-là; je fais évaporer mes culots
pendant six heures , ayant soin de changer de place , pour
qu’ils reçoivent tous le même degré de chaleur , et je
les mets dans de l’huile commune ; je les tiens le meme
espace de tejns à un feu suffisant , pour dissiper l'huile
en fumée; je continue cette opération tout le tems que
le culot évapore, et lorsque l’évaporation cesse , je pousse
le feu autant qu’il m’est possible par le moyen de 1 huile.
Les vapeurs arsenicales ont un brillant métallique ? que
je n’obtiens pas sans' cet intermède , et je a*>>0is jamais
pu avoir le platine parfaitement malléable sans cet agent.
Si les préliminaires que j’indique ont été bien suivis,
l’opération ne dure que huit jours. Alors je décape mes
culots dans l’acide nitreux , je les fais bouillir dans de
l’eau distillée jusqu’à ce qu’ils ne cpntienueut plus d a-
Du Platine. 5y5
xide -, j’en mets alors plusieurs l’uu sur l’autre, je leur
applique le degré de chaleur le plus fort possible , et je
les frappe au mouton, ayant soin , à la première chaude,
de les rougir dans un creuset , pour qu’il ne s’introduise
aucuns corps étrangers dans mes culots, qui ne sont que
des masses spongieuses avant cette première compression ;
après, je les chauffe à nu et j’en forme un carré, que
je frappe sur toutes les faces plus ou moins longlems ,
suivant qu’ils ont du volume.
M. Guylon a substitué avec avantage l’arseniate de
potasse à l’oxide d’arsenic.
Pour extraire le platine de son minerai , on commence
par l’étendre sur une table, et à l’aide d’un soufflet, on
sépare les substances les plus légères ; on le fait ensuite
bouillir avec de l’acide muriatique simple , qui dissout
le fer et le titane -, il se dégage du gaz hydrogène sulfuré.
On décante la liqueur, et l’on fait bouillir la matière
restante avec l’acide nitro - muriatique très-concentré , à
plusieurs reprises , il en faut au moins seize parties. Il
reste une poudre noire , insoluble , qui fait à-peu-près
le js du platine employé, qu’on met à part. On fait
évaporer la liqueur surnageante jusqu’à siccité , et l’on
dissout dans l’eau -, on y verse du muriate d’ammoniaque ,
qui forme un précipité jaune, et l’on cesse d’en ajouter
quand la couleur du précipité commence à devenir plus
foncée. On sépare le précipité , on le lave et l’on fait
sécher ; on obtient ainsi un sel triple , de coulenr jaune ,
composé d’acide muriatique , d’ammoniaque et de platine.
On le fait ensuite chauffer graduellement jusqu’au rouge,
dans un creuset de platine-, lorsqu’on n’apperçoit plus de
vapeurs , en retire le creuset du feu ? et l’on trouve une
5g6 Du Platine.
masse spongieuse, de couleur blanche, qui est le platiné.
Ce métal, ainsi réduit, est d’un blanc argentin. Sa pe-
santeur spécifique est de 20,980. Cette substance est la
plus dure après le fer,la-;plus ductile après l’or, et la
plus tenace après l’or , le fer et le cuivre.
M. Guy ion estime sa fusibilité à 170’, cest-a-dire,
à un degré encore inconnu ou supérieur à la dernière
limite du pyromètre de PP edgwood.
On peut fondre le platine au feu alimente par le gaz,
oxigène , au miroir ardent , et à l’action de la déflagra-
tion du nitre.
M. Guyton est aussi parvenu à en fondre de petites
portions dans un creuset, à laide de son flux réductif,
en employant à cette opération le fourneau à vent de
Macquer.
Le platine est susceptible de s’oxider par b étincelle
électrique.
Le platine phosphore détonne aussi lorsqu’on le pro-
jette sur du nitre fondu.
On peut obtenir un phosphure de platine , en faisant
rougir fortement le métal , et y jettant ensuite un mor-
ceau de. phosphore •, on remue avec une baguette de 1er , et
la combinaison a lieu.
Celle combinaison ainsi que les suivantes ont été 1 ail es
avec le platine , tel qu’on le connoissoit avant les expé-
riences rapportées ci-clessus.
Le soufre 11 ’attaque point le platine ’, mais les sulfuies
alcalins le dissolvent. On n’a point encore examiné cette
çombinaison.
Du Platine.
597
Ï1 y a beaucoup de métaux avec lesquels on n’a point-
encore allié le platine. Parmi ceux sur lesquels on a fait
des essais ,• on distingue le bismuth , l’antimoine , le
zinc , le mercure , le cuivre , le plomb , l’étain , l’argent
et l’or.
Ayec le bismuth , on obtient un alliage aigre et cassant,
qui devient jaune , pourpre et noirâtre à l’air.
Uni à l’antimoine , il donne un métal cassant, à facettes ,
On prend , d après Lewis , une partie de platine sur vingt
d’antimoine.
Pour obtenir l’alliage de zinc et de platine, on fait
chauffer à blanc une partie de platine avec un peu de
borax , on ajoute une quantité égale de zinc au platine
employé. Le zinc s’enflamme , et le platine fond.
L’alliage a le grain très-serré , d’une couleur matte , et
tirant davantage sur le bleu que le zinc pur.
M. Guyton a fait voir que le mercure dissolvoit le
platine , et formoit avec lui un véritable arfialgame ; on
peut l’obtenir en cristaux , comme celui des autres mé-
taux , et par les mêmes procédés.
Une lame de platine de 26 millimètres de longueur
et i5 de largeur, pesant 63,34- centig. , l’ayant roulée
en demi-cylindre , on l’a introduite dans un rnatras de
yerre dont le col avoit 3o centimètres de longueur; on
versa dessus 68 grammes de mercure. Le platine surnagea
constamment , même après, avoir été enfoncé gous le
mercure , à plusieurs reprises , ce qui obligea de l’y tenir
fixé par une baguette de verre.
On place ensuite le rnatras dans un creu et r inpli de
sable , qui couyre entièrement la boule du malrus , et
Du Platine.
S98
l’on pose le creuset sur une tourte au fourneau de fusion.
On entretient le feu pendant une heure et demie, et on
le pousse jusqu’à faire rougir la boule du matras. Pendant
l’opération , le mercure s’élève le long du col du matras
et retombe en globules -, une partie passe au - dessus de
l’orifice avant de se condenser. Le déchet , de près d’un
cinquième sur la quantité de mercure employé , en a
fourni la preuve à M. Cniyton. Dans cette operation , la
lame de platine augmente de poids ; elle e§t pénétrée de
mercure , et devient très - cassante , enfin , dans un état
bien prononcé d’amalgamation.
Parties égales de platine et de cuivre rouge se fondent
à un feu vif et violent , mais ne coulent pas.
Le platine diminue la ductilité de 1 étain. Lne paitie
de platine et huit d’étain donnent un métal assez ductile.
Le platine et l’argent s’unissent difficilement.
Une partie de platine et sept d’argent se fondent
facilement •, le mélangé est assez ductile.
Il faut un violent coup de feu pour unir l’or au platine
Il altère beaucoup la couleur de ce métal , à moins qu’il
ne soit en très-petite quantité-, par exemple, un 47e. de
platine , et* toutes les proportions au-dessous de celle-la ,
ne changent pas beaucoup, la couleur de 1 or.
Parmi les acides , il n’y a que 1 acide uitro-muriatique
qui puisse dissoudre le platine.
Il faut environ 16 parties d’acide nitro-munatique fait
à parties égales , pour en dissoudre une de ce métal. Ou
fait cette dissolution dans une cornue, on la pose sur un
bain de sable, et ou y adapte un récipient : dès que 1 acide
est chaud ? il se dégage du gaz nitreux , ensuite du gaz
Du Plaline ^99
azote , et la solution acquiert une couleur rougeâtre foncée,
et colore la peau en brun.
La liqueur évaporée en consistance de sirop , pour en
chasser la surabondance d’acide, cristallise en longs prismes
comprimés , d’une couleur rouge , brune , extrêmement
riche.
Exposé au feu , ces cristaux perdent d’abord leur eau
de cristallisation , ensuite l’acide muriatique , et il reste
de l’oxide de plaline dans la cornue.
Si l’on traite cet oxide avec du charbon , on obtient le
platine à l’état métallique.
On n’a pas encore bien examiné l’action des acides sul-
furique et muriatique dans la dissolution de ce sel . on
sait seulement que ces deux acides y occasionnent un
précipité coloré.
Les alcalis et plusieurs terres salino-terreuses décom-
posent le muriate de platine.
En versant de la potasse dans une dissolution de ce sel ,
il y a un précipité qui est un sel triple , compose d acide
muriatique, de potasse et d oxide de platine : ce 11 est pas ,
comme on pourrait le croii’e , de l’oxide de platine j car
ce précipité se dissout entièrement dans l’eau , tandis que
l’oxide de platine n’est pas soluble : ce qui prouve encore
que c’est un sel triple , c’est que 1 on obtient aussi un
précipité, en versant dans du muriate de platine, un sel
quelconque à base de potasse.
On obtient les mêmes résultats avec l’ammoniaque , et
les sels dans lesquels elle entre , qui forment tous un
précipité jaune.
Celte propriété , qu’ont ces deux alcalis , de former des
6o<*
Du Platine.
sels triples , est très-utile quand, on veut séparer l’or du
A cet effet , ôn dissout le tout , on y verse de la potasse,
et il se forme un sel triple avec le platine , tandis que 1 or
reste en dissolution.
On peut encore séparer l’or par le sulfate de fer , qui
précipite l’or et non le platine.
La soude et les sels à base de soude font aussi un sel triple
avec le muriate de platine. En évaporant la liqueur onobtient
de beaux prismes très-longs colorés en rouge brun.
D’après M. Mussin-Pushkin on obtient aussi des sels
triples en versant dans la dissolution muriatique de
platine , du muriate de barite et de magnésie.
Le platine peut se combiner avec l’animoniaque , ce
qui constitue le platine fulminant. MM. Fourcroy >
T^aïujuelin et Proust en font mention. On l’obtient en
précipitant le muriate de platine ammoniacal par la potasse.
Le platine fulminant ne détonne pas facilement. Si on
l’expose à une chaleur brusque , il décrépite seulement
en répandant une fumée noire.
La plupart des sels neutres n’ont pas d’action sensible
sur le platine. On peut voir le résultat de plusieurs ex-
périences , dans les Mémoires de Margraff.
Le nitrate de potasse , jetté sur du platine fortement
chauffé , l’oxide.
On met dans un creuset quatre parties de platine et
huit de nitrate de potasse -, on place le creuset dans un
fourneau de forge , et on le chauffe fortement. Lewis a sou-
tenu le feu pendant trois jours et trois nuits : au bout do
ce teins , il sépara la matière du creuset > et la fil bouillir
Du Platine.
601
dans de l’eau , pour dissoudre le sel ; le platine avoit
acquis une couleur de rouille de fer , et diminué de plus
d’un tiers : en filtrant la liqueur , on obtient une poudre
brunâtre. Lewis la fit calciner trois fois de suite , en la
mêlant chaque fois avec le double de son poids de nitrate
de potasse! 11 parvint à donner à cet oxide une couleur
grise blanchâtre , en le distillant un grand nombre de
fois avec le muriate ammoniacal.
Ma rgra ff , qui a répélé les expériences de Lewis , a
ajouté que le platine , combiné avec l’alcali du nitre , et
délayé dans une certaine quantité d’eau , forme une gelée ,
et qu’en chauffant la portion de ce métal , séparée de cette
a
gelée étendue d’eau et filtrée , elle a pris une couleur
noire comme de la poix.
Cette expérience n’a pas encore été faite : peut-être
seroit-il possible d’oxider , par ce moyen , le platine.
•
Le muriate oxigéné de potasse , d’après les expériences
de M. Guyton , produit , en beaucoup de circonstances ,
les mêmes effets que le nitrate de potasse , et qui sont dus
principalement à l’oxigène. Son procédé consiste à faire
rougir dans un petit ci’euset , sous la moufle du four-
neau de coupelle , deux petites lames de platine , l’une
très-mince, du poids exact de i5i milligrammes; l’autre
plus épaisse, pesant très-juste 1890 milligrammes. On
projette dessus , à diverses reprises , huit grammes de
muriate oxigéné de potasse. Il 11’y a ni détonuation , ni
fusion ; le sel se volatilise complettemcnt , sans laisser de
résidu. Les deux lames de platine n’éprouvent aucun
changement apparent, si ce n’est que leur surface est
d’un poli plus mat , et qu’elles augmentent de poids de
6oa Du Platine.
quelques milligrammes , celle qui est plus mince et qui
4 présente plus de surface , acquiert plus que l’autre. Pour
en avoir la preuve , on fait bouillir de 1 acide acétique sur
ces lames , ( si l’on repèse les lames , la première se
trouve avoir conservé 5 milligrammes des cinq qu elle
avoit pris -, la seconde au contraire , perd un demi déci-
milligramme de son poids primitif ). On verse dans la
liqueur du prussiate de chaux, qui la trouble sur-le-
champ , et qui y occasionne un précipité d’un blanc ver-
dâtre. La liqueur filtrée , passe trouble et blanche , la
partie verdâtre reste sur le filtre -, si l’on filtre une seconde
fois , elle passe encore trouble , quoiqu’il y ait excès
d’acide -, à une troisième filtration , la liqueur passe claire :
évaporée dans une capsule et réduite a moitié , la liqneur
reprend une nuance de vert clair tres-sensible , et laisse
un résidu de la même couleur.
Cette expérience de M. Guy ton , prouve que le platine r
porté au rouge , s’ oxide à sa surface par le muriate oxigéné
de potasse , quoique ce sel , bientôt emporte' par sa su-
blimation , ne forme que momentanément un bain fluide
sur le métal.
Le platine doit être regardé comme le métal le plus
indestructible les arts en retireront les plus grands
avantages.
On en fait des creusets et des cuillers pour les expé-
riences au chalumeau.
M. Da rcet a appliqué les oxides de platine à la pein-
ture sur porcelaine , dans les ateliers de la manufacture
de Sèvres ; et M. Conté eu a tiré parti pour des couleurs
d’cm ux.
Iridium. 6o3
Les feuilles de platine s appliquent aussi , comme celles
d’or j sur la porcelaine.
CHAPITRE XXVII.
Nouveaux Métaux alliés au minéral de
Platine.
. §■ I"-
• Iridium .
Ce métal découvert par Tennant ,. a reçu ce nom, parce
qu'il a la propriété de teindre ses solutions de beaucoup
de couleurs différentes.
On l'obtient en traitant la pou dre noire dont nous avons parlé
à l’article platine-, M. Tennant a trouvé qu’elle étoit com-
posée de deux métaux particuliers. MM. Descos tils , Four -
croy et Vauqueiin ont reconnu Y iridium ; et les propriétés
que ces chimistes ont décrites sont : de rougir les pré-
cipités de platine par le sel ammoniac, de se dissoudre
dans l’acide muriatique, d’être précipité par l’infusion de
noix de galle, et le prussiate de potasse.
Le métal est d’un blanc mat d’argent, très-dur , difficile
à fondre, fixe au feu et cassant.
11 est inattaquable par les acides simples , très-peu
par l’acide nitro-inuriatique s'il n’a pas été préalablement
6o4 Osmium.
très -divisé. Il ne s’oxide pas par la simple action du feu,
mais il est oxidableet soluble par les alcalis fixes, auxquels
il donne tantôt une couleur rouge, tantôt une couleur
bleue. Une fois oxide par les alcalis, il se dissout dans les
acides qu’il colore en bleu, en vert, en rouge brun ou
en violet, selon l’état d’oxidation où il se trouve; il donne à ,
ses combinaisons avec l’acide muriatique des couleurs
bleue, verte et rouge, et constamment violette avec les
acides sulfurique et nitrique, qui toutes sont détruites t à
l’instant par quelques atômes de sulfate de fer, de muriate
d’étain au minimum , et par plusieurs autres substances
combustibles.
Le muriate d’iridiam rouge se combine au muriate de
platine et d’ammoniaque, et les colore en rouge , ainsi que
M. Descostils l’a reconnu.
ÜO
$■ Il-
Osmium.
M. Tehnant a donné à ce métal le nom d’osmium ,
parce que son oxide répand une odeur très- forte.
Il s’obtient , d’après ce chimiste, en chauffant la poudre
noire résidu du platine avec la potasse caustique, on ajoute
après un acide, et l’on distille. L’oxide de ce métal étant
très-volatil passe avec l’eau dans laquelle on le trouve
dissous; cette solution est sans couleur, son oxide a une
odeur trèç-forte, il donne à la peau une couleur rouge
foncée. En se combinant ayec la potasse ou la chaux, il
devient jaune.
Rhodium.
6o5
On n’a pu encore obtenir ce métal (pie sous forme de
poussière noire, qui est très- volatile , très-oxidable et dont
l’oxide est blanc, très-fusible, extrêmement volatil, se
dissout dans l’eau, s’élève avec elle en vapeurs et lui donne
une odeur et une saveur très-fortes. MM. Fourcroy et
Vaunuelin ont découvert les premiers en 8o >, ce métal
singulier et très-différent de tous les autres par son odeur
et sa volatilité avec l’eau. M. Tonnant ne l’a trouvé et dis-
tingué que quelques mois après ces chimistes , puisqu'il cite
dans sa dissertation le premier mémoire que MM.' Fourcroy
et J auquelin avaient publié dans les Annales de Chimie.
Ils l’avoient d’abord nommé ptene.
Les caractères principaux de la solution de l’oxide
d'osmium, sont de se colorer en très-beau bleu par la plus
petite quantité d’infusion de noix de galle-, de .colorer en
noir toutes les substances organiques d'une manière
indélébile; enfin de se précipiter de sa solution sous forme
de poudre noire, au moyen du zinc et d'un peu d'acide
muriatique.
§. III.
Bhndiujn.
M. TVollaston a nommé ainsi ce métal à cause de la
couleur rose qu’il communique à ses solutions dans les
acides; c’est un métal (le couleur grise , facilement réduc-
tible, fixe au feu, et infusible, dont l’oxide jaune colore en
beau rose ses combinaisons avec les acides, et qui est pré-
cipité en jaune par les alcalis; ses sels forment avec la
soude et l’ammoniaque, des sels tiiples insolubles dans
Rhodium.
606
l’alcool, mais solubles daps l'eau. 11 n est pas précipité do
ses solutions par le prussiate de potasse. Les solutions pren-
nent une couleur extrêmement foncée par le muriate
d’étain.
Le rhodium ne se dissout point dans des acides simples ,
mais il se dissout dans l'acide nitro-muriatique, et fournit
une liqueur d’un tres-beau rose.
Ce métal se trouve dans l’eau mère du muriate de platine.
Sa préparation est fondée sur la solubilité du sel triple que
ce métal forme avec le muriate de soude.
Quand on a précipité le platine de sa solution par le
muriate d’ammoniaque, on peut obtenir à laide du zinc,
un précipité contenant plusieurs métaux quon purifie par
l'acide muriatique affoibli. On mêle le reste avec la moitié
de son poids de muriate de soude , et on fait digerer le tout
dans l’acide nitro-muriatique affoibli. En faisant complet-
tement évaporer cette solution, il reste trois sels triples,
savoir les muriates de platine, de palladium et de rhodium
combinés avec la soude. Les deux premiers se dissolvent
dans l’alcool, et le sel triple de rhodium reste insoluble. Il
se dissout dans l’eau -, les alcalis purs en précipitent un
oxide jaune qu’on peut réduire par la chaleur.
Des Eaux minérales.
607
S- IV-
Palladium.
Le palladium est un métal blanc, ductile, plus pesant
que l’argent, soluble dans l’acide nitrique, donnant à ses
solutions une belle couleur rouge, précipitable à l’état
métallique par le sulfate de fer, et en brun verdâtre par le
prussiate de potasse , formant avec la soude un sel triple
soluble dans l’alcool , et devenant très-fusible par son union
avec le soufre.
Ce métal est contenu dans la solution du minérai de
platine, par l’acide nitro-muriatique, et y regte après que
le platine en a été séparé par le muriate d’ammoniaque.
On le sépare du muriate d ’ osmium par le prussiate de soude,
qui forme un précipité. La quantité de palladium qu’on
obtient est ïzô du platine brut.
CHAPITRE XXVIII.
Des Eaux minérales .
§. Ier.
Ce n’est point ici un traité complet des eaux minérales
que je présente, Bergmann , Guy ton, Fourcroy , TEes-
trurnb et plusieurs autres chimistes, ont rempli cette tâche
6o8 Des Eaux minérales.
clc manière à ne rien laisser desirer. C est un expose succinct
qui ne peut être que très-utile à ceux qui commencent
l’étude de la chimie.
On appelle eaux minérales, celles qui ont des vertus
médicinales.
Les eaux minérales ont été ainsi nommées à cause de
quelques vertus qu on leur attribuoit. Dans la suite on a
distingué les eaux en salubres et insalubres.
L’eau par elle même, et exempte de toute matière
hétérogène, est, autant qu’on peut le conjecturer, toujours
de la même nature; mais lorsqu’elle se charge de particules
étrangères, elle acquiert des propriétés différentes; les
unes sont bonnes pour notre usage, les autres n'y convien-
nent pas. Les eaux salutaires n ont pas encore , à beaucoup
près , la même force; elle varie à raison de l’abondance et
de la nature des principes quelles contiennent. Celles que
l’expérience a fait recounoître comme très -efficaces eu
certains cas , pourroient être , dans d’autres , inutiles ou
même nuisibles. Dans les brasseries, dans les boulangeries,
pour la coclion des légumes, pour le blanchiment des
toiles, pour la préparation des cuirs et des peaux, pour la
fabrication du papier, et dans une infinité d’autres manu-
factures, la qualité de l’eau est d une telle importance , que
le succès des operations en dépend.
Les naturalistes embrassent toutes les eaux, médicinales,
salubres , insalubres , propres aux arts, etc.
11 y a pour les eaux quatre grands caractères généraux ;
mais comme ils se trouvent réunis dans les mêmes eaux,
ils ont fait longtems la base des classifications , et on peut
aujourd’hui les conserver d'après les connoissanccs que
nous avons acquises.
ÎJCS Eaux minérales. £j0q
On distinguent autrefois les eaux en cinq espèces : i»
("aux thermales, ou eaux chaudes; 2°, eaux gazeuses -
3°. eaux salines; 4°- eaux martiales; 5°. eaux crues, parce
quelles contenoient des sels qui décomposent le savon;
c’est çe qui arrive dans les eaux chargées de sulfate de chaux’.
Voilà quelles étoient autrefois les divisions de l’ancienne
classification; mais elles ne conviennent pas quand il y a
des eaiix à la fois gazeuses et salines ou martiales.
La cause ordinaire de la chaleur des eaux thermales
est assez difficile à trouver. Comment telle fontaine con-
serve-t-elle toujours à-peu-près le même degré de chaleur
pendant un grand nombre de siècles ?
On ne peut attribuer cette chaleur à des volcans qui
n’ont pas toujours la même intensité de chaleur. Cependant
cela peut etre dans quelques cas particuliers.
Il faut donc avoir recours à des pyrites en décomposi-
tion, qui a l’aide de l’eau et d’un grand degré de chaleur,
fournissent en même tems l’acicle carbonique, le fer, les
différeus sels, le gaz- hydrogène sulfuré, etc.
Les eaux minérales froides seront dues également à
des pyrites en décomposition, mais le foyer étant assez
éloigné de 1 issue de la fontaine , ces eaux ont le tems de
se refroidir.
Il faut néanmoins, ou q ne ces pyrites elles-mêmes en
décomposition ne soient pas très-abondantes, puisqu'elles
réduiroient les eaux en vapeurs et produiroient une espèce,
de volcan : ou que les eaux ne passent pas dans le centre
du loyer de ces pyrites : ces pyrites conserveront pour
lois le même degré de chaleur pendant une longue suite
de siècles, quelles communiqueront aux eaux qui couleront
g! o Des Eaux minérales.
dans leur voisinage; ces eaux se chargeront en même lems
des fluides élasliques qui s’en dégageront , et de petites por-
tions de fer et de sels qu’elles rencontreront, ou qui seront
fournies par quelques pyrites écartées.
Quant à l’origine des fontaines , il est bien prouve
quelle est due aux eaux pluviales, aux neiges, etc.; ces
eaux imprègnent la terre comme une éponge, et, suivant
les pentes des couches, se rendent dans les vallees.
Dans les pays granitiques, les fontaines sont extrême-
ment communes, parce qu’il y a peu de terre.
Mais, dans les pays calcaires, ces fontaines sont plus
rares , parçe que ces terreins sont remplis de fentes où les
eaux se perdent , et vont sortir enfin sous un volume assez
considérable.
Quelquefois elles forment des lacs souterreins qui vont
se rendre directement dans le sein des mers , comme le
prouvent les fontaines d’eaux douces qu on trouve dans
la mer.
Il se peut que quelques-uns de ces courans se perdent
dans l’intérieur du globe.
Il est aussi possible qu’il se volatilise de son intérieur
quelques portions d’eau qui entretiendroient quelques
fontaines.
Maniéré de reconnaître les eaux.
i°. Faire une description physique de la source; 2°.
prendre la pesanteur spécifique de 1 eau; 3°. en constater la
chaleur thermométrique; 4°- la juger ensuite par les reactifs.
Le tableau suivant est divisé en deux parties : la ire. con-
- \
Des Eaux minérales.
6î t
fent Irois colonnes. Dans la ir«. on trouve distribuées les
js?uf espèces d’eaux , dans La 2e. sont les subdivisions de
r?s eaux, et dans la 3e. les exemples les plus connus pour
jiésigner de suite de quel genre étoit l’eau.
La 2 e. partie renferme aussi trois colonnes. La ire. indique
**s substances qui se trouvent dans les eaux, la 2e. les
■actifs que l’on doit employer pour les reconnoître, et la
*. les effets résultant des réactifs employés.
6i "i
EAUX MINÉRALES.
PREMIÈRE PARTIE.
CLASSES.
DIVISIONS.
EXEMÎ
Nota. Le litre
I«. EAU i
Distillée.
De pluie , de neige.
Glace.
cube d eau pure
mètres de pressi
pure.
degrés du therrn
998,31 grammes •
*
anciennes menu
IL EAUX
<
communes.
Luxeuil
De rivières , de
Froides \
puits, etc.
III. EAU
Nauséabonde.
île mer.
Purement salée.
* T.
Thermales
IV. EAUX
Prémeaux.
r Thermales {
gazeuses simples.
Mont-d'or , Vie
Chateldon , Asc;
V. EAUX
| Bains de Fi;e et (
. gazeuses salines.
. Froides
Seltz. Pyrmout,
Saint-Mion , Ba.
VI. EAUX
1 Thermales
1 Langeac.
gazeuses saljnes ferrug.
[ froides (
Spa , Bussang.
Pougues , Donna
| DeWals.
VII. EAUX
| Thermales
| Bourbonne-les-1
salines.
1 Froides
1
1 Sedhtz , Scvdscl
Egra . Balarnc ,
mothe , etc.
VIII. EAUX
| Tenant carbonate de fer . . .
> Forge, Aumale.
L’Obreville.
salines ferrugineuses.
1 Tenant sulfate de fer ....
Passy, Larongue
[
Barrège , Cantcr
Eauxbonnes, Sai
; Aix-la-Chapelle
IX. EAUX ,
V
sulfureuses.
1 Froides ,
1 Montmorenci.
EAUX MINÉRALES. 6i3
SECONDE PARTIE.
TANCES
trouvent.
RÉACTIFS
APPROPRIÉS.
EFFETS
RÉSULT AN T.
Sulfate de fer. .........
Sulfate jaune oxide
Acide sulfureux . ;
Soufre précipité.
•ne sulfureux . . J
Acide nitreux
Id. J
. Acide muriatique oxigéné. . .
m.
m ,•••'>
Acide acétique
ldi
Dissolution de plomb. ....
Pre’cip té noir.
trbonique. . . .
Eau de chaux
Carbonate de chaux précipité.
s chaux . . . i.
Acide oxalique
Oxalate d chaux.
? magnésie . . .
Ammoniaque
Magnésie précipitée.
; soude ....
Eau de chaux
Carbonate de chaux.
Prussiates
Bleu de Prusse.
Acide gallique ........
Couleur pourpre.
|
Dissolution de barite
Sulfate de barite.
îque • • . . /
Nitrate de barite
IJ.
Nitrate de Mercure
Sulfate jaune. ou blanc.
Altération en rouge.
Potasse
Précipité , puis redissous.
Dissolution de savon
Savon calcaire.
Acide oxalique
Oxalate de chaux.
Sels baritiqucs
Sulfate de barite.
. . j
Prussiates
Bleu de Prusse.
: \
Acide gallique
Couleur noire.
Ammoniaque
Couleur bleue.
ne )
Cuivre précipité.
\
Prussiate de potasse
Précipité brun.
Acide exalique
Oxalate de chaux.
riaux
Eau de chaux
Magnésie précipitée.
Alcool
Cristallisation subite.
Précipité blanc caséeux, mu- j
Dissolution de nitrate d’argent.
riale d’argent.
tique
— de nitrate de mercure . . .
Muriate mercuriel précipité.
f Pour l’acide, acide sulfurique,
* } <
qui donne des vapeurs visibles
aiagneaie • . >
[ k l’approche de 1 ammoniaque.
soude
Nitrate d’argent
Précipité caséeux.
Prussiates
Bleu de Prusse. ►
. Acide gallique
Couleur pourpre obscunu. 1
.(JUC , • » • • •
Nitrate de mercure
Borate mercuriel. i
/
<§i4 Analyse d une Eau minérale.
, -s* 1 1. |
Analyse d’une Eau minérale.
>■
L art d’analyser les eaux est peut-être ce quîl y a d<
plus difficile eu chimie ; souvent elles se trouvent com-
posées de six , sept ou huit substances différentes don
il faut déterminer le caractère et la quantité. Parmi ce;
substances , il y en a de volatiles, d’autres qui se décom-
posent dans l’analyse; et quoiqu’on ait beaucoup d’acqui
dans la science chimique, ou a souvent besoin encon
d une etude particulière , pour ne pas se tromper daœ
bien des cas. Bergmann qui avoit senti ces difficultés,,
traité cet objet tel qu’on devoit l’attendre de son génie
Sa dissertation est peut - être un chef-d’œuvre dans et
genre, et ne sauroit être trop connue. La belle analyse
des eaux d’Enghien, par M. Fourcroy , celle de Plom-
bières , par M. F auquelin , peuvent encore servir dt
modèle.
Sans rappeler ici toutes les découvertes particulières
qui ont été faites par les modernes pour perfectionnei
l’analyse des eaux minérales-, je prendrai les exemples que
j’ai à donner sur cette matière dans les ouvrages des
hommes célèbres que j’ai cités. Ces exemples réduits en
principes seront suffisaus pour un mode général d’analyse.
Les substances qui sont tenues eu solution , et qui
sont unies d’une manière plus intime, soit entre elles soit
avec l’eau, sont :
A. L’air atmosphérique : il existe dans la plupart des
taux, on l’en sépare par l’ébullition, et à l’aide de la
Analyse d'une Ëau minérale. Ci 5
chine pneumatique : 'elles le reprennent insensiblement
dans l’atmosphère.
B. L’acide carbonique : cet acide se trouve aussi dans les
eaux , mais en quantité bien différente. Il s’élève avec 1 air
sous le récipient de la machine pneumatique, et augmente
en se dilatant le nombre des bulles ; il donne à 1 eau une
saveur fraîche et piquante.
c. Le gaz hydrogène : ce gaz s’élève quelquefois des
eaux, cependant il n’y séjourne pas-, il vient du sol et
s’étend à leur surface.
D. L’acide boracique se trouve dans différens lacs de
Toscane, accompagné des borates alcalins.
E. La potasse y est rarement, et presque toujours , jointe
à d’autres substances -, quelquefois engagée dans les acides
sulfurique, ou muriatique, et souvent avec 1 acide ni-
trique.
F. La soude y existe au contraire fréquemment , unie ou
à l’acide carbonique, ou à l’acide sulfurique, ou à l’acido
muriatique.
G. L’ammoniaque que les eaux tiennent quelquefois,
leur a été fournie probablement par la décomposition des
matières végétales et animales. Elle est presque toujours unie
à quelqu’acide.
//. La chaux s’y trouve fréquemment engagée avec
les acides carbonique, sulfurique, nitrique, ou muiia-
tique.
I. La magnésie n’y est pas aussi commune-, on y trouva
cependant le carbonate de magnésie, le sulfate de magné-
sie, le nitrate de magnésie, ou le muriate de magnésie,
K. Le sulfate d’alumine ne s’y rencontre que rare-.
ment
6i6
Analyse d’fin e Eau minérale.
L. Le fer est de tous les métaux celui qu’on y découvre
le plus ord înairémjnt , quelquefois à l’état de carbonate,
quelquefois en étalée sulfate , et de muriate.
M. Le cuivre a été trouvé dans les eaux à l’état de
sulfate.
^ N. L arsenic y est très-rarement, et sous forme d’oxide.
Les eaux sont encore chargées quelquefois de la matière
extractive des substances végétales et animales quelles
rencontrent dans l’intérieur de la terre-, de là vient quelles
sont sujettes à se corrompre, lorsqu’il y en a une certaine
quantité.
On trouve aussi dans les eaux thermales, quelquefois
même dans les eaux froides qui tiennent du carbonate,
de fer en dissolution, un fluide élastique qui se volati-
lise avec facilité-, c’est du gaz hydrogène sulfuré.
D après Bergmann , il y a deux manières d’analyser les
eaux , par les reactifs , et par l’évaporation , ou distillation ;
mais en général, on doit procéder à-la-fois suivant les deux
méthodes.
11 faut encore que la synthèse confirme l'analyse, pour
qu il ne reste aucune incertitude.
D abord d tant décrire les propriétés physiques de
l’eau qu’on analyse : i°. la vue distingue plusieurs de ces
qualités. L eau peut être limpide, ou louche, tirant au
rouge ou au jaune, ou bleue, ou verte. 2°, Son odeur.
3°. Saveur piquante, amère, austère, styptique , salée,
alcaline, enfin métallique.^. On ne doit pas négliger d'en
prendre la pesanteur spécifique. 5°. Il faut s’assurer de leur
température -, examiner si elle est la même à la source
pendant toute l’année, ou si, au contraire, elle suit les
variations de l’atmosphère -, si elle gèle l’hiver; si les
Analyse d'une Eau minérale. 617
eaux chaudes ne forment pas de dépôt en se refroidis-
sant 5 si après ce refroidissement leur *©deur et leur saveur
ne sont pas diminuées ou même entièrement détruites.
6°. On 11e doit pas négliger les considérations prises des
lieux, telles que la situation*, tant par rapport à la géo-
graphie naturelle qu’à la géographie politique, le carac-
teie et 1 élévation du sol dans les environs. On observera
si la quantité d’eau est constante toute l’année; si elle
\aiie suivant les gecheresses et les pluies; si elle est
stagnante; si son cours est lent ou rapide, etc. Si ces
eaux déposent dans leurs lits des sels, des terres, ou un
oxide de fer; s il ny a pas quelque efflorescence saline
dans le voisinage; s il ne se sublime pas du soufre aux
voûtes et dans les canaux; si elles sortent de terre tran-
quillement, ou avec une sorte d’ébullition, etc.
Enfin , il est bon de savoir s’il croît des végétaux dans la
fontaine même, et s’il y a quelques animaux.
Des propriétés physiques on passe à l’action des réactifs.
(Voyez l’article Réactifs , et le tableau, pag. 61 3.
Moyen de reconnaître dans les eaux les substances
volatiles.
On prend une quantité clétermiuée d’eau qu’on veut
analyser , on la met dans une oornue de verre, on y
adapte un ballon muni d’un tube recourbé qui va plonger
sous une cloche a 1 appareil pneumato-chimique , soit à
1 eau, soit au mercure, mais de préférence au mercure;
on pose la cornue sur un bain de sable. Tout étant ainsi
dispose, on allume le feu, qui doit être continué jusqu’à
1 ébullition. Le calorique qui pénètre, dégage une quantité
6i8 Analyse d’une Eau minérale.
de bulles, qui augmentent à mesure que la liqueur s’é-
chauffe; elles traversent le mercure, et se rassemblent au
haut du vase. On continue l’ébullition jusqu’à ce qu’il
ne se dégage plus de bulles. L’opération achevée1, ou
marque sur le vase le point où se trouve la surface du
mercure , afin de prendre la mesure cubique de l’espace
qui paroît vide. Le fluide élastique ainsi obtenu, est ordi-
nairement composé en partie d'air atmosphérique, et en
partie d’acide carbonique ; pour s’en assurer et en détermi-
ner les quantités , voici comme on doit opérer :
On fait passer le gaz obtenu , après avoir mesuré sa
quantité, dans un flacon rempli d’eau de chaux; on
agite jusqu’à ce qu’il ne se forme plus de précipité. L’eau
de chaux s’empare de l’acide carbonique, et iT ne reste
que l’air atmosphérique dont on fait la déduction sur
le volume total , et on a la quantité précise d acide carbo-
nique.
On peut aussi déterminer la quantité d’acide carbonique
par son poids. A cet effet, on met dans un grand flacon un
ou deux kilogrammes de l’eau chargée d acide carbonique;
on le bouche, après y avoir versé de l’eau de chaux par
excès. Quand tout le précipité est formé, on sépare la
liqueur avec un syphon , ou on filtre sans le contact de
l’air; on édulcore; on sèche le précipité, et on juge du
poids de l’acide carbonique par celui du carbonate calcaire
obtenu.
Pour distinguer l’acide carbonique libre de celui qui
peut être engagé dans une base , ou répète la même opé-
ration sur de l'eau privée d’air atmosphérique par l'ébul-
lition. D’après le calcul , on sait que le carbonate calcaire
contient acide carbonique 34, chaux 55 , eau xi.
Analyse d’une Eau minérale. 619
Il s’élève aussi, pendant la distillation, d’autres fluides
élastiques ; souvent on trouve de l’azote , du gaz hydro-
gène sulfuré, etc. Dans ce cas, il faut i°. s’assurer de la
présence de l’azote par les couleurs bleues végétales et
par l’eau de chaux , qui n’éprouvent aucun changement
si le gaz azote est pur 5 20. on décompose le gaz hydrogène
sulfuré par le gaz nitreux; alors, le soufre se dépose sur
les parois de la cloche , et le gaz hydrogène brûle.
L’eau qui se condense dans le récipient, absorbe aussi
de ce gaz ; souvent elle est trouble , fétide , recouverte
d’une pellicule sulfureuse et précipitant en noir les disso-
lutions métalliques.
Pour déterminer la quantité de gaz hydrogène sulfuré
dans une eau , M. JVestrumb a proposé d introduire dans
uu matras une quantité déterminée d’eau, et d’y adapter un
tube recourbé, plongeant dans un long cylindre qui est
rempli d’une dissolution d’acétate de plomb avec excès
d’acide acétique. On fait bouillir l’eau jusqu’à ce qu’il n’y
ait plus de dégagement de bulles; on ramasse le préci-
pité noir, le sulfure de plomb, dont 19 grains repré-
sentent dix pouces cubiques de gaz hydrogène sulfuré.
»
De l’Évaporation des eaux.
Quand on a beaucoup d’eau à évaporer , on peut se
servir de bains-marie d’étain, plongés dans des cucurbites.
de Cuivre étamé , et l’on entretient l’eau constamment
bouillante. Lorsque l’évaporation est avancée, on doit faire
usage de capsules de verre ou de porcelaine : il faut aussi
avoir attention de couvrir les vases d’une double gaze „
attendu que la poussière répandue dans l’atmosphère , les
^ 50 Analyse d une Eau minérale.
pcüi.o ilocous de cendre élevés du fourneau, peuvent faire
craindre que le résidu ne soit pas pur.
A mesure que 1 eau s’évapore, les matières fixes sc
i approchent au point qu enfin elle ne peut plus les
retenir toutes. Ces matières se précipitent donc succes-
sivement : d abord celles qui sont plus difficilement so-
iubles, ensuite celles qui exigent le moins d’eau pour leur
solution.
L évaporation modérée est celle qui convient le mieux \
une forte ébullition emporte toujours quelque chose, et
peut meme quelquefois opérer des décompositions.
il se présente alors divers phénomènes , suivant la na-
tuie des substances dont l’eau est chargée. S’il y a du
carbonate de chaux et du carbonate de fer , dès que la
chaleur passe 64 ou 7 2 degrés du thermomètre de Réau-
mur ,- ils perdent de 1 acide carbonique qui les rendoit
solubles -, ils forment donc une pellicule à la surface où le
dissolvant manque d abord; Cette pellicule étant rompue
par le mouvement , gagne le fond et s’y dépose tranquil-
lement. Cela vient de ce que la chaux et le fer, quoiqu’iu-
solubles dans 1 <?au , lorsqu’ils sont seulement saturés
d acide carbonique , se dissolvent cependant dans une eau
abondamment chargée de cet acide ; mais cette quantité
surabondante ne leur adhère que foiblement et se dissipe
pendant l’évaporation.
S’il y a du carbonate de magnésie, il ne se sépare pas
tout a la fois , mais pendant tout le cours de l’opérai iou
jusqu’à l’évaporation à siccité.
Le carbonate de chaux sc précipite quand la liqueur
approche du degré de 1 ébullition , cela vient de ce que lo
62 I
Analyse cl’une Eau minérale.
calorique a dégagé les premières portions d’acide carbo-
nique.
Le sulfate de chaux se dépose avant tous les antres
sels , mais longlems après le carbonate de chaux et le car-
bonate de fer.
Il ne faut pas croire cependant que l’on puisse recueillir
séparément les diverses substances à mesure qu’elles se
présentent : ce moyen d’analyse n’est pas praticable. Outre
l’embarras causé par les filtrations répétées, il se perd
toujours quelque chose sur les filtres. L’évaporation de
l’eau jusqu’à siccité est préférable.
Arrivé à ce point, on ramasse exactement le résidu ,
et on le pèse ; souvent le poids de tout ce que l’eau contc-
noit , ne peut être bien déterminé que par la somme des
poids des diverses substances ; car la dessication inégale
les prive plus ou moins de l’eau de cristallisation. Toutes
celles qui peuvent être réduites en cristaux , ne doivent
être pesées que dans cet état, parce que c’est ainsi qu’elles
existent dans l’eau.
Examen du résidu de l évaporation de l’eau.
\
A. On met dans un matras tout le résidu bien desséché ;
on y ajoute de l’alcool-, on l’agite fortement après l’avoir
bouché; on laisse reposer quelques heures ,' et l’on filtre
la liqueur qui contient les sels solubles dans l’alcool.
B. On verse sur le résidu huit fois son poids d’eau
distillée froide : on agite le mélange , et on filtre après
quelques heures de repos. La lique.ur contient les sels
facilement solubles dans l'eau.
C'. Enfin , on fait bouillit le résidu pendant un quart-
Analyse d’une Eau minérale .
d heure, dans une quantité d’eau distillée, qui excède
quatre à cinq cents fois son poids, et on sépare la liqueur
par la filtration. Le liquide contient les sels très-peu so-
lubles dans l’eau , tel que le sulfate de chaux.
Apres avoir enlevé tous les sels solubles dans l’alcool et
dans l’eau , il reste des carbonates que l’on fait calciner
pour ramener le fer à l’état d’oxide rouge , et on traite
ensuite par le vinaigre distillé qui dissout seulement la
magnésie et la clraux. On filtre , on fait sécher , et l’on
peut déjà déterminer la quantité de carbonate de fer con-
tenu dans une masse donnée d’eau minérale.
Au lieu de faire évaporer cette liqueur filtrée , conte-
nant les acétates terreux , il faut y verser du carbonate de
potasse qu on fait bouillir avec elle; on lave le précipité
blanc qui est composé de carbonate de chaux et de carbo-
nate de magnésie. On le décompose par l’acide sulfurique
foible qui les tranforme en sulfates de magnésie et de
chaux. L eau qui a servi à laver la masse } retient en dis-
solution le sulfate de magnésie, et le sulfate de chaux reste ;
on le fait sécher et on le pèse. On peut ainsi déterminer
la quantité de carbonate de chaux contenu dans la liqueur.
Le sulfate de magnésie se trouve dans la liqueur surna-
geante; on peut le décomposer par la potasse caustique;
le précipite bien lave et séché est la magnésie pure. On
peut conclure de la la quantité de carbonate de magnésie
contenue dans une eau minérale.
Analyse d'une Eau minérale.
Gi3
Examen de la liqueur alcoolique.
La dissolution que l’on obtient par l’alcool , peut con-*
tenir du muriate de chaux , du muriate de magnésie , ra-
rement des nitrates des mêmes bases , sels qui sont
très-déliquescens et solubles dans l’alcool , etc. Pour
les reconnoître , on évapore jusqu’à siccité ; on verse
sur le résidu de l’acide sulfurique affoibli , qui convertit
le tout en sulfate de magnésie que l’on reconnoît par
son amertume et par sa forme cristalline-, ou bien, si la-
base est un mélange de deux terres , il y a une partie
de sulfate de chaux et une partie de sulfate de magnésie.
Pour connoître le poids du sel soluble, il faut dissoudre
séparément le sulfate de chaux et le sulfate de magnésie ,
les précipiter par le carbonate de potasse , et peser ce pré-
cipité , après l’avoir lavé et séché.
Quant à la dissolution par l’eau froide , il faut d’abord
essayer de la faire cristalliser à une évaporation douce ,
ce qui réussit très -bien quand on a séparé les sels dé-
liquescens. Il faut en excepter le muriate de soude, qui
se dissout assez facilement dans l’eau froide et dans l’eau
chaude , et dont la cristallisation exige une évaporation
continue : tous les autres sels prennent facilement des
formes régulières.
A mesure qu’il se forme des cristaux, on les fait des-
sécher sur le papier : alors on examine la figure , la saveur
et toutes les autres propriétés qui peuvent indiquer leurs
caractères.
%
Les muriatcs dépotasse et de soude donnent des cristaux
cubiques qui décrépitent au feu : on peut les distinguer
(
6^4 Analyse d’une Eau minérale.
aisément en versant dans la dissolution bien saturée, de
1 acide tartarique ; on obtient un tartrate de potasse , ce
qui n arrive pas au muriate de soude, parce que la soude
se comporte différemment avec l’acide tartarique. On peut
encore se servir avec plus de succès de muriate de platine
qui forme un précipité jaune retenant la quantité de
potasse.
Si l’addition du carbonate de potasse a fait. reconnoître
par la précipitation , que la base étoit terreuse, on en
détermine les espèces.
S il y a quelque métal , on s’en apperçoit communément
à la couleur. Le cuivre se précipite avec son brillant mé-
tallique, sur le fer que l'on plonge dans la dissolution du
sel , ou seulement que l’on frotte avec ce sel humecté : il
se reconnoît encore à sa couleur bleue par l’ammoniaque ,
et à sa couleur brune par un prussiate. Le fer se distingue
a sa couleur tirant au vert ou au jaune, suivant qu’il est
plus ou moins oxidé ; à la saveur , par la teinture de noix
dé galle et par les prussiates. Le zinc forme avec l’acide
sulfurique le sulfate de zinc , est précipite à l’état d'oxide
blanc par les alcalis.
Le manganèse donne aussi un sulfate-, il est toujours
noir au dernier terme d’oxidation. S’il est dans les eaux
à l’état de carbonate , on calcine d’abord fortement le ré-
sidu ; ensuite on verse dessus de l’acide nitrique foible,
auquel on ajoute un peu de sucre, et une heure après,
on sépare la liqueur par le filtre. La potasse versée dans
cette liqueur , y occasionne un précipité blanc qui noircit
0pu feu.
«
6a5
Eaux minérales artificielles.
S- III.
Eaux minérales artificielles.
J’ajouterai à cet exposé sur les eaux minérales naturelles,
l’énoncé des diverses matières qui constituent chacune
déliés, afin de faciliter la préparation des eaux minérales
artificielles , les doses suivantes que MM\ Triayre et
Junne , ont eu la complaisance de me communiquer sont
celles qu'ils suivent dans leur établissement à Paris , rue
Saint-Lazare, sous Tivoli, qui, sans contredit, est une des
plus belles et une des plus utiles entreprises qu’il soit pos-
sible d imaginer.
Doses de chaque bouteille de 61 1 hectogrammes ( 20 onces)
d’eau.
Aix-la-Chapelle.
Hydrogène sulfuré i de volume.
Carbonate de soude 20 grains.
Muriate de soude g ici.
Balarue.
Acide carbonique 2 volumes.
Muriate de soude 120 grains.
Muriate de chaux 18 id.
Carbonate de magnésie. ... 1 id.
Muriate de magnésie 36 id.
Barèges.
Hydrogène sulfuré £ de volume.
)
i
02.6 Eaux minérales artificielles.
Carbonate de soude 16 grains.
Muriate de soude à td.
Bonne.
Hydrogène sulfuré ■ j de volume.
Muriate de soude 3 grains.
Sulfate de magnésie * id.
Bourbonne.
Acide carbonique 2 volumes.
Muriate de soude 72 grains.
Sulfate de magnésie 2 id.
Bussang.
Acide carbonique 3 volumes.
Carbonate de soude 6 grains.
Carbonate de fer | id.
Cauterets.
Hydrogène sulfuré i de volume.
Carbonate de soude 3 grains.
Muriate de soude 1 id.
Chdtèldon.
Acide carbonique 2 volumes.
Carbonate de soude 3 grains.
Muriate de soude 3 idK
Eaux minérales artificielles.
Carbonate de magnésie. ... 2 id.
Carbonate de fer 1 id.
Contrexeville.
Acide carbonique. . . .
• • ‘ iT de volume.
Carbonate de chaux. , .
... 4 grains.
Sulfate de chaux
Engl lien.
Hydrogène sulfuré. . . .
Muriate de soude. . .
Carbonate de magnésie.
. . . j id.
Sulfate de magnésie. .
Forges.
Acide carbonique. . . .
Carbonate de fer
/
4 grain.
Mont-d’Or.
Acide carbonique. . .
. . . 5 volumes.
Carbonate de soude. . .
Muriate de soude. . . .
Sulfate de fer
Lamotte.
Acide carbonique.
Sulfate de soude.
2 volumes.
16 grains.
628 Eaux minérales artificielles.
Muriate de soude 36 id.
Carbonate de magnésie. ... 3 id.
Plombières.
Acide carbonique ù de volume.
Carbonate de soude .’ i { grain.
Sulfate de soude id.
Muriate de soude i id.
Pyrmont.
Acide carbonique 5 volumes.
Muriate de soude 2 grains.
Carbonate de magnésie. ... 12 id.
Sulfate de magnésie 8 id.
Carbonate de fer \ id.
Seltz.
Acide carbonique 5 volumes.
Carbonate de soude. 4 gra“ls-
Muriate de soude 2.2 id.
Carbonate de magnésie. ... 2 id.
' Sedlitz.
Acide carbonique 3 volumes.
Sulfate de magnésie J44 grains.
Muriate de magnésie *d id.
Eaux minérales artificielles.
629
Spa .
Acide carbonique 5 volume».
Carbonate de soude 2 grains.
Muriate de soude | ici.
Carbonate de magnésie. . . . \id.
Carbonate de fer 1 id.
Vichy.
Acide carbonique.’ 2 volumes.
Carbonate de soude 32 grains.
Sulfate de soude 16 id.
Muriate de sonde. ....... [\.id.
Carbonate de magnésie. ... 7 id.
Carbonate de fer. 3 de grain.
Vais.
Acide .carbonique 3 volumes.
Muriate de soude 12 grains.
Sulfate d’alumine 3 grain.
Carbonate de fer | id.
Sulfate de fer i grain.
Bagneres de Luchon.
Hydrogène sulfuré 5 de volume.
Carbonate de soude 3 grains.
Muriate de soude i id.
1
63 o
Eaux minérales artificielles. -
Sulfureuse de Naples.
Acide carbonique. ...... 3 volumes.
Hydrogène sulfuré ± de volume.
Gurgitelli.
Acide carbonique 2 volumes.
Carbonate de soude 5o grains.
Muriate de soude io id.
Carbonate de magnésie. ... 2 id.
P isciarelli.
.... \. volume.
.... \ de volume.
.... 10 grains.
.... 21 id.
Hydro-suif urée.
Hydrogène sulfuré x volume.
*- Hydr o- sulfurée forte.
Hydrogène sulfuré 3 de volume.
Oxigénée.
Gaz oxigène £ volume.
, Hydrogénée.
Gaz hydrogéné § de volume..
Acide carbonique.
Hydrogène .sulfuré
Sulfate d’alumine.
Sulfate de fer. . . .
Eaux minérales artificielles.
silcaline minérale , ou seda-waler.
Simple . .
Double . .
Triple . . .
4 volumes acide carbonique.
7 2 grains carbonate de soude.
4 volumes acide carbonique.
*44 grains carbouale de soude.
5 volumes acide carbonique.
2i Ci grains carbonate de soude
jj.lcaline végétale.
Acide carbonique 5 volumes.
Carbonate de potasse . . . 72 grains.
Seltz douce.
I
Même proportion que l’eau de Seltz, mais l’acide
carbonique quelle contient est extrait par la voie sèche,
et s’y combine avec quelques parties d hydrogène.
La plupart des eaux ci-dessus contiennent l’acicle car-
bonique et l'hydrogène sulfuré en quantité plus forte
que les eaux naturelles , mais outre que cette surabon-
dance est quelquefois recommandée par les médecins ,
elle présente de plus l avantage d’en conserver une dose
suffisante pour produire des effets sati s faisans , beaucoup
plus longlems que les eaux naturelles prises loin de leur
source. O11 peut toujours réduire à volonté le volume
de ces gaz dans les eaux artificielles , en laissant quelques
instans la bouteille ouverte ou le verre rempli avant
d en faire usage , tandis qu’on ne peut rendre aux natu-
relles le gaz qu elles ont perdu.
Eaux minérales artificielles :
o3a
Eau acidulé.
*
Acide carbonique 5 volumes.
Cette eau mêlée avec du sirop de limon , forme une
boisson très- agréable , et employée aussi avec succès dans
le début des fièvres putrides.
Différens rapports présentés , depuis quelques années au
ministre de l’intérieur, par le médecin inspecteur de 1 éta-
blissement ci-dessus, ont constaté les bons effets de ces
eaux artificielles , pries en boisson , et administrées en
bains et douches-, les soins constans des propriétaires pour
le perfectionnement de leurs procédés, et des différentes
parties de leur établissement, ont été récompensés par
l’approbation de 1 Institut national, de l’École et de la
Société de médecine, le suffrage des praticiens les plus
distingués de la capitale et des départemens , et une aug-
mentation annuelle dans la consommation de leurs eaux.
Fin du Tome second.
TABLE DES MATIÈRES
TOME SECOND.
Des Sels en général r
De la Cristallisation 4
Propriétés génériques des Sulfates 16
Sulfate de Barite jj
— de Strontiane
— de Potasse
— acide de Potasse 25
— de Soude 26
— de Chaux 3 !
— d’ Ammoniaque 35
— de Magnésie 3j)
— ammoniaco-magnésien 42
— <î Alumine. ( Des diverses especes ) /j.3
— acide d’ Alumine et de Potasse 45
• — de Glucine 52
— dé Yttria ' 54
— de Zircone 33
Des Sulfites 55
Propriétés génériques
Sulfite de Barite 53
— de Chaux 5g
— de Potasse 60
— de Soude (33
— de Soude sulfuré 64
— de Strontiane 67
634- Table des Matières.
Pag-
Sulfite d’ Ammoniaque ^ . 67
— de Magnésie 68
— ammoniaco-magnésien 7°
— de Glucine M
— d’ Alumine 7 1
- — de Zircone M.
Des Nitrates en général. . . ,
Nitrate de Barite 7 d
- — de Potasse ;4
— - de Soude 9*
— de Strontiane 9-i
— de Chaux. . . . 9^
— d’ Ammoniaque 9^
■ — de Magnésie . . . . 101
— Ammoniaco-magnésien . io4
- — d' Yttria io^
— de Glucine id.
— d’ Alumine io^
— de Zircone- io7
j Des Nitrites . • • 10^
Des Mûri aies ■ . . '. • • • ' 110
Muriale de Barite: . . . . : . ..••*•••' 1 1 1
— de Potasse ' 1 1 ^
— de Soude. 1 1 7
— de Strontiane 1 0 1
• — de Chaux • • • ' 1
-w- d- Ammoniaque . ï^7
- — de Magnésie- .... 144
^
— ammoniaco-magnésien 1
-r— de Glucine ^ ; 1 ^7
-r- d Alumine I
Table des Matières. 63$
— Pag.
Muriatc de Zircone x ... .
Muriates oxigénés et mûri aies su r-o xigcn es Icrreu x
et alcalins jtj.
Mu riate sur-oxigéné de Potasse i55
• — de Soude jgj
• — de B a ri te jçj
— de Strojitiane
— de Chaux j03
— cC Ammoniaque . . . (
— de Magnésie jc]
— d’ Alumine j(j$
Phosphates terreux et alcalins ici.
Phosphate de B a ri te . ,
— de Strontiane x(38
— de Chaux
— acide de Chaux Tnr
J L
— de Potasse
• — de Soude .
• — d' Ammoniaque \
— de Magnésie
— de Giucine
< — d’ Alumine . iB"
— de Zircone jj
— de Silice , , id.
Phosphites terreux et alcalins 188
Phosplute de Chaux. . .
— de Parité . . , id
— de Strontiane : ^()
— - de Magnésie id
— de Potasse id.
■ — de Soude
636 Table des Matièees.
Pag.
'Phosphate P Ammoniaque • 19I
— ammoniaco-magnésien 192
— cT Alumine 19^
Fluates terreux et alcalins id.
Fluate de Chaux . . . . t 194
— de Parité 196
— de Strontiane 197
— de Potassa. . . ici.
— de Soude 199
— dé Ammoniaque ici.
— de magnésie. 201
— de Glucine id.
— d- Alumine id.
— de Zircone !
• — de Silice id.
Porates terreux et alcalins . . id.
Porate de Chaux 2o3
— de Parité 204
— de Strontiane 5
— de Magnésie. . . . id.
— de Potasse 206
— sur-saturé de Soude. * 207
— d’ Ammoniaque 210
- — de Glucine id.
— cl’ Alumine . 2 1 1
— de Zircone id.
• — de Silice id.
Carbonates ( Caractères génériques. ) id.
Procédés pour les obtenir 212
Carbonate de Parité 220
— de Strontiane
Table des Matières. 63^
Püg.
Carbonate de Chaux : . . . 224
— de Potasse 228
— de Soude 233
— de Magnésie 287
— d’ Ammoniaque 240
— de Gïucine 245
— d’ Alumine id.
— de Zircone 246
Division de la chimie Minérale. . ... , 247
Centemplation du Globe et de son organisation
en masse , . . 248
Distribution méthodique des Minéraux 253
De V usage des caractères extérieurs des Minéraux. 2.56
De l’histoire générale des Minéraux 25g
P ropriétés des minéraux. Essais préliminaires. . 261
Considérations générales sui les Minéraux. . . . 262
De V Arsenic 268
Acide Arsenieux 277
, — Arsenique 285
Dn Tungstène , ? . 290
Acide Tungstique , . . . 296
Des Tungslates 298
Du Molybdène 3or
Acide Molybdique 3c>4
Du Chrome 3o8
Acide Chrômique 3i2
Des Chromâtes * .... 3x3
Du Columbium 3i6
Du Titane 3i8
De VUrane 32 1
Du Cérium 324
/
638 Tablé des Matières.
Du Cobalt. . . . ; ; ; 3 J*'
Du Manganèse et de son oxide 344
Du Bismuth. 35g
De 1 Antimoine , et du sulfure d’ Antimoine. . . . 364-
Du Tellure
Du Mercure 3 2
Du Zinc
Du Nickel 4^5
'•°e ï Etain: 450
Plomb
Du Fer. ......... . : : 49i
Cuivre. .' 530
De V Argent. 555
De l Or. 57g
Du Platine ■ 5p2
De V Iridium t g03
De V Osmium g04
Du Rhodium
Du Pàlladium
Des Eaux minérales id.
Fia de la Table des Matières.
.. . _ -J.. „