Skip to main content

Full text of "Manuel d'un cours de chimie, ou principes élémentaires, théoriques et pratiques. De cette science"

See other formats


(S  -JW 

'4 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2016  with  funding  from 
Wellcome  Library 


https://archive.org/details/b22039983_0002 


MANUEL 


D’UN 


COURS  DE  CHIMIE 


/ 

On  trouve  chez  le  même  Libraire  3 

Le  Manuel  du  Pharmacien  , par  M.  Bouillon-Lagrange , 
3ae.  édition,  avec  des  changemens,  9 planches.  Pour  Paris,  6 fr. 

La  seconde  Table  des  Annales  de  Chimie,  depuis  le  5ie. 
>'ûl.  jusqu’au  60e.  Prix,  6 fr. 

Sous  presse. 

Le  Système  de  Chimie,  de  Th.  Thomson , professeur  de 
l’université  et  membre  de  la  Société  d’Edimbourg  , traduit  par 
M.  Riffault  , administrateur  général  des  poudres  et  salpêtres  , 
avec  une  Introduction  enrichie  d’observations  nouvelles , par 
M.  Berthollet  , membre  de  l’Institut , en  9 vol.  in-8°. , avec 
200  Tableaux  et  Planch.  Prix  pour  Paris , fr. 


1 


MANUEL 

D’UN 


COURS  DE  CHIMIE, 

OU 

PRINCIPES  ELEMENTAIRES 

THÉORIQUES  ET  PRATIQUES 

DE  CETTE  SCIENCE. 

QUATRIÈME  ÉDITION,  avec  25  Flanelles  et  des  Tableaux. 

Par  E.-J.-B.  Bouillon-LaguAîvge  , Docleur  en  médecine  ; 
Professeur  au  Lycée  Napoléon  et  à l’Ecole  de  Pharmacie , 
Membre  du  Jury  d’mstruction  de  l’Ecole  impériale  vétérinaire 
d’Alfort  ; de  plusieurs  Sociétés  savantes  françaises  et  étrangères. 


Chez  Bernaud  , Editeur  des  Annales  de  Chimie , et 
du  Bulletin  des  Sciences  , par  la  Société  philo- 
mathique , quai  des  Augustins  , N°.  a5. 


M.  DCCC.  VIII. 


IMPRIMERIE  DE  H.-L.  PE  RR  O NIVEAU, 


M A N U F.  L 

DU  N 

COURS  DE  CHIMIE. 


CHAPITRE  PREMIER. 

IVe.  CLASSE.  — Bases  salifiables  combinées 
avec  les  Corps  brûlés.  (Substances  salines.  ) 

§•-  Ier- 

Des  Sels  en  général. 

On  donne  le  nom  de  sel  à tonte  substance  composée 
d’un  principe  salifiant  et  d’une  base  salifiable  ; l’un  est 
toujours  un  acide , et  l’autre  une  terre  , un  alcali  ou  oxide 
métallique. 

Il  existe  trois  classes  de  sels  , les  sels  terreux  , al- 
calins , et  métalliques. 

On  divise  les  sels  en  genres  , espèces  et  variétés.  Les 
acides  forment  les  genres  , et  les  bases  les  espèces.  Quant 
aux  variétés,  qui  sont  peu  nombreuses,  elles  dépendent 
toujours  de  quelque  accident , qui  modifie  l’espèce , tels 
'lue  des  sels  aycc  excès  d acide  , ou  avec  excès  de  base.' 

2, 


1 


a Des  Sels  en  général. 

Les  genres  et  les  espèces  sont  distribués  suivant  les 
degrés  d’affinités  des  acides  pour  les  différentes  bases  ; 
aussi  nous  traiterons  successivement  des  sulfates , ni- 
trates , muriates  , phosphates  , fluates  , borates  et  car 

bonates.  y 

Tout  sel  a un  nom  double,  ou  composé  de  deux 
mots.  Le  premier  qui  exprime  la  nature  de  l’acide , se 
termine  en  aie  ou  en  ite,  selon  que  l’acide  est  plus  ou 
moins  saturé  d’oxigène,  le  second  indique  l’espèce  et 
le  nom  de  la  base  qui  le  constitue  -,  aussi  nous  avons 
les  sulfates  et  les  sulfites,  les  phosphates  et  les  phos- 
phites  , etc.  *,  quant  aux  combinaisons  de  1 acide  muria- 
tique oxigéné  et  sur-oxigénë  , on  les  distingue  par 
l’épithète  d’oxigéné  ou  de  sur-oxigéué.  Ceux  oh  domine! 
l’acide  ou  la  base,  par  sels  acides,  sels  sur-saturés  de 
base.  Les  sels  triples  ou  à double  base  se  composent  du 
nom  spécifique  des  deux  bases  qui  entrent  dans  leur 
composition  -,  ainsi  ou  exprimera  la  combinaison  de  1 acide 
sulfurique  avec  l’ammoniaque  et  la  magnésie  , par  le 
nom  de  sulfate  ammoniaco-magnésien. 

La  faculté  de  prendre  une  forme  régulière,  soit  par  la 
nature,  soit  par  l’art,  est  une  propriété  presque  commune 
à tous  les  sels.  De  cette  propriété  resuite  la  crista  i 
sation  , que  nous  traiterons  en  particulier. 

La  solubilité  et  la  saveur  ne  doivent  - pas  etre  consi 
dérées  comme  essentielles  à la  constitution  des  sels  car 
il  faudrait  retrancher  de  la  classe  des  substances  salines 
quelques  sels  qui  lui  appartiennent,  tels  que  les  sul 
fa  le  , phosphate  et  fluate  de  chaux , etc.  -,  nous  dnom 
donc  , qu’il  existe  des  sels  solubles  et  insolubles , de  sa 
pides'  et  d’insipides  -,  que  la  solubilité  augmente  otj 


Des  Sels  en  général.  3 

fc’affoihlit  avec  la  saveur  , et  que  l’insipidité  est  toujours 
«n  raison  de  l’insolubilité. 

Les  sels  éprouvent  deux  parties  de  fusion  , la  fusion 
aqueuse  et  la  fusion  ignée.  La  première  a lieu  lors- 
qu’on élève  assez  la  température  pour  fondre  un  sel  *, 
dans  ce  cas  il  se  dissout  dans  sa  propre  eau  de  cristal^» 
lisation  , ce  n’est  donc  qu’une  dissolution  dans  l’eau 
chaude  ; mais  il  faut  pour  cela  que  les  sels  contiennent 
beaucoup  d’eau  de  cristallisation.  Lorsque  le  sel  est  ainsi 
fondu  , si  l’on  continue  l’action  du  feu  , l’eau  s’évapore 
le  sel  se  dessèche  ^ et  dans  cet  état  on  le  nomme  sel 
< calciné . 

La  fusion  ignée  dépend  également  de  l’action  du  feu  , 
elle  succède  à la  première.  Les  matières  salines  em- 
ployées dans  cette  opération  contiennent  ordinairement 
peu  d’  eau  de  cristallisation-,  et  sont  aussi  plus  fusibles, 
tels  que  les  phosphates  et  borates  dont  on  se  sert  com* 
me  fondans  dans  beaucoup  d’opérations  de  chimie  et 
des  arts. 

On  dit  aussi  que  les  sels  décrépitent.  La  décrépita- 
tion n’est  autre  chose  qu’un  bruit  provenant  de  l’écar* 
tement  des  molécules  intégrantes  qu’éprouvent  certains 
Sels  par  l’action  subite  du  feu  , et  qui  à pour  cause  la 
vaporisation  instantanée  de  l’eau  qu’ils  contiennent  , la- 
quelle par  la  force  expansive  brise  les  cristaux , et  lance 
les  fragmens  à une  certaine  distance. 

Certa  ins  sels  sont  susceptibles  de  se  volatiliser  ou  de 
se  sublimer,  comme  le  muriate  d’ammoniaque  -,  cela  tient  â 
Une  grande  adhérence  entre  ses  principes  constitutifs  et  une 
jgraude  alhnité  avec  le  calorique.  D’autres  sont  décomposé^ 


£ De  la  Cristallisation. 

en  tout  ou  en  # partie  , comme  le  nitrate  et  le  sulfate 

d’ammoniaque  , etc. 

Les  sels  cristallisés  , exposes  au  contact  de  1 air  , ne 
présentent  pas  tous  des  phénomènes  semblables,  les  uns 
perdent  leur  forme  et  leur  diaphanéité  , les  autres  se 
liquéfient,  d’autres  se  convertissent  en  poudre. 

On  donne  le  nom  de  déliquescence  au  premier  de 
ces  phénomènes  et  celui  d’efflorescence  au  deuxième. 
Mais  tous  les  sels  ne  sont  pas  déliquescens  au  même 
degré  , il  en  est  de  même  de  ceux  qui  sont  efflorescens. 

§.  II.  ~ 

De  la  Cristallisation. 

Avant  de  présenter  les  caractères  et  les  propriétés  des 
combinaisons  des  acides  avec  les  terres  et  les  alcalis, 
je  crois  utile  de  donner  quelques  notions  sur  la  cris- 
tallisation des  sels. 

La  cristallisation  est  une  opération  dans  laquelle  les 
parties  intégrantes  d’un  corps,  séparées  les  unes  des 
autres  par  l’interposition  d’un  liquide,  sont  déterminées 
par  la  force  d’attraction  quelles  exerceut  les  unes  sur 
les  autres,  à se  rejoindre  pour  former  les  masses 
solides. 

Lorsque  les  molécules  d’un  corps  sont  simplement 
écartées  par  le  calorique  , et  qu’en  vertu  de  cet  écarte- 
ment ce  corps  est  porté  à l’état  de  liquide,  il  ne  faut, 
pour  le  ramener  à l’état  de  solide  , cest-a-diie,  pour 
opérer  sa  cristallisation  , que  supprimer  une  partie  du 
calorique  logé  entre  ses  molécules  , autrement  dit , e 


De  la  Cristallisation. 


5 

refroidir.  Si  le  refroidissement  est  lent , et  si  en  même 
tems  il  y a repos  , les  molécules  prennent  un  arrange- 
ment régulier  , et  alors  il  y a cristallisation  proprement 
dite  ; si , au  contraire  , le  refroidissement  est  rapide,  ou 
si  , en  supposant  un  refroidissement  lent  , on  agite  le 
liquide  au  moment  où  il  va  passer  à l’état  concret , il  y 
a cristallisation  confuse. 

Les  mêmes  phénomènes  ont  lieu  dans  les  solutions 
par  l’eau  , ou  pour  mieux  dire  , les  solutions  par  l’eau 
sont  toujours  mixtes  ; elles  s’opèrent  en  partie  par  l’ac- 
tion de  l’eau  , en  partie  par  celle  du  calorique.  Tant 
qu’il  y a suffisamment  d’eau  et  de  calorique  pour  écar- 
ter les  molécules  du  sel,  au  point  qu’elles  soient  hors  de 
leur  sphère  d’attraction  , le  sel  demeure  dans  l’état  liquide. 
L’eau  et  le  calorique  viennent-ils  à manquer,  et  l’attraction 
des  molécules  salines  , les  unes  par  rapport  aux  autres  , de- 
vient-elle victorieuse  , le  sel  reprend  la  forme  concrète,  et 
la  figure  des  cristaux  est  d’autant  plus  régulière  que  l évapc- 
ration  a été  plus  lente,  et  faite  dans  un  lieu  plus  tranquille. 

Tous  les  phénomènes  qui  ont  lieu  dans  la  solution  des 
sels  se  retrouvent  également  dans  leur  cristallisation , 
mais  dans  un  sens  inverse.  11  y a dégagement  de  calo- 
rique , au  moment  où  le  sel  se  réunit  et  reparaît  sous  sa 
forme  concrète  et  solide,  et  il  en  résulte  une  nouvelle 
preuve  que  les  sels  sont  tenus  à la  fois  en  dissolution  7 
par  l’eau  et  par  le  calorique.  C’est  par  cette  raison  qu’il 
ne  suffit  pas , pour  faire  cristalliser  los  sels  qui  se  liqué- 
fient aisément  par  le  calorique,  de  leur  eidever  l’eau  qui 
les  tenoit  en  dissolution,  il  faut  encore  leur  enlever  le 
calorique  , et  le  sel  ne  cristallise  qu’autanl  que  ces  deux 
conditions  sont  remplies.  Le  muriate  de  potasse  oxigéué  , 


6 


De  la  Cristallisation. 

le  nitrate  de  potasse,  le  sulfate  acide  d’alumine,  le  sul- 
fate de  soude,  etc. , en  fournissent  des  exemples.  Il  u’ens 
est  pas  de  même  des  sels  qui  exigent  peu  de  calorique 
pour  être  tenus  en  dissolution , et  qui  par  cela#nême  sont, 
à-peu-près  également  solubles  dans  l’eau  chaude  et  danü 
l’eau  froide-,  il  suffît  de  leur  enlever  l’eau  qui  les  tenoit 
en  dissolution,  pour  les  faire  cristalliser,  et  ils  repaf- 
roissent  sous  forme  concrète,  dans  l’eau  bouillante  même, 
comme  on  l’observe  relativement  au  sulfate  de  cbaux  , 
aux.  muriates  de  soude  et  de  potasse  , et  à beaucoup 
d’autres. 

]\on  seulement  tous  les  sels  cristallisent  sous  différentes 
formes , mais  encore  la  cristallisation  de  chaque  sel  varie 
suivant  les  circonstances  de  la  cristallisation.  Il  ne  faut 
pas  en  conclure  que  la  figure  des  molécules  -salines  ait 
rien  d’indéterminé  dans  chaque  espèce  : rien  n est  plus 
constant  au  contraire  que  la  figure  des  molécules  primi- 
tives des  corps  , sur-tout  à L’égard  des  sels.  Mais  les  cris- 
taux qui  se  forment  sous  nos  yeux  sont  des  agrégations 
de  molécules  , et  ces  molécules  , quoique  toutes  parfaite- 
ment égales  en  figures  et  en  grosseur  , peuvent  prendre 
des  arrangemens  différens  , qui  donnent  lieu  à une  grande 
variété  de  figures  toutes  régulières,  et  qui  paroissent 
quelquefois  n’avoir  aucun  rapport  ni  entre  elles , ni  avec 
la  figure  du  cristal  originaire. 

Il  étoit  réservé  au  célèbre  minéralogiste  français  M. 
Hai'tjr  de  dévoiler  ce  mystère  , par  le  calcul  analytique. 
Voici  le  précis  de  cette  belle  théorie,  qui  a si  heureuse- 
ment développé  la  structure  des  cristaux , et  dont  la  con- 
noissance  est  devenue  si  nécessaire  pour  présenter  avec 
exactitude  les  formes  régulières.  C’est  ce  travail  que  je 


De  la  Cristallisation. 


T 


ferai  connoître  ici  , .comme  étant  le  plus  facile  et  le  plus 
à la  portée  des  élèves. 

La  science  de  la  cristallisation , très-peu  avancée  du 
tems  de  Werner , est  devenue  si  importante  par  les 
accroissemens  qu  elle  a pris  de  nos  jours  , qu’elle  sert  à 
rectifier  les  erreurs  de  l’analyse,  en  nous  indiquant  sou- 
vent les  vrais  principes  oonstituans  des  corps.  Linnée , 
qui  a beaucoup  travaillé  sur  cette  partie  , avoit  imaginé 
que  les  sels  seuls  avoient  la  propriété  de- cristalliser  , et 
que  les  corps  composés  de  plusieurs  substances  sim- 
ples , qui  ne  pouvoient  former  par  leur  union  aucun 
sel  , ne  dévoient  leur  propriété  de  cristalliser  qu'à 
quelque  sel  qui  s’y  trouve  combiné  dans  une  propor- 
tion quelconque  ; mais  le  degré  de  perfection  de  l’ana- 
lyse actuelle  rend  l’idée  de  ce  grand  homme  inadmissible. 

Rome  Delisle  a fait  le  premier  un  corps  de  doctrine 
fondé  sur  un  grand  nombre  d’observations.  Le  principe 
qu’il  avoit  établi  étoit  celai-ci:  voilà  un  cube,  s étoit-il 
dit  : il  a subi  une  espèce  de  dégénéràtion  .-  comment  s’est- 
elle  faite  ? Par  des  troncatures  ; et  il  en  a conclu  qu’il 
existoit  dans  la  nature  des  formes  primitives,  formes 
qui,  dans  différens  cristaux,  sont  modifiées  par  des 
troncatures. 

Mais  la  clef  de  la  science  n’étoit  point  encore  trouvée. 
Le  premier  mot  de  l’énigme  est  dû  à Bergmann  -,  il  est 
probable,  a-t-il  dit,  que  les  irrégularités  des  formes  pri- 
mitives des  cristaux  sont  dues  au  défaut  des  matières. 
Pourquoi  ce  cristal  n’est-il  pas  un  cube  parfait  ? C’est  que 
la  forme  primitive  du  cube  a été  modifiée  par  des  décrois- 
6emens  assujétis  à certaines  lois. 

Un  cristal  est  un  solide  terminé  par  des  angles  et  doa 


3 


De  la  Cristallisation 

faces  : il  existe  une  force  par  laquelle  les  parties  tendent 
à s’unir-,  la  solidité  est  l’effet  qui  en  résulte.  Mais  sur 
quoi  agit  cette  force  ? Sur  des  parties  similaires  qu’on 
appelle  génératrices.  Il  est  facile  de  voir  que  l’union  d un 
certain  nombre  de  ces  parties  génératrices  peut  former 
des  cristaux  différens  du  cristal  générateur  ; ainsi  le  té- 
traèdre engendre  l’octaèdre. 

Cristallisation  ( structure  ). 

M.  Tiaiij  distingue  dans  les  cristaux  : 

i°.  Les  molécules  intégrantes  -, 

2°.  Les  formes  primitives  ; 

3°.  Les  formes  secondaires. 

Les  molécules  intégrantes  sont  celles  dont  le  cristal 
entier  est  l’assemblage  : la  division  les  indique  , 'quoiqu’il 
ne  nous  soit  pas  donné  de  la  porter  à son  dernier 
terme. 

Ces  molécules  sont  nécessairement  similaires  ; mais 
elles  ne  sont  pas  toujours  assemblées  de  la  même  manière. 
Quelquefois  elles  se  joignent  face  à face  , quelquefois  elles 
ne  sont  unies  que  par  les  bords,  laissant  ainsi  quelques 
vacuoles. 

Les  molécules  intégrantes  peuvent  se  réduire  à trois  ; 
savoir  : 

i°.  Le  parallélipipede , le  plus  simple  des  solides,  dont 
les  faces  sont  parallèles  deux  à deux , et  au  nombre  de 
six-, 

2°.  Le  prisme  triangulaire  , le  plus  simple  des 
prismes  ; 

3°,  Le  tétraèdre  , la  plus  simple  des  pyramides. 


Tom.  II  , page  8. 


MÉTHODE  DESCRIPTIYE 

DES  CRISTAUX  SECONDAIRES 

ET  DES  DÉCROISSEMEWS  QUI  LES  PRODUISENT; 

Par  M.  HAUY. 


Octaèdre  régulier. 


Passage  au  dodécaèdre  à plans  rhonibes. 
Passage  au  cube  par  décroissement  par  résultant  d’un  décroissement  par  une  rangée 
une  rangée  sur  tous  les  angles.  sur  tous  les  bords. 


Rhomboïde  dont  les  angles  et  les  bords  Rhomboïde  passant  au  dodécaèdre  à douze 


subissent  des  lois  différentes. 


triangles  scalènes. 


Parallélipipède  obliqu’angle  forme  primi- 
tive du  feld- spath  passant  au  feld-  spath 
similaire. 


— G%M  T IP  — 


Nota.  Les  voyelles  majuscules  A, E, 1,0  ex  priment  les  décroissemens  sur  les 
angles.  Les  minuscules  a,  e,  i,  o servent  pour  les  angles  opposés  qui  subissent 
des  lois  différentes. 

Les  consonnes  majuscules  B,C,D,F,G,II,  etc.  désignent  les  bords  ou  arêtes. 

Les  minuscules  b,c,d,  etc.  servent  de  même  pour  les  arêtes  opposées,  dont  les 
fonctions  sont  différentes. 

Les  angles  et  bords  semblables,  subissant  les  mêmes  lois  , s’expriment  par  la  même  lettre. 

Les  chiffres  i , 2,  5,  4,  etc.  indiquent  le  nombre  des  rangées  de  décroissement.  La  position  du  chiffre  fait  connoître  de  quel  côté 
se  fait  la  superposition  décroissante  , si  c’est  à droite,  à gauche,  en  montant,  en  descendant  et  en  tout  sens. 

Les  fractions  \,  §,  f,  etc.  indiquent  les  décroissemens  inégaux  en  hauteur  et  largeur.  Le  numérateur  se  rapporte  à la  largeur,* 
le  dénominateur  à la  hauteur.  Les  lettres  affectées  de  chiffres  , et  représentées  avec  un  zéro  , annoncent  que  le  point  opposé  ne 
change  pas. 

Enfin,  P,  M , T , consonnes  organiques  de  primitif , représentent  les  faces  de  la  forme  primitive,  ou  qui  leur  sont  parallèles. 

Les  lignes  ( fig . 7 ) marquent  les  parallèles  des  décroissemens. 


De  la  Cristallisation , § 

La  forme  primitive  est  celle  que  l’on  obtient  par  des 
sections  faites  sur  toutes  les  parties  semblables  cl’un  cris- 
tal : elle  en  est  proprement  le  noyau. 

Les  formes  primitives  peuvent  se  réduire  à six,  qui 
sont  : 

i°.  Le  parallélipipède  qui  comprend  le  cube  , le  rhom- 
boïde , et  tous  les  solides  terminés  par  six  faces  parallèles 
deux  à deux  -, 

2°.  Le  tétraèdre  régulier  ; 

3°.  L’octaèdre  à faces  triangulaires  ; 

4°.  Le  prisme  hexagonal  ; 

5°.  Le  dodécaèdre  à plans  rhombes  ; 

6°.  Le  dodécaèdre  à plans  triangulaires  isocèles. 

Parmi  ces  formes  , il  y en  a qui  se  retrouvent 
comme  noyau , *»vec  les  memes  angles  , dans  divers 
minéraux. 

En  effet,  la  même  forme  du  noyau  peut  être  produite, 
dans  la  première  espèce,  par  tels  élémens  ; dans  une  se- 
conde espèce  , par  d’autres  élémens. 

Ces  formes  de  noyau  ont  un  caractère  de  perfection  et 
de  régularité  , comme  le  cube  et  l’octaèdre  régulier  : ce 
sopt  des  limites  auxquelles  la  uature  semble  arriver  par 
différentes  routes. 

Les  formes  secondaires  sont  celles  qui  résultent 
d’une  superposition  de  matière  qui  masque  la  figure 
primitive. 

Celte  superposition  engendre  divers  polyèdres  qui  ont 
aussi  la  propriété  de  se  terminer  régulièrement.  Ces 
polyèdres  , quoique  formés  de  lames  similaires  , sont 
differens  du  noyau  ou  des  solides  qu  ils  enveloppent. 

Cette  modification  de  figure  est  le  produit  d’un 


to  De  la  Cristallisation. 

décroissement  régulier,  par  soustraction  dune  ou  de- 
p usieurs  rangées  de  molécules  intégrantes. 

Ce  décroissement  est  soumis  a des  lois,  d apres  les- 
quelles on  détermine  le  nombre  de  ces  rangées  -,  et  par 
suite  , la  forme  exacte  du  cristal  secondaire. 

11  j a quatre  sortes  de  décroissemens  : 

i°.  Décaissement  sur  les  bords,  c’est-à-dire,  paral- 
lèlement aux  arêtes  de  la  figure  primitive  ; 

2°.  Décroissement  sur  les  angles  : e’est-a-dire , dont 
les  lignes  de  départ  sont  parallèles  aux  diagonales  des 
faces  de  la  forme  primitive; 

3°.  Décroissemens  intermédiaires  qui  se  font  parallè- 
lement à des  lignes  situées  entre  les  diagonales  et  les 
bords  ; 

4°,  Décroissemens  mixtes  qui  se  font  dans  les  deux  sens, 
par  des  quantités  au-dessus  de  l’unité. 

Il  faut  développer  ces  quatre  lois  , en  saisir  1 appli- 
cation par  quelques  exemples  , considérer  l’étonnante 
variété  de  leurs  résultats  , et  recueillir  les  vérités  fonda- 
mentales qui  doivent  diriger  dans  l’observation  de  ces 
phénomènes. 


PREMIÈRE  LOI. 

Décroissement  sur  les  bords. 

Le  cube  passant  au  dodécaèdre  à plans  rhombes,  fournit 
un  exemple  sensible  du  décroissement  sur  les  bords  ou 
parallèlement  aux  arêtes. 

Les  lames  décroissantes  superposées  sur  les  six  laces, 
forment  sis.  pyramides  quadrangulaires , ce  qui  fait  vingt* 


ï)r  la  Cristallisation'.  'f  f 

quatre  faces  ; mais  ces  faces  se  trouvent  deux  à deux  sur  le 
meme  plau,  ce  qui  réduit  la  figure  à douze  rhombes. 

Si  la  superposition  s’arrête  avant  de  termiuer  les  pyrami- 
des , le  cristal  est  à dix-huit  faces  ; savoir  : les  six  carrés 
du  cube , mais  plus  petits  et  douze  hexagones.  On  a cette 
variété  dans  le  borate  magnésio-calcaire , si  improprement 
nommé  quartz  cubique  de  Lunebourg. 

Si  le  décroissement  et  plus  rapide,  c’est-à-dire,  si  la 
lame  superposée  a , par  exemple  , deux  , trois  ou  quatre 
rangées  de  moins  que  la  lame  inférieure,  alors  il  en  ré- 
sulte vingt-quatre  triangles  tous  inclinés  les  uns  sur  les 
autres. 

Ce  décroissement  peut  aussi  se  faire  de  manière  à en- 
gendrer le  dodécaèdre  à plans  pentagones  ; exemple  : le 
sulfure  de  fer.  Mais  il  faut  observer  que  ce  n’est  pas  le  do- 
décaèdre des  géomètres  , dont  les  pentagones  sont  réguliers 
et  moins  inclinés.  Aucune  loi  de  décroissement  n’est  sus- 
ceptible de  le  donner. 

Les  lames  décroissant  par  deux  rangées  parallèlement 
aux  bords  du  rhombe , produisent  le  dodécaèdre  à douze 
triangles  scalènes.  Exemple  : spath  > dent  de  cochon. 
( métastatique  d'Haüy.  ) 

Uu  décroissement  par  une  rangée  parallèle  aux  bords 
supérieurs  du  rhombe , produit  uu  rhomboïde  beaucoup 
plus  obtus  que  le  noyau.  Exemple  : spath  calcaire  lenti- 
culaire. Enfin,  c’est  par  un  décroissement  sur  les  bords  des 
bases  que  le  prisme  droit  quadrangulaire  à bases  rhombes, 
prend  une  pyramide.  Exemple  : le  rubis,  la  topaze,  le 
b élit. 


De  La  Cristallisation. 


*2 


DEUXIÈME  LOI. 

\ > 

Décroissement  sur  les  angles. 

Soit  la  molécule  intégrante  , un  cube.  On  a vu  que  le 
décroissement  sur  les  bords  produisoit  le  dodécaèdre  rhom- 
boïdal , et  le  dodécaèdre  a plans  pentagones  ; mais  le  cube 
devient  aussi  octaèdre  régulier  : or  le  décroissement  sur 
les  bords  ne  pourvoit  le  donner  qu’autant  que  la  quantité  , 
dont  chaque  lame  seroit  dépassée  par  la  précédente  , seroit 
en  rapport  commensurable  avec  la  hauteur  de  cette  lame  ; 
puisque  chacune  de  ces  deux  quantités  mesure  une  ou 
plusieurs  arêtes-  du  cube  qui  représente  la  molécule  : et  ici 
ce  rapport  est  incommensurable.  On  trouve  l’explication 
de  Cette  structure  , en  considérant  que  dans  la  section  mé- 
canique de  l’octaèdre  régulier  , originaire  du  cube,  chacun 
des  huit  angles  solides  de  ce  cube  répond  au  centre  d un 
des  triangles  de  l’octaèdre  , et  qu’ainsi  les  bases  de  ces 
triangles  regardent  les  angles  du  cube. 

On  conçoit  donc  que  trois  décroissemens  s'établissent 
en  partant  de  l’angle  du  cube,  s’étendant  sur  les  trois  plans 
qui  forment  cet  angle.  Comme  il  y a huit  angles  , cela 
fait  3 x 8 = 24,  mais  les  décroissemens  se  faisant  par  une 
seule  rangée  , les  trois  faces  qui  se  forment  autour  d’un 
même  angle  , sont  un  plan  commun. 

On  conçoit  ici  qu’au  lieu  de  stries  parallèles  qui  indi- 
quent souvent  les  décroissemens  des  lames , ou  observe 
des  saillies  anguleuses  ou  en  pointe  ( quoique  dans  une 
formation  parfaite  elles  dussent  disparoitre  comme  les 
stries,  par  la  petitesse  infinie  des  molécules  ). 


Du  la  Cristallisation. 


i3 


C’est  suivant  la  loi  de  ce  décroissement,  que  le  sulfure 
Je  plomb  , le  muriate  de  soude  , passent  à heptaèdre  -,  que 
les  cristaux  de  fer  de  l’île  d’Elbe  forment  un  rhomboïde 
très-obtus  (souvent  modifié  par  des  facettes  parallèles  aux 
faces  au  noyau  ) -,  que  le  spath  siliceux  de  Fontainebleau 
forme  un  rhomboïde  aigu,  dont  les  faces  répondent  aux 
angles  solides  du  rhomboïde  primitif  -,  que  les  zéoliibes  de 
Caltown-Hil  , près  d’Edimbourg,  deviennent  des  polyèdres 
à vingt-quatre  facettes,  comme  le  grenat- trapézoïe al, quand 
le  décroissement  qui  produit  le  rhomboïde  a lieu  à la  fois 
sur  les  huit  angles  solides  du  cube. 

TROISIÈME  LOI. 

Décroissemens  intermédiaires. 

Ces  décroissemens  ne  sont  parallèles  ni  aux  bords  , ni 
aux  diagonales,  mais  à des  lignes  intermédiaires.  Cela 
vient  de  ce  que  les  soustractions  ont  lieu  par  des  rangées 
de  molécules  doubles  , triples  , etc.  Supposons  , par  exem- 
ple , des  molécules  cubiques  et  soustraites  deux  à deux  , 
c est  comme  si  chaque  molécule  étoit  composée  de  deux 
cubes  accollés  par  une  de  leurs  faces.  En  effet,  si  on  con- 
cevoit  le  cristal  composé  de  parallélipipèdes  de  ces  di- 
mensions , ce  cas  rentreroit  dans  celui  des  décroissemens 
ordinaires  sur  les  angles. 

Le  fer  de  Framont  (fer  syntaclique  AHaüy  ) , qui  a 
un  cube  pour  molécule  intégrante  ( qui  se  présente  ordi- 
nairement sous  la  forme  de  deux  pyramides  naissantes  , 
posées  hase  à base  ),  fournit  un  exemple  de  décroisse- 
ment intermédiaire  en  formant  un  solide  à quatorze  laces  , 


De  la  Cristallisation. 


*4 

résultant  dès  deux  pyramides  droites  hexaèdres,  unies  hase 
à base  , et  depieurées  incomplètes  , ou  terminées  par  deux 
hexagones. 

Il  faut  remarquer  que  le  cube  fait  ici  fonction  de 
rhomboïde. 

QtJATItlÎMï  LOI. 

Dècroissemens  mixtes . 

Il  arrive  quelquefois  que  chaque  lame  dépasse  la  sui- 
vante de  deux  rangées  parallèlement  aux  arêtes , et  qu’elle 
a en  même  tems  trois  fois  la  hauteur  d’une  molécule 
simple.  C’est  un  décroissement  mixte. 

Le  rapport  de  cette  loi  s’exprime  par  la  fraction  | pour 
le  cas  indiqué,  et  par  la  fraction  | lorsqu’il  y a trois  mo- 
lécules en  retraite  et  quatre  de  hauteur. 

Ces  déeroissemens  sont  rares  et  n'ont  encore  été  re- 
connus que  dans  quelques  cristaux  métalliques  -,  mais  oit 
conçoit  qu’ils  doivent  changer  la  valeur  des  angles  : c est 
là  ce  qui  a conduit  à la  recherche  de  cette  loi } toute  autre 
se  trouveroit  en  défaut. 

Il  reste  maintenant  à parcourir  les  différens  cas  où  ces 
lois  engendrent  des  modifications,  à distinguer  les  formes 
secondaires  simples,  et  les  formes  secondaires  composées 
qui  en  résultent , et  à considérer  à la  fois  l’étonnante  fé- 
condité de  ces  çauses  aiusi  réduites  , et  la  dispropmlion 
non  moins  étonnante  entre  les  variétés  possibles  et  les  va- 
riétés existantes. 


De  la  Cristallisation . 


Sept  cas  diffèrens. 


ïS 


Les  quatre  lois  de  décroissement  expliquent  la  structure 
de  toutes  les  modifications  sous  lesquelles  se  présentent, 
les  cristaux. 

i°.  Tantôt  les  décroissemens  se  font  à la  fois  sur  tous 
les  bords  ou  tous  les  angles. 

Exemples  : Dodécaèdre  à plans  x'hombes  , octaèdre* 
venant  du  cube. 

a0.  Tantôt  sur  certains  bords  , ou  sur  certains  angles. 

3°.  Tantôt  ils  sont  uniformes  par  une,  deux,  trois 
rangées  , etc. 

4°.  Tantôt  la  loi  varie  d’un  bord  à l’autre  , d un  angle  à 
l’autre. 

5°.  Tantôt  les  décroissemens  sur  les  bords  concourent 
avec  les  décroissemens  sur  les  angles. 

6°.  Tantôt  un  même  bord , un  même  angle  subit  succes- 
sivement plusieurs  lois  de  décroissement. 

7°.  Tantôt  enfin,  le  cristal  secondaire  a des  faces  paral- 
lèles à celles  de  la  forme  primitive  , et  qui  produisent  d© 
nouvelles  modifications  , en  se  combinant  avec  les  faces 
résultant  des  décroissemens. 

De  là  , la  distinction  de  formes  secondaires  simples  , 
celles  qui  sont  dues  à une  loi  unique  dont  l’effet  est  de 
masquer  complètement  le  noyau  -,  et  formes  secondaires 
composées,  celles  qui  proviennent  de  plusieurs  lois  si- 
multanées , ou  d’une  seule  loi , mais  qui  n’a  pas  atteint  sa 
limite,  de  sorte  qu’il  reste  des  faces  parallèles  à celles  du' 
noyau. 


j 6 Propriétés  génériques  des  Sulfates, 

Variétés  possibles. 

A ne  prendre  que  les  deux  lois  les  plus  simples , c esl- 
à-dire , par  une  ou  deux  rangées , le  spath  calcaire  est 
susceptible  de  2044  formes  différentes.  ( On  n’en  connoît 
que  4o). 

Haüy  en  a trouvé  une  variété  à décroissemens  de  six 
rangées. 

Ordinairement  il  ne  passe  pas  quatre  rangées  : le  calcul 
établi  sur  cette  base  donne  8,388,6o4  j ®.t  si  l’on  admettait 
le  décroissement  jusqu’à  io  et  12,  avec  les  décroissemens 
intermédiaires  et  mixtes  ( ce  qui  n’est  pas  impossible  ) , le 
nombre  seroit  effrayant. 

Il  y a donc  une  limite  à cette  action  de  décroissement  ; 
mais  qu’est-ce  qui  fixe  cette  limite?  quelle  est  la  loi  qui  la 
donne  ? Cela  reste  à découvrir. 

§•  III. 

Propriétés  génériques  des  Sulfates. 

Les  sulfates  solubles  sont  amers-,  il  y en  a de  solubles 
et  d’insolubles. 

Soumis  à l’action  du  calorique  , ils  se  fondent  et  se  vola- 
tilisent, mais  ils  11e  se  décomposent  pas,  pourvu  qu'ils 
soient  neutres  -,  car  les  sulfates  acides  donnent  du  gaz  acide 
sulfureux  et  du  gaz  oxigène. 

Les  sulfates  neutres  qu’on  fait  rougir  avec  l’acide  phos- 
phorique  ou  boracique , donnent  suivant  M.  Gay-Lussac 


Sulfate  de  B a rite.  i-j 

de  l’acide  sulfurique,  du  gaz  oxigêne  et  de  l’acide  sul- 
fureux. 

Tous  sont  décomposés  par  le  carbone  à une  haute  tem- 
pérature ; le  même  phénomèue  a lieu  au  chalumeau,  avec 
un  support  de  charbon  -,  il  se  forme  des  sulfures  et  de 
•l’acide  carbonique. 

Pour  reconnoître  un  sulfate  en  dissolution  dans  l’eau 
on  peut  se  servir  ; i°.  de  la  barite  -,  2°.  du  nitrate  et  de 
l’acétate  de  plomb  , les  précipités  qu’on  obtient  avec  ces 
deux  sels  sont  insolubles  dans  l’acide  nitrique-,  3°.  de 
l’alcool  qui  précipite  sur-le-champ  toutes  les  solutions  de 
sulfates  sous  la  forme  de  petits  cristaux. 

L’ordre  d’attraction  des  bases  pour  l’acide  sulfurique  est 
comme  il  suit  : 

Barite,  strontiane  , potasse , soude , chaux,  ammoniaque, 
magnésie  , glucine,  alumine  , zircone  et  yttria. 

S-  iv. 

Sulfate  de  Barite. 

On  a longtems  regardé  le  sulfate  de  harite  comme  une 
pierre  : on  l’appeloit  terre  pesante , spath  pesant. 

Ou  le  trouve  dans  la  nature , mêlé  à l’alumine , au  plâtre/ 
aux  mines  , filons  , gangues  , etc.  Il  est  cristallisé  en  rhom- 
bes , prismes  à six  pans-,  il  est  souvent  blanc,  demi- 
transparent  , gris  , opaque  , jaune  , vert,  etc.  Souvent  il  est 
accompagné  de  sulfure  de  fer. 

Il  est  sans  saveur,  sa  pesanteur  varie  par  sa  contexture  , 
ou  par  les  matières  étrangères  qu’il  contient.  Il  pèse  4?4OL); 
l’eau  à 1,000. 


f 


j 8 Sulfate  de  Baritë. 

11  perd  au  feu  son  eau  de  cristallisation  ; il  ne  fond  qu  à 
un  très- grand  feu;  il  se  ramollit  et  coule  ensuite,  mais 
il  ne  coule  jamais  liquide  ; il  fond  en  globules  au  cha- 
lumeau. 

Point  altéré  par  l’air;  insoluble  dans  l’eau. 

On  le  décompose  par  1 oxide  de  carbone;  a cet  effet, 
on  met  en  poudre  fine  du  sulfate  de  barite;  on  le  mêle 
avec  un  huitième  de  son  poids  de  charbon  ordinaire  , éga- 
lement pulvérisé  , on  y ajoute  un  peu  d'huile  grasse  pour 
en  faire  une  pâte. 

On  chauffe  le  tout  dans  un  creuset  le  plus  fortement 
possible  pendant  2 ou  3 heures , le  sulfate  de  barite  ne  se 
décompose  qu’à  une  très-haute  température , même  étant 
en  contact  avec  une  grande  quantité  de  carbone  contenu 
dans  l’huile  et  le  charbon.  Si  l’on  a chauffé  assez  fort  et 
assez  longtcms  , il  ne  restera  dans  le  creuset  que  du  sul- 
fure de  barite  qui  est  grisâtre.  On  dissout  ce  sulfure  dans 
l’eau  qu’il  décompose  , une  partie  de  1 oxigene  de  1 eau  se 
porte  sur  le  soufre  du  sulfure  et  forme  de  l’acide  sulfu- 
rique qui  s’empare  de  la  barite  et  régénère  du  sulfate  de 
barite  qui  se  précipite  ; l’hydrogène  se  porte  sur  une 
partie  du  soufre  , et  forme  ainsi  un  sulfure  hydrogéné  de 
barite  qui  est  soluble.  On  verse  alors  de  l'acide  nitrique 
qui  s’empare  de  la  barite  , il  forme  du  nitrate  de  barite 
soluble  , et  il  se  dégage  beaucoup  d’hydrogène  sulfuré  , qui 
est  très-dangereux  à respirer,  en  raison  dune  petite  quan- 
tité de  barite  qu’il  tient  en  dissolution  ; on  fait  chauffer  et 
on  filtre  , on  lave  avec  de  l’eau  chaude  et  il  reste  sur  le 
filtre  du  sulfate  de  barite  , du  soufre  et  quelques  matières 
étrangères,  il  passe  dans  la  liqueur  du  nitrate  de  barite, 
on  fait  évaporer  jusqu’à  légère  pellicule  , on  obtient  p u le 


Sulfate  de  B a rite.  ig 

^refroidissement  des  cristaux  octaèdres.  On  met  les  cris- 
taux dans  un  creuset  et  l’on  chauffe  fortement , le  nitrate 
de  barite  se  décompose  à une  haute  température,  il  se 
dégage  du  gaz  acide  nitreux  et  du  gaz  azote  ; au  bout  de  4 
heures  ou  3 heures  et  demie  environ  on  cesse  le  feu  , 
on  trouve  dans  le  creuset  une  matière  verdâtre  qui  est 
de  la  barite  pure.  Elle  a un  aspect  poreux  , elle  est  bour- 
souflée par  la  grande  quantité  de  gaz  qui  se  sont  dégagés', 
elle  contient  cependant  dans  cet  état  quelques  corps  étran- 
gers , tel  que  de  l’oxide  de  fer  •,  on  l’en  prive  en  la 
dissolvant  dans  l’eau  , filtrant  et  faisant  évaporer  ; ell§ 
cristallise  en  petits  prismes  à 4 pans  terminés  par  des 
sommets  dièdres. 

Quand  on  veut  avoir  le  nitrate  de  barite  bien  pur  , il 
faut  préalablement  traiter  le  sulfate  de  barite  par  l’acide 
muriatique  qui  s’empare  du  fer. 

Le  sulfure  de  barite  , ainsi  que  le  sulfate  , présente  un 
phénomène  dont  nous  devons  la  counoissance  à Vincenzo 
Casciarolo , cordonnier  d Italie. 

On  prend  du  sulfure  ou  du  sulfate  de  barite',  on  le  ré- 
duit  en  poudre  dans  un  mortier;  on  en  fait  une  pâte  avec 
un  peu  de  mucilage  de  gomme  adragant  ; on  en  forme  en- 
suite des  gâteaux , minces  comme  des  lames  de  couteaux  ; 
on  fait  sécher  ces  gâteaux,  et  on  les  calciue  fortement  en 
les  mettant  au  milieu  des  charbons  dans  un  fourneau  qui 
tire  bien:  on  ne  les  en  retire  que  lorsque  le  charbon  est 
consumé  et  le  fourneau  refroidi;  on  les  nétoie  par  le  moyen 
d un  souflet;  on  les  expose  à la  lumière  pendant  quelques 
minutes,  et  en  les  porLant  dans  un  lieu  obscur,  on  les  voit 
briller  comme  un  charbon  ardent.  Gcs  gâteaux  luisent 
aième  dans  leau  ; ils  perdent  peu-à-peu  cette  propriété,  et 


20  Sulfate  de  Strontiane'. 

on  la  leur  rend  en  les  chauffant  de  nouveau  ; c’est  ce  qu’on 

nomme  phosphore  de  Bologne. 

Les  alcalis  ne  décomposent  pas  le  sulfate  de  barite  ; 
mais  M.  Berthollet  a reconnu  que  la  potasse  pure  qu'on  a 
fait  bouillir  avec  lui , le  décompose  en  partie. 

Les  acides  forts  n’ont  point  d’action  sur  le  sulfate  de 
barite  , parce  que  l’acide  sulfurique  est  le  plus  adhérent  de 
tous  à la  terre  qui  sert  de  base  a ce  sel. 

M.  Gay-Lussac  a cependant  annoncé  qu'on  pouvoit 
le  décomposer  à une  haute  température  par  les  acides 
phospliorique  et  boracique. 

Le  sulfate  est  décomposé  par  les  carbonates  de  potasse 
et  de  soude,  et  par  le  muriate  de  chaux. 

Le  sulfate  de  barite  est  composé , d’après  MM.  V au- 
quelin  et  Thénard , d’acide  sulfurique  2 5,  de  barite  - S. 
Ces  proportions  diffèrent  dans  le  sulfate  artificiel,  acide  38, 
barite  64  5 eau  3. 

Le  sulfate  de  barite  n’est  d’aucun  usage  ; on  en  extrait 
la  barite  pour  l’usage  de  la  chimie. 

§.  y. 

Sulfate  de  Stronliane. 

Gn  ne  connoissoit  pas  autrefois  ce  sulfaté;  la  strontiane 
se  trouvoit  à l’état  de  carbonate  terreux  a Strontian,  dans 
l’Argylesliire  , dans  la  partie  occidentale  du  nord  de 
l’Ecosse , accompagnant  un  filon  de  mine  de  plomb.  C est 
à M.  Klaprotli , que  l’on  doit  la  connoissauce  de  ce  sel. 
On  en  a découvert  depuis  peu  une  grande  quantité  en 
France.  On  l’appelle  strontiane  sulfatée  terreuse.  ; cette 


f 


Sulfate  de  Strontiane.  21 

Variété , que  l’on  trouve  â Montmartre  , près  Paris  , d’après 
M.  Vauquelin  , est  composée  de  chaux  carbonatée  H, 33  , 
de  strontiane  sulfatée  91,42  , de  fer  ©,2 5.  Voy.  strontiane. 

D’après  les  expériences  de  M.  Vauquelin  , le  sulfate 
de  strontiane  natif  est  composé  de  carbonate  de  chaux 
0,10,  eau  o,5,  sulfate  de  strontiane  o,83  , et  un  peu 
de  fer. 

Ce  dernier  est  lui- même  composé  sur  100  parties  , 
strontiane  o,54 , acide  sulfurique  o,46. 

Le  sulfate  de  strontiane  n’a  pas  de  saveur  -,  il  est 
insoluble  dans  l’eau,  très-blanc,  lorsqu’il  est  pur-,  cris- 
tallisé , pesant  un  peu  moins  que  le  sulfate  de  barite. 

Les  formes  secondaires  du  sulfate  de  strontiane  sont  à- 
peu-près  les  mêmes  que  celles  du  sulfate  de  barite  , mais 
elles  sont  plutôt  en  prismes  qu’en  tables.  Les  plus 

beaux  cristaux  viennent  des  vallées  de  Noto  et  de  Maz- 

■ 1 * ■ \ 1 * 

zare  en  Sicile.  On  trouve  aussi  des  cristaux  bleuâtres  de 
sulfate  de  strontiane  dans  les  bancs  de  soufre  eu  Espagne. 

Ce  sel  est  fusible  à une  haute  température,  et  il  ré- 
pand une  lueur  phosphorique  d’un  jaune  purpurin  lorsr 
qu’on  le  traite  au  chalumeau. 

Le  charbon  décompose  le  sulfate  de  strontiane  , mais 
il  faut  préalablement  enlever,  par  un  acide  , le  carbonate 
de  chaux  qui  y est  mêlé  : on  se  sert  ordinairement  d’acide 
nitrique  0u  muriatique  -,  on  lave  bien  la  partie  non  soluble 
dans  cet  acide  , et  on  la  traite  par  le  charbon  , comme 
nous  1 avons  indiqué  pour  le  sulfate  de  barite.  Voyez  ce  mot. 

On  obtient  ainsi  un  sulfure  de  strontiane  que  l’on 
décomposé  par  l'acide  nitrique  : il  se  forme  un  nitrate 
de  strontiane  -,  quand  on  veut  avoir  la  strontiane  pure/ 
on  chauffe  ce  nitrate  daus  une  cornue,  ou  mieux,  dans 


52 


Sulfate  de  Potasse. 

un  creuset  d’argent , l’acide  nitrique  se  décompose  , et  £a 
strontiane  reste  pure. 

Le  sulfate  de  strontiane  est  soluble  dans  l’excès  de  son 
acide  : phénomène  qu’on  ne  peut  obtenir  avec  le  sulfate- 
de  barite. 

La  barite,  la  potasse  et  la  soude  décomposent  le  sulfate 
de  strontiane  par  la  voie  sèche  , à l’aide  de  la  chaleur. 

S-  VL 

.Sulfate  de  Potasse 

Le  sulfate  de  potasse  existe  dans  les  végétaux , d’où 
l’on  peut  le  retirer  par  l’incinération  et  par  le  lavage  des, 
cendres. 

Il  y a des  salins  du  commerce  qui  contiennent  moitié 
de  letir  poids  de  sulfate  dépotasse. 

Les  cendres  des  végétaux  en  tiennent  une  très-grande 
quantité,  sur-tout  ceux  qui  croissent  loin  delà  mer;  car, 
près  de  la  mer  , ils  contiennent  plutôt  du  sulfate  de  soude  £ 
on  le  sépare  des  cendres  par  leur  lixiviation  dans  l'eau. 

Ce  sel  portoit  autrefois  diffère  ns  noms,  teLs  que  tartre 
vitriolé  , sel  de  duobus , sel  polychreste  de  Glaser  ,.  area* 
num  duplicalurn  , vitriol  de  potasse , etc. 

Pour  préparer  ce  sel  , on  met  dans  une  terrine  de  grès, 
quatre  parties  de  potasse  carbonatée , que  l’on  fait  dis- 
soudre dans  douze  parties  d’eau  chaude.  On  verse  peu- 
à-peu  de  l’acide  sulfurique  étendu  d eau  : il  se  fait  une 
Vive  effervescence,  si  l’on  emploie  la  potasse  du  commerce: 
alors,  on  continue  de  verser  de  l’acide  jusqu’à  ce  que  la 
liqueur  ne  change  point  la  couleur  du  papier  teint  de  tour- 


Sulfate  de  Potasse.  2 3 

«esol  : c’est  ce  que  I on  nomme  point  de  saturation-,  on 
filtre  la  liqueur  , et  on  la  fait  évaporer  jusqu’à  légère  pel- 
licule , ou  jusqu’à  ce  que  la  liqueur  donne  i5  degrés  à 
l'aréomètre  de  Mossj.  Ce  sel  cristallise  par  refroidis- 
sement. 

On  peut  aussi  retirer  ce  sel  du  sulfate  acide  de  potasse, 
provenant  de  la  décomposition  du  nitrate  de  potasse  par 
l’acide  sulfurique.  On  dissout  «ce  sulfate  acide  dans  de 
l’eau  , on  ajoute  de  la  potasse  carbonatée  et  pour  plus 
d économie  , de  la  craie  délayée-,  on  fait  chauffer  ; l’acide 
sulfurique  libre  décompose  le  carbonate  de  cliaux  -,  l’acide 
carbonique  se  dégage,  et  il  se  précipite  du  sulfate  de 
chaux  : on  cesse  d’ajouter  de  la  craie  quand  la  liqueur  ne 
donne  plus  aucun  signe  d’acide  ; on  filtre  ; il  passe  dans  la 
liqueur  du  sulfate  de  potasse  , et  il  reste  sur  le  filtre  du 
sulfate  de  chaux  insoluble,  et  un  peu  de  carbonate  de 
chaux.  On  fait  évaporer  la  liqueur  jusqu’à  ce  qu’il  se 
forme  quelques  cristaux  sur  les  bords  ; en  refroidissant  , 
il  cristallise  en  prismes  hexaèdres  terminés  par  des  py- 
ramides hexaèdres;  le  plus  souvent,  ce  sont  deux  pyra- 
mides hexaèdres  jointes  base  à base  , ou  deux  pyramides 
quadrangulaires. 

Le  sulfate  neutre  parvient  difficilement  à la  fusion 
ignée  ; il  ne  donue  jamais  qu’un  émail  , au  lieu  qu’il  ne 
faut  qu’une  température  modique  pour  le  sulfate  acide  ; 
le  sulfate  neutre  décrépite  au  feu. 

11  a une  saveur  amère , assez  désagréable.  Sa  pesanteur 
spécifique  est  de  2.4073. 

Ce  sel  n est  point  altéré  par  l’air. 

Le  sulfate  de  potasse  est  décomposé  par  le  charbon. 

Si  1 on  chauffe  fortement  dans  un  creuset  parties  égales 


ȟ\.  Sulfate  de  Potasse. 

de  charbon  et  de  sulfate  de  potasse,  il  se  forme  du  sulfure 
de  potasse  •,  le  charbon  absorbe  l’oxigène  de  l’acide  sul- 
furique, et  il  se  dégage  du  gaz  acide  carbonique. 

On  peut  ainsi  dans  les  arts  , transformer  du  sulfate  de 
potasse , en  sulfure  par  le  charbon  ; et  décomposant  en- 
suite ce  sulfure  par  la  chaux  , on  obtiendrait  un  sulfure  de 
chaux  insoluble,  et  la  potasse  resterait  à nu. 

Ce  sel  n’est  soluble  que  dans  16  à 18  parties  d’eau,  à 
la  température  de  io  degrés,  échelle  de  Réaumur.  L’eau 
bouillante  paraît  en  dissoudre  presque  le  quart  de  son 
poids.  Par  refroidissement,  on  l’obtient  cristallisé,  pourvu 
toutefois  que  l’eau  en  soit  parfaitement  saturée  ; sans  cela, 
il  faut  employer  l’évaporation. 

Ce  sel  est  décomposé  en  partie  par  l’acide  nitrique. 

On  met  dans  une  cornue  de  verre , parties  égales  de 
sulfate  de  potasse  en  poudre  , et  d’acide  nitrique  , à 34 
degrés.  On  y adapte  un  l'écipient , et  l’on  pose  la  cornue 
sur  un  bain  de  sable  ; on  soumet  ensuite  le  mélange  à la 
distillation. 

Ou  bien  l’on  met  le  mélange  dans  un  matras  ; on  fait 
chauffer  jusqu’à  ce  que  le  sel  soit  dissous  ; on  verse  la  li- 
queur dans  une  capsule  de  verre  -,  elle  fournit  par  le  re- 
froidissement , des  cristaux  de  uitre  -,  cepeudant  tout  le 
sulfate  n’est  pas  décomposé  , on  obtient  encore  du  sulfate 
acide  de  potasse. 

C’est  une  cause  de  l’affinité  de  l’acide  sulfurique  pour 
le  sulfate  de  potasse , que  l’acide  nitrique  peut  décom- 
poser le  sulfate  de  potasse  : l’affinité  seule  de  l’acide  ni- 
trique pour  la  potasse  ne  suffirait  pas;  mais  celle  de  l’a- 
cide sulfurique  pour  le  sulfate,  qui  s’exerce  en  même 
tcm§ , détermine  la  décomposition  ; il  sc  forme  un  nitrate 


Sulfate  acide  de  Potasse.  2 5 

de  potasse,  et  un  sulfate  acide  de  potasse  qui  n’est  pas 
décomposé  par  l’acide  nitrique. 

L’acide  muriatique  opère  le  même  effet.  Parmi  les  bases, 
il  n’y  a que  la  barite  et  lastrontiane  qui  décomposent  ce  sel. 

Si  l’on  verse  une  dissolution  de  barite  ou  de  strontiane 
dans  une  dissolution  de  ce  sel  , il  se  forme  un  précipité 
de  sulfate  de  barite  ou  de  strontiane. 

Proportions,  d’après  Kirwan  , acide  sulfurique  4-5  5 
potasse  55. 

Le  sulfate  de  potasse  est  d usage  en  médecine  -,  on  s’en 
sert  aussi  pour  faire  cristalliser  le  sulfate  d alumine. 

§•  VII. 

Sulfate  acide  de  Potasse. 

Le  sulfate  de  potasse  a la  propriété  de  se  charger 
d’une  plus  grande  quantité  d’acide  sulfurique,  qufil  ne  lui 
en  faut  pour  se  constituer  sulfate  de  potasse. 

Si  l’on  chauffe  dans  une  cornue  du  sulfate  de  potasse, 
ayec  le  tiers  de  son  poids  d’acide  sulfurique  concentré,' 
ce  sel  reste  imprégné  d’acide  , et  acquiert  des  propriétés 
nouvelles. 

On  peut  encore  le  préparer  en  faisant  dissoudre  dans  de 
l’eau  bouillante  le  résidu  provenant  de  la  décomposition 
du  nitrate  de  potasse  par  1 acide  .sulfurique. 

Il  rougit  les  couleurs  bleues  végétales. 

Il  cristallise  en  grimpant  sur  les  parois  des  vases  , en 
aiguilles  fines  -,  on  a cru  remarquer  qu’il  grimpe  toujours 
yers  le  côté  éclairé. 

Sa  saveur  esl  très-aigvç  > piquanU  et  amère-,  il  est 


/ 


a 6 Sulfate  de  Soude. 

composé  de  67  parties  de  sulfate  de  potasse  et  de  33  da- 

eide  en.  excès. 

Il  fait  effervescence  avec  les  alcalis  saturés  d acide  car- 
bonique -,  il  n’attire  pas  l’humidité  de  l’air. 

Il  se  fond  au  feu  , beaucoup  plus  facilement  que  le  sul- 
fate de  potasse  , il  en  résulte  une  espèce  de  verre  , ou 
d’émail  blanc  opaque,  d’une  saveur  très-acide.  A un  grand 
feu  l’excès  d’acide  se  décompose,  il  se  change  d après 
M.  Gciy-Lussac  , en  gaz  oxigène  et  en  acide  sulfureux. 

Il  est  beaucoup  plus  soluble  dans  l’eau  que  le  sultate 
de  potasse  neutre. 

Ce  sel  est  plus  facilement  décomposé  par  les  corps 
combustibles  , tels  que  l’hydrogene  . le  carbone  rouge  , et 
le  soufre  qui  s’empare  de  l’excès  d’acide , et  qui  le  vo- 
latilise à l’état  d’acide  sulfureux. 

La  barite  le  décompose  ; on  le  rappelle  à l’état  neutre 
par  la  potasse. 

Si  l’on  ajoute  du  sucre  à la  dissolution  de  ce  sel  , on 
imite  ainsi  une  sorte  de  limonade  laxative. 

§.  V 1 1 ï. 

Sulfate  de  Soude . 

Ce  sel  est  plus  abondant  dans  la  nature  que  le  sulfate 
de  potasse.  Les  marais  salans  des  environs  de  Aarbonne 
ont  fourni  pendant  longtems  à tout  le  midi  de  la  France, 
le  sulfate  qui  y étoït  employé;  les  salines  de  la  Iouraine, 
du  Jura  et  du  Mont-Blanc},  en  donnent  aussi  beaucoup  ; oit 
le  trouve  encore  en  assez  grande  quantité  dans  les  eaux 
de  la  mer , dans  celles  de  certaines  fontaines  salees  , et 


Stfîfnfe  ftt  'Soiuhr.  ij- 

frur-tout  dans  plusieurs  eaux  minérales  , en  Lorraine  -,  on 
lui  donne  improprement  le  nom  de  sel  d’Epsom  , nom 
d’un  sel  que  l’on  envoie  d Angleterre  d’une  fontaine  nom- 
mée Epsom. 

On  l’a  nommé  aussi  set  admirable  de  Glauber , parce 
qu’il  a été  découvert  par  ce  chimiste. 

Quand  on  veut  obtenir  ce  sel  très-pur , on  met  dans 
une  terrine  de  grès  des  cristaux  de  soude , ou  carbonate 
de  soude:  on  les  fait  dissoudre  dans  une  suffisante  quan- 
tité d’eau  chaude  ; on  verse  peu-à-peu  dans  cette  disso- 
lution de  l’acide  sulfurique  affoibli  5 il  se  fait  une  vive 
effervescence,  due  au  dégagement  de  l’acide  carbonique. 
On  continue  d’en  mettre  jusqu’à  ce  qu’il  ne  se  fasse  plus 
de  mouvement , et  que  le  mélange  soit  bien  saturé  ; ce 
que  l’on  reconnoît  encore  avec  le  papier  réactif.  On  filtre 
la  liqueur  presque  bouillante,  et  on  la  fait  .évaporer  con- 
venablement : elle  fournit  par  le  refroidissement  de  très- 
beaux  cristaux. 

Il  est  rare  que  l’on  compose  ce  sel  de  toute  pièce  , on 
l’obtient  plus  souvent,  dans  les  laboratoires  , de  la  décom- 
position du  muriate  de  soude  par  l’acide  sulfurique. 

A cet  effet , on  réduit  en  poudre  la  masse  restante 
dans  la  cornue  , on  fait  dissoudre  dans  de  l’eau  et  on 
sature  l’excès  d’acide  du  sulfate  acide  de  soude.  On  y 
ajoute  de  la  craie  délayée  ; ou  fait  chauffer  ; il  se  forme 
du  sulfate  de  chaux,  et  du  sulfate  de  soude-,  on  filtre; 
le  sulfate  de  chaux  reste  avec  un  peu  de  carbonate  non 
décomposé  , et  il  passe  du  sulfate  de  soude  qu’on  fait  éva- 
porer jusqu’à  très-légères  pellicules,  ou  jusqu’à  cc  que 
la  liqueur  marque  t?4  degrés  , aréomètre  de  Mossy.  Il 
cristallise  , eu  refroidissant , sa  forme  la  plus  ordinaire 


' 2 S Sulfate  de  Soude. 

est  celle  d un  prisme  hexagone  , applati , terminé  par  de* 
pyramides  dièdres. 

Ce  sel  admet  dans  la  formation  de  ses  cristaux  plus  que 
la  moitié  de  son  poids  d’eau. 

Il  a unç  saveur  salée , amère  et  fraîche.  Sa  pesanteur 
spécifique  est  à celle  de  l’eau  comme  2246  est  à 100a. 

Mis  en  contact  avec  le  calorique  , on  obtient  deux  es- 
pèces de  fusion  : l’une  qui  est  due  à l’eau  qui  entre  dans 
la  formation  de  ses  cristaux , et  que  l’on  appelte  fusion 
aqueuse-,  l’autre  , quand  on  opère  à l’aide  d’une  grande 
chaleur  : on  la  nomme  fusion  ignée.  La  manière  dont  le 
sulfate  de  soude  se  comporte  au  feu  , donne  un  exemple 
de  ces  deux  espèces  de  fusion. 

Lorsqu’on  expose  ce  sel  à l’action  du  calorique  , il  se 
liquéfie  assez  promptement:  cette  fusion  n’est  donc  qu’une 
dissolution  de  la  matière  saline  par  l’eau  chaude. 

Si  r on  continue  de  faire  chauffer  ce  sel , après  l’avoir 
fait  liquéfier  , il  se  dessèche , blanchit  et  coule  : si  on  le 
laisse  refroidir  dans  cet  état,  il  ressemble  à l’émail  blanc*, 
mais  il  n’est  pas  décomposé. 

Enfin , si  on  l’expose  longtemps  à uu  feu  violent  , il  se 
réduit  en  vapeurs. 

L’air  réduit  peu-à-peu  les  cristaux  de  sulfate  de  soude  *, 
ils  tombent  en  une  poussière  blanche  très-fine.  On  donne 
a ce  phénomène  le  nom  d efllorescence.  Cet  effet  n’a  lieu 
que  parce  que  ce  sel  perd  beau  qui  entre  daus  la  combi- 
naison de  ses  cristaux  ; aussi,  l cftlorescence  n est-elle  ja- 
mais plus  rapide  et  plus  marquée,  que  lorsque  l’air  est 
très-sec  , et  par  conséquent  très-avide  d’humidité  ; il  y a 
donc  ici  une  affiuilé  plus  grande  entre  l'eau  et  l’air , 


Sulfate  de  Soude.  zy 

qu’entre  l’eau  et  la  matière  saline.  Il  perd  environ  la 
moitié  de  son  poids. 

La  nature  du  sel  n’est  pas  changée  ; on  peu  lui  ren- 
dre sa  forme  cristalline , en  lui  restituant  l’eau  qu’il 
a perdue. 

On  peut  à l’aide  du  calorique  opérer  le  môme  phé- 
nomène d’efflorescence  et  dans  un  espace  de  tems  plus 
court. 

Le  carbone  décompose  ce  sel  , ainsi  que  quelques 
métaux. 

Il  ne  faut  pas  croire  cependant  que  cette  décomposition 
ait  lieu,  parce  que  ces  substances  enlèvent  l’acide  sulfu- 
rique ; mais  bien  parce  qu’ils  s'emparent  de  l’oxigène  de 
l’acide;  or,  1 ’oxigène  est  là  un  principe  éloigné  de  ce  sel, 
tandis  que  la  soude  et  l’acide  en  sont  les  principes  pro- 
chains: ainsi  les  combustibles  agissent  seulement  sur  un 
des  principes  éloignés  , et  l’on  obtient  un  sulfure. 

On  a proposé  ce  moyen  pour  décomposer  le  sulfate  de 
soude;  mais  le  charbon  seul  ne  suffit  pas,  il  faut  y joindre 
un  carbonate  calcaire  ; dans  ce  cas,  la  chaux  s’empare  du 
soufre:  mille  parties  de  sulfate  de  soude,  cinq  cent  cin- 
quante parties  de  charbon  , et  mille  de  carbonate  calcaire 
suffisent.  On  obtient  un  sulfure  de  chaux  et  du  carbonate 
de  soude , que  l’on  peut  séparer  par  le  lessivage. 

Schèele  a vu  qu’en  mêlant  dans  une  dissolution  de  sul- 
fate de  soude  , de  la  chaux  vive  , il  se  forme  , en  laissant 
le  mélange  exposé  à l’air,  du  carbonate  de  soude  , qui  se 
cristallise  , et  grimpe  contre  les  parois  du  verre  ; le  môme 
effet  a lieu  avec  le  muriate  de  soude. 

On  peut  encore  retirer  la  soude  du  sulfate,  en  mettant 
les  cristaux  desséchés  avec  du  charbon  et  de  la  limaille 


/ 


3 o Sulfate  de  Soudé. 

de  fer  bien  mélangés,  dans  un  creuset j on  chauffe  forte* 
ment:  le  charbon  décompose  l’acide  sulfurique  du  sul- 
fate de  soude  ; le  sulfure  de  soude  formé,  est  décomposé 
par  le  fer  , qui  a plus  d’affinité  pour  le  soufre  que  la 
soude  •,  il  se  forme  un  sulfure  de  fer  , et  un  carbonate 
de  soude.  Après  avoir  laissé  refroidir  , on  dissout  le 
carbonate  de  soude  -,  en  filtrant  , on  sépare  le  sulfure 
de  fer  ; on  fait  évaporer,  et  on  obtient  des  cristaux  de 
carbonate  de  soude. 

Le  sulfate  de  soude  se  dissout  très-facilement  dans 
l’eau  , et  la  refroidit.  Ce  froid  provient  de  la  quantité 
de  calorique  qu’absorbe  le  sulfate  pour  devenir  liquide. 
A io  degrés  de  clialeur , l’eau  n’en  dissout  que  le  5e. 
de  son  poids  -,  l’eau  bouillante  dissout  plus  que  son  poids 
de  ce  sel. 

Mêlé  avec  le  double  de  son  poids  de  glace , il  produit 
a degréç  de  froid  ; la  température  étant  au  terme  de  la 
congélation. 

Parmi  les  bases  salifiables , il  n’y  a que  la  barite  et  la 
stronliane  qui  le  décompose.  En  vei’sant  une  dissolution 
de  ces  terres  dans  de  l’eau  saturée  de  sulfate  de  soude, 
il  se  forme  un  sel  insoluble  , sulfate  de  barite  ou  de 
stronliane , et  la  soude  reste  dissoute  daus  l’eau. 

La  potasse  pure  est  caustique  , mêlée  à une  disso*- 
lution  de  sulfate  de  soude  , le  décompose,  parce  qu  elle 
a plus  d’affinité  avec  l’acide  sulfurique , que  n'en  a la 
sonde. 

M.  T rommsdorff  a proposé  d extraire  la  soude  du 
sulfate  de  soude  , à l’aide  de  la  potasse. 

On  fait  dissoudre  16  livres  de  sulfate  de  soude  cristal- 
lisé dans  3a  livres  d eau  bouillante  \ on  ajoute  3 livres 


Sulfate  cle  Chaux.  3i 

de  potasse;  on  fait  éprouver  au  mélange  quelques  bouil- 
lons , et  on  laisse  refroidir;  il  se  dépose  une  grande 
quantité  de  sulfate  de  potasse.  On  passe  la  lessive  à 
travers  un  filtre  ; et  on  la  place  dans  un  endroit  frais. 
Après  quelques  jours  , on  y trouve  une  belle  cristalli- 
sation de  carbonate  de  soude.  On  décante  le  liquide, 
on  le  concentre  par  l’évaporation , et  on  met  de  nou- 
veau à cristalliser.  Cette  cristallisation , ainsi  que  les 
suivantes  , seront  mêlées  de  sulfate  de  potasse.  Pour 
séparer  ce  sel  du  carbonate  de  soude , on  expose  les 
différentes  cristallisations  à une  légère  chaleur  qui  fait 
fondre  le  carbonate  dans  son  eau  de  cristallisation. 
Après  la  fusion,  on  décante  ce  sel  de  dessus  le  sulfate 
de  potasse  ; on  le  fait  dissoudre  dans  l’eau  , et  on  le 
cristallise  de  nouveau. 

On  fait,  d’un  autre  côté,  dissoudre  dans  de  l'eau  le 
sulfate  de  potasse  précipité  , et  celui  obtenu  par  la  cris- 
tallisation ; et  on  le  cristallise. 

Le  sulfate  de  soude  se  combine  encore  avec  l'acide 
sulfurique  ; il  en  résulte  un  sulfate  acide  , comme  celui 
de  potasse. 

Les  acides  nitrique  et  muriatique  décomposent  ce  sel  , 
avec  les  mêmes  circonstances. 

Ce  sel  est  souvent  employé  en  médecine.  L analyse 
y a démontré  27  pallies  d’acide,  i5  de  soude,  et  58 
d'eau. 

§.  IX. 


Sulfate  de  Chaux. 

Îa:  sulfate  de  chaux,  connu  vulgairement  sous  le  nom 


32  Sulfate  de  Chaux. 

de  gypse,  plâtre  , sélénite  , est  très-abondant  dans  la  na- 
ture : il  est  composé  de  4^  parties  d’acide  , de  32  de 
cliaux  et  22  d’eau , et  d’après  M.  Clienevix , lorsque 
ce  sel  a été  bien  chauffé  daus  uu  creuset  de  platine  , 
de  57  d’acide  et  de  4^  de  chaux. 

On  compte  beaucoup  de  variétés  de  sulfate  de  chaux  : il 
y en  a eu  gros  cristaux,  en  masse  déposée,  en  petites 
écailles  , etc. 

Ce  sel  n’a  pas  de  saveur  sensible.  Sa  pesanteur  spé- 
cifique est  à celle  de  l’eau  comme  23  est  à xo. 

Au  feu  , il  décrépite  légèrement,  et  devient  d'un  blanc 
mat  ; il  forme  cc  qu’on  appelle  le  plâtre  fin.  On  se  sert 
de  ce  sulfate  cristallisé,  pour  avoir  un  plâtre  plus  pur 
et  plus  blanc-,  on  l’emploie  pour  les  objets  de  sculpture 
que  l’on  'coule  dans  des  moules.  11  perd  , par  celle  cal- 
cination , environ  20  pour  100  de  son  poids  , et  augmente 
beaucoup  de  volume.  A une  haute  température  , il  se 
fond  sans  se  décomposer. 

Ce  sel  n’est  pas  décomposable  à l’air  -,  il  perd  seulement 
un  peu  de  sa  transparence,  et  présente  différentes  cou- 
leurs et  se  brise.  A l’humidité  , il  se  dégrade  facilement. 

Il  faut  5oo  parties  d’eau  pour  en  dissoudre  une  de 
sulfate  de  chaux,  à la  température  de  10.  Après  la  dis- 
solution , l’eau  est  plus  pesante,  d’une  saveur  fade  , lourde 
sur  l’estomac.  L’eau  des  puits  de  Paris  en  tient  eu 
dissolution  -,  car,  si  on  la  laisse  déposer , on  y trouve  du 
sulfate  de  chaux  en  très-petits  cristaux , ou  en  pous- 
sière grise. 

Les  légumes  durcissent  , si  on  les  fait  cuii-e  dans  ces 
sortes  d’eaux.  Un  peut  faire  cette  expérience,  en  faisant 
cuire  comparativement  un  légume  ( des  haricots  ) , dans 


Sulfate  de  Chaux.  33 

de  1 Vau  chargée  de  ce  sel  , et  dans  de  l’eau  pure.  Il  faut 
prendre  une  quantité  égale  d’eau  et  de  haricots  , et  les 
faire  cuire  dans  le  même  espace  de  teins. 

Le  charbon  décompose  le  sulfate  de  chaux  ; et,  si  le 
plâtre  u 'est  pas  bien  sec  , on  obtient  aussi  du  gaz  hydro- 
gène carboné. 

O11  prend  une  cornue  de  grès  -,  l’on  y introduit  un  mé- 
lange de  charbon  en  poudre  et  de  plâtre  , environ  £ de 
charbon  et  £ de  plâtre  ; on  adapte  à la  cornue  un  titbe  re- 
courbé , qui  va  plonger  sous  une  cloche  dans  la  cuve 
pneumato-chimique. 

Le  sulfate  de  chaux  se  réduit  à l’état  de  sulfure,  que 
l’on  retrouve  dans  la  cornue , et  l’on  obtient  sous  la 
cloche  du  gaz  acide  carbonique  et  du  gaz  hydrogène  car- 
boné. V,oyez  l’article  sulfure. 

La  barite,  la  strontiane  et  les  alcalis,  ont  plus  d’affinité 
que  la  chaux  avec  l'acide  sulfurique.  En  versant  une 
dissolution  de  ces  substances  dans  une  eau  chargée  de 
sulfate  de  chaux  , il  se  forme  un  précipité.  L’acide 
sulfurique  rend  ce  sel  très-soluble.  Les  acides  nitrique 
et  muriatique  augmentent  sa  solubilité  sans  le  dé- 
composer. 

On  calcine  le  plâtre  pour  les  bâtiméns  avec  du  bois  , et 
la  flamme  le  traverse  ; il  se  forme  en  même  tems  un 
peu  de  sulfure  de  chaux -,  aussi  , si  l’on  gâche  le  plâtre 
Irais  cuit , il  répand  une  odeur  d’hydrogène  sulfuré  , 
tres-sensible.  Dans  les  carrières  à plâtre,  eu  France  , par 
exemple,  on  brise  la  pierre  en  morceaux,  on  en  fait 
alors  des  fourneaux  , construits  eu  forme  de  voûtes  sous 
des  hangards  , on  réunit  les  pierres  en  un  massif  parallé- 
lipipédique  et  a claire  voie  , dans  le  bas  duquel  sont 


34  Sulfate  de  Chaux. 

pratiqués  des  cavaux  voûtés.  On  jette  du  bois  dans  c es 
cavaux  , et  la  chaleur  produite  par  sa  combustion  suffit 
pour  cuire  le  plâtre.  On  entretient  le  feu  jusqu’à  ce 
que  les  pierx-es  commencent  à rougir;  alors  , on  retire 
le  feu,  on  fait  crouler  la  voûte,  et  on  brise  la  pierre 
calcinée  avec  des  baltes  ordinaires.  Les  pierres  qui  se  : 
refusent  au  broyement  , sont  mises  de  côté  pour  être  i 
calcinées  de  nouveau.  La  cuisson  a donc  pour  but  de  chas- 
ser toute  l’eau  de  cristallisation,  et  de  rendre  par  là  le 
sulfate  de  chaux  plus  blanc , pulvérulent , et  avide  d absor- 
ber l’eau  dont  on  l’a  privé. 

Le  plâtre  calciné  n’est  pas  pur  : il  s’y  trouve  de  la 
chaux  vive,  qui  est  la  cause  de  la  chaleur  qu’il  prend, 
lorsqu’on  le  gâche.  Cette  chaleur  vient  encore  du  calori- 
que de  l’eau  solidifiée  , qui  se  dégage  pendant  la  cristalli- 
sation. 

Si  l’on  verse  un  acide  sur  du  plâtre  pur,  il  n’y  a pa» 
d’effervescence  ; mais  , si  c’est  de  la  pierre  à plâtre  , il  y a 
effervescence,  parce  que  l’acide  carbonique  du  carbonate 
de  chaux  qui  s’y  tx’ouve  , se  dissipe. 

Lorsque  le  plâtre  est  cuit  et  gardé  tx-op  longtems  , il 
fait  effervescence  avec  un  acide , parce  que  la  chaux  qu’il 
contient  a eu  le  tems  de  reprendre  de  l’acide  carbonique  : t 
acide  qu’elle  avoit  pex’du  par  la  calcination  : il  r eprend  aussi 
peu-à-peu  soxx  eau  de  cristallisation  ; aussi  est-il  essentiel, 
pour  conserver  le  plâtre  pur  , de  le  priver,  autaut  qu  il  est 
possible  , du  contact  de  l’air  et  de  l'humidité. 

Si  l’on  gâche  le  plâtre  calciné,  on  lui  rend  son  eau  de 
cristallisation  -,  loi'sque  la  quantité  d’eau  qu’on  ajoute  au  : 
plâtre  , est  à-peu-près  égale  au  volume  du  plâtre  employé , 


Sulfate  d’ Ammoniaque.  35 

ce  liquide  ne  tarde  pas  à être  absorbé  ; le  plâtre  se  prend 
alors  en  une  masse  solide. 

Le  plâtre  employé  durcit,  i°.  parce  que  le  sulfate  de 
chaux  se  cristallise  ; i°.  parce  que  la  chaux  absorbe  de  l’a- 
cide carbouique , et  c’est  l’entrelacement  de  ces  cristaux  de 
deux  espèces  , qui  est  la  cause  de  la  solidité. 

C’est  le  carbonate  de  chaux,  qui  est  dans  le  plâtre  , qui 
est  cause  que  les  plâtras  se  salpétrent  très-promptement , 
lorsque  les  murs  sont  exposés  à l’humidité  et  aux  matières 
animales  -,  la  chaux  alors  se  combine  avec  l’acide  nitrique 
qui  se  forme. 

Le  plâtre  sert,  dans  plusieurs  pays  , à amender  les 
terres  , principalement  les  terreins  trop  humides  , dans 
lesquels  on  veut  cultiver  du  txèlle. 

Les  usages  du  sulfate  de  chaux,  comme  plâtre  , font  la 
base  d’une  foule  d’arts-,  tels  que  ceux  du  stucateur  , du 
modeleur , du  décorateur  , du  mouleur , etc. 


$■  X. 

J A » .J  . . i 

Sulfate  d’ Ammoniaque. 


On  appeloit  autrefois  ce  sel , vitriol  ammoniacal , sel 
tecret  de  Glauber , parce  que  c’est  ce  chimiste  qui  l’a 
découvert. 

On  dit  l’avoir  trouvé  en  efllorescence  blanche  , aux  en- 
virons des  volcans  et  eu  cristaux  , autour  de  la  bouche  du 
Vésuve  , et  l avoir  retiré  de  quelques  eaux  de  Toscane  : ou 
a dit  aussi  qu’on  eu  avoit  vu  à la  surface  de  la  terre  , en 
elllorescence , comme  le  nitre  aux  environs  de  Turin; 
mais  cela  paraît  encore  douteux.  Bergmann  n’eu  a point 
trouvé  dans  les  eaux  qu'il  a examinées  ; cependant,  comme 


36 


Sulfate  cl’ Ammoniaque. 

il  y a beaucoup  de  soufre  et  d’ammoniaque  dans  la  na- 
ture , cette  combinaison  peut  se  former  -,  mais  étant  très- 
soluble  dans  l’eau  , elle  disparoît  en  attirant  l’humidité  de 
l’air.  On  le  rencontre  aussi  dans  les  eaux  de  fumier  , et  sous 
forme  de  stalactites  jaunâtres,  recouvertes  d’une  pous- 
sière farineuse  blanchâtre,  dans  les  lagonis  de  Sienne,  en 
Toscane. 

Pour  préparer  ce  sel , on  met  *dans  un  ballon  du  carbo- 
nate d’ammoniaque',  on  le  fait  dissoudre  dans  une  sufiisante 
quantité  d’eau  , on  verse  peu-à-peu  dans  cette  dissolution 
de  l’acidc  sulfurique,  jusqu’à  ce  que  le  mélange  soit  au 
point  de  saturation  ; il  se  fait  chaque  fois  une  vive  efferves- 
cence. Lorsque  le  mélange  est  saturé  , on  filtre  la  liqueur, 
on  la  fait  évaporer  à une  douce  chaleur,  jusqu'à  légère 
pellicule  -,  ou  bien  on  peut  faire  cristalliser  ce  sel  sponta- 
nément -,  mais  il  faut  une  basse  température  et  un  repos 
parfait , et  recouvrir  la  capsule  d’une  gaze  ou  d’un  papier 
percé  de  petits  trous. 

On  peut  aussi  le  faire  directement  eu  ajoutant  a de  1 am- 
moniaque liquide  de  l’acide  sulfurique  étendu  d’eau  ; mais 
avec  beaucoup  de  précaution,  à cause  de  la  grande  quan- 
tité de  chaleur  dégagée  qui  jetteroit  la  liqueur  hors  du 
vase  5 on  en  ajoute  jusqu  a saturation , on  fait  evaporer 
jusqu’à  légère  pellicule,  et  en  refroidissant,  on  obtient  de 
petits  cristaux. 

Ce  sel  cristallise  en  prismes  comprimés  a six  pans,  dont 
deux  plus  larges  que  les  autres.  Sa  saveur  est  amère , mi- 
neuse. Le  sulfate  d’ammoniaque  fond  dans  son  eau  de 
cristallisation. 

IL  est  décomposé  par  la  chaleur , une  partie  de  1 ammo- 
niaque se  dégage  d’abord  -,  il  se  forme  ensuite  de  l’eau  par 


Sulfate  d Ammoniaque.  3^ 

l'hydi'ogène  de  l’ammoniaque  qui  se  porte  sur  l’oxigène 
de  l’acide,  et  le  gaz  azote  se  dégage-,  il  reste  un  sulfite 
acide  d’ammoniaque  cristallisé  -,  on  fait  ordinairement  cette 
opération  dans  une  petite  cornue  de  verre,  de  manière  à 
recueillir  les  gaz.  Dans  son  mémoire  sur  les  sulfates  , M. 
Gaj-Lussac  a confirmé  ces  phénomènes.  J’avois  annoncé 
cette  décomposition  dans  ma  3e.  édition  , mais  elle  fut 
révoquée  en  doute  par  plusieurs  chimistes. 

Si  on  chauffe  doucement  le  sulfate  d’ammoniaque  , il  se 
durcit  et  l’ammoniaque  se  dégage  en  partie  , et  si  l’on  con- 
tinue faction  du  calorique  , il  se  volatilise  au  dôme  de  la 
cornue  en  sulfate  acide  d’ammoniaque  ^ ce  qui  vient  de  la 
double  affinité  qui  s’exerce,  sur-tout  celle  ducalorique  pour 
1 ammoniaque. 

Cette  décomposition  démontre  que  le  sulfate  d’ammo- 
niaque peut  devenir  sulfate  acide  , ainsi  que  le  sulfate  de 
potasse.  Il  absorbe  1 humidité  de  1 air  en  hiver  , et  presque 
pas  en  été.  Le  sulfate  acide  d ammoniaque  u’est  pas  dé- 
composé par  l’eau,  il  cristallise  très-bien  ; il  rougit  la  tein- 
ture  de  tournesol.  Il  ne  faut  cependant  pas  s’en  rapporter 
a la  rubescence  de  cette  teinture  , pour  juger  qu’un  sel 
ammoniac  est  à l’état  dacide  , car  les  sels  ammoniacaux 
bien  neutres  rougissent  si  on  les  chauffe.  On  s’assure  de  la 
parfaite  neutralité  de  ces  sels  , en  les  essayant  sur  une 
dissolution  de  carbonate  de  magnésie-,  s’il  y a présence 
dacide,  il  y a effervescence. 

Le  sulfate  d’ammoniaque  ne  peut  pas  être  décomposé 
par  les  combustibles  comme  les  autres  sulfates,  car  il  n’y 
a que  la  portion  doxigène  excédante  dans  l’acide  sulfu- 
rique, qui  se  dissipe  ; il  ne  reste  que  l’acide  à l’état  d acide 


38  Sulfate  cl’ Ammoniaque. 

sulfureux  : or,  cet  acide  sulfureux  ne  peut  retenir  toute 

l’ammoniaque  -,  une  grande  partie  se  volatilise. 

Dans  l’expérience  avec  1 oxide  de  carbone  , cette  sub- 
stance enlève  l’excès  d’oxigène-,  il  reste  de  l’acide  sulfu- 
reux et  un  sulfite  -,  mais  comme  le  sulfite  se  volatilise  très- 
facilement,  il  sa  sublime  , par  ce  moyen  , il  échappe  à la 
décomposition  du  charbon  , et  il  passe  de  1 ammoniaque  et 
de  l’acide  carbonique. 

Quelquefois  même  , dans  cette  opération  , il  se  forme 
de  l’acide  prussique  , provenant  du  carbone  et  de  1 am- 
moniaque. 

Deux  parties  d’eau  froide  en  dissolvent  une  de  ce  sel , 
et  l’eau  bouillante  en  dissout  son  poids  ; il  cristallise  par 
refroidissement , en  prismes  à six  pans. 

Dans  sa  dissolution  dans  l’eau  , il  produit  du  froid , et 
ce  froid  est  beaucoup  plus  sensible  que  celui  que  donnent 
les  autres  sels  , attendu  qu'il  s’y  dissout  plus  prompte- 
ment. 

Mêlé  avec  la  glace  , il  produit  un  grand  froid. 

Les  acides  nitrique  et  muriatique  ne  décomposent  pas 
entièrement  ce  sel. 

Toutes  les  bases  alcalino-terreuses  et  alcalines  le  dé- 
composent. 

Avec  la  chaux  vive  , le  mélange  s échauffe  et  1 ammo- 
niaque se  dégage.  Si  l’on  fait  cette  opération  dans  une 
eornue  , on  peut  en  extraire  l'ammoniaque. 

Quand  la  magnésie  agit  à lroid  et  par  la  voie  humide  , 
«lieue  décompose  qu’en  partie  le  sultatc  d ammoniaque  •, 
il  se  forme  , avec  l'autre  poitiou , un  sel  à deux  bases  , ou 
un  sel  triple. 


Sulfate  de  Magnésie.  3 9 

La  potasse  et  la  soude  forment  avec  ce  sel , des  sels  solu- 
bles , et  l’ammoniaque  se  dégage  à l’état  de  gaz. 

Toutes  ces  substances  ont  la  propriété  de  décomposer  le 
sulfate  d’ammoniaque  à froid  , et  par  la  seule  trituration  à 
sec  , ou  parle  simple  mélange  des  dissolutions. 

Proportions  de  ce  sulfate,  d’après  Kirwan  : acide  sulfu- 
rique, 0,4^  ; ammoniaque  , o,4o;  eau  ,0,18. 

S-  XI. 

Sulfate  de  Magnésie. 

Le  sulfate  de  magnésie  est  connu  en  pharmacie  sous  le 
nom  de  sel  d ’epsom , parce  qu’on  le  retiroit  d’Angle- 
terre , d’une  fontaine  appelée  epsotn.  On  l’a  aussi  appelé 
sel  d Egra  , sel  de  Sedlitz  , sel  de  canal  -,  d’autres  , sel  ca- 
thartique amer.  Ce  sel  existe  dans  les  eaux,  de  la  mer , et 
dans  celle  des  puits  de  Paris,  dans  les  eaux-mères,  d’où, 
l’on  a tiré  le  sel  marin.  Dans  les  pyrites  martiales,  dans  les 
matériaux  de  l’alun,  etc.  Il  existe  sur  la  partie  la  plus 
élevée  du  monte  Ramazzo  , dans  les  Apennins  de  la  Ligurie, 
une  mine  de  magnésie,  appelée  par  M.  Faujas-St.-Fond , 
stéatite  très-pyriteuse.  On  la  grille,  après  l’avoir  réduite 
en  morceaux , pour  en  faire  évaporer  un  peu  d’arsenic  qui 
s’y  trouve  combiné.  C est  dans  cette  opération  du  grillage, 
que  le  soufre  qui  se  trouve  combiné  avec  le  fer,  se  dispose 
à quitter  sa  base  , et  se  porte  sur  la  terre  magnésienne  de 
la  serpentine  pour  en  former  le  sulfate  de  magnésie.  On 
pile  grossièrement  cette  pyrite  grillée;  on  la  réduit  eu 
grands  tas  qu’on  arrose  légèrement  : alors  la  combinaison 
avec  la  terre  magnésienne  achève  de  sc  faire  par  lia 


4°  Sulfate  de  Magnésie. 

mouvement  lent  d’altération  qu'éprouve  la  matière  ; on 
lessive  ensuite  ces  terres  , et  l’on  en  obtient  un  sulfate  de 
magnésie  très-abondant,  qu’on  puiifie  et  qu’on  raffine. 

M.  ylbei 'to-ytnsaldo , entrepreneur  de  l’exploitation  du 
sulfate  de  magnésie,  a porté  cette  fabrication  à un  tel  point, 
que  le  sel  qu  il  livre  au  commerce  est  préféré  par  sa  pureté 
à celui  qu’on  tiroit  d’Angleterre. 

On  trouve  aussi  du  sulfate  de  magnésie  en  efflorescence 
près  Paris,  dans  les  carrières  à plâtre  de  Montmartre. 

M.  Proust  a observe  que  ce  sel  se  montre  en  efflores- 
cence en  Espagne  , a Madrid  , et  dans  un  grand  nombre  de 
lieux,  sur  la  terre  , sur  les  grès,  et  sur  presque  tous  les 
muis  de  platie.  Dans  tous  ces  lieux,  il  est  mêlé  avec  le 
nitre.  Schmeisser  1 indique  en  incrustation , avec  la 
textuie  fibreuse  , dans  les  Alpes  de  la  Suisse,  etc. 

On  purifie  le  sulfate  de  magnésie  du  commerce,  en  le 
dissolvant  dans  l’eau,  et  le  faisant  cristalliser. 

On  peut  aussi  préparer  ce  sulfate  en  saturant  la  magnésie 
pure  d’acide  sulfurique. 

Dans  le  commerce  , la  cristallisation  du  sulfate  de  ma- 
gnésie est  confuse-,  ce  sont  des  petites  aiguilles.  On  doit 
faire  évaporer  la  liqueur  jusqu’à  3o  degrés  , aréomètre  de 
Mossy. 

bi  on  le  fait  cristalliser  spontanément , on  obtient  des 
prismes  à quatre  pans  égaux  , lisses  , terminés  par  des 
pyramides  quadrangulaires.  Pour  l’obtenir  ainsi , il  faut 
en  faire  une  dissolution  dans  l’eau  froide  , et  l exposer  à 
l’air. 

Il  est  d’une  amertume  extrême.  Toutes  les  eaux  salées 
amèies  sont  ordinairement  des  dissolutions  plus  ou  moins 
fortes  de  su  laie  de  magnésie. 


Sulfate  de  Magnésie.  4* 

II  est  d’un  blanc  grisâtre  , un  peu  brillant. 

Exposé  au  calorique , il  perd  presque  toute  son  eau  do 
cristallisation,  ce  qui  le  réduit  à presque  moitié  de  sou 
poids  -,  il  éprouve  aussi  une  fusion  aqueuse. 

A un  feu  violent  il  coule,  mais  il  ne  se  décompose  pas  ; 
et  si , après  avoir  été  fondu  , on  le  verse  dans  un  vase , il 
reprend  l’humidité  de  l’air,  et  brise  le  vase  qui  le  contient. 
Il  est  légèrement  efflorescent  à l’air  bien  sec. 

Le  sulfate  de  magnésie  est  très-soluble  dans  l’eau;  il 
ne  demande  qu’une  partie  et  demie  de  ce  fluide  froid,  pour 
être  tenu  en  dissolution.  L’eau  chaude  peut  en  dissoudre  le 
double  de  son  poids. 

Si  l’on  ajoute  à du  sulfate  de  magnésie  un  peu  d’aeide 
sulfurique,  on  a un  sulfate  de  magnésie,  avec  excès  d’a- 
cide ; et  si  l’ou  y verse  de  l’ammoniaque,  il  ne  s’y  forme 
pas  de  précipité,  parce  que  l’ammoniaque  ne  décompose 
pas  le  sulfate  de  magnésie  avec  cot  excès  d’acide , mais  il  se 
forme  un  sel  triple. 

La  barite  enlève  l ucide  sulfurique  à ce  sel.  Si  I on  em- 
ploie de  la  barite  dissoute  dans  l’eau  pure,  le  sulfate  de 
barite  et  la  magnésie  se  précipitent  ensemble  ; mais  si 
Ion  emploie  une  dissolution  acide,  le  muriate  de  barite, 
par  exemple  , le  sulfate  de  barite  se  précipite  , et  la  ma- 
gnésie reste  dans  la  liqueur , à l’état  de  muriate  de 
magnésie. 

Le  sulfate  de  magnésie  est  décomposé  par  la  potasse  et 
la  soude. 

La  potasse  caustique  précipite  la  magnésie  en  flocons 
blancs  très-purs,  et  il  se  forme  du  sulfate  de  potasse. 

La  chaux  précipite  la  magnésie  du  sulfate  de  magnésie; 


4.2  Sulfate  Ammoniaco- Magnésien. 

il  se  forme  du  sulfate  de  chaux  , mais  il  faut  opérer  à 

grande  eau. 

L’ammeniaque  décompose  à froid  une  partie  du  sul- 
fate de  magnésie  •,  mais  le  précipité  est  léger , et  toute  la 
magnésie  n’en  est  pas  séparée  ; car , si  après  avoir  filtré  , 
on  essaie  la  liqueur  avec  la  potasse , on  a encore  un  pré- 
cipité. 

Mais  si  l’on  fait  évaporer  lentement  la  liqueur  , on  a un 
sel  triple , ammoniaco-magnésien. 

Le  sulfate  de  magnésie  est  très-employé  en  médecine  ; 
il  est  composé  comme  il  suit  : 

En  cristaux.  Desséché. 

Acide 29,35  . . 63,3a 

Magnésie 17,0  36,68 

Eau.  . . . . 53,65  .........  »,  » 

§.  XII. 

Sulfate  A mmonlaco- Magnésien . 

C’est  à Bergmann  et  Fourcroy  que  nous  devons  la 
connoissance  de  ce  sel. 

On  le  prépare  comme  nous  l’avons  indiqué  ci-dessus. 

Le  sulfate  ammoniaco-magnésien  peut  aussi  se  former  1 
directement,  en  mêlant  des  dissolutions  de  sulfate  de  1 
magnésie  avec  du  sulfate  d'ammoniaque  : la  liqueur  se 
trouble  sur-le-champ,  et  cristallise  peu  de  tems  après. 

C<e  sel , comme  le  dit  M.  Fourcroy , est  une  vraie 
union  de  deux  sels  , et  non  pas  comme  l’expression  de  sel 
triple  pourrait  le  faire  croire  , une  combinaison  de  la 


Sulfate  d' Alumine.  43 

même  quantité  d’acide  sulfurique  , en  meme  lems  aux  deux 
bases. 

Ce  sel  est  amer,  a une  saveur  urineuse,  est  moins 
soluble  que  le  sulfate  d’ammoniaque,  et  plus  que  le  sul- 
fate de  magnésie-,  il  cristallise  eu  dodécaèdre , quelque- 
fois à quatre  pans. 

il  se  décompose  au  feu. 

On  reconnoît  la  présence  de  l’ammoniaque  dans  ce  sel , 
en  le  triturant  avec  de  la  chaux  , de  la  barite  ou  de  la 
strontiane. 

On  j reconnoît  la  magnésie , en  le  précipitant  par  un 
alcali  caustique  ; et  si  l’on  ajoute  après  de  la  chaux  avec 
un  peu  d’eau  , l’odeur  d’ammoniaque  se  dégage. 

Lorsqu’on  chauffe  ce  sel  triple  avec  force  , le  sulfate 
ammoniacal  se  volatilise  , et  il  reste  du  sulfate  de  ma- 
gnésie au  fond  de  Ja  cornue. 

Les  alcalis  le  décomposent  complètement  : ce  sel  se 
comporte  avec  la  plupart  des  sels  précédemment  énoncés 
comme  avec  le  sulfate  de  magnésie. 

Ce  sel  contient  sulfate  de  magnésie  , o,68  -,  sulfate 
d’ammoniaque  , o.32. 


S-  XIII. 

Des  diverses  espèces  de  Sulfates  d’ Alumine. 

On  connoît  plusieurs  étals  de  sulfate  d’alumine;  le 
plus  commun  est  le  sulfate  acide  d alumine  et  de  potasse 
ou  d ammoniaque , alun  du  commerce. 

D apres  les  travaux  de  M.  Kauquelin  , sur  les  di- 
verse* maniérés  d’ètre  de  la  combinaison  de  l’alumina 


44  Sulfate  dvilumine. 

avec  l’acide  sulfurique , qui  se  trouve  en  même  tems  uni 
à d’autres  bases , on  doit  distinguer  sept  états  dans  cette 
combinaison  -, 

i°.  Sulfate  d’alumine-,  c’est  l’union  artificielle  de  l’acide 
sulfurique  et  de  l’alumine  : ce  sel  est  astringent  , il 
cristallise  en  lames,  ou  feuillets  plians,  soluble  dans  l’eau: 
ce  sel  n’étoit  pas  connu  -, 

2°.  Sulfate  acide  d’alumine  ; c’est  le  précédent  avec 
excès  d’acide  : il  n’en  diffère  que  parce  qu’il  rougit  les 
couleurs  bleues  végétales.  On  le  fait  aisément,  en  dis- 
solvant le  précédent  dans  l’acide  sulfurique;  tandis  qu’on 
ne  le  convertit  que  très-difficilement  en  sulfate  d alumine 
neutre , et  qu’en  le  faisant  bouillir  longtems  avec  sa  terre  : 
comme  le  premier , ce  sel  n’a  pas  été  décrit  ; 

3°.  Sulfate  d’alumine  et  de  potasse  saturé  ; c’est  l’alun 
saturé  de  sa  terre  : ses  caractères  sont  d’être  pulvérulent , 
insipide,  insoluble  , iucristalli sable  , et  de  se  convertir 
aisément  en  véritable  alun  par  l’acide  sulfurique  ; 

4°.  Sulfate  acide  d’alumine  et  de  potasse.  Il  est  aisé  à 
préparer  chimiquement , il  ressemble  beaucoup  à 1 alun 
ordinaire , cependant  M.  Vauquelin  n'a  trouvé  que  celui 
de  la  Tolfa  qui  soit  de  cette  nature  ; 

5°.  Sulfate  acide  d’alumine  et  d’ammoniaque  : on  le 
fait  facilement  dans  nos  laboratoires;  il  n a point  été 
rencontré  pur  dans  le  commerce  ; 

6°.  Sulfate  acide  d’alumine,  de  potasse, d'ammoniaque  ; 
c’est  la  nature  de  l’alun  le  plus  fréquemment  fabriqué 
dans  les  manufactures  : aussi  nous  lui  réservons  le  nom 
d’alun  , pour  le  distinguer  ; 

7°.  Le  sulfate  acidulé  d’alumine  et  de  potasse.  M.  V au- 
quelin  propose  ce  nom  , parce  qu’en  ajoutant  un  peu  plus 


Sulfate  acide  d’ Alumine  et  de  Potasse.  If» 

Je  potasse  à la  dissolution  , qu'il  n'est  nécessaire  pour  en 
obtenir  des  cristaux  octaèdres  , il  passe  à la  forme  cu- 
bique. 

§.  XIV. 

Du  Sulfate  acide  d’ Alumine  et  de  Potasse. 

On  distingue  six  espèces  d'alun  dans  le  commerce’, 
i°.  Aluu  de  glace;  2°.  alun  de  Rome  ; 3°.  alun  de 
Naples  ; 4°-  alun  de  Smyrne  ; 5°.  l’alun  de  France  ; 
6°.  enfin  , l’alun  extrait  des  schistes  eftlorescens  et  des 
produits  volcaniques. 

L’acide  sulfurique  forme  avec  l'alumine  et  les  alcalis  , 
nn  grand  nombre  de  combinaisons  salines  qui  ont  été 
examinées  avec  beaucoup  de  soin  par  M.  V auquelin  , et 
dont  la  plus  importante  est  celle  qui  est  connue  dans  le 
commerce  et  dans  les  arts  sons  le  nom  d’alun.  Celte 
substance  qui  est  un  sulfate  acide  d'alumine  et  de  potasse 
se  trouve  toute  formée  dans  le  voisiuage  de  plusieurs 
volcans  ; mais  comme  elle  n’y  existe  qu'en  très  - petite 
quantité  , on  n’auroit  aucun  avantage  à l'en  extraire.  On 
obtient  l’alun  en  traitant  par  des  procédés  convenables  , 
soit  les  mines  qui  le  contiennent  tout  formé  , soit  les 
schistes  bitumineux  et  pyriteux  qui  eu  renferment  seule- 
ment les  principes  , et  en  le  formant  de  toutes  pièces 
ainsi  que  cela  se  pratique  dans  uu  très  - grand  nombre 
d ateliers. 

Dans  la  première  classe  de  ces  mines  se  trouvent  celles 
de  la  lolfa  près  de  Rome  , celle  de  la  Solfatare  daus 
les  environs  de  Naples  , celles  du  duché  de  Piombino, 
de  Bausac , département  de  l’Aveyron , etc.  ; et  dans  la 


46  Sulfate  acide  d’ Alumine  et  de  Potasse. 

deuxième  , les  mines  si  abondantes  de  Suede  , d Angle- 
terre , de  Saxe  , de  Bohême  , de  Hesse  et  du  pays  de 
Liège. 

Pouf' retirer  l’alun  des  mines  de  la  "lolfa  , ou  calcine 
la  pierre  (i),  on  la  laisse  pendant  deux  mois  exposée  à 
l’air  en  ayant  soin  de  l’arroser  plusieurs  fois  par  jour  , 
et  de  la  tenir  constamment  humectée  -,  elle  se  trouve  alors 
convertie  en  une  espèce  de  pâte  qu’on  lessive  avec  très- 
peu  d’eau , et  dont  on  obtient  , sans  aucune  addition  , 
cet  alun  de  Rome  que  toutes  les  fabriques  recherchèrent 
autrefois  avec  tant  d’empressement.  Les  mines  de  Liège, 
de  Suède,  du  Freien  Walde  qui  ne  contiennent  que 
les  élémens  de  l’alun  , s’exploitent  toutes  à-peu-près  de 
la  même  manière.  On  dispose  sur  des  plans  inclines  des 
couches  alternatives  de  minerai  et  de  combustible  , de 
manière  à former  des  pyramides  plus  ou  moins  élevées  aux- 
quelles on  met  le  feu.  On  laisse  ensuite  la  mine  s effleurir 
à l’air  , ou  bien  si  elle  est  dans  un  état  convenable , on  la 
porte  après  le  grillage  dans  de  grands  cuviers  où  elle  est 
mélangée  avec  1 eau  qui  séparé  tous  les  principes  solubles. 
Après  avoir  ajouté  des  quantités  plus  ou  moins  grandes 
de  potasse  à cette  lessive  convenablement  évaporée  , ou 
la  fait  couler  dans  de  grands  cristallisoirs  où  elle  déposé 


(i)  M.  Gay-Lussac  qui  a suivi  les  phénomènes  de  la  cal- 
cination de  la  pierre  de  la  'lolla,  a vu  qu  il  s en  dégageoit 
de  l’acide  sulfureux  et  du  gaz  oxigène,  d’où  il  a conclu  que 
l’acide  sulfurique  y est  combiné  avec  plus  d’alumine  qu’il  n’en 
peut  saturer , ce  qui  forme  un  sel  insoluble , tandis  que , après 
la  calcination  , l’alun  y est  ramené  à ses  véritables  principes , 
ce  qui  en  facilite  la  lixiviation. 


Sulfate  acide  d’ Alumine  et  de  Potasse.  41) 

des  masses  considérables  d’alun  qu’on  purifie  en  les  dis- 
solvant dans  l’eau  et  en  les  faisant  cristalliser  une  deuxième 
fois. 

Les  expériences  analytiques  qui  avoient  été  faites  sur 
l’alun  , ayant  conduit  à reconnoître  la  nature  de  ses  prin- 
cipes , on  chercha  les  moyens  de  les  combiner  ensemble 
d’une  manière  aussi  intime  , afin  d’obtenir  plus  abon- 
damment cette  substance.  Les  premières  fabriques  d’alun 
élevées  en  France  furent  celles  de  M.  Chaptal , à Mont- 
pellier , et  celle  de  M.  Alban  , à Javelle,  près  Paris  , 
dont  les  procédés  étoient  fort  différens.  A Montpellier, 
on  calcinoit  dans  un  four  des  boules  formées  de  parties 
égales  d’argile  et  de  résidu  de  la  combustion  des  chambres  ; 
on  les  exposoit  ensuite  pendant  un  mois  à la  vapeur  de 
l’acide  sulfurique  , et  on  en  obtenoit  une  lessive  qu’on 
faisoit  évaporer  et  cristalliser. 

Dans  la  manufacture  de  Javelle  , l’argile  calcinée  et 
réduite  en  poudre  , étoit  traitée  avec  l’acide  sulfurique. 
On  plaçoit  ensuite  ce  mélange  pendant  vingt-quatre  heures 
dans  un  four  à une  température  de  ^o  à y 5 degrés  cen- 
tigrades , après  quoi  il  étoit  lessivé.  Le  liquide  obtenu 
étoit  évaporé  et  breveté  avec  des  proportions  constantes 
d’urine  ou  de  potasse. 

Depuis  cette  époque  diverses  méthodes  ont  été  per- 
fectionnées , et  l’on  a vu  s élever  en  France  et  dans  l’é- 
tranger un  grand  nombre  de  fabriques  d’alun  artificiel. 

Voici  le  procédé  que  M.  Curaudeau  emploie  à Vau- 
girard.  Il  délaie  ioo  livres  d’argile  dans  une  dissolution  de 
trois  parties  demurialede  soude,  et  il  en  forme  des  petits 
j pains  qu  il  calcine  dans  un  four.  Il  mcle  le  résidu  broyé  avec 


48  Sulfate  acide  d’ Alumine  et  de  Potasse. 

le  quart  de  son  poids  d’acide  sulfurique  concentre,  et  il 
y ajoute  un  sixième  d’eau  ou  suffisante  quantité. 

Lorsque  la  combinaison  est  faite,  il  termine  cette  opé- 
ration en  combinant  exactement  avec  ce  mélange  une  dis- 
solution de  potasse  dans  laquelle  1 alcali  se  trouve  être  le 
sixième  du  poids  des  matières  employées , sur  ioo  livres 
d’acide  on  peut  mettre  de  i5  à 18  parties  de  potasse 
suivant  sa  pureté.  Cet  alun  ainsi  obtenu  n’est  pas  encore 
pur  ; pour  l’avoir  ainsi  on  le  fait  dissoudre  de  nouveau 
et  on  le  fait  cristalliser. 

M.  Bouvier  dans  sa  fabrique  de  Mennecy  , près  Cor- 
beil , se  sert  avec  beaucoup  de  succès  des  résidus  de  ses 
eaux  fortes  , dont  M.  Curaudeau  avoit  indiqué  l’emploi 
il  y a six  ans  , dans  un  mémoire  pour  fabriquer  son 
alun  ; ces  résidus  après  avoir  été  écrasés  et  tamisés  sont 
traités  dans  une  chaudière  en  plomb  avec  de  1 acide  à 
35  degrés.  Ce  mélange  reste  un  jour  dans  cet  état  , et  le 
lendemain  toute  sa  surface  est  couverte  de  petits  cristaux 
d’alun.  Cet  alun  purifié  par  deux  dissolutions  est  mis  a 
cristalliser  et  est  ensuite  livré  au  commerce. 

Ce  procédé , ainsi  que  celui  de  M.  Curaudeau  , ont 
un  très-grand  avantage  sur  tous  ceux  qu’on  exécute  dans 
les  autres  fabriques  , parce  qu’on  sépare  le  fer  qui  exerce 
dans  quelques  teintures  une  influence  si  daugereuse. 

Depuis  un  grand  nombre  d’années  l'alun  de  Rome 
jouissoit  dans  le  commerce  et  dans  toutes  les  fabriques 
d’une  prééminence  extrêmement  marquée  ; mais  les  ana- 
lyses de  MM.  Fauquelin  et  Chaptal  prouvèrent  que  tous 
les  aluns  contenoient  exactement  les  mêmes  proportions 
des  mêmes  principes  , et  qu’ils  ne  différoient  que  par  des 
quantités  infiniment  petites  de  fer.  Cependant  malgré  ces 


Sulfale  acide  d' Alumine  et  de  Potasse.  49 

intéressantes  recherches  tous  les  teinturiers  conservèrent 
encore  leurs  préjugés  sur  les  avantages  exclusifs  de  l’alun 
de  Rome  -,  et  ils  n’ont  été  entièrement  détruits  que  par  les 
nombreuses  expériences  de  MM.  Thénard  et  Roard  sur 
1 emploi  compare  des  aluns  dans  toutes  les  opérations  de 
la  teinture. 

L alun  cristallise  par  x’efroidissement  : ces  cristaux  sont 
des  octaèdres  , mais  avec  plusieurs  modifications  -,  sa  pe- 
santeur spécifique  est  de  1,7109  par  rapport  à celle  de 
l’eau  supposée  de  10,000. 

Ce  sel  se  liquéfie  à une  douce  chaleur  ; il  se  boursoufle 
beaucoup,  et  il  offre  une  masse  très-volumineuse , légère, 
d’un  blanc  mat,  et  remplie  de  beaucoup  de  cavités.  11  est 
peu  altéré;  il  altère  inégalement  les  couleurs  bleues.  Sa 
saveur  est  beaucoup  plus  forte  : c est  ce  qu’on  nomme  alun 
calciné. 

Lalun  perd,  en  chauffant  ainsi,  son  eau  de  cristallisa- 
tion , et  une  très-petite  partie  de  son  acide.  Car  , si  on 
fait  cette  expérience  dans  des  vaisseaux  clos,  l’eau  que 
l’on  retire  est  acide.  Cependant  l’alun  calciné  est  toujours 
avec  excès  d acide. 

Le  sulfate  dalumiue  s effleurit  légèrement  à l’air.  L’alun 
se  dissout  dans  16  parties  d’eau  à 10  degrés  , et  il  ne  faut 

que  7 a parties  d eau  bouillante  pour  eu  dissoudre  100 
1 d’alun. 

Beaucoup  de  matières  combustibles  décomposent  l’alun. 
Prenons  pour  exemple  le  charbon. 

On  mêle  ensemble  huit  parties  de  charbon  en  poudre  , 
|5ur  une  dalun;  on  introduit  le  tout  dans  une  cornue,  et 
don  y adapte  l’appareil  pneumato-chimique. 

A 1 aide  du  calorique  , on  obtient  sous  la  cloche  du  gaz 


5o  Sulfate  acide  dû Alumine  et  de  Potasse. 

acide  carbonique  , et  ce  qui  reste  dans  la  cornue  , est  un 

sulfure  d’alumine. 

On  décompose  encore  l’alun  par  les  matières  animales 
et  végétales  : cette  décomposition  produit  une  substance 
qui  s’enflamme  à l’air,  et  qu’on  a appelée  pyrophore. 

On  prend  deux  ou  trois  parties  d alun  contre  une  de 
miel , de  farine  , de  sucre  ; l’une  ou  l’autre  de  ces  sub- 
stances opère  le  meme  effet.  On  fait  dessecber  les  deux 
matières  dans  une  poêle  de  fer  , ou  dans  une  cuiller  de 
même  métal , ayant  soin  de  les  remuer  avec  une  spatule. 
Les  matières  8e  liquéfient  d abord  ] elles  se  boursouflent 
ensuite , et  se  réduisent  on  grumeaux  : lorsque  la  matière 
est  en  cet  état,  on  la  pulvérise  grossièrement  : on  achève 
de  la  dessécher-,  elle  forme  alors  une  poudre  noire  char- 
bonneuse. On  la  met  dans  un  petit  malras  à long  col  -,  il 
ne  faut  le  remplir  qu’aux  trois  quarts  : on  place  ce  matras 
dans  un  creuset  avec  du  sable  , et  on  en  recouvre  la  boule  : 
on  met  dans  un  fourneau  le  creuset  qui  contient  le  matras , 
et  l’on  chauffe  par  degrés  , jusqu’à  faire  rougir  le  matras  , 
l’acide  sulfurique  est  décomposé  , l'acide  carbonique  se 
dégage  j ainsi  qu’un  peu  d’hydrogène  sulfuré  et  d’hydro- 
géne  carboné  , que  la  température  fort  élevée  fait  brûler 
à la  fin  de  l’opération  dans  le  goulot  du  matras  , ou  de 
la  bouteille-,  on  laisse  la  petite  flamme  brûler  pendant  3 
à 4 minutes  -,  on  ôte  le  feu  du  fourneau  , on  bouche  le 
matras  , et  on  laisse  refroidir  , ou  bien  on  verse  le  py- 
rophore qu’il  contient  dans  un  llacou  de  cnstal  bien 

bouché. 

Les  chimistes  ne  sont  pas  encore  d’accord  sur  la  vraie 
dénomination  de  ce  composé  -,  les  uns  le  regardent  comme 
un  sulfure  d’alumine , mêlé  d’une  petite  quantité  de  char- 


Sulfate  acide  d’ Alumine  et  de  Potasse. 


bon  ; les  autres  pensent  que  le  pyrophore  contient  un  sul- 
fure hydrogéné  de  potasse  et  d’alumine  mêlé  de  carbone 
extrêmement  divisé. 

S:  1 on  met  un  peu  de  ce  sulfure  sur  du  papier  , à l’air 
libre,  il  prend  feu.  Lorsque  le  pyrophore  est  un  peu 
lent  a brûler , on  accélère  son  inflammation  , en  répan- 
dant dessus  la  légère  vapeur  humide  qui  sort  de  la  bouche. 

L’inflammation  du  pyrophore  ne  se  fait  que  dans  un  air 
chargé  d’humidité  , il  ne  brûle  pas  à l’air  sec  ; ce  sulfure 
décompose  une  partie  de  l’eau  de  l’atmosphère,  le  sulfure 
d’alumine  et  de  potasse  en  solidifie  une  partie  qui  laisse 
dégager  une  quantité  de  chaleur  suffisante  pour  mettre  le 
charbon  en  combustion.  Il  se  régénère  un  peu  d’alun  dans 
cette  opération.  L’humidité  est  absorbée  par  la  matière  et 
le  calorique  de  cette  humidité  dégagé,  élève  la  tempéra- 
ture de  cette  matière  : alors,  elle  brûle  elle-même,  le 
charbon  et  le  soufre  , dans  cette  combinaison , régénèrent 
de  l’acide  sulfurique  et  du  sulfate  d’alumine,  et  il  se 
dégage  un  peu  d acide  carbonique. 


Voici  comme  M.  Fourcroy  explique  sa  combustion  : il 
'use,  dit-il  , entièrement  le  gaz  oxigène  atmosphérique,  et 
lie  convertit  en  partie  en  acide  carbonique  -,  une  autre  partie 
-se  fixe  dans  le  soufre  qu’elle  fait  passer  à l’état  d’acide 
•sulfurique  ; en  sorte  que  , lorsque  le  pyrophore  a brûlé  , 
il  ne  contient  plus  de  sulfure  hydrogéné  comme  aupara- 
vant, mais  du  sulfate  d’alumine  et  de  potasse-,  ce  u’est 
qdus  de  lalun,  parce  qu’il  a perdu  son  excès  d’acide  qui 
lui  donne  son  caractère. 

Lorsqu  on  le  jette  dans  l’eau,  il  répand  une  odeur  fé- 
tide, et  donne  une  dissolution  de  sulfure  de  potasse  et 
td’alumine  hydrogéné. 


52  Sulfate  de  Glucine. 

Le  gaz  nitreux  et  l’acide  sulfureux  gazeux  enflamment 
aussi  le  pyrophore. 

Le  même  effet  a lieu  dans  le  gaz  acide  muriatique 
oxigéné. 

L’alun  est  décomposé'par  la  barite  , la  chaux  , la  stron- 
tiane , la  magnésie  , la  glucine  , et  par  tous  les  alcalis  -, 
versés  dans  une  dissolution  de  ce  sel , ils  en  précipitent 
l’alumine.  L’alumine  que  l’on  obtient  ainsi  est  rarement 
pure.  Jroyez  alumine. 

L’alun  est  aussi  décomposé  par  un  grand  nombre  de 
sels  ; la  plupart  des  sulfites , nitrates  ; nitrites  , muriates  , 
phosphates , fluates  , borates  et  carbonates  décomposent  ce 
sel  par  une  double  attraction. 

M.  Vauquelin  a trouvé  dans  cent  parLies  d'alun  de  fa- 
brique : sulfate  d’alumine  , 0/19  sulfate  de  potasse  , o,oÿ  -, 

eau  , o,44- 

L’alun  est  d’un  usage  très-étendu , soit  en  médecine , 
soit  dans  les  arts.  11  sert  aux  chandeliers  pour  blanchir 
et  durcir  le  suif.  — Il  entre  dans  la  pcàte  des  papiers.  On 
peut  l’employer  pour  éteindre  les  incendies.  Il  est  le 
conservateur  des  substances  végétales  et  animales  dans  les 
cabinets  d’histoire  naturelle  -,  enfin  , son  plus  grand  usage 
est  dans  l’art  de  la  teinture. 

K.  XV. 

O 

Sulfate  de  Glucine. 


La  glucine  se  combine  très -bien  avec  l’acide  sulfuri- 
que 3 soit  lorsqu’elle  est  libre , soit  à 1 état  de  caibonatc  ■, 


53 


Sulfate  de  Glucine. 

dans  ce  dernier  cas  , il  se  produit  une  effervescence  assez 
vive. 

Le  sel  qui  résulte  de  cette  combinaison  est  très-soluble 
dans  1 eau  , en  sorte  que  sa  dissolution  devient  épaisse 
comme  un  sirop  , avant  de  cristalliser  : on  obtient  des 
aiguilles  ou  des  prismes  mal  formés. 

La  saveur  de  ce  sel  est  très -sucrée  et  légèrement  as- 
tringente. 

Exposé  au  feu , il  se  boursoufle  comme  l’alun  ; et  si  on 
le  fait  rougir  assez  fortement , il  se  décompose  entière- 
ment : 1 acide  sulfurique  s’échappe  en  vapeurs  , et  la  terre 
reste  pure. 

Le  charbon  décompose  , à l’aide  du  feu , le  sulfate  de 
glucine , et  il  en  résulte  un  sulfure. 

Aucun  acide  ne  décompose  ce  sel , d’où  il  suit  que  l’a- 
cide sulfurique  1 emporte  sur  tous  les  autres  par  son  affinité 
pour  cette  terre. 

Les  alcalis  et  les  terres , excepté  l’alumine , le  décom- 
posent, en  s’emparant  de  l’acide  sulfurique  , avec  lequel 
ils  ont  une  attraction  plus  forte. 

L’infusion  de  noix  de  galle , ajoutée  à la  dissolution , 
donne  un  précipité  blanc  jaunâtre. 

Le  sulfate  de  glucine  est  décomposé  par  un  grand  nom- 
bre de  sels;  la  plupart  des  sulfites,  nitrates,  muriates  , 
phosphates  , fluates  , borates  et  carbonates  , jouissent  de 
cette  propriété. 


54  Sulfate  d’ Yttria  ; sulfate  de  Zircone. 


§.  XVI. 

« 

Sulfate  cl  Yttria. 

Ce  ^sel  résulte  de  la  combinaison  directe  de  1 yttria  avec 
l’acide  sulfurique  , il  se  dégage  une  grande  quantité  de 
calorique,  et  le  sel  se  précipite  sur-le-champ  sous  la 
forme  de  grains  brillans. 

Le  sulfate  d’yttria  a d’abord  une  saveur  astringente  , 
qui  finit  par  être  sucrée.  Il  exige  environ  5o  parties  d eau 
pour  se  dissoudre.  Il  est  décomposé  par  le  calorique  et  par 
les  alcalis. 

§.  XVI I. 

Sulfate  de  Zircone. 

M.  Klaproth  est  le  premier  qui  ait  fait  connoître  ce  sel. 
M.  Vauquelin  a ajouté  au  travail  du  savant  chimiste  de 
Berlin  quelques  détails  sur  le  caractère  et  les  propriétés 
de  ce  sel. 

Pour  que  les  combinaisons  de  la  zircone  avec  les  acides 
s’opèrent  facilement , il  faut  qu’elle  soit  très-divisée  et 
encore  humide,  telle  qu’elle  est  lorsqu  elle  vient  d être 
précipitée  de  ces  dissolvans  ; si  elle  a clé  desséchée  au 
feu  , ou  même  à la  chaleur  d’une  étuve  , elle  ne  se  prête 
que  difficilement  à ces  compositions.  Cette  terre  adhère  peu 
aux  acides  , car  l’action  de  la  chaleur , même  médiocre  , 
suffit  pour  en  rompre  les  liens  ; cette  vérité  est  d’ailleurs 
démontrée  par  les  alcalis,  et  toutes  les  autres  terres  qui 
lui  enlèvent  les  acides. 

L’acide  sulfurique  et  la  zircone  s’unissent  aisément , et 


Des  Sulfites.  5 5 

le  sel  qui  résulte  de  cette  combinaison  est  blanc , insoluble 
dans  l’eau , et  sans  saveur  sensible.  La  chaleur  le  décom- 
pose , et  laisse  la  zircone  pure.  Il  n’éprouve  aucun  change- 
ment à l’air,  et  l’eau  ne  dissout  ce  sel  que  lorsqu’elle  est 
acide.  A une  haute  température , le  charbon  convertit  ce 
sulfate  en  sulfure.  Ce  sulfure  est  très-soluble  dans  l’eau, 
et  sa  dissolution  fournit , par  l’évaporation , des  cristaux 
d hydro-sulfure  de  zircone. 

Ce  sel  ne  subit  aucun  changement , dans  sa  nature  in- 
time, de  la  part  des  autres  acides. 

Les  terres  et  les  alcalis  le  décomposent , ainsi  que  la 
plupart  des  sels  à base  d’alcali,  et  ces  décompositions  n’ont 
lieu  que  par  attractions  doubles  superflues. 

Proportions  : — Inconnues. 

Ou  n’emploie  encore  à aucun  usage  le  sulfate  de  zir- 
cone. 

§.  XVIIL 

Des  Sulfites. 

On  appelle  sulfites , les  combinaisons  de  l’acide  sulfu- 
reux avec  les  terres  et  les  alcalis.  C’est  à MM.  Fourcroy 
et  Vauquelin  que  nous  devons  la  connoissance  de  ces  sels. 
Ces  composés  se  nommoient  auparavant  sels  sulfureux. 

Pour  faire  les  sulfites  en  général  , on  peut  mêler  des 
dissolutions  alcalines  ou  terreuses , avec  de  l’eau  chargée 
d acide  sulfureux. 

Ou  bien  on  met  du  mercure  et  de  l'acide  sulfurique 
dans  une  cornue  , il  se  forme  de  l acide  sulfureux  gazeux , 
produit  de  la  décomposition*  de  l’acide  sulfurique  par  le. 
mercure. 


56 


Des  Sulfites. 

A , comue  de  verre  lutée  , posée  sur  des  barres  de  fer 
dans  un  fourneau  contenant  le  mercure  et  l’acide  sulfu- 
rique ; on  j adapte  un  tube  recourbé  qui  va  plonger  dans 
un  flacon  B , dans  lequel  on  met  de  l’eau  pour  absorber 
l'acide  sulfurique  qui  pourroit  passer  sans  être  décom- 
posé ; de  ce  flacon  , part  un  tube,  qui  va  se  rendre  dans 
une  autre  bouteille  C , à trois  tubulures  , dans  laquelle  on 
met  une  dissolution  de  carbonate  de  potasse  ; on  peut 
mettre  ainsi  autant  de  flacons  que  l’on  a de  sulfites  à pré- 
parer -,  le  dernier  est  terminé  par  un  tube  de  sûreté  à 
boules  , dont  l’extrémité  plonge  sous  une  clocbe  D , dans 
l’appai-eil  pneumato-chimique.  II  faut  avoir  soin  de  mettre 
dans  la  tubulure  du  milieu  de  chaque  flacon  , un  petit  tube 
E , dont  une  des  extrémités  doit  plonger  de  quelques 
millimètres  dans  l’eau  , et  l'autre  rester  dans  l’atmos- 
phère, afin  que,  pendant  l’opération,  si  la  chaleur  vient 
à diminuer,  ou  après  qu’elle  est  finie,  il  donne  passage 
à l’air  extérieur-,  à mesure  que  le  gaz  diminue  de  volume 
par  le  refroidissement,  et  empêche  parla,  que  la  dis- 
solution du  sulfite  ne  remonte  dans  le  premier  flacon,  et 
ne  se  mêle  à l’eau  qu’il  contient,  par  la  pression  de  l’at- 
mosphère. 

Pour  vérifier  si  un  appareil  aussi  complique,  perd  en 
quelques  endroits,  on  insufle  de  l’air  avec  la  bouche  par 
le  premier  tube  de  sûreté  E.  Cet  air  doit  arriver  dans  la 
cloche  />,  en  vainquant  l’opposition  qu’il  éprouve  de  la 
part  des  colonnes  fluides  qu’il  traverse  dans  son  passage; 
opposition  qui  le  porteroit  à s échapper  , s’il  avoit  issue  par 
les  assemblages  : les  flacons  tabulés  sont  sujets  à avoir  des 
ouvertures  aux  soudures  dés  tubulures. 

Le  tout  ainsi  disposé,  on  chauffe  légèrement  la  cornue  , 


* 


PI  jS 


Des  Sulfites. 

l’acide  sulfureux  se  dégage  à l’état  de  gaz  , et  sature  la 
potasse , la  soude  , etc.  Il  passe  sous  la  cloche  D , de  l’a- 
cide carbonique  , qui  provient  de  la  décomposition  des  car- 
bonates liquides  que  contiennent  les  flacons  , carbonates 
qui  se  décomposent  à mesure  que  lacide  sulfureux  chasse 
l’acide  carbonique  , pour  s’emparer  de  la  base  , et  en  com- 
poser des  sulfites. 

Ce  moyen  de  préparer  les  sulfites  , est  le  plus  avanta- 
geux -,  car  on  peut  les  obtenir  cristallisés  , sans  faire  éva- 
porer. 

Si  on  les  faisoit  avec  l’acide  sulfureux  liquide,  il  fau- 
droit  faire  évaporer  , et  l’évaporation  donnant  accès  à 
l’oxigène  , il  peut  se  former  de  l’acide  sulfurique  et  des 
sulfates. 

Propriétés  génériques  des  sulfites. 

Les  sulfites  n’ont  point  d’odeur.  Lorsqu’ils  ne  sont  pas 
neutres,  ils  décolorent  entièrement  les  couleurs  bleues  vé- 
gétales : voilà  pourquoi  on  emploie  la  vapeur  du  soufre, 
ou  l’acide  sulfureux  , pour  blanchir  la  soie  , le  linge,  etc. 
Us  ont  une  saveur  marquée  d’acide  sulfureux  ; ils  sont 
décomposés  par  le  calorique  à une  haute  température. 
Cette  décomposition  varie  suivant  la  fixité  de  la  base  , et 
son  affinité  pour  l acide  sulfurique  -,  tantôt  l’acide  se  dé- 
gage et  la  base  reste  pure  , tantôt  il  se  sublime  lentement 
du  soufre  -,  le  gaz  oxigène  se  dégage  , et  il  reste  un  sulfate  , 

comme  cela  a lieu  dans  la  distillation  du  sulfite  de 
oha  ux. 

Le  gaz  oxigène  les  change  en  sulfate  : quelques  sulfites 
peuvent  servir  d’eudiomètre , sur-tout  celui  d ammoniaque, 


53 


' Sulfite  de  Barite. 

car  c’est  celui  de  tous  les  sulfites  qui  passe  le  plus  facile- 
ment à l’état  de  sulfate  par  le  seul  contact  de  loxigène  de 
l’atmosphère.  Le  passage  à l’état  de  sulfate  est  cependant 
peu  sensible  dans  les  sulfites  terreux  , qui  sont  presque 
tous  insolubles  , tandis  que  les  sulfites  alcalins  qui  sont 
très-solubles  passent  promptement  à l’état  de  sulfates. 

Les  uns  sont  solubles  dans  l’eau , les  autres  ne  le  sont 
pas , excepté  avec  excès  d’acide.  Ils  sont  décomposés  par 
les  acides.  Ils  sont  tous  convertis  en  sulfure  par  le  charbon  , 
excepté  celui  d’ammoniaque. 

Les  alcalis  et  les  terres  agissent  sur  ces  sels  en  raison  de 
leurs  affinités  pour  l’acide  sulfureux  -,  ainsi  la  barite  dé- 
compose tous  les  autres  sulfites,  ensuite  la  strontiane,  la 
chaux  , la  potasse,  la  soude  , la  magnésie  , l'ammoniaque, 
la  glucine  , l’alumine  et  la  zircone. 

§.  XIX. 

Sulfite  de  Barite. 

Pour  préparer  ce  sel , on  mêle  une  dissolution  de  sul- 
fite de  sonde  ou  d’ammoniaque,  avec  une  dissolution  de 

» 

muriate  de  barite;  le  sulfite  de  barite  se  présente  alors 
sous  la  forme  de  très-petites  aiguilles  , qui  se  précipitent 
au  fond  de  la  liqueur.  Ou  bien  on  fait  passer  du  gaz 
acide  sulfureux  dans  une  solution  de  barite  jusqu  à satu- 
ration. Ce  sel  n’a  pas  de  saveur  sensible,  il  est  blanc, 
opaque. 

Le  calorique  en  chasse  le  soufre  excédant,  et  il  passe 
à l’ctat  de  sulfate.  Le  soufre  se  cristallise  au  col  du  ma- 
tas, 


Suljite  de  Chaux.  5g 

Le  charbon  décompose  le  sulfite  de  barile,  et  le  change 
en  sulfure  , en  lui  enlevant  son  oxigène. 

Ce  $el  n'est  pas  soluble  dans  l’eau,  au  moins  d’une 
manière  sensible  -,  l’acide  sulfureux  le  rend  un  peu  dis- 
soluble. 

Les  acides  sulfurique,  muriatique  et  nitrique  , décom- 
posent le  sulfite  de  barile , en  produisant  un  pétillement 
très-violent,  et  un  gonflement  très-considérable.  Les  deux 
derniers  acides  le  dissolvent  entièrement. 

L’acide  muriatique  oxigéné  le  change  entièrement  en 
sulfate. 

Le  sulfite  de  barite  n’est  décomposé  par  aucune  subs- 
tance terreuse  ou  alcaline. 

Ce  sel  cristallisé,  suivant  MM.  Fourcroy  et  Fauquelin , 
est  composé  dans  ces  proportions  : barile  o,5g  ; acide  sul- 
fureux o, 3g  ; eau  0,02. 

M.  Fourcroy  emploie  avec  succès  le  sulfite  de  barife 
dissous  dans  l’eau  par  le  moyen  de  l acide  sulfureux  , pour 
recounoitre  si  cet  acide  est  pur,  et  pour  en  séparer  l’acide 
sulfurique  qu’il  pourroit  contenir. 

S-  x X. 

Sulfite  de  Chaux. 

Le  meilleur  procédé  pour  préparer  le  sulfite  de  chaux , 
c est  défaire  passer  du  gaz  acide  sulfureux  au  milieu  du 
carbonate  de  chaux  délayé  dans  l’eau. 

Quand  la  liqueur  est  bien  saturée  , il  cristallise  sur  les 
parois  du  flacon  eu  aiguilles  transparentes. 


6o 


Sulfite  de  Pc  tas  se. 

Sa  saveur  est  d abord  presque  nulle,  elle  imite  ensuite 
celle  de  l’acide  sulfureux. 

Ce  sel  cristallisé  perd  un  peu  de  sa  transparence  mais 
il  ne  se  convertit  que  très-lentement  en  sulfate. 

Le  calorique  fait  passer  ce  sel  à l’état  de  sulfate. 

Ce  sel  demande  environ  huit  cents  parties  d’eau  pour  se 
dissoudre,  mais  il  devient  plus  soluble  par  excès  d’acide  : 
c est  ainsi  quon  peut  l’obtenir  cristallisé,  en  exposant  à 
1.  air  sa  dissolution  dans  l’acide  sulfureux. 

Il  ny  a que  la  barite  qui  décompose  le  sulfite  de  chaux. 

Les  acides  minéraux  le  décomposent,  lacide  sulfuri- 
que en  dégage  lacide  sulfureux,  avec  effervescence.  On 
peut  même  l’en  extraire  ainsi  dans  l’état  de  la  plus  grande 
pureté. 

Lacide  nitrique  et  lacide  muriatique  oxigéné  le  con- 
vertissent en  partie  en  sulfate  de  chaux , proportions  : 

chaux  0,47  ? acide  sulfureux  o,4-8  -,  eau  0,1  5. 

* 

§.  XX  !. 

Sulfite  de  Potasse. 

Stahl  est  le  premier  qui  ait  fait  connoîlre  ce  sel , depuis 
longterns  on  le  nommoit  sel  sulfureux  de  Stahl.  MM.  Ber- 
thollet , Fourcroy  et  Fauquelin  ont  fait  counoître  plus 
particulièrement  ses  caractères. 

Pour  le  préparer  on  prend  du  carbonate  de  potasse 
cristallisé  très  - pur , on  le  dissout  dans  trois  fois  son 
poids  d’eau  distillée,  et  on  y conduit*  du  gaz  acide  sul- 
fureux. 

Lorsque  l’effcrvcsccnce  n’a  plus  lieu  par  la  présence  de 


Sulfite  de  Potasse.  (jf 

l'acide  sulfureux,  on  cesse  l’opération,  et  la  liqueur  donne 
ordinairement  des  cristaux  en  refroidissant , qui  présentent 
la  forme  d’une  lame  rhomboïdale  alongée  ; souvent  sa  cris- 
tallisation offre  de  petites  aiguilles  divergentes  d’un  centre 
commun.  Ce  sel  est  blanc  et  transparent  -,  sa  saveur  est 
piquante  et  sulfureuse.  Exposé  a une  chaleur  brusque,  il 
décrépite , perd  son  eau  de  cristallisation.,  il  rougit  en- 
suite , répand  quelques  vapeurs  d’acide  sulfureux  ; entîn , 
il  s’en  sépare  une  portion  de  soufre  , et  le  résidu  est  du 
sultate  de  potasse,  avec  un  léger  excès  d’alcali. 

Si  Ion  expose  ce  sel  à 1 air  , il  s’efüeurit  légèrement  , 
devient  opaque  et  dur,  sa  saveur  piquante  et  sulfureuse 
disparoît;  il  en  acquiert  une  autre  qui  est  acre  et  amère 
alors  il  ne  fait  plus  d’effervescence  avec  les  acides. 

Le  charbon  décompose  ce  sel  ; à cet  effet , on  prend 
douze  parties  du  sel  desséché  ; on  le  met  dans  une  cornue 
avec  une  partie  de  charbon  en  poudre  fine  : on  chauffe 
jusqu’à  l’incandescence.  On  obtient  , 1°.  une  petite  quan- 
tité d eau  5 2°.  de  1 acide  carbonique  •,  3°.  une  certaine 
quantité  de  gaz  hydrogène  sulfuré;  4°-  enfin,,  il  reste 
dans  la  cornue  une  masse  rouge  très-soluble  dans  l’eau , 
et  qui  répand  une  odeur  fétide  d’hydrogène  sulfui'é,  d'où 
les  acides  dégagent  cette  matière  à l’état  de  gaz  , et  pré- 
cipitent du  soufre  : on  obtient  donc  un  vrai  sulfure  de 
potasse  hydrogéné. 

Le  gaz  hydrogène  décompose  aussi  le  sulfite  de  po- 
tasse. 

On  met  dans  un  canon  de  porcelaine  du  sulfite  dépotasse 
tres-scc  ; on  fait  passer  ce  tube  à travers  un  fourneau,  ou 
adapte  à son  extrémité  supérieure  un  appareil  pour  dé- 
gage! du  gaz  hydrogène  , et  à l’extrémité  inférieure,  un 


62  Sulfite  de  Potasse. 

tube  qui  va  plonger  dans  un  flacon  sec.  On  chauffe  légê- 
l'ement  le  tube  de  porcelaine  -,  et  par  le  passage  du  gaz 
hydrogène,  il  se  forme  de  l’eau  : il  reste  dans  le  tube  du 
sulfure  de  potasse. 

Le  sulfite  de  potasse  est  soluble  dans  une  quantité 
d’eau  à-peu-près  égale  à la  sienne  : celte  solubilité 

augmente  par  la  chaleur. 

Parmi  les  acides  , les  uns  décomposent  le  sulfite  de 
potasse , en  en  séparant  l’acide  sulfureux  -,  les  autres  , en 
changent  la  nature  , sans  en  chasser  l’acide  , mais  en  y 
portant  une  portion  d’oxigène  , et  en  le  convertissant  en 
acide  sulfurique.  Le  premier  de  ces  effets  appartient  aux 
acides  sulfurique,  muriatique  , phosp borique  et  fluorique  -, 
le  second  , aux  acides  nitreux  et  muriatique  oxigéné.  L’ac- 
tion de  ce  dernier  est  même  très-prompte.  Quand  ou  verse 
une  solution  concentrée  de  sulfite  de  potasse  dans  un  flacon 
rempli  de  gaz  acide  muriatique  oxigéné  , celui-ci  se  dé- 
compose , et  l’on  apperçoit  bientôt  des  cristaux  de  sulfate 
de  potasse.  Les  acides  boracique  et  carbonique  ne  lui  font 
éprouver  aucun  changement  à froid. 

La  harite  , la  strontiane , et  la  chaux  sont  les  seules 
bases  qui  décomposent  le  sulfite  de  potasse  -,  ainsi , dans 
une  solution  de  ce  sel , si  l’on  verse  de  l’eau  de  chaux 
ou  de  barite  , on  obtient  un  précipité,  et  la  potasse  reste 
pure. 

On  ne  commît  pas  les  proportions  de  ce  sel. 


Sulfite  de  Soude. 


63 


§.  XXII. 

Sulfite  de  Soude. 

On  prépare  du  sulfite  de  soude  , en  mettant  dans  une 
bouteille  de  TVoulf  une  partie  de  carbonate  de  soude 
cristallisé,  avec  deux  parties  d’eau  distillée  ; on  y fait 
passer  du  gaz  acide  sulfureux,  jusqu’à  ce  que  l’eflerves- 
cence  soit  passée.  Lorsque  la  saturation  approche  de  sa  fin, 
une  portion  de  sulfite  de  soude  cristallise  au  fond  de  la 
liqueur. 

Sa  forme  est  un  prisme  à quatre  pans  , dont  deux  très- 
grands  et  deux  petits  , terminés  par  des  pyramides  dièdres. 
Ce  sel  est  blanc , parfaitement  transparent  -,  sa  saveur  est 
fraîche,  et  ensuite  sulfureuse. 

Il  se  comporte  au  feu  , absolument  comme  le  sulfite  de 
potasse,  à l’exception  seulement  qu’il  éprouve  la  fusion 
aqueuse. 

Il  s’effleurit  à 1 air  , et  se  convertit  ensuite  en  sulfate 
de  soude,  mais  moins  promptement  que  le  sulfite  de  po» 
tasse. 

Ce  sel,  mêlé  avec  un  douzième  de  son  poids  de  charbon 
cn  poudre,  et  chauffé  dans  une  cornue  , fournit  d’abord  un 
peu  d’eau  , ensuite  de  l’acide  carbonique  , mêlé  d'une  por- 
tion de  gaz  hydrogène  sulfuré  j enfin,  il  reste  dans  la 
cornue  uu  sulfure  de  soude  hydrogéné. 

Les  acides  minéraux  lui  font  éprouver  les  mêmes  chan- 
gemens  qu’au  sulfite  de  potasse. 

La  barite,  la  stronliarie  , la  chaux  et  la  potasse  décom- 
posent lç  sulfite  de  soude.  Le  précipité  que  l’on  obtient  est 


6/  Sulfite  de  Soude  sulfuré  , 

du  sulfite  de  barite , ou  de  chaux , ou  de  potasse  , suivant 

que  I on  a employé  l’une  ou  l’autre  de  ces  terres. 

Les  sulfates  de  chaux  , d’ammoniaque  et  de  magnésie  le 
décomposent. 

On  y a trouvé  , par  l’analyse  : soude,  18  -,  acide  sulfu- 
reux, 3i  ; eau,  5i. 

Le  sulfite  de  soude  est  un  fort  bon  réactif  pour  les  disso- 
lutions métalliques  , tantôt  il  précipite  du  soufre  , tantôt  le 
métal  sous  telle  ou  telle  couleur.  Le  sulfite  d’ammoniaque 
jouit  de  ces  propriétés  à un  moins  haut  degré. 

§.  XXIII. 

Sulfite  de  Soude  sulfuré , ou  arec  excès  de  Soufre. 

Cette  nouvelle  combinaison  , découverte  par  M.  Chaus- 
sier  et  examinée  depuis  par  M.  Vauquehn  , présente 
un  nouveau  genre  de  sulfites  que  l’on  n’a  pas  encore 

étudié. 

Ce  que  nous  savons  de  plus  particulier  sur  ce  sel  est  du 

aux  chimistes  que  je  viens  de  citer. 

Voici  comme  on  peut  préparer  le  sulfite  de  soude  avec 

excès  de  soufre  : . 

! o En  faisant  bouillir  du  soufre  avec  une  dissolution  de 

sulfite  de  soude  bien  neutre,  en  obtient  un  sel  qui  ne 

contient  pas  de  sulfate. 

ao.  On  peut  former  également  ce  sel  avec  un  mélange 
de  sulfite  de  soude  et  d’hydrogène  sulfure  , d'acide  sultu- 
reux  et  d’hydro-sulfure  de  soude,  avec  le  sulfite  de  soude 
et  rbydro-sulfuve  de  soude  ; mais  toutes  les  fois  que  Ion 


ou  avec  ex  ces  de  Soufre.  g5 

présente  à l’acide  sulfureux,  ou  au  sulfite  de  soude,  du 
soufre  uni  à l’hydrogène , ce  dernier  corps  est  brûlé,  et  le 
soufre  mis  à nu  se  combine  à une  portion  du  sulfite  ou  de 
l’acide  sulfureux  nou  décomposé. 

L’hydrogène  sulfuré,  qui  se  dégage  du  sulfite  de  soude 
culture  par  1 acide  sulfurique  , uest  pas  une  raison  de 
croire  qu'il  existe  dans  ce  sel  -,  car  le  dégagement  n’a  lieu 
sensiblement  qu’avec  ce  sel  û 1 état  solide,  et  l’acide  sul- 
furique concentré  : s'il  existoit  dans  le  sulfite  de  soude 
sulfuré,  il  douneroit  quelques  signes  de  sa  présence,  par  les 
dissolutions  métalliques. 

Lorsque  ce  sel  est  pur,  1°.  il  est  transparent  et  cristal- 
lise eu  forme  ds  prisme  carre,  termine  par  une  pyramide 
a six  faces  , 2°.  il  uc  s effleurit  point , et  ne  tombe  point  eu 
déliquescence  -,  3°.  il  n’altère  point  les  couleurs  bleues  ou 
violettes  des  végétaux  • 4°.  il  a une  saveur  fraîche,  légère- 
ment amère  et  sulfurée;  5°.  il  n’a  aucune  odeur;  6°.  sur 
les  charbons  ardens  , i 1 entre  facilement  eu  fusion,  brûle 
ensuite  avec  lodeur  et  la  flamme  du  soufre  ; il  est  «in- 
soluble dans  1 alcool  ; 8°.  l’eau  en  dissout  près  de  trois  fois 
:SOn  poids  ; g°.  tous  les  acides  , même  le  sulfureux  , le  dé- 
composent et  en  précipitent  le  soufre,  du  moins  en  partie  ; 
io°.  1 addition  des  acides  sulfurique,  nitrique,  muria- 
tique  , produit  d’abord  un  dégagement  de  gaz  hydrogène 
sulfure , qui  est  bientôt  accompagné  et  suivi  de  gaz  acide 
: sulfureux-,  no.  i]  précipite  le  plus  grand  nombre  des  dis- 
solutions métalliques  , mais  avec  des  phénomènes  parti  - 
culieis  ; ainsi  , il  précipite  le  nitrate  de  mercure  en  jaune, 
taudis  que  le  sulfite  de  soude  le  précipite  en  blanc  -,  120.  il 
; précipité  le  muriate  de  platine  en  noir  , tandis  que  le  sul- 
htc  de  soude  le  précipite  en  rose;  i3°.  il  ne  revivifia  pas 


66  Suljîte  de  Soude  sulfuré , etc. 

l’or  de  la  dissolution  nitro-muriatique  , mais  le  précipite 
en  jaune-brun  ; i4°-  il  ne  précipite  pas  les  dissolutions 
sulfuriques  de  cuivre-,  i5°.  si  Ion  chauffe  ce  sel  dans  une 
cornue,  il  se  fond,  sé  dessèche,  laisse  ensuit  échapper 
une  portion  de  soufre  qui  se  sublime  ; il  ne  se  de  gage  pas  ; 
un  atome  de  gaz;  ce  qui  reste  dans  la  cornue  prend  me 
couleur  rouge  , et  communique  cette  couleur  à la  disso- 
lution aqueuse  ; i6°.  l’eau  de  harite  , en  petite  quantité  , ; 
ne  forme  point  de  précipité  dans  la  solution  de  ce  sel  ; J 
370.  l’acide  sulfureux  en  sépare  du  soufre;  180.  Si  1 on 
mêle  à une  dissolution  de  sulfate  de  soude  une  peine  1 
quantité  d’eau  trés-chargée  d’hydrogène  sulfuré,  cette  eau  : 
perd  entièrement  son  odeur,  et  la  dissolution  n’est  point: 
altérée  ; si  l’on  verse  de  cette  eau  jusqu’à  ce  que  l'odeur  de 
rhydro-sulfure  reste  sensible,  alors  la  dissolution  devient 
laiteuse  , et  dépose  une  grande  quantité  de  soufre.  La  li- 
queur  éclaircie  et  évaporée  ,-  fournit  une  matière  épaisse 
dont  l’alcool  sépare  le  sulfure  hydrogéné,  et  il  reste  un 
liquide  épais  qui  donne  un  sel  d’une  saveur  amère  et  al-1 
câline,  dont  les  acides  dégagent  du  gaz  acide  suliuieux,  et 
précipitent  du  soufre.  L hydrogène  sulfuré  décompose 
donc  du  sulfite  de  soude. 

M.  Chaussier  croit  que  ce  sel  peut  être  intéressant  ec 
médecine.  Comme  il  n’a  pas  1 odeur  fétide  des  sulfuies  e 
des  hydro-sulfures,  on  peut  l’employer  avec  avantage  daus 
tous  les  cas  où  l’on  employoit  ce  genre  de  préparation 
ainsi  , on  peut  en  prescrire  l'usage,  soit  en  bains  , soit  ei 
douches,  soit  intérieurement,  sous  forme  de  pilules  or 
de  boissons,  et  déjà  M.  Chaussier  s’en  est  servi  avec  avau 
tage  dans  le  traitement  de  plusieurs  affections  rebelles  de 
la  peau. 


Sulfite  de  Strontiane  ) sulfite  <T  Ammoniaque.  G- 

, ' S , . 

§.  xxi  y. 

Sulfite  de  Strontiane. 

Ce  sel  a beaucoup  d’analogie  avec  le  sulfite  de  barite. 
Il  est  cependant  un  peu  soluble  dans  l’eau  , et  cristallise 
eu  prismes.  Il  est  décomposé  par  la  barite. 


§•  XXV. 


Sulfite  d’ Ammoniaque. 


Pour  former  le  sulfite  d’ammoniaque  cristallisé  , il  failt 
faire  passer , de  la  manière  qui  a été  décrite  , du  gaz  acide 
sulfureux  dans  de  l’ammoniaque  liquide  concentrée.  Quand 
1 ammoniaque  est  parfaitement  saturée  d’acide  sulfureux 
il  se  déposé  des  cristaux  transparens  et  très-régulier*  for- 
mes par  la  portion  de  sulfite  d’ammoniaque,  que  l’eau  ne 
tenoit  en  dissolution  que  parce  qu’elle  étoit  chaude. 

Ce  sel  a la  forme  d’un  prisme  k six  pans , terminé  par 
des  pyramides  à six  faces. 


ici  lin  U] 


^ saveur  est  fraîche  et  piquante  ; il  laisse  sur  1 
impression  semblable  à celle  de  l’acide  sulfureux. 

Il  se  volatilise  au  feu  sans  décomposition;  il  attire  fli 
mu  îte  de  lair,  et  passe  bientôt  à l’état  de  sulfate. 

Le  charbon  ne  le  convertit  pas  en  sulfure  , parce  qu’il 
volatilise  trop  promptement. 

Il  est  très  soluble  dans  l’eau , et  cristallise  par  refin 
• üissement.  * 


68 


Sulfite  de  Magnésie. 

Tous  les  acides  minéraux  , excepté  les  acides  bora- 
cique  et  carbonique  , décomposent  ce  sel.  Cette  décom- 
position se  fait  avec  chaleur  et  effervescence , et  I on  peut 
recueillir  l’acide  sulfureux  , à l’état  de  gaz  , au-dessus  du 
mercure. 

La  barite  décompose  ce  sulfite.  Si  1 on  broie  de  la  barite 
en  poudre  avec  ce  sel  cristallisé,  desséché  , ou  même  dis- 
sous dans  l’eau  , l’ammoniaque  se  dégage. 

La  chaux  se  comporte  comme  la  barite.  La  magnésie 
en  poudre , chauffée  avec  du  sulfite  d’ammoniaque  , le  dé- 
compose entièrement. 

La  magnésie  décompose  aussi  ce  sel  dissous  dans  1 eau , 
si  l’on  expose  le  mélangé  a une  chaleur  capable  de  faire 
bouillir  la  liqueur. 

A une  température  moyenne  , la  magnésie  ne  décompose 
pas  entièrement  le  sulfite  d’ammoniaque  -,  il  se  forme  uu 
sel  triple  , composé  de  magnésie  et  d ammoniaque. 

La  potasse  et  la  soude  décomposent  aussi  le  sulfite 
d’ammoniaque. 

Principes  constituans  : ammoniaque,  29;  acide  sulfu- 
reux , 60  -,  eau  , 11. 

§•  XXVI. 

Sulfite  de  Magnésie. 

Pour  former  ce  sel , on  met  dans  un  flacon  de  Woul 
une  partie  de  carbonate  de  magnésie  , avec  deux  partie  ; 
d’eau  distillée  , et  on  y fait  passer  du  gaz  acide  sulfureux I 
Si  l’on  ne  fait  entier  que  la  quantité  d’acide  sulfureux 


I 


Sulfite  de  Magnésie.  6cj 

! simplement  nécessaire  à la  saturation  de  la  magnésie  , on 
i n’apperçoit  pas  de  cliangement  sensible  dans  le  volume  de 
i cette  matière  ; et  si  l’on  n’étoit  pas  assuré  , par  le  dégage- 
jment  de  l’acide  carbonique,  qui  a lieu  pendant  cette  opé- 
ration , et  par  la  fixation  du  gaz  acide  sulfureux  , qu’il  sq 
3 forme  uue  combinaison,  on  seroit  tenté  de  croire  qu’il  n’y 
;apas  d’action  entre  cet  acide  et  le  carbonate  de  magnésie. 
La  plus  grande  partie  de  sulfite  de  magnésie  formé  reste  au 
fond  de  la  liqueur  -,  mais  en  accumulant  , lorsque  l’efferves- 
<ceuce  est  passée,  une  nouvelle  quantité  d’acide  sulfureux 
- sur  la  masse  de  sulfite  de  magnésie , celle-ci  se  dissout 
* entièrement  dans  la  liqueur,  et  une  partie  du  sel  se  sépare 
» en  cristaux  transparens  par  le  refroidissement. 

Cette  solution  de  sulfite  de  magnésie , exposée  à 
, l’air  , dans  une  capsule  , perd  peu-à-peu  l’excès  d acide 
; sulfureux  qu’elle  contient , et  dépose  des  cristaux  trans- 
parens. 

Ce  sel  est  blanc,  transparent-,  sa  forme  est  un  tétraèdre 
surbaissé  ; sa  saveur  est  douceâtre  et  terreuse  au  commen- 
cement , et  sulfureuse  à la  fin. 

Exposé  au  feu,  il  se  ramollit,  se  boursoufle,  et  devient 
ductile  comme  une  gomme  -,  en  continuant  ainsi  de  le 
chauffer  , après  qu'il  a perdu  son  eau  de  cristallisation  , 
l’acide  sulfureux  s’en  sépare  , et  la  magnésie  reste  pure. 

Il  devient  opaque  à l’air  , et  se  change  peu-à-pcu  en 
sulfate  -,  mais  il  faut  beaucoup  de  tcms. 

Le  charbon  réduit  en  poussière  , et  chauffé  dans  une  cor- 
nue avec  douze  parties  de  sulfite  de  magnésie  , lui  enlève 
1 oxigène  et  le  convertit  en  sulfure  de  magnésie. 

Ce  sel  est  un  peu  soluble  dans  l’eau. 


'jo  Sulfite  Ammoniaco- Magnésien  ; Suif,  de  Glucine. 

U 

Les  acides  minéraux  produisent  sur  ce  sel  les  mêmes 
effets  que  sur  les  autres  sulfites. 

Les  substances  terreuses  et  nlcalines  , déjà  examinées , : 
décomposent  toutes  le  sulfite  de  magnésie.  Les  substances  j 
terreuses  forment  avec  sa  solution  , un  dépôt  composé 
des  nouveaux  sulfites  formés , et  de  magnésie.  La  potasse 
et  la  soude  opèrent  le  même  effet  -,  mais  la  magnésie,  dans 
ce  cas  , se  précipite  dure  , parce  que  ces  sulfites  alcalins 
sont  solubles. 

L’ammoniaque  ne  forme  aucun  précipité  dans  la  solu- 
tion acide  de  ce  sel,  parce  que  le  sulfite  d’ammoniaque 
s’unit  sans  décomposition  avec  le  sulfite  de  magnésie. 

Les  composans  de  ce  sel  sont  : magnésie  , 16  •,  acide  sul-  j 
fureux  , 39  ; eau,  4fi. 

§.  XXV  IL 

Sulfite  Ammoniaco -Magnésien. 

Ce  sel  n’est  ni  usité  ni  complètement  connu. 

§.  XXV III. 

Suif  "e  de  Glucine . 


Inconnu. 


Suif,  d’ Alumine , de  Zircone  ; des  JS itratcs  en  gèn.  j t 

§ XXIX. 

Sulfite  d’ Alumine. 

On  peut  se  servir,  pour  préparer  ce  sulfite  , des  mêmes 
procédés  que  nous  avons  indiqués. 

Ce  sel  ne  cristallise  pas  -,  il  se  prend  en  une  masse  duc- 
tile et  mollasse. 

Le  feu  en  dégage  l’acide  sulfureux. 

Il  est  insoluble  dans  l’eau. 

Les  acides  minéraux  , les  terres  et  les  alcalis  le  décom- 
posent. 

D après  l'analyse  de  MM.  Fourcroy  et  F auquel  in , ce 
sel  est  composé  de,  alumine,  44  5 acide  sulfureux,  J 2 } 
eau , 24. 

§.  XXX. 

Sulfite  de  Zircone. 

Inconnu. 

§.  XXXI. 

Des  Nitrates  en  général. 

La  plupart  des  nitrates  existent  dans  la  nature;  d’autres 
sont  le  produit  de  l’art.  Ils  ont  tous  des  propriétés  com- 
munes et  des  propriétés  particulières.  Ces  dernières  seront 
décrites  dans  l’histoire  de  cha  p/e  espèce. 


72  Des  Nitrates  en  général. 

Ces  sels  ont  une  saveur  fraîche  et  piquante,  ils  n’éprou- 
vent aucune  altération  sensible  au  contact  de  la  lumière  , 
ils  donnent  du  gaz  oxigène  et  du  gaz  azote  par  la  chaleur, 
et  laissent  un  résidu  alcalin  ou  terreux.  Ils  brûlent  avec 
flamme  beaucoup  de  corps  combustibles  , lorsqu'on  élève 
suffisamment  leur  température. 

Tous  sont  solubles  dans  l’eau,  et  cristallisables  par  re- 
froidissement. 

L’acide  sulfurique  décompose  tous  les  nitrates,  ils  ré- 
pandent de  légèi'es  vapeurs  blanches  sans  produire  d’effer- 
vescence. 

L’acide  muriatique  n'a  aucune  action  à froid  sur  les 
nitrates,  mais  il  les  décompose  à l’aide  du  calorique,  en 
s’emparant  d’une  partie  de  l’oxigène,  de  l’acide  nitrique  , 
qui  devient  acide  nitreux-,  de  sorte  qu’il  se  forme  de  la- 
pide muriatique  oxigéné  et  des  nitrates  qui , à mesure  qu’ils 
se  forment,  sont  décomposés  et  transformés  en  muriates. 
Telle  est  la  cause  que  l’on  obtient  de  l’acide  muriatique 
oxigéné,  en  distillant  une  partie  de  muriate  de  soude  avec 
deux  d’acide  nitrique , ou  une  de  nitrate  de  potasse , avec 
deux  d’acide  muriatique. 

L’acide  boraciquc  décompose,  à une  haute  température, 
tous  les  nitrates,  excepté  celui  d ammoniaque  qui  se  sous- 
trait à son  action  en  se  volatilisant  trop  promptement. 

L’acide  phosphorique  à froid  décompose  quelques-uns 
de  ces  sels,  il  se  forme  un  phosphate  acide.  Si  l’on  em- 
ploie l’actîoh  du  calorique,  les  nitrates  sont  alofrs  décom- 
posés entièrement , excepté  le  nitrate  d’ammoniaque. 

Enfin  , il  n y a aucune  substance  qui  fasse  un  préci- 
pité dans  une  solution  d’un  nitrate;  c'est  par  celle  raison 


Nitrate  de  Barite'.  7 3 

qu’on  ne  possède  aucun  moyen  de  découvrir  un  nitrate , 
ou  l’acide  nitrique  dans  une  liqueur. 

§.  X X X 1 1 

Nitrate  de  Barite. 

On  prépare  ce  sel , en  décomposant  le  sulfure  de  barite 
par  l’acide  nitrique  ; ou  en  saturant  cet  acide  avec  du  car- 
bonate de  barite  naturel  ou  artificiel.  Voyez  l’article 
sulfate  de  barite. 

Ce  sel  cristallise  en  octaèdre  \ sa  saveur  est  piquante  et 
styptique  comme  les  sels  métalliques. 

Exposé  à l’action  du  calorique  dans  une  cornue  , il  se 
décompose  , fournit  du  gaz  oxigène  , mêlé  de  gaz  azote. 
Cette  opération  a fourni  à M.  Vauquelin  la  barite  pure. 
V oyez  cet  article. 

Ce  sel  est  peu  altérable  à l’air. 

Il  demande  au  moins  dix  à douze  parties  d’eau  froide  , 
pour  se  dissoudre',  1 eau  chaude  en  dissout  beaucoup  plus  , 
de  manière  que  la  plus  grande  partie  se  cristallise  par  le 
refroidissement. 

« 

Plusieurs  acides  décomposent  ce  sel  -,  les  acides  sul- 
furique , phosphorique  , oxalique  et  tartareux,  sont  de  ce 
nombre. 

Ee  nitrate  de  barite  n’est  pas  décomposé  par  les  terres  , 
mais  bien  par  la  potasse  et  la  soude  , qui  en  séparent  la 
barite  en  cristaux,  comme  M.  DarcetYa  fait  voir. 

Un  foule  de  sels  le  décomposent,  tels  que  les  sulfates, 
les  carbonates  , etc. 

Proportions  : acide  nitrique  , 38  j barite  , 5o  -,  eau  , 12. 


n4  Nitrate  de  Potasse. 

Ce  sel  est  utile  pour  recounoîlre  la  présence  <le  1 acids 
sulfurique.  On  peut  s’en  servir  pour  séparer  cet  acide  , qui 
se  trouve  quelquefois  dans  1 acide  nitrique  , et  qui  emp  ech 
de  l’employer  dans  des  expériences  exactes. 

§.  XXXIII. 

Nitrate  de  Potasse.. 


Ce  sel  existe  dans  la  nature  -,  les  plaines  crayeuses  des 
pays  chauds  et  secs,  et  les  plaines  sabloneuses  qui  con- 
tiennent aussi  du  carbonate  de  chaux,  sont  fréquemment 
couvertes  d’efflorescence  de  nitre , comme  en  Espagne, 
dans  l’Inde , en  Hongrie  , en  Perse  et  en  Egypte.  On  en 
trouve  encore  à la  surface  des  murailles  calcaires  , aux 
voûtes  des  caves  , sous  des  arceaux  de  ponts , etc.  -,  on 
l’appelle  dans  le  commerce,  nitre  de  houssage,  parce 
qu’on  le  ramasse  avec  des  balais  ; salpêtre  , sel  de  nitre , etc. 
Quelques  végétaux  en  contiennent  aussi,  tels  que  la  bou- 
î-aclie,  buglose  , ciguë,  pariétaire,  tabac,  le  soleil , etc. 
C’est  pourquoi  ou  leur  a donné  le  nom  de  plantes  ni- 
treuses. 

Malgré  l’abondance  de  ce  sel  dans  la  nature,  il  est  loin 
d’être  suffisant  pour  les  usages  multipliés  dans  certains- 
pays  du  nord  de  l’Europe  -,  on  a recours  aux  nitrières 
artificielles. 

Pour  cela  on  élève  sous  des  hangards  des  monceaux  de 


décombres , des  plâtras  et  des  craies  argileuses  que  l’on 
mcle  avec  des  fumiers  et  d’autres  débris  de  végétaux  , 
tels  que*  l’ortie,  la  jusquiame , etc.-,  ou  arrose  ces  amas 
avec  différentes  liqueurs  animales,  telles  que  l'eau  des 


I 


Nitrate  de  Potassç.  ^ 5 

fumiers-,  de  l’urine,  du  sang,  etc.  -,  on  a soin  d’établir  la 
putréfaction  de  toutes  les  matières  organiques  , jusqu’à 
leur  décomposition  , ce  qui  exige  une  température  ni  trop 
chaude,  ni  trop  froide  et  une  humidité  non  interrompue. 
On  reprend  ensuite  ces  terres  salpètrées,  on  les  lessive 
avec  soin  en  faisant  passer  des  eaux  neuves  sur  des  terres 
déjà  lessivées;  et  pour  saturer  les  eaux  très- chargées  , on 
les  fait  passer  sur  des  terres  qui  n’ont  pas  encore  été 
lessivées. 

Pour  avoir  une  idée  exacte  de  la  formation  du  ni  li  e 
dans  ces  circonstances  , il  faut  se  rappeler  que  l’acide  ni- 
trique est  composé  d’azote  et  d’oxigene  ; et  ce  n’est  que  la 
formation  de  celui-ci  qu’on  se  propose  d opérer , cpii  se 
combine  ensuite  avec  les  bases  terreuses  ou  alcalines  con- 
tenues dans  les  matériaux.  Il  faut  se  rappeler  de  plus  que 
1 azote  et  1 oxigeue  , à 1 état  de  gaz  , 11e  peuvent  contracter 
d union  que  par  1 étincelle  électrique. 

Pour  opérer  cette  combinaison,  on  prend  l’azole  sortant 
de  ses  composés  , c’est-à-dire,  au  moment  où  il  ne  jouit 
pas  encore  de  sa  lorce  élastique  ou  expansive. 

La  décomposition  des  substances  organiques  s’offre  dans 
cet  état , puisqu  il  en  est  un  des  principes  constituans  -,  et 
a mesure  qu  il  est  mis  à nu  par  leur  désorganisation  , 
1 0x1  gène  ou  l'hydrogène  s’en  empare,  l’un  pour  former 
de  l’acide  nitiique,  l’autre  pour  former  de  l’ammoniaque. 

Eu  France  où  la  nature  forme  ce  nitre  assez  abondant  - 
ment , on  le  retire  en  grand  des  vieux  plâtras,  des  terres 
dites  salpètrées  , qui  se  sont  chargées  de  nitrate  de  potasse 
et  de  chaux  par  le  contact  des  substances  végétales  et 
animales  et  par  des  arrosemens  presque  continuels.  Les 
murs  des  anciennes  écuries  contiennent  , jusqu’à  la  hauteur 


\ 


rg  Nitrate  de  Potasse. 

d’environ  deux  mètres  , une  assez  grande  quantité  dtf 
nitrate  de  potasse.  Les  plâtras  qui  tapissent  les  lieux 
d’aisance  en  contiennent  aussi.  On  trouve  dans  ces  terres 
des  sels  solubles  , tels  que  le  nitrate  de  chaux,  le  nitrate 
de  magnésie  , le  muriate  de  magnésie  , le  muriate  de 
soude  , et  plus  ou  moins  de  nitrate  de  potasse. 

Pour  obtenir  le  salpêtre  des  plâtras,  ou  autres  terres 
salpêtrées  , on  dépose  les  terres  dans  des  tonneaux  places 
sur  des  chant  iersou  dans  des  bassins  de  pierre  perces 
d’un  trou  qu’on  garnit  d’une  champlure  fermée  avec  une 
broche  -,  au-dedans  on  applique  contre  le  trou  un  bouchon 
de  paille  pour  que  l’eau  sorte  claire  en  se  filtrant  à 
travers  ; on  verse  de  l’eau  par-dessus  , jusqu’à  ce  qu  elles 
en  soient  recouvertes  de  la  hauteur  d’un  décimètre.  Lors- 
que l’eau  a séjourné  pendant  cinq  à six  heures  sur  ces 
terres , on  la  laisse  écouler  par  des  ouvertures  pratiquées 
au  bas  des  tonneaux  , d’où  elle  tombe  dans  un  demi-canal , 
qui  la  conduit  dans  une  recette  commune  , enfoncée  dans 
la  terre.  Celte  première  eau  n’est  pas  assez  chargée  de 
salpêtre  pour  pouvoir  être  évaporée  avec  avantage  , et  la 
terre  elle-même  n’est  pas  épuisée.  C’est  pour  cela  qu  on 
fait  passer  la  même  eau  sur  trois  terres  , dont  1 une  a 
été  lessivée  deux  fois  , l’autre  une  fois  , tandis  que  la  tioi 


sième  ne  l’a  pas  été  du  tout. 

Comme  la  plus  grande  partie  de  ce  mtre  est  a base 
terreuse,  et  qu’il  importe  de  le  ramener  à l’état  de  ni- 
trate de  potasse,  on  retire  cette  base  de  la  lessive  des 
cendres  pour  en  séparer  les  terres. 

11  est  des  salpêtriers  qui  se  servent  même  aujourd'hui, 
au  lieu  de  potasse,  du  sulfate  de  potasse,  ou  lessive 
jusqu’à  20  degrés  à l’aréomètre  de  Baume;  on  laisse  dé- 


JVilrale  de  Potasse, 


11 

poser  les  terres  , et  on  fait  couler  la  liqueur  claire  dans  la 
chaudière  de  cuivre,  à défaut,  dans  une  chaudière  de  fer, 
pour  être  soumise  à l'évaporation. 

Quand  la  liqueur  est  en  ébullition  , à mesure  que  la 
liqueur  s'évapore  , on  ajoute  pour  la  remplacer  , de  l’eau 
salpêtrée  nouvelle  ; on  soutient  l’ébullition  pendant  quel- 
ques jours  jusqu’à  ce  que  la  liqueur  soit  assez  rapprochée  , 
et  qu  en  en  mettant  une  goutte  sur  un  fer  froid,  elle  se 
fige  et  présente  la  forme  d’un  globule  blanc  et  solide  ; 
alors  on  arrête  le  feu  , et  on  fait  couler  les  eaux  convena- 
blement rapprochées  dans  des  cristallisoirs  de  terre,  de 
bois  , ou  de  cuivre.  Après  quelques  heures  de  repos,  on 
sépare  les  eaux-mères  de  dessus  les  cristaux  qui  se  sont 
formés. 

Lorsque  la  lessive  du  salpêtre  contient  beaucoup  de 
muriate  de  soude,  on  profite  de  la  propriété  qu’il  a de 
se  précipiter  pendant  l'ébullition  pour  l’en  séparer;  on 
1 enlève  aussi  avec  une  écumoire  clés  qu  il  se  forme  , et  on 
le  met  dans  un  panier  d’osier  qui  est  suspendu  au-dessus 
de  la  chaudière  pour  ne  rien  perdre  de  ce  qui  peut  en 
dégoûter. 

Des  produits  de  la  cuite. 

Ou  obtient  de  la  cuite  quatre  produits  différens  : les 
bases  terreuses  qui  s’j précipitent,  les  écumes  qui  viennent 
à sa  surface  , le  sel  marin  qui  se  cristallise  pendant  l’éva- 
poration ou  le  repos  de  la  liqueur  ; enfin  , les  eaux- 
nieres  restant  après  la  cristallisation  du  salpêtre.  11  ne 
faut  rejeter  aucun  de  ces  produits  qu  après  en  avoir  retira 
tout  le  salpêtre  qu’ils  contenoient. 

bases  terreuses.  Ces  bases  terreuses  x’clicnuent  un® 


Nitrate  Je  Potasse. 


;3 

portion  d’eau  de  la  cuite,  et  par  conséquent  du  salpêtre: 
pour  les  en  dépouiller,  on  les  lave  dans  un  cuvier;  et 
l’eau  provenant  de  ce  Lavage  y est  employée  à fondre  de 
la  potasse  pour  les  saturations,  ou  mise  dans  une  autre 
cuite,  si  elLc  est  assez  forte. 

Ecumes.  Les  écumes  contiennent  , outre  les  matières 
grasses  ou  extractives  , les  bases  terreuses  ramem-es  à la 
surface  du  sel  marin  , et  beaucoup  de  salpêtre  : pour  en 
extraire  ce  dernier  , on  les  délaie  avec  suffisante  quantité 
d’eau  , en  écrasant  les  parties  les  plus  dures  ; on  enlève 
la  partie  surnageante  , et  on  en  retire  l'eau  sans  troubler 
le  dépôt  qui  s’y  est  formé.  Cette  eau  est  ajoutée  aux 
cuites  suivantes,  et  les  résidus  sont  jetés  sur  les  terres 
neuves  pour  être  lessivés  avec  elles. 

Muriate  de  soude.  Ce  sel  cristallisé  dans  l’eau  de  la 
cuite  chargée  de  salpêtre,  en  retient  nécessairement  une 
certaine  quantité  ; pour  l’en  retirer  , on  le  lave  avec  de 
l’eau  chaude.  On  peut  amasser  les  produits  de  plusieurs 
cuites  pour  les  laver  ensemble  et  à moins  de  frais:  à cet 
effet,  on  fait  chauffer  de  l’eau  dans  la  chaudière;  quand 
elle  est  en  ébullition  , on  y jette  une  portion  de  sel  , on 
l’agite,  on  le  retire  avec  l’écumoire  dans  un  panier  placé 
sur  la  chaudière  ; on  le  remplace  par-  une  nouvelle  por- 
tion de  sel,  qu’on  renouvelle  jusqu’à  ce  que  lamas  en  1 
soit  épuisé*  L’eau  de  lavage  de  sel  se  joint  à celle  de 
cuite  , ou  on  La  fait  évaporer  séparément , si  elle  est 
assez  chargée. 

Eaux-meres.  Les  eaux-mères  sont  , de  tous  les  produits 
delà  cuite  , celui  dont  les  salpêtriers  doivent  le  plus  s'oc- 
cuper. Ces  eaux  contiennent  beaucoup  de  salpêtre  à base 
terreuse,  qui,  dans  la  saturation  par  la  potasse,  ou  en 


Nitrate  de  Potasse.  -g 

passant  sur  les  cendriers  , n’a  pas  trouvé  la  quantité  d’al- 
cali nécessaire  à sa  décomposition;  il  faut  la  lui  fournir: 
niais  il  est  bien  important  de  ne  pas  outrepasser  la  quantité 
d alcali  qu  exige  ce  salpêtre  à base  terreuse  : le  surplus 
seroit  employé  en  pure  perte  à décomposer  le  muriate 
calcaire,  à former  du  muriate  de  potasse,  qu’il  fa u droit 
séparer  du  salpêtre  et  rejeter  ensuite. 

On  peut  décomposer  les  eaux-mères  par  deux  procédés 
dilférens  ; ou  en  employant  directement  la  potasse  , ou  eu 
les  passant  sur  des  cendriers  : dans  l’un  ou  l’autre  cas  , il 
faut  les  étendre  dans  environ  quatre  fois  leur  volume 
d’eau  pure  , d’eau  de  lavage  , ou  mieux  encore  , d’eaux  de 
lessive  ou  de  buanderie.  On  ne  doit  négliger  aucune  occa- 
sion de  se  procurer  ces  dernières,  qui  présentent  l’avantage 
de  contenir  une  certaine  quantité  d’alcali. 

Si  Ion  veut  saturer  ces  eaux-mères  par  la  potasse,  on 
en  fait  dissoudre  dans  le  double  de  son  poids  d’eau,  à rai- 
son de  12  décagr.  par  5 hectogrammes  ( 4 onces  par  liv.  ) 
d eau-mère  , avec  laquelle  on  mêlera  celte  dissolution  peu- 
a-peu.  Ce  mélange  qui  réussit  mieux  à chaud  qu’à  froid, 
peut  se  fau'e  dans  la  chaudière  , d’où  on  le  retire  pour  le 
verser  dans  un  cuvier  , au  fond  duquel  les  bases  terreuses, 
devenues  libres,  se  déposent. 

, au  lieu  de  peser  l’eau-mère  , on  trouvoit  plus  com- 
mode de  la  mesurer  , alors  il  suffit  de  savoir  qu’un  litre 
( une  pinte  mesure  de  Paris  ) d’eau-mère  pèse  ordinaire- 
ment if»  heclogr.  (3  livres),  et  exige  environ  36  déca- 
gi animes  12  onces  ) dépotasse.  On  ne  peut,  au  reste, 
fixo  que  par  approximation  la  quantité  dépotasse  qu’on 
doit  employer  à la  saturation  des  eaux-mères;  elle  varie 


I 


\ 


go  Nitrate  de  Potasse .' 

suivant  la  nature  de  ces  eaux , et  des  terres  dont  elles 

proviennent. 

Dans  le  cas  où  l’on  auroit  assez  de  cendres  , on  pourra 
les  employer  avec  avantage  à décomposer  les  eaux-meres. 

Les  eaux-mères  décomposées  de  l une  oui  autre  manière, 
se  mêlent  avec  les  eaux  de  cuites.  Dans  les  grands  ateliers 

on  peut  les  faire  évaporer  seules. 

» 

Du  raffinage  du  salpêtre. 


L’art  du  raffinage  a pour  but  de  debarrasser  le  sal- 
pêtre de  tous  les  corps  etrangers. 

Celui  qu’on  obtient  par  une  première  cristallisation  s ap- 
pelle salpêtre  brut , ou  de  la  première  cuite  , et  dans  cet  état 
il  n’est  pas  propre  à la  fabrication  de  la  poudre  , et  retient 
du  muriate  de  soude  , des  nitrates  et  des  muriates  terreux  , 
une  matière  colorante  , etc. 

Pour  raffiner  le  salpêtre  brut , on  dissout  2,000  liircs 
de  ce  sel  dans  environ  1,600  livres  d eau-,  011  ajoute  ensuite 
12  onces  de  cette  sorte  dissoute  dans  10  pintes  d eau 
bouillante  , et  mêlée  avec  quatre  seaux  d’eau  froide  , on 
fait  bouillir  le  tout  dans  une  chaudière  de  cuivre  -,  ou 
continue  quelque  tems  l’ébullition,  et  on  enlève  l’écume,  , 
jusqu’à  ce  qu’il  ne  s’en  forme  plus  -,  on  sépare  avec  une  1 
écumoire  le  muriate  de  soude  qui  se  précipite. 

On  porte  alors  la  liqueur  dans  des  bassins  de  cuivre  , 
fermés  d’un  couvercle  en  bois.  Après  quatre  à cinq  jours 
le  salpêtre  de  la  seconde  cuite  y est  cristallisé. 

Le  salpêtre,  dans  ce  premier  état  est  beaucoup  plus  j 
blanc  , mais  il  contient  encore  un  peu  de  muriate  de  soude,  i 
Ou  lui  fait  subir  un  second  raffinage.  Pour  cela  on  redis- 


Nitrate  de  Potasse. 

I sout  de  nouveau  y ,000  livres  dans  le  quart  de  son  poids 
d’eau  -,  on  lui  fait  jeter  quelques  bouillons  , et  on  y verse 
< encore  une  dissolution  de  8 onces  de  colle-l'orte  , et  on 
• rafraîchit  la  liqueur  avec  un  ou  deux  seaux  d’eau  froide  ; 
on  écume  et  on  met  en  cristallisation.  Cette  fois  tout  le  sel 
marin  reste  en  dissolution  danS^eau-mère  , et  le  salpêtre 
est  pur.  On  leno  nimp. alors  uitre  de  troisième  cuite. 

Le  deuxième  procédé  ne  diffère  du  premier  , qu’en  ce 
qu’on  n’ajoute  au  salpêtre  brut  que  la  quantité  d’eau  né-> 
cessaire  seulement  pour  dissoudre  à chaux  le  nitrate  de 
potasse  qu’il  contient. 

Le  troisième  procédé  est  fondé  sur  ce  que  le  sel  marin 
et  les  sels  déliquescens  sont  plus  solubles  à froid,  que 
de  nitrate  de  potasse. 

Telles  sont  en  abrégé  les  différentes  opérations  que  l ou 
fait  sur  le  salpêtre  brut  -,  ceux  qui  voudront  de  plus  grands 
idetails  , peuvent  consulter  le  Manuel  du  commissaire  des 
•poudres  et  salpêtres  , par  MM.  Riffault  et  Bottée. 

Quand  011  veut  obtenir  le  nitrate  de  potasse  parfaite- 
ment pur  , pour  l’usage  de  la  médecine , on  purifie  Je 
uitre  de  la  troisième  cuite  par  de  nouvelles  solutions 
f‘t  cristallisations.  Quand  on  veut  faire  cristalliser  ce  sel 
il  faut  évaporer  la  liqueur  jusqu’à  35  degrés  de  l’aréomètre 
de  Mossy  ■ si  l’on  veut  l’avoir  en  masse  ou  peut  porter 
1 évaporation  jusqu’à  degrés. 

Le  nitrate  de  potasse  a une  saveur  fraîche  et  piquante, 
sa  forme  la  plus  ordinaire  est  celle  d’un  prisme  à six  pans, 
terminé  par  des  pyramides  hexaèdres.  Sa  pesanteur 
spécifique  comparée  à celle  de  l’eau  , est  dans  le  rappc  rl 
3e  1,9069  à 10,000.  Ce  sel  craque  dans  la  main  lorsqu’on 
le  presse.  11  est  décomposé  par  le  calorique  : la  première 

0 


2, 


g2  Nitrate  de  Potasse. 

portion  qui  se  dégage , est  du  gaz  oxigène  , ensuite  il  est 

mêlé  de  gaz  azote.  ? 

L’attraction  de  la  potasse  pour  l’acide  nitreux  , s uppose 
à ce  que  l’acide  nitrique  soit  complètement  décompose  au  i 
commencement  de  l’ opération  -,  et  telle  est  la  raison  pour 
laquelle  il  passe  à cette ÿpôque , du  gaz  ox.geue  pur,  ou  | 
presque  pur. 

En  arrêtant  la  décomposition  du  nitrate  de  pr.tassp  , a 
l’instant  où  le  gaz  azote  commence  à paroître , on  forme  | 
du  nitrite  de  potasse  ; aussi  le  résidu  fait-il  une  m«  effer- 
vescence avec  l’acide  nitrique,  et  répand  des  vapeurs 
rougeâtres;  ce. qui  prouve  que  l’acide  nitrique  a c ange 

d’état.  I 

Si  on  met  du  nitrate  de  potasse  dans  un  creuset , e 

Won  l’expose  à l’action  du  feu  , il  se  liquéfie  assez  vite, j 
et  cette  liquéfaction  est  une  fusion  ignée;  car  il  peut  rougir 
sans  prendre  la  forme  sèche.  Si  on  le  coule  , après  être 
fondu  , dans  une  liassine  , et  qu’on  l’étende  afin  de  lui 
faire  présenter  plus  de  surface  , on  obtient  une  substance 
solide  blanche  , opaque,  que  l’on  nomme  cnstnl  mmera 7, 
■tel  de  prunelle  ; c’est  du  nitrate  de  potasse  fondu.  Quel- 
quefois on  y ajoute  du  soufre;  alors  ce  sel  eouhent  in, 
peu  de  sulfate  de  potasse , produit  par  la  combustion  du 

soufre  qu’on  ajoute.  , 

Lorsque  ce  sel  est  très-pur  , » n'éprouve  aucune  aile 

ration  à l oir  ; quelquefois  il  y perd  sa  transparence. 

Le  nitrate  de  potasse  est  décomposé  , à laide  du  calo 
ri  que  , par  plusieurs  corps  combustibles  -,  tels  que  le  soufre 

le  charbon  , les  métaux , etc. 

Si  l’on  fait  chauffer  dans  une  cornue  trois  parhes  d 
nitrate  de  potasse,  et  une  partie  de  soufre,,  il  se  produit 


Nitrate  de  Potasse . 83 

dès  que  le  mélange  commence  à rougir  , une  combustion 
vive  ;•  il'  se  dégage  beaucoup  de  gaz  , dans  lequel  on  trouve 
une  petite  quantité  de  gaz  nitreux  et  du  gaz  azote:  le  résidu 
est  du  sulfate  de  potasse.  Le  soufre  a donc,  à une  haute 
température , plus  d’affinité  avec  l oxigène  que  n’en  a 
l’azote. 

On  donne  au  sel  , obtenu  de  cette  manière , le  nom  de 
sel  polychreste  de  Glaser , nom  de  celui  qui  l’a  fait  con- 
noître. 

Le  charbon  décompose  avec  beaucoup  de  rapidité  le 
nitrate  de  potasse,  lorsqu’on  élève  leur  température.  Cette 
décomposition  se  fait  avec  tant  de  promptitude,  qu’elle 
produit  une  de'tonnation  considérable  et  presque  instan- 
tanée. 

On  met  trois  parties  de  nitre  dans  un  creuset , que  l’on 
place  dans  un  fourneau  entre  les  charbons  ardens  : lors- 
que le  nitre  est  fondu  , et  qu’il  commence  a rougir  , on 
projette  par  cuillerée  une  partie  en  poids  de  charbon  eu 
poudre , il  se  fait  une  grande  détonuation.  Lorsqu’elle  est 
passée,  on  remet  une  nouvelle  cuillerée  de  charbon,  et 
Ion  peut  continuer  ainsi  , jusqu’à  ce  qu’eu  remettant  du 
charbon,  il  ne  se  fasse  plus  de  détonuation,  ou  bien  on 
fait  préalablement  le  mélange  , qu’on  projette  dans  un 
creuset  rougi. 

11  reste  dans  le  creuset  une  matière  saline  -,  on  la  fait 
calciner,  on  fait  dissoudre  ensuite  le  sel  dans  l’eau;  on 
filtre  , et  on  évapore  jusqu’à  siccité  : c’est  ce  qu’on  nom- 
moit  nitre  fixé  par  las  charbons.  Si  on  le  conserve  en 
liqueur  un  peu  concentrée  , on  a une  substance  qufon 
appeloit  autrefois,  liqueur  de  nitre  fixé,  et  alkaest  de 
JVanhelmont. 


g u Nitrate  de  Potasse. 

Les  chimistes  modernes  ne  voient  dans  celte  opération 
que  de  la  potasse , plus  de  l’acide  carbonique , forme  par 
la  décomposition  de  l’acide  nitrique  , dont  l’oxigene  s est 
porté  sur  le  carbone. 

Quand  on  veut  faire  cette  décomposition  dans  des 
vaisseaux  clos  , on  place  dans  un  fourneau  une  cornue  de 
terre  ou  de  fer  tubulée  ; on  y adapte  deux  ou  trois  ballons 
enfilés.  On  fait  chauffer  ce  vaisseau  -,  et  lorsque  son 
fond  est  rouge  , on  projette  peu-à-péh  un  mélange  de 
nitrate  de  potasse  et  de  charbon  , fait  à parties  égalés  , 
par  la  tubulure  que  l’on  ferme  promptement.  Pendant  la 
détonnation,  les  ballons  sont  remplis  de  vapeurs,  dont 
une  partie  se  condense  en  une  liqueur  fade , nullement 
acide  , et  souvent  alcaline;  le  résidu  n’est  que  de  la  potasse 
chargée  d’acide  carbonique  : c’est  ce  produit  que  Ion 
nomme  clissus  de  nitrc. 

Si  l’on  met  un  mélange  de  nitre  et  de  charbon  allumé 
dans  un  tube,  et  qu’on  le  plonge  dans  l'eau , la  combustion 
continue  ; c’est  ainsi  qu’on  peut  recueillir,  à l’appareil 
pneumato  - chimique  , les  gaz  résultant  de  celte  com- 
bustion. 

Pour  faire  la  poudre  fulminante , on  met  dans  un  mor- 
tier de  marbre  , trois  parties  de  nitrate  de  potasse  bien 
sec , deux  parties  de  carbonate  de  potasse  très  - sec , et 
une  de  soufre  , réduites  en  poudre  fine  ; on  mole  toutes 
ces  matières  en  les  triturant  avec  un  pilon  de  verre  , 
jusqu’à  ce  que  le  mélange  soit  bien  exact  : ou  renferme 
la  poudre  dans  une  bouteille  qui  bouche  bien. 

La  propriété  de  cette  poudre  est  de  produire  , étant 
exposée  sur  le  feu  , une  explosion  des  plus  fortes  et  des 
plus  bruyantes.  Pour  cela  on  met  dans  une  cuiller  de  fer  , 


Nitrate  de  Potasse. 


8S 

sur  un  feu  très-doux , environ  trois  grammes  do  cette 
poudre , la  poudre  se  liquéfie  : lorsqu’elle  est  parvenue 
à un  certain  degré  de  chaleur  , elle  se  réduit  subitement 
en  vapeurs  , et  elle  produit  l’explosion.  Dans  cette  expé- 
rience la  potasse  s’unit  au  soufre  et  forme  un  sulfure 
qui  à 1 aide  de  1 eau  de  cristallisation  du  nitre  se  convertit 
en  sulfure  hydrogéné.  Parvenu  à une  certaine  tempéra- 
ture le  gaz  hydrogène  sulfuré  se  dégage  de  même  que  le 
gaz  oxigène  du  nitre,  leur  contact  aidé  du  calorique  pro- 
duit 1 inflammation  subite.  Les  gaz  abondans  qui  accom- 
pagnent se  dégagent , produisent  le  bruit  sur  l’air  qui  tend 
à s opposer  à leur  dilatation,  le  vide  produit  par  la  for- 
mation de  l’eau  pourroit  aussi  contribuer  au  bruit. 

Si  1 on  chauffe  du  fer  et  du  cuivre  avec  du  ni- 


trate de  potasse,  ces  métaux  s’oxident  et  la  potasse 
reste  pure. 

Le  nitrate  de  potasse  est  très-soluble , il  ne  lui  faut 
que  trois  ou  quatre  parties  d’eau  pour  en  dissoudre  une  ; 
1 eau  bouillante  en  dissout  le  double  de  son  poids.  Aussi 
cristallise-t-il  tres-bien  par  refroidissement.  Ce  sel  fait 


. baisser  le  thermomètre  , en  passant -de  l’état  solide  à l’état 
liquide. 

Le  nitrate  de  potasse  , mêlé  au  charbon  et  au  soufre 
dans  les  proportions  de  76  parties  de  nitrate  , 12  de 
charbon  et  12  de  soufre,  forme  la  poudre  à canon. 

On  divise  ces  trois  matières  par  l’action  des  pilons  ou 
d une  meule;  on  en  rapproche  les  molécules,  par  l’effort 
dune  presse  ou  du  pilon  qui  a servi  à les  broyer,  en 
y mêlant  un  peu  deau;  il  en  résulte  une  masse  solide 
qu  on  laisse  sécher  légèrement  , et  qu’ensuite  on  granule 
eu  1 écrasant  sur  uu  crible  de  peau  ou  de  fil  de  enivre 


86 


Nitrate  de  Potasse.  ' 


qui  laisse  passer  le*  grains  à mesure  qu’ils  se  détachent. 
Lorsqu’on  a divisé  la  masse  de  la  poudre  eu  grains  de 
la  grosseur  convenable,  pour  l’usage  auquel  on  la  destine, 
on  la  fait  sécher  au  soleil  , et  ou  la  renferme  dans  des 
barils  pour  la  priver  de  1 humidité  de  1 air. 

On  distingue  deux  espèces  de  poudre  , la  poudie  de 
guerre  et  la  poudre  de  chasse  ; la  première  est  plus  grosse 
et  non  lissée  ; la  seconde  est  plus  fine  et  lissée. 

Le  lissage  se  fait  en  la  mettant  dans  des  tonneaux  qui 
tournent  sur  leur  axe  , et  qui  sont  traversés  de  quatre 
barres  parallèles  à l’axe.  Le  mouvement  lent  et  continu  j 
qu’on  leur  imprime  , expose  le  grain  à un  Irottement  qui 
lui  donne  du  lustre  et  en  détruit  les  aspérités. 

Lorsque  la  poudre  s’enflamme , il  se  dégage  du  gaz , 
azote  , qui  se  développe  instantanément  en  reprenant  saj 
liberté;  et  on  ne  sait  pas  môme  encore  jusqu’où  va  la 
dilatation  causée  par  la  grande  chaleur  qui  uait  de  la, 
combustion.  Il  se  forme  de  l’eau  et  de  1 ammoniaque  dans| 


cette  violente  combustion  : il  y a aussi  de  1 eau  de  décom- 
posée et  du  gaz  hydrogène  qui  se  dégage  avec  élasticité: 
le  carbone  brûlant  rapidement  par  l’oxigèue  du  nitre  J 
passe  à l’état  de  gaz  acide  carbonique  : comme  tout  le 
soufre  ne  brûle  pas  , le  gaz  hydrogène  en  dissout  une  cer- 
taine quantité  ; c’est  ce  gaz  hydrogène  sulfuré  qui  constitué 
l’odeur  de  la  poudre  brûlée. 

Pour  analyser  la  poudre  a canon,  on  épuisé  pai  1 eau 
chaude  la  substance  pulvérisée  ; 1 eau  dissout  le  nitiatt 
de  potasse  ; on  fait  évaporer  à siccité  et  l'on  pèse  leuilrt 
obtenu  ; le  soufre  et  le  charbon  restent  sur  le  filtre.  11  es’ 
très-difficile  de  séparer  le  soufre  du  charbon.  On  emploi 
ordinairement  deux  moyens , le  premier  est  la  sublima- 


Nitrate  de  Potasse. 


*7; 

tïon  ; le  deuxième  de  traiter  le  résidu  par  la  potasse. 
Quand  on  fait  sublimer,  le  soufre  entraîne  toujours«avec 
lui  un  peu  de  charbon  ; il  se  forme  même  un  peu  de 
soufre  hydrogéné  et  du  gaz  acide  carbonique.  On  ne  peut 
donc  jamais,  par  ce  moyen,  les  séparer  entièrement,  et  par 
conséquent  déterminer  exactement.  En  suivant  le  second 
procédé , on  met  la  poudre  à canon  dans  une  capsule 
avec  un  sixième  de  potasse  caustique  , dissoute  dans  i eau 
qu’on  fait  bouillir.  L'alcali  dissout  le  soufre,  d où  résulte 
un  sulfure  de  potasse  hydrogéné  qu’on  enlève  par  le  lavage; 
le  résidu  insoluble  dans  1 eau  , bien  desséché,  présente  la 
quantité  de  charbon. 

On  peut  encore  après  avoir  fait  sécher  le  résidu  de 
charbon  et  de  soufre  , l’amalgamer  avec  du  mercure  et 
faire  sublimer  , alors  le  soufre  sera  entraîné  par  le  mer- 
cure. 

On  fait  encore  avec  le  nitrate  de  potasse  un  mélange 
appelé  poudre  de  fusion  très-usitée,  comme  fondant,  en 
docimasie.  Ce  sont  trois  parties  de  nitrate  de  potasse  , 
une  d,e  sciure  de  bois  et  une  de  soufre.  Ce  mélange  a 
la  propriété  de  fondre  une  pièce  de  cuivre.  On  fait 
ordinairement  cette  expérience  dans  une  éeale  de  noix  ; 
on  met  de  la  poudre  de  fusion  dans  le  fond  , ensuite  la 
pièce  de  cuivre  , puis  on  la  couvre  de  poudre;  en  y mettant 
le  feu  , la  pièce  se  fond  sans  attaquer  Fécale  de  noix  , 
parce  que  le  soufre  forme  avec  le  cuivre  un  sulfure  de 
cuivre  qui  est  très-fusible.. 

Ce  sulfure  exige  pour  se  dissoudre  sept  fois  son  poids 
deau  à ra°.  Rêaumur.  L’eau  bouillante  en  dissout  son 
propre  poids. 

Le  nitrate  de  potasse  est  décomposé  par  1 acide  sullu- 


8T  Nitrate  de  Potasse . 

rique;  c’est  ce  moyen  qu’on  emploie  pour  se  procurer 

l’acide  nitrique. 

Ou  met  dans  une  cornue  de  verre  tubulée  ou  non 
tubulée , cent  parties  de  nitrate  de  potasse  en  poudr# 
très-pur  et  très-sec,  et  0,7  5 d’acide  sulfurique  concentré; 
on  pose  la  cornue  sur  un  bain  de  sable  , et  I on  y adapte 
une  alonge  qui  communique  dans  uu  ballon  tubulé  , ou 
a deux  pointes  , auquel  on  adapte  un  tube  recourbé  ; on 
le  fait  plonger  dans  un  flacon  tubulé  vide  ; un  deuxième 
tube  va  plonger  dans  une  fiole  à médecine  pleine  d’eau, 
on  chauffe  ensuite  doucement  ; il  se  dégage  des  vapeurs 
nitreuses  qui  viennent  de  la  décomposition  de  l’acide 
nitrique  : en  continuant  le  feu  , l’acide  nitrique  se  dégage 
et  va  se  «condenser  dans  le  ballon  ; la  matière  qui  est  dans 
la  cornue  blanchit,  se  boursoufle,  et  il  se  dégage  alors 
une  grande  quantité  de  vapeurs  nitreuses  qui  indiquent  que 
l’opération  est  finie  : elles  viennent  de  ce  que  les  dernières 
portions  d’acide  tiennent  fortement  à la  potasse,  et  que 
l’acide  nitrique  se  décompose. 

Il  ne  faut  pas  être  surpris  si  , dans  cette  expérience  , 
le  nitrate  de  potasse  donne  un  acide  orangé , quoiqu’il 
y soit  complètement  saturé  d’oxigène.  On  se  rendra  faci- 
lement compte  de  *gt  effet,  en  se  rappelant  que  l’oxigène 
se  sépare  aisément  de  l’acide  nitrique  par  le  contact  de 
la  lumière  ou  d’une’  chaleur  moyenne  , et  en  se  souvenant 
que  l’acide  nitrique  a une  affinité  assez  forte  avec  le  gaz 
nitreux.' C est , en  effet,  en  vertu  dune  double  affinité 
qu’une  portion  de  l’acide  nitrique  est  décomposée  ; l’une  * 
qui  s’exerce  entre  le  calorique  , la  lumière  et  l’oxigène  ; 
l’autre  , entre  l’acide  nitrique  et  le  gaz  nitreux.  Cette 
théorie  est  confirmée  par  le  gaz  oxigèuc  qui  se  dégage  , 


Nitrate  de  Potasse.  89 

sur  la  tin  de  la  distillation  , de  l’acide  nitrique,  et  que 
l’on  peut  recueillir  avec  l’appareil  pneumato -chimique  , 
et  par  le  gaz  nitreux  qui  se  sépare  de  l’acide  coloré  , 
lorsqu’on  le  mêle  avec  de  l’eau. 

Le  résidu  de  cette  décomposition  est  du  sulfate  de 
potasse  très-acide;  il  est  ordinairement  en  masse  blanche , 
opaque  , à demi  vitrifié. 

Pour  enlever  cette  masse  de  la  cornue  sans  la  casser, 
on  la  remplit  deau  et  on  la  laisse  plongée  verticalement 
dans  un  cuvier  d’eau.  L’eau  qui  est  chargée  de  sel  des- 
cend en  raison  de  la  densité  acquise  , tandis  qu’une 
nouvelle  eau  remonte  , de  manière  que  par  ce  courant 
continuel,  la  masse  saline  est  dissoute  au  bout  de  quelques 
jours. 

L acide  qu  on  obtient  par  ce  procédé  , 11’a  jamais  ce 
degre  de  pureté  necessaire  pour  s en  servir  dans  les 
expériences  exactes.  On  est  donc  obligé  de  le  purifier. 

A cet  effet  , on  redistille  cet  acide  sur  du  nitre  , ou 
bien , on  y verse  du  nitrate  d’argent,  du  nitrate  de  barite  , 
et  même  encore  de  1 oxide  de  plomb  demi-vitreux;  quand 
on  distille  1 acide  nitrique  sur  celte  dernière  substance, 
d laut  avoir  soin  de  séparer  le  premier  produit.  Noyez 
1 article  l’acide  nitrique. 

Par  l’un  ou  l’autre  moyen  , on  obtient  un  acide  très- 
pur. 

L acide  muriatique  décompose  aussi  le  nitrate  de  po- 
tasse, mais  par  un  mécanisme  différent  de  celui  de  l’acide 
sulfurique,  ce  n est  point  en  lui  enlevant  directement  la 
potasse  qu  il  opéré  cette  décomposition,  c’est  au  contraire 
en  attaquant  1 acide  nitrique  , dont  il  s’empare  d’une 


qo  Nitrate  de  Polafsc. 

partie  de  son  oxigène  , d’où  naissent  1 acide  muiiahquff 
oxigéné  , et  l’acide  nitreux  en  vapeurs  : ainsi  , à mesure 
que  l’acide  muriatique  prend  une  partie  de  1 oxigène  de 
1 acide  nitrique  , il  passe  à l'état  d acide  nitreux-,  et  comme 
celui-ci  a moins  d’affinité  «avec  la  potasse  que  1 acide 
muriatique  , il  en  est  chaesé  , et  il  se  forme  du  muriate 
de  potasse.  Il  faut  observer  que  ces  effets  u ont  lieu 
qu’à  l’aide  de  la  chaleur  , et  qu’il  faut  employer  beaucoup 
d’acide  muriatique,  parce  qu’une  partie  se  combine  arec 
fox i gène  , tandis  que  l’autre  s’unit  à la  potasse.  11  y a 
donc  encore  ici  une  double  affinité. 

La  silice,  l’alumine  et  la  barite  favorisent  le  dégagement 

V 

de  l’acide  nitrique. 

On  suit  dans  les  arts  un  procédé  pour  extraire  1 acide 
nitrique  du  salpêtre  : il  consiste  à meler  trois  paities 
d’argile  , ou  de  terre  bolaire  avec  une  partie  de  nitrate  de 
potasse.  On  calcine  préalablement  la  terre,  pour  en  chasser 
la  plus  grande  partie  de  1 humidité  , et  pour  convertir 
les  pyrites  martiales  , dont  elle  n’est  presque  jamais 
exempte,  en  acide  sulfurique  , qui sc porte  sur  le  nitrate  de 
potasse. 

On  introduit  ce  mélange  dans  des  espèces  de  cornues, 
nommées  cuines  , placées  sur  deux  rangées,  dans  un  four- 
neau al  ongé,  appelé  galère;  on  y adapte  dc-s  récipicus 
de  la  même  matière,  et  à-peu-pres  de  la  même  loi  me, 
qu’on  lute  ensemble  avec  do  1 argile.  Lorsque  les  cornues 
ont  été  recouvertes , et  qu  elles  sont  bien  ajustées  arec 
les  récipicus,  on  allume  le  fourneau  , ou  chauffe  par 
degrés , et  dès  que  les  vapeurs  rouges  commencent  à 
paroit.ee  , on  dé  Lute  les  récipicus  , ou  en  retire  le  liquide 
qu’ils  contiennent,  que  les  ouvriers  appellent  Jlegmc  ; 


Nitrate  de  Soude.  91 

on  les  replace,  et  on  continue  la  distillation,  jusqu’à  ce 
qu’il  ne  passe  plus  de  vapeurs. 

La  décomposition  du  nitrate  de  potasse  n’a  pas  lieu  ici 
comme  par  l’acide  sulfurique  , en  raison  cl  une  affinité 
plus  grande  de  l’argile  pour  la  potasse  , mais  par  une 
double  attraction  ; l’une  qui  s exerce  entre  1 acide  nitrique 
et  le  calorique  , l’autre  entre  l alumine  et  la  potasse  , avec 
laquelle  elle  forme  une  espèce  de  fritte  clemi-vitreuse.  IL 
y a cependant  , dans  cette  opération  , beaucoup  d acide 
nitrique  décomposé  , ce  qui  csl  prouvé  par  les  vapeurs 
rouges  qui  sortent  à travers  les  bits.  On  a remarque  que 
la  présence  des  pyrites  favorisoit  singulièrement  la  décom- 
position du  nitrate  de  potasse  -,  car  , plus  les  argiles  en 
contiennent , et  plus  on  obtient  d’acide  , et  à un  degré  de 
chaleur  moins  élevé.  Le  résidu  de  cette  opération  est 
appelé  ciment  par  les  distillateurs  cl’eau  forte;  il  sert  à 
préparer  l’alun.  Voyez  l’article,  sulfate  acide  d’alumine , 
relativement  au  parti  que  I on  peut  tirer  de  ce  résidu. 

Le  nitrate  de  potasse,  d’après  Bcrgmann  , est  composé 
de  : acide  nitrique  , 33  ; potasse  , 49  ; eau  ? iB. 

Quelques  sulfates  et  le  muriate  de  barite  décomposent 
ce  sel. 

Le  nitrate  de  potasse  est  extrêmement  utile  dans  les 
arts  , la  chimie  et  la  médecine. 

§.  X X X i V. 

Nitrate  de  Soude. 

Le  nitrate  de  soude  ne  se  rencontre  presque  jamais 
pur  dans  la  nature  ; il  est  le  produit  de  l’art  : cependant 


9*  Nitrate  de  Soude. 

Bowles  assure  qu’il  se  ti’ouve  en  Espagne.  On  l’a  nommé 
mtre  cubique  , nitre  quadvangulaire  , nitre  rhornboidal. 

Ce  nitrate  se  prépare  avec  le  carbonate  de  soude  : on  le 
sature  d’acide  nitrique  ; on  filtre  la  liqueur  , et  on  la  fait 
évaporer  à une  douce  chaleur  , jusqu’à  ce  qu’il  se  forme 
des  pellicules  à la  surface  -,  on  obtient , par  le  repos  et  le 
refroidissement , des  cristaux  qui  sont  sous  la  forme  d’un 
rhomboïde  ou  de  prismes  rhorûboïdaux. 

Sa  saveur  est  fraîche,  piquante,  plus  forte  , mais  ana- 
logue à celle  du  nitrate  de  potasse. 

Il  se  comporte  au  feu  de  la  même  manière  que  le  nitrate 
de  potasse  ; ainsi,  il  fournit  d’abord  du  gaz  oxigènepur, 
qui  est  ensuite  mêlé  de  gaz  azote  j il  reste  dans  la  cornue 
de  la  soude  caustique. 

Il  attire  légèrement  l’humidité  de  l’air,  sur-tout  si  celui- 
ci  est  humide. 

Les  combustibles,  le  charbon  , par  exemple,  décompo- 
sent le  nitrate  de  soude  , mais  plus  lentement  que  le  nitrate 
de  potasse,  et  la  couleur  de  sa  flamme  est  jaune  foncé  ; 
celle  du  nitrate  de  potasse  est  d un  rouge-blane  très-vif  ; 
en  sorte  que  celte  épreuve  donne  le  moyen  de  conuoitre 
s’il  ne  se  trouve  pas  du  nitrate  de  soude  daus  le  salpêtre  ; 
quoiqu’il  agisse  sur  les  matières  combustibles  , comme  le 
nitrate  de  potasse , cependant  il  ne  les  enflamme  pas  avec 
la  même  énergie  , et  ne  produit  pas  avec  elles  d^s  déton- 
nations  aussi  rapides  : ainsi  , de  la  poudre  fabriquée  avec 
le  nitrate  de  soude,  11’auroit  pas  autant  de  force  que  celle 
qui  est  faite  avec  le  nitrate  de  potasse.  Après  les  combus- 
tions , il  reste  de  la  potasse  ou  de  la  soude  combinée  avec 
l’acide  carbonique  ; ce  qui  prouve  que  tout  l'acide  carbo- 
nique qui  se  forme  , ne  s’exhale  pas. 


Nitrate  de  Soude. 

Ce  sel  se  dissout  facilement  dans  l’eau  ; il  en  demande 
environ  trois  parties  a la  température  moyenne  de  l’atmos- 
phère  : l'eau  bouillante  en  dissout  plus  que  son  poids. 

L acide  sulfurique  décompose  le  nitrate  de  soude,  il  se 
dégage  des  vapeurs  blanches,  et  il  se  forme  du  sulfate  de 
soude. 

L acide  muriatique  décompose  le  nitrate  de  soude  , 
mais  non  pas  en  s'emparant  de  la  soude  -,  il  attaque  l’acide 
nitrique  , fait  de  1 acide  nitreux  , et  il  se  forme  du  muriate 
de  soude. 

Il  faut  beaucoup  d’acide  muriatique,  car  pendant  qu’une 
partie  de  cet  acide  décompose  l’acide  nitrique,  une  autre 
se  com.1  ;ne  avec  la  soude. 

On  fait  aussi,  avec  le  nitrate  de  soude  et  l’acide  muria- 
tique , une  espece  d’acide  nitro-muriatique. 

On  fait  un  très-beau  verre  avec  le  nitrate  de  soude  et  le 
sable  lin.  La  soude  s’unit  à la  silice  , l’acide  nitrique  est. 
décomposé  par  le  calorique,  et  il  reste  dans  le  creuset  un 
veire  très-beau  et  très-pur  : le  nitrate  de  potasse  n’en  donne 
pas  d aussi  beau. 

Le  nitrate  de  soude  est  décomposé  par  la  barite  , la 
strontiane  et  la  potasse;  il  se  forme,  dans  un  cas,  du 

nitrate  de  barite, .et,  dans  l’autre,  du  nitrate  de  p< - 
tasse. 

Quelques  sulfates  le  décomposent  aussi. 

, j.  . 

apres  Airwan,  les  proportions  de  ce  sel  sont:  acide 
nitrique  , 29  ; soude  , 5o  ; eau  ,21. 

L utilité  du  nitrate  de  soude  est  presque  bornée  aux 
expériences  chimiques. 


94 


Nitrate  de  Strontiane. 


XXXV. 

c» 

Nitrate  de  Strontiane. 

C’est  aux  travaux  de  MM.  Klaproth  et  liope  que  l’on 
doit  les  premières  connoissances  de  *ce  sel  : Pelletier  et 
Vauquelîn  l’ont  ensuite  soumis  à leurs  recherches. 

On  obtient  du  nitrate  de  strontiane  , en  décomposant 
le  sulfure  de  strontiane  par  L’acide  nitrique.  On  délaie  le 
sulfure  de  strontiane  dans  de  l’eau  , qu'il  décompose  , il  se 
forme  un  sulfure  hydrogéné  de  strontiane,  et  il  se  iégé- 
nère  un  peu  de  sulfate  de  strontiane  -,  on  ajoute  ensuite  de 
l’acicle  nitrique  à 3o  degrés  , il  se  dégage  du  gaz  hydrogéné 
sulfuré , et  du  soufre  se  précipite.  On  filtre  la  liqueur,  et  on 
la  fait  évaporer  à siccité,  pour  en  séparer  un  excès  d acide  et 
une  petite  quantité  d’oxide  de  fer  que  contient  le  sulfate 
de  strontiane.  On  fait  redissoudre  le  résidu  dans  1 eau  , et 
on  soumet  de  nouveau  la  dissolution  à une  évaporation 
douce.  Lorsque  la  liqueur  présenté  a sa  surface  une  légère 
pellicule  saline , on  la  laisse  refroidir,  elle  donne  des  cris- 
taux octaèdres  réguliers.  Voyez  sulfate  de  strontiane  et 
strontiane  pure. 

Sa  saveur  est  fraîche  et  piquante  : exposé  à une  chaleur 
brusque  , il  décrépite  et  saute  en  éclats;  il  luse  à peine 
sur  les  charbons  allumés  ; il  perd  par  la  dessication  les 
0,0  j.  de  son  poids  seulement.  Chauffé  dans  un  creuset  ou 
dans  un  appareil  clos,  il  s’y  décompose  entièrement,  en 
• donnant  du  gaz  oxigéne  mêlé  de  gaz  acide  nitreux  , et  la 
terre  reste  pure  au  fond  du  vase.  Elle  retient  cependant 
une  petite  quantité  de  fer  qui  lui  donne  une  légère  couleur 


Nifvate  de  Stronliane.  <p 

verte.  La  quantité  de  cette  terre  s’élève  aux  0,/J G de  la  masse 
du  sel  employé. 

En  mettant  un  peu  de  nitrate  destrontiane  dans  la  mèelie 

d'une  bougie  , il  communique  à la  flamme  une  couleur 

« 

purpurine. 

Si  l’on  braie  de  l’alcool  , qui  tiendra  de  ce  nitrate  en 
solution  , on  aura  la  meme  flamme  -,  ce  qui  différencie  par- 
ticulièrement cette  terre  de  la  barite. 

Exposé  à l’air  , il  s’effleurit  fortement  , et  se  couvre 
d’une  couche  blanche  considérable  -,  le  sel  éprouve  par 
cette  efflorescence  une  perte  de  io  pour  ioo  en  poids. 

Ce  sel  est  soluble  dans  4 parties  d’eau  à io°. 

L’acide  sulfurique  le  décompose  ; il  précipite  sa  so- 
lution en  sulfate  de  strontiaue  , et  l’acide  nitrique  se 
dégage. 

L’acide  phosphorique  le  décompose  en  partie  à froid,  et 
tout-à-fait , à l’aide  de  la  vitrification  ; il  en  est  de  même 
de  l’acide  boracique. 

L’acide  muriatique  le  dénature  en  décomposant  son 
acide  , et  forme  du  muriate  de  strontiaue. 

Le  nitrate  de  strontiaue  est  peu  propre  à alimenter  la 
combustion  des  corps  combustibles;  ISl.^auqueliu  a fait  un 
mélange  de  ce  sel  , de  charbon  et  de  soufre,  dans  les  pro- 
portions où  ces  substances  entrent  dans  la  poudre  à canon  ; 
et  ce  mélange,  quoiqu’exact  et  sec,  a brûlé  très- lentement , 
en  lançant  des  étincelles  purpurines,  et  en  répandant  une 
flamme  d un  beau  vert  , qui  léchoil  la  surface  de  la  matière 
-brûlante. 

Il  est  décomposé  par  la  barite  et  la  soude. 

^1.  } aiujuelin  a trouvé  dans  les  compusans  de  ce  sel  les 


g6  Nitrate  de  Chaux. 

proportions  suivantes  : acide  nitrique,  4-8)4  j strontiane  i 

47,6;  eau,  4,o. 

Ce  sel  n’est  encore  d aucune  utilité. 

§.  • XXX  VI. 

Nitrate  de  Chaux. 

Le  nitrate  de  chaux  se  trouve  très-abondamment  dans 
les  anciens  bâtimens  , qui  ont  été  pendant  longtems  habités 
par  les  hommes  ou  les  animaux. 

Ce  sel  étoit  connu  des  anciens  chimistes  ; il  portoit 
autrefois  les  noms  de  nitt'e  calcaire , salpêtre  terreux  , 

7 litre  à hase  de  terre  absorbante  , phosphore  de  Bau- 
doin , etc. 

On  prépare  ce  sel , en  saturant  l’acide  nitrique  avec  la 
chaux  ; on  filtre  , et  l’on  fait  évaporer  la  liqueur  jusqu'à 
ce  quelle  ait  acquis  une  consistance  un  peu  moindre  que 
celle  d’un  sirop.  On  l’expose  ensuite  dans  un  endroit  frais; 
il  s’y  forme  alors  des  cristaux  prismatiques  très-alongés , et 
qui  présentent  ordinairement  des  faisceaux  dont  les  ai- 
guilles divergent  d’un  centre  commun.  On  obtient  aussi  ce 
sel  des  matériaux  salpêtres. 

Il  a une  saveur  acre  et  amère. 

Le  nitrate  de  chaux  desséché  fuse  sur  les  charbons. 

Dans  un  état  de  siccité  parfaite  ce  sel  est  très-propre 
pour  dessécher  les  gaz. 

Il  se  fond  à l’aide  de  son  eau  de  cristallisation  ; mais 
cet  effet  est  peu  sensible  : il  se  dessèche  -,  et  si  on  le  porte 
dans  l’obscurité,  après  l’avoir  liquéfié  sur  le  feu,  il  paroit 


/ 

Nitrate  de  Clmuxi 

lumineux,  et  constitue  dans  cet  état  le  phosphore  de 
Baudoin. 


Chauffé  plus  fortement,  il  se  décompose,  donne  beau- 
' coup  de  vapeur  rouge  , du  gaz  oxigène  et  du  gaz  azote. 

Il  attire  promptement  l’humidité  de  l’air. 

Il  est  plus  décomposable  par  le  charbon,  que  l’acide 
i nitrique  ne  1 est  lui-même  par  ce  corps  combustible  -,  car  la 
chaleur  dégage  du  nitrate  de  chaux  des  vapeurs  nitreuses, 
au  lieu  que  dans  les  autres  nitrates  , l’acide  est  décompose 
en  ses  élémens. 

Ce  sel  est  tres-soluble  dans  l’eau  ; il  ne  faut  que , deux 
paities  de  ce  fluide  a froid  : 1 eau  bouillante  en  dissout  plus 
{que  son  poids. 

L’acide  sulfurique  décompose  le  nitrate  de  chaux  , et 
1 acide  nitrique  passe  en  vapeurs  blanches  ; il  reste  un 
sullate  en  masse  dure.  Il  se  dégage  dans  cette  opération 
beaucoup  de  calorique. 

Si  Ion  verse  de  1 acide  sulfurique  dans  une  dissolution 
lie  nitrate  calcaire  , on  obtient  sur-le-champ  un  précipité 
Ue  sulfate  de  chaux  , et  l’acide  nitrique  reste  libre  et  à 

1U  dans  la  liqueur.  On  ne  counoît  point  l’action  des  autres 
«tcides. 


L argile  , la  barite,  la  strontiane  , 
décomposent  le  nitrate  de  chaux  ; 
'impose  tous  les  sulfates  solubles. 

Proportions  des  principes  : acide 
•i'j  ; eau  , a5. 

Ce  sel  n est  d usage  qu’en  chimie. 


la  potasse,  la  soud^ 
le  nitrate  calcaire 

mtrique.^chamj 


s 


t 


A 


Nitrate  d’ Ammoniaque'. 

§.  XXXVII. 

N htralt  cV Ammoniaque. 

Le  nitrate  d'ammoniaque  se  trouve  quelquefois  dans  les  i 
eaux-mères  du  uitre  -,  mais , en  général , il  est  toujours  le  j 
produit  de  l’art. 

C’est  M.  Berthollet  qui  nous  a fait  connoître  les  pro-  * 
priétés  de  ce  sel. 

On  le  prépare  en  combinant  directement  l'acide  nitrique 
avec  l’ammoniaque.  Il  vaut  mieux,  pour  éviter  de  lapeile,  ! 
employer  le  carbonate  que  l’ammoniaque  pure  , parce  qu  iL  I 
y a effervescence  , et  forte  chaleur  que  1 acide  carbonique 
tempère. 

Si  l’on  opère  avec  l’ammoniaque  liquide  , on  met  alors  j 
de  l’acide  nitrique  à 3o  degrés  dans  une  capsule  •,  on  veiseï 
dedans  de  l’ammoniaque  liquide  nou  concentrée  , avecj 
précaution,  parce  qu’il  y a beaucoup  de  chaleur  produitcj 
qui  pourroit  lancer  la  liqueur  au  dehors  de  la  capsule  ; il 
est  nécessaire  d’en  verser  un  petit  excès  , parce  qu  il  y al 
toujours  une  portion  d’ammoniaque  qui  se  volatilise  pen- 
dant l’évaporation,  et  il  ne  reste  qu’un  nitrate  neutre.  Si 
p0-  n’en  avoit  pas  ajouté  un  excès , il  se  seroit  forme  un 
nitrate  ac'cle  i qtii  cristallise  très-difficilement  : en  faisant 
r liqueur  jusqu’à  pellicule,  on  obtient  pai  re- 

r • v de  longues  aiguilles  , nui  sont  des  prismes 

froidissèmen>  8 . . . . , 

, , . foliés.  Quelquefois  on  obtient  des  prismes  ; 

hexaèdres  très-  . / , .-  r 

v - vtyramides  a six  races. 

V x pans  , avec  de, 

t,  particulier,  en  calcinant  douccmen 

Un  obtient  un  ga. 


9* 

« 


Nitrate  d’ Ammoniaque. 

| ce  sel , pas  assez  pour  le  décomposer  entièrement  ; c’est 
une  combinaison  d’oxigène  et  d’azote;  ce  gaz  est  moins 


oxidé  que  Je  gaz  nitreux.  Voyez  pour  ces  propriétés 
4 l’article  sieide  nitrique. 

Le  nitrate  d’ammoniaque  a une  saveur  piquante  , acre  et 
i urineuse , très- fraîche  ; il  est  très-flexible  sous  le  pilon, 

* comme  tous  les  sels  ammoniacaux.  » 

Au  feu  , il  perd  son  eau  de  cristallisation. 

Si  1 on  jette  du  nitrate  d ammoniaque  sur  une  plaque  de 
1er  rouge,  il  s enflamme  ; ce  qui  n’arrive  pas  aux  autres 
nitrates  : il  lait  entendre  un  bruissement  assez  considérable, 
-et  répand  une  flamme  jaunâtre  très-vive. 

En  laisant  cette  expérience  à l’appareil  pneumato-chi- 
mique,  il  passe  de  leau,  qui  se  forme  ; ensuite  du  gaz 
«oxide  d azote  ; une  partie  de  l’acide  nitrique  est  volatili- 
sée et  dissoute  dans  l’eau  du  récipient  : enfin,  il  détonne 
A une  chaleur  très-forte,  avec  beaucoup  de  vivacité. 

H est  prudent  de  n’opérer  que  sur  quelques  déci* 
çgrammes  de  matière. 

La  théorie  de  celte  inflammation  est  simple.  L’hydro- 
:géne  de  l’ammoniaque  se  porte  rapidement  sur  l’oxigène 
de  1 acide  nitrique,  et  il  y a déflagration  par  la  conden- 
sation de  ce  dernier  principe  et  par  le  dégagement  du 
calorique  ; il  se  forme  de  l’eau  , et  il  se  dégage  du  gaz  azote 

• par  U séparation  de  ce  second  principe  commun  aux  deux 


cornposans  du  sel. 

M.  JJavy  détermine  la  chaleur  que  le  nitrate  d’ammo- 
i niaque  peut  supporter  avant  de  se  décomposer  , et  qui  est 
peu  pris  de  iPo  degrés  du  thermomètre  de  Réaumur ; 
avant  ce  teime  il  se  liquéfie  , ou  se  sublime  selon  la  quan- 
tité deau  de  cristallisation  qu’il  contient. 


-ÏOO  Nitrate  d’ Ammoniaque. 

Au-dessus  de  cette  température  , ou  obtient  un  gaz  dont 
nous  avons  fait  connoître  les  propriétés.  Voyez  Gaz  oxide 
d’azote. 

Le  nitrate  d’ammoniaque  est  déliquescent,  sur-tout  ett 
hiver. 

Si  l’on  mêle  ce  sel  avec  du  soufre  , ou  du  charbon  , il 
détonne  rapidement  par  un  corps  en  ignitiou-,  l oxigène  de 
l’acide  se  porte  sur  ces  matières  , l’ammoniaque  se  décom- 
pose comme  l’acide. 

Le  nitrate  d’ammoniaque  se  dissout  dans  deux  parties 
d’eau  froide  ; une  demi-partie  d eau  bouillante  suffit  pour 
le  dissoudre  : aussi  la  plus  grande  partie  de  ce  sel  se  sépare 
par  le  refroidissement  de  la  solution. 

L’acide  sulfurique  décompose  le  nitrate  d’ammoniaque  ; 
il  se  forme  du  sulfate  d’ammoniaque , et  l’acide  nitr  ique 
> devient  libre. 

L’acide  muriatique  lui  fait  aussi  éprouver  une  altération 
mais  dont  les  résultats  sont  differens , 1 acide  muriatique 
agit  d’abord  sur  l’acide  nitrique,  auquel  il  prend  uue  por- 
tion d’oxigène  , et  le  convertit  en  acide  nitreux  : il  se  forme 
donc  de  l’acide  muriatique  oxigéné  , qui  se  volatilise  < 
l’aide  du  calorique,  et  du  muriate  d’ammoniaque, qui rest< 
eu  solution  dans  l’eau. 

On  fait  avec  deux  parties  de  nitrate  d ammoniaque  , e 
une  partie  d’acide  muriatique  , une  liqueur  qui  peut  dis 
soudre  l’or.  Dans  ce  cas  , la  décomposition  du  nitrate  d am 
moniaque  a lieu  d’une  autre  maniéré  : 1 qxigene  de  la 
eide  nitrique  se  porte  immédiatement  sur  1 or  ; loxid 
d’or  formé  se  dissout  à mesure  dans  une  portion  de  1 acid 
muriatique  : il  se  dégage  du  gaz  nitreux,  et  il  reste,  dan 
ja  liqueur , du  muriate  d’or  et  du  muriate  d’atnaioniaqu. 


Nitrate  de  Magnésie.  xof 

En  précipitant  ensuite  celte  dissolution  d’or  avec  un  aldali 
fixe,  on  fait  de  l’or  fulminant  ou  orate  d’ammoniaque  -,  car 
1 l’alcali  décompose  non -seulement  le  muriate  d’or,  mais 
« encore  le  muriate  d’ammoniaque  , de  manière  qu’à  me- 
• sure  que  l’oxide  d’or  se  sépare,  il  s’unit  à l’ammoniaque,  et 
I forme  la  combinaison  particulière  , dont  ou  vient  de  parler. 

I.a  barite,  la  chaux,  la  magnésie,  la  potasse,  la  soude 
<etla  strontiaue  décomposent  le  nitrate  d’ammoniaque , en 
-s  unissant  a son  acide  -,  d’où  résultent  différens  nitrates  , et 
de  1 ammoniaque  libre,  qui  se  manifeste  par  son  odeur  vive 
et  pénétrante. 

Cette  décomposition  est  sensible  à froid,  et  elle  s’opère 
en  triturant  ce  sel  avec  les  mêmes  substances  sèches  , telles 
que  la  chaux  , la  potasse  , etc. 

Avec  la  magnésie,  on  a un  sel  triple,  nitrate  ammo- 
niaco-magnesien , dont  nous  allons  décrire  plus  bas  les 
propriétés. 

Il  ne  faut  pas  préparer  le  nitrate  d’ammoniaque  dans  des 
«vases  métalliques,  et  particulièrement  de  fer  et  de  cuivre, 
{ parce  qu  il  les  dissout  facilement. 

ioo  parties  de  ce  sel  contiennent  : acide  nitrique  , 

; ammoniaque  , 4o  •,  eau  , i4- 

g.  XXX  V 1 1 I. 

Nitrate  de  Magnésie. 

Le  niliate  de  magnésie  se  rencontre  quelquefois  natif  , 
mais  toujours  en  petite  quantité,  il  est  contenu  dans  les 
plàlias  et  dans  les  eaux-mères  du  uitre. 


i 02  Nitrate  de  Magnésie. 

'Pour  -faire  le  nitrate  de  magnésie  , on  prend  du  car- 
bonate de  magnésie  , et  on  le  6ature  par  1 acide  nitrique. 

Ce  sel  a une  saveur  piquante,  qui  a quelque  analogie 
avec  celle  du  nitrate  de  chaux. 

Ce  sel  est  déliquescent  à l'air  ; il  ne  demande  tout  au 
plus  qu’unedem  i-partie  d’eau  pour  se  dissoudre-,  il  cristal- 
lise  par  le  refroidissement,  ou  par  l’évaporation  à la  cha- 
leur du  soleil  -,  ses  cristaux  ont  la  forme  de  prismes  a 
quatre  faces  obliques  , tronqués  au  sommet-,  le  plus  souveut 
il  se  présente  'en  aiguilles,  qui  , en  s’unissant  les  unes  aux 
autres  , se  masquent  réciproquement,  et  donnent  naissance, 
à des  masses  informes. 

Exposé  au  feu  dans  un  appareil  fermé  , il  donne  d abord  j 
quelques  bulles  de  gaz  oxigène  et  des  vapeurs  d acide  ni- 
treux ; mais  bientôt  l’acide  nitrique  passe  sans  décomposi- 
tion, et  la  magnésie  reste  pure  dans  la  cornue.  La  décom- 
position du  nitrate  de  magnésie  exige  peu  de  chaleur;, 
ce  qui  indique  que  ses  élémens  n'ont  pas  entre  eux  une 
très-grande  affinité  : cela  prouve  aussi  que  la  magnésie 
lie  tend  pas  à s’unir  à l’acide  nitreux , comme  la  chaux  , la 
barite,  etc. 

L’acide  sulfurique  décompose  le  nitrate  de  magnésie, 
en  lui  enlevant  sa  hase. 

L’acide  muriatique  le  décompose  egalement  : mais  ce- 
lui-ci n’agit  point  comme  l'acidc  sulfurique  ; il  n’enlève 
pas  la  base,  il  décompose  I acide  nitrique,  et  il  se  forme 
de  l’acide  muriatique  oxigéné.  L’acide  muriatique  s em- 
pare de  la  magnésie,  à mesure  quelle  est  séparée  de 
£011  acide  , et  forme  avec  elle  du  murialc.de  magnésie.  , 

Ce  sel  est  décomposé  par  la  barite,  la  potasse  , la  soude,  > 


Nitrate  cïe  Magnésie.  îo3 

la  chaux  et  la  strontiane.  L’ammoniaque  n’y  donne  pas  un 
précipité  si  abondant-,  car,  dés  que  la  quantité  d'ammo- 
niaque se  trouve  correspondre  à la  quantité  nécessaire  de 
nitrate  de  magnésie,  pour  former  le  sel  triple,  le  préci- 
pité s’arrête  , parce  que  l’ammoniaque  ne  peut  pas  dé- 
composer en  entier  le  nitrate  de  magnésie  : on  ajouterait 
davantage  d ammoniaque , elle  ne  produirait  plus  aucun 
effet. 

Ce  qui  prouve  que  l’ammoniaque  ne  peut  pas  décompo- 
ser tout  le  nitrate  de  magnésie  , c’est  que  passé  le  terme  où 
le  précipité  n’a  plus  lieu  par  l’ammoniaque,  on  précipite 
encore  de  la  magnésie  par  un  autre  alcali. 

Les  autres  alcalis  en  précipitent  la  magnésie  en  vésicules 
floconneuses  d une  extrême  légéreté  : c’est  de  la  magnésie 
pure  , exempte  de  tout  acide  ; mais  il  faut  prendre  garde, 
en  la  desséchant,  qu’elle  n’attire  l’acide  carbonique,  il  faut 
la  dessécher  au  bain-marie  , dans  un  vase  couvert. 

Les  sulfites  alcalins  décomposent  le  nitrate  de  magnésie; 
il  se  forme  des  nitrates  alcalins  et  du  sulfite  de  magnésie, 
qui  se  précipite  sous  la  forme  de  petits  cristaux  inso- 
lubles. 

Le  nitrate  de  magnésie  décompose  plusieurs  sulfates. 
Proportions  d’après  Bergniann  : acide  nitrique,  ^.3  ',  ma- 
gnésie, 2 7 -,  eau  , 3o. 

Ce  nitrate  n’est  point  cl  usage  en  médecine. 


io4  Nitrate  Ammoniaco-magnèsien. 

§.  XXXIX. 

Nitrate  Ammoniaco-magnèsien. 

M.  Fourcroj  est  le  premier  qui  ait  fait  connoître  ce  j 
sel. 

On  peut  obtenir  ce  nitrate  par  les  moyens  que  nous  avons  : 
indiqués  ci-dessus , ou  en  unissant  directement  des  solutions 
de  nitrate  d’ammoniaque  et  de  nitrate  de  magnésie.  Cette  t 
dernière  piéthode  fournit  ce  sel  pur  et  en  cristaux  qui  se  ! 
déposent  peu  de  tems  après  le  mélange  -,  souvent  ce  sont 
des  prismes  lins  et  aiguillés. 

Il  a une  saveur  amère , âcre  et  ammoniacale.  Ce  ni-  j 
trate  est  un  peu  inflammable  spontanément  quand  on  le  ; 
chauffe  rapidement.  Si  ou  le  chauffe  lentement  dans  des  i 
vaisseaux  , il  donne  , après  s’être  fondu  , du  gaz  oxigèue , ; 
du  gaz  azote  , de  l’eau  plus  abondante  que  celle  qu  il 
contenoit , de  la  vapeur  nitreuse  et  de  l’acide  nitrique.  Ou 
n’y  trouve  plus  la  moindre  trace  d'ammoniaque;  il  laisse  j 
pour  résidu  de  la  magnésie  pure.  L'air  1 humecte  un  peu  , j 
mais  il  n’est  pas  déliquescent  comme  les  deux  sels  dont  il  j 
est  composé. 

Le  nitrate  ammoniaco-magnèsien  est  moins  soluble 
que  les  deux  sels  qui  le  forment.  Il  cristallise  en  refroi- 
dissant. 

Décomposition  par  les  bases  : 1 ammoniaque  n y produit 
aucun  effet  ; la  magnésie  à chaud  en  chasse  l'ammoniaque  , 
cl  forme  du  résidu  un  nitrate  magnésien  pur. 

barite  , la  strontianc,  la  chaux  , la  potasse  et  la  soude 


Nitrates  d' Yttria  , de  Glucine.  io5 

le  décomposent  complètement  par  la  voie  sèche  et  par  la 
voie  humide. 

D après  M.  Fourcioj  ce  sel  est  formé  de  : nitrate  de 
magnésie  , 0,78  -,  nitrate  d’ammoniaque,  0,22. 

Ce  sel  n est  d’aucun  usage. 


§.  XL. 

Nitrate  d’ Yttria. 

On  prépare  ce  sel  par  la  combinaison  directe  de  sa  base 
avec  l’acide.  Il  a une  saveur  douce  , est  très-soluble  dans 
l’eau.  Avec  l’acide  sulfurique,  on  obtient  des  cristaux  de 
sulfate  d’yttria. 

§•  XL1. 

Nitrate  de  Glucine. 

Le  nitiate  de  glucine  a une  saveur  douce  -,  il  ne  cristallise 
pas  , ou  du  moins  très-difficilement. 

Il  est  decomposable  par  la  chaleur  , cl  ne  fuse  point  sur 
les  charbons  allumés. 

Quand  il  est  sec  , il  enlève  l’eau  dissoute  dans  l’air,  et  se 

résout  en  liqueur.  Il  est  soluble  dans  l’alcool. 

Larvni  les  acides  , le  sulfurique  paraît  être  le  seul  qui 

puisse  le  décomposer  à froid  ; l’infusion  de  noix  de  galle 
1 . ° 
onnc  un  précipité  floconneux  d’un  jaune  ~ brun  qui  se 

forme  sur-le-champ. 

La  glucine  diffère  de  l’alumine  , non-seulement  par  les 
piopiiclts  que  nous  venons  dénoncer,  mais  encore  parce 


lo6  Nitrate  d' Alumine. 

qu’elle  n’est  pas  précipitée  par  les  sels  oxalique  , tartarique 
et  prussique  solubles , tandis  que  le  nitrate  d alumine 
est  tout-à-coup  précipité  par  ces  réactifs. 

Nulle  action  de  la  part  de  l’alumine , de  la  zircone  et  de 
la  silice. 

La  potasse  et  la  soude  redissolvent  la  glucine  , quand  ils 
sont  en  excès. 

L’ammoniaque  la  précipite  toute  entière  sans  la  dis- 
soudre. 

s.  XL  IL  v , I 

Nitrate  cl’ Alumine'. 

Le  nitrate  d’alumine  n’a  pas  été  trouvé  natif. 

Ce  sel  n’est  presque  pas  encore  connu  ; ou  sait  seulement 
que  l’acide  nitrique  dissout  l’alumine.  11  faut  employer 
l’alumine  bien  pure  et  liumide  •,  sans  cela  la  combinaison  se 
feroit  difficilement  : cette  combinaison  est  susceptible  de 
cristalliser  en  lames  , ou  feuillets  ductiles  et  de  peu  de 
consistance  -,  ce  sel  est  toujours  légèrement  acide  , quelque 
quantité  d’alumine  que  l’on  emploie. 

Une  chaleur  médiocre  le  décompose  et  en  sépare  1 acide 
nitrique  sans  décomposition. 

Ce  sel  ne  fuse  pas  sur  les  charbons , comme  les  autre* 
nitrates  ^ il  se  boursoufle  comme  lalun  , mais  il  ne  fait  pas 
brûler  le  charbon  -,  il  ne  l’enflamme  pas  comme  le  nitrate 
de  potasse,  il  fond  , se  boursoufle  et  perd  son  acide,  et  il 
est  déliquescent  à l’air. 

Le  nitrate  d’alumine  est  décomposé  par  l’acide  sulfu- 
rique -,  il  se  dégage  des  vapeurs  blanches. 


Nitrate  de  Zircone. 


lo  ~j 

Toutes  les  substances  terreuses  et  alcalines  le  décom- 
posent. 

Le  précipité  alumineux,  obtenu  du  nitrate,  d’alumine  , 
par  la  potasse  caustique  , se  redissout  dans  l’excès  d’alcali  ; 
cela  donne  uu  très-bon  moyen  de  séparer  l’alumine  de  la 
magnésie  : car  la  magnésie  n’est  pas  soluble  dans  un  excès 
d'alcali.  On  peut  précipiter  de  nouveau  celte  terre,  en  satu- 
rant l’excès  d’alcali  par  un  acide. 

L’ammoniaque  n’a  pas  celte  propriété. 

La  chaux  redissout  1 alumine  comme  les  alcalis  caus- 
tiques. Quand  on  met  trop  de  chaux  dans  du  nitrate  d’a- 
lumine , il  se  forme  d’abord  du  nitrate  de  chaux  , puis 
une  combinaison  de  chaux  et  d’alumine  qui  se  précipite 
ensemble. 

Le  nitrate  d’alumine  précipite  toutes  les  dissolutions 
des  couleurs  végétales  ; telles  que  le  tournesol  , le  sirop 
de  violette  , le  bois  d’Inde  , etc.  C’est  de  cette  manière  que 
l’alun  ordinaire  agit  ; c’est  en  avivant  les  couleurs  , et  les 
précipitant  sur  les  étoffes  qu’on  veut  teindre,  qu’il  favorise 
la  teinture. 

§.  X L I I I. 

Nitrate  de  Zircone. 

IVous  devons  la  connoissaîice  de  ce  sel  à M.  Kiaproth. 
MM.  Guyton  et  V auquelin  l’ont  ensuite  examiné. 

L acide  nitrique  s’unit  à la  zircone,  lorsqu’elle  est  en- 
core humide.  Quelle  que  soit  la  division  de  celle  terre  , il 
est  cependant  impossible  d’en  saturer  tellement  1 acide 
nitrique  . que  ses  propriétés  acides  soient  entièrement 


108  Des  Nitrites. 

masquées.  Cetle  Combinaison  altère  toujours  les  couleurs 
Jrleues  , sensibles  aux  acides. 

La  solution  de  nitrate  de  zircone  , évaporée  à une 
clialeur  douce  , fournit  une  matière  jaunâtre , transpa- 
rente , extrêmement  tenace , visqueuse , et  qui  se  dessèche 
difficilement. 

Il  a une  saveur  styptique  et  astringente  -,  il  laisse  sur 
la  langue  une  matière  épaisse,  qui  provient  d une  décom- 
position que  lui  fait  éprouver  la  salive. 

Ce  sel  est  déliquescent  et  soluble  dans  1 eau. 

Le  nitrate  de  zircone  est  décomposé  , i°.  par  1 acide 
sulfurique , qui  forme  , dans  sa  solution  , un  précipité 
blanc  , soluble  dans  un  excès  de  cet  acide  , 2°.  par  le 
carbonate  d’ammoniaque  , qui  y produit  un  dépôt  soluble  , 
dans  une  surabondance  de  ce  sel  ; 3°.  par  une  infusion 
alcoolique  de  noix  de  galle,  qui  y fait  naître  un  préci- 
pité blanc , soluble  dans  un  excès  de  cette  infusion  -, 
mais  , si  la  zircone  contient  du  fer,  la  couleur  du  préci- 
pité est  d’un  bleu  tirant  sur  le  gris  , dont  une  portion 
reste  en  dissolution,  et  donne  à la  liqueur  une  couleur 
bleu  pur. 

Le  nitrate  de  zircone  est  décomposé  par  toutes  les  bases 
précédentes. 

§.  x l i y. 

Des  Nitrites. 

Les  nitrites  ont  des  propriétés  communes  aux  nitrates  , 
telles  qu’une  saveur  fraîche , et  de  fuser  sur  les  charbons. 


Des  Nitrites. 


i°9 

L'acide  nitrique  les  décompose  -,  ce  qui  annonce  bien 
que  l’acide  nitreux  existe  dans  les  nitrites. 

Ces  sortes  de  combinaisons  ne  peuvent  aisément  s'ob- 
tenir , qu’en  décomposant  les  nitrates  par  l’action  du  calo- 
rique ; car  , en  combinant  directement  l’acide , appelé 
nitreux,  avec  différentes  bases  alcalines,  terreuses,  ou  mé- 
talliques, on  n’obtient  pour  l’ordinaire  que  des  nitrates, 
parce  que  ces  diverses  bases  chassent  presqu’cq  entier  le 
gaz  nitreux  de  sa  combinaison  avec  l’acide  nitrique. 

Pour  faire  le  nitrite  de  potasse  , on  met  le  nitrate  dans 
une  cornue  de  verre,  et  l’on  chauffe;  le  sel  est  décomposé, 
il  se  dégage  dans  le  commencement  du  gaz  oxigène  pur, 
et  plus  l’opération  avance  , plus  l’oxigène  passe  chargé  de 
gaz  azote.  Ces  gaz  viennent  de  la  décomposition  de  l’acide 
nitrique  , qui  passe  à l’état  d’acide  nitreux  qui  forme  un 
nitrite  avec  la  potasse.  Ou  reconnoît  que  l’opération  est 
finie  , ou  du  moins  qu’on  peut  l’arrêter,  quand  l’oxigène 
qui  passe  commence  à contenir  de  l’azote  , ou  a alors  dans 
la  cornue  une  masse  blanche  déliquescente  d une  saveur 
âcre,  qui  donne  avec  l’acide  sulfurique  des  vapeurs  rouges 
rutilantes  , passe  lentement  à l’air  à l’état  de  nitrate.  Ou 
essaie  si  le  nitrite  dépotasse  est  pur,  en  versant  dessus 
de  1 acide  sulfurique  ; si  l’opération  n’est  pas  assez  avan- 
cée , il  ue  se  dégage  presque  pas  de  vapeurs  rouges  , alors 
on  remet  au  feu  ; quand  on  pousse  trop  , il  y a excès  de 
potasse  ; quand  on  ne  chauffe  pas  assez,  il  est  mélangé  de 
nitrate. 

Si  on  Ie  pile  , et  si  l’on  verse  de  l’acide  nitrique  très- 

Ç -1  1 A 

U1  e > ori  voit  se  dégager  la  vapeur  nitreuse;  celle  vapeur 
est  ties-rouge  et  très -forte  , il  y a chaleur,  effervescence, 

• Pafl-e  fluc  1 acide  nitreux  se  dégage  en  gaz  , l’autre  vapeur 


jj0  Mur  laies. 

n’est  pas  aussi  forte  , parce  que  l’acide  nitrique  étant 
étendu  d’eau,  cette  eau  délaie  la  vapeur  k mesure  qu  elle 
se  dégage  ; ce  qui  n’arrive  pas  quand  on  emploie  l’acide 
sulfurique  concentre. 

Le  nitrite  de  potasse , délayé  dans  1 eau  , verdit  le  sirop 
de  violette.  H y a donc  un  excès  d’alcali  dans  le  nitrite  de 
potasse  , et  comme  le  nitrate  est  parfaitement  neutre  , il 
est  évident  que  l’excès  d’oxigène  que  tient  le  nitrate, 
sert  à saturer  l’acide  qui  de  son  côté  sature  la  base  alcaline. 

Les  autres  nitrites  sont  peu  connus. 

Pour  faire'  voir  que  les  alcalis  n’absorbent  que  1 acide 
nitrique,  et  qu’ils  laissent  du  gaz  nitreux  , on  remplit  un 
ballon  , à large  ouverture  , de  vapeurs  nitreuses  ; on  y 
suspend  , par  le  moyen  de  plusieurs  fils  , une  capsule  de 
verre  , contenant  de  l’alcali  caustique  , liquide  ou  solide  ; 
ou  obtient  un  nitrate  , et  du  gaz  nitreux  qui  se  dégage. 

«L  XL  Y. 

O 

Des  Mariâtes. 

Des  propriétés  génériques  de  ces  sels. 

Les  muriates  sont  également  un  produit  de  la  nature 
et  de  l’art.  Leur  saveur  est  salée,  plus  ou  moins  franc  e, 
pure  ou  mêlée  d’amertume. 

La  lumière  n’exerce  aucune  action  sur  eux.  Le  ca ï - 
rique  agit  diversement.  Ils  dccrcpitent , se  fondent  et  se 
subliment.  Les  uns  se  volatilisent  sans  se  décomposer  ; 
les  autres  se  décomposent  sans  se  volatiliser,  d’autres  cniin 
résistent  au  plus  grand  leu. 


Mûri  cite  de  Bcirite.  ! x t 

Exposés  à l’air , iis  n’éprouvent  pas  dé  décomposition  ; 
' quelques-uns  sont  déliquescens  : tous  sont  solubles  dans 
: l’eau  , et  cristallisables. 

Ils  n’éprouvent  aucun  changement  de  la  part  des  corps 
• combustibles. 

L acide  sulfurique  les  décompose  avec  une  forte  effer- 
vescence et  dégagement  de  vapeurs  blanches. 

L acide  nitrique  les  convertit  en  nitrates  passant  en 
.pait'e  a 1 état  d acide  nitreux  , et  transformant  l’acide 
muriatique  en  acide  muriatique  oxigéné. 

L acide  phospuocique  et  horacique  décomposent  tous 
les  muiiates  à chaud  ; mais  à froid,  1 acide  phosphorique 
ne  les  décompose  qu'en  très-petite  partie.  Les  bases  sali- 
iîables  ag’ssent  dune  manière  différente  en  raison  de  leur 
= attraction  pour  l’acide. 

Ils  jout  tous  précipites  par  le  nitrate  d’argent , lequel 
{précipité  est  insoluble  dans  l acide  nitrique. 

Enfin  , ils  sont  pour  la  plus  grande  partie  solubles  dans 
il  alcool. 


§.  XL  V 1. 

Muriatc  ce  Ecrite. 


&argmann  dit  que  ce 
minérales  de  Suède. 


sel  existe  dans  quelques  eaux 


On  le  prépare 
■de  bar  île  yyçç 
.dans  l’eau  , on 


ordinairement  en  décomposant  le  sulfure 
1 acide  muriatique  ; après  I avoir  délai  é 
ajoute  l’acide , on  fait  chauffer  un  peu 


X IÜ 


Muriate  de  Barite. 

pour  faire  dégager  tout  1 hydrogéné  sulfure;  on  filtre  , et 
lou  fait  évaporer  jusqu  à très -légère  pellicule;  on  ob- 
tient par  le  refroidissement  des  cristaux.  Mais  comme  le  | 
sulfate  de  barite  contient  souvent  de  1 oxide  de  fer  , 
l’acide  muriatique  s’y  unit  en  même  tems  qu  à la  barite  ; 
d’où  provient  la  couleur  jaune  que  prend  ce  sel.  On  le 
débarrasse  facilement  de  cette  matière  étrangère  , en 
exposant  les  cristaux  de  muriate  de  barite  au  feu  pendant 
quelques  instans  dans  un  creuset  ; dès  quil  commence 
à rougir , le  muriate  de  fer  se  décompose  ; son  acide 
se  volatilise  , il  ne  reste  plus  que  l’oxide  de  fer  avec 
le  muriate  de  barite,  qu’il  suffit  de  dissoudre  dans  1 eau 
pour  l’avoir  pur. 

On  peut  encore  s’assurer  de  sa  pureté  en  le  lavant  dans 
l’alcool;  le  muriate  de  fer  s’y  dissout,  et  le  muriate  de 
barite  reste  pur. 

J’ai  proposé  , Annales  de  Chimie  , tome  47  , un  pro- 
cédé par  lequel  on  peut  obtenir  le  muriate  de  barite  eu 
beaucoup  1 moins  de  tems  et  avec  moins  de  combustible. 

Il  consiste  à mêler  parties  égales  de  muriate  calcaire 
et  de  sulfate  de  barite  , réduits  eu  poudre.  O11  projette 
par  cuillerée  le  mélange  dans  un  creuset  que  Ion  fail 
l' o unir  d’avance.  La  matière  se  boursoufle  nu  lieu  et  se 

O 

fond  ensuite.  On  ajoute  successivement  le  reste  du  mé- 
lange , cl;  Ion  entretient  une  même  température  jusque 
cp  que  le  tout  soit  liquide;  des  que  la  fonte  est  tranquille 
on  retire  le  creuset  du  leu  , et  on  coule  sur  une  plaqui 
de  fonte  , qu’il  faut  avoir  soin  de  chauffer  auparavant 
Sans  celte  précaution,  la  matière  , en  se  refroidissant  , s* 
brise  avec  éclat  et  s’élance  avec  une  force  extrême 


M uriate  de  Bar ile.  ^3 

îles  morceaux  entraînent  même  avec  eux  des  fragmens  de 
«la  pierre  auxquels  ils  adhérent  fortement. 

La  matière  ainsi  coulée  se  brise  en  refroidissant  a 

; COuleur  Slis  1)lanchâtre , quelquefois  gris  d’ardoise 
Suivant  le  tems  qu’on  l’a  tenue  en  fusion.  Elle  est  très- 
dure  , sonore,  et  attire  l’humidité  de  l’air. 

On  la  réduit  ensuite  eu  poudre  et  on  la  fait  bouillir 
.quelques  minutes  dans  environ  six  fois  son  poids  d’eau 
idistdlee,  et  l’on  filtre. 

On  verse  sur  la  partie  non  soluble  une  moins  grande 
.quantité  d eau  bouillante,  et  l’on  réunit  les  liqueurs 
On  évapore  ensuite  jusqu’aux  deux  tiers  environ  dans 

18,16  baSSme  de  cuivre  bien  étamée , et  I on  termine  l’éva- 
r°rat,on , soit  dans  une  capsule  de  porcelaine,  soit  dans 
«ne  capsule  de  verre,  ou  de  grès,  au  bain  de  sable  , on 
ir  6 evaP°ration  dès  qu’on  apperçoit  une  pellicule  à 
! f"rfa<*  du  lUlU'lde-  Alors  011  relire  la  capsule  du  feu, 
L °n/,Lt,ent  Par  refroidissement  de  très-beaux  cristaux  , 

- es-  ri  ans  , dont  la  blancheur  éclatante  les  fait  distinguer 
-e  ceux  obtenus  par  l’autre  procédé. 

I 0n  evaPm'e  la  ligueur  décantée,  et  l’on  obtient  une 
[ XIeme  cristallisation  : celle-ci  ne  donne  que  des  cristaux 
| es- petits,  ils  s’humectent  un  peu  à l’air. 

,vn;ï0'r.k  lm“iate  de  parfaitement  pur  et 

fCa';aire  °"  1,,i  “ subir  <•»<“»« 

paéa  a,oii-  dieanl  .T'  avo"' Oéca„ü„„  de  passer , 
nanti  té  4.  ' !"  'a  surnageante  , une  petite 

enlever  les  dUcm'S  ‘K"de  5ur  . >“  ««tau*,  -fi» 
p , " S Pirf'ens  du  liquide  qui  / adhère. 

'-e  srf  a uue  saveur  . 

■étallique.  Sa  f„rme  e‘sl  ’u/|  'ï"0  ’ P'<,U'"l.le  ’ c°m"’c 

c lL  d un  pusme  très-court  ou 

« 


a 


5 t£  Mu  ri  cite  de  B an  Le. 

lames  carrées , dont  les  l>ords  sont  biselés  et  les  somi 

mets  dièdres  ; il  a une  pesanteur  spécifique  très-com» 

dérable. 

Le  muriale  de  barite  n’est  pas  décompose  par  la  ch; 
leur  , ni  altéré  par  l’air. 

Ce  sel  exige  pour  se  dissoudre  entie.  cinq  et  six  parti 
d’eau  froide.  Cette  combinaison  se  fait  plus  abondamme 
à l’aide  de  la  chaleur  , et  elle  cristallise  par  îelioidi 

sement. 

Plusieurs  acides  opèrent  la  décomposition  de  ce  se 
tels  sont  l’acide  sulfurique  , l’acide  nitrique. 

Comme  l’acide  sulfurique  forme  avec  la  barite  un 
parfaitement  insoluble  dans  l’eau  , on  découvre  les  pl 
petites  traces  d’acide  sulfurique  dissous  dans  les  eaux  , 
dans  toute  autre  matière.  De  1 eau  qui  tient  seuleun 
o,ooo4  de  son  poids  de  sulfate  de  soude  récemment  cr 
tallisé , donne  sur-le-champ  un  précipité  sensible,  en 
mettant  une  seule  goutte  de  solution  de  muiiate 
barite  ; 0,00009  de  ce  sel  dissous  dans  la  même  quant 
d’eau  , fournissent  en  quelques  minutes  un  nuage  sensib 
enfin  , o,oooo3  de  sulfate  de  soude  , dans  la  même  quant 
d’eau  , occasionnent  un  nuage  léger  , qui  demande  plusie 

heures  pour  devenir  apparent. 

L’acide  sulfureux  décompose  le  muriate  de  bari 
mais  le  sulfite  se  redissout  dans  1 acide  nitiique. 

L’acide  nitrique  décompose  aussi  le  muriate  de  bari 
on  s’assure  facilement  de  ce  fait,  en  mettant  dans  1 
solution  un  peu  concentrée  de  ce  sel , quelques  gou 
d’acide  nitrique  -,  elles  y formçnt.  un  précipité  cristalli  j 
qui  demande  ensuite  dix  à douze  parties  d’eau  pour 
issoudre.  De  là  il  suit  que  , si  l’on  veut  savoir  si 


Muriate  de  Potasse. 


ït5 

lucide  nitrique  contient  de  l’acide  sulfurique,  ou  quelques 
lilfates  , en  se  servant  de  muriate  de  barite  , il  faut  avoir 
>in  détendre  d eau  les  liqueurs-,  car,  sans  cela,  on  pour- 
oit  être  induit  en  erreur  , en  attribuant  à l’acide  sulfurique 
i qui  ne  seroit  dù  qu’à  la  combinaison  de  l’acide  nitrique 
:ec  cette  substance  terreuse. 

La  soude  et  la  potasse  décomposent  le  muriate  de 
-rite  , celle-ci  se  cristallise.  M.  Darcet  a proposé  ce  pro- 
Idé  pour  se  procurer  la  barite  pure. 

ILes  sulfates  et  sulfites  ont  la  propriété  de  décomposer 
muriate  de  barite  -,  cette  décomposition  s’opère  par 
.uble  attraction. 

Nous  verrons  aussi  que  les  carbonates  forment  du  car- 
mate  de  barite  et  différons  muriates  , suivant  qu’on  a 
jiployé  tel  ou  tel  carbonate. 

îl.e  muriate  de  barite  est  non-seulement  un  réactif  ex- 

• l 

mernent  précieux  pour  l’analyse  de  l’acide  sulfurique  ; 
us  -encore  pour  s’assurer  si  les  alcalis  sont  purs  , ainsi 
« beaucoup  d’autres  substances  encore. 

-Crawfford , C haussier  et  autres  l’emploient  en  méde- 
e > oomme  LU1  fondant  très-actif  dans  les  maladies  scro- 
nleuses.  V ojez  le  Recueil  de  la  Société  de  Médecine  de 
nris  , an  VI. 

Cent  parties  de  ce  sel  contiennent  : barite  , 60  -,  acide 
u ialiq^e , 24  • eau  , if>. 

S-  XL  VIL 
Muriate  cle  Potasse. 


Ce  sel  se  rencontre 


rarement  dans  la  nature.  On  dit 


1 1 


[6 


Mûriâlc  de  Potasse. 
cependant  qu'il  existe  dans  des  fondrières  en  Picardie, 
et  dans  quelques  eaux  minérales  de  Kormand.e.  JH 

Il  se  trouve  assez  abondamment  dans  plustenrs  vege- 
taux  , et  11  n'est  pas  de  cendres  qui  n’en  contiennent  plus 
OU  moins  : cela  prouve  que  ce  sel  est  répandu  a la  surface 
du  sol , où  il  est  pompé  par  les  vaisseaux  des  plantes  , en 
même  tems  que  les  sucs  dont  elles  se  nourrissent  ; car  | 
est  vraisemblable  , dit  M.  Vauqudin , qu’il  ne  se  lorn| 
pas  pendant  l’acte  de  la  végétation.  Jj 

Quand  on  veut  obtenir  ce  sel  très-pur , on  prend  de  la 
potasse  caustique , et  on  la  sature  d’acide  muriatique  . on 
fait  évaporer  jusqu’à  pellicule;  et,  en  aissan  ensu»| 
refroidir  lentement,  on  l’obtient  cristallisé. 

Ce  muriate  s'appeloit  autrefois  sel  fébrifuge  de  ^icun 
et  improprement , sel  marin  régénéré  .puisqu'il  différé  U 
ce  sel  par  la  nature  de  sa  base. 

Ce  sel  a une  saveur  salée , légèrement  amère.  1 

Il  n’est  point  décomposé  par  l’action  du  feu  le  plus  v| 
mais  il  déerépite , se  fond  et  même  se  volatilise  e, 

fumée.  . . JH 

Il  est  peu  altérable  à l’air  ; il  n’en  alüre  que  tres-le„e«i 

ment  l’humidité.  , 

L’eau  froide  en  dissout  le  tiers  de  son  poids.  ® 
chaude  en  dissout  un  peu  plus  , et  la  so  ni, on  crislalk 
par  le  refroidissement.  Sa  forme  est  celle  d un  cuber) 

nulier,  ou  d’un  parallélipipède  rectangle.  j 

L’acide  sulfurique  en  sépare  les  élément  en  s unis», 
sa  base  -,  l’acide  muriatique  se  dégagé  sous  la  iorn 

de  fumée  blanche.  , 

L’acide  nitrique  agit  aussi  sur  le  m, male  de  potasse 

s’emparant  de  la  potasse  ; mais  à mesure  <p.c  au  c H 


Muriate  de  Soude. 


11,7 

viatique  est  dégagé,  il  réagit  sur  l’acide  nitrique,  dont  il 
Lrend  une  portion  de  l’oxigène  , et  passe  à l’état  d’acide 
muriatique  oxigéné  , tandis  que  l’acide  nitrique  devient 
eide  nitreux. 

Les  acides  fixes  au  feu  , tels  que  ceux  du  phosphore  , 
Éu  borax  , de  l’arsenic  , du  tungstène,  etc.  le  décomposent 
une  haute  température  : mais  c’est  le  contraire  à lroid. 
Largile  paroit  le  décomposer  en  partie  ; mais  cette 
ipération  n’en  fournit  qu’une  très-petite  quantité. 

Le  nitrate  de  chaux  le  décompose;  il  se  forme,  dans  ce 
as,  du  nitrate  de  potasse  et  du  muriate  de  chaux  : d où 
l suit  que  ce  sel  , contenu  dans  les  potasses  du  com- 
merce , n’est  pas  inutile  ponr  la  fabrication  du  salpêtre. 

D’après  Bergmann , ce  sel  contient  : potasse,  62  ; acide 
muriatique  , 3o  ; eau  , 8. 

Le  muriate  de  potasse  n’est  pas  d’usage  dans  les  arts  , 
•on  s’en  sert  maintenant  très-peu  en  médecine. 

§.  X L V 1 1 1. 

Muriate  de  Soude. 

Ce  sel  existe  abondamment  dans  la  nature  , tantôt  en 
.nasses  considérables  , et  formant  le  sel  gemme  , comme 
lans  les  mines  de  Wiclicska  , de  la  Pologne  , en  Hongrie, 
n Russie  , etc.  ; tantôt  en  solution  dans  les  eaux  de  la 
ner , des  fontaines  salées  , etc. 

Lorsqu’on  rencontre  dans  le  sein  de  la  terre,  des  minés 
le  sel  gemme  , leur  exploitation  est  facile  et  peu  coû- 
teuse : il  suffit  de  percer  des  puits,  des  galeries,  comme 
ela  se  pratique  pour  les  mines  de  houille  ou  métalliques  , 


■lift  Miiiiatc  (îe  Soude . 

ot  de  détacher  cette  substance  à l aide  de  pics , de  tranch 

et  de  leviers  , etc. 

Le  sel  gemme  présente  differentes  modifications  reli 
livement  à sa  couleur  , à son. grain  et  à sa  savenr.  On  « 
voit  de  blanc,  de  jaune,  de  bleu,  de  rose  , etc. -,  on  < 
connoit  de  dur,  de  tendre  : enfin,  il  y en  a dont  la  save 
est  agréable,  et  d’autre  qui  est  amer.  Il  doit  commun 
ment  ses  variétés  de  couleur  à la  présence  de  I oxide 
fer  ou  de  manganèse  plus  ou  moins  chargé  d oxlgen 
sad  ureté  dépend  de  la  vitesse  plus  on  moins  grande  av 
laquelle  il  a été  formé  , et  sa  saveur  variée  tient  au  ml 
lange  de  quelques  autres  substances  salines  , et  partie 
lièrement  au  muriate  de  chaux  qui  l’accompagne  presq 
toujours. 

Le  sel  gemme  , en  Transilvanie  , est  généralement  e 
ploité  par  des  puits  -,  il  y en  a toujours  deux  au  moi 
dans  chaque  mine  , 1 un  pour  les  ouvriers  , et  1 autre  pc 
l’extraction  du  sel. 

La  masse  du  sel  est  exploitée  en  gradins  montans , 
qui  produit  des  coins  vides  au  milieu  des  couches.  C 
échelles  se  prolongent  perpendiculairement  jusqu  à 
base  de  ces  cônes  , en  sorte  qu’elles  sont  dans  cette  par 
absolument  isolées.  Lorsque  le  sel  que  produisent 
mines  n’est  pas  assez  pur , on  est  oblige  dé  le  faire  d 
soudre  dans  l’eau  pour  le  purifier. 

Les  procédés  suivis  pour  extraire  le  muriate  de  sou 
des  eaux  où  il  est  dissous,  ont  tous  pour  objet  d’en  sépa 
l’eau  -,  mais  les  moyens  qu’on  emploie  sont  différons  , s 
vant  les  climats  et  la  richesse  de  ces  mêmes  eaux. 

i°.  Dans  les  provinces  du  nord  , on  lave  les  sables  sa 


Muriate  de  Soude . 


IT9 

îles  bords  de  la  mer  a»ec  le  moins  d’eau  .possible  , et  on 
obtient  le  sel  par  évaporation. 

2°.  Dans  les  pays  trés-froids  , on  concentre  l’eau  par  la 
•elée , et  on  évapore  le  reste  par  le  feu. 

3°.  Dans  les  fontaines  d’eau  salée  de  la  Lorraine  et  de 
i Franche-Comté , on  élève  l’eau  par  des  pompes  , et  ou 
a précipite  sur  des  fagots  d’épines  (jui  la  divisent  et  la 
•ont  évaporer  en  partie  : on  finit  de  la  rapprocher  dans  des 
ihaudières. 

4°-  On  extrait  aussi  le  sel  de  l’eau  de  la  mer  par  la  seule 
■vaporatiou  naturelle , ou  bien  encore  par  l’évaporation 
naturelle  combinée  avec  l’évaporation  artificielle. 

Dans  le  premier  cas  , on  fait  celte  extraction  au  moyen 
des  marais  saluas  : ce  sont  des  bassins  très-étendus  , 
mais  très-peu  profonds  , dont  le  fond  est  argileux  et  fort 
uni-,  ils  sont  pratiqués  sur  le  rivage  de  la  mer.  Ces  marais 
ou  bassins  consistent  , i°.  en  un  vaste  réservoir  placé  en 
.vant  des  marais  proprement  dits  et  plus  profonds  qu’eux. 
Ce  réservoir  communique  avec  la  mer  par  un  canal  formé 
l’une  écluse  j on  peut , sur  les  bords  de  l’Océan  , le  rem- 
plir à marée  haute  ; mais  les  marais  sont  plutôt  un  in- 
convénient qu’un  avantage  pour  les  marais  salans.  2°.  En 
marais  proprement  dits,  qui  sont  divisés  en  une  multi- 
tude de  compartimens  au  moyen  de  petites  chaussées  , 
.tous  ces  compartimens  communiquent  entre  eux  , mais 
de  manière  que  l’eau  n arrive  souvent  d une  case  dans  la  voi- 
sine, qn’après  avoir  fait  un  très-long  circuit  ; en  sorte  qu  elle 
a parcouru  une  étendue  quelquefois  de  mètres 

•avant  d arriver  à l’extrémité  de  cette  espèce  de  labyrinte. 

C est  en  mars  que  l’on  fait  entrer  l’eau  de  la  mer  dans- 
ces  bassins  étendus. 


320 


Muriate  de  Soude. 

Le  sel  obtenu  par  ce  moyen  , participe  de  la  couleur 
du  sol  sur  lequel  il  est  déposé  , et  selon  la  nature  du 
terrein , il  est  blanc  , rouge  et  gris  : on  appelle  aussi  ce 
dernier  sel  vert . Le  sel  de  mer  a 1 inconvénient  d être 
amer  , si  on  1 emploie  immédiatement  après  sa  fabrication. 
11  doit  ce  goût  au  muriate  de  chaux  et  au  sulfate  de  soude 
qu’il  renferme.  L’exposition  à l’air  , pendant  deux  ou 
trois  ans  , le  débarrasse  en  partie  de  ces  sels. 

Dans  la  seconde  manière  d’extraire  ce  sel  de  1 eau  de  la 
mer  , on  tonne  sur  le  rivage  une  esplanade  de  sable  très- 
unie  , que  la  mer  doit  couvrir  dans  les  hautes  marées  des 
nouvelles  et  des  pleines  lunes  •,  dans  1 intervalle  de  ces  ma- 
rées, ce  sable,  en  partie  desséché , se  couvre  d efflores- 
cences dé  sel  marin;  on  l’enlève,  et  on  le  met  en  ma- 
gasin. Lorsqu’on  en  a une  suffisante  quantité,  on  le  lave 
dans  des  fosses  avec  1 eau  de  mer  qu’on  sature  ainsi  de 
sel  marin  : on  porte  cette  eau  dans  des  bassins  de  plomb 
assez  étendus , mais  peu  profonds  ; on  évapore  , par  le 
moyen  du  feu  , l’eau  surabondante , et  ou  obtient  ce  sel 
marin  d’un  beau  blanc.  Ce  procédé  est  mis  en  usage  sur 
les  côtes  du  département  de  la  Manche. 

Enfin  on  se  sert  de  bâtimens  de  graduation  pour  con- 
centrer 1 eau  de  la  mer.  Pour  accélérer  l’évaporation  , on 
eleve  par  des  pompes  1 eau  salée  à une  hauteur  de  9 mètres 
environ  , et  011  la  fait  tomber  sur  des  murailles  de  fagots 
qaii  ont  cette  hauteur;  ces  murailles  sont  couvertes  d’un 
toit  qui  les  met  à l’abri  de  la  pluie  ; l'eau  qui  est  distri- 
buée avec  égalité  sur  ces  fagots  par  des  conduits  et  par 
des  robinets  , s y divise  à l’infini,  et  éprouve  dans  sa 
chute  une  évaporation  considérable.  La  meme  eau  est 
plevée  souvent  plus  de  vingt  fois  pour  être  amenée  ru 


Muriate  de  Soude. 


121 


degré  de  concentration  nécessaire.  L’eau  , en  se  con- 
centrant , dépose  sur  les  fagots  une  couche  de  sélénite  , ou 
chaux  sulfatée,  qui  devient  à la  longue  si  épaisse  qu’il 
faut  les  renouveller.  L’eau  amenée  à 26  ou  27  degrés  par- 
la gradation  , est  ensuite  évaporée.  ( Voyez  pour  les 
détails,  le  Traité  élémentaire  de  minéralogie  à Alexandre 
Bronsniai't  ). 

En  Angleterre  on  fait  évaporer  l’eau  de  la  mer  prise  à 
la  haute  marée  , daus  des  chaudières  en  fer  de  tôle  , dont 
les  lames  sont  assemblées  par  le  moyen  de  clous  bien 
rivés.  Cqs  chaudières  ont  de  20  à pieds  de  longueur 
sur  12  à i5  de  largeur  et  2 à 3 de  profondeur.  On  y jette 
à la  fin  du  sang  de  bœuf,  et  on  écume  lorsque  l’ébullition 
recommence. 

Aux  salines  de  Lunebourg  dans  le  pays  d Hanovre  , on 
fait  lévaporation  dans  des  chaudières  formées  d’une  lame 
de  plomb  dont  les  bords  sont  relevés  en  marteau.  Ces 
chaudières  , d’une  longueur  et  largeur  considérables  , 
tfoffrent  pas  une  profondeur  de  plus  de  3 ou  4 pouces. 

Le  sel  marin  gris  ordinaire  contient  du  muriate  de 
soude  , des  muriates  de  chaux  et  de  magnésie  , des  nitrates 
dechaux  et  de  magnésie,  du  sulfate  de  soude  , du  fer  , du 
carbonate  de  chaux  , de  l’argile  , quelquefois  du  mercure. 
(On  s’assure  qu’il  tient  du  mercure,  en  y laissant 
séjourner  pendant  quelque  tems  une  lame  de  cuivre  ; elle 
blanchit.  ) Pour  reconnoître  la  présence  des  sels  de  chaux , 
on  verse  dans  l’eau-mère  qu  icontient  un  peu  de  sel 
marin,  du  sulfate  de  potasse  qui  décompose  le  muriate  de 
chaux  -,  il  précipite  du  sulfate  de  chaux  -,  on  filtre  : il  passe 
dans  la  liqueur  du  muriate  de  potasse,  du  muriate  de 
jnagnesie  non  décomposé  par  le  sulfate  de  potasse  ; on 


J Muriate  de  Soude. 

fait  evaporer  la  liqueur  jusqu’à  consistance  sirupeuse  , et 
on  traite  par  l’alcool  qui  dissout  le  muriate  de  magnésie  -, 
il  laisse  précipiter  le  muriate  de  potasse-,  on  décante-,  on 
dissout  ces  derniers  dans  l’eau,  et  on  fait  évaporer  et 
cristalliser;  on  les  distingue  l’un  de  l’autre  par  leur  ma- 
nière de  cristalliser,  l’un  en  aiguilles,  l’autre  en  cubes: 
on  fait  évaporer  tout  l’alcool-,  on  verse  sur  le^résidu  de 
sels  magnésiens,  du  carbonate  de  potasse  qui  les  décom- 
pose ; il  se  précipité  du  carbonate  de  magnésie;  on  filtre; 
et  il  passe  dans  la  liqueur  du  muriate  de  potasse  qu'on 
sépare  par  la  cristallisation.  , 

On  voit  donc  qu’il  existe  dans  le  muriate  de  soude  des 
sels  a bases  de  chaux , combinés  à l’acide  muriatique: 
le  carbonate  de  magnésie  précipité  par  le  carbonate  de 
potasse  , prouve  la  présence  des  sels  magnésiens. 

Purification  du  muriate  de  soude. 

On  a pour  but  de  séparer  dans  cette  opération  les  mu* 
riates  de  chaux , de  magnésie  et  de  fer  du  muriate  de 
soude,  ce  qui  lui  donne  la  propriété  d attirer  l’humidité 
de  l’air. 

Pour  obtenir  le  muriate  de  soude  pur,  comme  cela  est 
nécessaire  pour  les  expériences  de  chimie  , on  le  fait  dis- 
soudre dans  quatre  parties  d’eau  froide  ; on  filtre  la  dis- 
solution : les  matières  qui  ne  s’unissent  point  à l'eau  , 
telles  que  l’argile  , le  sable  , la  craie , l’oxide  de  fer,  etc. 
restent  sur  le  filtre;  mais  le  muriate  de  clianx  se  dissout 
aussi  : on  le  décompose  en  mettant  dans  la  solution 
quelques  gouttes  de  carbonate  de  soude  ; sa  base  se  com- 
bine avec  l’acidc  muriatique  , et  l’acide  carbonique  avec 


Mariale  de  Soude. 

{a  cfWux , ef  forme  du  carbonate  de  chaux  , qui,  étant 
insoluble  , se  précipite  au  fond. 

Il  faut  avoir  l'attention  de  ne  pas  ajouter  plus  de  car- 
bonate de  soude  qu  il  n’en  faut , car  on  tomberait  dans  un 
autre  inconvénient  aussi  désagréable  que  le  premier;  on 
s’apperçoit  qu’on  en  a mis  suffisamment  , lorsque  les  der- 
nières gouttes  n’occasionnent  plus  de  trouble  dans  la 
liqueur-,  pour  en  débarrasser  le  sulfate  de  soude  , il  faut 
y verser  du  muriate  de  barite  jusqu’à  ce  qu’on  n’apper- 
çoive  plus  de  précipité  -,  on  décante  et  on  soumet  ensuite 
la  solution  à lévaporation  ; on  ramasse  le  sel  à mesure 
qu’il  se  sépare  ; il  est  alors  très-pur.  Si  l’on  veut  l’avoir 
régulièrement  cristallisé , il  faut  abandonner  la  solu- 
tion à l’évaporation  spontanée,  alors  les  molécules  sa- 
lines se  réunissent  facilement , et  donnent  naissance  à des 
cristaux  cubiques. 

Le  muriate  de  soude  a une  saveur  salée  et  agréable;  il 
n’éprouve  aucune  altération  de  la  part  de  l’air  atmosphé- 
rique, lorsqu’il  est  très-pur,  à moins  que  celui-ci  ne  soit 
très-humide;  alors  il  s’humecte  légèrement. 

Exposé  à une  chaleur  brusque,  il  se  divise  en  frag- 
mens  , fait  entendre  un  pétillement  assez  fort,  qu’on 
appelle  décrcpitation.  Ces  effets  sont  dus  à l’eau  de  cris- 
tallisation , qui  est  réduite  tout- à-coup  en  vapeurs  , et  qui, 
eu  écartant  les  lames  cristallines  avec  beaucoup  de  vitesse  , 
produit  le  bruit  et  l’explosion  du  sel. 

Si  l’on  continue  l’action  du  feu  sur  ce  sel  , après  qu’il  a 
perdu  l’eau , il  rougit,  se  fond,  il  coule  et  se  prend  en 
masse  opaque  , sorte  d’émail  blanc  , quelquefois  rougeâtre, 
a cause  du  fer  qui  se  trouve  dans  1 argile  des  creusets  j 


124  Muriate  de  Soude. 

à une  chaleur  blanche  il  se  volatilise , s'il  a le  contact  de 
l’air  , sous  la  forme  de  fumée  blanche. 

Le  muriate  de  soude  , fondu  et  sublimé  , n'a  point 
éprouvé  d’altération  dans  sa  nature  intime  ; ses  élémens 
ne  sont  point  désunis  par  cette  opération  -,  ils  se  volatilisent 
plutôt  ensemble  que  de  se  séparer  ; ce  qui  indique  qu'ils 
ont  entre  eux  une  grande  affinité. 

Ce  sel  est  très  - soluble  dans  l’eau ; il  ne  demande 
que  deux  parties  et  demie  d’eau  : il  n’est  pas  sensiblement 
plus  soluble  à chaud  qu’à  froid  : aussi  ne  se  cristallise- 
t-il  pas  par  le  refroidissement , comme  la  plupart  des 
autres  sels  : il  faut  , pour  l’obtenir  dans  cet  état , faire 
évaporer  la  solution , soit  par  l’action  du  feu  , soit 
spontanément  à l’air.  Sa  forme  cristalline  est  un  cube 
parfait.  Cependant  si  on  le  fait  bouillir  quelque  tems  avec 
l'urée,  il  cristallise  en  octaèdres;  dans  ce  cas  le  muriate 
est  combiné  avec  un  peu  d’eau. 

Comme  le  muriate  de  soude  se  combine  tres-prompte- 
ment  avec  l’eau,  il  se  produit  un  grand  froid,  cest-à-dire  , 
que  , dans  un  tems  très-court , il  y a beaucoup  de  calo- 
rique absorbé.  Il  n’en  faudroit  cependant  pas  conclure 
qu’il  demande  plus  de  chaleur  qu’un  autre  pour  se  dis- 
soudre ; il  y a même  quelques  faits  qui  semblent  prouver 
qu’il  en  a moins  besoin  que  beaucoup  d’autres. 

Il  paroît  avoir  plus  d'affinité  avec  1 eau  , que  la  plupart 
des  autres  sels  ; car  , à l’exception  de  ceux  qui  sont  déli- 
quescens  , il  les  précipite  tous  de  leurs  solutions  ; et 
pendant  ces  précipitations  , il  se  dégage  constamment  une 
certaine  quantité  de  calorique. 

L’acide  sulfurique  décompose  le  muriate  de  soude  ; 
l’acide  muriatique  se  dégage  ayec  effervescence. 


\ 

X 


oru  — 


Mariette  de  Soude.  1^5 

Pour  obtenir  l’acide  muriatique  , on  prend  8 parties  de 
muriate  de  soude  décrépité  et  pulvérisé-,  ou  1 introduit  dans 
une  cornue  si , ou  dans  un  matras  que  1 on  place  sui  un  bain 
de  sable.  On  verse  sur  le  sel  5 parties  d’acide  sulfurique 
à 66  degrés  , à l’aide  d’un  tube  à double  courbure  B.  On 
adapte  à la  cornue  un  matras  C , pour  recevoir  la  portion 
d’acide  sulfurique  et  dacide  muriatique  impur  , qui 
passent , sur-tout  vers  la  fin  de  l’operation  , à la  faveur  du 
calorique.  D , E , F,  suite  de  flacons  dans  lesquels  on 
met  de  l’eau  distillée  ; la  quantité  doit  être  égale  au  poids 
du  sel  employé.  Ces  flacons  sont  réunis  par  des  tubes  de 
sûreté  G.  Il  faut  avoir  soin  de  luter  exactement  tes  join- 
tures. Les  choses  ainsi  disposées,  on  met  un  peu  de  feu 
sous  l’appareil,  et  l’on  augmente  la  chaleur  par  degrés, 
jnsqu’à  ce  qu  il  ne  se  dégage  plus  rien. 

Si  au  lieu  d’une  cornue  , I on  se  sert  d’un  matras  , il 
faut  mettre  pour  premier  récipient  une  bouteille  à deux 
tubulures  , comme  il  est  représenté  dans  la  planche  ; on 
met  aussi  dans  ce  premier  flacon  un  peu  d’eau  , pour  y 
placer  un  tube  de  sûreté,  et  retenir  l’acide  sulfurique  et 
l’oxide  de  fer  qui  s’élève  pendant  la  fin  de  l’opération. 

L’acide  sulfurique  qu’on  a versé  par  le  lijbe  en  S , 
décompose  ce  muriate  de  soude  , l’acide  muriatique  se 
dégage  et  va  se  dissoudre  dans  l’eau;  on  trouve  dans  le 
ballon  du  sulfate  acide  de  soude;  dans  le  premier  flacon, 
de  l’acide  muriatique  mélangé  d’acide  sulfurique  qui  passe 
toujours  en  petite  quantité  ; dans  le  deuxième  flacon  , on 
trouve  l’eau  augmentée  environ  d’un  tiers  de  son  volume, 
c’est  l acide  muriatique  liquide. 

' Quand  on  calcine  le  muriate  de  soude  l’action  est  plus 
prompte.  Lorsque  l’opération  est  finie  et  qu’il  ne  se  dégage 


s 26  Mui'iate  de  Soude. 

■ 

plus  lien  , on  peut  continuer  le  dégagement  du  gaz  acide 
muriatique  , pendant  quelques  instaus , en  versant  par  le 
tube  en  S de  l’eau  bouillante-,  cette  eau  divise  le  muriate  de 
soude  et  fait  dégager  encore  une  petite  quantité  d acide 
muriatique. 

Il  faut  avoir  soin  que  le  tube  en  S descende  plus  bas 
que  le  tube  recourbé  dans  le  col  du  ballon  , parce  que  , 
lorsqu’on  verse  l’acide  sulfurique  , il  y auroit  toujours 
une  portion  qui  couleroit  le  long  du  tube  recourbé , et 
qui  restant  g son  extrémité  , remonteroit  dans  le  tube  par 
la  force  expansive  du  gaz  qui  se  dégage  et  passeroit  en 
assez  grande  quantité  dans  le  premier  flacon , sans  avoir 
gervi  dans  l’opération. 

11  n’est  pas  non  plus  nécessaire  de  faire  plonger  les 
tubes  très-avant  dans  l’eau  , parce  que  l’acide  muriatique 
étant  plus  lourd  que  l’eau  , tombe  au  fond  sous  forme  de 
stries  , ce  qui  provient  encore  de  sa  grande  affinité  pour 
l’eau. 

Lorsque  le  gaz  se  combine  avec  1 eau , il  y a chaleur  ; 
et  quand  la  température  s’abaisse  , 1 eau  redevient  sus- 
ceptible d’en  absorber  encore.  Pour  tirer  parti  de  1 opé-  j 
ration  ; il  faut  environner  les  flacons  de  glace  , mais  il 
faut  prendre  garde  que  les  (laçons  n’éclatent  , lorsque  , 
par  une  élévation  de  température  , l’eau  ne  peut  plus  , 
retenir  l’acide -,  car  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  1 eau 
chaude  coerce  moins  d’acide  muriatique  que  l’eau  froide. 

Quoique  l’acide  muriutjque  doive  être  parfaitement 
blanc  , il  arrive  très-souvent  , qu'il  a une  couleur  plus  ou 
moins  jaune.  Elle  paroît  provenir  ou  d’un  peu  de  fer  ou 
d’un  peu  d’acide  muriatique  oxigené  formé  pendant  1 o- 
péralion.  Pour  reconuoUrc  à laquelle  de  ces  substances  I 


Muruile  de  Soude.  s 

l’acide  doit  sa  couleur,  on  l’expose  aux  rayons  solaires 


» ou  on  lui  lait  subir  une  légère  ébullition.  Alors  l’acide 
se  décolore  et  devient  blanc  si  la  couleur  est  due  à l’acide 
; muriatique  oxigéné  -,  si  , au  contraire  , elle  provient  du 
fer  l’acide  reste  coloré. 

L’acide  nitrique  décompose  à froid  le  muriate  de  soude  -, 
mais  1 acide  muriatique  qui  se  dégage  n’est  pas  pur:  il 
est  à 1 état  d’acide  nitreux  , mêlé  d’acide  muriatique 
' oxigéné. 

Pour  faire  cette  expérience  , on  met  du  muriate  de  soude 
decrepite  , réduit  eu  poudre,  dans  nue  cornue  ; on  y ajoute 
de  1 acide  nitrique,  dans  les  mêmes  proportions  que  pour 
la  décomposition  de  ce  sel  par  l’acide  sulfurique  : on 
adapte  à la  cornue  un  ballon  tubulé,  d’où  part  un  tube  de 
sûreté , qui  va  plonger  dans  un  flacon  de  PFouIf , dans 
lequel  on  met  autant  d eau  que  1 on  a employé  de  sel 

Lorsque  l’appareil  est  monté  , on  l’échauffe  par  degrés. 

L’acide  nitrique  commence  par  s’unir  avec  la  soude  , 
et  forme  du  nitrate  de  soude , et  il  se  dégage  de  l’acide 
muriatique  très-concentré. 

Cet  acide  attaque  1 acide  nitrique  non  encore  combiné* 
fl  lui  enlève  une  portion  d’oxigèue  , et  forme  de  l’acide 
muriatique  oxigéné. 

L’une  autre  part,  il  se  forme  de  l’acide  nitreux,  pro- 
venant de  la  partie  de  l’acide  nitrique  privé  de  son  oxiVène 
ua  pas  pu  se  combiner  avec  la  soude  , même  avant 
qufl  ait  pu  lormer  cette  combinaison  ; et  l’acide  muriatique 
oxigéné  , combiné  avec  l’acide  nitreux  , change  cclui-ci 
en  acide  nitrique  : en  lui  donnant  son  oxigèpe,  il  est 
reduu  a létal  d’acide  muriatique  simple. 

Les  L.uucs  acides  nonl  pas  d’action  à froid  sur  Jo 


iaB  Muriate  de  Soude. 

muriate  de  soude  ; mais  quelques-uns  le  décomposent  à 
l’aide  de  la  chaleur  : tels  sont  l’acide  phospliorique  et 
l’acide  boracique. 

La  raison  de  cette  différence  dépend  de  ce  que  l’acide 
muriatique  tend  à se  combiner  avec  le  calorique,  lorsque 
celui-ci  est  accumulé  et  condensé,  en  quelque  sorte  , dans 
le  muriate  de  soude  ; ce  qui  , conséquemment  , affoiblit 
1 affinité  entre  les  principes  : tandis  que  les  acides  phos- 
phorique  et  boracique  , n’ayant  pas  la  même  attraction 
pour  le  calorique  , leur  tendance  pour  se  combiner  aveG 
la  soude  n étant  pas  disséminée,  il  arrive  une  époque  où 
l’affinité  du  calorique  pour  l’acide  muriatique , et  celle  des 
acides  fixes  pour  la  base  du  sel  marin,  l’emportent,  et  la  i 
décomposition  a lieu. 

Dans  un  cas  , il  se  forme  du  phosphate  de  soude  , et 
dans  l’autre  , du  borate  de  soude. 

Parmi  les  substances  alcalino -terreuses  , il  n’y  a' que  la 
barite  et  la  strontiane  qui  puissent  décomposer  à froid  le 
muriate  de  soude;  elles  s’emparent  de  l’acide  muriatique, 
et  en  séparent  la  soude  à l’état  caustique. 

Quoique  dans  les  circonstances  les  plus  ordinaires  , la 
soude  ait  plus  d’affinité  que  1 alumine  avec  l’acide  muria- 
tique, cependant,  en  élevant  beaucoup  sa  température,  ou 
sépare  une  certaine  quantité  d’acide  muriatique  , et  tel 
est  le  procédé  qu’on  employoit  autrefois  dans  les  fabriques 
d eau-forte  pour  faire  ce  qu’on  appelle  esprit  de  sel.  11  est 
très-vraisemblable  que  cette  décomposition  est  en  grande 
partie  due  à la  présence  des  pyrites  , presque  toujours 
contenues  dans  les  argiles  siliceuses  qui  servent  à cette 
opération. 

La  chaux  et  la  craie  décomposent  aussi  ce  sel.  Si  l'on 


Muriate  de  Soudé.  ]r)^ 

fait  u ùe  bouillie  avec  du  muriate  de  soude  et  de  la  diaux 
,1a  soude  vieut  à la  surface  , grimpe  à 1 état  de  carbonate 
de  soude;  elle  absorbe  l’acide  carbonique  contenu  dans 
Tatmosphère. 

C’est  ainsi  que  d’après  M.  Berthollct , il  s’opère  une 
idécompositiôn  semblable  dans  le  sein  de  la  terre,  d’où 
vient  qu’on  trouve  en  Egypte  une  grande  quantité  de 
carbonate  de  soude  à la  surface  du  sol. 

Il  faut  croire  qu’il  se  fait  une  combinaison  de  muriate 
le  chaux  avec  l’excès  de  chaux  mis  à nu  par  la  soude 
«enlevee  par  1 acide  carbonique. 

La  potasse  pure  ou  carbonatée  est  la  seule  , entre  le» 
klcalis,  qui  décompose  le  muriate  de  soude-,  il  se  forme 

l lu  muriate  de  potasse  , et  la  soude  devient  libre  ou  carbo- 
|aatée. 


On  s est  beaucoup  occupé  des  moyens  d’extraire  la  soude 
lu  sel  marin  ; presque  tous  les  procédés  qu’on  a proposés 
e réduisent  au  même  principe  , c’est-à-dire  , à convertir 
:e  muriate  de  soude  en  sulfate  de  soude,  à décomposer 
«elui-ci  par  le  charbon  , et  à absorber  le  soufre  par  une 
=erre  calcaire  , ou  par  le  fer. 

Les  personnes  qui  désireront  avoir  des  connoissances 
<>lus  étendues  sur  cet  objet,  peuvent  consulter  un  excellent 
apport  de  MM.  Pelletier  , Leli'evre  et  Darcet  dans  le 
1 9e- vol.  des  Annales  de  Chimie. 

Pour  décomposer  le  muriate  de  soude  par  un  oxide  de 

:‘7.b’  “ P*-»  de  naueia.e  de  aoude  conlre 

ep  M«(  de  plomb  demi-vitreux , ou  litharRc,  et  l’on 
e'-  une  bouillie  liquide  avec  un  peu  d'eau  , la  ,il,,a,.çe 
„erd  peu-à-peu  sa  coulcm.;  on  ^ pendrinl 

y 


i ;}0  Muriate  de  Soude. 

heures  pour  renouveler  les  surfaces  et  faciliter  1 action  j 
des  matières. 

L’oxide  de  plomb  devient  peu-a-peu  blanc;  il  augmente! 
de  volume,  et  à mesure  que  l’eau  est  absorbée,  le  mélangej 
prend  une  consistance  considérable  , en  sorte  qu  on  est 
obligé  d’ajouter  à plusieurs  reprises  une  assez  grande 
quantité  d’eau;  au  bout  de  quatre  jours  , la  litkarge  paroît: 
entièrement  changée  de  nature  ; alors  ou  étend  la  matière; 
de  7 à 8 parties  d’eau  , et  on  filtre. 

On  fait  ensuite  évaporer  la  liqueur  dans  des  vases  dei 
fer  ; on  obtient  ainsi  de  la  soude  carbonatée  , euvuonj 
les  0,12  du  sel  employé. 

Si  l’on  fait  calciner  la  matière  restante  sur  ce  filtre  , 
on  obtient  une  belle  couleur  jaune,  solide,  brillante,, 
qu’on  peut  employer  à l’huile  avec  succès. 

M.  Vauquelin  , à qui  nous  devons  cette  expérience  , a 
reconnu  que  la  liqueur  filtrée  avoit  une  saveur  alcaline 
très-marquée , et  contenoit  un  peu  de  muriate  de  plomb 
en  dissolution  , et  pas  un  atome  de  muriate  de  soude  : 
réduite  environ  au  ioe.  de  son  volume,  elle  a fourni  des 
cristaux  de  carbonate  de  soude  , rendu  opaque  par  quel- 
ques traces  de  muriate  de  plomb. 

11  est  bien  démontré  , d’après  les  expériences  de  M.  T au- 
quelin  , que  la  litharge  qui  a servi  a la  décomposition 
du  muriate  de  soude  , est  un  mmiate  de  plomb  a\ec| 
excès  d’oxide  , et  que  c’est  en  vertu  d'une  affinité  doublt 
que  l’oxide  de  plomb  décompose  le  muriate  de  soude: 
savoir  , par  les  forces  réunies  de  l’oxide  de  plomb  poui 
l’acide  muriatique  et  du  muriate  de  plomb  pour  un  exces 
d’oxide. 

Cela  explique  pourquoi  il  faut  tant  d'oxide  de  ploin! 


Muriate  de  Strontiane.  i3j 

- polir  décomposer  complètement  le  muriate  de  soude, 
; parce  que  les  | au  moins  de  cet  oxide  sont  employés  , non 
ia  décomposer  le  sel  marin  , mais  à former  le  muriate  de 
cplomb  avec  excès  d’oxide,  et  que  le  quart  tout  au  plus 
#de  cet  oxide  s’unit  à l’acide  muriatique  à l’état  de  véri- 
table muriate  de  plomb. 

Le  muriate  de  soude  est  décomposé  par  quelques  sul- 
fates et  nitrates  ; les  phosphates  de  potasse  et  d’ammo- 
«niaque  ; les  Huâtes  de  barite  et  de  potasse  -,  le  borate  de 
i-potasse  , le  carbonate  de  potasse  et  beaucoup  de  sels 
I métalliques  paroissent  aussi  le  décomposer. 

Le  muriate  de  soude  est  d’un  usage  trés-multiplié  dans 
les  arts  et  les  opérations  domestiques;  on  s’en  sert  dans 
les  manufactures  de  poterie  ou  de  faïence,  pour  aider  la 
I (vitrification  de  la  surface  ; pour  faire  l’émail  , pour  con- 
server le  vinaigre  : en  chimie  , pour  faire  l’acide  muria- 
ique  simple  et  oxigéné  , pour  faciliter  la  fusion  des  snb- 
fetauces  métalliques  , et  les  garantir  du  contact  de  l’air; 
:bez  les  tanneurs  , pour  préparer  les  cuirs  cle  Hongrie  ; 
rnfin  , on  1 emploie  dans  les  salaisons  pour  conserver  les 
matières  végétales  et  animales  , etc.  > 

Proportions  des  principes  du  muriate  de  soude  : 
°.  D’après  Bergmanu  , soude,  4^  ; acide  muriatique,  52; 
eau,  6;  2°.  D’après  Kirwan  , soude,  5o  ; acide  rnuria- 
■<que  , 33  ; eau  , 17. 


§.  X L 1 X, 


Muriate  de  Strontiane. 


Ce  sel  , d abord  confond 


u avec  le  muriate  de  barite, 


j Muriate  de  Stronüane. 

en  a été  distingué  par  M.  Klapvoüi  ; Hope , PelleUer  et 

Vaùquelin  Font  ensuite  examiné. 

Pour  préparer  ce  sel , il  faut  suivre  le  procédé  indiqué 
pour  le  muriate  de  barite  , en  décomposant  le  sulfure 
par  l’acide  muriatique  , ou  bien  suivre  les  deux  procé- 
dés que  j’ai  indiqués,  Annales  de  Chimie,  tome  4,  , 

pag.  i39- 

On  réduit  en  poudre  le  sulfate  de  strontiane  et  on  le^ 
passe  à travers  un  tamis  y on  l'arrose  ensuite  avec  de 
l’acide  muriatique  , qui  s’empare  de  la  cliaux  et  de  1 oxide 
de  fer-,  on  laisse  macérer  quelque  tems  , on  décante  et 
on  lave  avec  soin  le  résidu  insoluble. 


Lorsque  la  matière  est  parfaitement  sèche,  on  la  mele  : 
avec  son  poids  égal  de  muriate  calcaire , et  1 on  suit  pour  le 
reste  de  l’opération  , ce  qui  a été  dit  pour  le  muriate  de 

barite. 


On  peut  aussi  préparer  ce  muriate  sans  laver  préala- 
blement le  sulfate  de  strontiane  par  un  acide. 


A cet  effet , on  prend  parties  égales  de  sulfate  de 
strontiane  et  de  muriate  calcaire  , réduit  en  poudre  , on 
introduit  le  mélange  par  cuillerée  dans  un  creuset  que 
pou  entretient  rouge  blanc  l’espace  d un  quart  a heure 
Cette  opération  exige  un  coup  de  feu  plus  tort  que  la 
précédente.  Lorsque  la  matière  est  totalement  fondue 
ou  la  coule  sur  un  marbre  , ou  sur  une  plaque  de 

fonte. 


On  réduit  en  poudre  cette  substance-,  onia  fait  bouilli  i 
dans  quatre  fois  sou  poids  d’eau,  et  l’on  filtre-,  en  exposi 
ensuite  la  liqueur  à une  douce  chaleur  , avec  le  contac 
tic  l’air-,  bientôt  elle  sc  trouble  et  devient  laiteuse  , phé 


Muriate  de  Slrontiane. 


1 33 

momène  qui  est  du  à la  chaux  rendue  caustique  dans 
l’opération,  et  qui  repasse  à l’état  de  carbonate.  On  filtre 
•la  liqueur  et  l’on  fait  évaporer  jusqu’à  siccité -,  on  dissout 
hle  nouveau  dans  de  l’eau  distillée  ; le  carbonate  de  chaux 
tse  pre'cipite  et  on  obtient  ensuite  par  l’évaporation  le 
pmuriate  de  strontiane  , que  l’on  peut  faire  cristalliser  une 
■deuxième  fois  pour  le  priver  du  muriate  calcaire. 

Soumis  à l’action  du  calorique  , le  muriate  de  strontiane 
| se  fond  sans  se  décomposer  -,  à une  haute  température  , 
"il  se  sublime  , il  attire  puissamment  l'humidité  de  l’air. 

Ce  sel  est  soluble  dans  0,^5  d’eau  , il  cristallise  en 
i longs  prismes  fins  tétraèdres. 

Il  est  décomposé  par  l’acide  sulfurique  , nitrique  et 
(iphosphorique.  L’acide  nitrique  n’y  produit  un  effet  scn- 
jsihle  que  lorsqu’il  est  très-concentré. 

La  harite,  la  potasse  et  la  soude  le  décomposent. 

Si  l’on  bride  de  l’alcool  , tenant  en  solution  du  mu- 
I riate  de  strontiane,  la  flamme  est  toujours  d’un  rouge 
(■purpurin  , caractère- qui  distingue  ce  sel  de  celui  de  barde 
pet  de  tous  les  autres. 

Proportions  indiquées  par  M.  Kauquelin  : strontiane  ■> 
136,4-  acide  muriatique,  23,6  -,  eau  , 4o. 

La  plupart  des  sulfates  , nitrates  , phosphates  , Huâtes  > 
borates  , carbonates  alcalins  , décomposent  le  muriate  de 
strontiane. 

Ce  sel  u est  encore  employé  que  comme  réactil. 


»34 


Muriate  de  Chaux . 


S-  L. 

I v 

Muriate  de  Chaux. 

Le  muriate  de  chaux  existe  dans  les  matériaux  salpê- 
tres , dans  les  terres  calcaires  , dans  les  eaux  de  la  mer , 
les  eaux-mères  des  salines  , des  puits  de  Paris,  etc. 

Pour  préparer  ce  sel  , on  décompose  le  carbonate  de 
chaux  par  l’acide  muriatique.  Lorsque  la  saturation  est  j 
complète  , on  filtre  , et  l’on  fait  évaporer  , ou  bien  ou 
lessive  dans  peu  d’eau  le  résidu  de  la  fabrication  de  ■ 
l’ammoniaque.  On  fait  évaporer  la  solution  à consistance 
sirupeuse  , et  l’on  fait  refroidir  lentement  , alors  le  sel  ' 
cristallise. 

Sa  saveur  est  acre  , piquante  et  amère.  Il  verdit  le 
sirop  de  violette. 

Il  perd  une  portion  de  son  acide  par  1 action  d un  feu 
violent,  mais  jamais  la  totalité;  il  reste  du  muriate  de 
chaux  avec  excès  de  base  , c’est  le  phosphore  de  Hamberg , 
qui  répand  la  clarté  dans  l’obscurité , sur-tout  si  on  le 
frotte  avec  une  lame  de  fer. 

Il  est  susceptible  de  deux  fusions.  — Fusion  aqueuse  j 
et  fusion  ignée. 

Si  pendant  sa  fusion  ignée  , ou  y plonge  des  barreaux 
de  fer,  ils  s’encroûtent  , et  si  on  les  laisse  ensuite  dans  j 
l’obscurité  , ils  jettent  une  belle  lumière  phosphorique. 

Exposé  à l’air,  il  se  résout  en  liqueur,  c’est  ce  qu'on 
appeloit  autrefois  huile  de  chaux. 

L’énergie  avec  laquelle  le  muriate  de  chaux  sec  absorbe 
l’humidité  de  l’air , l’a  fait  employer  par  Lavoisier  pour 


Muriate  de  Chaux. 


1 3 5 


-.dessécher  les  gaz,  sur-lout  lorsqu’il  reformoit  de  l’eau  avec 
de  gaz  hydrogène  et  le  gaz  oxigèue.  Cette  substance  peut 
îtrés-bien  remplacer  la  potasse  caustique. 

Le  muriate  de  chaux  se  dissout  dans  le  quart  de  son 
kioids  d’eau,  c est  un  hygromètre  fidèle  qui  absorbe  vive- 
(rnent  l’humidité  de  l’air  : ainsi  on  expose  un  poids 
buelconque  de  muriate  de  chaux  desséché  dans  un  vo- 
nume  d’air  déterminé  , on  voit  qu’on  en  obtiendroit  la 
[counoissance  du  poids  réel  et  effectif  de  l’eau  que  pourrait 
(«contenir  l’air. 

Ce  que  nous  venons  de  dire,  prouve  que  ce  sel  a une 
•très-grande  affinité  avec  l’eau  , mais  il  ne  se  cristallise 
que  difficilement.  Cependant,  par  une  évaporation  con- 
venable ( 24  degrés  à l’aréomètre  de  Mossj  ) , sa  solu- 
tion fournit  des  cristaux  dont  la  forme  est  celle  d’un 
•prisme  à six  pans  égaux,  avec  des  pyramides  à six  faces. 

Lorsqu  on  a beaucoup  rapproché  la  solution  du  mu- 
viate  calcaire,  elle  se  refroidit  sans  se  cristalliser  , si  elle 
rst  dans  un  repos  absolu  -,  mais  si  l’on  vient  à l’agiter  tout 
u coup,  elle  se  prend- en  une  masse  solide  et  dure  comme 
de  la  pierre  , d où  il  se  dégage  une  grande  quantité  de 
(calorique. 

MM.  Guy  ton  , F 'ourcroy  et  Vauquelin  ont  fait  quel- 
ques expériences  sur  la  congélation  de  différens  liquides 
• par  un  froid  artificiel. 

Ils  ont  vu  qu’une  partie  de  muriate  de  chaux  cristallisé 
et  deux  parties  de  neige,  firent  descendre  le  thermomètre 
de  Rcaumur  e n se  liquéfiant,  à 34  — o. 

Huit  parties  de  muriate  de  chaux  et  six  parties  de  neige 
i mêlées  dans  un  vase  de  verre  , ont  donné  — o. 

8^5,1  H S1’-  ( 27  onces  ) de  muriate  de  chaux  cristallisé 


1 36  Muriate  de  Chaux. 

et  560,296  gr.  (18  onces  ) de  neige  , le  thermomètre  des- 
cend à 38  — o. 

Un  autre  mélange  de  246,676  gr.  ( 8 onces  ) de  murLte 
de  chaux,  i83,432  gr.  ( 6 onces  ) de  neige,  formé  dans 
un  yase  de  verre  et  placé  dans  le  premier  mélange  fondu, 
si  on  y plonge  un  thermomètre  , on  obtient  43  — o de 
froîcl.  v 

Les  acides  sulfurique , nitrique,  décomposent  aussi  le 
muriate  de  chaux  en  s’emparant  de  sa  base. 

L’acide  phosphorique  décompose  aussi  ce  sel,  mais  en 
partie,  ou  jusqu’à  ce  qu’il  ait  formé  du  phosphate  acide 
de  chaux  , par  la  voie  humide,  et  complètement  par  la  voie 
sèche. 

Nous  verrons  aussi  que  les  acides  oxalique  et  tartarique 
décomposent  ce  sel. 

La  barite , la  strontiane , la  potasse  et  la  soude  décomposent 
le  muriate  de  chaux , parce  qu’ils  ont  avec  l’acide  muriatique 
plus  d’affinité  que  cette  terre.  Quand  la  potasse  ou  la 
soude  dissoute  sont  versées  dans  une  dissolution  très-saturée 
de  muriate  de  chaux,  la  chaux  s’en  dépose  si  abondamment 
que  la  liqueur  devient  épaisse -,  c’est  ce  qu’on  uommoit 
miracle  chimique.  C’est  encore  un  exemple  de  deux 
liquides  qui  forment  par  leur  mélange  , un  solide. 

L’ammoniaque  ne  le  décompose  en  aucune  manière  1 
lorsqu’elle  est  bien  pure.  Si  elle  se  trouve  mêlée  d acide 
carbonique  , alors  il  y aura  double  affinité  , et  il  se  for- 
mera du  carbonate  de  chaux. 

Tous  les  sulfates  , excepté  celui  de  chaux  , avec  le 
muriate  calcaire  , éprouvent  réciproquement  des  décom-  i 
positions  ; il  se  forme  dans  toutes  ces  circonstances  du 
sulfate  de  chaux , et  des  muiiates  différons,  suivant  la 


Muriate  cC  Ammoniaque.  1 3 7 

«nature  des  sulfates  employés.  Quelques  phosphates,  fluates, 
r borates  et  carbortntes,  sur-tout  alcalins,  décomposent  aussi 
• le  muriate  calcaire. 

Le  muriate  de  chaux  n’est  d usage  qu’en  médecine  ; 
m.  Füurcr'oy  l’a  proposé  comme  un  fondant  très-actif  : il 
*se  dissout  dans  son  poids  d’alcool  , ce  qui  donne  une 
^grande  facilité  pour  le  séparer  des  autres  sels  auxquels 
! il  est  mêlé.  Ce  sel  , ainsi  dissous  dans  l’alcool  , brûle  avec 
une  flamme  d’un  beau  rouge  ; il  faut  avoir  soin  d’agiter 
pendant  l'inflammation  -,  plus  la  liqueur  s épaissit  , plus 
1 elle  rougit. 

§•  ci. 

Muriate  d' Ammoniaque . 

Ce  sel  a été  nommé  par  les  anciens  , sel  ammoniac  , 
•parce  qu’on  le  retiroit  de  l’Ammonie  , contrée  de  la  Lybie 
:où  étoit  situé  le  temple  de  Jupiter-Ammon. 

Ce  sel  existe  en  petite  quantité  dans  la  nature , aux 
•environs  des  volcans  , au  Vésuve  , vers  l’Elna  , et  inêtâe 
•au  Vivarais  , où  il  se  présente  sous  différentes  couleurs-, 
jisavoir  le  gris  , le  noirâtre,  le  rouge,  le  vert,  etc.  : mais 
I d est  impur,  combiné  ordinairement  avec  de  l’arsenic 
et  du  fer. 

D après  Wallerius , on  le  trouve  en  Perse,  dans  le 
1 urquestan  -,  il  est  mêlé  avec  de  la  terre,  ou  en  efflo- 
rescence sur  des- rochers  ; en  Bucharie  , sur  des  roches 
schisteuses-,  en  Sibé  ie  , dans  le  territoire  d’Orenbourg. 

Il  esl  quelquefois  en  dissolution  dans  les  eaux  de  cer- 
.tams  lacs  de  toscane  ; il  existe  aussi  dans  quelques 


i38 


Muriate  ci  Ammoniaque. 

montagnes  de  la  Tartarie  et  duThibet;  dans  les  cavernes 
ou  grottes  de  Solfatarre  , près  de  Pouzzole,  etc. 

Le  muriate  d’ammoniaque  du  commerce  est  le  pro- 
duit de  Tait  -,  c’est  particulièrement  en  Egypte  qu  on 
fabrique  cette  substance  saline,  avec  les  excrémens  des 
animaux  ruminans  qui  se  nourrissent  des  plantes  salées. 
Pour  cela  , on  ramasse  la  fiente  de  bœufs  , de  chameaux, 
et  de  plusieurs  autres  animaux  -,  on  la  fait  dessécher  en  i 
rappliquant  à la  surface  des  murs  , et  on  la  brûle  en-  | 
suite  dans  les  foyers ‘domestiques  pour  se  chauffer. 

La  suie  qui  résulte  de  la  combustion  de  ces  matières 
est  recueillie  avec  soin  , et  on  la  met  dans  de  grands  : 
ballons  de  verre,  d’environ  io  à 12  pouces  de  diamètre  , 
lûtes  avec  le  limon  du  Nil , et  terminés  par  un  col  d un 
pouce  de  long  sur  2 de  large.  Ou  les  expose  sur  une  | 
galère  couverte  d’une  voûte  à l’action  d’un  feu  assez  vif, 
que  l’on  continue  pendant  soixante-douze  heures.  Le  feu,  1 
qui  est  alimenté  avec  la  fiente  desséchée,  doit  être  gradué  i 
avec  beaucoup  de  soin.  Lorsque  la  sublimation  est  coin-  j 
mencée  , on  a 1 attention  d introduire  de  teins  en  tems  1 
un  fil  de  fer  , pour  empêcher  que  le  col  du  matras  né  i 
s’obstrue.  Le  sel  ammoniac  s’élève  à la  partie  supérieure  | 
du  ballon  , où  il  s’attache  et  prend  la  forme  d une  demi-  : 
sphère  creuse  ; les  matières  charbonneuses  et  fuligineuses  1 
restent  au  fond , parce  qu’elles  11e  sont  pas  volatiles  ; 
il  y a cependant  toujours  un  peu  d’huile  empyreuma- 
tique  à moitié  décomposée,  qui  se  volatilise  aussi,  cl 
qui  colore  les  pains  de  sel  ammoniac  par  la  partie  supé- 
rieure. 

Il  s’est  élevé  plusieurs  manufactures  dans  lesquelles 
on  fabrique  le  sel  ammoniac  de  toutes  pièces,  en  dis- 


DÏuriate  dJ Ammoniaque.  1 3;) 

tillant  toutes  sortes  de  matières  animales  dans  des  espèces 
de  fourneaux  qui  font  l'office  de  grandes  cornues  , et  en 
mêlant  le  produit  aqueux  , chargé  de  carbonate  d'ammo- 
niaque, avec  des  eaux-mères  des  saiines  des  départemens 
■le  la  Meurthe  , du  Jura  , du  Mont-Blanc,  etc.  , qui 
ontiennent  des  muriates  de  chaux  et  de  magnésie.  Ces 
:els  sont  décomposés  par  le  carbonate  d’ammoniaque  , 

laide  dune  double  attraction,  dans  laquelle  lacide 
muriatique  s’unit  à l alcali  volatil  , et  l’acide  carbonique 
i la  chaux  et  à la  magnésie.  Ces  deux  dernières  coin- 
nnaisous  étant  insolubles  , se  précipitent  , et  le  muriate 
1 ammoniaque  reste  dans  la  liqueur  : on  fait  évaporer 
■elle-ci  jus  qu’à  siccité  ; on  sublime  ensuite  le  sel  dans 
les  vases  de  terre  , qui,  en  s’ouvrant  en  deux  parties, 
militent  1 extraction  de  la  matière,  et  peuvent  servir  à 
lusieurs  opérations. 

Dans  la  Belgique  et  quelques  cantons  d’Allemagne  , on 
\brique  le  sel  ammoniac  en  brûlant  un  mélange  de  charbon 
■e  terre  , de  suie,  d argile  et  de  muriate  de  soude.  On  dis- 
mut du  sel  marin  dans  une  quautité  suffisante  d’eau,  et 
n forme  du  tout  des  briques  ovales  de  6 pouces  de 
►>ng , larges  de  3 pouces  8 lignes,  épaisses  de  2 lignes. 

On  brûle  à la  fois  i5  à 18  briques  avec  des  os  qu’on 
1 iterpose  entre  les  briques  , dans  un  petit  foyer  qui 
ommimique , par  une  petite  ouverture  de  2 pouces  de 
iamètre  placée  à la  hauteur  de  la  partie  du  fourneau  , 
ans  une  chambre  oblongue  et  voûtée.  J^a  suie  qui  s’est 
xce  sur  la  voûte  et  les  parois  de  la  chambre,  est  lé- 
ere  et  riche  en  sel.  On  sublime  dans  des  caisses  de 
erre. 

MM.  Leblanc  et  Dizé  , dans  leurs  manufactures  à Saint- 


\\o  Murialc  d’ Ammoniaque. 

Denis  , combinoient  directement  l’acide  muriatique  , retire  i 
du  sel  marin  par  l’acide  sulfurique,  avec  le  produit  des 
matières  animales  distillées  dans  des  tuyaux  de  fonte. 

Baume  a aussi  préparé  pendant  longteras  ce  sel  ; il  I 
se  servoit  de  matières  animales. 

Dans  les  laboratoires  de  chimie , on  prépare  ce  sel 
en  mêlant  directement  de  l acide  muriatique  avec  de 
l’ammoniaque  ; mais  il  faut  avoir  soin  de  mettre  excès 
d’ammoniaque  : on  fait  évaporer  à une  douce  chaleur  ^ 
et  on  fait  cristalliser. 

On  fait  maintenant  en  France,  et  à peu  de  frais,  du 
muriate  d’ammoniaque. 

C’est  à MM.  Pluvinet  et  Bourlier  que  nous  devons 
le  procédé  que  l’on  suit  aujourd’hui. 

On  met  des  matières  animales  , des  os,  des  chiffons 
de  laine,  dans  de  grands  tuyaux  de  fonte  de  fer  qui 
traversent  des  fourneaux;  ces  cylindres  sont  fermés  par 
une  extrémité,  et  par  l’autre  se  dégage  le  gaz  ammoniacal,^ 
qui  est  conduit  par  des  tuyaux  dans  des  cuves  pleines 
d’eau.  Ce  produit  est  composé  dhuile  animale  et  de 
carbonate  d’ammoniaque  liquide.  On  sépare  avec  soin 
l’huile  qui  surnage  ; on  filtre  ensuite  le  carbonate  d’am- 
moniaque à travers  une  couche  de  sulfate  de  chaux  cal- 
ciné et  broyé  : celle  couche  est  disposée  sur  nue  toile 
bien  tendue';  ou  renouvelle  trois  fois  la  filtration,  pour 
que  la  décomposition  soit  complète,  et  pour  qne  la  li- 
queur ne  contienne  plus  que  du  sulfate  d’ammoniaque. 
Dans  quelques  fabriques,  on  reçoit  le  produit  liquide 
dons  des  cuves  dans  lesquelles  pn  a délayé  le  sulfate 
de  chaux  avec  de  l’acide  sulfurique  très-étendu  d’eau, 
jusqu’à  consistance  de  bouillie  claire;  il  se  précipite  du 


Muriate  (V Ammoniaque.  41 

carbouate  de  chaux.  On  décompose  ensuite  le  sulfate 
I d'ammoniaque  par  le  muriate  de  soude,  à l'aide  de  IV:- 
bullilion  , qui  forme  du  muriate  d’ammoniaque  et  du 
isulfate  de  soude  -,  on  Jes  sépare  en  cristallisant  et  subli- 
mant. Lo  muriate  dammoniaque  se  sublime  ; on  y ajoute 
.quelquefois  un  peu  de  suie  pour  noircir  les  pains,  lors- 
qu’on veut  l’employer  pour  décaper  les  métaux  ou  pour 
•souder  : celui  qui  u’est  pas  noir  n’est  pas  estimé  de  ceux 
qui  s’en  servent  à cet  usage. 

Ce  sel  a une  saveur  piquante  , âcre,  huileuse  et  am- 
moniacale. 


Il  est  légèrement  ductile  ; il  est  flexible  à la  main  ; 
il  s applatit  lorsqu’on  le  presse  , et  cède  au  choc  du 
.marteau  : de  là  vient  qu’il  est  très-difficile  à piler.  Sa 
«pesanteur  spécifique  est  à celle  de  l’eau  dans  le  rapport 
kle  453  o à 10000. 

* 

Le  calorique  ne  le  décompose  pas,  mais  il  le  réduit  en 
vapeurs. 


Ce  sel  contient,  comme  tous  les  sels  ammoniacaux, 
un  peu  d’huile  -,  voilà  pourquoi  il  noircit  en  le  chauf- 
fant. Une  partie  de  t’1  luile  se  carbonise. 

Si  on  le  jette  sur  des  charbons  , il  se  volatilise  promp-’ 
temeut  en  fumées  blanches  ; et  si  on  y applique  un  vase 
renversé  , il  se  tapisse  de  poussière  blanche  5 c’est  du 
muriate  d’ammoniaqiu . 

Lorsqu  on  opère  en  grand,  il  faut  avoir  un  matras  à 


long  col  , et  boucher  le  bout  avec  du 


papier  , pour  n eu. 


■pas  perdre. 

Cj  unie  ee  sel  est  tres-voiatil  , on  emploie  ce  moyen 
[ > puiifier.  Lmnii  a dit  qu’on  peut  opérer  cette 

sublimation  dans  des  vase»  qu’il  appelle  circulaires,  c’esL- 


t 


3 4a  Muriate  et  Ammoniaque. 

à-dire  , coupés  tout  autour,  ou  bien  dans  des  vases  s ou- 
vrant comme  des  boîtes  à savonnettes. 

Ce  sel  n’est  point  altéré  par  1 air. 

11  demande  3 parties  et  demie  d’eau  à la  température  de  I 
10  degrés  Réaumur  pour  se  dissoudre.  L'eau  bouillante 
en  dissout  poids  égal  , de  manière  qu  elle  en  dépose  une 
grande  quantité  par  le  refroidissement. 

Mélé  avec  la  glace,  il  produit  un  froid  considérable. 

Sa  forme  est  celle  d’un  prisme  à quatre  pans,  terminé 
par  des  pyramides  à quatre  faces. 

Quelques  acides,  et  spécialement  l’acide  sulfurique, 
décomposent  ce  sel  -,  il  résulte  de  l’acide  muriatique  et  du 
sulfate  d’ammoniaque.  . 

Mêlé  avec  l’acide  nitrique  , il  forme  une  espèce  d’eau 
régale  qui  dissout  bien  l'or. 

Le  muriate  d’ammoniaque  est  décomposé  parla  bante,  ; 
la  strontiane  , la  cliaux.  La  magnésie  ne  décompose  qu’à 
moitié  ce  sel,  à froid-,  il  se  forme  un  sel  triple  : quand  j 
on  emploie  l’action  du  calorique , la  décomposition  est 
totale. 

C’est  avec  la  chaux  qu’on  décompose  le  muriate  d am- 
moniaque , pour  en  obtenir  l’ammoniaque. 

Pour  faire  celte  opération  , l’on  prend  ordinairement  ! 
une  partie  et  demie  de  chaux  vive  et  une  de  muriate 
d ammoniaque  , quelquefois  parties  égales;  on  pulvérise  j 
la  cbaux  et  le  muriate  séparément;  on  les  mélangé  ; en- 
suite on  introduit  le  tout  dans  une  bonne  cornue  de  grès  | 
qu’on  a eu  soin  de  bien  luter  avec  (Je  la  terre  jaune  : ou 
saupoudre  la  surface  du  mélange  d’une  couche  de  chaux  ; 
pulvérisée , qui  empêche  que  le  muriate  d’ammoniaque  j 
ne  passe  çhuis  le  récipient;  ou  place  la  cornue  dans  uni 


Mu  riate  d’ Ammoniaque.  , ^3 

fourneau  de  réverbère  ; on  y adapte  une  alonge  qui 
•communique  à un  ballon  tubulé  , auquel  on  adapte  un 
itube  recourbé,  dont  l’extrémité  plonge  dans  un  flacon  à 
trois  tubulures  : de  la  deuxième  tubulure  part  un  autre 
ube  que  l’on  fait  communiquer  à un  autre  flacon  : si 
leux  ne  sulliseut  pas,  on  peut  en  mettre  un  troisième, 
i l faut  avoir  soin  clc  placer  des  tubes  de  sûreté  dans  une 
les  tubulures  de  chaque  flacon  , et  de  verser  dans  les 
laçons  autant  d’eau  distillée  qu’on  a employé  de  mu- 
date  cl  ammoniaque.  Quand  l’appareil  est  bien  luté  , on 
commence  à chauffer  très-cloucement , se  guidant  sur  le 
legagemeut  de  l’ammoniaque  , diminuant  le  feu  s’il  est 
rbp  fort  , I augmentant  s il  est  trop  foible. 

On  trouve  dans  l’allonge  ou  dans  le  ballon  de  l’eau 
provenant  du  muriate  d’ammoniaque;  elle  est  chargée 
ammoniaque  impure,  parce  quil  y a toujours  un  peu 
e muriate  d ammoniaque  de  volatilisé;  dans  le  deuxième 
tcon  est  1 ammoniaque  liquide,  qu’on  appeloit  autrefois 
leali  volatil  fluor. 

L acicle  muriatique  reste  dans  la  cornue  uni  à la  chaux, 
i 1 ou  chauffe  fortement  ce  muriate  de  chaux,  il  se  vi- 
ifie  et  acquiert  la  propriété  phosphorescente , d’où  lui 
!ent  le  nom  de  phosphore  de  Humberg , parce  que, 
,Jtte  dans  l’obscurité,  il  répand  des  traces  de  lumière 

’ sez  VlVe , qui  sont  ducs  probablement  à une  grande 
xpression  du  calorique. 

C.Jl  j 1 

1 na  pas  été  assez  chauffé  , c’est  un  simple  mélange 
llale  de  chaux  avec  excès  de  chaux  , qui  , exposé 
ans  un  lieu  humide  , se  fond  en  partie,  et  se  réduit  eu 

| 1 lu  1 pais  et  doux  au  toucher;  ce  qui  lui  a valu. 

1 dénomination  à' huile  de  chaux. 


Muriate  de  Magnésie. 


La  chaux  en  poudre,  et  triturée  avec  le  muriate  d’am-  j 
moniaque  , dégage  aussi  du  gaz  ammoniaque. 

La  potasse  et  la  soude  décomposent  le  muriate  am- 
moniacal, comme  fait  la  chaux,  et  en  dégagent  de  meme  j 
l’ammoniaque  pure  et  sous  forme  de  gaz. 

Parmi  les  sels,  quelques  sulfates,  phosphates  , fluates , 
borates  et  carbonates  , ont  la  propriété  de  décomposer  le 
muriate  d’ammoniaque. 

Les  proportions  de  ces  principes  sont,  d’après  Kirwan: | 

Ammoniaque,  z5  ; acide  muriatique,  4^,7 5 i eau> 

Ce  sel  est  très-utile  dans  les  arts. 

Il  sert  en  teinture  pour  aviver  certaines  couleurs; 
pour  étamer  les  métaux,  dont  il  décape  la  surface  et 
l'empèche  de  s’oxider  : on  l’emploie  en  docimasie,  pour 
reconnoître  la  présence  du  fer  dans  les  minéraux  , parce 
quil  en  favorise  la  sublimation;  enfin,  il  est  très-usité 
eu  médecine  , pour  la  préparation  des  médicameus,  tant 
externes  qu’internes. 


§•  lii. 

Muriate  de  Magnésie. 


On  trouve  souvent  ce  sel  en  solution  dans  les  eaux  f 


On  le  prépare  en  mêlant  directement  de  la  magnésie 
avec  de  l’acide  muriatique,  jusqu’au  point  de  saturation 
un  filtre  et  l’on  évapore. 


6a  saveur  est  amère  , acre  , piquante. 


Muriate  de  Magnésie. 


i45 


Il  est  décomposé  par  la  chaleur  qui  en  chasse  l’acide  ' 
it  la  magnésie  reste  pure. 

11  attire  l’humidité  de  l’air,  et  se  résout  en  une  sorte 
te  bouillie  ou  d’huile  très-douce  à la  peau. 

Sa  solution  dans  l’eau  cristallise  difficilement  ; quel- 
quefois il  est  en  lames  ou  en  prismes  tétraèdres  ; mais 
; plus  souvent  ce  sel  est  mou,  et  n’offre  que  rarement 
-es  formes  régulières. 

Il  se  dissout  dans  son  poids  d’eau.  Il  est  également 
bluble  dans  l’alcool. 

Lorsque  ce  sel  est  pur  et  bien  cristallisé , il  donne 
u froid  en  se  dissolvant  dans  l’eau  ; mais  s’il  a été  des- 
éché , il  produit  un  effet  contraire.  Ces  deux  propriétés 
»nt  communes  à tous  les  sels  qui  absorbent  beaucoup 
:eau  pour  se  cristalliser-,  et  l’on  en  voit  facilement  la 
ison,  en  considérant  l’eau  qu’ils  solidifient. 

Les  acides  sulfurique  et  nitrique  décomposent  le  mu- 
ate  de  magnésie. 

Pour  opérer  ces  décompositions,  il  faut  distiller  dans 
«e  cornue  de  verre  un  mélange  d’une  partie  de  cet 
,lde  et  de  deux  parties  de  muriate  de  magnésie.  L’a- 
le de  ce  dernier  se  volatilise,  tandis  que  les  deux  autres 
«us  pmssans  se  combinent  avec  la  magnésie,  et  forment 
J sulfate  ou  du  nitrate  magnésien. 

Avec  l’acide  nitrique,  on  obtient  de  l’acide  muriatique 


■acique  en  dégage  l’acide  muriatique  par  la 


ane  et  les  alcalis  décomposent  lo 
»i  ies  alcalis  sont  bien  caustiques  , 


2. 


ï4.6  Muriate  avvnoniaco-magnésicn. 

Les  alcalis  en  excès  ne  dissolvent  pas  la  magnésie,  ; 
comme  ils  le  font  par  l’alumine  -,  ce  qui  donne  un  très- 
bon  moyen  de  séparer  ces  deux  terres,  lorsqu'elles  se 
trouvent  réunies  dans  quelques  dissolutions. 

L’ammoniaque  n*en  opère  pas  la  décomposition  corn-  J 
plète  , parce  qu’il  se  forme  une  espèce  de  sel  triple,; 
muriate  ammoniaco-magnésien,  cristallisable  avec  la  portion  j 

subsistante  de  muriate  magnésien. 

Le  muriate  magnésien  décompose  les  sulfates  et  nitrates, 1 
à bases  d’alcalis  fixes  et  d’ammoniaque  , par  la  voie  de.j 
doubles  affinités  -,  mais  , pour  s’assurer  de  ces  décompo-  ; 
sitions,  il  faut  évaporer  du  mêler  avec  l’alcool  , les 
solutions  de  ces  sels  , versées  sur  la  solution  M 
muriate  de  magnésie  , parce  que  les  matières  salines 
nouvelles  qui  en  résultent  , restent  en  solution  dans: 

la  liqueur  aqueuse  , après  le  mélange.  I 

Le  muriate  de  magnésie  est  très-soluble  dans  1 alcool 
et  brûle  avec  une  flamme  jaunâtre  , qui  rougit  sur  la  fini 
de  l’opération. 

Les  proportions  de  ce  sel , d’après  Bergrnann  , sont . 
magnésie,  4i  ; acide  muriatique  , 34',  eau,  *5. 

Le  muriate  de  magnésie  n’est  presque  d aucun  usage 

§•  LUI 

Muriate  ammoniaco-magnésien . 

Bergrnann  a le  premier  indiqué  cette  combinaison  triple 
et  M-  Fourcroy  l’a  fait  conuoître  plus  positivement.  L- 

muriate  ammoniaco-magnésienest  susceptible  de  cristallisa 

en  petits  polyèdres  qui  se  séparent  très-vite  de  l’eau.  ? 


Muriate  de  Glucine. 

II  a une  saveur  amère  et  ammoniacale  à la  fois. 

Ou  le  prépare  de  trois  manières  différentes.  La  pre- 
mière consiste  à mêler  des  solutions  de  muriate  de 
magnésie  et  de  muriate  d’ammoniaque;  on  voit  se  déposer 
?e  sel  triple  en  petits  cristaux.  La  seconde  appartient  à 
a demi -décomposition  du  muriate  d’ammoniaque  par  la 
magnésie  à froid,  et  par  l’agitation  de  la  solution  de 
îe  sel  avec  cette  terre;  et  la  troisième  , a celle  du  muriate 
te  magnésie  par  l ammoniaque.  Suivant  M.  Fourcroy , le 
premier  procédé  est  le  plus  certain  , et  donne  le  sel  le 
dus  pur. 

Ce  sel  triple  se  décompose  au  feu , Je  muriate  d’ammo- 
niaque s’en  volatilise,  et  celui  de  magnésie  perd  son  acide. 

1 est  peu  altérable  à I air.  L’eau  froide  ie  dissout  à la 
ose  de  6 à 7 parties  sur  une  ; l’eau  chaude  en  dissout 
-avantage.  Les  acides  le  décomposent  à la  manière  des 
mtres  muriales.  La  barite  , la  potasse  , la  soude  , la 
rtontiane  et  la  chaux  en  précipitent  complètement  la 
magnésie  , et  en  dégagent  entièrement  l’ammoniaque  sous 
i forme  de  gaz.  M.  Fourcroy  a trouvé  , eu  analysant 
e se*  ’ il  œntenoit  sur  cent  parties  : muriate  de  ma- 
nésie,  ’jS  ; muriate  d’aimnouiaque , 27.  Ce  sel  a est 
•.aucun  usage. 

S-  LIV. 

Muriate  de  Glucine. 

Ce  sel  a beaucoup  de  propriétés  analogues  h celles  du 
dtrale  ( ï oyez  ce  sel  ) : il  n’en  diffère,  1°.  qu’en  ce  qu’il 
e cristallise  plus  facilement  ; cepeudaut  ses  distaux  sont 


i£8  Muriate  d’ Alumine. 

si  petits,  qu’il  a été  impossible  à M.  Vauquelin  déni 
reconnaître  la  forme  -,  2°.  que  parce  qu’il  n’attire  pas  : 
l’humidité  de  l’air. 

Quoiqu’il  ne  soit  pas  déliquescent  , il  est  assez  abon-j 
damment  dissous  par  l’alcool,  et  cette  solution  etendue| 
d’eau  , forme  une  liqueur  sucrée  fort  agréable.  Ce  sel  est| 
décomposé  par  toutes  les  bases  précédentes.  Ce  sel  nest, 
encore  d’aucun  usage. 


S-  LV. 


Muriate  d’ Alumine. 

Ce  sel  ne  se  trouve  pas  dans  la  nature. 

On  unit  l’acide  muriatique  à l’alumine  non  calcinée  * 
mais  il  est  difficile  de  saturer  parfaitement  l’acide. 

On  ne  peut  pas  l’obtenir  sous  une  forme  régulière. 

Il  rougit  le  sirop  de  violette. 

Sa  saveur  est  styptique  , comme  1 alun  , acide  et  âcre. 

Il  gonfle  les  peaux  : on  croit  même  que  les  cuirs  dt 
Hongrie  sont  préparés  avec  du  muriate  d alumine  , parc< 
qu’on  j emploie  du  muriate  de  soude  et  du  sulfate  d a- 
lurnine  -,  de  manière  qu’il  se  forme  une  décompositioi 
dans  la  trempe  des  peaux  : dans  ce  mélange  , 1 acide  mu- 
riatique du  muriate  de  soude  se  porte  sur  1 alumine  , e 
l’acide  sulfurique  du  sulfate  d’alumine,  sur  la  soude  ; et 
sorte  qu’il  se  forme  du  sulfate  de  soude,  qui  est  soluble 
et  du  muriate  d’alumine  qui  s’interpose  dans  les  cuirs,  e 
les  conserve. 

Le  muriate  d’alumine  se  décompose  au  feu  -,  l’alumim 
reste  pure. 


Muriate  de  Zircone. 


ï49 

Il  est  très-déliquescent  à l’air. 

La  solution  de  ce  sel  prend  une  couleur  jaune  par 
•évaporation:  elle  fournit  une  masse  gélatineuse  , demi- 
tfansparente , de  la  même  couleur  que  la  solution , et 
iomme  cornée  , difficile  à réduire  en  poudre. 

Les  substances  terreuses  et  les  alcalis  décomposent  ce 
nuriate.  La  potasse  et  la  soude  ont  la  propriété  de  redis- 
•oudre  le  précipité  d’alumine,  quand  on  met  ces  alcalis 
m excès  , propriété  que  n’a  pas  la  magnésie.  L’ammoniaque 
e redissout  pas  le  précipité. 

Plusieurs  acides  décomposent  ce  sel , sur-tout  l’acid« 
idtrique  et  sulfurique  : en  général  , l’alumine  tient  peu 
ux  acides. 

s.  l y ï. 

Muriate  de  Zircone. 

Lacide  muriatique  est  celui  qui  s’unit  le  plus  amè- 
nent à la  zircone , lorsqu’elle  est  divisée  ou  combinée 
Yec  l’acide  carbonique  -,  mais  elle  refuse  absolument  de 
ormer  cette  unio»  , si  on  la  fait  rougir , même  légèrement  : 

est  donc  important  de  ne  pas  dessécher  celte  terre  à 
-ne  forte  chaleur  , lorsqu’on  veut  la  combiner  avec  les 
teides. 

Le  muriate  de  zircone  n’a  point  de  couleur;  sa  saveur 
i:st  astringente. 

Le  calorique  le  décompose  , il  en  chasse  l’acide. 

Il  forme  des  grumeaux  dans  la  bouche  , en  se  décom- 
posant par  la  salive. 

Ce  sel  perd  sa  transparence  à l’air  , eu  perdant  una 
oartie  de  son  eau  de  cristallisation. 


i5o  Muriale  de  Zircone. 

Une  dissolution  de  gaz  hydrogène  sulfure  dans  1 eau 
mêlée  à une  solution  de  muriate  de  zircone , tenant  i 
du  fer  , en  trouble  la  transparence  , et  lui  donne  une 
couleur  rougeâtre , mais  n’y  occasionne  pas  de  véritable 
précipité. 

L’hydro-sulfure  d’ammoniaque  précipite  sur-le-champ 
ce  sel  en  un  très  beau  vert , qui  paroit  noir  lorsqu  il  est 
sec;  ce  précipité,  exposé  sur  les  charbons  ardens  , répand 
une  odeur  de  gaz  hydrogène  sulfuré  , et  devient  d un  bleu 
légèrement  purpurin  par  la  pulvérisation;  tandis  qu  avant 
d’avoir  été  chauffé  , il  donne  une  poudre  d’un  gns  de 
perle  : cette  couleur  est  due  à l’oxide  de  fer  combiné: 
à la  zircone. 

Ce  sel  jouit  d’une  solubilité  assez  grande;  il  se  dis- 
sout également  dans  l’alcool,  à la  flamme  duquel  il  nt 
communique  pas  de  couleur  particulière.  / 

La  solution  de  ce  sel  fournit,  par  une  évaporatior 
ménagée,  de  petites  aiguilles  transparentes  , dont  la  forme 
est  très-difficile  à déterminer. 

Lorsque  le  muriate  de  zircone  contient  encore  quelque 
portions  de  silice,  il  donne  des  cristaux  cubiques,  qui  sofii 
sans  consistance  , et  ressemblent  à une  gelée.  Ces  cristaul 
cubiques,  exposés  à l’air,  perdent  peu-a-peu  leur  trans 
parence,  et  diminuent  de  volume;  il  se  forme,  dans  11 
masse  même  de  ce  sel , des  aiguilles  blanches  et  soyeuses: 
qui  sortent  au-dehors  des  cubes  où  elles  out  pris  naissanc. 

Une  lame  de  zinc,  mise  dans  une  solution  de  mu 
riate  de  zircone,  donne  naissance  à une  légère  efferves 
cence  , due  à du  gaz  hydrogène  ; la  liqueur  devient  la 
teuse , et  se  prend  en  gelée  blanche  , demi-transparen' 
au  bout  de  quelques  jours. 


Muriate  de  Zircone.  î5i 

Les  snbstances  terreuses  décomposent,  ce  sel , ainsi  que 
ses  alcalis. 

L’alumine  pure  le  décompose  , à l’aide  d’une  légère 
ilialeur  ; l’alumine  se  dissout  , la  liqueur  devient  laiteuse, 
it  se  prend  en  gelée  par  le  refroidissement.  Lorsque  le 
Buuiate  de  zircone  contient  du  fer,  il  reste  en  dissolution 
ivec  l’alumine  ; et  la  zircone  , qui  a été  précipitée  par  ce 
îioyen  , ne  contient  plus  sensiblement  de  ce  métal  ; c’est 
<ionc  un  moyen  simple  et  facile  de  dépouiller  cette  terre 
lu  fer  qui  l accompagne  dans  les  hyacinthes  , et  qui  y lient 
avec  beaucoup  de  force. 

L’affinité  de  la  zircone  pour  \|’acide  muriatique  suit 
•te  même  ordre  que  pour  l’acide  nitrique  , relativement  aux 
tolcalis  et  aux  terres. 

Le  muriate  de  zircoue  est  décomposé,  i°.  par  1 acide 
■sulfurique  -,  une  partie  du  sultate  de  zircone  forme  se 
nrécipite  sous  la  forme  de  flocons  blancs  , très-pesans  , et 
une  autre  portion  est  retenue  en  solution  par  1 acide 
muriatique:  mais,  à l’aide  de  la  chaleur  , cet  acide  se 
llissipant  , le  reste  du  sulfate  de  zircone  se  dépose  à 
mesure  ; et  si  l’on  arrête  l’évaporation  de  la  liqueur  avant 
jrju’elle  ne  soit  réduite  à siccite , elle  se  prend  en  une 
■espèce  de  gelée  par  le  refroidissement.  Le  sulfate  de 
zircone  est  donc  soluble  dans  1 acide  muriatique  , so- 
lubilité qui  est  encore  augmentée  par  l’intermède  du 
calorique. 

2°.  Les  acides  phosphorique,  citrique  , tartarique  , oxa- 
lique, sachlactique , décomposent  le  muriate  de  zircone  , 
i forment  avec  sa  base  des  composés  insolubles  , qui  sc 
;j  précipitent  en  flocons  blancs. 

3°.  L acide  galliquc  précipite  le  muriate  de  zircone  en 


’ï  5 2 Muriaies  oxigénés  \ mu  ri  aie  s mr-ôxîg.  ; etc*. 

line  ùiatière  blanche , et  en  vert  grisâtre  , si  elle  contient 
«lu  fer  ; et  le  dépôt  qu’il  forme  dans  ce  dernier  cas  , de-  : 
vient,  en  se  séchant,  d'un  noir  luisant,  qui  a le  même  j 
aspect  que  l’encre  de  la  Chine.  La  liqueur,  au  milieu  de 
laquelle  les  gallates  de  zi rcone  et  de  fer  ont  été  formés, 
conserve  une  couleur  verdâtre;  et,  quoique  de  nouvelles 
quantités  d’acide  gallique  n’y  occasionnent  plus  de  pré- 
cipitation , le  carbonate  d’ammoniaque  en  sépare  une  mar 
tière  floconneuse  très-abondante  , qui  a une  couleur  pur-  i 
purine  , à-peu-près  semblable  à celle  de  la  lie  de  vin. 

On  voit,  d’après  ces  expériences,  que  l'acide  gallique 
a plus  d’affinité  avec  la  zircone  que  l’acide  muriatique  , et  j 
que  les  gallates  de  zircone  et  de  fer  sont  solubles  dan$  i 
l’acide  muriatique  , puisqu’il  en  est  resté  une  partie  ea 
solution  dans  la  liqueur  qui  a été  séparée  par  le  car-  ! 
bonatc  d’ammoniaque. 


§.  L V 1 1. 

Mariâtes  oxigénés  et  mariais  s sur-oxigénés  terreux 

et  alcalins. 

Caractères  génériques  de  ces  sels. 

Les  muriafes  oxigénés  et  sur-oxigénés  résultent  des  ! 
combinaisons  de  l’acide  muriatique  oxigéné  et  sur-oxigéné  j 
avçc  les  différentes  bases.  Tous  ces  sels  sont  le  produit  i 
de  l’art. 

On  obtient  ces  sels  en  faisant  passer  un  courant  de  gaz  i 
acide  muriatique  oxigéné  dans  de  l'eau  distillée  dans  | 

laquelle  on  a dissous  ou  délayé  les  base  s alcalines  et  ter- 

» 1 « '* 


Muriates  oxigénés , muriates  sur-oxig.  ] etc.  1 53 
•reuses  , soit  dans  leur  état  de  pureté  , soit  combinées  avec 
9 acide  carbonique. 

Dans  cette  opération  on  obtient  trois  sortes  de  sels  , les 
muriates  oxigénés  , les  muriates  simples  et  les  mariâtes 
rur-oxigénés  -,  les  deux  derniers  ne  se  forment  que.  lorsque 
acide  muriatique  oxigéné  acquiert  un  certain  degré  de 
concentration  •,  alors  une  partie  de  1 acide  se  sur-oxigene 
iux  dépens  d’une  autre  qui  repasse  a 1 état  d acide  muria- 
ique  simple  , phénomène  qui  détermine  une  affinité 
crédisposante  ; ce  muriate  sur-oxigene  se  forme  , et  il  reste 
dans  la  liqueur  le  muriate  simple  et  le  muriate  oxigén  é 
car  une  grande  partie  de  l’acide  muriatique  oxigene  reste 
En  combinaison  sans  éprouver  de  décomposition.  M.  67m- 
*ievix  a publié  des  observations  très-intéressantes  sur  les 
muriates  oxigénés  et  sur-oxigénés.  Ce  chimiste  prétend 
que  le  muriate  sur-oxigéné  se  forme  aussitôt  que  la  po- 
sasse entre  en  combinaison  -,  de  sorte  que , selon  lui , 
acide  muriatique  oxigéné  ue  reste  pas  dans  cet  état  lors- 
qu’il se  combine  avec  la  potasse  , ou  du  moins  il  n’en  reste 
qu’une  si  petite  partie  , qu’il  ne  lui  attribue  aucune  pro- 
oriété  sensible.  M.  Bertholiet  , au  contraire , pense 
que,  quoiqu’il  puisse  se  former  un  peu  de  muriate  sur- 
jxigéné  de  potasse  , dès  le  commencement  de  l’opéra- 
tion, lorsque  la  dissolution  de  la  potasse  a une  certaine 
concentration,  ce  n’est,  cependant,  que  lorsque  l’acide 
mi-même  est  parvenu  à une  grande  condensation  , qu  il 
subit , pour  la  plus  grande  partie  , le  changement  d’a- 
cide muriatique  oxigéné  , en  acide  sur-oxigéné  ; que  ce 
changement  continue  avec  lenteur  , même  lorsque  le 
iquide  ne  reçoit  plus  d’acide  muriatique  oxigéné  , et 
qu  enfin  les  proportions  de  celui  qui  subit  ce  change- 


î 54  Muriatcs  oxigénés , mimâtes  sur-oxig. , etc. 
ment  peuvent  varier  considérablement  par  differentes 
circonstances. 

II  se  fait  donc  , lorsque  l’acide  muriatique  oxigéné  est 
reçu  dans  une  solution  de  potasse,  differens  cbangemens  J 
qui  varient  selon  les  circonstances  , et  qui  par  conséquent  | 
ne  peuvent  être  indiqués  que  d’une  manière  générale  » 
une  partie  de  l’acide  muriatique  oxigéné  se  change  en 
su r-oxigéné  par  l’accumulation  de  l’oxigène  , qui  abandonne  | 
une  portion  correspondante  d'acide  muriatique  \ cette 
dernière  portion  se  trouve  par  là  dans  l’état  de  muriate 
de  potasse. 

En  même  tems  , une  partie  d’acide  muriatique  oxigéné 
se  condense  sans  éprouver,  par  une  combinaison  plusfoible: 
que  les  précédentes  , d’autre  changement  que  celui  qui 
dépend  d’une  grande  condensation  -,  une  portion  de  la. 
potasse  paroît  correspondre  à cette  combinaison,  et  ce 
n’est  que  par  un  intervalle  de  tems  assez  long  que  1 acide 
muriatique  oxigéné  subit  tout  le  changement  dù  au  trans- 
port de  l’oxigène  ; mais  il  s’établit  enfin  un  équilibre  des 
forces , et  une  portion  de  l’acide  muriatique  oxigené  résiste 
à une  décomposition  ultérieure.  ( Berlhoilet.  ) 

Trois  propriétés  distinguent  et  caractérisent  les  mu  ris  tes 
oxigénés.  i°.  Leur  décomposition  par  la  lumière  et  le  calo- 
rique, qui  en  dégagent  du  gaz  oxigène,  et  qui  dans  1 état 
d acide  muriatique  oxigéné  altère  et  détruit  beaucoup 
de  couleurs,  ce  qui  indique  que  pour  conserver  cet 
acide,  011  doit  le  mettre  à 1 abri  du  contact  de  la  lumière. 
2°.  Leur  utilité  dans  l’art  du  blanchiment.  3°.  Enfin 
l’impossibilité  de  les  examiner  en  particulier,  attendu 
qu’il  11’existe  aucun  moyen  de  séparer  les  muriates  oxi- 
génes  des  sur-oxigéués  sans  les  décomposer. 


Muriâke  sur-oxigéné  de  Potasse.  l55 

Tons  les  muriates  sur-oxigénés  , jettes  sur  les  charbons, 
brûlent  avec  flamme  accompagnée  d un  léger  bruit  ; chauffes 
idans  une  cornue,  ils  se  fondent  et  passent  a 1 état  de 
muriates  en  abandonnant  une  grande  quantité  de  gaz  oxi- 
Cgène  parfaitement  pur. 

Mêlés  avec  les  corps  combustibles  et  exposés  a une 
température  convenable,*  ils  les  enflamment-,  et  quoique 
zcette  propriété  les  rapproche  des  nitrates  , non-scule- 
imeut  l’énergie  de  l’inflammation  , même  par  la  simple 
percussion  , mais  encor  le  résidu  qui  offre  tous  les  carac- 
tères des  muriates , suffisent  pour  distinguer  ces  genres 
I de  sels. 

Tous  les  muriates  sur-oxigénés  sont  solubles  dans  1 eau-, 

: beaucoup  se  dissolvent  dans  l’alcool,  et  quelques-uns  sont 
i déliquescens.  Les  acides  sulfurique,  nitrique  et  muria- 
1 tique  les  décomposent  à une  légère  température. 

Les  muriates  sur-oxigénés  convertissent , a 1 aide  du 
calorique,  les  sulfites  et  phospbites  en  sulfates  et  phos- 
phates; et,  selon  M.  Chenevix  , l altraclion  des  bases  pour 
l’acide  est  dans  l’ordre  suivant  : muriates  snr-oxigéués  d“ 
potasse,  de  soude,  de  barile,  de  strontiane  , de  chaux, 
d ammoniaque  , de  magnésie,  d alumine  et  de  silice. 

Ç.  LVilL 

Muriate  sur-oxigénc  de  Potasse. 

Ce  sel , dont  la  découverte  est  due  à M.  Berlhollet , se 
prépare  en  faisant  passer  dans  une  solution  de  potasse 
caustique  , ou  combiuée  à l’acide  carbonique  , du  gaz  acide 
muriatique  oxigéné. 


1 56  Muriate  sur-oxigènè  de  Potasse . 

L'appareil  dont  on  se  sert  pour  cette  opération  , est  Id 
même  que  pour  1 acide  muriatique  oxigéné  , à cette  diffé- 
rence que  dans  les  flacons  de  JP oulf , au  lieu  d eau  , on. 
met  une  solution  de  potasse,  ou  toute  autre  base  dis- 
soute ou  délayée  dans  l’eau.  C’est  ainsi  que  par  le  mêmç 
appareil  on  peut  préparer  plusieurs  muriates  sur-oxigénés 
à la  fois.  La  meilleure  proportion  à garder  entre  l’eau  et 
la  potasse  , c’est  six  parties  de  la  première , et  une  de  la 
dernière. 

Comme  le  muriate  sur-oxigéné  de  potasse  n’est  pas , à | 
beaucoup  près  , aussi  soluble  que  la  potasse , dès  qu’il 
s’en  est  formé  une  certaine  quantité , il  cristallise  au  j 
milieu  de  la  liqueur  , sous  la  forme  de  paillettes  bril-  j 
lantes , dont  la  quantité  augmente  à mesure  que  la  satu-  i 
ration  se  fait.  Cette  conjecture  de  M.  Berthollet  a été  j 
constatée  par  les  ‘expériences  de  M.  Chenevix  de  la  ma-  | 
nière  la  plus  satisfaisante  , dans  un  mémoire  inséré,  j 
Journal  de  physique , tome  60.  Le  travail  de  ce  savant 
chimiste  anglais  nous  donnera  les  faits  pour  établir  les 
’jaractères  de  ce  genre  de  sels. 

Il  paroît  qn’il  faut  beaucoup  d’oxigène  à l’acide  muria- 
tique oxigéné  pour  le  sur-oxigéner  ; car  on  trouve  dans  le  | 
flacon  plus  de  muriate  de  potasse  que  de  muriate  sur-  ! 
oxigéné  : quand  la  potasse  est  bien  concentrée  , il  se  pré-  j 
cipile  des  petites  lamelles  de  muriate  sur-oxigene. 

La  solubilité  de  ces  sels  étant  très  - différente  dans, 
l’eau  froide,  leur  séparation  devient  facile  fie  muriate 
de  potasse  est  beaucoup  plus  soluble  que  le  muriate  sur- 
oxigéné  -,  celui-ci  est.  soluble  dans  16  parties  d’eau  froide 
et;  2 parties  d’eau  bouillante-,  il  suffit  de  ramasser  le 
sel  qui  s’est  cristallisé  pendant  l’opération  , de  le  dissoudre 


Muriate  sur-oxigéné  de  Potasse.  i5j 

Jans  la  quantité  d’eau  bouillante  nécessaire,  de  filtrer  la 
solution  pour  en  séparer  une  petite  quantité  de  terre  qui 
existe  dans  la  potasse  commune,  et  de  la  laisser  refroidir; 
Le  muriate  sur-oxigéné  se  dépose  sous  la  forme  de  lames 
Brillantes.  Pour  l’obtenir  sec  , on  décante  la  liqueur  surna- 
geante, on  le  laisse  égoutter  et  on  le  fait  sécher  ensuite 
ur  des  papiers-brouillards.  Comme  le  muriate  sur-oxigéné 
le  potasse  est  peu  soluble  dans  l eau  froide  , il  eu  reste 
N)eu  en  solution  dans  les  eaux-mères  •,  cependant , si  on 
*?eut  le  recueillir  entièrement  , on  y parvient  en  rédui- 
sant la  liqueur  par  l’ébullition  , et  eu  la  laissant  re- 
roidir. 

Ce  sel  prend  ordinairement  la  forme  de  lames  carrées 
rès-minces  : quelquefois  il  se  présente  sous  celle  d’uu 
aarallélipipède. 

Sa  saveur  est  fraîche  et  piquante  comme  celle  du  sal- 
pêtre : il  fuse  sur  les  charbons  allâmes  à la  manière  de  ce 
lernier,  cependant  avec  plus  de  vélocité  , et  en  répandant 
me  flamme  plus  vive.  Broyé  sur  un  porphyre  , ou  dans  ou 
mortier  de  marbre  avec  un  pilon  de  bois  , il  pétille  et  lance 
les  étincelles. 

Distillé  dans  une  cornue  , il  se  décompose  assez  facile- 
ment, et  donne,  à une  chaleur  médiocre  , après  sa  fusiou, 
lu  gaz  oxigène  bien  pur. 

Cent  parties  de  ce  sel  donnent  environ  o,38  de  son  poids 
de  gaz  oxigène. 

La  chaleur  modérée,  à laquelle  ’oxigéne  quitte  le  mu- 
iate  sur-oxigéné  de  polassc  , indique  que  ce  principe  n’y 
(adhère  pas  très-fortement.  , ou  qu’il  relient  dans  sa  com- 
maaisou  uue  grande  qu  ut.. g de  calorijue  ; ce  que  seul- 


i58  Muriate  sur-oxigènè  de  Potasse. 

blent  annoncer  plusieurs  faits  où  le  muriate  sur-oxigene  est 

décompé  par  les  corps  combustibles. 

Ce  sel  est  peu  sensiblement  altéré  par  l’air. 

Si  on  le  jette  dans  de  l’acide  sulfurique  concentré,  il 
détonne , en  faisant  entendre  un  bruit  sec  -,  il  s'élance  à une 
grande  distance  du  vase,  et  répaud  une  lumière  rouge 
très-foncée.  Si  l’on  verse  sur  ce  sel  , préalablement  mis 
dans  une  cornue  tubulée,  munie  d’un  récipient  convenable 
et  posée  sur  un  bain  de  sable  , de  l’acide  sulfurique  par 
un  tube  recourbé  en  5,  il  se  fait  une  décrépitation  vio- 
lente. Il  se  dégage  une  vapeur  jaune-verdâtre  , épaisse  et 
pesante.  L’odeur  a quelque  analogie  avec  le  gaz  nitreux,  j 
et  diffère  beaucoup  de  celle  du  gaz  acide  muriatique  oxi- 
géné.  Cette  vapeur  pesante  peut  être  considérée  comme  i 
l’acide  muriatique  sur-oxigéué , qui  retient  probablement  i 
un  peu  d’acide  muriatique  oxigéné.  Pour  obtenir  cet  acide , 
en  assez  grande  quantité  , M.  Chenevix  a placé  la  cornue 
dans  un  bain-marie.  Presqu’aussitôt  que  le  feu  fut  allumé, 
il  vit  un  éclair  blanc,  rapide,  suivi  d’une  détonnation  J 
violente.  La  cornue  fut  réduite  en  poussière  , et  les  fe-  ; 
nôtres  et  les  vases  du  laboratoire  furent  brisés.  Vu  le  danger  ; 
qui  accompagne  celte  opération  , M.  Chenevix  a employé  j 
l’acide  sulfurique  étendu  d’eau;  mais  dans  ce  cas,  les  i 
résultats  n’ont  pas  été  plus  heureux,  il  a obtenu  de  l acide  I 

muriatique  oxigéné,  et  du  gaz  oxigène. 

Avec  l’acide  nitrique  concentré,  il  pétille  et  répand 
quelques  étincelles,  mais  sans  explosion  violente  comme  ; 
dans  le  cas  précédent.  L’acide  muriatique  décompose  ce 
sel  et  s’unit  à sa  base  , mais  il  ne  produit  pas  de  vapeurs  i 
jaunes,  ni  de  liqueur  orangée. 

Mélangé , à la  dose  de  trois  parties  , avec  une  de  soufre, 


Muriate  sur-oxigéné  de  Potasse.  i 5q 

lit  trituré  dans  un  mortier  de  métal,  il  produit  une  suite 
Mie détonnations  très- fortes,  qui  ressemblent  à des  coups  de 
Iristolet,  si  l’on  fait  l’expérience  seulement  à la  dose  d’un 
ranime. 

Le  même  mélange  détoune  encore  plus  fortement  sous 
s choc  du  marteau  : il  s’entlamme  dans  lucide  sulfu- 
ique  concentré  , en  répandant  une  lumière  extrêmement 
ive. 

Un  mélauge  de  trois  parties  de  ce  sel  , d une  denn- 
dartie  de  soufre  , et  d’une  demi-partie  de  charbon , pro- 
luit les  mêmes  effets  que  le  précédent , mais  encore  plus 
iriolens.  Quand  ou  veut  le  faire  détonner  avec  le  phos- 
phore , il  faut  dissoudre  celui-ci  dans  1 huile  volatile  de 
lérébenlhine  -,  lorsque  la  solution  est  un  peu  sèche  , 
xi  en  fait  une  pâte  avec  le  muriate  sur-oxigéné  -,  il  faut 
ttendre,  pour  faire  détonner,  que  la  pète  soit  entièrement 
lèche. 

Plusieurs  métaux  très  - combustibles  , tels  que  le  fer, 
s-antimoine,  le  zinc,  l’arsenic  et  les  sulfures  métalliques, 
tiêlés  avec  deux  parties  de  muriate  oxigéné  , détonnent 
atssi  avec  flamme  , par  le  choc  ; mêlé  avec  l’arsenic  et  le 
nélange  projetté  dans  l’acide  sulfurique  , il  se  produit  une 
*amme  blanche. 

Beaucoup  de  matières  végétales  , telles  que  les  huiles  , 
e sucre  , l’amidon  , l’alcool , l’éther,  la  sciure  de  bois  , etc. 
Présentent  les  mêmes  phénomènes.  Tous  ces  mélanges 
létonnent  aussi  par  le  choc  électrique  , ou  par  uue  goutte 
1 acide  sulfurique,  en  produisant  une  flamme  extrêmement 
•'ive. 

Ces  expériences , dues  à MM.  Fourcroy  et  Fauquelin  , 
•non veut  que  l’oxigène  est  beaucoup  moins  fortement 


i6o  Muriatc  sur-oxigéné  de  Potasse. 

attaché  au  tauriate  sur-oxigéné  de  potasse,  qui!  ne  lest 
dans  le  nitrate  de  potasse,  puisque  ce  sel  ne  produit  pa*. 
les  mêmes  phénomènes,  avec  les  corps  combustibles,  traités 
de  la  môme  manière. 

Il  faut,  Suivant  M.  Berthollet , pour  que  les  detonna- 
lions  aient  lieu  par  la  percussion  ou  par  1 élévation  de 
température  , qu’il  y ait  de  l’oxigène  condensé  , et  une 
substance  inflammable.  Les  conditions  qui  favorisent  cet 
effet  , sont , i°.  la  foible  adhérence  de  loxigène  à la 
base  qui  le  tient  côndensé;  2°.  la  forte  tendance  de  la; 
substance  inflammable  à se  combiner  avec  loxigène  ; 3°.  la 
grande  quantité  de  calorique  qui  est  exclue  par  la  com- 


binaison ; 4°.  la  volatilité  dune  combinaison. 

D’après  la  facilité  avec  laquelle  ce  sel  cède  son  oxigèné 
aux  corps  combustibles , M.  Berthollet  fit  plusieurs  ten- 
tatives pour  en  former  une  poudre  plus  forte  que  la  poudre 
a canon  ordinaire.  Ses  essais  réussirent  ; mais  il  reconnut 
bientôt  que  l’usage  en  deviendroit  dangereux  , tant  est 
grande  rinflammation  de  cette  matière  : 

On  n’a  pas  encore  examiné  la  manière  d agir  de  ce  sel 
sur  les  autres  sels  précédemment  examinés  , si  ce  n est  sur 
les  sulfites  et  phospliites  , qu’il  convertit  en  sulfates  et  en 
phosphates  , en  brûlant  même  avec  flamme  le  soufre  exce- 
dant des  premiers  , lorsqu’on  le  fait  passer  avec  ces  sels  , à 

travers  un  tube  de  terre  rouge. 

Cent  parties  de  ce  sel  contiennent  muriate  de  potasse  , 

67  ; oxigène  ,38. 

Et  d’après  M.  Chenevix  : acide  muriatique  sur-oxigéné, 
58,3  ; potasse,  39,o  ; eau,  2,5. 

L’usage  de  ce  sel  n’est  pas  encore  très-étendu.  On  a 
employé  depuis  peu  sa  solution  dans  l'eau  avec  quel- 


i 

■ 


Mimâtes  sur-o  xi  gênés  cle  Soude , de  Ëarite.  IQl 

ques  succès , pour  nettoyer  le  marbre  blanc  , et  pour  fairè 
les  alumettes  soufrées  qui  s enflamment  en  les  plongeant 
flans  l’acide  sulfurique.  Il  sert  aussi  fréquemment  dans 
:es  laboratoires  pour  en  extraire  le  gaz  oxigène  très-pur. 

S-  LIX. 

Muriate  suv-oxigene  de  Soude. 

Ce  sel  cristallise  eu  cubes,  sa  saveur  est  fraîche  II 
ht  légèrement  déliquescent , soluble  dans  trois'  parties 
^cau  froide,  et  eu  plus  grande  proportion  dans  l’eau 
îaude  , 1 alcool  le  dissout  aussi. 

C’est  ce  moyen  que  M.  Chenevix  a employé  pour  le 
istalliser,  en  réitérant  l’opération  plusieurs  fois , parce 
ie  le  muriate  de  soude  a aussi  la  propriété  de  se  dis- 
udre  dans  ce  liquide.  M.  Berthollet  a obtenu  ce  muriate 
■ laissant  la  dissolution  trés-rapprochée  , exposée  long- 
es a l’air.  Il  paroît  probable,  dit  ce  chimiste,  que  la 
«npérature  de  la  congélation  seroit  propre  à produire  la 

■paration  des  deux  sels,  en  faisant  varier  leur  solubilité 
fpeclive. 

Ce  muriate  présente  les  mêmes  phénomènes  que  celui 
potasse,  avec  les  corps  combustibles  et  les  acides. 

l\  C°ntieQt  suivant  M ChenevLx  : acide,  66,2  ; soude 
i eau , 4,2.  5 

S-  LX. 

Muriate  sur-oxigéné  de  Bciritc. 

e muriate  se  dissout  dans  quatre  parties  d’eau  froide  , 
‘moins  de  chaude  -,  il  cristallise  de  la  même  manière  que 


ïga  Muriate  sur-oxigcnê  de  Strontiane. 

le  muriate  simple,  et  lai  ressemble  si  fort  en  solubilité , 
que  M.  Chenevix  n’a  pu  venir  à bout  de  les  séparer  par 
des  cristallisations  plusieurs  fois  répétées.  Ce  cumul  a 

employé  pour  toutes  les  combinaisons  semblables  des  ases 

terreuses  , un  moyen  ingénieux  : il  a mis  en  digestion  ans 
les  combinaisons  liquides,  du  phosphate  d’argent,  qui 
décompose  le  muriate  de  barite , ainsi  qu’il  s’en  est  assure , 
parce  que  d’unepart, l’acide  phosphorique  s umt  «la  barite, 
e,  d’autre  part,  l’argent  s’unit  à l’acide  muriatique  , deux 

•combinaisons  insolubles. 

Le  muriate  sur-oxigéné  de  barite  a toutes  les  propriétés 
des  muriates  sur-oxigénés  ; et  à l’aide  du  calorique  ou  le 
décompose  par  tous  les  acides.  Les  plus  forts  dégagent, 
cet  acide  avec  un  éclair  de  lumière , plus  fréquemment  de. 
muriates  terreux  oxigénés , que  des  alcalins. 

Les  proportions  de  ce  sel  sout  : acide , 47>°  » an  e ’ 
4.2,2  ; eau  3 10,8. 


§.  L X I. 


Muriate  sur-oxigéné  de  Strontiane. 


Les  observations  précédentes  s’appliquent  à la  forma- 
tion de  ce  sel , à la  méthode  de  l’obtenir  pur  par  le 
moyen  du  phosphate  d’argent,  à la  manière  de  se  com- 
porter avec  les  acides  , au  rang  de  son  ac.de  dans  1 ordre 
des  affinités , et  i ses  autres  propriétés.  Il  est  déliques- 
cent, et  plus  soluhlo  dans  l'alcool  que  le  muriate  d, 
strontiane.  11  fond  dans  la  bouche  immédiatement , et  ; 
produit  une  sensation  de  fraîcheur.  Les  cristaux  preunen 

la  forme  d’aiguilles. 

IL  est  composé  de  : acide  , 46  -,  strontiane , ab  -,  eau  afc 


Muriate  sur-oxigénè  de  Chaux. 


*63 


S LXII. 

Muriate  sur-oxigénè  de  Chaux. 

Ou  obtient  ce  set  pur  de  la  même  manière  que  les 

autres  sels  terreux.  11  est  extrêmement  déliquescent;  il 

se  liquéfie  à une  petite  chaleur  par  le  moyen  de  son  eau 

de  cristallisation  , et  il  est  très-soluble  dans  l'alcool  II 

produit  beaucoup  de  froid  , avec  un  goût  amer  et  âpre  dans 
la  bouche. 

J’ajouterai  à cet  énoncé  de  M.  Chenevix , les  obser- 
vations suivantes  de  M.  Berthollet.  La  chaux  , dit  ce 
célèbre  chimiste  , a une  forte  action  sur  l’acide  muriatique 
oxigene , elle  en  condense  une  grande  quantité  ; si  l’on 
distille  cette  combinaison  , il  s’en  dégage  beaucoup  d’acide 
muriatique  oxigéné,  et  il  ne  s’en  décompose  qu’un  peu 
«ur  la  fin , de  sorte  qu’il  passe  alors  une  petite  quantité 
de  gaz  oxigène  : le  résidu  qu’on  n’a  dù  qu’amener  à des- 
sication , ne  détruit  plus  les  couleurs  végétales  -,  mais  il 
scintille  sur  les  charbons  ardens,  avec  beaucoup  moins  de 
vivacité  , que  ne  le  feroit  un  mélange  analogue  de  mu- 
riate oxigéné  de  potasse  : il  n’a  pas  détonné  par  la  per- 
cussion, après  en  avoir  fait  un  mélange  avec  le  soufre- 

maiS  Sl  ,?ans  cet  état  » on  le  pousse  au  feu  dans  une 
cornue , il  se  boursoufle , et  il  s’en  dégage  beaucoup  de 
gaz  oxigene  -,  ce  qui  fait  voir  qu’il  s’étoit  réellement  formé 
une  proportion  considérable  de  muriate  sur  - oxigéné  -, 
cependant , sein, dk  foiblement  sur  les  charbons  ardens! 

■ BerthoUet  conjecture  qne  cette  différence  vient  de  co 
qui  ses  ait  une  perte  de  calorique,  plus  grande  que 
dans  les  muriales  .ur-oxijéné,  de  potasse  et  de  soude  : 


1 


x64  Muriate  sur-oxigéné  d’ Ammoniaque.  '• 
et  en  effet , lorsque  l’on  reçoit  l’acide  muriatique  oxigéné  j 
dans  la  potasse  et  la  soude  , il  ne  se  dégage  pas  sensible- 
ment  de  chaleur-,  mais  avec  la  chaux,  il  )'  a une  Pro  uc 
tion  de  chaleur  assez  considérable  ( Statique  chimique  , 

Le  muriate  sur-oxigéné  de  chaux  est  composé,  d’apres  : 
JVT.  Chenevix  : acide , 55,2  -,  chaux  , 28,3  -,  eau,  i6,o. 


: 


§.  LX1II. 


Muriate  sur-oxigéné  d’ Ammoniaque. 


M.  Chenevix  a produit  cette  combinaison  , en  décom- 
posant un  muriate  sur-oxigéné,  à base  alcalino-terreuse,, 
par  le  moyen  du  carbonate  d’ammoniaque  -,  mais  il  n’a  pu; 
l’isoler.  M.  Berthollet  pense  que  l’on  peut  conserver  quel-i 
ques  doutes  sur  l’état  dans  lequel  se  trou  voient  les  sub, 
stances  -,  l’acide  muriatique  a pu  retenir  une  portion  de 
la  base  , pour  former  une  combinaison  triple  qui  servoit  r 

maintenir  l’ammoniaque.  Il 

Ce  sel  est  très-soluble  dans  l’eau  et  l’alcool.  11  se  de- 
composa  à une  température  très-basse,  et  donne  quanta, < 
de  gaz  avec  une  odeur  d’acide  mnriat.que  sur-ox,gene. 
M.  Chenevix  n’a  pu  établir  les  proportions  des  prrn  , 

cipes  de  .ce  sel. 


/ 


s-  LXIV- 


Muriate  sur-oxigéné  de  Magnésie. 


Ce  muriate  se  prépare  comme  celui  de  cbaox.  Cett  ] 
terre  alcaline  et  l’ammoniaque  forment  un  précipite  darl 
sa  dissolution. 


Muriatcs  sur-oxig.  de  Magnésie , d’ Alumine,  j G 5 
Ses  proportions  sont  : acide  , 60  -,  magnésie  , ; 

eau,  i4,3. 


§.  l x y. 

Muricite  sur-oxigéné  cl’ Alumine. 

Pour  préparer  ce  sel  , M.  Chenevix  délaya  dans"  de' 
l’eau  , de  l’alumine  récemment  préparée  ; il  fit  passer  un 
courant  de  gaz  acide  muriatique,  oxigéné  à travers  la 
liqueur.  L’alumine  disparut  promptement  -,  et  en  versant 
de  l’acide  sulfurique  dans  la  liqueur , une  forte  odeur 
d’acide  muriatique  oxigéné  se  fit  sentir.  Ce  chimiste  essaya 
d’obtenir  le  sel  pur  par  le  moyen  du  phosphate  d’argent; 
il  ne  trouva  rien  dans  la  solution  que  du  muriate  sur- 
oxigéné  d’argent  , tout  le  muriate  d’alumine  avoit  été 
décomposé. 

Quant  au  muriate  sur-oxigéné  de  silice,  M.  Chenevix 
n’a  pu  réussir  à le  former. 

§.  L X V I. 

Phosphates  terreux  et  alcalins. 

Caractères  génériques. 

Ou  rencontre  beaucoup  de  ces  combinaisons  dans  lés 
substances  végétales  et  animales  ; les  unes  doivent  leur 
existence  a 1 art , les  autres  se  trouvent  entre  les  fossiles  à 
1 état  de  phosphate  calcaire. 


i66  Phosphates  terreux  et  alcalins. 

Tous  les  phosphates  ne  sont  ni  volatil! sables , ni  decom- 
posables  par  l’action  du  feu.  Ils  ont  la  propriété  de  se 
fondre  et  de  se  vitrifier  a une  température  plus  ou  moins 
élevée  , excepté  le  phosphate  d’ammoniaque  qui  se  décom- 
pose en  raison  de  la  grande  volatilité  de  sa  base. 

Excepté  le  phosphate  d’ammoniaque  , ces  sels  se  com- 
binent à l’aide  du  calorique  avec  les  oxides  métalliques  •,  * 
ils  forment  avec  eux  des  vitrifications  dont  on  se  sert  en 
minéralogie  , pour  reconnoître  la  nature  do  différens 
fossiles. 

L’acide  sulfurique  décompose  complètement  la  plus 
grande  partie  des  phosphates , les  autres  passent  à 1 état 
d’acidule. 

Les  acides  nitrique  et  muriatique  agissent  de  la  même 
manière,  mais  avec  cette  différence,  que  faction  de  ces 
acides  sur  les  phosphates  est  toujours  accompagnée  de  la 
solution  complète  de  ces  sels,  de  manière  que  la  liqueur 
toujours  acide  contient  des  nitrates  pu  muriates  , et  de 
l’acide  phosphorique  , ou  nitrates  ou  muriates  , et  phos- 
phates acidulés , observant  qu’on  ne  peut  les  décomposer 
qu’en  partie. 

L’acide  phosphorique  est  susceptible  de  s’unir  à des 
phosphates , et  de  former  des  sels  acidulés.  Dans  cet  état , 
ils  se  fondent  et  se  vitrifient  beaucoup  plus  facilement , 
que  lorsqu’ils  sont  neutres.  Ces  sels  dans  cette  opération, 
acquièrent  une  telle  force  de  cohésion,  qu’ils  sont  insipides, 
et  qu’ils  n’exercent  aucune  action  sur  la  couleur  bleue 
des  végétaux  , malgré  qu’ils  n’aient  perdu  aucun  atome 
d’acide. 

Les  trois  phosphates  alcalins  sont  très-solubles  dans 
l’eau  , tandis  que  les  phosphates  terreux  -ue  le  sont  pas.  : 


Phosphate  de  Baritc.  J®7 

ou  très-peu.  Ils  sont  cependant  très-solubles  dans  un  exccs 
d’acide  phosphorique  ou  dans  tout  autre  acide. 

L’eau  de  chaux  forme  dans  tous  les  phosphates  dis- 
sous dans  l’eau  ou  dans  un  excès  d’acide  , un  précipité 
floconneux  ; ce  précipité  est  soluble  dam  l’acide  nitrique 
et  muriatiqu?  , sans  produire  la  moindre  effervescence. 

Les  phosphates  acides  distillés  avec  du  charbon  donnent 
pour  produit  du  phosphore. 

§.  l x y 1 1, 

Phosphate  de  Barite. 

On  peut  préparer  le  phosphate  de  barite  de  deux  ma- 
nières , ou  en  unissant  immédiatement  jusqu’au  point  de 
saturation , la  barite  à l’état  de  pureté  ou  earbonatée  , à 
l’acide  phosphorique  , ou  bien  par  une  double  affinité  , en 
versant  dans  un  sel  baritique  dissous  dans  l’eau  , tel  que 
le  muriate  ou  le  nitrate  un  phosphate  alcalin  : alors 
l’acide  phosphorique  se  porte  sur  la  barite,.  et  forme  un 
dépôt  dans  la  liqueur  , tandis  qu’un  autre  sel  alcalin  resta 
en  dissolution. 

Le  phosphate  de  barite  se  fond  au  feu  sans  changer  da 
nature , et  se  vitrifie  à une  chaleur  rouge  de  plusieurs 
heures.  11  se  fond  au  chalumeau,  et  si  Ion  fait  1 operation 
sur  un  support  de  charbon,  il  répand  une  flamme  jaune 
phosphorique  ; les  globules  qu’il  forme  deviennent  opa- 
ques en  refroidissant , à moins  qu  ils  ne  contiennent  un 
excès  d’alcali.  Il  est  inaltérable  à l’air.  Ce  sel  est  insoluble 
dans  l’eau  , mais  il  devient  soluble  par  exces  d acide.  U 
a’e§t  pas  décomposé  par  les.  terres  et  les  alcalis. 


3 68  Phosphate  de  Barite. 

Les  acides  ne  décomposent  pas  entièrement  le  phosphate 
de  barite*,  cependant  le  sulfurique  le  décompose  : si  l’oa  j 
ayoit  une  grande  quantité  de  phosphate  de  barite  à sa  j 
disposition,  ou  si  la  nature  nous  en  offroit  avec  profusion, 
l’acide  sulfurique  seroit  un  très-bon  moyen  de  le  décoin-  < 
poser , et  de  se  procurer  ainsi  de  l’acide  phosphorique  pur. 
Comme  le  phosphate  de  barite  a une  très-grande  affinité 
pour  un  excès  d’acide  , les  acides*  nitrique  et  muriatique  | 
n’enlèvent  qu’une  partie  de  la  barite,  et  il  reste  un  phos- 
phate acide  de  barite. 

Le  phosphate  de  barite  est  décomposé  par  les  sels  qui  , 
agissent  par  double  affinité,  sur-tout  lorsque  l aeide  de  ces 
sels  agit  plus  fortement  sur  la  barite  que  sur  leurs  bases  *,  : 
ainsi  le  phosphate  de  barite  est  décomposé  par  les  sulfates, 
et  par  tous  les  carbonates  alcalins  , soit  à chaud  , soit  à j 
froid;  mais  , dans  le  premier  cas,  le  carbonate  d’ammonia- 
que est  insuffisant. 

Ce  sel  n’est  encore  d’aucun  usage  ; mais  on  peut  s’en 
servir  , avec  avantage  , pour  séparer  le  sulfate  de  chaux 
de  l’acide  phosphorique  retiré  des  os;  en  faisant  bouillir 
ces  matières  ensemble  , l’acide  sulfurique  s’unit  à la  barite, 
et  la  chaux  à l’acide  phosphorique  ; d’où  naissent  deux  sels 
parfaitement  insolubles. 

§.  l x v 1 1 r. 

Phosphate  de  S iront  ta  ne. 

% 

La  connoissance  de  ce  sel  , ainsi  que  le  phosphate  de 
barite  , sont  dus  à M.  V auquelin. 

Ou  prépare  ce  sel  en  combinant  l’acide  phosphorique 


Phosphate  de  Stronliane.  169 

avec  la  stronliaue  pure  , ou  bien  en  mêlant  les  solu- 
tions de  nitrate  et  de  muriate  de  strontiane  avec  celles  de 
phosphates  alcalins;  il  se  précipite  du  phosphate  de  stron- 
liane pur. 

Il  est  composé  de  : strontiane,  58,^6;  acide  phospho- 
rique , 4T724- 

Chauffé  au  chalumeau  , il  se  lond  en  un  émail  blanc  , et 
répand  une  lueur  phosphorique. 

Ce  sel  n’a  point  de  saveur  ; il  est  insoluble  dans  1 eau , 
mais  soluble  dans  l’eau  par  les  acides  muriatique  et 
nitrique. 

Il  est  décomposé  par  la  barite , ainsi  que  par  l acide 
sulfurique  ; les  acides  nitrique  et  muriatique  ne  le  décom- 
posent que  jusqu’à  l’état  de  phosphate  acidulé. 

§.  L X I X. 

Phosphate  de  Chaux. 


Ce  sel  existe  abondamment  dans  la  nature,  où  il  forme 
des  masses  considérables  : chez  les  animaux  il  constitue, 
au  moins  dans  la  plupart , la  base  du  squelette  ; et  dans  les 
végétaux  , dans  les  cendres,  on  le  trouve  en  plus  ou  moins 
grande  quantité. 

C’est  en  Espagne  , à Logrosan  , dans  1 Estramadure  , 
qu’on  a trouvé,  il  y a peu  de  teins  encore,  le  phosphate 
de  chaux , formant  des  couches  assez  étendues  ; il  a une 
couleur  opaque , parsemée  de  taches  jaunâtres , dues  a de 
l’oxide  de  fer. 

On  en  trouve  de  même  dans  les  mines  d’étain  de 
Schlagenwald  en  Bohème  , dans  le  béril  de  Saxe , ou 


i^o  Phosphate  de  Chaux. 

, N 

agustite  , à Cornouaille  , au  St.  - Gothard  , et  près  de 
Nantes. 

Celui  dont  on  se  sert  pour  les  opérations  de  chimie  et 
des  arts  , est  retiré  des  os  des  animaux  , fortement  calcines 
dans  des  fourneaux  , pour  brûleries  matières  animales  qui 
en  lient  les  parties. 

Ce  sel  ne  paroît  éprouver , de  la  part  de  la  chaleur , 
qu’un  ramollissement , une  espèce  de  demi-fusion  qui  lui 
donne  l’apparence  de  biscuit  de  porcelaine  ; et  c’est  pour 
cette  raison  que  l’on  a donné  à ces  matières  , fortement 
calcinées  , le  nom  d’os  porcelanisés.  On  remarque  cepen- 
dant que  les  os  exposés  à l’action  d’un  feu  violent , ré- 
pandent aux  environs  unè  lueur  jaune  pliosphorique  , 
qui  indique  line  décomposition  de  l’acide  pliosphorique, 
dont  le  phosphore  brûle  à une  certaine  distance  ; mais 
cette  décomposition  a des  bornes  fort  étroites  , et  s’ar- 
rête bientôt.  Peut-être  ces  phénomènes  sont -ils  dus  à une 
petite  quantité  de  phosphate  d’ammoniaque  , contenue 
entre  les  lames  osseuses,  ou  dans  les  membranes  qui  les 

I 

enveloppent. 

Le  phosphate  de  chaux  est  insoluble  dans  l’eau  , mais  il 
devient  soluble  par  le  secours  d’un  acide  , tel  que  le  vinai- 
gre , ou  l’acide  pliosphorique  lui-même. 

Parmi  les  bases,  il  n’y  a que  la  barite  etlastrontiane,qui 
lui  font  subir  line  altération,  d’où  il  est  évident  que  les 
liens  qui  unissent  ses  principes  entre  eux  sont  très-forts  ; 
mais  les  acides  sulfurique,  nitrique  , muriatique,  acéteux , 
le  décomposent  en  partie  , et  jusqu'au  point  seulement  où 
ils  ont  enlevé  à l’acide  pliosphorique  , environ  les  o,4o 
de  la  chaux  qui  existe  dans  une  masse  quelconque  d« 
phosphate  calcaire. 


Phosphate  acide  de  Chante.  *7 1 

M.  Théodore  Saussure  a annoncé  avoir  décomposé  le 
phosphate  de  chaux  par  le  charbon. 

Il  a mêlé  une  dissolution  aqueuse  de  nitrate  de  chaux, 
avec  de  l’acide  phosphorique , l’ammoniaque  en  a séparé 
le  phosphate  de  chaux.  Dix  grammes  de  ce  sel  bien  lave, 
pulvérisé,  et  desséché  à une  chaleur  rouge,  ont  ete  meles 
avec  vingt  grammes  de  poussière  de  charbon  de  hetre , 
qui  avoit  été  elle-même  soumise  à l’ébullition  dans  une 
grande  quantité  d’eau  pour  en  séparer  la  potasse.  Le  mé- 
langé fnt  mis  dans  un  creuset  de  Hesse  , terme  par  un 
couvercle  de  platine , et  entouré  de  poussière  de  charbon 
dans  un  autre  creuset  fermé  avec  un  couvercle  de  terre 
cuite.  Cet  appareil  a été  exposé  pendant  deux  heures  à 
l’action  d’un  fourneau  à vent.  Il  est  résulté  que  la  moitié 
environ  du  phosphate  de  chaux  a été  décomposée  par  le 
charbon. 

Le  phosphate  de  chaux  naturel  de  M.  Sage  est  com- 
posé , d'après  M.  Klaproth  , de  : chaux  o,55  ; acide  phos- 
phorique 0,45- 

Suivant  l’analyse  de  MM.  Fourcroy  et  Vauquelin,  le 
phosphate  de  chaux  contient:  acide  phosphorique,  41  5 
«baux  , 5g. 

§.  L X X. 

Phosphate  acide  de  Chausc. 

Jusqu’ici  on  n’avoit  pas  rencontré  ce  sel  dans  la  nature: 
MM.  Fourcroy  et  Vauquelin  ont  retire  dernièrement 
des  cristaux  de  phosphate  acide  de  chaux , des  os  tiouves 


I7®  Phosphate  acide  de  Chaux. 

dans  un  tombeau  dans  l’ancienne  église  de  Sainte-Gene- 
viève. 

C est  en  décomposant  le  phosphate  de  chaux  par  l’acide 
nitrique  , que  Scheele  nous  a fait  connoître  la  nature  des 
os  et  1 existence  de  ce  sel  ; mais  on  arrive  maintenant  au 
même  but  , en  suivant  une  marche  plus  simple. 

Voici  la  manière  d’opérer  : 

Pour  calciner  les  os , on  élève  à un  double  décimètre 
de  hauteur,  sur  environ  un  mètre  , des  briques  , au-dessus 
desquelles  on  place  des  barres  de  fer  pour  former  une 
espèce  de  grille  , sur  laquelle  on  met  tous  les  os  que  l’on 
veut  calciner;  lorsqu’on  élève  les  briques,  il  faut  avoir 
1 attention  de  laisser  une  ouverture  d’un  double  décimètre 
en  carre , afin  de  déterminer  un  courant  d’air;  et,  par 
celte  ouverture  , on  introduit  quelques  morceaux  de  bois 
déjà  allumes,  lesquels  mettent  le  feu  aux  os,  qui  brûlent 
ensuite  par  eux-mêmes,  jusqu’à  ce  qu’ils  se  trouvent  assea 
calcines  ; cette  operation  , qui  n’entraîne  avec  elle  aucune 
dépense,  doit  se  faire  en  plein  air,  parce  que  la  quantité 
de  matière  huileuse  qui  échappe  à la  combustion , est 
encore  assez  considérable  pour  devenir  dangereuse  dans  un 
endroit  qui  seroit  petit  et  clos  : tous  ces  os  sont  ensuite 
réduits  en  poudre  fine  et  passés  au  tamis. 

Séparation  de  l’acide  phosphàrique  , par  l’intermède  de 
V acide  sulfurique. 

On  prend  ioo  parties  d’os  calcinés  bien  pulvérisés,  on 
les  delaie  dans  ^.00  parties  d eau  , et  on  verse  sur  ce 
mélange  70  parties  d’acide  sulfurique  concentré  , en  agitant 
continuellement  la  matière.  On  laisse  macérer  le  tout 


Phosphate  acide  de  Chaux.  i ^3 

pendant  i4  jours  et  même  un  mois,  ayant  soin  de  1 agiter 
de  tems  en  tems  , pour  renouveler  les  surlaces  et  les 

points  de  contact. 

Au  moment  où  l’on  verse  l’acide  , il  y a dégagement  de 
calorique  , et  il  se  fait  une  vive  effervescence  , occasionnée 
par  le  dégagement  de  l’acide  carbonique  -,  car  , outre  le 
phosphate  de  chaux,  les  os  contiennent  une  certaine 

quantité  de  carbonate  de  chaux. 

Alors  , l’acide  sulfurique  s unit  ata  chaux,  avec  laquelle 

il  forme  un  sel  insoluble. 

On  délaie  ensuite  le  tout  dans  beaucoup  d’eau  , on 
filtre  et  on  presse  le  résidu  pour  en  extraire  tout  liquide. 
On  lessive  le  résidu  exprimé  avec  une  quantité  d’eau 
bouillante. 

La  liqueur  contient  encore  beaucoup  de  chaux  , et  doit 
être  regardée  comme  un  phosphate  acid"le  de  chaux,  que 
les  acides  ne  peuvent  décomposer. 

Pendant  cette  opération  , il  se  précipite  encore  du  sul- 
fate de  chaux  qu’on  doit  séparer. 

D’après  les  expériences  de  MM.  Fourcroj  et  V auquelin , 
cent  parties  de  phosphate  de  chaux  neutre,  ou  de  teire 
des  os  calcinés , contiennent  o,4*  d acide  phosphoiique 
qui , d’après  l’analyse  de  Lavoisier  , sont  composés  de 
0,16  de  phosphore;  ainsi,  en  parvenant  à mettre  ces  o,4-i 
d’acide  phosphorique  à nu  , on  obtiendroit  en  le  distil- 
lant avec  le  charbon  , 0,16  de  phosphore  , ou  un  peu 

moins  du  sixième  du  poids  de  la  terre  des  os,  qui  en 

recèle  véritablement  cette  quantité.  Mais,  comme  il  n y a 
que  0,17  de  cet  acide  mis  à nu  , et  que  0,24  restent 

encore  intimement  unis  à la  chaux  , les  0,17  ne  peuvent 

donner  que  4,8  de  phosphore  j ainsi , l’on  perd  plus  des 


*74  Phosphate  acide  de  Chaux. 

deux  tiers  du  phosphore  conteuu  dans  les  os  , et , après  la 
distillation  de  leur  aeide  obtenu  par  le  procédé  ordinaire 
avec  le  charbon  , il  reste  encore  dans  le  résidu  0,69  de 
phosphate  de  chaux  neutre  non  décomposé. 

De  V évaporation  des  liqueurs  acides  et  de  leur  mélange 
avec  la  poudre  de  charbon. 

I 

Quand  la  matière  a été  macérée,  comme  nous  l’avons 

dit  ci-desms  , on  tire  la  liqueur  à clair  : on  lave  le  marc 

à plusieurs  reprises  avec  de  l’eau  de  rivière  -,  on  réunit  ces 

lavages  avec  la  première  eau  , et  on  les  fait  évaporer  dans 

des  chaudières  de  cuivre,  ou  mieux  de  plomb.  Pendant 

l’évaporation  de  cette  liqueur,  il  se  sépare  une  assez  grande 

quantité  de  sulfate  de  chaux , retenu  en  dissolution  à la 

faveur  de  l’acide  phosphorique  : on  le  sépare  par  le  repos 

et  la  décantation  ; mais  l’acide  phosphorique  en  retient 

toujours  une  certaine  quantité  , qu’on  n’en  peut  séparer 

que  par  des  moyens  compliqués  et  coûteux. 

L’acide  phosphorique  se  présente  communément  sous  la 

forme  d une  niasse  blanche  légèrement  jaunâtre , formée 

de  petites  écailles  brillantes  et  comme  nacrées  ; c est  ce 
, * 

qu on  appelle  acide  phosphorique  concret;  mais  il  est 
impur  ; il  contient  encore  beaucoup  de  chaux. 

C’est  avec  cet  acide,  que  l’on  fabrique  le  phosphore. 

Pour  extraire  le  phosphore  de  l'acide  phosphorique  , il 
«uffit  de  le  mêler  avec  le  quart  de  son  poids  de  charbon 
en  poudre,  de  faire  dessécher  le  mélange  dans  une  chau- 
dière de  fonte,  jusqu’à  ce  que  la  plus  grande  partie  de 
l’humidité  soit  dissipée. 

Pelletier  amène  les  liqueurs  acides  au  point  d’une  ma* 


Phosphate  acide  de  Chaux.  vj5 

tière  épaisse.  Alors  il  y ajoute  de  la  poudre  de  charbon  , ou 
delà  braise  de  boulanger , calcinée  auparavant,  jusqu  à 
•e  que  la  matière  devienne  friable  : on  continue  de  la 
dessécher  en  remuant  continuellement , pour  empêcher 
que  la  matière  ne  se  grumèle,  et  on  porte  cette  dessication 
au  point  de  faire  rougir  le  fond  de  la  bassine. 

Il  faut  avoir  l’attention  de  choisir  une  bassiné  dont  le 
fond  soit  très  - épais  , et  même  de  luter  extérieurement 
pour  le  défendre  du  coup,  de  feu  qui  le  calcineroit. 

* ê 

De  la  distillation  du  phosphore. 

On  remplit  une  cornue  de  grés  , bienlutée,  du  mélange; 
on  la  place  dans  un  bon  fourneau  de  réverbère.  On  se 
sert  pour  récipient  d’une  cornue  renversée , dans  laquelle 
on  met  de  l’eau.  Pelletier  se  sert  aussi  d’un  récipient  en 
cuivre  , qui  est  fait  d’après  l’idée  d’une  cornue  renversée; 
Voyez  la  planche. 

On  met  de  l’eau  dans  le  récipient , de  manière  que  le 
phosphore  , à mesure  qu’il  passe  , est  arreté  , et  n a pas 
contact  avec  l’air.  Par  là  , il  y a une  grande  quantité  de 
phosphore  qui  échappe  à la  combustion  , puisqu  il  faut 
qu’il  passe  à travers  une  colonne  d’eau  d’environ  un 
double  décimètre  , avant  qu  il  ait  le  contact  de  1 air  ; il  y 
en  a cependant  une  petite  portion  qui  est  volatilisée  en 
nature,  et  qui  est  poussée  quelquefois  a un  decimètie 
au-dessus  de  la  tubulure  , où  ce  phosphore  brûle  en  scin- 
tillant , et  la  tubulure  se  trouve  quelquefois  engorgée  par 
du  phosphore  pulvérulent  ; c’est  ce  à quoi  il  faut  iaiie 
attention , pour  éviter  l’absorption  : mais  lorsqu’on  a 1 atten- 
tion de  bien  conduire  l'opération  2 cet  iuconve  aient  n» 


iy6  Phosphate  acide  de  Chaux. 

pas  lieu.  Quant  à la  purification  et  au  moulage  du  phos- 
phore , voyez  l'article  sur  le  phosphore. 

L’appareil  ainsi  monté,  on  chauffe  par  degré  la  cornue; 
au  bout  de  quatre  heures  environ  on  la  pousse  jusqu’à 
l’incandescence. 

Le  charbon  s’empare  de  l’oxigène  , et  le  phosphore  mis 
à nu  se  Volatilise  et  va  se  condenser  dans  le  récipient  : à 
la  partie  supérieure  du  récipient , on  peut  adapter  un  tube 
recourbé  qui  plonge  dans  l’eau  ; il  se  dégage  du  gaz  hy- 
drogène phosphoré  et  du  gaz  oxide  de  carbone  qui 
emporte  et  - dissout  une  assez  grande  quantité  de  phos- 

D’après  M.  T rommsdorf  il  se  dégage  pendant  l’opé- 
ration du  phosphore  un  gaz  particulier  qu’il  appelle  gaz 
hydrogène  carhoné-pliosphoré.  Au  bout  de  3o  à 36  heures, 
l’opération  est  finie,  le  phosphore  ne  passe  plus  pur,  il 
est  mélangé  et  peut  être  même  combiné  avec  le  carbone 
.®it  un  peu  de  soufre. 

On  trouve  au  fond  de  la  cornue  du  phosphate  de  chaux 
quelquefois  du  sulfate  de  chaux , et  une  matière  noire  , 
dure  qui,  suivant  Proust , est  la  combinaison  intime  du 
phosphore  avec  le  carbone. 

Cette  expérience  fait  voir  qu’à  une  haute  température, 
le  carbone  a plus  d’affinité  avec  l’oxigène  que  n en  a le 
phosphore.  Il  paroît  que  l’eau  du  récipient  retient  de 
l’hydrogène  phosphoré;  car,  lorsqu’on  l’expose  à l’air  dans 
l’obscurité,  même  après  avoir  été  filtrée  , elle  répand  des 
llammes  phosphoriques  très-brillantes  , sur-tout  lorsqu'on 
renouvelle  ses  surfaces  en  l’agitant.  Peut-être  pourroit-on 
aussi  attribuer  celte  phosphorescence  à du  phosphore  très- 
diyisé,  qui  subit  une  combustion  quand  on  l’agite. 


Phosphate  de  Potasse. 

Le  phosphate  acide  de  chaux  se  cristallise  en  petits 
filets  soyeux  ou  en  lames  brillantes  , micacées,  nacrées, 
qui  se  collent  ensemble  et  qui  prennent  par  leur  réunion 
une  forme  mielleuse  ou  presque  glutiueuse. 

La  nature  le  présente  dans  l’urine  humaine , d’où  ou 
le  précipite  en  phosphate  de  chaux  par  les  alcalis  purs  , 
d’où  il  se  dépose  même  spontanément,  et  aussi  en  phos- 
phate de  chaux  , à mesure  que  l’ammoniaque  , qui  se 
forme  si  promptement  dans  celte  liqueur  excrémeulitielle , 
sature  l’acide  phospliorique,  qui  le  conslituoit  acide. 

Ce  sel  se  prépare  toujours  artificiellement,  comme  nous 
venons  de  1 indiquer.  Il  attire  l’humidité  de  l’air-,  il  sa 
dissout  dans  l’eau.  Les  acides  ne  le  décomposent  pas. 

Le  phosphate  acide  de  chaux  sert  à faire  les  phosphates 
alcalins.  Le  phosphate  de  chaux  neutre  est  employé  à polir 
les  métaux  , les  pierres  précieuses  et  factices  , pour  la  fabri- 
cation des  coupelles  , pour  enlever  les  taches  de  graisse  de 
dessus  les  étoffes,  les  linges  ou  les  papiers  ; pour  en  fabriquer 
différens  objets  de  tabletterie,  avant  d’avoir  été  calciné; 
enfin,  il  sert  dans  les  manufactures  de  sel  ammoniac  , 
ainsi  que  cela  se  pratique  dans  le  pays  de  Liège. 

Les  proportions  de  ce  sel  sont  : chaux , 46  j acide  phos- 
phorique , 54- 

§■  LXXI. 

Phosphate  de  Potasse. 

Ce  phosphate  est  peu  connu  ; on  sait  seulement  qu’il  se 
prépare  en  combinant  directement  l’acide  phospliorique 
pur  avec  la  potasse  , ou  bien  en  saturant  le  phosphate 

%<  ' l ‘A 


8 Phosphate  de  Soude. 

acide  de  chaux  par  le  carbonate  de  potasse.  La  liqueur 
surnageante  évaporée  donne  le  phosphate  de  potasse. 

Ce  sel  ne  cristallise  pas  ; il  se  prend  en  une  espèce  de 
gelée,  lorsqu’on  fait,  évaporer  sa  dissolution-,  il  attire  en 
cet  état  l’humidité  de  l’air  ; il  est  assez  soluble  dans  l’eau  ; 
mais  quand  ou  l’a  fait  calciner  quelque  tems , et  sur-tout 
avec  excès  de  potasse  , le  sel  devient  presqu'insoluble  [ 
dans  l’eau.  Il  est  décomposé  par  la  chaux  , la  barite  et 
la  strontiane  , qui  , l’une  et  l’autre  , ont  plus  d affinité  pour 
l’acide  phosphorique.  J^auquelin  annonce  que  quelques 
expériences  semblent  prouver  que  la  soude  enleve  cet 
acide  à la  potasse. 

Ce  sel,  suivant  M.  Saussure  , est  décomposé  par  le 
charbon. 

On  neutralise  de  la  potasse  pure  avec  de  l’acide  phos-  : 
phorique  , on  ajoute  même  un  léger  excès  d’alcali , on  fait 
dessécher  à une  chaleur  rouge  •,  on  pulvérise  ensuite  le  sel,  : 
et  on  le  triture  avec  le  double  de  son  poids  de  poussière  de 
charbon  de  hêtre , préalablement  rougie  -,  on  introduit  le 
tout  dans  une  petite  cornue  de  porcelaine  lulée , et  on  1 ex- 
pose pendant  quatre  heures  à uue  forte  chaleur,  le  phos-  i 
phore  coule  par  goutte  dans  l’eau  du  récipient. 

Ce  phosphate  est  très-peu  décomposé  parle  feu,  pourvu 
qu’il  ne  soit  pas  avec  excès  d’acide , il  se  vitrifie. 

Il  décompose  tous  les  nitrates  et  muriates  terreux. 

La  plupart  des  dissolutions  métalliques  , telles  que  | 
celles  d’argent,  de  fer,  de  mercure,  de  cuivre  , sout 
décomposées. 

Si  le  phosphate  de  potasse  n’est  pas  bien  saturé  d'alcali , 
il.  rougit  les  cçmleurs  bleues  végétalos. 


Phosphate  de  Soude. 

§.  LXXII. 


J79 


Phosphate  de  Soude. 

C’est  de  l’urine  humaine  que  Margraff  l’a  séparé  le 
premier.  Bergmanne t beaucoup  d’autres  chimistes  l’avoient 
pris  pour  une  substance  particulière  , qu’ils  appeloient 
sel  perlé.  M.  TVestrurnh  a fait  connoître  ses  principes 
constituans  , tels  qu’on  les  connoît  aujourd’hui. 

Pour  préparer  ce  sel , on  prend  trois  parties  d’os  bien 
calcinés  -,  on  les  réduit  en  poudre  et  on  les  passe  au  tamis  ; 
on  met  dans  une  terrine  de  grès  la  matière  tamisée;  on 
en  fait  une  bouillie  avec  quatre  parties  d’eau , et  on 
ajoute  ensuite  une  partie  et  demie  d’acide  sulfurique  con- 
centré ; on  agite  : il  se  fait  une  vive  effervescence  , et  la 
matière  se  prend  en  masse.  Ainsi  prise  en  masse  , dans 
une  quantité  d’eau  , telle  que  cette  masse  devienne 
extrêmement  liquide  , ou  abandonne  alors  , si  on  veut , 
l’opération  à elle-même  , pendant  deux  ou  trois  jours  , 
en  remuant  de  tems  en  tems , ou  bien  on  fait  chauffer 
pendant  quatre  à cinq  heures  ; on  filtre  , on  lave  ; il  faut 
laver  à chaud  ; on  réunit  toutes  les  liqueurs  , et  on  les 
précipite  par  du  carbonate  de  soude  en  excès  ; il  se 
dégage  de  l’acide  carbonique  , et  il  se  fait  un  précipité 
de  phosphate  de  chaux  ; on  fait  bouillir  , on  filtre  , on 
lave  , et  on  fait  évaporer  convenablement  ; il  ne  faut  pas 
faire  évaporer  jusqu’à  pellicule,  car  la  matière  , par  le 
velroidissement  , se  prendrait  en  masse  : lorsqu’on  a 
obtenu  une  première  cristallisation,  il  faut  examiner  les 
eaux-mereset  voir  si  elles  contiennent  un  excès  de  soude 
ou  d acide.  Si  elles  contiennent  un  excès  de  soude,  et  que 


i8o  Phosphate  de  Soude. 

cet  excès  ne  soit  pas  trop  grand,  il  faut  continuer  1 évapo- 
ration : si  l’excès  de  carbonate  de  soude  est  trop  grand , on 
ajoute  du  phosphate  acide  de  chaux.  Si  elles  contiennent 
au  contraire  un  excès  d’acide , il  faut  ajouter  du  carbonate 
de  soude  , et  ainsi  de  suite  jusqu’à  la  fin.  On  obtient  par 
ce  moyen  de  beaux  cristaux  , même  des  dernières  eaux- 
mères.  Si  le  sel  n’est  pas  parfaitement  pur , on  le  fait  redis- 
soudre et  cristalliser  une  deuxième  fois  -,  21  hectogrammes 
d’os  calcinés , traités  par  7 hectogrammes  d’acide  sulfurique 
concentré  , demandent  667  gram.  de  carbonate  de  soude 
pour  être  saturés  -,  on  obtient  855  grammes  de  phosphate 
de  soude. 

Il  est  soluble  dans  4 parties  d’eau  à 10  degrés  , et  dans 
la  moitié  de  son  poids  d’eau  bouillante,  et  se  cristallise 
facilement.  Sa  forme  la  plus  ordinaire  , est  celle  d un 
rhomboïde  alongé  , dont  les  faces  sont  inclinées  les  unes 
sur  les  autres.  Ce  sel  se  présente  aussi  sous  la  forme  de 
cristaux  rhomboïdaux  et  prismatiques  , sous  la  forme  de 
petits  cristaux  lamelleux  ; sa  cristallisation  la  plus  ordi- 
naire est  un  parallélipipède  rhomboïdal  , dont  les  angles 
sont  quelquefois  tronqués.  Il  contient  : eau  , 66  -,  acide  , i5  ; 
soude  ,19. 

Pour  que  ce  sel  se  cristallise  aisément  , il  est  nécessaire 
qu’il  contienne  un  léger  excès  d alcali-,  c est  pourquoi, 
celui  qui  est  sous  cette  forme  verdit  le  sirop  de  violette. 
S’il  contient,  au  contraire,  un  excès  d acide  , il  ne  cristallise 
qu’avec  peine,  et  se  prend  alors  en  une  masse  , composée 
de  petits  feuillets  brillans  , et  comme  nacrés,  qui  ressem- 
blent beaucoup  au  sel  sédatif  ; c est  ce  que  Bergruaun 
appeloit  sel  perlé  de  ffaupt. 

Ce  sel  a une  saveur  agréable , douce  et  peu  salée. 


Phosphate  de  Soude!  181 

Il  est  d’une  grande  transparence  -,  mais  , exposé  à l’air  , 
il  ne  tarde  pas  à devenir  blanc  et  opaque  : les  cristaux 
néanmoins  conservent  leur  foi’rue  et  assez  de  consistance  , 
à la  différence  de  plusieurs  sels  qui  , en  perdant  l’eau  cia 
cristallisation  , deviennent  farineux.  Ce  phosphate  comme 
celui  de  potasse  est  décomposé  par  le  charbon  • d’après 
JVI.  Saussure  , il  faut  le  dessécher  le  plus  fortement  pos- 
sible ; sur  3o  grammes  de  ce  sel  pulvérisé  , on  ajoute  60 
grammes  de  charbon  de  hêtre.  L’opération  doit  être  con- 
duite comme  la  précédente.  L’auteur  dit  avoir  obtenu  des 
quantités  ci-dcssus  , 2 grammes  et  demi  de  phosphore. 

Le  phosphate  de  soude  contient  beaucoup  d’eau  de  cris- 
tallisation , ce  qui  fait  qu’il  se  liquéfie  à une  douce  chaleur. 
Si  on  lui  eu  applique  une  plus  forte  , il  devient  opaque  , et 
il  se  vitrifie  ; il  donne  alors  un  verre  qui  est  d’un  blanc 
de  lait. 

Essayé  au  chalumeau  , il  commence  à se  liquéfier  ; il 
passe  ensuite  à un  état  blanc  et  concret  , et  il  finit  par 
donner  un  petit  globule  vitreux  , qui  paroît  transparent , 
tant  qu’il  est  fondu.  Ce  petit  globule  devient  opaque  en 
se  refroidissant,  et  il  prend  une  figure  polyédrique.  Le 
phosphate  de  soude  se  comporte  en  cela  comme  le  phos- 
phate de  plomb  , d’après  Pelletier. 

Comme  ce  sel  se  fond  aisément,  il  favorise  la  fusion  des 
terres,  soit  simples,  soit  composées,  ainsi  que  les  oxides 
métalliques  -,  c’est  pourquoi  les  minéralogistes  et  les  chi- 
mistes l’emploient  souvent  avec  succès  , dans  leurs  essais 
au  chalumeau,  pour  recounoitre  la  nature  des  matières 
qu’ils  examinent. 

Ce  sel  est  décomposé  par  la  barite,la  strontiane,  la  chaux, 
la  potasse,  et  par  les  sels  calcaires  , magnésiens,  baritiques 


i8a  Phosphate  d’ Ammoniaque. 

et  alumineux  ; mais  ce  n’est  que  par  une  double  attraction  J 

qu’il  opère  la  décomposition  de  ces  derniers. 

La  plupart,  des  sels  métalliques  éprouvent  egalement , 
de  la  part  de  ce  sel , des  décompositions  ; ce  sont  des1 
moyens  de  former  sur-le-champ  et  facilement,  des  phos- 
phates métalliques,  qui,  à la  vérité  , sont  sujets  a varier 
par  les  proportions,  parce  que  c’est  toujours  1 acide  le  plus 
fort  qui , dans  ces  sortes  de  décompositions  , fait  la  loi,  et  ! 
détermine  les  rapports  entre  l acide  le  plus  foible , et  la  i 
base  que  l’autre  lui  cède. 

Pour  reconnoître  la  pureté  de  ce  sel , il  faut  verser  dans 
sa  solution  du  muriate  de  barite.  Le  précipité  doit  se 

redissoudre  entièrement  dans  l’acide  muriatique  ou  nitrique,  ! 

si  le  phosphate  ne  contient  pas  de  sulfate  de  soude. 

On  substitue  ce  sel , pour  l’usage  médicinal , au  sulfate  j 
de  soude  , dont  il  a tous  les  avantages. 

On  l’emploie  à la  dose  de  trois  ou  quatre  decagrammes,  ! 
dans  deux  tasses  de  bouillon  aux  herbes,  ou  fondu  dans 
deux  verres  d’eau. 

§.  LXXIII. 

Phosphate  cC Ammoniaque. 

■ 

On  rencontre  ce  sel  fréquemment  dans  1 urine  des  anir  l 
maux  carnivores  , où  il  est  souvent  combiné  en  sel  triple  , | 
avec  de  la  soucie  ou  de  la  magnésie. 

Pour  le  préparer  , on  emploie  du  carbonate  d'amrno-  i 
niaque  et  du  phosphate  acide  de  chaux  , jusqu’au  point  de  | 
saturation  ; on  filtre  et  on  fait  ensuite  évaporer  la  liqueur  ! 
à1  une  chaleur  très-douce.  11  faut  des  précautions  pour  faire 
cristalliser  ce  sel  ,car , si  ou  fait  trop  chauffer,  l’ammoniaque  j 


Phosphate  P Ammoniaque.  i85 

se  volatilise.  On  est  même  obligé  , à mesure  que  la 
Jiqueur  s’évapore , d’ajouter  un  peu  d’ammoniaque  , pour 
remplacer  celle  qui  se  volatilise  ; sans  cela,  le  sel  seroit 
avec  excès  d’acide , et  ne  cristalliseroit  pas. 

Exposé  au  feu  , l’ammoniaque  se  dégage  , et  1 acide 
phosphorique  reste  vitrifié.  Ou  pourroit  retirer  ainsi  l’acide 
phosphorique  du  phosphate  d’ammoniaque  en  le  calcinant, 
il  reviendrait  moins  cher  que  par  1 acide  nitiique  et  le 
phosphore. 

Ce  sel  n’est  pas  altéré  dans  sa  nature  par  son  exposition 


à l’air  , il  s’efüeurit  légèrement. 

Il  est  soluble  dans  l’eau,  dont  il  demande  environ  quatre 
parties  , à la  température  moyenne  de  l'atmosphère  , il  so 
cristallise  avec  facilité  ; sa  forme  est  celle  d’un  prisme  a 
quatre  pans  réguliers,  terminé  par  des  pyramides  a quatre 
faces  également  régulières. 

Le  charbon  décompose  ce  sel. 

A cet  effet,  on  met  dans  une  cornue  , un  mélange  de 
phosphate  d’ammoniaque  et  de  charbon  en  poudre  ; il  faut 
luter  la  cornue  avec  de  la  terre.  On  y adapte  un  ballon  qui 
reçoit  le  phosphore  -,  on  peut  terminer  l’appareil  par  un 
tube  de  sûreté  recourbé  qui  part  du  ballon,  et  dont  l’cxtre- 
mité  inférieure  plonge  sous  une  cloche  à 1 appareil  a mer- 
cure, pour  recueillir  le  gaz  ammoniac  qui  se  m gage. 

L’acide  phosphorique  est  attaque  pai  le  charbon  qui 


s’empare  de  l’oxigène  , et  met  le  phosphore  a nu. 

C’est  à celte  opération,  que  se  réduit  l’opération  defi- 
nitive, quand  on  décompose  le  résidu  d urine  évapoié  à 
consistance  de  mie!,  pour  fabriquer  le  phosphore  de  J unhel, 
car  le  phospfi  é.e  soude  et  celui  de  chaux  , que  contient 
le  résidu  , ne  sont  nullement  décomposes  par  ic  charbon  \ , 


u 8 4 Phosphate  de  Magnésie. 

il  n’y  a que  le  phosphate  d'ammoniaque  qui  , se  trouvant 
privé  de  l’ammoniaque  , par  l’effet  de  la  chaleur  qui  la 
Volatilise  , laisse  l’acide  phosphorique  à nu  -,  et  c’est  alors! 
que  le  charbon  agissant  sur  l’oxigène  , laisse  la  facilité 
au  phosphore  de  se  distiller.  Voilà  pourquoi  les  procédés 
par  l’urine,  donnent  si  peu  de  phosphore;  et  certes  on. 
a longtems  ignoré  qu’on  laissoit  ainsi  , sans  l’obtenir,  tout 
le  phosphore  de  l’acide  qui  constituoit  les  phosphates  deî 
chaux  et  de  soude  , lesquels  ne  peuvent  être  décomposés 
que  par  un  acide  supérieur  en  affinité  avec  la  soude  et  la 
chaux,  à l’acide  phosphorique,  tels  sont  les  acides  nitrique, 
et  sulfurique. 

Les  acides  forts  décomposent  ce  phosphate  , ainsi  que 
la  barite,  la  strontiane  , la  chaux  , la  potasse  et  la  soude. 
La  magnésie  le  décompose,  mais  à chaud,  car  à froid,  il 
veste  toujours  une  partie  d’ammoniaque. 

Si  l’on  mêle  une  solution  de  phosphate  d’ammoniaque 
concentrée , avec  une  solution  de  phosphate  de  soude  , 
aussi  concentrée,  on  a une  combinaison  triple;  c’est  ce  qu’on 
appelle  phosphate  de  soude  et  d’ammoniaque. 

Voici  comme  on  peut  reconnoître  la  présence  de  ce  sel. 

Si  le  mélange  de  ce  sel  triple  n’a  pas  été  bien  fait,  on 
Voit  que  celui  qui  s’est  bien  formé  est  sensible  par  1 efflo- 
rescence qui  sc  manifeste  , tandis  que  la  portion  de  phos- 
phate de  soude  , qui  n’étoil  pas  combinée  , se  cristallise 
pure  à part , transparente  et  en  rlxombe.  Si  c est  au  con- 
traire le  phosphate  d’ammoniaque  qui  se  trouve  en  excès 
dans  la  combinaison  triple,  on  s'en  apperçoit  facilement, 
parce  que  l’ammoniaque  peut  en  être  dégagée  par  la  chaux 
caustique. 

Ce  sel  est  un  des  meilleurs  fondans  que  l'on  puiss* 


1 85 


Phosphate  de  Magnésie. 

employer  pour  les  essais  au  chalumeau;  il  hâte  la  fusion  des 
pierres  , des  terres  et  des  oxides  métalliques  , dont  ou 
reconnoît  souvent  1 espèce  , par  la  couleur  qu  ils  lui  com- 
muniquent. 

§.  LIXIV. 

• \ 

Phosphate  de  Magnésie. 

Ce  sel  existe  en  petite  quantité  dans  les  os,  dans  les 
calculs  , dans  différens  liquides  animaux,  et  dans  quelques 
végétaux  , tels  que  le  bled,  lorge,  etc. 

On  doit  à M.  Vauquelin  un  moyen  de  l’obtenir  promp- 
tement cristallisé  en  solides  de  plusieurs  centimeties  de 
long  , et  quelquefois  de  vingt -deux  millimétrés  d épais- 
seur. Ce  moyen  consiste  à mêler  parties  égales  de  sulfate 
de  magnésie  et  de  phosphate  de  soude,  1 un  etd  autre  dis- 
sous dans  peu  d’eau.  Il  pai'oît  d abord  ne  se  passer  aucune 
action  entre  ces  matières;  mais,  au  bout  de  vingt-quatre 
heures  , il  se  forme  dans  la  liqueur  des  prismes  hexaedres, 
parfaitement  trausparens  ; dont  les  dimensions  varient  sui- 
vant les  quantités  de  sels  employés. 

Cette  substance,  exposée  à l’air,  perd  son  eau  de  cristal- 
lisation , devient  opaque  , et  même  se  réduit  en  poussière 
en  peu  de  tems  : cela  prouve  qu’il  n’a  pas  une  grande  affi- 
nité avec  l’eau. 

Il  n’a  pas  de  saveur  sensible. 

Il  se  fond  aisément  au  chalumeau  , en  un  globule  qui 
conserve  sa  transparence  après  le  refroidissement. 

Les  acides  sulfurique,  nitrique  et  muriatique  séparent 
les  élémens  du  phosphate  de  magnésie , en  s’unissant  a sa 
base,  et  en  rendant  l ucide  phosphorique  libre. 


3 86  Phosphates  de  Glucine  et  et  Alumine. 

Ce  sel  est  décomposé  par  la  barite  , la  strontiane  et  la 
cliaux  ; il  est  facile  de  s’en  convaincre , en  versant  une 
solution  de  ces  terres  dans  une  solution  de  ce  sel , qui 
se  trouble  sur-le-champ,  parce  que  ces  phosphates  sont 
beaucoup  moins  solubles  que  celui  de  magnésie. 

Dissous  dans  un  acide,  il  est  décomposé  par  les  alcalis 
caustiques  , et  en  partie  par  l’ammoniaque  -,  la  magnésie 
décompose  complètement  le  phosphate  dammoniaque  , 
sur-tout  à l’aide  d’une  chaleur  douce. 

Le  phosphate  de  magnésie  s’unit  aisément  au  phosphate 
d’ammoniaque , et  ils  forment  ensemble  une  combinaison 
triple  très-insoluble.  M.  Fourcroj  en  a fait  conuoître  les 
propriétés  dans  un  calcul  pesant  plusieurs  hectogrammes  , 
trouvé  dans  le  colon  d’un  cheval  mort  de  tranchées  à 1 é- 
cole  vétérinaire  d’Alfort. 

§.  LXXV. 

Phosphate  de  Glucine. 

L’acide  phosphorique  forme  avec  cette  terre  un  sel  in- 
soluble -,  ce  dont  on  a la  preuve  , en  versant , dans  une  solu- 
tion de  sulfate  de  glucine  , une  solution  de  phosphate  de 
soude,  sans  excès  d’alcali  ; il  se  forme  ainsi  un  précipité 
abondant,  comme  mucilagineux , qui  n’a  pas  de  saveur 
sensible,  et  qui  est  très-soluble  dans  un  excès  d acide  phos- 
phorique, et  même  dans  un  acide  étranger. 

Ce  sel  est  insoluble  dans  l’eau. 

Ce  sel  est  décomposé  par  l’acide  sulfurique  , et  par  les 
terres  et  les  alcalis,  excepté  l’alumine  , la  zircone  et  la  silice. 

Il  se  fond  au  chalumeau  en  perle  vitreuse,  qui  reste 
transparente  après  le  refroidissement. 


Phosphates  de  Zircone  et  de  Silice.  187 

Ce  sel , comme  le  précédent,  est  peu  connu  -,  on  le  pré- 
pare en  combinant  directement  l’alumine  avec  l’acide 

phosphorique. 

g.  LXXVI. 

Phosphate  d Alumine. 

Il  se  fond  au  chalumeau  en  un  verre  transparent , et 

sans  éprouver  de  décomposition. 

11  est  presque  insoluble  dans  1 eau  ; mais  il  le  devient 

abondamment  par  un  excès  d acide. 

Il  est  décomposé  par  les  acides  minéraux  , et  par  les 

terres  et  les  alcalis , excepté  la  zircone. 

§.  LXXVIÏ. 

Phosphate  de  Zircone. 

On  ne  commît  encore  rien  sur  la  nature  de  ce  sel  : on 
sait  seulement  que  l’acide  phosphorique  décompose  le 
muriate  de  zircone  , et  forme  avec  sa  base  , un  compose 
insoluble  , qui  6e  précipite  en  flocons  blancs. 

§.  L X X V 1 1 1. 

Phosphate  de  Silice. 

Ce  sel  n’est  pa«  connu  -,  cependant  M.  F urcroy  a an- 
noncé qu’en  unissant  de  l'acide  pb  s;  \ ri  que  a la  silice  par 
}a  fusion,  ou  ubtieut  uu  sul,  dont  il  nu  pas  encore  décrit 


i88 


Des  Phosphites  terreux  et  alcalins'. 

les  caractères.  On  peut  même , par  ce  moyen  , préparer  deS 
pierres  précieuses  artificielles. 

§.  LXXIX. 

Des  Phosphites  terreux  et  alcalins. 

Propriétés  génériques  de  ces  Sels. 

Le  caractère  dominant  des  phosphites  consiste  dans  hc 
propriété  qu  ils  ont  d’etre  décomposés  par  le  calorique  ; 
ils  perdent  une  certaine  quantité  de  phosphore  et  ils 
passent  a 1 état  de  phosphates  ; cette  décomposition  est 
toujours  accompagnée  d’une  lumière  pliosphorique  , plus 
ou  moins  Brillante  , sur  - tout  lorsqu'on  les  chauffe  au 
chalumeau  , même  sur  un  support  incombustible. 

Le  phosphite  d’ammoniaque  présente  d’autres  phéno- 
mènes dans  sa  décomposition  , comme  nous  le  verrons  à 
l’article  de  ce  sel. 

Ils  sont  tous  décomposés  par  la  chaux. 

Les  acides  sulfurique  , muriatique  et  pliosphorique 
décomposent  les  phosphites  ; ils  s’emparent  des  bases  eu 
isolant  1 acide  phosphoreux. 

Les  acides  nitrique  et  muriatique  oxigéné  les  font  passer 
à 1 état  de  phosphates.  Les  nitrates  et  les  muriates  sur- 
oxigénés  opèrent  un  effet  semblable. 

Les  phosphites  ont  aussi  la  propriété  d’être  solubles 
dans  l’acide  phosphoreux. 

Oïdie  d affinité  de  cet  acide  pour  les  bases  ; chaux , 
baiite,  stiontiane,  magnésie,  potasse,  soiidc,  ammoniaque, 
glucine  , alumine  , et  zircone. 


Phosphites  de  Chaux  et  de  Barile. 


189. 


LXX  X. 

Phosphite  de  Chaux. 

O11  prépare  ce  pliospliite  calcaire  en  combinant  direc- 
tement la  chaux  avec  l’acide  phosphoreux. 

Ce  sel  insipide  et  inaltérable  à l’air  , mais  il  se 
dissout  dans  l’acide  phosphoreux  , alors  on  peut  l’obtenir 
cristallisé  sous  forme  d aiguilles  ; dans  cet  état , c est  un 
vrai  sel  acidulé , il  rougit  les  couleurs  bleues  végétales , 
et  se  dissout  dans  l’eau.  Le  phosphite  neutre  de  chaux, 
selon  M.  Fourcroy , contient  5i  de  chaux,  34  d’acide 
phosphoreux  et  x5  d’eau. 

§.  LXXXI. 

Phosphite  dî  Barde . 

On  le  prépare  de  la  même  manière  que  le  précédent , 
et  mieux  encore  eu  décomposant  un  phosphite  soluble 
par  la  solution  de  barite. 

On  distingue  deux  phosphites  de  barite  , un  neutre 
qui  est  insipide  , peu  soluble  dans  l’eau  , incristallisable 
et  inaltérable  à l’air  , et  l’autre  acidulé  qui  résulte  de  la 
solution  du  phosphite  neutre  dans  l’acide  phosphoreux  , 
qui  a de  la  saveur  , qui  est  soluble  et  susceptible  de 
former  par  l’évaporation  des  cristaux  en  aiguilles. 

Le  phosphite  neutre  de  barite  est  composé  de  : 5i  j de 
barite;  41  5 d’acide;  et  7 d’eau. 


jr)0  Phosph.  de  Strontiane , de  Magnésie  et  de  Potasse. 

§.  LXXXIÏ. 

Phosphite  de  Strontiane. 

, / 

Cetle  combinaison  n’est  pas  connue. 

§.  LXXXIII. 

g* 

Phosphite  de  Magnésie. 

Pour  préparer  ce  sel  on  décompose  le  phosphite  de 
soude  par  le  sulfate  de  magnésie , il  se  précipite  des 
cristaux  soyeux  très-brillans. 

Ce  phosphite  est  presqu’insipide  et  peu  soluble  dans 
l’eau-,  à la  température  de  io  degrés  il  faut  quatorze  cent 
parties  de  ce  liquide. 

Il  contient  0,20  de  magnésie  -,  o,44  d’acide  ; et  o,3 6 
d’eau. 

§.  l xx  xi  y. 

Phosphite  de  Potasse. 

i 

En  dissolvant  du  carbonate  de  potasse  dans  de  1’  eide 
phosphoreux  , et  évaporant  la  dissolution  , on  obtient  par 
le  refroidissement  des  cristaux  de  phosphite  de  potasse. 

Ce  sel  cristallise  en  prismes  droits  à quatre  faces  , 
terminés  par  des  biseaux.  11  a une  saveur  piquante  et  salée, 
peu  altérable  à l’air,  soluble  dans  trois  à quatre  parties 
d’eau  à la  température  de  10  degrés  5 quand  on  le  chauffe, 
il  décrépite  avant  de  se  fondre. 


Phosphites  de  Soude  et  d' Ammoniaque.  191 

Il  est  composé  de  49  i parties  de  potasse  -,  39  l d’acide  -, 

et  1 1 d’eau. 

§.  L X XX  V. 

Phosphite  de  Soude'. 

Ou  le  prépare  comme  celui  de  potasse  , et  sa  cristalli- 
sation est  très-variée , tantôt  ce  sout  des  lames  , tantôt  des 
prismes  , tantôt  des  rhomboïdes  oblongs  , quelquefois 
les  cristaux  représentent  des  barbes  de  plumes. 

Ce  sel  a une  saveur  douce  et  Iraiche  , est  eiflorescent 
se  dissout  dans  le  double  de  sou  poids  d eau  a la  tem- 
pérature de  10  degrés,  et  décompose  les  sulfates,  les 
nitrates  et  les  muriates  de  chaux , de  barite  , de  stron- 
tiane  et  de  magnésie. 

Il  est  composé  de  32  | parties  de  soude;  16  3 d acide; 
«t  60  d’eau. 

§.  L XX  XVI. 

Phosphite  d’ A mm  0 n iaque. 

Pour  obtenir  ce  phosphite  on  combine  directement 
L’ammoniaque  avec  l’acide  phosphoreux  , on  évaporé  la 
liqueur  à un  feu  doux,  afin  de  ne  point  volatiliser  de 
la  base  , dans  ce  cas  il  faudroit  ajouter  un  peu  d ammo- 
niaque. 

Ce  sel  cristallise  en  aiguilles,  ou  en  prismes  a quatie 
faces  , terminés  par  des  pyramides  quadrangulaires , il  tl 
une  saveur  piquante  , est  déliquescent , et  se  dissout  dans 


Tf)2  Phospliite  Ammoniacjo-magnésien. 

deux  parties  d’eau  à la  température  de  io  degrés  et  en 
beaucoup  plus  grande  quantité  dans  l’eau  chaude. 

Distillé  dans  une  cornue  , il  se  décompose , et  l’ammo-' 
niaque  se  dégage  en  partie  à letat  liquide  et  en  partiel 
à l’état  de  gaz  , et  il  reste  dans  la  cornue  de  l'acide 
pliosphorique  pur.  Le  gaz  ammoniac  obtenu  dans  cette 
expérience  contient  un  peu  de  phosphore  et  brille  quand 
on  le  mêle  au  gaz  oxigène. 


Mais  si  on  le  chauffe  sur  un  charbon  , il  se  gonfle  en 
raison  de  l’eau  de  cristallisation*qui  se  vaporise , et  répand 
une  lumière  assez  vive , il  se  dégage  ensuite  du  gaz  hy- 
drogène phosphoré  qui  brûle  par  le  contact  de  l’air. 

Il  reste  sur  le  charbon  un  globule  vitreux  d’acide  phos- 
phorique. 

Le  phospliite  d’ammoniaque  est  composé  de  5i  parties 
d’ammoniaque  •,  26  d’acide  •,  et  23  d eau. 


§.  LXXXVII. 


Phospliite  Ammoniaco-magnèsien . 

Ce  phospliite  a été  peu  examiné.  On  peut  l'obtenir 
en  mêlant  des  solutions  de  phospliite  d ammoniaque  et 
de  magnésie.  Quand  les  liqueurs  sont  concentrées  le  sel 
se  dépose  au  fond  du  vase. 

Ce  phospliite  triple  , suivant  M.  Fourcroj  , est  dé- 
composé par  les  acides  forts  , la  chaux,  la  barite  et  la 
strontiane. 


Pliosph.  et Alumine.  Finales  terreux  et  aie  al.  \eyS 


§.  L X X X V 1 1 1. 

Phosphite  âü Alumine. 

Ce  phosphite  résulte  de  la  combinaison  directe  de 
alumine  avec  l’acide  phosphoreux  -,  il  a une  consistance 
gélatineuse  , une  saveur,  styptique  , soluble  dans  l’eau,  se 
«oursoufle  au  feu  avant  de  se  fondre  , et  conserve  après 
4e  volume  qu  il  avoit  auparavant. 

Les  phosphites  de  glucine  , d’yttria  , de  zircone  et  de 
silice,  sont  inconnus. 

§.  L X X X I X. 

Fluates  terreux  et  alcalins. 

Propriétés  génériques  de  ces  sels. 

A l’exception  du  fluate  de  chaux  qui  est  très-abon- 
dant dans  diverses  parties  du  globe,  et  du  fluate  d’alu- 
mine que  l’on  a découvert  depuis  peu  dans  la  topaze, 
-■combiné  avec  la  soude,  par  conséquent  en  sel  triple,  la 
mature  ne  nous  offre  pas  d’autres  combinaisons  de  l’acide 
Ifluorique. 

La  plus  grande  partie  des  fluates  décrépitent  au  feu 
-et  y deviennent  phosphoresceus.  Ils  se  fondent  et  se  vi- 
trifient, excepté  celui  d’ammoniaque  qui  se  décompose 
immédiatement. 

On  divise  ces  sel*  en  solubles  et  insolubles  , les  uns 
2.  i'i 


iqb  FluaLe  de  Chaux. 

sont  insipides  , les  autres  ont  une  savear  salee , piquante 

et  un  peu  amère. 

Ils  sont  décomposés  à froid  par  les  acides  sulfurique  , 
nitrique  et  muriatique,  en  dégageant  1 acide  fluorique  a 
l’état  de  gaz  et  sans  aucune  effervescence. 

L’acide  pliospliorique  décompose  aussi  ces  sels  , mais 
à une  haute  température. 

La  silice  se  combine  avec  les  filiales  par  la  voie  humide 
et  par  la  voie  sèche  , eu  formant  des  sels  triples  , c est 
pourquoi  , il  est  indispensable  , pour  les  avoir  puis  oe 
les  préparer  dans  des  vases  de  plomb  et  avec  des  ma- 
tières qui  ne  contiennent  aucun  atome  de  silice.  Il  faut 
avoir  les  mêmes  précautions  quand  on  extrait  1 acide 
flüorique  des  sels  qui  le  contiennent. 

§■  XC.  \ 

Flucde  de  Chaux. 

Le  fluate  de  chaux  existe  en  filous,  en  niasse  dans  fa 
nàturè  , avec  les  mines  de  plomb  , d argent , de  cobalt  . 
de  cuivre,  etc.  ; il  en  est  souvent  la  gangue. 

On  en  trouve  dix  variétés  de  différentes  couleurs ,bl  eue, 
verte  , blanche,  rouge,  etc.  Ses  couleuis  sont  dues  a la 
présence  et  à l’état  du  fer  qui  prend  diffci entes  couleuis . 
à proportion  dés  doses  d’oxigène  qu’il  contient.  Le  plus 
beau  spath  fluor,  et  le  plus  rare  , est  le  blanc-,  le  vert  est 
le  plus  commun  , et  ensuite  celui  de  couleur  améthistc. 
Il  n’est  ni  dense,  ni  dur,  ni  susceptible  d’un  très-beau 
poli  ; on  y voit  presque  toujours  le  tissu  lamellcux  : il 


Filiale  de  Chaux. 


i95 

est  aussi  mélangé  de  quartz  -,  — le  blanc  est  toujours  un 
peu  jaunâtre. 

Ou  l'a  appelé  spath  fluor,  spatlx  vitreux,  fluor  spathi- 
que  , spath  phosphoreux. 

Ces  diftérens  fluates  ne  sont  , pour  la  plus  grande 
partie  , qu  une  seule  et  même  substance  saline  -,  c’est-à-dire, 
la  combinaison  de  l’acide  fluorique  avec  la  chaux. 

On  trouve  encore  le  fluate  de  chaux  dans  les  os  fossiles, 
dans  1 ivoire  fossile-,  Berzèlius  prétend  même  qu’il  existe 
en  petite  quantité  dans  les  os  frais  et  dans  l’urine. 

Ce  sel  pèse  trois  fois  plus  que  l’eau  distillée  : M.  Haïty 
a trouvé  que  le  no.jaii  de  ce  sel  est  un  octaèdre  parfait , 
qui  passe  au  cube  par  décroissement. 

Si  l’on  réduit  ce  sel  en  petits  morceaux  , et  qu’on  le 
chauffe  sur  une  pelle  rouge  , il  répand  une  lueur  phos- 
phorescente violette. 

Sch'eele  a fait  des  recherches  à cet  égard  ; il  a démontré 
que  ce  sel  une  fois  rougi  n est  plus  rendu  phosphorique 
par  une  nouvelle  calcination.  Sch'eele  croyoit  aussi  què 
cette  phosphorescence  étoi.t  due  à une  combustion  -,  mais  là 
matière  est  phosphorscente , même  dans  le  vide;  ou 
ignore  la  cause  de  ce  phénomène. 

Le  calorique  foucl  ce  sel  , «mais  ne  le  décompose  pas;  il 
devient  une  sorte  d émail. 

Si  on  le  chauffe-  brusquement , il  décrépite  aussi  vive- 
ment que  le  inuriate  de  soude. 

On  peut  s’en  servir  au  chalumeau  , comme  fondant 
four  les  miues. 

Ce  sel  n’éprouve  aucune  action  de  la  part  de  l’air. 

Il  nest  pas  soluble  dans  l’eau  -,  cependant  la  nature  lé 
dissout  , puisqu  elle  le  cristallise. 


196  Fluale  de  Barite. 

Les  acides  sulfurique,  nitrique  et  muriatique  , décom- 
posent le  fluale  calcaire.  On  obtient  pour  résidu  des  sels 
à base  de  chaux  5 l’acide  que  l’on  obtient  est  d’une 
nature  particulière  et  n’a  rien  de  commun  avec  les  acides 
employés  , comme  nous  l’avons  démontre  dans  1 examen 
de  l’acide  fluorique. 

Quand  on  fait  cette  décomposition  il  faut  étendre 
d’eau  les  acides  , afin  que  les  sels  qui  se  forment  trouvent 
de  l’eau  pour  les  dissoudre  -,  ils  s’en  emparent  vivement. 
Sans  cette  précaution  , le  peu  d eau  que  l’acide  concentré 
contient,  est  bientôt  absorbé,  ce  qui  empâte  le  mélange, 
empêche  le  point  du  contact  , et  peut  aller  jusqu'à  arrêter 
l’opération. 

Le  fluate  calcaire  n’est  décomposé  par  aucune  matière 
«Icaline  ou  terreuse-,  mais  , si  l’on  emploie  des  alcalis  à 
l’état  de  carbonate  , il  y aura  jeu  de  doubles  affinités  ; 
il  se  fait  une  double  décomposition. 

A cet  effet, on  fond  une  partie  de  spath  fluor  avec  quatre 
parties  de  carbonate  de  potasse  ou  de  soude  -,  on  verse  de 
l’eau  sur  la  masse  résultante  du  mélange  , l eau  se  charge 
de  tout  ce  qui  est  soluble  , et  il  reste  au  fond  un  carbo- 
nate calcaire.  Si  l’on  fait  évaporer  la  liqueur  surnageante 
jusqu’à  siccité  , on  obtient  un  fluate  de  potasse  ou  de 
soude  ; on  peut  , avec  cette  dernière  substance , obtenir 
un  sel  cristallisé. 

s-  XCI 

Fluate  de  Barite. 

Sion  verse  del’acidé  fluorique  dans  une  dissolution  de 


Filiales  de  Strontiane  et  de  Potasse.  iqj 
nitrate  ou  de  muriate  de  barite  , on  y occasionne  un 

précipité. 

Ce  précipité  traité  par  l’acide  sulfurique  , laisse  dé- 
gager de  l’acide  fluorique  ce  qui  prouve  que  Monnet 
a eu  tort  de  dire  que  l’acide  sulfurique  et  l’acide  tluo- 
rique  sont  semblables. 

On  peut  encore  préparer  le  fluate  de  barite  , en  faisant 
passer  du  gaz  acide  fluorique  dans  de  la  barite  pure  , ou 
dans  le  carbonate  délayé  dans  l’eau.  Quand  la  barite  est 
saturée  , ou  avec  un  léger  excès  d’acide  , on  filtre  et  l’on 
fait  évaporer  la  liqueur. 

Le  fluate  de  barite  est  susceptible  de  cristalliser  -,  il 
est  soluble  dans  l’eau. 

Ce  fluate  n’est  décomposé  que  par  la  chaux  et  par  les 
alcalis  à l’état  de  carbonate. 

§.  xcir. 

Fluate  de  Strontiane. 

Ce  sel  n’est  pas  connu.  Si  l’on  ajoute  de  l’acidc  fluorique 
li  une  solution  de  strôntiane  dans  l’eau  , ou  dans  les 
acides  nitrique  ou  muriatique  , on  obtiendra  un  résultat 
semblable  à celui  de  barite. 

Ce  sel  est  décomposé  par  la  cbaux  et  la  barite. 

§.  X C I II. 

Fluate  de  Potasse 

Quand  on  prépare  un  fluate  alcalin  n*«c  de  l acide- 


I 


Finale  de  Potasse'. 


198 

fluorique  siliceux  , on  ne  parvient  jamais  à précipiter  toute 
la  silice  , il  en  reste  une  partie  en  sel  triple  , qui  , cepen- 
dant, se  décompose  , si  l’on  chauffe  un  peu  lorigtems  : 
alors , la  silice  se  sépare  en  gelée. v 

Si  , au  contraire  , on  prépare  le  fluate  de  potasse  avec 
de  l’acide  fluorique  pur  , on  l’obtient  en  lames  ductiles  , 
tandis  qu’avec  l’acide  préparé  dans  des  vaisseaux  de 
verre,  il  est  en  gelée  ; c’est  ce  qui  avoit  induit  en  erreur 
le  célèbre  Scheele , car  il  ne  parvint  jamais  à l’obtenir 
cristallisé. 

Pour  préparer  ce  sel  , on  met  dans  un  creuset  i3o  par- 
ties de  carbonate  de  potasse  avec  100  parties  de  fluate  de 
cbaux,  le  tout  pulvérisé.  On  place  le  creuset  au  milieu 
des  charbons,  et  on  l’entretient  au  petit  rouge  pendant 
environ  une  demi-heure  j il  se  forme  du  fluate  de  potasse 
et  du  carbonate  de  chaux  : il  faut  avoir  l’attention  de  ne 
pas  trop  chauffer  , pour,  éviter  de  décomposer  le  carbonate 
de  chaux,  car  l’acide  carbonique  se  dégage  en  partie  et 
il  se  reforme  du  fluatç  de  chaux  ; on  fait  dissoudre  et  on 
évaporé  jusqu’à  forte  pellicule  , on  obtient  des  cristaux 
sous  la  forme  cubique.  Dans  cette  opération  on  a toujours 
Un  sel  avec  excès  de  base  -,  pour  l’avoir  neutre , il  convient 
de  saturer  la  potasse  par  l’acide  fluorique  gazeux  ou 
liquide. 

Le  feu  en  dégage  l’acide  fluorique,  et  il  ne  reste  que  de 
l’alcali  dans  le  vaisseau  -,  si  on  ne  faisoit  pas  cette  expé- 
rience dans  un  vase  de  métal,  on  obtiendroit  un  sel  triple 
en  gelée. 

Le  fluate  de  potasse  est  soluble  dans  l’eau. 

Les  acides  sulfurique,  nitrique  et  muriatique  en  chas- 
sent l’acide  fluorique.  On  apperçoit  promptement  des 


I 


Fluates  de  Soude  et  d' Ammoniaque.  ir,§ 

, vapenrs  blanches  et  lourdes  , et  qui  sont  siliceuses  dès  le 
premier  moment  , si  l’on  opère  dans  des  vaisseaux  de 
verre. 

Ce  fluate  est  décomposé  par  la  chaux  la  barite  et  la 
! strontiane.  • 

Le  muriate  calcaire  et  le  sullate  de  magnésie,  d après 
Schèele  , décomposent  aussi  c esel. 

§.  xciy. 

Fluate  de  Soude., 

Le  fluate  de  soude  se  prépare  de  la  même  manière  que 
! le  fluate  de  potasse. 

Boullanger , qui  a examiné  tous  les  produits  de  l’acide 
fluorique,  a dit  que  ce  sel  cristallise  en  cubes  -,  Scheele 
a annoncé  qu’il  ne  se  cristallise  pas.  Du  reste , il  se  com- 
porte à-peu-prés  comme  le  fluate  de  potasse , lorsqu  on  le 
met  en  contact  avec  le  calorique. 

Il  est  décomposé  par  la  chaux  , la  baflte  , la  strontiane 
et  la  potasse.  L’acide  fluorique  quitte  la  soude  pour 
s’unir  à la  base  qu’on  ajoute. 

Les  carbonates  et  le  muriate  de  chaux  le  décomposent 
aussi. 

§.  X C V. 

Fluate  d’ Ammoniaque . 

On  peut  préparer  ce  sel  avec  le  carbonate  d’ammo- 
niaque cristallisé  , ou  bien  en  saturant  l’ammoniaque  li- 
quide , par  1 acide  fluorique. 


aoo  Fluate  rf Ammoniaque. 

Ce  sel  cristallise  en  petits  grains  , pourvu  que  1 acide 
fluorique  soit  bien  pur  ; car,  s il  tenoit  de  la  silice  , il  se 
formeroit  un  sel  triple , qui  n’est  plus  susceptible  de 
cristalliser,  et  si  l’on  évaporoit  , même  dans  des  vaisseaux 
de  verre  , ce  sel  triple  se  formeroit.  On  dôit  observer 
que  , sur  la  fin  de  l’opération  , il  se  dégage  de  l’ammo- 
niaque , en  sorte  qu’il  faut  en  ajouter  pour  obtenir  le 
fluate  d’ammoniaque  , sous  une  forme  régulière  : sans 
cette  précaution  , la  presque  totalité  de  l’ammoniaque  se 
dégageroit. 

Ce  sel  existe  toujours  avec  excès  d’acide.  Le  fluate 
d’ammoniaque,  le  plus  neutre  qu’on  puisse  obtenir  , cor- 
rode le  verre , et  peut-être  les  cristaux  qui  se  forment, 
sont-ils  un  sel  triple , fluate  ammoniaco-siliceux. 

Lorsqu’on  distille  ce  sel  dans  des  vaisseaux  clos,  avec 
l’acide  sulfurique,  il  passe  de  l’acide  fluorique  pur,  et 
il  se  forme  une  croûte  épaisse  Sur  l’eau  dans  le  réci- 
pient. 

Les  substances  terreuses  précédemment  examinées  , 
ainsi  que  les  alcalis  , décomposent  ce  sel  , l’ammoniaque 
se  dégage. 

Si  l’on  distille  du  fluate  d’ammoniaque  avec  du  carbo- 
nate de  chaux,  on  obtient  du  carbonate  d ammoniaque  et 
du  fluate  de  chaux.  Cette  décomposition  ne  peut  avoir 
lieu  qu’à  l’aide  du  calorique. 

Le  muriate  et  le  nitrate  calcaire  décomposent  aussi  ce 
sel.  11  j a échange  de  base. 

Scheele  dit  que  ce  sel  trouble  la  solutiotv  de  sulfate 
de  magnésie. 


Fluates  de  Magnésie , de  Glucine  et  d’.llumine.  sert 

§.  XCVI. 


Fluate  de  Magnésie. 

La  magnésie  est  dissoute  par  l’acide  fluorique , mais 
elle  se  précipite  aussitôt  avec  l’acide  , et  forme  avec  la 
terre  , non  dissoute  , une  masse  gélatineuse. 

Ce  sel  est  soluble  par  excès  d acide  •,  on  ne  peut  jamais 
l’obtenir  neutre. 

Il  est  décomposé  par  toutes  les  bases  précédentes. 

Lorsqu’on  décompose  ce  fluate  par  l’ammoniaque  , il 
se  forme  un  sel  triple,  fluate  ammoniaco  - magnésien  ; 
c’est  ce  qui  arrive  pour  tous  les  sels  magnésiens  , quand 
on  les  décompose  par  l’ammoniaque , et  la  décomposition 
de  ces  sels  s’arrête  au  moment  où  les  doses  nécessaires 
pour  la  formation  du  sel  triple  qui  se  forme , se  sont  réci- 
proquement combinées. 

§.  XCV1I. 

Fluate  de  Glucine . 

Combinaison  inconnue. 

§.  XCVI  II. 

Fluate  d’ Alun  âne. 

M.  V aufjueliu  a reçu  de  Danemarck  un  minéral  blanc  , 
lamelleux , apporté  de  Groenland  -,  ce  chimiste  a reconnu 


202  Filiales  de  Zircone  et  de  Silice.  Borates , etc : 

qu’il  contenoit  du  fluate  d’alumine  , sel  qu’on  n’avoit 
point  encore  trouvé  dans  la  nature.  Ce  minéral  a reçu  le 
nom  de  Chryolite.  Le  fluate  d’alumine  existe  également 
dans  la  topaze.  . 

L’alumine  donne  , avec  l’acide  fluorique , une  foible 
dissolution  qui  ne  peut  être  cristallisée , et  qui  se  met  en 
gelée. 

Ce  sel  est  décomposé  par  toutes  les  bases. 

i §.  X C I X. 
j Fluate' de  Zircone. 
encore  traité  cette  terre  avec  l'acide 

Fluate  de  Silice. 

Voyez  acide  fluorique. 

i 

S-  CI. 

Borates  terreux  et  alcalins. 

Propriétés  génériques  de  ces  sels. 

Excepté  une  ou  deux  espèces  , les  borates  sont  le 
produit  de  l’art. 

Ces  sels  sont  fixes  au  feu  , ils  se  fondent  et  se  vitri- 
fient 5 le  borate  d’ammoniaque  seul  se  décompose. 


On  n’a  point 
fluorique. 


Borate  de  Chaux.  20Ü 

Us  n'éprouvent  aucune  altération  de  la  part  de  l’air. 
Les  uns  sont  solubles  dans  l’eau  et  les  autres  insolubles, 
mais  ils  acquièrent  tous  la  solubilité  quand  ils  sont  avec 
: excès  de  base , caractère  qui  n’appartient  a aucun  autre 
igenre  de  sel. 

Beaucoup  d’oxides  métalliques  se  combinent  par  la 
sfusion  avec  les  borates  , il  en  résulte  des  verres  de  di- 
verses couleurs. 

Les  acides  sulfurique  , nitrique  , muriatique  , phos- 
| pboriquc  et  üuorique  décomposent  les  borates. 

S-  CH. 

Borate  de  Chaux . 


Pour  préparer  ce  borate , on  verse  de  l’eau  de  chaux 
dans  une  solution  d’acide  boi'acique  , jusqu’à  parfaite 
saturation  : on  fait  ensuite  évaporer  la  liqueur  saline 
jusqu’à  siccité. 

Ce  sel  a peu  de  saveur  -,  il  est  fixe  au  feu  et  se  vitrifie. 

Il  est  insoluble  , ou  du  moins  plus  insoluble  que  la 
chaux. 

A l’aide  de  la  chaleur,  il  est  décomposé  par  les  acides 
qui  en  précipitent  l’acide  boracique. 

On  doit  préférer  , pour  faire  cette  expérience , l’acide 
muriatique,  attendu  que  le  muriate  de  chaux  qui  se 
forme,  étant  soluble,  reste  en  solution  dans  ia  liqueur; 
avantage  que  l’on  n’auroit  pas  , si  I on  employoit  l’acide 
sulfurique,  parce  que  le  sulfate  de  chaux  se  précipiteroit 
en  même  tems. 

Il  existe , aux  environs  de  Lunebourg  , dans  des  couches 


2©4  Borate  de  Barite. 

de  sulfate  de  chaux , une  substance  qui , à cause  de  sa  forme 
et  de  sa  dureté  , reçut  le  nom  de  quartz  cubique.  fVestrumb 
a prouvé  , par  des  expériences  nombreuses  , que  cette 
matière  est  un  sel  triple , composé  de  magnésie  , de  chaux 
et  d’acide  boracique , dans  les  rapports  suivans  : acide- 
boracique  , 0,660  ; chaux  , 0,1  o5  ; magnésie  , 0,1 35  •,  le 
reste  en  matières  étrangères , qui  consistoient  en  un  peu 
de  fer , de  silice  et  d’alumine. 

La  chaux  boratée  a été  encore  trouvée  par  Klaproth  , 
dans  un  fossile  d’Arendal , en  Norwège,  appelé  d’ Atholite. 

Les  alcalis  caustiques  sont  impuissans  pour  décomposer 
le  borate  magnésio-calcaire  natif-,  ce  n’est  que  par  les 
acides  , que  TVestrumb  est  parvenu  à en  séparer  les  élé- 
mens  , et  à en  déterminer  les  proportions. 

§.  CIII. 

Borate  de  Barite. 

La  barite  se  combine  avec  l’aeide  boracique. 

On  prépare  ce  sel  , en  versant  une  solution  d’acide 
boracique  dans  une  solution  de  barite. 

Ce  sel  est  soluble;  il  est  indécomposable  par  les 
autres  terres  et  les  alcalis  : il  est  cependant  encore  in- 
certain s’il  ne  seroit  pas  décomposé  par  la  chaux. 

11  est  décomposé  par  tous  les  acides  même  à froid. 

Outre  les  alcalis  et  les  acides,  il  y a plusieurs  sels  qui 
décomposent  ce  borate  -,  alors  il  y a action  de  double  affi- 
nité : c est  ce  qui  arrive  , si  I on  met  en  contact  du  muriate 
de  chaux  avec  le  borate  de  barite  ; il  y a échange  de  base. 


Borates  de  Strontiane  et  de  Magnésie. 


ao5 


S-  Civ. 

Borate  de  Strontiane. 

Sa  préparation  est  la  même  que  celle  du  borate  de  ba- 
:rite.  Ses  propriétés  ont  aussi  beaucoup  d’analogie  avec  le 
■sel  précédent. 

L’un  et  l'autre  ne  s’est  point  encore  trouvé  dans  la 
mature. 

S-'cv. 

Borate  de  Magnésie . 

Ce  sel  se  trouve  en  cubes  transparens  dans  une  carrière 
de  sulfate  de  chaux  au  Kalckberg,  près  Lunebourg.  Dans 
icet  état  de  transparence  , il  ne  contient  pas  de  chaux. 
JÆ.  Haupt  a découvert  que  ces  cristaux  s’électrisoient  par 
lia  chaleur,  et  que  les  angles  qui  présentoient  le  plus  de 
ifacettes  , manifestoient  l’électricité  résineuse. 

Pour  préparer  ce  sfcl  , on  jette  de  la  magnésie  dans  une 
[solution  d’acide  boracique  -,  elle  s’y  dissout  lentement. 
La  liqueur  évaporée  donne  des  cristaux  grenus , sous  forme 
i régulière. 

Ce  sel  a une  saveur  douce  et  comme  sucrée. 

11  est  fixe  au  feu  •,  il  se  fond  et  fait  un  verre  transparent, 
qui  devient  opaque  par  refroidissement,  mais  qui  reste 
i clair  , si  1 acide  boracique  est  en  excès. 

On  ne  connoît  pas  le  degré  de  solubilité  de  ce  sel. 

La  chaux  et  la  barite  décomposent  le  borate  de  magné- 
sie •,  les  alcalis  produisent  le  même  effet. 


206  Borate  de  Potasse. 

Les  acides  s’emparent  de  la  magnésie  , et  en  séparent 
l’acide  boracique. 

Quand  on  veut  préparer  du  borate  magnésien  calcaire, 
on  mêle  du  sulfate  de  magnésie  avec  du  muriate  de  chaux  , 
et  l’on  y ajeute  du  borate  de  soude. 

§.  c v i. 

Borate  de  Potasse. 

\ 

L’acide  boracique  s’unit  facilement  à la  potasse. 

Ce  sel  a une  saveur  légèrement  alcaline. 

Il  se  cristallise  irrégulièrement  en  prismes  à six  faces} 
deux  grandes  , deux  petites  avec  pyramides  à quatre 
faces. 

Le  borate  de  potasse  ne  cristallise,  comme  celui  de 
soude  , que  lorsqu’il  est  avec  excès  de  potasse.  Quoique 
sa  saveur  alcaline,  dans  les  borates  de  potasse  et  de  soude, 
soit  très-marquée  -,  et  quoiqu’ils  colorent  en  vert  les  cou- 
leurs bleues  végétales , et  rétablissent  les  couleurs  rougics 
par  les  acides , il  est  certain  que  l’excès  d’alcali  n’est  point 
pour  cela  à nu. 

Ce  sel  vitrifié  au  feu  est  plus  soluble  que  celui  de 
soude. 

Il  est  décomposé  par  la  barite  et  la  chaux.  Lorsqu’on 
ajoute  une  trop  grande  quantité  de  chaux,  on  redissout 
par  excès  de  chaux  -,  c’est  alors  une  propriété  bien  remar- 
quable , que  la  chaux  en  excès  puisse  dissoudre  le  borate 
de  chaux  qui  s’est  formé  : car  les  sels  insolubles  sont  ordi-  ! 
•iiairement  redissous  par  excès  d’acide.  C’est  donc  par  excès 
de  base  , que  cette  dissolution  a lieu. 


Borate  sur-saturé  de  Soude , ou  Borax. 


207 


§.  C V 1 1. 


Borate  sur-saturê  de  Soude  , ou  Borax. 

Ce  sel  existe  dans  le  commerce,  sous  trois  états  ; x°.  bo- 
rax brut,  tinchal  , ou  chrysocolle  , nom  qui  lui  vient  de 
l’emploi  qu’en  font  les  chaudronniers , les  bijoutiers,  et 
les  orfèvres  , pour  souder  les  métaux  ensemble  •,  20.  borax 
de  la  Chine  -,  3°.  le  borax  de  Hollande  , ou  borax  raffiné. 
Le  borax  brut  , tinchal , arrive  de  la  Perse  et  de  la  Chine 
en  Hollande,  en  cristaux  vert-porreau  effleuris  par  une 
poudre  blanche  verdâtre.  Le  borax  est  combine  avec  une 
matière  grasse,  qu’on  reconnoît  en  le  jetant  sur  des  char- 
bons ; il  répand  une  odeur  de  graisse. 

Pour  purifier  ce  sel , les  Hollandais  font  dissoudre  le 
borax  dans  l’eau  bouillante  -,  ils  y mêlent  de  la  chaux , ou 
de  la  soude , et  on  clarifie  avec  des  blancs  d’œufs  , ou  du, 
sang  de  bœuf  : ou  bien  encore  on  fait  dissoudre  le  borax  , 
et  I on  ajénte  un  peu  de  chaux  et  d’argile  qui  se  combi*- 
uent  avec  les  matières  graisseuses  ; on  chauffe  -,  il  résulte 
uu  savon  calcaire  insoluble  qui  se  précipite  , et  le  borate 
sur-saturé  de  soude  reste  dans  la  liqueur  ; on  décante , et 
•on  lave  le  résidu  -,  on  fait  évaporer  , et  l’on  obtient  par  le 
refroidissement  des  cristaux  , auxquels  on  fait  subir  une 
deuxieme,  et  même  une  troisième  cristallisation. Margrajf 
a trouve  du  cuivre  dans  le  borax  brut  et  de  l’argile  ; peut- 
être  cela  vient-il  des  vaisseaux  où  on  le  prépare.  Sa  saveur 
est  styphque , mineuse  -,  il  verdit  le  sirop  de  violette,  parce 
qu’il  contient  excès  de  soude. 


208  Borate  sur-saturê  de  Soude , ou  Borax. 

Sa  forme  cristalline  est  un  prisme  à six  pans  irréguliers, 
terminé  par  des  biseaux. 

Ce  sel  se  fond  aisément  au  feu  ; il  commence  par  se 
gonfler,  et  prendre  un  volume  considérable  -,  dans  cet  état , 
il  porte  le  nom  de  borax  calciné.  Le  borax  n est  nulle- 
ment altéré  dans  sa  composition  -,  il  n’a  perdu  que  son  eau 
de  cristallisation.  Le  borax,  le  mieux  raffiné  retient  une 
matière  grasse  , aussi  noircit-il  par  la  fusion  , ce  qui  prouve 
que  cette  substance  se  carbonise. 

Si  on  continue  à le  chauffer,  il  s’affaisse  et  se  fond  en  im 
verre  transparent,  qui  effleurit  à sa  surface.  Le  borax  , 
ainsi  vitrifié,  perd  au  moins  les  i de  son  volume^  on  le 
préfère  souvent  à l’acide  boracique , pour  des  essais  au 
chalumeau  , parce  qu’il  se  fond  plus  aisément , et  qu  il  se 
combine  mieux  avec  les  substances  terreuses. 

L’air  n’altère  pas  ce  sel  -,  il  s’effleurit  cependant  à sa 
surface  , en  perdant  une  portion  de  son  eau  de  cristalli- 
sation. 

Ce  borate  est  soluble  dans  l’eau  ; il  faut  environ  20  par- 
ties d’eau  froide  pour  eu  dissoudre  une  de  ce  sel  , et 
3 parties  d’eau  bouillante. 

Le  borax  est  un  fondant  pour  la  silice , et  le  verre  qui 
se  forme,  est  aloi's  inaltérable  à l’air.  Il  faut  avoir  soin 
de  bien  diviser  la  terre  , quand  on  veut  la  fondre  avec  le 
borax. 

Quand  ou  soufle  au  chalumeau  une  substance  terreuse  , 
en  poudre  très-fine  avec  du  borax , il  faut  mettre  la  terre 
au  fond , et  le  borax  par-dessus  , afin  que  le  vent  ne  l’em- 
porte pas-,  on  doit  aussi  ménager  le  vent,  jusqu'à  ce  qu  il 
y ait  un.  commencement  d’agglulinatipn  ; il  faut  melU'e 


Borate  sursaturé  de  Soude , ou  Borax.  aog. 

assez  de  borax , pour  que  le  verre  soit  transparent  -,  car  s’il 
y avoit  trop  de  silice  , le  verre  seroit  opaque. 

Le  borax  donne  une  couleur  jaunâtre  à la  flamme  ; c’est 
un  de  ses  caractères.  Il  dissout  très-bien  la  silice,  et  l’on 
voit  que  la  combinaison  est  parfaite , quand  le  globule  est 
brillant. 

Les  fabricans  de  pierres  précieuses  fausses  , aiment 
mieux  employerje  borax  pour  fondant , que  l’acide  bora- 
cîque  ; il  se  fond  mieux,  et  fait  un  verre  fixe  très-brillant, 
plus  beau  même  que  certaines  pierres,  mais  qui  n’p  ni  leur 
densité  , ni  leur  dureté,  ni  leur  poids. 

Li  alumine,  en  se  combinant  avec  le  borax,  fait  une 
effervescence  très-rapide  ; cela  est  dû  apparemment  à un 
peu  d’air,  ou  d’acide  carbonique  qui  s’y  trouve. 

La  barite  et  la  chaux  décomposent  ce  sel.  Si  l’on  em- 
ploie de  la  chaux  vive,  on  opère  une  décomposition 
complète. 

Le  borax  fait  reconnoître  la  présence  des  matières  mé- 
I talliques,  par  la  manière  dont  son  verre  se  colore. 

Le  borax  du  commerce  est  avec  excès  de  soude  , et 
Bergmann  a vu  que  , pour  l’amener  à 1 état  de  sel  neutre  , 
il  absorbe  moitié  de  son  poids  d’acide  boracique  ; ce  bo- 
rate neutre  n’est  pas  aussi  soluble  que  le  borax  du  com- 
merce. 

La  potasse  décompose  le  borate  de  soude  , mais  l’am- 
moniaque ne  l’altère  en  aucune  manière  ; car  sa  dissolu- 
tion , par  une  évaporation  spontanée  , laisse  échapper 

1 ammoniaque  , et  ne  conserve  à la  fin  que  de  l’acide  bora- 
L cique. 

Tous  les  acides  , excepté  l’acide  carbonique  , décompo- 
f ‘Cnt  Ie  b0raï  * Acide  boracique.  Mais  , à 

*4 


210  Borates  d Ammoniaque  et  de  Glucine. 

r r I 

l aide  d’uue  forte  chaleur  , 1 acide  boracique  décompose  t 
son  tour  presque  tous  les  sels  dont  les  acides  sont  moins  : 
fixes  que  lui. 

Kirwan  a donné  de  ce  sel  les  proportions  suivantes  : 
acide  boracique , 34  \ soude  , 17  ; eau  , 47* 

§.  C V 1 1 I. 

Borate  df  Ammoniaque. 

Pour  obtenir  ce  sel , on  dissout  de  l’acide  boracique  bieni 
pur  dans  de  l’ammoniaque,  jusqu'à  ce  que  la  saturation 
soit  complète  •,  011  étend  ensuite  cette  dissolution  dans  ur 
peu  d’eau  , et  l’on  fait  évaporer  au  bain  de  sable  cnviroc 
moitié  de  la  liqueur;  elle  a fourni  à M.  Fourcroj,  qui  le 
premier  a fait  cette  expérience  , une  couche  de  cristauii 
réunis  , dont  la  surface  offroit  des  pyramides  : j’ai  obtenu! 
aussi  ce  sel  en  lames  feuilletées. 

Ce  sel  a une  saveur  piquante  et  urineuse  ; il  verdit  It 
sirop  de  violette  ; il  perd  peu-à-peu  sa  forme  cristalline  i 
et  devient  d’une  couleur  brune  par  le  coutact  de  1 air  ; il 
paroît  assez  soluble  dans  l’eau. 

Il  est  décomposé  par  la  barite  , la  chaux,  la  potasse  et 

la  soude. 

11  diffère  des  autres  borates  , en  ce  que  l’ammoniaque  se 
volatilise  , tandis  que  l’acide  reste  pur. 

§.  C I X.  | 

Borate  de  Glucine. 

J 


Inconnu. 


Borates  d‘ Alumine , de  Zircone  , de  Silice , etc.  an 

§>  ex. 

Borate  A Alumine, 


Inconuu. 


Inconnu. 


§.  ’CXI. 

Borate  de  Zircone. 


y:.-;;q  oJt 

! 


S.  c x 1 1. 

Borate  de  Silice  par  la  fusion. 
Ùa  u’a  point  encore  examiné  la  nature  de  ce  seL 


il 


§.  C XI 1 1. 

% 

Carbonates. 

Caractères  génériques. 

La  plus  grande  partie  de  ces  sels  existe  dans  la  nature, 
lous  les  carbonates  se  décomposent  par  l’action  du  calo* 
ique , 1 acide  se  dégage  sous  forme  de  gaz.  On  doit  cepen- 
dant excepter  les  carbonates  de  barite  et  d’ammoniaque, 
:n  raison  de  1 affinité  intime  de  leurs  élémens  qui  leur 
donne  la  tendance  a l’élasticité.  Ces'  deux  forces  l’empor- 
;eut  sur  l’énergie  du  calorique. 

. 


2 12 


Carbonates. 

Exposés  à l’air,  ils  éprouvent  peu  d altération  ; quel-., 
ques-uns  s’y  effleurissent. 

On  les  divise  en  solubles  et  insolubles.  Cependant  on 
parvient  à les  rendre  solubles  dans  un  excès  d’acide. 

Le  carbone  réduit  en  poudre  et  mêlé  avec  les  carbo-i 
nates  de  barite  , de  stroptiane  , de  chaux  , de  potasse  et  de: 
soude  , et  exposé  à une  haute  température  les  décom- 
pose entièrement , il  se  dégage  du  gaz  oxide  de  car- 
bone. 

Le  phosphore  décompose  aussi  ces  carbonates  à unei 
température  élevée  , il  en  resuite  des  phosphates. 

Avec  le  soufre,  la  décompositiou  a de  même  lieu,  ei 
il  se  forme  des  sulfures. 

Tous  les  acides  décomposent  les  carbonates  avec  effer- 
vescence , d'où  résultent  des  sels  selon  l’espèce  d acide! 
employé.  Dans  ces  sortes  de  décompositions , il  y a tou- 
jours dégagement  de  calorique. 

Procédés  pour  obtenir  les  carbonates. 

Quand  on  veut  obtenir  les  différens  carbonates  , voie: 
l’appareil  et  la  manière  d’opérer. 

Dans  une  grande  bouteille  à deux  tubulures,  on  met  ur 
acide  foibîe,  très-étendu  d’eau-,  à lune  de  ces  tubulure;! 
on  adapte  un  long  tube,  ou  conduit  conique,  dont  la  partiel 
rétrécie  est  en-dedans  , et  la  base  en-dehors  ; ce  tube  es  ; 
destiné  à introduire  de  la  craie  délayée. 

On  peut  se  procurer  ce  conduit  conique  en  prenant  uij 
matras  que  l’on  coupe  perpendiculairement  à son  col 
que  l’on  effile  à lu  lampe  à son  extrémité  } on  choisit  et  01 
prépaye  le  matras  , en  sorte  que  sa  partie  évasée  ait  sep 


Carbonates. 


2l3 

« huit  centimètres  de  diamètre  , et  sa  partie  effilée  qui  est. 
dans  Je  flacon  , environ  deux  millimètres  -,  il  faut  que  le 
jîoI  ait  assez  de  hauteur  pour  qu’à  l’aide  du  liquide  , dé- 
rayant le  carbonate  , on  comprime  le  gaz  avec  une  force 
Supérieure  aux  pressions  exercées  sur  lui  dans  les  autres 
carties  de  l’appareil  : on  bouche  ce  conduit  à volonté  , à 
s’aide  d’un  piston  que  l’on  fait  en  prenant  un  tube  solide 
de  verre  sur  l’une  des  extrémités  duquel  on  applique  du 
Ferre  fondu  à la  lampe  , afin  d’avoir  des  inégalités  , et  1 ou 
entoure  cette  extrémité  de  filasse  ou  de  linge. 

A la  deuxième  tubulure,  on  adapte  un  tube  recourbé, 
dont  l’ouverture  a environ  dix  à douze  centimètres  -,  ou 
liait  plonger  la  deuxième  branche  de  ce  tube  dans  une 
tbouteil le  semblable  à la  première,  dans  laquelle  on  met 
une  solution  de  potasse  ; on  peut  ajouter  successive- 
ment une  série  de  bouteilles  , dans  lesquelles  on  met  des 
solutions,  soit  alcalines,  soit  terreuses-,  quant  aux  terres 
qui  ne  sont  pas  susceptibles  de  se  dissoudre  dans  l eau  , 
un  les  délaie  seulement. 

L’appareil  ainsi  disposé,  on  lute  toutes  les  jointures, 
ensuite  ou  soulève  la  tige  ou  siphon , et  l’on  introduit 
eeu-à-peu  la  craie  délayée,  qui  tombant  sur  l’acide,  se 
décompose , et  perd  son  acide  carbonique , qui  est  obligé 
le  traverser  les  solutions,  et  en  les  traversant,  le  gaz 
«ci de  les  sature.  Lorsque  les  liqueurs  sont  entièrement 
eaturées  on  les  filtre,  et  on  les  fait  évaporer  pour  obtenir 
des  carbonates  cristallisés. 

On  peut  encore  les  obtenir  par  les  carbonates  alcalins  , 
:en  prenant  ces  substances  telles  qu  elles  se  trouvent  dans  le 
commerce -,  et  après  les  avoir  dissoutes  dans  l’eau  , ou  les 
sature  avec  1 acide  carbonique  , et  ou  les  fait  cristallisée 


Carbonates. 


■ 2 1 4- 

plusieürs  fois  de  suite.  Ces  sels  cristallisés  se  dissolvent 
dans  l'eau  en  produisant  du  froid. 

M.  TVelter  a imaginé  un  autre  appareil  , dont  je  vais 
donner  la  description. 

Le  but  de  cet  appareil  est  d’entretenir  un  contact  con- 
tinuel de  gaz  acide  carbonique  avec  l’alcali  , et  de  propor- 
tionner le  dégagement  du  gaz  à sa  fixation. 

La  figure  première  présente  l’appareil  complet  : il  est; 
composé  des  quatre  parties  distinctes  A , B , C , D , quij 
servent , savoir  : 

La  première  A au  dégagement,  ou  à la  production  dui 
gaz  acide  carbonique  , et  d’où  il  se  répand  dans  l’ap- 
pareil ; 

La  seconde  B , à réunir  toutes  les  parties  de  l'ap- 
pareil 

La  troisième  C , de  l'éservoir  pour  le  gaz  acide  car-i 
bonique  : la  fonction  principale  de  cette  partie  est  de 
fournir  le  gaz  à l’alcali  à mesure  que  celui-ci  l'absorbe  -, 

Et  la  quatrième  D , a contenir  l’alcali  que  l’on  veut: 
saturer  en  contact  avee  l’acide  carbonique. 

Chacune  de  ces  parties  demande  un  examen  particulier 
on  va  les  décrire  dans  l’ordre  présenté. 

Partie  À , flacon  à deux  tubulures  , a,b,  (la  troisième! 
c , n’est  pas  nécessaire.  ) 

Ce  flacon  contient  de  l’acide  sulfurique  , étendu  de i 
quatre  parties  d’eau  , jusqu’à  la  hauteur  d. 

La  tubulure  a reçoit  un  tube  e'  c'  e dont  la  partie  supé- 
rieure  e' e'  est  évasée  comme  la  base  d’un  entonnoir  , et j 


dont  la  partie  inférieure  e qui  traverse  le  bouchon  de  la 
tubulure,  et  qui  entre  dans  le  flacon,  est  tellement  tirée  à 
la  lampe,  que  la  portion  du  tube  qui  est  dans  le  bouchon., 


Carbonates.  21 5 

a pour  diamètre  intérieur  celui  de  l’extrémité  g de  la 
•tige/représentée  figure  2 A , et  que  l’orifice  e qui  se  trouve 
alans  le  flacon,  n’a  au  plus  que  deux  millimètres  de  dia- 
mètre. ( Ou  peut  faire  ce  tube  e'e'e  avec  un  petit  matras 
h long  col  : on  enlève  le  fond  en  laissant  à-peu-près  la 
•moitié  de  la  panse  du  matras,  ce  qui  forme  la  partie  e'e' 
«du  tube;  le  col  eu  donne  la  partie  a a et  l’extrémité  du 
ccol  ramollie  et  tirée  à la  lampe  d’après  les  dimensions  in- 
diquées , donne  l extrémité  e.  ) Dans  le  tube  e'e'  e entre  une 
./tige  de  verre  f représentée  fig.  2 A.  Cette  tige  est  garnie 
ide  filasse  à son  extrémité  gy-  introduite  dans  le  tube  e'e'e, 
-elle  sert  de  piston  , bouchant  hermétiquement  la  partie 
rétrécie  du  tube  qtii  se  trouve  dans  le  bouchon  , et  ne  per- 
* mettant  à la  liqueur  qui  remplit  le  tube,  de  s introduire 
dans  le  flacon  A que  lorsque  g élevé  en  a se  trouve  dans 
la  partie  non  rétrécie  du  tube. 

La  tubulure  b contient  un  tube  lihh  doublement  re- 
icourbé  et  faisant  communiquer  le  flacon  A avec  celui  B. 

Partie  B.  Flacon  à cinq  tubulures  a ,b,e,i}h  , dont 
le  plan  est  représenté  fig.  3 B. 

Ce  flacon  contient  de  l’eau  jusqu’à  la  hauteur  l. 

La  tubulure  h reçoit  le  tube  hhh  venant  du  flacon  A. 

La  tubulure  b coutieut  un  tube  droit  g g , dont  1 extré- 
mité g"  plonge  dans  l’eau  à la  profondeur  d un  ou  de  deux 
centimètres-,  il  sert  à indiquer  la  pression  exercée  dans 
l’appareil  par  le  gaz  acide  carbonique. 

La  tubulure  a contient  un  tube  droit  a a qui  permet 
de  faire  communiquer  à volonté  1 intérieur  du  flacon.  B 
avec  l’atmosphère  , au  moyen  d’un  ensemble  de  tubes 
dessiné  dans  la  fig.  B 4.  On  y voit  le  tube  a'  a garni  de 
deux  bouchons  m et  ri  : le  bouchon  m entre  dans  u® 


2I^  Carbonates. 

tube  min  entourant  le  tube  a' a ; dans  l’intervalle  de  ces  j 
deux  tubes  , et  sur  le  bouchon  ni  , on  met  une  hauteur  r 
de  12  a i5  millimètres  de  mercure;  on  recouvre  ensuite 
le  tube  aa  d’un  troisième  tube  d fermé  par  le  haut,  e*  j 
qui  , plongeant  dans  le  mercure  en  p m , interrompt  le  j 
contact  de  l’atmosphère  avec  l’orifice  a'  du  tube  a' a et  j 
conséquemment  bouche  le  flacon  B , lorsque  le  bouchon  n < 
est  placé  dans  la  tubulure  a. 

La  tubulure  i contient  un  tube  ii  composé  comme  le  i 
piecedent  a a , mais  dont  le  tube  intermédiaire  ooo  , dou-  j 
blement  recourbe , établit  une  communication  entre  le  j 
flacon  B et  le  réservoir  C. 

La  dernière  tubulure  /contient  un  tube ///double-  j 
ment  recourbé  , établissant  la  communication  entre  les  j 
flacons  B et  D. 

Partie  C.  Cette  partie  est  composée  d’un  tonneau  t7 
ayant  latéralement  un  trou  b pratiqué  un  peu  au-dessus  de  ! 
son  fond  a a. 

Dans  le  trou  latéral  b , entre  un  bouchon  percé  rece—  • 
•vant  dans  1 orifice  qui  se  trouve  au-dedans  du  tonneau  , j 
■un  tube  b bb"b  courbé  à angle  droit,  dont  la  portion  b ' ' 
doit  etre  courbee  de  manière  que  la  courbure  b"  touche  le  \ 
fond  a a du  tonneau,  ce  qui  donne  au  tube  b b plus  de  i 
solidité.  Dans  l’orifice  du  bouchon  qui  se  trouve  eu-dehors  i 
du  tonneau , est  vissé  un  robinet  de  cuivre  r , dont  la  I 
partie  c reçoit  un  tube  cc' c" c courbé  en  c'  pour  s’élever  1 
verticalement  , et  de  c'  en  c"  pour  s’accoler  en  dd'  contre 
le  châssis  dd.  Ce  tube  , a la  hauteur  d , se  trouve  composé 
comme  celui  a' a décrit  fig.  q B ; il  reçoit  alors  le  tube  ooo 
qui  le  fait  communiquer  avec  B. 

Les  pièces  qui  correspondent  au  trou  B du  tonne:** 


Carbonates. 


ax7 

sont  lutées  , dans  l’intérieur  , avec  dû  mastic  de  graveur 
et  à l’extérieur  avec  du  lut  gras. 

Dans  le  tonneau  t,  contenant  de  l’eau  jusqu’à  la  hau-* 
leur  eee , entre  une  cloche  c à boîte  en  robinet  de  cuivre 
l et  m : cette  cloche  est  suspendue  en  g'  par  une  corde 
qui  passe  sur  les  poulies  hh , et  qui  supporte  en  i un  poids  Je 
un  peu  moins  pesant  que  la  cloche  lorsqu’elle  se  trouve 
entièrement  noyée  dans  l’eau  du  tonneau. 

Quand  la  cloche  C est  enfoncée  totalement  dans  le  ton- 
neau , elle  doit  reposer  sur  deux  morceaux  de  bois  d’ere- 
viron  deux  ou  trois  centimètres  d épaisseur  , garnissant 
les  deux  portions  lll  de  la  circonférence  intérieure  du 
fond  «a  du  tonneau  ( V^oyez  la  fig.  5 C , qui  représente 
le  plan  du  tonneau , et  la  fig.  6 C , qui  en  représente  la 
coupe  verticale  jusqu’en  AB);  en  sorte  que  la  base  l'I'Jf 
de  la  cloche  ne  touche  point  le  tube  b. 

Partie  D.  Flacon  à trois  tubulures  , a , b , c. 

La  tubulure  a reçoit  un  tube  aa' a allant  dans  un  petit 
flacon  d contenant  de  l’eau  jusqu’en  e. 

La  tubulure  b reçoit  le  tube  fff  venant  du  flacon  B ; 
ce  tube  doit  avoir  à-peu-près  deux  centimètres  de  dia- 
mètre à son  orifice  y7. 

La  tubulure  c contient  un  siphon  gg'  , communiquant 
avec  le  flacon  l,  et  dont  la  branche  g'  doit  être  plus 
longue  que  celle  g. 

Le  flacon  l a trois  tubulures  h , i , k. 

Il  reçoit  dans  la  tubulure  i le  siphon  gg'  ; dans  celle  k 
un  tube  bb  à une  seule  courbure  -,  la  tubulure  n reste 
•libre  : en  la  bouche. 

Après  la  formation  de  l’appareil  , par  la  réunion  des 
quatre  parties  que  l’on  vient  de  décrire  , chacune  d’elles 


ai  8 Carbonates. 

demande  , avant  que  l’on  puisse  faire  1 operation  , un» 
préparation  particulière. 

Il  faut  remplir  le  tube  e'e'c  de  la  partie  A , de  carbo- 
nate de  chaux  délayé. 

Par  la  tubulure  h du  flacon  l (partie  D i , on  remplit 
d’alcali  le  flacon  l ; on  bouche  la  tubulure  h avec  son. 
bouchon  , et , soudant  par  le  tube  k , on  force  1 alcali  à 
remplir  le  siphon  g’ g'  , et  à entrer  dans  le  flacon  D : 1 air 
contenu  dans  ce  flacon  s’échappe  par  le  tube  au’ a , et 
traverse  l’eau  du  petit  flacon  d.  La  liqueur  se  met  à-peu- 
près  de  niveau  dans  les  flacons  D et  Z,  et  1 extrémité  du 
tube  ff  p , qui  réunit  les  flacons  B et  D , ploDge  dans 
l’alcali. 

Passant  ensuite  à la  partie  c,  on  ouvre  le  robiuet  m de 
la  cloche  , et  l’on  tient  fermé  celui  r du  tonneau.  Par 
l’eXcédant  du  poids  de  la  cloche  k , elle  s’enfonce  dans 
le  tonneau,  et  se  remplit  d’eau,  laissant . échapper  en  g' 
l’air  qu’elle  contenoit. 

Lorsque , totalement  enfoncée  dans  le  tonneau , la. 
cloche  repose  sur  les  segmens  de  cercle /,/,/,  1 orifice  du. 
tube  supérieur  b se  trouve  dans  la  boîte  de  cuivre  l : il  faut 
que  le  niveau  d’eau  , qui  par  l’enfoncement  de  la  cloche,  a 
pu  s’élever  de  e en  e'  ait,  au-dessus  de  lui , la  hauteur  b e ' 
du  tube  b égale  au  moins  à deux  centimètres,  afin  que  ce 
tube  ne  puisse  passe  boucher  par  l’eau  , ce  qui  empècheroit 
le  gaz  de  parvenir  dans  la  cloche  c. 

Lorsque  la  cloche  est  pleine  d’eau,  on  ferme  son  robinet  /* 
et  l’on  ouvre  le  robinet  r du  tonneau. 

L’appareil  ainsi  disposé,  on  soulève  la  tige /'(partie  A) 
et  l’on  introduit  peu-à-peu  du  carbonate  de  chaux,  qui, 
tombant  sur  l’acide  sulfurique,  se  décompose  et  perd  son 


Carbonates.  *i$ 

nci^p  carbonique;  celui-ci,  mis  à letat  de  gaz  par  le  fait 
de  la  décomposition,  arrive,  par  le  tube  Zi,  h , h , dans  le 
flacon  B.  On  lève  le  tube  d,  qui  bouche  celui  a'  a de  ce 
flacon,  afin  de  laisser  sortir  l’air  atmosphérique  contenu 
dans  les  flacons  yf  et  fi;  lorsqu’il  est  sorti , on  ferme  la 
tubulure  a du  flacon  B en  remettant  le  tube  d : alors  le 
gaz  acide  carbonique  qui  pase  dans  B}  éprouvant  moins 
de  résistance  pour  arriver  dans  la  cloche , par  les  tubes  ii  et 
o o o , pour  aller  dans  la  partie  D , par  le  dube  fff  qui 
plonge  dans  l’alcali , soulève  et  remplit  la  cloche  C. 

La  cloche  pleine,  on  cesse  d introduire  du  carbonate 
de  chaux  dans  le  flacon  A,  et  l’on  remplit  le  flacon  D 
d’alcali  en  souflant  par  le  tube  À du  flacon  Z.  Les  niveaux 
de  la  liqueur  alcaline  sont  à la  hauteur  n dans  le  flacon  D 
et  m < n dans  le  flacon  Z;  et  la  liqueur  tendant  à se  mettre 
en  équilibre  , à cause  du  siphon  g1  g1 , le  niveau  n s abaisse 
et  produit  un  vide  dans  le  flacon  D * 

Le  gaz  acide  carbonique  est  alors  attiré  et  tend  à entrer 
dans  le  flacon  D par  le  tube  fff'\  eu  même  tems,  1 eau 
du  petit  flacon  d (partie  D ) s’élève  dans  le  tube  a a’  a-, 
mais  la  hauteur  de  ce  tube  est  telle  que  le  gaz  acide  caibo- 
nique  peut  entrer  dans  le  flacon  D , avant  que  1 eau  soit  en 
a'  dans  le  tube  aa' a. 

Les  deux  niveaux  n et  m se  mettant  en  équilibré  dans 
les  flacons  D et  Z,  et  le  gaz  acide  carbonique  qui  occupe 
la  partie  supérieure  du  flacon  D se  combinant  avec  la 
potasse,  il  se  forme  un  vide  rempli  continuellement  par  de 
nouveau  gaz. 

Lorsque  la  cloche  ne  contient  plus , ou  presque  plus  de 
gaz  acide  carbonique,  on  la  remplit  par  un  nouveau 
dégagement. 


Carbonate  de  Barite. 

Comme  le  gaz  acide  carbonique  se  frouve  mêlé  d’un  petr 
d air  atmosphérique,  cet  air,  qui  n'est  pas  absorbé  parla 
potasse,  s accumule  dans  le  flacon  et  pourroit  arrêter 
1 operation  : on  l’en  chasse  en  souflant  par  le  tube  b du 
flacon  l et  en  remplissant  d alcali  le  flacon  D . 

9 

§.  CXÏV. 

Carbonate  de  Barite. 

i 

On  connoit  depuis  quelques  années  le  carbonate  de  ba- 
rite natif.  C est  le  docteur  TVitering,  qui  le  premier  l’a 
trouve  dans  les  mines  de  Moor-AIston  en  Angleterre,  ce 
qui  lui  avoit  fait  donner  le  nom  de  Witherite.  On  trouve 
aussi  ce  sel  en  ruasses  cellulaires  cariées  auprès  de  Neuberg 
dans  la  Haute  Styrie,  et  à Scbîengenberg  en  Sibérie. 

Cette  substance , extrêmement  compacte  et  demi-trans- 
parente, a la  couleur  de  la  corne;  elle  offre  un  tissu  fibreux, 
et  se  divise  en  lames  peu  régulières,  selon  la  direction  de 
ses  fibres  ; la  cassure  transversale  a un  coup-d’œil  gras,  et 
offre  une  forme  concave  et  convexe,  comme  les  substances 
siliceuses;  a 1 extérieur  , les  fibres  qui  composent  sou 
tissu  , se  trouvent  quelquefois  de  longueur  inégale,  et  pré- 
sentent divers  faisceaux,  séparés  par  de  petits  intervalles, 
qui  lui  donnent  une  apparence  cellulaire;  mais  cet  accident 
ne  lui  est  point  essentiel. 

Le  carbonate  de  barite  natif  de  Strontian  , est  sous  la 
foi  me  d un  pnsme,  a six  pans  termines  par  des  pyramides 
hexaèdres,  adossés  horisontalcmeni  au  spath  calcaire. 

La  pesanteur  spécifique  de  ces  difîérens  carbonates  de 
barite  est  très-forte;  elle  est  do  4,29. 


Carbonate  de  JBarite,  24 1* 

Ce  sel  n’a  pas  de  saveur,  ni  d’odeur,  soumis  à l’action 
du  chalumeau  il  fond,  mais  ne  laisse  pas  dégager  d’acide 
carbonique,  comme  les  autres  carbonates-,  cest  un  sel 
neutre  , insoluble  ; mais  qui , comme  le  carbonate  de  chaux, 
est  soluble  dans  une  eau  chargée  4 acide  carbonique. 

On  forme  artificiellement  le  carbonate  de  barite,  car  le 
natif  est  assez  rare.  P >ur  cela  ou  verse  dans  une  dissolu- 
tion d’un  sel  baritique,  du  carbonate  d’ammoniaque  liquide, 
jusqu'à  ce  qu’il  ne  se  tonne  plus  de  précipité.  Ou  décante 
et  ou  lave  ie  précipité,  ou  bien  d’après  un  procédé  de 
M.  Buchoz,  on  lait  rougir  pendant  une  heure  et  demie  un 
mélange  de  iü  onces  de  suliate  de  barite,  a onces  de  char-; 
bon  c.  4 ouces  de  muriate  de  soude,  ou  lessive  la  masse 
restante  dans  le  creuset  par  l’eau  , et  on  précipite  la  liqueur 
filtrée  par  le  carbonate  de  soude,  ou.  de  potasse.  Il  paioit 
que  le  muriate  de  soude,  n’agit  que  mécaniquement  en. 
favorisant  la  t.isiou. 

Le  carbonate  de  barite  natif  diffère  beaucoup  du  carbo- 
nate de  barite  artificiel;  le  premier  ne  perd  pas  un  atome 
de  son  acide  par  sou  exposition  au  grand  leu , aulieu que 
le  second  en  perd  une  petite  partie.  Priestley  a lait  voir  que 
l’acide  carbonique  s’en  dégageoit  quand  on  y taisoit  passer 
un  courant  de  vapeur  d eau. 

Mêlé  avec  le  charbon  , et  traité  à un  grand  feu,  pendant 
deux  heures,  dans  un  creuset  brusque,  le  carbonate  do 
baril»  se  décompose,  il  Se  dégagé  du  gaz  oxide  de  carbone, 
et  la  barite  reste  pure. 

La 'limaille  de  fer  qu’on  fait  rougir  avec  lui,  décompose 
l’acide  carbonique  du  carbonate , il  se  dégage  du  gaz  oxide 
de  carbone,  et  il  reste  du  fer  oxidé  avec  la  barite  pure» 
Plusieurs  autres  métaux  produisent  le  môme  fiifgt. 


222 


Carbonate  de  Strontiane. 

Si  on  met  du  carbonate  natif  avec  l’artificiel , le  tout 
en  poudre  et  chauffé  ensemble,  le  mélange  prend  une 
couleur  verte  interne,  qui  dure  quelques  mois  et  fiait  par 
disparoître. 

lous  les  acides  minéraux  décomposent  ce  sel. 

Proportions  de  ce  sel  naturel,  suivant  MM.  Desormes  et 
Clement:  barite  0,78  •,  acide  carbonique  sec  0,22. 

§.  cxv. 

Carbonate  de  Strontiane. 

Le  carbonate  de  strontiane  se  rencontre  à Stronlian , 
en  Ecosse  dans  une  montagne  de  gneiss. 

Ce  sel  est  d’un  vert  clair,  il  s’en  trouve  aùssi  de  trans- 
parent et  sans  couleur  -,  il  est  strié  et  quelquefois  sous  forme 
cristalline  régulière.  Sa  pesanteur  spécifique  est  de  3,6;  5. 
Ce  carbonate  estconséquemment  plus  léger  que  le  carbonate 
de  barite. 

Le  carbonate  de  strontiane  retient  assez  fortement  le  gaz 
acide  carbonique  -,  mais  avec  des  précautions,  et  en  conti- 
nuant le  feu,  on  peut  en  séparer  jusqu  à cinq  ou  six  parties 
de  gaz  acide  carbonique  , sur  cent  de  carbonate  de  strontiane, 
sans  que  le  creuset  soit  attaqué  : il  faut  cependant  avoir 
l’attention  de  ne  pas  donner  un  feu  trop  fort,  car  alors  cette 
terre  altaqueroit  le  creuset,  et  fourniroit  un  verre  couleur 
de  chrysolite ; chauffé  au  chalumeau  il  se  gonfle,  semble 
végéter,  et  les  extrémités  des  filamens  qui  se  forment  , se 
fondent  un  peuj  la  flamme  du  chalumeau  est  d un  rouge 
purpurin. 

Si  lou  ajoute  à cent  parties  de  carbonate  de  strontiane  > 


Carbonate  de  Strontiane. 

dix  parties  de  charbon  en  poudre,  et  que  l’on  lasse  avec 
uu  peu  de  colle  d’amidon,  une  pâte  solide,  on  parvient 
à décomposer  ce  sel.  A cet  effet , on  met  cette  pâte  dans 
un  creuset,  dans  lequel  on  a mis  un  peu  de  charbon  en 
poudre,  nouvellement  calciné;  on  pose  la  pâte  sur  «* 
charbon,  on  recouvre  le  tout  de  poudre  de  charbon,  on 
adapte  aussi  au  creuset  un  couvercle , et  on  lute  avec  uu 
peu  de  terre.  Le  creuset  ainsi  disposé , on  l’expose  a un 
feu  très-fort,  pendant  une  bonne  .heure  : ce  teins  suifil 
pour  dégager  le  gaz  acide  carbonique.  Le  creuset  étant 
refroidi,  ou  l’ouvre,  et  on  y trouve  la  petite  boule  parlat- 
tement  conservée  , ne  pesant  que  72  parties. 

Si  I on  fait  dissoudre  ensuite  la  matière  restante  dans  » 
l’eau  distillée,  on  obtient  la  strontiane  cristallisée. 

Pour  obtenir  le  carbonate  de  strontiane  factice,  on  ex- 
pose à l’air  une  solution  de  cette  terre  dans  l’eau,  il  se 
forme  une  pellicule  blanche  qui  n’est  que  la  combinaison 
de  la  strontiane  avec  le  gaz  acide  carbonique  quelle  a puisé 
de  l’atmosphère.  Ce  carbonate  peut  aussi  se  préparer  d’apres 
les  procédés  indiques  au  carbonate  de  baiite. 

Les  acides  minéraux  décomposent  le  carbonate  de 
strontiane. 

Ce  carbonate  n’est  ni  vomitif,  ni  mortel,  tandis  que  les 
carbonates  de  barite  uatii  ou  artificiel  le  sont,  ce  qui  indique 
une  très-grande  dilféreuce  entre  ces  carbonates. 

Proportions  d’après  l’analyse  de  Pelletier  : strontiane, 
52;  acide  carbonique,  3o;  eau,  8.  Le  carbonate  de  slrou* 
tiane  naturel , contient  d après  Klaproth  : strontiane  , o,6<y>  » 
acide  carbonique,  o.3oo  ; eau,  o,oofi. 


Carbonate  de  Chaux 


2»4 

§.  c x v 1. 

Carbonate  de  Chaux . 

11  J a une  foule  de  substances  composées  de  carbonate  t 
calcaire,  tels  sont  la  craie,  les  spaths,  les  marbres,  les 
coquilles,  les  concrétions,  etc.  Tous  ces  sels  sont  modifiés 
dans  le  tissu  , la  transparence  , le  grain  : ces  variations  vien- 
nent de  la  vitesse  ou  de  la  lenteur  de  la  combinaison, 
des  événemeus  subséquens  , de  la  température,  etc.  Ces 
matières  sont  ordinairement  colorées  par  des  substances  : 
métalliques,  telles  que  le  fer,  le  manganèse  , etc. 

Le  spath  d Islande,  le  carbonate  calcaire  le  plus  pur  et 
le  plus  transparent  que  la  nature  nous  offre,  a la  propriété  I 
de  nous  présenter  les  objets  que  nous  voyous  à travers  en 
une  double  image,  appelée  réfraction  double. 

La  craie,  improprement  appelée  blanc  d Espagne,  se 
prépare  en  France  , à Marly  , au  bas  de  Meudon  , au  Cave- 
reau  , etc.  V oyez  mou  Mémoire  sur  la  manière  de  préparer 
le  blanc  de  craie,  etc.  Annales  de  chimie,  tome  XXVI. 

C’est  sur  le  spath  calcaire  le  plus  transparent,  ou  sur  le 
marbre  blanc  que  l’on  doit  faire  les  expériences  qui  établis- 
sent les  propriétés  de  ce  sel  terreux.  La  pesanteur  spécifique 
de  tout  carbonate  de  chaux  naturel,  est  toujours  au-dessus 
de  3,ooo. 

Exposé  à l’action  du  feu,  il  perd  son  acide  et  son  eau  de 
cristallisation. 

A cet  effet,  on  prend  du  spath  calcaire  ou  du  marbre 
réduit  en  poudre;  on  l’introduit  dans  une  cornue  de  porce- 
laine, de  terre,  ou  mieux  dans  un  tube  de  verre  bien  luté  ; 


Carbonate  de  Chaux. 


225 

on  peut  encore  se  servir  d’un  canon  de  fusil  que  l’on  fait 
passer  à travers  un  fourneau.  Quand  on  se  sert  d’un  canon 
Ide  fusil,  il  ne  faut  pas  être  surpris  si  l’on  obtient  un  peu  de 
rgaz  hydrogène.  Ce  gaz  est  produit  par  l’action  de  l’eau  con- 
•tenue  dans  le  sel  terreux  par  le  fer.  On  adapte  à son  extré- 
nnité  inférieure  un  tube  de  sûreté  recourbé,  qui  va  plonger 
•sous  une  cloche.  On  chauffe  ensuite  le  tube,  et  l’on  obtient 
•sous  la  cloche  du  gaz  acide  carbonique  : il  reste  dans  le  tube 
ou  dans  la  cornue  de  la  chaux  vive,  substance  qui  ne  fait 
plus  effervescence  avec  les  acides. 

Si  l’on  chauffe  brusquement  du  spath  calcaire  transpa- 
rent, il  décrépite  et  perd  sa  transparence. 

Le  procédé  que  l'on  emploie  pour  la  fabrication  de  la 
ichaux  , est  établi  sur  le  principe  que  nous  venons  d’indiquer 
.dans  les  expériences  précédentes  ; on  cherche  toujours  à 
enlever  aux  matières  calcaires  leur  acide. 

On  se  sert  plus  communément,  pour  obtenir  la  chaux, 
d une  espèce  de  pierre  calcaire  dure , que  l’on  nomme 
pierre  à chaux.  On  arrange  ces  pierres  dans  une  espèce  de 
four  ou  de  tourelle  , de  manière  quelles  forment  une  voûte. 
On  allume  sous  cette  voûte  un  feu  de  fagots  , que  l’on  con- 
tinue jusqu  a ce  qu’il  s’élève  une  flamme  vive  , sans  fumée  , 
i environ  trois  mètres  au-dessus  du  four,  et  jusqu’à  ce  que 
•les  pierres  soient  d’une  grande  blancheur. 

Il  faut  prendre  garde  de  donner  trop  de  feu , car  la  sur- 
lace  des  pierres  se  vitrifie  , sur-tout  lorsqu’elles  contiennent 
de  la  silice  et  de  1 alumine  : dans  ce  cas,  la  chaux  est  inso- 
luble; c est  ce  qu’on  appelle  chaux  brûlée. 

Si  1 acide  n a pas  été  tout  dégagé , la  chaux  est  encore 
•insoluble  : ce  qui  se  rencontre  souvent  dans  la  chaux  di* 


Carbonate  de  Chaux. 

commerce.  On  y trouve  aussi  des  morceaux  trop  cuits,  ou 

pas  assez  cuits.  . , 

L’oxide  de  fer  que  contient  la  pierre,  est  auss,  tres- 

propre  à exciter  la  fusion  : aussi  faut-il  pour  les  pierres 
ochreuses,  chauffer  modérément  et  plus  longtems 

Les  oxides  de  fer  et  de  manganèse  rendent  la  chaux 
meilleure,  l’oxidede  manganèse  sur-tout.  Souvent  unepierre 
à chaux  est  Manche  à la  carrière;  exposée  à l’air  elle  noir- 
cit- elle  devient  même  d’un  beau  noir  velouté.  C est  1 011- 
gène  de  l'atmosphère  qui  développe  l’oxide  de  fer  ou  de 
manganèse,  qui  étoit  d’abord  en  état  d’oxide  blanc:  beau 
favorise  singulièrement  le  développement  de  celte  ox,  dation. 

Celte  décomposition  du  carbonate  de  chaux  par  la  cha- 
leur , éprouve  quelques  modifications  par  les  nouvelles 
expériences  de  M.  Hall  do  Londres.  Ce  physicien  a com- 
primé fortement  le  carbonate  de  chaux  en  poudre  dans  un 
canon  de  fusil , dont  une  extrémité  étoit  fermée,  la  partie 
vide  étoit  remplie  d’un  métal  fusible;  dans  d'autres  expé- 
riences le  carbonate  a été  enveloppé  dans  des  feuilles  de 
platine;  après  une  forte  chaleur,  l’acide  carbonique  ne 
s’étoit  pas  dégagé,  et  le  carbonate  présentai  nue  f.aeture 
cristalline, étoit  demi-transparent  et  ressemble, l en  quelque 
sorte  au  marbre  .Ces  expériences  ont  été  consistées  d une  ma- 
nière très-simple, par  M.BuchoU,  ila  comprime  fortement  de 
la  craie  pure  dans  un  creuset  qu’il  a fait  rougir  brusquement, 
la  matière  étoit  en  partie  fondue,  et  ne  laisse, t dégager; 
qu’une  petite  partie  d’acide  car’  unique.  Il  en  tue  la  consé- 
quence que  pour  faire  la  chaux  vive,  il  ne  faut  pas  pousser; 
fortement  le  feu  au  commencement  de  la  calcination,  pourj 
éviter  une  légère  fusion,  qui  peut  avoir  lieu  sans  être  occ.a-i 

sionnée  par  d autres  teircs. 


Carbonate  de  Chaux . 


£27 

Le  carbonate  calcaire  n’est  point  altérable  à l’air. 

Ce  sel  h'est  pas  soluble  dans  l’eau  pure,  mais  il  est 
1 soluble  dans  l’eau  chargée  d’acide  carbonique.  C’est  ainsi 
tque  la  nature  dissout  des  masses  calcaires,  que  les  eaux 
«charient  et  déposent  ensuite.  • 

Lorsque,  par  leur  exposition  à l’air,  les  éauX  perdent 
I l’acide  qui  favori  soit  la  solution  delà  substance  calcaire, 
iil  se  forme  des  dépôts,  de  là  les  stalactites,  et  les  incrus- 
' tâtions  qui  se  forment  dans  les  fontaines,  etc.,  et  même  les 
couches  de  roches  calcaires  feuilletées,  qui  ont  sans  doute 
été  tenues  en  dissoluiion. 

Si  ces  eaux  ont  perdu  très-vite  l’acide  qui  favorisoit  la 
dissolution,  il  y a un  précipité  irrégulier;  de  là  les  pierres 
r calcaires,  tendres,  cellulaires,  peut-être  même  les  tufs  en 
1 éponge  : mais  si  l’évaporation  de  l’acide  a été  lente,  de  là  la 
'Cristallisation,  les  marbres,  stalact'tes,  etc. 

Le  phosphore  décompose  ce  sel  à chaud  en  décom- 
posant l’acide  carbonique  lui  - même.  Il  se  forme  de 
l’acide  phosphorique  qui  se  porte  alors  sur  la  chaux,  et  le 
carbone  est  mis  à nu  eu  poussière  noire  qu’on  peut  séparer 
en  disolvant  le  phosphate  de  chaux  dans  l’acide  nitrique. 

Les  acides  sulfurique  , nitrique  et  muriatique,  décom- 
posent le  carbonate  calcaire  ; ils  en  dégagent  l’acide  car- 
bonique avec  effervescence  ; les  alcalis  , excepté  l’ammo- 
niaque , précipitent  la  chaux  de  ces  dissolutions. 

L acide  üuorique  décompose  aussi  le  carbonate  calcaire, 
ainsi  que  1 acide  boracique  ; mais  ce  dernier  ne  se  dé- 
compose qu  à une  élévation  de  température. 

Le  carbonate  calcaire  aide  la  vitrification  de  quelques 
substances  pierreuses  et  terreuses  ; avec  la  terre  sihcée., 


228  Carbonate  de  Potasse. 

il  la  fait  entrer  en  fusion  : il  faut  ordinairement  un  lier» 

ou  un  quart  de  silice. 

Lorsque  ce  sel  est  mêle  par  la  nature  avec  une  tenc 
argileuse,  cette  matière  mixte  porte  le  nom  de  marne. 

La  barite  décompose  le  carbonate  calcaire  , mais  à laide 
du  calorique. 

Le  muriate  d’ammoniaque  n’a  aucune  action  sur  le 
carbonate  à froid,  mais  à l’aide  du  calorique  la  décom- 
position a lieu  ; il  en  résulte  d’une  part , du  muriate  de 
■«baux  , et  de  l’autre  , du  carbonate  d’ammoniaque,  que 
l’on  appeloit  autrefois  , sel  volatil  d’Angleterre , alcali 
volatil  concret.  Voyez  pour  sa  préparation  , carbonate 
d’ammoniaque. 

D’après  les  expériences  de  M.  Cruisckank  le  carbonate 
de  chaux  est  décomposé  par  le  zinc  métallique.  Il  se 
dégage  beaucoup  de  gaz  oxide  de  carbone  et  une  partie 
de  zinc  se  trouve  oxidée. 

Suivant  Bergmann , ioo  parties  de  ce  sel  sont  for- 
mées de  : chaux: , 55  •,  acide  carbonique  , 3-j.  •,  eau  , 1 

V 

§.  CX  V 1 1. 

Carbonate  de  Potasse. 

Quand  on  veut  combiner  la  potasse , et  en  général  les 
alcalis,  avec  l’acide  carbonique,  on  se  sert  de  l'appareil 
décrit  au  commencement  de  ce  chapitre  -,  mais  il  faut 
toujours  disposer  l’appareil  de  manière  que  les  surfaces 
puissent  se  renouveler. 

M.  Berthollet  a indiqué  un  autre  procédé  pour  pré- 
parer le  carbonate  de  potasse.  Il  consiste  à distiller,  avec 


Carbonate  de  Potasse * 


I une  dissolution  de  cet  alcali  non  saturé , du  ^carbonate 
d'ammoniaque  solide , auquel  la  potasse  enlève  l’acide 
carbonique  : de  sorte  qu’elle  se  cristallise  dans  la  cornue , 
tandis  que  l'ammoniaque  se  dégage  en  gaz  ou  en  liqueur 
i caustique. 

L’acide  carbonique,  quoique  foible , neutralise  les  ma- 
I tières  alcalines , et  forme  des  sels  -,  cependant  les  alcalis 
i conservent  avec  lui  la  propriété  de  verdir  encore  certaines 
couleurs  bleues  végétales , et  gardent  un  peu  de  saveur 
alcaline.  Ainsi  l’acide  carbonique  n’a  pas  la  propriété 
tant  saturante  à l’égard  des  alcalis  que  les  autres  acides. 

Il  n’y  a pas  longtems  que  l’on  connoît  le  carbonate 
de  potasse  daus  cet  état  de  pureté  : on  le  crojoit  au- 
trefois déliquescent  ; ou  l’appeloit  alcali  du  tartre , parce 
qu’on  le  retiroit  de  l’incinération  du  tartre  du  vin  : quand 
il  étoit  humecté  par  l’air , on  l’appeloit  huile  de  tartre 
par  défaillance.  Cette  propriété  ne  dépendoit  que  de 
ce  que  le  sel  f xe  de  tartre  n’étoit  pas  saturé  d’acide 
carbonique. 

Comme  on  est  maintenant  parvenu  à préparer  ce  sel 
de  toute  pièce,  en  combinant  directement  le  gaz  acide 
carbonique  avec  la  potasse  , on  a reconnu  la  possibilité 
d’obtenir  un  sel  dont  les  propriétés  sont  toutes  différentes 
de  celui  dont  nous  venons  de  parler.  On  lui  a donné  le 
nom  de  carbonate  de  potassse  neutre  , pour  le  distinguer 
des  autres  alcalis  uou  saturés  qui  existent  dans  le  com- 
merce. 

Le  carbonate  de  potasse  neutre  n’est  plus  caustique; 
il  est  seulement  salé,  laissant  une  légère  saveur  urineuse- 

Ce  sel  est  très-altérable  au  feu.  Exposé  au  calorique  x 


a3o  Carbonate  de  Potasse. 

il  perd  les  ,*0-0  de  son  poids , et  ce  qui  reste  est  de  la 
potasse  caustique. 

Si  on  le  distille  dans  une  cornue  , on  en  retire  l'eau-j 
de  cristallisation,  et  son  acide  daus  l’état  aériforme.  La 
potasse  reste  au  fond  de  la  cornue,  retenant  toujours  un  s 
peu  d’acide  carbonique  , qu’il  est  très-difficile  de  lui  en- 
lever. 

Ce  sel  est  inaltérable  à l’air.  S’il  est  en  contact  avec  j 
l’air  sec,  il  se  couvre  bientôt  d’une  légère  poussière  i 
blanche , qui  annonce  qu’il  est  efflorescent. 

Quand  on  dissout  de  la  potasse  du  commerce  dans  de! 
l’eau,  elle  commence  par  en  absorber  une  certaine  quan- 
tité qu’elle  solidifie  , puis  la  potasse  se  dissout  dans  l excès  j 
d’eau  qu’on  ajoute. 

En  général,  lorsqu’un  sel  absorbe  de  l’eau  et  qu’il  la 
solidifie  , il  doit  naturellement  se  dégager  du  calorique,  j 
qui  constituoit  la  liquidité  de  l’eau.  C’est  le  contraire,! 
lorsqu’il  produit  du  froid. 

L absorption  de  l’eau  par  la  potasse  est  véritablement  \ 
une  combinaison  , en  vertu  de  l’affinité  qui  s’exerce;  ce; 
qui  est  très-différent  d’une  simple  extension  par  dissolu-  ; 
tion  dans  un  liquide;  voilà  pourquoi  il  se  dégage  une  cha-  i 
leur  qui  devient  sensible 

Si  l’on  met,  au  contraire,  un  sel  bien  cristallisé  dans; 
l’eau  , il  y a constamment  production  de  froid  , car  , dans  i 
ce  cas,  il  n'y  a pas, d eau  à solidifier,  c est  uu  solide  qui  ; 
passe  à la  liquidité. 

Mais , si  1 ou  emploie  un  sel  desséché,  il  exerce  d’abord  j 
la  force  d’affinité  qu’il  a avec  l’eau,  il  la  prend,  s’en: 
empare  , et  en  dégage  le  calorique  : ensuite,  lorsqu'il  est 


Carbonate  de  Potasse.  *31 

, saturé  d’eau  solidifiée  , il  rentre  dans  la  classe  des  sels 

cristallisés. 

Il  ne  faut  que  si*  parties  d’eau  frotde  pour  dis- 
soudre une  de  ce  sel  : on  obtient  par  l’évaporation  et  e 
refroidissement,  des  cristaux  sons  diverses  tonnes -,  la 
plus  commune  est  le  prisme  carré  , ou  lavncs  avec  des 
sommets  dièdres  triangulaires  , en  sorte  que  la  fece  re- 
pond  à un  des  angles  solides  du  prisme. 

Lorsqu’on  le  jette  dans  l’eau  chaude  une  part, e du 
sel  se  décompose,  en  laissant  dégager  du  ga/ ac.de  car- 


bonique. . 

Le  carbonate  de  potasse  est  décompose  par  tous  les 

acides  , soit  concentrés  , soit  étendus  d eau. 

L’acide  boracique  ne  décompose  pas  à froid  le  carbo- 
nate de  potasse,  mais  en  élevant  la  température,  la  dé- 
composition a lieu. 

Ce  sel  peut  servir  , comme  la  potasse  , de  fondant 
aux  terres  vitrifiables,  attendu  que  le  calorique  le  dé- 
compose en  lui  enlevant  l’acide  carbonique. 

Si  l’on  prend  une  partie  de  silice  et  trois  de  car- 
bonate de  potasse,  et  que  l’on  fasse  du  tout  une  pâte, 
on  obtiendra  un  verre  , soit  au  chalumeau  , soit  fondu  dans 

un  creuset. 

La  barite,  la  strontiane  et  la  chaux  décomposent  ce 
sel.  Si  Von  verse  une  solution  de  ces  substances  ter- 
reuses dans  une  solution  de  carbonate  de  potasse,  il 
se  forme  sur-le-champ  un  précipité  ; 1 acide  carbonique 
se  porte  sur  la  substance  terreuse  pour  former  un  sel 
insoluble  , tandis  (pie  la  potasse  reste  en  solution 
dans  la  liqueur.  On  prépare  ainsi  , par  cette  decotnp1  ■ 
sition  , la  pierre  u caut'ere  ou  potasse  canstn/ue. 


2 32  Carbonate  de  Potasse. 

Tous  les  sels  calcaires  , strontianiques  , bariliques  'y 
magnésiens  , alumineux  , donnent  par  l’addition  du  car-  • 
bonate  de  potasse  , des  précipités  abondans  , qui  sont 
des  carbonates  insolubles. 

Quand  ou  verse  une  solution  de  carbonate  de  po-  ■ 
tasse  dans  une  solution  de  nitrate  ou  de  muriate  de  i 
barite  , on  obtient  un  carbonate  de  barile,  etla  liqueur  . 
surnageante  retient  le  nitrate  ou  le  muriate  de  potasse. 

C est  ainsi  qu’on  prépare  le  carbonate  de  barite  arti- 
ficiel. 

Tes  sels  magnésiens  ne  donnent  pas  ordinairement  le  ! 
précipité  à froid,  lorsqu’on  les  mêle  avec  le  carbonate 
de  potasse-,  mais  si  Ion  fait  bouillir  le  mélange,  on 
1 obtient  : le  même  effet  a lieu  , si  on  expose  le 
mélangé  à lair,  il  se  forme  un  carbonate  de  magnésie, 
que  1 on  peut  meme  obtenir  cristallisé.  Cela  donne  dex- 
cellens  moyens  de  séparer  la  cbaux  , la  barite  , et  l’alu- 
mine de  la  magnésie-,  car,  en  versant  dans  une  solution 
de  ces  substances  terreuses  , du  carbonate  de  potasse  , 
on  précipite  d abord  la  cbaux  en  1 enlevant  au  sulfate , 
nitrate  , etc.,  si  elle  se  trouve  combinée  avec  ces  acides 
dans  une  liqueur  qu’on  a analysée;  si  l’on  chauffe  en- 
suite la  liqueur,  on  obtient  la  magnésie  provenant  d une 
double  attractiou. 

Les  sels  ammoniacaux  le  décomposent  à l’aide  de  la 
chaleur. 

Pour  être  sur  de  la  pureté  de  ce  sel , il  faut  que  les 
précipités  occasionnés  par  les  nitrates  de  baritect  d'ar- 
gent soient  entièrement  solubles  dans  1 acide  nitrique. 

Le  caibonate  de  potasse  contient  , d après  Bergniann 
sur  cent  parties  : potasse,  48)  3Lcide  carbonique,  20  \ 


Carbonate  de  Soude.  233 

eau,  32  ; suivant  Pelletier  : potasse,  3o -,  acide  carboni- 
que, 43  ;eaux , 17. 

Le  carbonate  de  potasse  est  employé  en  médecine  , 
:dans  les  verreries  , dans  les  teintures  , etc. 

§.  C XVII 1. 

Carbonate  de  Soude. 

On  appeloit  autrefois  ce  sel  , nalrum , ou  nation , 
alcali  minéral , sel  de  soude , méphyte  de  soude, 
craie  de  soude , etc. 

Dans  les  arts  , on  retire  la  soude  de  l’incinération  des 
plantes  marines  ; c'est  ce  qui  forme  le  carbonate  de 
i soude  du  commerce. 

On  le  trouve  dans  beaucoup  d'eaux  minérales,  ce  sont 
Iles  eaux  acidulés  alcalines  ; le  Nil  en  laisse  après  ses 
« débordemens  ; les  sources  jaillissantes  du  mont  Hecla  , 
«en  Islande , ainsi  que  dans  les  différens  lacs  du  Mexique 
«et  de  Tenér.ffe.  Ce  sel  se  trouve  en  efflorescence  sur  le 
«sol  aride  de  certaines  plaines  des  pays  cliauds  , sur  les 
îmurailles  et  autres  lieux  humides  des  villes  voisines 
«de  la  mer.  M.  Berthollet  soupçonne  d’après  ses  obser- 
vations en  Egypte,  qu'il  provient  d’une  décomposition 
\ du  muriate  de  soude  par  le  carbonate  de  chaux. 

Le  plus  ordinairement  , la  soude  se  retire  des  plantes 
marines  par  la  combustion  •,  c’est  la  hardie  d’Espagne 
qui  fournit  la  plus  belle  soude. 

Quand  on  veut  obtenir  ce  sel  parfaitement  pur  et  bien 
« cristallise , on  peut  opérer  comme  pour  le  carbonate  de 
| potasse. 


234 


Carbonate  de  Soude. 

Outre  l’extraction  du  carbonate  de  soude  des  cendres 
des  piaules  maritimes  , on  le  fabrique  encore  en  grand, 
en  le  retirant  des  sels  qui  le  contiennent.  M.  Chaptal 
l’a  obtenu  en  laissant  macérer  4°°  parties  de  litharge 
avec  ioo  parties  de  sel  marin  dissous  dans  4°°  par* 
ties  d’eau  ; la  soude  obtenue  n’étoit  pas  très  - pure  , 
et  M.  Chaptal  n’avoit  pas  trouvé  un  grand  avan- 
tage à ce  procédé  , s’il  n'avoit  tiré  parti  du  muriate  de 
plomb  restant  dont  il  préparoit  par  la  fusion  une  cou- 
leur jaune.  MM.  Carny  et  Guyton  ont  proposé  de  se 
servir  de  la  chaux  vive  délayée  pour  décomposer  le 
muriate  de  soude.  La  soude  eftleurit  au  bout  de  quelques 
jours  à la  surface  , et  on  l’eulève. 

Le  procédé  qui  présente  le  plus  d avantage  , est  celui  j 
de  MM.  Leblanc  et  Dizc.  Ils  mêlent  et  broient  1000 
parties  de  sulfaie  de  soude  avec  55o  de  charbon  et  1000 
de  craie  de  Meudon  lavée.  On  porte  le  mélange  dans  un 
fourneau  de  réverbère  chauffé  au  rouge  et  on  entretient 
la  chaleur  jusqu’à  ce  que  la  pâte  présente  un  grain  bien 
uni , on  la  retire  du  four  et  on  la  porte  dans  un  magasin 
un  peu  humide,  on  lessive  ensuite  et  l’on  fait  cristalliser. 

M.  Alban  , directeur  de  la  fabrique  de  Javelle  opère  la 
fabrication  de  la  soude  à-peu-prés  de  la  même  manière, 
mais  il  y ajoute  des  rognures  de  fer. 

Ce  sel  a une  légère  saveur  alcaline-,  il  est  plus  neutre  i 
que  le  carbonate  de  potasse  : cependant  il  verdit  les  ! 
couleurs  bleues  végétales.  Ses  cristaux  sont  des  octaèdres  i 
rhombnïdaux  , dont  les  pyramides  sont  tronquées  très- 
près  de  leurs  bases. 

Il  perd  au  ieu  les  soixante  - huit  centièmes  de 
son  poids.  Si  l’on  continue  le  feu  , il  perd  son  acide 


Carbonate  de  Soude.  2j5 

Carbonique,  et  devient  caustique-,  car,  à mesure  que 
I l'âcide  se  dégage,  celui  qui  .este  est  plus  enveloppé,  plus 
■ retenu  par  la  soude  ; ce  qui  oblige  à donner  sur  la  fin  un 

1 fort  coup  de  ieu. 

Ce  sel  s’effleurit  à l’air  , et  les  cristaux  de  carbonate  de 
soude  se  réduisent  en  farine  ; c’est  que  ce  carbonate  a 
moins  d’affinité  avec  l’eau  que  l’air.  L’air  chaud  et  sec  de 
l’été  agit  vivement  sur  lui;  cependant  l’air  ne  lui  enlcve 
que  la  moitié  environ  du  poids  de  l’eau  qu’il  contient,  et 
c’est  à remarquer  ; car  pour  lui  ôter  plus  cl  eau  , il  faut 
plus  que  l’action  de  l’air  sec  , il  faut  l action  du  calo- 
rique. 

Le  carbonate  de  soude  produit  du  froid  dans  sa  so- 
lution dans  l’eau.  Il  est  aussi  plus  soluble  que  celui  de 
potasse;  3 à 4 parties  d’eau  froide  suffisent  pour  en  dis- 
soudre une  ; il  se  cristallise  par  le  refroidissement,  mais 
l’évaporation  lente  fournit  des  cristaux  beaucoup  plus 
réguliers. 

Le  carbonate  de  soude  bien  saturé  et  desséché  est 
décomposé  par  le  phosphore.  On  peut  voir  les  details 
de  cette  expérience  à l’article  de  l’acide  carbonique. 

On  opère  encore  cette  décomposition  en  se  servant 
cl’uu  autre  appareil,  dont  voici  la  description  . Fojc„  Ici 
planche. 

A,  B , C,  tube  de  verre,  de  quatre  à cinq  millimè- 
tres de  diamètre  , poi tant  une  boule  en  A , comme  celle 
d un  thermomètre.  On  courbe  le  tube  en  B , pour  éviter 
que  le  carbonate  de  soude , venant  à fondre , ne  puisse 
couler;  on  courbe  aussi  légèrement  la  partie  A , pour 
que  le  phosphore  fondu  ne  coule  pas.  ü faut  avoir  soin 
d’enduire  le  tube  d’uu  lut  terreux , pour  le  garaulii  de 


a36 


Carbonate  de  Soude. 


a violence  du  feu.  Ou  adapte  au  tube  un  tube  de  sûreté 
qui  va  plonger  sous  une  cloche  , à l’appareil  au  mercure!  ’ 
les  choses  ainsi  préparées  , on  introduit  dans  le  tube 
A,  B,  C,  du  phosphore  en  A,  et  du  carbonate  de  soude, 
desséché  en  B:  on  place  le  tube  A,B,C,  dans  un  four- 
neau , de  manière  que  l’extrémité  supérieure  et  celle  in- 
ferieure dépassent  le  fourneau.  Lorsque  l’appareil  est 
monte,  on  chauffe  la  partie  B du  tube  jusqu’à  ce  qu'il 
soxt  légèrement  rouge  -,  c’est  à cette  époque  que  l’on  doit 
augmenter  la  température  du  phosphore.  A cet  effet , on 
passe  une  lumière-sous  la  boule  A , le  phosphore  se  fond 
ule,  et  l on  obtient  sous  la  cloche  , du  gaz  hydrogène 
phosphoré.  Il  reste  dans  la  partie  B du  phosphate  de 
soude  mêlé  avec  le  charbon. 


Ce  sel  facilite  beaucoup  plus  la  fusion  dés  terres  que  le 
carbonate  de  potasse  ; il  fait  aussi  un  verre  beaucoup 
moins  altérable. 

Si  Ion  verse  dans  une  solution  de  carbonate  de 
soude,  une  solution  soit  de  barite,  soit  de  strontiane , 

soit  de  chaux,  on  obtient  sur-le-champ  un  précipité,  l’a- 
cide caibonique  s empare  de  ces  substances  terreuses  , et 
tonne  avec  elles  un  sel  insoluble-,  la  soude  reste  en  so- 
lution dans  la  liqueur.  La  potasse  décompose  aussi  ce  sel. 
tous  les  acides  en  dégagent  l’acide  carbonique  avec  effer- 
vescence. 

Puen  nest  plus  aisé  à décomposer  que  les  carbonates 
alcalins  ; cela  vient  sans  doute  de  ce  que  l’acide  carbo- 
nique a une  extrême  affinité  avec  le  calorique,  et  celte 
affinité  agit  dans  presque  toutes  les  expériences. 

Le  carbonate  de  soude  décompose  les  sels  calcaires , 
boutiques  , magnésiens,  alumineux  et  slrontianiques. 


Carbonate  de  Magnésie.  2 ?<j 

Quaud  on  décompose  un  sel  magnésien  par  le  carbo- 
nate de  soude , il  faut  faire  chauffer  la  liqueur  -,  sans 
cela  , il  resteroit  daus  la  solution  assez  d’acide  car- 
bonique pour  tenir  eu  solution  du  carbonate  de  ma- 
gnésie ; cet  excès  d’acide  est  chassé  par  le  calorique. 

D’après  l’analyse  de  Bergmanu  , que  M.  Fourcroj  a 
'vérifiée , ce  sel  est  compose  de  : soude  , 20  5 acide 
sarbonique  , 16 -,  eau  , 64. 

De  carbonate  de  soude  peut  être  employé  comme  le 
carbonate  de  potasse  -,  il  est  d’un  usage  beaucoup  plus 
«multiplié  pour  les  manufactures  de  verrerie,  de  savon  , 
dans  les  lessives,  la  teinture  , en  médecine  , etc. 

§.  cxx. 

Carbonate  de  Magnésie. 

Beaucoup  d’eaux  minérales  contiennent  le  carbonate 
îde  magnésie  en  solution-,  on  la  trouvé  natif  en  masses 
[blanches  dans  le  département  du  Pô.  Il  n’y  est  pas  pur  , 
itoujflurs  uni  à d’autres  terres. 

Il  a une  plus  grande  solubilité  que  la  chaux  dans  les 
• eaux  acidulées  , celles  qui  existent  avec  excès  d’acide  car- 
I boni  que. 

Ce  sel  portoit  autrefois  différens  noms  : on  1 appeloit 
magnésie  douce  ou  blanche , poudre  du  comte  de  Palme  , 
poudre  de  Scutinelli  , poudre  laxative  polycreste  par 
C alenlini  , magnésie  blanche  du  /litre  5 magnésie  de 
sel  commun  , parce  qu’on  la  retiroit  de  l’eau- mère  de 
ce  dernier  sel.  Black  est  le  premier  qui  ait  fait  connoître 
ce  sel. 


238  Carbonate  de  Magnésie. 

Pour  obtenir  ]e  carbonate  de  magnésie  , on  délaie  une 
quantité  quelconque  de  potasse  carboriatée  dans  le  dou- 
be  de  son  poids  deau  froide:  on  la  laisse  exposée  à 
1 air  pédant  quelques  mois,  si  le  tems  le  permet,  pour 
quelle  absorbe  1 acide  carbonique  de  l’atmosphère,  et 
pour  que  la  terre  qu  il  contient  se  précipite  : on  la 
filtre,  on  dissout  une  quantité  de  sulfate  de  magnésie, 
égalé  a ci  lle  de  la  potasse  , dans  quatre  ou  cinq  fois 
son  poids  d eau  : ou  filtre  cette  solution  , et  on  y 

ajoute  de  nouvelle  eau  ^ à-peu-près  quinze  fois  le  poids 
du  sel.  On  fait  chauffer  cette  liqueur,  et  lorsqu’elle 
bout  , on  y verse  la  solution  alcaline.  Le  précipité 
de  magnésie  se  forme , on  agite  bien  le  mélange , et 
on  le  filtre  au  papier.  On  lave  le  précipité  resté  sur 
le  filtre  avec  de  l’eau  bouillante  , pour  enlever  le  sulfate 
de  potasse  qui  peut  y etre  mêle.  Quand  la  magnésie 
est  bien  egouttee  , ou  1 cnleve  de  dessus  le  filtre  , on 
1 étend  en  couches  minces  sur  des  papiers  que  l’on 
porte  a letuve.  Lorsqu’elle  est  desséchée,  elle  offre 
des  morceaux  blancs  qui  s'écrasent  sous  le  doigt 
en  une  poudre  extrêmement  fine , et  adhérente  « la 


peau. 

- potasse  est  trop  saturée  d’acide  carbonique,  une 

g1  a:, de  partie  du  carbonate  de  magnésie  reste  dissoute 
dans  1 acide  carbonique,  il  faut  alors  faire  bouillir  quel- 
que tems  la  liqueur,  l’acide  carbonique  se  volatilise  , 
et  il  se  précipite  du  carbonate  de  magnésie. 

On  peut  obtenir  ce  sel  cristallisé-,  quelquefois  ce  sont 
de  petits  cubes  , d’autres  fois  de  petites  aiguilles  très- 
fines,  qui  présentent  à la  loupe  des  prismes  à 6 ou  8 
pans. 


Carbonate  de  Magnésie.  z3cj 

Quand  on  veut  obtenir  le  carbonate  de  magnésie  tres- 
léger,  on  fait  sécher  les  dépôts  très -lentement  par  petits 
morceaux  à l’ombre  -,  c’est  le  dessèchement  lent  qui  fa- 
vorise la  suspension  des  molécules,  qui  lait  que  les  petits 

blocs  conservent  leur  légèreté. 

Sa  saveur  est  douceâtre , fade  -,  il  a une  action  mar- 
quée dans  les  intestins  , puisqu  il  est  puigatif. 

Exposé  au  feu  dans  un  creuset,  ce  sel  perd  l’eau  et 
hacide  qui  lui  sont  unis,  et  la  magnésie  reste  pure:  on 
l’appelle  dans  cet  état  magnésie,  caustique  , quoiqu  elle 
ne  le  soit  nullement  -,  on  peut  en  prendre  un  , deux  ,• 
et  même  trois  hectogrammes  sans  danger. 

Lorsque  le  carbonate  de  magnésie  est  bien  calciné , il 
ne  fait  plus  d’effervescence  avec  les  acides. 

La  médecine  se  sert  avantageusement  de  la  magnésie 
calcinée  pour  absorber  les  acides  qui  se  développent 
dans  l’estomac. 

Le  carbonate  de  magnésie  n’éprouve  point  d’altéra- 
tion bien  remarquable  de  la  part  de  1 air-,  cependant 
il  se  pelotonne  dans  l’air  humide,  et  il  paroit  attirer 
légèrement  ce  liquide. 

L’eau  ne  dissout  qu’une  infiniment  petite  quantité  de 
ce  sel,  mais  il  est  beaucoup  plus  soluble  par  excès  d acide 
carbonique.  Si  l’on  chauffe  une  dissolution  de  magnésie 
avec  surabondance  d acide  carbonique  , elle  se  tiouble. 

Les  acides  sulfurique , nitrique  et  muriatique  décom- 
posent le  carbonate  de  magnésie  : ils  s’unissent  à la 
magnésie,  avec  laquelle  ils  ont  plus  d affinité  que 
n’en  a l’acide  carbonique,  et  ils  dégagent  ce  dernier 
acide  sous  la  forme  gazeuse  , ce  qui  constitue  1 cllci- 


vescence. 


24°  Carbonate  d Ammoniaque. 

La  barite,  la  strontiane  et  la  chaux  décomposent  ce 
sel  : en  versant  une  dissolution  de  ces  terres  dans  du 
carbonate  de  magnésie , on  obtient  un  précipité  assez  no- 
table, quelque  petite  que  soit  la  quantité  de  ce  sel  neutre 
tenue  en  dissolution  dans  l’eau. 

La  potasse  et  la  soude  produisent  le  même  phéno- 
mène. 

L ammoniaque  se  comporte  différemment  ; lorsqu’on 
1 ajoute  a une  dissolution  de  carbonate  de  magnésie1, 
par  1 acide  carbonique  , elle  en  sépare,  le  sel'  effer- 
vescent. 

Les  sels  neutres  calcaires  sont  décomposés  par  la  ma- 
gnésie effervescente  -,  c’est  en  vertu  des  affinités  doubles  , 
que  s opère  cette  décomposition. 

Suivant  M.  F ourcroj , ce  sel  saturé  contient  : ma- 
gnésie, a5;  acide  carbonique,  5o  ; eau  , 25.  Celui  non 
saturé  offre  les  proportions  suivantes:  magnésie,  4®; 
acide  carbonique,  4$  eau,  12.  Ce  sel  est  emplové  en 
médecine. 

CXXï. 

Carbonate  d’ Ammoniaque. 

On  croyoit  autrefois  que  le  carbonate  d’ammoniaque 
etoit  l’ammoniaque  pure. 

On  l’appeloit  alcali  'volatil  concret,  sel  volatil  d’ am- 
moniaque , et  on  donnoit  à ce  sel  une  grande  affinité 
avec  la  chaux  dans  les  anciennes  tables  -,  c’étoit  une  erreur; 
011  sait  maintenant  que  cola  11  etoit  du  qu  à la  présence 
de  1 acide  carbonique,  que  Ion  n y soupcounoit  pas,  et 


Carbonate  d'ammoniaque. 

les  effets  qu'il  produisent  étoieut  attribués  à l’annno- 
niaque. 

La  préparation  la  plus  généralement  adoptée  consiste 
dans  le  procédé  suivant. 

On  fait  cette  opération  en  distillant  dans  une  cornue 
de  grès  un  mélange  d’une  partie  de  muriate  d’ammo- 
niaque purifié  et  d’une  partie  et  demie  de  craie  lavée 
et  séchée,  le  tout  réduit  en  poudre  et  bien  mêlé.  On 
adapte  à la  cornue  une  alonge  et  un  ballon  d’une 
grande  capacité  , et  on  Iule  bien  toutes  les  jointures  , 
ayant  soin  cependant  de  laisser  une  petite  ouverture. 
On  donne  le  feu  par  degrés  jusqu’à  faire  rougir  le 
fond  de  la  cornue  ; il  faut  avoir  soin  de  refroidir  les 
récipiens  avec  des  linges  mouillés. 

Le  carbonate  de  chaux  est  décomposé  par  la  chaleur , 
l’acide  muriatique  se  porte  sur  la  chaux,  et  l’acide 
carbonique  sur  l’ammoniaque  ; le  carbonate  d’ammonia- 
que se  volatilise  sous  la  forme  de  vapeurs  blanches  , 
qui  viennent  se  condenser  dans  le  récipient  ,*  il  s’y 
trouve  cristallisé  en  pyramides  très-applaties  , l’ouver- 
ture ménagée  au  ballon,  sert  à évaluer  l’excès  des  va- 
peurs qui  ne  se  condensent  pas.  On  trouve  un  peu 
de  liqueur  dans  le  ballon  ; cette  liqueur  contient  du 
carbonate  d’ammoniaque , mais  elle  peut  cristalliser  parce 
que  le  carbonate  d’ammoniaque  se  volatilise  en  même 
tems  que  l’eau  s’évapore. 

Il  arrive  quelquefois  que  l’alonge  se  bouche  , alors 

on  la  chauffe  pour  faire  passer  les  vapeurs  dans  le 
ballon. 

Si  le  muriate  d’ammoniaque  contient  de  la  suie  , il 
en  résulte  une  huile  par  la  distillation  qui,  dissoute 
2i  r6 


Carbonate  d’ Ammoniaque. 

dans  la  liqueur  permet  de  la  faire  cristalliser  ; ou  ob- 
tient alors  des  rhomboïdes. 

Nous  avons  dans  cette  expérience  une  nouvelle  preuve 
que  la  différence  'de  température  change  les  affinités  ; 
car  le  carbonate  d’ammoniaque  décompose  a froid  le 
muriate  de  chaux  , ce  qui  démontre  une  anomalie;  à chaud 
le  contraire  arrive  : le  calorique  tend  à détacher  1 acide 
carbonique  de  la  chaux  , et  l’ammoniaque  de  l’acide  mu- 
riatique ; dès  lors  , il  n est  pas  étonnant  que  1 équilibré 
des  affinités  divellentes  et  quiescentes  soit  renverse  de 
ce  qu’il  étoit  à froid  et  qu’il  change  ainsi  totalement 
à chaud. 

Il  reste  dans  la  cornue,  après  l’opération  , un  mu- 
riate avec  excès  de  cliaux.  » 

On  peut  encore  obtenir  le  carbonate  d ammoniaque  par 
différens  procédés , i°.  en'  agitant  cet  alcali  dans  une  cuve 
en  fermentation  ; 2°.  en  faisant  passer  de  1 acide  carboni- 
que daqs  de  l’ammoniaque  ; 3°.  en  remplissant  des  flacons 
de  gaz  acide  carbonique  , et  en  versant  quelques  gouttes 
d’ammoniaque  liquide,  bien  pure  et  bien  concentrée, 
bientôt  on  apperçoit  des  cristaux  aux  parois  du  vase  *, 
4°.  en  combinant  directement , au-dessus  du  mercure  , 
le  gaz  acide  carbonique  et  le  gaz  ammoniacal.  Ces  deux 
gaz  se  pénètrent  tout-à-coup  , il  s excite  beaucoup  de 
chaleur,  et  il  se  forme  un  sel  concret  sur  les  parois  ; 
de  la  cloche  où  l’on  a fait  le  mélange. 

La  saveur  de  ce  sel  est  un  peu  uriueuse  et  alcaline.  ! 
Il  verdit  la  teinture  de  violettes. 

11  est  très-volatil  , et  la  moindre  chaleur  le  sublime 
en  entier.  D abord , il  se  fond  par  son  eau  de  cris» 


Carbonate  cT Ammoniaque.  a/j3 

! tallisalion -,  ensuite  , il  se  dessèche  ; enfin,  il  disparoit 
Isen  vapeurs. 

Il  s’humecte  légèrement  à l’air  , sur-tout  lorsqu’il  n’est 
pas  entièrement  saturé  d’acide  carbonique. 

Le  carbonate  d’ammoniaque  n’est  pas  décomposé  par 
le  phosphore  : cela  vient  de  la  volatilité  du  sel  qu’on 
|ne  peut  pas  chauffer  convenablement. 

Ce  sel  est  très-soluble  dans  l’eau  ; il  produit  “du  froid 
dans  cette  dissolution.  3 parties  ^ d’eau  froide  en  dis- 
solvent plus  d’une  de  carbonate  ammoniacal  : l’eau  chaude 
en  dissout  pins  que  son  poids. 

Pour  obtenir  ce  sel  cristallisé  , il  y a des  précau- 
tions à prendre  ; car,  comme  il  est  plus  volatil  que  l’eau, 
si  l’on  évaporoit  la  liqueur,  il  se  volatiliseroit.  Il  faut 
. donc , poor  réussir , dissoudre  le  carbonate  d'ammonia- 
que dans  l’eau  chaude , à trente  degrés  : on  verse  ensuite 
la  liqueur  dans  un  flacon  qu’on  bouche  promptement  : 

• alors,  comme  il  est  moins  soluble  à froid  qu’à  chaud , 
il  se  cristallise  par  refroidissement  en  octaèdres  ; dans 

icet  état,  il  parolt  être  plus  saturé  d’acide  carbonique, 
il  a alors  beaucoup  moins  d’odeur. 

Les  acides  sulfurique,  nitrique,  muriatique  et  fluo- 
trique  ont  plus  d’afûuité  avec  l’ammoniaque  que  n'eu  a 
l’acide  carbonique.  Lorsqu’on  verse  uu  de  ces  acides 
i sur  le  carbonate  ammoniacal  , il  se  produit  une  vive 
effervescence  , due  au  dégagement  de  l’acide  caiv 
I bouique. 

L acide  boracique  ne  décompose  pas  à froid  ce  car- 
: bonate  ; mais  , lorsque  la  solution  d’acide  boracique 

• est  chaude  , il  se  produit  une  effervescence  tvèsr 
i sensible. 


2 44  Carbonate  d’ Ammoniaque. 

Cette  expérience  prouve  que  la  chaleur  modifie  ou 
change  les  lois  des  attractions. 

Ce  carbonate  est  décomposé  par  la  barite,  la  stroutiane 

et  la  chaux. 

Si  l’on  mêle  à du  carbonate  d’ammoniaque  de  la  chaux 
en  poudré  , sur-le-champ  l’odeur  ammoniacale  se  dégage-, 
en  ajoutant  quelques  gouttes  d’eau  , on  favorise  le  dé- 
g agement. 

Quand  on  verse  de  l’eau  de  chaux  dans  une  so- 
lution de  carbonate  d’ammoniaque , il  se  fait  sur-le- 
champ  un  précipité , et  l’ammoniaque  se  volatilise. 

Avec  la  magnésie,  il  n’y  a qu’un  léger  précipité,  parce 
que  le  mélange  retient  à froid  assez  d’excès  d acide  car- 
bonique pour  tenir  le  carbonate  de  magnésie  formé  en 
dissolution-,  mais,  si  l’on  chauffe  la  liqueur,  cet  excès 
d’acide  se  dégage  , et  le  précipité  se  forme. 

La  potasse  et  la  soude  décomposent  le  carbonate  am- 
moniacal , comme  le  font  la  chaux  , la  barite  et  la  stron- 
tiane  , en  séparant  l’ammoniaque  pure  , et  en  s’unissant 
a son  acide.  Les  sels  baritiques  , stroutianites  et  cal- 
caires solubles  décomposent  sur-le-champ  le  carbonate 
d’ammoniaque. 

Ce  sel  est  composé  , suivant  Bergmann  , de  : acide  car- 
bonique , 45;  ammoniaque,  • 43  > eau,  12. 

Ce  sel  est  employé  en  médecine  -,  on  le  mcle  quel- 
quefois avec  des  matières  aromatiques  , ou  des  huiles 
volatiles  ; c’est  ainsi  qu’on  prépare  les  flacons  de  sel 
volatil  aromatique  nommé  autrefois  sel  d’Angleterre. 


Carbonates  de  Glacine  et  d’ Alumine.  245 

§.  CXI1  I. 

Carbonate  de  G lue  inc. 

L'acide  carbonique  s’unit  aussi  à la  glucine  , même 
immédiatement  ; car  lorsqu’on  fait  dessécher  a l air  celte 
terre  précipitée  de  ses  dissolutions  par  un  alcali  causti- 
que, il  se  produit  une  effervescence  en  la  dissolvant 
ensuite  dans  les  autres  acides. 

Le  carbonate  de  glucine  est  blanc,  insipide,  insolu- 
ble, très-léger-,  quelque  sec  qu’il  soit,  il  n’est  jamais 
très-pulvérulent;  il  est  toujours  mat,  pelotonne,  gras 
et  doux  sous  les  doigts.  11  contient  environ  le  quart 
de  son  poids  d’acide  carbonique,  qu  il  perd  très-laci- 
lement  par  la  chaleur;  il  ne  paroît  pas  sensiblement 
soluble  dans  l’acide  carbonique  , comme  le  sont  les  car- 
bonates de  chaux  et  de  magnésie.  Il  est  décomposé  par- 
tous  les  acides  et  les  alcalis 

§.  C XX  III. 

Carbonate  d’ Alumine. 

Le  carbonate  d’alumine  est  encore  très-peu  connu,  et 
il  ne  paroît  pas  que  l’acide  carbonique  ait  une  grande 
tendance  à s’unir  à l’alumine.  On  prépare  ce  sel  en 
précipitant  la  solution  d’alun  par  le  carbonate  de  po- 
tasse. 

En  calcinant  le  carbonate  d alumine  , on  obtient  1 a» 
lumiue. 


Carbonate  de  Zirconë. 

§.  CXXIV. 

Carbonate  de  Zirconé. 

La  connoissance  de  Ce  sel  est  due  à M.  Vauquelin.  Ce 
chimiste  a vu  qu’en  décomposant  une  solution  de  mu- 
riate  de  zircone  par  une  solution  d un  carbonate  alca- 
lin quelconque,  la  terre  se  précipitoit  sans  qu'il  y eût 
d’effervescence  , ce  qui  lui  a prouvé  que  lacide  car- 
bonique s’unissoit  à la  zircone  à mesure  que  l’alcali  se 
combinoit  avec  l’acide  muriatique. 

On  peut , en  outre  , s’assurer  de  la  présence  de  l’acide 
Carbonique  , en  chauffant  le  précipité  dans  des  vaisseaux 
fermés;  on  obtient  du  gaz  acide  carbonique. 

Le  même  effet  a lieu  lorsqu’on  décompose  le  carbonate 
de  zircone  par  les  acides  muriatique  et  nitrique. 

D’après  M.  T'auquelin , 100  parties  de  ce  sel  contien- 
nent 55,5  de  zircone,  et  44^  d’eau  et  d’acide. 

M.  Vauquelin  a aussi  reconnu,  que  le  carbonate  de 
zircone  se  combinoit  très-facilement  et  devenoit  très- 
soluble  avec  les  carbonates  alcalins.  Il  forme  alors  des 
sels  triples; M.  Fourcroj  en  a énoncé  trois  espèoes:  i°.  un 
carbonate  de  potasse  et  de  zircone;  2°.  un  carbonate  de 
soude  et  de  zircone;  3°.  un  carbonate  d’ammoniaque  et 
de  zircone. 

Tous  ces  sels  ne  sont  pas  encore  assez  connus  pour 
Jes  décrire. 


Division  de  la  Chimie  minérale.  ï47 


CHAPITRE  II. 


Ye.  Classe.  — Propriétés  chimiques  obser- 
vées dans  les  Métaux. 

§■  Ier- 

Division  de  la  Chimie  minérale. 

La  Chimie  minérale  se  divise  naturellement  en  tiois 
tranches  : 

i°.  Histoire  naturelle  des  minéraux  •,*; 

2°.  Opérations  chimiques  et  minéralogiques  des  mi- 
néraux -, 

3°.  Application  aux  arts,  des  procédés  et  des  produits 
de  ces  operations. 

On  peut  présenter  l’histoire  naturelle  des  minéraux 

en  sept  articles  principaux  : 

i°.  Contemplation  du  globe  , et  de  son  organisation 

en  masse  -, 

2°.  Classification  des  corps  qui  les  composent  à la 
profondeur  connue; 

3°.  Leur  manière  d’être,  position  ou  gissement  ; 

4°-  Caractères  sensibles  et  extérieurs  auxquels  on  les 
reconnoît -,  leurs  qualités  physiques  et  les  lois  d après 
lesquelles  ils  forment  des  solides  réguliers  ; 

5°.  Causes  connues  ou  probables  de  leur  formation  ; 


Contemplation  du  Globe 

6 . Leui  alteration  plus  ou  moins  ancienne , ou  pas- 
sage -, 

7°.  Leurs  propriétés  dans  l’état  actuel. 

§•11. 

ty.  * 

( ontemplation  du  Globe  et  son  organisation  ; 

en  masse. 

Bans  1 étude  du  globe  on  doit  considérer  en  même  tems 
la  forme , la  masse,  et  les  différentes  altérations  arrivées 
à des  périodes  ■'plus  ou  moins  éloignées. 

La  terre  est,  comme  on  sait,  un  sphéroïde  applati  vers  ' 
les  pôles.  Son  diamètre  à l’équateur  est  de  ^ plus  consi- 
dérable qu’au  pôle. 

On  a tout  lieu  de  croire  que  le  centre  de  gravité  de  sa 
masse  est  le  même  que  celui  de  sa  figure,  du  moins  qu’il  ! 
en  différé  assez  peu,  et  que  ses  variations  sont  assez  insen- 
sibles pour  qu’on  puisse  les  négliger  dans  les  calculs  soit 
physiques  soit  astronomiques.  Un  physicien  a prétendu 
que  le  mouvement  d’un  grain  de  sable  produisoit  un 
déplacement  dans  le  centre  de  gravité.  On  sent  tout  ce  : 

qu  il  y a de  viai  et  d absurde  en  même  tems  dans  cette 
assertion. 

La  pesanteur  du  globe  avoit  été  estimée,  jusqua  ce 
dernier  tems,  4 celle  d’nne masse  d’eau  d’un  égal  volume 
étant  i.  Des  expériences  de  Cavendich  ont  démontré 
1 inexactitude  de  cette  estimation,  et  en  ont  fait  substituer 
une  sur  la  vérité  de  laquelle  on  peut  se  reposer.  Il  est  parti 
de  l’observation  assez  ancienne  de  la  déviation  du  pendule 
auprès  des  hautes  montagnes.  Il  a placé  une  très -longue 


et  son  organisation  en  masse.  a4g 

aiguille)  terminée  par  une  houle , dans  une  cage  de  verre, 
afin  d’intercepter  tous  les  mouvemens  étrangers  à celui  qu’il 
vouloit  produire,  et  il  a présenté,  à différentes  distances,  et 
dans  différentes  situations,  des 'masses  de  plomb  à cette 
aiguille-,  il  a calculé  ses  déviations,  et  en  a déduit  que  la 
pesanteur  spécifique  de  la  terre  étoit  de  5 ;j.  Ce  calcul  nou- 
veau est  plus  important  qu’on  ponrroit  le  penser,  parce 
qu’il  infirme  considérablement  les  systèmes  des  géologues 
qui  placent  dans  les  entrailles  de  la  terre , soit  un  feu  aus- 
tral, soit  d’immenses  excavations. 

Que  l’œil  de  l’homme  soit  supposé  place  a une  certaine 
distance,  au-dessus  de  la  surface  du  globe,  il  le  vena 
composé  d’une  immense  étendue  de  matière  solide  et 
opaque  que  nous  appelons  terre , et  dont  1 ensemble  cons- 
titue les  continens , et  d’un  autre  espace  plus  immense 
encore , d’une  matière  fluide  et  transparente , que  nous 
appelons  mer.  S’il  porte  plus  particulièrement  sa  vue  sur 
cette  dernière,  il  la  verra  semée  de  points  que  nous  avons 
appelés  îles.  Sur  la  première  il  verra  des  rivières  plus  ou 
moins  considérables,  descendant  des  montagnes  plus  ou 
moins  élevées.  Sur  ces  montagnes  il  verra  les  deux  états 
extrêmes  de  la  matière , de  la  glace  et  des  fluides  élastiques , 
états  dus  en  apparence  à la  même  cause , qui  est  1 élévation 
au-dessus  de  la  surface  du  globe;  mais  ce  n est,  comme  la 
physique  le  démontre,  qu’une  cause  qui  ne  sert  qu  à mettie 
les  corps  dans  la  dépendance  des  causes  assez  différentes 
pour  produire  ces  effets  extrêmes.  Au  pied  de  ces  monta- 
gnes il  verra  des  lacs,  des  fontaines. 

La  profondeur  moyenne  des  mers  est  a-peu-près  de 
3<jo  mètres. Les  eaux,  quels  qu’aient  étélesbouleversemcus 
du  globe,  n’ont  donc  pu  couvrir  sa  surface  qu’à  la  hauteur 


I 

û5o  Contemplation  du  Globe 

de  195  mètres;  ce  qui  devient  inportant  poür  combattre 
les  systèmes  qui  leur  attribuent  la  formation  des  montagnes. 

Les  montagnes  ne  nous  paroissent  pas  formées  toutes  en 
même  tems;  elles  portent  écrits  à leur  surface,  ou  au  moins 
dans  leur  intérieur,  les  rapports  des  périodes  qui  ont  opéré 
leur  formation  : nous  en  distinguons  de  trois  ou  quatre 
ordres.  Les  primitives,  secondaires,  ternaires,  etc.  Ce  n’est 
pas  seulement  dans  ces  anciennes  archives  de  la  terre,  que 
nous  lisons  cette  existence  successive  des  montagnes;  la 
nature  nous  en  a donne,  de  nos  jours,  des  preuves  incon- 
testables, dans  la  formation  spontanée  d’îles  et  de  monta- 
gnes sorties  du  fond  de  la  mer,  et  de  cette  montagne  . 
formée  il  y a quelque  tems  en  Italie,  par  l’éruption  d:un  ! 
volcan. 

Voilà  à-peu-près  l’ensemble  que  préseute  le  globe  à sa 
surface  : quant  à l’intérieur,  les  faits  nous  manquent 
absolument,  et  à peine  avons-nous  effleuré  la  première 
couche , encore  1 avons-nous  trouvée  formée  en  grande 
partie  de  substances  qui  frappent  nos  regards  à l’extérieur. 
Nous  n’avons  pas  même  pénétré  jusqu’au  noyau  dune 
montagne  granitique,  pour  y découvrir  le  secret  de  sa  for- 
mation, la  direction  de  leurs  couches,  etc.  M.  de  Saussure 
avoit  eu  I intention  d’entreprendre  cet  important  travail, 
mais  il  en  a été  détourné  par  plusieurs  obstacles. 

M-  Humboldt.  a observé  que  les  couches  des  montagnes 
primitives , ne  suivoient  aucune  direction  que  leur  avoient 
supposée  différons  géologues  ; mais  quelles  conservoient, 
depuis  les  montagnes  du  nord  de  1 Asie,  jusqu’aux  extré- 
mités de  l’Apennin,  un  parallélisme  surprenant. 

1 ai  mi  les  diilércns  systèmes  imaginés  pour  expliquer 
îa  loi  ma  lion  du  globe,  il  faut  distinguer  celui  du  professeur 


et  son  organisation  en  massé. 

Pallas.  Il  commence  par  observer  que  la  géologie,  ne'é 
dans  ce  siècle,  présente  une  carrière  qui  ne  sera  probable- 
ment épuisée  que  dans  quelques  centaines  d’années-,  il 
discute  ensuite  toutes  les  hypothèses  destinées  a mettre  en 
ordre  l’histoire  des  élémens  du  globe  , lue  jusqu  à présent 
d’une  manière  imparfaite  dans  les  archives  de  sa  surface;  il 
montre  l'inefficacité  de  chacun  d’eux  pour  expliquer  les 
différens  phénomènes  de  la  nature;  presque  tous  ont  été 
combinés  par  leurs  auteurs  * pour  expliquer  les  phénomène* 
qui  les  avaient  frappés  davantage.  Pallas  n’auroit  rien 
fait  s’il  se  fût  contenté  de  détruire  sans  édifier,  ou  si  en 
élevant  un  système  à la  place  de  ceux  qu’il  renversoit,  il  fût 
tombé  dans  les  mêmes  inconvéniens  qu’il  leur  reprochoit. 
II  présente  donc  une  hypothèse,  mais  qu’il  ne  donne  pas 
comme  démontrée.  Il  laisse  une  place  pour  les  pierres 
d’attente  qui  seront  préparées  parles  observations  successi- 
ves des  géologues  ; il  se  fonde  sur  les  observations  suivantes. 

1°.  Toutes  les  grandes  masses  des  montagnes  sont  for-; 
mées  de  granits  qui  ne  sont  ni  par  couches,  ni  par  filons,’ 
ni  par  congestion  uégulière  ; on  y remarque  bien  des  fis- 
sures, mais  elles  se  rencontrent  rarement,  ce  qui  prouve 
qu’elles  ne  leur  sont  point  essentielles. 

a».  Le  granit  se  trouve  dans  toutes  les  parties  du  globe^ 
même  sur  les  montagnes  calcaires,  dans  les  marais,  etc. 
il  n’est  que  peu  altérable  à l’air;  il  n est  point  forme  d une 
substance  homogène,  mais  compose  de  quartz,  de  mica, 
de  feld-spath,  dont  les  grains  sont  assez  distincts;  ce  qui 
détruit  à-peu-près  le  système  de  Buflon,  qui  veut  quels 
terre  soit  le  produit  d’une  vitrification  causée  par  un 
féu  dont  l’activité  eût  dû  la  réduire  à une  masse  homogène. 

3°.  Que  la  chaîne  des  montagnes  granitiques  est  loujour* 


25a  Contemplation  du.  Globe , etc. 

côtoyée  par  une  bande  de  montagnes  schisteuses;  que  ce  ne 
sont  pas  les  schistes  qui  nous  fournissent  des  ardoises,  mais 
des  substances  beaucoup  plus  dures , composées  cependant 
en  partie  d'alumine,  tels  par  exemple  que  les  silear,  le 
porphyre.  Ces  substances  contiennent  à la  vérité  quelques 
corps  organisés,  mais  en  très-petit  nombre,  et  situés  de 
manière  qu’il  est  à-peu-près  démontré  qu  ils  y ont  été 
apportés,  non  dès  leur  formation,  mais  par  des  accidens 
postérieurs.  Ce  sont  ces  montagnes  qui  sont  généralement 
le  réservoir  des  mines. 

4°-  Ces  montagnes  schisteuses  sont  elles-mêmes  cô- 
toyées par  des  montagnes  calcaires  qu'on  distingue  en  deux 
classes;  montagnes  calcaires  de  première  formation,  et 
montagnes  calcaires  de  seconde  formation.  Les  premières 
sont  beaucoup  plus  dures  , contiennent  peu  de  corps  orga- 
nisés ; ce  sont  en  général  les  marbi’es.  Ces  montagnes  ren- 
ferment dans  leur  sein  les  albâtres  , des  cavernes  dans 
lesquelles  on  trouve  les  stalactites,  stalagmites  et  autres 
concrétions  pierreuses  formées  par  le  cours  des  eaux,  et 
colorées  par  différens  oxides  métalliques. 

5°.  La  quatrième  classe  des  montagnes  comprend  les 
montagnes  schisteuses  de  seconde  formation  , qu’il  faut 
placer  entre  ces  deux  classes  de  montagnes  calcaires,  celle 
qui  contient  des  ardoises  , etc.  Pallas  les  regarde  comme  le 
produit  de  la  putréfaction  des  corps  marins  et  des  subs- 
tances combustibles.  Il  a raisonné  en  cela  comme  géologue,, 
mais  le  chimiste  répugne  à adopter  son  idée,  à cause  des 
pyrites  qui  y sont  abondamment  répandues. 

6°.  Les  substances  calcaires  de  la  seconde  formation  con- 
tiennent abondamment  les  substances  organisées  qui  s’y  sont 
infailliblement  introduites  par  des  fissures. 


Distribution  méthodique  des  Minéraux.  2 53 

D’après  ces  observations,  Pallas  montre  que  chaque 
i hypothèse  en  particulier  est  insuffisante  pour  expliquer 
i tous  les  phénomènes , mais  qu’en  les  supposant  modifiées 
■ et  leurs  résultats  réunis,  les  différens  accidens  de  la  nature 
recevront  une  explication  au  moins  satisfaisante  -,  ainsi 
l’existence  d’un  feu  central,  et  ses  résultats,  tels  que  les 
suppose  Buffon  , ne  peuvent  être  admis  : mais  en  suppo- 
sant l’existence  primitive  des  montagnes  granitiques,  la  foi - 
mation  des  montagnes  calcaires  au-dessus  de  200  mètres, 
sera  le  produit  des  feux  souterrains. 

L’existence  successive  des  continens  est  une  hypothèse 
tout-à-fait  hardie-,  elle  demanderoit  d’ailleurs  1 existence 
passée  de  millions  de  siècles  -,  mais  on  conçoit  cependant 
que  les  eaux  entraînant  avec  elles  les  débris  des  continens  , 
aui’ont  pu  en  former  de  nouveaux  au  milieu  des  mers. 

Ainsi  un  déluge  universel  est  impossible,  par  des  causes 
physiques;  mais  on  conçoit  que  certaines  causes  physiques 
ont  pu  déterminer  la  translation  d une  partie  des  eaux  , le 
transport  et  l’amoncèlcment  des  substances  contenues  dans 
leur  sein. 

» 

Quant  aux  montagnes  au-dessous  de  200  métrés,  elles 
seront  produites  parle  détritus  des  montagnes  plus  élevées, 
entraîné  et  amoncelé  par  les  eaux. 

§•  III. 

Distribution  méthodique,  des  iMinerciux . 

La  classification  est  un  système  suivant  lequel  on  dis- 
tribue une  grande  série  d objets  afin  d en  pouvoir  mieux 


Distribution  méthodique,  des  Minéraux. 

saisir  1 ensemble,  et  d’en  rendre  par  conséquent  l'étude 
plus  facile. 

Depuis  qu’on  étudie  l’histoire  minérale,  on  en  a imaginé 
plusieurs  d’après  lesquels  on  a classé  les  minéraux:  en  s’atta- 
chant seulement  à leurs  caractères  extérieurs,  ce  qui  intro- 
duisoit  une  grande  confusion,  parce  que  leur  nombre  étant 
très -consi derable , on  manquoit  d’expressions  pour  spécifier 
les  nuances  (plus  considérables  encore)  de  leurs  caractères 
extérieurs;  ou  admettait  encore  comme  caractères  distinctifs 
des  minéraux,  leur  effervescence  avec  l’acide  nitrique,  le 
feu  qu’ils  faisoient  avec  le  briquet,  ce  qui  était  capable 
d induire  en  erreur,  puisqu’il  est  plusieurs  minéraux  qui 
produisent  l’un  et  l’autre  effet. 

La  méthode  de  classification  que  M.  Guy  ton  a adoptée  , 
dépend  du  degré  de  composition  d’un  minéral,  c’est-à-dire, 
quapiès  avoir  classé  les  corps  simples  suivant  la  méthode 
générale,  il  classe  les  composés  suivant  cette  même  méthode, 
en  prenant  1 ordre  de  la  partie  composante  qui  y domine. 
On  objecte  en  vain  que  la  chimie  n’est  pas  assez  avancée 
pour  déterminer  les  elémens  de  tous  les  corps,  ni  celui  qui 
y domine;  mais  cette  difficulté,  diminue  tous  les  jours  par 
les  progrès  delà  science  , et  ne  doit  pas  faire  abandonner 
nne  méthode  qui  a le  précieux  avantage  de  rappeler  de 
suite  les  principaux  composaus  de  la  matière  cherchée. 

Les  corps  sont  partagés  en  six  ordres  qui  sont  les  terres , 
les  sels,  les  combustibles  non  métalliques  , les  combustibles 
métalliques,  les  matières  volcaniques,  les  eaux.  Chaque 
ordre  se  divise  en  classes;  par  exemple,  dans  1 ordre  des 
terres,  on  distingue  la  classe  siliceuse,  la  classe  alumi- 
neuse, etc. 

Les  classes  se  sous-diyiscnt  eu  genres  qui  sont  les  dif- 


Distribution  méthodique  des  Minéraux.  aS5 
érens  produits  des  diverses  combinaisons  de  la  classe 
-riginaire. 

M . Haüy  a adopté,  dans  son  Traité  de  Minéralogie, 
une  nouvelle  distribution  méthodique  des  minéraux,  par 
Tasses,  ordres,  genres  et  espèces.  Ilaetabli  quatre  grandes 
liasses;  la  première  renferme  les  substances  aciditères;  la 
æconde  les  substances  terreuses;  la  troisième  les  substances 
combustibles  non  métalliques;  et  la  quatrième  les  substances 
métalliques. 

M.  Brongniart  a fait  une  autre  distribution  des  minéraux. 

Il  a établi  cinq  classes. 

• 

Classe  Ire.  Les  oxigénés  non  métalliques, 

Ier.  Ordre.  Les  oxigéués  non  acides. 

2*.  Les  oxigénés  acides. 

Classe  IIe.  Les  sels  non  métalliques. 

1er.  Ordre.  Les  sels  alcalins. 

2e.  Les  sels  terreux. 

Classe  III8.  Les  pierres. 

i*r.  Ordre.  Les  pierres  dures. 

2e.  Les  pierres  onctueuses. 

3*.  Les  pierres  argiloïdes. 

.Classe  IV8.  Les  combustibles. 

ier.  Ordre.  Les  combustibles  composes. 

2e.  Les  combustibles  simples. 

Classe  Ve.  Les  métaux. 

ïCt.  Ordre.  Les  métaux  fragiles. 

»*r  Les  qaéUux  ductiles, 


a56 


De  l’usage  des  caractères  extérieurs 

S-  IV. 

De  V usage  des  caractères  extérieurs  des  Minéraux . 

Les  caractères  extérieurs  peuvent  servir  à distinguer 
les  classes  ; on  reconnoît  la  nécessité  de  les  employer  pour 
établir  les  variétés  qui  peuvent  se  présenter  dans  les  corps 
d’un  même  genre. 

Décrire  un  corps,  c’est  exprimer  les  différens  effets 
qu’il  produit  sur  nos  sens  ; la  méthode  de  Werner  est  fon- 
dée sur  ce  principe  : on  peut  consulter  un  tableau  des  carac- 
tères extérieurs  de  Werner , qui  indique  l’ordre  dans  lequel 
on  doit  interroger  les  sens  , et  les  expressions  adoptées  pour 
en  consigner  les  jugemens-,  qui  rappelle  tous  les  principes 
de  la  méthode  descriptive,  sans  surcharger  de  ces  détails^ 
que  l’iulelligence  peut  suppléer  même  avant  lhabitude. 

( F oyez  le  tableau  ci-contre.  ) 

Les  mots  magnétisme  et  électricisme  indiqués  dans  le 
tableau,  exigent  quelques  détails  pour  ceux  qui  u ont  point 
suivi  de  cours  de  physique. 

Le  magnétisme  est  une  propriété  qui  appartient  prin- 
cipalement au  fer;  pour  la  connoître,  on  approche  d’une 
aiguille  aimantée  et  mobile  le  corps  qu  on  soupçonne  avoir 
cette  propriété.  La  vitesse  avec  laquelle  l'aiguille  est  mue  , 
détermine  le  degré  de  la  propriété,,  on  remarque  aussi  s i I 
possède  la  polarité,  c’est-à-dire,  s’il  attire  dans  un  sens  et 
repousse  dans  l’autre. 

M . Ilaiiy  distingue  le  magnét  isme  en  simple  et  polaire. 

( Attraction  sur  chaque  pèle  de  barreau  ai- 

jO.  simple.  \ . , i 

1 t niante  : la  corneenne. 


Tom.  Iï , page  256. 


TABLE  SYNOPTIQUE 


R A C T È R E S EXTÉRIEURS  DES  MINÉRAUX, 

h déterminer  l a série  des  observations  et  les  expressions  appropriées  à la  méthode  descriptive  de  Werner. 


ORDRE 

dans  LEQUEL  on  consulte  -• 
LES  SENS. 


f commune.  en  masse.,  informe , en  grains , superficiel,  dissémine  , etc. 

I particulière -capillaire  , tricoté  , coraJliformc , cellulaire , etc. 


/ en  cube,  en  rhoinbe,  e 
pyramide;  etc. 


/ APPARENCE 

EXTERIEURE. 


. régulère  . 


icÿèdre  ,-cn  tétrnèdro  , en  prisme  avec 


Ta  description  d'ün  cristal  n’est  | 
complettc  que  lorsqu’elle  in-i 
dique,  îi  la  manière  Û’Hauy, 


le  nombre  des  faces, 
leur  Ggurc. 

leur  position  respective, 
les  angles  d’inclinaison, 
les  stries, 
leur  direction. 

les  variétés  produites  par  assem- 
blage ou  macles. 

Cela  est  sur-tout  indispensable  , lorsqu  il  s'agit  dune  forme 
primitive  ou  secondaire  peu  connue  , ou  dont  la  loi  de  dé- 
. croissernent  n'a  pas  encore  été  déterminée. 


f 'blanc. 


■ de  neige,  bla  îc  de  luit,  blanc-rougeâtre , etc. 

I gris gris  de  fer,  gris  de  perle,  etc. 

| noir.  noir  foncé,  loir  bleuâtre,  etc. 

' bleu d’indigo,  de  Prusse,,  violacé,  etc. 

Lvert  vert  de  pré,  vert  de  poireau,  etc. 

I jaune. de  soufre,  citrin  , orangé,  etc., 

I rouge. de  brique  , écarlate , rose , etc. 

L brun . rougeâtre,  couleur  de  foie , etc. 


i en  druscs , lisse , rude , etc. 
I rayée,  ........ 


i travers  , en  long , alternativement , etc. 


l’intensité  . 

, l’espèt  c.  - .. 


TRANSPARENCE.  - 


i le  degré  . . 
I la  réfraction  . 


f l’intensité^ 
[ l’espèce.  -. 


<très-brillant , brillant  ; peu  brillant,  mat,  etc. 
métallique,  nacré,  vitreux,  etc. 


transparent , demi-transparcnl , translucide  aux  bords, 
simple,  double. 


^rès-brillant,  peu  brillant,  etc. 
métallique  , nacré -,  vitreux , etc. 


L’ODORAT. 
LE  GOÛT.  . 


L OUIE . • . 


ASPECT 

INTÉRIEUR.  J CASSURE  . 


compacte 
torses , 
tée , î» 


■FIGURE  DES  FRAOMF.NS. 


triques 

( cubiques  . 
( laines , 


, anguleuse , conchoïdc , fibreuse  , h fibres 
striées  , en  rayons  divergeas  , feuille- 
feuillets  parallèles,  à feuillets  conccn- 
, etc. 


cubéiformcs  , çn  -grains,  en  éclats,  i 
en  esquilles  informes  , etc. 


Nota.  On  doit  sur-toul porter  attention  aux  frngmcns  découpé 
cm  de  dissection , ayant  le  poli  naturel,  et  qui  servent  à dé- 
terminer le  mécanisme  de  la  structure , suivant  les  principes 
J'IIauy. 


pesanteur  . ......  le^egré. 


- surnageant  l'ean  , léger  , peu  pesant , très-pesant. 

I On  ne  peut  se  dispenser  aujourdhui  d'indiquer  la  pesan- 
. leur  spécifique  par  le  rapport  avec  l'eau , que  f on  détermine 
| facilement  avec  le  pèse-liqueur  de  Nicuolson  , ou  le  gravi- 
t mètre  de  Guyton. 


le  degrc. 


” cédant  h l’ongle,  au  couteau,  à la  lime;  étincelant  avec  l'acier; 

rayant  le  verre  , le  cristal  de  roche,  les  gemmes;  tendre,  très- 
[ tendre  , etc. 


| FLEXIBILITÉ  . 
I DUCTILITÉ.  , 
I COHÉSION.  . 


FROID  . . 

TACHURE. 


pliant , élastique  , etc. 
malléable,  aigre,  etc. 
très-lcuacc  , fragile , friable , etc. 
onctueux  , savonneux , etc. 
le  ogre. 

la  couleur , sou  celât. 


il  convient  d'ajouter  le  magnétisme  et  félectricisme  , qui  ap- 
partiennent certainement  plus  à la  description  qu’à  l'analyse. 
On  entend  par  Electricisme  , la  propriété  de  conduire  le  fluide 
électrique  tjt  celle  de  s'électriser  par  chaleur  ou  par  frotte- 
ment ; la  première  forme  un  caractère  important  pour  les 
métaux  et  A-s  carbures  ; la  seconde  a déjà  été  employée  avan- 
tageusement par  Daubenton,  pour  les  cristaux  congénères  à 
la  tourmaline . 


cliangemcns  qu'elle  produit  dans  la  couleur  et 
dans  l’éclat. 


happement  a la  langue, 
odeur 


très-fort,  médiocre,  foiblc  , nul. 


f le  degré. 
L l’espèce. 


forte,  foiblo,  nulle. 

bitumineuse,  sulfureuse,  urineose  , argileuse,  etc. 


i le  degré. 

: l'espèce. 


forte  , foiblc , nulle. 

acide,  alcaline,  salée,  styptique,  amère,  terreuse,  etc. 


sonore comme  l'ardoise,  l’arsenic , l’ctain  qu’on  pile,  etc. 


- * 


U 


des  Minéraux. 


7 î>57 

: 3».  polaire.!  Attraction  sur  ,ln  Pôle  et  répulsion  sur  l’autre: 
l presque  tous  les  cristaux  de  fer. 

L électricité  est  la  propriété  qu'ont  les  corps,  préparés 
■ convenablement,  d'attirer  ou  repousser  les  corps  légers  uni 
“ Le  mot  dérive  dW^nm.  Le  succin  fut 

; Prem,er  C0,PS  s'"'  Ie(Iue^  »n  fit  l'observation,  qu'en  le 
'frottant,  il  attiroit  les  corps  légers;  on  divise  les  corps  qui 

jomssent  de  la  propriété  énoncée  , en  corps  susceptibles  de 

isCeet,.,  ...  par  frottement;  ...  par  communication; 
3°.  par  le  feu.  ’ 

M.  Haüjr  divise  1 électricité  en  passive  et  active: 

par  communication.  (Les  métaux  à l’état  mé- 

t tallique. 

i°.  Vitrée  : la  plupart 
des  substances  terreu- 
par  frottement \ ses  ; 

2°.  Résineuses  : le  sou- 
Ire , le  succin.  g. 

rVitrée  d’un  côté  et  ré- 

par  chaleur ) S'neuse  de  l’autre  ; 

tourmaline,  la  mé- 
[ sotjpe. 

i°.  Vitrée  : le  molyb- 
dène sulfuré  ; 

2°.  Résineuse  : la  plu- 
part des  minéraux  ; 

3°.  Nulle  : le  fer  car- 
buré. 

Pour  distinguer  ces  deux  espèces  d’électricité,  on  se 
sert  dun  instrument  nommé  électromctre , composé  de 

*7 


1°.  PASSIVE/ 


a°.  active  ou  communiquée  à la 
Cire  d’Espagne,  à l’aide  du  frot- 
tement. 


a 58  De  l’usage  des  caractères  , etc. 

deux  boules  de  moelle  de  sureau,  le  tout  enfertne  dans 
un  récipient.  On  approche  d’abord  du  métal  qui  lie  ces  l 
deux  fils  métalliques , un  corps  chargé  convenablement 
d’électricité-,  ce  qui  produit  un  certain  ecartcment  dans 
les  boules:  on  présente  aussitôt  le  corps  qu'on  veut  sou- 
mettre à l’expérience , et  s’il  est  électrisé  en  plus,  il  pro- 
duit un  plus  grand  écartement , s il  est  électrisé  en  moins 
les  boules  se  rapprochent. 

Les  cristaux  ont  généralement  un  axe  d électricité  dont 
les  extrémités  sont  nommées  pôles,  1 un  de  ces  pôles  est 
celui  de  l’électricité  positive,  l’autre  est  celui  de  l'élecj 
tricité  négative.  11  est  quelquefois  intéressant  de  faire  la 
distinction  de  ces  deux  pôles.  Pour  cela,  M.  Haüy  se  sert 
d’un  fil  de  soie  attaché  a une  verge  métallique-,  on  1 élec- 
trise, et  on  l’approche  du  cristal  dont  on  veut  déterminer 
les  pôles;  s’il  y a répulsion,  c’est  le  pôle  de  1 électricité 
positive  ou  vitreuse;  si  le  phénomène  contraire  arrive,,  on 
en  conclut  que  c’est  le  pôle  de  l’électricité  négative,  de  là 
est  venu  cet  axiome  : les  semblables  se  repoussent,  les  con- 
traites  s’attirent. 

M.  Haüy  est  parvenu  par  ce  moyeu  à déterminer 
avec  beaucoup  de  sagacité  l’axe  d électricité  de  cristaux 
qui  n’avaient  guère  plus  de  deux  millimètres  de  grandeur. 

Le  borate  magnésio-calcaire  présente  une  propriété 
singulière  que  des  expériences  délicates  ont  de\eloppee. 
Il  est  cristallisé  en  cube  ayant  un  décroissement  angulaire 
et  marginal.  Il  est  électrique , et  a par  conséquent  un  axci 
et  deux  pôles.  Pour  les  déterminer  , M.  Haüy  a électrisé  un 
corps  résineux  d’une  figure  cylindrique  entre  ce  corps  et1 
une  aiguille  métallique,  très-mobile  sur  un  pivot,  et  paral-i 
lèle  au  corps  ; on  place  le  cristal  qui  ne  doit  être  pourtant  pas 


! 


&<■  l’histoire  générale  des  Miné rau  t. 

assez  petit  poui  que  la  direction  de  son  axe  électrique  influe 
sur  celle  de  l’électricité  dans  son  passage  du  cylindre  de 
résine  dans  1 aiguille.  Il  en  a calculéles  déviations  , et  a dé- 
i montré  que  ce  cristal  avait  huit  axes  différons  d’électricité, 
4 Ce  qui  sans  doute  avoit  influé  sur  sa  figuration.  • 

Les  métaux  que  nous  avons  annoncés  précédemment 
comme  jouissant  de  li  propriété  conductrice,  et  comme 
la  perdant  par  l’oxidation  , acquièrent  la  propriété  de 
,s  électriser  par  frottement  , lorsqu’ils  se  combinent  avec 
l’oxigèue. 

S-  V. 

De  l’ Histoire  générale  des  Minéraux. 

Après  avoir  considéré  le  globe  en  masse,  et  les  diffc- 
<ens  systèmes  imaginés  pour  expliquer  sa  formation  , 
[piand  un  minéral  tombera  sous  la  main  d'uu  naturaliste  , 
ü ne  s’occupera  plus  de  la  formation  de  la  montagne  d’ou 
.1  a été  tiré  , mais  bien  de  la  situation  du  minéral  dans  la 
montagne  , et  de  la  situation  de  celle-ci  par  rapport  à 
selles  qui  l’environnent.  C'est  ce  qu’on  appelle  le  "gisse- 
ment.  Un  minéral  peu  important  par  lui-même  , le  de- 
>cnt  souvent  entre  les  mains  du  naturaliste  qui  conrioît 
ion  gisscment.  Il  pourra  expliquer  différentes  circons- 
ances  qui  se  manifestent  dans  sa  formation,  s’il  connoît 

a nature,  1 arrangement  , etc.  des  substances  qui  l’en- 
rironnent. 

Des  causes  connues  ou  probables  de  leur  formation. 

Ces  causes  peuvent  être  considérées  comme  indépen- 
tantes  des  grandes  révolutions  du  globe , en  admettant 


260  De  l'histoire  générale  des  Minéraux. 
cependant  l’existence  préalable  de  certaines  substances 
Elles  se  réduisent  : 

i°.  A l’action  de  l’eau  ; 

20.  Au  dégagement  des  gaz  ; 

3°.  Aux  dépôts  par  coucbes  ; ainsi  les  albâtres  , les  in 
crustations,  le  s veines  spathiques  , ne  sont  que  les  produit 
de  ces  dépôts  introduits  au  moyen  de  fissures  dans  le 
substances  primitives  où  on  les  trouve  : ce  n est  point  uni 
quement  une  théorie  dénuée  du  secours  de  1 observation 
qui  fait  établir  ce  principe-,  cette  incrustation  se  fait  sou 
nos  yeux,  et  dans  un  très-court  espace  de  tems  , dan 
les  grottes  naturelles  et  artificielles  -, 

4°.  Aux  feux  souterrains  produits  ordinairement  pa j 


la  combustion  des  schistes  pyriteux  j le  tripoli  est  le  prO; 
duit  d’une  combustion  de  cette  espèce.  Il  s’y  trouve  ain; 
que  dans  beaucoup  d autres  substances  pyriteuses  de 
débris  de  substances  végétales  , ce  qui  porterait  à croir 
que  le  soufre  des  sulfures  , regardé  jusqu’à  présent  comm 
une  substance  minérale,  et  même  celui  des  sels  sulfu 
riques  natifs  , étoient  dus  a la  décomposition  des  sub, 
stances  végétales. 


De  leur  altération  plus  ou  moins  ancienne  ou  passage. | 

Le  plus  frappant  de  ces  passages  est  celui  de  la  form 
cristalline  à la  forme  arrondie  par  le  frottement , de  là  cj 
qu’on  appelle  galet  siliceux.  Le  cristal  de  roche  lui-mêui'; 

perd  ses  angles  et  ses  arêtes. 

Une  autre  espèce  de  passage  remarquable  est  celui  p» 
lequel  un  cristal  perd  la  forme  cristalline  qui  lui  est  affecte 
par  la  nature  , pour  en  prendre  une  autre  qui  11'a  nul  rappc1 
Les  transsudations  également  produites  par  les  sub 


Propriétés  des  Minéraux.  261 

-stances  termes  en  suspension  par  les  eaux, «sont  encore 
une  espèce  de  passage  qui  explique  un  grand  nombre 
de  phénomènes  de  la  nature.  Les  transsudations  peuvent 
fitre  intérieures  ou  extérieures.  11  est  une  espèce  de  jaspe 
grossier  parsemé  de  calcédoine  , qui  a longtems  d visé 
es  minéralogistes  sur  les  circonstances  de  sa  formation. 
.211e  s’explique  naturellement  par  le  retrait  de  la  matière 
îomogèue  dout  le  jaspe  est  composé,  et  la  transsudation 
intérieure  de  la  calcédoine. 

§•  VI. 

Propriétés  des  Minéraux.  Essais  préliminaires . 

On  découvre  ces  propriétés  : 

i°.  Par  les  réactifs  ; 

2°.  Par  les  essais  au  chalumeau  -, 

3o.  Pari  analyse  chimique  qui  confirme  ou  réforme  îe 
ugement  porté  d’après  le  caractère  extérieur. 

Parmi  les  réactifs  , les  acides  minéraux  et  les  alcalis 
•ont  les  plus  puissans  -,  ainsi  , s’il  tombe  sous  la  main 
ane  substance  dont  od  ignore  les  principes  constituaus  , 
an  verse  dessus  une  goutte  d’acide  nitrique.  S il  y a 
■ffervescence  , on  en  conclut , non  que  c’étoit  un  carbo- 
nate de  chaux  , mais  un  carbonate  quelconque.  Si  on 
soupçonne  que  ce  soit  du  sulfate  de  chaux  , on  en  met 
une  petite  quantité  dans  de  l’eau.  Si  elle  se  dissout,  on 
en  conclut  que  la  présomption  étoit  fondée.  Si  la  sub- 
stance inconuue,  mouillée  avec  un  peu  d’acide  sulfurique 
concentre  , laisse  dégager  une  vapeur  acide  ayant  une 
ideur  particulière,  on  en  conclut  que  c'est  un  liuate , ou 
unmuriate,  ou  un  nitrate. 

Quelques  substances  se  montrent  extrêmement  rebelles 


a6a  Considérations  générales  sur  les  Métqux. 

aux  réactifs  , ce  sont  celles  qui  contiennent  des  métaux. 
Si  on  le  soupçonne  , on  les  met  en  contact  avec  un  peu 
d’hydrogène  sulfuré,  qui  donne  sur  le  champ,  quelque 
soit  ce  métal  combiné  , le  plus  souvent  une  couleur  noire. 
On  distingue  ensuite  plus  particulièrement  chaque  métal  , 
soit  en  le  faisant  passer  au  bleu  avec  l’acide  prussique,  si 
c’est  du  fer  , soit  en  le  faisant  passer  au  vert  par  l’ammo- 
niaque , si  c’est  du  cuivre  , etc. 

Quant  au  chalumeau,  voyez  le  Ier.  volume  , page  4^- 

§•  VII. 

Considérations  générales  sur  les  Métaux. 

Les  métaux  se  trouvent  dans  la  nature  dans  six  états 
différens  -, 

i°.  A l’état  métallique  pur  , comme  l’or,  f argent  , 
le  mercure  -,  2°.  à l’état  d’ oxide  ou  diacide  , un  grand 
nombre  se  rencontre  plus  ou  moins  oxidé  ; 3°.  unis 
au  soufre,  on  les  appelle  alors  sulfures  ou  pyrites , tels 
que  le  mercure  , le  fer  , le  plomb  , l'antimoine  , ces 
métaux  conservent  toujours  dans  cet  état  un  éclat  mé- 
tallique , etc.  -,  4°.  unis  aux  acides  , ce  qui  constitue  les 
sels  métalliques  -,  5°.  combinés  avec  d autres  métaux  , ce 
qui  forme  les  alliages  naturels  ; 6°.  unis  au  carbone  , 
d’où  résulte  un  carbure  métallique.  On  ne  couuoît  jusqu  à 
présent  que  le  fer  susceptible  de  cette  union. 

La  docimasie  et  la  métallurgie  enseignent  à les  séparer 
de  toutes  ces  substances  étrangères. 

Les  métaux  ont  des  propriétés  si  caractéristiques  qu’il 
est  impossible  de  les  confondre  avec  les  autres  substances 
mi p étales,  Le  caractère  le  plus  saillant  qui  les  fait  re- 


Considérations  générales  sur  les  Métaux.  26.3 

'Eonnoitre  sur-le-champ  est  ce  brillant  particulier  qu’on 
pppelle  éclat  métallique  , les  lames  les  plus  minces  sont 
ppaques  et  ne  laissent  pas  passer  la  lumière.  Leur  grande 
oesanteur  spécifique  est  un  moyen  non  moins  précieux 
jnour  les  distinguer  d’une  manière  évidente.  Cette 
densité  varie  dans  les  métaux  depuis  7 jusqu  a 21  , l’eau 
■tant  1.  Le  métal  le  moins  dense  est  encore  plus  pesant 
que  la  substance  minérale  non  métallique  la  plus  lourde. 

La  propriété  des  métaux  d’étre  ductiles  est  de  la  plus 
grande  importance  pour  les  arts  , on  n’en  conuoît  pas  la 
cause.  Il  est  cependant  probable  qu’elle  tient  à la  dis- 
position des  molécules  entre  elles.  La  ductilité  se  divise 
æn  ductilité  à la  filière  ou  ténacité  ou  ductilité  sous  le 
marteau  ou  malléabilité  -,  l’ordre  des  métaux  est  différent 
-mur  chacune  de  ces  propriétés. 

Leur  conductibilité  est  la  propriété  de  laisser  passer 
-rapidement  le  calorique  entre  leurs  molécules,  et  d’enlever 
airomptement  la  chaleur  à d’autres  corps  chauds.  On  no 
«eut  pas  encore  bien  expliquer  la  raison  de  ce  phéno- 
mène ; on  pourroit  croire  que  cela  tient  à la  mobilité  des 
parties  qui  se  meuvent  avec  beaucoup  de  facilité.  Tous 
«es  métaux  sont  bons  conducteurs  , mais  ils  diffèrent 
entre  eux  par  celte  propriété. 

Les  métaux  sont  susceptibles  de  se  fondre  , cette 
fusibilité  varie  tellement  entre  eux  , que  quelques-uns 
rise  fondent  à une  légère  température,  et  d’autres  exigent 
tme  très-forte  chaleur  -,  d’autres  se  volatilisent  comme  le 
■mercure,  l’antimoine , etc. 

Le  point  de  vue  le  plus  intéressant  sous  lequel  on 
"Puisse  considérer  les  métaux  en  général  , est  leur  rapport 
Lavée  l’oxigène. 


a(>4  Considérations  générales  sur  les  Métaux. 

Quelques  métaux  s’oxident,  par  la  simple  exposition 
a 1 air  , a la  température  ordinaire  , tels  sont  1 arsenic  et 
le  manganèse. 

D autres  métaux  s’oxident  par  la  simple  exposition  à 
1 air  ; mais  ce  n est  qu  au  moyen  d’un  degré  de  chaleur 
considérable.  Le  fer  , le  zinc  , le  cuivre  , l étain  , etc.  , 
quand  on  les  chauffe  au  rouge  , perdent  le  brillant  mé- 
tallique , et  se  convertissent  en  oxides  de  différentes 
couleurs. 

D autres  métaux  ne  sont  pas  oxidés  même  par  faction 
réunie  de  l’air  et  de  la  chaleur  -,  tels  sont  l’or  et  le 
platine. 

Mais  ces  deux  métaux  eux -mêmes  > et  à plus  forte 
îaison  tous  les  autres  , sont  oxidés  par  les  acides.  C’est  1 
ainsi  que  les  acides  nitro-muriatique  et  muriatique  oxi- 
gene  oxident  d abord  1 or  , puis  dissolvent  son  oxide.  Le 
fer  est  oxide  par  l’acide  sulfurique  étendu  , en  se  com- 
binant avec  1 oxigène  de  l’eau  , et  cet  oxide  de  fer  ainsi 
produit , est  dissous  par  1 acide. 

lous  les  métaux  qui  sont  oxidables  à l’air , le  sont 
bien  plus  rapidement  dans  le  gaz  oxigène. 

Quelques  métaux  sont  oxidés  par  l’eau  , soit  à la  tem- 
pérature  ordinaire  , soit  à une  température  plus  élevée. 
La  limaille  de  1er  , humectée  d’eau  , s’oxide  en  consé- 
quence de  la  décomposition  de  ce  lluide  ; et  la  vapeur 
de  leau  se  décompose  rapidement  , lorsqu'on  la  fait 
passer  sur  du  fer  rouge.  Le  fer  ainsi  oxidé  gagne  28  pour 
cent  d oxigène.  D’autres  métaux,  l’or  et  l’argent,  par 
exemple  , ne  sont  point  oxidés  par  l’eau , à quelque 
tempérai  tire,  que  ce  soit. 

Tous  les  métaux  acquièrent  du  poids  par  1 oxidafion. 


Considérations  générales  sur  les  Métaux.  26$ 

On  peut  s’en  convaincre  en  faisant  chauffer  au  ronge  un 
peu  de  fil-de-fer  , et  le  gardant  quelque  tems  dans  cet 
état. 

Les  métaux  retiennent  l’oxigène  avec  différons  degrés 
de  force.  Quelques  oxides , celui  de  mercure  , par  exemple, 
se  réduisent  a 1 état  métallique  par  la  seule  application 
de  la  chaleur  ; d’autres,  tels  que  l’oxide  de  fer,  exigent 
l’addition  de  quelque  substance  qui  ait  plus  d’attraclioii/ 
pour  1 oxigene  , que  le  métal  auquel  il  est  combiné. 
C est  ainsi  que  pour  réduire  l’oxide  de  fer  , on  doit  ajouter 
du  charbon. 

Tous  les  oxides  métalliques  , excepté  celui  de  mer- 
cure , sout  convertis  par  une  violente  chaleur , en  une 
substance  vitreuse  , appelée  verre  métallique  ■ ces  verres 
(servent  a colorer  les  émaux  et  la  porcelaine. 

Les  métaux  se  comportent  avec  les  acides  d’une  ma- 
niéré particulière  5 aucun  métal  ne  se  dissout  dans  un 
acide,  à moins  qu  il  ne  soit  préalablement  oxide,  ou  ils 
s oxident , soit  aux  dépens  de  I eau  ou  de  l’acide. 

L acide  sulfurique  concentré  attaque  un  grand  nombre 
■de  métaux  , sur-tout  à l’aide  de  la  chaleur,  en  dégageant 
• de  1 acide  sulfureux  ; l’acide  sulfurique  étendu  d’eau 
«dissout  mieux  les  métaux , et  l’eau  est  toujours  décom- 
] posée. 

L acide  nitrique  agit  sur  tous  les  métaux  sans  qu» 

1 eau  soit  décomposée.  Il  y a cependant  des  circonstances 
où  l action  de  1 acide  est  si  grande  qu’une  partie  de  l’eau 
est  décomposée,  ou  1 hydrogène  se  constitue  avec  l’azote 

forme  de  1 ammoniaque.  Le  zinc  est  Je  plus  propre 
pour  cet  effet  , mais  il  ne  se  dégage  pas  de  gaz  hydrogène. 
Aucun  métal  ne  décomposé  entièrement  l’acide  nitrique. 


266  Considérations  générales  s ir  les  Métaux , 

L’acide  muriatique  ne  dissout  les  métaux  d'aucun*  * 
manière , s il  n’est  pas  étendu  d’une  certaine  quantité 
d eau  ; alors  il  se  dégage  toujours  du  gaz  hydrogène. 

Les  oxides  au  maximum  ne  se  dissolvent  dans  aucun 
acide  , mais  l’acide  muriatique  les  dissout  en  leur  enlevant 
une  partie  d’oxjgène  qui  forme  l’acide  muriatique  oxigéné  ; f 
1 acidç  muriatique  .qui  reste  trouve  le  métal  moins  oxidé 
et  le  dissout. 

Les  métaux  sont  précipités  de  leurs  dissolutions  par 
les  acides  , les  uns  par  les  autres  , et  non  pas  à l'élat 
d’oxides  , comme  lorsqu’on  emploie  les  alcalis  , mais 
généralement  à l’état  métallique.  Si  on  plonge,  par  exemple, 
une  laine  de  fer  poli  dans  une  solution  de  sulfate  de 
cuivre  , le  cuivre  reparoît  sur  la  surface  du  fer  à l'état 
métallique.  Dans  ce  cas , le  fer  s’empare  de  l’oxigène 
du  cuivre  -,  et  comme  aucun  métal  n’est  soluble  dans 
un  acide  qu’il  ne  soit  combiné  avec  l’oxigèue  , le  cuivre 
est  précipité. 

Quelques  oxides  métalliques  sont  solubles  dans  l'eau , 
comme  l’oxide  de  plomb,  d’antimoine,  d'argent,  etc. 

Les  alcalis  agissent  aussi  sur  les  métaux.  L'étain  , le  zinc, 
le  tellure,  etc.  s’y  dissolvent  en  état  métallique  ou  il  se 
dégage  du  gaz  hydrogène.  Le  cuivre  et  l'argent  sont 
solubles  dans  l’ammoniaque. 

Les  oxides  métalliques  sont  solubles  dans  les  alcalis, 
comme  celui  d’or,  d’argent,  de  cuivre,  d'étain  , d’anti- 
moine , d’arsenic,  de  manière  que  les  oxides  servent  ici 
au  lieu  des  acides  , tandis  qu’avec  les  acides  ils  servent 
de  bases. 

Les  métaux  en  général  sont  des  substances  simples. 

C est  par  leur  rapport  ayëc  l’oxigène  que  M.  Fourctoy 


Considérations  générales  sur  les  Métaux.  267 

a établi  la  classification  des  métaux  sur  l’ordre  de  leurs 
divers  degrés  d’attraction  pour  l’oxigène.  Il  les  divise  en 
cinq  sections. 

PREMIÈRE  SECTION. 

Métaux  cassans  et  acidifiables,  cinq  espèces  * arsenic  j 
tungstène  , molybdène  , chrôme  et  columbium. 

DEUXIEME  SECTION. 

Métaux  cassans  et  simplement  oxidables  ; il  y en  a sept 
especes;  titane , urane  , cobalt  , manganèse  , bismuth 
» antimoine  et  tellure. 

I 

troisième  section. 

Métaux  demi  - ductiles  et  oxidables  , trois  espèces  ; 
mercure  , zinc  et  nickel. 

QUATRIÈME  SECTION. 

Métaux  bien  ductiles  et  facilement  oxidables  , quatre 
* especes  ; étain  , plomb  , fer  et  cuivre. 

CINQUIÈME  SECTION. 

Métaux  très-ductjles  et  difficilement  oxidables, 
l espèces  ; l’argent,  V or  et  le  platine. 


trois 


268 


Arsenic. 


CHAPITRE  III. 

\ 

De  V .Arsenic  , de  V Acide  arsemeux  , et  de 
l'Acide  arsenique. 

§•  Ier- 

Arsenic. 


On  trouve  souvent  l’arsenic  natif;  il  est  en  masse» 
noires  peu  brillantes  , très-pesantes  : il  a quelquefois 
l’éclat  métallique , et  réfléchit  les  couleurs  de  1 iris. 

Dans  sa  cassure  il  paroît  plus  brillant  , et  semble  com- 
posé d’un  grand-  nombre  de  petites  écailles  ; lorsque  ces 
écailles  sont  sensibles  à l’extérieur  des  échantillons  , on 
le  nomme  alors  arsenic  testacé , ou  improprement  cobalt 
testacé  , arsenic  écailleux. 

On  prétend  que  le  nom  arsenic  est  tire  d un  mot  grec, 
qui  signifie  miile  , et  qu’il  a été  donne  à 1 arsenic  à cause 
de  la  grande  énergie  avec  laquelle  agit  ce  métal. 

Voici  les  espèces  décrites  par  M.  Haiij. 


Première  ; Arsenic  natif , trois  variétés. 


L’arsenic  natif  se  trouve  à Sainte-Marie-aux-Mines  ,, 
en  France;  à Freyberg  , en  Saxe;  à Joachimsthal  , en 
Bohême;  dans  le  Baussa  de  Temcswar  , en  Hongrie; 


1 


Arsenic.  269 

dans  les  montagnes  primitives,  mais  presque  jamais  en 
filons  particuliers.  Il  accompagne  ordinairement  l’argent 
sulfuré  , le  co  >alt  gris  et  arsenical  , le  cuivre  gris  , la 
fer  spathique. 

Deuxième  •,  Arsenic  oxidé  , trois  variétés. 

L’arsenic  oxidé  se  trouve  à la  surface  ou  dans  le  voisi- 
nage de  certaines  mines  arsenicales  et  en  particulier  de 
celles  de  cobalt.  Il  est  sous  plusieurs  formes,  en  pris- 
mes quadrangulaires  , en  aiguilles  et  en  état  pulvé- 
rulent , à Andreasberg  , à Richelsdorf  en  Hesse  et  en 
Saxe. 

Troisième;  Arsenic  sulfuré  ; première  variété  , Arsenic 

sulfuré  rouge  ; deuxieme  , Arsenic  sulfuré  jaune. 

L’arsenic  sulfuré  rouge  se  trouve  à la  bouche  de  plu- 
sieurs volcans  , où  il  a été  produit  par  sublimation  , en 
particulier  à la  Solfatare,  près  de  Naples,  et  à la  Gua- 
deloupe où  il  porte  le  nom  de  soufre  rouge  : il  n’est  pas 
rare  de  le  rencontrer  aussi  dans  la  dolomie,  au  Saint- 
Golhard  et  dans  d’autres  montagnes  primitives.  Quel- 
quefois il  a pour  gangue  le  quartz  , la  barite  sulfatée,  etc. 
Il  existe  dans  plusieurs  mines,  telles  que  celles  de 
Nagyag  , en  Transilvanie  ; de  Felsocanya  , en  haute 
Hongrie;  de  Joachimslhal,  en  Bohème;  de  Marienberg, 
en  Saxe  , etc. 

On  trouve  de  l’arsenic  sulfuré  jaune  à Moldava  , en 
Hongrie,  où  il  accompagne  un  filon  de  cuivre  pyriteux, 
a Ohlalapos  , en  Transilvanie  ; il  est  en  globules  testacés, 
à Ihajoba,  en  Hongrie. 


27°  Arsenic. 

Lorsqu’il  est  rouge , on  l’appelle  réalgal , réalgar , ri - 
* zigal  factice  , ou  arsenic  rouge. 

Lorsqu’il  est  jaune  , on  le  nomme Iwjpin  , ou  orpiment 
factice. 

Le  réalgar  est  commun  dans  la  Chine;  on  en  fait  des 
vases , des  pagodes  et  autres  ouvrages  d’ornement.  Les 
Indiens  se  servent  de  ces  vases  pour  se  purger,  en  y 
laissant  séjourner  pendant  quelques  heures  , du  vinaigre, 
ou  du  suc  de  limon. 

L’orpiment  est  moins  rare  que  le  réalgar  ; il  accom- 
pagne presque  toujours  celte  substance  : mais  celui  du 
commerce  nous  est  envoyé  de  diverses  contrées  du  le- 
vant en  masses  irrégulières,  solides  ou  lamelleuses  , d un 
beau  jaune  citrin.  Le  réalgar  est  composé  , d’après 
M.  Thénard , de  0,25  de  soufre  et  de  o,^5  d arsenic  , 
et  l’orpiment  de  o,43  de  soufre  et  de  0,67  d arsenic. 
Les  sulfures  d’arsenic  sont  très-employés  dans  la  pein- 
ture , à raison  de  la  solidité  et  de  l’éclat  de  leurs 
couleurs. 

On  s’en  sert  également  dans  la  teinture  , sur-tout 
pour  l’impression  des  toiles  de  coton. 

Ces  sulfures  ont  encore  l’avantage  de  conserver  les 
couleurs,  de  les  préserver  de  la  décomposition  et  moi- 
sissure lorsqu’elles  sont  liquides,  décarter  les  insectes 
rongeurs. 

Ces  sulfures  peuvent  servir  encore  de  dissolvant  à 
l’indigo.  On  les  emploie  aussi  à rendre  aigres  et  durs 
quelques  métaux,  tels  que  le  plomb,  le  fer,  etc.,  et 
on  les  dispose  par  ce  léger  alliage  à plusieurs  opéra- 
tions qui  exigent  moins  de  ductilité.  ( Chapial.  ) 

C’est  eu  calcinant  ces  métaux  qu’on  dégage  l’arseuiC 


—'if  l'SC/ll C • «2 j 

Dans  plusieurs  endroits,  on  a établi  de  longues  cheminées 
tortueuses  , qu’enfilent  les  vapeurs  arsenicales  , et  où 
elles  s attachent  ; ou  enlève  la  croûte  qui  se  forme  sur  les 
murs  ou  parois  de  ces  cheminées:  et  c’est  là  ce  qui  est 
introduit  dans  le  commerce  sous  le  nom  d 'arsenic.  C’est 
de  1 oxide  d arsenic  blanc  ou  acide  arsénieux  comme 
nous  le  verrons  plus  lias. 

On  retire  le  métal  pur  par  le  procédé  suivant  : on 
mêle  deux  parties  ds  cct  oxide  blanc  avec  une  partie 
de  flux  noir  (i),  et  on  inet  le  tout  dans  un  creuset 
qu’on  recouvré  avec  un  autre  creuset  renversé  -,  on  lute 
avec  un  peu  de  terre  glaise  et  de  sable  -,  on  applique  eusuile 
la  chaleur  au  creuset  inférieur  ; l’arsenic  se  réduit  et 
tapisse  les  parois  du  creuset  supérieur  , sous  uue  forme 
brillante  et  métallique. 

L’arsenic  métal  s’obtient  encore  de  la  manière  sui- 
vante : on  fait  uue  pâte  avec  cet  oxide  en  poudre  et  du 
savon  noir  , ou  de  l’huile  de  lin  , ou  de  toute  autre 
huile  tirée  par  expression  -,  on  introduit  cette  pâte  dans 
un  mafias,  on  le  place  sur  un  bain  de  sable,  et  ou 
piocede  a la  sublimation  par  un  feu  doux  d’abord 
afin  d’échauffer  les  vaisseaux  et  de  faire  dissiper  les 
vapeurs  humides.  On  augmente  ensuite  le  feu  par  degrés, 
jusqu’à  faire  rougir  le  fond  du  vaisseau  ; il  se  sublime 
daus  la  capacité  supérieure  du  matras , uue  substance 
i presque  noire.  Ou  casse  le  matras,  on  sépare  la  ma- 
tière qui  s’est  sublimée;  c’est  l’arsenic  métallique. 


(0  Pour  obtenir  le  flux  noir,  on  fait  détonner,  dans  nu 
.creuset,  une  partie  de  nitrate  de  potasse  avec  deux  parties  de 
star  tri  te  acidulé  de  potasse. 


Arsenic. 


272 

On  peut  encore  obtenir  cette  réduction  par  la  fusion. 
A cet  effet  , on  mêle  une  partie  d’oxide  d’arsenic  avec 
deux  parties  de  savon  noir  et  une  partie  et  demie  de 
potasse.  On  fait  fondre  promptement  ce  mélange  dans 
un  creuset  , aussitôt  qu’il  est  fondu  , on  le  coule  dans 
un  mortier  de  fer  un  peu  échauffé  et  graissé-,  011  le 
couvre  lorsque  la  matière  est  parfaitement  refroidie  : ou 
sépare  l’arsenic  qui  occupe  sa  partie  inférieure  d avec 
les  scories. 

La  pesanteur  spécifique  de  l’arsenic  extrait  de  ses 
minerais  et  pur  est  , suivant  Bergmann , de  8,3o8  à 
8,3io. 

L’arsenic  s’altère  pxomptemeut  à l’air  -,  il  s’oxide  à sa 
surface,  et  passe  au  noir;  chauffé  avec  le  concours  de 
l’air,  il  s’oxide  très-promptement:  il  se  réduit  en  va- 
peurs blanches  , qui  ont  une  forte  odeur  d’ail  , et  se 
subl  me  dans  les  vaisseaux  clos  , avant  qu’il  ne  soit 
assez  chauffé  pour  entrer  en  fusion.  Il  est  susceptible 
de  cristalliser  en  tétraèdres  réguliers  , lorsqu'on  le  su- 
blime lentement.  Lorsqu’il  est  rouge,  il  brûle  avec  une 
flamme  bleuâtre. 

L’arsenic  , dans  l’état  métallique  , n’agit  pas  d’une 
manière  sensible  sur  l’azote  et  le  carbone  -,  cependant 
il  se  dissout  assez  facilement  dans  le  gaz  hydrogène  , et 
forme  le  gaz  hydrogéné  arsemquè  , dont  Schcele  a 
parlé  le  premier.  M.  Slromeyer  de  Gottinguc  la  fait 
connoître  plus  particulièrement.  Ce  chimiste  le  prépare 
en  chauffant  un  mélange  de  i5  parties  d’étain  et  d une 
d’arsenic  avec  de  l’acide  muriatique. 

Ce  gaz  est  extrêmement  fétide  , lue  les  animaux  , 
bïûle  d’une  flamme  blanche  bleuâtre  , accompagnée  d une 


( 


<ll 


A rsenic.  . a j 

fumée blanche-brunâtre.  Il  est  peu  soluble  dans  l'eau  pourvu 
~u’elle  soit  privée  d’air  , sans  cela  le  gaz  est  décomposé. 

Mêles  à parties  égales  avec  le  gaz  oxigène  , il  détonne 
lolemment  a 1 approche  d’une  bougie  allumée  , il  sa 
orme  de  I eau  et  de  l’acide  arsenieux. 

Les  acides  nitreux  et  muriatique  oxigéné  le  décom- 
ïosenl  sur-le-champ.  Quand  on  fait  passer  ce  dernier  , 
az  acide  dans-  un  mélange  de  gaz  hydrogène  arseniqué 
t sulfuré,  il  se  forme,  suivant  M.  Trommsdorf , un 
«ulfure  jaune  d’arsenic. 

Ce  gaz  convertit  le  sublimé  corrosif  en  muriate  de 
nercure  au  minimum.  N 

Si  l'on  distille  partie»  égales  de  phosphore  et  d'arsenic 
n employant  One  douce  chaleur  , on  obtient  un  sublimé 

n ant  ’ n°lrâlre  ’ «J11*  b™'e  sur  les  charbons  avec  l’o- 
mixte  de  l’un  et  de  l’autre  de  ces  corps.  Il  reste  un 
îsidunoir,  rempli  du  phosphore,  que  l’on  doit  couses 
»r  sous  leaa;  c est  du  phosphure  d’arsenic. 

C^tte  combinaison  peut  encore  avoir  lieu  sous  l’eau  h 
chaleur  de  l’ébullition.  Le  phosphore  s’unit  à l’arsenic 
'mesure  qu’il  se  fond. 

L’arsenic  s’unit  très-bien  au  soufre.  11  résulte  une 
•sse  demi-transparente,  très-pesante,  d’une  couleur 
ne  ou  rouge , suivant  les  proportions  de  soufre 
relu  prépare  ces  sulfures  d'arsenic  en  mêlant  ensem- 

Un  a cru  pendauL  lAnm 

, il  ne  falloit  uu'un  ^l  tl11*  pour  iormet  le  réal- 
a 1 ' duième  de  soufre,  tandis  qu’il 

18 


274  Arsenic. 

n’en  falloit  qu’un  cinquième  pour  former  1 orpin  -,  et  c est 
dans  ces  proportions  qu’on  prescrivoit  le  dosage  des 
deux  principes  pour  fabriquer  l’un  ou  l’autre  de  ce» 
produits.  Mais  il  est  connu  aujourd’hui  que  , quelle  que 
soit  la  proportion  du  soufre,  on  obtient  de  1 'orpin  ou 
du  réalgar,  en  variant  le  degré  de  la  chaleur.  Le  real- 
» gar  est  constamment  le  produit  d’une  chaleur  plus  forte  ; : 
cet  excès  de  chaleur  volatilise  une  portion  du  soufre  et  | 

concourt  à oxider  l’arsenic  ( Chaptal  ).  I 

D’après  les  dernières  expériences  de  M.  Thénard  | 
il  n’y  a pas  d’autres  différences  entre  les  deux  sulfures 
( orpiment  et  réalgar ) que  dans  la  proportion  plus 
grande  du  soufre;  le  procédé  que  l’on  peut  employer 
pour  les  obtenir  , doit  se  borner  à les  composer  de , 
toute  pièce  dans  les  proportions  convenables. 

Pour  l’orpiment,  on  fait  un  mélange  de  trois  parties 
de  soufre  et  de  quatre  d’arsenic  , on  introduit  le  tout 
dans  un  matras  que  l’on  place  sur  un  bain  de  sable  I 

et  on  fait  sublimer.  , • ,j 

On  peut  obtenir  aussi  ce  sulfure  en  mêlant  de  1 acide 

arsenieux  et  de  l’hydrogène  sulfuré , ou  bien  encore  avec 
un  mélange  d’arsenite  de  potasse,  d’hydro-sulfure  A] 
potasse  et  d’un  acide. 

Le  réalgar  se  prépare  en  sublimant  un  melangj 
d’une  partie  de  soufre  et  de  trois  d'arsenic.  Il  tond, 
très-facilement  et  reste  même  à une  température  plu* 
basse  dans  cette  fusion. 

On  peut  transformer  l’orpiment  en  réalgar  par  * 
fusion  avec  une  nouvelle  quantité  d arsenic  , et  8 
réalgar  se  convertit  en  orpiment  par  une  addition  cj 

soufre. 


A rsenic. 


Les  acides  sulfurique  , nitrique  et  muriatique  oxigénés 
décomposent  les  deux  sulfures  , en  les  transformant  en 
acide  sulfureux  et  en  acide  arsenieux. 

La  potasse  et  la  soude  dissolvent  les  sulfures  , il  se 

forme  du  sulfure  hydrogéné  de  potasse  et  de  l’arsenite 
de  potasse. 

L arsenic  ne  décompose  pas  l’eau. 

On  ne  connoît  pas  l’action  des  matières  salino-ter- 
i reuses  sur  l’arsenic. 

L acide  sulfurique  foible  a peu  d’action  sur  l’arsenic. 

I 11  faut  qu’il  soit  concentré  et  bouillant;  alors  la  so- 
lution est  complète  : elle  est  transparente , mais  d’une 
légèie  couleur  brune.  Celte  solution  fournit  de  l’acide 
p sulfureux  gazeux,  et  par  le  refroidissement  une  assez 
grande  quantité  de  petits  cristaux  irréguliers  ; c’est  l’ar- 
isenic  3 l’état  d’acide. 

L’acide  nitrique  dissout  très-bien  l’arsenic,  même  avec 
wiv^cité;  mais  il  faut  que  cet  acide  soit  chaud  : lorsqu’il 
est  froid  , il  na  pas  d’action  sensible. 

Si  Ion  met  une  partie  d’arsenic  en  poudre  sur  douze 

d’acide  nitrique  à 36  degrés  , et  que  l’on  distille  à une  douce 

chaleur,  on  obtient  beaucoup  de  gaz  nitreux,  et  de  l’acide 

'tnque  non  décomposé  : on  reprend  alors  cet  acide,  et  on 

le  distille  de  nouveau  sur  les  matières  restées  dans  la  cor- 

‘nue  ; on  obtient  une  poudre  blanche  que  l’on  sépare  de  la 

“Peur  ; on  verse  dessus  six  particsd’acide  nitrique  et 

on  istille  de  nouveau  : on  a pour  résultat  de  l’acide 
nrsenique. 

, Ba)  Cn  Ct  Churlard  out  constaté  que  l’acide  muriatique 
î a aucune  action  a froid  sur  l’arsenic  ; il  faut  donc  l’ac- 
cu poui  dissoudre  l’arsenic  dans  cet  acide , et  il 


Arsenic. 

dégage  du  gaz  hydrogène  arsénié.  Baume  dit  qu’il  se 
précipite  une  poudre  jaune  comme  du  soufre , insoluble 

dans  l’eau. 

Le  muriate  d’arsenic  sublimé  , appelé  beurre  d'arsenic , 
huile  corrosive , se  prépare  comme  il  suit. 

On  mêle  ensemble  deux  parties  de  muriate  sur-oxi- 
géné  de  mercure  avec  une  partie  d’arsenic  : on  met  ce 
mélange  dans  une  cornue  de  verre  -,  on  place  le  vaisseau 
sur  un  bain  de  sable  -,  on  adapte  un  récipient  à la 
cornue,  on  lute  les  jointures  des  vaisseaux  , et  on  pro- 
cède à la  distillation  par  un  feu  doux  d’abord.  11  passe 
dans  le  ballon  une  matière  de  la  consistance  de  1 huile 
transparente,  dont  une  partie  se  condense  bientôt  eu 
une  espèce  de  gelée  blanche  qui  lui  avoit  fait  donner 
le  nom  de  beurre  cT arsenic.  On  délute  l'appareil,  et 
on  adapte  à la  cornue  un  autre  récipient  , on  procédé  en- 
suite à une  autre  distillation  par  un  feu  plus  fort  ; on 
obtient  du  mercure  coulant. 

Parties  égales  d’oxide  d’arsenic  sulfuré  et  de  mu- 
riate sur-  oxjgéné  de  mercure,  donnent,  par  la  distilla- 
tion, du  muriate  d’arsenic  et  de  l’oxide  de  mercuic 
sulfuré  rouge,  qu’ou  nommoit  autrefois  cuiabre  d ar- 
senic. 

On  n’a  pas  encore  pu  faire  cristalliser  le  muriate 

d’arsenic. 

Les  seules  propriétés  qu’on  lui  commisse , sont  d’avoir 
une  saveur  très-caustique,  de  se  fondre  a une  douce 
chaleur  *,  de  se  dissoudre  dans  l’eau  qui  le  décompose  en 
partie  , et  qui  en  précipite  de  l’acide  arsénieux. 

Si  l’on  projette  ce  métal  , réduit  eu  poudre  don* 


De  T Acide  arsenieux. 

\-&z  acicIe  muriatique  oxigéné  , il  y brûle  avec  une 
liflamme  blanche. 

Les  nitrates  ont  la  propriété  de  convertir  l’arsenic  en 
ncide  arsenique;  cet  acide  se  combine  avec  la  base,  et 
mrrae  des  arseniates.  T oyez  décomposition  du  nitrate 
é/e  potasse  par  V acide  arsenieux 
Mêlé  avec  trois  parties  de  muriatc  sur-oxigéné  de  po- 
usse, le  mélange  détonne  très -fortement  par  la  tritura- 
ion  et  le  choc  du  marteau.  Il  s’enflamme  avec  une  rapi- 
bte  et  un  éclat  extraordinaires  par  le  contact  de  l’acide 
ulfurique  concentré. 

L arsenic  blanchit  le  cuivre.  Si  on  met  un  peu 
arsenic  a letat  métallique  entre  deux  lames  de 
mivre,  qu  on  serre  fortement  ces  deux  lames  avec  du  fil 

<e  fer,  et  qu’on  chauffe,  elles  seront  blanchies  par 
earsenic. 

L arsenic  a aussi  la  propriété  de  durcir  le  cuivre. 

L arsenic  est  employé  dans  beaucoup  d’arts,  dans 

M temtures  î <Lms  des  verreries , on  s’en  sert  de  fon- 

ant,  et  dans  les  travaux  doci mastiques.  On  le  fait 

utrer  aussi  dans  quelques  vernis. 

L arsenic  est  une  de  ces  productions  dont  les  avanta- 

ÎS  ne  racLetent  pas  les  mauvais  effets.  Ce  métal , sur- 

Ut  a 1 ctat  d’oxide  ou  d’acide  arsenieux , est  un  poison 
i-olent.  r 

§ IL 

l Acide  arsenieux. 

Ce  que  Ion  appeloit  autrefois  arsenic  blanc  , ensuite 
e d arsenic,  est  appelé  maintenant  acide  arsenieux. 


278  De  l’Acide  arsenieux. 

Nous  avons  indiqué  ci-dessus  la  manière  de  l’obtenir  j 

dans  les  arts.  1 

L’acide  arsenieux  a une  saveur  tres-forte  et  im  mc 

caustique.  _ ] 

Si  on  le  met  sur  des  charbons  ardens  , il  se  re  ui  e 

vapeurs  blanches  qui  ont  une  forte  odeur  d'ail. 

Dans  les  vaisseaux  clos,  il  se  volatilise.  Lors- 
qu'on veut  faire  sublimer  l'oxide  d'arsemc  , on  pul- 
vérise grossièrement  la  quantité  que  l'on  veut  -,  on 
en  remplit  la  moitié  de  la  capacité  d’un  matras  a long 
col  ; on  le  place  sur  un  bain  de  sable  , et  ou  couvre 
la  boule  du  matras  jusque  yers  la  naissance  du  col; 
on  procède  à la  sublimation  par  un  feu  gradue  qne| 
l'on  continue  jusqu'à  ce  que  tout  l'arsenic  sort  sublime: 
on  laisse  refroidir  et  l'on  casse  le  malras.  Si  la  chaleur 
est  forte  , il  se  vitrifie.  11  en  résulte  un  verre  transparent , 
susceptible  de  se  cristalliser  en  tétraèdre  , dont  les  angles 

sont  tronqués.  . . . 

Ce  verre  se  ternit  facilement  à l’air , et  devien  ai- 

teux,  en  éprouvant  une  sorte  d’efflorescence. 

Lorsqu’on  chauffe  dans  une  cornue  l’acide  arsenieux.. 
avec  du  soufre,  on  n’obtient  pendant  longtems  que  de 
l’acide  sulfureux  ; ce  u’est  qu'à  la  fin  qu'il  se  fonn. 
de  l'orpiment  on  du  réalgar,  d'où  M.  Thénard  a con- 
clu  que  ces  sulfures  ne  contenoient  pas  d’ox.gene. 

L’acide  arsenieux  se  dissout  dans  l’eau  avec  assez  e 
facilité.  Il  ne  faut  que  douze  parties  d’eau  bouillante  et 
quatre-vingts  parties  d’eau  froide,  pour  en  dissoudre i 
une:  par  l’évaporation  et  le  refroidissement  , on  1 ob- 
tient cristallisé  en  octaèdre,  souvent  aussi  avec 
décroisscmens  et  diverses  formes. 


De  T Acide  arsénieux.  27g 

Cette  substance  diffère  des  autres  oxides  métalliques , 

11  o.  en  ce  qu  elle  est  soluble  ; 2 °.  eu  ce  quelle  est  très- 
fsvolalile ; 3°.  en  ce  quelle  s’unit  avec  les  métaux-,  4°. 
ben  ce  qu  elle  se  combine  aux  alcalis  , d’où  résultent  des 
sels  que  nous  allons  examiner. 

Toutes  ces  propriétés  doivent  donc  classer  cet  oxide 
eiu  rang  des  acides  en  eux  y c’esl^ce  que  M.  Fourcroy 
ea  déjà  fait  , puisqu’il  l’appelle  acule  arsemeux.  Il  faut 
•seulement  observer  que  les  morceaux  transparens  et 
d’une  cassure  vitreuse  possèdent  seuls  la  propriété  acide; 
jiceux  qui  sont  opaques  ne  rougissent  pas  la  teinture  de 
I tournesol. 

L’acide  arsenieux  est  un  excellent  fondant  des  ma-" 
Itières  terreuses  en  général;  il  se  fixe  avec  la  plupart  de 
-ces  terres,  et  entraîne  leur  vitrification;  mais  tous  les 
verres  dans  lesquels  il  entre  , ont  l’inçonvenient  de  se 
ternir  à l’air  en  peu  de  tems. 

Action  de  L'acide  arsenieux  sur  les  bases  alcalines 

et  terreuses. 

Arsenite  de  potasse.  Pour  préparer  ce  sel,  on  met 
l’acide  arsenieux  avec  la  potasse  carbonatée  dans  une 
terrine  ; il  y a une  effervescence  due  à 1 acide  carbo- 
nique : ou  chauffe  pendant  quelque  tems  , environ  une 
demi-heure.  11  faut  avoir  soin  de  mettre  un  petit  excès 
d’acide  arsenieux  pour  l’avoir  bien  neutre,  parce  qu’il  y 
en  a toujours  une  portion  qui  se  volatilisa  pendant  1 ope- 
ration ; on  filtre  , on  fait  évaporer , il  cristallise  très-di£j 
ficilement  en  petits  filets  et  est  déliquescent. 

T arsenite  de  sQud.e  se  prépare  de  ca.èmet 


V 


280  De  l’Acide  arsénieux. 

Arsenite  de  strontiane.  On  le  fait  en  versant  une 
dissolution  de  nitrate  de  strontiane  dans  une  solution» 
d’arsenite  de  potasse  ou  d acide  arsenieux;  il  y a double* 
décomposition',  larsenite  de  strontiane  est  précipite,  et  i 
la  potasse  reste  dans  la  liqueur  ; on  reconnoît  larse- 
nite de  strontiane  en  le  traitant  par  le  feu  ; il  exhale  ,, 
comme  tous  les  autres  , une  odeur  d’ail. 

On  pourvoit  obtenir  par  le  même  moyen  Farsenite  de 
chaux  et  de  barite. 

* L’ammoniaque  s’unit  aussi  à cet  acide,  et  on  obtient 
larsenite  d’ammoniaque  cristallisé.  Si  Ion  chauffe  un 
peu,  l’ammoniaque  se  décompose  , le  gaz  azote  se  dégage, 
l’hydrogène  s’unit  à une  portion  de  l’oxigène  de  L'acide  , 
et  forme  de  l’eau. 

L’acide  sulfurique  concentré  et  bouillant  dissout  1 acide- 
arsenieux,  hïàis  lorsque  la  solution  est  refroidie  , l’a- 
cide arsenieux  se  précipite  , et  l’acide  sulfurique  ne  paraît 
plus  en  retenir. 

L’acide  nitrique  attaque  plus  efficacement  1 acide  ar- 
senieux. 

On  met  une  partie  d'acide  arsenieux  avec  six  d'acide 
nitrique  à trente  degrés  dans  une  cornue,  dont  le  col  s en- 
gage dans  celui  d’un  matras  ; on  met  la  cornue  sur  un 
bain  dcsable  , et  on  chauffe  graduellement  ; l’acide  nitri- 
que est  décomposé  eu  partie,  l’oxigène  se  porte  sur  l’a- 
cide arsenieux  , il  se  forme  de  l’acide  arseuique , et  il  se 
dégage  des  vapeurs  nitreuses  ; quand  il  ne  se  dégage  plus 
de  gaz  acide  nitreux  , l’opération  est  finie,  et  après  avoir 
donné  un  coup  de  feu  un  peu  fort,  pour  séparer  les 
dernières  portions  d’acide  nitrique  , il  reste  dans  la  cor, 
ane  de  l’acide  arsenique  qui  est  en  masse  blanche;  mais; 


De  V Acide  arsenieux.  281. 

il  11'cst  pas  pur,  il  contieut  de  l'acide  arsenieux  ; pour 
1 en  priver  , ou  le  fait  chauffer  dans  un  creuset , l’acide 
■ arsenieux  se  volatilise,  et  l’acide  arsenique  reste  pur;, 
ion  obtient  alors  un  verre  déliquescent  qui  ne  se  vola- 
tilise pas. 

Lorsque  1 acide  muriatique  est  très-concentré  , il  dis- 
sout, al  aide  de  1 ébullition  , le  tiers  de  son  poids  d’acide- 
sirseuieux  , et  pendant  le  refroidissement,  il  s’en  sépare 
•spontanément  une  grande  partie. 

Avec  l’acide  muriatique  oxigéné  , on  peut  obtenir  l’a- 
Ecidification  complète  de  1 acide  arsenieux  , comme 
savec  l’acide  nitrique. 


On  ne  connoît  pas  l’action  des  autres  acides.  Beclier , 
S ta  J il  y Luukel  et  M acquêt' , se  sont  particulièrement 
•occupés  de  l’action  de  l’acide  arsenieux  sur  le  nitrate 
de  potasse.  Ce  dernier  sur-tout  a répété  les  expériences 
des  chimistes  precédens  ; il  a examiné  le  résidu  dont  ces 
Ebitnisles  navoient  pas  parlé  , et  a découvert  que  c’étoit 
an  neutre  particulier  , auquel  il  a donné  le  nom  de 
«el  neutre  arsenical. 


Quand  on  veut  décomposer  le  nitrate  de  potasse,  par 
•I acide  arsenieux,  on  fait  un  mélange  de  parties  égales, 
de  ces  deux  substances , qu’on  met  dans  une  cornue 
leaucoup  plus  considérable  que  les  proportions  du  mé- 
lange  , pour  éviter  le  gonflement  qui  survient  ; on  pose 
!a  cornue  sur  un  bain  de  sable  , on  y adapte  un  ballon  à 
deux  ouvertures;  l’une  beaucoup  plus  large  pour  rece- 
voir le  bec  de  la  cornue,  et  l’autre,  moins  évasée,  s’alonge 
et  diminue  tellement,  qu’oile  peut  être  reçue  dans  un 
tube  qui , en  se  recourbant , diminue  beaucoup  de  dia- 
mètre; et  plonge  dans  une  bouteille  où  on  a mis  la  quantité 


a8a  De  l'Acide  arsénieux. 

d’eau  nécessaire  , suivant  qu’on  veut  avoir  1 acide 
nitrique  plus  ou  moins  concentré.  L’appareil  ainsi  dispose, 
on  lute  toutes  les  jointures -,  et  l’on  distille  à une  douce 
chaleur. 

A mesure  que  la  vapeur  nitreuse  se  dégage  , elle 
passe  par  le  tube  , et  se  dissout  dans  l’eau  qu  elle  ren- 
contre , il  s’échappe  aussi,  du  gaz  nitreux  que  l'on  peut 
recueillir  sous  une  cloche  ; l’eau  acquiert  une  couleur 
bleue. 

Le  résidu  de  l’opération  est  le  sel  neutre  arsenical  de 


Macquer,  ou  7’ arseniate  de  potasse. 

On  fait  dissoudre  cette  masse  saline  dans  une  suffisante 
quantité  d’eau  bouillante-,  on  filtre  la  liqueur,  et  l’on 
obtient  par  refroidissement  des  cristaux  très-régulieis  , 
en  prismes  tétraèdres  , terminés  par  des  pyramides  triant 
gulaires  -,  on  observe  aussi  beaucoup  de  variétés  dans  la 
figure  des  cristaux.  On  croit  même  qu  un  excès  d acide 
convient  pour  la  cristallisation  de  ce  sel , car  lorsqu’il  est 

neutre  il  ne  cristallise  pas. 

On  peut  aussi  obtenir  ce  sel  en  suivant  un  autre  pro- 
cédé. On  mêle  ioo  parties  d’acide  arseuieux  avec  i5o  de 
nitrate  de  potasse;  on  met  le  mélange  petit-à-petit  dans 
un  creuset  rouge  , parce  que  la  matière  se  boursoufle  , à 
cause  dé  la  décomposition  de  1 acide  nitrique;  quand  elle 
n’est  plus  boursouflée,  on  bouche  le  creuset,  et  ou  donne 
un  fort  coup  de  feu.  L’oxigène  de  l’acide  nitrique  se  porte 
sur  l’acide  arseuieux,  forme  de  1 acide  arsenique  qui 
s’empare  de  la  polasse;  il  se  dégage  des  vapeurs  nitreuses 
et  du  gaz  azote.  On  cesse  le  feu,  quand  il  ne  se  dégage 
plus  rien  du  creuset;  lorsqu’il  est  refroidi  , on  jette  de 
l’eau  dedans  , l’arseniate  de  polasse  se  dissout  ; on  filtre 


a83 


De  V Acide  arsenieux. 

let  on  fait  évaporer  jusqu’à  pellicule  , on  obtient  des  pris- 
imes  très-courts  , terminés  par  des  pyramides  triangu- 
laires , quelquefois  sans  prisme-,  mais  il  faut  pour  1 ob- 
itenir  cristallisé , y ajouter  de  l acide  arsenique.  Il  est 
possible  cependant  qu’avec  les  proportions  ci-dessus , 
:on  puisse  l’obtenir  cristallisé;  il  est  employé  en  métal- 
tlurgie  comme  fondant. 

On  décompose  aussi  le  nitrate  de  soude  par  lacide 
;arsenieux. 

Quand  on  fait  celte  opération  , il  faut  y apporter  le 
rmêmes  précautions  que  dans  1 opération  precedente.  Les 
Tuémes  phénomènes  ont  lieu,  et  on  peut  se  servir  du 
.même  appareil.  Le  résidu  lessive  ne  fournit  pas  le  meme 
•sel  ; il  cristallise  en  prismes  hexagones  , terminés  par  des 
plans  perpendiculaires  à leur  axe  ; c’est  l’ arsenïate  de 
joude. 

Le  nitrate  d’ammoniaque  peut  être  décomposé  de 
même  par  l’acide  arsenieux  , mais  les  phénomènes  sont 
•différens.  Cette  opération  demandoit  autrefois  beaucoup 
«de  précaution,  mais  Pelletier  a prouvé  qu  on  pouvoit  la 
Jfaire  sans  danger  ; voici  son  procéda 

Quand  on  a fait  le  mélange,  dans  les  proportions  dé- 
tentes ci-dessus  , on  l’introduit  dans  une  cornue  de  verre 
ilutée , assez  vaste  , qu’on  place  dans  un  fourneau  de  re- 
iverbère,  avec  un  ballon  pour  récipient.  Il  faut  commen- 
cer par  un  léger  degré  de  feu  , car  la  décomposition  est 
si  rapide  , et  les  vapeurs  nitreuses  sortent  avec  une  telle 
force,  qu’elles  entraînent  une  portion  d arsenic  non  dé- 
composé-, mais,  si  on  va  doucement,  la  décomposition 
;est  plus  lente  : d’abord  il  passe  de  l’acide  nitreux  , et 
-pour  peu  qu’on  augmente  le  feu  , ou  qu’on  le  continue, 


s84  De  l’ Acide  arsenieux. 

il  s en  dégage  de  l’ammoniaque;  enfin,  si  on  donne  un 
leu  trop  vif  , il  se  sublime  une  portion  d’oxide  d’arsenic, 
sous  la  forme  d’une  poudre  blanche,  et  il  reste  dans  la 
cornue  une  masse  vitreuse,  qui  attaque  très-fort  la  cor- 
nue et  la  ronge  -,  c’est  Y acide  arsenique. 

Quand  l’opération  a été  conduite  avec  les  précautions 
indiquées  , il  reste  dans  la  cornue  une  masse  saline  , que 
Ion  dissout  dans  l’eau  bouillante-,  on  filtre  la  liqueur,  et 
on  la  laisse  évaporer  à l’air  ; elle  fournit  des  cristaux. 
C’est  Y arseniale  dy ammoniaque. 

Nous  verrons  bientôt  que  tous  ces  sels  peuvent  être 
préparés  en  combinant  directement  lacide  arsenique 
avec  ces  mêmes  bases,  en  projetant,  peu-à-peu,  dans  un 
creuset  chauffé,  le  mélange*.  Parce  procédé , sur-tout  si 
on  est  attentif,  on  prévient  le  gonflement;  mais  il  y a un 
inconvénient  très-grand , qui  est  que  lorsque  l acide  arse- 
nique est  sans  base , alors  il  porte  son  action  sur  l’argile 
du  creuset  ; mais , pour  la  décomposition  du  nitrate  de 
potasse  et  de  soude,  on  peut  très-bien  faire  ces  sortes 
de  décompositions  dans  des  creusets,  sur-tout  lorsqu'on 
ne  cherche  pas  à . conserver  l’acide  nitrique  : alors  , par 
les  dissolutions  et  filtrations , on  parvient  à les  priver  de 
sel  arsenical  à base  d’argile. 

Acide  arscnieux  et  acétate  de  potasse.  M.  Cadet  fit 
eonnoître,  il  y a près  d’un  demi-siècle,  Faction  réciproque 
de  ces  deux  substauces.  Il  obtint  un  produit  qui  reçut  le 
nom  de  Liqueur  fumante  ; à cet  effet  il  distilla  parties  égales 
d’acelate  de  potasse,  et  d acide  arseuieux.  M.  Thénard  qui 
a répété  cette  expérience  , a reçu  les  produits  dans  des  bal- 
lons de  verre , entretenus  sans  cesse  au-dessous  de  zéro  par 
un  mélange  de  glace  et  de  sel  marin,  qu’il  renouvcloit  de 


/ 


Acide  arsenic/ue. 


î85 


items  en  lems.  II  obtint  d’abord  un  liquide  peu  coloré, 
Iheutaut  fortement  l’ail,  et  bientôt  un  fluide  élastique  qui 
Jépandoit  aussi  la  même  odeur.  En  augmentant  le  feu  la 
iiécom  position  devint  plus  rapide  , et  le  dégagement  du 
;az  plus*  abondant;  les  récipiens  se  remplirent  de  vapeurs 
ourdes  coulant  comme  de  l’huile.  Les  gaz  dont  la  quantité 
-st  très-grande,  contiennent  de  l’hydrogène  arseniqué. 

Le  produit  liquide  <#t  formé  de  deux  couches,  tenant  en 
luspeusion  de  l’arsenic  métallique  , qui  ne  tarde  pas  à se 
déposer  sous  la  forme  de  flocons.  La  plus  pesante  a une 
•odeur  très-fétide,  elle  s’enflamme  au  contact  de  l’air,  et 
lans  le  gaz  acide  muriatique  oxigéné.  L’analyse  a dé- 
montré à M.  Thénard,  que  celte  liqueur  étoit  composée 
l’huile , d acide  acétique , et  d’arsenic  presqu’à  l’état 
métallique;  il  pense  quelle  doit  être  regardée  comme  une 
espèce  de  savon  à base  d acide  et  d arsenic , ou  comme  une 
orte  d acétate  oleo-arsenical  ; quant  à la  liqueur  supérieure, 

: Ue  ne  diffère  suivantce  chimiste  de  l’inférieure,  que  parce 
u elle  est  dissoute  dans  beaucoup  d eau  chargée  de  peu 
.l’acide  acétique. 

L’acide  arsenieux  est  composé,  suivant  M.  Chenevix,  de 
5 d’arsenic  et  de  25  d’oxigène;  cet  acide  est  un  poison 
rès-violent.  Les  sulfures  et  hydro-sulfures  peuvent  être 
tmployés  avec  succès  dans  les  empoisonnemens  par 
s’arseuic. 


S-  III. 

Acide  arsenique. 


Scheele  a donné  deux  procédés  pour  obtenir  cet  acide  ; 
un  par  1 acide  muriatique  oxigéné,  l’autre  par  l’acide 


a 86  Acide  arsenique. 

nitrique.  Voyez  acide  arsenieux  et  acide  nitrique,  ainsi 
que  la  décomposition  du  nitrate  de  potasse , et  du  nitrate 
d’ammoniaque  par  l’acide  arsenieux. 

Cet  acide  est  sous  forme  concrète , attirant  l humidité 
de  l’air,  d’une  saveur  plus  forte  que  l'acide  arsenieux,  dont 
la  pesanteur  spécifique  est  de  3, 3ç)i. 

Il  rougit  les  couleurs  bleues  végétales. 

Si  on  met  de  l’acide  arsenique  dans  une  cornue  de  verre  , | 
et  qu’on  l’expose  à un  feu  capable  de  la  faire  rougir , il  coule  j 
transparent , et  devient  laiteux  en  refroidissant.  Si  1 on  I 
augmente  la  chaleur,  au  point  que  la  cornue  commence 
à fondre,  l’acide  entre  en  ébullition-,  mais  il  ne  se  sublime  j 
pas  comme  l’acide  arsenieux. 

Si,  au  lieu  d’une  cornue,  on  se  sert  d’un  creuset  cou-  • 
vert,  et  qu’on  lui  fasse  subir  une  chaleur  violente,  1 acide  j 
bout  fortement,  et  commence  à fumer  au  bout  d’un  quart  1 
d’heure. 

Si  on  place  le  creuset  sous  une  cloche  de  verre , pen-  j 
dant  que  l’acide  fume,  on  la  trouve  couverte  intérieure- 
ment d’une  poudre  blanche , qui  est  de  l’acide  arsenieux,  i 
et  non  de  l’acide  arsenique.  Il  reste  dans  le  creuset  un  i 
peu  de  verre  transparent,  difficile  a fondre,  et  qui  | 
s’étend  sur  les  parois  du  creuset;  c est  de  1 arseniate  da-  j 
lumine. 

Le  charbon  décompose  cet  acide.  A cet  ci  tel  , on  fait  j 
un  mélange  d’acide  arsenique  et  de  charbon,  il  faut  en-  ! 
viron  une  demi-partie  de  charbou  ; on  introduit  le  mélange  \ 
dans  une  cornue  de  verre,  lutée  avec  de  la  terre,  et  on  y 
adapte  un  matins  : on  place  la  cornue  daus  un  fourneau 
de  réverbère , ensuite  on  1 échauffe  par  degrés  jusqu  à laire 
rougir  son  fond;  alors  toute  la  masse  s'enflamme  avec  vio- 


Acide  Arsenique.  287 

lence , l'acîde  est  réduit  et  s’élève  au  col  de  la  cornue 
à l’état  de  métal,  mêlé  d’un  peu  d’oxide  et  de  poussière 
de  charbon.  On  trouve  dans  le  récipient  quelques  gouttes 
d’eau  non  acide. 

Avec  le  soufre,  on  a des  phénomènes  différens.  Si  l’on 
fait  digérer  un  mélange  de  six  parties  d’acide  arsenique, 
et  d’une  partie  de  soufre  pulvérisé,  il  n’éprouve  aucun 
changement;  mais,  en  le  faisant  évaporer  à siccité,  et 
distillant  dans  une  cornue  de  verre  , garnie  de  son  récipient, 
il  se  fait  une  combinaison  violente,  aussitôt  que  le  mé- 
lange est  assez  échauffé  , pour  faire  couler  le  soufre.  Toute 
la  masse  s’élève  presqu’en  une  fois , et  forme  un  sublimé 
rouge.  Il  passe  dans  le  récipient  de  l’acide  sulfureux. 

D’après  Pelletier , on  peut  encore  opérer  d’une  autre 
manière. 

On  prend  parties  égales  d’acide  arsenique , sous  forme 
vitreuse,  et  de  soufre;  on  met  le  mélange  dans  un  matras 
que  l’on  tient  au  feu  pendant  une  heure  ; il  s’en  dégage  de 
1 acide  sulfureux  très- vif  : lorsqu’on  ne  sent  plus  l’acide 
sulfureux,  on  retire  le  matras  du  feu  et  on  le  casse;  on 
trouve  de  très-beau  réalgar  sublimé. 

L’acide  arsenique  perd  sa  propriété  acide,  lorsqu’on  le 
met  en  contact  avec  le  gaz  hydrogène. 

On  prend  de  l’acide  arsenique  pur,  on  l’étend  d’un 
peu  d’eau  distillée;  la  solution  est  transparente.  Oi  y 
fait  passer  une  certaine  quantité  de  gaz  hydrogène,  dégagé 
par  1 action  de  1 acide  sulfurique  sur  le  fer  : alors  la 
liqueur  se  trouble,  il  se  fait  un  précipité  noirâtre,  qui, 
bien  lavé  avec  de  l’eau  distillée,  représente  tous  les  phéno- 
mènes de  l’arsenic. 

L oxigène  de  1 acide  s’est  uni  à l hydrogéne  et  a formé 


288  Acide  arsenic/ uc. 

de  l’eau,  tandis  que  l’acide  arsenique  s’est  réduit  : aussi 
trouve-t-on  de  l’arsenic  métallique,  et  quelquefois  un 
oxide  gris-noir  d’arsenic. 

Si,  au  lieu  du  gaz  hydrogène,  on  emploie  du  gaz 
hydrogène  sulfuré , on  obtient  de  l’eau , et  un  sulfure 
d’arsenic. 

Avec  le  phosphore,  on  obtient  de  l’acide  phosphorique 
et  un  phosphure  d’arsenic  qui  se  sublime. 

L’acide  arsenique  se  dissout  dans  trois  ou  quatre  parties 
d’eau. 

On  ignore  comment  cet  acide  se  comporte  avec  les  autres 
acides. 

Suivant  Scheele , la  barite  , la  chaux,  la  magnésie, 
l’alumine , forment  des  sels  avec  cet  acide-,  mais  ils  sont 
peu  connus,  et  peu  employés.  Si  Ion  verse  de  cet  acide 
dans  de  l’eau  de  chaux  , il  se  forme  un  arseniate  de  chaux,  ( 
soluble  dans  un  excès  de  sa  base,  ou  dans  un  excès  de 
son  acide. 

La  même  chose  a lieu  avec  l’eau  de  barite  et  de  strou- 
tiane.  Ces  arseniates  terreux  sont  insolubles  daus  l'eau  lors-  j 
qu’ils  sont  neutres. 

Si  l’on  combine  l’acide  arsenique  avec  la  potasse,  on 
obtient  un  sel  qui  attire  1 humidité  de  1 air  , verdit  le  sirop 
violât  sans  altérer  la  teinture  de  tournesol.  Si  Ion  ajoute  u 
ce  sel  de  l’acide  arsenique,  il  rougit  la  teinture  de  toui- 
nesol , et  donne  des  cristaux  très-réguliers  ; on  régénère  le 
vrai  sel  neutre  arsenical  de  Macquer , l’arseuiate  de 
potasse.  M.  Fourcroy  le  nomme  arseniate  acidulé  de 
potasse.  Voyez  acide  arsénieux  et  nitrates. 

*Âvec  la  soude,  on  produit  un  sel  semblable  ù celui 


Acide  arseniqüe. 

obtenu,  en  décomposant  le  nitrate  de  soude  par  l’acide 
arsenieux. 

Pour  obtenir  l’arseniate  d ammoniaque , on  combine 
1 acide  arec  l’ammoniaque , jusqu  au  point  de  Saturation. 
On  évapore  ensuite  la  liqueur  à une  douce  chaleur,  et  onia 
fait  cristalliser. 

On  obtient  des  cristaux  très-prononcés,  qui  ont  une 
figure  rhomboidale,  et  qui , au  premier  coup  d’œil , res- 
semblent au  nitrate  de  soude  : mais  ils  en  diffèrent,  en 
ce  que,  soumis  à l’action  du  feu  dans  une  cornue,’ ils 
perdent  d’abord  l’eau  de  cristallisation  , puis  l’ammoniaque; 
et  il  reste  dans  la  cornue  une  mass  e vitreuse,  qui  attire 
fortement  l’humidité  de  l’air,  et  qui  n'est  que  de  l’acide 
arseniqüe  très-pur. 

Tous  les  arseniates  alcalins  sont  décomposés  par  la 
chaux  ; il  paroît  que  la  chaux  et  la  barite  ont  beaucoup 
plus  d’affinité  avec  cet  acide,  que  n’en  ont  les  alcalis. 

Parmi  les  sels  neutres  , il  n’y  a que  le  sulfate  de  potasse  , 

e soude,  le  nitrate  de  potasse,  le  muriate  de  soude,  et  le 

muriate  d’ammoniaque,  qui  soient  décomposés  par  l’acide 

arseniqüe  ; mais  cette  décomposition  n’a  lieu  qu’à  l’aide 
du  calorique. 


a. 


Du  Tungstène. 


a9° 


CHAPITRE  I Y. 


i 

Du  Tungstène  et  de  T Acide  tungstique* 

§•  I". 

Du  Tungstène  , ou  Schéelin  de  Werner,  de  Karsten 
et  de  M.  Haüy  , comme  un  hommage  rendu  au 
savant  qui  a frayé  la  route  vers  la  découverte 
de  ce  métal. 

On  conuoîl  (leux  espèces  cle  minerais  qui  méritent  le  titre 
générique  de  tungstène-,  la  première  blanche,  connue  sous 
le  nom  de  tungstène  , pierre  pesante  des  Suédois  , tungstate 
calcaire  des  chimistes. 

La  deuxième , désignée  sous  le  nom  de  wolfram  per 
les  minéralogistes.  Ce  mot  veut  dire  écume  de  loup,  parce 
que  les  Allemands,  lorsqu’ils  en  jetoient  dans  des  four- 
neaux , oxidoieut  et  scorifioient  les  métaux,  au  lieu d operer 
Ienr  réduction  : c’est  du  tungstate  de  fer. 

M.  Haüy  désigne  deux  espèces  de  minerais. 


Première 


Schéelin  ferrugineux  , ix  variétés . 


On  trouve  le  schéelin  ferrugineux  à ÀltenbeVg , en 
Misnie;  à Zinnwable,  en  Bohême;  à Westanfors,  en 
Westmanie;  dans  la  Saxe,  où  il  accompagne  les  mines 


Du  Tungstène.  2gj 

d’étain;  et  en  France,  dans  le  département  de  la  Haute- 
Vienne,  montagne  du  Puy-les-Mines,  près  Saint- Léonard. 

Deuxième  : Schéelin  calcaire , deux  variétés. 

Le  schéelin  calcaire  se  trouve  à Marienberg  et  à Alten- 
berg,  en  Saxe-,  à Schonfeldt  et  à Zinnwalde,  en  Bohême  , 
à Riddarhyttan , en  Suède  , etc. 

Sur  les  charbons,  cette  substance  décrépite  et  ne  se  fond 
pas.  Elle  a une  apparence  spathique. 

Quand  on  veut  la  distinguer  des  autres  substances  sa- 
lines natives,  on  en  leduit  en  poudre,  et  on  verse  dessus 
de  l’acide  nitrique  foible,  ou  de  l’acide  muriatique,  et  on 
fait  digérer  à une  douce  chaleur.  On  ne  tarde  pas  à voir , 
sur-tout  avec  le  dernier,  que  la  poudre  prend  à la  fin  une 
belle  couleur  jaune  clair. 

Pour  décomposer  le  tungstate  calcaire,  on  counoît  phi- 
sieurs  procédés. 

i°.  On  mele  une  partie  de  tungstate  calcaire  avec  quatre 
parties  de  carbonate  de  potasse,  et  on  fait  fondre  le  mé- 
lange dans  un  creuset.  Lorsque  la  matière  est  refroidie, 
on  la  met  en  poudre,  et  on  verse  dessus  douze  parties 
d’eau  bouillante;  puis  on  ajoute  de  l’acide  nitrique,  qui 
s’unit  à la  potasse  avec  laquelle  il  a plus  d’affinité,  et  en 
piécipite  l’acide  tungstique.  On  peut  y repasser  de  l’acide 
nitrique  qu  on  évapore  à siccité,  et  continuer  ainsi  jusqu’à 
ce  qu  il  ne  se  dégage  plus  de  vapeurs  rouges  : on  est  assuré 
pour  lors  qu’il  est  complettement  oxigéné. 

2°.  Ou  prend  douze  parties  d’acide  nitrique  foible  sur 
une  paître  de  tungstate  calcaire;  mais  onfait  cette  opé- 
ration à plusieurs  reprises.  Après  l’action  de  trois  partie» 


391  Du  Tungstène. 

d’acide  nitrique  sur  une  de  ce -sel,  on  décante  et  l’on  verse 
sur  le  résidu,  deux  parties  d’ammoniaque  caustique,  et  l'on 
chauffe  -,  la  poudre  que  l’acide  nitrique  change  en  jaune  , 
devient  blanche  par  l’alcali  : on  répète  l’action  successive 
de  l’acide  et  de  l’alcali,  jusqu’à  ce  que  le  tungstate  calcaire 
soit  toul-à-fait  dissous. 

Dans  cette  expérience  l’acide  nitrique  décompose  le 
tungstate  calcaire,  en  s’emparant  de  la  chaux-,  et  l’acide 
tungstique  , mis  à nu  par  cette  décomposition , est  enlevé 
par  l’ammoniaque.  Ce  tungstate  d’ammoniaque  est  ensuite 
décomposé  par  l’acide  nitrique’,  qui  a plus  d’affinité  avec 
f’ammoniaque , que  celle-ci  n’en  a ayec  l'acide  tungstique  ; 
comme  ce  dernier  acide  est  beaucoup  moius  soluble  que 
le  nitrate  d’ammoniaque,  il  se  précipite  à mesure  qu  il 
devient  libre,  sous  la  forme  d’une  poudre  blanche  : on 
lessive  cette  poudre  avecde  l’eau  distillée  froide , pour  avoir 
l’acide  tungstique  bien  pur. 

L’acide  sulfurique  n’a  que  très-peu  d’action  sur  le 
•tungstate  calcaire-,  il  n’en  décompose  qu’une  très  -petite 
partie. 

L’acide  muriatique  agit  sur  le  tungstate  calcaire , de  la 
même  manière  que  l’acide  nitrique  ; il  le  décompose  avec 
la  même  énergie. 

Le  tungstate  de  chaux  cristallisé  est  translucide , et  com- 
posé d’après  M.  Klaproth , de  : 0,78  d'oxide  jaune  de  tungs- 
tène , de  0,18  de  chaux  et  de  o,o3  de  silice. 

La  couleur  du  tungstate  de  fer  est  d'uu  noir  presque 
pur-,  il  cède  facilement  à l’action  de  la  lime,  et  prend,  à 
l’endroit  où  il  a été  attaqué,  uue  tciute  d'uu  brup.  légère- 
ment violet. 


Z>u  T ungstcne. 

Sa  poussière,  étendue  avec  frottement  sur  le  papier-,  y 
forme  des  taches  de  cette  même  teinte. 

Il  e$t  composé  de  lames  brillantes  qui  se  détachent  aisé- 
ment par  la  percussion. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  considérable  ; elle  est,  d’après 
M.  Haüy , de  7, 333. 

Enfin , le  wolfram  n’est  que  médiocrement  électrique 
par  communication,  et  n’attire  point  l’aiguille  aimantée. 

Expose  au  chalumeau,  il  est  parfaitement  infusible. 

Le  phosphate  de  soude  et  d ammoniaque  forme  égale- 
ment un  globule  transparent  d’une  couleur  rouge  foncé. 

Pour  décomposer  le  wolfram , nous  devons  à MM.  Del- 
huyar  et  Fauquelin  divers  procédés;  1°.  par  le  nitrate 

dépotasse;  2®.  par  le  carbonate  de  potasse;  3°.  par  l’acide 
muriatique. 

Quand  on  veut  opérer  la  décomposition  du  wolfram 
par  le  nitrate  de  potasse,  on  projette  peu-à-peu  dans  un 
creuset  de  porcelaine,  rougi  au  feu,  un  mélange  de  trois 
part,es  de  nitrate  de  potasse,  et  d’une  partie  de  wolfram 
en  poudre;  il  est  nécessaire  d’employer  un  grand  creuset 
pour  pae  la  matière  ne  puisse  pas  en  sortir  par  le  bouil- 
lonnement considérable  quelle  éprouve  de  la  part  de  l’a- 
cide nitreux  qui  se  dégage  en  vapeurs  rouges.  Après  avoir- 
tenu  la  matière  en  fusion  pendant  une  demi-heure,  on  la 
coule  sur  une  plaque  de  fer  où  elle  se  prend  en  une  masse 
une  couleur  verte,  cristallisée  en  aiguilles  à la  surface  : 
celte  matière  délayée  dans  l’eau  laisse  une  poudre  brune 
e,  la  liqueur  filtrée  conserve  une  couleur  verte  : 

pour  U'  enleV<Jr  celte  couleur,  ou  la  fait  bouillir  pendant 
quelque  teins,  alors  ell„  1 , 

e déposé  de  nouveau  une  substance 

brune. 


2C4  T)u  Tungstène. 

Les  acides  précipitent  de  cette  liqneur  transparente  une 
poudre  blanche  qui  est  l’acide  tungstique , combiné  avec 
•la  potasse  , et  qui  a retenu  une  certaine  quantité  de  1 acide 
employé  a la  précipitation  de  cette  substance. 

La  poudre  brune  que  la  liqueur  dépose  par  l'ébullition  , 
ainsi  que  celle  qui  est  insoluble  dans  l’eau,  sont  un  mé- 
lange d’oxide  de  fer  et  d’oxide  de  manganèse. 

On  décompose  aussi  le  wolfram  , en  exposant  au  feu  un 
mélange  d’une  partie  de  cette  substance,  avec  deux  parties 
«de  carbonate  de  potasse. 

La  liqueur  que  l’on  obtient,  est  de  même  une  combi- 
naison d’acide  tungs tique  et  de  potasse. 

L’analyse  du  wolfram  , par  l’acide  muriatique  , est  pré- 
férable, parce  que  l’on  peut  obtenir  très-facilement,  et  sur- 
le-champ,  l’acide  pur-,  au  lieu  que  dans  les  expériencc> 
précédentes,  il  faut,  pour  obtenir  de  l’acide  pur,  décom- 
poser le  sel  triple  que  l’on  obtient. 

On  fait  bouillir  pendant  un  quart-d'heure  deux  ccntsi 
parties  de  wolfram  en  poudre,  avec  trois  fois  son  poids 
d’acide  muriatique;  dès  que  la  bqueur  commence  à s é- 
cliauffer  , il  se  forme  une  poussière  jaune,  et  la  liqueur 
prend  une  couleur  brune.  Après  le  refroidissement  on 
décante  la  liqueur,  et  on  lessive  le  dépôt-,  on  fait  digérer 
celui-ci  pendant  quelques  heures  avec  de  1 ammoniaque 
qui  en  dissout  une  partie.  On  répète  successivement  sut 
ce  résidu  les  mêmes  opérations  , jusqu’à  ce  qu'en  fin  la  maj 
tière,  n’éprouvant  plus  d’altération  ultérieure,  il  ne  reste 
qu’environ  six  parties  insolubles.  En  répétant  ainsi  ce 
procédé  , on  parvient  à décomposer  entièrement  le  wol- 
fram -,  la  liqueur  ammoniacale  étant  évaporée  à siccite 
çt  le  sel  quelle  fournit  calciné  , on  obtient  une  poudre 


Du  Tungstène.  2g 5 

Jaime  qui  répond  à cent  trente-quatre  parties.  L’on  met 
dans  la  liqueur  acide,  contenant  le  fer  et  le  manganèse, 
de  l’acide  sulfurique  , et  on  la  fait  évaporer  jusqu’à  siccité. 
On  dissout  dans  l’eau  les  sulfates  de  fer  et  de  manganèse; 
il  reste  sur  le  filtre  trois  parties  de  silice.  L’on  sature  l’excès 
d’acide  de  la  liqueur  avec  du  carbonate  de  potasse-;  la 
liqueur  prend  une  couleur  brune  , mais  ne  se  trouble 
point  : par  l’ébullition  , elle  perd  sa  couleur  brune  , et 
dépose  une  poudre  rouge.  La  liqueur  claire  et  blanche  , 
mêlée  avec  du  carbonate  de  potasse  , laisse  encore  préci- 
piter une  matière  jaunâtre  , composée  d’oxide  de  man- 
ganèse et  d’oxide  de  fer.  Eu  traitant  le  précipité  par  les 
moyens  indiqués  dans  l'expérience  précédente , on  sépare 
l’oxide  de  manganèse. 

D’après  cette  expérience  , M.  V auquclin  a retiré  de 
cent  parties  de  wolfram  : acide  tungstique  calciné  , 67  ; 
oxide  de  fer  noir  , 18  ; oxide  de  manganèse  noir,  6,25  ; 
silice,  ï,5o. 

Du  Tungstène  métal. 

Pour  obtenir  celte  substance  à l’état  métallique,  voyez 
le  procédé,  article  schéelin  calcaire  , pag.  292. 

Lorsque  ce  métal  est  pur , il  est  d’un  blanc  gris  , 
extrêmement  dur,  très-cassant  et  cristallisable.  La  lime  ne 
1 attaque  que  difficilement  ; il  u’obéit  point  à la  force 
magnétique. 

M.  Guyton  est  parvenu  à obtenir  un  culot  du  poids 
de  35  grammes  bien  arrondi  , à une  forge  à trois  vents  , 
où  1 intensité  du  leu  peut  être  portée  à 18 5 degrés  pyro- 
métriques. 


296  De  T Acide  tungstique. 

Il  résulte  des  expériences  de  ce  chimiste  j que  1» 
pesanteur  spécifique  de  ce  métal  est  de  7,33;  que  1 infu- 
sibilité et  la  fragilité  du  tungstène  ne  laissent  guère  d’es- 
pérance d’en  faire  des  applications  aux  arts , quoique  le*  1 
mines  en  soient  abondantes  dans  plusieurs  de  nos  dépar- 
temens  , qu’au  moyen  des  alliages  où  on  le  fera  en- 
trer , ou  par  la  propriété  qu’il  a reconnue  à ses  oxides , 
de  donner  des  couleurs  fines  , et  de  fixer  les  couleurs  j 
végétales. 

On  croit  que  ce  métal  s’oxide  facilement  à l air.  : 
Sa  combinaison  avec  des  corps  combustibles  , n est  pas 
connue  ; les  acides  n’agissent  point,  ou  très-peu  , sur 
le  tungstène. 

Si  l’on  fait  bouillir  une  petite  quantité  de  tungstène 
a'Pec  del  ’a  eide  muriatique  , il  ne  se  dégage  pas  de  gaz 
hydrogène  ; et  le  métal  ne  paroît  subir  aucun  change- 
ment. 

Si  l’on  fait  bouillir  de  l'acide  nitro-muriatique  sur  le 
même  métal,  il  s’oxide  un  peu;  il  se  dégage  des  vapeurs 
rouges  , et  la  couleur  grise  du  métal  est  changée  en  un 
gris -blanc. 

§•  U.  ! 

De  l’Acide  tungstique.  . 

Cet  acide,  comme  nous  l’avons  dit,  se  trouve  toujours 
à l’état  de  combinaison, 

Voyez,  pour  la  manière  de  l’extraire  , les  articles 
liwgslatc  calcaire  et  tungstate  de  fer. 

Traité  au  chalumeau  dans  une  cuiller  de  platine,  cet 


De  l' Acide  tungs  tique. 

acide  prend  nue  couleur  vert  foncé;  il  devient  presqu’em» 
fièrement  noir  sur  le  charbon. 

lise  dissout  dans  le  borax,  sans  altérer  la  couleur  et 
la  transparence  du  globule,  même  lorsqu’on  en  ajoute  en. 
assez  grande  quantité;  cependant  une  très-grande  dose 
colore  enfin  le  borax  en  noir  ou  bleu  foncé. 

Le  phosphate  ammoniacal  de  soude  dissout  parfai- 
tement cette  matière , et  forme  un  globule  d’un  bleu 
foncé. 

Lorsque  l’on  calcine  pendant  longtems  cet  acide  avec 
le  contact  de  1 air , sa  couleur  jaune  devient  plus  foncée  , 
et  passe  quelquefois  au  vert;  en  l’exposant  au  feu  pen- 
dant plusieurs  heures , dans  un  creuset  couvert , il  prend 
une  couleur  gris  noirâtre. 

Cet  acide  , ainsi  calcine  , n’a  aucune  saveur  ; il  n’est 
point  soluble  dans  l’eau  , et  infiniment  peu  dans  les 
acides. 

En  triturant  avec  de  1 eau  l’acide  tungstique  , il  y reste 
suspendu  pendant  longtems , et  forme  une  espèce  de 
lait  jaunâtre  , qui  ne  colore  point  en  rouge  les  couleurs 
végétales  bleues. 

Il  ne  change  pas  non  plus  de  couleur,  en  l’exposant 
soit  au  soleil  ou  à l’humidité. 

Les  acides  n’ont  aucune  action  sur  cet  acide  , ou  du 
moins  les  altérations  qu’il  éprouve  ne  sont  pas  encore 
assez  bien  connues. 

D apres  ces  expériences,  M.  / auquelin  conclut  que 
la  substance  formée  par  la  combinaison  du  tungstène 
avec  1 oxigène  , ne  jouit  véritablement  point  des  pro- 
priétés qu  ou  a jusqu’ici  attribuées  aux  acides,  puis- 
qu  elle  est  insoluble  dans  l’eau,  qu’elle  u 'altère  point 


298  Des  Tungstates 

les  couleurs  bleues  végétales  , et  qu’elle  na  point  de  sa-  j 
yeur  sensible.  Si  Sch'eele,  ajoute  le  même  chimiste,  la  j 
regardée  comme  un  acide,  c’est  qu  il  ne  l’a  jamais  ob- 
tenue qu’en  combinaison  triple,  laquelle  présente  eu  effet 
des  propriétés  acides  , parce  qu’elle  retient  constamment 
une  portion  de  l’acide  qui  a servi  à précipiter  l’acide  i 
tungstique  de  ses  dissolutions  alcalines. 

M.  Vauquelin  conseille  donc  d’exclure  cette  sub- 
stance des  acides  métalliques  , et  de  la  regarder  comme  1 
un  oxide  de  tungstène  -,  tels  que  les  oxides  de  zinc  , d’é-  1 
tain,  d’antimoine  et  d’arsenic,  qui,  comme  cette  sub- 
stance , s’unissent  aux  terres  , aux  alcalis  et  à quelques 
autres  oxides  métalliques  , avec  lesquels  ils  forment  des 
espèces  de  sels  neutres. 

Quand  on  veut  réduire  l’oxide  de  tungstène  à l’état 
métallique , ou  introduit  dans  un  creuset  brasqué  cent 
parties  d’oxide  de  tungstène  , mêlées  avec  un  peu  d’buile  ^ 
et  l’on  expose  le  mélange , pendant  deux  heures  , au  feu  1 
violent  d’un  fourneau  de  forge.  Après  le  refroidissement 
on  trouve  dans  le  creuset  une  matière  d’un  gris  noirâtre  ! 
formée  d’une  grande  quantité  de  petits  globules. 

§•  m- 

Des  Tungstates. 

jXous  avons  parlé  au  commencement  de  cet  article  des 
tungstates  de  chaux  et  de  fer  : ces  sels  sont  natifs  et 
insolubles  dans  l’eau. 


Des  Tungstates. 


fi99 


Tungstate  de  magnésie. 

Ou  mêle  de  l’oxide  de  tungstène  avec  du  carbonate 
de  magnésie  et  de  l’eau-,  on  fait  bouillir  le  mélange  pen- 
dant quelque  tems  , et  la  liqueur  filtrée  laisse  précipiter 
une  poudre  blanche  par  le  mélange  d’un  acide.  On 
obtient  par  l’évaporation  un  sel  soluble  , qui  a la 
même  saveur  que  les  autres  sels  de  cette  nature  -,  il  est 
inaltérable  à l’air,  et  il  cristallise  en  petites  paillettes 
brillantes. 

On  ignore  si  cet  oxide  se  combine  avec  la  barile  , la 
strontiane  et  l’alumine. 

Tungstate  de  potasse. 

La  potasse  caustique  dissout  l’oxide  de  tungstène , 
même  à froid  -,  mais  malgré  qu’on  fasse  bouillir  la  li- 
queur , et  qu’il  reste  une  certaine  quantité  d’oxide  de 
tungstène  qui  n’a  point  été  dissous , la  liqueur  contient 
toujours  un  excès  de  potasse:  on  obtient  par  l’évapora- 
tion un  sel  sous  la  forme  d’une  poudre  blanche,  qui  ne 
présente  point  de  cristallisation  régulière. 

Ce  sel  a une  saveur  métallique  et  caustique;  il  est 
soluble  dans  l’eau  , attire  fortement  l’humidité  de  l’air; 
sa  solution  dans  l’eau  est  décomposée  par  tous  les 
acides  qui  y occasionnent  un  précipité  blanc  , lequel  est 
un  sel  triple,  différent  suivant  la  nature  de  l’acide  que 
fon  a employé.. 


3o© 


Des  Tungslates. 


Tungstate  de  soude. 

On  traite  de  la  même  manière  cet  oxide  , avec  une 
solution  de  soude  caustique  et  même  du  carbonate  de 
soude.  En  faisant  évaporer  la  liqueur,  on  obtient  un  sel 
cristallisé  eu  lames  hexaèdres  alongées. 

Ce  sel  a une  saveur  âcre  et  métallique  -,  il  est  soluble 
dans  quatre  fois  son  poids  d’eau  froide  -,  l’eau  bouillante 
en  dissout  la  moitié  de  son  poids.  Il  rétablit  la  couleur  du 
tournesol  rougie  par  un  acide  -,  les  acides  sulfurique,  ni- 
trique , muriatique,  acétique  et  oxalique  le  décomposent 
et  forment  un  sel  blanc , qui  est  un  trisule  ; il  est  de 
même  précipité  par  l’eau  de  chaux.  L’acide  phospho- 
rique  ny  occasionne  aucun  précipité. 

Le  muriate  de  chaux  , de  barite  et  le  sulfate  acide  d'a- 
lumine y occasionnent  un  précipité  blanc. 

Tungstate  d" ammoniaque. 

L ammoniaque  dissout  facilement , même  à froid  , 
1 oxide  de  tungstène-,  il  résulte  de  cette  combinaison  un 
sel  qui  cristallise,  tantôt  en  petites  paillettes  pareilles  à 
celles  de  l’acide  boracique  , tantôt  en  petites  aiguilles  qui 
affectent  la  forme  d’un  prisme  tétraèdre. 

Ce  sel  a , comme  les  autres  de  ce  genre  > une  saveur 
métallique  -,  il  est  soluble  dans  l’eau  , n’attire  point 
1 humidité  de  lair,  et  est  parfaitement  décomposé  par  la 
chaleur. 

L’ammoniaque  en  se  dégageant  laisse  l'oxide  de  t ung- 


3oi 


Du  Molybdène. 

«tène  à nu  avec  une  couleur  jaune  : cent  parties  de  ce 
sel  contiennent  soixante-dix-huit  parties  d’acide  tung- 
stique. 


CHAPITRE  Y. 

Du  Molybdène  et  de  son  acide. 

Ier. 

Du  Molybdène . 

On  a trouvé  le  molybdène  en  Irlande , en  Suède 
<en  Saxe,  en  Espagne  et  en  France -,  celui  d’Irlande  se 
î trouve  par  James  dans  du  feld-spalh  rouge,  mêlé  de 
• quartz. 

Guillaume  Bowles  dit  avoir  trouvé  du  molybdène  près 
•du  hameau  de  Réal  de  Monasterie  -,  il  est  dans  des 
Ibancs  de  grès  , mêlé  quelquefois  de  granit. 

M.  Haüy  en  fait  une  espèce  unique.  Il  en  décrit 
ttrois  variétés,  prismatique,  trihexaèdre , lamellaire. 

Le  molybdène  se  trouve  aussi  à l’état  d’acide  com- 
biné avec  le  plomb  , appelé  plomb  nxolybdaté  , ou  plomb 
jaune  de  Carinthie  , substance  qui  renferme,  d’après 
Macquan  o,58  de  plomb  et  0,28  d’acide  molybdique. 

C u a contondu  pcndaut  longtems  sous  les  noms  de 
•ütiiue  de  plomb  noir,  plomb  minéral  , plombagine  ou 


3oa  Du  Molybdène \ 

molybdène  , des  substances  que  l’analyse  la  pins  exacte 
de  Scheele  a prouvé  être  de  nature  différente. 

Le  molybdène  sulfuré  ne  peut  plus  être  confondu 
avec  la  mine  dont  on  fait  des  crayons  pour  le  dessin , 
et  qu’on  appelle  plombagine.  Les  différences  qui  les 
caractérisent  sont  assez  saillantes  pour  qu’il  ne  reste  i 
plus  aucun  doute. 

Le  molybdène  sulfuré  est  composé  de  particules  la-  ; 
melleuses  plus  ou  moins  grandes  , peu  serrées  les  unes 
contre  les  autres  : il  est  doux  et  gras  au  toucher , tache  j 
les  doigts  et  laisse  des  traces  d’un  vert  jaunâtre  sur 
la  porcelaine  -,  il  a un  aspect  bleuâtre  qui  approche 
beaucoup  de  celui  du  plomb  -,  les  traits  qu’il  laisse  sur 
le  papier  ont  un  brillant  argentin  , tandis  que  ceux  de 
la  plombagine  sont  d’une  couleur  plus  sombre , plus  j 
matte , la  poussière  en  est  bleuâtre  ; il  donne  à la  , 
calcination  une  odeur  de  soufre  : le  résidu  est  une  ma-  , 
tière  blanchâtre.  L’acide  sulfurique  , nitrique  et  l’acide  | 
arsenique  sont  les  seuls  qui  1 attaquent  •,  il  se  dissout 
dans  la  soude  , au  feu  du  chalumeau-,  il  fait  détonner  : 
le  nitrate  de  potasse  , et  le  résidu-  est  rougeâtre. 

Exposé  la  flamme  du  chalumeau  , dans  une  cuiller,  i 
il  laisse  échapper  une  fumée  blanche  d une  odeur  sul-  I 
fureuse. 

Le  sulfure  de  molybdène  est  indestructible  dans  des 
vaisseaux  clos  , et  très -réfracta ire. 

Quand  on  veut  pulvériser  le  sulfure  de  molybdène  , il 
faut  jeter  dans  le  mortier  un  peu  de  sulfate  de  potasse; 
on  lave  ensuite  la  poudre  avec  de  l’eau  chaude  qui  emporte 
le  sel. 


Du  Molybdène.  303 

L’acide  muriatique  n’a  point  d’action  sur  le  sulfure  de 
' molybdène  -,  mais  il  n’eu  est  pas  de  même  de  l’acide  ni- 
trique. Celui-ci  l’attaque  avec  force  , et,  lors  de  l’action, 
il  se  dégage  une  très-grande  quantité  de  vapeurs  rouges , 
et  le  sulfure  de  molybdène  est  changé  sur-le-champ  en 
une  poudre  blanche.  Il  faut  environ  trente  parties  d’a- 
cide nitrique , sur  une  de  sulfure  de  molybdène  -,  on  distille 
à plusieurs  reprises  : on  peut  chaque  fois  employer  six 
parties  d’acide.  Lorsque  tout  l’acide  est  employé , et  que 
l’on  n’apperçoit  plus  de  vapeurs  , on  retire  la  poudre 
blanche  restée  dans  la  cornue  -,  on  la  lave  avec  un  peu 
d eau  distillée,  pour  la  débarrasser  des  dernières  portions 
d’acide  sulfurique  qui  pourroient  y adhérer  : il  est  même 
nécessaire,  avant  de  la  laver,  de  la  chauffer  légèrement 
dans  un  creuset.  L’oxigène  de  l’acide  nitrique  se  porte 
sur  le  molybdène  et  sur  le  soufre  ; il  transforme  l’un  eu 
oxide  métallique,  et  l’autre  en  acide  sulfurique.  C’est  cé 
moyen  qu’il  faut  employer  quand  on  veut  obtenir  l’acide 
molybdique. 

L’acide  molybdique,  obtenu  par  la  calcination , ou  par 
l’action  de  l’acide  nitrique  , est  irréductible  quand  on  le 
traite  avec  le  flux  noir,  1 alcali,  le  charbon,  ou  les  autres 
fondans  salins  -,  cependant , si  on  ajoute  de  l'oxide  de 
plomb  ou  de  cuivre,  les  métaux  qui  en  résultent  sont 
alliés  dune  portion  de  molybdène  , qu’on  peut  en  sé- 
parer. 

L oxide  de  molybdène,  empâté  d’huile  et  desséché  tu 
feu  , mis  dans  le  creux  d une  brasque,  et  poussé  à un  feu 
violent  pendant  deux  heures  , on  trouve  la  substance 
agglutinée,  noire,  se  brisant  facilement  sous  les  doigts, 
ayant  le  brillant  métallique  -,  vu  a la  loupe  , on  yappercoit 


3°4  De  l'acide  molybdique. 

de  petits  grains  arrondis , et  d’nne  couleur  métallique 
grisâtre.  C’est  là  le  vrai  métal  de  molybdène. 

Le  molybdène  se  calcine  et  passe  à l’état  d’oxide  plus  ou 
moins  blanc. 

Il  détonne  avec  le  nitre,  et  le  résidu  est  un  oxide  de 
molybdène  mêlé  à l’alcali. 

L’acide  sulfurique  bouillant  oxide  le  métal  , et  il  se 
dégage  de  l’acide  sulfureux. 

L acide  nitrique  le  convertit  en  un  acide  blauc. 

Traité  avec  les  alcalis,  par  la  voie  sècbe , ceux-ci  en 
dégagent  du  gaz  hydrogène , et  le  résidu  n'est  plus  que  le 
molybdène  à 1 état  d’oxide  combiné  à l’alcali. 

Il  s’allie  avec  les  métaux  de  diverses  manières.  Son 
alliage  avec  le  1er,  le  cuivre  et  l’argent , est  très-friable. 

Enfin,  traité  avec  le  soufre,  il  régénère  le  minéral  de 
molybdène  , sulfure  de  molybdène. 


De  l'Acide  molybdique. 

M.  Klaproth  a retiré  cet  acide  d’une  mine  de  plomb  j 
jaune. 

Pour  l’obtenir  artificiellement  , il  y a quatre  pro- 
cédés. 

Le  premier  consiste  à oxider  le  sulfure  de  molybdène 
par  le  feu  et  1 air  ; à cet  effet , on  met  daus  un  creuset  du  j 
sulfure  de  molybdène  , on  le  recouvre  d’un  autre  creuset , 
et  Ion  chauffe.  11  se  sublime  une  matière  blanche  , quel- 
quefois cristallisée;  c’est  de  l’acide  molybdique. 


De  V Acide  molybdique. 

Le  second  procédé  est  de  traiter  le  salaire  par  l’acide 
nitrique.  b oyez  le  paragraphe  précédent. 

Le  troisième  consiste  à distiller  du  sulfure  de  mo- 
lybdène avec  de  l’acide  arsenique.  Il  se  sublime  de 
1 arsenic  et  du  sulfure  d’arsenic-,  il  passe  de  l’acide  sul- 
fureux , et  il  reste  dans  la  cornue  de  l’acide  molybdique 
concret.  1 

Le  quatrième  est  de  projeter  dans  un  creuset  trois 
part.es  de  nitrate  d e potasse  et  une  partie  de  sulfure  de 
molybdène  bien  pulvérisés  et  mêlés  ensemble  aupara- 
vant. U résulte  une  masse  rougeâtre  composée  d’oxide  de 
fer  , de  sulfate  de  potasse  et  de  molybdate  de  potasse.  On 
lessive  cette  masse  dans  l’eau  , l’oxide  de  fer  seul  reste  -, 

’ on  évaPore  la  dissolution  , et  Ion  obtient  le  Sulfate  de 
potasse  cristallisé.  On  verse  ensuite  dans  la  liqueur  qui 
.refuse  de  cristalliser,  de  l’acide  sulfurique-,  il  se  forme 
un  molybdate  avec  excès  d’acide  molybdique  qui  se 
précipité.  On  voit  donc  que  ce  procédé  ne  peut  être  em- 
ployé pour  avoir  l’acide  molybdique  pur , et  que  Ion 
'doit  préférer  le  second  procédé. 

Cet  acide  est  blanc  -,  il  laisse  sur  la  langue  une  sa- 
’veur  sensiblement  acide  et  métallique.  Sa  pesanteur  spé- 
cifique est , suivant  Bergmann  , à celle  de  l’eau  pure  : 
:c:  3,46o  : 1,000. 

Il  n’éprouve  aucune  altération  à l’air.  Il  ne%e  sublime 
que  par  le  concours  de  l’air.  Il  colore  d’un  beau  vert  le 
phosphate  natif.  Au  chalumeau  , il  se  volatilise  en  une 
fumee  blanche,  qui  se  condense  en  cristaux  aiguillés,  et 
il  se  fond  en  partie  sur  les  parois  du  creuset. 

Si  on  le  tr.nle  à la  distillation  avec  trois  parties  de 
•soufre  , on  régénère  le  sulfure  de  molybdène. 


3o6  De  l’Acide  molybdique.  . 

Il  se  dissout  dans  cinq  cent  soixante-dix  parties  d eau 
à une  température  moyenne. 

Il  décompose  les  solutions  de  savon,  et  les  sulfures 
alcalins. 

La  solution  de  cet  acide  devient  bleue,  et  prend  de 
la  consistance  par  le  froid. 

L’acide  molybdique  se  dissout  en  grande  quantité  dans 
l’acide  sulfurique  concentre  a laide  de  la  chaleui  •,  cette 
dissolution  prend  une  belle  couleur  bleue  et  s épaissit 
par  le  refroidissement.  On  fait  disparoitre  ces  deux  phé- 
nomènes en  la  chauffant,  et  ils  reparaissent  à mesure! 
que  la  liqueur  refroidit  : si  Ion  chauffe  fortement  cette 
combinaison  dans  une  cornue  , 1 acide  sulfurique  .se  vo- 
latilise , et  l’acide  molybdique  reste  sec  au  fond  de  ce 
vaisseau. 

L’acide  nitrique  n’a  nulle  action  sur  l'acide  molyb- 
dique. 

L’acide  muriatique  en  dissout  une  quantité  considé-i 
rable  à l’aide  de  l’ébullition  : si  on  distille  la  dissolution, 
on  a un  résidu  d’un  bleu  obscur*,  en  augmentant  la  cha- 
leur , il  s’élève  un  sublimé  blanc,  mêlé  d’uu  peu  de  bleu  : 
ce  qui  passe  dans  le  récipient,  est  de  1 acide  muriatique 
oxigéné.  Il  e^t  facile  de  concevoir  que  dans  cette  opeia- 
tion  l’acidlfmuriatique  enlève  une  portion  d’oxigène  il' 
l’acide  molybdique  , et  qu’une  portion  de  cet  acide  passe 
à l’état  d’oxide  de  molybdène. 

L’acide  molybdique  décompose,  à l’aide  de  la  chaleur  , 
les  nitrates  et  les  muriates  alcalins , en  dégageant  leurs 
acides  , et  il  forme  avec  leurs  bases  des  sels  neutres  , dont 
Scheele  n’a  point  examiné  toutes  les  propriétés. 


î)e  V Acide  molybdique. 

Cet  acide  dégage  aussi  l’acide  carbonique  des  trois 
alcalis , et  forme  des  sels  neutres  avec  leurs  bases. 

Les  expériences  de  Scheele  nous  prouvent  que  l’alcali 
fixe  rend  l’acide  molybdique  plus  soluble  dans  l’eau  -,  que 
ce  sel  empêche  cet  acide  de  se  volatiliser  par  la  chaleur  ; 
que  le  molybdate  de  potasse  se  précipite  par  refroidisse- 
ment en  petits  cristaux  grenus  ; qu’on  peut  le  séparer  de 
son  dissolvant  par  les  acides  sulfurique  et  muriatique. 

Le  molybdate  de  potasse  en  dissolution  mêlé  avec  le 
muriate  d etain  , forme  un  précipité  d’un  beau  bleu  foncé, 
et  le  nitrate  de  plomb  y occasionne  un  précipité  jaune. 
C'est  le  caractère  le  plus  frappant  qu’offre  ce  métal. 

L’acide  molybdique  décompose  le  nitrate  et  le  mu- 
:riate  de  barite.  Le  molybdate  de  barite  est  soluble  dans 
leau. 

Il  décompose  en  partie  le  sulfate  de  potasse  par  une 
forte  chaleur. 

Cet  acide  dissout  plusieurs  métaux  , et  prend  une  cou- 
leur bleue  a mesure  qu  il  leur  abandonne  une  portion  de 
son  oxigène. 


> 


3oS 


Du  Chrome. 


CHAPITRE  VI. 

Du  Chrome  et  de  l’Acide  chrômique, 

§.  I". 

\ 

Du  Chrême. 

Ce  métal,  découvert  par  M.  Vauquelin  , se  trouve  à 
l’état  d’acidè  dans  le  plomb  rouge  de  Sibérie  , à l’état 
d oxide  dans  l’émeraude  et  dans  le  plomb  vert  qui  accom- 
pagne le  plomb  rouge. 

On  le  rencontre  également  dans  quelques  serpentines, 
dans  le  spinelle  rubis  et  dans  un  grand  nombre  d’autres 

fossiles. 

M.  Pontier  a trouvé  dans  le  departement  du  Var  , à 
la  Bastide  de  la  Carrade  , près  Gassin , une  substance  eu 
masse  irrégulière  , d’un  brun  foncé  , ayant  un  éclat  mé- 
tallique et  une  dureté  moyenne.  Ce  minerai  avoit  ete 
analysé  par  M.  Tassaert;  mais  M.  Fauquelin  en  a fait 
une  nouvelÉÉ  analyse  •,  il  y a trouvé  quatre  substances: 

i°.  de  l’aci^^  chrômique  , 4^  5 2°-  ^ ox^e  ^er  ’ ^4)7  > 

3°.  de  l’alumine  , 20, 3 ; 4°.  <le  la  silice,  2. 

Il  pense  que  l’on  doit  regarder  ce  minéral  comme  un 
chrômate  à double  base ,(  le  fer  et  l’alumine  ) lequel  est 
mêlé  accidentellement  à la  silice. 

‘M.  Laugier  a aussi  analysé  cette  substance.  Ses  ré- 
sultats diffèrent  peu  de  ceux  qu’a  obtenus  M.  Fauquelin  ; 


n 


Du  Chrome.  3orpi 

trouvé  que  le  chrômate  de  fer  de  Sibérie  contenoit  : 


oxide  de  chrome  , 53;  oxide  de  fer,  34;  alumine,  n ; 
silice,  i ; trace  de  manganèse,  x. 


M.  Laugier , pense  que  ce  minéral , nommé  jusqu’à 
présent  chrômate  de  fer  , n’est  réellement  qu’une  com- 
binaison des  oxides  de  chrôme  et  de  fer. 

Le  même  chimiste  a trouvé  une  petite  quantité  de 
chrome  dans  les  aérolites. 

M.  T^auquelin  indique  les  usages  auxquels  le  fer  clirô- 
maté  pourroit  être  employé  dans  les  arts  ; il  pense  qu’il 
pourroit  être  employé  avec  succès  dans  les  manufactures 
de  porcelaine  , pour  les  verts  , depuis  la  nuance  de  l’é- 
meraude , en  l’employant  pur  , jusqu’au  vert  serin  , en  le 
mêlant  au  plomb  ou  à l’antimoine.  Le  vert  qu’il  donne, 
lorsqu’il  est  seul  dans  un  vernis,  est  beaucoup  plus  beau 
et  plus  solide  que  ceux  que  fournissent  le  cuivre  ou  les 
mélanges  de  cobalt  , de  plomb  et  d’antimoine. 

Il  sera  également  employé  dans  les  verreries  pour  le 
même  usage  ; il  donnera  au  venre  toutes  les  nuances  de 
vert  possibles. 

Il  ne  sera  pas  moins  utile  à ceux  qui  s’occupent  de  la 
fabrication  des  cristaux  colorés,  pour  imiter  les  émeraudes  -, 
à cet  égard  on  n’aura  rien  à desirer  pour  Jes  nuances  et 
la  beauté  des  couleurs  , puisque  c’est  cett^Kibstauce  qui 
colore  les  véritables  émeraudes. 

On  pourra  de  même  le  faire  servir  à la  peinture  en 
séparant  son  acide  du  fer  , et  en  le  combinant  ensuite  à 
divers  oxides  métalliques,  par  la  voie  des  doubles  affinités  : 
on  peut  en  tirer  des  couleurs  belles  et  solides  ; son  oxid'fc 
Vert  pourra  être  aussi  employé  au  même  objet. 


3 io  ' 


Du  Chrome. 


Les  combinaisons  du  chrome  avec  l'oxigéne  donnent 
un  oxide  vert,  ou  un  acide  rouge,  suivant  les  propor- 
tions de  ce  principe  , et  ces  substances  communiquent 
leur  couleur  à toutes  les  combinaisons  où  elles  entrent  ; 
le  nom  de  chrome,  qui  signifie  couleur,  convient  donc 
parfaitement  à cette  substance. 

Pour  obtenir  cet  acide  , on  fait  bouillir  le  plomb  rouge , 
réduit  en  poudre , avec  deux  parties  de  carbonate  de 
potasse  -,  le  plomb  se  combine  avec  l’acide  carbonique  de 
la  potasse  ; l’alcali  se  trouve  ensuite  uni  à un  acide  parti- 
culier qui  lui  donne  une  couleur  jaune-orangée  , et  la 
propriété  de  fournir  des  cristaux  de  la  même  couleur. 
Cette  nouvelle  combinaison  est  ensuite  décomposée  par  i 
les  acides  minéraux  •,  et  en  faisant  évaporer  la  liqueur  dans  I 
laquelle  on  a opéré  la  décomposition,  on  obtient:  i°.  le  1 
sel  formé  par  l’acide  minéral  ajouté  -,  ?.°.  l’acide  du  plomb 
rouge  , sous  la  lorrne  de  prismes  atongés  , d’une  couleur 
de  rubis. 

L’autre  méthode  consiste  à mettre  sur  une  partie  de 
plomb  rouge,  réduit  eu  poudre,  autant  d’acide  muria- 
tique concentré  , étendu  d’une  même  quantité  d'eau  • 
il  se  forme  du  muriate  de  plomb  qui  se  dépose  sous  la  ! 
forme  de  cristaux  blancs  , et  la  liqueur  prend  une  très-  < 
belle  couleur  ^rangée.  Lorsqu’on  a employé  des  propor-  j 
lions  conveififles  d’acide,  d’eau  et  de  plomb,  Ion  peut,  I 
en  faisant  évaporer  la  liqueur  à une  chaleur  douce,  et  sans 
le  contact  de  la  lumière  , obtenir  des  cristaux  d’acide  de 
couleur  de  rubis. 

L’acide  clnômique  obtenu  par  ce  procédé  retient  tou- 
jours de  l’acide  muriatique. 

L’acide  sulfurique  décompose  aussi  le  plomb  ronge  eu 


Du  Chrome.  3n 

s’emparant  du  plomb;  mais  ce  moyen  n est  pas  aussi 
bon  pour  en  extraire  l’acide  , parce  que  , pour  peu  qu  on 
en  ajoute  plus  qu’il  ne  faut , il  est  fort  difficile  de  l’en 
séparer. 

L’acide  nitrique  ne  fait  subir  aucun  changement  a la 
nature  du  plomb  rouge. 

Pour  réduire  cet  acide  à l’état  métallique  , on  prend 
soixante-douze  parties  d’acide  chrômique  , on  le  inet  dans 
un  creuset  de  charbon  , que  l’on  place  dans  un  autre 
creuset  de  porcl  aine  rempli  de  poussière  de  charbon  ; 
on  place  l’appareil  dans  un  fourneau  de  forge  , et  on  le 
chauffe  pendant  une  heure  à l’action  d un  feu  très-vif. 
On  trouve  ensuite  dans  le  creuset  de  charbon , une 
masse  métallique  d uu  gris  - blanc  , fonnee  d aiguilles 
entrelacées  les  unes  dans  les  autres.  De  soixante-douze 
parties  , M.  Fauquelin  a obtenu  quarante-trois  parties 
de  métal. 

Ce  métal  est  très-fragile,  iufusible , fixe,  et  cristallise 
en  aiguilles. 

Exposé  à la  chaleur  du  chalumeau , il  se  recouvre 
d’uue  croûte  lilas,  qui  devient  verte  en  refroidissant. 

Chauffé  au  même  appareil  avec  du  borax  , il  ne  se 
fond  pas  ; mais  une  partie  , après  s’etre  oxidée  , se  dis- 
sout dans  ce  sel , et  lui  communique  une  très  - belle 
couleur  verte. 

Les  acides  n’ont  sur  lui  qu’une  très-foible  action.  L acide 
nitrique  est  le  seul  qui  lui  fasse  subir  un  changement 
remarquable  ; en  distillant  cinq  à six  fois  de  suite,  jus- 
qu à siccitc  , vingt  parties  de  cet  acide  concentré,  sur  une 
du  métal , ou  le  convertit  en  nue  poudre  jaune-orangee  ,, 
qui  commence  par  être  verte. 


012  De  l'Acide  chrômiquc. 

Cette  poudre  a toutes  les  propriétés  de  l’acide  chrèr 
mique. 


De  l acide  chrômique. 

Outre  les  procèdes  indiqués  à l’article  précédent  , 
on  peut  se  procurer  l’acide  clirômique  , en  décomposant 
le  chrômate  d argent  par  1 acide  muriatique  , ou  le  chrô-= 
îuate  de  barite  par  l’acide  sulfurique. 

I-/  acide  chromiqtje  a une  couleur  rouge-orangée . un# 
saveur  piquante  et  métallique  ; il  est  très-soluble  dans 
1 eau  , et  sa  dissolution  évaporée  à une  chaleur  douce,  ou 
spontanément  a lair,  cristallise  en  petits  prismes  alon- 
ges  , qui  ont  une  couleur  rouge  de  rubis. 

Si  l’on  mouille  un  papier  de  cet  acide  , et  qu’on 
l’expose  pendant  quelques  ‘ jours  aux  rayons  du  soleil, 
il  prend  une  couleur  verte  , qui  ne  change  point  dans 
l’obscurité. 

Une  lame  de  fer  , detain,  mise  dans  la  dissolution  de 
çet  acide  , lui  fait  prendre  la  même  couleur. 

L e tirer , 1 alcool  bouillis  quelques  iustans  avec  cette 
substance  , produisent  le  même  effet. 

L acide  muriatique,  chauffé  dans  une  cornue  avec 
«et  acide,  soit  solide,  soit  dissous,  produit  une  vive 
effervescence  -,  il  se  forme  beaucoup  d'acide  muriatique 

oxigcne  , et  la  liqueur  prend  une  belle  couleur  verte 
foncée. 

Cet  acide,  mêlé  avec  une  dissolution  d’hydro-sulfure 
de  potasse  , est  précipité  sous  la  forme  de  flocons  d’un 
brun  verdâtre. 


Chromâtes  de  B apte  et  de  Chaux.  3 1 3 

La  solution  aqueuse  du  tannin  le  précipite  en  flo- 
cons d’une  couleur  brune-fauve. 

Chauffé  au  chalumeau,  sur  un  charbon  , il  bouillonne  T 
et  laisse  une  matière  verte  infusible. 

Fondu  avec  le  verre  phosphorique  et  avec  le  borax  , il 
communique  aux  perles  vitreuses  qui  en  résultent  , une 
très-belle  couleur  verte  d’émeraude. 

DES  CHROMATES  TERREUX. 

§.  III. 

| 

Chrûmate  de  Barde. 

L’acide  chrômique  s'unit  facilement  à la  barite  ; il 
forme  avec  cette  terre  un  sel  très-peu  soluble  dans  l’eau; 
car  , en  versant  dans  une  solution  de  cette  terre  de 
l’acide  chrômique  liquide,  il  se  forme  un  précipité  d’une 
couleur  jaune-citrine  pâle;  cependant,  ce  sel  n’est  pas 
entièrement  insoluble , car  la  liqueur  conserve  encore 
une  légère  couleur  jaune,  quoique  les  deux  principes  du 
sel  soient  réciproquement  saturés. 

Ce  sel  pulvérulent  n’a  pas  de  saveur  sensible. 

Il  est  décomposé  parles  acides  minéraux  ; il  donne  du 
gaz  oxigène  au  feu , et  il  reste  à l’état  d une  masse  terreuse 
d’une  couleur  verte. 

S-  IV. 

Chrûmate  de  Chaux. 

Le  sel  formé  par  la  combinaison  de  la  chaux  et  de  l’a- 
cide chrômique  , ne  diffère  de  celui  de  barite  que  par 


34  Chromâtes  alcalins. 

moins  de  solubilité,  par  des  affinités  et  proportions 
différentes  dans  ses  principes. 

Au  feu,  et  avec  les  acides  , il  se  comporte  de  la  même 
manière  que  le  sel  formé  par  la  barite  et  cet  acide. 

On  n’a  point  encore  examiné  les  autres  combinaisons 
terreuses. 


S. 


v. 


Chromâtes  alcalins. 


Le  procédé  le  plus  simple  pour  préparer  ces  sels,  con- 
siste à faire  bouillir , sur  une  partie  de  plomb  rouge 
réduit  en  poudre  fine  , deux  parties  d'un  alcali  uni  à 
l’acide  carbonique,  avec  quarante  parties  d eau  ; par  ce 
moyen  , il  s’établit  une  double  affinité  , en  vertu  de  la- 
quelle il  se  forme  du  carbonate  de  plomb  qui  tombe  au 
fond,  et  une  combinaison  de  l’acide  du  plomb  avec  1 al-  | 
cali  dont  on  s’est  servi,  combinaison  qui,  étant  soluble  , | 
reste  dans  l’eau. 


Comme  le  plomb  rouge  est  très-rare , on  se  sert 
avec  plus  d’économie  du  chrômate  de  fer.  Pour  cela , i 
on  fait  rougir  dans  un  creuset  une  partie  de  chroma  te  i 
de  fer  en  poudre  fine  avec  deux  parties  de  potasse  i 
caustique  ; on  lessive  ensuite  et  l’on  fait  évaporer  len- 
tement , le  chrômate  de  potasse  se  cristallise  en  paillettes 
jaunes.  On  peut  faire  avec  ce  chrômate  de  potasse  pres- 
que tous  les  autres  chromâtes  et  même  l’acide  clirôroi- 
que.  La  dissolution  du  chrômate  de  potasse  est  précipitée, 
én  rouge  plus  ou  moins  foncé  par  les  nitrates  d ar- 
gent et  de  mercure  , en  jaune  par  1 acétate  de  plomb 


Chromâtes  alcalins.  3 1 5 

et  le  mnriate  de  barite  -,  le  précipité  est  ronge  marron  avec 
le  nitrate  de  cuivre. 

La  couleur  des  combinaisons  de  l’acide  avec  les  autres 
alcalis,  est  d’un  jaune-citron-,  celle  avec  l’ammoniaque, 
est  sous  la  (orme  de  lames  jaunes , qui  ont  le  brillant 
et  le  reflet  métallique  de  l’or. 

Leurs  dissolutions  donnent  des  cristaux  qui  ont  à- 
peu-près  la  même  nuance  , seulement  un  peu  plus 
foncée. 

Ces  sels  sont  décomposés  par  la  barite , la  chaux  et 
la  strontiane. 

Les  acides  minéraux  les  décomposent  aussi  , mais 
d’une  manière  inverse. 

Ces  sels  donnent,  par  l’action  du  feu,  du  gaz  oxigène, 
et  leur  résidu  est  sous  la  forme  d’une  masse  verte  : 
il  faut  cependant  en  excepter  celui  d’ammoniaque  , dont 
la  base  est  en  partie  décomposée  par  l’oxigène  de 
lacide  , et  il  laisse  dans  la  cornue  un  oxide  vert  pur, 
parce  que  la  portion  d’ammoniaque  non  décomposée  se 
volatilise. 

M.  Goclon  a fait  une  suite  d’expériences  sur  le  chrome; 
il  résulte  que  le  chrômate  de  potasse  cristallise  en  pris- 
mes rhomboïdaux. 

Que  le  chrômate  de  barite  donne  à la  porcelaine  une 
couleur  verte  jaunâtre. 

Que  le  chrômate  de  chaux  est  soluble  dans  l’eau  et 
susceptible  d une  cristallisation  régulière. 

Que  lacide  chrômique  peut  s’unir  à la  silice,  qu’on 
obtient  un  sel  d une  couleur  rosée  , insoluble  dans 
1 eau  et  inaltérable  au  leu  de  porcelaine. 

Entin  , que  le  chrome  existe  clans  le  chrômate  de 


3x6 


Du  Columbium. 

fer  en  état  d’oxide , et  qne  celui-ci  par  l’action  de  la 
potasse  se  transforme  en  acide  à l’aide  de  la  chaleur. 


CHAPITRE  VII. 

Du  Columbium. 

Ce  minerai  a été  trouvé  en  Amérique  , et  en  l’honneur 
de  Christophe  Colomb , ou  1 a appelé  Columbium. 

Il  fut  envoyé  a sir  Hans  Sloane  par  M.  Winthrop  , 
de  Massachusett , parmi  des  mines  de  fer. 

Ce  minerai  est  lourd  et  de  couleur  gris  foncé  , ayant 
l’apparence  du  chrôrnate  de  fer. 

Les  acides  nitrique,  muriatique  et  sulfurique,  n’a- 
gissent que  très-foiblement  sur  ce  minéral  • c'est  cepen- 
dant l’acide  sulfurique  qui  produit  le  plus  d’effet,  et  il 
dissout  un  peu  de  fér. 

On  le  décompose  avec  le  carbonate  de  potasse  et  l’a- 
cide muriatique  , que  I on  fait  agir  alternativement.  L’a-  i 
eide  carbonique  est  chassé,  l’acide  muriatique  s’empare 
du  fer,  et  la  potasse  se  combine  avec  l’acide  du  métal  ; 
on  l’en  sépare  par  l’acide  nitrique  que  l’on  peut  mettre  en 
excès  -,  et  il  se  forme  un  précipité  blanc,  floconneux  et 
abondant,  qui  est  l’acide  du  métal.  Le  minéral  dont  la 
découverte  est  due  a M.  Jfatchett , est  composé  de  0,21 
de  fer  oxidé  et  de  0,^8  de  columbium.  L acide  ainsi 
obtenu  est  insoluble  dans  l’acide  nitrique  bouillant , et 
conserve  sa  blancheur  parfaite.  L acide  muriatique  bouil- 
lant le  dissout  lorsqu’il  a été  récemment  séparé  de  las 


Du  Columbium . 3 17 

potasse,  il  est  aussi  dissoluble  dans  l’acide  sulfurique 
fortement  chauffé. 

Ces  solutions  acides  , lorsqu’on  les  sature  par  les  alcalis, 
donnent  des  précipités  blancs  floconneux  : le  prussiate' 
de  potasse  donne  un  précipité  vert-olive , et  la  teinture 
de  noix  de  galle , un  précipité  tonce  , couleur  orangee  ■, 
l’eau  même  ajoutée  en  abondance  aux  solutions  dans 
l'acide  sulfurique  , précipite  la  substance  à l’état  de 
sulfate  , qui  , en  se  desséchant  , passe  du  blanc  au  bleu  , 
et  devient  finalement  gris.  Le  zinc  forme  un  précipité 
blanc. 

Le  précipité  blapc  se  combine  avec  la  potasse  et  la 
soude , tant  par  la  voie  sèche  que  par  la  voie  humide.  IL 
chasse  l’acide  carbonique,  et  forme  avec  la  potasse  un 
sel  en  écailles  brillantes  , qui  ressemble  beaucoup  à l’acide 
boracique. 

Les  acides  le  séparent  des  alcalis  fixes,  et  lorsqu’on 
les  met  en  excès,  ils  ne  le  dissolvent  qu’à  l’aide  de  la 
chaleur  ; et  même  dans  ce  dernier  cas , l’acide  nitri- 
que demeure  sans  effet.  Ou  observe  des  résultats  ana- 
logues quand  on  ajoute  aux  solutions  acides  des  alcalis 
en  excès. 

Si  Von  verse  sur  les  solutions  alcalines  de  cette  sub- 
stance , l’hydro-sulfure  d’ammoniaque,  on  a un  précipité 
couleur  de  chocolat.  L’ammoniaque  ne  se  combine  pas 
avec  le  précipité  blanc. 

Quand  on  ajoute  aux  solutions  alcalines  le  prussiale  de 
potasse  , ou  la  teinture  de  noix  de  galle  , il  n’y  a point 
deftet  jusqu  a ce  qu’on  verse  un  acide  sur  le  tout-,  alors 
an  obtient  les  précipités  vert,  olive  et  orange,  dont  il  a 


Du  Titane. 

été  question  ci-dessus.  Les  solutions  acides  et  alcaline* 
sont  sans  couleur. 

Le  précipité  blanc  ne  se  combine  pas  avec  le  soufre  par 
'la  voie  sèche. 

Uni  par  la  fusioîiau  phosphate  d’ammoniaque,  il  forme 
un  verre  de  couleur  bleue  tirant  sur  le  pourpre. 

Il  rougit  le  papier  teint  en  bleu  , par  le  tournesol. 

Il  paroit  tres-dilficile  a réduire  , ou  à obtenir  en  état 
mé  allique. 

D’après  ces  propriétés,  cette  substance  paroît  être  un 
métal  acidifiable  , diiférent  des  métaux  connus. 


CHAPITRE  y I IL 

Du  Titane. 

La  découverte  de  ce  métal  est  due  à M.  Klaproth. 
La  nature  n’a  offert  jusqu’à  présentie  titane  qu’à  l’état 
d’oxide. 

La  substance  dont  on  extrait  le  titane  est  un  schorl 
rouge  qui  se  trouve  principalement  en  Hongrie.  On  la 
trouvé  depuis  en  plusieurs  endroits  , en  Bretagne  et 
dans  le  canton  de  S aînt-Yriez , département  de  la  Haute- 
Vienne  , près  de  Moutier  , département  du  Moutblauc  , 
dans  la  vallée  de  Doron. 

La  couleur  du  scliorl  rouge  de  France,  est  dans  qUel- 
(Xues  échantillons  d'un  rouge  clair,  à-peu-près  comme 
celui  de  1 argent  rouge,  et  dm,  rouge  foncé  dans  quelques 
autres.  11  se  rencontre  à la  surface  du  sol,  sous  la  fonce 


Du  Titane.  3 iq 

de  petites  masses,  grosses  au  plus  comme  le  ponce  , dont 
la  plupart  ont  été  roulées  et  usées  à la  surface.  Quelques- 
unes  conservent  quelquefois  une  forme  cristalline  régu- 
lière. Sa  dureté  est  très-considérable;  il  raie  le  verre,  et 
se  réduit  très-difficilement  en  poudre.  Les  éclats  qui  s’en 
détachent  parle  choc,  sont  Irès-briHans , et  présentent 
des  surfaces  très-polies. 

Cet  oxide  , fondu  avec  l’émail,  donne  à la  porcelaine 
un  jaune  sale , opaque  et  piqueté , qui  n’est  d’aucun 
usage. 

Lorsqu’on  fait  rougir  le  scliorl  rouge  avec  du  carbonate 
de  potasse,  le  scliorl  enlève  à la  potasse  une  certaine 
quantité  d’acide  carbonique. 

Pour  faire  cette  expérience  on  prend  cent  parties  de 
schorl  rouge  réduites  en  poudre  fine  ; on  les  fait  fondre 
dans  un  creuset  avec  six  cents  parties  de  carbonate  de 
potasse.  La  masse  acquiert  une  couleur  verdâtre.  Si  l’on 
délaie  cette  masse  fondue  dans  l’eau  bouillante  , elle  dé- 
pose une  poudre  blanche  légèrement  rosée. 

Cette  substance  ne  diffère  du  scliorl  rouge  que  par 
la  présence  de  l’acide  carbonique  , et  par  une  plus 
grande  quantité  d’oxigène  ; c’est  donc  un  carbonate  de 
titane. 

Pour  rédu  ire  cet  oxide  , on  prend  du  carbonate  de  ti- 
tane , préparé  ci-dessus  ; on  en  forme  une  pâle  avec  l’huile 
de  poisson  : on  place  le  mélange  au  milieu  d’une  brasque 
de  charbon  en  poudre  fine  , et  d’un  peu  d’alumine  ; on 
soumet  le  tout  pendant  une  heure  et  demie  à l’action  d’un 
feu  violent  : on  obtient  une  substance  noirâtre  , boursou- 
flée , dont  quelques  points  ont  une  couleur  métallique 
rougeâtre. 


Du  Titane. 


320 

Les  acides  ont  très  - peu  d action  marquée^  sur  ce 
métal. 

Si  l’on  fait  bouillir  pendant  longtems  une  petite  quan- 
tité de  titane  métallique  avec  de  l’acide  nitrique  pur,  iL 
n’y  a pas  d’action  très-marquée  entre  ces  deux  corps. 
Cependant , les  points  brillans  et  métalliques  qu  offre 
cette  matière  , disparoissent , et  sont  remplacés  par  une 
matière  blanche. 

Avec  l’acide  nitro-muriatique , il  se  forme  une  pous- 
sière blanche  qui  s’étend  dans  toute  la  liqueur.  La  surface 
du  titane  se  couvre  également  d’une  pellicule  blanche. 

Avec  l’acide  sulfurique,  dès  que  l’ébullition  commence  , 
il  se  dégage  des  vapeurs  d’acide  sulfureux , et  la  matière 
se  change  en  poussière  blanche  , dont  une  partie  reste  en 
dissolution  dans  l’acide  sulfurique. 

Les  dissolutions  acides  de  l’oxide  de  titane  sont  pré- 
cipitées , par  les  carbonates  alcalins  , en  une  matière 
blanche  et  floconneuse,  en  brun  rougeâtre  par  1 infu- 
sion de  noix  de  galle.  Ce  précipité  lavé  et  séché  res- 
semble au  kermès  minéral.  Les  acides  arsenique  et 
phosphorique  occasionnent  un  précipité  blanc. 

Une  lame  d’étain  précipite  la  dissolution  de  muriate 
de  titane  , et  prend  une  couleur  rose  pâle  , qui  bientôt 
prend  une  autre  couleur  de  rubis. 

Le  zinc  fait  changer  la  couleur  de  la  même  dissolution 
en  violet , qui  peu-à-peu  , passe  au  bleu  d indigo.  La 
chaleur  la  décolore  : il  se  précipite  une  poudre  blanche, 
qui  , redissoutc  dans  le  même  acide , teprend  les  mêmes 

Le  prussiate  de  potasse  , mêlé  avec  les  dissolutions 
acides  du  titane , y occasionne  un  précipité  vert  qui 


De  VUranc. 


321 

ne  bleuit  pas  à l’air  comme  celui  du  fer.  Ce  prussiate 
de  titane  , au  milieu  des  liqueurs  où  il  a été  formé 
est  décomposé  par  les  alcalis  , en  passant  par  différentes 
nuances  de  couleurs  qui  suivent  1 ordre  suivant  : lo 
purpurin,  le  bleu,  le  blanc. 

Quoiquon  ne  soit  pas  encore  parvenu  à fondre  et  à 
réduire  complètement  le  titaue  , cependant  , ceux  qui 
examineront  avec  attention  les  expériences  * de  MM. 
Klaproth , Vauquelin  et  Iieclit  , seront  forcés  de  conclure 
-que  le  titane  est  un  métal  particulier , et  que  le  schorl 
rouge  de  Hongrie  contient  un  tiers  d oxide  de  titane  uni 
jà  de  la  chaux  et  à de  la  silice. 

Les  propriétés  qui  caractérisent  ce  métal,  sont  : i°.  que 
la  solution  du  muriate  de  titane  est  précipitée  en  bleu 
[par  une  lame  de  zinc,  en  violet  rosé  par  une  lame  d’étain  ; 
:2°.  que  la  noix  de  galle  y forme  un  précipité  d’un 
uouge  de  sang  ; 3°.  quavec  le  prussiate  de  potasse  on 
obtient  un  précipité  d’un  vert  foncé. 


CHAPITRE  IX. 


De  l Urcine. 

Ce  métal  a été  découvert  par  Klaprotli.  Il  l’a  nommé 
uranium , dérivé  d un  mot  grec  qui  signifie  ciel. 

On  ne  la  point  encore  trouvé  natif. 

Klaproth  a retiré  ce  métal  de  la  pechblende-  et  de 
Vu  ra  Jiglimmer. 


322  De  L’Urane. 

M.  Uaiiy  eu  distingue  deux  espèces. 

Première;  Urane  oxidulé , une  variété  : Urane  oxidulé. 

amorphe. 

Deuxième  ; Urane  oxidé  , six  variétés. 

On  trouve  de  l’urane  oxidé  à Eibenstock  et  à Johann- 
Gcorgenstadt,  en  SaM;  Saska  , en  Hongrie  , etc.  Sa  gan- 
gue est  tantôt  1 urane  oxidulé  , tantôt  le  quartz  , tantôt 
une  argile  ferrugineuse. 

M.  Champeaux , ingénieur  des  mines,  a donne  ntt 
précis  historique  sur  la  découverte  de  l’urane  oxide  en 
France.  Il  résulte  que  F urane  oxidé  est  à Saint-Sympho- 
rien  , en  morceaux  assez  volumineux,  situé  dans  une 
colline  jointe  à la  chaîne  de  montagnes  qui  borde  au 
sud-ouest  une  partie  de  la  vallée  où  coule  la  rivière  de 

Mesurai n. 

L’urane  oxidé  remplit  plusieurs  veinules  ou  fissures- 
extrêmement  minces,'  situées  dans  la  roche  ieid-spa- 
thique  dont  la  montagne  est  formée. 

L’oxide  d’urane  se  trouve  le  plus  souvent  dans  les 
fissures,  sans  aucun  mélange  de  substances  étrangères  ; 
quelquefois  il  est  mélangé  avec  un  peu  de  roche. 

L’oxide  d’urane  de  Saint-Symphorieu  ne  présenté  au- 
cune cristallisation  régulière;  quelquefois  il  est  formé  de 
faisceaux  groupés  , lesquels  sont  composés  de  lames  car- 
rées, divergentes  entre  elles  à-peu-près  comme  les  feuillets 
d’un  éventail;  mais  le  plus  souvent  on  le  trouve  en  petites 
lames  réunies  irrégulièrement,  et  composant  des  espèces 
de  réseaux.  Sa  couleur  est  d’un  beau  jaune  verdâtre,  ra- 
rement d’un  vert  bien  prononcé  : elle  n’a  jamais  1 inten- 
sité de  l’urane  oxidé  de  Saxe.  L’immersion  dans  l’eau  , 
ou  simplement  la  vapeur  de  l'haleine  avive  beaucoup 


ï)e  l’U rane. 


323 

tette  couleur;  ce  qui,  suivant  M.  Champeaux , doit 
être  attribué  à un  commencement  d’altération. 

Klaproth , à qui  l’on  doit  l’analyse  de  cette  substance  , 
en  retira  d’abord  du  soufre , puis  il  la  fît  dissoudre  dans 
les  acides  nitrique  et  nitro-muriatique  , et  précipita  par 
les  alcalis;  il  obtint  des  précipités  d’un  jaune  citron  ou 
orangé. 

Avec  l’ammoniaque  le  précipité  est  d’un  jaune  plus 
ou  moins  sale. 


Pour  opérer  la  réduction  de  ce  métal , on  prend  les  pré- 
cipités jaunâtres  de  la  dissolution  par  les  acides  ; on  eu 
Ifatt  une  pâte  avec  de  l’huile  de  lin  , et  on  met  le  tout  dans 
un  tel  à rôtir  : on  obtient  une  poudre  noire  que  l’on  place 
dans  un  creuset  bien  brasqué  avec  la  poudre  de  charbon, 
et  l’on  donne  un  grand  feu. 

Ce  métal  est  d’un  gris  foncé  à l’extérieur à l’intérieur 


rcette  couleur  est  d’un  brun  pâle:  sa  pesanteur  spécifique 
«est  6,44.  ^ 1 

Sa  dureté  est  assez  considérable.  Sa  fusion  est  plus  dif- 
Ifîcile  encore  que  celle  du  manganèse. 

Dissous  dans  les  acides  forts  , il  donne  un  précipité 
|par  les  alcalis. 

Par  les  prussiatcs  le  précipité  est  d’un  rouge  bru- 
mâtre. 


Par  le  sulfure  hydrogéné  ammoniacal  on  l’obtient  d’un 
jaune  brunâtre. 


Ces  expériences  sont  très-incertaines,  parce  qu’on  n’a 
pas  encore  pu  obtenir  ce  métal  en  grandes  masses  ; ainsi 

ll  Ü?  ^,ffi7C'lc  d’eu  ass'g»er  toutes  les  propriétés. 

i Bucholz  a fait  depuis  un  travail  sur  l’urane  ; il 
•est  parvenu  a réduire  l’oxide  d’urane  sans  opérer  la 


324  Du  Cérium. 

fusion  , en  exposant  ioo  grains  de  celte  substance  avec 
cinq  grains  de  charbon  à une  chaleur  blanche  de  la  forge 
pendant  trois  heures.  Le  métal  obtenu  etoit  très-poreux 
et  non  fondu  , sa  pesanteur  spécifique  étoit  de  9,000. 
L’auteur  soupçonne  que  cette  densité  auroit  été  encore 
plus  considérable  s’il  eût  pu  obtenir  un  bouton  de  métal. 

L’urane  métallique  est  attaqué  par  l’acide  sulfurique 
bouillant  et  il  se  dégage  du  gaz  acide  sulfureux. 

L’urane  est  susceptible  de  deux  degrés  d oxidalion , 
l’un  oxide  gris  noir  au  minimum  contenant  o,5 — 6 do- 
xigène  , l’autre  au  maximum  d’un  jaune  citron  de  0,20  24 

d’oxitrène. 

Le  sulfate  d’urane  d’un  jaune  citron  affecte  la  forme  de 
pyramides  triangulaires.  Ce  sel  échauffé  fortement , ne  se 
fond  pas,  perd  o,36  de  son  poids  d eau.  Il  se  dissout 
dans  moins  que  son  poids  d’eau.  IVf.  Bucholz  la  trouve 
composé  de  0,18  d’acide  sulfurique  , 0,70  d'oxide  d u- 
rane  , 0,12  d’eau. 

Le  nitrate  d’urane  est  également  d’un  jaune  citron  f 
cristallise  en  pyramides  quadrangulaires  rectangles  , se 
dissout  dans  la  moitié  de  son  poids  d’eau  , est  composé 
d’oxide  d’urane  , 0,61  ; d’acide  nitrique  , 0,20  ; eau  , 0,14. 


CHAPITRE  X. 


Du  Cérium. 


Le  cérium  se  retire  d’un  minéral  appelé  cérite. 
Cette  substance  a été  aualysée  par  M.  Klaproih 


Du  Cérium. 


3a5 

par  MM.  Hisenger  et  Berzelius  de  Stockholm , et  de- 
puis peu  par  M.  Vauquelin. 

Sch'eele  et  d’Elhuyar  avoient  aussi  essayé  ce  miné- 
ral , sous  le  nom  de  wolfram  , qui  fut  trouvé  en  l’an 
1750 , dans  une  mine  de  cuivre  appelée  Bastnas  ou 
St.  Gorans  Koppargrufra  , à Riddare-Hyttan  , eu  West- 
manie  , dont  il  formoit  avec  de  l’asbeste  la  matrice- 

Les  chimistes  suédois  donnèrent  le  nom  de  cérium 
au  métal  , dénomination  tirée  de  la  planète  Céres  , dé- 
couverte par  M.  Piazzi\  de  celui-ci  ils  ont  fait  celui 
de  cérite  , pour  désigner  la  mine  naturelle  de  ce 
métal.  \ 

La  couleur  de  ce  minéral  , suivant  M.  Vauquelin  1 
est  légèrement  rosée  , sa  dureté  assez  grande  pour 
rayer  le  verre  , sa  pesanteur  spécifique  de  4^3o  , sa 
poussière  grisâtre  : elle  devient  rougeâtre  par  la  calci- 
nation , et  perd  douze  pour  cent. 

Il  y en  a des  variétés  qui  contiennent  des  pyrites 
martiales  , et  qui  sont  traversées  par  des  veines  d’acti- 
note  verte. 

100  parties  de  cérite  soumises  à l’analyse  ont  fourni  : 
i°.  silice  , 17  ; 20.  chaux  , 2 -,  3°.  oxide  de  fer  , 2 ; 
4°.  oxide  de  cérium  , 67  ; 5°.  eau  et  acide  carboni- 
que , 11. 

Les  expériences  que  M.  Vauquelin  a faites  sur  le 
cérium  lui  ont  prouvé  : i».  que  le  cérium  débarrassé 
des  matières  étrangères  qui  l’accompagnent  daus  le  mi- 
nerai, est  une  substance  susceptible  de  s’unir  à deux 
quantités  d oxigene  très-distinctes  ; 20.  qu’avec  la  première 


3^6 


Du  Cérium. 

quantité  il  forme  une  substance  blancbe  , soluble  dans 
les  acides  , sans  dégagement  d’oxigène  ; 3°.  qu’avec  la 
seconde  portion , il  prend  une  couleur  rouge  légère  et 
ne  se  combine  plus  que  difficilement  aux  acides  \ et 
produit  constamment  une  quantité  notable  d’acide  mu- 
riatique oxigéné  en  se  dissolvant  dans  l’acide  muriati- 
que ordinaire  ; 4“-  que  ces  oxides  ne  se  dissolvent  point  1 
dans  les  alcalis  , mais  que  bouillis  ensemble  ils  ne  se 
colorent  plus  par  le  contact  de  l’air  , et  que  ceux  qui 
sont  rouges  deviennent  blancs  par  une  légère  chaleur , 
sans  cependant  se  combiner  aux  alcalis  ; 5°.  que  leurs 
combinaisons  avec  les  acides  sulfurique  , pbosphorique  , 
oxalique,  tartarique  et  prussique  sont  blanches  et  insolu- 
bles dans  l’eau  ; 6°.  qu’au  contraire  , celles  qu’ils  forment 
avec  les  acides  nitrique  , muriatique  et  acétique  , sont 
très-solubles  dans  l’eau  et  dans  l’alcool,  et  sont  même 
déliquescentes-,  70.  que  tous  ces  sels  ont  une  saveur  as- 
tringente et  très-sucrée  -,  8°.  que  les  meilleurs  procédés 
pour  séparer  le  fer  du  cérium , c’est  de  précipiter  ce 
dernier  de  sa  dissolution  nitrique  ou  muriatique  par 
l’oxalate  d’ammoniaque  , ou  tartrite  de  potasse  , en  met- 
tant un  léger  excès  d’acide  dans  la  liqueur  : ou  bien  , 
ce  qui  est  encore  préférable  , de  calciner  le  ruuriate  de 
cérium  , de  redissoudre  son  résidu  dans  l’acide  muriatique, 
de  calciner  de  nouveau  et  ainsi  de  suite  jusqu’à  trois 
fois,  pour  sublimer  entièrement  le  muriate  de  fer , ce 
qui  réussit  fort  bien-,  g0,  que  le  cérium  ne  s'unit,  point 
à 1 hydrogéné  sulfure  comme  les  autres  oxides  métalli- 
ques ; io°.  qu  il  paroît  irréductible  par  les  moyens  qui 
réussissent  ordinairement  pour  les  oxides  les  plus  rt— 
tracta  ires , mais  qu  il  est  volatil,  et  que  ce  u’est  pro- 


Du  Cobalt.  daq 

Ijablement  qu’à  ce  moment  que  sa  réduction  s opère  ; 
ii°  que  si  , contre  toute  apparence  , le  cérium  n est 
point  un  métal  , il  a au  moins  avec  cette  classe  de  corps 
beaucoup  plus  d’analogie  et  de  rapports  qu’avec  aucun 
autre  , et  que  pour  ces  raisons  M.  V auquelin  le  place 
avec  MM.  Hi singer  et  Berzehus  dans  cette  catégorie  , 
jusqu’à  ce  quon  ait  démontré  qu’il  convient  mieux  à 
un  autre  genre  de  matière;  120.  enfin,  quelque  hasard 
heureux  ou  des  moyens  mieux  combines  que  ceux  em- 
ployés jusqu’à  présent  j le  feront  obtenir  à 1 état  métal- 
lique , et  l’auteur  lui-même  annonce  qu’il  ne  désespère 
pas  d’y  réussir.  ( 


4 

CHAPITRE  XI 


Du  Cobalt . 


Le  cobalt  a été  employé  dans  les  ateliers  à donner  une 
couleur  bleue  au  verre , longtems  avant  qu  on  soupçon- 
nât que  c’étoit  un  métal  particulier.  C est  a Brandt , mi- 
néralogiste suédois,  que  nous  devons  la  connoissance  de 
•cette  substance. 

Cobalt  on  cobolt  est  tiré  d’un  mot  allemand  qui  signifie 
un  être  malfaisant.  Les  mineurs  lui  avoient  donne  ce 
nom  à cause  des  incommodités  auxquelles  les  cxposoit  la 
vapeur  de  l’arsenic  qui  l’accompagne. 


3a8 


Du  Cobalt . 


Les  espèces  décrites  par  M.  Haüy  sont  : 

Première  •,  Cobalt  arsenical , six  variétés. 

Ou  le  trouve  à Annabergetà  Schnéeberg , en  Saxe;  à 
Wittichen  , dans  le  Wirtemberg  ; à Joachimsthal  , en 
Bohême  ; à Sainte-Marie-aux-Mines  , et  Allemont , en 
France. 

Deuxième  ; Cobalt  gris  , six  variétés. 

La  mine  de  Tunaberg  , en  Suède  , fournit  le  plus  beau 
cobalt  gris.  C’est  une  des  mines  les  plus  recherchées  pour 
la  préparation  du  bleu  d’azur  employé  dans  la  coloration 
de  la  porcelaine. 

Troisième  ; Cobalt  oxidè  noir  , trois  variétés. 

Cette  mine  se  trouve  à Kitzbichel  ; dans  le  Tyrol  ; à 
Saulfeld  , en  Thuringe  ; à Freydenstatdt,  dans  le  duché 
de  Wirtemberg;  à Schnéeberg,  eu  Saxe. 

Quatrième;  Cobalt  arseniaté , deux  variétés. 

Cette  espèce  existe  souvent  à la  surface  ou  auprès  des 
mines  de  la  même  substance  à l'état  métallique. 

On  attribue  la  formation  du  cobalt  arseniaté  à la  décom- 
position du  cobalt  arsenical. 

Il  y a encore  un  cobalt  arseniaté,  tenant  argent,  et 
mêlé  avec  le  cobalt  oxidé  noir  , le  nickel  oxidé  , et  quel- 
quefois des  terres  argileuses  et  ocreuses.  Il  compose  des 
masses  qui  présentent  des  teintes  variées  de  rouge,  de 
verdâtre , de  brun  , etc. 


Du  Cobalt. 


3a9 

Quand  on  veut  faire  l’essai  d’une  mine  de  cobalt,  plu- 
sieurs chimistes  recommandent  de  piler,  de  laver  et  de 
griller  la  mine , pour  en  séparer  l’arsenic  : le  cobalt  reste 
dans  l’état  d’un  oxide  noir  , plus  ou  moins  foncé.  Alors 
on  mêle  cet  oxide  avec  trois  parties  de  flux  noir  , une 
partie  du  muriate  de  soude  décrépité-,  quelques-uns  y 
ajoutent  une  demi-partie  de  poix  résine  : on  met  le  tout 
dans  un  creuset  dont  le  tiers  au  moins  reste  vide  ; on 
le  place  dans  un  fourneau,  on  chauffe  doncement  jusqu’à 
ce  que  la  poix  résine  cesse  de  brûler:  on  fait  agir  ensuite 
le  souflet , pour  augmenter  le  feu  par  degrés  , et  on 
chauffe  le  creuset  jusqu’au  rouge  blanc;  on  l’entretient 
ainsi  jusqu’à  ce  que  les  matières  soient  parfaitement  fon- 
dues ; on  laisse  refroidir  le  creuset,  on  le  casse,  et  on 
sépare  le  culot  d’avec  les  scories  qui  ont  toujours  une 
couleur  bleue. 

G est  avec  une  grande  difficulté  qu’on  parvient  à 
obtenir  le  cobalt  dans  son  état  de  pureté  ; en  traitant 
le  cobalt  de  Tunaberg,  comme  M.  Tassaert  l’a  décrit 
dans  l’analyse  qu’il  a faite  de  cette  substance  , on  peut 
établir  quelques  caractères  de  ce  métal. 

Après  avoir  obtenu  un  oxide  de  cobalt  parfaitement 
pur  , voici  le  moyen  que  l’auteur  a employé  pour  le  ré- 
duire. 

On  prend  un  creuset  de  porcelaine , que  l’on  brasque 
avec  du  carbone  retiré  de  l'acide  carbonique.  Après  une 
heure  et  un  quart  de  feu  de  forge  , on  retire  le  creuset 
du  feu  , on  le  laisse  refroidir  , on  le  casse  , et  I on  trouve 
un  culot  de  couleur  de  fer  , cassant  , dont  la  cassure  pré- 
sente un  assemblagé  de  feuillets  en  feuilles  de  fougère  , 
d.’un  gris  d’acier , n’ayant  pas  un  grand  éclat  métallique. 


33o  Du  Cobalt. 

La  pesanteur  spécifique  de  ce  cobalt,  d après  M.  Jiaüy  y 
est  de  8,5384- 

Ce  métal , quoiqu’entièrement  privé  de  fer,  est  très- 
sensible  à l’aimant. 

M.  Tassaert  n’a  point  décrit  d'autres  caractères  de  ce 
métal  dans  cet  état  de  pureté. 

J’ajouterai  ici  les  résultats  d’un  travail  entrepris  dans  Te 
laboratoire  de  l’Ecole  des  mines  sur  les  mines  de  cobalt,  et 
sur  sa  purification. 

Pour  obtenir  le  cobalt  pur  de  ses  mines,  on  emploie 
les  procédés  suivans  : i°.  les  calciner  pendant  longtems  , 
en  ajoutant  tous  lés  quarts- d’heure  de  la  poussière  de 
charbon,  ou  de  1 huile  pour  favoriser  l’évaporation  de 
l’arsenic-,  2°.  les  dissoudre  dans  l’acide  nitrique,  évaporé 
à siccité  , et  redis^oudre  dans  l’eau;  3°.  précipiter  par  la 
potasse  pure,  et  faire  bouillir  le  dépôt  avec  une  lessive  de 
même  alcali  ; 4°-  bien  laver  le  dépôt,  le  dissoudre  dans 
l’acide  acétique,  évaporer  plusieurs  fois  à siccité;  5°.  redis- 
soudre dans  l’eau , précipiter  par  l’ammoniaque,  filtrer  et 
reprendre  le  dépôt  par  le  même  alcali  volatil;  6°.  enfin, 
évaporer  cette  solution  ammoniacale  à siccité,  et  calciner 
légèrement,  pour  en  séparer  toute  l’ammoniaque.  On  obtient 
ainsi  un  oxide  d’un  brun  rougeâtre , qui , fondu  au  feu 
de  forge  avec  un  mélange  de  llux  noir , de  borax  et  d’un 
peu  d'huile,  réduiUen  pâte  , donne  du  cobalt  bien  pur, 
et  dans  lequel  aucun  réactif  ne  peut  montrer  aucun  vestige 
de  fer. 

Ts'ous  devons  aussi  à M.  Thénard  un  procédé  d’analyse 
pour  la  mine  de  cobalt;  il  faut,  apres  l’avoir  traité  par 
l’acide  nitrique,  décomposer  la  solution  par  la  potasse  qui 
ne  forme  pas  de  sel  triple.  On  traite  ensuite  le  précipité  par 


Du  Cobalt. 


33  t 

l’ammoniaque.  On  pourrait  cependant  encore  traiter  la 
solution  par  l’ammoniaque;  mais  alors,  il  faudrait  mettre 
dans  la  liqueur  filtrée  de  l'hydrogène  sulfuré,  ou  un 
hydro-sulfure. 

Depuis  les  travaux  de  MM.  Tassaert,  et  Tlienard , beau- 
coup de  chimistes  se  sont  occupés  du  cobalt.  Trommsdorff 
Richter  et  Bucholz  , ont  ajouté  à sa  perfection  ; M.  Proust 
& décrit  les  sels  de  cobalt  avec  beaucoup  de  soin. 

Le  procédé  de  Trommsdorff  consiste  à faire  un  mé- 
lange de  quatre  parties  de  soufre,  d’une  partie  de  nitrate  de 
potasse  et  d’une  demi-partie  de  charbon.  On  projette  le  mé- 
lange dans  un  creuset  rouge  et  on  répète  à trois  reprises, 
en  ajoutant  chaque  fois  au  résidu  de  nouvelles  quantités  de 
nitre  et  de  charbon.  La  masse  résultante  doit  être  rougie 
pendant  une  heure  avec  une  partie  de  flux  noir.  Lorsque  la 
matière  est  refroidie,  ou  sépare  le  cobalt,  on  le  pulvérise  et 
on  le  mele  avec  trois  fois  son  poids  de  nitre,  et  on  fait 
détonner  le  mélange  avec  précaution. 

Le  fer  contenu  datas  le  cobalt  s’oxide  alors  fortement, 
et  l’arsenic  acidifié  s'unit  à la  potasse.  On  lessive  bien,  et  on 
traite  le  résidu  par  l’acide  nitrique  qui  dissout  le  cobalt 
sans  attaquer  le  fer  oxidé  au  maximum.  On  évapore  à 
siccité,  on  redissout  dans  l’acide  nitrique  pour  eu  séparer 
les  dernières  portions  d’oxide  de  fer.  Ou  décompose  le 
nitrate  de  cobalt  par  la  potasse,  et  on  réduit  le  précipité 
au  moyen  de  la  chaleur. 

La  purification  du  cobalt  en  grand,  a été  décrite  par 
Richtei . Voyez  Annales  de  Chimie,  tome  53,  page  107. 

Le  cobalt  purifié,  d’après  le  procédé  de  M.  Tlienard , 
a une  couleur  un  peu  rosée  , il  est  quelquefois  lamelleux  , 
souvent  grenu,  quelquefois  aussi  fibreux;  sa  pesanteur 


33  2 Du  Cobalt. 

=7,700 .11  fait  mouvoir  l’aiguille  aimantée , quoiqu'il  repré- 
sente aucune  trace  sensible  de  fer.  Sa  fusibilité  se  rapproche 
de  celle  delà  fonte  de  fer,  à une  haute  température,  il 
brûle  avec  une  flamme  rouge  , et  laisse  un  oxide  noir.  Cet 
oxide  donne  une  couleur  bleue  très-intense  à cinquante 
parties  de  fer.  Tous  les  sels  de  cobalt  sont  précipités  en 
rose  parles  alcalis,  dont  un  excès  donne  une  couleur  bleue  I 
au  dépôt.  L’ammoniaque,  en  dissolvant  l’oxide  de  cobalt, 
prend  une  couleur  rouge  de  vin.  Le  cobalt  précipite  le 
cuivre  et  le  nickel  de  leur  dissolution  à l’état  métallique. 

Suivant  M.  Thénard  ces  changemens  de  couleur  tiennent  1 
à des  quantités  plus  ou  moins  grandes  d oxigène  absorbé; 
il  a précipité  une  dissolution  de  cobalt  par  la  potasse  pure  r 
l’oxide  étoit  bleuâtre-,  à l’air  il  devint  olive-,  lavé  avec 
l’acide  muriatique  oxigéné  , il  passe  du  verdâtre  au  puce,  et 
de  cette  nuance  au  noir  le  plus  foncé.  Il  ne  se  dissout 
qu’une  très-petite  quantité  d’oxide  de  cobalt-,  sa  dissolution 
est  rose  et  précipite  par  les  alcalis  en  noir. 

Les  propriétés  que  ce  chimiste  a reconnues  à ces  oxides, 
puce  et  noir,  sont. 

L’oxide  noir;  d’être  soluble  avec  effervescence  dans 
l’acide  muriatique,  de  former  alors  beaucoup  de  gaz  acide 
muriatique  oxigéné;  et  si  llacide  muriatique  est  concentré, 
on  obtient  une  solution  verte , qui,  abandonnée  à elle-même, 
devient  purpurine  dans  l’espace  de  vingt-quatre  heures, 
et  rose  sur-le-champ,  si  on  l’étend  d’eau. 

Les  acides  sulfurique  et  nitrique  , dissolvent  l’oxide 
noir  bien  moins  facilement  que  l'acide  muriatique;  cepen- 
dant, avec  le  tems  la  solution  a lieu  : elle  est  toujours  rose 
et  accompagnée  de  bulles,  que  l’auteur  présume  être  de 
gaz oxigène. 


Du  Cobalt. 


333 

On  vient  de  voir  que  M.  Thénard,  distingue  quatre 
espèces  d’oxides  de  cobalt,  savoir,  l’oxide  bleu,  olive, 
puce  et  noir.  M.  Proust  qui  a fait  un  travail  ultérieur,  n’en 
admet  que  deux. 

i°.  L’oxide  de  cobalt  au  minimum.  M.  Proust  décom- 
pose le  carbonate,  et  obtient  un  oxide  gris-verdâtre.  Cent 
parties  de  cet  oxide  , réduites  avec  les  précautions  conve- 
nables dans  un  creuset  fermé,  donnent  83  i.  de  grains  mé- 
talliques au  minimum. 

2°.  L’oxide  au  maximum.  Si  on  distille  une  solution 
nitrique  de  cobalt,  il  se  dépose  des  encroûtemens  noirs  sur 
les  parois  de  la  cornue,  il  se  dégage  du  gaz  nitreux,  et  on 
obtient  de  l’oxide  noir  pour  résidu.  M.  Proust  conclut  que 
l’oxide  mis  au  maximum , • contient  entre  25  et  26  sur 
ïoo  d’oxigène. 

Cet  oxide  ne  se  dissout,  dans  les  acides  nitrique  et  sulfu- 
rique, qu’en  perdant  la  portion  d’oxigène  qui  constituoit 
son  maximum. 

Il  convertit  l’acide  muriatique  en  acide  muriatique 
oxigéné,  il  est  insoluble  dans  l’ammoniaque  et  la  potasse. 

L’oxide  noir,  chauffé  pendant  une  demi-heure  au  "fond 
d’un  creuset,  redevient  oxide  gris  en  perdant  de  son 
oxigène:  alors  il  peut  teindre  les  matières  vistrescibles  en 
bleu. 

Les  acides  nitreux  et  sulfureux  dissolvent  l’oxide  noir, 
et  lorment  avec  lui  du  nitrate  et  du  sulfate  au  minimum. 

MM.  Proust  et  Tlialaker  ont  trouvé  loxide  noir  à 
Parias,  près  de  Valence.  Il  se  trouve  également  dans  les 
mines  de  cobalt  , qu’on  a appelées  mines  vitreuses  ou 
mines  noires. 

Dans  les  arts , on  ne  retire  point  le  cobalt  sous  la  forme 


Du  Cobalt. 


334 

métallique;  on  se  contente  d’en  séparer  l’arsenic  par  le 
grillage.  Ce  sont  ses  sortes  de  mines  qui  fournissent  presque 
tout  l’oxide  d’arsenic  qui  est  dans  le  commerce. 

Après  le  grillage, l’oxide  de  cobaltest  pilé,  tamisé  et  mêlé 
avec  2 à 3 parties  de  sable  ou  de  quartz;  c’est  ce  qui  cons- 
titue le  safre. 

Si  au  lieu  d’ajouter  du  sable  à l’oxide  de  cobalt  grillé,  on 
fait  un  mélange  avec  25o  liv.  de  l’oxide,  28  1 liv.  de  potasse, 
600  liv.  de  cailloux  calcinés  et  4o  liv.  d'arsenic  lïlanc  , que 
l’on  fait  fondre  dans  de  grands  creusets  exposés  à une  forte 
chaleur,  pendant  dix  heures  , il  se  forme  nue  matière  vitreuse 
qu’011  enlève  avec  des  cuillers  , on  la  verse  dans  une  grande 
caisse  où  l’eau  se  renouvelle  continuellement;  la  substance 
non  soluble  est  connue  sous  le  nom  de  smalt ; on  réduit  ce 
smalt  en  poudre  à l’aide  de  moulins,  et  on  le  délaie  dans 
l’eau.  On  lui  donne  divers  degrés  de  finesse  en  agitant  le 
smalt  porphirisé  dans  des  tonneaux  pleins  d eau  , et  percés 
de  trois  ouvertures  placées  à différentes  hauteurs.  L eau 
qu’on  fait  couler  en  ouvrant  le  robinet  le  plus  élevé, 
entraîne  la  partie  la  plus  fine,  qui  forme  l'azur  du  pre- 
mier jeu;  le  second  et  le  troisième  robinet  donnent  l'azur 
du  second  et  troisième  feu. 

Cet  azur  est  employé  dans  plusieurs  arts,  pour  colorer 
en  bleu  les  émaux  , les  verres  et  l’amidon. 

Le  gaz  hydrogène  et  1 eau  n’ont  aucune  action  sur  le 
cobalt,  il  s’unit  très-peu  au  soufre;  mais,  si  on  y ajoute 
de  l’alcali , l’union  est  très -intime  , de  manière  qu’on  ne 
peut  l eu  séparer  que  par  la  dissolution  dans  les  acides. 

A cet  effet , on  lait  fondre  dans  un  creuset , parties  égales 
de  mine  de  cobalt  calcinée  , de  potasse  , de  sulfate  de 
chaux  et  de  poix  résine  ; lorsque  le  mélange  e.^l  fondu  , on 


Du  Cobalt. 


335 

le  laisse  refroidir , et  l’on  trouve  une  grande  partie  do 
cobalt  combinée  avec  le  sulfure  formé  pendant  l’opé- 
ration ; cette  combinaison  surnage  ordinairement  les  sco- 
ries. L'autre  partie  , rassemblée  au  fond  du  creuset  , pa- 
roît  composée  de  plusieurs  matières  métalliques  séparées 
du  cobalt. 

Ce  cobalt  sulfuré  se  dissout  très-facilement  dans  l’acide 
nitrique  , et  laisse  déposer  une  poudre  blanche  , qui  con- 
tient du  soufre,  et  quelques  autres  substances  métal- 
liques. 

Pour  obtenir  le  cobalt  phosphore,  on  fait  fondre  un 
mélange  d’une  partie  de  verre  phosphorique  , d’une 
partie  de  cohalt  métallique  en  poudre  , et  un  huitième 
de  charbon.  Le  produit  de  cette  fusion  est  un  culot  de 
cohalt  phosphore  , recouvert  d’un  verre  d’un  très-beau 
bleu. 

On  peut  encore  obtenir  cette  combinaison  , en  faisant 
rougir  du  cobalt  dans  un  creuset , et  y promettant  des 
petits  morceaux  de  phosphore  jusqu’à  saturation. 

Le  cobalt  phosphore  diffère  du  cobalt  ordinaire  par  sa 
couleur,  qui  est  blanche  et  plus  bleuâtre  ; il  est  fragile  , et 
dans  sa  cassure  on  apperçoit  une  forme  cristalline. 

Exposé  à l’air  il  y perd  son  éclat. 

Au  chalumeau,  le  phosphore  brûle  à la  surface  , il  reste 
< un  petit  globule  vitreux  d’un  bleu  foncé. 

L ammoniaque  a une  action  marquée  sur  l’oxide  de 
• cobalt. 

M.  Proust  a fait  conuoître  que  l’oxide  gris  renfermé 
-avec  1 ammoniaque  dans  un  flacon  bien  fermé  , lui  connrui- 
i nique  une  légère  couleur  rose  , qui  ne  passe  pas  au-delà  , 
«quelque  teins  que  Ion  garde  le  flacon  ; cet  oxide  n’est  1 


336  Da  Cobalt. 

donc  que  très-difficilement  soluble  dans  1 ammoniaque. 
Mais  si  le  flacon  reste  débouché , l’ammoniaque  le  colore 
très-vîte,  parce  quil  attire  l’acide  carbonique  de  l’air.  Oa 
peut  opérer  cette  dissolution  en  très-peu  de  tems  , mettant 
le  flacon  dans  un  grand  bocal , dans  lequel  on  entretient 
un  sel  d’acide  carbonique. 

Si  on  ne  fait  que  de  saturer  l’ammoniaque  d’acide  , la 
dissolution  est  celle  de  l’oxide  dans  le  carbonate  d ammo- 
niaque , si  on  continue  de  faire  passer  de  1 acide  carbo- 
nique, on  obtient  une  dissolution  de  carbonate  de  cobalt 
dans  le  carbonate  d’ammoniaque.  Cette  dissolution  , gardée 
dans  un  flacon  plein  et  bouché , dépose  des  cristaux  de 
carbonate  métallique  -,  elle  en  abandonne  une  partie  par 
l’addition  d’eau:  un  excès  d’ammoniaque  redissout  ce 

précipité. 

On  peut  faire  cette  dissolution  très-promptement , en 
jettant  du  carbonate  de  cobalt  dans  du  carbonate  d am- 
moniaque. 

Si  l’on  met  de  l’ammoniaque,  pure  sur  du  carbonate  de 
cobalt  en  excès  , les  choses  se  passent  bien  autrement.  Le 
carbonate  de  cobalt  se  partage  en  deux  parties,  l'une  cède 
son  acide  à l’ammoniaque  et  il  devient  hydrate  , dit 
M.  Proust;  cette  combinaison  est  insoluble,  tandis  que 
la  portion  non  décomposée  se  dissout  dans  le  carbonate 
alcalin. 

On  obtient  une  troisième  dissolution  ammoniacale  de.  1 
cobalt  en  mettant  de  l’hydrate  bien  lavé , ou  de  l'oxide 
bleu  , dans  un  flacon  plein  d’ammoniaque  et  bien  bouchée 
La  dissolution  se  fait  au  bout  de  vingt-quatre  heures  ; elle 
est  rouge  comme  les  précédentes;  mais  elle  en  diffère, 
en  ce  que  si  l’on  en  verse  un  filet  dans  l’eau  bouillante. 


Du  Cobalt. 


337 

il  se  précipite  aussitôt  de  l’oxide  bleu  , quand  on  opère 
;avec  beau  froide , on  obtient  de  l’oxide  vert.  Si  l’ammo- 
juiaque  dissout  l’hydrate  de  cobalt  , ou  l’oxide  bleu  frais, 
qdus  facilement  que  l’oxide  gris,  c’est  que  les  deux  pre- 
miers sont  très-divisés. 

Quand  on  distille  ces  dissolutions  de  cobalt  , il 
passe  du  carbonate  d’ammoniaque  ; la  liqueur  finit  par 
Reposer  un  oxide  d abord  vert  sale  , mais  qui  ensuite 
uevient  noir.  C est  un  mélangé  d oxide  gris  et  d oxide 
noir. 

Les  acides  sulfurique  , muriatique  et  nitrique  , d’après 
•M.  Proust  , oxident  ce  métal  de  la  même  manière  ; il  y 
1 dégagement  d’hydrogène  avec  les  deux  premiers. 

Sulfates  de  cobalt.  Il  y en  a deux , l’un  simple  , et 
autre  triple  a base  de  potasse  ou  d’ammoniaque. 

Le  sulfate  simple  a une  saveur  légèrement  piquante  , 
m peu  amère  , à laquelle  se  joint  quelque  chose  de  mé- 
tallique. Ses  cristaux,  peu  volumineux  , sont  des  sections 
ntassées  d’octaèdres  peu  réguliers  , ils  sont  rouges  inal- 
térables à 1 air  ; ils  perdent  fi  centièmes  d’eau  à la 
lisli dation  -,  ils  sont  alors  roses  et  opaques.  Daus  cet  état , 
ls  peuvent  supporter  une  chaleur  rouge  sans  se  décom- 
ooser,  excepté  dans  les  points  où  ils  touchent  la  retorte. 

Quand  on  mêle  du  sulfate  de  potasse  au  précédent , 
>n  obtient  des  cristaux  plus  volumineux  , qui  sont  des 
mbes  rhomboïdaux.  Ce  sel  triple  est  moins  soluble  que  le 

impie  j due  perd  que  26  centièmes  d’eau  à la  distil- 
lation. 

Quand  on  jette  des  cristaux  de  sulfate  dans  un  flacon 
llîiu  d'ammoniaque,  et  fermé  .sur-le-champ,  ils  donnent 


338  Du  Cobalt. 

un  précipité  bleu  , qui  ne  devient  pas  rose  comme  dans 

. 

la  potasse. 

Le  carbonate  de  potasse  donne  de  4°  ^42  centièmes  de  ! 
carbonate  de  cobalt  avec  le  sulfate  simple.  Un  excès  d al- 
cali dissout  une  grande  partie  du  précipité  ; l'ébullition  et 
l’eau  froide  décomposent  cette  dissolution.  M.  Proust  a ! 
obtenu  de  ce  carbonate  de  cobalt  de  60  à 62  d’oxide  gris  \ 
verdâtre. 

L’acide  nitrique  dissout  le  cobalt , à l’aide  du  calo- 
rique. 

On  met  dans  un  matras  du  cobalt  réduit  en  poudre;  on 
verse  dessus  cinq  à six  fois  son  poids  d’acide  nitrique  , à 
4o  degrés  : on  place  le  matras  sur  un  bain  de  sable,  et  on 
le  chauffe  jusqu’à  ce  que  le  cobalt  soit  dissous  : on  laisse 
reposer  la  dissolution,  et  on  la  décante.  Lorsque  la  disso- 
lution est  au  point  de  saturation,  elle  est  d un  brun  iosé  , 
ou  d’un  vert  clair.  On  fait  évaporer  cette  dissolution  dans  1 
une  capsule,  au  bain  de  sable,,  jusqu’à  réduction  de 
moitié  : elle  fournit  par  le  refroidissement  des  cristaux 
en  petites  aiguilles  réunies,  déliquescentes  à 1 air. 

M.  Thénard  a reconnu  l’existence  d’un  nitrate  animo- 

niaco  de  cobalt. 

Voulant  purifier  du  cobalt  qui  contenoit  du  fer, 
M.  Thénard  le* traita  par  l’acide  nitrique  et  versa  dans  la 
dissolution  un  excès  d’ammoniaque.  La  liqueur  filtrée  fut 
évaporée  jusqu’à  siccité  , et  après  avoir  fait  digérer  le  ré- 
sidu avec  de  l’eau  , si  l’on  sépare  l’oxide  par  le  filtre,  non- 
seulement  l’eau  contient  du  nitrate  d’ammoniaque  , mais 
encore  de  l’oxide  de  cobalt  -,  si  on  la  fait  évaporer  lente- 
ment , on  obtient  , par  le  refroidissement , des  cristaux 
cubiques  réguliers  , dont  les  uns  sont  isoles  et  les  autres 


Du  Cobalt. 


339 

forment  des  espèces f de  trémies.  Ces  cristaux  sont  roses  , 
ont  une  saveur. piquante  et  urineuse  ; l’air  atmosphérique 
ine  les  altère  en  aucune  manière  : calcinés  dans  un  creuset , 
!!s  s enflamment  comme  le  nitrate  d’ammoniaque.  La 
flamme  est  assez  vive  et  d’un  blanc  jaunâtre.  Le  résidu 
lire  sur  le  noir  et  présente  toutes  les  propriétés  du  cobalt. 
Leur  solution  daus  1 eau  ne  précipite  par  aucune  base 
■ali Gable  ; elle  précipite  et  même  sur-le-champ  , par 
hydrogène  sulfuré,  et  à plus  forte  raison  par  les  hydro- 
sulfures.  En  les  faisant  bouillir  avec  de  la  potasse,  il  s’en 
dégage  de  l’ammoniaque;  il  se  forme  du  nitrate  de  potasse, 
-t  il  se  fait  un  dépôt  d’oxide  de  cobalt. 

L’oxide  gris  de  cobalt,  suivant  M,  Proust , se  dissout 
avec  chaleur  dans  1 acide  nitrique,  sans  donner  de  gaz 
nitreux  ; chauffé  avec  le  contact  de  l’air , il  passe  sur-le- 
:hamp  au  noir.' On  découvre  facilement  lin  oxide,  dont 
quelques  parties  se  sont  élevées  au  maximum , par  l’ap- 
nlication  d’un  acide  foible  qui  ne  dissout  que  l’oxide 
îu  minimum.  L’ammoniaque  opère  la  même  séparation, 
comme  J’a  vu  M.  Thénard. 

L’acide  muriatique  ne  dissout  qu’une  très-petite  portion 
Ue  cobalt , même  à l’aide  du  calorique. 

Pour  préparer  le  muriate  de  cobalt , on  dissout  l’oxide 
gris  dans  un  acide  du  i5e  degré;  la  dissolution  chaude  ou' 
iroide  est  d un  bleu  foncé  ; elle  cristallise  facilement,  les 
cristaux  sont  bleus  ; c’est  le  muriate  anhydre  , suivant 
*M.  Proust.  Dès  qu  il  absorbe  de  l’humidité  , il  devient  rouge. 

L’acide  muriatique  de  1 5 degrés  donne  beaucoup  de 
gaz  avec  1 oxide  noir.  Cette  dissolution  est  verte  tant 
quelle  retient  du  gaz;  mais,  dès  qu’elle  l’a  perdu,  elle 
.devient  bleue.  Les  traits  bleus  du  muriate  de  cobalt,  des- 


Du  Cobalt.  ’ 


34° 

séchés  sur  le  papier,  ne  sont  autre  cl^ose  (jue  du  mariale  * 
anhydre.  Quand  ils  sont  verts  , c’est  que  le  sel  contient 
encore  du  murrate  de  nickel  qui  teint  en  jaune,  et  qui 
forme  alors  du  vert  avec  le  bleu.  . 

Poussé  à un  feu  rouge  dans  une  cornue  lutée  , il  ne  se 
décompose  que  dans  les  parties  qui  touchent  le  verre:  I 
alors  les  produits  sont  de  l’acide  muriatique  en  vapeur,  ! 
mêlé  d’acide  oxigéué.  Le  verre  se  teint  en  Lieu  ; le  mu-  : 
riale  non  décomposé  se  sublime  , après  s’être  fondu  , eu 
fleurs  gris  de  lin  -,  celles-ci  ont  éprouvé  une  sorte  de  con- 
densation qui  les  rend  insolubles  dans  l’eau  pendant  au 
moins  douze  heures.  A la  fin  elles  donnent  une  dissolution 
de  müriate  ordinaire. 

Lorsque  la  dissolution  n’est  point  évaporée , elle  cons- 
titue r<?//c7’<3  de  sympathie. 

On  prépare  * aussi  cette  encre  par  l'acide  nitro-muria-  1 
tique:  ou  bien  encore  en  mettant  dans  un  malins  une 
partie  de  cobalt  , et  mieux  du  safre , sur  quatre  d acide 
nitrique.  On  fait  digérer  le  mélange  sur  un  bain  de  sable 
chaud,  pendant  trois  ou  quatre  heures,  ou  jusqu'à  ce  que 
la  dissolution  soit  presque  faite:  alors  on  ajoute  autant  de 
muriate  de  soude  que  l’on  a employé  de  cobalt  , et  quatre 
fois  autaut  d eau  que  d’acide  nitrique.  Ou  filtre  la  liqueur 
an  travers  du  papier. 

Si  l’on  trace  sur  du  papier  blanc  des  caractères  arec 
de  cette  dissolution,  on  n’apperçoit  aucune  écriture;  mais 
en  faisant  chauffer  légèrement  le  papier,  les  caractères 
paraissent  d’une  belle  couleur  vert-céladon  ; celle  cou- 
leur disparaît  à mesure  que  le  papier  se  refroidit  : on  la 
fait  reparaître  et  disparaître  de  nouveau.  On  fait  ainsi 
des  écrans  sur  lesquels  ou  dessine  avec  de  l cncre  ordi- 


Du  Cobalt.,  34* 

maire,  des  arbres  dont  les  branches  sont  nues-,  puis  on  se 
-sert  de  l’encre  de  cobalt  pour  ajouter  le  feuillage  , qui 
Jdisparoît  par  le  dessèchement.  Mais  si  1 ou  expdse  l’écran 
«au  feu  , le  feuillage’  paroît  sous  une  belle  couleur  verdâtre. 
Le  refroidissement  suffit  pour  le  faire  disparoître  , et 
Ion  peut  répéter  cette  expérience  un  grand  nombre  de 
lois  , en  évitant  de  trop  chauffer  le  papier  , car  alors  la  cou- 
leur des  caractères  reste  fixe. 

Le  gaz  acide  muriatique  oxigéné  présente  un  phéuo- 
Jiiene  particulier.  Si  l’on  jette  du  cobalt  en  poudre  dans 
ce  gaz  , le  cobalt  s’enflamme , et  brûle  avec  des  étincelles 
Jdanches;  on  obtient  un  oxide  rose  pâle,  que  l’on  n’a  pas 
encore  examiné. 

L’acide  phosphorique  se  combine  avec  l’oxide  de  cobalt, 
et  forme  le  phosphate  de  cobalt.  A cet  effet  on  grille  for- 
tement la  mine  de  cobalt,  traitant  l’oxide  par  l’acide  ni- 
trique qui  le  dissout  eu  partie  et  en  sépare  le  fer  eu  oxide 
rouge  ; on  évapore  jusqu’*à  consistance  sirupeuse  pour 
chasser  l’excès  d’acide  nitrique.  On  l’étend  d’eau  et  on  y 
«verse  une  solution  de  phosphate  de  soitde  -,  il  s’y  forme 
.un  précipité  blemviolet  qui  , en  se  dissolvant , devient  rose. 

four  faire  passer  ce  phosphate  à une  belle  couleur 
Lieue,  dont  la  découverte  est  due  à M.  Thénard , ou 
;procède  de  la  mauière  suivante  : 

On  mêle  trois  parties  d’alumine  précipitée  de  l’alun  par 
1 ammoniaque , avec  une  partie  de  phosphate  de  cobalt , 
1 un  et  1 autre  à l’état  de  gelée  ; ou  fait  dessécher  et  cal- 
ciner dans  un  creuset  pendant  une  demi  - heure.  On 
trouve  une  matière  d un  beau  bleu  qui  peut  être  com- 
iparée  a 1 outremer  , et  pouvant  comme  lui  être  employée 
•à  l'huile. 


342  Vu  Cobalt. 

Il  est  essentiel  que  le  cobalt- ne  contienne  pas  de  fer. 

Au  lieu  de  'phosphate  de  cobalt , on  se  sert  avec  un  égal 
succès  de  V arseniate  de  cobalt. 

Le  cobalt  s unit  aussi  à l’acide  boracique  \ à cet  effet , 
on  mele  une  solution  de  borate  de  soude  ayec  une  so- 
lution de  cobalt  dans  un  des  sels  solubles , il  s’opère 
une  double  décomposition.  La  soude  s’unit  avec  l’acide  qui  • 
tenoit  l’oxide  métallique  en  dissolution  , et  l’acide  bora- 
cique , combine  avec  cet  oxide  , forme  un  sel  peu  soluble  1 
qui  se  précipite.  On  recueille  ce  borate  de  cobalt  ? en 
séparant  par  le  filtre  la  liqueur  qui  le  surnage,” 

On  peut  aussi  former  un  carbonate  de  cobalt , en. 
précipitant  les  sels  cobaltiques  avec  des  carbonates  alcalins. 

Les  combinaisons  des  acides  métalliques  avec  le  cobalt, 
il  n’y  a encore  de  connue  que  celle  de  l’acide  arsenique 
avec  le  cobalt. 

Pour  obtenir  I arseniate  de  cobalt , on  emploie  la  mine 
de  cobalt  de  Tunaberg,  composée  d’arsenic,  de  soufre , 
de  fer  et  de  cobalt.  On  la  dissout  dans  l’acide  nitrique 
et  quand  1 arsenic  est  passé  à l’état  d acide  arsenique  , on 
chasse  1 excès  d acide  nitrique  par  la  chaleur  ; on  étend 
d’eau*,  eu  y versant  peu-à-peu  de  la  potasse  ; il  se  forme  i 
d’abord  un  précipité  blanc  d 'arseniate  de  fer.  Celui-ci  étant 
totalement  séparé , on  y porte  encore  de  la  potasse  ret  ou 
obtient  un  beau  précipité  rose , qui  est  l’arseniate  de  cobalt.  ! 

M.  Proust  prépare  cet  arseniate  en  versant  une  solu-  | 
tion  de  nitrate  de  cobalt  tres-etendue  dans  une  solution 
d arseniate  de  potasse  , on  obtient  un  précipité  rose. 

Chaulfé  dans  un  tube,  il  ne  se  sublime  pas,  il  devient 
violet , sans  teindre  le  verre.  L’acide  nitrique  le  dissout 
sans  gaz.  nitreux.  Sa  dissolution  muriatique  n’est  troublée 


' Du  Cobalt.  343 

par  l’hydrogène  sulfuré  que  plus  de  deux  heures  après  le 
a mélange. 

La  potasse  pure  met  de  l’oxide  bleu  à nu , et  le  com- 
|]  bine  à l’acide. 

Ce  sel  est  d’un  belle  couleur  rose. 

Le  nitrate  de  potasse  oxide  le  cobalt.  Pour  opérer  cette 
oxidation,.on  mêle  une  partie  de  cobalt  et  trois  parties  de 
nitrate  de  potasse  -,  on  fait  détonner  ce  mélange  par  cuil- 
lerées dans  un  creuset  qu*on  a bien  fait  rougir  auparavant. 
Lorsque  tout  le  mélange  est  entré  dans  le  creuset,  on  le 
pousse  au  grand  feu-,  on  ofe  le  creuset  du  leu,  on  enlève 
la  matière  qu’il  contient,  ou  la  lave  dans  beaucoup  d’eau 
bouillante,  on  filtre  la  liqueur v:  la  poudre  qui  reste  sur  le 
filtre  est  l’oxide  de  cobalt  de  couleur  de  chair,  et  qui,  par 
un  lavage  réitéré,  passe  au  gris  de  lin. 

Le  cobalt  détonne  par  le  choc  du  marteau  lorsqu’il  est 
mêlé  avec  le  tiers  de  son  poids  du  muriate  sur-oxigéné 
dépotasse.  Si  l’on  met  ce  mélange  en  contact  avec  l’acide 
sulfurique,  il  s’enflamme  avec  une  grande  rapidité.  Dans 
cette  dernière  expérience , il  s’élève  une  fumée  qui  prend 
dans  l’air  la  forme  d’une  couronne,  comme  le  tait  le  gaz 
hydrogène  phosphoré,  enflammé  spontanément  dans  l’at- 
mosphère tranquille. 

On  n’emploie  guère  dans  les  arts  que  l’oxide  de  cobalt. 
On  s’en  sert  pour  peindre  la  faïence,  les  porcelaines.  Les 
anciens  peintres  broyoienL  à l liuile  cet  oxide  à l’état  vitreux  ; 
mais  cette  couleur  se  fonce  en  vieillissant,  par  le  contact  de 
l’air.  On  en  colore  aussi  les  verres  et  les  émaux.  L’azur  s’em- 
ploie en  teinture,  pour  les  toiles,  pour  faire  l’empois,  etc. 


344  Du  MàJisanhsc.- 


CHAPITRE  XII. 

Du  Manganèse  eide  son  Oxide, 


§•  I". 

Du  Manganèse. 

■ , . ...  h .J  ' • 

Le  manganèse  est  un  métal  qui  a été  longtems  méconnu  f 
quoiqu’on  en  fit  beaucoup  d’usage  dans  les  arts.  Il  est 
reconnu  que,  depuis  plus  de  deux  mille  ans  , il  étoit  em- 
ployé a 1 état  d oxide  dans  les  verreries. 

Ce  minéral  a la  propriété  de  blanchir  le  verre;  aussi 
1 ajapelle-t-on  le  savon  des  verriers. 

les  chimistes  ne  se  sont  rendu  compte  de  cette  subs- 
tance que  depuis  Sch'eelc , qui  a fait  voir  que  cetoit  un 
nietal  particulier  de  son  genre. 

On  dit  avoir  trouvé  du  manganèse  natif;  jusqu’ici  il  n'y 
a que  M.  Picot-Lapeyrou&e , qui  ait  cité  du  mangauèse 
natif  : il  l’a  trou  vé  dans  les  mines  de  fer  de  la  vallée  de 
Vicdesos,  an  ci-devant  comté  de  ïoix.  Cette  substance 
étoit  sous  forme  déboutons,  un  peu  appbtis,  malléables, 
ayant  le  tissu  lamelleux. 

Le  manganèse  se  trouve  plutôt  à l’état  d’oxide , présen- 
tant plusieurs  variétés. 

M.  Haüy  eu  fait  une  espèce  unique.  Le  manganèse- 
oxidé. 


i 

Du  Mûn gancsê.  3,^5 

En  (Ttr,  on  trouvé  cet  Oxide  noir,  rouge,  blanc,  compacte, 
friable  , en  cristaux  tétraèdres  très-alongés  comme  des 
aiguilles  implantées , particulièrement  dans  le  spath  pesant; 
il  y en  a de  globuleux,  stalactieux  et  pulvérulens,  sem- 

I 

blables  à une  poussière  noire , tachant  les  doigts.  Le  blanc 
• est  le  plus  foiblément  ôxidé;  on  le  trouve  dans  les  mines  de 
fer  , non  mélangé  avec  lé  fer. 

L’oxide  noir  de  manganèsese  trouve  souvent  dans  les 
hématites. 

Il  y a eifcore  le  carbonate  de  manganèse  qui  contient 
beaucoup  de  fer,  de  l'acide  carbonique  et  de  la  chaux,  etc. 

Schèele  a prouvé  que  la  cendre  des  végétaux  contenoit 
du  manganèse.  On  l’y  trouve,  en  traitant  les  cendres 
avec  le  nitrate  de  potasse  ; et  poussant  le  mélange  à la 
fusion,  on  obtient  un  verre  coloré,  soit  eu  .bleu,  soit  en 
vert. 

D’après  un  travail  de  MM.  Cordier  et  Bauniet , ingé- 
nieurs des  mines,  sur  les  diverses  espèces  de  mine  de  man- 
ganèse, les  espèces  analysées  peuvent,  par  rapport  à la 
quantité  d’oxide  de  manganèse  d’un  jaune  brun  clair  qu’el]es 
contiennent,  être  classées  ainsi  qu’il  suit;  en  commençant 
par  celle  qui  en  contient  le  plus. 

x°.  Manganèse  de  l’Aveline;  2°.  Manganèse  de  Roma- 
nèche;  3°.  de  Périgueux;  4°-  de  Tholey;  5°.  de  Piémont; 
6°.  d’Allemagne;  et  r]°.  de  Saint-Micaud. 

On  voit  que  dans  les  manganèses  de  Saint-Micaud  et  de 
Romaneche , d Allemagne,  de  Piémont  et  de  Tholey,  la 
qyntilé  d’oxigène  , séparable  par  l’acide  muriatique, 
égale  ! environ,  tAudis  qu’elle  n’est  que  ,3g  environ  dans, 
ceux  de  Périgueux  et  de  l’Aveline.  - > 


346 


Du  Manganèse. 


Les  manganèses  de  Romanèche,  de  l’Aveline  et  d’Alle- 
magne ne  contiennent  point  d’oxide  de  fer  ; ceux  de  Tholey 
et  de  Piémont  en  contiennent  une  quantité  si  peu  considé-  „ 
îable,  quelle  n est  point  nuisible  dans  les  procédés  des 
arts,  enfin , dans  ceux  de  Périgueux  et  de  Saint-Micaud -, 
cet  oxide  forme  jusqu  au  septième  de  la  masse  pour  le  . 
piemier,  et  jusqu  au  sixième  pour  le  second. 

D’où  les  auteurs  concluent: 

i°.  Que  les  manganèses  de  Tholey  et  de  Romanèche 
peuvent  etre  employés  avec  autant  d’avantage  que  ceux 
d Allemagne  et  de  Piémont  , dans  tous  les  procédés  , 
puisqu  ils  sont  comme  eux  exempts  d’oxide  de  fei»,  et  qu’ils 
xenferment  les  mêmes  proportions  d’oxigène; 

2°.  Que  celui  de  Saint-Micaud  peut  rivaliser  avec  ceux 
de  la  Romanèche  , de  dholey , de  Piémont  et  d’Allemagne, 
seulement  pour  la  confection  de  1 acide  muriatique  oxigéné; 

3°.  Que  le  manganèse  de  1 Aveline  peut  être  substitué 
a ceux  de  Tlioley , d Allemagne  et  de  Piémont,  seulement 
dans  la  fabrication  du  verre  commun  et  des  émaux  colorés; 

4°-  Que  celui  de  Perigueux  est  le  sepl  qui  ne  puisse 
entier  en  comparaison,  non-seulement  avec  ceux  d’Alle- 
magne et  de  Piémont,  mais  même  avec  ceux  de  France. 

Ordre  de  préférence  pour  Ordre  de  préférence  pour 
u Ai  confection  de  l'acide  l'emploi  dans  les  verre - 

muriatique  oxigéné.  ' ries. 

r 1 

i°.  Mang.  de  Piémont. 


4°. de  Romanèche.  2°. de  Tlioley. 


2°. de  Tlioley. 

3°. d’Allemagne. 


Du  Manganèse.  34  7 

3°. fie  Piémont. 

4°. de  Saint-Micaud. 

5°. de  Pérjgueux. 

, • » 
Le  manganèse  se  rencontre  combiné  avec  le  soufre  dans 

un  fossile  gris  noirâtre  d’un  éclat  métallique.  Onia  trouvé  en 
Trausilvanie  et  au  Mexique;  on  a aussi  trouvé  il  y aquelques 
années  près  de  Limoges,  un  minérai  d’un  brun  foncé,  que 
M.  Kauquelin  a reconnu  pour  un  phosphate  de  manganèse. 

Pour  avoir  le  métal  parfaitement  pur  et  exempt  de  fer, 
on  fait  dissoudre  Poxide  noir  de  manganèse,  dans  l’acide 
muriatique;  si  l’oxide  contenoit  de  la  chaux,  il  fauchant  la 
séparer  par  l’acide  oxalique.  On  verse  ensuite  dans  la 
liqueur  un  succinate  alcalin  qui  précipite  le  fer  à 1 état  de 
succinate,  on  décompose  ensuite  le  muriate  de  manganèse 
par  la  potasse.  Le  précipité  bien  lavé  et  séché,  on  brasque 
un  creuset;  on  met  dans  le  trou  de  la  brasqu»  une  boule 
de  cet  oxide  de  manganèse,  pétri  avec  de  l’huile  ou  de 
l’eau  gommée,  et  on  recouvre  le  tout  d’une  couche  de  char- 
bon; on  adapte  un  autre  creuset  par-dessus , et  on  donne 
un  coup  de  feu  violent  pendant  une  heure  ou  une  heure  et 
demie. 

Le  culot  qui  en  résulte  offre  presque  toujours  des  aspé- 
rités à sa  surface. 

Sa  réduction  est  très-difficile;  ce  métal  est  très-réfrac- 
taire, et  demande  un  très-grand  degré  de  feu. 

Gahn  est  un  des  px'emiers  qui  soient  parvenus  à réduire 
1 oxide  de  manganèse. 

Le  manganèse  métal  est  blanchâtre;  d’une  pesanteur 
spécifique  de  6,85,  sa  cassure  est  grenue,  irrégulière,  d un 
blanc  métallique,  brillant,  qui  disparoît  bientôt  à lair? 


5°.  — de  Saint-Micaud. 

de  l’Aveline, 
de  Périgueux. 


6 


^ De  l Oxulc  tle  Mang,a u esc. 

aussi  doit-on  le  conserver  dans  l'huile.  Si  on  le  réduit  en 
poussière  , il  s’oxide  facilement  à l’air. 

Au  feu,  avec  le  contact  de  l’air,  ce  métal  se  calcine 
comme  les  autres  substances  métalliques,  et  se  réduit  en 
un  oxide  d’abord  blanchâtre,  qui  devient  noir  de  plus 
en  plus  a mesure  que  la  calcination  augmente,  et  qui 
passe  ensuite  au  vert  -,  il  ne  fond  qu’au  degré  de  feu  le 
plus  fort. 

L’acide  sulfurique  dissout  ce  métal,  avec  dégagement 
de  gaz  acide  sulfureux  ou  de  gaz  hydrogène , selon 
ietat  déconcentration  de  l’acide. 

L’acide  nitrique  le  dissout;  il  se  dégage  du  gaz 
nitreux. 

L acide* muriatique  dissout  aussi  ce  métal;  il  y a effer- 
vescence et  dégagement  de  gaz  hydrogène. 

H s’alliera, vec  le  fer  , et  se  trouve  dans  les  aciers 
d’Allemagne.  Tout  ce  que  l’on  sait  sur  ce  métal,  est, 
comme  ou  le  voit,  très-incertain  ; on  ne  le  connoît  pas 
bien  encore  dans  son  .état  de  pureté. 


$.  II. 

> ‘ ‘ > l . ’ . 

De  l’ Oxide  de  Mamiarièsc. 

» . ° 

Les  propriétés  de  l’oxide  de  manganèse  natif  nous  sont 
mieux  connues.  Le  beau  travail  de  Schèelc  sur  cct  oxide 
ainsi  que  les  expériences  de  Bcrgmann,  Gahn , Rimnann  ’ 
v d Engestroem,  llsemaim. , Lapeyrouset  et  Fourcroy , ont 
joie  un  grand  jour  sur  les  phénomènes  que  présente  celle 
substance  métallique. 


De  l'Oxide  de  Manganèse.  349 

L’oxide  de  manganèse  bien  pur  est  pulvérulent , doux 
nu  toucher  , et  salit  les  doigts. 

Fondu  au  chalumeau  avec  le  sel  fusible  , ( phosphate  de 
soude  et  d’ammoniaque),  on  obtient  un  verre  trans- 
parent d’un  rouge  bleuâtre.  & on  le  laisse  refroidir  , et 
qu’ou  le  refonde  , mais  lentement,  la  couleur  disparoîtra; 
si  on  , le  refond  de  nouveau  avec  la  flamme  extérieure 
du  chalumeau , la  couleur  reparoîtra  et  disparoîtra  de 
nouveau,  etc.  Forer  Opuscules  chimiques  de  Bergmann  , 
tome  II,  §.  VII.  . 

Ü11  chauffant  seul  cet  oxide  natif  dans  un  appareil 
pneumato-chimique , on  obtient  du  gaz  oiigéne  très-pur. 

Après  l’opération , on  trouve  dans  la  cornue  une  ma- 
tière grise  ; si  on  l’expose  à l’air  , elle  absorbe  de  l’o- 
xigène  , et  passe'  [à  la  longue  au  noir  naturel  de  l’oxide. 

bi  Ton  distille  de  l’oxide  de  manganèse  avec  du  char- 
bon , on  a pour  produit  du  gaz  acide  carbonique’,  et 
loxide  se  réduit  à une  haute  température. 

Le  soufre  peut  s’unir,  d’après  Gmelin  , à l’oxide  de 
manganèse.  On  obtient  cette  combinaison  en  mettant  dans 
une  cornue  de  verre  un  mélange  de  huit  parties  d’oxide 
et  quatre  de  soufre;  on  chauffe  par  degrés;  on  obtient 
une  niasse  jaune  verdâtre,  donnant  du  gaz  hydrogène 
sulfuré  par  les  acides. 

Pelletier  a fait  voir  qu’on  pouvoit  unir  le  manganèse 
au  phosphore.  Si  l’on  chauffe  parties  égales  de  verre  phos- 
phorique  et  de  manganèse  avec  un  h uitième  du  premier 
de  charbon  , le  produit  est  un  phosphure  d’une  couleur 
blanche,  brillante  et  métallique,  d’uno  texture  grenue  , 
très-disposé  à la  cristallisation  , fragile,  et  qui  peut  so  con- 
server à l’air  sans  s’effleurir. 


^ De  l Oxide,  de  Manganèse. 

Ou  peut  obtenir  la  même  combinaison,  en  jetant  dix 
pbosphoie  sur  du  manganèse  rougi  djins  un  creuset. 

On  ne  connoit  pas  1 action  des  autres  corps  combus-  < 
tibles. 

Si  1 on  verse  de  l’acide  suifurique  concentré  sur  de  l’oxide  j 
de  manganèse,  et  qu  on  aide  son  action  par  un  feu  très—  J 
doux,  il  se  dégage  du  gaz  oxigène.  Voyez  l’article  gaz  , 
oxigène,  pour  la  manière  d’opérer. 

Si  l’on  met  une  plus  grande  quantité  d’acide,  l’oxide  se 
dissout,  mais  difficilement.  La  solution  est  colorée,  et  perd 
sa  couleur  par  l’addition  d’une  matière  combustible , conrtne 
le  sucie,  le  miel-,  1 addition  dune  de  ces  substances  i'end 
en  même  terris  l’oxide  plus  soluble. 

On  met  ioo  parties  d’oxide  noir  de  manganèse  avec  6o 
parties  d’acide  sulfurique  dans  une  fiole  à médecine,  ou 
dans  un  matras;  on  y adapte  un  tube  recourbé  qui  va  s’en- 
gager sous  une  cloçjie  pleine  d’eau;  on  chauffé,  l’excès 
d oxigtne  se  dégagé  et  1 oxide  de  manganèse  moins  oxidé 
se  porte  sur  l’acide  sulfurique,  et  forme  un  sulfate  de 
manganèse  qui  varie  de  couleur  depuis  le  blanc  jusqu’au 
violet  en  passant  par  le  jaune  et  le  rose.  Si  lorsque  la  tempé- 
rature est  élevée,  on  ajoute  un  peu  de  sucre,  il  se  fait  sur-le- 
champ  une  vive  effervescence,  à cause  de  l’acide  carbonique 
formé  aux  dépens  du  carbone  du  sucre  qui  se  combine 
avec  l’excès  d’oxigène  de  l’oxidc  de  manganèse,  et  le  sulfate 
est  plus  promptement  fait;  on  filtre,  on  fait  évaporer  en 
consistance  sirupeuse,  et  on  obtient  des  cristaux  prisma- 
tiques applatis  à 6 pans  d’une  couleur  rose. 

Ce  sulfate  parfaitement  neutre, est  décomposé  par  le  feu, 
et  donne  du  gaz  oxigène.  Il  a une  saveur  styptiqne,  astrin- 
gente-, il  est  efllorcscent  à l’air  cl  très-soluble  daus  l’eau. 


De  l'Oxide  de  Manganèse.  35 1 

Les  alcalis  eu  séparent  un  oxide  de  manganèse,  sous 
forme  d’une  matière  gélatineuse  blanchâtre,  qui  devient 
brun  par  son  exposition  à l’air. 

L’oxide  de  manganèse  est  peu  attaqué  par  l’acide  nitri- 
que, parce  que  cet  acide  trouve  le  manganèse  déjà  oxidé; 
mais  en  y ajoutant  un  corps  combustible  tel  que  le  miel, 
le  sucre,  etc.  on  obtient  une  solution  complète.  L’oxide 
privé  d’une  portion  de  son  oxigène  par  ces  corps,  se  dissout 
dans  cet  acide. 

Pour  obtenir  le  nitrate  de  manganèse,  on  fait  chauffer 
dans  une  capsule  un  mélange  de  4°  parties  d’acide  ni- 
trique, de  24  degrés,  de  3o  d’oxide  de  manganèse  et  de 
10  parties  de  sucre  pour  désoxider  assez  l’oxide  noir 
de  manganèse , afin  de  faciliter  la  combinaison  avec  l’acide 
nitrique;  il  se  forme  de  l'eau  et  de  l’acide  carbonique  qui 
se  dégage;  l’oxide  de  manganèse  moins  oxidé  se  porte-sur 
l’acide  nitrique  qui  le  dissout;  on  filtre,  on  fait  évaporer 
jusqu’à  très-forte  pellicifle,  et  l’on  obtient  par  refroidisse- 
ment des  cristaux  déliquescens;  sa  couleur  n’est  pas  cons- 
tante , elle  dépend  du  degré  cl’oxidation  du  manganèse', 
elle  est  tantôt  blanche,  tantôt  jaune-rougeâtre  ou  violette. 
Ce  sel  est  décomposé  par  les  bases  salifiables  solubles , et  le 
précipité  varie  dans  sa  couleur  comme  le  sel  lui-même; 
mais  il  est  à remarquer  que  le  précipité,  de  quelque 
couleur  qu’il  soit,  exposé  à l’air,  passe  assez  promptement 
au  noir,  et  donne  avec  l’acide  muriatique  ordinaire  l’acide 
muriatique  oxigéné. 

Aucune  des  bases  ne  dissout  ce  précipité.  -Si , au  lieu 
de  bases , on  ajoute  un  carbonate  saturé,  le  précipité 
est  blanc  et  constant  dans  sa  couleur;  le  précipité  noir 
obtenu  avec  les  bases  , n’est  pas  décomposé  par  l hy- 


35ï  De  l'Qxide  de  Manganèse. 

drogène  sulfuré  -,  on  obtient  un  précipité  par  les  hydro- 
sulfures. 

L’acide  muriatique  dissout  l’oxlde  de  manganèse;  et 
lorsqu’on  le  fait  digérer,  il  se.  saisit  de  l oxigène , passe 
en  vapeurs  à travers  l’eau  : c’est  ce  qu’on  appelle  acide 
muriatique  oxigênè.  Voyez  cet  article. 

Le  muriate  de  manganèse  cristallise  en  lames  rhom- 
boïdales.  11  est  très-soluble  dans  l’eau  et  dans  l’alcool  ; 
il  est  déliquescent  et  décomposé  parles  acides  sulfurique, 
nitrique  , et  par  les  alcalis. 

L’acide  fiuorique  forme,  avec  l’oxide  de  manganèse, 
un  sel  peu  soluble;  mais  en  décomposant  le  sulfate,  le 
nitrate  ou  le  muriate  de  manganèse , par  le  ûuated  am- 
moniaque  , il  se  précipite  am  fluate  de  manganèse. 

* Les  acides  pbospliorique , boracique  et  carbonique  n’ont 
pas  une  action  très-sensible  sur  l’oxide  de  manganèse-, 
on  prépare  ces  combinaisons  qui  sont  toutes  insolubles  dans 
l’eau  , en  versant  une  solution kd’un  phosphate  , borate 
ou  carbonate  alcalin  dans  une  solution  de  sulfate  de 
manganèse  ; le  précipité , bien  lavé  et  séché  , représente 
le  sel  qu’on  se  propose  de  faire. 

Dans  tous  les  sels  à base  de  manganèse,  le  métal  est 
au  minimum  d’oxidation , à l’état  d’oxide  blanc  , qu’on 
• peut  précipiter  par  une  base  , d’où  résulte  qu’il  existe 
deux  degrés  d’oxidation  au  minimum  , le  gris  et  le  blanc, 
et  au  maximum , le  noir. 

L’oxide  de  manganèse  se  combine  et  se  vitrifie  avec  les 
substances  terreuses.  Il  s’unit  aussi  très-bien  avec  les 
alcalis. 

La  combinaison  de  l’oxide  de  manganèse  avec  la  po- 
tasse, par  la  Yoic  sèche,  a été  appelée  caméléon -minéral. 


De  l'Oxide  de  Manganèse.  353 

Pour  obtenir  cette  combinaison  , on . réduit  deux  parties 
d’oxide  de  manganèse  en  poudre  , on  le  mêle  avec  dix 
parties  de  potasse  caustique  ; on  introduit  le  mélange 
dans  un  creuset  ; on  chauffe  fortement  pendant  trois  à 
quatre  heures  environ.  Le  produit  est  une  espèce  de  fritte 
vitreuse  ? soluhle  dans  l’eau  , qui  a une  saveur  uu  peu 
' caustique.  En  dissolvant  cette  matière  dans  l’eau  froide 
I l’eau  devient  verte  ; en  la  laissant  à l’air  , elle  devient 
i blanche  -,  l’oxide  de  manganèse  en  absorbant  ce  nouvel 
oxigène , passe  au  noir  et  se  précipite. 

Si  on  la  dissout  dans  l’eau  chaude  , elle  devient  rouge 
et  passe  au  vert  en  refroidissant;  si  on  jette  un  acide 
dans  une  de  ces  dissolutions,  elle  passe  au  rouge  sur-le- 
champ. 

La  même  matière  avec  la  même  eau , à différentes  tem- 
i pératures  , prend  diverses  couleurs.  Cela  tient  à une 
* oxidation  diffeiente  ; car  , au  bout  de  vingt  — quatre  ou 
trente  - six  heures  , toutes  les  liqueurs  deviennent  in- 
colores comme  l’eau  , et  on  trouve  le  manganèse  égale- 
ment précipité  dans  les  vases. 

Si  on  arrose  d’ammoniaque  l’oxide  de  manganèse  , il 
se  produit  une  légère  effervescence  à la  température  de 
10  à 12  degrés,  et  l’oxide  passe  lentement  à la  couleur 
grise  ou  blanche.  L’effervescence  est  due  au  gaz  azote  ; 
■on  peut  en  augmenter  et  accélérer  la  production  en 
élevant  la  température.  M.  Berthollet  a fait  voir  que 
dans  celte  combinaison  il  se  dégageoit  du  gaz  azote  , et 
que  1 hydrogène  de  1 ammoniaque  se  portoit  sur  l’oxigène 
qu’il  enlevoit  au  manganèse  ; celui-ci  est  alors  réduit  et 
devient  blanc. 

L ammoniaque  quon  fait  passer  à travers  l’oxide  rouge 

a3 


a. 


354  De  V Oxide  de  Manganèse. 

de  manganèse  , forme  de  l’acide  nitrique.  J oy  ez  cet 

article. 

L’oxide  de  manganèse  mêlé  avec  le  nitrate  de  potasse , 
et  projette  dans  un  creuset  rouge  , offre  le  même  phé- 
nomène. Le  nitrate  est  décomposé  par  le  calorique  , et 
l’oxide  forme  avec  la  potasse  une  masse  soluble  d un 
vert  foncé  , qui  présente  les  mêmes  propriétés  que  l opé- 
ration ci-dessus. 

Le  borax  fondu  avec  l’oxide  de  manganèse,  prend  une 
couleur  brune  ou  violette. 

Si  l’on  distille  du  muriate  d’ammoniaque  avec  loxide 
de  manganèse,  on  obtient  un  peu  d’ammoniaque;  mais  il  , 
y en  a une  partie  de  décomposée,  d’où  résulte  de  1 eau 
provenant  de  l’union  de  l’hydrogène,  l’un  des  principes 
de  cet  alcali , avec  l’oxigène  de  l’oxide  , taudis  que  1 azote 
se  dégage  à l’état  du  gaz.  On  obtient  aussi  dans  cette 
opération  un  peu  d acide  nitrique. 

Si  l’on  ajoute  aux  substances  qui  composent  le  verre,  de 
l’oxide  de  manganèse  , on  parvient  à le  blanchir. 

Le  nitrate  de  potasse  ajouté , rend  ce  verre  violet , et 
d’autant  plus  foncé,  que  l’oxidation  de  ce  métal  par  l acide 
nitrique  est  plus  complette. 

L’oxide  de  manganèse  n’a  été  pendant  longtems  employé; 
que  dans  la  fabrication  du  verre  et  des  émaux. 

Dans  la  fabrication  de  verre  blanc,  ce  métal  sert  non- 
seulement  à le  décolorer  , en  fournissant  une  partie  de 
son  oxigène  pour  l’oxidation  des  matières  charbonneuses  et 
métalliques  qu’il  contient;  mais  il  sert  encore  à lui  donner 
de  la  solidité,  en  se  combinant  avec  lui  par  la  fusion.  Il  le 
«dore  au  contraire  , s’il  est  souillé  de  beaucoup  d’oxide  de 


Du  Bismuth.  355 

fer,  et  s’il  est  employé  eu  trop  g ande  proportion;  cet  effet 
arrive  sur-tout  lorsqu’il  est  peu  oxide. 

Dans  les  émaux,  le  manganèse  est  employé,  ou  pour 
détruire  les  matières  charbonneuses,  et  maintenir  dans 
un  état  de  saturation  convenable  les  oxides  métalliques, 
employés  comme  corps  colorans,  qui  pourvoient  perdre 
de  leur  oxigèue  au  degré  de  feu  qu’ils  éprouvent;  alors 
les  oxides  de  manganèse  les  plus  oxidés  sont  les  meil- 
leurs ; ou  ce  minerai  est(  employé  lui-même  comme  prin- 
cipe colorant , alors  il  n’est  pas  nécessaire  qu’il  contienne 
une  surabondance  d’oxigène.  Dans  tous  les  cas , l’oxide 
de  fer  est  nuisible  à la  pureté  et  à la  vivacité  des  couleurs. 

On  emploie  souvent  l’oxide  de  manganèse,  pour  la  fabri- 
cation du  verre  commun,  afin  de  rendre  sa  couleur  moins 
désagréable;  dans  ce  cas  il  n’est  pas  aussi  nécessaire  qu’il 
soit  exempt  d’oxide  de  fer. 

Pour  la  fabrication  de  l’acide  muriatique  oxigéné , la 
présence  de  l’oxide  de  fer,  n’est  pas  plus  nuisible  dans 
l’oxide  de  manganèse,  qui  est  d’autant  plus  propre  qu’il 
est  plus  oxigéné  que  les  autres  bases  salifiables  qui  s’y 
trouvent  unies. 


CHAPITRE  XIII. 

Du  Bismuth. 

Le  bismuth  se  trouve  sous  divers  états  dans  le  sein  de 
la  terre  : il  y est  ou  natif,  ou  combiné  avec  Je  soufre,  l’ar- 
senic ou  l’oxigène. 


356  T) u Bismuth. 

M.  Haïij  décrit  plusieurs  espèces  de  mine  : 

I ' , 

Première  ; Bismuth  natif , deux  variétés. 

On  trouve  du  bismuth  natif  dans  un  jaspe  d’un  rouge 
brun , à Joacbimsthael , en  Bohême  -,  à Schnéeberg , en  Saxe', 
à Saint-Sauveur , et  dans  les  mines  de  la  ci-devant  Bretagne’ 

Deuxième-,  Bismuth  sulfuré ; deux  variétés. 

Cette  mine  d'ungris  de  plomb,  se  trouve  à Srfméeberg  et 
à Jobann-Georgenstadt,  en  Saxe,  et  à Bastnaès, en Suede. 
Sa  gangue  est  le  quartz. 

Troisième-,  Bismuth  oxidè ; deux  variétés. 

Ce  bismuth  se  rencontre  quelquefois  à la  surlace  des 
mines  de  bismuth  natif,  sous  la  forme  dune  poussière  d’un 
jaune  verdâtre. 

Pour  exploiter  le  bismuth  on  fait  une  fosse  en  terre,  on 
la  couvre  débuchés  qu’on  place  près  les  unes  des  autres-,! 
on  allume  le  bois,  et  on  jette  par-dessus  la  mine  concassée; 
le  bismuth  se  fond  et  coule  dans  la  fosse , oh  il  se  moule  en; 

pain  orbiculaire. 

Ou  bien  on  met  les  morceaux  concassés  de  la  gangue  du 
bismuth  natif,  dans  de  grands  creusets,  que  l’on  entoure  de, 
bois  allumé.  Une  chaleur  modérée  sufGt  pour  laire  fond  ri 

le  métal , et  le  retirer  de  sa  gangue. 

Ou  suit  encore  d’autres  procédés,  suivant  les  endroits ;| 
quelquefois  on  incline  un  tronc  de  pin  creusé  en  canal  J 
sur  lequel  on  met  un  lit  de  bois  -,  on  jette  le  bismuth  sur 


Du  Bismuth.  3!>7 

cette  matière  combustible , après  l’avoir  allumé.  Ce  métal 
se  fond , coule  dans  un  canal  qui  le  conduit  dans  un  trou 
fait  en  terre,  sur  lequel  pose  l’extrémité  du  pin.  On  puise 
le  bismuth,  et  on  le  verse  dans  des  moules  de  fer,  ou  dans 

des  lingotières. 

Le  bismuth  est  alors  d’une  couleur  de  blanc  jaunâtre, 
naturellement  lamelleux;  il  est  fragile.  Son  brillant  mé- 
tallique s’altère  à l’air-,  il  prend  une  teinte  violette  : on 
voit  même  à la  longue  une  poussière  blanche  à sa  surface; 
c’est  du  bismuth  à l’état  d’oxide  ; sa  pesanteur  spécifique 
est  de  9,822. 

Le  bismuth  est  très-fusible;  en  petits  fragmens  il  entic 
en  fusion  à la  flamme  d’une  bougie. 

On  emploie  ce  moyen  pour  l’obtenir  cristallisé.  A cet 
effet,  on  l’enferme  dans  un  creuset,  on  le  fait  fondie. 
Sitôt  qu’il  est  fondu  on  retire  le  creuset  du  feu,  on  laisse 
refroidir  la  fonte  un  moment;  on  verse  ensuite  comme 
si  on  décantoit  : la  partie  fluide  fondue  s écoulé,  et  les  pai  lit  s 
figées  au  pourtour  du  creuset,  présentent  le  métal  cristallise 
à la  partie  inférieure  et  au  fond. 

On  peut  aussi,  d’après  M.  Mangez,  employer  pour 
cette  opération  un  creuset  percé  et  bouche  par  le  fond. 
Lorsque  le  métal  est  fondu  on  laisse  figer  la  suiface  supé- 
rieure du  métal,  et  lorsqu’elle  commence  à sepreudre, 
on  débouche  le. fond  du  creuset;  la  partie  fluide  s écoule 
et  tous  les  parois,  et  le  dessous  de  la  surface  supérieur 
figée,  laissent  voir  les  cristaux  qui  se  sont  formés. 

Sa  cristallisation  est  le  cube  qui  passe  quelquefois  à 
l’octaèdre. 

Si  on  le  fond  ayec  le  contact  de  l’air , i un  feu  modère. 


358 


Du  Bismuth. 


il  se  change  insensiblement  en  un  oxide  d’un  gris  verdâtre 
ou  brun,  nomndé  cendre  ou  oxide  de  bismuth. 

Lorsqu  il  éprouve  l’action  d’un  feu  très-violent,  il  est 
volail  et  se  sublime  dans  des  vaisseaux  clos;  il  produit 
une  petite  flamme  bleue,  et  laisse  exhaler  son  oxide  sous 
la  forme  de  fumée  jaunâtre  qui  se  condense  sur  les  corps 
froids. 

Pour  faire  cette  expérience  on  met  du  bismuth  dans  un 
creuset,  on  l’expose  à un  grand  feu,  pour  bien  découvrir 
la  surface;  sitôt  que  le  bismuth  répand  la  flamme  bleue, 
on  retire  le  creuset  dufeu,eton  applique  dessus  un  en- 
tonnoir de  verre,  ou  tout  autre  vase,  il  s’y  sublime  du  bis- 
muth à l’état  d’oxide.  Lorsque  le  bismuth  ne  fume  plus 
on  le  fait  chauffer  de  nouveau  au  même  degré  de  feu; 
et  l’on  recommence  ainsi  jusqu’à  ce  que  le  bismuth  ne 
se  volatilise  plus  : c’est  ce  qu’on  appeloit  autrefois  fleurs 
de  bismuth. 

L’oxide  de  bismuth  est  très-fusible  ; il  se  fond  seul  par 
l’action  du  feu  , et  se  convertit  en  un  verre  jaune  et  trans- 
parent. Ce  verre  perce  les  creusets  et  les  vitrifie. 

Loxide  de  bismuth  est  susceptible  d’être  réduit.  On 
prend  la  quantité  qu’on  veut  d’oxide  de  bismuth;  on  en 
forme  une  pâte  avec  du  savon  noir  : on  fait  fondre  ce 
mélange  dans  un  creuset  ; l’oxide  se  réduit  et  reforme  du 
bismuth. 

Le  gaz  hydrogène  altère  la  couleur  du  bismuth,  et  lui 
donne  une  teinte  violette. 

Le  bismuth  s’unit  très-bien  avec  le  soufre;  si  on  chauffe 
parties  égales  de  ces  deux  substances  dans  un  creuset , il 
en  l’esulte  une  mine  de  bismuth  sulfureuse  , artificielle, 
noirâtre  et  poreuse,  qui , refondue,  devient  , par  le  refroi- 


Du  Bismuth.  35g 

dissement,  grise , brillante , striée,  et  même  susceptible  de 

cristalliser. 

Le  bismuth.,  d’après  Pelletier , a très-peu  d affinité  avec 
le  phosphore.  Parmi  les  expériences  qu’il  a faites  pour  phos- 
phorer  du  bismuth,  voici  celle  qui  a le  mieux  réussi. 

Ou  fait  foudre  dans  un  creuset  un  peu  de  bismuth; 
lorsqu’il  est  fondu,  on  y projette,  par  parties,  de  petits 
morceaux  de  phosphore  : on  retire  ensuite  le  creuset  du  feu, 
et  I on  trouve  le  bismuth  très-adhérent  au  creuset. 

Sa  cassure  est  celle  du  bismuth.  Au  chalumeau,  il  donne 
une  très-petite  flamme  verte  , au  moment  où  il  entre  en 
fusion.  Exposé  quelque  terns  à l’air,  il  prend  une  couleur 
irisée.  Si  on  le  lime  , et  si  on  jette  la  limaille  sur  un  charbon 
bien  allumé,  l’on  voit  qu’il  se  dégage  de  petites  flammes 
verdâtres,  qui  ont  l’odeur  de  phosphore. 

On  ne  connoît  pas  l’action  du  bismuth  sur  l’arsenic,  le 
cobalt,  quoiqu’on  le  trouve  allié  avec  ces  deux  métaux  dans 
les  mines  de  Saxe  , exploitées  à Schnéeberg. 

L’eau  paroît  n’avoir  aucune  action  sur  le  bismuth. 
L’acide  sulfurique  concentré  agit  sur  lui , à 1 aide  du  calo- 
rique, il  en  dissout  une  portion  avec  laquelle  il  forme  un 
sulfate  de  bismuth  , et  il  se  dégage  du  gaz  acide  sulfureux. 

Ce  sel  est  en  poudre  blanche , lorsqu’il  est  neutre  il  est 
peu  soluble  dans  l’eau;  mais  il  le  devient  davantage  dans 
un  excès  d’acide.  M.  Fourcroj  annonce  qu’il  peut  être 
décomposé  par  le  feu,  par  les  substances  salines  tei reuses, 
par  les  alcalis,  et  même  par  l’eau  en  grande  quantité. 

L’acide  nitrique  dissout  le  bismuth  avec  une  rapidité 
singulière.  Le  mélange  s’échauffe  beaucoup,  et  1 acide  se 
décompose  en  partie. 

Ou  met  dans  un  matras,  ou  dans  une  fiole  u médecine } 


•'  "ÎÇa 

36°  Du  Bismuth. 

une  partie  et  demie  d’acide  nitrique  foible;  on  ajoute,  à 
diverses  reprises,  une  partie  de  bismuth  cassé  par  petits 
morceaux,  il  se  forme  de  l oxide  de  bismuth  qui  se  dissout 
dans  l’acide  nitrique. 

Lorsque  la  solution  est  faite,  il  se  précipite  ordinairement 
une  poudre  noire  en  flocons  légers,  qui  est  un  sulfure  de 
bismuth. 

Quand  on  veut  filtrer  la  solution  de  bismuth,  il  faut  y 
ajouter  de  l’eau  acidulée,  à cause  de  la  propriété  du  bismuth, 
d être  précipité  en  blanc  par  l’eau  : on  fait  ensuite  évaporer 
et  cristalliser  j elle  fournit  un  sel  blanc  très-brillant. 
M.  Fourcroj  a obtenu  par  une  évaporation  lente,  des 
rhombes  applalis  , fort  gros. 

Ce  sel  détonné  foiblement,  et  par  scintillations  rougeâtres; 
il  se  fond  et  il  se  boursoufle  , et  laisse  un  oxide  d’un 
jaune  verdâtre,  qui  ne  se  réduit  pas  sans  addition.  Il  a une 
saveur  très -caustique,  il  est  déliquescent. 

Exposé  â l’air,  ce  sel  perd  sa  transparence. 

Ce  sel  est  décomposé  par  les  alcalis  et  par  la  chaux , par 
l’acide  sulfurique;  il  est  précipité  en  gris  par  les  prussiates, 
en  noir  par  l’hydrogène  sulfuré,  et  en  blanc  par  l'acide 
gallique. 

Quand  on  précipite  par  l’hydrogène  sulfuré , il  y a une 
portion  de  bismuth  revivifié,  qui  forme  une  pellicule  grise, 
brillante  à la  surface. 

Si  on  fait  dissoudre  de  ce  sel  dans  de  l'eau , il  la  rend 
blanche,  laiteuse,  et  y forme  un  précipité  d’oxide  de 
bismuth. 

Si  on  verse  de  1 eau  dans  une  dissolution  nitrique  de 
bismuth,  on  a un  effet  semblable  : c’est  ce  qu’on  a appelé 
magistère  de  bismuth. 


Du  Bismuth. 


36i 


Pour  l’obtenir  Irès-blanc  et  très-léger , on  fait  , comme 
nous  l’avons  dit  ci-dessus , une  dissolution  de  bismuth  par 
l’acide  nitrique  ; on  l’étend  dans  deux  fois  son  poids  d’eau 
acidulée  , on  laisse  bien  déposer  , on  décante  pour  séparer 
le  dépôt  noir  qui  s’est  formé  : ou  verse  cette  dissolution 
dans  une  très-grande  quantité  d’eau  très-pure  : il  se  fait 
aussitôt  un  précipité  blanc.  Lorsqu’il  est  bien  formé  , ou 
filtre  la  liqueur  ; on  passe  de  l’eau,  à plusieurs  reprises  , 
sur  le  dépôt  resté  sur  le  filtre  , afin  d enlever  tout  1 acide  , 
et  on  le  fait  sécher  : c’est  ce  que  l’on  nomme  magistère 
de  bismuth  ; blanc  de  Jard  , et  blanc  de  perle. 

Le  bismuth  se  précipite  à l’état  d’oxide  blanc  ; mais  il 
retient  toujours  une  petite  quantité  d acide  nitrique, 
dont  on  peut  le  priver  par  la  potasse.  C’est  cette  portion 
d’acide  nitrique  qui  est  la  cause  de  son  action  sur  la 
peau. 

Les  femmes  s’en  servent  pour  blanchir  la  peau  -,  mais 
il  a l’inconvénient  de  noircir  lorsqu’il  est  en  contact  avec 
des  matières  fétides,  odorantes  , etc.  Si  l’on  verse  dans  une 
solution  de  nitrate  de  bismuth,  précipitée  par  1 eau  du 
sulfure  de  potasse , ou  de  l'hydro-sulfure  ; du  blanc  , 
l’oxide  passe  au  noir  foncé. 

Le  magistère  de  bismuth  , pour  être  beau  , doit  être 
parfaitement  blanc  , et  très-peu  volumineux. 

L’acide  muriatique  dissout  difficilement  le  bismuth  -,  il 
faut  qu’il  soit  concentré  et  en  digestion  longtems  sur  ce 
métal  : mais  il  dissout  plus  facilement  son  oxide. 

Suivant  M .'Fourcroy  , cette  dissolution  réussit  encore 
mieux,  en  distillant  une  grande  quantité  d’acide  muriatique 
sur  le  métal  -,  il  s’exhale  une  odeur  fétide  de  gaz  hydro- 
gène sulfuré  de  ce  mélange  : on  laye  le  résidu  avec  de 


362 


Du  Bismuth. 

l’eau  , qui  se  charge  de  la  portion  d’oxide  métallique 
unie  à l’acide. 

Le  sel  que  l’on  obtient  de  ces  dissolutions,  cristallise 
difficilement. 

Il  se  subMme  , et  forme  une  sorte  de  sel  mou  , fusible, 
nommé  improprement  beurre  de  bismuth  , qui  attire 
fortement  l’humidité  de  l’air. 

L’eau  le  décompese  , et  en  précipite  un  oxide  blanc. 

Le  bismuth  décompose  le  muriate  sur-oxigéné  de 
mercure. 

Poli  , Histoire  de  l’Académie,  année  1713,  pag.  4o  : 
dit  avoir  distillé  un  mélange  d’une  partie  de  bismuth  , 
et  de  deux  de  ce  sel  : il  a obtenu  une  substance  fluide 
épaisse  , qui  se  congèle  en  une  masse  graisseuse  , qui 
se  fond  au  feu  , qui  se  précipite  par  un  grand  lavage  ; 
c’est  du  muriate  de  bismuth.  Il  distilla  ensuite  ce  sel 
plusieurs  fois  de  suite  ; il  resta  chaque  fois  dans  la 
cornue  une  poudre  très-fine  , de  couleur  de  perle  orien- 
tale , douce  au  toucher  et  gluante.  L’auteur  croit  que 
cette  poudre  peut  être  employée  dans  la  peinture  , et 
par  les  émail  leurs  , pour  imiter  les  perles  fines. 

L’acide  nitro -muriatique  dissout  aussi  le  bismuth  \ la 

dissolution  est  d’abord  un  peu  verdâtre , elle  blanchit 

. 

ensuite. 

L’acide  muriatique  oxigéné  oxide  très  - promptement 
le  bismuth. 

Si  l’on  jette  du  bismuth  en  poudre  dans  du  gaz  acide 
muriatique  oxigéné,  il  s'enflamme  et  donne  des  étincelles 
blanches  , et  le  bismuth  passe  à l’état  d'oxide  blanc. 

On  ne  connoît  pas  encore  les  propriétés  des  phosphate, 
fluale  , borate  et  carbonate  de  bismuth. 


Du  Bismuth. 


363 


On  ignore  l’action  des  substances  terreuses  et  des 
alcalis  sur  le  bismuth  -,  on  sait  seulement  qu’il  s’unit  par 
la  fusion  vitreuse  avec  la  silice  , qu’il  colore  en  jaune 
verdâtre. 

Le  bismuth  ne  détonne  pas  avec  le  nitre  ; cependant  ce 
sel  le  convertit  en  oxide. 

Le  bismuth , en  poudre , mêlé  avec  le  muriate  sur- 
oxigéné  de  potasse  , détonne  par  le  choc. 

Le  muriate  d’ammoniaque  est  décomposé  par  l’oxide 
de  bismuth  , mais  non  par  le  métal;  on  obtient  ce  qu’on 
appeloit  autrefois  fleurs  de  sel  ammoniac  bismuthiques , 
et  il  se  dégage  une  grande  quantité  de  gaz  ammoniac. 

On  mêle  ensemble  une  partie  d’oxide  de  bismuth  , et 
deux  parties  de  muriate  d’ammoniaque  ; on  met  ce 
mélange  dans  une  cornue  de  verre  , et  on  procède  à la 
distillation  à l’appareil  pneumato-chimique  : il  passe  de 
l’ammoniaque  , il  s’élève  et  s’attache  dans  le  col  de  la 
cornue  , un  peu  d’oxide  de  bismuth  mêlé  avec  du  mu- 
riate d’ammoniaque  non  décomposé.  Le  résidu  contient 
la  combinaison  de  l’oxide  métallique  avec  l’acide  mu- 
riatique. 

Ou  peut  séparer  l’oxide  de  bismuth  du  muriate  d’am- 
moniaque , par  la  seule  solution  dans  1 eau. 

On  peut  se  servir  du  bismuth  pour  faire  une  encre  de 
sympathie. 

Toutes  les  dissolutions  de  bismuth  peuvent  servir,  mais 
on  prend  de  préférence  un  acide  qui  n’attaque  pas  le  pa- 
pier, tel  que  l’acide  acétique  faible.  On  écrit  des  caractères 
sur  le  papier  avec  l’acétate  de  Insmutli  formé  , qui  ne  pa- 
roissent  pas  : pour  les  rcudre  visibles  , on  prend  du  sulfure 


364  T)e  V Antimoine. 

alcalin.  , on  prend  même  de  préférence  le  sulfure  d'am- 
moniaque. En  le  mettant  en  contact  avec  le  papier  , la 
vapeur  désoxigène  le  bismuth  et  le  noircit,  il  se  forme  un 
sulfure  de  bismuth  : cette  expérience  se  fait  en  mettant 
un  peu  de  sulfure  d’ammoniaque  dans  un  verre , qu’on 
recouvre  d’un  papier  , sur  lequel  on  a écrit  -,  le  sulfure  se 
volatilise  , et  se  porte  sur  la  dissolution  de  bismuth. 

Le  bismuth  à l’état  de  métal , est  employé  dans  les  arts. 
On  l’allie  à l’étain  pour  lui  donner  plus  de  solidité  , sans 
lui  enlever  sa  blancheur.  Il  donne  en  général  aux  mé- 
taux mous  , de  la  dureté  , de  la  roideur  , ou  de  la  con- 
sistance. 

Son  oxide  est  utile  dans  la  préparation  de  quelques  ; 
émaux  , des  verres  colorés  -,  pour  la  dorure  sur  porce- 
laine , il  est  ajouté  à l’or  dans  la  proportion  du  quin- 
zième , etc. 


CHAPITRE  XI  Y. 


1 Antimoine  et  Sulfure  d .Antimoine* 


§•  Ier- 

De  V Antimoine. 

Lis  latins  ont  appelé  ce  métal,  stibium.  Le  mot  anti- 
moine est  venu  de  ce  que  la  première  épreuve  qu’on  fit; 
avec  ce  métal,  fut  faite  sur  des  moines,  auxquels  , dit-on  J 


De  V Antimoine.  365 

on  le  donna  comme  purgatif.  Il  n’y  a pas  de  métal  qui 
ait  plus  fourni  matière  à l’alchimie;  l’on  a écrit  une 
quantité  de  volumes  sur  cette  substance.  Les  alchimistes 
lui  ont  donné  différens  noms  , racine  des  métaux,  plomb 
sucré,  etc. 

On  distingue  quatre  espèces  de  mine  d antimoine  et 
quelques  variétés. 

i°.  Antimoine  natif;  2°.  antimoine  sulfure;  3°.  anti- 
moine oxide  ; 4°*  antimoine  hydro  - sulfuré.  ( llaüy  , 
Traité  de  minér.  ) 

L’antimoine  natif  a été  découvert  par  Swab , à Salil- 
berg  , en  Suède  ; à Andreasberg  , au  Hartz , et  depuis 
M.  Schreiber,  inspecteur  des  mines  , en  a trouvé  à 
Allemont , près  de  Grenoble.  Celui-ci  fut  pris  pendant 
quelque  tems  pour  de  la  pyrite  arsenicale. 

L’antimoine  sulfuré  , sous  la  forme  d’aiguilles  noires , 
d’un  brillant  métallique  , est  commun  dans  différens 
endroits  de  la  Hongrie  , comme  à Cremnitzet  à Schemnitz. 

On  connoît  l’antimoine  sulfuré  argentifère , dite  mine 
d’argent  grise  antimoniale.  ( De  Lisle  , t.  3.  ) 

On  a trouvé  cette  mine  au  Hartz  a Himmelsfurst , pies 
de  Freyberg , où  ses  cristaux  sont  accompagnés  de  fer 
carbonaté  en  petits  rhomboïdes  primitifs. 

L’antimoine  oxidé  , antimoine  muriate  de  Rirwan,  d un 
blanc  natif,  a été  trouve  par  Montez  le  jeune,  aux 
Chaînages  , montagne  de  la  mine  d’ Allemont  , departe- 
ment de  1 Isère. 

On  a trouvé  la  variété  laminaire  , a Przibram  en 
Bohême  , et  à Braunsdorff , en  Saxe,  sur  du  plomb  sul- 
furé , et  la  variété  ôcicula ire  , à Malazka  , en  Hongrie. 


366 


De  V Antimoine'. 

Ou  trouve  l’antimoine  hydro  - sulfuré  , d’un  rouge 
sombre,  a Braunsdorff,  en  Saxe  •,  à Felsobanya  , en 
Hongrie  -,  à Kapnick,  en  Transi  Lvanie  , etc. 

L antimoine  sulfuré  étant  la  seule  espèce  qui  se  trouve 
en  masse  ou  en  filon  , de  quelque  étendue  , sert  à l’ex- 
ploitation. Les  mines  les  plus  remarquables  de  ce  sul- 
fure sont  : celles  de  Cremnitz  de  Filsobang,en  Bohème  , 
en  Saxe  , en  Angleterre  , en  Suède  , en  Espagne  -,  en 
France,  celles  des  environs  d’Uzès  , département  du 
Gard  ; celle  de  Massiac  et  de  Lubillac , département 
du  Puy-de-Dôme  ; celle  du  Vivarais  •,  enfin  celles  de 
Glandon  et  de  Biar  , près  Saint  - Yriez  , département 
de  la  Haute-Vienne. 

Pour  extraire  1 antimoine  de  sa  gangue  , on  bocarde  la 
mine,  et  on  la  met  en  morceaux  dans  des  pots  percés  à 
leur  partie  inférieure.  Ces  pots  sont  placés  sur  dautres 
qui  sont  enfonces  dans  la  terre  •,  on  chauffe  les  premiers  , 
le  sulfure  se  fond  et  coule  dans  le  creuset  inférieur.  Les 
scories  restent  dans  le  pot  supérieur. 

Cette  substance  est  d’un  gris  noirâtre , en  lames  on 
eu  aiguilles  plus  ou  moins  grosses  , friables. 

Pour  obtenir  l oxide  d’antimoine  du  sulfure  natif,  ou 
réduit  le  sulfure  en  morceaux  , on  l’expose  au  feu  qui 
volatilise  une  partie  du  soufre  , il  faut  employer  une  très- 
douce  chaleur  pour  l’amener  à l’oxide  gris  d’antimoine. 

On  prend  huit  parties  de  cet  oxide  gris  sulfuré  d’an- 
timoiue  , et  quatre  de  tartre.  On  projette  ce  mélange  dans 
un  creuset  rougi  dans  un  fourneau  de  réverbère. 

On  a pour  résultat,  suivant  les  différentes  affinités  des 
substances  que  Ion  emploie,  de  l’acide  carbonique,  qui  se 
dégagé  , un  peu  de  carbonate  de  potasse , du  sulfure  de 


De  V Antimoine.  36-J 

potassé  , tenant  un  peu  d’antimoine  ; enfin , du  sulfate 
de  potasse.  Ces  trois  produits  restent  dans  le  creuset  ,l  de 
même  que  l’antimoine  qui  en  occupe  la  partie  inférieure. 

Pour  obtenir  l’antirhoine  du  sulfure,  on  fait  un  mé- 
lange de  200  parties  de  sulfure  d’antimoine , 100  détartré 
brut,  et  de  170  de  nitrate  de  potasse.  On  projette  le  tout 
par  cuillerées  dans  un  creuset  rouge,  il  se  dégage  une 
grande  quantité  de  gaz  •,  on  bouclie  de  suite  le  creuset 
et  on  donne  un  coup  de  feu  assez  fort  : voici  ce  qui 
se  passe. 

L’acide  nitrique  du  nitrate  de  potasse  se  décompose  ; 
une  partie  de  sou  oxigène  se  porte  sur  une  partie  du 
soufre  du  sulfure  d’antimoine,  et  forme  de  1 acide  sul- 
furique qui  se  porte  sur  la  potasse-,  une  partie  de  l’acide 
tartareux  du  tartre  met  alors  à nu  du  charbon  qui  em- 
pêche l’excès  d’oxigèae  de  se  porter  sur  l’antimoine  et 
de  l’oxider-,  il  se  dégage  une  grande  quantité  de  gaz 
nitreux,  une  partie  du  soufre  se  porte  sur  l’autre  partie 
de  la  potasse  mise  à nu  , et  forme  un  sulfure  de  po- 
tasse ; il  se  forme  encore  du  sulfure  d antimoine  oxidé, 
à cause  d’une  partie  d’oxigène  qui  se  porte  sur  un  peu 
de  sulfure  qui  n’a  pas  été  décomposé.  Après  avoir  chauffé 
pendant  une  heure  et  demie,  on  trouve  au  fond  du 
creuset  un  culot  gris-hlanc  pesant,  tres-cassant , a facettes, 
et  cristallisé  en  feuilles  de  fuugere.  Pour  reconnoitre 
cette  substance  , après  en  avoir  pulvérisé  une  partie  , ou 
jette  dessus  de  l’acide  nitrique  concentré,  qui  se  décom- 
posé : l’oxigène  se  porte  sur  le  métal  et  l’oxide  5 il  se 
dégage  beaucoup  de  gaz  nitreux.  Si  on  jette  ensuite  sur 
cet  oxide,  de  l’acide  muriatique,  il  le  dissout,  et  il  se 
forme  un  muriate  qui  précipite  eu  blanc  par  l’eau  ; pour 


368 


Dr  V Antimoine. 
s’assurer  si  c’est  de  l’antimoine,  on  y jette  de  l’hydro- 
sulfure,  et  on  voit  qu’il  se  précipite  du  soufre  doré  ou 
du  sulfure  d’antimoine,  ce  qui  le  différencie  du  bismuth 
qui  précipiteroit  en  noir. 

Sur  ce  culot  surnage  une  matière  légère,  spongieuse, 
rougeâtre  , appelée  scorie. 

Ces  scories  contiennent  de  la  potasse  libre  , du  sulfure 
de  potasse  , du  sulfate  de  potasse  et  du  sulfure  d’auti- 
moine,  peut-être  un  peu  oxide. 

Lorsque  le  métal  est  pur,  il  est  fragile,  d’une  belle 
couleur  argentine  tirant  sur  le  bleuâtre,  composé  de  lames 
ou  feuillets.  On  le  coule  ordinairement  en  pains  orbicu- 
laires  et  applatis  ; ces  pains  présentent , à leur  surface , 
une  cristallisation  en  forme  de  feuilles  de  fougère. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  de  6,-j 02. 

Il  est  peu  altéré  par  l’air-,  quelquefois  la  surface  du 
métal  se  ternit. 

Si  l’on  fond  l’antimoine  dans  un  creuset  couvert  , et 
qu’on  le  laise  refroidir  avec  les  précautions  convenables  , 
il  est  susceptible  d’un  vraie  cristallisation  en  pyramides 
isolées. 

Si  l’on  chauffe  fortement  l’antimoine  dans  des  vaisseaux 
clos  , il  se  sublime  en  entier , sans  souffrir  aucune  alté- 
ration. 

Mais,  lorsqu’on  fait  subir  l’action  du  feu  à l’antimoine, 
dans  des  vaisseaux  où  l’air  a de  1 accès  , il  s’oxide  à la  sur- 
face, et  se  réduit  en  fumée  blanche. 

On  met  dans  un  fourneau  un  creuset*,. mais  au  lieu  de 
le  placer  verticalement,  on  1 incline  à 45  ou  5o°  parce 
que  l’oxide  d’antimoine  étant  volatil,  ne  se  sublime  pas, 
s’il  est  exposé  à un  feu  un  peu  fort  5 sou  ouverture  doit 


De  V Antimoine.  369 

i déborder  utl  peu  la  porte  par  laquelle  on  le  fait  entrer,  on 
• le  Iule  à l’aide  de  la  terre  à four.  On  met  dans  ce  creuset 
de  1 antimoine-,  on  pose  à son  ouverture  un  autre  creuset 
upercé  à son  fond,  et  qui  est  recouvert  par  un  ou  plusieurs 
«autres  , percés  à leur  fond  ; on  met  au  dernier  un  cornet 
de  papier  pour  recueillir  ce  qui  peut  encore  passer  d’oxide. 

Il  faut  avoir  soin  de  laisser  entre  le  premier  creuset 
inférieur,  un  intervalle,  pour  donner  un  courant  d’air, 
•sans  lequel  l’antimoine  ne  s’oxideroit  pas  bien  -,  l’oxide 
iseroit  jaune  au  lieu  d’être  blanc;  on  chauffe  jusqu  à ce  que 
de  creuset  soit  rouge  à blanc. 

Quand  on  veut  augmenter  le  courant  d’air,  on  peut 
îsoufler  sur  le  métal  rouge;  si  l’on  voit  se  former  une 
rcroûte  épaisse  à la  surface,  ôn  la  brise  avec  une  baguette 
de  fer.  C’est  ce  quê  l’on  nomme  improprement  fleurs 
'.argentines  de  régule  d’ antitnoine , ou  neige  d’antimoiné. 
iC’est  un  oxide  métallique  sublimé  en  aiguilles  très-déliées, 
Iblanches  et  brillantes, qui  contient  o,a3  d’oxigène. 

Quand  on  le  fait  fondre  avec  le  quart  d'antimoine  métab 
llique,  il  passe  à un  miniinum  d’oxidation. 

Enfin  il  arrive  à l’état  d’oxide  noir,  tenant  0,02  d’oxigène 
< avant  de  revenir  métallique. 

L’antimoine  éprouve  très-peu  d’altératioti  de  la  part  des 
«Corps  combustibles. 

Le  gaz  hydrogène  altère  sa  surface  et  la  colore.  Il  agît 
' d’une  manière  plus  énergique  sur  ses  solutions. 

L’antimoine  s'unit  au  phosphore  : pour  obtenir  cette 
combinaison , on  mêle  ensemble  parties  égales  de  verre 
phospborique  et  d’antimoine,  on  y ajoute  un  huitième 
de  charbon  en  poudre  ; on  fait  fondre  le  tout  dans  un  creuset. 

Le  résultat  est  une  scbstancemétallique  blanche,  fragile, 


^4 


2. 


De  V Antimoine. 


370 

ayant  une  cassure  lamelleuse,  mais  à petites  facettes,  qui 
paroissent  cubiques;  c’est  de  l’antimoine  phosphore. 

L’antimoine  a aussi  beaucoup  d’affinité  avec  le  soufre.  1 
Ces  deux  substances  s’unissent  ensemble,  et  forment  uni 
sulfure  d’antimoine  artificiel. 

Pour  produire  cette  combinaison,  on  pulvérise  parties  1 
égales  d antimoine  et  de  soufre  ; on  met  ce  mélange  dansi 
un  creuset,  on  le  couvre;  on  fait  fondre  promptement: 
le  mélange  à un  feu  capable  de  rougir  foiblement  le  creuset. 
Lorsque  les  matières  sont  fondues , on  tire  le  creuset  du  feu, 
on  le  laisse  refroidir;  ou  le  casse;  on  trouve  uue  masse 
brillante  de  couleur  gris  d’ardoise;  cette  masse  est  disposée 
en  belles  aiguilles  dans  l’intérieur. 

Les  sulfures  hydrogénés  alcalins  dissolvent  complètement 
l’antimoine,  et  forment  une  matière  jaunâtre,  d’où  l’on 
peut  précipiter  le  soufre  antimouié  par  un  acide  qui  lui 
donne  sur-le-champ  une  couleur  orangée. 

Le  gaz  hydrogène  sulfuré  agit  sur  les  solutions  de  ce 
métal , et  le  brunit. 

On  peut  encore  faire  cette  expérience  en  versant  de  l’eau; 
chargée  d’hydrogène  sulfuré,  sur  de  l’oxide  blanc  d’anti-l 
moine.  Par  l’un  ou  l’autre  moyen,  on  obtient  un  précipité j 
jaune-rougeâtre. 

L’arsenic  s unit  à l’antimoine.  Il  en  est  de  même  dul 
nickel,  du  cobalt  et  du  bismuth.  L’antimoine  s'allie  aussi 
avec  l’étain  et  le  plomb.  F oyez  ces  deux  articles. 

L’acide  sulfurique,  concentré  et  bouillant,  attaque 
l’antimoine  ; il  se  dégage  uue  grande  quantité  de  gaz  sulfu- 
reux , et  sur  la  fin  il  se  sublime  un  peu  de  soufre.  La  solu- 
tion est  brunâtre , et  il  se  précipite  une  masse  blanchâtre 
gnesqu’insoluble  qui  est  du  sulfate  d’anlimoiue. 


De  V Antimoine. 


V 


Ce  sel  se  décompose  facilement  an  feu. 

Les  substances  terreuses  et  les  alcalis  en  séparent  aussi 
1 l’antimoine. 

L’antimoine  décompose  rapidement  l’acide,  nitrique, 
i même  à froid.  Il  se  dégage  une  grande  quantité  de  gaz 
; nitreux,  et  l’antimoine  passe  à l’état  d’oxide  blanc.  M.  The~ 
i nard  a trouvé  que  l’oxide  d’antimoine , obtenu  par  l’acide 
nitrique,  contenoit  o,3o  d’oxigène;  il  est  très-difficile  à 
réduire , mais  ce  chimiste  y est  parvenu  en  le  chauffant  avec 
un  peu  d’antimoine , pour  lui  enlever  son  oxigène. 

On  met  ordinairement  20  parties  d’antimoine  en  poudre, 
sur  5o  d’acide  nitrique;  on  fait  chauffer  un  peu,  et  l’anti- 
moine s’oxide  en  blanc  et  se  précipite. 

Dans  cette  expérience,  l’acide  nitrique  seul  n’est  pas 
seulement  décomposé,  mais  encore  une  petite  quantité 
d’eau.  L’azote  de  1 acide  nitrique  s’unit  à l’hydrogène  de 
l’eau  et  forme  de  l’ammoniaque,  qui  se  combine  avec  de 
l’acide  nitrique  : ce  que  l’on  reconnoît  en  traitant  la  masse 
blanche  avec  la  chaux  vive  ou  les  alcalis  ; il  y a dégagement 
d’ammoniaque. 

L’acide  muriatique  agit  sur  l’antimoine,  et  en  dissout  à 
l’aide  du  calorique  une  assez  grande  quantité.  L’eau  se 
décompose  par  l’évaporation,  on  obtient  des  petites  aiguil- 
les qui  sont  déliquescentes;  l’eau  forme  un  précipité 
blanc  dans  la  liqueur;  c’est  un  caractère  que  l’antimoine 
a de  commun  avec  le  bismuth. 

L’acide  muriatique  oxigéné  brûle  l’antimoine  avec  une 
grande  facilité.  A cet  effet,  on  le  réduit  en  poudre,  et  on 
le  jette  dans  un  flacon  rempli  de  ce  gaz.  Il  faut  que  le 
flacon  soit  bien  sec;  le  métal  brûle  rapidement  et  avec  une 
flamme  blanche  très-brillante. 


3 7 2 De  V Antimoine. 

On  peut  obtenir  un  muriate  sur-oxigéné  d’antimoine 
en  se  servant  du  muriate  sur-oxigéné  de  mercure  et  d’an- 
timoine. 

On  forme  ce  que  l’on  nomme  improprement  beurre 
d antimoine 7 maintenant  muriate  d’ antimoine  sublime. 

On  mêle  exactement  12  parties  d’antimoine  et  32  de 
muriate  sur-oxigéné  de  mercure-,  on  introduit  le  mélange 
dans  une  cornue  de  verre,  de  large  ouverture,  dont  le  tiers 
demeure  vide.  On  place  la  cornue  dans  le  bain  de  sable 
d’un  fourneau  de  réverbère  5 on  ajuste  à la  cornue  un  ballon 
des  deux  tiers  moins  de  capacité  que  la  cornue  : on  procède 
ensuite  à la  distillation  à un  feu  doux.  Dans  l’espace  de  la 
première  demi- heure,  il  distille  une  petite  quantité  d’une 
liqueur  claire,  laquelle  est  suivie  d’une  semblable  liqueur, 
mais  qui  se  fige  dans  le  récipient,  souvent  même  dans  le 
bec  de  la  cornue,  en  une  masse  blanche  : c’est  ce  qu’on  a 
appelé  beurre  d'antimoine.  Cette  substance  engorge  souvent 
le  col  de  la  cornue-,  alors  on  approche  un  charbon  ardent 
pour  la  liquéfier  et  la  faire  passer  dans  le  ballon.  On  entre- 
tient le  feu  jusqu'à  ce  qu’il  ne  passe  plus  rien;  on  laisse 
refroidit-  les  vaisseaux,  on  délute  le  ballon,  on  le  fait 
chauffer  doucement  au-dessus  d’un  réchaud  pour  liquéfier 
le  muriate  d’antimoine. 

Le  résidu  est  composé  de  mercure  et  d’une  poudre  grise! 
d’antimoine  qui  surnage  ce  fluide  métallique. 

Si  l’on  continue  la  distillation  après  que  le  muriate 
d’antimoine  a passé,  en  adaptant  un  nouveau  ballon,  on 
obtient  du  mercure  coulant;  mais  il  est  sali  par  un  peu  de 
muriate  d’antimoine. 

Dans  cette  expérience  l’antimoine  se  charge  de  l’oxi- 
gène  qui  se  séparé  de  1 oxide  de  mercure:  et  il  s’unit  4 


De  V Antimoine.  3^3 

l'acide  muriatique  avec  lequel  il  forme  le  mûri  ale  d’anti- 
moine. 

Cette  décomposition  a également  lieu  avec  le  sulture 
d’antimoine-,  mais  on  obtient  pour  résidu  une  combinaison 
appelée  improprement  cinabre  d’antimoine. 

Pour  faire  cette  opération , on  réduit  en  poudre  deux 
parties  de  sulfure  d’antimoine  et  six  de  muriate  sur-oxigéné 
de  mercure,  d’après  Baume , et  d apres  Bourcroy,  une 
partie  sur  deux  : on  mêle  ces  deux  substances,  et  on  procède 
pour  le  reste,  comme  dans  l’opération  précédente.  Lorsque 
la  distillation  est  terminée,  on  adapte  un  nouveau  ballon 
à la  cornue,  et  on  fait  sublimer  le  résidu  par  un  feu  très- 
violent.  On  obtient  une  substance,  sous  forme  d’aiguillea 
rouges,  appelée  cinabre  d antimoine. 

Les  propriétés  du  muriate  d’antimoine  sublimé,  sont 
d’être  très-caustiques,  de  détruire  sur-le-champ  nos  or- 
ganes , de  brûler  les  matières  végétales,  de  se  fondre  à la 
moindre  chaleur,  et  de  se  figer  par  refroidissement,  de 
perdre  facilement  sa  blancheur,  d’être  altérable  à la  lu- 
mière, d’attirer  fortement  l’humidité  de  1 air , et  de  se 
résoudre  en  un  fluide  épais,  comme  oléagineux  , de  cristal  - 
liser en  parallélipipèdes  très-gros. 

Ce  sel  a aussi  la  propriété  de  ne  se  dissoudre  qu  en  par- 
tie dans  l’eau,  et  d’être  décomposé  en  grande  partie  par 
ce  fluide. 

Lorsqu’on  jette  du  muriate  d antimoine  sublime  dans 
de  l’eau  distillée , il  se  fait  un  précipité  très-abondant;  ou 
lave  cette  poudre  à plusieurs  reprises,  dans  beaucoup  deau 
bouillante,  et  on  la  fait  sécher.  C’est  ce  qu’on  a appelé 
poudre  d’Algaroti , nom  d’un  médecin  italien.  On  lui  a 
aussi  donné  le  nom  de  mercure  de  vie.  C’est  un  oxide 


374  De  l'Antimoine. 

d’antimoine  retenant  de  l’acide  muriatique  qui  est  un 
violent  purgatif  et  émétique. 

L’eau  de  lavage  contient  une  portion  de  cet  oxide,  à 
l’aide  de  l’acide  que  ce  fluide  entraîne-,  un  peut  s’en  assurer  j 
en  versant  un  peu  d’alcali  dans  la  liqueur  : il  y occasionne  i 
tin  précipité  blanc.  Ce  n’est  que  cet  excès  d’oxide  dont  est; 
chargé  le  muriate  d’antimoine,  qui  lui  donne  la  propriété  1 
d'être  décomposé  par  l’eau , ainsi  que  celle  de  se  prendre  | 
en  une  masse  solide. 

Quand  on  traite  à chaud  le  muriate  sublimé  d’antimoine,  i 
par  l’acide  nitrique,  il  se  dégage  beaucoup  de  gaz  nitreux  ; i 
au  bout  de  quelque  tems  il  se  dessèche  en  oxide  d’antimoine.  I 

Si  , au  lieu  de  laisser  former  un  dépôt,  on  fait  évaporer  ; 
la  liqueur  jusqu’à  siccité  , on  obtient  un  oxide  très-blanc.  I 
On  repasse  jusqu’à  trois  fois  cet  oxide  dans  de  l’acide  j 
nitrique  que  l’on  fait  évaporer  chaque  fois  ; enfin,  on  le  ' 
chauffe  dans  un  creuset,  en  faisant  rougir  médiocrement  : 
la  matière,  environ  l’espace  d’une  demi-heure-,  on  tire  le  i 
creuset  du  fourneau , et  on  le  laisse  refroidir.  On  trouve  * 
une  poudre  blanche  en-dessus,  et  rose  en-dessons  : on  i 
mêle  ces  poudres  ; c’est  ce  qu’on  a appelé  bézoard minéral. 

L’acide  pliosphorique  attaque  aussi  l'antimoine:  mais 

on  ne  connoît  pas  encore  bien  le  sel  qui  résulte  de  cette  J 
action. 

L’antimoine  paroît  ne  contracter  aucune  union  avec 
les  matières  terreuses;  mais  lorsqu’il  est  à l’état,  d’oxide, 
il  facilite  leur  fusion , et  forme  des  verres  dont  les  pro- 
priétés ne  sont  pas  connues.  Ces  verres  sont  ordinairement 
de  couleur  orangée. 

L’action  des  alcalis  n’est  pas  mieux  connue. 


De  V Antimoine.  ?)~j  5 

La  plupart  des  sels  éprouvent  des  altérations  de  la  part 
de  l'antimoine. 

Si  l’on  fait  fondre  dans  un  creuset  une  partie  de  sulfate 
de  potasse  et  une  demi-partie  d antimoine  , le  métal  dis- 
paraît; on  obtient  une  masse  jaune  , comme  vitrifiée  , caus- 
tique, qui  est  un  sulfure  de  potasse  antimonié,  et  qui  , 
délayé  dans  l’eau  chaude,  donne  de  l’oxide  d’antimoine 
hydro-sulfuré  par  le  refroidissement. 

Dans  cette  expérience , l’antimoine  enlève  l’oxigène  de 
l’acide  sulfurique,  et  s’unit  en  état  d’oxide  au  sulfure  de 
potasse  formé.  Ensuite  l’eau  , par  sa  décomposition  con- 
vertit ce  sulfure  alcalin  en  hydro-sulfure,  de  sorte  que  sa 
solution  chaude  devient  susceptible  de  se  séparer  en  deux 
portions;  l’une  très-antimoniée , qui  se  précipite  en  brun y 
et  l’autre  plus  sulfurée,  qui  reste  dissoute. 

Le  nitratede  potasse  estaussi  décomposé  par  l’antimoine? 
il  résulte  une  combinaison  connue  sous  le  nom  d’ antimoine 
diaphonique , et  appelée  parles  chimistes  modernes  r 
oxide  d'antimoine  par  le  nitre. 

Ou  mêle  une  partie  d’antimoine  réduit  en  poudre  fine 
avec  deux  ou  trois  de  nitrate  de  potasse  ; on  projette  ce 
mélange  par  cuillerées,  dans  un  creuset  qu  on  a îait  îougu. 
auparavant;  ce  sel  détonne  vivement,  et  brûle  le  métal  à 
l’aide  de  l’oxigène  quil  fournit;  apres  cette  opération,  on 
trouve  dans  le  creuset  une  masse  blauche  scorifiéc,  qui, 
lavée  avec  de  l’eau  y laisse  une  portion  de  1 oxide  d anti- 
moine unie  à une  petite  partie  de  potasse,  et.  en  donne  une 
autre  combinée  avec  beaucoup  plus  d’alcali,  dans  lequel 
l’oxide  semblable  fait*fouclion  d’acide. 

Quand  on  fait  cette  opération  dans  les  pharmacies,  on 
emploie  plus  ordinairement  le  sulfure  d’antimoine.  Jû 


^7^  Du  Sulfure  d’ Antimoine. 

reporte  donc  les  détails  de  cette  expérience  à l'article 
du  sulfure. 

Deux  parties  de  muriate  6ur-oxigéné  de  potasse  et  une 
d antimoine  en  poudre,  fulminent  par  le  choe,  et  produi- 
sent des  étincelles  rougeâtres,  par  l acide  sulfurique. 

L antimoine  paroît  susceptible  de  décomposer  le  mu- 
riate de  soude,  puisque,  si  I on  chauffe  dans  une  cornue 
un  mélange  de  ces  deux  substances,  il  passe  , suivant 
Monnet , du  muriate  d’antimoine  sublimé  dans  Le  récipient. 

S-  II 

Du  Sulfure  d’ Antimoine. 

Après  avoir  examiné  les  principales  propriétés  de  L'anti- 
moine métal,  il  est  nécessaire  maintenant  de  considérer  en 
particulier  sa  mine,  connue  sous  le  nom  impropre  d anti- 
moine, ou  d5 antimoine  crud , et  que  les  chimistes  moderne» 
ont  appelée  sulfure  d’ antimoine  natif 

Nous  avons  déjà  vu  au  commencement  de  cet  article  la 
manière  de  séparer  de  ce  sulfure  une  portion  du  soufre  ; ce- 
qui  le  met  à l’état  d'oxide  gris. 

Si,  au  lieu  de  fi  ire  fondre  l’oxide  gris  d’antimoine  avec 
des  matières  combustibles,  on  le  fait  entrer  tout  seul  en 
fusion,  il  se  convertit  en  une  matière  vitreuse,  transpa- 
rente, qui  a plus  ou  moins  de  couleur , depuis  le  jaune 
foible  jusqu’à  la  couleur  rouge  d’hyacinthe  très-foneee. 
C’est  ce  que  l’on  nomme  verre  d'antimoine. 

I oui  iaire  cette  operation,  on  m^t  dans  un  creuset  de 
I oxide  gris  d antimoine  sulfure  5 on  le  place  dans  un  four- 
neau, et  on  le  lait  chauffer  au  rouge-blanc  jusqu’à  ce  que’ 


Du  Sulfure  cT Antimoine* 

fa  matière  soit  dans  une  parfaite  fusion.  On  s’assure  qu’elle 
est  suffisamment  bien  fondue,  en  plongeant  une  verge  de 
fer  dans  le  creuset,  et  on  i’en  retire  pour  examiner  l’état  de 
la  fusion  : si  la  matière  est  transparente,  et  quelle  file  comme 
du  verre  ordinaire,  elle  est  bien.  On  ôte  le  creuset  du  feu  j 
on  coule  ee  qu’il  contient  sur  une  plaque  de  cuivre  : c’est 
le  verre  d antimoine.  Ce  verre  est  aigre,  et  se  casse  de  lui- 
même  eu  refroidissant. 

Tous  les  verres  d’antimoine,  d’après  les  expérience» 
de  M.  Vauquelin , contiennent  de  la  silice  en  plus  oa 
moins  grande  quantité;  il  y en  a qui  en  tiennent  jusqu’à 
12  pour  ioo,  mais  le  plus  souvent  elle  s’y  trouve  entre  9 
et  10.  Cette  matière  paroît  provenir  des  creusets  dans 
lesquels  on  fait  fondre  l’oxide  d’antimoine  sur  la  silice 
desquels  cet  oxide  a , comme  l’oxide  de  plomb , une  grande 
action. 

Ou  connoîtra  tous  les  avantages  du  travail  de  M.  T au- 
tjuelin  , par  l’application  qu’en  a faite  ce  chimiste  à une 
des  plus  importantes  préparations  pharmaceutiques,  le 
ta/ frite  de  potasse  antimonié.  Voyez  ce  mot. 

Il  y a encore  une  autre  préparation  connue  sous  le  nom 
à.' oxide  d’antimoine  sulfuré  vitreux,  ou  de  foie  d’anti~ 
moine , à cause  de  sa  couleur  rouge  sombre,  semblable  à 
celle  du  foie  des  animaux,  et  qui  ne  diffère  de  la  précé- 
dente, qu’en  ce  que  cet  oxide  contient  beaucoup  plus  de 
soufre  ; aussi  le  verre  qu’on  en  obtient  est-il  plus  fusible  e^ 
plus  opaque. 

A cet  effet , ou  calcine  le  sulfure  d’antimoine  , mais, 
beaucoup  moins  que  lorsqu’on  veut  couvertir  l’oxide  en. 
verre  : alors  on  fait  fondre  cet  oxide  dans  un  creuset  ; il 
entre  facilement  en  fusion  : on  le  coule  dans  un  mortier 


». 


^7^  Du  Sulfure  (T Antimoine'. 

de  fer  ; on  obtient  une  matière  vitriforme  de  la  couleur 
du  foie  d’un  animal. 

Si  Ion  avoit  trop  fait  calciner  l’antimoine  , on  obtien- 
drait une  matière  qui  se  rapprocherait  de  la  nature  du 
verre  d anlimoine  et  de  sa  transparence  ; mais  on  y re- 
médie en  ajoutant  un  peu  de  sulfure  d’antimoine  en 
poudre. 

L’acide  sulfurique  bouillant  agit  sur  le  sulfure  d’an- 
timoine -,  il  y a dégagement  de  gaz  acide  sulfureux  et 
point  de  gaz  hydrogène  sulfuré.  Il  reste  dans  le  fond 
du  vase  du  sulfate  d’antimoine  mêlé  au  soufre. 

L’acide  sulfureux  paraît  être  décomposé  à chaud,  ce 
métal  s oxide  , et  il  se  forme  un  sulfite  d’antimoine 
sulfuré. 

L acide  nitrique  attaque  avec  violence  le  sulfure  d’an- 
timoine, sur-tout  à l’aide  du  calorique  ; tout  le  métal  est 
oxide,  et  1 acide  n’en  retient  pas.  Il  se  dégage  beaucoup 
de  gaz  nitreux , et  point  de  gaz  hydrogène  sulfuré. 

Le  soufre  se  trouve  mêlé  à l’oxide  au  fond  de  la  li- 
queur. 

L’acide  muriatique  dissout  mieux  le  sulfure  que  l’an- 
timoine métal  , mémo  sans  le  secours  de  la  chaleur.  II  y 
a dégagement  de  gaz  hydrogène  sulfuré.  A l’aide  du  calo- 
rique , tout  le  métal  se  dissout,  et  le  soufre  reste  au 
fond. 

L’acide  muriatique  oxigéné  gazeux  brûle  et  enflamme 
ce  sulfure. 

Les  bases  salifiables  tei'reuses  ont  peu  d'action  sur  le 
sulfure  d’antimoine. 

Si  1 ou  verse  de  l’eau  de  chaux  sur  du  sulfure  d'auti- 
moiue  en  poudre  , elle  forme,  au  bout  de  quelques  heures, 


Du  Sulfure  cT^ntimoine.  370 

un  précipité  jaunâtre.  Si  on  laisse  longtems  l’eau  de 
chaux  sur  ce  sulfure,  on  obtient,  en  versant  dans  la  li- 
queur filtrée  , un  acide , un  précipité  d’antimoine  bjdro- 
sulfuré  pale  ou  de  soufre  doré. 

On  obtient  un  effet  semblable , mais  plus  sensible 
avec  la  barite  et  la  strontiane. 

Les  alcalis  ont  une  action  très-marquée  sur  ce  sulfure  -, 
avec  la  potasse,  on  forme  une  préparation  connue  sous 
le  nom  de  kermès  minéral  , maintenant  oxide  d’anti- 
moine liydro-sulfuré. 

Ce  n’est  que  depuis  le  commencement  de  ce  siècle,  que 
l’usage  du  kermès  s’est  établi  dans  la  médecine  : on  lui 
avoit  aussi  donné  le  nom  de  poudre  des  Chartreux  , at- 
tendu que  le  frère  Simon , après  avoir  administré  ce  re- 
mède, qui  eut  un  plein  succès  , publia  partout  la  vertu 
de  ce  médicament.  Il  tenoit  cette  préparation  d’un  chi- 
rurgien nommé  la  Ligerie  , lequel  la  tenoit  lui-même 
de  Chastenay.  Dodart , médecin,  fit  acheter  au  gouver- 
nement ce  secret  en  1720  , et  la  Ligerie  le  rendit 
public.  1 

Le  nom  de  kermès  lui  a été  donné  par  le  frère  Simon , 
Chartreux  , sans  doute  à fcause  de  sa  couleur  semblable  à 
celle  de  la  coque  animale  appelée  kermès. 

Les  divers  procédés  connus  sont  ceux  de  la  Ligerie , de 
Lèmery , de  Baume  , Chaptal  , Deyeux  et  Dizé  , ils 
se  réduisent  presque  tous  à faire  bouillir  le  sulfure  d’an- 
timoine avec  une  lessive  de  potasse  ou  de  soude  plus 
ou  moins  carbonatée,  à filtrer  la  liqueur  encore  bouil- 
lante , et  à obtenir  le  kermès  , qui  se  précipite  par  le  refroi- 
dissement. Mais  les  proportions  des  substances  employées , 


38o  Du  Sulfure  d*  Antimoine. 

le  teras  de  l’ébullition  , la  concentration  des  lessives  , la 
pureté  plus  ou  moins  grande  des  alcalis  , celle  de  1 eau 
et  une  infinité  d’autres  circonstances  rendoient  sa  pré- 
paration très-incertaine  et  très-variée.  Rarement  cette 
substance  éloit  la  même  , pour  la  couleur , la  finesse , 
et  peut-être  relativement  à ses  effets , n’avoit-on  pas 
assez  généralisé  sa  préparation!  Un  médicament  aussi 
important  méritoit  donc  toute  l’attention  des  chimistes; 
M.  Cluzel , neveu  , s’en  est  occupé  particulièrement , 
il  est  parvenu  à présenter  dans  un  mémoire  qui  a rem- 
porté le  prix  de  la  Société  de  pharmacie  , un  procédé 
qui  a paru  mériter  les  suffrages. 

Il  consiste  à prendre  une  partie  de  sulfure  d’anti- 
moine pulvérisé  , 22  i parties  de  carbonate  de  soude  , et 
25o  parties  d’eau  de  rivière  , et  moins  pour  une  plus  grande 
quantité  de  mélange.  On  fait  jeter  quelques  bouillons  avant 
d’ajouter  le  sulfure  , ou  fait  ensuite  bouillir  trois  quarts 
d’heure  au  plus  dans  une  chaudière  de  fer  , on  filtre 
la  liqueur  chaude  dans  les  terrines  échauffées  par  l’eau 
bouillante  , ayant  soin  après  de  les  couvrir.  On  laisse 
reposer  pendant  24  heures  , on  décante  , on  lave  le 
kermès  avec  de  l’eau  préalablement  bouillie  et  refroidie 
à l’abri  du  contact  de  l’air  , on  fait  ensuite  sécher  dans 
une  étuve  portée  à 25  degrés  de  température. 

.L,  hydrogène  sulfuré  , suivant  M.  Cluzel,  est  la  cause 
de  la  couleur  du  kermès.  Ainsi  les  oxides  d'antimoine 
ïnaron  , jaune  ou  orangé  n’existent  pas,  et  la  couleur 
veloutée  du  kermès  ne  dépend  que  de  la  quantité  d hy- 
drogène sulfuré  qu’il  contient. 

M.  Nachet  , professeur  0 l'Ecole  de  pharmacie  , qui 
« préparé  pendant  longtems  le  kermès  très-en  grand  , 


Du  Sulfure  d’ Antimoine.  38 1 

m’a  assuré  qu’il  l’obtenoit  toujours  également  beau  par 
le  procédé  suivant. 

On  prend  4 kilogrammes  de  potasse  blanche  du  com- 
merce , on  l’a  fait  dissoudre  dans  12  kilogrammes  d’eau, 
on  filtre.  On  porte  ensuite  à l’ébullition  cette  liqueur 
alcaline  , et  l’on  y projette  un  mélange  de  4^9  gram- 
mes i46  millig.  ( une  livre  ) d’antimoine  métal  pulvérisé, 
et  passé  au  tamis  de  soie  , et  de  366  grammes  '859 
millig.  ( 12  onces  ) de  soufre  sublimé  et  lavé.  On  con- 
tinue l’ébullition  jusqu’à  ce  que  l’on  s’apperçoive  que 
le  kermès  est  formé.  On  cesse  l’ébullition  et  on  laisse 
déposer  la  liqueur  sur  le  feu  -,  quand  elle  est  claire  , 
on  filtre  à travers  une  toile  serrée.  Le  kermès  est  en- 
suite lavé  et  séché. 

Comme  tout  le  métal  n’est  pas  dissous  par  cette  pre- 
mière opération,  on  fait  bouillir  de  nouveau  la  liqueur 
filtrée  sur  le  métal  , ayant  soin  de  porter  le  liquide  à 
12  kilogrammes. 

Ou  continue  les  ébullitions  , en  ajoutant  : i°.  à la  li- 
queur 8 onces  de  métal  et  6 onces  de  soufre  ; 2“.  4 
onces  de  métal  et  3 onces  de  soufre.  Si  tout  le  métal 
n’est  pas  dissous  , on  ajoute  à la  liqueur  bouillante  4 
onces  de  soufre.  On  peut  continuer  les  dernières  propor- 
tions de  soufre  et  de  métal  tant,  que  la  liqueur  lorme 
du  kermès. 

Une  fois  desséché,  on  achève  de  le  diviser  à l’aide  du 
porphire,et  enfin  on  le  renferme  dans  un  flacon  de  verre 
bien  bouché.  On  doit  avoir  attention  de  ne  pas  mettre 
ce  flacon  dans  un  endroit  trop  exposé  à la  lumière, 
sans  quoi  op  verroit-  la  couleur  du  kermès  s’affoibbr  peu- 


38a 


Du  Sulfure  d’ Antimoine. 

à-peu , attendu  que  l’hydrogène  sulfuré  se  décompose. 
Cela  arrive  également  quand  on  lave  le  kermès  à plu- 
sieurs reprises  avec  l’eau  aérée.  Le  kermès  devient  pres- 
que blanc  lorsqu’on  le  prive  entièrement  de  1 hydrogène 
sulfuré  -,  mais  quand  le  kermès  n’a  perdu  qu'une 
partie  de  l’hydrogène  sulfuré  , il  se  rapproche  du  sou- 
fre doré. 

Si  l’on  verse  un  acide  dans  la  liqueur  dans  laquelle  s'est 
formé  le  kermès , et  dont  il  s’est  entièrement  séparé  par 
le  refroidissement , cette  liqueur  se  trouble  de  nouveau , 
et  l’acide  s’empare  de  la  potasse. 

Si  l’on  filtre  la  liqueur,  et  qu’on  ajoute  encore  de  l’acide, 
on  obtient  encore  un  précipité  bien  moins  coloré. 

On  prouve  que  le  kermès  et  le  soufre  doré  contiennent 
de  l’hydrogène  , en  versant  dessus  de  l’acide  muriatique 
qui  dégage  de  l’hydrogène  sulfuré. 

Il  est  très-aisé  maintenant  de  concevoir  la  théorie  de  J 
cette  préparation. 

Dans  cette  opération,  l’alcali  en  contact  avec  le  sulfure 
d’antimoine  , s’empare  de  la  plus  grande  partie  du  soufre  ; 
le  sulfure  alcalin  qui  en  résulte  opère  la  décomposition 
de  l’eau  ; l’oxigène  de  l’eau  se  porte  sur  l’antimoine,  et  le 
transforme  en  oxide  d’antimoine.  Sou  hydrogène  s unit  au 
sulfure , et  donne  naissance  à l’hydrogène  sulfuré  qui  se 
pai’tage  en  deux  parties  ; l’une  qui  se  joint  à 1 oxide  d an- 
timoine sulfuré  , d’où  résulte  le  kermès  , et  l’autre  se  réunit 
à la  base  alcaline  , et  dissout  le  kermès  , qui  se  précipite. 

La  masse  totale  de  ce  composé  se  partage  donc  en  deux 
portions  différentes*,  l’une  plus  antimoniée  et  moins  sul- 
furée , qui  ne  peut  être  tenue  en  dissolution  à froid  ; l’autre 


Du  Sulfure  d’antimoine.  383 

moins  antimoniée  et  plus  sulfurée , qui  reste  en  dissolu- 
tion, qui  ne  se  sépare  que  par  l’addition  des  acides, ce  que 
l’on  connoît  sous  le  nom  de  soufre  doré. 

On  peut  même  partager  en  divers  hydro-sulfures  de 
moins  en  moins  antimoniés  , et  de  plus  en  plus  sulfurés  , 
suivant  qu’on  fractionne  sa  précipitation , en  n’employant 
quepeu-à-peu  la  quantité  d’acide  nécessaire  pour  la  séparer 
de  l’alcali . De  là  les  soufres  dorés  delà  première,  de  la 
seconde  et  de  la  troisième  précipitation  , de  moins  en 
moins  orangés,  de  plus  en  plus  pâles  , et  dont  la  dernière 
n’est  presque  que  du  soufre. 

M.  Thénard  a vérifié  l’oxidation  prompte  du  kermès 
récemment  préparé,  en  le  renfermant  dans  un  flacon  plein 
d’air;  quelques  jours  ont  été  suffisans  pour  l’absorption 
totale  du  gaz  oxigène  , et  pour  mettre  à nu  le  gaz  azote. 
Cette  observation  fait  connoître  aux  pharmaciens  la  cause 
de  l’altération  du  kermès  , et  leur  prouve  la  nécessité  de  le 
conserver  à l’abri  de  l’air  et  de  la  lumière  qui  favorisent 
cette  décomposition. 

Le  soufre  doré  décompose  l’air  comme  le  kermès , et  il 
subit  à-peu-près  les  mêmes  changemens. 

D’après  les  expériences  de  M.  Cluzel , io  grammes  de 
kermès  ont  donné  par  l’analyse  : hydrogène  sulfuré  2,162  ; 

soufre  0,2  ; oxide  d’antimoine  blanc  8,3. 

* * • - 

11  suit  de  là  que  le  kermès  et  le  soufre  doré  sont  des 
oxides  d’antimoine  bydro-sulfurés contenant  peu  de  soufre , 
et  qui  ne  diffèrent  entre  eux  qu’en  ce  que  le  premier  est 
coloré  par  une  plus  grande  quantié  d’hydrogène-sulfuré, 
par  moins  de  soufre  et  d’oxigène. 

Le  sulfure  d antimoine  décompose  aussi  le  nitrate  de 


384  Du  Sulfure  <1 Antimoine. 

potase , comme  nous  l’avons  déjà  indiqué  en  examinant 
le  métal.  Il  en  résulte  différentes  préparations  employées 
en  médecine. 

Si  l’on  fait  un  mélange  d’une  partie  de  sulfure  d anti- 
moine réduit  en  poudre,  et  de  trois  parties  de  nitre  très- 
pur,  et  qu’on  projette  ce  mélange  dans  un  creuset,  que 
l’on  aura  fait  rougir  auparavant , il  se  fera  une  grande  dé- 
tonnation  : lorsqu’elle  est  passée  , on  remet  une  cuillerée 
de  mélange  ; on  attend  que  la  déflagration  soit  cessée  : on 
continue  de  projettcr  par  cuillerées,  jusquà  ce  que  tout 
soit  entré  dans  le  creuset.  Alors  , ou  augmente  le  feu  , 
pour  faire  entrer  la  matière  en  fusion  pâteuse  : il  se  dégage 
du  gaz  nitreux  et  du  gaz  azote  : loxigène  se  porte  sur 
l’antimoine  ; on  coule  la  matière  dans  un  mortier  de  fer 
très-propre  , ou  sur  un  marbre  ; ou  enfin  , on  la  laisse  re- 
froidir dans  le  creuset  : on  la  détache , on  la  pulvérise  , 
et  on  l’enferme  dans  une  bouteille  qui  bouche  bien,  parce 
qu’elle  attire  puissamment  l’humidité  de  l’air.  C est  le 
fondant  de  Rotrou  , qu’on  nomme  aussi,  antimoine  dia- 
phorctique  non  lavé.  ' 

Si  l’on  jette  cette  matière  dans  l’eau,  bien  chaude  , elle 
s’y  délaie  ; on  sépare  ainsi  l’oxide  d’antimoine  , mais  la 
potasse  enlève  toujours  une  portion  d’oxide  d’antinioine  r 
et  l’oxide  d’antimoine  qui  reste  sur  le  filtre  , retient  aussi 
une  portion  de  potasse.  Cet  oxide  d antimoine  a été  appelé 
antimoine  diaphorélique  lave  ; il  contient,  d'après 
M.  Thénard , o,32  d’oxigène. 

Ce  chimiste  y a reconnu  des  caractères  particuliers  ; il 
est  moins  soluble  dans  l'eau  que  les  autres  oxides  d an- 
timoine; il  s’unit  plus  difficilement  aux  acides,  il  exige’ 
pour  sa  déscrxigéùation  la  plus  haute  température  , et  ne 


Du  Sulfure  d’ Antimoine.  385 

se  réduit  bien  que  quand  on  le  chauffe  avec  une  portion 
d’antimoine. 

L’eau  qui  surnage  le  dépôt,  tient  en  dissolution  les 
matières  salines  qui  étoient  dans  le  mélange,  et  une  por- 
tion d’oxide  métallique  presqu’acidifié,  unie  à la  potasse 
du  nitre.  Cette  espèce  d’antimoniate  de  potasse  est  sus- 
ceptible de  cristalliser , suivant  M.  Berthollet.  Les  acides 
le  décomposent  et  en  précipitent  un  oxide  d’antimoine 
nommé  cêruse  d’antimoine , magistère  d’antimoine  dia - 
phonétique  , matière  perlée  de  Kerkringius. 

La  liqueur  qui  reste  après  ce  précipité , contient  un 
peu  de  nitrate  de  potasse  échappé  à la  détonuation  , un 
peu  de  sulfite  de  potasse,  produit  pendant  la  détonnation, 
et  le  sel  neutre  formé  par  l'union  de  l’acide  avec  l’alcali 
qui  tenoit  1 oxide  métallique  en  dissolution.  Quoique  ce 
dernier  sel  varie  suivant  l’acide  qu’on  a employé  , il  porte 
le  nom  très-impropre  de  nitre  antimonié  de Stahl  ; le  plus 
souvent  ce  sel  n’est  point  du  nitre  , puisqu’on  peut  se 
servir  des  acides  sulfurique  ou  muriatique  pour  préci- 
piter l’oxide  d’antimoine  -,  lorsque  la  précipitation  est  bien 
faite  , il  ne  contient  point  du  tout  de  cet  oxide. 

Si  l’on  fait  calciner  sept  fois  de  suite  de  l’antimoine 
diaphorétique  , avec  de  nouveau  nitre  chaque  fois  , le 
lessivant  à chaque  opération,  pour  en  séparer  les  sels 
on  obtient  un  oxide  d’antimoine,  connu  sous  le  nom 
de  poudre  de  la  Chevaleraj . Ce  médicament  n’est  plus 
d usage. 

Quand  on  n emploie  que  parties  égales  de  nitre  et  de 
sulfure  d antimoine , on  obtient  une  vitrification  opaque  quo 
«Ion  connoissoit  sous  le  nom  de  foie  et  antimoine. 

On  fait  un  mélangé  de  parties  égales  de  nitrate  d« 
2.  35 


386  Du  Sulfure  d’ Antimoine. 

potasse  et  d’antimoine -,  on  le  projette  par  cuillerées  dan* 
un  creuset  qu’on  a fait  rougir  : il  se  fait  une  détonnation  *, 
lorsqu’elle  estpassée  , ou  ajoute  une  nouvelle  cuillerée  delà 
matière  ; on  procède  de  môme  jusqu'à  ce  que  tout  le  mé- 
lange soit  mis  dans  un  creuset-,  alors  on  le  cliauffe  assez 
pour  faire  entrer  la  matière  en  fusiou  : on  ôte  le  creuset 
du  feu  ou  le  laisse  refroidir-,  on  sépare  les  scories  qui 
occupent  la  partie  supérieure  d’avec  1 antimoine , qui  est 
alors  à l’état  d’un  verre  brun  et  opaque. 

Lorsqu’on  ne  pousse  pas  ce  mélange  à la  fonte  , on 
n’obtient  qu’une  scorie  vitreuse  , à laquelle  on  a donné  le 
nom  d e faux  foie  d’ antimoine  de  Rulland. 

Cette  matière  réduite  en  poudre,  et  bien  lavee  dans  de 
l’eau,  forme  le  safran  des  métaux , crocus  métallorum  , 
qui  n’est  que  de  l’oxide  d’antimoine  vitreux,  pulvérisé 
et  séparé  des  matières  salines  , provenant  de  la  déton- 
nation  du  nitre. 

On  fait  encore  deux  préparations  analogues  à la  pré- 
cédente , et  qui  sont  de  véritables  verres  d’antimoine 
sulfurés. 

L’une  est  appelée  magnesia  opalina  ; ou  rubine  J an- 
timoine. 

Pour  obtenir  cette  préparation,  on  lait  un  mélange  de 
parties  égales  de  muriate  de  soude  , de  nitrate  de  potasse 
et  de  sulfure  d’antimoine  -,  on  mêle  ce  mélange  dans  un 
creuset , et  on  le  fait  fondre  , il  ne  se  fait  aucune  déton- 
nation.  Lorsque  ces  matières  sont  bien  fondues  , on  tire 
le  creuset  du  feu  ; on  le  laisse  refroidir  -,  ou  le  casse  ; 
on  sépare  les  scories  d’avec  la  substance  nommée  rubine  , 
c’est  une  masse  vitreuse  , d’un  brun  peu  foncé  , très- 
brUlante. 


Du  Sulfure  d’ Antimoine.  33- 

L’autre,  improprement  appelée  régule  médicinal , se 
prépare  eu  fondant  un  mélange  de  quinze  parties  de  sul- 
fure d’antimoine , de  douze  de  muriate  de  soude  , et  de 
trois  de  tartre  : ii  en  résulte  un  verre  nqir,  luisant,  très- 
opaque  , très-dense  , qui  n’a  nullement  l’aspect  métallique. 
Ces  deux  composés  sont  des  espèces  de  foie  d’ antimoine , 
qui  sont  dues  à une  décomposition  de  muriate  de  soud© 
ou  de  nitrate  de  potasse. 

Le  sulfure  d’antimoine,  mêlé  avec  le  muriate  sur-oxi- 
gêné  de  potasse  , a la  dose  de  deux  parties  de  muriate  sur 
uue  de  sulture  , présente  les  mêmes  phénomènes  que  le 
mélange  d’antimoine  et  de  muriate  sur-oxigéné. 

L antimoine  avec  le  plomb  fait  un  alliage  très-utile  ; 
c’est  celui  des  caractères  d’imprimerie,  ployez  l’article 
Plomb. 

On  le  fait  entrer  avec  le  plomb  et  l’étain,  dans  des 
alliages  roides  et  durs. 

L oxide  sert  dans  la  fabrication  des  verres  de  couleur  ’ 
des  émaux  , des  couvertes  et  des  peintures  sur  les  por- 
celaines. 

En  médecine  , on  ne  se  sert  que  du  sulfure  d’anti- 
moine , du  fondant  de  Rotrou  , de  l’oxide  d’antimoine  , 
appelé  antimoine  diaphoréticjue  , du  kermès  minéral  et 
du  soufre  doré. 


388 


Du  Tellure. 


CHAPITRE  XV. 


Du  Tellure. 

Tellure  dérive  du  mot  tellus , qui  signiGe  terre. 

Tellure  natif.  Espece  unique. 

ao.  Tellure  natif.  . . Fetrifere  et  aurifère. 
aq.  Tellure  natif.,  . . Aurifère  et  argentifère. 

3».  Tellure  natif.  . . Aurifère  et  plomb  fere. 


( Haüy , 
( Miner. 


Le  tellure  natif  ferrifère  et  aurifère,  connu  sous,  le 
nom  de  mine  d’or  blanche , se  trouve  à Falzbay  , en 
Transilvanie;  ses  gangues,  selon  Je  Boni , sont  la  litho- 
marge  et  le  quartz  : la  seconde  variété,  qui  contient  de 
l’or  et  de  l’argent  , se  trouve  à Offeubanya  , dans  le 
meme  pays-,  la  troisième  est  connue  sour  le  nom  d’or  de 
Nagyac , endroit  de  la  Transilvanie  d’où  on  la  retire  , 
et  où  elle  a pour  gangue  le  manganèse  silicifèie,  d un 
rouge  de  rose  pâle  , et  quelquefois  d’une  couleur  blanche  ; 
elle  est  assez  souvent  accompagnée,  ou  même  entremêlée 
de  diverses  substances  métalliques  que  l’on  distingue  à 
l’œil , teh  que  le  zinc  sulfuré,  le  plomb  sulfuré  , l’arsenic 
natif,  etc. 

C’est  h.  Klaproth  que  nous  devons  la  découverte  du 
tellure. 

Pour  obtenir  le  tellure,  ou  fait  chauffer  légèrement 


Du  Télluvs. 


33g 

la  mine  avec  six  parties  cl’acide  muriatique-,  puis,  en 
ajoutant  trois  parties  d’acide  nitrique  , on  fait  bouillir  le 
mélange-,  il  se  fait  une  effervescence  très- considérable  , et 
l’on  obtient  une  dissolution  complette. 

On  étend  la  solution  filtrée  avec  autant  d’eau  qu’elle  en 
peut  supporter  sans  se  troubler,  ce  qui  n’en  exige  que  très- 
peu;  on  ajoute  alors  à la  liqueur  une  solution  de  potasse 
caustique,  jusqu’à  ce  que  le  précipité  blanc,  qui  se  forme 
d’abord,  disparoisse,  et  qu’il  ne  reste  plus  quun  depot 
brun  et  floconneux-,  ce  dernier  précipité  est  de  l’oxide  d or , 
mêlé  avec  de. l’oxide  de  fer. 

On  ajoute  à la  solution  alcaline  , de  l’acide  muriatique  en 
quantité  nécessaire  pour  saturer  entièrement  1 alcali.  Il  se 
produit  un  précipité  blanc;  on  le  lave  et  on  le  fait  seclier. 
On  en  forme  ensuite  une  pâte  avec  de  1 huile  grasse;  on  in- 
troduit cette  masse  dans  une  petite  cornue  de  verre,  a la- 
quelle on  adapte  un  récipient  ; on  chauffe  par  degrés  jus- 
qu’à la  chaleur  rouge  : a mesure  que  l’huile  est  décomposée  , 
on  observe  des  gouttes  brillantes  et  métalliques,  qui  ta- 
pissent la  partie  supérieure  de  la  cornue,  et  qui  retombent 
par  intervalle  au  fond  du  vase;  elles  sont  remplacées  à 
l’instant  par  d'autres.  Après  le  refroidissement,  on  trouve 
des  gouttes  métalliques  figées  et  fixées  sur  les  parois  de  la 
cornue  et  au  fond  du  vase,  et  le  reste  du  métal  réduit  et 
fondu  avec  une  surface  brillante,  et  presque  toujours  cris- 
tallisée. 

La  couleur  de  ce  métal  est  le  blanc  d’étain , approchant 
du  gris  de  plomb. 

Son  éclat  métallique  est  considérable;  la  cassure  en  est 
Jamelleuse.  Il  est  très-aigre  et  très-friable.  En  le  laissant 


3go  Du  Tellure. 

refroidir  tranquillement , et  peu-à-peu  , il  prend  volontiers 
une  cristallisation  radiée. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  de  6,  i J ü. 

Il  est  très  fusible. 

Chauffé  au  chalumeau  sur  un  charbon,  il  brôle  avec  une 
flamme  assez  vive,  d’une  couleur  bleue,  qui  sur  les  bords 
passe  au  verdâtre  : il  se  volatilise  entièrement  en  une  fumée 
grise  blanchâtre,  et  répand  une  odeur  désagréable  qui 
approche  de  celle  des  raves.  En  cessant  de  chauffer,  sans 
avoir  entièrement  volatilisé  la  partie  soumise  à 1 évapora- 
tion , le  bouton  restant  conserve  assez  longtems  sa  liqui- 
dité, et  se  couvre  par  le  refroidissement,  d'une  végétation 
radiée. 

Ce  métal  forme  , avec  le  soufre,  un  sulfure  gris  de  tel- 
lure, d’une  structure  radiée. 

Sa  solution  dans  l’acide  nitrique  est  claire  et  sans  couleur  -, 
lorsqu’elle  est  concentrée , il  se  produit  par  le  tems  de  pe- 
tits cristaux  blancs  et  légers,  en  forme  d’aiguilles,  qui  pré- 
sentent une  agrégation  dentritique. 

Ce  métal  se  dissout  également  dans  l’acide  nitro-muria- 
lique.  L’eau  précipite  ce  métal  à l’état  d’oxide,  sous  la 
forme  d’une  poussière  blanche,  soluble  dans  l’acide  muria- 
tique. 

Ce  précipité  est  composé  d’oxide  de  tellure  qui  retient 
un  peu  d’acide  muriatique.  C'est  une  propriété  que  le  tel- 
lure a de  commun  avec  l’antimoine  et  le  bismuth. 

Si  l’on  mêle  à froid  une  partie  de  tellure  , sur  cent  d’acide 
sulfurique  concentré  , il  se  produit  uue  belle  couleur  rouge- 
cramoisie.  Si  l’on  ajoute  de  l’eau  goutte  par  goutle,  la  cou- 
leur disparoît , et  la  petite  quantité  de  métal  dissous  sc  dé- 
pose sons  la  forme  île  flocons  noirs.  La  chaleur  de  même  de- 


Du  Tellure.  3g'! 

truit  la  solution;  elle  fait  disparoltre  la  couleur  rouge,  et 
dispose  le  métal  à se  séparer  à l'état  d’un  oxide  blanc. 

Lorsqu’au  contraire  on  étend  l’acide  sulfurique  concen- 
tré avec  deux  ou  trois  parties  d’eau  , et  que  1 on  y ajoute  une 
petite  quantité  d’acide  nitrique  , alors  il  dissout  une  quanti- 
té assez  considérable  de  ce  métal;  la  solution  est  claire  et 
sans  couleur , et  elle  n’est  point  décomposée  par  le  mélange 
d’une  plus  grande  quantité  d eau. 

Tous  les  alcalis  purs  précipitent  des  solutions  acides  de 
ce  métal , un  oxide  de  couleur  blanche  soluble  dans  tous  les 
acides  ; par  un  excès  d’alcali , le  précipité  formé  se  redissout 
en  entier.  Si , au  lieu  d’alcali  pur,  on  emploie  un  carbonate, 
le  précipité  qui  est  formé,  n’est  redisssous  qu’en  partie. 

Les  sulfures  alcalins  hydrogénés  versés  dans  lessolutions 
acides,  occasionnent  un  précipité  brun  ou  noirâtre,  suivant 
que  le  métal  y est  combiné  avec  plus  ou  moins  d’oxigène. 
Quelquefois  il  arrive  que  la  couleur  du  précipité  ressemble 
parfaitement  au  kermès  minéral. 

Lorsque  l’on  expose  le  sulfure  de  tellure  sur  un  charbon 
ardent,  le  métal  brûle  avec  la  couleur  bleue , conjointement 
avec  le  soufre. 


L’oxide  de  tellure , obtenu  des  solutions  acides  par  les 
alcalis,  ou  celui  obtenu  des  solutions  alcalines  par  lej acides, 
se  réduisent  l’un  et  l’autre  avec  une  rapidité  ressemblant  A 
la  détonnation  ; lorsqu’on  les  expose  à la  chaleur  sur  un 
charbon , il  se  brûle  et  se  volatilise. 

En  chauffant  pendant  quelque  tems,  dans  une  cornue, 
cet  oxide  de  tellure,  il  se  fond,  et  reparaît  après  le  refroi- 
dissement avec  une  couleur  jaune  de  paille,  ayant  acquis 
une  sorte  de  tissu  radié. 


%2  Du  Mercure. 

* 

Mêlé  avec  des  corps  gras,  l’oxide  de  tellure  se  réduit 
parfaitement. 

L antimoine  précipité  le  tellure  de  ses  solutions  'acides  à 
1 état  métallique.  Le  précipité  formé  par  1 antimoine,  prouve 
évidemment  que  le  tellure  n’est  point  de  l’antimoine  * 
comme  on  l’avoit  supposé. 

Les  solutions  de  tellure  où  l’acide  prédomine  un  peu  . ne 
sont  ni  troublées  ni  précipitées  par  celles  de  prussiate  de 
potasse.  C est  une  propriété  remarquable  de  ce  métal,  qu'il 
partage  cependant  avec  le  platine  et  l’antimoine.  I. a teinture 
de  noix  de  galle  versee  dans  la  solution,  donne  un  précipité 
floconneux  de  couleur  isabelle. 


CHAPITRE  XVI. 

Du  Mercure. 

Me?  cui e natif , mercure  argentai , mercure  sulfui'é  et 

mercure  muriaté.  ( Haüy , Minér.  ) 

/ 

Le  Aercure  natif  se  trouve  Ordinairement  en  globules 
brillans  , disséminés  dans  l’intérieur  de  différentes  subs- 
tances, telles  que  les  ’chistes  argileux,  la  marne,  le  quartz, 
etc.  Il  accompagne  souvent  le  mercure  sulfuré  ou  cinabre  , 
et  quelquefois  la  pyrite,  le  plomb  sulfuré,  l'argent  antimo- 
nié  sulfure,  etc.  Il  y a des  endroits  où  il  coule  à travers  les 
fentes  desiochers,  et  s arrête  dans  des  cavités  où  I on  va  le 
puiser.  Les  mines  d Europe  les  plus  abondantes  en  mer* 


Du  Mercure. 


3p3 

cure  natif,  sont  celles  d’Idria,en  Carniole;  du  duché  des 
Deux-Ponts,  danslecercle  du  bas-Rhin-,  et  d’Almaden  en 
Espagne.  Il  y en  a une  très-riche  en  Amérique,  près  de 
Guanea  Velica,  petite  ville  du  Pérou. 

1 L’amalgame  natif  de  mercure  et  d’argent , se  trouve  com- 
munément dans  les  mines  de  mercure  dont  les  filons  sont 
croisés  par  des  veines  de  mines  argentifères  ou  mêlées 
avec  elles.  Telles  sont  la  vieille  mine  de  Morsfedt,  dans  lo 
Palatinat , et  celle  de  Rosenar,  en  haute-Hongrie. 

On  trouve  des  mines  abondantes  de  mercure  sulfuré 
dans  le  bas-Palatinat  et  le  duché  des  Deux-Ponts  ; à Schem- 
nitz,en  Hongrie  ; à Idria , en  Garinthie-,  à Almaden,en  Es- 
pagne. On  a aussi  rapporté  du  Japon  un  cristal  de  forme 
primitive , ainsi  que  du  mercure  sulfuré  en  petites  masses  , 
d’un  tissu  très-lamelleux.  Les  diverses  gangues  de  cette 
substance  métallique  sont  l’argile , le  fer  oxidé  limoneux, 
le  quartz  ferruginé,  le  fer  sulfuré,  la  chaux  cnrbopatée, 
etc.  AAlmaden  et  dans  le  duché  des  Deux-Ponts,  le  mer- 
cure sulfuré  est  disséminé  en  cristaux  granuli formes,  sur  la 
surface  et  dan*  l’intérieur  des  cristaux  de  barite  sulfatée , 
auxquels  il  communique  sa  belle  couleur  rouge. 

On  trouve  le  mercure  muriaté  dans  les  mines  de  mercure 
sulfuré  du  duché  des  Deux- Ponts,  où  il  a été  découvert  par 
Woulf.  Il  y occupe  les  cavités  d’une  argile  ferrugineuse 
endurcie.  Ses  cristaux  sont  extrêmement  petits,  il  y en  a 
de  verdâtres,  qui  paroissent  devoir  cette,  couleur  à un  oxide 
de  cuivre. 

Les  mines  du  Palatinat  et  des  Deux-Ponts  sont  d’une 
même  chaîne , et  fournissent  une  très-grande  quantité  de 
cinabre  , d'où  on  extrait  le  mercure. 


394 


Du  Mercure. 

On  le  nomme  vermillon  natif,  ou  cinabre  en  fleurs,  lors* 
gu  il  est  sous  la  forme  d’une  poudre  rouge  très- brillante. 

On  reconnoît  la  présence  du  mercure  en  sublimant  un 
peu  cl  une  mine , et  présentant  à la  fumée  qui  se  dégage  un 
vene  mouillé;  il  s y forme  une  poudre  blanche,  dont  on 
frotte  une  piece  d or  ; si  elle  blanchit,  il  n’y  a pas  de  doute 
qu  elle  ne  contienne  du  mercure. 

Il  y a deux  procédés  très-différens  de -.traiter  les  rniné- 
îais  de  mercure.  L un  est  usité  dans  le  département  du. 
Mont- 1 onnerre  , 1 autre  est  celui  d’Almaden  et  d Idria. 

Au  Mont-Tonnerre , le  sulfure  de  mercure  convenable- 
ment broyé , est  mélangé  avec  de  la  chaux  éteinte.  Plus  le 
minerai  est  riche,  plus  la  proportion  de  chaux  doit  être 
forte.  Lorsque  le  minerai  tient  o,oi5  de  son  poids  de  mer- 
cure, on  y ajoute  environ o,i3  de  chaux. 

On  met  ce  mélange  dans  de  grandes  cornues  de  fonte, 
qui  ont  environ  un  mètre  de  long,  sur  35  centimètres  de 
diamètre.  On  dispose  ces  cornues  sur  deux  rangs  de  hau- 
teur dans  des  fournaux  longs  que  l’on  nomme  galères , et 
ou  adapte  à chacune  d’elles  un  récipient  de  terre  rempli 
d eau  jusqu  au  tiers,  on  fait  du  feu  daus  ce  fourneau  avec  du 
bois  ou  de  la  houille.  Le  sulfure  de  mercure  est  décomposé 
par  la  chaux.  Le  mercure  pur  est  reçu  dans  le  récipient. 

A Almaden  et  à Idria,  le  sulfure  de  mercure  est  traité 
dans  un  fourneau  d’une  construction  particulière.  Ce  sont 
deux  petits  bàtimens  éloignés  l’nn  de  l’autre,  et  communi- 
quant par  une  terrasse  traversée  par  une  rigole;  1 nu  de  ces 
bàtimens  est  le  fourneau  dans  lequel  on  met  le  cinabre.  On 
le  pose  sur  un  plancher  de. briques,  percé  d’ouvertures,  par 
lesquelles  passe  une  partie  de  la  flamme  du  foyer  qui  est 
au-dessous.  Le  minerai  eu  poussière  est  pétri  avec  de  1 ar- 


Du  Mercure.  3g5 

*gile,  pour  qu’on  puisse  en  faire  de  petites  masses.  On 
s ajuste  aux  ouvertures  de  ce  fourneau,  qui  donnent  sur  la 

■ terrasse , plusieurs  rangées  d’aludels  enfilés  à la  suite  les 
*uns  des  autres  , et  qui  vont  se  rendre  dans  le  bâtiment  op- 
jposé.  C’est  par  ces  canaux  que  le  mercure  est  porté  par  dis— 
titillation  dans  le  bâtiment  qui  est  <à  l’autre  extrémité  de  la 
|i terrasse,  et  qui  sert  de  récipient. 

Ce  fourneau  a été  d’abord  établi  à Almaden,  puis  copie 
i.àldria.  Si  la  description  qu’on  en  a donnée  est  ’complette, 

■ on  voit  qu’il  a de  nombreux  défauts  , notamment  ceux  d em- 
, ployer  beaucoup  de  combustible  , et  de  laisser  probable- 
ment perdre  beaucoup  de  mercure.  Ou  ne  dit  pas  non  plus 
quel  est  l’intermède  dont  on  se  sert  pour  décomposer  le  sul- 
fure  de  mercure.  ( A Brongmart.  ) 

Ordinairement  on  retire  le  minerai  par  la  fouille  : on  em- 
ploie les  pompes  pour  les  priver  d’eau.  On  se  sert  aussi 
avec  avantage  degaleriesd'écoulement  : quelquefois  on  mêle 
la  mine  avec  de  la  chaux , et  1 on  distille  dans  des  cornues 
de  fer.  Ces  cornues  sont  montées  de  maniéré  qu  on  ne  les 
démonte  jamais  : on  les  charge  par  la  gueule,  et  l on  reçoit 
le  mercure  dans  des  vases  pleins  d eau. 

Le  mercure  obtenu  par  distillation,  différé  des  au  lies 
substances  métalliques  par  sa  fluidité  ; ce  qui  1 a fait  regar- 
der comme  une  eau  métallique , et  on  1 a appelé  cirjua  non 
madafuciens  manus  eau  qui  ne  mouille  pas  les  mains. 

Cette  substance  n’est  fluide  qu’en  raison  de  la  tempéra- 
ture qui  la  tient  en  fusion  , puisqu’on  la  congèle  par  un  froid 
estimé  de  29  à 32  degrés  au-dessous  de  o , échelle  de 
JXèciumur. 

A cct  effet  on  foil  un  mélange  de  huit  parties  de  mariât* 


3 96  Du  Mercuwè. 

calcaire  et  six  de  neige  mêlées  clans  un  vase  de  Terre,  le 
thermomètre  centigrade  descend  à — 4-3  gr. 

Les  expériences  de  MM.  Guylon , Fourcroy  et  V auque- 
lin  ont  prouvé  que  le  mercure  se  solidifioità  42  gr.  ( échelle 
centigrade.  ) 

Lorsqu’on  agit  sur  une  quantité  un  peu  considérable  de 
mercure,  le  milieu  de  la  masse  ne  se  solidifie  point.  En  le 
décantant,  on  trouve  le  mercure  cristallisé  en  octaèdres. 

Le  mercure  solidifié  adhère  au  verre,  et  se  laisse  étendre 
sous  le  marteau. 

Dans  le  commerce,  on  falsifie  le  mercure  avec  du  plomb, 
du  bismuth  et  de  l’étain  -,  il  est  ordinairement  terne  , et,  au 
lieu  de  se  diviser  en  globules  lorsqu’il  coule  , il  s applatit  , 
et  semble  se  hérisser  de  pointes  ; ou  dit  alors  qu’il  fait  la 
queue. 

Lorsqu’il  est  pur,  celui  sur-tout  qu’on  retire  du  cinabre, 
et  qu’011  nomme  mercure  revivifié  du  cinabre  , se  laisse 
diviser  avec  une  extrême  facilité-,  ses  globules  affectent  tou- 
jours une  figure  convexe. 

lia  une  saveur  que  1 on  ne  peut  appercevoir  avec  les  nerfs 
du  goût , mais  qui , Cependant,  produit  un  effet  très  - mar- 
que dans  1 estomac  et  les  intestins  , aussi  bien  qu  à la  sur- 
face dre  la  peau. 

Frotté  quelque  tems  entre  les  doigts , il  répand  une  lé- 
gère odeur  particulière.  Lorsqu’on  l’agite,  on  observe  quel- 
quefois , et  sur-tout  dans  les  tems  chauds,  qu  il  brille  d une 
petite  lueur  phosphorée. 

Si  Ion  plonge  la  main  dans  ce  fluide  métallique,  on 
éprouvé  une  sensation  de  froid  , qui  sembleroit  indiquer 
c[u  il  est  dune  température  plus  froide  que  1 air  atmos- 
phérique-, cependant,  en  y plongeant  un  thermomètre, 


Du  Mercure.  397 

, on  s’assure  que  le  mercure  est  à la  température  de  l’atmos- 
phère. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  de  1 3,568,  l’eau  étant  1,000. 

Le  mercure  est  très-bon  conducteur  du  calorique  et  de 
l’électricité. 

Si  l’on  divise  le  mercure  à l’aide  d’un  mouvement  rapide 
et  continuel,  comme  celui  d’une  roue  de  moulin,  ou  bien  en 
en  mettant  dans  un  flacon  , environ  moitié  , et  portant  ce  fla- 
con pendant  longtems  dans  sa  poche  , le  mercure  se  change 
peu-à-peu  en  une  poudre  noire  très-fine,  qu’on  a appelée 
êthiops  per  se.  Les  chimistes  modernes  ont  reconnu  que  le 
mercure  dans  cet  état  aVoit  un  commencement  d’oxidation 
due  à l’air  atmosphérique  contenu  dans  le  flacon;  aussi  l’ont- 
ils  appelé  oxide  noir  de  mercure. 

L’oxide  noir  est  composé  de  96  parties  de  mercure  et  de 
quatre  d’oxigène.  Ses  caractères  sont  d’être  insipide,  insolu- 
ble dans  l’eau  ; d’étre  soluble  tranquillement  et  sans  effet*, 
vescence  dans  les  acides,  de  former  des  sels  peu  oxidés. 

En  chauffant  cet  oxide  , on  fait  reparaître  le  mercure  à 
son  état  métallique  ; et  si  l’expérience  est  faite  dans  de* 
vaisseaux  clos  , on  obtient  à 1 appareil  pneumatique  , du 
gaz  oxigène.  Si , après  1 avoir  arrose  d ammoniaque  , on  1 ex- 
pose aux  rayons  solaires  , il  se  change  en  globules  métal- 
liques. 

Il  n’y  a que  deux  états  d’oxidation  du  mercure  , d’après 
les  expériences  de  MM.  Fourcroy  et  Thénard  : oxide  noir 
et  oxide  rouge  de  mercure.  Ces  chimistes  ont  Remontre 
qu’il  n’y  avoitni  oxide  gris  , ni  oxide  blanc  , ni  oxide  jaune 
de  mercure  ; que  les  composés  auxquels  on  a donné  l’un  de 
ee3  noms  , sont  de  vrais  sels  peu  solubles  ; que  l’oxide  rouge 
vient  seul  après  le  noir  et  sans  intermédiaire. 


598  Du  Mercure. 

Comme  nous  l’avons  déjà  dit , le  mercure  se  réduit  faci- 
lement en  vapeurs  par  l’action  du  feu.  On  se  sert  avec 
avantage  de  ce  moyen  pour  le  purifier,  eu  le  séparant  des 
matières  plus  fixes  que  lui. 

A cet  effet,  ou  met  du  mercure  dans  une  cornue  de 
verre,  on  adapte  au  bec  de  la  cornue  un  nouet  de  linge 
que  l’on  fait  tremper  dans  de. l’eau  contenue  dans  un  ma- 
tras  ou  ballon  que  l’on  ajuste  à la  cornue  , et  l’on  distille. 
Lorsque  le  mercure  est  pur , il  passe  en  entier  dans  la 
distillation  -,  s’il  contient  des  matières  étrangères  , elles 
lestent  au  tond  de  la  cornue.  Souvent  il  laisse  un  peu  de 
poudre  grise,  qui  est  un  peu  de  mercure  oxidé , à la 
laveur  de  l’aiu  contenu  dans  les  vaisseaux.  ’ 

k 

Boerhaave  a distille  cinq  cents  fois  de  suite  la  même 
quantité  de  mercure  ; il  n etoit  altéré  en  aucune  manière. 
Il  rcstoit  simplement  a chaque  distillatiou  une  poudre 
grise  dont  nous  avons  déjà  parlé  ; c’étoit  de  l’oxide  noir 
de  mercure  , dû  à l’air  contenu  dans  l’appareil. 

Le  meroure  s’oxide  difficilement  à l’air  froid. 

Si  l’on  chauffe  le  mercure  avec  le  contact  de  l’air,  au 
bout  de  quelque  tems  , ce  métal  se  change  en  une  poudre 
rouge  brillante. 

On  met  dans  un  inatras,  à fond  plat,  à long  col  et 
étroit,  assez  de  mercure  pour  couvrir  le  fond  de  quelques 
millimètres  de  hauteur  -,  on  fait  foudre  le  coi  du  vaisseau 
à la  lampe  d’émailleur , pour  le  tirer  eu  pointe  et  pour 
former  un  tuyau  capillaire-,  on  casse  la  pointe,  pour 
donner  communication  à l’air  extérieur  -,  on  place  l’ap- 
pareil sur  un  bain  de  sable,  et  on  le  chauffe  jusqu’à 
faire  bouillir  le  mercure  ; on  entretient  le  (bu  à ce  degré 
pendant  pluçiçqrs  jours  y on  sépai’e  l’oxide  qui  s est 


Du  Mercure. 


399 

'formé  à la  surface  du  mercure  , par  le  moyen  d’une 
ùtoile  que  l’on  presse  : le  mercure  passe  , tandis  que  l'oxide 
rreste  dessus  , et  Ton  continue  l’opération  jusqu’à  l’en- 
ttière  oxidation  du  mercure.  Ce  procédé  n’est  plus  usité 
laujourd  hui. 

Cette  substance  a été  appelée  mercure  précipité  per  se, 
:«ou  mercure  précipité  ronge  sans  addition-,  c’est  un  vrai 
oxide  de  mercure,  ou  une  combinaison  de  cette  matière 
^métallique  avec  l’oxigène  , qu’elle  enlève  peu-à-peu  à 
ll’atmospbère. 

Ce  qui  le  prouve  d’une  manière  convaincante  , c’est 
•que,  i°.  on  ne  peut  jamais  obtenir  cet  oxide  sans  le  con- 
cours de  l’air  -,  2°.  le  gaz  oxigène  est  le  seul  fluide  élas- 
tique qui  puisse  servir  à sa  formation  • 3°.  son  augmen- 
tation de  poids  ; 4°-  on  le  réduit  tout  entier  par  l’action 
du  calorique  , et  il  se  dégage  en  môme  tems  une  très- 
i grande  quantité  de  gaz  oxigène.  Avant  de  se  réduire 
> entièrement , il  repasse  à l’orangé  et  au  jaune;  et  si 
l’on  arrête  l’opération  au  moment  où  il  est  prêt  à se 
réduire, on  le  trouve  en  une  poudre  sensiblement  noire. 

On  peut  encore  décolorer  l’oxide  rouge  de  mer- 
cure , en  le  mettant  en  contact  avec  de  l’ammoniaque 
pure,  et  il  se  dégage  du  gaz  azote,  provenant  de  la  dé- 
composition de  l'ammoniaque. 

On  ne  connoît  ni  azoture,  ni  hydrure , ni  carbure  de 
mercure. 

On  peut,  à l’aide  du  calorique , réduire  l’oxide  de  mer- 
cure par  le  carbone  ; le  mélange  est  changé  en  mercure 
coulant  et  en  gaz  acide  carbonique. 

Cet  oxide  peut  aussi  être  réduit  par  la  lumière. 


4-00  Du  Mercure. 

Si  l’on  triture  cet  oxide  rouge  avec  du  mercure  coulant . 
on  fait  un  oxide  noir  de  mercure. 

L oxide  de  mercure  rouge  ainsi  obtenu,  contient  en- 
viron 0,10  de  son  poids  d’oxigène,  suivant  Lavoisier. 
Suivant  MM.  Fourcroy  et  Thenarcl , cet  oxide  contient 
0,08  d’oxigène. 

Cet  oxide  est  très-purgatif , très-émétique.  On  peut 
le  regarder  comme  un  poison.  Il  cède  son  oxigène  au 
zinc,  à l’étain  et  au  soufre  avec  lesquels  on  le  fait  chauffer 
dans  des  vaisseaux  fermés  ; il  enflamme  ces  substances: 
il  a une  saveur  âpre  et  désagréable-,  il  est  un  peu  so- 
luble dans  l’eau  ; il  peut  parvenir  à l’état  d'une  plus 
grande  oxidation  par  l’action  de  l’acide  muriatique  oxi- 
géné  -,  mais  dans  ce  dernier  état , on  ne  peut  pas  l'ob- 
tenir isolé  , parce  qu’il  est  alors  mêlé  avec  un  sel 
qu’aucun  moyen  connu  ne  peut  en  séparer  , comme 
l’-ont  démontré  les  chimistes  portugais.  Nous  reviendrons 
plus  bas  sur  cet  objet. 

Le  mercure  se  combine  très-bien  avec  le  soufre,  il  ré- 
sulte de  ce  mélange  diverses  préparations , dont  nous 
allons  rendre  compte. 

La  première  est  comme  sous  le  nom  à’éthiops  minéral - 
on  conuoît  deux  procédés , l’un  par  trituration  , l’autre 
par  fusion. 

On  met  dans  un  mortier  de  marbre  une  partie  de  mer- 
cure sur  deux  ou  trois  de  soufre  sublimé:  on  triture  ces 
deux  substances,  jusqu’à  ce  que  le  mercure  soit  parfai- 
tement éteint. 

Il  résulte  une  poudre  noire,  que  l’on  a appelée  éthiops  , 
et  qui  n’est  qu’un  sulfure  noir  de  mercure. 

On  prend  sept  parties  de  mercure  , sur  une  de  soufre 


Du  Mercure . ^oî 

■ sublimé  ; on  fait  çhauffer  le  mercure  jusqu’à  ce  qu’il  soit 
prêt  de  se  volatiliser-,  on  jette  alors  le  soufre  peu-à-peu 
en  continuant  de  chauffer  tout  doucement  et  en  agitant 
; continuellement.  Ou  tire  le  creuset  du  feu  , et  l’on  con- 
i tinue  d’agiter  la  matière,  jusqu’à  ce  qu’elle  soit  figée  et 
créduite  en  grumeaux. 

On  peut  encore  préparer  cet  élhiops , eji  jetant  du 
mercure  très-divisé,  le  pressant  et  le  faisant  tomber 
» en  pluie  par  la  peau  de  chamois  dans  du  soufre  fondu 
à parties  égales , et  en  agitant  le  mélange  , la  division 
du  mercure  , son  union  avec  le  soufre  , qui  prend  la 
même  nuance,  ont  lieu  très-promptement.  Il  faut  remuer 
sans  interruption , retirer  le  mélange  du  feu  quand  le 
mercure  a presque  entièrement  disparu  , continuer  à 
l’agiter  hoirs  du  feu  x jusqu’à  ce  que,  parle  refroidisse- 
ment et  le  mouvement,  le  tout  se  convertisse  en  petits 
grumeaux  qu’on  réduit  en  poudre  et  qu’on  passe  à tra- 
vers un  tamis  fin. 

La  seconde  est  connue  sous  le  nom  de  cinabre  artificiel, 
sulfure  rouge  de  mercure. 

Gomme  on  parvient  difficilement  dans  nos  laboratoires 
à donner  au  cinabre  la  beauté  desirée  , nous  décrirons, 
d’après  MM.  Luckerl  et  Payssé , le  procédé  suivi  en 
Hollande.  On  mêle  i5o  livres  de  soufre  avec  1080 
de  mercure  -,  on  met  le  mélange  dans  une  chau- 
dière de  fer  plate  et  polie  , d’un  pied  de  profondeur 
sur  un  pied  et  demi  de  diamètre  , et  on  entretient  une 
douce  chaleur  capable  de  tenir  le  soufre  eu  liqué- 
faction. 

On  brise  le  sulfure  de  mercure  ainsi  préparé,  et  on 
chaulfe  des  creusets  au  rouge.  Alors  on  y projette  le 
2.  • 26 


4o2  Du  Mercure. 

sulfure-,  il  s’élève  de  suite  une  flamme  très-noire.  Lors- 
que la  flamme  a cessé , on  ferme  les  vaisseaux  avec 
des  plaques  de  fer , et  on  continue  le  feu  36  heures  , 
tems  nécessaires  pour  sublimer  tout  le  cinabre. 

Ce  sulfure  rouge  de  mercure  présente  une  masse  aiguil- 
lée rouge,  d’une  couleur  d’autant  plus  brillante  et  plus 
belle  que  le  feu  a été  plus  fort,  et  que  le  mercure  y retient 
moins  de  soufre. 

Les  chimistes  ont  toujours  attribué  la  couleur  rouge  du 
cinabre  à une  oxidation  du  mercure  -,  mais  M.  Thénard  a 
fait  des  expériences  qui  paroissent  prouver  le  contraire  ; si 
l’on  met  dans  une  fiole  où  il  y a du  mercure , de  l'azote  , et 
qu’on  y ajoute  du  soufre  , en  agitant , ou  forme  du  sulfure 
noir;  en  mettant  ensuite  le  sulfure  dans  une  très-petite  cor- 
nue de  verre  , dans  le  corps  de  laquelle  1 air  èîterieui  ne 
communique  pas,  on  obtient  par  la  sublimation  du  ■\eimil  — 
Ion;  ce  n’est  donc  pas  par  oxidation  que  le  sulfure  de  mer- 
cure est  rouge. 

M.  Klaproth  soupçonne  cependant  que  le  mercure  y est 
à un  degré  très-inférieur  d oxidation,  attendu  que  le  pas- 
sage de  l’èthiops  au  cinabre , est  toujours  accompagné  d'une 
inflammation. 

On  peut  préparer  aussi  du  cinabre  par  la  voie  humide  , 
en  secouant  du  mercure  coulant  avec  un  sullure  alcalin  hy- 
drogéné. L’expérience  réussit  mieux  quand  on  emploie  ce- 
lui d’ammoniaque , ou  la  liqueur  fumante  de  Boy  le. 

Le  sulfure  rouge  de  mercure  broyé  sur  un  porphyre 
avec  de  l’eau,  devient  d’un  beau  rouge  vif,  à raison  de 
son  extrême  division  ; lorsqu’il  est  ainsi  broyé,  on  le  délaie 
dans  beaucoup  d’eau  : on  laisse  déposer,  on  décante  l eau, 
et  ou  fait  sécher  la  poudre.  C'est  ce  qu’on  nomme  dans 


Du  Mercure. 

le  commerce,  V ermillon.  On  s’en  sert  dans 
et  très-peu  en-médecine. 


4o3 

la  peinture , 


Si  on  fait  bouillir  du  sulfure  noir  de  mercure  avec  la  po- 
tasse, il  se  change  en  cinabre.  M.  Berthollet  : qui  a répété 
cette  expérience  , dit  qu’il  s’est  servi  de  potasse  pure  ; mais 
qu’il  a fallu  une  ébullition  longue  pour  produire  cet  effet. 

L’air  n’altère  point  le  cinabre-,  il  n’est  point  décomposé 
par  l’action  du  feu  dans  les  vaisseaux  clos,  et  lorsqu’on  le 
cbaulte  dans  des  vaisseaux  ouverts , le  soufre  se  brûle  et  le 
mercure  se  dissipe  en  vapeurs. 


Les  acides  simples  n attaquent  pas  le  cinabre  -,  beaucoup 
de  substances  sont  capables  de  le  décomposer,  telles  que  la 
chaux,  les  terres  alcalines  et  les  alcalis.  Lorsqu’on  les  chauffe 
dans  une  cornue  avec  ces  substances  , à la  dose  de  deux 
parties  contre  une  de  ce  sulfure , on  obtient  du  mercure 
coulant , et  le  résidu  est  du  sulfure  alcalin  ou  terreux. 


Plusieurs  métaux  ont  aussi  cette  propriété  , le  cobalt , le 
bismuth,  l’antimoine,  l’étain,  le  fer  et  le  cuivre;  mais 
Ion  se  sert  plus  ordinairement  du  fer,  comme  nous  le  ver- 
rons à 1 article  de  ce  métal  -,  le  mercure  que  l’on  obtient  par 
ce  procédé  est  distingué  sous  le  nom  de  mercure  revivifié 
du  cinabre. 

Les  cinabres  naturels  de  Neumaerktel  et  du  Japon  sont 
composés , d’après  M.  Klaprothfie  o,85  de  mercure  et  de 
o,i5  de  soufre.  Le  cinabre  hépatique  d’Idria  contient,  d’a- 
près le  meme  chimiste,  outre  ces  principes  , du  charbon  et 

un  peu  de  cuivre.  Le  cinabre  artificiel  ne  contient  que  0,10 
de  soufre. 

Le  phosphore  s unit  assez  difficilement  au  mercure. 

Si  on  iraitelephosphore avec  lé  mercure  métallique,  ou 
avec  1 oxide  rouge  de  mercure,  ce  dernier  se  noircit  et  se 


4o4  Du  Mercure. 

combine  en  partie  avec  le  phosphore  ; mais  le  meilleur 
moyen  de  se  procurer  ce  phosphore  , c’est  de  plonger  des 
bâtons  de  phosphore  décapés  dans  une  solution  de  nitrate 
de  mercure.  La  surface  du  phosphore  se  couvre  aussitôt  de 
mercure  qui  s’unit  au  phosphore  et  forme  un  phosphure  de 
mercure. 

L’eau  paroît  n’avoir  aucune  action  sur  le  mercure  ; on 
observe  cependant  que  l’eau  qu’ou  a fait  bouillir  avec  du 
mercure  , est  vermifuge.  Lémerj  a prouvé  que  le  mercure 
ne  perdoit  rien  de  son  poids  dans  cette  décoction. 

L’arsenic  et  le  cobalt  s’unissent  peu  au  mercure-,  mais  le 
bismuth  s’y  combine  en  toute  proportion.  Il  résulte  de  cette 
combinaison  une  matière  brillante,  friable,  et  plus  ou  moins 
solide,  suivant  la  quantité  de  bismuth.  Cet  amalgame  cris- 
tallise en  pyramides  à quatre  pans,  qui,  quelquefois  se 
réunissent  en  octaèdres. 

Le  mercure  décompose  sur-le-champ  les  sulfures  al- 
calins. 

Si  l’on  mêle  du  mercure  avec  une  solution  de  sulfure  hy- 
drogéné de  potasse  , il  se  réduit  en  sulfure  noir  ; au  bout  de 
quelques  jours  , il  devient  rouge. 

Si  l’on  mêle  du  mercure  avec  X hydro-sulfure  d ammonia- 
que sulfuré,  il  prend  la  forme  d’une  poudre  rouge. 

La  liqueur  surnageante  perd  toute  sa  couleur.  Ou  peut  la 
décomposer  par  l acide  muriatique,  et  il  s’en  dégage  beau' 
coup  de  gaz  hydrogène  sulfuré,  sans  précipitation  de  soufre. 

M.  Fourcroy  a le  premier  découvert  qu’en  agitant  du 
mercure  dans  de  l’eau  chargée  de  gaz  hydrogène  su lluré  , 
soit  par  la  nature,  soit  par  l’art,  qu’il  la  décompose  très- 
promptement  , et  qu’il  se  change  en  sulfure  noir. 

Si  l’on  chauffe  cette  combinaison  dans  une  cornue,  elle 


Du  Mercure.  4°  5 

ne  donne  que  très-difficilement  le  mercure  qui  lui  sert  de 
dissolvant. 

L’acide  sulfurique  attaque  le  mercure,  mais  il  faut  qu’i 
soit  concentré  et  chaud.  On  connoît  trois  sortes  de  sulfates 
i°.  sulfate  neutre,  i: °,  avec  excès  d’acide,  3°.  un  sulfat 
dans  lequel  il  y a un  excès  d’oxide  de  mercure. 

On  met  dans  une  cornue  de  verre  une  partie  de  mercure 
et  une  partie  et  demie  d’acide  sulfurique  concentré.  On  y 
adapte  un  tube  recourbé  , qui  va  plonger  sous  une  cloche  à 
l’appareil  à mercure  : ou  chauffe  le  mélange;  peu-à-peu  il 
s excite  une  effervescence  vive  ; la  surface  du  mercure  de- 
vient blanche;  il  s’eu  sépare  une  poudre  de  la  môme  couleur, 
qui  trouble  l’acide  en  s’y  dispersant. 

Il  se  dégage  une  grande  quantité  de  gaz  sulfureux. 

Si  l’on  a adapte  un  ballon  à la  cornue  , on  obtient  aussi 
un  peu  d eau  chargée-tle-gaz  acide  sulfureux. 

Si  l’on  continue  le  feu  jusqu’à  ce  qu’il  ne  sorte  plus  rien 
de  la  cornue,  on  obtient  une  masse  blanche,  opaque,  très- 
caustique,  et  qui  attire  l’humidité  de  l’air,  appelée  par  M. 
Fourcroy  sulfate  acide  de  mercure.  Lorsqu’il  reste  encore 
une  portion  de  liquide  à la  surface  de  cette  masse , elle  con- 
tient de  l’acide  sulfurique  à nu. 

M.  Fourcroy  pense  que  le  sulfate  acide  peut  contenir 
des  doses  très-variées  d’acide  sulfurique.,  suivant  qu’on  en 
aura  versé  la  quantité  primitive;  car  on  obtiendroit  une 
masse  également  acide , en  employant  plus  de  ce  corps  , que 
la  proportion  indiquée  ci-dessus,  et  suivant  qu’on  en  aura 
dégagé  une  plus  ou  moins  grande  quantité  par  l’action  du 
feu.  il  est  en  général  d’autant  plus  soluble  dans  l’eau,  qu’il 
contient  plus  d’acide. 

Si  on  lave,  ajoute  le  même  chimiste,  ce  sulfate  acide  de 


4o6 


Du  Mercure. 

mercure  avec  beaucoup  moins  d eau  qu’il  n’en  faudroitpour 
Je  dissoudre  complètement  ; si  l'on  emploie  cette  eau  froide 
et  a petites  doses  fractionnées,  jusqu’à  ce  qu’elle  ne  change 
plus  le  papier  bleu  , il  reste  un  sel  blanc  sans  acidité  , beau- 
coup moins  acre  et  moins  corrosif  que  l’étoi t toute  la  masse 
saline  d ou  il  provient,  laquelle  doit  être  considérée  comme 
un  sel  métallique  véritablement  neutre.  M.  Fourcror  le 
nomme  sulfate  de  mercure , pour  le  distinguer  des  précé- 
dons. L’eau  des  lessives  en  emporte  une  partie  avec  l’acide 
sulfurique. 

Ce  sulfate  présente  les  caractères  suivans  : il  est  blanc  ; il 
cristallise  en  lames  et  en  prismes  aiguillés  très-fins  -,  sa  sa- 
veur n’est  pas  très-âcre  ; il  demande  5oo  parties  d’eau  à io 
degrés  pour  le  dissoudre,  et  environ  moitié  de  cette  dose 
lorsqu’elle  est  bouillante.  Sous  sa  forme  sèche  et  cristalline, 
il  contient  sur  ioo  parties  , ^5  de  mercure,  8 d’oxigène,is 
d’acide  sulfurique,  et  5 d’eau.  L’eau  froide  ou  chaude  le  dis- 
sout tout  entier  sans  l’altérer  ni  le  décomposer-,  les  alcalis 
purs  ou  caustiques  , l’eau  de  chaux , le  précipitent  en  gris 
noir.  Lorsqu’on  décompose  le  sulfate  par  un  alcali , l’oxide 
précipité  conserve  toujours  , suivant  M.  Berthollet , un  peu 
d’acide.  Lorsqu’on  y ajoute  de  l’acide  sulfurique,  on  le 
met  dans  l’état  de  sulfate  acide;  alors  sa  solubilité  croît 
dans  des  proportions  relatives  à la  quantité  d acide  ajouté: 
un  12e  de  celui-ci  le  rend  soluble  dans  i5 7 parties  d’eau  à 
îo  degrés,  et  dans  33  d’eau  bouillante. 

Le  turbith  minéral  que  M.  Fourcroj  nomme  sulfate 
avec  excès  d'oxide  de  mercure , ou  sulfate  jaune  de 
mercure , se  prépare  eu  faisant  chauffer  longtems  la  masse 
sulfurique  mercurielle.  Dans  cette  opération  on  décompose 
une  plus  grande  quantité  d acide  sulfurique,  et  on  oxide 


j Du  Mercure.  4°jT 

davantage  le  mercure;  si  l’on  jette  ensuite  de  l’eau  chaude 
ou  froide  sur  la  masse,  on  obtient  tout-à-coup  une  poudre 
jaune.  Souvent  aussi  on  obtient  ce  sel  en  différons  états, 
jouissant  de  couleurs  très-variées , depuis  le  jaune  pâle  et 
çitronn?  jusqu’au  jaune  presque  orange. 

Ce  sulfate  est  jaune,  soluble  dans  plus  de  200  parties 
d’eau.  Si  tout  le  mercure  y est  au  maximum  , il  se  dissout 
entièrement  dans  l’acide  muriatique,  s’il  y a une  partie  au 
minimum , l’acide  muriatique  laisse  une  poudre  blanche, 
qui  est  le  muriate  doux,  et  la  liqueur  filtrée, est  du  sublimé 
corrosif,  contenant  de  l’acide  sulfurique  du  sulfate,  comme 
on  peut  sien  assurer  en  y versant  du  muriate  de  barite. 

Il  est  soluble  à l’aide  de  la  chaleur,  dans  l’acide  sulfu- 
rique un  peu  étendu. 

Cette  solution  n’étant  pas  surchai'gée  d’oxide  mercuriel, 
elle  ne  précipite  pas  par  l’eau.  Si,  au  contraire,  on  charge 
cet  acide  de  tout  ce  qu’il  en  peut  dissoudre  à l’aide 
de  la  chaleur,  alors  on  obtient  un  précipité  blanc  avec 
l’eau  froide,  et  un  précipité  jaune  avec  l’eau  bouillante; 
et  en  ajoutant  un  peu  d’acide  sulfurique  , on  fera  cesser 
les  précipitatiQns. 

Broyé  avec  du  mercure  coulant,  il  l’éteint  promptement, 
devient  d’abord  d’un  vert  fonce  , passe  bientôt  avec 
celui-ci  à l’état  d’oxide  noir;  et  lorsqu’on  le  fait  bouillir 
avec  de  l’eau  et  peu  de  mercure  , le  même  changement 
en  oxide  noir  a lieu,  seulement  avec  plus  de  lenteur  que 
par  le  broiement. 

Fondu  au  chalumeau  avec  le  verre  phospliorique,  il 
acquiert  une  couleur  yerte. 

Poussé  au  feu  dans  une  cornue,  il  donne  d’abord  un 


4°8  Du  Mercure. 

peu  cl  acide  sulfureux,  et  se  réduit  eu  mercure  coulant,  en 
fournissant  une  grande  quantité  de  gaz  oxigèue. 

1 Les  chimistes  portugais  ont  trouvé,  dans  l’acide  phospho- 
reux, un  moyen  de  faire  l’analyse  des  sels  à hase  de  mer- 
cure. L’oxide  se  réduit  à l’état  métallique,  en  cédfant  son 
oxigène  à l’acide  phosphoreux,  et  le  convertit  en  acide 
phosphorique. 

Le  turbith,  d’après  ces  chimistes,  est  composé  de  85  de 
mercure,  et  de  i5  d’acide  sulfurique. 

L ammoniaque  ne  précipite  pas  le  sulfate  de  mercure, 
quand  il  est  avec  excès  d’acide  ; elle  forme  un  sel  triple 
am moni aco-m er c uri el . Quand  le  sulfate  de  mercure  est 
bien  neutre,  elle  ne  sépare  qu’une  petite  portion  d’oxide 
noir,  qu’elle  rend  réductible  par  le  seul  contact  de  la  lu- 
mière, et  elle  forme  un  sel  triple  avec  la  plus  grande 
partie  du  sulfate  de  mercure. 

Suivant  M.  Fourcroj , ce  sulfate  a une  saveur  piquante 
et  austère,  il  décrépite  et  donne,  par  la  chaleur  de  l’am- 
moniaque, du  gaz  azote,  un  peu  de  mercure  coulant,  et  un 
peu  de  sulfite  d’ammoniaque  : il  reste  dans  la  cornue  du 
sulfate  de  mercure  jaune-,  il  est  peu  soluble  dans  l’eau-,  les 
alcalis  et  la  chaux  le  précipitent  en  une  poudre  blanche,  qui 
est  encore  un  sel  triple  aVec  excès  de  base,  ou  privé  de 
beaucoup  de  son  acide.  Ce  précipité,  exposé  au  soleil  , 
noircit  et  se  re'duit  en  mercure  coulant,  parla  décomposition 
réciproque  de  l’oxide  mercuriel  de  l’ammouiaque.  Ce  sulfate 
ammoniaco-mercuriel  est  soluble  par  l'ammoniaque,  dont 
il  retient  une  partie  lorsqu’il  se  cristallise  par  l’évaporation 
de  cet  alcali  volatil.  Cent  parties  contiennent  18  d’acide 
sulfurique,  33  d’ammoniaque,  3g  de  mercure  et  io  d’eau. 
Cette  analyse  prouve  que  ce  sel  triple  contient  une  très* 


- t 


Du  Mercure.  4°9 

grande  proportion  des  deux  bases  sur  celle  de  l'acide  sulfu- 
rique, et  que , dans  cette  combinaison,  l’attraction  diffère 
beaucoup  entre  trois  substances  qui  la  forment,  d’avec  ce 
quelle  est  entre  deux  d’entre  elles  en  particulier. 

Il  n’y  a aucune  action  entre  le  mercure  et  l’acide  sulfu- 
reux-, mais  si  l’on  met  de  l’oxide  rouge  en  contact  avec 
l’îtcide  sulfureux,  lioxide  devient  tout-à-coup  blanc,  il  se 
dégage  du  calorique,  et  l’odeur  de  l’acide  sulfureux,  est 
tout-à-coup  détruite.  En  n’employant  qu’une  petite  quantité 
de  cet  acide,  il  se  forme  du  sulfite  de  mercure;  mais  si 
on  en  met  beaucoup,  l’oxide  de  mercure  est  ramené  à 
l’état  métallique,  et  l’on  trouve  de  l’acide  sulfurique  dans 
la  liqueur. 

Le  mercure  est  attaqué  par  l’acide  nitrique  à chaud  et  à 
froid;  mais  la  différence  de  température  en  apporte  aussi 
une  très-grande  dans  la  solution. 

L’acide  nitrique  soit  concentré,  soit  étendu  dissout  le 
mercure  avec  facilité,  et  il  en  résulte  selon  les  circonstances, 
un  nitrate  au  minimum , ou  au  maximum.  Le  mercure 
s’oxide  aux  dépens  de  l oxigène  de  l’acide,  et  se  dissout 
ensuite  dans  la  partie  d’acide- nitrique  non  décomposé. 

Quand  on  veut  se  procurer  une  solution  de  mercure 
dans  de  l’acide  nitrique,  on  met  dans  un  matras,  suffi- 
samment grand , une  partie  de  mercure  sur  une  quantité 
égale  d’acide  nitrique  à 32°  ; lorsque  la  première  efferves- 
cence est  passée,  on  place  le  vaisseau  sur  un  bain  de  sable, 
afin  d’aider  l’action  de  l’acide  nitrique  parle  calorique; 
mais  pour  peu  que  l’acide  soit  concentré,  la  solution  se  fait 
sans  feu. 

Cette  solution  nitrique  mercurielle  est  très-caustique; 
elle  ronge  et  détruit  nos  organes.  On  se  sert  en  chirurgie  de 


410  Du  Mercure. 

cette  solution  , et  on  la  nomme  eau  mercurielle  , en  l’éten- 
dant d’un  peu  d’eau. 

Cette  solution  fournit,  par  le  seul  refroidissement,  des 
cristaux  en  aiguilles  plates,  très-longues,  très-aigues, 
striées  sur  leur  longueur. 

La  forme  cristalline  du  nitrate  de  mercure  varie  suivant 
les  circonstances  dans  lesquelles  la  solution  du  mercure  est 
faite  à froid,  à chaud,  dans  de  l’acide  concentré,  de  l’acide 
affoibli , etc. 

La  solution  qui  a été  faite  à froid,  et  qui  n’a  point 
donné  lieu  au  dégagement  des  vapeurs  rouges,  n’est  point 
décomposable  par  l’eau  distillée-,  mais  si  l’on  a aidé  la 
solution  par  la  chaleur,  s’il  s’en  est  dégagé  une  grande 
quantité  de  gaz  nitreux,  elle  précipite  par  l eau-,  ce  qui 
prouve  combien  il  faut  mettre  de  soin  dans  la  préparation 
de  ce  réactif. 

Le  précipité  que  l’on  obtient  est  du  nitrate  avec  un 
grand  excès  de  mercure,  très-oxidé  et  très- jaune  si  l’on 
verse  la  solution  dans  l’eau  chaude,  ou  blanc  si  on  la  verse 
dans  de  l’eau  froide. 

La  solution  faite  à froid  ne  contient  au  contraire,  que  du 
nitrate  sans  excès  d’oxide  de  mercure;  puisqu’elle  11e  peut 
se  charger  d’oxide  surabondant,  qu  à l’aide  de  la  chaleur; 
l’eau  distillée  ne  peut  y produire  aucun  précipité.  Ce  qui 
prouve  cette  assertion,  c’est  qu’on  peut  rendre  à volonté 
la  même  solution  mercurielle  décomposable  ou  non  par 
l’eau,  en  y ajoutant  de  l’oxide  de  mercure,  ou  de  l’acide  t 
et  la  fairc'passer  plusieurs  fois  de  suite  à l’un  ou  à l’autre  de 
ces  états. 

Si  l’on  met  sur  du  mercure,  de  l’acide  nitrique  de  22  à 
2 5 degrés,  et  qu’on  laisse  agir  à froid,  il  y a une  moindre 


Du  Mercure. 


4il 

portion  d’acide  de'composé,  il  se  dégage  du  gaz  nitreux, 
et  lacide  nitrique  non  décomposé  dissout  l’oxide  de  mer- 
cure, si  on  fait  évaporer  doucement , on  obtient  des  cristaux 
très-variés  , tantôt  octaèdres  , tantôt  prismatiques  , si  on 
jette  de  l’eau  dessus , elle  s’empare  de  l’excès  d’acide 
qui  emporte  avec  lui  une  petite  portion  de  nitrate  neutre, 
il  en  reste  une  autre  portion  précipitée  qui  est  d’un  gris 
blanchâtre. 

Voilà  deux  nitrates  de  mercure , l’un  avec  excès 
d’acide,  l’autre  neutre,  dans  lesquels  le  mercure  est  au 
minimum. 

Pour  avoir  les  deux  autres  nitrates,  on  fait  bouillir 
l’acide  nitrique  sur  le  mercure  pendant  trois  quarts  d heure 
environ,  on  fait  évaporer  ensuite,  et  l’on  obtient  quelques 
longues  aiguilles  déliquescentes  ; si  l’on  pousse  jusqu’à 
consistance  sirupeuse , on  aura  le  nitrate  acide  de  mercure  , 
dans  lequel  le  mercure  est  trés-oxidé;  en  jetant  de  l’eau 
dessus,  elle  s’empare  de  l’excès  d’acide,  à l’aide  duquel 
elle  dissout  une  petite  portiou  du  nitrate  neutre,  l’autre 
partie  est  précipitée  en  couleur  jaune*,  c’est  ce  qu’on  appelle 
le  lurbitli  nitreux , qui  d’après  les  chimistes  portugais.,  est 
composé  de  88  d’oxide  de  mercure  au  maximum , et  de  12 
d’acide  nitrique. 

Le  nitrate  de  mercure  neutre  est  très-caustique  ; il  fuse 
et  détonne  sur  le  charbon,  et  lorsqu’il  est  bien  sec,  on 
apperçoit  une  flamme  blanchâtre  très-vive,  et  qui  cesse 
très-promptement. 

Exposé  a l’air,  il  devient  jaune,  et  s’y  décompose  très- 
lentement. 

Mis  dans  un  creuset,  au  milieu  des  charbons,  il  se  fond, 
il  s en  exhale  des  vapeurs  rouges  très-épaisses;  il  prend 


4 12  Du  Mercure. 

d abord  une  couleur  jaune  foncée  , qui  passe  à l’orangé  , 
et  enfin  au  rouge  brillant:  on  l’a  nommé  dans  cet  état, 
précipite  rouge , et  les  modernes,  oxide  de  mercure  rouge 
par  l acide  nitrique. 

En  Angleterre  et  en  Hollande,  on  prépare  cet  oxide 
parfaitement  beau.  M.  Payssc  nous  a procuré  quelques 
renseignemens  sur  le  procédé  employé  par  les  Hollandais. 
On  dissout  5o  parties  de  mercure,  dans  70  parties  d’acide 
nitrique  de  34  à 38  degrés.  On  évapore  par  la  distillation 
dans  une  cornue,  et  on  enlève  le  récipient  dès  que  le  gaz 
nitreux  commence  a paroître,  dès  que  le  gaz  nitreux  a 
dispaiu  , on  élève  la  chaleur,  et  on  lent  etieut  à ce  degré 
jusqu’à  ce  que  la  masse  d’oxide  soit  d’un  rouge  vif.  Huit 
heures  de  feu  suffisent  ordinairement  pour  une  opération  de 
4 quintaux.  Cet  acide  ainsi  obtenu,  contient  0,18  d’oxigène. 

Si  on  fait  fondre  au  chalumeau  cet  oxide  avec  le  verre 
pliosphorique,  il  lui  donne  différentes  couleurs. 

Si  on  distille  le  nitrate  de  mercure  dans  une  cornue . à 
l’appareil  pneumato-chimique  , on  obtient  un  phlegme 
acidulé  et  du  gaz  nitreux  dans  le  premier  tems;  il  est  alors 
dans  l’état  d’oxide  ronge  ; si  on  le  chauffe  fortement,  il  s’en 
dégagé  une  grande  quantité  de  gaz  oxigène,  mêlé  d’un 
peu  de  gaz  azote,  et  le  mercure  se  sublime  sous  forme 
métallique. 

Ce  sel  est  assez  soluble  dans  l’eau  distillée,  et  beaucoup 
plus  dans  l’eau  bouillante. 

Lorsqu  on  dissout  ce  sel  dans  l’eau,  il  y a une  portion 
qui  se  précipité  sans  s y dissoudre,  et  qui  est  jaunâtre; 
1 eau  bouillante  sur-tout  présente  ce  phénomène  d une  ma- 
niéré plus  marquée.  Si  on  expose  au  feu  cet  oxide  jaune, 
il  devient  rouge  sur-le-champ. 


Du  Mercure. 


4i3 

Quand  on  veut  obtenir  une  solution  claire,  transparente, 
il  faut  employer  de  l’eau  distillée  , dans  laquelle  on  verse 
un  peu  d’acide  nitrique  foible,  jusqu’à  ce  que  le  précipité 
disparoisse. 

La  barite,  la  strontiane,  la  chaux  dissoute  dans  l’eau  et 
les  alcalis décomposent  le  nitrate  de  mercure-,  le  métal 
est  précipité  à l’état  d oxide,  le  précipité  est  noir  dans  le 
nitrate  au  minimum , et  jaune  dans  celui  nu  maximum. 

Tous  les  précipités  qu’on  obtient  par  les  bases,  sont  des 
sels  triples , dans  lesquels  il  y a grand  excès  d’oxide  de 
mercure , par  exemple , en  traitant  par  la  potasse’,  on  obtient 
un  nitrate  de  mercure  et  de  potasse-,  mais  si  l’on  étend  de 
beaucoup  d’eau,  le  sel  triple  reste  dissous  dans  la  liqueur, 
et  il  n’y  a pas  de  précipité. 

L’ammoniaque  précipite  en  gris  noirâtre , lorsque  la 
solution  mercurielle  nitrique  n’est  pas  trop  oxidée-,  tandis 
que  le  même  alcali  produit  un  dépôt  blanc  dans  une  solu- 
tion saturée  de  mercure  , que  l’eau  est  susceptible  de 
précipiter. 

M.  Fourcroy  regarde  ce  précipité  blanc  comme  un  sel 
triple,  espèce  de  nitrate  ammoniaco-mercuriel  tiès-peu 
soluble,  avec  excès  d’oxide  de  mercure  et  d’ammoniaque 
relativement  à la  dose  de  l’acide  nitrique,  dans  lequel 
l’oxide  de  mercure  paroît  saturer  de  l’ammoniaque  et. 
former  un  nitrate  de  mercure  et  d’ ammoniaque.  Ce  sel 
est  compose  suivant  le  même  chimiste,  de  68,20  cl’oxide 
de  mercure,  de  16  d’ammoniaque,  et  de  i5,8o  d’acide 
nitrique  et  d’eau. 

Les  oxides  obtenus  par  les  carbonates  alcalins,  fournis- 
sent un  peu  d’acide  carbonique  à l’aide  du  calorique. 


44  Du  Mercure. 

Si  on  laisse  les  oxides  obtenus  par  les  alcalis  caustiques, 
au  contact  de  l’air  atmosphérique,  on  en  retire  aussi  du  gaz 
acide  carbonique. 

Les  oxides  de  mercure  précipités  de  leurs  solutions 
acides  par  les  alcalis , détonnent  comme  la  poudre  à canon 
lorsqu’on  les  expose  dans  une  cuiller  de  fer  à un  feu  gradué. 

A cet  effet,  on  triture  ces  oxides  de  mercure  avec  du 
soufre  (on  prend  36  parties  d’oxide  sur  6 de  soufre;, 
on  met  le  mélange  dans  une  cuiller,  et  l’on  fait  détonner-, 
il  reste  après  la  détonnation  une  poussière  violette,  suscep- 
tible de  se  sublimer.  Cetle  substance  peut  alors  se  trouvera 

l’état  de  sulfux-e  de  mercure  rouge. 

/ 

Bayen  à qui  l’on  doit  cette  expérience,  n’a  pas  dit  à 
quoi  tenoit  le  phénomène  de  la  détonnation,  et  les  circons- 
tances dans  lesquelles  il  se  présentoit.  M.  Berthollet  a fait 
voir  que  le  soufre  mis  en  contact  avec  les  oxidesde  mercure, 
leur  enlève  subitement  l’oxigène  peu  adhérent,  lorsque  ces 
précipités  contiennent  peu  d’acide  muriatique-,  mais  cet 
effet  ne  peut  avoir  lieu  lorsque  l’oxide  de  mercure  est 
garanti  de  l’action  du  soufre  par  une  trop  grande  quantité 
d’acide  muriatique. 

L’acide  sulfurique , et  les  sels  dans  lesquels  il  entre, 
décomposent  le  nitrate  de  mercure.  Bayen , qui  a examiné 
ces  précipités,  a reconnu  qu’ils  retenoieqt  toujours  un 
peu  d’acide  nitrique. 

Quand  on  verse  du  sulfate  alcalin  dans  une  solution  de 
nitrate  de  mercure  au  minimum,  il  se  forme  un  précipité 
blanc,  qui  est  le  sulfate  neutre  de  mercure-,  mais  dans  une 
solution  de  nitrate  au  maximum , le  même  sulfate  alcalin 
y forme  un  précipité  jaune  qui  est  le  turbith  minéral. 

Le  muriate  de  soude  précipite  des  solutions  nitriques  de 


Du  Mercure.  /^i5 

mercure,  des  mariâtes  différens  selon  les  degrés  d’oxigéna- 
tion  du  mercure  dans  ses  solutions. 

M.  Howard  a fait  connoître  une  préparation  du  mercure, 
qui  a la  propriété  de  fulminer. 

Pour  préparer  cette  poudrq,  on  prend  une  once  de  mer- 
cure que  l’on  fait  dissoudre,  à l’aide  delà  chaleur,  dans 
dix  onces  d’acide  nitrique.  On  verse  la  solution  refroidie 
sur  cinq  onces  d’alcool,  en  employant  un  vaisseau  de  verre 
convenable,  et  on  applique  une  chaleur  modérée  jusqu’à  ce 
quil  y ait  effervescence.  Une  fumée  blanche  sélevera 
d’abord  légèrement  sur  la  surface  de  la  liqueur,  et  la  poudre 
se  précipitera  par  degrés.  On  filtre  immédiatement  le 
précipité,  on  le  lave  bien  à l’eau  distillée,  et  on  le  fait 
sécher  avec  précaution  à une  température  an  plus  égale  à 
celle  de  l’eau  tiède.  Il  est  absolument  nécessaire  de  laver 
immédiatement  cette  poudre,  parce  que  l’acide  nitrique 
réagit  sur  elle-,  et  que  tant  que  cet  acide  y est  adhérent,  la 
lumière  seule  suffît  pour  la  décomposer;  ioo  grains  de 
mercure  en  fournissent  environ  120  ou  i3o  grains. 

Cette  poudre  a la  propriété  de  détonner  à une  légère 
chaleur,  ou  par  le  simple  frottement.  Elle  contient  de  l’oxide 
de  mercure,  de  l’ammoniaque  et  une  substance  que  M.  Bei- 
thollet  n’a  pu  séparer  sans  la  décomposer,  mais  qu’il  regarde 
comme  voisine , par  sa  nature  , de  l’alcool. 

La  préparation  mercurielle  fulminante  que  M.  Fourcroy 
a découverte,  est  un  oxide  de  mercure  ammoniacal  produit 
pendant  une  digestion  continuée  pendant  huit  ou  dix  jours, 
d’ammoniaque  concentrée  sur  de  l’oxide  rouge.  L’oxide 
devient  peu- a-peu  d un  beau  blanc  : il  se  couvre  de  cristaux 
iamelleux,  brillaus  et  très-petits.  Mis  sur  des  charbons 
bien  allumés,  il  détonné  presque  comme  l’or  fulminant, 


r 


4 1 6 Du  Me rcu re. 

sur-tout  lorsqu’il  est  en  pelotons  ou  petites  masses.  Il  se 
décompose  spontanément,  et  cesse  d’être  fulminant  troisou 
quatre  jours  après  sa  préparation.  Une  chaleur  douce  en 
dégage  l’ammoniaque,  et  laisse  l’oxide  rouge  isolé.  Les 
acides  décomposent  sur-le-cliamp  cet  oxide  fulminant,  qu  il 
faut  ajouter  à l’oxide  d’or  et  a l’oxide  d’argent , lesquels  ont 
la  même  nature  ammoniacale. 

L’acide  muriatique  n’attaque  pas  sensiblement  le  mer- 
cure-, mais  si  on  présente  le  mercure  à l’état  d’oxide  à l’acide 
muriatique,  son  action  est  alors  très-marquée , il  peut  même 
en  résulter  un  muriate  au  minimum  et  un  au  maximum. 

Ainsi,  si  les  oxides  de  mercure  trop  oxigénés  ne  peu- 
vent point  rester  combinés  avec  les  acides  sulfurique  et 
nitrique,  il  n’en  est  point  ainsi  à l'égard  de  l’acide  muria- 
tique, qui  dissout  le  mercure  et  les  autres  métaux  à tous 
les  degrés  d’oxidation -,  aussi  le  mercure  combiné  avec  lui 
dans  le  muriate  suroxigéné,  est-il  bien  plus  oxidé  que  dans 
la  combinaison  nitrique' la  plus  oxidée. 

On  obtient  le  muriate  au  minimum  en  versant  de  l'acide 
muriatique,  ou  mieux  encore  une  solution  de  muriate  de 
soude,  dans  une  solution  de  nitrate  de  mercure  au  mini- 
mum-,  il  se  fait  sur-le-champ  un  précipité  blanc,  connu  sous 
le  nom  impropre  de  précipité  blanc , qui  est  le  muriate  de- 
mercure. 

Ce  sel  est  insoluble  dans  l’eau.  Le  mercure  y est 
à l’état  d’oxide  noir  ou  au  minimum  d’oxidation  , ce 
qui  constitue  le  mercure  doux. 

L’acide  muriatique  oxigéué  n’offre  pas  le  même  phé- 
nomène, quand  on  le  verse  dans  uue  dissolution  de 
nitrate  de  mercure,  parce  que  le  sel  qu’il  forme  est 
très-soluble. 


Du  Mercure. 

Pour  préparer  le  muriate  au  maximum  , on  pourroit 
dissoudre  tout  simplement  l’oxide  rouge  de  mercure 
dans  l’acide  muriatique  ; mais  pour  opérer  avec  plus 
d’économie,  on  fait  dissoudre  dans  un  matras  huit  par- 
ties de  mercure  , sur  dix  ou  douze  d’acide  nitrique. 
On  fait  évaporer  cette  solution  jusqu’à  siccité  ; on  pul- 
vérise la  masse  dans  un  mortier  de  marbre  , et  on  mêle 
u avec  huit  parties  de  muriate  de  soude  décrépité,  et 
sautant  de  sulfate  de  fer  calciné  à blanc.  Lorsque  le  mé- 
lange est  bien  exact,  on  le  met  dans  un  matras  à col 
«court , dont  les  deux  tiers  demeurent  vides  : on  place 
d le  vaisseau  dans  un  bain  de  sable  , de  manière  que  la 
i boule  en  soit  couverte  ; alors  on  procède  à la  sublima- 
tion par  un  feu  gradué  , qu’on  augmente  jusqu  a faire 
irougir  obscurément  le  cul  du  matras  ; on  l’entretient  en 
rcet  état  pendant  environ  trois  heures  ; on  laisse  refroidir 
lie  vaisseau  -,  on  le  casse  proprement  , afin  de  ne  pas  salir 
lia  partie  sublimée  -,  on  détache  ce  sel  qui  est  sous  la 


i: forme  de  cristaux  applatis  et  pointus  à la  partie  supé- 
irieure  du  matras  : c’est  le  sublimé  corrosif.  Dans  cette 
'.opération  le  nitrate  de  mercure  est  décomposé  par  la 
(chaleur , et  donne  l’oxide  rouge  de  mercure  -,  le  sul- 
fate de  fer  se  décompose  à l’aide  du  calorique  -,  son 
acide  en  se  dégageant  se  porte  sur  le  muriate  de  soude 
«qui  se  décompose  ; l’acide  muriatique  se  combine  avec 
il  oxide  rouge  de  mercure  et  forme  le  muriate  sur-oxi- 
géné  de  mercure  qui  se  sublime. 

Le  résidu  est  rougeâtre  ou  brun  : il  contient  de  l’oxide 
«de  fer  et  du  sulfate  de  soude,  formés  par  l’union  de 
ill’acide  sulfurique  avec  la  base  du  muriate  de  soude. 

On  peut  préparer  ce  sel  de  plusieurs  manières  : celle 


4x8  Du  Mercure. 

que  nous  venons  de  décrire  est  la  plus  usitée  dans 
les  arts. 

En  Hollande , où  il  y a des  fabriques  de  sublimé  i 
corrosif,  on  triture  parties  égales  de  mercure,  de  mu-  ; 
riate  de  soude  et  de  sulfate  de  fer  , et  on  fait  sublimer  i 
le  mélange. 

Tous  les  précipités  mercuriels  par  les  alcalis  fixes  , 
du  tout  autre  oxide  de  mercure,  peuvent  servir  avec 
avantage  à cette  opération  : on  mêle  l’un  ou  l’autre  de 
ces  précipités  en  proportions  égales  avec  du  muriate 
de  soude  , et  du  sulfate  de  fer  calciné  à blanc  , et  on 
fait  sublimer  le  mélange  dans  un  matras. 

Boulduc  a aussi  donné  un  très -bon  procédé  pour 
obtenir  ce  sel  : cm  mêle  parties  égales  de  sulfate  de 
mercure  et  de  muriate  de  soude  bien  sec  : on  obtient 
un  très-beau  sublimé  corrosif.  Le  muriate  de  mercure 
se  volatilise  , et  le  résidu  n’est  que  du  sulfate  de 
soude. 

Si  l’on  verse  dans  une  solution  de  nitrate  de  mercure  de 
l’acide  muriatique  oxigéné,  et  qu’on  évapore  lentement 
le  mélange  , l’acide  ^ nitrique  se  dégage  , la  liqueur  donne , 
par  le  refroidissement , des  cristaux  de  muriate  sur- 
oxigéné  de  mercure. 

L’action  de  l’acide  muriatique  oxigéné  sur  l’oxide 
j"ouge  de  mercure  a été  examinée  par  MM.  Fourcroj  et 
Thénard.  MM.  Braamcamp  et  Scqueira-Oliva , chimistes 
portugais  , ont  obtenu  à-peu-près  les  mêmes  résultats  , 
mais  ils  ont  remarqué  quelques  légères  particularités. 

Lorsqu’on  fait  passer  du  gaz  acide  muriatique  oxi- 
géné dans  l’oxide  rouge  de  mercure  délayé  dans 


Du  31  er cure.  ^ 

Veau  bouillante  , l’oxide  se  convertit  en  une  poudre  vio- 
lette qui  contient  de  l’acide  muriatique  ; la  liqueur  sur- 
nageante laisse  cristalliser  par  l’évaporation  du  sublimé 
corrosif.  L’eau  mère  qui  refusoit  de  cristalliser  fut  évapo- 
rée à siccité  et  présenta  un  nouveau  sel  qu’ils  ont 
appelé  muriate  sur-oxigéné , ces  chimistes  donnant  au 
sublime  corrosif  le  nom  de  muriate  oxigéné  ; ce  sel  a 
présenté  les  propriétés  suivantes  : 

Il  est  déliquescent  et  très-soluble  dans  l’eau  , plus 
soluble  dans  l’alcool  que  le  muriate  oxigéné  ( sublimé 
corrosif  ) 11  pétille  par  l’acide  sulfurique  concentré , 
prend  une  couleur  jaune  et  laisse  dégager  du  gaz  acide 
muriatique  oxigéné  ; mêlé  avec  le  sulfure  d’antimoine , 
il  s’enflamme  quelques  instans  après  le  mélange. 

On  peut  encore  préparer  le  muriate  sur-oxigéné  de 
mercure  , en  employant  un  muriate  sur-oxigéné  alcalin 
avec  un  sel  à base  de  mercure,  ou  bien  du  turbith  mi- 
néral, sulfate  de  mercure  neutre,  très-oxidé,  qu’on 
met  dans  un  petit  matras  avec  partie  égale  de  muriate 
de  soude  bien  desséché-,  on  fait  chauffer,  le  sulfate  de 
mercure  se  décompose,  l’acide  sulfurique  se  porte  sur 
la  soude , et  l’acide  muriatique  sur  l’oxide  de  mercure 
d’où  il  résulte  un  muriate  de  mercure  très-oxidé  qui  se 
sublime. 

f J ’ •*  ^ , 

Ce  sel  a une  saveur  âcre  et  très-caustique.  Il  laisse,  sur 
la  langue  une  impression  styptique  et  métallique  très- 
desagreable.  Il  corrode  les  intestins  , et  les  fait  tomber 
en  escarres. 

Le  muriate  mercuriel  corrosif  n’est  pas  sensiblement 
altéréparla  lumière. 


Du  Mercure. 


4 20 

Le  calorique  le  volatilise,  et  lui  fait  éprouver  une  demi- 
vitrification,  mais  11e  le  décompose  pas. 

Chauffé  ù l’air  libre,  il  se  dissipe  en  une  fumée  blanchey 
très-dangereuse  sur  l’économie  animale.  * 

Chauffé  lentement  et  par  degrés  , il  se  sublime  sous 
forme  cristalline  : ce  sont  des  cristaux  dont  les  prismes 
sont  si  comprimés,  qu’il  est  impossible  de  déterminer  le 
nombre  de  leurs  pans.  . ... 

Il  n’est  point  altéré  par  l’air. 

Dix-neuf  parties  d’eau  en  dissolvent  une  de  ce  sel  ; 
l’évaporation  spontanée  produit  des  prismes  applatis, 
très-aigus. 

M.  Chaussier  a indiqué  la  solution  de  mnriate  sur- 
oxigéné  de  mercure  dans  l’eau  distillée,  comme  le  moyen 
le  plus  propre  de  préserver  les  cadavres  des  animaux  de 
la  putréfaction , en  conservant  leur  forme  essentielle , 
et  môme  en  leur  donnant  la  fraîcheur , l'apparence  de 
la  vie. 

S’il  s’agit  uniquement  d’une  pièce  séparée,  comme  la 
plupart  dés  préparations  anatomiques,  il  suffit  de  la  plon- 
ger dans  une  solution  de  muriate  sur-oxigéné  de  mercure, 
et  d’ajouter  dans  le  vase  un  ou  plusieurs  nouets  de  linge 
fin  qui  contiennent  quelques  grammes  de  ce  sel  mercu- 
riel, précaution  essentielle  pour  qu’elle  reste  toujours 
également  saturée.  Après  dix  , vingt  ou  trente  jours  d’im- 
mersion , c’est-à-dire  lorsque  la  partie  a été  pénétrée 
dans  toute  son  étendue  par  la  solution  saline,  lorsqu’il 
s’est  opéré  dans  tous  ses  points  une  combinaison  nou- 
velle , on  peut  la  retirer  de  la  liqueur  , la  placer  dans 
un  bocal  que  l’on  remplit  d’eau  distillée  , légèrement 
chargée  de  muriale  sur-oxigéné  de  mercure  ; ou  Lieu 


Du  Mercure. 

on  l’expose  dans  un  endroit  aéré,  à l’abri  du  soleil  , 
de  la  poussière -,  peu-à-peu  elle  se  dessèche,  prend  une 
consistance  , une  dureté  presque  ligneuse , et  dans  cet 
état  elle  ne  peut  plus  être  altérée  par  l’air  , ni  attaquée 
par  les  insectes. 

La  conservation  du  corps  entier  exige  des  soins,  des 
attentions  particulières  dont  on  trouvera  les  détails  dans 
le  mémoire  de  ce  célèbre  anatomiste  -,  c’est , en  quelque 
sorte , un  art  nouveau , dont  les  procédés  ne  peuvent 
être  bien  exécutés  que  par  un  anatomiste  exercé. 

Cette  solution  de  muriate  sur-oxigéné  de  mercure  peut 
être  employée  avec  succès  pour  conserver  les  bois,  les 
cartons  , les  pelleteries  , de  la  voracité  des  insectes  , ainsi 
que  dans  les  cabinets  d’histoire  naturelle  pour  laftconser- 
vation  des  oiseaux , des  petits  quadrupèdes  , etc. 

La  barite  , la  strontiane  , la  magnésie  et  la  chaux 
décomposent  ce  sel,  et  en  précipitent  l’oxide  de  mer- 
cure. 

A vec  l’eau  de  chaux  on  prépare  pour  la  médecine  un 
médicament  connu  sous  le  nom  d’eau  phagédénique. 

Dans  un  litre  d’eau  de  chaux  environ  , on  fait  dissoudre 
4 à 5 grammes  de  sublimé  corrosif;  il  se  forme  un  préci- 
pité jaune  rougeâtre  qui  trouble  la  liqueur , et  on  l’em- 
ploie sans  en  séparer  le  dépôt. 

Les  alcalis  fixes  séparent  de  ce  sel  un  oxide  orangé , 
dont  la  couleur  se  fonce  par  le  repos. 

L ammoniaque  précipite  ce  sel  en  blanc;  mais  il  prend 
peu-à-peu  une  couleur  ardoisée. 

M.  Fourcroy  nous  a fait  connoîlre  la  nature  de  ce 
précipité  ; il  a trouvé  par  une  analyse  exacte  que  ce  pré- 
cipité coutenoit  0,81  doxide  de  mercure,  0,16  d’acide 


4 22  Du  Mercure. 

muriatique,  eto,o3  d'ammoniaque.  Les  expériences  de  ce 
chimiste  indiquent  que  l’ammoniaque,  sans  décomposer 
le  muriate  sur-oxigéné  de  mercure,  et  sans  en  séparer 
d oxide,  forme  un  sel  triple  où  cet  oxide  plus  abondant 
que  dans  le  sublimé  corrosif,  est  saturé  par  l’ammo- 
niaque qu’il  sature  en  même  tems  à la  manière  d’un 
acide. 


Les  acides  et  les  sels  neutres  alcalins  ne  laite-  • 


rent  pas. 

Le  muriate  d’ammoniaque  s’unit  très-bien  avec  le  mu- 
riate oxigéné  de  mercure  : lorsqu’ils  sont  unis , il  est  im- 
possible de  les  séparer  l’un  de  l’autre  sans  les  décomposer. 
Il  forme,  soit  par  la  cristallisation  , soit  par  la  sublima- 
tion , un  composé  salin  , que  les  alchimistes  ont  nommé 
sel  alembroth , sel  de  ï art sel  de  sagesse. 

On  le  prépare  en  mêlant  parties  égales  de  ces  deux 
substances. 


Baume  prétend  que  le  muriate  ammoniacal  rend  le 


sublimé  corrosif  plus  soluble. 

Le  muriate  ammoniacal  donne  encore,  avec  ce  sel 
un  autre  composé , connu  sous  le  nom  de  mercure  préci- 
pité blanc. 

On  fait  disssoudre  la  quantité  que  l’on  veut  de  muriate 
d ammoniaque  dans  suffisante  quantité  d’eau;  on  ajoute 
une  égale  quantité  de  sublimé  corrosif  réduit  en  poudie. 
Lorsque  la  solution  est  faite,  on  y verse  une  solu- 
tion de  carbonate  de  potasse , qui  y forme  un  précipité 
blanc  -,  on  continue  d’en  verser  jusqu’à  ce  qu’il  ne  se  pré- 
cipite plus  rien  : alors  on  filtre  la  liqueur  -,  on  la  met  à 
part  -,  on  passe  beaucoup  d’eau  froide  très-pure  sur  le 
précipité  : on  le  met  ensuite  en  petits  tcochisques  , par  1* 


Du  Mercure.  4î* 

moyen  d’un  entonnoir  de  verre  , et  on  les  fait  sécher 
à l’air. 

Dans  cette  opération  , la  potasse  dégage  l'ammoniaque  y 
qui  précipite  à son  tour  le  mercure  en  oxide  blanc. 

Cette  espèce  de  . précipité  blanc  est  appelée  , par 
]VÎ.  Fourcroy , muriate  mercurio-ammoniacal  insolu- 
, £/e,etil  le  distingue  du  sel  alembroth , qu’il  désigne  par 
le  nom  de  muriate  ammoniaco-mercuriel  soluble. 

Ce  précipité  jaunit  lorsqu’il  est  exposé  à la  chaleur  et 
même  à la  lumière. 

Ce  muriate  sur-oxigéné  de  mercure  est  décompose  par 
l eau  chargée  de  gaz  hydrogène  sulfuré  , ainsi  que  par  les 
sulfures  hydrogénés.  On  obtient  un  précipité  de  mercure 
sulfuré  noir. 

Le  soufre  ne  le  change  pas,  ni  le  carbone  : le  phos- 
phore ne  décompose  pas  entièrement  le  muriate  oxigéné 
de  mercure,  mais  le  gaz  hydrogène  phosplaoré  y forme 
un  précipité  noir. 

La  plupart  des  métaux  décomposent  ce  sel.  Avec  l’ar- 
senic , on  obtient  un  composé  connu  sous  le  nom  de 
beurre  cl arsenic , huile  corrosive.  C’est  du  muriate  d ar- 
senic sublimé.  Voyez  l’article  arsenic. 

Avec  le  bismuth,  on  peut  obtenir  la  décomposition 
du  muriate  sur-oxigéné  de  mercure.  Voyez  muriate  de- 
bismuth. 

L’action  du  muriate  sur-oxigéné  de  mercure  sur  l’ail- 
timoine , est  très-marquée  , il  en  résulte  le  muriate 
d’antimoine  sublimé.  Voyez  l’article  de  l’antimoine. 

Une  préparation  beaucoup  plus  importante  que  celles 
dont  nous  venons  de  parler,  est  celle  qui  résulte  de  1* 


424  Du  Mercure. 

combinaison  du  muriate  sur-oxigéné  de  mercure  avec  le 

mercure  métal. 

Pour  faire  cette  combinaison  , il  existe  plusieurs  pro- 
cédés. 

D apres  Baume  , on  prend  quatre  parties  de  muriate 
sur-oxigene  de  mercure  et  trois  de  mercure  coulant-,  on 


tiiture  ces  deux  substances  dans  un  mortier  de  marbre  avec 
un  peu  d eau  ; quand  le  mercure  est  parfaitement  éteint, 
ce  que  I on  reconnoît  lorsque  la  poudre  est  grise , et  que 
Ion  napperçoit  a la  loupe  aucun  globule  de  mercure  , on 
brise  cette  poudre  sur  un  porphyre  ; on  distribue  ce  mé- 
lange dans  plusieurs  grandes  fioles  à médecine,  en  obser- 
vànt  que  la  moitié  au  moins  reste  vide  -,  on  pose  les  fioles 
sur  un  bain  de  sable,  et  on  les  recouvre  de  sable  jusqu’à 
la  naissance  du  col  seulement  : on  procède  à la  sublima- 
tion par  un  feu  gradué,  qu’on  augmente  dans  l’espace 
d’une  heure  assez  pour  faire  élever  ce  mélangé  à la  partie 
supérieure  des  fioles  , ce  dont  ou  s’appercoit  par  des  vapeurs 
blanches  qui  sortent  des  vaisseaux. 

On  entretient  le  feu  en  cet  état  pendant  environ  six 
heures  : alors  on  laisse  refroidir  les  vaisseaux  ; on  les  en- 
lève du  sable  ; on  les  casse;  on  sépare  la  poudre  blanche 
qui  se  trouve  à la  partie  supérieure,  et  on  la  met  à part. 
On  détache  des  bouteilles  la  substance  qui  y est  sublimée 
en  une  seule  masse,  et  on  porphirise  la  masse. 

Le  procédé  que  nous  venons  d’indiquer  , quoique  le 
plus  ordinairement  suivi  , n’est  pas  sans  inconvénient  : 
j°.  l’extinction  du  mercure  par  la  trituration  est  très- 
longue  ; 2 . le  mercure  n est  jamais  exactement  éteint  dans 
le  mortier,  3°.  les  sublimations  sont  très-lentes. 


Sçhèele  conseille  de  dissoudre  du  mercure  dans  son 


Du  Mercure.  5^5 

poids  d'acide  nitrique,  à l aide  d’une  le'gère  chaleur , de 
faire  d'un  autre  côté  , une  solution  de  mnriate  de  soude 
dans  trente-deux  fois  son  poids  d’eau  bouillante , de  mêler 
les  deux  liqueurs  chaudes  , de  remuer  continuellement  le 
mélange , de  laisser  déposer  le  précipité  , de  décanter  la 
liqueur  claire  qui  le  surnage , de  l’édulcorer  avec  de  l’eau 
chaude  jusqu’à  ce  que  celle-ci  sorte  sans  saveur  , de  jeter 
le  tout  sur  un  filtre  , et  de  faire  sécher  à une  douce  cha- 
leur. Ce  muriate  de  mercure  est  aussi  doux  et  aussi  pur 
que  celui  qui  est  préparé  par  la  trituration  , l’extinction  et 
la  sublimation. 

Il  est  essentiel  de  ne  point  trop  réitérer  les  sublima- 
tions du  muriate  mercuriel  doux  , puisque  ce  derjiier  perd 
chaque  fois  une  portion  de  mercure,  ce  qui  donne  à 
chaque  sublimation  une  certaine  quantité  de  muriate  mer- 
curiel corrosif.  Le  moyen  le  plus  sûr  d’adoucir  le  muriate 
mercuriel  doux  , est  de  le  laver  dans  beaucoup  d’eau  , 
pour  dissoudre  tout  le  muriate  mercuriel  corrosif  qu’il 
peut  contenjf. 

Ces  réflexions  nous  conduisent  naturellement  à rejeter 
cette  préparation,  connue  sous  le  nom  de  panacée  mer- 
curielle , laquelle  se  préparoit  en  faisant  sublimer  neuf 
fois  de  suite  le  muriate  mercuriel  doux. 

La  théorie  de  cette  opération  est  facile  à concevoir.  Le 
muriate  sur-oxigéné  de  mercure  cède  très-facilement  au 
mercure  une  portion  de  son  oxigène;  de  là  l’extinction  de 
ce  métal  et  la  couleur  grise  que  prend  ce  mélange  -,  il  se  fait 
ici  un  partage  de  l’oxigène  entre  l’oxide  de  muriate  de  mer- 
cure corrosif  et  les  | de  son  poids  de  mercure  -,  alors  il  s’établit 
un  équilibre  permanent. 

Dans  cet  état,  le  mélange  a perdu  son  àcreté  et  sa  disso- 


4*6  JOu  Mercure*. 

lubilite,  mais  il  n’y  a pas  de  combinaison  bien  intime  entre 
les  deux  portions  d’oxide  et  celle  de  l’acide;  le  calorique 
achevé  1 union  réciproque  qui  se  trouve  complette  après  \ 
mie  sublimation. 

Les  propriétés  du  muriate  doux  sont  très-différentes  I 
de  celles  du  muriate  sur-oxigéné.  Il  n’a  pas  de  saveur  ; 
il  n’agit  sous  forme  solide  que  comme  un  purgatif  léger. 
Exposé  à la  lumière  , il  noircit  ; frotté  dans  l’obscurité , iL 
est  lumineux  et  phosphorique.  Il  est  plus  difficile  à vola- 
tiliser et  à sublimer  que  le  muriate  sur-oxigéné. 

Sublimé  lentement,  il  fournit  des  cristaux  en  prismes  < 
tétraèdres , terminés  par  des  pyramides  à quatre  faces. 

Les  bases  salifiables,  alcalines -terreuses  et  alcalines 
le  décomposent  quand  on  l’agite  avec  l’eau  de  chaux, 
de  barite,  ou  avec  une  dissolution  de  potasse  ; de  blanc 
qu’il  est  il  passe  au  noir,  ce  qui  prouve  que  ce  sel  est 
nn  muriate  dans  lequel  le  mercure  se  trouve  au  minimum 
d’oxi  dation. 

Parmi  les  autres  acides  , il  en  est  beaucoup  qui  ne  se 
combinent  pas  immédiatement  au  mercure  ; mais  presque 
tous  s’unissent  par  voies  d’affinités  doubles. 

On  ne  connoît  pas  encore  l’action  des  acides  carbonique, 
fluorique  et  boracique  sur  le  mercure. 

On  sait  seulement  que  les  carbonates  alcalins  précipitent 
le  mercure  de  ses  dissolutions  acides , et  que  les  préci- 
pités sont  différens  de  ceux  que  l’on  obtient  avec  les  alcalis 
purs  , contenant  de  l’acide  carbonique. 

L’acide  phosphorique  s’unit  à son  oxide  ; maison  n’opère 
bien  cette  union  qu’en  précipitant  du  nitrate  de  mercure 
avec  une  dissolution  de  phosphate  alcalin. 

L’action  de  l’acide  phosphoreux  sur  l’oxide  ronge  de 


Du  Mercure.  427 

•mercure , est  assez  remarquable.  Quand  on  fait  bouillir 
ensemble  ces  deux  substances,  il  se  forme  de  l’acide 
phosphorique  , et  l’oxide  se  réduit  à l’état  métallique. 

Pour  faire  le  borate  de  mercure  , on  verse  dans  une  dis- 
solution de  nilrate  de  mercure  , du  borate  de  soude  saturé; 

I il  se  précipite  un  sel  peu  soluble  ; on  peut  l’obtenir  par 
«yaporation  , sous  la  forme  de  pellicules  fines  et  brillantes. 

M.  Chaussier  emploie  avec  succès  cette  combinaison 
saline  dans  le  traitement  des  maladies  vénériennes. 

Si  l’on  expose  ce  sel  à l’air,  il  y verdit.  Le  muriate 
ammoniacal  le  rend  très-soluble  ; l’eau  de  chaux  le  précipite 
*n  jaune  , qui  devient  rouge  foncé  ; la  potasse  le  précipite 
æn  blanc. 

On  sait  très-peu  de  chose  sur  l’union  de  l’oxide  de  mer- 
«cure  avec  les  acides  métalliques. 

Schèele  a indiqué  quelques-unes  des  propriétés  de  l’ar- 
•jseniate  , du  tungstate  et  du  molybdate  de  mercure  , qu’on 
prépare  en  versant  dans  la  dissolution  nitrique  de  ce 
iznétal  des  sels  alcalins  ou  solubles  formés  par  ces  acides. 

L’acide  chrômique  , combiné  avec  l’oxide  de  mercure 
(■par  l’union  de  la  dissolution  d’un  chrômate  alcalin  avec 
' çelle du  nitrate  de  mercure,  forme  un  précipité  indissoluble 
d’un  rouge  de  cinabre  très-vif,  qui  est  utile  à la  pein- 
ture. 

Les  oxides  de  mercure  s’unissent  en  général  aux  alcalis. 

M.  Fourcroy  a reconnu  qu’en  évaporant  la  lessive  d’un 
mélange  d’oxide  rouge  de  mercure  et  d’ammoniaque  en 
excès  , qui  en  avoit  produit  en  partie  la  réduction  , on 
pouvoit  obtenir  un  vrai  sel  triple,  un  nitrate  ammoniaco- 
piercuriel , ce  qui  est  dû  à de  l’acide  nitrique  formé  par 
1 effet  de  cette  décomposition. 


4^8  Du  Mercure. 

Les  sels  neutres  n’ont  que  peu  d’action  sur  le  mercure. 
Quoique  cette  assertion  soit  sur-tout  applicable  aux  diffé-  ; 
îens  sels  sulfuriques*,  M.  Fourcroy  a cependant  remarqué 
que  le  meicure  s eteignoit  très-promptement  dans  le  sulfate  j 
de  potasse. 

Le  mercure  , d’après  l’expérience  de  la  Garaye  , forme  : 
avec  le  muriate  d’ammoniaque,  un  muriate  ammoniaco-  j 
mercuriel. 

. 

On  met  dans  un  mortier  de  marbre  une  partie  de  mer- 
cure coulant  et  quatre  de  muriate  d’ammoniaque  en 
poudre  ; on  triture  ces  deux  substances  jusqu’à  ce  que  le 
mercure  soit  bien  eteint  ; on  humecte  le  mélange  avec  un 
peu  d eau  , s il  est  trop  sec.  On  laisse  cette  poudre  grise 
a 1 air  pendant  20  ou  5o  jours  , ayant  soin  de  l agiter 
de  tems  en  tems  ; on  la  broie  de  nouveau  dans  un 
mortier  , on  la  met  dans  un  matras  , et  on  verse  dessus 
de  1 alcool  jusqu  a ce  qu’il  surnage  la  poudre  d environ 
deux  doigts  *,  on  place  le  vaisseau  sur  un  bain  de  sable, 
on  le  chauffe  par  degrés  jusqu’à  fairebouillir  l’alcool  qui 
acquiert  une  couleur  citrine  , et  alors  on  laisse  refroidir 
la  liqueur  , on  la  filtre  *,  c’est  la  teinture  de' mercure  de 
la  Garaye. 

Cette  teinture  contient  du  mercure  ; car  en  y trem- 
pant une  lame  de  cuivre  bien  décapée,  elle  acquiert  de 
la  blancheur. 

Le  mercure  se  combine  avec  beaucoup  d'autres  sub- 
stances, avec  les  gommes,  les  liqueurs  sirupeuses,  divers 
acides  végétaux,  etc.  ; substances  que  nous  examinerons 
par  la  suite. 

Le  mercure  est  d un  usage  très-étendu  dans  les  arts  , 
il  est  employé  aujourd’hui  presque  généralement  pour 


X 


Du  Zinc. 


420 


i la  construction  du  thermomètre.  On  le  préfère  , avec 
: raison,  à l’alcool  , soit  à cause  de  son  homogénéité, 
soit  parce  que  ses  dilatations  depuis  zéro  jusqu’à  l’eau 
:bouillante , sont  sensiblement  égales  aux  accroissemens 
de  chaleur  , tandis  que  l’àlcool , toutes  choses  égales  d’ail- 
lleurs,  indique  les  degrés  inégaux  par  des  variations 
(égales  de  température,  et  de  là  vient  qu’il  n’y  a que  les 
lhermomètres  à mercure  qui  soient  vraiment  compa- 
rables. 


Le  mercure  s’amalgame  avec  presque  tous  les  métaux  , 
æt  cette  propriété,  jointe  à sa  volatilité,  le  fait  employer 
-dans  la  dorure  et  l’argenture  sur  cuivre  , et  dans  le 
Etraitement  des  mines  d’or  et  d’argent.  L’étamage  des 
glaces  se  fait  à l’aide  du  mercure  amalgamé  avec  l’étain. 
ILes  physiciens  se  servent  du  meme  amalgame  , ou  de 
îcelui  du  mercure  avec  le  bismuth  , pour  enduire  les 
(frottoirs  des  machines  électriques. 

C’est  sur-tout  aux  différentes  manières  de  le  combiner  à 
(différentes  substances  que  sont  dus  les  grands  avantage» 
.ajue  l’on  retire  de  ce  métal.  En  médecine  on  l’emploie 
sous  toutes  les  formes. 


CHAPITRÉ  XVII. 


Du  Zinc. 

Le  zinc  natif  est  très-rare  ; on  doute  même  de  30a 
«Htistenoe. 


34o  Du  Zinc. 

M.  Brongniart  compte  quatre  espèces  de  mines  dç 
zinc  ; savoir  : le  zinc  oxidé  on  la  calamine  , zinc  car- 
bonaté,  zinc  sulfuré  ou  la  blende  et  le  zinc  sulfaté. 

Le  zinc  oxidé  cristallisé  se  trouve  à Fribourg,  en  i 
Brisgaw;  à Bleyberg  , en  Carintliie-,  dans  les  comtés  dei 
Sommerset  et  de  Nottingham  , en  Angleterre,  etc.  Le 
zinc  oxidé  concrétionné  ou  informe  se  rencontre  dans  les 
mêmes  lieux.  Il  y en  a aussi  près  de  Strasbourg  , dans  la 
ci-devant  Alsace  -,  dans  le  ducbé  de  Limbourg  ; à Saint- 
Sauveur  , dans  la  Normandie,  etc. 

Zinc  carbonaté.  Cette  espèce  se  lie  à la  précédente 
par  des  nuances  insensibles , et  a été  confondue  longtems 
avec  elle.  Elle  est  d’un  blanc  sale  jaunâtre  et  fait  effer- 
vescence avec  l'acide  nitrique.  On  la  trouve  à Baibel  , 
en  Carintliie , dans  le  comté  de  Commerset  et  dans  le 
Derbyshire  , en  Angleterre. 

Le  zinc'  sulfuré  abonde  dans  les  mines  de  Saxe , de 
Bohême  et  de  Hongrie.  On  en  trouve  aussi  en  Suède , en 
Norwège  , en  Angleterre  , en  France  , etc.  ; et  c est  en 
général  une  des  substances  métalliques  les  plus  commu- 
nes. 11  a pour  gangue  différentes  substances  terreuses  on 
acidifères , sur-tout  le  quartz , le  fluate  de  chaux  et  le  car- 
bonate de  chaux.  Les  métaux  qu  il  accompagne  le  plus 
ordinairement  sont  le  cuivre  gris,  le  fer  sulfuré  , et  spé- 
cialement le  plomb  sulfuré,  avec  lequel  on  l’a  quelque- 
fois confondu.  C'est  probablement  ce  qui  l’a  fait  appeler 
blende  , on  l’a  nommé  aussi  pour  la  même  raison,  pseudo- 
galène ou  fausse  galene. 

Le  zinc  sulfaté  est  très-rarement  un  produit  immédiat 
de  la  nature , parce  que  les  mines  de  zinc  sulfuré  qui  pour- 


Du  Zinc. 


tfil 

roient  en  fournir  les  principes,  quoiqu’abondantes , se 
décomposent  très -difficilement  d’elles-mêmes.  Mais  on 
trouve  ce  sel  attaché  aux  parois  des  galeries , dans  les  lieux 
où  l’art  l’extrait  du  zinc  sulfuré , comme  à Ramelsberg , 
près  de Goslar,  en  Suisse-,  à Idria,  en  Garinthie-,  àSchem- 
nitz,  en  Hongrie,  etc.  La  plus  grande  partie  de  celui  qui 
est  dans  le  commerce  vient  de  Goslar. 

Le  zinc  du  commerce  est  ordinairement  allié  à un  peu 
de  plomb  et  au  carbure  de  fer.  Ce  mélange  est  dû  pro- 
bablement au  plomb  sulfuré  , dont  on  a retiré  le  zinc  à 
1 état  métallique.  Celui  que  l’on  apporte  de  l'Inde  sous 
le  nom  de  toutenague , est  plus  pur.  La  véritable  tou- 
tenague  de  la  Chine  est  une  substance  métallique  blanche, 
dont  on  fait  des  vases  de  diverses  formes  et  sur-tout  des 
chandeliers.  On  présume  quelle  est  un  alliage  artificiel 
de  différens  métaux. 

On  n’exploite  guère  les  mines  de  zinc  pour  en  retirer 
ce  métal  $ c’est  en  fondant  les  mines  de  plomb  , mêlées  de 
blende,  que  l’on  retire  du  zinc  sous  la  forme  d’oxide, 
qui  se  sublime  dans  les  cheminées  des  fourneaux,  et  y 
produit  des  inscrustrations  grisâtres,  nommées  tuthie  où 
cadmie  des  fourneaux.  On  en  obtient  une  autre  portion 
en  métal  ; pour  cela , on  a soin  de  rafraichir  la  partie  an- 
térieure du  fourneau  , qu’on  nomme  la  chemise.  Le  zinc , 
réduit  eu  vapeurs  par  l’action  du  feu , vient  se  condenser 
dans  cet  endroit , et  retombe  en  grenailles  dans  la  poudre 
de  charbon,  dont  on  a couvert  une  pierre  placée  au  bas 
de  la  chemise  dans  le  fourneau  , et  nommée  assiette  de 
zinc.  Ce  métal  est  préservé  de  l’oxidation  par  la  poudre 
de  charbon  ; on  le  fond  de  nouveau  dans  un  creuset,  et 
«n  le  coule  en  saumons. 


432  Du  Zinc. 

Les  Anglais  retirent  le  zinc  en  grand  de  la  pierre  Cala- 
minaire , par  la  voie  de  la  distillation. 

Ce  métal  présente  dans  sa  cassure  une  couleur  blanche  , 
éclatante , avec  une  nuance  bleuâtre  ; sa  structure  est 
très-lamelleuse.  M.  Haüj  n’a  pu  en  déterminer  la  for- 
me primitive,  à cause  de  la  difficulté  qu’on  éprouve  à 
réduire  le  zinc  en  fragmens  par  la  percussion. 

Ce  métal  a un  certain  degré  de  ductilité.  11  est  sus- 
ceptible d’être  forgé  en  le  tenant  à une  température 
de  4o  à 60  degrés  centigrades. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  de  7,19. 

Lorsqu’on  veut  avoir  du  zinc  très-divisé , il  faut  le  gre- 
nailler  , c’est-à-dire , le  couler  fondu  dans  de  l’eau  froide, 
ou  le  réduire  en  limaille. 

On  met  du  zinc  dans  un  creuset,  on  l’expose  au  feu  ; 
sitôt  qu’il  est  fondu  , on  le  coule  doucement  dans  un 
baquet  plein  d’eau  : le  zinc  se  trouve  réduit  en  petites 
parties. 

On  peut  encore  l’obtenir  très-divisé , en  le  triturant  , 
lorsqu’il  est  fondu  , et  en  tenant  les  molécules  écartées 
par  le  mouvement.  11  faut  faire  cette  opération  dans  un 
mortier  de  marbre. 

Mangez  a trouvé  le  moyen  d obtenir  ce  métal  sous 
une  forme  régulière  ; il  s’est  servi  à cet  effet  d'un  têt  à 
rôtir , percé  au  fond  et  sur  ses  côtés  , de  plusieurs  trous 
qu’il  bouchoit  avec  des  os  , calcinés  et  réduits  eu  pou- 
dre, dont  il  fornioit  une  pâte  avec  un  peu  d’eau.  Quand 
le  zinc  se  refroidit  à sa  surface , on  débouche  peu-à-peu 
les  trous,  et  on  agite  le  métal  avec  un  fer  rouge  in- 
troduit par  ces  ouvertures.  La  portion  de  zinc  fondu  , 
coule-,  alors  , on  agite  le  têt  à rôtir,  jusqu’à  ce  qu’il- 


Du  Zinc. 


433 

n’échappe  plus  de  métal  fondu,  et  la  portion  refroidie 
cristallise  en  prismes  aiguillés.  Si  on  la  laisse  dans  le 
vaisseau  , elle  a la  couleur  métallique  ; si  on  l’expose  à 
l’air,  elle  prend  des  nuances  irisées. 

Lorsque  le  zinc  n’éprouve  que  le  degré  de  calorique 
suiüsanl  pour  le  tenir  en  fusion,  sa  surface  se  couvre  d’un 
oxide  gris.  On  pourroit  , avec  beaucoup  de  patience  , 
le  réduire  tout  en  oxide  semblable  ; mais  cela  est  très- 
difficile  , parce  que , pour  peu1  qu’il  soit  rouge,  même 
' obscurément , et  qu  il  ait  le  contact  de  l’air  , il  s’enflamme 
et  brûle  avec  une  flamme  blanche  , ou  d’un  jaune  légè- 
rement verdâtre  , très-brillante. 

O11  réduit  facilement  cet  oxide  gris,  à l’aide  d’un  corps 
combustible. 

Quand  ou  chauffe  fortement  le  zinc,  il  brûle  et  se  vola- 
tilise. On  emploie  ce  moyen  pour  préparer  son  oxide, 

' connu  sous  le  nom  de  fleurs  de  zinc  , nihil  album  , pom- 
\phol/x  , laine  philosophique  , coton  philosophique , etc. 
Le  zinc  dans  cet  état  augmente  d environ  un  seizième. 

. M.  Gruyton  porte  la  proportion  d’oxigène  jusqu’à  0,61. 

\oici  la  manière  d’obtenir  cet  oxide  blanc. 

On  place  dans  un  bon  fourneau  un  grand  creuset  sur 
deux  briques  , et  011  1 incline  sur  un  angle  d environ  qua- 
rante-cinq degrés  ; on  forme  devant  l’ouverture  du 
creuset  un  mantonnet  pour  supporter  le  couvercle  , afin 
de  boucher  l’ouverture  du  creuset , lorsque  .cela  est  né- 
- cessaire. 

On  met  dans  ce  creuset  du  zinc;  on  le  fait  fondre  par 
un  feu  Irès-aclif et  capable  de  le  rougir  à blanc,  en  te- 
nant le  creuset  fermé.  Lorqu’on  juge  qu’il  est  bien 
i rouge  , on  découvre  le  creuset  ; il  s’élève  aussitôt  de  la 
2-  28 


434  Du  Zinc- 

surface  du  zinc  une  flamme  parfaitement  blanche  et  tn.s- 
vive  ; il  s’élève  en  même  tems  des  flocons  de  matière 
très-blanche  et  légère  comme  du  coton  : c’est  1 oxide  blanc 
de  zinc.  On  ôte  cet  oxide  avec  une  cuiller  de  fer  à long 
manche  -,  il  s’en  reforme  d’autre  aussitôt  : on  1 ote  de 
même,  et  on  continue  de  suite  jusqu’à  ce  que  tout  le  zinc 
soit  converti  en  oxide. 

Il  faut  avoir  soin  d’agiter  avec  une  spatule  pour  a- g - 
menter  le  contact  de  l’air^et  même  de  laisser  un  courant 
d’air , ou  mieux  encore  de  souffler  sur  le  métal  , on  ob- 
tient ainsi  un  oxide  blanc  en  beaux  flocons. 

On  peut  encore  préparer  cet  oxide  en  agitant  fortement 
le  zinc  quand  il  est  rouge,  mais  1 oxide  est  gris  •,  il  faut 
ensuite  le  mettre  dans  un  têt  à rôtir,  ou  p .rte  au  rouge  , 
on  agite  et  on  enlève  à mesure  que  1 oxide  se  forme-,  il  est 
alors  blanc  , mais  en  poudre. 

Cet  oxide  n’est  point  volatil,  quoiqu  il  sélè\e  à la 
manière  des  corps  volatils  ; il  est,  au  contraire  , très-fixe 
au  feu. 

Cet  oxide  peut  être  fondu  en  verre  , mais  il  faut  un 
feu  de  la  plus  grande  violence;  cet  oxide  vitrifié  est  d un 
jaune  pur,  et  ne  peut  être  réduit  que.  par  le  charbon  ou 
tout  autre  corps  combustible. 

MM.  Desormes  et  Clément  qui  ont  réduit  l’oxide 
blanc  de  zinc  par  le  charbon , distillation  qui  leur  a 
fourni  du  gaz  oxide  de  carbone  en  très-grande  quantité, 
ont  trouvé  que  l’oxide  de  zinc  étoit  composé  de  o,833, 
de  métal  et  de  0,167,  d’oxigène. 

Le  zinc  est  peu  altéré  par  l’air;  sa  surface  s’y  ternit  : 
il  paroît  que  c'est  un  commencement  d’oxidation. 


Du  Zinc. 


435 

Le  phosphore  peut  s’unir  au  zinc  : ces  expériences  sont 
dues  à Pelletier. 

On  peut  obtenir  le  phosphure  de  zinc,  en  projetant  du 
phosphore  sur  du  zinc  en  fusion. 

Ou  fait  rougir  clans  un  creuset  du  zinc  coupe  par  petits 
mor  eaux,  et  ensuite  on  y piojctte  du  phosphore  bien 
essuyé  : le  zinc  eutre  en  fusion-,  ou  continue  à y projeter 
du  phosphore,  et  en  même  tems  des  petits  morceaux  de 
résine , afin  d’empêcher  l’oxidation  du  zinc.  On  relire  le 
creuset  du  feu,  et  l’on  trouve  une  substance  métallique, 
qui  n est  que  du  phosphure  de  zinc. 

Sa  couleur  est  blanche,  mais  moins  brillante  que  celle 
du  zinc;  elle  est  plutôt  plombée. 

Lorsqu’on  lime  le  phosphure  de  zinc,  ou  bien  lorsqu’on 
le  frappe  avec  un  marteau  sur  une  enclume,  il  répand 
une  odeur  analogue  à celle  du  phosphore;  il  s’étend  aussi 
un  peu  sous  le  marteau. 

T.e  zinc  se  dissout  dans  le  gaz  hydrogène.  Cette  expé- 
rience est  due  à M.  Vauquelin. 

On  met  dans  une  cornue  quatre  parties  de  blende  grillée 
avec  une  partie  de  charbon  desséché  fortement;  on  y adapte 
un  tube  recourbé  qui  va  plonger  dans  l eau  sous  une  cloche 
à l’appareil  pneumat  i-chimique. 

Quand  la  température  n'est  pas  assez  forte  pour  opérer 
la  réduction  du  zinc,  le  gaz  qui  se  dégage  n’a  d’autres 
propriétés  que  celles  du  gaz  hydrogène  carboné;  m is 
aussitôt  que  la  réduction  commence  à s effectuer,  le  gaz 
hydrogéné  tient  du  zinc  en  solution;  ce  qu’on  apperçoit 
aisémeut  par  la  flamme  jaune  bleuâtre  quil  produit  en 
brûlant. 


4-36  Bu  Zinc. 

Plus  l’opération  approche  de  sa  fin,  et  que  la  chaleur  est 
vive  , plus  le  gaz  est  chargé  de  zinc. 

On  obtient  donc,  pendant  le  cours  de  cette  opération, 
du  gaz  acide  carbonique  et  du  gaz  hydrogéné  zince  et  i 
carboné. 

Le  mélange  de  ce  gaz  est  beaucoup  plus  lourd  que  le  gaz  f 
hydrogène  ordinaire-,  mais  il  est  plus  léger  que  lair  atmos-  | 
phèrique , car  ce  dernier  le  déplace  facilement. 

Si  l’on  enflamme  ce  gaz,  on  n’apperçoit  aucun  résidu  } 
sensible  sur  les  parois  du  vase,  comme  cela  arrive  pour 
l’hydrogène  sulfuré-,  mais  si  Ion  remplit  ensuite  le  vase  j 
d’eau,  la  surface  de  ce  liquide  se  couvre  d’une  pellicule  J 
brillante,  d’une  couleur  blanche- grisâtre,  et  qui , ramassée, 
présente  tous  les  caractères  du  zinc  métallique. 

Il  n’y  a donc  qu’une  portion  de  zinc  qui  brûle  avec  le 
gaz  hydrogène,  puisqu’il  s’en  échappé  a la  combustion,  et  1 
que  l’on  obtient  à l’état  métallique. 

Le  gaz  hydrogène  zincé  n’est  pas  décomposé  par  1 acide 
muriatique  oxigéné,  comme  le  gaz  hydrogène  sulfuré  et 
pliosphoré.  Si  l’on  enflamme  ce  mélange  avec  le  contact 
de  l’air,  alors  la  combustion  est  plus  rapide,  la  flamme 


plus  blanche,  et  il  ne  se  dépose  point  de  zinc  métallique; 
ce  métal  est  au  contraire  combiné  avec  l’acide  muriatique  à 
l’état  d’oxide,  qu’on  rend  sensible  par  un  carbonate  alcalin 
ou  à l’aide  d’un  hydro-sulfure. 

M-  Vauquelin  n’a  pu  découvrir  la  présence  du  zinc  dans 
du  gaz  hydrogène  produit  par  la  solution  de  ce  métal  dans 


les  acides  étendus  d’eau. 

L’oxide  de  zinc  s’unit  très-bien  au  soufre,  d après  I 
M.  Guy  ton. 

A cet  effet,  on  fait  fondre  du  soufre  dans  un  creuset, 


Du  Zinc. 


437, 

et  on  y projette  de  l’oxide  de  zinc;  il  en  résulte  une  sub- 
stance minérale  grise , semblable  à la  blende  d’Huelgoè'ty 
d’où  s’élèvent  quelquefois  des  aiguilles  prismatiques  jaunes 
et  brillantes,  qui  s’attachent  au  couvercle  du  creuset. 

Le  zinc  ne  contracte  aucune  union  avec  l’arsenic  par  la 
voie  humide. 

Malouin -,  qui  a essayé  cette  combinaison,  a vu  qu’en 
distillant  un  mélange  d’oxide  d’ai'senic,  de  suif  et  de  zinc, 
on  obtenoit  une  masse  noirâtre  semblable  à la  blende  et 
plus  tendre  que  cette  mine,  et  qu’il  s’exhaloit  de  la  cornue 
une  odeur  insupportable. 

On  n a encore  pu  allier  le  zinc  avec  le  cobalt  et  le  bis- 
muth. 

Fondu  avec  l’antimoine,  il  donne  un  alliage  dur  et  cassant, 
dont  on  n’a  pas  encore  examiné  les  propriétés. 

Le  mercure  se  combine  au  zinc  par  la  fusion;  mais  il 
ne  faut  pas  que  le  zinc  soit  trop  chaud  : le  degré  de  chaleur 
convenable  est  celui  où  il  peut  roussir  une  caite  sans  la 
brûler. 

L’amalgame  qu’il  forme  avec  ce  métal  est  solide;  il 
devient  lluide  parla  trituration.  Lorsqu’on  le  fond  et  qu’on 
le  laisse  refroidir  lentement,  il  cristallise  en  lames  qui 
paroissent  carrées  et  arrondies  sur  les  bords. 

L’eau  est  décomposée  par  le  zinc.  Lavoisier  et  Meusnfer 
l’ont  prouvé  par  leurs  expériences  sur  la  décomposition  de 
l’eau.  En  effet,  si  l’on  fait  passer  de  l’eau  sur  du  zinc  qui 
commence  à rougir,  on  obtient  beaucoup  de  gaz  hydrogène, 
et  le  zinc  est  à l’état  d’oxide.  < 

L’acide  sulfurique  agit  très-bien  sur  le  zinc,  même  à 
froid. 

On  met  dans  un  rnalras  une  partie  de  zinc  en  grenaille* 


438  Du  Zinc. 

on  verse  dessus  deux  parties  d’aride  sulfurique  étendu 
d’eau;  si  l’on  veut  recueillir  le  gaz  ({ni  se  dégage  , on  y 
ajuste  un  tube  recourbé  qui  va  plonger  sous  une  cloebe 
pleine  d’eau:  il  se  produit  beaucoup  de  chaleur,  et  il  se 
précipite  une  poudre  noire,  qui  est  du  carbure  de  fer.  On 
obtient  aussi  sous  la  cloche  du  gaz  hydrogène  tenant  un 
peu  de  carbone  en  solution.  Lorsque  la  solution  cM  faite, 
on  l’étend  d’eau,  on  filtre  la  liqueur,  et  on  la  fait  évaporer 
dans  une  capsule  de  verre,  on  la  laisse  ensuite  refroidir,  et 
l’on  obtient  des  cristaux  qui  sont  des  prismes  tétraèdres , 
terminés  par  des  pyramides  à quatre  faces. 

Quand  on  veut  obtenir  ce  sel  parfaitement  cristallisé, 
il  faut  exposer , pendant  quelques  jours  à l’air,  une  solu- 
tion de  ce  sel,  faite  dans  l’eau  bouillante  et  un  peu 

r / 

evaporee. 

On  prépare  aussi  pour  les  arts  un  sulfate  de  zinc,  appelé 
couperose  blanche , vitriol  blanc , vitriol  de  Goslar. 

C’est  principalement  au  Rammclsberg  près  de  Goslar,  et 
en  Suède  , que  se  fabrique  ce  sel. 

On  fait  griller  les  minérais  qui  renfewnent  dn  zinc 
sulfuré,  et  on  les  lessive  encore  chauds.  On  décompose, 
par  l’agitation  à J’air,  le  sulfate  de  fer  qui  peut  s’y  trouver, 
et  on  sépare  l’oxide  jaune  qui  résulte  de  cette  décompo- 
sition. On  fait  évaporer  la  lessive  purifiée,  èt  on  obtient  du 
sulfate  de  zinc  cristallisé  et  limpide,  on  le  fond  à l’aide  de 
son  eau  de  cristallisation -,  on  l’agite  continuellement,  et  on 
le  verse  dans  des  baquets  : il  se  prend  en  une  masse  cris- 
talline et  blanche  comme  du  sucre.  C’est  ainsi  qu’il  est 
répandu  dans  le  commerce. 

Le  sulfate  de  zinc  a une  saveur  styptique  assez  forte;  il 
est  blanc  transparent-,  chauffé  fortement  dans  une  cornue 


Du  Zinc. 


43» 

de  grès,  il  se  décompose  entièrement.  Il  passe  dans  le  réci- 
pient de  l’acide  sulfurique,  et  il  se  dégage  du  gazoxigène, 
et  du  gaz  acide  sulfureux. 

Le  sulfate  de  Goslar  jaunit  à l’air  au  bout  de  quelque 
teins.  Il  se  dissout  dans  deux  parties  d’eau  froide. 

Ce  sel  est  décomposé  par  toutes  les  substances  terreuses 

et  alcalines. 

L’oxide  de  zinc  précipité  par  ces  substances  peut  se 
redissoudre  dans  les  acides,  et  meme  dans  les  alcalis. 

D’après  M.  Proust , le  zinc  en  se  combinant  avec  un 
acide  quelconque,  absorbe  constamment  la  meme  quantité 
d’oxigène. 

Pour  purifier  le  sulfate  de.zinc  du  1er,  ce  chimiste  pio- 
pose  de  faire  bouillir  deux  livres  de  ce  sel  avec  une  once 
d’acide  nitrique;  on  y mêle  ensuite  de  la  potasse  pour 
saturer  l’excès  d’acide;  l’on  obtient  un  précipité  de  3 ou  4 
<rros.  On  fait  bouillir  de  nouveau,  alors  le  précipité  qui  est 

b 

blanc  passe  au  jaune;  en  répétant  plusieurs  cristallisations, 
il  ne  reste  pas  un  atome  do  fer  dans  la  solution  de  zinc. 

D’après  M.  Teintant  le  sulfate  de  zinc  desséché,  est 
composé  de  o,5o  d acide , et  de  o,oo  de  zinc. 

Les  sulfures  alcalins  et  les  hydro-sulfures  précipitent 
aussi  le  sulfate  de  zinc  en  orangé  foncé  ou  brun;  il  se 
dépose  alors  de  l’oxide  de  zinc  sulfuré  ou  hydro-s ulfuré. 

L’acide  sulfureux  attaque  le  zinc,  soit  en  poudre,  soit 
en  limaille;  il  se  produit  de  la  chaleur;  il.  se  dégage  du  gaz 
hydrogène  sulfuré:  la  liqueur  devient  d’abord  brune, 
quelquefois  elle  se  trouble  et  prend  une  couleur  jaune  de 
soufre;  mais  elle  s’éclaircit  sur  la  fin  de  l’action. 

Celte  solution  a une  saveur  piquante,  astringente,  et 
sulfureuse. 


44°  Du  Zinc. 

Si  on  l’expose  à l’air, elle  s’épaissit,  donne  des  aiguilles 
ou  prismes  fins  .tétraèdres,  à pyramides  quadrangulaires 
très-aigues  : c’est  un  sulfite  de  zinc,  qui  devient  blanc  à 
1 air , et  forme  une  poussière  blanche  insoluble  dans  l’eau. 

M.  Fourcroj , nomme  ce  sel  sulfite  sulfuré  de  zinc. 

Le  meme  chimiste  a fait  aussi  connoître  une  autre  espèce 
de  sel  ou  de  sulfite  de  zinc  non  sulfuré.  Voici  l’exposé  de 
ses  expériences  faites  en  commun  avec  M.  Vauqueliu. 

En  mêlant  de  l’oxide  de  zinc  blanc  avec  de  l’acide  sul- 
fureux très-concentré,  ces  deux  corps  se  combinent  sans 
mouvement,  avec  chaleur  et  destruction  d’odeur  de  la  part 
de  l’acide.  Quand  la  saturation  estcomplette,  il  se  forme  à la 
surface  de  la  liqueur,  des  cristaux  blancs  en  trémies.  Ce 
sel,  ou  sulfite  de  zinc  pur,  comparé  au  précédent , jjrésente 
les  propriétés  suivantes  : 

Il  aune  saveur  moins  piquante,  mais  p^is  styptique 
que  ce  dernier;  il  est  moins  soluble  dans  l’eau  , et  cristallise 
plus  facilement. 

Les  acides  le  décomposent  avec  effervescence;  mais  ils 
n’en  séparent  point  de  soufre  comme  du  sulfite  sulfuré. 

L’acide  nitrique  dissout  très-facilement  le  zinc,  et  est 
décomposé  par  ce  métal. 

A cet  effet,  on  met  du  zinc  en  grenaille  dans  un  malras: 
on  verse  dessus  de  l’acide  nitrique  foible;  il  se  fait  une 
vive  effervescence,  l’acide  est  partagé  en  deux  parties, 
l’une  sert  à oxicler  le  zinc,  tandis  que  l’autre  le  dissout;  on 
chauffe  un  peu,  ou  filtre  parce  qu’il  y a un  peu  de  fer  et 
de  matière  charbonneuse  qui  reste  sur  le  filtre. 

La  solution  nitrique  de  zinc  est  d'un  jaune  verdâtre, 
et  un  peu  troidde  quand  elle  vient  d être  faite;  mais  le 
repos  la  rend  transparente. 


Du  Zinc. 


44* 

Elle  fournit  par  l’évaporation  et  le  repos  «les  cristaux  en 
prismes  tétraèdres,  comprimes  et  stries,  termines  par  des 
pyramides  à quatre  faces,  aussi  striées,  qui  attirent  l’humi- 
dité de  l’air. 

' Ce  sel  est  très-soluble  dans  l’eau  et  dans  l’alcool. 

Mis  sur  les  charbons,  il  se  fond  d’abord,  et  fuse  en  pétil- 
lant dans  les  portions  qui  se  dessèchent. 

Il  répand  en  détonnant  une  petite  flamme  rougeâtre. 

Lorsqu’on  le  fond  dans  un  creuset , on  ne  peut  le  des- 
sécher, même  à la  chaleur  la  plus  douce,  sans  l’altérer; 
il  laisse  échapper  des  vapeurs  de  gaz  nitreux;  il  devient 
d’un  rouge-brun,  et  prend  la  consistance  d’une  gelée  : si 

l’on  continue  de  le  chauffer,  il  se  dessèche  tout- à-fait,  et 

• • 

laisse  un  oxide  jaunâtre. 

Il  est  décomposé  par  l’acide  sulfurique. 

Les  alcalis  en  précipitent  un  oxide  blanc  qu’ils  redis- 
solvent, et  les  carbonates  alcalins  fournissent,  en  le  préci- 
pitant, un  carbonate  de  zinc  très-blanc.  Ce  sel  est  aussi 
précipité  en  blanc  par  les  prussiates.  En  distillant  ce 
nitrate  de  zinc,  en  le  décompose;  on  obtient  un  acide  ni,- 
treux  très-fumant,  et  le  sel  passe  à l’état  de  nitrite. 

L’acide  muriatique  a aussi  une  action  très-vive  sur  le 
zinc.  Il  se  dégage  pendant  l'effervescence  beaucoup  de  gaz 
hydrogène  provfriant  de  l’eau  décomposée  par  le  zinc. 

Ou  ne  peut  obtenir  ce  sel  sous  une  forme  régulière. 

Si  l’on  chauffe  celte  solution,  elle  s’épaissit  et  fournit  par 
la  distillation  un  peu  d’acide  très-fumant,  et  un  muriate  de 
zinc  solide  et  fusible  : on  obtient  aussi  une  matière 
congelée  dans  l’alonge  et  dans  le  bec  de  la  cornue,  que  l’on 
nommoit  autrefois  beurre  (le  zinc. 

Celle  propriété  de  se  volatiliser  à une  douce  ohaleu 


Du  Zinc. 


peut  donner  le  moyen  de  séparer  ce  sel  du  muriale  de  fer, 
qui  e,t  beaucoup  moins  volatil. 

Ce  muriate  est  décomposé  par  l’acide  sulfurique,  qui  en 
dégage  1 ac.de  muriatique  en  vapeur  ou  gaz. 

Les  alcalis  le  précipitent  en  blanc  ; 1 eau  ne  le  précipite 
point. 

On  peut  aussi  obtenir  ce  sel  en  décomposant  le- muriate 
sur-oxigéné  de  mercure  par  le  zinc.  Voyez  la  fin  de  ce 
chapitre. 

L’acide  muriatique  osigéné  dissout  le  zinc  sans  efferves- 
cence, mais  le  sel  qui  en  résulte  n’est  qu’un  simple  muriate. 

Le  zinc  est  enflammé  par  le  gaz  acide  muriatique  oxigéné; 
alors  il  s’oxide  en  blanc. 

L’acide  phospborique  dissout  le  zinc-,  mais  pour  obtenir 
le  phosphate  de  zinc , on  vei'se  le  nitrate  de  zinc  dans  le 
phosphate  de  soude. 

Ce  sel  est  peu  soluble  dans  l’eau. 

L’acide  carbonique  dissout  le  zinc;  mais  cette  solution 
se  fait  tics- lentement. 

Si  on  l’expose  à l’air,  elle  se  couvre  d'une  pellicule  qui 
réfléchit  diverses  couleurs,  et  qui  n’est  autre  chose  que  du 
carbonate  de  zinc. 

On  ne  connoît  pas  les  combinaisons  des  antres  acides. 

Toutes  les  solutions  de  ziuc  dans  les  aCides,  sont  préci- 
pitées par  l’eau  de  chaux,  la  magnésie,  les  alcalis  fixes  et 
l’ammoniaque. 

La  silice  et  l'alumine  ne  forment  point  de  combinaison 
avec  le  ziuc;  mais  son  oxide  entre  dans  les  composés 
vitreux,  et  colore  les  verres  en  jaune. 

Point  d’action  avec  la  magnésie,  la  chaux,  la  barite  et  la 
strontiaue. 


Du  Zinc. 


443 

La  potasse,  ou  la  soude  caustique  en  liqueur,  que  l’on 
fait  bouillir  sur  ce  métal,  noircissent  sa  surface,  se  colo- 
rent en  jaune  s^le,  tiennent  en  solution  une  certaine 
quantité  d’oxide  de  zinc  , que  l’on  peut  en  séparer  par 
les  acides. 

L’ammoniaque  agit  moins  bien  à chaud  sur  le  zinc  , 
sans  doute  à cause  de  sa  volatilité  : cet  alcali  mis  en  digestion 
à froid  avec  le  zinc,  en  dissout  un  peu  -,  il  se  dégage  dans 
les  trois  dissolutions  du  zinc,  par  les  alcalis  , une  certaine 

quantité  de  gaz  hydrogène  , provenant  de  la  décomposition 

* 

de  l’eau. 

Plusieurs  sels  neutres  sont  décomposés  par  le  zinc. 

Si  l’on  chauffe  dans  un  creuset,  du  sulfate  de  potasse 
avec  du  zinc,  le  sel  est  décomposé,  il  se  forme  un  sulfure 
de  potasse. 

Le  nitrate  de  potasse,  mêlé  avec  le  zinc,  détonne  avec 
rapidité. 

On  fait  un  mélange  de  parties  égales  de  nitrate  de  po- 
tasse et  de  zinc  en  limaille;  on  le  projette  par  cuillerées 
dans  un  creuset  qu’on  a fa;t  rougir  auparavant.  Lorsque  la 
jpoudre  a acquis  le  degré  de  chaleur  convenable,  il  se  fait 
toul-à-coup  une  inflammation  très-vive;  lorsqu’elle  est 
cessée  , on  remet  une  nouvelle  cuillerée  de  mélange  , et 
l’on  continue  de  même  jusqu  à ce  qu  on  ait  tout  employé  : 
on  retrouve  ensuite  un  oxide  de  zinc. 

Une  partie  de  ce  résidu  est  soluble  dans  l’eau  ; c’est  delà 
potasse  combinée  avec  une  portion  d'oxide  de  zinc,  que 
l’on  peut  en  précipiter  à l’aide  des  acides. 

C’est  ce  qu’on  appeloit  liqueur  de  nitre  fixé  par  le  ziuc , 
et  que  Hcllot  dit  être  ialkaesl  de  Rcspour , qui  lui  altri- 


444  T) il  Zinc*. 

buoit  la  vertu  de  dissoudre  tous  les  métaux,  propriété 
chimérique,  comme  bien  d’autres. 

Le  zinc  décompose  le  muriate  d’ammoniaque.  Monnet 
prétend  que  cette  décomposition  a lieu  par  trituration. 

Bucquet  l’a  obtenue  par  distillation.  On  fait  un  mélange 
de  deux  parties  de  zinc  ( Hellot  s’est  servi  de  l’oxide  ) , 
sur  une  de  muriate  d’ammoniaque  , et  l’on’distille  ce  mé- 
lange dans  une  cornue  de  verre  ; on  obtient  beaucoup  de 
gaz  ammoniac  et  du  gaz  hydrogène  ; le  résidu  de  l'opéx-ation 
est  du  muriate  de  zinc. 

M.  Thénard  a reconnu  l’existence  d’un  sel  triple 
ammoniaco  de  zinc.  Pour  l’obtenir  , on  fait  bouillir  du 
muriate  d’ammoniaque  avec  de  l’oxide  de  zinc  ; il  se  fait 
alors  un  foible  dégagement  d’ammoniaque  -,  le  muriate 
d’ammoniaque  dissolvant  beaucoup  plus  d’oxide  de  zinc 
à chaud  qu’à  froid  , en  abandonne  la  majeure  partie  par 
le  refroidissement.  Aussi  lorsque  la  dissolution  est  encore 
chaude  , si  on  y jette  de  l’eau  froide,  elle  forme  presque 
un  magma.  Cette  dissolution  refroidie,  pourvu  qu’il  n’y  ait 
point  eu  de  muriate  d’ammoniaque  de  décomposé,  ne  pré- 
cipite même  pas  par  les  carbonates  alcalins,  et  à plus 
forte  raison  par  les  alcalis  ; elle  précipite  en  blanc  par 
l’hydrogène  sulfuré  et  les  hydro-sulfures;  elle  refuse  de 
cristalliser. 

Un  mélange  de  parties  égales  de  muriate  sur-oxigéné  de 
potasse  et  de  zinc,  fulmine  par  le  choc  avec  une  flamme 
blanche  ; il  n’éprouve  rien  de  la  part  de  l’acide  sulfurique. 

Le  muriate  oxigéué  de  mercure  est  décomposé  par  le 
zinc. 

A cct  effet,  on  distille  dans  une  cor  une  de  verre  un  mé- 
lange de  deux  parties  de  ce  sel , avec  une  partie  de  zinc; 


Du  Nickel. 


415 

il  se  sublime  un  sel  qui  cristallise  en  petites  aiguilles  réu- 
nies , le  mercure  reste  pur  : c’est  clu  muriate  de  zinc. 

On  mêle  du  zinc  en  limaille  fine  à la  poudre  à tirer, 
pour  produire  les  étoiles  blanches  et  brillantes  dans  les 
feux  d’artifice. 

Le  zinc , par  sa  propriété  de  décomposer  un  grand 
nombre  de  sels  et  de  dissolutions  métalliques,  est  très- 
utile  pour  les  analyses  des  mines. 

Le  grand  usage  du  zinc  est  de  former  le  laiton  par  son 
alliage  avec  le  cuivre.  Le  zinc  entre  aussi  avec  l’étain  et  le 
cuivre  , dans  la  composition  du  bronze.  On  a proposé  de 
l’employer  au  lieu  d’étain  pour  l’étamage.  M.  Gujton  a 
substitué  avec  avantage  l’oxide  de  zinc  obtenu  par  la  com- 
bustion au  blanc  de  plomb  employé  dans  la  peinture. 
La  couleur  qui  en  résulte  , sans  avoir  aucun  inconvénient 
pour  la  santqgde  l’artiste  , remplit  parfaitement  son  but. 

On  s’en  sert  aus'si  avec  beaucoup  de  succès  pour  former 
la  pile  voltaïque. 

Le  sulfate  et  l’oxide  sont  employés  en  médecine. 


CHAPITRE  XVIII. 


f ' 

fc  ' \ 

Du  Nickel. 

Il  parolt  que  le  nickel  a été  employé  par  les  Chinois 
bien  avafit  qu’on  eût  découvert  ce  métal,  puisqu’il  existe 
un  alliage  à la  Chine,  connu  sous  le  nom  de  Pakfoud, 
qui  contient  du  nickel.  Engestroem  a trtfuvé-  que  c’étoit  un 


44^  T)u  NîckcL 

alliage  de  cuivre,  de  zinc  et  de  nickel,  dont  les  propor- 
tions de  ce  dernier  varient  suivant  1 objet  auquel  les  Chinois 
en  destinoient  1 usage  ; ils  en  font  communément  des  b j mx. 

Hyerne  paroît  être  le  premier  qui  ait  parlé  du  nickel, 
sous  le  nom  de  kupfernickcl , en  1694  HenekclW  regardé 
c mme  une  espèce  de  cobalt,  ou  d’arsenic  mêlé  de  cuivre. 
Ciamer  l’a  aussi  placé  parmi  les  mines  de  cuivre:  et  ce 
n’est  qu’en  i^5i  que  Cronstedt  a retiré  un  nouveau  métal 
de  ce  prétendu  mélange. 

Nickel  arsenical , ou  Kupfernickel. 

Cette  mine  d’un  rouge  de  cuivre  se  trouve  en  divers 
endroits  de  l’Allemagne,  et  eu  particulier  à Se hnéeberg, 
à Saalfeld  et  à Andreasberg -,  en  France,  à Sainte-Marie- 
aux-Mines  et  à Allemont;  en  Angleterre,  au  comté  de 
Cornouailles.  Il  accompagne  assez  souvent  le  cobalt 
arsenical. 

Nickel  oxidé  , ou  3S ickel-Okker. 

Cette  substance  x’ecouvre  souvent  les  mines  de  nickel 
arsenical,  sous  la  forme  d’une  espèce  de  croûte,  ou  d’une 
poussière  vert-pomme. 

C’est  à Cronstedt  que  l’on  doit  la  découverte  de  ce  métal. 
Plusieurs  minéralogistes  ont  nié  son  existence;  ils  ont 
regardé  comme  un  mélange,  un  alliage  de  plusieurs  subs- 
tances métalliques  : mais  Bergniann  et  plusieurs  autres 
chimistes  ont  prouvé  que  cette  substance  si  cfiflicile  à 
obtenir  pure,  jouit  de  toutes  les  propriétés  métalliques. 

Pour  obtenir  le  nickel  en  grand,  on  grille  d’abord  le 


f 


Du  Nic7iel. 


447 


kupfernickel  pour  lui  enlever  le  s eu  Te-,  on  arrose  ensuite, 
suivant  M.  Proust , la  mine  grillée  avec  de  l’acide  sulfi - 
rique,  dans  l’intention  de  séparer  le  nickel  du  fer,  du  cuivre, 
de  l’arsenic,  du  bismuth  et  du  cobalt.  On  lessive  par  l’eau; 
si  le  fer  est  en  grande  quantité,  il  se  combine  à l’acide 
arsenique.  Alors  on  précipite  le  fer  qui  est  au  maximum 
par  la  potasse  qu’il  faut  employer  avec  modération;  le 
précipité  est  d’un  blanc  jaunâtre.  Lorsque  la  solution  est 
ainsi  débarrassée  du  fer,  on  y fait  passer  du  gaz  hydrogène 
sulfuré  jusqu’à  ce  qu’il  ne  se  forme  plus  de  précipité. 
L’arsenic,  le  bismuth  et  le  cuivre  passent  à l’état  de  sul- 
fure. La  liqueur  n’est  donc  plus  composée  que  de  sulfate 
de  nickel  et  de  cobalt  potassé.  Le  premier  sel  étant 
moins  soluble,  on  parvient  par  des  cristallisations  répétées 
à séparer  entièrement  les  deux  sels.  L’oxide  de  nickel  se 
réduit  à une  haute  température  sans  addition  de  corps 
combustible. 

M.  Riclitcr  a établi  les  caractères  de  ce  métal. 


Sa  couleur  tient  le  milieu  entre  l’argent  et  l’étain.  Sa 
pesanteur  spécifique  est  de  8,666;  il  est  très-ductile,  on. 
peut  en  forger  des  baguettes,  et  en  faire  des  plaques  minces 
sur  l’enclume.  11  est  inaltérable  à L’air;  sa  force  magnétique 
lui  est  enlevée  par  un  peu  d’arsenic.  Ce  métal  est  suscep- 
tible d’acquérir  le  magnétisme  pôlaire,  il  est  très-difficile 
à fondre. 

Dans  nos  laboratoires  on  traite,  d’après  le  procédé  de 
M.  Thénard , la  mine  de  nickel  grillée  par  l’acide  nitrique. 
La  liqueur  decantée  et  étendue  d’eau, "on  y ajoute  de  l’hydre - 
gène  sulfuré;  on  sépare  le  précipité  et  d’on  décompose 
ensuite  la  liqueur  par  l’hydro-sulfure  de  potasse.  On  sépare 
cedcrnier  précipité  et  on  le  dissout  dans  l’acide  nitrique. 


[\\ 8 Du  Nickel. 

Ou  filtre  la  liqueur  et  l’on  ajoute  delà  potasse  qui  en  séparé 
les  oxides  de  nickel,  de  cobalt  et  de  fer,  alors  on  traite  ces 
trois  oxides  par  le  muriate  sur-oxigene  de  diaux  qui  les 
porte  au  maximum  d’oxidation.  Dans  eetetatl  ammoniaque 
dissout  seulement  le  nickel  sans  attaquer  le  cobalt  et  le  1er. 
On  fait  volatiliser  l’ammoniaque,  il  reste  l’oxide  de  nickel 
que  l’on  mêle  avec  de  l’huile,  du  noir  de  fumée  et  du 
borax , on  obtient,  à l’aide  d’un  feu  de  forge,  quelques 
globules  métalliques  non  fondus. 

Ce  métal  se  combine.très-bien  au  soufre  par  la  fusion. 
Cronstedta.  qui  est  due  cette  expérience , annonce  aussi  que 
ce  métal  se  dissout  dans  les  sulfures  alcalins,  et  forme  un 
composé  semblable  aux  mines  de  cuivre  jaune. 

D’après  M.  Proust , il  n’y  a que  deux  espèces  d’oxide 

de  nickel , l’une  l’oxide  gris  au  minimum  , et  l’autre  1 oxide 

, W 

noir  au  maximum. 

L’oxide  gris  se  prépare  en  calcinant  le  nitrate  de  nickel; 
cet  oxide  se  dissout  dans  l’acide  muriatique  sans  le  convertir 
on  acide  muriatique  oxigéné  ; mais  il  s en  formerait  si 
l’oxide  de  nickel  contenoit  un  peu  d’oxide  de  cobalt. 

L’oxide  noir  s’obtient  en  traitant  le  carbonate  de  nickel, 
par  l’acide  muriatique  oxigéné.  Cet  oxide  noir  gardé  dans 
l’ammoniaque,  donne  des  bulles,  passe  à 1 état  d oxiaegris 
et  se  dissout  dans  l’alcali  employé. 

L’acide  sulfurique  n’agit  que  très-peu  sur  le  nickel 
métallique,  mais  il  dissout  bien  1 oxide.  Le  sulfate  qui  eu 
résulte  est  transparent,  d’un  vert  d'émeraude,  cristallisé  en 
prisme  hexaèdre  terminé  par  une  pyramide  irrégulière, 
inaltérable  à l’air,  et  susceptible  de  s'unira  la  potasse,  et 
de  former  avec  elle  un  sel  triple  de  la  même  couleur  qui 
cristallise  en  rbombes. 


ickel. 


Du 


449 


L’acide  nitrique  dissout  le  nickel  avec  beaucoup  de 
«vivacité.  La  liqueur  est  d’une  belle  couleur  verte;  le  nitrate 
«cristallise  en  rhombes  , ses  cristaux  son  verts,  inaltérables  à 
Il  air,  tres-solubles  dans  1 eau  ; ce  sel  est  décomposé  par 
ll’acide  sulfurique. 

Cent  parties  de  nickel  dissoutes  dans  l’acide  nitrique,  et 
[«distillées  jusqua  parfaite  décomposition,  laissent  de  izS  à 
l:iu6  d’oxide  gris  verdâtre  au  minimum.  L’acide  nitrique  ne 
jpeut  pas  faire  passer  cet  oxide  au  maximum.  Si  l’on  dis- 
tille avec  précaution  le  nitrate  de  nickel,  on  obtient  un 
mitrate  avec  excès  de  base  insoluble  dans  l’eau. 

L’acide  muriatique  attaque  difficilement  le  nickel  mé- 
ttallique,  mais  il  dissout  très-bien  son  oxide.  Le  muriate  de 
mickel  cristallise  en  petits  grains  d’un  vert  de  pomme, 
idéliquescens,  très-solubles  dans  l’eau  et  dans  l’alcool. 

Les  traits  de  ce  sel  sur  le  papier  sont  jaunes.  Le  feu  le 
«décompose  en  partie;  une  portion  se  sublime  sous  la  forme 
::de  fleurs  nacrées  d un  jaune  doré.  Ces  fleurs  absorbent 
[l’humidité  de  1 air  et  verdissent. 

Pour  se  procurer  les  phosphate,  borate,  carbonate  et 
arseniate  de  nickel,  on  verse  ces  acides  unis  à un  alcali  dans 
-une  solution  de  nitrate  de  nickel.  Il  se  forme  dans  tous  les 
xas  un  sel  insoluble. 


Le  fer,  le  zinc,  l’étain,  le  manganèse  et  le  cobalt,  préci- 
pitent le  nickel  de  ses  solutions  eu  état  métallique. 
ILes  alcalis  en  séparent  un  oxide  verdâtre  ; la  noix  de  galle 
le  précipite  eu  blanc  grisâtre;  les  prussiates  engris  verdâtre, 
'îet  les  hydro-sulfures  en  noir  foncé. 

Le  nickel  dissous  dans  un  acide  a également  la  propriété 
de  former  des  sels  triples  avec  l’ammoniaque,  et  avec  la 
potasse.  M.  1 henard  a fait  sur  le  nitrate  de  nickel  les 


4.30  T)e  l'Étain. 

mêmes  expériences  que  snr  le  cobalt,  et  il  a obtenu  de* 
résultats  analogues.  Seulement  il  n’a  point  eu  de  cristaux 
bien  prononcés  5 ce  sel  triple  est  vert;  éprouvé  poi  les 
mêmes  réactifs  que  le  nitrate  ammoniaco  de  cobalt , il  se 
comporte  de  la  même  manière. 

Le  nickel  est  peu  employé  dans  les  arts;  on  croit  qu’pn 
l’emploie  dans  les  émaux,  les  verreries  , les  porcelaines  et 
les  faïences. 


CHAPITRE  XIX. 

/ 

De  V Etain. 


Il  est  encore  incertain  s’il  existe  de  1 etain  natif. 

M.  Haiij  compte  deux  espèces  de  mine  d étain. 

i°.  Etain  oxidé  ; 20.  Etain  sulfuré. 

On  trouve  de  l’étain  oxidé  en  Angleterre,  au  pays  de 
Cornouailles  ; à Altemberg,  en  Saxe  ; à Schackenwald  , en 
Bohême,  etc.:  sa  gangue  est  tantôt  le  quaitz,  tantôt  un 
granit,  tantôt  une  lithomarge  blanchâtre  ou  jaunâtre. 
Il  est  souvent  accompagné  de  fer  arsenical  ou  mispickel  , 
çt  quelquefois  de  schéelin  , soit  ferruginé  , ou  à l’état  de 
wolfram,  soit  calcaire.  Celui  de  Saxe  est  entremêlé  de 
topazes  opaques  d’un  blanc  mat.  Les  plus  gros  cristaux  de 
cette  espèce  que  M.  Haüj  a vus , avoient  environ  quatre 
centimètres,  on  dix-huit  lignes  d’épaisseur. 


Il  est  assez  remarquable  , dit  le  même  minéralogiste 
que  1 étain  , qui  , h l’état  métallique , est  un  des  métaux  les 
plus  légers  , égale  presque  en  pesanteur  spécifique  , lors- 
qu il  est  à 1 état  d’oxide,  la  plupart  des  autres  substances 
de  la  même  classe,  soit  simplement  oxidées , soit  com- 
posées d’oxide  avec  un  minéralisateur.  Cette  pesanteur 
de  1 étain  oxide  est  de  fi, 9 ; celui  de  Cornouailles  est 
composé , d’après  M.  Klaproth,  de  0,77  d’étain,  0,21  d’oxi- 
gene  , d un  atome  de  Ter  et  d’un  peu  de  silice. 

L etain  sulfuré  est  encore  très-peu  connu.  Cette  sub- 
stance porte  différens  noms  , or  mussif  natif,  sulfure  d’étain 
allié  au  cuivre,  etc. 

Klaproth  a fait  l’anal yse  de  cette  mine  , il  en  a retiré  : 
soufie  , 2 o ; etaiu,  34  ; cuivre,  36 ; fer  ,25  perte  , 3. 

C est  à Bei  gnuxnn  que  nous  devons  les  premières  coti- 
noissances  sur  les  essais  des  mines  d’étain.  Il  les  traita  par 
l’acide  nitro-muriatlque;  mais  M.  Klaproth  les  fait  rougir 
avec  trois  parties  de  potasse  qui  dissout  entièrement  l’étain. 
11  dissout  ensuite  la  masse  fondue  dans  l’eau  , et  il  sature 
la  liqueur  par  l’acide  muriatique  , d’où  résulte  uu  muriate 
de  potasse  et  d’étain  ; il  y plonge  après  des  lames  de  zinc 
sur  lesquelles  l’étain  se  dépose.. 

Pour  faire  l’essai  d'une  mine  detaiu , il  faut  la  piler 
grossièrement,  la  laver  et  la  griller  dans  une  capsule  d« 
terre  couverte,  afin  qu’il  se  dissipe  le  moins  possible 
d étain  , en  ayant  soin  de  la  découvrir  de  tems  en  tems. 
Il  faut  aussi  la  griller  promptement  pour  que  l’étain  ne  soit 
pas  trop  oxidé. 

L oxide  d étain  ainsi  purifie,  est  fondu  dans  uu  fourneau 
a manche  tics-bas  , dont  le  sol  fort  incliné  est  en  granit , 


/^2  De  L’Étain. 

le  bassin  de  l’avant-foyer  eu  argile  bra  quée,  et  le  bassin 
de  réception  en  fonte. 

Ce  fourneau  se  charge  par  en  haut  avec  du  scblick  et  du 
charbon  mouillé  , afin  que  le  vent  des  soufflets  n’enlève  pas 
le  minerai,  qui  est  très-léger.  Comme  le  courant  de  la 
flamme  en  emporte  toujours  une  partie  , la  chemi- 
née se  change  , vers  la  moite  de  sa  hauteur  , en  une 
espèce  de  chambre  de  bois  enduite  d'argile;  la  poussera 
du  minéral  , entraînée  par  la  flamme  , se  dépose  dans  celte 

espèce  de  caisse.  _ . 

Ces  principes  de  traitement  sont  ceux  qui  sont  suivis  en 

Saxe  et  en  Bohême.  Les  procédés  anglais  usités  dans  le 
comté  de  Cornouailles  sont  un  peu  différens. 

L’étain  de  filons,  qui  contient  ordinairement  des  sul- 
fures métalliques,  est  mêlé  avec  de  la  houille  grasse,  et 
fondu  directement  sans  grillage  préliminaire  dans  un  four- 
neau de  réverbère.  On  obtient , par  ce  moyen  et  des  le 
premier  feu  , de  1 elain  et  des  scories  qui  contiennent  le 
cuivre  , le  fer  et  les  autres  métaux  , qui  étoient  mêlés  au 
minerai  d’étain.  Comme  ces  scories  ne  sont  pas  entière- 
ment privées  d’étain  métallique,  on  sépare  ce  métal  par  le 

bocardage  et  le  lavage.  r 

L’étain  fondu  par  l’un  ou  l’autre  des  procédés  précédons , 

est  rarement  assez  pur  pour  être  livré  au  commerce;  d a 
besoin  d’être  affiné.  En  A llemagne , on  fait  éprouver  a ce 
métal  une  nouvelle  fusion  , au  milieu  d’un  feu  de  bois  , et 
on  couvre  de  résine  la  surface  du  bain  d étain  fondu.  En 
Cornouailles,  on  le  fond  de  nouveau  avec  de  la  houille  eu 
poudre  dans  le  même  fourneau  de  réverbère.  Le  minerai 
d’étain  mêlé  de  sa  gangue  donne , en  grand  , dans  le 
comté  de  Cornouailles  , à-peu-près  o,5a5  de  métal. 


De  V Étain.  4^ 

Ou  peut  encore  se  servir , d’après  Cramer , d’un  peu 
de  charbon  de  tilleul  ou  coudrier,  dont  l’un  d’eux  doit  être 
creusé  , et  dans  lequel  on  met  de  la  mine  d’étain  avec  de 
la  poix  résine  ; on  perce  l’autre  d’un  petit  trou , pour  donner 
issue  aux  vapeurs  ; on  l’applique  sur  le  premier  pour  le  re- 
couvrir , et  on  les  lie  ensemble  avec  du  fil  de  fer  -, 
après  avoir  luté  les  jointures  , on  les  allume  devant  la 
tuyère  d’une  forge.  Lorsque  l’étain  est  fondu  , on  éteint 
avec  de  l’eau  les  charbons  qui  ont  servi  à l’essai  , et  on 
trouve  l’étain  en  culut. 

L’étain  d’Angleterre  arrive  en  saumons  -,  il  est  moins 
pur  que  celui  de  Malaka , il  contient  o,3  à o,4  de  cuivre 
et  autant  de  plomb.  L’étain  du  commerce  contient  souvent 
un  peu  d’arsenic  et  du  charbon. 

L’étain  des  Indes  se  vend  en  forme  de  chapeaux,  ou 
en  écritoires  -,  c’est  un  triangle  ou  une  pyramide  quadran- 
gulaire  tronquée. 

L’étain  a une  blancheur  qui  tient  le  milieu  entre  celle 
du  plomb  et  celle  de  l’argent;  il  a une  saveur  sensible  et 
une  odeur  remarquable. 

11  se  plie  facilement , et  laisse  entendre  un  bruit  qu’on 
appelle  le  cri  de  1 étain.  , 

Ce  métal  est  très-mou , très-ductile  , et  il  se  réduit  en 
feuilles  plus  minces  que  le  papier. 

Sa  pesanteur  spécifique  est , suivant  Kirwan  , 7,67 
l’eau,  et,  suivant  Brisson  , de  7,291  à 7,5oo. 

Sa  cohésion  se  mesure  par  le  moyen  d’un  fil  d’étain  d en- 
viron un  millimètre  de  diamètre  ; il  ne  faut  qu’un  peu  plus 
de  242  hectogrammes  pour  faire  rompre  le  fil. 

L’étain  est  un  très-bon  conducteur  de  l’électricité  , aussi 
l’emploie-t-on  souvent  pour  garnir  les  conducteurs,  les 


454  De  l’Étain. 

bouteilles  de  Leyde:  il  en  est  de  meme  de  1 électricité 
animale  ou  galvanique,  qu’il  excite  fortement  par  soa 
contact  avec  les  nerfs  et  sa  communication  avec  un  autre 
métal.  Il  n’a  pas  plus  d’élasticité  que  le  plomb. 

Sa  fusibilité  n’est  pas  très-bien  déterminée  : on  a fait 
des  expériences  équivoques,  et  on  l’a  fixée  à 168  degrés 
de  l’échelle  de  Réaumur ; sa  fusibilité  seroit  donc  plus 
grande  que  celle  du  plomb  , qui  ne  fond  qu  à 258  degrés 
de  la  même  échelle  , et  en  employant  le  même  moyen; 
on  ne  peut  pas  déterminer  cette  fluidité  par  le  pyromètre 
de  TDedgwood , parce  que  cette  échelle  ne  commence 
qu’à  4bo  degrés  du  thermomètre  de  Réaumur. 

Le  sou  en  est  presque  nul-,  1 étain,  même  écroui,  n'a 
pas  de  son. 

Ou  n’a  pas  encore  pu  obtenir  une  cristallisation  régu- 
lière de  ce  métal  ; cependant  M.  Fourcroy  annonce  que 
Lachenaye  a obtenu  un  assemblage  îliomboïdal  de  prismes 
ou  d’aiguilles. 

Il  reste  fixe  tant  qu’on  n’augmente  pas  le  feu  •,  ensuite  il 
se  volatilise. 

Si  on  le  chauffe  avec  le  contact  de  l’air  , sa  surface  se 
couvre  d’une  pellicule  grise  terne  , et  qui  forme  des  rides; 
ce  n’est  autre  chose  qu’un  oxide  métallique  au  minimum 
qui  contient  0.2 2 d’oxigèue.  On  continue  la  calcination 
jusqu’à  ce  qu’on  ait  suffisamment  de  cet  oxide;  alors  ou 
ôte  le  vaisseau  du  feu;  on  le  laisse  refroidir;  on  pulvérise 
l’oxide  dans  un  mortier  de  fer  ; on  le  passe  au  travers  d’un 
tamis  un  peu  clair  , et  on  sépare,  par  ce  moyen,  les  por- 
tions d’étain  qui  ne  se  sont  point  calcinées. 

Quand  on  veut  préparer  ce  qu’on  appelle  dans  le  com- 
merce potée  d’étain  , on  prend  l’oxide  ci-dessus,  on  le  fait 


De  l'Étain.  4^5 

calciner  dans  une  capsule  de  terre  , sous  la  moufle  d’un 
fourneau  de  coupelle , pendant  six  ou  sept  heures  , ayant 
soin  de  le  remuer  de  lems  en  tems  avec  un  crochet  de 
fer;  cet  oxide  acquiert  de  la  blancheur  , et  s oxide  davan- 
tage : c’est  dans  cet  état  qu’on  le  nomme  potée  d'étain. 

M.  Da  rcct  Gis  , qui  a analysé  plusieurs  potées  (Pétain 
du  commerce  , a trouvé  dans  toutes  beaucoup  de  plomb. 
Ce  chimiste  pense  que  l’on  peut  en  conclure  que  la  po- 
tée du  commerce  se  fait  avec  un  alliage  de  ces  métaux 
dont  l’oxidation  est  favorisée  par  l’influence  galvanique. 

On  se  sert  de  cet  oxide  pour  polir  les  glaces  , les  verres 
de  lunettes,  les  miroirs  de  télescope,  l’acier,  etc. 

Si  l’on  expose  cet  oxide  à la  plus  grande  violence  du 
feu,  il  est  susceptible  de  se  fondre  en  verre,  qui  présente 
les  couleurs  du  prisme. 

On  parvient  à décomposer  cet  oxide  a 1 aide  des  corps 
combustibles,  mais  on  le  réduit  assez  facilement,  lors- 
qu’on n’emploie  pas  trop  de  charbon. 

Si  on  chauffe  de  l’étain  au  chalumeau , et  qu’on  le 
jette  aussitôt  sur  le  sol  , ou  sur  une  pierre  , il  paroît 
étincelant. 

L’étain  résiste  très-bien  à l’action  de  l’air  ; sa  surface  se 
ternit  seulement,  et  se  couvre  d’une  poussière  grise. 

Il  n’y  a point  d’union  entre  l’azote  , l’hydrogène  et 

l’étain. 

Pour  phosphorer  l’étain  , on  prend  parties  égalés  d etain 
et  de  verre  phosphorique , avec  un  huitième  de  charbon  ; 
on  mêle  exactement  ces  trois  substances,  et  on  les  lait  fou- 
dre dans  un  creuset  ; on  obtient  quelques  grains  métal- 
liques assez  gros.  Ce  composé  est  un  phosphure  d étain. 
Ces  grains  ne  paroisseut  pas  différens  de  l’étain  ; mais , 


456  De  l’Étain. 

lorsqu  on  Jes  fond  au  chalumeau  , on  voit  que  le  phos- 
phore quitte  l’étain  , et  qu’il  vient  brûler  à la  surface 
du  métal. 

L étain  s’unit  très-bien  au  soufre  par  la  fusion. 

On  fait  fondre  dans  une  cuiller  de  fer  huit  parties  d’é- 
tain , et  on  le  fait  rougir  obscurément,  on  jette  par-dessus 
deux  ou  trois  parties  de  soufre  sublimé-,  on  mêle  ces  sub- 
stances à l’aide  d’une  spatule  de  fer:  lorsqu’elles  sont  par- 
venues a un  certain  point  de  combinaison , le  mélange 
s’enflamme  , et  il  en  résulte  une  poudre  noire.  On  peut 
la  faite  fondre  dans  ui  creuset,  et  couler  la  matière  dans 
une  lingoliere  : on  obtient  un  corps  aigre  , cassant,  dis- 
pose en  aiguilles  larges  , plates  , réunies  en  faisceaux. 

Pour  unir  1 arsenic  a l’etain , on  met  dans  une  cornue 
trois  parties  d etain  sur  un  huitième  d’arsenic,  réduit  en 
poudre-,  on  adapte  un  récipient,  on  chaufte  la  cornue  jus- 
qu a la  faire  roiigir  : il  s’élève  très-peu  d arsenic,  et  I on 
trouve  dans  le  fond  un  culot  métallique.  Cet  alliage  con- 
tient a-peu-pres  un  seizième  d arsenic  , il  cristallise  en 
gf'andes  facettes,  très-fragiles  et  de  difficile  fusion. 

L arseniate  de  potasse  se  combine  beaucoup  mieux  à 
l’étain. 

A cet  effet,  on  fait  fondre  dans  un  creuset  parties  égales 
d’étain  et  d’arseniate  de  potasse  , on  obtient  un  culot 
aigre  , cassant , rangé  à facettes  extrêmement  brillan- 
tes. Cet  étain  ne  peut  entrer  en  fusion  qu’après  avoir 
rougi. 

En  mêlant,  par  la  fonte,  parties  égales  d étain  et  de  bis- 
muth , Geller  a obtenu  un  alliage  très-fragile  , et  d une 
couleur  moyenne  entre  celles  de  ces  substances  métalli- 
ques : son  grain  ctoit  à facettes.  Ccqiendaut  , toute  1* 


quantité  de  bismusth  ne  s’allie  point  à l’étain  : il  y en  a 
une  petite  quantité  de  perdue. 

On  doit  encore  à Geller  l’alliage  d’étain  avec  l’anti- 
moine, il  dit  que  parties  égales  de  ces  deux  substances 
métalliques  forment  un  métal  blanc  , très-aigre  , qui  a 
moins  de  pesanteur  spécifique  que  les  deux  métaux  pris 
séparément. 

M.  Thenarcl  a examiné  un  alliage  qu’on  vouloit  in- 
troduire dans  le  commerce.  Il  l’a  trouvé  composé  d’étain 
et  d’antimoine. 

L’union  de  l’étain  avec  le  mercure  , s’opère  avec  faci- 
lité et  en  toutes  proportions:  il  enrésulte  des  amalgames 
qui  ont  différens  degrés  de  solidité  suivant  les  proportions 
de  ces  deux  substances  ; ils  sont  plus  mous  lorsqu’on  met 
beaucoup  de  mercure. 

On  prépare  ainsi  des  boules  d’un  certain  degré  de  soli- 
dité , qui  passoient  autrefois  pour  avoir  la  propriété  ds 
purifier  l’eau. 

A cet  effet , on  fait  fondre  dans  une  marmite  de  fer 
douze  parties  d’étain  -,  on  ajoute  trois  parties  de  mercure  ; 
on  mêle  ces  deux  substances  , on  coule  ce  mélange  dans 
un  moule,  pour  lui  donner  la  forme  d’une  boule  de  la  gros- 
seur à-peu-près  d’un  œuf  de  pigeon  : cet  amalgame 
prend  de  la  solidité  en  refroidissant. 

Ou  peut  encore  obtenir  un  amalgame  en  faisant  fondre 
l’étain  et  chauffer  le  mercure  à part  j quand  l’étain  est 
élevé  à la  température  nécessaire  qui  est  la  fusion, 
on  projette  peu-à-peu  le  mercure  chauffé  , afin  d’éviter 
une  détonnation  dangereuse.  On  fait  encore  chauffer  un 
instant  auparavant  de  couler-,  on  a de  cette  manière  un 
amalgame  d’étain  qui  est  blanc  et  moins  coulant  ; si  le 


t 

458  De  l’Étain. 

mercure  étoit  en  assez  grande  quantité  , l’amalgame  cris- 
talliserait. 

Pour  analyser  cet  amalgame,  on  verse  dessus  de  1 a- 
cide  nitrique  à 36  degrés  qui  précipite  l’oiide  d’étain  ; on 
filtre,  il  passe  du  nitrate  de  mercure , qu’on  pourroit  trai- 
ter par  la  potasse  , mais  on  obtiendroit  aussi  un  précipité 
composé  de  deux  oxides  de  mercure,  l’un  blanc  et  l’autre 
rouge  et  dont  on  ne  connoît  pas  les  proportions  , c’est 
pourquoi  il  vaut  mieux  précipiter  le  mercure  par  le  cuivre 
et  le  peser  après  l’avoir  distillé. 

On  fait  une  opération  à-peu-près  semblable  dans  réta- 
mage des  glaces.  Elle  consiste  à appliquer  à une  de  leurs 
surlaces  un  amalgame  d’étain  et  de  mercure  , amalgame 
qui  se  fait  immédiatement  sur  la  glace,  en  même  tems 
qu’on  l'applique. 

Avec  parties  égales  d’étain  et  de  zinc  ,on  forme  un  mé- 
tal ductile  et  fort  dur,  à petits  grains  serrés. 

L’eau  froide  a peu  d’action  sur  l’étain  , cependant  elle 
ternit  à la  longue  sa  surface.  L’eau  de  puits  sur-tout  a cette 
propriété  ; car  les  serpentins  d’étain  qui  se  trouvent  tou- 
jours plongés  dans  cette  eau,  se  détruisent  au  bout  de  quel- 
que tems. 

L’étain  est  attaqué  par  l’acide  sulfurique  , soit  concen- 
tré soit  étendu  d’eau.  Lorsque  cet  acide  est  concentré  , 
il  se  dégage  du  gaz  sulfureux  et  il  se  sublime  du 
soufre. 

L’acide  sulfurique  , étendu  d’eau,  agit  de  même  sur 
l’étain;  dan>  ce  cas,  l’eau  se  décompose,  mais  foible- 
ment , il  se  dégage  du  gaz  hydrogène. 

Le  sulfate  d’étain  existe  sous  la  forme  d’une  poudre 


De  l’Étain.  [fi q 

'blanche  insoluble  dans  leau  , mais  un  peu  soluble  dans 
l’acide  sulfurique. 

Cette  solution  est  d’une  couleur  brune  foncée , lors- 
qu’elle est  chaude  -,  mais  elle  s’éclaircit  par  le  repos. 

Elle  fournit  des  cristaux  en  aiguilles  fines  , entrelacées 
fies  unes  dans  les  autres. 

Lorsque  la  solution  est  faite  à froid  , qu’elle  n’est  pas 
^concentrée,  ni  surchargée  d’étain , et  qu’elle  ne  se  trou- 
ftjle  pas  par  l’eau  , elle  précipite  par  les  alcalis  et  les  terres 
uin  oxide  blanc  très-réfractaire  , et  cl’une  très-difficile  ré- 
duction. 

Les  hydro-sulfures  et  les  sulfures  alcalins  la  précipitent 
ten  brun  noirâtre  en  perdant  leur  odeur  ; et  ce  précipité , 
xchauffé  légèrement  dans  un  appareil  fermé,  donne  de  l’or 
■nussif , ou  de  loxide  d’étain  sulfuré. 

MM.  Fourcroy  et  Vauquelin  ont  fait  connoître  Fac- 
tion de  l’acide  sulfureux  sur  l’étain.  Dès  que  l’étain  est 
unis  en  contact  avec  l’acide  sulfureux  liquide  , il  prend 
une  couleur  jaunâtre  analogue  à celle  de  l’or  mussif. 
•Quelques  jours  après  , il  devient  noir  comme  du  char- 
Jbon  , et  il  se  dépo  e dans  la  liqueur  une  poudre  noire. 

Ces  chimistes  ont  prouvé  que  l’étain  décompose  une 
partie  de  l’acide  sulfureux  qui  lui  fournit  de  i’oxigène  et 
qui  , une  fois  oxidé,  s’unit  à une  autre  partie  de  cet  acide; 
qu’une  portion  du  soufre  se  dépose  avec  le  sulfite  d étain 
iblanc  peu  soluble  ; qu’une  autre  reste  en  solution  dans 
lia  liqueur  avec  un  peu  de  sulfite  d étain,  qui  est  un  sul- 
tfite  sulfuré;  enfin,-  qu’une  troisième  partie  du  soufre 
sse  combine  à une  portion  de  l’étain  métallique  , et  forme 
tua  sulfure  noir  sur  lequel  l’acide  sulfureux  n’a  point 
td’aclion  : ce  qui  arrête  ou  limite  la  solution. 


460  De  l' Étain. 

L’acide  nitrique  concentré  attaque  I étain  avec  énergie. 
Ou  ne  retire  pas  de  gaz  , ni  oxigène , ni  azote  -r  si  î on 
traite  à la  cornue  une  partie  et  demie  d’étain  et  une  d’acide 
nitrique.  Mais  dès  que  le  résultat  est  de  l ammoniaque, 
on  ne  doit  plus  chercher  ce  qu’est  devenu  1 azote,  ni  I 
l’oxigène,  puisque  l’étain  s’est  oxidé. 

On  peut  obtenir , d’après  les  recherches  de  Bayen  et  i 
Charlard , un  sel  qu’ils  ont  nommé  stanno-nitreux. 

Si  l’on  prend  l’acide  nitrique  un  peu  foible  , et  qu’oa 
fasse  l’opération  avec  lenteur  et  précaution  , on  obtient 
une  solution  qui  contient  vin  peu  d’étain. 

L’oxide  d’étain  est  insoluble  dans  l’acide  nitrique 
concentré.  Pour  obtenir  cet  oxide,  on  verse  a5  parties 
d’acide  nitrique  à 22  degrés  sur  i5  détain;  on  chauffe 
légèrement  ; il  se  forme  de  l’oxide  d’étain , dont  une* 
très-petite  partie  est  dissoute  dans  l’acide  quand  il  est 
étendu  d’eau.  Il  y a dans  cette  opération  de  1 ammoniaque 
formée  par  l'hydrogène  de  l’eau  qui  se  porte  sur  1 azote  de 
l’acide  nitrique  ; la  liqueur  contient  donc  du  nitrate 
d’ammoniaque  qu’on  peut  faire  cristalliser  après  avoir 
filtré  ; l’oxide  d’étain  est  blanc  , et  il  contient  environ 
3o  à 32  d oxigène. 

On  a pensé  que  l’oxide  d’étain  prenoit  les  caractères 
d’un  acide,  et  que  c’étoit  pour  cela  qu’il  ne  pouvoit  pas 
rester  uni  à l’acide  nitrique  ; sa  solubilité  dans  les  al- 
calis seroit  encore  en  faveur  de  celte  opinion,  et  c est 
ainsi  que  M.  Gujton  conçoit  que  M.  Klaproth  a réussi 
à traiter  et  à analyser  les  oxides  d étain  natifs  par  la  po- 
tasse : il  regarde  cette  solution  de  mine  d’étain  dans 
l’eau  par  l’alcali  , comme  un  stannate  ou  un  stanuite  de 
potasse. 


De  V Étain.  4-6 1 

M Thénard  a annoncé  l’existence  d’un  nitrate  am- 
moniaco  d’étain.  L’oxide  d’étain  très-oxidé  est  insoluble 
idans  l’acide  nitrique.  Si  on  traite  cet  oxide  avec  de  l’am- 
rmoniaque  et  de  l’acide  nitrique,  on  obtient  une  solu- 
tion d’étain  -,  et  voilà  pourquoi  en  traitant  l’étain  par  l’a- 
xide  nitrique,  et  faisant  évaporer,  on  obtient  un  sel  qui 
ixontienl  beaucoup  de  cet  oxide , c’est  que  la  solution 
kde  ce  métal  est  favorisée  par  le  nitrate  d ammoniaque 
Èformé  dans  cette  solution. 

Pelletier  a traité  l’oxide  d’étain  préparé  par  l’acide 
«nitrique  , à la  dose  de  trois  parties  avec  deux  parties  de 
soufre , dans  une  cornue  de  verre,  il  a obtenu  de  1 acide 
«sulfureux  et  de  l’or  mussif,  tandis  que  l’oxide  detain 
«moins  oxidé  , tel  que  le  gris  ou  la  potée  , traité  avec  le  sou- 
fre, ne  lui  a donné  que  du  sulfure  detain. 

Trois  parties  de  sulfure  d’étain,  traitées  au  feu  et  jus- 
qu’à siccité  par  l’acide  nitrique,  puis  chauffées  dans  une 
cornue  avec  deux  parties  de  soulre,  donnent  également 
«de  l’or  mussif. 

Le  morne  sulfure  d’étain  mêlé  de  deux  parties  de  soufre 
•sur  trois,  et  distillé  avec  l’acide  sulfurique  concentré  , a 
adonne  au  même  chimiste  pour  produit,  de  l acide  sulfu- 
reux et  de  l’oxide  d etaiu  hydro-sulfure  et  doie. 

On  peut  employer  avec  avantage  1 acide  nitrique  pour 
[jfaire  l’analyse  de  l’étain. 

A cet  effet,  on  fait  bouillir  l’étain  avec  de  l’acide  ui- 
rtriqne  concentré  -,  alors  l’étain  se  convertit  en  oxide  blanc; 
i<on  le  lave  et  on  le  fait  sécher.  La  liqueur  surnageante 
ncoutient  du  nitrate  de  plomb  et  de  cuivre  qu’on  peut  sé- 
| parer  par  l’acide  sulfurique  , on  pèse  ensuite  le  sulfate 
de  plomb.  Ou  Lieu  on  Iraitepar  l’ammoniaque  qui 


46»  T)e  l'Étain* 

précipite  l'oxide  de  plomb  , et  dissout  l’oxide  de 
cuivre. 

L’acide  muriatique  dissout  l’étain  -,  avec  dégagement  de 
gaz  hydrogène.  On  dislinguedeux  sortes  de  muriates  d’étain-, 
l’un  peu  oxidé,  l’autre  très-oxidé.  Le  premier  s’obtient 
en  prenant  de  l’étain  très-divisé.  On  le  fait  fondre  dans 
un  creuset,  et  on  le  projette  dans  l’eau.  Pour  cela  on 
le  met  ensuite  dans  un  matras  , avec  deux  parties  d’a 
eide  muriatique  à 20  degrés. 

Ou  bien  on  fait  passer  un  courant  de  gaz  acide  mu- 
riatique dans  de  l’eau  dans  laquelle  on  a mis  de  l’étain 
en  feuilles  coupées  menues,  jusqu’à  ce  que  la  solution 
soit  entièrement  opérée.  Dans  les  manufactures  où  l’on 
prépare  ce  sel  en  grand,  il  est  probable  qu’on  mêle  une 
petite  quantité  d’acide  nitrique  à l’acide  muriatique  . 

Une  portion  d’eau  se  décompose,  il  se  dégage  de 
l’hydrogène  contenant  de  l’étain  ; ce  gaz  est  fétide  , l’acide 
muriatique  se  porte  sur  l’étain  oxidé  , l’on  obtient  en- 
suite un  muriate  d’étain  peu  oxidé  qui  cristallise  en 
prismes  à six  pans. 

Quant  à la  cause  de  j l’odeur  fétide  de  ce  gaz  , les 
opinions  sont  partagées.  M.  p'auçuelin  l’explique  ainsi  : 
l’étain  contient  toujours  du  carbone  qui  forme  alors  avec 
l’hydrogène  de  l’eau  une  huile  fétide  qui  surnage  en 
partie  la  liqueur  , et  dont  une  partie  se  dissout  dans  le 
gaz  hydrogène. 

M.  1 Stromeyer  attribue  cette  odeur  fétide  à un  peu 
d’arsenic  qui  se  trouve  dans  l’étain. 

Le  muriate  d’étain  très-oxidé  s’obtient  en  faisant  passer 
de  l’acide  muriatique  oxigéné  dans  nue  solution  de  muriate 
d’étain  peu  oxidé.  L’acide  muriatique  oxigéné  perd  son 


De  l'Étain.  /j.63 

I 

odeur,  il  est  décomposé  par  l’étain  qui  s'empare  de  l’excès 
d'oxigèue.  Ce  muriate  très-oxidé  cristallise  comme  l’autre, 
et  est  de'composé  par  les  hydro-sulfures. 

Le  muriate  d’étain  cristallise  à 60  degrés  en  hiver,  et  à 
65  l’été,  aréomètre  de  Mossj. 

Ce  sel  a une  saveur  très-âcre;  très-soluble  dans  l’eau,  il 
attire  l’humidité  de  l’air.  Il  est  très-avide  d’oxigène,  et 
décompose  l’air  avec  une  grande  facilité. 

Si  l’on  distille  le  muriate  d’étain  dans  une  cornue,  et 
qu’on  y adapte  un  récipient,  on  obtient  d’abord  l’eau 
de  cristallisation,  ensuite  du  muriatq  sur-oxigéné  d’étain  , 
qui  se  volatilise,  et  il  reste  dans  la  cornue  de  l’oxide 
d étain. 

Les  alcalis  précipitent  du  muriate  d’étain  un  oxide  blanc 
très-abondant  qu’ils  redissolvent  lorsqu’on  les  ajoute  en 
excès.  Le  sulfure  hydrogéné  d’ammoniaque  précipite  ce 
sel  en  poussière  lie  de  vin,  qui  devient  noire  en  séchant, 
et  qui  par  la  distillation,  donne  de  l’ammoniaque  et  de  l’or 
mu  ss  if. 

Le  muriate  d’étain  en  solution  fait  effervescence  avec 
l’acide  nitrique  , et  en  dégage  beaucoup  de  gaz  nitreux. 

L’acide  sulfureux  la  rend  rougeâtre,  et  il  se  dépose  de 
l’oxide  d’étain  sulfuré  jaune. 

Elle  noircit  et  change  en  métal  l’acide  arsenique.  Elle 
fait  repasser  à l’état  métallique  les  acides  molybdique  et 
tungstique  , le  tungstate  de  chaux  etcelui  d’ammoniaque. 

L’oxicle  rouge  de  mercure  , le  muriate  sur-oxigéné  de 
mercure,  l’oxide  blanc  d’antimoine,  de  zinc  et  d’argent,  lui 
cèdent  aussi  leur  oxigène , et  repassent  à l’état  métallique. 

Si,  à une  solution  de  muriate  d’étain  récente  et  peu 
exidée,  on  ajoute  de  la  solution  d’or,  il  se  fait  un  précipité 


464  De.  l’Étain. 

pourpre,  qui  ëst  connu  sous  le  nom  de  précipité  de  Cassius ; 
mais  la  précipitation  de  l’or  n’auroit  pas  lieu,  si , au  lieu  de 
muriate  d’élain  ordinaire,  Ion  se  servoit  d’une  solution  de 
muriateoxigéné  d’étain.  Ce  précipité  u’csl  autre  chose  qu’une 
combinaison  d’oxide  d’étain  et  d’or  presque  réduit. 

Si  l’on  met  une  lame  d’étain  dans  de  l’acide  muriatique 
oxigéné,  l’étain  se  dissout  très-promptement.  Ce  métal 
absorbe  l’oxigène  surabondant,  et  n’opère  point  la  décom- 
position de  l’eau  pour  s’oxider. 

Si  on  laisse  une  solution  muriatique  d'étain  en  contact 
avec  l’air,  on  parvient  à l’oxigéner. 

L’acide  nitro-muriatique  dissout  très-bien  1 étain. 

On  verse  dans  un  matras  deux  parties  d’acide  nitro- 
muriatique  et  une  partie  d’étain  : il  faut  avoir  soin  d ajouter 
l’étain  peu-à-peu,  et  faire  la  solution  à froid-,  et  si  la 
chaleur  est  trop  vive,  il  faut  la  diminuer  en  plongeant  le 
mélange  dans  de  l’eau  froide.  Cette  solution  est  d un  brun 
rougeâtre-,  elle  forme  souvent  en  quelques  iustans  une 
gelée  tremblante,  visqueuse.  Si  Ion  étend  cette  solution 
d’environ  moitié  son  poids  d’eau,  elle  devieut  concrète,  et 
cette  gelée  est  d’une  couleur  d’opale. 

L’étain  décompose  le  muriate  sur-oxigéné  de  mercure; 
il  en  résulte  une  liqueur  que  l’on  a nommée  liqueur  fu- 
mante de  Libavius. 

Ou  fait  fondre  dans  une  cuiller  de  fer  cinq  parties  dé- 
lain;  on  ajoute  une  partie  de  mercure;  on  triture  ce  mé- 
lange dans  un  mortier  de  marbre  avec  une  égale  quantité 
de  muriate  sur-oxigéné  de  mercure;  on  met  ce  mélange 
dans  une  cornue  de  verre  que  l'on  place  sur  un  bain  de 
sable,  et  on  adapte  au  col  de  la  cornue  un  ballon  percé 
d’un  petit  trou,  on  chauffe  doucement,  il  passe  des  vapeurs 


De  l'Étain.  qg£ 

lextrêmement  épaisses,  qui  se  condensent  dans  le  ballon; 
-Après  une  heure  et  demie  ou  deux  heures  d’un  feu  très- 
imodéré,  on  cesse  le  feu;  il  ne  faut  pas  que  la  température 
■s’élève  au-dessus  de  iio  degrés  afin  que  le  mercure  ne 
^puisse  pas  se  volatiliser-,  dans  cette  opération  l’oxigène  du 
jmercure  se  porte  sur  l’étain  et  l’acide  muriatique  sur  l'étain 
•oxide  -,  il  passe  dans  le  récipient  du  muriate  d’étain  très- 
wxidé  et  presqu’entièremeut  privé  d’eau.  Le  mercure, 
«comme  on  le  voit,  ne  contribue  qu’a  la  division  de  l’étain. 

Ce  muriate  d’étain,  étant  très  - volatil , se  volatilisG 
[lorsqu’il  est  exposé  à l’air,  alors  il  condense  l’eau  de  l’ai  - 
i:mosphère  , avec  laquelle  il  a beaucoup  d’affinité,  c’est  ce 
•qui  produit  le  petit  nuage  qu’on  apperçoit  et  qui  l a fait 
tmommer  liqueur  fumante.  Si  l’on  y ajoute  de  l’eau,  elle 
une  fume  plus. 

M.  Adet  a donné  un  mémoire  sur  le  muriate  d’étaiq 
(fumant;  les  observations  qu'il  y a développées  ont  appris, 
i°.  que  le  muriate  fumant  d’étain  étoit  une  substance 
i, saline  formée  par  la  combinaison  de  l’étain  et  de  l’acide 
; muriatique  oxigéné  privé  d’eau;  2°.  qu’en  mêlant  le 
muriate  fumant  d’étain  à l’eau,  dans  les  proportions  de 
■ 7 à 22  , on  obtenoit  une  substance  saline  concrète  ; 3°.  que 
le  muriate  d’étain  fumant  peut,  lorsqu’il  est  étendu  d’eau  , 
dissoudre  une  nouvelle  quantité  d’étain,  sans  qu’il  y ait 
dégagement  d’hydrogène  : c’est  donc,  d’après  ces  faits, 
un  muriate  sur-oxigéné  d’étain. 

Le  résidu  de  la  liqueur  fumante  de  Libavius présente  les 
phénomènes  suivans. 

La  voûte  et  le  col  de  la  cornue  sont  enduits  d’une  légère 
couche  blanche  et  grisé,  qui  contient  un  peu  de  liqueur 
fumante,  du  muriate  d’étain  concret,  du  muriate  mercuriel 

3 o 


2. 


46®  De  l’Étain. 

doux,  et  du  mercure  coulant.  Le  fond  du  vaisseau  offre  un 
amalgame  de  mercure  et  d’étain  , au-dessus  duquel  se 
trouve  un  étain  corné  d’uu  gris  blanc,  solide  et  compact, 
qui  peut  être  volatilisé  par  une  chaleur  plus  forte. 

On  peut  eucore  préparer  ce  muriate  d’étain  en  faisant 
passer  un  courant  de  gaz  acide  muriaticpie  oxigéné  dans 
du  muriate  d’étain. 

Si  l’on  met  dans  du  gaz  acide  muriatique  oxigéné  de  la 
limaille  d’étain,  l’étain  s’enflamme  et  s’oxide. 

Cet  acide  liquide  oxide  l’étain  , et  se  dissout  sans  mou- 
vement et  sans  effcrvetffcence.’On  peut,  suivant  les  propor- 
tions réciproques  de  ces  deux  corps,  faire  du  muriate 
d’étain  ou  du  muriate  sur-oxigéné  d’étain. 

On  voit  donc  qu’il  existe  deux  muriates  bien  distincts, 
l’un  au  minimum,  et  l’autre  au  maximum.  Ce  dernier 
diffère  encore  du  premier  en  ce  que  l’ hydro-sulfure  alcalin 
y forme  un  précipité  jaune,  taudis  qu’il  forme  un  précipité 
noirâtre  dans  celui  au  minimum. 

On  ne  connoît  pas  encore  l’action  des  acides  plxospho- 
rique,  fluorique  , boraeique  et  carbonique  sur  l’étàin. 

La  potasse  et  la  soude  qu’on  fait  bouillir  avec  l'étain  le 
dissolvent  -,  l’eau  se  décompose  et  il  se  dégage  du  gaz 
hydrogène. 

11  en  est  de  même  de  l'ammoniaque;  mais  elle  dissout 
l’étain  moins  rapidement. 

Les  matières  terreuses  ne  contractent  aucune  union  avec 
ce  métal.  Son  oxide,  qui  est  très-infusible,  ne  forme  point 
de  verre  transparent  ni  coloré  avec  les  substances  capables 
de  se  vitrifier;  mais,  comme  il  est  très-blanc,  il  peut 
s’interposer  entre  les  molécules  du  verre,  et  le  rendre  d’un 


De  l'Étain.  ^ 

blanc  mat  et  très-opaque.  Cette  sorte  de  fritte  vitreuse 
porte  le  nom  d 'émail. 

La  potée  d’étain,  à cause  de  son  infusibilité,  ôte  la 
transparence  à tous  les  verres,  et  en  fait  des  émaux 
colorés. 

* 

Les  sulfates  de  potasse  et  de  soude  sont  décomposés  par 
Fêtai  n. 

On  chauffe  dans  un  creuset  parties  égales  de  sulfate  da 
potasse  et  détain  ; on  obtient  une  masse  fondue  verdâtre, 
qui  ne  contient  plus  d’étain  : c’est,  d’après  M.  Fourcroy  \ 

' un  vrai  sulfure  d'étain. 

L’étain  enlève  l’oxigène  à l’acide  sulfurique-  le  soufre; 
J mis  à nu  par  cette  décomposition,  se  combine  avec  la 
■ potasse,  et  ce  sulfure  dissout  une  portion  de  l’oxide  detain. 

L'étain  fait  détonner  le  nitrate  de  potasse. 

f ' cet  e^et  ’ on  fa't  fondre  et  un  peu  rougir  de  l’étain 
^idans  un  creuset  : on  projette  dessus  du  nitre  en  poudra 
Ketbien  sec;  il  se  fait  aussitôt  une  déflagration,  et  il  s’élève 
-une  flamme  blanche  et  brillante.  On  ajoute  une  nouvelle 
quantité  de  nitre,  jusqu’à  ce  qu’il  ne  se  fasse  plus  de  dé- 
formation; on  tire  le  creuset  hors  du  feu,  on  lessive  la  masse 
^daus  l’eau,  on  filtre  la  liqueur;  elle  contient  la  potasse  du 
[«nitrate,  qui  a dissous  une  grande  partie  de  l’oxide  d’étain. 

Le  muriate  d’ammoniaque  est  aussi  décomposé  par  l’étain.' 

On  prend  de  l’étain  en  grenailles , et  du  muriate  d’ammo- 
miaque  réduit  en  poudre , environ  une  égale  quantité  : on 
introduit  le  mélange  dans  une  cornue,  et  on  y adapte  un 
récipient  et  l’appareil  pneumato-chimique  à mercure;  sitôt 
Hue  la  cornue  est  échauffée,  il  se  dégage  de  l’ammoniaque 
•caustique  à l’état  de  gaz,  mêlé  de  gaz  hydrogène. 


De  ÏÉtain. 

Le  résidu  de  cette  décomposition  est  un  muriate  detaiu 
solide,  décomposable  par  l’eau,  et  semblable  à celui  que 
l’on  forme  avec  le  muriate  oxigéné  de  mercure. 

C’est  eu  décomposant  le  muriate  d’ammoniaque  par 
l’étain,  et  en  ajoutant  du  soufre  au  résidu  de  cette  décom- 
position, que  l’on  prépare  l’or  .mussif. 

On  connoît  divers  procédés  pour  prépare  l’or  mussif. 
appelé,  par  M.  Fourcroy,  oxide  d’étain  sulfuré. 

i®.  On  prend' six  parties  d’oxide  d’étain,  que  l’on  mel( 
avec  quatre  parties  de  soufre  -,  on  met  le  mélange  dan; 
un  creuset  évasé,  jusqu’au  tiers  de  sa  hauteur;  on  in- 
troduit ensuite  dans  le  creuset  un  couvercle  en  terre 
échancré  en  plusieurs  endroits.  Ce  couvercle  doit  entre: 
dans  le  creuset  de  manière  qu’il  se  trouve  à deux  centi 
mètres  au-dessus  de  la  matière,;  on  recouvre  ensuite  b 
creuset  d’un  deuxième  couvercle;  et  on  l’y  lute  avec  ui 
peu  d’argile  détrempée:  le  creuset  ainsi  disposé,  on  1 
ipet  dans  un  creuset  plus  grand,  dans  lequel  on  met  d' 
6able.  Par  ce  moyen,  le  creuset  contenant  le  rnélang 
nécessaire  pour  l’or  mussif,  se  trouve  dans  un  bain  de  sabh 
alors,  ou  place  cet  appareil  immédiatement  sur  la  grill 
d’un  fourneau  ordinaire,  et  on  le  chauffe  ensuite  avec  pré 
caution.  En  général,  pour  avoir  de  bel  or  mussil,  il  iat 
qu’il  soit  préparé  à une  chaleur  tres-douce  et  longtem 
continuée  : le  degré  de  feu  nécessaire  pour  sublimer  1 
muriate  d’ammoniaque,  est  celui  qu'il  faut  maintenir  peu 
dant  que  l’on  fait  cettte  opération,  qui  exige  ordiuairemei 
huit  à dix  heures  , il  n’y  a pas  même  d’inconvénient  à con 
tinuer  le  feu  plus  longtems,  pourvu  toutefois  qu'on  ne  i 
pousse  pas  au-delà  du  degré  indiqué  : à ce  degré  de  1er 
l’or  mussif  n’çst  pas  décomposé. 


De  l’Étain.  46*9 

Il  est  avantageux  d'ajouter  une  petite  quantité  d’eau  dans 
les  mélanges  : l’opération  n’en  réussit  que  mieux. 

2°.  On  forme  un  amalgame  de  5o  parties  d’étain  et 
autant  de  mercure;  pour  cet  effet,  on  fait  chauffer  un 
mortier  de  cuivre  ,011  y met  le  mercure,  et  lorsqu’il  a acquis 
un  certain  degré  de  chaleur,  on  yerse  dessus  l’étain  fondu  : 
on  agite  et  on  triture  cet  amalgamé  jusqu’à  ce  qu’il  soit 
froid,  alors  on  prend  huit  parties  de  cet  amalgame  qu’on 
mêle  exactement  avec  six  parties  de  soufre  et  quatre 
de  muriate  d’ammoniaque.  On  met  ce  mélange  dans  une 
cornue  ; on  place  la  cornue  sur  un  bain  de  sable  qu’on 
chauffe  à un  feu  doux.  On  entretient  le  feu  pendant 
trois  heures. 

L’eau  de  cristallisation  du  muriate  d’ammoniaque  est 
décomposée  par  deux  affinités,  celle  de  l’oxigène  pour  l’é- 
tain , et  celle  de  l’hydrogène  pour  le  soufre  ; l’oxide  d’é- 
tain formé  se  partage  en  deux  parties,  l’une  en  grande 
quantité  s’unit  au  soufre  et  forme  l’oxide  d’étain  sulfuré , 
ou  or  mussif  qui  reste  dans  le  fond  du  matras,  l’autre 
partie  en  petite  quantité  , décompose  le  muriate  d’am- 
moniaque formé  du  muriate  d’etain  qui  se  dégage  en  va- 
peurs, tandis  que  l’ammoniaque  libre  se  combine  arec  de 
l’hydrogène  sulfuré;  il  se  dégage  de  l’hydro-sulfure  d’am- 
moniaque, qui  rencontrant  du  muriate  d étain , décompose 
et  précipite  un  sulfure  hydrogéné  d’oxide  d’étain  qui  se 
dépose  contre  les  parois  supérieures  du  matras,  c’est  encore 
de  l’or  mussif. 

Cet  or  mussif  a l’apparence  de  l’or  ; il  est  en  lames  minces; 
il  se  décompose  à un  grand  feu  et  passe  à l’état  de  sulfure 
d’étain,  en  dégageant  de  l’acide  sulfureux.  L’oxide  d’étain 
sulfuré  contient  60  d’étain  et  4°  d’oxide  de  soufre;  tandis 


47  ° De  V Etain. 

que  le  sulfure  détain  ne  contient  que  20  de  soufre  et 
80  d’étain. 

Il  paroît  y avoir  deux  espèces  d’or  mussif;  l’un  seroii 
un  sulfure  d’étain  oxidé,  l’autre  un  sulfure  hydrogéné 
d’elain  oxidé,  celui  qui  est  sublimé  paroît  être  dans  le 
dernier  cas.  On  peut  encore  faire  un  sulfure  hydrogéné 
d’étain  oxidé,  en  précipitant  directement  une  solution 
de  muriate  d étain  très-oxidé  par  un  hydro-sulfure  -,  c’estl 
de  1 or  mussif  qui  se  précipite. 

Pelletier  avoit  observé  que,  dans  cette  opération,  il 
se  dégageoit  du  gaz  hydrogène  sulfuré,  du  sulfure  d’am- 
moniaque  , du  muriate  d’étain  -,  que  l’étain  oxidé  et  uni 
au  soufre  constituoit  l’or  mussif;  qu’une  portion  de  cette 
combinaison  , formée  par  les  matières  en  vapeurs , se  dé- 
posoit  en  cristaux  lamelleux  hexangulaires  à la  voûte  et 
dans  le  col  de  la  cornue;  que  l’or  mussif  n’étoit  point 
volatil  par  lui- même  -,  qu’à  un  grand  feu  , il  se  décomposoit, 
donnoît  de  l’acide  sulfureux,  et  repassoit  à l’état  de  sul- 
fure d’étain;  que  Ion  pouvoit  fabriquer  ce  produit  en 
chauffant  le  sulfure  d’étain  avec  parties  égales  de  soufre 
et  de  sel  ammoniac;  qu'on  l’obtenoit  encore  avec  parties 
égales  de  sulfure  d’étain  et  de  muriate  sur-oxigéné  de 
mercure  chauffé  ; que  ce  composé  coutenoit  o.6o  d’oxide 
d’étain  et  0.40  de  soufre , tandis  que  dans  le  sulfure 
d’étain  il  n’y  avoit  que  0.20  de  soufre  uni  à 0.80  d’étain 
métallique  ; que,  chauffé  avec  du  charbon  , l’oxide  d’étain 
sulfuré  se  décomposoit,  donnoit  du  gaz  acide  carbonique 
avec  du  gaz  hydrogène  sulfuré  , cl  qu’il  se  réduisoit  à 
l’étal  de  sulfure  d’étain,  en  perdant  ainsi  du%oufre  eide 
l’oxigène. 

Cette  préparation  est  usitée  pour  donner  une  belle  cou- 


De  l’Étain.  $7  t 

leur  au  bronze , et  pour  exciter  les  effets  de  la  machine 
électrique,  en  eu  frottant  les  coussinets. 

Le  muriate  sur-oxigéné  de  potasse  brûle,  enflamme  et 
oxide  fortement  l’étain.  On  obtient  aussi  par  le  choc  une 
détonation. 

L’étain  décompose  un  grand  nombre  de  sels  et  de 
solutions  métalliques. 

Il  est  d’un  usage  étendu  dans  les  arts  , à l’état  de  métal , 
d’alliage  , d’oxide  , etc.  ; on  s’en  sert  aussi  pour  donnes 
aux  glaces  ce  que  l’on  nomme  le  tain , c’est-à-dire  , pour 
fixer  sur  une  de  leurs  faces  un  amalgame  d’étain  et  de 
mercure-  On  étend  sur  une  grande  table  de  pierre,  mobile 
et  à rebord,  des  leuilles  d’étain  laminé •,  on  les  recouvre 
d’une  couche  de  mercure  de  quelques  centimètres  d épais- 
seur. On  glisse  la  glace  qu’on  veut  mettre  au  tain  sur  ce 
bain  de  mercure  , et  on  fait  écouler  le  mercure  surabon- 
dant , en  redressant  la  table  de  pierre.  La  feuille  d’étain 
amalgamé  s’applique  exactement  et  solidement  sur  la  glace. 

Les  solutions  d’étain  sont  d’un  grand  usage  dans  l’art 
de  la  teinture  : elles  avivent  les  couleurs  pourpres  tirees 
du  règne  animal , soit  des  coquilles  qui  fournissoient 
cette  couleur  aux  anciens,  soit  de  la  cochenille,  qui  la 
donne  bien  plus  facilement  aux  modernes.  On  croit  meme, 
dit  M.  Brongniart , que  les  Phéniciens  , qui  connoissoient 
l’action  de  ce  métal , laisoicnt  bouillir  leur  teinture  pourpre 
dans  des  vases  d étain. 

On  l’applique,  parla  fusion,  à la  surface  du  cuivre  et 
du  fer.  V oyez  les  articles  Cuivre  et  Fer. 


47* 


Du  Plomb. 


CHAPITRE  XXI. 


Du  Plomb. 

Les  mines  de  plomb  se  trouvent  en  rognons  , en  filons  , 
dans  les  montagnes  primitives  , tertiaires,  dans  les  terreins 
modernes  , dans  des  roches  de  tout  âge  et  de  toute  espèce  ; 
ses  gangues  ordinaires  sont  le  quartz,  le  spath  pesant,  les 
spaths  calcaire,  fliior,  les  argiles,  les  schistes  , etc.; 
souvent  aussi  accompagné  de  sulfure  de  fer , de  zinc , de 
calcédoine  et  même  de  jaspe. 

Le  plomb  se  trouve  encore  à letat  de  sulfure,  de  phos- 
phate , d arsenite , de  moljbdate  , de  chroma  te  , connu 
Autrefois  sous  le  nom  de  plomb  rouge  de  Sibérie  ; enfih  v 
à l’état  de  carbonate. 

Les  espèces  décrites  par  M.  Haüy  sont  : 

Première  ; Plomb  natif , une  variété. 

M.  Rdtlikê  , savant  danois , a trouvé  dans  les  laves  de 
l’îlè  de  Madèrè  , une  assez  grande  quantité  de  plomb 
natif. 

Deuxième;  Plomb  sulfuré  , vulgairement  galerie  , treize 

variétés. 

Alliages  : Plomb  sulfuré  argentifère  - antimonifere  , 

ferrifère. 

On  trouve  le  plomb  sulturc  en  une  multitude  d’en- 


Du  Plomb.  4^3 

droits  ; et  c’est  une  des  mines  les  plus  communes  qu’il  y 
ait  en  Europe. 

Troisième-,  Plomb  arsénié  , trois  variétés. 

Quatrième  -,  Plomb  chrômaté  , trois  variétés. 

Cinquième-,  Plomb  carbon  até  , douze  variétés. 

Le  plomb  carbonate  accompagne  assez  souvent  le  plomb 
sulfuré  , comme  à Huelgoët,  et  quelquefois  le  cuivre  car- 
bonate vert  ou  bleu. 

Il  y a aussi  un  plomb  carbonaté  terreux  , quelquefois 
disséminé  dans  l’intérieur  de  diverses  matières  terreuses  , 
auxquelles  on  a donné  improprement  les  noms  de  minium 
natif,  de  massicot  natif , et  de  céruse  native. 

Sixième  ; Plomb  phosphaté , six  variétés. 

On  trouve  du  plomb  phosphaté  en  cristaux  jaunâtres  , 
rougeâtres  , ou  d’un  gris  cendré  , et  en  aiguilles  d’un  gris 
brun,  à Huelgoët,  en  Bretagne-,  en  cristaux  ou  en  aiguil- 
les d’une  couleur  verte , à la  Croix  , dans  la  ci-devant 
Lorraine  -,  près  de  Fribourg  en  Brisgaw  -,  dans  les  mines 
du  Hartz  , etc. 

11  y a encore  le  plomb  phosphaté  arsénié  et  le  plomb 
noir,  appelé  mine  de  plomb. 

Septième  -,  Plomb  molybdatë  , sept  variétés. 

Le  plomb  molybdaté  se  trouve  à Bleyberg  , en  Carîu- 
thie , ôù  il  a pour  gangue  ufte  chaux  carbonatée  com- 
pacte. 


Du  Plomb. 


d Huitième -,  Plomb  sulfaté , six  variétés. 

Le  plomb  sulfaté  se  trouve  dans  l’ile  d’Anglesey , où 
il  occupe  les  cavités  d’une  ocre  ferrugineuse  d un  brun 
noirâtre,  situee  au-dessus  d’une  mine  de  cuivre  pyriteux. 

Il  y en  a aussi  près  de  Stronlian  , en  Ecosse. 

Neuvième-,  Le  Plomb  oxidè , tel  que  le  massicot , la 
céruse  et  minium  natif. 

Dixième  ; Le  plomb  noir.  , 

Onzième  ; Le  plomb  arsénié. 

Douzième  , enfin  -,  La  mine  de  plomb  de  Johann- G eorgen- 

stadt. 

M.  La  ugier  a démontré  que  cette  mine  n’étoit  qu’un 
mélange  d’arseniate  et  de  pbospliate  de  plomb. 

On  a aussi  trouvé  un  minerai  de  plomb  sur-oxigéné, 
dont  M.  J auquelin  a fait  l’analyse.  Il  l’a  trouvé  composé 
d’arsenic  oxidé,  58  j plomb  oxide,  22  ; fer  oxide,  3 9. 

D’après  les  phénomènes  qu’a  présentés  cette  mine  avec 
l’acide  muriatique  , M.  Vauquelin  pense  qu’il  est  trcs- 
vraisemblable  que  le  plomb  y est  à 1 état  d oxide  brun  ou 
sur-oxigéné  -,  car  les  oxides  de  fer  et.  d’arsenic  ne  donnent 
point  une  aussi  grande  quantité  d’acide  muriatique 
oxigéné. 

Le  plomb  sulfure  est  le  *seul  que  I on  exploite  comme 
minerai  de  plomb  proprement  dit.  On  sait  qu’il  contient  j 
presque  toujours  de  l’argent. 


Du  Plomb. 


47  5 

On  grille  le  sulfure  de  plomb  de  deux  manières  : i°.  sous 
des  hangards  , entre  trois  petites  murailles.  Comme 
l’air  nécessaire  au  grillagene  pourroit  pas  circuler  au  travers 
de  cette  poudre  compacte  , on  est  obligé  de  mouler  le 
sclilich  en  petites  mottes  , en  le  mêlant  avec  un  peu  d’ar- 
gile humide.  On  le  grille  ainsi  une  ou  deux  fois.  2°.  Dans 
des  fourneaux  à réverbère.  On  obtient  immédiatement , 
par  cette  dernière  méthode  et  par  un  feu  ménagé  , une 
certaine  quantité  de  plomb  métallique. 

Le  plomb  grillé  par  l’un  ou  par  l’autre  procédé  , est  en 
état  d’être  fondu  dans  un  fourneau  appelé  courbe  ou  à 
manche  : on  se  contente  de  jetter  ce  métal  clans  le  four- 
neau ; on  ne  le  mêle  ordinairement  avec  aucun  fondant  ; 
quelquefois  cependant  on  y ajoute  des  scories  de  fer  et 
des  scories  des  fontes  précédentes.  La  houille  carbonisée 
ou  le  charbon  de  bois  mêlés  avec  le  minérai  , suffisent 
pour  revivifier  le  plomb  oxidé  qui  coule  dans  le  bassin 
d’avant-foyer , et  ensuite  dans  celui  de  percée. 

Le  plomb  obtenu  par  cette  première  fusion,  porte  le 
nom  de  plomb-d’ œuvre.  Il  est  assez  pur-,  mais  il  contient 
souvent  de  l’argent,  qu’il  est  important  d’en  séparer.  L’o- 
pération qui  a pour  objet  cette  séparation  , se  nomme  affi- 
nage. ( Voyez  Brongniart.  ) 

Le  plomb  a peu  de  dureté,  encore  moins  d’élasticité: 
c’est  le  plus  doux  des  métaux;  il  a une  odeur  particulière 
qui  se  développe  par  le  frottement , ce  qui  est  dû  à un 
commencement  d oxidalion  : cet  effet  peut  être  aussi  appli- 
qué à sa  saveur:  la  mollesse  du  plomb  fait  qu’il  n’a  pas 
de  son.  Sa  cohésion  est  rendue  sensible  par  l’adhésion  , 
au  moyeu  du  conLact  de  s«s  surfaces  récemment  coupées  -, 
c'est  même  le  seul  métal  qu’on  puisse  mettre  parfaitement 


Du  Plomb. 


476 

en  contact  : en  coupant  une  balle  de  plomb  en  deux  , et 
rapprochant  les  parties  , on  connoîlra  son  adhésion.  Sa 
pesanteur  spécifique  est  de  11.35a. 

Le  plomb  s’étend  facilement  sous  le  marteau  , et  se 
réduit  en  lames  et  en  feuilles.  Quand  on  veut  l’obtenir  eu 
grenailles  , on  le  lait  fondre  , et  on  le  broie  dans  un  mor- 
tier de  fer.  11  n’est  pas  assez  tenace  pour  passer  à la 
filière. 

Exposé  au  feu  , le  plomb  entre  en  fusion  à un  degré 
de  chaleur  très-modéré.  Lorsqu’il  n’a  que  le  degré  de 
chaleur  capable  de  le  tenir  en  fusion,  il  est  si  peu  chaud, 
qu’il  ne  peut  roussir  une  plume  ou  du  papier. 

Si , lorsqu’il  a été  fondu  , on  le  laisse  refroidir  très-len- 
tement , il  se  recouvre  d’une  légère  poussière  grise  à sa 
surface  ; et  si  l’on  decante  la  portion  fondue  de  celle  qui 
est  devenue  solide  , on  1 obtient  cristallisé  en  pjramides 
quadrangulaires.  A une  chaleur  violente  il  se  volatilise  en 
grande  quantité. 

Pour  obtenir  l’oxide  de  plomb , on  met  dans  une  cuiller 
de  fer  la  quantité  que  l'on  veut  de  ce  métal  : on  place  la 
cuiller  sur  le  feu-,  aussitôt  que  le  plomb  est  fondu,  il 
s’oxide  à sa  surface  , sous  la  forme  d’une  poussière  grise, 
que  l’on  réduit  par  l’agitation  en  un  oxide  d’un  gris  ver- 
dâtre , tirant  un  peu  sur  le  jaune.  On  peut  , en  conti- 
nuant la  calcination  , convertir  tout  le  plomb  en  oxidè 
semblable.  Cette  poudre  grise  est  un  oxide  de  plomb  au  mi* 
nimum.  M.  Prou  V,  ei  quelque  tems  après  M.  Thomson  , 
ont  prétendu  qu’elle  étoit  composée  d oxide  jaune  et  dé 
plomb  métallique. 

Si  l’on  fait  calciner  celte  pondre  grise  de  plomb  à un 
feu  capable  de  la  faire  rougir , elle  acquiert  d'abord  une 


Du  Plom Z-,  4"  7 

couleur  jaune  sale  -,  c’est  ce  qnon  nomme  massicot  ordi- 
naire. En  continuant  la  calcination  plus  longtems  , cet 
oxide  prend  une  couleur  jaune  assez  foncée  : en  cet  état 
on  le  nomme  massicot  jaune.  Cet  oxide  jaune  contient, 
d’après  Thomson  , g centièmes  et  demi  d’oxigène. 

Si  l’on  fait  calciner  cet  oxide  jaune  à un  feu  de  réver- 
bère , qui  ne  soit  pas  en  état  de  le  fondre  , il  augmente 
toujours  en  couleur  , et  il  acquiert  enfin  une  belle  couleur 
rouge  : c’est  ce  que  l’on  nomme  minium. 

Voilà  donc  déjà  trois  degrés  différens  d’oxidation  que 
le  plomb  est  susceptible  d’affecter  ; l’oxide  gris , jaune 
et  rouge. 

Dans  les  arts  on  fabrique  l’oxide  rouge  de  plomb  , eu 
disposant  le  plomb  dans  une  espèce  de  four  qui  ressemble 
à ceux  des  boulangers  ; ou  y met  le  feu  par  les  côtés  , 
de  manière  que  la  flamme  vient  se  rabattre  sur  le  plomb  •, 
celui-ci  se  couvre  d’une  pellicule  grise  qu’on  enlève,  et 
on  répète  cela  jusqu’à  ce  que  le  plomb  soit  converti  en 
oxide  gris  ; en  augmentant  le  feu  on  le  fait  passer  a 1 état 
d’oxide  jaune.  On  le  fait  torpber  alors  sur  un  pavé  uni , 
et  on  y fait  tomber  assez  d’eau  pour  l’imbiber  et  le  re- 
froidir. On  le  broie  ensuite  dans  l'eau  avec  des  meules  , 
on  le  réduit  aussi  en  poudre  très-fine.  On  le  met  dans 
des  cases  que  l’on  porte  dans  un  four  plat , et  lait  a-peu- 
près  comme  le  premier.  Ou  ÿgite  continuellement,  et  au 
bout  de  4°  heures  il  passe  à l’état  d’oxidc  rouge  , ou 
minium.  Aussitôt  qu’on  s’apperçoit  qu’il  ait  acquis  cette 
couleur  rouge,  on  ferme  promptement  toutes  les  ouver- 
tures du  four  , et  on  le  laisse  refroidir  lentement. 

Pour  avoir  un  minium  d’une  grande  beauté  tel  qu  on 
l’exige  pour  les  verreries  où  l’on  fabrique  le  beau  cristal,  il 


47®  Du  Plomb. 

est  essentiel  que  le  plomb  qu’on  emploie  ne  contienne  nî 
étain  ni  cuivre. 

L’oxide  rouge  de  plomb  contient,  d’après  Thomson, 
0,1?  d’oxigène. 

M.  Pécard  fils  , à Tours , d’après  les  conseils  de  M.  Chap- 
tal,  fabrique  aujourd’hui  le  minium  qui  ne  paroît  pas 
différer  du  meilleur  minium  d’Angleterre. 

En  exposant  cet  oxide  ronge  a un  feu  plus  violent  et 
capable  de  lui  donner  une  demi-vitrification,  ses  parties 
® 3§£jlntinent  en  petites  écaillés  minces,  qui  conservent 
toujours  leur  couleur  rouge,  mais  moins  vive  : cet  oxide 
prend  alors  le  nom  de  litharge  d’or , et  celui  de  litharge 
d’argent,  lorsqu’il  est  plus  pâle. 

Quand  on  veut  se  procurer  celte  matière , on  ne  la  prépare 
pas  exprès.  Toute  celle  qui  est  dans  le  commerce  est  tirée 
des  tiavaux  en  grand  qu  on  fait  sur  1 or  et  sur  1 argent  pour 
les  purifier. 

La  labiication  de  la  lilharge  se  fait  daus  les  fonderies  des 
mines  de  plomb  pour  en  séparpr  l’argent  parla  coupellation. 

On  fait  fondre  le  plomb  dans  des  fourneaux  de  coupel- 
lation dont  le  dôme  est  mobile,  et  qu’on  enlève  à volonté 
à laide  d’une  grue.  La  flamme  qui  s’élève  du  foyer,  est 
versée  dans  le  fourneau  qu’elle  traverse  pour  gagner  la  che- 
minée qui  est  vis-à-vis;  deux  gros  soufflets  dirigent  sans 
cesse  un  courant  d’air  rapide  sur  le  plomb  eu  fusion  pour 
faciliter  l’oxidation.  A mesure  qu’il  se  forme  une  couche  à 
la  surface  on  l’enlève,  et  on  la  fait  tomber  sur  le  sol.  Peu- 
à-peutout  le  plomb  se  convertit  en  litharge , tandis  que 
l’argent  conserve  son  état  métallique,  et  finit  par  rester  seul 
au  milieu  de  la  coupelle. 

Presque  toute  la  lilharge  qu’ou  trouve  dans  le  commerce; 


Du  Plomb. 

Contient  0,4-  d’acide  carbonique , d’après  Thomson.  Le 
plomb  s’y  trouve  à l’état  d’oxide  jaune.  Ce  chimiste  dit 
aussi  avoir  retiré  de  la  litharge  o,3  d’oxide  d’antimoine. 

Si  Ion  expose  l’oxide  rouge,  au  feu  dans  un  creuset,  il 
entre  en  fusion , mais  beaucoup  plus  difficilement  que  le 
plomb.,  et  se  transforme  en  verre;  mais  ce  verre  a tant 
d’action  sur  les  substances  terreuses,  qu’il  pénètre  les 
creusets , passe  facilement  au  travers , et  les  fait  entrer  en 
fusion. 

Tous  les  oxides  de  plomb  se  réduisent  avec  facilité. 

Ou  prend  la  quantité  que  l’on  veut  d’oxide  de  plomb; 
on  le  mele  avec  du  suif,  du  charbon  , ou  toute  autre  matière 
combustible;  l’on  fait  chauffer  et  rougir  le  .mélange  dans 
un  creuset,  on  trouve  au  fond  un  culot  de  métal. 

On  peut  encore  faire  cette  réduction  sur  un  charbon  au 
chalumeau. 

Le  gaz  hydrogène  colore  la  surface  du  plomb,  et  lui 
donne  les  nuances  de  l’iris;  il  revivifie  même  les  oxides 
de  plomb. 

Si  l’on  met  de  l’oxide  de  plomb  rouge  en  contact  avec  ce 
gaz,  il  devient  noir  et  plombé. 

Avec  le  soufre,  on  obtient  un  vrai  sulfure. 

Pour  faire  le  sulfure  de  plomb,  on  peut  faire  fondre 
ioo  parties  de  plomb  et  projetter  peu-à-peu  4o  parties  de 
soufre;  mais  alors  il  arrive  que  le  sulfure  de  plomb  qui 
est  moins  fusible,  forme  une  croûte  à la  surface  et  empêche 
la  seconde  portion  de  soufre  de  se  combiner  avec  le  reste 
du  plomb. 

C’est  pourquoi  il  vaut  mieux  mettre  le  soufre  et  le 
plomb  par  couches  en  observant  de  mettre  la  plus  grande 
partie  du  soufre  dans  le  fond,  et  terminant  par  une  couche 


48  o Du  Plomb. 

de  plomb.  En  poussant  au  rouge , ou  obtient  un  culot  qui 
est  du  sulfure  de  plomb  qui  a absolument  les  mêmes  pro- 
priétés que  la  galerie. 

Le  plomb  se  combine  avec  le  phosphore. 

On  fait  fondre  dans  un  creuset  un  mélange  de  parties 
égales  de  plomb  limé,  de  verre  phospjaorique  et  d’un  hui- 
tième de  charbon-,  on  obtient  un  culot  qui  paroit  peu  dif- 
férent du  plomb  : il  est  malléable,  se  coupant  facilement 
avec  le  couteau-,  mais  il  perd  son  brillant  plus  prompte- 
ment que  le  plomb-,  et  lorsqu’on  en  fond  au  chalumeau 
sur  un  charbon,  l’on  voit  que  le  phosphore  brûle  et  quitte 
le  plomb. 

On  ne  connoît  pas  les  alliages  du  plomb  avec  le  tungs- 
tène, le  molybdène,  le  chrome,  le  titane,  l’urane,  le  nickel, 
le  cobalt,  le  manganèse. 

Avec  le  bismuth  on  obtient  un  alliage. 

Parties  égales  de  plomb  et  de  bismuth  donnent  un  mé- 
tal plus  dur  que  le  plomb,  très-ductile,  s’applatissant 
sous  le  marteau  sans  se  gercer,  mais  se  cassant  facilement 
dans  letau,  et  ayant  le  grain  très-fin , très-serré , de  couleur 
d’acier. 

Avec  l’antimoine,  on  obtient  un  alliage  cassaut  à petites 
facettes  brillantes,  qui  imitent  le  tissu  et  la  couleur  du  fer 
ou  de  l’acier,  suivant  les  proportions  du  mélange,  et  qui 
est  d’une  pesanteur  spécifique  plus  considérable  que  les 
deux  substances  métalliques  qui  le  composent,  prises 
séparément. 

C’est  l’alliage  de  ces  deux  métaux,  qui  forme  les  carac- 
tères d’imprimerie;  d’après  M.  Chaptal  les  meilleures  pro- 
portions sont  80  parties  de  plomb,  sur  ao  d’antimoine. 


Du  Plomb. 


48 1 

J Le  plomb  s’unit  très-bien  au  mercure  -,  il  re'sulte  de  ce 
mélange  un  amalgame. 

On  le  fait  en  versant  du  mercure  chaud' dans  du  plomb 
fondu  ; il  .est  blanc  et  brillant,  et  acquiert  de  la  soli- 
dité au  bout  d’un  certain  tems. 

Avec  le  zinc,  le  plomb  s’unit,  mais  cetalliage  ne  présente 
aucun  intérêt. 

L’alliage  du  plomb  avec  l’étain  est  très-usité  dans  les  arts. 

La  soudure  des  plombiers  se  fait  avec  deux  parties  de 
plomb  et  une  d’étain. 

Cet  alliage  est  plus  fusible  qu’aucun  des  deux  métaux 
qui  le  constituent. 

Ou  peut  faire  un  alliage  de  plomb  et  d’étain  en  prenant 
i5  parties  de  plomb  et  5o  d’étain.  On  met  l’étain  et  le  plomb 
dans  un  creuset  et  on  chauffe , en  agitant,  l’alliage  se  forme. 
Il  j a de  certaines  proportions  d’étain  et  de  plomb  qui 
donnent  uu  alliage  qui  a la  propriété  de  brûleravec  beaucoup 
de  vivacité,  lorsqu  il  est  porté  jusqu’au  rouge. 

L alliage  de  Darcet  se  fait  avec  huit  parties  de  bismuth  , 
cinq  de  plomb  et  trois  d’étain.  Cet  alliage  est  si  fusible 
qu  ilne  faut  que  7 5 degrés  de  Réaumurpour  le  fondre. 

Pour  1 analyser,  on  le  casse  en  petits  morceaux  et  ou 
jette  dessus  peu-à-peu  de  l’acide  nitrique  à 3o  degrés  qui 
se  décompose;  le  gaz  nitreux  se  dégage  et  il  se  précipite 
de  1 oxide  d étain , il  se  forme  du  nitrate  de  bismuth  et  du 
nitrate  de  plomb  qui  restent  dans  la  liqueur;  quand  il  ne 
se  dégage  plus  (le  vapeurs  nitreuses,  on  filtre  et  il  reste  sur 
le  filtre  l’oxide  d’étain;  on  le  lave  à plusieurs  fois  avec  de 
l’acide  nitrique  étendu  d’eau,  on  le  fait  dessécher  et  on  le 
pèse.  On  fait  évaporer  presqu ’à  consistance  sirupeuse,  eton 
jette  dans  la  liqueur  de  l’eau  pure  qui  précipite  de  l’oxide 

3 x 


482  Du  Plomb. 

de  bismuth  blanc-,  on  filtre  une  seconde  fois,  on  peut 
ensuite  précipiter  l’oxide  de  plomb  au  moyen  de  l’acide 
sulfurique  qui  fait  un  sulfate  de  plomb;  de  cette  manière, 
on  obtient  les  métaux  à l’état  d’oxide,  ou  de  sel.  On  sait 
que  le  sulfate  de  plomb  contient  sur  100  parties  70  de 
plomb,  que  l’oxide  de  bismuth  contient  80 à 85  de  bismuth, 
et  l’oxide  d’étain  70  à 72  d’étain. 

Le  plomb  et  l’étain  fondus  ensemble  s’oxident  récipro- 
quement. En  faisant  fondre  quatre  parties  de  plomb  et  une 
d’étain,  on  obtient  un  alliage  qui  a beaucoup  d’affinité  pour 
l’oxigène  , et  quand  il  est  poussé  au  petit  ronge,  en  soufflant 
dessus  il  s’allume  avec  beaucoup  de  force  et  brûle  très- 
vivement  : cela  forme  un  oxide.  Ces  deux  oxides  mélés 
ensemble,  sont  la  base  des  différens  émaux,  et  de  la  cou- 
verte de  la  faïence. 

On  fait  ordinairement  calciner  dans  des  fours  cent  parties 
de  plomb  et  trente  d’étain;  on  mêle  ensuite  ces  oxides  avec 
cent  parties  de  sable  et  vingt  de  potasse;  on  fond  ce  mé- 
lange, et  l’on  obtient  un  verre  blanc  laiteux,  opaque,  que 
l’on  nomme  émail  blanc. 

L’eau  pure  n’altère  pas  le  plomb. 

Si  l’on  agite  du  plomb  en  grenailles  dans  un  peu  d'eau 
avec  le  contact  de  l’air,  le  métal  s’oxide  promptement: 
bientôt  cet  effet  se  complique. 

Le  plomb  oxidé  absurde  l’acide  carbouique  atmosphé- 
rique : il  se  forme  du  carbonate  de  plomb  qui  se  dissout 
même  daus  l’eau,  comme  on  le  prouve  en*er§ant  des  hy- 
dro-sulfures dans  cette  eau,  qui  prend  une  couleur  noire. 
Cela  prouve  que  les  canaux,  et  sur-tout  les  réservoirs  de 
plomb  où  l’eau  séjourne,  sont  très-dangereux  dans  les 
usages  de  la  vie. 


Du  Plomb. 


483 

La  plupart  des  acides  attaquent  le  plomb.  Pour  que 
l'acide  sulfurique  agisse  sur  lui,  il  faut  qu’il  soit  concentré 
ïet  bouillant-,  il  se  dégage  du  gaz  acide  sulfureux.  Si  on  lave 
•le  mélange  qui  reste  au  fond  de  la  cornue,  avec  de  l’eau 
idistillée , on  enlève  l’excès  d’acide  .sulfurique,  et  il  reste 
sune  poudre  blanche  qui  est  du  sulfate  de  plomb. 

L’acide  sulfurique  se  combine  beaucoup  mieux  avec 
foxide  de  plomb.  Si  l’on  verse  cet  acide  dans  une  solution 
ile  plomb,  on  obtient  un  sulfate  qui  se  précipite. 

Le  sulfate  de  plomb  est  décomposé  par  le  charbon;  il 
passe  à l’état  de  sulfure,  comme  les  sulfates  alcalins  et  ter- 
-reux;  il  est  insoluble  dans  l’eau,  et  très-peu  dans  un  excès 
Ü’acide. 

On  le  décompose  aussi  par  les  alcalis  ; pour  obtenir  une 
décomposition  exacte,  il  faut  faire  bouillir  les  alcalis  caus- 
tiques avec  le  sulfate. 

L’acide  muriatique  qu’on  fait  bouillir  avec  le  sulfate  de 
plomb,  le  décompose;  c’est  une  circonstance  assez  remar- 
quable à laquelle  il  faut  prendre  garde  dans  l’analyse  des 

. , 

tanineraux. 

L’acide  nitrique  dissout  facilement  le  plomb. 

On  verse  dans  un  matras  deux  parties  d’acide  nitrique 
$Toible  sur  une  de  plomb  réduit  en  limaille  : on  place  le 
imatras  sur  un  bain  de  sable  chaud  , l’acide  nitrique  dissout 
» le  plomb. 

Lorsque  la  dissolution  est  faite  , on  filtre  la  liqueur  et 
'an  la  fait  évaporer  ; elle  donne  par  le  refroidissement  des 
qirismeso  ctaèdres,  qui  sont  toujours  opaques  et  très-pesans. 

Ce  sel  fuse  sur  les  charbons,  et  décrépite  au  feu;  il  s’y 
«décompose  et  perd  son  eau  de  cristallisation;  il  se  dégage 


£84.  Du  Plomb. 

ensuite  du  gaz  oxigène , et  il  reste  dans  la  cornue  un  oxide 
jaune  de  plomb. 

Les  alcalis  le  décomposent  aussi;  ils  en  séparent  le 
plomb  à b état  d’oxide. 

L’hydrogène  sulfuré  , et  les  hydro-sulfures  alcalins 
décomposent  le  nitrate  de  plomb;  on  obtient  un  précipité 
noir. 

L’acide  muriatique  opère  la  même  décomposition. 

L’acide  sulfurique  le  décompose  aussi  : si  Ion  verse  de, 
cet  acide  dans  une  solution  de  nitrate  de  plomb  , on  obtient 
un  sulfate  de  plomb  insoluble. 

L’acide  sulfureux  précipite  la  solution  de  plomb  en 
sulfite. 

On  peut  encore  obtenir  le  nitrate  de  plomb,  en  suivant 
un  autre  procédé. 

O11  fait  chauffer  80  parties  d’acide  nitrique  à s5  degrés, 
sur  5o  d’oxide  rouge  de  plomb  ; l'oxide  se  partage  en  deux 
parties,  l’une  cède  son  oxigène  et  le  lait  passer  a létal 
d’ oxide  brun  ’qui  est  insoluble  dans  l’acide  nitrique.  L’oxide 
de  plomb  moins  oxidé  à l’état  jaune,  se  dissout  dans  l'acide 
nitrique,  et  forme  uu  nitrate  de  plomb;  on  -filtre,  il  reste 
dessus  le  filtre  une  poussière  brune),  qui  est  1 oxide  brun  de 
plomb  ; on  fait  évaporer  la  liqueur  jusqu  a légère  pellicule, 
et  on  obtient  par  refroidissement,  de  beaux  octaèdres  de 
nitrate  de  plomb.  Ce  sel  a uue  saveur  sucrée  d’abord: 
suivie  d’une  saveur  métallique  : il  est  décomposé  par  le  feu 
et  donne  le  minium  ( oxide  rouge  de  plomb  ). 

Le  nitrate  de  plomb  séché  sur  le  papier  joseph  , contient, 
d’après  M.  Thomson , 0,66  d’oxide  jaune,  et  o,34  d acide 
nitrique  et  d’eau. 

Avant  les  travaux  de  MM.  Proust , Fauquelin , The - 


Du  Plomb.  4^  S 

inard  et  Thomson,  on  ignoroit  l’action  de  l’acide  nitrique 
asur  les  divers  oxides  de  plomb,  ainsi  que  leurs  différent 
ïétats  d'oxidatiôn. 

M.  Vauquelin  a décrit  deux  procédés  pour  préparer 
Il’oxide  brun  de  plomb.  L’acide  nitrique  à 26  ou  3o  degrés, 
jjetté  sur  de  l’oxide  rouge  de  plomb,  s’échaulte,  blanchit  cet 
toxide,  le  dissout  en  grande  partie,  mais  en  sépare  une 
ipoudre  noire  insoluble,  pesant  les  0,1 5 ouïe  septième  de 
il’oxide  employé;  on  étend  la  soluttftn  de  beaucoup  d eau, 
«et  on  lave  bien  cette  poudre.  Les  ® de  l’oxide  dissous,  per- 
<dent  une  partie  de  leur  oxigène  qui  se  porte  sur  le  septième 
«qui  n’est  pas  dissous,  lequel  se  colore  eu  brun  foncé.  Si 
«cela  n’arrivoit  pas,  l'acide  nitrique  ne  dissoudroit  pas 
ll’oxide  rouge,  ou  il  faudroit  qu  il  en  dégageât  avant  une 
jportion  de  sou  oxigène;  et  c’est  ce  qui  arrive,  en  ellet, 
llOrsqubn  chaufle  l’acide  sur  cet  oxide,  il  fournit,  dans 
«ce  cas,  du  gaz  oxigène  ( comme  l’avoit  reconnu,  il  y a 
ilongtems  M.  Priestley  ). 

Une  preuve  que  1 oxide  jauue  de  plomb  contient  moins 
d’oxigène  que  le  rouge  , c’est  que  la  litharge  se  dissout 
dans  l’acide  nitrique  sans  former  d oxide  brun:  G est  aussi 
ce  qui  fait  que  la  litharge  s unit  a 1 acide  Carbonique 
tandis  que  l’oxide  rouge  né  s y unit  pas. 

On  prépare  l’oxide  brun  , en  faisant  passer  sur  un 
oxide  de  plomb  rouge  , délayé  dans  1 eau,  du  gaz  acide 
muriatique  oxigéné  , jusqu’à  ce  qu’il  cesse  d’en  absorber. 
Il  se  passe  ici  deux  effets  simultanés  : l’oxigène  de  l’a- 
cide se  porte  sur  une  partie  de  l’oxide  , tandis  que  l’acide 
désoxigéné  s’unit  à l’autre  portion  de  l’oxide.  On  obtient 
ainsi  ayec  cent  parties  d’oxide  rouge  68  parties  d’oxide 
brun  qui  se  précipite  en  étendant  de  beaucoup  d’eau. 


486  Du  Plomb. 

L’oxide  de  plomb  brun  ainsi  préparé  , montre  des  proprié- 
tés qui  le  distinguent. 

Sa  couleur  est  brune  foncée,  puce,  et  en  même  temsi 
son  aspect  brillant  est  velouté.  A la  flamme  du  chalumeaulj 
il  jaunit  et  se  fond  ; sur  le  charbon  allumé,  il  se  réduit  en 
bouillonnant  ; chauffé  dans  une  cornue , il  donne  du  gaz* 
oxigène  très-pur,  et  se  réduit  en  verre  de  plomb,  jaune 
verdâtre.  En  le  distillant  avec  l’acide  sulfurique , il  fournit 
aussi  du  gaz  oxigène,  et  se  comporte  dans  ces  deux  expé- 
riences comme  l’oxide  noir  de  manganèse,  avec  lequel 
il  a quelqu’analogie. 

L’oxide  de  plomb  brun  est  inattaquable  par  l’acide  ni- 
trique , à moins  qu’on  ne  prenne  cet  acide  surchargé  de 
gaz  nitreux  et  qu’on  ne  le  fasse  chauffer  sur  l’oxide:  dans 
ce  ca6,  le  gaz  nitreux  lui  enlève  une  portion  de  son 
oxigène  , et  l’acide  le  dissout.  L’addition  d’un  corps 
hydro  - carboné  très  - combustible,  comme  le  sucre,  le 
miel,  etc.,  le  rend  aussi  facilement  soluble  par  lacide 
nitrique  : c’est  encore  une  analogie  qu’il  présente  avec 
l’oxide  de  manganèse. 

L’acide  muriatique  versé  sur  l’oxide  de  plomb  brun, 
produit,  sur-tout  à l’aide  de  la  chaleur,  une  efferves 
cence  vive , passe  en  partie  à l’état  d’acide  muriatique 
oxigéné,  tandis  que  l’autre  partie  de  cet  acide  s’unit  à 
l’oxide  de  plomb  désoxidé.  Cet  effet  a lieu  jusqu’à  ce  que 
le  muriate  de  plomb  soit  saturé  d’acide  muriatique.  En 
le  combinant  avec  les  acides  végétaux  , on  voit  cet  oxide 
en  détruire  une  partie,  et  l’on  est  obligé  d’employer  beau- 
coup de  ces  acides  pour  en  opérer  la  combinaison  avec  le 
plomb. 

L’oxide  bruu  de  plomb  décompose  rapidement  l'ami 


Du  Plomb.  4§7 

moniaque,  à l’aide  de  la  chaleur;  une  partie  de  son  oxi- 
gène  se  porte  sur  l'hydrogène  de  l'ammoniaque  et  forme 
de  l'eau  ; une  autre  partie  se  combine  avec  l'azote  , et 
forme  de  l'acide  nitrique  , de  sorte  qu'après  cette  action 
on  trouve  du  nitrate  d’ammoniaque  dans  la  liqueur.  Lors- 
qu'on broie  cet  oxide  avec  du  soufre  , celui-ci  s'enflamme 
très-promptement,  ce  que  ne  fait  aucun  autre  oxide  de 
plomb.  Il  y a une  lumière  très-vive  dans  cette  combus- 
tion , quoiqu'elle  ne  soit  susceptible  d'aucune  détonna- 
tiou , même  par  la  plus  forte  pression  et  le  choc  le  plus 
rapide.  Le  charbon  cependant  ne  s’enflamme  point  par 
l'oxide  brun  , il  arrête  même  l'inflammation  du  soufre. 
Il  reste  , après  la  combustion  de  ce  dernier  par  l’oxide 
brun  , un  sulfure  noir  bleuâtre  , semblable  à la  galène. 
C’est  sans  doute  à cette  attraction  du  plomb  pour  le 
soufre  , qu'est  due  son  inflammation  par  l’oxide  sur- 
oxigéné  de  plomb. 

On  unit  facilement  cet  oxide  brun  avec  de  l'huile  d’o- 
live , qu'il  convertit  en  une  espèce  d’emplâtre  d’un  brun, 
clair  très-solide  : pendant  qu'on  fait  cet  emplâtre , il 
s'en  sépare  un  sel  sucré , soluble  et  cristallisable.  Cette 
espèce  d’emplâtre  pourroit  avoir  quelques  vertus,  si  c’est 
à l’oxigène  que  beaucoup  de  préparations  emplastiques  ou 
onguentassées  doivent  leurs  propriétés.  Il  y a lieu  de 
croire  qne  dans  quelques  cas,  et  notamment  dans  les 
vieux  ulcères , cet  emplâtre  sera  préférable  même  à la 
graisse  ou  pommade  oxigénée  , lorsque  le  coqtact  du 
plomb  ne  sera  point  contr’indiqué. 

L’oxide  pur  contient,  d’après  MM.  Proust  et  Thomson  , 
0,20  à 2 1 d’oxigèue. 

Si  l’on  fait  bouillir  le  nitrate  de  plomb  avec  la 


4^8  Du  Plomb. 


litharge,  il  se  forme  une  poudre  blanche  peu  soluble  datis 
1 eau  , qui  est  un  nitrate  avec  excès  d’oxide. 

Le  nitrate  de  plomb  qu’on  a fait  bouillir  avec  une 
lame  de  plomb , passe  à un  état  inférieur  d’oxidation  : 
la  solution  déposé  , par  le  refroidissement  de  petites  écailles 
cristallisées  d’un  jaune  clair. 

L acide  muriatique  pur,  quoiqu’aidé  de  la  chaleur  , ne 
se  sature  pas  complettement  de  plomb  ; pour  obtenir  ce 


muriate  , on  verse  dans  une  solution  nitrique  de  plomb 
de  1 acide  muriatique  : le  précipité  qui  en  résulte,  étoit 
appelé  plomb  corné.  Si  l’on  dissout  ce  sel  dans  l'eau  , on 
peut  obtenir  par  évaporation  et  refroidissement  des  cris- 
taux sous  la  forme  de  petites  aiguilles  fines. 


Ou  peut  aussi  préparer  ce  sel  en  faisant  bouillir  de  la 
li.tharge  avec  de  l’acide  muriatique , on  décante  ensuite 
la  liqueur  encore  bouillante  , et  l’on  obtient  par  le  re- 
froidissement de  petits  cristaux  aiguillés. 


Ce  sel  a une  saveur  douce  , il  se  fond  au  feu  assez  faci- 
lement, et  en  le  laissant  refroidir,  il  prend  l'apparence 
d une  corne  ; il  peut  alors  etre  coupé  et  s’applatir  j c est 
ce  qui  lui  avoit  fait  donner  le  nom  de  plomb  corné. 

Ce  sel  se  dissout  dans  4-0  fois  sou  poids  d’eau. 

La  chaux  et  les  alcalis  le  décomposent. 

L acide  sulfurique  précipite  cette  solution  en  sulfate  de 


plomb  insoluble. 


M.  Thcnarcl  a reconnu  l’existence  d’un  muriate  am- 
momaco  de  plomb.  On  peut  le  faire  en  versant  dans  du 
muiiate  de  plomb  , du  muriate  d’ammoniaque. 

Le  plomb  ne  se  dissout  que  1i  ès-Ientement  dans 
l’acide  phosphorique.  Pour  préparer  du  phosphate  de 
plomb  , on  piécipite  le  nitrate  de  plomb  par  un  phos- 


Du  Plomb. 


4% 

phale  alcalin.  Ce  phosphate  est  soluble  par  un  excès 
d’acide  phosphorique , il  est  fusible  et  décomposé  pair 
le  charbon  qui  le  change  eu  phosphore  et  en  plomb , 
et  il  passe  de  l’acide  carbonique.  Il  est  aussi  décomposé 
par  les  acides  sulfurique  , nitrique  et  muriatique. 

L’acide  boracique  n’attaque  pas  le  plomb-,  mais  on  peut 
former  un  borate  en  décomposant  le  nitrate  de  plomb 
par  un  borate  alcaliu  ; on  peut  l'obtenir  aussi  avec  Ses 
oxides  et  1 acide  boracique. 

L’acide  fluorique  attaque  un  peu  le  plômb , mais  l’effet 
est  bien  plus  marqué  sur  les  oxides. 

L’acide  carbonique  s’unit  aussi  à l'oxide  de  plomb.  Le 
carbonate  de  plomb  se  prépare  en  versant  dans  une  so- 
lution filtrée  de  carbonate  de  potasse  , de  l’acétate  de 
plomb  ; il  se  forme  un  acétate  de  potasse  et  un  carbonate 
de  plomb  , d’un  gris  blanc.  Ce  caxbouate  est  soluble' dans 
un  excès  d’acide  carbonique.  On  opère  cette  même  so- 
lution en  chargeant  de  l’eau  d’acide  carbonique,  et  en.  la 
laissant  ensuite  séjourner  sur  de  l’oxide  de  plomb.  Cette 
eau  se  trouble  bientôt  et  se  noircit,  par  le  contact  de  l’hy- 
dro-snlfure.  On  ne  connoît  pas  encore  exactement  toute  s 
ses  combinaisons. 

Dans  son  état  d’oxide  , le  plomb  s’unit  à la  silice. 

Si  on  en  ajoute  au  verre,  i!  n’altère  point  sa  transpa- 
rence, mais  il  lui  donne  plus  de  pesanteur,  et  sur-tout  une 
sorte  d’onctuosité  qui  le  rend  susceptible  d’être  taillé  et 
poli  plus  aisément  sans  le  briser.  Ce  verre  est  très-propre 
à faire  des  luuettes  acromaliques;  les  Anglais  le  nom- 
rnent  Jhnt-glass.  P oyez  verre  de  plomb. 

Le  plomb  peut  être  oxidé  par  le  nitrate  de  potasse. 

Ou  fait  fondre  du  plomb  dans  un  creuset  , et  lorsqu  il 


Du  Plomb. 


49° 


commence  à rougir,  on  projette  du  nitrate  de  potasse  en 
poudre,  il  n’y  a pas  de  détonnation  sensible.  Le  plomb 
est  à l’état  d’oxide  en  petits  feuillets  jaunâtres  , semblable 
à l’oxide  de  plomb  demi-vitreux.  On  laisse  refroidir  le 
creuset , on  lave  la  matière  , et  on  obtient  l’oxide. 

A l’aide  du  calorique  , l’oxide  de  plomb  décompose  le 
muriate  d’ammoniaque. 

A cet  effet,  on  réduit  en  poudre  deux  parties  de  mu- 
riate  d’ammoniaque,  on  mêle  avec  deux  ou  trois  parties 
d’oxide  rouge  de  plomb  ; on  met  ce  mélange  dans  une 
cornue  de  grès , on  la  place  dans  un  fourneau  de  réver- 
bère, on  adapte  au  col  de  la  cornue  un  ballon  , duquel 
part  un  tube  qui  va  plonger  dans  un  flacon  à tubulures  ,• 
dans  lequel  on  met  environ  autant  d’eau  que  l’on  a em- 
ployé de  muriate  d’ammoniaque-,  on  lute  et  l’on  procède 
à la  distillation  par  un  feu  gradué  que  l’on  augmente  sur 
la  fin  jusqu  a faire  rougir  la  cornue.  Il  passe  de  l'ammo- 
niaque très-pure  et  très-caustique  ; lorsqu’il  ne  passe  plus 
d’ammoniaque  , l’opération  est  finie. 

La  masse  qui  reste  dans  la  cornue  , après  la  décompo- 
sition du  muriate  d’ammoniaque  , est  du  muriate  de 
plomb  qui  se  fond  à une  chaleur  médiocre  , eu  plomb 
corné,  et  que  l’on  peut  dissoudre  eu  totalité  dans  l’eau. 

L oxide  de  plomb  rouge  agit  même  à froid  sur  le  mu- 
riate d’ammoniaque,  car  aussitôt  que  le  mélange  est  fait, 
l’ammoniaque  se  dégage. 

, L’oxide  de  plomb  demi-vitreux  décompose  le  muriate 
de  soude.  J oyez  muriate  de  soude. 

Si  1 on  mêle  de  1 oxide  de  plomb  gris  avec  du  muriate 
sur-oxigene  de  potasse  , on  obtiendra  une  détonnation  par 
le  choc. 


Du  Fer.  /jç! 

Les  usages  de  ce  métal  sont  trés-multipliés  dans  les 
arts.  Le  plomb  sulfuré  est  employé  sous  le  nom  d’alqui- 
foux  par  les  potiers  de  terre  , qui  en  saupoudrent  feue 
poterie  grossière. 

On  prépare  diverses  substances  employées  en  médecine 
tels  que  le  blanc  de  plomb  , la  céruse  , un  acétate  , 
1 oxide  rpuge  , jaune  demi-vitrifié  , on  la  litliarge  , etc. 

Le  blanc  de  plomb  et  la  céruse  sont  employés  dans  la 
peinture  à 1 huile  •,  mais  ils  ont  1 inconvénient  de  jaunir 
et  même  de  noircir  à l’air. 

L acetate  de  plomb  liquide  est  aussi  employé  dans  la 
teinture. 

\ 

Le  massicot  et  le  minium  servent  daus  la  peinture 
à l’huile. 

Kn  general  , les  oxides  de  plomb  sont  des  poisons.  Les 
vapeurs  même  de  ce  métal  sont  dangereuses. 


CHAPITRE  XXII. 

S 

r 

Du  Fer. 

Ce  métal  appelé  Mars  parles  anciens,  est  répandu  avec 
profusion  dans  la  nature  , et  sous  différentes  modifications. 
Une  multitude  de  substances  terreuses , telles  que  les 
serpentines  , le  feldspath  opalin,  le  corrindon  , etc.  , en 
rentermeut  des  traces  plus  ou  moins  considérables.  Il 
fait  dans  un  plus  graud  nombre  encore  la  fonction  de 
principe  colorant! 


Du  Fer. 


49* 

On  le  trouve  clans  la  nature,  à l’état  de  mine  *,  il  y en 
a beaucoup  d’espèces  : le  fer  natif,  le  fer  arsénié,  le  car- 
buré de  fer,  le  sulfure  de  fer,  le  sulfure  de  fer  arsénié  , 
l’oxide  noir  de  fer,  l’oxidule  de  fer  pyrocite  , l’oxidule 
de  fer  oligiste  , l'oxide  jaune  ou  rouge  de  fer,  le  sulfate 
de  fer,  le  phosphate , le  tungstate , le  carbonate , le  prussiate, 
le  fer  quartzeux  , etc. 

M.  Hciiïy  en  distingue  neuf  espèces  , et  M.  A.  Bron- 
gniart  douze. 

Première  ; Fer  oxidulé  , cinq  'variétés. 

On  trouve  du  fer  oxidulé  dans  l’île  de  Corse,  où  ses 
cristaux  ont  pour  gangue  une  stéatite  -,  en  Suède  , où  ils 
sont  recouverts  cl’une  croûte  talqueuse  ; en  France,  près 
de  la  ville  du  Puy , où  ils  sont  mêlés  avec  un  sable 
ferrugineux  , qui  contient  aussi  des  zircons  et  des  tél é— 
sies  bleues. 

A l’égard  de  la  variété  à laquelle  on  a donné  le  nom 
d 'aimant , parce  que  l’action  de  ses  pôles  a beaucoup  plus 
d’énergie  , il  en  existe  des  masses  considérables  en 
Suède,  en  Nonvège,  en  Chine  , à Siam,  aux  îles  Philip- 
pines , etc. 

Deuxième;  Fer  oligiste  , c’est-à-dire  , peu  abondant  en 
métal , quatorze  variétés. 

Les  mines  les  plus  célèbres  qui  appartiennent  à cette 
espèce,  sont  celles  de  l’île  d’Elbe  , près  de  la  côte  de  Tos- 
cane , où  on  les  lire,  sur-tout  des  monts  Calamila  et  Rio. 
Le  fer  oligiste  habite  aussi  les  terreins  volcaniques  , eu  par- 
ticulier ceux  du  Puy-de-Dôme , du  montd’Orelde  Voirie. 


Du  Fer. 


4q3 


Troisième-,  Fer. arsenical , quatre  variétés  ; il  y a encore 

la  pyrite  arsenicale , et  le  fer  arsenical  argentif  ère. 

Oq  trouve  le  fer  arsenical  dans  différons  endroits  de  la 
Saxe,  et  eu  particulier  à Freyberg.  Il  y en  a aussi  dans  le 
comté  de  Cornouailles,  en  Angleterre-,  à Utoé,  en  Suder- 
manie  , etc.  Il  accompagne  souvent  des  mines  d’une  espèce 
différente,  telles  que  l’étain  oxidé,  le  zinc,  le  plomb  sul- 
furé, le  fer  carbonate,  etc. 

Quatrième  -,  Fer  sulfuré  , vingt-quatre  variétés. 

Aucune  substance  métallique  n’a  un  domaine  plus  étendu 
que  celle-ci.  Le  fer  sulfuré  abônde  , en  beaucoup  d’endroits, 
dans  l’argile  schisteuse  qui  recouvre  les  houilles , ainsi 
que  dans  les  houilles  elles-mêmes.  Les  ardoises  en  con- 
tiennent fréquemment  des  cristaux  cubiques.  Le  quartz 
est  aussi  une  des  gangues  les  plus  communes  du  fer  sulfuré. 

Cinquième  -,  Fer  carburé , deux  variétés. 

Les  mines  de  fer  carburé  ou  de  plombagine  situées  en 
Angleterre,  dans  le  duché  de  Cumberland,  sont  les  plus 
estimées  pour  la  finesse  du  grain  et  le  brillant  de  la  surface. 
On  trouve  aussi  de  cette  substance  en  plusieurs  endroits  de 
l’Allemagne , et  en  Espagne,  près  de  Casalla  et  de  Ronda, 
et  très-peu  en  France. 

Sixième;  Fer  oxidé  , trois  variétés. 

Le  1er  oxidé  paroît  devoir  son  origine  à l'altération  ou 


Du  Fer. 


4d4 

à la  décomposition  des  autres  mines  de  fer , et  en  particu- 
lier du  fer  sulfuré.  Cette  matière  est  très-répandue  dans  la 
nature. 

Septième  ; Fer  azuré,  fer  phosphaté. 

Le  fer  azuré  se  trouve  sous  la  forme  d’une  poudre  bleue 
plus  ou  moins  fine,  mêlée  à l’argile,  ou  répandue  à la 
surface  de  la  terre  , ou  disséminée  dans  la  tourbe  des 
marais. 

M M . Fou rcroy  et  Laugier  ont  examiné  un  nouveau  miné- 
ral de  l’île  de  Fiance;  ils  ont  reconnu  que  c’étoit  un  véri- 
table phosphate  de  fer  pur  et  cristallisé.  Voyez  les  Annales 
de  Chimie  , tome  5o  , page  200. 

Huitième;  Fer  sulfaté , sulfate  de  fer , dix  variétés. 

On  le  trouvé  dans  les  tourbes,  dans  les  schistes  argileux 
et  même  dans  la  houille.  Il  doit  communément  son  origine 
à la  décomposition  spontanée  du  fer  sulfuré. 

Neuvième;  Fer  chrômalé , chrornate  de  fer. 

Le  fer  chrômaté  a été  trouvé  par  M.  P entier , dans 
le  département  du  Var,  à la  Bastide  de  la  Carrade,  près 
Gassin. 

Les  espèces  indiquées  par  M.  B ron  gui  art  sont  : i°.  fer 
natif;  20.  fer  arsenical  ; 3°.  fer  sulfuré;  4°-  fer  oxidulé; 
5°.  fer  oligiste  ; 6°.  fer  oxidé  ; 70.  fer  terreux  ; 8°.  fer  spa- 
th ique;  9°*  fer  phosphaté;  io°.  fer  sullaté;  110.  fer  chrô- 
Uiaté;  12°.  fer  arseniaté. 


Du  Fer.  495 

Il  existe  aussi  des  miues  de  fer  limoneuses  en  Bourgogue 
et  en  Franche-Comté. 

Ces  mines  contiennent  , d’après  les  expériences  de 
M.  J auquelin , de  la  silice,  de  l’alumine,  de  la  chaux , du 
manganèse  oxidé,  de  l’acide  phosphorique,  de  la  magnésie 
et  de  1 acide  chrômique. 

Ce  chimiste  remarque  qu’il  ne  manque  à ces  mines  que 
du  nickel  pour  ressembler  par  la  composition  aux  pierres 
de  1 atmosphère. 

Lorsque  le  1er  est  dans  un  état  voisin  de  l’état  natif,  et 
qu’il  ne  contient  pas  de  matières  qui  diminuent  la  vertu 
fusible  , ou  sebnêlent  à lui  dans  la  fonte,  il  suffit  de  fondre 
le  minéral  en  le  mettant  en  contact  avec  les  charbons  pour 
obtenir  du  fer.  La  méthode  qu’on  emploie  en  ce  cas  s’ap- 
pelle méthode  à la  catalane  : elle  est  usitée  sur-tout,  pour 
celles  des  mines  de  fer  spathique,  où  la  magnésie  est  peu 
abondante-,  pour  les  mines  en  stalactite  ou  hématite,  dans 
lesquelles  l’oxide  de  fer  est  presque  pur  et  peu  chargé 
d oxigéne;  pour  les  mines*  de  fer  spéculaire,  libres  de 
gaugue  et  de  tout  mélange  de  substances  étrangères  : ces 
mines  fournissent  assez  généralement  plus  ou  moins  d’acier 
par  une  première  fonte. 

Les  mines  d’alluviou  , et  en  général  toutes  celles  qui  sont 
chargées  de  substance  terreuse  , ou  de  quelqu’autre  matière 
métallique  , exigent  des  travaux  plus  compliqués,  et  la  fonte 
s opère  dans  ce  quon  appelle  les  hauts  fourneaux. 

Lorsque  la  mine  est  argileuse,  ou  la  môle  avec  de  la 
pierre  calcaire , qu’on  nomme  castine  ; et  lorsque  la  gangue 
est  calcaire,  on  y môle  de  l’argile  qu’on  nomme  herbue. 

L’addition  de  ces  matières  étrangères  sert  k faciliter  la 
fusion. 


Du  Fer. 


496 

A mesure  que  le  métal  entre  en  fusion  , il  coule  et  se 
ramasse  dans  le  fond  du  fourneau  , d ou  on  le  fait  couler  de 
tems  en  tems  dans  des  moules  destinés  à le  recevoir  et  à 
lui  donner  la  forme  qu’on  desire. 

Ce  premier  état  du  fer  s’appelle  fer  de  fonte , fer  de 

gueuse. 

Dans  cet  état  le  fer  est  mêlé  d’un  reste  d’oxigène  et  d’un 
peu  de  charbon,  quelquefois  même  de  quelques  principes 
terreux  ou  métalliques,  dont  on  le  débarrasse  par  des  opé- 
rations ultérieures;  pour  cet  eftet,  on  fond  le  fer  de 
gueuse,  on  le  pétrit  et  brasse  avec  soin  poui  en  fane  pie— 
senter  toutes  les  parties  à l’air,  et  ramener  à la  surface  les 
matières  étrangères.  Peu-à-peu  le  fer  devient  ductile,  et  on 
eu  forme  alors,  sous  le  marteau,  des  barres  carrées  ou 
plates , et  de  diverses  proportions  pour  l’usage  du  com- 
merce. 

Le  travail  sous  le  marteau  concourt  beaucoup  à améliorer 
le  fer;  c’est  cette  opération  qu’on  désigne  par  le  mot  cor- 
royer le  fer. 

Lorsque  le  fer  est  mélangé  de  diverses  matières  étran- 
gères, soit  terreuses,  soit  métalliques,  la  fonte  se  trouve 
alliée  d’une  partie  de  ces  substauces. 

La  fonte  est  blanche,  grise  ou  noire  , selon  les  proportions 
dans  lesquelles  ces  principes  y sont  contenus.  La  fonte 
blanche  contient  moins  de  charbon  que  la  fonte  grise. 

Indépendamment  des  matières  étrangères,  dont  nous 
venons  de  parler,  et  qu’on  peut  séparer  de  la  tonte,  il  s y 
trouve  souvent  du  phosphate  de  fer  qui  résiste  à toutes  les 
opérations  ; c’est  ce  phosphate  qui  rend  le  fer  cassant  dfroid 
et  à chaud  : le  fer  qui  a cette  mauvaise  qualité,  est  connu 
sous  le  nom  de  fer  aigre  ou  rouyrain. 


497 

Lorsque  le  fer  a été  ramené  à l'état  de  pureté , on  peut 
eu  le  combinant  avec  un  peu  de  carbone , lui  faire  contrac- 
ter de  nouvelles  propriétés  qui  le  rendent  précieux  pour  les 
arts  dans  lesquels  iL  est.  alors  connu  sous  le  nom  d ’ acier  ou 
d acier  de  cémentation.  ( Chaptal  ). 

Quand  le  fer  est  pur,  il  èst  doux  et  ductile. 

Le  magnétisme  est  un  caractère  du  fer;  il  le  fait  recon- 


noître  partout,  même  dans  des  pierres,  dans  les  marbres  et 
j dans  les  corps  , dans  lesquels  il  ne  fait  qu’une  très-petite 
partie,  et  où  il  n’est  meme  que  principe  colorant.  Dans  le 
marbre  vert  de  Catnpan , il  fait  mouvoir  l’aiguille  aimantée; 
| dans  le  rouge,  il  ne  le  fait  pas,  quoiqu’il  contienne  beau- 
t coup  plus  de  fer  ; mais  ici  le  fer  y est  plus  oxidé.  • - 

La  pesanteur  spécifique  du  fer  est  de  7,7 38,  et  sa  dureté 
supérieure  à celle  des  autres  métaux. 

Le  fer  a de  1 odeur , sur-tout  lorsqu’on  le  frotte  ; il  a une 
saveur  styplique  très-marquée. 

Il  s’étend  sous  le  marteau,  on  le  tire  en  fils  très-fins. 

Il  s enflamme  et  se  fond  subitement  par  le  choc  des  cail- 
loux. • r ■ -Tvrr;  . 

Le  fer  s’oxide  très-aisément. 


D’après  M.  Bucholz , il  n’y  a que  deux  espèces  d’oxide' 
•de  fer.  L’oxidé  noir  au  minimum  qui  contient  o,23  d’èxi- 
igène  et  demi,  et  l’oxide  rouge  au  maximum , contenant 
«o,ag  d’oxigène.  ; ::  ; 

Pour  oxidcr  le  fer,  on  prend  une  barre  de  fer,  et  on  la 
tfait  rougir.  Si  on  la  laisse  çefroidir,  elle  offre  à sa  surface 
ides  écaillés  qu  on  peut  enlever  avec  un  marteau;  c’est  ce 
(qu’on  appelle  battitures  de  fer , oxide  noir  de  1er. 

Si  on  expose  cet  oxide  a un  feu  beaucoup  plus  fort,  il  se 
•Convertit  en  une  poudre  d un  brun  rougeâtre  , non  attirable 
2.  3a 


> 


4<)8  Du  Fer. 

« à l’aimant  , qu’on  nommoit safran  de  Mars  astringent-,  c’est  i 
un  oxide  rouge  de  fer. 

On  peut  encore  obtenir  de  l’oxide  noir,  en  mettant  par-  a 
*ties  égales  de  limaille  de  fer  et  d’oxide  rouge  dans  un  creuset. 
On  lute  le  couvercle,  et  on  pousse  le  feu  , pendant  environ  j 
deux  heures  , dans  un  fourneau  de  réverbère.  L'oxide  rouge 
cède  une  partie  de  son  oxigène  au  fer,  le  fait  passer  à 1 état 
noir , et  passe  lui-même  par  cette  décomposition,  â 1 état 
noir. 

Le  courant  de  gaz  oxigène,  porté  sur  du  fer  en  limaille, 
le  fait  brûler  très-rapidement.  A cet  effet,  on  remplit  une 
vessie  de  gaz  oxigène on  y adapte  ensuite  un  tube.  En 
pressant  la  vessie  sur  un  charbon,  dans  lequel  on  a mis  la 
limaille,  on  parvient  a la  faire  brûler.  Voyez  aussi  l’expé- 
rience d ’lngenhouz , décrite  à la  leçon  sur  le  gaz  oxigène. 

Dans  toutes  ces  fusions1,  le  fer  devient  cassant,  et  s oxide 
en  prenant  une  couleur  noire. 

L’air  sec  a:  peu  d’action  sut  le  fer,  mais  l’air  humide  lui 
fait  perdre  son  brillant-,  il  se  couvre  d'une  croûte  pulvéru- 
lente et  d’un  jaune-brun  , connue  sous  le  nom  de  rouille. 
Onconnoît  aussi  cet  oxide  sous  le  nom  de  safran  de  Maïs 
apéritif. 

On-  met  à cet  effet  dans  un  vase  large  et  plat  de  la  limaille 
de  fer,  et  on  l’étend  un  peu  mince  : on  1 expose  à la  rosée-, 
la  surface  de  chaque  brin  de  limaille  de  fer,  se  convertit  en 
rouille.  Lorsqu’il  y en  aune  certaine  quantité  de  formée, 
on  pulvérise  la  limaille  daus  un  mortier  de  1er-,  il  s en  dé- 
tache une  poussière  jaunâtre , que  l’on  sépare  par  le  moyen 
d’un  tamis  de  soie  : c’est  le  saf  ran  de  Mars , ou  plutôt  une 
combinaison  de  l’oxide  de  fer  ayec  l’acide  carbonique. 

Le  fer  est  susceptible  de  s’unir  au  phosphore.  Un  lait 


bu  bêf'.  t 

499 

Vm  mélange  Je  parties  égales  de  verre  phosphoriq„e  et  de 
fer  en  copeaux,  avec  un  huitième  de  charbon  : on  fond  le 
tout  dans  un  creuset,  et  on  obtient  un  culot  très- aigre’ 
blanc  dans  sa  cassure,  ayant  une  apparence  striée  et  gre- 
nue : quelquefois  on  le  trouve  cristallisé  en  prismes  rhom* 
boïdaux  : c est  un  phosphure  de  fer. 

L'oxide  de  carbone  s’unit  aussi  au  fer -,  c’est  ce  qui  cons- 
titue le  earbure  de  fer , appelé  vulgairement  plombagine. 

Le  carbure  de  fer  est  luisant  et  d’un  bleu  noirâtre  ; il  est 
gras  au  toucher,  et  présente  une  cassure  tuberculeuse  : il 
tache  les  mains,  et  laisse  sur  le  papier  une  trace  noirâtre, 
que  î on  connoit  dans  le  crayon  noir. 

Cette  substance  neprouye  aucune  altération  par  la  cha- 
leur dans  des  vaisseaux  fermés. 

Chauffé  loDgtems  avec  le  contact  de  l’air  , il  brûle  et  se 
volatilise  en  partie.  Le  nitrate  de  potasse  rend  cependant 

la  combustion  plus  prompte  et  plus  sensible.  Il  contient 
o;go  de  charbon. 

On  en  fait  des  crayons  dans  le  duché  de  Cumberland. 

Parmi  les  acides  , il  n'y  a que  l’acide  muriabque  qui 
'puisse  servir,  parce  que  cct  acide  dissout  toutes  les  subs- 
tances avec  lesquelles  on  le  trouve  uni. 

Une  auhe  combinaison  de  1 oxide  de  carbone  avec  le  fer* 
et  bien  plus  importante  que  la  précédente  , est  celle  que 
l ’on  commît  sous  le  nom  à acier.  Les  travaux  d eBergmann  , 
Rinma.m  , G nylon  , Berthollei , Vauxjuelin  et  Darcat  ont 
jctlé  un  grand  jour  sur  la  théorie  de  cette  opération. 

M.  Muschet a donné  une  nouvelle  méthode  pour  la  fa- 
brication de  diverses  qualités  d’aciers.  (Philos.  Magaz. 
tom.  IX.  ) 

Le  principe  général  de  ces  procédés  consiste  a fondre  h? 


Du  Fer. 


5oo 

fer  malléable,  ou  la  mine  de  fer,  de  manière  à convertir 
immédiatement  l’utie  ou  l’autre  de  ces  matières  en  acier 
fondu,  quelquefois  aussi  à donner  à cet  acier,  par  une 
cémentation  postérieure,  la  malléabilité  et  la  propriété  de 
se  souder,  en  sorte  qu’on  puisse  l’employer  dans  tous  les 
cas  où  ces  propriétés  sont  exigées. 

Tous  les  fers  ne  sont  pas  propres  a donner  du  bon  acier  : 
ceu?  qui  sqpt  les  plus  doux  et  les  plus  ductiles,  méritent  la 
préférence.  En  Angleterre , où  l’on  fabrique  la  presque 
totalité  de  l’acier  employé  en  Europe,  ou  ue  se  sert  que  du 
fer  de  la  province  de  Roslagie  en  Suède,  le  meilleur  et  le 
plus  pur  des  fers  connus. 

Après  avoir  fait  choix  du  meilleur  fer,  dont  les  barres 
ou  bandes  ont  , .en  général  , un  pouce  | à 3 pouces  de 
largeur  sur  6 lignes  d’épaisseur-,  on  coupe  ces  bandes  de  fer 
de  la  longueur  de  là  caisse  dans  laquelle  on  les  cémente. 

Pour  disposer  le  fer  dans  ces  caisses,  qui  sout  construites 
en  pierres  de  grès,  liées  ensemble  avec  de  l'argile  qui  s’in- 
troduit dans  les  joints,  et  qu’on  a placées  dans  un  four- 
neau, de  manière  que  la  flammé  puisse  en  frapper  toutes 
les.  surfaces,  ou  commence  par  former,  dans  le  fond,  un  lit 
de  poussière  de  charbon  faiblement  humecté  avec  l’eau,  on 
inet  dessus  un  rang  de  bandes  de  fer , parallèlement  les 
unes  aux  autres  et  sans  se  toucher;  on  recouvre  ce  premier 
rang  avec  un  lit  de  poussière  de  charbon  de  6 lignes  d épais- 
seur ; et  on  en  remplit  avec  soin  le  vide  que  laissent  entre 
elles  les  barres;  on  continue  ainsi  successivement  à élever, 
couche  sur  couche,  des  lames  de  fer  et  du  charbon;  on  revêt 
la  dernière  couche  d'une  enveloppe  de  poussière  qu'on  re- 
couvre d’un  lit  de  sable  humecté  , en  formant  un  dos  d’âne 
au-dessus  de  la  caisse. 


Du  Fer. 


5ol 


Lorsque  les  caisses  sont  chargées , on  bouche  les  ouver- 
tures du  fourneau  par  lesquelles  on  s’éloit  introduit  pour 
cette  première  opération,  et  on  allume  le  feu,  qu  on  entre- 
tient, pendant  cinq  à six  jours,  de  manière  à maintenir  au 
rouge  toute  la  capacité  des  caisses:  L’habitude  suffit,  dans 
plusieurs  fabriques  , pour  indiquer  au  chef  ouvrier  le  mo- 
ment où  la  cémentation  est  terminée;  mais,  dans  quelques 
ateliers,  on  ménage  une  petite  ouverture  à l’un  des  fouds 
du  fourneau,  correspondante  à une  semblable  ouverture 
pratiquée  dans  la  caisse  ; et  on  retire,  de  teins  en  teins  , une 
des  barres  pour  juger  de  l’état  de  l’opération. 

Lorsqu’on  a reconnu  que  le  fer  est  totalement  converti  eu 
acier , on  démolit  la  maçonnerie  des  extrémités  du  four- 
neau , pour  accélérer  le  refroidissement  ; on  retire  les  barres 
de  la  grille,  pour  retirer  le  charbon,  et  au  bout  d’une 
semaine,  on  peut  extraire  l’acier. 

Daus  ce  premier  état,  on  appelle  l’acier,  acier'  bour- 
soufflé. 

On  le  forge  à un  martinet,  et  l’on  réduit  les  bandes  de 
fer  en  un  carré  de  7 à 8 lignes  d épaisseur , et  d une  lon- 
gueur indéterminée;  ensuite,  on  le  laisse  refroidir  a laie 
sans  le  tremper  dans  l’eau.  Les  larges  facettes  qu’avoit 
l’acier  boursoufllé,  se  réduisent  en  petits  grains  ; on  l’appelle 
en  cet  état  acier  commun. 

Comme  les  extrémités  des  barres  converties  en  acier  ont 
ordinairement  des  pailles,  et  font  un  acier  moins  parfait,  on 
les  coupe  pour  les  forger  en  paquets , et  on  appelle  cet  acier, 
acier  doux. 

On  peut  encore  ajouter  à la  qualité  de  l’acier  de  cémen- 
tation , en  le  prenant,  au  sortir  du  fourneau,  pour  en  former 
des  h ousses  de  dix  à douze  barres  : on  chàusse  ces  trousses 


T) a Fer. 


5oa 

dans  le  charbon,  en  ayant  soin  de  jettef  de  tems  en  lcmsT 
par-dessus,  de  l’argile  sèche  pour  concentrer  la  chaleur;  etr 
lorsque  le  paquet  est  bien  chaud,  on  le  porte  sous  le  mar- 
teau pour  le  souder,  l’étendre  et  le  forger  : on  obtient,  par 
ce  moyen , l’acier  à' Allemagne.  C’est  par  le  même  pro- 
cédé qu  on  le  piepare  eu  Styrie  et  a Newcastle. 

Les  Anglais  donnent  encore  de  nouvelles  propriétés  à 
î aciei  cl  Allemagne , pour  l’employer  dans  des  ouvrages 
délicats.  A cet  effet,  pour  réduire  l’abier  de  cémentation  eu 
acier  d’Allemagne,  ils  Remploient  que  du  charbon  de  bois. 
Ils  font  ensuite  cémenter  cet  acier  & Allemagne  de  la 

même  façon  que  le  fer,  et  le  forgent  de  nouveau  en  trousses 
au  charbon  de  bois. 

Les  Anglais  fournissent  aussi  au  commerce  ce  quon  y 
connoît  sous  le  nom  d’acier  fondu  : on  prend  à cet  effet , 
de  vieilles  limes,  ou  autres  morceaux  d’acier,  et  on  les  fond 
avec  un  flux  vitreux.  ( Chaplal  ). 

M.  CLouet  a prouvé  que  le  fer  peut  se  combiner  avec  un 
peu  de  verre,  et  que  la  matière  qui  en  provient  est  fusible, 
un  peu  ductile  , sans  pouvoir  être  forgée. 

Comme  le  fer  a une  très-grande  affinité  pour  le  carbone, 
l’auteur  s’est  assuré  que  l’on  pouvoit  enlever  le  carbone  à 
1 acide  caroonique , à une  très-hâute  température. 

On  prend  parties  égales  de  carbonate  de  chaux  et  d’ar- 
gile en  pondre,  on  en  fait  un  mélange  exact,  ou  l’introduit 
dans  un  creuset  avec  du  fer  coupé  en  petits  morceaux  : il  . 
faut  que  ce  mélange  recouvre  bien  le  fer,  et  remplisse  les 
petits  intervalles  que  laissent  entre  eux  les  petits  morceaux 
de  fer:  on  chauffe  ensuite  par  degrés,  pour  ne  pas  casser  le 
creuset;  on  augmente  toujours  le  feu  jusqu’à  ce  qu’il  soit 
au  degié  nécessaire  pour  ramollir  du  fer  forgé  et  le  souder. 


s 


v 


Ai./'  Soi.  a.;/ 


yy 


Otrnr,/  t/r/ 


— rrrr  T.. 


5o3 


Du  Fer. 

en  le  soutient  euviron  une  heure  clans  cét  état,  plus  ou 
moins,  suivant  la  grandeur  du  creuset:  lorsque  la  matière 
est  fondue,  on  la  coule  dans  une  lingotière , et,  si  on  a 
employé  du  bon  fer,  le  résultat  est  de  l’acier  semblable  à 

l’acier  fondu.  <• 

$ | , , 

Fourneau  à.  vent  qui  a servi  à V expérience  de  M.  Clouet^ 
voyez  la  planche. 

Le  fourneau  est  construit  en  briques  y son  foyer  est  un 
espace  carré  de  25  centimètres  de  chaque  face  intérieure, 
de  45  de  hauteur,  terminé  en  bas  par  une  grille  composée 
de  sept  barreaux  carrés  de  27  millimétrés,  et  élevée  de 
a5  centimètres  au-dessus  du  sol  du  cendrier. 

Le  foyer  est  surmonté  d’une  chape  de  fer  posée  à char- 
nière, inclinée  eu  arriére  d’environ  25  degrés. 

Le  tuyau  qui  termine  ce  fourneau,  est  également  cons- 
truit eu  briques;  il  commence  au-dessus  de  1 ouverture 
de  la  chape;  il  forme  d’abord  un  carré  de  25  centimètres 
de  chaque  face  intérieure,  qui  se  rétrécit  en  montant-, 
de  sorte  qu’à  l’extrémité  il  n’en  a plus  que  20;  ce  tuyau 
s’élève,  en  s’inclinant  contre  le  mur,  a i3  décimètres  de 
hauteur,  là,  il  s’abouche  dans  une  grande  cheminée  élevée 
d’environ  i5  mètres,  dont  la  largeur  excédante  se  ferme 
par  une  trape  jouant  à crémaillère , lorsque  le  fourneau  est 
en  travail. 

Quant  à la  manière  d’analyser  les  fers  et  aciers,  on  peut 
consulter  le  mémoire  de  M.  Fauquelin , Annales  de  Chi- 
mie, tom.  22  page  1. 

Le  fer  a une  très-grande  affinité  pour  le  soufre,  c est 
pourquoi  ce  métal  décompose  presque  tous  les  sulfures 
métalliques. 


I 


5°4  Du  Fer. 

Pour  faire  le  sulfure  de  fer,  on  prend  ioo  parties  de 
fer  eu  limai  lie  et  5o  parties  de  soufre  en  poudre;  on  fait 
d abord  rougir  la  limaille  dans  un  creuset , et  on  y projette 
peu-à-peu  le  soufre  ; on  agite  avec  une  baguette  de  fer, 
on  a de  cette  manière  une  masse  très-fluide  qui  ne  contient 
presque  plus  de  limaille  de  fer;  on  couvre  ensuite  le 
creuset,  et  on  donne  un  fort  coup  de  feu.  On  coule  le 
sulfure  sur  une  plaque  de  fonte  préalablement  chauffée. 

On  peut  faire  ce  sulfure  en  mettant  le  soufre  et 
le  foi  par  couches  dans  un  creuset,  terminant  par  une 
couche  de  fer.  Il  faut  toujours  sur  la  fin  un  fort  coup  de  feu. 

On  peut  encore  former  ce  sulfure  artificiel,  en  appli- 
quant à un  des  bouts  d’une  barre  de  fer,  chauffée  jusqu’au 

iouge  Liane,  une  bille  de  soufre  eu  canon;  hune  et  l’autre 
coulent. 

On  fait  cette  opération-  au-dessus  d’une  terrine  pleine 
d eau  afin  que  la  portion  de  soufre  qui  11e  s’est  pas  combinée 
avec  le  fer,  s’éteigne  sur-le-champ.  On  trouve  dans  l'eau 
des  globules  noirâtres,  cassans  , semblables  à des  pyrites, et 
formés  comme  elles  de  petites  pyramides  très-alongées  et 
concentriques. 

Toutes  les  pyrites,  ou  sulfure  de  fer  uatif,  se  décom- 
posent facilement. 

Un  degré  de  chaleur  assez  foible  suffit  pour  leur  enlever 
le  soufre. 

Exposé  à l’air,  il  s’altère  de  lui-même,  sur-tout  lorsqu'il 
est  humide',  il  se  renfle,  se  brise,-  perd  son  éclat,  et  se 
couvre  d’une  efflorescence  d'un  blanc  verdâtre,  qui  n’est  que 
du  sulfate  dè  fer. 

L’eau  est  décomposée  .par  ]e  sulfure  de  for,  à l'aide  de 
1 acide  suil inique,  ou  muriatique.  A cet  effet  on  inet  du 


Du  Fer. 


5 o 5 

sulfate  pulvérisé  dans  unmatras;  on  y adapte  un  tube  en 
iS,  et  un  autre  tube  recourbé  qui  va  s’engager  dans  un  flacon 
à tubulures,  contenant  un  peu  d’eau;  de  ce  flacon,  un 
second  tube  recourbé  va  plonger  dans  un  autre  flacon  rempli 
deau;  1 appareil  ainsi  disposé,  on  verse  dans  le  matras  par 
le  tube  en  S de  l’acide  sulfurique , étendu  de  4 à 5 fois  son 
volume  d’eau , le  fer  s’empare  de  l’oxigène  de  l’eau  , à cause 
de  1 attraction  de  1 acide  sulfurique  pour  l’oxide  de  fer; 
1 hydrogène  de  l’eau  trouvant  du  soufre  libre  s’y  unit  et  il 
se  dégage  de  1 hydrogène  sulfuré,  dont  une  grande  paitie 
est  dissoute  dans  l’eau  contenue  dans  les  flacons. 

Le  fer  s’allie  avec  beaucoup  de  substances  métalliques. 

Avec  1 arsenic , on  obtient  un  alliage  aigre,  et  cassant. 

Il  constitue  avec  le  cobalt  un  métal  mixte  à petits  grains 
serrés,  dur  et  difficile  à casser.  On  fait  fondre  ensemble 
dans  un  creuset  une  demi-partie  de  limaille  d’acier,  deux 
de  cobalt  et  deux  de  muriate  de  soude  : le  mélange  entre 
facilement  en  fusion. 

Le  bismuth  ne  peut  s’unir  au  fer. 

Le  fer  s’unit  très-bien  par  la  fusion  à l’antimoine;  ce 
mélange,  fait  dans  les  proportions  d’une  partie  de  fer  et 
de  deux  d’antimoine,  produit  un  métal  mixte,  qui  a beau- 
coup de  dureté  : ce  mélange  est  à petites  facettes. 

Le  fer  décompose  le  sulfure  d’antimoine. 

On  fait  rougir  dans  un  creuset  cinq  parties  de  pointes 
de  clous  de  maréchal;  aussitôt  qu’elles  sont  rouges,  on  in- 
troduit dans  le  creuset  seize  parties  de  sulfure  d’antimoine 
en  poudre.  On  chauffe  ce  mélange  promptement  et  forte- 
ment; le  fer  s’empare  du  soufre  : lorsque  le  mélange  est 
bien  fondu,  on  projette  à plusieurs  repw'ses  une  partie  de 
«itrate  de  potasse  en  poudre,  ce  qui -facilite  la  séparation 


Du  Fer. 


5o6 

des  scories  avec  l’auümoine,  et  l’on  trouve  dans  le  creuset 
de  l’antimoine  qui  ne  contient  pas  de  fer.  Cependant,  si 
l’on  emploie  une  partie  de  fer,  sur  deux,  de  sulfure  d anti- 
moine, un  peu  de  fer  reste  allié  avec  l'antimoine  : cest  ce 
qu’on  appeloit  régule  martial. 

On  a donné  le  nom  de.  scories  succinées  à celles  qui 
surnagent.  D’après  Stahl,  ou  fait  avec  ces  scories  une  pré- 
paration nommée  safran  de  Mars  anümoniê  apéritif. 

On  pulvérise  les  scories;  on  les  fait  bouillir  dans  de 
l’eau  : elles  se  divisent  considérablement;  on  décante  la 
liqueur , après  qu’on  a laissé  déposer  ce  qu’elle  a de  pluis 
grossier  : on  triture  de  nouveau  la  poudre  grossière , et 
l’on  décante  pareillement  leau  trouble.  Après  que  cette 
poudre  grossière  s’est  précipitée,  on  réunit  les  liqueurs 
décantées;  on  les  filtre.  On  fait  sécher  la  poudre  qui  est 
restée  sur  le  filtre,  et  on  la  fait  détonner  dans  un  creuset 
avec  trois  fois  son  poids  de  nitrate  de  potasse  : on  lave 
ensuite  la  matière  calcinée,  et  on  la  fait  sécher:  cest  le 
safran  de  Mars  antimonié  de  Stahl. 

Le  fer  décompose  le  sulfure  de  mercure.  À cet  effet  on 
mêle  deux  parties  de  limaille  de  fer,  avec  trois  de  cinabre, 
on  distille,  le  mercure  se  volatilise  et  vient  se  condenser 
dans  un  récipient,  dans  lequel  on  a mis  de  leau.  Il  reste 
dans  la  cornue  un  sulfure  de  fer. 

Le  fer,  suivant  Cronsledt , a une  très-grande  alfinile 
avec  le  nickel,  mais  on  ne  counoît  pas  les  propriétés  de 
cet  alliage. 

On  ignore  si  le  fer  peut  s’unir  avec  le  zinc,  ainsi  quavec 
le  mercure  et  le  plomb. 

L’étain  est  susceptible  de  s’unir  au  fer  par  la  fusion. 
L’art  qui  consiste  à enduire  la  surface  du  fer  d une  couche 


Du  Fer. 


5oy 

d etain  , on  la  préparation  du  fer  blanc , indique  que  celte 
combinaison  a lieu. 

Pour  faire  ce  fer  etamé,  on  décape  le  fer  avec  un  acide 
foible,  quelquefois  on  lime,  ou  bien  on  l’enduit  de  muriate 
d ammoniaque-,  on  le  décape  afin  de  nétoyer  sa  surface  avec 
la  plus  grande  exactitude;  on  le  plonge  ensuite  dans  une 
chaudieie  pieine  d etain  fondu;  on  le  retourne,  afin  de 
multiplier  le  contact;  et  lorsqu’il  est  assez  étamé,  on  le 
retire  et  on  le  frotte  avec  de  la  sciure  de  bois  ou  du  son, 
pour  enlever  le  suif  ou  la  poix  dont  on  avoit  recouvert 
1 etain  fondu,  et  qui  s est  appliqué  à la  surface  du  fer  étamé. 

On  ne  peut  obtenir  un  alliage  avec  le  manganèse,  qu’en 
prenant  ces  deux  substances  à letat  d’oxide. 

A cet  effet,  on  prend  parties  égales  d’oxide  de  fer  et'de 
manganèse;  on  en  fait  une  pâte  avec  de  l’huile  ; ou  place 
cette  pâte  au  milieu  d’un  creuset  brasqué,  et  l’on  pousse 
a un  grand  feu.  On  obtient  un  culot  métallique,  cassant, 
grenu  dans  sa  cassure. 

On  fait,  par  le  moyen  de  l’eau,  une  préparation  de  fer, 
connue  sous  le  nom  d’éthiops  martial , ou  de  safran  de 
]\lars , qui  n’est  autre  chose  qu’un  oxide  noir  de  fer. 

Il  existe  maintenant  une  infinité  de  procédés  pour  pré- 
parer cet  éthiops,  outre  ceux  de  MM.  Fourcroy , Vauque- 
hn , Croharé  et  Josse,  on  trouvera  dans  le  Journal  de 
Pharmacie , page  8,  i5i  et  2Zj.8,  des  expériences  inté- 
ressantes, et  des  moyens  prompts  et  exacts  pour  obtenir  ce 
composé. 

Le  procédé  de  M.  J auquelin , consiste  à prendre  deux 
parties  de  fer  en  poudre  fine,  et  une  partie  d’oxide  roug# 
de  fer;  on  met  ce  mélange  dans  un  creuset  couvert ,. et  on  le 
chauffe  fortement  pendant  deux  heures. 


5o6  4 Du  Fer. 

Dans  celte  expérience , le  fer  enlève  une  portion  de 
son  oxigène  à l’oxide  rouge,  et  fait  passer  par  i équilibre 
qui  s’établit  bientôt  entre  les  deux  portions  de  fer,  toute 
la  masse  àletat  d’un  oxide  noir  bomogène. 

Il  est  difficile  de  saisir  le  point  juste  pour  qu  il  n y reste 
pas  d’oxide  rouge,  ou  du  fer  métallique. 

J’ai  donné  conjointement  avec  M.  T rus  s on , directeur 
adjoint  de  l’École  de  Pharmacie  de  Paris  , un  procédé  pour 
préparer  un  èthiops  martial , (oxide  de  fer  noir;.  J oyez 
Annales  de  Chimie,  tome  5x  , page  333. 

On. prend  du  sulfate  de  fer  purifié  , on  le  fait  dissoudre 
dans  huit  parties  d’eau  distillée  bouillante , on  fiilie. 

On  dissout  d’autre  part,  une  partie  de  carbonate  de  soude 
■cristallisé  dans  finit  à dix  parties  d eau,  et  1 on  filtre. 

On  verse  ensuite  jaar  partie  le  carbonate  de  soude  dans  la 
dissolution  de  sulfate  de  fer;  il  se  produit  une  légère  effer- 
vescence, due  au  dégagement  d’une  portion  d acide  carbo- 
nique. La  première  partie  du  carbonate  de  soude,  ajoulét 
à la  liqueur,  produit  un  précipité  d’un  vert  clair;  la  couleui 
des  précipités  successifs  varie,  prend  diverses  nuances,  es 
en  général,  plus  il  y a de  sulfate  de  fer  de  décomposé 
plus  le  précipité  acquiert  une  couleur  foncée. 

Il  faut  laver  ensuite  le  précipité  jusqu'à  ce  que  l’eau  u< 
lavage  n altère  ni  1 alcool  gallique,  ni  le  munate  de  haute 
On  le  fait  ensuite  sécher  à une  douce  chaleur , et  1 on  ajonli 
par  once  de  cette  substance,  trois  gros  d’acide  acétiqu. 
étendu  d’eau,  qui  y produit  une  légère  effervescence.  Oi 
mêle  exactement,  et  on  introduit  le  tout  promptement  dan 
une  cornue  de  grès,  enduite  d’un  lut  de  terre  jaune,  oi 
dans  une  cornue  de  fer;  on  la  place  dans  un  fourneau  d- 
réverbère,  et  on  y adapte  une  alonge  et  un  récipient  tubufi* 


Du  Fer. 


\ 


^09 

munis  d'un  tube  recourbé' qui  plonge  dans  l’eau.  Après 
avoir  lutc  exactement  toutes  les  jointures,  on  chauffe  par 
degrés,  demanièÆ  à donner  un  fort  coup  de  feu  vers  la  fin 
de  l’opération;  elle  doit  durer,  pour  la  quantité  d’une  demi- 
livre,  tout  au  plus  deux  Jieures.  IL  passe  une  liqueur  trans- 
parente, qui  a une  odeur  légèrement  empyreumatiqne. 

On  trouve  dans  la  cornue  une  matière  volumineuse  d’un 
très-beau  noir , pulvérulente,  et  très-douce  au  toucher. 

Nous  avons  reconnu  que  cet  oxide  noir  pouvoit  contenir 
environ  un  grain  et  demi  de  carbone  par  gros , provenant  do 
la  décomposition  de  l’acide  acétique.  Mais  cet  inconvénient 
ne  peut  nuire  aux  propriétés  de  cet  éthiops.  On  jugera  de 
l’avantage  de  ce  procédé,  par  la  beauté  constante  de  l’oxide, 
et  par  la  quantité  que  i’011  en  obtient  dans  nn  tems  tr£fc- 
court. 

. • . • • , 

Le  fer  décompose  l’eau  à chaud.  Fojez  l’article,  Décom- 
position de  l’eau. 

Le  fer  s'unit  très-bien  aux  acides. 

Si  l’on  verse  de  l'acide  sulfurique  concentré  sur  de  la 
limaille  de  fer,  on  obtient  du  gaz  acide  sulfureux.  Si  on 
distille  ce  mélange  à si'ccité,  on  trouve  dans  la  comité  du 
soufre  sublimé  , et  une  masse  blanche  de  sulfate  de  fer, 
soluble  en  partie  dans  l’eau , mais  qui  ne  peut  fournir  des 
cristaux.  , ' 

Lorsque  l’acide  est  étendu  d’eau,  on  obtient  du  gaz 
hydrogène  : à cet  effet  on  met  dans  une  fiole,  ou  dans  un 
matras,  une  partie  d’acide  sulfurique  étendu  d’eau,  et 
une  demi-partie  de  limaille;  à mesure  que  le  fer  se  dissout 
dan3  l’acide  , il  se  dégage  du  gaz  hydrogène  qui  quelquefois 
<st  un  peu  carbone  lorsque  le  fer  employé  contient  du 


5x6  2)a  Fer. 

carbone-,  dans  ce  cas  il  se  précipite  une  matière  noire,  qui 
est  du  carbure  de  fer. 

Lorsqu’il  n’y  a plus  d’effervescence.*dans  la  liqueur^ 
on  la  filtre,  on  la  fait  évaporer  jusqu’à  33  degrés  de  l’aréo- 
mètre  de  Mossyi  elle  fournit,  par  le  refroidissement  un  sel 
transparent,  d’une  belle  couleur  verte  d’émeraude,  cristal- 
lisé en  rhomboïdes  un  peu  aigus;  c’est  ce  qu’on  nomme 
vitriol  martial , couperose  verte , sulfate  de  fer. 

Dans  les  arts , on  extrait  ce  sel  des  pyrites  martiales  , ou 
sulfure  de  fer. 

On  expose  les  pyrites  à l’air,  et  on  les  arrose.  Le  soufre 
s’oxigéne,  et  passe  à 1 état  d’acide  sulfurique  qui  se  com- 
bine avec  le  fer  : quand  on  voit  que  la  pyrite 's’efîleurit , 
on  lessive  et  on  fait  évaporer.  On  obtient  ainsi  le  sulfate 
de  fer. 

Pour  purifier  le'sulfate  de  fer  du  commerce,  on  le  dis- 
sout dans  de  l’eau,  on  filtre,  on  fait  évaporer  jusqu  à 33 
degrés  aréomètre  de  Mossy , ou  36  aréomètre  d ' Acier-* 
Perricat. 

Il  a unesaveur  âcre  astringente  très -forte. 

Comme  ce  sel  coudent  plus  de  la  moitié  de  son  poids 
d eau,  si  on  le  fait  chauffer,  même  à une  chaleur  modérée, 
il  se  liquéfie  et  bouillonne  ; l’eau  s’évapore,  et  il  reste  une 
masse  grise  blanchâtre , c’est  ce  qu’on  nommoit  vitriol  cal- 
ciné en  blancheur. 

Quand  on  veut  obtenir  de  l’acide  sulfurique  du  sulfate 
de  fer,  appelé  acide  sulfurique  fumant  ou  glacial,  on 
commence  par  priver  le  sulfate  de  fer  de  son  eau  de  cristal- 
lisation qui  y entre  pour  centièmes  ; on  le  calcine  au 
blanc;  on  le  met  ensuite  dans  une  cornue  de  grès:  ou  y 
adapte  une  alongc  qui  communique  dans  un  ballon  tubulé 


Du  Fer. 


Sx  T 

«uquel  on  adapte  un  tube  qui  plonge  dans  un  flacon  plein 
d'eau  ; on  met  la  cornue  dans  un  fourneau  de  réverbère  et 
on  chauffe  fortement.  Le  sulfate  de  fer  est  décomposé  , il 
cède  une  partie  de  son  oxigène  à l’oxide  de  fer  vert  et'  le 
fait  passer  à l’état  rouge  -,  à cet  état,  ayant  très-peu  d’af- 
finité pour  l’acide  sulfurique  , et  l’acide  sulfurique  en 
ayant  beaucoup  pour  l’acide  sulfureux  , il  se  dégage  en 
même  tems  que  lui  , ainsi  que  du  gaz  oxigène  , et  il 
vient  se  condenser  daus  l’alonge  et  le  récipient  sous  forme 
cristalline.  Il  reste  dans  la  cornue  de  l’oxide  de  fer- 
rouge. 

Quand  on  fait  chauffer  cet  acide,  l’acide  sulfureux  se 
et  il  l’este  de  1 acide  sulfurique  qui  passe  blanc  et 
fluide.  Il  doit  son  état  concret  à la  présence  de  ce  gaz.  Cet 
acide  s’unit  à l’eau  avec  bruit  et  chaleur,  et  en  laissant 
dégager  du  gaz  sulfureux:  tels  sont  l’huile  de  vitriol 
fumante  de  Northausen , et  le  sel  concret  qu’on  eu  retire 
par  une  chaleur  douce. 

Le  résidu  de  la  première  expérience  est  rouge,  c’est 

ce  qu  on  appelle  colcothar , ou  oxide  de  fer  calciné  au 
rouge. 

Si  on  le  lave,  il  reste  une  terre  rouge  , insipide,  qui  est 

un  pur  oxide  de  fer  , et  qu’on  nomme  terre  douce  de 
vitriol. 

Le  colcothar  est  employé  pour  le  polissage  des  gla- 
ces , etc. 

Il  nest  pas  toujours  nécessaire  que  cet  oxide  soit  bien 
pur  , ni  meme  d un  grain  très-fin  et  parfaitement  égal  ; 
dans  ce  cas,  on  peut  employer  quelques  argiles  ocreuses 
que  1 on  fait  rougir  au  feu  , -ou  encore  mieux  les  ocres 
rouges  naturels  qui  proviennent  plus  immédiatement  des 


Du  Fer. 


sulfures  dé  fer  oxides  -,  tels  que  la  terre  que  I on  trouve  en 
Espagne  à Almagra  ou  Almagnù  , dont  on  se^  sert  meme 
pour  le  polissage  des  glaces,  qui  tient  , suivant  Proust , 
une  quantité  sensible  d’acide  sulfureux , et  qui  , en  étant 
privée  par  les  lavages  , est  employé  à marquer  les  mou- 
tons , à peindre  les  maisons  et  à teindre  le  tabac  dé 
Séville. 

La  plus  grande  difficulté  pour  donner  le  dernier  poli 
à l’acier  et  aux  pierres  dures , est  d’obtenir  une  matière 
de  la  pulvérisation  la  plus  subtile  et  absolument  exempte 
de  grain.  Pour  remplir  celte  condition  , on  soumet  le 
colcothar  à plusieurs  lévigations  successives,  ce  qui  exige 
des  manipulations  laborieuses.  N 

M.  Guyton  a trouvé  le  moyen  d’y  suppléer  d’une 
manière  bic'U  simple:  le  feutre  des  chapeaux  est  coloré 
en  noir  par  le  sulfate  de  fer  ; si  on  le  plonge  dans  1 acide 
sulfurique  étendu  d’eau  , le  fer  est  précipité  en  rouge  , en 
parties  impalpables.  On  n’a  donc  après  cela  qu’à  le  faire 
tremper  dans  l’eau  , pour  enlever  l’acide  ou  l'imbiber 
d’huile,  et  on  a pour  lors  des  pièces  toutes  préparées  , 
telles  qu’on  les  emploie  pour  finir  le  polissage  du  cristal , 
des  glaces  et  autres  corps  durs. 

Quand  on  expose  du  sulfate  de.  fer  a J air,  il  jaunit  un 
peu  , et  se  couvre  de  rouille  , en  absorbant  un  peu  doxigèue. 
On  change  ainsi  le  sulfate  vert  en  sulfate  rouge  , dans  lequel 
le  fer  est  à l’état  d’oxide  rouge,  qui  est  insoluble.  On  peut 
opérer  le  même  phénomène  par  sa  dissolution  dans  1 eau 
aérée  , par  l’agitation  de  sa  dissolution  dans  1 air , par 
l’action  de  l’acide  nitrique  et  de  l’acide  muriatique  oxigéné; 
enfin,  par  tous  les  procédés  qui  portent  de  1 oxigèue , et 
peuvent  augmenter  la  quantité  de  o.a3  doxigèue  , qu’il 


Du  Fer.  ? •? 

oi  Ji 

contenoit  d'abord  , jusqu’à  29  et  demi  qu’il  doit  en  contenu- 
pour  être  sulfate  de  fer  rouge. 

Les  expériences  que  nous  venons  de  rapporter  , et  qui 
sont  dues  à Proust , prouvent  qu’il  y a deux  sulfates  de 
fer  bien  différens  l’un  de  l’autre. 

Les  propriétés  que  ce  chimiste  a reconnues  à ces  deux 
sels,  sont:  que  le  sulfate  de  fer  vert  etoit  cristallisable  et 
insoluble  dans  1 alcool  , d’une  couleur  Vert-de-mcr  , efllo- 
rescent  et  jaunissant  à l’air,  inaltérable' par  l’acide  gal- 
lique  , ne  donnant  point  de  bleu  de  Prusse  avec  les  prus- 
siates  alcalins,  donnant  avec  les  alcalis  caustiques,  ua 
-précipité  vert  foncé  qui  noircit  sous  l’eau.  [1  Se  dissout 
dans  six  parties  d’eau  ffoide  ; l’eau  bouillante  en  dissout 
un  peu  plus  que  son  poids. 

Le  sulfate  de  fer  rouge  ne  cristallise  pas,  il  est 
soluble  dans  l’alcool,  déliquescent,  précipitable  en  noir 
par  1 acide  galhque  , en  bleu  par  les  prussiates  alcalins 
donnant  avec  les  alcalis  purs  un  précipité  jaune-rouge  qui  ' 
n’est  plus  oxidable.  ° 1 

L’eau  chargée  d’hydrogène  sulfuré,  décompose  le  sul- 
fate de  fer  rouge  sans  altérer  le  sulfate  vert;  l’oxide  rou-e 
brûle  1 hydrogène , et  le  soufre  se  précipite.  On  ramène 
ainsi  l’eau  mère  du  sulfate  de  fer,  ou  ce  sel  sur-oxigéné 
a l’etat  de  sel  vert  et  cristallisable.  Quand  ce  dernier  est 
précipité  par  de  l’eau  sulfureuse,  le  précipité  est  brun  et 
nest  occasionné  que  par  du  sulfate  de  cuivre  qui  est  sou- 
vent mêlé  à ce  sel  du  commerce. 

L’eau  de  chaux  versée  dans  une  dissolution  de  ce  sel 
J forme  un  précipité  d’un  vert  d’olive  foncé. 

a La  P0tasfe  ’ la  SOUde  et  l’^moniaquc  pure  versée 
•dans  une  dissolution  de  sulfate  de  fer  vert , donnent  un 

a'  33 


5i4  Du  Fer. 

précipité  d’un  vert  foncé , et  qui  ne  se  redissout  pas  dans 
1 alcali  précipitant  ; mais  le  sulfate  rouge  est  précipité  en 

rouge -jaunâtre  par  les  mêmes  alcalis. 

A l’état  de  carbonate  , le  précipité  est  d’un  gris  verdâtre, 

6t  sc  redissout  eu.  partie. 

Différentes  substances  végétales  , telles  que  la  noix  de 
galle,  le  sumac,  l’écorce  de  grenade,  le  brou  de  noix  , 
les  noix  de  cyprès  , le  bois  de  Campêcbe , le  tbé,  etc. 
précipitent  le  sulfate  de  fer  en  noir.  C’est  ce  moyen  que 
l’on  emploie  pour  faire  l 'encre.  Voyez  Acide  gallique. 
Quant  à l’acide  prussique  et  à ses  combinaisons  , voj  ez 

l’article  sur  le  Sang. 

Le  sulfate  de  fer  peut  être  aussi  décomposé  par  le 
nitrate  de  potasse. 

Pour  obtenir  cette  décomposition , on  prend  5o  parties 
de  nitrate  de  potasse  et  3o  de  sulfate  de  fer  médiocrement 
calciné  au  rouge  -,  on  met  ce  mélange  dans  une  cornue 
de  grès,  ou  dans  un  creuset , que  l’on  place  dans  un  four- 
neau de  réverbère  ; on  adapte  au  col  de  la  cornue  une 
alonge  et  un  grand  ballon  à deux  pointes;  on  ajuste  à 
l’extrémité  inférieure  un  tube  qui  va  plonger  dans  un  flacon 
à moitié  plein  d eau. 

On  obtient  de  l’acide  nitrique  très-rouge  et  très 
fumant. 

Le  résidu  lessivé  fournit  du  sulfate  de  potasse,  et  il 

reste  sur  le  filtre  un  oxide  rouge  de  fer. 

Si  l’on  fait  passer  quatre  litres  et  demi  de  gaz  nitreux 
dans  une  dissolution  contenant  46  grammes  de  sultale  dt 
fer,  il  y a plus  de  trois  litres  et  demi  de  gaz  absorbés. 

Pour  faire  cette  expérience  , due  à MM.  J auquclm  e 
Humboldt , on  prend  un  flacon  à deux  tubulures  , on  j 


Du  Fer. 


5x5 

met  de  la  limaille  de  cuivre,  on  adapte  à l’une  des  tubu- 
. lures  un  tube  recourbé,  qui  va  plonger  dans  un  autre 
flacon  contenant  une  dissolution  de  potasse  , de  ce  second 
flacon  part  un  autre  tube  qui  va  plonger  dans  un  troisième, 
dans  lequel  on  a mis  une  dissolution  de  sulfate  de  fer. 
Lorsque  l’appareil  est  bien  luté  , on  verse  par  la  tubulure 
du  premier  flacon  de  l acide  nilrique  à trente  degrés. 

Il  y a effervescence  et  dégagement  de  gaz  nitreux. 

Ce  gaz  passe  à travers  la  dissolution  de  potasse  avant  de 
parvenir  dans  le  sulfate  de  fer. 

Le  gaz  nitreux  perd  entièrement  la  forme  élastique; 
il  ne  reste  qu’une  très-petite  proportion  de  ga*  qui  y est 
simplement  mélangée. 

Il  y a dégagement  de  gaz  azote  : la  couleur  verte  de  là 
solution  du  sulfate  de  fer  devient  brune  foncée,  sans  perdre 
cependant  sa  transparence  , ni  rien  déposer. 

Ily  a , dans  celte  expérience  , de  l’ammoniaque  et  de 
l’acide  nitrique  formés.  Voyez  aussi  l’article  eudio- 
méfrie. 

Nous  devons  à M.  Thénard  un  travail  sur  le  sulfate 
de  fer  , ce  chimiste  a découvert  un  oxide  blanc  de  fer 
également  susceptible  de  s’unir  à l’acide  sulfurique  , ce 
qui  donncroit  une  troisième  espèce  de  sulfate;  mais 
M.  Thénard  s’est  apperçu  que  cet  oxide  pouvoit  se 
combiner  avec  un  excès  plus  ou  moins  grand  d’acide,  et 
former  deux  sels  différens  auxquels  il  a donné  le  nom 
de  sulfate  acidulé  de  fer  blanc , et  sulfate  acide  de  fer 
blanc.  Le  même  phénomène  à lieu  par  le  sulfate  vert  ; 
quant  au  rouge,  il  y a un  sulfate  neutre  et  sulfate  acide, 
ce  qui  a donné  à l’auteur  six  espèces  de  sulfate  de  fer. 

Le  sulfate  acidulé  blanc  se  prépare  eu  faisant  bouillir 


6 1 6 ïdu  Fer. 

de  l’acide  sulfurique  étendu  sur  un  excès  de  limaille  de 
fer.  Les  cristaux  sont  d’un  vert  bouteille. 

Le  sulfate  acide  se  prépare  en  ajoutant  au  sulfate  aci- 
dulé une  quantité  d’acide  sulfurique  qui  le  change  en 
yert  émeraude.  On  peut  le  ramener  au  sulfate  acidulé 
en  le  faisant  bouillir  avec  du  fer  , ces  denx  sels  laissent 
précipiter  un  oxide  par  les  alcalis  que  M.  Thénard,  a 
reconnu  pour  être  un  oxide  de  fer  au  minimum. 

M.  Bucholz  croit  que  ce  précipité  est  un  composé 
d’oxide  noir  et  diacide  sulfurique. 

Le  sulfate  àçidule  de  fer  vert  ne  cristallise  pas.  La 
liqueur  absorbe  de  l’oxigène  de  l’air,  se  trouble  et  dépose  un 
Sulfate  neutre  très-oxidé  d’une  couleur  jaune,  et  la  liqueur 
surnageante  est  transformée  en  sulfate  acide  de  fer  vert 
susceptible  de  . cristalliser. 

Le  sulfate  acide  de  fer  rouge  se  prépare  en  faisant  dis- 

1 m * r - -•  • 

soudre  l’oxide  rouge  dans  l’acide  sulfurique  étendu. 

Le  sulfate  neutre  de  fer  rouge  est  la  poudre  jaune 
insoluble  qui  se  précipite  avec  le  teins  des  solutions 
du  sulfate  acide  blanc  et  vert  exposées  à l’air. 

L’acide  sulfureux  attaqué  lé  fer,  la  couleur  de  cette 
solution  est  verte , sa  saveur  est  aussi  astringente. 

Par  évaporation  ét  refroidissement  , on  obtient  uu  sel 
qui  cristallise  en  rhombés. 

Si  l’on  ajoute  à la  solution  de  ce  sel  un  acide  plus 
fort  que  l’acide  sulfureux,  il  se  fait  une  vive  efferves- 
cence due  au  gaz  sulfureux  , et  le  soufré  se  précipite. 

Lorsque  le  fer  se  dissout  dans  l acidc  sulfureux,  il  n’y  a 
dégagement  d’aucun  gaz  -,  mais  il  se  précipite  un  peu  de 
sçufre  : il  faut  donc  qu  une  partie  de  l’acide  sulfureux 
soit  décomposée. 


Du  Fer.  §I7 

Si  l’on  verse  de  l’acide  nitrique  à 5 degrés  , suivant 
M.  Thénard , sur  du  fer  et  qu’on  laisse  agir  à froid,  il 
se  dissout  sans  dégagement  de  gaz  nitreux.  La  solution 
devient  verdâtre. 

Si  l’on  fait  évaporer  cette  solution  à consistance  siru- 
peuse , elle  ne  fournit  pas  de  cristaux , la  liqueur  se 
prend  en  une  gelée  rougeâtre  , soluble  en  partie  dans 
leau  , tandis  qu’une  autre  portion  se  précipite. 

L’acide  nitrique  concentré  attaque  le  fer  avec  véhé- 
mence ; l’oxide  de  fer  qui  se  forme,  se  précipite  peu-à-peu 
en  oxide  rouge  retenant  un  peu  d’acide,  et  il  ne  reste 
que  peu  de  fer  en  solution  dans  l’acide  nitrique. 

Il  se  forme  de  l’ammoniaque  par  le  transport  de  l’hy- 
drogène de  l’eau  décomposée  sur  l’azote  de  l’acide  ni- 
trique. 

Cette  solution  rapprochée  donne  un  magma  semblable 
à celui  que  l’on  obtient  avec  l’acide  foible  5 le  fer  y est 
oxidé  au  maximum . 


Si  l’on  continue  de  chauffer  ce  nitrate  de  fer,  il  s’en  dé- 
gage beaucoup  de  vapeurs  rouges , la  masse  se  dessèche 
et  donne  un  oxide  rouge  briqueté.  Ce  moyen  a été  employé 
par  M.  Bucholz , pour  déterminer  la  quantité  d’oxigène 
dans  l’oxide  rouge  de  fer.  Il  fait  dissoudre  100  grains 
de  fer  dans  1 acide  nitrique  , il  fait  ensuite  évaporer  et 
obtenir  le  nitrate  ■ l’augmentation  du  poids  lui  a indiqué 
la  quantité  d’oxigène  absorbée. 


La  potasse  caustique  précipite  le  nitrate  en  vert  ou  en 
brun  clair,  d’après  l’état  d’oxidation  du  métal. 

Si  Ion  verse  dans  une  solution  de  nitrate  de  fer  du 
carbonate  de  potasse,  il  se  fait  tuul-à-coup  un  précipita 
jaunâtre  ; qui  acquiert  bientôt  une  belle  couleur  orangée. 


5x8  Du  Fer. 

En  agitant  le  mélange,  le  précipité  disparoît  et  se  dissout 
compleltement. 

C’est  cette  solution  de  fer  par  le  carbonate  de  potasse, 
qui  porte  le  nom  de  teinture  martiale  alcaline  de  Slahl. 

Le  fer  est  précipité  de  sa  solution  nitrique,  en  vert,  paf 
les  hydro-sulfures  , en  bleu  , par  les  prussiates , en  bleu-noir, 
par  l’acide  gallique. 

L’acide  muriatique  dissout  très-bien  le  fer.  On  met  de 
la  limaille  de  fer  dans  un  matras,  on  verse  par  dessus  de 
l’acide  muriatique  affoibli  ; le  fer  se  dissout  avec  assez  de 
rapidité,  en  faisant  effervescence  et  occasionnant  un  peu 
de  chaleur.  Il  se  dégage  une  assez  grande  quantité  de  gaz 
hydrogène,  provenant  de  la  décomposition  de  1 eau.  L ne 
portion  du  fer  se  précipite  sous  la  forme  d une  poussière 
noire  , c’est  du  carbure  de  fer,  si  le  fer  contient  du  carbone. 
Lorsqu’on  a filtré  la  solution,  elle  est  dune  couleur  verte 
tirant  sur  le  jaune. 

Exposée  à l’air,  elle  dépose  une  partie  d'oxide  de  fer, 
retenant  un  peu  d’acide. 

Cette  solution  cristallise  très-bien. 

Ce  sel  a une  couleur  verte;  il  a une  saveur  astringeute, 
attire  l’humidité  de  l’air. 

L’oxide  rouge  de  fer  se  dissout  dans  1 acide  muriatique; 
mais  ce  sel  ne  cristallise  pas.  Exposé  au  feu,  il  se  sublime 
en  petits  cristaux  très-fins,  ce  qui  constitue  le  muriate  de 
fer  au  maximum,  qui  est  extraordinairement  déliquescent, 
et  qui  se  réduit  promptement  en  liqueur.  C'est  ce  qu’on 
appelle  oleiim  niartis  per  deliquiimi. 

Les  deux  muriates  de  fer  sont  décomposés  par  la  chaux 
et  par  les  alcalis. 

L’acide  phosphorique  se  combine  lentement  avec  le  ter. 


Du  Fer.  5ig 

M.  Vauquelin , qui  a analysé  des  morceaux  de  fer 
arrosés  continuellement  d’urine,  a reconnu  qu’il  étoit  à 
letat  de  phosphate. 

Ce  fer  est  brun-jaune  en  dehors,  et  brun- rouge  foncé 
en  dedans-,  il  se  brise  facilement  par  le  seul  effort  de  la 
main. 

Dans  sa  cassure  intérieure,  il  présente  un  grain  lamel- 
leux , brillant  et  comme  spathique  , il  est  rempli  dans  ses 
cavités  extérieures,  d’une  grande  quantité  de  petits  cristaux 
brillans. 

En  le  chauffant  au  feu  de  forge,  dans  un  creuset  brasque 
avec  du  charbon  en  poudre,  il  se  fond  assez  facilement,  et 
donne  un  culot  bien  homogène , cassant,  d’un  grain  serré 
et  très-aigre,  d’un  gris  brillant  et  métallique,  qui  présente 
au  chalumeau  et  par  les  acides,  toutes  les  propriétés  du 
phosphure  de  fer.  Sa  surface  est  recouverte  d’une  espèce 
d’émail  d’un  gris  verdâtre  boursouftlé,  que  M.  Vauquelin 
a reconnu  pour  du  phosphate  de  chaux  fondu. 

Dans  cette  expérience , le  charbon  à une  haute  tempe- 
rature,  réduit  l’oxide  de  fer  en  métal,  et  1 acide  phospho- 
rique  en  phosphore. 

Quand  l’acide  phosphorique  dissout  le  fer,  sur- tout 
lorsqu’il  est  étendu  d’eau,  il  y a dégagement  de  gaz  hy- 
drogène. 

Le  phosphate  de  fer  neutre  est  insoluble  dans  beau  , et  il 
est  soluble,  s’il  contient  un  excès  de  son  acide. 

On  peut  encore  préparer  un  phosphate  de  fer  en  versant 
des  solutions  de  phosphate  alcalin  dans  une  solution  de 
sulfate  de  nitrate  ou  de  muriate  de  fer;  il  se  fait  un  double 
échange  de  bases  et  d’acide.  J’ai  reconnu  que  le  phos- 
phate de  fer  étoit  le  principe  colorant  de  certaines  espèces 


520  j T)u  Fer. 

de  turquoises.  Voyez  Annales  de  Chimie , toi  ne  5g  r 
page  180. 

Le  fer  se  dissout  avec  une  grande  facilité  dans  l’acide' 
fluoriquc  liquide.  Il  y a dégagement  de  gaz  hydrogène,, 
provenant  d’une  portion  d’eau  décomposée. 

Ce  sel  n’a  point  encore  été  examiné. 

La  combinaison  de  l’acide  boracique  avec  le  fer  n’est, 
pas  plus  connue.  On  sait  seulement  qu’on  peut  l’obtenir 
sons  forme  de  poussière,  en  précipitant  la  solution  duc 
sulfate  de  fer  par  celle  de  borate  de  soude  neutre. 

L’oxide  de  fer  s’unit  facilement  à l’acide  carbonique. 

On  prend  de  la  limaille  de  fer,  ou  des  copeaux  , et  mieux 
de  l’oxide  de  fer,  on  verse  dessus  de  l’eau  très-ckargée 
d’acide  carbonique-,  ou  laisse  le  mélange  en  digestion  pen- 
dant quelques  jours,  ou  filtre  ensuite  la  liqueur. 

Elle  a une  saveur  piquante  et  un  peu  sty ptique. 

Exposée  à 1 air,  elle  se  couvre  d’une  pellicule  irisée. 

Elle  est  décomposable  par  les  alcalis,  non  saturée  d'acide; 
carbonique. 

La  décoction  de  noix  de  galle  y occasionne  un  précipité 
pourpre. 

Si  on  la  chauffe,  elle  laisse  déposer  de  l'oxide  de  fer. 

La  nature  présente  ce  carbonate  de  fer. 

Les  mines  de  fer  limoneuses,  le  fer  spathique  paroissent 
être  en  grande  partie  formés  par  cette  combinaison. 

Les  eaux  minérales  ferrugineuses  contiennent  souvent  le 
fer  dans  l’état  de  carbonate. 

On  ne  commît  pas  bien  encore  faction  des  acides  métal- 
liques sur  le  fer. 


/ 


Scheele  a seulement  observé  que  le  fer  étoit  attaqué  par 
1 acide  arsemque,  et  que  la  solution  rapprochée  prenoit  la 
forme  d’une  gelée. 

On  a trouvé  de  l’arseniate  de  fer  natif  dans  le  comté  de 
Cornouailles.  Il  en  existe  dans  le  cabinet  de  sir  John  Saint- 
Aubin  , décrit  par  M.  Bournon . 

Fer  chromaté  naturel. 

Les  alcalis  fixes  purs  et  l’ammoniaque  n ont  pas  d’action 
sur  le  fer,  mais  s’ils  sont  combinés  avec  l’eau,  alors  ils 
attaquent  le  fer  plus  facilement 

Ü , AU  b°Ut  de  (îUel<ïues  jours  de  digestion  les  liqueurs 
. eviennent  louches  , et  laissent  précipiter  un  peu  d’oxide 
noir  de  fer.  Il  se  dégage  du  gaz'hydrogéne  ; ce  qui  prouve 
la  nécessité  de  l’eau,  puisque  c’est  elle  qui  est  dé- 
composée. 

L’action  du  fer  sur  la  potasse  a présenté  à MM.  Thénard 
et  Gay-Lussac  les  phénomènes  les  plus  iutéressans.  Nous 
allons  donner  un  extrait  de  leurs  recherches. 

On  prend  un  canon  de  fusil  très-propre  dans  son  inté- 
rieur; on  en  courbe  la  partie  moyenne  et  l’un  des  bouts,  de 
manière  à le  rendre  parallèle  à l’autre  ; on  couvre  cette  partie 
moyenne  qui  doit  être  fortement  chauffée , d’un  lut  infusible 
et  on  la  remplit  de  limaille  de  fer,  ou  mieux  de  tournure  de’ 
er  bien  broyee  ; puis  on  dispose  le  tube  eu  l’inclinant  sur 
un  fourneau  a réverbère  ; ensuite  on  met  de  l’alcali  bien  pur 
dans  le  bout  supérieur,  et  on  adapte  une  alonge  bien  sèche 
poitant  un  tube  bien  sec  lui-même  au  bout  inférieur.  Les 
proportions  de  fer  et  d alcali  qu’on  emploie  sont  trois  parties 
-i  premier  et  deux  parties  du  second;  mais  on  peut  les 
faire  varier.  L’appareil  ainsi  disposé,  on  fait  rougir  fortement 


52  2 Du  Fer. 

le  canon  du  fusil  en  excitant  la  combustion , au  moyen  d un 
soufflet  de  forge  ou  d’un  tuyau  de  tôle  qui  détermine  une 
plus  vive  aspiration.  Lorsque  le  tube  est  extrêmement 
ronge,  on  fond  peu-à-peu  l’alcali  qui  par  ce  moyen  est 
mis  successivement  en  contact  avec  le  fer,  et  converti  pres- 
qu’enlièrement  en  métal. 

Dans  cette  opération  , il  se  dégage  , en  même  tems  que 
le  métal  se  volatilise,  beaucoup  de  gaz  hydrogène  qui 
quelquefois  est  très-nébuleux , et  qui  provient  de  l’eau  que 
contient  l’alcali-,  on  est  même  averti  que  l’opération  touche 
à sa  fin  quand  le  dégagement  des  gaz  cesse.  Alors  on  retire 
du  feu  le  canon,  qui  n’a  nullement  souffert , si  les  luts  ont 
bien  tenu-,  et  qui , au  contraire  est  fondu  si  les  luts  se 
sont  détachés.  On  le  laisse  refroidir  , et  on  en  coupe 
l’extrémité  inférieure  près  de  l’endroit  où  elle  sortoit  du 
fourneau  : c’est  dans  cette  extrémité  inférieure,  et  en  partie 
dans  l’alonge  qu’on  trouve  une  substance  d’une  apparence 
métallique-,  on  l’en  retire  en  la  détachant  avec  une  tige 
de  fer  tranchante  , et  la  recevant  soit  dans  le  naphte,  soit 
dans  une  petite  éprouvette  bien  sèche.  Pour  1 obtenir  plus 
pure  encore  , on  la  passe  au  travers  d’un  nouet  de  linge 
dans  le  naplite  même  , à l’aide  d’une  température  et  d'une 
compression  convenables.  Ensuite  on  réunit  en  masse  celui 
de  la  potasse  , en  le  comprimant  dans  un  tube  de  vcire  et 
le  fondant  de  nouveau.  Mais  comme  celui  de  la  soude  est 
liquide  au-dessus  de  zéro  , avant  de  lui  faire  subir  cette 
opération , il  faut  le  congeler  en  le  mettant  dans  un  mé- 
lange refroidissant.  Ou  peut  cependant  aussi  parvenir  a le 
réunir  par  une  légère  agitation.  Voilà  la  substance  appelée 
• métal  de  potasse  , ou  le  potasse  ; et  le  soude , quand  ou 
l’obtient  de  cet  alcali. 


Du  Fer. 


5*3 

Le  métal  ainsi  préparé  , disent  MM.  Thénard  et  Gay- 
Lussae , est  pur;  il  ne  contient  ni  fer  ni  alcali  ? et  peut  se 
conserver  dans  l’huile  indéfiniment.  Il  faut  bien  se  garder, 
ajoutent  ces  chimistes  , d’employer  du  charbon  ou  des  ma- 
tières qui  en  contiennent , pour  retirer  ces  métaux  des 
alcalis:  car  alors  ils  en  retiendroient  une  plus  ou  moins 
grande  quantité,  et  jouiroient  de  propriétés  très -variables. 

Le  métal  de  la  potasse  a un  éclat  métallique  semblable 
a celui  du  plomb;  on  peut  le  pétrir  entre  ses  doigts  comme 
de  la  cire  , et  le  couper  plus  facilement  que  le  phosphore 
le  plus  pur. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  de  o,8;4,  celle  de  l’eau 
étant  i.  Aussitôt  qu’on  le  jette  sur  l’eau,  il  s’enflamme  et 
se  promène  lentement  sur  ce  liquide  ; lorsque  l’inflamma- 
tion cesse,  il  se  fait  ordinairement  uue  petite  explosion, 
et  il  ne  reste  dans  l’eau  que  de  la  potasse  caustique  très- 
pure.  Pour  déterminer  la  quantité  d hydrogène  que  le  métal 
dégage  dans  son  contact  avec  l’eau  , MM.  Thénard  et  Gay- 
Lussac  en  ont  rempli  un  tube  de  fer  qui  avoit  reçu  par  là 
un  accroissement  en  poids  de  2,284  grammes  , et  ont  intro- 
duit ce  tube  fermé  par  un  disque  de  verre,  sous  une  cloche 
pleine  d’eau.  A peine  le  métal  a-t-il  touché  l’eau  , qu’il  a 
été  projette  contre  la  partie  supérieure  de  la  cloche  en 
dégageant  beaucoup  de  gaz  hydrogène  , mais  sans  aucune 
apparence  d’inflammation.  Ce  gaz  hydrogène  étoit  très- 
pur  et  formoit  un  volume  de  648, c)2  centimètres  cubes  ; 
le  thermomètre  étant  à 6 degrés  , et  le  baromètre  à 76 
centimètres. 

Le  métal  de  la  potasse  se  combine  très-bien  avec  le 
phosphore  et  le  soufre  ; cette  combinaison  est  si  intime 
qu  au  moment  où  elle  a lieu,  il  y a un  graud  dégagement 


5*4  Du  Fer. 

de  chaleur  et  de  lumière.  Le  phosplmre  projette  dans 
1 eau  y forme  beaucoup  de  gaz  hydrogène  phosphoré 
qui  s enflamme  : le  sulfure  y forme  un  sulfate  et  uu 
sulfure  hydrogéné. 

11  se  combine  aussi  avec  un  grand  nombre  de  métaux, 
et  sur-tout  avec  le  fer  et  le  mercure,  landis  qu  il  rend  le 
fer  mou  , il  donne  de  la  durete  au  mercure  -,  et  selon  que 
ces  alliages  contiennent  plus  ou  moins  de  métal,  il  décom- 
pose 1 eau  plus,  ou  moins  rapidement  -,  tous  deux  se  font 
aisément.  Pour  obtenir  le  premier,  il  faut  chauffer  assez 
fortement  les  deux  matières  ensemble  ; mais  à peine  le 
métal  de  la  potasse  est-il  sur  le  mercure  qu'il  s’applatit, 
tourne  très -rapidement  et  disparoît.  S il  y a beaucoup  de 
mercure,  l'alliage  est  liquide  ou  mou-,  si  c’est  le  contraire, 
il  est  solide. 

II  brûle  vivement  dans  le  gaz  oxigène  à la  température 
ordinaire  , 1 absorbe  et  se  transforme  en  potasse. 

Mis  en  contact  avec  l’air  atmosphérique  , sans  élever  la 
température  , il  prend  d’abord  une  belle  couleur  bleue  ; 
ensuite  en  l’agitant,  il  se  fond,  forme  un  bain  brillant, 
s enflamme  , absorbe  tout  1 oxigène  de  l’air  , se  convertit 
en  potasse  et  n’absorbe  point  d’azote.  Ainsi  donc  il  n’a 
aucune  action  sur  ce  dernier  gaz. 

Il  n en  est  pas  de  même  sur  le  gaz  hydrogène  ; il  peut 
a une  haute  température  en  absorber  une  quantité  remar- 
quable, et  se  transformer  alors  eu  une  matière  solide  d'un 
gris  blanchâtre. 

Son  action  sur  les  gaz  hydrogène  phosphoré,  sulfuré, 
arseniqué,  est  encore  plus  grande  que  sur  le  gaz  hydro- 
gène. A une  température  d’environ  70  degrés,  il  les  dé- 
compose, s’empare  du  phosphore  , du  soufre,  de  l’arsenic  , 


Du  Fer.  5*5 

et  d’une  portion  de  l’hydrogène  qu’ils  contiennent.  La  dé- 
" composition  de  l’hydrogène  phosphore  a même  lieu  avec 

flamme.  La  portion  d’hydrogène  non  absorbée,  reste  à 
1 état  de  gaz.  ’ 

Sa  combustion  dans  les  gaz  acide  nitreux  et  acide  muria- 
tique oxigéné,  est  aussi,  vive  que  dans  le  gaz  oxigène. 
Quelquefois  pourtant  , l’inflammation  n’a  point  lieu  de 
suite  : mais  cela  tient  à ce  que  le  métal  se  recouvre  de  mu- 
riate  ou  de  nitrite  dépotasse,  qui  protège  le  centre  contre 
l’action  du  gaz  ; alors  il  faut  remuer  la  matière,  et  bientôt 
une  vive  lumière  est  produite. 

f . °n  Peut  analyser  rigoureusement  et  en  un  instant  le  gaz 
nitreux  et  le  gaz  oxide  d’azote  par  le  métal  de  la  potasse. 
Aussitôt  ou  presqu  aussitôt  que  ce  métal  est  fondu  et  en 
contact  avec  ces  gaz  , il  devient  bleu  , s’enflamme  , absorbe 
tout  l’oxigène  et  laisse  l’azote  à nu.  C’est  encore  de  cettè 
manière  qu'il  se  comporte  avec  le  gaz  acide  sulfureux  , 
et  avec  le  gaz  acide  carbonique,  et  le  gaz  oxide  de  carbone 
provenant  de  la  décomposition  du  carbonate  de  barite  par 
le  fer;  seulement  il  faut  plus  élever  la  température  dans 
toutes  ces  expériences  que  dans  la  précédente  : le  métal 
devient  bleu,  bientôt  s’enflamme,  et  la  base  du  gaz  est 
séparée.  Avec  le  gaz  acide  sulfureux  , on  obtient  un  sulfure 
de  potasse  et  point  de  résidu  gazeux  ; avec  les  gaz  acide 
carbonique  et  oxide  de  carbone,  on  obtient  du  charbon  , 
de  la  potasse  , et  toujours  point  de  résidu  gazçux. 

L’acide  fluorique  sec  a aussi  offert  avec  le  métal  des 
phénomènes  dignes  de  la  plus  grande  attention. 

A froid,  il  n’y  a aucune  action,  mais  à chaud , il  y a 
une  inflammation  très-vive;  tout  le  gaz  disparoît  sans 
'qu  il  s eu  développe  aucune  autre  , et  le  métal  se  convertit 


5.a6  J>u  Fer. 

on  une  matière  noirâtre,  qui  ne  fait  aucune  effervescence 
avec  l’eau , et  qui  contient  du  üuate  de  potasse,  et  un  peu 
de  charbon  provenant  du  métal.  On  peut  présumer  que 
dans  cette  expérience  , l’acide  fluorique  est  décomposé', 
mais  cette  décomposition  ne  sera  démontrée  et  ne  pourra 
être  admise  qu’autant  qu’on  en  séparera  le  radical  , et 
qu’avec  ce  radical  on  pourra  reformer  cet  acide. 

MM.  Thénard  et  Gay-Lussac  ont  fait  un  grand 
nombre  d’essais  sur  le  gaz  acide  muriatique  ; mais  comme 
jusqu’ici  ils  ne  l’out  point  obtenu  sans  eau,  ils  n’ont  point 
parlé  de  son  action  sur  le  métal.  Seulement  ils  ont  vu 
qu’en  traitant  le  mercure  doux  par  le  phosphore , dans 
l’espérance  d’avoir  de  l’acide  muriatique  Lien  sec,  ils  ont 
trouvé  une  liqueur  nouvelle  très-limpide , sans  couleur, 
répandant  de  fortes  vapeurs , s’enflammant  spontanément 
lorsqu’on  en  imbibe  le  papier  josepli , laquelle  ne  paroit 
être  qu’une  combinaison  de  phosphore,  d’oxigèue  et  d acide 
muriatique,  et  par  conséquent  analogue  à celle  qu  ou 
obtient  en  traitant  le  soufre  par  le  gaz  acide  muriatique 

oxigéné. 

Lorsqu’on  met  ce  métal  en  contact  avec  le  gaz  ammo- 
niac dans  un  tube  bien  sec  sur  le  mercure,  et  qu’on  le 
fait  fondre,  il  disparoit  peu-à-peu  , se  transforme  en  une 
matière  grise -noirâtre  très-fusible  ; l’ammoniaque  elle- 
même  disparoit  en  presque  totalité,  et  se  trouve  remplacée 
dans  le  tube  par  un  volume  de  gaz  hydrogène  égal  à en- 
viron les  deux  tiers  de  celui  de  gaz  ammoniac  employé 
Si  on  chauffe  fortement  dans  le  tube  de  verre  même  tou 
rempli  de  mercure,  la  matière  grise-noiràtre  qui  y es 
attachée  à la  partie  supérieure  sous  forme  de  plaque,  01 
peut  en  retirer  au  moins  les  trois  cinquièmes  de  l’amme 


Du  Fer. 


$27 

iliaque  absorbée  ; savoir  , deux  cinquièmes  d’ammoniaque 
non  décomposée  et  un  cinquième  d’ammoniaque  décom- 
posée , ou  dont  les  élémens  ont  été  rendus  par  le  feu  à 
l’état  de  liberté.  Si  ensuite  ou  met  avec  quelques  gouttes 
d’eau  la  matière  grise-noirâtre  ainsi  fortement  chauffée, 
on  en  dégage  sensiblement  les  deux  autres  cinquièmes 
d ammoniaque  absorbée-,  on  n’en  dégage  point  d’autre  gaz, 
et  ce  qui  reste  n’est  que  de  la  potasse  très-caustique.  Enfin 
si  on  reprend  le  gaz  ammoniac  dégagé  par  le  feu  de  la 
matière  grise-noirâtre , et  si  on  s’en  sert  pour  traiter  de 
nouveau  métal , il  y a de  nouveau  formation  de  matière 
semblable  à la  précédente  , absorption  de  gaz  ammoniac 
et  apparition  d’une  grande  quantité  de  gaz  hydrogène. 
On  peut  encore  répéter  cette  expérience  avec  l’ammo- 
niaque retirée  de  celle  seconde  matière  grise-noirâtre  , etc., 
et  toujours  on  obtiendra  les  mômes  phénomènes  -,  en 
sorte  que,  par  ce  moyen,  avec  une  quantité  donnée 
d ammoniaque,  on  peut  obtenir  plus  que  son  volume*  de 
gaz  hydrogène. 

MM.  7 henard  et  Gay  -Lussac  pensent  que  cet  hydro- 
géné ne  provient  que  de  l’eau  qu’on  pourroit  supposer 
dans  le  gaz  ammoniac,  ou  du  métal  lui-même;  mais 
d’après  les  expériences  de  M.  Berthollel  fils,  il  est  prouvé 
que  le  gaz  ammoniac  11e  contient  point  sensiblement 
d’eau  , et  on  obtient  tant  d’hydrogène  que,  pour  supposer 
qu  il  soit  du  à 1 eau  de  l’ammoniaque , il  faudroit  ad- 
mettre que  cette  ammoniaque  contient  plus  que  son  poids 
d’eau,  ce  qui  est  impossible.  Donc,  le  gaz  hydrogène 
provient  du  métal  -,  et  comme  , lorsqu’on  en  a séparé  le  gaz  , 
ce  métal  se  trouve  transformé  en  alcali  ; donc  ce  métal  né 
paroît  être  qu’une  combinaison  d’aloali  et  d’hydrogène. 


^28  ÏDu  Fer. 

Le  sulfate  de  potasse  est  décomposé  par  le  fer.  On  mêle 
ensemble  une  partie  de  sulfate  de  potasse  avec  demi-partie 
de  limaille  de  fer  ; on  met  le  mélange  dans  un  creuset  et 
l’on  pousse  au  feu. 

Le  creuset  refroidi , on  trouve  le  sulfate  à 1 état  de 
sulfure. 

Pour  opérer  la  décomposition  du  nitrate  de  potasse  , on 
projette,  dans  un  creuset  qu’on  a fait  rougir,  un  mélange 
de  parties  égales  de  nitrate  de  potasse  et  de  limaille  de 
fer.  Le  nitre  entre  d’abord  en  fusion  , et  lorsqu  il  est  bien 
rouge,  il  agit  avec  une  grande  violence  sür  la  fer;  il*, se 
fait  une  détonnation  qui  fait  élever  du  creuset  des  étincelles 
vives  et  brillantes. 

Après  cette  détonnation,  il  reste  dans  le  creuset  un 
oxide  de  fer  rougeâtre  , dont  une  petite  portion  est  com- 
binée avec  l’alcali  ; on  fait  dissoudre  cette  matière  dans 
une  suffisante  quantité  d’eau  , on  filtre,  et  l'oxide  de  fer 
reste  sur  le  filtre  ; c’est  ce  qu’on  appeloit  autrefois  safran 
de  Mars  de  Zwelfer . 

Avec  le  muriate  d’ammoniaque  on  obtient  une  prépa- 
ration qui.  portoit  autrefois  le  nom  de  fleurs  de  sel  amrno^ 
niac  martiales  , ou  chalibées  , et  d’e/z^  Martis. 

On  prend  une  partie  de  muriate  d’ammoniaque  bien  sec 
et  réd,uit  en  poudre  on  la  môle  avec  un  seizième  de  son 
poids  de  limaille  de  fer  porpby  risée  : on  met  ce  mélange 
dans  une  terrine  non  vernissée  , on  la  recouvre  d’une  sem- 
blable terrine  : on  peut  aussi  faire  cette  opération  avec 
deux  grands  creusets  , qu’on  lute  exactement  avec  dG  la 
terre  jaune. 

On  plaee  l’appareil  dans  un  fourneau  , et  ou  procède  a 
la  sublimation  par  un  feu  capable  de  faire  presque  rougir 


Du  Fer. 

520 

le  fond  de  la  terrine  inférieure , et  on  l’entretient  dans  cet 
état  l’espace  de  cinq  à six  heures  ; on  laisse  ensuite  refroi 
d,r  les  vaisseaux , on  enlève  la  terrine  supérieure  qui  co*- 
tient  une  matière  jaune  , brillante. 

Da“S,  Celle  'V"™'  - ‘<>“t  le  muriate  n’est  pas  dé- 
compose, car  le  produit  que  l’on  obtient  est  du  muriate 

d ammoniaque  sublimé,  et  coloré  par  une  portion  d oxide 
de  ter. 

Wiegleb  a donné  un  procédé  plus  avantageux.  Il  consiste 

f f el0I'd"  de  fer  l),écil)ité  d“  ‘ulfate  par  la  potasse, 
atroser  avec  1 acide  muriatique  et  à en  meler  une  partie 
avec  , 2 de  mur, aie  d’ammoniaque.  On  sublime  ensuite  dans 

un  matras  au  bam  de  sable  ; il  reste  au  fond  du  matras  du 
Biuriate  de  fer. 

Le  ter  s’enflamme  rapidement , lorsqu’on  le  triture  dans 
u n monter  de  métal , avec  le  muriate  sur-oxigéné  de  potasse  ; 

ce  mélangé,  frappé  sur  le  tas  d’acier,  détonne  fortement,  e 
avec  une  flamme  rouge. 

On  a du  voir  partout  ee  qui  précédé,  combien  le  fer 

donne  de  produits  intéressans  à la  chimie  et  à la  .né- 
decine. 

C’est,  sans  contredit,  le  métal  le  plus  utile  à la  société. 

11  est  véritablement  l’ame  de  tous  les  arts. 


2. 


34 


53o 


Du  Cuivre. 


CHAPITRE  XXIII. 

Du  Cuivre. 


Le  cuivre,  appelé  par  les  anciens  Vénus  , est  un  inétal  de 
couleur  rouge,  d’une  odeur  désagréable,  et  dune  saveur 
styptique. 

Les  mines  de  cuivre  sont  très-multi pliées.  On  peut, 
d’après  M.  H ait  y les  rapporter  toutes  aux  suivantes. 

Première  espèce  -,  Cuivre  natif , six  variétés. 

Le  cuivre  natif  abonde  sur-tout  en  Sibérie  , du  côté 
d’Ekaterinbourg.  Le  beau  cuivre  natif  cristallisé  vient  des 
mines  appelées  Tourinshi , sur  les  bords  de  la  1 oui  ta  ^ a 
environ  120  lieues  au  nord  d Ekaterinbourg,  dans  la  paitie 
orientale  des  monts  Oural  a 60  degrés  de  latitude. 

Il  existe  encore  du  cuivre  natii  dans  plusieuis  endroits 
de  la  Hongrie  -,  à Deva , en  transylvaine  ; à Falliun,  eu 
Suède,  etc.  On  n’a  encore  trouvé  cette  substance  eu  France 
qu’à  Saint-Bel  et  à Chessy  , près  de  Lyon. 


Deuxième;  Cuivre  pyriteux , sept  variétés. 


Le  cuivre  pyriteux  est  la  plus  commune  des  mines  de  ce 
uenre.  On  le  trouve  en  filons  plus  ou  moins  étendus,  ou  en 


Du  Cuivre . 


53 1 


masses  adhérentes  soit  à d’autres  espèces  de  cuivre  soit  à 
des  pierres  de  diverses  natures.  Le  Derbyshire  en  fournit  des 
groupes  irisés  qui  recouvrent  la  surface  de  la  chaux  carbo- 
natée  cristallisée. 


Troisième  ; Cuivre  gris , quatorze  variétés. 

On  trouve- du  cuivre  gris  à Baygorry  dans  la  basse  Na- 
varre ; a Sainte-Marie-aux-Mines , dans  la  ci-devant  Alsace  5 
a Schemnitz,  eu  Hongrie;  à Kapuik,  en  Transylvanie;  h 
Freyberg,  en  Saxe;  dans  différentes  mines' du  Hartz;  à 
Stahlberg , dans  le  Palalinat,  etc. 

Quatrième;  Cuivre  sulfuré , deux  variétés. 

On  trouve  du  cuivre  sulfuré  à Saska,  et  dans  d’autres  en- 
droits du  Bannat  de  Hongrie  ; à Freyberg  et  à Marienbourg, 
eu  Saxe;  a Saalfeld  , en  Thuringe;  dans  les  monts  Altaï,  en 
Sibérie , etc. 


Cinquième;  Cuivre  oxidé  rouge , sept  variétés. 

0Q  rencontre  cette  espèce  dans  les  mines  de  ce  métal  à 

1 état  de  nat.f,  situées  eu  Sibérie,  dans  la  partie  orientale 
des  monts  Oural. 

M.  Lelièvre  a aussi  reconnu  un  cuivre  oxidé  rouge  arsc- 
nifère.  ...  o 


• Sixième  ; Cuivre  muriaté , une  variété. 

Ce  cuivre  muriaté  a été  rapporté  du  Pérou  par  Dombey, 


532  Du  Cuivre. 

sous  la  forme  d’une  poudre  Yerte  mélangée  de  particule» 
quartzeuses  et  autres.  Ou  trouve  ce  sable  vert  dans  une 
petite  rivière  de  la  province  de  Lipès  à 200  lieues  au-delà 
de  Copiapu. 

Septième;  Cuivre  carbonate  bleu , neuf  variétés. 

On  le  trouve  dans  les  mines  de  cuivre  de  Sibérie;  dans 
celles  de  Zellerfeld,  au  Hartz;  de  Temeswar  et  de  Mol- 
dava,  en  Hongrie;  de  Saalfeld,  en  Thuringe,  etc.  Il  re- 
couvre assez  communément  la  surface  du  cuivre  gris. 
Ailleurs  il  accompagne  le  cuivre  carbouaté  vert. 

Huitième;  Cuivre  carbonaté  vert , trois  variétés. 

On  trouve  du  cuivre  carbonaté  vert  près  de  Temeswar  et 
d.e  Moldava,  en  Hongrie;  au  Hartz,  dans  le  Tyrol  ; en  Si- 
bérie , etc.  Celui  qui  est  soyeux  recouvre  tantôt  la  surface 
du  cuivre  oxidé,  nommé  hépatique , tantôt  celle  du  cuivre 
oxide  rouge,  comme  en  Sibérie;  quelquefois  il  a pour  gan- 
gue une  ocre  ferrugineuse.  La  Sibérie  fournit  aussi  de  très- 
beaux  morceaux  de  malachite. 

Neuvième;  Cuivre  arseniaté , deux  variétés. 

On  trouve  le  cuivre  arseniaté  sur  le  mont  Karrarach  , 
dans  le  comté  de  Cornouailles,  en  Angleterre,  près  d’une 
mine  de  fer  brune.  Il  y est  accompagné  de  cuivre  carbonaté 
vert  ou  bleu,  de  cuivre  gris,  et  plus  communément  de 
lithomarge  jaune  et  de  quartz.  On  a cité  aussi  du  cuivra 
arseniaté, en  Silésie,  près  de  Jousbach. 


533 


\ 

Du  Cuivre. 

Dixième-,  Cuivre  sulfaté , quatorze  variétés. 

Le  cuivre  sulfaté  est  presque  toujours  en  solution  dans 
les  eaux  voisines  des  mines  de  cuivre.  L’origine  du  cuivre 
sulfaté  a cté  bien  connue  des  anciens.  Ils  donnoient  k ce 
sel  le  nom  de  Calcantlie.  Pline  dit  qu’on  le  retiroit  des 
eaux  de  certains  puits  ou  étangs  qui  se  trouvoient  en 
Espagne. 

Les  mines  de  cuivre  sulfureuses  sont  presque  les  seules 
qu’on  exploite. 

On  commence  par  trier  le  minerai  pour  séparer  la  mine 
grasse  de  la  mine  maigre.  On  bocarde  avec  soin  celle  qui 
contient  beaucoup  de  gangue  ou  de  principes  pierreux-,  on 
lave  ensuite  pour  séparer  la  gangue , que  l’eau  entraîne  , de 
préférence  au  minerai  qui  est  plus  pesant;  on  grille  le  mi- 
nérai  pour  lui  enlever  le  soufre,  après  quoi  on  le  fond  au 
fourneau  a mancbe.  Cette  première  fonte  donne  du  cuivre 
noir  qu on  fait  refondre  au  fourneau  d’affinage,  et  qu’on 
tient  en  fusion  pendant  longtems , en  contact  avec  du  char- 
bon, pour  dégager  les  dernières  portions  de  soufre  qui  y 
adhèrent  avec  force.  Dès  que  le  cuivre  est  très-pur,  on  le 
lait  couler  dans  la  casse , et  on  verse  sur-  le  bain  un  peu  d’eau 
pour  bâter  le  refroidissement,  et  former  une  couche  de 
cuivre  qu’on  enlève  : en  répétant  la  même  manœuvre,  on 
convertit  tout  le  cuivre,  qui  est  dans  la  casse,  en  feuilles  ou 
lames  de  cuivre  qu  on  porte  sous  le  marteau  pour  leur  donr 
ner  la  forme,  lepaisseur  et  le  poli  convenables.  ( Chaptal.  ) 

La  pesanteur  spécifique  du  cuivre  est  de  8,5844;  mais 
celte  pesanteur  varie. 


Du  Cuivre. 


534 

La  ductilité  du  cuivre  est  extrême,  elle  est  telle  qu’on  le 
place  après  l’or  pour  cette  propriété. 

La  ténacité  du  cuivre  est  assez  grande,  car,  un  fil  de 
cuivre  de  deux  millimètres  de  diamètre,  peut  soutenir  un 
poids  d’environ  cent  soixante-quatre  kilogrammes. 

Le  cuivre  est  élastique  ; les  fils  de  cuivre  sur  lesquels  on 
voltige  en  sont  une  preuve.  . 

Ce  métal  est  le  plus  sonore.  On  sait  que  les  trompettes  . 
les  cymbales  , etc.  sont  faites  de  cuivre. 

La  fusion  du  cuivre  a lien  à 27  degrés  du  pyromètre  de 
Wedgewood.  Lorsqu’il  est  fondu,  si  ou  attend  que  la  partie 
supérieure  soit  coucrète,  et  que  l’ou  décante  , on  obtient  des 
cristaux  sous  forme  d’octaèdres. 

Si  I on  chauffe  fortement  avec  le  concours  de  l’air,  il 
s’oxide,  et  se  recouvre  d’une  matière  d’un  rouge  noirâtre. 
Ln  frappant  ensuite  avec  un  marteau  sur  la  lameoxidée, 
la  pellicule  se  sépare  sous  la  forme  d écailles.  Ou  opère 
encore  le  mémo  effet , en  trempant  la  lame  toute  rouge 
dans  l’eau  froide  : c’est  ce  qu’on  nomme  battiLures  de 
cuivre» 

Le  cuivre,  dans  cette  combustion,  absorbe  0,2.5  d’oxi- 
gène-,  sa  couleur  plu  s ou  moins  foncée,  noire  ou  marron,  dé- 
pend d’une  sorte  de  fusion  ou  de  vitrification;  c’est  le  seul 
oxide  de  cuivre,  suivant  M.  Proust;  il  est  impossible  de 
l’oxider  davantage. 

Si  l’on  expose  du  cuivre  à l'air  humide, ‘ il  perd  bientôt 
son  brillant,  il  devient  terne,  et  au  bout  de  quelque  tems 
sa  surface  se  recouvre  d un  oxide  vert,  appelé  rouillé , verl~ 
de- g ris. 

11  faut  attribuer  cette  oxidation  à la  décomposition  de 


Du  Cuivre.  535 

l’eau  contenue  dans  l’atmosphère,  et  la  couleur  verte  à l’ab- 
sorption de  l’acide  carbonique  qui  est  répandu. 

Quand  on  veut  réduire  l’oxide  de  cuivre,  on  mêle  de  cet 
oxide  avec  du  savon  noir  ; on  en  forme  une  pâte  un  peu 
ferme.  O11  met  ce  mélange  dans  un  creuset  que  l’on  place 
dans  un  fourneau  de  fusion;  on  chauffe  ce  mélange  d’abord 
doucement  jusqu’à  ce  que  le  savon  ne  brûle  plus  : alors  011 
augmente  le  feu  rapidement  pour  le  chauffer  jusqu’au  rouge- 
blanc.  On  laisse  refroidir  le  creuset,  on  le  casse,  et  l’gn 
trouve  un  culot  de  cuivre. 

Point  d’union,  avec  l’azote  , l’hydrogène  et  le  carbone. 

Pour  combiner  le  cuivre  , avec  le  phosphore,  on  mêle 
ensemble  parties  égales  de  cuivre  eu  copeaux  et  de  verre 
phosphorique  ; on  y ajoute  un  huitième  de  poudre  de  char- 
bon; on  fond  ensuite  le  tout  dans  un  creuset  : on  a pour 
produit  un  culot  métallique,  d’un  coup  d’œil  blanchâtre  et 
quelquefois  irisé. 

On  unit  très-bien  le  soufre  au  cuivre. 

A cet  effet,  on  stratifie  dans  un  creuset  des  lames  de 
cuivre  et  du  soufre  en  poudre;  on  place  le  creuset  dans  un 
fourneau  , et  on  le  fait  chauffer  par  degrés  jusqu’à  ce  qu’il 
n’en  sorte  plus  de  vapeurs  : alors  on  le  fait  rougir  obscuré- 
ment pendant  une  heure;  on  ôte  le  creuset  du  feu,  on  le 
laisse  refroidir,  on  trouve  une  sorte  de  mcitte  de  cuivre, 
aigre,  cassante,  de  couleur  de  fer;  mais  à l’emploi,  la  cou- 
leur verte  de  l’oxide  de  cuivre  se  développe. 

On  pulvérise  ensuite  cette  matte  ; c’est  Yens  Veneris , que 
1 on  ne  doit  pas  confondre  avec  une  autre  préparation  qui 
porte  le  même  nom , laquelle  se  fait  avec  le  cuivre  et  le 
muriate  d’ammoniaque. 


536 


Du  Cuivre. 

On  peut  allier  le  cuivre  avec  la  plupart  des  métaux. 

Ou  fait  fondre  dans  un  creuset  six  parties  de  cuivre  avec 
quatre  d arsenic  et  autant  de  potasse.  On  obtient  un  culot 
de  cuivre  , aigre , cassant , très-blanc. 

CronstecLt  dit  avoir  allie  le  cuivre  au  nickel  dans  diffé- 
rentes proportions:  la  presence  du  cuivre  s’est  toujours  dé- 
celée , en  ce  qu  il  coloroit  en  vert  et  en  rouge-brun  le  verre 
de  borax. 

Si  1 on  fait  fondre  ensemble  sept  parties  de  cuivre  rouge 
et  neuf  de  bismuth,  on  obtient,  d après  Geller , un  alliage, 
fragile,  d un  rouge  blanchâtre,  et  ayant  le  grain  à facettes 
cubiques. 

Parties  égalés  de  cuivre  rouge  et  d’antimoine  fondues 
ensemble,  donnent  un  culot  fort  aigre  et  cassant-,  il  a une 
couleur  violette,  et  il  est  disposé  en  petites  facettes  assez 
brillantes  : c est  ce  qu’on  nommoit  régule  cuivreux  ou  ré- 
gule de  V éuus. 

Le  cuivre  décomposé  très-bien  le  sulfure  d’antimoine  ; 
il  s unit  au  soufre.  On  n’a  pas  encore  déterminé  les  propor- 
tions de  cuivre. 

Avec  le  mercure,  on  parvient  à faire  un  amalgame;  on 
prend  des  feuilles  de  cuivre  très-minces  , comme  celles  d’or 
et  d argent,  et  on  triture  à froid  : cet  amalgame  est  peu 
connu. 

Quand  on  plonge  une  lame  ds  cuivre  dans  une  dissolu- 
tion de  nitrate  de  mercure,  le  mercure  se  précipite  sur  la 
lame  qui  parent  alors  comme  argentée  : cette  combinaison 
n est  pas  solide;  le  moindre  frottement  et  la  chaleur  en  sé- 
parent le  mercure. 

Le  cuivre  jaune  contient  peu  de  zinc  et  beaucoup  de 
cuivre  rouge. 


Du  Cuivre. 


537 

Ou  fait  fondre  ensemble  dans  un  creuset  trois  parties  de 
cuivre  rouge  et  une  de  zinc-,  on  obtient  un  cuivre  jaune  qui 
diffère  peu  de  celui  du  commerce. 

Dans  les  arts,  on  ne  prépare  pas  le  cuivre  jaune  avec  le 
ziuc  pur;  on  emploie  les  mines  de  zinc  calcinées,  sur-tout 
celle  quon  nomme  calamine  , pierre  calaminaire  : c’est 
de  cette  manière  qu’on  prépare  le  laiton. 

Cet  alliage  peut  encore  s’obtenir  en  mettant  huit  parties 
de  zinc  au  fond  d un  creuset,  et  vingt  parties  de  limaille 
de  cuivre  par  dessus  ; on  lute  bien  et  on  pousse  au  feu  forte- 
ment. Si  Ion  mettoit  le  zinc  par*dessus  il  s’en  perdroit  une 
poitionpar  la  volatilisation:  on  le  tient  bien  rouge  pendant 
huit  a dix  minutes,  on  le  retire  ensuite  : on  trouve  au  fond 
du  creuset  un  culot  jaune  un  peu  ductile. 

Cet  alliage  s’oxide  moins  facilement  que  le  cuivre;  il  est 
aussi  malléable  et  plus  fusible  que  lui;  il  est  si  ductile, 
sur-tout  lorsqu’il  est  légèrement  chauffé,  qu’on  peut  le 
filer  en  cordes  trés-déliees  ; il  est  plus  ductile  a la  filière 
que  sous  le  marteau  : lorsqu’on  le  frappe  à chaud,  il 
s écrouit,  et  se  réduit  en  poudre.  Sa  pesanteur  spécifique  est 
de  83,958;  le  cuivre  jaune  est  donc  plus  pesant  que  le 
cuivre  rouge. 

Pour  analyser  le  laiton  , on  dissout  une  quantité  connue 
de  laiton  dans  la  quantité  nécessaire  d’acide  nitrique  à 
36  degrés;  on  introduit  la  solution  dans  un  matra  s , on  fait 
légèrement  chauffer;  on  y verse  une  solution  de  potasse 
caustique  jusqu  a ce  qu  il  y en  ait  un  excès  sensible  au  goût, 
cet  excès  dissout  l’oxide  de  zinc  , et  on  laisse  bouillir 
quelque  lems.  On  jette  ensuite  le  tout  sur  un  filtre;  le  zinc 
dissous  dans  la  potasse,  passe  an  travers  du  papier,  et 


538 


Du  Cuivre. 

]’oxide  de  cuivre  reste  dessus.  On  lave  ce  métal  jusqu'à  ce 
que  les  dernières  portions  d’eau  n’aient  plus  de  saveur;  on  le 
fait  sécher  ensuite  à une  chaleur  douce  : on  le  pèse,  ou  bien 
on  le  convertit  en  sulfate  de  cuivre  , d’où  l’on  sépare  ensuite 
le  métal  par  une  lamé  de  fer  ou  de  zinc. 

On  verse  dans  la  liqueur  qui  contient  le  zinc  potassé  de 
l’acide  sulfurique.  Si  ou  n’en  ajoute  pas  en  excès  il  se  forme 
dans  la  liqueur  un  sulfate  de  potasse  et  il  se  précipite  de 
l’oxide  de  zinc;  mais  comme  il  est  très-difficile  d’en  mettre 
la  quantité  juste,  il  vaut  mieux  en  ajouter  un  excès  qui 
dissout  l’oxide  de  zinc;  endettant  ensuite  du  carbonate  de 
potasse,  l’acide  carbonique  se  porte  sur  le  zinc,  forme  du 
carbonate  de  zinc  qui  se  précipite,  il  reste  dans  la  liqueur 
du  sulfate  de  potasse;  on  Gltre  et  on  décompose  le  carbonate 
de  zinc  en  le  faisant  calciner  dans  un  creuset.  On  connoitra 
la  quantité  de  zinc  métallique  en  retranchant  les  o,3i  de  la 
somme  d’oxide  obtenue. 

Ce  que  l’on  nomme  dans  les  arts  , tombac  jaune  , similor, 
pinchebec  , métal  du  prince  Robert,  or  de  Manheim, 
diffère  suivant  la  proportion  du  mélange.  Parties  égales  de 
laiton,  et  de  cuivre  rouge  forment  un  métal  ductile,  cou- 
leur d’or,  un  peu  pâle. 

Trois  cinquièmes  de  cuivre  rouge,  sur  deux  de  cuivre 
jaune,  donnent  un  alliage,  dont  la  couleur  se  rapproche  et 
se  confond  avec  celle  de  for. 

Une  partie  de  cuivre  jaune  et  deux  parties  de  cuivre, 
rouge  , présentent  une  couleur  d'or  plijs  intense. 

On  peut  aussi  faire  cet  alliage  avec  le  zinc  et  le  cuivre. 

On  fait  foudre  d ans  un  creuset  quatre  parties  de  cuivre 
rouge,  et  on  ajoute  une  partie  de  zinc.  On  couvre  aussi- 


Du  Cuivre. 


tùt  le  mélange  avec  du  charbon  en  poudre,  pour  empêcher 
l’oxidation  du  zinc,  et  on  porte  la  fusion-,  on  obtient  par  ce 
moyen,  un  tombac  d’une  très-belle  couleur  d’or. 


En  ajoutant  de  l’oxide  d’arsenic,  on  obtient  un  métal 
presque  blanc,  aigre,  cassant,  le  grain  ferme,  fin  et 
très-serré.  Les  proportions  sont  de  six  parties  de  cuivre 
ronge,  quatre  de  zinc,  cinq  d’oxide  d’arsenic,  et  autant 
de  potasse.  , 

L étain  , en  s unissant  au  cuivre,  lui  donne  beaucoup  de 
raideur , de  dureté  et'  d aigreur,  ét  le  reud  en  même  tems 
infiniment  sonore'.'  C’est  ce  mélange  du  cuivre  et  de  l’étain 

qui  forme  le  métal  des  cloches,  celui  des  canons  et  des 
statues  d’airain. 


On  fait  cet  alliage  dans  différentes  proportions,  et  on 
ajoute,  suivant  l usage  auquel  est  destiné  ce  métal,  ou  du 
zinc,  ou  de  1 antimoine,  et  quelquefois  tous  les  deux  en 
meme  tems,  mais  ces  additions  paraissent  inutiles. 

Suivant  M.  Chaptal , soixante-quinze  parties  de  cuivre 
rouge  fondues  avec  vingt-cinq  parties  d’étain  forment  le 
métal  des  cloches.  » • 

Pour  les  pièces  d’artillerie,  on  emploie  le  cuivre  dans 
une  plus  forte  proportion , pour  rendre  l’alliage  moins 
cassant,  v ' •') 

L alliage  du  cuivre  et  de  l’étain  présente  les  propriétés 
suivantes  : il  est  plus  sonore  qu’aucun  des  métaux  employés. 
Il  est  plus  dur  que  chacun  d eux  pris  séparément.  Il  es-t 
plus  fusible  que  le  cuivre,  et  beaucoup  moins  que  l'étain; 
il  est  moins  oxidablc  et  moins  ductile  que  les  deux  métaux 
qui  le  forment. 

L étamage  du  cuivre  consiste  à appliquer  une  couche 
d’etajn  à la  surface  de  cc  métal,  et  à l’y  faire  adhérer. 


54-0  Du  Cuivre. 

On  emploie  divers  moyens  pour  disposer  les  pièces  â i 
recevoir  l 'étamage. 

Les  uns  raclent  le  cuivre  qu’ils  veulent  étamer.  Les  autres 
le  récurent  avec  de  la  lie-de-vin,  un  peu  d’acide  nitrique 
très-foible,  et  du  sable. 

Quand  les  pièces  sont  bien  décapées,  on  y applique  Té- 
tain  de  deux  manières. 

On  fait  fondre  de  l’étain,  on  recouvre  la  surface  do 
poix-résine,  et  on  trempe  dedans  les  pièces  qu’on  veut 
étamer;  mais  pour  que  le  cuivre  prenne  mieux  l’étamage, 
on  le  plonge  auparavant  dans  une  solution  de  muriate 
d’ammoniaque,  et  on  le  fait  sécber  avant  de  le  plonger  dans 
l’étain  fondu. 

La  seconde  manière  d’étamer  et  de  chauffer  le  cuivre  ? 
sur  des  charbons.  On  met  dans  l’intérieur  de  la  pièce  une 
certaine  quantité  d’étain;  on  le  fait  fondre,  on  jette  une 
pincée  de  muriate  d’ammoniaque  en  poudre,  et  on  le 
frotte  avec  une  poignée  d’étoupe  : on  fait  parcourir  l’étain 
fondu  qu’on,  frotte  de  même  dans  les  endroits  imprégnés 
du  sel. 

L’effet  du  muriate  d’ammoniaque  est  de  nétoyer  la 
surface  du  cuivre  à étamer  , et  d’empêcher  aussi  Toxidation 
de  l’étain. 

Le  cuivre  et  le  plomb  s’unissent  bien  ; on  peut  séparer  ces 
deux  métaux  par  une  douce  chaleur  capable  de  foudre  le 
plomb  et  point  le  cuivre. 

On  en  a un  exemple  dans  les  pains  de  liquidation. 

Si  Ton  fait  fondre  dans  un  creuset  deux  parties  de  cui- 
vre , et  une  demi -partie  de  fer,  le  fer  entre  en  fusion. 


Du  Cuivre.  5^, 

MM.  Anfrie  et  Darcet  ont  fait  pour  l’artillerie  des  alliages 
complets  de  cuivre  et  de  fer  doux. 

L'action  des  acides  sur  le  cuivre  est  très-marquée -,  les 
plus  foibles  même  colorent  ce  métal  en  bleu  ou  en  vert. 

Pour  que  l’acide  sulfurique  attaque  le  cuivre,  il  faut 
qu’il  soit  très-concentré  et  bouillant;  le  cuivre  se  dissout 
avec  dégagement  de  gaz  acide  sulfureux;  une  partie  de 
l’acide  cède  son  oxigène  au  cuivre,  tandis  que  l’autre  por- 
tion dissout  l’oxide  qui  s’est  formé. 

On  peut  ajouter  un  peu  d’eau  ; on  fait  ensuite  évaporer 
et  oristalliser. 

Ce  sulfate  se  prépare  plus  ordinairement  dans  les  arts;  on 
le  nomme  vitriol  bleu , vitriol  de  Chypre , vitriol  de 
V énus , et  vitriol  de  cuivre , on  le  prépare  de  deux  manières 
i°.  par  la  décomposition  des  pyrites;  20.  en  prenant  du 
soufre  et  des  lames  de  cuivre,  pour  en  former  un  sulfure 

artificiel. 

• 

On  délaie  ensuite  ce  sulfure,  ou  la  pyrite  naturelle,  et 
on  l’expose  à l’air.  Le  soufre,  en  absorbant  de  l’oxigène , 
passe  à l’état  d acide  sulfurique,  qui  s’empare  du  cuivre, 
pour  former  le  sulfate.  Ce  sel  cristallise  aisément;  la  forme 
la  plus  ordinaire  de  ces  cristaux  est  celle  d’un  parallélipi- 
pède  rhomboïdal. 

Il  a une  belle  couleur  bleue,  et  une  saveur  styptique 
tres-forte ; cest  un  poison  très-violent,  et  auquel  il  est 
difficile  de  remédier. 

Exposé  à un  feu  doux,  il  perd  d’abord  son  eau  de  cristal- 
lisation, et  devient  blanc,  d’où  l’on  peut  conclure  que  sa 
couleur  bleue  est  uniquement  d'de  à l’eau,  car  quand'ou 
liumecte  ce  sel  blanc,;  il  reprend  sa  couleur  bleue. 


1 


5/^2  Du  Cuivre. 

A 

Si  on  le  fait  chauffer  fortement  dans  la  cornue,  on  obtient 
de  1 acide  sulfurique,  il  reste  un  oxide  de  cuivre  noir. 

M.  Proust  à qui  est  due  cette  remarque,  donne  pour 
les  composaus  du  sulfate  de  cuivre,  les  proportions  sui- 
vantes : oxide  noir  de  cuivre,  32-,  acide  sulfurique,  33  j 
eau,  35. 

Si  l’on  expose  à l’air  des  cristaux  très-purs  de  sulfate 
de  cuivre,  ils  perdent  de  leur  transparence,  une  partie 
de  l’eau  de  la  cristallisation  s’évapore,  ils  se  recouvrent 
d’une  poussière  bleue  blanchâtre. 

Il  se  dissout  dans  huit  parties  d’eau  froide  , et  dans  trois 
d’eau  bouillante. 

Lorsque  le  sulfate  de  cuivre  a une  couleur  verdâtre, 
cela  n’est  dû.  qu’à  un  peu  de  fer. 

Pour  en  séparer  le  fer,  il  ne  s’agit  que  de  l’oxider,  ce 
qu  on  peut  faire  par  1 acide  nitrique,  ou  l’acide  muriatique 
oxigéné.  Dans  les  arts  on  fait  uissoudre  le  sel  dans  l’eau  , et 
on  j’agite  fortement  avec  des  ballets,  alors  le  sulfate  de 
fer  se  décompose. 

Les  bases  salifiables  terreuses  et  alcalines,  décomposent 
le  sulfate  de  cuivre-,  le  précipité  formé,  est  d’un  blanc 
bleuâtre-,  si  on  le  sèche  à l’air,  il  devient  vert,  en  absorbant 
l’acide  carbonique. 

Quand  on  ne  verse  qu’une  petite  quantité  de  potasse 
caustique  en  liqueur  dans  la  solution  de  sulfate  de  cùivre, 
le  précipité  verdâtre  que  l’on  obtient  et  qui  nage  dans  une 
solution  de  sulfate  cuivreux,  puisque  ce  sel  n’est  pas  alors 
entièrement  décomposé,  est  une  espèce  particulière  de» 
sulfate  de  cuivre,  que  M.  Proust  dit  être  au  minimum 
d’acide.  ■ • ; ■ ,u: 


Du  Cuivre.  5^3 

Si  ou  le  traite  avec  de  la  potasse  pure,  elle  le  réduit  à 
68  d’oxide  noir.  Suivant  ce  chimiste,  ce  sulfate  contient: 
oxide  noir,  68  parties;  acide  sulfurique,  18;  eau,  14. 

M.  Proust  a vu  aussi  qu’en  décomposant  partiellement 
le  sulfate  de  cuivre  par  la  potasse , employée  avec  excès 
tout  l’acide  du  sel  est  enlevé  par  cet  alcali , et  il  se  dépose 
un  oxide  bleu,  qu’il  regarde  comme  un  composé  parti- 
culier d’oxide  noir  , du  seul  oxide  de  cuivre  qu’il  commisse 
avec  de  l’eau  ; il  le  nomme  hydrate  de  cuivre. 

Si  l’on  chauffe  le  précipité  obtenu  par  la  potasse  avec 
de  la  potasse  caustique,  le  précipité  perd  sa  couleur,  et 
en  prend  une  autre  brune;  dans  cette  opération,  le  cuivre 
perd  une  portion  de  son  oxigène,  car  le  précipité  brun 
contient  moins  d*oxigène  que  le  bleu. 

L’ammoniaque  précipite  d’abord  le  sulfate  de  cuivre, 
mais  le  précipité  se  dissout  dans  un  excès  de  cet  alcali  et 
présente  une  liqueur  bleue  qu’on  appelle  en  pharmacie 
eau  celeste.  On  regarde  l’ammoniaque  comme  le  meilleur 
réactif  pour  découvrir  la  présence  du  cuivre  dans  une 
liqueur. 

L hydrogène  sulfuré  et  les  hydro-sulfures  décomposent 
ce  set , et  en  précipitent  un  sulfure  qui  est  noir. 

Les  prussiatCs  alcalins  forment  un  précipité  d’un  rouge 
mai roD  dans  le  sulfate  de  cuivre.  O11  peut  aussi  les  regarder 
comme  des  réactifs  trcs-sensibles  pour  démontrer  la  pré- 
sence de  ce  métal  tenu  en  dissolution. 

Plusieurs  métaux  le  décomposent. 

Si  l’on  plonge  une  lame  de  fer,  de  zinc,  d’étain  dans 
une  dissolution  de  ce  sd  ,»de  cuivre  se  précipite  sur  le 
métal  employé. 


Du  Cuivre. 


544 

Le  sulfate  de  cuivre  est  aussi  décomposé  par  l’arsenita 
de  potasse  -,  le  précipité  est  d’une  belle  couleur  verte  , 
appelée  vert  de  Sch'eele,  que  ce  chimiste  h proposée  pour 
la  peinture.  C’est  un  véritable  arsenite  de  cuivre. 

On  fait  dissoudre,  à laide  du  calorique,  suivant  le 
chimiste  suédois,  une  livre  et  demie  de  sulfate  de  cuivre 
dans  seize  pintes  d’eau  -,  on  verse  peu-à-peu  cette  disso- 
lution chaude  dans  une  autre  dissolution  également  chaude 
d’une  livre  et  demie  de  potasse  , et  de  dix  onces  d’acide 
arsénieux  dans  cinq  pintes  d eau  -,  on  remue  continuelle- 

ent  avec  un  tube  de  verre  , et  on  laisse  reposer  le  mé- 
lange ; il  se  produit  un  précipité  ; on  décante  la  liqueur  7 
on  jette  sur  le  résidu  quelques  pintes  d’eau  chaude  , et  on 
remue  bien  , on  décante  de  nouveau  la  liqueur  , on  la  lave 
deux  fois  avec  de  l’eau  chaude  , de  la  même  manière  ; on 
jette  le  tout  sur  un  filtre,  et  on  laisse  sécher.  On  obtient 
une  belle  couleur  verte  qui  n’est  point  altérable  à l’air. 

Si  , au  lieu  d’ arsenite  de  potasse,  ou  se  sert  d’arseniale, 
on  a un  précipité  bleu  ; c’est  alors  un  arseniate  de 
cuivre. 

Le  sulfate  de  cuivre  décompose  quelques  sulfates  al- 
calins , terreux  et  métalliques  -,  il  s’y  uuit  en  sels  triples. 

Il  décompose  quelques  nitrates  et  muriales  ; il  en  dé- 
gage , par  l’action  du  calorique  , les  acides  nitrique  et 
muriatique. 

M.  Gillet-Laumont  a obtenu  d’un  mélange  de  sulfate  de 
cuivre  et  de  muriate  d’ammoniaque,  à parties  égales  , une 
dissolution  d’un  jaune  vif  lorsqu’elle  est  chaude  , d’un  beau 
vert  d’émeraude  lorsqu’elle  est  froide,  et  qui  donne  d’abord 
des  cristaux  en  prismes  obliques  , à base  rhombe  , puis  des 
cristaux  bleus  en  octaèdres  surbaissés. 


Du  Cuivra. 


545 

Cette  liqueur  et  la  solution  des  cristaux  octaèdres 
donnent  une  encre  jaune  sympathique. 

Eu  comparant  cette  encre  avec  celle  que  donne  le  mu- 
riate  de  cobalt,  on  voit  que  toutes  ces  encres  ne  doivent 
la  propriété  quelles  ont  de  disparoître  qu’au  munate 
métallique  , qui  attire  puissamment  l’humidité  des  corps 
environnans. 

• 

L encre  jaune  , produite  par  le  muriate  de  cuivre  et  les 
dissolutions  qui  en  contiennent , bien  différente  de  celles 
qui  d’abord  invisibles , restent  fixes  après  avoir  paru  , donne 
par  sa  couleur  une  variété  très-distincte  de  celle  de  cobalt, 
laquelle  est  d’un  vert  céladon  ; elle  forme , avec  cette' 
derniere , des  teintes  variées  en  vert  d’émeraude. 

MM.  Fourcroj  et  V auquelin  cuit  fait  voir  que  l’acide 
sulfureux  n’attaque  pas  le  cuivre,  mais  l’oxide  de  ce  métal 
isy  unit  promptement. 

Ces  chimistes  ont  indiqué  qu’on  pouvoit  faire  cette 
combinaison  en  versant  une  solution  de  sulfite  de  potasse 
«u  de  soude  dans  une  solution  de  sulfate  de  cuivre;  il 
se  forme  , à l’instant  du  mélange,  un  précipité  cl’un  jaune 
citron  qui  paroit  elre  le  sulfite  de  cuivre. 

L’acide  nitrique  dissout  bien  le  cuivre  , même  à froid. 

On  doit  faire  cetlc  dissolution  dans  un  matras  suffi- 
samment grand.  On  met  une  partie  de  limaille  de  cuivre 
dans  un  malras  ; on  verse  dessus  deux  parties  d’acide 
nitrique  étendu  d’eau.  Après  l’action  de  l’acide,  on  chauffe 
égerement  et  il  se  dégage  du  gaz  nitreux. 

' Lors<Iue  k dissolution  est  faite,  il  se  précipite  un  peu 
3. oxide  du  métal  en  poudre  brune,  ou  en  noir  à sa 


# 


546  — Du  Cuivre. 

surface  -,  on  filtre  ensuite  la  liqueur , et , en  1 évaporant  avec 
précaution,  on  obtient  des  cristaux  sous  la  forme  d’ai- 
guilles alongées  -,  quelquefois  ce  sont  des  prismes  hexaèdre* 
ou  tétraèdres. 

Ce  nitrate  a une  belle  couleur  bleue. 

Sa  saveur  est  âcre  et  caustique. 

11  est  fusible  à 2 5 ou  3o  degrés , thermomètre  de 
Réaumur.  • 

Exposé  au  feu,  il  détonne  et  se  décompose  : dans  les 
vaisseaux  clos  , il  donne  d’abord  son  eau  de  cristalli- 
sation , ensuite  du  gaz  nitreux  ; sur  la  fin  il  se  dégage 
un  peu  de  gaz  oxigene.  Il  reste  dans  la  cornue  un  oxide 
brun  de  cuivre. 

Chauffé  fortement,  le  nitrate  de  cuivre  se  réduit  à 
0,67  d’oxide  noir.  La  potasse  lui  enlève  également  à 
chaud  son  oxide  , et  l’amène  à l’état  d'oxide  noir  : il 
contient  0,67  de  cet  oxide  , 0,16  d'acide  et  0,17  d’eau.  Le 
nitrate  avec  excès  d’acide  11e  contient,  au  contraire,  que 
0,27  d’oxide  noir.  Cent  parties  de  cuivre  traitées  par  l'acide 
nitrique  , et  réduites  à 1 état  d’oxide  par  l’action  du 
feu,  laissent  ia5  parties  de  cet  oxide  : ce  qui  fait  dire  à 
M.  Proust  que  le  cuivre  n’est  pas  plus  brûlé  par  1 acide 
nitrique  que  par  d’autres  moyens.  Le  nitiate  de  cuivie  , 
au  maximum  d’acide  , donne , avec  une  petite  quantité  de 
potasse,  un  précipité  qui  passe  du  bleu  au  vert,  et  qui 
n’est  que  le  nitrate  au  minimum,  ou  avec  excès  d oxide. 
Si , au  contraire  , ou  jette  le  premier  sel  cuivreux  dans  la 
potasse  bien  délayée  et  suffisamment  abondante  pour  pré- 
dominer , on  a un  précipité  volumineux  , d un  beau  bleu  , 
sur  la  nature  duquel  M.  Proust  a sur-tout  insisté. 


Du  Cuivre. 

Ce  sel  est  très-déliquescent  ; cette  propriété  le  fait  dif- 
férer essentiellement  du  sulfate. 

Ce  sel  est  très^soluble  dans  l’eau  et  dans  l’alcool. 

Les  terres  et  les  alcalis  précipitent  en  général  la  so- 
lution du  nitrate  de  cuivre  en  un  oxide  blanc  bleuâtre,  qui 
devient  vert  à l’air. 

En  Angleterre*,  pour  ne  pas  perdre  le  nitrate  de  cuivre 
quon  obtient  dans  les  monnoies , eu  précipitant  l’argent 
du  nitrate,  par  le  moyen  du  cuivre,  on  en  forme  ce  qu’on 
appelle  terre  bleue  , cendre  bleue , laquelle  est  employée 
pour  la  peinture  des  papiers. 

On  ajoute  à une  dissolution  de  cuivre  dans  l’acide  ni- 
trique, de  la  chaux  en  poudre  , ou  délitée  par  l’eau,  afin 
de  l’avoir  en  poudre  très-fine;  on  agite  le  mélange  pour 
faciliter  la  décomposition  du  nitrate  de  cuivre  ; il  faut 
avoir  soiu  de  mettre  un  petit  excès  de  nitrate  de  cuivre , 
afin  que  toute  lu  chaux  soit  absorbée,  et  afin  que  le  pré- 
cipité , qui  a lieu  dans  l’instant  même  du  mélange , soit 
un  pur  précipité  du  cuivre  : on  laisse  déposer  ce  précipité  ; 
on  décante  la  liqueur  qui  le  surnage  ( qui  est  du  nitrate 
de  chaux);  on  le  lave  à plusieurs  reprises;  on  met  alors 
le  tout  sur  un  linge  , pour  qu’il  puisse  s’égoutter. 

Ou  en  prend  une  certaine  quantité  que  l’on  met  sur 
nne  pierre  à broyer,  ou  dans  un  grand  mortier  ; on  ajoute 
ensuite  un  peu  de  chaux  vive  en  poudre  : le  mélange  prend  , 
par  la  trituration,  et  dans  l’instant , une  couleur  bleue  très- 
vive.  La  quantité  de  chaux  que  l’on  emploie  est  de  sept  à 
dix  pour  cent  du  précipité. 

Si  le  précipité  est  trop  sec,  on  ajoute  une  très-petite 
quantité  d eau , afin  que  le  mélange  forme  une  espèce  de 
pâte  un  peu  liquide  et  facile  à broyer. 


Du.  Cuivre. 


HS 

Cette  substance  est  soluble  en  totalité  dans  les  acides  1 

f 7 

avec  effervescence  , et  il  6e  dégage  du  gaz  acide  carbo- 
nique ; ce  qui  prouve  qu’elle  en  absorbe  une  très-grande 
quantité  dans  sa  formation. 

Pelletier , à qui  l’on  doit  ce  procédé,  regarde  les 
cendres  bleues  comme  un  composé  de  carbonate  de  chaux 
fit  de  carbonate  de  cuivre. 

Il  est  difficile  d’avoir  des  résultats  comparables  à ceux 
.que  ce  chimiste  obtenoit , d’où  l’on  peut  présumer  qu’il  n’a 
pas  tout  dit  en  publiant  son  procédé. 

La  belle  cendre  bleue  d’Angleterre  lui  a donné  par 
l'analyse  5o  de  cuivre,  3o  d’acide  carbonique,  io  d’oxigène, 
7 de  chaux  et  4 d’eau. 

Le  nitrate  de  cuivre  présente  les  mêmes  phénomènes 
que  le  sulfate  quand  on  le  combine  avec  les  alcalis  ; mais  , 
<en  général  , les  précipités  ont  une  couleur  bleue  plus 
-belle. 

L’ammoniaque  redissout  le  précipité,  et  il  eu  résulte  un 
sel  triple , nitro-ammoniaco  de  cuivre. 

Les  hydro-sulfures  et  les  prussiates  produisent  les 
mêmes  phénpmènes  qu’avec  le  sulfate  de  cuivre. 

L’acide  sulfurique  décompose  le  nitrate  de  cuivre  , mais 
il  faut  qu’il  soit  très-concentré. 

La  plupart  des  sels  et  plusieurs  métaux  décomposent 
aussi  le  nitrate  de  cuivre. 

Après  avoir  fait  observer  que  l’on  obtient  un  précipité 
semblable  de  tous  les  sels  cuivreux  jettes  dans  une  lessive 
.de  potasse  caustique  qui  leur  enlève  tout  leur  acide , 
M-  Proust  le  nomme  hydrate  de  cuivre  , et  cherche  à 
prouver  , par  des  expériences  , que  c’est  une  combinaison 


Du  Cuivre.  5 '^ 

d'oxide  de  0,20  d’oxigène  et  d’eau.  Voici  les  faits  qui  l’ont 
conduit  à ce  résultat  et  à cette  dénomination. 

Ce  composé , d’un  bleu  assez  beau  , analogue  à celui 
de  la  cendre  bleue,  n’est  ni  sec  , ni  vraiment  pulvérulent: 
il  est  consistant  et  légèrement  gras  comme  le  bleu  de 
Plusse.  Etendu  sur  un  papier  et  chauffé,  il  perd  peu-à- 
peu  son  eau  constituante  , il  se  décolore  , tourne  au  vert , 
et  finit  par  se  changer  en  oxide  noir.  Quoiqu’inaltérable* 
dans  son  état  de  sécheresse , il  s’obscurcit  , se  décotnpose 
lentement  sous  l’eau , perd  de  sou  volume  , et  devient 
oxide  noir  : la  lumière  du  soleil  accélère  ’ celte  décompo- 
sition. Cent  parties  de  ce  composé  distillées  donnent  24 
parties  d’eau,  et  en  laissent  7 5 d’oxide  : ces  24  par- 
ties d eau  jettees  sur  1 oxide  au  sortir  de  la  cornue,  le 
mouillent  sans  le  faire  repasser  à l’état  bleu  prinjitif.  Il> 
est  dissoluble  dans  tous  les  acides  sans  effervescence-,  il 
devient  sel  au  minimum  d’acide  dans  les  dissolutions  des* 
sels  cuivreux  au  maximum  ; il  se  dissout  dans  la  potasse 
caustique  et  dans  le  carbonate  de  potasse;  il  dégage  l’am- 
moniaque du  muriate  ammoniacal  humide  , avec  lequel  ou 
le  broie  : il  se  dissout  facilement  dans  l’ammoniaque.  Les 
cendres  bleues  ne  sont  que  de  l’hjdrate  de  cuivre  obtenu 
par  la  chaux  : ce  composé  existe  vraisemblablement 

dans  les  mines  de  ce  métal.  M.  Proust  conclut  de  toutes 
ces  propriétés,  que  le  précipité  dont  il  est  ici  question 
est  un  composé  de  l’oxide  de  cuivre  avec  de  l’eau  dé- 
pouillée de  son  calorique  spécifique  , comme  elle  l’est 
toutes  les  fois  qu’elle  s’élève,  suivant  la  propre  expression 
de  l auteur,  de  l’état  de  simple  mélange  à celui  de  com- 
binaison. ‘ 

On  ne  peut  obtenir  la  dissolution  du  cuivre  dans  l’acide 


55 o Du  Cuivre. 

muriatique  , que  lorsqu’il  est  concentré  et  bouillant,  il  ne 
se  dégage  que  très-peu  de  gaz  hydrogène. 

On  peut  encore  obtenir  le  même  phénomène  en  jettant  de 
l’oxide  de  cuivre  dans  l’acide  muriatique  même  un  peu 
étendu  d’eau. 

Cette  dissolution  se  fait  de  la  même  manière  que  les 
précédentes;  elle  est  d’une  couleur  verte,  au  lieu  d’étre 
bleue. 

Si  l’on  fait  évaporer  la  dissolution  avec  les  précautions 
convenables,  on  obtient  des  cristaux  prismatiques  réguliers; 
mais,  le  plus  souvent,  ce  sont  des  aiguilles  très-petites  et 
fort  aigues  ; ils  sont  d’un  vert  de  pré  fort  agréable  : la  saveur 
est  caustique  et  très-astringente. 

Il  se  fond  à une  chaleur  douce,  et  il  se  prend  en  masse 
en  se  refroidissant. 

Evaporé  jusqu’à  siccité,  il  reste  une  masse  d une  cou- 
leur brune,  et  si  l’expérience  est  faite  dans  les  vaisseaux 
clos,  on  peut  obtenir  de  1 acide  muriatique  oxigéué;  ce  qui 
prouve  que  le  cuivre , dans  cet  état , contient  moins  d’oxi- 
gène. 

Ce  sel  attire  l’humidité  de  l’air. 

Les  réactifs  alcalins  employés  pour  le  sulfate  et  le  nitrate, 
produisent  les  mêmes  phénomènes. 

La  chaux  forme  avec  lui  une  belle  cendre  bleue. 

Les  acides  sulfurique  et  nitrique  le  décomposent  à l’aide 
de  la  chaleur;  les  dissolutions  nitriques  de  mercure  et 
d argent  le  décomposent  , et  sont  elles-mêmes  décom- 
posées dans  l’instant  du  mélange. 

INous  devons  encore  à M.  Proust  quelques  expériences 
sur  ce  sel. 

Après  avoir  purifié  et  cristallisé  le  sel  par  l'alcool , il  l’a 


décomposé  par  la  potasse  et  le  nitrate  d’argent  : la  première 
lui  a indiqué  la  proportion  d’oxide-,  le  second,  celle  de 
l’acide  muriatique.  Il  J a trouvé  4o  parties  d’oxide  noir  de 
cuivre,  24 d’acide  et  36  d’eau.  On  peut , suivant  lui,  distil- 
ler ce  sel  à sec  sans  lui  faire  éprouver  d’altération;  mais  , en. 
forçant  le  feu,  une  partie  de  son  acide  passe  en  acide  mu- 
riatique oxigéné-,  le  cuivre  est  ramené  de  0,23  d’oxidation 
à 0,17,  et  forme  un  muriate  blanc  particulier.  Le  muriate 
de  cuivre,  traité  avec  un  peu  de  potasse , donne  un  préci- 
pité vert  de  muriate  au  minimum  d’acide;  si  cet  alcali  pré- 
domine, on  obtient  l’oxide  bleu  que  M.  Proust  nomme 
hydrate  de  cuivre.  Ce  métal,  traité  par  l’acide  nitro-muria- 
tique , fournit  spontanément , en  poudre  verte , un  muriate 
au  maximum  d’acide  qui  contient,  suivant  ce  chimiste, 
79  parties  d’oxide  noir,  125  d’acide  muriatique,  8 £ d’eau. 

Le  muriate  de  cuivre  se  trouve  aussi  dans  la  nature,  mais 
avec  un  grand  excès  d’oxide.  Le  sable  vert  du  Pérou  en 
contient  d’après  les  analyses  de  Prusot  et  Klaproth. 

L’acide  muriatique  oxigéné  oxide  le  cuivre,  le  dissout 
sans  effervescence , mais  on  ne  connoit  point  de  muriate 
sur-oxigéné  de  cuivre. 

L’acide  phosphorique  concentré  et  bouillant,  a une  foible 
action  sur  le  cuivre;  il  faut  pour  l’obtenir  décomposer  les 
sulfate, nitrate  ou  muriate  de  cuivre  par  un  phosphate  alcalin- 
Le  phosphate  de  cuivre  qui  se  précipite  çst  d une  couleur 
bleue,  insoluble  dans  l’eau. 

L’acide  boracique  n’attaque  pas  le  cuivre  , mais  si  on  le  lui 
présente  à l’état  d’oxide , il  y a combinaison. 

Pour  obtenir  le  borate  de  cuivre  , on  doit  préférer  de 
verser  un  borate  alcalin  dans  un  sel  cuivreux  ; le  borate  de 
cuivre  se  précipite. 


û£>2  T) a Cuivre. 

L’acide  arsenique  s’unit  à l’oxide  de  ce  me'tal. 

On  prépare  cependant  ce  sel  plus  facilement  en  versant 
un  arseniate  de  potasse  dans  le  sulfate  de  cuivre. 

M.  Bournon  a reconnu  l’existence  d’arseniates  de  cuivre. 
Voyez  Journal  des  mines , n°.  61. 

Première  espèce;  Arseniate  de  cuivre  en  octaèdre  obtus. 
Deuxieme;  Arseniate  de  cuivre  en  lûmes  hexaèdres  d. 

bords  inclinés. 

Troisième;  Arseniate  de  cuivre  en  octaèdre  aigu,  il  y a 

cinq  variétés. 

Quatrième;  Arseniate  de  cuivre  prismatique  Iriedre. 

Il  y a longtems  que  l’on  a trouvé  l’arseniate  de  cuivre 
pour  la  première  fois  en  Cornouailles  , soit  dans  la  mine  de 
Carràrach,  paroisse  de  Gwennap,  soit  dans  celle  de  Tin- 
croft,  paroisse  d’Allogan.  Sa  gangue  étoit  quartzeuse , ainsi 
qu’elle  l’est  dans  presque  toutes  les  mines  de  cuivre  de  ce 
comté,  qui  existent  dans  une  x'oclie  granitique  attérée, 
dont  la  plus  grande  partie  du  feld-spatli  est  passée  à l’état 
argileux,  connu  sous  le  nom  de  kaolin.  Elle  y étoit 
accompagnée  de  mine  de  cuivre  vitreuse  grise , souvent  eu 
masses  assez  considérables , de  beaucoup  d’oxide  noir  de 
cuivre  et  de  divers  oxides  de  fer. 

Cet  arseniate  qui  s’étoit  montré  alors  avec  fort  peu  de 
profusion , avoit  cessé  d’exister  dans  ces  mines , lorsque 
celle  de  Huel  Gorlan  , nouvellement  mise  en  exploi- 
tation, est  venue  enrichir  de  nouveau  la  minéralogie 
de  cette  rare  substance.  La  gangue  y est  de  même  un 
quartz. 

On  ne  peut  obtenir  de  combinaison  avec  l'acide  carbo- 
nique qu’en  présentant  ce  inétal  & l’état  d’oxide;  c’cst  ce 
qu’on  nomme  carbonate  de  cuivre,  ou  malachite. 


Du  Cuivra. 


553 

Eu  général  tous  les  carbonates  métalliques  se  préparent 
en  décomposant  une  dissolution  de  métal , par  un  carbonate 
alcalin.  Ils  sont  tous  insolubles  dans  l’eau. 

Pour  faire  le  carbonate  de  cuivre,  on  fait  une  solu- 
tion de  sulfate  de  cuivre,  on  filtre,  on  y verse  une  solu- 
tion filtrée  de  carbonate  de  potasse , le  carbonate  de  cuivre 
■ 

se  précipite  en  bleu  , mais  il  passe  bientôt  au  vert  et  même 
au  gris. 

Si  r on  chauffe  ce  carbonate  dans  un  appareil  pneiimato- 
chimique,  on  le  décompose;  il  passe  du  gaz  acide  carbo- 
nique, et  il  reste  dans  la  cornue  un  oxide  brun  de  cuivre, 
si  l’on  a employé  sur  la  fin  une  chaleur  assez  forte. 

Si  1 on  remplit  exactement  d’ammoniaque  liquide  un 
flacon  contenant  un  peu  de  cuivre,  l’alcali  en  dissout  sans  se 
colorer  ; mais  aussitôt  que  la  liqueur  a été  exposée  à l’air, 
elle  se  colore  en  bleu. 

Le  muriàte  d’ammoniaque,  est  décomposé  par  le  cuivre. 

Pour  obtenir  cette  décomposition  à l’appareil  pneuraato- 
chimique,  on  prend  deux  parties  de  limaille  de  cuivre  , sur 
une  de  muriate  d’ammoniaque  très-pur  ; on  obtient  de 
l’ammoniaque  très-caustique , presque  toujours  colorée  en 
bleu. 

On  mêle  ensemble  du  muriate  d’ammoniaque  réduit  en 
poudre , avec  environ  un  60e.  de  son  poids  d’oxide  dé  cuivre. 
On  fait  sublimer  ce  mélange  dans  deux  terrines  placées  l’une 
6ur  1 autre,  on  lute  les  jointures  avec  des  bandes  de  papier 
enduites  de  colle  <3%  farine.  On  place  cet  appareil  dans  un 
fourneau  : ou  procède  à la  sublimation.  Tout  le  muriate 
d ammoniaque  se  volatilise  sans  être  décomposé , et  il 
entraîne  un  peu  d oxide  de  cuivre,  qui  lui  donne  une 
couleur  bleuâtre.  Cette  préparation  sc  nemmoit  dans  les 


554  Du  Cuivre. 

pharmacies  eus  Veneris  , fleurs  de  sel  ammoniac  cui- 
vreuses. 

Le  cuivre  paroît  décomposer  le  sulfate  d'alumine  ; 
mais  on  n’a  pas  encore  assez  examiné  le  résultat  de  cette 
expérience. 

Le  nitrate  de  potasse  oxide  le  cuivre , à cet  effet  crn  fait 
fondre  dans  un  creuset  du  nitrate  de  potasse-,  lorsqu’il  est 
fondu,  on  y projette  de  la  limaille  de  cuivre  : il  se  fait 
chaque  fois  une  légère  déflagration;  lorsqu’elle  est  passée, 
on  remet  une  nouvelle  dose  de  ce  métal,  et  on  continue 
jusqu’à  ce  qu’on  ait  employé  moitié  de  poids  du  sel.  On 
chauffe  ensuite  fortement  le  creuset  l’espace  de  dix  minutes  : 
on  ôte  le  creuset  du  feu , on  le  laisse  refroidir. 

Le  résidu  est  un  oxide  d’un  gris  un  peu  brun,  mêlé  avec 
la  potasse. 

On  le  lave;  l’eau  s’empare  de  l’alcali  qui  retient  un  peu 
de  cuivre , et  l’oxide  de  ce  métal  reste  pur. 

Cet  oxide  s’emploie  dans  la  peinture  en  émail. 

Si  on  le  fait  fondre  dans  un  creuset,  il  se  convertit  en 
verre  d’un  brun  foncé  et  opaque. 

11  sert  à imiter  le  corail  en  le  faisant  fondre  avec  le 

verre. 

Tout  le  mondo^connoît  les  usages  du  cuivre;  on  en  fait 
une  multitude  d’instrümens  et  d’ustensiles  : quelques-unes 
de  ses  combinaisons  sont  usitées  dans  les  arts  et  peu  en 
médecine. 


De  l'Argent, 


555 


CHAPITRE  XXIV. 

De 3 V Argent . 


L’argent  , appelé  p^  les  anciens  lune  ou  Diane , est 
un  métal  blanc,  sans  saveur  ni  odeur,  sonore. 

Il  est  très-ductile  et  tenace. 

Suivant  M.  Guyton,  sa  pesanteur  est  de  1 0,4743  sa 
dureté  l’a  fait  placer  entre  le  fer  et  l’or. 

On  le  bat  en  lames  aussi  minces  que  le  papier,  et  on  le 
réduit  en  fils  plus  fins  que  les  cheveux. 

M.  Haiij  distingue  cinq  espèces  de  mines  d’argent. 
Première;  Argent  natif , neuf  'variétés. 

Le  Pérou  et  le  Mexique  sont  les  parties  de  l’Amérique 
méridionale  où  la  nature  a répandu  l’argent  natif  avec  le  plus 
d abondance.  Il  existe  aussi  en  Europe  plusieurs  mines  du 
même  métal , parmi  lesquelles  on  distingue  celle  de  Kongs- 
berg  en  Norxvège,  et  celles  de  Freyberg,  de  Fur§temberg 
et  de  Johann-Georgenstadt , en  Allemagne.  On  a trouvé  , 
en  France  , de  1 argent  natif  à Allemont  et  à Sainte-Marie- 
aux-Mines. 

Deuxième;  Argent  antimonial , quatre  variétés. 

On  le  trouve  à Cassala , près  de  Guadalcanal , en  Espagne  ; 


556 


De  T Argent. 

à Vittichen  et  à Wolfacli , dans  la  principauté  de  Furs- 
temberg;  à Andreasberg  au  Hartz.  Ses  gangues  sont  la 
barite  sulfatée  et  la  chaux  carbonatée. 

II  j a aussi  de  l’argent  antimonial  arsenifère  et  ferrifère. 

Troisième-,  Argent  sulfuré , quatre  variétés. 

Cette  mine  se  trouve  à Freyberg  en  Saxe  ; à Joachims- 
thal  en  Bohême-,  à Schemnitz  en  ïfongrie;  à Kongsberg  en 
Norwège-,  à la  Valenciana  au  Mexique. 

Quatrième;  Argent  antimonié  sulfiAé , argent  rouge , 

quinze  variétés. 

Les  mines  les  plus  fameuses  d'argent  antimonié  sulfuré, 
sont  celles  de  Freyberg , en  Saxe  ; d’Andreasberg  au  Hartz; 
de  Schemnitz  en  Hongrie;  de  Joachimsthal  en  Bohême; 
de  Sainle-Marie-aux-Mines  en  France;  et  de  Guadalca- 
nal  en  Espagne. 

H y a aussi  l’argent  noir  y l’argent  minéralisé  par  le  soufre, 
l’arsenic  et  le  fer. 

Cinquième;  Argent  muriaté , muriaie  d’argent , deux 

variétés. 

Cette  mine  existe  à Johann-Georgenstadt  et  à Freyberg 
en  Saxe  ; à Guadalcanal  en  Espagne  ; au  Pérou,  au  Mexi- 
que, en  Amérique,  à Sainte*Marie-aux-Mines  en  France. 
On  en  a trouvé  en  Sibérie,  qui  servoit  de  support  à l’or 
natif.  . , . 


De  r Argent.  55  7 

ï/art  d’extraire  l’argent  de  ses  mines,  varie  selon  l’état 
dans  lequel  il  s’y  trouve. 

Lorsque  l’argent  est  à l’état  natif,  il  ne  s’agit  que  de 
séparer  la  gangue  par  la  trituration  et  le  lavage  à l’eau,  et 
fondre  avec  du  plomb  pour  s’emparer  de  tout  le  métal.  On 
réduit  ensuite  le  plomb  fen  litbarge  par  la  calcination  ; on 
enlève  la  litharge  à mesure  quelle  se  forme  à la  surface  du 
plomb  fondu,  et  l’argent  reste  seul  et  pur. 

Lorsque  l’argent  est  allié  au  cuivre,  ou  fait  fondre  7 5 
livres  de  cuiyi'e  avec  275  livres  de  plomb-,  on  coule  cet 
alliage  en  gâteaux,  qu’on  appelle  pains  de  liquidation.  On 
expose  ces  pains  a une  chaleur  suffisante  pour  fonçlre  le 
plomb,  qui  entraîne  avec  lui  l’argent  j le  cuivre  reste  criblé 
et  persillé  par  les  vides  qu’y  laissent  les  métaux  qui  s’en 
séparent.  Le  plomb  est  ensuite  traité  au  fourneau  de  cou- 
pelle. 

Lorsque  1 argent  est  minéralisé  par  le  soufre  ou  l’arsenic, 
on  grille  le  minerai,  on  le  pile  ou  bocarde,  on  le  lave  pour 
en  séparer  les  matières  terreuses  ou  pierreuses  que  l’eau 
entraîne  comme  moins  pesante  que  le  métal , et  on  fond  le 
résidu  avec  du  plomb.  ( Cliaptal). 

La  seule  manière  d’avoir  de  l’argent  pur,  beaucoup  plus 
pur  que  celui  de  coupelle,  est  celui  qu’on  retire  du  ihuriatc 
d argent.  T' oyez  muriate  d’argent. 

L’argent  rougit  avant  d’entrer  eu  fusion  • s’il  éprouve  un 
violent  coup  de  feu  , il  se  volatilise. 

Lorsqu’on  fait  refroidir  lentement  l’argent  fondu  , il 
forme  desdendrites  composées  de  petits  octaèdres  implantés 
les  unes  dans  les  autres  et  dont  l’assemblage  imite  une 
pyramide. 

L argent  s oxide  avec  la  plus  grande  difficulté , par  l’action 


558  De  V Argent. 

combinée  de  la  chaleur  et  de  l’air-,  mais  en  le  mettant  en 
contact  avec  Tétincelle  électrique,  cette  oxidation  se  fait 
plus  promptement. 

L’air  paroît  n’avoir  aucune  action  sur  ce  métal  ; cependant 
à la  longue  sa  surface  se  ternit. 

Il  n’y  a point  d’union  entre  l’azote,  l’hydrogène,  le  car- 
bone et  l’oxide  de  carbone;  mais  l’hydrogène  et  l’oxide  de 
carbone  décomposent  ses  oxides. 

Pour  opérer  la  combinaison  du' phosphore  avec  l’argent, 
on  fait  un  mélange  d’une  partie  de  verre  phosphorique  , 
d’une  demi-partie  d’argent  en  limaille  , et  on  y ajoute 
moitié  du  poids  de  l’argent  de  charbon  en  poudre.  Onin- 
troduit  le  tout  dans  un  creuset  que  l’on  place  dans  un  four- 
neau de  fusion,  où  on  lui  donne  demi-heure  de  feu. 

Lorsque  la  fusion  est  parfaite  , l’argent  paroît  au  fond  du 
creuset  en  bain,  et  il  s’en  dégage  de  petits  jets  de  phos- 
phore : on  retire  aussitôt  le  creuset,  et  on  le  porte  à lair, 
afin  de  le  refroidir  plus  promptement. 

Le  métal  cesse  bientôt  d’être  fluide,  et  il  sort  du  culot 
formé  quelques  jets  de  phosphore. 

L’argent  augmente  de  poids  , perd  de  sa  ductilité-,  il 
paroît*grenu  et  cristallisé,  et  se  brise  sous  le  marteau. 

L’argent  se  combine  facilement  au  soufre-,  pour  obte- 
nir cette  combinaison  , 011  stratifié  dans  un  creuset  des 
lames  d’argent  avec  du  soufre  sublimé  , en  commençant 
la  première  couche  avec  du  soufre,  et  finissant  la  dernière 
de  même.  On  couvre  le  creuset.,  on  le  place  entre  des 
charbons  ardens  , et  on  le  fait,  rougir  promptement  : l’ar- 
gent et  le  soufre  se  combinent-,  il  en  résulte  une  masse 
d'un  noir  violet,  beaucoup  plus  fusible  que  l’argent , 


De  V Ar sent. 

g» 

■cassante  et  disposée  en  aiguilles  : c’est  ce  qu’on  nomme 
argent  sulfuré,  ou  sulfure  d’argent  artificiel. 

On  peut  imiter  certaines  mines  d’argent,  en  ajoutant 
un  peu  d’arsenic  -,  la  masse  devient  rougeâtre  , et  imite  la 
mine  d’argent  rouge  native.  Le  sulfure  d’argent  artificiel 
se  décomposé  facilement  par  l’action  du  calorique  : le 
soufre  se  volatilise  et  l’argent  reste  pur. 

Le  sulfure  de  potasse  dissout  l’argent  par  la  voie  sèche* 

On  fait  fondre  ensemble , dans  un  creuset , une  partie 
d argent , et  trois  ou  quatre  parties  de  sulfure  de  potasse  j 
on  agite  le  mélangé  , et  lorsque  la  matière  est  bien  fon- 
due , on  la  coule  sur  une  pierre  unie  et  peu  graissée. 

On  peut  faire  dissoudre  la  matière  dans  de  l’eau , l’ar- 
gent reste  combiné  avec  le  sulfure  de  potasse  , et  passe 
avec  lui  à travers  le  filtre. 

Si  l’on  verse  un  acide  dans  cette  dissolution,  on  obtient 
un  précipité  noir  d’argent  sulfuré. 

On  met  dans  une  bouteille  de  l’hydro-sulfure  de  po- 
tasse liquide,  on  y ajoute  des  feuilles  d’argent  : bientôt 
elles  prennent  une  couleur  noire  -,  le  soufre  quitte  l’alcali , 
pour  s’unir  au  métal  et  le  minéraliser. 

Les  corps  combustibles  ont  une  action  plus  ou  moins 
marquée  sur  l’argent  , le  gaz  hydrogène  sulfuré  , les  va- 
peurs animales  fétides , l’urine  putréfiée,  des  œufs  pour- 
ris , etc. 

Dès  qu’on  met  de  l’argent  en  contact  ayec  ces  corps, 
il  acquiert  une  couleur  bleue  ou  violette  , tirant  sur  le  noir. 

L argent  s allie  avec  presque  tous  les  métaux  : avec 
1 arsenic  , on  obtient  un  alliage  aigre  et  cassant , jaumàtre 
en  dehors  , et  gris  obscur  à l’intérieur  en  l’exposant  au 
feu  j 1 arsenic  se  sublime,  et  l’argent  reste  pur. 


55^ 


£»Go  De  ï Argent. 

On  ignore  les  propriétés"  de  cet  alliage. 

Cronstcdt , qui  a fait  beaucoup  d’expériences  sur  cet 
objet  , dit  que  l’argent  et  le  nickel  ne  se  confondent  point, 
mais  se  placent  l’un  à côté  de  l’autre. 

Le  cobalt  ne  s’allie  que  très-difficilement  à l argent. 

Geller  dit  avoir  fait  fondre  ensemble  de  l’argent  avec 
du  bismuth.  Il  obtint  un  alliage  très-fragile  , d’une  cou- 
leur moyenne,  entre  le  bismuth  et  l'antimoine,  et  qui 
nvoit  plus  de  pesanteur  spécifique  que  les  métaux  pesé* 
avant  leur  alliage. 

L’argent  se  fond  avec  l’antimoine-,  on  chauffe  ces  deux 
métaux,  d’où  résulte  un  alliage  de  couleur  d’antimoine, 
ët  qui  est  très -fragile. 

L’argent  décompose  le  sulfure  d'antimoine,  une  partie 
de  1 argent  s’unit  au  soufre  , tandis  qU  une  autre  se  com- 
bine en  même  tems  à l’antimoine  : autrefois  , ce  dernier 
étoit  appelé  , dans  les  pharmacies , régule  d’ antimoine 
lunaire.  » 

L'argent  s’unit  au  mercure  avec  beaucoup  de  facilité. 

On  met  dans  un  mortier  de  marbre  une  partie  de 
feuilles  d'argent,  et  sept  de  mercure;  on  triture  ces  ma- 
tières avec  un  pilon  de  verre  : il  résulte  uu  amalgame 
d'une  consistance  peu  solide. 

On  peut  encore  employer  de  1 argent  en  limaille  très- 
fine-,  dans  ce  cas , on  le  triture  dans  un  mortier  chaud, 
avec  le  mercure. 

Cet  amalgame  est  susceptible  de  prendre  une  forme 
régulière  par  la  fusion , et  le  rçfrpi discernent  lent.  Le 
mercure  prend  une  sorte  de  fixité  dans  cette  combinaison; 
car , il  faut , pour  le  séparer  de  l argent,  uu  degré  de  cha- 


&e  l’Argènt. 


« - ° t 

i'"r  f'“s  ‘«“‘lérable  que  celui  qui  est  nécessaire 
le  volatiliser  seul.  ' uecessaire  pou? 

Quand  on  veut  unir  IWent  an  . 

ces  deux  substances  ensemble  , ou  obden’t  2 1^2 
gie,  rempli  de  grains  à sa  surface.  8 

Avec  l'étain,  on  obtient  un  alliage  fragile , s'apetissant 
peu  sons  le  ,nartea„.  En  général , on  conuoit  peu  ,es  ni 
pnetes  de  cet  alliage,  on  sait  seulement  que  l'argent  perd 
de  sa  ductilité  par  l'étain.  8 P “ 

Le  plomb  allié  à l'argent,  le  rend  très-fusible,  et  lui 
Me  son  élasticité  et  sa  qualité  sonore. 

On  s’en  sert  avec  avantage  pour  séparer  les  métaux 

.pelJôn*  'a8M’  Pr  U“e  0pérati011  <‘U'°n  «— 

La  eoupellation  est  une  onératîn» 
j . . r.  e operation  qui  a pour  ohiet  la 

tüetermination  exacte  de  la  auantifé  V 
il-»  , , quantité  d or  ou  dardent 

allies  ensemble  on  à d'autres  métaux. 

j:riréd"' cm  prend  “• ï^^e  du 

métal  allie , dont  on  veut  connoître  le  titre  : autre- 
fois , cette  quantité  étoit  de  trente-six  grains  ou'on  a 
peloit  semelle;  mais,  aujourd'hui,  on  Pa  réduite  à un 

qiamme , qui  est  l'unité  de  poids  du  nouveau  svstènr" 
et  qui  représente  iS,84i  grains.  J 

Les  substances  qu’on  emploie  à la  séparation  des  mé- 

e bismuth  n arSent . - le  plomb  et 

e nismutn  ; cependant,  ce  dernipr  Q „ i . 

liens  V >r  ’ fermer  a quelques  mconvé- 
nens  qui  1 ont  fait  abandonner. 

Peur  mieux  concevoir  les  effets  de  ces  métaux  dans  la 
‘OU pellation  , i,  fa„,  d'abord  savoir  que  le  plomb  sur  , “ 

“ MeU1  ***-«•.  facile  à oxiderP,  dont  ,'ox^' 


36 


56î 


De  l’Argent. 

par  sa  propriété  fondante  , vi  tri  fiable , et  pénétrante  a 
travers  tous  les  corps  , favorise  l’oxigenation  et  la  vitrili- 
cation  du  cuivre , métal  le  plus  communément  uni  a 
l’or  et  à l’argent. 

Ce  n’est  pas  assez  de  savoir  qu’il  faut  du  plomb  pour 
enlever  le  cuivre  à l’or  et  à l’argent , il  est  nécessaire  de 
déterminer  , au  moins  d’une  manière  approchée,  la  quan- 
tité la  p us  convenable  de  ce  métal  ; car  elle  doit  augmen- 
ter dans  une  certaine  raison  avec  le  cuivre.  Ce  moyen 
est  donné  par  l’habitude  et  le  tâtonnement  -,  c’est  ordi- 
nairement par  la  couleur , la  pesanteur , le  son  et  1 élas- 
ticité , et  sur-tout  par  le  changement  de  couleur , que  le 
métal  prend  par  la  chaleur  rouge,  que  Ion  juge  à-peu- 
près  de  son  titre  , et  que  1 on  établit  la  dose  de  plomb  a 
employer  ; la  résistance  qu  il  oppose  a la  lime,  et  la  cou- 
leur que  prend  la  surface  limee , sont  encore  des  indices 
bons  à consulter  , et  celui  qui  a de  l’exercice  dans  ce  genre 
de  travail , ne  se  trompe  pas  d’une  grande  quantité. 

Si  le  métal  allié  (de  l’argent  , par  exemple),  contient 
Un  vingtième  de  cuivre  , il  faudra  employer  quatre  fois 
et  demi  autant  de  plomb  que  de  métal  allié  ; mais  s il  en 
contient  0,20,  il  faudra  en  metlre  au  moins  onze  parties.  T a 
quantité  de  plomb  doit  augmenter  comme  le  métal  chan- 
ger; de  là,  il  suit  que  quelquefois  il  arrive  qu  on  est 
obligé  de  11’opérer  que  sur  le  demi-gramme,  lorsque  1 ar- 
gent est  tellement  chargé  de  cuivre  , qu  il  exige  quinze 
ou  seize  parties  de  plomb,  par  exemple,  a moins  quon 
n’emploie  dans  celte  circonstance  des  coupelles  deux  à 
trois  fois  plus  grandes  que  pour  l’argent  , qui  ne  contient 
qu’un  vingtième  de  cuivre  ; car  les  coupelles  ne  peuvent 
guère  absorber  plus  de  parties  égales  à leur  poids  d oxid« 


De  l ud rgenl.  £63 

de  plomb  ; et  alors  le  surplus  resteroit  à la  surface  de 
la  coupelle  ou  du  bain , ce  qui  seroit  un  inconvénient. 

Lors  donc  que  la  quantité  de  plomb  nécessaire  pour 
la  coupellation  de  l’espèce  d’argent  dont  on  veut  con- 
noître  le  litre , a été  approximée  par  les  moyens  indiqués 
plus  haut  , ou  place  la  coupelle  dans  la  moufle  du  four- 
neau-, on  charge  ce  dernier  , et  quand  on  juge  que  la  cha- 
leur est  suffisamment  élevée  , ce  qui  a lieu  ordinairement 
au  bout  d’une  heure  , et  ce  qu’on  reconnoît  au  rouge  légè- 
rement blanc  des  coupelles,  on  y met  le  plomb.  Dès  qu’il 
est  découvert  , et  que  sa  surface  est  bien  brillante,  on  y 
place  avec  soin  , à l’aide  d’une  pincette , l’argent  enve- 
loppé dans  un  cornet  de  papier  : si  le  plomb  est  suffisam- 
ment chaud,  l’argent  se  fond  promptement,  la  matière 
se  découvre  et  s’éclaircit  -,  I on  voit  se  former  des  points 
plus  lumineux  que  le  reste  de  la  matière  , se  promener 
sur  la  surface  , et  tomber  vers  la  partie  inférieure  ; une 
fumée  s’élève  et  serpente  daus  l’intérieur  de  la  moufle. 
A mesure  que  la  coupellation  avance  , la  matière  s’arron- 
dit davantage,  les  points  brillans  deviennent  plus  grands  , 
et  sont  agités  d’un  mouvement  plus  rapide. 

Il  est  toujours  utile  quç^  l’essai  soit  plus  chaud  au  com- 
mencement de  l’opération  , sur-tout  s’il  est  à un  titre  bas  ; 
mais  il  est  dangereux  que  la  chaleur  soit  trop  élevée  sur 
la  fin  v on  le  finit  ordinairement  ’ à 8°  de  Wedgwood.  II 
faut , lorsque  les  deux  tiers  environ  de  l’essai  sont  passés  , 
rapprocher  la  coupelle  sur  le  devant  du  fourneau,  de 
sorte  qu  il  nait  justement  que  la  chaleur  nécessaire  pour 
bien  présenter  tous  les  signes  de  l’éclair  : on  appelle  ainsi, 
ou  encore  , fulguration  , doruscation , le  mouvement  ra- 
pide dont  est  agité  le'  botiton  lorsque  les  dernières  portions 


564  De  l’Argent. 

de  plomb  s’évaporent , et  qu’il  présente , sur  la  surface  , 
des  rubans  colorés  de  toutes  les  nuances  de  l’iris.  On  re- 
connoît  que  l’essai  est  bien  passé , lorsque  le  bouton  de 
retour  est  bien  arrondi  , qu  il  est  blanc,  clair  et  cristallisé 
en  dessus , enfin  qu’il  se  détache  facilement  de  la  coupelle 
lorsqu’il  est  froid. 

Cependant,  comme  ils  est  très-difficile,  à moins  quon 
n’ait  une  très-grande  habitude,  de  saisir  ce  degré  de  cha- 
leur convenable  pour  l’essai  de  tel  ou  tel  argent  , il  est 
toujours  sage  d’en  faire  deux  essais,  qu’on  a soin  de  placer 
aux  deux  côtés  de  la  moufle  , afin  que  les  causes  de  dé- 
perdition qui  pourroient  agir  sur  l’un  n influent  pas  sur 
l’autre,  et  que  l’on  puisse  conséquemment  avoir  une  ga- 
rantie de  la  justesse  de  l’opération;  si  les  deux  boutons 
sont  égaux  , ou  s’ils  ne  diffèrent  que  d un  millième  , par 
exemple  , on  peut  regarder  l’opération  comme  ayant  été 
bien  faite;  mais,  s’il  y avoit  plusieurs  millièmes,  il  fau- 
drait la  recommencer  jusqu’à  ce  qu’on  fût  parvenu  à cette 
précision  indispensable  , et  s’il  s’agit  sur-tout  de  prononcer 
6ur  le  titre  d’une  grande  masse  d argent , et  d en  garantir 
le  titre  par  l’application  d’un  paraphe. 

Il  n’est  pas  nécessaire  d’avertir  qu  il  faut  peser  , avec 
beaucoup  d’exactitude  , l’argent  que  I on  soumet  à 1 essai  , 
car  la  moindre  négligence  pourrait  apporter  plusieurs 
millièmes  en  plus  ou  en  moins.,  ce  qui  deviendrait  d une 
conséquence  assez  considérable  sur  de  grandes  quantités 
de  matière  : il  n’est  pas  moins  important  de  ne  pas  em- 
ployer dans  la  pesée  dp  trop  petits  fragmens  de  matière  , 
parce  qu’ils  peuvent  s’échapper  sans  qu’ou  s en  apperçoive 
en  les  enveloppant  dans  le  papier,  ou  lorsqu’on  place  le 
cornet  dans  la  coupelle  , par  le  courant  d air  et  le  pétil- 


De  l’Argent.  565 

lement  qui  a lieu  quelquefois  lorsque  le  papier  s’en- 
flamme. 

La  pureté  du  plomb  n’est  pas  une  chose  dont  la  consi- 
dération doive  être  négligée;  on  conçoit,  en  effet,  que 
s il  conlenoit  des  quantités  notables  d’argent,  comme  cela 
arrive  souvent  , il  apporteroit  à la  matière  une  quantité 
de  fin  qui  n y existoit  pas.  Une  remarque  qu’il  ne  faut 
jamais  perdre  de  vue,  c’est  qu  en  général,  lorsque  l’ar- 
gent est  a un  bas  titre  , il  a besoin  d’une  chaleur  plus 
forte,  dans  le  commencement  sur-tout,  que  l’argent  fin; 
celui-ci,  au  contraire,  exige  tout  au  plus  une  partie  et 
demie  de  plomb,  et  demande,  en  même  tems  , moins 
de  chaleur  vers  la  fin  de  la  coupellation  principalement. 

1 els  sont  les  principes  que  l’on  doit  suivre  pour  exé- 
cuter avec  précision  , l’opération  de  la  coupellation  de 
l’argent. 

On  n’a  point  encore  examiné  avec  soin  l’alliage  du  fer 
avec  l’argent.  W allérius  prétend  que  si  on  allie  à parties 
égales  , l’argent  avec  le  fer  , l’alliage  a presque  la  même 
couleur  que  l’argent;  il  est  plus  dur,  plus  roide,  assez 
ductile  et  altirable  à l’aimant. 

L’argent  s’allie  au  cuivre  dans  toutes  proportions. 

Le  cuivre  , uni  à l’argent  jusqu’à  parties  égales  , n’en 
altère  pas  bien  sensiblement  la  couleur. 

Le  cuivre  doune  beaucoup  de  corps  , de  roideur  et  d’é- 
lasticité à 1 argent , ên  diminuant  considérablement  sa 
ductilité. 

C’est  le  cuivre  qu’on  choisit  pour  allier  l’argent  destiné 
à faire  la  vaisselle  et  les  monnoies  : sans  cet  alliage , l’ar- 
gent n’auroit  pas  assez  de  dureté  pour  résister  aux  diffé- 
rens  usages. 


566  De,  V Argent. 

L’argent  est  moins  altérable  et  moins  dissol  uLIe  paf 
les  acides  que  la  plupart  des  métaux  précédens. 

Si  l'acide  sulfurique  n’est  pas  concentré  et  bouillant  y 
il  attaque  peu  l’argent.  Dans  ce  cas  , l’acide  se  décom- 
pose , il  y a dégagement  de  gaz  acide  sulfureux  ; 1 ar- 
gent est  alors  réduit  en  une  matière  hlancbe  sur  laquelle 
il  faut  verser  de  nouvel  acide , si  on  veut  l’avoir  en  dis- 
solution. 

En  faisant  évaporer  la  dissolution  d’argent  par  1 acide 
sulfurique , on  obtient  un  sel  avec  excès  d acide  , sous 
forme  de  petites  aiguilles  , très-àcre  et  très-caustique. 

Ce  sulfate  se  fond  au  feu,  s’y  décompose  j il  se  dégage 
de  l'acide  sulfureux,  ensuite  du  gaz  oxigène  et  1 argent  reste 
pur. 

Si  l’on  verse  dans  une  dissolution  de  ce  sel  , de  la  po- 
tasse ou  tout  autre  alcali , on  a un  précipité  que  I on  peut 
réduire  sans  addition  dans  les  vaisseaux  fermés. 

Il  est  aussi  décomposable  par  le  fer,  le  cuivre,  le  zinc,  le 
mercure  j etc. 

Les  hydro-sulfures  précipitent  l’argent  de  sa  dissolution; 
sulfurique  en  un  beau  noir. 

L’acide  muriatique  , ainsi  que  tous  les  muriates  oui  la 
propriété  de  décomposer  ce  sel. 

Point  d’action  de  la  part  de  l’acide  sulfureux  sür  l’ar- 
gent, il  n’agit  que  sur  son  oxide. 

Quand  on  veut  avoir  une  dissolution  nitrique  d’argent 
très-pure,  il  faut  se  servir  d’argent  de  coupelle,  ou  mieux  de 
l’argent  obtenu  par  réduction  du  muriate  d’argent;  sans 
cette  précaution  , l’acide  nitrique  se  colore  en  bleu  ou  en 
vert , ce  qui  indique  qu’il  contient  du  cuivre. 

Il  est  encore  essentiel  de  counoitre  la  pureté  de  l’acide 


De  l'Argent.  56} 

nitrique , car  s’il  contient  de  l’acicle  sulfurique  ou  mu- 
riatique, il  se  forme  un  précipité  blanc  plus  ou  moins 
abondant. 

Pour  faire  cette  dissolution,  il  faut  se  servir  d’un  matras 
dune  grande  capacité,  car  l’action  de  l’acide  nitrique  sur 
l'argent  est  très-vive-,  il  se  dégage  beaucoup  de  gaz  nitreux, 
même  sans  le  secours  du  calorique. 

Lorsque  la  dissolution  est  très-chargée  , elle  dépose  des 
cristaux  minces,  brillans,  semblables  a 1 acide  boracique  , 
c’est  le  nitrate  d’argent. 

Si  l'on  n’obtient  pas  de  cristaux  par  refroidissement,  on 
fait  évaporer  la  dissolution  dans  une  capsule  de  verre  au 
bain  de  sable-,  elle  fournit  alors  des  cristaux  plats  qui  sont 
ou  hexagones  , ou  triangulaires,  ou  carrés,  et  qui  paroissent 
fo  més  d’un  grand  nombre  de  petites  aiguilles  posées  les 
unes  à côté  des  autres. 

Il  a une  saveur  acide,  il  est  si  caustique  qu’il  tache  lepi- 
derme  en  noir,  et  le  corrode  entièrement. 

Ce  nitrate  est  promptement  altéré  par  la  lumière,  et 
noirci  par  les  vapeurs  sulfureuses. 

Si  l’on  met  du  nitrate  d’argent  sur  des  charbons,  il  fuse 
et  détonne -,  l’acide  nitrique  se  décompose,  et  il  reste  une 
lame  d’argent  très-mince , appliquée  sur  les  charbon?. 

Si  l’on  frotte  cette  lame  avec  un  couteau,  l’argent  se  bru- 
nit et  reprend  son  brillant  métallique. 

Si  l’on  fait  cette  décomposition  dans  une  cornue , à l’ap- 
pareil pneumato-cliimique , on  obtient  d’abord  de  l’acide 
nitrique , du  gaz  oxigène , eusuite  du  gaz  nitreux , et  l’argent 
reste  àl  état  métallique. 

Pour  obtenir  le  nitratoîd’argcnt  fondu,  ou  pierre  infer- 


163 


fie  V Argent. 

nale  des  pharmacies , on  peut  se  servir  (Tune  dissolution 
intriqué  d’argent  au  lieu  de  nitrate  cristallisé. 

A cet  effet,  on  fait  évaporer  jusqu  à siecité  une  dissolu- 
tion d argent  par  l’acide  nitrique  : alors  on  met  cette  matière 
dans  un  creuset  de  platine  ou  dans  une  fiole  de  verre  dont 
la  surfaceestenduite , jusqu’aux  trois  quarts,  de  terre  jaune. 

i»  1 on  n emploie  pas  de  l’argent  pur,  il  faut  faire  cristal- 
iser  le  nitrate  d’argent,  le  dissoudre  et  cristalliser  de  nou- 
veau. On  sépare  les  eaux  mères  qui  son t bleues , et  l’on  fait 
se  cher  le  nitrate  sur  du  papier  joseph,  dans  lequel  s’imbibe 
le  nitrate  de  cuivre,  à cause  de  sa  déliquescence. 

, Le  ,Seî  Commence  par  se  boursouffler  en  se  liquéfiant  r 
c est  1 eau  de  cristallisation  qui  s’évapore,  ensuite  bouil- 
lonne. Lorsque  tous  ces  phénomènes  cessent,  la  matière 
reste  dans  une  fonte  tranquille,  on  la  coule  dans  une  lingo- 

ùere  préalablement  graissée  , on  lui  donne  ainsi  la  forme  de 
petits  Cylindres. 

La  pierre  infernale  a une  couleur  grise,  blanchâtre, 
sur-tout  si  on  ne  l’a  pas  tenue  trop  longtems  sur  le  feu. 

Si  l’on  casse  des  cylindres  de  pierre  infernale,  on  observe 
qu’ils  sont  formés  d’aiguilles  qui  partent  en  rayons  du 
centre  à la  circonférence. 

Le  nitrate  d’argent  très-pur  et  bien  cristallisé,  n’attire 
pas  1 humidité  de  l’air. 

Ce  sel  est  très-soluble  dans  l’eau  ; deux  parties  d'eau 

en  dissolvent  une;  l’eau  bouillante  en  dissout  presque  son 
poids. 

Les  matières  terreuses  et  alcalines  ont  la  propriété  de 
décomposer  le  nitrate  d’argent,  les  alcalis  fixes  le  décom- 
posent en  partie,  et  forment  un  précipité  gris  qui  est  l'oxide 
daigent.  Cet  oxide  est  sensiblement  soluble  dans  l’eau. 


De  l’Argent.  5fi9 

L’ammoniaque  n’y  occasionne  que  très-peu  de  précipite', 
qu’il  redissout  même  quand  on  en  ajoute  en  excès  : il  se 
produit,  dans  ce  cas,  un  sel  triple  ammoniaco  d’argent. 

Celte  action  donne  naissance  à une  préparation  très- 
singuliere,  appelée  argent  fulminant , ou  oxide  d’argent 
ammoniacal . 


Pour  l’obtenir,  on  prend  de  l’argent  à douze  deniers,  on 
le  dissout  dans  de  l’acide  nitrique  très-pur,  on  le  précipite 
ensuite  par  1 eau  de  chaux;  on  filtre  et  on  laisse  sécher  le 


précipité  pendant  trois  jours  à l’air  ou  au  soleil,  sur  un 
papier  gris,  qui  absorbe  toute  l'eau  et  le  nitrate  calcaire. 


On  verse  ensuite  sur  cet  oxide  desséché  de  l'ammo- 
niaque bien  pure  : il  se  produit  un  pétillement  semblable 
à celui  de  l’extinction  de  la  chaux  vive  dans  l’eau;  l’am- 
moniaque ne  dissout  qu’une  partie  de  ce  précipité  : en 
laissant  reposer  le  mélange  pendant  dix  à douze  heures , 
il  se  forme  à sa  surface  une  pellicule  brillante  qu’on  redis- 
sout avec  de  nouvelle  ammoniaque , et  qui  ne  paroît  pas  si 
l’on  met  beaucoup  de  cet  alcali  dès  la  première  fois  : on 
décante  la  liqueur;  et  l’on  dépose  sans  secousse  le  préci- 
pité noir  qui  en  occupe  le  fond,  sur  de  petits  morceaux 
de  papier  gris,  où  on  le  distribue  de  manière  à ce  qu’il  soit 
peu  abondant  sur  chacun.  Ce  précipité  encore  humide  ful- 
mine avec  violence,  quand  on  le  frappe  avec  un  corps  dur; 
s il  est  sec,  il  suffit  de  le  toucher  ou  de  le  frotter  légèrement 
pour  le  faire  fulminer. 

La  liqueur  décantée  de  dessus  ce  précipité,  chauffée 
dans  une  cornue  de  verre,  fait  effervescence,  donne  du 
gaz  azote,  et  se  remplit  bientôt  de  petits  cristaux  opaques, 
bnllans  , comme  métalliques,  qui  fulminent  quaud  on  les 
touche,  quoique  couverts  de  liqueur»  et  qui,  d’après 


5 7 o De  l’Argent. 

l'observation  de  M.  Fourcroy , brisent  même  souvent  les 
vaisseaux  avec  violence. 

Il  faut  prendre  les  plus  grandes  précautions  pour  la 
préparation  de  cet  oxide  , car  il  détonne  avec  une  facilité 
extrême. 

Cette  détonnation  est  due  à la  décomposition  de  l'am- 
moniaque et  de  b oxide  , car  l’hydrogène  de  1 ammoniaque 
se  combine  avec  l’oxigène  de  .1  oxide,  et  1 azote  se  dégagé. 
C’est  à M.  Berthollet  que  l’on  doit  cette  expérience. 

M.  Howard  a annoncé  avoir  découvert  un  argent  dé- 
tonnant qu'il  prépare  de  la  même  manière  que  le  mercure 
fulminant. 

M.  Figuier , de  Montpellier,  a indiqué  depuis  un  autre 
procédé  ; il  consiste  à faire  dissoudre  100  grains  d’argent 
dans  4 onces  d’acide  nitrique  à 3a°,  au  bain  de  sable,  à 
verser  dans  la  dissolution  encore  chaude  4 oneçs  d alcool, 
qui  donne,  au  bout  de  quelque  tems,  un  précipité  blanc, 
cristallin  que  l’on  fait  sécher  à l’ombre. 

M.  Descostils  a décrit  les  caractères  de  cette  substance, 
il  lui  a reconnu  les  propriétés  suivantes  : peu  altérable  à la 
lumière-,  s’enflammant  avec  détonnation  vive  par  la  chaleur , 
parle  choc  et  par  l’étincelle  électrique  ; peu  soluble  dans 
l’eau;  s’enflammant  par  l’acide  sulfurique  concentré-,  dé- 
composée par  l’acide  muriatique  d’où  on  peut  en  retirer  0,7  r 
d’argent  métallique.  L’acide  nitrique  le  décompose  à laide 
de  l’ébullition,  et  le  convertit  en  nitrate  d'argent  et  en 
nitrate  d’ammoniaque.  L'hydrogène  sulfuré  y forme  un 
sulfure  d’argent  ; 1 ammoniaque  et  la  matière  végétale 
restent  dans  la  liqueur.  On  en  précipite  par  la  potasse  de 
l’oxide  noir  d’argent,  et  on  en  dégage  de  l'ammoniaque. 

Il  tue  promptement  les  animaux,  et  pareil  être  un  des 


De  V Argent.  5-j  r 

poisons  les  plus  violeas  que  nous  présentent  les  combi- 
naisons métalliques. 

Plusieurs  acides  décomposent  le  nitrate  d’argent;  si 
l’on  met  dans  un  verre  de  la  dissolution  d’argent  par 
l’acide  nitrique  , on  verse  goutte  à goutte  de  l’acide  sulfu- 
rique : il  se  fait  sur-le-champ  un  précipité  blanc  pulvé- 
rulent , c’est  un  sulfate  d’argent.  Les  sulfates  produisent  le 
même. effet. 

L’acide  muriatique  et  ses  combinaisons  présentent  des 
phénomènes  analogues. 

Si  l’on  verse  un  hydro-sulfure  dans  une  dissolution  de 
nitrate  d’argent,  l’argent  est  précipité  en  noir. 

La  plupart  des  matières  métalliques  sont  susceptibles  de 
décomposer  la  dissolution  nitrique  d’argent.  La  sépara- 
tion de  ce  métal  par  le  mercure  , à cause  du  phénomène 
qu’il  présente,  a été  appelée  arbre  de  Diane. 

On  conuoît  plusieurs  procédés. 

Lémerj  a prescrit  une  partie  d’argent  fin  dissous  dans 
de  l’acide  nitrique  foible  ; on  étend  ensuite  cette  dissolu- 
tion avec  environ  vingt  parties  d’eau  distillée,  et  on  y 
ajoute  deux  parties  de  mercure. 

» 

Hombcrg  a conseillé  de  faire  un  amalgame  à froid  do 
quatre  parties  d’argent  en  feuilles  avec  deux  parties  de 
mercure  ; de  dissoudre  ensuite  cet  amalgame  dans  une 
suffisante  quantité  d’acide  nitrique  , et  de  délayer  la 
dissolution  dans  3.1  fois  le  poids  des  métaux  d’eau  dis- 
tillée. 

Si  l’on  met  dans  cette  liqueur  une  petite  boule  d’un 
amalgame  d’argent  mou  , la  précipitation  de  l’argent  a lieu 
presque  sur-le-champ. 

Baume  a décrit  un  procédé  qui  réussit  plus  sûrement. 


î>75  De  l'Argent. 

On  mêle  ensemble  six  parties  de  dissolution  d’argent, 
quatre  de  dissolution  de  mercure , toutes  deux  faites  par 
l’acide  nitrique  et  parfaitement  saturées.  Ou  leur  ajouLe 
un  peu  d’eau  distillée,  ou  met  ce  mélange  dans  un  vase 
conique,  dans  lequel  on  a mis  auparavant  six  parties  d’un 
amalgame  fait  avec  sept  parties  de  mercure  , et  une  partie 
d’argent. 

Au  bout  de  quelques  heures  , il  se  fait  à la  surface 
de  la  petite  masse  d’amalgame,  une  végétation  en  forme 
de  buisson. 

Le  mercure  contenu  dans  la  dissolution , attire  celui  de 
l’amalgame  , l’argent  contenu  dans  cette  dernière  , agit 
aussi  sur  celui  qui  est  tenu  en  dissolution,  et  il  résulte  de 
ces  attractions  une  précipitation  plus  prompte  de  largent. 
Le  mercure  qui  fait  partie  de  l’amalgame  étant  plus  abon- 
dant qu  il  ne  seroit  nécessaire  pour  précipiter  l argent  de 
la  dissolution , produit  encore  un  troisième  effet , c’est 
qu’il  attire  l’argent  par  l’affinité  et  la  tendance  qu’il  a à 
se  combiner  avec  ce  métal. 

L’argent  précipité  par  le  cuivre , est  une  opération 
qu’on  pratique  le  plus  souvent  dans  les  atteliers  monétaires 
et  dans  ceux  des  orfèvres. 

On  met  dans  un  vase  de  verre  de  la  dissolution  d’ar- 
gent. On  l’affoiblit  avec  son  poids  égal  d’eau  distillée  : on 
plonge  dans  cette  dissolution  des  lames  de  cuivre;  largent 
se  sépare  sur-le-champ  en  flocons  d’un  gris  blanchâtre.  On 
lave  ce  précipité  à plusieurs  eaux  : on  le  fond  avec  du 
salpêtre  dans  un  creuset,  ou  on  le  passe  avec  du  plomb  à 
la  coupelle  , pour  en  séparer  une  portion  de  cuivre  qui  s'y 
trouve  presque  toujours  unie. 


De  V Argent.  5^5 

L’argent  que  fournit  cette  operation  est  ordinairement 
très-pur. 

Si  l’on  verse  dans  une  dissolution  de  nitrate  d’argent  de 
l’arseniate  de  potasse , l’argent  se  précipite  en  s’unissant 
à l’acide  arsenique,  et  prend  une  couleur  rougeâtre  qui 
imite  la  mine  d’argent  rouge. 

Lorsque  la  dissolution  d’argent  n’est  pas  parfaitement 
saturée,  il  n’y  a pas  de  précipité. 

L’acide  muriatique  n’a  aucune  action  sur  l’argent  à l’état 
de  métal  -,  mais  il  s’unit  à son  oxide. 

Pour  se  procurer  le  muriate  d’argent  , on  décompose 
le  nitrate  par  l’acide  muriatique , ou  par  le  muriate  de 
soude. 

Le  précipité  blanc  qui  se  forme  sur-le-champ,  est  le  mu- 
riate d’argent. 

Si  l’on  verse  de  l’acide  muriatique  oxigéné  sur  des 
feuilles  d’argent,  l’argent  s’oxide  aux  dépens  de  l’oxi- 
gène  de  l’acide  muriatique  oxigéné.  L’oxide  formé  se  com- 
bine ensuite  avec  l acide  muriatique. 

Le  seul  contact  de  la  lumière  fait  brunir  le  muriate. 

Exposé  sur  un  feu  doux  dans  une  fiole,  il  se  fond  en 
une  substance  grise  demi  - transparente , assez  semblable 
à de  la  corne  -,  c’est  pour  cela  qu’on  l’a  appelé  lune 
cornée. 

Ce  muriate  se  sublime  en  partie,  et  si  l’on  le  chauffe  for- 
tement dans  un  creuset,  il  devient  extrêmement  fondant; 
il  filtre  comme  à travers  un  réseau  ou  canevas  , et  se  perd 
dans  le  feu.  On  trouve  dans  ce  cas  un  peu  d’argent  réduit 
et  disséminé  en  globules  dans  la  portion  de  muriate  fondu 
qui  reste  encore. 

Si  , lorsqu’il  est  fondu  , on  le  coule  sur  un  porphyre , il 


5 7 4 De  l’Argent 

se  fige  en  une  matière  friable,  et  comme  cristallisée  en 
belles  aiguilles. 

Ce  sel  est  insoluble  dans  l’eau. 

Pour  décomposer  le  muriate  d’argent,  on  le  mêle  avec 
quatre  parties  de  potasse  ou  de  soude-,  on  met  ce  mélange 
dans  un  creuset,  et  on  le  fait  entrer  en  fusion.  Lorsque  le 
mélange  est  bien  fondu,  on  le  laisse  refroidir,  on  le  casse, 
et  on  sépare  l’argent  du  muriate  formé.  Quand  on  fait 
la  fonte  promptement,  tout  le  muriate  est  bien  décom- 
posé. 

Ce  procédé  donne  l’argent  le  plus  pur. 

Si  l’en  verse  sur  le  muriate  d’argent  de  1 ammoniaque 
caustique  et  liquide,  cet  alcali  dissout  le  muriate.  Cette 
dissolution  très-claire  et  sans  couleur  éprouve  un  change- 
ment très-remarquable  lorsqu’on  la  laisse  exposee  à 1 air. 
A mesure  que  l’ammoniaque  s’en  exhale  dans  1 atmos- 
phère, il  se  forme  à sa  surface  ur.e  ptllicule  qui  prend  une 
couleur  bleuâtre  ou  irisée  très-brillante-,  c’est  du  muriate 
d’argent  contenant  un  peu  de  métal  réduit. 

On  ne  connoît  pas  bien  l’action  des  autres  acides  sur 
l’argent;  il  en  est  cependant  plusieurs  qui  le  dissolvent 
à l’état  d’oxide;  tels  que  les  acides  phosphorique , fluo- 
rique  et  carbonique.  Pour  combiner  l’acide  boracique  et 
phosphorique  à l’oxide  d’argent , on  verse  sur  sa  dissolu- 
tion nitrique  une  dissolution  d’un  borate  ou  phosphate 
alcalin.  Le  borate  d’argent  se  précipite  en  poudre  blanche 
très-lourde  et  le  phosphare  en  jaune. 

Le  fluate  d’argent  est  très-soluble  dans  l’eau.  Sa  solu- 
tion est  décomposée  par  l acide  muriatique.  Ce  phénomène 
a conduit  Schèele  à faire  counoîtrc  la  nature  particulière  de 
l’acide  fluorique. 


L’acide  lungslique  enlève  l’oxide  d’argent  au  nitrate  de 
ce  métal.  On  n’a  point  encore  examiné  les  propriétés  de  ce 
sel;  il  en  est  de  même  avec  l’acide  molybdique. 

L’acide  chrômique  s’unit  à l’oxide  d’argent.  Si  l’on  verse 
du  chrômale  de  potasse  dans  la  solution  nitrique  d’argent, 
il  se  produit  un  précipité  pulvérulent,  du  plus  beau  rouge 
de  carmin,  qui  devient  pourpre  par  son  exposition  à la 
lumière.  Chauffé  au  chalumeau,  il  se  fond  avant  que  le 
charbon  qui  le  supporte  ne  s’enflamme;  il  prend  un  aspect 
noirâtre  et  métallique.  Pulvérisé  dans  cet  état,  il  est  encore 
pourpre  ; mais  dès  qu’on  le  chauffe  avec  la  flamme  bleue 
de  la  bougie  dirigée  par  le  chalumeau,  le  sel  prend  une 
couleur  verte , et  l’argent  s’en  sépare  en  globules  dissé- 
minés dans  la  masse.  L’acide  chrômique  décomposé  par 
l’hydrogène  de  la  flamme  bleue,  repasse  à l’état  d oxide 
vert , et  l’oxide  d’argent  est  réduit. 

Le  nitrate  de  potasse  n altère  pas  l’argent;  mais  si  l’ar- 
gent est  allié  avec  un  autre  métal  , ce  sel  fuse  et  détonne 
avec  la  matière  métallique  étrangère,  et  la  réduit  à l’état 
d’oxide. 

On  se  sert  de  ce  moyen  pour  préparer  le  cuivre,  le 
plomb,  etc.,  qui  peuvent  être  unis  à l’argent. 

Les  usages  de  l’argent  sont  trop  multipliés  pour  entrer 
dans  des  détails  sur  cet  objet. 


De  l'Or. 


076 


CHAPITRE  XXV. 


De  V Or. 

L’on  se  trouve  toujours  à l’état  métallique;  sa  couleur 
jaune,  et  sa  malléabilité  le  font  distinguer  assez  facilement 
de  tous  les  autres  métaux;  mais  il  est  quelquefois  tellement 
enveloppé  et  en  si  petite  quantité  dans  ses  gangues,  qu’il 
faut  recourir  à des  moyens  chimiques  pour  le  découvrir. 

Ces  moyens  consistent  à broyer  avec  du  mercure  le  mi- 
nerai; on  fait  ensuite  sublimer  le  mercure,  et  l’or  reste. 

L’or  appelé  soleil  par  les  anciens  n’est  pas  très-élasti- 
que , ni  très-dur;  mais  sa  ductilité  surpasse  celle  de  tous  les 
autres  métaux  : on  peut  1 avoir  sous  la  forme  de  lames,  de 
feuilles  très-minces  dont  huit  pèsent  à peine  un  grain. 

Sa  ténacité  11’est  pas  moins  grande;  un  fil  d'or  très-fin 
peut  supporter  un  poids  très-considérable. 

Il  11’a  ni  saveur,  ni  odeur;  il  est  d’une  couleur  jaune 
brillante  ; il  est  bon  conducteur  du  fluide  électrique. 

L’or  est  presque  toujours  dans  le  sein  de  la  terre,  tantôt 
sous  forme  pyramidale,  quelquefois  en  lames  disséminées 
dans  une  gangue  : enfin , on  le  trouve  encore  en  grains  dans 
les  pyrites. 

Il  est  sous  la  forme  de  petites  masses  isolées  de  lames  1 
de  filets  ou  de  grains,  au  Pérou,  en  Afrique,  en  France, 
en  Allemagne.  On  le  trouve  aussi  en  parcelles  renfermée» 
dans  une  gangue  pierreuse  , presque  toujours  de  quartz  f 


quelquefois  de  jaspe,  etc.  Le  Pérou  , le  Mexique,  le  Brésil 
la  Sibérie,  la  Hongrie,  la  France,  etc.  l’offrent  particulière- 
ment dans  cet  état. 

On  le  trouve  disséminé  sous  forme  de  paillettes  dans 
les  sables  siliceux,  argileux  et  ferrugineux  de  certaines 
qdaines , et  dans  le  sable  d’un  grand  nombre  de  rivières. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  de  19,2572  à i9,300. 

L’or  fond  un  peu  après  qu’il  est  rouge.  M.  Guyton 
a déterminé  sa  fusion  à 3a  degrés  du  pyromètre  de 
J'Pedgwood. 

Si  on  laisse  refroidir  lentement  de  l'or  fondu,  il  cristallise 
en  pyramides  quadrangulaires  courtes. 

L’or  s’oxide  très-difficilement;  il  lui  faut  une  I|lg 
grande  chaleur,  et  un  tems  beaucoup  plus  long  qu’aux 
autres  substances  métalliques. 

En  1 exposant  entre  deux  cartes  à une  forte  commotion 
électrique,  on  l’obtient  à l’état  d’oxide  purpurin. 

Expose  a l’air,  mis  en  contact  avec  l’eau,  nul  chan- 
gement. • 

L’or  ne  contracte  pas  d’union  avec  l’azote,  l’hydrogène 
e carbone,  l’oxide  de  carbone  et  le  soufre. 

Le  phosphore  se  combine  avec  l’or;  pour  préparer  le 
ahosphure  d’or,  on  fait  un  mélange  d’une  demi-partie  d’or 
le  départ  en  poudre,  d’une  partie  de  verre  phosphorique , 
:t  d environ  un  huitième  de  charbon;  on  met  le  tout  dans 
»n  creuset,  en  recouvrant  la  matière  d’un  peu  de  poudre 
le  charbon;  on  donne  ensuite  \m  coup  de  feu  assez  fort 
*ôur  faire  entrer  l’or  en  fusion  : il  se  dégage  pendant  l’opé-* 
aüon  beaucoup  de  vapeurs  de  phosphore  ; mais  il  en  reste 
une  petite  quantité  unie  à l’or. 

Lor  se  réunit  au  fond  du  creuset,  et  ne  conserve  point 


578  Dé  l'Or. 

son  état  naturel;  il  est  plus  blanc,  se  brise  sous  le  marteau, 
et  a une  apparence  cristalline. 

Il  faut  avoir  soin  de  ne  pas  continuer  trop  longtems  le 
feu , car  on  trouverait  l’or  au  fond  du  creuset  sans  aucune 

altération. 

L’or  et  le  soufre  bien  purs  ne  s’unissent  pas;  mais  si  1 on 
ajoute  du  fer,  l’union  a lieu  : ce  qui  explique  la  présence 
de  l’or  dans  tes  pyrites. 

On  peut  aussi,  par  le  moyen  du  soufre,  séparer  de  1 or 
les  métaux  qui  peuvent  lui  être  unis. 

Si  l’on  a,  par  exemple,  une  petite  quantité  d’or  unie  à 
beaucoup  d’argent,  on  fait  fondre  dans  un  creuset  1 argent 
allié  d’or;  on  projette  à sa  surface  du  soufre  en  poudre  : une 
partie  du  soufre  se  brûle;  mais  'la  plus  grande  partie  se 

combine  avec  l’argent. 

Les  sulfures  alcalins  dissolvent  l'or;  on  peut  retirer  1 or 
de  cette  solution  , en  exposant  le  résidu  de  L'évaporation  au 
feu  : l’or  se  fond,  et  occupe  la  partie  iuférieure  du  creuset, 
tandis  que  le  sulfure  reste  au-dessus. 

Pour  faire  cette  opération,  on  fait  fondre  un  mélange  de 
parties  égales  de  soufre  et  dépotasse  avec  un  huitième  du 
poids  total  d’or  en  feuille.  On  coule  cette  matière  sur  un 
porphyre,  on  la  pulvérise,  on  y verse  de  l’eau  distillée 
chaude  ; elle  forme  une  solution  d’un  vert  jaunâtre,  qm 
contient  un  sulfure  de  potasse  aurilere. 

L’or  s'allie  très-bien  a\£C  la  plupart  des  substances  mé- 
talliques, et  il  donne  différentes  couleurs,  selon  les  pcopoi- 
tions  de  l’alliage. 

L’arsenic  s’unit  à l’or.  Quand  on  veut  separer  1 arsenic, 
il  faut  un  fort  coup  de  feu;  quelquefois  même  il  iaul  y 


De  l’Or. 


ajouter  quelques  matières  inflammables  pour  enlever  les 
dernières  portions  darse  nie. 

L'arsenic  rend  l’or  aigre  et  cassant,  il  en  pâlit  beaucoup 
la  couleur  : lorsqu’il  se  dissipe,  il  entraîne  presque  toujours 
un  peu  d’or  avec  lui.  * 

Cronstedt  a combiné  l’or  avec  le  nickel;  il  résulte  une 
masse  métallique,  blanche,  aigre  et  cassante.  Il  dit  qu’on 
peut  en  séparer  l’or  par  le  moyen  de  l’acide  nitrique. 

On  ignore  les  moyens  d’allier  l’or  au  cobalt  et  au  man- 
ganèse. 

Le  bismuth  s’unit  très-bien  à l’or  : ce  métal  rend  l’or 
aigre  et  cassant. 

L’antimoine  allié  d’un  peu  d’or,  est  moins  cassant  qu’il 
ne  l’est  ordinairement. 

Lorsque  l’or  est  en  plus  grande  quantité,  l’alliage  est  aigre 
et  cassant. 

Ces  deux  métaux  peuvent,  être  séparés  facilement  Pu  ri 
de  l’autre  par  l’action  du  calorique;  l’antimoine  se  volatilise, 
et  l’or  reste  fixe. 

Si  1 or  est  allié  avec  quelques  autres  substances  métal- 
liques, le  sulfate  d’antimoine  a la  propriété  de  séparer  l’or. 

On  fait  fondre  ensemble  de  l’or  avec  deux  parties  de 
sulfure  d’antimoine.  Lorsque  le  mélange  est  en  parfaite 
fusion,  on  tire  le  creuset  du  feu  , on  le  laisse  refroidir  ; 
on  trouve  un  sulfure  formé,  avec  les  métaux  étrangers,  à 
la  partie  supérieure,  et  l’antimoine  au  fond  du  creuset 
uni  à l’or. 

On  sépare  ensuite  l’or  d’avec  l’antimoine,  en  le  chauffant 
jusqu’au  rouge  blanc;  l’antimoine  se  volatilise. 

L’or  a une  très-grande  affinité  avec  le  mercure  : et» 
dernier  y adhère  avec  force  et  le  blanchit  sur-le-champ. 


•5&o  De  l’Or. 

Pour  faire  cet  amalgame,  on  met  dans  un  mortier  de 
marbre  une  partie  d’or  en  feuilles  et  sept  parties  et  demie 
de  mercure;  on  triture  ce  mélange  avec  un  pilon  de  verre 
jusqu’à  ce  que  l’amalgame  soit  bien  fait. 

L’action  du  calorique  peut  séparer  l’or  du  mercure;  le 
mercure  se  volatilise. 

On  parvient  à oxider  facilement  l’or  , lorsque  ce  Aétal 
est  uni  au  mercure. 

On  met  du  mercure  avec  un  48e  de  sob  poids  dor,  dans 
un  malras-  à fond  plat,  dont  on  a tiré  le  col  à la  lampe  d é- 
anaillcur.  On  chauffe  ce  mélange  dans  un  bain  de  sable;  les 
deux  matières  métalliques  s’oxident  : elles  se  changent  en 
xme  poudre  foncée. 

Parties  égales  d’or  et  de  zinc,  fondues  ensemble,  don- 
nent un  métal  extrêmement  aigre,  très-dur,  et  qui  est  très  - 
propre  à faire  des  miroirs  de  télescopes,  par  le  brillant  et 
'le  poli  que  prend  ce  métal. 

Ce  mélange  est  compacte  dans  sa  cassure;  son  grain  est 
très-fin  et  blanchâtre. 

On  peut  séparer  l’or  allié  de  zinc  par  l’action  du  calo- 
rique;^ zinc  passe  à l’état  d’oxide  : mais,  comme  il  en- 
traine toujours  un  peu  d’or  avec  lui,  1 oxide  de  zinc  est 
rougeâtre. 

Ou  peut  encore  mettre  cet  alliage  dans  de  l'acide  nitrique, 
qui  dissout  le  zinc  sans  toucher  à l’or. 

L’étain  et  le  plomb  ont  la  propriété  de  rendre  l’or  aigre 
çt  cassant. 

On  peut  unir  par  la  fusion  l’or  au  fer. 

Parties  égales  d’or  et  de  fer,  ou  d’acier,  forment  une 
ruasse  grise,  tuais  trois  ou  quatre  parties  de  1er  sur  une  d or, 


De  l'Or.  58  f 

forment  un  métal  d’un  blanc  à-peu-près  semblable  à celui 
de  l’argent. 

Le  mélange  qui  en  résulte,  est  d’une  dureté  considérable- 

Le  cuivre  s allie  très-bien  à loi-,  et  lui  donlie  plus  de 
dureté  et  plus  de  fusibilité  : voilà  pourquoi  la  loi  autorise 
l’alliage  d’un  onzième  de  cuivre  dans  les  ouvragés  d’orfè- 
vrerie. Le  cuivre  sert  aussi  de  soudure  à l’or-,  il  e.sti  mployé 
dans  les  monnaies.  Les  ducats  d’Hollande  ne  contiennent 
que  très-peu  de  cuivre,  aussi  sont-ils  extrêmement  mous. 

L or  et  l’aigent  s’unissent  très-bien  dans  toutes  proportions. 

Ces  métaux  alliés  paraissent  perdre  fort  peu  de  leur 
ductilité;  mais  ils  acquièrent  de  la  roideur  et  de  l’élasticité. 
Une  vingtième  partie  d’argent  rend  l’or  sensiblement  pale. 

Quoiqu’il  faille  faire  subir  à l’or  l’opération  de  la  coupel- 
lation, pour  en  conuoître  exactement  le  titre  , cependant , 
si  l’or  11e  contenoit  pas  d’argent,  on  ne  parviendrait  que 
difficilement,  ct  avec  beaucoup  de  peine,  à en  séparer  les 
métaux  élraugers  qui  y seroievft  alliés,  et  en  particulier  le- 
cuivre,  car  il  adhère  si  fortement  à l’or,  qu’il  ne  lui  est 
permis  qu’avec  une  extrême  difficulté  de  s’oxider  et  de  se 
vitrifier  avec  l’oxide  de  plomb.  Ainsi  au  lieu  de  mettre- 
simplement  l’or  avec  le  plomb  dans  la  coupelle,  on  y mêle 
de  l’argent,  dont  la  quantité  doit  varier  suivant  le  titre  pré- 
sumé de  l’or;  titre  que  l’on  apprécie,  non-seulement  par  les 
moyens  indiqués  à 1 article  de  l’argent,  mais  encore  par 
1 essai  à la  pierre  de  louche,  en  le  comparant  avec  des  alliages 
dont  le  titre  est  connu. 

Lorsque  1 or  est  fin,  c’est-à-dire,  qu’il  contient  par- 
exemple,  997,998,999  parties  de  fin  , sur  1000,  la  quan- 
tité d argent  à ajouter  doit  cire  de  3 parties  , et  c’est  ce 
qu’on  appelle  inquartation  ^ mais  s'il  recèle  2oo,25o,3oo 


582 


De  l’Or. 

p&rtics  de  cuivre,  2 parties  d’argent  fin  suffisent:  s il  est 
nécessaire  que  la  quantité  d’argent  diminue  eu  raison 
inverse  de  la  pureté  de  l’or , le  plomb  au  contraire  doit 
s’élever  dans  la  raison  opposée  ; il  est  aise  de  sentir , eu  effet , 
que,  quand  l’or  est  fin  ou  presque  fin  , le  plomb  est  véri- 
tablement plus  utile  pour  favoriser  la  fusion  de  l’or  et  de 
l’argent  , que  pour  l’affinage  de  l’or  ; mais  il  n’en  doit  pas 
être  de  même,  lorsque  l’or  contient  beaucoup  de  cuivre-, 
et  si,  par  exemple  , U est  à ;)5o  millièmes  de  fin,  24  fois 
son  poids  de  plomb  sont  nécessaires  à sa  purification,  et 
ainsi  proport  1 on n citerne n t. 

Quant  à. l’essai  de  l’or  fin,  comme  il  n’exige  pas  une  si 
grande  quantité  de  plomb,  il  peut  être  fait  sur  le  gramme- 
entier-,  mars  celui  de  l’or  bas,  par  la  raison  contraire,  ne 
peut  avoir  lieu  que  sur  un  demi-gramme,  à moins  d em- 
ployer une  coupelle  deux  fois  plus  grande. 

L’essai  de  l’or  a besoin  d’une  plus  grande  chaleur  que 
celui  de  l’argent  ; mais  heureusement  il  ne  craint  point 
cette  épreuve  , et  il  ne  se  sublime  pas  comme  l'argent. 
Après  donc  avoir  pesé  l’or,  avec  les  précautions  requises  y 
on  l’enveloppe  dans  un  cornet  de  papier  , avec  la  quautité 
d’argent  convenable,  et  on  le  place  dans  la  coupelle  ou 
le  plomb  doit  être  bien  découvert  et  bien  chaud  ; alors  , 
l’or  et  l’argent  se  fondent , et  les  phénomènes  qui  ont  été 
décrits  pour  l’argent,  .ont  également  lieu  ici.  Les  précau- 
tions que  nous  avons  recommandées  pour  l'essai  de  l'argent, 
ne  sont  pas  nécessaires  ici  ; c’est-à-dire,  qu'il  est  inutile  , 
et  quelquefois  même  nuisible,  de  rapprocher  vers  la  fin 
la  coupelle  sur  le  devant  de  la  moufle  , et  quon  11e  risque1 
point  en  retirant  le  bouton  encore  rouge  du  fourneau  , 
qu’il  roche  comme  le  bouton  d’argent.  Cependant  , il  est 


De  l'Or.  583 

toujours  prudent  de  le  laisser  un  peu  refroidir  -,  car,  à 
la  rigueur,  il  peut  aussi  végéter,  et  alors  l’essai  seroit 
manqué.  Quand  l’essai  est  bien  passé,  et  qu’il  est  refroidi  , 
on.l’applatit  sur  l’enclume  à petits  coups  de  marteau  -,  on  le 
recuit,  soit  en  le  plaçant  sur  un  charbon  au  feu  de  lampe  , 
soit  à travers  les  charbons  allumés,  soit  enfin  en  le  plaçant 
dans  la  moufle  du  fourneau  de  coupelle  , en  prenant  garde 
qu’il  ne  fonde;  on  le  passe  ensuite  au  laminoir,  pour  lui 
donner  la  forme  d’une  lame  d'un  quhrt  de  ligne  tout  au 
plus  d épaisseur  : on  recuit  une  seconde  fois  cette  lame 
métallique,  et  on  la  roule  sur  elle-même  en  forme  de 
cornet. 

Le  laminage  et  le  recuit  sont  deux  opérations  néces- 
saires au  succès  de  l’essai  , et  qui  exigent  quelques  pie- 
cautions.  i°.  La  lame  ne  doit  être  ni  trop  mince  , ni  trop 
épaisse;  dans  le  premier  cas,  on  courroit  risque  que  par 
le  mouvement  que  lui  communique  l’eau  forte,  avec  la- 
quelle on  la  fait  bouillir,  elle  ne  se  brisât  : ce  qui  apporte- 
ront des  difficultés  pour  l’exactitude  de  1 operation.  Dans 
le  second  cas  , au  contraire,  il  y auroit  à craindre  que  1 é- 
paissenr  trop  considérable  de  la  lame  , ne  peimit  pas  a. 
l’eau  forLe  de  pénétrer  jusqu’à  son  centre , et  d’enlever 
jusqu’à  la  dermere  molécule  d argent  ; 2°.  le  lecuit  de  la 
lame , en  même  tems  qu’il  lui  donne  plus  de  liant , et  fa- 
cilite sa  circonvolution  autour  d’elle-même  , sans  se  bri- 
ser ni  se  gercer , ouvre  les  pores  du  métal , que  la  pression 
du  laminoir  avoit  resserrés,  et  favorise  par  là  1 action  de 
l’eau  forte. 

Ces  dispositions  ayant  été  prises,  on  met  le  cornet  dans 
un  petit  matras  en  forme  de  poire,  c’est-à-dire,  dont  le 
* col  va  en  diminuant  insensiblement  , depuis  la  panse 


584  De  l’Or. 

jusqu  à 1 extrémité-,  on  verse  par  dessus  de  l'eau  forte  pure 
a 22  degrés  , jusqu  a ce  que  le  matras  , qui  contient  ordi- 
nairement 3 onces  , soit  à moitié  ou  aux  deux  tiers  plein  : 
on  le  place  ensuite  sur  les  charbons  allumés  , couvçrts 
d une  légèie  couche  de  cendre  , afin  d’éviter  que  , par  une 
chaleur  trop  brusque,  le  vase  ne  casse;  depuis  1 instant 
où  la  liqueur  entre  en  ébullition,  jusqua  celui  où  l’opé- 
îation  doit  être  finie  , i5  a 20  minutes  sont  nécessaires  : 
cette  opération  s’appelle  départ.  Pendant  qu’elle  a lieu  , 
il  se  dégage  une  vapeur  rouge  qui  est  l’effet  de  la  dis- 
solution de  l’argent  par  l’acide  nitrique  ; le  cornet  change 
de  couleur;  il  devient  brunâtre  , il  perd  de  sa  solidité  et 
de  sa  consistance  ; ce  qui  est  facile  à concevoir.  Lorsque 
l’eau  forte  a ainsi  bouilli  pendant  vingt  minutes  sur  lor, 
on  décante  avec  soiu  la  solution , en  prenant  garde  que 
le  cornet  ne  tombe  ; on  y remet  environ  le  5 d'acide  pour 
enlever  les  dernières  portions  d’argent  qui  pourroient 
rester  encore  dans  l’or.  On. fait  bouillir  une  seconde  fois 
pendant  7 à 8 minutes  ; on  décante  celte  nouv  elle  eau  forte 
comme  la  première,  et  ou  remplit  le  matras  d’eau  distillée 
ou  de  rivière  bien  pure. 

On  place  alors  un  pelit  creuset  à recuire  sur  l’ouverture 
du  matras  ; et  l’on  renverse  avec  beaucoup  de  précaution 
ce  matras,  de  haut  en  bas  ; par  ce  moyen  , le  cornet  des- 
cend dans  le  creuset  à travers  l'eau  qui  supporte-  une 
Partie  de  son  poids  et  Fempcche  de  se  briser  : on  élève 
ensuite  un  peu  le  matras  , et  on  le  retourne  avec  célérité 
et  dextérité  , de  manière  que  l’eau  n’ait  pas  le  teras  de 
tomber  en  as.^ez  grande  quantité  pour  remplir  le  creuset 
et  renverser  par  dessus  les  bords;  on  verse  l’eau  du  creuset 
en  picnanf  gai  de -de  laisser  échapper  le  cornet; Ou  quelques 


k 


k 

* - •“*  f s c > 

De  VOr.  585 

fragmens  qui  pourroient  s’en  détacher,  et  on  fait  recuire  le 
cornet  dans  le  creuset  couvert,  au  milieu  des  charbons  , ou 
sous  la  moufle  du  fourneau  de  coupelle. 

Le  cornet  qui  avoit,  au  sortir  de  l’eau  forte  , une  couleur 
brune  de  cuivre  oxide  , une  fragilité  très-grande,  diminue 
de  volume,  devient  ductile,  et  recouvre  sa  couleur  et  son 
éclat  métallique  par  cette  operation.  La  seule  chose  qui 
reste  à faire  alors  pour  conduire  l’essai  à sa  fin,  c’est  de 
peseï  le  cornet , pour  déterminer  le  titre  de  la  matière 
essayée  par  la  diminution  qu’il  a éprouvée-,  quoique  les 
essais  d or  ne  soient  pas  si  sujets  à perdre  que  les  essais 
d aigent  , uéanmoius  il  est  bon  de  les  faire  doubles  ; 
et  lorsque  les  deux  cornets  sont  parfaitement  égaux  , 
on  peut  être  assuré  que  l’opération  est  bien  faite;  mais 
s il  y avoit  entre  eux  une  différence  sensible  , il  faudrait 
recommencer. 

On  na  jusqu  ici  parle  que  de  deux  cas  , les  plus  com- 
muns à la  vérité  ; savoir  , de  l’alliage  de  l’argent  avec  le 
cuivre  , et  de  1 alliage  de  1 or  avec  le  même  métal  ; mais 
il  en  est  encore  deux  autres  qui  méritent  aussi  quelques 
considérations;  1 uu  , c est  loi’sque  dans  une  grande  quan- 
tité d’argent  il  ne  se  trouve  qu’une  très-petite  quantité 
d or  ; c çst  ce  qu  on  appelle  du  doré  , et  l’essai  qu’on  en 
fait  se  nomme  esscu  de  doré;  1 autre,  c’est  que  daus  une 
grande  quantité  d or  ii  existe  une  petite  portion  d’argent 
qu  il  faut  déterminer.  S il  n y avoit  que  ces  deux  métaux 
allies  dans  les  cas  que  nous  venons  de  citer,  l’essai  en 
seroit  but  simple;  il  suffiroit  de  faire  dissoudre  le  pre- 
mier dans  1 eau  forte  pure,  et  d’ajouter  de  l’argent  au 
deuxieme,  pour  eu  taire  ensuite  le  départ  ; mais  , presque 
toujours,  il  y a en  même  lents  avec  eux  une  certaine 


586  De  l'Or . 

quantité  de  cuivre,  qu’il  faut  enlever  par  la  coupellation: 
si  c’est  du  doré,  par  exemple  , que  l’on  ait  à essayer,  il 
ne  sera  pas  nécessaire  d’y  ajouter  de  l’argent  ; mais  il 
faudra  , après  l’avoir  déterminé  par  approximation  , a l’aide 
des  moyens  exposés  ci-dessus,  y mettre  la  quantité  de 
plomb  convenable  , et  procéder  à la  coupellation  comme 
pour  les  essais  d’argent  ordinaire  ; mais  quoiqu’ils  con- 
tiennent de  l’or , il  faut  bien  se  garder  de  donner  aussi 
chaud  que  pour  l’essai  de  ce  métal , le  seul  qu  on  ait  alois 
en  vue  , tandis  qu’ici  il  faut  nécessairement  counoitre  les 
quantités  relatives  d’or  et  d’argent  qui  composent  le  lingot 
doré.  Lorsque  le  bouton  est  passé  avec  toutes  les  con- 
ditions qui  caractérisent  un  bon  essai  , on  en  fait  le  retour 
avec  soin  à la  balance  , et  on  prend  note  de  son  poids  , 
lequel  donne  la  quantité  d’alliage  qu  il  conlenoit  •,  on  ap- 
platit  ensuite  le  bouton  sous  le  marteau  , on  le  fait  recuire , 
et  on  le  met  dans  un  petit  matras  en  poire  à ouverture 
étroite;  on  verse  par  dessus  de  l’eau  forte  |*ire  , à vingt 
ou  vingt-deux  degrés , et  on  fuit  légèrement  bouillir  jusqu  a 
ce  qu’il  ne  reste  qu’une  poussière  an  fond  de  la  liqueur: 
alors  on  laisse  reposer  pendant  quelque  teins  pour  que  les 
parties  de  l’or  se  rassemblent  au  fond  ; on  décante  ensuite 
la  liqueur  claire  avec  beaucoup  de  précaution  ; ou  remet 
une  nouvelle  dose  d’eau  forte  plus  concentrée  que  la  pre- 
mière, et  on  le' fait  encore  bouillir  pendant  quelques  mi- 
nutes ; après  avoir  laissé  déposer  la  poussière  d or , ou 
verse  l’eau  forte  comme  la  première  fois  ; on  remplit  le 
matras  d’eau  pure  ; ou  renverse  l’ouverture  du  malras  dans 
un  petit  creuset  à recuire  , et  lorsque  toutes  les  particules 
d’or  sont  descendues  dans  le  creuset,  ce  qu’on  accélère  en 
frappant  doucement  sur  le  matras , ou  élève  légèrement  ce 


De  l’Or.  587 

i 

Tnsc  et  on  ît?  retourne  avec  bcâticoup  d sltcnlion  ^ pour 
ne  uas  donner  un  trop  grand  mouvement  à 1 eau  , et  ne 
pas  faire  sortir  l’or  du  creuset  avec  l’eau  , qui  indubitable- 
ment l’entraîneroit. 

On  laisse  également  reposer  l’or  au  fond  du  creuset  ; 
on  agite  même  de  quelques  légers  coups  ce  vaisseau  , pour 
faciliter  la  précipitation  de  l’or  , en  le  détachant  de  ses 
parois  remplies  d’aspérités  qui  le  retiennent-,  alors  on  dé- 
cante l’eau  très-doucement,  et  on  fait  recuire  le  métal 
comme  il  a été  dit  a l article  de  1 esscii  de  lot . 

La  quantité  d’or  obtenue  donne  celle  de  l’argent,  puis- 
qu’on connoissoit  auparavant  celle  des  deux  métaux-,  il 
suffit  donc  de  la  soustraire  de  la  somme  totale. 

Quaut  au  cas  où  de  l’or  contiendroit  de  l’argent  , dont 
on  désirerait  avoir  le  rapport , après  l’avoir  estimé  à-peu- 
près  par  la  pierre  de  touche  , il  faudroit  y ajoutei  la  dose 
d’argent  capable  de  former  1 inquartation,  et  le  coupellei 
avec  la  quautité  de  plomb  couvenahle  , d’après  l’indice 
acquis  de  la  quantité  d’alliage  qu’il  contient,  peser  le 
bouton  de  retour  , et  agir  du  reste  comme  pour  l’essai  de 
l’or  ordinaire-,  il  faut  ici  seulement  défalquer,  de  la  quan- 
tité d’argent  trouvée  par  le  poids  de  1 or , celle  de  1 aigent 
que  l’on  y a mis. 

Ceux  qui  desireroient  avoir  sur  la  coupellation  de  l’or 
et  de  l’argent  des  détails  que  je  ne  puis  présenter  ici  , 
peuvent  consulter  un  ouvrage  de  M.  V auquehn  , intitulé  : 
Manuel  de  L’Essayeur , in-4°  , chez  Bernard. 

Parmi  les  acides  , il  n’y  a que  l’acide  nitreux  , nitro- 
muriatique  , muriatique  oxigéné  , et  l’acide  chrômo-muria- 
tique  , suivant  M.  / auquelin  , qui  aient  quelqu  action 
sur  l’or. 


588  . De  l'Or . 

L’acide  nitreux  a la  propriété,  suivant  M.  Deycux  , 
de*  dissoudre  une  petite  quantité  d’or. 

L;acide  muriatique  oxigéné  dissout  ü'ès-bien  l or  sans 
aucune  effervescence. 

Mais  le  vrai  dissolvant  de  l’or  est  l’acide  nitro- mu- 
riatique , eau  régale.  Dans  sa  dissolution , il  se  dégage 
du  gaz  nitreux  ; l’or  s’empare  d’abord  de  l’oxigène  de 
1 acide  nitrique  ; ensuite  cet  oxide  d’or  est  dissous  par 
lacide  muriatique. 

Si  l’on  faic  rapprocher  cette  solution  , qui  est  jaune , 
on  obtient  un  muriate  d’or,  également  jaune,  cristallisé  en 
prisme  ou  en  ootuèdre. 

Chauffé  doucement  dans  une  cornue,  le  muriate  d or 
se  sublime  en  partie  ; le  reste  de  l’or  est  sous  une  forme 
poreuse.  C’est  un  poison  violent  ; il  attire  1 humidité 
de  l’air. 

Le  phosphore  , le  gaz  hydrogène  et  l’acide  sulfureux 
décomposent  la  solution  muriatique  d’or. 

La  solution  d’or  est  décomposée  par  la  chaux  et  la 

# 

magnésie  ; l’or  se  précipite  sous  la  forme  d’une  pondre 
jaunâtre,  qui  acquiert  à l’air  une  couleur  plus  foncée. 

Les  alcalis  ont  aussi  la  propriété  de  décomposer  le  mu- 
riate d’or;  il  se  forme  des  sels  triples  ; souvent  on  obtient 
un  précipité  de  couleur  jaune.  Si  l’on  met  trop  d alcali  . 
la  liqueur  prend  une  légère  couleur  purpurine  , et  le  pré- 
cipité se  forme  plus  difficilement. 

On  peut  dissoudre  facilement,  le  précipité  obtenu  par 
le, s alcalis  dans  les  acides  sullurique  , nitrique  et  mu- 
riatique. 

Si  l’on  verse  dans  une  dissolution  d’or  de  la  liqueur 


De  l'Or.  589 

des  cailloux , potasse  silicée  , l’or  est  précipité  en  jaune 
pâle  ; mais  , en  le  chauffant , il  devient  d’un  assez  beau 
pourpre. 

Avec  l’ammoniaque,  une  partie  de  cet  alcali  s’unit 
avec  l’acide  muriatique  , et  l’autre  se  combine  avec  l’oxide 
d’or,  pour  former  l 'oxide  d’or  ammoniacal  ou  or  ful- 
minant. 

Pour  le  préparer , on  étend  une  solution  de  mu- 
riate  d'or  de  trois  ou  quatre  fois  son  poids  d’eau  dis- 
tillée j on  y verse  de  l’ammoniaque  caustique  peu- à-peu  , 
et  jusqu’à  ce  qu’il  ne  se  fasse  plus  de  précipité,  en  ayant 
soin  de  qe  point  en  ajouter  plus  qu’il  n’en,faut , car  l’ex- 
cédant dissout  facilement  l’oxide  suspendu  dans  la  liqueur. 
On  le  lave  avec  soin  , et  ou  le  fait  sécher  sur  des  papiers 
à l’air-,  puis  on  le  renferme  drfns  des  vaisseaux  bouchés 
de  linge  ou  recouverts  de  simple  papier. 

Si  l’on  met  sur  une  lame  de  couteau  une  très-petite 
quantité  d’or  fulminant , et  qu’on  le  fasse  chauffer  légè- 
rement , il  s’enflamme  et  produit  une  explosion  violente. 
L’oxigène  de  l’oxide  d’or  s’empare  de  l’hydrogène  et 
forme  de  l’eau  qui,  portée  subitement  à l’état  de  vapeur, 
fait  explosion-,  le  gaz  azote  se  dégage,  et  l’air  reste  pur; 
on  le  trouve  incrusté  sur  la  lame  du  couteau  sur  lequel 
on  fait  l’expérience. 

M.  Berlhollet  a prouvé  qu’en  chauffant  ce  sel  dans  des 
tubes  de  métal , on  obtenoit  du  gaz  azote,  quelques  gouttes 
d’eau , et  que  l’or  étoit  réduit  à l’état  métallique. 

Pour  ôter  à ce  sel  la  fulmination,  M.  Darcet  mit 
tremper  de  l’or  fulminant  dans  de  l’huile,  et  il  poussa  la 
mélange  au  feu  dans  un  creuset. 

L or  fulminant  est  soluble  dans  uu  excès  d’alcali, 


I 


690  De  l Or. 

L’or  est  précipité  de  ses  dissolutions  par  tons  les  corps  j 
qui  ont  plus  d’affinité  avec  l’oxigène  qu’il  n’en  a lui- 
mèrae. 

Avec  l’acide  sulfureux,  on  forme  de  l’acide  sulfurique, 
et  l’or  se  précipite. 

C’est  à-peu-près  par  le  même  moyen  qu’on  prépaie 
dans  les  manufactures  de  porcelaine  , le  précipité  pourpre 
de  Cassius. 

A cet  .effet , on  précipite  l’or  de  sa  dissolution  uilro- 
muriatique  par  une  solution  de  muriate  détain  receci  , 
très-étendu  , il  se  fait  un  précipité  pourpre. 

Les  expériences  de  Pelletier  ont  prouvé  pourquoi  la 
précipitation  de  l’or  n’a  pas  lieu  avec  le  muriate  d étain 
au  maximum. 

On  obtient  aussi  un  précipité  de  Cassius  en  mettant 
une  lame  d'étain  dans  une  solution  d’or-,  1 étain,  comme 
dans  l’expérience  précédente  , enlève  l’oxigène  à la 
solution. 

De  môme  les  sulfites  alcalins  et  le  sulfate  de  fer 
vert  ne  précipitent  la  solution  d or  , que  parce  que  ces 
substances  sont  susceptibles  de  s’unir  à une  plus  grande 
quantité  d’oxigène  , et  qu’elles  s'emparent  de  celui  qui 
étoit  uni  à l’or,  et  à la  faveur  duquel  il  étoit  tenu  en 
solution. 

Le  sulfate  de  fer  vert,  versé  dans  une  solution  d’or 
cuivreuse , est  un  très  - bon  moyen  de  séparer  l’or  du 
muriate  de  cuivre.  On  lave  le  précipite  , on  le  fait  chauffer 
un  peu  , et  on  le  traite  par  l’acide  muriatique  pour  enlever 
une  quantité  de  fer  qui  sc  précipite  toujours  en  même  tems. 

Plusieurs  substances  métalliques  ont  la  propriété  de  sé- 
parer l’or  de  sa  solution. 


De  fOr. 


Le  plomb  et  l’argent  le  précipitent  en  un  pourpre  sale 
et  foncé. 

Le  cuivre  et  le  fer  le  séparent  avec  son  brillant  mé- 
tallique. 

L éther  est  encore  un  moyen  de  retirer  l’or  de  sa 
solution  -,  c’est  ainsi  que  le  général  Lamotte  préparait 
ses  gouttes. 

La  dissolution  d’or  appliquée  sur  les  os  ; l’ivoire, 
les  plumes  , et  sur  les  matières  végétales  , telles  que  le 
linge  , etc. , y laisse  une  tache  d’un  rouge  pourpre  qui  ne 
s’efface  point-,  sur  la  peau,  la  dissolution  laisse  de  même 
des  taches  pourpres  qui  durent  plusieurs  jours  : elles  de- 
viennent ensuite  brunes  , presque  noires. 

Quand  on  veut  préparer  l’or  en  chiffons  , on  plonge  de 
vieux  linges  fins  et  très-propres  dans  une  solution  d’or, 
et  lorsqu’ils  en  sont  bien  imbibés  , on  les  fait  sécher  et 
biùler  dans  un  creuset.  Il  reste  une  cendre  de  couleur 
pourpre  foncée. 

On  se  sert  de  cette  poudre , appliquée  au  bout  d un  bou- 
chon de  liège , pour  dorer  des  pièces  délicates  de  cuivre 
et  d’argent. 

I/or  est  employé  à un  grand  nombre  d’usages;  on 
l’applique  à la  surface  des  corps  , qu’il  défend  des  impres- 
sions de  l’air  ; cet  art  constitue  en  général  les  dorures. 


Du  Platine. 


5ga 


CHAPITRE  XXVI. 

Du  P latine. 

Le  platine , platina  , petit  argent , or  blanc , se  trouve 
à Santa-Fé,  dans  la  province  de  Choco  au  Pérou , et  à 
Saint-Domingue,  d’après  M.  Girould. 

m.  y aucjuehn  l’a  découvert  depuis  dans  les  mines  d’ar- 
gent de  Guadalcanal  en  Estramadure.  11  y à des  variétés 
qui  en  contiennent  dix  pour  cent. 

Le  ruinerai  de  platine  est  en  petits  grains  applatis-,  le 
minerai  gros  grain  est  plus  précieux. 

La  plus  grosse  masse  qu  on  ait  encore  vue,  avoit  à-peu- 
près  le  volume  d’un* œuf  de  pigeon. 

M.  Guy  ton  en  a vu  la  gangue  , il  a même  publié  qu  il 
avoit  trouvé  des  grains  adhérèns  à du  feld-spath , ce  qui 
fait  présumer  que  le  platine  a été  détaché  par  uu  ravin  , 
et  roule  en  forme  de  sable  aurifère. 

On  ne  connoit  pas  de  mine  aussi  compliquée  que  celle 
de  platine;  les  recherches  de  MM.  Proust,  Descostils  , 
Fourcroy  et  Fauquelin  , Tonnant , Wollasion  et  autres, 
ont  conduit  à la  conuoissance  de  onze  métaux  dans  le 
platine  brut  : ces  métaux  sont  , le  platine  , l’or,  l’argent  , 
le  1er,  le  cuivre,  le  chrome,  le  titane,  l’iridium,  l’os- 
mium, le  rhodium  et  le  palladium-,  quelques-uns  y sont 
à l’état  de  sulfure. 

Pour  obtenir  le  platine  en  barre  et  malléable , SI,  Jea- 


Du  Platine.  5^3 

hety  a voit  indiqué  le  procédé  suivant  : il  faut  piler  le 
platine  à l’eau  pour  le  débarrasser  des  parties  ferrugi- 
neuses et  hétérogènes  qui  y sont  mêlées  ; ce  préliminaire 
rempli , je  prends , dit  l’auteur  , trois  marcs  de  platine, 
six  marcs  d’arsenic  blanc  en  poudre,  et  deux  marcs  de 
potasse  rafinée;  je  mêle  le  tout  ; je  mets  au  feu  un  creuset 
du  contenu  de  quarante  marcs  ; et  quand  mon  fourneau 
et  mon  creuset  sont  bien  chauds , je  jette  dans  mon  creuset 
un  tiers  du  mélange  , et  je  donne  une  bonne  chaude,  en- 
suite une  seconde  charge,  et  ainsi  de  suite,  ayant  soin  à 
chaque  charge  de  mêler  le  tout  avec  une  baguette  de  pla- 
tine : je  donne  alors  un  bon  coup  de  feu  : et,  après  m’être 
assuré  que  le  tout  est  bieu  liquide , je  retire  mon  creuset 
et  je  laisse  refroidir.  Après  l’avoir  cassé,,  je  trouve  un 
culot  bien  formé  qui  attire  le  barreau  aimanté  -,  je  brise 
mon  culot,  je  le  fonds  une  seconde  fois  de  la  même  ma- 
nière , et  si  cette  seconde  fonte  ne  l’a  pas  purifié  du  fer, 
je  le  fonds  une  troisième  fois  5 mais,  en  général,  deux 
fontes  suffisent,  et  si  je  suis  forcé  d’en  faire  une  troi- 
sième, je  réunis  deux  culots  pour  épargner  uu  creuset  et 
du  charbon. 

Cette  première  opération  étant  faite,  je  prends  des 
creusets  dent  le  fo.ud  est  plat , d’une  circonférence  qui 
donne  uu  culot  d’environ  trois  pouces  et  un  quart  de 
diamètre  ; je  fais  bien  rougir  mon  creuset et  je  jette 
dans  chaque  ; trois  marcs  de  platine  qui  a été  fondu  par 
l’arsenic  après  i avoir  brisé,  et  auquel  je  joins  son  poids 
égal  d’arsenic  et  un  marc  environ  de  potasse  raffinée  -, 
je  donne  alors  un  bon  coup  de  feu  -,  et  après  m’être  assuré 
que  le  tout  est  bien  liquide,  je  retire  mon  creuset  du 
feu  , et  je  le  mets  refroidir  , observant  de  le  placer  hori— 

2,  3« 


Du  Platine. 

sontalement , pour  que  mon  culot  soit  d’égale  épaisseur, 
après  avoir  cassé  le  creuset , je  trouve  un  culot  bien  net 
et  bien  sonore  ,*  pesant  communément  trois  marcs  et  trois 
onces  ; j’ai  observé  que  plus  il  se  combinoit  d’arsenic  avec 
le  platine  , plus  sa  purification  étoit  prompte  et  facile  : 
dans  cet  état,  je  mets  mon  culot  dans  un  fourneau  à 
moufle , laquelle  ne  doit  pas  être  plus  haute  que  la  circon- 
férence des  culots  placés  sur  leur  champ  et  un  peu  in- 
clinés contre  les  parois  de  la  moufle  ; j’en  place  de  cette 
manière  trois  de  chaque  côté;  je  mets  le  feu  a mon 
fourneau , afin  que  la  moufle  soit  également  chauffée 
dans  sa  circonférence  , et  à l’instant  que  les  culots  com- 
mencent à évaporer  , je  ferme  les  portes  de  mon  fourneau 
pour  soutenir  le  feu  au  même  degré  ; ce  qui  doit  être 
observé  jusqu’à  la  fin  de  l’opération,  car  un  seul  coup 
de  feu  trop  violent  détruirait  toutes  les  peines  que  1 on 
se  serait  données  jusque-là;  je  fais  évaporer  mes  culots 
pendant  six  heures  , ayant  soin  de  changer  de  place , pour 
qu’ils  reçoivent  tous  le  même  degré  de  chaleur  , et  je 
les  mets  dans  de  l’huile  commune  ; je  les  tiens  le  meme 
espace  de  tejns  à un  feu  suffisant  , pour  dissiper  l'huile 
en  fumée;  je  continue  cette  opération  tout  le  tems  que 
le  culot  évapore,  et  lorsque  l’évaporation  cesse  , je  pousse 
le  feu  autant  qu’il  m’est  possible  par  le  moyen  de  1 huile. 
Les  vapeurs  arsenicales  ont  un  brillant  métallique  ? que 
je  n’obtiens  pas  sans'  cet  intermède , et  je  a*>>0is  jamais 
pu  avoir  le  platine  parfaitement  malléable  sans  cet  agent. 

Si  les  préliminaires  que  j’indique  ont  été  bien  suivis, 
l’opération  ne  dure  que  huit  jours.  Alors  je  décape  mes 
culots  dans  l’acide  nitreux  , je  les  fais  bouillir  dans  de 
l’eau  distillée  jusqu’à  ce  qu’ils  ne  cpntienueut  plus  d a- 


Du  Platine.  5y5 

xide -,  j’en  mets  alors  plusieurs  l’uu  sur  l’autre,  je  leur 
applique  le  degré  de  chaleur  le  plus  fort  possible  , et  je 
les  frappe  au  mouton,  ayant  soin  , à la  première  chaude, 
de  les  rougir  dans  un  creuset , pour  qu’il  ne  s’introduise 
aucuns  corps  étrangers  dans  mes  culots,  qui  ne  sont  que 
des  masses  spongieuses  avant  cette  première  compression  ; 
après,  je  les  chauffe  à nu  et  j’en  forme  un  carré,  que 
je  frappe  sur  toutes  les  faces  plus  ou  moins  longlems , 
suivant  qu’ils  ont  du  volume. 

M.  Guylon  a substitué  avec  avantage  l’arseniate  de 
potasse  à l’oxide  d’arsenic. 

Pour  extraire  le  platine  de  son  minerai , on  commence 
par  l’étendre  sur  une  table,  et  à l’aide  d’un  soufflet,  on 
sépare  les  substances  les  plus  légères  ; on  le  fait  ensuite 
bouillir  avec  de  l’acide  muriatique  simple  , qui  dissout 
le  fer  et  le  titane  -,  il  se  dégage  du  gaz  hydrogène  sulfuré. 
On  décante  la  liqueur,  et  l’on  fait  bouillir  la  matière 
restante  avec  l’acide  nitro  - muriatique  très-concentré , à 
plusieurs  reprises  , il  en  faut  au  moins  seize  parties.  Il 
reste  une  poudre  noire  , insoluble , qui  fait  à-peu-près 
le  js  du  platine  employé,  qu’on  met  à part.  On  fait 
évaporer  la  liqueur  surnageante  jusqu’à  siccité  , et  l’on 
dissout  dans  l’eau  -,  on  y verse  du  muriate  d’ammoniaque , 
qui  forme  un  précipité  jaune,  et  l’on  cesse  d’en  ajouter 
quand  la  couleur  du  précipité  commence  à devenir  plus 
foncée.  On  sépare  le  précipité  , on  le  lave  et  l’on  fait 
sécher  ; on  obtient  ainsi  un  sel  triple  , de  coulenr  jaune  , 
composé  d’acide  muriatique  , d’ammoniaque  et  de  platine. 
On  le  fait  ensuite  chauffer  graduellement  jusqu’au  rouge, 
dans  un  creuset  de  platine-,  lorsqu’on  n’apperçoit  plus  de 
vapeurs  , en  retire  le  creuset  du  feu  ? et  l’on  trouve  une 


5g6  Du  Platine. 

masse  spongieuse,  de  couleur  blanche,  qui  est  le  platiné. 

Ce  métal,  ainsi  réduit,  est  d’un  blanc  argentin.  Sa  pe- 
santeur spécifique  est  de  20,980.  Cette  substance  est  la 
plus  dure  après  le  fer,la-;plus  ductile  après  l’or,  et  la 
plus  tenace  après  l’or  , le  fer  et  le  cuivre. 

M.  Guy  ion  estime  sa  fusibilité  à 170’,  cest-a-dire, 
à un  degré  encore  inconnu  ou  supérieur  à la  dernière 
limite  du  pyromètre  de  PP  edgwood. 

On  peut  fondre  le  platine  au  feu  alimente  par  le  gaz, 
oxigène  , au  miroir  ardent , et  à l’action  de  la  déflagra- 
tion du  nitre. 

M.  Guyton  est  aussi  parvenu  à en  fondre  de  petites 
portions  dans  un  creuset,  à laide  de  son  flux  réductif, 
en  employant  à cette  opération  le  fourneau  à vent  de 
Macquer. 

Le  platine  est  susceptible  de  s’oxider  par  b étincelle 
électrique. 

Le  platine  phosphore  détonne  aussi  lorsqu’on  le  pro- 
jette sur  du  nitre  fondu. 

On  peut  obtenir  un  phosphure  de  platine  , en  faisant 
rougir  fortement  le  métal  , et  y jettant  ensuite  un  mor- 
ceau de. phosphore  •,  on  remue  avec  une  baguette  de  1er  , et 
la  combinaison  a lieu. 

Celle  combinaison  ainsi  que  les  suivantes  ont  été  1 ail  es 
avec  le  platine  , tel  qu’on  le  connoissoit  avant  les  expé- 
riences rapportées  ci-clessus. 

Le  soufre  11  ’attaque  point  le  platine  ’,  mais  les  sulfuies 
alcalins  le  dissolvent.  On  n’a  point  encore  examiné  cette 
çombinaison. 


Du  Platine. 


597 

Ï1  y a beaucoup  de  métaux  avec  lesquels  on  n’a  point- 
encore  allié  le  platine.  Parmi  ceux  sur  lesquels  on  a fait 
des  essais  ,•  on  distingue  le  bismuth  , l’antimoine  , le 
zinc  , le  mercure  , le  cuivre  , le  plomb  , l’étain  , l’argent 
et  l’or. 

Ayec  le  bismuth  , on  obtient  un  alliage  aigre  et  cassant, 
qui  devient  jaune  , pourpre  et  noirâtre  à l’air. 

Uni  à l’antimoine  , il  donne  un  métal  cassant,  à facettes  , 
On  prend  , d après  Lewis  , une  partie  de  platine  sur  vingt 
d’antimoine. 

Pour  obtenir  l’alliage  de  zinc  et  de  platine,  on  fait 
chauffer  à blanc  une  partie  de  platine  avec  un  peu  de 
borax  , on  ajoute  une  quantité  égale  de  zinc  au  platine 
employé.  Le  zinc  s’enflamme  , et  le  platine  fond. 

L’alliage  a le  grain  très-serré  , d’une  couleur  matte  , et 
tirant  davantage  sur  le  bleu  que  le  zinc  pur. 

M.  Guyton  a fait  voir  que  le  mercure  dissolvoit  le 
platine  , et  formoit  avec  lui  un  véritable  arfialgame  ; on 
peut  l’obtenir  en  cristaux  , comme  celui  des  autres  mé- 
taux , et  par  les  mêmes  procédés. 

Une  lame  de  platine  de  26  millimètres  de  longueur 
et  i5  de  largeur,  pesant  63,34-  centig.  , l’ayant  roulée 
en  demi-cylindre  , on  l’a  introduite  dans  un  rnatras  de 
yerre  dont  le  col  avoit  3o  centimètres  de  longueur;  on 
versa  dessus  68  grammes  de  mercure.  Le  platine  surnagea 
constamment  , même  après,  avoir  été  enfoncé  gous  le 
mercure  , à plusieurs  reprises  , ce  qui  obligea  de  l’y  tenir 
fixé  par  une  baguette  de  verre. 

On  place  ensuite  le  rnatras  dans  un  creu  et  r inpli  de 
sable  , qui  couyre  entièrement  la  boule  du  malrus  , et 


Du  Platine. 


S98 

l’on  pose  le  creuset  sur  une  tourte  au  fourneau  de  fusion. 
On  entretient  le  feu  pendant  une  heure  et  demie,  et  on 
le  pousse  jusqu’à  faire  rougir  la  boule  du  matras.  Pendant 
l’opération , le  mercure  s’élève  le  long  du  col  du  matras 
et  retombe  en  globules  -,  une  partie  passe  au  - dessus  de 
l’orifice  avant  de  se  condenser.  Le  déchet  , de  près  d’un 
cinquième  sur  la  quantité  de  mercure  employé , en  a 
fourni  la  preuve  à M.  Cniyton.  Dans  cette  operation  , la 
lame  de  platine  augmente  de  poids  ; elle  e§t  pénétrée  de 
mercure  , et  devient  très  - cassante  , enfin  , dans  un  état 
bien  prononcé  d’amalgamation. 

Parties  égales  de  platine  et  de  cuivre  rouge  se  fondent 
à un  feu  vif  et  violent  , mais  ne  coulent  pas. 

Le  platine  diminue  la  ductilité  de  1 étain.  Lne  paitie 
de  platine  et  huit  d’étain  donnent  un  métal  assez  ductile. 

Le  platine  et  l’argent  s’unissent  difficilement. 

Une  partie  de  platine  et  sept  d’argent  se  fondent 
facilement  •,  le  mélangé  est  assez  ductile. 

Il  faut  un  violent  coup  de  feu  pour  unir  l’or  au  platine 
Il  altère  beaucoup  la  couleur  de  ce  métal , à moins  qu’il 
ne  soit  en  très-petite  quantité-,  par  exemple,  un  47e.  de 
platine  , et*  toutes  les  proportions  au-dessous  de  celle-la  , 
ne  changent  pas  beaucoup,  la  couleur  de  1 or. 

Parmi  les  acides  , il  n’y  a que  1 acide  uitro-muriatique 
qui  puisse  dissoudre  le  platine. 

Il  faut  environ  16  parties  d’acide  nitro-munatique  fait 
à parties  égales  , pour  en  dissoudre  une  de  ce  métal.  Ou 
fait  cette  dissolution  dans  une  cornue,  on  la  pose  sur  un 
bain  de  sable,  et  ou  y adapte  un  récipient  : dès  que  1 acide 
est  chaud  ? il  se  dégage  du  gaz  nitreux , ensuite  du  gaz 


Du  Plaline ^99 
azote  , et  la  solution  acquiert  une  couleur  rougeâtre  foncée, 
et  colore  la  peau  en  brun. 

La  liqueur  évaporée  en  consistance  de  sirop  , pour  en 
chasser  la  surabondance  d’acide,  cristallise  en  longs  prismes 
comprimés  , d’une  couleur  rouge  , brune  , extrêmement 
riche. 

Exposé  au  feu , ces  cristaux  perdent  d’abord  leur  eau 
de  cristallisation , ensuite  l’acide  muriatique  , et  il  reste 
de  l’oxide  de  plaline  dans  la  cornue. 

Si  l’on  traite  cet  oxide  avec  du  charbon  , on  obtient  le 
platine  à l’état  métallique. 

On  n’a  pas  encore  bien  examiné  l’action  des  acides  sul- 
furique et  muriatique  dans  la  dissolution  de  ce  sel  . on 
sait  seulement  que  ces  deux  acides  y occasionnent  un 
précipité  coloré. 

Les  alcalis  et  plusieurs  terres  salino-terreuses  décom- 
posent le  muriate  de  platine. 

En  versant  de  la  potasse  dans  une  dissolution  de  ce  sel , 
il  y a un  précipité  qui  est  un  sel  triple  , compose  d acide 
muriatique,  de  potasse  et  d oxide  de  platine  : ce  11  est  pas  , 
comme  on  pourrait  le  croii’e  , de  l’oxide  de  platine  j car 
ce  précipité  se  dissout  entièrement  dans  l’eau  , tandis  que 
l’oxide  de  platine  n’est  pas  soluble  : ce  qui  prouve  encore 
que  c’est  un  sel  triple  , c’est  que  1 on  obtient  aussi  un 
précipité,  en  versant  dans  du  muriate  de  platine,  un  sel 
quelconque  à base  de  potasse. 

On  obtient  les  mêmes  résultats  avec  l’ammoniaque  , et 
les  sels  dans  lesquels  elle  entre  , qui  forment  tous  un 
précipité  jaune. 

Celte  propriété  , qu’ont  ces  deux  alcalis , de  former  des 


6o<* 


Du  Platine. 


sels  triples  , est  très-utile  quand,  on  veut  séparer  l’or  du 

A cet  effet  , ôn  dissout  le  tout , on  y verse  de  la  potasse, 
et  il  se  forme  un  sel  triple  avec  le  platine  , tandis  que  1 or 
reste  en  dissolution. 

On  peut  encore  séparer  l’or  par  le  sulfate  de  fer  , qui 
précipite  l’or  et  non  le  platine. 

La  soude  et  les  sels  à base  de  soude  font  aussi  un  sel  triple 
avec  le  muriate  de  platine.  En  évaporant  la  liqueur  onobtient 
de  beaux  prismes  très-longs  colorés  en  rouge  brun. 

D’après  M.  Mussin-Pushkin  on  obtient  aussi  des  sels 
triples  en  versant  dans  la  dissolution  muriatique  de 
platine  , du  muriate  de  barite  et  de  magnésie. 

Le  platine  peut  se  combiner  avec  l’animoniaque  , ce 
qui  constitue  le  platine  fulminant.  MM.  Fourcroy  > 
T^aïujuelin  et  Proust  en  font  mention.  On  l’obtient  en 
précipitant  le  muriate  de  platine  ammoniacal  par  la  potasse. 
Le  platine  fulminant  ne  détonne  pas  facilement.  Si  on 
l’expose  à une  chaleur  brusque , il  décrépite  seulement 
en  répandant  une  fumée  noire. 

La  plupart  des  sels  neutres  n’ont  pas  d’action  sensible 
sur  le  platine.  On  peut  voir  le  résultat  de  plusieurs  ex- 
périences , dans  les  Mémoires  de  Margraff. 

Le  nitrate  de  potasse  , jetté  sur  du  platine  fortement 
chauffé  , l’oxide. 

On  met  dans  un  creuset  quatre  parties  de  platine  et 
huit  de  nitrate  de  potasse  -,  on  place  le  creuset  dans  un 
fourneau  de  forge  , et  on  le  chauffe  fortement.  Lewis  a sou- 
tenu le  feu  pendant  trois  jours  et  trois  nuits  : au  bout  do 
ce  teins  , il  sépara  la  matière  du  creuset  > et  la  fil  bouillir 


Du  Platine. 


601 


dans  de  l’eau  , pour  dissoudre  le  sel  ; le  platine  avoit 
acquis  une  couleur  de  rouille  de  fer  , et  diminué  de  plus 
d’un  tiers  : en  filtrant  la  liqueur  , on  obtient  une  poudre 
brunâtre.  Lewis  la  fit  calciner  trois  fois  de  suite  , en  la 
mêlant  chaque  fois  avec  le  double  de  son  poids  de  nitrate 
de  potasse!  11  parvint  à donner  à cet  oxide  une  couleur 
grise  blanchâtre  , en  le  distillant  un  grand  nombre  de 
fois  avec  le  muriate  ammoniacal. 

Ma rgra ff , qui  a répélé  les  expériences  de  Lewis  , a 
ajouté  que  le  platine  , combiné  avec  l’alcali  du  nitre , et 
délayé  dans  une  certaine  quantité  d’eau  , forme  une  gelée  , 
et  qu’en  chauffant  la  portion  de  ce  métal  , séparée  de  cette 

a 

gelée  étendue  d’eau  et  filtrée  , elle  a pris  une  couleur 
noire  comme  de  la  poix. 

Cette  expérience  n’a  pas  encore  été  faite  : peut-être 

seroit-il  possible  d’oxider , par  ce  moyen  , le  platine. 

• 

Le  muriate  oxigéné  de  potasse  , d’après  les  expériences 
de  M.  Guyton , produit , en  beaucoup  de  circonstances  , 
les  mêmes  effets  que  le  nitrate  de  potasse , et  qui  sont  dus 
principalement  à l’oxigène.  Son  procédé  consiste  à faire 
rougir  dans  un  petit  ci’euset  , sous  la  moufle  du  four- 
neau de  coupelle  , deux  petites  lames  de  platine  , l’une 
très-mince,  du  poids  exact  de  i5i  milligrammes;  l’autre 
plus  épaisse,  pesant  très-juste  1890  milligrammes.  On 
projette  dessus  , à diverses  reprises  , huit  grammes  de 
muriate  oxigéné  de  potasse.  Il  11’y  a ni  détonuation , ni 
fusion  ; le  sel  se  volatilise  complettemcnt , sans  laisser  de 
résidu.  Les  deux  lames  de  platine  n’éprouvent  aucun 
changement  apparent,  si  ce  n’est  que  leur  surface  est 
d’un  poli  plus  mat , et  qu’elles  augmentent  de  poids  de 


6oa  Du  Platine. 

quelques  milligrammes  , celle  qui  est  plus  mince  et  qui 
4 présente  plus  de  surface  , acquiert  plus  que  l’autre.  Pour 
en  avoir  la  preuve  , on  fait  bouillir  de  1 acide  acétique  sur 
ces  lames  , ( si  l’on  repèse  les  lames  , la  première  se 
trouve  avoir  conservé  5 milligrammes  des  cinq  qu  elle 
avoit  pris  -,  la  seconde  au  contraire  , perd  un  demi  déci- 
milligramme  de  son  poids  primitif  ).  On  verse  dans  la 
liqueur  du  prussiate  de  chaux,  qui  la  trouble  sur-le- 
champ  , et  qui  y occasionne  un  précipité  d’un  blanc  ver- 
dâtre. La  liqueur  filtrée  , passe  trouble  et  blanche , la 
partie  verdâtre  reste  sur  le  filtre  -,  si  l’on  filtre  une  seconde 
fois  , elle  passe  encore  trouble  , quoiqu’il  y ait  excès 
d’acide  -,  à une  troisième  filtration  , la  liqueur  passe  claire  : 
évaporée  dans  une  capsule  et  réduite  a moitié , la  liqneur 
reprend  une  nuance  de  vert  clair  tres-sensible  , et  laisse 
un  résidu  de  la  même  couleur. 

Cette  expérience  de  M.  Guy  ton , prouve  que  le  platine  r 
porté  au  rouge  , s’ oxide  à sa  surface  par  le  muriate  oxigéné 
de  potasse  , quoique  ce  sel , bientôt  emporte'  par  sa  su- 
blimation , ne  forme  que  momentanément  un  bain  fluide 
sur  le  métal. 

Le  platine  doit  être  regardé  comme  le  métal  le  plus 
indestructible  les  arts  en  retireront  les  plus  grands 
avantages. 

On  en  fait  des  creusets  et  des  cuillers  pour  les  expé- 
riences au  chalumeau. 

M.  Da  rcet  a appliqué  les  oxides  de  platine  à la  pein- 
ture sur  porcelaine  , dans  les  ateliers  de  la  manufacture 
de  Sèvres  ; et  M.  Conté  eu  a tiré  parti  pour  des  couleurs 
d’cm  ux. 


Iridium.  6o3 

Les  feuilles  de  platine  s appliquent  aussi , comme  celles 
d’or  j sur  la  porcelaine. 


CHAPITRE  XXVII. 

Nouveaux  Métaux  alliés  au  minéral  de 

Platine. 

. §■  I"- 

• Iridium . 

Ce  métal  découvert  par  Tennant ,.  a reçu  ce  nom,  parce 
qu'il  a la  propriété  de  teindre  ses  solutions  de  beaucoup 
de  couleurs  différentes. 

On  l'obtient  en  traitant  la  pou  dre  noire  dont  nous  avons  parlé 
à l’article  platine-,  M.  Tennant  a trouvé  qu’elle  étoit  com- 
posée de  deux  métaux  particuliers.  MM.  Descos tils  , Four - 
croy  et  Vauqueiin  ont  reconnu  Y iridium  ; et  les  propriétés 
que  ces  chimistes  ont  décrites  sont  : de  rougir  les  pré- 
cipités de  platine  par  le  sel  ammoniac,  de  se  dissoudre 
dans  l’acide  muriatique,  d’être  précipité  par  l’infusion  de 
noix  de  galle,  et  le  prussiate  de  potasse. 

Le  métal  est  d’un  blanc  mat  d’argent,  très-dur , difficile 
à fondre,  fixe  au  feu  et  cassant. 

11  est  inattaquable  par  les  acides  simples , très-peu 
par  l’acide  nitro-inuriatique  s'il  n’a  pas  été  préalablement 


6o4  Osmium. 

très -divisé.  Il  ne  s’oxide  pas  par  la  simple  action  du  feu, 
mais  il  est  oxidableet  soluble  par  les  alcalis  fixes,  auxquels 
il  donne  tantôt  une  couleur  rouge,  tantôt  une  couleur 
bleue.  Une  fois  oxide  par  les  alcalis,  il  se  dissout  dans  les 
acides  qu’il  colore  en  bleu,  en  vert,  en  rouge  brun  ou 
en  violet,  selon  l’état  d’oxidation  où  il  se  trouve;  il  donne  à , 
ses  combinaisons  avec  l’acide  muriatique  des  couleurs 
bleue,  verte  et  rouge,  et  constamment  violette  avec  les 
acides  sulfurique  et  nitrique,  qui  toutes  sont  détruites t à 
l’instant  par  quelques  atômes  de  sulfate  de  fer,  de  muriate 
d’étain  au  minimum , et  par  plusieurs  autres  substances 
combustibles. 

Le  muriate  d’iridiam  rouge  se  combine  au  muriate  de 
platine  et  d’ammoniaque,  et  les  colore  en  rouge , ainsi  que 
M.  Descostils  l’a  reconnu. 

ÜO 

$■  Il- 

Osmium. 

M.  Tehnant  a donné  à ce  métal  le  nom  d’osmium , 
parce  que  son  oxide  répand  une  odeur  très- forte. 

Il  s’obtient , d’après  ce  chimiste,  en  chauffant  la  poudre 
noire  résidu  du  platine  avec  la  potasse  caustique,  on  ajoute 
après  un  acide,  et  l’on  distille.  L’oxide  de  ce  métal  étant 
très-volatil  passe  avec  l’eau  dans  laquelle  on  le  trouve 
dissous;  cette  solution  est  sans  couleur,  son  oxide  a une 
odeur  trèç-forte,  il  donne  à la  peau  une  couleur  rouge 
foncée.  En  se  combinant  ayec  la  potasse  ou  la  chaux,  il 
devient  jaune. 


Rhodium. 


6o5 


On  n’a  pu  encore  obtenir  ce  métal  (pie  sous  forme  de 
poussière  noire,  qui  est  très- volatile , très-oxidable  et  dont 
l’oxide  est  blanc,  très-fusible,  extrêmement  volatil,  se 
dissout  dans  l’eau,  s’élève  avec  elle  en  vapeurs  et  lui  donne 
une  odeur  et  une  saveur  très-fortes.  MM.  Fourcroy  et 
Vaunuelin  ont  découvert  les  premiers  en  8o  >,  ce  métal 
singulier  et  très-différent  de  tous  les  autres  par  son  odeur 
et  sa  volatilité  avec  l’eau.  M.  Tonnant  ne  l’a  trouvé  et  dis- 
tingué que  quelques  mois  après  ces  chimistes  , puisqu'il  cite 
dans  sa  dissertation  le  premier  mémoire  que  MM.'  Fourcroy 
et  J auquelin  avaient  publié  dans  les  Annales  de  Chimie. 
Ils  l’avoient  d’abord  nommé  ptene. 

Les  caractères  principaux  de  la  solution  de  l’oxide 
d'osmium,  sont  de  se  colorer  en  très-beau  bleu  par  la  plus 
petite  quantité  d’infusion  de  noix  de  galle-,  de  .colorer  en 
noir  toutes  les  substances  organiques  d'une  manière 
indélébile;  enfin  de  se  précipiter  de  sa  solution  sous  forme 
de  poudre  noire,  au  moyen  du  zinc  et  d'un  peu  d'acide 
muriatique. 

§.  III. 

Bhndiujn. 

M.  TVollaston  a nommé  ainsi  ce  métal  à cause  de  la 
couleur  rose  qu’il  communique  à ses  solutions  dans  les 
acides;  c’est  un  métal  (le  couleur  grise  , facilement  réduc- 
tible, fixe  au  feu,  et  infusible,  dont  l’oxide  jaune  colore  en 
beau  rose  ses  combinaisons  avec  les  acides,  et  qui  est  pré- 
cipité en  jaune  par  les  alcalis;  ses  sels  forment  avec  la 
soude  et  l’ammoniaque,  des  sels  tiiples  insolubles  dans 


Rhodium. 


606 

l’alcool,  mais  solubles  daps  l'eau.  11  n est  pas  précipité  do 
ses  solutions  par  le  prussiate  de  potasse.  Les  solutions  pren- 
nent une  couleur  extrêmement  foncée  par  le  muriate 
d’étain. 

Le  rhodium  ne  se  dissout  point  dans  des  acides  simples , 
mais  il  se  dissout  dans  l'acide  nitro-muriatique,  et  fournit 
une  liqueur  d’un  tres-beau  rose. 

Ce  métal  se  trouve  dans  l’eau  mère  du  muriate  de  platine. 
Sa  préparation  est  fondée  sur  la  solubilité  du  sel  triple  que 
ce  métal  forme  avec  le  muriate  de  soude. 

Quand  on  a précipité  le  platine  de  sa  solution  par  le 
muriate  d’ammoniaque,  on  peut  obtenir  à laide  du  zinc, 
un  précipité  contenant  plusieurs  métaux  quon  purifie  par 
l'acide  muriatique  affoibli.  On  mêle  le  reste  avec  la  moitié 
de  son  poids  de  muriate  de  soude  , et  on  fait  digerer  le  tout 
dans  l’acide  nitro-muriatique  affoibli.  En  faisant  complet- 
tement  évaporer  cette  solution,  il  reste  trois  sels  triples, 
savoir  les  muriates  de  platine,  de  palladium  et  de  rhodium 
combinés  avec  la  soude.  Les  deux  premiers  se  dissolvent 
dans  l’alcool,  et  le  sel  triple  de  rhodium  reste  insoluble.  Il 
se  dissout  dans  l’eau  -,  les  alcalis  purs  en  précipitent  un 
oxide  jaune  qu’on  peut  réduire  par  la  chaleur. 


Des  Eaux  minérales. 


607 


S-  IV- 

Palladium. 

Le  palladium  est  un  métal  blanc,  ductile,  plus  pesant 
que  l’argent,  soluble  dans  l’acide  nitrique,  donnant  à ses 
solutions  une  belle  couleur  rouge,  précipitable  à l’état 
métallique  par  le  sulfate  de  fer,  et  en  brun  verdâtre  par  le 
prussiate  de  potasse , formant  avec  la  soude  un  sel  triple 
soluble  dans  l’alcool , et  devenant  très-fusible  par  son  union 
avec  le  soufre. 

Ce  métal  est  contenu  dans  la  solution  du  minérai  de 
platine,  par  l’acide  nitro-muriatique,  et  y regte  après  que 
le  platine  en  a été  séparé  par  le  muriate  d’ammoniaque. 
On  le  sépare  du  muriate  d ’ osmium  par  le  prussiate  de  soude, 
qui  forme  un  précipité.  La  quantité  de  palladium  qu’on 
obtient  est  ïzô  du  platine  brut. 


CHAPITRE  XXVIII. 


Des  Eaux  minérales . 

§.  Ier. 

Ce  n’est  point  ici  un  traité  complet  des  eaux  minérales 
que  je  présente,  Bergmann  , Guy  ton,  Fourcroy , TEes- 
trurnb  et  plusieurs  autres  chimistes,  ont  rempli  cette  tâche 


6o8  Des  Eaux  minérales. 

clc  manière  à ne  rien  laisser  desirer.  C est  un  expose  succinct 
qui  ne  peut  être  que  très-utile  à ceux  qui  commencent 
l’étude  de  la  chimie. 

On  appelle  eaux  minérales,  celles  qui  ont  des  vertus 
médicinales. 

Les  eaux  minérales  ont  été  ainsi  nommées  à cause  de 
quelques  vertus  qu  on  leur  attribuoit.  Dans  la  suite  on  a 
distingué  les  eaux  en  salubres  et  insalubres. 

L’eau  par  elle  même,  et  exempte  de  toute  matière 
hétérogène,  est,  autant  qu’on  peut  le  conjecturer,  toujours 
de  la  même  nature;  mais  lorsqu’elle  se  charge  de  particules 
étrangères,  elle  acquiert  des  propriétés  différentes;  les 
unes  sont  bonnes  pour  notre  usage,  les  autres  n'y  convien- 
nent pas.  Les  eaux  salutaires  n ont  pas  encore  , à beaucoup 
près , la  même  force;  elle  varie  à raison  de  l’abondance  et 
de  la  nature  des  principes  quelles  contiennent.  Celles  que 
l’expérience  a fait  recounoître  comme  très -efficaces  eu 
certains  cas , pourroient  être  , dans  d’autres , inutiles  ou 
même  nuisibles.  Dans  les  brasseries,  dans  les  boulangeries, 
pour  la  coclion  des  légumes,  pour  le  blanchiment  des 
toiles,  pour  la  préparation  des  cuirs  et  des  peaux,  pour  la 
fabrication  du  papier,  et  dans  une  infinité  d’autres  manu- 
factures, la  qualité  de  l’eau  est  d une  telle  importance  , que 

le  succès  des  operations  en  dépend. 

Les  naturalistes  embrassent  toutes  les  eaux,  médicinales, 
salubres  , insalubres  , propres  aux  arts,  etc. 

11  y a pour  les  eaux  quatre  grands  caractères  généraux  ; 
mais  comme  ils  se  trouvent  réunis  dans  les  mêmes  eaux, 
ils  ont  fait  longtems  la  base  des  classifications  , et  on  peut 
aujourd’hui  les  conserver  d'après  les  connoissanccs  que 
nous  avons  acquises. 


ÎJCS  Eaux  minérales.  £j0q 

On  distinguent  autrefois  les  eaux  en  cinq  espèces  : i» 
("aux  thermales,  ou  eaux  chaudes;  2°,  eaux  gazeuses  - 
3°.  eaux  salines;  4°-  eaux  martiales;  5°.  eaux  crues,  parce 
quelles  contenoient  des  sels  qui  décomposent  le  savon; 
c’est  çe  qui  arrive  dans  les  eaux  chargées  de  sulfate  de  chaux’. 

Voilà  quelles  étoient  autrefois  les  divisions  de  l’ancienne 
classification;  mais  elles  ne  conviennent  pas  quand  il  y a 
des  eaiix  à la  fois  gazeuses  et  salines  ou  martiales. 

La  cause  ordinaire  de  la  chaleur  des  eaux  thermales 
est  assez  difficile  à trouver.  Comment  telle  fontaine  con- 
serve-t-elle toujours  à-peu-près  le  même  degré  de  chaleur 
pendant  un  grand  nombre  de  siècles  ? 

On  ne  peut  attribuer  cette  chaleur  à des  volcans  qui 
n’ont  pas  toujours  la  même  intensité  de  chaleur.  Cependant 
cela  peut  etre  dans  quelques  cas  particuliers. 

Il  faut  donc  avoir  recours  à des  pyrites  en  décomposi- 
tion, qui  a l’aide  de  l’eau  et  d’un  grand  degré  de  chaleur, 
fournissent  en  même  tems  l’acicle  carbonique,  le  fer,  les 
différeus  sels,  le  gaz- hydrogène  sulfuré,  etc. 

Les  eaux  minérales  froides  seront  dues  également  à 
des  pyrites  en  décomposition,  mais  le  foyer  étant  assez 
éloigné  de  1 issue  de  la  fontaine  , ces  eaux  ont  le  tems  de 
se  refroidir. 

Il  faut  néanmoins,  ou  q ne  ces  pyrites  elles-mêmes  en 
décomposition  ne  soient  pas  très-abondantes,  puisqu'elles 
réduiroient  les  eaux  en  vapeurs  et  produiroient  une  espèce, 
de  volcan  : ou  que  les  eaux  ne  passent  pas  dans  le  centre 
du  loyer  de  ces  pyrites  : ces  pyrites  conserveront  pour 
lois  le  même  degré  de  chaleur  pendant  une  longue  suite 
de  siècles,  quelles  communiqueront  aux  eaux  qui  couleront 


g! o Des  Eaux  minérales. 

dans  leur  voisinage;  ces  eaux  se  chargeront  en  même  lems 
des  fluides  élasliques  qui  s’en  dégageront , et  de  petites  por- 
tions de  fer  et  de  sels  qu’elles  rencontreront,  ou  qui  seront 
fournies  par  quelques  pyrites  écartées. 

Quant  à l’origine  des  fontaines , il  est  bien  prouve 
quelle  est  due  aux  eaux  pluviales,  aux  neiges,  etc.;  ces 
eaux  imprègnent  la  terre  comme  une  éponge,  et,  suivant 
les  pentes  des  couches,  se  rendent  dans  les  vallees. 

Dans  les  pays  granitiques,  les  fontaines  sont  extrême- 
ment communes,  parce  qu’il  y a peu  de  terre. 

Mais,  dans  les  pays  calcaires,  ces  fontaines  sont  plus 
rares , parçe  que  ces  terreins  sont  remplis  de  fentes  où  les 
eaux  se  perdent , et  vont  sortir  enfin  sous  un  volume  assez 
considérable. 

Quelquefois  elles  forment  des  lacs  souterreins  qui  vont 
se  rendre  directement  dans  le  sein  des  mers , comme  le 
prouvent  les  fontaines  d’eaux  douces  qu  on  trouve  dans 

la  mer. 

Il  se  peut  que  quelques-uns  de  ces  courans  se  perdent 
dans  l’intérieur  du  globe. 

Il  est  aussi  possible  qu’il  se  volatilise  de  son  intérieur 
quelques  portions  d’eau  qui  entretiendroient  quelques 
fontaines. 

Maniéré  de  reconnaître  les  eaux. 

i°.  Faire  une  description  physique  de  la  source;  2°. 
prendre  la  pesanteur  spécifique  de  1 eau;  3°.  en  constater  la 
chaleur  thermométrique;  4°-  la  juger  ensuite  par  les  reactifs. 

Le  tableau  suivant  est  divisé  en  deux  parties  : la  ire.  con- 


- \ 


Des  Eaux  minérales. 


6î  t 


fent  Irois  colonnes.  Dans  la  ir«.  on  trouve  distribuées  les 
js?uf  espèces  d’eaux , dans  La  2e.  sont  les  subdivisions  de 
r?s  eaux,  et  dans  la  3e.  les  exemples  les  plus  connus  pour 
jiésigner  de  suite  de  quel  genre  étoit  l’eau. 

La  2 e.  partie  renferme  aussi  trois  colonnes.  La  ire.  indique 
**s  substances  qui  se  trouvent  dans  les  eaux,  la  2e.  les 
■actifs  que  l’on  doit  employer  pour  les  reconnoître,  et  la 
*.  les  effets  résultant  des  réactifs  employés. 


6i  "i 


EAUX  MINÉRALES. 

PREMIÈRE  PARTIE. 


CLASSES. 


DIVISIONS. 


EXEMÎ 


Nota.  Le  litre 

I«.  EAU  i 

Distillée. 

De  pluie  , de  neige. 
Glace. 

cube  d eau  pure 
mètres  de  pressi 

pure. 

degrés  du  therrn 
998,31  grammes • 

* 

anciennes  menu 

IL  EAUX 

< 

communes. 

Luxeuil 
De  rivières , de 

Froides \ 

puits,  etc. 

III.  EAU 

Nauséabonde. 

île  mer. 

Purement  salée. 

* T. 

Thermales 

IV.  EAUX 

Prémeaux. 

r Thermales { 

gazeuses  simples. 

Mont-d'or , Vie 

Chateldon , Asc; 

V.  EAUX 

| Bains  de  Fi;e  et  ( 

. gazeuses  salines. 

. Froides 

Seltz.  Pyrmout, 
Saint-Mion  , Ba. 

VI.  EAUX 

1 Thermales 

1 Langeac. 

gazeuses  saljnes  ferrug. 

[ froides ( 

Spa  , Bussang. 
Pougues , Donna 

| DeWals. 

VII.  EAUX 

| Thermales 

| Bourbonne-les-1 

salines. 

1 Froides 

1 

1 Sedhtz , Scvdscl 
Egra  . Balarnc , 
mothe  , etc. 

VIII.  EAUX 

| Tenant  carbonate  de  fer  . . . 

> Forge,  Aumale. 
L’Obreville. 

salines  ferrugineuses. 

1 Tenant  sulfate  de  fer  .... 

Passy,  Larongue 

[ 

Barrège , Cantcr 
Eauxbonnes,  Sai 
; Aix-la-Chapelle 

IX.  EAUX  , 

V 

sulfureuses. 

1 Froides , 

1 Montmorenci. 

EAUX  MINÉRALES.  6i3 

SECONDE  PARTIE. 


TANCES 

trouvent. 

RÉACTIFS 

APPROPRIÉS. 

EFFETS 

RÉSULT  AN  T. 

Sulfate  de  fer.  ......... 

Sulfate  jaune  oxide 

Acide  sulfureux  . ; 

Soufre  précipité. 

•ne  sulfureux  . . J 

Acide  nitreux  

Id.  J 

. Acide  muriatique  oxigéné.  . . 

m. 

m ,•••'> 

Acide  acétique 

ldi 

Dissolution  de  plomb.  .... 

Pre’cip  té  noir. 

trbonique.  . . . 

Eau  de  chaux 

Carbonate  de  chaux  précipité. 

s chaux  . . . i. 

Acide  oxalique 

Oxalate  d chaux. 

? magnésie  . . . 

Ammoniaque 

Magnésie  précipitée. 

; soude  .... 

Eau  de  chaux  

Carbonate  de  chaux. 

Prussiates 

Bleu  de  Prusse. 

Acide  gallique  ........ 

Couleur  pourpre. 

| 

Dissolution  de  barite 

Sulfate  de  barite. 

îque  • • . . / 

Nitrate  de  barite 

IJ. 

Nitrate  de  Mercure 

Sulfate  jaune. ou  blanc. 

Altération  en  rouge. 

Potasse 

Précipité , puis  redissous. 

Dissolution  de  savon 

Savon  calcaire. 

Acide  oxalique 

Oxalate  de  chaux. 

Sels  baritiqucs 

Sulfate  de  barite. 

. . j 

Prussiates  

Bleu  de  Prusse. 

: \ 

Acide  gallique 

Couleur  noire. 

Ammoniaque 

Couleur  bleue. 

ne ) 

Cuivre  précipité. 

\ 

Prussiate  de  potasse 

Précipité  brun. 

Acide  exalique 

Oxalate  de  chaux. 

riaux 

Eau  de  chaux 

Magnésie  précipitée. 

Alcool 

Cristallisation  subite. 

Précipité  blanc  caséeux,  mu-  j 

Dissolution  de  nitrate  d’argent. 

riale  d’argent. 

tique 

— de  nitrate  de  mercure  . . . 

Muriate  mercuriel  précipité. 

f Pour  l’acide,  acide  sulfurique, 

* } < 

qui  donne  des  vapeurs  visibles 

aiagneaie  • . > 

[ k l’approche  de  1 ammoniaque. 

soude 

Nitrate  d’argent 

Précipité  caséeux. 

Prussiates 

Bleu  de  Prusse.  ► 



. Acide  gallique 

Couleur  pourpre  obscunu.  1 

.(JUC , • » • • • 

Nitrate  de  mercure 

Borate  mercuriel.  i 

/ 


<§i4  Analyse  d une  Eau  minérale. 

, -s*  1 1.  | 

Analyse  d’une  Eau  minérale. 

>■ 

L art  d’analyser  les  eaux  est  peut-être  ce  quîl  y a d< 
plus  difficile  eu  chimie  ; souvent  elles  se  trouvent  com- 
posées de  six  , sept  ou  huit  substances  différentes  don 
il  faut  déterminer  le  caractère  et  la  quantité.  Parmi  ce; 
substances , il  y en  a de  volatiles,  d’autres  qui  se  décom- 
posent dans  l’analyse;  et  quoiqu’on  ait  beaucoup  d’acqui 
dans  la  science  chimique,  ou  a souvent  besoin  encon 
d une  etude  particulière , pour  ne  pas  se  tromper  daœ 
bien  des  cas.  Bergmann  qui  avoit  senti  ces  difficultés,, 
traité  cet  objet  tel  qu’on  devoit  l’attendre  de  son  génie 
Sa  dissertation  est  peut  - être  un  chef-d’œuvre  dans  et 
genre,  et  ne  sauroit  être  trop  connue.  La  belle  analyse 
des  eaux  d’Enghien,  par  M.  Fourcroy , celle  de  Plom- 
bières , par  M.  F auquelin , peuvent  encore  servir  dt 
modèle. 

Sans  rappeler  ici  toutes  les  découvertes  particulières 
qui  ont  été  faites  par  les  modernes  pour  perfectionnei 
l’analyse  des  eaux  minérales-,  je  prendrai  les  exemples  que 
j’ai  à donner  sur  cette  matière  dans  les  ouvrages  des 
hommes  célèbres  que  j’ai  cités.  Ces  exemples  réduits  en 
principes  seront  suffisaus  pour  un  mode  général  d’analyse. 

Les  substances  qui  sont  tenues  eu  solution  , et  qui 
sont  unies  d’une  manière  plus  intime,  soit  entre  elles  soit 
avec  l’eau,  sont  : 

A.  L’air  atmosphérique  : il  existe  dans  la  plupart  des 
taux,  on  l’en  sépare  par  l’ébullition,  et  à l’aide  de  la 


Analyse  d'une  Ëau  minérale.  Ci  5 

chine  pneumatique  : 'elles  le  reprennent  insensiblement 
dans  l’atmosphère. 

B.  L’acide  carbonique  : cet  acide  se  trouve  aussi  dans  les 
eaux , mais  en  quantité  bien  différente.  Il  s’élève  avec  1 air 
sous  le  récipient  de  la  machine  pneumatique,  et  augmente 
en  se  dilatant  le  nombre  des  bulles  ; il  donne  à 1 eau  une 
saveur  fraîche  et  piquante. 

c.  Le  gaz  hydrogène  : ce  gaz  s’élève  quelquefois  des 
eaux,  cependant  il  n’y  séjourne  pas-,  il  vient  du  sol  et 
s’étend  à leur  surface. 

D.  L’acide  boracique  se  trouve  dans  différens  lacs  de 
Toscane,  accompagné  des  borates  alcalins. 

E.  La  potasse  y est  rarement,  et  presque  toujours , jointe 
à d’autres  substances  -,  quelquefois  engagée  dans  les  acides 
sulfurique,  ou  muriatique,  et  souvent  avec  1 acide  ni- 
trique. 

F.  La  soude  y existe  au  contraire  fréquemment , unie  ou 
à l’acide  carbonique,  ou  à l’acide  sulfurique,  ou  à l’acido 
muriatique. 

G.  L’ammoniaque  que  les  eaux  tiennent  quelquefois, 
leur  a été  fournie  probablement  par  la  décomposition  des 
matières  végétales  et  animales.  Elle  est  presque  toujours  unie 

à quelqu’acide. 

//.  La  chaux  s’y  trouve  fréquemment  engagée  avec 
les  acides  carbonique,  sulfurique,  nitrique,  ou  muiia- 
tique. 

I.  La  magnésie  n’y  est  pas  aussi  commune-,  on  y trouva 
cependant  le  carbonate  de  magnésie,  le  sulfate  de  magné- 
sie, le  nitrate  de  magnésie,  ou  le  muriate  de  magnésie, 

K.  Le  sulfate  d’alumine  ne  s’y  rencontre  que  rare-. 


ment 


6i6 


Analyse  d’fin e Eau  minérale. 


L.  Le  fer  est  de  tous  les  métaux  celui  qu’on  y découvre 
le  plus  ord înairémjnt , quelquefois  à l’état  de  carbonate, 
quelquefois  en  étalée  sulfate  , et  de  muriate. 

M.  Le  cuivre  a été  trouvé  dans  les  eaux  à l’état  de 
sulfate. 

^ N.  L arsenic  y est  très-rarement,  et  sous  forme  d’oxide. 

Les  eaux  sont  encore  chargées  quelquefois  de  la  matière 
extractive  des  substances  végétales  et  animales  quelles 
rencontrent  dans  l’intérieur  de  la  terre-,  de  là  vient  quelles 
sont  sujettes  à se  corrompre,  lorsqu’il  y en  a une  certaine 
quantité. 

On  trouve  aussi  dans  les  eaux  thermales,  quelquefois 
même  dans  les  eaux  froides  qui  tiennent  du  carbonate, 
de  fer  en  dissolution,  un  fluide  élastique  qui  se  volati- 
lise avec  facilité-,  c’est  du  gaz  hydrogène  sulfuré. 

D après  Bergmann , il  y a deux  manières  d’analyser  les 
eaux  , par  les  reactifs  , et  par  l’évaporation  , ou  distillation  ; 
mais  en  général,  on  doit  procéder  à-la-fois  suivant  les  deux 
méthodes. 

11  faut  encore  que  la  synthèse  confirme  l'analyse,  pour 
qu  il  ne  reste  aucune  incertitude. 


D abord  d tant  décrire  les  propriétés  physiques  de 
l’eau  qu’on  analyse  : i°.  la  vue  distingue  plusieurs  de  ces 
qualités.  L eau  peut  être  limpide,  ou  louche,  tirant  au 
rouge  ou  au  jaune,  ou  bleue,  ou  verte.  2°,  Son  odeur. 
3°.  Saveur  piquante,  amère,  austère,  styptique , salée, 
alcaline,  enfin  métallique.^.  On  ne  doit  pas  négliger  d'en 
prendre  la  pesanteur  spécifique.  5°.  Il  faut  s’assurer  de  leur 
température  -,  examiner  si  elle  est  la  même  à la  source 
pendant  toute  l’année,  ou  si,  au  contraire,  elle  suit  les 
variations  de  l’atmosphère -,  si  elle  gèle  l’hiver;  si  les 


Analyse  d'une  Eau  minérale.  617 

eaux  chaudes  ne  forment  pas  de  dépôt  en  se  refroidis- 
sant 5 si  après  ce  refroidissement  leur  *©deur  et  leur  saveur 
ne  sont  pas  diminuées  ou  même  entièrement  détruites. 
6°.  On  11e  doit  pas  négliger  les  considérations  prises  des 
lieux,  telles  que  la  situation*,  tant  par  rapport  à la  géo- 
graphie naturelle  qu’à  la  géographie  politique,  le  carac- 
teie  et  1 élévation  du  sol  dans  les  environs.  On  observera 
si  la  quantité  d’eau  est  constante  toute  l’année;  si  elle 
\aiie  suivant  les  gecheresses  et  les  pluies;  si  elle  est 
stagnante;  si  son  cours  est  lent  ou  rapide,  etc.  Si  ces 
eaux  déposent  dans  leurs  lits  des  sels,  des  terres,  ou  un 
oxide  de  fer;  s il  ny  a pas  quelque  efflorescence  saline 
dans  le  voisinage;  s il  ne  se  sublime  pas  du  soufre  aux 
voûtes  et  dans  les  canaux;  si  elles  sortent  de  terre  tran- 
quillement, ou  avec  une  sorte  d’ébullition,  etc. 

Enfin , il  est  bon  de  savoir  s’il  croît  des  végétaux  dans  la 
fontaine  même,  et  s’il  y a quelques  animaux. 

Des  propriétés  physiques  on  passe  à l’action  des  réactifs. 
(Voyez  l’article  Réactifs , et  le  tableau,  pag.  61 3. 

Moyen  de  reconnaître  dans  les  eaux  les  substances 

volatiles. 


On  prend  une  quantité  clétermiuée  d’eau  qu’on  veut 
analyser , on  la  met  dans  une  oornue  de  verre,  on  y 
adapte  un  ballon  muni  d’un  tube  recourbé  qui  va  plonger 
sous  une  cloche  a 1 appareil  pneumato-chimique , soit  à 
1 eau,  soit  au  mercure,  mais  de  préférence  au  mercure; 
on  pose  la  cornue  sur  un  bain  de  sable.  Tout  étant  ainsi 
dispose,  on  allume  le  feu,  qui  doit  être  continué  jusqu’à 
1 ébullition.  Le  calorique  qui  pénètre,  dégage  une  quantité 


6i8  Analyse  d’une  Eau  minérale. 

de  bulles,  qui  augmentent  à mesure  que  la  liqueur  s’é- 
chauffe; elles  traversent  le  mercure,  et  se  rassemblent  au 
haut  du  vase.  On  continue  l’ébullition  jusqu’à  ce  qu’il 
ne  se  dégage  plus  de  bulles.  L’opération  achevée1,  ou 
marque  sur  le  vase  le  point  où  se  trouve  la  surface  du 
mercure , afin  de  prendre  la  mesure  cubique  de  l’espace 
qui  paroît  vide.  Le  fluide  élastique  ainsi  obtenu,  est  ordi- 
nairement composé  en  partie  d'air  atmosphérique,  et  en 
partie  d’acide  carbonique  ; pour  s’en  assurer  et  en  détermi- 
ner les  quantités  , voici  comme  on  doit  opérer  : 

On  fait  passer  le  gaz  obtenu , après  avoir  mesuré  sa 
quantité,  dans  un  flacon  rempli  d’eau  de  chaux;  on 
agite  jusqu’à  ce  qu’il  ne  se  forme  plus  de  précipité.  L’eau 
de  chaux  s’empare  de  l’acide  carbonique,  et  iT  ne  reste 
que  l’air  atmosphérique  dont  on  fait  la  déduction  sur 
le  volume  total , et  on  a la  quantité  précise  d acide  carbo- 
nique. 

On  peut  aussi  déterminer  la  quantité  d’acide  carbonique 
par  son  poids.  A cet  effet,  on  met  dans  un  grand  flacon  un 
ou  deux  kilogrammes  de  l’eau  chargée  d acide  carbonique; 
on  le  bouche,  après  y avoir  versé  de  l’eau  de  chaux  par 
excès.  Quand  tout  le  précipité  est  formé,  on  sépare  la 
liqueur  avec  un  syphon , ou  on  filtre  sans  le  contact  de 
l’air;  on  édulcore;  on  sèche  le  précipité,  et  on  juge  du 
poids  de  l’acide  carbonique  par  celui  du  carbonate  calcaire 
obtenu. 

Pour  distinguer  l’acide  carbonique  libre  de  celui  qui 
peut  être  engagé  dans  une  base , ou  répète  la  même  opé- 
ration sur  de  l'eau  privée  d’air  atmosphérique  par  l'ébul- 
lition. D’après  le  calcul , on  sait  que  le  carbonate  calcaire 
contient  acide  carbonique  34,  chaux  55 , eau  xi. 


Analyse  d’une  Eau  minérale.  619 

Il  s’élève  aussi,  pendant  la  distillation,  d’autres  fluides 
élastiques  ; souvent  on  trouve  de  l’azote , du  gaz  hydro- 
gène sulfuré,  etc.  Dans  ce  cas,  il  faut  i°.  s’assurer  de  la 
présence  de  l’azote  par  les  couleurs  bleues  végétales  et 
par  l’eau  de  chaux , qui  n’éprouvent  aucun  changement 
si  le  gaz  azote  est  pur  5 20.  on  décompose  le  gaz  hydrogène 
sulfuré  par  le  gaz  nitreux;  alors,  le  soufre  se  dépose  sur 
les  parois  de  la  cloche  , et  le  gaz  hydrogène  brûle. 

L’eau  qui  se  condense  dans  le  récipient,  absorbe  aussi 
de  ce  gaz  ; souvent  elle  est  trouble  , fétide , recouverte 
d’une  pellicule  sulfureuse  et  précipitant  en  noir  les  disso- 
lutions métalliques. 

Pour  déterminer  la  quantité  de  gaz  hydrogène  sulfuré 
dans  une  eau , M.  JVestrumb  a proposé  d introduire  dans 
uu  matras  une  quantité  déterminée  d’eau,  et  d’y  adapter  un 
tube  recourbé,  plongeant  dans  un  long  cylindre  qui  est 
rempli  d’une  dissolution  d’acétate  de  plomb  avec  excès 
d’acide  acétique.  On  fait  bouillir  l’eau  jusqu’à  ce  qu’il  n’y 
ait  plus  de  dégagement  de  bulles;  on  ramasse  le  préci- 
pité noir,  le  sulfure  de  plomb,  dont  19  grains  repré- 
sentent dix  pouces  cubiques  de  gaz  hydrogène  sulfuré. 

» 

De  l’Évaporation  des  eaux. 

Quand  on  a beaucoup  d’eau  à évaporer , on  peut  se 
servir  de  bains-marie  d’étain,  plongés  dans  des  cucurbites. 
de  Cuivre  étamé , et  l’on  entretient  l’eau  constamment 
bouillante.  Lorsque  l’évaporation  est  avancée,  on  doit  faire 
usage  de  capsules  de  verre  ou  de  porcelaine  : il  faut  aussi 
avoir  attention  de  couvrir  les  vases  d’une  double  gaze  „ 
attendu  que  la  poussière  répandue  dans  l’atmosphère , les 


^ 50  Analyse  d une  Eau  minérale. 

pcüi.o  ilocous  de  cendre  élevés  du  fourneau,  peuvent  faire 
craindre  que  le  résidu  ne  soit  pas  pur. 

A mesure  que  1 eau  s’évapore,  les  matières  fixes  sc 
i approchent  au  point  qu  enfin  elle  ne  peut  plus  les 
retenir  toutes.  Ces  matières  se  précipitent  donc  succes- 
sivement : d abord  celles  qui  sont  plus  difficilement  so- 
iubles,  ensuite  celles  qui  exigent  le  moins  d’eau  pour  leur 
solution. 

L évaporation  modérée  est  celle  qui  convient  le  mieux  \ 
une  forte  ébullition  emporte  toujours  quelque  chose,  et 
peut  meme  quelquefois  opérer  des  décompositions. 

il  se  présente  alors  divers  phénomènes , suivant  la  na- 
tuie  des  substances  dont  l’eau  est  chargée.  S’il  y a du 
carbonate  de  chaux  et  du  carbonate  de  fer , dès  que  la 
chaleur  passe  64  ou  7 2 degrés  du  thermomètre  de  Réau- 
mur  ,-  ils  perdent  de  1 acide  carbonique  qui  les  rendoit 
solubles  -,  ils  forment  donc  une  pellicule  à la  surface  où  le 
dissolvant  manque  d abord;  Cette  pellicule  étant  rompue 
par  le  mouvement , gagne  le  fond  et  s’y  dépose  tranquil- 
lement. Cela  vient  de  ce  que  la  chaux  et  le  fer,  quoiqu’iu- 
solubles  dans  1 <?au  , lorsqu’ils  sont  seulement  saturés 
d acide  carbonique  , se  dissolvent  cependant  dans  une  eau 
abondamment  chargée  de  cet  acide  ; mais  cette  quantité 
surabondante  ne  leur  adhère  que  foiblement  et  se  dissipe 
pendant  l’évaporation. 

S’il  y a du  carbonate  de  magnésie,  il  ne  se  sépare  pas 
tout  a la  fois , mais  pendant  tout  le  cours  de  l’opérai iou 
jusqu’à  l’évaporation  à siccité. 

Le  carbonate  de  chaux  sc  précipite  quand  la  liqueur 
approche  du  degré  de  1 ébullition  , cela  vient  de  ce  que  lo 


62  I 


Analyse  cl’une  Eau  minérale. 

calorique  a dégagé  les  premières  portions  d’acide  carbo- 
nique. 

Le  sulfate  de  chaux  se  dépose  avant  tous  les  antres 
sels  , mais  longlems  après  le  carbonate  de  chaux  et  le  car- 
bonate de  fer. 

Il  ne  faut  pas  croire  cependant  que  l’on  puisse  recueillir 
séparément  les  diverses  substances  à mesure  qu’elles  se 
présentent  : ce  moyen  d’analyse  n’est  pas  praticable.  Outre 
l’embarras  causé  par  les  filtrations  répétées,  il  se  perd 
toujours  quelque  chose  sur  les  filtres.  L’évaporation  de 
l’eau  jusqu’à  siccité  est  préférable. 

Arrivé  à ce  point,  on  ramasse  exactement  le  résidu  , 
et  on  le  pèse  ; souvent  le  poids  de  tout  ce  que  l’eau  contc- 
noit  , ne  peut  être  bien  déterminé  que  par  la  somme  des 
poids  des  diverses  substances  ; car  la  dessication  inégale 
les  prive  plus  ou  moins  de  l’eau  de  cristallisation.  Toutes 
celles  qui  peuvent  être  réduites  en  cristaux  , ne  doivent 
être  pesées  que  dans  cet  état,  parce  que  c’est  ainsi  qu’elles 
existent  dans  l’eau. 

Examen  du  résidu  de  l évaporation  de  l’eau. 

\ 

A.  On  met  dans  un  matras  tout  le  résidu  bien  desséché  ; 
on  y ajoute  de  l’alcool-,  on  l’agite  fortement  après  l’avoir 
bouché;  on  laisse  reposer  quelques  heures  ,' et  l’on  filtre 
la  liqueur  qui  contient  les  sels  solubles  dans  l’alcool. 

B.  On  verse  sur  le  résidu  huit  fois  son  poids  d’eau 
distillée  froide  : on  agite  le  mélange  , et  on  filtre  après 
quelques  heures  de  repos.  La  lique.ur  contient  les  sels 
facilement  solubles  dans  l'eau. 

C'.  Enfin  , on  fait  bouillit  le  résidu  pendant  un  quart- 


Analyse  d’une  Eau  minérale . 

d heure,  dans  une  quantité  d’eau  distillée,  qui  excède 
quatre  à cinq  cents  fois  son  poids,  et  on  sépare  la  liqueur 
par  la  filtration.  Le  liquide  contient  les  sels  très-peu  so- 
lubles dans  l’eau  , tel  que  le  sulfate  de  chaux. 

Apres  avoir  enlevé  tous  les  sels  solubles  dans  l’alcool  et 
dans  l’eau  , il  reste  des  carbonates  que  l’on  fait  calciner 
pour  ramener  le  fer  à l’état  d’oxide  rouge  , et  on  traite 
ensuite  par  le  vinaigre  distillé  qui  dissout  seulement  la 
magnésie  et  la  clraux.  On  filtre  , on  fait  sécher  , et  l’on 
peut  déjà  déterminer  la  quantité  de  carbonate  de  fer  con- 
tenu dans  une  masse  donnée  d’eau  minérale. 

Au  lieu  de  faire  évaporer  cette  liqueur  filtrée , conte- 
nant les  acétates  terreux  , il  faut  y verser  du  carbonate  de 
potasse  qu on  fait  bouillir  avec  elle;  on  lave  le  précipité 
blanc  qui  est  composé  de  carbonate  de  chaux  et  de  carbo- 
nate de  magnésie.  On  le  décompose  par  l’acide  sulfurique 
foible  qui  les  tranforme  en  sulfates  de  magnésie  et  de 
chaux.  L eau  qui  a servi  à laver  la  masse } retient  en  dis- 
solution le  sulfate  de  magnésie,  et  le  sulfate  de  chaux  reste  ; 
on  le  fait  sécher  et  on  le  pèse.  On  peut  ainsi  déterminer 
la  quantité  de  carbonate  de  chaux  contenu  dans  la  liqueur. 
Le  sulfate  de  magnésie  se  trouve  dans  la  liqueur  surna- 
geante; on  peut  le  décomposer  par  la  potasse  caustique; 
le  précipite  bien  lave  et  séché  est  la  magnésie  pure.  On 
peut  conclure  de  la  la  quantité  de  carbonate  de  magnésie 
contenue  dans  une  eau  minérale. 


Analyse  d'une  Eau  minérale. 


Gi3 


Examen  de  la  liqueur  alcoolique. 

La  dissolution  que  l’on  obtient  par  l’alcool , peut  con-* 
tenir  du  muriate  de  chaux  , du  muriate  de  magnésie  , ra- 
rement des  nitrates  des  mêmes  bases  , sels  qui  sont 
très-déliquescens  et  solubles  dans  l’alcool  , etc.  Pour 
les  reconnoître  , on  évapore  jusqu’à  siccité  ; on  verse 
sur  le  résidu  de  l’acide  sulfurique  affoibli , qui  convertit 
le  tout  en  sulfate  de  magnésie  que  l’on  reconnoît  par 
son  amertume  et  par  sa  forme  cristalline-,  ou  bien,  si  la- 
base  est  un  mélange  de  deux  terres  , il  y a une  partie 
de  sulfate  de  chaux  et  une  partie  de  sulfate  de  magnésie. 

Pour  connoître  le  poids  du  sel  soluble,  il  faut  dissoudre 
séparément  le  sulfate  de  chaux  et  le  sulfate  de  magnésie  , 
les  précipiter  par  le  carbonate  de  potasse , et  peser  ce  pré- 
cipité , après  l’avoir  lavé  et  séché. 

Quant  à la  dissolution  par  l’eau  froide  , il  faut  d’abord 
essayer  de  la  faire  cristalliser  à une  évaporation  douce  , 
ce  qui  réussit  très -bien  quand  on  a séparé  les  sels  dé- 
liquescens.  Il  faut  en  excepter  le  muriate  de  soude,  qui 
se  dissout  assez  facilement  dans  l’eau  froide  et  dans  l’eau 
chaude , et  dont  la  cristallisation  exige  une  évaporation 
continue  : tous  les  autres  sels  prennent  facilement  des 
formes  régulières. 

A mesure  qu’il  se  forme  des  cristaux,  on  les  fait  des- 
sécher sur  le  papier  : alors  on  examine  la  figure  , la  saveur 
et  toutes  les  autres  propriétés  qui  peuvent  indiquer  leurs 
caractères. 

% 

Les  muriatcs  dépotasse  et  de  soude  donnent  des  cristaux 
cubiques  qui  décrépitent  au  feu  : on  peut  les  distinguer 


( 


6^4  Analyse  d’une  Eau  minérale. 

aisément  en  versant  dans  la  dissolution  bien  saturée,  de 
1 acide  tartarique  ; on  obtient  un  tartrate  de  potasse  , ce 
qui  n arrive  pas  au  muriate  de  soude,  parce  que  la  soude 
se  comporte  différemment  avec  l’acide  tartarique.  On  peut 
encore  se  servir  avec  plus  de  succès  de  muriate  de  platine 
qui  forme  un  précipité  jaune  retenant  la  quantité  de 
potasse. 

Si  l’addition  du  carbonate  de  potasse  a fait.  reconnoître 
par  la  précipitation  , que  la  base  étoit  terreuse,  on  en 
détermine  les  espèces. 

S il  y a quelque  métal , on  s’en  apperçoit  communément 
à la  couleur.  Le  cuivre  se  précipite  avec  son  brillant  mé- 
tallique, sur  le  fer  que  l'on  plonge  dans  la  dissolution  du 
sel , ou  seulement  que  l’on  frotte  avec  ce  sel  humecté  : il 
se  reconnoît  encore  à sa  couleur  bleue  par  l’ammoniaque  , 
et  à sa  couleur  brune  par  un  prussiate.  Le  fer  se  distingue 
a sa  couleur  tirant  au  vert  ou  au  jaune,  suivant  qu’il  est 
plus  ou  moins  oxidé  ; à la  saveur  , par  la  teinture  de  noix 
dé  galle  et  par  les  prussiates.  Le  zinc  forme  avec  l’acide 
sulfurique  le  sulfate  de  zinc  , est  précipite  à l’état  d'oxide 
blanc  par  les  alcalis. 

Le  manganèse  donne  aussi  un  sulfate-,  il  est  toujours 
noir  au  dernier  terme  d’oxidation.  S’il  est  dans  les  eaux 
à l’état  de  carbonate  , on  calcine  d’abord  fortement  le  ré- 
sidu ; ensuite  on  verse  dessus  de  l’acide  nitrique  foible, 
auquel  on  ajoute  un  peu  de  sucre,  et  une  heure  après, 
on  sépare  la  liqueur  par  le  filtre.  La  potasse  versée  dans 
cette  liqueur  , y occasionne  un  précipité  blanc  qui  noircit 
0pu  feu. 


« 


6a5 


Eaux  minérales  artificielles. 


S-  III. 

Eaux  minérales  artificielles. 

J’ajouterai  à cet  exposé  sur  les  eaux  minérales  naturelles, 
l’énoncé  des  diverses  matières  qui  constituent  chacune 
déliés,  afin  de  faciliter  la  préparation  des  eaux  minérales 
artificielles  , les  doses  suivantes  que  MM\  Triayre  et 
Junne , ont  eu  la  complaisance  de  me  communiquer  sont 
celles  qu'ils  suivent  dans  leur  établissement  à Paris  , rue 
Saint-Lazare,  sous  Tivoli,  qui,  sans  contredit,  est  une  des 
plus  belles  et  une  des  plus  utiles  entreprises  qu’il  soit  pos- 
sible d imaginer. 

Doses  de  chaque  bouteille  de  61 1 hectogrammes  ( 20  onces) 

d’eau. 


Aix-la-Chapelle. 

Hydrogène  sulfuré i de  volume. 

Carbonate  de  soude 20  grains. 

Muriate  de  soude g ici. 

Balarue. 


Acide  carbonique 2 volumes. 

Muriate  de  soude 120  grains. 

Muriate  de  chaux 18  id. 

Carbonate  de  magnésie.  ...  1 id. 

Muriate  de  magnésie 36  id. 

Barèges. 

Hydrogène  sulfuré £ de  volume. 


) 


i 


02.6  Eaux  minérales  artificielles. 


Carbonate  de  soude 16  grains. 

Muriate  de  soude à td. 


Bonne. 


Hydrogène  sulfuré ■ j de  volume. 

Muriate  de  soude 3 grains. 

Sulfate  de  magnésie * id. 


Bourbonne. 


Acide  carbonique 2 volumes. 

Muriate  de  soude 72  grains. 

Sulfate  de  magnésie 2 id. 


Bussang. 


Acide  carbonique 3 volumes. 

Carbonate  de  soude 6 grains. 

Carbonate  de  fer | id. 


Cauterets. 


Hydrogène  sulfuré i de  volume. 

Carbonate  de  soude 3 grains. 

Muriate  de  soude 1 id. 


Chdtèldon. 


Acide  carbonique 2 volumes. 

Carbonate  de  soude 3 grains. 

Muriate  de  soude 3 idK 


Eaux  minérales  artificielles. 
Carbonate  de  magnésie.  ...  2 id. 

Carbonate  de  fer 1 id. 


Contrexeville. 


Acide  carbonique.  . . . 

• • ‘ iT  de  volume. 

Carbonate  de  chaux.  , . 

...  4 grains. 

Sulfate  de  chaux 

Engl  lien. 

Hydrogène  sulfuré. . . . 

Muriate  de  soude.  . . 

Carbonate  de  magnésie. 

. . . j id. 

Sulfate  de  magnésie.  . 

Forges. 

Acide  carbonique.  . . . 

Carbonate  de  fer 

/ 

4 grain. 

Mont-d’Or. 

Acide  carbonique.  . . 

. . . 5 volumes. 

Carbonate  de  soude.  . . 

Muriate  de  soude.  . . . 

Sulfate  de  fer 

Lamotte. 


Acide  carbonique. 
Sulfate  de  soude. 


2 volumes. 
16  grains. 


628  Eaux  minérales  artificielles. 

Muriate  de  soude 36  id. 

Carbonate  de  magnésie.  ...  3 id. 

Plombières. 

Acide  carbonique ù de  volume. 

Carbonate  de  soude .’  i { grain. 

Sulfate  de  soude id. 

Muriate  de  soude i id. 

Pyrmont. 

Acide  carbonique 5 volumes. 

Muriate  de  soude 2 grains. 

Carbonate  de  magnésie.  ...  12  id. 

Sulfate  de  magnésie 8 id. 

Carbonate  de  fer \ id. 

Seltz. 

Acide  carbonique 5 volumes. 

Carbonate  de  soude. 4 gra“ls- 

Muriate  de  soude 2.2  id. 

Carbonate  de  magnésie.  ...  2 id. 

' Sedlitz. 

Acide  carbonique 3 volumes. 

Sulfate  de  magnésie J44  grains. 

Muriate  de  magnésie *d  id. 


Eaux  minérales  artificielles. 


629 


Spa . 

Acide  carbonique 5 volume». 

Carbonate  de  soude 2 grains. 

Muriate  de  soude | ici. 

Carbonate  de  magnésie.  . . . \id. 
Carbonate  de  fer 1 id. 

Vichy. 

Acide  carbonique.’ 2 volumes. 

Carbonate  de  soude 32  grains. 

Sulfate  de  soude 16  id. 

Muriate  de  sonde.  .......  [\.id. 

Carbonate  de  magnésie.  ...  7 id. 

Carbonate  de  fer.  3 de  grain. 

Vais. 

Acide  .carbonique 3 volumes. 

Muriate  de  soude 12  grains. 

Sulfate  d’alumine 3 grain. 

Carbonate  de  fer | id. 

Sulfate  de  fer i grain. 

Bagneres  de  Luchon. 

Hydrogène  sulfuré 5 de  volume. 

Carbonate  de  soude 3 grains. 

Muriate  de  soude i id. 


1 


63  o 


Eaux  minérales  artificielles.  - 


Sulfureuse  de  Naples. 

Acide  carbonique.  ......  3 volumes. 

Hydrogène  sulfuré ± de  volume. 


Gurgitelli. 


Acide  carbonique 2 volumes. 

Carbonate  de  soude 5o  grains. 

Muriate  de  soude io  id. 

Carbonate  de  magnésie.  ...  2 id. 


P isciarelli. 

....  \.  volume. 

....  \ de  volume. 

....  10  grains. 

....  21  id. 

Hydro-suif  urée. 

Hydrogène  sulfuré x volume. 

*-  Hydr  o- sulfurée  forte. 

Hydrogène  sulfuré 3 de  volume. 

Oxigénée. 

Gaz  oxigène £ volume. 

, Hydrogénée. 

Gaz  hydrogéné § de  volume.. 


Acide  carbonique. 
Hydrogène  .sulfuré 
Sulfate  d’alumine. 
Sulfate  de  fer. . . . 


Eaux  minérales  artificielles. 


silcaline  minérale , ou  seda-waler. 


Simple  . . 
Double  . . 
Triple . . . 


4 volumes  acide  carbonique. 

7 2 grains  carbonate  de  soude. 

4 volumes  acide  carbonique. 
*44  grains  carbouale  de  soude. 

5 volumes  acide  carbonique. 
2i Ci  grains  carbonate  de  soude 


jj.lcaline  végétale. 

Acide  carbonique 5 volumes. 

Carbonate  de  potasse  . . . 72  grains. 

Seltz  douce. 


I 


Même  proportion  que  l’eau  de  Seltz,  mais  l’acide 
carbonique  quelle  contient  est  extrait  par  la  voie  sèche, 
et  s’y  combine  avec  quelques  parties  d hydrogène. 

La  plupart  des  eaux  ci-dessus  contiennent  l’acicle  car- 
bonique et  l'hydrogène  sulfuré  en  quantité  plus  forte 
que  les  eaux  naturelles  , mais  outre  que  cette  surabon- 
dance est  quelquefois  recommandée  par  les  médecins  , 
elle  présente  de  plus  l avantage  d’en  conserver  une  dose 
suffisante  pour  produire  des  effets  sati  s faisans  , beaucoup 
plus  longlems  que  les  eaux  naturelles  prises  loin  de  leur 
source.  O11  peut  toujours  réduire  à volonté  le  volume 
de  ces  gaz  dans  les  eaux  artificielles  , en  laissant  quelques 
instans  la  bouteille  ouverte  ou  le  verre  rempli  avant 
d en  faire  usage  , tandis  qu’on  ne  peut  rendre  aux  natu- 
relles le  gaz  qu  elles  ont  perdu. 


Eaux  minérales  artificielles : 


o3a 


Eau  acidulé. 

* 

Acide  carbonique 5 volumes. 

Cette  eau  mêlée  avec  du  sirop  de  limon  , forme  une 
boisson  très- agréable  , et  employée  aussi  avec  succès  dans 
le  début  des  fièvres  putrides. 

Différens  rapports  présentés , depuis  quelques  années  au 
ministre  de  l’intérieur,  par  le  médecin  inspecteur  de  1 éta- 
blissement ci-dessus,  ont  constaté  les  bons  effets  de  ces 
eaux  artificielles  , pries  en  boisson  , et  administrées  en 
bains  et  douches-,  les  soins  constans  des  propriétaires  pour 
le  perfectionnement  de  leurs  procédés,  et  des  différentes 
parties  de  leur  établissement,  ont  été  récompensés  par 
l’approbation  de  1 Institut  national,  de  l’École  et  de  la 
Société  de  médecine,  le  suffrage  des  praticiens  les  plus 
distingués  de  la  capitale  et  des  départemens  , et  une  aug- 
mentation annuelle  dans  la  consommation  de  leurs  eaux. 


Fin  du  Tome  second. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


TOME  SECOND. 


Des  Sels  en  général r 

De  la  Cristallisation 4 

Propriétés  génériques  des  Sulfates 16 

Sulfate  de  Barite jj 

— de  Strontiane 

— de  Potasse 

— acide  de  Potasse 25 

— de  Soude 26 

— de  Chaux 3 ! 

— d’ Ammoniaque 35 

— de  Magnésie 3j) 

— ammoniaco-magnésien 42 

— <î Alumine.  ( Des  diverses  especes  ) /j.3 

— acide  d’ Alumine  et  de  Potasse 45 

• — de  Glucine 52 

— dé  Yttria ' 54 

— de  Zircone 33 

Des  Sulfites 55 

Propriétés  génériques 

Sulfite  de  Barite 53 

— de  Chaux 5g 

— de  Potasse 60 

— de  Soude (33 

— de  Soude  sulfuré 64 

— de  Strontiane  67 


634-  Table  des  Matières. 

Pag- 

Sulfite  d’ Ammoniaque ^ . 67 

— de  Magnésie 68 

— ammoniaco-magnésien 7° 

— de  Glucine M 

— d’ Alumine 7 1 

- — de  Zircone M. 

Des  Nitrates  en  général.  . . , 

Nitrate  de  Barite 7 d 

- — de  Potasse ;4 

— - de  Soude 9* 

— de  Strontiane 9-i 

— de  Chaux.  . . . 9^ 

— d’ Ammoniaque 9^ 

■ — de  Magnésie . . . . 101 

— Ammoniaco-magnésien  . io4 

- — d' Yttria io^ 

— de  Glucine  id. 

— d’ Alumine  io^ 

— de  Zircone-  io7 

j Des  Nitrites  . • • 10^ 

Des  Mûri  aies  ■ . . '.  • • • ' 110 

Muriale  de  Barite:  . . . . : . ..••*•••' 1 1 1 

— de  Potasse ' 1 1 ^ 

— de  Soude. 1 1 7 

— de  Strontiane  1 0 1 

• — de  Chaux • • • ' 1 

-w-  d- Ammoniaque . ï^7 

- — de  Magnésie-  ....  144 

^ 

— ammoniaco-magnésien 1 

-r—  de  Glucine  ^ ; 1 ^7 

-r-  d Alumine I 


Table  des  Matières.  63$ 

— Pag. 

Muriatc  de  Zircone x ...  . 

Muriates  oxigénés  et  mûri  aies  su  r-o  xigcn  es  Icrreu  x 

et  alcalins jtj. 

Mu  riate  sur-oxigéné  de  Potasse i55 

• — de  Soude jgj 

• — de  B a ri  te jçj 

— de  Strojitiane 

— de  Chaux j03 

— cC Ammoniaque  . . . ( 

— de  Magnésie jc] 

— d’ Alumine j(j$ 

Phosphates  terreux  et  alcalins ici. 

Phosphate  de  B a ri  te  . , 

— de  Strontiane x(38 

— de  Chaux 

— acide  de  Chaux Tnr 

J L 

— de  Potasse 

• — de  Soude . 

• — d' Ammoniaque \ 

— de  Magnésie 

— de  Giucine 

< — d’ Alumine  . iB" 

— de  Zircone jj 

— de  Silice  , , id. 

Phosphites  terreux  et  alcalins 188 

Phosplute  de  Chaux.  . . 

— de  Parité  . . , id 

— de  Strontiane : ^() 

— - de  Magnésie  id 

— de  Potasse id. 

■ — de  Soude 


636  Table  des  Matièees. 

Pag. 

'Phosphate  P Ammoniaque • 19I 

— ammoniaco-magnésien 192 

— cT  Alumine 19^ 

Fluates  terreux  et  alcalins id. 

Fluate  de  Chaux  . . . . t 194 

— de  Parité 196 

— de  Strontiane 197 

— de  Potassa.  . . ici. 

— de  Soude 199 

— dé Ammoniaque ici. 

— de  magnésie. 201 

— de  Glucine id. 

— d-  Alumine  id. 

— de  Zircone  ! 

• — de  Silice id. 

Porates  terreux  et  alcalins  . . id. 

Porate  de  Chaux 2o3 

— de  Parité 204 

— de  Strontiane 5 

— de  Magnésie.  . . . id. 

— de  Potasse 206 

— sur-saturé  de  Soude. * 207 

— d’ Ammoniaque 210 

- — de  Glucine id. 

— cl’ Alumine  . 2 1 1 

— de  Zircone id. 

• — de  Silice id. 

Carbonates  ( Caractères  génériques.  ) id. 

Procédés  pour  les  obtenir 212 

Carbonate  de  Parité 220 

— de  Strontiane 


Table  des  Matières.  63^ 

Püg. 

Carbonate  de  Chaux : . . . 224 

— de  Potasse 228 

— de  Soude 233 

— de  Magnésie 287 

— d’ Ammoniaque 240 

— de  Gïucine 245 

— d’ Alumine id. 

— de  Zircone 246 

Division  de  la  chimie  Minérale.  . ...  , 247 

Centemplation  du  Globe  et  de  son  organisation 

en  masse , . . 248 

Distribution  méthodique  des  Minéraux 253 

De  V usage  des  caractères  extérieurs  des  Minéraux.  2.56 

De  l’histoire  générale  des  Minéraux 25g 

P ropriétés  des  minéraux.  Essais  préliminaires.  . 261 
Considérations  générales  sui  les  Minéraux.  . . . 262 

De  V Arsenic 268 

Acide  Arsenieux 277 

, — Arsenique 285 

Dn  Tungstène , ? . 290 

Acide  Tungstique , . . . 296 

Des  Tungslates 298 

Du  Molybdène 3or 

Acide  Molybdique 3c>4 

Du  Chrome 3o8 

Acide  Chrômique 3i2 

Des  Chromâtes * ....  3x3 

Du  Columbium 3i6 

Du  Titane 3i8 

De  VUrane 32 1 

Du  Cérium 324 


/ 

638  Tablé  des  Matières. 

Du  Cobalt.  . . . ; ; ; 3 J*' 

Du  Manganèse  et  de  son  oxide 344 

Du  Bismuth.  35g 

De  1 Antimoine , et  du  sulfure  d’ Antimoine.  . . . 364- 

Du  Tellure 

Du  Mercure 3 2 

Du  Zinc 

Du  Nickel 4^5 

'•°e  ï Etain:  450 

Plomb 

Du  Fer.  .........  . : : 49i 

Cuivre.  .' 530 

De  V Argent. 555 

De  l Or.  57g 

Du  Platine ■ 5p2 

De  V Iridium t g03 

De  V Osmium g04 

Du  Rhodium 

Du  Pàlladium 

Des  Eaux  minérales id. 


Fia  de  la  Table  des  Matières. 


..  . _ -J..  „