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Full text of "Éléments de pharmacie, théorique et pratique : contenant toutes les opérations fondamentales de cet art ; avec leur définition, et une explication de ces opérations, par les principes de la chymie; la maniere de bien choisir, de préparer et de mêler les médicaments ... Avec l'exposition des vertus et doses des médicaments, à la suite de chaque article"

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D E 

PHARMACIE 

théorique  et  pratique. 


4 


ÉLÉMENTS 

D E 

PHARMACIE 
THÉORIQUE  ET  PRATIQUE, 

Contenant  toutes  les  opérations  fondamentales  de  cet 
art;  avec  leur  définition,  et  une  explication  de  ces  opé- 
rations, par  les  principes  de  la  Chymie; 

La  maniéré  de  bien  choisir  , de  préparer  et  de  mêler  les 
médicaments  ; avec  des  remarques  et  des  réflexions  sur 
chaque  procédé  ; 

LEsmoyens  de  reconnoître  les  médicaments  falsifiés  ou  altérés; 

Les  recettes  des  médicaments  nouvellement  mis  en  usage  ; 

O T 

Les  principes  fondamentaux  de  plusieurs  arts  dépendants 
de  la  Pharmacie  , tels  que  l’art  du  confiseur  , et  ceux  de 
la  préparation  des  eaux  de  senteur  et  des  liqueurs  de  table  : 

Avec  l’exposition  des  vertus  et  closes  des  médica- 
ments, a la  suite  de  chaque  article. 

Par  M.  B a u m É , maître  apothicaire  de  P aids  , 
de  l académie  royale  des  sciences , et  de  celle 
de  Madrid. 

SIXIEME  ÉDITION, 

Revue  } corrigée  et  fort  augmentée „ 

'Qp 

A PARIS, 

Chez  S ams  on,  Libraire,  Quai  des  Augustins. 

M.  D G C.  X C. 

Avec  Approbation  , et  Privilège  du  Roi. 


♦ 


I 


AVIS. 

On  prévient  le  public  que  , pour  reconnoitre 
cette  sixième  édition  , faite  sous  les  yeux  de  Fau- 
teur , elle  ne  sera  signée  que  de  la  main  du  sieur 
S a m s o n , à cause  de  la  supercherie  des  contre- 
facteurs (*)  qui  avoient  fait  graver  le  nom  de  M. 

i 

Baume,  à l’imitation  de  l’avis  qui  é toit  aux  pré- 
cédentes éditions  de  cet  ouvrage. 

c/atySfl 

(*)  Ojiocl^tufi  fieri  non  vis  , alteri  ne  feceris * • 


HISTORICAL 
MEDICAL  f 


AVERTISSEMENT., 


ï l n’est  point  d’écrits  sur  les  sciences  qui  n’aient 
essuyé  la  critique  de  ceux  dont  on  a blessé  l’amour 
propre,  soit  en  contrariant  leurs  principes  , soit 
en  attaquant  des  faits  qu’ils  regardoient  comme 
certains.  La  première  édition  de  ces  Eléments  a 

Ïour  ces  raisons  essuyé  des  censures  très  vives. 

’ai  répondu  à ces  censures  dans  les  premières  édi- 
tions de  mes  Eléments  de  Pharmacie  ; mais  à me- 
sure que  les  éditions  se  sont  succédées  , et  particu- 
lièrement dans  cette  nouvelle  édition,  j’ai  retran- 
ché de  l’ouvrage  cette  partie  polémique , devenue 
aujourd’hui  inutile,  pour  ne  laisser  subsister  que  la 
doctrine  nécessaire  à l’instruction  : cette  instruc- 
tion est  fondée  sur  une  expérience  de  longues  an- 
nées que  les  gens  de  l’art , malgré  les  critiques  , il  est 
vrai  mal  fondées,  qu’on  en  faisoit,  ont  adoptée. 
Je  vis  dans  le  temps  avec  satisfaction  M.  Bourge- 
lat,  directeur  et  inspecteur  général  des  écoles  vé- 
térinaires, consulter  mes  Eléments  de  Pharmacie. 
Cet  auteur  voulant  donner  une  Matière  médi- 
cale raisonnée  , ou  précis  des  médicaments , etc . 
à V usage  de  V école  royale  vétérinaire , a extrait 
de  mon  ouvrage  tout  ce  qui  pou  voit  être  relatif  à 
l’objet  qu’il  se  proposoit  de  remplir. 

Dans  la  préface  de  la  première  édition  de  cet 
ouvrage  j’avois  blâmé  les  falsificateurs  de  médica- 
ments : on  a voulu  m’en  faire  quelques  reproches; 
mais  il  n’est  personne  qui  ne  sente  combien  la  fidé- 
lité et  l’exactitude  sont  nécessaires  dans  la  prépa- 
ration des  médicaments  , et  combien  il  est  dange- 
reux de  faire  usage  de  ceux  qui  sont  falsifiés,  hfte 
gouvernement  a été  tellement  pénétré  de  cette  vé~ 
ritéque  le  roi , par  sa  déclaration  du  2.5  avril  17771* 
f entrée  £n  parlement  le  i3  mai  tic  la  même  an- 


a 


r,  AVERTISSEMENT. 

née  , a séparé  pour  toujours  le  corps  de  la  phar- 
macie de  celui  de  l’épicerie  , a érigé  le  corps  de 
pharmacie  en  college  , et  a accordé  aux  seuls  apo- 
thicaires le  droit  de  vendre  les  drogues  compo- 
sées. Il  avoit,  été  donné  un  délai  aux  négociants 
non  apothicaires  pour  se  débarrasser  des  compo- 
sitions de  pharmacie  qu'ils  avoient  en  magasin: 
anais  jusqu’à  présent  il  a été  impossible  aux  apo- 
thicaires de  parvenir  à faire  mettre  à exécution  cet 
article  de  réglement,  tout  important  qu’il  soit  ; les 
sollicitations  , la  faveur  et  plusieurs  raisons  ridi- 
cules de  la  part  des  agents  subalternes  du  pou- 
voir entretiennent  le  brigandage  qui  subsiste  de- 
puis des  siècles  dans  la  pharmacie.  Le  college  de 
pharmacie  auroit  peut-être  dû  profiter  des  dispo- 
sitions favorables  contenues  dans  le  réglement  que 
nous  venons  de  citer  pour  se  faire  autoriser  à éri- 
ger une  officine  publique  dans  laquelle  on  auroit 
fait  en  grand  toutes  les  préparations  de  pharmacie 
et  de  dry  mie  d’usage  en  médecine  , et  encore  tou- 
tes les  préparations  de  chymie  praticables  à Paris 
et  employées  dans  les  arts  et  métiers.  Pavois  formé 
à moi  seul  une  officine  de  cette  espece,  dans  laquelle 
les  amateurs  , les  artistes  en  chymie  et  ceux  qui 
pratiquent  les  arts  et  métiers  venoient  puiser  les 
connoissances  et  les  drogues  nécessaires  à leurs  re- 
cherches ou  à leurs  opérations.  J’ai  conduit  cette 
officine  pendant  plus  de  vingt  ans  , et  je  l’amélio- 
rois  d’année  en  année.  Le  besoin  du  repos  , après 
trente-cinq  ans  de  travail , m’avoit  déterminé  cà  la 
céder;  mais  j’ai  eu  le  déplaisir  de  la  voir  fondre 
en  peu  d’années  et  d’apprendre  dans  les  journaux 
que  la  vente  en  avoit  été  faite  à l’encan. 

J’ai  amélioré  mes  Eléments  de  Pharmacie,  à cha- 
que édition  , par  des  augmentations  essentielles. 
Cette  sixième  est  encore  considérablement  augmen- 
tée de  pl  u sieurs  formules  que  l’on  a tenues  sécrétés.; 
telles  que  le  remede  de  V esse  pour  les  maladies  dû 


AVERTISSEMENT.  iif 

lait  répandu , etc.  L’efficacité  de  ce  remede  , re- 
connue par  Jes  meilleurs  médecins  , méritoit  qu’il, 
fut  consigné  dans  cet  ouvrage. 

J’ai  pris  soin,  autant  que  j’en  ai  tenunote,de  ren- 
dre compte  de  la  quantité  de  médicaments  (pie  cha- 
que recette  fournit.  Cet  objet  est  de  la  plus  grande 
utilité  pour  le  médecin  et  pour  l’apothicaire  : le 
médecin  est  en  état  de  mieux  doser  les  médica- 
ments ; l’apothicaire  se  détermine,  en  connoissance 
de  cause  et  sur  le  champ,  à préparer,  suivant 
son  débit , la  quantité  de  médicaments  dont  il  a 
besoin. 

L’ordre  que  j’ai  suivi  dans  cette  édition  est  le 
meme  que  dans  les  précédentes  ; j’ai  seulement 
changé  , comme  on  le  verra  dans  un  instant , la 
distribution  des  matières  qui  composent  le  second 
article  de  la  pharmacie  ou  l’élection  des  médica- 
ments  , afin  de  rapprocher  sous  un  même  point  de 
vue  tous  les  objets  qui  avoient  un  rapport  entre 
eux.  Je  fais  d’abord  une  introduction  à la  pharma- 
cie où  j’expose  la  lenteur  de  ses  progrès  dans  les 
premiers  temps.  A la  suite  de  l’introduction  je 
définis  cette  science,  et  je  fais  voir  que  c’est  mal- 
à-propos qu’on  l’avoit  divisée  en  pharmacie  galé- 
nique et  en  pharmacie  chymique.  Aucune  pharma- 
copée ne  fait  l’application  des  principes  de  la  chy- 
mie  : cependant  sans  la  connoissance  de  ces  prin- 
cipes on  11e  travaille  qu’au  hasard  dans  la  phar- 
macie. 

Je  divise  la  pharmacie  en  quatre  parties , qui  sont, 
la  connoissance , l’ élection  , la  préparation  et  la. 
mixtion  des  médicaments.  Je  commence  par  ex- 
poser les  prolégomènes  de  la  pharmacie  ; je  parle 
des  vaisseaux  et  des  instruments  ; je  donne  la  ii- 
gure  et  ]a  description  d’un  alambic  à bain-marie 
d étain  et  la  description  d’une  étuve  ou  d’un  petit 
cabinet  qu’on  chauffe  à volonté  par  le  moyen 
'd’un  poêle,  absolument  nécessaire  dans  une  phar- 


Iv  AVERTIS  SÈMENT. 

macie  bien  montée,  pour  faire  sécher  des  plantes 
des  racines  , etc. , dans  lequel  on  lait  aussi  des  éva- 
porations sur  des  assiettes  pour  préparer  les  ex- 
traits secs  à la  maniéré  du  comte  de  la  Garaye. 
Après  la  description  de  l’étuve  je  parle  des  poids 
et  des  mesures  d’usage  en  pharmacie:  je  termine 
ces  prolégomènes  par  un  petit  article  sur  les 
abréviations  en  usage  dans  les  formules  de  phar- 
macie. 

Je  passe  sous  silence  les  fourneaux  d’usage  dans 
la  pharmacie,  pareequ’ils  sont  si  simples  que  ceux 
de  cuisine  peuvent  servir  pour  faire  presque  toutes 
les  opérations  de  pharmacie.  Le  sieur  Nivers  a pré- 
senté à l’académie,  en  17 82,  une  cuisine  portative, 
très  ingénieuse  et  qui  peut  avoir  son  utilité  dans 
des  pharmacies  où  le  local  ne  permet  pas  d’établir 
un  laboratoire  en  réglé  ; cette  cuisine  est  une  boîte 
de  tôle  ou  de  cuivre  de  deux  pieds  deux  pouces 
de  long  , deux  pieds  de  large  et  quinze  pouces  de 
hauteur,  dans  laquelle  on  loge  tous  les  ustensiles 
de  cuisine  et  du  linge , et  dans  laquelle  on  peut  pré- 
parer ensemble  ou  séparément , comme  on  veut, 
avec  trois  livres  de  charbon,  neuf  choses  à la  fois, 
et  faire  un  dîner  pour  douze  personnes  au  moins. 
Gette  cüisine  portative  peut  être  fort  utile  pour  les 
pharmacies  ambulantes  à la  suite  des  armées. 

L’ordre  que  je  me  suis  prescrit  est  de  passer  du 
simple  au  composé  et  du  composé  au  plus  com- 
posé. Jusqu’ici  la  pharmacie  a été  traitée  sans  beau- 
coup d’ordre;  on  s’étôit  toujours  contenté  de  pla- 
cer ensemble  les  objets  de  mômes  sortes  ou  à-peu- 
près.  Cependant  il  m’a  semblé  que  la  pharmacie, 
considérée  comme  science  , pouvoit  être  présentée 
dans  un  ordre  plus  méthodique.  On  avoit  coutume 
de  diviser  la  pharmacie  en  trois  parties  : mais  j'ai 
cru  devoir  y en  ajouter  une  quatrième  qui  est  la. 
iconnoissance  des  médicaments. 

La  connaissance  des  drogue*  simples  est  la  prêt 


A TE  Tl  TI  S SEMENT.  V 

ïîiicrn  partie  de  la  pharmacie;  elle  es-t  indispensa- 
blement nécessaire  à un  apothicaire  : mais  cet  ob- 
jet étant  pins  étendu  que  la  pharmacie  elle-même, 
au  lieu  de  faire  un  article  sur  la  matière  médicale, 
je  renvoie  aux  dif  férents  traité^  qu’on  en  a publiés. 
Je  me  contentede  parler  de  la  sophistication  de  plu- 
sieurs drogues  simples  et  j’enseigne  les  moyens 
de  recoin  loi  tre  ces  fraudes.  Il  n’est  lait  mention 
de  ces  altérations  , si  nuisibles  et  si  punissables  , 
que  dans  fort  peu  d’ouvrages  : cependant  il  est 
nécessaire  qu’un  apothicaire  les  commisse  ; c est 
une  partie  essentielle  à l’étude  de  la  matière  me- 
dicale. Quelques  personnes  ont  trouvé  mauvais- 
que  cet  article  fût  placé  dans  des  éléments  de  phar- 
macie : où  donc  étoit-il  plus  nécessaire  et  plus  na- 
turel d’en  parler?  On  objecte  que  c’est  apprendra 
aux  gens  mal  intentionnés  des  moyens  de  falsi- 
fier , au  lieu  de  prémunir  contre  les  fraudes.  Cela 
seroit  vrai  si  je  n? eusse  pas  donné  en  même  temps 
le  moyen  de  reconnoître  ces  fraudes.  Au  reste  mort 
sentiment  est  qu’on  ne  peut  trop  mettre  le  public? 
en  garde  contre  ces  falsificateurs  insidieux,  qui  se 
jouent  des  besoins  du  peuple*  et  qui,  sous  1 npât 
d’un  gain  honteux,  se  font  un  talent  de  le  trom- 
per. Puisse  au  moins  cet  ouvrage  répandre  assez 
de  lumières  sur  l’art  important  de  la  pharmacie 
pour  enseigner  à reconnoître  par  des  caractères 
certains  les  médicaments-  véritables  d’avec  ceux 
qui  sont  sophistiqués  , à séparer  le remede  d’avec 
le  poison  r enfin  à distinguer  le  charlatanisme  dan- 
gereux d’avec  la  science  salutaire  ! 

Dans  la  seconde  partie , qui.  estl  élection  des  mé- 
dicaments , je  traite  de  tout  ce  qui.  a rapport  à la  ré- 
colte des  drogues-  simples-  indigènes-  : cet  article 
est  refait  en  entier  ; j'y  ai  mis  plus*  d’ordre  et  de 
méthode  que  dans  les  précédentes-  éditions  : je 
rends  compter  , dans  des  articles  séparés  par-  de  pe- 
tits titres  particuliers,  (lu  choix  qu’oit  doi 


jar 


*}  AVERTISSEMENT. 

faire  des  plantes  ayant  de  les  cueillir,  a°.  du  temps 
do  les  cueillir,  3°.  de  la  maniéré  de  les  faire  sécher, 
4°.  enfin  de  celle  de  les  conserver.  J’observe  le 
même  ordre  ci  l’égard  des  fleurs  , des  fruits , des 
semences  , des  racines  , des  bois  , des  écorces  , 
des  matières  • animales  et  enfin  des  minéraux. 
Cet  ordre  m’a  donné  la  facilité  de  rapporter 
plusieurs  observations  qui  m’ont  paru  intéres- 
santes sur  chacun  de  ces  articles  ; à l’occasion  , 
par  exemple , de  la  dessiccation  des  semences  fa- 
rineuses je  donne  la  maniéré  de  sécher  et  de  con- 
server le  bled  long- temps  en  bon  état  : cet  objet 
important  d’utilité,  comme  je  l’ai  dit  dans  les  pré- 
cédentes éditions  , n’est  point  déplacé  dans  un 
ouvrage  comme  celui-ci,  puisqu’il  prescrit  les 
principes  de  la  dessiccation  des  végétaux  en  gé- 
néral, Les  bois  médicinaux  dont  je  parle  dans  l’un 
de  ces  articles  me  donnent  lieu  de  rapporter  quel- 
ques observations  qui  m’ont  paru  intéressantes 
pour  préserver  de  la  pâture  des  vers  les  bois  en 
usage  dans  la  bâtisse  ; je  discute  en  même  temps 
quelques  moyens  employés  pour  augmenter  leur 
force.  Les  bois,  comme  les  autres  végétaux,  ont 
de  la  moelle  : j’examine,  d’après  plusieurs  obser- 
vations , l’usage  de  cette  moelle  et  son  influence 
dans  l’accroissement  des  bois  et  des  autres  végé- 
taux. Enfin  je  termine  le  chapitre  de  l’élection  par 
un  journal  indicatif  des  substances  à récolter  dans 
chaque  mois  de  l’année  : c’est  un  répertoire  com- 
mode et  qu’il  est  bon  de  consulter  souvent  pour 
former  ses  approvisionnements. 

Dans  la  troisième  partie  je  traite  de  la  prépara- 
tion des  médicaments  simples.  J’ai  déplacé  de  ce 
chapitre  pour  l’insérer  dans  le  chapitre  précédent 
tout  ce  qui  avoit  un  rapport  direct  à la  récolte  des 
drogues  simples  : ce  déplacement  m'a  été  dicté 
par  la  méthode  que  je  m’étois  proposée.  Presque 
toutes  les  drogues  simples , dans  l’état  où  la  nature. 


AVERTISSEMENT.  * vÇ 

les  fournît , ont  besoin  d’éprouver  quelques  opéra«- 
tions  préliminaires:  j’en  rends  compte  à mesure 
(pie  l’occasion  se  présente  : mais  je  passe  sous  si- 
lence, comme  je  l’avois  fait  dans  les  précédentes 
éditions , la  préparation  des  substances  dégoûtantes, 
hideuses  et  ridicules  dont  l’ancienne  médecine  fai- 
soit  usage,  mais  que  la  raison  et  des  connoissan- 
ces  pins  éclairées  ont  fait  bannir  absolument  de 
la  pharmacie  depuis  plus  d’un  sieele.  Cependant 
un  auteur  moderne,  voulant  témoigner  quelques 
ressentiments  aux  apothicaires  et  peut-être  aussi 
dans  la  vue  de  s’amuser,  publia,  en  îyûh,  une  pe- 
tite brochure  sous  ce  titre  : Mémoire  sur  l’ètat 
actuel  cle  la  pharmacie  , extrait  des  journaux 
"économiques  des  mois  de  janvier , février  et  mars 
iy6C>.  L’auteur  commence  ainsi  : J’annonce  u?ie 
reforme  générale  dans  la  pharmacie  ; je  la  de - 
mande  pareeque  je  la  crois  nécessaire  tant  pour 
purger  la  médecine  de  mille  erreurs  que  pour 
sauver  la  i rie  à des  milHers  d hommes.  Il  fait  l’énu- 
mération de  différents  remedes  plus  ridicules  les 
uns  que  les  autres  , en  usage  autrefois  , et  il  vou- 
droit  faire  croire  qn’aujourd’hui  les  officines  sont 
remplies  de  semblables  médicaments.  Si  cette  bro- 
chure me  fût  parvenue  plutôt  , j’aurois  conseillé 
à l’auteur , pour  enrichir  son  singulier  catalogue  de- 
matière  médicale , de  consulter  Pline  sur  l’histoire- 
ancienne  de  la  médecine  , et  je  l’aurois  engagé  à 
rendre  plus  de  justice  à la  pharmacie  moderne: 
au  reste  si  l’emploi  de  pareils  remedes  mérite 
des  reproches  , il  faut  les  faire  à ceux  qui  les  or- 
donnent et  non  à ceux  qui  les  préparent.  Mais  de- 
puis long-temps  que  la  médecine  est  cultivée  par 
des  gens  instruits  et  éclairés  , ces  remedes  ne  sont 
plus  ordonnés  ; il'  n’y  avoit  que  ce  seul  moyen 
d en  nétoyer  les  pharmacies. 

Je  n’ai  rien  supprimé  dans  le  chapitre  delà  pré- 
paration des  médicaments  ; je  l’ai  au  contraire- 

a iv 


WiJ  AVERTISSEMENT. 

augmenté  de  plusieurs  observations  sur  les  dê^ 
pots  que  forment  les  sucs  aqueux  des  végétaux: 
ces  dépôts  sont  connus  sous  les  noms  de  lies  , de 
fèces,  de  fécules  et  d’amidon.  L’amidon,  tiré  de 
plusieurs  substances , porte  aussi  le  nom  de  fa- 
rine, Il  m’a  paru  que  ces  dénominations  ne  pou- 
voient  pas  être  communes  à des  produits  dont 
les  propriétés  sont  très  différentes.  Je  conserve  les 
noms  de  lies  , de  fèces  et  de  fécules  aux  dépôts 
et  aux  écumes  que  fournissent  les  sucs  aqueux 
lorsque  ces  dépôts  ne  sont  point  nutritifs.  Je 
nomme  amidon  seulement  les  matières  nutritives 
qu’on  sépare  de  beaucoup  de  végétaux  par  un 
grand  lavage  et  qui  se  trouvent  privées  de  ma- 
tières salines  et  extractives  , comme  amidon  de 
pommes  de  terre , de  bryone  , etc.;  et  je  conserve 
îe  nom  de  farine  aux  substances  farineuses  tirées 
des  graines  , mais  qui  n’ont  subi  aucun  lavage  , 
et  qui  par  conséquent  restent  pourvues  de  leur 
matière  saline  ou  sucrée  et  de  leur  matière  ex- 
tractive. L’amidon  et  la  farine  ont  un  certain  nom- 
bre de  propriétés  communes  , comme  d’être  d’ex- 
cellentes substances  nourrissantes  , d’être  indisso- 
lubles dans  l’eau  froide , dissolubles  dans  l’eau 
bouillante,  et  de  se  réduire  en  colle  ou  en  gelée , etc. 
etc.  ; mais  l’amidon,  de  quelques  substances  qu’il 
soit  tiré , différé  essentiellement  de  la  farine  en  ce 
qu’il  est  privé  de  toutes  substances  dissolubles  dans 
l’eau  froide  , tandis  que  la  farine,  ayant  été  prépa- 
rée par  la  simple  mouture , sans  aucun  lavage , con- 
tient toujours  plus  ou  moins  de  substances  disso- 
lubles dans  l’eau  froide.  . 

Je  rapporte  un  procédé  commode  pour  préparer 
l’amidon  de  pommes  de  terre  et  de  toutes  les  sub- 
stances végétales  qui  peuvent  en  fournir:  je  donne 
le  dessin  et  je  fais  la  description  d’un  petit  moulin 
simple  et  peu  dispendieux  pour  râper  facilement 
les  substances  dont  on  veut  tirer  l’amidon.  Immé- 


AVERTISSEMENT.  îx 

diatement  après  l’article  de  l’amidon  je  rapporte 
le  procédé  donné  par  Keyselmeyer  pour  séparer 
de  la  farine  de  froment  une  substance  parfaitement 
animalisée  qu’il  a nommée  matière  glutineuse  : je 
fais  mention  de  plusieurs  expériences  propres  a 
faire  mieux  connoître  la  nature  de  cette  singulière 
matière.  Je  rapporte  ensuite  ce  que  j’ai  àdire  sur  les 
sucs  huileux,  résineux,  laiteux,  etc.  ainsi  que 
sur  les  sels  essentiels  que  ces  substances  peuvent 
fournir.  Je  n’ai  point  fait  de  changements  sur  ces 
objets;  mais  ils  contiennent  des  détails  et  des  ob- 
servations que  j’ai  tâché  de  rendre  intéressantes 
par  la  maniéré  de  les  présenter. 

La  quatrième  partie  , qui  est  la  mixtion  des 
médicaments  , offre  un  plus  grand  détail;  elle  est 
susceptible  d’être  traitée  méthodiquement  : j’ose 
croire  l’avoir  fait.  Après  avoir  dit  ce  que  c’est  que 
mixtion  et  établi  quelques  principes  généraux 
sur  les  formules  et  sur  la  maniéré  de  formuler  f 
je  parle  des  mélanges , et  je  commence  d’abord 
par  les  plus  simples.  Des  plantes  coupées  menu 
et  mêlées  forment  les  premiers  exemples  de  mén 
langes;  ils  sont  connus  sons  le  nom  d ' especes  r 
on  les  emploie  pour  faire  des  infusions  et  des  dé- 
coctions. Je  traite  aussi  de  ces  deux  opérations 
immédiatement  après  les  especes.  À la  suite  des 
infusions  et  des  décoctions  dans  l’eau  je  parle 
des  infusions  et  des  décoctions  qui  se  font  dans 
le  vin  ; ce  qui  forme  un  genre  de  médicaments 
connus  sous  le  nom  de  vins  médicinaux.  L’esprit 
de  vin  est  une  liqueur  dans  laquelle  on  fait  éga- 
lement infuser  et  digérer  différentes  substances. 
Je  place  cet  article  à la  suite  des  infusions  dans 
le  vin.  On  adonné  à ces  sortes  de  médicaments, 
faits  avec  de  l’esprit  de  vin  , les  noms  de  Ceintures , 
d' élixirs  , de  baumes  spiritueux  et  de  quinlesc cri- 
ées. Nous  aurions  pu  placer  à la  suite  des  teintu- 
res plusieurs  autres  infusions  ou  décoctions  ; telles 


JL 


AVERTISSEMENT. 


sont  celles  qu’on  fait  dans  du  vinaigre  et  qui  pro- 
duisent les  vinaigres  médicinaux;  celles  qu’on  fait 
dans  de  l’huile , qui  forment  les  huiles  par  in- 
fusion et  par  coction  ; pareillement  les  infusions 
et  décoctions  qui  se  font  dans  la  graisse  , les- 
quelles forment  les  pommades  et  les  onguents. 
Mais  il  nous  a semblé  que  cela  auroit  trop  coupé 
la  suite  des  opérations  : parceque  les  vinaigres , 
les  huiles  , les  pommades  et  les  onguents  sont  des 
médicaments  qu’on  ne  fait  pas  entrer  communé- 
ment dans  des  médicaments  plus  composés  ; au 
lieu  que  les  autres  infusions  , dont  nous  avons 
parlé  précédemment  , sont  le  plus  souvent  des 
préliminaires  à la  préparation  d’autres  médica- 
ments plus  composés;  d’ailleurs  elles  sont  la  base 
«les  extraits  et  des  résines  que  nous  voulions  pla- 
cer ici. 

3 a maniéré  ordinaire  de  faire  les  décoctions 
esta  l’air  libre;  parce  moyen  l’on  perd  tout  ce 
que  les  substances  contiennent  de  volatil.  Mais 
lorsqu’on  fait  des  décoctions  dans  des  vaisseaux 
clos  , comme  sont  les  alambics,  cela  forme  une 
distillation  ; on  recueille  les  principes  qui  mon- 
tent au  degré  de  chaleur  de  l’eau  bouillante.  Ici 


je  place  la  distillation  et  tout  ce  qui  a rapport  à 
cette  opération  : je  commence  par  la  distillation 
des  plantes  inodores  , et  je  fais  voir  qu’elles  n’ont 
rien  de  volatil  : elles  ne  fournissent  que  des  eaux 
d’une  odeur  empyreumatique  et  qui  n’ont  que 
peu  ou  point  de  vertu.  Il  y a un  autre  genre  de 
plantes  ; ce  sont  celles  qui  ont  de  l’odeur  et  que 
l 'on  nomme  aromatiques.  Avant  de  soumettre  ces 
plantes  à la  décoction  avec  de  l’eau  dans  un  alam- 
bic , comme  les  précédentes  , je  les  distille  au 
bain-marie,  sans  eau,  ou  avec  l’addition  d’une 
petite  quantité  d’eau  lorsqu’elles  sont  trop  peu 
aqueuses  : elles  fournissent  une  liqueur  chargée 
du  principe  odorant  de  la  plante , autrement  dit 


AVERTI  S S E M E NT,  xf 

esprit?  recteur:  j’ examine  celte  liqueur,  et  je  dis 
qu’elle  est  une  huile  essentielle  très  ténue  et 
comparable  à l’éther  le  plus  rectifié  pour  la  vola- 
tilité. Ensuite  je  distille  ces  plantes  à feu  nud  et 
avec  de  l’eau  : l’eau  qui  passe  dans  la  distillation 
est  blanche,  laiteuse  , fort  odorante  ; elle  est  mêlée 
d’une  liqueur  inflammable  qui  surnage  ou  qui  se 
précipite  sous  l’eau  : cette  liqueur  est  de  l’huile 
essentielle. 

L’article  des  huiles  essentielles  est  important 
dans  la  pharmacie  : j’ai  rendu  cet  article  intéres- 
sant par  une  infinité  de  détails  sur  plusieurs  hui- 
les essentielles  et  sur  la  quantité  qu’on  en  retire: 
j’ai  augmenté  cet  article  de  plusieurs  observations 
nouvelles.  Les  auteurs  ont  beaucoup  varié  sur 
les  proportions  d’huiles  essentielles  qu’on  tire  des 
plantes  seches  par  comparaison  aux  plantes  ré- 
centes. J’examine  cette  question;  je  fais  voir  qu’on 
s’y  est  mal  pris  pour  la  bien  décider , et  je  la  ter- 
mine par  de  nouvelles  expériences  qui  font  voir 
qu’il  y a des  plantes  seches  qui  en  rendent  davan- 
tage, et  qu’il  y en  a de  vertes  qui  sont  dans  un  cas 
contraire;  en  un  mot  cela  dépend  de  l’état  de  flui- 
dité oii.se  trouve  l’huile  essentielle  dans  les  plantes. 
Lorsque  l’huile  est  bien  fluide  l’eau  en  dissout 
beaucoup , et  c’cst  ce  qui  fait  qu’on  en  tire 
moins. 

A la  suite  des  huiles  essentielles  je  place  les 
mélanges  de  ces  huiles  et  les  combinaisons  de  ces 
mêmes  huiles  avec  l’alkali  fixe  , ce  qui  forme  une 
sorte  de  savon.  On  a donné  à celui  qui  est  fait 
avec  l’essence  de  térébenthine  le  nom  de  savon 
de  * Starkey.  Afin  de  mieux  faire  entendre  la  théo- 
rie de  cette  opération  je  profite  de  l’occasion  pour 
placer  en  cet  endroit  le  savon  ordinaire  qui  est 
fait  avec  une  huile  grasse  ; cela  vient  d'autant 
mieux  qu’on  a examiné  à l’article  des  sucs  huL 


*Ij  rATERTîSSEM  t NT; 

leux  la  différence  qu’il  y a entre  les  huiles  essen-' 
îielles  et  les  huiles  grasses.  Cela  me  donne  oc- 
casion de  parler  de  plusieurs  observations  nou- 
velles sur  les  avon  ordinaire.  Le  savon  de  Starkey 
est  une  préparation  de  pharmacie  fort  ordinaire: 
néanmoins  quelques  artistes  en  ont  fait  un  objet 
de  la  plus  grande  importance  ; et , comme  si  la 
maniéré  de  le  préparer  étoit  un  miracle  en  chy- 
mie  , iis  ont  proposé  ce  sujet  en  problème  avec 
beaucoup  de  prétention.  Je  prouve,  par  une  infi- 
nité d’expériences  , que  l’auteur  n’entendoit  pas 
bien  son  problème.  Je  fais  voir  que  les  deux  sub- 
stances qui  composent  le  savon  de  Starkey  ne 
se  combinent  pas  en  totalité , et  qu’il  huit  sé- 
parer par  le  dcliquium  celles  qui  ne  se  sont  pas 
combinées,  pour  avoir  ce  savon  dans  un  état  da 
perfection. 

Après  les  savons  j’examine  la  fermentation  : 
je  la  considéré  en  trois  temps  , comme  tous  les 
cbymistes.  Je  n'avois  dessein  de  donner  qu’une 
simple  définition  des  trois  états  de  fermentation  , 
comme  je  Pavois  fait  dans  la  première  édition  de 
cet  ouvrage  : mais  comme  il  m’a  été  fait  des  ob- 
jections sur  la  putréfaction , j’ai  cru  devoir  y ré- 
pondre, n’ayant  point,  quant  h présent , occasion 
de  le  faire  ailleurs.  On  trouvera  sur  cette  matière 
des  détails  et  des  expériences  nouvelles  , qui  con- 
statent sans  réplique  que  la  putréfaction  des  ma- 
tières animales , dans  les  circonstances  où  nous  les 
employons,  se  fait  absolument  sans  chaleur,  sans 
gonflement,  et  qu’elle  estune  analyse  na  turelle  des* 
corps  qui  y sont  soumis. 

Le  premier  degré  de  la  fermentation  produit 
des  liqueurs  spiritueuses  : j’examine  dans  un  grand 
détail  ce  que  c’est  que  cette  substance  que  l’on 
nomme  esprit  de  vin  , parcequ’elle  est  d un  grand 
lisage  danfc  la  pharmacie  : je  donne  1er  moyens 


AVERTISSEMENT.  xiîj 

de  rectifier  l’esprit  de  vin  le  pins  qu’il  est  possible, 
parceque  souvent  on  a besoin  qu’il  le  soit.  J en- 
seigne à reconnoître  celui  qui  est  parfait , et  à cette 
occasion  je  donne  la  description  de  deux  peso 
liqueurs  ; l’un  pour  connoître  la  quantité  de  sel 
contenue  par  chaque  cent  livres  d’eau , et  1 autre 
pour  connoître  avec  la  plus  grande  précision  la 
quantité  de  liqueur  spiritueuse  contenue  dans  un 
esprit  de  vin  quelconque.  Ees  résultats  des  expé- 
riences que  j’ai  faites  à ce  sujet  sont  rapportés 
dans  une  table  placée  à la  suite  de  cet  .article. 
Ayant  dit  tout  ce  qu’il  convient  de  savoir  sur 
l’esprit  de  vin , je  donne  les  formules  pour 
faire  les  eaux  spiritueuses  simples  et  com- 
posées. 

Ou  trouvera  beaucoup  de  nouvelles  observa- 
tions et  une  découverte  bien  intéressante  sur  la 
nature  du  principe  âcre  des  plantes  antiscorbuti- 
ques: je  démontre  que  c’est  du  soufre  qui  se  crys- 
tallise,  et  que  les  liqueurs  perdent  de  leur  odeur 
à mesure  que  le  soufre  s'en  sépare. 

Dans  cet  article  des  eaux  spiritueuses  je  donne 
plusieurs  nouvelles  recettes  , telles  que  celles  de 
l’eau  d’Ardel  ; une  formule  pour  faire  d’excel- 
lente eau  de  Cologne;  une  autre  pour  faire  l’eau 
d’émeraudes.  Ces  formules , ainsi  que  plusieurs 
autres  que  j’avois  déjà  publiées  dans  la  première 
édition  de  cet  ouvrage  , étoient  sécrétés  ou  con- 
nues de  fort  peu  de  gens  qui  en  faisoient  beau- 
coup de  mystère.  La  publication  de  ces  petits  se- 
crets n’a  pas  manqué  de  déplaire  à ceux  qui  s'en 
croy oient  seuls  possesseurs. 

A la  suite  des  liqueurs  spiritueuses  je  place  le 
vinaigre  , parcequ’il  est  le  produit  de  Ja  seconde 
fermentation  , et  je  donne  tous  les  vinaigres  mé- 
dicinaux qui  sont  d’usage.  On  trouvera  de  nou- 
velles recettes  qui  n’étoient  pas  dans  les  précé- 
éditions  ? telles  que  le  vinaigre  colchique  ^ 


Vîx  ÂYÈRTîSSEMÉNT.  ' 

avec  . lequel  on  fait  l’oxymel  colcliiqne  ; c’est  itïl 
remede  nouveau  mis  en  usage  par  Storck  ; l’ex- 
trait de  Saturne  ; l’eau  végéto-minérale  de  Gou- 
lard. 

L’article  qui  suit  cette  matière  traite  des  mé- 
dicaments liquides  qu’on  prépare  avec  le  miel  et 
avec  le  sucre.  J’y  ai  ajouté  le  syrop  de  framboises 
au  vinaigre.  On  trouvera  encore  plusieurs  addi- 
tions intéressantes  , telles  que  l’application  dupese- 
liqueur  pour  les  sels  , àl’effet  de  connoître  le  juste 
point  de  cuisson  des  syrops  pour  empêcher  qu’ils 
ne  fermentent  ou  ne  se  candissent. 

Le  sucre  , les  syrops  , les  eaux  spiritucuses  et 
l’esprit  de  vin  sont  les  substances  qui  composent 
les  ratafias.  Je  place  en  cet  endroit  tout  ce  qui 
concerne  les  liqueurs  de  table.  J’ajoute  une  for- 
mule pour  faire  un  très  bon  ratafia  d’angélique, 
la  recette  d’un  excellent  escubac,  celle  du  ma- 
rasquin de  Zara  , etc.  etc. 

L’article  des  conserves  suit  immédiatement  : il 
y en  a de  médicamenteuses  et  d’alimenteuses  ; les 
unes  et  les  autres  sont  du  ressort  de  la  pharmacie. 
Celles  qui  composent  cet  article  sont  les  gelées  , les 
marmelades  , les  confitures  seches  et  liquides  et 
les  conserves  médicamenteuses.  Immédiatement 
après  je  parle  des  poudres  composées.  J’ai  cru  que 
je  pouvois  placer  ici  ces  sortes  de  médicaments. 
Les  réglés  générales  que  j’établis  sur  la  maniéré 
de  les  préparer  servent  d’introduction  à celles  qui 
entrent  dans  les  électuaires. 

Les  électuaires  , les  confections  , les  opiats  , 
les  hieres  , etc.  sont  des  conserves  semblables  à 
celles  dont  nous  venons  de  parler,  mais  infini- 
ment plus  composées  : ce  sont  en  général  des 
poudres  mêlées  avec  du  miel  ; c’est  pourquoi  il 
m’a  paru  nécessaire  de  les  placer  après  les  poudres 
composées. 

J'observe  la  division  reçue  des  électuaires  en 


AVERTISSEMENT.  xv 

altérants  et  en  purgatifs  , en  électuaires  mous  et 
en  électuaires  solides.  Je  donne  la  recette  des  ta- 
blettes antimoniales  de  Kunckel,  une  formule 
pour  préparer  les  pastilles  de  citron  pour  appaiser 
la  soif,  et  le  moyen  de  faire  la  limonade  seclie  pour 
la  campagne  ; dans  cet  article  je  place  la  fabrica- 
tion du  chocolat. 

A la  suite  des  électuaires  je  parle  des  pilules,  et 
enfin  je  finis  les  médicaments  internes  par  les  tro- 
chisques. 

Les  médicaments  externes  sont  faits  pour  être 
appliqués  a l’extérieur,  La  plupart  sont  préparés 
par  une  manipulation  semblable  ou  à-peu-près  à 
celle  qu’on  emploie  pour  préparer  les  médica- 
ments internes  : ils  sont  assujettis  aux  mêmes  loix.; 
J aurois  pu  les  placer  dans  les  endroits  qui  leur 
convenoient  le  mieux  parmi  les  médicaments  in- 
ternes ; niais  connue  on  n’est  pas  accoutumé  à 
une  pareille  distribution  , j’ai  mieux  aimé  suivre 
1 usage  ordinaire  : beaucoup  de  gens  auraient 
trouvé  cet  ordre  mauvais  sans  savoir  pourquoi 
oui  van  t cette  distribution  j’aurais  placé  les  huiles 
par  infusion  , les  onguents , les  pommades , etc. 
qui  se  font  aussi  par  infusion,  immédiatement 

1 î 0 * 4 % ^ ^ le  vin  , dan  s 

i esprit  de  vin  , etc.  Après  les  décoctions  dans 
1 eau  i aurois  egalement  nlnré  Lio  i 


clients  qui  composent  les  i 
plus  grande  différence  n’e 
pients  : dans  les  électuair 


les  mêmes  ingré- 


îs  uns  et  les  autres  ; leur 
nest  que  dans  les  exoi- 
aires  c est  le  sucre  ou  le 


N 


xvj  AVERTISSEMENT., 

miel  qui  eu  est  l’excipient;  dans  les  onguents  cd 
sont  les  huiles  , les  graisses , la  cire , etc.  Au  reste 
la  confection  des  uns  et  des  autres  est  assujettie 
aux  mêmes  loix.  En  parlant  de  la  vertu  de  ces 
médicaments  j’aurois  désigné  ceux  qui  sont  in- 
ternes et  ceux  qui  sont  externes  , en  faveur  des 
personnes  qui  ne  sont  pas  suffisamment  instruites 
dans  la  matière  médicale. 

L’ordre  que  je  suis  dans  la  distribution  des  mé- 
dicaments externes  est  de  présenter  d’abord  les 
plus  simples  : je  les  examine  à-peu-près  dans  l’or- 
dre de  leur  consistance  : je  commence  par  les  hui- 
les qu’on  prépare  par  infusion  et  par  décoction  : je 
fais  observer  qu’elles  sont  assujetties  aux  mêmes 
réglés  que  nous  avons  établies  en  parlant  des  in- 
fusions et  décoctions  dans  l’eau.  Je  donne  les 
formules  de  toutes  les  huiles  , soit  simples,  soit 
composées  , qui  sont  d’usage. 

A la  suite  des  huiles  je  parle  des  baumes.  Les 
anciens  donnoient  ce  nom  à des  médicaments 
qui  avoient  à-peu-près  la  consistance  des  baumes 
naturels  ; mais  aujourd’hui  les  médicaments  qui 
portent  le  nom  de  baume  ont  toutes  sortes  de 
consistances  : c’est  pourquoi , en  conservant  ces 
médicaments  et  leur  nom  , on  pourroit  les  distri- 
buer dans  les  endroits  qui  leur -conviennent  le 
mieux  : mais  pour  ne  pas  faire  de  trop  grands 
changements  j’ai  conservé  ces  articles. 

Les  liniments , les  pommades , les  onguents  et 
les  cérats  se  trouvent  placés  immédiatement  après, 
les  baumes. 

Enfin  les  médicaments  externes  sont  termi- 
nés par  les  emplâtres.  Je  distingue  deux  especes 
d’emplâtres  ; savoir,  ceux  qui  n’ont  besoin  d au- 
cun degré  de  cuisson , qui  sont  faits  par  de  sim- 
ples mélanges  d’huile , de  graisse  , de  cire  , etc.  etc.  ; 
aa  seconde  espece  est  celle  qui  doit  sa  consistance 
au*  préparations  de  plomb  , tels  que  la  litharge , 


ÂVERTISSEMEN  T.  xvlj 

le  minium , etc.  Ces  emplâtres  se  font  par  une 
sorte  de  coction  , alla  de  combiner  les  prépa- 
rations de  plomb  avec  les  substances  graisseuses. 
Je  fais  plusieurs  additions  dans  l’article  des  em- 
plâtres. A l'occasion  des  vésicatoires,  je  donne 
la  maniéré  d’employer  les  tiges  de  tliymélæa  , 
qui  est  un  vésicatoire  nouvellement  remis  en 
usage  et  avec  succès.  Après  les  emplâtres,  je 
place  les  sparadraps  : je  donne  la  maniéré  de 
préparer  le  taffetas  d’Angleterre.  A la  suite  de 
cet  article  je  parle  des  bougies  pour  les  carnosi- 
tés  , et  de  plusieurs  petites  préparations , soit  pour 
les  yeux,,  soit  pour  entretenir  et  conserver  les 
dents. 

Il  y a un  certain  nombre  de  remedes  qui,  quoi- 
que d’usage  dans  la  médecine , ne  sont  connus 
que  d’un  très  petit  nombre  de  personnes  qui  se 
gardent  bien  de  les  communiquer.  Je  publie  les 
recettes  de  ces  remedes,  du  moins  de  tous  ceux 
qui  sont  à ma  connoissance.  Je  fais  plusieurs  addi- 
tions dans  cet  article  : je  rapporte  la  formule  d’un 
remede  pour  la  lievre  ; connu  sous  le  nom  de  re- 
mede  de  Chantilly  ou  de  M.  le  duc  : il  a eu  de 
la  réputation  dans  son  temps  ; le  duc  de  Bourbon 
en  fit  l’acquisition  pour  le  rendre  public.  Je  donne 
ensuite  la  recette  de  la  poudre  et  de  l’eau  cleVil- 
lars  ; de  la  tisane  de  Peitz  ; du.  vin  antiscorbutique 
de  Dumorette. 

Après  les  remedes  particuliers  viennent  les  mé- 
dicaments magistraux  , dont  je  n’ai  point  eu 
occasion  de  parler  dàns  le  corps  de  l’ouvrage.  Je 
me  suis  contenté  de  donner  une  notice  sur  la  dé- 
finition et  la  description  de  ces  sortes  de  médi- 
caments : je  n’ai  presque  point  cité  d’exemples  , 
pareeque  cet  article  est  trop  arbitraire  : il  a suffi 
de  rapporter  quelques  formules  magistrales  qui 
sont  consacrées  , telles  que  le  looch  blanc  pectoral , 


xvnj  AVERTISSEMENT. 

le  loocli  de  jaunes  d’œufs  , Je  decoctum  album  s 
la  tisane  de  ymache , la  tisane  de  Feltz , une  ma- 
niéré de  faire  le  cataplasme  émollient  , préféra- 
ble a celle  qu  on  a coutume  de  suivre.  Voilà  tou- 
tes les  formules  magistrales  dont  je  fais  mention. 
Enfin  je  termine  l’ouvrage  par  un  vocabulaire  ou 
explication  des  termes  de  pharmacie  , et  une  ta r 

bie  alphabétique  des  matières  très  complette  et 
très  detaiilee. 

«Pavois  dessein  de  ne  parler  de  chymie  qu’au- 
tant  (jue  la  matière  l’exigeoit  dans  cet  ouvrage 
qui  n a pour  objet  que  la  pharmacie,  et  de  réser- 
ver le  surplus  pour  ma  Chymie  , qui  paroît  depuis 
quelques  années  ; mais  j ai  été  tellement  entraîné 
que  je  ne  m eu  suis  appérçu  que  lorsqu’il  n’étoit 
plus  temps.  Il  est  difficile  en  effet  de  se  retenir 
quand  la  matière  abonde.  Cela  a formé  des  arti- 
cles beaucoup  plus  étendus  les  uns  que  les  autres: 
c est  un  défaut  qu’on  me  passera  sans  peine  en 
laveur  de  l’utilité  qu’on  en  tirera. 

On  peut  mettre  à la  tète  de  ceux  qui  ont  écrit 
sur  la  pharmacie  depuis  deux  siècles,  Jacques 
ùilvius , natif  d Amiens  et  médecin  de  la  faculté 
de  Paris  , qui  fiorissoit  au  milieu  du  seizième 
siecle  : cet  homme  savant  clans  plus  d’un  genre, 
a donné  différents  traités  de  médecine  estimés 
par  les  personnes  de  l’art.  Sa  Pharmacopée  a paru 
pour  la  première  fois  en  1541  , in-8*. , sous  ce 
titre:  Jacobi Silvii Methodus  médicamenta  corn - 
ponendi , quatuor  libris  distri  buta  , ex  simplicU 
bus  j udicio  summo  delectis  et  arte  certâ  para  tis  ÿ 
se orsim  extant Lutetice P ansiorum , apud  yl ndr. 
PK echelum , i54i  , m-8Q. 

Cet  ouvrage  a été  vraisemblablement  bien  ac- 
cueilli dans  le  temps,  puisqu’il  y en  a eu  douze 
éditions  ; la  derniere  est  de  i63o  , et  se  trouve 
comprise  dans  l’édition  complette  des  ouvrages  de 
S il  vi  us  , ayant  pour  titre  : Jacobi  Silvii  Opéra 


AVERTISSEMENT.  xîx: 

1 meâica  jam  cluclum  in  sex  partes  di pesta.  Ad- 
juncta  est  ejusdèm  vita  et  icon  , opéra  et  studio 
Renati  Moreau  , P arisiensis.  Colon.  Allobrop . 
apiul  Jac.  Chouet , i(S3q,  infol. 

La  Pharmacopée  fait  la  cinquième  partie  des 
oeuvres  complettes  de  Silvius  : elle  a ete  traduite 
séparément  en  françois  , pour  la  première  fois  en 
i5y4  î en  un  volume  in-8°. , sous  ce  titre  : La. 
Pharmacopée  , qui  est  la  manière  de  bien  choisir 
et  préparer  les  simples  et  de  bien  J aire  les  com- 
positions , etc. , faite  française  par  André  Caille  , 
docteur  en  médecine.  A Lyon  , etc.  i5y4*  Ce 
môme  ouvrage  a été  réimprimé , en  1Ù11  , in-4a. 
extrêmement  petit  papier,  et  non  pas  in -12* 
Comme  je  Pavois  dit  dans  la  préface  de  la  pre- 
mière édition  de  mes  Eléments  de  Pharmacie.  Ce 
livre  de  Silvius  est  rempli  de  bonnes  observa- 
tions ; c’est  une  source  où  Ton  trouve  beaucoup 
d’explications  et  de  découvertes,  dont  il  est  juste 
de  lui  faire  honneur , et  qu’on  11’auroit  pas  dû 
s'approprier  pendant  trente  ans  , dans  un  cours 
de  pharmacie,  comme  des  découvertes  nouvelles 
et  personnelles. 

Siivius  écrivoit  dans  un  temps  où  les  principes 
de  la  chymie  étoient  trop  obscurs  pour  pouvoir  en 
faire  l’application  aux  opérations  de  la  pharmacie  : 
cependant  les  explications  de  ce  médecin  sont  assez 
claires  : il  a mis  beaucoup  d’ordre  dans  la  distri- 
bution de  son  plan  ; et  j’avoue  qu’il  111’a  été  fort 
utile  pour  mes  Eléments  de  Pharmacie. 

L’ouvrage  que  je  présente  au  public  est  le  ré- 
sultat d’un  long  travail,  et  de  mes  observations  sur 
la  pharmacie  ; c’est  un  corps  complet  de  doctrine 
sur  cet  art.  Quoiqu’il  soit  volumineux  , il  n’est 
cependant  grossi  par  rien  d’inutile  : j’en  ai  banni 
toutes  les  recettes  qui  11e  sont  point  d’un  usage 
nécessaire  : je  me  suis  attaché  à rapporter  celles; 
qu’un  bon  apothicaire  doit  avoir  chez  lui , ou  qu’il 


SX  avertissement. 

(loic  savoir  Bxécuter  dans  l’occasion.  J’ai  tâché 
tl  éclaircir  la  pratique  par  des  observations  et  des 
raisonnements  sur  la  théorie  de  l’art. 

EiiHn  c’est  le  livre  élémentaire  ; c’est  le  manuel 
de  la  pharmacie  et  des  arts  qui  en  dépendent  que 
J ai  eu  dessein  de  donner  au  public.  J’ai  tâché  de 
rendre  cette  sixième  édition  intéressante  par  l’ad- 
dition de  beaucoup  de  recettes  utiles  qui  avoient 
été  oubliées  dans  les  précédentes. 


TABLE 

DES  ARTICLES. 


Introduction,  page  1. 

De  la  Pharmacie  en  général , 5. 

Des  vaisseaux  et  des  instruments  qui  servent  dans  la  Phar*. 
macie , 6. 

Description  d’un  alambic  à bain-marie,  io. 

Description  d’une  étuve  , i/j. 

Des  vaisseaux  dans  lesquels  on  garde  les  médicaments  , 

Des  poids  qui  sont  d’usage  dans  la  Pharmacie  , iG. 

Des  mesures,  ibid. 

Des  mesures  de  plusieurs  ingrédients  qu’on  désigne  par  des 
abréviations  ,17. 

PREMIERE  PARTIE. 

De  la  connoissance  des  médicaments , ig. 

.De  la  sophistication  et  de  la  substitution  des  drogues  sim- 
• ' pies,  avec  les  moyens  de  reconnoître  ces  fraudes,  20. 

SECONDE  PARTIE. 

De  l'élection  des  médicaments  simples  ; temps  de  se  les 
procurer;  ce  qu'il  faut  observer  dans  leur  récolte;  la 
maniéré  de  les  faire  sécher , et  celle  de  les  conserver , 3 7. 
Choix  des  plantes,  3g. 

Temps  de  cueillir  les  plantes,  41* 

Dessiccation  des  plantes  , 44* 

Conservation  des  plantes,  55. 

Choix  des  fleurs  , 54- 

Temps  de  cueillir  les  Heurs  , 56. 

Dessiccation  des  fleurs , 57. 

Conservation  des  fleurs  , 5g. 

Choix  des  fruits  et  des  semences  , 60. 

Temps  de  cueillir  les  fruits,  6i. 

Dessiccation  des  fruits , ibid. 

Conservation  des  fruits , 63. 

Choix  des  semences  , 65. 

Temps  de  cueillir  les  semences,  66. 

Dessiccation  des  semences  huileuses,  67. 

Dessiccation  des  semences  seclies  et  farineuses  , 68. 
Conservation  des  semences  seches  et  farineuses  , ibid > * 


xxîj  TABLE 

Choix  des  raoines  * page  71. 

Dessiccation  des  racines  , 76. 

Conservation  des  racines , 78. 

Choix  des  bois  ; temps  de  se  les  procurer,  ibid. 
Dessiccation  des  bois , 79. 

Conservation  des  bois  , ibid. 

Choix  des  écorces  ; temps  de  se  les  procurer , 84,, 
Dessiccation  des  écorces  , 86. 

Conservation  des  écoroes  , 87. 

Des  animaux  et  de  leurs  parties , ibid. 

Temps  de  se  procurer  \es  animaux  , 88.. 

Dessiccation  des  animaux  . 89. 

Conservation  des  animaux  , ibid. 

Choix  des  minéraux,  ibid. 

Dessiccation  des  minéraux  , 90. 

Conservation  des  minéraux , ibid. 

Indication  des  drogues  indigènes  qu’on  peut  récolter  dan$ 
chaque  mois , gr. 

TROISIEME  PARTIE. 

De  la  préparation  des  médicaments  simples,  100. 
Préparation  des  poumons  de  renard,  des  foies  de  loup,  e§ 
d’autres  parties  molles  des  animaux,  ibid. 

Préparation  des  cloportes  , de  la  vipere  , des  vers  de  terre  , 
etc.  , 101. 

Préparation  des  mouches  cantharides  , 102. 

UstLon  des  médicaments  , ibid. 

Torréfaction  de  la  rhubarbe  , io3. 

Eponges  calcinées  , ibid. 

Spodium  , ou  ivoire  calcinée,  104. 

Alun  calciné , 106. 

Corne  de  cerf  préparée  à beau,  107. 

Eau  de  chaux,  108. 

Eau  de  chaux  d’ écailles  d’huîtres,  ni. 

Soufre  lavé,  ij3. 

Epongé  préparée  avec  de  la  cire  , ibid. 

Préparation  du  fungus  de  chêne,  1 14* 

Purification  du  mercure  , 1 15. 

De  la  pulvérisation , 1 16. 

De  la  pulvérisation  par  contusion,  117. 

Préparation  des  nids  d’hirondelles  , 126. 

'.Maniéré  de  tamiser  et  de  cribler  , ibid..m 
Pe  la  porphyrisation  , 127. 


DES  ARTICLES:  xxïij 

Des  substances  qui  n’ont  besoin  que  d’être  pulvérisées  , el 
qu’on  doit  broyer  sans  eau , page  129. 

Des  substances  qu’on  ne  lave  pas  et  qu  il  faut  broyer  ave® 
dç  l’eau  , i3i. 

Des  substances  qu’on  doit  laver  avant  de  les  pulvériser , et 
qui  se  broient  à l’eau , i54- 

Lavage  des  terres , ou  préparation  des  substances  ter ~ 
reuses  très  divisées  , 106. 

Préparation  de  la  litl large  , i3y. 

Préparation  de  la  céruse  , i58. 

AEtliiops  martial  , ou  safran  de  Mars  , deLoiERY  , i3g. 

Safran  de  Mars  préparé  à la  rosée, 

^Verre  d’antimoine  préparé  avec  de  la  cire  , ou  Yerie  d anti- 
moine ciré  , 142. 

Préparation  de  la  scammonée  , ibid. 

Des  pulpes , i44* 

Méthode  pour  tirer  les  pulpes  par  coction  dans  l’eau , eu 
prenant  pour  exemple  la  pulpe  de  pruneaux  secs,  1 44- 
Méthode  pour  tirer  les  pulpes  par  coction  sans  eau,  en  pre- 
nant pour  exemple  celle  des  oignons  de  lis  , il\5. 

Pulpe  de  casse , ou  casse  mondée  , 146, 

Pulpe  de  tamarins  , 147. 

Des  sucs , 148* 

Des  sucs  aqueux  des  végétaux , ibid. 

Maniéré  de  séparer  ces  sucs  , ibid. 

Clarification  des  sucs  aqueux  par  intermèdes  , ï52. 
Clarification  des  sucs  aqueux  qui  contiennent  quelques  prin- 
cipes volatils  , celui  de  cerfeuil  pour  exemple  , iS3. 
Clarification  des  sucs  aqueux  sans  intermèdes  , 164. 

Maniéré  de  conserver  les  sucs  aqueux  officinaux  , 160. 

Des  sels  essentiels  tirés  des  sucs  aqueux  des  végétaux  f 

ibid.. 

Sel  essentiel  d'oseille  , i5S. 

Sel  essentiel  de  tamarins,  160. 

Des  fécules,  16 1. 

Amidon  tiré  de  beaucoup  de  végétaux  , 162. 

Description  d’un  moulin  propre  à diviser  les  substances  dont 
on  veut  tirer  l’amidon  ou  farine  , i63. 

Amidon  de  pommes  de  terres  , iG5. 

Amidon  de  froment,  167. 

Matière  glutineuse  séparée  de  la  farine  de  froment , 170. 

Des  sucs  huileux , ou  des  huiles  , 174. 

Des  huiles  grasses  , fluides  , exprimées  de  plusieurs  végé«* 
taux  , 176. 

Huile  d’amandes  doupes  , ibid^ 

b ivt 


XXIV 


TABLE 


Huile  de  ben  , page  179, 

Huile  de  semences  de  jusquiame  par  expression  » 18 o« 
Huile  de  semences  de  chéuevis,  ibid.  1 
Des  Huiles  épaisses  des  végétaux  , 18 1. 

Beurre  de  cacao,  ibid. 

Huile  épaisse  de  noix  muscades , 184. 

Huile  de  laurier  , i85. 

De  la  préparation  des  graisses  des  animaux  , en  prenant  cellss- 
de  porc  pour  exemple  , 18G.  1 

Huile  d’œufs , 189. 

Dos  sucs  résineux,  des  résines  et  baumes  naturels,  ibid. 
Hotion  de  la  térébenthine , ou  térébenthine  lavée  , 100. 
Hoctton  de  la  térébenthine,  ou  térébenthine  cuite  , ibid. 
rurmcation  du  styrax  liquide,  191. 

Des  sels  essentiels  des  sucs  inflammables  , 102. 
c leurs  de  benjoin  , 193.  • 

Des  sucs  laiteux  , et  des  gommes-résines  , 10 6. 
runheation  des  gommes-résines  qu’on  ne  peut  réduire  en 
A/rP?u  J ’ nouS  prendrons  pour  exemple  le  galbanum,  108. 
Méthode  pour  préparer  les  différentes  especes  de  petit-lait, 
prenons  pour  exemple  celui  de  vache  , iqq. 

Clarification  du  petit-lait  , 200. 
fiel  essentiel  de  lait  , 202. 


QUATRIEME  PARTIE. 

De  la  mixtion  des  médicaments , 204. 

Des  formules , 206. 

Potion  purgative  ( exemple  de  formule  de  ) , 209. 

1 legles  générales  qu  on  doit  observer  pour  formuler  exac-p 
tement  , ibid. 

De  quelques  médicaments  simples  qu  on  emploie  ordinai- 
rement ensemble , et  connus  collectivement  sous  une 
seule  dénomination , 210. 

Des  especes , 222. 

Especes  vulnéraires , ou  herbes  vulnéraires,  connues  sous 
le  nom  de  vulnéraires  de  Suisse  et  de  Faltranc  , ibid. 

iispeces  toniques  , 2i5. 

Especes  pectorales , ibid. 

Des  infusions  , 21 5. 

Des  décoctions , 216. 

Eegles  générales  qu’on  doit  observer  en  faisan*  me 


DES  ARTICLES.  rxr 

coction  composée  de  substances  de  différente  nature , 
page  217. 

Tisane  anti-scorbutique  , 220. 

Des  vins  médicinaux  , 221. 

Des  vins  médicinaux  faits  par  infusion  , ibid* 

Vin  de  quinquina  , ibid. 

Vin  émétique  , 223. 

Laudanum  liquide  de  Sydenham,  224* 

Opium  de  Rousseau  , 225. 

Vin  d’absinthe  , 226. 

Vin  scillitique  , ibid* 

Vin  d’énula  campana,  ibid. 

Vin  martial , ou  chalybé  , 227. 

Des  teintures  t des  élixirs,  des  baumes  spiritueux  et  des 
quintessences , ibid. 

Des  teintures  spiritueuses  simples,  228. 

Teinture  d’absinthe,  22 q. 

Teinture  de  safran , 233. 

Teinture  de  myrrhe  , 234- 

Des  teintures  spiritueuses  composées  , ibid» 

Elixir  de  Spina,  ou  Beaume  de  vie  de  le  Lievre,  ibid <*] 
Essence  carminative  de  Wedelius  , 236. 

Elixir  do  vie  de  Matthiolf.  , 23 7. 

Elixir  pour  les  dents  , de  l’abbé  Ancelot  , 258., 

Essence  céphalique  , ou  Bonferme  , ibid. 

Gouttes  ameres,  23g. 

Elixir  thériacal , 24°  • 

Elixir  anti-asthmatique  de  Boerhaave  , ibid. 

Teinture  de  corail  , 241. 

Teinture  de  corail  anodine  d’ Helvétius,  242. 

Eau-de-vie  allemande  , ibid. 

Elixir  viscéral  tempérant  d’ Hoffmann,  243. 

Elixir  stomachique  de  Stouüthon  , ibid. 

Elixir  de  vitriol  de  Minsicht  , 244* 

Teinture  d’absinthe  composée  , ou  quintescence  d’absin-» 
the,  245. 

Elixir  odontalgique  de  M.  le  R.  de  la  F.  ibid. 

Elixir  de  propriété  de  Paracelse  , 246. 

Gouttes  anodines  d’Angleterre,  ou  gouttes  deTALBOt  , 
ibid. 

Gouttes  céphaliques  d’Angleterre,  247. 

Esprit  volatil  huileux  et  aromatique  de  Silvius  , 2.48* 
Teinture  d'or  , ou  or  potable  d’ Helvétius  , 25or, 

Gouttes  d’or  du  général  de  la  Motte,  25 1. 

Baume  du  commandeur  de  Pennes,  255, 

Teinture  de  gomme-laque,  267. 


**vi  table 

Teinture  de  sel  de  tartre , page  258. 

Llhum  de  Paracelse  , ou  teinture  des  métaux,  ibid 
Teinture  de  Mars  tartarisée  , 260. 

Teinture  de  Mars  de  Ludovic,  261 

Des  teintures  faites  par  de  l’éther  vitriolique,  2 62. 

Des  extraits  , 2,63. 

Des  extraits-  dont  l eau  est  le  véhicule  , 2 65 
Des  extraits  mous,  faits  avec  les  sucs  des  végétaux,  2 66. 
Lob  de  baies  de  sureau,  ibid. 

Extrait  de  bourrache  , 268. 

Extrait  de  ciguë  préparée  suivant  la  méthode  de  M 

OTORCK , 27O. 

Des  extraits  mous  qu’on  prépare  par  décoction  dans  l’eau , 27  6, 
Extrait  de  séné  , ibid.  ' 

Extrait  de  genievre  , 283. 

Extrait  de  casse  , 285. 

Extrait  de  tamarins  , 286. 

Sur  l’opium  , 287. 

Extrait  ordinaire  d’opium , ou  laudanum  , ibid. 

Extrait  cl  opium  préparé  par  une  longue  digestion , 280. 
Examen  succinct  des  différents  dépôts  séparés  de  l’opium. 

Observation  sur  l’usage  médicinal  de  l’extrait  d’opium  Sé- 
paré par  ta  digestion  , ibid.  1 

Extrait  d’opium  fermenté  avec  le  suc  de  coing  de  Lange- 
lot,  2Q7.  D 

Extrait  cï’aloës  , ibid. 

Remarques  sur  tous  les  extraits  dont  nous  avons  parlé  iuscmTî 
présent,  298.  1 1 

Sur  le  cachou,  3o2. 

Extrait  de  cachou , 5o3. 

oui  les  autres  extraits  qui  nous  sont  envoyés  tout  prépa- 
rés, 004.  r r 

Des  extraits  secs  connus  sous  le  nom  de  sels  essentiels,  pré- 
parés  suivant  la  méthode  du  comte  de  la  Garaye  , 5o5. 
Extrait  sec  de  quinquina,  3o 6. 

JFiel  de  taureau  desséché  , 3 12. 

Des  extraits  qu'on  prépare  par  décoction  dans  le  vin,  ibid. 
Extrait  d absinthe  préparé  avec  du  vin  , 3i5. 

Des  extraits  résineux,  préparés  avec  les  liqueurs  spiritueux 
ses  et  inflammables  ; ou  des  résines  proprement  dites , 5 14, 
Résiné  de  jalap  , préparée  avec  de  l’esprit  de  vin  3iS. 
Résine  de  scammonée  , 3 18.  * 

Résine  de  coloquinte , 32  T. 

Dis  résines  tirées  par  de  l’éther  vitriolique,  ibid. 


arxvij 


des  articles. 

De  la  distillation , page  3s3, 

Distillation  de  l’eau,  324-  . 

Distillation  des  eaux  simples  des  plantes  inodores , en  pre- 
nant pour  exemple  celle  de  plantain , 3-2 .G. 

Eau  des  trois  noix  , 33o. 

Eau  de  frai  de  grenouilles,  ibid. 

Eau  de  limaçons  , 33 1.  , 

Des  eaux  simples  des  plantes  odorantes , et  des  plantes 
Acres  , ibid. 

Esprit  recteur  et  eaux  essentielles  des  plantes , en  prenant 
pour  exemple  le  thym  , 332. 

Des  eaux  distillées  des  plantes  aromatiques,  et  des  huile® 
essentielles  , en  prenant  pour  exemple  l'eau  distillée  et 
l’huile  essentielle  de  thym , 334- 

Observations  sur  les  huiles  essentielles  , 3o8. 

Des  huiles  essentielles  tirées  des  écorces  de  certains  fruits  f 
en  prenant  pour  exemple  celle  de  citron,  34 i* 
Rectification  des  huiles  essentielles,  342. 

Des  huiles  essentielles  falsifiées  et  des  moyens  de  recon- 
nQÎtre  ces  falsifications  , 345. 

Observations  sur  la  quantité  d huiles  essentielles  qu  on  tiro 
de  plusieurs  végétaux  , 547- 
Baume  de  Vinceguere  , de  Laictoure  ou  de  Condom  , 

Sur  les  savons , 358, 

Lessive  des  savonniers  , 55q. 

Savon  blanc  ou  médicinal,  3Gr, 

Savon  de  Starkey  , 364- 

De  la  fermentation  , 3~3. 

Sur  l’esprit  de  vin  58 1. 

Rectification  de  l’esprit  de  vin  , 384- 

Description  d’un  pese-liqueur,  pour  connoître  la  quantité 
de  sel  contenu  dans  chaque  quintal  d’eau , 5qi. 
Construction  d’un  nouvel  aréomètre  , ou  pese-liqueur  de 
comparaison , pour  connoître  les  degrés  de  rcctilîcatioi» 
des  liqueurs  spiri tueuses  , 3q2. 

Marche  de  mon  pese-liqueur  , 896. 

Esprit  de  vin  rectifié  sur  de  la  craie,  5qq. 

Esprit  de  vin  rectifié  sur  de  la  chaux  , ibid. 

Explication  de  la  table  qui  contient  les  résultats  des  expé-* 
riences  faites  sur  l’esprit  de  vin , 4°°* 


fcvÜJ  TABLE 

Table  à l’usage  du  commerce  des  eaux-de-vie 
Des  eaux  spmtueuses  et  aromatiques  distillées’ 

Des  eaux  spintueuses  simples , ibid 
•Esprit  de  lavande , ibid. 

Esprit  de  lavande  du  commerce  , AoA. 

Esprit  de  fleurs  d’oranges  , 4o5. 

Esprit  de  framboises  , ibid. 

Esprit  de  fraises  , ibid. 

Esprit  de  citrons  , ibid. 

Esprit  de  canelle , 406. 

Esprit  de  thym  , ibid. 

Esprit  de  genievre  , ibid. 

Esprit  de  roses  , ibid. 

Des  eaux  spiri tueuses  composées , /|Oy„ 

Eau  de  mélisse  composée  , ibid. 

Eau  de  Dardel  , 410. 

Eau  de  miel  odorante  , ibid. 

Eau  de  Cologne  , 412- 
Eau  de  menthe  composée  , ibid. 

Eau  de  Mme  DE  LA  Yrilliere  pour  les  dents  , 41^» 

Eau  impériale,  ibid. 

Eau  de  pivoine  composée  , 4J4* 

Eau  thériacale,  4i5. 

Eau  vulnéraire  spiritueuse  , 07/  eau  d’arquebusade , 4*6* 
Eau  vulnéraire  rouge  par  infusion  , 4X7* 

Eau  d’émeraudes , ibid. 

Eau  générale  , 4I(S. 

Esprit  ardent  de  cochléaria,  421. 

Esprit  carminatif  de  Silvius,  4.24. 

Baume  de  Fioraventi  , 42b. 

Eiau  de  bouquet , ou  eau  de  toilette  , 42&>, 

Eau  sans  pareille  , 427. 

Èau  de  jasmin  , ibid. 

Eau  de  girofles , ibid. 

Eau  de  violettes  , 42$. 

Eau  de  souchet , ibid. 

/ inaigre  distillé  : vinaigres  aromatiques  distillés  et  non. 

distillés,  428. 

Sel  volatil  de  vinaigre,  4^0. 

Vinaigre  de  lavande  distillé,  43 1. 

.Vinaigre  de  sureau  , communément  nommé  vinaigre  s li- 
rai, 432.  D ~ 

vinaigre  scillitique , 433. 

Vinaigre  colchique  , ibid. 

Vinaigre  thériacal , 434. 

Vinaigre  des  quatre  voleurs  , ibid. 


page  40 
4o3. 


DES  ARTICLES. 

Extrait  de  Saturne  de  Goulard,  page  435. 
Extrait  de  Saturne  en  poudre,  43b. 

Eau  végéto-minéraie , ou  eau  du  Saturne , ibid. 


Des  médicaments  liquides  préparés  avec  le  miel  et  avec 

le  sucre  , 438. 


Du  miel , ibid. 

Miel  dépuré  , 439. 

Des  miels  simples  , 44a» 

Hydromel  simple , ibid. 

Oxymel  simple,  ibid. 

Oxymel  scilli  tique  , 444. 

Miel  de  nénuphar,  445. 

Miel  violât,  ibid. 

Miel  mercurial , ibid. 

Miel  de  concombre  sauvage  , 446* 

Miel  de  romarin  , ibid. 

Miel  sciJlitiquo  , 447- 
Oxymel  colchique  , 448. 

Miel  rosat,  ou  rhodomel , 449* 

Des  miels  composés , l\b  1 . 

Miel  de  longue-vie,  ou  syrop  de  longue-vie,  connu  aussi 
sous  les  noms  de  syrop  de  Calabre,  syrop  de  mercuriale, 
syrop  de  gentiane  , ibid. 

Sur  le  sucre  , 4^2. 


Sucre  candi,  455. 

Des  syrop  s , 456. 

Des  syrops  simples  altérants  , ibid. 

Syrop  de  violettes  , ibid. 

Syrop  cl  oeillets  , qu’on  peut  préparer  en  tout  temps,  46b. 
Syrop  de  cochléaria  ,461.  * 

Syrop  de  capillaire  , • 464. 

Syrop  balsamique  de  tolu,  467. 

Syrop  de  baume  de  tolu  réformé,  468. 

Syrop  de  roses  seches , ibid. 

Syrop  de  tussilage,  ou  de  pas-d’âne  , 460. 

Syrop  d absinthe  , ibid. 

Syrop  d’armoise  , ibid. 

Syrop  de  fumeterre  , 470. 

Syrop  d’althæa  , ou  de  guimauve,  ibid. 

Syrop  de  mûres , 471. 

S)  rop  de  vinaigre,  472. 

Syrop  de  framboises  au  vinaigre,  ibid. 


XXX 


TABLE 


Syrop  d’écorces  de  citrons,  page  47^* 

Syrop  de  quinquina  à l’eau  , 4?4- 
S\  rop  de  quinquina  avec  le  vin , ibid. 

Syrop  d©  chou  rouge,  , 

Syrop  de  Kermès  , 4?^- 

Des  syrops  simples  qu’on  doit  faire  par  distillation , fyjj* 
Syrop  de  menthe  , 47^* 

JJ  es  syrops  composés  altérants  > 479* 

Syrop  d’orgeat  , ibid. 

Syrop  de  pavot  blanc  , ou  de  diacode  , 4®2*. 

Syrop  d’opium,  4-85. 

Syrop  de  karabé  , ibid. 

6yrop  de  Glaubert,  484* 

Syrop  de  corail , ibid. 

Syrop  des  cinq  racines  apéritives,  486* 

Syrop  d’althæa  composé  , ibid. 

Syrop  d’absinthe  composé  r 487* 

Syrop  résumptif  de  tortues  , 488* 

Syrop  de  consoude  composé , 489. 

Syrop  anti-scorbutique  , 49°* 

JJ  es  syrops  composés  altérants  , qui  se  font  par  la  distilla* 
tion  , 492- 

Syrop  de  stécas  composé  , ibid. 

Syrop  d’érysimum  composé  , 494* 

Syrop  d’armoise  composé  , 

Syrop  de  vipères , 49,6 " 

Des  syrops  purgatifs  r 498. 

Des  syrop  s purgatifs  simples  , ibid. 

Syrop  de  fleurs  de  pêchers  , ibid. 

Syrop  de  nerprun  ,■  499* 

Verd  de  vessie  , ibid. 

Syrop  de  roses  pâles,  5oo. 

Des  syrops  purgatifs  composés , 5oï.; 

Syrop  de  nicotiane  , ibid. 

Syrop  de  roses  pâles  composé  , ibid. 

Syrop  de  chicorée  composé  , 602. 

Syrop  de  pommes  composé  , 5o4» 

Syrop  de  pommes  helléboré , 5o5. 

Syrop  magistral  astringent , 5o6\ 

Remarques  générales  sur  tous  les  syrops  , 007. 

Réglés  générales  pour  les  proportions  de  sucre  et  de  liqueur* 
qui  entrent  dans  la  composition  des  syrops  , h 10. 

Des  ratafias  , 5 11. 

Kala  fias  simples  qii  on  prépare  par  infusion  > bio. 
Ratafia  de  Üe tus  d’oranges , ibid., 


DES  ARTICLES.' 


xx» 


Ratafia  d’angélique  , page  5i3. 

B a tafia , ou  eau  d’anis  , 614. 

Musette  deBourdeaux,  ibul. 

Escubac  , 5i5. 

Ratafia  de  genievre,  ibicl. 

Ratafia  du  commandeur  de  Cau.mar.tim  , 5 16. 

Marasquin  de  Zara  , 617. 

Dos  ratafias  qui  se  font  par  distillation  , ibicl. 

Eau  divine  , ibid. 

Des  ratafias  qui  se  font  par  infusion  et  par  distilla- 
tion, 5 18. 

Elixir  de  G a rus  , ibid. 

Ratafias  faits  avec  les  sucs  dépurés  , 5iq. 

Ratafia  de  coings  , ibid. 

Ratafias  préparés  par  la  fermentation,  ibid* 
y m de  cerises  y ibid.  " 

Des  confitures , 520. 

Des  gelées  , S21. 

Gelée  de  groseilles,  ibid. 

Gelée  de  coings  , ou  cotignac  , 622. 

Marmelade  d’abricots  , 5a5. 

Marmelade  de  prunes  de  reine-claude , ibid. 

Des  confitures  seches  , 624. 

>ùicre  cuit  à la  plume  , ibid. 
l iges  d’angélique  confites,  525. 

Gelée  de  corne  de  cerf,  626. 

Blanc-manger , 527. 

Boudions  secs  pour  la  campagne,  ou  tablettes  de  boulf. 

Ions , ibid. 

Tablettes  de  hockiao , ou  colle  de  peau  d’âne  , 628. 

Des  conserves  , 029. 

Des  conserves  molles , ibid. 

^.onserve  de  fleurs  de  bourraches , 555. 

onserve  de  roses  qu’on  peut  préparer  en  tout  temps  , 554. 
Conserve  de  cynorrhodon , 535.  1 ™ 

Conserve  de  cochléaria  , ibid. 

Des  poudres  composées  ; 53  6» 

Poudre  anti-spasmodique , 558. 

Poudre  de  guttete  , 5 09. 

Poudre  d’or  de  Zel  , ibid. 

ouc  re  dmtragacanthe  froide  , 5iov 
Poudre  d iris  , composée,  5ni. 

Poudre  tempérante  de  Staiil,  ibid^ 


xxxij  TABLE 

Sucre  vermifuge,  page  542. 

Poudre  cont;  e les  vers  , ibid. 

Poudre  diarriiodon  , 543. 

Pot. -ire  des  trois  s.mtaux,  544- 

Poudre  de  la  comtesse  de  Kent,  ou  poudre  de  serres  d’écre- 
visses  de  mer,  ibid. 

Poudre  absorbante  , 5q5. 

Poudre  d’ambre,  ibid. 

Poudre  létilicante  , 546. 

J^o.udre  d’arum  composée  , ou  poudre  stomachique  de  Brio 

KM  A N , 54'7. 

Poudre  astringente , 5zj.S. 

Poudre  sternutatoire  , ibid; 

Autre  poudre  sternutatoire  , connue  sous  le  nom  de  poudre 
capitale  de  Saint-Ange  , 549-' 

Poudre  amere  pour  la  goutte  , ibid. 

Poudre  purgative  pour  la  goutte  , de  erard,  55o. 
Poudre  corn  a chine , ou  de  tribus  , ou  du  comte  de  W ar- 
wick  , ibid. 

Poudre  vomitive  d’ Helvétius  , 55 1. 

Poudre  hydragogue  , 55a. 

Poudre  de  Mlle  Gpumaldi  , ibid. 

Poudre  de  Vernix  , 553. 

Poudre  de  corail  anodine  d’ Helvétius  , ibid. 

Poudre  fébrifuge  et  purgative  d’ Helvétius,  554- 

Des  électuaires , confections  et  opiats  , ibid. 

Des  èlcctuaircs  altérants , 556* 

Confection  d’hyacinthe , ibid. 

Confection  al  kermès  , obj. 

Thériaque  , 558. 

Thériaque  réformée  , 562. 

Thériaque  diatessaron,  564. 

Orviétan , ibid. 

Autre  orviétan  , nommé  en  latin  orvietanum  prtzstan- 
tins  , 566. 

Mithridate  ,567. 

Pâte  sudorifique  dllELvÉTius,  ou  opiat  stomachique  et  cor- 
roboratif, 568. 

Diascordium  ,5  69. 

Phil onium  romanum  , 670. 

Opiat  de  Salomon,  ibid. 

Electuaire  de  baies  de  laurier , 671. 

Des  électuaires  purgatifs , 672. 

Casse  cuite  à la  fleur  d’orange  , ibid . 

Electuaire  lénitif,  57.3. 


Catîiolicuin 


DES  ARTICLES.  xxxiij 

Catholicum  double  , page5y4* 

Diaprun  simple  , 5y6. 

Diaprun  solutif,  577. 

Confection  Hamkc,  ibid. 

Electuairede  psyllium,  58o. 
lliera  picra  , 58i. 

Liera  diacolocyntliidos  , 58a. 

Cariocostin , ibid. 

Diaphénix  , 583. 

Bénédicte  laxative  , 584* 

Opiat  mésentérique  , 585. 

Remarques  générales  sur  les  électuaires  , ibid. 

Delà  quantité  de  svrop  que  les  poudres  absorbent,  lors- 
qu’on en  forme  des  opiats  , bols  , etc. , 58g. 

Des  électuaires  solides , des  tablettes , des  pastilles  , des 
rotules  et  des  morsulis , 5gO. 

Des  tablettes  altérantes  qui  sa  font  à la  cuite  du  sucre , 

5g3.. 

Tablettes  béebiques  , ibid. 

Tablettes  pectorales  de  Spitzlait  , 5g4- 
Tablettes  de  roses  , 5g5. 

Tablettes  antimoniales  de  Kunckel  , ibul. 

Sucre  rosat , ibid. 

Sucre  d’orge  , 5g6. 

Des  tablettes  qui  se  font  sans  feu  , ibid. 

Tablettes  de  guimauve  , ibid. 

Tablettes  de  soufre  , 5g8. 

Tablettes  d’iris  , 609. 

Tablettes  de  vanille,  ibid. 

Tablettes  de  girofles , ibid. 

Pastilles  de  canelle , Coo. 

Tablettes  martiales  , ibid. 

Pastilles  de  citrons  pour  appaiser  la  soif,  ibid. 

Limonade  seche  , 601. 

Pastilles  d’yeux  d’écrevisses  , ibid. 

Pastilles  de  cachou  à la  canelle , 602. 

Pastilles  de  safran  , ibid. 

Pastilles  odorantes  pour  brûler , ou  clous  ou  chandelles  fu- 
mantes , ibid. 

Des  tablettes  purgatives  , 6o3. 

Tablettes  de  suc;  rosat , ibid. 

Tablettes  de  citro  , 6o4- 
Tablettes  diacarthami , 606. 

Tablettes  de  rhubarbe  , ibid. 

Pastilles  émétiques  de  Chomel,  607. 

Pâte  de  guimauve  , ibid. 

Sue  de  réglisse  de  Blois,  610. 

C 


x*rùv  TABLE 

Tussilage  à l’anis  de  Lille  en  Flandre  , page  6iï. 
Chocolat,  612.  r 6 

Préparation  de  la  pâte  de  cacao  pour  le  chocolat , ibid.. 
Chocolat  a la  vanille  , G i5. 

Chocolat  de  santé,  616. 

j Des  pilules , 617. 

Des  pilules  altérantes , 623. 

Pilules  de  cynoglosse  , ibid. 

Pilules  de  Starkf.y,  624. 

Pilules  tartaré.es  de  Schroder  , ibid. 

Pilules  smectiques  ou  de  savon  , 626, 

Pilules  balsamiques  de  Morton,  626. 

Pilules  balsamiques  de  Stahl  , 627. 

Pilules  toniques  de  Bâcher  , 62S. 

Pilules  de  Becker  , 629. 

Pilules  hystériques , 63o. 

Pilules  chalybées  , 63 1. 

Pilules  astringentes , ibid. 

Alun  teint  de  Minsicht,  ou  pilules  d’alun  d’HELvÉTius,  6$2, 
Pilules  de  panacée  mercuriele  , ou  grains  de  panacée , ibid. 
JDragees  vermifuges  , 653. 

Pilules  ou  pierre  de  fougere  , ibid . 

Thériaque  céleste  , 634. 

Des  pilules  purgatives , 65 7. 

Pilules  ante-cibum , ou  grains  de  vie,  ou  pilules  gourman- 
des , ibid.  0 . 

Pilules  angéliques,  ibid. 

Pilules  ou  extraits  panchimagogues  , 658, 

Pilules  purgatives  universelles  d’HjsLvixius  , ibid. 

Pilules  hydragogues  purgatives  d’HELvÉxius,  6%. 

Pilules  cochées  majeures  , ibid. 

Pilules  cochées  mineures , ibid. 

Pilules  aloétiques*  émollientes  , 640. 

Pilules  hydragogues  de  Bontius  , ibid. 

Pilules  ou  extrait  de  Rudius,  641. 

Pilules  mercurieles  de  Béloste  , 642. 

Pilules  mercurieles  de  Béloste  réformées  , Gqo. 

Pilules  de  Béeoste  sans  purgatifs  , 644. 

Autres  pilules  mercurieles  , 645. 

Des  trochisques , 6q6.J 

Des  trochisques  altérants , 647. 

Trochisques  descille,  ibid. 

Trochisques  de  viperes  , 648. 

Trochisques  de  Cyphros  , 649. 

^Trochisques  d’ÜÉoiçRoi,  66©»; 


•XXX  V 


DES  ARTICLES, 

Trochisques  cle  karabé,  page  65 1. 

Trochisques  de  myrrhe  , ibid. 

Trochisques  d’alkekenge , 602. 

Trochisques  de  blanc  rliasis  , 65  J. 

Trochisques  lûstériques , 65/j.. 

Trochisques  scarotiques  , ilncl. 

Trochisques  scarotiques  de  minium  , 655. 

Trochisques  de  cachou , ou  cachou  à la  réglisse  , ibid. 
Cachou  à la  violette  , 656. 

Cacfyou  sans  odeur  , ilncl. 

Cachou  à l’ambre  gris  , ibul. 

Cachou  h la  Heur  cl’orange,  65j. 

Cachou  à la  canelle  , ibid. 

Des  trochisques  purgatifs  , ibid. 

Trochisques  d’agaric , ibid. 

Trochisques  alhandal  , 658. 

MÉDICAMENTS  EXTERNES  , ou  des  topiques  , 609: 

j Des  huiles  par  infusion  et  par  décoction  , 66 o. 

Des  huiles  simples  par  infusion  t 661. 

Huile  rosat , ibid. 

Huiles  de  tubéreuse  et  de  jasmin  , 665. 

Huile  de  camomille  , 664. 

Huile  de  morclle  , 666. 

Huile  d’iris,  667. 

Huile  de  mastic  , 668. 

Huile  de  vers  , ibid. 

Huile  de  fourmis,  66q. 

Huile  de  scorpions  , ibid. 

Des  huiles  composées , 670. 

Huile  de  mucilage  , ibid. 

Huile  de  petits  chiens,  671. 

Huile  de  castor  , ibid. 

Baume  tranquille  , 672. 

Des  baumes  } 6~5. 

Baume  oppodeltocli  , 677. 

Baume  de  vie  d Hoffmann  , 678. 

Baume  verd  de  Metz  ou  de  Feuillet  , ibid. 

Baume  nerval , 67g. 

Baurpe  acoustique  , 680. 

Baume  vulnéraire  , ibid. 

Baume  vulnéraire  réformé , 68 1„ 

Baume  hypnotique  , 682. 


Xxxvj  TABLE 

Baume  hystérique,  page  685. 

Baume  de  Lucatel  , ibid. 

Baurne  de  pare  ira  braVa  , 684. 

Baume  d aGier  au  d’aiguilles,  685. 

Baume  apoplectique  , 687. 

Des  liniments  , des  pommades  , des  onguents  et  des 

cêraLs  , ibid. 

Des  pommades , 688. 

Pommade  en  crème  , ou  pommade  pour  le  teint , ibid. 
Cërat  rafraîchissant  de  Galien,  690*. 

Pommade  jaune  pour  les  levres  ,691. 

Pommade' de  concombres,  692. 

Pommade  de  fleurs  de  lavande , 693. 

Des  onguents  , 695. 

Onguent  rosat,  ibid. 

Onguent  de  nicotiane  , 696. 

Onguent  ou  huile  de  laurier,  ibid. 

Onguent  ou  huile  de  scarabées  , 697. 

Onguent  mardatum , ibid. 

Onguent  populeum  , 698. 

Onguent  mondifîcatif  d’ache  , 701. 

Onguent  d’ Agrippa  ou  de  bryone  , 700, 

Onguent  d’arthanita , ibid. 

Onguent  de  pompholix,  705. 

Baume  d’Arcæus  , 706. 

Onguent  de  styrax  , 707. 

Onguent  basilic,  ou  suppuratif,  ou  tetrapliarmacum , 708, 
Onguent  de  l’abbé  Pipon  , 709. 

Onguent  d’althéa  , 710.  „ 

Onguent  pour  ies  hémorrhoïdes,  ibid. 

Onguent  nu  tritum  , 71 1. 

Cérat  de  Saturne  de  Goulard,  713. 

Pommade  de  Goulard  , 713. 

Onguent  de  blanc-raisin,  ou  onguent  de  blanc  rhasis,  ibid. 
Onguent  de  la  mer e , 714* 

Onguent  de  tuthie  , 716. 

Onguent  égyptiac  , ibid. 

Onguent  mercuriel  citrin  pour  la  gale,  717. 

Onguent  brun,  719. 

Onguent  néapohtain  ou  de  mercure  ou  pommade  mercu- 
riel e , ibid. 

Pommade  mercuriele  au  beurre  dccacao,  725. 

Onguent  gris , 724. 


xxxyij 


DES  ARTICLES. 

Des  emplâtres  y page  724. 

Des  emplâtres  qui  ne  contiennent  point  de  préparation 
de  plomb,  72g. 

Emplâtre  de  blanc  de  baleine,  ibid. 

Emplâtre  d 'André  de  la  Croix.,  700. 

Emplâtre  contre  la  rupture  , du  prieur  de  Cabryan  , ibid ; 
Emplâtre  oxycroceum,  731. 

Emplâtre  de  mucilage  , ibid . 

Emplâtre  vésicatoire  , 702. 

Usage  du  thymelæa  en  vésicatoire,  y34* 

Emplâtre  de  bëtoine  , ibid.  • 

Emplâtre  de  mélilot , 7 36. 

Emplâtre  de  ciguë  , ibid. 

Emplâtre  magnétique  , 7^7, 

Aimant  arsenical  , 758. 

Emplâtre  de  cire  verte,  ibid. 

Des  emplâtres  dans  lesquels  on  fait  entrer  des  prépara * 
tiens  de  plomb  , qo g. 

Emplâtre  de  diapalme , ibid. 

Emplâtre  de  minium  , 741. 

Emplâtre  de  Nuremberg  , 742. 

Emplâtre  connu  sous  le  nom  d’onguent  de  Canette  , 743. 
Emplâtre  de  savon  , 744. 

Emplâtre  de  charpie,  ibid. 

Emplâtre  de  l’abbé  de  Grâce  , 745. 

Emplâtre  de  l’abbé  Doyen  , ibid. 

Emplâtre  diachylon simple,  ibid. 

Emplâtre  diachylon  composé  , 74b. 

Emplâtre  divin  , 747. 

Emplâtre  de  la  main  de  Dieu  , 748. 

Emplâtre  styptique  de  Grollius,  74g- 
Emplâtre  de  grenouilles  ou  de  Yjgo , simple,  -5o. 
Emplâtre  de  grenouilles  ou  de  Vigo,  avec  le  mercure,  762. 
Emplâtre  de  Vigo,  simple  , réformé  , 764. 

Emplâtre  de  Vigo  , réformé  , avec  le  mercure,  '"55. 

Emplâtre  diabotanum  , 767. 

Emplâtre  de  blanc  de  céruse  , 7(0. 

Emplâtre  noir,  ou  emplâtre  de  céruse  brûlée  , ibid. 
nw l1'ac*'raP  ' ou  toile  Gautier,  7C2. 

1 aile  tas  d Angleterre  , 765. 

Des  bougies , 764. 

Pmrre  médicamenteuse,  766. 

Piene  divine  pour  les  yeux,  767. 

Collyre  d’HELvÉTius,  ibid. 

Pierre  admirable  , ibid. 


xxxviij  TABLE 

Des  dentifrices,  page  768» 

Des  poudres  dentifrices  , ibid. 

Poudre  pour  les  dents  , ibid. 

Opiat  pour  les  dents,  76g. 

Bâtons  de  corail , ibid. 

Des  eaux  pour  les  dents,  ibid . 

Eau-de-vie  de  gaïac  , 770. 

Des  racines  pour  les  dents,  ibid. 

Des  éponges  pour  les  dents  , 772. 

Teintures  pour  les  éponges  et  pour  les  racines  pour  les 
dents  , ibid. 

REMEDES  PARTICULIERS: 

Traitement  contre  les  tænia  ou  vers  solitaires  , 770. 
Remede  et  traitement  contre  l’ hydrophobie  ou  rage,  777. 
Remede  de  Rotrou  pour  les  humeurs  froides  , 784. 

Pâte  d’églantine  ou  pilules  alexiteres,  ou  pilules  purgatives 
de  Rotrou  , ilrid. 

Fondant  de  Rotrou,  786. 

Teinture  aurifique  de  Pvotrou,  787. 

Elixir  aurifique  de  Rotrou  , 788, 

Teinture  d’antimoine,  ou  élixir  aurifique  de  Rotrou  , ré- 
formé, ibid. 

Maniéré  d’employer  les  remedes  de  Rotrou  , 78g. 

Piemede  des  Caraïbes  pour  guérir  de  la  goutte  , 790. 

Autre  remede  contre  la  goutte,  791. 

Remede  de  Stéphens  , pour  guérir  la  gravelle  et  la 
pierre  , ibid. 

Poudre  absorbante  de  Stephens,  ibid. 

Tisane  de  Stéphens  , 792. 

Boules  savonneuses  de  Stéphens  , 79s. 

Poudres  charbonneuses  pour  les  pilules  de  Stéphens  , 

ibid. 

Pilules  savonneuses  de  Stéphens  , 794» 

Maniéré  d’employer  les  remedes  de  Stéphens  , ibid. 

Usage  du  remede  en  pilules,  ibid. 

Usage  du  remede  en  boisson  , 795.  , 

Remede  de  van  Sw'ieten  , pour  guérir  les  maladies  vé» 
nériennes  , ibid. 

Remede  contre  le  lait  répandu  , 797. 

R.emede  contre  les  dartres  vives  et  farineuses  , 798. 
Remede  de  Chantilly  ou  de  M.  le  duc  , pour  la  fievre,  799-. 
Remede  de  Baville  , pour  la  colique  néphrétique,  ibid.. 
Poudre  de  Vielars  , 800. 

Eau  de  Yillars  , ibid. 


xxxix 


DES  ARTICLES. 

Tisane  de  Feltz  , page  Soi. 

Vin  antiscorbutique  de  Dujuorette  , ibid. 

Eau  de  goudron , 802. 

Collyre  de  Lanfranc  , 8o3. 

MÉDICAMENTS  MAGISTRAUX,  ibid \ 

Des  émulsions,  804. 

Des  looclis , 8o5. 

Looch  blanc  pectoral , 806. 

Looch  verd  , 807. 

Looch  de  jaune  d’oeuf,  ibid. 

Des  potions,  80g. 

Des  juleps  , ibid. 

Decociïim  album  de  la  Pharmacopée  de  Londres  ibid 
Des  tisanes , 8io. 

Des  apozemes  , ibid. 

Tisane  de  vinache  , 81 1. 

Des  bouillons  , 812. 

Des  mixtures  , ibid. 

Liqueur  de  nitrc  camphrée  , ibid. 

Des  injections  et  lavements  , 810. 

Des  suppositoires  , ibid. 

Des  pessaires  , 814. 

Des  errhines,  ibid. 

De 3 masticatoires  , 81 5. 

Des  gargarismes,  ibid. 

Des  épi  théines  , 816. 

Des  lotions  et  des  douches  , ibid. 

Des  fomentations  , 817. 

Des  embrocations,  ibid. 

Des  liniments , 818. 

Liniment  contre  la  paralysie  , ou  eau  de  Barnaval , ibid. 
Des  cataplasmes  , 81g. 

Cataplasme  émollient  et  résolutif,  821. 

Cataplasme  de  mie  de  pain  , ibid. 

Des  collyres  , 822. 

Explication  de  plusieurs  termes  de  Pharmacie  employés  dans 
cet  ouvrage  , 826. 

AirpîMCE  , "833. 

Fin  de  la  table  des  articles. 


Extrait  des  registres  de  V académie  royale  dc$ 
sciences  du  12  mai  1790. 

1VT  Cadet  et  Démours , commissaires  nommés  par 
l'académie  pour  examiner  la  sixième  édition  d’un  ouvrage 
intitulé  : Eléments  de  Pharmacie  , par  M.  Baume,  en 
ayant  rendu  compte  , l’académie  a jugé  cet  ouvrage  digne 
de  paroitre  avec  son  approbation. 

Je  certifie  le  présent  extrait  conforme  au  jugement  de 
l’académie.  A Paris,  le  i5  mai  1790. 

De  Condorcet,  Sec.  perp. 

Avis  pour  placer  les  planches . 


La  première,  vis-à-vis  la  page  < ....  1 2. 

La  seconde,  . . 164. 

La  troisième 094. 
Là  quatrième , . . 622* 

Table  à l’usage  du  commerce  des  eaux-de-vie,  vis-à- 
vis  la  page  402. 


ELEMENTS 


• * 


ÉLÉMENTS 

DE  PHARMACIE. 


INTRODUCTION.. 


JL  a partie  de  l’art  de  guérir,  qui  s’occupe  des  médica- 
ments, ou  La  Pharmacie , est  nécessairement  une  des  pre- 
mières connoissances  que  les  hommes,  continuellement 
sujets  à des  maladies  ou  à des  infirmités  , ont  cherché  à 
acquérir.  L’origine  de  la  Pharmacie  est  donc  très  ancienne. 
Les  premiers  qui  consacrèrent  leurs  veilles  et  leurs  travaux 
au  soulagement  de  l’humanité  souffrante,  s’occupoient 
également  de  la  connoissance  des  maladies , de  la  prépara- 
tion des  remedes  et  de  leur  application.  Mais  les  études 
qu’il  faut  faire  pour  remplir  avec  succès  ces  différentes  par- 
ties de  l’art  de  guérir , sont  si  étendues,  qu’il  fut  facile  de 
se  persuader  que  chacune  exigeoit  l’application  entière  d’un, 
homme  laborieux.  La  Médecine,  la  Chirurgie,  la  Pharma- 
cie, commencèrent  alors  à être  cultivées  séparément  et  firent 
des  progrès  plus  rapides.  Nous  n’exposerons  point  ici  le 
tableau  historique  de  ces  progrès.  On  sait  en  général  que 
les  premiers  pas  dans  une  science  sont  toujours  lents,  in- 
certains , embarassés.  L’homme  qui  n’est  point  encore 
éclairé  par  le  flambeau  de  l’expérience  adopte  indistinc- 
tement tout  ce  qui  se  présente  à lui.  Aussi  les  premières 

A 


*2  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Pharmacopées  n’ont  été  que  des  recueils  de  recettes  rassem- 
blées de  toutes  parts  et  rédigées  sans  ordre  et  sans  choix  ÿ 
recueils  par  conséquent  qui  ne  pouvoient  qu’égarer  ceux  qui 
les  consultoient.  A mesure  que  l’esprit  d’observation  s’est 
répandu  , et  que  la  Chymie  plus  cultivée  nous  a donné 
des  lumières  sur  les  différents  objets  des  trois  régnés  de  la 
nature , la  Pharmacie  est  devenue  une  science  raisonnée , 
méthodique  et  propre  à guider  les  hommes  dans  le  choix 
des  médicaments.  De  savants  Médecins  et  d’habiles  Phar- 
maciens ont  publié  des  observations  intéressantes  sur  la 
nature  et  les  effets  de  ces  remedes;  ils  ont  bien  senti  qu’ils 
rendroient  leurs  observations  plus  générales  et  plus  sûres 
s’ils  donnoient  aux  remedes  qu’ils  enseignoient  une  distri- 
bution claire,  simple  et  facile  à saisir,  et  s’ils  les  assujet- 
tissoient  à des  manipulations  constantes,  afin  d’écarter 
toute  variété  , et  par  conséquent  toute  incertitude  dans 
l’effet  des  médicaments.  On  doit  placer  à la  tête  de  ces 
ouvrages  pharmaceutiques,  vraiment  utiles,  celui  de  Silvius , 
publié  en  latin  en  1641 . Plusieurs  de  ses  observations 
sont  importantes,  et  je  les  ai  adoptées,  en  y joignant  ce 
qu’une  expérience  plus  récente  nous  a appris.  La  Pharma- 
cie théorique  de  Chesneau  , Médecin  marseillois  , publiée 
depuis  le  Traité  de  Pharmacie  de  Silvius  en  1682  , en  un 
volume  in-40 , ne  peut  lui  être  comparée.  D’autres  Phar- 
macopées, rédigées  postérieurement,  contiennent  quel- 
ques observations  intéressantes  sur  le  temps  de  recueillir  l^s 
médicaments  , sur  leur  dessication  , sur  la  maniéré  de  les 
conserver.  Ces  observations  sont  rapportées  pour  la  plupart 
dans  les  préfaces  de  ces  Pharmacopées.  Les  autres  sont  con- 
fondues dans  le  corps  même  de  l’ouvrage,  où  il  est  sou- 
vent difficile  de  les  retrouver.  On  peut  encore  reprocher 
aux  Auteurs  de  ces  Pharmacopées  de  ne  rien  dire  sur  la  fal- 
sification des  remedes  ; objets  cependant  qu’il  est  essentiel 
au  Pharmacien  de  bien  connoitre.  11  seroit  inutile  d’indi- 
v quer  plus  particulièrement  ces  différents  écrits;  mais  nous 
croyons  devoir  faire  ici  une  mention  honorable  de  peux  de 
Sésoder,  d’Hoffman,  de  la  Bibliothèque  pharmaceutique 
de  Mauget  , des  Pharmacopées  de  Brandebourg,  d’A us- 
bourg  , de  Strasbourg,  de  Vienne,  de  Wittemberg,  etc.  On 
y trouve  des  détails  utiles  relatifs  à la  matière  médicale, 
et  de  bonnes  instructions  sur  les  différents  objets  de  la 
pharmacie  : on  pourroit  seulement  y désirer  l’ordre  et  la 


ÉLÉMENTS  13  E PHARMACIE."  $ 

méthode  que  i’on  rencontre  dans  l’ouvrage  de  Silvius. 

Le  savant  Lémeri , qui  a décrit  avec  la  plus  grande 
exactitude  ses  préparations  chymiques,  nous  a donné 
l’exemple  de  celle  meme  exactitude  dans  la  description  de 
ses  procédés  pharmaceutiques,  il  a publié  une  Pharma- 
copée universelle  réimprimée  plusieurs  fois  ; elle  contient 
non  seulement  un  grand  nombre  de  formules  adoptées 
tant  en  France  que  dans  le  reste  de  l’Europe  ; mais  elle 
présente  de  plus  des  détails  exacts  pour  opérer  sûrement: 
l’ouvrage  cependant  n’est  qu’une  espece  de  recueil  do 
formules;  il  donne  peu  de  principes  généraux  sur  la  ré- 
colte et  la  conservation  des  médicaments  ; principes  néan- 
moins absolument  nécessaires  au  Pharmacien. 

La  Faculté  de  Médecine  de  Paris  et  d’autres  célébrés 
Facultés  ont  , conjointement  avec  les  Apothicaires  , 
rédigé  des  Codes  contenant  les  compositions  pharmaceu- 
tiques qui  doivent  se  trouver,  chez  l’Apothicaire,  prépa- 
rées conformément  au  Code,  afin  que  les  Médecins  puis- 
sent être  sûrs  de  la  préparation  des  médicaments  qu’ils 
ordonnent. 

L’expérience  prouve  assez  que  la  santé  et  la  vie  même 
des  hommes  dépendent  souvent  de  la  maniéré  dont  les 
médicaments  ont  été  préparés  ; et  nous  devons  en  conclure 
que  l’étude  de  la  Pharmacie  est  pour  le  moins  aussi  essen- 
tielle au  Médecin  que  celle  de  la  Chyraie  proprement  dite; 
il  doit  connoître  l’odeur , le  goût , la  connoissance  des 
drogues  qu’il  ordonne,  et  savoir  distinguer  les  bonnes 
d’avec  celles  qui  sont  sophistiquées;  sans  ces  connois- 
sauces,  comment  pourroit-il  s’appercevoir  des  fraudes  et 
des  changements  qui  se  font,  malheureusement  trop  sou- 
vent, dans  les  médicaments,  par  avarice  ou  par  ineptie? 
Le  motif  de  venir  au  secours  des  pauvres  et  de  leur  donner 
des  reinedes  en  abondance  et  à bon  marché,  a souvent 
été  un  prétexte  qu’ont  employé  des  gens  sans  connoissances 
pour  faire  le  commerce  des  drogues  composées  , et  les  dis- 
tribuer dans  les  foires  et  les  marchés.  Connue  ils  n’igno- 
rent pas  que  le  bas  prix  est  toujours  ce  qui  flatte  le  j lus  la 
multitude,  ils  ont  recours  à des  falsifications  plus  ou 
moins  nuisibles  pour  obtenir  ce  bas  prix,  et  il  est  aisé  do 
sentir  tous  les  maux  qui  peuvent  en  résulter.  C’est  ici  la 
lieu  de  s’étonner  de  voir  souvent  des  personnes  qui  appor- 
tent le  plus  grand  soin  dans  le  choix  d’un  artisan  du  luxe, 


? ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 

donner  aveuglément  leur  confiance  pour  la  préparation  des 
reinedes,  d où  dépend  leur  santé,  à ces  sortes  de  gens  sans 
expérience  et  sans  aveu;  cette  faute  n’est  jamais  excusa- 
ble, à Paris  sur-tout  où  les  Apothicaires  forment  depuis 
plusieurs  années  un  college  qui  n’admet  parmi  ses  mem- 
bres que  des  hommes  instruits  et  qui  connoissent  tous  les 
dangers  d’un  médicament  mal  préparé.  Les  enseignements 
publics  que  donne  annuellement  ce  college  sur  la  Bota- 
nique , la  Chyrnie  , la  Pharmacie  et  l’Histoire  naturelle  , 
continuent  de  nous  procurer,  soit  à Paris  , soit  dans  les  pro- 
vinces , des  sujets  capables  de  répondre  à la  confiance  des 
citoyens,  à la  protection  du  gouvernement,  et  aux  vœux 
de  ceux  qui  s’adonnent  aux  arts  ou  qui  se  mettent  à la  têts 
des  manufactures.  En  effet,  qui  pourroit  mieux  contribuer 
à leurs  progrès  que  des  hommes  continuellement  occupés 
à travailler  sur  les  substances  de  toute  espece,  et  à recon- 
noîire  leurs  propriétés  ? 


DE  LA  PHARMACIE 

EN  GÉNÉRAL. 

La  Pharmacie  est  un  art  qui  enseigne  à connoître , à choi- 
sir, à préparer  et  à mêler  les  médicaments. 

On  divise  mal-à-propos  la  Pharmacie  en  Pharmacie  ga« 
lénique  et  en  Pharmacie  chymique. 

La  Pharmacie  galénique  est  ainsi  nommée  à cause  de 
Galien,  qui  a beaucoup  écrit  sur  la  Pharmacie,  et  qui  ne 
faisoit  aucun  usage  de  la  Chymie  dans  la  préparation  des 
remedes. 

La  Pharmacie  galénique  est  donc  celle  qui  se  contente 
de  savoir  mêler  des  drogues  simples , sans  examiner  leur 
nature  pour  en  reconnoître  plus  généralement  les  pro- 

• t . t 'f*rr 

pnetes. 

La  Pharmacie  chymique  , au  contraire  , est  Part  qui  en- 
seigne à connoître,  par  l’analyse,  la  nature  et  les  proprié- 
tés des  médicaments  simples , et  les  effets  qu’ils  ont  les  uns 
sur  les  autres  dans  les  mélanges  qu’on  en  fait.  La  Chymie 
nous  met  à portée  d’éviter  la  mixtion  de  certaines  sub- 
stances qui  se  décomposent  mutuellement , d’où  il  résulte 
des  combinaisons  qui  ont  des  propriétés  différentes  de  celles 
qu’elles  avoient  auparavant  : or  il  est  facile  d’appercevoir 
au  premier  coup -d’œil  que  , sans  cette  derniere  , la  Phar- 
macie galénique  ne  feroit  que  des  mélanges  informes,  mal 
assortis  , et  tels  qu’on  les  faisoit  dans  les  siècles  d’igno- 
rance , où  la  Pharmacie  étoit  privée  des  lumières  de  la 
Chymie. 

La  connoissance  , le  choix  , la  préparation  et  la  mixtion 
des  médicaments  , voilà  l’objet  des  quatre  parties  de  la 
Pharmacie. 

La  connoissance  des  drogues  simples  est  cette  partie  de 
l’Histoire  naturelle  que  l’on  nomme  Matière  médicale. 

L’élection  ou  le  choix  des  médicaments  enseigne  com- 
ment on  doit  les  choisir , en  quel  temps  on  doit  se  les 
procurer,  la  maniéré  de  les  sécher  et  celle  de  les  conserver. 

J. a préparation  apprend  comment  il  faut  préparer  les 
médicaments  simples  avant  de  les  employer. 

Lnfin  ; la  mixtion  est  celte  partie  de  Ja  Pharmacie  qui 

• A iij 


6 ÉLÉMENTS  D £ PHARMACIE.’ 

donne  la  maniéré  de  mêler  les  drogues  simples  pour  en 
former  des  médicaments  composés. 

Ce  sont  là  les  objets  généraux  de  la  Pharmacie  : nous  les 
examinerons  chacun  séparément  dans  le  même  ordre  et 
avec  tout  le  détail  dont  ils  sont  susceptibles , afin  d’en  for- 
mer, autant  qu’il  sera  possible,  un  ensemble  suivi  et  rai- 
sonné. Nous  verrons  que  chacun  de  ces  objets  exige  beau- 
coup de  capacité  et  d’attention  de  la  part  des  Pharmaciens, 
pour  réunir  et  conserver  toute  la  vertu  des  médicaments, 
et  enfin  que  c’est  de  toutes  ce£  connoissances  réunies  que 
dépend  en  grande  partie  le  succès  de  l’art  de  guérir. 

Des  vaisseaux  et  des  instruments  qui  servent  dans  la 

Pharmacie. 

Comme  la  Pharmacie  a besoin  de  vaisseaux,  d’instru- 
ments , de  poids  et  de  mesures  pour  opérer,  nous  allons 
en  parler  avant  que  d’entrer  dans  les  détails  de  la  science. 

- Les  vaisseaux  sont  de  deux  especes  , les  uns  servent  à 
préparer  les  médicaments , et  les  autres  à les  contenir  et  à 
les  conserver. 

Les  vaisseaux  employés  dans  la  Pharmacie  sont  de  métal, 
de  verre  , de  grès,  de  porcelaine  , de  faïsnce,  de  terre  ver- 
nissée, etc. 

Ceux  de  métal  sont  d’argent , de  cuivre , de  fer,  d’étain; 
ils  sont  faits  de  différentes  maniérés  ; en  poêlons,  en  mar- 
mites , en  bassines. 

La  forme  des  vaisseaux  n’est  pas  indifférente  pour  la 
cuite  de  certains  médicaments.  Les  emplâtres , par  exem- 
ple , dans  lesquels  on  fait  entrer  de  la  lilharge  ou  d’autres 
préparations  de  plomb , doivent  être  faits  dans  des  bassines 
dont  l’intérieur  soit  formé  à peu  près  comme  une  demi- 
sphere  , afin  que  les  préparations  de  plomb  qui  sont  très 

Iæsantes,  en  se  précipitant  dans  les  commencements  de 
a cuite  des  emplâtres  , puissent  tomber  toujours  au  cen- 
tre du  fond  du  vaisseau,  et  qu’elles  puissent  être  soulevées 
continuellement  par  le  mouvement  de  la  spatule.  Lors- 
que le  fond  de  la  bassine  est  trop  plat,  il  se  trouve  tou- 
jours quelques  endroits  où  les  préparations  de  plomb  se 
précipitent , et  où  elles  ne  sont  pas  remuées  assez  souvent  : 
alors  elles  se  ressuscitent  en  métal  dans  les  graisses,  à cause 
de  la  grande  chaleur  quelles  éprouvent:  le  plomb  ainsi 


éléments  de  pharmacie?  7 

ressuscité  ne  peut  plus  se  dissoudre  ni  se  combiner  avec 
les  huiles  comme  auparavant. 

On  doit  n’employer , pour  la  préparation  des  médica- 
ments destinés  a être  pris  intérieurement , que  des  ^ ais- 
seaux qui  ne  puissent  rien  leur  communiquer,  et  sur  les- 
quels les  médicaments  n’aient  point  d action  : tels  soni; 
ceux  d’argent,  de  verre,  de  porcelaine,  de  grès,  de  terre 
vernissée  , etc.  Ces  précautions  sont  sur-tout  essentielles 
pour  les  infusions  et  les  macérations  qui  doivent  séjour-, 
ner  pendant  un  certain  temps  dans  les  vaisseaux,  et  sou- 
vent jusqu’à  ce  que  les  liqueurs  soient  entièrement  relroi- 
dies ; ce  qui  peut  leur  faire  contracter  de  mauvaises  qua- 
lités lorsque  le  vaisseau  est  de  nature  à être  corrodé  par  le 
médicament.  Par  exemple , si  l’on  faisoit  infuser  des  sub- 
stances végétales,  telles  que  les  tamarins,  dans  des  vaisseaux 
de  cuivre  étamé  ou  non  étainé  , il  est  certain  que  le  re- 
mede , loin  d’être  salutaire,  deviendroit  dangereux,  par- 
ceque  l’étain  est  susceptible  d être  attaque  par  les  acides 
végétaux,  et  que  d’ailleurs  il  n’est  pas  appliqué  assez  exac- 
tement sur  le  cuivre  pour  ne  pas  laisser  quelques  inters- 
tices par  où  les  acides  pénètrent  et  corrodent  le  cuivre  et 
le  réduisent  en  verdet.  Des  personnes  qui  trouvent  des  ré- 
ponses à tout,  diront  que  le  cuivre  n’est  pas  aussi  dange- 
reux qu’on  le  prétend  ; que  nos  ancêtres  s en  servoient  et 
n'en  vivoient  pas  moins  long-temps  ; que  de  tout  temps  on  a 
fait  la  cuisine  et  même  préparé  les  médicaments  dans  des 
vaisseaux  de  cuivre  ; qu’enlin  les  confiseurs  n’ont  que  des 
bassines  de  cuivre. 

Nous  observerons  d’abord  que  c’est  une  très  mauvaise 
maniéré  de  raisonner  que  d’opposer  des  exemples  a des 
faits;  et  les  faits  qui  attestent  les  mauvaises  qualités  du 
cuivre  sont  très  connus. 

Je  conviens  que  le  cuivre,  quoique  constamment  véné- 
neux , lorsqu’il  est  rouillé  ou  réduit  dans  l’état  salin  , ne 
produit  pas  sur  tous  les  hommes  , étant  pris  à dose  égale  , 
des  effets  également  dangereux.  Les  uns  en  sont  légèrement 
incommodés,  d’autres  le  sont  davantage,  et  enfin  il  y a 
des  personnes  auxquelles  il  cause  des  maladies  de  langueur 
qui  les  conduisent  insensiblement  au  tombeau  : ces  diffé- 
rences ne  peuvent  venir  que  des  différentes  constitutions. 

Ceux  qui  ont  le  moins  ressenti  les  mauvais  effets  du 
cuivre  dans  le  premier  cas  que  nous  venons  d'exposer. 

A iv 


0 ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

ii  éprouveront  peut-etre  pas  les  mauvaises  impressions  de 
la  petite  quantité  de  celui  qui  sc  trouve  dans  un  médica- 
ment préparé  dans  des  vaisseaux  de  cuivre,  sur-tout  si  le 
médicament  est  purgatif,  parcequ’il  porte  heureusement 
son  remede  avec  lui.  Mais  qu’on  se  représente  un  malade 
de  constitution  délicate,  exténué  par  la  maladie  et  par  les 
médicaments  qu’il  a été  obligé  de  prendre , si  on  lui  ad- 
ministre un  remede  qui  , par  inattention  , contient  un 
nlome  de  cuivre  dans  l’état  de  rouille  , comme  des  bols 
adoucissants , ou  une  potion  huileuse,  préparés  dans  un 
mortier  de  cuivre,  dont  au  moins  ils  prennent  toujours 

1 odeur  : on  doit  sentir  tous  les  inconvénients  qui  doivent 
en  résulter. 

J’ai  insisté , dans  les  premières  éditions  de  mes  Elé- 
ments de  Pharmacie , et  j’insisterai  toujours-sur  les  effets 
pernicieux  des  vaisseaux  de  cuivre.  Les  accidents  sans 
nombre  qui  en  résultent , accidents  souvent  publiés  dans 
les  journaux  , et  par  conséquent  connus  de  tout  le  monde , 
ont  engagé  ceux  qui  comptent  la  santé  pour  quelque  chose, 
a bannir  absolument  le  cuivre  de  leurs  cuisines  et  de  leurs 
offices.  La  police  a même  défendu  aux  laitières  l’usage 
des  vases  de  cuivre , et  celui  des  balances  de  cuivre  aux 
débitans  de  sel  au  petit  poids.  Pou  voit-on  donc  s’attendre 
à voir  l’auteur  d’un  écrit  sur  la  Pharmacie,  et  dont  l’expé- 
rience doit  être  éclairée  sur  tout  ce  qui  intéresse  la  santé 
des  hommes,  chercher  à les  rassurer  sur  l’emploi  du  cui- 
vre, en  leur  disant  que  tout  le  danger  de  ce  métal  vient 
du  séjour  de  la  liqueur  dans  le  vase,  et  qu’il  n’y  a rien  à 
craindre  quand  cette  liqueur  est  en  ébullition  ? Mais  le 
temps  qu’il  faut  pour  préparer  la  liqueur,  la  négligence 
ou  l’inattention  de  ceux  qui  la  préparent , ne  rendent-ils 
pas  ce  séjour  continuellement  à craindre?  Peut-on  d’ailleurs 
ignorer  que  les  acides  et  toutes  les  substances  grasses 
ont,  avant  qu’ils  soient  en  ébullition,  une  action  très 
vive  sur  le  cuivre?  J’avois , pour  éviter  ce  danger,  recom- 
mandé de  substituer  les  vaisseaux  d’argent  à ceux  de  cui- 
vre. L’argent,  continue-t-on  de  répondre  , est  mêlé  de 
beaucoup  de  cuivre  ; mais  celte  réponse  ne  détruit  point  lo 
danger  de  ce  dernier  métal.  Elle  ne  peut  d’ailleurs  en  im- 
poser à ceux  qui  savent  que  l’argent  de  vaisselle  ne  doit 
être  au-dessous  du  titre  de  i \ deniers  10  grains,  c’est-à-dire 
que,  sur  274  grains  d’argentpur,  les  ordonnances  permettent 


1*  LÉMENTS  DE  P H A R M A C I E 9 
d’ajouter  seulement  14  grains  de  cuivre  ronge  pour  donner 
plus  de  dureté  à l’argent;  et,  par  ce  moyen,  plus  de  soli- 
dité aux  vaisseaux  qui  en  sont  fabriqués.  Les  parties  de 
cuivre,  en  très  petite  quantité  comme  l’on  voit,  sont  ici 
tellement  recouvertes  par  celles  d’argent,  que  le  premier 
métal  11e  peut  communiquer  ses  eflets  pernicieux  aux  ra- 
goûts, aux  liqueurs  et  aux  médicaments  préparés  dans  ces 
sortes  de  vaisseaux. 

Si  l’on  se  trouvoit  dans  une  nécessité  absolue  de  se  ser- 
vir de  cuivre,  je  conseillerois  de  préférer  le  cuivre  jaune 
au  cuivre  rouge.  Le  premier  est  composé  d’une  partie  de 
cuivre  rouge  et  de  quatre  parties  de  zinc;  ainsi  le  danger 
se  trouve  déjà  diminué  ries  quatre  cinquièmes  de  ce  métal. 
11  est  en  outre  prouvé  par  l’expérience  de  M.  de  la  folie, 
de  l’Académie  de  Rouen , que  le  zinc  ne  communique  au- 
cune mauvaise  qualité  aux  aliments. 

Les  mortiers  sont  des  vaisseaux  propres  a piler  , égiu- 
ger,  diviser,  réduire  en  poudre  les  drogues  solides.  On 
les  fabrique  de  fer  , de  porphyre  , d’agate,  de  marbie,  de 
porcelaine,  de  verre,  etc. , avec  des  pilons  de  meme  ma- 
tière ou  de  bois  très  dur  , pour  les  mortiers  qui  ne  sont  pas 
de  métal. 

Les  raisons  qui  ont  porté  les  Apothicaires,  jaloux  de 
mériter  la  confiance  de  leurs  malades,  à bannir  de  leurs 
laboratoires,  les  bassines  , les  poêlons  et  autres  vaisseaux 
en  cuivre,  les  empêchent  également  de  faire  usage  des 
mortiers  de  cuivre  ou  de  bronze.  Les  matières  meme  les 
plus  tendres  qu’on  y broyé  en  détachent  toujours  par  le 
frotement  des  parties  de  cuivre  qui  se  trouvent  nécessai- 
rement mêlées  avec  la  substance  pulvérisée. 

On  se  sert  quelquefois  de  mortiers  de  plomb  pour  tritu- 
rer certains  médicaments  dessicatifs  destinés  à elre  appli- 
qués à l’extérieur,  et  dans  lesquels  on  veut  introduire  une 
certaine  quantité  de  plomb  réduit  en  poudre  impalpable. 

Les  tables  pour  broyer  doivent  être  de  porphyre  ou  de 
toute  autre  pierre  vitrifiable  très  dure  , ainsi  cpie  leurs  mo- 
lettes; les  pierres  calcaires  même  les  plus  dures  , comme  le 
marbre,  sont  trop  tendres,  elles  s’usent  facilement  et  in- 
troduisent dans  les  matières  broyées  des  substances  étran- 
gères. 

Il  y a une  infinité  d’autres  vaisseaux  et  d’ustensiles  en 
usage  dans  la  Pharmacie;  mais  il  seroit  trop  long  d’en  par- 


ÏO  . ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

1er,  ils  sont  d’ailleurs  très  connus  ; je  ne  fais  mention  qu<* 
ce  ceux  sur  lesquels  j’avois  quelques  remarques  à faire. 

Description  d’un  alambic  à bain-marie. 

Les  vaisseaux  qui  servent  à distiller,  sont  les  alambics 
d’argent,  de  cuivre  clamé,  d’étain,  de  verre,  de  grès,  de 
terre  vernissée,  etc. 

^°jci  ^ description  d un  alambic  de  cuivre , à bain-marie 
d étain , beaucoup  plus  commode  et  plus  utile  que  ceux 
dont  on  se  servoit  précédemment,  et  qui  n’a  encore  été  dé-> 
crit  dans  aucun  livre  de  Chymie  ou  de  Pharmacie. 

Il  est  compose  de  trois  pièces , A , B , C , figures  1 , 2 et  3. 
La  première  piece  A est  de  cuivre  étamé;  on  la  nomme 
cucuibite  : elle  entre  dans  le  fourneau  q , figure  4 ; celto 
piece  doit  avoir  ( 1 ) onze  pouces  deux  lignes  de  diamètre 
d’A  en  a,  figure  première , et  autant  par  le  bas  de  D en  d ; 
quinze  pouces  de  diamètre  de  G en  1 , afin  qu’elle  contienne 
un  plus  grand  volume  d'eau;  et  douze  pouces  de  profon- 
deur d A en  D : f,  est  un  tuyau  d’un  pouce  et  demi  de 
long,  et  de  quinze  lignes  de  diamètre  : on  le  ferme  avec  un 
bouchon  de  liege  : ce  tuyau  est  commode  pour  mettre  de 
1 eau  dans  ce  vaisseau  a mesure  qu’elle  s’évapore  , sans 
qu’on  soit  obligé  d’arrêter  la  distillation  : G,  est  une  anse 
pour  manier  commodément  cette  piece  : il  s’en  trouve  une 
seconde  au  cote  oppose.  L’ouverture  de  ce  vaisseau  est 
renforcé  à l’extérieur  par  un  collet  de  cuivre  tourné,  pour 
supporter  la  piece  B,  figure  2,  que  l’on  nomme  le  bain- 
marie  , et  qui  entre  dans  la  première  piece.  Celle-ci  est 
d’étain  : elle  est  garnie  à son  extrémité  extérieure  d’un  col- 
let d’étain  qui  pose  sur  celui  de  la  première  piece:  ce  vais- 
seau a onze  pouces  de  diamètre  en  dedans  et  dans  toute  sa 
longueur,  et  neuf  pouces  de  profondeur:  hh , sont  deux 
anses  d’etain.  L’extrémité  intérieure  de  ce  vaisseau  est 
tournée  jusqu’à  un  pouce  et  demi , et  creusée  d’environ  une 
ligne  et  demie;  ce  qui  forme  un  petit  rebord  dans  l’inté- 
rieur , sur  lequel  pose  le  col  du  chapitau  I , I , figure  3. 

La  pièce  K , figure  3 se  nomme  le  chapiteau  : on  la 
nomme  chapelle  lorsqu’elle  a une  figure  conique  : cette 


( 1 ) On  fait  des  alambics  beaucoup  plus  petits  et  beaucoup  plus  grands; 
mais  les  proportions  que  je  donne  ici-sont  relatives  à celui  que  je  décris. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.'  11 

piece  est  d’étain  ; elle  a neuf  pouces  de  profondeur  de  L 
en  K , et  onze  pouces  de  diamètre  en  L.  On  pratique  dans 
l’intérieur  de  ce  chapiteau  une  gouttière  qui  à un  pouce  et 
demi  de  profondeur,  et  qui  a une  ouverture  qui  répond  a 
un  tuyau  d’étain  M , de  quatorze  a quinze  pouces  de  long  , 
et  d’un  pouce  de  diamètre,  pour  conduire  hors  de  la  am- 
bic  les  vapeurs  qui  se  sont  condensées  et  ramassées  dans  la 
gouttière  du  chapiteau.  On  fait  entrer  ce  tuyau  dans  un 
matras  N , figure  5-,  1,1,  figure  3 , est  une  continuation  du 
chapiteau  en  étain,  de  quatre  pouces  de  long,  garni  . u 
fort  collet  et  d’une  emboiture  d’un  pouce  et  demi , qui  en- 
tre et  pose  sur  le  rebord  intérieur  de  la  piece  B .figurez, 
que  nous  avons  nommée  le  bain-marie.  Ce  chapiteau , 
figure  3 , est  garni  à l’extérieur  d’une  espece  de  chauderon 
de  cuivre  , renflé  par  le  milieu  et  soudé  exactement  autour 
du  chapiteau  d’étain  , pour  contenir  un  volume  d eau 
froide  , afin  de  faciliter  la  condensation  des  vapeurs  qui 
s’élèvent  dans  le  chapiteau:  on  nomme  cette  piece  réfri- 
gérant : elle  doit  avoir  seize  pouces  de  diamètre  d’o  en  o , 
treize  pouces  de  profondeur,  et  neuf  pouces  de  diamètre 
en  C.  ün  soude  en  P un  robinet  de  cuivre  au  réfrigérant 
seulement  pour  vuider  l’eau  lorsqu’elle  s est  échauffée:  ce 
robinet  doit  être  fort  gros  , afin  qu’on  puisse  vuider  l’eau 

promptement.  > 

Cet  alambic  doit  être  fait  de  maniéré  que  1 emboiture 

du  chapiteau  entre  dans  la  cucurbite  , afin  qu’on  puisse 
distiller  à feu  nu,  ou  au  bain-marie  , suivant  le  besoin.  Ces 
vaisseaux,  lorsqu’ils  sont  bien  faits,  joignent  si  exactement, 
qu’ils  ne  laissent  point  échapper  1 air  lorsqu  on  souffle  dans 
l’intérieur  par  le  bec  du  chapiteau  : c’est  une  perfection 
à laquelle  parviennent  les  ouvriers  adroits  et  intelligents. 

La  plupart  des  liqueurs  qu  on  distille  ont  besoin  ci  etro 
rafraîchies  plus  que  ne  le  peut  faire  1 eau  du  réfrigérant, 
même  en  la  changeant  très  souvent.  Pour  parvenir  à cette 
fin,  on  a imaginé  d’ajuster  au  bec  du  chapiteau  de  la- 
lambic  un  long  tuyau  d’étain  qui  fait  plusieurs  circonvo- 
lutions sur  lui-même,  et  que  1 on  nomme  serpentin.  ( / oj  . 
K , figure  4.)  On  le  soude  par  les  deux  bouts  dans  un 
grand  chauderon  de  cuivre,  Pi  , S qu  on  remplit  d eau. 
très  froide  avant  la  distillation.  (I  oyez  l appai eil  de  tes 
vaisseaux , figure  4.) 

Le  serpentin  doit  avoir  un  pouce  et  demi  de  diamctie 


12 


Éléments  de  pharmacie; 
intciieur.  Cette  capacité  est  avantageuse  pour  distiller 
promptement,  commodément , et  avec  moins  de  feu.  11 
etoit  difficile  de  se  procurer  ci-devant  des  serpentins  qui 
eussent  plus  d’un  pouce  de  diamètre;  mais  aujourd’hui 

, Potjers  d étain  ,sout  parvenus  à les  faire  du  diamètre 
qu  on  desire. 

^ 4 1 est  un  ballon  ou  récipient  placé  au  bas  du, 

serpentin  pour  recevoir  la  liqueur  à mesure  qu’elle  distille  :• 
il  est  de  verre.  Lorsque  la  distillation  fournit  de  l’eau  et  de 
ihude  essentielle  en  même  temps , on  se  sert  du  vaisseau  T, 
JlèLne  6-  oi  1 huile  essentielle  est  plus  légère  que  l’eau  , elle 
occupe  la  partie  supérieure  dans  ce  vaisseau  où  elle  se  ras- 
semble, tandis  que  l’eau  coule  par  le  bec  en  S : si  l’huile 
essentielle  est  plus  pesante  , elle  occupe  le  fond  de  ce 
meme  vaisseau > il  n’y  a que  l’eau  qui  coule  par  le  bec  qui 
a la  figure  d’une  S.  Dans  l’un  et  l’autre  cas  on  adapte  un 
ballon  à ce  bec  pour  recevoir d’eau  à mesure  qu’elle  coule. 

On  nomme  ce  vaisseau  malras  à huile  essentielle,  et  il 
est  de  verre. 

Le  seipentin,  plonge  dans  l’eau,  est  un  instrument  de 
la  plus  grande  commodité  pour  toutes  les  distillations.  Les 
vapeurs  qm  passent  dans  son  intérieur , sont  condenséeset 
rafraîchies  successivement  en  parcourant  toujours  de  non- 
celles  couches  d eau  ira îclie*  Par  ce  moyen  on  perd  infi- 
minent  moins  de  parties  volatiles  des  substances  qu’on 
distille , que  lorsqu'on  se  sert  du  réfrigérant  seulement , 
qui  ne  peut , a beaucoup  près , ni  les  condenser  ni  les  ra- 
fraîchir avec  la  même  facilité.  Les  liqueurs  qui  ont  été  ra- 
ir a i cliies  pai  le  serpentin,  n ont  point  d’odeur  empvreu- 
matique  comme  celles  qui  ont  été  distillées  sans  cet  ins- 
trument. L’eau  contenue  dans  la  cuve  s’échauffe  par  cou- 
ches , et  d abord  par  la  partie  supérieure  : lorsque  cette 
cuve  tient  douze  ou  quinze  seaux  d’eau,  celle  quantité 
suffit  pour  distiller  très  fraîchement  environ  quarante  pintes 
de  liqueur  avant  qu  elle  se  soit  échauffée  jusqu’en  bas:  il 
reste  environ  un  demi-pied  d’eau  fraîche , ce  qui  suffit  pour 
s’éviter  la  peine  de  changer;  tandis  qu’au  contraire  l’eau 
du  réfrigérant,  qui  présente  beaucoup  de  surface,  s’é- 
chauffe  de  toutes  parts  en  même  temps.  Cet  inconvénient 
oblige  de  la  changer  si  souvent  , qu’il  faut  dix  volumes 
d’eau  semblables  pour  distiller  la  même  quantité  de  liqueur 
qui  ne  se  trouve  pas  même  aussi- bien  rafraîchie  que  celle 


I 


Fu/.  3 > 


ELEMENTS  DE 


PHARMACIE. 


i3 


qui  a passée  par  le  serpentin:  elle  a d’ailleurs  une  odeur 
einpyre umatique.  Cet  instrument , tout  excellent  qu  il  pa- 
roLt , n’est  cependant  pas  sans  inconvénients  : nous  en  par- 
lerons à l’article  de  l’esprit  de  vin. 

Le  serpentin  est  très  ancien.  Annibal  Barlet,  D<  mons- 
trateur  en  Chymie , l’a  fait  graver  dans  son  Cours  de  Chv- 
rnie,  imprimé  à Paris  en  .653,  in-4°.  page  ia3.  Il  paro.t 
nue  les  Distillateurs  d’eau-de-vie  en  grand  s en  séri  ent  de 
temps  immémorial , et  que  c’est  d’eux  qu  on  a appris  a en 

connoître  toute  1 utilité.  . T * 

Quelques  Chymistes  ont  substitué  au  serpentin  , plonge 
dans  une  cuve  pleine  d’eau,  un  pareil  serpentin , mais  qui 
s’élève  à quatre,  cinq  et  même  six  pieds  au-dessus  de  la 
cucurbite,  en  tournant  autour  d’une  colonne  pour  le  sou- 
tenir. Au  haut  de  ce  serpentin  ils  aclaptoient  un  chapi- 
teau à l’ordinaire.  Ce  vaisseau  servoit  particulièrement  pour 
la  distillation  de  l’esprit  de  vin.  Ils  pensoient  qu  il  n y avoit 
que  la  liqueur  spiritueuse  qui  put  s’élever  a cette  hauteur , 
et  que  le  phlegme  se  condensoit  dans  les  circonvolutions 
du  serpentin  , et  ne  pouvoit  jamais  parvenir  jusques  dans 
le  chapiteau;  mais  l’expérience  a appris  le  contraire.  Le 
phlegme  monte  en  même  temps  quela  liqueur  spui tueuse,  et 
l’esprit  de  vin  qu’on  obtient  n’est  pas  mieux  reeühé  que 
clans  un  alambic  très  bas,  tel  que  celui  que  nous  avons  dé- 
crit. L’esprit  de  vin  ne  distille  dans  ces  vaisseaux  éleves  que 
lorsque  le  haut  du  serpentin  est  échauffé  autant  que  la  par- 
tie inférieure  : on  arrête  même  la  distillation  dans  ces  vais- 
seaux en  appliquant , à quelque  endroit  que  ce  soit  du  sei- 
neiitin,  un  linge  trempé  dans  de  l’eau  froide.  Les  vaisseaux 
les  plus  commodes  pour  les  distillations  sont  ceux  qui  sont 
très  bas,  bien  évasés,  et  qui  présentent  le  plus  de  sur- 

Je  n’ai  pas  cru  devoir  donner  de  plus  grands  details  sur 
les  alambics  ; ceux  qui  voudront  avoir  des  éclaircissements 
plus  étendus  sur  cette  matière , peuvent  consulter  mon  mé- 
moire qui  a pour  titre,  Mémoire  sur  lu  meilleure  maniéré 
de  construire  les  alambics  et  fourneaux , etc.,  ouvrage  qui 
a remporté  le  prix  proposé  sur  cette  matière  par  la  société 
libre  d’émulation.  Imprimé  chez  Didot  jeune,  volume  in-b. 


^4  ELEMENTS  DE  PHARMACIE.' 

Description  d’une  étuve. 

Une  étuve  est  une  chambre  qu’on  échauffe,  suivant  le 
besoin  , par  le  moyen  d’un  ou  de  plusieurs  poêles,  afin 
cl  exciter  un  degré  de  chaleur  capable  de  sécher  prompte- 
ment ce  que  l’on  y renferme. 

t West  presque  indispensable  à un  Apothicaire  qui  fait  des- 
sécher des  plantes,  d’avoir  dans  sa  maison  une  étuve , ou  au 
moins  a sa  disposition  le  dessus  d’un  four  de  Boulanger. 
11  arrive  souvent  qu’on  a des  plantes  à faire  sécher  dans 
des  temps  fort  humides  et  pluvieux;  alors  elles  se  gâtent 
avant  que  le  temps  devienne  favorable  pour  les  faire  sécher 
au  soleil.  Je  vais  donner  ici  les  dimensions  d’une  petite 
etL*ye  : °.n  PeuUa  faire  plus  grande  suivant  le  besoin. 

On  fait  construire  par  un  Maçon  un  petit  cabinet  en  cloi- 
son de  planches,  recouverte  de  plâtre,  de  quatre  , cinq  ou 
six  pieds  quarrés,  et  pareillement  de  six  pieds  de  hauteur: 
on  attache  tout  autour  des  murailles  des  tasseaux  de  bois  à 
.huit  ou  dix  pouces  de  distance  les  uns  des  autres  : ces  tas- 
seaux servent  a recevoir  des  tablettes  de  bois  ou  des  tringles 
de  fei  à leur  place,  suivant  le  besoin  : on  pose , dans  l’en- 
droit de  l’étuve  le  moins  embarrassant,  un  poêle  de  fer  de 
fonte,  en  observant  d employer  dans  l’intérieur  de  l’étuve 
la  plus  grande  quantité  possible  de  tuyaux  , et  d’éviter  les 
coudes  avec  grand  soin  : on  fait  sortir  le  fuyau  du  poêle  par 

une  croisée  ou  par  une  cheminée,  suivant  la  disposition  du 

local. 

r *Jne  étuve  pareille  est  non  seulement  utile  pour  faire 
secher  des  plantes,  mais  elle  est  encore  de  la  plus  grande 
commodité  pour  faire  évaporer  les  liqueurs  extractives  avec 
lesquelles  on  veut  préparer  des  extraits  secs  ou  sels  essen- 
tiels, suivant  la  méthode  de  M.  de  la  Garaye , tels  que  le 
sel  de  quinquina,  de  séné,  de  rhubarbe , etc.  Dans  ce  cas 
on  pose  des  tablettes  sur  les  tasseaux  de  l’étuve  : on  arrange 
sui  ces  tablettes  les  assiettes  qui  contiennent  l’infusion  ou 
la  décoction  des  végétaux,  et  on  en  fait  évaporer  une  très 
grande  quantité  à la  lois,  comme  nous  le  dirons  à l’article 
de  ces  exliaits.  Lorsqu  on  a besoin  de  l’étuve  pour  faire 
sécher  des  plantes  , on  enleve  les  tablettes:  on  met  à la 
place  de  chacune  , deux  tringles  de  fer  ou  de  bois  , sur  les- 
quelles ou  pose  des  claies  d osier  à claire  voie , garnies 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  1 ^ 

J’ une  feuille  de  papier  : c’est  sur  cet  appareil  qu’on  ar- 
range les  plantes  ou  les  racines  qu’on  veut  faire  sécher. 

Des  vaisseaux  dans  lesquels  on  conserve  les  médicaments . 

Les  vaisseaux  dans  lesquels  les  Apothicaires  gardent  la 
plupart  des  médicaments , sont  de  verre,  de  faïence,  ou  de 
bois:  ces  derniers  sont  destinés  aux  drogues  simples  lors- 
qu’elles sont  séchées. 

Anciennement  on  conservoit  les  syrops  dans  des  pots  de 
faïence  à bec,  que  l’on  nomme  chevrettes ; mais  aujour- 
d’hui ces  pots  ne  servent  que  d’ornements.  On  conserve 
les  syrops,  les  miels  et  les  huiles  dans  des  bouteilles  de 
verre  qu’on  peut  boucher  exactement,  ou  avec  du  liege, 
ou  avec  du  cryslal.  Les  chevrettes  ont  l’ouverture  très 
large:  on  ne  peut  les  fermer  aussi  exactement  que  cela  est 
nécessaire  : .les  syrops  et  les  miels  y fermentent  en  peu  de 
jours:  ils  moisissent  à leur  surface:  et  les  principes  vola.- 
tiles  et  aromatiques  se  dissipent:  ils  candissent  et  se  des- 
sèchent ; de  sorte  que  dans  l’espace  de  deux  mois  les  com- 
positions ont  absolument  changé  de  nature,  et  sont  défec- 
tueuses. La  plupart  cependant  ne  peuvent  se  faire  qu’une 
fois  l’année,  à cause  des  substances  qui  les  composent  qu’on 
ne  peut  se  procurer  que  dans  certaines  saisons. 

On  conserve  les  électu aires , les  opiates,  les  confections 
dansdespots  de  faïence  qu’on  nomme  pots  à canons  à cause 
de  leur  forme:  ces  médicaments,  à raison  de  leur  consis- 
tance plus  grande  que  celle  des  miels  ét  des  syrops,  sont 
moins  sujets  aux  impressions  de  l’air  : ils  se  conservent 
très  bien  dans  ces  pots,  quoique  1 ouverture  en  soit  large: 
ce  sont  les  meilleurs  et  les  plus  commodes.  ; 

Les  pilules,  lorsqu’elles  sont  en  masse,  se  conservent 
dans  des  pots  semblables  aux  précédents,  mais  beauGOup 
plus  petits  : on  les  nomme  piluliers. 

Ou  conserve  les  extraits  dans  des  pots  pareils  à ces  der- 
niers. 

Les  anciens  prescrivoient  de  conserver  dans  des  boîtes 
de  plomb  certaines  drogues,  comme  le  musc,  la  civette, 
l’ambre  gris  , etc. , pareequ’ils  pensoient  que  le  plomb  avoit 
une  fraîcheur  naturelle  propre  à empêcher  la  dissipation, 
des  parties  les  plus  volatiles  de  ccs  substances;  mais  c’est 
une  erreur.  Les  vaisseaux  de  verre  qui  bouchent  bien  sont 


l6  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

préférables;  ils  sont  plus  propres;  ils  ne  laissent  jamais 
lien  transpirer,  et  ne  communiquent  rien  aux  substances 
qu  ils  renferment.  Quelques  personnes  conservent  encore 
la  thériaque,  le  mithridate  et  l’orviétan  dans  des  boîtes  de 
plomb , sous  prétexte  que  ces  électuaires  s’y  dessèchent 
moins  que  dans  les  autres  vaisseaux;  mais  la  plupart  des 
drogues  qui  entrent  dans  ces  compositions  étant  très  ac- 
tives, agissent  sur  le  plomb,  le  rouillent,  en  dissolvent 
une  partie,  et  forment  a la  longue  de  mauvais  médica- 
ments. il  vaut  beaucoup  mieux  conserver  ces  compositions 
dans  de  grands  pots  de  grès,  «que  l’on  nomme  jarres , sur 
lesquels  ces  drogues  n’ont  point  d’action,  et  dans  lesquels 
ces  compositions  ne  se  dessèchent  pas  plus  que  dans  les 
vaisseaux  de  plomb  : ils  sont  d’ailleurs  très  propres  et  faciles 
à nettoyer.  Si  les  grands  vases  de  verre  n’étoient  pas  aussi 
fragiles  qu’ils  le  sont,  ils  mériteroient  la  préférence  à tous 
égards. 

On  doit  conserver  les  poudres  dans  des  bouteilles  qui 
bouchent  bien  , afin  de  les  préserver  de  l’humidité  de  l’air, 
et  non  pas  dans  des  bocaux  de  large  ouverture. 


Des  poids  d'usage  dans  la  Pharmacie : 

La  hv»e  de  medecine  est  composée  de  douze  onces  ; mais 
celle  d’usage  à Paris  est  composée  de  seize  onces,  ou  de 
deux  marcs  d’orfevre.  Une  livre,  ou  seize  onces,  se  dé- 
signe par  ce  caractère j 

La  demi-livre  ou  huit  onces ma 

L once  ou  huit  gros  * . . . . ? j 

La  demi-once  ou  quatre  gros  ^ ^ 

Le  gros  on  dragine,  qui  vaut  trois  scrupules,  ou  soixante 

et  douze  grains g j 

Le  demi-gros g ^ 

Le  scrupule  qui  contient  vingt-quatre  grains  . . . 9 j 

Le  demi  scrupule  qui  contient  douze  grains  • • . 9 jf\ 

Le  grain  ou  la  soixante  et  douzième  partie  du  gros.  G j 

Des  mesures  * 


Les  mesures  ne  doivent  être  employées  dans  la  Pharma- 
cie que  pour  l’eau,  ou  pour  toutes  les  liqueurs  qui  ont  à 

peu 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  IJ 

peu  près  la  môme  pesanteur,  comme  les  infusions,  les  ti- 
sanes, etc.  et  pour  les  choses  seulement  où  la  derniere 
exactitude  n’est  pas  absolument  nécessaire  ; mais  pour  les 
choses  importantes,  et  qui  orrt  des  pesanteurs  différentes 
sous  le  même  volume,  on  doit  toujours  avoir  recours  à la 
balance,  far  exemple,  une  pinte  d’eau  ne  pese  pas  autant 
qu’une  pinte  de  syrop:  une  pinte  d’eau  pese  plus  qu’une 
pinte  d’huile  ; ainsi  des  autres  substances  dont  les  pesan- 
teurs spécifiques  varient  : il  faut  de  nécessité  les  doser  eu 
poids  et  non  en  mesure. 

La  pinte  de  Paris  contient  deux  livres  ou  trente-deux 
onces  d eau  froide , la  température  a dix  degrés  au-dessus 
de  la  glace  au  thermomètre  à mercure  divisé  en  quatre- 
vingts  degrés  depuis  la  glace  fondante  jusqu’au  terme  de 
l’eau  bouillante. 

La  chopine  contient  seize  onces,  ou  une  livre. 

Le  demi-setier  contient  huit  onces. 

Le  poisson  contient  quatre  onces. 

Le  demi-poisson  contient  deux  onces. 

On  ordonne  quelquefois  un  verre  de  médecine,  un  verre 
de  tisane,  etc.  il  doit  contenir  quatre  onces. 

La  cuillerée  est  encore  ordonnée  assez  souvent  dans  les 
formules  magistrales  pour  doser  les  svrops  et  les  liqueurs  : 
elle  doit  contenir  environ  une  demi-once  : on  la  désigne 
par  ces  lettres  cochléar.  j.  ô 


Des  Mesures  de  plusieurs  ingrédients  qu’on  désigne  par, 

des  abréviations . 

La  brassée  ou fascicule  se  désigne  par  /asc.  j:  c’est  ce 
que  le  bras  plié  peut  contenir. 

La  poignée  ou  manipule  est  ce  que  la  main  peut  empoi- 
gner : on  la  désigne  par  man.  j.  ou  m.  j. 

La  pincée  ou  pugille  est  ce  que  peuvent  pincer  les  trois 
piemiers  doigts  de  la  main  : on  la  désigne  par  pugil.  j ou 
seulement  par  p.  j.  ' ü J 

Les  fruits  et  certaines  substances  dont  les  morceaux  sont 

tailles  , se  désignent  par  n°.  i ou  n°.  2 , etc. 

On  entend  par  ana  , ou  par  aa  , de  chacun  partie  égale, 
qu  on  désigné  encore  pariJ.  E.  & y 

Par  Q.  6.  011  entend  une  quantité  suffisante. 

B 


fiB  Eléments  de  pharmacie.-1 

Par  iS.  A.  on  entend,  selon  l’art,  ou  suivant  les  réglés  d« 
l’art  : ce  qu’on  désigne  encore  par  ex  arte. 

B.  M.  signifie  bain-marie. 

B.  V.  bain  de  vapeurs.  «- 

signifie  recipe  ou  prenez. 

Ce  sont  là , à peu  près , toutes  les  abréviations  qu’on 
emploie  dans  les  formules  magistrales  et  dans  les  dispen* 
«aires  .de  Pharmacie  pour  les  compositions  officinales. 


PREMIERE  PARTIE. 

De  la  connaissance  des  médicaments . 

On'  nomme  médicament  tout  ce  qui,  étant  appliqué  ex- 
térieurement, ou  donné  intérieurement,  a la  propriété 
d’apporter  quelque  altération  dans  notre  corps,  et  d’y  cau- 
ser un  changement  salutaire  ; que  ces  médicaments  soient 
alimenteux,  comme  les  bouillons  médicinaux,  ou  qu’ils 
ne  le  soient  pas  : ces  derniers  sont  les  plus  ordinaires. 

Les  médicaments  sont  simples  ou  composés  : nous  par- 
lerons de  ces  derniers  à l’article  de  la  mixtion. 

Les  médicaments  simples  sont  ceux  que  l’on  emploie 
tels  que  la  nature  nous  les  offre,  ou  du  moins  auxquels  on 
ne  fait  subir  que  de  légères  préparations. 

On  nomme  matière  médicale  la  connoissance  des  médi- 
caments simples:  on  la  distingue  de  l’histoire  naturelle 
dont  elle  fait  une  partie,  en  ce  que  cette  derniere  embrasse 
la  connoissance  de  tous  les  corps  naturels  ; au  lieu  que 
ia  matière  médicale  se  renferme  dans  la  connoissance  seu- 
lement des  substances  utiles  dans  la  Médecine  et  dans  la 
PI  îarmacie. 

On  divise  l’histoire  naturelle  en  trois  régnés  ; savoir,  le 
régné  minéral , le  régné  végétal  et  le  régné  animal.  Cha- 
cun de  ces  régnés  est  lui-même  divisé  en  classes,  et  ces 
classes  en  sections.  Sans  examiner  le  mérite  de  ces  distri- 
butions, ce  qui  nous  éloigneroit  trop  de  notre  sujet,  nous 
ferons  remarquer  seulement  qu’une  seule  partie  de  l’his- 
toire naturelle  , telle  que  celle  des  coquilles,  des  plantes 
ondes  insectes,  est  capable  d’occuper  l’homme  Je  plus 
laborieux  pendant  toute  sa  vie,  sans  qu’il  puisse  avoir  la 
satisfaction  de  dire  qu’il  a connu  tout  ce  qui  peut  avoir 
rapport  à la  classe  qu’il  a entrepris  d’étudier.  Cette  réfle- 
xion , peu  satisfaisante  pour  ceux  qui  s’occupent  de  l’his- 
toire  naturelle,  n’en  est  cependant  pas  moins  vraie  lors- 
qu on  la  prend  à la  rigueur  , parceque  , pour  savoir  s’il  n’y 
a plus  rien  a connoître  sur  l’objet  qu’on  étudie,  il  faudroic 
avoir  une  pleine  connoissance  de  l’histoire  naturelle  er* 
enUer.  Or,  c’est  ce  qui  est  impossible  ; la  nature  semble 
se  jouer  de  nos  recherches  ; elle  cache  dans  son  sein  des 
«hoses  qu’elle  paroît  vouloir  ensevelir  pour  toujours,  et 


•20  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

nous  ne  serons  jamais  sûrs  d’avoir  découvert  tout  ce  qu’elle 
renferme. 

Ces  difficultés  d’étudier  l’histoire  naturelle  proprement 
dite,  et  le  temps  qu’elle  demande  pour  arriver  même  au 
but  des  connoissances  acquises  , nous  obligent  à la  consi- 
dérer sous  un  point  de  vue  moins  général  , et  seule- 
ment du  côté  de  l’utilité  qu’on  eu  retire  pour  l’usage  de  la 
Médecine  : c’est  le  parti  le  plus  raisonnable  qui  reste  à pren* 
dre  à ceux  qui  se  destinent  à l’exercice  de  la  Médecine  ou 
de  la  Pharmacie.  Ce  seroit  ici,  par  conséquent,  le  lieu  de 
traiter  de  la  matière  médicale  ; mais  depuis  que  les  con- 
noissances se  sont  multipliées,  on  a toujours  regardé  cette 
science  comme  un  objet  qu’on  peut  distinguer  de  la  Phar- 
macie proprement  dite:  on  en  a composé  de  très  bons 
Traités  qui  sont  entre  les  mains  de  tout  le  monde,  et  que 
je  suppose  connus  de  ceux  qui  veulent  étudier  la  Pharmacie. 

De  la  sophistication  et  de  la  substitution  des  drogues  sim- 
ples , avec  les  moyens  de  reconnoitre  ces  fraudes. 

La  sophistication  des  médicaments  simples  est  un  ar- 
ticle qui  mérite  de  trouver  place  dans  un  ouvrage  comme 
celui-ci.  Les  drogues  simples  qui  nous  viennent  de  loin  , 
passent  par  beaucoup  de  mains  avant  d’arriver  jusqu’à 
nous  : plusieurs  commerçants  sont  sujets  à falsifier  celles 
qui  sont  susceptibles  de  l’être  avec  des  ingrédients  de  moin- 
dre valeur,  afin  d’en  augmenter  la  quantité,  sans  s’em- 
barrasser des  altérations  qu’ils  occasionnent  à leurs  vertus; 
altérations  qui  sont  le  plus  souvent  dangereuses.  Mon  in- 
tention est  de  faire  connoître  les  matières  qu’on  emploie 
pour  les  falsifier  , du  moins  autant  qu’elles  sont  venues  à 
ma  connoissance. 

J1  y a des  drogues  dont  il  est  presque  impossible  de  recon- 
noître  la  falsification  : j’en  fais  mention  dans  cet  article  , 
afin  qu’on  soit  en  garde , et  qu’on  ne  les  acheté  que  de 
personnes  sûres. 

Silvius  a inséré  dans  son  ouvrage  un  chapitre  sous  le 
titre  des  médicaments  substitués , etc . : mais  il  n’y  parle 
que  des  médicaments  qui  peuvent  être  employés  au  dé- 
faut de  ceux  qui  manquent;  au  lieu  que  notre  intention 
est  de  faire  connoître  les  drogues  susceptibles  d’être  alté- 
rées , et  d’indiquer  les  moyens  de  reconnoitre  ces  fraudes. 


ÉLÉMENTS  UE  PHABMACIÜ  21 

J’ai  choisi  l’ordre  alphabétique,  afin  de  faciliter  au  lec- 
teur la  recherche  des  matières. 

Agaric.  Excroissance  fongueuse , blanche  , légère , qui 
croît  sur  un  arbre  que  l’on  nomme  méleze.  Le  meilleur 
agaric  nous  vient  du  Levant  : c’est  un  purgatif  qui  est  fort 
usité  en  Médecine.  Quelques  Droguistes  de  la  campagne 
donnent  à sa  place  les  grosses  racines  de  bryone  ; mais 
cette  substitution  est  trop  grossière  pour  que  les  personnes 
de  l’art  y soient  trompées. 

Argent  vif , mercure  ou  vif  argent.  On  falsifie  cette 
substance  métallique  avec  du  plomb  par  l’intermede  du 
bismuth.  On  fait  fondre  ensemble,  dans  une  marmite  de 
fer , parties  égales  de  plomb  et  de  bismuth  : on  y ajoute  du 
mercure  jusqu’à  concurrence  de  moitié  du  poids  de  la 
masse  totale  : on  remue  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  re- 
froidi; il  résulte  un  amalgame  fluide  qui  ne  prend  point 
de  consistance  en  se  refroidissant,  et  qui  peut  passer  presque 
entièrement  à travers  les  pores  d’une  peau  de  chamois  , 
comme  feroit  le  mercure  s’il  étoit  seul.  Cet  amalgame  laisse 
néanmoins  échapper  une  certaine  quantité  de  bismuth  , 
qui  vient  nager,  au  bout  d’un  certain  temps,  à la  surface 
cîu  mercure  , sous  la  forme  d’une  poussière  grise  cendrée  ; 
mais  le  plomb  y reste  toujours  souslaforme  coulante.  Cette* 
sophistication  présente  des  phénomènes  chymiques  très 
difficiles  à expliquer. 

Le  mercure  et  le  plomb  amalgamés  à parties  égales,  ou 
le  bismuth  et  le  mercure  amalgamés  dans  les  mêmes  pro- 
portions , forment  des  amalgames  qui  sont  solides.  Le 
plomb  et  le  bismuth  forment  également  un  mélange  solide; 
mais  la  réunion  des  trois  corps  donne  un  mélange  qui  est 
presque  aussi  fluide  que  le  mercure  pur. 

On  reconnoît  ce  mercure  sophistiqué,  i°.  en  ce  qu’il 
est  spécifiquement  moins  pesant  que  le  mercure  ordinaire, 
2°.  Lorsqu’on  le  fait  couler  doucement  sur  une  assiette  de 
faïence  ou  dans  un  vase  de  verre  à fond  plat , il  laissé  après 
lui  une  légère  poussière  métallique  qui  lui  fait  faire  la 
queue;  c’est-à-dire  que  chaque  goutte  de  ce  mercure  a une 
espece  de  petit  pédicule  , au  lieu  d’être  parfaitement  ronde. 
3W.  Enfin,  en  mettant  un  peu  de  mercure  dans  une  petite 
cuiller  de  fer,  et  le  faisant  chauffer,  le  mercure  se  dissipe 
et  les  matières  métalliques  qui  lui  étoient  unies  restent  au 
fond  de  la  cuiller. 

B iij 


ïf»  É-L&MEWT.S  DE  P H 'A  R M A CI  E.‘ 

Baume  de  Canada.  Le  baume  de  Canada  est  une  téré- 
benthine qui  a une  odeur  particulière,  plus  douce  et  moins 
désagréable  que  la  térébenthine  : quelques  personnes  mê- 
lent de  la  térébenthine  avec  de  l’alitali  fixe  en  liqueur  : elles 
agitent  ce  mélange  : la  térébenthine  perd  beaucoup  de  son 
odeur  fqrte  , et’ elle  acquiert  cellè  dû*  baume  de  Canada. 
On  recomroH.  pefte  fraude  en. ce  que  ce  baume  artificiel  est 
d’une  couleur  rousse;  il  est  plus  épais,  et  son  odeur  différé 
toujours  de  celle  du  vrai  baume  de  Canada. 

Baupie  'de  Copahu,  espece  de  térébenthine.  On  fal- 
sifie ce  barque  avec  une  espece  de  térébenthine  qui  est 
irès  fluide  : cette-  fraude  est  difficile  à reconnoître  , sur-tout 
lorsqu’on  n’en  a mêlé  qu’une  petite  quantité,  parceque 
l’odeur  forte  et  particulière  de  ce  baume  masque  entière- 
ment-Æelle(jd,e  la  térébenthine  qui  est  beaucoup  plus  foible. 
<Jette  tromperie  n’est  pas  à beaucoup  près  aussi  importante 
que  la  précédente. 

Baume  da  Pérou  liquide.  Ce  baume  est  blanc  ou  noir: 
c’est  de  ce  dernier  que  nous  entendons  parler  , parcequ’il 
est  d’un  grand  usage  en  Médecine , et  que  i’autre  est  très 
arare,  et  n’est  point  pour  cette  raison  employé.  On  falsifie  ce 
foaume  avec  la  seconde  huile  de  Benjoin , qui  passe  en  dis- 
tillant cette  résine  dans  une  cornue.  On  la  fait  digérer  sur 
des  germes  de  peuplier,  qui  sont  très  résineux,  et  qui  ont 
une  odeur  à peu  près  semblable  à celle  du  baume  du  Pé- 
rou : on  mêle  ensuite, cette  huile  avec  une  certaine  quantité 
de  baume  noir  du  Pérou.  Cette  fraude  est  difficile  à re^ 
conrtoître , si  ce  n’est  à l’odear  qui  est  beaucoup  moins 
suave  et  moins  forte  que  celle  du  baume  du  Pérou  très 
pur. 

Baume  de  la  Mecque  ou  Baume  de  Judée.  On  falsifie 
ce  baume  avec  de  la  térébenthine  ou  avec  d’autres  baumes 
qui  viennent  dans  le  pays.  L’épreuve  qu’on  fait  ordinaire- 
ment pour  reconnoître  la  pureté  du  baume  de  la  Mecque 
est  fautive:  elle  consiste  à mettre  une  goutte  de  ce  baume 
çur  un  verre  d’eau:  elle  s’étend  sur  le  champ:  elle 'en  oc- 
cupe toute  la  surface,  et  se  convertit  en  une  pellicule  mince 
et  blanchâtre  qu’on  ramasse  avec  la  tête  d’une  épingle.  Ce 
•lpaume  ne  fait  cet  effet  que  lorsqu’il  est  bien  fluide  et  nou- 
veau; lorsqu’il  est  un  peu  vieux  ou  qu’il  s’est  un  peu  épaissi 
à Pair  , il  n’en  est  pas  moins  vrai  baume  de  la  Mecque;  et 
^cependant  il  ne  peut  plus  supporter  cettç  épreuve,  tandis 


éléments  b e pharmacie;  î3 

que  ce  même  baume  falsifié  la  supporte,  pourvu  qu’il  soit 
suffisamment  fluide;  et  il  efface  le  vrai  baume  de  la  Mecque 
qui  s’est  un  peu  épaissi  par  vétusté  ou  par  accident,  comme, 
par  exemple,  s’il  est  resté  un  couit  espace  de  temps  al  air 
dans  un  endroit  chaud. 

Beaucoup  de  personnes  croient  que  le  vrai  baume  de- 
Judée  est  si  rare  qu’il  est  presque  impossible  de  s’en  pro- 
curer. C’est  un  préjugé  dont  profitent  adroitement  ceux 
qui  disent  l’apporter  directement  du  Caire  , croyant  par 
ce  moyen  avoir  le  droit  de  le  vendre  au  poids  de  l’or.  Ce 
baume  a pu  être  très,  cher  dans  les  commencements  qu’on 
l’a  apporté  en  Europe  ; mais  depuis  nombre  cl  années 
qu'on  se  le  procure  par  le  commerce,  on  l’a  parfaitement 
pur  à un  prix  modéré.  Ce  baume  est  même  préférable  à 
celui  qu’apportent  les  voyageurs. 

Baies  de  Nerprun  ou  Noirpmn , Bourg-Epine.  Frai*, 
d’un  petit  arbrisseau  qui  croît  dans  nos  campagnes.  Les 
paysans  qui  nous  vendent  ce  fruit  y mêlent,  lorsqu  il  est 
rare  , le  fruit  des  épines  que  l’on  nomme  prunelles.  On  fait 
avec  le  suc  du  fruit  de  nerprun  un  syrop  très  purgatif  qu’on 
emploie  dans  l’hydropisie,  au  lieu  que  les  fruits  des  épines  » 
sont  astringents.  11  est  facile  de  sentir  tous  les  inconvé- 
nients qui  peuvent  résulter  d’une  pareille  fraude , et  à quoi 
sont  exposés  ceux  qui , sans  connoissances,  s’occupent 
néanmoins  de  la  préparation  des  médicaments. 

On  reconnoît  cette  fraude  facilement  en  écrasant  quel- 
ques grains  de  ces  fruits:  ceux  de  nerprun  sont  remplis  de 
plusieurs  semences;  les  prunelles  au  contraires  ne  con- 
tiennent qu’un  petit  noyau. 

Baies  de  Sureau.  Ces  baies  et  celles  d’hieble,  qui  sont 
les  fruits  d’une  espece  de  sureau,  se  ressemblent  parfaite- 
ment : les  paysans  qui  ramassent  ccs  fruits,  les  mêlent  et 
les  vendent  indistinctement  l’un  pour  l’autre;  heureuse- 
ment qu’ils  ont,  à très  peu  de  choses  près,  les  mêmes  ver- 
tus , et  que  la  tromperie  ne  peut  entraîner  avec  elle  aucun 
inconvénient  fâcheux. 

Cependant  on  distingue  les  baies  d’hieble  à la  propriété 
qu’elles  ont  de  rougir  les  doigts  en  les  écrasant  : les  baies 
de  sureau,  au  contraire,  ne  donnent  qu’une  couleur  de 
feuille  morte. 

Bèzoard , ou  calcul  animal;  espece  de  pierre  qui  se 
trouve  dans  ccrlains  animaux  et  dans  diverses  parties  r 

B iv 


a4  _ JE  l’HJUIlctr, 

comme  l’estomac,  les  intestins, Ja  rate,  la  vésicule  du  foie, etc.' 

Un  a les  bezoards  orientaux  et  les  bézoards  occidentaux: 
les  premiers  sont  les  plus  estimés  : on  leur  a attribué  de 
grandes  vertus  sudorifiques,  et  on  croit  qu’ils  chassent  le 
venin  hors  du  corps.  Les  bézoards  orientaux  sont  plus  chers 
a proportion  qu’ils  sont  plus  gros.  On  les  falsifie,  c’est-à-dire 
qu  on  en  fait  de  factices  avec  des  substances  qui  ont  des 
vertus  analogues  à celles  qu’on  attribue  aux  vrais  bézoards: 
on  en  forme  une  pâte , à laquelle  on  donne  la  figure  des  bé- 
zoards ordinaires. 

Les  compositions  nommées  pierres  de  Goa,  sont  encore 
de  faux  bézoards  : on  les  fait  avec  des  serres  d’écrevisses 
de  mer,  des  coquilles  d’huîtres  broyées  sur  le  porphyre, 
du  musc,  oe  1 ambre  gris  , etc.  on  en  forme  une  pâte  avec 
laquelle  on  fait  des  boulettes  de  la  grosseur  des  bézoards 
ordinaires,  qu’on  roule  ensuite  dans  des  feuilles  d’or  : on 
les  fait  secher  et  on  les  polit.  Ceux  qui  veulent  imiter 
davantage  les  vrais  bézoards  ne  mêlent  point  les  feuilles 
d’or  dans  leurs  mélanges,  et  ils  en  imitent  mieux  la  cou- 
leur. Ces  faux  bezoards  sont  faciles  à reconnoître  par 
l’épreuve  suivante.  On  écrase  un  peu  de  blanc  de  céruse 
sur  un  morceau  de  papier,  ensuite  on  frotte  le  bézoard  sur 
la  trace  de  blanc  de  ceruse,  qui  devient  jaune  verdâtre 
lorsque  le  bézoard  n est  pas  factice;  du  moins,  jusqu’à 
présent,  les  plus  fameux  falsificateurs  ne  sont  pas  encore  par- 
venus à procurer  cette  propriété  à leurs  bézoards  factices. 

Bois  de  Gui  de  chêne.  Nous  indiquerons  à l’article  du 
choix  des  plantes  les  ruses  qu’emploient  les  gens  qui  le  ra- 
massent pour  donner , comme  gui  de  chêne , celui  qui  n’est 
que  gui  de  pommier  ou  d’épine. 

Casse  en  hâtons . Fruit  d’un  arbre  qui  croît  dans  le  Le- 
vant en  Egypte  et  dans  les  isles  Antilles.  C’est  une  siliquo 
ligneuse  presque  ronde,  formée  de  deux  coques  très  jointes 
ensemble  de  différentes  longueur  et  grosseur.  On  doit  la 
choisir  grosse , nouvelle  , entière,  unie , pesante,  ne  son- 
nant point  quand  on  secoue  les  bâtons  , exempte  d’odeur 
d’aigre  quand  on  la  casse. 

Son  intérieur  est  rempli  de  cloisons  qui  contiennent  cha- 
cune un  pépin  et  une  portion  de  pulpe.  Cette  pulpe  ren- 
ferme un  suc  sucré  d’une  saveur  assez  agréable  et  très  dis- 
posé à fermenter.  La  casse  est  sujette  à se  dessécher  dans 
l'intérieur:  les  semences  se  détachent  et  vacillent  dans  les 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE»  ^5 

cloisons.  On  appelle  sonnettes  les  bâtons  de  casse  qui  font 
ainsi  du  bruit.  Lorsqu’elle  n’est  que  desséchée,  quelle 
n’est  point  moisie  dans  son  intérieur  , et  que  la  fermen- 
tation n’a  point  précédé  son  dessèchement , elle  n en  est 
pas  moins  bonne  ; mais  communément  on  n admet  dans 
le  commerce  que  la  casse  qui  n’est  point  sonnante.  Lors- 
qu’elle s’est  desséchée  et  que  les  pépins  vacillent,  quelques 
personnes  la  rendent  commerçable  en  la  plongeant  dans 
l’eau  pendant  un  certain  temps  : l’eau , en  s’insinuant 
dans  l’intérieur,  gonfle  la  pulpe  , les  pépins,  et  délaie  l’ex- 
trait sucré  : la  casse  alors  n’est  plus  sonnante  : on  entre- 
tient cette  plénitude  en  l’exposant  à la  cave , et  en  la  re- 
couvrant de  sable  ou  de  terre  humide  ; mais  peu  à peu 
le  suc  sucré  de  la  casse  entre  en  fermentation  , il  acquiert 
une  odeur  et  une  saveur  d’aigre  , de  chanci  et  de  cave  très 
désagréable.  Cette  casse  , quelque  temps  après  qu’on  lui 
a fait  subir  cette  préparation  , a perdu  presque  entièrement 
ses  vertus  laxative  et  purgative. 

11  y a une  espece  de  scarabées  qui  habitent  les  caves  : 
ces  insectes  percent  les  bâtons  de  casse,  principalement 
lorsqu’ils  sont  dans  cet  état  : les  ouvertures  qu’ils  y font 
accélèrent  encore  la  défectuosité  de  la  casse  ainsi  altérée. 

Fleurs  de  soufre.  L’acide  vitriolique  se  tire  du  soufre. 
Pendant  qu’il  se  dégage  de  cette  substance  , une  partie 
échappe  à la  décomposition  et  se  réduit  en  fleurs  de  soufre; 
elles  sont  mêlées  avec  l’acide,  on  le  laisse  reposer;  les 
fleurs  viennent  surnager  l'acide,  on  les  enleve  avec  une  écu- 
moire de  plomb , on  les  lave,  on  les  fait  sécher  et  on  les 
met  dans  le  commerce  ; ordinairement  ces  fleurs  de  soufre 
sont  très  acides  , pareequ’on  les  a mal  lavées  : il  est  néces- 
saire d’achever  de  les  laver  dans  beaucoup  d’eau  jusqu  a ce 
qu’elles  sortent  insipides.  Les  fleurs  de  soufre  sont  em- 
ployées dans  les  maladies  de  poitrine  : on  sent  que  si  on 
leur  laissoit  cet  acide,  elles  pourroient  faire  beaucoup  de 
mal,  prises  intérieurement. 

Follicule  de  Séné , fruit  en  gousse  qui  contient  la  graine 
du  séné.  On  trouve  dans  le  commerce  deux  especes  de  fol- 
licules. Celles  qui  viennent  du  Levant  sont  les  meilleures: 
elles  sont  larges  et  leurs  semences  sont  applaties.  Les  au- 
tres nous  viennent  de  Moxa:  elles  sont  étroites,  petites, 
contournées  , et  leurs  semences  forment  une  éminence 
considérable.  Ces  dernieres  follicules  sont  à vil  prix , par- 


' Eléments  ue  pharmacie^ 
cequ’elles  sont  peu  purgatives.  11  seïoit  à souhaiter  qu’on 
ne  les  employât  jamais.  Depuis  quelques  années  il  vient 
une  troisième  espece  de  follicules  de  couleur  jaune  clair  : 
elles  sont  moins  estimées  que  celles  du  Levant  ; mais  on 

ne  sait  point  encore  si  les  raisons  de  préférence  sont  bien 
I ondées. 

Gomme  Arabique , substance  mücilagineuse,  seche. 
On  nous  Lapportoit  autrefois  de  l’Arabie  : celle  qu’on 
trouve  communément  dans  le  commerce  porte  le  nom  de 
Gomme  du  Sénégal:  c’est  un  amas  de  gommes  qu’on  ra- 
masse sur  differents  arbres,  comme  les  pommiers  , les  poi- 
riers , les  pruniers,  les  amandiers , l’érable , etc.  On  mêle 
ces  gommes  pour  n en  faire  que  d’une  seule  qualité  : elles 
paroissent  avoir  à peu  près  les  mêmes  vertus  : il  seroit  à 
souhaiter  cependant  qu’on  fît  un  choix  des  gommes  de  la 
meilleure  qualité  et  d’une  seule  espece  d’arbres  pour  l’u- 
sage de  la  Médecine.  Certaines  gommes  , produites  par 
des  aibies  qui  ont  des  seves  actives,  comme  le  pêcher, 
doivent  avoir  quelques  propriétés  dilïérenles  de  celles  que 
produisent  les  acacias  ou  les  poiriers.  La  gomme  arabique- 
qu  on  emploie  dans  Ja  Médecine  et  dans  la  Pharmacie  doit 
etre  choisie  nette,  bien  transparente,  bien  seche, sans  sa- 
veur, et  se  dissolvant  entièrement  dans  l’eau. 

Gomme  Elémi.  C’est  une  résine  pure  qu’on  nous  ap- 
porte du  Mexique  en  pains  de  deux  ou  trois  livres,  et  en- 
veloppés dans  des  feuilles  de  cannes  d’Inde  : on  falsifie  cette 
résine  en  la  mêlant  avec  d’autres  résines  plus  communes 
et  du  galipot.  Il  nous  vient  depuis  quelques  années,  de  la 
gomme  elémi  en  caisse  qui  est  parfaitement  blanche,  très 
pure,  d une  bonne  odeur,  et  de  la  consistance  d’un  bon 
miel  ferme  : cette  derniere  gomme  élémi  mérite  la  préfé- 
rence. 

Graisse  de  Blaireau.  Cette  graisse  est  particulièrement 
employée  comme  très  adoucissante,  propre  à fortifier  les 
nerfs  et  à réunir  les  lentes  et  les  gerçures  des  mamelles:  on 
la  falsifie  en  la  mêlant  avec  d’autres  graisses  plus  commu- 
nes, comme  celle  de  porc.  Cette  tromperie  est  difficile  à 
reconnoître  : au  reste  la  graisse  de  blaireau  n’a  pas  les  ver- 
tus qu’on  lui  attribue;  celle  de  porc  la  remplace  avec  avan- 
tage. La  graisse  de  blaireau,  comme  toutes  les  autres,  est 
susceptible  de  rancir;  et  dans  cet  état  elle  a des  propriétés 
absolument  contraires  à celles  qu’elle  a lorsqu’elle  est  ré* 


ÉLÉMENTS  DE/  PHARMACIE.  ^ 

tente;  d’ailleurs  on  ne  peut  pas  se  la  procurer  aussi  com- 
modément que  la  graisse  de  porc  qu’on  peut  renouveller 
aussi  souvent  qu’il  est  nécessaire.  ' 

Graisse  d’Ours.  Tout  ce  que  nous  avons  dit  de  la  graisse 
de  blaireau  est  applicable  à celle-ci  , et  à toutes  les  graisses 
qu’on  emploie  en  Pharmacie  et  qu’on  ne  peut  préparer  soi- 
même:  elles  sont  fort  sujettes  à être  falsihées. 

Huile  de  Palme.  C’est  une  huile  épaisse  comme  du 
beurre,  d’une  couleur  jaune  doré,  d’une  odeur  assez  agréa- 
ble , qu’on  tire , par  décoction  et  par  pression , de  l’amande 
d’un  fruit  nommée  Aouara , qui  vient  sur  une  espece  de 
palmier  au  Sénégal , au  Brésil  et  en  Afrique.  Quelques  per- 
sonnes imitent  cette  huile  en  mêlant  de  la  graisse  de  porc 
et  du  suif  de  mouton  avec  un  peu  d’iris  pour  lui  donner  à 
peu  près  l’odeur  qu’a  cette  huile  de  palme;  et  on  colore  ce 
mélange  avec  de  la  racine  de  curcuma. 

Kinkina  , voyez  Quinquina. 

Manne  , substance  sucrée , concrète  , que  l’on  recueille 
sur  les  frênes  cultivés,  en  Calabre,  en  Sicile,  etc.  On  con- 
noît  la  manne  sous  trois  états  differents,  et  qui  ont  aussi 
autant  de  dénominations  ; savoir , la  manne  en  larmes  qui 
est  la  meilleure-,  la  manne  en  sorte  qui  est  aussi  bonne, 
mais  qui  est  moins  propre;  et  la  manne  grasse  qui  est  in- 
férieure aux  précédentes  : il  y a enfin  des  especes  de  man- 
nes grasses  qui  sont  coulantes  comme  du  miel.  Cette  der- 
nière qualité  de  manne  est  un  produit  de  la  cupidité  et  de 
la  friponnerie:  elle  est  un  mélange  de  vieilles  mannes  qui 
ont  perdu  leur  qualité  par  vétusté  , de  miel  et  de  poudres 
purgatives.  Cette  manne  purge  davantage  que  celles  qui 
n’ont  point  été  travaillées  : c’est  ce  qui  a donné  lieu  au  pré- 
jugé, que  les  mannes  grasses  purgeoient  mieux  que  les 
belles  mannes  en  larmes  et  en  sorte.  Si  l’on  examine  les 
accidents  qui  arrivent  par  l’usage  de  ces  sortes  de  mannes 
mêlées  avec  des  purgatifs  violents,  et  administrées  contre 
l’intention  du  Médecin,  on  doit  désirer  que  la  police  pu- 
nisse sévèrement  ceux  qui  se  mêlent  de  faire  de  pareilles 
mixtions. 

Quelques  personnes  font  artificiellement  la  manne  en 
larmes.  Pour  cela  elles  font  dissoudre  de  la  manne  com- 
mune dans  une  petite  quantité  d’eau  : elles  laissent  déposer 
la  liqueur:  elles  la  décantent  pour  en  séparer  les  impure- 
tés; elles  la  font  épaissir  ensuite  jusqu’à  ce  qu’elle  se  con^ 


-8  ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

gde  entièrement  en  se  refroidissant:  alors  elles  suspendent 
des  lus  et  les  plongent  à plusieurs  reprises,  comme  lorsqu’on 
lait  de  la  chandelle  ; elles  ôtent  les  fils  , et  la  mettent  en 
vente  lorsqu  elle  a acquis  un  degré  de  s^ccité  convenable. 
C^ette  manne  imite  très  bien  la  manne  en  larmes  qui  est  na- 
turellement percée  de  petits  trous,  et  l’on  peut  dire 

qu  elle  1 égalé  en  bonté,  puisque  ce  n’est  qu’une  manne 
très  pure. 

Moelle  de  Cerf.  La  moelle  de  cerf  est  une  sorte  de  graisse 
qu  011  peut  se  procurer  facilement;  cependant  elle  est  su- 
jette a être  falsifiée  avec  de  la  moelle  de  bœuf  et  du  suif  de 
mouton. 

Musc , substance  contenue  dans  une  petite  poche  ou 
vessie  , placée  sous  le  ventre  d un  animal  qu’on  nomme 
Gazelle.  Le  meilleur  musc  nous  vient  de  Tonquin  , en 
petites  vessies,  a peu  près  rondes,  de  la  grosseur  environ 
d un  gros  rnaron  d’Inde,,  garnies  de  poils  gris  ou  blancs  à 
1 extérieur.  Le  musc  est  fort  cher:  il  est  pour  cette  raison 
sujet  à être  altéré.  Des  falsificateurs  ôtent  le  musc  de  l’in- 
térieur des  vessies,  le  mêlent  avec  des  matières  de  vil  prix, 
comme  du  sang  desséché , de  la  terre,  etc.  ; quelques  uns 
introduisent  dans  les  vessies  de  petits  morceaux  de  plomb. 
Comme  le  musc  a une  odeur  très  forte,  il  est  souvent  dif- 
ficile de  reconnoitre  celui  qui  n’a  été  altéré  que  de  la  moi- 
tié ou  d un  quart.  On  doit  choisir  le  musc  en  vessies  pleines 
qui  n ont  pas  été  ouvertes  , et  dont  l’intérieur  est  rempli 
d’une  matière  presque  seche,  légère,  en  petits  grumeaux, 
d une  odeur  forte  , fatiguante  , et  d’une  couleur  brune 
foncée. 

Myrrhe.  Gomme  résine  qu’on  trouve  dans  le  commerce 
en  larmes  très  pures  , ou  en  sorte  : la  myrrhe  en  sorte  est, 
la  plupart  du  temps,  un  mélange  de  plusieurs  gommes  ré- 
sines ou  de  gommes  simples:  elles  prennent  l’odeur  de  la 
myrrhe  en  séjournant  avec  elle  dans  des  caisses.  On  falsifie 
encore  la  myrrhe  en  faisant  infuser  de  ces  gommes  dans  des 
décoctions  faites  avec  des  portions  de  myrrhe  impure,  et 
qu’on  auroit  beaucoup  de  peine  à vendre. 

Poivre,  fruit  en  grape  du  poivrier.  Il  y a différents  poi- 
vres d’usage  dans  la  Pharmacie  : les  poivres  blanc  et  noir 
sont  les  seuls  employés  pour  assaisonner  les  aliments.  Le 
poivre  blanc  naturel  est  extrêmement  rare;  il  ne  s’en  trouve 
que  dans  les  cabinets  des  curieux  et  point  dans  le  com- 


i£l£ments  de  pharmacie/  29 

rnerce  , apparemment  pareeque  cette  espece  n’est  point 
abondante,  on  qu’elle  est  moins  bonne  ; ce  qui  aura  fait 
négliger  de  la  cultiver.  Ce  que  l’on  nomme  poivre  blanc 
n’est  ordinairement  rien  autre  chose  que  le  poivre  noir  du- 
quel on  a enlevé  l’écorce  : ce  sont  les  Hollandois  qui  se 
sont  emparés  de  cet  objet  de  travail  qui  n’altere  en  rien  les 
bonnes  qualités  du  poivre. 

Quelques  falsificateurs  blanchissent  le  poivre  et  en  aug- 
mentent en  même  temps  le  poids  avec  des  matières  très  pe- 
santes, sans  s’embarrasser  des  propriétés  vénéneuses  des 
substances  qu’ils  emploient  pour  faire  leur  falsification. 

Ils  mettent  du  poivre  noir  dans  des  tonneaux  avec  une 
suffisante  quantité  d’eau  pour  humecter  seulement  les 
grains  afin  de  les  faire  gonfler  : ils  laissent  le  poivre  fermen- 
ter pendant  plusieurs  jours  jusqu’à  ce  qu’il  s’échauffe  pro- 
digieusement , et  que  l’écorce,  en  quelque  maniéré  pourrie, 
puisse  quitter  le  grain  facilement  : ils  mettent  ensuite  ce 
poivre  dans  une  grande  bassine  de  cuivre  percée  de  trous 
comme  une  grosse  râpe:  ils  plongent  et  suspendent  cette 
bassine  dans  un  baquet  plein  d’eau:  ils  frottent  le  poivre  avec 
un  balai  usé  afin  de  détacher  le  mieux  qu’il  est  possible  l’é- 
corce noire  , qui  se  réduit  en  poussière  et  passe  à travers  les 
trous  de  la  bassine,  tandis  que  le  poivre  , dépouillé  de  son 
écorce  , reste  dans  cette  même  bassine  ; ensuite  ils  recou- 
vrent ce  poivre  d’une  couche  de  pâte  faite  avec  de  la 
colle  d’amidon,  mêlée  d’une  plus  ou  moins  grande  quan- 
tité de  blanc  de  céruse  : ils  remuent  et  secouent  le  poivre 
dans  cette  pâte  jusqu’à  ce  qu’ils  le  trouvent  suffisamment 
chargé  ; alors  ils  le  mettent  sécher,  et  le  remuent  encore 
après  qu’il  est  sec  pour  arrondir  la  pâte  qui  reste  appliquée 
autour  des  grains  de  poivre. 

Ils  font  sécher  à part  l’écorce  du  poivre  qui  a passé  à tra- 
vers le  crible  ; ils  la  réduisent  soigneusement  en  poudre  , 
et  ils  la  vendent  pour  du  poivre  noir  en  poudre.  D’antres 
emploient  dans  leur  pâte,  pour  blanchir  le  poivre,  de  la 
craie  au  lieu  de  blanc  de  céruse.  En  i75i  on  fit  une  saisie 
de  poivre  ainsi  falsifié  : on  l’examina-,  on  trouva  qu’il  con- 
tenoit  près  de  quatre  onces  de  pâte  par  chaque  livre  de  poi- 
vre, et  ces  quatre  onces  de  pâte  rendirent  près  de  deux 
onces  de  plomb  par  la  fonte  au  creuset. 

Quinquina.  Ecorce  d’un  arbre  qui  croît  au  Pérou.  Il  y 
a deux  especes  de  quinquina , l’un  cultivé  et  l’autre  qu’on 


3o  ïlïmektj  pe  pharmacie! 
ne  cultive  point.  Le  cultivé  est  le  meilleur.  On  sait  oui? 
c’est  un  excellent  spécifique  contre  la  fievre.  On  mêle  parmi 
les  écorces  du  quinquina  des  écorces  de  branches  d’autres 
arbres  qui  y ressemblent  le  plus , comme  celles  du  cerisier. 
11  est  encore  sujet  à être  mêlé  avec  l’écorce  du  quinquina 

Jî!?r^rC,1^ve’  fi110  ^ on  nomme  quinquina  femelle.  Ces 
falsifications  sont  faciles  à reconnoître  pour  peu  qu'on  ait 
vu  et  manié  le  bon  quinquina. 

Rhubarbe  , racine  d une  plante  dont  on  fait  un  ^rand 
usage  dans  la  Médecine  et  dans  la  Pharmacie.  Elle&  est , 
comme  toutes  les  autres  racines,  sujette,  en  vieillissant, 
à être  attaquée  par  les  vers,  et  elle  perd  sa  fraîcheur.  Il  y 
a des  gens  qui  ont  la  patience  de  boucher  tous  les  trous  les 
uns  après  ies  autres  en  appuyant  sur  les  bords  avec  la 
pointe  d un  couteau.  Ils  la  roulent  ensuite  dans  des  poudres 
jaunes  en  la  secouant  fortement,  afin  que  la  surface  des 
morceaux  de  rhubarbe  puisse  s’user  et  en  présenter  une 
nouvelle  qui  n’ait  pas  encore  reçu  d’altération  de  l’air  ; 
alors  ils  la  mettenten  vente  comme  une  rhubarbe  nouvelle; 
mais  les  connoisseursn’en  sont  jamais  les  dupes:  en  cassant 
plusieurs  de  ces  morceaux  de  rhubarbe,  on  découvre  dans 
I intérieur  la  piqûre  des  vers,  souvent  l insecte  même  ou 
au  moins  ses  excréments. 

Rhapontic.  C’est  une  fausse  rhubarbe  que  quelques  per- 
sonnes de  la  campagne  vendent  pour  de  la  rhubarbe;  mais 
les  gens  de  l’art  savent  très  bien  la  distinguer:  aussi  n’y 
sont-ils  jamais  trompés. 

Résine  de  Jalap.  Cette  substance  est  préparée  par  les 
Artistes  : nous  en  parlerons  dans  son  temps.  Elle  ne  de- 
vroit  pas , à la  rigueur , être  placée  ici  ; mais  comme  il  s’en 
trouve  dans  le  commerce  une  très  grande  quantité  qui  a 
été  préparée  chez  l’Etranger,  elle  est  pour  ainsi  dire  regar- 
dée comme  drogue  exotique.  Les  résines  de  Jalap,  qui  ont 
été  préparées  chez  l’Etranger,  sont  falsifiées  ou  avec  de  la 
poix  résine,  ou  avec  d’autres  substances  résineuses  de  vil 
prix  qui  ne  sont  point  purgatives.  D’autres  mêlent  avec 
cette  prétendue  résine  de  Jalap  de  la  gomme  gutte,  ou 
d’autres  purgatifs  aussi  violents  : c’est  ce  qui  fait  regarder 
la  résine  de  Jalap  comme  un  purgatif  très  infidèle,  qui  quel- 
quefois ne  purge  presque  point,  donné  même  à grande  dose, 
tandis  que  dans  d’autres  circonstances  il  occasionne  de  dan- 
gereuses.superpurgations,  acfininistrémême  en  petite  dose: 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMÀCll'  3 1] 

ces  différences  viennent  de  l’espece  de  résine  de  jalap 
qu’on  a employée;  au  lieu  que  la  vraie  résine  de  jalap 
forme  un  excellent  purgatif  qui  est  constant  dans  ses  effets. 

Résine  de  Sccimmonèe.  Tout  ce  que  nous  venons  de 
dire  sur  la  résine  de  jalap  est  applicable  à la  résine  de 
scammonée  qui  a été  préparée  par  les  étrangers.  Ces  sub- 
stances, comme  nous  le  verrons,  sont  faciles  à préparer, 
et  on  ne  doit  employer  dans  la  Pharmacie  que  celles  qu’on 
a préparées  soi-même , ou  fait  préparer  par  des  personnes 
sûres. 

La  préparation  des  résines  de  jalap  et  de  scammonéa 
sont  du  ressort  du  Pharmacien:  et  ces  deux  substances 
importantes  devroient  être  absolument  interdites  au  com- 
merce de  drogues  simples. 

Safran.  On  donne  particulièrement  ce  nom  aux  éta- 
mines de  la  fleur  d’une  racine  bulbeuse.  11  y a deux  es- 
peces principales  de  safran:  savoir,  le  safran  gâtinois  et  le 
safran  bâtard.  On  trouve  aujourd’hui  dans  le  commerce 
du  safran  semblable  à celui  du  gâtinois,  qui  vient  de  plu- 
sieurs endroits,  soit  d’Orange  ou  du  Corntat  d’Avignon.’ 
I)e  tous  ces  safrans  , c’est  celui  du  Gâtinois  qui  est  le  meil- 
leur et  le  plus  estimé;  il  est  d’une  plus  belle  couleur  et 
d’une  meilleure  odeur.  Le  safran  bâtard,  que  l'on  nomme 
aussi  fleurs  de  cartham.e  et  safranum , n'est  d’usage  que 
dans  les  arts  pour  la  teinture. 

Parmi  ceux  qui  vendent  du  safran  en  poudre , il  y en  a 
qui  mêlent  une  certaine  quantité  de  ce  dernier  avec  le  pre- 
mier; plusieurs  même  donnent  ce  dernier  tout  pur  en  poudre 
pour  safran  de  Gâtinois;  mais  la  fourberie  est  facile  à re- 
connoitre  i°.  par  l’odeur  du  safran  bâtard,  qui  est  diffé- 
rente de  celle  du  safran  gâtinois;  2°.  le  safran  bâtard  ne 
donne  qu’une  teinture  foible  dans  l’eau  en  comparaison  de 
celle  que  donne  le  safran  fin. 

Salsepareille.  On  n’emploie  que  la  racine  de  cette  planter 
autrefois  on  n’en  connoissoit  qu’une  seule  espece;  mais 
présentement  il  s’en  est  introduit  dans  le  commerce  de  trois 
ou  quatre  especes  qui  sojit  moins  bonnes  que  la  première. 
Celle  qu’on  doit  employer  doit  être  choisie  en  longues 
fibres  grosses  comme  de  moyennes  plumes  à écrire , noi- 
râtre à sa  surface  , blanche  en  dedans  , facile  à se  fendre  en 
deux,  ayant  un  cœur  ligneux  très  petit.  Les  autres  especes 
de  salsepareille  sont  beaucoup  plus  grosses;  il  y en  a même 


32  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE; 

qui  sont  aussi  grosses  que  le  petit  doigt , et  dont  le  cœur 
ligneux  est  gros  comme  de  grosses  plumes  à écrire.  Toutes 
ces  salsepareilles  sont  d’un  gris  cendré  à l’extérieur  ; les 
unes  plus  blanches  , les  autres  moins  blanches  dans  l’in- 
térieur que  celle  de  la  première  qualité. 

Sang  de  Dragon.  Résine  pure  qu’on  nous  envoie  des 
Indes figurée  en  boulettes  ovales  comme  des  olives  , mais 

Ïdus  grosses  et  enveloppées  dans  des  feuilles  de  l’arbre  qui 
a produit  : chaque  boulette  est  séparée  par  un  fil  qui  serre 
les  feuilles  qui  servent  d’enveloppes,  apparemment  pour 
empêcher  que  le  sang  de  dragon  ne  se  réduise  en  poudre 
par  le  frottement  pendant  le  transport , parceque  cette  ré- 
sine est  très  friable.  Cette  espece  est  très  bonne  ; on  la 
nomme  sang  de  dragon  en  roseaux  ; mais  on  fabrique  un 
faux  sang  de  dragon  avec  des  gommes  de  différentes  especes 
qu’on  fait  fondre  ensemble:  on  les  rougit  avec  du  vrai 
sang  de  dragon,  ou  avec  d’autres  matières  propres  à cela. 
Ce  faux  sang  de  dragon  est  figuré  en  petits  pains  plats  , du 
poids  d’environ  une  once  ou  deux:  on  ne  doit  jamais  em- 
ployer cette  derniere  espece  pour  l’usage  de  la  Médecine. 
On  la  nomme  sang  de  dragon  en  -pain. 

Scammonée.  Gomme  résine  purgative  formée  avec  le  suc 
laiteux  de  la  racine,  d’une  plante  que  l’on  nomme  Con- 
volvulus  Syriacus.  Cette  plante  croit  en  plusieurs  lieux  du 
Levant,  mais  principalement  aux  environs  d’AIep  onde 
S.  Jeand’Acre:  on  la  nomme  à cause  de  cela  scammonée 
d’AIep.  11  y en  a une  autre  que  l’on  nomme  scammonée  de 
Smyrne:  elle  est  moins  bonne,  et  est  sujette  à être  falsifiée 
avec  des  gommes  de  toute  espece  : elle  n’est  la  plupart  du 
temps  qu’un  amas  de  sucs  laiteux  de  toutes  les  plantes  épais- 
sies ensemble  , ou  sur  le  feu,  ou  à la  chaleur  du  soleil.  La 
scammonée  d’AIep  est  seche,  légère,  friable,  de  couleur 
grise , se  réduisant  en  poudre  facilement,  d’une  odeur  fade, 
assez  désagréable.  La  scammonée  de  Smyrne , ou  celle  qui 
est  falsifiée,  est  au  contraire  pesante,  solide,  compacte, 
point  friable  et  plus  difficile  à être  pulvérisée:  l’odeur  en 
est  moins  forte,  mais  la  couleur  esta  peu  près  la  même. 

Semences  froides.  Voyez  leurs  noms  à l’article  des  mê- 
dicaments  simples , qu'on  désigne  collectivement  sous  une. 
seule  dénomination:  on  nous  apporte  les  semences  froides 
des  environs  de  Paris,  toutes  mondées  de  leurs  enveloppes  li- 
gneuses. Ce  sont  des  enfants  qui  sont  ordinairement  char- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.-1 

gés  de  ce  travail  : on  fait  d’abord  ramollir  l’enveloppe  en 
mettant  ces  semences  tremper  dans  de  l’eau  chaude  ; en- 
suite ils  en  prennent  une  poignée  dans  la  main  , et  passent 
les  graines  l’une  après  l’autre  dans  la  bouche  : au  moyen 
d’un  coup  de  dent  ils  foiit  sauter  l’enveloppe.  Ce  métier  est 
des  plus  rudes  pour  les  dents  : les  personnes  qui  le  font 
n’ont  presque  plus  de  dents  à l’âge  de  vingt  ans,  ou  les  ont 
très  mauvaises.  La  préparation  qu’on  donne  à ces  se- 
mences les  met  hors  d’état  de  pouvoir  se  conserver  en  bon 
état  aussi  long-temps  que  si  elles  avoient  leurs  écorces:  au 
bout  de  quatre  ou  cinq  mois  elles  commencent  à rancir  : 
les  mites  et  les  vers  les  attaquent.  Certaines  gens  qui  cher- 
chent à ne  rien  perdre,  se  débarassent  d’abord  des  plus 
anciennes;  et,  lorsqu’elles  sont  dans  un  mauvais  état , il» 
en  séparent  les  insectes  par  le  moyen  d’un  crible  : ils  expo- 
sent ensuite  ces  semences  à la  cave  ou  dans  un  endroit  hu- 
mide pour  leur  donner  un  air  de  nouveaulé.  Cette  trompe- 
rie est  facile  à reconnoître  , à cause  du  goût  âcre  de  l’huile 
rancie  dans  ces  semences;  ce  goût  est  quelquefois  si  fort, 
qu’il  occasionne  des  ampoules  dans  la  bouche  lorsqu’on 
les  mâche.  Plusieurs  Pharmacopées  prescrivent  des  semen- 
ces (roides  dans  la  formule  du  svrop  d’orgeat,  à dessein  de 
le  rendre  plus  rafraîchissant  ou  plus  agréable:  mais  on 
sent  bien  que  celles  qui  sont  dans  l’état  dont  nous  venons 
de . parler  , remplissent  précisément  les  indications  con- 
traires. 

On  farcit  des  poulets  avec  les  quatre  semences  froides 
pour  faire  des  bouillons,  ou  plus  rafraîchissants,  ou  plus 
nourrissants  a raison  de  leur  mucilage  qu’elles  laissent  dans 
le  véhicule.  On  sent  parfaitement  bien  tous  les  inconvé- 
nients qui  doivent  résulter  de  l’usage  des  bouillons  où  l’on 
aurait  fait  entrer  des  semences  âcres  et  caustiques* 

Quelques  falsificateurs , lorsqu’ils  ne  peuvent  se  déba- 
rasser  des  semences  froides  à cause  de  leur  mauvais  état 
les  mêlent  avec  des  amandes  douces  pour  en  tirer  l’huile 
conjointement  , et  ils  la  vendent  pour  l’huile  d’amandes 
douces,  tirée  sans  feu:  autre  fourberie  aussi  préjudiciable 
a la  santé  que  les  précédentes. 

Suc  de  Citron.  C’est  le  jus  qu’on  sépare  des  citrons  en 
les  exprimant  après  en  avoir  séparé  l’écorce  jaune.  Quel- 
ques personnes  le  mêlent  avec  du  suc  de  verjus  dans  les 
amiées  où  des  citrons  sont  un  peu  rares.  Cette  fraude 

C 


34  éléments  de  pharmacie.' 

est  difficile  à feconnoître  , parceque  l’odeur  du  citron  ré- 
side seulement  dans  l’écorce  jaune  extérieure  et  non  dans 
le  suc  : d’ailleurs  on  lui  donne  facilement  l’odeur  par  le 
moyen  de  quelques  zestes  de  citron.  Un  Apothicaire, 
jaloux  de  la  bonté  de  ses  drogues  , ne  doit  jamais  employer 
que  le  suc  de  citron  qu’il  a préparé  lui-même. 

Storax  ou  Styrax  , résine  dont  il  y a trois  especes  dans 
le  commerce  ; savoir  , le  storax  calamithe  , le  storax 
oommuri , et  le  storax  liquide.  Ce  dernier  ne  s’emploie 
que  dans  les  médicaments  externes.  Le  premier  est  très 
cher,  et  s’emploie  dans  les  compositions  qui  doivent  etre 
prises  intérieurement.  La  seconde  espece  est  en  masses 
un  peu  friables  : elle  est  très  inférieure  en  vertus  a la  pre- 
mière-, ce  n’est,  pour  ainsi  dire  , que  de  la  sciure  du  bois 
de  l’arbre  qui  produit  le  storax  : on  la  pétrit  avec  les  por- 
tions défectueuses  du  storax  calamithe.  11  y a des  labn- 
cants  de  chocolat  qui  font  entrer  de  cette  drogue  dans  leur 
chocolat  commun  en  place  de  la  vanille  qui  est  très  chere; 
ce  storax,  qu’ils  nomment  rigodon  , a une  odeur  qui  ap- 
proche un  peu  de  celle  de  la  vanille  : mais  ceux  qui  con- 
noissent  l’odeur  de  l’une  et  de  l’autre  substance  savent 

très  bien  les  distinguer.  . c m 

Tamarins , substance  pulpeuse  , ires  aigre  et  lort  utile 

en  Médecine  , regardée  comme  un  excellent  purgatif  qui 
a£it  doucement  et  en  même  temps  avec  beaucoup  d et  ica- 
c?té.  On  la  tire  d’un  fruit  en  silique  , lequel  croit  sur  1 ar- 
bre appelle  tamarinier.  Cette  matière  nous  est  apportée  de 
l’Asie  de  l’Amérique  et  de  l’Afrique.  Celle  qui  vient  ne 
l’Afrique  est  très  rare  : c’est  l’Asie  et  l’Amérique  qui  nous 
fournissent  les  tamarins  dont  on  fait  usage  en  P rance.  On 
les  v prépare  à peu  près  de  la  maniéré  suivante. 

Après  avoir  tiré  de  l’intérieur  des  sihqucs  la  substance 
pulpeuse  qu’elles  contiennent , on  la  met  dans  des  chau- 
diems  de  cuivre,  on  l’y  fait  macérer  a Iroid  avec  de  1 eau 
ou  du  vinaigre  jusqu’à  ce  qu’elle  soit  réduite  a une  espece 
de  pâte  - ensuite  on  l’enferme  dans  des  tonuaux  pour  la 
, U ter  dans  le  commerce.  Cette  méthode  de  préparer  les 
amarins  m’a  paru  fort  suspecte.  J’étois  bien  convameu 
. “une  matière  si  acide  par  elle-même  et  ,omte encom 
‘ du  vinaigre  , devoit  nécessairement  agir  sur  les  vais- 
seaux de  cuivre  dans  lesquels  on  la  lait  macérer  : je  me 
is  assuré  que  tous  les  tamarins  qu’on  trouve  dans  le  cour-; 


SUIS 


ÉLÉMENTS  DE  P ït  A R M A C I E.  35 

merce  , contiennent  une  certaine  quantité  de  verd-de-gris  î 
en  plongeant  dans  des  tamarins  nue  lame  de  couteau  bien 
propre,  en  moins  d’un  instant  je  l’ai  trouvée  toute  cou- 
verte de  cuivre  rouge:  jai  vu  des  tamarins  où  cette  matière 
pernicieuse  se  manifestait  d’elle-même  par  une  elilores- 
cence  verdâtre  répandue  sur  leur  surface. 

Des  personnes  eu  place  , instruites  du  danger  qu’il  pour- 
roi  t y avoir  à se  servir  des  tamarins  du  commerce  , ont 
pris  le  parti  de  faire  venir  pour  leur  usage  des  tamarins  en 
«iliques.  C’est  une  précaution  qu’on  devroit  imiter  dans 
le  commerce  jusqu’à  ce  que  les  gens  du  pays  aient  changé 
la  maniéré  de  préparer  cette  drogue,  qui , étant  salutaire 
par  elle-même , peut  devenir  très  nuisible  par  le  vice  de  sa 
préparation. 

Cette  observation  importante  mérite  toute  l’attention  du 
public  et  des  personnes  chargées  par  état  de  la  santé  des 
citoyens.  Si  l'on  ne  ressent  pas  communément  de  mauvais 
effets  de  l’usage  des  tamarins,  cela  doit  être  attribué  à ce 
qu’étant  purgatifs,  ils  portent  avec  eux  leur  contre-poison  , 
et  tout  écouler  aussitôt  la  matière  dangereuse  qu’ils  ont 
portée  dans  les  viscères.  Mais  il  arrive  quelquefois  qu’une 
purgation  manque  sou  effet  : elle  séjourne  alors  dans  les  in- 
testins; et  si  elle  contient  une  substance  pernicieuse,  elle 
peut  produire  de  fâcheux  effets.  Au  Sénégal  on  prépare 
mieux  les  tamarins  ; mais  il  n’en  vient  en  France  que  pour 
les  cabinets  des  curieux. 

Tuthie.  C’est  une  espece  de  suie  métallique  qui  s’élève 
pendant  la  fusion  et  la  fabrication  du  cuivré  jaune.  Le  cui- 
vre jaune,  est  lait  avec  du  cuivre  rouge  et  de  la  mine  de 
zinc,  connue  sous  le  nom  de  pierre  calaminnire , qu’on 
fait  fondre  ensemble  (voyez  Chymie  expérimentale  et.  rai- 
sonnée): pendant  cette  fusion  , le  zinc,  qui  est  un  demi- 
métal  volatil  et  calcinable , se  réduit,  en  partie,  en  fleurs: 
elles  entraînent  avec  elles  un  peu  de  cuivre  , ce  cjui  forme 
une  suie  métallique  de  couleur  grise  cendrée  qui  s'attache 
autour  des  barres  de  fer  qu’on  a disposées  pour  la  recevoir  : 
on  la  détache  à petits  coups  de  marteau  , et  on  l'obtient 
en  petits  morceaux  concaves  par  le  côté  où  ils  étoient  at- 
tachés aux  barres  de  fer,  et  convexes  à la  partie  supérieure. 

Quelques  falsificateurs  ont  imaginé  de  mêler  un  peu  de 
cuivre  jaune,  réduit  en  limaille,  avec  de  l’argille  bleue,  de 
pétrir  ce  mélange,  et  de  le  taire  sécher  sur  des  verges  de 

C ij 


36  ÉLÉMENTS  DE  PHARMAClïj 

fer  rondes  , afin  de  donner  à cette  fausse  tntliie  toute  l’ajv 
pare.nce  de  la  vraie.  Mais  cette  tromperie  est  facile  à re- 
connoitre.  Cette  fausse  tuthie  est  plus  friable  et  se  délaie 
dans  l’eau  en  exhalant  une  odeur  de  terre  semblable  à celle 
que  donnent  les  argilles  ; toutes  propriétés  que  n’a  point 
la  vraie  tuthie. 

D’autres  falsificateurs  plus  raffinés  font  calciner  légère- 
ment cette  fausse  tuthie  après  qu’elle  est  seche,  afin  de  lui 
donner  plus  de  corps:  dans  ce  cas  il  est  assez  difficile  de 
la?  reconnaître  ; si  ce  n’est  cependant  par  les  points  brillants 
provenant  de  la  limaille  mêlée  avec  l’argille  et  qu’on  re- 
marque dans  l’intérieur  en  cassant  les  morceaux  ; au  lien 
que  la  vraie  tuthie  est  égale  par-tout,  et  n’a  aucuns  points 
brillants. 

Vanille,  Gousse  ou  fruit  d’une  plante  qui  croit  au  Me- 
xique. La  vanille  entre  dans  quelques  compositions  de  Phar- 
macie ; mais  son  plus  grand  usage  est  pour  le  chocolat.  La 
cherté  de  ce  fruit  est  cause  qu’il  ne  s’en  fait  que  peu  de 
débit:  il  se  seche  et  dépérit  considérablement  en  vieillis- 
sant. Quelques  personnes  racommodent  la  vanille  en  la 
maniant  et  en  la  laissant  séjourner  dans  un  mélange  de  sto- 
rax,  d’huile  d’amandes  douces  et  de  baume  du  Pérou  li- 
quide. Cette  tromperie  est  difficile  à être  reconnue  de  ceux 
qui  ne  sont  pas  dans  l’usage  d’en  voir  souvent. 

La  vanille,  en  passant  son  point  de  maturité  sur  la  plante,* 
s’ouvre  et  laisse  découler  une  liqueur  balsamique  très  agréa* 
ble  , qui  prend  de  la  consistance  à l’air  : c’est  ce  que  l’on 
nomme  baume  de  vanille.  Les  gens  du  pays  sont  sujets  à 
falsifier  celle  qui  a ainsi  fourni  son  baume:  ils  remplissent 
l’intérieur  des  gousses  avec  des  corps  étrangers:  ils  bouchent 
les  ouvertures  avec  de  la  colle,  ou  en  les  cousant  adroite- 
ment; ils  les  font  ensuite  sécher,  et  mêlent  ces  gousses  fat; 
sifiées  avec  les  bonnes. 


3 


SECONDE  PARTIE. 

De  V élection  des  médicaments  simples  , temps  de  se 
les  procurer , 'ce  quil  faut  observer  clans  leur  récolte , 
/<7  maniéré  de  les  fa  ire  sécher , celle  de  les  conser- 
ver. 

L’élection  est  cetle  partie  rie  la  Pharmacie  qui  enseigne 
à bien  choisir  et  à bien  discerner  les  bons  médicaments 
simples  d’avec  ceux  qui  sont  mauvais  ou  sophistiqués. 

Il  ne  suffit  pas  à un  Pharmacien  de  bien  connoîLre  la 
matière  médicale  telle  qu’on  peut  l’avoir  dans  des  bocaux 
placés  dans  un  cabinet  ; il  est  encore  de  son  devoir  d’être 
instruit  du  choix  qu’il  doit  faire  des  substances  naturelles 
relativement  au  temps  et  au  lieu  où  ii  peut  se  les  procurer. 
Il  laut  qu’il  connoisse  la  maniéré  de  les  récolter  , de  les  ar- 
ranger , de  les  laire  sécher,  et  enfin  celle  de  les  conserver 
avec  tonie  leur  vertu  sans  qu’elles  éprouvent  d’altération 
jusqu’à  ce  que  la  saison  permette  de  les  renouveller.  C’est 
de  la  connoissance  de  tous  ces  détails  que  résulte  la  per- 
fection des  médicaments  simples,  et  de  ceux  qu’on  doit 
composer.  C’est  aussi  cette  connoissance  qui  distingue  le 
bon  Pharmacien. 

Nous  ne  parlerons  que  de  la  matière  médicale  indigène; 
les  observations  exactes  sur  la  récolte  de  la  plupart  des 
drogues  simples  exotiques  manquent  absolument:  néan- 
moins il  sera  facile  à ceux  qui  habitent  les  pays  étrangers 
ou  1 on  récolté  des  drogues  simples  , de  faire  l’application 
des  principes  que  nous  établirons.  On  nomme  drogues 
exotiques  celles  qu’on  nous  apporte  de  l’étranger  toutes 
seches. 

lettons  d’abord  un  coup -d’œil  général  sur  les  diffé- 
rents lieux  ou  nous  pouvons  récolter  les  productions  de  la 
nature:  ensuite  nous  établirons  des  réglés  certaines  pour 
les  avoir  avec  toutes  leurs  vertus. 

_ J a surface  de  la  terre  est  couverte  d’une  multitude  pro- 
digieuse de  végétaux  et  d’animaux.  Si  nous  pénétrons  dans 
sou  intérieur,  nous  la  trouvons  remplie  d’une  infinité  de 
substances  propres  à la  Médecine  et  à la  Pharmacie,  Beau- 
coup de  ces  corps  sç  ressemblent  par  leur  port  extérieur* 


38  ' ELEMENTS  DE  PHARMACIE.' 

mais  on  n’en  trouve  point  qui  soient  exactement  sembla- 
bles. De  même  que  les  animaux  ont  des  habitations  diver- 
ses , mais  relatives  à leurs  mœurs;  les  végétaux  occupent 
les  lieux  et  les  positions  les  plus  variées  et  les  plus  propres  à 
leur  accroissement.  Nos  besoins  et  notre  industrie  les  vont 
chercher  dans  les  bois  , les  campagnes,  les  montagnes  , les 
lieux  arides  , pierreux  , ou  marécageux  , souvent  même 
à la  surlace  des  eaux,  au  fond  des  rivières,  des  lacs  et 
des  mers:  ces  plantes,  fortement  attachées  au  lit  des  eaux 
par  leurs  racines,  sont' en  état  de  lutter  perpétuellement 
contre  le  courant  qui  tend  à les  arracher.  La  nature  a aussi 
placé  des  plantes  dans  des  lieux  toujours  remplis  d’eau 
chaude  peu  différente  du  degré  de  l’eau  bouillante  , tel  que 
le  confervci  thermcirum  , qui  est  un  tremellcî , suivant 
3\J.  Adanson.  Comme  les  plantes  et  les  animaux  nous  sont 
offerts  par  la  nature  dans  des  âges  bien  différents,  leurs 
propriétés  doivent  varier  , et  varient  en  effet.  Certaines 
plantes  contiennent  dans  leur  jeunesse  des  principes  qu’on 
ne  retrouve  plus  lorsqu’elles  sont  dans  leur  maturité.  Les 
animaux  perdent  de  leur  force  et  de  leur  vigueur  en  vieillis- 
sant : les  substances  qu’ils  fournissent  dans  leur  vieillesse 
aie  sont  pas  non  plus  aussi  efficaces  que  celles  qu’ils  don- 
nent dans  leur  jeunesse. 

La  nature  nous  prodigue  ses  présens  dans  toutes  les 
saisons  de  l’année.  Il  y a des  plantes  qui  ne  végètent,  ne 
fleurissent  et  ne  parviennent  à leur  plus  grande  vigueur  que 
dans  les  belles  saisons  du  printemps,  de  l’été  ou  de  l’au- 
tomne; tandis  que  d’autres  résistent  au  froid,  viennent 
sous  la  neige  , telles  que  l egenepi,  ou  Y absinthe  des  Alpes , 
quelques  renoncules.  Néanmoins  elles  n’y  fleurissent  pas; 
elles  attendent  le  retour  de  la  belle  saison  pour  se  mettre 
en  pleine  végétation. 

Certaines  plantes  et  certains  animaux  entiers , et  souvent 
leurs  parties  séparément , sont  employés  en  Médecine  dans 
leur  état  de  fraîcheur;  quelquefois  aussi,  après  avoir  été 
desséchées , pour  y avoir  recours  dans  le  courant  de  l’année. 
D’après  cet  exposé,  il  est,  comme  on  voit,  bien  essentiel 
d’établir  des  réglés  sur  le  choix  des  substances  que  nous 
fournit  la  nature,  et  sur  le  temps  où  l’on  doit  se  les  pror 
curer  pour  les  avoir  dans  leur  plus  grande  vertu. 

Les  réglés  que  nous  croyons  devoir  prescrire  sont  fondées 
sur  des  observations  constantes;  et  sur  les  principes  de  la. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE'.  $9 

saille  physique.  Nous  ne  parlerons  point,  par  conséquent, 
de  ces  préceptes  bizares  qu’enseignoient  les  anciens  , 
comme,  d’observer  le  cours  des  astres,  parcequ’ils  peu  t 
soient  que  les  planètes  avoient  des  influences  sur  les  vé 
gétaux  et  les  animaux,  et  même  sur  les  minéraux. 

Silvius,  qui  a senti  toute  l’importance  de  ces  instruc- 
tions, ne  les  a point  négligées  clans  son  1 rai  té.  il  a divisé 
en  vingt-deux  chapitres  tout  ce  qu’on  pouvoit  due  de 
plus  raisonnable  sur  l’élection  des  médicaments  simples, 
sur  leur  récolte,  et  sur  la  maniéré  de  les  conserver.  Ceux 
qui,  depuis  lui,  ont  travaillé  sur  le  même  sujet,  se  sont 
contentés,  le  plus  souvent,  de  le  copier. 

Le  fond  de  la  doctrine  que  je  vais  exposer  dans  cette  se- 
conde partie , appartient  à cet  habile  Médecin  : j’y  ai  ajouté 
seulement  des  remarques  particulières. 

On  fait  usage  de  beaucoup  de  plantes  sans  leurs  fleurs, 
d’autres  s’emploient  lorsqu’elles  sont  en  fleurs;  enfin  on 
se  sert  de  plusieurs  fleurs  sans  leurs  plantes.  Parmi  lesfleurs, 
les  unes  doivent  rester  avec  leurs  calices,  parceque  c est 
dans  cette  partie  que  réside  le  plus  de  vertu.  11  y a des  fleurs 
dont  les  pétales  seulement  sont  d’usage  , et  d’autres  fleurs 
dont  les  pétales  doivent  être  mondées  de  leurs  onglets.  Nous 
rendrons  compte  de  tous  ces  détails  à mesure  que  l’occa- 
sion se  présentera. 

Choix  des  plantes. 

On  doit  préférer  les  plantes  et  toutes  les  parties  des  vé- 
gétaux cpii  croissent  éloignés  les  uns  des  autres;  ces  vé- 
gétaux sont  mieux  nourris,  plus  gros,  et  ont  plus  de  vertu, 
parcequ’ils  ne  s’onlevent  pas  mutuellement  la  nourriture  de 
Pair  et  de  la  terre.  O11  choisit  toujours  les  plantes  ou  les 
simples  qui  ont  le  plus  d’odeur,  de  saveur  et  de  couleur, 
lorsqu’ils  doivent  en  avoir. 

11  faut  éviter  de  prendre  les  simples  mal  formés,  et  dont 
l’accroissement  a pu  être  dérangé  par  des  maladies  ou  par 
des  jeux  de  la  nature  : ce  qui  peut  altérer  leur  propriété  ou 
leur  en  donner  de  nouvelles. 

Les  simples  doivent  être  choisis  dans  les  lieux  qui  leur 
sont  naturels,  par  exemple,  le  capillaire,  le  castoreum,  tout 
deux  de  Canada  , méritent  la  préférence  sur  les  mêmes  sub- 
stances des  autres  pars. 

C iv 


$0  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 

Les  plantes  des  pays  chauds,  qu’on  cultive  avec  tant  de 
Soin  dans  des  serres  où  l’on  tient,  par  le  moyen  des  poêles, 
la  chaleur  à la  température  du  lieu  qui  leur  est  naturel, 
r;e  viennent  pas,  à beaucoup  près,  aussi-bien  que  dansleurs 
climats  : elles  dégénèrent  de  plus  en  plus  ; elles  deviennent 
pour  ainsi  dire  méconnaissables.  11  eu  est  de  meme  des 
plantes  des  pays  froids  transportées  et  cultivées  dans  les 
pays  chauds.  Ces  altérations  sont  presque  insensibles  dans 
les  premières  années;  mais  peu- à-peu  ces  plantes  ne  par- 
viennentplus  à leur  maturité;  leurs  feuilles  deviennent  pâles, 
languissantes;  leurs  fruits  ne  mûrissent  plus;  enfin  les  sucs 
nourriciers  de  ces  plantes  ne  sont  plus  les  mêmes  ni  dans 
les  mêmes  proportions  : elles  perdent  leurs  vertus  encore 
plus  rapidement. 

11  en  est  de  même  des  plantes  qui  croissent  dans  les  lieux 
arides  ; lorsqu’elles  sont  transplantées  dans  des  endroits 
humides  et  marécageux,  elles  changent  souvent  de  figure; 
peut-être  acquierent-elles  de  nouvelles  qualités;  je  laisse 
aux  Botanistes  le  soin  de  ces  recherches. 

Les  animaux  des  pays  chauds,  transportés  dans  les  pays 
froids , éprouvent  les  mêmes  vicissitudes  que  les  plantes  ; 
mais  les  plantes  et  les  animaux  des  climats  tempérés  ne 
sont  pas  aussi  sujets  à ces  alternatives:  c’est  pour' cette 
raison  que  les  anciens  Praticiens  ne  prescrivpient  que  des 
plantes  non  cultivées  , parcequ’ils  pensoient  que  la  nature 
leur  distribuoit  le  lieu  et  le  climat  qui  leur  étoient  propres  : 
ils  n’employoient  les  plantes  cultivées  qu’au  défaut  des  pre- 
mières. 

Ce  que  nous  disons  là  n’est  pas  non  plus  sans  excep- 
tions. Les  plantes  aromatiques  de  nos  climats,  par  exem- 
ple, lorsqu’elles  sont  cultivées  avec  soin  et  bien  exposées, 
sont  plus  odorantes,  rendent  plus  d’huile  essentielle,  et 
méritent  la  préférence.  Telle  est  tonte  la  classe  des  labiées 
ou  plantes  céphaliques.  Les  plantes  crucifères  sont  dans  le 
même  cas;  le  cochléaria  , le  raifort,  etc.,  cultivés,  ont 
Beaucoup  plus  de  vertus  que  lorsqu’ils  viennent  naturelle- 
ment. Quelques  personnes  préfèrent,  parmi  ces  dernieres 
plantes  , celles  qui  croissent  sur  les  bords  de  la  mer;  mais 
je  ne  sais  si  ces  préférences  sont  bien  fondées. 

11  faut  aussi  avoir  égard,  dans  le  choix  des  plantes,  au 
voisinage  et  à la  proximité  des  autres  plantes.  Par  exemple,' 
|1  y a des  plantes  dont  les  tiges  sont  loibles  et  oui  ne  peu* 


ï L ï M E N T S D E PHARMACl!.1  ’41' 

vent  se  soutenir  d’elles-mêmes  : elles  s’étendent,  à la  sur- 
face de  la  terre  en  serpentant,  ou  bien  elles  s’attachent  et 
grimpent  sur  les  plantes  qu’elles  trouvent  à leur  proximité: 
elles  tirent,  par  leur  filament,  une  partie  de  leur  nourriture 
et  même  elles  participent  des  propriétés  des  plantes  sur  les- 
quelles elles  se  sont  attachées.  Or  si  ces  plantes  sont  vé- 
néneuses , ou  de  vertu  contraire  a celles  qu  elles  supportent, 
on  sent  bien  qu’elles  doivent  être  rejettées;  c est  pour  cette 
raison  qu’on  préféré  l’épithyme  qui  s’attache  sur  le  thym, 
et  la  cuscute  qui  s’attache  sur  le  lin  , etc. 

Le  Polypode  est  une  plante  qui  croit  indifféremment,  ou 
sur  les  vieux  chênes,  ou  sur  les  murailles;  on  donne  la 
préférence  à celui  qui  vient  sur  les  chênes  : il  est  toujours 
prescrit  dans  les  formules  sous  le  nom  de  polypode  de 
cliéae.  Nous  croyons  que  cette  préférence  n’est  ni  fondée 
ni  pratiquée.  Le  polypode  qu’on  pourroit  ramasser  sur  les 
chênes  11e  suffiroit  pas,  à beaucoup  près,  à la  consom- 
mation. 

Le  Gui  est  une  plante  parasite  qui  tient  le  milieu  entre 
les  plantes  ligneuses  et  les  arbustes;  il  croit  sur  plusieurs 
arbres:  on  préféré  celui  qui  vient  sur  les  chênes  : mais 
comme  il  est  fort  rare  dans  nos  lorêts,  ceux  qui  le  ramas- 
sent, vendent  souvent  pour  gui  de  chêne,  celui  qui  vient  sur 
les  pommiers  ou  sur  lespoiriers  : ils  entent  adroitement  une 
branche  de  chêne  sur  la  plante , afin  de  la  laire  passer  pour 
gui  de  chêne  ; celte  tromperie  heureusement  n’est  pas 
d’une  grande  conséquence. 

On  nomme  plantes  parasites  celles  qui  croissent  sur 
d’autres  plantes  ou  sur  des  arbres , et  qui  en  même  temps 
11’ont  point  de  racines  aussi  apparentes  que  celles  des  au- 
tres plantes  , parcequ’elles  se  perdent  et  se  confondent  avec 
la  substance  du  végétal  qui  les  nourrit:  ainsi  le  polypode 
n’est  point  une  plante  parasite  quoiqu’il  vienne  sur  les 
chênes,  pareeque  cette  plante  a des  racines  aussi  sensibles 
que  toutes  les  autres. 

Temps  de  cueillir  les  plantes. 

Lorsqu’on  cueille  les  plantes  dans  l’intention  de  les  faire 
sécher,  on  doit  le  faire  lorsqu’elles  sont  dans  leur  parfaite 
maturité  et  dans  leur  plus  grande  vigueur:  s’il  y a des  ex- 
ceptions , nous  les  ferons  remarquer.  11  en  est  de  même 


’42  ÉLÉMENTS  DE  P H A R M A C I E. 

des  animaux  et  de  leurs  parties  qu’on  veut  conserver  ; cef 
état  de  maturité  pour  les  végétaux  et  pour  les  animaux  a 
été  nommé  par  Vanhelinont  temps  balsamique  : mais  cette 
maturité  pour  les  animaux  entiers  et  pour  les  plantes  en- 
tières n’est  plus  la  même  pour  les  parties  qu’on  veut  faire 
sécher  et  conserver  séparément.  Le  temps  où  la  plante  en- 
tière est  bonne  à cueillir  , n’est  pas  celui  où  il  faut  se  pro- 
curer les  fleurs,  les  fruits,  les  racines  : il  est  donc  nécessaire 
de  prescrire  des  réglés  certaines  sur  . ces  différents  objets  : 
nous  prévenons  aussi  que  ce  que  nous  nous  proposons  de 
dire  sur  cette  matière  ne  regarde  que  les  substances  qu’on 
fait  sécher  avec  l’intention  de  les  employer  dans  le  courant 
de  l’année  dans  les  compositions  officinales.:  quant  aux 
substances  qu’on  emploie  fraîches  à mesure  qu’elles  sont 
prescrites  pour  des  tisanes  , des  apozemes  , des  bouil- 
lons, etc.,  elles  ne  peuvent  être  assujetties  à aucunes  réglés, 
puisqu’on  est  obligé  de  les  employer  dansle  moment  même 
où  l’on  en  a besoin  , et  de  les  prendre  par  conséquent  dans 
l’état  où  elles  se  trouvent. 

Les  plantes  qu’on  se  propose  de  faire  sécher  doivent  être 
choisies  dans  leur  plus  grande  vigueur  et  dans  leur  meil- 
leur état  , qui  est  , particulièrement  pour  les  plantes  en- 
tières , le  temps  où  les  Heurs  commencent  à s’épanouir  ; 
c’est  ce  que  l’on  doit  observer  lorsque  l’on  veut  cueillir  le 
caiement  de  montagne  , la  centaurée , le  cliamæpitis , le 
chamædris  , la  fumeterre  , la  marjolaine  , 1 origan  , le 
pouliot,  le  serpolet,  le  thim,  etc.  Les  plantes  annuelles, 
prises  à diverses  époques  de  leur  accroissement , ont  diffé- 
rentes vertus.  Boulduc  , en  examinant  les  plantes  borra- 
ginées,  a reconnu  que  lorsqu’elles  commencent  à naître, 
elles  ne  contiennent  pour  toute  substance  saline  que  du  sel 
vitriolique  à base  terreuse , et  très  peu  de  nitre  ; mais  qu  à 
mesure  que  ces  plantes  croissent , la  quantité  de  nitre  aug- 
mente de  plus  en  plus  jusqu’à  ce  qu’elles  aient  poussé 
leurs  tiges.  Lorsque  ces  plantes  sont  parvenues  à cet  état  de 
maturité  , elles  sont  riches  en  nitre  et  en  sel  vitriolique  , 
partie  à base  terreuse  et  partie  a base  cl  a 1 k a l i fixe.  Cette 
observation  prouve  le  peu  de  cas  qu  on  doit  faire  des  plantes 
de  cette  espece  et  de  plusieurs  autres  qu’on  cultive  l’hiver 
sur  des  couches  pour  être  employées  dans  leur  première 
jeunesse  en  apozeme  pendant  cette  saison  , et  combien  il 
est  essentiel  de  faire  sécher  ces  plantes  dans  leur  yeritabie 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  4^' 

saison,  pour  y avoir  recours  pendant  l’hiver , ou  d’employer 
l’extrait  du  suc  de  ces  plantes  lait  avec  les  précautions  que 
nous  indiquerons.  Ces  plantes  , crues  par  artifice  , ne  sont 
pour  ainsi  dire  composées  que  de  jus  de  fumier  dans  lequel 
on  les  a fait  naître. 

lieu  est  de  même  des  plantes  crucifères  et  de  la  plupart 
des  plantes  aromatiques  annuelles;  elles  contiennent  des 
substances  différentes  relativement  aux  diverses  époques  de 
leur  accroissement  ; il  convient  de  les  prendre  lorsqu’elles 
sont  en  parfaite  maturité.  Mais  cette  réglé,  qui  est  presque 
générale  , n’est  pas  non  plus  sans  exception.  Les  plantes 
émollientes  , par  exemple  , comme  la  mauve  . la  gui- 
mauve , la  pariétaire,  le  senecon,  etc.,  sont  plus  adou- 
cissantes et  plus  salutaires  lorsqu’on  les  prend  dans  leur 
jeunesse  et  avant  qu’elles  aient  poussé  leurs  tiges  ; il  en 
est  de  même  de  la  chicorée  , des  especes  de  choux  , de 
l’eupatoire  , du  plantin , et  de  toutes  les  especes  de  lapa- 
thurri , etc.  Les  feuilles  de  ces  plantes  deviennent  ligneuses 
à mesure  que  les  tiges  s’élèvent.  Le  temps  balsamique 
de  la  récolte  des  feuilles  des  plantes,  est  celui  où  elles 
n’ont  pas  encore  poussé  de  tiges. 

Il  y a des  plantes  qui  ne  produisent  pas  de  fleurs  aussi 
sensibles  que  celles  des  autres  végétaux;  telles  sont  les 
capillaires  , la  scolopendre,  le  polide  ; on  a cru  même  que 
ces  plantes  ne  produisoient  ni  fleurs  ni  graines  ; ce  n’est 
que  dans  ces  derniers  temps  qu’on  a découvert  que  les 
parties  de  la  fructification  de  ces  plantes  étoient  conte- 
nues dans  le  duvet  cotoneux  qu’on  remarque  sous  leurs 
feuilles  : on  doit  cueillir  les  feuilles  de  ces  plantes  lors- 
qu’elles sont  bien  développées  et  dans  leur  plus  grande 
vigueur. 

L’apocyn  fournit  un  exemple  bien  remarquable  des  ver- 
tus des  végétaux  pris  à des  différents  degrés  d’accroisse- 
ment. Cette  plante,  dans  sa  jeunesse,  est  très  salubre;  les 
nègres  en  Amérique  en  mangent  les  jeunes  pousses  sans 
en  être  incommodés;  mais  lorsqu’elle  est  parvenue  à sa  ma- 
turité,elle  est  vénéneuse  etleur  cause  des  maladies  qui  quel- 
quefois deviennent  funestes.  Il  en  est  tout  autrement  des 
jeunes  pousses  de  sureau  , elles  sont  plus  purgatives  que 
lorsque  les  feuilles  sont  dans  leur  maturité. 

Mous  pouvons  citer  encore  un  exemple  connu  de  tout 
le  monde:  on  sait  que  tous  les  fruits  et  le  raisin , spéciale*1 


144  ÉLÉMENTS  T)  E PHARMACIE? 

ment  avant  la  fleur,  n’a  qu’une  saveur  herbacée  très  in- 
différente; aussitôt  que  la  fleur  paroît,  il  acquiert  un  goût 
acerbe  et  astringent  ; à mesure  qu’il  grossit,  une  substance 
acide  se  manifeste  de  plus  en  plus  : enfin,  lorsqu’il  mû- 
rit , la  matière  sucrée  se  forme  et  se  fait  sentir  par  une  sa- 
veur agréable.  Toutes  ces  observations  prouvent  qu’il  laut 
étudier  les  propriétés  des  végétaux  dans  leurs  différents 
âges. 

Dessication  des  plantes. 

La  dessication  des  plantes  est  l'opération  qui  les  prive  de 
l’humidité  surabondante  à leur  conservation.. 

La  chaleur,  la  lumière  du  soleil  et  l’eau,  sont  les  élé- 
ments de  la  végétation. 

Ces  vérités,  dites  et  répétées  de  tout  temps  , ont  été  re- 
connues par  de  simples  présomptions  , ou  par  des  observa- 
tions isolées  , et  sans  jamais  avoir  été  prouvées  par  des  faits 
suffisamment  concluants  ; mais  elles  viennent  d’être  dé- 
montrées dans  ces  derniers  temps,  par  des  expériences 
nombreuses,  plus  curieuses  les  unes  que  les  autres,  et  des 
plus  intéressantes  pour  l’économie  animale  et  végétale. 
Priesteley  , Sennebier,  Schelle , etc.,  etc.  , ont  fait  voir, 
pour  ainsi  dire,  comment  l'es  végétaux  s’assimilent  la  lu- 
mière du  soleil , comment  ils  l’élaborent,  et  comment  ils  la 
transforment  en  un  air  particulier , que  Priesteley  a nomme 
air  dêphlogistiqué , et  Schelle,  air  de  Jeu , nom  que  nous 
croyons  -mieux  lui  convenir  à cause  des  belles  propriétés 
qu’il  a d’être  le  véhicule  de  la  combustion. 

Cet  air  a été  encore  nommé  air  éminemment  respirable , 
air  le  plus  salubre,  etc.  Sans  faire  attention  qu  iln  est  qu  en 
apparence  éminemment  respirable , et  que  sa  salubrité  est 
très  éphémère,  puisqu’il  abrégé  la  vie  des  animaux,  comme 
le  feroit  le  vin  pur  ou  l’eau-de-vie  pris  pour  toute  boisson. 
Un  animal,  dit-on  , vit  trois  fois  plus  long-temps  dans  cet 
air,  que  dans  l’air  de  l’atmosphere,  et  périt  enfin:  1 air 
restant  après  sa  mort,  se  trouve  être  encore  plus  salubre 
que  de  l’air  atmosphérique,  puisqu’un  autre  animal  vit  dans 
cet  air  aussi  long-temps  que  dans  Pair  ordinaire.  11  n y a 
pas  d’animal  mort  dans  l’espace  de  quelques  demi-heui es , 
dans  cet  air,  qui  n’eut  vécu  plusieurs  années,  s il  n eut 
pas  été  soumis  à cette  expérience  : l’animal  mort  n a dqnq 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE/  4^ 

pas  été  tué  faute  d’air  respirable,  puisqu’il  laisse  , en  mou- 
rant, une  masse  d’air  encore  assez  salubre  pour  faire  sub- 
sister un  autre  animal  autant  de  temps  qu’il  eut  vécu 
clans  l’air  de  l’atmosphere. 

C’est  bien  à regret  si  nous  ne  suivons  pas  plus  loin 
ces  superbes  découvertes  qui  feront  honneur  au  siecle  qui 
les  a vu  naître;  la  compétence  de  cet  ouvrage-ne  nous  pér- 
ime" que  de  les  indiquer  ; les  détails  dans  lesquels  il  îau- 
droit entrer,  sont  trop  étendus  , et  nous  éloigneroient  trop 
de  la  dessication  des  végétaux  qui  nous  occupe  actuelle- 
ment. 

Les  végétaux,  pendant  leur  accroissement,  admettent 
plus  ou  moins  d’eau  ; une  portion  s’assimile  à leur  sub- 
stance et  fait  partie  du  végétal  ; on  ne  peut  l’en  séparer  sans 
le  détruire;  l’autre  partie  est  surabondante  à sa  constitution,' 
mais  elle  étoit  nécessaire  à son  développement  et  à son  ac- 
croissement ; on  la  nomme  eau  de  végétation  , parcequ’elle 
est,  dans  la  plante  vivante,  le  véhicule  de  toutes  élaborations 
végétales  ; on  la  nomme  encore  eau  surabondante , parce- 
qu’on  la  sépare  sans  rien  changer  de  la  nature  du  végétal; 
c’est  cette  eau  qu’on  se  propose  de  faire  dissipper,  et  qui  fait 
proprement  la  dessication  : sans  cette  privation  il  serait  im- 
possible de  garder  aucun  végétal.  L’eau  de  végétation  dans 
les  plantes  varie  beaucoup  par  sa  quantité  et  par  ses  degrés 
d’adhérence:  dans  la  scille,  par  exemple,  il  y a beaucoup  de 
cette  eau  ; elle  est  fort  adhérente  et  difficile  à faire  dissiper,’ 
parcequ’elle  est  combinée  avec  des  substances  visqueuses 
qui  la  retiennent  fortement;  la  fleur  de  violette  en  contient 
peut-être  davantage  puisqu’elle  en  a quatorze  onces  par  li- 
vre ; néanmoins  elle  laisse  dissiper  son  eau  de  végétation 
avec  la  plus  grande  facilité  et  très  promptement.  Il  y a d’au- 
tres végétaux  qui  contiennent  beaucoup  moins  d’eau  de  vé- 
gétation que  ceux  que  nous  venons  de  citer:  les  uns  la  laissent 
dissiper  difficilement,  et  les  autres  très  aisément  ; cela  dé- 
pend de  l’état  de  combinaison  dans  lequel  elle  se  trouve 
avec  les  principes  prochains  des  végétaux.  Cet  appercu 
suffit  pour  nous  convaincre  que  ce  n’est  point  assez  d’avoir 
amassé  les  drogues  simples  dans  le  temps  le  plus  favorable 
il  faut  encore  apporter  les  attentions  nécessaires  sur  la  ma- 
niéré de  les  dessécher  et  de  les  conserver  avec  toutes  leurs 
propriétés.  C’est  de  cette  première  préparation  des  drogues 


4 6 Eléments  de  pharmacie. 

simples  que  dépend  toutes  leurs  vertus  et  celles  des  médi- 
caments composés  dans  lesquels  on  les  fait  entrer. 

Plusieurs  auteurs  anciens,  et  même  quelques  modernes,' 
prescrivent  de  faire  sécher  les  plantes  doucement,  expo- 
sées à un  courant  d’air  et  à l’ombre,  dans  la  crainte  de 
faire  dissiper  trop  de  parties  volatiles  si  l’on  eraployoit  la 
chaleur  du  soleil  ; mais  l’expérience  et  l’observation  ont 
appris  à connoitre  toute  la  défectuosité  de  cette  méthode. 
Les  plantes  , pendant  cette  dessication  lente  , éprouvent 
des  altérations  qui  occasionnent  la  perte  de  leur  couleur 
et  de  leur  odeur  ; elles  jaunissent  plus  ou  moins  et  pren- 
nent la  couleur  de  feuilles  mortes  comme  la  scolopendre; 
d’autres,  comme  la  mélisse,  la  véronique,  la  bétoine , la 
bourrache,  la  buglose,  etc.  , deviennent  noires  au  bout 
de  quelques  jours , et  ressemblent  à du  fumier  desséché; 
elles  sont  alors  sans  vertus. 

Les  moyens  de  remédier  à tous  Ces  inconvénients  est 
de  faire  usage  de  ceux  que  nous  proposons  depuis  long- 
temps dans  les  éditions  de  cet  ouvrage  , et  dont  nous  avons 
confirmé  les  succès  par  près  de  quarante  aimées  d’expé- 
riences; ces  moyens  sont  la  chaleur  du  soleil , celle  d’une 
étuve  échauffée  jusqu’à  soixante-dix  et  même  quatre-vingt 
degrés  , à un  thermomètre  divisé  en  quatre-vingt  degrés  de- 
puis le  terme  de  la  glace  jusqu’à  celui  de  l’eau  bouillante, 
la  chaleur  du  dessus  d’un  four  de  pâtissier  ou  de  bou- 
langer, quelquefois  même  la  chaleur  du  bain-marie  ; on 
emploie  ces  moyens  séparément  ou  successivement  pour  les 
mêmes  substances;  cela  dépend  du  plus  ou  du  moins  de  faci- 
lité qu’elles  ont  à perdre  leur  humidité. 

Lorsque  l’on  veut  dessécher  les  plantes , on  prend , par 
exemple,  la  chicorée  sauvage,  récemment  cueillie  par  un 
beau  temps  sec  et  serein  , après  le  soleil  levé;  et  lorsque 
la  rosée  de  la  nuit  est  dissipée,  on  la  monde  des  herbes 
étrangères  , des  feuilles  morLes  ou  fanées  et  des  tiges, 
qu’elle  peut  avoir  ; on  étend  les  feuilles  minces  sur  des 
clayons  d’osier  à claires  voies  qu’on  a auparavant  garnis 
de  papier  gris  , on  expose  les  clayons  à 1 ardeur  du  soleil, 
sjnon  dans  une  étuve  ou  sur  le  four  d un  boulanger  ou  sur 
celui  d’un  pâtissier:  on  remue  les  feuilles  plusieurs  fois  par 
jour  afin  de  renouveller  les  surfaces  , et  ou  les  laisse  expo- 
sées à la  même  chaleur  jusqu’à  ce  qu’elles  soient  parfaite- 
menl  séchées  : ce  que  l’on  reconnoît  lorsqu’elles  n’ont  plus 


éléments  de  pharmacie.’1  47 

cJc  souplesse  et  qu’elles  se  brisent  en  les  maniant  ; alors 
on  les  soustrait  à la  chaleur  et  on  les  expose  dans  un  en- 
droit propre  et  sec  pendant  quelques  heures  ; les  feuilles 
reprennent  un  peu  d’humidité  qui  suffit  pour  les  ramollir, 
afin  qu’on  puisse  les  manier  sans  les  briser  ; ce  ramollis- 
sement ne  peut  leur  causer  aucune  altération.  Quelques 
personnes  recommandent  de  cueillir  les  plantes  le  matin 
avant  le  lever  du  soleil  ; les  plantes  , disent-elles  , ne  trans- 
pirent pas  la  nuit , elles  ont  tout  leur  suc  le  jnad'i  ; mais  il 
est  prouvé  qu’elles  Lranspirent;  les  plantes  vénéneuses  voi- 
sines ont  pu  les  altérer;  le  soleil  dissipe  cette  altération 
à son  lever  ; ainsi  nous  pensons  que  c'est  le  meilleur  temps 
pour  cueillir  les  plantes  qu’on  veut  faire  sécher. 

Il  y a à Paris  des  personnes  qui  ne  s’occupentqu’à  ramas- 
ser des  plantes  médicinales  dans  la  campagne,  et  qui  les 
apportent  en  bottes  amoncelées  dans  des  hottes  ; elles 
s’échauffent  quelquefois  pendant  leur  route;  c’est  un  lé- 
ger inconvénient  lorsque  cet  échaaffement  ne  préjudicie 
pas  à la  beauté  qu’elles  doivent  conserver  après  leur  dessi- 
cation : si  l’on  veut  arrêter  les  progrès  de  cette  chaleur,  il 
est  nécessaire  de  développer  les  plantes  sur  une  table  pro- 
pre aussitôt  qu’elles  arrivent , de  les  monder  , de  les  ar- 
ranger, et  de  les  faire  sécher  de  suite,,  sinon  elles  de- 
viennent noires  ou  jaunes  en  séchant.  Quelques  personnes 
indifférentes  sur  ces  détails,  qu’elles  regardent  comme 
minutieux  , sont  dans  la  mauvaise  habitude  de  mettre  dans 
leur  officine  les  plantes  par  terre  exposées  à tontes  sortes 
d’ordures.  11  est  impossible  que  des  plantes  aussi  négligées 
puissent  conserver  leurs  couleurs  en  séchant. 

H convient  de  ne  pas  mettre  une  trop  grande  épaisseur 
de  plantes  sur  les  claies , lorsqu’on  le  fait  quelquefois  faute 
de  place;  l’humidité,  retenue  dans  les  endroits  épais,  réa- 
git sur  les  principes  prochains  , et  fait,  jaunir  les  feuilles 
comme  si  elles  étoieat  étiolées.  La  bourrache,  la  buglose, 
la  mercuriale,  la  pariétaire  , les  feuilles  de  guimauve,  et 
toutes  les  plantes  à-peu-près  aussi  succulentes  , sont  plus 
sujettes  à éprouver  cette  altération  que  les  plantes  dési- 
gnées collectivement  sous  le  nom  de  plantes  seches 
parcequ’elles  sont  très  peu  succulentes,  telles  que  le  thiin 
î’euphraise,  etc.  J’avois  ci-devant  attribué  cet  effet  à un 
acide  subtile;  mais  cet  effet  est  dû  à une  sorte  d’étToIement 
occasionné  par  de  l’air  acide  qui  se  dégage  des  végétaux 


4&  ÉLÉMENTS  DE  P II  A R M A C I É. 

pendant  leur  dessication.  Les  plantes  succulentes  amon- 
celées, conservent  dans  le  centre  d’une  masse  épaisse  assez 
d’humidité  pour  prolonger  d’une  maniéré  forcée  la  végé- 
tation insensible  que  ces  plantes  éprouvent  dans  cette  cir- 
constance sans  le  concours  de  la  lumière  ; l’acide  gazeux 
qui  se  dégage,  réagit  et  détruit  la  couleur  delà  plante  plus 
ou  moins  , comme  il  arrive  aux  plantes  qu’on  laisse  croî- 
tre dans  des  caves  privées  de  toute  lumière,  (/est  pour 
les  mêmes  raisons  que  les  chicorées  , le  celîeri , les  car- 
dons d’Espagne,  que  les  jardiniers  recouvrent  de  terre  ou 
enveloppent  de  paille  pour  leur  ôter  le  contact  de  la  lu- 
mière, blanchissent  considérablement  et  en  peu  de  jours.’ 

Les  plantes  qu’on  a fait  sécher  rapidement , avec  les  soins 
que  nous  venons  d’indiquer,  conservent  leurs  couleurs  vives 
et  brillantes  et  leur  odeur  ; la  plupart  en  ont  même  plus 
quelles  n’en  avoient  dans  leur  état  de  fraîcheur:  c’est 
d’après  ces  qualités  essentielles  qu’on  peut  juger  de  leur 
bonté,  et  s’assurer  quelles  ont  été  desséchées  avec  les  pré- 
cautions convenables. 

11 Y a à Paris  un  certain  nombre  de  personnes  à qui , dans 
l’origine  , on  a accordé  la  permission  de  débiter  des  herbes 
médicinales  récentes,  on  les  nomme  Heroonstes  les  her- 
bes qu’ils  ne  vendoient  pas  se  séchoient  les  unes  sur  les  au- 
tres dans  leurs  magasins,  ce  qui  leur  a donné  l’idée  d’en 
faire  sécher  exprès.  Ces  Herboristes  ont  formé  insensi- 
blement une  espece  de  communauté.  S ils  n ont  pas  en- 
core de  statuts  , ce  n’est  pas  faute  de  les  avoir  sollicités: 
peut-être  les  obtiendront-ils  par  la  suite  ; mais  le  Pharma- 
cien ne  doit  jamais  négliger  de  faire  lui-même  sécher  les 
plantes  et  de  les  débiter  ; c’est  une  des  plus  belles  parties  de 
son  art  et  qui  intéresse  la  sûreté  publique.  Pour  mieux  prou- 
ver les  abus  qui  régnent  entre  les  mains  des  Herboristes  sur 
cçtte  branche  de  la  Pharmacie,  il  suffit  de  voit  la  négli- 
gence avec  laquelle  ils  font  sécher  les  plantes:  les  Herbo- 
ristes entassent  par  terre,  dans  leurs  greniers,  des  plantes 
de  toute  espece  avec  leurs  tiges,  souvent  de  vertus  diffé- 
rentes, et  même  opposées,  sans  se  donner  la  peine  de  les 
v nettoyer  des  herbes  étrangères.  Ces  plantes  sont  exposees 
alternativement  à la  pluie  que  le  vent  fait  entrer  paf  les 
lucarnes,  et  aux  ordures  des  animaux  qui  fréquentent  es 
greniers  : elles  se  sechent  et  se  moisissent  à plusieurs  iepn- 
ses  : les  unes  perdent  entièrement  leurs  propriétés:  les  au- 

i.  trr»c 


Eléments  de  pharmacie.1  49 

ttes  en  acquièrent  de  nouvelles , et  souvent  de  dangereuses; 
au  bout  de  quelques  mois,  la  plupart  sont  absolument 
mécônnoissables.  Les  Herboristes  sont  aussi  dans  J’usage 
de  vendre  pour  les  mêmes  plantes  celles  qui  se  ressemblent 
à-peu-près  par  la  ligure.  Il  y a encore  d’autres  abus  qui 
se  pratiquent,  et  auxquels  sont  exposés  ceux  qui  achètent 
des  plantes  séchées  chez  les  Herboristes.  Nous  ne  pouvons 
donc  trop  recommander  aux  Apothicaires  de  faire  sécher 
chez  eux  les  plantes  qu’ils  emploient  pendant  l’année. 

Examinons  présentement  la  différence  qu’il  y a entre 
les  plantes  séchées  rapidement  avec  les  précautions  que 
nous  avons  indiquées,  et  celles  qui  sont  séchées  suivant  la 
méthode  des  Herboristes.  Les  feuilles  de  sainfoin  bien  sé- 
chées, ont  une  odeur  de  thé  très  agréable,  et  peuvent  le 
remplacer  avec  avantage:  leur  couleur  est  d’un  beau  verd  ; 
celles  qui  sont  séchées  sans  précautions,  sont  noires  et  de 
mauvaise  odeur.  Il  en  est  de  même  des  feuilles  de  bourra- 
che, de  buglose,  de  mélisse,  etc.  Elles  perdent  entière- 
ment leur  couleur  , et  deviennent  noires  lorsqu’on  ne  les 
fait  pas  sécher  promptement  et  avec  les  soins  convenables. 
Ce  petit  nombre  d’exemples  suffit  pour  prouver  la  néces- 
sité de  bien  faire  sécher  les  plantes. 

Les  plantes  aromatiques  demandent  à être  séchées  rapi- 
dement comme  les  autres;  il  convient  seulement  de  mé- 
nager le  degré  de  chaleur  à proportion  de  la  volatilité  des 
principes  qu’elles  contiennent  et  de  la  quantité  d’humi- 
dité qu’il  faut  faire  dissiper.  Elles  perdent  toujours  un 
peu  de  leur  odeur  en  se  séchant  : mais  une  dessication  trop 
prompte  leur  en  fait  toujours  perdre  moins  qu’une  dessica- 
tion lente  à l’ombre  , comme  quelques  personnes  l’ont  re- 
commandée, sous  le  prétexeque  ces  plantes  fournissent  tout 
leur  esprit  recteur  au  bain-marie  à un  degré  de  chaleur 
même  inférieur  à celui  de  l’eau  bouillante.  Mais  l’alambic 
qui  renferme  les  plantes,  peut  être  considéré  comme  la 
machine  de  Papin;  la  chaleur,  dans  cette  circonstance,  a ;it 
sur  ces  plantes  avec  bien  plus  de  force  que  le  soleil  auquel 
on  les  expose  à l’air  libre.  Si  l’on  distille  les  plantes  au 
bain-marie  sans  eau  , l’humidité  qu’elles  contiennent  occa- 
sioue  une  légère  coction:  cette  humidité  , en  se  réduisant 
en  vapeurs,  tuise  les  cellules  délicates  de  la  plante  ; Peau 
renfermée  dans  leur  intérieur,  emporte  le  principe  odorant. 
La  chaleur,  dans  un  bain-marie  clos,  agit  puissamment 

L)  * 


5o  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

1 

puisque  les  plantes  y sont  séchées  plus  promptement  qu’à 
l’air  libre  au  soleil,  en  supposant  le  degré  de  chaleur  égal  : 
ainsi  la  comparaison  qu’on  lait  des  plantes  séchées  au  so- 
leil à l’air  libre  , avec  celles  qui  sont  renfermées  dans  un 
bain-marie  clos,  n’est  pas  admissible;  d’où  je  conclus, 
d’après  beaucoup  d’expériences , que  les  plantes , même 
les  plus  délicates  , perdent  moins  de  leurs  propriétés  en 
les  faisant  sécher  rapidement  au  soleil  ou  dans  un  endroit 
chaud,  que  celles  qui  ont  été  séchées  à l’ombre  et  expo- 
sées à un  courant  d’air.  J’ai  observé  de  plus  que  lorsque 
l’humidité  des  plantes  ne  s’évapore  pas  assez  rapidement, 
elle  occasione  toujours  un  léger  degré  de  fermentation  in- 
testine , qui  altéré  les  végétaux  plus  que  la  chaleur  du  so- 
leil, qui  n’agit,  pour  ainsi  dire,  que  sur  leur  humidité.  J ai 
encore  observé  que  toutes  les  plantes  qu’on  fait  sécher  au 
bain-marie  , même  au  degré  de  chaleur  de  l’eau  bouil- 
lante, ne  fournissent  point" tout  leur  esprit  recteur  ni  toute 
leur  huile  essentielle.  J’ai  fait  sécher  ainsi  de  la  fleur  d’o- 
range jusqu’à  ce  qu’elle  fut  en  état  d’être  réduite  en  pou- 
dre1; je  l’ai  soumise  ensuite  à la  distillation  avec  de  1 eau, 
à feu  nu  ; j’ai  retiré  encore  de  l’huile  essentielle  en  assez 
grande  quantité  , moins  a la  vérité  que  si  ces  fleurs  n eus- 
sent point  été  sécliees  d abord.  La  plupait  des  plantes  aro- 
matiques sont  dans  le  même  cas;  telles  que  le  thym  , le, 
romarin  , les  differentes  sauges  , etc.  Au  îeste  , je  suis 
obligé  de  convenir  que  cette  observation  ne  s’accorde  point 
ave(f  celle  du  célébré  Boerhaave  , qui  dit  que  les  plantes 
qui  ont  été  séchées  au  bain-marie  ne  fournissent  plus  ni 
esprit  recteur  ni  huile  essentielle  par  une  distillation  pos- 
térieure. e 

Les  plantes  aromatiques,  qui  ont  été  séchees  rapidement, 

sont  fragiles,  cassantes  : leurs  couleurs  sont  vives;  elles 
n’ont  que  peu  d’odeur  immédiatement  apres  leur  exsicca- 
tion ; mais/ quelques  jours  après  elles  se  ramollissent  un 
peu  , et  acquièrent  considérablement  d’odeur.  Celles  se- 
cliées  à l’ombre,  ont  des  couleurs  toujours  moins  vives: 
elles  sont  souples,  pliantes,  et  ont  plus  d’odeur  que  les 
précédentes  ; mais  ces  meilleures  propriétés  ne  sont 
qu’apparentes;  elles  viennent  d’un  fond  d’humidité  qui 
n’a  pu  se  dissiper.  Cette  humidité  agit  sur  ces  .plantes,  et 
détruit  promptement  leur  couleur  et  leur  odeur  lorsqu  elles 
sont  enfermées. 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  5l< 

Les  plantes  crucifères  ou  cintiscorbuiiques  demandent  l 
Une  exception.  Elles  doivent  être  employées  toujours  fraî- 
ches, récemment  cueillies,  point  fanées,  et  jamais  dessé- 
chées : leurs  vertus  résident  dans  les  sucs  et  dans  les  prin- 
cipes volatils  qui  se  dissiperaient  entièrement  pendant  leurs 
exsiccations.  * 

Toutes  les  plantes  séchées  par  la  méthode  que  nous 
venons  d’indiquer,  se  rident,  se  contournent:  leurs  fleurs 
et  leurs  feuilles  perdent  leurs  formes  ; ce  qui  est  absolu- 
ment indifférent  pour  l’usage  de  la  Médecine  et  de  la  Phar- 
macie. Plusieurs  personnes  se  sont  appliquées , dans  la 
dessication  des  plantes  , à conserver  non  seulement  leurs 
couleurs  vives  et  brillantes  , mais  même  leur  forme  et  leur 
port  naturel,  afin  d’en  former  des  momies  de  plantes 
qu’on  puisse  reconnoître  facilement.  Il  paraît  que  le  pro- 
cédé par  lequel  on  y parvient  a été  publié  pour  la  première 
fois  par  le  Pere  Ferrari , -Jésuite  , dans  son  Traité  de  la 
Culture  des  fleurs , imprimé  en  latin  à Prame  en  1623  , et 
à Amsterdam  en  1646  ( 1 ).  Le  Pere  Ferrari  avoue  même 
tenir  son  procédé  de  Je  an- Rodolphe  Camèrarius . Il  se 
trouve  encore  inséré  dans  un  ouvrage  qui  a pour  titre  « 
Ecole  d! économie  de  campagne , par  Boeckler , Profes- 
seur à Strasbourg , imprimé  à Nuremberg  en  1768.  Voici 
le  procédé  : 7 

On  lave  une  suffisante  quantité  de  sablon  fin  pour  en 
séparer  les  matières  étrangères;  on  le  fait  sécher  et  on  le 
passe  au  travers  d’un  tamis  afin  d’en  ôter  les  matières 
grossières.  Lorsqu’ensuite  011  a disposé  pour  chaque  fleur 
ou  pour  chaque  plante  un  vaisseau  de  terre  de  forme  con- 
venable, on  lait  choix  des  plantes  les  plus  belles  et  cueil- 
lies dans  un  temps  sec,  en  observant  de  leur  laisser  une 
tige  suffisante.  On  met  un  peu  de  sable  sec  et  chaud  au 
fond  du  vase  pour  assujettir  la  plante  et  empêcher  qu’elle 
ne  touche  aux  parois  du  vaisseau  qu’on  emplit  du  même 
sable,  mais  peu-à-peu , ayant  soin  d’étendre  à mesure  les 
feuilles  et  les  fleurs  sans  les  gêner.  On  verse  du  sable  jus- 
qu a ce  que  la  plante  en  soit  recouverte  environ  de  deux 
travers  de  doigt:  après  quoi  on  expose  le  vaisseau  dans 
une  etuve  chauffée  à-peu-près  à cinquante  degrés,  et  on  IV 
laisse  un  jour  ou  deux  , quelquefois  davantage  , lorsque 


( 1 ) Voyez,  chapitre  2,  page  433  de  cette  derniere  édition 

D ij 


5:2  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

les  plantes  sont  épaisses  et  succulentes;  alors  on  fait  cou- 
ler le  sable  doucement  sur  un  papier,  et  on  en  sépare  la 
plante  qui  a conservé  toute  sa  forme. 

Le  Pere  Ferrari  n’employoit  que  la  chaleur  du  soleil  pour 
dessécher  les  plantes;  mais  il  n’est  pas  toujours  possible  de 
se  procurer  cette  chaleur  : d’ailleurs  celle  de  l’étuve  réus- 
sit aussi-bien,  il  remarque  encore  qu’il  y a certaines  fleurs, 
comme  la  tulipe,  qui  exigent  quelques  légères  opérations 
pour  empêcher  les  pétales  de  se  détacher;  il  faut , avant  de 
l’enterrer  dans  le  sable  , couper  le  fruit  triangulaire  qui 
s’élève  au  milieu  de  la  fleur. 

Les  végétaux,  dans  leur  état  de  végétation,  servoientde  re- 
traite et  comme  de  ruche  à une  inimité  d’insectes  de  toute 
espece  : ces  insectes  y ont  déposé  des  œufs  très  adhérents; 
la  chaleur  du  soleil  ou  celle  de  l’étuve  appliquée  aux  plantes 
que  l’on  veut  dessécher,  n’est  pas  toujours  capable  de  faire 
périr  ces  insectes  et  leurs  œufs,  à moins  que  celle  de  i’étuve 
n’ait  été  portée  à soixante  degrés  ; cette  chaleur  alors  est 
à-peu-près  suffisante  pour  les  détruire;  les  tiges,  les  feuilles, 
et  les  autres  parties  des  végétaux  en  se  séchant , prennent 
une  retraite  , qui  détache  la  plus  grande  partie  des  œufs 
des  insectes.  Les  plantes  contiennent  aussi  plus  ou  moins 
de  parties  sableuses  : si  l’oii  serroit  les  plantes  dans  cet  état 
de  dessication  , les  insectes  et  leurs  œufs  échapés  a la  cha- 
leur , pourroient  reparoltre  ou  éclorre,  manger  les  plantes 
et  les  réduire  dans  un  si  mauvais  état  qu’on  seroit  obligé 
de  les  jeter  long-temps  avant  qu’on  put  s’en  procurer 
d’autres,  il  convient  donc  de  séparer  tous  ces  corps  étran- 
gers destructeurs  des  plantes  ; on  y parvient  en  remuant  et 
secouant  les  plantes  sur  un  tamis  de  crin  un  peu  gros  ; 
ils  oassent  au  travers:  cette  operation  est  de  la  plus  grande 
importance.  Mais  avant  d’y  procéder,  il  faut , lorsque  les 
plantes  sont  assez  seches  pour  que  les  feuilles  se  cassent, 
laisser  ramollir  les  plantes  à l’air  pendant  quelques  heures  , 
afm  de  11e  point  les  briser  , et  pour  les  conserver  ie  plus 
entières  qu’il  est  possible;  on  procure  encoie  ce  ramollis- 
sement en  laissant  sans  feu  les  plantes  dans  l’étuve  pen- 
dant vingt-quatre  heures.  Ce  que  nous  disons  des  plantes 
doit  se  pratiquer  également  pour  les  fleurs.  Il  n y a pas 
lieu  de  craindre  que  ce  léger  ramollissement  puisse  altérer 
les  végétaux,  ni  préjudicier  à leur  conservation;  d’ailleurs 
ils  1’épouveiU  dans  l’espace  de  quelques  jours , même 


ÉLÉMENTS  DE  PHÂRMACI  e:  53 

lorsqu’ils  sont  enfermés  dans  des  boîtes.  Ce  léger  ramollis- 
sement est  également  avantageux  pour  arranger  dans  des 
boîtes  les  végétaux  sans  les  briser. 

Les  plantes  même  les  plus  odorantes,  ont  peu  d’odeur 
immédiatement  après  leur  dessication  ; celles  qui  n’ont 
qu’une  odeur  douce  , n’en  ont  quelquefois  pas  du  tout; 
mais,  à mesure  qu’elles  se  ramollissent,  soit  à l’air,  soit  dans 
les  boîtes,  elles  reprennent  toute  l’odeur  qui  leur  est  natu- 
relle. Le  gallium  à fleurs  jaunes , par  exemple , acquiert 
une  odeur  douce  de  miel  très  agréable. 

Les  plantes  médicinales,  comme  les  plantes  potagères, 
ne  sont  pas  également  bonnes  dans  toutes  les  années,  ni 
également  faciles  àconserver.  Les  plantes  médicinales,  par 
exemple,  qu’on  ramasse  dans  les  années  où  les  pluies  ont 
été  peu  abondantes,  sont  toujours  plus  belles  , meilleures, 
et  se  conservent  mieux  et  beaucoup  plus  long-temps  que 
celles  cueillies  dans  des  années  pluvieuses.  Ces  différences 
viennent  de  la  proportion  des  substances  qu’elles  contien- 
nent. Les  plantes  cueillies  pendant  les  années  seches,  con- 
tiennent plus  de  principes  huileux  et  résineux,  comme  nous 
le  p muterons  à l’article  des  huiles  par  infusion  ; elles  sont 
par  conséquent  moins  susceptibles  de  s’altérer  par  les  im- 
pressions de  l’air,  après  qu’on  les  a fait  sécher,  que  celles 
des  années  pluvieuses  : les  sucs  de  ces  dernieres  sont  plus 
aqueux  , moins  bien  élaborés  : et  ces  plantes  , pour  la  plu- 
part, sont  infiniment  moins  belles  au  bout  de  l’année 
que  les  autres  au  bout  de  deux  et  même  trois  années. 

Conservation  clcs  plantes. 

On  est  dans  l’usage  de  conserver  les  plantes  et  leurs 
différentes  parties , dans  des  boîtes  garnies  de  papiers , ou 
dans  des  papiers:  ce  dernier  moyen  est  le  moins  bon.  11  se— 
roit  infiniment  mieux  de  les  conserver  clans  des  vaisseaux  de 
verre  bouchés  exactement  avec  de  bons  bouchons  de  lié^e. 
Les  plantes  enfermées  dans  des  boîtes,  sont  exposées  aux  vi- 
cissitudesde  l’air;  elles  se  ramollissent  beaucoup  dans  les 
temps  humides,  et  elles  se  sechent  dans  les  temps  secs.  Elles 
ne  seroient  point  exposées  à ces  alternatives,  si  elles 
étoient  conservées  dans  des  bouteilles  de  verre  bien  bou- 
chées; la  Médecine  en  tireroit  de  bien  plus  grands  avanta- 
ges : mais  il  est  bon  de  prévenir  aussi  qu’il  faudroit  déposer 


54  Éléments  t>  e pharmacie: 

ces  vases  de  verre  remplis  de  plantes  dans  un  magasin  à 
l’abri  d’une  grande  lumière  et  du  soleil  : la  luiniere  dé- 
truit singulièrement  vite , au  travers  du  verre , les  couleurs 
vives  et  brillantes  de  la  plupart  des  plantes  séchées  , même 
lorsqu’elles  sont  réduites  en  poudre.  Si  donc  on  préféré  des 
boîtes  pour  conserver  les  plantes , il  faut  garnir  leur  inté- 
rieur de  papier,  et  les  conserver  dans  un  endroit  sec  où  les 
plantes  soient  le  moins  possible  exposées  aux  vicissitudes 
de  l’air. 

Les  plantes  séchées  et  conservées  avec  le  soin  que  nous 
indiquons , se  gardent  très  bien  pendant  une  année,  comme 
la  mélisse,  la  bétoine,  le  gallium  à fleurs  jaunes  et  blan- 
ches , la  bourrache,  la  buglose , la  chicorée  sauvage,  la 
mercuriale  , et  autres  de  même  nature.  Lorsque  ces  plantes 
ont  été  récoltées  dans  des  années  de  sécheresse,  elles  se  con- 
servent deux  et  meme  trois  années.  Les  plantes  aromatiques 
se  conservent,  en  général,  plus  long- temps-,  telles  que  le 
thym  , les  différentes  sauges,  l’origan,  la  marjolaine,  etc. 
Il  faut  renouveller  les  plantes  dès  qu’elles  perdent  leur 
couleur;  leur  odeur  se  perd  dans  la  même  proportion:  ces 
signes  sont  les  plus  certains  pour  faire  connoître  ^u’il 
faut  les  remplacer. 

Choix  des  fleurs. 

La  fleur,  dans  les  plantes,  est  la  partie  nécessaire  à la 
fructification  et  a la  reproduction  de  1 espece  ; c est  la 
partie  la  plus  délicate  du  végétal  et  le  siégé  principal  de 
l’odeur:  nous  verrons,  lorsque  nous  parlerons  des  huiles 
essentielles , que  d’autres  parties  des  végétaux  fournissent, 
comme  la  plupart  des  fleurs,  des  huiles  essentielles  ; ainsi 
le  siégé  de  l’odeur  ne  résidé  pas  toujours  dans  la  fleur  seu- 
lement. 

Les  parties  de  la  fleur  ne  contiennent  pas  meme  toute 
l’odeur  : dans  les  fleurs  des  plantes  labiees,  elle  résidé  dans 
le  calice;  le  peu  d’odeur  qu’ont  leurs  pétales  leur  vient 
par  communication  avec  le  calice;  telles  sont  le  thym,  le 
romarin,  la  sauge,  lalavande,  etc.  Les  pétales  de  ces  fleurs 
îséchées  sans  leur  calice,  sont  absolument  sans  odeur.  1 eau 
qu’on  en  peut  distiller  n’a  point  également  d’odeur;  mais 
les  calices  de  ces  mêmes  fleurs,  seches  a part,  retiennent 
l’odeur  des  plantes  après  leur  exsiccation  ; ils  fournissent 
^ussi  des  eaux  distillées  très  odorantes  j chaigees  d huiles 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  55 

essentielles.  Ces  observations  prouvent  qu’il  faut  sécher 
ces  Heurs  avec  leur  calice;  mais  nous  devons  prévenir  aussi 
que  les  feuilles  de  la  plupart  des  plantes  labiées  ont  tout 
autant  d’odeur  que  leurs  fleurs,  et  même  davantage,  et 
qu’elles  fournissent  autant  d’huile  essentielle  dans  la  distil- 
lation ; les  feuilles,  par  conséquent,  ont  autant  de  vertus 
que  leurs  fleurs  même  avec  leurs  calices.  Nous  disons  plus  ; 
elles  méritent  la  préférence  pour  tous  les  usages  qu’on 
peut  en  faire,  même  la  fleur  de  romarin  qu’on  a nommée 
anthos  ou  fleur  par  excellence. 

Dans  d’autres  fleurs,  telles  que  le  jasmin,  la  fleur  d’o- 
range , et  les  fleurs  des  plantes  liiiacées  , comme  sont 
les  lys  blancs  et  jaunes,  la  tulipe,  etc.  l’odeur  réside  dans 
les  pétales.  Toutes  les  fleurs  des  plantes  liiiacées  perdent 
entièrement  leur  odeur  pendant  leur  dessication;  les  roses 
pales,  les  roses  muscades  sont  dans  le  même  cas  ; du 
moins  elles  en  conservent  bien  peu  ; aussi  on  ne  fait  pas 
sécher  ces  fleurs  ; on  les  emploie  dans  leur  état  de  fraî- 
cheur. Quelques  fleurs  liiiacées  fournissent  par  la  distilla- 
tion des  eaux  qui  ont  un  peu  d’odeur,  mais  jamais  d’huile 
essentielle,  et  les  eaux  perdent  en  très  peu  de  jours  toute 
l’odeur  qu’elles  avoient.  On  nomme  odeur  fugace  celle 
de  ces  fleurs  , pareequ’on  ne  peut  la  retenir  par  ces  pro- 
cédés ; mais  nous  verrons  en  son  lieu  que  par  le  moyen 
des  huiles  et  des  graisses  on  parvient  à fixer  et  à retenir 
l’odeur  du  jasmin  , de  la  tubéreuse,  etc.  L’odeur  des  fleurs 
liiiacées  est  si  fugace  , qu’il  suffit  d’écraser  ces  fleurs  entre 
les  doigts  pour  la  faire  dissiper  aussitôt  ; ce  moyen  simple 
est  commode  pour  connoître  d’avance  les  fleurs  ou  les 
plantes  qui  peuvent  fournir  de  l’huile  essentielle  par  la 
distillation;  celles  qui  conserveront  de  l'odeur  après  avoir 
été  écrasées,  en  fourniront  plus  ou  moins  : celles  au  con- 
traire qui  perdront  leur  odeur  sur  le  champ  , n’en  fourni- 
ront sûrement  pas. 

11  y a d’autres  fleurs  dont  l’odeur  réside  dans  un  prin- 
cipe résineux  extractif;  ces  fleurs  ne  fournissent  point 
d’huile  essentielle;  elles  ne  perdent  pas  leur  odeur  pen- 
dant leur  dessication  ; elles  en  acquièrent  plutôt  que  d’en 
perdre  , comme  les  roses  rouges  , connues  aussi  sous  le 
nom  de  roses  de  Provins } les  œillets  rouges  à ratafia,  le 
bouillon-blanc,  etc. 

D iy 


56 


ÉLÉMENTS  D B PHARMACIE. 


> Temps  cle  cueillir  les  fleurs. 

Le  temps  de  cueillir  les  fleurs  est  celui  de  la  féconda- 
tion , un  peu  avant  leur  épanouissement , c’est  le  temps  où 
elles  ont  le  plus  d’odeur  et  de  vertu.  Les  fleurs  bien  épa- 
nouies en  ont  moins  ; enfin  celles  qui  tombent  d’elles- 
mêmes  sont  à rejeter.  Cette  réglé  est  susceptible  d’excep- 
tion: nous  en  ferons  mention  à mesure  que  l’occasion  se 
présentera. 

On  cueille  les  roses  rouges  lorqu’elles  sont  en  boutons , 
bien  avant  leur  épanouissement;  celles  qui  sont  épanouies, 
perdent  une  partie  de  leur  couleur  en  séchant;  elles  noir- 
cissent plus  ou  moins,  et  elles  ont  moins  d’odeur.  Avant 
de  les  mettre  sécher,  on  les  monde  de  leur  calice,  et  on 
coupe  avec  des  ciseaux  la  partie  blanche  qui  se  trouve  au 
bas  des  pétales:  c’est  ce  que  l’on  nomme  onglet:  beaucoup 
de  personnes  ne  les  coupent  pas  , à cause  de  la  longueur 
de  l’opération  : cela  est  assez  indifférent , parcequ’ils  ont 
autant  de  vertus  que  le  reste  des  pétales. 

Les  oeillets  rouges  doivent  être  pris  au  moment  de  leur 
épanouissement  ; on  sépare  les  pétales  de  leur  calice  , et 
on  coupe  la  partie  blanche  , pareequ’on  a intention  de 
n’avoir  que  la  partie  rouge  de  ces  fleurs. 

Les  violettes  noires  cultivées , qu’on  nomme  violettes  de 
mars  ou  de  carémç,  parcequ’elles  fleurissent  à cetteépoque, 
doivent  être  prises  peu  de  temps  après  leur  épanouisse- 
ment : on  les  préféré  avec  raison  à celles  qui  viennent  dans 
les  bois  et  dans  les  campagnes,  et  qui  n’ont  ni  autant 
d’odeur  ni  autant  de  couleur.  On  doit  rejeter  celles  qui  ont 
été  décolorées  par  les  pluies  , par  le  soleil,  ou  parcequ’elles 
ont  été  cueillies  trop  long-temps  apres  leur  épanouisse- 
ment. O11  les  monde  de  leur  calice  avant  de  les  faire 
sécher. 

Les  petites  fleurs  d’un  grand  nombre  de  petites  plantes 
seroient  trop  embarrassantes  à se  procurer  séparément, 
telles  que  celles  de  chamœdrys,  chamaepitys,  petite  centau- 
rée, senrdium  , absinthe,  hysope  , eupuraise,  finneterre  , 
marjolaine  , origan  , les  gallium  a fleurs  jaunes  et  blan- 
ches, etc.  On  prend  les  sommités  de  ces  plantes  en  fleurs 
avec  les  petites  feuilles  des  tiges;  c’est  ce  que  l’on  nomme 
sommités  fleuries;  les  feuilles  de  ces  plantes  ont  tout  m* 
tant  de  vertus  que  leurs  fleurs. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 


$7 


Dessication  des  fleurs. 

Les  fleurs,  quoique  plus  délicates  que  les  feuilles  des 

fdantes,  demandent  à être  séchées  promptement  comme 
es  plantes  elles- memes,  et  à proportion  de  la  quantité 
d’humidité  qu’il  faut  taire  évaporer;  plusieurs  contiennent 
autant  d’eau  de  végétation  que  les  plantes,  telles  que  les 
fleurs  de  violettes,  de  pavots  rouges,  etc.,  qui  dimimieiit 
de  quatorze  onces  par  livre.  Il  faut  faire  sécher  cesraurs 
de  la  même  maniéré  que  nous  l’avons  dit  pour  les^plantic, 
au  soleil,  ou  dans  une  étuve,  et  le  plus  promptement  pos- 
sible.  Onlaitde  même  des  couches  minces  que  l’on  étend  sur 
des  clayons  d’osier  garnis  de  papiers  gris  ; lorsqu’elles  sont 
à moitié  séchées  , on  peut  réunir  plusieurs  clayons  en  un  , 
afin  d’en  diminuer  le  nombre,  et  pour  faire  place  à d’au- 
tres végétaux  qui  viennent  dans  la  même  saison.  Beau- 
coup de  Heurs  ont  des  couleurs  délicates  qui  se  perdent 
aisément;  mais  ce  n’est  pas  la  chaleur  qu’on  leur  applique 
qui  en  est  la  cause  , lorsqu’elle  n’excede  pas  soixante  de- 
grés ; cela  dépend  de  la  nature  de  la  couleur.  Ces  Heurs 
sont  celles  de  violettes , de  bourrache  , de  buglose  , etc. 
Lorsqu’on  fait  sécher  ces  Heurs,  on  les  monde  de  leur  ca- 
lice, et  on  les  couvre  d’une  feuille  de  papier  gris.  Néan- 
moins il  est  difficile  de  conserver  ces  Heurs  pendant  l’an- 
née , quoiqu’on  les  ait  fait  sécher  avec  la  plus  grande 
régularité  et  avec  toutes  les  précautions  imaginables.  J’ai 
observé  cependant  qu’il,  est  plus  aisé  de  les  garder  lors- 
qu on  les  lait  sécher  avec  leur  calice.  Afin  de  mieux  con- 
server la  couleur  de  ces  Heurs  séchées,  on  est  dans  l’usage 
de  les  enfermer  dans  des  bouteilles  de  verre.  11  arrive  sou- 
vent que  les  fleurs  d’une  bouteille  deviennent  d’une  cou- 
leur de  feuille  morte  au  bout  de  quelques  mois,  tandis  que 
les  Heurs  d’une  autre  bouteille  conservent  leur  belle  cou- 
leur jusqu’à  la  lin  de  l’année,  et  quelquefois  plus  long- 
temps. 

J ai , dans  plusieurs  éditions  de  cet  ouvrage  , consigné 
l’observation  suivante,  qui  est  relative  à la  fugacité  de  la 
couleur  des  violettes.  Ces  pétales  de  fleurs  pilées , infusées 
et  macérées  pendant  douze  ou  quinze  heures  dans  le  double 
de  leur  poids  d’eau  bouillante,  puis  mises  à la  presse  , afin 
d’en  séparer  la  teinture  dont  l’eau  s’est  chargée,  le  marc 


58  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

restant  à la  presse,  mis  ensuite  à sécher,  conserve  mieux 
sa  couleur  pendant  l’année  que  de  pareilles  fleurs  qui  n ont 
subi  aucune  de  ces  opérations.  Quelquefois  aussi  ce 
marc  perd  sa  couleur  ; mais  c’est  toujours  plus  difficile- 
ment. J’étois  bien  éloigné  de  donner  ce  procède  comme  le 
seul  à suivre,  lorsque  l’on  fait  sécher  des  violettes  à 1 usage 
de  la  Pharmacie.  Je  nedevois  donc  pas  m’attendre  qu  un 
Pharmacien  , en  parlant  de  la  violette  , se  contenterait  de 
prendre  de  lessiver  deux  livres  de  fleurs  de  violeLte  avec 
huironces  d’eau  bouillante , de  verser  le  tout  sur  un  tamis 
d^crin  et  de  le  faire  sécher  promptement  afin  de  conserver 
0 la  couleur.  Mais,  pôurroit-on  lui  demander,  suffit-il  d avoir 
la  fleur  avec  sa  couleur?  ne  faut- il  pas  encore  lui  con- 
server sa  partie  extractive  dans  laquelle  réside  toute  sa 

vertu  ? .iir 

Quoi  qu’il  en  soit, il  est  difficile  de  rendre  raison  de  la  fu- 
gacité de  la  couleur  des  fleurs  de  bourrache,  de  buglose, 
de  violettes.  Lorsqu’elles  ont  perdu  leur  couleur,  on  doit 
les  rejeter;  elles  sont  absolument  sans  vertus. 

D’autres  fleurs  , sans  être  de  couleur  bleue  , perdent 
avec  la  même  facilité  leur  couleur  lorsqu  on  les  fait  secher 
à l’air  libre  . telle  que  la  petite  centaurée;  on  distribue  les 
sommités  fleuries  de  cette  plante  par  petits  paquets  , et  on 
les  enveloppe  dans  des  cornets  de  papier  qu’on  assujettit 
avec  de  la  ficelle;  dans  cet  état  on  les  fait  sécher  au  soleil 
ou  dans  une  étuve.  Ou  arrange  aussi  de  la  meme  maniéré 
les  sommités  fleuries  des  autres  petites  plantes  dont  nous 
avons  parlé  , quoique  leurs  fleurs  ne  soient  pas  si  sujettes 

à perdre  leurs  couleurs.  • 

On  monde  de  leurs  queues  et  de  toutes  feuilles  les 

fleurs  de  camomille  : il  convient  de  les  faire  sécher  a une 
chaleur  modérée.  Si  c’est  au  soleil , il  est  nécessaire  de  les 
couvrir  d’une  feuille  de  papier  gris:  lorsqu’elles  reçoivent 
trop  de  chaleur  dans  l’étuve  , ou  trop  de  chaleur  et  de  lu- 
mière immédiate  du  soleil,  elles  deviennent  jaunes  ou 
rousses.  La  beauté  de  ces  fleurs  est  d’être  bien  blanches. 
11  en  est  de  même  des  fleurs  de  muguet  ; il  est  nécessaire 
de  les  couvrir  d’une  feuille  de  papier  gris: elles  roussissent 
en  séchant  lorsqu’on  leur  applique  un  trop  grand  degre 

de  chaleur.  , _ , 

Les  fleurs  de  tussilage  et  de  pied- de -chat  ont  besoin 

d’être  séchées  avec  beaucoup  d’attention  ; il  arrive  sou- 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  5p 

vent  qu  on  les  croit  suffisamment  seches  , pareeque  les 
extrémités  des  fleurs  sont  cassantes  sous  les  doigts;  mais 
la  partfé  épaisse  de  ces  fleurs  conserve  encore °un  fond 
d’humidité  lorsqu’on  n’y  prend  pas  garde  ; si  dans  cet  état 
on  les  serre  dans  des  boîtes  , l’humidité  qu’elles  ont 
retenue  leur  occasions  une  végétation  insensible,  qui  ré- 
duit ces  fleurs  en  duvet;  dans  cet  état  elles  ne  sont  plus 
bonnes  à rien.  11  leur  arrive  encore,  quoique  bien  séchées, 
de  piendre  1 humidité  de  1 air  , et  de  végéter.  On  évite 
cet  inconvénient  en  les  conservant  dans  des  bouteilles 
bien  bouchées. 

On  fait  sécher  les  fleurs  de  mauve  , de  guimauve , 
de  bouillon-blanc  avec  leurs  calices.  Toutes  ces  fleurs 
ont  besoin  d’être  séchées  rapidement  ; elles  en  conservent 
mieux  leurs  couleurs  et  leurs  vertus. 

Les  procédés  que  nous  venons  de  donner  pour  la  dessi- 
cation de  differentes  fleurs  , indiqueront  ceux  qu’il  faudra 
employer  lorsqu’on  aura  d’autres  fleurs  à faire  sécher. 

Conservation  des  fleurs. 

Les  fleurs  sont  en  général  moins  sujettes  aux  insectes 
et  a contenir  des  œuls  que  les  plantes  ; néanmoins  il  est 
prudent  de  les  secouer  sur  un  tamis  de  et  in  , avant  de 
les  scrier,  comme  nous  1 avons  dit  en  parlant  des  plantes. 
On  sépare  au  moins  de  la  plupart  de?  roses  de  Provins , par 
exemple,  une  grande  quantité  de  graine  à demi-mûre 
qui  ne  doit  pas  y rester. 

Parmi  ces  fleurs,  il  y en  a qui  sont  d’un  usage  plus  fré- 
quent les  unes  que  les  auties.  On  fait  sécher  en  plus  grande 
quantité  celles  dont  la  consommation  est  plus  forte  ; mais 
comme  leur  volume  ne  permet  pas  de  les  conserver  dans 
des  bouteilles  , on  se  contente  de  les  enfermer  dans  des 
boîtes  garnies  de  papier,  et  elles  s’y  conservent  assez 
bien,  commeles  fleurs  de  tilleul,  de  camomille,  de  romarin  , 
de  bouillon-blanc,  de  roses  de  Provins,  etc.  Toutes  ces 
fleurs  peuvent  être  conservées  pendant  deux  ans. 

Les  fleurs  de  moindre  consommation  se  font  sécher 
en  petite  quantité;  celles  qui  ont  des  couleurs  fugaces  , 
comme  les  fleurs  de  violettes,  de  bourrache  , etc.  doivent 
ûre  conservées  dans  des  bouteilles  bien  bouchées,  et  dans 
un  lieu  à l’abri  de  la  lumière  du  soleil.  On  a bien  de  la  peine. 


6o  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

comme  nous  l’avons  déjà  dit , à garder  ces  fleurs  une  an- 
née. J’ai  vu  de  ces  fleurs  perdre  à vue  d’œil  leur  couleur  à la 
lumière  du  soleil,  tandis  que  l’infusion  de  ces  mêmes  fleurs 
augmente  d’intensité  de  couleur,  comme  nous  le  dirons 
plus  particulièrement  à l’article  du  syrop  violât. 

La  couleur  bleue  n’est  pas  également  fugace  dans  toutes 
lesfleurs;  les  fleurs  de  mauve,  bien  séchéeset  bien  conservées 
dans  des  boîtes  , retiennent  leurs  couleurs  bleues  pendant 
deux  et  même  trois  années  ; la  couleur  de  ces  fleurs  n est 
pas  non  plus  si  fugace  à la  lumière  du  soleil. 

La  plupart  des  fleurs,  immédiatement  après  leur  dessi- 
cation, ont  peu  d’odeur,  comme  la  plupart  des  plantes; 
mais  elles  en  reprennent  quand  elles  ont  éprouvé  un  lé- 
ger ramollissement:  les  roses  rouges  acquièrent  une  odeur 
forte  et  très  agréable  ; c'es  fleurs  se  conservent  très  bien 
pendant  trois  années  : on  les  renferme  dans  des  boites  gar- 
nies de  papier. 

Les  fleurs  d’œillet  rouges  ont  une  odeur  douce  de  gi- 
rofle, et  se  conservent  très  bien  trois  ans. 

Les  fleurs  sont  réputées  bonnes  tant  qu’elles  conser- 
vent leurs  couleurs  et  leur  odeur  ; il  convient  de  les  re- 
nouveller  lorsqu’elles  perdent  ces  qualités;  elles  sont  d au- 
tant plus  efficaces  qu’elles  sont  plus  récentes. 

v 

Choix  des  fruits  et  semences. 

Fruit,  semence,  est  la  partie  des  végétaux  destinée 
à leur  reproduction  ; ils  sont  l’origine  et  la  fin  de  la 
végétation.  La  différence  dans  les  enveloppesqui  renferment 
les&  graines , l’usage  alimentaire  qu’on  lait  de  celles  qui 
sont  charnues,  pulpeuses,  succulentes,  ont  établi  la  dis- 
tinction vulgaire  de  fruits  et  de  semences  : on  a pris  le 
tout  pour  la  partie  : les  pépins  et  les  noyaux  sont  vérita- 
blement la  graine  ou  le  fruit  des  poiriers,  des  pommiers, 
des  pêchers  , des  cerisiers  , etc.  Dans  d autres  fruits  , 
comme  les  châtaignes,  les  marons  dinde,  le£  noix , les 
noisettes,  les  béens,  les  pistaches , etc.,  dont  on  rejets  1 en- 
veloppe qui  est  ligneuse  ou  corticale,  1 amande  intérieure 
est  nommée  fruit;  ici  le  langage  ordinaire  est  d accord 
avec  celui  des  Botanistes.  Les  amandes  douces  et  ame- 
res , etc.  , sont  encore  dans  la  classe  des  fruits  et  graines 
dont  nous  parlons  ; leur  enveloppe,  comme  celle  de  la  noixj. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  Cl 

qu  on  nomme  brou , est  également  rejetée  à cause  de  sa 
mauvaise  saveur. 

Les  graines  des  végétaux,  par  rapporta  leur  maniéré  d’être, 
o firent  des  variétés  infinies,  dans  lesquelles  la  compétence 
de  cet  ouvrage  ne  nous  permet  pas  d’entrer  ; nous  nous 
bornons  à ce  qui  est  essentiel  au  Pharmacien  de  connoitre. 
Les  graines  sont  toujours  enveloppées  d’une  écorce  , qu’on 
nomme  capsule  , à laquelle  la  nature  a donné  plus  ou 
moins  de  consistance  et  de  solidité,  pour  garantir  les  se- 
mences des  accidents  qui  pourroient  endommager  le  germe. 
Toutes  les  semences  contiennent  en  petit  les  arbres  et  les 
plantes  qu’elles  doivent  produire;  elles  sont  toutes  com- 
posées de  deux  lobes  plus  ou  moins  distincts,  qui  renfer- 
ment le  germe  du  végétal,  que  la  chaleur  et  l’humidité 
font  développer.  Quittons  , pour  un  moment,  les  graines  , 
et  reprenons  les  fruits,  pour  faire  connoitre  l’usage  qu’on  en 
fait  dans  la  Pharmacie. 

Z emps  de  cueillir  les  fruits •’ 

^ On  fait  usage,  dans  la  Pharmacie,  de  fruits  récents,  et 
.de  fruits  séchés;  ceux  qu’on  emploie  récents,  doivent  être 
piis  a leur  point  de  maturité  et  bien  nourris;  ceux  qu’on 
se  piopose  de  faire  sécher , doivent  être  pris  un  peu  avant 
leur  parfaite  maturité.  La  plupart  des  fruits  secs  dont  on 
fait  usage  en  Pharmacie,  sont  exotiques,  comme  les  ana- 
cardes, qui  sont  très  pou  d’usage  , les  quatre  especes  de 
mirobolans  qui  le  sont  un  peu  davantage , etc.  Ces  fruits 
sont  parfaitement  secs  et  pulvérisables.  Les  sebestes,  qu’on 
fait  sec  lier  molets  , doivent  être  choisis  nouveaux.  Les 
autres  fruits  desséchés,  dont  on  fait  usage,  peuvent  être 
réputés  aussi  exotiques  ; ou  les  prépare  dans  les  pavs 
méridionaux  de  la  France;  tels  sont  les  dattes,  les  ju- 
jubes, les  figues  grasses  et  violettes,  les  raisins  de  Damas 
et  de  Corinthe.  Ou  doit  choisir  ces  fruits  récents,  c’est-à- 
dire  séchés  de  l’année  , bien  nourris  , point  gluants  , 
exempts  de  mites,  ce  à quoi  sont  très  sujets  ceux  qui  ont 
plus  qu  une  année  de  dessication. 

Dessication  des  fruits. 

Les  fruits  qu’on  peut  faire  dessécher  à Paris,  sont  plutôt 


62  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 

pour  l’usage  de  la  table  que  pour  celui  de  la  Pharmacie; 
tels  sont  les  raisins,  les  pruneaux,  les  poires  de  rousselet 
et  autres.  Un  exemple  suffira  pour  en  faire  sécher  d’autres. 

On  prend  des  poires  de  rousselet,  par  exemple,  tout 
près  de  leur  maturité,  on  les  pele,  on  les  arrange  sur  des 
clayons  d’osier  garnis  de  papier  blanc  : on  place  les  clayons 
garnis  de  fruits  dans  un  four  chauffé  au  même  degré  que 
pour  cuire  le  pain  : on  les  y laisse  environ  un  quart- 
d’heure  : on  les  ôte  ensuite  du  four  : on  les  fait  sécher  à 
l’air  au  soleil,  jusqu’à  ce  qu’ils  soient  presque  secs  : alors 
on  les  met  au  four,  mais  chauffé  infiniment  moins  fort,' 
pour  achever  de  les  sécher.  Cette  derniere  opération  sô 
fait  à plusieurs  reprises  , et  chaque  fois  on  les  expose  à 
l’air  au  soleil. 

Il  est  essentiel  que  les  fruits  charnus  quJon  veut  faire 
sécher  ainsi , ne  soient  pas  complètement  mûrs  , sans 
quoi  le  premier  degré  de  chaleur  qu’on  leur  appliqueroit 
les  cuiroit  et  les  réduiroit  en  pulpe  au  lieu  de  les  dessé- 
cher. Cette  observation  est  générale  -,  des  poires  ou  des 
pommes  , cueillies  avant  leur  maturité  , se  fanent  , se 
rident,  se  desséchent  à l’air  sans  pourrir-,  ils  sont  aussi  infi- 
niment plus  difficiles  à être  gelés  par  le  froid  que  les  fruits 
bien  mûrs.  Les  citrons,  les  oranges  qui  arrivent  à Paris, 
ont  été  dans  le  pays  emballés  tout  verds  dans  les  caisses; 
ils  acquièrent  leur  couleur  jaune  pendant  la  route;  ils  pa- 
raissent être  alors  à leur  point  de  maturité  ; mais  comme 
ils  n’ont  pas  mûri  sur  l’arbre  , ils  se  dessèchent  facilement 
sans  se  gâter.  11  n’est  pas  rare  de  voir  de  ces  fruits  oubliés 
dans  les  offices , et  de  les  trouver  quelque  temps  après  par- 
faitement secs  au  lieu  d’être  pourris. 

11  y a quelques  différences  dans  la  dessication  des  rai- 
sins: on  ne  leur  applique  la  chaleur  du  four  que  lorsque 
cela  est  nécessaire  , et  lorsqu'ils  sont  presque  desséchés. 
On  les  prend  à leur  point  de  maturité  ; on  ôte  les  grains 
gâtés  ; on  expose  les  grappes  au  soleil  ou  dans  une  étuve  , 
et  on  les  y laisse  jusqu’à  ce  qu’ils  soient  suffisamment  secs. 
La  siccite  de  ces  fruits  ne  doit  jamais  être  complelte, 
outre  qu’elle  seroit  difficile  à obtenir  , elle  leur  donnerait 
un  très  mauvais  goût  de  cuit  ou  de  caramel  ; mais  il  faut 
leur  conserver  un  certain  degré  de  mollesse.  Tous  les 
fruits  dont  nous  parlons  sont'de  nature  sucrée.  On  ob- 
serve, quelque  temps  après  qu’ils  sont  desséchés;  sur-tout 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.4  63 

aux  raisins  , une  efflorescence  blanche  à leur  surface-  c’est 
le  sucre  qui  y vient  se  candir  ou  se  crystalliser.  Les  fruits 
qm  produisent  cet  effet  sont  ceux  qui  continuent  de  se 
dessécher  encore  ; alors  ils  11e  tardent  pas  à perdre  leur 
bonne  saveur;  la  matière  sucrée  n’est  plus  distribuée  telle 
qu’elle  étoit  ; c’est  un  commencement  d’altération  qu’ils 
éprouvent.  1 

La  chair  de  pomme  , en  apparence  semblable  à celle 
de  poire  , paroîtroit  devoir  se  dessécher  de  même  , ce  qui 
n’est  pas;  la  texture  différente  de  la  chair  de  ces  fruits  en 
est  la  cause  ; des  poires  qu  011  veut  réduire  en  compote 
reçoivent  l’action  de  la  chaleur  de  l’eau  bouillante  penl 
dant  plusieuis  heures  sans  se  réduire  en  pulpe  ; les  mor- 
ceaux conservent,  apres  leur  cuisson,  leur  forme  et  de  la 
fermeté  ; les  pommes  au  contraire  se  gonflent,  se  cuisent 
se  réduisent  en  pulpe  , et  se  délaient  presque  aussitôt 
qu  elles  éprouvent  l’action  de  la  chaleur  de  l’eau  bouil- 
lante : ces  différences  sont  vraisemblablement  cause  qu’on 
n a point  cherche  à dessécher  des  pommes  ; cependant 
leur  saveur  agréable  et  aigrelette  pourroit  faire  desifer  de 
ces  fruits  desséchés  pour  la  table. 

La  coloquinte  est  un  fruit  de  la  classe  des  cucurbitaux 
<1  usage  en  Médecine;  celui  qu’on  veut  faire  dessécher,  doit 
etre  cueilli  en  automne,  lorsqu’il  perd  sa  couleur  verte 
et  qu  il  commence  à jaunir;  ouïe  monde  de  son  écorce 
et  on  le  fait  secher  au  soleil,  ou  dans  une  étuve.  Ce  fruit 
séché , suivant  les  réglés,  est  blanc.  PouiVuarvenir  à cette 
perception , d est  necessaire  de  le  faire  sécher  promptement: 
mats  si  la  chaleur  qu’on  lui  applique  est  ou  trot)  forte  ou 
trop  foible  , il  est  fort  sujet  à devenir  d’une  couleur  rous’se* 
on  évite  une  grande  partie  de  cet  inconvénient  en  couvrant 
de  papier  gris  ce  fruit  pendant  qu’on  le  desseche.  Cette  des- 
sication doit  être  assez  forte  pour  que  le  fruit  puisse  être 
reuuit  en  poudre.  - 

Conservation  des  fruits. 


On  conserve  pour  la  table  plusieurs  especes  de  fruits  ré- 
cents; on  conserve  aussi,  pendant  une  année,  les  fruits  des- 
sèches, moux,  pour  l’usage  de  la  Pharmacie:  les  moyens 
four  conserver  les  premiers  , ne  doivent  pas  être  étrangers 
a un  1 harmacien:  et  ce  que  nous  allons  dire  peut  faire  plaisir 


6q.  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

aux  personnes  qui  conservent  des  fruits  à la  campagne* 
Nous  passerons  sous  silence  les  fruits  moux,  comme  les  pê- 
ches, les  abricots,  etc.,  n’ayant,  quant  à présent,  aucuns 
moyens  pour  les  conserver. 

L’endroit  le  plus  convenable  pouryétablir  un  fruitier , est 
un  souterrain  peu  profond,  bien  aère  par  des  croisées qu  on 
puisse  fermer  pendant  le  temps  des  gelees:  on  fait  poser 
des  tablettes  de  sapin  ou  de  chêne  autour  des  murailles, 
ou  dans  le  milieu  un  tabarinage,  comme  ceux  qui  servent 
à l’éducation  des  vers  à soie  ; on  espace  les  tablettes  d’en- 
viron huit  à neuf  pouces  les  unes  des  autres,  et  on  fait 
poser  sur  leur  devant  des  tringles  de  bois  pour  excéder 
l’épaisseur  des  tablettes  de  quelques  lignes,  afin  d empecher 
les  fruits  de  rouler  par  terre.  On  arrange  sans  paille  les  fruits 
sur  ces  tablettes,  en  observant  qu’ils  ne  se  touchent  que  le 
moins  possible:  on  visite  les  fruits  souvent,  dans  les  pre- 
mières semaines,  afin  de  séparer  exactement  ceux  qui  se 
gâtent.  Un  fruitier  souterrain  a l’avantage  précieux  de  con- 
serveries fruits  dans  un  état  de  fraîcheur  qui  les  empêche 
de  se  rider  ou  faner  aussi  promptement  que  dans  une 
chambre  élevée;  il  a de  plus  celui  de  les  préserver  de  la 
oelée : on  ferme  les  croisées,  et  on  applique  dessus  des 
paillassons  et  même  du  fumier,  lorsque  la  gelée  1 exige: 
on  peut,  au  moyen  d’un  pareil  local,  conserver  des  fruits 
récents  depuis  la  récolte  qu’on  fait  en  octobre  et  novem- 
bre jusque  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  juin. 

Les  fruits  pectoraux  , les  figues  grasses  et  vioiettes , les 
* • Jnirmit  At-rp  rpnfprmés  dans  des  boites  bien 


raisins  , etc. , — — 

clauses,  à l’abri  des  insectes,  et  conservés  dans  un  maga- 
sin qui  ne  soit  pas  trop  sec  , mais  sur- tout  qui  ne  soit  point 
humide  ; un  endroit  trop  sec  fait  candir  ces  fruits;  un  beu 
trop  humide  les  ramollit  considérablement , xcs  fait  tom- 
ber dans  une  sorte  de  deliquium  qui  les  rend  gluants  et 
dégoûtants.  Dans  cet  état,  ils  ne  tardent  pas  a s aigrir  et 
à devenir  de  mauvaise  qualité.  Ces  fruits  doivent  eue  re- 
nouvelles absolument  tous  les  ans;  lorsqu  on  les  con- 
serve plus  Ion  g- temps , les  mites  s’y  mettent  et  les  c egra- 
dent  rapidement  ; on  est  alors  oblige  de  les  jeter . 

Les  fruits  exotiques,  parfaitement  secs,  comme  les  ini- 
robolans , etc. , doivent  être  gardés  dans  des  boites  comme 
les  autres  drogues  simples:  ces  fruits  se  conserv  p 
sieurs  années  en  bon  éiat.  Choix 


3Ê,L  ÉMÏNTS  DE  PHARMACIE; 

Choix  des  semences. 


6t> 


Les  semences,  comme  nous  l’avons  dit,  sont  compo- 
sées de  deux  lobes  ; ces  lobes  ne  sont  pas  de  même  naturo 
dans  toutes  les  graines  : les  unes  renferment  un  suc  huileux 
et  inuciîagineux  en  même  temps,  comme  dans  les  graines 
de  lin,  de  phyllium , de  citrons,  les  amandes  douces  et 
ameres , etc.  : on  nomme  ces  semences  , semences  huileuses 
ou  émulswes . Dans  les  semences  farineuses,  les  lobes 
sont  mucilagineux  seulement  , le  mucilage  est  entière- 
ment desseclié  , et  ne  peut  se  dissoudre  que  dans  l’eau 
bouillante:  ces  semences  ne  fournissent  point  d’huile  par 
expression  , elles  se  réduisent  facilement  en  poudre  , et 
cette  poudre  est  de  la  farine;  c’est  pour  cette  raison  qu’on 
les  nomme  semences  farineuses.  Enfin  il  y a un  autre  genre 
de  semences,  qui  sont  toutes  ligneuses  , de  l’intérieur 
desquelles  il  est  difficile  de  séparer,  par  la  pulvérisation, 
une  substance  différente  de  celle  de  l’écorce  , parceque 
l’intérieur  de  ces  semences  est  aussi  dur  que  l’extérieur  : 
on  nomme  ces  dernieres,  semences  seches  ou  ligneuses. 

Les  semences  mises  en  terre  humide,  s’y  gonflent  ; la 
substance  des  lobes  destinés  à servir  de  première  nourri- 
ture au  développement  de  l’embryon  et  aux  petites  radi- 
cules, qui  poussent  en  même  temps  , s’épuise  ; la  se- 
mence huileuse  quia  germée,  ne  contient  plus  d’huile;  la 
semence  farineuse  , dans  le  même  état  de  germination  , 
est  également  épuisée  en  partie  ou  en  totalité  de  sa  farine  • 
celle  qu’elle  peut  avoir  encore  n’est  point  de  bonne  qua- 
lité et  lait  un  mauvais  aliment.  Ainsi  nous  réduisons  à 
trois  especes  toutes  les  semences,  savoir,  les  semences 
huileuses , les  semences  farineuses  et  les  semences  seches. 

Les  semences  huileuses  ou  émulsives  , fournissent  de 
l’huile  par  expression , telles  que  les  semences  de  melon  , 
de  concombre,  les  amandes  douces  et  ameres,  les  amandes 
de  noyaux  de  pêches  , d’abricots  , ainsi  que  celles  de 
beaucoup  de  semences  carminatives  , comme  celles  de 
cumin,  danis,  de  fenouil,  etc.  Ces  semences  sont  aussi 
nommées  émulswes , parceque  lorsqu’on  les  pile  avec  de 
1 eau  , elles  forment,  pour  la  plupart  , une  liqueur  blan- 
che laiteuse,  qu’on  nomme  émulsion.  Les  semences  fari- 
neuses sont  le  bled,  l’orge  , le  seigle , les  lupins,  les  fèves. 


(fô  ÎlIments  de  pharmacie. 

les  pois,  les  lentilles,  etc.  Les  semences  seches  sont  celles 

de  coriandre , le  semen  contra  , etc-. 


IcJTijjs  de  cueillir  les  sentences . 


Il  convient  d’attendre  que  les  semences  soient  bien 
mûres-avant  de  les  cueillir:  on  choisit  dans  chaque  espece 
celles  qui  sont  bien  grosses  . bien  nourries,  bien  pleines  , 
entières  , bien  odorantes,  et  de  saveur  forte  lorsqu’elles 

doivent  avoir  de  l’odeur  et  de  là  saveur.  . 

Les  semences  perdent  beaucoup  en  vieillissant;  celles 
qui  sont  huileuses  comme  les  amandes,  se  dessèchent 
de  plus  en  plus;  elles  acquièrent  une  odeur  rance,'  de- 
vienhent  jaunâtres  dans  l’intérieur , ridées  à l’extéru 


dc- 

v.çmiciit  jaunâtres  dans  l'inteneur,  naees  a i l’extérieur , 
molles  et  pliantes  comme  de  la  corne,  et  difficiles  a cas- 
ser En  ce  mauvais  état  elles  sont  âcres  , font  naître  des 
àrnpoulies .dans  la  bouche  lorsqu’on  les  mâche;  elles  ren- 
dent d avantagé  d’huile  par  expression  que  celles  qui  sont 
, ,•  c’ocf  pn  r>nrtîr>  détruit  oar 

récentes 


récent,  tonnent  quelque*  ~ . . 

ces  sé menées' donnent  une  huile  acre  , pernicieuse , et  qui 
ne  devroïr  jamais  être  employée  en  médecine.  On  conserve 
lerainandes  dégagées  de  leur  coque  ligneuse;  mais  on  leur 
laisse  I- écorce  jaune  q.ui  enveloppe  les  deux  lobes  : les 
rats"  les  souris  sont  très  friands  des  amandes  : iL  faut  les 
serrer  dans  des  endroits  où  ces  animaux  ne  puissent  avoir 
d’accès  : lés' mites  s’attachent  fortement  à l’écorce  jaune  , 
elles  da ' rédiûsent  en  poussière,  même  en  assez  peu  de 
temps;  lorsqu’on  s’en  apperçoit,  il  faut  vanner  les  amandes 
et  les  cribler  souvent,  pareeque  ces  insectes  accélèrent 
leur  défectuosité  eu  mettant  l’amande  a découvert , qui 
alors  tfèidL  Son  humidité  radicale  plus  facilement;  les 
mites  né  touchent  à l’amande  huileuse  que  lorsqu  il  ny 


Tnir°S  UC  LO  l a * ni.****».».-  x , 

a plus  "d’écorce  à manger;  les  vers  attaquent  peu  les 
amàndcS  douces  et  ameres  -,  mais  ils  s’attachent  aux  pis- 
taches 'cassées  ; ils  perforent  l'amande  de  ce  fruit  et  de 

plusieurs  autres  de  même  espece.  _ , ,. 

1 I es  semences  huileuses  seront  choisies  récentes  et  bien 
nourries -.les  amandes  douces  et  ameres  doivent  avoir 
l'écorce  fuie  et  jaune;  il  faut  éviter  quelles  soient  pou- 
dreuses, rompues  ou  rongées  par  les  animaux;  on  le* 


ÉLÉMENTS  S E P H A RM  A C I i;  67 

choisira  sèches  et  blanches  dans  l’intérÿùr,  faciles  à 
casser , et  point  rances.  Lorsqu’on  mâche  les  amandes 
douces  elles  laissent  un  goût  agréable  approchant  de  celui 
de  noisettes.  On  sépare  les  semences  des  gros  fruits  char- 
nus , comme  des  melons,  des  concombres',  etc. , lorsque 
ces  fruits  sont  mûrs,  sans  quoi  elles  pourriraient  avec  eux. 
Ces  semences  sont  très  sujettes  à être  mangées  par  les  rats  * 
les  souris  et  les  mites. 

Les  semences  seches  et  farineuses  doivent  être  récoltées 
lorsqu  elles  sont  bien  mûres  et  prêtes  à sortir  de  leur  en- 
veloppe. Souvent  on  cueille  la  plante  entière  peu  de  temps 
avant  la  maturité  de  la  graine  ; on  dispose  la  plante  sur 
le  plancher  comme  si  on  vouloit  la  faire  sécher.  La  seve 
qui  reste  à la  plante  se  porte  vers  la  graine  , et  achevé 
de  la  mûrir.  Ce  moyen,  pratiqué  par  les  jardiniers  pour 
récolter  les  petites  graines  légumineuses  , est  très  bon 
et  très  commode  pour  se  procurer  sans  perte  toutes  les 
graines  trop  petites  pour  être  récoltées  autrement.  Toutes 
ces  semences  perdent  beaucoup  eu  vieillissant  ; les  vers 
les  calandres  et  autres  insectes  les  attaquent  singulière- 
ment, sur-tout  les  semences  des  plantes  ombeilileres  * il 
est  même  difficile  de  garder  deux  années  desuiteda  graine 
de  cumin  sans  qu’elle  soit  réduite  eu  poudre  par  les  in- 
sectes. 11  est  très  facile  de  connoître  la  vétusté  dets  «raines 
par  la  poussière  quelles  répandent  en  les  Secouant",  sans 
que  souvent  on  apperçoive  aucunes  piqûres  d’insectes' 
Toutes  les  semences  doivent  être  conservées  dans  leurs 
capsules  ou  écorces.  ■> 


.*  ^ Jvt  m'U  »,  t w;.  » .J*  i • ! 

Dessication  des  semences  huileuses 
: . 

Lorsq  u on  veut  faire  sécher  les  semonces  huileuses  , Jcc 
amandes,,  par  exemple,. on  casse,  au  moyen  dWéour.  de 
marteau , la  coque  ligneuse.^  on  sépare  le-bois  , J oh  met 
es  amandes  a part,  qu’on  étend  à trois  ou  quatre  pouces 
d épaisseur  .sur  le  plancher,  dgns  mie  c^ambre^e  à 
1 abri  du  soleil  et  de  toute  chaleur  plus  forte  que  celle  oui 


c f dégage et'  on  remue  les  amandes  de 

temps  en  temps.  Le?  amandes  ne  sont  pas  long- temps  à 
secher  ; elles  contiennent  peu  d’eau  de  végétal  Yen  tfaVedis- 

E ii 


h'IlIÏKTS  DE  PHARMACIE. 

l'-s  pois,  les  lentilles,  etc.  Les  semences  seclies  sont  celles 
de  coriandre,  le  semen  côntra  , etc. 


Temps  de  cueillir  les  semences. 


Il  convient  d’attendre  que  les  semences  soient  bien 
mûres  -avant  fie  les  cueillir:  ou  choisit  dans  chaque  espece 
celles  qui  sont  bien  grosses  , bien  nourries,  bien  pleines  , 
entières  , bien  odorantes,  et  de  saveur  forte  lorsqu’elles 
doivent  avoir  de  l’odeur  ctde  la  saveur. 

Les  semences  perdent  beaucoup  en  vieillissant;  celles 

. 1 .1  _ _ « .1  rt  JM'  Z'  A t 1 r 


v i çi 1 1 itu i*  jaunâtres  , 

'molles  et  pliantes  comme  de  la  corne,  et  ditriciles^  a cas- 
ser. En  Ce  mauvais  état  elles  sont  acres  , font  naître  des 
ampoiilles .Hans  la  bouche  lorsqu’on  les  mâche;  elles  ren- 
dent d avantagé  d’huile  par  expression  (pie  celles  qui  sont 

. , ^ 1^  ,M,,ûilorriS  c’oct  PU  T'I.'VrtlP  fl  P f TH  1 t 


v l v J i i L uaycim.u^  * jl  i i ,•  , * . 

récentes  . paréèque  le  mucilage  s’est  en  partie  détruit  par 
vétusté,  et  l’humidité  s’est  dissipée.  Tous  deux,  dans T état 
rérent  formefif  quelques  obstacles  à l’extraction  de  1 huile: 
ces  semences' donnent  une  huile  âcre  , pernicieuse,  et  qui 


ne  devroît  jamais  être  employée  en  médecine.  On  conserve 
les-àmaniles  dégagées  de  leur  coque  ligneuse;  mais  on  leur 
laissé.  Ecorce  jaune  qui  enveloppe  les  deux  lobes:  les 
rats?  les  souris  sont  très  friands  des  amandes:  il  faut  les 
serrer  dans  des  endroits  on  ces  animaux  ne  puissent  avoir 

d’accès  : les  mites  s’attachent  fortement  à l’écorce  jaune, 

elles  la  réduisent  en  poussière-,  même  en  assez  peu  de 

- — s « •>  I*.  il  tfonnor  me 


alors  perd'  Son  humidité  radicale  plus  facilement;  les 
mites  në  tônchent  à l’amande  huileuse  que  lorsqu  il  n y. 
a plus ’d’ééorce  à manger;  les  vers  attaquent  peu  les 
amandes  douces  et  amerés  ; mais  ils  s’attachent  aux  pis- 
tache^ Tassées  ; ils  perforent  f’amande  de  ce  fruit  et  de 

plusieurs  autres  de  même  espece.  # , 

1 I es  semences  huileuses  seront  choisies  récentes  et  bien 
nourries  : les  amandes  douces  et  ameres  doivent  avoir 
l'écorce  fine  et  jaune;  il  faut  éviter  qu  elles  soient  pou- 
dreuses, rompues  ou  rongées  par  les  animaux  ; on  las 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  Cj 

choisira  sèches  et  blanches  clans  l'intérieur,  faciles  à 
casser , et  point  rances.  Lorsqu’on  mâche  les  amandes 
douces  elles  laissent  un  goût  agréable  approchant  de  celui 
de  noisettes.  On  sépare  les  semences  des  gros  fruits  char- 
nus , comme  des  melons,  des  concombres  , etc. , lorsque 
ces  fruits  sont  mûrs,  sans  quoi  elles  pourriraient  avec  eux 
Les  semences  sont  très  sujettes  à être  mangées  par  les  rats 
les  souris  et  les  mites.  |F  * 

Les  semences  seches  et  farineuses  doivent  être  récoltées 
lorsqu’elles  sont  bien  mûres  et  prêtes  à sortir  de  leur  en- 
veloppe. Souvent  on  cueille  la  plante  entière  peu  de  temps 
avant  la  maturité  de  la  graine  ; on  dispose  la  plante  sur 
le  plancher  comme  si  on  vouloit  la  faire  sécher.  La  seve 
qui  reste  a la  plante  se  porte  vers  la  graine  , et  achevé 
de  la  mûrir.  Le  moyen,  pratiqué  par  les  jardiniers  pour 
récolter  les  petites  graines  légumineuses,  est  très  bon 
et  très  commode  pour  se  procurer  sans  perte  toutes  les 
gi âmes  trop  petites  pour  être  récoltées  autrement.  Toutes 
ces  semences  perdent  beaucoup  en  vieillissant  • les  vers 
les  calandres  e.t  autres  insectes  les  attaquent  singulière- 

SUr'Ælt.lléVSem^CeJS  des  PIantes  omWliferés  ; il 
i Gme  dlfflclle  de  garder  deux  années  deguiteda  graine 
de  cumin  sans  qu’elle,  soit  réduite  en  poudre  par  les  in! 
sectes.  Il  est  très  facile  de  connoître  la  vétusté  Xts 'graines 
par  la  poussière  quelles  répandent  en  les  Secouant  sans 
que  souvent  on  apperçoive  aucunes  piqûres  d’insectes 
loutes  les  semences  doivent  êLre  conservées  dans  leurs 
capsules  ou  écorces.  > U 3 


' * *>  » . • **  i . • • ■ j 

Dessication  des  semences  huileuses . 

►•'J  >'■  ‘ » 1 J * • ...  • _ IfL,  (r  ■ , . . , 

Lorsqu’on  veut  faire  sécher  les  iemoucissiîivtrtenses 
amandes, par  exemple,, on  casse,  au  move-ii  <iWv-oiin  de 
marteau,  la  coque  .ligneuse*  on  sépare  le. bois  ; ;W|  „,et 
es  amandes  a part,  qu’on  étend  à trois  ou  quatre  pouces 

cparsseur  sur  le  plancher,  dans  une  cliambre^he  à 
faim  du  soleil  pi  <1^  irmia  .Roi., t.  r v ■ ' ’ d- 


or.. 


., T ^ uegage,  et  on  remue  les  a ma  il  des  rV 
temps  en  temps.  Les  amandes  ne  sont  pas  lffi” 

echer  , elles  contiennent  peu  d’eau  de  végétal  ion  afaVc-dé- 

E ij 


7°  ÉLÉMENTS  T)  E PMA  R MACI  T.. 

des  résultats  d approximation  , qui  ne  sont  suffisants  que 
lorsqu  on  ne  peut  pas  mieux  faire. 

De  ces  quatre  questions  nous  n’examinerons  que  les 
deux  premières  , qui  ont  un  rapport  direct  à la  dessica- 
tion des  plantes  : les  deux  autres  sont  purement  écono- 
miques, et  seroient  déplacées  dans  un  ouvrage  tel  que  ce- 
lui-ci. 

i°.  La  meilleure  maniéré  de  sécher  les  bleds  est  certai- 
nement de  les  mettre  dans  une  étuve  ; mais  pour  que  cetteï 
étuve  soit  commode,  il  faut  qu’elle  soit  plus  grande  que 
celle  dont  nous  avons  donné  la  description  et  construite 
différemment.  Cette  étuve  doit  être  très  longue  , comme 
de  cinquante  pieds  environ  , et  de  treize  à quatorze  pieds 
de  large  : on  fera  sceller  des  deux  cotés  de  la  muraille 
des  chevilles  de  bois  ou  de  fer  pour  soutenir  des  châssis 
de  bois  garnis  de  toiles  à claires  voies  bien  tendues.  L’é- 
tuve devant  avoir  au  plus  sept  à huit  pieds  de  hauteur,  il 
faut  tout  au  plus  cinq  rangées  de  chevilles,  ahn  que  les 
clisses  se  trouvent  à douze  ou  quatorze  pouces  de  distance 
l’une  au-dessus  de  l'autre,  et  que  la  chaleur  puisse  péné- 
trer par-tout  également.  11  convient  de  placer  dans  cette 
étuve  deux  poêles  de  fer  de  fonte,  un  à chaque  extré- 
mité, et  que  leurs  tuyaux  traversent  l’étnve  en  sens  con- 
traire d’un  bout  à l’autre.  Dans  une  semblable  étuve,  on 
place  sur  les  chevilles  les  châssis  de  toile  dont  nous  avons 
parlé  , sur  lesquels  on  a étendu  du  bled  à-peu-près  de  l'é- 
paisseur d’un  écu  de  six  livres;  ou  fait  du  feu  dans  les 
deux  poêles , et  on  porte  la  chaleur  jusqu'à  cinquante  à 
cinquante-cinq  degrés  au  thermomètre;  on  laisse  le  bled 
dans  l’étuve  pendant  vingt-quatre  heures,  ou  jusqu’à  ce 
qu’il  soit  suffisamment  sec  , ce  que  l’on  reconnoit  lors- 
qn’en  mettant  quelques  grains  sous  les  dents  ils  se  cassent 
net  , que  la  cassure  paroît  bien  seche,  et  que  le  son  ou 
l’écorce  forme  quelques  plis  dans  l’intérieur  de  la  farine. 
Quand  le  bled  est  ainsi  séché,  il  faut  procéder  à le  con- 
server ; c’est  l'objet  de  la  seconde  question. 

2°.  Alors  on  vanne  le  bled  , on  le  crible  pour  le  nétoyor 
à fond,  et  on  l’enferme  dans  des  tonneaux  de  bois  de. 
chêne  bien  secs  et  bien  reliés  . même  avec  des  cercles  ,de 
fer  pour  plus  de  sûreté:  Je  bled  ainsi  préparé,  peut  se  con- 
server plus  d’un  siècle  sans  se  gâter,  et  sans  qu'il  exige 
aucun  soin:  il  est  en  état  de  faire  de  ben  pain , et  de  ser- 


1 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  7 1 

vir  aux  semailles,  en  cas  de  besoin  , le  degré  de  chaleur 
qu’il  a supporté  n’ayant  point  altéré  le  germe.  On  peut,  si 
l’on  veut  pour  la  commodité  , distribuer  ce  bled  dans 
des  tonneaux  de  mesure  connue  , comme  d’un  setier  , 
d’un  niuid,  etc.  Ce  moyen  de  sécher  et  de  conserver  le 
bled  à l’instar  des  plantes  médicinales,  n’est  ni  si  embar- 
rassant ni  si  dispendieux  qu’il  le  paroi l d’abord.  Que  l’on 
considéré  ce  qu’il  en  coûte  en  main-d’œuvre  pour  remuer 
et  cribler  un  tas  de  bled  deux  ou  trois  fois  par  semaine 
pendant  une  année;  que  l’on  ajoute  ensuite  à cette  dé- 
pen  se  le  déchet  qui  se  lait  par  celui  qui  s’écrase  sous  les 
pieds  et  par  les  pelles  qui  le  remuent  chaque  fois  qu’on  le 
crible;  en  outre,  la  perte  occasionnée  par  la  mal-propreté 
à laquelle  il  est  exposé  de  la  part  des  animaux  et  des  in- 
sectes qui  le  mangent,  et  des  chats  que  l’on  est  obligé  de 
laisser  dans  le  grenier;  la  dépense  enfin  pour  construire 
des  greniers  d’une  étendue  considérable,  pareeque  l’on 
11e  peut  donner  au  tas  de  bled  qu’on  veut  garder  qu’une 
épaisseur  assez  médiocre  : tous  ces  objets  réunis  sont 
plus  dispendieux  que  la  dessication  dans  une  étuve,  et  ne 
sont  pas  à beaucoup  près  aussi  efficaces  pour  conserver  le 
bled. 

Le  bled  destiné  à être  conservé,  doit,  autant  qu’on  le 
peut,  avoir  été  récolté  dans  des  années  de  sécheresse  ; ce- 
lui qu’011  amasse  dans  des  années  très  pluvieuses,  diminue 
considérablement  par  la  dessication,  se  ride  beaucoup,  et 
ne  fournit  pas  à beaucoup  près  la  même  quantité  de 
farine  que  celui  qui  a été  récolté  dans  des  années  favora- 
bles. 11  seroit  à désirer  qu’il  y eût  dans  chaque  ville, 
dans  chaque  village,  etc.  un  magasin  de  tonneaux  rem- 
plis de  bled  ainsi  préparé  pour  l’approvisionnement  de 
chaque  lieu.  On  n’auroit  recours  à ce  bled  que  dans  les 
temps  de  disette  seulement;  et,  par  ce  moyen,  l’on  ponrroit 
mesurer  la  liberté  que  l’on  doit  accorder  à l’exportation  des 
grains. 

Choix  des  racines. 

La  racine  est  la  partie  inférieure  du  végétal  qui  Je  lient 
attaché  à la  terre  ; la  racine  lire  de  la  terre  une  portion  de 
nourriture,  qu’elle  distribue  ensuite  au  reste  de  la  plante. 
31  est  prouvé  que  la  partie  du  végétal  qui  s’élève  bois  de 


72  ÏlemENTS  B E PHARMACIE  T 

terre , respire  et  pompe  de  Pair  et  de  l'humidité  que  cet 
élément  tient  en  dissolution. 

La  récolté  des  racines  doit  toujours  se  faire  lorsque  les 
tiges  sont  passées;  il  y a deux  saisons  où  les  plantes  sont 
clans  cet  état,  gu  printemps  et  en  atitomne  ; dans  toute 
autre  saison , les  racines  sont  ligneuses  et  de  mauvaise  qua- 
lité : dans  l’une  et  dans  l’autre  saison  , il  y a un  intervalle 
à-peu-près  égal  où  les  racines  ne  végètent  que  dans  l’inté- 
rieur de  la  teire,  et  point,  pour  l’ordinaire,  à sa  surface. 
Les  auteurs  ne  s accordent  point  sur  le  choix  de  la  saison  y 
et  forment  deux  sentiments  que  nous  allons  examiner. 

Le  premier  est  celui  d’Avicenne  , de  Dioscoride  et  de 
Gallien:  ils  recommandent  d’arracher  les  racines  en  au- 
tomne , et  au  commencement  de  l’hiver  , lorsque  les 
feuilles  des  tiges  commencent  à tomber:  ils  disent  qu’à 
mesure  que  les  plantes  se  desséchent , la  seve  retombe  eii 
grande  partie  aans  les  racines,  qui  demeurent  vivantes 
dans  la  terre,  et  sont  toutes  prêtes  à végéter,  comme  on  le 
voit  en  effet  clans  certaines  plantes  qui  poussent  des  paquets 
de  feuilles  sur  la  fin  de  l’automne  , ou  au  commencement 
dePhiver;  et  dans  certains  arbres  qui,  après  la  chûte  des 
feuilles,  poussentdes  bourgeons  dans  le  milieu  de  leur  hau- 
teur, et  point  aux  extrémités  du  tronc  , enfin  comme  on  le 
voit  encore  aux  racines  bulbeuses , et  aux  plantes  grasses 
qui  abondent  ennourritureet  végètent d ans  l’arriéré  saison. 
Ces  mêmes  auteurs  disent  aussi,  pour  appuyer  leur  senti- 
ment, que  les  racines,  pendant  l’hiver,  ne  tirent  aucune 
nourriture  de  la  terre,  qu’elles  souffrent  considérablement, 
et  que  ce  n’est  qu’à  la  faveur  de  la  grande  quantité  de 
seve  qu’elles  ont  prise- en  automne,  qu’elles  se  conservent 
dans  la  terre  pendant  l’hiver.  Mais  Malpighi  et  plusieurs 
bons  auteurs  qui  ont  écrit  sur  la  végétation,  ont  observé 
que  l’état  d’engourdissement  où  sont  les  végétaux  pen- 
dant l’hiver  n’est  qu’apparent,  et  qu’ils  végètent  clans 
l’intérieur  de  la  terre.  Ce  sont  vraisemblablement  des  ob- 
servations de  cette  espece  qui  ont  donné  lieu  à plusieurs 
auteurs  de  préférer  le  printemps  pour  la  récolte  clés  ra- 
cines. 

Ces  auteurs  disent  qu’on  doit  choisir  le  temps  où  les 
paquets  de  feuilles  commencent  à se  développer  et  à sortir 
de  terre,  pareeque  la  rigueur  de  l’hiver  ayant  empêché  la 
dissipation  de  la  seve  que  les  racines  ont  retenue  dans  l’au- 


îïLliMENTS  DE  PHARMACIE:  7? 

tomne , et  de  celle  qu’elles  ont  acquise  pendant  l’hiver 
cette  seve  commence  à se  développer  au  printemps,  à s’é- 
laborer et  à donner  une  nouvelle  vigueur  aux  racines. 
Celles  de  printemps  sont  grosses,  bien  nourries,  succu- 
lentes, charnues,  et  leur  substance  est  tendre;  au  lieu  que 
les  racines  d automne  , qui  se  sont  épuisées  pendant  l’été  à 
lournirdes  sucs  végétatifs  aux  différentes  parties  des  plantes, 
sont  dures  , ligneuses  et  de  moindre  qualité.  Enfin  ils  al- 
lèguent , pour  derniere  raison  , que  lorsqu’on  arrache  les 
racines  de  terre  en  automne,  dans  le  temps  que  les  feuilles 
commencent  à tomber  , elles  sont  comme  les  animaux, 
qui  se  trouvent  épuisés  immédiatement  après  avoir  produit 
leurs  petits.  Us  en  exceptent  les  racines  bulbeuses, qui  con- 
tiennent une  si  grande  quantité  de  seve  qu’elles  sont  égale- 
ment bonnes  dans  toutes  les  saisons. 

Les  auteurs  qui  recommandent  de  récolter  en  automne 
les  racines  qu  on  veut  faire  sécher  pour  les  conserver, 
avouent  qu  il  y en  a beaucoup  qu’on  peut  se  procurer  au 
pnntemps  , et  tous  ceux  qui  préconisent  le  printemps  pour 
la  meme  récolte,  conviennent  également  qu’il  y a beau- 
coup de  racines  qu’on  peut  de  préférence  arracher  de  terre 
en  automne. 

il  resuhe:  de  ce  que  nous  venons  d’exposer  sur  le  temps 

sè  ,l?t"  P • SE  Pro,cure,r  Jes  racin«  > qu'il  est  difficile  de 
se  etenniner  sur  le  choix  des  sentiments  des  auteurs  ; 

d ailleurs,  dans  le  nombre  de  racines  que  nous  offre  la  na- 

3 beai'co"P  qui  sont  également  bonnes  dans 
ou  tes  les  saisons.  Tout  ce  que  l'on  peut  dire  de  plus  gé- 
néral sur  cette  matière , et  d’après  des  observations  multi- 
pliées que  ) ai  été  a portée  de  faire  pendant  quarante  ans 

cher  de’  exe rce  Ia  1 émacié  , c’est  qu’il  vaut  mieux  arra- 
cher de  terre  en  automne  ou  au  commencement  de  l’hiver 

ver  c!enWneS  qu°"  ve,ut- faire  Sécher  pour  les  conser- 
• il  est  pas  qu  on  doive  penser  que  les  racines  de 

printemps  se  soient  épuisées  dans  la  terre  pendant  les  ri- 

observei-6  d r’rëc,<5dé>  Puisque>  com'ue  je  l'ai  fait 

riture  o’ue  l’éc  ienfa"1  Ce"e  Saisou  ,ant  "our- 
5 ]ue  Ucorce  de  plusieurs  crcvent  de  plénitude  • 

imms  la  plupart  des  racines  de  printemps  son  ^abreuvées 
d une  grande  quantité  de  sucs  aqueux  qui  n’est  point  en- 
core élaboré  ; leur  substance  est  molle,  pulpeuse  et  près 
que  sans  vérins.  ; 1 ^ ec  P^s- 


• K 


74  ÉLÉMENTS  DE  P IT  A R M A C I E. 

Le  célébré  Boerhaave  compare  les  racines  de  printemps 
aux  jeunes  animaux  qui  n’ont  point  encore  pris  leur  ac- 
croissement ; leurs  fibres  n’ont  point,  encore  assez  de  force 
ni  de  vigueur  et  d’élasticité  pour  élaborer  les  sucs  nourri- 
ciers , et  pour  les  assimiler  à leur  substance.  Les  fluides 
des  jeunes  animaux  qui  se  nourrissent  de  végétaux  , ne 
sont  pas  bien  annualisés  ; on  y retrouve  encore  les  prin- 
cipes des  substances  qui  les  ont  nourris  avec  une  grande 
partie  de  leurs  propriétés.  11  en  est  de  même  des  végétaux 
dans  leur  jeunesse  , sur-tout  des  racines  dont  nous  par- 
lons ; les  sucs  qu’elles  contiennent  sont  peu  salins,  peu 
résineux  et  peu  extractifs  ; c’est  le  principe  aqueux  qui  y 
domine.  Aussi  l’expérience  m’a  appris  que  les  racines  de 
printemps  diminuent  à l’exsiccation  de  presque  moitié 
plus  que  les  racines  d’automne,  spécialement  toutes  celles 
qui  sont  grosses  et  bien  charnues.  D’ailleurs,  en  séchant, 
elles  subissent  un  léger  degré  de  fermentation,  à cause  de 
cette  grande  quantité  d’humidité  qu’elles  contiennent  : 
elles  ont  pour  toutes  ces  raisons  l’inconvénient  d’être 
promptement  la  pâture  des  vers,  et  elles  ne  peuvent  se  gar- 
der aussi  long-temps  que  celles  qui  ont  été  arrachées  de 
terre  en  automne  , quelque  soin  qu’on  prenne  pendant 
la  dessication.  Ainsi,  comme  on  voit,  la  succulence  n’est 
point  une  qualité  essentielle  qu’on  doive  rechercher  dans 
les  racines  ; et  celte  observation  est  presque  générale  pour 
toutes. 

Lorsque  les  vers  se  mettent  aux  racines  , ils  n’attaquent 
que  les  parties  extractives  et  ligneuses  , et  s’en  nourrissent 
sans  altérer  ni  endommager  la  substance  résineuse.  En 
j 744 , j’ai  eu  occasion  de  faire  cette  observation  chez 
Geoffroy,  Apothicaire,  et  de  l'Académie  royale  des  Sciences, 
chez  qui  je  travaillois  alors  ; Geoffroy  ayant  apperçu  ce 
phénomène  , avoit  conservé  pendant  plus  de  vingt  ans  un 
petit  baril  de  jalap  qu’il  sacrifia  à la  pâture  des  vers.  Ces 
insectes  moururent  après  s’être  nourris  de  tout  ce  que 
ces  racines  contenoient  de  ligneux  et  d extractif.  Nous 
vannâmes  ce  jalap  pour  en  séparer  le  squélete  résineux 
d’avec  la  poussière  formée  par  les  vers  : ce  jalap  ainsi  pré- 
paré par  les  insectes  , rendit,  par  le  moyen  de  1 esprit  de 
vin,  presque  son  poids  égal  de  résine.  1)  ou  il  résulte  que 
ce  moyen  peut  être  employé  avec  succès  pour  séparer  les 
substances  résineuses  de  beaucoup  de  végétaux  , comme 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  J 5 

font  les  anatomistes  pour  se  procurer  des  squéletes  de  pe- 
tits animaux,  qu’ils  auroient  beaucoup  de  peine  à dissé- 
quer : ils  exposent  leurs  cadavres  aux  insectes  , qui  rongent 
tout  ce  qu’il  y a de  charnu , et  laissent  les  os  parfaitement-; 
nétoyés. 

Les  racines  légumineuses  qu’on  cultive  pour  les  aliments, 
sont  des  plantes  annuelles  ; on  les  seme  depuis  le  moi.s  de 
février  jusqu’à  la  fin  de  l’été,  à des  époques  différentes  , 
ahn  d’avoir  toujours  de  jeunes  racines  ; si  on  ne  s.emoit 
ces  plantes  que  dans  une  saison  , on  n’auroit  qu’un.e  seule 
fois  dans  l’année  ces  racines  de  bonne  qualité  , telles  sont 
les  raves,  les  carottes,  les  navets,  les  panais  , etc.  , parce- 
que  lorsque  ces  racines  ont  poussé  des  tiges  d’une  cer- 
taine force  , elles  deviennent  ligneuses  dans  leur  intérieur  , 
on  en  sépare  même  facilement  le  coeur  qui  ressemble  à 
une  corde.  11  en  est  de  même  de  beaucoup  de  racines  de 
plantes  médicinales  annuelles  qu’on  cultive  , o.u  qui 
viennent  dans  la  campagne,  et  qui  se  seinent  d’elles-mêmes 
à plusieurs  reprises  , telles  que  l’aclie , la  bourrache  , 
la  buglose  , h daucus  sauvage,  l’énula  campana',  la  gui- 
mauve , la  consolide  , l’asperge  , le  persil , le  fenouil  , Ja 
brvone , le  souchet , la  saxifrage,  la  valériane,  etc.  et.?. 
Les  racines  de  ces  plantes  ne  sont  point  ligneuses  dans  leur 
première  jeunesse  ; mais  l’intérieur  le  devient  dès  qu’elles 
poussent  des  tiges  ; on  trouve  par  conséquent  de  bonne  î 
racines  de  ces  plantes  non  seulement  au  printemps,  mai  > 
cl  a ris  tout  le  courant  de  l’été  et  jusqu’au  milieu  de  l’au-* 
tomne  : il  suffit  de  choisir  les  racines  de  ces  plantes  lors-* 
qu  elles  commencent  a bourgeonner  et  à pousser  quel-* 
qwes  feuilles  , mais  il  ne  faut  pas  attendre  qu’elles  aicn'f 
poussé  des  tiges. 

Lorsque  la  nécessité  oblige  d’employer  des  racines  don.t 
le  cœur  est  ligneux  , il  convient  de  le  suprimer  et  de  le 
rejeter  ; ce  n’est  que  du  bois  qui  a peu  ou  point  de  vertu.  : 
c’est  ce  que  l'on  pratique  à l’égard  de  Ja  quinte-feuille  , do  nt 
les  racines  jeunes  sont  trop  petites  ; on  fait  nsa^e  de  ra- 
cines de  deux  ou  trois  ans  : on  ne  prend  que  l'écorce  qu’on 
roule  en  spirale  et  on  rejete  le  cœur  qui  n’est  que  du  bois. 
Lu  général  les  racines  entièrement  ligneuses  sont  très  peu 
d usage  «n  Médecine,  à l’exception  de  quelques  unes  qui 
nous  sont  envoyées  des  pays  étrangers,  comme  le  pajéira- 
brava  , le  sassafras,  etc. 


7^  iL^MENTS  B E PHARMACIE."* 

Lorsqu  on  fait  arracher  les  racines  de  terre , on  choisit 
de  préférence  celles  qui  se  trouvent  dans  le  terrein  qui 
leur  est  propre;  ce  qu’on  reconnoît  aisément,  parceque 
les  racines  sont  plus  grosses,  mieux  nourries  et  point  ridées. 

Dessication  des  racines. 

Lorsqu’on  a récolté  les  racines  dans  les  temps  conve- 
nables que  nous  avons  indiqués  , on  profite  de  l’état  de 
fraîcheur  et  de  plénitude  où  elles  se  trouvent  en  sortant 
de  la  terre , pour  les  bien  laver , avant  de  les  mettre  à sé- 
cher; aans  cet  état,  1 eau  qu’on  leur  applique  à l’extérieur 
ne  pénétré  point  et  ne  dissout  rien  des  parties  extractives 
qu  on  puisse  regretter;  plusieurs,  comme  l’énula  campana, 
la  guimauve  , se  débarrassent  d’une  petite  quantité  de  mu- 
cilage qu  il  est  même  essentiel  d’enlever,  sans  quoi  ces 
racines  deviennent  au  bout  de  quelques  mois  toutes  bleues 
de  moisissure  dans  les  boîtes  où  on  les  conserve.  En  la- 
yant  les  racines  pour  en  emporter  la  terre  qui  y adhéré, 
on  les  frotte  une  à une  avec  un  linge  rude  ou  avec  une  brosse, 
et  on  ratisse  même  avec  un  couteau  certaines  racines  tris- 
annuelles et  vivaces , dont  les  anciennes  écorces  sont  trop 
adhérentes  ; on  ôte  en  même  temps  tous  les  filaments  : 
on  fend  en  plusieurs  parties  celles  qui  ont  un  cœur  ligneux 
pour  le  séparer  et  le  rejeter;  on  coupe  par  morceaux  les 
racines  qui  sont  trop  grosses  ; on  les  met  sur  des  clisses 
d’osier  garnies  de  papier  , et  on  les  fait  sécher  'dans  une 
étuve  ou  sur  le  four  d’un  boulanger,  et  on  les  y laisse  jus- 
qu’à ce  qu’elles  soient  parfaitement  seches.  On  est  aussi 
dans  l’usage  de  couper  par  tranches  médiocrement  épaisses 
les  racines , et  d’enfiler  ces  tranches  avec  une  ficelle  et  une 
grosse  aiguille  à emballer;  on  attache  à des  crochets  la 
ficelle  parles  deux  bouts  dans  l’étuve;  les  racines  se  sè- 
chent aussi-bien  de  cette  maniéré  que  de  l’autre. 

Lesracinesquicontiennent  beaucoup  de  mucilage,comme 
rénula  campana,  qu’on  n’a  point  lavée,  et  qu’on  n’a  pas 
suffisamment  divisée  en  petits  morceaux,  sesechent  d’abord 
à leur  surface  qui  devient  même  très  dure  : elles  paroissent 
bonnes  à serrer  ; mais  si  dans  cqt  état  on  ouvre  quelques 
gros  morceaux  , on  trouve  que  leur  intérieur  n’est  pas  suf- 
fisamment sec  , il  est  encore  mou  ; cet  effet  vient  de  la  re- 
traite que  les  racines  prennent  en  séchant  , cette  retraite 
comprime  l’intérieur , fait  pousser  à la  surface  une  parti© 


Eléments  de  pharmacie;  77 

<3u  mucilage  qui  s y desseche  et  y Forme  une  sorte  de  ver- 
nis qui  empêche  l’humidité  intérieure  de  s’évaporer.  Ca 
que  nous  disons  arriver  à des  gros  morceaux  de  racines  ar- 
rive aussi  aux  petits,  ce  n’est  que  du  plus  ou  moins;  les 
racines  ainsi  mal  séchées  , ne  tardent  pas  à attirer  l’humi- 
dité de  1 air  à leur  surface  : l’humidité  intérieure  s’é- 
chappe; mais  le  mucilage  se  ramollit  et  retient  cette  humi- 
dité qui  fait  moisir  les  racines  ; cet  inconvénient  n’arrive 
pao  lorsque  les  racines  ont  été  lavées  , comme  nous  venons 
de  le  dire. 

. Ordinairement  on  ne  coupe  point  par  tranches  les  ra- 
cines de  guimauve  que  l’on  fait  sécher  avec  leur  écorce; 
lorsqu  elles  sont  seclies  et  encore  cassantes  on  les  ratisse 


avec  un  couteau  pour  emporter  cette  écorce  qui  devient 
grise  ; dans  cet  état  elle  s’enlevc  mieux  et  plus  facilement. 

A 1 egard  des  racines  qui  sont  trop  petites  pour  être 
coupées  par  tranches  ou  pour  être  enfilées  , 011  les  fait 
sécher  sur  des  clisses  d’osier  garnies  de  papier  de  la  même 
maniéré  que  nous  l’avons  dit  pour  les  autres  substances. 

n 11e  devroit  jamais  employer  les  racines  que  les  Her- 
boristes conservent  fraîches  à la  cave  et  dans  le  sable  pour 
y avoir  recours  pendant  l’hiver;  telles  sont  les  racines 
de  raifort  sauvage,  celles  de  guimauve,  etc.  Ces  racines 
vegetent  pendant  l’hiver  à la  faveur  de  la  température 
douce  qui  régné  dans  les  caves:  de  charnues  qu’elles 
etoient  d abord  , elles  deviennent  ligneuses  et  sans^  vertu. 

Les  Pignons  sont  les  racines  les  plus  difficiles  à faire 
stcîier,  il  faut,  de  nécessité  les  effeuiller , et  employer  la 
chaleur  du  bain-marie,  si  on  veut  les  avoir  parfaitement 
prives  de  toute  humidité  et  en  état  d’être  pulvérisés. 

Quelques  auteurs  recommandent  de  couper  la  scille 
avec  un  couteau  d’ivoire , d’en  rejeter  le  cœur,  et  de  se 
servir  d une  aiguille  de  bois  pour  enfiler  les  feuilles.  L’an- 
cienne lharmacie  pensoit  qu’un  instrument  de  fer  empoi- 
sonnent la  salle  ; ce  qui  n’est  point.  1 

.1  ai  tenu  pendant  tout  un  hiver  des  oignons  de  scille 
effeuillé  et  enfilés  d’une  ficelle  à côté  d’un  tuyau  de 
P Ie  clu>  a cté  bien  chauffé  pendant  tout  ce  temps-  la 
pa.tie  supérieure  des  squames  a assez  bien  séché  [ mais 

SS.  aU>(l;'nt  conservé  chacune  une  tubérosité  dans  leur 
partie  inférieure  qui  n’a  jamais  pu  sécher  à fond.  Je  U ai 

exposes  ensuite  a 1 ardeur  du  soleil  pendant  tout  un  été  ; 


7$  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

elles  n’ont  pas  mieux  séché  ; toutes  ces  tubérosités  ont 
poussé  une  prodigieuse  quantité  de  petits  rejetons.  J’en  ai 
planté  plusieurs  dans  du  sable  , et  d’autres  dans  de  la 
terre  , j’entretenois  humide  la  terre  et  le  sable  ; mais 
ceux  dans  la  terre  ont  mieux  grossi  dans  le  même  espace 
de  temps.  A l’égard  des  squames  de  ces  oignons,  j’ai  été 
obligé  d’achever  de  les  sécher  au  bain-marie. 

Conservation  des  racines. 

Les  racines  sont  en  général  de  nature  à se  garder  plus 
long-temps  que  les  feuilles  , les  Heurs  et  les  graines,  sur- 
tout quand  on  les  a récoltées  dans  la  saison  convenable  ; 
les  unes  , comme  la  bryone  , les  aristoloches  , l’énula 
campana  , la  gentiane,  l’asarum,  la  bistorte  , la  tor- 
mentille,  etc.  peuvent  se  garder  quatre  ou  cinq  ans  ; 
d’autres  , comme  la  guimauve , le  nénuphar  , etc.  ne 
peuvent  se  garder  qu’environ  deux  ans  : ou  doit  renouveller 
les  racines  avant  que  les  vers  commencent  à les  piquer. 
L’angélique  arrachée  au  printemps  , est  une  de  celles  que 
les  vers  attaquent  le  plus  facilement,  tandis  que  si  on  se 
la  procure  en  automne,  elle  peut  se  garder  plusieurs  années, 
on  doit  renfermer  toutes  les  racines  dans  des  boîtes  bien 
clauses  , afin  de  les  garantir  de  la  poussière  et  des  vicissi- 
tudes de  l’air. 

Choix  des  bois  ; temps  de  se  les  procurer. 

Les  bois  sont  les  tiges  les  plus  solides  des  végétaux  ; 
les  bois  indigènes,  dont  on  fait  usage  en  Pharmacie,  sont 
en  bien  petit  nombre;  il  n’y  a guère  que  ceux  de  genievre,  - 
de  gui  de  chêne  et  de  tamaris.  On  récolte  ces  bois  ordi- 
nairement après  la  chute  des  feuilles.  On  prend  les  grosses 
branches  de  ces  especes  de  bois  ; on  rejete  l’écorce  et  l’au- 
bier du  bois  de  genievre;  on  fait  usage  des  autres  avec  leurs 
écorces;  on  néglige  les  petites  branches. 

Les  bois  exotiques  résineux  , comme  celui  d’aloès , de 
gayac,  doivent  être  clioisis  pesants  , sans  aubier  , allant  au 
fond  de  l’eau  au  lieu  de  nager  comme  font  les  autres  bois  ; 
on  préféré  le  bois  du  tronc  ; celui  des  branches  est  tou- 
jours de  moindre  qualité.  Les  autres  bois  moins  résineux 
que  ceux  dont  nous  parlons,  sont  aussi  moins  pesants;  on 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

doit  néanmoins  choisir  les  plus  pesants  , en  ayant  égal 
à leurs  autres  qualités,  comme  l’odeur,  la  couleur,  la  s 


79 

:trd 

sa- 


veur, etc. 


Dessication  des  bois. 


Les  bois  sont  de  toutes  les  substances  végétales  celles  qui 
sont  les  plus  laciles  a laire  sécher  et  les  moins  sujettes  à se 
g^.ter , il  sullit  de  séparer  d abord  les  ecorces  et  l’aubier  de 
ceux  qui  doivent  subir  cette  séparation  , de  les  scier  d’une 
longueur  commode , et  de  les  fendre  en  morceaux  pas  trop 
gros  , afin  que  l’intérieur  puisse  sécher  facilement  et 
promptement.  On  les  expose  au  soleil  ou  dans  un  lieu 
sec , et  on  les  laisse  à 1 air  jusqu  a ce  qu’ils  soient  bien 
secs. 

Conservation  des  bois,. 

Les  bois  résineux  , comme  le  gayac,  le  santal  citrin , etc; 
son  t ties  faciles  a conserver  ; mais  les  bois  tendre  sont  pi- 
ques pai  les  vers  dans  l espace  de  quelques  années.  On 
conserve  les  bois  renfermés  dans  des  boites  bien  closes  , 
afin  de  les  mettre  à l’abri  de  la  poussière  et  de  l'humidité 
de  l’air. 

Le  bois,  pendant  son  accroissement,  présente  aux  natu- 
ralistes des  phénomènes  intéressants  qui  ne  doivent  pas 
etre  etrangers  à un  Pharmacien  ; le  bois  employé  à la  bâ- 
tisse est  sujet  a être  la  pâture  des  vers  ; on  peut,  par  des 
opérations  simples,  l’en  préserver  pour  bien  du  temps  et 

augmenter  sa  durée  en  doublant  et  même  triplant  sa 
i o rc6 1 

Les  arbres,  à la  première  pousse  et  lors  du  développement 
de  la  graine,  ont,  comme  la  plupart  des  plantes  , un  canal 
creux , rempli  de  moelle  blanche;  le  diamètre  de  ce  canal 
dans  les  b oh  durs,  diminue  dans  l’espace  d’environ  trois 
ans.  Cette  diminution  n’a  plus  lieu  par  la  suite  d’une 
maniéré  bien  sensible  , quoique  la  tige  ait  grandie  et  gros- 
sie pendant  cet  intervalle.  Si  avant  les  trois  années  d’ac- 
croissement, l’arbre  est  coupé  transversalement,  on  ne  re^ 
marque  point  de  différence  dans  la  substance  du  bois. 
CeLe  qui  touche  1 écorce  ne  différé  pas  en  dureté  de  celle 
qui  touche  la  moelle  ; ce  n’est  qu’à  la  quatrième  année  que 
Ion  commence  a distinguer  que  le  bois  qui  touche  l’é- 
corce est  plus  tendre  et  moins  coloré  que  le  reste;  ce  nou- 


«O  ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

vel  accroissement  de  1 arbre  est  séparé  et  marqué  par  uns 
ligne  circulaire;  on  nomme  aubier  cette  nouvelle  pousse. 
L’année  suivante  , l’arbre  s’accroît  d’une  nouvelle  couche 
excentrique,  semblable  à celle  de  l’année  précédente,  etqui 
est  encore  de  l’aubier;  mais  pendant  ce  nouvel  accroisse- 
ment , le  premier  aubier  acquiert  de  la  dureté  et  de  la  soli- 
dité , il  en  a moins  que  la  première  pousse  de  l’arbre  ; on 
le  nomme  par  cette  raison  premier  aubier ; ce  n’est  qu’à 
la  quatrième  année  que  .ce  premier  aubier  devient  bois 
dur  et  parfait.  Ce  qui  se  passe  durant  la  végétation  de 
l’arbre  dans  la  révolution  de  ce  petit  nombre  d’années  dont 
nous  venons  de  parler , se  répété  tous  les  ans  de  la  même 
maniéré  et  par  le  même  mécanisme  jusqu’à  l’accroisse- 
ment parfait:  chaque  nouvelle  pousse  est  marquée  et  ter- 
minée par  une  ligne  excentrique  relative  aux  précédentes , 
laquelle  fait  connoître  le  repos  ou  l’intervalle  de  l’accroisse- 
ment d’une  année  à l’autre. 

Lorsque  l’arbre  cesse  de  croître,  il  dépérît,  comme  les 
animaux,  d’une  maniéré  insensible;  beaucoup  d’années  lui 
sont  nécessaires  pour  perfectionner  en  bois  dur  le  premier 
aubier;  et  il  arrive  souvent  qu’il  ne  lui  reste  ni  assez  de 
force  ni  assez  de  vigueur  pour  élaborer  le  dernier  aubier 
en  bois  dur , ou  au  moins  pour  lui  donner  la  dureté  de 
l’aubier  de  deux  ans.  Dans  cet  état  de  dépérissement,  il 
commence  par  se  couronner , c’est-à-dire  que  la  seve  ne 
peut  plus  se  porter  jusqu’aux  branches  les  plus  élevées  ; 
ces  branches  alors  périssent,  celles  qui  leur  sont  inférieures 
végètent  faiblement,  et  l’arbre  meurt  en  détail  : pendant 
que  cet  effet  a lieu  , l’aubier  qui  n’a  pu  se  perfectionner  , 
devient  la  pâture  des  insectes,  qui  accélèrent  le  dépérisse- 
ment total  de  l’arbre  : il  s’introduit  entre  l’écorce  et  l’aubier 
des  insectes  qui  détachent  l’écorce  , la  font  tomber  par 
partie , et  en  peu  d’années  l’arbre  s’en  trouve  entièrement 
dépouillé.  11  y a dans  la  durée  delà  vie  des  arbres  les  mêmes 
variétés  que  dans  celle  de  la  vie  des  hommes  : des  chênes 
vivent  plus  de  six  cents  ans;  la  durée  la  plus  ordinaire  est  de 
deux  cents  à deux  cents  cinquante  ans.  Ces  différences  dé- 
pendent de  la  constitution  de  l’individu  et  des  maladies 
qu’il  peut  éprouver. 

Si  l’on  fait  scier  un  arbre  par  son  tronc,  on  appercoit 
les  lignes  circulaires  qu’il  est  facile  de  compter  on  con- 
noîtra  par  leur  moyen  le  nombre  d’années  que  l'arbre  a 


h hl  E N T S D E PHARMACIE.  Slj 

été  à prendre  son  accroissement  ; on  observera  en  même 
temps  que  le  même  cercle  n’est  pas  de  même  épaisseur 
par-tout  -,  les  cercles  de  chaque  année  ne  sont  pas  non 
plus  de  même  épaisseur  ; cela  vient,  dans  le  premier  cas,  de 
ce  que  la  seve  a été  dérangée  par  quelques  accidents  et 
qu’elle  11e  s’est  pas  distribuée  uniformément;  dans  le  se- 
cond, que  la  végétation  11’a  pas  été  également  abondante 
chaque  année.  Ces  cercles  indiquent  bien  le  nombre  d’an- 
nées que  l’arbre  a été  à croître  ; mais  ils  ne  font  pas  con- 
noître  son  âge.  On  sait  que-  l’arbre  ne  meurt  pas  à l’ins- 
tant que  cesse  son  accroissement;  mais  les  moyens  man- 
quent pour  connoître  les  progrès  successifs  de  son  dépéris- 
sement. 

La  moelle,  dans  les  arbres , est  comme  le  cordon  ombi- 
lical dans  les  animaux  ; c’est  par  cet  organe  que  l’arbre 
depuis  son  développement  jusqu’à  l’âge  de  trois  ans  environ, 
tire  sa  principale  nourri  tare  dès  racines,  pour  la  distribuer 
à la  tige;  ce  canal  médullaire,  si  nécessaire  au  développe- 
ment et  au  premier  accroissement  de  l'arbre,  se  prolonge 
dans  les  racines  : comme  l’arbre  ne  s’accroît,  pendant  cette 
première  époque  , que  par  cet  organe  , le  canal  médullaire 
est,  dans  cette  première  jeunesse,  d’un  diamètre  dispro- 
portionné avec  la  grosseur  de  l’arbre:  il  se  rétrécit  pen-à- 
peu  ; la  moelle  diminue  de  volume;  l’arbre  enfin  cesse 
de  devoir  tout  son  accroissement  à cet  organe,  que  nous 
avons  comparé  au  cordon  ombilical  dans  les  enfants  : c’est 
1 époque  où  l’arbre  reçoit  la  plus  grande  partie  de  sa  nour- 
riture des  nouveaux  organes  développés  dans  la  substance 
du  bois;  l’accroissement  de  chaque  année,  est  alors  mar- 
qué par  une  ligne  circulaire  excentrique. 

L’arbre , au  moment  de  son  développement,  est  une  tige 
blanche,  étiolée:  cette  tige  s’est  développée  dans  la  terre 
sans  le  contact  de  l’air;  elle  est  foible  et  tendre,  mais  lors- 
qu’elle reçoit  l’impression  de  l’air,  sa  surface  subit  une 
sorte  de  dessèchement , et  produit  mie  pellicule  qui  donne 
naissance  à l’écorce.  Le  dessèchement  ou  la  surface  de  cette 
tige  se  trouve,  met  le  petit  arbre  dans  l’impossibilité  de 
prendre  de  la  nourriture  à l’extérieur  ; la  moelle,  qui  est  v- 
corps  spongieux,  formant  des  tuyaux  capillaires  , fournit 
a 1 intérieur  l’humide  et  la  nourriture  qui  manquerait  au 
P®llt.  ar!)re  sans  ce*  organe.  L’écorce  acquiert  ensuite  de 
J fTa{sseur  et  de  la  consistance  4 mesure  que  l’arbre  croit.  * 

F n 


8 2 ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

L’usage  de  la  moelle  est  le  même  dans  les  plantes  que 
dans  les  arbres  : la  moelle  a de  plus  la  propriété  d’entre- 
tenir et  de  réparer  la  Fraîcheur  que  les  plantes  perdent  par 
l’ardeur  du  soleil  qui  les  desseclie  à l’extérieur.  La  moelle 
est  si  nécessaire  aux  plantes , pour  conserver  cette  fraîcheur 
salutaire,  que  la  nature  l’a  prolongée  jusque  dans  les  ner- 
vures des  feuilles;  on  l’observe  au  microscope;  il  suffit  de 
fendre  en  deux  une  grosse  nervure  de  feuille,  on  voit  la 
distribution  de  la  moelle , et  on  remarque  qu’elle  est  ren- 
fermée dans  un  canal  creux,  qui  diminue  de  diamètre  vers 
l’extrémité. 

Je  crois,  d’après  l’observation,  que  l’écorce  des  arbres  aug- 
mente d’épaisseur  à mesure  que  le  canal  médullaire  se  rétrécit; 
c’est , je  pense , aussi  la  raisoii  pour  laquelle  les  arbres  qui 
conservent  le  diamètre  de  ce  Canal  large  pendant  long-temps 
ont  leurs  écorces  plus  minces  que  celles  des  autres  arbres, 
tels  que  le  platane,  le  sureau  , etc.  Ce  dernier , parvenu  à 
un  grand  degré  de  vieillesse,  a le  canal  médullaire  très  étroit, 
et  son  écorce  beaucoup  plus  épaisse  que  celle  des  pousses 
de  quelques  années.  Nous  terminerons  cet  article , sui  les 
bois  , par  quelques  observations  relatives  à l’emploi  qu’on 
en  fait  dans  les  arts. 

Les  bois  sont  composés  de  fibres  droites  qui  ne  donnent 
aucunes  marques  sur  leur  accroissement  annuel  en  hauteur; 
c’est  toujours  par  des  accidents  que  les  fibres  se  dérangent 
de  la  direction  verticale  : la  seve  qui  se  porte  inégalement , 
quelques  bourgeons  qui  se  présentent  pour  produire  des 
branches , suffisent  pour  donner  aux  arbres  une  forme 
tortueuse  et  noueuse,  et  pour  déranger  1 organisation  na- 
turelle des  fibres.  Mais  l’expérience  a appris  à dominer,  pour 
ainsi  dire,  la  végétation,  et  à se  procurer,  quand  on  le 
veut,  des  arbres  parfaitement  droits  et  bien  filés  ; on  place 
autour  de  l’arbre  ,*  lorsqu’il  est  jeune,,  des  supports  ou 
tuteurs,  et  on enleve  du  tronc  de  l’arbre  les  bourgeons  qui 
produiroient  des  branches  ; on  prolonge  même  par  ce  moyen 
la  tige  à volonté,  il  suffit  de  conserver  à la  tete  de  1 arbre 
un  nombre  suffisant  de  branches  pour  entretenir  sa  respi- 
ration. C’est  ainsi  qu’on  soigne,  dans  certaines  parties  des 
montagnes  des  Vôges,  les  bois  qu’on  destine  pour  la  marine 
hollandoise  , et  pour  les  autres  constructions,  ou  il  est  ne- 
cessaire d’avoir  des  planches  bien  filées , sans  nœuds  et 
d’une  grande  longueur.  J’ai  vu  encore  ôter  à des  arbres  d une 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE!  83 

hauteur  majestueuse  leur  écorce  jusqu’à  la  naissance  des 
.branches,  et  laisser  encore  sur  pied  ces  arbres,  jusqu’à  la 
fin  de  la  campagne  suivante;  l’arbre  pousse  alors , pour 
la  demiere  lois,  des  feuilles  aux  branches  conservées  à 
son  extrémité  pour  qu’il  puisse  respirer.  Si  on  Je  iaissoit 
plus  long-temps  sur  pied  il  périrait,  mais  pendant  cet  in- 
tervalle l’aubier  devient  bois  dur;  on  a par  conséquent 
moins  de  perte  lorsqu’on  vient  à exploiter  l’arbre  en  bois 
carré. 

Les  bois  récemment  coupés  sont  remplis  de  seve  ex- 
tractive, qu’on  fait  dessécher  avec  le  bois  et  qui  en  fait 
partie.  Dans  cet  état  de  dessication  il  forme  un  corps  plein, 
cassant  et  sans  presque  d’élasticité.  11  a de  plus  l’incon- 
vénient d’être  en  peu  d’années  la  pâture  des  vers  et  sujet 
à se  pourrir.  Les  vers  trouvent  leur  nourriture  dans  la  par- 
tie extractive  ; et  c’est  cette  même  substance  extractive 
qui  ôte  au  bois  environ  les  deux  tiers  de  sa  force,  et  qui 
accéléré  considérablement  sa  destruction.  L’opération  par 
laquelle  on  enleve  au  bois  les  inconvénients  dont  nous 
parlons  est  pratiquée,  sans  qu’on  s’en  doute,  sur  les  bois 
destinés  pour  la  bâtisse,  qu’on  envoie  à Paris.  Ces  bois 
arrivent  par  trains  flottants  dans  la  riviere  ; ils  se  dépouil- 
lent par  ce  moyen  d’une  partie  de  leur  substance  extrac- 
tive , et  gagnent  considérablement  en  force  et  en  ténacité. 
Il  serait  bien  important  qu’ils  restassent  dans  l’eau  beau- 
coup plus  long-temps , et  qu’ils  se  dépouillassent  complè- 
tement de  toutes  leurs  parties  extractives  et  résineuses. 

J ai  répété  à Paris  des  expériences  que  j’ai  vu  pratiquer 
dans  les  Vôges  sur  des  bois  dont  on  vouloit  augmenter  la 
force  et  auxquels  on  désirait  de  donner  des  courbures  que 
le  besoin  exigeoit.  J’ai  pris  un  grand  nombre  de  morceaux 
de  bois  de  chêne  neuf  et  de  même  qualité:  je  les  ai  fait 
equarrir  au  trousquain,  afin  qu’ils  eussent  exactement  les 
mêmes  dimensions  ; j’ai  fait  bouillir  la  moitié  de  ce  nom- 
bre de  morceaux  dans  une  grande  quantité  d’eau,  jusqu’à 
ce  qu’ils  ne  donnassent  presque  plus  de  teinture  à l’eau  ; 
je  les  ai  fait  sécher  ensuite  d’abord  dans  un  lieu  sec 
ensuite  sur  le  four  d’un  boulanger.  Tous  ces  morceaux 
de  bois  avoient  acquis  sensiblement  plus  de  force  ; mais 
lorsqu  on  les  a fait  bouillir  dans  une  eau  chargée  d’alun  . 
cette  force  est  beaucoup  augmentée,  et  ils  ont  constam- 
ment porté,  avant  de  se  rompre,  une  charge  triple  ou 

F ij 


$4  ÉLÉMENTS  T)  E f H A R M A C I ï, 

à-peu-pres  à celle  que  portaient  les  morceaux  de  bois 
neuf  non  lessivés.  Les  premiers  plioienE  considérablement 
et  se  cassoient  successivement  en  se  divisant  comme  une 
vergetle  ou  comme  un  balai.  Ceux  de  bois  neuf  plioient 
très  peu  sous  la  charge  et  se  cassoient  brusquement  comme 
un  ressert  qui  se  détend  , et  ne  présenloient  que  peu , et 
quelquefois  point  de  libres  dans  leur  cassure.  Ces  obser- 
vations prouvent  qu’il  y a beaucoup  à gagner  à lessiver  for- 
tement les  bois  destinés  à la  bâtisse;  on  les  préserve,  par 
ce  moyen,  des  vers  et  de  la  pourriture;  on  triple  leur  force 
et  leur  élasticité.  Ces  bois  deviennent  comparables  au  jonc; 
ils  forment  comme  eux  un  faisceau  de  libres  creuses,  diffi- 
ciles à casser,  parcequ’elles  ont  la  liberté  de  plier. 

Choix  des  écorces,  temps  cle  se  les  procurer . 

Les  écorces  indigènes  dont  on  fait  usage  en  Pharmacie 
sont  comme  les  bois  en  petit  nombre.  Parmi  les  écorces 
d’arbres , on  emploie  celles  de  chêne , d’orme  pyramidal  : 
parmi  les  écorces  d’arbustes , celles  de  tamaris , de  sureau  , 
de  garou  ; parmi  les  écorces  de  plantes  , celle  de  l’hieble. 
On  fait  aussi  usage  d’écorces  de  quelques  fruits  exotiques 
qu’on  a commodément  à Paris  ; ces  fruits  sont  les  oranges  , 
les  citrons,  les  grenades.  11  est  bon  d’en  tirer  soi-même 
les  écorces  ; celles  de  chêne  doivent  être  prises  sur  le  tronc 
ou  sur  les  plus  grosses  branches  ; il  faut  que  l’arbre  soit 
sain  et  bien  vivant  ; on  doit  rejeter  absolument  les  écorces 
qui  ont  été  détachées  par  des  insectes  ; celles  des  arbres  de 
soixante  ans  méritent  la  préférence  , elles  sont  plus  rési- 
neuses et  plus  astringentes  que  celles  tirées  d’arbres  plus 
jeunes  et  de  nouvelles  branches.  C’est  avec  des  écorces 
d’arbre  'de  cet  âge  et  le  plus  souvent  au-dessous  , que  l’on 
fait  le  tan  pour  tanner  les  cuirs  ; cependant  j’ai  eu  occa- 
sion d’observer  que  les  écorces  tirées  de  chênes  d’environ 
cent  ans,  sont  plus  épaisses  et  beaucoup  plus  astrin- 
gentes; elles  mériteroient  pour  cette  raison  la  préférence 
pour  tanner  les  cuirs. 

L’écorce  d’orme  est  mise  en  usage  depuis  bien  peu 
de  temps;  on  l’a  gratifiée  d’une  grande  vertu  dépurative 
du  sang  ; et  pour  rendre  cette  vertu  plus  recommandable, 
on  a donné  à cette  écorce  le  beau  nom  d’écorce  d’orme 
pyramidal  ; comme  si  çet  orme  était  d’une  espece  diffé- 


Eléments  i>e  pharmacie.  85 

rente  des  autres*,  niais  on  sait  que  c’est  l’orme  ordinaire 
qui  présente  la  seule  variété  d’écarter  moins  scs  branches 
en  croissant  que  ne  le  font  la  plupart  des  autres  ormes. 
Les  écorces  de  tous  les  ormes  oui  la  même  vertu  ; la  forme 
des  branches  ne  change  rien  à la  nature  de  l'arbre. 

L écorce  de  tamaris  est  prise  du  tronc  et  des  branches 
d’une  certaine  grosseur  , ou  l’enleve  de  l’arbuste  en  au- 
tomne après  (pie  les  leuilles  sont  tombées  ; ces  écorces 
ont  une  saveur  salée  parcequ’elles  contiennent  du  sel  de 
Glaubert. 

On  fait  usage  des  fleurs  et  du  fruit  de  sureau  ; ces  deux 
substances  ont  des  propriétés  bien  différentes,  on  a recon- 
nu aux  Heurs  la  propriété  de  faciliter  Ja  transpiration,  aux 
fruits  celle  de  lever  les  obstructions  ; l’écorce  est  employée 
dans  1 hydropisic  ; on  choisit  des  liges  de  sureau  bien 
nourries  , récentes  et  en  feuilles;  on  rejele  les  feuilles;  on 
ratisse  legerement  la  première  écorce  qui  est  de  couleur  de 
feuilles  mortes;  on  ratisse  ensuite  par  grands  lambeaux  la 
seconde  écorce  qui  est  verte  , et  on  la  fait  sécher.  La  Mé- 
decine fait  souvent  usage  du  suc  tiré  de  celle  écorce;  ce 

suc  doit  être  tiré  de  suite  comme  nous  le  dirons  en  son 
lieu. 

Garou,  ou  tlivmelée  est  un  arbuste  qui  croît  en  Langue- 
doc sur  les  bonis  de  la  mer.  Son  écorce  est  misé  en  usage 
depuis  quelques  années  comme  étant  un  assez  bon  vésica- 
toire; ci-devant  on  envoyoit  le  bois  de  cet  arbuste  ; mais 
comme  il  n y a que  son  écorce  qui  soit  employée  , on  en- 
voie présentement  cette  écorce  seule  et  séparée  du  bois  ; 
on  enleve  1 ecorce  des  tiges  lorsque  cet  arbuste  est  en 
pleine  vigueur  ; on  doit  choisir  celte  écorce  disposée  en 
petits  rubans  , un  peu  verte  et  récemment  séchée. 

Les  écorces  d liielde  sont  prises  sur  la  plante  lorsqu’elle 
est  en,  vigueur.  11  n y a point  de  distinction  de  première 
et  de  seconde  ccorcc,  et  on  ne  les  prépare  qu’à  mesure 
qu  on  en  a besoin  pour  en  extraire  le  suc;  c’est  au  Médecin 
qui  1 ordonne  de  faire  attention  si  la  saison  permet  de  s’eu 
procurer. 

Les  citrons,  les  oranges  , les  grenades,  quoique  venant 
de  loin  , sont  aussi  communs  à Paris  (pie  s’ils  étoient  in- 
digènes, sur-tout  les  deux  premiers  fruits;  le  citron  est  ce- 
lui dont  on  fait  le  plus  d’usage  dans  la  Pharmacie,  sou 
écorce,  sonsuc  etses  pépins  sonteinployéscoutinuellemont; 


86  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

aussi  on  se  procure  ces  trois  produits  en  même  temps; 
on  choisit  îles  Citrons  gros,  bien  nourris,  bien  sains,  et  qui 
ne  soient  point  piqués  ; on  enleve  l’écorce  avec  un  cou- 
teau , de  la  même  maniéré  qu’on  peie  une  pomme  ; on 
observe  d’entamer  le  moins  possible'l’écorce  blanche  qui 
se  trouve  sous  l’écorce  jaune  ; elle  est  sans  vertu.  On 
nomme  zeste  l’écorce  ainsi  enlevée;  on  la  lait  sécher  au 
soleil  ou  dans  un  endroit  chaud  ; on  prépare  de  la  même 
maniéré  les  zestes  d’oranges  : les  produits  de  l’orange  sont 
moins  d’usage  en  Pharmacie.  Voyez  à l’article  des  sucs 
la  maniéré  de  tirer  ceux  de  citrons  et  d’oranges. 

Un  bon  Pharmacien  ne  doit  jamais  employer  les  écorces 
de  citrons  et  d’oranges  qu’on  trouve  chez  les  limonadiers. 
Ces  fruits  sont  coupés  par  moitié  ; on  en  a exprimé  le  suc 
sans  les  dépouiller  de  la  substance  charnue  intérieure  ; 
quelques  personnes  les  prennent  dans  cet  état,  les  né- 
toient  souvent  long-temps  après,  et  les  font  ensuite  sé- 
cher : mais  l’écorce  blanche  qui  ne  devroit  pas  y être  , s’y 
trouve  toujours. 

Les  grenades  ne  sont  pas  d’un  usage  aussi  fréquent  dans 
la  Pharmacie;  mais  lorsqu’on  en  tire  le  suc,  il  convient 
de  ne  point  négliger  les  écorces  ; on  nétoie  bien  leur  inté- 
rieur et  on  les  fait  sécher.  On  trouve  dans  le  commerce 
des  écorces  de  grenades  très  bien  préparées,  et  dont  on 
fait  usage  avec  autant  de  succès  que  de  celles  qu’on  peut 
préparer  soi-même. 

Nous  ferons  peu  d’observations  sur  les  écorces  exo- 
tiques, et.  ce  que  nous  dirons  pourra  s’appliquer  aux  écor- 
ces de  bois  qu’on  voudroit  employer.  L’usage  général  est 
de  récolter  en  automne  les  écorces  non  résineuses  , et  au 
printemps,  lorsque  la  seve  est  prête  à se  mettre  en  mou- 
vement, celles  qui  le  sont  beaucoup.  Lorsque  la  végéta- 
tion est  dans  sa  force  , les  écorces  de  certains  arbres  , 
comme  de  terébinthe  , du  gayac  et  d’une  infinité  d’autres 
deviennent  si  résineuses  que  la  résine  se  lait  des  ouver- 
tures , passe  et  s’évacue  au  travers  de  l’écorce  ; c est  un 
dégorgement  ou  une  sécrétion  résincusç  qui  se  lait  na- 
turellement pour  la  conservation  de  l’arbre. 

Dessication  des  écorces. 

Les  écorces  des  bois  sont  des  substances  ligueuses  ? 


aussi  faciles  à dessécher  que  les  bois  eux-mêmes.  Il  con- 
vient de  les  nétoyer  des  mousses  qu’elles  peuvent  avoir , 
ainsi  que  de  l’aubier  qui  pourroit  leur  rester  appliqué  en  les 
arrachantdes  arbres.  Les  écorces  des  arbustes,  comme  celles 
de  sureau  , cl  des  plantes,  comme  l’Jiieble,  sont  des  écorces 
plus  délicates;  elles  sont  abreuvées  de  beaucoup  d’humi- 
dité ainsi  que  la  plupart  des  plantes  ; il  convient  de  les  faire 
sécher  , avec  le  même  soin  , au  soleil  ou  dans  une  étuve,. 
Il  en  est  de  même  des  écorces  des  bois. 

Conservation  des  écorces. 

On  conserve  les  écorces  dans  des  boîtes  comme  les 
autres  substances  , à l’abri  des  vicissitudes  de  l’air  et  de 
la  poussière.  La  plupart  des  écorces  se  conservent  plu- 
sieurs années  en  bon  état. 

Des  animaux , et  de  leurs  parties. 

Le  rogne  animal  ne  fournit  à présent  à la  Pharmacie 
qu’un  petit  nombre  de  substances  qu’on  fasse  sécher  pour 
les  conserver;  le  sang  de  bouctin  , les  crapauds,  les  pou- 
mons de  renard  , le  foie  de  loup  , les  vers  de  terre,  le  frai 
de  grenouille,  etc.  sont  aujourd’hui  très  peu  en  usage 
et  avec  raison  ; mais  on  emploie  encore  les  cloportes,  la 
vipere  ; les  mouches  cantharides  sont  souvent  appliquées 
à l’extérieur  seulement;  car  prises  intérieurement,  c’est  un 
poison  décidé.  La. très  ancienne  Pharmacie  faisoit  entrer 
dans  son  code  de  matière  médicale  beaucoup  de  substances 
animales  dégoûtantes  , et  qu’on  ne  peut  même  nommer 
sans  répugnance.  A mesure  que  les  connoissances  se  sont 
développées  on  les  a rejetées  ; il  y en  a encore  beaucoup 
qui  devroient  subir  le  même  sort  ; mais  l’illusion  qu’on 
s’est  formée  sur  leurs  vertus  n’est  pas  encore  généralement 
dissipée  ; ce  n’est  pas  l’Apothicaire  qui  peut  supprimer  ces 
sortes  de  médicaments;  c’est  le  Médecin  , instruit  de  leur 
inutilité,  qui  doit  cesser  de  les  ordonner;  l’Apothicaire 
alors  les  aura  bientôt  rejetés  de  son  officine. 

Le  régné  animal,  qui  occupe  peu  le  Pharmacien,  est  néan- 
moins d’un  grand  secours  au  Médecin;  il  en  emploie  les 
substances  fraîches,  telles  que  les  volailles  en  bouillons, 
les  gelées  d’ivoire  et  de  cornes  de  ceif , le  lait  des  animaux, 

F iy 


SS  Eléments  de  pharmacie? 

les  différents  petits-laits,  etc.  L’ancienne  Médecine  faisoit 
usage  de  lait  de  vaches,  cl’ânesses  , etc.  nourries  quelques 
temps  auparavant  avec  des  plantes  apéritives  , comme  la 
bourrache  , la  buglosc  , la  pariétaire  , etc.  ou  avec  des 
plantes  délayantes  , adoucissantes,  quelquefois  plus  ou 
moins  laxatives,  afin  de  communiquer  au  lait  la  vertu  de 
ces  végétaux.  La  Médecine  moderne  fait  quelquefois 
usage  de  ces  moyens  avec  beaucoup  de  succès.  Toutes  les 
parties  dan-s  le  lait  ne  sont  pas  annualisées  ; le  sérum  ou 
petit-lait  conserve  les  seis  végétaux  des  plantes  dont  l’ani- 
mal s’est  nourri  -,  on  les  retrouve  par  l’analyse. 

La  Pharmacie  prépare  beaucoup  de  graisses  animales  , 
telles  que  celles  d’ours  , de  blaireaux  , de  viperes  , de  ca- 
nards , etc.  etc.  Nous  pensons  que  celle  de  porc  bien  pré- 
parée et  récente,  qu’on  se  procure  aisément,  remplace 
avec  avantage  toutes  ces  graisses  qu’on  ne  peut  avoir 
que  difficilement  ; ce  seroit  un  préjugé  de  croire  que  ces 
graisses  ont  des  vertus  différentes  ou  plus  efficaces  que 
celle  de  porc  : d'ailleurs  la  difficulté  d’avoir  ces  graisses 
pures  et  sans  mélange  , celle  de  les  conserver  avec  toutes 
les  vertus  qu’on  leur  suppose  sans  se  rancir , celle  en  outre 
de  ne  pouvoir  les  reijouveller  aussi  souvent  que  cela  est 
nécessaire,  sont,  je  pense,  des  raisons  suffisantes  pour  les 
faire  rejeter  du  service  de  la  Pharmacie. 

Comme  les  préjugés  sur  l’inutilité  de  beaucoup  de  ma- 
tières animales  conservées  dans  les  officines,  ne  sont  pas  gé- 
néralement détruits  , que  plusieurs  de  ces  substances,  sont 
encore  souvent  employées  ; il  convient  de  nous  conformer  à 
l’usage,  et  de  rapporter  dans  cet  ouvrage  ce  qu’il  est  bon 
d’observer  en  se  les  procurant.  La  plupart  des  anciens  au- 
teurs recommandent  de  chasser  et  d’irriter  considérable- 
ment les  animaux  avant  de  les  tuer;  ils  pensoient  qu’en 
mettant  les  esprits  animaux  dans  une  grande  agitation  , ils 
en  auroient  plus  de  vertus:  ccs  erreurs  barbares  sont  trop 
grossières  pour  entreprendre  de  les  relever. 

Temps  de  se  procurer  les  animaux . 

Lorsqu’on  veut  se  procurer  les  animaux  ou  leurs  diffe- 
rentes parties  , il  faut  les  prendre  dans  leur  vigueur,  dans 
un  âge  moyen,  et  lorsqu’ils  ne  sont  point  en  rut:  on  choisit 
feux  qui  sont  sains,  bien  portants,  et  qu’on  a tués  : oi^ 
yejete  ceux  morts  de  vieillesse  ou  de  maladie» 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  - 8( ) 

Dessication  des  animaux. 

Nous  avons  dit  précédemment  notre  sentiment  sur 
l’inefficacité  delà  plupart  des  matières  animales  <[ue  l’an- 
cienne Pharmacie  fuisoit  dessécher.  La  Pharmacie  mo- 
derne en  a conservé  un  petit  nombre  dont  plusieurs  da- 
vroient  être  encore  supprimées  ; mais  comme  elle  en  lait 
quelquefois  usage , nous  ne  pouvons  nous  dispenser  d’en 
parler,  et  ce  serôit  ici  le  lieu  ; cependant  les  procédés 
étant  un  peu  différents  selon  les  diverses  substances  , nous 
renvoyons  à l’article  de  la  préparation  des  médicaments  , 
ce  que  nous  avons  à dire  sur  cet  objet. 

Conservation  des  animaux. 

Les  matières  animales  desséchées  doivent  être  con- 
servées dans  des  bouteilles  bien  bouchées;  il  est  essen- 
ticl«de  prendre  garde  de  les  enfermer  avec  des  œufs  d’in- 
sectes, sans  quoi  elles  seroient  bientôt  la  pâture  des  vers. 
Les  cantharides  mêmes,  quoique  de  la  plus  grande  caus- 
ticité , sont  fort  sujettes  à être  mangées  par  des  insectes 
qui  les  réduisent  en  poudre.  Les  viperes , à cause  de  leur 
longueur,  ne  sont  pas  commodément  conservées  entières 
dans  des  vases  de  verre  bien  bouchés  ; si  on  les  renfermé 
dans  des  boîtes  , elles  .ne  tardent  pas  à être  mangées  par 
les  vers.  On  en  fait  de  petits  fagots  attachés  avec  des 
ficelles  ; on  ne  les  enveloppe  pas  de  papier,  mais  on  les 
suspend  au  plancher  ; les  vers  par  ce  moyen  tombent  à 
terre  pour  peu  qu’ils  remuent. 

Les  animaux  et  leurs  parties  ne  se  conservent  pas  long- 
temps , il  est  nécessaire  de  les  renouveller  souvent.  Ces 
substances  sont  regardées  comme  bonnes  tant  qu’elles  ne 
se  corrompent  pas  ; ou  s’apperçoit  qu’elles  se  corrompent  à 
l’odeur,  et  lorsque  les  insectes  les  attaquent.  Les  parties 
solides,  comme  l’ivoire  râpé,  la  cornede  cerf  aussi  râpée,  se 
conservent  mieux  et  plus  long-temps;  les  insectes  11e  les 
attaquent  point,  à moins  qu’il  n’y  ait  dans  ces  substances  so- 
lides des  parties  de  chair  ou  de  sang  et  des  parties  de  corne 
de  cerf  spongieuses. 

Choix  des  minéraux. 

récolté  cies  matières  minérales  et  fossiles  n'est  assu- 


90  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  • 

jettie  à aucune  réglé.  On  peut  ramasser  en  tout  temps 
et  clans  toutes  les  saisons  les  matières  qui  sont  ou  dans  l’in- 
térieur  de  la  terre  ou  à sa  surface  : il  suffit  de  faire  choix 
des  meilleures.  11  n’y  aguere  que  les  eaux  minérales  dont  les 
principes  peuvent  changer  et  dont  les  proportions  peuvent 
varier  suivant  la  quantité  de  pluie  tombée  pendant  l’année, 
et  aussi  par  d’autres  accidents  arrivés  dans  l’intérieur  de  la 
terre.  Les  Médecins  doivent  avoir  égard  à ces  observations, 
et  s’assurer  de  temps  en  temps  de  l’état  de  ces  eaux  avant 
de  les  faire  prendre. 

C’est  à ces  alternatives  et  aux  changements  auxquels  sont 
exposées  les  eaux  minérales  , qu’on  doit  rapporter  toutes  les 
contrariétés  qu’on  remarque  entre  les  analyses  faites  parties 
Chymistes  également  habiles,  mais  dans  des.  temps  diffé- 
rents. 11  est  certain  qu’une  source  d’eau  minérale  qui 
fournit  une  plus  grande  quantité  d’eau  après  plusieurs  jours 
de  pluie,  ne  doit  plus  contenir  les  substances  minérales 
dans  les  mêmes  proportions  que  dans  les  temps  secs  de 
l’été  , et  lorsque  la  source  ne  donne  que  la  moitié  ou  le 
quart  de  la  même  cpiantité  d’eau  dans  le  même  espace  de 
temps. 

Les  matières  terreuses  et  métalliques,  d’usage  en  Méde- 
cine, demandent  quelques  préparations  avant  d’être  em- 
ployées; nous  en  parlerons  dans  la  troisième  partie,  qui 
traite  de  la  préparation  des  médicaments  simples. 

Dùssication  des  minéraux. 

Les  matières  minérales  , soit  terreuses,  soit  salines,  soit 
métalliques,  nous  viennent  toutes  de  loin  ; il  y en  a fort 
peu  d’indigenes  relativement  au  climat  de  Paris  ; celles  qui 
nous  arrivent  sont  toujours  dans  un  tel  état  de  siccité 
qu’elles  n’ont  besoin  d’aucune  dessication. 

Conservation  des  minéraux . 

On  conserve  les  minéraux  et  les  matières  minérales 
seches  dans  des  boîtes  ; celles  qui  sont  liquides  , comme 
l’huile  de  pétrole,  sont  renfermées  dans  des  bouteilles 
bouchées  de  liege  ou  de  crystal  ; cette  huile  se  conserve 
très  long -temps  sans  s’altérer. 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  9 1 

Indication  des  drogues  indigènes  qu'on  peut  récolter  dans 

chaque  mois. 

Dès  la  première  édition  de  cet  ouvrage  je  m’étois  pro- 
posé d’y  insérer  un  journal  qui  rappellat  à la  mémoire  du 
Pharmacien  ce  que  chaque  mois  de  l’année  lui  offre  à re- 
cueillir; je  le  présente  aujourd’hui,  non  comme  une  idée 
nouvelle  , mais  comme  un  répertoire  commode  et  même 
utile.  Matthias  Lobel  a inséré  dans  le  Dispensaire  de  Va- 
lérius  Cordus,  corrigé  par  lui,  imprimé  à Lyon  en  i65i  , 
un  semblable  journal  sous  le  titre  de  Mémoire  ou  Journal 
des  médicaments  (pion  a ci  préparer , et  des  simples  à 
recueillir  ; il  est  disposé  mois  par  mois.  Schroéder,  dans 
sa  Pharmacopée  , 'a  donné  un  semblable  journal  sous 
ce  titre  : Sur  le  temps  et  le  lieu  commode  pour  les  pré- 
parations chy mico-pharmaceu tiques.  Le  College  de  Phar- 
macie de  Paris  publie,  depuis  plusieurs  années,  un  sem- 
biaule  journal , qui  lait  partie  de  son  calendrier  ; ce  journal 
utile  est  rédigé  avec  beaucoup  d’exactitude.  J’ai  profité 
avec,  reconuoissance  de  ces  différents  ouvrages,  et  je  me 
permets  d’ajouter  à ces  travaux  les  observations  que  j’ai  été 
à portée  de  laire  pendant  environ  trente-cinq  ans  que  j’ai 
exercé  la  Pharmacie. 

Ln  1 harmacien  , jaloux  du  bon  ordre  de  son  officine  , 
doit  veiller  continuellement  sur  les  opérations  qu’il  a a 
hure  , et  sur  ce  qu’il  doit  se  procurer  en  substances  natu- 
relles. 11  y a beaucoup  de  ces  substances  qu’on  ne  peut 
se  procurer  que  dans  une  saison  ; d’autres  se  présentent 
dans  plusieurs  mois  de  l’année  ; mais  il  est  toujours  pré- 
férable^ de  les  recueillir  dans  leur  Véritable  saison  , dans 
celle  ou  la  substance  est  dans  sa  pleine  vigueur.  Au  moyen 
de  la  distribution  que  nous  établissons,  la  substance  quon 
n a pu  se  procurer  dans  un  mois , pareeque  la  saison  est  tar- 
dive , on  se  la  procure  dans  le  mois  suivant;  nous  sup- 
posons toujours  l’année  précoce;  il  vaut  mieux  en  eflet 
ëtie  averti  d avance  que  de  l’être  trop  tard  , et  lorsque  telle 
ou  telle  substance  est  sur  son  déclin  ou  passée. 

J A N V I E II. 

Dans  ce  mois  où  les  approvisionnements  sont  ralentis 
Je  Pharmacien  visite  son  officine  , il  jette  ce  qui  est  devenu 


9^  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

défectueux  ou  Irop  vieux,  et  il  tient  note  de  ce  que  les 
mois  suivants  lui  permettront  c!c  remplacer.  On  ne  récolte 
dans  le  mois  de  janvier  que  quelques  plantes  anti-scorbu- 
tiques , quelques  racines  qui  ne  doivent  être  ramassées  que 
par  nécessité,  et  pour  être  employées  (fans  leur  état  de  fraî- 
cheur. La  terre,  dans  cc  mois,  est  souvent  gelée,  et  il  n'y 
a plus  de  feuilles  qui  fassent  connoitre  la  place  des  racines 
qu’on  voudroit  arracher  dans  la  campagne.  I.cs  drogues 
étrangères  qu’on  renouvelle  tous  les  ans  , Comme  la 
inanne  , les  fruits  pectoraux  , tels  que  les  jujubes,  les 
dattes,  les  raisins,  les  figues,  les  pignons  doux,  arrivent  à 
Paris  dans  ce  mois  jusqu’au  mois  d’avril.  Les  substances 
indigènes  qu’on  peut  se  procurer  sont, 

Pulmonaire  de  chêne.  Noix  de  cyprès, ) 

Ut  FÉVRIER. 

. . >' 

r Lorsque  l’hiver  a été  fort  doux  , on  a quelquefois  sur  la 
Jfin  de  ce  mois  les  violettes  cultivées , les  fleurs  de  giroflées 
jaunes;  autrement  on  attend  pour  les  recueillir  le  mois 
suivant.  Si  les  racines  ont  poussé  quelques  feuilles  qui 
fassent  reconnoître  leur  place  , on  peut  s’en  procurer 
quelques  unes.  C’est  le  mois  où  l’on  déplante  et  replante 
dans  les  jardins  pour  les  régénérer;  c’est  le  temps  par  con- 
séquent où*  l’on  ramasse  les  racines  qu’on  ne  trouve  pas 
dans  la  campagne.  On  se  procure  les  substances  suivantes, 
soit  de  campagne,  soit  de  jardin. 

Bourgeons  de  peuplier,  Racines  d’anthora  , Racines  de  persil, 

Fleurs  de  giroflées  jaunes,  asarum,  pivoine,  ; ^ 

tussilage,  fraisiers,  polypode  , , 

violettes.  guimauve,  valériane  m^jor. 

MA  11  S. 

Dans  ce  mois  les  plantes  commencent  a pousser  des  pa- 
quets de  feuilles  ; on  remarque  leurs  places  a la  cam- 
pagne , sans  cela  on  cherche  au  hasard  ; c est  le  mois 
dans  lequel  on  peut  se  procurer  d abord  les  flcuis  qui 
n’ont  point  paru  dans  le  mois  de  février,  et  beaucoup  de  ra- 
cines qui  ne  sont  ni  trop  grosses  ni  trop  succulentes.  On 
cultive  dans  des  jardins  beaucoup  de  plantes  médicinales* 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

le  débit  permet  cette  dépense,  qui  épargne  beaucoup  de 
temps  et  de  peine  en  courses  et  en  recherches.  On  a dans 
le  courant  de  ce  mois , 


Fleurs  de  pêchers, 

pervenches , 
prime-Ycre , 
Oignons  de  lis. 

Racines  d’nohe, 
anonis , 
aristoloche, 
arum, 
asperges, 
bardane , 
bistorte, 
bryone, 
chiendent, 
chélidoine , 
calarnusaromaticus, 
canne, 


Racines  de  fenouil , 

fi li pendule,  ’ 
fougere  mâle, 
ellébore  noir , 
ellébore  blanc,’ 
iris  noueras, 
nénuphar, 
oseille, 

pain  de  pourceau,* 
petit-houx, 
quinte-feuille , 
satyrion , 
saxifrage , 
scrophulairc, 
tormentille  , 
Yincetoxicum. 


A V R I L. 


Ce  que  l’on  n’a  pu  récolterai!  mois  de  mars,  parceqno 
la  température  n’a  pas  été  favorable  , on  peut  le  faire  dans 
le  commencement  de  ce  mois.  Quand  la  saison  est  tar- 
dive, on  a dans  ce  mois  les  germes  de  peuplier  que  l'on 
confit  dans  de  la  graisse  pour  faire  l’onguent  populemn; 
ce  mois  fournit  aussi  la  mandragore  en  fleurs  qu’on  se 
procure  en  même  temps  , sinon  on  l’ajoute  aux  bourgeons 
de  peuplier  lorsque  cette  plante  vient  à paroitre.  On  ro, 
cueille  dans  ce  mois  , 


Chatons  de  noyer, 
Eponges  de  cynorrhodon , 
Feuilles  de  mandragore, 
Fleurs  de  muguet, 


Fleurs  d’  ortie  blanche, 
souci  des  prés 

riacines  de  chicorée  sauvage,’ 
patience. 


M A I. 


Ce  mois  est  celui  où  la  végétation  est  la  plus  active  ci 
la  plus  abondante.  On  doit  par  cette  raison  cesser  tout© 
récolte  de  racines  , elles  seroient  de  mauvaise  qualité  ,• 
les  plantes  étant  trop  avancées;  mais  le  Pharmacien  est  bien 
dédommagé  par  l’abondance  de  plantes  et  de  fleurs  de  toutes 


9+  ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

especes  que  ce  mois  lui  offre  pour  faire  sécher.  11  doit  de 
préférence  recueillir  dans  ce  mois  plusieurs  plantes  qui  se 
sont  présentées  dans  les  mois  précédents;  elles  sont  infi- 
niment meilleures  pour  faire  sécher  ; nous  les  placerons  ici 
pour  cette  raison.  Les  plantes  an!  i-sfcorbu  tiques  qu’on 
peut  avoir  dès  le  mois  de  janvier  , valent  également  mieux 
dans  le  mois  de  mai  ; il  faut  donc  alors  faire  les  prépara- 
tions dans  lesquelles  elles  entrent.  Les  fleurs  et  les  plantes 
qu’on  n’auroit  pu  avoir  dans  le  mois  précédent,  on  se  les 
procure  au  commencement  de  celui-ci  ; on  a de  plus  les 
substances  suivantes  : 


Fumeterre, 

Géranium  bec  de  grue. 

Graines  de  navets, 

Grande  ciguë, 

Houblon, 

Lierre  terrestre , 

Matricaire, 

Mercuriale, 

Pervenche , 

Plan  tin  , 

Pulmonaire  (feuilles  de) 
Romarin , 

Rue, 

Scabieuse, 

Tanaisie, 

Véronique. 

JUIN. 

Ce  mois  offre  une  continuité  de  végétation  belle  et 
abondante,  et  donne  beaucoup  de  végétaux  qui  ont  re^ 
tardé  à paroître  dans  le  mois  précédent  ; il  est  essentiel  de 
ne  pas  négliger  de  les  recueillir,  pareeque  la  plupart  des 
plantes  qui  ont  coutume  d’être  en  bon  état  en  mai,  se  trou- 
vent trop  avancées  en  juillet.  On  se  procure  au  commen- 
cement de  juin  les  feuilles  de  guimauve  ; mais  les  fleurs 
de  cette  plante  ne  se  récoltent  que  vers  la  fin  de  ce  mois. 
Les  noix  ont  acquis  assez  de  grosseur  pour  continuer  l’eau 
des  trois  noix:  on  achevé  l’onguent  popuieum,  on  lait  le 
baume  tranquille , l’onguent  martiatum  , l’extrait  pour 
l’emplâtre  diabotanum.  On  lait  aussi  les  emplâtres  de 
ciguë  et  de  bétoine  , les  huiles,  par  infusion , l’eau  vul- 


Absinthe  major, 

Absinthe  minor, 

Aigremoine, 

Anti-scorbutique  ( les  plantes) 
Bourrache, 

Bugle, 

Buglose , 

Chicorée  sauvage , 

Ecorces  de  sureau , 

Eupatoire , 

Fleurs  de  camomille, 
genêt , 
pivoine , 
roses  pâles , 
roses  de  Provins , 
sureau , 


ÏLiMXNTSDE  PHARMACIE.  9 5 

nérairepar  infusion  et  distillation.  On  récolte  dans  ce  mois, 


Feuilles  d’ache, 
auetli , 
angélique, 
armoise, 
auronne, 
asarum , 
basilic, 
bétoine, 
bugle, 
calament, 
cerises, 
chamædrys, 
chamæpiiis , 
chardon  bénit. 

Ecorces  de  garou. 

Feuilles  d'épithyme, 
érisimum , 
euphraise, 
fenouil, 
guimauve. 

Fleurs  de  bluets , 

bourrache, 
bouillon-blanc, 
b u glose, 
coquelicot, 
guimauve , 
hypéricum , 
lavande, 
lis  blanc, 
mauve, 
oranges  ,* 
pieds  de  chats, 
ptarmica, 


Fleurs  de  roses  muscates, 
scabieuse, 
stechas , 
tilleul, 

Fraises, 

Gallium  jaune, 

Groseilles, 

Hysope, 

Jusquiame, 

Marjolaine, 

Marube  blanc, 

Marube  noir. 

Feuilles  de  mauve , 
mélisse, 

Mélilot, 

Mentastrum, 

Menthe  poivrée, 

Morelle , 

Nicotiane, 

Origan , 

Œillets  rouges , 

Orvalle, 

Petite  centaurée. 

Pied  de  lion, 

Pissenlit, 

Rossolis, 

Sapponaire, 

Sauge, 

Scordium, 

Semences  de  carvi, 

coriandre. 

Thym. 


JUILLET. 


Dans  ce  mois  la  nature  végétale  a moins  de  beauté  que 
dans  les  deux  mois  précédents  : la  végétation  de  beaucoup 
de  plantes  est  déjà  sur  son  déclin.  Les  feuilles  sont  moins 
vives,  moins  brillantes,  et  donnent  leurs  dernieres  produc- 
tions , c’est-à-dire  des  graines.  Les  plantes  aromatiques 
achèvent  de  pousser  leurs  fleurs;  ce  sont  à-peu-près  les  seules 
qu  on  puisse  récolter  si  l’on  a omis  de  le  faire  dans  le  mois 
précédent.  On  a encore  cependant  des  feuilles  de  quelques 
autres  plantes  si  l'année  est  tardive.  On  peut,  sur  la  fin 
de  ce  mois,  se  procurer  de  petites  noix  vertes  pour  achever 


C)6  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE? 

l’eau  des  trois  noix:  on  récolte  les  substances  suivant 


/ 


Cassis, 

Cerises  noires, 

Féuilles  de  cathaire, 

chélidoiue, 
gratiole, 
Inarum , 
mille  feuilles , 

i v 

persicaire , 
reine  des  prés , 
ronce, 
sabine , 
sanicle , 
scroplndaire  , 
séneçon , 
violier, 
Framboises  y 


Mures , 

Noix  vertes , 

Semences  d’aneth , 
daucus, 

t 

Orobcs , 
pavots  noirs 
persil , 

persil  de  Macédoinô* 
psyllium , 
séséli  de  Marseille, 
Seséli  ordinaire, 
thlaspi , 
violette , 

Sumac, 

Têtes  de  pavots  blancs.’ 


AOUT. 


La  maturité  des  plantes  s’acheve  dans  ce  mois;  la  végé- 
tation s’est  ralentie  d’une  maniéré  remarquable;  quelques 
plantes  propres  à faire  sécher,  peuvent  remplacer  celles 
qu’on  auroit  négligé  de  ramasser  pendant  le  mois  précédent. 
Le  mois  d’août  n’offre , pour  ainsi  dire  , que  les  derniers 
résultats  de  la  végétation  des  fruits  et  des  graines.  Dans  ce 
mois  on  récolte  les  substances  suivantes: 


Feuilles  de  belladona, 

trifolium  fibriuum  , 
turquette, 

Fleurs  de  grenade , 

Fruit  de  concombre  sauvage, 
cynorrhodon. 

S E P T E 


Semences  d’âucus , 

concombre, 
jusquiame, 
melons , 
Stramonium. 


M B R E. 


Ce  mois  n1  offre  plus  que  des  fruits  et  des  semences;  la 
campagne  se  dépouille  de  plus  en  plus  de  végétaux  appa- 
rents ; c’est  le  moment  ou  il  convient  de  fouiller  la  tcrie 
pour  lui  arracher  les  racines,  doutes  celles  que  nous  avons 
indiquées  dans  les  mois  de  février,  de  mars  et  d’avril  peu- 
vent être  récoltées  dans  ce  mois  et  le  suivant,  plusieurs 
aVec  avantage.  ( Voyez  ces  mois.  ) 

On  observe  de  prendre  dans  ce  mois  les  racines  à mesure 


I 


^ L^MENTS  DE  PHARMACIE.  97 

que  les  tiges  se  fanent.  C’est  dans  ce  mois  que  le  safran 
gatinois  nouveau  commence  à être  envoyé  à Paris  ; on  en 
reçoit  jusqu’au  mois  de  janvier.  Le  climat  de  Paris  offre 
dans  le  mois  de  septembre  les  substances  suivantes, 


Uuies  d’alKeKengi , 
bcrbéris , 
nerprun , 
sureau, 
icblc. 

Capillaire , 


Cétérach  , 

Adiantum , 

Racines  d’angélique , 


Racines  de  colchique, 
orchis, 
réglisse , 

valériane  minor.; 
Semence  de  melon , 
ortie, 
potiron , 
Scolopendre. 


OCTOBRE. 


Dans  ce  mois  le  végétal  n’a  plus  cette  verdure  dont  la 
nature  Pavoit  paré  dans  les  mois  précédents  : il  com- 
mence à se  faner,  à jaunir;  avant  cette  époque,  le  Phar- 
macien doit  avoir  terminé  sa  récolte  de  plantes.  Ce  mois 
offre  en  place, les  fruits  à pépins  de  toute  espece  , les  raisins 
les  noix, les  noisettes  , les  inarons  ; c’est  le  temps  de  faire  le 
syrop  de  pommes, les  huiles  de  noix,  denoisettes, les  amidons 
de  châtaignes  et  de  mdrons  d’Inde,  de  pommes  de  terre. 
On  peut  recueillir  sur  la  fin  de  ce  mois  la  graine  de  palrna 
cl' ris ti  blanc , qu’on  a dû  semer  au  printemps,  pour  en  tirer 
l’huile:  011  nous  envoie  des  isles  cette  huile  toute  faite:  il 
vaut  mieux  la  préparer  soi-même  , c’est  le  plus  sûr  ; celle 
qu’on  peut  faire  à Paris  est  douée  de  la  même  vertu  purga- 
tive, à la  même  dose  de  deux  onces.  Vers  la  mi-septembre 
les  chasses  sont  ouvertes;  on  peut,  jusqu’au  milieu  d’oc- 
tobre , si  la  confiance  le  suggéré  , se  procurer  les  graisses  et 
les  moelles  des  bêtes  fauves  ; mais  pas  plus  tard , pareeque 
c est  le  temps  où  elles  entrent  en  rut.  Les  miels  nouveaux 
récoltés  en  septembre  aux  environs  de  Paris,  arrivent  pen- 
dant ce  mois  jusqu’à  la  fin  de  janvier:  les  meilleurs  nous 
viennent  du  Gatinois  : depuis  quelques  années  on  y en 
prépare  de  très  blanc  , et  qui  différé  bien  peu  de  celui  qu’on 
fait  venir  de  Mahon  et  des  environs  de  Narbonne.  C’est 
aussi  dans  ce  mois,  jusqu’en  janvier,  qu’arrive  à Paris  le 
safran  gatinois,  qui  mérite  une  préférence  décidée  sur  deux 
autres  de  même  espece  qu’on  a introduits  depuis  quelques 

G 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

années  dans  le  commerce  ; ils  sont  connus  sous  les  noms  cle 
safran  d’Orange  , et  cle  safran  du  comtat  d’Avignon;  ces 
safrans  sont  bien  inférieurs  en  qualité  à celui  du  Gâtinois. 
On  peut  dans  ce  mois  d’octobre  récolter  les  racines  que 
nous  avons  indiquées  dans  les  mois  de  février,  mars  et  avril, 
on  a le  choix:  on  peut  aussi  se  procurer  encore  les  baies  et 
fruits  désignés  dans  le  mois  précédent.  Les  grenades  arrivent 
de  Provence.  Ceux  qui  ont  confiance  aux  bouillons  de  li- 
maçons les  prennent  de  préférence  dans  le  mois  d’octobre, 
parcequ’alors  les  limaçons  sont  plus  nourris  : c’est  vers'la 
lin  de  ce  mois  qu’ils  forment  leurs  opercules  pour  se  mettre 
à l’abri  du  froid  de  l'hiver.  Les  bouillons  de  moux  de  veaux 
ou  de  poulets  sont  aussi  adoucissants  et  aussi,  salutaires, 
et  moins  dégoûtants  pour  bien  des  malades..  Dans  ce  mois 
on  récolte  beaucoup  de  graines  ainsi  que  les  substances 
suivantes  , 

Baies  de  genievre. 

Bois  de  genievre  , 

Choux  rouges. 

Coings , 

Ecorces  de  garou 
Gui  de  chêne, 

Limaçons , 

Pommes  de  reinette, 

Racines  d’angélique , 
calcitrape, 
chardon  roland, 
consolide , 
cynoglosse, 

NOVEMB  R E. 

La  végétation  dans  ce  mois  est  à sa  fin;  les  liges  clés 
plantes  se  dessèchent,  ainsique  leurs  feuillesqui  deviennent 
le  jouet  des  vents.  11  ne  faut  pas  attendre  jusqu’à  celte 
époque  pour  arracher  de  terre,  dans  la  campagne  , les  ra- 
cines. Rien  alors  n’indique  leur  place;  l'hiver  peut  se  ma- 
nifester de  bonne  heure  : la  gelée  et  la  neige,  en  succédant 
à la  verdure  , rendent  difficile  et  impraticable  la  récolte  des 
racines  qu’on  auroit  négligé  de  se  procurer  dans  les  mois 
précédents.  On  trouve  encore  des  plantes  anti-scorbuti- 
ques; mais  un  bon -Pharmacien  ne  doit  pas  les  employer 
clans  les  compositions  officinales  ; il  a dû  se  précautionner 
dans  la  bonne  saison  : ces  plantes  ne  doivent  être  récoltées 


Racines  d’énuia  campana, 
garance , 
impératoire, 
patience, 
polvpode , 
pomme  de  terre, 
rapontic, 
rhubarbe. 

Semences  de  coriandre, 

palina  ch  iis  ti  * 
pivoine. 

Sumac. 


JELiMENT  S DE  PHARMACIE; 
dans  cette  saison  que  pour  le  service  magistral.  Dans  ce 
mois  on  alaganc  ou  champignon  de  chêne,  qu’il  faut 
préparer  comme  nous  le  dirons  en  son  lieu.  On  trouve  en 
<Jore  des  coings  pendant  la  première  quinzaine,  et  des  baies 
de  gemevre:  il  faut  prendre  garde  au  genièvre  qu’on  acheté 
e.eux  qui  en  font  commerce  sont  sujets  à mêler  du  vieux 
avec  du  nouveau  : le  premier  ne  fournit  presque  point 
huile  essentielle.  Dans  ce  mois  on  peut  récolter  encore 
beaucoup  de  graines  ; on  arrange  celles  qu’on  a fait  sécher,  * 
.on  les  netoie,  et  on  les  serre  dans  des  boîtes  ou  dans  des 
bouteilles , suivant  leur  nature. 

décembre. 

Ce  mois  présente  un  relâche  à toute  récolte  de  végétaux- 
la  campagne , engourdie  parla  rigueur  de  la  saisoÉ,  n’en 
oftie  guere  a sa  surface  : les  racines  d’ailleurs  qu’on  pour- 
ront se  procurer  sont  pour  l’ordinaire  plus  difficiles  à trou- 
ver, et  plus  difficiles  à arracher  de  terre  que  dans  le  mois 
precedent.  Mais  un  Pharmacien  intelligent,  en  variant  ses 

fite'  dTp  SaU  CS  '“re  SUCCéder  Ies  uns  aux  autres  ; il  pro- 

„Ld  „-eSpCCe  d®  V3Cance  <lue  ,a  nall,re  lui  donne  dans 
cette  saison  morte  , pour  s’occuper  des  opérations  de 

du  une  de  toute  espece.  Lorsque  l’hiver  est  rigoureux  il 
profite  du  froid  pour  faire  concentrer  par  la  gelée  du  Vi 
na,gre  distillé  et  non  distillé;  celui  quitte 
da.il  1 action  d un  grand  froid,  et  qu’on  sépare  de  la  f[aœ 
ail  meme  degré  de  froid  qu’il  a supporté  f est  utile  pour 
beamonp  d expériences  de  Chymie.  P 

Dans  ce  mois  les  mannes  nouvelles  commencent  à ar- 
vei  a I ans , et  vers  le  milieu  du  mois  le  Portugal  lui 
nv oie  clés  citrons  et  des  oranges.  & 


TROISIEME  PARTI  E. 


Vertus. 


Dose. 


De  la  préparation  des  médicaments  simples. 

Préparer  ou  apprêter  les  médicaments  simples,  c’est 
les  rendre  plus  propres  aux  usages  de  la  Médecine,  plus 
faciles  à être  mêlés  pour  en  former  des  médicaments  com- 
posés. On  se  propose  trois  choses  dans  la  préparation 
des  médicaments  simples. 

iQ.  De  les  rendre  plus  durables  , 2°.  pins  efficaces, 
3°.  plus  Faciles  à prendre  et  moins  dégoûtants.  La  plupart  des 
médicaments  simples  sont  employés  seuls  en  Médecine; 
mais  ils  servent  aussi  à faire  des  compositions,  et  presque 
tous  ont  besoin  d’être  préparés  et  arrangés  avant  d’être 
employés,  par  exemple,  pour  en  séparer  certaines  sub- 
stances nuisibles  ou  de  peu  de  vertu.  On  aurait  tort  de 
considérer  cette  partie  de  la  Pharmacie  comme  indifférente  : 
c’est  d’elle  que  dépend  en  grande  partie  la  vertu  des 
médicaments  composés  : les  différentes  maniérés  de  procé- 
der à leur  préparation  peuvent  changer  ou  dénaturer  les 
compositions  dans  lesquelles  ou  les  fait  entrer. 

Préparation  des  poumons  de  renard , des  foies  de  loup  , 
et  d'autres  parties  molles  des  animaux. 

On  prend  l’une  ou  l’autre  partie  molle  des  animaux  ; 
on  en  sépare  toute  la  graisse  avec  grand  soin  : on  les  coupe 
par  morceaux  : on  les  lave  ensuite  dans  du  vin  blanc  a 
plusieurs  reprises  pour  les  dégorger  de  tout  le  sang,  du 
moins  autant  qu’il  est  possible  : on  les  met  dans  un  bain- 
marie  sans  eau  afm  de  les  dessécher  promptement  à la 
chaleur  de  l’eau  bouillante.  Lorsqu’elles  sont  parfaitement 
séchées,  on  les  casse  par  morceaux  , et  on  les  enferme 
dans  des  bouteilles  bien  bouchées  afin  de  les  mieux  con- 
server. 

On  attribuoit  autrefois  de  grandes  vertus  à ces  prépara- 
tions. Les  poumons  de  renard  avoient  la  propriété  de 
guérir  les  maladies  de  poitrine,  l’asthme,  la  phthisie,  etc. 
On  donnoit  cette  drogue  en  poudre  depuis  24  grains  jus- 
qu’à 1 gros. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  ICI 

Le  foie  de  loup  se  donnoit  dans  les  coliques  venteuses  à 
la  même  dose. 

Ces  préparations  ne  sont  plus  aujourd’hui  d’usage  ; leurs 
vertus  sont  illusoires:  ces  drogues  sont  de  l’ancienne 
Pharmacie  : je  n’en  parle  ici  que  parcequ’il  y a encore 
quelques  personnes  qui  ont  beaucoup  de  confiance  dans  ces 
especes  de  médicaments, 

i 

Préparation  des  cloportes , clc  la  viper e , des  vers  de 

terré , etc. 

i 

On  choisit  les  cloportes  des  bois  : on  les  lave  et  on  les 
■Tait  mourir  dans  du  vin  blanc  : on  les  fuit  sécher  ensuite 
au  soleil  ou  dans  une  étuve  pour  pouvoir  les  mettre  eu 
poudre. 

Ou  prépare  de  la  même  maniéré  les  vers  de  terre,  et 
plusieurs  autres  insectes  à-peu-près  de  même  nature. 

Lorsqu’on  prépare  les  viperes , on  choisit  d’abord  celles 
qui  sont  bien  vives  et  bien  saines  : on  leur  coupe  la  tète  : 
on  leur  ôte  la  peau  et  tous  les  viscères  : on  les  fait  sécher  de 
la  même  manière  que  nous  l’avons  dit  pour  les  cloportes.  Vertus 

On  attribue  à la  vipere  les  vertus  de  purifier  le  sang, 
d être  sudorifique,  de  chasser  les  mauvaises  humeurs  par 
transpiration , de  résister  au  venin  , etc.  On  la  donne  en  Dosc- 
poudre  à la  dose  de  huit  grains  jusqu’à  un  scrupule;  mais 
si  l’on  avoit  quelque  confiance  à ce  remede  , on  peut 
sans  danger  le  faire  prendre  jusqu’à  une  once,  et  même 
davantage  : il  n’a  pas  plus  de  vertu  que  la  poudre  de 
cloportes. 

On  attribue  aux  cloportes  une  vertu  fondante  et  apéri- 
tive  , propre  à dissiper  la  jaunisse  , pour  exciter  l’urine , 
pour  les  scrophules , pour  les  cancers,  pour  aider  la 
respiration  , étant  pris  en  poudre.  La  dose  est  depuis  un 
scrupule  jusqu’à  un  gros.  On  les  emploie  récents  , et 
écrasés  dans  des  bouillons  apéritifs. 

Les  vers  de  terre  passent  pour  être  diurétiques  et 
sudorifiques , bons  pour  la  pierre,  étant  [iris  en  poudre  : 
on  les  emploie  aussi  à l’extérieur  pour  résoudre  et  fortiiier 
les  nerfs,  pour  la  goutte  sciatique,  pour  les  rhumatismes. 

Nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  dire  que  ces  rémé- 
rés ont  si  peu  de  vertu  , qu’on  peut  les  considérer  comme 

G ii  j 


102 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

n en  ayant  point  du  tout,  même  les  cloportes  que  l’on 
emploie  tous  les  jours  avec  grande  confiance. 

11  y a encore  un  grand  nombre  d’autres  préparations 
de  substances  à-peu-près  semblables  que  je  passe  sous 
silence , tant  parcequ  elles  ne  sont  plus  d’usage  eu 
Médecine  , que  parcequ’on  les  trouve  décrites  dans  les 
anciennes  Pharmacopées  ; je  ne  m’arrêterai  qu’à  celles 
qui  sont  efficaces  et  d’un  usage  fréquent  dans  la  Médecine. 

Préparation  des  mouches  cantharides. 

La  préparation  des  cantharides  consiste  à les  faire 
mourir  en  les  exposant  a la  vapeur  du  vinaigre,  ou  même 
en  les  plongeant  dans  le  vinaigre , et  à les  faire  sécher 
ensuite  pour  pouvoir  les  réduire  en  poudre. 

Les  cantharides  sont  corrosives  : elles  excitent  des 
vessies  ou  ampoules  étant  appliquées  sur  la  peau,  et  elles 
en  font  sortir  beaucoup  de  sérosité  : elles  font  la  base 
de  f emplâtre  vésicatoire  dont  nous  parlerons  dans  son 
temps. 

On  ne  doit  jamais  faire  prendre  les  cantharides  inté- 
rieurement,  à quelque  petite  dose  que  ce  soit,  même 
celles  qu’on  a fait  infuser  dans  du  lait  à dessein  de  dimi- 
nuer leur  acreté  : elles  occasionnent  ordinairement  des 
chaleurs  d’estomac  , des  ardeurs  d’urine  et  des  inflamma- 
tions considérables  à la  vessie,  et  causent  des  ulcérés 
mortels.  11  se  trouve  des  gens  assez  imprudents  pour 
prendre  de  la  poudre  de  cantharides  , afin  de  s’exciter  à 
l’acte  vénérien  ; mais  ils  paient  bien  cher  le  plaisir  qu’ils 
ont  voulu  se  procurer. 

ITstion  des  médicaments , 

\ 

Nous  allons  passer  à d’autres  préparations  qui  se  font 
par  l’action  du  leu  , dans  l’intention  de  détruire  et  de 
volatiliser  en  partie  ou  en  totalité  certaines  substances  des 
mixtes.  On  nomme  us  lion  ou  calcination  ce  genre  de 
préparation. 

Coque  l’on  entend  par  ustion,  c’est  la  torréfaction  ou 
le  grillage  des  médicaments  , ou  leur  réduction  en  char- 
bon , ou  leur  réduction  en  cendre  ou  en  chaux.  Ces  opé-» 
ïâiions  étoiciit  autrefois  beaucoup  eu  usage  ; mais  aujouu- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.'  100 

d’hui  on  les  a presque  toutes  supprimées  de  la  Pharmacie, 
et  avec  raison  : on  en  a seulement  conservé  quelques  unes. 

Je  ne  me  propose  de  parler  ici  que  de  celles  qui  sont 
d’usage. 

Torréfaction  de  la  rhubarbe. 

O11  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  rhubarbe  réduite 
en  poudre  fine  : on  la  met  dans  un  plat  neuf  de  terre 
vernissée:  on  la  fait  rôtir  à-peu-près  comme  le  café  que  Pou 
fait  griller;  on  a soin  de  remuer  la  rhubarbe  continuelle- 
ment avec  une  spatule  de  fer,  et  de  ne  la  tenir  sur  le  feu 
que  le  temps  nécessaire  pour  la  faire  changer  de  couleur 
sans  la  réduire  en  charbon. 

La  rhubarbe  perd  entièrement  sa  vertu  purgative  par  la  Vertu 
torréfaction  , et  on  croit  qu’elle  devient  astringente;  mais 
il  vaut  mieux  l’employer  telle  qu’elle  est  : elle  est  certaine-  Dose, 
ment  plus  efficace. 

f 

Eponge  calcinée. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  d’éponge  fine  : ou 
la  lave  pour  en  séparer  seulement  la  poussière  : on  lui 
laisse  les  petits  coquillages  qu’elle  renferme  dans  son 
intérieur:  on  la  fait  sécher  : on  en  remplit  un  creuset 
qui  doit  être  couvert  de  son  couvercle  lutté  avec  de  la 
terre  à four  détrempée  : on  place  ce  creuset  dans  un 
fourneau  : on  le  fait  rougir  par  degrés  : on  cesse  de  faire 
du  feu  lorsque  la  matière  ne  laisse  plus  appercevoir  de 
vapeurs  qui  sortent  par  les  gerçures  du  lut.  Lorsque  le 
creuset  est  refroidi,  on  en  tire  l’éponge  calcinée  qui  doit 
être  noire  et  dans  l’état  charbonneux  : onia  pulvérise;  et 
l’on  passe  la  poudre  à travers  un  tamis  de  soie  très  serré. 

On  peut  préparer  de  la  même  maniéré  tous  les  charbons 
des  végétaux  et  des  animaux. 

L’éponge  calcinée  a la  réputation  d’être  un  remede  in-  vcrti 
faillible  pour  guérir  les  goitres;  mais  c’est  bien  gratuite- 
ment : c’est  une  substance  charbonneuse  qui  n’a  pas  plus 
de  vertu  que  le  charbon  ordinaire;  et  si  quelquefois  les 
remedes,  dans  lesquels  on  l'a  fait  entrer,  ont  réellement 
produit  de  bons  effets  pour  cette  incommodité,  c’est  à ces 
seuls  remedes  qu’on  doit  attribuer  la  guérison  et  non  pas 
à l’éponge  calcinée. 


G ir 


Vertus. 

Pose. 


J 04  ELEMENTS  DE  P H A R M A C I E.’ j 

S podium  ou  ivoire  calciné. 

On  prend  la  quantité  d’ivoire  que  l’on  veut  : on  met  cet 
ivoire  dans  un  creuset  non  couvert  non  place  ce  creuset 
dans  un  fourneau  entre  des  charbons  ardents,  et  on  fait 
calciner  l’ivoire  jusqu’à  ce  qu’il  soit  parfaitement  blanc 
à l’extérieur  et  dans  l’intérieur. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  la  corne  de  cerf,  lo 
crâne  humain,  etc. 

L’ivoire  calciné  est  une  matière  terreuse,  absorbante, 
qui  a la  faculté  d’absorber  les  aigreurs  de  l’estomac,  La  dose 
est  depuis  douze  grains  jusqu’à  deux  scrupules, 

R E M A R Q U E S. 

Les  substances  osseuses  sont  toutes  composées  de  terre 
et  d’un  parenchyme  mucilagineux  qui  sert  de  colle  pour 
lier  et  donner  de  la  consistance  aux  os  ; cette  substance 
mucilagineuse  se  dissout  dans  l’eau  et  produit  de  la  gelée, 
comine  nous  le  dirons  ailleurs. 

La  calcination  qu’on  fait  éprouver  aux  substances 
osseuses  a pour  objet  de  détruire  leur  mucilage  afin  d’avoir 
la  terre  seulement  qui  est  très  blanche  lorsque  la  calcina- 
tion est  bien  faite.  Cette  calcination  présente  plusieurs 
difficultés  qui  viennent  de  la  nature  de  la  substance  ter- 
reuse, et  de  la  maniéré  dont  le  parenchyme  est  mêlé  et 
distribué  avec  cette  même  substance  terreuse. 

Presque  tous  les  Chymistes  ont  considéré  la  terre  des 
os  comme  étant  une  terre  purement  calcaire. 

Pott,  dans  sa  Lithogéognosie , paroit  avoir  adopté  le 
même  sentiment.  E11  effet,  cette  terre  a plusieurs  pro- 
priétés communes  aux  terres  calcaires  : elle  fait  efferves- 
cence avec  les  acides  : mêlée  à partie  égale  avec  une  argille 
et  poussée  au  grand  feu,  elle  entre  eu  fusion  et  forme  du 
verre  comme  le  font  les  terres  calcaires.  Mais  la  terre  des 
os  ne  se  convertit  point  en  chaux  vive  par  la  calcination 
comme  les  pures  le  1res  calcaires  ou  les  coquillages  des 
poissons;  et  c’est,  comme  on  sait,  un  caractère  spécifique 
pour  reconnoitre  ces  substances.  Les  expériences  que  j’ai 
laites  sur  la  terre  des  os  et  sur  celle  des  végétaux  , m’ont 
pleinement  convaincu  qu’elles  sont  l une  et  l’autre  de  la, 


£ L L M E X T s DE  P Iï  A II  M A C I E.  lo5 

nature  des  terres  vitrifiables  ; niais  la  terre  des  végétaux , 
en  passant  dans  le  corps  des  animaux,  y sou  lire  une 
nouvelle  élaboration  et  des  altérations  considérables  qui 
la  dénaturent  tellement  que  toutes  ses  propriétés  vitriha- 
bles  deviennent  méconnoissables  dans  les  expériences 
ordinaires  de  la  Chymie.  Si  je  ne  craignois  d’être  trop  long, 
j’entrerois  dans  un  plus  grand  détail  à ce  sujet;  mais  je  me 
propose  de  publier  dans  un  autre  ouvrage  mes  observations 
sur  cette  matière,  et  j’espere  qu’elles  pourront  répandre 
quelque  lumière  sur  l’économie  animale. 

La  propriété  qu’a  la  terre  des  os  de  se  fondre  avec  de 
l’argille  par  la  violence  du  feu  , est  cause  qu’on  éprouve 
quelques  difficultés  dans  sa  calcination  : si  l’on  emploie 
des  creusets  d’argille,  comme  ils  le  sont  tous,  une  partie 
des  os  se  vitrifie  et  s’attache  aux  parois  du  creuset  ; ce 
qui  fait  un  déchet  considérable.  La  seconde  difficulté 
qu’on  éprouve  est  celle  de  ne  pouvoir  brûler  entièrement , 
et  jusques  dans  l'intérieur,  le  parenchyme  mucilagineux 
qui  est  défendu  de  la  combustion  par  la  substance  terreuse  : 
la  partie  osseuse  se  réduit  bien  en  charbon,  même  assez 
promptement;  mais  ensuite  il  faut  un  feu  long-temps 
continué,  pour  que  l’intérieur  des  morceaux  soit  aussi 
blanc  que  l’extérieur.  On  parvient  à lever  toutes  ces 
difficultés  en  faisant  calciner  la  corne  de* cerf  ou  les  autres 
matières  osseuses  dans  la  partie  supérieure  du  four  d’un 
faïencier,  où  on  les  étend  à l’air  libre  sur  un  tas  de  sable  : 
par  ce  moyen  ou  remédie  à tous  les  inconvénients  dont 
nous  venons  de  parler.  11  faut  cependant  observer  que  Je 
lit  de  ces  os  soit  fort  mince  , sans  quoi  ceux  qui  se  trouvent 
trop  couverts  se  calcinent  imparfaitement. 

J’ai  tenté  de  faire  calciner  ces  matières  osseuses  sous  le 
four  d’un  faïencier  et  dans  l’endroit  où  la  chaleur  est  la 
plus  violente:  niais  j’ai  remarqué  que  la  surface  des  os  se 
vitrifioit  en  quelque  manière,  et  retenoit  et  fixoit  la 
substance  charbonneuse.  Les  matières  osseuses,  dans  cet 
état  de  demi-vitrification , conservent  un  ton  bleu-verdatre 
que  l’on  ne  peut  détruire  par  le  feu  le  plus  violent  et  le 
plus  long- temps  continué  : ainsi  il  vaut  mieux  faire 
cette  calcination  par  un  leu  plus  modéré,  et  le  continuer 
long-temps  : il  sufht  de  tenir  rouges  ces  matières  pendant 
douze  ou  quinze  heures. 

La  corne  de  cerf,  devenue  blanche  par  une  calcination 


Vertus. 


Dose. 


Vertus.' 


106  éléments  de  pharmacie; 

*1  feu  modéré  , contient  une  petite  quantité  de  sel  qui  est 
susceptible  de  se  crystalliser,  et  qu’on  lui  enleve  facile- 
ment en  la  faisant  bouillir  dans  l’eau  : ce  sel  est  un  sel 
phosphorique  terreux  f on  propose  depuis  quelque  temps 
de  séparer  1 acide  phosphorique  des  o£  par  l’intermede  de 
1 acide  vitriolique  : j’ai  répété  quelques  unes  des  expé- 
riences j eu  rendrai  compte  dans  ma  t hymie  expérimen- 
tale et  raisonnee.  Cette  même  corne  de  cerf , mise  à 
calciner  une  seconde  fois,  ne  fournit  plus  par  l’ébullition 
dans  1 eau  un  semblable  sel  ; il  y a cependant  lieu  de 
croire  qu  il  y existe  encore,  mais  sous  une  autre  forme  et 
dans  l’état  de  vitrification.  En  effet,  la  corne  de  cerf  qui  a 
été  calcinée  une  seconde  fois  à un  feu  de  vitrification  de 
la  derniere  violence  , est  plus  dure  , plus  coriace  que  celle 
qui  a été  calcinée  à feu  modéré  : elle  est  aussi  beaucoup 
moins  dissoluble  dans  les  acides  : une  grande  partie  s’y 
réduit  en  mucilage. 

Quoi  qu’il  en  soit,  011  considéré  la  corne  de  cerf,  cal- 
cinée et  broyée  , comme  un  remede  bon  pour  arrêter  le 
cours  de  ventre  et  adoucir  les  aigreurs  d’estomac.  La  dose 
est  depuis  douze  grains  jusqu’à  deux  scrupules. 

Alan  calciné . 

O11  met  la  quantité  que  l’on  veut  d’alun  dans  une  terrine 
de  terre  non  vernissée:  011  place  cette  terrine  sur  un 
fourneau  rempli  de  charbons  ardents  : aussitôt  que  l’alun 
s’échauffe  , il  entre  dans  une  sorte  de  fusion  que  l’on 
nomme  liquéfaction  aqueuse  , parcequ’elle  n’est  cîue  qu’à 
la  grande  quantité  d’eau  contenue  dans  ses  crystaux , 
laquelle  fait  la  moitié  de  leur  poids.  A mesure  que  l’alun 
se  desseche  et  qu’il  perd  l’eau  de  sa  crystallisation , il  se 
boursoufle  considérablement  : il  devient  rare,  spongieux 
et  parfaitement  blanc  : il  cesse  de  bouillonner  lorsqu’il  est 
entièrement  privé  d’humidité.  On  le  réduit  en  poudre  fine  , 
et  on  le  serre  dans  une  bouteille  : c’est  ce  que  l’on  nomme 
alun  calciné. 

L’alun  calciné  est  employé  à l’extérieur  comme  un  fort 
bon  scarotique  pour  consumer  les  chairs  baveuses , les 
excroissances,  et  pour  ouvrir  les  chancres. 


% 


-ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 


IO7 


Remarques. 

L’alun  est  un  sel  vitriolique  à base  de  terre  vitrifiable  ' 
de  la  nature  des  argilles  : ce  sel  est  avec  excès  d’acide,  et 
peut  etre  saturé  de  sa  terre  : voyez  mon  Manuel  cle  Ghy- 
mie  et  mon  Mémoire  sur  les  Argilles . 11  entre  dans  la 
composition  des  crystaux  d’alun  un  peu  plus  que  la  moitié 
de  leur  poids  d’humidité,  c’est  elle  que  l’on  nomme  eau 
de  crystalhsation  : lorsqu’on  fait  calciner  ce  sel,  il  ne  se 
dissipe  que  l’eau  de  la  crystallisation , et  peu  ou  point 
a acide , qui  se  concentre  par  conséquent  dans  cette 
opeiation  ; c est  ce  qui  lait  que  1 alun  calciné  est  infiniment 
plus  caustique  que  celui  qui  ne  l’est  point. 

On  veut  dans  le  commerce  que  l’alun  calciné  soit  léger 
et  volumineux.  Les  aluns  doués  de  ces  propriétés,  sont 
ceux  prépares  avec  tics  matériaux  qui  n’ont  point  éprouvé 
1 action  du  leu , tel  est  l’alun  de  roche  ordinaire;  l’alun 
de  Home  est  préparé  avec  une  terre  qu’on  soumet  à la 
calcination  avant  de  faire  l’alun.  Cette  espece  d’alun  ne  so 
boursoufle  pas  au  feu. 


Corne  de  cerf  préparée  à Veau. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  cornichons  ou 
extrémités  des  rameaux  de  cornes  de  cerf:  on  les  fait 
bouillir  dans  l’eau  pendant  cinq  à six  heures  : on  leur  ôte 
a matière  spongieuse  qui  se  trouve  dans  l’intérieur:  ou 
réitéré  1 ébullition  encore  une  lois  ou  deux  : 011  ratisse  la 
surface  pour  ôter  l’écorce  grise  et  les  petits  nœuds  qui  s’y 
trouvent:  on  la  fait  sécher:  c’est  ce  que  l’on  nomme 
corne  de  cerf  préparée  philosophiquement  à Veau. 

On  estime  que  la  corne  de  cerf  préparée  à l’eau  est 
propre  contie  1 épilepsie,  la  paralysie,  l’apoplexie,  et  les  ' 
autres  maladies  du  cerveau:  la  dose  est  depuis  douze  D se 
giains  jusqu  a deux  scrupules.  Mais  ces  vertus  sont 
absolument  imaginaires  : elle  11’a  pas  d’autres  vertus  que 
la  corne  de  cerf  calcinée  dont  nous  avons  parlé  précédent- 

1110  XI  t • 


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E M 


ARQUES, 


?ar  cette  opération  on  se  propose  de  dépouiller  , autant 


I 


1 CB  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE,' 

qu’il  est  possible  , la  terre  des  os,  du  parenchyme  mucila- 
gineux.  L’eau  fait  ici  à-peu-près  le  même  effet  que  le  feu, 
avec  cette  différence  qu’elle  dissout  la  matière  mucilagi- 
neuse  , et  qu’on  peut  la  recueillir  en  gelée  par  l’évapora- 
tion d’une  partie  de  l’eau  : mais  il  s’én  faut  de  beaucoup 
que  l’eau  fasse  cette  séparation  aussi  promptement  que  le 
feu  : il  faudroit , pour  y parvenir,  un  bien  plus  grand 
nombre  d’ébullitions  réitérées  successivement;  encore  seroit* 
il  douteux  qu’on  parvînt  à enlever  exactement  toute  la 
matière  mucilagineuse.  L’opération  se  feroit  plus  prompte- 
ment dans  le  digesteur  ou  la  machine  de  Papin. 

Les  anciens  prescrivoient , pour  faire  celte  opération, 
de  suspendre  les  cornichons  de  corne  de  cerf  dans  le  cha- 
piteau d’un  alambic,  afin  qu’ils  reçussent  la  vapeur  de 
l’eau  avant  qu’elle  distillât,  et  les  liqueurs  qu’ils  em- 
ploy oient  étoient  appropriées  à l’usage  auquel  on  destinoit 
la  corne  de  cerf.  Mais  après  quinze  jours  de  distillation 
on  s’apperçoit  à peine  que  la  corne  de  cerf  a subi  quelque 
altération  z ainsi  il  vaut  beaucoup  mieûx  avoir  recours 
à l’ébullition  dans  l’eau. 

Le  centre  des  cornichons  de  cornes  de  cerf  est  rempli 
d’une  substance  spongieuse  qui  est  dure  et  difficile  à 
être  séparée;  mais  lorsque  ces  mêmes  cornichons  ont  bouilli 
dans  l’eau  pendant  quelques  heures,  la  partie  spongieuse 
devient  friable  et  facile  à être  enlevée:  on  sè  sert  pour  cela 
d’un  tire-moëlle , ou  d’une  petite  sonde  dont  les  épiciers 
font  usage  pour  sonder  les  fromages.  11  en  est  de  même  de 
l’écorce  de  ces  mêmes  cornichons  : elle  s’enleve  facilement 
avec  un  couteau  après  qu’ils  ont  bouilli  pendant  dix  ou 
douze  heures  dans  l’eau. 


liau  de  chaux , 

L’eau  de  chaux  est  l’union  de  l’eau  avec  la  matière. salmo- 
terreuse  alla  line  qui  s’est  formée  dans  la  pierre  pen- 
dant la  calcination.  Four  faire  l’eau  de  chaux  on  prend  la 
quantité  que  l’on  veut  de  chaux  vive  : on  la  met  dans  une 
terrine  de  grès  : on  verse  par-dessus  une  suffisante  quantité 
d’eau , mais  peu-à-peu  : on  remarque  quelque  temps  après,  et 
quelquefois  sur-le-champ,  que  le  mélange  s’échauffe  con- 
sidérablement. L’eau  pénétré  les  parties  de  la  chaux  : la 
chaleur  qu’elle  épreuve  la  réduit  en  vapeurs;  elle  tend  à 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.'  1 OQ 

se  dissiper:  elle  écarte  les  parties  de  la  pierre  calcinée  avec 
une  violence  considérable  qui  excite  un  bruit  qu’on  peut 
entendre  quelquefois  à cinquante  pieds  de  distance.  Une 
partie  de  l’eali  qui  pénétré  la  chaux  se  dissipe  en  vapeurs 
par  la  chaleur  excitée  : cette  chaleur  est  même  si  grande, 
qu’on  n’a  pu  encore  en  déterminer  le  degré,  parcequ’elle 
met  toutes  les  liqueurs  en  ébullition.  A mesure  que  la 
chaux  s’éteint,  on  ajoute  de  l’eau  afin  de  la  délayer.  Lors- 
que l’extinction  de  la  chaux  est  entièrement  faite  , on 
filtre  la  liqueur  : elle  passe  claire,  limpide,  sans  couleur  : 
elle  a une  saveur  âcre  et  amere  : c’est  ce  que  l’on  nomme 
eau  de  chaux. 

L’eau  de  chaux  est  employée  intérieurement  pour  gué-  Vertu* 
rir  les  ulcérés  des  poumons  : dans  ce  cas  on  la  mêle  avec 
du  syrop  violât.  On  la  mêle  dans  le  lait  qu’on  veut  faire 
prendre  pour  empêcher  qu’il  ne  s’aigrisse  dans  l’estomac. 

On  a encore  découvert  à l’eau  de  chaux  une  vertu  lithon- 
triptique  , c’est-à-dire  , propre  à dissoudre  la  pierre  dans 
la  vessie;  mais  elle  ne  réussit  pas  toujours.  La  dose  de  l’eau  Dose* 
de  chaux  est  depuis  une  once  jusqu’à  quatre:  elle  occa- 
sionne ordinairement  la  soif. 

Remarque  S. 

Les  phénomènes  de  chaleur  que  présente  la  chaux  pen- 
dant son  extinction  , ont  donné  lieu  à beaucoup  d’explica- 
tions différentes.  Quelques  auteurs  ont  attribué  ces  phé- 
nomènes aux  parties  de  feu  qui  , suivant  leur  sentiment, 
se  sont  fixées  dans  la  substance  de  la  pierre  pendant  cette 
calcination  : cette  opinion  a été  long-temps  en  faveur. 
D’autres  attribuent  ces  phénomènes  aux  parties  de  feu  con- 
tenues dans  l’eau  même  qu’on  emploie  pour  l’extinction 
de  la  chaux  : ils  se  fondent  sur  ce  que  l’eau  devient  solide 
lorsqu’elle  est  privée  de  la  quantité  de  feu  ou  de  chaleur 
qui  lui  est  nécessaire  pour  être  fluide  ; mais  la  chaux  et 
l’eau,  exposées  dans  le  même  endroit,  sont  également  pé- 
nétrées par  le  feu  élémentaire  , et  se  mettent  l’une  et  l’au- 
tre à la  température  de  l’air.  D’autres  Chymistes  ont  cru 
pouvoir  expliquer  ces  phénomènes  par  des  parties  salines 
contenues  dans  la  chaux  ; mais  toutes  ces  hypothèses  ingé- 
nieuses n’éclaircissent  nullement  l’objet  en  question.  En 
réfléchissant  sur  les  altérations  que  la  piarre  calcaire  éprouve 


HO  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

pendant  la  calcination  , il  nous  sera  plus  facile  de  eon- 

ccvoii  la  cause  de  la  chaleur  qui  s’excite  pendant  son  ex- 
tinction. 

Les  pierres  calcaires,  en  se  convertissant  en  chaux,' 
perdent  1 eau  et  1 air  , principes  qui  les  constituent  terres 
calcaires  : elles  diminuent  de  moitié  de  leur  poids  et  per- 
dent considérablement  de  leur  volume.  L eau  est  d’une 
adhérence  si  forte  dans  la  pierre  a chaux  , qu’il  faut  lui 
faire  éprouver  un  feu  violent  et  long-temps  continué  pour 
la  piiver  de  cette  humidité.  IVlacquer  s’est  assuré,  par  un 
nombre  suffisant  d expériences , que  la  substance  qui  se 
dissipe  n est  que  de  l’eau  : il  a pour  cela  calciné  les  pierres 
a chaux  dans  des  cornues  capables  de  résister  à la  violence 
du  feu  : ce  qui  a passé  dans  le  récipient  éloit  un  phlegme 
insipide. 

De  nouvelles  expériences  ont  appris  que  les  pierres 
calcaires  soumises  à la  distillation  dans  l’appareil  pneu- 
mato-chymique  fournissoient  une  grande  quantité  d’air 
fixe.  Quelques  Chymistes  modernes  pensent  qu’en  ren- 
dant à la  chaux  1 air  fixe  qu’on  lui  a enlevé  , on  la  régé- 
néré en  terre  calcaire  telle  qu’elle  étoit  auparavant  ; ce  qui 
n’est  pas.  J’ai  fait  voir  dans  une  note  insérée  dans  le  vo- 
lume de  l’académie  année  1787,  que  cette  terre  calcinée 
a des  propriétés  différentes  de  celle  qui  n’a  pas  éprouvé 
l’action  du  feu. 

M.  Pelletier , maître  Apothicaire  de  Paris,  est  le  premier 
qui  ait  observé  que  la  chaux, pendant  son  extinction,  répand 
à sa  surface  une  flamme  pure,  légère  et  ondulante. 

Pendant  que  Peau  pénétré  la  chaux,  la  portion  de  cette 
pierre  la  mieux  divisée  et  la  mieux  calcinée  se  combine  in- 
timement avec  l’eau  : elle  y reste  en  dissolution  , et  elle 
communique  à l'eau  une  saveur  qui  a quelque  chose  de 
salin.  Ce  nouveau  composé  a quelques  propriétés  commu- 
nes avec  l’ahcaîi  ; mais  il  en  différé  aussi  considérablement. 
Ce  n’est  pas  ici  qu’il  convient  d’examiner  ces  substances  , 
cela  nous  éloigneroit  trop  de  notre  objet  : je  me  contente 
d’exposer  succinctement  la  théorie  de  l’extinction  de  la 
chaux  dans  Peau;  ce  qui,  ce  me  semble  , est  suffisant  pour 
l’intelligence  de  ce  phénomène. 

Lorsqu’on  prépare  de  l’eau  de  chaux  on  emploie  ordi- 
nairement beaucoup  de  chaux  à proportion  de  la  quantité 
d’eau.  Quant  on  a séparé  la  première  eau,  011  en  repassa 


I 


^ L f M E N T S DE 


pharmacie. 


1 1 1’ 


de  nouvelle  sur  le  marc  , et  on  nomme  cette  derniere  eau 
de  chaux  seconde.  On  croit  communément  qu’elle  est 
moins  lorte  que  la  première;  elle  est  cependant  semblable, 
a moins  qu’on  ait  employé  une  prodigieuse  quantité  d’eau 
a la  première  lotion.  11  vaut  beaucoup  mieux  affoiblir  l’eau 

de  chaux  première,  après  qu’elle  est  faite,  avec  une  égale 
quantité  d’eau.  ° 

Lorsque  l’eau  de  chaux  s’évapore,  il  se  forme  à la  sur- 
lace une  pellicule  salino- terreuse  : c’est  ce  que  l’on  nomme 
c ce  me  ou  pèlliciile  de  chaux.  Cette  matière  est  dissoluble 
dans  l’eau , mais  en  bien  moindre  quantité  qu’elle  ne  l’é- 
toit  auparavant. 


On  lait  encore  usage,  dans  la  Médecine,  de  l’eau  de 
chaux  d’écailles  d’huîtres  : voici  la  maniéré  de  la  préparer. 


Eau  de  chaux  d' écailles  d'huîtres. 


On  prend  des  écaillés  d’huîtres  : on  les  lave  pour  em- 
porter toutes  les  matières  étrangères,  et  la  matière  muci- 
lagmeuse  qui  peut  se  trouver  à l’extérieur:  on  en  inet  la 
quantité  que  l’on  veut  dans  un  creuset  que  l’on  place  dans 
un  lourneau  à vent  : ou  chauffe  ce  creuset  par  degrés  et 
on  le  tient  obscurément  rouge  pendant  environ  douze 
heures,  ou  jusqu’à  ce  que  les  coquilles  n’exhalent  plus  de 
vapeurs;  alors  on  augmente  le  feu  violemment,  et  on 
1 entretient  en  cet  état  pendant  environ  deux  ou  trois 
heures.  On  ote  le  creuset  du  feu,  et  lorsqu’il  est  refroidi, 
on  verse  ce  qu’il  contient  dans  une  terrine  de  grès.  On 
procédé  ensuite  à la  préparation  de  l’eau  de  chaux  de  la 
meme  manière  que  nous  l’avons  dit  précédemment. 

Si  l’on  a employé  vingt-quatre  livres  de  coquilles  d’huî- 
tres, ou  obtiendra  treiz.e  livres  de  bonne  chaux  : c’est  onze 

livres  d’eau,  d’air  et  d’huile  qui  se  sont  dissipées  pendant 
la  calcination; 

L’eau  de  chaux  d’écailles  d’huîtres  a les  memes  vertus  Vertus, 
que  1 eau  de  chaux  ordinaire  : elle  mérite  la  préférence  en 
ce  que  les  coquilles  d’huîtres  ne  peuvent  jamais  contenir 
de  matières  étrangères  ; au  lieu  que  les  pierres  calcaires 
avec  lesquelles  on  fait  la  chaux  ordinaire,  peuvent  conte- 
nir des  matières  minérales  étrangères  à la  chaux  et  à l’eau 


1 1 2 


ÉLÉMENTS  DE  P iU  R M A C I É. 


Remarque  s. 

V 

Les  coquilles  d’huîtres  contiennent  une  grande  quantité 
de  matière  mucilagineuse  parfaitement  annualisée  , qui 
fournit,  par  l’analyse,  comme  les  substances  animales,  de 
l’akali  volatil.  Cette  matière  mucilagineuse,  distribuée 
et  renfermée  entre  les  molécules  de  la  terre  calcaire  , se 
brûle  dans  les  premiers  instants  de  la  calcination  : elle  se 
réduit  en  charbon;  et  lorsqu’elle  est  dans  cet  état,  elle  est 
très  difficile  à être  détruite  : il  faut  un  feu  de  la  derniere 
violence,  et  long-temps  continué , pour  y parvenir  : elle  re- 
tarde même  la  réduction  de  la  terre  en  chaux  vive.  11  con- 
vient de  faire  cette  calcination  dans  un  creuset  évasé,  et 
dont  l’ouverture  ait  une  libre  communication  avec  l’air 
extérieur,  afin  d’accélérer  la  dissipation  des  matières  phlo- 
gistiques.  Lorsque  les  coquilles  d’huîtres  sont  parfaitement 
calcinées  et  réduites  en  chaux,  elles  sont  très  blanches, 
très  friables,  et  se  réduisent  en  poudro  facilement.  Lors- 
qu’elles ne  l'ont  pas  été  suffisamment,  elles  ont  une  cou- 
leur noire  dans  l'intérieur,  qui  vient  de  la  matière  char- 
bonneuse qui  ne  s’est  point  détruite  ; il  faut  les  calciner  de 
nouveau  pour  achever  de  les  réduire  en  chaux. 

La  chaux  d’écailles  d’huîtres  présente,  pendant  son  ex- 
tinction dans  l’eau  , tous  les  phénomènes  de  la  chaux  ordi- 
naire. L’eau  de  chaux  qui  en  résulte  est  plus  âcre  et  plus 
forte  que  l’eau  de  chaux  ordinaire.  On  peut  attribuer  ce 
phénomène,  i°.  a ce  que  la  terre  des  coquilles  d huities 
est  infiniment  plus  divisée  et  puis  attenuee  que  cebe  des 
pierres  ordinaires  avec  lesquelles  on  lait  de  ni  chaux  : elle 
est  par  conséquent  disposée  à être  mieux  calcinée  , parce- 
qu’elle  présente  plus  de  surface  à I action  du  feu  ; o.°.  a 
une  plus  grande  quantité  de  phlogislique  produit  par  la 
matière  animale  contenue  dans  les  coquilles,  qui  ledui't 
dans  l’état  salin  davantage  de  terre  calcaire,  et  .forme  par- 
conséquent  plus  de  sel  akaîi  fixe,  comme  je  l'ai  démontré 
dans  mon  Manu  cl  de  Chymie  et  dans  mon  Mémoire  sur 
les  a railles.  Cette  plus  grande  quantité  d’akali  est  cause 
que  l’âcreté  de  l’eau  de  chaux  d’écailles  d’huîtres  est  plus 
forte  que  celle  de  l’eau  de  chaux  ordinaire. 


L Soufre 


L £ RI  E N T S DH  PHARMACIE. 


1 13 


Soufre  lavé. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  soufre  en  canons: 
on  le  lait  fondre,  à une  douce  chaleur,  dans  une  terrine 
non  vernissée  : on  y ajoute  le  double,  ou  à pcu-près,  de 
son  poids  d eau  bouillante  : on  fait  bouillir  le  tout  pendant 
environ  un  quart-d’lieure  : on  décante  l’eau  qu’on  jette 
connue  inutile  : on  réitère  la  même  opération  jusqu’à 
quatorze  fois  ; ensuite  on  fait  sublimer  le  soufre  pour  le 
réduire  en  Heurs  : c’est  ce  que  l’on  nomme  soufre  lavé. 

Le  soufre,  les  Heurs  de  soufre  et  le  soufre  lavé  , sont  Vertus* 
bons  dans  les  maladies  du  poumon  et  de  la  poitrine.  La  Dos*, 
dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 

On  mêle  le  soufre  avec  de  la  graisse  , et  on  en  forme  un 
onguent  cfu’on  emploie  à l’extérieur,  avec  succès , pour 
guérir  les  dartres,  la  gale  et  la  gratelle. 


R 


E M A R Q U E S. 


Te  sou  Ire  est  une  substance  qu’on  retire  ordinairement! 
' , , Hui  fournissent  en  même  temps  de  l’alun  et 

de  la  séiémte.  On  se  propose  , par  les  différentes  ébullitions 
dont  nous  venons  de  parler,  de  dissoudre  et  de  séparer  les 
• substances  salines  qui  peuvent  altérer  sa  pureté  : la  subli- 
mation qu  on  lui  lait  éprouver  est  même  nécessaire  pour 
■ecarter  les  substances  terreuses  qu’il  peut  contenir. 

Le  soufre,  ainsi  purifié,  est  d’un  usage  plus  sûr  dans  1* 
Médecine  que  le  soufre  ordinaire. 

Eponge  préparée  avec  de  la  cirel 

Ou  prend  la  quantité  que  l’on  veut  d’éponges  fines  cou-1 
’pees  en  morceaux  plats  : on  les  lave  dans  de  l’eau  en  les 
marnant  jusqu’à  ce  que  l’on  ait  fait  sortir  toutes  les  petites 
fpierres  et  coquilles  qu’elles  contiennent  ordinairement  : 
*on  es  lait  bien  sécher  : on  les  coupe  ensuite  avec  des  ci- 
«eaux  par  tablettes  , de  l’épaisseur  de  trois  à quatre  lignes 
-On  fait  fondre  de  la  cire  jaune  ou  blanche  dams  un  vaLseaii 
convenable  : on  y plonge  les  morceaux  d’éponge  , et  on  S 

m püUr  donner  le  temPs  à un  petit  resta 
urnhte  de  se  dissiper  : on  jp.et  équité  ces  éponges  • 

U 


î 1 4 éléments  dé  pharmacie. 

bien  imbibées  de  cire  , entre  des  planches  à la  presse  , afin 
de  faire  sortir  une  certaine  quantité  de  la  cire  : on  les  laisse 
en  presse  jusqu’à  ce  qu’elles  soient  entièrement  refroidies. 

Usage.  L’éponge  préparée  avec  de  la  cire  s’emploie  a l’extérieur 
et  on  l’introduit  dans  certaines  plaies,  lorsqu’il  est  néces- 
saire d’empêcher  qu’elles  se  ferment,  afin  d’entrenir  un 
écoulement  de  pus:  on  en  met  un  petit  morceau  dans  la 
cavité  des  plaies  : la  chaleur  ramollit  la  cire  : l’éponge  re- 
prend son  élasticité  , écarte  les  levres  des  plaies  et  em- 
pêche leur  réunion. 

Remarques. 

Si  les  éponges  contiennent  un  peu  d’humidité  lorsqu’on 
les  met  à la  presse,  elles  laissent  aller  toute  la  cire  en  les 
exprimant,  et  elles  conservent  toute  leur  élasticité,  sans  , 
pour  ainsi  dire  , retenir  de  cire  : lorsque  cet  inconvénient 
arrive,  il  faut  les  laisser  sécher,  ou  les  tenir  dans  la  cire 
fondue  et  bien  chaude  , jusqu’à  ce  qu’il  ny  reste  plus  d hu- 
midité. Lorsqu’on  exprime  les  éponges  pour  faire  sortir  le 
gm-p-gvflu  de  la  cire  , il  faut  le  tane  de  manière  qu  il  en 
reste  une  certaine  quantité  , parcequ’il  est  possible  , en  les 
exprimant  trop  fort,  de  faire  sortir  toute  la  cire  : elles  re- 
prendroient  toute  leur  élasticité  qu  on  cheichc  a leur  laire 
perdre  par  cette  opération.  Trois  onces  d’éponges  fines, 
plongées  dans  une  livre  et  demie  de  cire  jaune  fondue, 
doivent  retenir  environ  sept  onces  de  cire.  Cependant  la 
quantité  peut  varier  à proportion  qu’on  exprime  plus  ou 
moins  : le  médicament  n’en  sera  pas  moins  bien  préparé. 

Préparation  clu  fungus  de  chêne. 

Le  fungus , champignon  ou  agaric  de  chêne  est  une 
excroissance  spongieuse  qui  vient  aux  vieux  arbres  : on 
préfère  celle  qui  vient  sur  les  chômes  ; mais  l’expérience  a 
appris  que  celles  qui  viennent  sur  les  autres  arbres  sont 
également  bonnes  pour  l’usage  qu’on  en  fait.  Ce  fungus 
est  composé  de  deux  substances;  l’une  est  molle,  flexible 
et  pliante  comme  de  la  peau  ; l’autre  est  dure  , ligneuse  : 
on  en  sépare  cette  derniere  substance  de  la  manière 

suivante. 

Lorsque  le  fungus  est  parfaitement  sec,  ou  le  coupe  par 


i L^M  INTS  DE  PHARMACIE.  Il5 

morceaux  de  l’épaisseur  de  trois  à quatre  lignes,  par  le 
moyen  d’une  scie,  ou  avec  un  bon  couteau:  on  le  bat  sur 
un  billot  de  bois  avec  une  masse  de  1er  pour  que  les  libres 
ligneuses  se  réduisent  en  poussière  peu-à-peu;  ensuite  on 
le  frotte  de  temps  en  temps  entre  les  mains  abn  de  faciliter 
la  sortie  de  !a  partie  ligneuse  : on  continue  la  même  opéra- 
tion jusqu’à  ce  que  toutes  les  libres  ligneuses  soient  em- 
portées , et  que  1 efungus  devienne  aussi  doux  au  toucher 
que  la  peau  la  plus  douce. 

Le  champignon  de  chêne,  ainsi  préparé,  a la  vertu  sin- 
gulière d’arrêter  le  sang,  même  des  gros  vaisseaux  et  des 
artcies,  pourvu  qu’il  soit  appliqué  immédiatement  sur 
les  ouvertures.  Il  paroît  qu’il  agit  particulièrement  par  ses 
petites  fibres  qui  chatouillent,  qui  irritent  et  picotent 
I embouchure  des  vaisseaux  ouverts,  et  les  forcent  à se 
contracter  et  à se  fermer. 

Les  chirurgiens  qui  ont  fait  des  essais  sur  différentes 
matières  pour  arrêter  le  sang,  ont  remarqué  que  la  raclure 
oe  chapeau , et  la  laine  cardée  au  point  d’être  presque 
réduite  en  poussière , produisent  les  mêmes  effets  que  le 
Jungus  de  chêne  : mais  cette  derniere  substance  est 
préférée  parcequ’il  est  facile  de  se  la  procurer.  Ce  rernede 
est,  sans  contredit,  un  des  meilleurs  qu’on  puisse  em~ 
ployer  pour  arrêter  le  sang  des  plaies  externes  : il  ne  peu* 
jamais  avoir  de  suites  fâcheuses,  comme  l’eau  de  Rabel 
qiu,  .ctant  un  acide  très  actif,  coagule  le  sang,  peut 
occasionner  et  occasionne  même  souvent  des  embarras  et 
des  obstructions  dans  les  vaisseaux. 

Jusqu’à  présent  il  paroît  qu’on  n’a  point  tenté  de  faire 
prendre  ce  f un  gus  par  la  bouche  pour  les  plaies  internes: 
il  y a lieu  dé  présumer  que,  quoique  réduit  en  poudre  sub- 
tile, il  produirait , en  se  gonflant  dans  l’estomac,  tous  les 
dangereux  effets  de  l’éponge  réduite  en  poudre. 

C’est  avec  ces  mêm esfungus,  ainsi  préparés  , qu’on  fait 
1 amadou  : on  les  plonge  dans  une  décoction  de  poudre  à 
canon  : on  les  frotte  afin  de  les  bien  imprégner  de  cette 
poudre;  on  les  fait  sécher,  et  on  les  frotte  de  nouveau 
pour  les  adoucir  et  emporter  le  superflu  de  la  poudre. 

Purification  du  mercure. 

Ordinairement  on  purifie  le  mercure  en  le  faisant  passer 

H ij 


Vertu». 


Venus. 


» 


1 1 6 ÉLÉMENTS  D JE  PHARMACIE. 

à travers  une  peau  de  chamois , à dessein  de  séparer  les 
substances  métalliques  avec  lesquelles  il  peut  être  mêlé: 
mais  d’après  ce  que  nous  en  avons  dit  précédemment  ( î ) , 
il  est  facile  de  sentir  l’insuffisance  de  ce  procédé  : il  faut 
de  nécessité  distiller  celui  qui  doit  être  employé  à l’usage 
de  la  Médecine  , soit  pour  l’intérieur  , soit  pour  l’ex- 
térieur. On  le  passe  ensuite,  à plusieurs  reprises,  à travers 
un  linge  très  serré  pour  séparer  la  poussière  qu’il  peut  avoir 
ramassée,  et  jamais  à travers  une  peau,  pareeque  l’huile 
qui  a servi  à préparer  la  peau  , se  détache,  se  mêle  avec  le 
mercure  et  le  salit  continuellement  : cet  inconvénient  n’ar- 
rive point  en  se  servant  d’un  linge  propre. 

Le  mercure  ou  vif-argent  est  employé  pour  tuer  les  vers 
des  enfants  : on  le  fait  bouillir  dans  de  l’eau  ; et  on  leur  en 
fait  boire  la  décoction  : il  faut  observer  de  faire  cette 
ébullition  dans  un  vase  de  verre.  On  a remarqué  de  bons 
effets  de  cette  eau  mercurielle  , quoiqu’il  soit  bien  certain 
qu’il  ne  se  dissout  aucune  portioncule  de  mercure. 

Le  mercure  tue  les  poux,  les  puces  et  les  aulres  petits 
insectes  du  corps  : on  le  mêle  avec  de  la  graisse  pour  faire 
un  onguent  qu’on  emploie  à cet  usage. 

Le  mercure  est  un  spécifique  dans  les  maladies  véné- 
riennes : on  le  donne  aussi  comme  fondant  : il  est  très 
efficace  dans  la  plupart  des  obstructions  invétérées  des 
glandes  lymphatiques. 

Le  mercure  coulant  s’emploie  rarement  seul  : on  en 
fait  une  infinité  de  préparations  qui  ont  chacune  leurs 
vertus  particulières.  Voyez  ma  Chymie  expérimentale  et 
raisonnée. 

Autrefois  on  faisoit  prendre  le  mercure  crud  à grande 
dose  dans  lès  coliques  de  miserere , afin  que  , par  son 
poids,  il  fixât  le  mouvement  convulsif  des  intestins  ; mais 
on  a reconnu  qu’il  faisoit  toujours  beaucoup  de  mal,  et 
qu’il  n’a  jamais  soulagé  ni  guéri  de  malade. 

De  la  pulvérisation . 

La  pulvérisation  est  une  opération  mécanique  , par  le 
moyen  de  laquelle  on  divise  et  on  réduit  en  molécules  très 
déliées  les  substances  quelconques. 


(i)  A l’article  de  L fabiihatiü». 


MENTI  dp:  PHARMACIA  I 1 7 

Ou  pulvcnsc  les  drogues  simples,  i ° pour  les  rendre 
}Wus  faciles  a prendre,  afin  qu’étant  plus  divisées,  elles 
produisent  mieux  leurs  eflcls. 

2°.  Pour  qu’elles  puissent  mieux  se  mêler  avec  d’autres 
substances  , et  afin  d’en  Paire  des  médicaments  composés. 

l es  substances  qui  sont  du  ressort  de  la  pulvérisation 
peuvent  être  considérées  comme  étant  sous  deux  états  diffé- 
rents;  et  elles  exigent,  par  rapport  à cela,  des  inanipula- 

1011s  ( îilerentes  pour  parvenir  à les  pulvériser  : c’est  ce 
qui  nous  oblige  à diviser  cette  matière  en  deux  articles;  sa- 
von , la  pulvérisation  par  contusion  , et  la  porphyrisation. 

Pa  pulvérisation  par  contusion  consiste  à piler  dans  un 
moitier  es  corps  qu’on  veut  pulvériser  ; toutes  les  sub- 
•stances  du  ressort  de  cette  opération  sont  celles  qui  sont 
ilexibles  pliantes , et  dont  les  parties  sont  trop  tenaces 
entie  elles  pour  se  subdiviser  par  le  frottement  lorsqu’elles 
sont  déjà  parvenues  à un  certain  degré  d’atténuation  : 
telles  sont  presque  toutes  les  substances  végétales  et 

l.es  substances  du  ressort  de  la  porphyrisation  sont 

ce  es  qui  sont  aigres,'  cassantes,  qui  ne  se  ramollissent 

pomt  ou  très  peu  dans  l’eau,  qui  n’ont  que  peu  ou  point 

Ce  flexibilité  : telles  sont  les  substances  terreuses,  les  sub- 

5 ances  me  talliques , les  coraux  , les  yeux  d’écrevisses  etc. 

\ ' 

jOe  la  pulvérisation  par  contusion. 

m wStP<il,tîreS  S0^t.sînl1Ples  et  composées  : elles  sont  aussi 

gis  traies  et  officinales.  Nous  ne  parlerons  pour  le  pré- 
sent que  des  poudres  simples  ou  des  matières  pulvérisées 
chacune  séparément,  nous  réservant  a parler  des  poudres 
composées  dans  une  autre  occasion. 

La  plupart  dçs  substances  destinées  à être  pulvérisées 
dans  le  mortier,  exigent  une  division  préliminaire  qui  se 
fait  par  le  moyen  des  rgpes,  des  limes,  des  couteaux  , des 
ciseaux,  ou  des  moulins  à ( aie. 

l ois  donc  qu’on  veut  pulvériser  une  substance  quelcon- 
que , on  la  prépare  d’abord  , comme  nous  le  dirons  successi- 
ventent  : on  la  met  ensuite  clans  nn  mortier  de  fer  ou  a - 
rioptic  a la  substance  qu’on  veut  pulvériser  : on  Iran  e 
dessus  avec  un  pilon  jusqu'à  ce  quelle  soit  suffisamment 
rechute  en  poudre,  et  ou  a soin  de  frapper  de  temps  en 

11  iij 


Îl8  ELEMENTS  D 5 PU  ARM  ACTE.' 

temps  contre  les  parois  du  mortier , afin  de  lui  donner 
plusieurs  vibrations  qui  lassent  tomber  la  poudre  attachée 
autour  de  ses  parois  : on  passe  la  poudre  au  travers  d’un 
tamis  couvert  ou  découvert,  et  plus  011  moins  serré,  suivant 
le  degré  de  ténuité  que  l’on  veut  donner  à cette  poudre-: 
on  pile  de  nouveau  ce  qui  reste  sur  le  tamis  : on  le  passe 
comme  la  première  fois  , et  on  continue  ainsi  de  suite 
jusqu’à  ce  que  la  substance  soit  entièrement  pulvérisée: 
on  enferme  la  poudre  dans  des  bouteilles  très  seches 
qu’on  bouche  bien.  . 

Remarques. 

Lorsqu’on  pulvérise  des  substances  âcres , comme  l’aloës , 
la  gomme  gutte,  l’euphorbe,  les  cantharides,  la  scammo- 
née,  il  convient  de  couvrir  le  mortier  avec  une  espece  de 
sac  de  peau  de  mouton  qu’on  assujettit  avec  une  ficelle  au- 
tour du  mortier  et  autour  du  pilon  au  milieu  de  sa  hau- 
teur, afin  d’être  moins  incommodé  par  les  matières  qui 
s’élèvent  en  pilant.  Les  unes,  comme  l’euphorbe,  excitent 
à éternuer  violemment,  et  occasionnent  souvent  des 
hémorrhagies  et  des  bouleversements  considérables  dans 
la  tête.  Les  autres,  comme  la  gomme  gutte,  la  scamrno- 
née  , les  cantharides,  l’écorce  de  garou  , produisent  les 
mêmes  effets  sur  les  nerfs  olfactifs  et  sur  les  yeux  , avec 
un  peu  moins  de  violence  , à la  vérité  : mais  ces  sub- 
stances occasionnent  dans  la  bouche,  dans  les  yeux  et 
dans  la  gorge  des  picotements  qui  excitent  une  salivation 
très  abondante  , et  un  écoulement  d’eau  par  les  yeux  et 
par  les  narines,  et  assez  souvent  le  vomissement  s’ensuit. 
L’écorce  de  garou  est  une  des  substances  les  plus  dangereu- 
ses à pulvériser  , elle  excite  l’éternument,  le  crachement  de 
sang,  un  érysipèle  au  visage,  une  ophtalmie  considérable. 
11  est  donc  nécessaire,  lorsqu’on  réduit  cette  substance  en 
poudre  ainsi  que  les  précédentes , de  se  boucher  les  narines 
avec  du  coton  imbibé  d huile  d’amandes  douces,  et  île  se 
couvrir  la  bouche  avec  une  serviette  ou  un  mouchoir  un 
peu  moite,  afin  que  l’air  se  fdtre  au  travers  avant  de  le 
respirer.  On  se  sert  d’un  tamis  couvert  pour  passer  toutes 
les  substances  qu’on  veut  réduire  en  poudre  très  fine,  afin 
de  ne  pas  perdre  la  portion  la  mieux  pulvérisée  qui  voltige- 
roit  dans  l’air.  On  sent  bien  que  cette  précaution  est 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  JI9 

«ncore  plus  necessaire  pour  tamiser  les  substances  acres 
dont  nous  parlerons,  afin  d’en  être  moins  incommodé. 

Les  matières  fortes  et  acres , comme  la  gomme  gutte  , 
1 aloës , la  coloquinte  , demandent  à être  réduites  en  pou- 
dre la  plus  fine  qu’il  est  possible  , pareeque,  lorsqu’elles  ne 
le  sont  pas  , il  est  difficile  de  les  distribuer  également  avec 
les  autres  drogues  dans  les  médicaments  composés  : elles 
occasionnent  alors  des  tranchées  et  des  coliques  , sur-tout 
la  coloquinte,  quiest  unesubstance  spongieuse  qui  se  gonfle 
beaucoup  par  1 humidité  qu’elle  trouve  dans  les  premières 
voies.  C est  pour  cette  raison  que  les  Anciens  recomman- 
doient  de  piler  la  coloquinte  avec  un  mucilage  , afin  de  la 
réduire  en  une  pâte  cpi  on  faisoit  sécher  et  qu’on  piloit  de 
nouveau  avec  du  mucilage  : on  réitéroit  cette  opération 
deux  ou  trois  fois,  pour  diviser  la  coloquinte  de  plus  en 
plus,  afin  qu  elle  ne  produisît  pas  les  accidents  qu’elle  a 
coutume  d’occasionner  lorsqu’elle  est  mal  pulvérisée. 
Mais  ces  operations  sont  inutiles  lorsqu’on  fait  passer  la 
poudre  au  travers  d un  tamis  de  soie  bien  serré. 

Les  poudres  destinées  à entrer  dans  les  médicaments  qui 
doivent  être  appliqués  sur  les  yeux,  doivent  être  très  fines  : 
lorsque  ces  poudres  sont  trop  grofsieros  , elles  causent  des 
douleurs  aux  tuniques  des  yeux  en  les  picotant. 

Ou  pulvérisé  les  substances  différemment,  selon  qu’elles 
sont  plus  ou  moins  friables.  Par  exemple,  on  frappe  de 
toutes  ses  lorces  sur  les  substances  dures  et  ligneuses,  tandis 
qu  on  ne  lait  que  triturer  légèrement,  c’est-à-dire  prome- 
ner circulaiiement  le  pilon  dans  le  fond  du  mortier  lors- 
qu’on pulvérise  les  résines  et  les  gommes-résines  sèches  et 
liiables:  tellessontl  aloës,  l’euphorbe, Popopanax,  la  gomme 
ammoniac,  la  gomme  de  genievre  ou  sandaraque , le  mas- 
tic , cLc.  Si  1 on  frappoit  avec  violence  sur  ces  substances  en 
les  pulvérisant,  elles  s'échaufferaient;  la  plupart  se  rédui- 
raient en  pâte , et  elles  s’attacheraient  toutes  au  pilon  et  au 
fond  du  mortier  au  lieu  de  se  pulvériser. 

lorsqu’on  pulvérise  quelque  substance  que  ce  soit,  il 
s’en  éleve  toujours  une  portion  dans  Pair,  et  qui  est’ en 
puie  perte.  Les  Anciens  pensoient  que  c’éloit  la  partie 
la  plus  subtile  et  la  plus  efficace  de  la  drogue  qui  se  dissi- 
poit  ainsi:  ils  recominandoient , pour  cette  raison,  d’ajou- 
ter quelque  liqueur  appropriée,  en  pulvérisant  ces  sub- 
stances, pour  empêcher  cette  dissipation,  comme,  par 

H iv 


TS>0  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

exemple  , de  l’eau  de  canelle  lorsqu’on  réduit  de  la  canelle 
en  poudre  ; mais  c’est  une  erreur  dans  laquelle  est  tombé 
Silvius,  et  que  quelques  personnes  ont  adoptée.  La  por- 
tion qui  se  dissipe  est  exactement  de  même  nature  que  celle 
qui  reste  dans  le  mortier.  La  pulvérisation  n’a  point  la  pro- 
priété de  décomposer  les  corps  : ce  n’est  qu’une  division 
mécanique  : chaque  molécule  de  ce  qui  reste  contient 
exactement,  et  dans  les  mêmes  proportions , les  mêmes 
principes  que  ce  qui  se  dissipe. 

11  y a un  inconvénient  d’arroser  ainsi  les  substances 
lorsqu’on  les  pulvérise  : l’eau  qu’on  ajoute  ramollit  la  partie 
extractive,  la  sépare  en  quelque  maniéré  de  ses  cloisons  et 
l’altere  sensiblement  : on  est  obligé  de  faire  sécher  la  pou- 
dre après  qu’elle  est  faite,  si  on  veut  qu’elle  se  conserve  ; 
etl’humidité,  ense  dissipant,  emporte  avecelle  unegrande 
partie  des  principes  les  plus  volatils.  D’ailleurs,  les  sub- 
stances qui  ont'  été  mouillées  fournissent  des  poudres  qui 
sont  toujours  plus  colorées  que  celles  qui  ne  l’ont  point 
été. 

Il  vaut  mieux  supporter  la  perte  et  ne  rien  ajouter  pen- 
dant la  pulvérisation  de^  substances,  si  on  veut  les  avoir 
avec  toutes  leurs  propriétés. 

Les  Anciens  recommandoient  d’oindre  le  fond  du  mor- 
tier et  le  bout  du  pilon  avec  quelques  gouttes  d’huile  d’a-r 
mandes  douces  ou  d’ajouter  des  amandes  douces  ou  ame- 
res  en  pulvérisant  certaines  drogues  âcres;  mais  c’est  en- 
core une  très  mauvaise  méthode,  pareeque  l’huile  de  ces 
amandes  rancit  an  bout  d’un  certain  temps,  et  communique 
de  mauvaises  qualités  aux  poudres.  Silvius  c ondamne  c ette 
méthode;  mais  ce  n’est  que  dans  les  poudres  composées  , 
comme  nous  le  dirons  dans  son  temps.  Il  recommande 
pleine  d’employer,  pour  pulvériser  la  scannnonée,  de 
vieilles  semences  rances,  parcequ’elles  rendent  mieux  leur 
huile.  Examinons  présentement  les  différentes  maniérés  de 
préparer  les  drogues  qu’on  veut  pulvériser,  et  les  phéno- 
pienes  qu’elles  présentent  pendant  leur  pulvérisation. 

Les  bois,  les  grosses  racines,  comme  celles  de  paréira- 
brava  : les  os,  les  cornes,  comme  celles  du  pied  d’élan  : 
les  fruits  durs,  comme  sont  les  fèves  de  Saint  Ignace,  les 
noix  vomiques,  etc.  doivent  être  râpés  avant  que  d’être 
pilés , sans  quoi  on  auroit  beaucoup  de  peine  à réduire  ces 
substances  en  poudre.  D’ailleurs  ; celles  qui  sont  ligneuses 


ÏLJÎMENTS  de  PHARMACIE.  121 

forment  de  petites  fibres  qui  se  logent  dans  les  pores  du 
tamis,  et  passent  meme  au  travers  de  ceux  qui  sont  le  plus 
serrés.  Les  substances  osseuses,  les  cornes  ou  les  fruits  durs 
que  nous  avons  nommés,  sont  très  élastiques:  cesmatieres 
sont  difficiles  à pulvériser,  et  l’on  n’en  vient  à bout  qu’à 
iorce  de  coups  de  pilon. 

Les  racines  fibreuses,  comme  sont  celles  de  guimauve, 
de  réglisse,  d’énula-campana , doivent  être  mondées  do 
leurs  écorces:  on  les  ratisse  avec  un  couteau,  et  on  les 
coupe  par  tranches  très  minces  avant  de  les  soumettre  à la 
pulvérisation,  sans  quoi  leurs  poudres  seroient  remplies  de 
petits  filaments  qui  ressemblent  à des  poils  , et  qu’on  auroit 
beaucoup  de  peine  à séparer.  Oette  remarque  est  générale 
pour  toutes  les  racines  fibreuses. 

. Lorsque  les  racines  sont  petites,  on  les  réduit- en  pou- 
dre, telles  qu’elles  sont,  après  les  avoir  nétoyées  des  ma- 
tières étrangères.  Il  y a beaucoup  de  substances  auxquelles 
il  faut  enlever  quelques  unes  de  leurs  parties  avant  que  de 
les  pulvériser,  comme  les  myrobolans  citrins,  desquels  on 
sépare  les  noyaux;  les  racines  d’ipécacuanha dont  on  sé- 
pare les  coeurs  ligneux;  les  follicules  de  séné  dont  on  doit 
séparer  les  semences,  et  beaucoup  d’autres. 

On  met  les  myrobolans,  les  uns  après  les  autres,  dans 
un  mortier:  on  frappe  légèrement  dessus  avec  un  pilon 
pour  casser  seulement  l’écorce  charnue:  on  la  sépare  à 
•mesuie , et  on  la  met  a part.  On  rejette  le  noyau  connue 
inutile  : on  continue  ainsi  de  suite  jusqu’à  ce  qu’on  en  ait 
suffisamment  ; alors  on  les  réduit  en  poudre. 

On  lait  la  meme  chose  aux  racines  d’ipécacuanha  : on 
sépare  exactement  le  cœur  .ligneux  d’avec  l’écorce  résineuse 
qui  se  casse  par  petits  morceaux,  et  on  réduit  cette  écorce 
en  poudre  lorsqu’on  en  a une  suffisante  quantité  ainsi  pré- 
parée. 1 

Plusieurs  personnes  sont  dans  l’usage  de  piler  la  racine 
cl i ipecacuanha , sans  en  avoir  auparavant  séparé  le  cœur 
ligneux , parccque  cette  préparation  est  longue  et  en- 
nuyeuse. Ils  disent  que  cette  racine,  ainsi  que  toutes  les 
plantes,  ne  se  réduit  pas  en  poudre  dans  tou  tesa  substance  eu 
meme  temps, mais  successivement;  et qu’ ainsi l’écorcc  d’ipé- 
cacuanha , qui  est  très  seche  et  très  friable,  se  pulvérise  la 
première  par  préférence  au  cœur  ligneux  qui  est  plus  dur; 
jiiuis.  il  est  certain  que  getle  derniere  substance , qui  n’a 


122 


ÉLÉMENTS  D B PHARMACIE. 

point  de  vertu  , se  trouve  pilée  en  grande  partie  conjointe- 
ment avec  l’écorce  extérieure.  11  est  bien  vrai  que  lorsqu’on 
pile  une  plante  avec  ses  tiges,  ce  sont  les  feuilles  qui  se 
pulvérisent  les  premières , ensuite  les  cotes  les  plus  déli- 
cates, et  enfin  les  grosses  tiges  ligneuses  ; mais  on  n’en  doit 
tirer  aucune  conséquence  pour  l’ipécacuanha , qui  est  un 
remede  important  pour  la  Médecine  : d’ailleurs  ces  sépara- 
tions , pendant  la  pulvérisation,  ne  sont  jamais  exactes, 
comme  je  viens  de  le  faire  remarquer. 

Lorsqu’on  réduit  l’ipécacuanha  en  poudre,  il  faut  appor- 
ter toutes  les  précautions  dont  nous  avons  parlé  précédem- 
ment pour  les  substances  âcres  : la  poudre  qui  s’élève  hors 
du  mortier,  produit  les  mêmes  inconvénients. 

Avant  de  piler  les  herbes  on  doit  en  séparer  les  côtes  et 
les  liges > ces  parties  sont  ligneuses,  et  ont  moins  de  qua- 
lité que  les  feuilles.  Lorsqu’on  a tiré  une  certaine  quantité 
de  poudre  des  feuilles  , on  doit  jeter  ce  qui  reste  comme 
inutile:  les  fibres  ligneuses  des  feuilles  sont  ordinairement 
les  parties  les  plus  difficiles  à réduire  en  poudre  , et  elles 
ont  moins  de  vertu  que  la  substance  qui  s’est  pulvérisée  la 
première.  Cette  remarque  ne  doitpasêtre  regardée  comme 
générale  pour  toutes  les  substances  qu’on  réduit  en  poudre; 
car  il  y en  a dont  la  portion  qui  se  pulvérise  la  première, 
est  la  moins  bonne  : ce  sont  celles  qui  sont  ligneuses  et  qui 
abondent  en  même  temps  en  principes  gommeux  et  rési- 
. neux  dans  lesquels  réside  toute  leur  vertu  : telssontle  jalap, 
le  quinquina , etc. 

Lorsqu’on  pulvérise  ces  susbtances,  sur-tout  le  quinqui- 
na , c’est  toujours  la  portion  ligneuse  et  de  peu  de  vertu  qui 
se  réduit  en  poudre  la  première.  On  sépare  , par  le  moyen 
du  tamis,  cette  première  poudre  pour  ne  l’employer  qu’à 
faire  de  l’extrait  : ce  qui  se  pulvérise  ensuite  a infinimentplus 
de  vertu;  et  enfin  la  derniere  portion  , qui  est  plus  diffi- 
cile à pulvériser,  est  la  meilleure  de  toutes.  Ces  diverses 
portions  de  quinquina  different  tellement  entre  elles,  que 
la  première  poudre  rend  à peine,  par  l’ébullition  dans  l’eau, 
un  demi-gros  d’extrait  sec  par  once,  tandis  que  le  résidu 
fournit  jusqu’à  deux  gros  d’extrait  desséché  au  mémo 
point. 

Les  différences  qu’on  remarque  entre  les  premières  por- 
tions de  poudre  fournie  par  les  plantes  et  celles  que  four- 
nissent le  quinquina  et  le  jalap,  viennent  de  ce  que  ces 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  123 

dernieres  substances  contiennent  beaucoup  de  "omme  et 
<!e  résine  , dans  lesquelles  , comme  nous  l’avons  dit , réside 
toute  leur  vertu  ; ces  substances  sont  flexibles  et  élastiques, 
parccqu’elles  ne  sont  jamais  dans  un  état  de  siccité  aussi 
parlait  que  la  partie  ligneuse  : elles  sont  plus  dilliciles  à se 
réduire  en  poudre. 

L’extérieur  de  l’écorce  de  quinquina  est  noir  , chagriné  ; 
1 intérieur  est  purement  ligneux,  et  il  est  le  plus  souvent 
dans  un  état  d aubier.  Ces  deux  portions  des  écorces  du 
quinquina  n’ont  presque  point  de  vertu  : c’est  le  milieu  qui 
contient  la  plus  grande  quantité  de  principes  gommeux  et 
résineux.  Les  superficies  extérieures  et  intérieures  des  écor- 
ces de  quinquina  se  réduisent  en  partie  en  poudre  par  le 
frottement  qu’elles  éprouvent  pendant  le  transport,  et  four- 
nissent une  assez  grande  quantité  de  poussière  grossière 
qu  on  trouve  au  fond  des  ballots  de  quinquina.  Cette  pous- 
sicie  n a presque  point  de  vertu.  Quelques  personnes  achè- 
vent de  la  pulvériser  et  la  vendent  pour  du  quinquina  en 
poudre;  mais  il  est  facile  de  la  distinguer  de  la  poudre  de 
bon  quinquina  , parcequ’elle  est  parsemée  d’une  grande 
quantité  de  petits  points  noirs,  et  qu’elle  est  remplie  de 
fibres  ligneuses  qui  ressemblent  à des  poils  : d’ailleurs  la 
saveur  en  est  toujours  moins  amere. 

Presque  toutes  les  plantes  et  les  fleurs  minces  et  délicates 
sont  sujettes  à st  ramollir  à Pair;  telles  sont  les  sommités 
cela  plupart  des  plantes,  les  fleurs  de  camomille,  celles  de 
sauge,  de  matricaire,  de  rose  rouge,  etc.  On 'enferme  ces 
paities  délicates  des  végétaux  entre  deux  papiers:  on  les 
fait  sécher  devant  le  feu  , et  on  les  pulvérise  aussitôt  qu’elles 
sont  séchés , sans  quoi  elles  se  ramollissent  de  nouveau  par 
1 humidité  de  1 air  qu  elles  attirent.  Cette  remarque  est  ab- 
solument nécessaire  à faire  pour  le  safran  qui  contient 
beaucoup  de  principes  extractifs,  et  qui  se  ramollit  à Pair 
très  promptement.  Quelques  personnes  sont  dans  l’usage 
de  pulvériser  le  safran  , en  ajoutantquelques  gouttes  d’huile 
d amandes  douces  pour  en  exalter  la  couleur;  mais  nous 
avons  expliqué  plus  haut  les  raisons  qui  doivent  faire  pro- 
scrire cette  méthode. 

11  y a des  fleurs  qui,  quoique  très  sec hes  en  apparence 
conservent  cependant  un  peu  d’humidité,  ou  bien  elles  en 
attirent  de  Pair  assez  pour  végéter  dans  des  boîtes  qui  les 
renferment  ; telles  sont  celles  de  pied-de-chat  , de  tussi- 


î 24 


Eléments 


« E PHARMACIE. 


lage , de.  qui  se  réduisent  en  duvet  au  bout  d’un  certain 
temps.  Lorsqu  elles  sont  dans  cet  état,  011  doit  les  rejeter 
et  ne  point  les  employer  dans  les  poudres,  parceque  celles 
(ju  elles  fournissent  sont  pleines  de  duvet.  On  coupe  celles 
qui  sont  en  bon  état,  et  011  les  lait  sécher  devant  le  feu 
avant  de  les  réduire  en  poudre. 

t Les  semences  sèches  et  farineuses  , telles  que  celles 
d a triplex , de  coriandre,  de  lupins,  de  riz,  etc.  peuvent  se 
réduire  en  poudre  comme  toutes  les  autres  substances  dont 
nous  avons  parle  jusqu  a présent.  On  doit  avoir  attention 
seulement  de  ne  pas  piler  long-temps  celles  qui  ont  des 
ecoices  dures  , et  préférer  la  poudre  qui  passe  la  première 
comme  meilleure  et  contenant  moins  de  son. 


Les  semences  huileuses,  telles  que  les  pignons  doux  , 
les  quatre  semences  froides,  se  réduisent  en  pâte  lors- 
qu elles  sont  seules  ; et  elies  ne  peuvent  se  pulvériser  que 
lorsqu  elles  sont  mêlées  avec  des  substances  seches  qu’on 
réduit  en  poudre  avec  elles  : elles  doivent  être  mondées  de 
leurs  ecorces.  Dans  1 article  des  poudres  composées,  nous 
exposerons  les  moyens  de  les  mêler  convenablement  avec 
les  autres  ingrédients. 

A l’égard  des  semences  qu’on  veut  réduire  en  poudre 
sans  mélange  d autres  médicaments,  Si  1 vins  recommande 
de  les  couper  menues,  de' les  étendre  sur  du  papier  qui 
pompe  bien  1 huile,  et  de  les  mettre  ensuite  avec  du  sucre 
pour  pouvoir  les  réduire  en  poudre  plus  facilement  : c’est 
ce  qu’il  faut  observer,  par  exemple,  à l’égard  des  quatre 
semences. froides  , des  pignons  doux , etc.  parceque  ces  ma- 
tières 11e  contiennent  rien  d’aromatique  : il  ne  reste  que  le 
pqrçnchyme  de  ces  semences  , privé  de  la  plus  grande  par- 
tie de  leur  huile.  Mais  il  n’en  est  pas  de  même  des  matières 
aromatiques  huileuses  , comme  sont  le  girolle  , la  vanille 
qu’on  fait  entrer  dans  le  chocolat  et  la  muscade:  il  faut  pi- 
ler ces  matières  avec  le  sucre  f sans  imbiber  leur  huile  au- 
paravant, et  l’on  doit  choisir  pour  cela  un  temps  sec,  sans  - 
quoi  le  sucre  s’humecte,  et  le  mélange  est  très  difficile  à se 
réduire  en  poudre  et  ne  passe  point  au  travers  du  tamis. 

Les  gommes-résines  et  les  sucs  gommeux  extractifs, 
tels  que  le  galbanum  , le  bdellium,  le  sagapenum  , l’assa- 
fœtida  , l’opium,  les  sucs  d’acacia  et  d’hypocistis , etc. 
doivent  être  séchés  ou  au  bain-marie  ou  devant  le  feu  , 
lorsqu’on  veut  les  réduire  en  poudre  chacun  séparément  > 


E I.  i.  M ï N T 5 de  r II  A R M A C I E','  I 2 5 

parceque  ces  substances  sont  toujours  molles  et  visqueuses  : 
il  faut  aussi  avoir  attention  de  les  pulvériser  dans  un  temps 
sec  et  froid  , comme  celui  des  grandes  gelées.  Ces  matières 
ne  doivent etre  que  triturées:  les  bûchettes  qui  se  trouvent 
melees  parmi  les  gommes-résines,  ne  se  pulvérisent  point* 
elles  lestent  sur  le  tamis  : si  l’on  faisoit  agir  le  pilou  avec 
violence,  la  chaleur  qu’il  occasionnel  oit  les  réduirait  eu 
masses  qui  s attacheroient  au  fond  du  mortier,  et  elles  ne 
pouiroient  se  pulvériser.  On  ne  doit  réduire  ces  matières 
eu  poudre  qu  à l’instant  où  elles  doivent  être  employées 
parceque , pour  peu  qu’on  les  conserve  ainsi  pulvérisées, 
elles  se  pe.otonnent  et  se  remettent  en  masse,  à l’exception 
cependant  de  quelques  gommes-résines,  comme  la  myrrhe, 
la  gomme  de  lierre,  etc.  qui  ne  se  mettent  point  en  massa 
aussi  iacilement  que  celles  que  nous  avons  nommées  d’a- 


Lors  qu’on  pulvérise  les  gommes  simples,  comme  la 
gomme  arabique,  la  gomme  adragant,  etc.  on  choisit  un 
emps  sec  . on  fait  chauffer  un  peu  le  fond  du  mortier  et 
ebout  du  pilon  afin  de  faire  dissiper  une  petite  quantité 
cl  numidite.  La  gomme  adragant  qui  est  pliante,  élastique, 
repousse  le  pilon^qui  la  frappe,  comme  un  ressort,  et'elle 
ne  se  réduit  en  poudre  que  par  des  coups  de  pilon  multi- 
plies. On  doit  mettre  a part  la  première  et  la  seconde  pou- 
chci,  pareequ  elles  sont  moins  blanches  que  celle  qui  vient 
ensuite  : elles  sont  remplies  de  petits  points  noirs  par  les 
impuretés  qui  étaient  4 la  surface  rie  la*  gomme,  et  qui  se 
pu  venseut  les  premières  : ou  peut  les  employer  à beaucoup 
sages  ou  la  blancheur  des  gommes  n’est  pas  nécessaire 
resque  toutes  les  résines  pures  , qui  sont  seches  et  fria- 
bles , se  pulvérisent  facilement  ; telles  sont  la  sandaraque 
le  mastic  en  larmes , le  benjoin , le  tacamaliaca , etc.  ; on  sè 
contente  de  les  triturer.  Toutes  ces  résines  sont  électriques 
par  frottement;  l’effort  du  pilon,  ci  les  pulvérisant,  suffit 
pour  les  electnser  : c’est  ce  qui  fait  qui  la  poussière  nui 
s r.eve  en  les  pilant  s’attache  autour  du  mortier,  et  qu’ella 

«eù  n°’elLD7sTef  S’°rte  ^ ^ ciPitation>  P^eque  le  mor- 
r / est  Pa,s.  éleÇtnque  par  frottement.  Le  soufre  , qui  est 

eite  ors’.m“,riqULpar  i'r°ttement  ’ Produit  le  même 
e Un  apperçoit  de  cette  propriété  des  résines  et  du 

sou  te  en  grattant  circulnirement  avec  une  spatule  de  fer* 

lu  poudre  attachée  au*  parois  du  morti.er,  L porte  ordit 


Il6  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

naircmentsur  un  endroit  net  des  parois  plutôt  que  de  tom- 
ber au  fond. 

Les  parties  des  animaux  qu’on  réduit  en  poudre  doivent 
être  séchées  au  bain-marie  , comme  le  cpst.oreum,  le  sang 
de  bouquetin  , les  poumons  de  renard  , etc.  On  sépare  les 
membranes  qui  servent  d’enveloppe. 

Quelques  personnes  ont  mis  en  usage  les  vessies  de  quel- 
ques animaux  pour  les  incontinences  d’urine  : je  crois  que 
c’est  sans  fondement  qu’on  leur  attribue  cette  vertu.  Quoi 
qu’il  en  soit . lorsqu’on  veut  les  réduire  en  poudre,  il  faut 
les  couper  en  lanières  très  étroites,  les  diviser  ensuite  en 
parties  très  menues  , et  les  pulvériser  tandis  qu’elles  sont 
seclies  et  chaudes  , dans  la  crainte  qu’elles  ne  se  ramollis- 
sent à l’air. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  la  pulvérisation  par 
contusion  doit  suffire  pour  bien  entendre  la  maniéré  de 
pulvériser  les  substances  que  nous  n’avons  point  nommées  : 
ainsi  nous  ne  donnerons  pas  un  plus  grand  nombre  d’exem- 
ples afin  d’éviter  les  redites. 


Préparation  des  nids  dé hirondelles . 


Vertus. 


On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  nids  d’hiron- 
delles : on  les  pulvérise  dans  un  mortier:  on  en  sépare  la 
paille  à mesure  qu’elle  se  détache  : on  passe  la  poudre  au 
travers  d’un  tamis  de  soie  très  serré , et  on  la  conserve  dans 
une  bouteille  qui  bouche  bien.  Cette  matière  est  un  mé- 
lange de  terre  que  ces  oiseaux  ramassent  de  tous  côtés  , 
dont  la  plus  grande  partie  est  de  nature  argilleuse. 

Les  nids  d’hirondelles  sont  d’usage  dans  la  Médecine  : 
on  les  emploie  en  cataplasme  pour  l’esquinancie  et  pour 
les  maux  de  gorge. 


Manière  de  tamiser  et  de  cribler. 


Lorsque  les  substances  qu’on  pulvérise  sont  réduites  en 
poudre  jusqu’à  un  certain  point,  on  est  obligé  de  séparer 
de  temps  en  temps  ce  qui  est  pulvérisé  d’avec  ce  qui  a 
échappé  aux  coups  de  pilon  : car  si  l’on  continuoit  de  piler , 
on  feroit  voltiger  dans  l*air  prescpie  toute  la  substance 
qu'on  réduit  en  poudre.  On  se  sert  pour  cela  d’un  tamis 
de  soie  ou  de  crin,  couvert  ou  non  couvert,  qu’on  remue 


i L i.  M E N T s DE  PHARMACIE.  1 27 

€ntre  les  mains  : on  le  frappe  sur  une  table  lorsque  la 
poudre  est  trop  difficile  a passer  • mais  alors  fa  poudre 
qu’on  obtient  est  un  peu  grosse. 

Quelquefois  on  repasse  fa  poudre  au  travers  du  même 
tonus,  en  le  secouant  moins  fort,  afin  de  l’avoir  plus 
fuie  : il  reste  le  plus  grossier  sur  le  tamis.  11  est  difficile  et 
presque  impossible  de  faire  passer,  au  travers  du  même 
tamis  la  totalité  d’une  poudre  qui  y a déjà  passé,  en 

secouant  fortement  le  tamis  sur  une  table  ou  sur  les  bords 
du  mortier. 

Ou  tamise  aussi  le  mélange  qu’on  a fait  de  plusieurs 
poudres  simples,  afin  de  les  mieux  mêler  pour  former 
une  poudre  composée.  Il  faut  alors  se  servir  d’un  tamis 
un  peu  plus  gros  que  celui  qui  a servi  à passer  les  diffé- 
rentes poudres,  sans  quoi,  le  moins  fin  passant  le  der- 
nier , la  poudre  se  trouveroit  mal  mêlée. 

Les  cribles  sont  des  especes  de  tamis  de  cuivre,  de  fer- 
blanc,  de  fil  de  fer , ou  de  peau  de  mouton  , dont  les  trous 
sont  beaucoup  plus  grands  que  ceux  des  tamis  ordinaires  : 
ils  servent  pour  séparer  la  poussière  des  drogues,  ou  les 
portions  qui  ont  été  brisées  pendant  le  transport. 


De  la  porphyrisation. 

% 

, Là  porphyrisation  est  une  opération  mécanique,  par 
te  moyen  de  laquelle  on  réduit  les  corps  durs  en  molécules 
plus  déliées  que  par  la  simple  pulvérisation  par  contusion. 
Le  nom  de  cette  opération  lui  vient  de  la  pierre  de  por- 
phyre , sur  laquelle  ordinairement  on  divise  les  corps  en 
les  broyant.  On  emploie  pour  cela  une  seconde  pierre  dé 
porphyre,  ou  toute  autre  pierre  aussi  dure,  qu’on  peut 
tenir  commodément  dans  la  main:  cette  derniere  pierre, 
qu  on  nomme  la  molette , est  ordinairement  figurée 
comme  un  pain  de  sucre  ou  à peu  près.  On  fait  aéjr  la 
molette  horizontalement  sur  la  pierre  de  porphyre f afin 
que  les  corps  qui  se  trouvent  entre  ces  deux  pierres  se 
réduisent  en  poudre  impalpable  par  le  frottement  qu’ils  v 
épi  ou  vent  : on  continue  défaire  agir  la  molette  jusqu’à 
ce  que  les  corps  qui  sont  soumis  à cette  opération  soient 
tellement  divisés,  que  leurs  molécules  ne  croquent  plus 


J^8  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE  ï* 

sons  les  dents,  ou  du  moins  que  très  peu  , et  que  le  frotte- 
ment de  la  molette  ne  fasse  plus  de  bruit  ( 1 ). 

On  ajoute  à la  plupart  des  matières,  en  les  broyant, 
de  l’eau  pure  ou  des  liqueurs  appropriées , afin  de  former 
des  especes  de  pâtes  liquides;  ce  qui  donne  plus  de  liberté 
pour  faire  agir  la  molette  et  accéléré  la  division  des 
matières.  On  broie  sans  eau  les  substances  qui  peuvent 
s’altérer  ou  se  décomposer  par  cet  intermede,  comme, 
par  exemple,  la  limaille  de  fer  qui  se  rouille  par  l'hu- 
midité, les  os  des  animaux , les  mâchoires  de  brochets , 
qui  n’ont  point  été  calcinés,  et  qui  contiennent  un 
parenchyme  mucilagineux*  qui  se  dissoudroit  dans  l’eau, 
et  se  séparerait  par  conséquent  de  la  substance  terreuse  : 
mais  lorsque  ces  substances  ont  été  privées  de  leur  paren- 
chyme par  la  calcination,  on  peut  les  broyer  avec  de 
l’eau  < 

Lorsque  les  matières  que  l’on  a broyées  à l’eau  sont  suf- 
fisamment porphyrisées , on  en  forme  de  petites  masses  de 
figure  conique,  qu’on  nomme  trochisques  : on  partage 
* ainsi  les  substances  broyées  afin  qu’elles  puissent  sécher 
plus  promptement,  et  pour  éviter  qu’elles  ne  se  corrom- 
pent, comme  cela  arriverait  à plusieurs  si  elles  restoient 
en  grandes  masses  et  qu’elles  fussent  long- temps  à 
sécher. 

Pour  former  ces  trochisques  , on  met  la  matière  broyée, 
tandis  qu’elle  est  encore  en  pâte  claire,  dans  un  enton- 
noir de  fer-blanc,  et,  par  le  moyen  d’un  petit  bâton  , on 
la  fait  couler  sur  du  papier  très  peu  collé,  par  petites 
portions  qu’on  arrange  les  unes  à côté  des  autres  , et  elles 
prennent  naturellement  une  figure  conique  : on  pose  sur 
des  tables  de  plâtre,  bien  seches  , les  papiers  garnis  de  ces 
trochisques,  afin  d’iinbiberl  humidité  plus  prainptemenL. 

On  forme  encore  ces  trochisques  d’une  maniéré  plus 
prompte,  à l’aide  d’une  petite  palette  de  bois  percée  par  le 
bout  opposé  à celui  qu’on  lient  dans  la  main,  d’un  trou 
dans  lequel  on  assujettit  l’entonnoir  ; tout  près  du  bec  de 
•l’entonnoir  et  entre  la  main  et  lui  on  pratique  un  petit 
pied  d’un  pouce  plus  long  que  le  bec  de  1 entonnoii  . 
jorsqu’on  veut  se  servir  de  cette  machine,  on  garnit  d a- 


(i)  Voyez  ce  que  nous  avons  dit  sur  le  choix  qu’on  doit  faire  des 
pierres  à broyer.  . , 


ir,iMEKTS  T>  E PHAKftAeiE.'  120 

d’abord  l'entonnoir  de  la  matière  qu'on  veut  trochisquer, 
on  place  1 entonnoir  dans  le  trou  de  la  machine , on  arrancé 
sur  une  table  une  feuille  de  papier  ; en  frappant  la  machine 
sur  son  pied,  il  tombe  un  peu  de  la  matière  broyée,  oui 
piend  la  forme  d un  troclnsque  conique  : cette  maniéré  de 
trochisquer  est  très  commode  et  très  expéditive 
Les  substances  du  ressort  de  la  porphyrisation  ont 
besoin  d être  pulvérisées  avant  de  les  y soumettre  : au 
moyen  de  cette  division  préliminaire,  elles  sont  plus 
commodes  a broyer,  et  leur  division  extrême  devient 
plus  prompte.  Mais  plusieurs  exigent  encore  quelques 
pr<  paiations  avant  même  de  les  réduire  en  poudre  - c'est 
pourquoi  il  convient  d’entrer  dans  ces  détails. 

DfS  substances  qui  n' ont  besoin  que  d'étre  pulvérisées , et 
qu’on  doit  broyer  sans  eau . 

Ces  substances  sont  : 


La  corne  de  cerf  calcinée , 
Le  crâne  humain , 

La  limaille  de  fer , 


Le  spode  ou  ivoire  calciné  , 
Les  mâchoires  de  brochet 
Coraline  de  Corse,  etc.  etc! 


doivent  êt^bro^  mômc  natnre  > 

resV,°cbdnéeslacoi'^Pr^C^C™^nent’?e  sabtances^Meu- 

ticre  saline  qui  peut  avoiSqueViS^ 

auquel  on  les  emploie  ; et  les  matières  osseuses  ,ü  le 

sont  point  calcinées  , contiennent,  comme  nous  loferons 

le/bTolt  avec  de  1'^ <1-  * sépareroit  si  on 

la  &K  îjMWS  T ’ L™*  de 
par  l’humidité  : Quelques  ^rson ™ ' eco m* 
loiiter  un  peu  d’eau  en  la  broyant,  r®,*; 
division,  mais  mal-a-propos. 

Lorsque  la  limaille  de  fer  est  trop  crosse  il  cnn,;»,  » 
avant  de  la  broyer,  de  la  pulvériser  Sans  unmorto  de  f ’ 
avec  un  pilon  de  même  métal , et  de  la  pas  b au  ,rt 
d un  tamis  de  soie  très  serré  • ce  mèml  i ‘ , travers 

est  néanmoins  pulvérisable  par  contusion  SHvT  d“Ct,le, J 
1-as  cette  précaution,  la  iLille  p™ 

1 


Crâ  ne 

'humain 

Vertus. 

Dose. 


Mâchoi- 
re de 
brochet 
V ertus. 

Dose. 


Limaille 
de  Fer. 

Vertus. 

Do6c. 


1 3o  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE." 
ment  sous  la  molette  : elle  se  réduit  en  petits  globules 
qu’on  a beaucoup  de  peine  à broyer,  sur-tout  la  limaille 
d’acier,  parcequ’elle  est  beaucoup  plus  dure  que  celle  de 

1er-  . 

On  ne  devroit  jamais  employer  pour  l’usage  intérieur  la 
limaille  de  fer  ou  d’acier  que  vendent  les  serruriers  et  les 
couteliers , parcequ’ils  emploient  du  cuivre  pour  braser  ou 
souder  le  fer:  ils  liment  ces  deux  métaux  ensemble  : aussi 
leur  limaille  contient-elle  toujours  du  cuivre.  Quelques 
personnes  se  contentent  de  séparer  la  limaille  de  fer  d’avec 
celle  de  cuivre  par  le  moyen  de  l’aimant:  mais  il  s’en  faut  de 
beaucoup  que  cette  séparationse  fasse  exactement:  les  por- 
tions de  cuivre  adhérentes  au  fer  sont  enlevées  par  l’aimant 
à la  faveur  du  fer.  La  limaille  qu’on  trouve  toute  faite,  et 
qu’on  peut  employer  sans  danger  , est  celle  des  épingliers 
qui  ne  font  que  de  petits  clous  de  fer  , nommés  clous  d’é- 
pingles: mais  il  vaut  encore  mieux  n’employer  que  celle 
qu’on  prépare  soi-même  avec  du  fer  très  pur. 

On  a attribué  au  crâne  humain  la  vertu  de  guérir 
l’épilepsie  et  les  autres  maladies  du  cerveau.  La  dose  est 
depuis  dix  grains  jusqu’à  deux  scrupules.  Mais  ces  vertus 
sont  absolument  imaginaires:  le  crâne  humain  n’a  pas 
vertu  que  les  os  de  pied  de  mouton  réduits  en 

tend  par  mâchoire  de  brochet , la  mâchoire  de 
cet  animal  et  les  osselets  de  la  tète.  On  estime  cette  ma- 
tière propre  pour  la  pierre  du  rein  et  de  la  vessie,  pour 
exciter  l’urine,  pour  l’épilepsie,  pour  hâter  l'accouche- 
ment, pour  purifier  le  sang.  La  dose  est  depuis  douze 
orains  jusqu’à  un  gros.  Les  vertus  de  ces  osselets  sont 
aussi  imaginaires  cjue  celles  qu  on  attiibue  au  crâne 
humain. 

La  limaille  de  fer  préparée  est  un  très  grand  remede 
dans  la  Médecine:  on  l’emploie,  avec  le  plus  grand 
succès,  comme  tonicjué,  et  pour  donner  du  lessoit  aux 
parties  fibreuses  : elle  leve  les  obstructions  bilieuses  . elle 
convient  par  conséquent  dans  les  pales  couleuis  pour 
exciter  les  réglés.  La  dose  est  depuis  deux  jusqu’à  vingt- 
quatre  grains  : le  fer  pris  a petites  doses,  et  long-temps 
continué,  produit  de  très  bons  effets. 

CoraliiLC  de  Corse  ou  lèinüho  cor  thon , est  une  mousse 
marine  qui  croît  sur  les  bords  des  rochers , et  sur  les  sa- 

l 


plus  d 
poudre 
On  < 


ELEMENTS  DE  P H A R ÎVI  A C I Ê.'  1 3 i 

blés  ou  graviers  aux  bords  de  la  mer.  Cette  substance 
est  mise  en  usage  depuis  quelques  années  pour  tuer  les 
vers  et  guérir  les  maladies  vermineuses.  Lorsqu’on  nous 
apporte  cette  mousse,  elle  est  moite,  c’est-à-dire,  un  peu 
humide,  parcequ’elle  est  imprégnée  d’eau  de  mer,  elle  a 
une  odeur  de  marécage  très  forte,  et  elle  est  remplie  de  beau- 
coup de  graviers  de  la  nature  des  cailloux:  lorsqu’on  veut 
la  réduire  en  poudre,  il  convient  de  la  faire  sécher,  et  de 
la  séparer  de  tout  le  sable  et  gravier  dont  elle  est  mêlée  , et 
de  la  pulvériser  ensuite  à l’ordinaire  : on  la  passe  après  sur 
le  porphyre  pour  la  broyer  sans  eau,  afin  de  réduire  en  pou- 
dre impalpable  Je  peu  de  sable  qui  n’auroit  pu  se  séparer: 
on  seire  la  poudre  très  sechedans  une  bouteille  qu’on  bou- 
che bien. 

Cette  mousse  est  regardée  comme  un  très  bon  vermi-Verlu** 
fuge  ; on  çn  lait  prendre  depuis  six  grains  jusqu’à  vingt- 
quatre  aux  enfants,  et  on  en  donne  par  jour  deux  prises 
enveloppées  dans  de  la  bouillie  ou  entre  deux  soupes  : on  la 
lait  prendre  jusqu’à  un  gros  aux  personnes  adultes:  on  la 
fait  prendre  aussi  en  infusion  ou  en  décoction:  alors  on 
en  lait  bouillir  un  gros  dans  un  verre  d’eau  , et  on  en  prend 
deux  prises  semblables  par  jour,  l’une  le  matin  et  l’autre 
Je  son  en  se  couchant  : on  en  fait  entrer  quelquefois  un 
gros  dans  les  potions  purgatives:  prise  de  cette  maniéré, 
elle  produit  de  très  bons  effets:  lorsqu’on  en  fait  usage  en 
mlusion,  on  se  contente  de  la  pulvériser  grossièrement. 

.Ides  substances  cju  on  ne  lave  pas , et  cju’il  J~aut  broyer 

avec  de  l’eau. 


Ces  substances  sont: 


La  pierre  calaminaire, 
La  tliu lie. 

Le  verre  d’antimoine, 
L’antimoine, 

La  pierre  hématite, 
L’aimant, 


Les  pierres  précieuses. 
Les  os  de  sec  lies, 

La  {lierre-ponce, 

La  terre  cimolée. 

Les  perles, 

La  coraline. 


Les  anciennes  Pharmacopées  recommandent  de  faire  cal- 
ciner la  pierre  calaminaire  avant  de  la  broyer:  mais  Le- 
meri,  dans  sa  Pharmacopée,  fait  observer  que  cela  est  assez 
inutile  ; et  en  effet  on  se  contente  ordinairement  de  la 
broyer  sans  la  faire  calciner, 

1 ij 


1 3:2  Eléments  t>e  pharmacie' 

La  pierre  calaminaire  est  la  mine  de  zinc:  il  y en  a 
de  différentes  couleurs  ; mais  il  n’y  a que  celle  qui  est  rou- 
geâtre qui  soit  d’usage  dans  la  Pharmacie:  sa  couleur  lui 
vient  du  1er  qu’elle  contient.  La  pierre  calaminaire  n’est 
usitée  que  pour  l’extérieur:  elle  entre' dans  plusieurs  on- 
Vertus,  guents  et  emplâtres.  Elle  est  astringente , propre  pour  des- 
sécher et  cicatriser. 

Tude , connue  aussi  sous  le  nom  de  cadmie  des  four- 
neaux et  de  pompholix . L’ancienne  Pharmacie  recom- 
mandoit  défaire  calciner  cette  matière  avant  de  Ja  broyer; 
Vertus,  mais  cela  est  inutile.  La  tu  lie  est  détersive,  dessicative, 
elie  s’emploie  pour  cicatriser  les  plaies,  et  pour  les  hémor- 
rhoïdes  : on  la  dit  aussi  fort  bonne  pour  le.s  inflammations 
des  paupières.  La  tutie  ne  s’emploie  qu’à  l’extérieur. 
Vertus.  ’ Le  verre  d'antimoine  est  un  puissant  émétique  : on  ne 
doit  l’administrer  qu’avec  beaucoup  de  circonspection  , 
Dose,  pareeque  ses  effets  émétiques  sont  violents.  La  dose  est 
depuis  un  quart  de  grain  jusqu’à  un  grain. 

On  donne  le  nom  de  poudre  de  bellebaL  au  verre  d’anti- 
moine broyé. 

JJ  antimoine  est- un  minéral  : c’est  la  mine  d’un  demi- 
métal  qu’on  nomme  régule  d antimoine  : il  est  composé 
de  parties*  égales  à-peu-près  de  régule  et  de  soufre  com- 
mun. 

On  le  broie  avec  de  l’eau  jusqu’à  ce  qu’il  soit  réduit  en 
poudre  impalpable:  quoiqu’il  soit  parfaitement  broyé , il 
reste  toujours  parsemé  d’une  infinité  de  petits  points  bril- 
lants comme  du  mica  très  fin.  Cela  vient  de  ce  que  l’anti- 
moine , lorsqu’il  est  parvenu  à un  certain  degré  de  division, 
se  broie  difficilement.  Le  charbon  qu’on  broie  à l’eau,  est 
dans  le  même  cas  : il  reste  toujours  parsemé  de  points  éga- 
lement brillants. 

V-rtus.  On  fait  prendre  intérieurement  l’antimoine  broyé, 
comme  fondant  des  humeurs  visqueuses  qui  occasionnent 
Dose.  les  maladies  de  la  peau.  La  dose  est  depuis  un  grain  jus- 
qu’à quatre.  Donné  à plus  grande  dose,  comme  de  douze 
grains,  il  excite  souvent  des  nausées,  et  même  le  vomis- 
sement, principalement  lorsqu’il  se  trouve  des  acides  dans 
l’estomac. 

Pierre  hématite  , crayon  rouge,  fores t d’Espagne  et 
sanguine,  est  une  mine  de  fer  crystallisée  ordinairement 
en  aiguilles.  Cette  mine  est  très  riche  en  fer;  mais  comme 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE,  1 33 

die  ne  contient  point  de  soufre  , elle  est  de  si  difficile  fu- 
sion qu’on  ne  l’exploite  pas.  11  y en  a de  deux  especes  ; 

I une  très  dure , et  l’autre  fort  tendre:  on  fait  des  crayons 

rouges  avec  de  cette  derniere  : l’une  et  l’autre  sont  d’usaee 
en  Médecine.  , ° 

On  pulvérise  la  pierre  hématite  : on  passe  la  poudre  au 
travers  d’un  tamis  de  soie,  et  on  la  broie  avec  de  l’eau. 

La  pierre  hématite  est  fort  astringente  et  dessicalive.  La  Vernis. 
<Iose  est  depuis  six  grains  jusqu’à  deux  scrupules.  On  la  Dose, 
lait  entrer  dans  des  bols  et  des  opiats  astringents. 

La  terre  cimolêe  est  le  sédiment  qu’on  trouve,  a lafond  de 
leau  dans  1 auge  des  couteliers,  au-dessus  de  laquelle  ils 
repassent  les  couteaux:  c’est  un  mélange  d’acier  rouillé 
et  des  portions  de  meules  de  grès  qui  s’usent  ensemble  en 
repassant  les  couteaux.  On  fait  entrer  cette  substance  dans 
es  cataplasmes  astringents:  elle  a besoin  d’être  broyée  sur 
? PorP  l)  u-  a or  que  les  portions  de  pierre  trop  grossières 
dont  elle  est  remplie  ne  blessent  point  les  parties  sur  les- 
quelles on  applique  les  cataplasmes.  Cette  terre  ne  se  donne 
point  intérieurement. 

I .aimant  est  une  mine  de  fer:  il  est  estimé  astringent 

propre  pour  arrêter  le  sang.  On  ne  l'emploie  qu’à  l’exté-  Vertus, 
o li  r » 


. ..0s  clc  seclws'  On  en  sépare  la  partie  osseuse  qu’on  re- 
jette comme  inutue;  on  n’emploie  que  la  substance  spon- 
gieuse et  blanche  qu’on  enleve  avec  un  couteau.  Une  livre 
de  seches  rend  huit  onces  de  cette  substance  ou  moelle. - 

es  os  de  seches  pris  intérieurement,  sont  absorbants  , Vertus, 
i,  ’^ge^s.  détersns,  apéritifs,  dessicatifs, propres  à exciter 
-mue , a chasser  la  pierre  et  la  graveUe.  La  dose  est  depuis  Dose, 
douze  grains  jusqu’à  un  demi-gros.  1 

La  co i'a line  est  une  plante  pierreuse  qui  doit  être  brovée 
comme  les  matières  précédentes , après  en  avoir  séparéles 
• impuretés  et  les  petits  coquillages  dont  elle  est  remplie. 

-a  coralme  préparée  esï  propre  pour  tuer  les  vers,  pour  vertua 
abaltie  les  vapeurs,  pour  exciter  les  mois  aux  femmes,  pour 
arrêter  le  cours  de  ventre.  La  dose  est  depuis  six  grains 
jusqu  a deux  scrupules,  et  même  un  gros. 

Ler™ précieuses.  Celles  qui  étoient  d’usage  dans  l’an- 
cienne I haimacie  sont  l’hyacinthe,  l’émeraude ,•  le  saphir 

diaLen  C-  COnialme-  0l1  lei,r  attribuait  des  vertus  cor- 
diales, «aïs  a présent  on  est  revenu  de  cette  erreur,  et  il 


Vértus. 


Vertus. 

Dose. 


1 34  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIÏ. 

est  certain  qu’elles  ne  peuvent  avoir  que  des  vertus  perni- 
cieuses.  Comme  elles  11e  sont  nullement  attaquables  par 
nos  humeurs,  elles  occasionnent  des  pesanteurs  dans  1 es- 
tomac. Lorsque  ces  pierres  11e  sont  pas  suffisamment 
broyées  , leurs  molécules  grossières  peuvent  se  nicher  dans 
les  parois  de  l’estomac  et  des  intestins  , et  entamer  ces 
parties  comme  le  feroit  du  verre  pilé. 

La  pierre-ponce  est  détersive  , dessicalive  et  légèrement 
astringente  : on  la  fait  entrer  dans  les  opiats  astringents 
qu’on  donne  à la  fin  des  gonorrhées  pour  les  arrêter. 

Pe/ifs.  On  attribue  aux  perles  des  vertus  cordiales  ca- 
pables de  résister  au  venin  , de  réparer  les  forces  abat- 
tues , etc.  ; mais  toutes  ces  grandes  vertus  sont  absolument 
imaginaires  : elles  n’ont  pas  plus  de  vertu  que  le  corail 
ou  que  les  coquilles  d'œufs  : en  effet  elles  ont  les  memes 
propriétés  : elles  sont  propres  à adoucir  les  acides  de  1 es- 
tomac, pour  arrêter  le  cours  de  ventre,  pour  les  hémor- 
ragies. La  dose  est  depuis  six  grains  jusqu’à  un  demi-gros. 

Des  substances  qu’on  doit  lacer  avant  de  les  pulvériser  , 
et  qui  se  broient  à l’eau. 

Ces  substances  sont  : 

Les  nacres  de  perles  , Les  yeux  d écrevisses  , 

Les  coquilles  de  moules  de  mer  , Le  suçcin  , 

Le  corail  rouge  , Le  soufre  , 

Les  coquilles  d’œufs,  Lespieriesde  carpes. 

Les  écailles  d’huîtres , Les  pierres  de  merlans. 

On  lave  ces  matières  pour  en  séparer  une  sorte  de  muci- 
lage qui  se  trouve  à leur  surface  ; ces  matières  sont,  les 
nacres  de  perles  , les  coq^ilü^^e  moules  de  mer  , les 
écailles  d’hüîtres  , les  coquilles  d’œufs  , les  pierres  de 
carpes  et  les  pierres  de  merlans  : on  les  change  d eau  de 
temps  en, temps  jusqu’à  ce  qu’elle  sorte  claire  : on  sépare  , 
le  plus  exactement  qu’il  est  possible,  la  membrane  inté- 
rieure des  coquilles  d’œufs.  On  lave  le  corail  rouge  et  les 
yeux  d’écrevisses  afin  d en  séparer  la  poussière  qui  peut 
être  adhérente  à la  surface.  Le  succin  se  lave  afin  d en  oter 
la  poussière,  les  petites  pailles  et  les  matières  charbon- 
neuses qui  se  trouvent  parmi,  et  qui  nagent  sur  1 eau  , 
tandis  que  la  plus  grande  partie  du  succin  tombe  au  rond* 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.'  J 35 

Lorsque  ces  matières  sont  nétoyées  , on  les  met  sur  un 
tamis,  ou  les  fait  sécher  , on  les  pulvérise,  et  ensuite  on 
les  broie. 

Nous  avons  indiqué  précédemment  la  maniéré  de  laver 
le  soufre  : souvent  on  broie  le  soufre  sans  l’avoir  lavé  : en 
général  il  blanchit  considérablement  à la  porphyrisation  : 
on  le  nomme  alors  crème  de  soufre.  C’est,  de  toutes  les 
préparations  du  soufre  , celle  qui  mérite  la  préférence 
pour  l’usage  intérieur , parcequ’il  est  prodigieusement  di- 
visé. 

Il  y a encore  «ne  autre  maniéré  de  préparer  certaines 
substances  terreuses  que  la  nature  nous  fournit  dans  un 
état  de  division  extrême  auquel  la  porphyrisation  n’ajou- 
teroit  rien  : ces  substances  sont  ordinairement  mêlées  avec 
des  matières  sableuses  et  terreuses  grossières  , qu’il  faut  sé- 
parer. L’opération  par  laquelle  on  y parvient  est  le  lavage 
de  ces  substances  dans  beaucoup  d’eau.  Les  matières  d’u- 
sage en  Médecine  et  en  Pharmacie  , qui  sont  du  ressort  de 
cette  opération,  sont  le  bol  d’Arinénie , la  terre  sigillée 
et  la  craie,  auxquelles  on  peut  rapporter  toutes  celles  que 
la  nature  fournit  dans  un  état  de  division  semblable.  Nous 
en  parlerons  dans  un  instant. 

Les  nacres  de  perles,  les  coquilles  de  moules  de  mer . 
le  corail  rouge,  les  coquilles  d’œufs , les  écailles  d'huîtres \ 
les  yeux  d' écrevisses , les  pierres  de  carpes  et  les  pierres 
de  merlans,  sont  des  matières  absorbantes  qui  ont  toutes  Vertus, 
les  memes  vertus  que  les  perles  dont  nous  avons  parlé  pré- 
cédemment : elles  se  donnent  de  la  même  maniéré  et  à la 
meme  dose  : elles  ne  méritent  l’une  sur  l’autre  aucune  pré- 
férence. 1 

Le  succin  arrête  le  flux  de  ventre  , les  hémorragies , la  Vertus, 
gonoriliée  : il  iesiste  au^eniA  La  dose  est  depuis  dix  grains  Dose 
jusqu’à  une  demi-dragnie?*“* 

On  fait  aussi  brûle»  sur  le  feu  du  succin  , seulement  con- 
cassé , pour  en  recevoir  la  fumée  : elle  modéré  la  violence 
du  rhume  de  cerveau  et  des  cataires. 

Le  soufre  est  propre  pour  l’asthme  , pour  les  ulcérés  de  Vertus, 
la  poitrine  et  des  poumons,  pour  la  phthisie,  pour  résister 
a la  pouniture  , pour  la  gratelle,  pour  les  dartres,  pour  dis- 
cuter et  résoudre  les  tumeurs  : on  s’en  sert  intérieurement 
et  extérieurement.  La  dose  pour  l’intérieur  est  depuis  quinze  Dose, 
grains  jusqu  a deux  scrupules. 

I iv 


1 36 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 


Lavage  des  terres  , ou  préparation  des  substances 
terreuses  très  divisées  par  la  nature. 

t ■ 

Ces  substances  sont  : 

La  craie,  Le  bol  d’Arménie  , 

La  terre  sigillée,  ou  terre  de  Lemnos,  L’argille. 

On  met  l’une  ou  l’autre  Je  ces  substances  Jans  une  ter- 
rine pleine  d’eau  : on  la  laisse  se  détremper  suffisamment  ; 
ensuite  on  ajoute  une  grande  quantité  d’eau  : on  agite  la 
liqueur  , et  lorsqu’elle  est  bien  troublée  , on  laisse  dépo- 
ser un  moment  les  parties  les  plus  grossières  : on  passe  la 
liqueur  trouble  qui  surnage,  au  travers  d’un  tamis  de  soie 
très  serré:  on  étend  le  marc,  resté  au  fond  de  la  terrine, 
dans  une  nouvelle  quantité  d’eau  : on  laisse  déposer,  et  on 
décante  au  travers  du  même  tamis  la  liqueur  tandis  qu’elle 
est  trouble;  on  continue  ainsi  de  suite  jusqu’à  ce  que  l’on 
voie  que  l’eau  ne  peut  plus  rester  trouble  qu’un  instant  ; 
alors  on  rejete  comme  inutile  la  matière  grossière  qui 
se  trouve  au  fond  de  la  terrine  : on  laisse  déposer  toutes  les 
liqueurs  : on  les  décante,  et  lorsque  la  poudre  fine  est  bien 
déposée  , on  réunit  tous  les  sédiments  en  une  seule  terrine: 
on  décante,  autant  que  l'on  peut,  toute  l’eau  qui  reste  dans 
les  sédiments  : on  met  le  marc  égoutter  sur  un  filtre  ; et 

*D  ' 

lorsqu’il  est  égoutté  convenablement,  on  en  forme  des  tro- 
chisques  par  le  moyen  d’un  entonnoir  de  fer-blanc,  comme 
nous  l’avons  dit  précédemment. 

La  craie  qu’on  emploie  en  Médecine  doit  être  choisie 
très  blanche  et  très  pure  ; c’est  ordinairement  la  craie  de 
Vertus.  Champagne  dont  on  se  sert  : elle  est  un  fort  bon  absorbant 
Pose,  propre  à détruire  les  aigreurs  de  l’estomac.  La  dose  est 
depuis  six  grains  jusqu’à  un  scrupule. 

La  terre  sigillée  est  très  légèrement  absorbante  à propor- 
tion de  la  terre  calcaire  qu’elle  contient  : elle  est  aussi  un 
peu  astringente. 

Vertus.  Le  bol  d'Arménie  est  astringent,  dessicatif,  propre  à 
arrêter  le  cours  de  ventre,  les  dyssenteries  , le  crachement 
de  sang.  Ces  vertus  doivent  être  attribuées  au  fer  dans 
Pose  l'état  d’ochre  que  cette  terre  contient.  La  dose  est  depuis 
§ix  grains  jusqu’à  un  scrupule.  On  emploie  aussi  le  bol  à, 


Eléments 


d E 


PHARMACIE,  1 37 

l’extérieur  pour  arrêter  le  sang  , pour  empêcher  le  cours 
des  fluxions,  pour  fortifier , pour  résoudre. 

Les  argilles  sont  ties  peu  d usage  en  Médecine  : on  peut 
les  employer  à l’extérieur  , comme  le  bol  d’Arménie  , mais 
on  doit  les  considérer  comme  n’ayant  que  peu  ou  point  de 
vertus  médicinales. 


H 


^marques. 


Le  bol  d Arménie  et  la  terre  sigillée  dont  on  se  servoit 
anciennement,  sont  des  terres  argilleuses  qui  contiennent 
un  peu  de  terie  calcaire;  mais  la  terre  sigillée  qu’on  trouve 
aujourd’hui  dans  le  commerce,  est  une  marne  : elle  con- 
tient a-peu-près  la  moitié  de  son  poids  de  terre  calcaire. 
Cette  terre  nous  yenoit  autrefois  de  Lemnos,  formée  eu 
petits  pains  orbiculaires , sur  un  côté  desquels  il  y avoit 
impression  d’1111  cachet  représentant  la  figure  de  Diane; 
niais  aujourd’hui  011  arrange  dans  différents  endroits  de 
Lurope  des  terres  de  la  même  nature,  auxquelles  011 
donne  également  le  nom  de  terre  sigillée  : c’est  ce  qui  fait 
qu  on  trouve  dans  le  commerce  de  la  terre  sigillée  de  plu- 
sieurs couleurs  11  y en  a de  très  blanche,  de  jaune  fauve, 
de  couleur  de  chair , etc. 

Le  bol  nous  venoit  autrefois  d'Arménie;  mais  présente- 
ment on  le  tire  de  Blois  : il  ne  le  cede  en  rien  , pour  les 
«jua  Ites  , a celui  qui  nous  venoit  d’Arménie.  C’est  une 
argille  rouge  très  ferrugineuse  , et  qui  contient  moins  do 
terre  calcaue  que  la  terre  sigillée. 

On  se  propose  , par  le  lavage  de  ces  terres , de  séparer  les 
^Is  et  les  matières  grossières  qui  leur  sont  étrangères. 
(Quelques  personnes  les  emploient  telles  qu’elles  sont f sans 
Oui  donner  aucune  préparation;  d’autres  se  contentent  de 
les  broyer  sur  le  porphyre  sans  les  avoir  lavées;  mais  ces 
de qx méthodes  sont  également  blâmables. 

Préparation  de  la  litharge. 

J.a  (lna,dhé  que  l’on  veut  de  litharge  dans  un 
or  ier  c e er  , avec  un  peu  d’eau  : on  les  triture  ensemble 
pendant  environ  un  qnart-d’heure;  ensuite  011  met  une  nlul 
giande  quantité  d’eau  c^ns  le  mortier,  et  on  remue  afin 
<pie  a litharge,  qui  est  divisée , puisse  se  soutenir  dans 


fl  38  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 

l’eau.  Lorsque  les  parties  grossières  se  sont  précipitées  , on 
décante  l’eau  trouble  : on  triture  de  nouveau  : on  étend 
dans  une  nouvelle  quantité  d’eau  la  matière  triturée,  et 
on  continue  ainsi  de  suite  jusqu’à  ce  que  la  litliarge  soit 
suffisamment  divisée.  Pour  la  séparer  de  l’eau  on  procédé 
de  la  même  maniéré  que  nous  l’avons  dit  pour  la  prépara- 
tion des  terres  par  le  lavage.  On  serre  la  litliarge,  ainsi  pré- 
parée et  séchée  , dans  une  boîte  pour  s en  servir  dans  le 
besoin.  Cette  préparation  se  fait  afin  d’avoir  la  litliarge 
mieux  divisée  , et  pour  qu’elle  puisse  se  dissoudre  plus 
promptement  dans  les  huiles  et  dans  les  graisses  lorsqu  on 
fait  les  onguents  et  les  emplâtres  ; mais  cette  préparation  est 
assez  inutile  : il  suffit  de  réduire  la  litliarge  en  poudie  fine, 
et  de  la  passer  au  travers  d’un  tamis  de  soie  très  serré.  La 
litliarge  se  dissout  assez  vite,  sans  qu  il  soit  necessaire  cie 
la  diviser  par  le  moyen  dont  nous  venons  de  parlei  , qui 
est  fort  long. 

Vertus.  La  litharge  ne  s’emploie  qu’à  l’extérieur  : elle  est 

nuisible  et  pernicieuse  prise  intérieurement  : elle  donne  la 
maladie  qu’on  nomme  colique  des  peintres  ou  de  Poitou  . 
elle  provoque  la  paralysie  des  parties  internes. 

Lalitharge,  appliquée  extérieurement,  est  dessicative, 
détersive  et  répercussive  : on  l’emploie  avec  succès  pour 
les  maladies  de  la  peau. 


Préparation  de  la  céruse. 

Les  anciennes  Pharmacopées  prescrivent  de  préparer  la 
céruse  de  la  même  maniéré  que  la  litliarge,  cest-a-due 
par  le  lavage;  ce  qui  est  non  seulement  inutile  , mais  meme 
pronre  à changer  la  nature  de  la  céruse.  La  céruse  contient 
une  petite  quantité  de  sel  de  Saturne  , qui  se  dissout  dans 
l’eau  pendant  le  lavage , et  qui  en  est  sépare  en  pure 
perte  ; ainsi  il  est  infiniment  préférable , pour  1 usage  de 
la  Pharmacie,  de  la  réduire  en  poudre  de  la  manière 

On  prend  un  pain  de  blanc  de  ceruse:  on  le  fiotte 
légèrement  sur  un  tamis  de  crin  qu'on  a pose  sm  une 
feuille  de  papier.  Par  le  frottement,  la  céruse  se  réduit  en 
poudre  qui  passe  au  travers  du  tamis  : on  continue  ainsi 
jusqu’à  ce  que  l’on  en  ait  suffisamment.  La  ceruse  peut  se 
pulvériser  dans  un  mortier  comme  les  autres  substances, 


Eléments  de  i»  h a r m a c i e;  i 3cf 

maïs  alors  il  n est  pas  possible  de  la  passer  au  travers  d’uu 
tamis  serré,  parcequ’elle  se  plaque  sur  le  tamis  : elle  eu 
bouche  les  passades,  elle  se  pelotonne  et  se  réduit  eu 
petites  boules  : ce  qui  est  cause  qu’on  ne  peut  séparer 
les  portions  qui  ont  échappé  à la  pulvérisation. 

La  céruse  ne  s’emploie  jamais  que  pour  l’extérieur  : elle 
est  aussi  pernicieuse  que  la  litharge.  Ses  usages  à l’ex- 
terieur  sont  les  mêmes  que  ceux  de  la  litharge. 

siEtîûops  martial , ou  safran  de  NIars  de  Lernery . 

On  met  dans  un  vase  de  verre  la  quantité  que  l’on  veut 
de  limaille  de  1er  non  rouillée  : on  verse  par-dessus  de 
l’eau  jusqu’à  ce  (pie  la  surface  en  soit  couverte  d’environ 
cinq  a six  pouces.  O11  agite  l’eau  et  la  limaille  plusieurs 
lois  pai  jour  avec  une  spatule  de  bois  ou  de  fer  : on  con- 
tinue^ cette  opération  pendant  cinq  on  six  mois,  ou 
jusqu  a ce  qtie  lai  limaille  soit  réduite  en  grande  partie 
en  une  pondre  noire  qui  reste  suspendue  quelques  mo- 
ments dans  1 eau  après  qu’on  l’a  agitée;  alors  on  décante 
a liqueur  tandis  qu’elle  est  trouble,  afin  de  séparer  la 
poudre  line  d’avec  la  limaille  : on  laisse  déposer  la  poudre; 
on  décante  1 eau  qu’on  rejette  comme  inutile:  on  fait 
secher^  promptement  !a  poudre  dans  des  vaisseaux  clos 
a m qu  elle  ne  se  rouille  point.  C’est  ce  que  l’on  nomme 

ætJiiops  martial  à cause  de  sa  couleur-  qui  doit  être  très 
noire. 

Remarques. 


Le  but  qu’on  Se  propose  en  brisant  cette  opération,  est 
de  diviser  le  fer  le  plus  qu’il  est  possible,  et  de  lui 
conserver  tout  son  phlogistique.  On  s’est  servi  dans  ccs 
eimers  temps  delà  machine  de  l’Angelot  pour  abréner 
cette  division  du  fer.  Cette  machine  est  composée  "de 
deux  meules  de  fer  placées  l’une  sur  l’autre  dans  im 
aquet  plein  d eau.  La  meule  supérieure  tourne  horizon- 
talement sur  la  meule  inférieure  qui  est  fixe,  et  broie 
dans  1 eau  la  limaille  de  fer  qui  se  trouve  entre  les  deux 

ÏIlGî-1  ICS  • 

Il  est  certain  qu’au  moyen  de  cette  machine  on  accéléré 
considérablement  la  division  du  fer  ; mais  comme  on  peut 
parle  premier  procédé , se  procurer  suffisamment  d’æthiops 


Vertus. 


1 40 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

martial,  il  n’est  pas  nécessaire  de  laire  la  dépense  d’une 
machine  pour  cette  opération.  Un  troisième  moyen  par 
lequel  on  parvient  à faire  une  grande  quantité  de  cet 
æthiops  sans  beaucoup  d’embarras  et  sans  frais,  mais  qui 
est  long,  consiste  à mettre  beaucoup  de  limaille  de  fer 
dans  une  terrine  de  grès  : on  la  recouvre  d’eau  d’environ 
un  pouce  ou  deux  : on  place  la  terrine  dans  un  endroit 
humide,  à l’abri  de  la  poussière  : on  remet  de  l’eau  dans 
la  terrine  à mesure  qu’elle  s’évapore  : on  ne  remue  point 
la  matière  : on  continue  cette  opération  pendant  environ 
une  année.  Au  bout  de  ce  temps  on  laisse  sécher  la  limaille 
dans  la  terrine  sans  la  remuer.  Lorsqu’on  présume  qu’il 
n’y  a plus  d’humidité,  on  enleve  la  surface  cpii  est 
Touillée  , on  la  met  à part  , et  on  trouve  sous  cette  portion 
la  limaille  seche  qui  est  parfaitement  noire.  On  pulvérise, 
et  on  serre  dans  une  bouteille  qui  bouche  bien  cette 
limaille  seche  qui  est  de  l’æthiops  martial. 

Le  1er  , qui  ne  peut  se  rouiller  que  par  l’action  combi- 
née de  l’air  et  de  l’eau,  ne  se  rouille  qu’à  sa  surface  dans 
cette  derniere  opération  , pareeque  cette  surface  a un 
contact  immédiat  avec  l’air:  l'intérieur  de  la  masse  dans 
lequel  l’air  ne  pénétré  point,  ne  se  rouille  pas.  Ce  fer 
néanmoins  se  divise  parfaitement  bien  sans  aucune  agita- 
tion, et  se  convertit  en  poudre  très  noire  entièrement 
altirabie  à l’aimant,  et  dissoluble  en  entier  dans  les  acides. 
Ce  sont  là  les  qualités  qu’on  recherche  dans  cette  prépara- 
tion de  fer. 

11  est  des  Médecins  qui  pensent  que  la  plupart  des. 
préparations  de  fer  qui  n’ent  point  ces  propriétés,  sont 
absolument  sans  vertu  : tels  sont,  par  exemple,  le  safran, 
de  Mars  préparé  à la  rosée,  et  celui  qui  a été  précipité  du 
vitriol  de  Mars  par  l’akali  fixe , et  qu’on  a laissé  sécher 
à l’air  libre  , etc.  On  a reconnu  néanmoins  que  ces  prépara- 
tions de  fer  ont  une  vertu  tonique  et  propre  à lever  les 
obstructions , etc. 

De  tous  les  métaux  susceptibles  de  perdre  leur  phlo- 
gistique , c’est  le  fer  qui  le  reprend  le  plus  facilement.  Les 
personnes  qui  font  usage  des  préparations  de  fer  privé  de 
tout  son  phlogistique , rendent  des  excrements  très  noirs  ; 
ce  qui  ne  peut  venir  que  de  ce  qu’il  en  reprend  dans  les 
premières  voies.  Si  ces  faits,  constatés  par  tout  les  Mé- 
decins qui  prescrivent  l’usage  de  ces  safrans  de  Mars,  ne 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

suffisent  pas,  on  peut  s’assurer  de  celte  propriété  du  fer 
en  faisant  digérer  dans  de  l’huile  d’olive,  pendant  une 
heure  ou  deux , un  peu  d’une  des  préparations  de  fer 
prive  de  son  phlogistique;  lorsqu 'ensuite  on  aura  séparé  « 
par  1 inhibition , dans  le  papier  gris,  toute  l’huile  qui 
enveloppe  cette  préparation  de  fer  , on  s’appercevra  que  ce- 
ler a repris  du  phlogistique , puisqu’il  sera  attirable  à 
1 aimant,  et  qu’il  sera  dissoluble  en  entier  dans  les  acides  ! 
. 11  arnve  ^/nôme  chose  à ces  préparations  prises  inté- 
rieurement : le  fer  se  ressuscite  dans  les  premières  voies  ' 
et  promut  ensuite  tous  les  bons  effets  d’un  fer  très  divisé 
et  pourvu  de  tout  son  phlogistique. 


Safran  cle  Mars  préparé  à la  rosée. 

I ^ V * ' i ; %t  » o 1 { ‘ 

On  met  la  quantité  que  l'on  veut  cle  limaille  de  fer 
dans  un  vaisseau  large  et  plat  : on  l’expose  à l’air 
lorsqu  il  tombe  beaucoup  cle  rosée:  on  la  remue  cle 
temps  en  temps,  et  sur-tout  lorsque  sa  surface  est  bien 
rouillée.  Lorsqu'elle  s’est  agglutinée  en  trop  grosses 
niasses,  on  la  pulvérise,  on  l'expose  de  nouveau  à l’air 
liuinide  , et  on  continue  ainsi  de  suite  jusqu’à  ce  qu’elle 
soit  suffisamment  rouillée.  Alors  on  la  pulvérise  lVère- 
ment  peur  séparer  par  le  tamis  la  poudre  fine  d’avec 

ènsnbe?1  Ie  a!  éCrapife  à ]a  rollille  •’  on  la  broie 
ensuite  sur  le  porphyre  afin  de  mieux  diviser  le  safran  de 

aïs.  Il  contient  toujours  une  certaine  quantité  de  fer  qui 

"! l’n  P.er,t!u.  en‘*«ement  son  phlogistique  : aussi  est-il 
attiiable  a 1 aimant,  mais  en  partie  seulement.  Ce  n’est 
pas  cette  espece  de  safran  de  Mars  que  j’ai  employée  pour 
prouver  la  réduction  du  fer  sans  fusion;  c’est  celui  L a 
etc  précipite  du  vitriol  de  Mars  par  l’akali  fixe  et  séché  à 
aiHibre  : i avoit  une  couleur  ronge  de  tabac  d’Espagne 
et  n étoit  nullement  attirable  à l’aimant.  x ° 7 

L æthiops  martial , la  limaille  de  foret  les  safraiis  de 
Mars  préparés  à la  rosée , ont  à-peu-près  les  mêmes  ver- 
us.  Les  différences  que  l’on  remarque  entre  ces  prépara- 
ns  , viennent  autant  des  circonstances  et  de  l’état  du 
malade  que  de  toute  autre  chose.  Quoi  qu’il  en  soit  le 
er  passe  pour  etre  le  tonique  le  plus  efficace:  il  augmente 
circulation  du  sang;  il  est  astringent  et  apéritif-  il  nrn  v 
'oque  les  mois  aux  femmes;  et  il  a de  plus  la  singulière 


1 42  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

propriété  de  modérer  ces  évacuations  lorsqu’elles  sont  trop 
Dose,  abondantes.  La  dose  de  ces  préparations  de  fer  dont  nous 
parlons  est  depuis  un  grain  jusqu’à  un  scrupule  : le  fer  , 
ou  ses  préparations,  pris  à petite  dose  et  long-temps  conti- 
nué, produit  toujours  de  meilleurs  effets  que  lorsqu’il  est 
administré  d’une  maniéré  contraire. 


Verre  d'antimoine  préparé  avec  de  la  cire , ou  verre 

d antimoine  ciré. 

On  prend  quatre  onces  de  verre  d’antimoine  réduit  en 
poudre  impalpable  sur  le  porphyre  : on  le  met  dans  une 
cuiller  de  fer  avec  une  demi-once  de  cire  jaune  liquéfiée 
afin  de  le  bien  imbiber  : on  fait  chauffer  ce  mélange  à une 
chaleur  modérée,  mais  capable  cependant  de  faiie  évapo- 
rer toute  la  cire  : on  remue  sans  discontinuer  jusqu’à  ce 
que  la  matière  ne  fume  plus  : il  reste  enïin  une  poudre 
noire  charbonneuse  : c’est  ce  que  l’on  nomme  verre  d'an- 
timoine ciré.  p , 

Les  proportions  de  cire  et  de  verre  d antimoine  , sont  a 
la  rigueur  assez  indilférentes  a observer:  cependant,  si  1 on 
mettoit  une  trop  grande  quantité  de  cire,  elle  seroit  en 
pure  perte.  Ce  qui  reste  , après  l’évaporation  de  la  cire, 
est  la  substance  charbonneuse  qui  enveloppe  les  molécu- 
les du  verre  d’antimoine  , et  fait  en  quelque  maniéré  l'office 
d’un  vernis;  ce  qui  diminue  considérablement  1 effet  éme- 
Vertus.  tique  de  cette  substance.  Ce  remedeest  usité  dans  les  dys- 
Dose.  senteries,  à la  dose  d’un  demi-grain  jusqu’à  quatre  , et 
même  six  grains:  mais  on  ne  doit  l’employer  qu  avec  beau- 
coup de  prudence  , pareeque  , quoique  lés  effets  qu  i!  pro- 
duit se  fassent  ordinairement  par  le  bas il  excite  souvent 
des  vomissements  , comme  le  verre  d’antimoine  pur. 

P réparation  de  la  scammonèe ., 


Les  Anciens  ont  pensé  que  la  vertu  purgative  delà 
scammonèe  étoit  trop  forte  , et  qu’elle  avoit  besoin  d être 
corrigée  ; sur  cela  ils  ont  fait  subir  a ccUe  gomme-resine 
plusieurs  préparations,  dans  le  dessein  de  1 adoucir.  Mais 
Leniery  remarque  avec  raison  quelles  ne  servent  qu  al  al- 
térer inutilement.  11  re'commande de  choisir,  comme  me.  - 
lenre , celle  qui  nous  vient  d’ALep , et  de  la  réduire  en  pou- 


iLiîMENTS  DE  PHARMACIE^  1^3 

dre,  sans  lui  faire  subir  aucune  préparation.  J’ajouterai 
seulement  oue  . cnmmp  la  _ i 


pulvérisée  , de  l’exposer  a i au  uans  un  endroit  chaud  pen- 
dant un  certain  temps,  afin  de  lui  faire  perdre  son  odeur  ■ 
du  moins  en  grande  partie.  ’ 

Comme  plusieurs  personnes  tiennent  pour  les  anciennes 

dWe!'0"8’  ,e  VaiS  rapp0rter  Celles  ‘1^  sont  quelquefois 

. ».  On  enferme  de  la  scammonée  réduiteen  poudre  dans 
une  poli  e de  coing,  de  laquelle  on  a vuidé  une  grande  par- 

d aud  smonrTr:  °"  fait,  Cl,IrC  le  coinë  dans  ïes  centres 
audes . on  en  séparé  la  scammonée  que  l’on  fait  sé- 

clicr  ; ou  la  pulvérisé  et  on  laserredans  une  bouteille. 

, ,Un  mêle  «"semble  deux  parties  de  scatn monde  pul- 

toTm  l'humidT,  dU  rC  <le  COi"S  : 011  évaporer 
toute  1 humidité  sur  un  feu  très  doux , en  agitant  le 

mélangé  sans  discontinuer.  Lorsque  la  masse  est  suffi 

~^e’  °n  la  rlvér'^  ct0"  S--  dans' 
une  bouteille.  On  a nommé  ces  deux  préparations  dm- 

crirhmn  cydoruatum , ou  diagrede  cydonié . 

d'eau  dlàndl1  '1Se‘  3tre  8r°?  t r^lisse  dans  huit  onces 
eau  chaude ..  on  mele  cette  infusion  avec  quatre  onces 

de  Scaminonee  réduite  en  poudre  : on  fait  dessécher  ce 
Ces?»  ZT  précédent,  et  on  pulvérise  la  masse.' 

4 rair  4 — <.* 

4 • On  expose  la  scammonée- joui vérisée  sur  un» 

de  papier  gris  au-dessus  du  sotie  enllamu  é ini  t en 
taire  recevoir  la  vapeur-  m rm  t u*  e]i 

pendant  environ unquar’t-d'heure  ivam's V °P^'ation 
scammonée  avec  mie  spatuWd'i’voiré  ' o " " ^nmer  la 

humeurs  bilieu^^^es^^ériieifméîancliolhpies16  pS  Venm 

convient  dans  l’hydrobisie  I , ’ , t .ancnotiques:  elle 

îsdwta  i cUt:, 


*44 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE» 


Des  pulpes . 

On  nomme  pulpe  la  substance  tendre  et  charnue  des 
végétaux , qu’on  peut  réduire  en  une  espece  de  pâte  molle 
à-peu-près  de  la  consistance  d’une  bouillie  ; telle  est  la 
chair  de  tous  les  fruits  tendres  , et  celle  des  racines,  etc. 
Nous  allons  donner  sur  la  maniéré  d’obtenir  les  pulpes 
quelques  procédés  qui  seront  applicables  à toutes  les 
substances  de  même  espece. 

La  plupart  des  substances  dont  on  tire  la  pulpe  deman- 
dent à être  cuites  auparavant  dans  de  l’eau  : celles  qui  sont 
ligneuses  ne  peuvent  fournir  de  pulpe , parcequ  il  est 
difficile  de  les  attendrir  suffisamment  : la  plupart  des 
racines  charnues  et  des  plantes  se  ramollissent  assez  bien 
par  l’ébullition  pour  être  réduites  en  pulpes.  Mais  nous 
Verrons  à l’article  des  cataplasmes  les  inconvénients  qui 
résultent  de  cette  méthode.  Nous  ne  parlons  ici  de. ces 
especes  de  pulpes  que  parcequ’il  y a des  cas  où  il  convient 
de  faire  bouillir  les  végétaux  dans  l’eau  afin  d’emporter 
une  partie  des  matières  extractives  ou  salines  qui  seroient 

trop  âcres. 

On  fait  cuire  les  substances  succulentes  dans  les  cendres 
chaudes  au  heu  de  les  faire  cuiie  dans  1 eau , pour  que  le 
suc  se.combine  avec  la  partie  mucilagineuse  ; c’est  ce  qui 
se  pratique  sur-tout  à l’égard  des  poires  , des  pommes  , des 
oignons,  des  navets,  etc.  On  doit  faire  cuire  ainsi  dans 
les  cendres  toutes  les  matières  qui  contiennent  naturelle- 
ment assez  de  suc  pour  les  empêcher  de  se  trop  dessécher 
et  de  brûler.  On  peut  néanmoins  tirer  la  pulpe  d’un  grand 
nombre  de  végétaux  sans  les  faire  cuire  auparavant;  mais 
leur  pulpe  n’est  jamais  aussi  mucilagineuse. 

Méthode  pour  tirer  les  pulpes  par  coclion  dans  leau,  en 

prenant  pour  exemple  La  pulpe  de  pruneaux  secs. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  pruneaux  secs  : 
on  les  fait  cuire  dans  une  suffisante  quantité  d’eau , ayant 
soin  cependant  qu’il  reste  peu  de  liqueur  lorsqu’ils  sont 
cuits.  On  les  met  dans  un  vaisseau  convenable  ; on  les 
écrase  avec  une  spatule  de  bois,  on  les  met  ensuite  sur  un 

tamis  de  crin.  On  frotte  la  chair  de  ces  pruneaux  sur  ce 

tain,  s 


145 


Eléments  n k pharmacie.  i / 5 

tamis  avec  une  spatule  de  bois  suffisamment  large  pour 
forcer  la  pulpe  a passer  au  travers,  si  la  pulpe  se  trouve 
tiop  épaisse  : ori  ajoute  tin  peu  de  la  décoction  des  pru- 
neaux, et  on  sépare  les  noyaux  à mesure  qu’ils  se  présen- 
tent : 0,1  commue  ainsi  de  suite  jusqu’à  ce  que  l’on  ait 
fait  passer  toute  la  pulpe  au  travers  du  tamis.  11  reste  enfin 
surie  tamis  les  noyaux  et  les  peaux  du  fruit  qu’on  rejette 
comme  munies.  On  repasse  la  pulpe  de  la  même  maniéré 
au  travers  d un  second  tamis  de  crin  un  peu  plus  serré 
que  le  prenuer , afin  que  la  pulpe  soit  plus  fuie.  Lorsqu’elle 
Z on  la  fait  dessécher  au  bain-marie 

mou  qU  C ‘C  a“  a‘Peu'Près  Ia  consistance  d’un  opiat 

On  prépare  de  la  même  maniéré  la  pulpe  de  tous  les 
fruits recems,  de  toutes  les  plantes  vertes  ou^eches  n„i 
son  ‘gueuses  , et  de  toutes  les  racines  qu’on  est  obligé 

ciu’Ufam'îet  ‘ i’'  f : avec  <:etlH  différence  seulement, 
qu  ü faut  les  piler  dans  un  mortier  de  marbre  . avec  un 

pion  de  bois,  après  quelles  sont  cuites  , afin  que  leur 

P pe  puisse  passer  plus  facilement  au  travers  du  tamis. 

Méthode  pour  tirer  les  pulpes  par  cochon  sans  eau  en. 
prenant  pour  eœemple  celles  des  oignons  de  ta!  ’ 

On  prend  des  oignons  de  lis,  on  les  enterre  dans  de 
la  cendre  rouge;  on  les  couvre  d’un  peu  de  brasier  ardent  • 
OU  te  laisse  pendant  environ  une  demi- berne,  ou  jusqu’à’ 

« qu  ,1s  soient  suffisamment  cuits:  alors  on  1rs  ôte  du 
J Ce,ulnr  «*  Ies  premières  feuilles  seches 
,S0,lt  1,mI';es  : °'1  pile  les  oignons  dans  un  mortier  de 
marbre , et  on  en  tire  la  pulpe  3e  la  même  marnera  Que 
nous  lavons  dit  précédemment. 

On  prépare  de  même  la  pulpe  des  autres  oignons  celle 
des  poires , des  pommes  , des  navets  et  des  messes  mcJnr! 
qu.  sont  très  succulentes.  On  peut  aussi t si  l’on™ 
faire  cuire  ces  substances  dans  le  four  d’un  pâtissier  an 
;e  deles  fatre  cuire  <la„s  les  cendres  chaudes  : ÎS  ou 
f autre  méthode  ne  mérite  aucune  préférence. 

et  de '*  rie*61  a r!",pe  des  lilantes  vertes  . des  fruits  récents 

eues  menés  récentes,  sans  aucune  coction  on!?!’ 

ne  e les  piler  dans  un  mortier  de  marbre  avec  un  nikm 
ois,  et  on  procédé  pour  le  reste  de  l’opération  comme 


J 4 6 ilÉHÎKTS  BI  MARfiACH.' 

nous  l’avons  dit  pour  les  autres  pulpes.  Cette  dernier® 
maniéré  est  usitée  pour  préparer  les  conserves  ; mais 
lorsque  nous  en  serons  à cet  article,  nous  ferons  remar- 
quer les  inconvénients  auxquels  sont  exposées  les  conserves 
faites  par  cette  méthode.  Les  végétaux  réduits  en  pulpes 
sans  avoir  subi  de  cuisson,  ont  l’inconvénient  de  laisser 
échapper  leur  suc  au  moindre  repos,  parceque  sans  cette 
cuisson  le  suc  est  mal  combiné  avec  la  pulpe  et  la 
substance  mucilagineuse. 

Pulpe  de  casse  , ou  casse  mondée. 


Vertus. 

Dosé 


On  fend  les  bâtons  de  casse , en  frappant  légèrement 
sur  une  des  sutures  longitudinales  avec  un  petit  rouleau  de 
bois:  ils.se  séparent , par  ce  moyen,  en  deux  moitiés 
de  cylindre.  On  ratisse  leur  intérieur  avec  une  spatule  de 
fer  pour  arracher  les  cloisons  et  les  faire  sortir  avec  la 
pulpe  et  les  noyaux  : on  la  nomme  en  cet  état,  casse  en 
noyaux , et  elle  est  souvent  ordonnée  sous  ce  nom  dans 
les  formules  magistrales.  Lorsque  la  casse  est  réduite  sous 
cette  forme,  on'en  tire  la  pulpe  en  la  frottant  avec  une 
spatule  de  bois  , sur  un  tamis  de  crin , comme  nous  i avons 
dit  pour  les  autres  pulpes  : c’est  ce  que  l’on  nomme  alors 
casse  mondée  ou  pulpe  de  casse.  De  quatre  onces  de  casse 
on  tire  deux  onces  de  casse  en  noyaux,  lesquelles  four- 
nissent une  once  de  pulpe.  . , . 

La  pulpe  de  casse  est  un  remede  magistral  : on  ne  doit 
la  préparer  qu’à  mesure  qu’elle  est  prescrite^,  parcequ  e e 
ne  peut  se  conserver  qu’un  jour  tout  au  pius  en  ete,  et 

deux  ou  trois  en  hiver.  , , ,, 

Prise  intérieurement  elle  est  purgative  , a la  dose  d une 
once  ou  d’une  .once  et  demie:  elle  est  laxative  prise  a a 
dose  d’un  ou  deux  gros  le  soir  en  se  couchant.  La  casse 
mondée  excite  ordinairement  des  flatuosités  et  des  co  1- 
ques  venteuses  qui  sont  considérables , sur-tout  pour  cei- 

tains  tempéraments.  . i - -pnt 

J’ai  eu  occasion  d'observer  que  cette  propriété  lui  vient 

de  la  grande  quantité  d’air  qu’elle  contient,  et  qui  se 
développe  dans  les  premières  voies.  La  casse,  comme 
nous  l’avons  déjà  dit  à l’article  de  la  sophistication,  con- 
tient un  suc  sucré  fermentescible  : ce  fruit  nous  vient  de 
Uès  loin  : il  est,  pour  ainsi  dire,  presque  toujours  dans 


Ë-  , 1 ,47 

un  état  de  fermentation  : il  est  difficile  de  l'avoir  autre 
ment  dans  ces  pays-ci.  Le  parenchyme  pt.lpetu  de  L r3  T 
n est  pas  moins  disposé  à Lm enter.  On  sait  oue  les  c0rns 
<pu  fermentent  fournissent  une  très  «rande  in«J- 
<l.u  est  comme  niché  et  adhérent  dans  chaque’molécule  du 
corps  ieimentant.  La  casse  mondée  forme  donc  un  tW  l* 
nient  plein  d'air,  qui  doit  se  dé^a-er  et  ou  l L 
effet  dans  l’estomic.  Cette  malaisé  Jli  é de  fala  !e 
paron  reste  er  particulièrement  dans  le‘ parenchyme 

ment  qjd Xsqu'd  S d™trUk  n’a  prtf 
aucun  des  rnconvénients  «Sont  nous  venons’de  parler’  A 

cette^épfradôn ‘de’  catse  ^“érlte'' TprlP  ^ ^ 
toutes  les  autres.  1 cme  id  préférence  sur 

Pulpe  cle  tamarins. 

On  prend  la  quantité  que  Ion  veut  do  t , 

met  dans  un  vaisseau  de  terre  vernissé  P,  ? ! °"  !es 

seau  d’argent  * on  Icc  orm^  J ~ 1 011  ^ans  un  vais-. 

i ô • v n ics  cirrosc  civcc  un  1 » 

on  les  laisse  macérer  sur  les  cendres  X.  , î > 1 C, ,ailtîe  : 

viron  une  heure  ou  iusnn’à  ro  >:r.  “;Ul*cs  pendant  cu- 
ra mollis  : alors  on  en  tire  h ?l\U'S  S01cni  suffisamment 
dit  précédemment,  et  on  la  fiit  iesséXfàuT  •S  n‘''°aS 
•de  meme  que  les  autres,  s’il  est  nécessaire  bai“'mane> 
■LjCs  tamanns  , comme  nmi«  . 

«contiennent  une  très  <nande  quanPté  ? ^ rcmar<3uer  > 
tem  pêche  cme  h cuMm  %uanUc  de  sel  essentiel  qui 

■plie  de  la  casse.  Aussi  L jm^t™  C0In“e 

long-ternps  sans  se  gâter  • elle Ke  A ? f conserve 

i n tait  entrer  ces  substances  ensem Ma  -i-,  9 

notions  purgatives  î!  cv  , ensemble  dans  les 

S'sek  £ rlcwia^  ^ue^‘^a  de 

* -t  ls;ft 

Kl, 


Vertus. 

Dose. 


148  i L £ AI  E N T S I\E  PHARMACIE. 

ri  ns  , qui  , comme  peu  soluble  clans  l’eau  , est  précicipité 
par  ces  sels  végétaux  : ce  précipité  11e  contient  point  de 
crème  de  tartre,  comme  je  l’ai  reconnu  par  l’expérience. 

La  pulpe  des  tamarins  a les  mêmes  vertus  que  les  tama- 
rins en  substance  : elle  est  un  purgatif  iniuoratil  : elle  ra- 
fraîchit et  désaltéré.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à 
une  once. 

Des  sucs. 

Ce  que  nous  entendons  ici  par  sucs  , sont  des  liqueurs 
que  les  végétaux  tirent  de  la  terre  , et  cpie  les  animaux 
tirent  des  végétaux  dont  ils  se  nourrissent.  Ces  liqueurs 
sont  élaborées  dans  les  organes  des  végétaux  et  des  ani- 
maux , et  servent  à l’accroissement  des  uns  et  des  autres. 

Ces  substances  sont  très  composées  : elles  contiennent 
en  même  temps  des  sels,  des  huiles,  des  extiaits  ou  sa- 
yons  naturels,  des  gommes,  des  résines,  etc. 

O11  peut  néanmoins  ranger  les  sucs  relativement  à leurs 
propriétés  les  plus  générales  sous  trois  classes  principales  , 
soit  qu’ils  soient  tirés  par  incision  ou  sans  incision  , par 
expression  ou  sans  expression  : savoir , 

i°.  Les  sucs  aqueux,  c’est-a-dire  ceux  ou  le  principe 
aqueux  est  dominant; 

20.  Les  sucs  huileux,  les  huiles  mêmes,  et  les  graisses 
des  animaux  , les  baumes  naturels  , et  les  résines  pures 
qui  ne  sont  que  des  baumes  épaissis; 

3°.  Enfui,  les  sucs  laiteux  qui  sont  des  émulsions  natu- 
relles : ces  derniers  contiennent  en  même  temps  de  la 
gomme  et  de  la  résine  ; ce  sont  eux  qui  nous  fournissent 

les  gommes-résines.  " 

Les  animaux  fournissent  d’autres  liqueurs  qu’on  pour- 
roit  mettre  au  rang  des  sucs  , comme  le  sang,  etc.  : mais 
comme  ces  liqueurs  ne  sont  presque  point  d’usage  en 
Pharmacie  , je  réserve  ce  que  j’ai  à en  dire  pour  un  autre 
ouvrage. 

Des  sucs  aqueux  des  végétaux. 

Maniéré  de  séparer  ces  sucs. 

Les  sucs  aqueux  sont  tirés  par  des  incisions  qu’on  fait 
aux  végétaux,  et  aussi  par  expression  après  les  avoir  pilés. 
Ceux  qu’on  retire  des  végétaux  de  nos  climats,  sont  les 
seuls  qui  nous  occuperont  dans  cet  article. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  lÀ *> 

î,a  plupart  de  ces  sucs  sont  officinaux,  et  doivent  se 
trouver  tout  préparés  chez  les  Apothicaires.  Ceux  cpii  ne 
peuvent  se  conserver  un  certain  temps  sans  se  gâter,  sont 
magistraux  : on  ne  doit  les  préparer  qu’à  mesure  qu’ils 
sont  prescrits. 

Les  sucs  aqueux  sont  tirés  des  plantes  entières,  ou  des 
parties  de  plantes  seulement  : les  uns  sont  mucilagineux, 
les  autres  trèsaqueux;  et  enfin  d’autres  sontacidcs.  La  ma- 
niéré de  les  obtenir  est  générale  pour  tous  : mais  par  rapport 
a ces  divers  étals  , ils  exigent  quelques  manipulations  dif- 
férentes pour  les  avoir  parfaitement  clairs  , et  pour  les 
conserver  avec  toutes  leurs  propriétés.  Nous  donnerons  la 
maniéré  de  les  dépurer  après  avoir  exposé  tout  ce  que  l’on 

peut  dire  de  plus  général  et  de  plus  essentiel  sur  cetle  ma- 
tière. 

Lors  donc  qu’on  veut  tirer  le  suc  d’une  plante,  on  la 
prend  récemment  cueillie,  on  la  nétoie  des  herbes  étran- 
gères , on  la  lave,  on  la  laisse  égoutter,  on  la  coupe  gros- 
sièrement , on  la  pile  dans  un  mortier  de  marbre  avec  un 
pilon  de  bois  jusqu’à  ce  qu’elle  soit  suffisamment  écrasée  : 
on  l’enferme  ensuite  dans  un  sac  de  toile,  et  on  l’exprime 
par  le  moyen  d’une  presse  : le  suc  n’étant  point  compres- 
sible, s’échappe  peu-à-peu  : il  emporte  avec  lui  une  por- 
tion du  parenchyme  le  plus  tendre  de  la  plante,  qui  le 
trouble  et  lui  communique  une  couleur  qui  est  particulière 
à chaque  plante. 

doutes  les  plantes  et  les  parties  des  plantes  ne  rendent 
pas  leur  suc  avec  la  même  lacilité  ni  en  même  quantité. 
Les  plantes  ligueuses,  étant  peu  succulentes  , n’en  rendent 
(pie  très  peu  ou  point  du  tout;  comme  l’euphraisc,  la  sauge, 
le  thym,  la  petite  centaurée  et  plusieurs  autres.  Certains 
bois  , certaines  racines  et  certaines  écorces  n’en  rendent 
point  du  tout,  dans  quelque  état  de  maturité  qu’on  les 
prenne:  il  faut  ajouter  un  peu  d’eau  en  pilant  ces  matières 
végétales  lorsqu  on  veut  en  extraire  le  suc  par  expression. 

Il  y a des  plantes  très  succulentes  , comme  la  bour- 
rache , la  buglose,  les  chicorées  , etc.  qui  néanmoins  ne 
rendent  leurs  sucs  que  très  difficilement  lorsqu’elles  sont 
dans  leur  maturité , pareeque  ceux  qu'elles  fournissent 
étant  très  visqueux  et  très  mucilagineux  , crcvent  les  lin- 
ges lorsqu’on  les  exprime  plutôt  que  de  passer  au  travers: 
il  laut  de  nécessité  ajouter  un  peu  d’eau  à ccs  plantes  en 

1\  iij 


1 5o  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

les  pilant  , afin  de  délayer  leur  mucilage  , et  même  Ie$ 
laisser  macérer  quelques  heures  avant  de  les  exprimer. 
Mais  ces  plantes , dans  leur  jeunesse , sont  beaucoup  moins 
mucilagineuses  ; elles  rendent  leur  suo  facilement  sans 
qu’on  soit  obligé  d’ajouter  de  l’eau  en  les  pilant.  Les 
plantes  aromatiques,  qui  fournissent  de  semblables  sucs 
mucilagiueux , doivent  être  traitées  de  même,  avec  cette 
différence  qu’il  faut  les  soumettre  à la  presse  immédiate- 
ment après  qu’elles  sont  pilées  : on  ne  doit  jamais  les 
laisser  macérer.  La  principale  vertu  des  sucs  des  plantes 
aromatiques  réside  dans  leurs  principes  volatils  : les  muci- 
lages qu’ils  contiennent  entrent  en  fermentation  pendant 
qu’on  fait  macérer  ccs  plantes  pilées  : ce  mouvement  intes- 
tin occasionne  de  la  chaleur,  et  fait  dissiper,  du  jour  au 
lendemain  , presque  tous  les  principes  volatils  et  aroma- 
tiques. Les  parties  extractives , dans  les  plantes  vertes  et 
dans  les  plantes  les  moins  succulentes  sont  dans  un  état  de 
liquidité  suffisante  pour  être  délayées  sur-le-champ  par 
l’eau  qu’on  ajoute  en  les  pilant  : aussi  j’ai  constamment 
observé  que  les  sucs  obtenus  des  plantes  aromatiques 
exprimés  immédiatement  après  les  avoir  pilés,  contenoient 
tout  autant  de  principes  extractifs  que  ceux  de  ces  mêmes 
plantes  macérées  : ces  sucs  avoient  de  plus  l’odeur  et  la 
saveur  aromatiques  des  plantes. 

11  n’en  est  pas  de  même  des  plantes  inodores  qui  n’ont 
rien  de  volatil  : on  peut  les  laisser  macérer  du  jour  au 
lendemain  , après  les  avoir  pilées  avec  de  l’eau  : alors  elles 
rendent  leurs  sucs  plus  facilement  et  en  plus  grande 
quantité. 

La  méthode  pour  tirer  le  suc  des  racines  visqueuses 
est  la  même  que  pour  les  plantes  mucilagineuses,  avec 
cette  différence  qu’on  est  quelquefois  obligé  de  les  râper  à 
cause  de  leur  viscosité:  on  est  contraint,  par  exemple, 
d’employer  cette  manœqvre  pour  les  racines  d’énuia-cam- 
pana  et  de  consolide  : ces  racines  sont  1res  .mucilagi- 
neuses : elles  glissent  sous  le  pilon  , et  il  laut  beaucoup 
de  temps  pour  les  piler. 

Il  y a un  grand  nombre  d’autres  végétaux  qui  fournis- 
sent des  sucs  suffisamment  aqueux,  sans  qu’on  soit  obligé 
d’ajouter  de  l’eau  en  les  pilant  : tels  sont  le  cerfeuil , la 
laitue  , le  pourpier , l’oseille,  le  cresson,  le  cochléaria  , le 
beccabunga,  l’ortie,  les  différentes  joubarbes,  la  plupart 


iL^MEWTS  DS  F M A » M A C I S.’  l5ï 

des  fruits  , comme  les  melons  , les  concombres  sauvages  , 
les  citrons  , les  oranges , les  cerises,  les  groseilles  , lesl)er- 
béris  , et  une  infinité  d’autres. 

Lorsqu’on  veut  tirer  le  suc  des  fruits  , on  ôte  d’abord 
les  écorces  de  ceux  qui  eu  ont  de  trop  épaisses,  comme 
celles  des  citrons  , des  melons  , des  oranges,  etc.  On  olc 
les  rafles  aux  groseilles. 

On  ôte  les  noyaux  , et  on  laisse  les  peaux  aux  cerises  , 
aux  prunes  , aux  pêches , aux  abricots,  etc.  pour  plusieurs 
raisons. 

i°.  C’est  dans  la  peau  des  fruits  que  réside  leur  plus 
grande  odeur  : l’esprit  recteur  qu’elle  contient  se  mêle  avec 
les  sucs  et  sert  à les  aromatiser. 

2°.  Les  pelures  de  ces  fruits  sont  très  minces  , et  ne 
peuvent  apporter  aucun  obstacle  à l’extraction  de  leurs 
sucs  ; mais  il  n’en  est  pas  de  même  des  citions  , des 
oranges,  des  bergamotes,  etc.  Les  écorces  extérieures  de 
ces  Iruits  abondent  tellement  en  huile  essentielle,  que  si 
on  les  écrasoit  avec  les  fruits,  les  sucs  qu’on  obliendroit 
en  seroient  trop  chargés  , et  seroicut  insupportables.  Lors 
donc  que  les  fruits  mous  sont  ainsi  disposes  , on  les  écrase 
entre  les  mains  , on  les  laisse  macérer  dans  un  endroit 
frais  pendant  un  jour  ou  deux , si  ce  sont  des  fruits  acides , 
et  quelques  heures  seulement , si  ce  sont  des  fruits  sucrés  , 
comme  les  pêches,  les  abricots,  à cause  de  la  disposition 
qu  ils  ont  a fermenter  et  à se  corrompre.  On  les  soumet 
ensuite  à la  presse , après  les  avoir  mêlés  avec  de  la  paille 
hache e grossièrement  , et  qu’on  a bien  lavée  ; par  ce 
moyen  , le  parenchyme  mucilagineux  se  trouve  mêlé  avec 
une  matière  seche,  et  ne  s’oppose  point  à l’extraction  du 
suc. 

Les  fruits  durs,  tels  que  les  pommes,  les  poires,  les 
coings  , demandent  à être  râpés  comme  les  racines  : ils 
rendent,  au  moyen  de  cette  grande  division,  plus  de  suc 
que  lorsqu’on  les  pile. 

Lorsqu’on  tire  les  sucs  des  fruits  à dessein  de  les  con- 
server, il  convient  de  les  prendre  un  peu  avant  leur  parfaite 
maturité,  pareeque  les  sucs  qu’ils  fournissent  sont  un  peu 
moins  mucilagineux  et  moins  disposés  à fermenter  ou  à 
se  corrompre  que  ceux  des  fruits  parfaitement  mûrs.  Il  est 
a propos  aussi  de  séparer  les  semences  ou  pépins  de  ceux 
qui  en  ont,  pareequ’ils  abondent  en  mucilage  qui  se  dé- 


l'5a  ÉLÉMENTS  DE  F H A R M A C I fï 

laie  eu  partie  dans  leurs  sucs,  s’oppose  à leur  dépuration 7 
et  accéléré  leur  défectuosité  en  les  faisant  fermenter  plus, 
promptement. 

Voilà,  en  général,  de  quelle  maniere^on  peut  obtenir 
les  sucs  aqueux  des  végétaux  ; mais  ils  ne  sont  ni  clairs 
ni  transparents  : ils  sont  mêlés  de  fécules  ou feccs  : ils  ont 
tous  besoin  d’être  dépurés  ou  clarifiés,  pour  qu’on  en 
puisse  faire  usage  dans  la  Médecine  ; et  il  faut  encore  que 
la  méthode  que  l’on  emploie  ne  puisse  rien  altérer  de  leurs 
propriétés. 

On  peut  réduire  à deux  moyens  généraux  les  différentes 
méthodes  par  lesquelles  on  y parvient.  La  première  con- 
siste à faire  coaguler  les  matières  mucilagineuses .étrangères 
par  des  intermèdes  convenables  : la  deuxieme  consiste  à 
laisser  déposer  les  sucs  qui  peuvent  se  clarifier  d’eux- 
mêmes  par  le  repos  et  sans  intérrnedes. 

Clarification  des  sucs  aqueux  par  intermèdes. 

y 

Les  intermèdes  qui  servent  à clarifier  les  sucs,  sont  le 
feu  , les  blancs  d’œufs , l’esprit  de  vin,  et  tous  les  acides  : 
on  emploie  l’un  ou  l’autre  de  ces  moyens  suivant  l’usage 
auquel  le  suc  est  destiné. 

Tousles  sucs  desplantes  qui  ne  contiennent  rien  de  vola- 
til, comme  sont  ceux  de  bourrache,  de  buglose,  de  chi- 
corée, df  ortie  , de  pariétaire,  etc.  peuvent  être  clarifiés 
sur  le  feu  avec  des  blancs  d’œufs  et  à l’air  libre. 

On  prend  pour  cela  deux  blancs  d’œufs  pour  chaque 
pinte  de  suc  qu’on  veut  clarifier  ; on  les  bat  avec  une  poi- 
•uiée  de  brins  d’osier  dans  le  suc , qu’on  met  peu-à-peu  jus-, 
ou’à  ce  qu’ils  soient  bien  mêlés  : on  fait  prendre  au  tout 
quelques  bouillons,  ou  jusqu’à  ce  que  le  suc  devienne 
parfaitement  clair:  les  blancs  d’œufs,  en  cuisant,  ramas- 
sent et  enveloppent,  le  parenchyme  de  la  plante  , qui  étoifc 
dispersé  dans  le  suc  , et  le  font  venir  à la  surface  en  for- 
me d’écume  blanche  ouverte;  alors  on  filtre  le  suc  ait 
travers  d’un  morceau  de  drap,  ou  du  papier  gris.  Svlvius 
fait  mention  qu’on  se  servoit  autrefois  de  plusieurs  libres 
placés  les  uns  au-dessus  des  autres  , dans  lesquels  on 
faisolt  passer  successivement  les  sucs  ou  autres  liqueurs 
qu’on  vouloit  filtrer:  mais  ces  manipulations  ne  sont  plus, 
d'usage. 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE,"1  1 53 

T'cs  sucs  des  plantes  aromatiques  , comme  sont  ceux  de 
sauge  , de  mélisse,  de  marjolaine,  ainsi  que  ceux  des  plantes 
anti-scorbutiques,  et  généralement  ceux  de  toutes  les  plan- 
tes qui  ont  de  l’odeur,  comme  le  cerfeuil,  etc.  doivent 
etre  clariliés  dans  des  vaisseaux  clos  , afin  de  leur  conserver 
Jems  principes  aromatiques  et  volatils  dans  lesquels  réside 
toute  leur  vertu.  Ces  derniers  sucs  sont  magistraux  : les 
Médecins  les  ordonnent  souvent  ; et  dans  la  crainte  où 
ils  sont  que  1 Apothicaire  ne  clarifie  ces  sucs  à l’air  libre 
comme  les  précédents  , ils  recommandent  ordinairement 
e 110  ^es  point  depurer;  ils  sont  alors  très  dégoûtants  à 
prendre.  T\ I ais  par  la  méthode  que  je  vais  rapporter  , on 
les  debarrasse  de  tout  ce  qu’ils  ont  de  dégoûtant,  sans 
leur  faire  perdre  la  moindre  chose  de  leurs  principes  vola- 
tils. Prenons  pour  exemple  la  clarification  du  suc  de 
cerfeuil. 


Clarification  des  sucs  aqueux  qui  contiennent  quelques 

principes  volatds , celui  de  cerfeuil  pour  exemple. 

On  remplit  environ  les  trois  quarts  d’un  matras  de 
Terre  miuce , de  suc  de  cerfeuil  tout  récemment  exprimé  : 
on  bouche  l’ouverture  avec  du  parchemin  mouillé  qu’on 
assujettit  avec  du  fil  : on  échauffé  le  matras  en  le  plon- 
geant dans  de  I eau  presque  bouillante:  on  le  retire  de 
temps  en  temps  pour  l’échauffer  par  degrés;  à mesure 
que  a liqueui  s échauffe,  le  parenchyme  mucilagineux 
et  résineux  se  coagule  et  reste  en  grumeaux  dans  le  suc  : 
lorsqu  d est  bien  séparé,  on  fait  refroidir  le  matras  et  ce 
qu  j l contient  en  le  plongeant  par  degrés  dans  de  Peau  froide  : 
lorsque  le  suc  est  entièrement  refroidi,  on  le  filtre  à tra- 
vers le  papier  gris  : il  passe  promptement  lorsque  la  partie 
mucilagineùse  a été  suffisamment  coagulée  par  la  chaleur. 
Il  est  bien  essentiel  de  ne  filtrer  ces  sucs  que  lorsqu’ils  sont 
entièrement  refroidis,  sansquoi  la  chaleur  qu’ils  ont  immé- 
diatement après  leur  dépuration  est  assez  forte  pour  faire 
dissiper  une  grande  partie  de  leurs  principes  volatils.  Ces 
sucs  ainsi  clarifiés  conservent  le  goût  et:  l’odeur  des  plantes  , 
Ct  sont  infiniment  plus  efficaces  que  lorsqu’on  les  clarifie 
Suivant  1 ancien  usage,  comme  font  encore  la  plupart  de 


l54  ÎS  L H M fi  N T 5 OE  PHARMACIE. 

ceux  qui  , sans  connoissance , se  mêlent  de  préparer  les 
drogues  de  Pharmacie. 

Jusqu’à  présent  nous  n’avons  mis  en  jeu  que  deux  inter- 
mèdes pour  la  clarification  des  sucs  aqueux^des  végétaux  : 
savoir , la  chaleur  et  les  blancs  d’œuls  : il  y a des  cas,  et 
lorsque  le  Médecirijle  requiert,  ou  l’on  emploie  concur- 
remment avec  eux  la  crème  de  tartre  , les  sucs  acides  végé- 
taux, et  même  les  acides  minéraux  : toutes  ces  substances 
acides  accélèrent  considérablement  leur  dépuration.  Par 
exemple,  dans  le  syrop  anti-scorbutique,  les  sucs  des 
plantes  anti-scorbutiques  se  trouvent  clarifiés  sur-le-champ 
par  les  sucs  acides  d’oranges  ameres  ou  de  bigarades. 
L’esprit  de  vin , l’eau-de-vie  , les  eaux  spiritueuses  com- 
posées, produisent  les  mêmes  effets  : ces  mélanges  sont 
magistraux,  et  ne  se  font  qu’a  mesure  qu  ils  sont  prescrits  : 
plusieurs  font  la  base  des  ratafias  et  des  liqueurs  de  table, 
dont  nous  parlerons  dans  une  autre  occasion. 

Lorsqu’on  mêle  le  suc  de  joubarbe  bien  filtré  avec  son 
pareil  volume  d’esprit  de  vin  , le  mélange  devient  blanc 
et  laiteux  sur-le-champ;  mais  peu  de  temps  après  la  partie 
blanche  se  précipite  sous  la  forme  à-peu-près  du  lait  caillé: 
la  liqueur  surnageante  devient  claire  et  transparente.  Je 
pense  que  la  partie  blanche  est  une  matière  gommeuse 
que  l’esprit  de  vin  fait  précipiter.  Tous  les  sucs  mêlés  aveo 
de  l’esprit  de  vin  laissent  précipiter  une  quantité  plus  ou 
moins  grande  de  fécule  qui  varie  seulement  par  la  couleur. 

Clarification  clés  sucs  aqueux  sans  intermèdes . 

11  y a plusieurs  plantes  qui  fournissent  des  sucs  si  peu 
mucilagineux,  qu’ils  se  clarifient  d’eux-mêmes  et  sur-le- 
champ:  tels  sont,  par  exemple,  les  sucs  de  joubarbe,  de 
concombre  sauvage , et  plusieurs  autres  : il  .suffit  de  les  ti- 
trer immédiatement  après  qu’ils  sont  exprimes. 

Les  sucs  acides  des  végétaux  , comme  celui  de  citron  ; 
de  groseille  , de  berbéris , de  cerise , etc.  n’ont  besoin  d au- 
cune préparation  pour  leur  clarification  : il  suffit  de  ies 
enfermer  dans  des  bouteilles  , et  de  les  exposer  dans  un 
endroit  chaud  et  sec  , pendant  trois  ou  quatre  jours  : ils 
laissent  déposer  d’eux-mêmes  leur  iecule  : lorsqu  i s sont 
parfaitement  clairs,  on  les  filtre  , comme  les  piccccent:>, 
à travers  un  papier  gris  : lorsque  çes  sucs  ont  été  séparés 


éLÉMEWTS  BE  ? H A R JB  A Cl  E.  l55 

des  fruits  un  peu  trop  mûrs,  ils  sont  un  peu  plus  de  temps 

? s <‘claii^jr?  a raiS011  d'une  plus  grande  quantité  de  muci- 
lage qu  ils  contiennent  : dans  ce  cas  il  convient  de  les 
meler  avec  un  peu  d’eau  , pour  accélérer  leur  clarification. 

Maniéré  de  conserver  les  sucs  aqueux  officinaux. 


Les  sucs  qui  se  conservent  le  mieux  selit  ceux  qui  sont 
acides  et  qui  contiennent  beaucoup  de  substances  salines; 
mais  n faut , avant  de  les  mettre  en  réserve,  avoir  grand 
soin  qu  ifs  soient  parfaitement  clairs  et  débarrassés  exacte- 
ment de  toute  leur  lie  par  le  moyen  des  filtrations,  sans 
quoi  1 s ne  tardei oient  pas  à se  gâter  par  le  mouvement  de 
la  fermentation  que  cette  fécule  y occasionneroit.  On  les 
enfeime  dans  des  bouteilles  de  verre,  et  on  recouvre  leur 
surface  d un  ou  de  deux  travers  de  doigt  d’huile  grasse, 
comme  1 huile  d olives  ou  d’amandes  douces:  on  boucha 
ensuite  les  bouteilles  avec  des  bouclions  de  Jicge:  on  con- 
serve ces  sucs  à la  cave  ou  dans  un  endroit  frais. 

I lus  leurs  personnes  préfèrent  l’huile  d’amandes  douces , 
parcequ  elle  n’est  sujette  à se  figer  que  par  un  froid  de 
cixdegies  au-dessous  de  la  congélation,  et  que,  restant 
ujoiirs  fluide  a la  cave  , elle  est  plus  propre  à empêcher 
i entrée  de  1 air  qui  occasionne  la  défectuosité  de  ces  sucs  : 
au  lieu  que  1 huile  d’olives,  lorsqu’elle  est  bonne,  se  fige 
a un  froid  de  dix  degrés  au-dessus  du  terme  de  la  glace  : 
îlparoit neanmoins  que  l’huile  d’olives  mérite  la  préférence 
a o u s égards:  i°  elle  ne  rancit  pas  aussi  facilement  que 
i huiled  amandes  douces:  celte  derniere,  en  se  rancissant, 
communique  aux  sucs  une  odeur  et  une  saveur  très  dés- 
agréables : 2°  d paroît  que  l’huile  d’olives  , quoique 
ligee  houche  suffisamment  pour  conserver  les  sucs  dépurés: 

0 * elle  ne  rancit  jamais  dans  l’intervalle  de  temps  que  doi- 
vent durer  les  sucs  , et  elle  ne  leur  communique  par  consé- 
quent rien  d étranger.  1 1 


Des  sels  essentiels  tirés  des  sucs  aqueux  des  végétaux. 

Cn  nomme  sels  essentiels , des  matières  salines  qui  cou- 

d vlon  ir  ‘ e,rta'in  nombre  des  ProPriét&  des  substances 

Cl  ou  on  les  a tirées. 

La  plupart  des  sucs  dépurés  dont  nous  venons  de  par- 


^56  éléments  DE  PüASMACI!. 

kr  tiennent  des  sels  de  cette  nature  en  dissolution  : on 
les  a nommés,  à cause  de  cela , sels  essentiels  des  végétaux. 
Plusieurs  fournissent  aussi  des  sels  vitrioliques  à base  ter- 
reuse et  à base  d’akali  fixe:  du  nitre,  du  sfel  marin,  etc. 
mais  ces  derniers  sels  ne  sont  pas  les  vrais  sels  essentiels  ues 
végétaux;  ils  appartiennent  au  régné  minéral:  les  plantes 
tirent  ces  sels  de  la  terre  sans  leur  faire  éprouver  aucune 
altération.  Ce  qui  prouve  bien  ce  que  nous  avançons  ici  , 
c’est  que  les  mêmes  plantes  qui  contiennent  ces  sels  miné- 
raux, n’en  fournissent  point  lorsqu’on  les  cultive  dans  un 
terrein  qui  n’est  point  imprégné  de  ces  sels.  11  n en  est  pas 
de  même  des  vrais  sels  essentiels:  ils  sont  des  substances  vè- 
eêtalisèes , formées  etélaborées  parla  plante  même  ; et  cette 
espece  de  matière  saline  est  toujours  la  même  dans  la  même 
plante.  Quel  que  soit  le  terrein  dans  lequel  on  la  cultive, 
le  sel  qu’elle  donne  est  toujours  de  même  nature  et  ne  va- 
rie que  par  la  quantité.  ...  , , 

En  vénérai , pour  obtenir  les  sels  essentiels  des  végétaux, 
on  prend  le  suc  dépuré  : on  lait  évaporer  à une  douce  cha- 
leur la  moitié  ou  les  trois  quarts  de  l’humidité  , ou  jusqu  a 
ce  que  la  liqueur  restante  ait  à-peu-près  la  consistance  d un 
syrop  clair  : on  porte  le  vaisseau  dans  un  endroit  Irais  et 
n l’abri  de  là  poussière  • dans  l’espace  de  quelques  semâmes 
il  se  forme  dans  la  liqueur  une  quantité  de  crystaux  : on 
décante  la  liqueur  de  dessus  le  sel  qu’on  met  égoutter  sur 
du  papier  gris  : on  fait  évaporer  ensuite  une  certaine  quan- 
tité de  la  liqueur  décantée,  et  on.  la. laisse  crystalliser  de 
nouveau:  on  continue  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  qu  elle  re- 
fuse de  fournir  du  sel. 

Remarques. 


Il  ost  difficile  de  déterminer  an  juste  le  degré  d'évapora- 
tion nécessaire  a.ix  sues  dépurés  pour  en  obtenir  les  sels 
essentiels  : cela  dépend  de  la  quantité  qu  ils  en  contien- 
nent, et  cette  quantité  variedans  une  même  plante  par  une 
infinité  do  circonstances,  telles  que  son  âge,  la  saison  Quelle 
a été  cueillie , le  terrein  qui  l’a  nourrie , etc.  comme  nous  le 
verrons  dans  un  instant.  Lorsque  les  sucs  dépurés  sont 
évanorés  au  point  convenable , on  remarque  quelque  temps 
après  que  la  matière  mucilagineuse  s en  séparé  par  un 
. mouvement  de  fermentation  : elle  vient  nager  a la  sur- 


i L é M E S T S DE  PHARMACI  K*  1 5j 

face  de  la  liqueur  : elle  y forme  une  pellicule  ou  couenne 
qui  a une  consistance  qui  ressemble  quelquefois  à de  la 
peau.  Cette  pellicule  se  moisit  toujours;  mais  les  parties 
salines  ne  souffrent  aucune  altération  de  cette  moisissure  du 
suc,  sur-tout  lorsqu’on  ne  lui  donne  pas  le  temps  de  faire 
un  plus  grand  progrès.  C’est  principalement  dans  cet  état 
que  les  sucs  fournissent  leurs  sels  essentiels.  On  sépare  la 
pellicule  inoisie  et  la  liqueur  d’avec  le  sel  ; ou  met  ce  der- 
nier égoutter  sur  du  papier  gris,  et  on  fait  évaporer  une 
partie  de  la  liqueur  qui  fournit  plus  facilement  ses  sels 
que  la  première  fois:  il  reste  enfin  une  liqueur  qu’on  peut 
comparer  aux  eaux  meres  des  autres  sels,  et  qui  ne  peut 
plus  fournir  de  sel  à cause  de  la  grande  quantité  de  parties 
extractives  qui  réduit  les  sels  dans  un  état  savonneux.  C’est 
cette  combinaison  de  parties  salines  , extractives,  huileuses 
et  gommeuses,  (pii  forme  ce  que  l’on  nomme  extrait  des 
plantes  , dont  nous  parlerons  dans  une  autre  occasion. 

On  trouve  dans  les  plantes  tous  les  sels  minéraux  aussi 
parfaits  que  ceux  qu’on  fait  eu  combinant  les  acides  mi- 
néraux avec  leurs  différentes  bases  : l’absinthe  et  l’ieble, 
par  exemple  , fournissent  du  sel  marin  et  du  tartre  i'ilrio- 
lé:  le  tamarisque  donne  du  sel  de  Glauber  : la  bourrache, 
la  buglose,  la  pariétaire,  du  sel  vitriolique  à base  terreuse 
dans  leur  première  jeunesse;  et  du  nitre,  du  sel  marin 
et  du  tartre  vitriolé  lorsque  ces  plantes  sont  dans  leur  par- 
faite maturité. 

Le  grand  soleil , appelle  coronasolis,  est  peut-être , de 
tous  les  végétaux,  celui  qui  fournit  la  plus  grande  quan- 
tité de  nitre.  Ce  sel  se  crystallise  en  petits  crystaux  dans  la 
moelle  de  cette  plante  pendant  qu’on  la  fait  sécher,  et 
l’on  en  sépare  une  partie  en  la  secouant  seulement:  il  en 
reste  néanmoins  une  si  grande  quantité,  que  la  moelle 
brûle,  lorsqu’elle  est  bien  seche , comme  une  meche  d’ar- 
tifice. Cette  plante  fournit  aussi  beaucoup  d’alxalifixe  libre 
tout  formé,  sans  qu’il  soit  nécessaire  de  la  brûler,  comme 
cela  se  pratique  à l’égard  des  autres  végétaux  dont  ou  veut 
avoir  les  sels  fixes:  mais  j’ai  fait  plusieurs  expériences  qui 
nfont  démontré  que,  pour  fournir  ces  deux  sels,  du  nitre 
et  de  l’alxali  fixe  en  quantité,  elle  a besoin  d’être  cultivée 
et  soignée  dans  un  bon  terreiu,  comme  je  le  dirai  plus  am- 
plement dans  mon  ouvrage  sur  la  Chymie. 


ï58  IlLmïSTS  Dï  PHARMAClï. 

Nous  avons  déjà  observé  plus  haut  que  les  sels  miné- 
raux qu’on  retire  des  sucs  ou  des  infusions  des  végétaux , 
ne  doivent  point  être  considérés  comme  les  sels  essentiels 
de  ces  mêmes  végétaux.  Les  sels  qu’on  doit  regarder  comme 
tels , sont  ceux  qui  ont  effectivement  plusieurs  propriétés 
des  plantes  d’où  on  lés  a tirés  , comme  la  saveur  ou  l’odeur, 
et  qui  contiennent  d’ailleurs  des  principes  huileux.  Ces 
sels  sont  susceptibles  de  se  cristalliser  d’une  infinité  de  ma- 
niérés. Ils  sont  en  général  composés  d’acide,  d’huile  et  de 
terre  et  peuvent  être  comparés  au  tartre  ou  au  sel  essentiel 
du  vin.  Chacun  de  ces  principes  a des  propriétés  différentes 
suivant  l’espece  de  végétal , et  leurs  proportions  varient 
aussi  dans  chaque  espece  de  sel  : les  uns  sont  acres , les 
autres  acides,  d’autres  amers,  etc.  Plusieurs  de  ces  sels  se 
ressemblent  parfaitement , tant  par  le  goût  que  par  leurs 
autres  propriétés.  Tous  les  sucs  acides,  par  exemple,  tels 
que  ceux  de  groseilles,  de  cerises,  de  pommes,  de  coings  , 
de  citrons, d’oseille,  etc.  fournissent  des  sels  qui,  lorsqu’ils 
sont  suffisamment  purifiés , se  crystallisent  de  la  même  ma- 
niéré, et  ont  exactement  les  mêmes  propriétés  chymiques 
qUe  le  tartre  ; ils  sont  seulement  beaucoup  plus  acides.  On 
peut  mettre  encore  au  rang  des  sels  essentiels  le  sucre  qu  on 
retire  des  cannes  à sucre,  le  sucre  d’érable  qu’on  prépare 
en  Canada,  la  manne , et  plusieurs  autres  concrétions  su- 
crées qui  ont  quelques  propriétés  communes  avec  les  sels. 


Sel  essentiel  d’oseille. 

On  trouve  dans  le  commerce  un  sel  acide  qui  vient  de 
l’étranger,  et  qu’on  vend  sous  le  nom  d escl  essentiel  d o- 
seille : ce  sel  est  tiré  du  suc  de  la  plante  nommée  oxytn- 
vhyllon,  ou  alléluia,  et  cultivée  avec  soin  dans  la  baisse 
et  dans  plusieurs  endroits  de  P Allemagne.  Quelques  per- 
sonnes /peu  versées  dans  les  opérations  de  la  Chymie , ont 
pensé  que  ce  sel  n’étoit  que  la  crème  de  tartre  rnêlee  avec 
un  peu  d’acide  vitriolique:  mais  l’examen  que  j ai  fait 
de  ce  sel  m’a  pleinement  convaincu  qu’il  ne  contient  point 
d’acides  minéraux,  quoiqu’il  soit  infiniment  plus  acide  que 

la  crème  de  tartre.  ...  i 

Voici  les  propriétés  que  je  lui  ai  reconnues;  i°.  ce  se. 

est  très  blanc,  très  acide,  d’une  crystaliisation  assez  con- 
fuse. 


ÏLÏMENTS  DE  P H A R M A C 1 ,5a 

tronbJr  b^550111  lr“  bieU  dans  l’eau>  sans  Presque  en 
troubler  la  transparence,  et  se  crystallise  de  nouveau  sans 

rien  perdre  de  ses  propriétés  acides , pas  même  lorsqu’on 
le  fait  égoutter  sur  du  papier  gris.  * 

0° . 11  rougit  les  couleurs  bleues  des  végétaux,  fait  effer- 
vescence et  sel  neutre  avec  l’akali  fixe;  te  sel  qu’il  formé 
ressemble  beaucoup  au  tartre  soluble.  1 

4°.  U précipite  en  beau  blanc  la  dissolution  de  mercure 
faite  par  1 esprit  de  mtre.  Ce  précipité  est  dissoluble  en 
en.iei  '-.ans  1 eau  ; il  reste  seulement  une  très  petite  quan- 
tité du  meme  précipité  qui  refuse  de  se  dissoudre,  et  qui 
conserve  tout  son  blanc.  ’ q 1 

f • L,’“c!de  vi,triolic!ue . sur  ce  sel , n’en  fait  exhaler 
qu  une  légère  odeur  d’acide  volatil  fulfureux. 

exhaier  ^ il  ht'1'"!  17  ’eS  charbo,ls  *rdents  sa'« 
exhaler  . il  laisse  un  sel  blanc,  spongieux,  d’une  saveur 

creuset'6^!  ra  “ a"6  = cePentla»Ç  «tant  calciné  dans  un 

tartre  mn  1 "7  ‘F’’6  °deUr  sonlbI^le  à celle  du 

, q b C:  d s fxhale  anssi  une  odeur  acide  , vive  et 
pénétrante  : ce  sel  se  boursoufle  peu  : il  devient  noir  cliar- 
onneux,  et  s enflamme  comme  le  tartre;  mais  la  flamme 
f d Llne  c,ouleur  bleue  comme  celle  de  l’esprit  de  vin  Ce 

f ’ P°U,5Sé  efm  au  Srand  feu,  est  entré  difficilement  en 
usion . d est  devenu  assez  blanc  , et  il  s’est  trouvé  ét-e  de 
1 akah  marin  très  pur  et  très  beau.  Cet  akali,  combiné 
avec  acide  marin , a formé  des  crystaux  cubiques  de  sel 
manu , mêlés  d autres  crystaux  semblables  à ceux  de  sel 
momae,  mais  qui  néanmoins  étoit  du  sel  marin. 

7 • J ai  mis  une  once  de  sel  d’oseille  en  distillation  dans 
une  cornue  : il  a passé  trois  gros  et  demi  de  liqueur  acide 
une  legere  odeur  d’acide  marin  , claire,  sans  couleur  et 

cornue  3pparence  d’huile;  ™is  le  résidu  de  la 

cornue  ctoit  fuligineux  et  presque  noir. 

Cet  acide  précipite  en  blanc  la  dissolution  de  mercure 
laite  par  l’acide  nitreux.  cur® 

Le  même  acide,  mêlé  avec  de  l’acide  nitreux,  ne  forme 

dissoudre  de 'l'or^'V  j’ai  tenté  inutilement  de 

bonne  limonade  artificielle.  ' b°rme  Ulle  bort 


l6o  'ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Le  sel  d’oseille  sert  encore , avec  beaucoup  de  Succès, 
pour  enlever  les  taches  d’encre  sur.le  linge:  on  lave  la 
tache  avec  de  la  dissolution  chaude  de  ce  sel  laite  dans  de 
l’eau. 

L’oseille  ordinaire  fournit  un  sel  essentiel  très  pur , mais 
en  petite  quantité,  qui  est  aussi  acide  que  celui  dont  nous 
venons  de  parler.  Le  suc  de  coings  , et  presque  tous 
les  sucs  acides  def  végétaux , fournissent  un  sel  acide  de 
même  espece,  ou  peu  différent:  il  paraît  même  que  la 
plupart  des  sucs  acides  des  fruits  fourniraient  un  sel  sem- 
blable à celui  qu’on  nomme  sel  d oseille. 

Les  tamarins  contiennent  1 acide  végétal  le  plus  puis- 
sant de  tous  les  acides  végétaux.  J’espérois  en  retirer  un  sel 
semblable  à celui  qu’on  nomme  sel  d’oseille  ; mais  celui 
que  j’ai  obtenu  n’avoit  qu’une  très  légère  saveur  d’acide 
après  avoir  été  purifié  et  débarrassé  de  toutes  matières  ex- 
tractives. 

Sel  essentiel  de  tamarins. 

On  prend  la  quantité  que  l'on  veut  de  tamarins , et  après 
en  avoir  ôté  les  semences , on  fait  bouillir  la  pulpe  un 
Instant  dans  quatre  fois  ou  cinq  fois  son  poids  d eau:  on 
passe  la  décoction  avec  expression  : on  fait  bouillir  le  marc 
une  seconde  fois  : on  passe  de  nouveau  : on  mêle  les  h* 
oueurs:  on  les  clarifie  avec  un  blanc  d œuf)  ensuite  on 
filtre  cette  liqueur  : on  en  fait  évaporer  la  majeure  partie  : 
elle  fournit  par  le  refroidissement  une  grande  quantité  de 
crvstaux  très  acides.  On  fait  évaporer  de  nouveau  la  li- 
queur de  laquelle  on  a séparé  le  sel,  et  on  continue  ainsi 
de  suite  iusuu’à  ce  qu'elle  ne  fournisse  plus  de  crystaux. 
Ce  sel  est  ordinairement  un  peu  roux  à raison  des  parties 
extractives  des  tamarins  dont  il  est  chargé:  on  le  purifie 
en  le  faisant  dissoudre  dans  de  l’eau,  et  en  le  faisant  cris- 
talliser: il  est  alors  parfaitement  blanc;  mais  il  n a plus 

de  saveur  acide. 

Remarques. 

Les  tamarins  ont  une  saveur  fort  acide:  ils  contiennent 
une  "ramie  quantité  de  sel  essentiel  et  de  mucilage.  Lors- 
que la  décoction  est  évaporée  à un  certain  point,  elle^se 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  ]£l 
K'dmt  en  une  gelée  qui  conserve  tome  l’acidité  de  ces  fruits  • 
mais  quelque  temps  après  elle  se  liquéfie  un  peu,  vraisem- 
blablement parcequ’elle  subit  un  très  léger  mouvement  de 
fermentation:  elle  prend  la  forme  d’un  exX  oXaire 
en  perdant  presque  toute  sa  saveur  acide. 

Le  sel  essentiel  qu’on  obtient  immédiatement  de  la  dé- 
coction des  tamarins  est  acide  et  de  couleur  rousse  à raison 
de  la  matière  extractive  qui  enveloppe  ce  sel;  mais  si  on 
le  lave  dans  l’eau  froide , on  lui  enfeve  presque  toute  son 
acidité  et  sa  couleur.  11  reste  un  sel  qui  a L propriété 
bien  singulières  : il -n’a  presque  point  de  saveur  : i’acido 
vitriolique  aftoibli  ou  concentré,  versé  sur  ce  sel,  n’en 

ÏTSf  au/eu  ’ s brù,e  *-p™-près  comme  le 

es  rès  lé  ’ e 3 lnTe  °JeUr:  il  laisse  une  ce"dre  qui 
est  très  légèrement  akaline.  1 

Ce  sel  se  dissout  en  beaucoup  moindre  quantité  dans 
leau  bouillante  que  la  crème  de  tartre:  sa  solution  est 
presque  sans  couleur  : elle  a une  très  légère  saveur  acide  : 

e lougit  la  teinture  de  tournesol,  précipite  en  caillé  blanc 
!?  ^solution  de  mercure  faite  par  l’acide  nitreux  : l’akali 
fixe  y occasionne  un  précipité  terreux  peu  abondant. 

résulté  de  ces  expériences,  que  cette  espece  de  sel  na- 
roit  contenir  de  l’acide  marin,  attendu  le  précipité  blanc 
de  mercure  qu’il  a formé  ; mais  que  cet  acide  est  combiné 

r de  U-T-  r3Se  qU1  " “ llue  Peu  °“  Point  d’affinité  avec  l’a- 

a noim  di1<ll,e',PmSl1Ue  C6t  acide’  même  concentré , n’en 
a point  dégage  1 acide  marin.  Cette  base  paroît  être  en 

CnX  T’61105  tCrreS  Vitri,‘abl“  i c e q u i ' s e ni a ni- 
d’action  de  Pr&‘lWa lionavec  l’akali  fixe,  et  par  le  défaut 
(1  action  de  1 acide  vitriohque  sur  cette  même  base. 

Lettc  matière  mérite  la  peine  d’être  examinée  dans  un 
p us  grand  detad  ; c est  ce  que  je  me  propose  de  faire  dans 
ma  Liijmie  experimentale. 

Des  fécules. 

On  nomme  fécnlesles/ecas  ou  la  lie  qui  se  dépose  nen- 
< an  a dépuration  des  sucs  exprimés  des  végétaux-  on 
donne  e même  nom  aux  écume.'  qui  se  forment  pë„dan" 
a clauhcation  des  mêmes  sucs,  pareeque  ces  écumes  se 
semient  également  déposées  sous  /orme  de  fèces  ou  de  lif 
» « les  eût  gardées  sans  les  clarifier.  MaVXut^ 

L 


ELEMENTS  DK  THASMACIÏ,' 

ces  que  les  végétaux  fournissent  par  expression  sont  si 
différentes  entre  elles,  qu’il  est  essentiel  de  distinguer 
les  dépôts  qu’ils  donnent  les  unes  des  autres.  Les  fécules 
séparées  des  sucs  dont  il  est  parlé  dans  Larticle  précédent 
sont  des  mélanges  de  matières  résineuses  , ou  de  gommes 
résineuses  mêlées  d’une  petite  partie  des  plantes  brisees. 
Nous  ferons  voir,  à l’article  des  graisses  et  des  huiles  colo- 
rées , que  la  plupart  des  matières  qui  se  séparent  sous  forme 
d’écume  pendant  la  clarification  des  sucs  des  plantes  inodo- 
res et  des  plantes  aromatiques  , contiennent  une  substance 
résineuse  très  abondante  , dissoluble  dans  les  huiles  et 
dans  l’esprit  de  vin  , et  point  dans  l’eau.  Nous  croyons 
dev  oir  conserver  le  nom  de  fécules  aux  dépôts  ou  lies 
non  nourrissantes  que  fournissent  un  grand  nombre  de 
sucs  végétaux,  pour  qu’elles  ne  puissent  être  confondues 
avec  un  autre  genre  de  fécule  nourrissante  , connue 
jusqu’ici  sous  le  nom  d'amidon,  et  improprement  désignée 
par  celui  de  farine  , comme  nous  allons  le  dire. 

Les  amidons  , de  quelques  substances  végétales  qu’on  les 
retire  , sont  identiques.  L’amidonse  présente  toujours  sous 
forme  de  farine  , et  on  lui  a reconnu  des  propriétés  nutritives 
au  même  degré  ; c’est  pour  cette  raison  qu  on  lui  a aussi 
donné  le  nom  de  farine;  mais  comme  1 amidon  est  néces- 
sairement privé,  par  le  lavage,  de  matières  salines  et  extrac- 
tives, et  que  la  farine  en  contient  essentiellement  , nous 
croyons  qu’il  est  plus  exact  de  désigner  sous  le  nom  d’ami- 
don seulement  la  substance  farineuse  privée  de  toute  ma- 
tière extractive , et  de  conserver  le  nom  de  farine  au  pro- 
duit des  graines  larineuses,  auquel  on  a laissé  cette  partie 
saline  et  extractive. 

De  l’amidon  tiré  de  beaucoup  de  végétaux. 

L’amidon  est  la  matière  farineuse  tirée  de  beaucoup  de 
substances  végétales  et  privée  de  toutes  parties  extractives 
par  un  grand  lavage  dans  l’eau.  L’amidon  est  indissoluble 
dans  l’eau  froide, dissoluble  en  entier  dans  l’eau  bouillante, 
et  s’y  réduit  en  colle  ou  mucilage.  Le  bled  est  la  graine 
farineuse  de  laquelle  on  tire  de  temps  immémorial  l’amidon. 
On  a cru  pendant  bien  du  temps  que  ce  végétal  étoit  le  seul 
qui  pût  en  donner  , du  moins  on  ne  regardoit  pas  comme 
amidon  différents  produits  de  même  nature  tués  d autres 


<l!mïNT5  de  pharmacie.  1 53 
végétaux.  Ces  produits , dont  la  Pharmacie  est  en  posses- 
sion depuis  plusieurs  siècles,  sont  connus  sous  le  nom  do 
Jfcul? S.  d*  b,yonG>  d'ins  nostnas,  d’arum  , etc.  ; ce  sont 
de  véritables  amidons  qui  ont  les  propriétés  générales  da 
celui  du  froment.  On  peut  en  faire  d’excellente  poudre  4 
poudrer  les  cheveux,  comme  avec  l’amidon  de  froment 
M.  1 armentier  s’est  occupé  en  habile  Chymiste  et  en  bon 
citoyen  delà  recherche  de  la  matière  nutritive  , et  l’a  recon- 
nue dans  un  très  grand  nombre  de  végétaux;  il  a consigné 
son  travail  dans  un  excellent  ouvrage  qui  9 pour  titre  Recher- 
chc  sur  les  vénaux  nourrissants , etc.  Il  nous  apprend  que 
la  matière  nutritive  amilacée  se  trouve  en  grande  quantité 
dans  beaucoup  de  végétaux,  et  même  dans  des  végétaux 
mal-sains , dangereux  et  vénéneux  , telles  sont  les  racines 

arum  , de  renoncules,  de  bryone , de  colchique,  etc. 
11  nous  fait  voir  que  l’amidon  qu’on  en  retire  est  aussi  sa- 
lubre que  celui  de  froment.  Il  a tiré  de  l’amidon  égale- 
ment bon  pour  la  nourriture,  des  marons  d’Inde,  des  glands 
„e  c lene , etc*  amidon  qui  n’avoit  nullement  la  saveur 
acre  et  amere  de  ces  substances;  il  en  a formé  du  pain  sa- 
lubre et  nourrissant:  le  travail  de  M.  Parmentier  offre  des 
ressources  infinies  pour  la  nourriture  des  pauvres  dans  des 
temps  de  disettes.  11  seroit  à souhaiter  qu’il  réduisît  sou 
ouvrage  en  formules  faciles  à être  exécutées  par  les  <ums 
de  la  campagne.  La  râpe  est  la  machine  la  plus  avanta- 
geuse pour  diviser  les  racines  dont  on  veut  tirer  l’amidon 
ou  larme  ; mais  cette  machine  simple  demandoit  à être  dis- 
posée commodément;  c’est,  je  pense,  à quoi  je  suis  parvenu 

F , 3 col?trucüün  du  moulin  dont  nous  allons  donner 
a description  ; ce  moulin  est  commode  en  ce  qu’il  est  peu 
volumineux  et  point  dispendieux,  011  peut,  avec  le  se- 
cours de  cette  machine,  râper  cent  livres  de  pommes  de 
terre  dans  1 espace  de  deux  ou  trois  heures. 

Description  du  moulin  propre  à diviser  les  substances 
dont  on  veut  tirer  V amidon  ou  farine. 

T, a figure  i"' , planche  2 , est  une  râpe  de  télé  de 
ouede  cylindrique  c!  environ  sept  pouces  de  diamètre  et 
uit  pouces  de  haut.  La  bavure  des  trous  est  eu  dedans 
Vette  raPe  est  soutenue  par  les  trois  pieds  A,  A , A , de  six 
a sept  pouces  de  hauteur,  en  petit  1er  plat  solidement  at- 

Lij 


l64  iLlÉMïNTS  DE  P H A R M a'  C I É. 

tache  à la  râpe  cylindrique , avec  des  clous  rivés  : le  bas 
c chaque  pied  est  coude  d environ  un  pouce , et  percé 
<1  un  trou  pour  recevoir  me  vis,  comme  elle  est  repré- 
sentée aux  troispieds  de  la  figure  4 > A , un  pouce  au-dessous 
de  1 extrémité  du  trépied  ; on  attache  une  étoile  à trois 
branches  de  petit  1er  plat , rivé  a tenon  , pour  main- 
tenir l’écartement  des  pieds  : le  milieu  de  l’étoile  est 
percé  en  b d un  trou  quarré , pour  servir  de  point  d’appui 
à un  axe  ou  arbre  de  1er,  dont  nous  allons  parler.  Le  des- 
sus de  cette  râpe  est  surmonté  d’une  trémie  de  tôle  C,  C, 

4 > 4e  dix  pouces  de  diamètre  et  de  cinq  pouces  de 
hauteur. 

Dans  ji  intérieur  de  celte  râpe  est  une  seconde  râpe 
de  meme  tôle  , de  ligure  conique,  dont  la  pointe  est  un  peu 
tionquee  , la  bavure  des  trous  doit  être  en  dehors  : voyez 
figure  2.  Ce  cône  doit  etre  placé  dans  l’intérieur  de  la  pre- 
inieie  lape  , la  base  en  en-bas.  A la  partie  supérieure 
Jâ , b,  B,  on  attache  avec  des  rivures  une  crapaudine  pour 
renforcer  cette  partie;  elle  est  percée  d’un  trou  quarré  pour 
le  passage  de  l’axe. 

La  base  de  ce  cône  doit  être  garnie  d’une  étoile  à trois 
branches  C , C , C , ligure  o , en  petit  fer  plat.  Dans  le  mi- 
lieu on  pratique  un  trou  quarré  pour  le  passage  de  l’axe. 

Toute  cette  machine  est  surmontée  d’un  triangle  de 
petit  1er  plat  G,  G,  G,  ligure  6,  percé  dans  le  milieu 
d un  trou  rond  pour  le  passage  de  l’axe  et  pour  qu’il  puisse 
tourner  ; chaque  branche  du  triangle  est  repliée  par  son 
extrémité  et  assujettie  par  trois  vis  sur  les  bords  de  la  bai- 
gnoire G,  G,  G. 

L’axe  ou  l’arbre  est  une  tige  de  fer,  figure  5,  de  seize 
pouces  de  long  et  de  sept  lignes  d’équarrissage  , ronde 
en  D et  en  F , pour  pouvoir  tourner  dans  les  deux  points 
d appui , et  quarrée  par  son  extrémité  supérieure  pour 
recevoir  une  manivelle  I , figure  6,  de  neuf  pouces  de  lon- 
gueur , avec  laquelle  011  fait  tourner  la  râpe  conique. 
Au  bas  de  l’arbre,  figure  5 , 011  a pratiqué  en  E,  un  trou 
pour  recevoir  une  goupille,  afin  de  fixer  la  tige  pour  qu’elle 
ne  puisse  pas  être  enlevée  lorsqu’elle  est  placée  dans  l’in- 
térieur du  moulin. 

La  fi  gure  6 représente  le  moulin  placé  dans  sa  bai- 
gnoire, et  fixé  avec  des  vis  sur  un  fond  de  planche,  afin 
qu’il  ne  puisse  vaciller  lorsqu’on  fait  agir  la  manivelle  ; il 


v • 


T, 


. 


' 


e^-mextsdïphakmuii,  ,65 

îsa:iesuptae  en  G>  G>G’  c°mme  n°us 

Nous  prendrons,  pour  exemple  de  la  préparation  des 
amidons  tires  des  végétaux , celui  de  pommes  de  terre. 

■Amidon  de  pommes  de  terre. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  pommes  de  terre  • 
on  les  lait  tremper  dans  un  baquet  plein  d’eau  pendant 
environ  une  heure  ; on  les  monde  de  leurs  blets  et  de 
eurs  t'ges  ; on  les  trotte  une  a une  avec  une  brosse  pour 
les  netoyer  de  la  terre  renfermée  dans  leurs  sinuosités  ; on 
s jette  a mesure  dans  un  autre  baquet  rempli  d’eau  ; on 
coupe,  par  morceaux  gros  comme  un  œuf,  les  nommes 
de  terre  rop  grosses  ; ou  les  met  à mesure  dans  le  moulin 
plonge  dans  sa  cuve  avec  de  l’eau  jusqu’à  la  hauteur 
de  1 1 H , figure  6 et  on  lait  agir  la  manivelle  : à mesure 

Sas  du  TT  T 16  T‘  r¥eS’  elles  Passenl  Par  1® 

bas  du  moulut;  on  les  enleve  cle  temps  en  temps  avec 

de  Peau. ^ b°1S  5 et  01' 166  met  danS  U"  autre  ba<laet avec 

Lorsque  les  pommes  de  terre  sont  râpées,  on  réunit 
oute  la  pulpe  dans  un  même  baquet;  on  la  délaie  dans  une 
grande  quantité  d’eau  très  claire;  on  met  la  matière  dans 

pLe  àIL  tvenn  |aiV  SSUS  d’Un  autre  baq,le‘  i la  farine 
1 se  a U faveur  de  1 eau  ; on  verse  cle  l’eau  sur  le  tamis 

fe°"r  aVfr,lneP  pe,US3U’à,Ce  <1U’e‘Ie  S°'te  claire  > 

jette  la  pulpe  comme  mutile  ; on  lave  de  la  même  ma- 
meie  toute  la  pomme  de  terre  qu’on  a râpée 

La  liqueur  qui  a passé  au  travers  du  tamis  de  crin  est 
trouble,  d une  couleur  de  feuilles  mortes,  à raison  de  la 
matieie  extractive  qu’elle  tient  en  dissolution  : elle  laisse 

on^é rl  f t’ l"6  danS  l esP?ce  <le  cmq  ou  six  heures  ; alors 
on  decante  la  liqueur  et  on  la  jette  comme  inutile  ; on  verse 

ir  amie  on  reste  au  lond  du  baquet  une  grande  quantité 

deau  * on  d,éla‘e  1 amidon  pour  le  laver,  “et  on  laisse  ra 
poser  le  mélangé  jusqu’au  lendemain  ; l’amidon  occupe 
^fond  du  baquet:  après  avoir rejetté  l4m  comme  k 2 
nneie  fois  on  le  relave  de  la  même  manière  encore  une 

dX  én2d;r;î ‘rai1  • ct  ,an,<i;s  qu°  <■«  ^ 

i ' \ ’ 1 Passe  la  fquenr  trouble  au  travers  d’un  timlc 
ce  soie  un  peu  serré  au-dessus  d’un  baquet  bien  propre  ; 

L iij 


1 66  i L É M E y T S DE  PHARMACIE. 

le  peu  de  parenchyme  qui  avoit  passé  avec  l’amidon  au 
travers  du  tamis  de  crin  reste  sur  celui  de  soie  : on  laisse 
reposer  la  liqueur  jusqu’à  ce  que  l’amidon  soit  bien  dé- 
posé; si  l’eau  qui  le  surnage  est  parfaitement  claire  sans 
la  plus  légère  apparence  de  couleur,  le  lavage  est  fini,  si- 
non il  faut  laver  l’amidon  encore  une  fois. 

Lorsque  l’amidon  est  suffisamment  lavé  et  déposé,  on 
décante  l’eau,  on  enleve  l’amidon  du  baquet  avec  une 
cuiller  de  bois  ; on  le  inet  sur  des  clisses  d’osier  garnies  de 

Îiapier  gris,  et  on  le  fait  sécher  à l’abri  de  la  poussière:  enfin, 
orsqu’il  est  suffisamment  sec,  on  le  fait  passer  au  travers 
d’un  tamis  de  soie  pour  faire  disparoître  les  grumeaux  : 
on  le  conserve  dans  des  bouteilles  bouchées  de  papier  seu- 
lement. 

Remarques. 

L’amidon  de  pommes  de  terre  du  commerce  est  sujet 
à craquer  sous  les  dents  à raison  du  sable  renfermé  dans 
les  sinuosités  de  ces  racines  qui  ont  été  mal  lavées.  L’ami- 
don de  pommes  de  terre  doit  être  parfaitement  blanc  : 
pour  l’obtenir  ainsi  il  faut  qu’il  soit  complettement  séparé 
de  la  matière  extractive  par  un  lavage  suffisant , et  de  tout 

Ïiarenchyme  de  la  racine  ; c’est  à quoi  l’on  parvient  en 
e faisant  passer  au  travers  d’un  tamis  de  soie  pendant  le 
dernier  lavage  : il  faut  aussi  avoir  attention  que  les  vais- 
seaux soient  très  propres  , ceux  de  grès  ou  de  faïence  se- 
roient  les  plus  convenables  ; mais  il  est  difficile  de  s’en 
servir  dans  un  travail  en  grand  : on  est  contraint  de  faire 
usage  de  ceux  de  bois  ; il  faut,  autant  qu’on  le  peut,  n’em- 
ployer que  des  baquets  de  bois  blanc , ceux  de  chêne  com- 
muniquent toujours  un  peu  de  couleur. 

L’eau  dans  laquelle  le  moulin  est  plongé  pendant  le  râ* 
page  empêche  que  cette  machine  ne  s’engorge  : mais  pour 
plus  de  facilité  il  convient  d’enlever  de  temps  en  temps 
l’amas  de  racines  râpées.  La  pulpe  qui  reste  sur  le  tamis 
de  crin  au  premier  lavage  est  privée  d’amidon  ; mais  elle 
est  bien  nourrissante;  on  peut  la  faire  cuire  dans  de  l’eau 
et  la  donner  aux  animaux  , comme  cochons  et  vaches. 
Cet  objet  est  d’autant  plus  important , dans  un  travail  en 
grand,  qu’il  y a environ  les  sept  huitièmes  de  cette  pulpe 
qui  tomberoient  en  pure  perte. 

La  première  séparation  qu’on  fait  au  tamis  de  crin  de 


^L^MINTJ  ©E  PHARMACIE.  l6‘/ 

la  grosse  masse  de  pulpe  d’avec  l’amidon,  est  nécessaire  pour 
pouvoir  laver  plus  commodément  l’amidon;  mais  s’il  passe 
un  peu  de  pulpe,  elle  se  dépose  la  derriiere  à la  surface  de 
I amidon  , et  lui  communique  une  couleur  sale  qui  ne  doit 
pas  inquiéter.  Comme  cette  pulpe  est  plus  grossière  que 
amidon , elle  se  sépare  facilement  en  faisant  passer, 
comme  nous  1 avons  dit , au  travers  d’un  tamis  desoie  un 
peu  serré  l’amidon  délayé  dans  l’eau  au  dernier  lavage. 

n ne  séparerait  pas  cette  pulpe  avec  la  même  exactitude 
si  étant  séchée  avec  l’amidon  , on  vouloit  la  passer,  dans 
cet  état  sec,  au  travers  du  même  tamis,  parceque  cette 
substance  pulpeuse,  privée  de  toutes  parties  extractives, 
don  LUr°lten  P°U<lre  faciIcment  et  passerait  avec  l’ami- 

On  prépare  de  la  même  maniéré  tous  les  autres  ami- 
dons , comme  ceux  de  racines  de  bryone  , d’arum  de 
glaïeul , etc. 

Un  grand  nombre  de  racines  communes  dans  la  cam- 
pagne et  qui  croissent  sans  culture  , telles  que  celles  que 
nous  venons  de  nommer,  pourraient  servir  à faire  de  l’a- 
midon et  ensuite  de  la  poudre  à poudrer  les  cheveux,  qui 
ne  céderait  en  rien  à celle  faite  avec  l’amidon  de  froment: 
elle  ménagerait  une  grande  quantité  de  grains  qu’on  pour- 
rait employer  plus  utilement  à la  nourriture  des  bestiaux 
J ai  lait  examiner,  il  y a environ  vingt  ans,  de  l’amidon 
ire  des  racines  de  bryone:  la  pondre  qui  en  est  résultée 
nés  est  pas  trouvée  inférieure  en  blancheur  et  en  finesse 
celle  provenue  de  l’amidon  de  froment. 

Les  différents  amidons  bien  lavés  sont  sans  vertus  mé-v 
dicinales:  ils  ne  se  dissolvent  que  dans  l’eau  bouillante  ertUS* 
la  chaleur  animale  n’est  pas  assez  forte  pour  les  dissoudre* 
les  malades  qui  en  font  usage  rendent  l’amidon  tel  qu’ils 
1 ont  pris;  mais  lorsque  cette  substance  est  réduite  en  ge- 
lee,  elle  devient  nourrissante,  pectorale,  adoucissante. & 


slmulon  de  froment . 

On  fait  deux  especes  d’amidon  , le  fin  et  le  commun. 
1 hn  est  lait  avec  des  recoupettes  et  des  gruaux:  il  sert 
poiir  intérieur,  et  a poudrer  les  cheveux.  L’amidon  com- 
mun se  lait  avec  du  bled  gâté  et  moulu:  il  est  employé  à 

L iv 


i 68  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

faire  de  la  colle  pour  les  cartonniers,  les  relieurs  , les  af- 
ficheurs , etc. 

L amidon  ne  peut  se  faire  sans  eau  sure  ; lorsqu’on  n’en 
a pas,  on  la  prépare  de  la  maniéré  suivante. 

On  délaie  dans  un  seau  d’eau  chaude  deux  livres  de  le- 
vain de  boulanger  : on  laisse  tranquille  ce  mélange  pen- 
dant deux  jours,  au  bout  duquel  temps  on  ajoute  quel- 
ques seaux  d’eau  chaude  : on  laisse  reposer  le  mélange 
encore  deux  jours;  pendant  cet  intervalle  , le  mélange  s’ai- 
grit et  l’eau  sure  se  trouve  faite. 

Pour  préparer  1 amidon , on  met  dans  une  demi-queue 
de  Bourgogne,  bien  propre  et  défoncée  par  un  bout,  un 
seau  d eau  sure,  et  on  y ajoute  de  l’eau  de  riviere  jusqu’au 
bondon  : on  achevé  d’emplir  le  tonneau  avec  partie  égale 
de  recoupettes  et  de  gruaux  de  boulanger  , lorsqu’on  veut 
faire  de  l’amidon  fin  ; et  au  contraire , on  le  remplit  de  bled 
gale,  moulu  grossièrement,  quand  on  ne  veut  avoir  que 
de  ^ amidon  commun.  On  laisse  macérer  ce  mélange  pen- 
dant environ  dix  jours  en  été,  et  pendant  environ  quinze 
jours  en  hiver , en  observant  que  la  matière  ne  gele  point. 

On  reconnoît  que  la  ' macération  a été  suffisamment 
continuée  lorsque  la  matière  se  précipite  , que  la  liqueur 
surnageante  est  claire,  et  qu’il  s’est  rassemblé  à sa  sur- 
face une  sorte  d’écuine  qu’on  nomme  eau  grasse.  On  jette 
l’eau  et  l’écume  comme  inutiles.  Ensuite  on  dispose  au- 
dessus  d’un  tonneau  propre  un  sac  de  toile  de  crin  de  dix- 
huit  pouces  de  haut  et  d’autant  de  diamètre  : on  verse 
dans  ce  sac  trois  seaux  de  la  matière  ci-dessus  , et  deux 
seaux  d’eau  claire  : on  remue  pour  faire  passer  environ 
deux  seaux  de  liqueur  qui  se  trouve  blanche  et  comme  lai- 
teuse : alors  on  remet  dans  le  sac  encore  deux  seaux  d’eau 
claire  : on  remue  de  nouveau  pour  faire  passer  deux  seaux 
de  liqueur  : on  réitéré  cette  manœuvre  une  troisième  fois , 
afin  de  bien  laver  le  son,  qui  sert  à nourrir  les  bestiaux.  On 
remet  de  nouvelle  matière  dans  le  sac  : on  la  lave  comme 
la  précédente  jusqu’à  ce  qu’il  ne  reste  plus  d’amidon.  On 
laisse  reposer  les  liqueurs  deux  ou  trois  jours  ; pendant  cg 
temps  il  se  forme  au  fond  du  tonneau  un  dépôt  : avec  une 
sébile  on  décante  la  liqueur:  elle  forme  une  très  bonne  eau 
sure , qui  s’emploie  avec  succès  en  place  de  celle  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut.  On  remplit  les  tonneaux  d’eau  fraî- 
che : on  délaie  le  dépôt  avec  une  pelle  de  bois  : on  laisse 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  1 69 

reposer  la  matière  pendant  deux  jours:  elle  dépose  successi- 
vement tiois  sédiments  qui  s arrangent  distinctement  l’un 
sur  l’autre. 

Au  bout  de  deux  jours  on  décante  l’eau  jusqu’à  ce  que  JVn 
soit  parvenu  au  dépôt,  et  on  jette  cette  eau  comme  inutile: 
on  enleve  la  piemiere  couche  de  ce  dépôt  qu’on  nomme 
premier  blanc , gros  ou  noir  : il  sert  dans  l’économie  do- 
mestique à engraisser  les  cochons.  On  lave  la  surface  de 
la  matieie  restante  avec  le  plus  grand  soin  , afin  de  ne  lais- 
ser aucune  trace  de  ce  dépôt  ou  premier  blanc. 

Sous  cette  première  couche  on  en  trouve  une  autre  plus 
belle,  plus  blanche:  on  la  nomme  second  blanc:  on  l’en- 
leye  , ou  le  delaie  dans  de  l’eau  fraîche  pour  le  laver:  on  le 
laisse  déposera  et  ou  le  fait  sécher  à part;  cela  forme  de 
l’amidon  commun. 

Enfin  on  trouve  sous  ces  deux  couches  de  dépôt  une 
troisième  couche  de  quatre  pouces  d’épaisseur  ou  envi- 
ron, d amidon  fin  : la  quantité  qu’on  en  obtient  varie  sui- 
vant la  qualité  des  recoupettes  et  des  gruaux  employés.  Les 
bleds  gâtés  fournissent  davantage  d’amidon  ; mais  celui 
qu’011  en  tire  est  toujours  commun,  et  n’a  jamais  la  blan- 
cneui  de  1 amidon  fait  avec  des  recoupettes  et  des  gruaux 
c e bon  b ed.  On  delaie  cet  amidon  fin  dans  une  suffisante 
quantité  d eau  fraîche,  bien  claire,  afin  de  le  laver:  on  fait 
passer  au  travers  d’un  tamis  de  soie  la  liqueur  trouble  qu’il 
faut  laisser  reposer  pendant  deux  jours  : on  jette  l’eau  sur- 
nageante comme  inutile:  on  lave  la  surface  de  l’amidon 

pour  je  netoyer  d’un  dépôt  moins  blanc  qu’on  met  avec 
1 amidon  commun. 

Lorsque  l’amidon  est  bien  rincé  ou  lavé  , on  Lenleve 
des  tonneaux  : on  le  met  dans  des  paniers  d’osier  garnis 
de  toile,  sans  être  attachés:  ces  paniers  ont  un  pied  de 
large,  dix-huit  pouces  de  long  sur  dix  pouces  de  haut  • le 
lendemain  on  ôte  l’amidon  des  paniers  et  des  toiles  on 
le  pose  sur  des  plâtres  : on  le  divise  eu  quinze  ou  seize  par- 
ties avec  les  doigts  et  sans  instruments:  on  le  laisse  sé- 
cher suffisamment  ; lorsqu’il  est  assez  sec  et  qu’il  peut 
se  laisser  manier , on  le  met  ressuer  au  grand  air,  en  le  po- 
sant horizontalement  sur  des  tablettes:  lorsqu’il estsu ffhsam- 
ment  ressué,  on  ratisse  la  surface  des  morceaux:  ce  qu’on 
en  séparé  se  met  avec  l’amidon  commun  : on  écrase  les 
morceaux  propres,  on  achevé  de  les  faire  sécher  dans  ima 


*7®  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE» 

étuve,  sur  des  clisses  d’osier  garnies  et  couvertes  de  toile» 
11  faut  avoir  soin  de  le  remuer  souvent,  parcequ’il  est  sujet 
a devenir  verd  par  le  défaut  d’air.  Lorsqu’il  est  sec  , il  est 
commerçable. 

L amidon  réduit  en  poudre  sert  pour  rouler  des  pilu- 
les , pour  aider  à former  des  pastilles , et  pour  empêcher 
que  la  pâte  de  guimauve  ne  s’attache  à la  table  sur  laquelle 
on  la  coule  , etc. 

Remarques. 

T.  amidon^  ne  se  travaille  que  dans  des  eaux  sures  ,c’est- 
a-diie  acides:  or  on  sait  que  le  propre  des  acides  est  de 
coaguler  et  de  précipiter  les  matières  mucilagineuses  r 
ainsi  la  matière  farineuse,  pendant  qu’elle  se  convertit  en 
amidon,  ne  peut  point  se  dissoudre  dans  l’eau , parceque  cette 
eau  est  acidulé;  il  ne  se  dissout  dans  l’eau  que  la  matière 
extractive  du  grain  , tandis  que  l’amidon  reste  suspendu. 

P apres  tout  ce  que  nous  venons  de  dire,  il  est  visible 
qu  on  peut  faire  de  l’amidon  avec  toutes  sortes  de  grai- 
nes farineuses;  il  suffit  de  les  traiter  de  la  même  maniéré  que 
1 amidon  fait  avec  du  bled.  Je  pense  bien  que  toutes  ces  ex- 
périences ont  été  faites  par  les  amidonniers,  mais  les  ré- 
sultats ne  sont  pas  connus:  il  seroit  cependant  très  intéres- 
sant de  les  connoitre.  D’un  autre  côté  , si  l’usage  a pré- 
valu d’employer  du  bled  pour  faire  del’amidoii,  c’est  peut-être 
parceque  celui  qu’il  fournit  est  plus  beau  et  plus  abondant. 

Matière  glutineuse  séparée  de  la  farine  de  froment . 

Lesmatieres  farineuses  contiennent  unesubstance  gluti- 
neuse animalisée  qui  n’a  encore  été  que  peu  examinée, 
Kesseîmeier  paroît  être  le  premier  qui  l’ait  fait  connoître 
dans  la  farine  de  froment. 

Il  a réduit  en  pâte  trois  livres  de  farine  de  froment  bien 
blutée  et  purgée  de  son  : il  y a ajouté  de  l’eau  à plusieurs 
reprises,  et  l’a  décantée  chaque  fois  jusqu’à  ce  qu’elle  n’eût 
plus  de  couleur  blanche  : ayant  ainsi  ôté  de  la  farine  tout 
ce  que  l’eau  pouvoit  lui  enlever,  il  lui  est  resté  une  livre 
d’une  substance  très  tenace,  d’une  couleur  jaunâtre,  sans 
odeur  et  sans  goût , qui  ne  se  dissout  point  dans  la  bouche , 
qui  s’attache  un  peu  aux  dents,  mais  qui  se  colle  forte- 
ment aux  mains  seches.  Kesseîmeier  a doané  à cette  sub- 
stance le  nom  de  matière  glutineuse. 


i I,  r M E N T S DE  PHARMACIE.  I7I 

II  a réuni  les  eaux  blanches  et  les  a laissé  déposer:  il  a 
recueilli  une  autre  substance  très  blanche  qu’il  désigné 
sous  le  nom  de  substance  amidonnée , pour  la  distinguer 
de  la  première. 

Il  a ensuite  examiné  ces  deux  substances  chacune 
séparément , et  les  a comparées  entre  elles.  Voici  les  pro- 
priétés qu’il  leur  a reconnues. 

i°.  La  matière  glutineuse,  mise  en  digestion  dans  de 
1 eau , prend  , au  bout  de  quelques  jours,  une  odeur  de 
vieux  fromage  qui  va  toujours  en  augmentant:  il  ne  s*est 
manifesté  aucune  odeur  acide. 

20.  La  matière  glutineuse  ne  se  dissout  point  dans  l’eau  , 
e^<>0reS^e  sous  forme  d’un  corps  spongieux. 

3°.  Digérée  avec  de  l’esprit  devin  rectifié,  elle  est  deve- 
nue dure  de  plus  en  plus. 

4 . Cette  matière  glutineuse  n’a  pu  se  dissoudre  dans 
les  huiles,  ni  par  trituration,  ni  par  coction  : elle  a formé 
un  coips  dur,  transparent,  qui  n’étoit  point  soluble  dans 
le  vinaigre:  en  continuant  la  coction,  il  a perdu  sa  trans- 
parence et  est  devenu  friable. 

La  matière  glutineuse  a perdu  sa  ténacité,  étant 
mêlée  avec  de  la  crème  de  tartre;  elle  est  devenue  disso- 
luble dans  l’eau  , lui  communiquoit  une  couleur  laiteuse , 
et  moussoit  comme  une  eau  de  savon. 

6°.  Cette  matière,  traitée  de  même  avec  le  vinaigre,  a 
présenté  les  mêmes  phénomènes  : ce  que  n’ont  pu  faire  les 
acides  minéraux. 

Voilà  donc,  dit  Kesselmeier , un  véritable  savon  acide, 
artificiel  , et  qui  a la  propriété  de  se  laisser  décomposer 
par  les  akalis.  11  a examiné  ensuite  cette  espece  de  savon: 
il  a reconnu  que,  lorsqu’il  est  étendu  dans  de  l’eau,  il 
fournit  une  substance  mucilagineuse  qui  est  différente 
suivant  les  proportions  de  vinaigre  et  de  matière  gluti- 
neuse  : il  a fait  dessécher  de  ce  mucilage, et  il  a vu  avec 
plaisir  et  étonnement  qu’il  s’étoit  changé  en  amidon. 
Kesselmeier  conclud  de-  ces  expériences  que  la  matière 
glutineuse  se  sépare  de  la  farine  , parcequ’on  lui  enleve 
par  le  lavage  tout  son  sel  essentiel  acide  qui  réside  dans 
la  substance  amidonnée.  11  s’en  est  assuré  par  d’autres 
expériences,  dans  lesquelles  il  a ajouté  de  l’acide  ( végétal 
Vraisemblablement  ) à de  la  farine,  en  lavant  comme  nous 
Venons  de  le  dire  cette  farine , qui  ne  lui  a point  fourni  d« 


l7‘2  ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

semblable  matière  glutineuse  : il  la  fait  reparoître  en 
ajoutant  de  1 alKali  à cette  même  farine. 

doutes  ces  expériences  et  observations  de  Kesselmeier 
sont  très  intéressantes,  et  prouvent  ce  que  nous  avons 
dit  sur  la  nécessité  d’employer  des  eaux  sures  dans  la 
préparation  de  l’amidon  pour  en  obtenir  une  plus  grande 
quantité  , puisque,  par  l’intermede  d’un  acide,  la  matière 
glutineuse  se  convertit  en  amidon. 

/ . Kesselmeier  a soumis  a la  distillation,  dans  une 
coume,  une  livre  de  matière  glutineuse  : il  a passé  d’abord 
une  eau  jaunâtre,  ensuite  des  vapeurs  hlanches  très  abon- 
dantes et  très  élastiques  qui  se  sont  condensées  en  une 
liqueur  jaune  rougeâtre,  ayant  l’odeur  des  matières- ani- 
males biülées:  en  augmentant  le  leu,  il  s’est  élevé  une 
liuile  noire,  épaisse  , qui  alloit  au  fond  de  la  première  li-? 
queur  : il  s est  sublimé  ensuite  de  l’alxali  volatil  jaunâtre 
qui  s’est  attaché  aux  parois  des  vaisseaux  : il  est  resté 
enfin  dans  la  cornue  trois  gros  et  demi  de  charbon  d’un 
noir  brillant. 

La  liqueur  qui  a passé  dans  cette  distillation  , étoit  de 
nature  akaline  volatile,  faisant  effervescence  avec  tous 
Jes  acides  et  précipitant  le  mercure  en  une  poudre  couleur 
de  rose. 

Le  charbon  resté  dans  la  cornue  a eu  tout  autant  de 
peine  à brûler  à l’air  libre  que  celui  du  fromage  ou  des 
matières  animales. 

Kesselmeier  a examiné  la  matière  amidonnée  par  la 
macération  dans  de  l’eau,  et  par  la  distillation  à la  cornue  : 
elle  ne  lui  a donné  dans  l’une  et  l’autre  expériences  que 
des  produits  acides  et  point  d’akali  volatil. 

J’ai  répété  les  expériences  de  Kesselmeier:  j’ai  séparé 
de  six  livres  de  farine  de  froment  cinq  onces  deux  gros  de 
matière  glutineuse  : j’aurois  pu  en  obtenir  davantage; 
mais  je  voulois  l’avoir  dans  le  plus  grand  état  de  pureté, 
et  absolument  débarrassée  de  toute  la  matière  amidonnée. 
Pour  cela  j’ai  lavé  dans  beaucoup  d’eau,  à plusieurs 
reprises,  la  matière  glutineuse,  en  la  maniant  entre  les 
mains,  jusqu’à  ce  que  l’eau  ne  prît  plus  de  couleur 
blanche.  J’ai  obtenu  une  matière  blanchâtre,  ferme  , sans 
odeur , très  élastique , semblable  à la  résine  élastique  de 
Cayenne  : je  pouvois  en  former  une  plaque  de  plus  de  huit 
pouces  de  diamètre,  sans  qu’elle  se  cassât:  elle  reprenoit 


^LîMENTi  DK  PHARMACIE.  1 y 3 

d’elle-même,  un  instant  après,  la  forme  qu’elle  avoit 
auparavant;  mais  en  se  séchant  elle  devient  cassmrn 
comme  une  gomme. 

Le  même  jour  que  cette  matière  a été  préparée,  j’en  ai 
mis  trois  onces  en  distillation  dans  une  cornue  de  verre 
H a passé  d’abord  sept  gros  de  liqueur  sans  couleur  * 
d’une  odeur  d’eau  de  lait  : j’ai  séparé  cette  liqueur  du 
ballon  ; j’ai  remis  le  ballon  au  bec  de  la  cornue  , et  j’ai 
continué  la  distillation , en  augmentant  le  feu  par  dèaré 
jusqu’à  faire  rougir  la  cornue  : il  a passé  une  once  Sim 
gros  de  liqueur  rousse  et  un  gros  d’huile  : sur  la  fin  il 
s est  sublimé  au  bec  de  la  cornue  cinq  grains  d’akali 
volatil.  Il  est  resté  dans  la  cornue  deux  gros  dix-huit  mains 
de  charbon  rare  , spongieux  et  très  volumineux.  & 

La  première  liqueur  n’étoit  point  acide:  elle  contenoit 
de  lakali  volatil:  elle  verdissoit  le  syrop  violât.  La 
seconde  étoit  beaucoup  plus  riche  en  akali  volatil:'  elle 

verdissoit  le  syrop  violât,  et  faisoit  effervescence  avec  les 
acides. 

Pour  avoir  la  matière  glutincuse  de  Kesselmeier  dans 
son  état  de  pureté,  il  est  bien  important  qu’elle  soit  bien 
lavee  et  débarrassée  de  la  matière  amidonnée.  Ces  deux 
substances  fournissent  pendant  l’analyse  des  produits  diffé- 
rents. Lorsqu’il  reste  de  l’amidon  de  mêlé  avec  la  matière 
glutineuse , les  produits  se  confondent.  11  en  résulte  sui- 
vant les  proportions,  une  liqueur  qui  n’est  ni  acide  ni 
a Kahne  : elle  est  chargée  d’un  sel  ammoniacal  à acide 
végétal , mais  qui  se  laisse  décomposer  par  l’alicali  fixe  et 

îati|Uel  °n  PeLU  ’ Par  CSt  intermede>  séparée  l’akali  vo- 

J ai  garde  a part  un  peu  de  la  matière  glutineuse  pour 
a faire  secher  a l’air.  Il  s’est  formé  à sa  surface  une  croûte 
qui  n avoit  point  d’odeur;  mais  l’intérieur  est  resté  mou  : 
il  a pris  , dans  l’espace  de  deux  jours,  une  odeur  semblable 
a celle  de  la  viande  mortifiée,  sans  odeur  de  froma-e  et 
il  a conservé  toute  son  élasticité.  Ayant  préparé  de^cétte 
matière  glutineuse,  dans  laquelle  il  étoit  resté  un  peu 
d amidon,  cette  derniere  prit,  dans  l’espace  de  quelques 
jours,  1 odeur  de  vieux  fromage. 

M.  Parmentier  qui  a fait  un  travail  important  sur  les 
matières  tanneuses,  a reconnu  qu’il  n’y  avoit  que  le  fro- 
ment et  le  seigle  qui  fournissoient  cette  substance  duti- 
iieuse.  ■ & ■ 


*74 


ÉLÉMENTS  DE 


fharmàcii. 


Des  sucs  huileux  ou  des  huiles. 

Après  avoir  examiné  les  sucs  aqueux  et  tout  ce  qu’oa 
peut  en  tirer,  ce  seroit  l’occasion  de  parler  des  extraits 
qu’on  prépare  avec  plusieurs  de  ces  sucs  dépurés;  mais 
nous  renvoyons  cet  article  à celui  de  la  mixtion,  parce- 
qu’on  fait  beaucoup  d’extraits  avec  des  décoctions  de  végé- 
taux, sur  lesquels  nous  n’avons  encore  rien  dit.  Nous  allons 
examiner  les  autres  especes  de  sucs  tirés  des  végétaux  et 
des  animaux. 

On  entend  par  huiles,  des  sucs  onctueux,  gras  et 
inflammables,  qu’on  obtient  des  végétaux,  des  animaux  et 
de  plusieurs  endroits  de  la  terre.  Je  comprends  aussi  sous 
ce  nom  les  bitumes  solides,  pareeque  ces  dernieres  sub- 
stances appartiennent  originairement  au  régné  végétal.  Les 
huiles  different  des  sucs  aqueux  par  plusieurs  propriétés 
générales;  i°.  par  leur  inflammabilité  : 2°.  par  leur  non- 
miscibilité  avec  l’eau  et  avec  toutes  les  liqueurs  aqueuses  : 
3°.  enfin  les  huiles  et  les  matières  huileuses  sont  composées 
de  beaucoup  d’acide  et  de  plilogistique  : le  principe 
aqueux  et  le  principe  terreux  entrent  dans  leur  composi- 
tion en  moindre  quantité  que  dans  les  sucs  aqueux.  Outre 
ces  propriétés  générales  , les  huiles  et  les  substances  hui- 
leuses en  ont  encore  de  particulières  par  lesquelles  elles 
different  les  unes  des  autres. 

Entre  ces  propriétés  particulières  , il  y en  a quelques 
unes  qui  sont  communes  à plusieurs  : ce  qui  donne  lieu 
de  les  diviser  en  plusieurs  sections.^ 

i°.  Les  huiles  grasses  proprement  dites.  Ces  huiles  sont 
fluides  ou  solides  : elles  ne  peuvent  s’élever  et  se  volatili- 
ser par  la  chaleur  sans  s’altérer  et  sans  se  décomposer  : 
elles  ne  peuvent  s’enflammer  tant  qu’elles  sont  seules  et 
froides.  Les  huiles  fluides  de  cette  classe  sont  l’huile 
d’olives,  l’huile  d’amandes  douces,  l’huile  de  semences 
de  pavots,  etc.  Les  huiles  concrètes  sont  le  suif,  la  plupart 
des  graisses  animales  qui  sont  toujours  figées,  le  beurre  de 
cacao,  l’huile  épaisse  de  muscades,  etc. 

2°.  Les  huiles  essentielles.  Ces  huiles  sont  la  plupart 
très  fluides;  quelques  unes  sont  susceptibles  de  se  crys- 
talliser  par  un  froid  modéré.  Jl  y a aussi  des  huiles  es- 
sentielles épaisses,  comme  sont  les  baumes  naturels  : 


il-iMKNTS  B X PHARMACIE,  iy$ 

il  y en  a de  concrètes  telles  sont  les  résines  pures.  Ces 
dermeres  substances  doivent  être  considérées  comme  des 
nuiles  essentielles  épaissies  a différents  degrés 

On  peut  mettre  dans  cette  classe  les  huilei  minérales 
celles  qu  on  retire  par  la  distillation  de  plusieurs  sub- 
s'aiices  fossiles,  et  enfin  des  huiles  empyreuniatiques 
rectifiées.  Toutes  les  huiles  et  les  substances  huileuses 
de  cette  dennere  classe  sont  volatiles  : elles  s’élèvent  ou  en 
totalité  ou  eu  partie  au  degré  de  chaleur  de  l’eau  bouil- 
lante; les  unes  sans  souffrir  d’altération  sensible  et  les 
autres  en  se  rectifiant  de  plus  en  plus  aux  dépens ’de  leur 
décomposition.  Elles  ont  d ailleurs  la  propriété  de  s’en- 
animer  sans  être  échauffées  auparavant.  Les  huiles 
essentielles  et  les  substances  résineuses  se  dissolvent  mieux 
dans  1 esprit  de  vin  et  dans  l’éther  que  dans  les  huiles 
grasses.  Enfin  ces  huiles  sont  très  actives , pénétrantes  et 
meme  caustiques.  En  général  elles  font  beaucoup  d’im- 
pression  sur  1 organe  de  l’odorat  et  du  goût,  toufes  pro- 
pretés que  nont  point  les  huiles  grasses.  Nous  allons 
présentement  examiner  la  préparation  de  plusieurs  de  ces 
sucs  huileux  qui  serviront  d’exemple  pour  les  autres.  Nous 
ne  dirons  cependant  rien,  quant  à présent,  sur  les  huiles 
distillées , ni  sur  les  huiles  essentielles  qu’on  peut  obtenir 
par  1 expression  de  certaines  écorces , comme  .elles 

d orange,  de  citron,  de  bergamote:  nous  en  parlerons 
dans  une  autre  occasion.  panerons 

Des  huiles  grasses,  fluides,  exprimées  de  plusieurs 

'végétaux. 

Les  substances  végétales  qui  fournissent  ainsi  leurs 
huiles,  sont  les  semences  que  nous  avons  nommées  hui- 
leuses ou  m, dsr.es;  telles  que  les  semences  de  melons 
de  concombres,  de  pavots,  dechénevis,  de  lin  • <3 U ’ 

ceUeTïa  ^ ’l  classe  des  Plantes  ombelliferes , comme 
Huile  d amandes  douces. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  d’amandes  douces 


Vertus. 


Dose 


I76  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

nouvelles  et  suffisamment  séchées  à l’air  : on  les  frotte  clans 
un  linge  neuf  et  rude  pour  en  emporter  la  poussière  jaune 
rougeâtre  qui  se  trouve  à leur  surface  : on  les  pile  dans  un 
mortier  de  marbre  avec  un  pilon  de  bois  jusqu’à  ce  qu’elles 
soient  réduites  en  pâte  , et  qu’en  les  exprimant  un  peu 
entre  les  doigts  , on  voie  l’huile  sortir.  Alors  on  forme 
avec  cette  pâte  une  espece  de  boule  applatie  , ou  de  gâteau  , 
et  on  l’enferme  dans  un  morceau  de  toile  de  coutil,  en  lui 
laissant  occuper  le  moins  d’espace  qü’il  est  possible  , et  on 
la  soumet  à la  presse.  L’huile,  comme  les  autres  liquides, 
11’étant  pas  compressible  , passe  à travers  les  mailles  de  la 
toile  à mesure  qu’on  exprime  : on  la  reçoit  dans  un  vase 
convenable.  Lorsque  l’huile  cesse  de  couler,  on  cesse 
d’exprimer.  11  reste  dans  le  linge  le  parenchyme  déjà  graine 
qui  contenoit  l’huile  renfermée  entre  ses  cloisons. 

Si  l’on  a employé  une  livre  d’amandes  douces  , on  tire 
ordinairement  cinq  onces  et  demie  d’huile;  mais  si  le  cou- 
til est  déjà  imbibé  d’huile  d’une  opération  subséquente  , 
on  en  tire  davantage. 

Les  amandes  ameres  fournissent  autant  d’huile  que  les 
amandes  douces  : elle  a une  saveur  amere  assez  agréable. 

L’huile  d’amandes  douces  adoucit  les  âcretés  de  la  tra- 
chée-artere  et  de  la  poitrine:  elle  excite  l’urine:  elleappaise 
les  douleurs  de  la  colique  néphrétique,  en  faisant  couler  la 
pierre,  le  sable  ou  les  glaires  du  rein  à la  vessie:  elleappaise 
les  tranchées  des  femmes  en  couches  et  celles  des  petits  en- 
fants: elle  tue  leurs  vers.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jus- 
qu’à quatre  onces.  On  s’en  sert  aussi  extérieurement  pour 
ramollir  et  pour  adoucir. 

Remarques. 

La  méthode  que  nous  venons  de  prescrire  pour  tirer 
l'huile  des  amandes  douces  , est  générale  pour  toutes  les 
semences  qui  peuvent  ainsi  fournir  leur  huile.  Nous  remar- 
querons seulement  que  les  huiles  qu’on  tire  par  cette  mé- 
thode des  semences  des  plantes  ombelliferes  , ne  doivent 
pas  être  considérées  comme  des  huiles  grasses:  elles  con- 
tiennent une  très  grande  quantité  d’huile  essentielle  qu’on 
peut  séparer  par  la  distillation  : aussi  ne  fait-on  jamais  usage 
de  ce  procédé  pour  tirer  les  huiles  de  ces  semences  à cause 
de  la  dissipation  qui  se  fait  des  parties  les  plus  volatiles. 

Ceux 


ïiiaiKis  ïe  p»»m,AClt< 

( eux-  ql,i  préparent  l'huile  des  amandesdouces  en  grand, 
sont  dans  1 usage  de  les  dépouiller  de  leurs  écorces  - ils  les 
mettent  tremper  dans  de  Peau  très  chaude  : 1^«  enve! 
oppes  se  gonflent  et  se  détachent  facilement  : ils  transi, or- 
nt  les  amandes  dans  une  étuve  pour  les  faire  sécher  • 
lis  les  réduisent  en  poudre  en  les  faisant  passer  dans  un 
ou'1'»  semblable  a ceux  dont  on  se  sert  pour  moudre  le 
cale  a 1 exception  qu  il  est  beaucoup  plus  gros  et  nlns 
grand:  ensuiteilsen  tirent  l’huile  parle  moyen  de  la  presse 
comme  nous  l'avons  dit  précédemment.  Mais  l’infusion 
cansl  eau  chaude  qu’on  fait  éprouver  aux  amandes  douces 
auere  considérablement  l’huile  qu’on  en  tire  : la  chaleur 
q î clle  a eprouvee  la  dispose  à rancir  plus' promptement 
opéra tions  sont  faites  pour  deux  raisons  : la  première  ' 
rpu  est  la  pnncipaje  , est  de  pouvoir  vendre  plus  avanta- 

domon'a  sa3anTUrS. !CS  p3iT  de  Pâte  d’amandes 
uoin  ou  a séparé  1 huile  : la  seconde  afin  d’éviter  oue 

huile  d amande*  douces  ait  de  la  couleur,  pareeque 

lorsqu  on  laisse  1 ecorce  aux  amandes,  l’huile  qui  en  sort  se 

oie  toujours  un  peu  en  prenant  une  légère  teinture  de 

. pousnere  rougeâtre  qui  reste  à leur  surface.  C’est  aussi 

] ir  qn  elle  soit  moins  colorée  que  nous  avons  ores  prit  An 

frotter  les  amandes  dans  un  linge  rude  avant  c^les  piler- 

Z£>^.^45SSS£!3Ü: 

mifsS  «lit  t|raSSeS  ’ Iorsqü’el,es  sonl  nouvellement  expri- 

s>  ™V  - *»<• 

jours  apres , ce  mucilage  se  sépare  des  Jmiles  ; P, . 
au  fond  des  bouteilles  fetl  es  Liiles  dSil't 

prh.Tv“:  SOm  d’autantI>lus  claires  qu’elles  sont 

J-  Jntile  d’amandes  douces  que  préparent  certaine 

s «T  SasSESB?5 

Plusieurs  meme  sont  dans  l’usage  de  mêler  l’hm’lë  d’anr.ô 
des  douces  avec  une  plus  ou  moins  grande  quln  hé  ,1’"' 
d <*. liais,  qui  est  «Le  de  pavot  blanc.  q “té  d llUli« 

M 


1-8  ÉLÉMENTS  de  PIIARMACIt. 

Cette  tromperie  est  difficile  à reconnoitre , et  c’est  pouf 
cette  raison  que  les  commis  des  fermes  générales  éunerït 
ci-devant  autorisés  à faire  mêler  une  certaine  quantité  d’es- 
sence de  térébenthine  dans  toutes  les  huiles  d oeillets  qui 
entroient  dans  Paris,  afin  qu’elles  ne  pussent  etre  employées 
que  pour  l’usage  extérieur  ; mais  malgré  toutes  les  précau- 
tions qu’on  prenoit , il  ne  laissoit  pas  d en  passer  beaucoup 
sans  être  mêlées  d’essence  de  térébenthine.  Onavoit  défendu 
l’huile  d’œillets  , pareequ’on  en  croyoit  l’usage  mal-sain; 
mais  comme  on  a reconnu  le  contraire,  on  en  permet  a 
présent  l’entrée  , et  en  effet  elle  est  aussi  salubre  que 
f’huile  d’olives:  des  provinces  entières  n’en  emploient  pas 

d’autres  de  temps  immémorial. 

L’huile  d’olives  se  prépare  à-peu-près  de  la  même  ma- 
niéré que  celle  dont  nous  venons  de  parler.  On  cueille  les 
olives  lorsqu’elles  sont  suffisamment  mûres  : on  les  lait 
sécher , .afin  de  priver  d’humidité  le  mucilage  qu  elles  con- 
tiennent abondamment,  et  détruire  l’adhérence  de  l’huile 
avec  ce  mucilage:  on  les  écrase  et  on  les  soumet  à la  presse 
en  les  arrosant  avec  un  peu  d’eau  chaude,  afin  de  donner 
plus  de  fluidité  à l’huile:  on  la  laisse  reposer  ensuite  pour 
en  séparer  l’eau  et  le  mucilage  qui  ont  pu  passer  avec  elle. 

Toutes  les  huiles  liquides  des  végétaux  et  des  animaux 
sont  sujettes  à se  figer  par  le  froid , les  unes  plus  facile- 
ment que  les  autres:  l’huile  d’olives,  par  exemple  , lors- 
qu’elle est  bonne  , se  fige  si  elle  éprouve  pendant  quelques 
jours  un  froid  de  dix  degrés  au-dessus  de  la  congélation  ; 
au  lieu  cme  lorsqu’on  lui  fait  éprouver  ce  meme  degre  de 
froid  subitement  , elle  ne  fait  que  s’épaissir  sans  se  hger. 
L’huile  d'amandes  douces  , au  contraire,  ne  se  hge  que 
par  un  froid  de  dix  degrés  au-dessous  de  la  congélation  , 
encore  faut- il  qu’il  continue  plusieurs  jours  de  suite.  Un 
ne  peut  attribuer  ces  différences  qu’à  la  nature  et  aux  pi  em- 
portions des  principes  qui  entrent  dans  la  composition  de 
ces  huiles  , mais  particulièrement  au  principe  acide  qui  est 
plus  développé  dans  les  huiles  qui  sont  moins  sujettes  a se 
imer.  Il  v a lieu  de  présumer  que  le  figement  des  huiles 
n’est  rien  autre  chose  qu’une  cristallisation  de  ces  memes 
huiles:  mais  quelle  qu’en  soitla  cause,  on  peut  tirer  de  ces 
propriétés  des  huiles  fluides  des  végétaux  un  principe  qui 
Lt  fondé  sur  l'expérience,  et  relatif  a leur  décomposition 
spontanée,  c’est-à-dire  à la  plus  ou  moins  grande  facilite 


, ,,  , r n •'  « W A C IP,  j 7Q 

Cjn  elles  ont  a rancir.  J’ai  remarqué  que  cellp*  n,r  r ^ 
iacilcmeat,  comme  l’huile  d’olives,  soin  nfim’mcn/? ?"* 
long-temps  sans  se  rancir  que  la  plupart  de" aüîres  L S ! 
qui  lestent  toujours  fluides;  enfin,  l’huile  de  ben  m-j  est 
presque  toujours  Agée  dans  notre  climat  ne  ranrit  ’ 

bout  d’Un  long  espace  de  temps.  * qu  au 

Huile  de  Lait 

Ou  prend  la  quantité  qu’on  veut  de  noix  de  hen  les 
plus  récentes  et  les  plus  grosses  : on  les  casse  une  à une  avec 
m peut  marteau  : on  sépare  exactementles coquilles  „u’ou 
jette  comme  mutiles:  on  met  à part  les  amandes  on  U 
pile  dans  un  mortier  de  marbre  avec  un  pilon  de  bois  ius 
qu  ace  qu  elles  soient  réduites  en  pâte:  on  en  forme  une 
boule  qu  on  met  dans  un  petit  sac  de  toile  de  coutil  on 
forme  1 ouverture  avec  une  /icelle  qu’on  serre  bien  ’ ““ 
t le  sac  a la  presse,  et  ou  l’exprimé  par  de -ré  • l’huile 
sort  peu-aepeu  : on  la  reçoit  dans  une  bouteille  lôrsou’lî 
ne  coule  plus  rien,  on  desserre  la  presse  : on  ôte  le  marc 
du  sac  : ou  le  réduit  en  poudre  dans  un  mortier  de  nar 

prirn er  de  no uvea^  : mi’en  tire  encore  lufpeu  cbb  u r f * 

On  prépare  l'huile  de  noisettes,  l’huile  de  noix  etc  de 
la  meme  maniéré.  etc* ( e 

L II 1 1 lie  de  ben  ne  s’cmnlmV  nn’à  ./  • 71 

St ià  £ur  ôter  ?eu^4«i-  v° 

des  pommades  adoucissantes  h!™'  t)’ 

T met  tabac  d’Espagne  pour 

.meurs  s en  servent  pour  tirer  l'odeur  de  certaines  fleurs 
telles  que  celles  de  jasmin , de  tubéreuse,  etc.  ’ 


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E M A K Q U £ 


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joins  bgLte^', Ve"  ll'ü’le  $ ^ 

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vteilln , elle  se  lige  plus  difficilement. 

M ij 


l8o  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.'' 

la  presse,  elle  est  d’autant  plus  épaisse,  que  la  tempéra- 
ture est  froide-,  ou  peut,  dans  les  temps  de  gelée,  l'expri- 
mer sans  inconvénients  entre  des  plaques  de  fer  chauffées 
dans  de  l’eau  bouillante;  mais  il  ne  fyut  pas  lui  appliquer 
un  plus  grand  degré  de  chaleur , l’huile  seroit  plus  dis- 
posée à se  rancir. 

Les  horlogers  sc  servent  de  l’huile  de  ben  ; mais  la  consis- 
tance qu’elle  prend  en  se  figeant  gêne  les  mouvements.  On 
desiroit  donc  qu’elle  ne  lût  pas  sujette  à se  figer.  M.  Solorné, 
notre  confrère,  a reconnu  que  l’huile  de  ben  qui  coule  la 
derniere  pendant  l’expression,  avoit  cette  propriété,  et n’étoit 
pas  plus  sujette  à se  rancir  que  la  première. 

Huit  livres  de  ben  nouveau  fournissent  trois  livres  de 
coquilles  et  cinq  livres  d’amandes  : ces  amandes  rendent 
ordinairement  une  livre  treize  onces  d’huile. 

Huile  clc  semences  de  jusquiame  par  expression. 

Plusieurs  personnes  pensent  que  la  semence  de  jusquia- 
me  fournit  de  l’huile  par  la  simple  expression;  j en  ai  sou- 
mis quatre  livres  bien  pilées  à une  bonne  presse  sans  avoir 
pu  en  tirer  une  seule  goutte  , quoique  la  semence  pilee 
parût  grasse  au  toucher.  Cependant  comme  on  desiroit  en 
avoir  à cause  des  vertus  qu’on  lui  attribue  pour  soulager 
les  douleurs  hémorroïdales,  j’ai  été  obligé  de  piler  avec 
cette  quantité  de  semences  une  livre  d’amandes  douces  nou- 
velles ; l’huile  que  j’ai  obtenue  s’est  trouvée  avoir  les  effets 
qu’on  en  attendoit  ; elle  a beaucoup  soulagé  le  malade , et 
depuis  elle  a été  employée  avec  le  même  succès.  La  ma- 
niéré de  s’en  servir  est  d’appliquer  sur  les  hémorroïdes  un 
linge  fin  et  vieux  bien  imbibé  de  cette  huile. 

Huile  de  semences  de  chêne  as . 

On  pile  dans  un  mortier  de  marbre  trois  livres  de  grains 
de  chénevis  jusqu’à  ce  qu’il  soit  réduit  en  pâte:  on  1 en- 
ferme ensuite  dans  un  petit  sac  de  coutil , et  on  le  met 
à la  presse;  il  sort  une  huile  d’une  légère  couleur  jaune, 
et  qui  n’a  point  de  mauvaise  odeur:  on  en  obtient  huit 
onees  et  demie.  Si  l’on  a eu  la  curiosité  de  peser  le  sac 
avant  l’expression , et  qu’on  le  pese  après  , on  remarquera 
qu’il  en  restera  une  demi-once  d’imbibée , pouivu  qu  ou 


\ 


ÏL^MINTS  D £ PHAR1UCII.'  lBl 

ait  lait  choix  d un  sac  qui  ne  soit  pas  plus  grand  qu’il  ne 
faut. 

L’huile  de  semences  de  chénevis  est  adoucissante:  on 
la  fait  entrer  dans  des  lavements,  depuis  une  once  jus- 
qu a trois , pour  appaiser  les  coliques  et  les  ardeurs  de 
Vénus. 

Huile  de  noix.  J)es  provinces  entières  font  usage  de 
1 huile  de  noix  en  place  d’huile  d’olives.  Cette  huile  , prise 
en  lavement,  est  estimée  bonne  pour  soulager  les  coliques 
des  peintres  et  celles  qui  sont  occasionnées  par  des  chaux 
ou  des  préparations  de  plomb  qu’on  a avalées  par  négli- 
gence, ou  par  remede,  comme  l’ordonnent  beaucoup  de 
gens  qui,  sans  connoissance  , pratiquent  la  Médecine. 

La  dose  est  depuis  une  once  jusqu’à  quatre , mêlée  avec 

du  vui. 

Des  huiles  épaisses  des  végétaux. 


Beurre  de  cacao. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  cacao  des  Isles  ; 
on  le  met  dans  une  marmite  de  fer , on  le  rôtit  jusqu’à  ce  que 
1 ecorce  ligneuse  puisse  se  détacher  facilement  : on  l’écrase 
légèrement  sur  une  table  avec  un  rouleau  de  bois  pour  dé- 
tacher toutes  les  écorces;  on  les  secoue  dans  un  van  pour 
séparer  les  écorces  d’avec  les  amandes  casséps.  Alors  on 
les  pile  dans  un  mortier  de  fer  avec  un  pilon  de  même  mé- 
tal, qu  a bien  fait  chauffer  auparavant , jusqu’àce  qu’elles 
soient  réduites  en  pâte  molle  : on  broie  ensuite  cette  pâte 
sur  une  pierre  chauffée,  de  la  même  maniéré  qu’on  broie 
le  chocolat.  Lorsque  le  cacao  est  bien  broyé,  ouïe  fait 
bouillir  pendant  environ  une  demi-heure  dans  une  grande 
quantité  d eau  : ou  laisse  refroidir  le  tout  : et  on  ramasse  avec 
une  cuiller  ou  avec  une  écumoire  le  beurre  de  cacao  qui 
est  ige  a a surface  de  la  liqueur  : on  fait  encore  bouillir 
e marc  deux  fois  , ayant  soin  de  laisser  refroidir  et  de  ra- 
masser  chaque  fois.le  beurre  de  cacao  qui  se  trouve  figé, 
n lait  tondre  ensuite  ce  beurre  de  cacao  au  bain-marie  : on 
e laisse  se  figer  et  on  Bcnleve  pour  en  séparer  l’humidité  : 
apres  quoi  on  le  fait  fondre  et  on  le  coule  dans  une  bou- 

nf!  e °ni?,UeMt  Ctr01te’  clu’ori  tient  dans  l’eau  bouillante, 

'sedi?nUel  hne,ie?  .restant  <luekue  temps  fluide,  puisse 
sc  dépurer.  On  la  laisse  se  figer,  on  casse  la  bouteille,  ou 

M iij 


Vertus. 

Dose. 


Vertus. 


Dose. 


flS'2  ï L 1 M E N T 3 DE  PHARMACIE. 

sépare  le  beurre  d’avecles  fèces , et  on  le  purifie  uneseconde 
et  une  troisième  fois  de  la  même  maniéré  jusqu’à  ce  qu’il 
soit  net  , et  qu’il  ne  contienne  plus  de  parenchyme  de 
l’amande  de  cacao.  On  sépare  à chaque  purification  les  fè- 
ces qui  se  sont  précipitées.  On  peut,  pouraccélérerlapurihca- 
tion  du  beurre,  le  passerai!  travers  d’un  linge  fin  et  serré 
immédiatement  après  qu’on  l’a  séparé  de  son  humidité. 

Le  cacao  des  Isles  est  celui  qui  rend  le  plus  de  beurre  : 
la  quantité  qu’il  donne  est  d’autant  plus  grande,  qu’il  est 
plus  nouveau  ; le  beurre  qu’on  en  retire  est  également 
bon.  Le  cacao  des  Isles  est  âcre  quand  il  est  nouveau  ; mais 
le  beurre  ne  l’est  pas  une  livre  et  demie  de  cacao  nou- 
veau rend  sept  onces  deux  gros  de  bçurre  non  purifié,  et 
six  onces  et  demie  lorsqu’il  l’est. 

Le  beurre  de  cacao  est  adoucissant,  incrassant,  propre 
pour  les  maladies  de  la  poitrine  , pour  la  toux  seclie.  Ou 
le  fait  prendre  en  bols,  seul  ou  mêlé  avec  du  blanc  de  ba- 
leine et  du  fermés,  suivant  que  le  cas  le  requiert. 

,Vertus,  Le  beurre  de  cacao  s’emploie  aussi  à l’extérieur  pour 
adoucir  et  ramollir  la  peau. 

On  fait  encore  avec  le  beurre  de  cacao  des  suppositoi- 
res qui  conviennent  particulièrement  pour  adoucir  les 
douleurs  hémorroïdales;  on  introduit  aussi  ces  suppositoires 
dans  la  matrice,  pour  adoucir  les  douleurs  occasionnées  par 
l’âcreté  des  ulcérés, 

Remarques. 

r • 

On  peut  obtenir  le  beurre  de  cacao  de  beaucoup  de  manier 
tes  différentes  : mais  celle  que  nous  venons  de  proposer  est, 
préférable  , parcequ’elle  n’altere  en  rien  les  qualités  de 
cette  huile  ; au  lieu  que  par.  la  plupart  des  autres  mé- 
thodes dont  nous  allons  parler  on  lui  fait  toujours  éprou- 
ver des  degrés  de  chaleur  qui  l’alterent  et  développent  son 
acide,  si  ce  n’est  cependant  la  méthode  suivante  , qui  est 
aussi  bonne  que  la  précédente.  On  pulvérise  giossferemenÇ 
le  cacao  , au  lieu  de  le  réduire  en  pale:  on  le  met  dans  un 
sac  de  toile  de  coutil , et  an  le  plonge  dans  de  1 eau  qu’on 
entretient  bouillante,  jusqu’à  ce  que  le  cacao  soit  écha  Hé 
également  : alors  on  met  le  sac  a la  presse  entre  des  ua- 
ques  de  fer  chauffées  à la  chaleur  de  l’eau  bouillante  : 1 ^au 
qui  est  entrée  dans  le  s^c  sort  avec  l’huile  qui  n a pas  le  temps 


Iléments  DE  P H A R M A C I Ii  l53 

3e  se  figer:  on  exprime  jusqu’à  ce  qu’il  ne  sorte  plus  rien  du 
sac.  On  fait  bouillir  le  sac  avec  son  marc  encore  une  fois, 
et  on  l’exprime  de  nouveau  pour  retirer  ce  qui  peut  être  resté 
de  beurre  de  cacao.  On  le  purifie  ensuite,  comme  nous  l’a- 
vons dit  précédemment.  Lorsqu’on  emploie  cette  seconde 
méthode,  il  ne  faut  pas  que  le  cacgo  soit  broyé,  parcequ’il 
boucheroit  les  pores  du  linge  et  empêcheroit  qu’on  ne  pût 
l’exprimer , et  aussi  à cause  d’un  mucilage  assez  considé- 
rable qui  se  délaie;  ce  qui  oblige  d’exprimer  doucement, 
sans  quoi  on  feroit  crever  le  sac. 

Un  troisième  moyen  qu’on  emploie  pour  obtenir  Phuile 
de  cacao,  consiste  à le  soumettre  à la  presse  entre  des  pla- 
ques chauffées,  immédiatement  après  qu’on  l’a  réduit  en 
pâte  dans  un  mortier  de  fer  chauffé.  Ce  moyen  est  moins 
long  que  les  précédents  ; mais  le  beurre  qu’on  obtient  est 
un  peu  moins  blanc. 

Il  y a des  fabricants  de  chocolat  qui  tirent  une  certaine 
quantité  de  beurre  du  cacao  avec  lequel  ils  doivent  former 
du  chocolat  : ils  mettent  la  pâte , avant  qu’elle  soit  broyée  , 
sut  une  pierre  inclinée  et  chauffée  : par  ce  moyen  , le  beurro 
coule  doucement , et  il  se  trouve  presque  tout  purifié  ; mais 
cette  quantité  de  beurre  séparé  du  cacao  est  aux  dépens 
de  la  bonté  du  chocolat.  Us  remplacent  l’huile  qu’ils  en 
ont  séparée  par  d’autres  substances  dont  nous  parlerons 
ailleurs.  Ils  falsifient  ensuite  ce  beurre  en  le  mêlant  avec  une 
certaine  quantité  de  suif  de  mouton,  récemment  préparé 
et  qui  n’a  point  d’odeur.  1 1 

Le  beurre  de  cacao  a une  consistance  un  peu  plus  ferme 
que  celle  du  suif  de  mouton  ; mais  il  se  liquéfie  plus  faci- 
lement que  lui  dans  les  mains:  pour  peu  qu’elles  soient 
chaudes , il  graisse  a-peu-pres  aussi  facilement  que  le  beurre 

Cette  substance  est  sujette  à se  rancir  comme  toutes  les 
autres  huiles  et  graisses  : lorsqu’elle  est  dans  cet  état,  on  ne 
doit  jamais  1 employer  en  Médecine.  Ce  beurre,  quoique 
très  rance  , ne  perd  rien  de  sa  consistance , mais  il  acquiert 
beaucoup  de  blancheur.  J’en  ai  fait  des  bougies  moulées 
comme  on  fait  les  chandelles  avec  le  suif:  cette  espece  de 
bougie  étoit  aussi  belle  que  celle  de  cire:  elle  étoit  un  peu 
plus  sonnante:  la  lumière  qu’elle  répandoit  étoit  nette 
pure  et  tranquille,  comme  celle  de  la  cire.  Une  de  ces 
bougies  ; pesant  une  once , a duré  aussi  long-temps  qu’une 

M ir 


1 84  hïMINTS  DE  PHARMACIE,' 

chandelle  de  suif  qui  pesoit  une  once  et  demie:  Tune  et 
l’autre  avoient  la  même  quantité  de  brins  de  coton  pour 
meche  , et  elles  étoient  aussi  de  la  même  grosseur;  la  chan- 
delle de  'suif  étoit  seulement  plus  longue':  la  durée  de  l’une 
et  de  l’autre  a été  de  quatre  heures;  d’où  il  résulte  qu’on 
peut  faire  de  très  belle  et  de  très  bonne  bougie  avec  le 
beurre  de  cacao  : ce  qui  peut  être„d’un  grand  secours  dans 
les  disettes  de  cire;  du  moins  les  gens  des  pays  où  vient 
le  cacao  pourroient  l’employer  à cet  usage.  Cette  espece  de 
bougie  seroit  toujours  beaucoup  plus  chere  ici  que  celle  de 
cire  ; mais  cette  observation  peut  avoir  son  application  pour 
d’autres  fruits  qui  fournissent  des  huiles  aussi  solides  , 
comme  les  anacardes  et  plusieurs  autres  dont  on  11e  fait 
aucun  usage,  et  qu’on  pourroit  cultiver  dans  ce  dessein. 

Huile  épaisse  de  noix  muscades , 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  bonnes  muscades  : 
on  les  pile  dans  un  mortier  de  fer  un  peu  chauffé,  jusqu’à 
ce  qu’elles  soient  réduites  en  pâte:  on  les  enferme  dans 
un  morceau  de  toile  de  coutil , et  on  les  soumet  à la  presse 
entre  des  plaques  de  fer  un  peu  chauffées:  l’huile  qui  corde 
se  fige  en  se  refroidissant  : on  la  ramasse,  et  on  la  fait  fon- 
dre à la  chaleur  du  bain-marie  pour  la  réduire  en  masse 
afin  qu’elle  se  conserve  mieux:  c’est  ce  que  l’on  nomme 
imite  épaisse  de  muscades  ; elle  a une  consistance  à-peu- 

Vertus  Pr^s  semblable  à celle  du  suif  de  bœuf. 

L’huile  de  muscades  est  fort  stomacale  appliquée  ex  té. 

Po$e.  rieurement  ou  donnée  intérieurement.  La  dose  est  depuis 
quatre  grains  jusqu’à  dix  dans  un  bouillon,  ou  dans  une 
autre  liqueur'convenable.  On  la  fait  entrer  dans  des  pom- 
mades et  liniments  , comme  fortifiante  et  nervale, 

R E M A R q u e s. 

Les  muscades  contiennent  deux  sortes  d’huiles  bien  dis- 
tinctes l’une  de  l’autre.  La  première  est  une  huile  essen- 
tielle fluide  qui  se  volatilise  au  degré  de  chaleur  de  l’eau 
bouillante,  et  qui  a beaucoup  d’odeur.  La  seconde  estime 
huile  épaisse  comme  le  beurre  de  cacao,  et  qui,  à propre» 
ment  parler,  n’a  point  d’odeur;  mais  elle  en  conserve  toujours 
tin  peu  ; même  après  qu’on  a séparé , par  la  distillation 


Eléments  de  pharmacie.  i 85 

I eau , 1 huile  essentielle  quelle  contient,  parceque  cette 
séparation  ne  peut  pas  se  faire  bien  exactement.  Quelques 
personnes  recommandent  d’échauffer  les  muscades  à la  va- 
peur de  l’eau  bouillante,  après  qu'elles  sont  pilées;  mais 
j ai  remarqué  qu’il  étoit  plus  commode  et  plus  sûr  de  les 
piler  dans  un  mortier  chauffé  modérément,  afin  de  ne 
point  faire  dissiper  l’huile  essentielle  qui  est  la  plus  efficace. 
L’huile  de  muscades,  de  laquelle  on  a séparé  l’huile  es- 
sentielle, est  plus  épaisse:  ceux  qui  la  préparent  en  grand 
la  meient  avec  un  peu  de  sain-  doux  pour  lui  donner  à-peu- 
près  la  consistance  qu’elle  doit  avoir  ; mais  cette  fraude  est 
facile  à reconnoitre , en  ce  que  cette  huile  de  muscades, 
ainsi  altérée  et  ialsihée , a moins  d’odeur. 

Huile  cle  laurier. 


On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  baies  de  laurier 
récentes  et  dans  leur  parfaite  maturité:  on  les  pile  dans 
un  moi  tier  de  marbre  avec  un  pilon  de  bois:  on  les  fait 
bouillir  dans  une  suffisante  quantité  d’eau  pendant  envi- 
ron une  demi-heure  ; mais  dans  un  vaisseau  suffisamment 
clos,  pourqu  il  ne  se  lasse  que  peu  ou  point  d’évaporation. 
On  passe  la  liqueur  tandis  qu’elle  est  bouillante,  avec 
foi  te  expression  : on  la  laisse  refroidir  : on  ramasse  à sa  sur- 
face une  huile  verte,  odorante,  et  qui  est  d’une  consis- 
tance de  beurre.  On  pile  le  marc:  on  le  fait  bouillir  de  nou- 


veau, et  on  en  tire  encore  de  l’huile  en  exprimant  le  marc, 
et  en  laissant  refroidir  la  liqueur:  on  mêle  cette  huile  avec 
la  première  ; c’est  ce  que  l’on  nomme  huile  de  laurier. 

L’huile  de  laurier  raréfie,  ouvre,  amollit  et  fortifie  les  .Von, 
nerfs  : on  s en  sert  à l’extérieur  pour  la  paralysie , pour  la 
foiblesse  oes  nerfs,  pour  résoudre  les  tumeurs,  pour  les 
catairhes,  pour  la  goutte  sciatique,  pour  la  colique  ven- 
teuse: on  eu  frotte  chaudement  les  parties:  on  en  mêle 
aussi  dans  les  lavements,  depuis  deux  gros  jusqu’à  six:  Dos 
on  peut  meme  en  faire  prendre  quelques  gouttes  par 


« 


R E 


marques. 


L huile  de  laurier  est  à-peu-près  dans  le  même  cas  que 
1 mule  de  muscades  dont  nous  venons  de  parler:  elle  con- 
tient une  petite  quantité  d’huile  essentielle  qui  peut  s’élc- 


lS6  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

ver  au  degré  de  chaleur  de  l’eau  bouillante:  c’est  pour- 
quoi il  est  bonde  ne  point  la  laisser  se  dissiper  pendant  la 
décoction  des  baies.  On  doit  même  laire  cette  décoction 
dans  un  alambic , afin  de  recueillir  la  portion  qui  s’élève 

four  la  mêler  ensuite  avec  celle  qui  surnage  la  décoction. 

,a  meilleure  huile  de  laurier  est  contenue  dans  l’écorco 
des  baies  , suivant  la  remarque  de  Lemery.  Ceux  qui  veu- 
lent l’avoir  parfaite  ne  pilent  point  les  baies,  afin  que 
l’huile  des  noyaux  ne  se  mêle  point  avec  elle.  On  ne  lire 
ordinairement  qu’une  petite  quantité  d’huile.  On  nous  en- 
voie cette  huile  toute  préparée  du  Languedoc,  d’Italie, 
et  d’autres  pays  chauds  où  il  croît  beaucoup  de  lauriers; 
mais  la  plus  grande  quantité  d’huile  de  laurier  qu  on  em- 
ploie dans  la  Pharmacie  n’a  point  été  préparée  comme  nous 
venons  de  le  dire:  on  la  prépare  avec  des  feuilles  et  des 
baies  de  laurier  et  du  sain-doux,  comme  nous  le  dirons  à 
l’article  des  onguents.  ' 

De  la  préparation  des  graisses  des  animaux  , en  pre- 
nant celle  de  porc  pour  exemple. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  graisse  de  porc  , 
que  l’on  nomme  panne  : ou  en  sépare  la  membrane  adi- 
peuse qui  est  à la  surlace:  on  coupe  la  graisse  par  mor- 
ceaux: on  la  pétrit  dans  de  l’eau  très  pure,  en  la  maniant 
entre  les  mains,  afin  de  délayer  dans  l’eau  le  sang  caillé 
qui  se  trouve  dans  les  petits  vaisseaux:  on  change  l’eau  de 
temps  en  temps , ce  que  l’on  continue  jusqu’à  ce  que  la 
derniere  eau  en  sorte  sans  couleur:  alois  on  tue  la  graisse 
de  l’eau  : on  la  fait  fondre  à une  douce  chaleur;  et  on  la 
laisse  sur  le  feu  jusqu’à  ce  que  de  blanche  et  laiteuse 
qu’elle  est  d’àbord , elle  devienne  parfaitement  claire  et 
transparente  , et  qu’en  en  jetant  quelques  gouttes  caiis  le  feu. 
elle  ne  pétille  plus  : c’est  à ces  signes  qu’on  reconnoît  que 
la  graisse  fondue  ne  contient  plus  d humidité:  alors  on  la 
coule,  en  la  passant  à travers  un  linge  bien  serré,  sans 
l’exprimer.  On  fait  refondre  les  portions  de  graisses  qui  ne 
se  sont  point  liquéfiées  à la  première  opération , en  y ajou- 
tant un  peu  d’eau;  et  lorsque  celte  graisse  est  londuo 
comme  la  précédente , et  qu’elle  est  devenue  bien  claire,  ou 
la  coule  de  la  même  maniéré.  On  continue  ainsi  jusqu  à 
ce  que  toute  la  graisse  soit  fondue,  et  qu’il  ne  reste  plus 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.'  1 87 

(]uc  les  membranes  adipeuses  , séchées  et  rôties  , qu’on 
exprime  fortement  a la  deroiere  opération.  On  met  à 
paît  cette  derniere  portion  de  graisse,  parcequ’elle  est 
coloree  par  les  membranes  qui  ont  été  rôties:  elle  est  aussi 
bonne  que  la  première;  mais  on  ne  l’emploie  que  dans  des 
préparations  ou  la  couleur  est  indifférente.  On  verse  la 
graisse,  tandis  quelle  est  encore  chaude  et  liquide,  dans 
ries  pots  de  faïence,  afin  qu’en  se  figeant  dans  ces  vases, 
elle  11e  laisse  aucune  ouverture  autour  d’elle  par  où  l’air 
puisse  pénétrer  son  intérieur;  ce  qui  la  feroit  rancir  et 
jaunir  plus  promptement. 

Si  1 on  emploie  cent  livres  de  panne,  on  retire  ordinaire- 
ment quatre-vingt-douze  livres  de  graisse  fondue. 

b-a  graisse  de  porc  ainsi  préparée  est  amollissante,  ano-  ^erlus* 
.inc , résolutive,  adoucissante,  étant  appliquée  à l’exté- 
îieut  : donnée  a la  dose  d une  once  en  lavement,  elle  est  J:>e* 
nn  grand  adoucissant  dans  les  coliqups,  les  tenesmes,  etc. 


Remarque  s. 

T,a  graisse  de  porc  fait  la  base  de  la  plupart  des  onguents 
dont  nous,  parlerons  à 1 article  des  médicaments  externes 
composes.  C est  une  substance  huileuse  qui  abonde  bcau- 
< oup  en  acide,  et  qui  fournit,  par  l’analyse  chymique, 
les  memes  principes  que  les  huiles  végétales.  Cette  sub- 
stance, quoique  tirée  des  animaux,  n’est  nullement  ani- 
maliséc  : elle  a conservé  dans  le  corps  de  l’animal  tous  les 
caractères  des  huiles  végétales.  On  peut  dire  la  meme  chose 
u suif  et  de  la  moelle,  qui  n’eu  different  en  aucune  ma- 
niéré de  ce  coté-là.  I outes  ces  graisses  ne  different  les  unes 
des  autres  que  par  la  consistance  qui  est  plus  ou  moins 
ferme  ; ce  qui  vient  vraisemblablement  des  différentes  pro- 
portions de  leurs  principes,  ou  de  la  maniéré  dont  ces 
memes  principes  sont  combinés. 

. Plupart  des  graisses  , quoique«tou  jours  figées,  sernn- 
• cissent  néanmoins  plus  promptement  que  plusieurs  huiles 
végétales,  comme  celles  d’olives  et  de  ben  qui  se  figent 
facilement,  ce  qui  semblerait  contredire  ce  que nous  avons 
avancé  précédemment:  mais  il  paraît  qu’on  peut  attribuer 
ces  différences  à l’élaboration  que  ces  substances  huileuses 
ont  subie  dans  le  corps  de  l’animal , et  à l’arrangement  des 
principes,  qui  est  différent.  L’acide,  dans  les  graisses  ani- 
males. se  développe  plus  facilement  par  l’action  combinée 


* 


ï SS  £ l £ M EN  T S DE  PHARMACIE. 

de  l’air  et  de  l’eau  -,  ce  qu’on  reconnoit  par  l'odeur  rance 
qu’elles  acquièrent  en  fort  peu  de  temps  , sur-tout  lorsqu’en 
les  préparant  on  n’a  pas  fait  dissiper  entièrement  toute  l’hu- 
midité. C’est  pour  cette  raison  que  noi5s  avons  recom- 
mandé de  ne  couler  la  graisse  que  lorsqu’elle  en  est  entiè- 
rement privée,  et  de  la  laisser  se  figer  dans  les  pots  où  l’on 
veut  la  conserver  , afin  qu’en  remplissant  exactement  toute 
la  capacité,  l’air  ne  puisse  pénétrer  dans  son  intérieur. 
Mais  malgré  toutes  ces  précautions,  la  graisse  de  porc  , 
comme  toutes  les  autres,  rancit  toujours  au  bout  de  deux 
années  , quelque  bien  préparée  qu’elle  soit  ; ce  qui  n’arrive 
pas  aux  huiles  auxquelles  nous  les  comparons. 

L’eau  qu’on  mêle,  en  faisant  fondre  les  graisses  , est  des- 
tinée à empêcher  qu’elles  11e  roussissent  pendant  leur  liqué- 
faction: cela  forme  une  sorte  de  bain-marie.  Lorsque  celle 
de  porc  a#été  préparée  comme  il  convient,  elle  est  très 
ferme  et  parfaitement  blanche , à l’exception  de  la  derniere 
portion  qui  est  toujours  un  peu  rousse. 

On  ne  doit  jamais  employer  dans  les  préparations  de 
Pharmacie  la  graisse  ou  sain-doux  tout  préparé  que  vendent 
les  charcutiers  : c’est  un  amas  de  graisses  de  toute  espece: 
elle  est  ordinairement  mêlée  de  la  graisse  salée  qui  sort 
pendant  la  cuite  du  petit-salé  : elle  a l’odeur  de  graisse  de 
rôti:  ils  y mêlent  d’ailleurs  la  plus  grande  quantité  d’eau 
qu’ils  peuvent,  en  l’agitant  dans  l’eau,  afin  de  la  blanchir 
après  qu’elle  est  fondue. 

On  peut  préparer  de  la  même  maniéré  que  nous  l’avons 
dit  toutes  les  graisses  des  autres  animaux.  Cependant  on 
ne  lave  pas  ordinairement  celles  qui  sont  rares  et  cheres , 
comme  celle  de  viperes  , à moins  qu’on  n’en  ait  une 
grande  quantité  : ainsi  on  se  contente,  pour  l’ordinaire  , 
de  les  liquéfiera  une  douce  chaleur,  pour  les  priver  de  toute 
humidité  : on  les  passe  ensuite  à travers  un  linge  en  les 
exprimant  suffisamment. 

Toutes  les  graisses  ne  sont  pas  d’une  consistance  sem-. 
blable  : les  unes  en  ont  beaucoup,  comme  celle  de  mou- 
ton : les  autres  restent  presque  toujours  fluides  , comme 
crdle  de  plusieurs  poissons  : d’autres  ne  se  figent  qu’en 
partie,  comme  celle  de  viperes;  ce  qui  pourrait  faire 
soupçonner  d’abord,  si  Ion  n’avoit  point  de  pareils 
exemples  dans  la  plupart  des  huiles  fluides  végétales  dont 
nous  venons  de  parler , que  celte  derniere  serait  sous 
deux  clats  différents. 


ÉLÉMENTS  D 


E PHARMACIE. 


*8f 


Huile  d'œufs . 

On  fait  durcir  des  œu  fs  : on  en  sépare  ensuite  les  jaunes  • 
on  les  met  dans  une  poêle  de  fer  ou  dans  un  poêlon  d’arl 
gent:  on  les  fait  dessécher  sur  un  feu  doux,  en  les 
remuant  sans  discontinuer , et  les  écrasant  pour  les  diviser 
et  les  émietter.  Lorscju  ils  sont  bien  secs  , on  augmente  un 
peu  la  chaleur , en  prenant  garde  de  ne  les  point  faire 
roussir:  ils  se  gonflent  prodigieusement,  et  se  liquéfient 
beaucoup  : lorsqu’on  les  a tenus  sur  le  feu  pendant  quel- 
ques minutes  en  cet  état,  on  les  met  promptement  dans 
un-sac  de  toile  forte,  et  on  les  soumet  à la  presse  entre 
des  plaques  de  fer  chauffées  dans  de  l’eau  bouillante.  Il 
sort  une  huile  d’un  jaune  doré,  d’une  odeur  agréable  et 
d une  saveur  très  douce;  c'est  ce  que  l’on  nomme  'huile 
a œufs  : de  cinquante  jaunes  d’œufs  on  tire  ordinairement 
cinq  onces  d’huile. 

Cette  huile  est  très  adoucissante  pour  la  peau,  pour  Vertus  : 
ehacer  les  cicatrices,  pour  empêcher  les  cavités  de  la 
petite  vérole  de  paroi tre  , pour  les  crevasses  du  sein  et  des 
mains,  et  pour  la  brûlure. 

Remarques. 


Les  jaunes  d’œufs,  immédiatement  après  qu’ils  sont 
cuits,  contiennent  beaucoup  d’humidité;  elle  tient  la 
matière  mucilagineuse  dans  un  degré  de  consistance  conre- 
nable  pour  empecher  l’huile  de  se  séparer;  mais  à mesure 
qu  elle  se  dissipe,  1 huile  sort  de  ses  cellules,  et  on  l’obtient 
facilement.  On  doit  bien  prendre  garde  de  rôtir  et  de. 
br-Liler  les  jaunes  d’œufs  en  les  desséchant,  sans  ouoi 
I huile  qu  ontireroit  seroit  rousse  et  de  mauvaise  odeur 

(Quelques  personnes  falsifient  cette  huile  en  v mêlant 
de  1 huile  grasse  colorée  avec  de  la  racine  de  curcuma. 

Des  sucs  résineux,  des  résines  eù  baumes  naturels. 

Si  je  place  ici  les  résines  et  les  baumes  naturels  à la 
suite  des  huiles  grasses  des  végétaux  et  des  graisses  des 
animaux,  ce  n’est  pas  que  je  pense  que  cesCbstances 
liui  soient  entièrement  semblables;  au  contraire,  je  sais 


190  S-  L £ K N T S DE  PHARMACIA 

qu’elles  en  different  essentiellement;  mais  comme  elles 
leur  ressemblent  beaucoup  par  un  certain  nombre  de 
propriétés  communes,  j’ai  cru  devoir  les  placer  à leur 
suite.  J’ai  déjà  fait  connoitre  précédemment  une  partie  des 
propriétés  générales  de  ces  substances  , et  en  quoi  elles 
different  des  huiles  et  des. graisses  proprement  dites;  mais 
il  reste  encore  un  grand  nombre  d’autres  propriétés  à 
examiner  par  lesquelles  elles  en  different.  Cet  examen 
nous  entraineroit  dans  des  détails  chymiques  qui  seroient 
trop  longs  et  déplacés  dans  un  ouvrage  comme  celui-ci  : 
ainsi  je  me  bornerai  à rapporter  seulement  les  préparations 
qu’on  fait  de  ces  substances,  et  qui  sont  du  ressort  de  la 
Pharmacie  proprement  dite. 

Lotion  de  la  térébenthine , ou  térébenthine  lavée, 

La  lotion  de  la  térébenthine  se  fait  moins  pour  en 
séparer  les  impuretés  que  pour  la  durcir.  On  prend  la 
quantité  que  l’on  veut  de  térébenthine  bien  claire  : 011 
l’agite  dans  l’eau  avec  un  bistortier  de  bois  ou  avec  une 
spatule  d’ivoire,  ayant  soin  de  changer  l’eau  de  temps  en 
temps.  La  partie  huileuse  la  plus  subtile  ou  l’huile 
essentielle  s’évapore  en  partie,  taudis  qu’une  portion  se 
dissout  dans  l’eau  sans  troubler  sensiblement  sa  trans- 
parence. On  s’apperçoit  de  la  portion  qui  est  dissoute 
dans  l’eau  par  l’odeur  et  la  saveur  qu’acquiert  cette  même 
eau.  La  térébenthine  devient  blanchâtre  par  l’interposition 
d’une  petite  quantité  d’eau  et  d’air  oui  se  mêle  avec  elle  ; 
mais  elle  s’en  sépare  par  le  repos  : quelques  jours  après, 
la  térébenthine  redevient  presque  aussi  claire  et  aussi 
transparente  qu  elle  etoit  auparavant. 

Le  but  qu’on  se  propose  dans  cette  opération , est  de 
durcir  un  peu  la  térébenthine  pour  la  rendre  plus  facile  à 
prendre  en  pilules  : mais  elle  est  néanmoins  encore  trop 
fhiicîe  : on  est  obligé,  pour  remplir  cette  intention, 
d’avoir  recours  aune  opération  que  l’on  nom  me  coction  de 
la  térébenthine,  pqj  laquelle  on  fait  dissiper  une  plus 
grande  quantité  de  son  huile  essentielle. 

Coction  de  la  térébenthine , ou  térébenthine  cuite. 

On  met  la  quantité  que  I on  veut  de  térébenthine  dans 


Eléments  de  pharmacie.  191 

nue  bassine  d’argent,  ou  , à son  défaut,  dans  une  terrine 
vernissée  , avec  trois  ou  quatre  fois  sou  poids  d’eau  : on 
fait  bouillir  le  tout  jusqu’à  ce  que  la  térébenthine  ait  acquis 
aine  consistance  assez  ferme  pour  pouvoir  en  former  des 
pilules:  ce  que  l’on  reconnoît  en  faisant  refroidir  de  temps 
eu  temps  un  peu  de  cette  térébenthine  dans  de  l’eau  froide. 

Les  pilules  de  térébenthine  sont  sujettes  à se  ramollir  et 
a se  réunir  en  une  seule  masse  quelque  temps  apres 
qu’elles  ont  été  formées.  Plusieurs  personnes,  pour  pré- 
venir cet  inconvénient,  sont  dans  l’usage  de  mêler  la 
térébenthine,  après  qu’elle  est  cuite  et  séparée  de  l’eau, 
avec  des  poudres  appropriées,  comme  celles  de  réglisse, 
de  guimauve  et  d’amidon  , et  quelquefois  des  poudres 
purgatives  j lorsque  le  cas  le  requiert. 

La  térébenthine  lavée  ou  cuite  est  apéritive,  propre  Vertes; 
pour  la  pierre,  pour  la  gravelle,  pour  les  gonorrhées, 
pour  les  ulcérés  du  rein  , de  la  vessie  et  de  la  matrice.  La  Dose, 
dose  est  depuis  un  scrupule  jusqu’à  une  dragme. 

L’urine  de  ceux  qui  ont  pris  de  la  térébenthine  sent  la 
violette  ; et  même  l’ urine  t es  peintres  et  des  vernisseurs 
qui  emploient  beaucoup  d’essence  de  térébenthine,  a fort 
souvent  celle  odeur  : cela  vient  de  celle  qui  se  réduit  eu 
vapeur,  et  qu’ils  respirent  avec  l’air.  La  térébenthine 
occasionne  à certaines  personnes  qui  en  font  usage,  des 
maux  de  tête  considérables  : lorsque  ces  accidents  ar- 
rivent, ou  leur  en  fait  prendre  de  moindres  doses,  ou  ou 
Joui  en  fait  discontinuer  l’usage  , et  ou  a recours  à d’autres 
reinedes. 

Purification  du  styrax  liquide. 

T. a purification  eu  styiax  liquide  consiste  a le  debarrasser 
des  impuretés  qui  lui  sont  ordinairement  mêlées. 

O11  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  styrax  liquide  : 
on  le  liquéfie  un  peu  par  le  moyen  d’une  douce  chaleur  : 
on  le  passe  ensuite  au  travers  d’un  tamis  de  crin  médiocre- 
ment serré  , en  le  frottant  légèrement  avec  une  spatule  do 
bois  : on  le  serre  dans  un  pot  de  faïence  avec  un  peu 
d eau , ahn  qu’il  ne  se  desseche  point  à la  surface. 

Le  styrax  liquide  11e  s’emploie  que  pour  l’e&térieur.  Il  v, 
est  incisif,  atténuant,  émollient  et  fort  résolutif:  il  est 
vulnéraire,  nerval  , et  résiste  à la  gangrener  il  fortifie 
le  cerveau  par  sou  odeur. 


Iÿ2  ÉLÉMENTS  DE  F H A R M A C I I» 

JD  es  sels  essentiels  des  sucs  inflammables  «. 

La  raison  qui  nous  a fait  placer  à*la  suite  des  sites 
aqueux  les  sels  essentiels  qu’on  en  retire  , est  la  même 
qui  nous  engage  à parler  immédiatement  après  la  prépara- 
tion des  sucs  inllammables , des  matières  salines  que 
fournissent  ces  sucs  , d’autant  plus  que  les  moyens  qu’on 
emploie  pour  les  obtenir  sont  aussi  simples  que  ceux  qu’on 
met  en  usage  pour  se  procurer  les  sels  essentiels  des  sucs 
aqueux. 

Le  principe  salin  dans  les  sucs  huileux  n’est  ni  aussi 
libre  , ni  ne  se  laisse  appercevoir  avec  la  même  facilité  que 
dans  les  sucs  aqueux.  Les  sels  que  les  substances  inflam- 
mables fournissent  sont  aussi  d’une  nature  bien  différente, 
comme  nous  nous  en  assurerons  par  leurs  propriétés.  Parmi 
les  sucs  inflammables  , il  n’y  a que  les  résineux  qui  en  four- 
nissent une  quantité  très  sensible;  et  il  n’y  a dans  cette 
derniere  classe  que  ceux  qui  sont  très  odorants  qui  rendent 
une  espece  de  sel  volatil  huileux,  connu  sous  fe  nom  de 
fleurs.  Tel  est,  par  exemple,  celui  qu’on  retire  du  benjoin 
par  sublimation.  On  croit  communément  que  cette  résine 
est  la  seule  qui  fournisse  ainsi  du  sel  volatil;  mais  j’ai  re- 
marqué que  le  styrax  calamilhe  et  le  styrax  liquide  en 
produisent  de  semblable.  Peut-être  toutes  les  résines  très 
odorantes  sont-elles  dans  le  même  cas  , à l’exclusion  de 
toutes  les  substances  huileuses,  graisseuses  et  résineuses 
qui  n’ont  que  peu  ou  point  d’odeur;  du  moins  je  ne  sache 
pas  que  jusqu’à  présent  on  ait  tiré  aucun  sel  essentiel  crys- 
tallisable  des  autres  sucs  huileux:  mais  cependant  il  seroit 
ridicule  d’en  nier  la  possibilité. 

Peut-être  qu’on  y parviendroit  par  des  moyens  différents 
de  ceux  qu’on  a employés  jusqu’à  présent:  peut-être  aussi, 
et  il  y a lieu  de  le  présumer  , que  le  principe  salin  dans 
ces  substancesest  non  seulement  contenu  en  moindre  quarn 
tité  , mais  qu’il  y est  encore  combiné  d’une  maniéré  diffé* 
rente  , et  fixé  davantage  que  dans  les  lésines  odorantes  , ce 
qui  rend  son  extraction  très  difficile.  Au  contraire,  dans 
les  résines  odorantes  , ce  principe  salin  est  tics  volatil  ; il 
paroît  y être  contenu  par  surabondance  , et  il  est  infini- 
ment plus  développé  et  plus  dispose  à se  séparer  de  la 
substance  purement  résineuse  ; puisqu’une  chaleur  mode- 


iLiMENTS  DE  PHARMACIE.  I93 

ree  suffit  Pour  *e  ddgager  sans  altérer  notablement  la  sub- 
stance  résineuse. 

Il  pareil  même  que  c’est  à ce  principe  salin , surabon- 
‘ dans  les  résinés  , et  tellement  combiné  avec  les  autres 
principes  qu  il  ne  peut  en  être  séparé  entièrement,  qu’on 
doit  rapporter  leur  odeur  plus  forte  que  celle  des  autressucs 
lullaminables.  Quoi  qu’il  e„  soit,  on  doit  regarder  les  ma! 
tiei es  saintes  qu  elles  fournissent  comme  ies  vrais  sels  es- 
s^ihel,  (les  substances  : ce  sont  des  sels  savonneux,  com- 
poses d huile  essentielle  très  ténue,  et  d’acide  volatil.  On 
peu  les  considérer  encore  comme  des  huiles  essentielles 
rendues  concrètes  par  l’acide  volatil.  Ces  sels  ont  beaucoup 
d analogie  avec  le  camphre  ; mais  Us  en  diffèrent  en  ce 

?e"ecoüleurs  bleSt  ^‘T  ^Ve'°Pp6’  et  V’*1  se  "'anifèste  sur 
les  couleurs  bleues  des  végétaux  qu’ils  rou frissent  • nm- 

prietés  que  n’a  point  le  camphre.  Les  sels  essentiels  defré- 

suies  di lièrent  aussi  considérablement  des  sels  essentiels  des 
sucs  aqueux,  eteugénéral , ils  participent  davantage  des  pro 
pi  i<  tes  des  substances  d’où  on  les  a tirés,  i Ils  sont  indam 
niables;  2°.  ils  ont  autant  d’odeur  que  les  su  bL^ices  qtii^es 
'ut  tournis  . 3°.  ils  sont  très  volatils  : 40.  iis  sont  dissolu 
blés  dans  toutes  les  liqueursinflammables  : toutes  propriétés 
que  11  om  point  les  sels  des  sucs  aqueux,  et  parhTelles 
s en  different  essentiellement;  mais  ils  y ressemblent  en 

et  qu’ii3—p- 

obtient  par  1 analyse  de  ce  bitume,  nous  renvoyons  à la 
thynue  expenmenmle  ci-devant  annoncée.  ' 

Fleurs  de  benjoin * 

On  met  deux  livres  de  benjoin  concassé  dans  une  terri-, 
vernissée,  peu  profonde  et  très  évasée;  on  la  couvre  d’n 
seconde  terrine  de  grès  : on  lute  les  ioh  tares  des 
terrmes  avec  du  papier  imbu  de  colle  de  farine  ou  d’il 
don  . on  place  les  vaisseaux  sur  un  fourneau  snfé  dmi‘ 
pour  que  la  terrine  entre  pre que  S ,nen  ZT 
fourneau  : ou  donne  à la  terri, 1 1 


Vertus . 
Dose. 


! Q L ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

peu  supérieur  à celui  de  l’eau  bouillante  : on  l’entretient  en 
cet  état  pendant  environ  deux  heures  ; on  laisse  ensuite 
re  rok  ir  es  vaisseaux  entièrement  : on  les  délule  avec  pre- 
caution  , afin  de  les  agiter  le  moins  qu’il  est  possible: on 
enleve  la  terrine  supérieure  : on  séparé  avec  la  barbe  d une 
plume  les  fleurs  de  benjoin  qui  se  sont  sl,1>  ™“s' 
réitéré  la  sublimation  jusqu  a ce  que  le  maie  ne  founr.s 

^Les  fleursde  benjoin  ont  une  odeur  forte,  piquante  mai, 

aSr.-fen  «1^  -m  Z S 

t rail  te.  611  estime  ces  fleurs  bonnes  pour  1 asthme  .pour 

ab-Ulre  les  vapeurs,  pour  les  palpitations,  pour  résister  au 
venin  La  dose  est  depuis  deux  grains  jusqu  a cinq . on 
Lit' murer  dans  des  bi>ls,  pilules  ou  oprats  afin  quêtant 
enveloppées,  elles  ne  picotent  point  ,a  goiDe. 

Remarques. 


ôtasse!».*» 

qui  est  absolu 11  . { Ue  résine  ne  souffre  point 

fleurs:  il  ne  se  sublime  rien , si  . ^ a continué  le  feu 

ce  léger  ramollissement.  Lo  q cri(  ;1  collvient  de 

pendant  le  s qui  viennent  les  dernières  sont 

le  cesser,  pareeqm  te  ,ors  ,e  le  feu  a été  trop 

rTsur  uTn^  de ^Popératlon.  Celles  qu’on  retire  à la 
fort  sur  la  P subliraation,  sont  encore  moins 

seconde  et  a la  tro  ,,  port;on  d’huile  essen- 

belles  : elles  sont  imprégnées  d 1 mmencement  de  dé- 

tielle  du  benjoin  , qui  P'?v‘  0n  eut  jes  avoir  aussi  belles 

composition  de  .nêlant'avec  vingt  ou  trente  fois 

e ';:rE3.s;:èi, . , ,,  « u,  l- — 

une  seconde  fois-  ]s  ,Qn  eut  employer  pour 

de  sel  volatil  du  benjoin , j’ai  reconnu 


Eléments  de  pharmacie.  105 
que  ce!,,;  que  j'ai  prescrit  est  le  meilleur  et  le  plus  cou, 
mode.  On  se  sert  ordinairement  d’un  pot  de  terre  plus  ou 
moins  grand  , dans  lequel  on  met  le  benjoin  concassé  • on 
le  recouvre  d’un  p„d  cornet  de  papier  ou  de  carton  'fait 

q d’elles  Te  TdT  T”  ’ ^ IeS  fIeilrs  à mesure 

q Clics  se  subliment  : ces  cornets  sont  fort  poreux  • il, 

léfre«TrTu\nr°dT!?USe  ‘JUa,ltitë  de  fleurs  ’ et  011  "*  peu t 

ICS  retirer  qu  en  déchiquetant  ces  cornets  qu’on  mêle  avec 

tion'-n'iais  on  n ^ T""  pr0Céder  enSuite  à la  suUima- 
on  . mais  ou  peut  éviter  cette  opération,  en  employant 

m vaisseau  sublimatoire  qui  ne  se  laisse  point  pénétrer 

^ TlTénxdr,neTntSUbsdtTdegraUdsPcon,elsde  t«ni 

modes  narceuu-T  ; ™a,S  lls  SOIlt  '“/ou*  moins  corn- 

memUrC  Zl  e,  ™ 17“  Pas  une  surface  suff.sam- 
de  o mer  ;Tr  T f ^ T dlaleiJr  4“’»»  eit  obligé 

Jr.cs5^/S5B  - *»  ~ 

poussé  un  peu  plus  fort  dans  ]TTTideSresUWlmaUOnS  ’ 61 
(le  bcnToin'élf  nTe"  117'"’  apriî.la Sub,imat;°n  <1 es  fleurs 

r lim  Pirl’’  ^re>  spongieux  , d une  couleur  brune-noi- 

semblable  L 1G  srande  quantité  de  sel  volatil 

7!:lti7Zsz 

loin  cette  analyse  parce, mVlT  n°  Slm'Ts  Pas  P*us 

des  (b4n'lc  r-i  • ’ p<]n  elle  nous  entraîneroit  cans 

objet  S Cl*ymKll,eS  T"  110115  éloigneraient  trop  de  notre 

étanîTTTeslmîiel  T'1.  'JT'0”'  être„C0I1f  lcrées  comme 
ble,  dissoluble  dans  IV  n?  J reS"le’  T sel  est  illflamma- 
’le  benjoin,  o Z M'1'''1  dans  I’fau-  Les  fleurs 
lant  argent  n • ma  Tn  ' ' ‘"’T  ’ S0’lt  d’1111  Manc  bril- 
lent d’tT  codeur  bra„Ce  7 7 7 ^7’  el 

outue , au  bout  de  quelque  temps,  à 

N i j 


J {)6  éléments  de  pharmacie» 
raison  d’une  substance  huileuse  rectifiée  qui  les  accom- 
pagne pendant  leur  sublima  lion.  Cette  huile  se  décompo- 
se "avec  la  plus  grande  facilité  par  le  contact  de  1 air , et 
devient  presque  noire.  C'est  elle  qui  donne  aux  fleurs  la 
couleur  brune  dont  nous  parlons.  On  a cherche  a remé- 
dier à cet  inconvénient,  en  sublimant  ces  fleurs  plusieurs 
fois  de  suite,  et  en  les  mettant  avec  du  sable  pour  absorber 
cette  huile.  Ces  moyens  sont  longs , et  occasionnent  beau- 
coup de  déchet.  Je  n’en  ai  pas  trouvé  de  meilleur  que  ce- 
lui de  les  purifier  par  dissolution  dans  l'eau,  filtration  et 
crvstallisation  de  la  maniéré  suivante.  . . 

T’ai  fait  dissoudre  vingt-cinq  onces  de  fleurs  de  benjoin, 
qui  avoie.it  besoin  d'être  purifiées  , dans  une  suffisante 
quantité  d’eau  : j’ai  filtré  la  liqueur  : elle  a passe  fort  claire , 
légèrement  rousse:  elle  a fourni  par  le  refroidissement 
beaucoup  de  fleurs  de  benjoin  cristallisées  en  aiguilles  , 
d'un  blanc  brillant  et  argentin,  comme  si  elles  eussent  été 
sublimées.  La  liqueur,  remise  a évaporer  , s est  troublée  a 
raison  de  limite  que  les  fleurs  contenoient , et  qui  s est  dé- 
composée. J’ai  filtré  celte  liqueur:  elle  a loiirni  de  nou- 
veaux crystaux  ; mais  ils  étoient  en  petites  écaillés  , sem- 
blables à ceux  de  sel  sédatif  sublimé  , et  de  couleui 

'b’e-  fleurs  de  benjoin  sont  peu  dissolubles  dans  l’eau  ; 
dixVvtes  et  demie  d’eau  bouillante  n’en  peuvent  dissou- 
te que  quatre  onces  : elles  se  crystall.sent  par  le  refroi- 
disseme.it , pareeque  l’eau  froide  n en  peut  tenir  autant 
en  dissolution  que  l’eau  bouillante.  Les  fleurs  de  benjoin, 
purifiées  par  ce  procédé  , sont  dépouillées  de  toute  leur 
huile  surabondante  : elles  sont  tort  belles  , et  ne  changent, 
L à l’air.  Vingt-cinq  onces  de  fleurs  de  benjoin  ordi- 
naire m’ont  rendu  vingt-une  onces  de  fleurs  de  benjoin 
crvstallisées  et  très  belles.  L’eau  qu’on  emploie  Pollr 
n unification  ne  sert  que  d’intermede  et  connue  de  dcsol- 
h,,t  à cette  matière  saline  ; il  n’en  entre  point  dans  la 
composition  des  crystaux. 


Des  sucs  laiteux  et  des  gommes-résines. 


Les  sucs  laiteux  sont  ainsi  nommés  , pareequ’ils  ressent- 
blerft  au  lait  des  animaux , ou  aux  émulsions  : ce  sont  en 
effet^des  émulsions  naturelles.  Toutes  bqueurs  se  res- 


K I J.  M ï N T S r>  E PHARMACIE.  1 Ç? 

semblent  par  plusieurs  propriétés  générales,  mais  aussi 
elles  différent  considérablement  parleurs  propriétés  par- 
ticulières : elles  sont  toutes  composées  de  substances  hui- 
leuses, résineuses,  gommeuses  et  extractives. 

La  substance  résineuse  se  trouve  unie  et  dissoute  en 
quelque  sorte  dans  le  principe  aqueux  de  ces  mêmes  sucs 
par  i intermede  des  matières  gommeuses,  mucilagineuses , 
extractives  et  salines  , de  la  même  maniéré  que  le  beurre 
dans  le  lait  des  animaux  , se  trouve  uni  à l’eau  par  les  sels 
et  par  la  pâme  fromageuse  ; ainsi  que  l’huile,  dans  les 
émulsions , se  trouve  unie  à l’eau  par  l’intefmede  des  mu- 
coures  , etc.  1!  y a un  grand  nombre  de  végétaux  qui 
fournissent  un  suc  laiteux  : ceux  de  ce  pays-ci  sont  les  ti- 
thymales  et  les  chicorées  qui  le  donnent  blanc,  la  chéli- 

üomequi  le  donne  jaune,  etc.:  mais  on  n’en  fait  aucun  usage, 

parcequ  1 s sont  remplaces  par  ceux  qui  nous  viennent 
des  pays  étrangers,  et  qui  sont  plus  efficaces.  Ordinaire- 
ment on  nous  les  envoie  tout  desséchés,  apparemment 
pour  la  commodité  du  transport,  ou  parcequ’on  ne  pour- 
iou  les  employer  dans  leur  état  de  liquidité.  Ces  sucs 
desséchés  , portent  le  nom  Jegommes'-rSs/nes  ; tels  sont  la 

”Zhei.ia  SnaiT01îCÎe’Ie  Salbanum,le  sagapemmi,  l’opo- 
panax,  i euphorbe,  la  gomme  ammoniac,  l’oliban  , etc. 

Saf  S.on}  tl.rés  incision  , ou  sans  incision  : on  les 
lan  ensmte  cpmssu-  au  soleil  ou  sur  le  feu  : les  uns  sont  secs 
e hiaides  immédiatement  après  , ou  peu  de  temps  après 

l CeS  a fa,t  ?“****.  et  sont  faciles  à réduire  eu 
P I K , comme  la  scam menée,  la  myrrhe,  l’opopanax, 
a gomme  de  here,  et  plusieurs  autres:  les  atLs  orné 
set  veut  pendant  long,  temps  une  sorte  de  mollesse  qui 
^st  cause  qu  ou  ne  peut  les  pulvériser  et  les  mêler  coin- 

""ii"  p"'1"  C'  «?nJI>osi‘ions.  J.es  uns  et  les  autres 
sont  me  les  <1  ecorces  d arbres , de  petites  portions  de  bois  , 
d pâmes,  et  d’autres  impuretés.*  On  a imaginé  de  uuri- 
her  ceuxqu  on  ne  peut  réduire  en  poudre,  eu  les  dissol- 
vant dans  d: itéré n tes  liqueurs  , afin  de  les  débarrasser  des 
substances  étrangères.  A l’égard  des  gommes-résines  oui 

pu”vérisaneoSneh  ablCS’  0,1  '?  |JI"'i,re  fa,'ile‘ni’nt  par  la 

- **  —es? 


Vinification  des  gommes-résines  cju  on  ne  peut  réduire  en 
poudre  : nous  prendrons  pour  exemple  le  gaibanum. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  galbanum  : on 
le  met  dans  deux  ou  trois  fois  son  poids  de  vinaigre  : on 
le  fait  dissoudre  par  le  moyen  d’une  douce  chaleur  : on 
passe  le  tout  au  travers  d’un  linge  , en  exprimant  forte- 
ment: on  remet  le  marc  avec  de  nouveau  vinaigre  : on 
le  Fait  chauffer  comme  la  première  lois,  afin  de  dissou- 
dre ce  qui  a pu  échapper  à la  première  colature  : on  passe 
avec  expression  : on  mêle  les  liqueurs  , et  on  les  fait  épais- 
sir à une  douce  chaleur,  jusqu’à  ce  que  la  masse  qui  eu 
résulte  ait  une  consistance  emplastique. 

On  purifie,  de  la  même  maniéré,  toutes  les  gommes- 
résines  qui  sont  trop  molles,  et  qui  11e  peuvent  se  réduire 
en  poudre. 

Remarques. 


On  a toujours  pensé  que  le  vinaigre  étoit  le  dissolvant 
des  gommes-résines  ; mais  il  11e  les  dissout  pas  mieux 
que  l’eau.  Le  signe  d’une  dissolution  complette  est  la  lim- 
pidité et  la  transparence  parfaite  de  la  liqueur  : or  ces  dis- 
solutions  , soit  flans  l’eau  , soit  dans  le  vinaigre  , sont 
blanchâtres , laiteuses  , à raison  de  la  substance  résineuse 
qui  n’étoit  pas  parfaitement  séchée,  et  qui  reste  divisée 
et  suspendue  dans  la  liqueur  à la  faveur  de  la  substance 
gommeuse  : cette  substance  est  la  seule  qui  soit  veiita-r 
plement  dissoute.  La  portion  de  résiné  qui  se  trouve  plus 
desséchée,  passe  au  travers  du  linge  lorsqu’on  exprime  la 
décoction  : elle  est  sous  la  forme  d’une  résine  liquehee 
par  la  chaleur  ; cette  résine  est  d’une  consistance  à-peu- 
près  semblable  à celle  de  la  térébenthine  : on  pourioit 
même  la  séparer  en  grande  partie  s’il  étoit  nécessaire.  ^ 
Lorsqu’on  emploie  une  trop  grande  quantité  de  vinai- 
>ie  ou  d’eau  pour  dissoudre  les  gommes-résines  , et  qu  on 
fait  bouillir  la  liqueur  long-temps  , l’huile  essentielle  de 
la  résine  se  dissipe  pendant  1 évaporation , et  la  gomme 
résine  subit  un  endurcissement  ou  une  coction  , comme 
il  arrive  à la  térébenthine  qu’on  fait  cuire  dans  de  1 eau. 
La  substance  résineuse  alors  na  plus  assez  de  lll(  lle 
pour  rester  unie  t^vec  la  partie  gommeuse  : elle  se  séparé 


I 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  1 <>9 

cîe  la  liqueur,  elle  se  précipite,  elle  s’attache  au  fond  du 
vaisseau,  et  y brûle  lorsqu’on  n’a  pas  soin  de  remuer 
continuellement  la  liqueur  avec  une  spatule  de  bois. 

Presque  toutes  les  Pharmacopées  prescrivent  de  purifier 
ainsi  les  gommes-résines  par  le  vinaigre,  sur-tout  lors- 
qu’elles sont  destinées  à être  employées  dans  les  médica- 
ments externes  : mais  Lemery  n’approuve  point  cette  mé- 
thode , à cause  de  la  dissipation  qui  se  fait  des  parties 
les  plus  volatiles  de  ces  substances,  il  recommande  de 
choisir  les  belles  larmes  de  ces  gommes,  et  de  les  faire 
sécher  entre  deux  papiers  au  soleil,  ou  devant  le  feu  , et 
de  les  réduire  ensuite  en  poudre.  Cette  méthode  ne  peut 
être  que  très  approuvée  , et  mérite  la  préférence  à tous 
égards,  pareeque  ces  gommes,  ainsi  séchées , peuvent  être 
employées  indistinctement  pour  l’intérieur  comme  pour 
l’extérieur.  Les  substances  végétales  qui  se  trouvent  dans 
1 intérieur  de  ces  gommes  choisies,  sont  en  si  petite  quan- 
tité , qu’elles  ne  peuvent  rien  changer  à leurs  vertus  ; 
ce  n’est  d’ailleurs  , la  plupart  du  temps  , que  de  légers 
fragments  du  bois  de  l’arbre  ou  de  sou  écorce.  Il  s’en 
laut  de  beaucoup  que  les  gommes-résines  perdent  pen- 
dant l’exsiccation  au  soleil,  ou  devant  le  feu,  autant  de 
principes  qu’il  s’en  dissipe  pendant  la  purification.  Cepen- 
dant si  les  gommes-résines  se  trouvoient  si  molles,  qu’on 
ne  put  absolument  les  réduire  en  poudre  , on  peut,  pour 
l’usage  intérieur,  les  purifier  par  le  moyen  de  l’eau,  ou 
d’autres  véhicules  appropriés  à l’usage  auquel  on  les 
destine. 

Ce  seroit  ici  le  lieu  de  parler  des  sels  essentiels  des  sucs 
gommeux-résineux  ; mais  ces  sels  ne  sont  point  encore 
connus.  Cependant  il  y a lieu  de  présumer  qu’il  doit  se 
trouver  plusieurs  gommes-résines  qui  en  fourniroient  : ce 
sont  des  recherches  à faire. 

Méthode  pour  préparer  les  différentes  especes  de  petit - 
lait  ; prenons  pour  exemple  celui  de  vache. 

On  prend  une  pinte  de  lait  de  vache,  ou  deux  livres 
environ  : on  le  met  dans  une  bassine  d’argent  ou  dans 
u n vaisseau  de  terre  vernissée  : on  le  place  sur  les  cendres 
chaudes -,  on  y ajoute  quinze  ou  dix-huit  grains  de  pré- 
sure qu’on  a délayée  auparavant  dans  trois  ou  quaire 

N iv 


200  éL^MENTS  r>E  pharmacie. 

cuillerées  d’eau  : on  la  mêle  avec  une  spatule.  A mesure 
que  le  lait  s’échauffe,  il  se  caille  : la  sérosité,  qui  est  le  pe- 
tit-lait, se  sépare  des  autres  substances  qui  forment  la 
partie  blanche.  Lorsque  le  petit-lait  e£t  bien  chaud  , et 
que  la  partie  caseuse  est  bien  séparée,  on  le  passe  au 
travers  d’une  étamine  , et  on  laisse  égoutter  le  caillé.  Ce 
petit-lait  est  toujours  blanchâtre  à raison  d une  portion 
de  caillé  échappé  à la  coagulation  : on  la  sépare  parla  cla- 
rification de  la  maniéré  suivante. 

Clarification  du  petit-lait . 

i 

On  met  un  blanc  d’œuf  dans  une  bassine  d’argent  : on 
le  fouette  en  y ajoutant  un  verre  de  petit-lait  et  douze  ou 
quinze  grains  de  crème  de  tartre  : on  met  ensuite  le  reste 
du  petit  lait  , et  on  fait  jeter  au  tout  quelques  bouillons. 
Le  blanc  d’œuf,  eu  cuisant, -se  coagule  et  enveloppe  la 
partie  caseuse  , qui  se  trouve  elle-même  coagulée  par  la 
crème  de  tartre.  Lorsque  le  petit-lait  est  parfaitement 
clair,  on  le  fdtre  en  le  faisant  passer  au  travers  d’un  pa- 
pier gris  qu’on  arrange  sur  un  entonnoir  de  verre.  11  passe 
alors  parfaitement  clair  , et  il  doit  avoir  une  couleur 
verdâtre. 

R.  EM  ARQUES. 

Le  lait  de  tous  les  animaux  est  composé  des  mêmes 
substances  , c’est-à-dire  de  beurre,  de  bornage,  ce  séro- 
sité ou  petit-lait,  et  de  sel.  Mais  ces  substances  ne  se 
trouvent  pas  toujours  dans  les  memes  propoi  lions  . le  pe- 
tit-lait de  chevre  , par  exemple  , contient  une  plus  grande 
quantité  de  substance  saline  que  celui  de  vache  : il  a 
aussi  une  saveur  sucrée  très  agréable,  qui  est  même  ties 
forte.  Quoi  qu’il  en  soit,  la  méthode  que  nous  venons  de 
prescrire,  pour  obtenir  la  sérosité  du  lait  de  vache,  est  gé- 
nérale pour  le  lait  de  tous  les  animaux. 

Tous  les  acides,  soit  végétaux,  soit  minéraux,  ont  la 
propriété  de  cailler  le  lait  : mais  il  y a beaucoup  d’autres 
substances  qui  n’ont  aucune  propriété  acide  , et  qm  nean- 
moins caillent  le  lait  aussi  bien  ; tels  sont  les  gallium  a 
fleurs  blanches  et  jaunes,  les  fleurs  de  presque  tous  les 
chardons  , la  membrane  intérieure  du  gésier  des  volailles. 
Le§rnatieres  q u’elle  renferme  ont  encore  la  même  propriété  ; 


DH  PHARMACIE.' 


0.0  i 


ELEMENTS 

mais  on  emploie  par  préférence  les  fleurs  de  i’arflehaut , 
nommées  chardoancUe  : celte  substance  vé^taie  est  très 
propre  pour  préparer  le  petit-lait,  lorsque  le  Médecin  qui 
1 ordonne  , trouve  que  les  acides  pourroient  être  contraires 
au  malade. 

La  méthode  de  cailler  le  lait  avec  la  chardonnette  est 
fort  simple.  On  prend  vingt -quatre  ou  trente  grains  pe- 
sant de  ces  Heurs  qu’on  fait  infuser  pendant  un  quurt-d’heure 
dans  deux  onces  d’eau  bouillante  : on  passe  ensuite  cette 
infusion  avec  forte  expression,  et  on  la  mêle  avec  environ 
deux  livres  de  lait  : on  procédé  ensuite,  pour  le  reste  de 
1 operation  de  la  même  manière  que  nous  l’avons  dit  dans 
le  premier  procédé.  £)n  clarifie  ce  petit-lait  avec  deux  ou 
troii,  blancs  d’œufs,  sans  ajouter  de  crème  de  tartre,  et  ou 
le  unie  comme  nous  l’avons  dit  précédemment.  La  présure 
est  la  substance  qu’on  emploie  ordinairement  pour  prépa- 
rer e petit-iait , à moins  que  le  Médecin  ne  prescrive  autre 
c lose  en  place.  La  présure  est  la  portion  de  lait  caillé  qui 
se  trouve  dans  1 estomac  des  veaux  qui  n’ont  pas  encore 
mangé.  Les  bouchers  séparent  ce  caillé;  ils  le  mêlent  avec 
du  sei  marin  pour  pouvoir  le  conserver  : ils  en  forment  des 
especes  de  gâteaux  d’environ  un  pouce  d’épais  ; ils  les 
mettent  ensuite  sécher  au  soleil  ou  devant  le  feu. 

. QueIclues  personnes  préparent  le  petit-lait  avec  du 
vinaigre  ; mais  cette  méthode  ne  doit  pas  être  approuvée. 

,e  Pptit-lait,  ainsi  préparé,  conserve  toujours  une  odeur  de 
vinaigre  plus  ou  moins  forte. 

i)  autres  emploient  de  l’alun  en  place  de  crème  de  tar- 
tre pour  le  clarifier;  mais  cette  méthode  doit  être  rejetée 
pareeque  l’acide  vitriolique  de  l’alun  est  infiniment  plus 
tort  que  1 acide  végétal  de  la  crème  de  tartre. 

Le  petit-lait  est  d’un  grand  usage  dans  la  Médecine:  il 
ne  doit  pas  etre  considéré  comme  un  médicament  de  peu 
cle  vertu  : c’est  un  liquide  qui  contient  beaucoup  de  sub- 
stance saline  en  dissolution,  comme  nous  allons  le  voir. 

Le  petit-lait  est  rafraîchissant  et  ordinairement  laxatif  • Vertus 
.1  consent  dans  les  fièvres  ardentes  et  putrides  , parcenuVl 
un  excellent  antiputride  : il  est  nourrissant  : i convient 
encore  c ans  les  cas  où  il  faut  mettre  eu  mouvement  quel- 

tout’es  ?rCUr 1 T “ S°nt  lixées  à la  peau  , et  en  général  dan's 

Ce  peti  fit  Ti‘  reSC1'tan,5eS  : I*  eft  Un  Peu  anfiscorbutiquo. 

P P6111-1"11  ‘l  1 inconvénient  de  donner  beaucoup  de  vents 


Dose. 


Vertus. 

Dose. 


102  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.- 

et  de  relâcher  considérablement  les  Fibres  de  l’estomac.  La 
dose  est  depuis  un  demi-setier  jusqu’à  deux  pintes  par 
jour  , pâs  par  verrées  de  cinq  à six  onces  , et  de  deux  eu 
deux  heures,  ou  de  trois  en  trois  heures. 

Sel  essentiel  de  lait. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  petit-lait  clarifié  ; 
on  en  tait  évaporer  environ  les  trois  quarts  : en  cet  état, 
il  fournit,  du  jour  au  lendemain , une  grande  quantité  de 
crystaux  : on  les  sépare  : on  fait  evaporer  de  nouveau  la 
liqueur  restante  : et  on  obtient  des  crystaux  à-peu-près 
semblables  aux  précédents.  On  jette  çomme  inutile  la  li- 
queur qui  reste  après  cette  seconde  crystallisation.  On  lait 
égoutter  le  sel  sur  du  papier  gris , et  lorsqu’il  est  parfaite- 
ment séché  par  imbibition , on  le  lait  dissoudre  dans  de 
l’eau:  on  filtre  la  liqueur,  et  on  laisse  crystalliser  le  sel. 
On  continue  les  évaporations  et  les  crystallisations  jusqu  u 
ce  que  la  liqueur  refuse  de  fournir  des  crystaux. 

Le  sel  de  lait  est  recommandé  singulièrement  pour  la 
goutte , et  pour  prévenir  la  pulmonie  : on  le  lait  prendre 
dans  du  thé,  dans  de  la  tisane  ou  dans  du  bouillon  , de- 
puis douze  grains  jusqu’à  un  gros:  mais  ce  sel  seroit  plus 
efficace  si  on  le  faisoit  prendre  en  plus  grande  quantité  , 
comme  à la  dose  de  quatre  gros  jusqu’à  une  once. 


Remarque  s. 

Les  deux  premières  levées  de  crystaux,  qu’on  obtient  du 
petit-lait,  forment,  à proprement  parler  , le  sel  essentiel 
de  lait.  Ce  sel  a une  saveur  farineuse  légèrement  sucrée  : 
c’est  ce  qui  fait  qu’on  le  nomme  aussi  sucre  de  lait.  La  li- 
queur ou  l’eau-mere , que  nous  avons  recommande  de  je- 
ter, fournit,  par  des  crystallisations  réitérées,  du  sel  ma- 
rin ; et  l’eau-mere  qui  reste  ensuite  contient  une  assez 
grande  quantité  c Valkalifixe  tout  formé  sans  aucune  com- 
bustion.1 Pour  l’obtenir  commodément  , il  convient  de 
carder  pendant  quelques  mois  l’eau-mere  du  petit-lait  dans, 
un  bocal e de  verre  , dans  un  endroit  sec  ou  elle  puisse 
presque  se  dessécher  : elle  subit  une  sorte  d altération  qui 
permet  à l’akali  fixe  de  se  séparer  en  liqueur.  Nous  avons 
recommandé  de  purifier  le  sel  de  lait,  afin  de  le  débarrasser 


K L JÎ  MENTS  D E f H A n M A C Iï.  20Î 
crptaux"tame  qUanlit<i  de  matiere  extractive  qui  jaunit  les 

e“  dire  P°Ur  k Chymie 

H me  suffit  de  faire  remarquer,  quant  à présent  mm 
deux  hvres  de  petit-lait  contil,entlpei-pK  4 sZ 

£slVTereS  S*  ,nes  ’ tle  nature  bien  différente  les  unes 

Quelques  personnes  donnent  en  place  de  petit-lait  la 

pinte  d ea?  ^ d.‘?U  .‘r°is  6™  de  11  de  Æs  une 
fl  cs;  r , : ,ma‘,s  d apres  ce  que  nous  venons  d’exposer . 

prétendu* npf'r  ,s .apP®rcf voir  de  la  différence  d’un'parei 

é con^nf  nn  ? : *"  en  a ,Ui  la  C0u,eur  ni  la  saveur:  il 
ne  contient  pas  les  memes  substances  salines  , ni  dans  les 

tiactiveh'Tr“0nS|;  f en(l“  Ü est  Privë  de  la  matiere  ex- 
et  oui  CmJa“S5eit  balsamique  qui  lioit  les  autres  principes, 

jajt_  lec  toi  t e sentir  le  sel  akali  que  contient  le  petit- 


Q Ü A T R 1 E M E P A R T I E. 

<• 

De  la  mixtion  clés  médicaments . 

Après  avoir  examiné  les  trois  premières  parties  de  la 
Pharmacie,  et  avoir  établi  des  réglés  générales  pour  con- 
server et  disposer  les  médicaments  simples  a etie  mélan- 
gés, nous  allons  passer  a notre  quatrième  partie,  qui  a pour 
objet  la  mixtion  ou  le  mélange  des  médicaments  simples. 

Le  but  qu'on  se  propose  dans  le  mélange  des  médica- 
ments simples , est  de  réunir  les  vertus  de  plusieurs  substan- 
ces, afin  que  les  composés  puissent  remplir  en  meme  temps 
plusieurs  indications;  mais  cet  assortiment  n est  pas  aussi 
facile  à bien  faire  qu’on  pourroit  se  l’imaginer  d abord. 
Cette  partie  de  la  Pharmacie  est  également  utile  aux  Méde- 
cins et  aux  Apothicaires. 

Elle  exige  de  la  part  du  Médecin  beaucoup  de  connois- 
sances  sur  la  nature  des  principes  qui  composent  les  sub- 
stances qu’il  a dessein  d’employer , afin  de  prévoir  et  d évi- 
ter les  décompositions  et  les  nouvelles  combinaisons  résul- 
tantes du  mélange  de  plusieurs  drogues,  qui  ont  del  action 
les  unes  sur  les  autres.  Ces  combinaisons  sont  encore  1res 
peu  connues  : elles  peuvent  avoir  , et  ont  en  effet  assez 
souvent  des  propriétés  différentes  de  celles  ues  substances 
prises  séparément. 

L’Apothicaire,  de  son  côté,  doit  avoir  des^ connoissan- 
res  suffisantes  dans  la  matière  médicale , pour  être  en  état  de 
rectifier  à propos  les  erreurs  qui  peuvent  se  glisser  c ans  les 
ordonnances  des  Médecins,  tant  sur  les  doses  des  drogues 
nue  sur  les  noms  qui  sont  quelquefois  employés  les  uns 
pour  les  autres;  mais  il  doit  faire  ces  changements  avec 
beaucoup  de  prudence  , et  en  avertir  même  le  Médecin  au- 
paravant, autant  que  cela  est  possible  , sur-tout  lorsque  c es 
erreurs  tombent  sur  des  remedes  actifs.  L Apothicaire  doit 
savoir  encore  choisir  la  meilleure  méthode  de  faire  les  mé- 
langés entre  toutes  celles  qu’on  peu  t pratiquer.  Cela  lui  est 
d’autant  plus  nécessaire  , que  les  Médecins  mettent  sou- 
vent au  bas  des  formules/^  secundum  artem,  ou  meme 
simplement  par  abrégé  , /.  tnt.  ait  icu  cun  mu  us  - 
taillé  , laissant  à l’Apothicaire  la  liberté  ne  taire  poui  ,e 

mieux. 


i 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE 


205 


La  plupart  des  Auteurs  qui  ont  traité  de  la  Pharmacie, 
ont  divisé  les  médicaments  en  internes,  ou  médicaments 
faits  pour  être  pris  intérieurement;  et  en  Tes, ^ mé- 

dicaments pour  l’usage  extérieur:  mais  nous  croyons  cette 
division  absolument  défectueuse,  pareeque,  parmi  les  médi- 
camente externes  , il  y en  a dont  les  substances  sont  les 
memes  que  celles  des  médicaments  internes.  Plusieurs 
emplâtres  et  plusieurs  onguents,  par  exemple,  ne  different 
des  électuaires  que  par  les  excipients,  qui  son  t graisseux  dans 
les  premiers,  et  sucrés  dans  les  autres.  11  y a d’ailleurs  cer- 
tains onguents  dans  lesquels  même  l’excipient  n’est  point 
giaisseux  : telle  est  la  composition  à laquelle  on  a donné 
le  nom  d 'onguent  ce gyptiac , et  beaucoup  d’autres  qu’on 
fait  tous  les  jours.  Au  reste,  presque  tous  les  médicaments 
internes  peuvent  être  employés  à l’extérieur,  et  ils  le  sont 
continuellement. 

On  distingue  les  médicaments  composés  en  magistraux 
et  en  officinaux. 

Les  remedes  magistraux  sont  ceux  que  les  Médecins 

prescrivent  i mesure  qu’ils  sont  nécessaires.  Laplupart  sont 

tle  nature  a ne  durer  qu’un  certain  temps. 

Les  médicaments  officinaux  sont  ceux  que  les  Apothi- 
caires ont  coutume  de  tenir  toujours  prêts  , pour  v avoir 
recours  dans  l’occasion.  Ils  sont  faits  pour  durer  un  certain 
temps;  plusieurs  même  doivent  se  conserver  pendant  une 
année  entière,  parwqu’on  ne  peut,  le  plus  sou  vent,  sepro- 
ciuer  les  drogues  simples  qui  les  composent  qu’une  fois  l’an- 
nue.  Il  convient,  par  conséquent,  d’éviter  de  faire  en  trerdans 
ces  especes  de  médicaments  composés  des  drogues  faciles  à 
se  gâter,  sur-toutlorsqu’elles  ne  se  trouvent  pas  mêlées  avec 

dessubstances  capables  d’empêcher leur  défectuosité.  L’Apo- 

tiucaire  doit  examiner  souvent  ses  compositions  officinales 
et  tâcher  de  reconnoître  les  drogues  simples  qui  les  font 
corrompre,  afin  d’en  substituer  d’antres  de  même  vertu  et 
qm  n’aient  pas  les  mêmes  inconvénients.  Mais  tontes  ces 
reformes  doivent  se  faire  de  maniéré  qu’elles  n’appor- 
tent aucun  changement  aux  vertus  reconnues  à ces  même* 
médicaments,  et  ce  doit  être  toujours  de  concert  avec  les 
Médecins  qui  les  ordonnent.  Ies 

H est  encore  essentiel  de  connoître  l’odeur  et  la  saveur 
des  drogues  simples  qu’on  veut  faire  entrer  dans  les  com- 
positions , afin  d’éviter  d’employer  celles  qui  en  ont  d* 


N 


20 6 Eléments  de  pharmacie. 

désagréables  , et  de  leur  en  substituer  d’autres  qui  le  soient 
moins. 

Nous  avons  fait  observer  précédemment  que  les  végé- 
taux sont  susceptibles  de  recevoir  des  changements  dans 
la  quantité  de  leurs  principes  , et  qu’ils  contiennent  plus 
de  substance  résineuse  dans  les  années  seclies  que  dans  les 
années  pluvieuses.  C’est  à ces  variétés  qu’on  doit  rapporter 
celles  qu’on  remarque  dans  la  couleur  et  dans  l’odeur  de 
certains  médicaments  qui  ne  sont  pas  exactement  sembla- 
bles toutes  les  années  : tels  que  le  populeam , le  martia- 
tum,  le  mondificatifd’ache , etc.  qui  sont  d’un  beau  verd, 
et  qui  ont  une  odeur  plus  forte  lorsqu’on  les  a préparés 
avec  des  plantes  cueillies  dans  une  année  seche;  au  lieu 
que  ces  mêmes  compositions  sont  d’un  verd  pâle  , et  d’une 
odeur  plus  foible,  étant  préparées  avec  des  plantes  ramassées 
dans  des  années  pluvieuses  , même  en  faisant  entrer  ces 
plantes  dans  des  proportions  beaucoup  plus  grandes  ; il  en 
est  de  même  du  sirop  violât.  Un  Médecin  doit  être  en 
garde  sur  les  couleurs  qu’on  a données  à ces  compositions 
par  des  matières  étrangères,  et  quelquefois  dangereuses, 
comme  nous  le  dirons  à l’article  des  huiles  et  graisses  co- 
lorées. 

Les  médicaments  composés,  magistraux  et  officinaux, 
sont  plus  ou  moins  composés.  Nous  commencerons  par 
les  plus  simples.  La  maniéré  de  prescrire  les  uns  et  les 
autres  se  nomme  formule , et  elle  est  assujettie  à des  réglés 
générales. 

Des  Formules  ( 1 ). 

La  formule  est  la  maniéré  de  prescrire  à l’Apothicaire 
les  médicaments  qu’il  doit  préparer  : c’est  une  partie  delà 
Thérapeutique,  qui  enseigne  le  choix  des  remedes  appro-1 
priés  au  sexe  , au  tempérament,  à l’âge  et  à l’état  du  ma- 
lade. 

Les  formules  sont  magistrales  ou  officinales. 

Les  formules  magistrales  contiennent  les  remedes  que 
le  Médecin  prescrit  à-  mesure  qu’ils  sont  nécessaires. 

Les  formules  officinales  prescrivent  la  maniéré  de  pré- 


(i)  Ce  que  je  vais  dire  ici  est  extrait  duTraité  de  X Art  de  faire  des  For- 
mules i par  Gaubius,  Médecin  Hollandois. 


£ l.  E M E N T s DÉ  PHARMACIE,'  20, 7 

parer  les  médicaments  composés  que  les  Apothicaires  doi- 
vent avoir  toujours  prêts  dans  leurs  officines. 

dérer nS  t0UteS  ^ l°nnuhs  ü Y a <luatre  choses  à consi- 

i°.  La  base ; 2°.  l 'adjuvant  ou  auxiliaire,  qui  le  dIus 
souvent  est  stimulant  • 3°.  le  correctif;/?.  Variaient. 

es  Anciens  admettoient  une  cinquième  partie  ou’il? 
nommoient  déterminant  ou  dirigeant.  Par  exemple,  lors- 
qu ils  a voient  dessein  de  purger  les  sérosités  de  la  tête  ils 
prescri voient  dans  la  formule  un  remede  céphalique  nar 
cecju  ils  pensoient  qu’il  avoit  la  propriété  de  porter  l’action 
des  purgati.s  vers  cette  partie  du  corps,  etc.  ; mais  à pré- 

mule°n  113  P US  deg3rd  a ce  dernier  membre  de  la  for- 

Examinons  présentement  ses  quatre  autres  parties, 
a base  est  la  partie  la  plus  essentielle  de  fa  formule  • 
elle  doit  toujours  être  placée  à la  tête,  et  elle  doit  prédomi- 
ner sur  toutes  les  autres  drogues , non  pas  en  mesure  ni  en 
poids  mais  relativement  à ses  propriétés  actives 

Ea  base  peut  être  simple  ou  composée  : elle  devient  com- 
posée , lorsqu  on  réunit  plusieurs  drogues  qui  ont  les  mêmes 
venus,  et  a-peu-pres  aux  mêmes  doses.  Par  exemple  dans 
un  ap°zeme  fébrifuge  où  l’on  fait  entrer  îe  c u'i  ’ nf  5 
test  lui  qui  forme  la  base;  alors  cette  base  ist  slmoTe’ 
pareeque  les  autres  drogues  avec  lesquelles  on  peut  l’asso’ 
Cier  non,  pas  une  vertu  fébrifuge  aussi  marqu/e  nue  celle 
tu  quinquina.  La  base  devient  composée  , lorsqu’on  place 
de  quinquina  ou  réunit  plusieurs  substances  féluifimes  qui 

ETT  d,e  fo,xe  éëi,le  • tell“  sont  la  gentiane  V 
cliamædrys,  le  cliamœpytis  , et  autres  amers  semblables' 

qui  etoient  les  fébrifuges  qu’on  employoit  en  Europe  avant 
que  le  quinquina  fût  connu.  J * avant 

la  based°LéViler’  f"'3"'  'f''  estPossible>  de  compliquer 

6,1  devienuem  mohis  s 

L adjuvant  ou  auxiliaire , se  nonimp  c/ • 7 

lorsqu’on  l’emploie  dans  les  formules  des  médicaments^' 

L adjuvant  doit  avoir  la  même  vertu  que  la  haep  . •] 
ordinairement  en  augmentant  son  activité  ; sou ' T 
ait  entrer  dans  la  formule , pour  diminuer  le  volume  T 6 
base  du  remede  dont  le  malade  est  dégoûté.  ^ * 


2o8  éléments  de  pharmacie. 

Par  exemple  , lorsqu’un  malade  hydropique  est  las  de 
prendre  du  jalap  en  boisson  ou  en  bol  , on  peut,  au  heu  de 
lui  en  faire  prendre  un  gros,  comme  il  faisoit  ci-devant  , 
ne  lui  en  donner  qu’un  demi-gros,  elr  le  mêlant  avec 
douze  ou  quinze  grains  de  scaininonée  , qui  est  un  hydia- 

gogue  plus  actif  que  le  jalap. 

Le  correctif  ^teut  s’employer  dans  deux  vues  dilterentes-, 

1°  pour  diminuer  l’activité  de  la  base  , comme  , par 
exemple  , lorsqu’on  mêle  un  akali  fixe  avec  des  résines. 
Cet  akali  se  combine  avec  ces  substances  : il  les  îéduit 
dans  un  état  savonneux  , et  en  diminue  considérablement 
l’activité  : les  substances  résineuses  deviennent  plus  disso- 
lubles  , moins  sujettes  à s’attacher  aux  intestins  , et  elles 
n’occasionnent  point  de  coliques , comme  elles  font  souvent 
lorsqu’on  Les  fait  prendre  seules  ; mais  cette  espece  de 
correctif  n’est  point  exact , pareeque  l’akali  détruit  une 
partie  de  la  vertu  du  médicament,  au  point  que  quinze 
grains  de  jalap  , mêlés  avec  quelques  grains  de  sel  akali , 
purgent  moins  que  huit  grains  de  ce  même  jalap  : il  n y a 
que  la  portion  de  jalap  qui  n’a  point  été  décomposée  par 
l’ akali , qui  soit  véritablement  purgative. 

2°.  Le  correctif  s’emploie  aussi  , et  meme  le  plus  sou- 
vent*, pour  masquer  la  saveur  et  l’odeur  désagréables  de 
certaines  drogues , et  aussi  pour  fortifier  le  tissu  des  vis- 
cères, et  pont'  les  mettre  en  état  de  résister  a 1 activité  des 
remedes  qui  peu  vent  occasionner  des  irritations  : c est  dans 
cette  intention  , par  exemple  , qu’on  joint  aux  autres  mé- 
dicaments des  aromates,  des  huileux,  des  mucilagmeux , 
le  sucre  , le  miel  , etc.  On  choisit  la  substance  la  plus  ap- 
propriée , et  qui  n’est  pas  contraire  a 1 edet  du  temede. 

V l'excipient  ^ ce  qui  donne  la  forme  ou  la  consistance 
au  médicament  : il  doit  être  approprié  a la  base,  a la  ma- 
ladie au  tempérament  , etc.  , 

T ’excfnient  peut  porter  encore  le  nom  de  menstrué  , de 

Meule  ou  J 'intermede , suivant  les  circonstances. 

Les  excipients  sont  l’eau  , le  vin , 1 eau-de-vie  , 1 esprit 
deVin  le  vinakre,  etc.  Les  excipients  <1  m ermede  son 
le  jaune  d’oeuf,  les  mucilages,  etc.  par  lesquels  on  pâment 

à “vèld'un1 exempte  de  formule  qui,  quoique  simple  , 
contient  les  différents  membres  dont  nous  venons  dealer. 


ÉLÉMENTS  DE 


PHARMACIE. 


209 


P o Lion  purgative. 

& £ass,e  en  batoll>  5 iv Base. 

p<11(.  ’ ^ * * * Auxiliaire. 

iucmes  de  grande  scrophjulaire  , 5 j . Correctif \ 

au  ? cJ'f  Excipient. 

aitcs  suivant  1 art  > pour  qu’il  reste  quatre  onces  de 
liqueur.  / 

Remarques. 

. ^ a casse  est  base  de  celte  formule  : le  séné  y est 
Ajoute  pour  augmenter  la  force  de  la  potion  : la  racine  de 
grande  scrophulaire  est  employée  pour  détruire  en  grande 
partie  1 odeur  et  la  saveur  nauséabondes  du  séné  ; enfin 
J eau  est  lexc.ment  qui  se  charge  de  toutes  les  parties 
extractives  qu  elle  peut  dissoudre.  On  peut  , si  l'on  veut 
ajouter  a la  potion,  après  l’avoir  exprimée  au  travers’ 
C ,une  ct01.11!.n.e  > quelques  aromates  pour  lui  donner  une 
odeur  agréable  comme  , de  l’esprit  de  citron,  de  l’eau  de 
canclle,  ou  de  l’eau  de  fleurs  d’orange  , etc. 

Reëles  générales  qu'on  doit  observer  pour  formuler 

exactement. 

Ou  doit  écrire  lisiblement  et  distinctement,  mettre  les 
noms  de  chaque  drogue  les  uns  au-dessous  des  autres  , et 
toujours  a la  ligue  , et  ne  placer  jamais  plusieurs  drogues 
dans  la  meme  ligne  : on  ne  doit  point  mettre  les  noms 
propres  des  substances  par  abréviations,  mais  seulement 
< s epithetes  lorsqu’on  le  juge  à propos.  La  base  de  la  for- 
mule doit  toujours  être  placée  en  tête  , et  un  peu  distante 
du  reapc,  mais  sur  la  même  ligne.  Si  la  base  est  com- 
poste , on  met  toutes  les  substances  qui  la  composent  les 
unes  au-dessous  des  autres.  Au-dessous  de  la  base  on  pla- 
ce 1 adjuvant  ou  auxiliaire,  ensuite  le  correctif,  et  enfin 
1 excipient,  dont  il  faut  prescrire  la  quantité  qu  doit  être 
employée  et  celle  qui  doitres.er,  si  c'est  une’ décoction 
Au  bout  de  chaque  ligne  ou  phrase  , ou  met  le  caractem 
q désigné  le  poids  de  chaque  substance.  Le  modus  fa 

alinéa’  Lu  h,,  *1  " ^ pr^ïrCr  le.  m,'diramc'd,  doit  faire',,,, 
alméa.  Lnlui , lc  sqnetur,  ou  la  façon  de  prescrire  coin 

O 


21(?  éléments  de  pharmacie. 

ment  le  malade  fera  usage  du  reinede  , doit  former  encore 
un  alinéa:  l’un  et  l’autre  doivent  être  placés  au  bas  de  la 
formule  , et  précisément  au-dessous  du  récipé*  ; en  un  mot , 
la  formule  doit  toujours  être  méthodique  , afin  d’eviter  les 

^ Uesprît  d’ordre  et  de  méthode  doit  toujours  présider  à 

la  confection  des  médicaments  composés.  Lorsque  1 Apo- 
thicaire se  propose  défaire  une  composition  ofhcinale  dans 
laquelle  entre  un  certain  nombre  de  drogues  , il  doit 
auparavant  les  peser  toutes  , et  les  mettre  séparément  sur 
des  assiettes  ou  dans  des  carrelets  de  papier,  et  dans  le 
même  ordre  qu’elles  sont  désignées  par  la  formule,  ahn 
de  pouvoir  vérifier  s’il  n’a  rien  oublié  : c est  ce  que  Ion 
nomme  dispensation,.  Les  mêmes  attentions  doivent  etre 
observées  lorsqu’on  prépare  un  médicament  magistral  un 
peu  composé.  L’Apothicaire  rangera  sur  le  comptoir  sui- 
vant l’ordre  prescrit  par  la  formule,  toutes  les  bouteilles 
contenant  les  médicaments  qu’il  va  employer  : c est  un 
très  bonne  pratique  pour  ne  pas  commettre  d erreur. 

De  quelques  médicaments  simples  qu’on  emploie  ordinai- 
rement ensemble  , et  connus  collectivement  sous  une 
seule  dénomination. 

Les  cinq  racines  apèruives  sont  celles  de  petit  houx  , 
4’aspemes;  de  fenouil  , de  persil  et  d'ache.  Plusreurs autres 
racines  sont  aussi  apéritives , et  autant  en  usage  que  ce  es 

dont  nous  venons  de  parler,  comme  celles  de  chienJent, 

rVérvnfrium  ou  chardon  roland  , de  gui 


dont  nous  venuua  uc  y ii 

d’an ête- bœuf,  d’éryngium  ou  chardon  roland  , de  ^ 
mauve6,  de  fraisier  ; mais  l’usage  a fixé  ce  nom  aux  ernq 
racines  que  nous  avons  nommées  d abord. 

Les  de,  capillaires  sont  l’adiantum  nom  et  adiantum 
blanc  connu  aussi  sous  le  nom  de  capillaire  de  Pnontpei 
lier  ! l’epolytric  , le  cétéraJi,  ou  à sa  place  la  scolopendre 

61  cordiales  sou.  celles  de  buglose,  de  W 

rache  et  de  violettes.  Les  vertus  cordiales  qu  on  attribue 
à ces  fleurs,  sont  absolument  gratuites t elles  nesontaw 
héchiqu  es,  rafraîchissantes  et  diurétiques.  On  devrait 
tôt  nommer  fleurs  cordiales  celles  qui  le  a0"‘ “ ' ■ 
ment,  comme  celles  de  sauge,  de  lavande  , de  romarin , 
d’hysope,  et  plusieurs  autres. 


^L^MÏNTS  de  Vît  A R A C t Ê.  211 

r.es  quatre  fleurs  carminatwes  sont  celles  de  camomille 
.romaine , de  nielilot , de  inatricaire , d’aneiii. 

^ jLcs  hei'bes  émolUentes  ordinaires  sont  les  feu îlî<>s  de 
mauve  , de  guimauve,  de  bran<  he-ursine  , de  violette 
de  mercuriale,  de  pariétaire,  de  bette,  d’atripiex  , de 
Séneçon , les  oigrtons  de  lis  , et  plusieurs  autres. 

Les  quatre  grandes  semences  froides  sont  celles  de  cour- 
ge , de  citrouille,  de  melon  et  de  concombre.  Ces  semences 
ne  sont  pas  a beaucoup  près  aussi  rafraîchissantes  qu’on 
le  cioit  communément:  elles  ont  à-peu-près  les  memes 
vertus  que  les  amandes  douces.  Les  semences  de  melon  et  de 
concombre  se  ressemblent  parfaitement,  et  il  est  diffi- 
cile de  les  distinguer  : on  les  donne  ordinairement  l’une 
poui  1 autre  dans  le  commerce.  Les  semences  de  courge 
et  de  citrouille  sont  encore  données  l’une  pour  l’autre  : de 
soi  te  que  dans  le  commerce  on  ne  commît  nue  deux 

citCumeCoSej “P068’  savoir  |es  S'oies,  qui  sont  celles  de 
t ouille  ou  de  potiron,  et  les  petites,  qui  sont  celles  de 

concombre  et  de  melon  , dont  on  ne  fait  aucune  distino 

Les  quatre  petites  semences  froides  sont  celles  de  laitue, 
de  pourpier , d endive  et  de  chicorée. 

défend  TZ  êmndaS  scmfnCeS  cha,,des  sont  «Iles  d’anis , 

e fenouil , de  cumul  et  de  tarvi  : on  les  nomme  aussi 
mences  carminatwes. 

de  n^rstr Sd'n  PCtUeS  f mfnces  chauies  «ont  celles  d’ache, 
ue  persil  , ci  ainnn  et  de  daucus. 

fVfIweTntSrr'iQk^XSOnt  l’»*ya«uthe , l’émerau- 
l ’ ,e  SaPhir ’ Je  Sreiiat  et  la  cornaline  : ces  pierres  sont 

en  SS"  ’ Ct  116  deVr°ienCamais  employées 

Les  quatre  eaux  cordiales  sont  celles  d’endive,  de  chr- 
coice  de  ljuglose  et  de  scabieuse  : mais  ces  eaux  iront  pas 

l râL'nTrfr i ' T *’eaU  COmm“ne  ^ "<*"»  en  dirons 
s laisons  a 1 articie  des  eaux  simples  distillées.  Celles 

cordiaC111  C°Tdcrer  COmme  arant  véritablement  la  vertu 
corham  , sont  les  eaux  distillées  de  plusieurs  plantes  aro 

ma  J de’ “ T d'orange  .celle  de  ro- 

’ Ge  sauge,  de  marjolaine,  etc. 

se  iZVhvdaûT’  a!ltiP.Uu:iti<i^es  s0»t  celles  de  scabieu- 
a cIon  bem,  de  pissenlit  et  de  ccmuelirnt  • 

ux  ont  passe  pendant  long- temps  pour  être  sudorifiques  ; 

Oij 


212  ÉLÉMENTS  UE  PHARMACIE, 

mais  elles  ne  le  sont  pas  plus  que  l’eau  de  riviere.  Les  eaux 
aromatiques  peuvent  être  regardées  à plus  juste  titre  comme 
des  eaux  antipleurétiques.  ,,  k . j_ 

frow  huiles  stomachiques  sont  celles  d absinthe,  de 
coin z et  de  mastic,  qu’on  applique  extérieurement  sur  le 
creux  de  l’estomac;  mais  elles  n’ont  pas  a beaucoup  près 
autant  de  vertu  qu’on  leur  en  suppose  : il  vaut  mieux  , 
lorsque  le  cas  le  requiert  , avoir  recours  aux  remede, 

internes  beaucoup  plus  efficaces. 

Les  trois  onguents  chauds  sont  1 onguent  d Agrippa  , 

1’onzuent  d’althéa  et  l’onguent  nerval.  . 

Les  quatre  onguents  froids  sont  l’album  rliasis , le  popu-  ^ 
leum  , le  cérat  de  Galien  , et  l’onguent  rosat. 

Les  quatre  farines  résolutives  sont  celles  d orge  , de 
feves  , d’orobe  et  de  lupin  : on  y joint  souvent  celles  de  ho- 
ment  , de  lentilles,  de  lin  et  de  fénu-grec.  Nous  croyons 
devoir  observer  , en  finissant  cet  article , que  usage  c or 
donner  les  médicaments  sous  les  dénominations  dont  nous 
venons  de  parler , est  presque  entièrement  aboli  dans  la 
pratique  actuelle  de  la  Médecine. 

Des  especes. 

On  nomme  especeslz  réunion  de  plusieurssimples  coupés 
menus  , dont  on  prend  l’infusion  : on  ne  les  emploie  jamais 
pour  faire  des  décoctions  : ces  sortes  de  médicaments  sont 
magistraux  et  officinaux  : la  Pharmacopée  de  I ans  n en 

prescrit  aucun. 

Kweces  vulnéraires , ou  herbes  vulnéraires  connues  sous 

' ' ie  nom  de  vulnéraires  de  Suisse  cl  Je  Faltiano. 

V • 

2Ç  Véronique 5 lv- 

Sarucle,  \â5 *ij. 

Bugle,  Ç ?lv. 

Hvpencum , u 

Pervenche , 

Lierre  terrestre  , 

Chardon  béni,  _ 

Scordium,  ' J 

Aigremoine , 

Bétoine, 

Mille-feuille , 

Scolopendre , 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  2 l 3 

) leurs  de  pied-de-chat , ) -- 

j . * > Cla iv. 

de  tussilage,  ) J 

Coupez  et  incisez  selon  l’art. 

On  met  une  pincée  de  ces  especes  dans  un  verre  d’eau 
bouillante  : on  les  laisse  infuser  pendant  dix  à douze  mi- 
nutes : on  prend  cette  infusion  en  forme  de  thé  avec  du  sucre. 

Ces  especes  sont  vulnéraires,  détersives,  cordiales,  sto- 
machiques, propres  pour  prévenir  les  dépôts  sanguins  qui 
arrivent  ordinairement  à la  suite  des  coups  ou  des  chutes  ; 
mais  il  faut  toujours  avoir  recours  à la  saignée.  Ces  especes 
se  prennent  en  infusion  comme  du  thé.  I.a  dose  est  d’une 
petite  pincée  pour  chaque  tasse  d’eau  bouillante. 


Vertus. 


Dose. 


Especes  toniq^s, 

4*  Feuilles  de  mélissé,  y vj. 

Sommités  de  gallium-luteum  , . . 5 ix. 

Fleurs  de  bétoine  , ) 

de  tilleul,  £**••••• 

Racines  de  valériane  major, 
barda  ne, 
patience  sauvage, 

réglisse,  ^ à a.  . . 5 iij. 

guimauve, 
polypode , 

Feuilles  de  scolopendre, 

Coupez  et  incisez  suivant  l’art. 

On  fait  usage  de  ces  especes  comme  des  précédentes, 
biles  sont  très  propres  pour  donner  du  ton  aux  fibres  : Vertus, 
elles  sont  céphaliques,  vulnéraires,  hystériques,  cordiales 
et  loge  rem  eut  sudorifiques.  On  les  fait  prendre  comme  les  Dose, 
precedentes  et  a la  même  dose. 

Especes  pectorales. 

4^  Capillaires  de  Canada  X ;v> 

feuilles  de  scolopendre, x jj 

Fleurs  de  tussilage , ) * 

de  pied- de  chat , C à à 
de  millepertuis , \ 

Coupez  et  incisez  suivant  l’art. 


0 ! F • 


O 


n) 


• • 


Vertus. 


2l4  ÉLÉMENTS  DS  PHARMACIE. 

On  prend  l’infusion  de  ces  especes , comme  les  précé- 
dentes, de  la  même  maniéré  et  à la  même  dose. 

(..es  especes  conviennent  dans  la  toux:  elles  sont  adou- 
cissantes et  légèrement  vulnéraires. 

Remarque  s. 

Les  especes  qui  sont  des  collections  d’herbes  et  d autre* 
substances  choisies  et  toutes  préparées  pour  les  infusions 
sont  très  commodes  pour  le  malade.  On  peut  en  faire  de 
plusieurs  sortes , et  qui  soient  capables  de  remplir  les  indi- 
cations les  plus  ordinaires.  Celles  que  nous  venons  de 
donner  peuvent  servir  d’exemple  pour  toutes  celles  ou  on 
voudroit  préparer.  11  sgttit  bon  que  ces  sortes  ne  remedes 
devinssent  officinaux  àTar'èuomme  ils  le  sont  en  Allema- 
gne ; les  malades  ne  seroièM  pas  exposés  a etre  tiompes 
par  les  Herboristes. 

Outre  les  substances  dont  sont  composées  les  especes  que 
nous  avons  données  pour  modèle,  on  peut  y faire  entrer 
des  semences  , des  gommes,  des  résines  seches  , des  ma- 
tières animales,  comme  la  corne  de  cerf,  le  castoreum , 
etc. , mais  jamais  des  matières  liquides  ou  des  substances 

réduites  en  poudre  fine.  . ^ , 

Lorsqu’on  prépare  les  especes  on  doit  avoir  attention  de 
couper  d’abord  séparément  toutes  les  substances  qui  les 
composent,  et  ap  même  degré  de  ténuité.  Sans  cette  pré- 
caution , le  malade  fait  usage  des  ingrédients  inégalement , 
pareeque  les  matières  moins  divisées  sont  celles  qui  se  pré- 
sentent d’abord  sous  les  doigts  de  la  personne  qui  veut  lane 
l’infusion,  et  il  ne  reste  sur  la  fin  que  les  substances  qui 
sont  plus  menues.  C’est  par  cette  raison  que  les  pouenes 

ne  peuvent  taire  partie  des  especes. 

Lorsque  les  ra<  ines  qu’on  y lait  entrer  sont  grosses  , on 
les  coupe  par  tranches,  et  ces  tranches  en  trois  ou  quatre 
morceaux  .suivant  la  largeur  de  leur  diamètre.  Les  large 
Ses  des  plantes  doivent  être  coupées  aussi  menu  que 
le  sont  les  plus  petites  feuilles  des  autres  plantes , ou  que 

le  sont  les  semences.  . 

Un  concasse  les  gommes  et  les  résinés  qui  ne  peu'e 
être  coupées;  .nais  on  doit  observer  de  ne  ,ama,s  fane  ti- 
trer dans  les  especes  aucunes  substances  concassées  . sinon 
celles  qui  ne  peuvent  absolument  se  couper,  comme  soi.. 


I 


ÉLÉMENTS  de  pharmacie.  2l5 

les  gommes  et  les  résines,  pareeque  les  matières  que  l’on 
concasse  prennent  une  forme  à-peu-près  ronde,  qui  empê- 
che que  les  doigts  ne  puissent  les  saisir  dans  les  mêmes  pro- 
portions que  les  autres  drogues. 

Lorsqu’on  a ainsi  disposé  toutes  ces  matières  , on  les 
secoue  sur  un  tamis  de  crin,  chacune  séparément,  pour  en 
oter  la  poussière.  Ensuite  on  pese  les  quantités  de  chaque 
substance  : on  les  mêle  exactement  : on  serre  le  mélange 
dans  des  boîtes  ou  dans  des  bouteilles,  sur-tout  lorsqu’on 
a lait  entrer  dans  les  especes  des  matières  odorantes  qui 
sont  susceptibles  de  perdre  leur  odeur. 

Des  infusions. 

Apres  avoir  parlé  des  especes  qui  sont  du  ressort  de  l’in- 
fusion , 1 ordre  exige  que  nous  donnions  les  réglés  qu’on 
observe  en  faisant  infuser  les  médicaments. 

L infusion  a pour  but  d’extraire,  par  le  moyen  d’un 
menstrué,  les  substances  les  plus  dissolubles  et  lesplusdé- 
licates  des  mixtes.  r 

Ces  médicaments  sont  liquides  : ils  se  préparent  à froid, 
ou  al  aide  d une  douce  chaleur,  mais  jamais  par  ébullition  , 
ahn  de  ne  point  les  charger  de  substances  étrangères  à l’in- 
fusion. Les  principaux  véhicules  des  infusions  sont  l’eau  , 
le  vin,  le  vinaigre,  l’eau-de-vie,  l’esprit  de  vin,  etc.  On 
choisit  celle  de  ces  liqueurs  qui  remplit  le  mieux  les  in- 
tentions qu  on  se  propose.  A l’article  des  médicaments  ex- 
ternes  nous  parlerons  des  infusions  qui  se  font  dans  l’huile. 

L objet  de  1 infusion  est  de  transférer  dans  le  menstfue 
la  vertu  des  matières  qu'on  fait  infuser.  Comme  toutes  les 
substances  ne  sont  point  de  même  nature,  qu’il  y en  a de 
résineuses  , de  gommeuses  et  d’extractives,  on  fait  les  in- 
fusions dans  différentes  liqueurs  : nous  ne  parlerons  pour 
e présent  que  de  celles  qui  se  font  dans  l’eau.  Les  especes 
dont  nous  venons  de  rendre  compte,  toutes  les  plantes  et 
es  parties  des  plantes  délicates,  comme  sont  le  capillaire 
le  chamædrys,  le  scordium , les  fleurs  de  camomille,  le 
salran , les  fleurs  des  plantes  inodores,  telles  que  celles  de 
mauve  de  guimauve,  etc.  doivent  être  infusées  comme 
le  thé.  On  verse  un  poisson  d’eau  bouillante  sur  une  pincée 
es  substances  qu’on  veut  mettre  infuser  ; on  couvre  le 
vaisseau;  on  fait  durer  l’infusion  jusqu’à  ce  que  la  liqueur 

O iv 


«2 1 6 ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

soit  à demie-refroidie  , ou  que  les  matières  qui  infusent 
soient  précipitées  au  iond  du  vaisseau.  Ces  sortes  d in  di- 
sions se  font  le  plus  souvent  chez  les  malades,  et  elles 
servent  de  boisson  ordinaire  : il  faut  qu’elles  soient  légères , 
peu  chargées  de  parties  extractives  ; mais  elles  doivent 
contenir  tous  les  principes  volatils  des  substances  qu  on  a 
soumises  à l’infusion.  11  est  difficile  de  régler  les  propor- 
tions de  l’eau  sur  celles  des  plantes  qu’on  fait  infuser-,  cela 
dépend  de  la  quantité  des  principes  dont  on  veut  que  les 
infusions  soient  chargées.  11  suffit  de  déterminer  la  quantité 
qu’on  veut  qu’il  en  reste , parceque  d’ailleurs  les  plantes 
s’imbibent  d’une  plus  ou  moins  grande  quantité  d’eau 
qu’elles  retiennent.  Les  infusions  doivent  être  parfaitement 
claires  et  transparentes.  Lorsqu’on  les  passe  pour  en  sépaier 
les  herbes,  on  ne  doit  point  exprimer  le  marc,  du  moins 
que  très  légèrement  , sans  quoi  une  portion  du  paren- 
chyme, le  plus  délicat  des  herbes  , passe  avec  la  liqueur, 
trouble  les  infusions,  et  les  rend  plus  dégoûtantes  à pren- 
dre, sans  qu’elles  soient  plus  efficaces.  On  peut  renfermer 
dans  un  nouet  de  linge  les  substances  qu’on  fait  infuser; 
par  ce  moyen  on  s’évite  la  peine  de  passer  les  infusions  : 
mais  il  faut  observer  que  le  nouet  ne  soit  qu  au  quart  i em- 
pli, afin  qu’il  se  trouve  un  espace  suffisant  pour  le  renfle- 
ment des  ingrédients. 

Lorsque  les  substances  sont  grosses  , dures  et  ligneuses  , 
comme  les  bois,  les  écorces  et  certaines  racines,  on  les 
coupe,  ou  on  les  concasse,  ayant  soin  d en  séparer  la 
poudre  qui  s’est  formée  pendant  leur  division.  Jn  fait  in- 
fuser ces  matières  beaucoup  pluslong-temps  : souvent  cette 
infusion  est  préliminaire  ; elle  se  fait  pour  amollir  ce  es 
qu’on  doit  soumettre  à la  décoction.  Lorsque  les  ingré- 
dients contiennent  des  principes  volatils  et  aromatiques  , 
on  doit  les  faire  infuser  dans  des  vaisseaux  parfaitement 
clos  : souvent  on  sépare,  par  le  moyen  de  la  destination  , 
une  portion  de  liqueur  qui  se  trouve  chargée  de  tous  es 
principes  volatils,  comme  nous  le  dirons  a 1 article  des 
sirops  aromatique^. 

Des  décoctions. 


L’obiet  de  la  décoction  est  le  même  que  celui  de  1 infu- 
sion , c’est-à-dire  qu'on  se  propose  dans  cette  operation 
de  dissoudre  et  d’extraire  les  substances  actives  des  toips 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  2 1 ~J 

dans  un  véhicule  approprié  à l’intention  qu’on  veut  rem- 
plir. La  décoction  proprement  dite  différé  de  l’infusion, 
en  ce  qn  elle  est  plus  chargée  de  principes  extractifs  , et 
de  peu  ou  point  des  parties  volatiles  des  substances.  Les 
décoctions  different  encore  des  infusions,  en  ce  qu’elles  se 
font  à 1 air  libre  , c’est-à-dire  dans  un  vaisseau  non  clos, 
et  qu’on  les  fait  bouillir. 

Les  matières  qui  sont  du  ressort  de  la  décoction  sont  les 
végétaux,  les  animaux,  et  souvent  quelques  matières  mi- 
nérales, comme  1 antimoine  et  le  mercure. 

Les  liqueurs  qui  servent  d’excipient  pour  les  décoctions, 
sont  les  mêmes  que  pour  l’infusion,  à l’exception  des  li- 
queurs spiritueuses  rectifiées  qui  n’y  sont  jamais  employées 
a cause  de  leur  volatilité. 


. quantité  de  véhiculé  qu  on  emploie  dans  les  décoc- 
tions ne  peut  se  déterminer  avec  exactitude  : il  faut  la  pro- 
portionner  au  volume  qui  doit  rester,  et  à Ja  durée  de  l’é- 
bullition ; l’ébullition  elle-même  doit  être  d’autant  plus 
°ngue  , que  les  matières  qu’on  y soumet  sont  plus  dures 
er  plus  compactes  , comme,  par  exemple,  la  squine,  le 
j-,aiar  , a salsepareille  , le  buis,  etc.  Souvent  la  décoction 
c oit  etie  précédée  par  l’inlusion , pour  les  raisons  que  nous 
avons  dites  précédcmrnen* . 

On  doit  éviter  avec  giand  soin  de  faire  bouillir  les  sub- 
stance., aromatiques,  et  celles  qui  contiennent  des  principes 
voiati  s , tels  que  le  cerfeuil  , les  plantes  antiscorbu- 
üques  etc.  pareeque  c’est  dans  ces  principes  volatils  que 
résidé  la  plus  grande  vertu  de  ces  ingrédients.  Lorsqu’on 
en  fait  entrer  dans  les  décoctions,  il  faut  les  mettre  à part 
dans  un  vaisseau  clos,  verser  dessus  la  décoction  des  au- 
tres, tandis  qu’elle  est  chaude,  et  ne  passer  la  liqueur  que 
lorsqu  elle  est  refroidie.  On  nomme  alors  ces  médicaments 
infusions-décoctions . 


■Règles  generales  qu  on  doit  observer  en  faisant  une  décoc- 
tion composée  de  substances  de  différente  nature. 

On  commence  par  faire  bouillir,  i°.  les  matières  dures 
et  scelles  , telles  que  l’orge  , les  raclures  d’ivoire  et  de  corne 
< a cerl  , le  s bois,  les  racines  scelles,  ligneuses  : 2°.  les 
racines  récentes,  comme  celles  de  chicorée,  de  patience 
sauvage,  etc.  mondées  de  leur  cœur  ligneux  si  ^ies  eu 


1 1 S Eléments  de  pharmacie. 

ont , et  coupées  par  morceaux  : on  les  fait  bouillir  seulement 
huit  ou  dix  minutes:  3°.  les  fruits  coupés  et  inondés  de 
leurs  noyaux,  les  écorces  : 4°-  les  herbes  inodores  hachées 
grossièrement,  et  d’abord  celles  qui  sont  seches , ensuite 
celles  qui  sont  récentes:  5°.  les  semences  non  odorantes 
concassées.  On  verse  alors  cette  décoction  bouillante  dans 
un  vaisseau  qui  bouche  bien , et  dans  lequel  on  a mis  les 
plantes  aromatiques  anti-scorbutiques  , et  toutes  les 
especes  de  capillaires  coupés  grossièrement,  les  semences 
odorantes  qu’on  a concassées,  la  canelle,  le  santal  citrin  , 
le  sassafras,  la  réglisse  , etc.  On  couvre  le  vaisseau,  et  lors- 
que la  décoction  est  entièrement  refroidie , on  la  passe  avec 
expression  : on  la  laisse  déposer  , afin  de  séparer  les  feces 
qui  ont  passé  avec  la  liqueur  au  travers  du  linge. 

Remarq.ües. 

Une  décoction , telle  que  celle  dont  nous  venons  de  par- 
ler , seroit  beaucoup  trop  chargée  de  drogues;  mais  elle 
n’est  donnée  ici  que  comme  un  exemple  , pour  faire  re- 
marquer l'ordre  qu’on  doit  observer  dans  les  décoctions 
beaucoup  moins  composées  , et  dans  lesquelles  cependant 
on  emploie  des  substances  de  différente  nature. 

Lorsqu’on  lait  entrer  dans  les  décoctions  des  matières 
animales  qui  ne  contiennent  rien  de  volüftil,  comme  du 
veau  , un  poulet,  des  viperes,  etc.  on  doit  les  mettre  au 
commencement  de  la  décoction  , afin  qu  elles  aient  le 
temps  de  cuire.  Lorsque  ce  sont  des  ecrevisses,  ou  toute 
autre  matière  animale  facile  à cuire,  et  qui  fournisse  en 
cuisant  quelques  principes  volatils,  on  les  met,  après  les» 
avoir  concassées  , avec  les  substances  de  1 intusion. 

En  général,  on  ne  doit  pas  faire  bouillir  trop  long-temps 
les  substances  qu’on  soumet  a la  décoction,  paiceque  les 
principes  que  fournissent  les  végétaux  pendant  leur  infu- 
sion, ou  par  une  légère  décoction,  sont  différents  et  plus 
efficaces  que  ceux  qu’on  oblient  par  une  foi  te  ébullition. 

Dans  le  premier  cas  , 1 eau  est  chargée  de  matières 
extractives  et  salines  de  ces  memes  végétaux.  Dans  le 
deuxieme  , les  végétaux  fournissent  des  mucilages  considé- 
rables ou  des  substances  âcres  : le  parenchyme  des  végé- 
taux se  divise  de  plus  en  plus  : il  se  dissout  en  quelque 
sorte  dans  l’eau.  Ces  derniers  principes  se  combinent 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE! 

d’une  maniéré  singulière,  parle  mouvement  de  l’ébullition 
et  parla  chaleur,  avec  les  substances  qui  s’étoient  d’abord 
délayées  dans  l’eau  : ils  embarrassent  ou  détruisent  leurs 
vertus,  comme  nous  le  verrons  par  les  exemples  suivants. 
C’est  ce  (jue  Silvius  a très  bien  remarqué.  11  recommande, 
pour  cette  raison,  de  faire  bouillir  long-temps  les  drogues 
acres  et  piquantes,  afin  de  leur  faire  perdre  une  partie  de 
leur  vertu  trop  active  : et  donne  pour  exemple  la  décoction 
de  la  coloquinte,  qui  est  beaucoup  moins  purgative  que 
son  infusion.  1 

La  décoction  des  mirobolans  est  laxative,  lorsque  ces 
fiuits  n ont  bouilli  ou  un  instant  ; et  elle  est  astringente 
lorsqu’on  les  a fait  bouillir  long-temps , à cause  de  la  sub- 
stance terrestre  qui  sé  dissout  en  quelque  maniéré  dans  la 
décoction.  Il  en  est  de  même  de  la  rhubarbe. 

J ai  remarqué  la  morne  chose  à l’égard  du  séné  et  de 
ses  follicules  : 1 un  et  l’autre  fournissent  par  infusion  ou 
par  une  légère  ébullition  tous  leurs  principes  extractifs  et 
purgatifs  ; et  par  une  forte  ébullition,  ces  substances  rendent 
un  mucilage  fort  épais,  très  dégoûtant  pour  le  malade  : ce 
mucilage  embarrasse  ou  détruit  tellement  la  vertu  purga- 
tive , que  ces  fortes  décoctions  ne  purgent  presque  point. 

Lorsqu  on  fait  entrer  des  racines  bulbeuses  dans  les  dé- 
coctions , on  doit  les  mettre  un  peu  de  temps  avant  les 
fleurs  : n suffit  qu  elles  prennent  quelques  bouillons. 

Toutes  les  especes  de  capillaires  , quoique  plantes  li- 
gneuses , ne  doivent  point  bouillir  , ou  du  moins  que 
quelques  minutes,  pareequ’ils  fournissent  facilement  leurs 
substances  dans  les  infusions  , et  qu’ils  donnent  une  odeur 
agréable  qui  se  dissiperait  pendant  l’ébullition. 

Il  n y a pas  une  fleur  qui  doive  bouillir,  les  unes  à cause 
de  la  délicatesse  de  leur  tissu , les  autres  parcequ’elles  per- 
droient  leur  odeur  en  bouillant.  Cf  est  pourquoi  l’on  pré- 
paie par  infusion  fes  huiles  des  fleurs  qui  ont  de  l’odeur, 
comme  nous  Je  dirons  en  son  lieu. 

11  en  est  de  même  des  semences  des  plantes  ombellife- 
res  , telles  que  l’anis  , le  fenouil , le  cumin  , l’aneth  , etc. 
que  on  ne  doit  point  faire  bouillir  , parcecjue  ces  sub- 
stances contiennent  beaucoup  d’huiles  essentielles  odoran- 
tes qui  se  dissiperaient  entièrement.  On  verse  la  décoction 
bouillante  sur  ces  semences  pour  les  faire  infuser  seulement. 

La  réglisse  a une  saveur  sucrée  très  agréable  ; elle  fourni! . 


2.2.0  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 

peu'  infusion  à froid  ou  à chaud  , une  boisson  douce  , et 
qui  n’a  point  d’amertume;  mais  lorsqu’on  la  fait  bouillir  , 
elle  forme  une  décoction  âcre  et  amere  , sur-tout  quand 
la  réglisse  est  déjà  un  peu  vieille.  Voyez  ce  qui  est  dit  à 
l’extrait  de  réglisse. 

Lorsque  , dans  les  décoctions  , on  fait  entrer  des  sucs 
sucrés  , comme  le  miel , la  manne  , le  sucre,  etc.  ou  des 
substances  qui  en  contiennent,  comme  la  casse,  etc.  on 
ne  doit  les  mettre  que  sur  la  fin  , et  lorsque  les  décoctions 
sont  passées  : on  passe  la  décoction  de  nouveau  , s'il  est 
nécessaire,  lien  est  de  même  pour  les  gommes-résines  , telle 
que  la  scammonée:  ces  substances  doivent  être  réduites  en 
poudre  , et  il  ne  faut  les  délayer  dans  les  décoctions  que 
lorsqu’elles  sont  presque  entièrement  refroidies  , sans  quoi 
la  partie  résineuse  se  ramolliroit , se  grumeleroit,  et  ne 
se  trouverait  pins  distribuée  également  dans  le  médica- 
ment. 

On  clarifie  les  décoctions  avec  quelques  blancs  d’œufs, 
de  la  même  maniéré  que  nous  l’avons  dit  à l’article  des 
sucs  dépurés,  lorsqu’on  veut  qu’elles  soient  moins  dégoû- 
tantes: cela  doit  se  faire  avant  de  les  verser  sur  les  aroma- 
tes. Faisons  présentement  l’application  de  ce  que  nous 
venons  d’avancer  , à une  tisane  moins  composée. 

Tisane  anliscorbutiq ne. 

^ Pvacines  de  raifort  sauvage  5 fi. 

Feuilles  récentes  de  cochléaria , \ x i 

, 1,  c • • 'S  J • 

de  cresson  d eau,  ) 

Eau  bouillante  , J* 

Faites  selon  l’art. 

Remarque  s. 

Après  avoir  nétoyé  les  herbes  et  la  racine  de  raifort  , 
ou  coupe  les  herbes  en  trois  ou  quatre  portions,  et  les  ra- 
cines par  tranches  : on  les  met  dans  une  petite  cucurbite 
d’étain  : 011  verse  par-dessus  l’eau  bouillante  : on  bouche 
exactement  le  vaisseau,  et  lorsque  le  tout  est  rehoidi,  011 
passe  la  liqueur  au  travers  d’une  étamine  sans  exprimer  le 
marc.  Cette  tisane  se  trouve  fournie  abondamment  des 
principes  âcres  et  volatils  des  substances  antiscorbutiques  ; 


Eléments  de  riu  hmacii,  22 i 
mais  elle  est  peu  chargée  -le  principes  extractifs  : si  l’on 
-teut  qu  elle  le  soit  davantage  , on  peut  employer  la  dé- 
coction de  ces  memes  substances  en  place  d Vau  ■ alors  on 
la  verse  sur  une  pareille  quantité  des  mêmes  ingrédients 
quoi!  fait  infuser  dans  cette  décoction.  Un  pemédulco- 

rei  cette  tisane  soit  avec  du  sucre  , soit  avec  quelque  siror> 
approprié.  1 1 ” 

^eîte  tisane  est  un  excellent  antiscorbutique  : on  la  fait Vortus* 
piemire  le  matin  à jeun,  depuis  un  verre  jusqua  une 

pmte  par  jour  à proportion  que  les  affections  scorbuti~Dosft 
ques  sont  plus  fortes. 

Des  vins  médicinaux . 

On  nomme  vin  médicinal  du  vin  ordinaire  devenu  mé- 
dicament par  les  drogues  qu’on  y a ajoutées. 

n 11  PlvPar«  ]es  vins  médicinaux  de  deux  maniérés  dif- 
férentes , par  la  fermentation  , et  par  l’infusion. 

Ceux  préparés  par  la  fermentation  se  font  en  mêlant 

P imésê  ét?'avecr  lR  cUC  des  raisins  "0-ellement  ex- 
primés  , et  qu  on  fait  fermenter  ensemble  ; mais  la  fer- 
mentation , dont  le  propre  est  de  changer  la  nature  du 
mont,  change  aussi  celle  des  drogues  qu’on  r soumet  au 
point  que  les  purgatifs  les  plus  violents  conserve, tTpeine 
quelques  propriétés  laxatives  après  leur  fcZS  u 
,ucs  amers  des  végétaux,  comu'ie  celufde  iThsinthe  pe“ 
deut  considérablement  de  leur  saveur  en  fermentant  arec  le 
mont , comme  je  l’ai  éprouvé  plusieurs  fois.  La  résine  des 
sucs  gommeux-résmeux  qu’on  soumet  à la  fermentation  se 
sépare  et  fait  partie  de  la  lie,  après  s être  décomposée  près 
que  entièrement.  Il  semble  que  la  nature  en  Lv„n  r 
menter  des  corps  de  nature  'différeme  tènde  a.uT 
nertous  au  même  état,  et  à les  réduimi  „w-  ” 

mêmes  propriétés.  Comme  la  Médecine  ne  peur  retirer  nim 
peii  OU  même  point  de  secours  des  vins  médicamenteux 

par  ermentation  , nousne nous  v arrêterons  nas  dnva 

>aSe,  et  nous  allons  examiner  ceux 'pnSpai^SfSfc' 


■Des  vins  médicinaux  faits  par  infusion. 

Vin  de  Q tr  , n <j  u i „ A. 

Quinquina  concassé , . . r ■ • 

Vm  rouge  de  Bourgogne  , . ! | {b\ 


Vertus. 

Dû£C. 


222  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  met  le  tout  dans  une  bouteille  bien  boucnee,  cjue 
l’on  tient  dans  un  endroit  frais  pendant  douze  ou  quinze 
jours,  avant  soin  de  l’agiter  deux  ou  trois  lois  pat  jour, 
au  bout  desquels  on  filtre  le  vin  au  travers  d un  papier  gris: 
on  le  conserve  a la  cave  dans  des  bouteilles  entièrement 

pleines.  . • 

Le  vin  de  quinquina  convient  à ceux  qui  ont  1 estomac 

débile,  et  qui  digèrent  mal  : il  donne  du  ton  aux  libies  , 
et  il  est  un  excellent  antiputride  : il  excite  l’appétit.  La 
dose  est  d’un  ve'rre  de  deux  à trois  onces  qu’on  boit  à l’heure 
du  dîner  , en  se  mettant  à table  : on  prend  une  pareille 

dose  le  soir  à l’heure  du  souper. 

Ce  remede  ne  convient  pas  à ceux  qui  sont  dans  le  cas 
d’appréhender  la  chaleur  du  vin  : il  faut  leur  donner  en 
place  du  quinquina  en  poudre  , depuis  six  grains  jusqu  a 
un  scrupule,  ou  du  quinquina  infusé  pendant  cinq  ou  six 
heures  dans  de  l’eau  en  place  de  vin  ; on  prend  cette  infu- 
sion à la  même  dose  que  le  vin  : on  la  tait  ordinairement 
avec  de  l’eau  bouillante  comme  le  thé. 


Remarques. 

On  peut  de  la  même  maniéré  préparer  tous  les  vins  me 

dicinaux  par  infusion.  . A , , 

Ceux  faits  pour  l’usage  intérieur  doivent  etre  prépares 
à froid  et  exposés  dans  un  endroit  Irais,  à l’abri  du  soleil. 
H convient  que  le  vaisseau  dans  lequel  on  prépaie  1 infu- 
sion soit  exactement  bouché  , pareeque  le  vin  contient  un 
principe  spiritueux  qui  se  dissiperoit  : iL  arquerroit  une 
qualité  aigre  , et  seroitliors  d’état  d’extraire  la  même  quan* 

tité  de  principes.  ~ „ * . 0 

Cependant  nous  remarquerons  que  le  quinquina  a a 

propriété  d’empêcher  le  vin  de  s’aigrir , et  meme  celle  de 
diminuer  sensiblement  1 acidité  du  vin  aigre.  f 

Quelques  Pharmacopées  prescrivent  de  faire  digérer  les 
vins  dans  des  vaisseaux  à une  douce  chaleur  , sous  pn  texte 
d’extraire  plus  de  principes  : j’ai  remarque  que  la  c haleur , 
en  agissant  sur  le  vin  , en  dérange  sensiblement  es  princi- 
pes l’aLrit  ou  le  dispose  à la  fermentation  acide,  et  que 
d’ailleurs  il  ne  se  trouve  pas  plus  chargé  de  principes  ex- 
tractifs que  par  une  infusion  à froid  suffisamment  longue  , 
c’est-à-dire  de  six  ou  huit  jours.  Cette  observation  néan- 
moins ne  doit  s’entendre  que  pour  les  vins  officinaux  qui 

y 


ÏLÉMENTSDE  PHARMACIE,  22 3 

doivent  se  conserver  un  certain  temps.  II  n’en  est  pas  de 
même  de  ceux  qu’on  prescrit  à mesure  du  besoin  : on  a 
recours  à la  chaleurdu  bain-marie,  parceque  le  malade  ne 
peut  attendre  la  longueur  d’une  infusion  à froid. 

On  ne  doit  jamais  faire  entrer  dans  la  composition  des 
vins  officinaux  que  des  substances  seches,  du  moins  que 
très  peu  de  celles  qui  sont  récentes,  à cause  de  l’humidité 
qu’elles  fournissent  ^ qui  affoiblit  le  vin  et  le  fait  gâter 
promptement.  C’est  à quoi  on  a eu  grande  attention  dans 
la  Pharmacopée  de  Paris.  II  n’en  est  pas  de  même  des  vins 
magistraux  : comme  ils  ne  sont  faits  que  pour  durer  peu  de 
temps,  on  peut  y faire  entrer  des  substances  récentes. 

Les  plantes  antiscorbutiques  doivent  être  employées  ré- 
centes pour  les  raisons  que  nous  avons  dites  ailleurs.  L’hu- 
midité qu’elles  fournissent  au  vin  n’a  pas  la  propriété  de  le 
laire  gâter  aussi  promptement  que  la  plupart  des  sucs  des 
autres  végétaux.  Les  vins  antiscorbutiques  sont  officinaux, 
et  doivent  être  préparés  par  infusion  à froid. 

On  emploie  le  vin  blanc  , le  vin  rouge,  les  vins  de  li- 
queur pour  la  préparation  des  vins  médicinaux.  Le  vin  de 
quinquina  se  fait  avec  du  vin  rouge;  il  perd  sa  couleur  au 
boLU  d un  certain  temps  : il  y a lieu  de  présumer  que  c’est 
le  principe  astringent  du  quinquina  qui  précipite  la  partie 
colorante  du  vin.  La  noix  de  galle,  et  les  matières  astrin- 
gentes semblables,  ont  la  même  propriété:  elles  ôtent  pa- 
reillement P acidité  aux  vins  qui  se  sont  aigris/:  elles  ont 
aussi  la  propriété  d’empêcher  les  vins  de  tourner  au  gras. 

T in  émétique . 

%£  Foie  d’antimoine  en  poudre, J [Yt- 

Vin  blanc  ordinaire  • • 

On  met  ces  deux  substances  dans  une  bouteille  qui  bou- 
che bien  ; et  on  1 agite  trois  ou  quatre  fois  par  jour:  on 
laisse  ce  vin  en  infusion  à froid  pendant  huit  à dix  jours 
avant  que  de  l’employer  , et  on  le  conserve  sur  son  marc. 

Le  vin  émétique  convient  dans  l’apoplexie  , la  paralysie 
et  dans  les  maladies  où  il  y a stupeur  et  engourdissement!  Vertus. 
Ou  le  donne  depuis  deux  gros  jusqu’à  quatre  onces  dans 

des  Pavements  : ce  médicament  11e  doit  jamais  être  admi-Dose. 
mstre  par  la  bouche. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 


224 


Remarques. 


Ce  vin  émétique  est  décrit  dans  toutes  les  Pharmacopées: 
les  doses  de  foie  d’antimoine  varient  suivant  les  auteurs  : 
celles  que  nous  adoptons  ici  sont  celles  prescrites  dans  la 
Pharmacopée  de  Paris.  Nous  remarquerons  que  les  effets 
de  ce  vin  émétique  sont  sujets  à varier  considérablement. 

i°.  Par  .la  nature  du  foie  d*antiinôine  ou  du  safran  des 
métaux  qui  ne  different  pas  beaucoup  l’un  de  l’autre,  et 
qui  se  préparent  ou  sans  nitre  ou  avec  du  nitre. 

20.  Le  vin  blanc  , qui  n’est  jamais  d’une  acidité  égale  , 
dissout  plus  de  safran  des  métaux  lorsqu’il  est  plus  acide. 

3°.  Enfin  cette  préparation  d’antimoine  se  dissout  encore 
dans  des  proportions  différentes  dans  le  même  vin  blanc, 
suivant  qu’elle  est  plus  ou  moins  pulvérisée. 

C’est  vraisemblablement  pour  toutes  ces  raisons  qu’011  a 
retranché,  dans  la  nouvelle  édition  du  Codex  de  Paris,  le 
vin  émétique  préparé  avec  le  vin  d’Espagne  , et  destiné  a 
être  pris  par  la  bouche  : on  l’ordonnoit  parfaitement  clair 
et  même  filtré:  on  a conservé  seulement  celui  qu’on  pré- 
pare avec  du  vin  blanc  ordinaire  , et  qui  n’est  employé  que 
dans  les  lavements  âcres  et  très  actifs.  Les  effets  de  ce  vin 
sont  plus  violents  lorsqu’on  l’emploie  trouble , que  lorsqu  il 
est  parfaitement  clair:  on  le  fait  entrer  daus  les  lavements 
sous  ces  deux  états:  c’est  au  Médecin  qui  l’ordonne  à avoir 
-une  attention  singulière  à ne  pas  oublier  de  marquer  sur 
sa  formule  l’état  sous  lequel  il  veut  qu’on  l’emploie,  afin 
de  ne  pas  mettre  l’Apothicaire  dans  le  cas  d’agir  contre 
l’intention  du  Médecin. 

11  vaudroit  beaucoup  mieux,  lorsque  le  Médecin  or- 
donne du  vin  émétique  , le  préparer  sur  le  champ  en  ajou- 
tant dans  le  vin  blanc  la  quantité  d’émétique  prescrite.  Les 
effets  de  ce  vin  seroient  beaucoup  plus  sûrs. 


Laudanum  liquide  de  Sy  ndcnham. 


Opium,  . 
Satran  , . 


Vin  d’Espagne, 


On 


Eléments 


15  E PHARMACIE. 


22 5 


On  coupe  menu  l’opium  et  le  safran  : on  concasse  les 
ipro.les  et  la  canelle  : on  met  toutes  ces  substances  dans 
nu  matras  avec  le  vin  d’Espagne  : on  bouche  le  vaisseau 

fdM'  V3  'C5S'e  ,',nouill“s  qu’on  assujettit  avec  du  fil  - ou 
tait  digérer  ce  mélange  au  soleil  pendant  doqze  ou 

re'n  S î °11  ia‘i  ba'“  de  sable  a uue  chaleur  équivalinte  à 
ce  le  du  soled,  on  agite  le  matras  plusieurs  fois  par  jour 

ln ‘i!  C C ce  îernPs>  011  passe  avec  forte  expression  • où 
Lt  »a  liqueur  dans  un  flacon  , ou  la  laisse  déposer,  on  la 
tue  par  inclination  , ou  bien  on  la  filtre  an  travers  du  L! 
pier  gris.  On  conserve  cette  teinture  dans  une  bouteille  qui 
bouche  bien.  Le  vin  d’Espagne  est  un  vin  de  lioueur  n 
n est  pas  susceptible  de  s’altérer  par  la  chaleur  de  la  di»és- 
n connue  les  vins  d ordinaire  ! il  n’est  pas  non  plus  sus 
ceptible  de  s aigrir  avec  la  même  facilité! 

lente"  ! ^ 

il  trsr  ’ xj^r t P?- 

quatre  gouttes  jusqu’à  un  gros  et  demi  On  I r’-,d  p 
aussi  dans  désolons  ado°u cLa.lt  ci  Lt  dt  noTion's 
“se  65'  dePuis  q^tre  gouttes  jusqu’à  vingt,  pot  J* 

Opium  de  Rousseau . 

2^  Miel  blanc  , ; . . 7 , r .** 

Eau  chaude,  . . t -V* 

î b Hj. 

On  lait  dissoudre  le  miel  dans  lVn,  . ^ i • r 

* fc  î - ’ 

. 5 xij. 

On  lait  dissoudre  l’onium  dans  I’at,, 

-lu, ion  avec  la  liqne„?  dfi  unZtT,^ 
laisse  fermenter  rp  rnol-imT  i uiatras,  et  on, 

alors  on  filt  e flioL  " "8  7"^“  environ  “»  mois  i 

insqu  a ce  qu’elle  soit  réduite  à dix  onces  F„  V ' ^ 9 

donne  27  degrés  au  pasediqueur  des  seb  "n V ’ ‘i9 

quatre  onces  et  demi  d’esprit  de  vin  à 34  Wrés  cL'  T"'* 

donne  au  pese-liqueur  des  sels , , , de-reb  n,dlanSe 
lueur  aoit  se  préparer  dans  un  ma  iras  à col  un 


Dos* 


22Ô  £ L £ M zn  T $ DE  PHARMACIE. 

peu  étroit;  si  on  la  prépare  dans  un  vaisseau  de  largeouver- 
ture , elle  est  sujette  à se  moistr  à la  surface.  11  ne  faut  pas 
la  remuer  pendant  la  fermentation  , crainte  Je  1 arrêter. 

En  général  ce  mélange  lermente  mal  et  dithcilement. 

Vin  d’absinthe. 

2£  Absinthe  major  seche  , \ - ^ ij. 

Absinthe  minor  seche  , $ * . 

Vin  blanc  , lV* 

On  coupe  menu  les  deux  absinthes  : on  les  met  dans  un 
mauas  on  verse  par-dessus  le  vin  blanc  : on  bouche  l'ou- 
verture avec  un  bouchon  de  liege  : on  place  le  vaisseau 
dan  un  endroit  à l'abri  du  feu  et  du  soleil,  et  ou  laisse  le 
tout  en  infusion  pendant  deux  fois  vingt-quatre  heures  , ou 
SÎS  ce  que  lestantes  soientparfa.temmrt  penétr  es  On 
* X ia  linueur  avec  expression  : on  la  hltre  et  on  la  cou 
serve  à la  iave  dans  des  bouteilles  entièrement  pleines  et 

biLeW’ibsinthe  est  tonique , vermifuge  , propre  à pro- 
voque^îes  réglés  : il  fortifie  l’estomac  et  excim  appeU^ 
La  dose  est  depuis  deux  onces  jusqu  a six,  pris  le 
Posef;  v • 

a )e  Via  sciüiüquc. 

Scille  seche  , 

Vin  d’Espagne, 

Qrîlle  • on  la  met  dans  un  matras:  on 
On  coupe  menu  la  sa s°"“e . on  fait  infuser  ce  mé- 

lan^  a^nfi^^ndant^trois  ^a^^^^r^UrQVcoule^rinfu- 

5^-  0“  filtre  le  vin 

et  on  le  conserve  ; ;ncisif,  atténuant , propre 

, jsA.  'sïsr&rrizSï 

~ ..s.:* 

Vin  d' ènula-campana. 

2C  Racines  seches d’énula-campana  concassées,  |j;.. 

Vin  blanc  , 


5 1* 
îbj. 


i I i ME  KTS  DE  PHARMACIE.  227 

Jïtn1?*  ’YUSer  •“  mélanSfe,à  froid  dans  un  matras  clos 
pendant  quelques  jours:  on  filtre  la  liqueur , et  on  la  con- 

seive  dans  une  bouteille  qu’on  bouche  bien. 

Le  vin  d’énula-campana  est  détersif  , vulnéraire  allé- Vertus- 

nuant,  légèrement  sudorifique  , propre  pour  l’asthme  : il 

mm  1p  e5t0mac>  et,aide  Ja  digestion.  La  dose  est  depuis  Dû£e* 
une  demi-once  jusqu’à  trois  onces.  1 

Vin  maniai y ou  chalybè. 

Limaille  de  fer  non  rouillé , . . . X if 
Vin  blanc ! i |$ 

On  met  ces  deux  substances  dans  une  bouteille  qu’on 
bouche  bien  : on  tient  le  raiss.au  dans  un  endroit  liais 

fi  tr/la  V P US‘eUrS  f°1S,  P3r  |0Ur  : au  bout  l,e  huit  jours  on 
t e la  liqueur , et  on  la  conserve  dans  une  bouteille 

vient  ZsnraLSt  a‘Litif’  Pr°v0£lue  ^glcs  : il  con-  V.rtw 
ent  dans  les  pales  couleurs  et  dans  les  obstructions  1 a 

dlnfusion  ST  d6UX  gr°S  l’US1]U’i  <leux  onces  dans  ™e  iasse  Dos*, 
illusion  d ai  moïse,  ou  toute  autre  liqueur  appropriée. 


R 


^MARQUES. 


• tfe  50nt?ent  UI*  aci*de  tartareux  qui  agit  avec  effica- 
i c sur  le  fer:  il  en  dissout  beaucoup,  et  forme  une  teîni 

a-peu-pres  semblable  à la  teinture  de  mars  tartarisée  Ce  vin 

eri  a le  goût  et  presque  la  couleur.  On  prépare 

vent,  ce  médicament  avec  du  vin  d’Espagne  : il  est  tout 

aussi  bon.  Cependant  comme  le  vin  d’Espagne  contient 

moins  d acide  que  le  vin  blanc  ordinaire  il  se  dura*' A' 

moindre  quantité  de  fer.  La  limaille  de’fer  nu’on  ^ 

doit  être  non  rouillée  et  réduite  en  poudre  fine  a ' ^I>]oie 

Pp:rr  p,“ “*»  ■ «“*  Ats 

-Des  teintures,  des  élixirs  , des  baumes  spiritueux 
et  des  (]  u lut  essences . 

baumes^spiritirnux  ^ne  son  fl  ' ’ ^ CI'"'"leSSences  » « les 

la  dm^ncè  de  1er,,  s HZ  “à  . ’ 

forts  sont  toujours  des  teintures  de  substances  vé^eL 

F ij 


22.8  £ LIMENT*  CE  PHARMACIE.1 

animales  et  minérales , faites  par  le  moyen  de  l’eau-de-vi» 
ou  de  l’esprit  de  vin.  Ces  teintures  sont  ou  simples  ou  com- 
posées : ce  qui  nous  oblige  à en  faire  deux  articles  séparés. 
Afin  de  ne  rien  changer  clans  les  noms,  nous  conserverons 
les  dénominations  particulières  sous  lesquelles  plusieurs  de 
ces  médicaments  sont  connus,  comme  baume  du  com- 
mandeur , quintessence  d’absinthe  , etc. 

Des  teintures  spirltueuses  simples. 


Les  teintures  spiritueuses  simples  sont  celles  qui  ne  sont 
faites  qu’avec  une  seule  substance  , qu’on  fait  infuser  dans 
l’eau-de-vie,  ou  dans  l’esprit  devin. 

On  les  désigne  dans  les  formules  sous  le  nom  de  tein- 
ture ou  tinctura  ; les  Allemands  les  désignent  sous  celui 
d'essence,  ou  essentia  ; ainsi  il  est  bon  de  taire  observer 
oue  par  cette  derniere  nomination , les  Allemands  n en- 
tendent point  l’huile  essentielle  des  végétaux , qui , comm» 
on  le  sait,  n’est  pas  la  même  chose , et  qu’ils  ont  soin  de 
désigner  sous  les  noms  d 'huile  essentielle , ou  oleumessen • 

itn'y  a presque  point  de  substances  dans  le  régné  végé- 
tal et  dans  le  régné  animal  qui  ne  se  laissent  sensiblement 
attaquer  par  l’esprit  de  vin  , et  qui  ne  forment  arec  lui  es 
teintures  ou  des  dissolutions  plus  ou  moins  chargées  de 
principes  , dont  les  uns  sont  résineux,  huileux  et  analogues 
a la  portion  spiritueuse  et  inflammable  de  la  liqueui  : es 
autres  principes,  quoique  peu  analogues  a la  partie  inflam- 
mable cle  l’esprit  de  vin  , se  dissolvent  et  restent  suspendus 
dans  ce  véhicule,  à la  faveur  du  principe  aqueux  qu  il  con- 
tient. Ces  dernieres  substances  sont  les  parties  extractives 
des  végétaux,  et  les  extraits  tout  préparés.  L esprit  de  vin 
dissout  à la  vérité,  une  moindre  quantité  de  ces  matières 
en  comparaison  des  principes  huileux  et  résmeux  ; mai, 
néanmoins  il  s’en  charge  toujours  en  quantité  lits  stnsib  , 
même,  lorsqu’il  est  parfaitement  vécu  lie.  Les  gommes  sim- 
ples sont  même  susceptibles  d’être  attaquées  sensiblement 
tr  la  nart^ aqueuse  de  l’esprit  de  vin.  Si  elles  ne  lui  com- 
ninniouent  aucune  couleur,  c’est  parcequ’elles  sont  elles- 
mêmes  sans  couleur.  On  s’apperçoit  de  la  portion  de. 
nommes  dissoute  dans  l’esprit  de  vin  en  la ^ Uisa.it  eva 
|orer;  il  reste,  apres  son  évaporation , une  petite  quanta. 


ï t ^ M I N T S B E PHARMACIE*  22p 

2e  matîere  mucilagineuse,  qui  est  la  gomme  qui  s’est  dis- 
' *°.ut<;  a la  ^veur  du  principe  aqueux  de  l’esprit  de  vin. 
Ainsi,  comme  on  voit,  on  peut  faire  presque  autant  da 
teintures  Simples  qu’il  y a de  corps  dans  ces  deux  régnés. 
Plusieurs  substances  minérales  sont  attaquées  aussi  pârVes- 
pnt  de  vin,  comine,  par  exemple,  le  fer  et  le  cuivre  : 
peut-être  que  si  l’on  examinoit  toutes  les  substances  de  ca 
régné,  on  en  trouveroit  beaucoup  d’autres  qui  fourniroient 
quelques  principes  dans  l’esprit  de  vin. 


Teinture  ci' absinthe. 


7“  Sommités  d’absinthe  seches , . 
Esprit  de  vin  rectifié,  . . . . 


On  incise  menu  les  sommités  d’absinthe  : on  les  met  dans 
nn  matras  : on  verse  par-dessus  l’esprit  de  vin  : on  bouche 
c vaisseau  avec  de  la  vessie  mouillée  qu’on  assujettit  avec 
u gios  (il  : on  lait  digérer  cette  teinture  pendant  deux  ou 
trois  jours  au  bain  de  sable  , par  le  moyen  d’une  douce 
chaleur  ayant  soin  de  faire  un  trou  d’épingle  à la  vessie, 
pour  faciliter  la  sortie  de  l’air  raréfié  et  la  condensation  des 
vapeurs  de  1 esprit  de  vin  qui  pourroit  faire  casser  le  vais- 
seau sans  cette  légère  ouverture. 

. °n,  P^pare  de  la  même  maniéré  toutes  les  teintures 
simples. 


La  teinture  d’absinthe  est  stomachique , chasse  les  vents  , Vertus 
convient  aux  estomacs  froids  et  bilieux  chez  lesquels  la’ 
Cliateur  manque  , dans  les  maladies  vermineuses  : elle 
convient  aussi  dans  les  pales  couleurs  , et  pour  exciter  les 
reg  es.  La  dose  est  depuis  dix  gouttes  jusqu’à  un  gros  , prise  n 
dans  une  tasse  de  thé  ou  de  tisane  : on  réitéré  cette  dose-  °Se' 
plusieurs  fois  par  jour. 


Remarque  s; 

Les  infusions  dans  l’eau-de-vie  ou  dans  l’esprît  de  vin 
peuvent  se  faire  indilféremment  à froid,  on  par  1a  diges- 
tion a une  douce  chaleur.  Quand  on  les  prépare  à froid  if 
Mut  continuer  1 infusion  pendant  douze  ou  quinze  Tours 

fournît ’ à I,roPorlion  que  la  substance 
»mt  plus  difficilement  sa  teinture  dans  l’esprit  de  vin 

H convient  encore  tpue  le  vaisseau  soit  parfaitement  boni 

P iij 


sS'3  É L ï iïi  E N T S DE  PHARMACIE. 

ché , parcequ’il  n’y  a pas  de  raréfaction  à craindre  lors- 
qu’on opéra  à froid. 

L’eau-de-vie  et  l’esprit  de  vin  sont  des  liqueurs  beau- 
coup moins  composées  que  le  vin  : elles  sont  privées  de 
matières  extractives  : leurs  principes  ne  sont  pas  susceptibles 
de  se  déranger  par  la  chaleur  d’une  digestion  , comme  cela 
arrive  au  vin.  C’est  pourquoi  on  peut  les  taire  chantier , 
jusqu’à  bouillir  légèrement  : cela  est  même  nécessaire  pour 
certaines  teintures. 

L’esprit  de  vin  est  le  dissolvant  des  parties  huileuses  et 
résineuses  de  presque  tous  les  corps  qu’on  lui  présente  ; 
mais  il  dissout  en  même  temps  un  peu  des  autres  prin- 
cipes comme  nous  l’avons  déjà  fait  remarquer  ; ce  qui  est 
cause  que  cette  liqueur  inflammable  n’est  pas  un  menstrue 
qui  puisse  servir  à séparer  exactement  les  substances  rési- 
neuses pures:  aussiil  faut  avoir  recours  à d’autres  menstrues 
si  l’on  veut  ajouter  quelque  exactitude  à l’analyse  végétale 
et  animale;  j’ai  déjà  commencé  cette  analyse;  nous  en  par- 
lerons à l’article  des  résines. 

Presque  toutes  les  teintures  faites  par  l’esprit  de  vin  blan- 
chissent et  deviennent  laiteuses  lorsqu’on  les  mêle  avec  de 
l’eau  : c’est  une  séparation  de  la  substance  résineuse.  L’esprit 
de  vin  s’unit  à l’eau,  et  devient  hors  d’état  de  tenir  la  résine 
en  dissolution  : elle  se  précipite  et  on  la  ramasse , comme 
nous  le  dirons  en  parlant  des  extraits  résineux.  Ces  mélanges 
sont  d’autant  plus  blancs  , que  l’esprit  de  vin  étoit  plus 
chargé  de  substances  huileuses  et  résineuses. 

La  plupart  de  ces  teintures  sont  employées  par  gouttes 
dans  les  potions  magistrales;  et  elles  présentent,  dans 
ces  mélanges  , des  phénomènes  auxquels  on . doit  avoir 
beaucoup  d’égard  dans  la  pratique  de  la  Médecine. 

J’ai  remarqué  que  toutes  les  teintures  faites  avec  des 
substances  résineuses  liquides  , telles  que  le  baume  de  la 
Mecque , le  baume  de  Canada  , le  baume  du  Pérou  liquide x 
qui  se  dissolvent  eu  entier  dans  l’esprit  de  vin  , j’ai  remar- 
qué , dis-je,  que  toutes  ces  teintures,  lorsqu  on  vient  a 
les  mêler  dans  les  potions  aqueuses,  forment  des  pellicules 
à leur  surface,  les  troublent  lorsqu’on  les  agite,  et  qu’une 
partie  de  la  substance  résineuse  s’attache  aux  parois  des 
fioles,  tandis  que  l’autre  portion  reste  en  grumeaux  disper- 
sés dans  la  liqueur.  Le  castor  et  les  gommes-résines  mo- 
lasses , telles  que  le  galbanum , le  sagapenum  , la  gomme 


ÏLIMlflfTS  DE  PHARMACIE,  ô3l 

ammoniaque,  I a s s a f<  jeticl  a,  nesedissolventpas  en  entier  dans 
l’esprit  de  vin,  il  n’y  a que  leur  résine  et  une  portion  de 
la  substance  gommeuse  qui  s’y  dissolvent.  Les  teintures  de 
ces  matières  sont  plus  ou  moins  colorées;  elles  produisent 
dans  les  potions  les  mêmes  effets  que  les  teintures  précé- 
dentes, mais  seulement  à raison  de  leur  résine;  car  leur 
portion  gommeuse,  qui  étoit  dissoute  dans  l’esprit  de  vin 
reste  parfaitement  unie  à l’eau  despotions.  Par  conséquent  * 
ceux  qui  font  usage  de  ces  potions,  prennent  inégalement 
les  particules  résineuses  qui  y sont  contenues,  et  jamais  en 
totalité.  Le  moyen  d*  remédier  à cet  inconvénient,  du 
moins  en  grande  partie , est  de  triturer  ces  teintures  dans 
un  mortier,  avec  les  poudres  qu’on  fait  entrer  dans  les 
potions,  ou  avec  un  peu  de  sucre;  ou  avec  Je  syrop  qui 
est  prescrit.  J 1 -1 

Les  substances  résineuses  , seches  et  friables,  telles  que 
le  benjoin,  le  mastic  en  larmes,  etc.se  dissolvent  entière- 
ment dans  l’esprit  de  vin  , et  forment  des  teintures  qui 
ne  se  réduisent  pas  en  grumeaux  lorsqu’on  les  mêle  dans 
les  potions  aqueuses  : la  substance  résineuse  se  précipite,  à 
la  vente;  mais  elle  demeure  suspendue  en  poudre  dans  les 
potions  dans  lesquelles  on  fait  entrer  ces  substances. 

. potions  doivent  être  données  froides,  pareeque  si 
on  les  faisoit  chauffer,  la  résine  se  gruméleroit. 

f teintLJre  du  succin  est  ordinairement  d’une  Iérrere 
couleur  ambrée.  La  substance  que  l’esprit  de  vin  dissout , 

* , e parfaitement  bien  dans  les  potions  : elle  s’y  divise 
a la  manière  d’une  poudre  mieux  qu’aucune  des  précé- 
dentes. Lorsqu  on  prépare  cette  teinture,  il  faut  employer 
u succin  broyé  sur  le  porphyre  , afin  de  faciliter  la  disso- 
lution; et  meme,  malgré  cette  division,  l’esprit  de  vin 
n en  dissout  qu  une  petite  quantité,  et  assez  difficilement 

Un  Peut  attribuer  cette  propriété  du  succin  à ce  que  ses 
principes  sont  tellement  combinés,  que  la  gomme  défend 

J U,S!Ue  1 ac1tl.on  de  l’esprit  de  vin,  et  que  réciproquement 
la  résine  défend  la  gomme  de  l’action  de  l’eau  ; puisque  si 
1 on  sépare  par  la  distillation  ou  par  la  torréfaction  les  sub- 
stances qui  se  dégagent  les  premières , le  succin  qui  reste 
se  dissout  entièrement  dans  l’esprit  de  vin.  Quoiqu’il  en 

de  succin  *1 ° ^ ’0"  ait  C"C°re  exa,nin<^ « U portion 

de  succin,  dans  son  état  naturel,  qui  se  dissout  dans  l’es- 

P i evjn,difiere  en  quelque  chose  de  celle  qui  reste  après 

P iy 


233  Ï&L1ÊMENTS  DE  F E A R M A C I ï. 

la  préparation  de  la  teinture  : cet  examen  pourroit  répandra 
quelques  lumières  sur  la  nature  et  les  propriétés  du  succin. 

Les  teintures  de  la  plupart  des  plantes  et  de  leurs  parties 
sont , en  général , plus  chargées  de  substances  extractives 
que  de  principes  résineux.  Lorsqu’on  les  mêle  dans  les  po- 
tions aqueuses,  elles  blanchissent  beaucoup  moins  que  les 
précédentes , et  la  substance  résineuse  ne  se  grumele  jamais. 
Les  bois  résineux,  comme  le  gaïae,  le  buis,  etc.  peuvent 
être  exceptés  de  cette  réglé  : ils  contiennent  beaucoup  de 
résine  : leurs  teintures  deviennent  très  laiteuses  lorsqu’on 
les  mêle  avec  de  l’eau;  mais  leur  résine  ne  se  rassemble  pas 
en  grumeaux  dans  les  potions  aqueuses. 

11  y a des  matières  végétales  qui  paraissent  ne  point 
contenir  de  substance  résineuse , pareeque  les  teintures 
qu’elles  fournissent  dans  l’esprit  de  vin,  ne  blanchissent  ja- 
mais lorsqu’on  les  mêle  avec  de  l’eau  : telles  sont  celles  de 
polypode  , d’hypéricum , de  scordium  , de  chardon  bénit, 
de  squine  , de  cochenille  , etc.  Toutes  ces  teintures  se 
mêlent  parfaitement  bien  dans  les  potions  aqueuses,  sans 
qu’il  y ait  aucune  séparation  ; elles  contiennent  néanmoins 
de  la  résine. 

Plusieurs  de  ces  teintures  déposent  dans  les  bouteilles  , 
par  le  séjour  des  substances  dont  l’esprit  de  vin  s etoit  .en 
quelque  maniéré  supersaturé:  telles  sont  la  teinture  de  sa- 
fran et  celle  de  cochenille.  On  a regardé  ces  dépôts  comme 
de  pure  gomme  ; mais  les  phénomènes  qu’ils  présentent 
dans  l’eau,  indiquent  qu’ils  contiennent  un  peu  de  résine: 
ces  dépôts  se  dissolvent  mal  dans  1 eau  ; ils  en  troublent 
la  transparence. 

L’esprit  de  vin  est  un  menstrue  qui  se  charge  facilement 
des  huiles  essentielles,  ou  de  l’odeur  de  plusieurs  lleurs  , 
qu’on  ne  peut  obtenir  par  la  distillation , parcequ’elles  sont 
trop  fugaces,  comme  celle  de  tubéreuse.  On  met  les  lleurs 
récentes  dans  une  bouteille  avec  une  suffisante  quantité 
d’esprit  de  vin  : on  les  laisse  digérera  froid  pendant  quatre 
ou  cinq  jours,  et  même  davantage:  on  passe  avec  expres- 
sion : ou  filtre  la  teinture , ou  on  la  fait  distiller  a une  ( ha- 
leur  modérée  au  bain-marie  : c est  ce  que  1 on  nomme 
esprit  de  tubéreuse.  11  y a ici  une  remarque  bien  singulière 
à faire  sur  ies  fleurs  de  jasmin,  traitées  avec  de  l’esprit  de 
vin  parfaitement  rcctihé  ; c’est  que  ces  fleurs  perdent  oans 
moins  de  douze  heures  toute  leur  odeur,  meme  dans  und 


/ 


£ LE  MENT  S DE  PHARMACIE.'  2^^ 

bouteille  parfaitement  boncliee  , sans  pouvoir  la  recou."" 
vrer;  tandis  que  ces  mêmes  fleurs  infusées  dans  de  l’huile 
ou  dans  de  l’eau-de-vie  ordinaire , y laissent  leur  odeur 


agréable. 


Ou  peut,  au  lieu  d’esprit  de  vin,  employer  des  eaux 
spiri tueuses  composées  , pour  préparer  les  teintures  des 
drogues  simples  comme  l’eau  de  mélisse  composée,  l’eau 
impériale  de  Bellegarde,  ect.  la  Médecine  peut  tirer  de 
grands  avantages  de  ces  mélanges. 

On  emploie  encore  dans  la  Médecine  la  teinture  de 
myrrhe  et  celle  d’ambre  gris  , qu’on  prépare  avec  de  l’eau 
de  llabel  en  place  d’esprit  de  vin. 

Il  résulté  de  tout  ce  que  nous  avons  dit  sur  les  teintures 
que  l’esprit  de  vin  est  bien  le  dissolvant  des  substances  hui- 
leuses et  résineuses  des  corps  qu’on  lui  présente  : mais  il 
se  charge,  par  l’intermede  de  son  phlegme,  d’une  certaine 
quantité  de  parties  gommeuses  et  extractives  de  ces  mêmes 
corps.  Nous  verrons  à l’article  des  extraits  , que  l’eau  , 
quoique  le  dissolvant  de  ces  dernieres  substances,  se  charge 
néanmoins  , même  à Iroid  , d’une  assez  grande  quantité 
de  principes  résineux  quelle  tient  dans  une  parfaite  disso- 
lution, puisque  la  plupart  des  infusions  ou  des  décoctions 
sont  parfaitement  claires  et  transparentes.  11  est  facile  d’ap- 
percevoir  présentement  que  l’esprit  de  vin  et  l’eau  sont  dès 
menstrues  qui  ne  peuvent  séparer  les  gommes  et  les  résines 
des  matières  qu’on  leur  présente,  assez  exactement,  pour 
les  avoir,  dans  toute  leur  pureté,  et  pour  qu’on  puisse 
les  examiner  chacune  en  particulier.  Il  v a déjà  Joim- 
ternps  que  je  m’étois  apperçu  de  ces  difficultés.  Dans  les 
i ne-rentes  tentatives  que  j’ai  faites  pour  perfectionner  ce 

pomul  analyse  par  les  menstrues  , j’ai  reconnu  que  l’éther 
parfaitement  rectifié  nvrn'i  la  j c ^ 


r -,  ' ‘ ’ J ' U uc  i Utile 

parfaitement  rectifie  avoit  la  propriété  de  ne  dissoudre  nue 
les  substances  résineuses  des  corps , sans  toucher  en  aucune 
maniéré  aux  autres  principes.  J'ai  publié  le  canevas  des 
expériences  que  j’ai  faites  sur  cette  matière  dans  ma  disser- 
tation  sur  1 ether,  page  i5o  et  suivantes. 


Teinture  de  safran. 

21  Safran  gâtinois 

Esprit  de  vin  , 

On  met  le  safran  dans  un  petit  matras  : on  verse  part 


) R. 


r> 


rr  v 
O A* 


234  ^L^MEKTS  T>  E PHARMACIE. 

dessus  1 esprit  de  vin:  on  bouche  le  vaisseau  et  on  le  met 
en  digestion  au  soleil  pendant  plusieurs  jours,  ou  à une 
douce  chaleur  au  bain  de  sable.  On  coule  et  on  exprime  le 
marc:  on  filtre  la  liqueur  au  travers  d’un  papier  joseph , et 
on  la  conserve  dans  une  bouteille  qu’on  bouche  bien. 

Teinture  de  my  rrhe. 

Myrrhe  concassée , ....  ^ üj. 

Esprit  de  vin  j. 

On  prépare  cette  teinture  comme  la  précédente. 

Si  au  lieu  d’esprit  de  vin  on  emploie  de  l’eau  de  Rabel 
on  aura  ce  que  l’on  nomme  teinture  de  myrrhe  à l’eau  de 

Rabel. 

Des  teintures  spiritueuses  composées. 

Les  teintures  spiritueuses  composées  se  font  par  la  diges- 
tion à froid  ou  à la  chaleur  du  soleil , ou  à l’aide  d’une 
chaleur  modérée  , comme  les  teintures  simples  ; mais  la 
maniéré  de  les  préparer  est  assujettie  à des  loix  générales  à- 
peu-près  semblables  à celles  que  nous  avons  établies  en 
parlant  des  décoctions  composées.  On  commence  par 
mettre  dans  l’esprit  de  vin  les  matières  dures,  ligneuses  , 
les  fleurs  , même  celles  qui  sont  les  plus  délicates  ; on  a 
egard  dans  cet  ordre  à n’employer  d’abord  que  les  ma- 
tières qui  fournissent  peu  de  substance  dans  l’esprit  do 
vin;  ensuite  on  ajoute  successivement  celles  qui  donnent 
le  plus  de  principes  , et  on  finit  par  les  matières  qui  se 
dissolvent  en  entier. 

JLlixir  de  Spind  ou  baume  de  vie  de  le  Lievre. 
Agaric, 

Racine  de  Zédoire 
Fleurs  de  soufre, 

Aloës  succolrin  , 

Thériaque , 

Rhubarbe, 3 vj. 

Racine  de  gentiane  , 5 

Safran  gâtinois  , 5 fl- 

Eau-de-vie  , . fl* 

Sucre 

On  coupe  l’agaric , la  rhubarbe  et  le  safran  : on  con- 


\àà ? F 


^L^MEIfTS  DE  PHARMACIE:  235 

casse  les  racines  de  zedoire  , 1 aloës  et  la  gentiane  î on  met 
toutes  ces  substances  dans  un  inatras  avec  les  fleurs  de 
soufre,  Ja  thériaque  et  l’eau-de-vie  : on  fait  digérer  ce  mé- 
lange au  bain  de  sable  pendant  plusieurs  jours , ayant  soin 
d’agiter  le  vaisseau  de  temps  en  temps  ; alors  on  y ajoute 
le  sucre:  lorsqu  il  est  dissous,  on  passe  la  liqueur  avec  ex- 
pression : onia  laisse  déposer  pendant  quelques  jours,  et  on 
la  tire  par  inclination  lorsqu’elle  est  parfaitement  éclaircie. 

Le  sucre  qu  on  lait  entrer  dans  ce  mélange  est  destiné  à 
corriger  la  trop  grande  amertume  del’aloës. 

Ce  baume  est  stomachique,  vermifuge  , légèrement  pur- 
gatif. La  dose  est  depuis  une  cuillerée  à café  jusqu’à  trois. 
Les  personnes  sujettes  aux  hemorrhoïdes  11e  doivent  faire 
usage  de  ce  baume  qu  avec  beaucoup  de  modération,  par- 
ceque  1 aloës  qui  en  fait  la  base  est  sujet  à les  exciter.  Ce 
baume  convient  a 1 extérieur,  dans  les  plaies  récentes, 
comme  vulnéraire  , détersif,  et  pour  empêcher  la  suppu- 
ration. 1 1 

Remarques. 

Ce  baume  est  décrit  dans  la  seconde  et  troisième  éditions 
du  Corps  pharmaceutique  , augmenté  par  David  Spinâ , au- 
teur de  ceremede,sousle  nom  à' élixir  anti-pestilentiel.  On 
a change  seulement  la  dose  de  plusieurs  drogues:  on  a sup- 
primé un  gros  de  myrrhe  , qu’on  a remplacé  par  deux  gros 
de  fleurs  desoufre,  qui  sont  fort  inutiles  dans  cette  compo- 
sition Ce  baume  est  encore  décrit  dans  la  Pharmacopée  de 
Lrandebouig,  sous  le  nom  d’élixir  préservatif  contre  la 
peste,  et  011  ajoute  a la  recette  de  Spinà  un  gros  de  cam- 
phre. 

J’ai  publié  la  recette  de  ce  baume  dans  la  première  édi- 
tion de  cet  ouvrage;  celui  qui  passoit  pour  en  être  l’au- 
teui  , le  préparoit  tel  que  je  viens  de  le  décrire  ; mais  de- 
puis qu  il  a vu  son  secret  imprime  , il  a jugé  à propos  d’y 
faire  des  changements  considérables,  qui  non  seulement  le 
dénaturent,  mais  en  changent  pour  ainsi  dire  les  propriétés. 
Lorsqu’on  mêle  ce  baume  avec  de  l’eau  , la  partie  spiri- 
tueuse  se  mêle  à l’eau  , et  la  substance  résineuse  de  l’aloës 
et  des  autres  ingrédients  se  précipite.  L’auteur  vouloit  faire 
accroire  que  ce  précipité  est  une  matière  impure,  qui  nedoit 
pas  se  trouver  dans  ce  baume  lorsqu’il  est  bien  fait.  On 
pou  voit  répondre  que  ce  baume,  jusqu’à  l’instant  où  j’en 


Vertus. 

Dose. 


236  Ïl^mints  de  pharmacie 

ai  publié  la  recette,  étoit  donc  mal  préparé,  puisqu’il  se 
troubloit  lorsqu’on  le  mêloit  avec  de  l’eau  ; mais  c’est  pré- 
cisément le  contraire  : on  le  préparait  bien  dans  ce  temps- 
là  , et  aujourd’hui  on  le  prépare  mal  : quoi  qu’il  en  soit, 
voici  comme  on  fait  ce  baume,  lorsqu’on  veut  qu’il  ne  sa 
trouble  point  avec  l’eau  : i°.  on  supprime  les  fleurs  d© 
soufrer  on  fait  bouillir  dans  une  suffisante  quantité  d’eau 
toutes  les  autres  substances  , à l’exception  du  sucre  et  de 
l’eau-de-vie  : on  passe  la  décoction  avec  expression  : on  fait 
rebouillir  le  marc  dans  une  suffisante  quantité  d’eau:  on 
passe  de  nouveau:  on  fait  bouillir  le  marc  encore  une  fois 
ou  deux: on  mêle  toutes  les  liqueurs  : on  les  fa i t évaporer 
jusqu’à  trois  demi-setiers  ou  une  pinte  environ  ; alors  on 
ajoute  le  sucre  , et  lorsqu’il  est  dissous  , on  filtre  la  liqueur 
au  travers  d’une  chausse  de  drap  , à plusieurs  reprises:  on 
met  la  liqueur  dans  une  bouteille,  et  on  ajoute  l’eau-de- 
vie,  on  laisse  reposer  le  mélange  , et  on  le  tire  au  clair, 
par  inclination,  trois  ou  quatre  mois  après  , ou  bien  lors- 
qu’il est  suffisamment  éclairci..  Dans  toutes  ces  ébullitions, 
la  substance  résineuse  des  ingrédients  se  décompose:  elle 
devient  hors  d’état  de  pouvoir  se  dissoudre  dans  l’eau-de- 
vie  : il  11e  reste  enfin  dans  le  baume  que  les  matières  pure- 
ment extractives,  c’est  ce  qui  fait  que  lorsqu’on  le  mêle 
avec  de  l'eau  , il  n’en  peut  troubler  la  transparence  : le 
mélange  reste  parfaitement  clair  et  limpide  ; mais  aussi  il 
est  visible  que  ce  baume  ainsi  préparé  est  moins  bon  que 
lorsqu’il  est  fait  par  le  procédé  que  nous  avons  indiqué  en 
premier  lieu. 

L’auteur  avoit  encore  imaginé  de  déguiser  son  baume 
par  quelques  gouttes  d’huile  d’olives  ou  d’amandes  dou- 
ces qu’il  mettoit  dans  chaque  bouteille , comme  pour  faire 
accroire  que  cette  matière  huileuse  étoit  celle  des  ingré- 
dients; mais  on  peut  être  assuré  que  c’est  une  huile  abso- 
lument étrangère  à ce  baume. 

Essence  carmin ative  de  HEedelius . 

^Racines  deZedoire,  ; ^ j. 

Carline,  q 

Calamus  aromaticus  , V àâ.  . . 5 fl, 

Galanga,  J 


tfLJÊMENTS  DE  PHARMACIE. 


2^' 


Fleurs  de  Camomille  romaine,  T 
Semence  d’Anis , J " " 


au 


Car vi , 


5iJ. 


Girofles, 

j „ r „ ■ > UCl ...... 

Laies  de  Laurier,  i 

Macis  

Ecorces  d’oranges  seches  , .... 

Esprit  de  citron  

Esprit  de  nitre  , 

• • • o /. 

5 i j. 

On  concasse  ce  qui  doit  l'être:  on  met  toutes  les  substan- 
ces dans  un  matras:  on  verse  par-dessus  l’esprit  de  citron 
et  l’esprit  de  nitre  : on  bouche  le  matras  , et  on  laisso 
infuser  les  matières  pendant  seize-jours;  ensuite  on  coule 
avec  expression  : on  libre  la  liqueur , et  on  la  conserve 
dans  une  bouteille  qu’on  bouche  bien. 

Cette  teinture  est  stomachique  , carminative  et  emmé- 
*iaê°ùue,^ja  dose  est  depuis  un  demi-gros  jusqu’à  un  gros. 


Hlixir  de  vie  de  JSlathiolel 


^ Racines  de  Galanga  minor,  T 

Gingembre,  > àâ.  : : ; . ? at 

Zédoaire,  J 

. Calamus  aromaticus, 

Feuilles  de  Marjolaine , 

Menthe , 

Thym , « tUL  - ? ,, , 

; > \ tut.  • • « 3 

oerpolet, 

Sauge , 

Romarin , 

Fleurs  de  Roses  rouges 
Semences  d’Anis,  } 

Fenouil,  T ua-  3T  jV 

Canelle : ...  % j. 

Girolles , 1 ù 

Noix  muscades,  £ üà Z R2 

Macis , j 

Cubebe , 

Bois  d’aloè's , 

Santal  citrin , ? üii ^ 

Cardamum  minor  , 


Vertu*.' 

Dos* 


338 


ÎÉL^MENTS  DE  PHARMACIE. 

Ecorces  récentes  de  citrons ~ j 

Esprit  de  vin  à 3o  degrés  îb.vj. 

On  coupe  menu  , et  on  concasse  cp  qu’il  convient  de 
concasser  : on  met  toutes  les  substances  dans  le  bain-marie 
d’un  alambic  avec  l’esprit  de  vin  , et  on  procédé  à la  dis- 
tillation au  bain-marie  pour  laire  distiller  cinq  livres  de 
liqueur  que  l’on  conserve  dans  une  bouteille  qu’on  bouche 
bien. 

Vertus.  Cet  éüxir  pris  intérieurement  convient  dans  l’épilepsie. 
II  est  cordial  , vulnéraire:  la  dose  est  depuis  un  gros  jus- 
***  qu’à  quatre.  Ou  en  frotte  aussi  les  tempes  et  le  dessous  du  nez» 

♦ 

Elixir  pour  les  dents,  de  l’abbé  Ancelot. 


Esprit  de  romarin  , ^ viij. 

Racine  de  py redire, 5 j. 


On  met  ces  deux  substances  dans  un  matras , on  les 
laisse  en  infusion  pendant  quelques  jours  , et  on  fdtre  la 
liqueur. 

On  se  rince  la  bouche  avec  une  cuillerée  de  cet  élixir 
qu’on  a mêlé  avec  deux  fois  autant  d’eau.  Il  est  propre  pour 
Vertus  prov0qUer  un  peu  de  salive,  et  pour  dégager  les  gencives 
de  petits  amas  d’humeurs  qui pourroient  occasionner  quel- 
ques légères  douleurs  de  dents. 

Essence  céphalique  ou  bonferme. 


2J  Noix  muscades , ^ - - 

Girofles , \ 

• * ? 15- 

Fleurs  de  grenades?  \ ââ 

Canelle , J 

Eau-de-vie , . . . 

On  concasse  toutes  ces  substances  : on  les  met  dans  un 
matras  avec  l’eau-de-vie  : ou  fait  digérer  le  mélangé  au. 
bain  de  sable  pendant  huit  ou  dix  jours.  Alors  on  le  passe 
avec  forte  expression  : on  fdtre  la  liqueur  au  travers  d’un 
papier  gris  , et  on  la  conserve  dans  une  bouteille  bien 

bouchée. 

Vertus  Cette  essence  s’emploie  pour  les  maux  de  tete  , et  poui 
* les  coups  à la  tête  : on  en  met  un  peu  dans  le  creux  de  la 
main,  qu’on  respire  par  le  nez:  elle  occasionne  souvent 
l’évacuation  du  sang  caillé  lorsqu’il  s’en  trouve  à la  proxi^ 


ÉLÉMENTS  DB  f*  H A R M A C I E. 

mité  des  narines.  On  lui  a donné  le  nom  de  bonferme , par- 
ceque,  lorsqu’on  l’emploie  , il  faut  la  respirer  le  plus  fort 
qu’il  est  possible.  1 

Gouttes  amer  es, 

Feves  de  Saint  Ignace, j\ 

Huile  de  tartre  par  défaillance,  . . . 5 jj. 

Crystaux  de  suie  q ; 

Esprit  de  vin, . foi j. 

On  râpe  grossièrement  les  feves  de  S.  Ignace  : on  les  met 
dans  un  matras  avec  les  autres  ingrédients  : on  fait  digérer 
ce  mélange. à une  chaleur  douce  au  bain  de  sable  pendant 
huit  ou  quinze  jours:  on  passe  avec  expression  : on  filtre 
la  liqueur,  et  on  la  conserve  dans  une  bouteille. 

Cette  teinture  est  un  puissant  rernede  pour  appaiser  les  Vertus 
coliques  d estomac.  La  dose  est  depuis  une  goutte  jusqu’à  Dose, 
six  ou  huit,  tout  au  plus  , dans  un  verre  d’eau  , ou  de  quel- 
que infusion  légère  de  plantes  stomachiques  : une  seule 
goutte  communique  à un  verre  d’eau  , une  saveur  amere 
1res  considérable. 

Hemarques. 

Quelques,  personnes  font  d’abord  une  distillation  de 
1 esprit  de  vin  avec  des  feuilles  de  chardon  bénit,  de  cen- 
tauree,  de  fumeterre  et  d’absinthe  : elles  l’emploient  pour 
la  préparation  de  cette  teinture  en  place  , l’esprit  de  vin 
ordinaire.  Mats  de  toutes  ces  plantes,  il  n’y  a que  l’absin- 
the qui  fournisse  quelque  substance  qui  s’élève  avec  l’esurit 
de  vin  pendant  la  distillation.  1 

On  peut  employer  en  place  de  feves  de  S.  Ignace  une 
pareille  quantité  de  noix  vomiques  râpées  grossièrement  : 
il  paroit  quelles  ont  les  mêmes  vertus,  et  qu’elles  pro- 
duisent les  mêmes  effets.  Ces  substances  sont  de  violents 
purgatifs  chauds  et  amers,  qui  opèrent  de  bons  effets  lors- 
qu ils  sont  administrés  en  petites  doses  , comme  nous  l’a- 
Vons  indiqué.  Quand  on  prend  une  trop  grande  dose  de 
cette  teinture  à la  fois  , elle  agite  tout  le  genre  neveux 

ain^iUauTêî  Sln&lUer*  ’ îusclu’à  clonner  àes  convulsions  ; 
ftir  dangereux,™  e“«wles“cet  eflet  ^ Pourroit  dovel 


^4©  éléments  de  pharmacie. 

L’akali  hxe  qu’on  fait  entrer  dans  cette  teinture , est 
pour  modérer  la  trop  grande  activité  de  ce  reinede  : la  suie 
de  cheminée  produit  à-peu-près  le  meme  effet  que  l’ahcali 

fixe. 

Elixir  thèriacal . 


^ Eau  de  mélisse  composée  , îh  j. 

Esprit  volatil  huileux  aromatique,  Y ^ 

Thériaque, çaa.  5 ij  IK 

Sucre , 5 j . 

Lilium  de  Paracelse,  > — X i r 

Eau  de  canelle  orgée,  3 ' a ^ 


On  met  toutes  ces  substances  ensemble  dans  un  matras  : 
on  les  fait  digérer  à la  chaleur  du  soleil  pendant  cinq  à six 
jours  j ayant  soin  d’agiter  le  vaisseau  plusieurs  lois  par  jour  ; 
alors  on  laisse  déposer  le  mélange,  et  on  décante  la  li- 
queur que  l’on  conserve  dans  une  bouteille  qui  bouche 
bien. 

On  ne  doit  pas  filtrer  cet  élixir,  parceque  PalKali  volatil 
de  l’esprit  volatil  huileux  se  dissiperoit  en  pure  perte  , 
et  c’est  dans  lui  que  réside  la  plus  grande  vertu. 

Yertu s.  Cet  élixir  est  sudorifique,  propre  pour  résister  a la  ma- 
lignité des  humeurs  : il  convient  dans  la  petite  vérole,  le 
. pourpre,  et  dans  tous  les  cas  où  il  est  nécessaire  de  rani- 
mer et  d’exciter  la  transpiration  : il  convient  encore  aux 
femmes  dans  les  coliques  d’estomac  occasionnées  par  le 
dérangement  des  règles.  La  dose  est  depuis  dix  gouttes 
Pose,  jusqu’à  trente,  dans  du  bouillon,  dans  un  peu  de  vin, 
ou  dans  une  potion  cordiale. 


Elixir  aatiasLhmaticjue  de  JJoerhaave. 


Racines  d’Asarum , .gr,  XV“J 

Cala  mus  aromaticus,  7 -- 

Enula-campana , Ç 

Iris  de  Florence  , A E* 

Réglisse,  5jfi- 

Semences  d’anis, 5 E* 

Camphre  , gr‘  VF 

Esprit  devin  rectifié, v^l» 


On  concasse  toutes  ces  substances  : on  les  met  dans  un 

matras  , 

Q' 


\ 


Eléments  dk  pharmacie.  241 

tairas  : on  les  fait  digérer  avec  l’esprit  de  vin  pendant 
qnatie  ou  cinq  jours,  au  bput  duquel  temps  on  passe  avec 
expression  : on  filtre  la  liqueur  et  on  la  conserve  dans  une 
bouteille  qu’on  bouche  bien. 

Cet  élixir  convient  dans  les  dispositions  asthmatiques  et  Vertus/ 
pour  1 asthme  même  , pour  adoucir  Pâcrelé  des  humeurs 

~~  »,  • depuis  deux  D.se. 

gouttes  jusqu  a trente,  dans  une  tasse  de  thé  ou  de  tisane 
appropriée. 

Teinture  de  corail . 


tt>  ij. 


(,orail  rouge  pulvérisé,  y -- 

Suc  de  berbéris , Ç aa 

Esprit  de  vin  rectifié, X Yp 

On  met  le  corad  rouge  dans  un  grand  matras  : on  verse 
par-dessus  le  suc  de  berbéris  : on  fait  digérer  ce  mélaime 
au  bam  de  sable  jusqu’à  ce  que  le  suc  de  berbéris  soit  en- 
tièrement saturé  de  corail  : on  agite  le  matras  de  temps 
en  temps  : on  met  ensuite  le  mélange  dans  un  vase  de 
verre  ou  de  grès  : on  fait  évaporer  l’humidité  jusqu’à  ce 
que  la  matière  restante  ait  la  consistance  d’extrait  ; alors 
on  met  cet  extrait  dans  un  matras  : on  verse  par-dessus 
I esprit  de  vin  : on  lait  digérer  ce  nouveau  mélange  jus- 
qu a ce  que  1 esprit  de  vin  ait  acquis  une  belle  couleur 
rouge  : on  filtre  la  teinture  au  travers  d’un  papier  °vis  et 
on  la  garde  dans  une  bouteille.  * P * > Gt 

On  estime  la  teinture  de  corail  cordiale , propre  pour  v„hl# 
purifier  le  sang  : elle  est  un  peu  astringente  etdiurétique 
■La  dose  est  depuis  dix  gouttes  jusqu’à  un  gros.  1 


D«se. 


R i 


MARQUES. 


le  corail  berW'rirr  C°n,ient  nn  acide  «l<li  dissout 

, ? 1 a';CC.V1Vf  efrervescence  ; c’est  pourquoi  il  convient 

de  faire  choix  d’un  vaisseau  suffisamment  grand  sans 

J?  la  ma,tlere,  passerait  par-dessus  les  bords,  su’r-tout 
51  1 °,n.  e,nployoit  du  corail  réduit  en  poudre  subtile  na 
cequ  alors  la  dissolution  se  ferait  encore  avec  plus  <LP IL 
pdite.  J1  resuite  de  ce  mélange  nn  sel  végétal  à base  ter- 
-use  qui  est  susceptible  de  former  des  crystaux*  on  épaissit 
la  uiatiere  jusqu’à  consistance  dirait,  afin  de  „Œ, 

Q r 


» > 
i 


*4^  éléments  de  pharmacie. 

affoiblir  l’esprit  de  vin  ; mais  la  teinture  qu’il  tire  de  ce 
mélange  est  celle  que  fournit  la  matière  extractive  du  suc 
de  berbéris.  Le  corail  ne  fournit  aucune  teinture  dans 
l’esprit  de  vin  , soit  avant , soit  apres  sa  combinaison  avec 
le  suc  de  berbéris.  L’esprit  de  vin  tient  néanmoins  en  dis- 
solution une  petite  quantité  de  ce  sel  végétal  à base  ter- 

Ï6US6. 

On  peut,  après  que  la  teinture  est  faite,  dissoudre  dans 
de  l’eau  le  marc  qui  reste,  le  filtrer  et  le  mettre  cristalliser  . 
on  obtiendra  des  crystaux  de  sel  de  corail. 

Teinture  de  corciïl  anodine  d Helvetius. 

2£  Poudre  de  corail  anodine  d’Helvétius,  ....  £ 

T Esprit  de  vin, *>  J ^ 

On  met  ces  deux  substances  dans  un  matras  : on  fait 
différer  ce  mélange  au  soleil  ou  au  bain  de  sable  a une 
chaleur  douce  pendant  trois  ou  quatre  jours  : on  ntre  en- 
suite la  liqueur , et  on  la  conserve  dans  une  bouteille  qu  on 
bouche  bien.  On  obtient  ordinairement  vingt  onces  de 

teinture.  s 

Vertus  Cette  teinture  est  calmante  , elle  appaise  les  douleur 
occasionnées  par  les  cours  de  ventre  et  la  dyssenter.e  elle 
Dose,  convient  aussi  dans  les  coliques  d estomac.  La  do»  es 
depuis  vingt  gouttes  jusqu  a un  demi-gros  . 
prendre  aussi  dans  des  lavements. 

Tau-de-vie  allemande. 

£ MaP  > • -, I 

Scammonee  , 

Pvacines  de  turbith  y 5 f ... 

1 Eau-de-vie, P,nt>  11  ' “,- 

On  concasse  le  jalap  , la  scammonee  et  U t turbith  : 
nn  us  met  dans  un  matras,  et  on  verse  leau-de  vie  pa 
dessus  on  laisse  infuser  ce  mélange  à frotd  , ou  a u 

^ S aans 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  2/j^ 

tt  de  douleurs  dans  les  articulations.  La  dose  est  depuis  Dose* 
wne  once  jusqu’à  deux. 

Elixir  viscéral  tempérant  tV Hoffmann . 

Extrait  d’absinthe , 

Chardon  bénit,  f --  . _ . 

*'»■  . ' > au. 

vamtauree  rninor,  f ->  > 

Gentiane,  3 

Ecorces  d’oranges  aineres  ? iV. 

" ‘Vin  d’Hongrie, Jb  ij! 

On  met  dans  un  matras  les  extraits  avec  les  écorces 

recentes  d’oranges  ameres  mondées  de  la  partie»  blanche  : 
on  verse  par-dessus  Je  vin  d’Hongrie,  ou,  à son  défaut, 
e bon  vin  de  Malaga  : on  laisse  infuser  ce  mélange  pen- 
dant cinq  ou  six  jours  a froid  , ou  à une  chaleur  bien  douce , 
en  ayant  soin  de  1 agiter  plusieurs  fois  , par  jour;  on  le 
hltre  et  on  conserve  la  liqueur  dans  une  bouteille. 

* ^l‘xh  est  un  amer  stomachique  qui  provoque  l’np-  y r , 
petit  et  qui  donne  du  ton  à l’estomac.  La  dose  est  d’un  D U** 

gros  jusqu’à  deux,  pris  dans  une  tasse  de  thé  ou  de  bouil- 
lon. 

Elixir  stomachique  de  Stougthon, 

Sommités  de  grande  absinthe  seche  , 

de  chamædrys,  / __ 

Pvacines  de  gentiane,  /*  ^a‘  • • 3 VL 

Ecorces  d’oranges  ameres  , j 

de  Cascarille , r i. 

Khubarbe x r 

Aloës  % ; 

Esprit  de  vin  rectifié, ib  ij. 

On  prépare  cette  teinture  de  la  même  maniéré  que  nous 
1 avons  dit  pour  les  autres. 

Cet  élixir  est  un  très  bon  stomachique  chaud,  propre 
pour  augmenter  la  chaleur  de  l’estomac  , et  pour  chasser 
es  vej-s.  dose  est  depujs  djx  gouttes  jusqu’à  une  demi-  Dü.e 
cuillerée  dans  une  tasse  de  thé,  d’eau,  ou  de  tisane  ap- 
propriée.  r 


244  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE? 


Elixir  de  vitriol  de  Minsicht. 


& Racines  de  galanga,  1 55  j c.< 

Calamus  aromaticus  , J 
Fleurs  de  camomille  romaine, 

Sommités  fleuries  de  sauge,  \ àâ  X ii 

d’absinthe,  ( J 1 

de  menthe  crépue,  j 
Girofle,’  O, 

Canelle,  f 

Cubebes,  V Z ) &• 

Noix  muscades , 

Gingembre , 

Bois  d’aloës,  7 --  -----  - yr? 

Ecorces  de  citron,  > w 

Sucre  blanc  , ^ î 

jHuile  de  vitriol , $ \v 

Esprit  de  vin, ]. 

On  pulvérise  grossièrement  toutes  les  substances  qui 
peuvent  se  pulvériser  : on  les  met  dans,  un  matras  avec 
quatre  onces  d’esprit  de  vin  , afin  d en  imbiber  les  pou- 
dres ; alors  on  ajoute  l’acide  vitriolique  ; on  fait  digérer 
ce  mélange  pendant  quelques  heures , et  on  met  ensuite 
le  reste  de  l’esprit  de  vin.  On  fait  digérer  de  nouvau  pen- 
dant cinq  à six  jours  : on  laisse  déposer  la  teinture  : on 
la  décante , et  on  la  conserve  dans  une  bouteille  qui  bou- 
che bien.  . 

v ,us  On  estime  cet  élixir  propre  pour  fortifier  1 estomac  et 

1 ' ’ le  cerveau  : on  s’en  sert  dans  l’épilepsie  et  dans  les  au- 
Dose.  très  maladies  du  cerveau.  La  dose  est  depuis  deux  gouttes 
jusqu’à  quarante.  Cet  élixir  ne  doit  jamais  se  donner  seul, 
à cause  de  *sa  saveur  acide  , qui  incommoderoit  beau- 
coup , mais  toujours  étendu  dans  une  suffisante  quantité 
de  véhicule  aqueux  approprié. 

Remarques. 


L’acide  vitriolique  qu’on  fait  entrer  dans  cette  teinture 
attaque  les  principes  huileux  des  substances,  et  les  réduit 
dans  un  état  charbonneux.  L’esprit  de  vin  qu  on  met 
d’abord  est  destiné  à modérer  la  trop  grande  action  cU 


ÉLÉMENTS  D X PHARMACIE?  2^ 

acide  sur  Jes  ingrédients.  Quelques  Pharmacopées  re- 
commandent de  faire  digérer  ce  premier  mélange  pen- 
dant deux  ou  trois  jours;  mais  j’ai  remarqué  que  ce  temps 
ctoit  trop  long  : les  substances  souffrent  trop  d’altération 
oe  la  part  de  l’acide  : il  suffit  de  les  laisser  digérer,  même 
a froid , l’espace  de  deux  ou  trois  heures  /et  d’ajouter 
ensuite  la  totalité  de  l’esprit  de  vin. 

Mhisicht  , autour  de  ce  remede , recommande  d’em- 
p oyer  1 acide  vitriolique  tiré  du  vitriol  de  cuivre  ; mais 
nous  croyons  qu’il  est  plus  prudent  d’employer  de  l’acide 
Vitriolique  ordinaire,  qui  ne  contient  point  de  cuivre. 

Teinture  d absinthe  composée , ou  quintessence 

d' absinthe, 

^ Feuilles  d’absinthe  major  , 'J  __ 

miner  , f aa‘  * ; * • • • 5 ÜJ. 

Sommités  de  petite  centaurée,  . . ? ;; 

Girofle , . . . ' ''  i f 

Canelle, r/* 

Sucre  , w F 

Esprit  de  vin, ~ / 

On  coupe  menu  les  feuilles  et  sommités  des  plantes*' 
on  concasse  le  girofle,  la  canelle  et  le  sucre  : on  met  tou- 
tes ces  substances  dans  un  matras , et  on  les  fait  diaérer 
avec  l’esprit  de  vin  pendant  trois  ou  quatre  jours  : on 
passe  avec  expression  : on  filtre  la  teinture  au  travers  d’un 
papier  gris,  et  on  la  conserve  dans  une  bouteille. 

Cette  quintessence  est  stomachique , facilite  la  digestion  , Vertu* 
diminue  les  aigreurs,  chasse  les  vents  : elle  convient  dans 
les  langueurs  , gonflements  d’estomac  et  les  maux  de 
cœur  : elle  excite  les  réglés,  tue  et  chasse  les  vers  des 

rte  à café  d0S*  CSt  dei>U‘S  d‘X  êotUtes  jusqu’à  une  cuilïe-  Dos., 


Elixir  odontalgique  de  M.  le  li.  du  la  F. 


£ Girofle  r ......... 

Gaïac 

Pyrethre  

Huile  essentielle  de  romarin  , 

berga  motte 


6 fl. 
3 iv. 
X i 


• • . gutt. 

• • . gutt. 

Q üj 


X. 

i Y,. 


£46  éléments  d b pharmacie; 


Noix  muscade, £ j^ 

Eau-de-vie  à 26  degrés  , 3 nj* 


On  concasse  ce  qui  doit  l’être  : on,  met  toutes  ces  suT/“ 
stances  dans  un  matras  avec  l’eau-de-vie  , et  on  laisse  in- 
fuser à froid  pendant  sept  ou  huit  jours,  ensuite  on  filtre 
la  liqueur,  et  011  la  met  dans  une  bouteille  de  grandeur 
double  de  celles  qui  servent  à l'eau  de  mélisse. 

Cet  élixir  est  très  aromatique;  il  fortihe  les  gencives  et 
raffermit  les  dents  : on  en  met  une  cuilleree  à cale  dans  un 
verre  d’eau , et  on  se  rince  la  bouche  tous  les  malins  aveq 
cette  liqueur. 

Elixir  de  propriété  de  Paracelse . 


^ Teintures  de  myrrhe  , $ iv.‘ 

de  safran  , q ..... 

d’alocs,  £ 5 ul* 


On  mêle  ces  trois  teintures , et  on  les  conserve  dans  une 
bouteille.  Si  on  soumet  ce  mélange  à la  distillation  au 
bain-marie  , 011  obtient  une  liqueur  spirilueuse  , claire  5 
sans  couleur,  que  l’on  nomme  élixir  de  propriété  blanc. 
On  rainasse  la  matière  qui  reste  dans  1 alambic , et  011  la 
met  à part  ; c’est  ce  que  l’on  nomme  extrait  d élixir  de 
propriété. 

En  ajoutant  douze  gouttes  d’esprit  de  vitriol  au  mélange 
des  trois  teintures  , 011  forme  ce  que  l’on  nomme  élixir  de 

propriété  acide.  ... 

Cet  élixir  fortifie  le  cceur  et  l’estomac  : il  aide  à la  di- 
gestion : il  purifie  le  sang:  il  excite  1 insensible  transpna- 
tion  : il  provoque  les  réglés  , diminue  la  cause  des  vapeurs 
hystériques.  La  dose  est  depuis  six  gouttes  j usqua  un  demi- 
gros. 

Gouttes  anodines  d'Angleterre  ou  gouttes  de  Talbot V 


^ Ecorces  de  sassafras  , w . 

Racines  d’asarum  , 5 aa'  * * * * * 5 h 

Sel  volatil  de  corne  de  cerf  rectifié,  . J f. 

Rois  d’aioës  , 5 

Opium, O n j • 

Esprit  de  vin  , 1b  )• 


On  concasse  les  substances  qui  ont  besoin  de  1 être  : on 


ÏL^MENTS  Z>  E PHARMACIE. 

les  met  dans  un  matras  avec  l’esprit  de  vin  : on  bouche  le 
vaisseau  exactement , et  on  fait  digérer  ce  mélange  à froid 
pendant  trente  ou  quarante  jours,  ou  au  bain  de  sable 
pendant  cinq  à six  jours  , au  bout  duquel  temps  on  filtre 
la  liqueur  dans  un  flacon  de  crystal  bouché  de  même  ma- 
tière. 

Les  gouttes  anodines  d’Angleterre  sont  employées  dans  ^ertus* 
le  cas  ou  il  est  nécessaire  de  calmer  et  de  ranimer  en  même 
temps  , dans  l’épilesie,  dans  le  délire,  le  verlige  et  les  va- 
peurs: elles  conviennentdans  le  scorbut  : elles  excitent  un 
peu  la  sueur  et  concilient  le  sommeil.  La  dose  est  de-  Dos*, 
puis  dix  gouttes  jusqu’à  un  demi-gros. 

Gouttes  céphaliques  d' Angleterre. 

^ Esprit  volatil  de  soie  crue  rectifié  , 

Huile  essentielle  de  lavande,  . . . . , 5 j. 

Esprit  de  vin  rectifié, 5 iv. 

Ou  met  toutes  ces  substances  dans  un  alambic  de  verre  : 

011  les  fait  digérer  pendant  vingt-quatre  heures  y ensuite 
on  distille  à une  douce  chaleur , ou  au  bain-marie  : on  cesse 
la  distillation  lorsqu  on  voit  paroître  des  globules  d’huile. 

L alxali  volatil , pendant  la  digestion  , se  combine  en* 
grande  partie  avec  1 huile  essentielle  de  lavande  5 mais  la 
portion  d huile  la  moins  fluide  ne  s’élève  que  sur  la  fin  de 
Ja  distillation  du  sol  volatil  et  de  l’esprit  de  vin  : on  jette 
comme  mu  die  ( e qui  reste  dans  l’alambic.  On  doit  employer 
P0,n  CR^e  distillation  un  chapiteau  dont  le  bec  soit  de  très 
large  ou  verture  , sans  quoi  il  pourroit  sc  boucher  par  l’abon- 
clance  du  sel,  et  feroit  crever  les  vaisseaux. 


. % iv. 

r 


1 


Les  gouttes  céphaliques  d’Angleterre  sont  propres  pour  Vertu, 
tpi.epsie , pour  1 apoplexie  , et  généralement  pour  toutes 
les  maladies  du  cerveau  : elles  conviennent  dans  les  va- 
f/  ,1IS  hystériques,  et  poussent  beaucoup  par  la  transpira- 
tion : elles  conviennent  encore  dans  le  scorbut  et  dans  les 
a écrions  scorbutiques.  La  dose  est  depuis 'douze  gouttes  Dose 
jusqu  u.  un  demi-gros  , dans  une  liqueur  appropriée. 


R 


EMARQUE  s. 


Les  gouttes  céphaliques  d’Angleterre  ont  été  publiées  ' 
pour  Ja  première  fois,  par  Tournefort  : elles  s-  trouvent 
user ees  dans  le  volume  de  l’Académie  royal-  des  scku- 

Q iv 


24$  ÉLÉMENTS  DE  f H A R M A C I ï’ 

ces  , pour  l’année  1700,  page  79.  Tournefort  dit  que  la 
recette  lui  a-  été  communiquée  par  Lister , Médecin  de  Lon- 
dres , et  de  Ja  Société  royale  : ces  gouttes  alors  se  prépa- 
roient  avec  de  l’esprit  volatil  de  soie  rectifié  , et  l’huile 
essentielle  de  canelle , ou  une  autre  huile  essentielle  sans 
esprit  de  vin.  Mais  Tournefort  ne  parle  point  des  doses 
qu’il  convient  d’employer  pour  préparer  ce  rernede  : d’ail- 
leurs l’esprit  de  soie  rectifié  ne  peut  dissoudre  qu’une  très 
petite  quantité  d’huile  essentielle  ; c’est  pour  cette  raison 
que,  dans  la  plupart  des  dispensaires,  après  avoir  dosé 
l’esprit  de  soie  crue  , et  l’huile  essentielle  qu’on  a spécifié 
devoir  être  celle  de  lavande,  on  a ajouté  une  petite  quan- 
tité d’esprit  de  vin  pour  faciliter  l’union  de  l’huile  essen- 
tielle à l’akali  volatil  : néanmoins  il  s’en  sépare  toujours 
une  partie  qui  vient  surnager  ; c’est  pourquoi , lorsqu’on 
emploie  ce  rernede,  il  convient  d’agiter  la  bouteille  pour 
distribuer  autant  d’huile  respectivement  à l’esprit  de  soie. 
Ces  gouttes  d’Angleterre,  qu’on  nomme  céphaliques , ont 
donné  l’idée  de  faire  une  composition  de  même  espece  , 
dans  laquelle  on  fait  entrer  de  l’opium  : on  a donné  à cette 
derniere  le  nom  de  gouttes  anodines  d' Angleterre  : elles 
sont  encore  connues  sous  le  nom  de  gouttes  anodines  de 
Talbot.  Ce  sont  celles  dont  nous  avons  parlé  dans  Partiels 
précédent. 

Esprit  volatil,  huileux  et  aromatique  de  Silvius. 


Ecorces  récentes  de  citrons, 

d’Oranges , ) 

Vanille , 

Macis  , 

Girofle , 

Canelle , 

Sel  ammoniac , . 


aâ.  . . . 5 vj. 

5 1). 

5fv 

ù j- 

3kv. 


O11  concasse  toutes  ces  substances  : on  les  met  dans  ung 
cornue  de  verre,  et  l’on  verse  par-dessus, 


Eau  de  canelle  simple,  \ --  w. 

Esprit  de  vin  rectifié,  S <Ul i 1 * 

On  fait  digérer  ce  mélange  pendant  quelques  jours  , en 
l’agitant  de  temps  en  temps  : alors  on  ajoute  dans  la  cornue. 

Sel  de  tartre  , 5 


\ 


i L F.  M F.  N T 5 DE  PHARMACIE. 

On  lu  te  exactement  à la  cornue  un  ballon  percé  d’un 
petit  trou:  on  distille  au  bain-marie:  il  se  sublime  du  sel 
volatil  concret,  et  il  passe  de  la  liqueur  spiritueuse,  l’un 
et  l’autre  chargés  de  la  partie  aromatique  des  substances. 
Oui  es  met  dans  des  flacons  séparément.  On  tire  sept  onces 
six  gros  de  liqueur  , qui  sont  l'esprit  volatil  huileuse 
aromatique  y et  une  once  quatre  gros  de  sel  concret  qu’on 
nomme  sel  volatil  huileux  et  aromatique  de  Silvius. 

Le  sel  et  l’esprit  volatil  huileux  et  aromatique  sont  cor- 
diaux, céphaliques  , propres  pour  la  paralysie,  pour  le 
scorbut  : ils  sont  sudorifiques  : ils  conviennent  dans  les 
fievres  malignes  , la  petite  vérole  , et  dans  tous  les  cas  où 
il  est  nécessaire  d’exciter  la  transpiration:  ils  provoquent  les 
mois  aux  lemines,  et  ils  appaisent  les  vapeurs  hystériques. 
La  dose  pour  l’esprit  est  depuis  six  gouttes  jusqu’à  trente  , 
et  pour  le  sel  depuis  deux  grains  jusqu’à  vingt-quatre  dans 
un  véhicule  convenable. 

REMARQUES. 

9 

Le  produit  de  cette  opération  est  un  alcali  volatil  mêlé 
desprit  de  vin,  et  chargé  de  substances  aromatiques  dos 
matières  soumises  à la  distillation  : Lakali  volatil  est  le 
produit  de  la  décomposition  du  sel  ammoniac  par  Lakali 
îixe.  Si  Ion  supprime  de  cette  recette  l’eau  de  candie , 
on  obtient  beaucoup  de  sel  volatil  concret.  Plusieurs  Phar- 
macopées prescrivent  moitié  moins  de  sel  de  tartre;  mais 
j ai  remarque  qu’il  en  falloit  huit  onces  pour  décomposer 
entièrement  les  quatre  onces  de  sel  ammoniac  qui  entrent 
dans  cette  recette. 

On  doit  Faire  cette  opération  dans  une  cornue  de  large 
ouverture,  pareeque  le  sel  volatil  qui  se  sublime  dans  le 
commencement  de  l’opération  pourroit  s’engager  dans 
le  col  de  ce.  vaisseau  s’il  étoit  étroit,  et  le  faire  casser 
avec  danger  : on  débouche  de  temps  en  temps  le  petit  trou 
du  ballon  pour  faciliter  l’évacuation  et  la  condensation  des 
vapeurs  trop  dilatées. 

L esprit  volatil  huileux  est  presque  sans  couleur  en  dis- 
tilla n t ; mais  il  devient  rouge  brun  foncé  quelque  temps 
après  qu  il  est  fait;  il  n’est  nullement  altéré  pour  cela;  il 
est  tout  aussi  bon  qu’il  étoit  avant  d’avoir  acquis  cette  cou- 
leur. Cet  effet  vient  de  l’action  de  Lakali  volatil  sur  les 


Vcrtufj, 


Dos  *4 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE? 

substances  huileuses  essentielles  dont  l’esprit  de  vin  est 
chargé. 

Le  sel  volatil  prend  aussi , en  vieillissant,  un  peu  de  cou- 
leur, mais  infiniment  moins  que  l’esprit  aromatique  hui- 
leux. 

Teinture  d' or  ou  or  potable  cL' Helvetius . 

Or  pur, 5 fi* 

Eau  régale . J ij. 

On  met  l’or  , qu’on  a réduit  en  lames  minces  , dans  un 
matras  avec  l’eau  régale  : on  place  le  vaisseau  sur  un  bain 
de  sable  : lorsque  la  dissolution  est  faite,  on  ajoute , 

Huile  essentielle  de  romarin  , ....  5 j. 

O11  agite  le  mélange,  et  aussitôt  l’or  quitte  son  dissol- 
vant pour  s’unir  à l’huile  essentielle,  qui  devient  d’une 
belle  couleur  jaune  : on  décante  cette  huile  qui  surnage  la 
liqueur  acide  : on  la  met  dans  un  matras,  et  l’on  verse 
par-dessus , 

Esprit  de  vin  rectifié,  ........  5 xv. 

On  fait  digérer  ce  mélange  pendant  quelques  heures  an 
bain  de  sable,  et  on  conserve  cette  teinture  dans  un  flacon 
de  crystal , bouché  aussi*de  c.rystal. 

Vertus.  On  attribue  à ce  remede  la  propriété  d’augmenter  le 
ressort  des  parties  solides  : on  le  croit  propre  dans  la  lé- 
Dose.  thargie  , dans  l’apoplexie  séreuse.  La  dose  est  depuis  six 
gouttes  jusqu’à  vingt.  Nous  dirons  dans  un  instant  le  cas 
qu’on  doit  faire  de  ces  préparations  aurifères. 

\ 

Remarque  s. 

1 

On  peut  , au  lieu  d’huile  essentielle  de  romarin,  em- 
ployer celle  qu’on  voudra  , ou  les  différentes  liqueurs 
éthérées  : elles  séparent  toutes  l'or  de  son  dissolvant.  On 
peut  par  conséquent  produire  autant  d’especes  d’er  pota- 
ble qu’on  connoît  d’huiles  essentielles  : il  peut  se  faire  ce- 
pendant qu’il  y ait  quelques  huiles  essentielles  qui  n’aient 
point  cette  propriété;  mais  on  ne  les  connoît  pas  encore. 
La  plupart  de  ces  teintures  d’or  sont  d’une  couleur  jaune 
orangée  : elles  sont  trèspeu  acides  : elles  laissent  précipiter  7 


Eléments  de  pharmacie.  20  i: 

quelque  temps  après  qu’elles  sont  faites,  une  grande  partie 
de  l’or  sous  le  brillant  métallique. 

Les  fameuses  gouttes  du  général  de  la  Motte  sont  un 
or  potable  prépare  sans  huile  essentielle  , et  sans  acide 
marin  : ce  n’est  rien  autre  chose  qu’une  dissolution  d’or 
laite  par  l’acide  nitreux  , et  digérée  pendant  long-temps, 
ahn  d adoucir  par  l’huile  de  l’esprit  de  vin  la  vertu  corro- 
sive de  l’acide  ; voici  comme  elles  se  font. 

Gouttes  cVor  du  général  de  la  Moite. 


' O*1  fôît  dissoudre  un  gros  d’or  dans  quatre  onces  d’eau 
regale  on  le  précipité  par  de  l’alicali  hxe  : on  lave  le  préci- 
pite : on  le  fait  dissoudre  ensuite  dans  deux  onces  d’acide 
nitreux  : on  mcle  cette  dissolution  avec  trente-deux  onces 
d esprit  de  vin  : on  fait  digérer  ce  mélange  dans  un  matras, 
pendant  quelques  mois  , à la  chaleur  du  soleil;  alors  on 
soumet  le  mélange  à la  distillation  pour  tirer  environ 
quatre  onces  de  liqueur  spiri tueuse  qu’on  met  à part.  Elle 
se  vend  sous  le  nom  de  gouttes  d’or  blanches  ; mais  cette 
dénomination  est  absolument  impropre  , puisque  cette 
liqueur  ne  tient  aucune  portion  d’or  en  dissolution.  D’ail- 
leuis,  ce  métal  est  trop  fixe  pour  s’élever  pendant  la  distil- 
lation de  1 esprit  de  vin.  On  distribue  ce  qui  reste  dans  la 
cornue  par  petits  flacons  de  deux  gros;  c’est  ce  que  l'on 
nomme  gouttes  d’or  du  général  de  la  Motte. 


R 


E M A R Q U E S. 


. ^ alchymiste  a épuisé  toute  sa  science  , mais 

inutilement,  pour  faire  avec  l’or  la  panacée  ou  la  médecine 
universelle  : elle  s’imaginoit  qu’un  métal  aussi  précieux 
devoit  avoir  de  grandes  vertus  médicinales  et  prolonger 
la  vie.  De  là  sont  venues  les  prétendus  dissolutions  radi- 
cafes  de  l’or,  les  fameuses  teintures,  les  élixirs,  les  ors 
potables  , etc.  Mais  si  ces  compositions  ont  quelques 
vertus  , on  doit  les  attribuer  aux  substances  qu’on  ajoute 
a l or  pour  le  dissoudre  , et  non  à ce  métal.  L’or  est  un 
métal  par  ait , qui  ne  peut  être  attaqué,  ni  souffrir  la 
moindre  altération  de  la  part  des  menstrues  les  plus  actifs 
f enc?.î,e  bien  m^ins  de  nos  humeurs  : il  est  plus  capable  ! 
oisqud  est  seul,  d’occasionner  des  obstructions,  et  de 


3.5$  ÎÊL^MfcNTS  Dî  P H À R M A C I î? 

faire  beaucoup  de  mal  : lorsqu’il  est  réduit  sous  la  form'6 
dont  nous  venons  de  parler , c’est  toujours  par  le  moyen 
des  acides  : dans  ce  cas  il  est  encore  plus  dangereux,  par* 
cequ’il  est  dans  l’état  salin. 

La  dissolution  et  la  précipitation  qu’on  fait  préliminai- 
rement de  l’or,  est  afin  de  n’avoir  pas  d’acide  marin  dans 
cet  or  potable  : cet  acide  se  combine  difficilement  avec 
l’esprit  de  vin,  et  laisserait  à cette  teinture  une  saveur  aci- 
de qu’elle  ne  doit  point  avoir.  L’or  n’est  point  dissoluble 
par  l’acide  nitreux,  du  moins  par  les  moyens  ordinaires  ; 
mais  lorsqu’il  a été  dissous  par  l’eau  régale  , et  précipité 
par  l’alxali  fixe,  il  est  dans  un  état  de  division  extrême , et 
devient,  par  cette  seule  raison,  dissoluble  dans  l’acide  nitreux 
pur.  L’alicali  fixe  ne  précipite  pas  sur  le  champ  l’or  de  l’eau 
régale  qui  a été  faite  avec  l’acide  marin  et  l’acide  nitreux: 
ce.  n’est  que  quelques  jours  après  que  l’or  se  précipite  sous 
la  forme  d’une  poudre  rouge  briquetée  ; mais  lorsqu’on  a 
fait  entrer  du  sel  ammoniac  dans  la  composition  de  l’eau 
régale  , l’alxali  fixe  le  précipite  sur  le  champ  , et  le  préci- 
pité est  d’une  autre  nature  : il  fulmine  à une  chaleur  lort 
modérée  , et  fait  des  explosions  terribles  et  dangereuses  : 
c’est  ce  que  l’on  nomme  or  fulminant.  C’est  pourquoi  si 
l’on  fait  sécher  ce  précipité  avant  de  l’employer,  il  faut  le 
faire  sans  le  secours  d’aucune  chaleur,  à cause  du  danger 
manifeste.  J’ai  expliqué  la  cause  de  cet  effet  dans  ma 
Chvmic  expérimenîale  et  raisonnée,  à l’article  de  l’or  ful- 
minant : nous  faisons  voir  qu’elle  ne  vient  pas  du  nitre 
ammoniacal , comme  les  Chymistes  le  prétendent.  Quoi 
qu'il  en  soit , ces  deux  précipités  d’or  sont  également  dis— 
solubles  dans  l’acide  nitreux  , et  également  bons  pour  la 
préparation  de  cette  teinture. 

La  digestion  qu’on  fait  de  la  dissolution  d’or  dans  l’acide 
nitreux,  mêlé  avec  l’esprit  de  vin,  est  afin  de  combiner 
cet  acide,  et  d’adoucir  sa  vertu  corrosive  par  les  principes 
huileux  de  l’esprit  de  vin.  La  distillation  sert  même  à accé- 
lérer cette  combinaison  , pareeque  l’esprit  de  vin  qui  passe 
est  moins  huileux  que  celui  qui  reste  dans  le  vaisseau  dis* 
tillatoire  : l’acide  nitreux  perd  presque  toute  sa  propriété 
acide,  pareequ’il  se  combine  facilement  avec  les  matières 
ph logistiques  et  huileuses.  Si  1 on  faisoit  cette  teinture 
avec  Une  dissolution  d’or  faite  dans  de  l’eau  régale  , 1 acide 
marin  de  ce  dissolvant  ne  se  combineroit  pas  suffisamment 


il^MENTS  DE  PHARMACIE.  253 

îvcc  ces  memes  principes  huileux  , et  1e  teinture  conser- 
verait une  saveur  beaucoup  plus  acide, 
qp  11  entre , comme  on  voit,  une  bien  petite  quantité  d'or 
dans  cette  teinture,  puisque  deux  cents  huit  gros  de  fluide  , 
tant  en  esprit  de  vin  qu  en  acide  nitreux,  ne  tiennent  en 
dissolution  qu’un  gros  d’or,  ce  qui  avec  les  gouttes  d’or 
blanches,  forme  i36  bouteilles  de  deux  gros  chacune,  qui 
se  vendent  24  livres  la  bouteille:  ce  qui  fait  0264  livres 
pour  environ  24  livres  de  dépense.  De  quoi  11e  taxeroit-011 
pas  un  apothicaire  qui  vendrait  un  remede  aussi  cher?  J’ai 
examine  une  bouteille  de  gouttes  d or,  que  j’ai  envoyé 
chercher  chez  madame  la  générale  de  la  Motte  ; celte 
liqueur  est  distribuée  dans  des  bouteilles  très  épaisses  , 
bouchées  avec  du  liege  , jamais  avec  des  bouchons  de 
crystal.  Elle  a une  belle  couleur  de  dissolution  d’or,  et 
une  très  foible  odeur  d éther  nitreux  : elle  a une  saveur 
métallique  qui  ne  laisse  aucune  impression  acide;  cepen- 
dant elle  rougit  la  teinture  de  tournesol,  mais  légèrement. 

Cette  liqueur,  indice  avec  1 infusion  -de  noix  de  <Talle 
faite  par  1 esprit  de  vin  prend  sur  le  champ  une  couleur 
orangée,  et  elle  passe  rapidement  à une  couleur  violette 
comme  une  dissolution  de  fer  qu’on  mêle  avec  la  noix  de 
galle.  Elle  se  mêle  parfaitement  avec  l’eau  sans  la  troubler 
et  sans  laisser  surnager  de  globules  huileux  comme  font 

la  plupart  des  ors  potables  , préparés  avec  des  huiles  essen- 
tielles. 

. L’alxali  volatil,  mêlé  avec  cette  teinture  d’or,  occa- 
sionne un  précipité  qui  ne  se  rassemble  que  dans  l’espace 
de  vingt-quatre  heures  : ce  précipité  est  très  peu  fulminant 
Cette  teinture  d’or  précipite  l’argent  de  coupelle  , dissous 
dans  l’acide  nitreux  , sous  la  (orme  d’un  caillé,  comme 
le  font  le  sel  marin  et  son  acide. 

J’ai  répété  les  mêmes  expériences  sur  de  l’or  potable  pré- 
paré comme  je  viens  de  le  dire  : je  n’ai  remarqué  aucune 
différence  , si  ce  n est  cependant  que  l’infusion  de  noix  de 
galle  n’a  point  occasionné  de  précipité  violet , mais  un  pré- 
cipité brun.  1 

L’auteur  de  cette  teinture,  qui  n’est  point  Chymiste  la 
prépare  avec  des  acides  et  des  alxalis  qui  contiennent  beau- 
coup de  1er  , ou  avec  de  for  qui  contient  du  fer.  Ce  fer 
s’il  vient  des  menstrues,  se  mêle  avec  l’or,  avec" lequel  il 
» beaucoup  d'affinité,  et  fait  partie  de  cette  teinture:  il  y 


52.54-  ÎÊL^MENTS  DE  PHARMACIE, 

a lieu  de  présumer  qu’il  n’est  pas  mêlé  exprès.  J’aî  cm 
devoir  faire  quelques  expériences  à ce  sujet. 

J’ai  mêlé  également  de  la  dissolution  de  différents  ors,  pu- 
rifiés de  diverses  maniérés,  avec  de  l’infusion  de  noix  de 
galle  : j’ai  eu  constamment  des  précipités  bruns , parcequ’ils 
ne  contenoient  point  de  fer,  ni  les  acides.  Mais  ces 
mêmes  dissolutions  d’or,  mêlées  avec  l’éther  vitriolique  , 
iormoient  des  teintures  d’or  , que  l’infusion  de  noix  de 
galle  précipitoit  en  violet  ; ce  qu’on  peut  attribuer  au  fer 
contenu  dans  les  acides,  qui  prend  du  phlogistique  dans 
l’éther,  et  se  mêle  avec  lui  comme  l’or:  j’ai  déjà  fait  cette 
remarque  dans  ma  dissertation  sur  l’éther,  page  i5y.  Quand 
l’or  est  dans  cet  état , il  est  précipité  en  violet  par  l’inlusion 
de  noix  de  galle. 

La  légère  "odeur  d’éther  qu’ont  les  gouttes  du  général 
'de  la  Motte,  a fait  croire  à quelques  Chimistes  que  cette 
teinture  d’or  étoit  faite  avec  de  l’éther  vitriolique  ; mais  les 
auteurs  de  ce  sentiment  ne  commissent  pas  vraisemblable- 
ment l’odeur  de  l’éther  nitreux,  puisqu'ils  l’ont  confondue 
avec  celle  d’éther  vitriolique.  L’odeur  d’éther  nitreux  , 
qu’on  reconnoît  dans  cette  teinture,  lui  vient  d’une  petite 
quantité  de  cet  éther  nitreux  qui  se  forme  pendant  la  di- 
gestion. 

Depuis  la  mort  de  Madame  la  générale  de  la  Motte 
on  a réimprimé,  en  1770,  une  petite  brochure  qui  con- 
tient la  collection  vies  certificats  donnés  par  différentes  per- 
sonnes qui  ont  fait  ou  fait  faire  usage  des  élixirs  d’or  et 
blancs  du  général  de  la  Motte:  on  a inséré  dans  cette  bro- 
chure , à la  page  63  , un  article  qui  a pour  titre  , Observa- 
tions pour'  distinguer  les  TjeritabLes  èhxii s d or  et  blancs  .* 
on  croiroit  peut-être  qu'011  enseigne  dans  cet  article  les 
moyens  dé  reconnoître  ces  élixirs  d’avec  ceux  qui  sont 
contrefaits;  mais  il  n’en  est  point  du  tout  question.  Les 
observations  qu’011  y rapporte  roulent  principalement  sur 
la  recette  de  ces  élixirs  que  j'ai  publiée:  on  prétend  que 
celles  que  j’ai  données  ne  sont  pas  les  véritables  , et  011 
apporte  pour  toutes  preuves,  que  l’auteur  n'a  communi- 
qué son  secret  à personne  , ce  qui  est  très  croyable  : il 
avoit  un  intérêt  particulier  a ne  point  publier  son  pio- 
cédé;  mais  n’ayant  point  le  même  motif,  j’ai  agi  tout  autre- 
ment: je  l’ai  découvert  d’après  l'examen  que  j’en  ai  fait, 
et  je  l’ai  publié  sans  aucune  réticence  : c’est  à l’auteur  de 
la  brochure  à prouyer  que  je  me  suis  trompe. 


XL^MENTS  DE  PHARMACIE.  S>55 

Baume  du  commandeur  de  Fermes. 

Racines  seches  d’angélique  de  Bohême  concassées , £ k\ 
i;  leurs  seches  d’hypérycum, 2 

Esprit  de  vin  rectifié  . ... 

loij  J IV. 

On  faitdige'rei-  <Uns  un  rnatras  pendant  cinq  à six  jours 
au  bain  de  sable  a une  chaleur  modérée;  ensuite  on  nasse 
1 infusion  avec  forte  expression  : on  met  la  teinture  dans 

un  matras,  et  on  ajoute  les  substances  suivantes  qu’on  a 
concassées  : 1 

Myrrhe , “j 

Aloës  , J o R* 

-r,£"f'-itdiSl?rer  co™m=  dessus  ; ensuite  on  ajoute  les  sub- 
s ances  suivantes  qu  on  a également  concassées: 

Storax  Calamithe  x " < 

Benjoin  en  larmes  * 

Baume  du  Pérou  en  coques, ’ 

Ambre  gris,  si  l’on  veut,  ' 'J  •* 

* * £>'  • * * • 

On  fait  digérer  de  nouveau  pendant  un  jour,  ou  jusqu’à 
ce  que  ces  substances  soient  entièrement  dissoutes.  Alors 
en  laisse  déposer  la  teinture  ; on  la  verse  par  inclination 
eton  la  filtre  au  tra  vers  d’un  papier  gris,  On  conserve  «Si 
teinture  dans  une  bouteille  qui  bouche  bien;  c’est  ce  que 
1 on  nomme  baume  du  commandeur  de  Per  mes.  4 
. e.  aume  sert  pour  l’intérieur  et  pour  l’extérieur  Prier  - 
intérieurement , il  est  vulnéraire  , cordial  . stomaAnnuë  "" 
il  escile  les  réglés,  il  convient  dans  la  petite  vérole  et  les 
fièvres  malignes;  mais  c’est  lorsqu’il  est  nécessaire  depr“ 

quarante3  dC‘)UiS  S°U««  >4^  Dose, 

P.H.r  l’extérieur  , il  convient  dans  les  plaies  nouvelles 
impies  : il  consolide  en  empêchant  la  suppuration  ; U 
gueut  communément  en  fort  peu  de  teihps. 

ReMARQ  UES. 

Les  fleurs  d’iiypéricum  et  les  racines  d’angélique  fournis 
sent  moins  de  substance  dans  l’esprit  de  vin  que  les  autres 


fe5  6 ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIA 

drogues.  La  inyruhe  , l’oliban  et  l’aloës  sont  des  gommes* 
résines  qui  ne  se  dissolvent  qu’en  partie  dans  ce  menstrue. 
Enfin  le  storax  calamilhe , le  benjoin  et  le  baume  du  Pérou  , 
sont  des  résines  pures  , qui  se  dissolvent  en  entier  dans 
l’esprit  de  vin.  Si  l’on  meltoit  toutes  ces  matières  en  meme 
temps  , l’esprit  de  vin  se  saturerait  d’abord  des  résines  , et 
serait  hors  d'état  de  pouvoir  agir  sur  l’hypéricum  et  sur  les 
autres  substances  que  nous  avons  placées  a la  tete  de  la  tor- 
mule,  et  il  se  dissoudrait  une  moindre  quantité  de  gom- 
mes-résines. j 

On  donne  ordinairement  le  baume  du  commandeur  , 

préparé  sans  ambre  gris  , à cause  de  son  odeur  qui , quoi- 
que très  douce  , incommode  cependant  la  plupart  de  ceux 
qui  en  font  usage.  Mais  comme  les  Médecins  prescrivent 
quelquefois  celui  qui  en  contient,  les  Apothicaires  doi- 
vent en  avoir  des  deux  façons.  L’odeur  de  1 ambre  gris 
n’est  pas  absolument  forte  ; mais  pour  satisfaiie  au  préjugé 
contraire,  quelques  personnes  emploient  à sa  place  le 
musc  dont  l’odeur  est.  beaucoup  plus  forte  et  absolument 
différente  , et  que  ceux  qui  ne  les  connoissent  pas  bien 

confondent  ordinairement.  f , 

Lorsqu’on  fait  entrer  dans  les  teintures  composées  des 
baumes  liquides,  comme  le  baume  de  la  Mecque,  la 
térébenthine  , etc.  on  doit  toujours  les  mettre  sur  la  fin  en 
même  temps  que  les  résines  seches.  H en  est  de  meme  des 
huiles  essentielles  ; mais  on  ajoute  ces  dernieres,  lorsque 
les  teintures  sont  séparées  de  leur  marc. 

On  peut,  au  lieu  d’esprit  de  vin,  employer  des  eaux 
spiritueuses  composées  pour  préparer  les  teintures  com- 
posées , comme  nous  l’avons  dit  a 1 egard  des  teintures 

S1JïlPya  des  substances  végétales  auxquelles  il  faut  ajouter 
des  matières  salines  , acides  ouakalines  pour  extraire  ou 
pour  exalter  la  couleur  qu’elles  peuvent  fournir  dans  1 es- 
prit de  vin  , pareeque  la  substance  resiiieuse  qu  elles  con- 
tiennent se  trouve  en  quelque  maniéré  défendue  de  1 ac- 
tion de  l’esprit  de  vin  par  la  substance  gommeuse.  - ou 
choisirons  pour  exemple  de  ces  teintures  celle  de  gom- 
, dans  laquelle  entre  en  même  temps  un  esprit 
*’•  chargé  des  principes  d’autres  substances. 


t , 


i£l£mENTS  DK  PHARMACIE. 

Teinture  de  gomme-laque. 


Gomme-laque  en  grains , 

Alun  calciné  , 

Esprit  ardent  de  cochléaria 


• , 

$ J* 

5 j- 

5 YilJ* 


On  triture  ensemble  la  gomme-laque  et  l’alun  qu’on  a 
auparavant  pulvérisés  séparément:  on  expose  le  mélange 
pendant  vingt-quatre  heures  dans  un  endroit  humide,  alui 
que  1 alun , en  attirant  un  peu  l’humidité  de  l’air,  puisse 
agir  sur  la  gomme-laque.  On  met  ce  mélange  dans  un  ma- 
ti'as  : on  verse  par-dessus  l’esprit  de  cochléaria  : on  fait 
digérer  le  tout  au  bain  de  sable  pendant  un  jour  ou  deux, 
ou  jusqu  a ce  que  la  teinture  ait  une  belle  couleur  rouge  y 
alors  on  la  filtre  au  travers  d’un  papier  gris  , et  on  la  con- 
serve dans  une  bouteille  qui  bouche  bien. 

La  teinture  de  gomme-laque  est  employée  pour  raffer-  Vertu*' 
mir  et  fortifier  les  gencives  , pour  dissiper  les  affections 
scorbutiques  : on  en  met  une  cuillerée  à café  dans  un  petit 
verre  d eau,  et  on  se  lave  la  bouche  avec.  Cette  teinture  , 
prise  intéi ieurement  est  vulnéraire,  légèrement  astringen- 
te. La  dose  est  depuis  quinze  gouttes  jusqu’à  un  demi-gros.  D°Se* 


11 


EMARQUES. 


Les  dispensaires  qui  donnent  la  préparation  de  cette 
teinture  , ne  prescrivent  point  délaisser  macérer  d’abord 
le  mélange  de  la  gomme-laque  et  de  l’alun  ; mais  j’ai  re- 
matqué  que  pai  cette  manipulation  , l’alun  calciné,  en 
attirant  I humidité  de  1 air , agit  considérablement  sur  la 
gomme-laque  : il  la  dispose  a fournir  une  teinture  plus 
chargée,  et  en  beaucoup  moins  de  temps  ; ce  qui  n’est  pas 
indifférent,  a causerie  la  volatilité  des  principes  de  l’esprit 
de  cochléaria.  D’ailleurs,  lorsque  l’esprit  de  cochléaria  est 
très  rectifié,  il  ne  dissout  qu’une  si  petite  quantité  d’alun 
qu  il  est  incapable  d’agir  sur  cette  gomme-résine  : l’esprit 
de  vin  ou  l’esprit  de  cochléaria  n’en  tire  qu’une  teinture 
qui  n est  pas  plus  colorée  que  lorsqu’on  n’a  pas  employé 
cl  alun.  Dette  teinture  perd  sa  couleur  au  bout  d’un  certain 
temps  : elle  devient  couleur  de  paille  : la  matière  colorante 
rouge  s attache  aux  parois  de  la  bouteille. 

Aviuit  de  passer  à une  autre  matière,  nous  allons  parler 

R 


✓ 


^58  i l ÉMINTS  DE  PHARMACIE. 

de  deux  préparations  qu’on  regarde  communément  comme 
des  teintures  j mais  qui  n’en  sont  point  , et  qui  doivent 
leur  couleur  à la  décomposition  de  l’esprit  de  vin  , qui  est 
l’excipient.  Ces  deux  préparations  sonfle  liliurn  de  Para- 
celse, et  celle  qu’on  nomme  teinture  de  sel  de  tartre. 

Teinture  de  sel  de  tartre. 

On  fait  fondre  , dans  un  creuset , la  quantité  que  l’on 
veut  de  sel  fixe  de  tartre  : on  le  coule  dans  un  mortier  de 
fer  bien  sec  , et  un  peu  chauffé  : on  le  pulvérise  prompte- 
ment : on  1 introduit  dans  un  matras  bien  sec  et  un  peu 
chaud:  on  verse  sur  le  sel,  tandis  qu’il  est  encore  chaud  , 
de  l’espriL  de  vin  très  rectifié  , jusqu’à  ce  qu’il  surnage  le 
sel  de  trois  ou  quatre  travers  de  doigt  : on  place  le  ma- 
tras sur  un  bain  de  sable  chaud  , et  on  le  laisse  digérer  jus- 
qu’à ce  que  l’esprit  de  vin  ait  acquis  une  couleur  rouge  , 
orangée  bien  foncée  , alors  on  filtre  l’esprit  de  vin  coloré, 
et  on  le  conserve  dans  une  bouteille  qui  bouche  bien  : c’est 
ce  que  l’on  nomme  teinture  de  sel  de  tartre. 

Voyez  le  liliurn  pour  les  vertus  et  dose  de  cette  teinture. 

Lilium  de  Paracelse  ou  teinture  des  métaux. 


^ Régule  d’antimoine  martial  , % 

cuivreux,  > ââ. 
d’étain  , ) 


o 


IV. 


Nitre>  X ad 

Tartre,  f 


il  * V • * 

îb)5q. 


On  pulvérise  les  trois  régules  : on  les  mêle  avec  le  nitre 
et  le  tartre  qu’on  a pulvérisés  : on  projette  le  mélange 
dans  un  creuset  qu’on  a fait  rougir.  Lorsque  toute  la  ma- 
tière est  entrée  dans  le  creuset,  on  la  pousse  a la  fonte  . on 
la  coule  dans  un  mortier  de  fer  qu’on  a fait  chauffer  aupa- 
ravant : on  pulvérise  grossièrement  la  masse.  Lorsqu’elle 
est  suffisamment  refroidie,  on  la  met  dans  un  matras  : on 
verse  par-dessus  , tandis  qu’elle  est  encore  chaude  , de 
l’esprit  de  vin  très  rectifié  , jusqu’à  ce  qu’il  en  surnage 
environ  trois  ou  quatre  travers  de  doigt  : on  fait  digérer 
ce  mélange  au  bain  de  sable  pendant  plusieurs  jours  > on 


I 


jusqu’à  ce  que  l’esprit  de  vin  ait  acquis  une  couleur  rouge 
bien  foncée. 

.La  teinture  de  sel  de  tarlre  et  le  lilium  se  donnent  Vertus, 
comme  cordiaux  , propres  à exciter  la  sueur,  pour  diviser 
les  glaires  de  l’estomac  et  adoucir  les  aigres.  La  dose  est  Dose, 
depuis  dix  gouttes  jusqu’à  trente  , dans  un  véhicule  con- 
venable, et  jamais  pur,  à cause  de  l’acrimonie  de  ces  tein- 
tures. 


1 


».  E M A R Q UES. 


La  teinture  de  sel  de  tartre  et  le  liliuin  de  Paracelse  ne 
sont  qu’un  seul  et  même  médicament  à proprement  parler. 
Le  liliuin  différé  seulement  de  la  teinture  de  sel  de  tartre, 
en  ce  que  ce  dernier  médicament  est  un  peu  plus  coloré. 
Nous  en  examinerons  les  raisons  dans  un  instant  : les  re- 
marques que  nous  allons  faire  sur  ces  deux  teintures  sont 
communes  à l’une  et  à l’autre. 

Pendant  la  fusion  des  métaux,  le  nitre  et  le  tartre  s’al- 
xalisent  mutuellement:  une  portion  des  substances  métal- 
liques se  calcine,  se  combine  avec  1 alicah  fixe,  et  en  aug- 
mente la  causticité  considérablement.  Ce  sel  , pendant  îa 
digestion  , agit  singulièrement  sur  l’esprit  de  vin  ; il  le  dé- 
compose en  quelque  maniéré  : une  portion  de  ce  sel  s’em- 
pare de  1 acide  de  1 esprit  de  vin  , tandis  que  le  reste  a°it 
puissamment  sur  les  principes  huileux  de  l’esprit  de  vin. 
11  brûle  et  rôtit  en  quelque  maniéré  cette  substance  hui- 
leuse, avec  laquelle  il  forme  une  sorte  de  savon  roux  , qui 
se  dissout  ensuite  dans  la  liqueur  spiritueuse.  Ce  savon  lui 
communique  une  couleur  plus  foncée,  à proportion  qu’il 
s’en  est  formé  davantage. 

Comme  les  chaux  métalliques  augmentent  la  causticité 
de  l’akali , il  se  forme  par  ce  moyen  une  plus  grande  quan- 
tité de  savon  dans  la  préparation  du  liliuin  : c’est  par  cette 
raison  qu’il  est  beaucoup  plus  coloré  que  la  teinture  de  sel 
de  tartre.  Les  terres  calcaires,  réduites  en  chaux,  aug- 
mentent encore  la  causticité  de  l’alKali  fixe  : de  là*  vient 
que  la  teinture  de  sel  de  tartre  qu’on  prépare  avec  les 
pierres  à cautefe  est  infiniment  plus  colorée  que  lorsqu’on 
emploie  le  sel  alicali  fixe  pur. 

11  faut  cependant,  pour  que  l’opération  réussisse  bien 
employer  de  l’esprit  de  vin  parfaitement  déflegmé  : il  ac- 
quiert sur-le-champ  une  couleur  assez  foncée , et  qui 

R ij 


s6o  £lkmevts  de  pharmacie. 

augmente  considérablement  par  la  digestion  ; au  lieu  que 
lorsqu’il  n’est  pas  suffisamment  rectilié,  l’eau,  surabon- 
dante à l’esprit  de  vin  , dissout  très  promptement  le  sel 
akali  qui  est  fort  avide  d’humidité.  L’espece  de  savon  roux 
qui  s’est  formé , se  dissout  alors  dans  l’akali  résous  en  li- 
queur , au  lieu  de  se  dissoudre  dans  l’esprit  de  vin  , qui  na 
s’en  colore  que  peu  ou  même  point  du  tout , tandis  que  la 
liqueur  akaline  qui  se  trouve  sous  l’esprit  de  vin , est  d’une 
belle  couleur  rouge  très  foncée. 

L’acide  de  l’esprit  de  vin  , en  se  combinant  avec  l’al- 
Kali  fixe,  forme  un  sel  neutre,  que  Boerhaave  compare  à 
la  terre  foliée  de  tartre  ; mais  je  ferai  voir  , dans  mon 
Traité  de  Chymie  , que  ce  sel  en  différé  essentiellement  par 
plusieurs  propriétés.  Quelque  temps  après  que  le  liliumet 
la  teinture  de  sel  de  tartre  sont  faits  , on  remarque  que 
cette  espece  de  sel  se  crystallise  au  fond  des  bouteilles  ' 
la  matière  savonneuse  dont  nous  avons  parlé  se  précipite 
en  même  temps  sous  la  forme  d un  depot  rougeâtre  qui 
forme  autour  des  bouteilles  unenduitde  la  meme  couleur, 
l’esprit  de  vin  néanmoins  en  retient  toujours  une  certaine 
quantité  en  dissolution,  ce  que  l’on  remarque  par  la  cou- 
leur qu’il  conserve  , quelque  vieilles  que  soient  ces  tein- 
tures. 

L’esprit  de  vin , même  le  mieux  rectifié , retient  en  outre 
une  portion  de  sel  akali  fixe  , que  ces  principes  huileux 
volatilisent  , et  changent  en  akali  volatil.  C’est  c.e  qu’on 
apperçoit  facilement  lorsque  1 on  fait  distiller  ces  teintures  ; 
1 esprit  de  vin  que  l’on  obtient  est  akalin.  J ai  constate  cetts 
observation  par  beaucoup  d expériences. 

Teinture  de  Mars  tartarisèe. 

C’est  un  sel  déliquescent  à base  métallique,  ou  la  com- 
binaison de  la  crème  de  tartre  avec  le  fer. 

Ou  mêle  ensemble  six  onces  de  limaille  de  fer  et  une 
livre  de  crème  de  tartre  pulvérisée  : on  met  ce  mélange  dans 
une  marmite  de  fer  avec  une  suffisante  quantité  d eau  de 
rivière  , pour  en  former  une  pâle  molle  : on  la  conserve  en 
cet  état  pendant  vingt-quatre  heures;  ensuite  on  1 etend 
dans  douze  ou  quinze  livres  d'eau  : on  la  fait  bouillir  pen- 
dant deux  heures,  en  l’agitant  souvent  : on  ajoute  de  i eau 
bouillante  à mesure  que  celle  de  1«  marmite  s évaporé* 


Eléments  de  pharmacie.  0.6 i 

Lorsque  l'ébullition  est  finie,  ou  filtre  la  liqueur  au  tra- 
vers d’un  papier  gris,  et  on  la  fait  évaporer  jusqu’à  consis- 
tance de  syrop  liquide.  On  ajoute  à cette  teinture  une 
once  d’esprit  de  vin,  afin  de  pouvoir  la  conserver  sans 
qu’elle  soit  sujette  à se  moisir. 

La  teinture  de  Mars  convient  dans  les  obstructions  au 
foie  et  au  mésentere  , dans  la  jaunisse,  les  pâles  couleurs  , ,'/crtUÏ- 
et  pour  exciter  les  réglés.  La  dose  est  depuis  cinq  à six 
gouttes  jusqu’à  un  gros,  dans  du  bouillon  ou  dans  de  laüase- 
tisane  appropriée. 

Remarque  s. 

Le  fer  se  dissout  et  se  combine  , jusqu’au  point  de  sa- 
turation , avec  la  crème  de  tartre  ; mais  une  partie  de  la 
terre  du  tartre  est  précipitée  par  le  fer,  comme  par  l’alicali  : 
le  sel  neutre  qui  résulte  de  cette  combinaison  est  déliques- 
cent , et  n’est  susceptible  d’aucune  cryslallisatîon. 

Rouelle  pensoit  qu’en  employant  deux  parties  de  fer  sur 
huit  de  crème  tartre,  on  obtenoit  des  crystaux  d’un  set 
neutre  composé  du  tartre  et  du  fer;  mais  ce  qui  l’a  induit 
en  erreur,  c’est  la  couleur  rousse  des  crystaux,  et  de  n’avoir 
pas  su  distinguer  l’eau  de  la  dissolution  d’avec  celle  de  la 
cristallisation.  V.  maChymie  expérimentale  et  raisonnée. 

i°.  Les  crystaux  qu’on  obtient  d’un  pareil  mélange,  ne 
sont  rien  autre  chose  que  de  la  crème  de  tartre  qui  éloit 
surabondante  au  fer,  et  qui  n’a  pu  se  combiner  , parce- 
qu  il  n’y  avoit  pas  une  assez  grande  quantité  de  fer:  ces 
crystaux  ont  d’ailleurs  toutes  les  propriétés  de  la  crème  do 
tartre,  ils  sont  acides,  ils  rougissent  la  teinture  de  tourne- 
sol , et  font  effervescence  avec  les  akalis. 

■20.  Leur  couleur  rousse  vient  d’une  portion  de  tein- 
ture de  Mars,  qui  est  renfermée  entre  les  lames  des  crystaux 
de  tartre  , sans  être  combinée  avec  eux,  puisqu’on  peut 
leur  oter  cette  couleur  par  le  lavage  dans  l’eau  , et  par  l’iiu- 
bibition  dans  le  papier  gris,  sans  rien  déranger  de  la  forme 
et  de  la  grosseur  des  crystaux;  pareeque  la  matière  qui  les 
colore  ne  fait  pas  partie  de  l’eau  de  crystallisalion. 

„ Teinture  cle  Mars  de  Ludovic . 

On  fait  bouillir  ensemble  , dans  une  ou  deux  livres  d’eau 
de  rivière  , du  vitriol  de  Mars  calcine  en  blancheur  , et 


Vertus 


£)ose% 


0.6l  ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

de  la  crème  de  tartre  pulvérisée , de  chacun  quatre  onces: 
on  fait  évaporer  toute  l’humidité  jusqu’à  ce  qu’il  reste  une 
masse  seche  et  pulvérulente,  ayant  soin'de  remuer  la  ma- 
tière avec  une  spatule  de  fer , afin  qu’elFe  ne  s’attache  point 
et  qu’elle  ne  brûle  point  au  fond  du  vaisseau.  Alors  on 
met  cette  poudre  bien  seche  dans  un  matras  : on  verse  par- 
dessus de  l’esprit  de  vin  rectifié,  jusqu’à  ce  que  la  matière 
en  soit  surnagée  d’environ  quatre  doigts.  On  place  le  ma- 
tras sur  un  bain  de  sable  , et  on  fait  digérer  le  mélange  pen- 
dant cinq  ou  six  jours  ; ou  jusqu’à  ce  que  l’esprit  de  vin 
ait  acquis  une  couleur  jaune;  ensuite  on  décante  la  li- 
queur, on  la  filtre,  on  desseche  le  marc  de  nouveau  , on 
verse  de  nouvel  esprit  de  vin;  on  fait  digérer  comme  des- 
sus , on  mêle  les  teintures  ensemble,  et  on  les  conserve 
dans  une  bouteille  qui  bouche  bien. 

Cette  teinture  est  toniquç:  elle  fortifie  : elle  excite  l’ap- 
pétit telle  convient  à la  suite  des  maladies  d’obstructions  t 
mais  prise  à petite  dose  et  long-temps  continuée.  La  dose 
ordinaire  est  depuis  cinquante  gouttes  jusqu’à  quatre- 
vingt. 

Remarques. 

Il  paroît  assez  indifférent  de  prendre  du  vitriol  calciné* 
en  blancheur  , puisqu’on  le  fait  dissoudre  dans  de  l’eau  : 
on  peut , sans  aucun  inconvénient , prendre  deux  parties  de 
vitriol  de  Mars  non  calciné  , et  le  traiter  avec  la  crème  de 
tartre  , comme  nous  l’avons  dit  précédemment.  Cette  tein- 
ture est  d'autant  plus  colorée,  qu’on  a moins  calciné  la 
matière , et  qu’on  emploie  de  l’esprit  de  vin  plus  foible. 
Si  l’on  veut  donner  une  couleur  rouge  à cette  teinture  , on 
peut  la  faire  digérer  sur  des  Heurs  de  coquelicot,  comme 
le  conseille  Ludovic. 

Cette  teinture  tient  du  vitriol  de  Mars  en  dissolution  : 
elle  rougit  la  teinture  de  tournesol:  elle  noircit  avec  l’in- 
fusion de  noix  de  galle  , et  enfin  elle  forme  du  bleu  de 
Prusse  avec  la  liqueur  alxaline  saturée  de  la  matière  colo- 
rante du  meme  bleu  de  Prusse. 

Des  teintures  faites  par  de  V ètlier  vitriolique. 

Les  teintures  qu’on  prépare  avec  l’éther  vitriolique  sont 
d’un  usage  peu  fréquent , pareeque  leurs  propriétés  ne 


^L^MENTS  Tj  E PHARMACIE.  2^3 

sont  pas  encore  bien  connues.  On  n’emploie  , quant  à 
présent,  que  celle  desuccin  et  celle  de  castor.  La  maniéré 
de  les  préparer  est  la  même  que  pour  celles  qu’on  fait  par 
l’espiit  de  vin;  avec  cette  différence  seulement,  qu’on  ne 
doit  avoir  recours  à aucune  chaleur  pour  les  préparer, 
parceque  l’éther  est  très  volatil,  et  que  d’ailleurs  il  dissout 
promptement,  et  même  à froid,  les  substances  sur  lesquelles 
il  a de  l’action.  On  peut  employer  plusieurs  drogues  pour 
en  tirer  la  teinture,  et  faire  des  teintures  composées  : ce  sont 
de  nouveaux  médicaments  qu’on  peut  introduire  dans  la 
Médecine,  et  dont  je  crois  qu’on  peut  attendre  de  bons 
effets. 

L’éther  parfaitement  rectifié . et  qui  n’a  point  été  mêlé 
avec  de  l’eau,  est  le  dissolvant  des  huiles  et  des  résines:  il 
ne  touche  en  aucune  maniéré  aux  autres  principes  , soit 
gommeux  , soit  extractifs  ou  savonneux  ; mais  lorsqu’il  est 
mal  rec  l i fit' , et  qu  il  contient  de  l’acide  sulfureux  volatil, 
ou  de  1 eau  surabondante  a son  essence,  alors  il  aajt  com- 
me l’esprit  de  vin  sur  la  plupart  des  corps  qu’on  lui  pré- 
sente; c est-a-dire  qu’il  se  charge  de  quelques  substances 
des  mixtes  qui  lui  donnent  de  la  couleur,  comme,  par  exem- 
ple, le  safran  gâtinois et  la  cochenille,  desquels  il  tire  une 
teinture  très  chargée  lorsqu’il  est  mal  rectifié;  tandis  qu’au 
contraire  il  n’en  tire  presque  rien  lorsqu’il  l’est  parfai- 
tement. 

( e seroit  ici  qu  il  conviendroitde  parler  des  résines  qu’on 
prépare  avec  l’éther;  mais  nous  renvoyons  à l’article  des 
extiaits  résineux  préparés  avec  l’esprit  de  vin  ce  que  nous 
ayons  à dire  sur  cette  matière  , afin  de  mieux  comparer  les 
résultats  de  l’une  et  de  l’autre  opération. 

Des  extraits. 

On  nomme  extraits  les  substances  qu’on  a séparées  des 
corps  par  un  menstrue  convenable  , et  qu’on  a rassemblées 
sous  un  petit  volume  par  l’évaporation  d’une  partie  ou  do 
la  totalité  du  véhicule. 

11  paroît  que  les  extraits  ont  été  fûts  pour  pouvoir  con- 
server plus  facilement  les  substances  utiles  des  mixtes.  Les 
matières  dont  on  tire  les  extraits,  sont  du  reçne  végétal 
et  du  regue  animal.  Le  régné  minéral  ne  fournit  aucun 
extrait  qui  soit  d’usage  dans  la  Pharmacie  : ce  n’est  pas 

R iv 


■26 4 ÉLÉMENTS  !5Ï  Prf  AlMUACü. 

qu’on  no  puisse  en  tirer  de  plusieurs  substances  de  ce  régné  > 
c’est  seulement  parceque  leurs  propriétés  ne  sont  pas  con- 
nues , ou  que  celles  qui  sont  connues  ne  sont  pas  convenables 
aux  différentes  vues  qu’on  se  propose  dans  l’art  de  guérir. 

D’après  notre  définition  , il  est  facile  de  s’appercevoir 
qu’il  doit  y avoir  plusieurs  especes  d’extraits.  En  effet,  ils 
different  entre  eux  par  les  principes  qui  les  constituent;  ce 
qui  oblige  d’employer  différents  menstrues  pour  les  pré- 
parer. On  peut  , par  rapport  à certaines  propriétés  com- 
munes à plusieurs,  en  distinguer  de  quatre  especes  diffé- 
rentes , savoir  : 

Les  extraits  gommeux  ou  mucilagineux, 
gommeux  et  résineux  , 
savonneux , 

résineux,  ou  les  résines  proprement  dites." 

Les  extraits  gommeux  ou  mucilagineux  sont  ceux  qui 
ressemblent  à de  la  colle  , et  qui  se  réduisent  en  gelée  en 
se  refroidissant,  comme  sont  ceux  qu’on  retire  de  la  graine 
de  lin,  de  la  semence  psyllium  , de  la  semence  de  coing; 
de  la  gomme  arabique  , de  la  gomme  adraganl , de  la  ra- 
clure d’ivoire  ou  de  corne  de  cerf,  etc.  Ces  extraits  se  pré- 
parent avec  de  l’eau. 

Les  extraits  gommeux-rèsineux  sont  ceux  qu’on  tire  de 
3a  plupart  des  végétaux  qui  fournissent  en  même  temps 
dans  l’eau  de  la  gomme  et  de  la  résine  ; tels  sont  ceux  de 
jalap.de  cascarille,  de  quinquina,  de  baies  de  genievre,  etc. 

Les  extraits  savonneux  sont  ceux  qui,  outre  les  prin- 
cipes des  extraits  gommeux-résineux,  contiennent  encore 
des  sels  essentiels  qui  divisent  et  atténuent  la  substance  ré- 
sineuse, et  la  mettent  hors  d’état  de  se  séparer  d’avec  la 
substance  gommeuse;  tels  sont,  par  exemple,  les  ex- 
traits de  chardon  bénit  , de  fumeterre  , de  cresson  , de 
bourrache,  de  buglose.  de  chicorée  sauvage  , etc.  La  plu- 
part des  extraits  de  ce  genre  laissent  crystalliser  des  sels 
essentiels  qui  leur  donnent  un  coup-d’œil  grumelé. 

Enfin,  les  extraits  résineux  purs  s ont  les  résines  propre- 
ment dites,  qu’on  sépare  des  substances  par  le  moyen  do 
l’esprit  de  vin  et  de  l’éther. 

Ces  derniers  extraits  ne  sont  point  dissolubîes  dans 
l’eau,  au  lieu  que  tous  les  autres  le  sont , ou  en  totalité  ou 
«n  partie. 

L’eau  , le  vin , l’esprit  de  vin , sont  donc  les  véhicules 


f L^MENTS  DE  PHARMACIE.  2 6j 

qu’on  emploie  ordinairement  pour  préparer  les  extraits 
le  plus  en  usage.  Les  extraits  qu’on  peut  préparer  avec 
l’éther , ne  sont  point  usités  dans  la  Médecine.  On  peut 
encore,  suivant  les  cas  , faire  les  extraits  avec  des  liqueurs 
plus  composées  ; telles  que  les  eaux  simples  , distillées  des 
plantes  aromatiques,  les  eaux  spiritueu.fes  simples  et  com- 
posées , etc.  La  Médecine  peut  tirer  beaucoup  d’avantages 
de  ces  préparations. 

Des  extraits  dont  Veau,  est  le  véhicule . 


Ces  extraits  sont  préparés,  ou  avec  les  surs  dépurés  des 
végétaux  , ou  avec  les  infusions  , ou  avec  les  décoctions 
des  végétaux  ou  des  animaux  : ils  portent  différents  noms 
qui  viennent , ou  de  leurs  propriétés,  ou  des  substances 
d ou  ils  sont  tirés,  comme  roh , sapa  , defrutum  : extrait 
ou  gelee.  foutes  ces  dénominations  ont  été  données  par 
Ls  anciens  , et  ne  signifient  qu’une  seule  et  meme  chose  ; 
aussi  on  les  confond  ordinairement  : cependant  on  a con- 
servé le  nom  de  roh  à la  plupart  des  extraits  des  sucs  des 
fruits,  comme  à ceux  de  sureau , d’hyeble,  de  berbéris,  do 
mures  , et  plusieurs  autres. 

Ou  entend  par  roh  ou  rohuh  , le  suc  dépuré  d’un  fruit 
quelconque  qui  n'a  point  fermenté  , et  qu’on  a épaissi  eu 
consistance  de  miel.  La  plupart  des  robs  étoient  autrefois 
meles  avec  du  miel  , comme  on  le  remarque  dans  toutes 
les  anciennes  Pharmacopées;  mais  à présent  on  le  re- 
tranche de  toutes  ces  préparations. 

1 ar  sapa  , on  entend  seulement  le  moût  ou  le.  suc  des 
raisins  , cuit  à la  même  consistance.  On  voit  par  cette  dé- 
finition que  le  sapa  est  un  rob  ; celui  du  raisin  est  vulgai- 
rement connu  sous  le  nom  de  raisiné. 


Par  defrutum , on  entend  le  même  suc  de  raisins,  duquel 
on  fait  évaporer  les  deux  tiers  de  l’humidité.  Ce  defrutum  f 
mis  à fermenter , fait  ce  que  l’on  nomme  vin  cuit. 

Par  extraits } on  entend  les  sucs  dépurés,  les  infusions, 
les  déc0C|i°ns  des  plantes,  dps  racines  , etc.  qu’on  a fait 
épaissi1"  eu  consistance  de  pâle  plus  ou  moins  épaisse. 

Euh11’  0,1  entend  par  gelée,  les  extraits  mucilaginaux , 
1rs  mucitages  , les  colles  , etc.;  telles  sont  celles  qu’on 
tire  des  substances  tnticilaginonse.s  , et  des  matières  ani- 
males ; commc  011  ajoute  du  sucre  à ces  gelées  pour  les 


I 


0.66  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

rendre  agréables , nous  renvoyons  à l’article  des  conserves 
ce  que  nous  devons  en  dire. 

Les  extraits  peuvent  être  simples  ou  composés  ; mais 
nous  ne  parlerons  que  des  premiers.  Ce  que  nous  en  dirons 
suffira  pour  entendre  la  préparation  de  ceux  qu’on  vou- 
drait faire  avec  plusieurs  substances  ensemble. 

Les  extraits  sont  ou  mous  ou  parfaitement  secs.  Le 
comte  de  la  Garaye  a donné  à ces  derniers  le  nom  de  sels 
essentiels,  mais  improprement;  le  nom  d’ extraits  secs 
est  celui  qui  leur  convient  : nous  en  parlerons  à la  suite 
de  ceux-ci. 

Des  extraits  mous  faits  avec  les  sucs  clés  végétaux. 

Rob  de  baies  de  sureau. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  baies  de  sureau 
un  peu  avant  leur  parfaite  maturité  : on  les  écrase  entre 
les  mains  : on  les  laisse  macérer  pendant  vingt-quatre 
heures  : on  les  enferme  dans  un  linge  fort  : on  les  exprime 
en  les  soumettant  à la  presse.  Il  sort  un  suc  rouge  tirant  sur 
le  noir:  on  le  met  dans  une  bassine  avec  quelques  blancs 
d’œufs  qu’on  a fouettés  parmi  : on  lui  fait  prendre  .quel- 
ques bouillons.  Lorsque  ce  suc  est  parfaitement  clarifié, 
on  le  passe  au  travers  d’un  blanchet  : on  le  fait  épaissir  sur 
le  feu  jusqu’à  ceqti’il  ait  acquis  la  consistance  d’une  bouil- 
lie un  peu  épaisse  : on  le  serre  dans  un  pot  pour  le  con- 
server. 

Si  l’on  emploie  trente  livres  de  baies  de  sureau  , on 
obtient  dans  les  années  pluvieuses  depuis  quatre  livres 
1 jusqu’à  cinq  livres  de  rob  , et  dans  les  années  seches  on 
n’en  tire  que  depuis  deux  livres  jusqu’à  deux  livres  et  de- 
mie. Ces  différences  viennent  de  ce  que , dans  les  années 
seches  , les  baies  contiennent  moins  de  suc  et  d’extrait. 
Cette  remarque  est  générale  pour  tous  les  robs  , et  pour 
tous  les  extraits  qu’on  prépare  avec  les  sucs  des  végétaux. 
Vertus.  Le  rob  de  sureau  est  tonique  , légèrement  diaphonique 
et  astringent  : il  convient  dans  les  dyssenteries.  La  dose  est 
Dosc-  depuis  un  scrupule  jusqu’à  un  gros. 

De  la  même  maniéré  on  prépare  les  robs  cVyeblc  , de 
nerprun , de  berbéris  , de  raisins , de  cei'ises , de  groseilles , 
etc. 

Vertus.  Rob  cl'yeble.  On  le  regarde  comme  ayant  les  mêmes 
Dose,  vertus  que  celui  de  sureau , et  il  se  donne  a la  meme  dose. 


i’L^MEKTS  »t  PHARMACI  i. 

sure“  rav  UaT8ne  <|Ui  "°"S  ven(,ent  ,es  baies  de 

“ * ’ donne,m  souvent  les  uns  pour  les  au- 

tres . celte  tromperie  est  heureusement  de  peu  de  ronsd- 

uence,  parçeque  ies  vertus  de  ces  fruits  so  n les  mêmes- 
ea, us  r est  bon  de  savoir  les  distinguer.  L™  baies 
d yeble  rougissent  les  doigts  en  les  dcrasant  ; ceux  de  su- 
if fri0''1'6"1  S“’“ne  couleur  de  feuille  morte. 

cinquante ’lhr"  ''  111  '"i™5  de  baiesde  nerprun  rendent 

Le  roh  ilres  desuc  q«t  fournissent  six  livres  de  rob. 

Vient  Zj  -ZrneSt  P‘lrsatif hydragogue  : il  con- 
Lal  l èst'  °P'5,e’  la  P?ra*)’sie  et  les  rhumatismes. 

„ " - SKï  “Ütn 

c}e  ccrrres.  Trente  livres  de  cerises  routes  ordinai- 

iivÆt^ttbuiIIet  17691  mWVend“  *«* 

1 • brosei^es  est  légèrement  astringent  nfnî  v 

-u'do^rr- absorbcr  b..meuÆii:S;:vm"!- 

Tr  , T l!n  gros  Iusqu’à  quatre.  n 

P$P&saëgBS& 

Dix  livres  de  raisins  de  damne  cnn?  -n*  i 
suffisante  quantité  dVin  ot  ' ' d • bouillis  c^1ns  une 

trait.  o„,  * i Sï es  s'  consistance  d’ex- 

consistance.  X onces  d extra‘t  d’une  bonne 

teÿrt^itfcÆl'n  pour  dd- 

leÊitentLda^te^  CnTeT^n  ™ b°,,C,,e:  "”W 

«■te  once,  sur  quatre  onces  de  liqueur 1 ? S'°S  )US<1“’U  D'5C' 


Eléments  t>  r eharmacii?,' 


268 


Extrait  de  bourrache. 


Vertus. 


Dose. 


Vertus. 


Vertus. 


Dose. 


On  prend  la  quantité  qu’on  veut  de  bourrache:  on  la 
lave,  011  la  pile  flans  un  mortier  de  marbre  avec  un  pilon 
de  bois:  on  délaie  la  plante  pilée  dans  une  suffisante  quan- 
tité d’eau  : on  l’exprime  dans  une  toile  lorte  sous  la  presse 
pour  en  tirer  le  suc  : on  clarifie  ce  suc  avec  quelques  blancs 
d’œufs  , comme  nous  l’avons  dit  précédemment:  on  le  fait 
évaporer  au  bain-marie  jusqu’à  consistance  d’extrait.  On 
le  serre  dans  un  pot  pour  l’usage. 

Si  l’on  a employé  quarante  livres  de  bourrache,  on  tire 
ordinairement  près  de  huit  onces  d’extrait  d’une  consis- 
tance propre  à former  des  pilules. 

Au  mois  de  Juillet  1769,  deux  cents  quatre-vingt-dix 
livres  de  bourrache  m’ont  rendu  sept  livres  cinq  onces 
quatre  gros  d’extrait  de  même  consistance. 

Au  mois  d’Août  1772,  trois  cents  quatorze  livres  de 
bourrache  m’ont  fourni  douze  livres  deux  onces  d extrait 
semblable. 

Au  mois  de  Mai  1774  , cent  quatre-vingt  livres  de  meme 
plante  m’ont  rendu  trois  livres  six  onces  d extrait  un  peu 
ferme. 

L’extrait  de  bourrache  adoucit  les  âcretes  du  sang  et  des 
autres  humeurs:  il  purifie  le  sang  et  lâche  un  peu  le  ventie  : 
il  est  aussi  un  peu  apéritif.  La  dose  est  depuis  douze  grains 
jusqu’à  un  gros. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  les  extraits  ne  buglose  , 
de  chic-orée  sauvage  , de  grande  ciguë , de  cochléaria  , de 
concombre  sauvage , de  cresson , d ortie , etc. 

Extrait  de  buglose.  Il  a les  mêmes  vertus  que  celui  de 

bourrache  , et  se  donne  à la  même  dose. 

Extrait  de  chicorée  sauvage.  Cent  quarante  livies  de 
chicorée  sauvage  cueillie  le  3o  Juin  1769,  m ont  pioduit 
quatre  livres  quatorze  onces  d’extrait.  Deux  cents  cinquante 
livres  de  même  plante  cueillie  le  2 Juin  1771  , mont 
fourni  neuflivres  d’extrait.  11  est  apéritif . détersif,  propre 
pour  lever  les  obstructions,  pour  purifiei  le  sang,  on  t ^nv- 
ploie  aussi  avec  succès  dans  les  maladies  du  foie  : il  lâche 
un  peu  le  ventre.  La  dose  est  depuis  six  grains  jusqu  a un 

demi-gros.  . ..  , 

Extrait  de  ciguë.  Quatre  cents  quatre-vingts  livres  de 


^LÏM  INTS  DE  PHARMACIE.  269 

grande  ciguë  en  fleur,  cueillie  au  commencement  du 
mois  de  Juin  1767,  et  traitée  comme  les  extraits  pré- 
cédents , ont  rendu  vingt  et  une  livres  douze  onces  d’ex- 
trait, sans  poudre  et  sans  fécule.  Nous  parlerons  dans  un 
instant  de  cet  extrait  préparé  suivant  cette  méthode. 

Cinq  cents  soixante-six  livres  de  grande  ciguë  cueillie 
au  mois  d’Avril  1768,  m’ont  rendu  vingt-trois  livres  d’ex- 
trait, sans  poudre  ni  fécule. 

Six  cents  soixante- trois  livres  de  même  plante  cueilli© 
a la  fin  d’Août  même  année  , rn’ont  fourni  trente  et  une 
livres  sept  onces  d’extrait  semblable. 

Au  mois  de  Mai  1769,  deux  cents  trente  livres  de 
même  ciguë  en  grosses  tiges  et  presque  en  fleurs,  cueillie 
par  un  temps  sec,  m’ont  rendu  huit  livres  huit  onces  de 
semblable  extrait. 

Au  mois  d’Octobre  même  année,  quatre-vingt-quatorze 
livres  de  même  ciguë  m’ont  fourni  sept  livres  d’extrait  , 
sans  poudre  et  sans  fécule. 

Trois  cents  vingt  livres  de  même  plante  cueillie  le  i5 
Mai  1 770  > m ont  rendu  vingt  et  une  livres  deux  onces 
d’extrait. 

Le  2 Novembre  1772,  cinquante-cinq  livres  de  ciguë 
m’ont  fourni  quatre  livres  d’extrait. 

Au  mois  de  Mai  1770,  trois  cents  livres  de  même  plante 
m’ont  rendu  seize  livres  onze  onces  de  pareil  extrait, 
v Cent  huit  livres  de  ciguë  cueillie  le  18  Juin  1 774,  m’ont 
rendu  cinq  livres  huit  onces  d’extrait. 

On  emploie  cet  extrait  contre  les  cancers  et  contre  les  Vertus*, 
tumeurs  squirreuses.  La  dose  est  depuis  un  grain  jusqu’à  DJ<tf 
quatre  : ce  que  l’on  répété  deux  ou  trois  fois  par  jour. 

Exnau  de  cocIicèciricL.  11  est  regarde  comme  antiscor-  Vert  a 
butique , propre  pour  les  maladies  de  la  rate,  pour  pous- 
ser un  peu  les  urines  , pour  atténuer  la  pierre.  11  est  bien 
vrai  que  la  plante  possédé  toutes  ces  propriétés  ; mais  la 
longue  ébullition  qu’on  a fait  éprouver  au  suc  pour  le  ré- 
duire en  extrait,  a fait  dissiper  tous  les  principes  volatils 
dans  lesquels  réside  toute  sa  vertu  : cependant  cet  extrait 
n'est  pas  sans  effet  : il  contient  du  soufre  qui  ternit  beau- 
coup les  bassines  d’argent  pendant  qu’on  fait  évaporer  la 
liqueur.  On  le  fait  prendre  à la  dose  de  douze  grains  jus-  Doit 

Extrait  de  cresson,  Cent  livres  de  cresson  d’eau,  traité 


2JO  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

comme  les  plantes  précédentes,  ont  fourni  un  suc  vercl  , 
qui  a été  clarifie.  Ce  suc  , évaporé  au  bain-marie,  a ren- 
du dix-sept  onces  d’extrait,  il  contient  du  soufre  qui  ter- 
nit l’argent. 

Vertus  L’extrait  de  cresson  est  incisif,  apéritif,  propre  pour  la 
pierre  du  rein,  pour  lever  les  obstructions,  pour  exciter 
les  mois  aux  femmes  , pour  le  scorbut , et  pour  les  maladies 

Dose,  de  la  rate.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  demi- 

gros- 

Extrait  d’ortie.  Cent  livres  d’ortie  grieche  rendent  soi- 
xante livres  de  suc  : ce  suc,  clarifié  et  évaporé  au  bain- 
marie  , jusqu’à  consistance  convenable  , fournit  neuf  livres 
d’extrait. 

Vertus.  L’extrait  d’ortie  grieche  est  incisif,  détersif,  apéritif  et 
astringent;  on  l’emploie  dans  les  crachements  de  sang  qui 
proviennent  de  larupture  de  quelques  petits  vaisseaux , oc- 
casionnée  par  des  efforts.  La  dose  est  depuis  un  scrupule 
jusqu’à  un  gros.  11  arrête  aussi  les  saignements  de  nez  , en 
introduisant  dans  les  narines  une  compresse  imbibée  de 
cet  extrait  délayé  dans  un  peu  d’eau. 

Extrait  de  concombre  sauvage.  Deux  cents  trente  livres 
de  fruits  de  concombre  sauvage  rendent  un  suc  aqueux, 
qui  se  clarifie  lui-même  par  le  repos  : ce  suc,  filtré  et  éva- 
poré au  bain-marie  , fournit  six  livres  huit  onces  d’extrait, 
qu’on  nomme  elaterium. 

Vmus.  L’extrait  de  concombre  sauvage  est  un  purgatif  violent 

Dose,  qu’on  donne  dans  l’hydropisie.  La  dose  est  depuis  un  grain 
jusqu’à  six. 

Mous  finirons  cet  article  des  extraits  qu’on  fait  avec  les 
sucs  des  végétaux,  par  ceux  qu’on  prépare  suivant  la  mé- 
thode de  StorcK,  Médecin  de  la  cour  de  Vienne  : ces  ex- 
traits sont  faits  avec  les  sucs  des  plantes  non  dépurés. 

Ex  trait  de  ciguë,  préparé  suivant  la  méthode  de  Storck. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  grande  ciguë  lors- 
qu’elle commence  à fleurir  : on  la  pile  dans  un  mortier  de 
marbre  avec  un  pilon  de  bois  : ou  soumet  la  plante  à la 
presse  pour  en  tirer  le  suc  : on  le  passe  au  travers  d’un 
blanchet  , et  on  le  fait  épaissir  sur  pu  feu  modéré  jusqu’à 
consistance  d’extrait  épais  , ayant  soin  de  le  remuer  sans 
discontinuer,  de  crainte  qu’il  ne  s’attache  et  ne  brûle  au 


^t^MÏNTS  DE  PHARMACIE.  a-, 

fond  du  vaisseau  Alors  on  mêle  cet  extrait  avec  une  suf 
■ saute  quantité  de  poudre  de  ciguë , pour  former  une  masse 

W “ ?"  <;onslstance  convenable:  c’est  le  remedlde 
M contre  les  cancers  et  les  humeurs  s ouirreuseT 

de  suc  très  véerd  ceTc  foS',  ^ °nce* 

*»•»  I-**  neuf  ’ 

P°"r  : , -l,l',:r  la  consistance  e 

« fait  usage  de  cet  extrait  comme  de  celui  rmî  «i  ■ / 
pard  sans  poudre , et  à ]a  même  dose.  U y a des  Mécle^  ' 
qui  donnent  la  préférence  au  premier  7 Mtde“™ 

ve«z°zdézi  r rurprdpa- 

renouvelle  l'usage  de  ce  remede.  Il" recourut ndê  T"  f 
préparer  dans  le  mois  de  Mai  ou  Juin  a»  ! 6 

“ ’ et  non  déP«ré , de  la  grande  ciguë  récente  lors' 

chargé  ^ trouva 

quelques  personnes  ont  eu  quelque  sVrte^enroch*‘“q  ^ 
que  son  procédé  netoit  nas  t n ,i  A r •„  ^°e  a StorcK 

de  l’art.  StorcK,  en  répondant  attx  objecSm  •„  T8-'6* 
fanes  a ce  sujet , s’est  contenté  de  dire  ffl?  3 0,1  iuI  3 
de  meilleurs  effets  de  l’extraif  !°U  reir*arqné 

Stic  qui  contient  sa  fécule  C‘p“8’  prtParë  avec  le 

Comme  cet  haMle  M^ciT^  ?”  e“  3 é,é 
la  nature  de  cette  fécule  i’a'  nue  aucun  détail  sur 
«néme  fécule  kl  ex 'JJ' ,1“,’  e™«P*er  sur  cette 
dennnent  sur  la  fécule  des  sucs  des  végétaux3  “ P'écé- 

T«»b- 

i t?her  - dSe  ur/r  n* 

fers?'1» 

-vrage  qu’elle  eu  coutil „t  une 


I 


2y2  ÉLÉMENTS  de  pharmacie. 

tout  lorsqu’elle  provient  des  sucs  tirés  des  plantes  rési- 
neuses. La  grande  ciguë  est  dans  le  cas  dont  nous  parlons. 
Pour  confirmer  davantage  ma  théorie  sur  cette  matière, 
ie  vais  décrire  de  suite  les  expériences  que  ) ai  laites  su 
cette  plante , afin  de  présenter  sous  un  point  de  vue  tout 
ce  qui  y a rapport  -,  ensuite  de  quoi  nous  ferons  quelques 

réflexions  sur  le  procédé  de  Storck.  .... 

J’ai  soumis  à la  distillation  douze  livres  de  ciguë  , 

hachée  grossièrement , avec  une  suffisante  quantité  d eau  : 

-ai  obtenu  une  eau  distillée,  très  chargée  de  l’odeur  de 
cette  plante,  et  surnagée  par  quelques  globules  d huile  qui 
s-est  fiée.  L’eau  distillée  n’avoit  presque  point  de  saveur  : 
la  décoction  restée  dans  l’alambic  , étoit  d une  couleur 
verte  °un°  peu  laiteuse,  et  «imagée  d'une  très  legere 
pellicule  «risse , résineuse  , qui  présentort  des  ms.  Cette 
finueur  s®  ns  être  clarifiée  , mise  à évaporer , a forme  un 
extrait  salin  et  lisse,  comme  les  extraits  mous  ordinaires  , 
•narreciu’ils  ne  contiennent  point  de  tecule. 

P “Ln  exposant  sur  le  feu  le  suc  de  orgue  .nouvellement 

exprimé  j’ai  remarqué  au  premier  degre  de  chaleur  , que 
exprime , a H coa‘  lée  et  s'est  amassée  en  gru- 

meaux comme  cela  arrive  à tous  les  sucs  que  l’on  clarifie  : 
Sueur  st  devenue  claire  , transparente  et  d une  legere 
la  T r musse  Je  l’ai  filtrée  pour  en  séparer  la  fécule  . 
pti  Uvé  ensuite  cette  fécule  à plusieurs  reprises  dans  de 
'eau  dede  pour  emporter  tout  ce  quelle  çonteno,  de 
1 i kl  f nsl'eau  et  ie  l’ai  fait  sécher  pour  1 examiner. 
SOlV  j-at  réduit  , 'par  l’évaporation  , du  suc  de  ciguë  au 
d • a ’ * i_  liniipnr  est  devenue  d une  cou- 

quart  de  son  volume  déposé , par  le  refroi- 

! rouge  der  sel  ’robx.  J’ai  fait 

dl5Se‘  là  i iueur  Pour  en  séparer  encore  du  sel  : ,’ai 

TeTlavé  tolitce  que  j'en  avois  tiré  pour  l’examiner  : a 
meieetlavc  to  conlenoit  encore  beaucoup  de 

cette6  espece  de  sel  ; mais  je  l’ai  abandonné  , en  ayant  suf- 
fisamment pour  in“  ®^e|"egCc“[e  est  d'un  beau  verd  tant 

4°.'.  J’ai  remarque  r ue  lajccii^  ^ ^ ^ ^ 

ou  elle  est  lu.m  > S .étant  séchée , elle  est  d’une  cou- 
de la  c.guc  V , comme  noirâtre  en  certains  en- 

’r1-  Vert6i  ITanch  ttre  en  d’autres  : sa  saveur  est  peu  dif- 
dro.ts,  et  blancha  . eUe  fournit  dans 

iérente  de  celle  de  la  pouuie  - l’esprit 


ÏLÏMENTS  DK  PHARMACIE.  %jj 

l’esprit  de  vin  une  teinture  verte  très  foncée  : cette  tein- 
ture un  peu  concentrée  blanchit  avec  de  l’eau,  et  laisse 

L’éther  vitriolique  tire  sur  le  champ  de  cette  fécule  une 
belle  teinture  d un  verd  clair,  moins  foncée  que  celle  que 
tnel  esprit  de  vin  ; cette  teinture,  mise  à évaporer,  fournit 
une  résiné  seche  , d’un  plus  beau  verd  que  le  verd  de 

5°.  Le  sel  essentiel  que  j'ai  tiré  du  suc  de  ciguë , esc 
d une  couleur  rousse  , quoique  lavé  dans  plusieurs  eaux  : 

I est  en  petits  crystaux  qui  n’ont  aucune  forme  régulière  ■ 

3 füf  ‘,|U  gf,nre  lle  ‘Operation  : ce  sel  est  très  peu  dis! 
so  uble  dans  1 eau.  Sa  dissolution  rougit  un  peu  la  teinture 
de  tournesol  : elle  précipite  en  blanc  la  dissolution  de 

mercure.  Ce  précipité,  lavé  aveedel’eau  distillée,  reste  blanc- 

la  dissolution  de  sel  de  ciguë,  précipite  en  blanc  sale  la 
dissolution  d argent  de  coupelle;  l’akali  fixe , versé  sur  la 
dissolution  de  sel  de  ciguë,  occasionne  un  précipité  blanc 
erreux  très  abondant.  L’acide  vitriolique  concentré  versé 
s uce  sel  de  ciguë,  fait  exhaler  seulementquelques  vapeurs 

marin?  ' P ’ mêI<ieS  d'Une  %="=  «Seur  d’S 

Ce,se.1  de  Çîgnë  exposé  an  feu,  brûle  en  scintillant  ’ 
comme  de  la  sciure  de  bois  bien  sécliée,  et  il  exhale  uns 
Odeur  d herbes  qui  brûlent  : il  laisse  ’une  cendre  V ise 
blanchâtre  presque  sans  saveur,  qui,  par  la  décoction 
ans  eau  , forme  une  lessive  sans  couleur  et  d’une 
saveur  styptique.  Cette  lessive  verdit  le  syrop  violât  ^eUe 
précipite  en  .aune-citron  la  dissolution  de  Vercure-  ce 

qui  indique  la  présence  d’un  sel  akali  terreux  : elle  ne 
précipité  presque  point  la  dissolution  d’argent  • ce  der 
mer  précipité  est  blanc.  0 ’ e der* 

II  résulte  des  expériences  que  nous  venons  rto 

leuse  VeVblaïle  a feÎfodVVun  " **"*  Vitrifiable  > «•*!* 

Je  crois  pouvoir  avancer  que  le  suc  de  rî<ni«  » i • 
de  tontes  les  plantes  résineuses  , doïvem  étVV  ^ 
comme  des  especes  d'émulsions  naturelles.  On  peut  îts 

S 


27^  ÏLéMEtfTS  DE  PHARMACIEN 

comparer  au  lait  des  animaux  dont  elles  different  seule- 
ment par  la  couleur.  Elles  sont  composées  de  principes 
de  même  espece , et  qui  ont  les  mêmes  propriétés  générales. 
Le  lait  contient  du  beurre , du  fromage  , du  sel  et.  de  l’eau  : 
le  beurre  est  la  matière  huileuse  qui  donne  au  lait  l’opacité 
et  la  couleur  blanche  : le  fromage  est  une  inatiere  mucila- 
gineuse  , qui  ne  fait  que  le  troubler  sans  le  colorer , puis- 
que, lorsqu’il  est  desséché,  il  ressemble  à une  gomme. 

La  inatiere  résineuse  des  sucs  dont  nous  parlerons  est 
une  substance  delà  nature  des  huiles  essentielles  , qui  pro- 
duit dans  les  sucs  l’opacité  et  la  couleur  verte  ou  jaune  , 
etc.  suivantsa nature.  La  portion  qui  n’est  point  résineuse  , 
et  qui  trouble  aussi  la  transparence  de  ces  sucs  , peut 
être  comparée  au  fromage  du  lait  : c est  une  matieie  muci- 
lagineuse  , mêlée  d’une  portion  de  la  plante  brisée, , qui  se 
coagule  pêle-mêle  avec  la  matière  résineuse  lorsqu’on  fait 
chauffer  ces  sucs  , et  forme  par  conséquent  un  caillé  qu’on 
peut  comparer  à celui  du  lait  des  animaux.  Cette  matière 
mucilagineuse  sert  d’intermede  pour  tenir  unie  à l’eau  la 
partie  résineuse.  Ces  sucs  aqueux  clarifiés  sont  , comme 
le  petit-lait  des  animaux , chargés  de  sels  et  d’extraits. 

Les  sucs  des  plantes  qui  ne  contiennent  que  très  peu  ou 
point  de  résine , comme  celui  de  joubarbe  , de  concombre 
sauvage,  et  tous  les  sucs  acides  des  fruits,  présentent  des 
phénomènes  différents  de  ceux  dont  nous  parlons  : ils  se 
clarifient  d’eux-mêmes  par  le  repos  , et  sans  souttrir  le 
moindre  degré  de  fermentation  ; au  lieu  que  les  sucs  1e- 
sineux  ont  besoin  d’un  certain  temps  et  d’un  certain  degré 
de  fermentation  , comme  le  lait,  pour  se  cailler  et  se  cla- 
rifier par  le  repos. 

D’après  ce  que  je  viens  d’exposer , et  d apres  ce  que  nous 
ferons  remarquer  sur  la  facilité  avec  laquelle  se  décom- 
pose la  résine  de  la  plupart  des  végétaux,  par  une  chaleur 
même  modérée,  on  est  en  droit  de  demander  a 1 auteur 
de  la  préparation  de  l’extrait  de  ciguë  , qui  recommande 
pue  la  fécule  reste  dans  ce  remede,  s’il  ne  seroit  pas  plus 
à propos  de  la  séparer  du  suc , immédiatement  apres  qu  elle 
s’est  coagulée  , pour  la  mêler  à l’extrait  lorsqu’il  est  épaissi 
à une  consistance  convenable.  11  est  certain  que  la.  résiné 
contenue  dans  cette  fécule  se  décompose  en  partie  pen- 
dant l’évaporation  du  suc,  quelque  ménagée  que.  soit  Ja 
chaleur.  Cette  question  nous  paroît  d’autant  plus  raisonna- 


Il  < r.  ^LjÊMINTs  »*  pharmacie» 

SusS  r.fau,e,;r  ff  aioute,r  * ««  «•*,  ap4 

l**'  P Jrr&SiSr tom!em 

£ p&'T"’  bjutqutone  et  Ja  Ae//,- 
vais  effets  q.^^Suf4"ft1^^/“rtÏPrrt  3UX  ,nUU* 
avons  déjà  cité  , a mis  en  «,^eKtrâ  sTr ' ^ “Ü"5 

mdldies'.'  IlTicommaudf ' 'd'/t e0b,S 
sac  de  ces  plantes , sans  avert  i Pmi  Xu'on  " iVo  ^ '* 

im iomiCT 

de  préparer  l’extrait  de  ciguë.  ma‘“ere  <ïu  J recominaude 

beaucoup d'elSIté'  11-1*"'?51  <1.UC  Mt  extra!t  agit  avec 
plus  ntaftre  de  se  er£,  V T a P«>te  dose.  Afin  d’être 

f“*  groin,  fleceUxlwùJT^tr^c’tft-  ^ "“'ÎCr 

* g*  Pre“d>-Mepuis 

cette  poudre,  comme  un  * 

de  fondre  et  de  dissoudre  les  humeurs  îcres  a , V 
les  plus  petits  vaisseaux,  autour  des  1»  j etees,  Qans  Vertu.,- 
qu’elles  obstruent  nirl»,.  ■ dcs  lendons  et  des  os 

lient  de  fortes  doreurs  dntT™5™?' ' el  'l1'*  occasion- 
nent observé  aüe  r>Z ^^««“ulaUons  11  a par.eilie- 

les  rhumatismes  d’IiumeurVsqîinteusës”  p°,"  eilet  dans 

aur-tou,  dans  les  commencements  q„  W„ ff,  ,™C,Ue' 

*1ST  f0'nme  ‘e  f<:roit  ™ Purgmlf  molr  ëe’ 

de  stramonium,  m’ont  rendu  cinq  livres  dït  r?l‘q  .'ïres 
avec  le  suc  non  clarifié  de  cette  plante.  Feparé 

ladies  de  nerfs  , ^t  daiwlTs*  fortes  coëë1]™^"8!**™^  V<,rl"’’ 
■folie , dans  l’énilensie  r j , m.u^slons>  dans  Ja 

jusqu’à  deux  grains  , deux  fois  pa^jou?1*'5  Un  denii'grailî  D«*j 

jusqulame  ^ **««  d° 

ne  sont  pas  assez  stmmdX  o^  f «“W*  ces  Quilles 
«Jui,  évaporé  au  bain-marie  \ , , , ; v) n 1 J1 1 *,n  suc  trouble 
^extrait  propre  à former  des  pilules'  ^ imS  dix  onces 

S ij 


276  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE# 

Au  mois  d’août  1 772 , quatre-vingt-cinq  livres  de  jus- 
quiame  m’ont  rendu  quatre  livres  dix  onces  d’extrait. 

StorcK  a fait  usage  d’extrait  de  jusquiame  , dans  les  con- 
Tertus.  vulsions  de  ventre  et  de  nerfs.  Il  observe  qu  il  excite  que  - 
quefois  une  anxiété  et  une  sueur  froide  , mais  de  peu  de 
durée.  La  dose  est  depuis  un  grain  jusqu  a trois  : on  prend 

Dose-  trois  doses  semblables  par  jour.  . 

Extrait  de  bella-dona.  La  bella-dona  est  une  plant 
narcotique,  qui  cause  ordinairement  le  délire , quelque- 
fois un  sommeil  accompagné  de  convulsions  violentes  . 
néanmoins  StorcK  dit  avoir  observe  de  très  bons  effets  do 
l’usage  de  cette  plante  et  de  son  extrait  dans  les  cancers: 
apparemment  que  les  succès  ne  se  sont  point  soutenus  du 
moins  on  ne  fait  plus  guere  d’usage  de  cet  extrait.  Quinze 
Lvres  de  bella-dona  m’ont  rendu  dix-sept  onces  et  demie 

L'eau  contenue  dans  les  sucs  dont  nous  venons  de  par- 
1er  est  le  véhicule  des  parties  extractives.  Toutes  les 
substances  avec  lesquelles  on  fait  des  extraits  ne  sont  pas 
dans  le  même  cas  ; ou  elles  sont  seches , ou,  si  elles  sont 
récentes,  elles  ne  contiennent  pas  assez  d humidité  pour 
en  séparer  les  parties  extractives  ; c est  pourquoi  il  faut 
avoir  «cours  à la  décoction  de  ces  mêmes  substances 
dans  l’eau  : ce  sont  ces  extraits  que  nous  allons  examine 

d’abord.  . 

Des  extraits  mous  qu’on  prépare  par  décoction  dans 

Veau. 

Extrait  de  séné: 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  séné:  on  le  fait 

bouihirpendantunquartd  heure  dans  environ  vingt  ou  trente 

fois  son  poids  d’eau  de  rivière  : on  coule  la  décoction  avec 
e expression:  on  fait  bouillir  le  marc  une  seconde  fois 
dans  une  moindre  quantité  d’eau  : on  passe  de  nouveau 
avec  expression:  on  mêle  les  liqueurs:  on  les  clarifie  par 

le  moyen  d’un  ou  de  plusieurs  blancs  d œufs:  on  passe  les  i 

nueu/s  au  travers  d’un  blanchet , et  on  les  fait  évaporer  au 
bain-marie  jusqu’à  consistance  d’extrait  propre  a former  e 
pilules.  Si  l’on  a employé  quatre  livres  de  séné,  on  tire  deus 

T’extraltc^séné  est  un  très  bon  purgatif:  il  purge  a-peu- 
ycrtuS'  près  comme  le  séné  en  substance.  On  le  fait  entrer  dans  de* 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE»  ^77 

bols  et  des  pilules  purgatives , depuis  deux  grains  jusqu’à  Doï*. 
un  scrupule  pour  une  prise. 

Remarques." 


T-e  séné  contient  une  substance  résineuse;  mais  elle  est 
tellement  combinée  avec  la  matière  purement  extractive 
qui  se  trouve  dans  le  séné  en  grande  quantité  , qu’elle 
unit  parfaitement  à l’eau  la  substance  résineuse  : aussi 
l’infusion  ou  la  décoction  de  séné  n’est  jamais  trouble  , 
comme  1 est , par  exemple,  celle  de  jalap  , ou  comme  le 
sont  celles  des  autres  végétaux  pareillement  résineux. 

Après  que  le  séné  a fourni  par  une  infusion  ou  une  dé- 
coction modérée,  tout  ce  qu’il  contient  d’extractif,  si 
3 on  continue  de  le  faire  bouiliir,  il  rend  une  très  grande 
quantité  de  mucilage  ; c’est  pourquoi  il  convient  de  prendre 
Çarde,  quand  on  prépare  cet  extrait,  de  faire  bouillir  trop 
fort  et  trop  long-temps  les  feuilles  de  séné  , afin  qu’il  ne  se 
trouve  point  chargé  de  cette  matière  mucilagineuse  qui  , 
non  seulement  n est  point  purgative  , mais  qui  diminue  et 
amortit  la  vertu  purgative  de  l’extrait  de  séné. 

Re  la  même  maniéré  on  prépare  les  extraits. 


Absinthe, 

Armoise, 

Aristoloche  ronde, 
Centaurée  minor, 
Enula-campana , 
Fumeterre , 

Gaïac , 

Gentiane , 
Hellébore  noir , 
Houblon, 
IVlahaîeb, 
Millefeuille , 


Chardonbénit , 
Coloquinte, 
Chamædrys , 
Chamæpitys , 
Polypode , 
Rhubarbe, 

Safran  , 

Scordiuin , 
Trifolium  hbrinum  1 
Valériane , 
Vincetoxicum , etc. 


* 


Extrait  d absinthe.  Cet  extrait  convient  dans  les.mala-  Ver*-* 
fies  , 1 estomac  , dans  les  suppressions  des  réglés  , dans 
es  maladies  vermineuses  : il  est  chaud  , et  donne  du  ton  à 

gros?maC*  ^ d°Se  depUiS  douze  êrains  jusqu’à  un  Do«r» 

Extrait  d armoise.  Cent  trente-six  livres  d’armoise  bien 

S iij 


Vertus. 

Dose. 


Vertus. 


Dose. 


Vertus. 

Dose. 


Vertus. 


Dose. 


2/8  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

en  vigueur  m’ont  rendu  dix  livres  onze  onces  d’extrait 
d’une  bonnê  consistance.  L’extrait  d’armoise  est  vulné- 
raire , détersif,  apéritif,  hystérique  : il  excite  les  réglés  et 
abat  les  vapeurs:  on  le  fait  entrer  darfs  les  opiats  einmé- 
nagogues.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  de- 
mi-gros. 

• Extrait,  d’aristoloche  ronde.  Une  livre  d’aristoloche 
ronde,  concassée  et  bouillie  à deux  reprises  dans  une  suf- 
fisante quantité  d’eau,  a fourni  une  décoction  qui,  mise 
à évaporer  au  bain-marie,  a rendu  onze  onces  et  demie 
d’extrait  un  peu  mucilagineux. 

L’extrait  d’aristoloche  a la  vertu  des  amers  aromatiques  : 
il  augmente  le  ton  des  solides  : il  est  un  tort. bon  emména- 
gogue:  il  est  vulnéraire  , détersif,  tue  les  vers  : il  convient 
encore  dans  l’asthme  humide.  La  dose  est  depuis  six 
grains  jusqu’à  un  demi-gros.  On  le  donne  rarement  seul  : 
011  le  fait  entrer  dans  des  bols  et  dans  des  opiats. 

Extrait  de  petite  centaurée.  Cent  cinquante  livres  de 
cette  plante  rendent  quinze  à seize  livres  d’extrait.  L ^ex- 
trait de  petite  centaurée  est  fébrifuge,  stomachique,  ver- 
mifuge. La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  demi- 


gros. 

Extrait  de  chardon  bénit.  Cent  soixante  et  dix  livres  de 
chardon  bénit  sec  ont  rendu  trente  et  une  livres  d’extrait. 
Cet  extrait  est  un  amer  stomachique  qui  convient  pour 
faire  couler  la  bile  : le  chardon  bénit  passoit  autrefois  pour 
être  diaphonique  , sudorifique  et  cordial;  mais  on  sait  au- 
jourd’hui que  c’est  gratuitement  qu’on  lui  a attribue  ces 
vertus.  La  dose  de  cet  extrait  est  depuis  vingt-quatre  grains 
jusqu’à  un  gros. 

Extrait  de  coquelicot.  Deux  livres  do  Heurs  seches  de 
coquelicot  m’ont  fourni  une  livre  d’extrait  : ce  qui  est  très 
considérable  ; c’est' pour  cette  raison  que  ces  fleurs  sont 
fort  difficiles  à être  maintenues  bien  seches:  elles  attirent 

facilement  l’humidite  de  1 air. 

Extrait  de  coloquinte.  Lorsqu’on  prépare  cet  extrait, 
on  doit  en  séparer  la  graine  exactement,  et  n’employer 
que  la  chair,  pareeque  la  graine  n’est  ni  arnere  ni  purga- 
tive, et  qu’elle  fournit  un  mucilage  considérable.  Le  20 
Lévrier  1769,  j’ai  préparé  cet  extrait  comme  il  suit  : 

.l’ai  fait  bouillir  trois  fois  de  suite,  dans  une  suffisante 
quantité  d’eau , chaque  fois,  une  livre  de  coloquinte  mon- 


ÉLÉMENTS  DI  PHARMACIE*  279 

«îée  de  toutes  ses  graines  : j’ai  réuni  les  liqueurs  et  les  ai 
filtrées;  je  lésai  ensuite  réduites  à trois  pintes:  elle  a lais- 
sé séparer  un  mucilage  très  abondant,  et  la  liqueur  , en  se 
refroidissant  , lormoit  une  gelée  qui  avoit  peu  de  con- 
sistance: comme  j’étois  certain  que  cette  gelée  étoit  due  à 
de  la  résine  qui  commençoit  à se  séparer , j’ai  continué  l'é- 
vaporation de  la  liqueur  jusqu’à  ce  que  l’extrait  fût  formé. 

J ai  obtenu  un  extrait  fort  grumelé  ; alors  je  l’ai  fait  dis- 
soudre dans  quatre  pintes  d’eau  froide  , et  j’ai  lillré  la  li- 
queur ; la  résiné  est  restée  sur  le  filtre;  la  liqueur  étoit 
daire  ; je  l’ai  réduite  en  extrait  par  évaporation  ; il  s’en  est 
trouve  cinq  onces  quatre  gros  et  demi;  il  étoit  grumeleux 
parcequ’il  contenait  encore  beaucoup  de  résine  : pour  la 
séprtrei  complètement,  j’ai  été  obligé  de  dessécher  cet  ex- 
trait au  bain-marie  jusqu’à  pouvoir  le  réduire  en  poudre. 

t ife-tr^t.a,:  JJ  avo‘t  ’ ^ant  cliaud  > l’apparence  d’une  résine. 

Je  1 ai  lait  dissoudre  de  nouveau  dans  quatre  pintes  d’eau, 
et  j’ai  encore  filtré  la  liqueur  ; elle  a passé  très  claire  , iî 
est  resté  beaucoup  de  résine  sur  le  filtre:  j’ai  fait  évaporer 
Ja  liqueur  jusqu’à  consistance  d’extrait  ; j’ai  obtenu 
quatie  onces  et  demie  d’extrait  gommeux  savonneux. 

Nous  verrons  a l’article  des  résines  que  la  coloquinte 
contient  beaucoup  de  résine. 

L’extrait  de  coloquinte  est  un  purgatif  violent:  il  éva-  Vertu, 
eue  1 humeur  pituiteuse:  il  convient  dans  l'hydropisie  : on 
ne  le  donne  jamais  seul:  on  le  fait  entrer  dans  des  bols  et 
opiats.  La  dose  est  depuis  un  grain  jusqu’à  douze  grains.  Dose. 
Lex  ra.t  de  coloquinte,  qui  a été  préparé  par  une  forte 
ébullition,  est  moins  purgatif  que  la  poudre  de  ce  fruit  ■ 

pris  a a meme  dose,  il  est  plus  doux,  et  n occasionne 
point  de  tranchées. 

Extrait  de  chamædrys.  Trente  livres  de  chamaîdrvs  ré- 
cent ont  rendu  trois  livres  deux  onces  d’extrait. 

inri  ?rXlrU  dC  chamæd.ITs est  un  amer  stomachique  : il  est  V,.rt„c 
derm  c kgerement  tonique  et  diaphorétique.  La  dose  est  Dos,, 
depuis  un  scrupule  jusqu’à  un  gros. 

K^7,aitdrf',mTrre-  Ccnt  I,uit  livres  (,e  lumeterre  ont 
rendu  trois  livres  douze  onces  d’extrait.  11  convient  dans 

rluis'l'f , C t u et  dans  plusieurs  cas  d’obstructions  , Vvriu». 
"s  “ maad.es  de  la  peau,  les  affections  dartre., ses 

deini-gros.°lbUt'  L“  d°‘e  651  depuis  ™ scruPule  jusqu'à  Par,, 


2,8(3  ELEMENTS  DE  PHARMACIE." 

Extrait  de  garance.  Cinq  livres  de  garance  seche  ei 
concassée  m’ont  rendu  deux  livres  d’extrait. 

Extrait  de  galanga  minor.  Six  livres  de  racine  de  petit 
galanga  m’ont  rendu  deux  livres  quatre  onces  d’extrait. 

Extrait  de  gentiane.  Pour  taire  cet  extrait , on  ne  se 
sert  que  de  la  racine  : elle  tient  le  premier  rang  parmi  les 
amers.  Cinquante  livres  de  gentiane  nouvelle , seche  et  con- 
cassée, prise  au  mois  de  juin  1765 , m’ont  fourni  vingt- 
huit  livres  d’extrait. 

Tertus.  L’extrait  de  gentiane  est  stomachique,  donne  du  ton 
aux  fibres  de  l’estomac  et  au  canal  intestinal  : il  est  vermi- 
D°se.  pUge  ^ fébrifuge.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à 
un  demi-gros. 

Extrait  d'hellébore  noir.  Douze  livres  de  racines  d’hel- 
lébore noir  , ont  rendu  trois  livres  treize  onces  d extrait. 
Vertus.  L’extrait  d’hellébore  noir  est  un  purgatif  violent  : il  con- 
vient dans  la  cachexie  , l’hydropisie  , dans  la  mélancolie 
Dose,  hypocondriaque.  La  dose  estdepuis  un  grain  jusqu  à douze 
grains. 

Extrait  de  houblon.  On  emploie  les  feuilles  et  les  fleurs 
de  houblon  pour  le  préparer.  Quatre-vingts  livres  de  hou- 
blon en  fleurs  m’ont  rendu  sept  livres  sept  onces  d extrait 
Vertus,  d’une  bonne  consistance.  Cet  extrait  est  propre  pour  les 
maladies  d’obstructions  au  foie  et  à la  rate  : il  pousse  par 
Dose.  Lg  urines , et  il  excite  les  mois  aux  femmes.  La  dose 
depuis  un  scrupule  jusqu’à  un  demi-gros. 

Extrait  de  nicotiarie.  Vingt-cinq  livres  de  nicotîane  ou 
tabac  , récent  et  presque  en  fleurs,  pris  au  mois  de  juillet 
1770,  m’ont  rendu  onze  onces  d’extrait  d’une  bonne  con- 
sistance. -JT 

Extrait  de  polvpode . Douze  livres  de  racine  de  poly- 

pode  de  chêne  rendent  trois  livres  treize  onces  et  demie 

d’extrait.  . . . 

Extrait  de  rhubarbe.  Cinquante  livres  de  rhubarbe  ont 

fourni  vingt-cinq  livres  d’extrait.  Dans  une  semblable  opé- 
ration, j’ai  tiré  d’une  pareille  quantité  de  rhubarbe,  vingt- 
sept  livres  d’extrait  d’une  consistance  à-peu-près  égale. 
Vertus.  L’extrait  de  rhubarbe  est  un  amer  chaud  : il  est  stoma- 
chique, et  donne  du  ton  aux  fibres  de  l’estomac  et  des  in- 
testins : il  purge  doucement  en  fortifiant  : on  l’emploie 
dans  les  diarrhées,  les  dyssenteries , et  dans  les  mai  âmes 


Dosr^ 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  2.8  I 

Vermineuses.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un 
demi  gros. 

Extrait  de  safran.  Une  livre  de  safran  gâtinois  a rendu 
treize  onces  et  demie  d’extrait.  Après  que  le  marc  eut  été 
épuisé  par  différents  lavages  dans  l’eau  , je  l’ai  exprimé  et 
fait  sécher  ; il  s’en  est  trouvé  trois  onces  demi-gros.  11  ré- 
sulte de  cette  expérience  , que  le  safran  contient  une  très 
grande  quantité  d’extrait.  Les  quatre  gros  et  demi  d’aug- 
mentation que  nous  trouvons  sur  le  poids  total,  provien- 
nent de  la  quantité  d’eau  qui  reste  unie  à cet  extrait.  C’est 
à cette  prodigieuse  quantité  d’extrait  qu’on  doit  attribuer 
la  propriété  qu’a  le  safran  d’ètre  comme  toujours  humide, 
et  de  tacher  les  doigts  lorsqu’on  le  touche. 

L’extrait  de  sairan  est  anodin  , anti-spasmodique,  car-  Vertus  4 
minatif,  cordial , stomachique  et  ermnénagogue.  La  dose 
est  depuis  quatre  grains  jusqu’à  un  scrupule. 

Extrait  de  scabieuse.  Quatre-vingt-onze  livres  de  sca- 
bieuse  prises  le  16  mai  1775,  m’ont  rendu  sept  livres  d’ex- 
trait. Cet  extrait  est  légèrement  sudorifique  , propre  pour  Vertus. 
1 asthme  et  pour  les  maladies  de  la  peau,  à la  dose  depuis  Dose, 
six  grains  jusqu’à  un  scrupule. 

Extrait  de  scordium . Cet  extrait  est  un  stomachique  Vertus, 
amer  : il  est  légèrement  sudorifique  : il  est  tonique  , vulné- 
raire , anti-putride.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jus-  Dose, 
qu’à  deux  scrupules. 

Extrait  de  Lctes  de  pavots  blancs.  Trois  livres  de  tètes 
de  pavots  blancs  séparés  de  leurs  graines,  m’ont  rendu 
treize  onces  trois  gros  d’extrait  très  mucilagineux. 

Ce.,  extrait  est  assoupissant,  mais  n’a  pas  à beaucoup  Vertus, 
près  les  vertus  calmantes  de  1 opium  préparé  par  digestion. 

Extrait  de.  trifolium  fibrinum.  Soixante  et  dix  livres  de 
trifolium  fibririuin  ont  rendu  cinq  livres  neuf  onces  quatre 
gros  d’extrait.  1 

. L’extrait  de  trifolium  fibrinum  est  desoppilatif  : il  con-  y . ., 
vient  dans  la  jaunisse  : il  pousse  par  les  urines  : il  diminue  ^ ^ 
les  douleurs  néphrétiques.  On  lui  attribue  aussi  detre 
anti-scorbutique.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  Do  c 
deux  scrupules.  1 

Extrait  de  valériane.  C’est  la  racine  de  petite  valériane 
des  bois  qu’on  doit  employer  pour  faire  cet  extrait.  Douze 
livres  de  cette  racine  seche  ont  rendu  quatre  livres  onze 
onces  d’extrait.  Cet  extrait  est  un  anti-spasmodique:  il  v 


202  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 


convient  dans  l’épilepsie,  il  excite  les  mois  aux  femmes: 
■P0je-  il  est  bon  pour  les  vapeurs  hystériques.  La  dose  est  depuis 
douze  grains  jusqu’à  deux  scrupules. 

Extrait  de  'vincetoxicum.  Quarante  livres  de  racines 
<le  viuceloxicum  seches  , ont  rendu  douze  livres  d’extrait. 

Trente  livres  de  racines  de  vincetoxicum  récentes,  pri- 
ses au  mois  d’octobre  176b  , m’ont  rendu  deux  livres  trois 
onces  d’extrait. 

Vertus.  L’extrait  de  vincetoxicum  est  amer,  légèrement  sudori- 
fique : il  leve  les  obstructions  et  excite  les  mois  aux  fem- 
D°se-  mes.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  demi- 


Vcrtus. 

Dose. 


Vertus 

Dose. 


Vertus. 

Dose. 


gros. 

Extrait  de  chamcepitys.  Soixante  et  dix  livres  de  cha- 
mæpitys  ont  rendu  sept  livres  et  demie  d’extrait  d’une 
bonne  consistance. 

Cet  extrait  est  incisif,  apéritif,  arthritique  , vulnéraire  , 
propre  pour  donner  du  ton  aux  libres  de  l’estomac,  et  pour 
tuer  les  vers.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  deux 
scrupules. 

Extrait  de  mille- feuille.  Soixante-douze  livres  de  mille- 
feuille  prise  le  22  septembre  1763,  ont  rendu  quatre  livres 
d’extrait. 

L’extrait  de  mille-feuille  est  détersif,  vulnéraire,  astiin- 
gent,  propre  pour  arrêter  le  cours  de  ventre.  La  dose  est 
depuis  douze  grains  jusqu’à  deux  scrupules. 

Extrait  de  gaïae.  Six  livres  de  gaïae  râpé  ont  fourni 
trois  onces  d’extrait  gommo-résineux  : cette  petite  quan- 
tité d’extrait  donné  par  le  gaïae,  fait  voir  que  ce  bois  est 
pdus  résineux  qu’extractil , et  en  effet  il  fournit  beaucoup 
de  résine. 

L’extrait  de  gaïae  est  sudorifique,  apéritif,  dessicatif ; 
bon  pour  la  goutte  sciatique  , pour  les  rhumatismes.  La 
dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  demi-gros. 

Extrait  de  semences  de  mahaleb.  Deux  livres  de  se- 


mences de  mahaleb  ont  fourni  trois  onces  sixgros  d exf î ait. 

Cette  semence  est  celle  du  bois  de  Sainte-Lucie,  qui  est 
le  cerisier  sauvage.  Cet  extrait  n est  d aucun  usage  en  Mé- 
decine. 

Extrait  de  racines  d envia- camp  an  à.  Douze  livres  de 
racines  d’énnla-campana  récentes  ont  rendu  vingt-neu 
onces  d’extrait  d’une  assez  bonne  consistance.^  . 

Cet  extrait  est  légèrement  diaphorétique  : il  divise  la 


Vertus. 


hhlENTS  DE  PHARMACIE.'  o83 

îymphe  épaissie  dans  les  bronches  et  dans  les  autres  par- 
ties de  la  poitrine  : il  ouvre  les  conduits  secrétoires  de  J’u- 
rine, et  divise  les  humeurs  épaisses  et  visqueuses  qui  peu- 
vent s’y  rassembler  : il  est  bon  pour  l’asthme.  La  dose  de  Dose^ 
cet  extrait  est  depuis  huit  grains  jusqu’à  un  demi-gros. 

Extrait  de  racine  de  zé.doaire.  Quatre  livres  de  racines 
de  zédoaire  m’ont  rendu  une  livre  deux  onces  d’extrait. 


Extrait  de  genievre. 


On  prend  la  quantité  qu’on  veut  de  baies  de  genievre 
récentes  : on  les  met,  s*ms  les  concasser  , dans  une  bassi- 
ne , avec  une  suffisante  quantité  d’eau  : on  les  fait  bouil- 
lir pendant  environ  une  petite  demi-heure:  on  passe  la  li- 
queur au  travers  d’un  lmge,  sans  exprimer.  On  refait 
bouillir  le  marc  dans  une  pareille  quantité  d’eau,  et  pen- 
dant le  même  temps  : on  passe  de  nouveau  la  liqueur  au 
travers  d un  linge,  sans  exprimer , et  tandis  que  les  liqueurs 
sont  chaudes,  on  les  filtre  au  travers  d’un  blanchet:  on  les 
mêle  et  on  les  fait  evaporer  à une  douce  chaleur,  jusqu’à 
la  réduction  d’environ  les  trois  quarts;  alors  on  place  le 
vaisseau  au  bain-marie  pour  achever  de  faire  évaporer  la 
liqueur , jusqu  a ce  qu  elle  soit  réduite  en  consistance  de 
miel  fort  épais;  c’est  l’extrait  de  genievre:  on  le  serre  dans 
un  pot  de  finance  pour  Je  conserver. 

Si  1 on  a employé  cinquante  livres  de  genievre,  on  ob- 
tient ordinairement  huit  livres  huit  oncesd’extrait.  Cepen- 
dant cette  quantité  est  variable  par  toutes  sortes  de  circon- 
stances. Lu  i 770,  cent  quarante-quatre  livres  de  baies  de 
genievre  m’ont  rendu  trente-six  livres  et  demie  d’extrait  de 
même  consistance. 

Lu  1774 , deux  cents  cinquante-sept  livres  de  genievre 
m’ont  fourni  quatre-vingts  livres  d’extrait. 

L extrait  de  genievre  est  très  aromatique,  légèrement  Vrtus* 
amer;  il  est  chaud,  èarminatif,  stomachique , et  propre  à 
donner  du  ton  aux  fibres  de  l’estomac  et  des  intestins.  La  Dose, 
dose  est  depuis  un  scrupule  jusqu’à  deux  gros. 


R 


E M A R Q U E S. 


. bes  baies  de  genievre  contiennent  une  matière  extrac- 
tive sucre  e,  capable  d’éprouver  la  fermentation  spiritueuse. 


284  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE^ 

Ces  baies  contiennent  beaucoup  de  résine  et  d’huile  essen- 
tielle. Pendant  les  décoctions,  cette  huile  se  dissipe  en  pure 
perte  : on  peut,  si  l’on  veut,  la  recueillir,  en  faisant  la  dé- 
coction de  genievre  dans  un  alambicyet  procédant  à la  dis- 
tillation : l’extrait  qu’on  obtient  ensuite  de  la  décoction, 
aura  les  mêmes  qualités  que  le  précédent. 

Plusieurs  Pharmacopées  recommandent  de  piler  ou  de 
concasser  le  genievre  avant  de  le  soumettre  a la  décoction  , 
sous  prétexte  d’en  retirer  une  plus  grande  quantité  d’ex-' 
trait;  mais  alors  celui  qu’on  obtient  est  âcre,  fort  amer, 
et  moins  bon  : l’extrait  de  genievre,  ainsi  préparé  , con- 
tient une  bien  plus  grande  quantité  de  résine,  et  il  est 
infiniment  plus  sujet  à se  grumeler  pendant  la  garde:  cette 
résine  est  absolument  différente  de  la  nature  de  l’extrait  , 
et  elle  a en  général  des  propriétés  communes  avec  la  té- 
rébenthine. J’ai  préparé  de  l’extrait  de  genievre  par  la  sema 
infusion  des  baies  dans  de  Peau  froide;  il  s’est  trouvé  in- 
finiment plus  agréable  et  plus  délicat  que  l’extrait  de  ge- 
nièvre bien  préparé  à l’ordinaire. 

Nous  avons  recommandé  de  ne  point  exprimer  le  marc 
quand  on  passe  la  décoction  de  genievre  , pareequ  on  s ex- 
poseroit  à faire  passer  beaucoup  de  résine. 

De  quelque  maniéré  qu’on  s’y  prenne  pour  faire  la  dé- 
coction de  genievre,  elle  est  toujours  trouble,  et  cela  pro- 
vient d’une  certaine  quantité  de  résine,  qui  est  à demi 
dissoute  dans  l’eau  : c’est  pour  cette  raison  que  nous  avons 
recommandé  de  la  filtrer,  tandis  quelle  est  chaude,  ail 
travers  d’un  bîanchet  : si  on  veut  la  passer  froide , la  ma- 
tière résineuse  adhéré  au  bîanchet,  bouche  les  pores , et 
la  liqueur  ne  peut  se  filtrer.  Il  convient  de  faire  évaporer 
doucement  la  décoction  de  genievre,  et  d achever  la  cuite 
de  cet  extrait  au  bain-marie  : une  trop  forte  ébullition  , ou 
une  trop  forte  chaleur  , cuit  la  résine  et  la  met  hors  ci  état 
de  pouvoir  rester  long-temps  unie  à la  matière  extractive  : 
néanmoins  cette  résine  se  sépare  toujours  au  bout  de  quel- 
ques années,  même  lorsque  cet  extrait  a été  bien  préparé  , 
et  c’est  toujours  en  grumeaux  qu’elle  se  réunit  : dans  ce  cas 
on  le  nomme  extrait  grumelè.  Quelques  personnes  ajôu-^ 
lent  du  sucre  ou  du  miel  à l’extrait  de  genievre  , afin  de  e 
rendre  plus  agréable.  Ces  additions  changent  un  peu  la 
nature  du  remede  ; mais  elles  satisront  le  goût. 

11  y a un  autre  genre  de  matières  végétales,  dont  lc> 


ïliMÏNTS  DE  PHARMACIE.^1  285 

parties  extractives  sont  dans  un  état  de  liquidité  suffisant 
pour  se  délayer  dans  l’eau  , sans  qu’on  soit  obligé  de  les 
soumettre  à la  presse  , ou  de  les  faire  bouillir  , comme 
nous  avons  vu  que  cela  étoit  nécessaire  à l’égard  des  autres 
extraits,  et  qui  d’ailleurs  fournissent,  en  bouillant,  une 
grande  quantité  de  mucilage  inutile  à ces  extraits.  Ces 
substances  sont  la  casse  et  les  tamarins.  Comme  ces  extraits 
se  préparent  d’une  autre  maniéré  que  ceux  dont  nous  avons 
fait  mention , nous  croyons  devoir  en  parler  ici. 

Extrait  de  casse. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  casse  en  bâtons  : 
on  la  lave  pour  en  nétoyer  l’extérieur  : on  la  concasse  dans 
un  mortier  de  marbre  avec  un  pilon  de  bois  : on  délaie 
cette  casse  dans  une  suffisante  quantité  d’eau  froide,  ou 
tiede  seulement , si  l’on  opéré  en  hiver  : on  agile  avec  une 
spatule  de  bois  pour  faciliter  la  dissolution  du  suc  extrac- 
tif. Lorsque  l’eau  est  suffisamment  chargée  , on  passe  le 
tout  au  travers  d’un  gros  tamis  de  crin  : on  agite  la  masse 
sur  le  tamis,  afin  de  faire  passer  toute  la  pulpe  : on  con- 
tinue à laver  les  bois  jusqu’à  ce  que  l’eau  sorte  claire  : 
lorsqu’ils  sont  suffisamment  lavés , on  les  jette  comme 
inutiles. 

On  mêle  ensemble  toutes  les  liqueurs,  et  on  les  fait 
passer  au  travers  d’un  blanchet  : l’extrait,  dissous  dans 
l’eau , se  filtre  taudis  que  la  pulpe  reste  sur  le  blanchet.  On 
lave  cette  pulpe  avec  de  l’eau  tiede,  afin  d’emporter  toutes 
les  parties  extractives  : on  la  laisse  égoutter  : on  mêle 
toutes  les  liqueurs  : on  les  fait  évaporer  jusqu’à  consis- 
tance d’extrait,  de  la  maniéré  que  nous  l’avons  dit  précé- 
demment : c’est  ce  que  l’on  nomme  extrait  de  casse. 

On  retire  ordinairement  près  de  quatre  onces  d’extrait 
sur  chaque  livre  de  casse , et  d’une  consistance  semblable 
a celle  de  la  pulpe  ordinaire.  Si  l’on  fait  sécher  la  pulpe  après 
l’avoir  lavée  suffisamment  , on  trouve  qu’elle  11e  pese  que 
trois  gros  : elle  devient  très  dure  en  séchant,  ne  se  délaie 
que  difficilement  dans  l’eau , et  ne  fournit  rien  par  la 
décoction  dans  l’eau  ni  dans  l’esprit  de  vin  : c’est  une 
substance  végétale  épuisée  qui  n’a  aucune  saveur. 

Cet  extrait  contient  tous  les  principes  efficaces  de  la 
casse  : il  se  dissout  entièrement  dans  l’eau  : ii n’épaissit  pas 


Yertus. 

Dose. 


^86  i LÉM1NT*  DE  PHARMACIE; 

les  potions  purgatives  , et  n"a  pas  non  plus  l 'inconvénient 
d’occasionner  des  vents,  comme  la  pulpe  de  casse. 

L’extrait  de  casse  purge  sans  échauffer;  c’est  un  très  bon 
purgatif  minoratif,  qui  convient  mieux  que  la  casse  en 
bâton  , dans  tous  les  cas  où  il  est  nécessaire  d’en  faire 
usage.  Il  se  donne  au  poids  d’une  once 'comme  la  pulpe  : 
il  purge  comme  elle  à cette  dose , sans  occasionner  ni  vents 
ni  tranchées. 

Remarques. 

Lorsqu’on  prépare  cet  extrait,  il  convient  de  faire  choix 
de  la  casse  la  plus  récente  : celle  qui  a fermenté,  et  qui  a 
été  raccommodée  , comme  nous  l’avons  dit  à l’article  de 
la  falsification,  fournit  un  extrait  qui  n’est  presque  point 
purgatif,  parceque  la  fermentation  a changé  la  nature 
des  principes  de  la  casse. 

Quelques  personnes  préparent  cet  extrait  en  faisant 
bouillir  la  casse  dans  de  l’eau  à plusieurs  reprises,  après 
l’avoir  concassée  ; mais  cette  méthode  doit  être  rejetée. 
Les  bâtons  de  casse  , en  bouillant,  fournissent  un  extrait 
d’une  saveur  âcre  et  styptique  : les  pépins  de  cette  même 
casse  donnent  de  leur  coté  une  très  grande  quantité  d’ex- 
trait mucilagineux.  Or  , par  l’ébullition  de  la  casse  en  en- 
tier , ces  matières  extractives , étrangères  à l’extrait  sucré 
de  casse,  s’y  trouvent  mêlées  , et  en  augmentent  le  volume 
et  le  poids  considérablement  : la  vertu  purgative  de  la 
casse  doit  par  conséquent  diminuer  dans  la  même  propor- 
tion , puisque  ces  matières  ne  sont  nullement  purgaLives. 
Je  puis  encore  citer  un  exemple  de  substance  qui , quoi- 
que tirée  d’un  purgatif  très  violent,  ne  purge  cependant 
point  du  tout  : ce  sont  les  amandes  de  pépins  de  cok> 
quinte  dont  nous  avons  parlé  à l’article  de  i’extrait  de  ce 
fruit  : elles  11e  sont  ni  ameres  ni  purgatives,  quoique  la 
chair  possédé  éminemment  ces  propriétés  : lorsqu’on  veut 
s’en  assurer  , il  faut  prendre  garde  que  les  doigts  , qui 
deviennent  amers  en  touchant  l’extérieur  des  pépins  , ne 
posent  sur  l’amande  huileuse  de  ce  fruit  : ce  qui  lui  coin- 
muniqueroit  de  l’amertume. 

Extrait  de  tamarins. 

On  prépare  cet  extrait  de  la  même  maniéré  que  celui 
de  casse  : il  est  très  mucilagineux  ; le  sel  essentiel  se  sépare 


ÏLlïMENTS  DE  PHARMACIE.  2S7 

^endanf  l’évaporation  de  la  liqueur  : c’est  par  cette  raison 
qii  011  p référé  la  pulpe,  faite  comme  nous  l’avons  dit  pré- 
cédemment. 1 

A/in  de  donner  le  plus  de  connoissance  qu’il  nous  est 
possible  sur  les  extraits  , nous  croyons  qu’il  est  a propos 
, apporter  mi  ceux  qu’on  prépare  avec  des  sucs  épaissis 
te  s que  1 opium  , l’aloës  et  le  cachou  , qui  sont  eux-mêmes 
e v niables  extraits , préparés  chez  les  étrangers,  mais 
qn  on  purifie  pour  l’usage  de  la  Médecine,  Coopérations 
nous  donneront  occasion  de  faire  plusieurs  remarques  in- 
téressantes pour  la  Médecine  et  pour  la  Pharmacie. 


our  l opium. 

L opium  est  un  extrait  gommeux-rcsineux , qu’on  a pré- 
pare avec  le  suc  exprimé  des  feuilles,  des  tiges  et  des  têtes 
<le  pavots  blancs.  On  nous  l’envoie  en  pains  orbiculaires 
de  différentes  grosseurs,  qu’on  enveloppe  dans  des  feuilles 
de  pavots  , pour  qu’ils  ne  s’humectent  point , et  afin  que 

tran^por^11*  ^ ^ léiUlissenl  Point  en  masses  pendant  le 

jJ Lr,  riJeilleur  °Pium  est  celui  qui  nous  venoit  autrefois 
do  Uiebes,  et  qui  se  trouve  prescrit  dans  les  formules 
jous  le  nom  d opium  thebaicum  ; mais  il  en  vient  présen- 
ernent  d’aussi  bon  de  plusieurs  au.res  endroits,  comme 

P«SrtP  I ^ Ie  rur1ui?;  0,1  doit  le  choisir  compacte  , 
pesant,  le  plus  net  qu’il  est  possible,  visqueux,  d’uné 

tlra!!t  sur  !e  roux-  d’une  odeur  virulente  et  nau- 
scabonde  , d un  goût  amer  et  un  peu  âcre. 

Cet  extrait  est  mêlé  d’une  grande  quantité  de  matières 

étrangères  , comme  de  feuilles,  de  tiges  brisées,  de  sable 

et  de  petits  cailloux.  Peut-être  est-ce  pour  en  augmenter 

le  poids,  qu  on  le  mêle  ainsi  avec  des  substances  étran- 

Dlu?  > aUSSÎ  eSt"Ce  P°LIr  ^ll  püisse  se  transporter 

leur  fn  ^n111  •’  et,Pour  clLie  les  morceaux  conservent 

de  là' fecSr  qU,‘  6n  SOk’  °“  k PU'iGe  l’osaga 

Extrait  ordinaire  d'opium  , ou  laudanum . 

°n  prend  la  quantité  qu’on  veut  d’opium;  on  le  coune 
f r tranches  : on  le  fait  liquéfier  au  bain-marie  dans  la 


Vertus. 


Dose. 


ü88  éléments  de  pharmacie." 

plus  petite  quantité  cl’eau  qu’il  est  possible  : on  coule  k 
liqueur  avec  lorte  expression  , et  on  la  lait  toujours  épais- 
sir au  bain-marie  jusqu’à  consistance  d’extrait.  Si  1 on 
a employé  dix  livres  d’opium,  on  obtient  huit  livres  deux 
onces  d’extrait  d’une  consistance  propre  à lormer  des 
pilules. 

L’extrait  d’opium  procure  le  sommeil,  calme  les  dou- 
leurs , modéré  et  arrête  les  trop  grandes  évacuations  ; 
mais  ce  remede  demande  beaucoup  de  prudence  de  la 
part  de  celui  qui  l’ordonne.  La  dose  est  depuis  un  demi- 
grain  jusqu’à  trois  grains. 

Remarques. 

L’opium  est  un  remede  important  dans  la  Médecine  , 
et  qui  mérite  la  plus  grande  attention  : néanmoins  il  parpît 
que  , jusqu’à  présent,  on  a mal  connu  la  nature  des  prin- 
cipes qui  contiennent  les  vertus  somnifères  et  calmantes 
qu’il  possédé  plus  éminemment  que  tous  les  autres  médi- 
caments de  même  vertu. 

Toutes  les  Pharmacopées  recommandent  de  préparer 
l’extrait  d’opium  de  la  même  maniéré  que  nous  venons 
de  le  dire  , en  n’employant  que  la  quantité  d eau  necessaire 
pour  pouvoir  passer  la  solution  au  travers  d un  linge,.  et 
de  ne  la  point  faire  bouillir,  défaire  même  cette  solution 
au  bain-marie,  et  d’épaissir  la  liqueur  en  consistance  d ex- 
trait , au  même  degré  de  chaleur  , afin  que  par  ce  moyen 
l’opium  ne  perde  rien  de  ses  principes  volatils,  dans  lesquels 
on  dit  que  résident  toutes  ses  vertus. 

11  n’en  est  pas  des  préparations  de  Piiarmacîe  , comme 
de  celles  de  Chymie,  pour  les  effets  médicinaux  : on  peut 
souvent  deviner  les  vertus  de  ces  dernieres  par  les  chan- 
gements ou  les  combinaisons  qu’elles  éprouvent  dans  les 
différentes  opérations  qu'on  leur  fait  subir,  sur-tout  dans 
celles  où  on  ne  fait  entrer  qu’un  petit  nombre  de  corps 
dont  on  commît  bien  les  propriétés.  Mais  les  préparations 
de  Pharmacie  sont  beaucoup  plus  compliquées  : on  ne 
peut  , par  cette  raison,  apprécier  avec  la  même  justesse 
les  vertus  médicinales  de  celles  dans  lesquelles  entrent 
différents  principes  prochains  qu’on  ne  commît  pas  sulh- 
samment.  Ainsi,  lorsqu’on  apporte  quelque  changement 
dans  les  préparations  delà  Pharmacie,  et  sur-tout  mms 


Eléments  de  pharmacie.  28^ 

relies  qui  ont  des  vertus  spécifiques,  connue  l'extraie 
cl  opium  , il  faut,  avant  de  les  mettre  en  usage  étudier 
Jeurs  effets.  C’est  vraisemblablement  par  scrupule  que 
es  bons  praticiens  n’ont  osé  employer  i opium  que  dans 
1 itat  naturel,  ou  ceiui  qui  n’avoit  souffert  aucune  alté- 
ration pendant  la  préparation.  Mais  les  observations  que 
) ai  etc  a portée  de  Mire  sur  ce  médicament,  ine  font 
penser  qu’on  doit  préparer  l’extrait  d’opium  par  ébullition 
dans  ! eau  comme  fes  autres  extraits  dont  nous  avons 
parle  précédemment.  L’extrait  d’opium  , préparé  de  cette 
manière  , se  rapproche  un  peu  d’une  autre  préparation 
<1  opium  , faite  par  une  longue  digestion  dont  je  parlerai 
dans  un  ms  tant,  et  qui  réunit  toutes  les  qualités  calmantes 
de  1 opium.  11  laut  bien  distinguer  cette  vertu  calmante 
dci\ec  la  vertu  narcotique,  principe  singulier  , et  suc 
lequel  011  11  a pas  encore  de  connoissances.  J’espere  que 
les  expériences  que  je  rapporterai  répandront  quelques 
lumières  sur  cette  matière.  1 1 

habiles  Chyrajstes  ont  cherché  les  moyens 
O Oter  a 1 opium  cette  vertu  virulente  et  narcotique  : les 
uns,  comme  Langelot , en  le  faisant  fermenter  avec’  du 
suc  de  coing;  les  autres  en  le  mêlant  avec  différents  aro- 
mates; d autres  par  des  préparations  particulières  , telle  que 
la  toirefactioli , etc.  Mais  comme  on  ne  trouve  dans  les 
auteurs  que  peu  de  détails  d’observations  sur  les  effets  médi! 
ciiiaux  de  ces  differentes  préparations  , on  peut  conjecturer 
qu  elles  n ont  réussi  qu’en  partie.  Celle  que  je  vais  détailler 
est  simple  , mais  longue,  a faire  : elle  fournit  à la  Médecine 
tm  calmant  des  plus  efficaces  , et  qui  se  trouve  dépouillé 
entièrement  de  la  qualité  narcotique,  virulente,  et  de  l’odeur 
desagi eable  et  nauséabonde  qu’a  l’opium  ou  son  extrait 

lorsque  ce  dernier  a été  préparé  suivant  la  méthode  ordL 
liai  1 e. 

h.™<kho(]e  <lue  ^expérience  m’a  fait  recounoitra 
elie  la  meilleur^ pour  préparer  cet  extrait. 

Exirau  d’opium  préparé  par  une  longue  digestion. 

■ On  se  propose,  dans  la  préparation  de  cet  extrait  ,1» 
ne  conserver  que  la  partie  ghmuc.fte  el  extrac  f;  l’  ! 

Btufd',1  PWCe  ‘le  t0U,cs  lcs  “ùbstunces  huileuses  et  rési- 


' J 


29°  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  coupe  par  morceaux  quatre  livres  de  bon  opium  ; 
on  le  fait  bouillir  dans  douze  ou  quinze  pintes  d’eau  pen- 
dant environ  une  demi-heure  : 011  passe  la  décoction 
avec  forte  expression  : 011  refait  bouillir  le  marc  dans  de 
nouvelle  eau  , encore  une  fois  ou  deux,  ou  jusqu’à  ce  qu’il 
soit  épuisé.  O11  mêle  toutes  les  liqueurs  : on  les  passe  an 
travers  d’un  blanchet , et  on  les  réduit  par  l’évaporation 
environ  à six  pintes.  O11  met  cette  liqueur  dans  une  cucuu 
bite  d’étain,  suffisamment  grande  : 011  la  place  sur  un 
bain  de  sable  : on  échauffe  le  vaisseau  , et  on  entretient 
le  feu  , que  l’on  continue  tous  les  jours  , pendant  six  mois, 
ou  bien  pendant  trois  mois,  jour  et  nuit.  On  a soin  de 
gratter  de  temps  en  temps,  avec  une  spatule  de  bois,  le 
fond  du  vaisseau  , afin  de  détacher  la  résine  qui  commence 
à se  précipiter  au  bout  de  quelques  jours  de  digestion  : 011 
remplit  le  vaisseau  avec  de  l’eau  à mesure  qu’elle  s’é- 
vapore. La  chaleur  doit  être  assez  forte  pour  entretenir  la 
liqueur  presque  toujours  au  degré  de  l’ébullition.  L’ouver- 
ture du  vaisseau  que  je  fais  servir  à cette  opération  est  de 
deux  pouces  et  demi  de  diamètre  : il  laisse  évaporer  en- 
viron vingt-quatre  onces  d’eau  par  jour  : pendant  tout 
le  temps  de  la  digestion  , il  s’évapore  cent  trente  à cent 
quarante  pintes  d’eau.  Lorsque  la  digestion  est  finie  , et 
que  la  liqueur  est  refroidie , on  la  passe  au  travers  d’un 
blanchet,  afin  de  séparer  le  sédiment  qui  s’est  formé  pen- 
dant la  digestion.  On  lave  ce  dépôt  avec  de  l’eau,  afin  d’em- 
porter tout  ce  qu’il  contient  d’extractif,  et  011  fait  évaporer 
la  liqueur  jusqu’à  consistance  d’extrait  suffisamment  solide 
pour  pouvoir  en  former  des  pilules. 

Vertus.  Cet  extrait  d’opium  convient  dans  tous  les  cas  où  il 
est  nécessaire  de  faire  prendre  de  l’opium  ou  son  extrait  : 
il  a de  plus  l’avantage  d’être  un  grand  calmant  doux  et 
tranquille  : jamais  il  n’excite  de  transport  ou  d’agitation  , 

Dos»,  comme  le  font  l’opium  ou  ses  autres  préparations.  La  dosa 
est  depuis  un  demi-grain  jusqu’à  quatre  grains. 

Remarques. 

L’opium  est  composé  d’une  substance  gommeuse,  d’une 
matière  résineuse  , il’ un  sel  essentiel  et  d’une  huile  essen- 
tielle épaisse  : du  moins  ce  sont-là  les  substances  qui  se 
manifestent  pendant  la  digestion.  Ces  produits  sont  le  ré-* 


£l  JUMENTS  t>  £ P8A1UUCIÏ,  2pt, 

cultat  de  la  décomposition  de  l’opium.  L’huile  essentielles 
de  l’opium  a une  consistance  à-peu-près  semblable  à celle 
du  beurre  à demi  figé  : elle  n’est  point  volatile  dans  cet. 
état  : du  moins  j’ai  remarqué  qu’elle  ne  s’élevoit  poinc 
par  la  distillation,  comine  les  huiles  essentielles  qu’on  tire 
des  autres  végétaux;  elle  s’atténue  pendant  la  digestion/ 
et  elle  se  volatilise  en  grande  partie.  Il  parolt  que  c’est 
elle  qui  donne  une  sorte  de  mollesse  à la  substance  rési- 
neuse, et  qu’elle  sert  d’intermede  pour  unir  ensemble  tous 
les  principes  qui  constituent  l’opium. 

Après  trois  ou  quatre  jours  de  digestion  , cette  huile  ■ 
qui  est  le  produit  de  la  décomposition  de  la  résine  , vient 
nager  à la  surface  de  la  liqueur  et  forme  par  le  refroidis- 
sement une  pellicule  qui  peut  avoir  l’épaisseur  d’une  pièce 
de  vingt-quatre  sous.  Cette  pellicule  est  grasse,  résineuse, 
et  poisse  les  doigts  comme  la  térébenthine.  Elle  est  d’une 
couleur  mise  cendrée.  Cette  huile  commence  à disparaître 
a la  fin  du  premier  mois  de  digestion,  et  on  en  apperçoit 
encore  quelques  nuages,  môme  jusqu’à  la  hn  du  troi- 
sième mois.  Ces  dernieres  portions  d’huile  viennent  des 
dernieres  portions  de  résine  qui  se  séparent  de  la  substance 
gommeuse  ; ces  nuages  huileux  ne  paraissent  plus  que 
lorsque  la  liqueur  est  chaude,  au  lieu  que  précédemment 
ifs  paroissoient,soit  que  la  liqueur  fût  froide,  soit  quelle  fût 
chaude.  La  substance  résineuse  de  l’opium  perd  en  môm® 
temps  sa  fluidité  : elle  se  sépare  de  la  partie  gommeuse  : 
elle„se  desseche  de  plus  eu  plus , et  elle  se  décompose  entiè- 
rement.  Cette  résine,  dans  les  commencements  , s’attache 
au  rond  du  vaisseau  lorsqu’il  vient  à se  refroidir  pendant  la 
nuit  ; mais  elle  s’en  détache  facilement  lorsqu’on  la  ré- 
chaude  : elle  conserve  long-temps  sa  forme  de  résine  : elle 
se  ramollit  par  la  chaleur  : elle  est  très  friable,  et  se  réduit 
en  poudre  aussitôt  qu’elle  est  froide  : sa  friabilité  est  d’au- 
tant plus  grande,  que  la  digestion  est  plus  avancée;  mais 
sur  es  derniers  temps  elle  ne  s’attache  plus , elle  reste  eu 
poudre  ; ses  parties  11e  peuvent  plus  s’agglutiner  ni  se  réu- 
nir en  masse  , parcequ’elle  est  entièrement  décomposée. 

, L)n  peut  soupçonner  avec  assez  de  vraisemblance,  que 
c est  dans  les  principes  huileux  et  résineux  de  l’opium  que 
résident  son  odeur  et  sa  vertu  narcotique,  puisque  à me- 
sura que  ces  substances  se  décomposent  et  se  séparent 
1 opium  perd  déplus  en  plus  son  odeur  virulente  et  nauj 

T ij 


29  2 ELEMENTS  DE  PHARMACIE» 

séabonde  , et  sa  vertu  narcotique  , et  ne  conserve  que  celle 
de  calmer.  Il  n’occasioiine  plus  les  délires  que  l’opium 
pur  produit  le  plus  souvent. 

Enfin  lorsque  la  digestion  est  finie,  la  liqueur  n’a  au- 
cune odeur  qui  approche  de  celle  de  bopium  •,  celle  qui  lui 
reste  ressemble  à celle  des  extraits  des  plantes  inodores  à 
demi  cuits. 

Il  est  assez  indifférent  que  la  liqueur  bouille  pendant  la 
digestion,  pourvu  que  l’ébullition  ne  soit  pas  trop  iorte  , 
et  qu’on  ait  soin  de  remplir  le  vaisseau  à mesure  que  l’eau 
s’évapore  : si  ou  entretient  la  liqueur  toujours  bouillante 
pendant  toutle  temps  de  la  digestion,  on  abrégé  cette  diges- 
tion d’environ  deux  mois. 

On  peut  , si  l’on  veut,  séparer  le  dépôt  à mesure  qu’il 
se  forme;  mais  j ai  observé  que  cette  séparation  est  indif- 
férente : il  suffit  d oter  ce  dépôt  lorsque  l’opération  est  finie. 
Quand  la  liqueur  est  filtrée  , si  on  la  fait  réduire  à une 
pinte  par  l’évaporation  , elle  fournit  , par  le  refroidisse- 
ment, du  jour  au  lendemain  une  assez  grande  quantité  de 
sel  salino-terreux , légèrement  roux  , qui  est  figure  a-peu- 
près  comme  le  sel  sédatif,  et  dans  lequel  se  trouvent  des 
crystaux  en  petites  aiguilles  ( on  peut  le  nommer  sel  essen- 
tiel d'opium ):  je  n’ai  retiré  qu’un  gros  de  ce  sel,  dequatra 
livres  d’opium  , quoique  j’eusse  pu  en  tirer  davantage. 

Ayant  eu  la  curiosité  de  peser  tous  les  produits  des  qua- 
tre livres  d’opium  que  j ai  employées ^ j ai  eu  les  résultats 
suivants  ; savoir  : 


Marc  resté  dans  le  linge,  et 

parfaitement  sec,  • ••■>,  i lir.  1 once. 

Résine  qui  s’est  précipitée 

pendant  la  digestion,  . • 12 

Extrait  épaissi  en  consistance  ^ 

propre  à former  des  pilules,  i iJ 

Sel  essentiel  d’opium,  . . . 1 ëros- 

3 12  i 

Substances  volatiles  qui  se 

sont  dissipées  , . . • • ’ 7 

4 liv. 


mi 


J'ai  fait  un  grand  nombre  de  fois  cette  préparation,  et  j’ai 
toujours  eu  à-peu-près  les  mêmes  résultats.  Voici  les  quan- 
tités d’extrait  d’opium  que  j’ai  obtenues  après  des  digestions 


Eléments  de  pharmacie."  2p3 
continuées  pendant  des  espaces  de  temps  différents. 


Dose  d? 

opium. 

Extra 

it  obtenu. 

Digestion. 

Br. 

onc. 

liv 

onc. 

gros. 

mois. 

Le 

6 Mars 

7 49  > 

. 2 . 

• , 

. 0 

. 1 1 

. 4 . . 

4 

Le 

S J uillet 

j749> 

. 2 . 

8 . 

. 1 

. 1 

5 

î e 

24N0V. 

1 749  > 

Q 

. 3 . 

. 8 

2 

Le 

1 6 Janv. 

1 y.bo , 

. 5 . 

• • 

. 2 

0 

• D 

4 

Le 

24  Sept. 

i7b°, 

. 4 . 

• • 

. 1 

. 1 5 

4 

Le 

1 Mars 

1761  , 

. 3 . 

• • 

. 1 

• 4 

6 

Le 

14  Oct. 

1766, 

. 12  . 

r 

6 

Il  résulte  de  ces  observations,  cjue  l’opium,  qui  n’avait 
digéré  que  deux  mois  , se  trouvoit  beaucoup  moins  bon 
que  celui  qui  avoit  digéré  plus  long-temps;  et  enfin,  que 
celui^  qui  avoit  digéré  cinq  mois , et  même  six,  étoit  meil- 
leur à tous  égards. 

Plusieurs  Chymistes  ont  tenté  , mais  inutilement,  de 
séparer  la  résine  de  l’opium  sans  le  secours  de  la  diges- 
tion, à l’effet  d’abréger  la  longueur  de  cette  préparation. 
M.  propose  le  moyen  qu’a  employé  Keiselmeyer  pour  ob- 
tenir la  matière  glutineuse  de  la  farine  de  froment  ; il  prend 
une  livre  d’opium  , par  exemple  , et  la  manieentre  les  mains 
au-dessous  d’un  robinet  d’eau  qui  coule  toujours  ; Peau 
emporte  la  partie  extractive  ; et  la  totalité  de  la  résine  , 
selon  lui , reste  dans  les  mains  comme  la  matière  dutineuse 
de  la  farine;  il  filtre  ensuite  la  liqueur,  et  la  fait  évaporer 
eiy  consistance  d extrait  : il  pense  que  ce  moyen  remplace 
efficacement  la  longue  digestion  , et  qu’il  est  suffisant  pour 
se  procurer  un  extrait  d’opium  semblable  à celui  qui  a été 
préparé  par  une  longue  digestion. 

Mais  il  ne  suffit  pas  de  séparer  seulement  la  résine  de 
1 opium,  il  faut  encore  détruire  l’huile  narcotique  et  le 
piincipc  virulent  de  cette  substance.  J’ai  examiné  ce  pro- 
cédé avec  attention,  et  je  me  suis  convaincu  que  l’ex- 
trait qu  on  obtient  contient  tous  les  principes  de  l’extrait 
d’opium  ordinaire,  et  qu’il  doit  par  conséquent  en  avoir 
tous  les  inconvénients.  J’ai  répété  ce  procédé,  et  lorsque 
la  liqueur  a été  réduite  en  extrait,  je  l’ai  dissous  dans  Peau 


294  ELEMENTS  DE  PHARMACIE.' 

Ja  s m fa  Ce  de  la  liqueur  cette  matière  grasse,  huileuse,  comme 
le  (ait  1 opium  pur;  et  il  s’est  déposé  beaucoup  de  résine  qui 
s est  décomposée , comme  à l’ordinaire,  par  une  digestion, 
continuée:  ainsi  ce  moyen  est  insuffisant  pour  remplacer 
la  longueur  de  la  digestion  que  nous  avons  crue  absolument 
necessaire  pour  décomposer  1 opium  et  pour  séparer  les 
substance^  nuisibles. 

La  résine  , comme  nous  l’avons  fait  remarquer,  n’est  pas 
toujours  bien  lacile  à être  séparée  des  substances  végétâ- 
tes par  une  première  opération;  nous  avons  vu  que  le  quin- 
quina, inhisé  dans  de  1 eau  froide,  fournit  un  extrait  chargé 
de  beaucoup  de  résine,  quoique  pendant  l’évaporation  delà 
liqueur  il  s en  séparé  beaucoup.  Ainsi  l’infusion  à froid 
dissout  la  résine  de  cette  substance  , qu’une  ébullition  pos- 
térieure ne  sépare  pas  complètement.  Il  n’est  donc  pas 
surprenant  que  l’opium  , qui  est  très  chargé  de  résine  , 
présente  les  mêmes  difficultés  à cette  séparation.  La  re- 
marque que  nous  taisons  ici  sur  le  quinquina , nous  l’avons 
laite  sur  l’extrait  gommeux  de  jalap,  duquel  on  a aupara- 
vant séparé  la  résine  par  le  moyen  de  l’esprit  de  vin.  Je 
pourrois  rapporter  un  plus  grand  nombre  d’exemples  sem- 
blables en  répétant  ce  que  j’ai  dit  dans  une  infinité  d’en- 
droits  de  cet  ouvrage  sur  les  difficultés  qu’on  éprouve  lors- 
qu’il s’agit  ele  séparer  complètement  d’un  végétai  la  partie 
résineuse  d’avec  la  substance  extractive. 

L’extrait  de  coloquinte  dont  nous  avons  parlé  nous 
fournit  un  exemple  frappant  c!e  cette  vérité.  J’ai  été  obligé 
de  dissoudre  l’extrait  dans  de  l'eau  trois  fois  successive- 
ment, pour  en  séparer  assez  de  résine,  afin  que  cet  extrait 
n’eût  plus  l’apparence  grumelée,  et  qu’il  fût  lisse  comme  le 
sont  les  extraits  ordinaires. 

M.  Cornet,  de  l’académie  royale  des  sciences,  lut,  au 
mois  d’octobre  17S1  , à une  séance  de  la  société  royale 
de  Médecine  un  mémoire  sur  l’opium , dans  lequel  il  donne 
aussi  un  procédé  pourpréparer  un  extrait  d’opium  capable 
de  remplacer  celui  fait  par  une  longue  digestion.  Son  moyen 
consiste  à faire  dissoudre  dans  de  l’eau  plusieurs  fois  de 
suite  l’extrait  d’opium,  qu’il  réduit  chaque  fois  en  extrait 
très  sec.  On  conçoit  que  ce  moyen  est  très  efficace  pour 
séparer  beaucoup  de  résine.  La  longueur  des  ébullitions 
qu’on  est  obligé  de  Jaire  pour  convertir  à chaque  opéra- 
tion lepium  en  extrait,  est  très  capable  de  volatiliser  l’huile 


iÉLEMINTS  DE  PHARMACIE  2<)5 

narcotique  de  l’opium.  L’expérience  et  les  observations 
médicinales  apprendront  mieux  que  tous  les  raisonnements 
la  bonté  et  l’efhcacité  de  ce  procédé. 

Examen  succinct: des  différents  dépôts  séparés  de 

l'opium . 

Le  marc  resté  sur  le  linge , après  la  décoction  de  l’opium , 
est  un  mélange  de  matières  végétales  ligneuses.  Ce  mélange 
ne  fournit  qu’une  foible  teinture  dans  l’esprit  de  vin. 

Le  dépôt  qui  se  forme  pendant  la  digestion  , est  sous 
deux  états  différents  ; c’est,  comme  nous  l’avons  dit  , 
lu  résine  de  l’opium  décomposé.  Une  portion  est  en  pou- 
dre seche  et  friable  : cette  portion  est  celle  qui  s’est  pré- 
cipitée la  première  : elle  est  entièrement  décomposée  ? elle 
ne  fournit  lien,  ni  dans  1 eau  ni  dans  l’esprit  de  vin.  L’au- 
tre portion  de  cette  résine  est  en  grumeaux  : c’est  celle  qui 
s est  précipitée  la  derniere  : elle  n’est  qu’à  demi  décom- 
posée: elle  se  dissout  en  grande  partie  dans  l’esprit  de  vin, 
fournit  une  teinture  assez  chargée  ? qui  blanchit  lorsqu’on 
la  mêle  avec  de  l’eau. 


Observations  sur  V usage  médicinal  de  l'extrait  d'onium 
préparé  par  la  digestion. 

Une  personne  de  considération  étant  attaquée  de  mou- 
vements convulsifs  d estomac  , et  de  vomissements  conti- 
nuels , se  mit  entre  les  mains  de  Diest , Médecin  de  la  fa- 
culté de  Paris,  qui , après  tous  les  remedes  convenables, 
lui  ht  prendre  de  l’extrait  d’opium  ordinaire,  àla  dose  d’un 
giain  par  jour,  file  parvint , au  bout  d’un  certain  temps 
a en  prendre  jusqu’à  six  grains.  F, lie  n’éprouvoit  qu’un  très 
loiole  soulagement  de  ce  remede  ; souvent  même  il  alte- 
rner) tort  les  vomissements  et  les  convulsions  , qui  la  rédui- 
sogent  dans  de  fâcheux  états.  Le  Médecin  essaya  de  lui 
Lire  prendre  de  l’extrait  d’opium  préparé  par  cogestion, 
dont  elle  éprouva  d’excellents  effets  : il  en  augmenta  la 
c ose  a mesure  que  la  malade  s’accoutuma  à ce  remede  . et 
elle  parvint  à en  prendre  cinquante  grains  par  jour:  dose 
qu  elle  a continuée  pendant  plusieurs  années,  au  bout  des- 
quelles elle  s est  trouvée  parfaitement  guérie, 
il  ne  sera  pas  hors  de  propos  de  rapporter  ici  plusieurs 

T iv 


i L K M E N T S B E PHARMACIE? 

observations  sur  les  circonstances  où  s’est  trouvée  la  ma- 
lade pendant  1 usage  de  ce  remede,  et  sur  les  effets  qu’elle 
n épi  ou  y es  de  1 extrait  d’opium  ordinaire,  auquel  elle  a 
été  forcée  de  revenir;  parceque  la  petite  quantité  cm’on 
«voit  de  celui  qui  étoit  préparé  par  la  digestion,  s’étoit 
trouvée  consommée  dans  J espace  de  deux  ou  trois  mois: 
elle  en  prenoit  alors  trente  grains  par  jour.  Elle  se  remit 
donc  a 1 usage  de  1 extrait  d opium  ordinaire.  Comme  elle 
eu  craignoit  les  mauvais  effets,  on  ne  lui  eu  donna  qu’un© 
üegere  dose:  quelques  heures  apres,  elle  se  trouva  dans  le 
rm.me  état  ou  ehe  ai  oit  ete  av'ant  qu’elle  lit  usage  de 
1 opium  préparé  par  digestion.  Le  Médecin  essaya  de  lui 
faire  prendre  difierentes  préparations  d’opium,  comme  le 
laudanum  liquide  de  Sidenham  , et  différentes  teintures 
d’opium  , pareequ’il  s’étoit  apperçu  qu’il  n’y  avoit  que 
1 opium  qui  pouvoit  la  calmer.  D’antres  fois  on  lui  laisoit 
faire  usage^  d’extrait  d’opium  , qu’on  avoit  fait  bouillir 
pendant  quinze  jours  dans  une  grande  quantité  d’eau.  On 
cioyoit  que  CMLte  lorte  et  longue  ébullition,  remplaceroit 
une  longue  digestion;  mais  il  s’en  falloit  de  beaucoup  : 
elle  voimssoit  un  peu  moins  seulement,  et  elle  n’en  res- 
sentoit  qa  un  très  léger  soulagement  : on  essaya  de  mêler 
cct  extrait  d’opium , qui  avoit  été  préparé  par  une  forto 
ébullition  , avec  de  l’huile  de  tartre  par  défaillance  : on 
«spéroit  que  1 aifcali  hxe  formeroit  un  savon  avec  l’huile 
narcotique  de  l’opium  , et  qu'il  en  diminueroit  les  mau- 
vaises qualités.  Enfin  on  lui  fit  prendre  de  l’extrait  de  tètes 
de  pavots  blancs , croyant  qu  il  n’auroit  pas  les  mêmes  in- 
convénients que  1 opium  : mais  les  vomissements  qu’il 
occasionna  etoient  aussi  violents  que  ceux*  nui  étoient  pro- 
duits par  l'opium  pur.  La  malade  sou  droit  considérable- 
ment par  la  nature  de  la  maladie,  et  elle  étoit  tourmentée 
par  les  mauvais  effets  des  remedes  : elle  s’étoit  résolue  ù 
servir,  pour  ainsi  dire,  de  sujet  pour  les  expériences  des 
différentes  préparations  d’opium  , et  elle  n’a  éprouvé  de 
‘soulagement  et  de  guérison  que  par  l’usage  d’extrait  d’opiuiu 
préparé  par  une  longue  digestion. 

Ces  observations  , intéressantes  pour  la  Médecine  et 
pour  la  Pharmacie  , sont  très  propres  à démontrer  com- 
bien il  est  essentiel  de  préparer  toujours  de  même  les  re- 
medes  qui  sont  aussi  importants  que  celui-ci.  Les  tristes 
effets  que  la  malade  a éprouvés  des  moindres  changements 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  29^ 

cjii  011  a essaie  de  faire  au  procédé  pour  l’abréger,  me 
paraissent  une  pteuve  décisive  de  ce  cpie  nous  avançons  à 
ce  sujet. 

Extrait  d’opium  fermenté  avec  le  suc  de  coing , 

de  Langelot. 


2^  Opi 


11m 


5 VIJf- 


Suc  de  coing, pint.  vj 

O11  coupe  menu  l’opium  : on  le  met  dans  un  malras  : 
on  verse  le  suc  de  coing  par-dessus  : on  place  le  vaisseau 
dans  un  lieu  chaud  : on  agite  le  vaisseau  de  temps  en  temps 
le  premier  jour  seulement  pour  faciliter  la  dissolution  de 
1 opium  : 011  laisse  ce  mélange  fermenter  pendant  environ 
un  mois,  au  bout  duquel  temps  on  filtre  la  liqueur,  et  on 
a ait  épaissir  au  bain-marie  jusqu’à  consistance  d’extrait: 
on  en  obtient  sept  onces. 


R 


EM  ARQUES. 


R ou  s disons  de  ne  plus  remuer  le  mélange  après  que 
i opium  est  dissous  : c’est  pour  ne  point  déranger  la  fer- 
mentation qui  s’établit  : on  fait  choix  d’un  matras  à col  mi 
peu  long , et  qu’on  bouche  d’un  parchemin  piqué  d’un 
tiou  d epmgle  : afin  que  le  gaz  qui  se  dégage  se  dissipe  le 

moins  possible  : il  empêche  l’opium  de  moisir  à sa  surface: 
ce  a quoi  il  est  fort  sujet. 

Extrait  d’aloè's. 


1 ] ? 1*  « , ' 1 **  ‘•'Cd  II  CL  IC  ÎTlClI- 

-ur  : le  cabahn  n est  employé  que  pour  les  chevaux.  C’est 

a oes  hépatique  dont  on  fait  le  plus  grand  usage  dans  la 
1 narmaae.  ° 


'\0',',r  |li‘.!re  cet.  eprait  , on  prend  la  quantité  que  l’on 
ïcut  d alors  : on  le  fait  dissoudre  dans  la  plus  petite  quan- 

vorsdrfa"  T"  ' est  p0SSii:>le  : 0,1  PassR  ,a  (li«ol>'tion  au  tra- 
, e.n  ppnmant  : on  laisse  déposer  la  liqueur 

p-uda;it  c a s,x  heures  : ou  la  décante  pour  en  séparer 
un  Sédiment  sableux  : on  la  fait  évapore,  au  bain-marie 

jusqu’à  consistance  d’extrait.  Jne 


.Vertus 


Dose. 


29$  Eléments  de  pharmacie.' 

L’extrait  d’aloës  est  un  purgatif  très-chaud  et  aroma- 
tique : il  est  par  conséquent  tonique,  et  propre  à raffer- 
mir les  viscères  du  bas-ventre  : il  est  anti-vermineux  : il 
provoque  les  réglés  et  le  flux  héinorrhoïdal  : il  est  stoma- 
chique. Ladoseestdepuisquatre  grains  jusqu’à  un  scrupule. 

Remarques. 

Sur  tous  les  extraits  don  tnous  avons  parlé  jusqu'à  présent. 

La  plupart  des  remarques  que  je  me  propose  de  faire 
ici,  étant  générales  pour  plusieurs  extraits,  j’ai  cru  devoir 
les  placer  à la  suite  de  ceux  qui  se  font  de  la  même  ma- 
niéré, afin  d’éviter  les  redites. 

Ce  que  nous  avons  dit  sur  l’extrait  d’opium  préparé  par 
digestion  doit  déjà  faire  pressentir  ce  que  nous  avons  à 
dire  de  plus  essentiel  sur  cette  matière:  et  en  effet,  ce  ne 
sont  que  des  applications  de  la  même  théorie  que  nous 
allons  faire. 

Presque  tous  les  végétaux  contiennent,  en  même  temps, 
une  substance  gommeuse,  et  une  matière  vraiment  rési- 
neuse , qui  est  indissoluble  dans  l’eau  , lorsqu’elle  est  une 
fois  séparée  des  autres  principes.  Cette  derniere  substance, 
qu’on  doit  regarder  comme  une  huile  essentielle  épaissie, 
conserve  néanmoins  assez  de  liquidité  dans  les  végétaux  , 
pour  se  dissoudre  dans  l’eau  , à la  faveur  des  autres  prin- 
cipes, et  pour  rester  parfaitement  unie  avec  eux.  Mais  il 
y a quelques  précautions  à prendre  , pendant  la  préparation 
des  extraits,  pour  conserver  l’union  de  ces  substances  hété- 
rogènes qui  doivent  rester  en  totalité  dans  la  plupart  des 
extraits.  Ces  précautions  sont  de  ne  point  faire  bouillir  les 
liqueurs  pendant  qu’on  les  épaissit,  du  moins  celles  qui 
contiennent  beaucoup  de  substances  résineuses  en  dissolu- 
tion : telles  sont  toutes  les  décoctions  de  la  plupart  des 
plantes  aromatiques , celle  de  quinquina  , de  chacrille  , 
etc.;  sans  quoi  leur  substance  résineuse  subit  pendant  l’ébul- 
lition de  la  liqueur  une  coction  et  un  dessèchement  con- 
sidérable: la  substance  résineuse  se  sépare  d’avec  les  autres 
principes,  comme  nous  avons  vu  que  cela  est  arrivé  à la 
résine  de  l’opium  pendantla  digestion.  C’est  pour  cette  rai- 
son que  nous  avons  recommandé  de  préparer  1 extrait  d’a- 
loës avec  la  plus  peiite  quantité  d’eau  qu’il  est  possible, 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 

-et  cîe  faire  évaporer  le  surperflu  delà  liqueur  au  bain-marie, 
parceque  l’aloës  contient  une  grande  quantité  de  résine  , 
dont  Ja  plus  grande  partie  se  sépare  , pour  peu  qu’on 
lasse  bouillir  sa  dissolution:  elle  perd  alors  une  portion  de 
son  inné  es.si  mielle,  qui  lui  donnoit  la  fluidité  nécessaire 
pour  rester  unie  aux  principes  gommeux  et  extractifs. 

-Il  u en  est  pas  de  la  plupart  des  végétaux  comme  de 
1 opium  auquel  il  faut  six  mois  de  digestion  pour  la  sépara- 
lon  totale  de  la  résine.  Les  végétaux  qui  fournissent  leurs 
extraits  clans  1 eau  , ne  contiennent  pas , à beaucoup  près, 
une  aussi  grande  quantité  de  résine  que  l’opium  , et  celle 
qu  i s oui  lussent  dans  l’eau  , en  même  temps  que  leurs 
extraits  , se  décompose  beaucoup  plus  promptement  que 
e qui  est  contenue  dans  1 opium.  Ces  différences  vien- 
nent de  la  nature  des  résines  qui  fournissent  des  huiles  plus 
mi  moins  tenues  et  plus  volatiles,  qui  par  conséquent 
son  plus  ou  moins  décomposâmes  au  même  degré  de 
; ia  eur.  On  lemarque  aussi  qu’après  quelque  temps  d’é- 
bulhtion , il  se  forme  a la  surface  de  la  plupart  des  dé- 

non  TS  f(leS/^ux  une  Pellicule  qui  se  précipite  peu  à 
peu  au  fond  des  liqueurs  , et  que  quelques  personnes 
prennent  pour  une  fécule  ou  une  terre  très  dirdsée  , qui 
& c oi  dissoute  dans  l’eau  , comme  cela  arrive  à h décoc- 

PéMov  <1U1ITllia1:  maisc’est  h résine  de  ces  mêmes  vé- 

cnTv  qU]  fi3  fche„aUX  paroîs  du  vais^au.  Elle  est  en- 
coïc  dissoluble  dans  1 esprit  de  vin  , pourvu  qu’on  la  sé- 

enüèremennt  aV°ir  d°,,né  t0mPS  lle  56 

Lcxnait  de  genievre  nous  fournira  de  nouvelles  preuves 

“ÏÏ  L0:aie1  de  contiennent  beau! 

coup  d hui  e essentielle  : lorsqu’on  les  fait  bouillir  forte- 

nient  dans  1 eau,  on  fait  dissiper  toute  l’huile  essentielle  • 

. ','Y  T,e  le  caPllt  monuum  de  cette  huile  : c’est  une 

k btSenih  IlleUSei?Ui  CS1  à'Peu-Près  de  Ia  consistance  d* 

1 ,‘Çrcbenth  ne  : elle  reste  suspendue  dans  la  décoction 

qn  ebe  rend  laiteuse  : elle  s’attache  aux  mains,  et  elle  les 

poisse  comme  la  térébenthine  : cette  liqueur  passe  par 

cette  raison  , difficilement  au  travers  des  flanchets.  Si  iL» 

fut  épaissir  cette  décoction  par  une  violente  ébullition 

on  dessec  , e de  plus  en  plus  la  substance  résineuse  maii 

comme  elle  se  décompose  moins  promptement  que  la  plü- 

P e tel‘esdes  autres  végétaux , elle  s’unit  aux  principes 


300  ELEMENTS  T>  t f H ARM  ACÏK,' 

extractifs  par  l’intermede  de  la  chaleur  seulement  qu’oit 
fait  éprouver  à l’extrait  sur  la  fin  de  sa  cuite,  et  on  rea 
marque  quelque  temps  après  qu’elle  se  sépare  de  la  partie 
extractive  relie  forme  une  infinité  de  grumeaux  dans  l’ex- 
trait. Tous  ces  inconvénients  n’arrivent  point  lorsqu’on 
prépare  les  extraits  au  bain-marie,  parceque  la  chaleur  de 
ce  bain  n’est  pas  suffisamment  forte  pour  décomposer  les 
résines. 

On  m’objectera  peut  être  que  , si  ces  phénomènes  sont 
généraux  pour  toutes  les  substances  qui  fournissent  des  ex- 
traits gommeux  et  résineux,  il  doit  s’ensuivre  qu’on  devroit 
obtenir  des  huiles  essentielles  de  tou  tes  ces  substances  , en 
faisant  leurs  décoctions  dans  un  alambic  , sur-tout  des 
plantes  récentes  inodores;  et  c’est  ce  qui  n’arrive  point. 

II  est  facile  de  répondre  à cette  objection.  i°.  On  sait 
que  la  plupart  des  résines  seches  ne  fournissent  point  d’hui- 
le essentielle  au  degré  de  chaleur  de  l’eau  bouillante  ; il 
faut  un  plus  grgnd  degré  de  chaleur  pour  les  obtenir.  Les 
résines  contenues  dans  la  plupart  des  substances  dont  nous 
parlons  , se  trouvent  à-peu-près  dans  le  même  degré  de  sic- 
cité  ; elles  ne  doivent  pas  par  conséquent  fournir  d’huile  es- 
sentielle qui  soit  apparente,  parceque  celle  qu’elles  fournis- 
sent est  prodigieusement  ténue,  et  se  dissout  dans  1 eau  avec 
laquelle  elle  distille,  comme  cela  arrive  aux  plantes  lilia- 
cées  qui  ont  beaucoup  d’odeur  , et  qui  ne  fournissent  pas 
d’huile  essentielle  apparente  , par  la  même  raison.  »°.  Les 
plantes  fraîches  inodores , telles  que  sont  la  morelle  , le  vio- 
fier  , etc.  ne  rendent  point  d’huile  essentielle  , quoiqu’elles 
contiennent  beaucoup  de  résiné  , pareequ  apparemment 
l’huile  essentielle  s’est  dissipée  à mesure  qu’elle  s’est  for- 
mée dans  ces  végétaux.  Ils  ne  conservent  que  la  substance 
résineuse  qu’on  peut  regarder  comme  le  caput  mortuum 
des  huiles  essentielles  : et  par  conséquent  ces  plantes  , 
quoique  contenant  un  principe  résineux  , ne  doivent  point 
fournir  d’huile  essentielle  par  la  distillation  , comme  je  la 
ferai  voir  à l’article  des  résines. 

Lorsqu’on  prépare  des  extraits  gomineux-résineux  , les 
décoctions  ont  toujours  un  coup-d’œil  trouble  et  laiteux.  On 
doit  bien  se  garder  de  les  clarifier  au  blanc  d’œufs  , comme 
on  le  fait  à l’égard  de  plusieurs  autres  extraits  , parceque 
la  clarification  emporte  une  très  grande  quantité  de  la  ré- 
sine de  ces  décoctions , laquelle  doit  rester  dans  ceilaius 


ÏlÜ  M EN  TS  DE  P H A R tt  A C I I , f>0  f 

extraits  : c’est  souvent  dans  elle  que  réside  leur  plus  grande 
vertu  : tels  sont  les  extraits  de  jalap  , de  quinquina  , de 
chacrille,  et  plusieurs  autres  : ou  se  contente  de  passer  les 
décoctions  de  ces  substances  au  blànchet,  tandis  qu’elles 
sont  chaudes,  pour  les  raisons  que  nous  avons  détaillées 
aux  remarques  sur  l’extrait  de  genievre  ; il  suffit  d’en  sé- 
parer les  parties  terreuses  qui  ont  passé  au  travers  du  linge 
en  exprimant  les  marcs;  et  c’est  à quoi  on  parvient  en  les 
filtrant  au  travers  d’un  blànchet. 

Lorsqu’on  prépare  les  extraits  des  plantes  qui  contien- 
nent beaucoup  de  sel  essentiel  , telles  que  sont  l’oseille  , 
la  bourrache  , la  buglose , la  fumeterre  , le  chardon  bénit , 
etc.,  on  remarque  qu’une  partie  de  leurs  sels  essentiels  s’at- 
tache au  fond  du  vaisseau  à mesure  que  la  liqueur  se  con- 
centre : ils  forment  des  incrustations  qui  se  détachent  dif- 
ficilement. On  doit  dessécher  ces  extraits  au  bain-marie  , 
sans  quoi  cette  pellicule  brûle  au  fond  du  vaisseau  , et  leur 
communique  une  odeur  empyreumatique. 

Ces  extraits  salins  attirent  puissamment  l'humidité  de 
l’air  , et  se  résolvent  même  en  liqueur  syrupeuse,  lors- 
qu’on les  conserve  dans  un  endroit  humide;  leur  sel  essen- 
tiel se  précipite  au  fond  des  pots. 

En  général , les  extraits  sont  privés  du  principe  de  l’o- 
deur des  végétaux  qui  les  ont  fournis  , pareequ’il  se  dissipe  ; 
pendant  l’évaporation  du  véhicule  qu’on  est  obligé  d’em- 
ployer pour  les  préparer;  à l’exception  cependant  de  ceux 
des  plantes  aromatiques,  comme  de  la  sauge  , du  thym  , 
du  romarin j ect.  et  de  quelques  fleurs,  comme  celles  de 
safran  et  de  camomille  , dont  l’odeur  est  fort  tenace.  Ces 
extraits  conservent  beaucoup  de  l’odeur  de  leurs  substan- 
ces. A l’égard  des  plantes  aromatiques,  dont  l’extrait  ne 
retient  point  l’odeur  , il  convient  d’ajouter,  sur  la  fin  de 
leur  cuite,  un  peu  d’huile  essentielle  et  d’eau  distillée  des 
mêmes  plantes.  L’huile  essentielle  sur-tout  nourrit  et  ra- 
mollit la  substance  résineuse  qui  s’est  desséchée  , et  l’em- 
pêche de  se  séparer  par  le  temps. 

Les  extraits  se  conservent  plusieurs  années  en  bon  état  ' 
sans  souhrir  aucune  altération,  lorsqu’ils  ont  été  bien  pré- 
parés ; cependant  la  chaleur  les  fait  quelquefois  fermenter 
un  peu  : ils  se  gonflent  considérablement  pendant  les 
grandes  chaleurs  de  l’été. 

Ceux  qui  ont  été  mal  filtrés  ; et  qui  contiennent  un  peu 


3o2  éléments  de  pharmacie. 

de  fécule,  ou  de  parenchyme  des  plantes,  sont  sujets  à cet 
inconvénient  ; c’est  une  espece  de  levain  qu’il  faut  sépa- 
rer des  extraits,  avec  beaucoup  d’attention.  Les  extraits 
mucilagineux  sont  fort  sujets  à se  dessécher:  ils  se  déta- 
chent des  parois  des  pots  : l’air  les  pénétré  alors  de  tous 
côtés  , et  les  fait  moisir.  Quelques  personnes  , pour  remé- 
dier à cet  inconvénient  , mêlent  à ces  derniers  extraits 
quelques  cuillerées  d’eau-de-vie  ou  d’esprit  de  vin  , lors- 
qu’ils sont  cuits  et  à demi  refroidis. 

Les  extraits  qui  abondent  en  principes  résineux  , et  ceux 
des  sucs  des  fruits  acides,  se  conservent  le  mieux.  L’ex- 
trait de  casse  dont  nous  avons  parlé,  quoique  tiré  d'une 
substance  sucrée  fermentescible  , n’est  sujet  à aucun  in- 
convénient : il  se  conserve  parfaitement  comme  les  autres 
extraits. 

La  plupart  des  extraits  sont  naturellement  très  noirs  ; 
mais  comme  on  les  agite  fortement  à la  fin  de  la  cuisson  , 
la  division  des  parties  et  l’interposition  de  l’air  les  font  pa- 
roître  moins  noirs  : ce  n’est  que  quelques  semaines  après 
qu’ils  reviennent  à la  couleur  noire  qui  leur  est  naturelle. 

Sur  le  cachou. 

Le  cachou  est  l’extrait  du  suc  des  semences  d’un  fruit 
gros  comme  un  œuf  de  poule  , que  l’on  nomme  arcca.  li 
est  le  fruit  d’une  espece  de  palmier  , qui  croît  sur  les  côtes 
maritimes  des  Indes  orientales  : c’est  à Bernard  de  Jussieu  , 
de  l’académie  royale  des  sciences,  que  nous  sommes  rede- 
vables de  l’histoire  naturelle  du  cachou  , et  de  la  maniéré 
dont  on  le  prépare  dans  le  pays. 

On  coupe  par  tranches  les  semences  du  fruit  del’aréca 
lorsqu’elles  sont  vertes  : on  les  fait  macérer  long-temps 
dans  une  suffisante  quantité  d’eau  , à une  chaleur  toujours 
ésale.  Lorsque  la  macération  est  finie  , on  passe  la  liqueur 
e^on  fait  évaporer  toute  l’humidité  : il  reste  un  extrait  qui 
durcit  quelque  temps  après  qu’il  est  refroidi  : on  le  casses 
par  morceaux,  et  on  nous  1 envoie. 

Le  cachou  est  de  différentes  couleurs  et  de  différentes 
saveurs  : ce  qui  avoit  donné  lieu  de  penser  à ceux  qui  en 
avoient  parlé  avant  de  Jussieu , que  ce  pou  voit  être  un  mé- 
lange de  différents  extraits  tirés  de  plusieurs  végétaux  sépa- 
rément: niais  ces  variétés  du  cachou  viennent  de  differents 


ÏL^MENTS  DE  PHARMACIE.  3q3 

degrés  Je  maturité  des  fruits,  et  de  la  chaleur  plus  ou 
mouis  forte  qu  ou  lui  a lait  éprouver  sur  la  fin  de  sa  cuite 
qui  varie  suivant  l’intelligence  de  l’ouvrier.  ' 

On  doit  choisir  le  cachou  en  morceaux  bruns,  couleur 
de  marron  un  peu  foncée,  d’une  légère  amertume  mêlée 
d un  peu  d’astriction  , se  fondant  entièrement  dans  la 
bouche,  et  laissant  un  instant  après  une  saveur  agréable 
Uraut  sur  le  sucré.  Celui  qui  est  plus  coloré , est  soupçon! 
ne  d avoir  ete  un  peu  brûlé  pendant  sa  fabrication.  * 

Le  cachou,  ayant  été  préparé  par  des  mains  étrangères,1 
a besoin  d être  purifié  avant  d’être  employé  dans  plusieurs 
préparations  dont  nous  parlerons  à l’article  des  trochisques. 

Un  purifie  le  cachou  comme  nous  le  dirons  tout  à l’heure 
et  c est  ce  que  l’on  nomme  extrait  de  cachou . 9 

Le  cachou  est  un  fort  bon  stomachique  amer,  propre  à Vertus 
donner  du  ton  aux  fibres  de  l’estomac  ! il  est  astringent - 
il  convient  dans  les  dysenteries  : il  corrige  la  mauvaise 
oi  eur  < e haleine.  La  dose  est  depuis  vingt  quatre  grains  Dos*-’ 

jusqu  a un  gros , en  poudre , ou  infusé  dans  un  vened'eau 
bouillante,  comme  du  thé.  cai1 


Hxtrait  de  cachou. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  cachou  concassé  • 
n e ait  bouillir  dans  une  suffisante  quantité  d’eau  •" 
oisqu  il  est  entièrement  dissous  , on  passe  la  liqueui  aii 
travers  d un  blanchet  : on  la  lait  évaporer  au  bain-marie 

duÇe'n  pon,Xai‘Ce  tr“  S°Ude’  a,m  C‘U’0U  P“isse  ie  ^ 

ens^e;«tr4elwLir:qUe  * Câdl0U%"‘ 


R 


E M A R Q u E S. 


Les  matières  étrangères  qui  restent  sur  le  blanchet  ’ 
i res  que  la  décoction  de  cachou  est  passée  se  trouvpm  * 

rrtité’  et,  SOnt  <Ie  ,a  feulef  tde  la  tlrre  . k r 

queur  filtrée  est  claire,  limpide  et  d’une  mni 

ZmbeJ  le  bn"î  ’ tant,<lU’el'e  es' c!la,,<ie  ; mais  lorsqu°ëüe 
à se  refroid ir^eHe  * «tVk, 


oo/j.  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

ceux  des  mares  d’eaux  minérales  ferrugineuses.  Ce  magma 
se  dissout  complètement  en  réchauffant  la  liqueur.  Oïl 
peut  attribuer  ce  phénomène  à la  substance  résineuse  du 
cachou,  qui  est  prodigieusement  divisée,  et  qui  se  sépaie 
en  quelque  maniéré  d’avec  la  partie  gommeuse  par  le  refroi- 
dissement de  la  liqueur,  mais  que  la  chaleur  Combine  par- 
faitement avec  la  substance  gommeuse  pendant  l’évapora- 
tion. Cet  extrait  est  un  peu  plus  noir  que  le  cachou  : sa  sa- 
veur est  un  peu  plus  amere  , il  n attire  point  1 humidité  de 
l’air,  comme  la  plupart  des  autres  extraits  , pareequ  il  cat 
peu  salin. 

Sur  les  autres  extraits  qui  nous  sont  envoyés  tout 

préparés. 

Mon  intention  n’étant  point  de  donner  un  traité  de 
matière  médicale  , je  ne  ferai  que  de  coin  tes  iéfîexions  sur 
les  autres  extraits  qui  nous  sont  envoyés  tout  préparés; 
tels  sont  le  suc  d’acacia  , le  suc  d’hypocislis , et  le  suc  de 
réglisse.  Nous  pourrions  cependant  préparer  ce  dernier 
aussi  bien  que  l’étranger,  la  réglisse  étant  fort  commune 
en  France  : nous  en  parlerons  à l’article  des  extraits  secs. 

Suc  d’acacia  vrai.  C’est  le  suc  exprimé  des  gousses  de 
l’arbre  sur  lequel  vient  la  gomme  arabique,  et  que  1 on 
nomme  acacia.  On  fait  épaissir  ce  suc  jusqu’à  consistan- 
ce d’extrait:  ou  l’enferme  dans  des  vessies  , et  on  en  im- 
me  de  petites  boules  du  poids  de  six  à huit  onces  : il  nous 

est  envoyé  d’Egypte  par  Marseille.  . . 

On  choisit  celui  qui  est  pur,  net,  de  cou.eur  noirâtre, 
tirant  sur  le  rouge,  facile  à rompre,  d’une  saveur  stypti- 
que,  et  se  dissolvant  facilement  dans  l’eau.  Cette  espece 
d’acacia  est  fort  rare  : on  lui  substitue  communément  ex- 
trait des  fruits  du  prunier  sauvage,  cueillis  un  peu  avant 
leur  parfaite  maturité,  afin  qu’il  soit  plus  astringent.  On 
met  cet  extrait  dans  des  vessies , comme  le  vrai  suc  d a- 
cacia  ; mais  ce  dernier  est  ordinairement  plus  noir  : i a 
une  saveur  acide  plus  astringente  : il  nous  vient  d Alle- 
magne , et  on  le  dit  moins  bon  que  le  premier.  C est 

le  faux  suc  d acacia 

•'  . . • 


il 


Vertus. 

Dose. 


Le  suc  d’acacia  est  astringent  : il  est  peu  d us  agi 
n’entre  que  dans  fort  peu  de  compositions.  La  dose  est 
depuis  vingt-quatre  grains  jusqu  à un  gu>s. 


Suc 


i t A St  E N T S D E P H A R M A C-I  2.  3c5 

St,c  d’hypocist.is.  C'est  l’extrait  du  Fruit  d’une  plante 
que  l’on  nomme  ciscus  : c’est  une  espece  d’orobauche  qui 
croit  en  Provence  et  en  Languedoc.  On  nous  envoie  cet 
extrait  en  pains  de  différentes  grosseurs.  On  le  choisit  noir  * 
brillant  d’un  goût  austère  et  astringent,  sans  odeur  de 
bude.  On  lui  attribue  les  mêmes  vertus  qu’au  suc  d’acacia. 

Le  suc  d’hypocistis  est  fort  astringent  : il  est  propre  pour  Vertus. 

arrêter  le  cours  de  ventre  : il  est  fort  peu  d’usage.  La  dose  Duse. 

est  depuis  lin  scrupule  jusqu’à  un  gros. 

Sue  de  réglisie.  C’est  l'extrait  de  la  racine  d’nne  plante 
annuelle  mil  porte  le  môme  nom  , qu’on  prépare  par  dcW- 
1|0|1  dans  1 eau  en  plusieurs  endroits  de  l’Europe  I e plus 
estimé  est  celui  qui  nous  vient  d'Espagne.  On  le  forme 
ordinairement  en  espece  de  bâtons  longs  d’environ  cinq  à 
six  pouces,  et  de  forme  à-peu-près  quarrée,  enveloppés  dans 
des  leur  les  (,e  laurier,  alm  queles  morceaux  ne  s’a  glutifient 
pas  pendant  le  transport. 

(j!n  le  choii>it  noir,  sec,  brillant  dans  l’intérieur  et 
parfaitement  net,  se  fondant  entièrement  dans  la  bouche 
et  ayant  une  saveur  douce  avec  le  moins  d’âcrete,  parce- 
qu  il  en  a toujours;  mais  elle  vient  de  ce  que  cet  extrait 
a etc  mal  pieparé.  Cet  extrait  est  sujet  à contenir  du  cui- 
vre, pareequ’on  a la  mauvaise  habitude  de  le  préparer 
dans  des  vaisseaux  de  cuivre,  et  de  le  remuer  avec  des 

comrU.,  C p01",  le  dessécher-  Ces  spatules,  en  frottant 
conlr.  lt  varsseau  de  cuivre,  en  détachent  de  la  limaille 

tonncL"  “ f trait  60  fSSeZ  6rande  quantité  pour  lui 
donner  jusqu  a deux  gros  de  cuivre  par  chaque  liv  re. 

dln;°,SUC  d?  bien  préparé  s’emploie  avec  succès 

dans  les  maladies  de  poitrine,  des  reins  et  de  la  vessiex  Verm«- 
comme  adoucissant:  il  est  légèrement  détersif.  On  en  met 
omhe  un  petit  morceau  dans  la  bouche,  ou  bien  on  fa 
prend  en  tisane. 

DcS  e;}:traks  secs,  connus  sous  le  nom  rie  sels  essentiels 
préparés  suivant  la  méthode  du  comte  de  la  Ga/aj  e.  * 

Les  extraits  dont  nous  avons  parlé  jusqu’à  présent  sont 

a àL  f’|rceq:;  °"  leuponserve  une  partie  du  véhicule  qui 

niés!  ’r  e7"cparer-  Ceux  <lom  11  ' IS  allons  nous  entre L 

Peu  dHfhPé  r? eM  SCCS  ’ ct  Pr,îparés  d’une  maniéré  un 
P luiutme.  C est  au  comte  de  la  Cauj-e  que  nous  sont- 


3o  6 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 
mes  redevables  de  ces  especes  d’extraiis,  qui  different  de* 
autres,  en  ce  qu’ils  sont  préparés  par  des  infusions  laites 
à froid.  La  Médecine  tire  tous  les  jours  de  grands  avantages 
de  ces  préparations.  Le  comte  de  la  Garave  les  a nommes 
sels  essentiels  ; mais  fis  ne  ressemblent  en  rien  aux  vrais 
sels  essentiels  des  végétaux  : ainsi , pour  ne  les  point  con- 
fondre , nous  les  nommerons  extraits  secs.  Le  comte  de 
la  Garave  a fait  sur  cette  matière  un  grand  nombre  d’ex- 
périences , qu’il  a réunies  en  un  volume,  qui  a pour  titre 
Cliymie  hydraulique.  11  faisoit  ces  infusions  à Iroid,  mais 
à l’aide  d’une  machine  consistante  en  plusieurs  moussoirs, 
qu’un  seul  homme  faisoit  mouvoir  horizontalement  tous  à 
la  fois.  Ces  moussoirs  agissoient  continuellement  dans 
plusieurs  infusions  en  même  temps;  ce  qui  accéléroit  l’ex- 
traction des  principes  des  mixtes  : mais  on  a depuis 
reconnu  l’inutilité  de  cette  machine  , et  le  comte  de  la 
Garaye  lui-même  a discontinué  de  s’en  servir,  long-temps 
avant  sa  mort,  quoiqu’il  l’eût  beaucoup  préconisée.  Nous 
prendrons  pour  exemple  de  la  préparation  de  ces  extraits 
celui  de  quinquina. 

Extrait  sec  de  quinquina. 


On  prend  deux  onces  de  quinquina  concasse  : on  le 
met  dans  une  bouteille  avec  quatre  pintes  d'eau  houle: 
ou  le  laisse  en  infusion  pendant  deux  jours,  a;. ant  soin 
d’aoiter  la  bouteille  plusieurs  fois  par  jour.  Au  bout  de 
ce  temps  , on  filtre  la  liqueur  au  travers  d’un  papier  gris  : 
on  la  fait  évaporer , sans  la  faire  bouillir , jusqu’à  réduction 
d’environ  une  ehopine  : elle  se  trouble  pendant  son  évapo- 
ration. On  la  laisse  se  refroidir:  on  la  filtre  de  nouveau  : 
on  la  partage  sur  trois  ou  quatre  assiettes  de  faiance,  et 
on  achevé  de  la  faire  évaporer  au  bain-marie  jusqu  a ce 
cu’il  ne  reste  qu’un  extrait  sec,  qui  est  fort  adhérent  aux 
assiettes.  On  détache  cet  extrait,  en  le  grattant  avec  la 
•pointe  d’un  couteau , pour  le  faire  sauter  en  écailles  ; et 
on  a soin  de  prendre  les  précautions  necessaires  pour  ne 
le  lias  réduire  trop  en  poudre  en  le  détachant.  On  le  serre 
dans  une  bouteille  qui  bouche  bien  , pareeque  cet  extiait 
attire  l’iiumidité  de  l’air,  et  qu’il  se  réunit  en  masse, 
lorsqu’il  n’a  pas  été  enfermé  sèchement. 

Si  l’on  a employé  cinquante  livres  de  quinquina  , o* 


ÏLEHENTS  13  P PHARMACIE.  3jO  'J 

Obtient  depuis  six  livres  jusque  huit  livres  d’extrait  sec.  Si 
au  contraire  on  a employé  la  première  poudre  qu'on  sépare 
du  quinquina,  lorsqu’on  le  pulvérise  , comme  nous  l’avons 
dit  à l'article  de  la  pulvérisation,  l’extrait  qu’on  obtient 
est  également  bon  ; ruais  alors  on  ne  tire  d’une  pareille 
quantité  de  cinquante  livres  de  cette  espece  de  quinquina  , 
que  depuis  trois  livres  jusqu’à  trois  livres  et  demie  d’extrait 
sec  ; ce  qui  lait  une  différence  considérable.  Voici  des  ré- 
sultats tl  opérations  laites  eu  plus  petites  quantités. 

5 Quinze  livres  de  bon  quinquina  m’ont  fourni  deux  livres 
d extrait  sec.  Les  liqueurs  hltrées  ont  laissé  déposer  neuf 
onces  de  résine  indissoluble  clans  l’eau,  et  se  dissolvant 
presque  entièrement  dans  l’esprit  de  vin. 

Ldie  autre  lois,  douze  livres  de  quinquina  très  résineux 
in  ont  rendu  deux  livres  dix  onces  d’extrait. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  tous  les  extraits  secs 
des  .végétaux. 


L’extrait  sec  de  quinquina  a les  mêmes  vertus  que  Je 
quinquina  en  substance.  Quelques  personnes  cependant 
préfèrent  ce  dernier  à son  extrait,  et  ce  n’est  pas  tout-à- 
lait  sans  fondement.  Quoi  qu’il  en  soit,  l’extrait  sec  de 
quinquina  est  un  très  bon  fébrifuge.  La  dose  est  depuis 
douze  grains  jusqu’à  un  demi-gros.  On  le  donne  aussi 
connue  stomachique.  La  dose  alors  est  depuis  six  grains 
jusqu  a douze.  ° 


Vertus,. 


Dose. 


R E 


MARQUES. 


On  fait  ordinairement  ces  extraits  au  bain-marie  ; mais 
Ce,a  ne(s[  bon  que  quand  on  n’eu  prépare  qu’une  petite 
quantité  a la  fois.  Il  seroit  très  incommode  de  procéder 
ainsi,  lorsqu’il  est  nécessaire  de  préparer  chaque  jour 
plusieurs  livres  de  ces  extraits  : dans  ce  cas  il  convient 
d arranger  les  assiettes  qui  contiennent  les  infusions  , sur 
des  tablettes , dans  une  étuve  , comme  nous  l’avons  dit  au 
commencement  de  cet  ouvrage.  On  procure  , par  le  moyen 
du  poele  , un  degré  de  chaleur  suffisant  pour  faire  évaporer 
les  liqueurs  : les  extraits  qu’on  obtient  par  ce  procédé 
sont  de  toute  beauté,  parcequ’ils  n’éprouvent  qu’un  demi 

de  lesalîférerfërieUr  à Celui  de  A’eaLl  bouillante , incapable 

Axm au  de  quinquina  ordinaire.  Si,  au  lieu  de  faire 
■vaporer  1 infusion  de  quinquina  à siccité , sur  des  as- 

Vij 


3o8  éléments  de  pharmacie. 

siettes,  on  la  Fait  évaporer  clans  une  bassine,  jusqu’à  con- 
sistance de  miel  très  épais  , ce  sera  l’extrait  ordinaire  de 
quinquina.  Il  a les  mêmes  vertus  que  l’extrait  sec  , et  se 
donne  à la  même  dose.  On  prépare  ordinairement  cet  extrait 
par  décoction  dans  l’eau  de  la  même  maniéré  que  les  autres 
extraits. 

C’est  ici  l’occasion  de  démontrer  complètement  tout  ce 
que  nous  avons  avancé  précédemment  sur  la  séparation, 
des  résines  contenues  clans  les  infusions  et  clans  les  décoc- 
tions , qui  se  Fait  pendant  leur  évaporation  , pour  les 
réduire  en  extraits.  Le  quinquina  fournit  clans  l’eau  Froide 
toutes  ses  parties  gommeuses  , résineuses  et  extractives. 
Sou  inFusion  est  d’une  légère  couleur  rouge  : elle  est  par- 
faitement claire  et  transparente  : la  substance  résineuse 
se  trouve  dissoute  en  totalité  clans  l eau  , sans  en  troubler 
la  transparence,  au  lieu  qu’il  arrive  le  contraire  lorsqu  on 
la  fait  bouillir;  mais  il  se  passe  précisément  la  meme 
chose,  lorsqu’on  vient  à faire  évaporer  l’infusion  de  quin- 
quina, quelque  modérée  que  soit  la  chaleur  : la  substance 
résineuse , qui  étoit  dissoute,  souffre  une  coction  : elle  se 
décompose  en  partie  , elle  forme  le  dépôt  dont  nous  avons 
parlé.  C’est  pour  qu'il  s’en  sépare  le  moins  qu’il  est  possi- 
ble , cpie  nous  avons  recommande  de  ne  point  laite  bouillir 
la  liqueur  pendant  son  évaporation , parceque  cette  matieie 
résineuse  est  aussi  efficace  que  la  partie  gommeuse  du 
quinquina. 

Eu  lavant  le  dépôt  qui  s’est  formé  pendant  1 évaporation 
de  l’infusion  du  quinquina  , onenleve  tout  ce  qu’il  contient 
de  dissoluble  dans  l’eau.  Ce  qui  reste  est  la  résine  du  quin- 
quina sous  deuxétals  différents:  une  partie  est  dissoluble  dans 
L esprit  de  vin;  c’est  la  portion  qui  s’est  précipitée  la  der- 
nière , et  qui  n’a  pas  eu  le  temps  de  se  décomposer  : l’autre 
partie  11’est  dissoluble  , ni  dans  1 eau  , ni  dans  1 espiit  de 
vin  ; c’est  la  portion  de  résine  qui  s’est  précipitée  la  pre- 
mière : elle  est  décomposée  entièrement.  Cette  matière  est 
d’une  assez  belle  couleur  rouge  : elle  est  très  légère  et  sans 
vertu. 

On  doit  sentir  présentement  l’erreur  ou  sont  ceux  qui 
prescrivent  de  faire  bouillir  une  once  de  quinquina  dans 
trois  chopines  d’eau  réduites  à une  pinte  pour  les  apozemes 
fébrifuges.  Quelques  personnes  trouvent  que  celle  quantité 
d’eau  n’est  pas  suffisante  : en  blâmant  cette  méthode,  elles 


D Op 


ELEMENTS  15  E PHARMACIE.' 

recommandent  de  luire  bouillir  une  once  de  quinquina  dans 
quatre  pintes  d’eau  réduites  à une.  Mais  on  doit  voir  pur 
tout  ce  qui  vient  d’être  dit  , combien  ce  sentiment  est 
éloigné  du  vrai,  puisque  lu  résine  de  quinquina  se  décom- 
pose facilement,  et  qu’elle-  se  sépare  delà  liqueur.  Ces 
sortes  d’upozemes  sont  plus  dégoûtants  qu’ils  n’ont  de 
\eitu  ; J infusion  a froid  suffît  pour  enlever  au  quinquina 
tout  ce  qu  il  contient  d’eflicace  , comme  je  m’en  suis 
assuré  par  l'expérience  suivante. 

. -J  bouillir  , dans  une  suffisante  quantité  d’eau 

vingt-cinq  livres  de  quinquina  que  j’avois  épuisé  par  des 
infusions  successives  dans  de  l’eau  froide.  Cette  décoction 
ctoit  un  peu  trouble  : je  l’ai  réduite  à siccité,  sans  la  faire 
bouillir  : je  n’ai  obtenu  qu’une  once  d’extrait  terreux  léger 
qm  n ’a voit  presque  point  de  saveur,  et  qui  ne  fournissoit 
I)resque  rien  dans  l’esprit  de  vin. 

On  m’objectera , sans  doute  , que  souvent  le  malade  n’a 
pas  le  temps  d’attendre  la  longueur  d’une  infusion;  il 
convient  alors  de  faire  bouillir  le  quinquina  seulement  un 
instant  (tans  un  peu  plus  d’eau  qu’il  n’en  doit  rester  après 
que  I apozeme  est  fini  : on  peut  être  assuré  que  l’eau  sera 
chargée  de  tous  ses  principes  , et  Papozeme  alors  ne-  con- 
tiendra que  peu  ou  point  de  résine  décomposée. 

La  légère  fermentation  qu’éprouve  Je  quinquina,  lors- 
qu on  fait  durer  son  infusion  plus  de  deux  jours  pendant 
les  chaleurs  de  1 été,  occasionne,  -comme  l’ébullition  , la 
séparation  <1  une  partie  de  la  résine  : la  liqueur  se  trouble 
un  peu  : elle  a beaucoup  de  peine  à passer  au  travers  des 
ihtres  : la  résiné,  qui  n’étoit  qu’à  demi  séparée,  se  préci- 
pite au  premier  degré  de  chaleur  qu’on  fait  éprouver  à la 
liqueur  pour  la  faire  évaporer.  Ces  phénomènes  n’ont  lieu 
f ans  Jes  temps  froids,  qu’après  trois  ou  quatre  jours  d’infi- 
sion  et  meme  quelquefois  après  un  temps  plus  long,  sut- 
toiit  lorsque  le  thermomètre  est  près  de  la  congélation. 

Les  extraits  secs,  préparés  suivant  la  méthocie  du  comte 
<e  ,a  Caraÿe,  sont  tous  en  petites  écailles  brillantes  , trans- 
parentes, mais  de  couleurs  différentes,  suivant  les  sub- 
stances qui  les  ont  fournies.  C’est  sur  ces  propriétés  exté- 
rieures que  le  comte  de  la  Garave  s’est  déterminé  à les 
nom.nor  se/.,  essentiels  ; mais  les  principales  qualité  des 

j r 5 ’ \ont de  11  avo,r  aucune  couleur,  et  d’affecter 
4 heures  régulières  qui  sont  particulières  ù chaque  espece 


3 1 0 ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

de  sels.  Geoffroy , en  démontrant  que  le  comte  de  la 
Garaye  s'étoit  trompé  sur  la  nature  de  ces  substances,  a 
fait  voir  qu’ils  ne  sont  que  des  extraits  bien  préparés,  qui 
ne  doivent  leur  brillant  qu’à  leur  peu  d’épaisseur,  et  au 
poli  qu’ils  prennent  sur  les  assiettes  de  faïance  : ce  qui  est 
bien  démontré. 

L’extrait  sec  de  quinquina  est  d’une  couleur  ronge  pale  , 
ou  d’une  couleur  d’hyacinthe  très  foncée.  J’attribue  cette 
clerniere  couleur  à la  substance  résineuse  qui  a subi  quel- 
que altération  pendant  la  préparation  de  cet  extrait.  Cela 
arrive  principalement  lorsqu’elle  se  sépare  pendant  l’éva- 
poration sur  les  assiettes  : la  liqueur  devient  trouble  et  d’une 
couleur  rouge  assez  foncée;  mais  lorsque  cette  substance 
résineuse,  ainsi  préparée,  éprouve  un  degré  de  chaleur 
suffisant  sur  la  fin  de  l’évaporation  , elle  se  liquéfié  un  peu  : 
alors  elle  s’unit  avec  la  substance  gommeuse,  et  la  portion 
de  résine  décomposée  donne  à l’extrait  une  couleur  rouge 
assez  vive  , comme  le  fait  la  plus  legere  addition  de  sel  al- 
jcali.  On  s’apperç.oit  de  ce  phénomène  lorsqu’on  fait  dis- 
soudre cet  extrait  dans  de  l’eau  , et  qu’on  filtre  la  liqueur  : 
il  reste  sur  le  filtre  presque  la  moitié  de  sa  substance  qui 
ne  peut  se  dissoudre  dans  l’eau. 

Examinons  présentement  quelques  autres  extraits  pré- 
parés de  la  même  maniéré  que  celui  du  quinquina. 

j Extrait,  sec  cLefumeterre.  Une  livre  de  fu meterre  seche  , 
infusée  pendant  vingt;quatre  heures  dans  de  l’eau  froide  , 
m’a  fourni  deux  onces  six  gros  d’extrait  sec.  La  liqueur  , 
pendant  l’évaporation,  a formé  un  dépôt  qui  étant  sec  pe- 
soit  dix  gros.  Cette  matière  ctoit  en  grande  partie  de  la 
résine  non  décomposée  qui  se  dissolvoit  dans  1 espiit  de 
vin  , et  lui  donnoit  une  couleur  verdâtre. 

j Extrait:  sec  d'oignons.  Huit  livres  d oignons  rouges 
ordinaires , infusés  à froid  dans  une  suffisante  quantié  d eau , 
m’ont  fourni  dix  onces  d’extrait  sec  bien  transparent. 

Extra itsec de>pa rèira brava . Une  livre  dccette  racine  cou; 
pée  menue,  infusée  pendant  vingt-quatre  heures  dans 
quinze  ointes  d’eau  froide  , et  mise  ensuite  à évaporer  dans 
des  assiettes  de  faïance,  m’a  rendu  quatre  gros  d’extrait  sec 

bien  transparent.  f 

Dans  une  autre  opération,  six  livres  de  paréirabrava  , 
bouillies  légèrement  à plusieurs  reprises  dans  suffisante 
quantité  d’eau,  m’ont  fourni  quatre  onces  d’extrait  sec  qui 


O 

D II 


'Éléments  de  pharmacie. 

31P;  cliffôroit  pas  du  précédent.  Les  liqueurs  filtrées  pendant 
1 évaporation  ont  laissé  déposer  onze  gros  et  demi  de  résine 
dissoluble  en  grande  partie  dans  l’esprit  de  vin  , et  point 
dans  l’eau. 

Extrait  scc  de  rhubarbe.  Quatre  livres  de  rhubarbe 
coupée  par  morceaux,  infusée  trois  lois  de  suite  dans  do 

1 eau  un  peu  chaude,  m’ont  fourni  douze  onces  d’extrait 
scc. 

Es  h ait  scc  de  séné.  Quatre  livres  de  séné  fournissent 
par  différentes  infusions  à froid  , une  livre  une  once  et  de- 
mie d’extrait  sec.  Le  marc  bouilli  dans  une  suffisante 
quantité  d eau  , a fourni  huit  onces  deux  gros  d’extrait 
d’une  bonne  consistance. 

Le  séné  donne  un  extrait  très  noir  : il  faut  que  les  écail- 
les de  cet  extrait  soient  très  minces  si  l'on  vent  qu’elles 
an-ut  de  la  transparence.  Le  séné  paroît  contenir  beaucoup 
moins  de  résine  que  le  quinquina,  et  celle  qu’il  contient 
est  en  meme  temps  mieux  combinée  avec  les  autres  prin- 
cipes  ; du  moins  elle  ne  se  sépare  pas  avec  la  même  faci- 
lite pendant  l ébullition.  L’extrait  qu'on  obtient  du  sénéest 
difficile  à dessécher  : il  attire  puissamment  l’humidité  de 
i air  : il  faut  de  nécessité  achever  de  le  sécher  clans  une 
etuve  ou  la  surface  supérieure  des  assiettes  puisse  recevoir 
autant  de  chaleur  que  leur  fonds,  sur- tout  lorsque  le 
temps  est  un  peu  humide.  Cette  remarque  est  générale 
pour  tous  les  extraits  secs  qu’on  prépare  avec  les  sucs  dé- 
pures des  végétaux,  qui  fournissent  des  extraits  plus  gom- 
meux que  résineux  , et  qui  contiennent  en  même  temps 
beaucoup  de  sel  essentiel.  Voyez  pour  les  vertus  et  dose  , 

1 extrait  de  séné  ordinaire. 

Extrait  sec  de  réglisse.  Douze  livres  huit  onces  de  re> 
gosse  ni  ont  rendu  deux  livres  quatre  onces  d’extrait  sec 
par  une  seule  infusion  à froid. 

La  réglisse,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  fournit,  par 
des  infusions  successives  dans  l’eau,  deux  sortes  d’extraits 

qi'!(CqLî°rr!l,e  de  mème  nature>  om  cependant  des  pro- 
priétés différentes.  La  première  infusion  de  cette  racine 
conue  un  extrait  sec,  d’un  jaune  bronzé,  d’une  saveur 
(once,  très  agréable,  et  sans  arriere-saveur , ni  âcre  ni 
aincre.  Celui  qu'on  tire  de  la  seconde  infusion  est  bcau- 
jonp  plus  foncé  , et  d’une  saveur  infiniment  moins  aaréa- 
be  que  le  precedent.  Enfin,  en  commuant  d'épuiser  celle 

V iv 


3 1 7.  Aliments  de  pharmacie. 

même  racine  par  l’ébullition,  on  n’obtient  de  ladécoclîoiî 
<pi’un  extrait  noir,  d'une  saveur  âcre  , dans  lequel  on  dis- 
tingue à peine  la  saveur  de  la  réglisse  ; parceque  ce  dernier 
est  privé  des  substances  douces,  sucrées,  qu’on  en  a sé- 
parées précédemment.  Cet  extrait  de  réglisse  a les  mêmes 
vertus  que  l'extrait  de  réglisse  ordinaire  : il  est  cependant 
plus  adoucissant,  pareequ'il  est  moins  âcre. 

i 

Fiel  de  taureau  desséche. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  fiels  de  taureau  ou 
de  bœuf  bien  .récents  : on  les  ouvre,  et  ou  fait  couler  la  li- 
queur bilieuse  dans  une  bassine  d’argent  : on  fait  évaporer 
ceite  liqueur  jusqu’à  ce  qu’il  reste  une  matière  semblable 
à un  extrait  d’une  consistance  propre  à former  des  pilules. 

Si  l’on  emploie  quatre  livres  de  fiel , on  obtient  quatorze 
onces  et  demie  d’extrait  solide  propre  à former  des  pilules. 

L’extrait  de  fiel  de  taureau  est  mis  en  usage  depuis  quel- 
ques années  par  plusieurs  Médecins,  comme  un  cxellent 
Vertus:  stomachique,  pour  lever  et  prévenir  les  obstructions  occa- 
sionnées par  de  mauvaises  digestions.  La  dose  est  de  trois 
Dose,  grains  jusqu'à  huit.  Ou  en  fait  prendre  deux  prises  par 
jour,  l’une  le  matin  et  l’autre  le  soir. 

Après  avoir  examiné  tout  ce  qui  concerne  les  extraits 
qu’on  prépare  avec  de  l'eau  , l’ordre  que  nous  nous  sommes 
proposé  exige  que  nous  disions  un  mot  sur  les  extraits  pré- 
parés avec  le  vin. 

Des  extraits  préparés  par  décoction  dans  le  vin. 

Les  extraits  qu’on  prépare  avec  le  vin  se  font  de  la 
même  maniéré  que  ceux  dont  nous  avons  parlé  jusqu  à 
présent.  On  peut  les  obtenir  par  décoction  et  par  infusion. 
Ces  extraits  ont  toujours  une  consistance  molle  : ils  ne 
doivent  pas  être  desséchés  comme  ceux  qu’on  prépare  sui- 
vant la  méthode  du  comte  de  la  Garaye  , a cause  de  la 
partie  extractive  du  vin  qui  est  fort  abondante  : elle  est 
saline,  attire  puissamment  l’humidité  de  l’air  relie  reste 
mêlée  , et  fait  partie  de  l’extrait  du  mixte.  D’ailleurs  si 
on  desséchoit  complètement  ces  extraits,  on  auroit  beau- 
coup de  peine  à les  conserver  dans  leur  état  ce  siccite.  On 
emploie  assez  indifféremment  le  vin  rouge  et  le  vin  blanc 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  3,3 
pour  les  préparer.  Plusieurs  de  ces  extraits  entrent  dans  la 
composition  des  pilules  de  Staahl , dont  nous  parlerons  en 
son  lieu.  Lorsqu  on  emploie  le  vin  au  lieu  d’eau  dans  la 
prepaiation  des  extraits  , la  partie  spiritueuse  se  dissipe 
entièrement  pendant  l’évaporation  : mais  les  parties  salines 
V.U1  a£'ssent  sur  ces  memes  substances  résineuses,  et  les 
icdi usent  dans  l’état  savonneux.  A l’égard  des  purgatifs 
drastiques  non  ton  prépare  les  extraits  parle  vin,  les  parties 
résineuses  f c ces  puigatiis  sont  corrigées  et  adoucies  par  les 
parties  salines  du  vin.  1 

\ Extrait  cl  absinthe  préparé  avec  du  vin . 

y-  Absinthe  major  récente  __ 

Vin  routte,  4 aa  * * 

r c'  * 

Lan  


Ib  xxv. 
q.  s. 


( n prend  de  l’absinllie  major  récente  : on  la  coupe  gros- 
SKïrement  : on  la  met  dans  une  bassine  d’argent,  avec  son 
pm  s égal  de  vm  rouge:  on  ajoute  une  suffisante  quantité 
d eau  : on  lait  bouillir  ce  mélange  pendantnne  demi-heure  : 
on  passe  avec  forte  expression  : on  fait  bouillir  le  marc  une 
seconde  fois  dans  une  suffisante  quantité  d'eau  : on  passe 
c e nouveau  avec  expression  : on  filtre  les  liqueurs  au  travers 
d mi  blanc, iet.  et  on  les  fait  évaporer  au  bain-marie,  jusqu’à 
consistance  d’extrait.  > t i - 

Le  la  meme  maniéré  on  prépare  avec  du  vin  l’extrait  de 
dm  mon.  bénit,  et  celui  de  fume  terre. 

Les  trois  extraits  ne  sont  point  d’usage  en  Médecine  : 

1 s e»trent  seulement  dans  la  composition  des  pilules  bal- 
samiques de  Staahl. 


R 


E !\1  A R Q U F S. 


Il } a pou  rie  dispensaires  qui  parlent  d'extraits  prdparc's 
_ eu  un;  et  ceux  qui  en  prescriventdans  quelques  com- 
positions , ne  donnent  point  les  doses  de  vin  qu'on  doitem- 
J resPe«ivement  aux  pl'antes  : ce  qui  ferait  présumer 
<\  décroît  employer  en  place  d’eau  tout  le  vin  néces- 

sonVan'i)  ! 7 ,eS.dëc0Ctîonls  P]a,;tcs-  -Mois  nous  pen- 

de ce  mJ  n<<  S ^°'nf  ,ox’act  (!e  hissr.r  indéterminée  la  dose 
■ 1Sirue’  ^ « en  est  pus  du  vin  comme  de  l’eau  : si 


? t 4 ^LÜMENTS  DE  P H ARM  ACTE. 

l'on  emploie  une  trop  grande  quantité  d’eau  pour  préparer 
un  extrait,  il  n’en  résulte  le  plus  souvent  aucun  inconvé- 
nient, si  ce  n’est  cependant  qu’on  se  donne  mal  à propos 
la  peine  de  la  faire  évaporer.  Mais  le  vin  laisse  beaucoup 
«l'extrait;  d'où  il  résulte  que  si  l’on  emploie  le  vin,  sans 
poids  ni  mesure,  pour  préparer  ces  sortes  d’extraits,  ils 
seront  ou  trop  chargés  d’extrait  de  vin  , ou  ils  n’en  contien- 
dront pas  toujours  la  même  quantité  : ainsi  il  étoit  néces- 
saire de  déterminer  cette  dose , afin  d’avoir  des  médicaments 
qui  fussent,  du  moins  à-peu-près,  toujours  de  même  : je 
dis  à-peu-près , parcequ’on  doit  s’attendre  que  le  même 
vin  ne  fournit  pas  toutes  les  années  la  même  quantité  d’ex- 
trait : on  observe  pareillement  que  les  différents  vins  en 
rendent  aussi  des  quantités  différentes.  Quoi  qu’il  en  soit, 
il  est  certain  qu’en  employant  toujours  la  même  quantité 
de  vin  et  de  même  qualité,  les  différences  seront  infini- 
ment moins  grandes. 


Des  extraits  résineux , préparés  avec  des  liqueurs  spiri- 
tüeuses  et  inflammables  ; ou  des  résines  proprement 
dites . 


En  faisant  la  distinction  des  différents  sucs  des  végé- 
taux, nous  nous  sommes  suffisamment  étendus  sur  les  pro- 
priétés des  résines  liquides  et  solides  que  la  nature  nous 
offre  dans  un  état  de  pureté  suffisant  pour  que  nous  ne 
puissions  pas  les  confondre  avec  les  autres  substances  qu  cm 
tire  des  végétaux.  Les  résines  qui  vont  nous  occuper  sont 
absolument  de  même  nature  que  celles  dont  nous  avons 
parlé;  mais  dans  les  végétaux  elles  sont  mêlées,  disper- 
sées, et  même  tellement  combinées  avec  les  autres  sub- 
stances, comme  nous  l’avons  vu  à l’article  des  extraits  , 
qu’il  faut  absolument  avoir  recours  à des  moyens  ch vm i- 
ques  pour  les  obtenir  à part,  et  séparées  des  autres  prin- 
cipes. Nous  avons  déjà  parlé  de  ces  moyens  à i article  des 
teintures  spirituetises,  lorsque  nous  avons  dit  que  1 esprit 
devin  est  le  dissolvant  des  résines  : mais  nous  avons  fait 
remarquer  aussi  nue  le  phlcgme  qu’il  contient  dissout  en 
même  temps  un  peu  de  matière  extractive  des  corps  qu’on 
lui  présente:  c’est  ce  qui  nous  reste  à démontrer. 

On  tire  les  résines  des  végétaux  par  1 intermède  de  1 es- 


éléments  de  p h a e m k c i e . 3 1 S 

prit  de  vin  , et  par  celui  de  l’éther.  Nous  allons  examiner 
d abord  celles  qu’on  prépare  par  l’esprit  de  vin  , et  nous 
parlerons  ensuite  de  celles  faites  par  l’éther. 

Résine  de jnlap  préparée  avec  de  l'esprit  de  vin. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  jalap  concassé: 
on  en  me  la  teinture  , comme  nous  l’avons  dit  précédem- 
ment, par  le  moyen  de  six  ou  huit  fois  son  poids  d’esprit 
de  vin  très  rectifié.  On  épuise  Je  jalap  de  sa  résine,  en  le 
taisant  digérer  encore  deux  ou  trois  lois  dans  de  nouvel 
esprit  de  vin  , mais  avec  de  moindres  quantités.  On  mêle 
tomes  ces  teintures  : on  les  filtre  au  travers  d’un  papier 
gris  : on  les  soumet  à la  distillation  au  bain-marie  , pour 
enlever  a cette  teinture  la  moitié  ou  les  trois  quarts  de 
i esprit  de  vin  qu’elle  contient. 

.Alors  on  mêle  la  teinture  concentrée  avec  vinet  ou  trente 
fois  son  volume  d’eau  filtrée  : le  mélange  devient  sur-le- 
( uimp  blanc  et  laiteux  : on  le  laisse  en  repos  pendant  un 
pur.  ou  eux,  ou  jusqu  a ce  qu’il  soit  suffisamment 
éclairci  et  que  la  résine  soit  bien  déposée:  ensuite  ou 
decante  1 eau  : on  trouve  au  fond  du  vaisseau  la  résine  qui 
ressemble , par  sa  consistance  , à de  la  térébenthine  : on 
a met  dans  une  capsule  de  verre,  et  on  la  fait  sécher  au 

^ ]nS ^ Ce  Cj'ü  elant  re‘rr°idie , elle  soit  seche 
et  très  friable  : c est  ce  que  l’on  nomme  résine  de  jalap. 

Un  préparé  de  la  même  maniéré  les  résines  de  toutes  les 
substances  végétales. 

Si  l’on  a employé  quatre-vingts,  livres  de  bon  jalap,  on  en 
tire  environ  dix  livres  de  résine  seche  et  friable.  Si  le  jalap 
est  de  moindre  qualité  , on  lire  à proportion  moins  de 
résiné.  Lorsque  la  résine  de  jalap  est  suffisamment  dessé- 
chée, on  est  dans  l’usage  de  la  tortiller  circulairement . 
comme  le  sont  les  fils  d’archal  tournés  en  stores. 

. T a nslIîe  l’a,aP  ®s.1  lm  pnrgatif  hydrngogue,  maisv.  f , 
irritant  ; c est  pourquoi  il  faut  administrer  ce  remede  avec 
prudence,  et  éviter  de  le  faire  prendre  aux  personnes  qui 
ont  les .fibres  faciles  a irriter.  La  doseest  depuis  quatre  grains  n 
jusqu  a douze  grains,  prise  en  bols  ou  en  pilules.  & D°SC* 


II 


EMARQUES. 


T.orsqn’nn  ne  fait  qu'une  petite  quantité  de  résine  do 
l e > 1,11  H>  sert  ordinairement  d’un  matraa  de  verre  ; 


3l6  ELEMENTS  E>  E r H ARMA  CT  V. 


mais  ces  sortes  de  vaisseaux  sont  très  incommodés,  et  même 
dangereux.  Lorsqu’on operesurcentlivres  dejalap,parexem- 
pie,  on  est  obligé  de  multiplier  ces  vaisseaux  et  de  les  pla- 
cer au  bain  de  sable  pour  en  tirer  la  teinture.  Si  par  accident 
un  se  casse,  il  fait  casser  les  autres;  lç  feu  prend  à l’esprit 
de  vin,  et  peut  occasionner  un  incendie  en  fort  peu  de 
temps.  Pour  remédier  à cet  inconvénient  , il  convient  de 
Paire  ces  infusions  et  ces  digestions  dans  le  bain-marie 
d’étain  d’un  grand  alambic  qu’on  recouvre  de  son  couver- 
cle d’étain  ou  de  son  chapiteau  ; mais  le  couvercle  est  plus 
commode,  en  ce  qu’on  le  leve  plus  aisément  pour  remuer 
la  matière  de  temps  en  temps  avec  une  spatule  étroite  de 
bois;  on  s’arrange  pour  faire  cette  agitation,  et  on  attend 
que  les  vaisseaux  et  l'esprit  de  vin  soient  un  peu  refroi- 


dis. 


L’esprit  de  vin  , pendant  la  première  digestion  sur  le 
jalap  , ne  dissout  pas  toute  la  résine,  parceque,  lorsqu  il 
en  est  saturé  à un  certain  point , il  cesse  d’agir  : c est  a des- 
sein d’épuiser  celte  racine  de  sa  résine  , du  moins  autant 
que  cela  est  possible  , que  nous  avons  recommandé  plu- 
sieurs infusions.  Le  but  qu’on  se  propose,  en  séparant  une 
partie  de  l’esprit  de  vin  par  la  distillation  , est  d en  dimi- 
nuer le  volume  , ainsi  que  celui  de  1 eau  qui  est  necessaire 
pour  parvenir  à précipiter  toute  la  résine  , et  enfin  pour 
ne  point  perdre  cet  esprit  de  vin  qui  peut  servir  encoie  a 
la  même  opération. 

Lorsqu’on  mêle  la  teinture  de  jalap  avec  de  l’eau  , l’es- 
prit de  vin  quitte  la  résine  pour  se  mêler,  à l'eau  , eu  vertu 
de  sa  plus  grande  affinité  : le  mélange  devient  blanc  ei  lai- 
teux sur-le-champ  , à raison  de  l’extrême  division  où  se 
trouve  la  résine  à l’instant  de  sa  précipitation  : c est  le  pro- 
pre des  substances  huileuses  de  blanchir  t eau,  lorsqu  elles- 
sont  ainsi  divisées  et  interposées  entre  ses  molécules  ; 1 es- 
prit de  vin  trop  affoibli  ne  peu  plus  tenir  la  résine  eu 
dissolution.  Pendant  la  précipitation  de  cette  résiné,  une 
partie  de  la  substance  extractive  que  l’esprit  de  vin  a dis- 
soute . se  mêle  avec  l’eau  : elle  y reste  en  dissolution  avec 
une  pelife  quantité  de  la  résine  la  plus  fluide  ; ce  dont  ou 
peut  s’assurer  , en  faisant,  évaporer  l’eau  qu’on  a décantée. 
Aussitôt  qu’elle  vient  à s’échauffer  , la  résine  se  sépare  , 
se  précipite  , tandis  que  la  substance  extractive  se  réduit  en 
extrait  par  l'évaporation  de  presque  toute  la  liqueur.  L© 


l i 


MENTS  DE  PHARMACIE. 


phénomène  a lieu,  quelque  rectifié  que  soit  l’esprit  de 
vm  : ainsi,  c est  une  preuve  bien  complété  de  ce  que  nous 
ayons  avancé  précédemment.  Mais  l’eau,  pendant  la  pré- 
cotation  de  la  résine,  ne  dissout  pas  toute  la  substance 
extractive  dont  1 esprit  de  vin  s’étoit  chargé;  il  en  reste 
une  certaine  quantité  de  combinée  avec  la  résine  a ue 
cette  derniere  défend  de  l’action  de  l’eau.  ' 1 

. La  rcsilie  de  jalap  , renfermée  dans  les  cellules  des  ra- 
cines seches  , doit  y être  dans  un  état  de  siccité  parfaite 
et  elle  y est  en  effet  : cependant  elle  a une  consistance  h- 
quide  en  se  précipitant  ; ce  qui  oblige  de  la  dessécher 
apres  qu  on  1 a separee  de  l’eau  : toutes  les  résines  qu’on 
préparé  avec  de  1 esprit  de  vin,  sont  dans  le  même  cas 
Je  ne  sache  pas  que  personne  ait  expliqué  ce  fait  : pour 
moi,  je  pense  que  ces  différences  viennent,  i°.  de  l’huile 
essentielle  de  l’esprit  de  vin,  dont  une  grande  partie  se 
j combine  avec  la  résine,  et  qui  y reste  combinée,  même 
apres  la  précipitation  ; ce  qui  est  plus  que  suffisant  pour 
la  liquéfier  considérablement.  ^ 

-i  . La  substance  extraefive  que  la  résine  entraîne  avec 
elle  pendant  sa  précipitation,  retient,  quoique  combinée 
arec  cette  résiné  , une  certaine  quantité  d’eau  - ce  sont 
par  conséquent  deux  liquides  combinés  avec  cette  résine  ’ 
qui  diminuent  d autant  la  consistance  qu’elle  a voit  lorsl 
qu  elle  etoit  renfermée  dans  les  cellules  des  racines  Ce 
raisonnement  est  d ailleurs  confirmé  par  l’expérience  J’ai 
fait  dessécher  au  bain-marie  , dans  un  alambic  de  verre 
environ  tme  livre  de  résine  de  jalap  que  je  venois  dc  Dré- 
parei . ede  a fourni  beaucoup  d’eau  chargée  d’huile  de  vin  - 
ee  que,  ai  reconnu  par  l’odeur.  Cette  eau  étoit  un  peu  ai- 

SîiTl1!  POrti°n  k P1US  **“•  cette^iuile  , 

de  rëau  “rfinTbH^0"'  boui.,li'.la  résine  de  J^lap  dans 

decomposoit  considérablement;  il  vaut  beaucoup  mieux  k 
dessechei  de  la  maniéré  que  nous  l’avons  dit 

b, , pour  préparer  la  résine  de  jalap  , on  se  sert  d’esprit 
mie  res lectifié , on  tire  une  moindre  quamitéde  rés Le 
que  lorsqu  on  emploie  de  l’esprit  de  vin  foible-  ces  dÆ 
férences  sont  considérables.  Cela  vient  de  ce  an/  1 
l esprn  de  vin  a dissous  une  certaine  ouantité  dé  résk^ 
la  substance  gommeuse  du  jalap,  ne  posant  point  se d& 


3 1 B i.  L & M E N T s B E PTtATîM  ACTÉ. 

soudre  dans  l’esprit  de  vin  très  rectifié,  défend  !a  résine 
restante,  et  l’empêche  d’être  attaquée  par  l’esprit  de  viil 
qu’on  lui  présente.  11  arrive  le  contraire  lorsqu’on  emploie 
de  l’esprit  de  vin  Idible  : la  partie  aqueuse  de  cet  esprit 
de  vin  ramollit  ou  dissout  en  partie^cette  matière  gom- 
me use  , de  sorte  que  la  résine  se  trouve  toujours  à nud 
et  en  état  d’être  attaquée  par  la  partie  spiritueuse  de  l’es- 
prit de  vin  ; mais  alors  la  résine  de  jalap  se  trouve  mêlée 
de  beaucoup  de  matière  gommeuse  et  extractive  : dans 
ce  cas  , il  faut , après  qu’on  a tiré  par  la  distillation  , tout 
l’esprit  de  vin  qu’on  en  peut  tirer,  laver  la  résine  dans 
beaucoup  d’eau,  et  ia  changer  jusqu’àce  qu’elle  sorte  clai- 
re : ensuite  on  fait  sécher  cette  résine,  comme  nous  l’avons 
dit  précédemment. 

Lorsqu’on  pulvérise  cette  résine  , elle  occasionne  des 
ophthalmies  et  des  cuissons  dans  la  gorge  , et  lait  eteinuer 
considérablement. 

Les  végétaux  ne  contiennent  pas  tous  la  même  quantité 
de  résine  , et  celle  qu’ils  renferment  ne  se  trouve  pas  tou- 
jours combinée  de  ia  meme  maniéré  ; c est  ce  qui  est  cause 
que  plusieurs  sont  difficiles , et  peut-être  même  impossibles 
à épuiser  entièrement  de  toute  leur  résine  , par  un  grand 
nombre  d’infusions  successives  dans  l’esprit  de  vin  : il  y 
en  a toujours  une  portion  qui  est  défendue  de  l’action  de 
l’esprit  de  vin  , parcequ’elle  est  combinée  et  recouverte 
parla  partie  gommeuse  qui  empêche  que  1 esprit  de  vin 
ne  puisse  la  toucher  immédiatement.  Le  jalap,  ainsi  épuisé 
par  l’esprit  de  vin  fournit,  a 1 aide  de  1 ean  bouillante , un 
extrait  gommeux,  qui  contient  encore  de  la  résilié.  On  lui 
donne  le  nom  d 'extrait  gommeux  cle  jalap.  _ 

L’extrait  gommeux  de  jalap  est  quelquefois  employé 
dans  la  Médecine  : comme  il  est  privé  de  la  plus  grande 
partie  de  sa  résine,  il  est  un  purgatif  plus  doux  que  le 
jalap  en  substance  ; il  n’occasionne  pas  de  chaleurs  d en- 
Vertus-  tcailles  , comme  le  fait  souvent  la  résine  de  jalap,  et  il 
pousse  beaucoup  par  les  urines.  La  dose  de  cet  extiait  est 
Dose*  depuis  six  grains  jusqu’à  un  demi-gros. 

Résine  de  scammonce. 

Douze  livres  et  demie  de  scammonée  d’AIep  , traitée 
comme  le  jalap  , rendent  cinq  livres  et  demie  de  résine 
seche  et  friable.  Le  résidu  ? bouilli  ensuite  dans  une  subi- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  3 , 9 

santé  quantité  d’eau,  et  traité  pour  en  tirer  l’extrait,  a fourni 
uue  livre  quatre  onces  d 'extrait gommeux. 

. féMne  tle  scamrnonée  est  un, purgatif  hydragogue,  Vertus: 
irritant  tomme  celui  de  jalap,  et  qui  demande  à être  ad- 
ministre avec  les  mêmes  précautions.  La  close  est  depuis  Dose, 
quatre  giams  jusqu  a douze,  prise  en  bols,  en  pilules,  ou 

Résine  de  turbith  Le  turbith  est  la  racine  d’une  piaule 
qui  cioit  dans  les  Indes  orientales,  sur-tout  dans  l’isle 
< e Ceylan  et  dans  le  Malabar.  Cette  plante  est  du  genre 
des  conmleulus.  On  nous  envoie  cette  racine  séchée  et 
vuule  de  son  cœur;  ce  n’est,  pou.  ainsi  dire,  qu’une  écor- 
ce très  épaisse  de  cette  racine:  ordinairement  elle  se  con- 
tourne pendant  la  dessication.  Une  livre  de  lurbi.h  traité 

n i,  e("a  j eme“t  av'ec  I esprit  de  vin,  rend  depuis  dix  jus- 
qu a douze  gros  de  résine.  1 1 

, u"  Peut>  S1  l’?n  veut,  tirer  du  turbith  , qui  a fourni  sa 
d'msl’eau  XT*  gom™eux  par  le  moyen  des  décodions 
le  jalap.  ’ “ mCmC  ma,uere  Suc  nous  l’avons  dit  pour 

La  résine  de  turbitli  est  unpurgatif  hydraso»ue  «miarit  v , 
cnimtam  corn, neles  résines purgativcs  de  nuanc espece  "et 
> demande  a etre  administré  avec  Ja  même  prude  Lee  La  n 

dose  est  depuis  quatre  grains  jusqu’à  douze. F ' 

L-E  MARQUE  S. 

^ J.e  jalap,  le  turbith  et  la  scamrnonée,  sont  des  «nh 
stances  inodores  qui  ne  fournissent  point  d’huile  essën' 

‘ e‘le  Par  la  distillation  : cependant  nous  venons  devoir 
quelles  contiennent  une  substance  vraiment  résineuse- 

' ■’  nous  ve,ro,ls  cette  espece  de  substance  appartient 
originairement  aux  huiles  essentielles,  et  qu’elle  en  a fait 

un'  .n  ’ VOUS  devon?la  considérer  même  comme  le  résidu 
q c es  .aissent  apres  qu’elles  se  sont  desséchées  Ilvuli 
LOS  climats  un  grand  nombre  de  vé4  fux  d^nï  J 13 
cas  : tels  sont  les  plantes  inodores,  et  uT J cctt ' T™ 

OUI  passe  jusqu’à  présent  pour  ne  point  contenir  dT"  ’ 

^ne  , pareequ’on  ne  peut  l’obtenir  par  le  *4' 

p oieordmauement,  quoiquedans  l’esprit  de  vin 'elle f0 T 

fissent  des  teintures  très  chargées  Mais  0l,r~ 

buer  cette  différent  ™ & , n Peut  attri~ 

viiUwrencc  u ce  que  ces  plates  effectivement 


320 


à I.  É M ï N T S DE  V H A R M A C î K: 


sont  moins  fournies  de  résine  ; et  que  d’ailleurs  ccîls 
qu’elles  contiennent  est  réduite  dans  un  état  savonneux 
par  les  sels  essentiels  dont  elles  abondent  : l’esprit  de  vin 
dissout  ces  especes  de  savons  sans  les  décomposer.  Dans 
d’autres  végétaux  , il  paroit  que  leur  ^résilié  forme  , avec 
les  autres  principes  , des  combinaisons  singulières  qu’oil 
pourvoit  comparer  au  succin  : tel  est  , par  exemple  , le 
safran,  qui  fournit  indifféremment  ses  principes  dans 
l’eau  et  dans  l’esprit  de  vin  , mais  sans  donner  dé  résine 
dans  l’esprit  de  vin  , comme  la  plupart  des  autres  substan- 
ces : la  cochenille  est  dans  le  même  cas.  Nous  avons  lait 
remarquer  précédemment  que  ces  teintures  déposoient , au 
bout  d’un  certain  temps  , des  matières  qui  ne  sont  ni  gom- 
mes ni  résines  pures  : ce  sont  ces  substances  que  nous  com- 
parons ici  au  succin  , pour  raison  de  la  combinaison  de 
leurs  principes  seulement,  parcequ  ehes  se  dissolvent  mal 
dans  l’eau  et  dans  l esprit  de  vin  , et  que  d ailleuis  elles 
sont  inflammables  comme  le  succin. 

C’est  en  conséquence  de  toutes  ces  observations,  et  des 
connoissances  que  j’ai  acquises  sur  l’éther,  que  je  me  suis 
déterminé  à mêler  un  grand  nombre  de  coips  a\ec  cette 
liqueur  î j’étois  bien  persuade  qu  elle  dcv8^.t  elie  un  mens- 
trué convcnable  pour  ne  dissoudre  que  les  icsines  seu'h  s, 
sans  toucher  aux  autres  substances  des  mixtes  , et  qu  clic 
devoit  par  conséquent  être  très  propre  à remplir  les  vues 
que  je  me  proposai  alors,  qui  etoient  d ajouter  quelques 
perfections  à l’analyse  végétale  et  animale.  .1  ai  consigné 
les  expériences  que  j’ai  faites  sur  cet  objet  dans  ma  disser- 
tation sur  l’éther,  page  i5o  et  suivantes  : je  les  y ai  ran- 
gées par  ordre  alphabétique  , pareeque  j'ai  pensé  quelles 
n’étoient  pas  encore  assez  nombreuses  pour  faire  voir  la 
liaison  quelles  ont  les  unes  avec  les  autres  , c este--  qui 
m’a  engagé  à en  faire  de  nouvelles  , qui  concourent  ail 
même  but.  Elles  m’ont  misa  portée  de  reconnoître  dans  plui 
sieurs  plantes  des  principes  qu’on  n’y  avoit  jamais  soupçon- 
nés avant  moi.  Mon  dessein  étoit  de  découvrir  alors  de. 
quelle  nature  sont  les  principes  de  certaines  plantes  qui 
colorent  les  huiles  et  les  graisses.  Dans  le  temps  que  j ai 
publié  mes  expériences  , je  me  proposai  de  les  suivre  ; 
c’est  ce  qui  m’a  déterminé  à les  donner  alors,  dépouillées 

de  tout  raisonnement.  C’est  nue  carrière  nouvelle  que  j ai 

ouverte  ; 


fLÉHEMTS  de  pharmacie.  32p 

çnvene;  il falloit  examiner  les  matériaux,  et  rassembler 
beaucoup  de  buts  avant  que  de  former  des  raisonnements. 

■Résine  de  coloquinte. 

On  prend  une  livre  de  chaire  de  coloquinte,  exempte 
avMdixhùitei-<:0UP1*  men"S  : °“  Ia  met  daus  u“  “Mit» 

un  b,in'  “ ‘ ) ,d  TU  fle  Vilî : °"  I,lace  ,e  métras  sur 

ue  salj|e  c laud  . et  on  le  laisse  pendant  vingt- 

1 re  lei"'ef;  au  bout  de  ce  temps  on  filtre  la  liqueur  - 

et  onr|Vt"r  '•  marC  U1,e  Pareilie  quantité  d’esprit  de  vin  ‘ 

onetir  l!  ^ ?“  'î  Premiefe  fois  = on  filtre  la  !i- 
qnei  r . 0n  la  réunit  avec  la  première  , et  on  la  me-  en 

ST  “• 1 bam'marie  P°ur  tirer  1,3  Plus  grande  partie  de 

1 S dCic  l"  VarSe  bCT°Up  *»“<*«“  ‘3  liqueur 
T r°.  (1dns  lc  bain- marie;  la  résine  se  sépare  : ci- 

S0;crseai’fl  011  la  fait  dcssécher>  soit  au  bain-marie 
U ,,ie  Çlialenr  doure  au  bain  de  sable.  .T’ai  obtenu  d’uim 

deaX&t°S  vi  W-Sraina 
diSmoiÆ  dra,t!c,„es , 

as*4* 

Soient  et  si  *r, 

Des  résines  urées  par  de  V éther  vitriolique. 

on  le  met  dans  un  matras^^on  °n  <,B.)'a,aP  toncass,?  : 
rectifié  : on  bouche  l’oiiverture'dn  Y1  p' ''',esf"s  ‘,e  iether 

tement  possible  : on  fait  digérer  le  mélanêe  à ^ “?l  °X*C* 
dant  deux  ou  trois  inm-c  o,  a • , ?,  8e  J 1Joid  peu- 

«n  temps.  Au  bout- dTré  2 °m  1®  1 agiter  de  temP3 
on  la  met  dans  une  curarhit'T  "i  ’ teran'';  ^a  liqueur  ï 

de  son  chapiteau  , et  ou  fait  dislülwmut'rt  1*“  TT™ 

®wne  , a une  chaleur  très  douce,  11  reste  au  fond  du  vais-' 

X 


Bai  ÏLïMEXTS  H PHARMACIE. 

seau  la  résine  de  jalap  seche  et  friable  , qu  on  détacha 
avec  une  spatule  de  fer. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  toutes  les  résilies  avec 
l’éther. 

Remarquer. 


L’éther  dissout  les  résines  infiniment  mieux  que  l’esprit 
3e  vin  , mais  c’est  lorsqu’elles  sont  pures  : quand  la  résine 
est  combinée  avec  les  autres  substances  des  mixtes  , comme 
elle  l’est  dans  le  jalap,  il  n’en  dissout  qu’une  petit®  quan- 
tité , parcequ’elle  est  défendue  par  les  autres  principes  sur 
lesquels  l’éther  n’a  point  d’action  , et  que  l’esprit  de  vin, 
au  contraire,  attaque  sensiblement.  C’est  par  cette  raison 

qu’on  tire,  parle  moyen  del’éther  parfaitement  rectifié , une 

bien  moindre  quantité  de  résine  du  jalap,  que  par  1 esprit 
de  vin  rectifié,  et  moins  par  ce  dernier  que  par  l’esprit  de 

vin  foible. 

On  peut,  si  l’on  veut,  au  lieu  de  distiller  I elher,  pour 
en  séparer  la  résine,  le  laisser  dissiper:  cette  maniéré  est 
très  commode;  mais  dans  ce  cas  on  perd  l’éther.  Lorsqu'on 
mêle  ces  teintures  avec  un  peu  d’eau  pour  en  séparer  la  ré- 
siné, comme  cela  se  pratique  à l'égard  des  résines  qu  on 
prépare  avec  de  l’esprit  de  vin  , on  remarque  que  le  mé- 
langé blanchit  un  peu,  mais  infiniment  moins  mie  les 
teintures  faites  avec  l'esprit  de  vin.  L’ether  se  mele  a 1 eau , 
tandis  que  l’huile  essentielle  de  vin,  dont  1 et  1er  contient 
une  grande  quantité  , reste  combinée  avec  la  résine  , et 
vient  nager  à la  surface  de  la  liqueur.  Ce  compose  reste 
fluide  comme  une  huile  : c’est  ce  qui  a fait  dire  a quelques 
auteurs  , qu’on  peut  , par  le  moyen  de  1 et  lier  .séparer 
l’huile  essentielle  des  girofles.  Cette  prétendue  huile  est 
d’autant  plus  abondante  , que  l’éther  est  lui-rneme  plus 
huileux.  L’éther  mal  rectifié,  et  qui  contient  beaucoup 
de  cette  huile  de  vin , laisse  , après  son  mélange  dans  1 eau 
ou  après  son  évaporation  sur  l’eau , une  certaine  quantité 
de  cette  lmile  , comme  je  l’ai  dit  dans  ma  dissertation  sur 
l’éther  , page  8o.  Ainsi , il  n’est  pas  surprenant  qu  on  ait 
pris  pour  huile  de  girofle  ce  qui  n’étoit  que  la  resuie  de 
ce  mixte  , dissoute  dans  l’huile  de  vin  que  contient  1 e- 

,h  C’est  par  la  méthode  que  je  viens  de  donner , que  je 
,uis  parvenu  à tirer  de  la  résine  de  toutes  les  plantes  ni- 


k L i M H N T S DE  P tt  A R M A C I I,  3 2^ 

odores  parfaitement  seches,  que  j'ai  traites  avec  de  lYther. 
il  se  roi  t trop  long  de  les  énoncer  toutes  ici;  j’en  citerai 
seulement  plusieurs  exemples  qui  suffiront  pour  avoir  une 
. i d«  arutîf,s-  Ces  plantes  sont  la  pariétaire,  la  mercn- 
n a le,  les  feuilles  de  vioher,  la  inorelle,  le  chardon  bénit  le 
plantm  , etc.  J’ai  tiré  aussi  de  la  résine  de  la  pulpe  de  casse 
parlaitement  desséciiée  au  bain-marie. 

JDe  la  distillation * 

Nous  nous  proposons  de  traiter  ici  de  la  distillation 
seulement  pour  ce  qui  concerne  la  Pharmacie  : notre  in- 
tention n est  point  d’examiner  l’analysa  et  la  décomnosi 
tmn  des  corps;  cette  partie  est  entièrement  du  ressort  de 
J diymie.  I oyez  ma  Chyntie  expérimentale  et  raisonnée 
Nous  ne  parlerons  que  de  la  distillation  de  Peau  et 
des  eaux  distillées  d’usage  dans  la  Médecine.  J’ai  pensé 
qu  il  ëtoit  convenable  de  parler  de  ces  préparations  immé- 
diatement  apres  les  infusions  et  les  décoctions,  parce- 
qu  elles  sont  le  plus  souvent  des  préliminaires  à la  distilla- 

La  distillation  est  une  opération  par  le  moven  de  laque]!» 
çn  séparé  , a 1 aide  du  feu  , les  substances  volatiles  d’avec 
les  fixes;  ou  une  évaporation  qu’on  fait  dans  les  vaisseau* 
appropries  afin  de  recueillir  et  conserver  à part  les  sub 
stances  que  le  feu  fait  évaporer.  b~ 

On  a toujours  distingué  trois  especes  de  distillations 
quon  a désignées  sous  trois  dénominations  différent  t 
savoir , per  asceasum,  per  Ictus , et  la  troisième  per  des’- 
censum.  J avois  suivi  cet  ordre  dans  les  deux  premières 
ec.tions  de  cet  ouvrage:  mars  en  réfléchissant  mieux  sur 
ces  trois  especes  de  distillations , je  me  crois  fondé  à lés 

redniie  a deux,  savoir  celle  per  asceasum  et  celle  ver  des 
censum.  > c'i~ 

La  distillation  per  asceasum  est  celle  qu’on  fait  dans  des 
alambics  ordinaires  : le  leu  est  placé  sous  le  vaisseau  nui 
contient  la  matière  qu’on  soumet  à la  distillation.  La  c a 
leur  lait  elever  au  haut  du  vaisseau  les  vapeurs  : elles  L 
condensent  en  liqueur  dans  le  chapiteau  : cette  lictueuT 

chapiteau.Un  tU)’aU  <1U’°n  3 P”'^"5  Ù Un  des  cùléi  du 
La  distillation  qu’on  nomme  per  latus  on  mr  a 
té,  est  celle  qu’on  fait  dans  une  cornue  : le  fèu  estplac/d» 

X ij 


f ! J M £ K T î T>  * PUARMACI*. 

même  sous  le  vaisseau  : les  vapeurs  s’élèvent  perpendicu- 
lairement , entrent  dans  le  col  de  ce  vaisseau  , s y con- 
densent, et  distillent  par  le  côté.  11  est  évident  qu  il  n y a 
point  de  différence  essentielle  entre  ces  deux  distillations , 
et  qu’elles  se  font  toutes  les  deux  pef  ascension., 

La  distillation  per  descensum  a lieu  lorsqu  on  met  le 
feu  au-dessus  de  la  matière  qu’on  veut  distiller  ; les  vapeurs 
qui  se  dégagent  des  corps  , ne  pouvant  s elever  comme 
dans  la  distillation  ordinaire  , sont  forcées  a se  précipiter 
dans  le  vaisseau  inférieur  placé  à ce  dessein.  ^ . 

Par  exemple,  on  pose  un  linge  sur  un  verre  a boire  : 
on  met  sur  ce  linge,  qui  doit  être  un  peu  lâche,  des  clous 
de  mrofle  concassés  : on  met  par-dessus  cet  appareil  im  pla- 
teau de  balance,  qui  joint  le  plus  exactement  qu  il  est 
Dossible  les  parois  du  verre  : on  remplit  de  cendres  chau- 
des^a  partie  concave  du  plateau  de  balance:  la  chaleur 
a"issant  sur  le  girolle,  en  dégage  du  phlegme  et  de  Uuu  « 
essentielle  qui  se  rassemble  au  tond  du  verre  : c est  ce  que 
Von  nomme  distiller  per  descensum. 

De  ces  trois  maniérés  de  distiller , il  n>  a que  la  drsul- 
latiou  per  ascension  qui  soit  d'usage  dans  la  Pharmacie. 

Nous  ne  parlerons  que  de  celle-la. 

Les  vaisseaux  qui  servent  à la  distillation  des  eaux 
SOnt  des  alambics  d argent  , ou  de  cuivre  etame  , ayant  leur 
bain-marie  en  étain  : on  n’emploie  guère  ces  derniers  a feu 
nud,  à cause  de  la  grande  fusibilitéde  l’etain.  Les  anciens  so 
servoient  d’alambics  de  plomb  : mais  outre  qu  ils  ont 
convénient  de  se  fondre  facilement  comme  ceux  d etain, 
leur  surface  se  rouille  , se  réduit  en  céruse  , se  dissout  dans 
les  eaux,  et  leur  oominunique  de  mauvaises  qua  i t . 
remarqué  que  l’eau  qui  passe  dans  des  tuyaux  de  plomb 

=^cir:KAn:  loutre  la  colique  de  Porto* 
U certains  tempéraments  délicats. 


Distillation  de  Veau. 


P,LVaa  Mus  pure  que  nous  fournit  la  nature,  est  celle 
qu’on  peut  recueillir  de  la  pluie,  ou  de  la  uex^e, 


SLiMINTI  DE  PHARMACIE.  3?5 

après  que  l’air  a été  nettoyé,  par  quelques  jours  de  pluie, 
des  matières  terrestres , etc.  que  les  vents  emportent  mémo 
à des  hauteurs  considérables. 

L’eau  des  pluies  qui  passent  sur  les  toits,  et  qu’on  ra- 
masse , 1 i’est  pas  pure  à beaucoup  près  : elle  est  chargée  ce 
sélénite  qu’elle  a dissoute  des  tuiles. 

L’eau  des  rivières  n’est  pas  toujours  pure  : le  temps  où 
elle  l’est  davantage  , est  lorsqu’elles  sont  moyennement 
hautes,  et  qu’elles  sont  d’ailleurs  parfaitement  claires  et 
limpides  : dans  le  temps  de  leurs  crues, elles  dissolvent  une 
certaine  quantité  de  sélénite  des  argiiles  qui  les  bordent. 

Il  est  difficile  de  rencontrer  dans  la  nature  de  l’eau 
parfaitement  pure,  telle  qu’il  faut  qu’elle  soir  pour  plu- 
sieurs opérations  de  la  Chymie  et  de  la  Pharmacie  : on 
est  donc  obligé  d'avoir  recours  à la  distillation  pour  lu 
purifier.  On  y parvient  par  le  procédé  suivant  , et  on  se 
sert  pour  cela  de  l’appareil  des  vaisseaux  dont  nous  avons 
donné  la  description  précédemment. 

( 0°.  met  dans  un  alambic  de  cuivre  étamé  la  quantité 
d’eau  que  l’on  veut  : on  place  ce  vaisseau  dans  un  four- 
neau : on  adapte  le  chapiteau  , et  au  bec  du  chapiteau  on 
ajuste  le  serpentin,  et  un  récipient  au  bec  du  serpentin: 
on  lute  les  jointures  des  vaisseaux  avec  du  papier  imbibe 
de  colle  de  farine  : on  emplit  d’eau  froide  le  réfrigérant  et 
la  cuve  du  serpentin  : on  procédé  à la  distillation  pour 
tuer  environ  les  sept  huitièmes  de  l’eau  employée  : on 
conserve  dans  une  bouteille  l’eau  qui  a passé  pendant  la 
distillation. 

Remarques. 


L’eau  est  un  élément  indestructible  et  inaltérable  dans 
toutes  les  opérations  de  la  Chymie.  Cette  vérité,  reconnue 
par  les  physiciens  de  tous  les  sicc les  et  de  toutes  les  nations 
est  aujourd’hui  contestée.  Plusieurs  Chymistes  trompés’ 
sans  doute,  par  une  expérience  séduisante  , mais  équivo- 
que et  répétée  deux  fois  seulement,  ont  cru  p cuver  que 
l’eau  se  recomposoit  par  la  combustion  de  l’air  inflam- 
mable dans  l’air  vital;  et  que  l’eau  se  décomposoit  en 
faisant  passer  ses  vapeurs  au  travers  d’un  tuyau  de  fer 
rougi  à blanc.  J’ai  proposé  mes  doutes  sur  ces  deux  opé- 
rations, dans  un  mémoire  lu  à l’académie  le  7 janvier 
1 7^9 ? j’établis  dans  ce  mémoire  que  la  recomposition  do 

X iij 


52  6 ELEMENTS  UE  PHARMACIE. 

l’eau  se  réduit  i°.  à une  expérience  hydrostatique,  dans  la- 
quelle on  fait  passer  des  vapeurs  de  l’eau  de  deux  vases 
dans  un  troisième  placé  au  milieu  , à 1 aide  d un  courant 
d’air  déterminé  par  les  deux  airs  enflammes  1 un  par 
l’autre,  ^°.  à la  séparation  de  l’eau  fenue  en  dissolution 
par  la  matière  inflammable.  Cette  eau  se  précipite  à me- 
sure que  la  matière  inflammable  des  airs  est  détruite  par 
la  combustion.  11  en  est  de  cette  résurrection  de  l’eau 
comme  de  celle  d’un  métal  dissous  par  un  acide  et  préci- 
pité par  une  substance  propre  à produire  cet  effet. 

1 J’ai  de  même  établi  dans  ce  mémoire  , au  sujet  de  la 
décomposition  de  l’eau,  que  l’air  qu’on  obtient  est  celui 
renfermé  dans  le  canon  de  fer , et  celui  contenu  dans  l eau 
cui  se  dégage  de  cet  élément  pendant  1 expérience.  La 
propriété  inflammable  de  cet  air  lui  vient  du  phlogistiqua 
de  la  portion  de  fer  qui  s’est  calciné  pendant  l’opération. 

L’eau  étant  volatile,  s’élève  en  vapeurs  qui  se  conden- 
sent dans  le  chapiteau  et  dans  le  serpentin  : la  matière  ter- 
reuse qui  éloit  unie  à l’eau  , reste  dans  l’a  ambic. 

Lorsque  les  vaisseaux  ont  servi  à distiller  des  plantes, 
Veau  qu’on  obtient  a toujours  une  odeur empvreumatique, 
quoique  d’ailleurs  elle  soit  suffisamment  pure  pour  servir 
à une  infinité  d’opérations.  Cette  odeur  vient  des  matières 
phlogistiques  des  plantes  qui  se  sont  attachées  aux  parois 
des  vaisseaux.  Lorsqu’on  veut  éviter  cet  inconvénient,  il 
faut  distiller  l’eau  dans  des  vaisseaux  de  verre.  , 

Nous  allons  présentement  examiner  les  eaux  distillées, 

ou  la  distillation  des  plantes  avec  de  l’eau.  . 

On  peut  diviser  les  eaux  distillées  qu  on  emploie  dans 
3a  Médecine,  en  simples  et  en  composées,  odorantes  ou 
inodores  : en  distillant  les  eaux  simples,  on  ODtient  sou- 
vent des  huiles  essentielles. 

Les  eaux  simples  ou  composées  sont  encore  spmtueuses , 
ou  non  spiritueuses,  c’est-à-dire  préparées  avec  de  1 esprit 
de  vin  ou  avec  de  l’eau.  Nous  donnerons  des  exemples  de 
ecs  différentes  eaux  : ils  seront  suffisants  pour  faire  entendre 
la  manipulation  des  autres.  Nous  allons  commencé  par 
les  eaux  simples  et  composées,  qui  ne  sont  m odoiant 

ni  spiritueuses. 

Distillation  des  eaux  simples  des  plantes  inodores , en 
prenant  pour  exemple  celle  de  planlam . 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de -grand  plantai* 


/ 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  32? 

lorsqu’il  est  dans  tou  le  sa  vigueur  : ou  en  remplit  la  moi- 
tié d’une  cucurbite  de  cuivre  étamé.  On  met  dans  ce 
vaisseau  une  suffisante  quantité  d’eau,  de  maniéré  que 
la  plante  nage  assez  pour  qu’elle  ne  s’attache  pas  au  fond 
du  vaisseau  sur  la  fin  de  la  distillation. 

Ou  couvre  la  cucurbite  de  son  chapiteau:  on  place  l'a- 
lambic dans  un  fourneau  : on  lute  les  jointures  des  vais- 
seaux avec  du  papier  imbibé  de  colle  de  farine  ou  d’ami- 
don : on  remplit  d’eau  le  réfrigérant:  on  ajuste  au  bec 
de  l’alambic  le  serpentin  qu’on  a rempli  d’eau  froide;  on 
arrange  un  récipient  au  bout  du  serpentin  pour  recevoir 
la  liqueur  à mesure  qu’elle  distille.  On  échauffe  le  vais- 
seau par  degrés,  jusqu’à  faire  bouillir  l’eau  qu’il  contient; 
et  on  fait  distiller  environ  le  quart  de  l’eau  qu’on  a mise 
dans  l’alambic:  c’est  ce  que  l'on  nomme  eau  distillée  de 
plan  ta  in. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  toutes  les  eaux  des  plan- 
tes inodores  suivantes  : 

de  centinode , 
de  bourrache, 
d’aigremoine , 
de  quinteléuille, 
de  pourpier, 
de  buglose , 
d’euphraise, 
de  morelle, 
d’argentine , 
de  coquelicot, 

R K M A 

Plusieurs  Pharmacopées  recommandent  d’employer  le 
suc  exprimé,  ou  une  forte  décoction  des  mêmes  plantes  en 
place  d’eau  commune  : mais  cette  manipulation  n’est  point 
nécessaire.  Les  eaux  distillées  qu’on  en  retire  n’en  sont  pas 
plus  chargées  de  principes.  D’autres  dispensaires  prescri- 
vent de  distiller  ces  plantes  au  bain-marie,  mais  cela  est 
absolument  inutile  : il  vaut  mieux  les  distiller  à feu  mid: 
les  substances  de  ces  plantes  qui  peuvent  monter  avecl’ean , 
s’élèvent  plus  facilement  qu’au  bain-marie.  On  ne  doit 
faire  distiller  que  la  moitié  uu  environ  de  l’eau  mise  dan*» 

X Lv 


de  joubarbe, 
de  scorsonère , 
de  fleurs  de  tilleul, 
de  laitue , 
de  mauve , 
de  chardon  bénit , 
de  scabicuse , 
de  pariétaire , 
de  verveine , etc. 


Q v e s. 


iti  MEj(TS  DE  T H A R M A C i JL. 

l’alambic  : si  on  en  cîistilloit  davantage  , il  pourroit  arriver 
que  les  plantes  s’attacheroient  et  brùleroient  au  fond  du 
•vaisseau, et  donneroient  une  odeur  désagréable  à ces  eaux: 
l’alambic  ne  doit  être  plein  qu’à  moitié  ou  aux  trois  quarts 
tout  au  plus,  parceque  la  plupart  de  ces  plantes,  sur-tout 
celles  qui  sont  mucilagineuses , se  gonflant  prodigieuse- 
ment dans  les  commencements  de  la  distillation  , la  décoc- 
tion  passeroit  en  substance  r les  herbes  boucheroient  le 
tuyau  de  l’alambic , et  pourroient  laite  sauter  le  chapiteau. 
Lorsque  la  décoction  a passé  ainsi  en  substance  , il  faut 
la  verser  dans  l’alambic , et  conduire  la  distillation  en  ména- 
geant le  feu  davantage. 

Toutes  les  eaux  distillées  des  plantes  inodores  ont  une 
odeur  herbacée , qui  est  presque  toujours  la  même  : du  moins 
il  est  difficile  de  distinguer  à l’odoratet  à la  saveur,  de  quelle 
plante  inodore  l’eau  distillée  a été  tirée  : ces  eaux  ont  aussi 
une  odeur  d’empyremne.  Plusieurs  Chyinistes  , qui  ont 
expliqué  ce  phénomène  , pensent  qu’on  doit  l attribuer  à des 
parties  de  feu  qui  restent  dans  ces  eaux,  et  à des  matières 
qui  se  brûlent  pendant  la  distillation  : mais  je  ne  trouve  pas 
cette  explication  satisfaisante.  Les  eaux  qu’on  a distillées 
au  bain-marie  ont  la  même  odeur:  cependant  la  chaleur 
31’estpas  suffisante  pour  brûler  les  plantes:  je  pense  que 
cette  odeur  empyreumatique  vient  des  principes  résineux 
■des  plantes  qui  se  décomposent  par  la  chaleur  , et  qui  four- 
nissent une  sorte  d huile  étheréequi  sedissout  dans  leseaux , 
et  leur  communique  l’odeur  empyreumatique.  .Te  suis  d’au- 
tant plus  porté  à le  croire,  que  j’ai  remarqué  que  les  portions 
d’eau  qui  distillent  les  dernieres  , sont  beaucoup  plus  em- 
pyreumatiques  que  celles  qui  passent  au  commencement 
de  la  distillation.  On  fait  perdre  aux  eaux  distillées  cette 
odeur,  en  les  exposant  au  soleil,  pendant  deux  ou  trois 
jours  , les  bouteilles  débouchées  : la  chaleur  vraisemblable- 
ment occasionne  la  dissipation  de  cette  espece  d huile 
éthérée.  Mais  un  phénomène  singulier  que  j’ai  observé,  et 
qui  me  paroit  difficile  à expliquer,  est  que  ces  eaux  per- 
dent également  leur  odeur  empyreumatique,  lorsqu  011 
les  expose  au  froid  pendant  quelques  jours:  j’ai  aussi  remar- 
qué-qu'en  les  faisant  geler,  on  leur  fait  perdre  sur  le  champ 
cotte  odeur.  J’ai  employé  avec  succès  ce*moyeu  pour  cor- 
rige promptement  l’odeur  empyreuniajique  des  eaux  dis- 
tillées. 


TE  Ir  B MENTS  DE  PHARMACIE.  ?>1C) 

On  regarde,  avec  raison  , les  eaux  distillées  des  plantes 
inodores,  cominen  ayant  aucune  vertu  médicinale,  parceque 
Ion  cioit  cju  elles  ne  sont  chargées  d’aucun  principe,  et 
quelles  ne  rendent  point  d’huile  essentielle  par  la  distilla- 
tion : on  pen&î  qu’elles  ne  different  point  de  l’eau  pure:  nous 
croyons  ce  sentiment  trop  général;  je  me  propose  de  dé- 
montrer cju  elles  contiennent  des  principes  qui  ont  passé 
avec  1 eau  jrendant  la- distillation  , mais  principes  qui  ne 
donnent  aucune  vertu  à l’eau. 

i".  foutes  les  eaux  distillées  des  plantes  inodores  ont  , 
comme  nous  I avons  dit , une  odeur  et  une  saveur  herbacée 
que  n’a  point  l’eau  pure. 

2 • hlles  éprouvent,  en  vieillissant,  un  mouvement  de 
fci mentution  qui  tait  déposer  dans  toutes  une  matière 
inijcilagmeuse  : quelques  unes  s’aigrissent  et  deviennent 
acidulés  : dans  cl  autres  , il  se  forme  de  l’alxali  volatil  : 
<e  qui  n anivc  point  à l’eau  pure.  D’ailleurs  , de  ce  qu’on 
n a pu  tirer  de  ‘l’huile  essentielle  de  toutes  ces  plantes  par 
la  distillation  ordinaire,  ce  n’est  pas  une  raison  pour  con- 
clmc  quelles  n en  contiennent  pas.  Dans  différentes  ex* 
peïiciues  laites  sur  cette  rnatiere,  j’ai  remarqué  que  les 
fleurs  de  noyer  rendent  une  quantité  très  sensible  d’iiuilo 
essentielle  qui  n a aucune  odeur:  elle  est  d'un  blanc  mat 
et  u une  consistance  très  solide  : enhn  elle  monte  au  degré 
de  chaleur  de  1 eau  bouillante.  Seroit-il  impossible  que 
<1  autres  plantes  fournissent  aussi  de  l’huile  essentielle? 
Je  pense  qu  il  y a encore  sur  cette  matière  une  grande  suite 
d’expériences  à faire. 

Du  remarque,  apres  la  distillation  de  la  plupart  de  ccs 
plantes,  un  cercle  mince  de  substance  résineuse  qui  s’est 
desséchée  contre  les  parois  de  l’alambic;  ce  qui  prouve, 

api  es  ce  que  nous  avons  dit  précédemment  , que  ces 
plantes  ont  contenu  des  huiles  essentielles,  puisque  les 
,VM tl0S  ne  son  t que  ces  mêmes  bu  i les  essentielles  desséchées. 
J-es  eaux  distillées  de.s  plantes  inodores  ont  donc  des 
odeurs  et  des  saveurs  très  désagréables,  qu’elles  commu- 
niquent aux  potions  dans  lesquelles  on  les  fait  entrer. 

Après  la  distillation  des  eaux,  il  reste  dans  l’alambic  la  dé- 
coction des  plantes  : on  la  passe  avec  expression  : on  t ire  ou 
le  se/  essentiel  on  Y extrait,  de  la  manière  que  nous  l'avons 
ou  précédemment.  Mais  ces  extraits  sont  toujours  moms 
bons  que  ceux  qu’on  prépare  pur  «ne  légère  ebuiiilion  de 


/ 


33o  Eléments  de  pharmacie. 

ces  memes  plantes  , à cause  delà  longueur  de  l'ébullition 
qu’elles  ont  éprouvée  dans  l’alambic;  d’ailleurs  la  chaleur 
y est  plus  forte  que  dans  l’eau  qui  bout  à l’air  libre:  elle 
est  suffisante  pour  détruire  une  partie  du  principe  résineux. 

e 

Eau  des  trois  noix . 


Chatons  de  noyer  , : . . fb  ir.’ 

Eau  de  riviere  , It»  xx. 

Distillez  et  conservezl’eau  distillée  jusqu’au  mois  de  juin, 

alors 

'ÿZ  noix  à peine  formées  . » V ïb  iv. 

Eau  distillée  ci-dessus,  la  totalité. 


Puis  distillez  et  gardez  cette  eau  jusqu’au  mois  d’août, 
alors 

2£  des  noix  presque  mûres,  .....  ib  iv. 


Eau  distillée  ci-dessus,  distillée  de  nouveau. 

11  y a des  substances  qu’il  faut  de  nécessite  distiller  au 
bain-marie,  quoiqu’elles  fournissent  des  eaux  inodores: 
tels  que  les  limaçons  et  le  frai  de  grenouilles:  comme  ces 
substances  sont  mucilagineuses , elles  s'attacheraient  et 
brûleroient  au  fond  de  l’alambic,  si  on  les  distilloit  à feu 
nud. 

Eau  de  frai  de  grenouilles. 


On  met  clans  le  bain-marie  d’un  alambic  la  quantité 
eue  l’on  veut  de  frai  de  grenouilles  sans  eau  : on  emplit 
d’eau  la  cucurbite  de  cuivre  : on  arrange  le  chapiteau  sur 
le  bain-marie  d’étain  , ainsi  que  le  reste  de  l’appareil  dont 

nous  avons  parlé  précédemment.  On  procédé  a la  distilla- 
tion jusqu’à  ce  que  le  frai  de  grenouilles  soit  entièrement 
desséché* 

Si  l’on  a emplové  quatorze  livres  de  frai  de  grenouilles, 
on  tire  ordinairement  environ  sept  pintes  d’eau  distillée, 
et  il  reste  dans  l’alambic  quatre  onces  et  demie  de  matière 


Vertus. 


desséchée.  . 

Cette  eau  passe  pour  être  rafraîchissante  : 
aussi  à l’extérieur  comme  cosmétique,  pour 
risage  , et  pour  tenir  le  teint  Irais. 


on  s’en  sert 
décrasser  le 


33 1 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

lia u de  limaçons. 

Limaçons  de  vignes, ft>  iif. 

Petit-lait  Ib  iv. 

On  nettoie  les  limaçons  en  les  faisant  tremper  dans  de 
Peau  pendant  environ  un  quart  d’heure:  on  les  concasse 
ensuite  dans  un  mortier  de  marbre:  on  les  met  dans  le 
bain-marie  d’un  alambic:  on  verse  par-dessus  le  petit-lait; 
on  procédé  à la  distillation  comme  nous  l’avons  dit  précé- 
demment, et  on  retire  deux  livres  de  liqueur. 

Cette  eau  passe  pour  être  humectante,  rafraîchissante  Vertu», 
et  propre  pour  les  rougeurs  de  la  peau  : on  s’en  sert  pour 
décrasser  le  visage.  Prise  intérieurement , on  la  dit  bonne 
pour  le  crachement  de  sang,  pour  la  néphrétique,  pour  les 
ardeurs  d’urine.  La  dose  est  depuis  une  once  jusqu’à  six.  Dose. 

Des  eaux  simples  des  plantes  odorantes , et  des  plantes 

acres. 

I es  eaux  distillées  qui  vont  nous  occuper,  different 
considérablement  de  celles  des  plantes  inodores.  Elles  sont 
chargées  du  principe  odorant  des  végétaux  : principe  par- 
ticulier, auquel  le  célébré  Boerhàavc  a donné  le  nom 
d esprit  recteur.  Je  crois  être  bien  fondé  à regarder  cet  es- 
prit  lecteur  des  végétaux  comme  la  portion  de  leur  huile 
essentielle  la  plus  tenue  et  la  plus  subtile,  et  dont  la  vo- 
latilité  peut  être  comparée  au  phlogistique  le  plus  pur  que 
nous  commissions  , qui  n’est  point  dans  le  mouvement 
ignée  : c est  à raison  de  cette  grande  ténuité  , qu’il  se  dis- 
sout dans  l'eau  infiniment  mieux  que  lYïther  loplus  rectifié; 
et  c est  pareequ’il  est  prodigieusement  volatil , qu’il  s’éleva 
à un  degré  de  chaleur  inférieur  à celui  de  l’eau  bouillante, 
et  qu’on  a bien  de  la  peine  à retenir  à part  pour  examiner 
ses.  propriétés.  11  se  présente  ordinairement  sous  Forme 
d air  ou  de  paz.  Il  faut,  pour  retenir  cette  substance,  lui 
présenter  quelques  liqueurs  avec  lesquelles  elle  puisse  se 
combiner, etse Fixer  àmesureqn’ellese  dégage  des  végétaux 
comme  il  arrive  dans  la  distillation  des  plantes , soit  a î'eau  , 
soit  sans  eau:  1 humidité  que  fournissent  les  plantes,  est 
su! lisante  pour  retenir  ce  principe  en  grande  partie. 

Alm  de  mettre  de  l'ordre  dans  cc  que  nous  avons  à dire 


332  ÏlImENTS  t>  E rHA  R M \ CÎË, 

sur  la  distillation  des  plantes  aromatiques , nous  examine- 
rons d’abord  la  méthode  de  Boerhaave,  pour  obtenir  1 es- 
prit recteur  des  végétaux  , et  les  propriétés  de  ce  principe  r 
ensuite  nous  examinerons  la  distillation  de  ces  meme? 
plantes , pour  avoir  leurs  eaux  distillées  et  leurs  huiles  es- 
sentielles. 


Esprit  recteur  et  eaux  essentielles  des  plantes , en  prenant 
pour  exemple  le  thym. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  thym  récemment 
cueilli  et  en  fleurs:  on  le  met  dans  le  bain-marie  d un 
alambic:  on  l’humecte  avec  une  très  petite  quantité  d eau  ; 
on  n’ajoute  point  d'eau  aux  plantes  qui  sont  plus  succu- 
lentes. On  procédé  à la  distillation,  comme  nous  1 avons 
dit  précédemment.  Il  s’élève,  à un  degré  de  chaleur  infé- 
rieur à cel  ui  de  l’eau  bouillante,  une  liqueur  parfaitement 
claire,  très  odorante.  On  cesse  la  distillation,  lorsqu  on  a 
lait  passer  environ  deux  ou  trois  gros  de  liqueur  pour  cha- 
que livre  de  thym  : c’est  ce  que  1 on  nomme  esprit  recteur 
de  thym.  Si  l’on  continue  la  distillation  jusqu  à ce  que 
les  plantes  soient  seches,  on  tire  une  plus  grande  quantité 
de  liqueur  : si  on  laisse  ces  liqueurs  ensemble  , sans  les 
séparer,  on  obtient  alors  ce  que  Ion  nomme  eau  essen- 
tielle de  thym. 

On  tire  de  la  même  maniéré  tous  les  esprits  recteurs  , et 
toutes  les  eaux  essentielles  des  végétaux  odorants  et  des 
plantes  âcres,  comme  du  raifort  sauvage  , du  cresson  , du 

cochléaria  , etc.  . 

Les  esprits  recteurs  des  végétaux  ne  sont  point  d usage 
en  Médecine.  Ce  n’est  pas  qu’ils  soient  sans  vertus:  au 
contraire , ils  en  ont  beaucoup*,  mais  ces  vertus  ne  sont 
pas  assez  connues:  cependant  on  peut  supposer  qu  ils  ont 
les  mêmes  vertus  que  les  plantes  qui  les  ont  foui  ms. 

Remarques. 


T. 'esprit  recteur  des  végétaux  contient  lui  seul  la  plus 
grande  partie  de  leur  odeur:  elle  se  trouve  en  quelque 
maniéré  rassemblée  sous  un  très  petit  volume  de  liqueur. 
Si  l’on  expose  à l’air  la  liqueur  qui  le  contient  1 esprit 
recteur  se  dissipe,  et  eile  perd  son  odeur  en  peu  de  jouis  j 


fLfMCZVTS  DH  MIARMACIB.  335 

la  liqueur  qui  reste  est  insipide,  et  n’a  que  très  peu  dimi- 
nué de  son  poids.  Il  y a tout  lieu  de  présumer  que  si  l’on 
parvenoit  à séparer  l’eau  qui  se  trouve  mêlée  avec  l’esprit 
recteur,  il  s’enflammeroit  comme  lether  auquel  nous 
le  comparons.  On  est  en  droit  de  soupçonner  qu’il  est 
inflammable,  par  la  propriété  qu’a  de  s’enflammer  celui 
qui  s’exhale  de  la  fraxinelle.  On  sait  que  lorsque  cette 
plante  est  sur  pied,  et  dans  un  état  de  maturité  conve- 
nable, elle  exhale  à l’entrée  de  la  nuit  une  vapeur  qui 
s’enflamme  aussitôt  qu’on  en  approche  une  bougie  allu- 
mée. Or,  cet  effet  ne  peut  venir  que  d’une  huile’éthérée 
qui,  en  se  dissipant,  forme  un  atmosphère  autour  de  la 
fraxinelle.  Cette  plante,  d’ailleurs,  lorsqu’on  la  distille  à 
ce  point  de  maturité,  fournit  beaucoup  d’esprit  recteur, 
mais  qui  n’est  plus  inflammable,  à cause  de  l’humidité  de 
la  plante  qui  distille  avec  lui. 

Pour  avoir  plus  de  connoissances  sur  la  nature  de  cette 
liqueur  éthérée  des  végétaux,  il  faudroit  pouvoir  la  retenir 
à part:  ce  qui  paroît  difficile:  lorsque  cet  esprit  recteur  est 
seul , il  est  sous  iorme  de  gaz  et  incoercible. 

Toutes  les  plantes  odorantes  11e  fournissent  point  la 
même  quantité  d’esprit  recteur:  celles  qui  en  rendent  le 
plus  sont  celles  qui  ont  beaucoup  d’odeur,  et  qui  fournis- 
sent peu  d’huile  essentielle  par  la  distillation  , comme  la 
rue,  le  merithastrum  , etc.  11  s’eu  faut  de  beaucoup  qu’on 
retienne  tout  ce  qu’une  plante  en  peut  fournir  ; il  s’en  dis- 
sipe ordinairement  une  quantité  considérable  par  les  join- 
tures des  vaisseaux. 

Toutes  les  plantes  liliacées , comme  celles  de  lis , de 
jacinthes,  de  tubéreuses,  de  jasmin,  etc.  11e  fournissent 
que  peu  ou  point  d’esprit  recteur:  il  est  si  volatil  dans  ces 
fleurs  , qu’on  11e  peut  l’obtenir-par  la  distillation:  il  faut, 
pour  retenir  l’odeur  de  ces  fleurs,  avoir  recours  à l’esprit 
de  vin,  comme  nous  l’avons  dit , et  aux  huiles  grasses  , 
comme  nous  le  dirons  à l’article  des  huiles  par  infusion! 

Il  convient  encore  de  ne  point  hacher  ni  piler  les  plantes 
dont  on  veut  tirer d’esprit  recteur,  parceque,  pendant  cette 
division,  il  s’en  dissipe  considérablement. 

L’esprit  recteur , dit  Boerhaave,  est  le  principe  de  l’odeur 
et  de  la  volatilité  des  huiles  essentielles.  Lorsque  les  plantes 
ont  fourni  leur  esprit  recteur,  et  qu’on  les  a desséchées 
entièrement  au  bain-marie,  elles  ne  fournissent  plus  d’hui  e 
essentielle  par  la  distillation  à l’eau* 


334  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

Le  sentiment  de  Roerhaave  est  "vrai  si  on  le  prend  a i a 
rigueur;  mais  plusieurs  plantes,  comme  je  l’ai  remarqué, 
ne  rendent  point  tout  leur  esprit  recteur  pendant  leur  des- 
siccation dans  un  bain-marie  clos:  il  en  reste  une  grande 
partie  combinée  avec  l’huile  essentielle  renier 
les  cellules  de  ces  mêmes  végétaux;  et  quelque  bien  des- 
séchés qu’ils  soient,  ils  fournissent  encore  de  l’huile  es- 
sentielle en  les  distillant  avec  de  l’eau.  J’ai  lait  ces  expé- 
riences sur  le  thym,  la  Sabine,  les  fleurs  de  lavande  et  les 
fleurs  d’oranges  ; mais  il  est  vrai  qu’elles  en  fournissent  une 
moindre  quantité,  et  que  celle  qu’elles  rendent  est  aussi 
beaucoup  moins  odorante,  que  si  ces  végétaux  n’eussent 
point  été  desséchés. 

Lorsqu’on  veut  avoir  l'esprit  recteur  des  plantes  exoti- 
ques, comme  des  feuilles  de  dictame  de  Crete  , etc.  et  des 
bois  secs  qui  nous  sont  envoyés  de  loin,  comme  celui  de 
sassafras,  de  Rhodes,  etc.  on  réduit  les  bois  en  copeaux 
menus  , par  le  moyen  d’un  rabot:  on  met  ces  substances 
dans  le  bain-marie  d’un  alambic:  ou  ajoute  une  suffisante 
quantité  d'eau  pour  qu’elles  trempent  entièrement  : on  les 
laisse  macérer  pendant  quelques  jours , ou  jusqu  a ce 
qu’elles  soient  suffisamment  pénétrées  par  l’eau  : alors  on 
procédé  à la  distillation  comme  nous  l’avons  dit  précé- 
demment. 

Des  eaux  distillées  des  plantes  aromatiques,  et  des  huiles 
essentielles,  en  prenant  pour  exemple  Veau  distillée , 
et  l’huile  essentielle  de  thym. 

On  met  dans  un  grand  alambic  de  cuivre  etamé  environ 
quarante  livres  de  thym  récemment  cueilli  et  en  fleurs 
avec  une  suffisante  quantité  d’eau  , pour  que  les  plantes 
soient  parfaitement  baignées  par  l’eau.  On  lute  le  chapi- 
teau à la  cucurbite  , et  le  serpentin  au  bec  du  chapiteau  : 
on  remplit  d’eau  le  réfrigérant  et  le  serpentin  : on  ajuste  un 
orand  récipient  pour  recevoir  la  liqueur  qui  doit  distiller, 
ou  pour  plus  de  commodité  on  se  sert  d un  récipient  de 
verre,  long,  étroit  par  le  haut  et  large  par  le  bas,  fait  a- 
peu-près  comme  une  poire  alongée  : au  ventre  de  ce  vais- 
seau on  a soudé  un  tube  de  verre  , lait  en  S par  le  haut , 
qui  s’élève  jusqu’à  deux  ou  trois  pouces  au-dessous  de  son 
orifice,  et  qui  produit  l’effet  d’un  siphon.  oyez  la  planche 


Éléments  de  p h a r macis'  335 

8e  1 alambic , figure  6,  page  12).  On  se  sert  de  ce  récipient 
T,  en  place  du  petit  ballon  N , figure  4.  Avant  déplacer 
ce  vaisseau  au  bec  du  serpentin,  il  faut  le  remplir  d’eau 
pure,  ou  d’eau  distillée  de  la  même  plante  jusqu’au-des* 
sus  de  l ouvertuie  T. . L eau  seule  sort  par  ce  tube  à mesure 
qu  elle  distille , tandis  que  i huile  reste  nageante  dans  la 
partie  supérieure  de  ce  vaisseau  : si  ce  vaisseau  ne  contenoii 
pas  d abord  une  certaine  quantité  d’eau  , une  partie  de 
I huile  qui  vient  dans  le  commencement  de  la  distillation 
s'introduirait  dans  le  tube , et  passerait  avec  l’eau  distillée. 
Ce  vaisseau  est  très  commode  pour  la  distillation  des  huiles 
essentielles  qui  nagent  sur  l’eau  , en  ce  qu’on  n’est  pas 
oblige  de  changer  le  récipient  continuellement,  parcequ’ü 
ne  peut  jamais  se  remplir  entièrement:  l’huile  essentielle 
occupe  toujours  la  partie  supérieure,  tandis  que  l’eau  qui 
distille  s écoule  a mesure  par  le  bec  du  siphon:  on  place 
sous  le  siphon  une  terrine  ou  seau,  pour  recueillir  cette 
eau  : mais  si  l’huile  essentielle  qu’011  distille  est  pesante  , 
quelle  aille  au  fond  de  l’eau,  alors  il  faut'  se  servir  d’un 
récipient  ordinaire.  Lorsque  tout  est  ainsi  disposé  on  pro- 
cédé à la  distillation  par  un  feu  gradué  qu’on  augmente 
jusqu’à  ce  que  la  liqueur  soit  bouillante:  011  l’entretient 
dans  cet  état  jusqu’à  ce  que  la  distillation  soit  finie  ; ce 
que  l’on  reconnoit  lorsque  l’eau  cesse  d’être  laiteuse  et 
qu  il  ne  passe  plus  d’huile  essentielle. 

Les  premières  portions  de  liqueur  qui  distillent  sont 
blanches,  laiteuses,  et  quelquefois  sans  couleur.  Cela  dé- 
pend de  la  maniéré  dont  on  a administré  le  feu.  Cetto 
première  portion  est  très  aromatique:  elle  est  chargée 
d’une  grande  quantité  d’esprit  recteur  qui  fait  fonction  de 
liqueur  spiritueuse,  et  dissout  une  portion  de  l’huile  essen- 
tielle qui  l’unit  à l’eau,  et  lui  donne  la  couleur  laiteuse. 
Lorsque  cette  liqueur  s’élève,  il  se  dégage  une  prodigieuse 
quantité  d’air  et  de  vapeurs  très  raréfiées  qui  feraient 
rompre  le  récipient,  si  on  le  lutoit  trop  exactement.  Im- 
médiatement après  cet  esprit  recteur , il  s eleve  des  vapeurs 
qui  se  condensent  dans  le  chapiteau  de  l’alambic  et  dans 
le  serpentin,  et  viennent  se  rassembler  dans  le  récipient 
Cette  liqueur  est  blanche,  laiteuse  : elle  entraîne  avec  elle 
une  certaine  quantité  d’huile  essentielle  qui  se  sépare  ef 
vient  nager  sur  l’eau  distillée.  On  continue  la  distillation 
jusqu’à  ç«  que  cçtte  huile  cesse  de  passer-,  alors  ou  la  sé- 


'3~>6  i I.  I M t N T $ T)  E P lt  A R Vl  A C t t. 

pare  en  versant  toute  la  liqueur  à plusieurs  reprises,  dans 
un  entonnoir  de  verre  qu’on  bouche  avec  un  doigt:  ou 
laisse  couler  l’eau  dans  une  bouteille  : lorsque  l’huile  est 
rassemblée,  on  la  met  à part  dans  un  flacon  qu’on  bouche 
bien  , c’est  ce  que  l’on  nomme  huile ^essentielle  de  thym. 
Il  reste  dans  l’alambic  la  décoction  de  la  plante  : on  peut, 
si  l’on  veut,  la  passer  et  la  faire  évaporer  jusqu’à  consis- 
tance d’extrait  : c’est  ce  que  l’on  nomme  extrait  de  thym . 

On  prépare  de  la  même  maniéré  toutes  les  huiles  essen- 
tielles des  végétaux  et  de  leurs  parties:  ou  les  distille  à 
feu  nud  , même  les  Heurs  les  plus  délicates , quoique  quel- 
ques personnes  recommandent  de  distiller  les  fleurs  ail 
bain-marie.  J’ai  remarqué  que  la  chaleur  étant  moins  forte, 
on  tire  une  moindre  quantité  d’huile  essentielle  , et  que 
celle  qu’on  obtient  est  plus  fluide:  d’où  il  arrive  qu’elle 
se  mêle  en  plus  grande  quantité  avec  l’eau  qui  distille. 
Cette  manipulation  est  néanmoins  très  bonne,  lorsqu’on 
• se  propose  d’employer  l’eau  distillée  aux  usages  de  la  Mé- 
decine , parcequ’elle  est  alors  plus  chargée  d’esprit  recteur; 
mais  l’huile  essentielle  s’en  trouve  considérablement  dé- 
pourvue. 

Remarques. 

L’esprit  recteur  ou  le  gaz,  qui  s’élève  dans  les  premiers 
instants  de  la  distillation,  se  raréfie  beaucoup  : il  se  dé- 
gage en  même  temps  que  l’air  contenu  dans  i’eau  et  dans 
les  plantes:  ce  qui,  dans  les  commencements  de  la  dis- 
tillation, occasionne  la  rupture  du  récipient,  lorsqu’on 
n’a  pas  conservé  un  petit  trou  pour  faciliter  la  sortie  et  la 
condensation  d’une  partie  de  cet  air  et  des  vapeurs. 

L’eau  qui  distille  avec  les  huiles  essentielles  est  saturée 
. d’esprit  recteur  : elle  est  très  efficace  pour  l’usage  de  la  Mé- 
decine. C’est  à la  faveur  de  cet  esprit  recteur,  ou  de  ce 
gaz  , que  ces  eaux  aromatiques  sont  blanches  et  laiteuses  : 
il  sert  d’intermede  à unir  en  quelque  maniéré  une  partie 
de  l’huile  essentielle  à l’eau  distillée.  On  ne  tire  d’huile 
essentielle  qu’autant  qu’il  reste  d’huile  que  l’esprit  recteur 
ne  peut  tenir  en  dissolution  dans  l’eau.  Lorsque  l’eau  qui 
distille  cesse  d’être  laiteuse , il  ne  passe  plus  pour  l’ordi- 
naire d’huile  essentielle;  c’est  à cette  marque  qu’on  re- 
corinoît  qu’il  faut  cesser  la  distillation.  J ai  remarque  ce- 
pendant que  la  plupart  des  végétaux  qui  abondent  en 

huile 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  33^ 

linile  essentielle  en  fournissent  encore  , même  après  quo 
eau  ne  passe  plus  laiteuse;  on  l’obtient  en  augmentant 

I le  fei!’  0,1  ne  <lt>u  F»n‘  mêler  cette  derniere  huile  avec  la 
première,  parcequ’elle  est  entièrement  privée  d’esprit  rec- 
teur, et  qu  elle  est  moins  odorante,  moins  fluide,  et  qu'elle 
a une  forte  odeur  empyreumatique.  Les  plantes  desquelles 
J ai  tire  cette  seconde  huile , sont  le  tliyin  , le  romarin,  la 
sabme,  îa  lavande.  Vraisemblablement  tous  les  végétaux 

qui  fournissent  beaucoup  d’huile  essentielle,  sont  dans  le 

îiicme  cas.  Cette  seconde  huile  essentielle  n’a  point  été  re- 
marquée par  Boerhaave , ni  par  Hoffmann  , qui  ont  beau- 
coup travaillé  sur  celte  matière 

l.’nnion  de  l'huile  esseutiell'e  à l'eau,  par  l’intermedo 
de  espnt  recteur , n est  pas  bien  intime:  lis  huiles  essen- 
telles  s en  séparent  au  bout  d’un  certain  temps;  quelques 
lies  ans  espace  de  quelques  mois  , et  d’autres  après 
quelques  années,  comme  celles  d’hyssope,  de  lavande  de 
romarin  , de  menthe , de  rue,  de  Sabine,  etc.  11  y a lk  « 

C présumer  que  la  séparation  4e  ces  huiles  vient  de  la 
dissipation  de  l’esprit  recteur,  qui  se  fait  au  travers  de» 
bouchons,  et  du  degré  de  fermentation  que  ces  eaux 
ép'ouvent  quelque  temps  après  qu’elles  sont  distillées  Ces 
eaux  deviennentalors parfaitement  claires  et  transparentes- 
elles  laissent  déposer  des  matières  mucilagineuses  comme 

vellTrTv  ,u  1 riT  i,10'l0,eS:  U à F°r°s  de  le’s  renôù! 
vener  avant  qu  elles  parviennent  a cet  état. 

orsqu’on  distille  les  plantes  aromatiques,  à dessein 

i::cz:r  huUr  esrtieilés’ n ^Lt  ^ Ltz. 

p urs  ticdc  1 eau  du  réfrigérant,  parvenue , lorsqu’on  ra- 
haiclut  entière, ne. it  et  subitement  le  chapiteau  de  l’alam- 
b c’  le  (roid  se  communique  jusqués  dans  l’intér-nr  ’a 
cucurbite  , la  distillation  l'arrête  en  grau  le  par k “w,?,:  * 
essentielle  cesse  de  monter  sur  le  champ  , J elle  ne ^ 
monce  a distiller  que  lorsque  l’eau  du  réfrigérant  a accmis 
mi  certain  degré  rte  chaleur.  11  u’en  est  pa!  de  même'dn 
serpuitm;  la  fraîcheur  de  i’eau  qu’il  contient  ne  se  com 
m nuque  ,amais  jusques  dans  l’alambic  : on  peut  lorsoiriil 

Se  T'"’ rafraîd,ir  Subit— serpentin  'Ly  ^ 

3 ‘ re"f«™e  ne  rétrogradent  jamais;  mais  lorsqu’on  , 
lie  une  huile  essentielle  qui  a la  propriété  de  se  fhtr  nar 
le  froid  , comme  1 huile  d’jnis  , par  exemole  • Il  n v ? { ? 

p0“U  r‘,traidlir  entièrement  ni  l’eau  du  serpentin  ni 


^ r, 


DD  O 


éléments  de  pharmacie. 


l’eau  du  réfrigérant,  et  de  l’entretenir  toujours  tiede  , sans 
quoi  l’h Lille  , en  se  figeant,  bouclieroit  le  serpentin  et  le 
feroit  crever  avec  danger. 

Quoique  les  fleurs  des  plantes  liliacées  ne  fournissent 
pas  d’huile  essentielle  par  la  distillation,  ce  n est  pas  une 
raison  pour  conclure  qu  elles  n en  contiennent  pas.  nous 
croyons  qu’elles  en  contiennent;  mais  elle  est  si  fugace, 
qu’elle  se  dissipe  toute  en  gaz  incoercible  , et  même  en 
esprit  recteur.  On  sait  d’ailleurs  que  ces  fleurs  communi- 
quent leur  odeur  aux  substances  graisseuses  : or  ce  ne 
peut-être  qu’à  raison  de  leur  huile  essentielle  et  de  leur 
résine  odorante.  J’avois  proposé  par  forme  de  conjecture, 
dans  les  éditions  précédentes,  de  tirer  l’huile  essentielle 
des  plantes  inodores , en  les  faisant  distiller  avec  de  i huile 
et  de  l’eau  salée  dans  la  chaudière  pour  bain-marie  ; mais 
l’expérience  m’a  fait  counoitre  que  ce  moyen  est  insuffisant. 

Observations  siir  les  huiles  essentielles. 


Les  huiles  essentielles  sont  des  liqueurs  inflammables, 
qui  faisoiçnt  partie  des  sucs  des  végétaux  d’où  elles  ont 
été  tirées:  c’est  par  conséquent  un  de  leurs  principes  pro- 
chains Le  nom  d 'essentielle  leur  a été  donné  pareequ  odes 
retiennent  toute  l’odeur  de  la  plante.  Les  huiles  essen- 
tielles des  végétaux  doivent  être  considérées  comme  étant 
la  substance  éthérée  des  matières  résineuses:  elles  ont 
aussi  plusieurs  propriétés  des  résines  , et  eltes  enflèrent 
considérablement  des  huiles  grasses,  comme  nous  l avons 
dit  en  comparant  leurs  propriétés  avec  celles  des  huiles 

grasses  tirées  par  expression.  , . 

La  nature,  en  formant  ces  sucs  huileux  résineux  dans 
les  végétaux;  11e  les  a pas  distribués  également  dans  toutes 
les  parties  des  mêmes  plantes  : du  moins  l’expérience  ap- 
prend nue  dans  les  unes  ils  résident  dans  les  fleurs  seule- 
ment, comme  dans  la  lavande;  dans  d’autres,  comme  le 
î omar  in  , l’huile  essentielle  se  trouve  être  contenue  en  plus 

« 1 C*  *11  ..  L .In  m-»  n 1 P /">  'T  I I C O C fl  P Q 


fl 


mde  quantité  dans  les  feuilles  et  dans  les  calices  des 
jieurs  ; ?es  pdlales  ne  fournissent  nue  de  l’esprit  recteur, 
pareeque  la  délicatesse  de  ces  pétales  laisse  dissiper  1 huile 
essentielle  à mesure  qu’elle  se  forme  dans  celte  partie  du 
,-,wtal  ; et  le  peu  de  temps  pendant  lequel  ces  pétales  sont 
en  ri  sueur  ne  permet  pas  à llnule  de  prendre  le  degré  d 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.'  33^ 

Consistance  nécessaire  pour  s’y  fixer  comme  dans  les  autre» 
parties  de  lu  plante. 

Dans  d’autres  végétaux,  l’huile  essentielle  réside  dans 
les  racines,  comme  celles  de  benoîte:  plusieurs  fruits 
comme  les  oranges,  les  citrons , ne  contiennent  de  l’huii© 
essentielle  que  dans  la  partie  jaune  de  leur  écorce. 

Enfin  il  y a d’autres  végétaux  dont  toutes  les  parties 
fournissent  de  1 huile  essentielle,  comme  l'angélique  - 
mais  cependant  la  racine  et  la  semence  en  fournissent  plus 
que  les  feuilles  et  les  tiges.  1 

liseron  trop  long  de  rapporter  toutes  les  variétés  qu’on 
remarque  dans  les  végétaux  sur  la  distribution  inégale  de* 
ce  principe  huileux.  Le  petit  nombre  d’exemples  que  io 
viens  de  donner  est  suffisant  pour  faire  voir  qu’il  est  diffi- 
et  peut-être  impossible,  d’établir  quelques  réglés  géné- 
rales sur  les  parties  des  végétaux  qui  doivent  fournir  l'huile 
essentielle:  il  faut  de  nécessité  les  examiner  toutes  en  par- 
La quantité  d’huile  essentielle  que  les  végétaux  four- 
lussent  n est  jamais  la  même  toutes  les  années  , quoiqu’on 
les  prenne  dans  le  même  état  de  maturité:  ces  différences 

S°™C  M0,"s  ,,’a.vons  fait,  remarquer,  viennent  du  plus  mi 
uu  moins  de  secheresse  des  années. 

Les  plantes,  dans  les  années  où  les  pluies  ont  été  neu 
abondantes,  fournissent  beaucoup  plus  d’huile  essentielle: 
«t  celtes  qu  elles  rendent  est  un  peu  plus  colorée. 

es  unies  essentielles  varient  encore  par  leur  consis- 
ta ce  : es  unes  sont  épaisses  comme  du  beurre  , telles  que 
celles  de  roses,  de  persil,  des  racines  d’énula 
pana  etc.  Les  autres  sont  fluides  , et  conservent  cette  flui- 
di te  tant  qu  elles  n éprouvent  point  d’altération  , comme 
celles  de  thym,  de  romarin  , de  sauge,  de  marjolaine  etc 
D autres,  quoiqu’également  fluides  . sont  susceptibles  dé 
f hger,  ou  plutôt  de  se  cryslalliser  en  totalité,  par  un  froid 
de  huit  degrés  au-dessus  de  la  congélation  : ce  sont  foutes 
les  huiles  essentielles  que  fournissent  les  semences  des 
plantes  ombelhleres , comme  l’anis,  le  fenouil,  i’aneth 
le  cumin , etc.  Ces  lernieres  huiles  perdent  en  vieillis  ni 
la  propmteue  secougeier  par  le  froid.  Nous  en  examine- 
roiis  la  cause  dans  un  instant. 

Toutes  les  huiles  essentielles  des  plantes  de  notre  clirn  if 
SOnt  I>lus  que  l’eau  i elles  nagent  à sa  surfe  T 

Y ij  ’ 


340  ÉLÉMENTS  T)  e pharmacie. 

moins  on  n’en  connolt  point  quant  à présent  qui  soient 
plus  pesantes  que  l’eau  : mais  celles  des  mnticrcs  vegc  a c 
exotiques,  comme  celle  de  girolle,  de  canelle,  de  Çasx 
lignci , de  muscade , de  sassalras  , de  santal  c.tnn  , de  bois 
ri?  Rhodes  etc.  se  tiennent  en  partie  sous  1 eau  , et  elles 
nagent  aussi  quelquefois  à sa  surlace.  Cette  différence : pro- 
vient du  degré  de  chaleur  que  conserve  1 eau  en  disul  an  . 
Lorsqu’elle^ est  chaude  l’huile  nage  , et  elle  va  au  fond 

10,llToufom  des  huUcs  essentielles  ne  leur  est  point  une 
qualité  inhérente, comme  plusieurs  Ghymistcs  ^onl  pense^ 
la  saison  plus  ou  moins  pluvieuse  , ou  la  quantité  il  eau 
employée Fpour  distiller  les  plantes,  peut  apporter  beau- 
coifp  de  variété  à la  couleur  de  ces  bu, les.  El  es  sont  en 
général  moins  colorées  lorsqu'on  distille  les  plantes  avec 

Hfosièurs  Chimistes  disent  que  les  plan  tes  seches  rendent 
plus  d’huile  essentielle  que  les  plantes  récentes:  ils  ont  été 
contredits, mais  sans  qu’on  ait  éclairci  la  p«roU 

même  nuelepeu  d’expériences  faites  a ce  sujet  n ont  pas  etc 

suivieslvectoutlesoincon^aWe 

fait  ces  comparaisons  sur  aes  poius  D eces  de. 

. i „arfoC  «ne  même  spécifier  les  especes  ui. 


^u’iry^drpirsquirendent davantage  d'hui).  essentielle 
lorsqu'elles  ^tmt  seclics,  tandis  que  d autres , contraire  , 

en  rendent  mie  plus  grande  quantité  lorsqu  clics  son 

Cej’ai  pesé  cent  livres  d’origan  ronge  récent  et  bien  en 
J ai  pese  cc  o même  terrein  : je 

fllH,r5  , cueilli  k ' ai  distille  une  part  dans 

lai  V,fX^.heJ  t j'ai  fait  sécher  l’autre  pour  la 
dîX  ir/sLies  ci.;quan>e  livres  de  cet  origan  récent 
ont  rendu  un  g™S™4,,  ^ 5/  cette  même 


tille  es  comme  ci-dessus  avec  c n , rHstilla 


£ Sue  STem'biaMe  à il  ^édente;  ce  qn 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  34 1' 

fait  par  conséquent  deux  gros  seize  grains  d’huile  esseai 
tielle  que  cette  plante  seche  a rendus  de  plus  que  lors- 
qu’elle étoit  fraîche. 

Plusieurs  habiles  Chymistes  , et  particulièrement  Hoff- 
mann , cpii  a beaucoup  travaillé  sur  les  huiles  essentielles , 
recommandent  d ajouter  du  sel  marin  aux  végétaux  qu’on 
distille,  et  qui  loumissent  des  huiles  essentielles  plus  pe- 
santes que  l’eau,  tels  que  le  sassafras  , le  cental  citrin  , 
la  caneile , etc.  Le  but  de  ce  mélange  est  de  donner  à l’eau  , 
contenue  dans  1 alambic,  plus  de  densité,  afin  qu’elle  soit 
en  ( tat  de  recevoir  un  plus  grand  degré  de  chaleur,  et  par 
la  de  volatiliser  plus  facilement  les  huiles  pesantes  qui  se 
bruleroient  au  fond  de  l’alainbicavantqu’ellespussents’éle- 
ver/  Hoffmann  dit  à cette  occasion  que  les  huiles  essentielles 
qu  on  obtient  par  cette  méthode  , sont  plus  ténues  , plus 
belles  , et  qu’on  en  retire  une  plus  grande  quantité.  Cepen- 
< ant  je  n ai  remarqué  aucune  différence  entre  l’une  ou 
1 autre  manipulation  , tant  dans  les  qualités  que  dans  les 
quantités  des  huiles  essentielles  ; ainsi  le  sel  marin  est  ab- 
so  J liment  mutile.  D’ailleurs  , la  plus  grande  pesanteur  spé- 
cifique de  ces  huiles  comparées  à l’eau,  ne  signifie  rien 
par  rapport  à leur  volatilité  : elle  n 'empêche  pas  que  ces 
huiles  ne  s’élèvent  au  même  degré  de  chaleur  où  s’élèvent 
les  autres  huiles  essentielles  , même  les  plus  légères 
parcequ’elles  sont  aussi  volatiles  qu’elles. 

Hoffmann  condamne  , avec  raison  , la  méthode  de 
ceux  qui  prescrivent  d’ajouter  dans  la  distillation  de  ces 
memes  végétaux  , du  sel  alituli,  au  lien  de  se)  marin,  par- 
ceque  le  sel  alxali  décompose  ces  huiles:  il  s’empare  de 
Jeur  acide  , et  les  réduit  en  savon. 

i 

Des  huiles  essentielles  tirées  des  écorces  de  certains  fruits 
eu  prenant  pour  exemple  celle  de  citron . 


, 0n  P"5!*"*  cette  huile  à Paris  en  distillant  les  écorces 
récentes  des  citrons  avec  de  Peau, comme  nous  l’avons  dit 
pour  les  autres  végétaux:  mais  en  Provence  et  en  Portu- 
•gJ  ’ °u  es  dirons  sont  très  communs,  on  on  tire  l’huile 
essentielle  de  deux  manières , c’est-à-dire  , par  distillation, 
et  sans  distillation. 

Pour  tirer  cette  huile  sans  distillation  , on  se  sert  d’une 
V me  remplie  de  petits  clous  , à-peu-près,  semblable  à 

\ iij 


3^2  ÜLÏMKNTS  7>  7 P H À R M A C I !. 

celles  qui  servent  à carder  la  laine  : on  râpe  sur  cette  m a-î 
chine  les  écorces  jaunes  des  citrons,  jusqu’à  ce  qu  elles 
soient  usées  entièrement  : une  grande  partie  de  l’huile 
essentielle  coule  naturellement  ; elle  se  rassemble  dans  une 
rigole  qu’on  a pratiquée  a ce  dessein,  et  on  la  reçoit  omis 
une  bouteille.  Lorsqu’on  a ainsi  râpé  une  certaine  quan- 
tité de  citrons , on  rainasse  1 écorce  divisée,  qui  ressem  e 
à une  pulpe:  on  l’exprime  entre  deux  glaces  pour  taire 
sortir  l'huile  essentielle  qu’elle  contient:  on  la  laisse eclai- 
cir,  et  ensuite  on  la  décante.  Ces  deux  procèdes  iournis- 
v sent  donc  deux  especes  d’huile  essentielle  de  citron.  On 
‘ 61  se  sert  de  cette  huile  pour  enlever  les  taches  de  graisse  sur 
les  étoffes;  mais  il  faut  observer  de  n’employer  que 
l’huile  de  citron  distillée,  pareeque  celle  qui  na  point 

subi  la  distillation  graisse  l’étoffe.  _ 

On  prépare  également  desdeux  maniérés  1 huile  essentielle 
des  écorces  de  cédrat,  de  bergamote , à' orange  & de  limette. 
Les  huiles  essentielles  préparées  sans  distillation  sont  un 

. I • ^rlânr  rdlic  finilC 


peu  m tains  fluides” mais  êlïes  ont  une  odeur  plus  agréableque 
celles  distillées',  parcequ’elles  n’ont  rien  perdu  de  leur 

1 h . • nn'nilifCf 


esprit 


V>Cli\io  UloLlllCCO  j uai  — , < ^ 

recteur.  Comme  elles  retiennent  une  petite  quantité  de  mu- 
cilage , elles  se  conservent  moins  long-temps  que  celles  qui 
en  ont  été  privées  par  la  distillation. 


Rectification  des  huiles  essentielles. 


Les  huiles  essentielles  , de  même  que  les  huiles  gra  sses  , 
sont  composées  d’acide , d’eau  , de  terre  et  du  principe  in- 
flammable ou  phlogistique.  Les  différentes  proposions 
de  ces  substances  donnent  toutes  les  diflérences  qu  on 
remarque  entre  les  huiles.  Le  principe  salin,  dans  les 
huiles  essentielles , paroit  être  i.thniment  plus  developp# 

que  dans  les  huiles  tirées  par  expression  : c est  a ta  uo 

Jn:t  attribuer  la  saveur  caustique  et  brûlante  ries  -S 

e tn  è les  Leur  principe  inflammable  est  auss.  dans  ,m 

f ie  dits  les  huiles  grasses  : la  portion  la  plus  tenue  de  ce 
Principe  se  dissipe  au  bout  d’un  certain  temps;  elle  emporte 
fvêc  éne  presque  toute  l’odeur  des  huiles  essent, elles;  la 
portion  qui  reste  , acquiert  une  odeur  rance  ; .ce  qui  «a. 
Su  principe  salin  , qui  se  trouvant  plus  a nu  , ag  t parss» 
moL  sur  les  autres  principes,  qu.  ne  sont  plus  dans  des 


ELEMENTS  DE  P H A P,  M A fi  I E,  3/f3 

proportions  assez  grandes  pour  contrebalancer  son  action. 
L’odeur  des  huiles  essentielles  s’anéantit  même  entière- 
ment au  bout  de  quelques  années  : les  huiles  s’épaissisent 
en  totalité,  et  d autres  en  partie  seulement:  ces  dernières 
déposent  au  fond  des  bouteilles  une  matière  résineuse  do- 
la  consistance  et  d’une  odeur  fort  approchante  de  celle  de 
la  leiobenlhine  ; tandis  que  l’huile  essentielle  qui  surna,re 
paroît  n’avoir  rien  perdu  de  sa  fluidité.  Cette  résine  se  dis- 
sont  dans  l’huile  essentielle  lorsqu’on  vient  à l’agiter;  elle 
ne  s en  séparé  pins,  et  accéléré  considérablement  sa  défec- 
tuosité. Les  huiles  essentielles  des  semences  des  plantes 
ombe  11  flores,  Parvenues  a ce  degré  d’altération  , ne  sont  plus 
susceptibles  de  se  cristalliser  par  un  froid  léger  comme  au- 
paravant. 

Les  huiles  essentielles  légères  des  plantes  de  notre  climat, 
comme  celles  de  thym,  de  romarin,  de  sauge,  d’estra- 
gon , etc.  éprouvent  les  changements  dont  nous  venons 
de  parler,  infiniment  plus  promptement  que  les  huiles  pe- 
santes de  candie  , de  girofle  , de  sassafras  , etc.  On 
s apperçoit  du  commencement  de  l’altération  de  ces  huiles 
par  la  couleur  jaune  qu’elles  font  prendre  aux  bouchons 
de  h ego  qui  bouchent  les  bouteilles,  comme  le  fait  l’acide 
nitreux  : on  s’en  apperçoit  aussi  par  l'altération  qu’elles 
occasionnent  aux  papiers  colorés  qui  coëffent  les  bouteilles 
J ai  eu  souvent  occasion  de  vérifier  ces  observations  qui 
sont  de  Geoffroy  , Apothicaire. 

Les  huiles  essentielles  devenues  rances , et  qui  ont  perdu 
en  ierement  leur  odeur,  ne  peuvent  plus  la  recouvrer  par 
la  rectification  ordinaire,  pareequ’efles  sont  alors  privées 
, 0111  -ni  espiit  lecteui . Cependant  il  y a des  moyens  de 

leur  rendre  toutes  leurs  propriétés  , comme  nous  allons  le 

«lue  en  parlant  des  difïérentes  manières  dont  on  procédé  u 
leur  rectification.  1 

■°.  On  met  dans  un  grand  alambic  l’imite  essentielle 
<1  oïl  veut  rectifier,  celle  de  romarin  , par  exemple,  avec 

ouamvh- 6 ^ mème  r'fl,e  r<5cente’  et  une  suffisan te 

l'avnh  ]'  °aU  m"  pr°Cede  à 13  <Ustil!at!o"  comme  nous 
avons  j, t précédemment  ; l'huile  essentielle  gâtée  par  vé- 

ti  te  se  rectifie  ; elle  se  sature  d’une  nouvelle  quantild  d'es- 

nit  lj'CJUrf\et  e s’t!cve  avec  l’huile  essentielle  que  fonr- 
P-mte  verte.  Cette  maniéré  de  rectifier  les  huiles 
sscnticües  est  préférable  à Lûtes  celles  qu’on  peut  ima-i- 

Y iv 


344  T,  LÉMÎKTS  DE  PHARMACIE. 

ncr  ; l’huile  essentielle  est  entièrement  renouvellée.' 

2°.  Lorsque  les  huiles  essentielles  ne  sont  pas  dans  un 
état  de  défectuosité  , tel  que  celui  que  nous  venons  de  sup- 
poser, et  qu’on  veut  les  rectifier , seulement  pour  les  rendre 
plus  tenues,  ou  pour  les  débarrasser  de  leur  couleur  , 
comme  l’huile  d’absinthe , par  exemple  , on  met  cette  huile 
dans  une  cornue  de  verre  que  l’on  place  dans  le  bain  de  sable 
d’un  fourneau  : on  adapte  un  récipient  au  bec  de  la  cornue  , 
et  on  procédé  à la  distillation  par  une  chaleur  modérée  , 
et  à-peu-près  semblable  à celle  de  l’eau  bouillante.  L’huile 
essentielle  qui  passe  est  limpide  et  presque  sans  couleur. 
On  cesse  la  distillation,  lorsqu’on  s’apperçoit  qu'elle  com- 
ïnence  à se  colorer,  et  que  celle  qui  reste  dans  la  cornue  , 
est  devenue  épaisse  comme  de  la  térébenthine.  On  serre 
l’huile  rectifiée  dans  un  flacon  de  crystal  qui  bouch® 


bien. 


v- 1 1 • 

11  reste  dans  la  cornue  une  matière  résineuse  épaisse  , 
qu’on  rejette  comme  inutile. 

On  rectifie  de  la  même  maniéré  toutes  les  huiles  essen- 
tielles qui  ont  besoin  de  l’être. 

Toutes  les  huiles  essentielles  diminuent  considéra- 
blement pendant  leur  rectification,  les  unes  d’environ  un 
tiers  , et  d’autres  davantage;  cela  dépend  de  l’état  de  dé- 
périssement où  elles  se  trouvent  lorsqu  on  les  rectifie  . <n 
général  on  en  retire  d’autant  moins  , qu’elles  sont  plus 

altérées  par  vétusté.  . 

Chaque  fois  qu’on  rectifie  une  huile  essentielle  quel- 
conque , il  y a une  partie  qui  se  décompose;  ce  qu’on 
Teconnoît  facilement  par  le  résidu  qui  reste  au  fond  de  la 
cornue  , et  par  la  petite  quantité  d'eau  acide  qui  se  trouve 
dans  le  récipient , sous  l’huile  rectifiée.  Ce  principe  n’étoit 
nullement  apparent  avant  qu’on  soumît  l’huile  essentielle 
à la  rectification  : il  doit  sa  séparation  à quelque  portion  de 
phlogis tique  qui  s’est  dissipée  pendant  la  rectification  , et 
qui  a quitté  le  principe  aqueux.  Si  l’on  faisoit  distil.cr 
ainsi  un  grand  nombre  de  fois  une  même  quantité  d’huile , 
on  la  réduiroit  toute  en  eau  et  en  matière  résineuse;  si  1 on 
distilloit  ensuite  celte  matière  résineuse  , on  la  réduiroit  en 
charbon  :ce  charbon  , brûlé  à l’air  libre,  se  réduit  ensuite 

en  terre. 


Lorsqu’on  veut  que  les  huiles  essentielles  se  conservent 
le  plus  long- temps  qu’il  est  possible  en  bon  état,  il  taut  le* 


ÉLÉMENTS  D E P H A H M A C I F. 

renfermer  dans  des  flacons  de  crystal , bouchés  aussi  de 
crystal  ; tenir  les  flacons  entièrement  pleins,  du  moins 
autant  qu’on  le  peut;  ne  les  déboucher  que  le  moins  sou- 
vent qu’il  est  possible,  et  les  placer  dans  un  endroit  frais. 

Des  huiles  essentielles  falsifiées  , et.  fies  moyens 
cle  reconnoitre  ces  falsifications. 

Un.  Apothicaire  11e  doit  employer  que  les  huiles  essen- 
tielles qu’il  a préparées  lui-mèine,  ou  du  moins  qui  ont 
été  préparées  par  des  gens  qu’il  connoif  pour  être  exacts. 
Presque  toutes  celles  qui  sont  cheres,  et  qui  nous  sont  en- 
voyées par  les  étrangers,  sont  mélangées;  les  unes  avec 
des  huiles  essentielles  de  moindre  valeur  , les  autres  avec 
des  huiles  essentielles  d’autres  substances  , et  auxquelles 
on  a lait  perdre  leur  odeur  en  les  exposant  à Pair  , ou  en 
les  laissant  vieillir  ; d’autres  avec  des  huiles  grasses  , comme 
sont  celles  d’olives  , d’amandes  douces  , etc.  et  d’autres 
enfin  avec  de  l’esprit  de  vin. 

Celles  sujettes  a etre  mêlées  avec  des  huiles  grasses  , sont 
celles  de  canelle,  de  girofle,  de  macis,  de  muscades,  de 
sassafras , de  bois  de  Rhodes,  etc.  Ces  huiles  nous  viennent 
par  la  Hollande,  elles  coûtent  moins  que  celles  qu’on  pré- 
pare soi-ineme  : c est  ce  qui  est  cause  que  peu  d’artistes 
se  donnent  la  peine  de  les  préparer.  Voici  le  moyen  de 
reconnoitre  ces  fraudes.  i°.  On  imbibe  un  morceau  de 
papier  blanc  d’une  de  ces  huiles,  et  on  le  fait  chauffer  ié- 
gM' ment;  1 huile  essentielle,  étant  volatile,  se  dissipe  en 
entier  , et  laisse  le  papier  pénétré  par  l’huile  grasse  , qui 
ne  peut  se  dissiper  de  la  même  maniéré.  Lorsque  l’huile 
essentielle  est  pure  , le  papier  reste  parfaitement  sec  , 
blanc  , et  ne  paroit  nullement  avoir  été  mouillé  par  de 

1 huile  ; en  un  mot , on  peut  écrire  dessus  comme  aupara- 
vant. r 

En  distillant  au  bain-marie  ces  huiles  falsifiées , la 
poriion  d’huile  essentielle  passe  dans  la  distillation  , et 
1 huile  grasse  reste  au  fond  cl u vaisseau,  parcequ’elle  ne 
peuL  s clever  au  degré  de  chaleur  de  l’eau  bouillante. 

Quelques  personnes  croient  qu’on  peut  falsifier  les  huiles 
essentielles,  en  mettant  des  huiles  grasses  dans  l’alambic 
avec  les  végétaux  qu’on  distille  ; mais  c’est  une  erreur.  La 
chaleur  de  l’eau  bouillante  n’est  pas  suffisante  pour  faire 
eiever  les  huiles  gesses  pendant  la  distillation,  et  l’huile 


i 


34-6  ELEMENTS  PE  P "H  ARM  A C.  I JE. 

essentielle  des  végétaux  n’en  volatilise  aucune  portion, 
comme  je  m’en  suis  assuré  par  l'expérience.  Enfin  , on  ne 
tire  pas  plusd’huile  essentielle, quesî  l’on  n’eût  point  ajouté 
d'huile  grasse,  ainû  cette  espece  de  falsification  n’est  point 
à craindre. 

Plusieurs  parfumeurs  vendent  pour  huiles  essentielles  de 
lavande,  de  thym  , de  marjolaine,  etc.  l’infusion  de  ces 
fleurs  et  plantes  dans  les  huiles  grasses  : mais  on  peut  re- 
connoitre  ces  Iraudes  par  les  moyens  dont  nous  venons  de 
parler;  et  encore  en  les  mêlant  avec  de  l’esprit  de  vin  , elles 
se  troublent  et  elles  se  précipitent  au  lien  de  se  dissoudre. 

Presque  toutes  les  huiles  essentielles  céphaliques  , 
comme  celles  de  thym,  de  romarin,  de  sauvage  , de  la- 
vande, de  marjolaine,  de  polium , etc.  et  les  huiles  essen- 
tielles carminatives , comme  celles  d’anis,  de  fenouil,  de 
cumin  , de  carvi , etc.  sont  sujettes  à être  mêlées  avec  de 
l'essence  de  térébenthine  très  rectifiée.  Il  y a des  gens  qui 
mettent  même  cette  derniere  huile  essentielle  dans  l’alam- 
bic avec  les  plantes  afin  que  . distillant  en  même  temps 
que  les  huiles  essentielles,  elles  se  rectifie  en  se  mêlant 
avec  elles.  Cette  fraude  est  difficile  à reconnoitre  lorsque 
l’essence  de  térébenthine  est  bien  rectifiée.  Cependant  il 
est  possible  de  s’en  appercevoir  en  imbibant  un  linge  de 
ces  huiles  essentielles  falsifiées.  On  les  laisse  à Pair  pendant 
quelques  heures:  l’odeur  aromatique  des  huiles  essentielles 
des  plantes,  étant  plus  volatile,  se  dissipe  la  première,  le 
linge  reste  imprégné  de  l’odeur  de  l’essence  de  térében- 
th  ine.  L’affmitéde  l’essence  de  térébenthine  avec  ceshuiles 
est  si  grande,  qu’il  est  absolument  impossible  de  les  sé- 
parer i’une  de  l’autre;  on  ne  peut  tout  au  plus  que  recon- 
noître  la  fraude. 

Les  huiles  essentielles  céphaliques  dont  nous  venons  de 
parler,  ainsi  que  celles  de  citron,  de  cédrat,  de  berga- 
mote, d’orange,  de  limette,  etc.  sont  encore  sujettes  à 
être  falsifiées  avec  de  l’esprit  de  vin  , en  place  d’essence  de 
térébenthine.  Cette  falsification  altéré  infiniment  moins  les 
huiles  essentielles.  On  la  reconnoît  en  les  mêlant  avec  de 
l’eau  : le  mélange  devient  blanc  et  laiteux  sur-le-champ  ; 
l’esprit  de  vin  s’unit  à l’eau  , et  l’huile  essentielle  vient  na- 
ger a la  surface;  on  la  peut  séparer  par  le  moyen  d’un  en- 
tonnoir, et  la  rectifier  comme  nous  l’avons  dit  précédem- 
ment. Ou  peut  encore  verser  dans  un  tube  de  verre  un  poids 


i lImîXTS  DK  PHARMACIE.  3zj7 

donné  de  l’huile  essentielle  qu’on  soupçonne  être  alongée 
par  de  l’esprit  de  vin  : on  ajoute  de  l’eau  : on  agite  Je  mé- 
lange : on  le  laisse  s’éclaircir  : on  décante  l’huile:  on  la 
pose  ; ce  dont  elle  se  trouve  etre  diminuée,  est  la  quantité 
ci  esprit  de  vin  qu’elle  contenoit  qui  s’est  mêlée  à l’eau. 

A l’égard  de  celles  qui  sont  altérées  par  le  mélange 
d’une  huile  essentielle  de  peu  de  valeur,  dont  on  a laissé 
perdre  l’odeur,  il  n’est  pas  possible  d’en  reconnoîlre  la  fal- 
sification , si  ce  n’est  par  leur  odeur,  qui  est  toujours  plus 
foible  que  celle  des  huiles  essentielles  non  altérées. 


Observations  sur  la  quantité  d'huile  essentielle  quon 
tire  de  plusieurs  végétaux. 

Nous  ajoutons  a la  suite  de  tout  ce  que  nous  avons  dit 
sur  les  huiles  essentielles  , nos  observations  sur  un  certain 
nombre  de  végétaux  , relativement  à la  quantité  d’huile 
essentielle  qu’ils  fournissent.  J’aurois  désiré  que  ces  obser- 
vations hissent  plus  nombreuses,  afin  de  pouvoir  établir 
quelques  principes  généraux  sur  cette  matière;  ce  qui  ne 
manqueroit  pas  de  donner  beaucoup  de  comioissances 
sur  la  végétation  en  général.  Je  suis  persuadé  qu’on  ob- 
serveroit  que  plusieurs  plantes  qui , dans  certaines  années, 
ont  fourni  davantage  d’huile  essentielle  dans  leur  état  de 
fraîcheur , que  lorsqu’elles  étoient  desséchées,  fourniroient 
au  contraire,  dans  d’autres  années,  plus  d’huile  essen- 
tielle , étant  distillées  dans  cet  état  de  sécheresse  , que  dis- 
tillées dans  leur  état  de.  fraîcheur,  Quoi  qu  il  en  soit , je 
pense  que  le  peu  d’observations  que  je  rapporte  sur  cette 
matière  , sera  toujours  lort  utile  a ceux  qui  ont  occasion 
de  travailler  sur  le  même  sujet,  il  est  intéressant  pour  ceux 
qui  ont  besoin  de  préparer  des  huiles  essentielles,  de  savoir 
a-peu-près  ^nubien  chaque  plante  en  fournit. 

Je  dois  encore  observer  que  toutes  les  fois  qu’on  distille 
une  plante  pour  en  tirer  l’huile  essentielle,  on  en  obtient 
toujours  davantage,  tontes  choses  égales  d’ailleurs,  lors- 
qu’on en  distille  beaucoup  à la  fois.  J l y a des  plantes  qui 
en  contiennent  si  peu  , qu’on  ne  recueille  point  d’huile 
essentielle,  lorsqu’on  les  distille  eu  petite  quantité. 

hi  I on  distilloit  la  même  plante  dans  différents  états  de 
maturité,  séchée  et  non  séchée,  on  observeroit  que  le 
temps  de  la  floraison  ne  seroit  pas  toujours  le  plus  ayan- 


/ 


348  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

tageux  pour  distiller  toutes  les  plantes  : il  y en  a qui  four- 
niroient plus  d’huile  avant  la  floraison,  tandis  que  d’autres 

r*  • • l \ 


en  fourniroient  davantage  après 


J 


Absinthe.  Vingt-cinq  livres  de  grande  absinthe  ont 
fourni,  au  mois  de  Juillet  1769,  dix  gros  d huile  essen- 
tielle. 

Au  mois  de  Juillet  1766,  cent  soixante  livres  de  la 
même  plante  ont  rendu  cinqonceset  demie  d hune  essen- 
tielle : l'été  étoit  très  pluvieux.  Par  proportion  au  produit 
de  l’année  17 69,  j’aurois  dû  tirer  onze  onces  cinq  gros 
d’huile. 

Dans  le  même  mois  de  Juillet  17 66,  sept  cents  c.ouze 
livres  d’absinthe  semblable , en  fleur  comme  la  précédente  , 
m’ont  rendu  vingt  onces  d huile  essentielle  , au  lieu  de 
trente  cinq  onces  cinq  gros  que  j’aurois  dû  tirer,  propoi- 
tionnellement  au  produit  de  l’année  1759.  . 

L’huile  essentielle  d’absinthe  est  ordinairement  d une 
couleur  verte  très  foncée:  elle  est  moins  fluide  que  la  plu- 
part des  autres  huiles  essentielles  : sa  couleur  vient  d’un 
principe  résineux  qu’elle  enleve  par  la  distillation. 

Aneik.  Soixante  livres  d’aneth  récent,  distillées  au  mois 
de  septembre  1 7 63  , m’ont  rendu  une  once  et  demie  o hui  e 

essentielle  , d’une  légère  couleur  citrine.  ^ 

Quatre  livres  de  semences  d'aneth  seches  m ont  fourni 
deux  onces  d’huile  semblable  à la  précédente,  mais  plus 

odorante.  ... , 

Viimt  livres  de  semences  d' aneth  recentes,  distiLées  au 

mois  d’octobre  1700,  m’ont  rendu  douze  onces  d huile 

essentielle  blanche  et  très  fluide. 

Ariis.  Huit  livres  de  semences  d’anis  nouveau  , distillées 
au  mois  de  mars  17Û0  , m’ont  rendu  deux  onces  six  gros 
d’huile  essentielle.  Dans  une  autre  opération,  et  a la 
meme  dose,  en  me  servant  de  l’eau  de  la  duj.  dation  pre- 
cedente , j’ai  tiré  trois  onces  et  demie  tPhujle  essentielle. 
Au  mois  de  janvier  1761  , j’ai  distillé  seize  nvres  c e paier- 
ies semences  nouvelles  , et  j’en  ai  tiré  sept  onces  d huile 
essentielle.  Cette  huile  se  crystali.se  a une  température  de 
dix  degrés  au-dessus  de  la  congélation -.lorsque  par  vétusti 
elle  commence  à rancir,  elle  perd  la  propriété  de  se  crys- 

Ul[fiolsde  Rhodes.  Quatre-vingts  livres  de  bois  de  Rhodes  * 
distillées  en  une  seule  fois  , m’ont  fourni  neuf  gros  u nuiift 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  3^ 

essentielle,  légère,  un  peu  jaune,  et  d’une  odeur  admira- 
ble. Dans  une  semblable  opération,  une  pareille  quantité 
de  même  bois,  mais  mieux  choisi,  c’est-à-dire  pins  dur 
et  plus  résineux,  m’a  rendu  deux  onces  d’huile  semblable 
à la  précédente. 

Les  Hollandois  préparent  une  huile  de  bois  de  Rhodes 
avec  de  l’huile  grasse,  dans  laquelle  ils  font  infuser  du  bois 
de  Khodes  râpé.  D’autres  préparent  cette  huile,  en  mêlant 
à de  l’huile  d’olives  la  portion  d’huile  qui  sort  la  première 
du  bois  de  Rhodes  , losqu’on  le  distille  à sec  dans  une 
cornue  : mais  toutes  les  huiles  de  Rhodes  qui  nous  vien- 
nent de  Hollande,  sont  absolument  mauvaises,  et  n’ont 
aucune  ressemblance  avec  celle  dont  nous  parlons,  si  ce 
n’est  par  le  nom  seulement. 

Camomille  romaine.  Quatre-vingt-deux  livres  de  fleurs 
de  camomille  , récentes  et  mondées  de  toute  herbe  , dis- 
tillées au  mois  de  Juillet  1766,  ont  rendu  treize  gros  d’huile 
essentielle,  d’une  belle  couleur  bleue.  Huit  jours  après, 
j’ai  distillé  une  pareille  quantité  de  heurs  récentes , et  ( gaie- 
ment mondées  : j’ai  tiré  dix-huit  gros  d’huile  essentielle  , 
semblable  à la  précédente.  Dans  cette  seconde  distillation , 
je  me  suis  servi  de  l’eau  provenant  de  la  distillation 
précédente.  L’été  de  celte  année  a été  très  pluvieux. 

J'ai  mis  eu  distillation  quatre-vingt  livres  de  queues 
séparées  des  fleurs  ci-dessus  , qui  11’ont  fourni  qu’un  demi- 
gros  d’huile  essentielle  , d’une  couleur  citrine. 

La  plupart  des  Chymistes  qui  ont  préparé  de  l’huile 
essentielle  de  camomille,  disent  que  dans  notre  climat 011 
ne  peut  I obtenir  bleue,  comme  avec  les  fleurs  de  cette 
même  plante  cultivée  dans  les  pays  chauds.  D’autres  Chy- 
mistes  prétendent  que  cette  couleur  vient  du  cuivre  de 
l’alambic  dans  lequel  on  la  prépare.  Mais  je  puis  assurer 
le  contraire  : j’ai  préparé  celle  de  notre  climat  dans  un  alam- 
bic d’étain  ; elle  11’eri  a pas  été  moins  bleue  : ce  n’est  qu’au 
bout  des  deux  années,  que  sa  couleur  à commencée  à 
changer,  et  quelle  est  devenue  un  peu  verdâtre.  J’ai  préparé 
cette  même  huile  dans' des  années  seches  : elle  étoit  d’une 
couleur  citrine  , quoiqu’elle  fût  distillée  dans  un  alambic 
de  cuivre  , bien  étamé  à la  vérité.  Je  pense  que  la  couleur 
de  cette  huile  lui  vient  d’un  principe  résineux  verd,  qui 
est  contenu  dans  celte  Heur  en  très  grande  quantité  , 
lequel  monte  en  partie  avec  huile  essentielle  pendant  la 


o5o  éléments  de  pharmacie. 

distillation.  Mais  cette  couleur  disparoît  entièrement  art 
bout  de  quelques  années  , et  l’huile  devient  d’une  couleur 
ambrée. 

Carielle.  La  canelle  ordinaire  fournit  une  si  petite 
quantité  d’huile  essentielle  , qu’on  a été  obligé  de  renoncer 
à la  préparer  en  Europe  , à cause  de  sorr  prix  excessif.  Douze 
livres  et  demie  de  canelle  rendent  une  eau  très  odorante  , 
qui  contient  ordinairement  depuis  quelques  gouttes,  jusqu’à 
un  gros  d’huile  essentielle,  blanche,  fluide,  d’une  odeur 
agréable-,  en  un  mot,  cette  huile  n’a  aucune  ressemblance 
avec  celle  que  préparent  les  Hollandois  , parcequ’ils  n® 
l’envoient  jamais  pure,  mais  au  contraire  toujours  falsi- 
fiée. 

Il  y a une  espece  de  canelle  qu’on  nomme  cassia  lignea 
fin,  pour  le  distinguer  d’une  grosse  écorce  plus  brune  que 
la  canelle  , et  qu’on  nomme  aussi  cassia  lignea  : celui 
dont  nous  parlons  ressemble  très  fort  à la  canelle  ; il  a 
beaucoup  moins  d’odeur.  J’ai  tiré  de  douze  livres  et  demie 
de  cette  espece  de  cassia  lignea , deux  gros  et  demi  d’huile 
si  semblable  à celle  de  la  canelle  ordinaire,  qu’il  n’étoit 
pas  possible  de  la  distinguer. 

Comme  la  canelle  fournit  très  peu  d’huile  essentielle  , 
quelques  personnes  croyoient  que  toute  la  canelle  qui  est 
dans  le  commerce  avoit  été  distillée  par  les  Hollandois , pro- 
priétaires du  pays  où  elle  croît,  mais  on  a reconnu  le  con- 
traire. Il  étoit  plus  simple  d’imaginer  qu’il  devoit  y avoir 
dans  le  pays  quelques  autres  substances  qui  appartiennent 
au  canellier  , et  qui  fournissaient  davantage  d'huile  que 
la  canelle  elle  - même  ; on  bien  qu’il  croissoit  d’autres 
substances  végétales  du  genre  du  canellier  et  de  la  canelle, 
propres  à fournir  une  plus  grande  quantité  d’huile  sembla- 
ble à celle  qu’on  tire  de  la  canelle  : cette  idée  vient  d’èlre 
confirmée  par  les  faits.  Depuis  quelques  années  ou  nous 
apporte  des  Indes  une  écorce  épaisse  d’environ  six  ou  huit 
lignes,  d’une  couleur  et  d’une  odeur  semblables  à celles 
de  la  canelle  ordinaire  : cette  écorce  étant  mafliée  est  in- 
finiment plus  piquante  que  ta  canelle;  mais  elle  se  délaie 
dans  la  bouche,  et  y laisse  une  arriere-saveur  mucilagi- 
neuse.  On  prétend  que  cette  matière  est  la  première  écorce 
de  l’arbre  qui  produit  la  canelle. 

Soixante  et  quatorze  livres  de  cette  espece  de  canelle  ^ 
m’ont  rendu  vingt  onçes  six  gros  d huile  essentielle  ci- 


*-l  f* 

35 1 


ÉLÉMENTS  Ti  E PHARMACIE. 

trine  , d une  oiteur  plus  suave  et  plus  franche  que  toutes 
les  huiles  de  caaelle  qui  nous  viennent  de  Hollande  et 
ne  différent  pas  beaucoup  de  celle  qu’on  tire  de  la ’ca- 
nelle  ordinaire.  Dans  une  autre  opération  soixante-deux 
livres  de  même  canelle  m’ont  rendu  treize*  onces  six  iiros 
d’huile  essentielle  semblable.  b 

L'huile  essentielle  de  canelle  est  plus  pesante  que 
1 eau  ; elle  se  tient  dessous.  Comme  elle  est  précieuse  , on 
aime  à lavoir  entièrement  séparée  de  toute  l’eau  avec 
laquene  elle  a distillé,  mais  sans  déchet  ; ce  qui  est  assez 
dit ii cile.  J ai  imaginé  d’exposer  celle-ci  à un  froid  de  six 
degres  au-dessous  Je  la  glace;  l’eau  a gelé  entièrement  ; 
elle  doit  adhérente  au  flacon,  tandis  que  l’huile  ne  J ’étoit 
pas;  je  lai  décantée,  et  par  ce  moyen  je  l’ai  privée  de 
toute  Humidité , sans  aucune  perte.  J’observerai  à cette 
Occasion  que  lorsque  cette  huile  éprouve  un  froid  de  huit 
degrés  au-dessous  du  terme  de  la  glace  , elle  s’épaissit,  se 
fige  un  peu  , et  se  crystalhse  en  partie. 

Depuis  quelques  années,  on  a introduit  dans  le  com- 
merce la  graine  du  caneÙier  ; j’ai  obtenu,  de  dix  livres 

de  cette  graine,  une  once  d’huile  essentielle  semblable  à 
fa  precedente. 

Ca/Vi-  mois  d’avril  i'Ç9,  j’ai  distillé  six  livres  de 
semences  de  carvi  nouveau  , sans  être  pilé  : j’ai  obtenu 

quatre  onces  et  demie  d’huile  essentielle  presque  sans  cou- 
leur. 1 

Cltro*f-  Dix-livres  de  zestes  de  citrons  ont  rendu  deux 
onces  d .unie  essentielle  d’une  légère  couleur  citrine. 

Coriandre  Cent  soixante  et  quatre  livres  de  seinem’es  de 
conande  seche , distillées  en  deux  fois,  au  mois  de  juin 

la7°j  p,n  tourai  c!lU  onces  quatre  gros  d’iiuile  essentielle 
xiLude  legerement  citrine. 

Cube  b es  ou  poivre  à queue . Douze  livres  et  demie  do 
cette  grame,  m’ont  rendu  deux  onces  et  un  gros  d’huile 
essentielle  , d’une  légère  couleur  verte  , n’ayant  presque 
point  d odeur  : cette  huile  n’est  point  fluide  comme  les 
auties  huiles  essentielles  : elle  a une  consistance  à-peu-nrès 
semblable  à celle  de  l’huile  d’amandes  douces.  ? 1 

Vm^  'ivres  (ie  ^mences  de  cumin  nouveau  , 

,7d,.’  °m  ,enJu  ^ouze  oiues 

u',  essentielle,  legerement  cifrme. 

J^uiula  camp  u a a . Douze  livres  de  cette  racine  récente, 


^52  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

distillées  en  une  seule  fois  au  mois  de  septembre  1760,' 
m’ont  rendu  un  demi-gros  d'huile  essentielle  , qui  s’est 
cristallisée  bien  facilement. 

' Fenouil . Six  livres  de  semences  de  fenouil , distillées  en 
line  seule  fois,  au  mois  de  mars  1760,  m’ont  fourni  deux 
onces  d’huile  essentielle. 

Au  mois  de  juillet  17 66,  j’ai  distillé  en  une  seule  fois 
soixante  et  quinze  livres  de  semences  de  fenouil , qui  m’ont 
rendu  trente  onces  d’huile  essentielle  ; cela  fait  par  propor- 
tion cinq  onces  d’huile  que  j’ai  tirées  de  plus  : cette  diffé- 
rence vient  de  ce  que  cette  derniere  opération  a cté  faite 
plus  en  grand  ; ce  qui  est  toujours  plus  avantageux. 

L’huile  essentielle  de  semences  de  fenouil  se  crvstallise 
comme  celle  de  semence  d’anis  ; mais  elle  ne  commence 
à le  faire  que  par  un  froid  de  cinq  degrés  au-dessous  de 
la  glace. 

Fleurs  de  noix.  Cinq  livres  de  fleurs  de  noix  , distillées 
au  mois  d’avril  1759  , m’ont  rendu  vingt  grains  d’huile 
essentielle,  d’un  blanc  mat  comme  de  la  cire  blanche,  sans 
odeur,  et  ayant  la  consistance  <3ju  beurre. 

Fleurs  d’oranges.  Soixante-douze  livres  de  ces  fleurs  , 
récentes  et  bien  fraîches , distillées  au  mois  de  juillet  1 j ; d , 
m’ont  rendu  une  once  six  gros  d huile  essentielle  pailaite- 
ment  blanche  , sans  couleur  : le  temps  qui  a précédé  a été 
froid  et  pluvieux. 

Ou  donne  à cette  huile  essentielle  le  nom  de  neroLi.  hile 
est  bien  différente  pour  la  pureté  et  pour  l’odeur  de  celle 
du  commerce  , a laquelle  on  donne  le  meme  nom. 

Genievre . Les  baies  de  genievre  varient  beaucoup  par 
rapport  à la  quantité  d’huile  essentielle  qu’elles  fournis- 
sent : cela  dépend  du  degré  de  maturité,  et  même  des 

Quarante-trois  livres  de  genievre  distillées  au  mois  de 
novembre  1759,  et  peu  avant  sa  maturité,  n’ont  rendu 
qu’un  gros  d’huile  essentielle,  tandis  que  dix  livres  de 
genievre  de  la  même  année  , mais  cueilli  beaucoup  plus 
tard  ont  rendu  quatre  gros  d huile  essentielle.  _ 

Au  mois  de  janvier  1764  , j’ai  distillé  deux  septiers  de 
oenievre,  mesure  de  Paris,  qui  m’ont  fourni  dix-neut 
onces  d’huile  essentielle  légèrement  citrme.  _ 

En  1760,  au  mois  de  décembre,  deux  septiers  de  ge- 
nievre pesant  ensemble  deux  cents  cinquante  sept  1VQS> 


^lémints  t>  t phumack;  353 

m’ont  rendu  une  livre  huit  onces  six  gros  d’huile  essentielle 
très  belle.  J’ai  distillé,  au  mois  d’octobre  1 773,  un  setier  de 
genievre  qui  pesoit  cent  quarante-quatre  livres;  j’ai  obtenu 
seize  onces  d’huile  essentielle,  très  lluide  et  légèrement 
ambrée.  . D 

f Au  1110IS  (îe  novembre  17 j5  , deux  seliers  de  genievre 
ïecent , pesant  deux  cents  trente-six  livres,  distillés  en, 
quatre  fois,  m’ont  rendu  deux  livres  d’huile  essentielle* 
orsqu  011  ne  pile  pas  un  peu  les  baies,  011  tire  presqu» 

les  deux  tiers  de  moins  d’huile.  / 


Hysope.  Vingt  livres  d’hvsope  en  fleurs,  distillées  an 
mois  de  juillet  i757,  m’ont  rendu  six  gros  d’huile  essen- 
tielie , d une  légère  couleur  ambrée. 

Quatre-vingt-une  livres  d’hysope , pareillement  en  fleurs 
et  recente,  distillées  au  commencement  de  juillet  1769* 
mont  fendu  deux  onces  cinq  gros  vingt-quatre  grains 
(1  il  Lille  essentielle  de  couleur  ambrée» 

J ai  fait  sécher  quatre-vingt-dix-huit  livres  de  la  mêm» 
plante, cueillie  eu  même  temps  que  la  précédente,  quiétant 
iechees  , se  sont  trouvées  peser  soixante-trois  livres;  j’ai 
distille  ces  soixante-trois  livres  d’hysope,  qui  m’ont  fourni 

, eux  ollce«  trois  gros  et  demi  d’huile  essentielle,  semblable 
a la  precedente  , mais  plus  colorée. 

Luvande.  Quinze  livres  de  fleurs  de  lavande,  distillées 
au  mois  d août  i752,  en  une  seule  fois,  ont  rendu  cinq 

onces  et  demie  d’huile  essentielle,  d’une  légère  couleur 
citrine.  D 


Trente-quatre  livres  de  fleurs  de  lavande,  distillées  au 
mois  de  juillet  i?63,  ont  rendu  sept  onces  d’huile  essen* 
tielie,  d une  légère  couleur  citrine. 

Quatre-vingts  livres  des  mêmes  fleurs,  distillées  au  mois 
d août  de  la  meme  année,  ont  rendu  une  livre  neuf  onces 

coideureSSentie  le>  semblableà  la  Précédente  et  delà  même 

Cinq  livres  de  queues,  parfaitement  exemptes  de  fleurs. 

6 ni  °nt  fourni  flue  quelques  gouttes  d’huile  essentielle. 

JllanTette  ?u  ?’;aine  dG Paradis,  Vingt-cinq  livres  de 
te  gi aine,  distillées  au  mois  d’octobre  1764,  m’ont 

et  drmi  d’!Ulile  essentielle-  Cette  «raine  est 
Marjolaine,  Cent  cinquante  livres  de  cette  plante  4 


354  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

récente  et  en  fleurs,  distillées  au  mois  de  juillet  1760 , on£ 
fourni  quinze  onces  d’huile  essentielle  , un  peu  citrine. 

D’une  autre  part,  j’ai  fait  sécher  trente  livres  de  cette 
même  plante,  cueillies  le  même  jour  et  dans  le  même 
terrains  : elles  se  sont  réduites  à huit  livres  quatorze  onces 
par  la  dessiccation  ; j’ai  distillé  ces  huit  livres  quatorze 
onces  de  plantes  ainsi  séchées  ; elles  m’ont  rendu  deux 
onces  deux  gros  d’huile  essentielle  , absolument  semblable 
à la  précédente.  11  résulte  de  ces  expériences  , que  cette 
plante  séchée  a rendu  six  gros  d’huile  de  moins  que  n’en 
auroient  rendu  trente  livres  de  la  même  plante  récente. 

Au  mois  d’août  1766  , j’ai  pareillement  distillé  cent 
livres  de  marjolaine  récente  et  en  fleurs  : je  n’ai  obtenu 
que  quatre  onces  d’huile  essentielle  semblable  aux  précé- 
dentes. 

Au  mois  de  juin  1769,  cent  cinquante-six  livres  de 
marjolaine  en  fleurs  et  récente  rn’ont  fourni  trois  onces 
cinq  gros  d’huile  essentielle. 

Matricaire.  Cinquante-six  livres  de  matricaire  en  fleurs , 
distillées  au  mois  de  septembre  17 63,  rn’ont  fourni  une 
once  et  demie  d’huile  essentielle , d’une  légère  couleur 
citrine. 

Menthe  de  jardin . Quatre-vingt-seize  livres  de  menthe 
de  jardin,  distillées  au  mois  d’aout  1763,  ont  rendu  une 
once  d’huile  essentielle,  d’une  légère  couleur  rouge. 

Mille-feuille.  Soixante  et  douze  livres  de  mille-feuille 
en  fleurs,  distillées  au  mois  de  septembre  1760,  n’ont 
point  rendu  d’huile  essentielle  ; l’eau  avoit  beaucoup  d’o- 
deur, et  elle  étoit  un  peu  blanche  laiteuse.  . 

Myrte.  Dix  livres  de  feuilles  de  myrte  m’ont  rendu  un 
gros  d’huile  essentielle  un  peu  verte. 

Origan  blanc.  Cent  cinquante  livres  d’origan  blanc  , ré- 
cent et  en  fleurs,  distillées  au  mois  de  juillet  1760,  m’ont 
rendu  quinze  onces  d’huile  essentielle  un  peu  citrine,  mais 

très  fluide. 

j’ai  fait  scchei*  trente  livres  de  la  meme  plante,  qui  se 
sont  réduites  j huit  livres  quatorze  onces  après  la  dessicca- 
tion *r  je  les  ai  soumises  a la  distillation  avec  de  1 eau  puie  . 
je  n’ai  obtenu  que  deux  onces  deux  gros  d’huile  essentielle, 
semblable  à la  précédente , au  lieu  de  trois  onces  que  j’au- 
rois  dû  tirer  : c’est  par  conséquent  six  gros  d’huile  essen- 
tielle qui  s’est  dissipée  pendant  la  dessiccation  de  la  plante» 


iL^MENTJ  B E PHARMACIE.  355 

Au  mois  ci-août  t773  , j’ai  distillé  en  une  seule  fois 
soixante-huit  livres  d’origan  blanc,  récent  et  bien  en  Heurs 

qui  m ont  rendu  deux  onces  et  demie  d'huile  essentielle  un 
peu  ambrée.  • ucue  uu 

, °riSan .muëe-  Cinquante  livres  d’origan  à fleurs  rouges  ■ 
recent  et  bien  en  fleurs,  distillées  au  mois  d'août  t fôt’ 
en  une  seule  lois  , ont  rendu  un  gros  cinquante-quatre 
grains  d hiule  essentielle,  d’une  légère  couleur  rougeâtre. 

une  autre  part  j’ai  fait  sécher  cinquante  livres  du 
meme  origan  , cueilli  en  même  temps  et  dans  le  mémo 
rram,  lorsqu  il  a été  suffisamment  sec,  je  l’ai  distillé 

tic  lie'. 16  S6U  * l0‘S’  ,ai  obtenu  1uatre  8ros  d’huile  essen- 

Persd.  Soixante  livres  de  persil , presque  en  fleurs 

m ont  fourni  quatre  gros  d’huile  essentielle  très  verte  et 
de  la  consistance  du  beurre.  ’ 

Ravme  Sara.  Quinze  livres  d’écorces  du  bois  de  ravine 
sara  concassé,  distillées  au  mois  de  janvier  ,77f 
rendu  deux  onces  d huile  essentielle  de  couleu/citr ne  I a 
plus  grande  partie  de  cette  huile  se  tient  sous  i’eau  et 
1 autre  surnage.  Cette  huile  se  crystallise  par  un  froid’ do 
seize  degres  au-dessous  de  la  glace.  Cette  écorce  fournit 
beaucoup  d esprit  recteur.  L’eau  qui  a passé  avec  I’h„h„ 

essenüelle  au  commencement  de  la  distillation , étoit  très 
blanche  et  laiteuse.  * ^ 

Jr  Vi»gt-mre  livres  de  cette  plante  récente,  prise  en- 
tre fleurs  et  grau, es  , distillées  au  mois  d’août  iTf  !” 

m ont  rendu  qu’un  gros  d’huile  essentielle.  Mais  dix  fl’vres 
de  semences  de  la  même  plante  m’ont  rendu  deux  onces 
d huile  essentielle  semblable  à la  précédente. 

, JiomarLn-  Vingt-quatre  livres  de  feuilles  de  romarin  i 
récentes  , distillées  en  une  seule  fois  au  mois  de  mars 

i/j8,  mont  rendu  une  once  d’huile  essentielle,  d’une 
couleur  ambrée.  , * un® 

Roses  pâles.  Quatre-vingts  livres  de  roses  pâles  avec 
leur  calice,  distillées  au  mois  de  juin  i 771  m’ont  fnn  • * 

un  gros  d’huile  essentielle , d’une  légère  couleur  de  rose  et 

ros!f  ° TT  dl*  beurre’  Lorsq»’on  sépare  lee  calices  des 
roses,  on  tire  beaucoup  moins  d’huile,  et  elle  n’est  pas  me  ! 

la  ,Sbt  thh,e:  ,U  ‘IS  P°1SSem  WS  à la  maniéré  de 
w Z ij 


56  ÉLÉMENTS  D B PHARMACIE. 

Sabine.  Six  livres  de  sabine  récente , distillées  au  moi^ 
de  septembre  1760  , mont  rendu  quatre  gros  d’huile 
essentielle. 

Vingt-trois  livres  de  sabine  récente  , distillées  au  mois 
d’août  1757,  m'ont  rendu  quatre  onces  et  demie  d’huil® 
semblable. 

Quatre-vingt-huit  livres  de  sabine  récente  , distillées  au 
mois  de  mai  1769 , temps  sec , m’ont  rendu  dix-huit  onces 
d’huile  essentielle  , très  légèrement  ambrée. 

Au  mois  de  mai  de  la  même  année , soixante-dix-huit  li- 
vres de  sabine , prises  dans  un  autre  terrain  et  distillées  , ré- 
centes , m’ont  rendu  vingt  onces  deux  gros  d’huile  essen- 
tielle semblable  à la  précédente. 

Au  mois  de  novembre  1773,  cent  cinquante  livres  d« 
sabine  récente,  distillées  en  deux  fois  , m’ont  fourni  deux 
livres  cinq  onces  et  demie  d’huile  essentielle. 

Sassafras.  Soixante  livres  de  sassafras,  coupées  mehu; 
ont  rendu  dix  onces  et  demie  d’huile  essentielle,  d’une 
couleur  ambrée. 

D’une  pareille  distillation , en  me  servant  de  1 eau  de 
la  distillation  précédente  , j’ai  tiré  de  la  même  quantité 
du  même  bois  douze  onces  et  demie  d’huile.  Dautres 
fois  j’ai  tiré  treize  onces  et  demie,  et  treize  onces  cinq 
gros  d’huile  essentielle  semblable. 

Dans  u fi 6 autre  distillation , j ai  ajoute  a soixante  livres 
de  sassafras  , douze  livres  de  sel  marin  ; et  me  servant  de 
l’eau  des  distillations  précédentes  , je  n’ai  obtenu  qu  onze 
onces  d’huile  essentielle. 

L’huile  essentielle  de  sassafras,  cômme  celles  tirees  des 
matières  exotiques,  se  tient  en  plus  grande  partie  sous 
l’eau  et  l’autre  surnage;  mais  si  l’eau  est  un  peu  trede, 
toute  l’huile  surnage. 

Sauge.  Quarante-six  livres  de  grande  sauge  en  llems, 
distillées  au  mois  de  juillet  1763  , ont  rendu  deux  onces 
et  demie  d’huile  essentielle  d’une  légère  couleur  ci  truie. 

Quarante-huit  livres  de  la  même  plante  en  fleurs , dis- 
tillées au  mois  de  juillet  1765,  ont  fourni  trois  onces 
d’huile  essentielle , semblable  à la  précédente. 

Au  mois  de  juin  1767,  j’ai  distillé  cent  soixante-huit 
livres  de  grande  sauge,  qui  ne  m’ont  rendu  que  deux  on- 
ces trois  gros  d’huile  essentielle.  Le  printemps  av oit  et e 
fort  pluvieux,  même  jusqu’au  moment  ou  j ai  lait  cetto 
derniere  distillation. 


iÉL^MENTS  DE  PHARMACIE?  3 5 J 

Serpolet.  Trente  livres  de  serpolet  récent,  en  fleurs, 
distillées  au  mois  d’août  1763  , ont  fourni  un  demi- 
gros  d’huile  très  colorée,  tirant  sur  le  rouge.  Cette  plante 
est  très  aromatique  ; cependant  elle  rend  bien  peu  d’huile 
essentielle  : il  y a lieu  de  présumer  qu’elle  en  fourniioit 
davantage,  si  on  la  faisoit  dessécher  avant  de  la  distiller. 

Tanaisie.  Soixante  et  douze  livres  de  tanaisie  en  fleurs,’ 
distillées  au  mois  d’août  1760,  ont  fourni  une  once  et 
demie  d’huile  essentielle,  d’une  légère  couleur  citrine. 

Cinq  cents  vingt  livres  de  tanaisie  bien  en  fleurs  ré- 
centes, distillées  en  septfois,  aux  mois  de  juillet  et  d’août 
1769,  m’ont  fourni  vingt-six  onces  quatre  gros  d’huile 
essentielle  légèrement  ambrée.  Le  temps  qui  avoit  précédé 
la  cueillette  avoit  été  très  sec. 

Les  huiles  essentielles  ont,  en  général,  les  vertus  des  Vertu* 
plantes  qui  les  ont  fournies:  c’est  pourquoi  il  seroit  in-  feess(.hui" 
utile  et  trop  long  de  parler  de  leurs  vertus  l’une  après i’au-  «entiel- 
tre.  Nous  ferons  observer  seulement  que  les  vertus  des  les., 
huiles  essentielles  sont  plus  marquées  et  dans  un  plus 
grand  degré:  elles  sont'en  général,  actives,  pénétrantes, 
et  elles  agissent  plus  promptement  et  plus  puissamment 
que  les  plantes  d’où  on  les  a tirées  : il  faut  par  conséquent 
éviter  de  les  faire  prendre  seules;  elles  s’attachent  à la 
gorge,  occasionnent  des  picotements  , des  chaleurs  exces- 
sives , et  même  des  ampoules.  Plusieurs  de  ces  huiles  sont 
même  caustiques  , appliquées  à l’extérieur,  et  font  l’effet 
d’un  vésicatoire:  tel(es  sont  les  huiles  légères  des  plantes 
céphaliques  indigènes , comme  l’huile  essentielle  de  thym, 
desauge  , de  marjolaine,  etc. 

La  dose  est  depuis  une  goutte  jusqu’à  huit.  Dose; 

» 

Baume  de  Vincegucre , de  Laictoure  ou  de  Condom: 

C’est  un  mélange  d’huiles  essentielles , ou  une  mix- 
tuie,  et  non  un  baume;  sa  dénomination  est  impropre. 

Nous  verrons  dans  une  autre  occasion  quels  sont  les  mé- 
dicaments qui  doivent  porter  le  nom  de  baume. 

If*  Huiles  essentielles  rectifiées  de  lavande, 

de  térébenthine , 
de  pétrole, 
de  genievre , 
de  girofle , 

Ziij 


358  Eléments  de  pharmacie. 

5 luiles  essentielles  rectifiées  de  macis , 


Camphre  , - 

Safran  pulvérisé , Ç aa* 
AIusc  , ^ 

Ambre  gris  pulvérisé  , 5 


acis,  7 __  , 

de  muscade,  yua  * ' J h* 
de  benjoin  rectifiée  , . 5 h» 


aa. 


^ *• 
5 1° 


5 fi.1 


On  met  toutes  les  huiles  essentielles  dans  un  flacon 
qui  bouche  bien  : on  ajoute  les  autres  substances  : on 
fait  digérer  ce  mélange  à la  chaleur  du  soleil , pendant 
trois  ou  quatre  jours  , en  l’agitant  de  temps  en  temps  : 
on  le  laisse  déposer , et  on  le  conserve  sur  son  marc  : on 
est  dans  l’usage  de  ne  le  donner  jamais  trouble. 

Plusieurs  Pharmacopées  prescrivent  de.  la  poudre  de 
crapaud  dans  la  recette  de  ce  baume  : mais  cette  substan- 
ce animale  , outre  qu’elle  repeigne  à bien  du  monde  , 
ne  peut  communiquer  aucune  vertu  à ce  baume: 'c’est 
pour  ces  raisons  que  je  la  supprime  de  ce  mélange.  On 
croit  communément  que  le  crapaud  résiste  au  venin,  et 
qu’il  a la  propriété  de  chasser  le  mauvais  air  ; mais  ce  sont 
des  vertus  que  les  anciens  lui  ont  attribué  gratuitement. 

Vertus.  Le  baume  de  Vinceguere  est  réputé  très  bon  pour  pu- 
rifier P air  pestiféré  et  pour  se  préserver  des  maladies  con- 
tagieuses : on  le  flaire  de  temps  en  temps  , et  on  en  fait 
brûler  un  peu  dans  la  chambre  qu’on  occupe;  pris  inté- 
rieurement , il  est  sudorifique:  il  est  bon  dans  les  fievrea 
malignes,  dans  la  peste,  dans  la  petite  vérole,  la r«u geôle: 
mais  c’est  lorsqu’il  convient  d’exciter  la  transpiration  y 
de  faire  suer  et  de  ranimer.  Ce  remede  est  fort  chaud. 

Dose.  La  dose  est  depuis  une  goutte  jusqu’à  huit  ou  dix,  en 
bols,  ou  imbibé  dans  un  peu  de  sucre. 

Sur  les  savons. 


Après  avoir  dit  tout  ce  que-  nous,  avons  cru  nécessaire 
sur  les  huiles  essentielles,  et  après  avoir  parlé  de  quelques 
compositions  qui  résultent  de  leurs  mélanges , nous  croyons 
devoir  placer  ici  la  combinaison  de  ces  mêmes  huiles 
avec  LalKali  fixe,  qui  forme  une  espece  de  savon,  auquel 
on  a donné  le  110m  de  savon  de  Starkey , lorsque  ce  com- 
posé est  fait  avec  de  l’huile  essentielle  de  térébenthine. 


ÏLÏMINTS  DK  PH  A RM  A CII<  359 

Cette  espece  de  savon  entre  dans  la  composition  des  pilu- 
les de  Stariœy , dont  nous  parlerons  à l’article  des  pilu- 
les. Mais  pour  bien  entendre  ce  que  nous  avons  à dire 
sui  cette  jnatieie , nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de 
parler  du  savon  ordinaire  qu’on  lait  avec  de  l’huile  d’o- 
lives. 

On  nomme  savon  , en  général,  une  combinaison  formée 
par  l union  d’une  matière  saline  avec  une  huile.  D’après 
cette  déhnition , on  conçoit  qu’il  est  facile  de  faire  des 
savons  avec  des  acides  et  des  huiles;  qu’on  en  peut  pareil- 
lement faire  avec  des  sels  neutres  et  des  huiles.  L’akali 
volatil,  soit  fluor  y soit  concret,  forme  encore  une  autre 
espece  de  savon  : enfin l’akali  fixe,  uni  aux  huiles,  forme 
ie  savon  par  excellence;  et  on  a donné  pareillement  le 
nom  désavoua  tous  les  autres  composés  dont  nous  venons 
de  parler.  Toutes  ces  combinaisons  se  font  tous  les  jours 
dans  les  laboratoires  des  Chymistes;  et  elles  présentent 
des  details  et  des  phénomènes  singuliers,  dans  lesquels 
nous  ne  pouvons  entrer.  La  nature  travaille  continuelle- 
ment à former  ces  especes  de  combinaisons  dans  les 
substances  des  régnés  végétal  et  animal;  et  on  a donné 
a ces  substances  le  nom  île  savon  ou  de  matières  savon- 
neuses , suivant  l’état  où  elles  se  trouvent.  Les ‘sucs 
sucres  , les  extraits,  les  sels  essentiels  des  végétaux,  etc. 
sont  autant  de  matières  savonneuses , composées  de  sels  et 
huiles.  L huile,  dans  toutes  ces  combinaisons,  est  rendue 
miscible  a 1 eau  par  l’intermede  de  la  matière  saline.  La 
saveur  salée  ou  sucrée  des  sels  essentiels  ou  du  sucre  ne 
dérangé  rien  a la  doctrine  que  nous  établissons  sur  cette 
matière  ; ces  saveurs  indiquent  seulement  que  le  principe 
salin  est  dominant.  Nous  ne  parlerons  ici  qûe  des  deux 
especes  de  savon  que  nous  avons  annoncées;  savoir,  le 
savon  blanc  médicinal,  et  le  savon  de  Starxey. 

. Le  savorl  Waiic  se  fait  avec  un  akali  préparé  d’une  ma- 
niéré particulière , et  qu’on  emploie  en  liqueur:  on  nomme 
celte  liqueur  Lessive  causticjue  des  savonniers . 


Lessive  de  savonniers. 

Chaux  vive  

» Soude  d’Alicante,  .... 

Eau, 

' ••••••%< 

Pn  réduit  la  soude  en  poudre  grossks 


. H)  xxij. 

« îb  xv. 

- q.  s. 

on  la  met  dans 

Ziv 


B<5o  JE  L £ M E N T S DE  T*  Vl  A R M A C I E.‘ 

une  grande  marmite  de  fer  avec  la  chaux  : on  verse  par- 
dessus plusieurs  seaux  d’eau  : on  place  la  marmite  sur  le 
ieu  : on  fait  bouillir  le  mélange  pendant  deux  heures,  ayant 
soin  de  le  remuer  souvent  avec  une  spatule  de  fer,  afin  que 
3a  matière  ne  s’attache  point  au  fond  du  vaisseau  : on  filtre 
la  liqueur  au  travers  d’un  linge  tendq  par  les  quatre  coins 
sur  un  châssis  de  bois  : on  met  la  liqueur  à part.  Lorsque 
le  marc  est  suffisamment  égoutté  , on  le  fait  bouillir  une 
seconde  lois  dans  de  nouvelle  eau  de  riviere pendant  encore 
deux  heures  : on  filtre  la  liqueur  de  nouveau  , et  on  fait 
bouillir  le  marc,  mais  moins  long-temps  , encore  une  fois 
ou  deux  , dans  de  nouvelle  eau  chaque  fois,  afin  d’être  sûr 
«d’avoir  dissous  toute  la  matière  saline.  On  réunit  toutes  les 
liqueurs,  et  on  les  fait  évaporer  jusqu’à  la  réduction  d’en- 
viron vingt  à vingt-cinq  livres.  Pendant  cette  première  éva- 
poration , la  liqueur  se  trouble  beaucoup  : elle  laisse  déposer 
«de  la  terre  et  des  pellicules  de  chaux  : on  la  laisse  un  peu 
se  refroidir,  et  on  la  filtre  sur  un  ou  plusieurs  entonnoirs 
de  verre,  garnis  chacun  d’un  filtre  de  papier-,  ensuite  ou 
la  remet  sur  le  feu  jusqu’à  ce  qu’elle  soit  parvenue  à un  tel 
degré  de  concentration  , que  onze  gros  de  cette  liqueur 
remplissent  une  bouteille  qui  tient  juste  huit  gros  d’eau.' 
AlovS  on  tire  le  vaisseau  hors  du  feu  , et  lorsque  la  liqueur  est 
Tefroidie,  on  la  serre  dans  des  bouteilles  : c’est  la  lessive 
propre  à former  du  savon , et  qu’on  nomme  lessive  des 
savonniers. 

De  la  quantité  d’ingrédients  exprimés  ci-dessus  on  tir» 
ordinairement  dix-sept livres  de  lessive. 

Remarques. 

» 6 ; ” , , 

Nous  avons  recommandé  de  prendre  de  la  chaux  vive; 
cependant  si  l’on  n’en  avoit  que  d’éteinte  à Pair,  on  pour- 
roit  l’employer  avec  autant  de  succès;  il  faudroit  seulement 
observer  de  tiercer,  ou  même  de  doubler  la  dose,  a pro- 
portion du  temps  qu’elle  auroit  été  à l’air,  et  de  l'humi- 
dité dont  elle  se  seroit  chargée.  Au  reste  , il  y a bien  de 
la  marge  dans  la  proportion  de  chaux  que  nous  pi  est  li- 
rons : quand  même  on  en  meltroit  quelques  livres  de 
*noins,  la  lessive  n’en  seroit  pas  moins  bonne;  mais  il  est 
toujours  plus  sûr  de  s’arranger  de  maniéré  qu  il  se  îjouvo 
en  chaux  éteinte  j lorsqu  ou  ne  peut  pas  faire  autrement y 


ELEMENTS  DE  P H A R MA  Cl  E.  36l 

une  quantité  propre  à remplacer  la  même  dose  en  chaux 
vive,  portée  dans  la  recette. 

A l’égard  de  la  soude , il  convient  de  faire  choix  de  celle 
qui  nous  vient  d’Alicante,  parcequ’elle  contient  beaucoup 
d'aïoli  marin  : les  autres  soudes  qui  n’en  contiennent  pas 
autant  ne  forment  que  du  savon  qui  ne  prend  jamais  une 
bonne  consistance. 

Des  novateurs  en  Chymie  ont  prétendu  de  nos  jours 
que  cet  alKali  ne  doit  sa  causticité  qu’à  la  privation  de  l’air 
lixe  que  la  chaux  lui  a enlevé.  Cette  doctrine  ne  peut  qu’in- 
duire en  erreur;  et  il  est  démontré  que  la  causticité  de  cetta 
lessive  vient  des  parties  de  feu  contenues  dans  la  chaux, 
et  dont  l’alKali  s’est  emparé.  Voyez  ma  Chymie  expéri- 
mentale. 

Savon  blanc  ou  médicinal. 


^ I Tuile  d’olives  fine, viij. 

Lessive  des  savonuiers  ft>  iv. 


On  fait  défiger  l’huile  d’olives  si  elle  est  figée  : on  la  met 
dans  un  mortier  de  marbre  ou  dans  une  terrine  de 
grès:  on  verse  par-dessus  la  lessive  des  savonniers  , pré- 
pane comme  nous  l’avons  dit  ci-dessus  : on  agite  ce  mé- 
lange sans  le  faire  chauffer,  avec  un  pilon  de  bois,  et  l’on 
continue  de  le  remuer  plusieurs  fois  par  jour  , pendant 
environ  six  ou  huit  jours , ou  jusqu’à  ce  qu’il  se  soit  épaissi 
suffisamment  pour  qu’on  puisse  le  distribuer  dans  des 
moules  , sans  craindre  qu’il  se  fasse  de  séparation  : alors 
on  lé  met  dans  des  moules  de  fer-blanc  , en  forme  do 
quarre  long,  semblables  a ceux  qui  servent  aux  biscuits  : 
on  le  laisse  pendant  trois  ou  quatre  jours,  ou  jusqu’à  ce 
que  le  savon  ait  acquis  assez  de  consistance  pour  pouvoir 
sortir  des  moules  : on  pose  les  tablettes  ou  pains  de  savon 
sur  des  clisses  d’osier  blanc  , afin  de  leur  faire  prendre  l’air 
le  plus  qu’il  est  possible,  et  faire  perdre  au  savon  une 
odeur  de  lessive  qu’il  a toujours,  mais  qui  est  beaucoup 
plus  forte  immédiatement  après  qu’il  est  fait.  Lorsque  le 
savon  est  suffisamment  sec,  on  le  serre  .proprement  dans 
nue  boîte. 

Le  savon  fait  la  base  du  remede  de  Stephens  , qu’on 
avoir  regardé  comme  très  propre  à dissoudre  les  pierres 
dans  la  vessie.  Mais  l’expérience  et  l’observation  ont  fait 


362  ÉLÉMENTS  DE  P H A R MAGIE, 
reconnoitre  que  le  savon  peut  seulement , dans  certains 
cas , empêcher  les  pierres  de  grossir,  et  prévenir  leur  for- 

Verttis.  mation  dans  les  personnes  qui  y sont  disposées.  Le  savon 
divise,  atténue  les  matières  épaissies  et  engorgées,  qui 
causent  ordinairement  une  infinité  de  maladies  opiniâtres 
et  des  plus  rebelles.  11  est  un  excellent  fondant,  apéritif 
et  désobstruant.  Il  est  anti-acide,  et  plus  propre  qu’aucun 
autre  médicament  pour  absorber  les  acides  des  premières 
voies.  Le  savon  est  le  meilleur  contre-poison  pour  arrêter 
promptement  les  ravages  des  poisons  acides  , tels  que  le 
sublimé  corrosif,  l’eau-forte  et  autres  de  même  espece. 

Dos*-.  0 11  donne  le  savon  en  pilules,  du  poids  de  quatre  ou  six 
grains,  et  on  prend  depuis  une  jusqu’à  six  de  ces  pilules 
pour  une  prise,  qu’on  réitéré  une  fois  ou  deux  par  jour. 

Remarques. 

Lorsque  l’huile  est  figée,  il  est  très  important  de  la  faire 
défiger,  sans  quoi  la  lessive  des  savonniers  agit  sur  l’huile 
figée  avec  une  telle  activité , que  le  savon  est  fait  en  très 
peu  de  temps;  mais  il  est  si  sec,  qu’il  ne  peut  jamais  se 
lier , ni  devenir  lisse  : il  reste  toujours  en  grumeaux  : c’est 
un  phénomène  singulier  qui  mérite  un  examen  ultérieur. 
Je  pense  qu’à  l’instant  du  mélange,  il  se  fait  un  froid  con- 
sidérable. L’huile  figée  présente  beaucoup  plus  de  surface 
à la  lessive  alKaline:  celle-ci  l’attaque  en  même  temps  dans 
toute  sa  substance  : c’est  ce  qui  est  cause  que  le  savon  se 
fait  si  promptement.  Quoi  qu’il  en  soit,  c’est  un  moyen 
qu’on  peut  employer  pour  unir  à l’alKali  une  bien  plus 
grande  quantité  d’huile  qu’il  n’en  entre  ordinairement  dans 
la  composition  du  savon  : ce  qui  peut  avoir  son  utilité 
dans  la  Médecine  , lorsqu’il  est  nécessaire  de  faire  prendre 
du  savon  à certains  tempéraments  délicats,  qui  ne  peuvent 
supporter  l’acrimonie  de  celui  qui  est  le  mieux  fait,  dans 
les  proportions  ordinaires. 

Lorsqu’on  prépare  le  savon  à froid,  il  est  bien  essentiel 
d’observer  que  la  lessive  akaline  soit  concentrée  au  point 
que  nous  avons  <Rt  : si  elle  l’étoit  davantage  , elle  forme- 
roit un  savon  trop  sec  et  trop  chargéde  inatiere  saline  : il 
seroit  par  conséquent  plus  âcre:  il  est  pareillement  néces- 
saire que  cette  lessive  ne  soit:  pas  moins  concentrée,  par- 
ceque  , comme  on  fait  ce  savon  à froid , il  n’y  a pas  d é- 


jsl£ment5  de  pharmacie.  363 

Vnporation  de  l’humidité  superflue  : il  seroit  alors  trop 
mou , et  ne  prend  roit  jamais  c e consistance  qu’en  le  faisant 
sécher  après  qu’il  seroit  fait. 

Un  moment  après  qu’on  a agité  le  mélange  d’huile  d’o- 
lives et  de  lessive  caustique  , il  s’épaissit  et  devient  d’une 
couleur  blanche  jaunâtre;  cette  consistance  augmente 
d autant  plus  vile,  qu’on  agite  le  mélange  plus  souvent 
et  j)lus  long-temps.  A mesure  que  la  combinaison  s’avance  , 
le  savon  perd  sa  causticité;  mais  ce  n’est  qu’au  bout  de 
douze  ou  quinze  jours  que  la  saveur  est  supportable  : enfin, 
au  bout  d un  mois,  le  savon  n’a  que  la  saveur  qu’il  doit 
avoir.  Ces  observations  sont  importantes,  et  font  voir 
qu’on  doit  , autant  qu’on  le  peut,  n’employer  pour  l’usage 

de  la  Médecine  que  du  savon  fait  au  moins  depuis  quel- 
ques mois.  1 1 

Le  savon  se  fait  à chaud  , dans  les  manufactures  , pour 
1 usage  des  arts,  et  il  se  travaille  dans  des  vases  de  cuivre. 
Les  deux  substances  qui  le  composent  agissent  sur  le  cuî- 
vre  : il  s introduit  de  ce  métal  dans  le  savon;  cela  est  assez 
montèrent  pour  l’usage  auquel  ce  savon  est  destiné  : mais 
il  n en  est  pas  de  même  pour  l’usage  intérieur.  Aussi  on 
remarque  que  e savon  des  manufactures  occasionne  assez 
ordinairement  des  pesanteurs  d’estomac,  des  coliques  et 
des  nausées  : on  doit  attribuer  ces  effets  plutôt  au  cuivre 
dont  il  est  chargé,  qu’au  savon  lui-même. 

L huile  éprouve  fort  peu  d’altération  en  s’ unissant  aux 
aKaiis  piiisqu  on  peut  la  séparer  par  tous  les  acides, 
meme  les  plus  foi  b es  : ces  acides  s’unissent  à l’akali,  avec 
lequel  ds  forment  des  sels  neutres,  et  l’huile  vient  surnager 
le  mélangé  On  remarque  seulement  que  l’huile  , qui  est 
msi  séparce  du  savon  , est  plus  épaisse  qu’elle  n’étoit 

L’akali  qu’on  fait  entrer  dans  la  composition  du  savon: 

auantîfêpeUr’  f COnbent  Par  conséquent  une  certaine 
Lte  if/  ■?  tellement  fait,  retient  toute 

te  eau,  mais  il  s en  évapore  beaucoup  à mesure  nue 
le  savon  se  seche;  et  c'est  pour  cette  raison  nue TonsTe! 
commandons  d’exposer  à l’air  le  savon  après  qu’on  l’a  tiré 
des  moules.  Néanmoins  il  reste  dans  le  sivon  une  ccrta  e 
quantité  d eau  qm  lui  est  essentielle  : c’est  elle  qui  lui 

cuksd  C|Man,C  ,n3t’  Cn  F™  "^rposéLntre  les^oll1 
Itude,  tomme  1 eau  donne  le  blanc  à l’émulsion 


364  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE; 

en  tenant  l’huile  divisée.  Le  savon  ne  peut  perdre  cette 
eau  qu’en  éprouvant  des  altérations  considérables  , puis- 
que , lorsqu’on  le  conserve  à l’air  , et  dans  un  endroit 
chaud  , il  se  desseche  de  plus  en  plus  : il  devient  à demi 
transparent , d’une  couleur  jaunâtre , et  il  acquiert  une 
forte  odeur  rance.  ^ 

Les  moules  de  fer-blanc  dans  lesquels  nous  disons  de 
couler  le  savon,  ont  l’inconvénient  de  se  rouiller  et  de 
donner  une  couleur  de  rouille  au  savon  qui  touche  le  fer- 
blanc-,  on  est  obligé  de  séparer  la  portion  de  savon  salin  , 
ce  qui  fait  un  déchet;  ces  moules  sont  d’ailleurs  détruits 
après  trois  ou  quatre  opérations;  des  moules  de  faïence 
ne  vaudroient  rien,  la  couverte  seroit  enlevée  des  la  pre- 
mière fois  par  l’âcreté  du  savon.  Ceux  de  verre  réussiroient 
mieux;  mais  il  faudrait  que  leurs  bords  fussent  renversés 
pour  pouvoir  ôter  les  pains  de  savon.  11  est  préférable,  à cause 
de  toutes  ces  difficultés , de  couler  le  savon  dans  un  châssis 
de  bois  blanc  quarré,  sans  fond  , placé  sur  une  pierre  de 
grès  ou  de  porphyre  , et  de  laisser  le  savon  prendre  sa 
consistance  dans  cette  situation  : ensuite  on  le  coupe  par 
tablettes  de  la  forme  de  celles  de  chocolat. 

Lorsqu’on  emploie  de  la  lessive  des  savonniers  nouvel- 
lement faite  , le  savon  est  fort  sujet  a etre  par  places  d uno 
couleur  bleue  foncée,  tirant  sur  le  noir,  principalement  en 
dessous;  cette  couleur  est  produite  par  une  matière  phlo- 
gistique , qui  se  dégage  de  la  lessive  caustique  a mesure 
qu’elle  se  combine  avec  l’huile,  et  qui  ne  peut  disparaître 
faute  du  concours  de  l’air;  mais  cette  couleur  se  dissipe  à 
l’air  dans  l’espace  de  quelques  jours  à mesure  que  le  savon 
se  seche.  Lorsque  la  lessive,  caustique  est  laite  depuis 
quelques  années,  cet  effet  n’arrive  pas,  ou  du  moins  anivc 
moins  fréquemment. 

Savon  de  Starkey.' 

Le  savon  de  Staritey  est  la  combinaison  de  l’akali  fixe 
végétal  avec  la  matière  résineuse  de  l’essence  de  térében- 
thine et  un  peu  d’eau. 

On  braie,  sur  un  porphyre,  du  sel  de  tartre  bien  sec  : 
on  ajoute  peu  à peu  deux  ou  trois  fois  son  poids  d’essence 
de  térébenthine  : lorsque  le  mélange  a acquis  la  consistan- 
ce d’un  opiat  mou , on  le  met  dans  une  cucuibite  de 


ÉLÉMENTS  DE  pharmacie;  365 

verre,  que  l’on  couvre  d’un  papier  pour  garantir  la  matiero 
de  la  poussière , et  on  l’exposo  dans  un  endroit  un  peu 
humide.  Au  bout  de  quinze  jours,  on  observe  que  le  mé- 
lange a attiré  considérablement  l’humidité  de  l’air.  La 
portion  de  savon  qui  s’est  formée,  5e  trouve  placée  entre 
deux  liqueurs  différentes  : celle  qui  occupe  le  fond  du 
vaisseau  , est  de  l’aloli  fixe  résous  en  liqueur  : immédia- 
tement au-dessus  de  cette  liqueur  aloline  , se  trouve  le 
savon  de  Starxey , enfin  ce  dernier  est  surnagé  par  une  por- 
tion d’huile  de  térébenthine  , qui  est  quelquefois  rouge  , et 
qui  d’autres  lois  se  trouve  avoir  une  couleur  ambrée. 

On  verse  ce  que  contient  le  vaisseau  sur  un  filtre  de 
papier  , ou  sur  un  linge  un  peu  serré.  La  liqueur  akaline 
et  l’essence  de  térébenthine  qui  ne  sont  pas  combinées , 
passent;  le  savon  reste  sur  le  filtre  : on  le  laisse  égoutter 
pendant  quelques  jours:  on  l’agite  ensuite  dans  un  mortier 
de  marbre,  et  on  le  serre  dans  un  bocal  de  verre  pour 
l’usage. 

Le  savon  de  StarKey  est  apéritif,  vulnéraire:  il  convient  Vertu*, 
dans  les  ulcérés  des  reins  et  de  la  vessie  , dans  les  vieilles 
chaudepisses.  Il  est  un  bon  fondant  des  matières  glaireu- 
ses , et  en  général  des  substances  qui  sont  propres  à for- 
mer la  gravelle  ou  la  pierre.  La  dose  est  depuis  douze  Dose, 
grains  jusqu’à  un  gros. 

On  emploie  encore  le  savon  de  StarKey  à l’extérieur 
avec  succès  dans  les  rhumatismes.  Il  est  un  excellent  ré- 
solutif des  endures  qui  proviennent  de  quelques  humeurs 
de  rhumatismes. 


Remarques. 

Starxey  étoit  un  Alchymiste  angloi's  qui , voulant  tra- 
vailler sur  les  principes  de  Paracelse  et  de  Vanhehnont, 
entreprit  de  volatiliser  les  aïolis  fixes  par  le  moyen  des 
huiles  grasses  et  des  huiles  essentielles  : il  distilloit  cçs 
huiles  avec  les  aïolis  fixes.  Des  différents  mélanges  qu’il 
a faits  sur  cette  matière  , il  a donné  son  nom  au  mélange  ou 
savon  qui  résulte  de  la  combinaison  du  sel  aïoli  avec  l’es- 
sence de  térébenthine.  On  peut  voir  le  détail  de  ses  opéra- 
tions dans  un  ouvrage  aichymique,  qui  a pour  titre  la 
Pyrotechnie  de  Starkey , ou  Y Art  de  volatiliser  les  alkalis 
Selon  les  préceptes  de  Vanhelmont , etc.  Cet  ouvrage  , 


\ 


366  éléments  de  pharmacie. 

comme  tous  les  livres  des  Alclivmistes  , est  fort  diffus  et 
fort  obscur  : tout  ce  qui  reste  dans  l’idée,  après  la  lecture, 
c’est  que  , par  le  moyen  des  huiles  , on  peut  volatiliser  les 
akalis  fixes. 

Le  procédé  de  StarKey  consiste  à mettre  dans  une  cu- 
curbitc  de  verre  de  l’akali  fixe  bien, sec,  et  à verser  par- 
dessus de  l’essence  de  térébenthine  , jusqu’à  la  hauteur  do 
trois  ou  quatre  travers  de  doigt  au-dessus  du  sel:  on  re- 
mue ce  mélange  plusieurs  lois  par  jour,  pendant  six  mois, 
et  on  ajoute  de  temps  en  temps  de  l’essence  dé  térében- 
thine pour  remplacer  celle  qui  s’évapore,  jusqu’à  ce  que 
l’akali  en  ait  imbibé  trois  fois  sa  pesanteur.  StarKey 
prétend  que  ce  mélange  devient  comme  une  crème  blan- 
che savonneuse.  Voyez  l'ouvrage  que  nous  venons  de  citer, 

- page  179. 

J’ai  répété  ce  procédé  plusieurs  fois  ; le  savon  que  j’ai 
obtenu  étoit  d’une  couleur  rousse,  à cause  de  l’action  de 
l’akali  sur  l’huile  de  térébenthine.  De  quatre  onces  de 
sel  de  tartre , et  de  douze  onces  d’essence  de  térébenthine  * 
j’ai  tiré  six  onces  de  savon  de  StarKey , et  deux  onces  d’es- 
sence de  térébenthine  qui  le  surnagoit  : elle  étoit  d’une 
assez  belle  couleur  rouge  transparente  ; je  l’ai  séparée.  Le 
savon  de  StarKey  paroissoit  assez  bien  lié  et  bien  condi- 
tionné. Cependant,  pour  m’assurer  de  sa  perfection,  j’ai 
cru  devoir  lui  faire  subir  l’épreuve  à laquelle  il  doit  abso- 
lument résister  lorsqu’il  est  parfait:  elle  consiste  à exposer 
à l’air  ce  savon , qui  ne  doit  subir  aucun  changement. 
J’ai  donc  exposé  ce  savon  à l’air  : dans  l’espace  de  huit 
jours,  il  s’est  séparé  deux  onces  de  liqueur  akaline  , la- 
ciuelle,  desséchée,  m’a  fourni  quatre  gros  de  sel  akali  hxe. 
C’est  une  portion  d’akali  qui  ne  s’est  point  combinée  ni 
avec  la  matière  huileuse , ni  avec  son  acide  -,  d’ou  il  résulte 
oue  pendant  tout  le  temps  de  la  digestion,  il  s’est  dis- 
sipé huit  onces  d’essence  de  térébenthine  , et  qu’il  n’est 
resté  de  combiné  que  trois  onces  et  demie  d’akali, 
avec  environ  deux  onces  de  la  matière  résineuse  de  l’essen- 
ce de  térébenthine.  Après  ces  dernieres  opérations,  le 
savon  s’est  trouvé  dans  sa  perfection.  De  là  on  pourroit 
croire  que  les  meilleures  proportions  d’huile  de  térében- 
thine et  d’akali  qu’on  devroit  employer,  seroient  celles 
que  nous  trouvons  rester  dans  ce  savon  : mais  on  se  trom- 
peroit  fort  si  l’on.suiyoit  ces  proportions  \ on  obtiendroit 


^L^MINTS  DK  PHARMACIE.  3^7 

moins  (Ig  savon , et  il  se  separcroit  de  meme  une  certain© 
quantité  de  chacune  des  deux  substances. 

L’essence  de  térébenthine,  en  s’unissant  à l’akali  fixe 
souffre  une  véritable  décomposition  : elle  s’épaissit  con- 
sidérablement : le  plus  volatil  se  dissipe  : une  grande  par- 
tie de  l’acide  se  combine  avec  une  portion  de*"  l’akali  et 
ils  forment  ensemble  un  sel  neutre  particulier  qui  se  crys- 
tal lise  : ces  crystaux  restent  dispersés  dans  le  savon  , et  le 
rendent  grenu.  Pendant  le  deliquium  du  savon  , il  se 
mêle  beaucoup  de  ce  sel  qui  est  en  dissolution  avec  la 
liqueur  akaliue.  Par  une  évaporation  spontanée  , j’ai  ob- 
tenu de  la  liqueur  provenant  du  deliquium  , de  très 

beaux  crystaux,  à-peu-près  quarrés  , plats  de  huit  lignes 
de  largeur.  ° 

. ^ visible,  par  tout  ce  qui  vient  d’être  dit , que  l’u- 
nion des  huiles  essentielles  avec  les  akalis  fixes,  est  infi- 
niment plus  difficile  que  celle  de  ces  mêmes  akalis  avec 
les  huiles  grasses.  Les  huiles  essentielles  sojntplus  fluides 
plus  aqueuses,  et  leur  acide  est  plus  développé,  plus 
facile  a se  séparer  : ce  sont  ces  propriétés  qui  mettent  ob- 
stacle a leur  combinaison  savonneuse,  ou  à leur  saponifi- 
cation. llusieurs  Chymistes  se  sont  exercés  sur  cette  com- 
binaison, et  particulièrement  Staahl.  Le  procédé  que  nous 
avons  donné  en  tete  de  cet  article  , est  à-peu-près  celui 
çju  il  recommande  : toute  la  différence,  c’est  que  Staahl 
indique  de  triturer  les  matières  dans  un  mortier  de  marbre 

* T6  JmP,eSCT  de  les  hr°yer  sm  1,11  porphyre.  J’ai  ob- 
se  ve  qu  il  est  plus  expéditif  de  les  broyer  ainsi,  quoique 

cela  réussisse  egalement  bien  dans  un  mortier  de  marbre 

„aahl  recommande  de  dessécher  l’akali  qu’on  a séparé  du 

5*V,?LPpar  C fhTu!un  \ et  de  Ie  combiner  de  nouveau  avec 
de  1 essence  de  térébenthine.  Cette  observatkm  est  bonne - 
elle  procure  un  moyen  d’employer  à la  même  opération 
Ün  a]“li  imprégné  de  térébenthine , qui  seroit  perdu  J ’es 

S •rdinairement  d une  couleur  ambrée  , quelquefois  elle 
esL  d une  couleur  rouge:  on  peut  pareillement  l'emplover à 
a meme  opération.  Sur  une  livre  d’akali  fixeet  vhJt onces 

defi^ 


368  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE* 

D’autres  Chymistes.,  pour  abréger  la  longueur  Je  cettô 
opération,  ont  proposé  le  procédé  suivant,  que  j’ai  répété 
plusieurs  fois  avec  succès.  -'A 

On  fait  fondre  du  sel  akali  dans  un  creuset  : on  le  coule 
dans  un  mortier  de  marbre,  dans  lequel  on  a mis  aupara- 
vant six  ou  huit  parties  d’essence  de  térébenthine  : on 
couvre  sur  le  champ  le  mortier , pour  étouffer  la  flamme 
si  l’essence  de  térébenthine  vient  à s’enflammer.  Le  sel 
akali  se  met  sur  le  champ  en  grenailles  : il  agit  prodigieu- 
sement par  sa  chaleur  sur  l’essence  de  térébenthine  : il 
lui  fait  prendre  en  un  instant  une  couleur  rouge  assez  fon- 
cée. On  triture  ce  mélange  plusieurs  fois  par  jour;  et  l’on 
continue  jusqu’à  ce  que  la  combinaison  soit  faite;  ce  que 
l’on  reconnoit  lorsque  le  savon  a acquis  la  consistance 
d’un  opiat  mon.  Ce  procédé  dure  ordinairement  trois  ou 
quatre  mois  , suivant  le  degré  de  chaleur  qui  régné  dans 
l’atmosphere. 

Quelques  personnes  prescrivent  de  faire  ce  savon  dans 
des  terrines  de  terre  vernissées  , ou  dans  des  écuelles  de 
faïence,  mais  fort  mal  à propos  : l’akali  agit  sur  les  cou- 
vertes de  ces  vaisseaux  , et  les  réduit  en  poudre.  Il  faut 
absolument  un  vaisseau  de  verre  ou  de  marbre,  ou  tout 
autre  vaisseau  qui  ne  soit  point  attaquable  par  l’akali. 

Lorsqu’on  verse  l’akali  en  fusion  dans  l’essence  de  té- 
rébenthine , il  s’élève  une  grosse  fumée  ; mais  il  n’arrive 
pas  d’explosion , comme  lorsqu’on  le  coule  dans  de  l’eau i 
il  arrive  seulement  que  l’essence  de  térébenthine  s’en- 
flamme lorsqu’on  ne  couvre  pas  le  mortier  assez  prompte- 
ment ; ce  qui  n’est  pas  un  grand  inconvénient,  pourvu 
cependant  qu’on  étouffe  la  flamme  promptement. 

Je  ne  me  suis  pas  contenté  des  expériences  et  du  travail 
qu’on  avoit  faits  avant  moi  sur  cette  matière  : j’ai  pareil- 
lement fait  des  recherches  pour  tâcher  d’abréger  une  par- 
tie de  la  longueur  de  cette  opération.  Je  suis  parvenu  à 
mon  but  au  moyen  de  la  porphyrisation  que  j’ai  indiquée  ; 
par  cette  manipulation  j’abrege  considérablement  le  temps. 
C’est  d’après  le  travail  que  j’avois  fait  sur  cet  objet,  que 
j’avois  avancé  , dans  la  première  édition  de  cet  ouvrage, 
page  544 , que  je  donnerai  dans  ma  Chymie  un  moyen  de 
préparer  ce  savon  dans  une  matinée  ; ce  que  Von  ne.  peut 
faire  , quant  à présent , quen  cinq  ou  six  mois , par  tous 
les  procédés  qui  ont  été  publiés.  É11  effet , par  le  procédé 

que 


iLlÉMENTSne  PHARMACIE.  3 6ç) 

que  j'ai  décrit  en  tête  de  cet  article  , on  peut  le  faire 
dans  cet  espace  de  temps;  mais  il  faut,  après  qu’il  esc 
formé,  lui  donner  le  temps  de  se  séparer  d’avec  une  por- 
tion des  substances  qui  ne  se  sont  pas  combinées  : huit 
jours  sont  à-peu-près  suffisants  pour  le  deliquium  dont 
nous  avons  parlé. 

Toutes  les  expériences  que  j’ai  faites  à ce  sujet,  m’ont 
pleinement  convaincu  qu’il  est  impossible  cl’unir  et  de 
combiner  en  une  seule  lois  des  quantités  données  d’essen- 
ce de  térébenthine  et  de  sel  a 1 k a 1 i , de  maniéré  qu’il  ne  se 
sépare  rien  après  (pie  le  mélange  est  fait , et  cela  dans  quel- 
ques proportions  qu’on  mêle  ces  deux  substances.  J’ai 
remarqué  i°.  que  la  partie  la  plus  ténue  de  l’essence  de 
térébenthine  se  dissipe  pendant  qu’on  fait  le  mélange  : 
2 . qu  il  ue  reste  que  la  partie  la  plus  épaisse  combinée 
avec  1 alxali  fixe  : 3°.  que  l’essence  de  térébenthine  , qui 
reste  unie  à 1 alxali  hxe  , immédiatement  après  le  mélange  , 
n est  pas  combinée  en  totalité,  puisqu’il  s’en  sépare  une 
grande  partie  dans  l’espace  de  quelques  jours.  4°.  Il  en 
est  de  même  de  l’aloli  hxe  : dans  quelques  proportions 
qu’on  le  fasse  entrer  dans  le  mélange,  il  y en  a toujours 
une  partie  qui  refuse  de  se  combiner  avec  de  l’essence  de 
térébenthine.  C’est  elle  qui  se  charge  de  l’humidité  de 
1 aii , et  qui  lorme  le  deliquium.  On  pourroit  croire  que 
le  dcliquium  auquel  est  sujet  le  savon  de  Starxey,  immé- 
diatement après  qu’il  est  fait,  provient  de  ce  qu’il  a la  pro- 
prieté  ou  plutôt!  inconvénient  de  se  décomposer  en  partie 
à l'air  : mais  c’est  une  erreur;  il  est  facile  d’en  être  con- 
vaincu par  les  propriétés  de  ce  savon  nouvellement  fait. 
Tant  qu  il  n est  pas  tombé  en  deliquium,  il  est  fort  âcre , 
caustique,  à raison  de  l'alxali  hxe  qui  n'est  pas  combiné  ; 
mais  lorsqu’on  a séparé  par  le  deliquium  cet  alxali  sur- 
abondant, le  savon  est  infiniment  plus  doux,  et  il  n’a  plus 
la  saveur  caustique  comme  il  l’avoit  auparavant.  5°.  Enfin 
une  pai  tie  de  1 acide  de  l’essence  de  térébenthine  se  com- 
bine avec  une  partie  de  l’alxali  fixe,  et  forme  un  sel  parti- 
culier, susceptible  de  cristallisation.  Ce  sel  est  fort  peu 
connu  : il  a line  saveur  un  peu  camphrée. 

# f"es  expériences  par  lesquelles  j’ai  constaté  tout  ce  oui 
vient  d’étre  dit,  avoient  été  faites  dans  le  dessein  de  œii- 
iioitre  les  meilleures  proportions  d’akali  fixe  et  d’essence 
de  térébenthine.  J'ai  d’abord  commencé  par  broyer  en» 

Aa 


O7O  ÉLÉMENTS  DF.  PHARMACIE. 

semble  sur  un  porphyre  une  once  d’essence  de  térébenthine 
et  autant  de  sel  akali  : j’ai  mis  ce  mélange  dans  un  bocal 
de  verre  , pour  l’examiner  quelque  temps  après. 

J’ai  répété  cette  expérience,  en  employant  toujours  la 
même  dose  de  l’akali , mais  en  variant  celle  de  l’essence 
de  térébenthine , jusqu’à  ce  que  je  lusse  parvenu  aux  pro- 
portions d’une  partie  d'alKali  contre  douze  d’essence  de 
térébenthine. 

J’avois  soin  d’examiner  ces  mélanges  toutes  les  semai- 
nes : ils  attiroient  tous  l’humidité  de  l’air,  et  tomboient 
en  deliquium  : en  un  mot , ils  présentoient  les  mêmes  phé- 
nomènes dont  nous  avons  parlé  précédemment.  Je  remar- 
querai seulement  que  le  mélange  de  trois  parties  d’essence 
de  térébenthine  sur  une  d’alkali  m’a  fourni  autant  de  savon 
que  les  mélanges  dans  lesquels  j’en  faisois  entrer  beaucoup 
davantage.  Ainsi  une  plus  grande  quantité  d’essence  de 
térébenthine,  que  celle  de  deux  à trois  parties  sur  une 
d’akali , est  pour  ainsi  dire  en  pure  perte. 

Avec  de  l’essence  de  térébenthine  un  peu  épaisse  , on 
obtient  une  plus  grande  quantité  de  savon,  et  il  se  forme 
plus  facilement:  j’ai  même  quelquefois  ajouté  à ces  mé- 
langes différentes  doses  de  térébenthine  , qui  ont  assez 
bien  réussi:  mais  il  arrive  un  inconvénient  ; c’est  que  ce 
savon,  en  vieillissant,  perd  presque  toutes  ses  qualités 
savonneuses,  et  devient  transparent  et  résineux  comme  de 
la  térébenthine  pure. 

Si  au  contraire  011  fait  du  savon  de  Stanœy  avec  de  l’es- 
sence de  térébenthine  parfaitement  rectifiée,  il  arrive  pré- 
cisément le  contraire,  c’est-à-dire  qu’011  11e  tire  presque 
point  de  savon.  J’ai  mêlé  et  broyé  ensemble  quatre  onces 
de  sei  akali,  et  deux  livres  d’essence  de  térébenthine  rec- 
tifiée au  bain-marie  sur  de  la  chaux  vive  : je  n’ai  obtenu 
de  ce  mélange  qu’un  gros  de  savon  de  Starxey  : presque 
toute  l’huile  s’est  évaporée  : l’akali  est  resté  uni  avec  la 
petite  portion  de  substance  résineuse.  Dans  l’espace  de 
huit  jours,  cet  akali  est  tombé  en  deliquium.  L’huile  de 
térébenthine  rectifiée  sur  de  la  chaux,  est  tellement  dé- 
pouillée de  son  acide  , que  l’akali  provenant  du  deliquium 
de  ce  savon  , ne  forme  point  de  sel  neutre,  comme  les  de - 
liquiutn  des  savons  précédents  : le  savon  étoit  plus  beau 
et  plus  lisse.  J’observerai  à l’occasion  de  l’essence  de  té- 
rébenthine, rectifiée  sur  de  la  chaux  vive  , que  lorsqu’elle 


ÎÊL^MEÎÏTS  DK  PH  A R M A Cil,  3yt 

s'épaissit  à l’air,  elle  laisse  un  résidu  semblable  au  baume 
de  Canada  : il  en  a l’odeur  et  la  couleur. 

Il  résulte  des  expériences  dont  nous  venons  de  parler; 
qu’il  est  impossible  d’unir  et  de  combiner  en  une  seule 
lois,  sans  qu’il  se  fasse  de  séparation  , des  quantités  don- 
nées d’iiuile  de  térébenthine  et  d’akali  fixe.  J’ai  tenté  si 
par  le  moyen  de  quelques  intermèdes,  qui  ne  fussent  point 
contraires  à la  nature  du  savon  de  Starxey,  je  pourrois 
mieux  réussir  ; mais  inutilement.  Les  intermèdes  que  j’ai 
employés  sont  l’amidon,  le  sucrcf,  le  savon  de  Starxey,  an- 
ciennement lait , le  savon  blanc  ordinaire  et  l’huile  d’olives. 
Les  deux  especes  de  savon  et  l’huile  d’olives  ont  donné  à 
l’essence  de  térébenthine  un  degré  de  consistance  qui  étoit 
très  favorable  pour  sa  combinaison  avec  l’alxali  fixe;  l’a- 
midon n’a  rien  fait , et  le  sucre  sembloit  s’opposer  à la  for- 
mation du  savon.  Tous  ces  intermèdes  n’ont  point  em- 
pêché le  deliquium  d’une  partie  de  l’akali,  ni  une  portion 
de  1 essence  de  térébenthine  de  se  séparer. 

Le  savon  ordinaire  se  fait,  comme  nous  l’avons  dit,  avec 
une  lessive  alcaline , clans  laquelle  il  se  trouve  nécessaire- 
ment de  l’eau  : quelques  personnes  ayoient  pensé  d’après 
cela  qu’il  falloit  en  ajouter  à celui  de  Starxey , ou  faire  ce 
savon  avec  cette  même  lessive.  On  çroyoit  même  que 
c’étoit  par  défaut  d’eau  qu’on  avoit  tant  de  peine  à faire 
cette  espece  de  savon;  mais  on  ne  faisoit  pas  attention 
qu’il  entre  dans  la  composition  des  huiles  essentielles  une 
bien  plus  grande  quantité  d’eau  que  dans  celle  des  huiles 
grasses  : une  grande  partie  de  l’eau  de  l’huile  essentielle  de 
térébenthine  se  sépare  pendant  la  formation  du  savon  ; ce 
qui  en  fournit  plus  qu’il  n’en  doit  rester  après  qu’il  est  fait. 
J’ai  répété  toutes  les  expériences  dont  nous  avons  parlé 
précédemment,  en  ajoutant  différentes  quantités  d’eau  dans 
chacun  des  mélanges,  en  commençant  par  quelques  gouttes 
et  1 augmentant  dans  les  autres  peu  à peu,  jusqu’à  ce 
que  je  lusse  parvenu  à la  dose  de  deux  onces  : la  plus  petite 
quantité  d’eau  a toujours  nui  à la  combinaison;  et  lorsqu’il 
s en  trouvoit  davantage,  il  étoit  absolument  impossible  de 
former  quelque  portion  de  savon,  pareeque,  dans  ce  cas 
1 action  de  l’a Ikuü  n’est  pas  assez  immédiate  sur  l’huile.  * 

. ^ans  plusieurs  de  ces  mélanges,  j’ai  substitué  l’esprit  de 
vin  à 1 eau  , qui  ne  m’a  pas  mieux  réussi. 

J ai  pareillement  varié  l’espece  de  sel  akali,  et  j’ai  ré- 

A a ij 


OJ2  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE^ 

pété  ces  expériences  avec  du  nitrc  fixé  par  le  tartre, du  sel 
de  potasse , du  sel  de  cendres  gravelées  : tous  ces  sels  n’ont 
pas  lait  de  différences  sensibles. 

J’ai  encore  essayé  les  crvstaux  de  soude  : j’en  ai  broyé 
mie  once  avec  cinq  gros  d’essence  de  térébenthine:  l’eau 
de  crystallisation , et  la  nature  de  celte  espece  d’akali  de 
n’êtrepas  déliquescent , sont  cause  que  ce  mélange  s’est  fait 
très  imparfaitement:  il  est  resté  sec  et  pulvérulent.  Ce 
même  sel,  desséché  et  privé  de  son  eau  de  crystallisation  , 
ne  m’a  pas  mieux  réussi  (i);  le  mélange  est  devenu  plus 
sec  et  en  poudre  : toute  l’essence  de  térébenthine  s’est  éva- 
porée, à l’exception  de  douze  grains  qui  ont  été  combinés 
avec  le  sel  akali. 

La  lessive  caustique  des  savonniers  n’a  pas  non  plus 
réussi. 

Mais  au  moins  est-il  certain,  d’après  toutes  les  expé- 
riences que  j’ai  faites  sur  celle  matière,  i°.  que  de  quel- 
que maniéré  qu’on  s’y  prenne  pour  faire  le  savon  de  btar- 
Key,  il  est  toujours  le  même  , lorsqu’on  emploie  un  des 
sels  akalis  fixes  ordinaires  et  de  l’essence  de  térébenthine, 
telle  qu’on  la  trouve  communément  dans  le  commerce. 
2°.  Pour  avoir  ce  savon  toujours  uniforme,  de  même 
qualité,  et  dans  son  plus  grand  degré  de  perfection  , il  est 
absolument  nécessaire  d’exposer  à l’air  humide  le  mélange 
après  qu’il  est  fait,  afin  de  séparer  par  le  deliquium  les 
substances  qui  ne  se  sont  pas  combinées.  Ce  n’est  qu’a- 
près  lui  avoir  fait  subir  cette  derniere  opération,  qu’on 
doit  l’employer  dans  la  Médecine,  et  que  le  savon  de 
Stancey  est  censé  être  fait. 

Dans  la  Gazette  de  Médecine  , du  mercredi  premier 
octobre  1 762  , on  a inséré  un  procédé  pour  faire  ce  sa- 
von dans  l’espace  d’environ  deux  heures.  Ce  procédé  con- 
siste à triturer  ensemble,  dans  un  mortier  de  marbre,  une 
once  de  savon  de  Starkey  anciennement  fait , quatre 
onces  de  sel  alkali , et  cinq  onces  et  demie  d'essence  de 
térébenthine , pendant  deux  heures  ou  environ  , et  V opé- 
ration est  finie.  11  est  bon  d’obseiver  que  l’auteur  se 
donne  pour  un  apprenti , et  dit  qu  il  lient  ce  procédé  do 


(1  )•  Douze  gros  de  crystaux  de  soude  n’ont  Lissé,  après  leur  dessic* 
s; uion , que  cinq  gros  et  deuii  d*  &el. 


ÉLÉMENTS  DI  PHARMACIE. 

son  maître  d'apprentissage  ( Voyez  meme  Gazette , paga 
35o)  : ce  qui  n’est  point  du  tout  difficile  à croire;  le  jeûna 
homme,  mauvais  observateur,  ne  s’est  pas  apperçu  que 
la  quantité  d’essence  de  térébenthine  n’est  pas  suffisante 
pour  combiner  tout  l’akali,  et  qu’une  grande  partie  est 
tombée  en  deliquium.  Peut-être  que  son  maître  d’appren- 
tissage a voulu  lui  cacher  cette  observation  ; c’est  ce  qua 
j’aime  mieux  croire  pour  l’honneur  du  maître:  mais  cela 
prouve  toujours  le  peu  de  cas  qu’on  doit  laire  des  procédés 
qui  sont  donnés  par  dos  jeunes  gens  , et  sur-tout  par  des 
apprentis,  qui  sont  en  même  temps  mauvais  obser- 
vateurs. 

Dans  le  trente-septieme  volume  de  l’Encyclopédie 
d’Yverdun,  on  a donné  au  mot  Savon  un  article  sur  lo 
savon  de  Stanley;  c’est  un  extrait  mal  fait  de  ce  que 
je  dis  dans  ces  éléments  sur  cette  matière;  dans  cet  extrait 
on  ne  trouve  aucun  procédé  qu’on  puisse  suivre,  et  ce- 
pendant on  voit  que  l’intention  est  contraire.  L’auteur 
attribue  à Staahl  des  manipulations  dontStaalil  n’a  jamais 
parlé.  On  ne  devine  pas  trop  pourquoi  l’auteur  de  cet  article 
n’a  dit  que  cette  vérité,  qu’on  a mis  plus  il  importance  à 
la  préparation  de  ce  savon  qu’il  nen  méritoit ; le  point 
essentiel  n'est  pas  qu'il  soit  promptement  fait , mais  qu'il 
soit  bien  fait.  Macquer  avoit  fait  cette  réflexion  avant  lui, 
dans  sa  réponse  à la  lettre  plaintive  que  lui  avoit  adressée 
Kouelle  le  jeune.  C’est  à Rouelle  qu’on  doit  attribuer  l’es- 
pece d’importance  qu’on  a mise  dans  les  écrits  publiés  sur 
cette  matière. 

De  la  fermentation . 

Apres  avoir  parlé  de  la  distillation  de  l’eau  , et  des  eaux 
«impies  et  composées,  il  convient  que  nous  placions  ici  la 
distillation  du  vin,  et  la  rectification  de  l’esprit  de  vin, 
pour  parler  ensuite  des  eaux  spiritueuses  , simples  et  com- 
posées. Mais  l’esprit  de  vin  étant  le  produit  de  la  fer- 
mentation , nous  croyons  qu’il  est  à propos  de  donner 
auparavant  une  définition  de  ce  que  Len  entend  par  fer- 
mentation; d’autant  plus  que  nous  aurons  occasion  de 
parler  de  beaucoup  de  médicaments  composés  officinaux* 
qui  sont  sujets  à s’altérer  et  même  à sc  détruire  par  Je 
mouvement  de  la  fermentation  qu’ils  éprouvent  quelque 
temps  après  qu’ils  sont  faits.  Nous  n’exposerons  pas  ici  tous 

Aa.iij 


374  JÉLiMENTS  DE  ÏHAÏM1C!  E, 

les  phénomènes  et  la  théorie  de  la  fermentation  : je  réserve 
ces  détails  pour  ma  Chymie expérimentale. 

On  considéré  ordinairement  la  fermentation  sous  trois 
états  differents  : savoir  , in  fermentation  spiritueu.se  , la  fer- 
mentation  acide , et  la.  fermentation  putride  oxxalkalescen - 
te.  Plusieurs  Chymistes  distinguent,  ces  trois  états , com- 
me trois  especes  de  fermentations  particulières  : pour  moi 
je  pense  que  ces  trois  états  ne  sont  qu’une  continuité  de 
la  première  fermentation.  11  n’y  a que  les  corps  sucrés  qui 
puissent  éprouver  ces  fermentations  successives.  Les  matiè- 
res végétales  qui  ne  contiennent  pas  de  substance  sucrée 
ainsi  que  les  matières  parfaitement  animalisées  n’éprouvent 
point  la  fermentation  spiritueuse.  Les  végétaux  qui  ne 
contiennent  pas  de  matière  sucrée,  passent  tout  de  suite 
à la  fermentation  at.’de  , et  les  matières  animales  n’é* 
prouvent  que  la  fermentation  putride:  mais  ce  troisième 
état,  par  où  passent  certains  corps,  ne  doit  pas  être  con- 
sidéré comme  une  fermentation. 

La  fermenta  don  spiritueuse  est  celle  qui  produit  le  vin  , 
la  biere , le  cidre,  et  généralement  toutes  les  liqueurs 
vineuses.  On  peut  la  définir  un  mouvement  intestin;  ac- 
compagné de  chaleur,  qui  s’excite  entre  les  parties  d’un 
suc  sucré  , qui  en  désunit  les  principes,  les  combine  d’une 
maniéré  différente  , en  les  faisant  changer  de  nature,  et 
les  sépare  en  deux  parties,  l'une,  que  l’on  nomme  le  vin  , 
et  l’autre,  les  feces  ou  la  lie.  Le  sucre  seul  est  la  matière 
propre  à former  du  vin  et  de  l’esprit  de  vin.  Voyez  mon 
mémoire  sur  la  meilleure  maniéré  de  construire  les  alam- 
bics. 

La. fermentation  acide  est  un  mouvement  intestin,  qui 
continue,  ou  qu’on  renouvelle  artificiellement,  entre  les 
parties  d’une  liqueur  qui  a subi  la  fermentation  vineuse, 
et  qui  convertit  le  vin  en  une  liqueur  acide  que  l’on 
nomme  vinaigre , en  combinant  la  partie  spiritueuse  du 
vin,  ayec  les  autres  principes,  plus  intimement  qu’elle  ne 
l’étoit  auparavant. 

La  putréfaction , à proprement  parler,  n’est  point  une 
fermentation  : nous  la  définissons  une  analyse  spontanée  , 
ou  un  affaissement,  un  déchirement  des  parties  des  corps 
par  Je  poids  de  leur  masse,  et  par  la  dilatation  des  fluides 
qu’ils  contiennent  , à l’aide  de  la  chaleur  extérieure  qui 
dégage  les  principes  aqueux,  huiieux  et  salins  qui  les  con- 
ôtituoient. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

La  substance  saline  que  Fournissent  les  corps  putréfiés  , 
est  toujours  de  l’akali  volatil,  pour  la  plus  grande  partie  , 
soit  que  ce  soit  des  matières  végétales  ou  des  matières  ani- 
males qu’on  fasse  putréfier;  c’est  ce  qui  l’a  fait  nommer 
par  les  Chymistes , fermentation  olkalescente . Beaucoup 
de  corps,  après  leur  putréfaction,  laissent  de  l’akali  fixe 
qu’on  obtient  sans  combustion.  J, a putréfaction  se  fait 
avec  chaleur  ou  sans  chaleur;  c’est-à  dire  que  les  corps  sou- 
mis à la  putréfaction,  ne  laissent  point  appcrcevoir  cfe  cha- 
leur quand  ils  sont  abreuvés  d’une  grande  quantité  d’eau  ; 
mais  quand  ces  mêmes  corps  contiennent  fort  peu  d’hu- 
midité, ils  sont  susceptibles  d’éprouver  pendant  leur  pu- 
tréfaction une  chaleur  qui  va  jusqu’à  l’incandescence,  cha- 
leur qui  met  le  feu  à la  masse  totale,  comme  je  l’ai  éprou- 
vé plusieurs  fois  ; mais  les  chaires  animales,  pourvues  de 
leur  humidité  naturelle  , ne  prennent  point  un  degré  de 
chaleur  supérieur  à celui  de  l’atmosphere.  Les  anatomis- 
tes sont  à portée  de  s’appercevoir  qu’un  cadavre  qui  se 
putréfie,  n’a  pas  plus  de  chaleur  qu’il  n’en  avoit  avant  la 
putréfaction,  à cause  de  la  grande  quantité  d’humidité  qu’il 
contient. 

J’ai  mis  dans  un  vase  de  verre  beaucoup  de  viande  fraîche: 
j’ai  placé  au  milieu  de  cette  viande  la  boule  d’un  thermo- 
mètre , et  j’ai  recouvert  le  vaisseau  avec  un  parchemin 
percé  d’un  petit  trou  dans  son  milieu,  pour  laisser  passer 
le  tube  du  thermomètre.  A côté  il  y avoit  un  autre  ther- 
momètre de  même  marche  que  celui  de  l’expérience  , 
qui  m’annonçoit  le  degré  de  chaleur  de  l’atmosphere.  J’ai 
observé  exactement  ces  deux  thermomètres  pendant  plus 
de  dix-huit  mois  qu’a  duré  cette  expérience,  et  jamais  je 
n’ai  remarqué  que  le  thermomètre , plonge  dans  la  viande, 
indiquât  plus  de  chaleur  que  celui  qui  étoit  placé  à côté; 

J’avois  eu  soin  de  remarquer  par  une  barre , à l’extérieur 
du  vase,  l’espace  qu’occupoit  la  viande,  et  je  n’y  ai  ja- 
mais apperçu  de  gonflement  : au  contraire  , j’ai  remarqué 
qu’à  mesure  que  la  viande  se  pourrissoit,  elle  s’afïaissoit  de 
plus  en  plus  , et  qu’enfm  la  masse  a considérablement  di- 
minué de  volume,  jusqu’à  son  entier  dessèchement. 

La  chaleur  qui  s’excite  dans  une  masse  de  fumier  putré- 
fié vient  du  peu  d’humidité  qui  s’y  trouve,  puisque  des  vé- 
gétaux très  aqueux  , pilés  et  mis  en  putréfaction  , ne  pro< 
duisent  point  de  chaleur. 


A a iv 


ELEMENTS  T)  J.  PHARMACIE. 

Cette  chaleur  est  d’autant  plus  grande  , que  la  masse  est 
plus  considérable,  et  que  l’humidité  se  trouve  dans  des 
proportions  plus  convenables.  Cette  chaleur  est  quelque- 
fois telle,  que  les  végétaux  s’enflamment,  comme  on  le 
voit  arriver  assez  souvent  dans  les  meules  de  foin. 

Les  matières  parfaitement  annualisées,  pourvues  de  toute 
leur  humidité  naturelle,  passent  sur  le  champ  à la  putré- 
faction sans  produire  de  chaleur.  Un  savant  distingué  a 
cherche  a répandre  de  l’incertitude  sur  les  faits  dont  je 
viens  de  parler;  mais  j’aurois  été  plus  flatté  s’il  eût  opposé 
des  faits  à ce  que  j’avance  , au  lieu  de  conjectures.  Voici 
comme  il  s explique  : Je  crois  que  l’auteur  s’est  trompé  : 
j imagine  qu'il  n a probablement  observé  sa  'viande  que 
lorsqu  il  n'étoit  plus  temps  ; mais  s’il  l'eut,  examinée  dans 
les  premiers  moments  de  la  putréfaction  , il  l’eût  sans 
doute  trouvée  augmentée  de  volume . fin  ' effet,  un  cor/rs 
ne  sauroit  se  putréfier , qu’il  ne  s’excite  un  mouvement 
dans  toutes  ses  parties;  et  Von  sait  que  tout  mouvement 
produit  d,e  la  chaleur  (1  ) 

Pour  satisfaire  l’auteur  , j’ai  répété  cette  expérience  avec 
delà  viande  fraîche  etquicontenoitson  humidité  naturelle. 

J’ai  pilé  dans  un  mortier  de  marbre  deux  livres  de  chair 
de  bœuf  très  fraîche  , je  l’ai  introduite  dans  un  matras  à 
deux  ouvertures  A,  B,  et  je  l’ai  rempli  jusqu’en  C.  J’ai 
eu  l’attention  de  fouler  cette  chair  , afin  qu’il  ne  restât  au- 
cun vuide.  En  A , figure  3,  planche  3,  j’ai  ajusté  une 
vessie  de  cochon  vuide  d’air  et  rendue  souple  à force  de  l’a- 
voir frottée  entre  les  mains  : à l’ouverture  B , j’ai  assu- 
jetti un  thermomètre  avec  un  bouchon  de  liege  et  de  la 
cire  molle  : à coté  de  cet  appareil  j’ai  placé  un  thermo- 
mètre de  même  marche,  pour  me  servir  de  point  de  com- 
paraison : j'ai  placé  le  tout  dans  une  chambre  dans  laquelle 
je  faisois  toujours  du  feu.  J’ai  commencé  l’expérience  le  2 
novembre  1 768  , et  j'observois  trois  fois  par  jour  ce  qui 
se  passoit , le  matin , à midi  et  le  soir.  Depuis  le  com- 
mencement de  l’expérience  jusqu’au  5 novembre  , le« 
thermomètres  sont  restés  de  part  et  d’autre  à dix  degrés 
au-dessus  de  la  glace.  Ce  jour-là,  la  chair  a commencé  à 
se  gonfler  un  peu  : il  s’est  épanché  à sa  surface  un  peu  de 


(1)  Voyez  Essai  pour  senir  à Tliistoire  de  îa  Putréfaction  page  10. 


ÉLÉMENTS  DE  P H A IU!  A CI  E.  3/7 

sang;  point  d’air  de  dégagé.  La  chair  avoit  la  consistance 
d’une  pâte  ferme  , sans  aucune  mauvaise  odeur  : elle 
avoit  perdu  un  peu  de  sa  couleur  vermeille  dans  la  partie 
supérieure.  Depuis  le  5 jusqu’au  9 de  novembre  , les  ther- 
momètres, de  part  et  d’autre,  ont  été  tantôt  à huit  degrés  , 
et  tantôt  à sept  au-dessous  de  la  glace.  Lei’gonflement  a 
augmenté  successivement  dans  cet  intervalle  , et  il  s’est 

u _ 

séparé  beaucoup  de  liqueur  rouge.  Le  10,  les  thermo- 
mètres étant  à sept  degrés  au-dessus  de  la  glace,  le  gonfle- 
ment a cessé,  et  la  chair  a commencé  à s’affaisser  : la 
liqueur  a été  repompée  dans  la  chair  : il  11e  s’est  pas 
encore  dégagé  d’air. 

Le  1 1 , mêmes  phénomènes;  beaucoup  d’affaissement; 
point  d’air  de  dégagé:  la  chair  est  devenue  livide  dans  la 
partie  supérieure  , et  elle  étoit  toujours  vermeille  en  des- 
sous. J’ai  débouché  le  inatras  pour  observer  l’odeur:  la 
chair  avoit  celle  qu’on  observe  à de  la  viande  bien  mor- 
tihée,  mais  elle  n’avoit  point  du  tout  celle  de  la  putréfac- 
tion , et  11e  sentoit  point  mauvais. 

Le  12  a\i  soir,  les  thermomètres  étant  à sept  degrés 
au-dessus  de  la  congélation,  la  chair  a continué  de  s’affais- 
ser , et  elle  a commencé  à exhaler  une  légère  odeur  da 
putréfaction,  qui  a augmenté  tous  les  jours;  mais  il  ne 
s’est  dégagé  de  l’air  que  le  i5,  les  thermomètres  étant 
restés  toujours  à la  même  température.  Le  1 7 , la  couleur 
livide  a augmenté  considérablement  en-dessus,  et  la  cou- 
leur vermeille  s’est  conservée,  même  pendant  plusieurs 
années,  en-dessous:  l’affaissement  a discontinué,  le  déga- 
gement de  l’air  a augmenté. 

Depuis  le  17  jusqu'au  21  , les  thermomètres,  de  part  et 
d’autre,  sont  restés  à six  degrés  au-dessus  delà  glace  : les 
mêmes  phénomènes  se  sont  accrus  insensiblement  : il  s’est 
formé  à la  partie  supérieure  quelques  pustules  gangreneuses, 
et  deux  petites  taches  de  moisissure  de  six  lignes  de  dia- 
mètre : quelques  jours  après,  ces  taches  de  moisissure  ont 
disparu  , les  pustules  ont  augmenté,  et  l’air  a continué  à se 
dégager. 

Depuis  le  21  novembre  jusqu’au  2c  de  janvier  1769,’ 
que  j’ai  continué  d’observer  cette  putréfaction  , j’ai  remar- 
qué que  les  progrès  vont  toujours  en  augmentant,  et  que 
l’air  se  dégage  à mesure  que  la  putréfaction  s’avance  ; mais 
je  n’ai  jamais  observé  aucun  degré  de  chaleur  supérieur  à 


3 j8  i L hl  ! N T s DE  PHARMACIE, 

celui  de  l’atmosphere , depuis  le  commencement  de  cette 
expérience  jusqu’au  20  janvier  1769  ; j’ai  répété  ces  ex- 
périences plusieurs  fois,  et  je  n’ai  jamais  observé  de  cha- 
leur. 

Il  résulte  de  l’expérience  et  des  phénomènes  que  je  viens 
d’exposer,  que  le  reproche  qu’on  n?e  fait  de  n’avoir  pas 
observé  de  gonflement  dans  les  premiers  moments  de  la 
putréfaction,  est  mal  fondé,  puisque  ce  gonflement  com- 
mence et  finit  avant  que  la  putréfaction  se  fasse  sentir.  Je 
m’étois  apperçu  de  ce  gonflement  qui  précédé  de  beaucoup 
la  putréfaction  ; je  n’avois  pas  cru  devoir  en  parler,  parce- 
qu’il  ne  peut  être  regardé  comme  un  des  phénomènes  de  la 
putréfaction.  11  y a meme  un  repos  de  plus  de  vingt-quatre 
heures  entre  la  cessation  de  ce  gonflement  et  le  commen- 
cement de  la  putréfaction;  ce  dont  je  me  suis  assuré  par 
rôdeur  , parla  couleur  de  la  chair,  et  par  tous  les  autres 
phénomènes  qui  accompagnent  ces  deux  différents  étals. 

J’attribue  ce  gonflement  à une  légère  fermentation  acé- 
teuse,  occasionnée  par  la  portion  des  sucs  contenus  dans 
la  chair,  qui  ne  sont  pas  encore  parfaitement  annualisés. 
Ce  que  l’on  nomme  viande  mortifiée,  est  de  la  chair  qui 
est  dans  cet  état  de  gonflement.  Il  y a tout  lieu  de  penser 
que  , s’il  étoit  possible  de  se  procurer  des  matières  parlai- 
ternent animalisées , et  qui  ne  continssent  rien  des  substan- 
ces non  annualisées , leur  putréfaction  ne  seroit  pas  pré- 
cédée d’un  semblable  gonflement.  Quoi  qu’il  eu  soit,  j’ai 
répété  ces  expériences  dans  les  grandes  chaleurs  de  l’été  , 
et  dans  les  chaleurs  tempérées  de  l’automne  et  de  1 hiver; 
je  n’ai  jamais  observé  dans  les  matières  animales  qui  con- 
tiennent beaucoup  d’humidité,  soit  devant, soit  pendant  la 
putréfaction , de  plus  grande  chaleur  que  celle  de  l’air  am- 
biant. 

J’observerai  que  quand  on  fait  cetLe  expérience  dans  les 
chaleurs  de  l’été  , la  putréfaction  se  fait  beaucoup  plus 
promptement;  alors  elle  se  confond  avec  le  gonflement  qui 
la  précédé,  parcequ’elle  coinmmence  avant  qu’il  soit  en- 
tièrement cessé.  O11  peut  prendre  ces  deux  différents  états 
pour  un  seul , et  croire  qu’il  est  l’effet  de  la  putréfaction  : 
c’est  vraisemblablement  ce  qui  est  arrivé  à l’auteur  de  la 
note  insérée  dans  Y Essai  pour  servir  a,  L histoire  de  la  pu- 
tréfaction; et  c’est  ce  qui  l’a  induit  en  erreur.  L abaisse- 
ment , qui  est  le  principal  effet  que  j’admets  dans  la  putié- 


jf  L / MENTS  DE  PHARMACIE.  879 

faction,  est  un  mouvement  qui  s’excite  clans  toutes  les 
parties  des  corps  qui  se  putréfient:  en  cela,  je  suis  d’accord 
avec  l’auteur  de  la  note  ; mais  je  ne  suis  pas  de  son  avis  , 
lorsqu’il  dit  : IJ  on  sait  que  tout  mouvement  excite  de  la 
chaleur. 

Le  sel  ammoniac,  le  sel  marin,  le  sucre,  et  un  grand 
nombre  d’autres  sels,  produisent,  en  se  dissolvant  dans 
l’eau , un  froid  plus  ou  moins  considérable  : ces  dissolutions 
ne  se  font  certainement  pas  sans  mouvement. 

I/auteur  peut  consulter  les  Mémoires  de  l’académie 
pour  l’année  1727.  Geoffroy  rapporte  beaucoup  d’expé- 
riences de  combinaisons  d’huile  essentielle  avec  l’esprit  de 
vin,  dont  les  unes  ont  excité  du  froid,  d’autres  de  la 
chaleur,  et  enfin  d’autres  qui  n’ont  occasionné  ni  froid  ni 
chaud.  Toutes  ces  combinaisons  ne  se  font  pas  sans  mou- 
vement. Dans  la  Statique  des  végétaux  de  Haies,  traduite 
de  1 anglois  par  de  Buffon  , page  364,  n°*  77  > l’auteur 
trouvera  qu’en  projetant  deux  gros  de  sel  ammoniac  sur 
trois  gros  d’huile  de  vitriol,  ce  mélange  a produit  à l’instant 
une  grande  effervescence  , en  dégageant  l’acide  marin  , et 
a tait  baisser  un  thermomètre  de  Fareinheit  de  douze  degrés, 
tandis  que  les  vapeurs  qui  s’en  élevoient  étoient  si  chaudes 
qu’elles  ont  fait  élever  un  semblable  thermomètre  de  dix 
degrés.  La  chaleur  que  produisent  les  vapeurs  qui  s’élèvent 
de  ce  mélange,  vient  de  l’acide  marin,  réduit  en  vapeurs 
très  concentrées  , qui  attire  puissamment  l’humidité  de 
1 air,  et  qui  s’échauffe  par  ce  moyen  ; mais  cette  chaleur  est 
absolument  indépendante  du  mouvement  et  du  froid  qui 
s excite  entre  1 acide  vitriolique  et  l’alicali  volatil  du  sel 
ammoniac. 

I.  acide  nitreux  décompose  le  sel  de  Glauber,  comme  je 
l’ai  démontré  ailleurs  : pendant  cette  décomposition  , il  se 
fait  un  froid  considérable  : cette  décomposition  11e  se  fait 
certainement  point  sans  mouvement. 

. Les  acides  minéraux  concentrés,  versés  sur  de  la  glace 
pilée,  produisent,  à mesure  que  la  glace  se  fond  , un  froid 
très  considérable  ; la  glace  entre  dans  une  sorte  de  fusion. 

Lorsqu’on  mêle  de  l’eau  et  de  l’esprit  de  vin,  il  se  pro- 
duit de  la  chaleur;  mais  lorsqu’on  mêle  de  la  glace  et  de 
1 esprit  de  vin  , il  se  produit , au  contraire  , un  très  grand 
Iroid  à mesure  que  la  glace  se  fond.  Dans  toutes  ces  expé- 
riences de  refroidissements  artificiels , il  y a nécessairement 


38o  i L i M E 3Î  T S DE  PHARMACIE, 

beaucoup  de  mouvement.  Il  u’v  a donc  rien  détonnant  que 
dans  la  putréfaction  des  matières  animales  très  humides  où 
j’admets  du  mouvement,  il  n’v  ait  point  de  chaleur:  d ail- 
leurs , les  thermomètres  les  plus  exacts  n en  indiquent  pas. 

il  me  reste  , pour  finir  cet  articie,  à prévenir  une  objec- 
tion qu’on  ne  rnanqueroit  pas  de  me  faire  sur  les  matières 
parfaitement  annualisées,  que  j ai  dit  n etre  point  suscep- 
tibles des  deux  premiers  degrés  de  la  fermentation.  On 
peut  m’objecter  que  le  bouillon  de  pure  viande  commence 
par  s’aigrir  avant  de  se  putréfier,  et  on  en  coucluroit  que 
les  matières  animales  sont  susceptibles  de  la  fermentation 


acide. 

Je  répondrai  que  les  matières  avec  lesquelles  on  lait  or- 
dinairement du  bouillon,  sont  tirées  des  animaux  grani- 
vores. La  citait'  de  ces  animaux  renferme  clans  ses  vaisseaux 
des  sucs  qui  ne  sont  pas  parfaitement  annualisés  , et  qui 
participent  encore  de  la  nature  des  substances  végétales. 
Lorsqu’on  fait  bouillir  cette  chair  dans  de  l’eau  , les  sucs 
extractifs  de  nature  végétale  se  dissolvent  les  premiers  *,  ils 
passent  presque  tous  en  entier  dans  la  décoction. 

Mais  il  n’en  est  pas  de  même  de  la  chair  des  animaux 
carnassiers  : leurs  vaisseaux  sont  remplis  de  substances 
mieux  anima  Usées  : le  bouillon  ne  s’aigrit  point,  ou  du 
moins  pas  sensiblement;  il  passe  tout  de  suite  à la  P^re" 
faction.  Si  l'on  apperçoit  un  peu  d’acide  dans  le  bouillon 
ou  décoction  de  la  chair  des  animaux  granivores,  on  ne 
l’appercoit  pas  dans  la  chair  qu’on  fait  putréfier,  pareeque 
cet  acide  est  enveloppé  et  masqué  par  la  grande  quantité 
de  substance  animalisée  qui  entre  en  putréfaction  en  meme 
temps  que  les  matières  végétales  entrent  en  fermentation. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  nous  prouve  bien  que 
la  putréfaction  est  le  dernier  effort  que  la  nature  exerce 
sur  tous  les  corps  des  régnés  végétal  et  animai;  et  que, 
dans  cette  grande  opération  , elle  a pour  objet  de  détru.re 
et  de  réduire  à leurs  premiers  éléments  tous  les  mdivicus 
oui  ont  en  vie , ou  qui  ont  végété.  La  mort  est  le  premier  pas 
que  les  animaux  font  vers  la  putréfaction  : elle  se  lait  en 
plus  ou  moins  de  temps , suivant  les  circonstances.  . t tiens 
depuis  douze  années,  dans  un  vase  de  verre,  de  la  chair 
oui  n’est  point  encore  putréfiée  complètement  : elle  a encore 
une  odeur  cadavéreuse  : j’ai  cependant  eu  soin  d ajouter 
de  l’eau  a mesure  que  l’humidilé  de  la  chair  s evapoioit , et 


i.  L ï M K N T S DE  PHARMACIE.'  38* 

j’ai  remplacé  cette  eau  à mesure  qu’il  étoit  nécessaire  : 
peut-être  faut-il  un  espace  de  vingt  années  pour  faire  ainsi 
putréfier  les  corps  complètement.  11  n’en  est  pas  de  même 
de  ceux  qui  sont  ensevelis  dans  la  terre  : la  plupart  sont  pu- 
tréfiés dans  un  espace  de  temps  beaucoup  moins  grand  ; le 
voisinage  des  terres  calcaires  accéléré  beaucoup  leur  putré- 
faction. La  plupart  des  Chymistes  et  des  Physiciens  ont 
reconnu,  dans  cette  espece  de  terre,  une  qualité  putré- 
fiante; mais  je  ne  sache  personne  qui  en  ait  expliqué  la 
cause.  Je  me  crois  suffisamment  fondé  à dire  qu’elle  vient 
de  ce  qu’il  entre  dans  la  composition  de  cette  espece  de 
terre  un  peu  plus  cpie  la  moitié  de  non  poids  d'eau  et 
d’air , et  que  c’est  cette  quantité  d’eau , contenue  dans  les 
terres  calcaires  , qui  caractérise  spécialement  la  terre  dont 
nous  parlons , et  qui  la  distingue  des  pierres  et  des  terres 
vitrifiables . C’est  à cette  eau  principe  qu’on  doit  attribuer 
la  grande  difficulté  qu’ont  les  terres  calcaires  pour  entrer  en 
fusion  relies  ne  peuvent  véritablement  se  fondre  au  feu 
que  lorsqu’elles  ont  entièrement  perdu  leur  eau  principe  ; 
alors  elles  se  convertissent  en  terre  vitrifiable.  J’ai  démon- 
tré ces  phénomènes  dans  un  mémoire  lu  à l’académie  en 
1 766.  Ce  mémoire  avoit  encore  pour  objet  de  faire  voir 
que  les  terres  calcaires  contiennent  tous  les  matériaux  des 
sels  et  des  substances  salines  : on  peut , en  leur  ajoutant  la 
quantité  de  principe  inflammable  qui  leur  manque  , former 
de  l’akali  fixe  artificiel  : j’ai  indiqué  ce  procédé  dans  mou 
Manuel  de  Ch)  mie , et  je  donne  clans  ma  Chymie  tous  les 
détails  relatifs  à cette  expérience.  Quoi  qu’il  en  soit,  j’ai 
remarqué  que  les  terres  calcaires,  ainsi  privées  de  toute 
humidité  principe  , et  parvenues  à l’état  de  terre  vitrifiable  , 
sont,  de  même  que  les  terres  vitriuables  ordinaires,  très 

f>eu  disposées  à exciterla  putréfaction  des  corps  , pareequo 
e principe  de  la  putréfaction  est  l’humidité,  et  que  les 
matières  terreuses  vitrifiables  en  sont  absolument  pHvées. 

Sur  l’esprit  de  vin. 

L’esprit  de  vin  est  une  liqueur  transparente,  volatile,' 
d’une  odeur  agréable,  qui  s’enflamme  sans  répandre  ni 
suie  ni  fumée  apparente  lorsqu’elle  brûle  librement  ; mais 
si  l’on  place  au-dessus  de  la  flamme  de  l’esprit  de  vin  une 
assiette  de  faïance  qu  d’argent,  cette  flamme  noircit  proinp- 


1 


Vertus. 


382  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

tement  l’assiette  comme  le  feroit  la  lumière  d’une  lampe 
à l’huile.  On  tire  l’esprit  de  vin  parla  distillation  de  toutes 
les  liqueurs  qui  ont  subi  la  fermentation  spiritueuse. 
Nous  prendrons  la  distillation  du  vin  pour  exemple. 

On  met  la  quantité  que  l’on  veutde  vin  blanc , ou  rouge  , 
dans  le  bain-marie  d’un  alambic:, on  dispose  les  vais- 
seaux comme  nous  l’avons  dit  précédemment:  on  pro- 
cédé à la  distillation  par  une  chaleur  modérée.  La  liqueur 
spiritueuse  s’élève  à un  degré  de  chaleur  un  peu  inférieur 
|à  celui  de  l’eau  bouillante:  c’est  cette  liqueur  que  l’on 
nomme  esprit  de  vin.  On  continue  la  distillation  jusqu’à 
ce  que  l’on  ait  tiré  tout  l’esprit  de  vin  , et  même  une  petite 
quantité  de  phlegme  , afin  d’être  sûr  d’avoir  fait  passer 
toute  cette  liqueur  inflammable.  Il  reste  dans  l’alambic  une 
liqueur  acide  qui  contient  tous  les  principes  salins  du  vin 
qui  n’ont  pu  monter  à ce  degré  de  chaleur:  on  jette  cette 
liqueur  comme  inutile. 

il  y a bien  peu  de  cas  où  l’on  donne  l’esprit  de  vin 
pur  intérieurement  : son  usage  fréquent  est  même  nuisi- 
ble : il  coagule  le  sang  et  toutes  les  humeurs  : il  racornit 
et  durcit  les  fibres,  et  leur  ôte  leur  souplesse  : il  occasionne 
la  paralysie,  jette  dans  le  marasme,  et  produit  des  en- 
gorgements de  tontes  especes.  11  n’en  est  pas  de  même 
pour  l’extérieur:  il  est  d’un  usage  fréquent,  et  toujours 
sans  risques.  Il  consolide  les  plaies  récentes:  il  ouvre  les 
pores  , facilite  la  transpiration  : il  est  bon  pour  la  brûlure, 
pourvu  qu’elle  soit  récente , et  avant  que  les  ampoules 
soient  levées  : en  s’évaporant  il  produit  un  froid  considéra- 
ble; et  c’est  vraisemblablement  par  cette  raison  qu’il  est 
si  merveilleux  dans  les  brûlures.  L’esprit  de  vin  est  le  vé- 
hicule de  beaucoup  de  médicaments. 

Remarques. 


Lorsqu’on  soumet  le  vin  a la  distillation , il  se  dégagé 
une  prodigieuse  quantité  d’air:  on  conserve  un  trou  d’é- 
pingle au  lut  du  récipient,  afin  que  1 air  puisse  s évacuer, 
et  pour  prévenir  ainsi  la  rupture  de  ce  vaisseau.  . 

Dans  les  travaux  en  grand , on  fait  cette  distillation  a 
feu  nud  : on  entretient  le  feu  suffisamment  fort  pour  que  la 
liqueur  qui  distille  forme  un  filet:  par  ce  moyen  il  s’élève 
à-peu-près  une  aussi  grande  quantité  de  phlegme  que 


383 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 


d'esprit  de  vin  : cette  liqueur,  ainsi  mêlée  de  phlegme , se 
nomme  eau-de-vie;  au  lieu  que,  lorsqu’on  distille  le  vin  an 
bain-marie,  la  liqueur  spiritueuse  qu’on  obtient  est  beau- 
coup moins  chargée  de  phlegme.  L’eau-de-vie  est  absolu- 
ment sans  couleur,  claire  et  transparente  comme  de  l’eau. 
Celle  du  commerce  a toujours  une  couleur  ambrée,  plus 
ou  moins  chargée.  Cette  couleur  lui  vient  de  la  teinture 
qu’elle  tire  des  tonneaux  de  bois  dans  lesquels  on  la 
conserve:  c’est  pour  cette  raison  que  les  vieilles  eaux-de- 
vie  sont  plus  colorées  que  les  nouvelles. 

La  plus  grande  quantité  des  eaux-de-vie  qu’on  prépare 
en  grand,  sont  tirées  des  vins  qui  ont  quelques  défauts, 
et  qui  ne  sont  pas  potables.  On  distille  également  les  lies 
pour  avoir  de  l’eau-de-vie;  mais  il  faut,  pour  obtenir  de 
l’eau-de-vie  coinmerçable , renfermer  la  lie  dans  des  sacs 
de  toile  un  peu  serrée,  et  ne  remplir  les  sacs  qu’aux  deux 
tiers.  On  met  ces  sacs  dans  une  espece  de  bain-marie 
«percé  comme  une  écumoire  ; et  ce  vaisseau  doit  être  placé 
dans  la  chaudière  de  l’alambic  avec  beaucoup  d’eau , afin 
que  les  lies  ne  s attachent  pas  au  fond  du  vaisseau  pendant 
la  distillation.  L’esprit  de  vin  tiré  des  lies  est  en  général 
plus  huileux  que  celui  que  donne  immédiatement  le  vin. 
Lorsque  la  lie  s’attache  au  fond  de  l’alambic,  elle  y brûle 
et  donne  à l’esprit  de  vin  une  odeur  et  une  saveur  empi- 
reu  ma  tique , qu’il  n’est  plus  possible  de  lui  ôter.  Le  moyen 
que  nous  venons  de  proposer  remédie  à ces  inconvénients. 
Voyez  mon  Mémoire  sur  la  meilleure  maniéré  de  con- 
struire les  alambics. 

On  tire  de  la  même  maniéré  l’esprit  inflammable  de 
toutes  les  liqueurs  fermentées,  comme  du  cidre,  de  la  biere 
de  l’hydromel , etc.  ; mais  le  vin  en  fournit  une  beaucoup 
plus  grande  quantité  : la  biere  est  la  liqueur  fermentée 
qui  en  fournit  le  moins. 


lous  les  vins  ne  rendent  pas  la  même  quantité  d’esprit 
. Vln  : *e3  vins  tendres  en  rendent  fort  peu  : ce  sont  les 
vins  nouveaux  qui  en  rendent  le  plus  : les  vins  vieux  four- 
nissent très  peu  ou  point  d'esprit  de  vin;  et  c’est  en  cela 
quils  sont  plus  salubres.  La  partie  spiritueuse  s’est  telle- 
ment combinée  avec  les  autres  principes  , qu’elle  n’esi- 
r'us  ««fible.'Ces  sortes  de  vins,  sans'  êt4  Lres  son 

rJTbleSaU  VVw,Sre  ’ rlui  contient  la  partie  spiritueuse 
, mais  qu  on  ne  peut  plus  faire  reparoitre  que  par 
des  moyens  chy iniques.  HUCi-par 


38_4  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Tous  ces  esprits  inflammables  sont  de  même  nature  : iis 
ont  les  mêmes  propriétés  ; ils  different  seulement  entre 
eux  par  des  saveurs  et  des  odeurs  particulières  à chacun 
d’eux,  et  qu’on  ne  peut  enlever  entièrement  par  les  recti- 
fie ations  réitérées.  J’ai  lait,  par  exemple,  sur  1 espiit  de 
vin  tiré  de  vin  d’Espagne  , tout  ce  qu’il  étoit  possible  pour 
lui  enlever  son  odeur  et  sa  saveur,  sans  avoir  pu  réussir  . 
il  a conservé,  apres  un  grand  nombre  de  îcctihcations 
Elites  avec  différents  intermèdes  , l’odeur  et  1a  saveur  par- 
ti*. Libérés  à cette  espece  de  vin. 

L’esprit  de  vin  de  notre  opération,  et  l’eau-de-vie  qu’on 
trouve  dans  le  commerce,  ne  sont  pas  suffisamment  puis  , 
ni  assez  débarrassés  du  principe  aqueux  , pour  qu  on  puisse 
les  employer  à une  infinité  de  préparations  : il  laut  les 
distiller  encore  plusieurs  fois  pour  les  amener  à leur  perfec- 
tion : ces  différentes  opérations  se  nomment  rectijica- 
tiorts. 

Rectification  de.  V esprit  de  vin. 


La  rectification  de  l’esprit  de  vin  est  une  opération  par 
laquelle  on  le  dépouille  de  son  plilegnie  et  de  son  huile 
essentielle  grossière  , par  des  distillations  réitérées. 


seuucuc  , par  — - ^ 

On  met  de  l’eau-de-vie  dans  le  bain-marie  a un  alam- 
bic * on  procédé  à la  distillation  comme  nous  l’avons  dit  : 

. . • . 1,.  cV  PVP. 


ou  reçoit  à part  environ  un  quart  de  la  liqueur  qui  s eleve 
îiere  : ou  continue  la  distillation  jusqu  à ce  que  la 


la  première  . 

liqueur  devienne  blanche  et  laiteuse.  . . 

On  soumet  de  nouveau  cette  derniere  liqueur  a.  la  dis- 
tillation au  bain-marie,  et  on  en  fait  passer  environ  la 
moitié,  qu’on  mêle  avec  le  premier  esprit  de  vin  qui  a 
distillé  pendant  la  première  opération.  On  continue  la 
distillation  , pour  tirer  tout  ce  qui  reste  de  spiritueux  : on 
le  rectifie  de  nouveau  pour  tirer  encore  une  portion  de 
liqueur  qui  passe  la  première  et  qu’on  mêle  avec  les  pie- 
cédentes.  On  continue  ainsi  de  suite  , jusqu’à  ce  qu  on 
ait  tiré  de  l’eau-de-vie  tout  ce  qu'elle  peut  fournir  de 
liqueur  spiritueuse  semblable  au  premier  esprit  t e mh. 
11  reste  dans  le  bain-marie,  après  chaque  distillation, 
une  liqueur  phlegmatique  , qui  a une  odeur  d eau-de-vie, 
mais  qui  ne  contient  pins  de  liqueur  inflammable;  elle  est 
légèrement  acide  : on  la  jette  chaque  lois  comme  inutile. 

Alors  on  distille  de  nouveau  au  bain-marie  toutes 


itiyitTXTs  DE  pharmaci  e.  385 
ks  premières  portions  d’esprit  de  vîjj  qu’on  a mêlées  à 
mesure  ; on  en  l'ait  passer  par  la  distillation  environ  la 
moitié  : on  met  cette  moitié  à part  : c’est  ce  que  l’on 
Homme  esprit  de  v 'ul  rectifie , ou  ‘alkooüsé , ou  alkcol  de 
vin.  On  continue  la  distillation  pour  tirer  tout  lespiritueux 
qui  rcsfe  dans  l’alambic  : on  le  rectilie  de  nouveau  pour 
tirer  encore  la  moitié  de  la  liqueur  qui  passe  la  première  ; 
ci  on  peut  continuer  ainsi  de  suite  pour  rectifier  tout  l’es- 
prit de  vin  de  l’eau-de-vie  qu’on  a employée  : on  le  oarde 
à part , si  l’on  veut,  pour  des  usages  où  l’on  n’a  pas  besoin 
d’esprit  de  vin  si  bien  rectifié. 

Remarques. 


Plusieurs  habiles  Chymistes  ont  donné  leurs  procédés 
pour  rectifier  Pesprit.de  vin  par  des  intermèdes  terreux. 
Spongieux,  salins  et  aqueux  (nous  parlerons  de  ces  diffé- 
remis  procédés  ) ; mais  je  n’en  ai  point  trouvé  de  plus  com- 
mode, et  nui  soit  aussi  bon,  que  celui  que  nous  venons 
de  rapporter. 

L eau-de-vie  qu’on  trouve  dans  le  commerce  contient 
pour  ainsi  dire,  les  mêmes  principes  que  le  vin,  niais 
*jan3  des  proportions  bien  difïérentes  : elle  c-ontient  moins 
de  phlegme  et  d’acide  que  le  vin,  mais  plus  d’huile  sur- 
abondante , et  plus  d’esprit  inflammable, 

la  première  portion  d’esprit  de  vin  qui  s’élève  dans  cha- 
que .distillation , est  la  plus  pure  et  la  moins  < -chargé© 
'd’huile- essentielle  de  vin  : celle  qui  la  suit  en  est  presque 
saturée.  Ou  remarque  meme  que  certaines  eaux-d e-ue 
sur-tout  celles  qui  ont  été  tirées  des  lies  de  vin,  laissent 
. dans  -l’alambic,  après  la  distillation  de  la  partie  spiri- 
t ueuse , un  phlegme  qui  est  surnagé  par  une  grande  quan- 
tité de  cette  huile,  qu  on  peut  séparer  par  l’entonnoir. 

1&  nomme  huile  de  vin.  C’est  pour  priver  l’esprit 
de  vin  de  plus  en  plus  de  cette  huile  grossière,  que  nous 
avons  recommandé  de  rectifier  à part  les  dernières  por- 
tions d’esprit  de  vin  qu’on  tire  ù chaque  distillation.  II 
est  facile  de  reconnoître  les  différences  qu’il  y a entre  ces 
deux  portions  d’esprit  de  vin  : la  première  ne  laisse  aucune 
odeur  de  phlegme  d eau-de-vie  dans  les  mains  après  l’é- 
vaporation du  spiritueux  ; la  seconde  , au  contraire,  laisse 
nue  odeur  d’hutle  de  vin,  semblable  à l’odeur  de  l’ha 
leine  des  gens  ivres,  lorsqu’ils  digèrent  mal  le  Yin 

R b 


185  ÉLÉMENTS  de  pharmacie. 

Ouelques  personnes  se  contentent  de  distiller  1 eau-d«-< 
pLeL  reprises  , en  laissant  mêler  la  touliti  d. 
l’esprit  de  vin  ; elles  séparent  seulement  chaque  lois  le 
iXL  qui  reste  dans  l’alambic.  Mais  cet  esprit  de  vm  , 
quoique  bien  débarrassé  de  son  phlegme,  contrent  une  si 
Grande  quantité  d’huile  surabondante,  qu  apres  un  gran 
nombre  de  rectifications,  il  laisse  dans  les  mains  celte 
odeur  désagréable  dont  nous  venons  de  parler. 

F urmel  paroît  être  le  premier  qui  ait  fait  quelque  atten- 
tion à cette  huile  surabondante  : le  moyen  qu  il  propose 
nm  r la  séparer,  consiste  à mêler  l’esprit  de  vin  dans  une 
i 1 rl’caii  et  à procéder  ensuite  a m dis- 

tres  granc  e qa  > réitéré  la  même  opération  plu- 

Filiation  pour  le  re  irer  Oa reitemla  ^ ^ ^ ^ ^ 

sieurs  fois  de  suite , et  de  vin  reste  nageante  sur 

Cu  et  Vsprit  de  vin  perd  de  plus  en  plus  sa  mauvaise 

te  ^rfrtefteteTrirs 

» d"““  J“" 11  p,“  “ 
degré  de  spirituosité.  rectifier  l’esprit  de  vin  sur 

de  la  chaux  ^ , ou  em  ^ ^ ^TibonàtLtes  de  l’es, 
efficace  pour  séparer  singulièrement  les  prin- 

p.rit  de,  :iî;rÆ&  d'une  8rride  >>ar- 

C- P61  L Icidl  • on  retire  aussi  une  bien  moindre  quan- 
tie  de  son  acide  . obtient  est  très  pene- 

tité  d’esprit  de  vm , et  celui  qu  on  u 

îrant.  r vnînnt  ne aae  à Paris  de  ces  diffé- 

<^elques  personnes  faisment,  ^ ^ ^ ^ 

ïentS,  ^enlever  à l’esprit  de  vin  l’odeur  des  huiles  essen- 
ment  d enlever  a P îdmmatiser  , afin  qu  il 


assurés,  uu  ia  

solument  imP05^  d vin  par  une  huile  essentielle  ou 
rouuiquee  a 1 esp  bifn  ^ ô(er  une  partie;  mais  il 

par  une  résine-  P e pesprit  de  vin  ne  puisse 

einrSvhT aucune  liqueur  de  table:  U ne  peut  plus 
Le  employé  que  P““r  ‘"mandent  de  rectifier  l’esprit 
deQvlu  sL  du  sk  luth,  après  les  avoir  fait  d, gérer  eu, 


Éléments  de  pharmacie:  38y 

semble  ; mais  ce  sel  décompose  l’esprit  de  vin  à-peu-près 
de  même  que  la  chaux  : l’esprit  de  vin  acquiert  d’ailleurs 
tme  couleur  rouge,  comme  nous  l’avons  dit  en  parlant 
de  la  teinture  de  sel  de  tartre;  ce  qui  est  une  preuve  du 
commencement  de  sa  décomposition.  11  est  vrai  qu’il  perd 
sa  couleur  parla  rectification;  mais  il  n’en  est  pas  moins 
altéré,  puisque  la  matière  saline  qu’il  laisse  après  sa  dis- 
tillation , fournit  un  sel  neutre  crystallisable , formé  par, 
l’acide  de  l’esprit  de  vin  et  le  sel  akali. 

D’autres  Chymistes  recommandent  de  rectifier  l’esprit 
de  vin  sur  de  la  mie  de  pain  séchée , ou  sur  du  savon,  ou 
sur  de  la  craie.  Ces  substances  sont  très  propres  à retenir 
le  phlegine  et  1 huile  suiabondante  de  1 esprit  de  vin  ; mais 
la  craie  produit  un  effet  à-peu-près  semblable  à celui  de  la 
chaux , avec  cette  différence  seulement  qu’elle  décompose 
moins  promptement  l’esprit  de  vin.  La  mie  de  pain,  ou 
le  son,  sont  des  substances  qui  n’alterent  point  l’esprit 
devin;  elles  fournissent,  pendant  la  distillation  , un  mu- 
cilage qui  s’empare  du  plilegme  : ils  sont  l’un  et  l’autre  de 
très  bons  intermèdes  pour  rectifier  l’esprit  de  vin  : maia 
ils  ont  l’inconvénient  de  lui  donner  une  légère  odeur  de 
pierre  à fusil,  qui  est  celle  que  prend  la  farine  pendant 
qu’on  moud  le  bled  entre  les  meules  de  pierre  vitrifiable,- 

L’esprit  de  vin  que  j’ai  tiré  du  vin  d’Espagne  , a con- 
servé une  grande  partie  de  son  odeur  et  de  sa  saveur, 
même  après  avoir  passé  successivement  par  toutes  les  opé- 
rations dont  nous  venons  de  parler  ; ce  qui  pourroit  faire 
présumer  que  ces  propriétés  sont  dépendantes  de  la  nature 
de  cette  espece  de  vin. 

L’usage  du  serpentin,  plongé  dans  une  cure  remplie 
d’eau  froide  , s’est  introduit  pour  la  rectification  de  l’esprit 
de  vin,  et  a été  substitué  au  serpentin  à colonne,  etc. 
Cependant  cet  instrument,  tout  excellent  qu’il  est,  n’est 
pas  non  plus  sans  inconvénient,  sur-tout  lorsqu’on  veut 
se  procurer  de  l’esprit  de  vin  débarrassé  de  tout  phle^me. 
Par  exemple , lorsqu’on  tient  très  froide  l’eau  de  la  cuve 
du  serpentin  , on  refroidit  la  masse  d’air  contenue  dans  le 
serpentin;  l’humidité  de  cefte  masse  d’air  se  condense 
contre  ses  parois  intérieures  , de  la  même  maniéré  que  la 
fraîcheur  d un  vase  porté  dans  un  endroit  où  l’air  est 
chaud  , condense  à sa  surface  l’eau  contenue  dans  l’air  qui 
le  touche.  L’humidité  de  l’air,  ainsi  condensée  dans  l’in. 

13  bij 


388  ELEMENTS  DE  !»  H A EMACIE. 

teneur  du  serpentin,  distille  avec,  l’esprit  de  vin,  quisechargej' 

par  ce  moyen,  d’une  assez  grancie  quantité  d humidité.  ^ 

Si  l’eau  du  serpentin  est  très  froide,  l’esprit  de  vin  qui 
distille  est  aussi  lui-même  très  froid  : dans  ce  cas,  il  v.on- 
dense  à sa  surface  l’humidité  de  la  portion  d’air  qui  le 
touche,  laquelle,  en  se  renouvellant , porte  continuelle- 
ment de  l’eau  dans  l’esprit  de  vin.  Ces  observations  sont 
fort  indifférentes  pour  la  distillation  des  huiles  essentielles 
dont  nous  avons  parlé  , puisqu’on  les  fait  distiller  avec  de 
l’eau  *,  maïs  elles  ne  le  sont  pas  pour  de  1 esprit  de  vin 
qu’on  veut  avoir  parfaitement  dephlegme.  _ 

Dans  la  vue  de  connoître  jusqu’à  quel  point  1 eau 
ténue  en  dissolution  dans  l’air,  s’introduit  dans  L intérieur 
du  serpentin  lorsqu’il  est  bien  rafraîchi  par  dehors,  j ai 
fait  F expérience  suivante  : j’ai  mis  en  distillation  au  bain- 
marie  deux  livres  d’esprit  de  vin,  donnant  07  degres  au 
pese-liqueur  , et  j’ai  rempli  le  serpentin  de  glace.  J ai  ob- 
tenu deux  livres  quatre  onces  d’esprit  de  vin  plus  foible 
■qu’il  n’étoit  auparavant,  puisqu’il  ne  donnoit  que  01 
àeovés  au  même  pese-liqueur  et  à la  température  de  la 
glace.  Lorsque  cette  expérience  est  faite  en  ete  , pai  un 
temps  très  humide,  il  s’introduit  encore  un  peu  plus  d eau 
dans  le  serpentin.  J’ai  bien  constaté  que  pour  avoir  de 
l’esprit  de  vin  , donnant  58  degrés  au  pese-liqueur  , au 
terme  de  la  glace  , il  est  absolument  nécessaire  de  e 
rectifier  sans  serpentin , et  ne  point  mettre  d eau  dans  le 
réfrigèrent;  et  que  si  l’on  veut  se  servir  du  serpentin,  il 
est  essentiel  -de  mettre  dans  la  cuve  du  serpentin  ae  l eau 
qui  soit  chaude  au  moins  a cinquante  degres.  L esprit  de 
i se  saisit  dé  l’humidité  de  l’air,  avec  une  facilite  qui 
n’a  pas  toujours  été  assez  remarquée.  Quelques  Chymistes 
Line  commissent  vraisemblablement  pas  cette  facilité 
avec  laquelle  l’humidité  de  l’air  s’introduit  dans  1 inté- 
rieur du  serpentin  refroidi,  ont  fait  brûler  une  mec  - 
prit  de  vin  , èt  fait  passer  la  flamme  et  la  vapeur  dans  un 
serpentin  rafraîchi  par  la  glace:  ils  ont  obtenu  xS  onces 
d’eau  et  on  ont  conclu  qu’il  y avoit  de  1 eau  de  lecom- 
posée  par  l’air  inflammable  qu’ils  supposent  être  contenu 
Sans' Tesprit  de  vin.  Ils  ont  aussitôt  lié  cette  okmm 
à celle  de  la  prétendue  recomposition  de  I eau,  opéreepar  la 
combustion  fie  l’air  inflammable  dans  l’air  ddphlosrsuqué 
Ç’esl.  par  des  expériences  de  cette  nature  qu 


]ï  L é M E N T S DE  PHARMACIA?  38  C) 

détruire  la  théorie  donnée  par  Staahl,  et  confirmée  par  ceux: 
qui  ont  adopté  sa  doctrine;  mais  les  faits  et  nos  observa- 
tions nous  portent  à croire  que  la  propriété  combustible  de 
l’esprit  de  vin,  lui  vient  de  l'huile  de  vin  très  rectifié  qu’il 
contient,  et  non  de  l’air  inflammable;  l’air  inflammable 
qu’il  peut  produire,  est  de  l’air  élémentaire  qui  tient  de  l’es- 
prit de  vin  en  dissolution. 

Lorsqu’on  distille  avec  le  serpentin  , il  faut,  toutes 
choses  égales  d’ailleurs,  un  plus  grand  degré  de  chaleur 
pour  mettre  la  distillation  en  train,  et  pour  l’entretenir, 
que  lorsqu’on  ne  s’en  sert  pas;  pareeque  les  vapeurs  qui, 
s ( lèvent  de  1 alambic,  ont  à vaincre  la  résistance  que  hv 
colonne  d’air,  contenue  dans  l’intérieur  du  serpentin, 
oppose  continuellement  à ces  mêmes  vapeurs  ; mais  eu 
remédie  ù cet  inconvénient  en  employant  des  serpentins 
faits  avec  des  tuyaux  d’un  plus  grand  diamètre.  1!  est  fort 
dangereux  d adapter  à de  très  grands  alambics  des  serpen- 
tins faits  des  tuyaux  d’un  petit  diamètre  : la  quantité  de 
vapeurs  qui  s’élèvent  à la  lois  , ne  trouvant  pas  une  issue 
suffisante  pour  sortir,  fait  un  effort  considérable  , et 
soulevé  le  chapiteau  de  l’alambic  avec  danger  pour  les 
assistants.  ° 

L esprit  de  vin  peut  être  considéré  comme  une  combi- 
naison d huile  essentielle  très  ténue  , dissoute  dans  une 
giande  quantité  d eau  , par  1 intermede  d’un  acide  subtil 
mais  parfaitement  bien  combiné. 

Les  propriétés  générales  de  l’esprit  de  vin  parfaitement 
pur  sont  : 


1 . De  n avoir  aucune  odeur  étrangère;  ce  que  l’on  re- 
connoit  en  s’en  frottant  les  mains  : la  partie  spiritucuse 
doit  s’évaporer  promptement  , et  ne  laisser  ni  humidité  „ 
ni  odeur  qui  approche  de  celle  du  phlegme  d’eau-de-vie  : 
si  le  contraire  arrive,  c’est  une  preuve  qu’il  a été  mal  rectifié. 

2 . L esprit  de  vin  pari  alternent  rectifié  ne  doit  peser 
que  six  gios  quarante -nuit  grains  dans  une  bouteille  qui 
tient  une  once  d eau  : la  température  a dix  degrés  au-dessus 
de  la  congélation. 

Il  y a encore  plusieurs  autres  moyens  pour  reconnoitre 
la  bonté  de  l’esprit  de  vin,  tel  que  celui  que  propose  de 
Leaumur.  Il  consiste  à enfermer  de  l’esprit  de  vin  dans 
une  petite  fiole  semblable  à celles  dont  on  lait  les  thermo- 
mètres : on  juge  de  sa  bonté  par  sa  plus  grande  dilatabi* 

13  b iij 


390  ''éléments  ce  pharmacie. 

]ité.  D’autres  Chymistes  proposent  de  l’enflammer  dan® 
des  vaisseaux  profonds  et  plonges  dans  1 eau  froide  : on 
juge  de  sa  bonté  lorsqu’il  ne  laisse  qu’une  petite  quantité 
d’eau.  L’esprit  de  vin  parfaitement  déphlegmé  ne  doit 
point  humecter  le  sel  alxali  bien  desséché. 

Enfin  on  éprouve  la  bonté  de  l’esprit  devin  parla  poudre 
à canon.  On  met  de  l’esprit  de  vin  dans  une  cuiller  avec 
de  la  poudre  : on  met  le  feu  à l’esprit  de  vin,  et  lorsqu’il 
est  près  de  cesser  de  brûler , il  fait  prendre  feu  à la  poudre. 
On  croit  communément  qu’il  est  parfait  lorsqu’il  enflamme 
ainsi  la  poudre  ; mais  cette  expérience  est  fautive  : l’in- 
flammation de  la  poudre  dépend  de  la  quantité  employée  ; 
c’est-à-dire  que  si  l’on  met  quelques  grains  de  poudre  avec 
beaucoup  d’esprit  de  vin  parfaitement  rectifié,  il  ne  mettra 
pas  le  feu  à la  poudre , parceque  l’humidité  qu’il  fournit 
pendant  son  inflammation  , l’humecte  suffisamment  pour 
l’empêcher  de  s’enflammer  : ainsi  cet  esprit  de  vin  passera 
pour  être  de  mauvaise  qualité  aux  yeux  de  ceux  qui  ne 
sont  pas  instruits  de  cet  efiet;  tandis  que  de  marnais  es- 
prit de  vin  , sur  lequel  on  fera  la  même  opération  avec  une 
forte  pincée  de  poudre  , passera  pour  de  bon  esprit  de 
vin  , parcequ’il  enflammera  cette  poudre. 

De  tous  les  moyens  dont  nous  yenons  de  parler  pour 
connoître  les  degrés  de  rectification  de  1 esprit  de  vin,  il 
n’v  a,  à proprement  parler,  que  celui  de  sa  pesanteur 
spécifique  comparée  à l’eau , qui  soit  bon  , et  qui  soit  tou- 
jours comparable;  mais  il  a l’inconvénient  d’être  embar- 
rassant , en  ce  qu’il  faut  porter  avec  soi  des  poids  et  cies  ba- 
lances continuellement.  Les  autres  moyens  dont  nous 
venons  de  parler  n’indiquent  rien  de  suffisamment  exact  ; 

d’ailleurs ilsnesontpasmoinsincommodesparl  attirailqu  ils 

exigent  ; en  un  mot,  ils  ne  réunissent  pas  les  avantages 
qu’on  cherche.  On  a essayé  de  faire  usage  de  Parcomètre  , 
ou-vpese-liqueur  : cet  instrument  est  très  commode  ; il 
réunit  tous  les  avantages  qu’on  desire;  mais  na\anl  pu 
trouver  une  maniéré  sûre  pour  le  graduer,  il  étoit  encore 
inutile  pour  des  opérations  de  comparaison.  Aucuns  <Je 
ces  pese-liqueurs  ne  sont  comparables  entre  eux  : lorsque 
par  aventure  on  vient  à casser  son  pese-liquour , 1 11  cs 

plus  possible  d’en  faire  un  autre  de  même  marche  : il  tant 
étudier  ce  nouvel  instrument , et  se  former  une  nouvelle 
routine.  Sa  graduation  d’une  maniéré  stable  et  compa- 


'/lIîMENTS  DE  PHARMACIE.  391 

rable  , comme  le  sont  les  bons  Lhermometres  , occupoie 
depuis  long-temps  les  Physiciens  : on  travailioit  à cette 
recherche,  mais  sans  succès;  pareequ’on  n’avoit  pas  su  se 
procurer  deux  termes,  comme  on  les  a obtenus  pour  la 
construction  des  thermomètres. 

Je  crois  y être  parvenu  par  un  procèdésimpîe,  et  au  moyen 
duquel  on  peut  se  procurer  en  tout  temps  , et  en  tous 
pays,  des  pese-liqueurs  comparables  entre  eux,  et  qui 
soient  toujours  de  même  marche  , quoique  faits  par  diffé- 
rents ouvriers.  Voici  la  maniéré  de  le  construire;  mais 
pour  bien  entendre  sa  construction,  il  convient  que  je  dé- 
crive auparavant  un  autre  pese- liqueur , au  moyen  duquel 
011  peut  parvenir  à connoitre,  avec  la  derniere  précision, 
la  quantité  de  sel  neutre  , akali  ou  acide,  contenue  dans 
chaque  quintal  d’eau  , et  pareillement  la  quantité  de  sub- 
stance saline  contenue  dans  les  acides  minéraux  ; ce  qu’on 
n’avoit  jamais  pu  faire  avec  exactitude  jusqu’à  présent. 
Chaque  degré  de  cet  instrument  indique  le  nombre  de  livres 
de  sel  marin  contenu  dans  l’eau  salée  soumise  à l’épreuve» 

Description  d’un  pese-liqueur , pour  connoitre  la  quan- 
tité de  sel  contenue  dans  chaque  quintal  d’eau. 

On  prend  un  pese-liqueur  ordinaire  , de  verre,  qui  a à- 
peu-près  la  figure  d’un  thermomètre;  avec  celte  différence 
seulement,  qu’on  à soudé  à la  partie  inférieure  de  la  boule 
une  petite  tige,  au  bout  de  laquelle  011  a pratiqué  une 
seconde  boule,  mais  beaucoup  plus  petite,  dans  laquelle 
on  met  du  mercure  en  suffisante  quantité,  pour  le  lester, 
le  faire  tenir  droit,  et  le  faire  enfoncer  dans  l’eau  pur© 
presque  jusqu’au  haut  du  tube  : on  marque  zéro  à l’endroit 
où  il  cesse  de  s’enfoncer  dans  cette  eau  pure;  ce  qui  forme 
le  premier  terme  : voyez  planche  3 , page  894  , première 
figure.  Pour  avoir  le  second  terme  , on  prépare  une  eau 
salée,  en  faisant  dissoudre  quinze  livres  de  sel  marin  très 
sec  et  très  pur,  dans  quatre-vingt-cinq  livres  d'eau;  ce  qui 
forme  cent  livres  de  liquide:  ou  , si  l’on  veut,  on  emploie 
quinze  onces  de  sel,  et  quatre-vingt-cinq  onces  d’eau;  ce 
qui  est  absolument  la  même  chose.  On  plonge  l’instrument 
dans  celle  liqueur  : lorsqu’elle  est  froide,  il  s’y  enfonce 
beaucoup  moins  ; et  quand  le  pese-liqueur  cesse  de  s'y 
enfoncer  , 011  marque  à cet  endroit  du  tube,  quinze  degtés  $ 
ce  qui  donne  le  second  terme» 


B b if 


9 

?>C)2  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  divise  l'intervalle  qui  se  trouve  entre  res  deux 
termes,  en  portions  égales  , qui  forment  autant  de  degrés. 
Cet  intervalle  , ainsi  gradué,  sert  d’étalon  pour  diviser  de 
la  même  maniéré  la  partie  inférieure  du  tube  que  nous 
supposons  suffisamment  long.  Pour  cela  on  prend  , avec 
un  compas,  la  distance  de  zéro  à quinze,  que  l’on  re- 
porte en  bas , et  que  l’on  divise  de  même  ; ce  qui  donne 
trente  degrés  sur  l’instrument.  On  peut  ainsi  augmenter 
le  nombre  des  degrés  jusqu’à  quatre-vingt,  si  on  le  juge  à 
propos,  quoiqu’on  n’ait  jamais  occasion  de  s'en  servir. 

11  est  difficile  de  se  procurer  des  pese-liqueurs  dont  le 
tube  soit  parfaitement  cylindrique  etd’un  diamètre  égal.  Cet 
inconvénient  est  commun  aux  pese-liqueurs  et  aux  ther- 
momètres. D’après  cette  observation  , il  est  sensible  qu’il 
doit  se  trouver  souvent  des  inégalités  entre  les  degrés  de 
cet  instrument;  mais  on  peut  y remédier  en  formant  les 
degrés  du  pese-liqueur  les  uns  après  les  autres.  Ainsi  on 
prendra  une  livre  de  sel  qu’on  fera  dissoudre  dans  quatre- 
vingt-dix-neuf  livres  d’eau  ; et  l’endroit  où  le  pese-liqueur , 
plongé  dans  ce  fluide,  s’arrêtera,  formera  le  premier  degré. 
Pour  marquer  le  second  degré,  on  fera  dissoudre  deux 
livres  du  même  sel  dans  quatre-vingt-dix-huit  livres  d’eau  : 
pour  le  troisième  degré  , on  prendra  trois  livres  de  sel 
et  quatre-vingt-dix-sept  livres  d eau  ; et  ainsi  de  suite  , 
jusqu’à  ce  que  l’on  soit  parvenu  à graduer  entièrement 
je  pese-liqueur,  en  diminuant  toujours  la  quantité  de  1 eau 
d’autant  de  livres  que  l’on  ajoute  delivres  desel. Toutes  ccs 
opérations  doivent  se  faire  dans  unecave  ; et  il  faut  y lais* 
ser  les  liqueurs  assez,  de  temps  pour  qu  elles  en  prennent  la 
température,  qui  est  de  dix  degrés  au-dessus  de  la  glace. 

Lorsqu’on  fait  dissoudre  le  sel , il  faut  bien  prendre  garde 
d’en  perdre,  ainsi  que  de  Peau  : la  dissolution  doit  être 
laite  dans  un  malras  clos,  afin  qu’il  n’y  ait  aucune  évapo- 
ration , sans  quoi  la  liqueur  seroit  imparfaite,  et  le  pese- 
liqueur  seroit  manqué.  Nous  allons  appliquer  ce  procédé 
à la  construction  d’un  pese-liqueur  pour  i esprit  de  vin. 

Construction,  d’un  nouvel  areometre , ou  pese-liqueur  de 
comparaison , pour  connaître  les  degrés  de  rectification 
des  liqueurs  spiritiieuses. 

Pour  construire  ce  pese-liqueur , il  faut  deux  liqueurs 
propres  à fournir  deux  termes  : ces  liqueurs  sont  1 eau  pure 


ÉLÉMENTS  T)  E T H A H M A C I K.  3p3 

pour  îe  premier  terme  ; et  de  l’eau , chargée  d’une  quantité 
•déterminée  de  sel  pour  le  second.  Pour  préparer  cette 
de  rniere  liqueur,  on  prend  dix  onces  de  sel  marin  purilié 
et  bien  sec  : on  les  met  dans  un  matras  : on  verse  par-des- 
sus quatre-vingt-dix  onces  d’eau  pure  : on  agite  le  matras 
afin  de  faciliter  la  dissolution  du  sel;  lorsque  le  sel  est  dis- 
sous , la  liqueur  est  préparée. 

Alors  on  prend  un  pese-liqueurde  verre,  disposé  comme 
le  précédent,  et  chargé  de  mercure  suffisamment  : on  le 
plonge  dans  cette  liqueur.  Il  doit  s’y  enfoncer  à deux  ou 
tous  lignes  au-dessus  de  la  seconde  boule  ; s’il  s’enfonce 
trop  , on  ôte  un  peu  de  mercure  de  la  petite  boule;  s’il  ne 
s enfonce  pas  assez,  on  en  ajoute  suffisamment:  lorsqu’il 
s’enfonce  convenablement,  on  marque  zéro  àPcndroit  où  il 
s arrête  ; cela  forme  le  premier  ternie  : voyez  A , figure  2 : 
ensuite  011  enleve  l’instrument;  on  le  lave  et  on  le  plonge 
dans  de  1 eau  distillée  : on  marque  dix  degrés  à l’endroit 
ou  il  s est  fixé  B ; cela  forme  le  second  terme  : on  divise 
en  dix  parties  égales  l’espace  compris  entre  ces  deux  termes  ; 
ce  qui  donne  dix  degrés.  Ils  servent  d’étalon  pour  former 
les  autres  degrés  de  la  partie  supérieure  du  tube.  On  donne 
a ce  pese-liqueur  1 étendue  de  quarante-cinq  degrés;  ce  qui 
est  suffisant. 

1 .es  degrés  que  ce  pese-liqueur  annonce,  ont  un  usage 
inveisc  de  celui  qui  sert  aux  liqueurs  salines;  car  le  pese- 
liqueui  piopre  aux  sels  annonce  une  eau  d’autant  plus  riche 
en  sel , qu’il  s’enfonce  moins  dans  cette  eau.  Celui-ci,  au 
contraire,  annonce  une  liqueur  d’autant  plus  riche  eu 
esprit,  qu  il  s enfonce  davantage  dans  les  liqueurs  spiri- 
tuelles; dans  le  premier  cas,  on  cherche  à connoître  le 
pms  grand  d^gré  de  pesanteur  ; et  dans  le  second  cas,  au 
contraire,  le  plus  grand  degré  de  légèreté,  qui  indique  le 
pins  grand  degré  de  rectification  des  liqueurs  spiritueuses. 
Au  moyen  de  cette  construction  , on  pourra  dorénavant 
avoir  des  pese-Iiqueurs  toujours  comparables  entre  eux,  et 
absolument  de  même  marche  , quoique  faits  par  divers 
ouvriers  et  dans  des  temps  différents. 

•1  «li  fait  faire  beaucoup  de  pese-liqueurs  semblables  à 
ce  ui  dont  je  viens  de  donner  la  description  : ils  se  rappor- 
teur entre  eux  avec  la  plus  grande  précision  : lorsqu’on  les 
ponge  dans  quelque  espece  d’eau-de-vie  que  ce  soit  , ou 
ttaus  Lln  espnt  de  vin  quelconque , ils  s’enfoncent  tous 


Eléments  de  pharmacie» 

exactement  au  même  degré , et  sont  toujours  d accord  entre 
eux  , quelle  que  soit  d’ailleurs  l’espece  de  verre  qu  on  em- 
ploie pour  leur  construction  , et  quelles  que  soient  les  pro- 
portions qui  se  rencontrent  entre  la  grosseur  de  la  boule , la 
longueur  et  la  grosseur  de  la  tige.  J’ai  fait  beaucoup  d’expe- 
riences  au  pese-liqueur  , dans  lesquelles  j ai  employé , entre 
autres,  deux  pese-liqueurs  disproportionnés  par  leur  jo- 
lume,  qui  ont  néanmoins  constamment  indique  le  meme 
nombre  de  degrés,  étant  plongés  dans  la  même  liqueur 

SP  Le^lus  grand  de  ces  pese-liqueurs  avoit  une  boule  de 
vingt-sept  lignes  de  diamètre  et  une  tige  de  seize  pouces  et 
demi  de  hauteur,  et  de  quatre  lignes  de  diamètre.  ^ 

Le  plus  petit  avoit  une  boule  de  neuf  lignes  de  diamètre , 
une  tige  de  deux  pouces  et  demi  de  long , et  de  deux  lignes 
de  diamètre.  Les  autres  pese-liqueurs  que  j ai  employés 
concurremment  dans  mes  expériences,  avoient  des  boules 
et  des  tiges  de  grosseur  et  de  grandeur  intermediaires. 

Ce  pese-liqueur  est  facile  à construire*,  il  n exige  aucun 
calcul  mathématique , aucune  proportion  particulière  entre 
la  grosseur  et  la  longueur  de  la  tige,  respectivement  a la 
grosseur  de  la  boule:  il  suffit,  en  le  construisant , de  lui 
donner  les  dimensions  les  plus  commodes  , afin  qu  ü ne 
soit  pas  embarrassant*,  ce  qui  est  un  avantage  bien  piecieux 
dans  un  instrument  de  cette  espece.  Les  deux  termes  qu 
emploie  dans  la  construction  de  ce  pese-liqueur  sont  iacües 
à se  procurer.  La  distribution  de  mes  degrés  n est  point 
arbitraire , comme  elle  l’est  dans  tous  les  pese-liqueurs  faits 

1 Plusieurs  Physiciens  avoient  proposé  pour  point  fixe  de 
leur  pese-liqueur , l’eau  pure  pour  le  premier  terme  , et  des 
poidl  connus  pour  le  second,  par  le  moyen  desquels  on 
faisoiten  foncer  le  pese-liqueur  convenablement  : ondmsort 
l’intervalle  compris  entre  ces  deux  termes  , g 

respectifs  aux  poids  employés.  J’ai  fait  construire  quelques 
nese-liqueurs  par  cette  méthode;  et  chaque  grain  , poids 
rbir  fonnoit  autant  de  degrés.  Mais  ,e  nat  pomt 
tardé  de  m’appercevoir  que  cette  méthode  était  tre. 
fectueuse,  et  qu’elle  ne  pouvo.t jamais  fournit ■ » Ma  phy 
sique  un  instrument  qui  fût  praticable  pour  le  commerce- 
Deux  pese-liqueurs  que  j ai  lait  construire  par 
thode/et  de  volumes  très  peu  dilférents,  s accordoieat 


Pl  3 . 


Pue  Lujiievr-pow 
l&a  Jeh 
Fief. i.  o 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  3()5 

ben,  que  l’un  donnoit  quatre-vingt-quinze  degrés,  et 
l’autre  cinquante,  étant  plongés  dans  le  même  esprit  de 
vin  ; ce  qui  n’est  pas  étonnant.  Le  jeu  du  pese-liqueur  est 
de  déplacer  un  volume  de  liquide  égal  à la  partie  qui 
plonge  dans  ce  même  liquide;  mais  ce  déplacement  se  lait 
non  seulement  en  raison  du  poids,  mais  encore  en  raison 
du  volume  du  pese-liqueur.  Ainsi,  les  poids  dont  on  le 
charge  dans  l’intérieur , pour  le  graduer  , agissent  différem- 
ment, suivant  la  capacité  du  pese-liqueur;  et  ils  pro- 
duisent d’autant  moins  d’effet,  que  le  volume  du  pese-li- 
liqueur  est  plus  grand. 

Quelques  personnes  m’ont  demandé  si,  par  le  moyen  de 
mon  pese-liqueur,  on  pouvoit  connoître  la  quantité  d’eau 
et  de  liqueur  spiritueuse  contenue  dans  une  quantité 
donnée  d’esprit  de  vin,  comme  on  connoîtla  quantité  de 
sel  qui  se  trouve  dans  cent  livres  d’eau  salée.  La  compa- 
raison n’est  point  exacte.  Le  sel  est  indépendant  de  l’eau; 
on  peut  l’avoir  à part,  parcequ’il  peut  exister  sans  eau 
surabondante  à son  essence  saline.  Mais  il  n’en  est  pas  de 
même  de  l’esprit  de  vin;  l’eau  est  un  de  ses  principes 
constituants;  on  ne  peut  l’en  priver  que  jusqu’à  un  cer- 
tain point,  au-delà  duquel  on  le  décompose;  et  il  cesse 
d etre  esprit  de  vin  , si  on  le  prive  d’une  plus  grande 
quantité  de  son  eau.  La  partie  vraiment  spiritueuse  de 
1 esprit  de  vin  est  le  principe  huileux  rectifié  qu’il  contient; 
mais  ce  principe  tout  seul  ne  peut  point  former  d’esprit  de 
vin;  c’est  son  union  avec  l’eau  et  un  peu  d’acide  qui  le 
produit.  L’éther  peut  être  considéré  comme  de  l’esprit  de 
vin  prodigieusement  rectifié;  cependant  il  contient  encore 
plus  de  sept  huitièmes  de  son  poids  d’eau  principe , sans 
laquelle  il  ne  seroit  plus  de  l’éther.  Ainsi  il  est  démontre 
qu  on  ne.  pourra  jamais  , parle  moyen  d’aucun  pese-liqueur, 
connoître  la  quantité  de  liqueur  spiritueuse  contenue  dans 
un  volume  d’esprit  devin;  il  indiqueroit  plutôt,  si  cela 
étoit  possible,  la  quantité  de  matière  inflammable,  on 
plilogistique  que  l’esprit  de  vin  contient.  D’où  il  résulte 
qu  ou  doit  se  contenter  d’un  pese-liqueur  de  comparaison , 
qui  indique  avec  précision  qu’un  tel  esprit  de  vin  est  meil- 
leur qu  un  autre,  et  que  celui  qui  est  moins  bon,  contient 
tant  d’eau  de  plus  que  celui  qui  est  de  meilleure  qualité; 
c est  tout  ce  qu’on  peut  exiger  d’un  instrument  de  celte 
espece.  Afin  de  faire  connoître  1 utilité  et  lesavania2.es  de 

tD 


3ç>6  ELEMENTS  P E PHARMACIE. 

mon  pese-liqueur,  j’ai  rassemblé  en  une  table  les  prin- 
cipales expériences  que  j’ai  faites  sur  l’esprit  de  vin.  lléau- 
mur  s’étoit  occupé  d’expériences  du  même  genre;  mais 
comme  il  n’avoit  point  de  pese-liqueurs  comparables , ces 
expériences  sont  devenues  inutiles  à la  Chymie , a la  physi- 
que et  au  commerce.  11  étoit  meme  si  persuade  que  le 
pese-liqueur  qu’il  employoit  à graduer  1 esprit  de  \in  pour 
ses  thermomètres  étoit  défectueux,  qu  il  n en  a jamais  pai  le. 
Feu  Capi,  constructeur  de  baromètres,  de  thermomètres, 
etc.  m’avoit  procuré  de  l’esprit  de  vin,  que  de  Reaumur 
avoit  arrangé  lui-même  pour  faire  des  thennometies  . cet 
esprit  de  vin  étoit  coloré  par  de  l’oseille  : je  l’ai  examiné 
avec  mon  pese-liqueur:  il  donnoit  vingt-huit  degies  ut 
demi,  la  température  du  lieu  étant  a dix-neuf  degrés  au- 
dessus  de  la  congélation.  Si  cet  esprit  de  vin  n’eût  point 
été  coloré , il  auroit  donné  environ  trente-quatre  degrés. 

J’avois  publié, dans  les  feuilles  del  Avant- Coui eut , pour 
l’année  1760,  le  pese-liqueur  dont  je  viens  de  donner  lades— 
cription.  Un nomméCartier,  quiavoit  été  monouviiei , s en 
étant  emparé,  le  présenta,  comme  de  lui, a la  ferme  générale, 
avec  quelques  changements  dont  nous  allons  rendre  compte. 
J’ai  vu  sur  son  pese-liqueur,  construit  en  argent,  quels 
premier  terme  pris  avec  de  l’eau  est  numéroté  1 o , et  que  le 
dernier  est  numéroté  6,5.  Ce  sont  d’abord  les  mernes  déno- 
minations des  deux  extrêmes  de  mon  pese-liqueur;  ainsi  il 
n’a  fait  aucun  changement  sur  le  nombre  de  degrés  et 
sur  la  maniéré  de  les  distribuer.  J’ar  plongé  ce  pese-liqueur 
dans  des  liqueurs  spiritueuses  de  différents  degies  de 
force:  j’ai  plongé  également  le  mien  dans  les  mêmes  li- 
queurs pour  établir  une  comparaison  entre  leurs  maiches: 
voici  celle  qu’ils  ont  suivie. 


Marche  de  monpese- 

Marche  du  pese-liqueur 

liqueur. 

de  Carder. 

10  degrés,  terme  deV  eau. 

1 cple grés,  terme  de  l'eau * 

1 5 

1 7 ’ • • 

• J7 

- J9 

. 

. 

24 



. 2 5 . . -a  • • • * 

£l£ments  de  pharmacie'; 

Marche  de  mon  pese-  Marche  du  pese-liqueur 
Liqueur  de  Cartier. 


3 o degrés , 

32  ...  . 
35  ...  . 


4° 


28  degrés, 

3o  . . . . 
32  ...  ; 
34  ...  . 
3;  ...  . 


11  résulte  de  ces  expériences  , que  le  pese-liqueur  de  Car- 
tier suit  la  marche,  du  mien  jusqu’au  dix-septieme  degré: 
il  s’eu  dérange  ensuite  d’un  , de  deux  et  de  trois  degrés,  à 
proportion  que  les  liqueurs  dans  lesquelles  on  le  plonge, 
sont  plus  spiritueuses.  Je  vais  rendre  compte  d’où  pro- 
vient cette  différence.  Mon  pese-liqueur  est  gradué  par 
une  eau  chargée  d’une  quantité  connue  de  sel  depuis  zéro 
jusqu’à  10.  C’est  cette  première  graduation  qui  me  donne 
la  distance  des  autres  degrés  supérieurs.  Je  la  supprimé 
ordinairement  de  mes  pese-liqueurs,  afin  de  diminuer  la 
hauteur  de  la  tige  , et  pour  qu’ils  soient  moins  volumi- 
neux. Cartier  a adopté  ce  retranchement:  il  commence  de 
même  son  pese-liqueur  au  terme  de  10  pour  son  premier 
d îgré.  Enfin  il  a pris  pour  deuxieme  terme  le  treille- 
deuxieme  degré  sur  mon  pese-liqueur,  pour  en  faire  le 
trentième  sur  lé  sien.  Il  a divisé  l’espace  compris  entre  ces 
deux  termes,  en  vingt  ; ce  qui  produit  surdon  pese-liqueur 
le  nombre  de  trente  degrés  , au  lieu  de  trhrtte-deux  comme 
ils  se  trouvent  sur  le  mien.  Voilà  toute  la  différence  qu’il 
y a entre  mon  pese-liqueur  et  celui  de  Cartier  : elfé  est 
suffisante  pour  changer  sa  marche  de  quelques  degrés  , et 
pour  qu’elle  ne  soit  pas  d’accord  avec  la  marche  du  mien. 
Cartier  a pensé  apparemment  qu’il  m’auroit  été  impossible 
de  découvir  un  tel  changement.  11  a parconséquent  <fété 
mon  pese-liqueur;  d’exact  qu’il  étoit  , il  en  a lait  un^in- 
slrument  défectueux.  Les  dix  premiers  degrés,  formés  par 
l’edu  douce  et  par  l’eau  salée  sur  son  pese-liqueur,  occu- 
pent moins  d’étendue  que  les  dix  autres  degrés  suivants, 
là’après  cette  découverte,  si  c’en  est  une,  j’ai  construit,  sui- 
vant les  principes  défectueux  de  Cartier,  six  pese-liqueurs 
semblables  au  sien,  lesquels  se  sont  trouvés  absolument 
d’accord  avec  celui  des  siens  qu’on  m’a  procuré.  11  est  visi- 
ble, d’après  tous  ces  laits,  que  mou  pese-liqueur  est  l’éta- 


898  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Ion  de  ceux  de  Cartier;  et  que  sa  prétendue  découverte 
dont  il  fait  tant  de  mystère,  et  qu’il  garde  par  devers  lui  si 
secrètement , ne  peut  avoir  lieu  , et  n’existeroit  pas  sans 
mon  pese-liqueur.  Je  crois  donc  avoir  droit  de  revendiquer 
la  découverte  d’un  pese-liqueur  de  comparaison  pour  con- 
noître  les  degrés  de  rectification  desjiqueurs  spiritueuses, 
facile  à construire,  que  j’ai  procuré  à la  physique  et  au 
commerce.  Je  l’ai  revendiqué  dans  la  feuille  de  V Avant- 
Coureur  du  16  septembre  1771.  Le  sieur  Cartier  n’a  pas 
osé  répliquer  depuis  l’impression  de  cet  article. 

Les  pese-liqneurs  de  métal  sont  absolument  défectueux, 
ils  sont  sujets  à s’user,  à perdre  par  conséquent  de  leur  poids 
et  de  leur  volume  *,  deux  choses  d’où  dépendent  leur  jeu 
et  leur  exactitude  : c’est  pour  cette  raison  que  ceux  de  verre 
méritent  la  préférence  à tous  égards. 

Après  m’être  procuré  mon  pese-liqueur  de  comparaison ,' 
mon  premier  soin  fut  de  reconnoitre  si  l’esprit  de  vin  est 
susceptible  d’un  terme  de  rectification  , qui  soit  perma- 
nent , ou  à-peu-près  , et  quel  est  ce  terme.  Pour  cela  , j’ai 
rectifié  de  l’esprit  de  vin  de  différentes  maniérés  ; savoir , 
i°.  sans  intermèdes.  20.  J’ai  rectifié  de  l’esprit  de  vin  sur 
du  son  de  froment  : j’en  ai  rectifié  d’autre  sur  de  la  craie  , 
et  enfin , j’en  ai  rectifié  sur  de  la  chaux  foiblement  éteinte 
à l’air.  Nous  allons  dire  un  mot  sur  la  maniéré  dont  ces 
esprits  de  vin  ont  été  préparés  , parceque  nous  les  compa- 
rons entre  eux  dans  la  table  dont  nous  parlerons  dans  un 


moment.  . . , , 

J’ai  distillé  cinq  cents  pintes  d’eau-de-vie  qui  donnoit 

trente-un  degrés, la  température  à la  glace.  Cette  quantité 
a été  distillée  en  quatre  fois,  dans  un  grand  alambic  , au 
bain-marie:  je  mettois  à part  les  trente  premières  pintes 
qui  passoient  au  commencement  de  chaque  distillation  ; 
i’ai  obtenu  par  conséquent  cent  vingt  pintes  de  ce  premier 
esprit  devin.  Il  donnoit  trente-sept  degrés  au  pese-liqueur, 

la  température  à la  glace.  . . 

J’ai  rectifié  ces  cent  vingt  pintes  de  premier  esprit  de 
vin  dans  le  même  alambic,  au  bain-marie,  et  j’ai  misa 
part  les  trente  premières  pintes  qui  ont  passe  : cet  esprit  de 
vin  donnoit  encore  trente-sept  degrés  , à la  meme  tempe- 

J’ai  ensuite  rectifié  les  trente  pintes  lu  premier  esprit 
devin,  toujours  au  bain-marie,  et  sans  serpentin  :)  ar 


ÎÉLIMENTS  DE  PHARMACIA.'  3cjÇ 

mîs  à part  les  deux  premières  pintes  qui  ont  passé  : il  don- 
nent trente-huit  degrés.  En  continuant  la  distillation  , j’ai 
tiré  encore  treize  pintes,  que  j’ai  mises  à part;  il  donnoit 
toujours  trente-huit  degrés.  C’est  cet  esprit  de  vin  qui  est 
désigné  dans  la  table  sous  le  nom  d 'esprit  de  vin  prodi- 
gieusement rectifié.  Ce  qui  a passé  ensuite  étoit  sensible- 
ment moins  spiritueux.  11  résulte  de  ces  observations  , que 
trente-huit  degrés  que  donne  l’esprit  de  vin  rectifié , est  le 
dernier  terme  auquel  il  puisse  parvenir.  Je  ne  pense  nulle- 
ment qu’il  faille  employer  ces  moyens  pour  obtenir  de  l’es- 
prit de  vin  rectifié  à ce  même  degré.  Je  me  suis  assuré  du 
contraire,  en  me  procurant  de  l’esprit  de  vin  semblable 
en  trois  rectifications  au  bain-marie  ; si  l’esprit  de  vin 
eut  été  susceptible  d’un  plus  grand  degré  de  rectification, 
je  1 aurois  obtenu  dans  cette  expérience. 

Esprit  de  vin  rectifié  sur  de  la  craie. 

J’ai  mis  dans  le  bain-marie  d’un  alambic  douze  livres 
de  blanc  d’Espagne  en  poudre  et  bien  sec  : j’ai  versé  par- 
dessus trente-trois  pintes  d’esprit  de  vin  déjà  bien  rectifié: 

J ai  tire  et  mis  a part  les  vingt  premières  pintes.  J’ai  con- 
mue  la  distillation  jusqu’à  ce  qu’il  ne  passât  plus  rien.  11 
est  reste  dans  1 alambic  treize  livres  six  onces  de  craie  • c’est 
donc  une  livre  six  onces  d’humidité  qu’elle  a absorbées  de 
1 esprit  de  vin , et  qu’elle  a retenues  avec  assez  d’opiniâtreté 

fiouillante>UV°ir  diStiUer  ^ d&  ChaleUr  de  rea“ 
Esprit  de  vin  rectifié  sur  de  la  chaucc , 


J’ai  pareillement  mis  en  distillation,  au  bain-marie^ 
trente-  trois  pintes  d’esprit  de  vin  déjà  bien  rectifié,  sem- 
blable au  précédent,  avec  douze  livres  de  chaux  très  lé- 
gèrement éteinte  à l’air , et  j’ai  tiré  et  mis  à part  les  vingt 
premières  pintes;  j’ai  continué  la  distillation,  jusqu’à  ce 
qu  il  ne  distillât  plus  rien.  11  est  resté  au  fond  de  l’alambic 
treize  livres  quatorze  onces  et  demie  de  chaux  en  poudre* 
elle  étoit  un  peu  gonflée.  Sur  la  fin  de  la  distillation  ce 
qui  passoit,  n’étoit  que  de  l’eau  toute  pure. 


'/joo  ÉLÉMENTS  DE  V H A R M A C I fc. 

Explication  de  la  tablé  qui  contient  les  résultats  des 
expériences  faites  sur  l’esprit  de  vin. 

Dans  la  première  colonne  je  désigne  les  substances  que 
je  mets  en  jeu  et  que  je  compare  ; ces  substances  sont  de  l’es- 
prit de  vin  rectifié  sur  de  la  craie,  de  l’espiit  de  vin  rectifié, 
sur  de  la  chaux,  de  l’esprit  de  vin  prodigieusement  rectifié , 
dont  nous  avons  parlé  précédemment,  et  de  l’esprit  de  vin 
ordinaire,  mais  parfaitememt  rectifié.  Au-dessous  de  ces 
substances,  et  toujours  dans  la  meme  colorine  ,.je  désigne 
des  mélanties  d’eau  et  d’esprit  de  vin  ordinaire,-  faits  en 
poids.  Je  commence  par  deux  onces  d’esprit  dev  in  sur  trente 
onces  d’eau , afin  de  former  deux  livres  de  liqueur , qui  est 
le  poids  rond  le  plus  approchant  de  la  pinte  d’eau,  mesure 
de  Paris.  Je  varie  les  mélanges,  en  augmentant  la  dose  de 
l’un,  dans  la  proportion  dont  je  diminue  la  dose  de  l’autre, 
afin  d’avoir  toujours  deux  livres  de  liqueur. 

L’esprit  de  vin  et  l’eau,  pris  à des  poids  égaux,  occu- 
pent des  volumes  différents,  pareeque  leur. pesanteur  spé- 
cifique n’est  pas  la  même  : c’est  ce  qui  est  désigné  dans 
la  seconde  colonne.  On  y voit  quç  deux  onces  d espi  it  de 
vin  , par  exemple , occupent  la  place  ou  le  .volume  de  deux 
onces  trois  gros  d’eau  pure  ; que  quatre  onces  d’esprit  de 
vin  occupent  la  place  de  quatre  onces  six  gios  d eau,  et 
ainsi  de  suite  des  autres  articles.  La  première  colonne 
indique  le  poids  de  l’esprit  de  vfii  employé  dans  les  expé- 
riences; et  la  seconde  Je  yo] urne  qu  if  occupe , comparé  à 

celui  d’un  pareil  poids  d’eau.  ....  * 

La  troisième  colonne  indique  le  volume  total  de  1 eau 
et  de  l’esprit  de  vin  versés  l’un  sur  l’autre,  et  avant  qu’ils 
soient  mélangés  : ce  volume  est  nécessairement  égal  à ce- 
lui des  deux  liqueurs  prises  séparément.  _ ; 

Mais  si  l’on  vient  à agiter  ces  liqueurs , Tespnl  de  vin  et 
l’eau  se  mêlent  et  se  combinent  : ces  liqueurs  se  pénétrent 
mutuellement  ; et  le  volume  restant  est  moindre  qu  il  n e- 

toit  avant  le  mélange.  _ , . r 

La  quatrième  colonne  désigne  le  volume  qu  ont  ces  li- 
queurs après  leur  parfait  mélange,  toujours  comparé  au 

volume  d’un  pareil  poids  d’eau.  . 

La  cinquième  colonne  fait  voir  de  combien  ces  liqueurs 
se  sont  pénétrées  , ou  plutôt  de  combien  leur  volume  est 

diminué.  11  est  bon  de  laite  remarquer  que  ia  loi  de  celte 

pénétration 


i L É RI  E N T S T)  E P H A R M A.  C'I  Et  fol 

pénétration  n’est  nullement  régulière;  du  moins  elle  no 
suit  aucun  ordre  qui  soit  facile  à saisir.  Si  l’on  emploie 
pour  ces  expériences  un  esprit  de  vin  moins  rectifié  que 
celui  que  j’ai  employé,  on  aura  des  résultats  un  peu  dif- 
férents, mais  qui  ne  seront  pas  plus  réguliers,  et  la  loi  de 
la  pénétration  n’en  sera  pas  plus  facile  a saisir. 

La  sixième  colonne  indique  les  degrés  de  chaleur  qui  se 
produisent  à l’instant  du  mélange  de  l’eau  avec  l’esprit  de 
vin;  1 un  et  lautfe  refroidis  auparavant  au  terme  de  la 
glace  , afin  d avoir  un  terme  fixe:  il  s’ensuit  que  les  mélaa* 
g<  s de  liait , dix , douze  et  quatorze  onces  d’esprit  de  vin  , 
sur  vingt-quatre  , vingt-deux  et  dix-huit  onces  d’eau, 
donnent  le  meme  degré  de  chaleur,  et  que  les  mélanges  où 
la  quantité  d eau  diminue  donnent  moins  de  chaleur.  Il  en 
est.  de  meme  lorsqu’elle  augmente:  cette  loi  est  à-peu-près  , 
uniforme  ; ce  qui  est  fort  remarquable. 

.Après  avoir  examiné  les  mélanges  désignés  dans  la  pre- 
îmcie  colonne  de  la  table,  et  avoir  fait  note  de  leurs  pro- 
priétés dans  les  cinq  colonnes  suivantes,  j’ai  reconnu  les 
degrés  que  ces  mélanges  donnent  à mon  pesé- liqueur , 
et  j ai  coin  paré  ces  mélanges  à plusieurs  bons  esprits  de 
vin  i cctifiés  de  différentes  maniérés  : ils  sont  tous  désignés 
au  commencement  de  la  première  colonne.  Mais  pour 
procéder  avec  ordre  à ces  expériences,  j’ai  commencé  par 
laire  rerroidir,  à quinze  degrés  au-dessous  du  terme  de  lu 
congélation,  ces  différents  esprits  de  vin,  et  les  mélanges 
d eau  et  d’esprit  de  vin;  et,  après  les  avoir  examinés  dans 
ect  état , je  les  ai  successivement  réchauffés  de  cinq  degrés 
en  cinq  degrés:  je  me  suis  arrêté  à trente  degrés  au-dessus 
du  terme  de  la  glace.  Je  les  ai  pareillement  examinés  dans 
ces  differents  états:  les  résultats  de  Ces  expériences  sont 
rapportés  dans  les  dix  dernieres  colonnes.  Quinze  degrés 
au-dessous  de  la  glace,  et  trente  degrés  au-dessus  de  la 
congélation,  sont  les  deux  extrêmes  de  froid  et  de  chaud 
que  nous  éprouvons  dans  ce  climat;  ce  qui  fait  dans  la 
température  une  différence  de  quarante-cinq  degrés  à un 
thermomètre  à mercure,  divisé  en  quatre-vingts  degrés, 
depuis  le  terme  de  la  glace  fondante  jusqu’à  celui  de  l’eau 
bouillante;  et  sur  les  bons  esprits  de  vin  une  différence  de 
mit  a neuf  degrés  à mon  pese-liqueur.  L’esprit  de  vin 
■qui  est  chauffé  à vingt-cinq  et  à trente  degrés  au-dessua 
e la  glace,  est  en  évaporation  bien  visible  par  les  vapeur» 

C o 


A02  ÉLÉMENTS  O H PHARMACIE* 

qui  s’en  élevent,  sur-tout  lorsqu’on  opéré  dans  line  tem- 
pérature où  l’on  est  près  du  terme  de  la  congélation. 

Il  résulte  de  ces  expériences,  i°.  que  plus  l’esprit  de 
vin  lient  de  la  nature  de  l’eau  , moins  il  est  susceptible  d’é- 
prouver des  variations  de  la  part  de  la  température  de 
l’air j et  qu’au  contraire,  plus  il  est  riche  en  esprit,  plus 
il  se  raréfie  par  la  chaleur,  plus  il 'perd  de  sa  pesanteur 
spécifique,  et  plus  il  donne  de  degrés  an  pese-liqueur  ; 
mais  il  suit  une  progression  bien  commode,  en  ce  qu'il 
n’augmente  que  d’un  degré  au  pese-liqueur  , pour  cinq 
degrés  d’augmentation  de  chaleur  dans  l’atmosphere. 

2°.  On  commerce  les  eaux-de-vie  dans  différentes 
températures:  si  ou  les  commerçoit  toujours  au  même  de- 
gré du  pese-liqueur,  il  est  certain  que  1 acheteur  serait 
trompé  en  été,  et  à son  tour  le  vendeur  le  seroit  en  hiver. 
11  y a telle  eau-de-vie  où  l’erreur  seroit  d’environ  un  tiers, 
et  d’autres  où  elle  seroit  d’environ  un  quart.  Par  exem- 
ple, on  voit,  par  cette  table,  qu’une  eau-de-vie  composée 
de  douze  onces  d’esprit  de  vin  , et  de  vingt  onces  d’eau , 
donne  dix-neuf  degrés  et  demi  an  pese-liqueur,  la  tempé- 
rature à trente  degrés  au-dessus  de  la  glace;  et  qu’une 
eau-de-vie  beaucoup  plus  forte,  composée  de  vingt  onces 
dVspvit  de  vin  et  de  douze  onces  d’eau,  donne  au  pese- 
liqueur  vingt  degrés  , lorsque  la  température  est  a quinze 

degrés  au-dessous  de  la  glace. 

Il  en  est  de  même  d’une  eau-de-vic  composée  de  vingt- 
quatre  onces  d’esprit  de  vin  et  de  huit  onces  d eau , et 
de  celle  qui  contient  trente  onces  d’esprit  devin  et  deux 
onces  d’eau  : la  première  donne  trente-un  degrés  et  demi , 
lorsque  le  thermomètre  est  à trente  degrés  au-dessus  de  la 
«lace  ; et  la  seconde  donne  trente-un  degrés  trois  quarts 
lorsque  le  thermomètre  est  à quinze  degrés  au-dessous  de 
lu  glace.  Au  reste,  il  est  nécessaire  de  faire  remarquer  quf* 
les  mélanges  qui,  clans  la  table,  sont  marques  avoir  tué. 
gelés  ne  l’étoient  par  en  entier;  en  sorte  qu’il  res  toit  assez 
cic  liqueur  pour  qu’on  put  l’examiner  à l 'aréomètre.  . 

Au  moyen  de  mon  pese-liqueur  et  de  ma  tabio,  on 
saura  dorénavant  à quoi  s’en  tenir  sur  la  qualité  clés  eaux- 
de-vie  et  des  esprits  de  vin,  soit  pour  la  physique,  soit 
pour  le  commerce  : l’acheteur  et  le  vendeur  connu. iront 
avec  ce  rtitude , l’un  ce  qu’il  acheté,  et  l’autre  ce  qml 
vend. 


f 


Qui  contient  les  résultats  des  Expériences  faites  sur  l’Esprit  de  vin  , et 

contenue  dans  les  Eaux  de-vie  , par  le 


TABLE  A L’  USAGE  DU  COMMERCE  DES  EAUX-DE-VIE, 

qui  apprend  à connoître  , dans  toutes  les  températures  , la  quantité  de  liqueur  spiritueuse 
moyen  de  lraréomêtre  ou  pese- liqueur  de  comparaison. 


MATIERES 

EMPLOYÉE  S 

VOLUME 

par  l’esprit  de 
vin  seul 
comparé  à un 
pareil  poids 
d’eàu. 

OCCUPÉ 

par 

l’esprit  de  vin 
et  l’eau 
avant 

leur  mélange. 

VO  LUME 

restant  après 
le  mélange 
qui  indique 
combien  de 
pénétration. 

D E G 

de 

pénétration 

qui 

indiquent 
combien  de 
diminution. 

R 

ch 

th 

R 

É S 
de 

ileur  au 
■rraome- 
Ire  de 
éaumur. 

Combien  ces 
dessous  de 
pese-liqueui 

à i5  degrés. 

mélanges  refr 
la  glace  , do 

à 10  degrés. 

oidis  au- 
rnent  au 

à 5 degr. 

Combien 
ces  mélan- 
ges refroidis 
qu  terme  de 
la  glace 
donnent  au 
pese- 
liqueur. 

c 

à 

ombien 
5 degr. 

ces  mêla 
doi 

à 1 0 deg. 

nges  écha 
ment  au 

à i5  deg. 

ufFés  au-c 
lese-lique 

à 20  deg. 

essus  de 
ur. 

à 2t5  deg. 

la  glace  , 
à3o  deg. 

Esprit  de  vin  rect.  sur  de  la  craie. 

. 

3 1 foible  . . . 

3>  

33  foib. 

34 

3 

1-  • ■ • 

35 

36 

37 

38 

— 

4°  foibl. 

Esprit  de  vin  rect.  sur  de  la  chaux. 

3l  i 

32  fort 

34  foib. 

35 

3. 

36  i 

37 

38 

38 

fort.  . 

40  ...  . 

Esprit  de  vin  prodigieus.  rectifié. 

36  | 

37  ...  . 

38 

3 

) ...  . 

40 

41 

42 

43 

44 

Esprit  de  vin  très  rectifié.  .... 

35  

35 

36  ... . 

37 

3 

;i... 

39 

•4° 

41 

42 

43  ...  . 

Esprit  de  vin  2 onc.  eau  do  onces. 

2 onc.  3 gr. 

32  onc.  3 gr. 

32  onc.  2 gr. 

335 

3. . .. 

12  s’est  gelé. 

12  s’est  gelé. 

12  ...  . 

12 

1 

. . . . 

12 

1 2 

12 

12 

. . . . 

i3 

Esprit  de  vin  4 onc.  eau  28  onces. 

4 onc.  6 gr. 

32  onc.  6 gr. 

32  onc.  4 gr. 

ï3 -1 

5 

i3  s’est  gelé. 

i3  s’est  gelé. 

i3 

i3 

1. 

» 

t3 

i3 

i3 

i3 

14  ...  • 

Esprit  de  vin  6 onc.  eau  26  onces. 

7 onc.  1 gr. 

33  onc.  1 gr. 

33  onc.  . . . 

7 — 

14  s’est  gelé. 

14  s’est  gelé. 

14  ... . 

*4 

u 

14 

>4 

1 4 T 

1 5 foibl. 

‘5-i.Ç. 

Esprit  de  vin  8 onc.  eau  24  onces. 

9 onc.  4 gr. 

33  onc.  4 gr. 

33  onc.  1 scr. 

r 1 
604 

8 

}\  s’est  gelé. 

14  fort 

j4t  ■ - • 

1 5 

— 

1 5 

t5 

l6 

16 

fort. . 

17 

Esprit  de  vin  10  onc.  eau  22  onc. 

1 1 onc.  7 gr. 

33  onc.  7 gr. 

33  onc.  2 gr. 

5 

271 

8 

•4 

i5  foible  . . . 

i5  foibl. 

i5î 

'6-î 

>6  T 

*7 

l7 

18  ...  . 

Esprit  de  vin  12  onc.  eau  20  onc. 

14  onc.  2 gr. 

34  onc.  2 gr. 

33  onc.  4 gr. 

3 

>37 

8 

i5 

1 5 

1 6 foibl. 

16 

n 

>7T 

18 

18 

>9 

>9ï--- 

Esprit  de  vin  14  onc.  eau  18  onc. 

16  onc.  5 gr. 

34  onc.  5 gr. 

34  onc.  . . . 

5 

277 

8 foib. 

16  foible  . . . 

16 

17 

18 

J 

. . . . 

>9 

•9-ï 

20 

21 

21-1  ... 

Esprit  de  vin  16  onc.  eau  16011c. 

19  onc.  . . . 

35  onc.  . . . 

34  onc.  4 gr. 

s 

1 70 

7 

>7 

18 

18..., 

>9  4 

2< 

ï foibl. 

20  i 

21 

22 

23 

23  ...  , 

Esprit  de  vin  18  onc.  eau  14011c. 

21  onc.  3 gr. 

35  onc.  3 gr. 

34  onc.  6 gr. 

5 

283 

5 * . 

18  

19  fort 

20  ...  . 

21 

2 

.... 

22 

23 

24 

25 

. . . . 

25  ...  . 

Esprit  de  vin  20  onc.  eau  ia  011c. 

23  onc.  6 gr. 

35  onc.  6 gr. 

35  onc.  . . . 

3 

7?3 

5 f . 

20  fort 

21 

22  . ... 

23 

2! 

fort.  . 

24 

25 

26 

27 

• • • . 

28 

Esprit  de  vin  22  onc.  eau  10  onc. 

26  onc.  1 gr. 

36  onc.  1 gr. 

35  onc.  6 gr. 

3 

259 

5 

22  -f 

23  i . . . 

24  • • ■ • 

2 5 

2. 

26 

27 

28 

29 

29 ... . 

Esprit  de  vin  24  onc.  eau  8 onces. 

28  onc.  4 gr* 

36  onc.  4 gr. 

36  onc.  . . . 

■5T 

4.  . .. 

H 7 

25  fort.  .... 

26  ...  . 

27 

2‘ 

fort.  . 

28 1 

29  T 

3o 

3i 

3*  ; • • • 

Esprit  de  vin  26  onc.  eau  6 onces. 

3o  onc.  7 gr. 

36  onc.  7 gr. 

36  onc.  4 gr. 

3 

295 

3 

27  foible  . . . 

27  fort 

28  fort.  . 

29 

3i 

. . . . 

3i 

32 

33 

37 

34.  ... 

Espiit  de  vin  28  onc.  eau  4 onces. 

33  onc.  2 gr. 

37  onc.  2 gr. 

36  onc.  5 gr. 

5 

095 

2 1 - 

29 

29  T 

3i  . . . . 

32 

3: 

. ... 

33 

34 

35 

36 

37  foibl. 

Espiit  de  vin  3o  onc.  eau  2 onces. 

35  onc.  5 gr. 

87  onc.  5 gr. 

37  onc.  4 gr. 

> 

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> * • 

3>  * 

32 

33 ... . 

34 

3: 

36  • 

37 

38 

ri 

• » • • 

39  T • ■ • 

— 

Nota.  L Esprit,  de  Vin  qui  est  employé  dans  ces  mélanges  donne  au  pese- 

^ ~ ' ' ' 

liqueur  37  degrés  pris  au  terme  de  la  glace- 

— 

ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  4o3 

C’est  de  Ja  pureté  de  l’esprit  de  vin,  et  de  la  sépara- 
tion de  son  huile  essentielle  grossière,  que  dépend  en  irau- 
de  partie  la  perfection  des  eaux  spiritueuses  composées  wt 
des  liqueurs  de  table.  1 


Dus  eaux  spiritueuses  et  aromatiques  distillées 


Les  eaux  spiritueuses  dont  nous  entendons  parler  ici  ' 
sont  de  l’esprit  de  vin  ediargé , parla  distillation , du  prin- 
cipe de  l’odeur  des  substances. 

Ces  eaux  sont  simples  ou  composées:  on  nomme  esprits 
celles  qui  sont  simples;  par  exemple,  esprit  de  thym, 
ce  lavande,  etc.,  et  eaux  composées  spiritueuses,  celles 
«ans  lesquelles  entrent  plusieurs  substances. 

Des  eaux  spiritueuses  simples. 

Esprit  de  Lavande. 


fleurs  récentes  de  Lavande 
Esprit  de  vin  ' 


• • ib  xviij. 

• . ib  xx. 


On  met  dans  le  bain-marie  d’un  alambic  les  fleurs  de 
lavande  récente,  et  mondée  de  ses  tiges:  on  verse  par- 
dessns  1 esprit  de  vin  : on  procédé  à la  distillation  pour 
tirer  tout  1 esprit  de  vin  qu’on  a employé:  c’est  ce  que 
on  nomme  espru  de  lavande.  Lorsqu’on  veut  qu’il  soit 
US  agréable,  rl  faut  le  rectifier  au  bain-marie,  et  ne 
tirer  par  cette  seconde  distillation  qu’euviron  les  cinq 
sixièmes  de  la  liqueur  spiritueuse.  * 

On  prépare  de  la  même  maniéré, 


E Esprit  d’absinthe, 
de  sauge, 
de  myrte , 
de  marjolaine,’ 
d’écorces  de  citrons, 
d’écorces  d’oranges, 
de  menthe , 


d’hysope; 
de  basilic, 
de  camomille,' 
de  girolles , 
de  carvi , 
de  galenga , 
de  romarin. 


i,  rn  ?nc«*e  les  matières  seches  et  exotiques,  con 
anede,  le  girofle,  la  muscade ; l.e  sassafras coriam 

C C ij 


Vertus 


Dose. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

le  carvi,  le  fenouil,  le  galenga,  etc.;  on  laisse  infuser  ces 
matières  un  jour  ou  deux,  même  davantage  , avant  de 
les  distiller. 

L’esprit  de  romarin  porte  le  nom  d’eau  de  la  Reine  de 
Hongrie.  Plusieurs  Pharmacopées  recommandent  de  faire 
cette  eau  avec  les  fleurs  et  les  caflces  de  cette  plante; 
mais  on  peut  employer  indifféremment  les  feuilles  vertes; 
elles  fournissent  autant  d’odeur  et  autant  d’huile  essentielle. 

Les  eaux  spiritueuses  simples  ont  la  vertu  des  sub- 
stances qui  ont  servi  à les  préparer:  ainsi,  pour  connoître 
leurs  vertus,  on  peut  consulter  les  traités  de  matière 
Médicale  : les  unes , comme  l’esprit  de  lavande , de  myrte  , 
de  thvm , de  romarin,  de  roses,  de  citrons,  d oranges , 
servent  plus  à la  toilette  qu’à  la  Médecine.  Leur  dose,  en 
général,  est  depuis  un  demi-gros  jusqu’à  .demi-once  : on 
Île  les  donne  jamais  seules  ; on  les  fait  entrer  dans  des. 

mixtures. 


Esprit  de  lavande  du  commerce .' 

:2w  Esprit  de  vin, pint.  viij. 

Huile  essentielle  de  lavande , . . . 5 v. 

Eau  Ilose  , pint.  j. 

Eau  de  riviere pint.  ij 

• 'Y  * 

Chaux  vive  , J* 

'1-0  iq 

On  met  dans  un  matras  l’esprit  de  vin  avec  1 huile  essen- 
tielle: on  agite  le  mélange;  l’huile  essentielle  se  dissout 
assez  promptement:  on  ajoute  l’eau  rose  et  1 eau  de  rivieie, 
et  en  même  temps  la  chaux  qu’on  a fait  éteindre  dans  un 
demi-setier  d’eau , et  on  agite  le  mélange  : on  le  laisse 
reposer  et  éclaicir  pendant  vingt-quatre  heures:  on  h Ire 
ensuite  la  liqueur  au  travers  d’un  papier  Joseph,  (.elte  li- 
queur doit  donner  vingt- trois  degrés  à mon  pese-liqueui . 


Remarques. 


L’objet  (le  faire  ainsi  l’esprit  de  lavande  est  de  pouvoir 
le  donner  à bon  marché  à ceux  qui  se  contentent  de  1 ap- 
parence; et  comme  c’est  le  plus  grand  nombre,  il  se  vend 
cinquante  mille  bouteilles  de  cet  esprit  contre  une  de  bon 
esprit  de  lavande.  Ilseroit , sans  la  çlt.aux  , impossible  de 


Ïl^JIINTÎ  CE  F B A Rlf  a Ci!,  ^o5 

f0iiy°îr  filtrer  ce  mélange;  cette  substance  Facilite  l’union 
de  1 huile  essentielle  a l’esprit  do  vin  devenu  foible  par  l’eau 
<{u  on  ajoute;  la  terre  de  labiaux  s’empare  de  la  portion  de 
huile  a demi-dissoute  qui  s’opposoit  à la  filtration. 

Esprit  de  fleur  s d'oranges. 

Fleurs  d’oranges  récentes  , . . . . 

Esprit  de  vin, 


. • Jî>  xij. 

• • » . 6 pintes.1 

On  met  ces  deux  substances  dans  le  bain-marie  d’im 
a am  >.c , et  on  procédé  à la  distillation  comme  nous  l’a- 
vons dit  pour  retirer  tout  le  spiritueux.  Si  l’on  a employé 
de  très  bon  esprit  devin , il  ne  sera  pas  nécessaire  de  recii- 
îer  cet  esprit  ; mais  on  peut,  si  l'on  veut,  le  charger da- 
' n apc  c e odeur  en  distillant  de  nouveau  cet  esnrit  sur 

de  nouvelles  fleurs  d’oranges  plusieurs  fois  de  suite. 

1 


Esprit  de  framboises. 


^ Framboises  bien  mûres, 
Esprit  de  yin  


ft  xviij . 

pint.  4. 


Ou  écrasé  un  peu  les  framboises,  et  on  les  met  dans  le 
bain-marie  d ira  alambic  : on  verse  par-dessus  l’esprit  de 

orôrndc  ,1e  ."?elar,ge  avec  «ne  spatule  de  bois,  et  on 
5e  liqueur11  dlS“  atlon  Pour  tirer  <“>is  pintes  et  demie 

Esprit  de  fraises. 

Fraises  bien  mûres, jt-,  Xviiû 

Esprit  de  vin,  pint.  4. 

On  écrasé  les  fraises  : 011  les  metdans  le  bain-marie  d’un 
fa  lVîl  , eU,n  : ,0n.  Verse  re5Prit  <le  ™ » « 011  procédé  a 

a distillation  an  bain-marie  pour  tirer  trois  pintes  et  de- 
11110  de  liqueur  spiritueuse. 


Esprit  de  citrons. 

Ir  Huile  essentielle  de  citions, 
Esprit  de  vin  rectifié,  ..... 


5 F 
tt>  viif; 
C c iij 


ELEMENTS  D ® ÏHARMA  CIÏ, 

On  mêle  ces  deux  substances  ensemble  dans  une  bou- 
teille. L’huile  essentielle  de  citrons  se  dissout  complète- 
ment*. Si  l’on  fait  usage  de  l’huile  de  citions  aux  zestes, 
l’esprit  de  citrons  est  plus  agréable,  et  forme  un  petit  dépôt 
blanchâtre. 

Esprit  de  caneLle c. 


26  Canelle  concassée, 
Esprit  de  vin^  . . 


ft>]\ 
io  x. 


On  concasse  la  canelle  assez  menue  pour  pouvoir  pas- 
SPr  au  travers  d'un  crible  : on  la  met  dans  le  bam-mane 
d’un  alambic  avec  l’esprit  de  vin,  et  on  procédé  a la  dis- 
tillation au  bain-marie  pour  tirer  huit  livres  de  liqueur  spi: 

ritueuse. 

Esprit  de  thym . 


IV. 


IV.' 


26  Thym  en  fleurs,  ...*♦•••  ïb  1 
Esprit  de  vin  , Pint* 

On  prend  le  thym  an  mois  de  juin  lorsqu’il  est  bien  en 
fleurs  : on  le  monde  de  ses  tiges  : on  en  pese  quatre  livres 
cu’on  met  avec  l’esprit  de  vin  : on  distille  ce  mélangé  au 
bain-marie  pour  tirer  environ  trois  pintes  et  demie  de  li- 
queur spirilueuse. 

Esprit  de  genievre. 


21  Genievre  récent , O x,h  .. 

Esprit  de  vin, pmt.  xq. 

On  distille  ce  mélange  au  bain-marie  pour  retirer  en- 
viron dix  pintes  de  liqueur  spiritueuse. 


Esprit  de  roses. 

2^6  Roses  pâles  avec  leurs  calices  , . 
Esprit  de  vin ' ■ 


Ib  xxx. 
pint.  xv. 


On  met  les  roses  dans  le  bain-marie  d’un  alambic,  et  on 
les  foule  bien  : on  verse  par-dessus  l’esprit  devin  : on  pro- 
cède à la  distillation  pour  retirer  fout  le  spiritueux. 

Si  l’on  ne  trouve  pas  l’esprit  de  roses  assez  oc.ora  ni, 


ÉLÉMENTS  DE  P 

peut  le  distiller  une  seconde  fois 
de  roses. 


h a n m a c i i.  407 
sur  mie  pareille  quantité 


Remarques. 


Quelques  personnes  font  l’esprit  ardent  de  roses  par  la 
fermentation;  pour  cela  on  inet  , par  exemple,  cor.!  livres 
de  roses  dans  un  tonneau  avec  dix  ou  douze  livres  de  miel 
dissous  dans  dix  ou  douze  pintes  d’eau  : on  laisse  ce  mé- 
lange en  macération  pendant  environ  un  mois;  pendant  ce 
temps  il  entre  <*n  fermentation  ; lorsque  le  mélange  est  par- 
venu à la  consistance  (Tune  bouillie,  011  le  met  en  distilla- 
t1011  au  bain-marie  pour  tirer  une  liqueur  très  peu  spiii- 
tueuse,  cl  qui  a bien  l'odeur  de  roses  : mais  cet  esprit  de 
roses  n’a  jamais  la  perfection  de  celui  qui  est  lait  en  dis- 
tillant les  roses  fraîches  avec  de  l’esprit  de  vin.  Celui  qui 
est  lait  par  fermentation  est  peu  spiritueux  , pareeque  le 
miel  fermente  mal  et  difficilement  ; d’ailleurs  les  roses, 
pendant  un  mois  de  macération  , tombent  en  une  espece 
de  delLcjiuiim  qui  altère  l’odeur  considérablement. 

Dca  eaux  spiritualises  composées . 


Eau  de  mélisse  composée. 

^ Mélisse  citronnée  en  fleurs  et  récente , . . 

testes  de  citrons  récents, 

Noix  muscades  , 

Coriandre  

Girofle,  > 

Candie , 1 aa 

Racines  sèches  d’angélique  de  Bohême  , . q j. 
Esprit  de  vin  très  rectifié, ib  viijC 

On  prend  de  la  mélisse  récente  et  en  fleurs  : on  la  monde 
de  ses  tiges:  on  enleve  par  le  moyen  d’un  canif  l’écorce 
jaune  extérieure  des  citrons,  qu’on  fait  tomber  à mesure 
dans  une  portion  de  l’esprit  de  vin  mise  à part  : on  con- 
casse les  muscades  , la  coriandre,  les  girofles  , la  candie  et 
les  racines  seches  d’angélique:  on  inet  toutes  ces  substan- 
ces  , avec  les  zestes  de  citrons  , en  infusion  dans  la  to- 
talité de  1 esprit  de  vin  , pendant  vingt-quatre  heures  : alors 
ou  piocede  a la  distillation  au  bain-marie  , pour  tirer  les 

C c iy 


Jiv. 

5 >1* 

5 viijb 


’4o3  iLi  ments  de  r h a r ft  a c i e'. 

huit  livres  d’esprit  de  vin  qu’on  a employées.  On  rectifie 
ensuite  cette  liqueur  au  bain-marie  , à une  douce  chaleur  , 
pour  eu  tirer  sept  livres  : c’est  ce  que  l’on  nomme  eau  de 
ru  clisse  composée. 

C’est  de  cette  maniéré  qu’on  doit  préparer  toutes  les 
eaux  spiri tueuses  et  aromatiques,  simples  et  composées. 

Vertus.  Cette  eau  est  stomachique,  céphalique,  vulnéraire,  to- 
nique , propre  à dissiper  les  vapeurs  et  la  mélancholie.  La 

Pose.  dose  est  depuis  dix  gouttes  jusqu’à  une  cuiller  à calé  , mê- 
lée avec  de  1 eau.  On  peut  l’employer  à l’extérieur  comine 
l’eau  vulnéraire  , et  aux  mêmes  usages. 

R E M A R Q U E S. 

Nous  avons  recommandé  de  mettre  dans  l’esprit  de  vin 
les  zestes  de  citrons  à mesure  qu’on  les  enîeve  de  dessus  les 
iruits  *,  c’est  afin  de  ne  rien  perdre  de  l’esprit  recteur  de 
l’huile  essentielle  de  ces  écorces  : il  faut,  en  les  préparant  , 
éviter  de  mettre  de  l’écorce  blanche  , parcequ’elle  n’a 
point  d’odeur  , et  qu’elle  diminueroit  le  poids  de  celle  qui 
contient  tonte  l’huile  essentielle.  L’esprit  de  vin  qu’on 
emploie  doit  être  parfaitement  rectifié  et  privé  de  toute 
odeur  d’huile  de  vin  et  de  phlegme  d’eau-de-vie.  Lorsque» 
celui  qu’on  emploie  n’est  pas  suffisamment  rectifié  , il 
conserve  toujours  une  légère  odeur  de  phlegme  d’eau-de- 
vie  , même  après  les  deux  distillations  que  nous  prescrivons 
de  faire  subir  à toutes  les  eaux  spiritueuses  et  aromatiques. 

Pendant  la  première  distillation  , l'esprit  de  vin  se  charge 
de  l’esprit  recteur  et  de  l’huile  essentielle  grossière  des 
ingrédients  qui  peut  monter  à ce  degré  de  chaleur.  On  se 
contente  ordinairement  de  cette  seule  distillation  pour 
préparer  toutes  les  eaux  spiritueuses  et  aromatiques  ; au- 
cune Pharmacopée  ne  prescrit  de  les  rectifier  : mais  lors- 
qu’on s’en  frotte  les  mains , elles  laissent , après  que  l’esprit 
recteur  et  l’esprit  de  vin  sont  dissipés  , une  odeur  tenace  et 
empyreu  ma  tique  , qui  vient  de  l’huile  essentielle  grossière 
in  fmiment  moins  volatile.  Lorsqu’on  boit  de  ces  liqueurs  , 
«oit  pures  ou  étendues  dans  de  1 eau,  elles  laissent  egalement, 
une  saveur  désagréable  , caustique  et  brûlante  , qui  dure 
même  assez  long-temps.  Pour  remédier  à tous  ces  inconvé- 
nients, j’ai  fait  plusieurs  expériences  qui  m ontappris  que  , 
pour  avoir  de  Peau  de  mélisse  et  lest  autres,  eaux  spirituels* 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  4^9 

ses  aromatiques  dans  leur  perfection,  il  faut  non  seule- 
ment  employer  de  l’esprit  de  vin  parfaitement  pur , mais 
qiml  est  encore  nécessaire  de  rectifier  ces  liqueurs  après 
qu  elles  sont  distillées.  Il  ne  monte  dans  cette  rectification 
que  l’esprit  de  vin  chargé  de  tout  le  principe  le  plus  vola- 
til , le  plus  ténu  et  le  plus  aromatique  des  ingrédients  : il 
reste  dans  la  cucurbite  une  livre  de  liqueur  blanche  un  peu 
odorante,  âcre  , amere,  et  privée  de  tout  l’esprit  recteur 
des  substances  qu’on  emploie.  On  la  rejette  , ainsi  que  le 
marc  de  la  première  distillation  , comme  inutile. 

I lusieurs  personnes  distillent  à feu  nud  les  eaux  spiri- 
tueuses et  aromatiques;  mais  cette  méthode  doit  être  re- 
j<  qe  pai  la  raison  que  nous  venons  de  dire.  On  s’imagine 
qu  elles  sont  de  meilleure  odeur  , parcequ’elies  sont  plus 
mi  tes  : mais  on  se  trompe  beaucoup  , puisque  ce  nVstqne 
odeur  êmpyreumatique  de  l’huile  pesante  des  ingrédients 
cjiu  domine  : on  remarque  même  que  les  eaux  spiritueuses , 

< i.slmccs  a leu  nud , laissent  déposer,  quelque  temps  après 
cur  c jstillation  , une  matière  jaunâtre  gommeuse,  en  flo- 
cons très  légers. 

Lorsque  1 eau  de  mélisse  a été  faite  avec  toutes  les  pré- 
cautions que  nous  avons  indiquées  , elle  a quelque  chose 
ce  plus  parfait  que  celles  dont  ou  vante  beaucoup  l'excel- 
lence , et  qui  ont  la  réputation  d’être  les  meilleures  : c’est 
du  moins  le  jugement  qu’en  portent  tous  ceux  qui  font 

usaoc  fLlIS  on3' temps  de  1 eau  de  mélisse  préparée  par 
ma  méthode.  1 1 

Les  eaux  spiritueuses  et  aromatiques  ont  en  général 
moins  d odeur,  immédiatement  après  qu’elles  sont  dis- 
tillées qu  elles  n’en  ont  environ  six  mois  après.  Cet  effet 
peut  cire  attribué  à ce  que  les  substances  odorantes  se 
combinent,  par  le  séjour,  plus  intimement  avec  l’esprit 
de  vin  quelles  ne  l’étoient  d’abord  ; c’est  ce  qui  a fait 
soupçonner  que  ceux  qui  ont  la  vogue  pour  le  débit  de 
1 eau  démolisse  n’en  vendent  que  de  vieille.  Je  suis  parvenu 
a piodmre  sur  1 eau  de  mélisse  nouvellement  distillée  , le 
meme  eaet  dans  une  matinée  , c’est-à-dire  à lui  procurer 
tomes  les  qualités  d’une  eau  de  mélisse  de  plusieurs  eû- 
mes et  cela  par  une  opération  simple.  J'ai  plongé  des 
I outudes  ce  chopine,  remplies  d’eau  de  mélisse  , dans  un 


mélangé  de  glace  pilée  et  de  sel  marin  ; ce  méLure 
comme  ou  sait , occasionne  un  froid  considérable  : l'eau 


4to  Éléments  de  pharmacie. 

de  mélisse  , après  avoir  éprouvé  ce  froid  pendant  six  ou 
huit  heures , éloit  aussi  agréable  que  celle  qui  étoit  distillée 
depuis  plusieurs  années  , et  qui  n’avoit  nullement  éprouvé 
un  pareil  refroidissement.  Les  eaux  aqueuses  et  aromatiques 
qui  ontété  gelées  , sont  infiniment  plus  agréables  que  celles 
qui  ne  l’ont  point  été,  comme  l’a  remarqué  Geoffroy  -,  mais 
elles  sont  toujours  moins  suaves  que  celles  qui  sont  faites 
avec  de  l’esprit  de  vin  . et  qui  ont  éprouvé  le  même  froid. 
On  peut  attribuer  ces  différences  à la  nature  des  menstrues  : 
l’esprit  de  vin  se  combine  mieux  que  l’eau  avec  l’esprit 
recteur  des  substances  , et  il  les  retient  infiniment  da- 
vantage. 

Toutes  les  eaux  spiritueuses  et  aromatiques  deviennent 
blanches  et  laiteuses  lorsqu’on  les  mêle  avec  de  l’eau. 
C’est  l’esprit  de  vin  qui  s’unit  à l’eau  , tandis  que  1 huile 
essentielle  s’en  sépare.  Ce  mélange  est  d’autant  plus  blanc  , 
que  l’esprit  de  vin  est  plus  chargé  d’huile  essentielle  ; 
mais  le  mélange  est  beaucoup  plus  agréable  à boire , lorsque 
l’esprit  de  vin  n’est  chargé  (pie  de  celte,  première  huile 
essentielle  qui  s’élève  en  même  temps  que  l’esprit  recteur. 


1 

Eau  de  Dardel. 

/ 

Tfl  Esprit  de  sauge  ........ 

de  menthe  , 

de  romarin  ....... 

de  thym  , 

• £ vnj 

Eau  de  mélisse  composée  , . . . . 

On  mêle  les  liqueurs  ensemble  , et  l’eau  est  faite. 
Vertus.  Qn  attribue  à cette  eau  de  grandes  vertus  , et  même  on 
l’a  donnée  pour  une  médecine  universelle  , mais  elle  n a 
que  les  vertus  de  l’eau  de  mélisse  : on  l’emploie  de  la 
même  maniéré  , et  à la  même  dose.  On  peut  1 employer  à 
l’extérieur  comme  une  eau  vulnéraire  ordinaire  5 et  dans 

les  mêmes  cas. 

Eau  de  miel  odorante. 


ÿ Esprit  de  vin  rectifié 
Miel  blanc  , \ -- 
Coriandre  , \ 

Vanille  , 


w • • • 

5 V1,T 
5 üj* 


éléments  de  p h u m a c i e.' 
Ecorces  récentes  de  citrons  , . . q j. 

5 vj. 

\ 

Styrax  calamitlie  , ? âà.  . . % 

Benjoin  , j 

Esprit  de  roses  , --  w 

de  fleurs  d’oranges  , Ç <u' ' r> 


Girofles 
Muscade  , 


IV. 


v. 


4n 


On  concasse  toutes  les  substances  qui  peuvent  l’être  : 
on  les  met  dans  le  bainqpiarie  d’un  alambic  avec  les  autres 
matières  : on  laisse  macérer  le  tout  pendant  vingt-quatre 
heures  dans  1 esprit  de  vin  , dans  l’esprit  de  roses  et  de 
Heurs  d oranges  , ayant  soin  de  tenir  l’alambic  exacte- 
ment fermé  ; alors  on  procédé  à la  distillation  au  bain-marie 
jusqu  à siccité.  On  rectifie  la  liqueur  au  bain-marie,  pour 
tiiei  seulement  tout  ce  qu’elle  contient  de  spiritueux. 

t Oette  eau  est  d une  odeur  fort  agréable  , qui  réjouit  et  Vertus, 
récrée  les  esprits.  On  en  fait  usage  comme  de  l’eau  de 
mélisse,  et  à la  même  dose  : on  s’en  sert  pour  la  toilette. 

Remarques. 


Plusieurs  Pharmacopées  prescrivent  d’employer  de 
1 eau-de-vie  pour  la  préparation  rie  celte  eau;  mais  noiut 
ci  oyons  1 esprit  de  vin  préférable  , pour  les  raisons  que 
nous  avons  dites  précédemment.  Ce  qnc  nous  entendons  ic  i 
pai  esprit  de  roses  et  de  fleurs  d’oranges  , est  de  l’esprit 
do  vin  distille  avec  ces  matières  végétales  , de  la  même 
manière  que  1 esprit  de  lavande  , que  nous  avons  pris  pour 
exemple  des  liqueurs  spiritucu.ses  simples.  Quelques  Phar- 
macopées , an  lieu  de  ces  esprits,  demandent  des  eaux  de 
roses  et  de  fleurs  d oranges  qu  on  mêle  à l’eau  de  miel  après 
qu  elle  est  distillée  ; mais  ces  eaux  affoiblissent  trop  l’es- 

p.  U de  \ in  , et  elles  font  d ailleurs  séparer  les  huiles  essen- 
tielles des  ingrédients  ; ce  qui  est  un  inconvénient.  On 
est  dans  l’usage  de  mettre  du  musc  et  de  l’ambre  gris  , de 
chacun  deux  ou  trois  grains  , dans  un  nouet  qu’on  sus- 
pend dans  le  chapiteau  de  l’alambic;  mais  comme  l’odeur 
de  ces  substances  ne  convient  pas  à tout  le  monde  , il  vaut 
mieux  aromatiser  l’eau  de  miel,  à mesure  qu’on  en  a be- 
soin , avec  quelques  gouttes  de  teintures  de  ces  substances, 
ou  encore  miçux  avec  du  l’esprit  de  vin  qu’on  a fait  distu- 


Vertus. 


4 I 2 i L é M F.  N T $ DE  PHARMACIE. 

1er  sur  du  musc  et  de  l’ambre  gris.  Au  reste  , l’eau  de  miel 
est  plutôt  une  eau  de  toilette  qu’une  eau  médicinale. 

\ ' 

Eau  de  Cologne. 


Esprit  de  vin  rectifié  , . . . . 

: ïb 

XX  VJ. 

Esprjt  de  romarin  , . . . . *. 

. îb 

vij. 

Eau  de  mélisse  composée  , . 

. 1b 

iv  fi- 

Essence  de  bergainotte  , . . . 

• Ê 

vj. 

3STéroli  , 

• 5 

nj. 

Essence  de  cédrat  , 

fi. 

Essence  de  citrons  , 

. 5 

vj- 

Essence  de  romarin  , . . . . 

. 5 

ij* 

On  met  toutes  ces  substances  dans  une  grosse  bouteille  i 
on  agite  le  mélange,  et  l’eau  est  faite. 

Si  l’on  veut  que  cette  eau  soit  plus  délicate  , il  faut  la 
rectifier  au  bain-marie  à petit  leu,  pour  tirer  toute  la  li- 
queur , à deux  pintes  près. 

Cette  eau  est  plus  employée  pour  la  toilette  , et  comme 
eau  de  senteur,  que  comme  médicament , pareequ’elîe  est 
d’une  odeur  fort  agréable.  On  peut  lui  accorder  les  mêmes 
vertus  qu’à  l’eau  de  mélisse  composée  : on  peut  l’employer 
de  la  même  maniéré  et  à la  même  dose. 


* Remarques. 

Cette  eau  a pris  faveur  depuis  quelques  années  : il  m en 
a été  remis  une  bouteille  venant  de  Cologne  : j ai  cte 
chargé  de  l’imiter  et  d’en  faire  de  semblable  : j y suis  par- 
venu au  moyen  de  la  recette  que  je  viens  de  donner. 

Eau  de  mcnlhe  composée. 

^ Feuilles  de  menthe  crépues  , récentes  , . . . Ib  if. 

d’absinthe  minor, g hj. 

Sommités  fleuries  et  seclies  de  basilic  x ;; 

de  poulioî,  )aa‘ 

Romarin  . X 55 5 ij- 

J leurs  de  lavande , ) 

Canelle  , y R* 

Coriandre  , , A yi* 

Girofles  , • * • '>  F 

Esprit  de  vin  rectifié , ^ h 

Infusion  de  menthe , v. 


Eléments  n e fwarmacieî  4»3 

On  concasse  ce  qui  est  à concasser  : on  coupe  menu  ce 
qui  peut  l’être  : on  inet  le  tout  macérer  pendant  douze 
heures  dans  un  vaisseau  clos:  on  distille  ensuite  au  bain- 
marie  jusqu’à  siccité.  Cette  eau  est  blanche,  laiteuse,  et 
ne  doit  point  être  rectifiée. 

Cette  eau  est  vulnéraire,  nervale,  céphalique,  emmé-  Vertus 
nagogue  , hystérique.  La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  Lo se. 
quatre  , dans  un  bouillon  ou  dans  un  verre  de  tisane  ap- 
propriée. 1 1 


Eau  de  madame  de  la  Vrilliere  , pour  les  dénis.' 


Canclle 

• Girofles 

Cresson  d’eau 

Ecorces  récentes  de  citrons  , . . . 

Roses  rouges  

Cochléaria  

Esprit  de  vin  rectifié  


w • • 

5 h- 
*vj. 

5 VJ* 
? J h-’ 

îj- 

ib  R: 
1b  iij. 


On  concasse  ce  qui  est  a concasser  : on  coupe  grossière- 
ment le  cresson  et  le  cochléaria.  On  fait  macérer  le  tout 
dans  l’esprit  de  vin  , pendant  vingt-quatre  heures,  dans 
un  vaisseau  clos.  On  distille  ensuite  au  bain-marie  jusqu’à' 
siccité;  après  quoi  on  rectifie  cette  liqueur  au  bain-marie. 

Cette  eau  fortifie  les  gencives  , prévient  le  scorbut  , Vertus, 
gucnt  les  petits  aphthes  qui  viennent  dans  la  bouche.  On 
s en  sert  pour  se  laver  la  bouche  : on  l’emploie  seule  ou 
mêlée  avec  de  l’eau. 

Eau  impériale . 

Racines  d’impératoire, 
de  souche t long, 
d’iris  de  Florence, 
d’angélique  de  Bohême , 
de  çaiamus  aromaticus, 

. de  galenga  minor, 
dezédoaire, 

Caneîle 

Santal  citrin 

J leurs  de  stécas  arabique, 

de  lavande,  j Cl^-  • • • à i j.) 


Ver  us. 
Dcne. 


414  i L £ M E K T s DE  PHARMACIE. 

Girofles, 

Muscades,  f --  x îî 

Lcorces  receutes  de  citrons  , G J 

d’oranges , 3 

Sommités  fleuries  et  scellés  d’faysope  , j 

de  marjolaine , f --  ~ . 

, ,,  1 g q 1. 

de  thym , ( J 1 

desariette,  ) 

de  sauce  , . 7 --  ^ 

Romarin,.  . . . . . . f “• 

Esprit  de  vin  rectifié,  Ibviij. 

Eau  de  mélisse  composée  , If  j. 

Esprit  de  fleurs  d oranges  , . . % y* 

On  concasse  et  011  incise  ce  qui  doit  l’étre-  : on  fait  ma- 
cérer dans  l’esprit  de  vin  et  dans  les  eaux  simples  toutes 
les  substances  pendant  vingt-quatre  heures  : alors  011  dis- 
tille au  bain-marie  pour  tirer  tout  ce  qu  il  y a de  spiri- 
tueux. 

Quelques  Pharmacopées  lont  entrer  dans  la  recette  de 
cette  eau  des  sommités  de  bcloine  et  de  heurs  de  souci; 
mais  comme  ces  matières  végétales  ne  fournissent  ncn  par 
la  distillation  , ni  dans  l’eau  , ni  dans  l’esprit  de  vin  , nous 
crovons  qu  on  peut  les  retrancher  sans  aucun  inconvé- 
nient. , 

On  recommande  cette  eau  dans  les  conques  néphré- 
tiques , pour  fondre  les  glaires  qui  s amassent  dans  les 
reins  , et  pour  chasser  les  graviers.  Ea  dose  est  depuis  un 
gros  jusqu’à  une  demi-once,  d'ans  un  verre  de  tisane  ap- 
propriée à la  maladie. 

R a u de  pivoine  composée. 


? 


Fleurs  de  pivoine,  . . . . . 
Racines  de  valériane  sauvage 
de  dictante  blanc  , . 

Fleurs  de  lavande , 

de  stécas  arabique , 
Son  m.tés  de  marjolaine  , 
de  rue  , 
de  sauge, 


y • • 


J h 
5 


ÏLÉMENTS 


Castor , 
Macis , 
Cane  lie 


DEP 


Esprit  de  cerises  noires 
Eau-de-vie  à 2.6  degrés  , 


H A n M A C I 


5ij. 

5 i v. 

5 vii;\ 
ib  xij. 


On  met  toutes  ces  substances  dans  le  bain-marie  d’un 
alambic,  et  on  procédé  à la  distillation  pour  tirer  tout  le 
spiritueux. 

Remarques. 


Beaucoup  de  Pharmacopées  font  entrer  dans  cette  eau  des 
racines  et  des  semences  de  pivoine,  des  fleurs  de  muguet , 
do  tilleul,  des  racines  d’aristoloche  , du  gui-de-chène^  des 
fleurs  de  bétoine , etc.  etc.  ; mais  nous  croyons  toutes  ces 
substances  fort : inutiles , parcequ’elles  ne  fournissent  rien 
par  la  distillation.  Les  fleurs  de  pivoine  sont  conservées 
dans  cette  recette  à cause  du  nom  qu’elles  donnent  à cette 
composition;  mais  on  peut  les  retrancher  si  l’on  veut  , 
parcequ’elles  ne  fournissent  rien  non  plus  dans  la  dis- 
tillation. 


Il  au  thcriacale. 

Z' Racines  d’année, 

d’angélique  de  Bohème,  >• 


de  souchet  long , 
de  zédoaire  , 
de  contrayerva, 
d impétatoire , 
de  valériane  sauvage, 
de  vipérine, 

Ecorces  récentes  de  citrons  , 

d’oranges , 

Girofles , 

Candie , 

Galenga , 

Baies  de  genievre  * 

C1  7 

de  laurier , 

-Sommités  de  sauge, 

de  romarin  ÿ 

de  rue. 


j 


aa. 


aa. 


aa . 


S b- 


5 h 


Vertus. 


Dose. 


i L i M E N T S DE  PHARMACÎ 


Esprit  de  vin  rectifié,  7 -- 
T7  .*  i * . • • ’ > cia 

xiau  de  noix,  3 

T'iiéïiuque  , 


Il)  iij- 
5 viii* 


On  concasse  et  on  incise  les  substances  qui  doivent 
l’être  : on  les  Fait  macérer  pendant  deux  ou  trois  jourâ 
dans  l’esprit  de  vin  et  l’eau  de  noix. ‘"Au  bout  de  ce  temps 
on  ajoute  la  thériaque  qu’on  a délayée  auparavant  dans 
trois  ou  quatre  onces  d’esprit  de  vin  : on  distille  ensuite 
au  bain-marie  pour  tirer  tout  ce  qu’il  y a de  spiritueux  : 
on  ne  rectifie  point  cette  eau. 

Cette  eau  est  sudorifique  , cordiale  , stomachique  ; elle 
chasse  le  mauvais  air  , et  elle  corrige  la  mauvaise  odeur  de 
la  bouche  : ou  s’en  sert  dans  l’apoplexie,  la  paralysie.  La 
dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  quatre. 

* * •-  ' rit  f,  * r*  4 

JE.au  vulnéraire  spiritueuse , ou  eau  cl arquebuse  de . 

Jÿé  Feuilles  récentes  de  sauge  , 

d’angélique , 
d'absintlie  , 
de  sariette , 
de  fenouil, 
de  mentastrum , 
d’hysope , 
de  mélisse, 
de  basilic, 
de  rue , 
de  thym  , 
de  marjolaine , 
de  romarin , 

i d’origan , 

de  calament , 
de  serpolet  , 

Fleurs  de  lavande, 

Esprit  devin  rectifié  , V 7 . . ft>  viijj 

On  coupe  grossièrement  toutes  ces  plantes  : on  les  met 
infuser  pendant  dix  ou  douze  heures  dans  l’esprit  de  vin  : 
on  procédé  ensuite  à la  distillation  au  bain-marie,  pour 
tirer  toute  la  liqueur  spiritueuse  : on  la  conserve  dans  une 
bouteille  qui  bouche  bien.  C’est  ce  que  l'on  nomme  eau 
vulnéraire  spiritueuse  et  eau  d aiqwcbusaue, 


4.  L Û M t NTS  DE  PHARMACIE.  ^ jy 

Si  l’on  emploie  de  l’eau  eu  place  d’esprit  dfc  vin  , on 
obtient  l’eau  vulnéraire  à V eau  , qui  est  blanche  , laiteuse 
sur  laquelle  surnage  un  peu  d’huile  essentielle  qu’on  sépa- 
re; on  la  nomme  essence  vulnéraire.  L’eau  vulnéraire  faite 
avec  de  l’eau  est  d’une  odeur  beaucoup  moins  agréable  que 
celle  préparée  avec  de  l’esprit  de  vin,  pour  les  raisons  que» 
nous  avons  dites  précédemment.  1 

Enfin,  si  l’on  emploie  du  vin  blanc  ou  du  vin  rou^e 
en  place  d eau  ou  d’esprit  de  vin,  on  obtient  Veau  vulné- 
raire au  vm , qui  est  plus  agréable  que  celle  préparée  avec 
de  1 eau  ; mais  elle  l’est  moins  que  celle  préparée  avec  de 
l’esprit  de  vin.  * f 

On  lait  prendre  ces  différentes  eaux  vulnéraires  après  les  Vertu*, 
c.mtes  , pour  empêcher  les  dépôts  de  se  former  : on  la 
donne  dans  les  syncopes  les  défaillances  et  les  éva- 
nouissements* Va  dose  est  depuis  .deux  gros  jusqu’à  une 
once.  Un  -emploie  aussi  < ette  eau  à l’extérieur  avec  beau-  ‘ 
coup  de  succès  , pour  empêcher  l’extravasion  du  sang 
apres  les  chûtes  etles  foulures,  les  coutusiqus , etc.  Elle  est 

cga. eurent  bonne  pour  consolider  toutes  les  plaies  ré- 
centes. 1 


Eau  vulnéraire  rouge  par  infusion . 

Si  l'on  fait  infuser  seulement , et  sans  distiller  dans  .Je 
1 eau-de-vie,  toutes  les  [liantes  qui  entrent  clans  l’eau  vul- 
îieratre  spmtueuse,  cela  forme  l’eau  vulnéraire  ronge  par 

mlusjon.  Bile  a les  memes  vertus  que  la  précédente'  ; elle 
s emploie  de  la  meme  maniéré. 


Eau  d’émeraudes . 

Veuilles  d’angélique , 
Eiges-d’angèlique , 

Feuilles  dé  grande  absinthe, 

de  calament  de  montagne, 
de  laurier, 
de  rue , 
de 


aat 


sauge  i 


de  thy 


m 


J 


de  menthe  de  jardin  , l __ 


de  persil , 
de  romarin 


y CLCt  < • • « 


? ir. 


Vertus 


^18  éléments 

Esprit  de  lavande  , ") 
de  romarin  , S 


d E 

à à 


PHARMACIE. 

ït>  ij. 


On  coupe  les  plantes  qui  doivent  être  toutes  récentes  : 
on  les  met  dans  un  matras  : on  verse  par-dessus  les  esprits 
de  lavande,  et  de  romarin  : on  bouche  le  matras  : on  fait 
digérer  ce  mélange  pendant  plusieurs  jours  , ensuite  on 
coule  avec  expression  : on  filtre  la  liqueur,  et  on  la  con- 
serve pour  l’usage.  Cette  eau  est  d’une  couleur  verte; 
c’est  ce  qui  lui  allait  donner  le  nom  d’eau  d’émeraudes. 

Cette  eau  a les  mêmes  vertus  que  l’eau  vulnéraire  : on 
l’emploie  de  la  même  maniéré. 


JE  au  générale. 


^ Semences  de  coriandre, 
de  carvi, 

' de  séséli, 

de  cumin , 
d’anis  , 
de  fenouil, 
d’aneth. 


t 


Feuilles  de  marjolaine , 

. de  mélisse , 

de  basilic  , 
d’origan  , 
de  pouliot, 

de  pouliotde  montagne, 
de  romarin , 
de  serpolet, 
de  thym , 
d’hysope , 
de  sauge , 
de  sarietteÿ 
de  marum , 
de  scordium , 
de  marrube , 
de  menthe  de  jardin , 
d’absinthe  major, 
minor, 

• de  tanaisie , 
de  matricaire,. 


au. 


ÎL^MINT  S DE  EHARMACI». 

V euilles  cîe  dictame  de  Crete,  ' 
d’abrotanuin , 
de  cerfeuil, 

de  cocliléaria , 1 

de  beccabunga,  I 

de  cresson  d’eau , I 

ïlacines  de  galcnga  minor, 
de  zédoaire, 
de  rneiirn , ! 

de  spicanard.,’ 
d’angélique, 

de  carline,  / aa'  • • 5 J° 

de  contra-yerva,  ( 

de  vipérine , ; 

d’impératoire , 
d’aunée, 

d’iris  de  Florence, 
de  calamusaromaticus, 
de  gingembre, 
de  benoîte , 
de  raifort  sauvage 
de  fenouil , 


rieurs  de  romarin , 
de  lavande , 
destécas  arabique , 
de  sureau , 
d’oranges , 
de  giroflée  jaune , 
de  camomille  romaine 
de  safran , 

Baies  de  laurier , 
de  genievre  , 

Poivre  long , 
rond , 

Poivre  à queue , 

Macis , 

Muscades , 

Girofles , 

Cardamome , 

Ecorces  de  citrons, 
d’oranges, 


— » — vy  j»  * v 

» • 5 


0 . 


? i Su 


D d 


ÉLÉMENTS  DE  T 

H A RM  A Cil. 

Bois  d’aîoès , 

de  cedre,  / 

de  sassafras , ^ cm. 

de  santal  citrin,  \ 
de  Rhodes , ^ 

5 ij- 

Cascarille  , 

Gomme  de  caragne  , -■ 
tacamahaca, 

Myrrhe  , ?•  aâ. 

Benjoin , \ 

Styrax  câlamithe , 

X n. 

Castor, 

Opium  , 

Esprit  de  vin  rectifié  , . . . 

On  ramasse  dans  leiir  temps  les  simples  : on  les  fait  sé- 
cher, et  on  les  met  à mesure  dans  l’esprit  de  vin,  à 1 ex- 
ception cependant  des  feuilles  et  des  racines  des  plantes 
en ti- scorbutiques  , qu’on  emploie  \ertes,  et  récemment 
ramassées.  On  concasse  toutes  les  substances  qui  doivent 
l’être.  On  conserve  ce  mélange  jusqu’à  ce  que  la  collec- 
tion soit  complété;  alors  on  distille  le  tout  au  bain-marie , 
pour  tirer  le  spiritueux. 

r Cette  eau  est  recommandée  dans  la  paralysie  , 1 apo- 
61  US'  plexie  , la  léthargie  , les  syncopes  , les  palpitations,  les  va- 
peurs. On  la  donne  pour  exciter  l’accouchement  : elle 
pousse  par  les  sueurs.  On  la  fait  prendie  dans  la  petite 
Dose,  vérole,  la  rougeole,  dans  les  coliques  venteuses.  La  uose 
est  depuis  deux  gros  jusqu’à  quatre.  On  l’emploie  aussi  a 
l’extérieur,  comme  l’eau  vulnéraire  spiritucuse. 

, Remarques. 

La  plupart  des  Pharmacopées  demandent  des  plantes 
inodores  dans  plusieurs  eaux  spiritueuses  et  aromatiques 
distillées , comme  dans  l’eau  vulnéraire  et  dans  l’eau  gene- 
rale etc.  mais  assez  inutilement.  Que  peuvent  fournir, 
par  exemple,  dans  la  distillation  de  l’eau  vulnéraire,  les 
racinès  de  consolide,  les  feuilles  de  bugle,-  de  sam  de,  de 
plantain  , d’aigremoine,  de  pervenche,  d’armoise  , a orpm, 
etc.,  et  dans  Peau  générale ; les  racines  de  pivoine , de gen- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE?- 

tiane  , d’arum  , de  garance  , de  curcnma  , de  fougere , etc. 
les  feuilles  de  chauitedns  , de  chamaBpitjs  , de  véronique 
de  lumeterre  j de  centaurée,  etc.  La  principale  vertu  vul- 
néraire de  tous  ces  végétaux  réside  dans  les  parties  ex- 
tiactives.  Il  n y a point  de  doute  cpie  si  l’on  préparoit  ces 
eaux  par  infusion,  on  pourroit  faire  entrer  ces  simples 
avec  avantage  dans  ces  médicaments;  mais  comme  ils  na 
fournissent  rien  par  la  distillation  avec  l’esprit  de  vin  , j’ai 
cm  devoir  les  supprimer  de  ces  compositions.  Cette 
remarque  est  générale  pour  toutes  les  eaux  spiritueuses, 
t ans  lesquelles  on  a coutume  de  laire  entrer  des  plantes 
inodores,  ou  des  substances  qui  ne  peuvent  rien  fournir 
pendant  la  distillation  cie  l’esprit  de  vin  , ou  même  celles 
qui  ne  fournissent  que  peu  de  principes,  et  sur  la  vertu 
desquelles  on  ne  peut  pas  compter. 


Esprit  ar chat  de  co  chié  aria. 

Ir  Feuilles  récentes  de  cochléaria  , . . ft,  xv. 
Racines  de  raifort  sauvage  ,....}£>  vj. 
Esprit  devin  rectifié jp  p; 


On  coupe  par  tranches  les  racines  du  raifort  sauvage  : on 
les  pLe  dans  un  mortier  de  marbre,  conjointement  avec 
les  feuilles  de  cochléaria  : on  met  la  matière  pilée  dans  le 
bain-marie  d un  alambic  : on  verse  par-dessus  l’esprit  de 
VJn  : on  couvre  le  vaisseau  de  son  chapiteau  : on  laisse  le 
mélangé  en  macération  pendant  dix  ou  douze  heures  : on 
procédé  à la  distillation  pour  tirer  trois  livres  et  demie  de 
liqueur,  que  Ion  conserve  dams  une  bouteille  qu’on 
bouche  bien.  1 


L csput  de  cochléaria  est  un  très  bon  remede  contre  le  Vcm 
scorbut  : on  peut  même  s'en  garantir  par  son  visage.  11  est 
également  bon  dans  l’hydropisie,  dans  les  rhumatismes, 
la  pierre , la  gravelle,  la  jaunisse  , les  écrouelles  , les  ré- 
entions  des  mois  : il  excite  la  semence,  et  il  fait  uriner. 

Ea  Gose  est  depuis  quinze  gouttes  jusqu’à  un  gros. 

C n se  sert  encore  de  l’esprit  de  cochléaria  avec  succès 
pour  se  préserver  du  scorbut,  pour  guérir  les  petits 
.apljjhes-qm  viennent  dans  la  bouche.  Ou  en  nxMe  avec 
e au , et  on  s en  lave  la  bouche  tous  les  matins. 

D d iit" 


Dos 


P2  » LÏMENTS  DE  PHAKMACI^ 

Remarques. 

Cet  esprit  de  cochléaria  est  d’une  force  considérable 
cette  force  vient  principalement  des  racines  de  raifort,  qui 
contiennent  plus  de  principes  âcre's  volatiles  que  le  co- 
chléaria. 

Quelques  personnes  font  l’esprit  de  cochléaria  avec  cette 
plante  seulement , lorsqu’elle  est  bien  en  fleurs.  Ils  en  pi- 
lent une  certaine  quanti  té,  qu’ils  laissent  macérer  dans  un 
vaisseau  clos  pendant  quelques  jours.  Le  cochléaria  souffre 
lin  léger  degré  de  fermentation  : il  fournit,  par  la  distilla- 
tion , une  liqueur  vive  , pénétrante  et  très  forte  , mais  qui 
ne  peut  conserver  sa  force  que  quelques  semaines.  Cette 
liqueur  , au  bout  de  ce  temps  , acquiert  une  odeur  de 
croupi,  et  n’a  qu’une  saveur  vapide.  Si  on  laisse  d’ailleurs 
le  cochléaria  quelques  jours  de  plus  en  macération  , il 
passe  à la  fermentation  putride , et  il  ne  fournit  plus  qu’une 
liqueur  infecte.  Ainsi  il  vaut  mieux  préparer  l’esprit  de 
cochléaria  de  la  maniéré  que  nous  l’avons  dit , et  employer 
de  l’esprit  de  vin  : cette  liqueur  conserve  d’ailleurs  les  prin- 
cipes âcres  et  volatils  , dans  lesquels  réside  toute  la  vertu 
des  plantes  anti-scorbutiques.  Si  l’on  tire  une  plus  grande 
quantité  de  liqueur  que  celle  que  nous  avons  prescrite, 
l’esprit  de  cochléaria  qu’on  obtient , est  moins  fort  et  un  peu 
laiteux , à cause  d’une  portion  d’humidité  qui  s’élève  sur  la 
fm  delà  distillation;  il  occasionne , quelque  temps  après 
qu’il  est  fait , la  séparation  d’une  portion  de  l’huile  essen- 
tielle des  matières  qui  se  précipitent  sous  la  liqueur. 

Depuis  long-temps  les  plus  habiles  Chymistes  se  sont 
appliqués  à rechercher  quelle  peut  être  la  nature  du  prin- 
cipe âcre  et  volatil  des  plantes  anti-scorbutiques , auquel 
on  attribue  la  principale  vertu  de  ces  végétaux.  Le  sen- 
timent le  plus  général  a été  que  c’étoit  une  matière  akali- 
ne  volatile  ; et  l’on  se  fondoit  principalement  sur  ce  que 
la  graine  de  sinapi,  qui  est  du  nombre  des  anti-scoibuli- 

ques , fait  effervescence  avec  le  vinaigre. 

Cartheuser , dans  le  premier  tome  de  sa  Matière  Médi- 
cale , réfute  ce  sentiment , et  s’appuie  sur  plusieurs  expé- 
riences qui  lui  ont  fait  soupçonner  que  ce  principe  volatil 
pouvoit  être  au  contraire  de  nature  acide.  Un  auteur  très 
moderne  dit  que  ces  plantes  fournissent  de  1 alxali  volatil 


^ELEMENTS  D F PHARMACIE.  4^3 

a un  degré  de  chaleur  inférieur  à celui  de  l’eau  bouillante  ; 
mais  c’est  sans  l’avoir  éprouvé.  Pour  toute  preuve  de  son 
sentiment , il  se  contente  de  dire  que  l’odeur  seule  de  ces 
plantes  dénote  qu’il  y existe  un  akali  volatil.  L’odeur  de 
ces  plantes  11e  ressemble  point  du  tout  à l’alxali  volatil. 
E11  effet , la  substance  âcre  et  volatile  des  plantes  anti- 
scorbutiques 11e  fait  aucune  effervescence , ni  avec  les 
a<  ides , ni  avec  les  alxalis  , et  ne  change  point  la  couleur 
bleue  des  végétaux, 

Je  me  crois  londe  a dire  que  la  nature  de  ce  principe  est 
du  soufre , mais  dans  un  état  particulier.  Il  y a long-temps 
que  je  m étois  apperçu  que  la  décoction  des  plantes  anti- 
scoi  butiques  phlogistiquoit  l’argent  , et  le  noircissoit 
même  à la  maniéré  du  soufre  : j’en  avois  conclu  que  ces 
plantes  contenoient , ou  du  soufre  , ou  les  matériaux  du. 
soufre.  Pour  vérifier  cette  conjecture , j’ai  fait  l’expérience 
suivante. 

J ai  pris  douze  livres  de  racines  de  raifort  sauvage , par 
pieférence  au  cochléaria  et  au  oeccabunga  , attendu  que 
ces  dernières  plantes  sont  très  aqueuses  : je  les  ai  coupées 
par  ti anches  , et  ensuite  pilées  dans  un  mortier  de  marbre  : 
je  les  ai  distillées  au  bain-marie,  dans  un  alambic  d’étain  , 
avec  six  livres  d’esprit  de  vin  très  rectifié.  La  liqueur  que 
) ai  obtenue  étoit  tellement  chargée  du  principe  âcre  et 
volatil , qu  à peine  on  pouvoit  en  supporter  l’odeur  vive 
et  penétiante.  J etois  persuadé  que  l’esprit  de  vin  étant 
ainsi  saturé  de  cette  substance  âcre  , elle  devoit  former  des 
crystaux  dans  l’espace  d’un  certain  temps  ; et  j’ai  vu,  avec 
plaisir  , qu’au  bout  de  six  mois  la  liqueur  perdoit  successi- 
vement sa  force  à mesure  qu’il  se  déposoit  des  crystaux. 
Les  crystaux  sont  en  aiguilles  , d’une  très  belle  couleur  ci- 
truie;  ils  brûlent  sur  les  charbons  ardents,  en  répandant 
odeur  de  soufre  : combinés  avec  l’aicali  fixe,  ils  forment 
du  foie  de  soufre  : en  un  mot,  il  n’est  pas  possible  de  mé- 
connoitre  ces  crystaux  pour  de  véritable  soufre.  L’esprit 
de  cochléaria  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  fournit 
pareillement  de  semblable  soufre  crvstallisé  ; mais  pour 

0 tenir,  il  faut  le  préparer  avec  de  l’esprit  de  vin  parfai- 
^  Y a beaucoup  d’autres  plantes  qui  ne  sont  point  du 

kenre  des  anti-scorbutiques  , dont  la  décoction  noircit  pa- 

1 çment  l’argent  : j’en  augure  qu’elles  contiennent  du 

Ddiv 


41 4 ELEMENTS  D ¥.  P H A R M ACTE. 

soufre,  mais  dans  un  état  différent.  La  décoction  de  la 
racine  de  vincetoxicum  phlogistique  l’argent  autant  que 
les  plantes  anti-scorbutiques  : la  décoction  de  la  petite  cen- 
taurée le  fait  aussi,  mais  beaucoup  moins. 

11  y a beaucoup  de  plantes  qui , lorsqu’on  les  distille 
détachent  des  chapiteauxdes  alambics  d’étain,  unepeîlicule 
de  ce  métal,  et  le  réduisent  en  une  poussière  ardoisée, 
qui  s’enleve  avec  les  doigts.  Cette  matière  est  de  1 étain 
minéralisé  par  le  soufre  qui  est  contenu  dans  les  plantes. 
Toutes  les  plantes  anti-scorbutiques  produisent  cet  effet 
dans  un  degré  très  éminent.  Parmi  les  plantes  aromatiques, 
il  y en  a beaucoup  qui  noircissent  également  l’argent  et 
par  la  même  cause. 

Esprit  car  mina  ùf de  Silvius. 


^ Racines  d’angélique  , 

dïmpératoire,  \ 
de  galenga  minor , ) 
Baies  de  laurier , . . . 
Semences  d’angélique , 
de  livêche, 
d’anis , 


• • • 5 i- 
. . . 

. • . Siij. 

• • • ? IL 


Caneîle , 


Écorces  récentes  d’oranges 
Girofles  , 


Feuilles 


de  romarin  , 
de  marjolaine , 
de  rue , 
de  basilic, 


? 

5 


aa.  . 


Gingembre,  1 _ J _ 

Muscade  , z1  àâ • • 5 J*  IS» 

Macis , J 


Vertus. 


Esprit  de  vin  rectifié , 1b  “1* 

On  concasse  ce  qui  est  a concasser  , et  on  fait  digérer 
dans  l’esprit  de  vin  , comme  nous  1 avons  dit  précédemment, 
on  distille  ensuite  .au  bain-marie  , pour  tirer  tout  ce  qu  il  j 

a de  spiritueux.  _ , 

Çn  rcçommg^de  l’cspiit.  canninatif  contie  les  nausets. 


Y 


'-J. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  4^5 

les  vomissements , les  rapports.  La  dose  est  depuis  douze 
gouttes  jusqu’à  deux  gros. 

Baume  de  Fjoraventi. 

2-  Térébenthine  de  Venise  j. 

Baies  de  laurier  récentes, J?  iy. 

Résine  elémi,  > __  . 

tacamahaca,  J aa % 1* 

Stvrax  liquide  | ij. 

Galbanum, 

Encens  mâle,  J 

Myrrhe,  . C cm J iij. 

Gomme  de  lierre  , \ 

Boisd’Aloès,  J 

Galenga  minor, 

Girofles  , 

Canelle , 

Muscade  , 

Zédouire  , \ âü.  . Ç j. 

Gingembre, 

Feuilles  de  dictame  de  Crcte , 

Aîoès  succotrin , 

Succin  préparé , 

Esprit  de  vin  rectifié .l  . . Ib  vj. 

Après  avoir  concassé  les  substances  qui  doivent  l’être  , 
on  les  fait  macérer  dans  l’esprit  de  vin  pendant  neuf  ou 
dix  jours:  alors  on  ajoute  la  térébenthine  : on  distille  ce 
mélange  au  bain-marie  , pour  tirer  tout  le  spiritueux.  C’est 
ce  que  1 on  nomme  baume  de  Fioraventi  spiritueux. 

On  enleve  le  marc  resté  dans  l’alambic  : on  le  met  dans 
une  cucurbite  de  terre  vernissée  , ou  de  fer,  et  on  distille 
pai  un  feu  de  cendre  chaude  un  peu  supérieur  au  deeré 
de  chaleur  de  l’eau  bouillante.  On  obtient  une  huile  citrme 
qu  on  met  à part.  C'est  ce  quel’onnomme  baume  de Fi.ora- 
Ve? fl  'llnleu'T-  Enfin  , en  augmentant  la  chaleur  jusqu’à 
■ [ u.  presque  les  matières  contenues  dans  la  cucurbite , ou 
o Uicnt  une  liqueur  en  partie  huileuse  , et  en  partie 
aqueuse.  On  sépare  l’huile  : on  la  met  à part,  et  on  jette 
te  phleçne  comme  inutile.  L’huile  est  ce  que  l’on  nomme 
baume  de  Ftoraeenli  noir. 


Dose. 


426  éléments  de  pharmacie. 

Vertus.  Le  baume  de  Fioraventi  spiritueux  est  un  anti-pestilen- 
tiel : il  résiste  à la  gangrené  : il  est  vulnéraire.  On  l’em- 
ploie dans  les  coups  de  tête  , pour  les  contusions  , les 
meurtrissures , et  pour  résoudre  le  sang  caillé.  On  le  fait 
prendre  intérieurement  dans  les  maladies  des  reins  et 
de  la  vessie  , pour  déterger  les  ulcérés^  internes  de  ces  par- 
ties. 11  est  employé  dans  les  coliques  néphrétiques.  On  en 
prend  cinq  à six  gouttes  dans  du  thé  , ou  dans  quelques 
boissons  vulnéraires  et  diurétiques. 

Il  soulage  les  douleurs  de  rhumatisme  en  frottant  les 
parties  affligées.  Dans  les  fluxions  et  les  torticolis , on  s’en 
sert  avec  succès  pour  détourner  les  fluxions  des  yeux  et 
pour  fortifier  la  vue.  On  mouille  le  bout  du  doigt  avec 
cette  liqueur,  et  on  le  pose  sur  le  bord  des  yeux.  On  fait 
encore  usage  de  cette  liqueur  en  s’en  frottant  le  dedans  des 
mains,  et  en  les  présentant  devant  les  yeux  pour  qu’ils  en 
reçoivent  la  vapeur. 

Il  entre  dans  le  baume  de  Fioraventi  des  résines  pures  , 
qui  contiennent  beaucoup  d’huile  essentielle  ; la  plus 
ténue  et  la  plus  volatile  s’élève  avec  l’esprit  de  vin  pendant 
la  distillation.  La  chaleur  du  bain-marie  ne  devient  plus  assez 
forte  pour  occasionner  une  plus  grande  altération  aux  ma- 
tières résineuses  et  balsamiques  qui  restent  dans  le  marc: 
c’est  pour  cette  raison  que  nous  recommandons  de  distiller 
ce  marc  à une  chaleur  un  peu  plus  forte  que  celle  du  bain- 
marie,  afin  d’obtenir  , dans  ce  premier  moment  de  décom- 
position , une  sorte  d’huile  essentielle  des  substances  qui 
composent  ce  marc.  C’est  cette  huile  qu  on  nomme  baume 
de  Fioraventi  huileux.  Ce  que  nous  avons  nommé  baume 
de  Fioraventi  noir,  est  l’huile  pesante  des  ingrédients  qui 
se  décomposent  par  la  chaleur.  Ce  troisième  produit  est 
de  peu  d’usage  en  médecine  : le  second  l’est  davantage  : le 
baume  spiritueux  est  d’un  usage  fréquent.  Comme  celui- 
ci  a l’odeur  de  l’essence  de  térébenthine,  des  falsificateurs 
préparent  ce  baume  en  mêlant  de  l’essence  de  térében- 
thine avec  de  l’esprit  de  vin  aromatique. 

Eau  de  bouquet , ou  eau  de  toilette. 


Eau  de  miel  odorante  , 
sans-pareille  , . . 
de  jasmin  , . . . 
Je  girolles,  > -- 

de  violettes  . $ 


'W  • 

5 J* 

w • * 

O fl* 

5 iv  fl- 

5 fl- 


427 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Eau  desouchet  long, 

de  calainus  aromaticus  , 
de  lavande, 

Esprit  de  néroli  

On  mêle  toutes  ces  liqueurs  , et  on  conserve  le  mélange 
dans  une  bouteille  qui  bouche  bien  : cette  eau  a une 
odeur  très  agréable.  Je  vais  rapporter  de  suite  les  recettes 
des  liqueurs  qui  la  composent.  Nous  avons  donné  précé- 
demment la  recette  de  l’eau  de  miel. 


gult.  x. 


Eau  dans-pareille. 


2-  Esprit  de  vin  -rectifié  , .......  îb  vj.  1 

Huile  essentielle  de  bergamote  , . . 5 ij 

de  citron,  ....  J h- 

de  cédrat , . . . . J ij. 
Espiit  de  romarin  vii). 


On  mêle  toutes  ces  liqueurs  , et  on  rectifie  au  bain-marie 
pour  tirer  environ  six  livres  d’esprit  aromatique.  Cette  dis- 
tillation est  nécessaire  pour  les  raisons  qiie  nous  avons 
dites  précédemment. 

Eau  de  jasmin. 


^ Huile  de  jasmin  j b j. 

Esprit  de  vin  rectifié, 1b  j E. 


On  mêle  l’huile  de  jasmin  avec  l’esprit  de  vin  , et  on 
secoue  le  mélangé  : il  devient  trouble  et  comme  laiteux  : 
on  1 expose  à la  gelée  : l’huile  se  fige,  se  sépare,  et  occupe 
la  partie  inférieure  de  la  bouteille  : on  sépare  l’esprit  de 
vin  qui  surnage  et  qui  s’est  emparé  de  l’odeur  de  l’huile 
de  jasmin.  On  le  conserve  dans  une  bouteille.  C’est  ce  que 
1 on  nomme  esprit  de  jasmin. 


Eau  de  girofles. 

^-'Girofles, 

Esprit  de  vin  rectifié lh  j fi. 

On  fait  macérer  ces  deux  substances  pendant  trois  ou 
quatre  jours,  et  on  distille  le  mélange  au  bain-marie  : on 
rectilie  la  liqueur  au  bain-marie. 


4:i8  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

Eau  de  violette . 


^ Iris  do  Florence . 3 iv. 

Esprit  de  vin  rectifié  ît>  ij.‘ 


On  fait  infuser  pendant  douze  ou  quinze  jours;  ensuite 
on  filtre  pour  conserver  la  teinture  f cette  liqueur  ne  doit 
point  être  distillée,  parceque  l’iris  perd  considérablement 
de  son  odeur  par  la  distillation. 

Eau  de  souchet. 

^Sonchet  long,  . . g iv. 

Esprit  de  vin  , lb  ij. 

On  fait  digérer  et  on  distille. 

l'eau  de  calamus  aromaticus  se  prépare  de  même , et 
avec  de  semblables  proportions  d’esprit  de  vin  et  de  cette 
racine. 

On  prépare  l’esprit  de  néroli  avec  un  demi  gros  d’huile 
essentielle  de  fleurs  d’oranges  , qu’011  fait  dissoudre  dans 
deux  gros  d’esprit  de  vin  rectifié. 

L’eau  de  bouquet , et  toutes  les  eaux  qui  entrent  dans 
•a  composition,  servent  pour  la  toilette  seulement,  et 
ne  sont  d’aucun  usage  en  médecine. 

Vinaigre  distillé  : vinaigres  aromatiques  distillés  et  non 

distillés. 

Ee  vinaigre  distillé  est  l’acide  fluor  tiré  parla  distillation 
des  liqueurs  qui  ont  subi  la  fermentation  acide  : on  fait 
cette  distillation  afin  d’en  séparer  les  matières  extractives 
et  salines  crvstallisables. 

On  remplit  aux  trois  quarts  et  demi  une  cucurbite  de 
grès  de  vinaigre  blanc  ou  rouge:  on  place  le  vaisseau 
dans  un  fourneau  disposé  de  maniéré  qu’il  renferme 
les  trois  quarts  de  la  hauteur  de  la  cucurbite  : on  ferme 
avec  de  la  terre  à four  détrempée  , les  ouvertures  qui  res- 
tent entre  les  parois  du  fourneau  et  la  partie  supérieure  du 
vaisseau  : on  adapte  à la  cucurbite  un  chapiteau  de  verre  , 
qu’on  lute  avec  du  papier  enduit  de  colle  de  farine:  on 
ajuste  un  récipient  au  bec  du  chapiteau  : on  procédé  à la 
distillation  par  un  feu  modéré  qu’on  augmente  par  degrés  : 
on  continue  la  distillation  jusqu’à  ce  que  l’on  ait  tiré 
environ  les  cinq  sixièmes  du  vinaigre  : c’est  ce  que  1 on 
nomme  vinaigre  distillé. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Î1  reste  dans  la  cucurbite  une  liqueur  acide  d'une  con- 
sistance syrupeuse,  qu’on  peut  dessécher  au  bain-marie  si 
l’on  vent  : le  vinaigre  qu’on  en  tire  par  la  distillation,  est 
infiniment  plus  acide  que  celui  quia  passé  précédemment. 
11  reste  enfin  un  extrait  sec  très  acide,  et  qui  attire  puis- 
samment l’humidité  de  l’air.  1 

Le  vinaigre  distillé  est  un  anti-putride  fondant , pro- 
pie a empêcher  la  coagulation  des  humeurs  et  du  sang  : 
il  divise  et  atténue.  Boerhaave  recommande  très  fort  ^e 
vinaigre  dans  les  maladies  aiguës  et  inflammatoires , dans 
les  maladies  convulsives,  hypocondriaques  et  hy  stériques. 
Ce  vinaigre  est  un  peu  sudorifique.  La  dose  est  depuis  un 
gros  jusqu’à  une  once. 

Malgré  les  bonnes  qualités  du  vinaigre  , ce  remede  est 
peu  d’usage  pour  l’intérieur  : on  l’emploie  le  plus  ordi- 
nairement à l’extérieur , mêlé  avec  de  l’eau  , pour  se  laver 
le  visage  : il  rafraîchit  et  lait  disparoitre  les  petits  boutons. 


R 


emarques. 


Il  est  de  la  derniere  importance  de  n’employer  que  des 
vaisseaux  degrés  ou  de  verre  pour  la  distillation  du  vi- 
naigre, pareequ’il  agit  sur  tous  les  métaux,  à l’exception 
de  1 or,  de  la  platine  et  de  l’argent.  Ceux  qui  distillent  le 
vinaigre  en  grand  , ne  se  servent  cependant  que  de  vais- 
seaux de  cuivre  étamé,  pareeque  ces  vaisseaux  sont  plus 
commodes  pour  distiller  une  grande  quantité  de  vinaigre 
a la  fois  : mais  le  vinaigre  ainsi  distillé  est  sujet  à conte- 
nir du  cuivre  et  de  l’étain  en  dissolution  : il  est  par  con- 
séquent dangereux  de  s’en  servir  pour  l’usage  intérieur  : il 
occasionne  même  à certaines  personnes  qui  ont  la  peau 
eleheate,  des  rougeurs  et  de  petites  ampoules  lorsqu’elles 
s en  servent  pour  se  laver.  1 

. P[“sieurs  Chymistes  recommandent  de  jeter  comme 
mutile  la  portion  de  vinaigre  distillée  la  première  , comme 
n étant  qu  un  pldegme  insipide.  Elleest  un  peu  moins  acide 
que  celle  qui  succédé;  mais,  son  odeur  est  aussi  infiniment 
puis  agreaDle  : ainsi  il  ne  faut  pas  la  jeter. 

A mesure  que  le  vinaigre  distille,  celui  de  la  cucurbite 
se  concentre,  c est-à-dire  que  ses  parties  salines  et  ex 
«cuves  se  rapprochent  : la  portion  qui  se  desseche  contre 
es  parois  ue  la  cucurbite,  brûle  insensiblement  : elle  coin- 


Vertu*. 


Dos?, 


/^3û  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

mimique  au  vinaigre  qui  distille  , une  odeur  empyrëtt* 
matique  , mais  qu’il  perd  en  vieillissant , ou  par  le  froid  i 
comme  nous  l’avons  dit  des  autres  liqueurs.  Lorsqu’on 
veut  éviter  cet  inconvénient  , il  faut  distiller  le  vinaigre 
au  bain-marie  , mais  toujours  dans  des  vaisseaux  de  grès 
ou  de  verre;  alors  son  odeur  empyreuruatique  est  infiniment 
plus  foible.  Le  vinaigre,  pendant  sa  distillation,  prend 
toujours  une  odeur  empyreumatique  , à quelque  léger 
de.^ré  de  chaleur  qu’on  le  distille,  même  au  bain-marie. 

j’ai  remarqué  cependant  que  le  vinaigre  nouvellement 
fait  fournit,  lorsqu’on  le  distille  avec  ménagement,  une 
petite  quantité  de  liqueur  presque  spiritueuse,  d’uneodeur 
de  vinaigre  et  d’éther  acéteux  , très  suave  et  très  agréable  ; 
cela  vient  d’un  restant  d’esprit  de  vin  qui  n’est  pas  enliè- 
rement  assimile  au  vinaigre.  11  est  décompose  et  conveiti 
en  éther  par  l’acide  du  vinaigre  à mesure  qu’il  distille. 

C’est  à l’état  où  se  trouve  la  substance  huileuse  dans  le 
vinaigre  qu’on  doit  attribuer  l’odeur  empyreumatique  qu’il 
prend  à la  distillation.  Pendant  la  fermentation  acide  , 
cette  huile  se  décompose  de  plus  en  plus  : elle  est  dans  un 
état  d’atténuation  considérable , et  elle  achevé  de  se  dé- 
composer davantage  lorsqu’elle  éprouve  l’action  du  feu, 
parcequ’elle  est  privée  de  la  substance  spiritueuse  qui  lui 
donnoit  du  corps  et  de  la  volatilité. 

Lorsque  la  liqueur  de  la  cucurbite  est  parvenue  a une 
consistance  syrupeuse , elle  est  fort  acide  : elle  déposé , 
par  le  refroidissement,  beaucoup  de  crystaux  qu’on  peut 
nommer  sel  essentiel  de  vinaigre.  Ce  -sel  ne  différé  en 
rien  des  crvstaux  de  tartre  , connus  sous  le  nom  de  crème 
de  tartre;  mais  il  différé  essentiellement  d’un  mélange 
auquel  on  a donné  mal-à-propos  le  nom  de  sel  volatil  de 
vinaigre  , et  dont  le  procédé  n’est  encore  connu  que  d’un 
petit  nombre  de  personnes. 

Sel  volatil  de  vinaigre. 

Pour  préparer  ce  prétendu  sel  volatil,  on  choisit  de  1res 
petits  crystaux  de  tartre  vitriolé,  duquel  on  a sépare  tout 
ce  qui  est  en  poudre  : on  le  met  dans  un  flacon , et  on 
l'imbibe  avec  une  suffisante  quantité  de  vinaigre  radical  ou 
esprit  de  Vénus  rectifié  , pour  humecter  ce  sel  seulement  : 
c’est  ce  que  l’on  nomme  sel  volatil  de  vinaigre.  L esprit 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMA  Cl  F.'  /A  t 

W„„,  cst  lVcidedu  vinaigre  dépldegmé,  autant  qu'il 
est  possible,  parle  moyen  du  cuivre  : il  est  volatil  néné 

ï“  ü.“s„ifes,  • - -i'™  » “a"s'  «a.  <> 

«&S*  raarftraïsg* 

voISm’"3'5  -°Ut  re‘ïet  <]U’a  I,rodllit  vient  de  i’udde 

volatil  du  vinaigre  concentré  , et  non  des  sels  qu’on  ajoute 

<Æ  Æd":  rLr mpIe  des  vinais-  • 

Vinaigre  de  lavande  distillé. 

On  met  dans  une  cucurbite  de  grès  h m mun  • r> 
veut  de  Heurs  de  lavande  récent  S t 7e  s°es 
queues  : on  verse  par-dessus  du  vinaigre  distillé  iusau’i 
ce  que  les  fleurs  nagent  suffisamment  : on  procédé  à la 

du  Wn^e Ies  '"'W* 

r/e  Lavande  distillé.  Il  reste  dans  la  cucurldte  k^marc^et 
une  portion  du  vinaigre  chargé  de  la  nartié  . ■ ■ 

on  rejette  cette  matière  comme  inutile. 1 tlïe  : 

On  préparé  de  la  même  maniéré  tnne  1 *c  , • . 

autres  substances  végétales  quelconques.  On  peutT* V™ 
de  composés,  en  mêlant  ensemble  plusieurs  h dlIS 

aromatiques.  On  observe  seulement  de  cor, ZseV  * 
treres  dures  et  ligneuses  et  A»  cor  casser  les  ma- 
rnent ayant  quelle  les  distiller.  llliUSCr  su^Jsam- 

Le  vinaigre  de  lavande  n’est  d’usage  que  nour  U 

Siü'ï  r;:.“ ,m  • u «*.„  d»"> 

L -E  M A R Q u E S. 

Le  vinaigre  est  une  liqueur  moins  vnhtil**,  ?> 
l’esprit  de  vin.  11  s’élève  dans  la  distillation  nfLVrr "ê* 
ment  que  ces  liqueurs.  Comme  il  est  chargé  de  beàurV 
de  parties  huileuses , dans  un  état  de  denn-décomDositTP 
il  est  fort  sujet  a prendre  l’odeur  d’empyreume  bl  J •’ 
une  odeur  fort  désagréable  si  on  le  distilloit  à feu  nu  l ée' l 
pour  éviter  cet  inconvénient  une  nous  aJ”  ’ C est 
de  le  distiller  au  bain-marie  recommandé 


4^2  ÉLÉMENTS  DE  ÏHARMACIÈ, 

On  pourrait,  si  l’on  vouloit,  employer  du  vinaigre  or* 
dinaire  en  place  de  celui  qui  a déjà  été  distillé  ; mais  comine 
il  contient  beaucoup  de  parties  extractives,  celui  qu’on  ob- 
tiendrait serait  beaucoup  moins  agréable. 

Le  vinaigre,  pendant  la 'distillation,  se  charge,  comme 
l’eau , de  1 esprit  recteur  des  substances  aromatiques  ; il  ne 
s’unit  pas  mieux  avec  lui;  cest  ce  qui  est  cause  que  les  vi- 
naigres aromatiques  et  les  eaux  distillées  out  toujours  une 
odeur  moins  agréable  que  les  eaux  préparées  avec  de  l’es- 
prit de  vin.  Ainsi,  lorsqu’on  veut  avoir  ces  vinaigres  plus 
parfaits , il  convient  d’ajouter  de  l’esprit  de  vin  rectifié  dans 
la  cucurbite , pour  le  distiller  conjointement  avec  les  au- 
tres ingrédients  : l’esprit  de  vin  s’élève  le  premier  avec 
l’esprit  recteur;  il  s’en  empare,  et  se  combine  mieux  avec 
lui  que  l’eau  et  le  vinaigre. 

Lorsqu’on  veut  avoir  un  vinaigre  de  Avance  encore 
plus  agréable  , il  convient  de  mêler  dix  pintes  de  vinaigre 
distillé  au  bain-marie,  avec  trois  pintes  d’esprit  de  lavande, 
ce  mélange  devient  laiteux;  mais  peu  à peu  il  s’éclaircit  : 
on  le  filtre  quinze  jours  après  qu’il  est  fait.  Si  on  vouloit 
le  filtrer  plutôt,  il  passerait  difficilement:  on  perdrait  le 
plus  spiritueux  et  le  plus  fin  de  l’aroinate  de  la  lavande. 
Ce  vinaigre  , fait  de  cette  maniéré  , n’a  pas  le  désagrément 
de  sentir  l’ernpyreuine  comme  celui  que  1 on  obtient  en 
distillant  le  vinaigre  et  la  lavande  ensemble. 

Vinaigre  de  sureau , communément  nommé  vinaigre 

surard. 


% Fleurs  de  sureau  seches, ^ L 

V . ttv  v 


Vinaigre  rouge 


lb  xij. 


On  met  dans  un  matras  les  fleurs  de  sureau,  mondées 
de  leurs  queues  et  récemment  séchées  : on  verse  par-uessus 
le  vinaigre  : on  bouche  le  métras  avec  un  parchemin  : on 
fait  digérer  ce  mélange  au  soled  ou  a 1 air  libre  pendant 
cinq  ÙMX  jours  : alors  on  passe  avec  forte  expression  : on 
filtre  la  liqueur  au  travers  d’un  papier  gris,  et  on  fa  con- 
serve dans  une  bouteille  qu’on  bouche  bien. 
v tu,  11  est  propre  pour  délayer  les  phlegmes  : il  est  resol uli  , 
rTse  légèrement  sudorifique  et  anodin.  La  dose  est  depuis  mi 
gros  jusqu’à  demi-once.  On  le  fait  entier  dans  les  garga- 
rismes. 


12  I,  i H Ü N f J ©£  PttUMUlE.  ll35 

Ou  peut  préparer  de  la  même  maniéré  les  autres  vi- 
naigres, tels  que  ceux  de  : 

1 leurs  de  sauge,  Feuilles  d’estragon, 

de  romarin  , Fleurs  de  roses  rouges, 
d’œillets  , etc. 

Vinaigre  scillitique . 


$ Squames  de  scille  seche, ^ viij. 

Vinaigre  rouge  vj. 


On  coupe  menu  les  squames  de  scille  : on  les  met  dans 
nn  matras  : on  verse  par-dessus  le  vinaigre  : on  fait  digérer 
ce  nidange  au  soleil , ou  à une  chaleur  douce  , pendant 
environ  quinze  jours  , ou  jusqu’à  ce  que  la  scille  soit  bien 
peiielrée  de  vinaigre  et  gonflée  : alors  on  passe  l’infusion 
avec  expression  : on  Idtre  la  liqueur  au  travers  d’un  papier 

gris  , et  on  la  conserve  dans  une  bouteille  qu’on  bouche 
bien. 

. Le  vinaigre  scillitique  est  incisif,  apéritif,  propre  à di- 
viser les  humeurs  épaissies  et  devenues  visqueuses  On 
l'emploie  avec  succès  dans  l’hydropisie.  La  dose  est  depuis 
/lin  gros  jusqu’à  demi-once.  1 

11  est  nécessaire  d’employer  la  scille  seche  dans  la 
préparation  de  ce  vinaigre  ; elle  contient  une  si  grand® 
quantité  d 'humidité  , qu’elle  affoibliroit  le  vinaigre  et  le 
ieroit  gâter  si  on  l’employoit  récente. 

F inaigre  colchique . 


Racines  de  colchique  récentes, 
Vinaigre  ronge 


* 

5 J- 
tfc  /.• 


On  prend  des  racines  de  colchique  nouvellement  arra- 
chees  de  terre  : on  les  inonde  de  leurs  filaments  : on  les 
lave  : on  les  coupe  par  tranches  minces  ; on  les  met  dan- 
un  matras  : on  verse  par-dessus  le  vinaigre  : on  fait  diaérei 
ce  mélangé  au  bain  de  sable,  à une  chaleur  douce,  peu- 
dant  quarante-huit  heures,  ayant  soin  d’agiter  le  matra- 
de  temps  en  temps:  alors  on  passe  la  liqueur  .avec  expreZ 
siou  : on  la  filtre  au  travers  d’un  papier  gris , ét  onia  cou- 
serve  diins  une  bouteille  qui  bouche  bien. 


Vertm. 

Dos®, 


eitus. 


Dose. 


434  ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

Le  vinaigre  colchique  ne  s’emploie  pas  pur  en  méde- 
cine ; on  le  mêle  avec  du  miel , pour  en  former  un  oxy- 
mel , comme  nous  le  dirons  en  son  lieu. 


Vinaigre  ihérlacal. 


2*'  Les  ingrédients  de  1 eau  thériacale  , . 

Vinaigre  rouge  , 

Thériaque  , . . . 


lt>  viij. 
§ viij. 


On  prend  les  ingrédients  qui  entrent  dans  l’eau  theria- 
cale  : ou  les  concasse  dans  un  mortier  de  fer  : on  les  met 
dans  un  matras  avec  le  vinaigre  : on  fait  macérer  ce  mé- 
lange au  soleil  pendant  trois  semaines  ou  un  mois , ou  an 
bain  de  sable  à une  chaleur  douce  : alors  on  coule  avec 
expression  : on  inet  la  liqueur  dans  le  matras  avec  la  thé- 
riaque: 011  fait  digérer  de  nouveau  pendant  le  même  es- 
pace de  temps  , ayant  soin  de  tenir  le  matras  toujours  bien 
bouché  , et  de  l’agiter  environ  deux  fois  par  jour. 

Le  vinaigre  thériacal  convient  dans  les  maladies  conta- 
gieuses. On  l’applique  aux  poignets,'  aux  tempes  et  sur 
f estomac;  on  en  fait  évaporer  dans  la  chambre  des  ma- 
lades pour  chasser  le  mauvais  air.  11  est  cordial  , tonique, 
sudorifique  , vermifuge , pris  intérieurement.  La  dose  est 
depuis  un  gros  jusqu’à  quatre. 


Vinaigre  cIgs  quatre  voleurs . 


Sommités 


d’absinthe  major, 
d’absinthe  minor, 
de  romarin , 
de  sauge , 
de  menthe  , 
de  rue , 


Fleurs  de  lavande  , 


Calamus  arornalicus 
Cane! le  , 

Girofles  , 

Noix  muscades , 
Gousses  d’ail , 


1 


a a 


Camphre , • • • 
Vinaigre  rouge  , 


Ri 


V • • 

5 lh 

o ij. 

îb  viij. 


i!lIments  de  pharmacie:  435 

On  prend  tous  ces  ingrédients  secs  : 011  les  pile  grossiè- 
rement. On  prend  les  gousses  d’ail  récentes  ; on  les  coupe 
par  tranches  : 011  met  le  tout  dans  un  matras  : on  verse 
par-dessus  le  vinaigre  : on  fait  digérer  le  mélange  au  soleil 
ou  à une  douce  chaleur  au  bain  de  sable  , pendant  trois  se- 
maines ou  un  mois  : alors  on  coule  avec  expression  : 011 
filtre  la  liqueur  au  travers  d’un  papier  gris,  et  021  ajoute  le 
camphre  dissous  dans  un  peu  d’esprit  de  vin. 

On  conserve  la  liqueur  dans  une  bouteille  qu’on  bouche 
bien. 

Le  vinaigre  des  quatre  voleurs  est  un  anti-pestilentiel  : Vertu? 
on  1 emploie  avec  succès  pour  se  préserver  de  la  contagion  : 
on  s en  frotte  les  mains  et  le  visage  : on  en  fait  évaporer 
dans  une  chambre  , et  l’on  y expose  les  habits  qu’on  doit 
porter  , afin  d’être  à l’abri  de  la  contagion.  Pris  intérieure- 
ment, il  a les  mêmes  vertus  que  le  vinaigre  thériacal. 

O • • - ...  * / 

Extrait  de  Saturne  de  Goulard. 


££  Litharge  préparée,  . 
Vinaigre  rouge  , . . 


fb  xv. 

3o  pin  tes.- 


On  réduit  en  poudre  fine  la  litharge  î on  la  met  dans 
tme  bassine  d argent  avec  le  vinaigre  : on  place  le  vaisseau 
sur  un  fourneau  , et  on  fait  bouillir  légèrement  ce  mêlant 
en,1  agitant  continuellement  avec  une  spatule  de  bois  ius- 

3?  d 1Ce,.ClUe  le  vitiai&r,e  sroit  saturé  de  litharge  : 'alors  011 
filtre  la  liqueur,  et  on  la  fait  évaporer  jusqu’à  consistance 

• L’extrait  de  Saturne  ne  doit  être  employé  qu’à  l’exté- 
rieur  : il  est  bon  pour  les  dartres  : il  dissipe  l’inflammation 
très  promptement  : il  y a nombre  de  cas  où  il  produit  de 
bons  effets  dans  ces  maladies;  néanmoins,  ü faut  l’eni- 
P °}er  avec  beaucoup  de  prudence  , pareeque  ce  remede 
épercute  , et  porte  l’humeur  dans  l’intérieur  : quelquefois 
1 agit  comme  résolutif;  mais  il  est  souvent  difficile  de 
devmer  lequel  de  ces  deux  effets  il  doit  produire. 

1 lffs.1  rareqiLou  emploie  l’extrait  de  Saturne  seul  • on 
^eclelaie  toujours  dans  une  certaine  quantité  d’eau  • nn 

omme  cefte  liqueur  eau  végéto- minérale  : nous  en* pai- 
erons dans  un  instant.  Pai 

E e i j 


'ÉLÉMENTS  DI  f H A R M A C I El 


Remarque  s. 

On  tire  ordinairement  des  doses  que  nous  indiquons 
Vingt-huit,  livres  huit  onces  d’extrait,  qui  donne  quarante- 
deux  degrés  au  pese-liqueur  des  sel»,  et  pese  deux  onces 
sept  gros  dans  une  bouteille  de  la  contenance  de  deux 
onces  d’eau. 

Après  que  le  vinaigre  est  saturé  , on  le  filtre  pour  sépa- 
rer la  portion  de  litliarge  qui  ne  s’est  point  dissoute  : si  on 
la  fait  lécher  et  qu’on  la  pese,  on  en  trouvera  environ  sept 
livres.  Cette  litliarge  ne  peut  pas  servir  à une  autre  opéra- 
tion , parcequ’elle  se  dissout  très  difficilement  dans  le  vi- 
naigre ; elle  a subi  pendant  1.  ébullition  un  commencement 
de  réduction  qui  empêche  que  le  vinaigre  ne  la  dissolve 
avec  la  même  facilité  que' la  première  fois. 

Lorsqu’on  fait  évaporer  la  liqueur  filtrée  , elle  est  sujette 
à se  troubler  -,  mais  à mesure  qu’elle  se  concentre  elle  se 
réclaircit.  11  arrive  souvent  qu’en  se  refroidissant  après 
cu’elie  est  évaporée  au  point  convenable  , il  se  forme  une 
grande  quantité  de  crystaux  qui  sont  du  sel  de  Saturne:  cet 
effet,  qui  n’arrive  pas  toujours,  tient  apparemment  a la 
nature  du  vinaigre  : lorsqu’il  a lieu  il  convient  de  séparer 
les  crystaux:  on  les  met  égoutter  et  sécher,  c’est  du  sel 
de  Saturne. 

Extrait  de  Saturne  en  poudre. 

Si  l’on  fait  évaporer  jusqu’à  siccité  l’extrait  de  Saturne, 
eu  liqueur  dont  nous  venons  de  pailer,  on  obtient  une 
poudre  à laquelle  l’auteur  a donné  le  nom  d 'extrait,  de 
Saturne  en  poudre.  On  la  conserve  dans  une  bouteille. 
Lorsqu’on  veut  s’en  servir  , on  fait  dissoudre  un  peu  de 
cette  poudre  dans  de  l’eau  , et  on  en  fait  usage  comme  de 
l’extrait  de  Saturne  en  liqueur.  On  lui  reconnoît  les 
mêmes  vertus,  et  elle  a cet  avantage  qu’on  peut  l’empor- 
ter à la  campagne  plus  commodément  que  l’extrait  de  Sa- 
turne en  liqueur. 

Eau  végéto- m inéra le , ou  Eau  de  Satin  ne, 

^ Eau  distillée, K>  ij. 

Extrait  de  Saturne  liquide,  . . • • S />• 

Eau-de-vie, 3 *1* 


éléments  ï)E  PHARMACIE.  4^7 

On  peso  ces  trois  liqueurs  clans  une  même  bonteills 
qu’on  agite  pour  les  mêler  , et  l’eau  végéto-minérale  est 
faite. 

On  s’en  sert  pour  laver  et  étuver  les  dartres  , ou  autres  Vertu*, 
excoriations  qui  viennent  à la  peau  : elle  produit  de  bons 
effets  dans  ces  maladies;  mais  il  faut  l’employer  avec  pru- 
dence , pour  les  raisons  que  nous  avons  dites  en  parlant  des 
vertus  de  l’extrait  de  Saturne. 

Remarques. 

T /extrait  de  Saturne  est  une  dissolution  de  plomb  par  le  vi- 
naigre : cette  préparation  est  connue  de  temps  immémorial 
dans  la  Chymie  , mais  sous  le  nom  de  vinaigre  de  Saturne. 
L’extrait  de  Saturne  en  poudre  n’étoit  pas  moins  connu. 

Tous  les  livresde  Chymie enseignentqu’en faisant  évaporer 
le  vinaigre  de  Saturne  jusqu’à  légère  pellicule,  la  liqueur 
fournit , par  le  refroidissement , des  cryslaux  connus  sous 
le  nom  de  sel  de  Saturne.  Les  uns  emploient  du  vinaigre 
en  nature  , d’autres  du  vinaigre  distillé.  De  quelque  ma- 
niéré qu’on  s’y  prenne , il  résulte  toujours  une  combinaison 
de  plomb  et  de  vinaigre  qui  a les  mêmes  propriétés. 

Nous  recommandons  d’employer  de  Peau  distillée  pour 
préparer  l’eau  végéto-ininérale , ou  au  moins  de  l’eau  de 
riviere  très  pure  . pareeque  la  plupart  des  eaux  contiennent 
beaucoup  desélenite.  Lorsqu’on  se  sert  d’une  pareille  eau  , 
le  mélange  devient  blanc  sur  le  champ,  et  il  se  fait  un 
instant  après  un  précipité  blanc:  ces  effets  arrivent  paree- 
que l’acide  vitrioliquc  de  la  sélénite  quitte  la  terre  à laquelle 
il  étoit  uni , pour  se  combiner  avec  le  plomb  de  l’extrait 
de  Saturne,  et  former  ensemble  un  vitriol  de  plomb.  Dans 
le  même  instant  le  vinaigre  s’unit  à la  terre  de  la  sélénite , 
et  de  cette  union  résulte  un  sel  accteux  calcaire.  Il  se  fait 
dans  cette  occasion  doux  décompositions  et  deux  nouvelles 
combinaisons.  Mais  au  moins  est- il  bien  certain , dans 
ce  cas  de  décomposition,  que  le  médicament  qu’on  a pré- 
paré n’est  plus  de  l’eau,  végcto-minérale , mais  un  mélange 
de  vitriol  de  plomb,  de  sel  acéteux  et  d’eau-de-vie.  Dans 
cette  occasion  le  vitriol  de  plo  b se  précipite  sous  la 
forme  d’une  poudre  blanche,  quoiqu’il  soit  une  matière 
saline  entièrement  dissoluble  dans  l’eau  : cela  vient  de  ce 
qu  il  est  peu. dissoluble,  et  qu'il  ne  se  trouve  pas  assez  d'eau 

£ e iij 


438  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

pour  dissoudre  toute  la  quantité  qui  s’y  est  formée:  Peau 
restante  contient  en  dissolution  un  peu  de  ce  vitriol  de 
plomb.  Enfin,  si  on  ajoute  au  précipité  beaucoup  d’eau 
bouillante,  on  le  dissoudra  complètement  ; ce  qui  prouve 
que  ce  précipité  est  une  substance  saline,  et  non  un  véri- 
table précipité. 

Des  médicaments  liquides  -préparés  avec  le  miel  et 

avec  le  sucre. 

Les  infusions  , les  décoctions  et  la  plupart  des  sucs  dépu- 
rés , dont  nous  avons  parlé  précédemment,  ne  peuvent  se 
conserver  que  quelques  jours  ; ce  sont  des  médicaments 
magistraux  qu’on  ne  prépare  qu’au  besoin.  Mais  on  a re- 
connu au  miel  et  au  sucre  la  propriété  de  conserver  ces  li- 
queurs sans  altérer  leurs  vertus;  c’est  ce  qui  a fait  imaginer 
de  les  mêler  avec  du  sucre  et  du  miel , pour  en  former  des 
médicaments  officinaux.  Ces  remedes  sont  commodes  : ils 
fournissent  à la  Médecine,  dans  toutes  les  saisons  de  l’an- 
née, des  liqueurs  qu’on  ne  peut  se  procurer  que  dans  un  cer- 
tain temps  : les  malades  sont  servis  plus  promptement;  et 
enfin , la  saveur  désagréable  et  rebutante  de  plusieurs  sucs , 
ou  de  plusieurs  décoctions  de  plantes , se  trouve  corrigée 
parcelle  du  sucre  et  du  miel,  qui  est  douce  et  agréable. 
11  paroît  que  ce  sont  là  les  principales  raisons  pour  les- 
quelles les  anciens  ont  composé  ces  sortes  de  remedes. 

Avant  que  le  sucre  fût  connu  , on  n’employoit  que  le 
miel  dans  la  Pharmacie;  mais  peu  à peu  on  a substitué  le 
sucre  dans  la  plupart  des  compositions  dans  lesquelles  en- 
troit le  miel.  On  a donné  lenom.de  miels  aux  médicaments 
liqu  ides  où  il  a été  conservé,  et  celui  de  syrops  à ceux  qu’on 
a préparés  avecle  sucre.  Cependant  ces  dénominations  n’ont 
point  été  conservées  avec  exactitude  , comme  nous  le  ver-» 
rons  dans  les  détails. 

Les  miels  et  les  syrops  se  divisent  en  simples  et  en  com- 
posés. Ils  sont  ou  altérants  ou  purgatifs. 

Du  miel. 

Le  miel  est  une  substance  épaisse,  fermentescible,  douce, 
sucrée,  que  les  abeilles  tirent  des  ileurs.  Jusqu  à présent  il 


Il^ments  DE  PHARMACIE.  /f3^ 

paroît  qu’il  a été  impossible  aux  Naturalistes  de  détermi- 
ner si  le  miel  souffre  quelques  élaborations  pendant  le 
temps  qu’il  reste  dans  l’estomac  de  ces  insectes.  Le  miel 
fo  urnit,  par  l’analyse,  des  substances  acides,  comme  la 
plupart  des  végétaux  ; mais  ce  n’est  pas  une  raison  pour 
croire  que  le  miel  n’a  point  été  élaboré  par  les  abeilles , 
puisque  ces  insectes  fournissent  eux-mêmes  des  produits 
acides. 

Lorsqu’on  veut  tirer  le  miel,  on  met  les  gâteaux  sur  des 
clisses  d’osier  : le  miel  coule  de  lui-même;  ou  le  reçoit 
dans  des  vaisseaux  qu’on  place  sous  les  clisses.  O11  nomme 
miel  vierge  celui  qu’on  obtient  de  cette  manière;  il  est  le 
plus  pur  et  le  meilleur.  Lorsque  le  mi^l  cesse  de  couler , on 
enferme  les  gâteaux  dans  des  sacs  de  toile , et  on  les  sou- 
met à la  presse;  il  sort  du  miel  qui  est  moins  pur  que  le 
précédent,  et  qui  contient  toujours  un  peu  de  cire. 

Le  miel  contient  un  sel  essentiel  sucré  , qui  a toutes  les 
propriétés  du  sucre,  et  qui,  en  effet,  est  de  véritable  sucre  : 
on  l’obtient  par  des  manipulations  particulières,  dont  je- 
parlerai  dans  un  instant. 

Le  miel  est  blanc  ou  jaune.  Le  premier  est  le  plus  esti- 
mé, pareequ'il  est  le  plus  pur  : le  meilleur  est  celui  qui 
vient  de  Narbonne  ; mais  d’autres  pays  en  fournissent  qui 
est  presque  aussi  bon.  Celui  qu'011  emploie  dans  la  plupart 
des  médicaments  internes  est  le  miel  de  Narbonne,  et  le 
miel  blanc  qui  nous  vient  du  Gâtinois  : le  miel  jaune  des 
environs  de  Paris  est  employé  dans  les  lavements. 

On  choisit  celui  qui  est  ferme  , grenu  et  nouveau  ; mais 
il  y a plusieurs  préparations  pour  lesquelles  on  choisit  le 
miel  lisse  et  ferme  en  même  temps.. 

Le  miel  est  laxatif,  détersif,  quelquefois  apéritif,  pec-  Verras: 
toral,  propre  pour  adoucir  les  âcretés  de  la  poitrine,  et  a* 
po  ur  les  évacuer.  11  est  d’un  usage  iréquent  dans  les  lave- 
ments laxatifs  et  purgatifs.  La  dose  est  depuis  une  once  Doss* 
jusqu  à quatre , pour  chaque  lavement. 

Miel  dépuré. 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  miel  blanc  : ors 
lui  ajoute  le  quart  de  son  poids  d’eau  pure  : 011  fait  prendre 
quelques  bouillons  à ce  mélange  : on  enleve  l’écume  qui  se 

E e iy 


’44ô  i M E N T 5 T>  E P H A R M A C T B*. 

forme  à la  surface  de  la  liqueur,  mais  une  fois  ou  deux 
seulement:  on  le  coule  au  travers  d’une  étamine,  et  on  le 
serre  dans  un  pot.  I!  prend , quelques  temps  après  qu’il  est 
préparé  , une  consistance  presque  aussi  ferme  que  celle 
qu’il  avoit  auparavant. 

Vertus.  Le  miel  dépuré  a les  mêmes  veftus  que  le  miel  ordi- 
naire ; il  est  seulement  plus  pur. 

Remarques. 

La  dépuration  du  miel  se  fait  dans  le  dessein  de  séparer 
quelques  légères  matières  étrangères  qui  viennent  à sa  sur- 
face en  forme  d’écume.  Lorsqu’on  a employé  de  beau  miel, 
il  suffit  d’enlever  l’écume  une  fois  ou  deux  : lorsqu’il  bout , 
il  devient  écumeux;  mais  ce  ne  sont  que  . des  bulles  d’air 
qui  occasionnent  cet  effet , puisque,  lorsqu’il  est  refroidi, 
cette  espece  d’écume  disparoit.  Lorsque  le  miel  qu’on 
emploie  est  ancien,  qu’il  est  liquide,  et  qu’il  a fermenté, 
il  pousse  pendant  son  ébullition  une  bien  plus  grande 
quantité  d’écume;  il  n’acquiert  pas  non  plus  une  consis- 
tance aussi  ferme  que  le  bon  miel. 

Le  miel  contient  des  principes  doux  et  aromatiques, 
qui  se  dissipent  par  une  trop  forte  et  trop  longue  ébullition  ; 
c’est  pourquoi  il  convient  de  ne  le  point  tenir  trop  long- 
temps sur  le  feu. 

En  général , plus  le  miel  est  beau  et  bien  fait , plus  il  est 
facile  à purifier,  et  moins  il  fournit  d’écume:  aussi,  pour 
purifier  le  miel  de  Narbonne  , il  suffit  de  le  liquéfier  sans 
eau  , et  de  le  couler  au  travers  d’une  étamine. 

On  trouve  dans  une  infinité  de  matières  végétales  la  sa- 
veur sucrée  du  miel  , comme  dans  les  poires  , dans  les 
pommes  , dans  la  seve  de  la  couronne  de  plusieurs  fleurs, 
tels  que  l’oeillet , le  jasmin,  dans  les  tiges  du  bled  verd,  etc. 
Mais  de  tous  les  végétaux  ce  sont  les  cannes  à sucre  qui 
contiennent  le  plus  de  matière  sucrée.  Le  miel , par  rap- 
port aux  principes  qui  le  constituent , peut  être  comparé 
à cette  derniere  substance  : il  y a lieu  de  présumer  qu’il 
est  très  possible  de  tirer  du  miel , et  même  avec  profit,  un 
sucre  semblable  à celui  qu’on  obtient  des  cannes  a sucre. 
Ma  conjecture  est  fondée  sur  des  expériences  que  j ai  faites 
sur  cette  matière  , et  au  moyen  desquelles  j ai  lire  du  miel , 
par  la  cristallisation  , un  sucre  qui  ne  différoit  en  rien  du 


ÜL^MEIÏTS  n*  VHAnMAfflE.  441 

sucre  candi  ordinaire.  .Te  vais  rapporter  ces  expériences; 
et  je  desire  qu’elles  puissent  servir  à ceux  qui  voudroient 
entreprendre  un  travail  sur  cette  matière , dans  le  dessein 
de  faire  du  sucre  en  grand. 

J’ai  fait  bouillir  du  miel  de  Narbonne  dans  suffisante 
quantité  d’eau  , et  l’ai  réduit  en  consistance  de  syrop  épais. 
TJans  l'espace  de  deux  ou  trois  mois,  il  s’est  formé  une 
très  grande  quantité  de  candi  que  j’ai  séparée  d’avec  la  ma- 
tière syrupeuse  , et  je  l’ai  fait  égoutter  pendant  plusieurs 
jours:  ensuile  j’ai  fait  dissoudre  ce  candi  dans  une  suffi- 
sante quantité  d’eau  , et  cuire  en  consistance  de  syrop  : 
dans  l’espace  d’un  mois,  il  s’est  formé  1111e  nouvelle  quan- 
tité de  candi;  je  l’ai  séparée  de  nouveau  d’avec  la  liqueur 
syrupeuse  : j’ai  réitéré  la  dissolution  du  candi  et  la  sépa- 
ration de  la  liqueur  syrupeuse  encore  trois  fois:  à la  der- 
nière, la  liqueur,  qui  étoit  peu  visqueuse,  a fourni  des 
crystaux  qui  avoient  la  forme,  la  saveur  et  la  dureté  du 
sucre  candi.  J’ai  retiré  sur  deux  livres  de  miel  de  Nar- 
bonne environ  une  demi-once  de  sucre  ainsi  crystallisé. 

Le  miel  ordinaire  de  ce  pays-ci  ne  rend  pas  à beaucoup 
près  cette  espece  de  sel  essentiel  avec  la  même  facilité.  J’ai 
été  obligé  de  réitérer  les  solutions  en  plus  grand  nombre; 
j en  ai  tiré,  par  cette  méthode,  un  sel  essentiel  absolu- 
ment semblable  au  précédent. 

Toutes  ces  solutions  réitérées  servent  a débarrasser 
cette  espece  de  sel  d’une  matière  mucilagineuse  qui  s’op- 
pose a sa  crystallisation.  Lorsqu’on  estparvenu  à la  troisième 
ou  à la  quatrième  solution  du  candi,  la  liqueur  est  claire, 
transparente,  très  peu  visqueuse  en  comparaison  de  la  so- 
lution du  miel:  elle  n’a  , pour  ainsi  dire,  que  la  consistance 
d’une  liqueur  saline  évaporée  au  point  de  crystallisation. 

J'ai  répété  les  mêmes  expériences  sur  les  liqueurs  que 
j avôis  separees  des  candis  ; elles  m’ont  fourni  une  nouvelle 
quantité  de  sel  essentiel  semblable  au  précédent:  d’où  il 
résulte  qu’on  pourroit  vraisemblablement  tirer  du  miel, 
par  d’autres  manipulations,  une  quantité  de  sucre  beau- 
coup plus  grande  que  celle  que  j’ai  obtenue.  Jen’ai  tenté  au- 
cun autre  moyen  que  celui  que  je  viens  de  rapporter;  mais 
on  pourroit  essayer  sur  le  miel  les  mêmes  opérations  que 
celles  qu’on  fait  sur  la  matière  mielleuse  séparée  des 
cannes  à sucre  : il  me  suffit  d’avoir  démontré  que  ces  ma- 
tières ont  beaucoup  de  propriétés  communes,  et  que  le 


Vertus. 

Dose. 


Vertus. 

î>ose. 


44^  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

miel  de  nos  provinces  peut  fournir  un  sucre  absolument 
semblable  à celui  qu’on  fait  venir  des  pays  étrangers. 

On  trouve  communément  au  fond  supérieur  des  barils 
de  miel  de  Narbonne  et  de  miel  de  Gâtinois,  lorsqu’ils 
sont  nouveaux,  une  matière  blanche,  qui  est  de  véritable 
sucre  qui  s’est  séparé  du  miel. 

Les  préparations  de  miel  en  usage  dans  la  Pharmacie,' 
portent  différents  noms, comme  hydromel,  miel  etoxymel. 

Des  miels  simples. 

Hydromel  simple. 


Miel  de  Narbonne  , \ j fi. 

Eau  pure  , îb  ij. 


On  fait  tiédir  Peau  , et  on  y dissout  le  miel.  Cette 
liqueur  tient  lieu  de  tisane.  On  peut  augmenter  la  dose  du 
miel,  suivant  la  nécessité  ou  le  goût  du  malade. 

On  nomme  ce  mélange  hydromel  simple,  afin  de  le 
distinguer  de  l’hydromel  vineux,  qui  est  de  l’eau  et  du 
miel  qu’on  fait  fermenter  ensemble. 

L’hydromel  est  pectoral,  détersif,  légèrement  laxatif  : 
on  le  donne  dans  la  toux , lorsqu’il  est  nécessaire  d’éva- 
cuer doucement  l’humeur  qui  provoque  la  toux.  La  dose 
est  d’une  pinte  ou  deux  par  jour , prise  par  verrées  de  trois, 
à quatre  onces  chaque. 

Oxymel  simple. 


2^  Miel  blanc  gâtinois, £ viij. 

Vinaigre  blanc  , 5 iv. 


On  met  le  miel  et  le  vinaigre  dans  un  poêlon  d’argent  t 
on  les  fait  cuire  ensemble  par  le  moyen  d’une  douce  cha- 
leur , jusqu’à  consistance  de  svrop  , ayant  soin  d’enlever 
l’écume  qui  se  forme  au  premier  bouillon. 

L’oxymel  est  incisif;  il  sert  pour  dissoudre  les  humeurs 
visqueuses  qui  s’attachent  à la  gorge  et  à la  poitrine  : ou  le 
fait  entrer  dans  des  gargarismes.  La  dose  est  depuis  deux 
gros  jusqu’à  une  once. 

Remarques. 

Four  reconnoitre  qu’un  miel  est  cuit  en  consistance  de 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  ^ 3 

S)  rop , on  en  fait  refroidir  quelques  cuillerées  sur  une 
assiette  et  on  lait  une  trace  avec  une  cuiller,  comme  pour 
séparer  en  deux  parties  le  miel  qui  se  trouve  sur  l’assiette  : 
si  les  deux  bords  restent  un  instant  sans  se  réunir,  c’est 
une  preuve  que  le  miel  est  bien  cuit  : ou  bien  on  prend 
une  cuillerée  de  ce  miel  refroidi,  et  on  le  laisse  tomber 
doucement  de  la  hauteur  d’un  pied  ou  environ  : lorsqu’il 
est  suffisamment  cuit,  il  tombe  sur  l’assiette  sans  écla- 
bousser : s il  éclaboussé  , c’est  une  preuve  certaine  qu’il 
n est  pas  suffisamment  cuit.  Lorsque  les  miels  sont  trop 
cuits,  ils  candisent;  c’est  une  véritable  crystallisation  du 
miel , comme  nous  venons  de  Je  dire  : lorsqu’ils  ne  le  sont 
pas  assez,  ils  fermentent,  iis  tournent  à l’aigre,  et  la  vertu 
des  ingrédients  se  détruit  de  plus  en  plus,  il  vaut  mieux 
qu  ils  soient  trop  cuits  , pareeque  lorsqu’ils  sont  candis , la 
vertu  des  drogues  ne  souffre  aucune  altération. 

Une  des  meilleures  maniérés  de  connoître  le  juste  point 
de  cuisson  des  miels,  pour  ceux  qui  ne  sont  pas  dans  l’ha- 
bitude d en  préparer  souvent,  c’est  de  comparer  leur  pe- 
santeur spécifique  à l’eau.  Une  bouteille  qui  tient  une 
once  d eau  pure,  doit  tenir  en  miel  cuit  en  consistance 
de  syrop,  dix  gros  quarante-deux  grains  , la  température 
a dix  degrés  au-dessus  de  la  glace  : s’il  se  trouve  plus 
pesant,  il  faut  le  décuire  en  ajoutant  un  peu  d’eau  : s’il 
est  plus  léger , on  continuera  l’évaporation  jusqu’à  ce  qu’on 
soit  parvenu  a ce  point:  cependant  cette  pesanteur  peut 

vaner  d’environ  douze  grains  de  plus  sans  aucun  incon- 
vénient. 

[.'e  ]uste  point  de  la  cuite  des  miels  des  svrops  est  très 
difficile  à saisir  ; il  faut  beaucoup  d’habitude  pour  le  bien 
connoître.  La  pesanteur  spécifique  , comparée  à l’eau  , est 
le  seul  moyen  qui  soit  bon  et  exact  ; mais  je  le  trouve  trop 
embarrassant,  en  ce  qu  il  faut  des  poids,  des  balances,  faire 
refroidir  un  peu  du  syrop  qu’on  prépare  , et  avoir  une  bou- 
teille bien  jaugee  : pendant  qu’on  fait  toutes  ces  opérations, 
le  syrop  qui  reste  dans  la  bassine  continue  de  se  cuire , et 
il  se  trouve  toujours  plus  cuit  que  la  petite  portion  qu’on 
a mise  à part  pour  essai.  C’est  pour  plus  de  commodité 
que  je  propose  d employer  à cet  usage  le  pese-liqueur 
poui  les  sels,  dont  nous  avons  donné  ia  description  pré- 
cédemment. Lorsqu’on  présume  que  le  miel  est  cuit,  on 
cte  Aa  bassine  du  feu  un  instant  ; pour  que  la  surface  de  la 


Vertus. 


444  ÉLÉMENTS  ©E  PHARMACIE. 

liqueur  ne  soit  point  dérangée  par  le  mouvement  de  l’ét 
bullition  : on  plonge  le  pese-liqueur  dans  le  miel,  et  s’il 
s'arrête  au  terme  de  trente  degrés  , il  est  suffisamment 
cuit  : s’il  indique  moins,  il  n’est  pas  assez  cuit;  et  si  au 
contraire  le  pese-liqueur  donne  un  plus  grand  nombre  de 
degrés  , c’est  une  preuve  qu’il  est  trop  cuit  : dans  le  pre- 
mier cas,  il  faut  continuer  de  le  faire  cuire  : dans  le  der- 
nier, il  faut  le  décuire  par  1 addition  d’un  peu  d eau.  Ces 
mêmes  miels  , lorsqu’ils  sont  entièrement  refroidis  a la 
température  dont  nous  venons  de  parler,  doivent  donner 
trente-quatre  degrés  au  pese-liqueur. 

Ce  moyen  est  fort  simple  ; il  n’exige  point  qu’on  fasse 
refroidir  une  portion  de  syrop  pour  counoitie  sa  consis- 
tance: on  plonge  immédiatement  le  pese-liqueur  dans  le 
miel  ou  dans  le  syrop  bouillant  : il  suffit  que  la  surface  de 
la  liqueur  soit  tranquille,  pareeque,  si  elle  ctoit  en  ébulli- 
tion , elle  agiteroit  le  pese-liqueur , et  l’on  11e  pourroit  point 
voir  à quel  degré  il  s’arrête. 

L’oxymel  a une  saveur  acide  plus  forte  que  celle  du  vi- 
naigre pur;  mais  elle  paroît  plus  douce  , pareeque  la  saveur 
sucrée  du  miel  la  masque  en  grande  partie.  Cette  augmen- 
tation d’acidité  vient,  i°.  de  ce  que  le  vinaigre  se  concen- 
trant pendant  la  cuisson,  la  partie  extractive  qui  reste  est 
plus  acide  que  ce  qui  s’évapore;  i°.  de  ce  que  le  vinaigre 
est  un  acide  huileux  qui  se  combine  difficilement  avec  les 
principes  sucrés  du  miel. 

Il  est  bien  essentiel  de  ne  point  préparer  les  oxymels 
dans  des  vaisseaux  de  cuivre.  Ces  médicaments  deviennent 
émétiques , à raison  de  la  portion  de  cuivre  que  le  vinaigre 
dissout  : il.  faut  employer  des  vaisseaux  de  grès  ou  de  verre, 
lorsqu’on  n’en  a point  d’argent:  les  vaisseaux  de  terre  ver- 
nissés peuvent  servir , mais  ie  vinaigre  attaque  le  veire  de 
plomb  qui  couvre  leur  surface,  lorsqu  il  y séjourne. 

Oxymel  scilluujue. 

I J 

f 

^ Miel  blanc  gâtïnois  , -*>  \v* 

Vinaigre  scilli  tique  , b* 

On  cuit  cet  oxymel  à petit  feu  , de  la  même  maniéré  que 
nous  l’avons  dit  pour  1 oxymel  simple. 

11  convient  pour  évacuer  les  humeurs  visqueuses  des 


Eléments  de  pharmacie.  445 
poumons  et  de  l’estomac  , dans  l’asthme  , et  pour  résou- 
dre certaines  obstructions. 

La  d ose  est  depuis  un  ^ros  jusqu’à  une  once. 


Dos* 


Miel  de  nénuphar. 

Fleurs  de  nénuphar  récentes , 
Miel  jaune  , 


au 


fi>  xi j . 


On  fait  bouillir  les  .fleurs  de  nénuphar  dans  environ 
douze  livres  d’eau  : on  passe  la  décoction  sans  l’exprimer  : 
on  délaie  le  miel  dans  la  décoction  : on  fait  cuire  le  tout 
jusqu’à  consistance  de  syrop  , ayant  soin  de  l’écumer. 

il  est  rafraîchissant , humectant  ; il  adoucit  , il  modéré  Vertus, 
les  cours  de  ventre  : on  ne  l’emploie  que  dans  des  lavements. 

La  dose  est  depuis  une  once  jusqu’à  quatre.  Dose. 

Miel  violât:. 

^Fleurs  de  violettes  récentes  , avec  leurs  calices  fi>  if. 

Miel  jaune  , fo  Yj. 

On  met  les  fleurs  de  violettes  dans  un  vaisseau  conve- 
nable : on  verse  par-dessus  quatre  livres  d’eau  bouillante: 
on  laisse  infuser  le  tout  pendant  douze  heures,  avant  soin 
dé  couvrir  le  vaisseau  ; alors  011  passe  avec  expression  : on 
mêle  le  miel  dans  l’infusion:  on  fait  cuire  le  tout  eu  con- 
sistance de  syrop,  et  ori  a soin  de  l’écumer. 

Il  est  propre  pour  adoucir,  pour  rafraîchir,  et  pour  là- Verrus' 
cher  le  ventre  : on  ne  s’en  sert  que  dans  les  lavements.  La  Dose, 
dose  est  depuis  une  once  jusqu’à  quatre. 

Communément  011  fait  ce  miel  avec  les  queues  de  vio- 
lettes, ou  avec  ce  qui  reste  après  qu’on  en  a retiré  les  fleurs, 
qu  on  emploie  à faire  du  syrop  et  de  la  conserve.  Lémery 
remarque  très  bien  à cette  occasion,  qu’on  cherche  dans 
la  confection  de  ce  miel  à lui  donner  une  vertu  laxative  et 
émolliente:  les  queues  de  violettes  sont  très  propres  pour 
cela,  sans  employer  les  fleurs. 


2é  Suc  dépuré  de  mercuriale, 
Miel  jaune, 


Miel  mercuriale  ' 

} 


au 


• • • . 


fi)  i 


iVd 


Vertus. 

Dose. 


Vertus. 

Dose. 


Vertus. 


446  ÉLÉMENTS  CE  PHARMACIE. 

On  met  ces  deux  substances  dans  une  bassine  , et  ou 
fait  cuire  ie  mélange  jusqu’à  consistance  de  syrop,  ayant 
soin  d’écumer. 

Le  miel  mercurial  est  purgatif  ; on  l’emploie  dans  les 
coliques  venteuses  et  pour  les  maladies  hystériques  : il 
pousse  un  peu  par  les  urines.  La  dosé  est  depuis  une  once 
jusqu’à  quatre.  11  ne  s’emploie  que  dans  des  lavements. 

Miel  de  concombre  sauvage. 

Fruits  de  concombre  sauvage  bien  mûrs  , lb  j.' 

Miel  jaune  , îb  ij.' 

On  pile  dans  un  mortier  de  marbre  le  concombre  sau- 
vage , 011  ajoute  le  miel  : on  met  le  tout. dans  un  linge 
qu’on  suspend  au-dessus  d’un  vaisseau  , et  on  le  laisse 
jusqu’à  ce  que  la  matière  ait  passé  au  travers  du  linge  : 
alors  on  la  lait  cuire  jusqu’à  consistance  de  syrop  : on  la 
coule  à travers  un  blanchet. 

Ce  miel  est  un  purgatif  drastique  : on  l’emploie  dans 
l’hvdropisie  : il  excite  les  mois  aux  femmes  : il  chasse 
l’arriere-faix  ; mais  comme  ce  remede  est  très  violent  , 
il  faut  ne  l’employer  qu’avec  beaucoup  de  circonspection. 
La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  quatre  pour  chaque 
lavement.  On  le  fait  rarement  prendre  par  la  bouche. 

Miel  de  romarin . 

Fleurs  de  romârin  récentes  , avec  leurs  calices  5 viij. 

Feuilles  récentes  de  romarin  entières  , . . 5 iv. 

Miel  blanc  dépuré  , îb  j fi. 

On  prend  du  miel  blanc  , dépuré  comme  nous  l’avons 
dit  précédemment  , et  cuit  en  consistance  de  syrop  : 011 
le  verse  tout  bouillant  dans  un  vaisseau  dans  lequel  on 
a mis  les  fleurs  et  les  feuilles  de  romarin  : on  couvre  le 
vaisseau  exactement  , et  on  le  tient  au  bain-marie  a une 
chaleur  modérée  , pendant  dix  ou  douze  heures  . on  le 
passe  au  travers  d’une  etainine , et  on  le  met  dans  des 
bouteilles.  Ce  miel  retient  toute  l’odeur  du  romarin. 

Le  miel  de  romarin  convient  dans  les  coliques  ven- 
teuses, dans  les  maladies  hystériques  j il  fortifie  les  rates- 


i L ^ M E If  T S DE  P H A RM  A CI 

tins.  On  le  fait  entrer  dans  les  lavements , dep 
jusqu’à  quatre. 

Miel  s caUtique, 


44  7 


uis  une  once  Dose,' 


ÿ-  Squames  de  scille  seclies 7 , , x ;jj 

Eau  chaude  , Ifc  iii 

Miel  blanc  , ih  j fi.1 

On  coupe  les  squames  de  scille  : on  les  met  dans  un 
matras,  avec  la  quantité  d’eau  prescrite:  on  Je  s fait  infuser 
sur  un  bain  de  sable  chaud,  pendant  douze  heures;  alors 
on  les  fait  bouillir:  on  passe  la  décoction  avec  expression  : 
on  ajoute  le  miel  : on  clarifie  le  tout  avec  un  ou  deux  blancs 
d’œufs:  on  le  fait  cuire  en  consistance  de  syrop. 

11  est  incisif;  il  divise  les  humeurs  visqueuses  et  épaises  : Vertus.1 
il  convient  dans  l’asthme  humide,  dans  les  catarrhes  et  la 
pituite.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once.  Dose. 


R 


E M A R Q V £ S« 


Les  miels  dont  nous  venons  de  parler,  sont  d’un  crrand 
usage  dans  la  Médecine.  Les  uns,  comme  le  miel  mercu- 
nal  , le  miel  violât  et  celui  de  nénuphar , s’emploient 
dans  les  lavements  purgatifs  : les  autres,  comme  le  miel 
de  romarin  et  le  miel  scillitique,  se  prennent  souvent  par 
la  bouche.  Certains  droguistes  n’en  font  que  d’une  seule 
espece,  qu’ils  distribuent  dans  plusieurs  chevrettes  étique- 
tées sous  ces  différents  noms.  Ces  miels  cependant  ont 
leurs  propriétés  particulières;  et  c’est  un  abus  impardon- 
nable que  de  faire  de  semblables  substitutions. 

D’autres  font  le  miel  violât  et  le  miel  mercurial  avec 
la  décoction  d’une  plante  quelconque , et  ne  se  donnent 
point  la  peine  de  tirer  le  suc  de  la  mercuriale.  D’après  ce 
que  nous  venons  d’exposer,  il  est  facile  de  sentir  combien 
on  doit  peu  compter  sur  les  vertus  du  miel  de  concombre 
sauvage  , et  sur  celles  du  miel  scillitique , préparés  de  cette 
maniéré.  Ces  médicaments  , lorsqu’ils  sont  bien  faits  et 
préparés  fidèlement,  ne  sont  pas  dénués  de  vertus. 

ha  Pharmacopée  de  Paris  prescrit  de  laisser  liquéfier  le 
miel  avec  le  suc  de  concombre  sauvage  , vraisemblable-, 
ment  afin  de  n’avoir  pas  la  partie  mudlagineuse  de  ces 


448  Éléments  de  p h a r m a c i r. 

Le  miel  violât  qu’on  fait  avec  les  fleurs  ne  conserve 
rien  de  la  couleur  des  violettes  , parcequ’elle  se  détruit 
pendant  la  longueur  de- l'ébullition  qu  on  est  oblige  de. 
donner  pour  cuire  ce  miel. 

Gxyrnel  colchique . 

<• 

^ Vinaigre  colchique, » ft>  ]*• 

Miel  blanc  , fb  ij. 

On  met  le  vinaigre  colchique  dans  une  bassine  d argent  t 
on  ajoute  le  miel  : on  fait  cuire  ce  mélange  à petit  leu  , 
jusqu’à  ce  qu’il  ait  acquis  la  consistance  de  syrop , axant 
soin  d’enlever  l’écume  qui  se  forme  au  commencement  : 
on  le  conserve  dans  une  bouteille  bien  boucucc. 

Le  colchique  est  une  plante  malfaisante.  Stores,  a 
entrepris  d’examiner  de  nouveau  plusieurs  végétaux  dan- 
gereux , pour  procurer  à la  Médecine  des  remèdes  plus 
actifs  que  ceux  qu’on  emploie  communément  dans  cer- 
v ms-  taines  maladies.  11  a reconnu  à l’oxymel  colchique  une 
vertu  puissamment  diurétique  : il  recommande  ce  îemede 
dans  les  maladies  dans  lesquelles  les  sérosités  sont  trop 
abondantes,  on  en  stagnation  dans  quelques  endroits,  et 
lorsque  la  maladie  doit  être  chassée  par  les  urines  : il  croit 
Dose  ce  remede  bon  pour  les  hydropiques.  La  dose  est  d’un 
(nos.  On  en  fait  prendre  d’abord  deux  prises  semblables 
par  jour,  une  le  matin  et  l’autre  le  soir  : quelques  jours 
après  on  en  fait  prendre  trois  ou  quatre  prises  semblables  , 
dans  une  infusion  de  thé. 


Remarques. 


La  racine  de  colchique  est  si  active  , que  Stores  dit 
nu’en  avant  appliqué  sur  sa  langue  un  petit  morceau  écrasé , 
il  éprouva  une  pesanteur  ; sa  langue  devint  roule  , et  elle 
perdit  presque  tout  sentiment.  Mais  il  n’en  a pas  ete  de 
même  d’un  morceau  de  cette  racine  qu’il  avoit  lait  înmser 


dans  du  vinaigre  ; il  s’eu  servit  pour  se  frotter  la  langue  et 
le  palais:  il  n’éprotiva  qu’une  légère  sensation  de  chaleur 
et  d’astriction. 


con 


StorcK  observe  que  le  vinaigre  et  les  acides  tempèrent 
nsidérabiement  la  vertu  acre  de  ce  remede  : il  1 a epiouve 


hlimiTj  SI  niniuci,  4<3 

sur  lui- même.  Il  avoit  avalé  à-peu-près  un  erain  da 
cette  racine  récente  et  pure;  ce  qui  l’avoir  réduiLans  un 
-t  Jt  si  fâcheux , qu  il  corainençoit  à craindre  pour  sa  vie  • 

totale  t%énz:vt’  d t? 
r^iare^rir  avec  quei,e  prujcncc  - doit 

.l.e“‘ht<11,e}'0n  <i<?llPePar  rouelles  cette  racine  récente 

Se  e aLqü:qUe  Ch°?  d’âcre-  ^ irrite  narines  L’ 

& t,e  et  les.  poumons.  Les  extrémités  des  doigts  u 

touchent,  s’engourdissent  peu  à peu  et  ne  J 

que  que  temps  un  peu  de  leur  sensibilité  naturelle.  ^ 

jMlcI  roscit  ou  rhodomel. 

% Roses  de  provins  onglées  et  séchées,  . . H,  ; 

Lahces  de  roses  récentes  . v-  .. . 

Eau  bouillante  ...  J,  V1IE 

Miel  blanc,  . . Jv‘ 

vj. 

On  met  les  roses  de  provins  et  les  rabVnc  î » 

!îr rL-e 

s q“^^  j;c6 

Il  est  détersif  et  astrin^em  • nn  n. v 

gargarismes,  dans  les  injections  et  dans  ks'h  da"S  JeS  Vertui 
lorsqu’il  est  nécessaire  desserrer e yen  re et  d.  im/f  ’ 

uTtms-  La  dosfî  est  depuis  un  Æwâ  ! * 

J-  prismes , et  /ujqu’à  qu^^dCUT 


Remarqués.’ 

uc  calices  de  roses , pateeque  cette  partie  cou- 

Ff 


ÉLÉMENTS  15  E 


4n0  . n - „ ~ ~ P H A B M A C î E. 

•lient  un  principe  gommeux  astringent  ; mais  comme  elle 
fournit  beaucoup"  de  mucilage  par  l'ébullition  , il  vaut 
mieux  la  faire  infuser  avec  les  pétales  des  Heurs  : d ailleurs 
il  se  dissipe  une  moindre  quantité  de  l’odeur,  qm  réside 

singulièrement  dans  cette  pailie. 

Lorsqu’on  exprime  les  roses  par  le  «moyen  de  la  presse  , 

■il  sort  avec  le  suc  quelques  substances  résineuses  qui  trou- 
tient  la  liqueur , et  empêchent  qu’el  e ne  puisse  s éclaircir 
par  la  clarification  : ce  miel  alors  n est  clan  que  pendant 
nu’il  est  chaud  : il  devient  trouble  et  nébuleux  en  se  iefroi- 
dissant , et  il  n’est  plus  possible  de  le  clarifier,  que  par 
des  intermèdes  qui  détruisent  sa  vertu.  rr 

Lorsque  les  blancs  d’œufs  qu’on  a employés  ne  suffisent 
pas  pour  clarifier  les  miels , on  y supplée  par  1 addition  do 
quelques  onces  d’eau  froide,  qu’on  jette  de  temps  en  temps 
s\ir  le  miel  lorsqu’il  bout  : on  arrête  par  ce  moyen  les  bouil- 
lons pour  un  instant  ; ce  qui  facilite  la  séparation  de  la 

fécule  qui  troubloit  la  liqueur. 

Le  miel  rosat  , ainsi  que  les  autres  dont  nous  venons 
de  parler  , quand  ils  sont  parfaitement  clairs  , passent  au 
travers  du  blanchet,  lorsqu’ils  sont  cuits  a leur  point, 
et  qu’on  les  coule  tandis  qu’ils  sont  bouillants  ; mais  1 s 
passent  difficilement  lorsqu’ils  sont  un  peu  trou  r es  : m 
passent  également  difficilement,  quoique  très  clairs,  lors 

mi’ils  sont  à de  mi  refroidis.  . 

Le  miel  rosat  doit  être  parfaitement  clair  , transparent , 
et  avoir  une  couleur  rouge  tirant  sur  celle  des  roses  set  lies. 

Quelques  personnes  emploient  une  quantité  de  roses 
beaucoup  moindre  que  celle  que  nous  prescrivons.  cd.es 
donnent  à ce  miel  l’intensité  de  la  couleur  qm  lui  manque, 
en  ajoutant , immédiatement  aprfc  qu’il  est  cuit , un  peu 
d’acide  vitriolique,  qui  exalteet  avive  la  couleur  louge  con 
Ü ciablementl  m’aS  cette  espece  de  miel  devient  noire  au 
bout  d’un  certain  temps  pour  deux  raisons.  1 • 
vUriolinue  s’unit  d’une  maniéré  fort  intime  avec  les  pnu- 
fipes  dû  miel  : il  se  forme  un  peu  d acide  sulfureux  qu% 
re  devient  point  sensible  à l’odorat;  mais  d agi  1 m e 
maniéré  insensible  sur  la  couleur  des  roses  qu  il  détruit, 

I 'acide  vitriolique  le  plus  pur  contient  toujours  une 
certaine  quantité  de'  fer,  cime  je  l’ai  démoutfo  <hn^ 

dissertation  sur  l’éther.  Ce  1er  est  précipité  par  le  prm  | 

astringent  des  roses,  et  forme  une  portion  a euc.c  . 


Éléments  de  pharmacie.  45,. 

deux  causes  qui  concourent  en  même  temps  l’une  pour 
détruire  la  couleur  de  ce  médicament,  et  l'autre  poir  la 
changer  de  rouge  en  noire. 

D E S M 1 1 L S COMPOSÉS. 

Jlfici  de  longue-vie 

°:z7îeïzrr*' connu  a,,ssi  *°u*  * 

jLL 4 dô  ^ca-UUe,  yrop  de 

2*  Suc  dëpuré  de  mercuriale  « • • 

de  bourrache,  ^ ^ ’ 

fie  buglose,  j ^ 5 viij. 

Racines  de  glaïeul,  . ~ . 

> de  gentiane, i -1’ 

Miel  blanc  .....  P R. . 

\ in  blanc  , . . . J Ji(* 

xi j. 

mai™Pe|!85  radn'’S  Pr  t?'ul,es  : ™ '«  m«  dans  un 
matras  avec  le  vin  el  on  les  laisse  infuser  à froid  pendant 

' 4Ti',re  ~«e  infusion  e„Z 

«vé  ' ^ tote  i ™ 3 met  d^S  n!!e  *“*■»  d'argent 

>444  tri  ru 

dam^cuite  peUtrrHnHrer‘:e s!froP Purgatif>  ajoute pen- 
dawaa.cuue  1 infusion  faite  ù chaud  d’une  onci  et  demi. 

^pScteT  « 

ü «dm l’Lfc  j v' 

depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once.  °Se  6St  * 

Remarques. 

^"SSHitrr 

ce^pà rm i*  d es 'm ie^** ^1° po rie Sau^ U'* ^ 1&  ^ 

h,i  ont  donnés  par  iWïêren^^^rr^'0'"5  ’ ^ 
avons  cru  devoir  rajipor.er  : nous  el%VnsVZ^l 


ÉLÉMENTS  O E PHARMACIE» 

l’égard  des  autres  médicaments  qui  sont  d’usage  sous  ces 
dénominations  differentes. 

Ce  miel  n’a  pas  besoin  d’être  clarifie  avec  des  blancs 
d'œufs  , comme  la  plupart  des  autres  miels  : le  vm  blanc 
extrait  des  racines  quelques  substances  que  1 eau  n en 
pourrait  tirer  , et  il  sert  avantageusement  pour  clanher 
le  miel  : son  acide  opéré  cet  effet  infiniment  mieux  que 
les  blancs  d’œufs.  On  n’a  pas  intention  de  conserver  la 
partie  spirituelle  du  vin  : c’est  pour  cette  raison  qu  on 
le  met  en  même  temps  que  les  autres  substances. 

Sur  le  sucre. 

Le  sucre  est  un  sel  essentiel , inflammable  , dissolnble 
dans  l’eau,  d’une  saveur  douce  : il  est  composé  d huile  , 
d’acide  et  de  terre  : cette  substance  a beaucoup  u analogie 

31  of  tire  le  sucre  de  la  moelle  d’une  plante  que  1 on 
nomme  arundo  saccharifera,  ou  canne  a sucre  : elle  croit 
naturellement  dans  les  isles  de  Canaries  et  dans  les  pays 

chauds  de  l’Amérique*  . 

Lorsque  les  cannes  à sucre  sont  mures , on  exprime  la 
moelle  qu’elles  contiennent , en  les  faisant  passer  entre 
deux  evh ri dres  : elle  coule  sous  la  tonne  d une  iquejm 
visqueuse  : on  la  nomme  vm  de  canne  : on  la  .ait  borülir 
dans  des  chaudières,  avec  de  l’eau  qu’on  ajoute  de  temps 
,-n  temps  pour  retarder  l’ébullition  , et  donner  le  temps  a 
résume  de  se  former  ; on  errleve  cette  ecume.  Lorsque  la 
liqueur  est  suffisamment  clarifiée  , on  la  tire  pat  mclina- 
ion  pour  séparer  la  lie  qui  s’est  précipitée.  On  fait 
ilVhde  nouveau  la  liqueur  décantée  mais  avec  une 
u*  lessive  de  chaud  vive  et  de  sel  alxali,  et  on  a soin 
de  ïéenmer  lorsqu’elle  est  suffisamment  claire  , on  la 
nasse  au  travers  d’une  étoffe  : on  la  fait  bouillir  a plus 
Stand  feu  , dans  une  autre  chaudière , en  1 agitant  contr- 
Inuellement , et  toujours  en  enlevant  1 ecume. 

Torsquc  cette  liqueur  est  parvenue  à un  grand  degré  de 
unisson,  et  qu’elle  peut  se  congeler  entièrement  par  le 

rf°l  r0Td  ihrue  le  feu,  et  on  lait  évaporer  la  liqueur 
vUime),  ou  diminue  ^ >cUe  sc  réJmse  en  petits 

. plus  doucement,  j q tandis  qu'elle  est  chaude,  dans 

&K  terre  cuite , de  figure  conique,  et  perces 


^lÉMÏ^TS  DE  PHARMACIE.  ^53 

d’un  petit  trou  par  la  pointe  qu’on  place  en  bas.  On 
laisse  ce  sucre  pendant  vingt- quatre  heures  dans  ces 
moules,  ou  jusqu’à  ce  qu’il  soit  figé  : alors  on  débouché 
le  petit  trou  du  moule,  pour  faire  couler  la  matière  syrii- 
peuse  qui  ne  s’est  point  coagulée.  On  laisse  ce  sucre  .s’é- 
goutter pendant  quarante  jours:  au  bout  de  ce  temps,  on 
inet  dans  chaque  moule  , à la  surface  du  sucre  , une  couche 
de  trois  ou  quatre  doigts  d’épaisseur,  d’argille  délayée  avec 
de  l’eau  , en  consistance  de  pâte  molle  : l’humidité  con- 
tenue dans  celte  argille  pénétré  peu  à peu  le  sucre  , em- 
porte avec  elle  une  partie  de  la  matière  syrupeuse  qui 
étoit  restée,  et  elle  s’égoutte  par  le' petit  trou  du  moule. 
Lorsque  le  sucre  est  suffisamment  égoutté  et  sec,  on  Je 
retire  des  moules  : il  est  en  morceaux  roux  ou  gris,  ou  gris 
blanchâtres  : c’est  ce  que  l’on  nommé  m oscou  a de  et  sucre 
tei re pareequ  on  a applique  de  la  terre  à sa  surface  pour 
le  dépurer.  Ce  sucre  est  trop  impur  : on  n’en  fait  aucun 
usage  dans  cet  état  : on  le  purifie  comme  nous  le  dirons 
tout  à l’heure. 

La  liqueur  épaisse  qui  est  sortie  des  moules,  ne  peut 
pas  acquérir  plus  de  consistance  que  |e  miel  : on  la  nomme 
syrop  de  sucre , miel  de  sucre,  liqueur  miellée , remel f 
mélasse,  doucette  ; et  le  commun  du  peuple,  merde  dm 
prince  d’t  /range,  et  merde  à Marie-Grcdllori. . 

On  fait  usage  de  cette  matière  pour  nourrir  les  bestiaux  : 

I our  ralhnèr  la  moscouade,  on  la  fait  bouillir  avec  de 
1 eau  dans  une  chaudière , et  une  lessive  alKaline  : on 
ajoute  du  sang  de  bœuf,  qu  on  a fouetté  avec  un  peu. 
d eau.  Lorsque  le  syrop  est  bien  clair,  on  le  passe  an 
travers  d lui  couloir  , et  on  achevé  de  le  faire  évaporer 
jusqu’à  ce  qu’il  soit  cuit  à la  plume;  alors  on  le  verse 
dans  des  moules  de  terre  semblables  à ceux  dont  nous 
avons  parlé,  mais  qu’on  a mouillés  auparavant.  Lorsque 
le  sucre  est  durci , on  débouché  le  petit  trou  de  la  pointe 
du  cône,  afin  de  faire  égoutter  la  matière  syrupeuse: 
on  verse  ensuite  sur  ce  sucre  , par  la  partie  supérieure  et 
large  du  moule,  de  l’argrllç  blanche  détrompée  avec  de 
l’eau  jusqu’à  consistance  de  bouillie  , à la  hauteur  de  deux 
ou  trois  doigts.  Lorsque  f argille  est  bien  égouttée  et  qu’elle 
est  seche  , on  l’enlefe  : on  en  remet  de  nouvelle  , qu’on 
a pareillement  délayée  dans  de  l’eau:  et  on  répété  celte 
manoeuvre  encore  une  lois  ou  deux.  Lorsque  la  dernière 


454  Eléments  de  pharmacie. 

argdle  est  entièrement  séchée  , 011  la  sépare  d’avec  le 
sucre,  et  on  ôte  le  sucre  des  inouïes.  11  se  trouve  de  trois 
couleurs  différentes  : la  partie  supérieure  est  la  plus  blan- 
che, parcequ’elle  a été  mieux  lavée  par  l’humidité  de 
1 argiile  : te  milieu  est  moins  blanc  ; et  enfin  le  sucre  de 
la  partie  inférieure  est  roux,  parcequ’il  est  en<  ore  impré- 
gné d’une  grande  cpianlité  d’eau  merci  : on  lait  sécher  sé- 

Îiarément  ces  trois  portions  (le  sucre  : elles  forment  ce  que 
’on  nomme  cassuuade  ou  castonade  : elles  sont  blan- 
ches , bises  et  rousses  , et  elles  sont  de  différents  prix. 

Un  purifie  la  cassonade  blanche  enc  ore  deux  ou  trois 
fois  , en  observant  les  manœuvres  dont  nous  venons  de 
parler  : le  sucre  qu’on  en  tire  porte  différents  noms,  sui- 
vant ses  degrés  de  purification,  comme  sucre  rajinè , 
sucre  Jin,  sucre  royal , etc. 

Le  plus  beau  sucre  est  celui  qui'est  le  plus  pur,  et  d’un 
blanc  éclatant,  qui  est  sec  et. un  peu  sonnant. 

La  castonade  rouye , qu’on  emploie  quelquefois  dans 
les  lavements  , est  laite  avec  l’eau  mere  ou  la  matière  sy.ru- 
peuse  qu’on  sépare  en  purifiant  la  castonade  : 011  la  lait 
dessécher  : elle  est  pulvérulente  , grasse  et  humide.  J’au- 
rois  beaucoup  d’antres  choses  à dire  sur  le  sucre  ; mais  cet 
ouvrage  n’est  point  un  traité  de  matière  médicale  : les 
réflexions  que  nous  pourrions  faire  ici  sur  toutes  les  opé- 
rations pour  la  purification  du  sucre,  nous  entraineroient 
dans  de  trop  longs  détails  thymiques;  ainsi  je  m’en  tiens 
aux  préparations  qu’on  fait  avec  le  sucre. 

11  régné  un  préjugé  que  le  sucre  qui  a été  gardé  pendant 
trente  ans  devient  poison;  ce  qui  n’est  pas  : j’ai  mangé 
du  sucre  cpii  avoit  plus  que  cet  âge,  il  11e  ditfcroil  pas 
pour  le  goût  du  sucre  nouveau  , et  n’avoit  aucune  qualité 
malfaisante.  Ce  qui  a pu  donner  lieu  à ce  préjugé,  c’est 
peut-être  parcequ’il  jaunit  considérablement  en  vieillissant 
comme  s’il  contenoitde  l’ochre. 

Le  sucre  et  la  castonade  sont  alimenteux  , savonneux  : 
Vertus,  et  ils  sont  bons  dans  les  maladies  de  la  poitrine  : ils  sont 
incisifs  , atténuants  et  expectorants;  mais  ils  échauffent, 
ils  excitent  des  vapeurs,  et  donnent  le  mal  de  dents. 

On  fait  entrer  la  mélasse  et  le  sucre  brut  dans  des  lave- 
ments, pour  déterger,  arrèLer  les  cours  de  ventre  , fortifier 
posç  les  intestins,  et  exciter  les  réglés.  La  dose  est  depuis  une 
* once  jusqu’à  quatre. 


ÉLÉMENTS  » E PHARMACIE. 

Sucre  candi. 


455 


On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  cle  sucre  rafiné  t 
on  le  fait  dissoudre  dans  de  l’eau  : on  le  lai!  < uire  en  con- 
sistance de  syrop  un  peu  épais,  et  on  le  met  dans  un  vais- 
seau convenable.  Dans  l’espace  de  quinze  ou  vingt  jours, 
il  se  forme  des  crystaux  parfaitement  réguliers  : c’est  ce 
que  l’on  nomme  mue  candi.  Ou  le  sépare  de  la  liqueur 
syrupeuse  : on  le  met  égoutter , et  on  le  serre  dans  un  en- 
droit chaud,  afin  qu’il  11c  s’humecte  pas  : il  attire  un  peu 
d'humidité  de  l’air. 

La  liqueur  syrupeuse  , mise  à évaporer,  fournit  encore 
de  semblables  crystaux,  mais  plus  difficilement. 

Les  crystaux  de  sucre  candi  sontgros,  taillés- en  tombeau 
ou  à-peu-près. 

Le  sucre  candi  est  pectoral,  adoucissant,  propre  pour  ïe 
rhurne,  pour  exciter  le  crachat , et  pour  adoucir  les  acretés 
qui  tombent  dans  la  trachée-artere  et  sur  la  poitrine.  Pour 
qu’il  produise  les  e Ilots  dont  nous  parlons , il  faut  le  laisser 
foudre  dans  la  bouche  : si  on  le  prenoit  en  boisson,  il  ne 
produiroil  que  les  effets  du  suçre  ordinaire. 

O11  souille,  à l’aide  d’un  cure-dent,  du  sucre  candi  en 
poudre  très  fine  dans  les  yeux  , pour  dissiper  les  taies  de 
la  cornée. 

Remarques. 

On  peut,  au  lieu  de  sucre  blanc , employer  de  la  casstv 
nade  pourfaire  du  sucre  candi.  Dans  ce  cas  , il  convient  de 
clarifier  la  liqueur  avec  quelques  blancs  d’œufs  : les  crys- 
taux qu’on  en  tire  sont  un  peu  moins  nets  et  moins  blancs  ; 
cependant  la  plupart  des  syrops  dont  nous  parlerons , four- 
nissent , lorsqu’ils  sont  trop  cuits  , des  cristaux  sans  cou- 
leurs, quoiqu’ils  se  forment  dans  des  liqueurs  très  colorées. 
Ces  différences  viennent  de  ce  que  les  matières  extractives 
des  végétaux  sont  moins  analogues  au  sucre  que  la  ma- 
tière mielleuse  et  visqueuse  du  sucre  même  qui  n’a  pas  été 
purifié  parfaitement. 

Les  confiseurs  font  la  plus  grande  partie  de  leur  sucre 
candi  avec  les  écumes  et  les  restes  de  leurs  confitures  qui 
ne  sont  plus  de  vente  ; ils  font  du  tout  line  liqueur  qu’ils 
clarifient  et  qu’ils  mettent  dans  un  lien  convenable  pour  le 
laisser  se  cryslalliscr  : ils  arrangent  dans  le  vaisseau  une 

r t iv 


Vertus 


'4  56  ÉLÉMENTS  DE  PH  A RMÀCI  E. 

certaine  quantité  de  petits  bâtons  qui  se  croisent  , afin 
d’avoir  plus  de  surface  : les  crystaux  s’attachent  sur  ces  bâ- 
tons. Le  sucre  candi  qui  a été  préparé  avec  ces  matières, 
est  quelquefois  roux  , et  d’autres  fois  parfaitement  blanc  : 
ces  différences  viennent  de  la  maniéré  plus  ou  moins  ré- 
gulière avec  laquelle  il  a été  procédé  à la  crystallisation  du 
sucre. 

Le  sucre  acquiert  en  cuisant  divers  degrés  de  consis- 
tance, auxquels  on  a donné  différents  noms  : nous  en  par- 
lerons à mesure  que  nos  préparations  nous  en  fourniront 
l’occasion. 

Syrops. 

Les  syrops  sont  des  conserves  liquides  , faites  pour 
conserver  , par  le  moyen  du  sucre  , les  parties  extractives 
des  sucs  dépurés  des  décoctions  et  des  infusions. 

Cette  définition  convient  également  aux  miels  dont 
nous  avons  parlé  -,  mais  il  faut  bien  distinguer  ces  espe- 
ces de  médicaments  d’avec  les  conserves  modes  , que  l’on 
nomme  aussi  conserves  liquides.  Ces  dernières  contiennent 
la  substance  des  mixtes  réduite  en  poudre  ou  en  pulpe  , 
et  ont  d’ailleurs  beaucoup  plus  de  consistance. 

On  divise  les  syrops  en  simples  et  en  composés  ; ils 
sont  altérants  ou  purgatifs. 

Les  syrops  simples  sont  ceux  dans  lesquels  il  n’entre 
qu’une  seule  substance.  Les  syrops  composés  sont  ceux 
faits  avec  plusieurs  substances.  Nous  donnerons  des  exem- 
ples de  différents  syrops  , et  nous  commençons  par  les 
syrops  altérants,  et  d’abord  par  les  syrops  simples. 

j Des  sy  rops  simples  , altérants . 

S,yrop  de  violettes. 


^ Fleurs  de  violettes. , .........  îb  j. 

Eau  bouillante  , îb  ij. 


Sur  dix-sept  onces  d’infusion  de  fleurs  de  violettes,  on 
met  , 

Sucre  concassé  , îb  ij. 

On  pile  très  légèrement  , dans  un  mortier  de  marbre  y 
avec  un  pilon  de  bois,  les  fleurs  de  violettes,  mondées 
de  leurs  queues  et  de  icurs  calices  : on  les  met  dans  une 


Eléments  de  pharmacie.  457 
en curbite  cl  étain,  cl  étroite  ouverture  : on  verse  por-dessus 
l’eau  bouillante  : on  bouche  exactement  la  cucurbite  , et 
011  la  tient  clans  un  endroit  chaud  pendant  douze  heures; 
alors  on  passe  cette  inhision  au  travers  d’un  linge  fort 
et  propre  : on  exprime  le  marc  à la  presse  : on  laisse  l’in- 
fusion tranquille  pendant  environ  une  demi-heure  : 011 
la  décante  par  inclination  pour  en  séparer  une  légère  fé- 
cule qui  s est  précipitée  : 011  pese  cette  infusion  : on  la 
met  clans  le  bain-marie  d’étain  d’un  alambic  ; et  pour  dix- 
sept  onces  cl  infusion  , on  emploie  deux  livres  de  sucre 
concasse  : ou  fait  chauflër  le  tout  au  bain-marie,  jusqu’à 
ce  que  le  sucre  soit  entièrement  dissous  : on  remue  le 
syrop  de  temps  en  temps  , pour  accélérer  la  dissolution  du 
sucre,  et  l’on  tient  le  vaisseau  fermé,  afin  qu’il  no  se 
lasse  point  d évaporation.  Lorsque  le  syrop  est  entièrement 
refroidi , on  le  passe  au  travers  d’une  étamine  blanche , 
et  on  le  serre  dans  des  bouteilles  de  pinte  qu’on  bouche 

Ce  syrop  doit  donner  au  pese-liqueur  trente-trois  de- 
grés lorsqu  il  est  chaud,  et  trente-cinq  lorsqu’il  est  froid 
. Le  sYroP  violat  rafraîchit  et  humecte  la  poitrine  : il  Vertus, 
épaissit  et  adoucit  les  humeurs  âcres  : il  tempere  la  bile  * 
il  désaltéré  dans  les  hevres  ardentes  et  dans  le  rhume  • il 

est  un  peu  relâchant.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  n 
une  once  et  demie.  b 1 illU£tIW 


R 


EMARQXJES. 


Quelques  personnes  sont  clans  l’usage  de  ne  point  con- 
tuser  les  fleurs  avant  de  les  mettre  infuser;  mais,  comme 
elles  ont  un  volume  considérable , j’ai  remarqué  que  l’in- 
tisioii  se  lait  moins  bien  que  lorsqu’elles  sont  amorties 
légèrement  par  le  pilon. 

Les  violettes  cultivées  sont  préférables  à celles  qui  vien- 
nent dans  la  campagne  : ces  dernieres  sont  d’une  couleur 
purpurine  ; elles  fournissent  une  infusion  rougeâtre  et 
je  syrop  est  de  la  même  couleur  : les  violettes  cultivée® 
or  ment  un  syrop  d’une  couleur  bleue- violette  fort  belle. 

_ y a des  années  où  les  violettes  sont  abondantes  en 
u omne  ; néanmoins  on  doit  préférer  celles  de  printemns 
comme  meilleures  et  plus  odorantes.  * ’ 

ne  faut  pas  attendre  la  fin  du  temps  des  violettes  pour 
feue  le  syrop,  parcequ’elles  perdent  de  leur  bonté  à mé- 


^58  ÏlÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

sure  que  la  saison  s’avance  : celles  qui  paroissent  les  pre- 
mières sont  toujours  plus  belles  et  meilleures. 

On  préféré,  pour  l’usage  de  la  Médecine,  les  violettes 
simples  aux  violettes  doubles  ; ces  dernieres  ont  moins  de 
couleur,  moins  d’odeur  et  moins  de  veitu. 

Lorsque  les  violettes  sont  rares  et  cheres , comme  cela 
arrive  souvent  à cause  de  la  saison  tiop  lioide  et  trop  plu- 
vieuse, quelques  personnes  font  leur  syrop  avec  une  lorte 
infusion  de  tournesol  (1)  en  pains,  et  des  fleurs  ue marne; 
elles  ajoutent  un  peu  d’iris  de  Florence  pour  lui  donner 
l’odeur  des  violettes  : cette  fraude  est  difficile  a recon- 
noître  , parceque  d’un  côté  la  couleur  des  fleurs  de  mauve 
verdit  avec  i’alKali  fixe,  et  d’un  autre  côté  le  tournesoL 
rougit  avec  les  acides  , propriétés  qui  appartiennent  au 

vrai  syrop  de  violettes.  • . c , 

Plusieurs  Pharmacopées  prescrivent  de  faire  miuser  ce 
nouvelles  fleurs  de  violettes  dans  l’infusion  qu’on  a laite  , 
et  de  faire  successivement  trois  ou  quatre  infusions  de 
nouvelles  fleurs  dans  la  même  liqueur  ; mai?  j’ai  remar- 
qué que  cela  étoit  assez  inutile  : lorsqu’on  n’a  mis  que 

la  quantité  d’eau  que  nous  avons  prescrite  , elle  se  trouve 
1 . i \ i • . lo  rmi  pur  r ps  l eurs  de 


saturJe  dès  la  première  fois  : la  couleur  des  fleurs  de 
violettes  que  l’on  fait  infuser  , n’est  presque  point  alteree 


vioieues  que  1 uu  tan  imuoo.  , -- [ J 1 A 

par  la  première  infusion  : ces  fleurs  ne  sont  pas  meme 
décolorées  à la  troisième  infusion. 


Toutes  les  Pharmacopées  prescrivent  d employer  deux 
parties  de  sucre  sur  une  d^infusion.  La -dose  de  sucre  est 
un  peu  trop  forte  ; une  partie  se  crystalh se  quelque  temps 
aorès  au  fond  des  bouteilles.  Les  proportions  que  nous 
avons  données  sont  les  meilleures  , quand  on  ne  lait  que 
depuis  une  livre  jusqu’à  quinze  de  syrop  ; mais  lorsqu  on 
en  prépare  une  certaine  quantité  a la  lois  , il  ne  nuit  met- 
tre que  seize  onces  et  demie  d’infusion  sur  deux  livres  ce 
sucre  , parceque  chaque  fois  qu’on  découvre  le  vaisseau 


~(  t ) Letournesol  est t une 


A V i .ipet  d”  la  chaux  vive.  On  imbibe  ce  mélange  dans  de  vieux  chif- 
fon* de  linge  qu’on  fait  sécher  : on  ^«ehi  ffor *™**^°^l 

VS  Monte! , inséré  dans  le  volume  de  l’ Acadenu* 


Voyez  le  îviemonc  ou  ’ , _r  n..„r 

Royale  des  Sciences  de  Pans,  pour  1 annee  i75*,  paDe 


Éléments  de  r h a p.  macif.  45^ 

pour  agiter  le  syrop  , afin  de  faciliter  la  dissolution  du 
sucre,  il  se  lait  une  légère  évaporation  qui  est  , propor- 
tion gardee  , plus  considérable  lorsqu’on  opéré  sur  une 
petite  quantité  , que  sur  une  grande. 

. est  k*01"1  essentiel  de  ne  point  faire  bouillir  la  teinture 
ni  le  syrop  de  violettes  , pnreeque  la  couleur  seroit  détruite  : 
elle  passerait  a une  couleur  de  feuille  morte.  Lorsqu’on  a 
iait  chauffer  ce  syrop  un  peu  trop  long-temps  , même  au 
bain- marie  , la  couleur  est  sensiblement  diminuée  ; mais 
si  on  ne  lui  a point  appliqué  un  trop  grand  degré  de  cha- 
Idu  , la  couleur  se  revivifie  d’une  manière  bien  remar- 
quable par  le  contact  de  l’air.  C’est  pourquoi  il  est  essen- 
tiel de  remuer  le  syrop  quand  il  est  froid  , pour  lui  faire 
prendre  le  plus  d’air  possible. 

i in,(  3 Pereonnes  sont  dans  l’usage  de  ne  point  passer 
le  syrop  de  violettes  après  qu’il  est  refroidi  , afin  de  cou- 
servei  une  pellicule  de  sucre  qui  vient  nager  à la  surface  . 
et  qui  a la  propriété  cl’empêcher  ce  syrop  de  prendre  un 
goi. t ue  moisi  a sa  superficie. 

D'autres  passent  ce  syrop,  et  y ajoutent  un  peu  de  sucra 
en  poudre  apres  qu  il  est  dans  les  bouteilles  , a lin  de  couvrir 
sa  surrace  pour  le  garantir  de  l’action  de  l’air  et  de  la 
moisissure  pareeque  le  sucre  reste  à la  surface.  D’autres 

a s“r6“  lll‘  syr<>P  cle  violettes  avec  de  l'huile 
on  e ; anfin  d autres  avec  de  l’esprit  de  vin;  mais 
toutes  ces  manipulations  sont  inutiles  lorsque  le  syrop  a 
b,en  préparé  : il  suffi,  d’emplir  le  plus  qu’il  es,  pos- 

consive f * ■ f °IeS  b0l,cher  exactement , et  de 
conserver  le  syrop  a la  cave. 

I.emery  remarque  avec  raison  que  le  svrop  violât  a plus 
<1  agrément  pour  le  goût  et  pour  la  couleur  , dans  les 
premiers  s.x  mois  qu’il  est  fait  , que  dans  les  derniers  mois 
en  .quelque  temps  que  ce  soit  , il  a une 
r t.le  acrete  , qui  vient  île  ce  que  ces  fleurs  sont  légère- 
inent  laxatives  et  purgatives.  b 

,..2"  Pn'Pare  ‘Je  la  même  maniéré  que  le  svrop  de  vlo- 

nupha’r  “d’œiflets  ' * COCl“elicot  ’ de  fleurs  »<- 

PoiunlsfenT  de  co<!l,el!cot  > lorsqu’elles  sont  récentes  ; 
me  ce  s.  UnfmucllaSe  considérable  ; ce  qui  est  causé 
Snni'e ni  y P fcrmente  et  s’aigrit  facilement  lorsque  les 
bouteilles  sont  entamées.  CeUnconyénient  n’arrive  pas 


460  ÉLÉMENTS  33  E P HA  R S»  A C I ï." 

aussi  facilement  lorsqu’on  le  prépare  avec  clés  fleurs 
seches  ; alors  il  convient  de  n’emplôyer  que  deux  onces 
au  lieu  d’une  livre , parcequ’elles  diminuent  de  quatorze 
onces  par  livre  pendant  leur  dessiccation.  L infusion, 
qu’elles  fournissent  dans  l’eau  bouillante,  est  aussi  colo- 
rée  qu’avec  les  fleurs  fraîches  ; et  elle  n’a  pas  la  meme 
viscosi  té  • 

Vertus.  Le  syrop  de  coquelicot,  est  propre  pour  épaissir  les  séro- 
sités trop  subtiles  et  pour  faire  cracher  : il  est  un  peu  ano- 
din ; il  calme  la  toux  ; il  provoque  un  peu  le  sommeil 
Dose,  et  la  sueur.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une 
once  et  demie. 

Le  svrop  de  nénuphar  devroit  de  meme  se  faire  avec  les 
fleurs  seches  , pareeque  les  fleurs  récentes  fournissent  du 
mucilage  , qui  fait-  gâter  ce  syrop  assez  promptement. 

Vertus.  Le  syrop  de  nénuphar  est  ratraîchissant  , bleuissant. 
On  lui  attribue  Ja  vertu  de  calmer  les  ardeurs  de  Vénus:  il 
modère  les  cours  de  ventre  qui  proviennent  des  arrêtés  de 
la  bile.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu  à une  once  et 

Dose,  demie, 

Les  œillets  qu’on  prend  pour  faire  le  syrop  , sont  ceux 
qui  servent  à faire  du  ratafia  , et  que  l’on  nomme  œillets 
longes  à cause  de  leur  couleur.  On  les  monde  de  leurs 
onglets  , qui  sont  la  partie  blanche  par  laquelle  les ; pétales 
sont  attachés  au  calice  de  ces  fleurs.  Les  fleurs  d oeillets 
ont  une  odeur  fort  agréable  qui  tire  sur  celle  du  girofle  : il 
convient , lorsqu’on  prépare  ce  syrop  , de  ne  laisser  dissiper 
que  le  moins  qu'il  est  possible  cette  partie  odorante  Quel- 
ques personnes  ajoutent  une  petite  quantité  de  clous  de 
girofle  avec  l’infusion  de  ces  fleurs  , pour  augmenter  la 
vertu  cordiale  de  ce  syrop. 

Syrop  d'œillets  qu’on  peut  préparer  en  tout  temps. 

21  rieurs  d’œillets  rouges  , ongles  et  séchés  5 j. 

Girofles  concassés  , n * V'  . 

Eau  bouillante  , 5 

• On  met  les  œillets  et  le  girofle  dans  une  cucurbife 
d’étain,  on  verse  par-dessus  1 eau  bouillante,  on  .aisss 

1-  tout  en  infusion  pendant  vingt- quatre  heures  ; ensuite 

passe  cette  infusion  avec  expression  . on  .aiSjG  îeposer 


on 


- I 

ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 


4&1 


la  liqueur  ou  011  la  filtre  : on  ajoute  le  sucre  , et  ou 
ie  fait  fondre  à une  chaleur  douce  dans  un  vaisseau 
clos . 

Ce  syrop  est  fortifiant  , cordial  : il  convient  clans  la  Vcitus 
petite  vérole  ; lorsqu’il  est  nécessaire  de  pousser  par  la 
transpiration  , parcequ’il  est  légèrement  sudorifique.  La 
dose  est  depuis  deux  gros , ‘jusqu’à  une  once  et  demie. 


'Sy/op  de  cochléaria. 


Suc  dépuré  de  cochléaria, ? viij. 

Sucre  blanc  5 xv. 

On  dépure  le  suc  de  cochléaria  de  la  maniéré  que  nous 
l’avons  dit  à l’article  des  sucs  dépurés  : 011  le  met  dans 
un  matras  avec  le  suc  réduit  en  poudre  grossière  : on 
bouche  le  vaisseau  avec  du  parchemin  ou  de  la  vessie 
mouillée  : on  le  fait  chauffer  au  bain-marie,  jusqu’à  ce  que 
le  sucre  soit  entièrement  dissous.  Lorsque  le  syrop  est  re- 
froidi, on  le  serre  dans  des  bouteilles  qu’on  bouche  bien. 
On  peut , si  l’on  veut,  augmenter  sa  vertu  , en  lui  ajou- 
tant , après  qu’il  est  refroidi , un  peu  d’esprit  ardent  de 
cochléaria. 

Ou  prépare  de  la  même  maniéré  tons  les  svrops  des 
sucs  dépurés  qui  contiennent  les  principes  volatils  ou  aro- 
matiques , ainsi  que  ceux  des  eaux  distillées  odorantes  , 
et  des  sucs  acides  , comme  sont , 


.Les  syi'ops  de  sucs , 
de  cresson , 
de  beccabunga  , 
dti  cerleuil , etc. 


liait x distillées , 
de  canelle  , 
de  fleurs  d’oran- 
ges. 


Sucs  acides  7 
de  1 irnons  ou 
de  citrons  , 
de  ber be ris  , 
de  grenades  , 
de  coings,  etc/ 


Le  syrop  de  cochléaria  est  propre  pour  le  scorbut  : il  Vjrtin. 
excite  l’urine  ; il  leve  les  obstructions  de  la  rate  et  du 
mésentere.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  Dose, 
once  et  demie. 

Le  syrop  de  cresson  et  celui  de  beccabunga  ont  les  Vertus 
mêmes  vertus  que  celui  de  cochléaria  , et  se  donnent  à ^ 
la  même  dose.  Dose* 

La  syrop  de  cerfeuil  est  apéritif,  un  peu  anti-s corbuti-  Vertus 


4 67.  Ïl^ments  de  pharmacie. 

Dose.  que  > levé  les  obstructions  , atténue  la  pierre  du  rein.  La 
dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 

Le  cerfeuil  contient  du  soufre  comme  les  plantes  anti- 
scorbutiques. J’en  ai  tiré  de  la  même  maniéré  que  nous 
l’avons  dit  à l’article  de  l’esprit  de  qochléaria. 

Remarques. 

• 

C’est  dans  les  principes  volatils  que  réside  la  vertu 
des  plantes  anti-scorbutiques  : ainsi  il  est  bon  de  préparer 
ces  syrops  dans  des  vaisseaux  clos  , afin  qu’il  ne  se  lasse 
aucune  évaporation.  Cette  remarque  est  applicable  aux 
syrops  qu’on  fait  avec  des  eaux  odorantes  distillées. 
Les  syrops  des  sucs  acides  dont  nous  parlons  , comme  se 
faisant  de  la  même  manière  , ne  se  trouvent  placés  ici  que 
par  rapport  aux  proportions  de  sucre  et  de  suc  dépuré  qui 
sont  les  mêmes  : comme  ils  ne  contiennent  point  de  prin- 
cipes volatils  , on  peut  , si  l’on  veut  , les  préparer  dans 
des  vaisseaux  moins  clos  ; mais  néanmoins  il  est  bon 
d’observer  qu'il  11e  se  fasse  que  peu  ou  point  d’évapo- 
ration. 

Quelques  Pharmacopées  prescrivent  d'employer  deux 
parties  de  sucre  , contre  une  de  suc  , pour  la  préparation 
de  ces  syrops  ; mais  j’ai  remarqué  que  cette  quantité  est 
trop  forte  : il  faut  , pour  parvenir  à la  dissolution  com- 
plette  du  sucre  , procurer  au  mélange  un  degré  de 
chaleur  égal  à celui  de  l’eau  bouillante  : mais  alors  les 
parties  volatiles  des  sucs  anti-scorbutiques  ont  le  temps 
de  se  dissiper  : les  aromates  des  eaux  distillées  perdent 
beaucoup  de  leur  odeur  , et  les  sucs  acides  acquièrent 
un  goût  de  cuit  désagréable  : d’ailleurs  la  quantilé  de 
sucre  que  nous  avons  prescrite  suffit  pour  bien  conserver 
ces  liqueurs.  Enfin  les  syrops  des  sucs  acides  n’ont  pas 
besoin  d’avoir  une  consistance  aussi  forte  que  la  plupart 
des  autres  syrops  , et  ils  sont  moins  sujets  à fermenter. 
Quelques  personnes  préparent  lesyropde  limons  en  faisant 
cuire  d abord  le  sucre  a la  plume  } elles  ajoutent,  le  suc 
de  limons  , et  font  chauffer  le  mélange  seulement  pour 
dissoudre  le  sucre  : mais  outre  que  cette  méthode  est 
moins  simple  que  celle  que  nous  avons  prescrite  , ^ le 
suc  de  limons  reçoit  un  fort  degré  de  chaleur  lorsqu  on 
le  verse  sur  le  sucre  cuit  à la  plume  , ce  qui  lui  donne 
une  saveur  désagréable  d’extrait  ernt. 


^léMENTS  DE  PHARMACIE.  4 63 

Lorsque  le  syrop  de  limons  est  refroidi,  on  l’aromatise 
avec  un  peu  d’esprit  de  citrons  , et  non  pas  avec  quelques 
gouttes  d’huile  essentielle  de  citrons  , comme  plusieurs 
personnes  le  recommandent  ; parceque  cette  huile  ne  se 
mêle  que  très  imparfaitement  avec  le  syrop  : elle  y rancit  , - 
et  elle  lui  communique  une  saveur  très  désagréable! 
L’esprit  de  citrons  n’a  pas  cet  inconvénient  , lorsqu’il  a 
été  piepare  comme  nous  1 avons  dit  précédemment  , pai- 
cequ’il  ne  contient  que  l’esprit  recteur  et  la  portion  d’huile 
essentielle  la  plus  ténue  , qui  est  miscible  à l’eau.  Le 
syrop  de  limons  étant  chaud,  doit  donner  au  pese- 
liqueur  trente- trois  degres  , et  trente-six  lorsqu’il  est 
refroidi.  1 

Quelques  personnes  aromatisent  le  syrop  de  limons  avec 
un  oleo-saccl ïa ru m préparé  de  la  maniéré  suivante, 
f : On  frotte  l’écorce  jaune  d’un  citron  contre  un  morceau 
de  sucre  : par  ce  moyen  , le  parenchyme  du  zeste  se  réduit 
en  pulpe  , tandis  que  l’huile  essentielle  s’imbibe  dans  le 
sucre  : on  délaie  ensuite  cette  espece  de  conserve  huileuse 
dans  le  syrop.  Mais  cette  maniéré  d’aromatiser  les  svrops 
n est  bonne  que  pour  ceux  qu’on  n’a  pas  intention  de 
conserver,  parceque  la  matière  pulpeuse  du  parenchvme 
lait  eugnr  et  fermenter  ce  syrop  très  promptement. 

L>  mlleurs  une  des  principales  propriétés  d’un  svrop  est 
(1  etre  parfaitement  clair  , et  de  tenir  en  dissolution  tout  ce 
qu  il  contient  ; la  matière  pulpeuse  ne  peut  se  dissoudre, 
et  el  e trouble  la  transparence  du  syrop  : cette  méthode  est 
absolument  défectueuse  pour  les  syrops  officinaux. 

1 est  essentiel  de  ne  jamais  préparer  dans  des  vaisseaux 
de  cuivre  ou  d étain  les  syrops  des  sucs  acides  , comme 
sont  ceux  de  limons  , de  coings  , de  berberis  , de  gre- 
nades , etc.  parceque  l’acidité  de  ces  sucs  a de  l’action 
sur  ces  métaux. 

syroP  de  canelle  , connu  aussi  sous  le  nom  de  svrop 
alexandrin.  On  Je  fait  avec  l’eau  distillée  de  canelle  et  le 
sucre.  Ce  syrop  fortifie  : il  est  cordial  , stomachique  : ü Vertus, 
récrée  , aide  à la  digestion  ; il  donne  une  haleine  a^réa- 
3 e : excite  les  mois  aux  femmes.  La  dose  est  depuis  deux  Dose, 
gros  jusqu  a une  once  et  demie.  Ce  remede  est  fort  chaud  • 
il  ne  faut  pas  le  donner  dans  les  maladies  inflammatoires! 

~yroP  de  fleurs  d'oranges.  On  le  fait  avec  l’eau  essen- 
ïielie  de  ces  fleurs  , comme  le  syrop  de  canelle.  Ce  syrop 


\ 


4 <5  A ^lÆmENTS  de  P II  A K M A C 1 E. 

Vertus,  est  céphalique  : il  récrée  les  esprits  : il  est  légèrement 
sudorifique  : il  modéré  les  vapeurs  hystériques.  La  dose 
Dose'  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 

Syroj ? de  limons,  il  rafraîchit  : il  est  anti-putride  : il 
Vertus,  adoucit  |es  Jlainenrs  akalescentes  : if  pousse  un  peu  par 
,c  les  urines.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once 
et  demie. 

Venus.  Syrop  de  berberis.  11  est  astringent  et  rafraîchissant  : 
il  convient  dans  les  cours  de  ventre  qui  proviennent  de 
chaleur  et  de  putridité.  La  dose  est  depuis  deux  gros 

Dose;  jusqu’à  une  once  et  demie. 

Syrop  de  grenades.  Ce  syrop  se  fait  avec  le  suc  du 
"Vertus»  £rUij-  . il  est  restaurant , rafraîchissant,  légèrement  astrin- 
gent : il  convient  dans  les  soifs  ardentes  : il  tempere  l’ar- 
deur de  la  bile.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une 
Dose.  once  et  demie. 

Jusqu  à présent  nous  n avons  parle  que  des  syropsqui  ne 
demandoient  aucune  manipulation  pour  connoître  leur 
cuisson,  pareeque  les  proportions  de.  sucre  et  de  liqueur  sont 
dans  des  rapports  convenables  : nous  allons  parler  à pré- 
sent de  svrops  qui  exigent  des  connoissances  pour  détermi- 
ner le  degré  convenable  de  cette  cuisson  ; et  ces  connoissan- 
ces  sent  faciles  à acquérir  , si  l'on  fait  usage  du  pese- li- 
queur. 

Syrop  de  capillaire . 


Capillaire  de  Canada  , J )» 

Laites  infuser  pendant  douze- heures  dans 

Eau  bouillante  , * . . !b  iv» 

Coulez  avec  expression  , dissolvez 

• Cassonade , * • lh  iv. 


Clarifiez  le  tout  avec  quelques  blancs  d’œufs  : faites 
cuire  en  consistance  de  syrop  : passez  au  travers  d’un 
blanchet  , et  mettez  le  syrop  dans  des  bouteilles  qu’il 
faut  bien  boucher. 

Lorsque  ce  syrop  est  aux  trois  quarts  refroidi  , on 
l’aromatise  , si  l’on  veut , avec  de  l’eau  de  Heurs  d’oranges. 
Il  doit  donner  au  pese-liqueur , tandis  qu  il  est  chaud  , 
trente-un  degrés , et  trente- quatre  degrés  lorsqu  il  est 
froid. 


Le 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.1  465 

te  syrop  de  capillaire  est  pectoral , incisif , atténuant , Vertus, 
expectorant  : il  adoucit  la  toux.  La  dose  est  depuis  deux  Duse 
gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 


R 


EMARQUES. 


On  préfère  le  capillaire  de  Canada  à tout  autre  ; mais 
celui  qu’on  nomme  capillaire  de  Montpellier  est  aussi 
bon.  Le  capillaire  contient  un  principe  odorant , léger  et 
agréable  , qui  se  dissipe  en  grande  partie  pendant  la  cuitte 
du  syrop  ; il  ne  reste  , pour  ainsi  dire  , que  la  partie 
extractive.  Lorsqu’on  veut  conserver  à ce  syrop  l’odeur 
du  capillaire,  Il  faut  , lorsqu’il  est  cuit  , le.  couler  en- 
core bouillant  sur  du  capillaire  haché  grossièrement 
couvrir  le  vaisseau  , et  le  laisser  en  infusion  jusqu’à  ce' 
qu’il  soit  refroidi  : ensuite  on  le  passe  au  travers  d’une 
etamine  pour  séparer  les  feuilles  de  capillaire.  Ce  syrop 
ainsi  préparé  , a le  goût  et  l’odeur  du  capillaire  , et  il 
reste  parfaitement  clair  , pareeque  , pendant  cette  infu- 
sion , le  capillaire  ne  fournit  ni  mucilage  ni  fécule. 

. I W clarifier  les  syrops  , on  fouette  , dans  une  bassine 
avec  une  poignée  de  brins  d’osier  dont  on  a enlevé  l’écorce  * 
un  ou  deux  blancs  d’œufs  , pour  quatre  livres  de  casso- 
nade ou  de  sucre  , avec  un  peu  d’infusion  ou  décoction 
entièrement  refroidie  , ou  avec  un  peu  d’eau  froide,  afin 
que  les  blancs  d’œufs  ne  secoagulent  pas  : on  délaie  la  cas- 
sonade parmi  les  blancs  d’œufs  pour  en  former  un  magma 
qu  ou  de  laie  ensuite  dans  le  reste  de  l’infusion  ou  de  la 
décoction  : on  remue  le  mélange  , afin  de  faciliter  la  dis- 
solution du  sucre.  On  met  la  bassine  sur  le  feu  : on  fait 
prendre  quelques  bouillons  à la  liqueur  : le  blanc  d’œuf 
se  cuit  et  se  coagule  , ramasse  toutes  les  impuretés  du  su- 
cre et  la  fécule  de  l’infusion  ou  de  la  décoction  ; le  tout 
forme  une  écume  rare  qui  vient  nager  à la  surface  du  syrop. 
Lorsque  cette  écume  commence  à perdre  son  volume  , on 
lenleve  avec  une  écumoire,  et  on  la  met  égoutter  sur 
une  étamine  : si  quelques  instant*  après  , il  se  forme 
encore  de  1 écume , on  l’enleve  promptement.  Si  l’on  tardoit 
a oter  cette  écume  , elle  se  diviserait  en  petits  grumeaux 
qui  se  précipiteraient  au  fond  du  syrop  pet  empêcheraient 
qu  d ne  put  se  clarifier  parfaitement. 

Quelques  personnes  clarifient  le  syrop  en  y versant  de* 

G 


CT 

fc> 


'465  ELEMENTS  de  PHARMACIE.' 

blancs  d’œufs  fouettés  , lorsqu’il  est  bouillant  ! cette 
méthode  est  assez  bonne  ; mais  celle  que  nous  avons 

donnée  d’abord  réussit  encore  mieux. 

Lorsque  le  svrop  est  bien  clarifié  , on  achevé  de  le  cuire 
en  le  faisant  bouillir  légèrement.  Oij  reconnoit  qu  il  est 
suffisamment  cuit,  i°.  lorsqu’après  en  avoir  pris  une 
demi- cuillerée  tandis  qu’il  est  bouillant  , et  l avoir 
balancé  un  instant  dans  la  cuiller  , il  forme  une  larme 
ou  une  perle  en  le  versant  ; ce  qui  vient  d une  petite 
peau  qui  se  forme  à sa  surface  , soutient  pour  un  instant 
le  syrop  renfermé  , et  l’empêche  de  tomber  : a . on  souf- 
fle obliquement  et  légèrement  sur  une  cuillerée  du  meme 
syrop  pendant  qu’il  est  encore  chaud  : lorsqu  il  est  suf- 
fisamment cuit  , on  voit  cette  pellicule  , dont  nous  ve- 
nons de  parler  , se  remplir  de  rides  : o . lorsqu  il  est 
entièrement  refroidi  , on  en  fait  tomber  de  haut  une 
cuillerée  , goutte  à goutte  ; s’il  est  bien  cuit  , h dermere 
portion  de  chaque  goutte  se  retire  sur  elle-meme  : 4 . en  in 
une  bouteille  qui  tient  une  once  d eau  doit  contenir  dix 
gros  quarante-huit  grains  de  syrop  entièrement  refroidi,  a 
température  étant  à dix  degrés  au-dessus  de  la  glace.  Cette 
réglé  est  assez  générale  : sur  cinquante  especes  de  syrops 
bien  préparés  , que  j’ai  pesés  , je  les  ai  trouves  pesant 
depuis  dix  gros  et  demi  jusqu’à  dix  gros  cmquante-quatre 
crains  : ainsi  , en  prenant  le  milieu  de  ces  différences  , 
011  est  toujours  sûr  de  les  cuire  convenablement. 

Mais  un  moyen  encore  plus  sûr  et  plus  commode  est  do 
se  servir  du  pese-liqueur  : lorsqu  on  veut  connoitre  la 
cuitte  , on  tire  le  syrop  du  feu  et  aussitôt  que  les 
bouillons  sont  cessés  et  que  la  surlace  est  tianqui  e ^ on 
nlon cTe  le  pese-liqueur  dans  le  syrop:  si  le  pese-liqueur  s en- 
fonce jusqu’au  trente-deuxieme  degré,  il  est  sulfisam ment 
cuit  ‘alors  on  coule  le  syrop.  Cette  réglé  , et  ce  degm 
de  cuisson  , sont  à-peu-près  généraux  pour  tous  les  sy- 
rops  • le  pese-liqueur  dont  nous  faisons  ici  1 application 
aux  syrops  , est  de  la  plus  grande  commodité  pour  con- 
noîtrJ leur  cuitte  avec  précision.  Dans  ce  cas  , il  faut  se 
procurer  un  petit  pese-liqueur  d’argent  qui  ne  contienne 
!iup  les  degrés  nécessaires  pour  cet  objet. 

1 On  emploie  de  lielle  cassonade  pour  tons  les  syrops  qui 
peuvent” se  clari  fier  . parcequ’elle  est  moins  .ujet  e a se 
crystalliser  et  à former  des  candis  au  fond  des  syrop. , 


ïliMIHTJ  DB  BHARMACIBr  'Jfij 

quelque  temps  après  qu’ils  sont  faits.  Cette  propriété  de 
la  cassonade  lu*  vent  de  ce  qu’elle  contient  une  substance 
un  peu  analogue  au  m.el  , qui  s’oppose  à sa  crvstallisa- 

paHes  dilfefer  "T*"  a été  Privé  de  cette'  matière 
pai  les  diltefentes  purifications  qu’on  lui  a fait  éprouver 

icsque  tout  le  syrop  capillaire  dont  on  faisoit  usaȐ 
autrefois  a Fans  ctoit  préparé  à Montpellier  : or,  le  faisoit 
avec  un  syrop  de  sucre  qu’on  meltoit  infuser  sur  du  capil- 
aire  , comme  nous  l avons  dit  précédemment  : ce  svron 
C it  peu  coloré  , et  il  avoit  le  goût  du  capillaire.  Présent 
tement  1]  n en  vient  plus  à Paris. 

Quelques  personnes  falsifient  ce  syrop.  Les  uns  mplpnr 
de  la  mélasse  avec  de  l’eau  , jusqU^ce 
consistance  de  syrop  capillaire.  D’autres  fom  ce  m&Lll 
^ec  de  la  cassonade  : d’autres  avec  du  miel.  Enfin  il°v 
a des  gens  qui  mêlent  parmi  ces  mélanges  des  mucilages 
de  gomme  arabique  , ou  de  racines' "mu cZZeusef 
niais  toujours  sans  capillaire  • mrrpmto  P s > 

rtr  J "“i . s*  sssivçac  sr 

Pulfent  <l0™y  leur  syrop  capillaire  au  prix  bas 
qu  ils  ont  coutume  de  le  vendre.  1 

Syrop  balsamique  de  Tohu 

% Baume  de  Tolu  , . - - v 

Eau  , . 4 4 4 * * * 


o vnja 

xi  • • 

10  1}. 


Mettez  infuser  au  bain-marie  dans  , 

pendant  douze  heures  : au  bout’  de  ce  emnTT  “ < 

la  liqueur  , lorsqu’elle  sera  refroidie  : mettez-  l’a  dans" 
autre  vaisseau  pareillement  clos  , avec  d 

Sucre  en  poudre  grossière  ii;  J X[Y, 

Faites  chauffer  au  bain-marie  nn„r  A'  j 

K ' " •n  <|«  I»WV.  ,.”£ü 

i.  i:'Esr'“?  .**■ 

internes  : il  est  anti-putride.  Les  Angloisen  fontF  ^ 1105 

d nsage.  La  dose  est  depuis  deux  gros  iuscm’i  Uf> 

«t  demie*  A to  5 jusqu  a une  oace£>0 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE» 


46$ 

Remarques. 

La  plupart  des  naturalistes  font  une  distinction  entre 
baurne  de  Tolu  et  baume  du  Péroq  en  coques  ; mais 
c’est  sur  des  caractères  très  équivoques  , et  qu’on  ne  ren- 
contre jamais  deux  fois  , qu’ils  fondent  cette  distinction. 
Les  droguistes  distinguent  ces  baumes  par  d’autres 
caractères  , qui  sont  purement  arbitraires. 

Il  peut  se  faire  qu’il  y ait  un  baume  qui  porte  le  nom 
de  Tolu  ; mais  il  est  certain  qu’on  11e  trouve  dans  le  com- 
merce que  du  baume  du  Pérou  en  coques  , que  1 on  vend 
pour  baume  de  Tolu  : on  n’en  emploie  pas  d autre  dans 
toutes  les  préparations  de  Pharmacie. 

Le  baume  du  Pérou  , que  nous  employons  dans  ce  sy- 
rop  est  une  résine  pure  qui  s’amollit  dans  l’eau  chaude  : il 
la  charge  d’une  petite  quantité  de  son  esprit  recteur  : cette 
eau  acquiert  une  odeur  et  une  saveur  fort  agréables  , mais 
qu  i son  t légères . 

Si  l’on  veut  que  ce  svrop  soit  plus  chargé  de  parties 
balsamiques  , on  peut  le  faire  de  la  maniéré  suivante. 

Sjrop  de  baume  de  Tolu  , réformé . 

On  verse  deux  gros  de  teinture  de.  baume  du  Pérou  , 
faite  par  de  l’esprit  devm  , et  bien  saturée  7 sur  huit  onces 
de  sucre  : on  pulvérise  le  sucre  lorsque  la  teinture  est  bien 
imbibée  : on  laisse  ce  mélange  à Pair  pendant  deux  ou 
trois  heures  , afin  que  l’esprit  de  vin  s’évapore  ; alors  on 
met  ce  sucre  dans  un  matras  } et  on  le  fait  dissoudre  au 
bain-marie  dans  cinq  onces  d’eau.  Lorsque  le  syrop  est 
entièrement  refroidi  , on  le  passe  au  travers  d’une  éta- 
mine , sans  l’exprimer  , afin  de  séparer  les  portions  de 
baume  qui  se  sont  réduites  en  grumeaux.  Ce  syrop  ne 
doit  pas  être  parfaitement  clair  ; il  est  plus  chargé  de 
parties  balsamiques  , et  doit  être  plus  efficace  que  le 

précédent. 

Syrop  de  roses  sèches. 

2£  Roses  de  Provins  onglées  et  séchées  , . , ïb  j Æ- 

Eau  bouillante  , * ^ !T*  , 

Cassonade  , q B* 


i I ÏMIKTÎ  UE  t H A R M A CI  F.  4^9 

On  met  les  roses  dans  une  cruche  de  grès  , ou  dans 
line  petite  cucurbite  d’etain  ; on  verse  par-dessus  l’eau 
bouillante  : on  laisse  macérer  ce  mélange  sur  les  cendres 
chaudes  , pendant  douze  heures  : au  bout  de  ce  temps 
on  coule  l’infusion  au  travers  d’un  linge  , en  exprimant 
c rnarc  cge  renient , pour  les  raisons  que  nous  avons  dites 
a article  du  miel  rosat  : on  dissout  le  sucre  dans  cette 
infusion  : ou  clarifie  le  mélange  avec  des  blancs  d’œufs 
et  on  lait  cuire  le  tout  en  consistance  de  syrop. 

Ce  syrop  est  astringent  et  fortifiant  : il  convient  dans 
es  diarihees  , la  dyssenterie  , le  vomissement  de  sang. 
La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 

| * 1 

S/rop  de  tussilage  ou  de  pas  -d’ âne. 


V rtus. 
Dose. 


9-  Fleurs  de  pas-d’âne  récentes  . 

Fan  bouillante  

Cassonade  


fo  j. 
it>  iij. 
îb  ijfi. 


On  fait  du  tout  un  syrop  , que  l’on  clarifie  et  que  l’on 
crut  en  consistance  comme  le  précédent. 

On  peut  , lorsqu  on  n’a  pas  de  fleurs  récentes  , faire 
ce  syrop  avec  quatre  onces  de  fleurs  scches. 

11  est  propre  pour  ia  toux  et  les  maladies  de  la  poitrine  • 
il  est  adoucissant  et  expectorant.  La  dose  est  depuis  deux  ^ 
gros  jusqu  a-  une  once.  ....  1 Dose, 


Syrop  d’absinthe. 

Grande  et  petite  absinthes  seches  , ââ:  . x iii 

Eau  bouillante  I d* 

Cassonade  ît>  iv 

On  fait  du  tout  un  syrop  que  l’on  clarifie  et  que  l’on 
cuit  en  consistance  requise.  1 

H aide  à la  digestion  ; il  fortifie  l’estomac  ; il  tue  les  v 

vers  ; il  est  un  assez  bon  emménagogue.  La  dose  est  de  ' ’ ' 
puis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie.  Dose. 

Syrop  d’armoise. 

H se  prépare  de  la  même  maniéré  que  celui  d’absinlhe. 

G g iij 


4jO  i L l M I JT  T S DI  PHARMACIE.' 

Vertus.  Ce  syrop  est  emménagogue  ; il  abat  les  vapeurs  liyste* 
posc  riques  ; il  pousse  un  peu  par  les  urines.  La  dose  est 
depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie, 

• , i ' s*  * 

Syrop  de  fume  terre,  r 


^ Suc  dépuré  de  fumeterre  , . . , , . , . ft>  iij. 
Sucre  blanc  ib  ij. 


On  fait  cuire  ce  mélange  à petit  feu  , jusqu’à  consis- 
tance de  syrop  , sans  le  clarifier. 

Le  syrop  de  fumeterre  convient  dans  les  maladies  de 
Vertus.  ja  peau  } pour  les  affections  dartreuses  et  pour  les  dartres 
mêmes  : il  pousse  par  les  urines.  La  dose  est  depuis 
pose>  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie, 

^ /•  n 

V Ç..  . w - 

Les  syrop  s 

de  bourrache  , de  bu  glose  t 
de  chicorée  ; d’ortie  minor  J 

se  préparent  de  la  même  maniéré. 

Syrop  d'althœa  ou  de  guimauve. 

Racines  de  guimauve  récentes  , . . . 5 vj, 

Eau  q.  s. 

Cassonade  1b  vj. 

p *%  \ 

On  prend  des  racines  de  guimauve  récentes  et  bien 
nourries  : on  les  lave  à plusieurs  reprises  , pour  ôter  la 
terre  : on  les  essuie  avec  un  linge  neuf  et  rude  , afin 
d’emporter  l’écorce  : on  les  coupe  par  tranches  : on  les 
fait  bouillir  sept  à huit  minutes  dans  environ  trois  ou 
quatre  livres  d’eau  : on  sépare  les  racines  de  la  décoction  : 
on  ajoute  la  cassonade  : on  clarifie  le  tout  avec  quelques 
blancs  d’oeufs  , et  on  fait  cuire  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il 
air  la  consistance  convenable  , ayant  le  soin  de  l’écumer  j 
on  le  passe  au  travers  d’un  blanchet,  lorsqu  il  est  clair  et 
suffisamment  cuit. 

11  faut  avoir  attention  de  ne  pas  faire  bouillir  tiop  long- 
temps les  racines  de  guimauve  , parcequ’elles  fournissent 
yn  mucilage  considérable  qui  rendroit  ce  syrop  trop  vis- 


ÏlÏMKNTS  de  pharmacie.  ^7r 

*jueux  , sans  augmenter  sa  vertu.  Ce  syrop  bouillant 
donne  au  pese-liqueur  trente  degrés  , et  trente-trois  degrés 
lorsqu’il  est  froid. 

Ce  syrop  adoucit  les  humeurs  acres  qui  occasionnent  Vertus 
la  toux  : il  est  expectorant  ; il  excite  l’urine  , et  il  tem- 
pere  les  douleurs  de  reins  ; il  convient  dans  les  coliques 
néphrétiques.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une^05*» 
once  et  demie. 


Syrop  de  mûres . 

Mûres  un  peu  avant  leur  maturité  , > 

Sucre  blanc  en  poudre  grossière  , $ aa  • lb  iv. 

On  met  dans  une  bassine  d’argent  les  mûres  entières 
et  le  sucre  en  poudre  grossière  : on  mêle  légèrement , en 
prenant  garde  de  ne  pas  trop  écraser  les  mûres  , et  on 
place  le  vaisseau  sur  un  feu  doux.  Les  mûres  , en  se 
crevant  par  la  chaleur,  fournissent  leur  suc  , qui  dissout 
le  sucre  : on  fait  prendre  au  tout  quelques  bouillons  ; 
lorsqu’il  est  suffisamment  cuit  , on  le  passe  au  travers 
d un  tamis  de  crin  propre  , sans  exprimer  le  marc  : ou 
serre  dans  des  bouteilles  le  syrop  , lorsqu’il  est  refroidi. 
Lorsqu’il  est  chaud  , il  donne  trente-deux  degrés  au  pese- 
liqueur  , et  trente-cinq  lorsqu’il  est  froid. 

il  est  rafraîchissant  : il  tempere  la  chaleur  de  la  bouche, 
et  de  la  gorge  : on  le  mêle  dans  les  gargarismes  : on  le  ' erfus' 
donne  aussi  pour  le  rhumatisme  depuis  deux  gros  jusqu’à 
une  once  et  demie.  J £>ose. 

Remarques. 

Ce  syrop  est  visqueux  : on  reconnoît  sa  cuisson  d’une 
maniéré  différente  de  celle  qu’on  emploie  pour  les  précé- 
dents : on  en  laisse  refroidir  un  peu  sur  une  assiette  • on 
le  prend  avec  une  cuiller , et  on  le  fait  tomber  d’environ 
un  pied  de  haut  : il  est  suffisamment  cuit  lorsqu’il  n’écla- 
bousse point , et  qu’il  forme  un  petit  bourlet  ou  éminence 
autour  de  1 endroit  où  il  tombe;  mais  l’usage  du  pese-Ji- 
queur  est  plus  sûr.  ü * 

Les  mures  que  l’on  emploie  pour  faire  ce  syrop  , doivent 
clie  choisies  un  peu  avant  leur  parfaite  maturité,  parce- 

Gg  iy 


Vertus. 

Dose. 


472  ÉLÉMENT*  T)  K PHARMACIE. 

qu’alors  elles  sont  un  peu  acides,  et  ce  syrop  doit  l’être. 
Lorsqu’elles  sont  entièrement  mûres  , elles  forment  un  sy- 
rop doux  et  mucilagineux.  Ce  syrop  n’a  pas  besoin  d’être 
clarifié;  il  se  clarifie  de  lui-même  en  bouillant. 

Plusieurs  Pharmacopées  prescrivent  de  faire  ce  syrop 
avec  deux  parties  de  sucre  , et  une  de  suc  exprimé  de  mû- 
res : mais  comme  l’odeur  de  ce  fruit  résidedans  ia  peau  , 
il  vaut  mieux  employer  les  mûres  entières  ; la  peau  souffre 
unecoction,  et  le  syrop  retient  davantage  l’odeur  du  fruit. 
D’autres  Pharmacopées  recommandent  de  faire  cuire  le 
sucre  à la  plume,  et  de  verser  les  mûres  entières  dans  le 
sucre  : on  fait  prendre  quelques  bouillons  pour  faire  cuire 
le  syrop,  et  on  procédé  pour  le  reste  comme  nous  l’avons 
dit  précédemment.  Cette  méthode  est  aussi  bonne  que  celle 
que  nous  avons  prescrite  : on  est  seulement  obligé  de  faire 
cuire  le  sucre  auparavant , ce  que  l’on  évite  par  notre  pro- 
cédé. 

Syrop  de  vinaigre, 

Vv*  • • • 

üf,  Vinaigre  de  vin  rouge  , % vnj. 

Sucre  blanc  , 5 xv* 

On  met  le  vinaigre  dans  un  matras  avec  le  sucre  en  pou- 
dre grossière  : 011  fait  chauffer  ce  mélange  au  bain-marie  , 
jusqu’à  ce  que  le  sucre  soit  dissous  : on  passe  le  syrop  au 
travers  d’une  étamine , et  on  le  conserve  dans  une  bouteille 
qu’on  bouche  bien. 

Le  syrop  de  vinaigre  est  un  excellent  anti-putride  : il  est 
rafraîchissant  : il  calme  les  ardeurs  de  la  fievre,  et  la  trop 
grande  chaleur.  La  dose  est  depuis  demi-once  jusqu’à  une 
once  et  demie  dans  un  verre  d’eau  ou  de  tisane  appropriée. 

Syrop  de  framboises  au  vinaigre . 


1 

Jp  Framboises  , îb  vj. 

Vinaigre  rouge  , îb  h- 

Sucre, 1b  X. 


On  prend  des  framboises  près  de  leur  maturité,  on  les 


ÉLÉMENTS  de  pharmacie.  473 

monde  de  leurs  queues  :on  les  met  dans  une  bassine  d’ar- 
gent, avec  le  vinaigre  et  le  sucre  concassé  : on  place  la 
bassine  sur  le  feu  : on  (ait  prendre  quelques  bouillons  au 
mélange,  ayant  soin  de  le  remuer  avec  une  spatule  , de 
crainte  qu’il  ne  s’attache  : lorsqu’il  est  suffisamment  cuit , 
on  le  coule  au  travers  d’un  tamis  de  crin,  comme  nous 
l’avons  dit  pour  le  syrop  de  mûres  : on  le  conserve  dans 
des  bouteilles  qu’on  bouche  bien. 

Ce  syrop  n’a  pas  besoin  d’être  clarifié , il  se  clarifie  de  lui-  ^ftrtus- 
même;  il  rafraîchit,  il  tempere  l’ardeur  de  la  soif  : on  en  ^ose« 
met  une  cuillerée  à bouche  dans  un  verre  d’eau.  Ce  syrop 
fait  suivant  cette  recette  est  très  agréable. 

Quelques  personnes  préparentce  syrop  avecplus  d’écono 
mie  : on  fait  infuser,  par  exemple,  une  livre  de  framboises 
dans  une  livre  de  vinaigre  rouge  pendant  vingt-quatre  heu- 
res; on  fdtre  ensuite  la  liqueur,  sans  presser  les  framboises. 
D’une  autre  part,  on  fait  cuire  deux  livres  de  sucre  à la 
plume;  alors  on  ajoute  le  vinaigre;  on  fait  bouillir  ce  mé- 
lange pendant  dix  minutes,  ou  jusqu’à  ce  que  le  syrop  soit 
suffisamment  cuit.  Mais  le  syrop  fait  de  cette  maniéré , est 
moins  agréable  ; l’odeur  de  la  framboise  réside  dans  la 
peau,  et  elle  en  fournit  davantage  au  syrop,  lorsqu’on  la 

lait  bouillir  avec  les  autres  substances. 

• 

Syrop  (V écorces  de  citrons. 

Ecorces  récentes  de  citrons ^ v. 

Eau  chaude,  ... 

Sucre  blanc  , j aa ^ b* 

On  met  les  écorces  de  citrons  dans  une  cucurbite  d’é- 
tain : on  verse  par-dessus  l’eau  presque  bouillante  : on  cou- 
vre le  vaisseau  : on  tient  l’infusion  dans  un  lieu  chaud  pen- 
dant douze  heures;  011  coule  l’infusion  sans  expression 
on  ajoute  le  sucre  : on  fait  cuire  le  tout  au  bain-marie  , jus- 
qu’à consistance  de  syrop,  et  lorsqu’il  est  à demi  refroidi , 
on  l’aromatise  avec  quelques  gouttes  d’esprit  de  citrons,  et 
non  avec  un  oleosaccharum  cit.ri , pour  les  raisons  que  nous 
avons  dites  précédemment. 

11  est  cordial,  alexipharmaque , carmînatif,  vermifuge.  Vortus* 
La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once.  ° Dose. 


Vertus. 

I>ÛSC. 


^74  ÉLÉMENTS  DE  PBARMACIïfj 

Syrop  de  quinquina  à Veau. 


^ Quinquina  concassé, 5 ir, 

Eau  pure, . . . ib  iv. 

Sucre  blanc  c . . . . fc  j. 


On  met  le  quinquina  dans  l’eau  froide  : on  le  laisse  in- 
fuser pendant  deux *011  trois  jours,  ayant  soin  de  l’agiter 
souvent  : on  passe  la  liqueur  au  travers  d’un  linge  propre  : 
on  la  filtre  ensuite  sur  un  papier  gris  : on  ajoute  le  sucre  : 
on  frit  cuire  le  tout  au  bain-marie  , jusqu’à  consistance 
de  syrop. 

Ce  syrop  est  fébrifuge;  il  arrête  la  flevre  intermittente  r 
il  est  stomachique,  il  excite  l’appétit.  La  dose  est  depuis 
deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 

Remarques. 

•*  • » \ • . 

Quelques  Pharmacopées  recommandent  de  faire  bouillir 
le  quinquina  dans  une  grande  quantité  d’eau,  de  la  faire 
réduire  au  quart,  et  d’ajouter  le  sucre  dans  la  décoction 
trouble;  mais,  d’après  ce  que  nous  avons  dit  précédem- 
ment, on  doit  bien  sentir  que  notre  méthode ‘est  préfé- 
rable, puisque  l’eau  froide  , pendant  l’infusion  du  quin- 
quina, dissout  tout  ce  que  ce  végétal  contient  d’elficace. 
Afin  d’éviter  les  redites,  nous  renvoyons  à ce  que  nous 
avons  dit  à l’article  des  infusions. 

Le  sucre  , que  l’on  fait  fondre  dans  l’infusion  de  quin- 
quina avant  de  la  faire  évaporer,  sert  à empêcher  la  sépa- 
ration de  la  résine  de  cette  substance  ; du  moins  il  s’en 
sépare  une  moindre  quantité  que  lorsqu’on  la  fait  évaporer 
d’abord  seule  : ce  syrop  bien  préparé,  est  parfaitement  clair. 

Syrop  de  quinquina  avec  le  vin . 


Quinquina  concassé % vj. 

Vin  rouge  de  bourgogne, fb  ij. 

Sucre  , lb  j fi . 


O11  fait  infuser  le  quinquina  dans  le  vin  pendant  sept  ou 
huit  jours,  ayant  soin  d’agiter  le  vaisseau  plusieurs  fois  par 


ÎÉLiMENTS  DK  PHARMACII,'  fyS 

jour;  alors  on  filtre  la  liqueur  au  travers  d’un  filtre  de  pa- 
pier gris  : on  met  ce  vin  de  quinquina  dans  un  matras , avec 
le  sucre  réduit  en  poudre  grossière,  on  le  fait  chauffer  mé- 
diocrement au  bain-marie  pour  faire  fondre  le  sucre. 

J1  donne  , lorsqu’il  est  chaud  , vingt-sept  degrés  et  dc- 
jni  au  pese-liqueur,  et  trente  lorsqu’il  est  froid. 

Ce  syrop  a les  mêmes  vertus  que  le  précédent  : mais  on 
doit  éviter  de  le  faire  prendre  à ceux  qui  ont  les  fibres  dé- 
licates et  faciles  à s’enflammer,  à cause  du  vin  qui  porte 
toujours  de  la  chaleur  : on  le  donne  à la  même  dose. 

Remarques. 

Quelques  Pharmacopées  recommandent,  pour  la  prépa- 
ration de  ce  syrop,  de  faire  d’abord  du  vin  de  quinquina  , 
et  d ajouter  a ce  vin  , en  place  de  sucre  , du.  syrop  de  quin- 
quina préparé  à l’eau  , qu’on  a fait  cuire  à la  plume  ; mais 
j’ai  remarqué  que  la  grande  chaleur  que  supporte  la  résiue 
ou  quinquina  pendant  la  cuitte  de  ce  syrop,  la  décompose 
entièrement  : elle  se  précipite  au  fond  des  bouteilles  quel- 
ques jours  après  : cette  substance  résineuse,  ainsi  préci- 
pitée , n est,  que  très  peu  dissoluble  dans  l’esprit  de  vin. 
Par  le  procédé  que  nous  proposons  , on  n’est  exposé  à 
aucun  de  ces  inconvénients. 

Dans  1 un  et  dans  1 autre  syrop  , nous  prescrivons  du 
quinquina  concassé  , et  non  en  poudre,  pareeque  si  l’on 
fait  usage  du  quinquina  réduit  en  poudre  hue  pour  former 
ces  syrops  , une  partie  reste  suspendue  dans  les  liqueurs  , 
trouble  leur  transparence  , et  se  dépose  dans  les  bou- 
teilles ait  bout  d’un  certain  temps  : d’ailleurs  l’eau  ou  lo 
vin  se  charge  également  de  toutes  les  parties  extractives 
du  quinquina  concassé. 


Syrop  de  chou  rouge. 

& C.kou  ronge  coupe  menu  , . . 

Eau  

Sucre, 


îb  ij. 

5 vî* 

q.  f. 


On  met  le  chou  rouge  avec  l’eau  dans  un  vaisseau  clos: 
on  le  place  au  bain-marie  pour  faire  ramollir  le  chou,  ou 
plutôt  pour  le  cuire  environ  à moitié  , afin  qu’il  rende 


Vertus. 

Dose. 


Vertus. 

Dose. 


47  6 ÉLÉMENTS  DE  V H A R M A C’i  ï, 

son  suc  : on  le  met  dans  un  linge  , et  on  l’exprime  bien 
modérément  : on  passe  la  liqueur  au  travers  d’un  blan- 
cliet  , et  sur  chaque  livre  on  fait  dissoudre  trente  onces 
de  sucre.  ! îL 

Le  syrop  de  chou  rouge  est  pectoral  : on  le  donne  dans 
la  pulinonie  et  dans  la  phthisie  , comme  restaurant.  La 
dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 

Remarques. 

La  petite  quantité  d’eau  qu’on  fait  entrer  ici  pour  cuire 
le  chou  sulfit  pour  obtenir  le  suc  de  ce  végétal,  il  convient 
de  le  faire  cuire  au  bain-marie;  si  on  le  faisoit  cuire  à feu 
n ud  , il  seroit  en  danger  d’être  brûlé  : il  ne  faut  pas  non 
plus  qu’il  soit  entièrement  cuit  , pareequ’il  se  converti- 
roit  tout  en  pulpe  , qui  retiendroit  tout  le  liquide  du 
chou.  On  ne  doit  expriiher  que  doucement  et  légèrement  ; 
sans  cette  précaution,  on  feroit  passer  au  travers  du  linge 
un  peu  de  pulpe  qui  troubleroit  le  suc  et  l'empécheroit 
de  se  filtrer  au  travers  du  blanchet  ; ce  qui  rendrait  ce 
syrop  plus  dégoûtant  sans  lui  donner  plus  de  vertu  : son 
odeur  est  désagréable  , et  tire  sur  celle  du  foie  de  soufre. 

i Syrop  de  kermès. 

Le  syrop  de  Kermès  se  prépare  en  Languedoc  et  en  Pro- 
vence : on  en  fait  aussi  beaucoup  en  Espagne  et  en  Portu- 
gal , mais  on  préféré  celui  de  France.  On  fait  ce  syrop 
avec  le  suc  exprimé  des  galles- insectes  de  couleur  rouge, 
qui  se  multiplient  sur  une  espece  de  chêne  verd  : on  nomme 
cette  galle-insecte  graine  de  kermès  ou  graine  d' écarlate  : 
on  s’en  sert  dans  la  teinture. 

On  prépare  en  Languedoc  et  en  Provence  ce  syrop  aux 
mois  de  mai  et  de  juin  , qui  est  Je  temps  où  cette  galle- 
insecte  est  bien  rouge  et  dans  le  meilleur  état  de  maturité. 

On  en  pile  une  certaine  quantité  dans  un  mortier  de 
marbre,  avec  un  pilon  de  bois  : on  laisse  macérer  cette 
matière  à froid  pendant  sept  ou  huit  heures  , afin  d’atté- 
nuer sa  viscosité  en  lui  faisant  subir  un  léger  mouvement 
de  fermentation  : alors  on  en  lire  le  suc  par  le  moyen  de  la 
presse  : on  laisse  reposer  ce  suc  : on  le  tire  par  inclination 
pour  le  séparer  de  la  fécule  qu’il  a laissé  précipiter.  On  la 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  ^77 

mêle  avec  son  poids  égal  de  sucre  bianc  , et  on  le  fait 
cuire  à petit  feu  , jusqu’à  ce  qu’il  ait  acquis  une  consistance 
semblable  à celle  de  la  térébenthine. 

On  donne  à cesyrop  une  plus  grande  consistance  qu’aux 
syrops  dont  nous  avons  parlé,  parcequ’il  ne  pourrait  se 
conserver  sans  cela  , et  aussi  pour  pouvoir  le  transporter 
plus  facilement. 

On  doit  choisir  le  syrop  de  Kermès  d’un  rouge  brun 
tirant  sur  le  pourpre  , sans  grumeaux  , d’une  bonne  con- 
sistance et  qui  11e  soit  point  désagréable.  Ce  syrop  est 
sujet  à sentir  l’aigre  quand  il  est  suranné. 

Avant  que  d’employer  ce  syrop  , on  doit  le  liquéfier  à 
une  douce  chaleur  et  le  passer  au  travers  d’une  étamine, 
afin  d’en  séparer  une  certaine  quantité  de  graines  con- 
cassées , qui  s’y  trouvent  toujours  par  la  négligence  des 
ouvriers. 

Le  syrop  de  Kermès  fortifie  le  cœur  et  l’estomac  ; il 
empêche  l’avortement.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jus-  Dose 
qu’à  une  once. 

Des  syrops  simples  qu'on  doit  faire  parla  distillation  ; 

On  se  propose,  dans  la  confection  de  plusieurs  de  ces 
syrops,  de  conserver  les  parties  aromatiques  et  les  parties 
extractives  des  ingrédients.  Dans  d’autres  , on  a pour 
objet  de  retenir  seulement  les  parties  aromatiques  , dé- 
pouillées de  toutes  les  substances  extractives. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  ces  derniers  ; ainsi  nous  n’en 
dirons  rien  de  plus:  nous  allons  examiner  ceux  qui  con- 
tiennent en  même  temps  les  parties  extractives  et  les  par- 
ties aromatiques.  11  paraît  que  les  syrops  faits  par  la  dis- 
tillation sont  postérieurs  à Silvius  ; du  moins  il  n’en  parle 
point  dans  sa  Pharmacopée;  ce  n’est  que  depuis  lui  qu’on 
a senti  la  nécessité  d’en  préparer  ainsi  , afin  de  leu/con- 
server  les  substances  volatiles  et  aromatiques  des  ingré- 
dients qu’on  fait  entrer  dans  leur  composition.  Les  syrops 
par  distillation  sont  néanmoins  anciennement  connus  : 
ils  se  trouvent  décrits  dans  un  ouvrage  intitulé  , Messis 
medico-spagyrica  , in-fol.  Cologne , 1697  > Pa§e  1 7 3 et 
suivantes  ; dans  les  Pharmacopées  de  Wirtemberg  et  de 
Vienne  , et  dans  un  grand  nombre  d’autres  Pharmaco- 
pées. La  faculté  de  Paris  a adopté  cette  méthode-,  pour 


ELEMENTS  Dt  PHARMACIE.' 

la  préparation  de  plusieurs  syrops  décrits  dans  son  exceL 
lent  Dispensaire. 

Syrop  de  menthe. 

Sommités  de  menthe  frisée  , récentes  , . . 5 îr* 
Eau  pure  , fo  ij. 

Distillez  au  bain-marie  pour  tirer  six  onces  de  liqueur.' 
Dissolvez  dans  un  inatras  au  bain-marie  dans  cette  liqueur 
dix  onces  de  sucre  réduit  en  poudre  grossière , et  conservez 
ce  syrop  à part.  D’une  autre  part,  passez  la  décoction , me- 
lez-la  avec  quatre  livres  de  cassonade  blanche,  clarifiez  le 
tout  avec  quelques  blancs  d’œufs,  et  cuisez  en  consistance 
de  syrop.  Lorsqu’il  sera  presque  refroidi , mêlez-le  avec  le 
premier  syrop  , et  serrez-le  dans  des  bouteilles  qui  bou- 
chent bien. 

Vertus.  Ce  syrop  est  cordial , stomachique,  emménagogue.  La 
Dose,  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 


Les  syrops 


d’hysope  , 
de  mélisse  , 
de  myrte  , 
de  inarrube  , 
de  scordium  , 


de  stécas, 
d’érysimum  , 
de  lierre  terrestre," 
de  millefeuille  , 
etc. 


se  font  de  la  meme  maniéré. 


On  peut  consulter  les  vertus  de  ces  plantes,  pour  con* 
noître  celles  de  ces  syrops. 


Remarques. 

Lorsqu’on  prépare  les  eaux  distillées  de  ces  végétaux  , oïl 
emploie  une  bien  plus  grande  quantité  de  ces  plantes , que 
celles  que  nous  demandons  pour  la  préparation  des  syrops  i 
ces  eaux  distillées  sont  infiniment  plus  odorantes.  Lors- 
qu’on en  a de  bien  préparées  , il  vaut  mieux  les  employer 
dans  les  mêmes  proportions  que  la  liqueur  aromatique 
tirée  par  la  distillation  de  la  petite  quantité  des  plantes 
que  nous  faisons  entrer  dans  ces  syrops.  On  en  fait  un 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE/  \ 79 

syrop  dans  des  vaisseaux  clos  , comme  nous  venons  de 
le  dire  : on  fait  également  une  légère  décoction’  de  ces 
plantes,  avec  laquelle  on  fait  un  syrop  extractif  qu’on 
mêle  au  premier.  Cette  méthode  mérite  la  préférence  : 
niais  lorqu’on  n’a  pas  d’eaux  distillées,  on  peut  employer 
la  première  méthode. 

Des  syrops  composés  altérants . 

Les  syrops  composés  altérants  se  font  de  même  que  les 
syrops  simples  , sans  distillation  , et  par  la  distillation. 
Mous  examinerons  d’abord  les  premiers. 

Syrop  (T orgeat, 

3-'  Amandes  douces  , > -- 

^ ’ {.(ta 

ameres,  Ç 

Eau  pure 

Sucre  

Eau  de  Heurs  d’oranges  ordinaire , . . 

Esprit  de  citrons, 

On  met  les  amandes  dans  de  l’eau  bouillante,  et  hors 
du  feu  : on  les  y laisse  cinq  à six  minutes  , ou  jusqu’à  ce 
que  la  peau  puisse  s’en  séparer  facilement  : on  les  monde 
de  leurs  enveloppes  , et  on  les  met  à mesure  dans  l’eau 
froide  , afin  de  les  raffermir  et  de  les  laver.  Alors  on  les 
pile  dans  un  mortier  de  marbre  , avec  une  petite  quantité 
de  1 eau  prescrite,  jusqu  a ce  qu’elles  soient  réduites  en 
pâte  très  deliee , et  qu  on  n appercoive  plus  sous  les  doigts 
ou  entre  les  dents,  de  portion  grossière  des  amandes.  On 
delaie  cette  pâte  avec  la  plus  grande  partie  de  l’eau*  qui 
entre  dans  la  recette  : on  en  réserve  environ  une  livre.  On 
passe  le  mélange  au  travers  d’une  toile  forte  , et  on  l’expri- 
me à deux  personnes  , le  plus  qu’il  est  possible.  On 're- 
met le  marc  dans  le  mortier  : on  le  pile  pendant  environ 
un  quart  d’heure  : on  ajoute  l’eau  qu’on  a mise  à part  • 
on  passe  de  nouveau  avec  expression  : on  mêle  les  deux 
liqueurs  ensemble;  c’est  ce  que  l’on  nomme  lait d aman- 
des , ou  émulsion. 

On  met  cette  liqueur  dans  un  poêlon  darqent  avec  la 
quantité  de  sucre  prescrite  ; on  fait  chauffer  ce  mélange  au 


w « 


Vertus. 

Dose. 


/j.S0  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

bain-marie,  ou  à une  chaleur  à-peu-près  semblable. Lors- 
que le  sucre  est  bien  dissous  , on  tire  le  poêlon  hors  du  feu  ; 
et  lorsque  le  syrop  est  presque  refroidi,  on  l’aromatise 
avec  l’esprit  de  citrons  & l’eau  de  fleurs  d’oranges  , qu’on 
a mêlées  auparavant.  O11  passe  ce  syrop  au  travers  d’une 
étamine  blanche  , et  on  le  serre  dans  des  bouteilles  qui 
bouchent  bien  : c’est  ce  que  l’on  nomme  syrop  d’orgeat. 

11  doit  donner  au  pese-liqueur  trente  degrés  lorsqu'il 
est  bien  chaud  , et  trente-deux  degrés  lorsqu’il  est  refroidi. 

Le  syrop  d’orgeat  est  rafraîchissant,  humectant,  adou- 
cissant, pectoral  et  restaurant.  La  dose  est  d’une  cuillerée, 
qu’on  délaie  dans  un  verre  d’eau.  On  l’emploie  avec  suc- 
cès dans  les  ardeurs  d urine  , et  dans  plusieurs  maladies 
inflammatoires. 


Remarques. 


Au  lieu  de  faire  dissoudre  le  sucre  dans  le  lait  d’aman- 
des , on  peut,  si  l’on  veut,  faire  cuire  le  sucreàla  plume, 
et  y ajouter  le  lait  d’amandes  tandis  qu’il  bout  : on  fait 
prendre  un  ou  deux  bouillons  au  mélange  , et  on  tire  le 
syrop  hors  du  feu  : cette  méthode  est  aussi  bonne  que  la 

précédente.  . 

O11  n’aromatise  ce  syrop  que  lorsqu’il  est  presque  relroi- 
di  : si  on  faisoit  cette  opération  tandis  qu’il  est  bouillant, 
la  chaleur  feroit  dissiper  le  plus  volatil  et  le  plus  délicat 


des  aromates. 

On  passe  ce  syrop  après  qu’il  est  refroidi , afin  de  diviser 
et, de  mieux  mêler  une  pellicule  épaisse,  mucilagineuse  , 
qui  vient  nager  à la.surface  , et  qu’il  est  essentiel  de  con- 
server dans  ce  syrop.  On  doit  prendre  garde,  pendant  sa 
cuitte  , qu’il  ne  se  lasse  une  trop  grande  évaporation , 
parcequhl  se  trouveroit  trop  cuit , et  n seioit  sujet  à cau- 
dir  quelques  temps  après  qu’il  seroit  fait. 

Q uelques  Pharmacopées  prescrivent  d’employer  une  dé- 
coction d’orge  pour  faire  le  lait  d’amandes  : ce  qui  est 
bon  à observer  quand  on  fait  un  syrop  d’orgeat  médicinal  ; 
mais  quand  on  prépare  ce  syrop  pour  la  délicatesse,  plu- 
tôt que  pour  servir  de  médicament , il  convient  de  retran- 
cher la  décoction  d’orge  , pareequ’il  lui  donne  un  goût 
fade  et  assez  désagréable. 

Quelques  Pharmacopées  ne  font  pas  entrer  une  aussi 

manae 


ÉLÉMENTS  DE  EHARMAelE;  j 

JiaUcle  quantité  d’amandes  ameres  : mais  j’ai  remarqué 
qu  avec  la  dose  que  nous  donnons  ici,  ou  forme  un 
iyrop  infiniment  plus  agréable. 

Plusieurs  dispensaires  recommandent  de  faire  ce  svrm» 

• ave<j  ,es  lluatro  semences  froides  , dans  le  dessein  de  fo 
rem  Ire  plus  rafraîchissant  ; mais  il  ne  l’est  pas  davantage- 
d ailleurs  , il  est  ditficile  d’avoir  ces  semences  récentes - 
les  sont  fort  sujettes  a etre  rances.  O11  sent  bien  qu’eii 
employant  de  pareilles  semences  , on  ne  peut  faire  qu’un 
syrop  de  mauvaise  qualité , qui , loin  d’être  rafraîchissant 
don  au  contraire  occasionner  des  chaleurs  dans  la  coree 
et  des  acretés  dans  1 estomac.  °G> 

Les  amandes  douces  et  arriérés  sont  beaucoup  plus  f, 
des  a trouver  récentes  ,.  parcequ’on  en  dtTuie  pins' 
grande  consommation.  D’ailleurs  , on  nous  les  envo fo 

- «nd^r  C6S  ’ Cê  qUi  ]eS  fréserve  b“P  ^ 1* 

On  fan  un  syrop  de  la  même  manière  que  celui  d’or- 
geat , avec  les  pistaches  : on  le  nomme  nrl  de  pisiach  û 

K \l^°P  d orSea}  ^ Pùtaehes.  H est  d’une  couleur  ver- 
atic,  ce  qui  vient  du  parenchyme  de  l’amende  des  pis 
iaches  qui  a cette  couleur  : H reste  prodfoieu  emenÉ 
divise  dans  ce  syrop  , et  lui  communiqué  sa  ST* 

lotis  ces  syrops  d’orgeat  pourroient  se  conserver  r,Pn 

dan  deux  années , lorsqu’ils  ont  été  bien  faits  et  w,m 

es  tient  dans  un  lieu  irais  , et  dans  des  bôu’tdlles  en- 
tic  renient  pleines  et  bien  bouchée'?  Oiînln 

qu’ils  sont  faits , ils  se  séparé* en  débite, °Î?,P*  ^ 

mferieure  devient  claire  et  transparcmieCelIe  qfo  é" 

Vene  si  c’est  du  syrop  de  pistaches  ô^ûe  e,  lu'sé  tis^ 
que  la  partie  inférieure.  Cette  partie  du  svron  m lu  i 
es  amandes  mêlée  du  parenchyme  divisé  eU  une  po* 

**  -■*  - “o  : 

u h 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

quoi  elle  moisit  et  s’aigrit  à sa  surface  , et  communique 

une  saveur  très  désagréable  au  syrop. 

Quelques  personnes  ont  cherché  les  moyens  d empê- 
cher le  syrop  d’orgeat  de  se  séparer.  Les  unes  prétendent 
qu’en  pilant  les  amandes  avec  une  grande  partie  de  sucre 
qui  entre  dans  la  recette  , on  forme  un  oleosaccharum 
qui  divise  l’huile  davantage  , et  lait  quelle  ne  se  sépare 
plus  avec  la  même  facilité.  D’autres  font  leur  lait  d a- 
înandes  avec  de  l’eau  de  chaux.  Quelques  unes  mêlent 
un  peu  d’huile  de  tartre  par  défaillance  en  pdant  les 
amandes  , ou  la  mettent  dans  le  lait  apres  qu  il  est  lait. 
Mais  toutes  ces  matières  étrangères,  ajoutées  au  syrop 
d’orgeat , ne  servent  qu’à  diminuer  ses  bonnes  qualités  , 
sans  remédier  à sa  séparation  : cette  propriété  lui  est 
inhérente  par  la  nature  des  substances  qui  le  composent. 
On  peut  dire  en  général  qu’il  se  sépare  un  peu  moins 
promptement,  lorsqu’il  est  bien  cuit  , que  lorsqu  U est 
dans  un  état  contraire  ; parcequ’alors  les  parties  huileu- 
ses ne  peuvent  se  mouvoir  avec  la  meme  facilite  dans 
une  liqueur  épaisse  pour  se  séparer  , que  dans  un  liquida 

qui  a moins  de  consistance.  c 

Quelques  personnes  falsifient  ce  syrop  , et  le  font  aveô 
du  lait  de  vache  et  un  peu  de  lait  d’amandes  , pour  m 
donner  de  la  saveur  : ils  emploient  de  la  me-asse  en 
place  de  sucre,  et  ils  mêlent  du  mucilage  de  graines  ce 
lin  ou  de  colle  de  poissons,  pour  lui  donner  la  consis- 
tance convenable  ; d’autres  mêlent  de  l’amidon  avec  de 


tance  COInUiauu.  , ï 

la  mélasse  et  une  suffisante  quantité  d eau.  Ces  pré- 
tendus syrops  d’orgeat  ne  peuvent  se  garder  tout  au  p us 
que  huit  ou  dix  jours  , lorsque  les  bouteilles  sont  en- 
tamées. 


Syrop  cl  s pavot  blanc  ou  de  dicicode. 


21  Têtes  de  pavot  blanc  , lh  ]• 

Cassonade , iv. 


On  coupe  par  morceaux  les  têtes  de  pavot  : on  en  sé- 
pare la  graine  qu’on  rejette  comme  inutile  : on  fait  bouil- 
lir les  têtes  de  pavot  dans  seize  livres  d eau  pendant  un 
quart  d’heure  : on  passe  la  décoction  avec  expression  . on 
je  fait  bouillir  le  marc  dans  de  nouvelle  eau  : on  passe  d® 


483 


Eléments  Di  pharmacie, 

nouveau  : on  mêle  les  liqueurs  : on  ajoute  le  sucre,  ou 
clarine  Je  tout  avec  quatre  blancs  d’œufs  : on  écume  ce 
syrop , et  on  le  fait  cuire  en  consistance  convenable. 

Ce  syrop  est : calmant , somnifère  : il  adoucit  les  âcretés  Vertu» 
de  la  gorge  et  de  la  trachée  artere  ; on  le  donne  dans  le  cas 
ou  d est  nécessaire  d’engourdir  et  d’appaiser  les  douleurs 

internes  : il  calme  la  toux.  La  dose  est  depuis  deux  gros  Dose 
jusqu  a une  once.  1 ° * uose* 

Toutes  les  Pharmacopées  prescrivent  de  faire  le  «mr, 
de  pavot  blanc  comme  je  viens  de  le  rapporter,  avecquef- 
ques  variétés  dans  les  doses  ; mais  j’ai  remarqué  que  c8 
syrop  a deux  inconvénients  ; savoir  , d'être  trop  vis  feux 

&eapT v“V  C°mme  iS  Vai  JU  Cn  ^ /extrait  dés 

Quelques  dispensaires  recommandent  de  laisser  la  ot3m« 
e pavot , et  de  la  faire  bouillir  avec  les  têtes  ; mais  elles 
ne  sont  propres  qn  a fournir  un  mucilage  fort  épais  nui 
n est  nullement  somnifère  , et  qui  occasionne  plus  promp- 
temeut  la  destruction  de  ce  syrop.  Pour  toutes  Ces  raisons 
je  crois  qu  on  pourrait  substituer  au  syrop  de  diacode  u™ 
syrop  d opium  fait  de  la  manière  suivante. 

Syrop  d'opium. 

Extrait  d opium  par  digestion,  i r 7 
Cassonade, \ 


V ? 0 è 

Z n j*1 
îh  ivi 


On  fait  dissoudre  1 opium  dans  deux  livres  et  demîa 
d eau  de  nviere  : on  ajoute  la  cassonade  : on  clarifie  le  touî 
avec  deux  ou  trois  blancs  d’œufs , et  on  fait  cuire  ce  mé- 
lange  jusqu  a consistance  de  syrop.  C~  é 

Ce  syrop  d’opium  est  un  calmant  infiniment  plus  sûr  Vertus 
que  le  syrop  de  diacode  : il  est  un  somnifère  doux  • U Con  ' 
vient  dans  tous  les  cas  où  il  est  nécessaire  de  calme  que  ' 
ques  douleurs  , soit  internpQ  r , r 


contient  environ  deux  grains  d’opium  par  once^  - ü 

Syrop  de  harabét 
& Syrop  d’opium , , 4 , , . , t 
Esprit  de  succin  lion  rectifié 


♦ 

h 


* . îb 

• • 3 ijé 
H h ij 


'484  Eléments  de  pharmacie.'' 

On  mêle  exactement  ces  deux  liqueurs  , et  on  les  com 
serve  dans  une  bouteille. 

Vertus*  H a les  mêmes  vertus  que  le  syrop  d’opium  , on  lui  atta- 
Dose.  bue  de  plus  une  vertu  céphalique.  La  dose  est  depuis  deux 
gros  jusqu’à  une  once. 

Remarqües. 

On  faisoit  autrefois  ce  syrop  en  torréfiant  ensemble  un 
mélange  d’opium  et  de  succin  ; on  faisoit  ensuite  une  dé- 
coction avec  une  portion  de  la  matière  qui  îestoit , de  la- 
quelle on  formoit  un  syrop  avec  du  sucre.  Mais  la  faculté 
de  Paris  a retranché  de  son  dispensaire  cette  préparation  , 
pour  substituer  en  place  un  syrop  d’opium  auquel  on 
ajoute  de  l’esprit  de  succin.  Il  est  certain  qu’on  peut  mieux 
compter  sur  îa  vertu  d’un  pareil  syrop , que  sur  celui  qu  on 
préparait  par  la  torréfaction  des  ingrédients  ; pareequ  .il 
est  difficile  de  saisir  constamment  le  même  point  de  torré- 
faction. 

Syrop  de  Gl aubert. 

^ Fleurs  argentines  de  régule  d’antimoine  , o G- 

On  met  dans  une  fiole  à médecine , ou  dans  un  poelori 
d’argent,  dix  onces  d’eau  bouillante  : on  ajoute  les  fleuis 
argentines  de  régule  d’antimoine,  qu’on  a réduites  en  pou- 
dre impalpable  auparavant  : on  fait  bouillir  un  instant  : on 
filtre  la  liqueur,  et  on  en  pese  neuf  onces  qu’on  met  dans 
un  matras  , avec  une  livre  de  sucre  fin,  cassé  par  petits 
morceaux  : on  fait  fondre  le  sucre  au  bain-marie:  lorsque 
le  sucre  est  fondu  , on  passe  le  syrop  au  travers  d une  éta- 
mine , et  on  le  conserve  dans  de  petites  bouteilles, 
à On  attribue  à ce  syrop  une  vertu  fébrifuge  dans  les  hevres 
intermittentes  : on  le  croit  diaphonique  et  propre  dans  les 
Dose  maladies  scrophuleuses.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jus- 
qu’à deux  onces. 

Syrop  de  corail. 

^ Corail  rouge  préparé, : • • • ? lV* 

On  le  met  dans  un  matras , ayec  quatre  livres  de  suc 


lÉL^MENTS  DE  PHARMACIE» 

berberis.  On  place  le  inatras  sur  un  bain  de  sable  chaud  ; 
et  on  fait  digérer  jusqu’à  ce  que  le  suc  de  berberis  soit  par- 
faitement saturé  de  corail;  ayant  soin  d’agiter  le  vaisseau 
de  temps  en  temps  , afin  d’accélérer  la  dissolution  du  co- 
rail. Ensuite  ou  filtre  la  liqueur  au  travers  d’un  papier  gris: 
on  pese  la  liqueur  filtrée  , et  on  ajouLe  trente  onces  de  sucre 
par  chaque  livre  de  liqueur  : on  place  le  vaisseau  au  bain- 
marie  ; et  lorsque  le  sucre  est  parfaitement  dissous  , on 
ajoute  quatre  onces  de  syrop  de  termes  par  chaque  livre  de 
syrop.  • 

On  attribue  à ce  syrop  une  vertu  cordiale,  propre  à for- 
tifier l’estomac  et  le  foie  : il  est  astringent  : il  arrête  les  cours 
de  ventre  , le  flux  des  menstrues  et  des  hémorroïdes  , le 
crachement  de  sang.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à 
line  once. 

Remarques. 

i 

» | f » ; , \ [ j t ; i , 4 ( j 

Nous  avons  déjà  fait  remarquer  , à l’occasion  de  la  tein- 
ture de  corail , la  combinaison  que  forme  le  corail  avec  le 
suc  de  berberis.;  ainsi  nous  n’en  parlerons  pas  davantage. 
Quelques  Pharmacopées  recommandent  d’employer  du  suc 
de  xermes  au  lieu  de  syrop  ; mais  la  difficulté  d’avoir  cette 
drogue  pure  et  en  bon  état  est  cause  qu’on  est  obligé  de 
mettre  à sa  place  du  syrop  de  Kermès , qu’on  trouve  commo* 
dement.  On  ne  peut  avoir  le  suc  pur  , que  des  mains  de 
quelques  teinturiers  qui  en  emploient  : il  est  bon  pour 
1 usage  qu’ils  en  font  ; mais  il  peut  être  défectueux  pour 
celui  de  la  Médecine. 

11  reste  sur  le  filtre  qui  a filtré  la  dissolution  de  corail  ,' 
un  dépôt  terreux  ; c’est  une  petite  quantité  de  corail  qui 
étoit  excédante  à la  saturation  du  suc  de  berberis.  Si  on  le 
lave  et  qu’on  le  fasse  sécher  pour  le  peser , on  en  trouve  de- 
puis une  once  et  demie  jusqu’à  deux  onces  : cela  dépend  du 
degré  d’acidité  du  suc  de  berberis. 

La  dissolution  de  corail  doit  se  faire  dans  un  très  grand 
matras  , pareeque  dans  le  commencement,  l’effervescence 
est  si  vive  et  le  gonflement  si.  considérable , que  si  le  vase 
étoit  trop  petit,  la  matière  passeront  par-dessus  les  bords 
du  vaisseau, 

LI  h iij 


Vertus 

Dose.' 

I 


486  ÉLÉMENTS  35  E PHARMACIE* 


Sypop  des  cinq  racines  apcritives . ' 


^ Racines  d’ache , 

de  fenouil , 
de  persil , 
de  petit  houx, 
d’asperges , 


<* 


Eau , . . 

Cassonade , 


w • - 

5 iV-i 


q s. 
ib  r. 


On  lave  les  racines  : on  les  coupe  grossièrement  : on  les 
fait  bouillir  pendant  un  demi-quart  d’heure,  dans  environ 
dix  livres  d’eau  : on  passe  la  décoction  : on  ajoute  la  casso- 
nade : on  clarifie  le  tout  avec  quatre  blancs  d’œufs  : on  lait 
cuir  le  mélange  jusqu’à  consistance  de  syrop  : lorsqu’il  est 
cuit , on  le  passe  au  travers  d’un  Manchet. 

Yertus.  Ce  syrop  leve  les  obstructions  du  foie , de  la  rate  et  du 
mésentere  : il  pousse  par  les  urines-:  il  convient  dans  l’hy- 
■jDosç.  dropisie  , la  gravelle  , et  pour  faire  couler  la  bile.  La  dose 
est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once. 

Syrop  d’altœa  ou  de  guimauve  compose . 


Racines  de  guimauve  récentes,  ^ if.' 

...  • • % j* 


■ d’asperges  , q 

> à ci 


de  réglisse , 
de  chiendent,  J 

Feuilles  de  guimauve  récentes,  -v 

pariétaire , / 

pimprenelle,  V cia.  . . ^ j 
plantain  , \ 

capillaire , J 

Eau,  ]b  xîf: 

Sucre, 4 ..  . îb  vj. 


On  nétoie  les  racines  : on  les  coupe  grossièrement  : or? 
les  fait  bouillir  pendant  cinq  à six  minutes  : on  hache 
les  herbes  , et  après  les  avoir  nétoyées  et  lavées  , on  les 
jnct  dans  la  décoction  des  racines.  On  fait  bouillir  la 


îl^mïnts  de  puakmacie’.  487 

tout  pendant  huit  ou  dix  minutes.  Ensuite  on  passe  la 
décoction  , en  exprimant  le  marc  modérément  : 011  fait 
dissoudre  le  sucre  dans  la  décoction  : on  clarifie  le  tout 
avec  trois  ou  quatre  blancs  d’œuls  : 011  le  fait  cuire  jus- 
qu’à consistance  de  syrop  , ayant  soin  de  l’écumer  , et 
on  le  passe  au  travers  d’un  blunchet  , lorsqu’il  est  suffi- 
samment cuit. 

Il  adoucit  la  pituite  âcre  qui  descend  sur  la  poitrine  et  Vertu*, 
les  reins  : il  facilite  l’expectoration  : il  pousse  par  les  uri- 
nes : il  chasse  le  sable  des  reins  : il  est  propre  pour  la 
colique  néphrétique.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  Dose* 
1111e  once  et  demie. 


Syrop  d'absinthe  composé . 

r 

21  Sommités  seches  d’absinthe  major,  7 

- > aa  \ îv. 

, minor,  ) ^ 

Roses  de  Provins  seches  , J ij. 

Canelle  5iij. 

Suc'  de 'coings,  7 --  ..w. 

Vin  blanc , " 3 aa Ibq^ivv 


On  coupe  menu  les  sommités  d’absinthe  : on  les  met 
dans  un  matras  avec  les  roses  et  la  canelle  concassée  : on 
verse  par-dessus  le  vin  blanc  et  le  suc  de  coings  : on  bou- 
che le  matras  avec  du  parchemin  qu’on  assujettit  avec 
du  fil  : on  fait  digérer  le  mélange  pendant  vingt-quatre 
heures  à une  douce  chaleur  : alors  on  passe  avec  expres- 
sion : on  libre  la  liqueur  au  travers  d’un  papier,  gris  , et 
on  la  môle  avec  moitié  de  son  poids  de  sucre.  On  fait 
évaporer  à une  chaleur  douce  l’humidité  surabondante  , 
jusqu’à  ce  que  le  mélange  ait  acquis  la  consistance  re- 
quise. La  partie  spiri tueuse  du  viu  se  dissipe  : on  11’a 
pas  intention  qu’elle  reste  ; mais  sa  portion  extractive  fait 
partie  de  ce  syrop. 

11  fortihe  l’estomac  , aide  à la  digestion  , arrête  îes  Vertu#; 
diarrhées  : il  convient  dans  les  coliques  venteuses  , dans 
les  maladies  hystériques  : il  provoque  les  mois  aux  fem- 
mes. La  dose  est  depuis,  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  R°sei 
demie. 


II  h iy 


488  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 


ùyrop  rèsumptif  de  tortues. 

. . [ . . . I 

^ Chair  de  tortue , $>  j. 

Raisins  secs  , 7 -- 

Kéglisse , f aa ' ? 

Cacao  , $ ij. 

...  Semences  de  melon  , 7 --  w ... 

concombre,  f a“ 3 nl' 

laitue’  \ „ 

mauve,  / aa 

pavot  blanc  , J 

Orne  mondée,  7 --  - -z  •• 

Dattes,  \aa 

Sebéstes , 

Jujubes  j 

Pignons  doux  5 { àà.  . . ...  . ^ JO 

Pistaches , 

Feuilles  de  pulmonaire  , 

Fleurs  seclies  de  violettes  (1  ),  \ --  ■ _ - • 

t î r CICI*  « « • 3 1 • 

nénuphar,  \ } 

> -.R  ♦ • • # • • •*  __  •• 

Eau  , îb  xi]. 

Cassonade, 1b  iv. 

Eau  essentielle  de  fleurs  d’oranges , . . . 5 iv. 


On  fait  d’abord  bouillir  l’orge  dans  la  quantité  d’eau 
prescrite  , jusqu’à  ce  qu’elle  soit  presque  crevée  ; alors  ou 
ajoute  la  chair  de  tortue.  Lorsqu’elle  est  à demi  cuite,  on 
met  dans  la  décoction  les  raisins  secs  , la  réglisse  ratissé© 
et  roupé.e  par  petits  morceaux. 

On  torrélie  le  cacao  pour  en  séparer  l’écorce  extérieure  : 
on  le  concasse  grossièrement  dans  un  mortier  de  marbre , 
ainsi  que  les  semences  de  melon,  de  concombre  , de  lai- 
tue , de  mauve  , de  pavot  blanc  , les  pignons  doux  et  les 
pistaches,  ün  met  dans  la  décoction  toutes  ces  substances , 
et  en  même  temps  le  reste  des  autres  ingrédients.  On  fait 
bouillir  le  tout  à petit  icu  , jusqu’à  ce  que  la  liqueur  soit 
réduite  à moitié  : alors  on  passe  la  décoction  en  1 expiL 
munt  légèrement.  On  ajoute  la  cassonade  : on  clarifie  le 


( i ) On  met  une  once  de  chacune  de  ces  fleurs,  lorsqu’on  les  a ré» 
centesjj 


ï L i M E N T S © E PHARMACIE: 

tout  avec  quatre  ou  cinq  blancs  d’oeufs  : on  le  fait  bouillir 
pour  l’écumer  : on  le  cuit  en  consistance  de  syrop , et  on 
le  passe  au  travers  d’un  blanchct  : lorsqu’il  est  refroidi , 
on  l’aromatise  avec  l’eau  de  fleurs  d’oranges. 

Ce  syrop  est  plus  difficile  à clarifier  que  les  précédents  , 
à cause  des  matières  huileuses  et  mucilagineuses  que  four- 
nissent les  semences  émulsives.  C’est  pour  cette  raison 
qu’il  faut  employer  plus  de  blancs  d’œufs. 

Le  syrop  de  tortues  est  nutritif  et  adoucissant.  Il  jouit  ^*ertus‘ 
d’une  grande  réputation  à cause  de  la  chair  des  tortues 
qu’on  y fait  entrer  ; cependant  on  peut  la  considérer 
comme  n’ayant  pas  plus  de  vertu  que  celle  de  veau  : les 
grandes  propriétés  adoucissantes  de  ce  syrop  lui  viennent 
autant  des  autres  ingrédients  que  de  la  chair  des  tortues. 

On  lui  attribue  la  propriété  de  rétablir  les  forces  des  per- 
sonnes épuisées  par  de  longues  maladies  : il  humecte  : 
il  adoucit  l’âcretê  des  humeurs  : il  est  bon  dans  la  phthi- 
sie. La  dosé  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  Dose*- 
demie. 

Quelques  dispensaires  prescrivent  d’aromatiser  ce  syrop 
avec  quelques  gouttes  d’huile  essentielle  de  fleurs  d’o- 
ranges; mais  nous  croyons  que  l’eau  essentielle  de  ces  mê- 
mes fleurs  est  préférable  , parcequ’clle  se  mêle  mieux  aux 
syrops  , et  qu’elle  n’a  pas  l’âcreté  des  huiles  essentielles. 


Syrop  de  consolide  composé . 


^ Racines  de  grande  consolide , 5 ij. 


Feuilles  récentes  de  grande  consoude  , \ 

de  petite  consoude , Ç 
de  plantain , 

depiinprenelle,  ^ aa . . . 
de  centinode 


Fleurs  seclies  de  tussilage , 


:■} 

roses  rouges,  ^ 


aa. 


aa  5 iv. 

w • 

5F 

x ' 
5F 


Eau  , . . 
Cassonade  , 


Ib  vij. 
1b  iv. 


On  lave  et  on  ratisse  les  racines  de  grande  consoude  ; 
on  les  coupe  par  tranches  : on  nétoie  les  herbes  : on  Ies 
£oupe  grossièrement;  on  fait  du  tout  une  décoction  qu’on 


490  iL^MlNTS  © E PHARMACIE." 

passe  en  exprimant  légèrement , et  on  fait  avec  cette  dé- 
coction un  syrop  qu’on  clarifie  comme  les  précédents. 
Vertus.  On  fait  prendre  ce  syrop  pour  arrêter  le  crachement  de 
sang  et  les  antres  hémorrhagies  : il  modéré  les  cours  de 
Dose,  ventre.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et 
demie. 

Syrop  anti-scorbutique. 

Q Feuilles  de  cochléaria  , 

beccabunga,  ( a - Jb  j fi. 

cresson  d eau , l 
Racines  de  raifort , 3 


Onnétoie  les  plantes  sans  les  laver  : on  coupe  par  tran- 
ches les  racines  de  raifort  sauvage  : on  pile  d’abord  les  ra- 
cines dans  un  mortier  de  marbre  avec  un  pilon  de  bois  : 
lorsqu’elles  le  sont  suffisamment  , on  ajoute  les  plantes 
qu’on  pile  avec  les  racines  : on  soumet  ce  mélange  à la 
presse  , pour  en  tirer  le  suc , qu’on  ne  clarifie  point» 
Ensuite , 

Suc  ci-dessus,  . 7 ..  T ô ..»•"•••  • ibiij.’ 

Suc  d’oranges  ameres, 5 xx. 

Canelle  concassée  ....... 5 J* 

Ecorces  d’oranges  ameres  récentes,  ...  . J j- 

On  met  toutes  ces  substances  dans  un  matras  qu  on 
bouche  exactement  : on  laisse  macérer  ce  mélange  à froid  , 
pendant  douze  heures  , en  l’agitant  de  temps  en  temps  , 
ou  jusqu’à  ce  que  le  suc  se  soit  dépuré  , et  qu  il  ait  ac- 
quis une  couleur  ambrée  , et  une  odeur  pénétrante  , ti- 
rant sur  celle  du  vin  : on  le  filtre  au  travers  d un  papier 
gris  , ayant  soin  de  couvrir  le  filtre  , afin  qu  il  ne  se  dissi- 
pe que  le  moins  possible  de  principes  volatils.  Alors  , 

Suc  dépuré  ci-dessus  , . Ih  i{  h- 

Sucre  blanc  eu  poudre  grossière, ib  iv. 

On  met  l’un  et  l’autre  dans  un  matras  , qu’on  bouche 
avec  un  parchemin  : ou  place  le  vaisseau  au  bain-maiie,  a 
une  chaleur  inférieure  à celle  de  l’eau  bouillante  , ami  de 


i I J M E N T S » E PHARMACIE.  49  1 

faire  dissoudre  Je  sucre.  Lorsque  le  sucre  est  dissous  et  le 
syrop  refroidi , on  ajoute  , 

Esprit  de  cochléaria  , . . 7 ......  5 j. 

On  mêle  exactement  : on  laisse  éclaircir  ce  syrop  : on  le 
tire  par  inclination,  eL  on  le  conserve  dans  des  bouteilles 
qui  bouchent  bien. 

Ce  syrop  , lorsqu’il  est  chaud,  doit  donner  au  pese-li-  Vertus, 
queur  trente-un  degrés  , et  trente-quatre  lorsqu’il  est  froid. 

On  s’en  sert  dans  le  scorbut  : il  pousse  par  les  urines  : il 
provoque  les  mois  aux  femmes.  La  dose  est  depuis  deux  Dos», 
gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 

Remarque  s. 

Nous  avons  recommandé  de  piler  d’abord  les  racines 
de  raifort  , et  d’ajouter  ensuite  les  plantes.  On  sent  bien 
que  si  l’on  mettait  dans  le  mortier  les  herbes  et  les  racines 
en  même  temps,  ces  dernieres  étant  beaucoup  plus  dures, 
se  pileroient  inégalement  : le  suc  qu’elles  fournissent  e$t 
beaucoup  moins  abondant  que  celui  des  plantes  ; mais 
celui  de  ces  dernieres  les  délaie , et  fait  qu’on  l’obtient  en 
plus  grande  quantité.  On  exprime  ce  mélange  le  plus  for- 
tementqu  il  est  possible,  parle  moyen  d’une  bonne  presse, 
ahn  d avoir  le  plus  qu’en  peut  de  suc  des  racines  , parce- 
que  c est  lui  seul  qui  donne  toute  la  force  à ce  syrop.  Fen- 
dant qu  on  pile  ces  racines,  il  se  dissipe  une  grande  quan- 
tité de  principes  âcres  , volatils  , qui  pénètrent  dans  le  nez 
et  dans  les  yeux  ; ils  font  même  couler  des  larmes,  et 
peuvent  suffoquer  lorsqu’on  pile  une  grande  quantité  de 
ces  racines  a la  fois  ; c’est  pourquoi  il  est  bon  de  se  placer 
de  maniéré  qu’un  courant  d’air  puisse  emporter  au  loin 
ce  qui  se  dissipe  pendant  qu’on  pile  ces  végétaux.  pS' 

Pendant  la  macération  de  ce  suc  avec  celui  des  oranges 
ameres , il  se  fait  un  léger  mouvement  de  fermentation  , 
qui  occasionne  la  séparation  de  la  fécule  verte  des  plantes  , 
et  qui  combine  d’une  manière  plus  intime  les  principes 
volatils  avec  les  autres  substances  : le  mélange  enfin  ac- 
quiert une  odeur  vineuse. 

Lous  prescrivons  pour  ce  syrop  une  moindre  quantité 
6 sucre,  respectivement  au  fluide  aqueux,  que  pour  les 


%92  ELEMENTS  B!  PHARMACIE'. 

autres  syrops.  Cette  quantité  suffitpour  conserver  ces  sucs  * 
et  d’ailleurs  , comme  il  faut  une  chaleur  moins  forte  pour 
dissoudre  le  sucre  qui  entre  en  moindre  quantité  dans 
le  syrop  anti-scorbutique , il  se  fait  une  moindre  dissipa- 
tion de  principes  volatils  qui  contiennent  toute  la  vertu 
de  ce  syrop  : on  augmente  son  action  par  l’addition  d’un 
peu  d’esprit  ardent  de  cocliléaria. 

Des  syrops  composés  altérants  , qui  se  font phr  la  dis- 
tillation. 


Syrop  de  stécas  composé. 


Fleurs  seches  de  stécas  £ iij. 

Sommités  fleuries  et  seches  de  thym  , 1 

de  calament  ; r ««  5 j 15- 


d’origan , 
de  sauge  , 
bétoine  , 
romarin , 


j*  dâ.  ^ fj. 


Semences  de  rue , 

pivoine 
fenouil , 

Canelle, 

Gingembre, 

Racines  d’acorus  verus, 

Eau  chaude  , ib  viij.’ 

Cassonade , îb  iv. 


} 

} 


aa.  . 


aa. 


: 3 üj- 

. Z ij* 


On  coupe  grossièrement  les  fleurs  de  stécas  , et  les 
sommités  fleuries  : on  concasse  les  semences  de  rue  , de 
pivoine  , de  fenouil  : on  concasse  également  la  canelle  , 
les  racines  de  gingembre  et  de  calamus  aromaticus.  On 
met  toutes  ces  substances  dans  un  bain  - marie  d etain  , 
avec  l’au  chaude  : on  laisse  le  tout  en  macération  pendant 
trois  ou  quatre  heures  : ensuite  on  soumet  ce  mélange  à 
la  distillation  au  bain-marie  , pour  tirer  huit  onces  de 
liqueur  qu’011  met  à part.  On  met  cette  liqueur^  dans  un 
matras  , avec  quatorze  onces  de  sucre  concasse  : on  fait 
chaulfer  ce  mélange  au  bain-marie  pour  faire  dissoudre  le 
sucre. 

D’une  autre  part  , on  passe  ayec  expression  la  décocUott 


'ÉLÉMENTS  DE  PHÀRMACrE',  ^ç3 

restée  dans  l’alambic  : on  la  mêle  avec  la  quantité  prescrite 
«le  cassonade  : on  clarifie  le  tout  avec  quelques  blancs 
d’œufs  : on  le  fait  cuire  jusqu’à  consistance  desyrop  : on 
le  passe  au  travers  d’un  Manchet.  Lorsque  ce  syrop  est 
presque  refroidi , on  le  mêle  avec  le  premier  syrop  aro- 
matique , et  on  le  serre  dans  des  bouteilles  qu’on  bou- 
che bien. 

Ce  syrop  est  céphalique  , hystérique,  fortifie  l’estomac  , Vertus, 
chasse  les  vents  , excite  les  menstrues  , aide  à la  respiration 
dans  l’asthme  , et  pousse  par  la  transpiration.  La  dose  est  Dose.' 
depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 

Les  Dispensaires  demandent  qu’on  fasse  entrer  dans  ce 
syrop  le  jonc  odorant  ; mais  , comme  cette  drogue  est  fort 
rare,  on  lui  substitue  les  racines  d ’acorus  ver  us  , que  l’on 
nomme  aussi  calamus  aromaticus. 

Remarques;' 


Quelques  Pharmacopées  recommandent  de  laisser  ma- 
cérer ce  mélange  pendant  deux  jours  , avant  de  le  soumet- 
tre à la  distillation  ; mais  ce  temps  est  trop  long  : ces  sub- 
stances végétales  entrent  en  fermentation  , sur-tout  lots- 
qu  on  opéré  dans  les  temps  chauds.  Il  vaut  mieux  distil- 
ler apres  trois  ou  quatre  heures  d’infusion  j la  liqueur 
qu’on  obtient  est  beaucoup  plus  aromatique.  D’ailleurs  ’ 
la  chaleur  dans  les  vaisseaux  clos  agit  sur  ces  substances 
d’une  maniéré  bien  plus  efficace  qu’à  l’air  libre  : elles 
sont  ramollies,  dans  les  commencements  de  la  distillation 
suffisamment  pour  fournir  tout  ce  qu’elles  ont  de  plus 
odorant  , dans  les  huit  onces  d’eau  qu’on  fait  distiller. 

Comme  tous  les  syrops  sont  sujets  à fermenter,  ils  per- 
dent , lorsqu’ils  sont  dans  cet  état , l’esprit  recteur.  On 
remédie  à cet  inconvénient , en  conservant  à part  dans  un 
flacon  bouché  de  crystal  la  liqueur  aromatique  distillée. 
Il  ne  faut  faire  qu’une  petite  quantité  de  syrop  aromatique 
a la  lois,  qu  on  mêle  ensuite  dans  les  proportions  requi- 
ses, avec  du  syrop  extractif.  Au  moyen  de  cette  précaution 
si  le  syrop  extractif  vient  à fermenter  , on  ne  perd  pas  la 
partie  aromatique,  et  on  peut  , sans  avoir  recours  à la 
distillation  , fane  dusyrop  extractif,  qu’on  aromatise  avec 
le  syrop  de  la  liqueur  distillée  dont  nous  venons  de 


494 


ELEMENTS  DE  P H A R 3t  i C I E, 

Syrop  d’érj  sirnum  composé. 

% Orge,  \ 


o 


Raisins,  /aa.  . . . 

Réglisse  , J 

Feuilles  de  bourrache , ? V- 

, . , > aa î:  117  « 

clucoree  sauvage,  i a J 

Eau  coinmuno, îb  xij. 


On  fait  bouillir  l’orge  jusqu’à  ce  qu’elle  soit  presque 
crevée  ; ensuite  on  met  les  raisins  et  les  herbes  : on  ajoute 
sur  la  lin  de  la  décoction  la  réglisse  lassée  et  coupée  par 
petits  morceaux  : ou  fait  du  tout  une  décoction  qu’on 
passe  avec  expression  : alors  , 


Erysimum  récent , ....  îb  iij. 

Racines  d’énula  campana  récentes  , 7 ^ 

i .1  A ç aa.  x i]. 

de  tussilage , 3 ' 

Capillaire  de  Canada, 5 j. 

Romari  n > - - * R 

rieurs  de  stécas  , 3 ** 

Semences  d’anis , * • o vj. 

. Fleurs  seclies  de  violettes  , 

bourrache,  / ââ.  ...  0 hj. 

b u glose , J 


O11  hache  grossièrement  toutes  ces  substances  , à l’excep- 
tion des  fleurs  et  de  la  semence  d’anis  : on  concasse  cetto 
derniere  : on  met  le  tout  dans  un  bain-marie  d’étain  : ou 
verse  par-dessus  la  décoction  bouillante  : 011  laisse  infu- 
ser ce  mélange  pendant  quatre  ou  cinq  heures  : ensuite 
on  le  soumet  à la  distillation  , pour  en  tirer  huit  onces  de 
liqueur  , dans  laquelle  011  fait  dissoudre  quatorze  onces  de 
£ucre  blanc. 

On  passe  la  décoction  avec  expression , et  on  la  mêle 


avec  , 

Cassonade  , îb  iij* 

Miel  blanc  , ...  îb  j - 


On  clarifie  le  tout  avec  quelques  blancs  d’œufs  : on  le 
fait  cuire  en  consistance  de  syrop  : on  le  passe  au  travers 
d’un  blanchet  lorsqu'il  est  cuit  : enfin,  lorsque  ce  syrop  est 
à demi  refroidi  ; on  le  mêle  avec  le  premier  syrop. 


i lIments  de  PH  arm  ACTE.'  4 p5 

Ce  syrop  est  composé  de  substances  aromatiques  , et 
d’ingrédients  qui  ne  le  sont  point.  C’est  un  nouvel  exem- 
ple de  ce  que  nous  avons  dit  sur  les  décoctions.  Lerysi- 
mum  est  une  plante  qui  contient  des  principes  âcres  et 
sulfureux  semblables  à ceux  des  plantes  anti-scorbutiques  , 
et  que  l’on  cherche  à conserver  dans  ce  syrop. 

Ce  syrop  est  propre  pour  atténuer  et  détacher  les  Vertus, 
phlegmes  trop  épais  de  la  poitrine  etdes  poumons  : il  excite 
ïe  crachat  : il  provoque  le  lait  aux  nourrices  : il  aide  à la 
respiration.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  Dose, 
et  demie. 

Syrop  d'armoise  composé. 

^Sommités  fleuries  d’armoise, 5 vl* 

Racines  de  glaïeul, 
d’année  , 
de  ronce  , 
de  pivoine  , 
d’ache  de  montagne  , 
de  fenouil  , 


aa. 


5 fi: 


aa. 


S ui 


Feuilles  de  pouliot , 
d’origan  , 
de  calament,' 
de  cataire  , 
de  mélisse  , 
de  Sabine  , 
de  marjolaine, 
d’hyssope , 
de  inarrube  blanc  , 
de  chatnædrvs  , 
de  matncaire  ; 
de  bétoine  , 
de  rue 
de  basilic  , 
d hypericum  , 

Semences  d’anis, 
de  persil  , 
de  fenouil , 
de  daucus  , 
de  nielle  , 

Spicanard, 

Canelle, . - - - - - ^ • 

Hydromel, •’  •'  •’  •’  •'  •’  iVxvü/. 


aa 


5*  • • 

nj. 


^<•>6  ïiéMKNTS  DE  P H A R M A fc  I t 

On  concasse  les  racines  et  les  semences;  on  coupe  mènii 
les  plantes  : ou  les  met  dans  un  bain-marie  d’étain  : on 
les  lait  macérer  à une  chaleur  douce  , pendant  sept  ou  huit 
heures  , dans  l’hydromel  : alors  on  lait  distiller  au  bain- 
marie  pour  tirer  huit  onces  de  liqueur  , dans  laquelle  on 
fait  dissoudre  quatorze  onces  de  sucre  blanc  : on  forme  du 
tout  un  syrop  dans  un  vaisseau  clos.  . . 

On  passe  avec  expression  la  décoction  qui  reste  dans 
l’alambic  , et  on  la  mele  avec  , 

Cassonade , . i !b  iv. 

/ 4 ' ? 

On  tlarifle  ce  mélange,  et  on  le  fait  cuire  en  consis- 
tance de  syrop  , comme  les  précédents  : lorsqu’il  est  pres- 
que refroidi  , on  le  mêle  avec  le  premier  syrop. 

Comme  il  entre  des  plantes  et  des  racines  inodores  dans 
ce  syrop  , on  pourroit  en  faire  une  décoction  d abord  , et 
l’employer  en  place  d’eau. pour  l’infusion  des  substances 
odorantes  ; mais  on  peut  s’en  éviter  la  peine  en  procédant 
comme  nous  le  prescrivons  ici.  Ces  substances  inodores 
fournissent,  pendant  la  digestion  et  pendant  la  distilla- 
tion , toutes  leurs  parties  extractives  dans  l eau  , et  1 on 
s’évite  la  peine  d’en  faire  une  décoction  à part. 

.Vertus.  Qe  svrop  est  emménâgogue  , propre  à exciter  les  mois 
aux  femmes  , pour  abaüre  les  vapeurs  : il  appaise  la  co- 
lique venteuse  : il  est  céphalique  : d excite  1 urine.  La 
Dose,  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu  à demi-once. 

Syrop  de  viper  es. 

Vipères  vives  , • ••••••••*•*  N°*  12° 

Santal  Ci  tri  n , | -- • ....  5 ij. 

C^<3.n(îîll-0  y 3 

Squine,  \ â5.  ■ 5 )• 

Salsepareille,  $ 

Semences  de  petit  Cardamome  O . 

Muscades,  / aa'  * * J A* 

Bois  d’Aloé’s,  J 

\in  blanc , ^ âu.  . . . . • îb  ij* 

Eau  de  fleurs  d’oranges  , f 

Ce  syrop  doit  se  faire  en  trois  temps.  ^ 


i L £ M T.  N T 5 DE  PHARMACIE.  497 

i°.  On  coupe  la  tête  des  viperes  : on  ôte  la  peau  et  les 
'entrailles  ; et  après  avoir  coupé  le  corps  par  morceaux,  on 
le  met  ainsi  que  le  foie  et  le  cœur  dans  un  vaisseau  con- 
venable , avec  deux  livres  d’eau  : on  les  fait  cuire  à petit 
feu  : on  passe  la  décoction  avec  expression  : on  la  con- 
serve à part. 

2°.  On  fait  bouillir  dans  deux  livres  d’eau  les  racines  de 
salsepareille  et  de  squine  : on  passe  la  décoction  et  on  la 
conserve  à part. 

3U.  On  met  dans  un  alambic  le  santal  cilrin  , le  bois 
d’aloè’s  râpé  , la  cauelle  , U semence  de  cardamome  , les 
muscades  concassées  , le  vin  blanc  et  l’eau  de  fleurs 
d oranges  . on  laisse  infuser  ce  mélangé  au  bain-marie 
pendant  deux  ou  trois  heures.  Alors  on  le  distille  pour 
tuer  dix  onces  de  liqueur  ; on  la  met  dans  un  matras 
avec  quatorze  onces  de  sucre  blanc  : on  fait  chauffer  le 
vaisseau  au  bain-marie  pour  faire  dissoudre  le  sucre  : 
alois , 

& Le  bouillon  de  viperes  ci-dessus. 

La  décoction  des  racines  de  squine  et  dé  salsepareille/ 
Lt  la  décoction  des  aromates  restes  au  fond  de 
l’alambic* 


On  mêle  ensemble  ces  décoctions  , et  on  ajoute  ; 

Cassonade  îh  iij 

On  clarifie  le  tout  avec  quelques  blancs  d’œufs  : on  Je 
cuit  en  consistance  desyrop  : lorsqu’il  esta  demi  refroidi 
on  le  mêle  avec  le  premier. 

On  aromatise  , si  l’on  veut,  ce  syrop  avec  une  demi- 
once  de  teinture  d’ambre  gris  ; mais  il  vaut  mieux  le  con- 
server sans  cet  aromate  : c’est  aux  Médecins  qui  le  font 
prendre  d’en  prescrire  la  dose  à mesure. 

La  vipere  est  une  espece  de  serpent  dont  la  morsure  est 
tort  dangereuse  : c’est  pourquoi  on  doit  prendre  des  pré- 
cautions en  lui  coupant  la  tête  , afin  d’en  éviter  la  morsure 
On  prend  la  vipere  par  la  tête  avec  des  pincettes  , et  on 
a coupe  avec  des  ciseaux  : on  met  la  tête  dans  un  lieu  de 
sûreté,  parceqne  , quoiqu’elle  soit  détachée  du  corps  elle 
est  en  état  de  mordre  encore  et  de  produire  des  accidents 
aussi  funestes  que  si  la  vipere  4 toit  entière , même  p]u- 

i i 


^0)8  i L i Al  B N T $ DI  PKAKMiCtÉt 

sieurs  heures  après.  Lorsque  la  têle  est  ôtée,  on  fait  avec 
des  ciseaux  une  petite  incision  longitudinale  à la  peau , 
afin  de  la  séparer  de  la  même  maniéré  qu’on  dépouille  une 
anguille.  On  coupe  le  petit  bout  de  la  queue,  parcequ’il 
est  très  peu  charnu  : on  sépare  la  graisse  exactement  , et 
on  rejette  les  entrailles  : on  emploie  , comme  nous  l’avons 
dit,  le  corps  , le  foie  et  le  cœur. 

La  vipere  jouit  d’une  grande  réputation  pour  purifier 
le  sang  : on  croit  qu’elle  est  sudorifique  ; mais  elle  n’a  au- 
cune de  ces  propriétés  : on  peut  voir  ce  que  nous  en 
avons  dit,  en  parlant  de  la  préparation  des  cloportes. 

Vertus.  On  donne  communément  ce  syrop  à ceux  qui  ont  essuyé 
de  l’épuisement , soit  par  la  trop  grande  fréquentation  des 
femmes,  soit  par  de  longues  maladies  , et  qui  ont  besoin 
Dose,  d’une  réparation  et  de  reprendre  de  l’embonpoint.  La 
dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 

Des  syrops  purgatifs. 

Ces  syrops  sont  simples  ou  composés. 

Des  syrops  purgatifs  simples. 

Syrop  de  Fleurs  de  pêchers. 


^ Fleurs  de  pêchers  , îb  ir. 

Eau  bouillante  , Ib  xij. 

Sucre  , . îb  ij  15  - 


On  met  dans  un  vaisseau  d’étain  les  fleurs  de  pêchers  : 
on  verse  par-dessus  l’eau  bouillante  : on  couvre  le  vais- 
seau , et  on  laisse  le  mélange  en  infusion  pendant  vingt- 
quatre  heures.  On  passe  avec  forte  expression,  et  on  fait 
fondre  le  sucre  dans  la  liqueur  : on  clarifie  le  tout  avec 
deux  ou  trois  blancs  d’œufs  : on  cuit  le  syrop  jusqu’à  ce 
qu’il  ait  acquis  sa  consistance  : alors  on  le  passe  au  tra- 
vers d’un  blanchet  ; et  lorsqu’il  est  refroidi , on  le  con-, 
serve  dans  des  bouteilles  qu’on  bouche  bien. 

Ce  syrop  est  un  purgatif  assez  fort  ; il  convient  dans  les 
Vertus*  obstructions  et  dans  les  maladies  de  vers.  La  dose  est  dé- 
posé. puis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 


I 


iLiMENTS  Ol  PHARMACIE* 

Syrop  de  nerprun . 


499 


Suc  dépuré,  de  nerprun, ; » 


Sucre, 


On  fait  cuire  ce  mélange  à petit  feu  jusqu’ 


lance  de  syrop 


np 
ît>  ij. 
à consis- 


R 


EM  ARQUES. 


Le  suc  de  nerprun  est  un  bon  purgatif  hydragoeue  II  est 
essentiel  que  le  syrop  qu'on  en  fait  soit  touioK™  S 
memes  proportions  de  suc  et  de  sucre,  afin  que  le  médecin 
P1  ,Ie  fa“  Preil?re  puisse  compter  sur  ses  effets.  11  a nrés 
de  deux  livres  de  liqueur  à faire  évaporer,  pouranLmfrœ 
syrop  a la  consistance  qu’il  doit  avoir.  CetLrande  nuan 
tue  de  suc  qt.  ou  emploie  , est  afin  de  le  rendre  plus  nur 
gatd  sous  un  même  volume.  Si  l’on  n’employoit  qui  les 
proportions  convenables  de  suc  sur  celles  désuet  fl  se 
roit  beaucoup  moins  purgatif  ’ 1 se" 

vingt- 

rendu  trente  et  une  livres  de  suTdépu'ré™’05  ba'eS  m’°nt 
q u aine  livres  d“  uc  baÎ6S  -du  cin- 

-jegrés5,  ef  Ûml-uois  estï: roiTuT^  V'™'' 

i®  1o,n  é^rk^a^f ‘q  1 °"  > ^ 

les  maladies  de  la  neau  , ' '*  co,,lvient  au“i  dans 

jusqu’à  deux  onces  et  même  tro°s<;  on  lé  1*^“  de“X  gr0S  Doses 

*»°  "Æ  n l:z,t:3-s  Tru 

peinture  en  détrempe.  ' ' 1 d usaSe  dans  h 

Jrcnl  de  vessie . 

quel)on|,rfa'u  d1séomlîr“xd  o^és^le"6^"™  da"S  ,e- 

^ : 0,1  *■*  « ‘Otai  trois  livres  dtuTXu^on 

Ul) 


500  El^MEffTS  BI  PHARMACIE, 

fait  épaissir  le  tout  en  consistance  d’extrait  un  peu  liquide  J 
et  on  le  coule  dans  des  vessies  qu’on  suspend  au  plancher 
clans  un  endroit  chaud  pour  le  laire  sécher.  L’eau  de 
chaud  fournit  une  substance  salino-terreuse  , qui  agit  sur 
la  couleur  de  ce  suc  , et  l’exalte  à-peu-près  connue  le  leroit 
l’akali  fixe.  Ce  sel  produit  le  même  effet  ; mais  on  a re- 
marqué qu’il  ne  le  fait  pas  bien  : la  gomme  arabique 
qu’on  ajoute  est  pour  rendre  le  verd  de  vessie  plus  siccatif. 
Cette  matière  est  d’un  beau  verd;  mais  elle  ne  peut  s’em- 
ployer que  dans  la  peinture  en  détrempe. 

» 

Syrop  de  roses  pales. 

Proses  pâles  mondées  de  leurs  calices  , . . . ïb  xij. 

Eau  bouillante, lb  viij. 

Cassonade  , ' . . . ïb  v. 

On  contusc  grossièrement  les  roses  dans  un  mortier  de 
marbre  avec  un  pilon  de  bois  : ou  les  met  dans  une  cucur- 
bite  d’étain  : on  verse  par-clessus  l’eau  bouillante  : on  laisse 
le  tout  eu  infusion  dans  milieu  chaud  pendant  douze  heu- 
res. Au  bout  de  ce  temps,  on  passe  avec  forte  expression: 
on  ajoute  le  sucre  à la  liqueur  : on  clarihe  le  mélange 
avec  quelques  blancs  d’oeuls  : on  le  fait  bouillir  pour 
l’écumer  , et  on  le  fait  cuire  en  consistance  de  syrop  : on 
le  passe  au  travers  d’un  blanchet  lorsqu’il  est  suffisam- 
ment cuiL 

Vertus.  Ce  svrop  purge  doucement  en  fortifiant.  La  dose  est 
D*sc.  depuis  une  demi-once  jusqu’à  deux  onces. 

Remarques. 

Plusieurs  Pharmacopées  prescrivent  de  faire  l’infusion 
des  douze  livres  de  roses  en  trois  reprises  ; mais  il  arrive 
souvent  qu’on  ne  peut  se  procurer  les  roses  à l’instant  qu’on 
en  a besoin  pour  la  seconde  et  pour  la  troisième  infusion. 
D’ailleurs,  en  se  les  procurant  toutes  à la  fois  , celles  ré- 
servées pour  les  infusions  suivantes  s’altèrent  considé- 
rablement. Il  vaut  beaucoup  migux,  par  conséquent , iae 
faire  qu’une  infusion  , et  employer  la  même  quantité  de 
Heurs.  Les  roses  sont  fort  odorantes-,  et  elles  fournissent , 
par  la  distillation  , une  eau  bien  chargée  de  l’odeur  ; mais 
comme  on  n’a  pas  intention  de  conserver  l’odeur  des  roses 
dans  ce  syrop  , on  ne  le  fait  pas  par  distillation. 


ÏLïMINTS  »E  PHARMACIE/  5oi 

Quelques  personnes  font  le  svrop  de  roses  pâles  avec  la 
décoction  qui  reste  dans  l’alambic  , après  qu’on  en  a thé 
1 eau  odorante.  Cette  méthode  me  paroit  aussi  bonne  que 
la  précédente  , pourvu  cependant  qu’on  observe  les  pro- 
portions de  Heurs  et  de  sucre,  afin  de  ne  pas  faire  un 
svrop  trop  foible  ou  trop  fort  en  vertu. 

Lorsque  le  médecin  le  juge  à propos,  on  aromatise  ce 
syrop  avec  du  syrop  lait  avec  de  l’eau  de  roses  , connue 
nous  l’avons  dit  pour  les  autres  syrops  faits  par  distillation; 
mais  il  n’est  point  d’usage  d’aromatiser  ce  syrop. 

Des  syrops  purgatifs  composés. 

Syrop  de  nicotiane. 

5-' Suc  dépuré  de  nicotiane, . ff , jj. 

Hydromel  simple  db  j d* 

Oxymel  simple ~ 

^ucrc  ïb  iij. 

On  mêle  toutes  ces  substances  ensemble,  et  on  forme 
du  tout  un  syrop  qu’on  fait  cuire  à petit  feu. 

Quelques  Pharmacopées  recommandent  d’employer  du 
suc  non  dépuré  de  nicotiane  , de  le  faire  digérer  pendant 
plusieurs  jours  avec  l’hydromel  et  l’oxymef;  afin  que  le 
suc  se  dépure;  mais  ces  manipulations  sont  inutiles  : on 
peut  emploj  ei  le  suc  o.c  nicotiane  dépuré  , et  faire  le  sy- 
rop sur  le  champ.  ' ; 

. C°  s)roP  eit  P’irgatïf  par  le  bas  , et  quelquefois  il  ex-  v rlus 
cite  le  vomissement.  On  le  donne  dans  l’asthme  : il  divise 
les  humeurs  ('paisses  qui  embarrassent  la  poitrine  î il  dé- 
charge le  cerveau  : il  ‘levé  les  obstructions.  La  dose  est  Dose 
depuis  deux  gros  jusqu’à  deux  onces. 

Syrop  de  roses  paies  coruposé. 

yl  Roses  pâles  , . jp  xijh 

Séné  mondé, 

ASaric  » • • 5 ij.' 

Semences  d’anis  g 

Gingembre  g 

Suc  de  citrons  X v; 

6 y‘ J • 

J;a”  ’ * ; lb  vj. 

Cassonade  , ft>  xij. 

Ii  iij 


5ol  ït^MENTS  B!  PHARMACIE? 

On  contuse  clans  un  mortier  de  marbre  les  roses  pâles  î 
on  les  met  dans  mie  cruche  avec  huit  livres  d’eau  bouil- 
lante : on  les  laisse  infuser  pendant  vingt-quatre  heures: 
on  passe  l’infusion  avec  expression.  Alors  on  la  fait  chauf- 
fer : on  la  verse  toute  bouillante  sur  leeséné  , l’agaric  coupé 
menu,  l’anis  et  le  gingembre  qu’on  a concassés.  On  laisse 
iufuser  ce  mélange  pendant  douze  heures  : on  passe  la 
liqueur  au  travers  d’un  linge  : on  exprime  le  marc  : on. 
le  fait  bouillir  dans  quatre  livres  d’eau  : on  passe  la  décoc- 
tion avec  expression  : on  la  môle  avec  la  liqueur  précé- 
dente : on  y fait  dissoudre  le  sucre  : on  clarifie  le  tout 
avec  deux  ou  trois  blancs  d’œufs , et  on  le  fait  cuire  en 
consistance  de  syrop. 

Vertus.  Ce  syrop  est  un  fort  bon  purgatif  : il  purge  les  humeurs 
pose,  bilieuses.  La  dose  est  depuis  une  demi-once  jusqu’à  deux 

onces. 

Remarques. 

Quelques  dispensaires  font  entrer  dans  la  recette  de  ce 
syrop  demi  once  de  crème  de  tartre  : mais  comme  ce  sel 
essentiel  acide  est  peu  dissoluble  , et  qu’il  ne  trouve  dans 
ce  syrop  aucune  base  pour  se  combiner  , il  se  précipite 
pendant  la  cuitte  du  syrop,  et  s’en  sépare  presque  entière- 
ment. Comme  la  crème  de  tartre  est  mise  à dessein  de 
corriger  la  vertu  trop  purgative  du  séné  et  de  l’agaric  , 
je  pense  que  le  suc  de  citron  peut  remplir  la  meme  indica- 
tion : il  n’a  point  l’inconvénient  de  se  séparer  du  syrop  : il 
fournit  un  sel  acide  , qui  a à-peu-près  les  mômes  vertus 
que  la  crème  de  tartre  , et  qui  est  plus  dissoluble. 

On  peut , si  l’on  veut  , pour  conserver  l’aromate  du 
gingembre  et  de  la  semence  d’anis  , enlermei  ces  substan- 
ces dans  un  nouet  très  lâche  : on  le  met  dans  le  vaisseau 
dans  lequel  on  coule  le  syrop  cuit  et  bouillant  : on  couvre 
le  vaisseau.  On  laisse  le  nouet  jusqu’à  ce  que  le  syrop  soit 
entièrement  refroidi. 

Syrop  de  chicorée  composé. 

Q Racines  de  chicorée  sauvage  ,..•••  5 1V* 
Racines  de  pissenlit,  \ - # # . . %j 

chiendent  y j 


5o3 


au. 


hklKTJ  DE  PMAUliCII, 

Feuilles  de  chicorée  sauvage  , . . . 
pissenlit,  q 
fuineterre , V //// 
scolopendre,  J 
Cuscute,  q __ 

Baies  d’alKeKenge  , j aa'  ' 

Rhubarbe  X v; 

Santal  citrin  , ^ -- 
Canelle , f aa  * • 

Cassonade  '•  îb  vj. 

Eau  pure, q.  s. 


I W- 

y • • • 

5 nJ* 

? if* 
5 VJ- 
5B- 


On  nétoie  , on  lave  les  racines  et  les  plantes  : on 
coupe  les  unes  et  les  autres  : on  fait  bouillir  d’abord  les 
racins  ; on  ajoute  les  herbes  et  les  baies  d’alKeKenge  en- 
tières : on  fait  bouillir  de  nouveau  pendant  dix  ou  douze 
minutes  : on  passe  la  décoction  avec  expression. 

D une  autre  part , on  fait  infuser  la  rhubarbe  entière 
dans  quatre  livres  d’eau  bouillante , et  on  l’y  laisse  pen- 
dant vingt-quatre  heures  : on  passe  cette  infusion  , en  ex- 
primant  les  morceaux  de  rhubarbe  sans  les  déchirer.  On 
mele  cette  liqueur  avec  la  précédente  : on  ajoute  la 
cassonade:  on  clarifie  le  tout  avec  quelques  blancs  d’œufs: 
on  coule  au  travers  d’un  blanchet  ce  syrop  tout  bouillant, 
lorsqu’il  est  suffisamment  cuit  ; et  on  le  reçoit  dans  un 
vaisseau  , dans  lequel  on  a mis  la  canelle  "et  le  santal 
citrin  concassés  et  dépoudrés.  On  couvre  le  vaisseau  , et 
on  laisse  infuser  ces  ingrédients  jusqu’à  ce  que  le  syrop  soit 
entièrement  refroidi  : alors  on  le  passe  au  travers  d’une 
etainine  pour  séparer  les  aromates  : on  serre  ce  syrop  dans 
des  bouteilles  qui  bouchent  bien. 

Lorsqu  il  est  chaud  , il  doit  donner  trente  degrés  au 
pese-liqueur , et  trente-quatre  degrés  lorsqu’il  est  froid.  Ce  Vertus, 
syrop  fait  couler  doucement  la  bile  : il  purge  en  fortifiant: 
i convient  dans  les  diarrhées  , lorsqu’il  est  nécessaire  de 
purger..  La  dose  est  depuis  demi-once  jusqu’à  une  once  Dose, 
et  demie.  On  le  fait  prendre  aux  enfants  nouveaux-nés 
pour  les  purger  doucement,  et  pour  dissiper  les  convul- 
sions. La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  quatre  : on  le 
me  e avec  le  double  de  son  poids  d’huile  d’amande* 


Ii  ir 


5q4 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.. 

H U M A R Q UES. 

Nous  prescrivons  de  faire  infuser  la  rhubarbe  par  mor- 
ceaux entiers,  pour  les  raisons  suivantes. 

Lorsqu’on  fait  infuser  les  morceaux  de  rhubarbe  entiers  , 
ils  se  gonflent  prodigieusement;  ils  «fournissent  tout  ce 
qu’ils  ont  d’extractil  aussi  facilement  que  si  on  les  avoit 
concassés  : on  les  met  à la  presse  paui  les  bien  exprimer: 
par  ce  moyen,  on  obtient  une  teinture  de  rhubarbe  qui 
n’est  point  sujette  à se  troubler  par  le  refroidissement, 
quoiqu’on  la  fasse  bouillir  ensuite. 

Au  lieu  que  lorsqu’on  a fait  bouillir  la  rhubarbe,  même 
en  morceaux  entiers,  ori  obtient  toujours  une  décoction 
qui  se  trouble  par  le  refroidissement,  et  qui  est  de  la  plus 
grande  difficulté  à se  clarifier. 

11  est  certain  que  lorsqu’on  l'emploie  concassée  , on 
même  lorsqu’on  la  lait  bouillir,  clic  fournit  une  infusion, 
ou  une  décoction  claire  , transparente  , tant  qu’elle  est 
chaude;  mais  ces  mêmes  liqueurs  deviennent  troubles  en 
se  refroidissant , sans  qu’il  soit  possible  de  les  clarifier  com- 
plètement; ce  qui  est  un  inconvénient,  parceque  cç  syrop 
doit  être  clair  et  transparent. 

Cependant , lorsque  les  morceaux  sont  trop  gros  , il  con- 
vient de  les  casser  : il  suffit  qu’ils  soient  gros  comme  deux 
fois  Te  pouce.  On  sent  bien  que  des  morceaux  de  rhubarbe 
gros  comme  le  poing,  ou.  même  plus  gros  que  les  deux 
poings , ne  peuvent . dans  un  si  court  espace  de  temps  , être 
pénétrés  par  l’eau  jusque  dans  leur  intérieur,  et  fournir 
leur  substance  extractive;  il  lant  nécessairement  les.  casser 
avec  un  marteau  et  des  tenailles. 

Sy  rop  cls  pommes  composé. 

Séné  mondé  , ? viij. 

J 

On  le  fait  bouillir  légèrement  dans  huit  livres  d’eau  ; on 
passe  la  décoction  avec  forte  expression  : on  i était  bouillir 
le  marc  dans  trois  ou  quatre  livres  d eau  : on  înele  les  dé- 
coctions, et  l’on  ajoute, 

Suc  dépuré  de  bourrache  , A -- lt> 

bu  glose , ) 

pomuies , • lh 

i b iv\ 


Cassonade  , . 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  5o5 

Ou  clarifie  le  tout  avec  quelques  blancs  d’œufs  , et  ou 
le  fait  cuire  à petit  leu  jusqu’à  consistance  de  syrop  : on 
le  passe , tandis  qu  il  est  bouillant,  au-dessus  d’un  vaisseau, 
uatis  lequel  on  a mis  un  nuuet  tics  lâche,  qui  contient  , 


Semences  de  fenouil  concassé  , 
Girolle , 


On  couvre  le  vaisseau,  et  on  laisse  infuser  le  nouet  jus- 
qu’à ce  que  le  syrop  soit  entièrement  refroidi.  Il  faut  que 
ce  nouet  soit  très  lâche,  parceque  les  matières  qu.’il  con- 
tient se  gonflent  prodigieusement.  Ce  syrop  doit  donner 
au  pese-liqueur , tanuis  qu’il  est  chaud  , trente  degrés,  et 
trente-trois  lorsqu’il  est  froid. 

. ,^e  syrop  est  un  fort  bon  purgatif  minoratif  : il  est  apé-.. 
ritJ,  hystérique  : il  provoque  les  mois  aux  femmes.  La  dose  m"s 
est  depuis  derni-once  jusqu’à  deux  onces.  Doso' 

Syrop  de  pommes  heîlélorê . 


Racines  d’hellébore  noir, r : 

Sel  de  tartre  % • 

On  coupe  menu  les  racines  d’hellébore  : on  les  met  dans 
1111  inatras  avfc  le  sel  de  tartre  : on  les  fait  macérer  à une* 
chaleur  modérée,  pendant  vingt-quatre  heures,  dans  une 
livre  et  demie  cl  eau  : ensuite  ou  fait  bouillir  ce  mélange 
pendant  un  quart  d’heure  : on  coule  Ja  liqueur  et  on  exT 
piime  le  marc  : on  le  passe  à plusieurs  reprises  au  travers 
d un  blanche t , et  on  le  mêle  avec, 


Syrop  de  pommes  composé  , 


m ij. 


On  fait  cuire  à petit  feu  jusqu’à  consistance  de  syrop; 
et  lorsqu  il  est  a demi  refioidi,  on  y ajoute, 

■Teinture  de  safran, 


On  met  ce  syrop  uans  des  bouteilles  qui  bouchent  bien  ' 
et  on  le  conserve  pour  l’usage. 

L aïKali  fixe  qu  on  mêle  avec  la  racine  d’hellébore  pen- 
dant son  infusion  , •agit  sur  la  substance  résineuse,  se  com- 
mue avec  mie } et  la  réduit  dans  un  état  savonneux.  11  v 


\ 


Vertus. 

Dose. 


5o 6 hïMENTS  DE  PHARMACIE.' 

en  a même  une  partie  de  détruite  : néanmoins  cette  sub- 
stance saline  adoucit  considérablement  la  vertu  trop  pur- 
gative de  l’hellébore  noir. 

Ce  syrop  est  plus  purgatif  que  le  précédent  : il  leve  les 
obstructions  : il  purge  la  mélancholie  : il  excite  les  mois  aux 
femmes.  On  en  donne  aux  foux.  La  dose  est  depuis  deux 
gros  jusqu’à  deux  onces. 

Syrop  magistral  astringent. 

Santal  citrin, 

Canelle  , 

Roses  rouges  , 

Décoction  de  p 
Eau  rose , . . 


^ cia Z ij* 

. J; 

antain  , .........  ib  ij- 

\ viij. 


On  fait  bouillir  cinq  onces  de  grand  plantain  dans  deux 
livres  et  demie  d’eau  : on  passe  la  décoction  pour  en  avoir 
deux  livres  : on  la  met  dans  un  bain-marie  d etain  avec  la 
canelle  concassée  , le  santal  citrin , les  roses  rouges  et  1 eau 
rose.  On  laisse  infuser  ce  mélange , à une  chaleur  modé- 
rée, pendant  quatre  ou  cinq  heures;  puis  on  fait  distiller 
quatre  onces  de  liqueur,  dans  laquelle  on  fait  dissoudre 
sept  onces  de  sucre  en  poudre.  On  se  sert  de  cette  disso- 
lution d’un  vaisseau  clos.  D’une  autre  part , 

^Rhubarbe  en  morceaux,  . 5jfi- 

Ecorces  de  mirobolans  citrins , 7 --  x j. 

Fleurs  de  grenades  , * 

Eau  bouillante, !b  q. 


On  casse  les  mirobolans  pour  séparer  les  noyaux,  qu  on 
jette  comme  inutiles  : on  conserve  1 écorce  extérieure. 
Lorsqu’on  en  a suffisamment , on  la  met  dans  un  vase 
convenable  avec  les  autres  ingrédients  : on  verse  par-dessus 
l’eau  bouillante  : on  laisse  infuser  ce  mélange  pendant 
vingt-quatre  heures  : alors  on  passe  avec  expression . on 
mêle  la  liqueur  avec , 

La  décoction  restée  dans  l’alambic, 


Suc  de  berberis , 
groseilles , 
Cassonade , . . . 


} 


aa 


r«- 
#>  u 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  5of 

On  clarifie  le  tout  avec  quelques  blancs  d’œufs  , et  on 
le  fait  cuire  à petit  feu  jusqu’à  consistance  de  syrop  : lors- 
qu’il est  à demi  refroidi , on  le  mêle  avec  le  premier  syrop  : 
on  le  conserve  dans  des  bouteilles  qui  bouchent  bien. 

Etant  chaud  , il  doit  donner  au  pese-liqueur  vingt-neuf 
degrés  , et  trente-deux  étant  refroidi. 

Ce  syrop  est  légèrement  purgatif  : il  fortifie  et  resserre  : Vertus.1 
il  convient  dans  les  foiblesses  d’estomac  et  des  entrailles  : 
il  resserre  doucement  après  avoir  fait  évacuer.  La  dose  est  i)ose. 
depuis  deux  gros  jusqu’à  une  once  et  demie. 

Nous  allons  présentement  faire  quelques  remarques  gé- 
nérales sur  tous  les  syrops  dont  nous  avons  parlé,  et  que 
nous  n’aurions  pu  faire  à mesure  , sans  beaucoup  de  ré- 
pétitions. 

Remarques  générales  sur  tous  Les  syrops. 

Le  sucre  et  le  miel  sont  les  constituants  des  syrops.  Ces 
substances  sont  très  disposées  à la  fermentation  ; elles  ont 
neanmoins  la  propriété  de  conserver  , pour  un  certain 
temps,  les  infusions,  les  décoctions , etc.  ; mais  ces  liqueurs 
tiennent  en  dissolution  des  matières  extractives  mucilagi- 
neuses  très  fermentescibles  ; elles  servent  comme  de  le- 
vain, facilitent  et  accélèrent  la  fermentation  du  miel  et  du 
sucre.  J ai  remarqué  aussi  que  les  syrops  composés  , çornrne 
celui  de  tortue  et  de  guimauve  composé  , dans  lesquels 
on  fait  entrer  beaucoup  do  matière  mucilagineuse  , fer- 
mentent plus  facilement  que  ceux  qui  sont  dans  un  état 
contraire  , comme  les  syrops  de  capillaire  , de  tussilage  , 
d liysope  , etc.  Les  altérations  qu’eprouvent  les  syrops  pen- 
dant qu’ils  fermentent  , sont  considérables  ; ils  changent 
de  saveur  et  d odeur.  Lorsqu  ils  commencent  à fermen- 
ter , ils  se  troublent,  ils  deviennent  mousseux , écunieux, 
et  perdent  successivement  toutes  leurs  vertus  ; peut-être  en 
acquierent-ils  de  nouvelles.  Les  syrops  qui  ont  été  bien 
clarifiés  , et  qui  sont  parfaitement  clairs  et  transparents  , 
sont  beaucoup  moins  disposés  à la  fermentation  que  ceux 
qui  ont  été  mal  clarifiés,  et  qui  contiennent  un  peu  de 
fécule  des  ingrédients.  Cependant  la  transparence  n’est 
pas  toujours  sensible  dans  les  syrops  , quoiqu’ils  aient  été 
bien  clarifiés  : il  y en  a qui  sont  tellement  chargés  de 
çiaticres  colorantes,  que  leur  transparence  n’est  point  sen- 


5 O?  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

sible  , tels  que  le  syrop  de  nerprun  , ceux  de  pommes  et 
de  chicorées  composés  , qui  n’en  ont  que  très  peu  ; mais 
en  délayant  ces  syrops  dans  de  l’eau  , on  diminue  1 inten- 
sité de  la  couleur,  et  on  reccnnoît  qu’ils  ont  été  bien  pré- 
parés , parceque  la  liqueur  est  parfaitement  claire  et 
transparente. 

Lorsque  les  syrops  fermentent , ils  ont  dans  les  com- 
mencements une  odeur  vineuse,  qui  change  et  devient 
aigre  quelque  temps  après  , et  ils  conservent  opiniâtrement 
cette  derniere  odeur  : iis  passent  difficilement  à la  putré- 
faction , à cause  du  miel  et  du  sucre  qui  y ont  peu  de  dis- 
position , et  qui  en  garantissent  les  ingrédients  des  syrops. 

Lorsque  les  syrops  sont  trop  cuits,  ils  se  candissent,  c est 
à-dire  qu’ils  déposent  au  fond  des  bouteilles  une  certaine 
quantité  de  sucre , mais  sous  la  forme  de  crystaux  : ces  ci}  s- 
taux  sont  purs  pour  l’ordinaire  , et  ne  contiennent  rien  des 
ingrédients  des  syrops.  Ce  seroit  un  grand  avantage  , si 
cette  séparation  du  sucre  se  laisoit  dans  des  rapports  con- 
venables , et  qu’il  n’y  eût  que  le  superflu  qui  se  crystalli— 
sât  ainsi  ; mais  c’est  ce  qui  n'arrive  pas.  11  se  crystabise 
toujours  une  plus  grande  quantité  de  sucre  qu  il  ne  laut , 
et  le  syrop  restant  ne  contient  plus  assez  de  sucre  pour 
qu’il  puisse  se  conserver.  Ces  syrops,  qui  paroissoient  très 
éloignés  delà  fermentation  , pareequ’ils  étoient  bien  cuits  , 
deviennent  défectueux  aussi  promptement  que  ceux  qui 
n’efoient  pas  suffisamment  cuits  , principalement  lorsque 
les  bouteilles  nesont  pas  entièrement  pleines  : ils  fout  sau- 
ter les  bouchons  , et  souvent  ils  font  casser  les  bouteilles 
avec  violence,  a raison  de  l’air  qui  sc  dégagé  pendant 
qu’ils  fermentent.  Cependant  ces  derniers  phénomènes  n ar- 
rivent point  lorsque  lesbouteiîlcs sontentièrementpleines, 
bien  bouchées,  et  que  les  syrops  se  candissent  pai cequ  il 
n’v  a pas  suffisamment  d’espace  pour  que  1 air  puisse  se 
dégager.  Mais  tout  se  dispose  dans  les  syrops  candis  , 
comme  dans  ceux  qui  ne  sont  pas  suffisamment  cuits  ^ de 
manière  que  vingt-quatre  heures  après  qu  on  a entamé  les 
bouteilles  , ccs  syrops  se  trouvent  aussi  avancés  dans  xciir 
fermentation  que  ceux  qui  fermentent  depuis  huit  jours. 

Les  syrops  qui  ont  fermenté  long-temps,  et  qui  ont  été 
raccommodés  un  grand  nombre  de  lois  , parviennent  ..  a. 
fin  à une  tranquillité  parfaite  ; parceque  les  principes  ei- 
mentescibles  se  sont  détruits  et  dissipés  successivement. 


iL^MENTS  DE  PHARMACIE;  5of 

J ai  vu  des  syrops  qui  etoient  faits  depuis  environ  quatre- 
vingts  années  , qui  étoient  beaucoup  moins  sujets  à se 
moisir  et  à se  candir  que  ceux  nouvellement  faits.  Cette 
observation  prouve  que  le  sucre  , quoique  réduit  en  li- 
queur , peut  se  conserver  des  temps  considérables  sans  se 
détruire  entièrement  , quoiqu’il  soit  mêlé  avec  des  matiè- 
res très  destructibles;  mais  il  est  certain  que  ces  syrops  ne 
doivent  pas  avoir  les  mêmes  propriétés  que  lorsqu’ils 
étoient  nouvellement  faits. 

Les  syrops  bien  conditionnés  sont  souvent  sujets  à se 
moisir  à leur  surface,  sans  que  pour  cela  ils  aient  subi  le 
moindre  degré  de  fermentation.  Ce  phénomène  a lieu  dans 
les  bouteilles  qui  sont  en  vidange:  cela  vient  d’une  légère 
humidité  qui  s’élève  de  la  surface  des  syrops  , et  qui , 
n’ayant  point  d’issue  pour  sortir  de  l’intérieur  des  bouteil- 
les, circule  dans  la  partie  ride  , se  condense  contre  les 
patois  intérieures , et  retombe  en  eau  à la  surlace  du  syrop  7 
sans  s’y  mêler  , faute  d’être  agitée  : cette  liqueur  se  cor- 
rompt , se  moisit , et  communique  au  syrop  un  goût  très 
< tsagieable,  quoiqu  il  ait  d ailleurs  toutes  les  autres  bon- 
nes qualités. 

Les  syrops  acides  et  vineux  , comme  ceux  de  limons  j 
de  berberis,  etc.  sont  exempts  de  moisissure  : ils  sont 
également  susceptibles  de  fermenter  lorsqu’ils  ne  sont  pas 
suffisamment  cuits  , ou ‘lorsqu’ils  ont  été  préparés  avec 
des  sucs  qui  n’étoient  pas  suffisamment  clarifiés. 

beaucoup  de  Pharmacopées  recommandent  , pour  la 
préparation  de  plusieurs  syrops,  comme  celui  de  violettes, 
de  suc  de  citrons  , d’oranges , etc.  défaire  dissoudre  le  su- 
cre a froid  , et  d’en  mettre  jusqu’à  ce  que  le  fluide  refuse 
den  dissoudre;  mais  cette  méthode  est  fort  équivoque 
La  même  liqueur  dissout  plus  ou  moins  de  sucre  , à pro- 
portion de  la  chaleur  qui  régné  dans  l’air  lorsqu’on  opéré. 
Les  syrops  n’ont  jamais  la  consistance  de  ceux  qui  ontété 
prépaies  avec  le  secours  d’une  chaleur  convenable  : ils  se 
gâtent  plus  facilement  : d’ailleurs  ils  contiennent  toujours 
une  certaine  quantité  de  sucre  prodigieusement  divisé  par 
agitation  qu  on  est  obligé  de  donner  au  sucre  pour  faci- 
liter sa  dissolution:  mais  il  n’est  pas  parfaitement  dissous  - 
| se  précipite , peu  de  temps  après  ; sous  la  forme  d’una 
poudre  et  jamais  en  crystaux. 


5lO  ELEMENTS  DE  PHARMACIE.1 

On  conservoit  autrefois  les  syrops  dans  des  pots  à bec  7 
que  l’on  nomme  chevrettes.  L’expérience  a fait  reconnoî- 
tre  que  leur  ouverture  , trop  large  et  mal  bouchée  , lait 
que  les  syrops  ayant  une  grande  communication  q,vec  l’air 
extérieur  , ne  peuvent  se  conserver  que  quelques  semaines 
en  bon  état.  En  général,  pour  bien  conserver  les  syrops  , 
il  faut  les  tenir  dans  un  endroit  frais  , et  dans  des  bouteil- 
les de  pinte  ou  de  chopine  entièrement  pleines  et  bien 
bouchées.  A l’égard  de  ceux  qui  sont  de  peu  d’usage  , on 
les  divise  par  plus  petites  bouteilles.  C’est  une  mauvaise 
méthode  de  conserver  les  syrops  dans  de  grandes  cruches, 
pour  les  raisons  que  nous  venons  de  dire  en  parlant  des 
chevrettes  : les  trop  grandes  bouteilles  ne  sont  pas  meil- 
leures , à moins  qu’elles  ne  soient  toujours  pleines. 

Ces  médicaments  bien  préparés  sont  précieux  dans  la 
Médecine  : ils  y sont  d’un  usage  fréquent.  Mais  cette  bran- 
che de  la  Pharmacie  est  devenue  l’objet  d’un  brigandage 
considérable.  11  y a quantité  de  gens  qui  ne  tiennent  dans 
leur  boutique  que  de  deux  ou  trois  especes  de  syrops , qui 
leur  servent  généralement  pour  toutes  les  demandes  qu’on 
leur  fait  des  autres  syrops  : ils  donnent  en  place  de  tous 
les  syrops  composés  , des  syrops  simples  , laits  avec  la  dé- 
coction de  la  plante  qui  lui  donne  le  nom.  Ces  fraudes  sont 
faciles  à reconnoître  par  les  connoisseurs , au  goût , à l'o- 
deur , à la  couleur  , qui  leur  manquent.  Les  falsificateurs 
plus  habiles , aromatisent  ces  syrops  avec  un  peu  d’eau 
vulnéraire  faite  à l’eau  , pour  les  mieux  déguiser. 

Recèles  générales  pour  les  proportions  de  sucre  et  de 

liqueurs  qui  entrent  dans  la  composition  des  sy~ 

rops. 

Pour  les  infusions  , les  décoctions  et  les  sucs  dépurés 
aqueux,  il  faut  deux  livres  de  sucre  , sur  dix-sept  onces 
de  ces  différentes  liqueurs,  lorsqu  il  ny  a rien  a faire 
évaporer. 

Pour  les  sucs  acides,  salins,  et  les  liqueurs  aromatiques 
distillées  non  spiritueuses  , il  faut  vingt-huit  onces  de  su- 
cre sur  une  livre  de  ces  liqueurs. 

Pour  les  liqueurs  vineuses  , le  vin  même  , il  faut  vingt- 
six  onces  de  sucre  sur  une  livre  de  ces  liqueurs. 


£ LIMENT  S DK  PHARMACIE.'  5l| 

Pour  les  liqueurs  spiritueuses , comme  sont  l’eau-de-vie 
ou  l’espritde  vin,  on  ne  peuten  déterminer  les  proportions: 
on  en  met  assez  pour  leur  donner  une  saveur  agréable  , 
parccque  ces  liqueurs  ne  sont  pas  susceptibles  de  se  gâter  \ 
comme  celles  qui  font  la  base  des  syrops.  Les  liqueurs 
spiritueuses  bien  rectifiées  dissolvent  peu  de  sucre  : elles 
se  mêlent  très  bien  avec  lui  par  l’intermede  de  l’eau  : 
c’est  ce  qui  fait  la  base  des  ratafias. 

Des  ra  tafia  ts. 


O11  doit  considérer  comme  les  principes  fondamentaux 
des  ratafias  ce  que  nous  avons  dit  sur  les  infusions  les 
décoctions  , les  sucs  dépurés,  les  liqueurs  distillées  'tant 
aqueuses  que  spiritueuses  , et  les  syrops.  Toutes  ces' sub- 
stances font  la  base  des  ratafias,  soit  qu’on  les  considéré 
comme  médicaments  , soit  comme  liqueurs  de  table 
On  peut  définir  les  ratafias  des  liqueurs  spiritueuses  ■ 
sucrees^  et  aromatisées,  faites  pour  satisfaire  le  goût  et 

Il  faudroit,  pour  examiner  les  ratafias  avec  toute  l’exacti- 
tude qu  ou  est  dans  le  cas  de  desirer  , avoir  plus  de  con- 
noissances  que  nous  n’en  avons  sur  la  nature  des  sub- 
stances qui  excitent  sur  nos  organes  des  sensations  d’odeur 
et  de  saveur  ; il  seroit  nécessaire  de  prouver  s’il  existe  des 
odeurs  et  des  saveurs  simples  qui , par  leurs  diverses  n 
portions  et  arrangements  , soient  la  cause  de  toutes  celles 
que  nous  connoissons  ; s’il  est  possible  d’en  faire  d’artifi 
cielles,  par  le  mélange  de  substances  qui  n’ont  que  peu 
ou  point  d odeur  et  de  saveur  lorsqu’elles  sont  séparées 
et  qui  en  acquièrent  l’une  et  l’autre  par  le  mélange  If  v a 
un  grand  nombre  de  substances  à la  saveur  desquelles  n» 
est  accoutumé  , et  qui  sont  reconnues  pour  bonnes  par 
tout  le  monde  : mais  il  y en  a un  plus  grand  nombre 
qui  affectent  duféremment  et  qui  donnent  des  sensation* 
agréables  aux  uns  et  désagréables  aux  autres  ; ce  qui  paroi f 
dépendre  des  différentes  constitutions  dWanes  cC l 
pourquoi  il  est  bien  difficile  d’établir  des  „é„T 

raies  sur  cette  matière.  ü t>CI1o- 

H conviendrait  d’examiner  les  qualités  que  doivent  avn.V 
-ssubstanœs  qu  on  peut  faire  entrer  dans’  les  ratafias  Ce 
tu  1 inspection  ni  la  dégustation  qui  peuvent  nous 


5 '12  ÉLÉMENTS  DE  PHÀRMACt  £• 

les  faire  connoître  suffisamment,  pour  les  rejeter  ou  pour 
les  employer.  J’ai  remarqué  que  plusieurs  substances  , 
qui,  par  ces  épreuves  , paraissent  ne  pas  mériter  la  peine 
ci  'être  examinées  plus  amplement , forment  des  liqueurs 
fort  agréables,  lorsqu’elles  sont  combinées  avec  le  sucre 
et  l’esprit  de  vin.  Il  en  est  de  même  de  celles  qui  pro- 
mettent beaucoup  à l’odorat  et  à la  dégustation  , et  qui 
ne  font , le  plus  souvent  , que  de  mauvaises  liqueurs  , 
comme  , par  exemple  , la  plante  que  l’on  nomme  botrys  : 
elle  a une  odeur  et  une  saveur  fort  agréables;  elle  est  ce- 
pendant dans  le  cas  dont  nous  parlons.  Mais  on  peut,,  par 
l’habitude,  apprendre  à connoître,  à l’odeur  et  à la  saveur, 
celles  qui  peuvent  faire  de  bonnes  liqueurs,  dont  ceci 
prouve  évidemment  que  les  saveurs  de  ces  substances  re- 
çoivent des  changements  considérables  , en  se  combinant 
avec  le  sucre  et  avec  l’esprit  de  vin-  Il  y a,  comme  on 
voit , une  belle  suite  d’expériences  à faire  sur  chacun  des 
objets  que  nous  proposons  ; elles  ne  peuvent  manquei  de 
répandre  beaucoup  de  lumière  sur  la  physique  des  odeurs 
et  des  saveurs  , et  procurer  aux  riches  de  nouvelles  li- 
queurs pour  satisfaire  leurs  goûts.  Ces  recherches  théori- 
ques nous  entraîneraient  dans  de  trop  longs  détails  : jI  me 
suffit  d’en  indiquer  le  plan  à ceux  qui  voudraient  le  suivre. 
Je  me  contenterai  donc  d’exposer  le  plan  méthodique  et 
expérimental  qu’on  peut  faire  sur  celte  matière,  en  don- 
nant quelques  exemples  de  chaque  espece  de  ratafias  oit 

liqueurs  de  table.  . . 

On  peut  réduire  à quatre  classes  principales  tous  les  ra- 
tafias et  liqueurs  de  table  : savoir; 

10.  Les  ratafias  faits  par  infusion  , soit  dans  1 eau  , soit 
dans  le  vin,  soit  dans  l’eau-de-vie  ou  dans  l’esprit  de  vin. 

-2°.  Les  ràtafias  faits  par  distillation.  . 

3°.  Les  ratafias  faits  par  infusion  et.  par  distillation. 

4°.  Les  ratafias  faits  avec  les  sucs  dépures  des  fruits  et 
de  certaines  plantes.  Ces  derniers  peurent  se  faire  aussi 

en  faisant  fermenter  cës  sucs.  . 

Toutes  ces  liqueurs  peuvent  etre  simples  , ou  conq 

sées  de  différents  ingrédients. 

Nous  devons  nous  rappeller  ce  que  nous  a\ons  < 1 
la  distillation  et  la  rectification  de  l’esprit  de  vin. JJ  . 
très  essentiel  de  n'en  employer  jamais  que  ce  tus  r 
pour  la  préparation  des  liqueurs  unes.  L eau  e 


i ï,  Ù M E N T S DE  PH  ARMACIH  5 1 3 

*âuse  cîe  l’huile  de  vin  qu’elle  contient , et  de  sa  saveur 
de  phlegme  d’eau-de-vie,  11e  peut  faire  que  des  liquçur* 
communes. 


Des  ratafias  simples  qu'on  prépare  par  infiujion. 
Ilatafla  de  fleurs  d’oranges, 

Sucre,  ft  y/. 

^aüJ tb  XXV. 

On  inet  le  sucre  et  1 eau  dans  une  bassine  ; on  fait  pren- 
dre un  bouillon  à ce  mélange  : on  enleve  l’écume  du 
sucre  , alors  on  ajoute, 


•Pétales  de  fleurs  d’oranges, j. 

On  fait  bouillir  ces  fleurs  pendant  trois  ou  quatre  mi- 
nutes : on  verse  le  tout  dans  une  grande  cruche,  dans  la- 
quelle on  a mis , 

# • » • i 

Esprit  de  vin  rectifié  Pint.  nc.  iv. 

On  couvre  la  cruche  exactement  avec  un  bouchon  de 
îiege  assujetti,  avec  du  parchemin  : on  laisse  infuser  ce 
mélange  pendant  un  mois  ou  six  semaines  : alors  on  le 
passe  au  travers  d un  linge  propre  , en  exprimant  le  marc 
légèrement  . on  filtre  ce  ratalia  au  travers  d’un  papier  gris  , 
et  on  le  conserve  dans  des  bouteilles  qui  bouchent  bien!  Vc 

Le  ratafia  de  fleurs  d’oranges  est  une  liqueur  de  table.  Si 
on  le  considéré  comme  un  médicament,  ou  peut  lui  attri- 
buer la  vertu  d’ètre  céphalique,  stomachique  et  hystérique. 


Ratafia  d'angélique. 


Eau-de  vie  , 7 

Eau  de  riviere,  3 aa" 

Sucre, . 

Semences  d’Angélique , . 
Ti  ges  d’angélique,  . . . 
Amandes  ameres , . . . , 


Pint.  no.  vjt 
îb  iv. 


o b 
iv 

iv. 


5 lvr- 


On  concasse  grossièrement  la  semence  d’angélique  : on 
coupe  en  plusieurs  morceauxles  tiges:  on  met  ces  substan- 
ces dans  une  cruche  avec  les  autres  ingrédients  ; on  laisse 


Vertus 


ÉlÉMENT!  15  E PHARMACIE, 

intussr  le  tout  pendant  environ  quinze  jours  : au  bout  d* 
>ce  temps  on  coule  avec  expression  : on  hltre  la  liqueur*  et 
en  la  conserve  dans  de<s  bouteilles  qu’on  bouche  bien. 

L’angélique  est  une  substance  aromatique  forte  *,  il  est 
absolument  nécessaire  d’en  ménager  la  dose  , sans  quoi 
le  ratafia  seroit  fort  âcre  : la  quantité  que  nous  prescri- 
vons est  suffisante.  . . .1  . 

Le  ratafia  d’angélique  est  une  liqueur  de  table  : il  est 

peu 'd’usage  comme  médicament  : cependant  si  1 on  vou- 
loit  l’employer  dans  la  médecine  , on  peut  lui  atlubuer 
une  vertu  cordiale  , stomachique , céphalique,  un  peu  su- 
dorifique. 

Ratafia  ou  eau  d'ariis . 

X Graines  d’anis  entières,.  î — ' 

Eau-de-vie  à 24  degrés  , {h  »)■ 

Sucre, 

Eau,! 11 ‘J’ 

On  met  infuser  l’anis  dans  l’eau-de-vie  pendant tr“s 
quatre  jours  ; au  bout  de  ce  temps  on  le  passe  au  travers 

d D’îme8  autre  part , on  fait  dissoudre  le  sucre  dans  l’eau  : 
lorsqu’il  est  diis ous  on  ajoute  l’infusion  de  graines  d ams: 
ml  K les  deux  liqueurs:  on  laisse  reposée 
jusqu’à  ce  qu’il  se  soit  éclairci  : ou  011  le  tilue 

d’un  papier  gris. 

Anisette  de  Rouvdeaux • 

s sr  S:  ““ 

ï,e  ' fut sucrfeTtoici  néanmoins  la  maniéré  de  prépare, 
cetteliqueur  qui’-est  assez  agréable. 

. . • „ ......  1b  if. 

& Eau.  de  riviere  • • . fo  j. 

Esprit  de  vin  a 30  degrés,  • • 2Utt,if. 

1 tuile  essentielle  d ams  ?*.••***  ^ j h» 

Encre  royal,  .•»••*•*•'*** 

% • 


ItiMEKTS  SB  PHARMiClïi 

On  mêle  toutes  ces  substances  ensemble  , et  on  tire  par 
inclination  la  liqueur  lorsqu’elle  s’est  bien  éclaircie  , ou  ou 
u filtre  au  travers  du  papier  Joseph. 


■Escubac. 


ÿ Safran  gâtinois , . . 

Dattes,  7 

■iLatsiuii  ue  aamas  , j 
Jujubes,  . . . 

* * 5 11J* 

Anis  

Canelle,  7 __ 

CnrianrlrA  i aa 

Sucre  cassé  par  morceaux  , 

Eau-de-vie  à 2 6 degrés,  . . j.  . ... 

• . pint.  : 

> 


. ,0n  ™et  dans  une  cruche  le  safran , les  dattes  et  les  iaJ 
jubés  dont  on  a séparé  les  noyaux  , ensuite  les  autres  sub. 

ÙnlT : 011  versel  eau-de-vie  par-dessus , et  on  laissecemé- 
a en  rntusiou  pendant  quinze  jours,  en  ayant  soin  de  la 
remuer  plusieurs  lois  ; au  bout  de  ce  temps  on  le  passe  avec 
expression  ; alors  on  fait  dissoudre  le  sucre  dans  une  pinta 
qu  , et  on  mêle  le  syrop  avec  l’infusion  spiritueuseP  On 
:r,::“f;vd“S  d<1  bouteilles  pour  le  laisser  éclaircir; 
le  dépôt  qui  s’est  formé3.  mchnatlon  P0llr  ^pareg 


liaLaJïa  de  genievrej 


& Genievré  récent , . . 
Eau  bouillante , . . 
Sucre  , 

Esprit  de  vin  rectifié, 


v ••  • 

5 v“l- 


ibiv. 


On  met  le  genievre  entier  dans  un  vaisseau  convenable- 
<m  verse  par-dessus  l’eau  bouillante;  on  laisse  infuser  ce 
mélange  pendant  vingt-quatre  heures  ; ensuite  on  le  passe 
en  1 exprimant  légèrement  : on  fait  dissoudre  à froid  le  sucra 
dans  cette  infusion , et  on  ajoute  l’esprit  de  vin  : on  le  con 
serve  dans  une  bouteille  , et  on  le  filtre  an  travers  d’un  nn~ 
pier  gns , quelque  temps  après  qu'il  est  fait.  1 

Ce  ratafia  est  stomachique ; céphalique,  cordial,  propre 

K k ji 

lit*)  #.  J 


S\6  ÉLÉMENTS  Dï  IMARMACIEi 

pour  aider  la  digestion  , pour  chasser  les  vents  : il  est  boii 
dans  la  colin ue  venteuse. 

i -*■ 

Remarques. 

Le  genièvre  est  un  très  bon  stomachique  , qui  contient  „ 
comme  nous  l’avons  dit  précédemment  beaucoup  d huile 
essentielle  et  de  résine  ; mais  sa  principale  vertu  stomachi- 
que réside  dans  son  entrait.  L’eau  pendant  1 infusion , ne 
dissout  pour  ainsi  dire  que  cette  substance  , et  un  peu 
d’huile  essentielle  la  plus  fluide  , qui  donne  a ce  ratafia 

une  odeur  fort  agréable.  # j 

Ceux  qui  fofifdü  ratafia  de  genievre  ont  coutume  de 

piler  ce  fruit,  .et  d’en  faire  une  forte  décoction  , ou  de  le 
mettre  infuser  dans  l’eau-de-vie  , ou  dans  1 esprit  de  vin  , 
mais  on  n’obtient , par  l’une  et  l’autre  méthodes  , qu  un 
ratafia  trop  chargé , âcre  , et  qui  contient  beaucoup  de 
résine  et  d’huile  essentielle  qui  n’est  pas  moins  acre  . il 
vaut  beaucoup  mieux  le  préparer  de  la  maniéré  que  nous 
venons  de  le  dire  : il  est  infiniment  plus  agréable  que  par 
tout  autre  procédé. 

Ratafia  du  Commandeurs e Caumartin. 

Racines  d’arrête-bœuf  , 

decynorrhodon , / _ .. 

guimauve  , ^ tia.  . • • 5 ij. 

sceau  de  Salomon  , \ 
chardon  roland , w . 

consolide  major  5 J- 

Muscades,' rV” 

Semences  d’ânis  , 8 V 

Raies  de  h 

„ . P . . » ■ P)  il . 

bucre  , » J 

Eau-de-vie  , 

T / * 

On  nétoie  les  racines  : on  les  concasse  , ainsi  que 
iuuseades\Ta  semence  d'anis  et  ie  genievre  : on  met  tou- 
™ res  substances  dans  un  matra»  : on  les  fait  infuser  a 
froid  pendant  quinze  jours  : au  bout  dé  ce  temps  ou  passe 
avec  expression  : on  ajoute  le  sucre  en  pondre STceZ* 
on  agite  le  mélange  plusieurs  fois  par  jour  , jusqu  a « » 
la  sucre  soit  dissous.  Alors  on  lilue  au  traie»s  ] , 


Eléments  de  pharmacie.  5 1 

gris  , et  on  conserve  ce  ratafia  dans  des  bouteilles  qui 
bouchent;  bien.  11  est  purement  médicamenteux  , et  n’est 
point  fait  pour  la  table. 

On  dit  ce  ratafia  bon  pour  la  gravelle  et  la  rétention 
d’urine.  On  en  prend  un  petit  verre  le  matin  à jeun  , et 
autant  le  soir  en  se  couchant.  On  en  continue  l’usage  pen- 
dant quatre  ou  cinq  jours.  Si  on  le  trouve  trop  fort , on 
peut  y ajouter  un  peu  d’eau. 


Marasquin  de  Zara. 


ÿ Esprit  de  cerises  noires 
de  framboises  , . 
de  vin  rectifié, 

Eau 

Sucre  royal , .... 


3 J.  n 
5 

V»”  t . . 

5 ' ”)• 
ib  j fi. 

W • 

5 vh 


On  fait  dissoudre  le  sucre  dans  l’eau,  et  on  ajoute  las 
liqueurs  spiritueuses  : on  laisse  le  mélange  tranquille  jus- 
qu à ce  qu  il  se  soit  éclairci  , et  on  le  tire  par  inclination. 

L esprit  de  cerises  noires,  connu  sons  le  nom  de hersew- 
sa  , Cjt  fort  sujet  a avoir  le  goût  d’empyreume  : ii  est  bi*u 
essentiel  de  laire  choix  de  celui  qui  n’a  point  ce  goût. 

Ides  î atafias  qui  se  font  par  distillation . 


Eau  divine. 


ÿ Esprit  de  vin  rectifié, . pint.  iv, 

Eluile  essentielle  de  citrons  , *> 

bergamotes,  ) ^ ^ d* 

Eau  de  fleurs  d’oranges, 


.On  met  toutes  ces  substances  dans  un  bain-marie  d’é- 
tain, et  ou  les  lait  distiller  à une  chaleur  inférieure  à celle 
de  l’eau  bouillante  , pour  tirer  tout  le  spiritueux.  D’une 
autre  part  , 


Eau  filtrée,  . 
Sucre , ...  . 


Pint.  viij. 
1b  iv. 


On  i ai  t dissoudre  le  sucre  à froid  : alors  on  ajoute  l’es- 
prit de  vin  aromatique  ci-dessus  : on  le  mêle  exactement  : 
on  conserve  ce  mélange  dans  des  bouteilles  qu’on  bouche 
icn  i et  on  le  filtre  quelque  temps  apres. 

• K k ii  j 


Vertus 

Dose. 


Yertus. 


5i8  Eléments  ds  pharmacie. 

L’eau  divine  est  cordiale  ; elle  aide  à la  digestion  , pousse» 
un  peu  par  la  transpiration  : on  la  fait  quelquefois  entrer 
clans  les  potions  cordiales  qu’on  fait  prendre  dans  la  pe- 
pose  tite  vérole.  La  dose  est  depuis  demi-once  jusqu’à  deux 
onces.  On  fait  un  grand  usage  de  l’eau  divine  pour  la 
table,  parceque  cette  liqueur  est  fort  agréable. 


Remarques. 


Ordinairement  on  ne  distille  point  l’esprit  de  vin  avec 
les  aromates  , pour  faire  l’eau  divine  ; mais  comme  il  n’y 
a que  leur  esprit  recteur  qui  soit  agréable  dans  cette  li- 
queur , et  non  leur  huile  essentielle  , j’ai  remarqué  que 
par  cette  distillation  on  fait  une  eau  divine  infiniment 
plus  agréable  , que  lorsqu’on  la  prépare  suivant  l'usage 
ordinaire. 

JJcs  ratafias  qui  se  font  par  infusion  et  par  distillation 

Elixir  de  Garus. 


£ Myrrhe,  > _ 

Aloës , Ç 
Girolle,  \ -- 
Muscades,!  aa’ 

Safran 

Canelle , 

Esprit  de  vin  rectifié  , 


3 j IL 
S 

w • 

5 v). 
îbx: 


On  concasse  toutes  ces  substances  : on  les  fait  infuser 
clans  l’esprit  de  vin  , pendant  vingt-quatre  heures.  Alors 
on  distille  au  bain-marie  , jusqu’à  siccité  : on  rectifie  au 
bain-marie  cette  liqueur  spiritueuse  et  aromatique  , pour 
tirer  neul  livres  d’esprit.  Ensuite  , 


Capillaire  de  Canada  , 

Réglisse  coupée  grossièrement  , . 

Figues  grasses , 

Eau  bouillante  , * 

Sucre , 

Eau  de  fleurs  d’oranges  ordinaire  , . . 


• 

5 "J* 

!b  viij. 
1b  xij. 

w • • 

5 X1F 


On  hache  grossièrement  le  capillaire  : on  le  met  dans 
un  vaisseau  convenable  , avec  la  reglisse  coupée  , et  les 
figues  grasses  aussi  coupées  eu  deux  ; ou  verse  par-dessus 


ÉLÉMENTS  * E PHARMACIE»  5 1 9 

l’eau  bouillante  : on  couvre  le  vaisseau  : on  laisse  infuser 
ce  mélange  pendant  vingt-quatre  heures  : on  passe  en- 
suite , en  exprimant  légèrement  le  marc  : on  ajoute  l’eau, 
de  Heurs  d’oranges  : on  fait  dissoudre  à froid  le  sucre 
' dans  cette  infusion  ; ensuite  on  mêle  deux  parties  de  ce 
syrop  sur  une  d’esprit  devin,  en  poids  et  non  en  me- 
sure : on  agite  le  mélange  pour  qu’il  soit  exact  : on  le 
conserve  dans  une  bouteille,  et  on  le  tire  par  inclina- 
tion quelques  mois  après  , ou  lorsqu’il  est  suffisamment 
clair. 

11  est  stomachique  : il  est  bon  dans  les  indigestions  , Vertus 
dans  les  foiblesses  d’estomac  , dans  les  coliques  venteu- 
ses» 11  pousse  par-  la  transpiration  : on  le  fait  prendre  dans 
la  petite  vérole.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  une- Dûs». 
ence  et  demie. 


Ratafias  faits  avec  les  sucs  dépurés . 

Ratafia  de  coings. 

fé  Suc  dépuré  de  coings 1b  vi. 

Eau,  y __  ... 

Esprit  de  vin  rectifié  , ) (,a 1b  hj'* 

^ucre> Ib  ij  5 vj. 

Canelle  concassée  ^ iij. 

Coriandre  concassée, $ ij. 

Girofle  concassé  , . v 9 j. 

Amandes  ameres K R, 

Macis  . 5 b- 

On  lait  dissoudre  le  sucre  dans  l’eau  et  dans  le  suc  de 
coings  : on  ajoute  les  autres  ingrédients  : 011  conserve  ce 
mélangé  dans  une  grande  bouteille  , pendant  environ 
quinze  jours  ou  trois  semaines;  alors  011  le  filtre  au  tra- 
vers d’un  papier  gris. 

11  est  agréable  : 011  en  prend  après  le  repas  : il  facilite  y,  . 
la  digestion  , en  resserrant  et  fortifiant  les  libres  de  l’esto- 
mac  : il  est  bon  dans  les  dévoiements  qui  viennent  d un 
relâchement  dans  les  viscères. 

Ratafias  préparés  par  la  fermentation . 

Via  de  cerises. 

2*  Suc  de' cerises, » c 

Sucre  ......  îb  vj. 

Esjuit  de  vin  rectifié ](,  jjj, 

Kk  iv 

« 9 


A 


t)20  ÉLÉMENTS  B!  PHARMACIE, 

On  tire  le  suc  de  cerises  , comme  nous  l’avons  dit  dan* 
son  temps  : on  le  met  dans  un  baril  : on  l’expose  dans  un 
endroit  où  la  chaleur  soit  environ  à douze  ou  quinze  do- 
grés  au-dessus  de,  la  glace  : peu  de  jours  après  il  entre  en 
fermentation  : on  le  laisse  fermenter  pendant  environ  une 
semaine.  Lorsque  la  liqueur  cesse  de  fermenter  , ce  que 
l’on  reconnoît  quand  elle  s’éclaircit,  on  la  tire  par  inclina- 
tion : on  y ajoute  le  sucre  et  l’esprit  de  vin  : on  la  conserve 
à la  cave  pendant  une  année  dans  le  baril  , au  bout  du- 
quel temps  on  la  met  en  bouteilles. 

On  fait  aussi,  avec  le  suc  de  cerises  tout  seul  , un  vin 
par  fermentation  qui  est  lort  bon  : il  est  violent  et  enivre 
facilement  : le  sucre  modéré  un  peu  son  action,  pareequ’il 
est  ajouté  après  la  fermentation  , et  qu’il  conserve  sa  sa- 
veur sucrée. 

Des  confitures. 

Les  confitures  sont  de  deux  especes;  savoir  liquides  et 
solides.  Les  unes  et  les  autres  sont  faites  pour  conserver  , 
par  le  moyen  du  sucre  , les  sucs  de  certaines  matières  , ou 
la  substance  en  entier.  Les  premières  portent  le  nom  de 
gelées  , et  les  autres  ceux  de  conserves  liquides  et  de  con- 
serves scelles,  soit  qu’on  les  considéré  comme  aliments  ou 
comme  médicaments. 

Les  confitures  étoient  autrefois  d’un  plus  grand  usage 
dans  la  pharmacie  qu’elles  ne  le  sont  aujourd’hui.  Toutes 
les  anciennes  Pharmacopées  contiennent  un  chapitre  fort 
long  sur  les  confitures  , qu’elles  nomment  Conclus.  Les 
Pharmaciens  confisoient  beaucoup  de  racines,  de  fruits,  etc.  ; 
aujourd’hui  presque  tous  ces  conditssont  sortis  de  la  phar- 
macie , et  font  les  occupations  des  confiseurs.  La  pnarma- 
cic  n’a  retenu  qu’un  petit  nombre  de  ces  préparations  ; 
encore  diminuent-elles  tous  les  jours.  11  seroit  peut-etre 
plus  avantageux  pour  la  médecine  de  les  restreindre  encore 
à un  bien  plus  petit  nombre.  11  paraît  que  c’est  à l’époque 
de  la  découverte  du  sucre  qu’on  doit  attribuer  la  multipli- 
cité des  condits  de  1 ancienne  Pharmacie.  Comme  il  est 
plus  agréable  que  le  miel , on  1 a substitue  par-tout  a sa 
place  : on  l’a  trouvé  aussi  plus  convenable  pour  former 
des  condits  parfaitement  secs.  11  est  certain  qu  on  ne  puni- 
rait pas  faire  avec  le  miel  dos  conserves  seches  corume  on 
fait  avec  le  sucre,  • 


4 * 

* 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  521 

Les  anciens  entendoient  par  condits  des  conserves  se- 
elles  ou  liquides , faites  avec  une  seule  substance  , ou  du 
moins  avec  un  bien  petit  nombre  ; et  ils  rangeoient  dans 
des  chapitres  particuliers  les  condi ts  plus  composés  ; comme 
sont  les  électuaires  mous  et  solides  ? les  confections,  les 
opiats  , etc.  Nous  croyons  qu’on  peut  renfermer,  sous  un 
même  article  toutes  ces  compositions  : en  effet  , la  con- 
serve d une  seule  substance  est  un  électuaire  simple  ; ce 
que  l’on  connoît  communément  sous  le  nom  d 'électuaire  t 
est  pareillement  une  conserve  , mais  composée. 


Des  gelées. 

Les  gelées  sont  des  préparations  mucilagîneuses  qu’on 
fait  avec  des  sucs  de  fruits  , et  avec  des  parties  animales  , 
qui  prennent  une  consistance  de  colle  lorsqu’elles  sont 
bien  préparées  et  relroidies.  Les  mucilages  des  gommes  , 
des  semences,  des  farines  , des  os  de  viandes  , etc. 
sont  de  véritables  gelées  : les  colles  fortes  sont  du  muci- 
lage desséché  ; elles  peuvent  être  mises  au  rang  des  ce- 
lées. 

Tous  les  sucs  des  fruits  ne  sont  pas  propres  à former  des 
gelees  ; il  faut  qu  ils  soient  un  peu  mucilagineux  comme 
sont  ceux  de  poires  , de  pommes  , de  verjus  , de  coings 
de  groseilles,  d’abricots  , etc. 

Dans  les  animaux , ce  sont  les  parties  cartilagineuses  et 
solides  qui  rendent  le  plus  de  mucilage.  Nous  avons  parlé 
précédemment  de  la  maniéré  de  détruire  par  le  feu  cette 
substance  contenue  dans  les  os  : nous  parlerons  dans  un 
moment  des  moyens  de  la  séparer  par  l’intermede  de  l’eau  , 
et  de  la  conserver  pour  en  former  un  médicament  ali- 
menteux. 

Gelée  de  groseilles. 


Groseilles  égrenées, 
Sucre  concassé  , . 


ïb  xv. 
îb  xi j. 


On  met  les  groseilles  entières  et  le  sucre  concassé  dans 
nne  bassine  : on  place  le  vaisseau  sur  le  feu  : et  à mesure 
que  les  groseilles  rendent  leur  suc  , le  sucre  se  dissout  : on 
remue  dans  les  commencements  avec  une  écumoire  afin 
que  la  matière  ne  s’attache  point  au  fond  du  vaisseau:  on 


522  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

fait  bouillir  ce  mélangea  petit  feu  , jusqu’à  ce  qiï’il  y ait 
environ  un  quart  de  1 humidité  d’évaporé  , ou  qu  en  met- 
tant refroidir  un  peu  de  la  liqueur  sur  une  assiette  , elle  se 
fige,  et  prenne  Fapparence  d’une  colle  ; alors  on  passe  la 
liqueur  au  travers  d’un  tamis  , sans  exprimer  le  marc  : on 
verse  dans  des  pots  la  liqueur  , tandis  qu’elle  est  chaude  : 
lorsqi*ela  gelée  est  prise  et  refroidie  , on  couvre  les  pots. 

On  prépare  la  gelée  de  cerises  de  la  meme  manière. 

Remarques. 

Vertus.  La  gelée  de  groseilles  est  plus  employée  dans  les  ali- 
ments que  dans  la  médecine;  cependant  on  peut  lui  ac- 
corder une  vertu  légèrement  astringente  et  anti-putride  , . 
propre  à arrêter  les  diarrhées. 

On  peut  faire  la  gelée  de  groseilles  avec  le  suc  dépuré 
du  fruit  , comme  avec  le  fruit  entier  ; mais  elle  est  plus 
agréable  lorsqu’elle  est  faite  de  cette  derniere  façon , à 
cause  de  l’odeur  du  fruit  qu’elle  conserve  davantage.  QueR 
ques  personnes  mettent  beaucoup  moins  de  sucre  que 
nous  n’en  prescrivons  ; alors  la  gelée  est  âcre , d une  sa- 
veur de  10b  , et  d’une  couleur  rouge  brune  , pareeque  le 
suc  du  fruit  se  concentre  trop.  La  gelée  de  groseilles  , 
pour  être  belle  , doit  être  d’une  couleur  rouge  un  peu 
foncée  , bien  transparente  , bien  tremblante  , et  d une  sa- 
veur aigrelette  agréable. 

Gelée  cle  coings  ou  cotignaC: 


2:  Coings, Ibvjif.' 

Sucre  , îb  vj. 


On  choisit  des  poires  de  coings  qui  ne  soient  pas  an 
dernier  degré  de  leur  maturité  : on  les  essuie  avec  un  linge 
pour  emporter  le  duvet  cotonneux  qui  se  trouve  à leur 
surface  : on  les  coupe  en  quatre  : ori  sépare  les  pépins  : on 
fait  cuire  ce  fruit  dans  une  suffisante  quantité  d’eau  : 011 
passe  la  décoction  avec  expression  : on  y faii  dissoudre  le 
sucre  : on  clavihe  ce  mélange  avec  quelques  blancs  d oeuf» , 
on  fait  évaporer  la  liqueur  jusqu’à  ce  qu’elle  forme  une 
gelée  ; ce  que  l’on  reconnoît  de  la  maniéré  que  nous  1 avons 
dite  pour  la  gelée  de  groseilles. 


1 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  52$ 

On  prépare  de  la  même  maniéré  la  gelée  de  pommes  , 
de  poires,  etc.  ; on  aromatise  ces  dernieres  avec  une  once 
d’eau  de  canelle,  qu’on  ajoute  sur  la  fin  de  leur  cuitte. 

La  gelée  de  coings  est  ordonnée  pour  arrêter  le  cours  de  Vertus, 
ventre  , le  vomissement  ; aider  à la  digestion  , et  pour  for- 
tifier l’estomac  : cette  gelée  est  astringente  ; elle  est  agréa- 
ble au  goût. 


Marmelade  d abricots 

£ Abricots, . fo  xv.- 

• Sucre  fox. 

On  choisit  des  abricots  bien  mûrs  : on  les  coupe  en  deux; 
on  en  séparé  les  noyaux  : on  pese  quinze  livres  de  ce  fruit  : 
d une  autre  part , on  fait  cuire  le  sucre  à la  plume  : on 
ajoute  le  huit  : on  remue  ce  mélange  : on  le  fait  bouillir  à 
petit  feu  pendant  environ  une  heure  et  demie,  ayant  soin 
de  remuei  sans  discontinuer  , sans  quoi  la  confiture  s’atta- 
che facilement , et  brûle  au  fond  de  la  bassine.  On  con- 
tinue de  faire  cuire  cette  marmelade  jusqu’à  ce  qu’elle 
ait  acquis  une  consistance  convenable  5 co  ,que  l’on  re— 
commit  en  en  mettant  un  peu  refroidir  sur  une  assiette  : 
alom  on  ajoute  les  amandes  qu’on  a séparées  des  noyaux  , 
et  dont  on  a ote  la  peau  : on  coule  dans  des  pots  la  con- 
’ture  ^ tandis  qu  elle  est  chaude  , et  on  ne  la  couvre  que 
lorsqu’elle  est  entièrement  refroidie.  Cette  quantité  fournit 
ordinairement  dix-neuf  livres  six  onces  de  marmelade. 

La  marmelade  d’abricots  est  restaurante,  cordiale  etVvltus 
pectorale  : on  en  fait  plus  d usage  comme  aliment  que  ' ' 

comme  médicament.  1 


Marmelade  de  prunes  de  reine-claude. 

Prunes  de  reine-claude, p,  jj; 

Sucre  L a ij. 

On  prend  des  prunes  de  reine-claude  bien  mûres  • on 
en  sépare  les  noyaux  ; on  en  pese  trois  livres  : d’une  autre 
part  on  lait  cuire  le  sucre  à la  plume  , et  011  ajoute  le  fruit 
Ou  fait  cuire  ce  mélange  à petit  feu  , et  on  fait  pour  lé 
reste  comme  nous  l’avons  dit  à l'égard  de  la  marmelade 


5 24  iLïÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

d’abricots , excepté  seulement  qu’on  ne  met  pas  les  aman- 
des des  noyaux. 


Des  confitures  seches. 

' <■ 

Ou  prépare  en  confitures  seclies  des  fruits  entiers  , ou 
seulement  coupés  par  morceaux  , des  racines  ou  certai- 
nes tiges  et  certaines  écorces.  Ces  substances  doivent  être 
tellement  pénétrées  par  le  sucre  , qu’elles  soient  seclies  et 
presque  friables.  On  n’observe  aucune  proportion  de  sucre 
sur  celles  des  ingrédients  : il  suffit  de  priver  les  substances 
que  l’on  confit  de  toute  leur  humidité  , par  le  moyen  du 
sucre  cuit  à la  plume  , de  maniéré  que  celui  qui  reste  dans 
les  substances  , soit  sec  et  privé  lui-même  de  toute  hu- 
midité. 

Sucre  cuit  à la  plume. 

On  met  dans  une  bassine  deux  livres  de  sucre  avec  une 
livre  d’eau  : on  fait  chauffer  ce  mélange  pour  dissoudre  le 
sucre  : on  fait  évaporer  l’humidité,  jusqu’à  ce  qu’en  plon- 
geant une  cuiller  dans  ce  syrop  , et  la  secouant  brusque- 
ment, le  sucre  en  s’échappant  de  la  cuiller  , se  divise  en 
une  espece  de  pellicule  mince  et  légère  , semblable  à ces 
toiles  d’araignées  qui  voltigent  dans  l’air  sur  la  fin  de  l’été. 
On  nomme  sucre  cuit  à la  petite  plume  ou  perlé  , celui 
qui  produit  difficilement  cet  effet  , et  sucre  cuit  à la 
grande  plume  , celui  qui  le  produit  facilement.  On  recon- 
noît  encore  que  le  sucre  est  cuit  à la  plume  , lorsqu’en  en 
prenant  un  peu  dans  une  cuiller  , et  le  faisant  tomber  d’un 
peu  haut  , la  derniere  goutte  se  termine  en  un  fil  blanc 
très  délié  , sec  et  cassant.  Dans  cet  état  , il  est  à la 
grande  plume;  et  lorsqu’il  forme  une  petite  goutte  ronde 
et  brillante  au  bout  de  ce  fil  , c’est  une  marque  qu’il  est 
cuit  au  perlé  ou  à la  petite  plume.  Quelques  personnes  re- 
eonnoissent  encore  la  cuitte  du  sucre  a la  plume  , en  en 
faisant  tomber  un  peu  dans  un  verre  d eau  froide  : lors- 
qu’il est  cuit  à son  point , il  se  précipite  au  fond  du  vais- 
seau sous  la  forme  de  globules  qui  sont  secs  et  cassants. 

On  peut  encore  , si  l’on  veut  , connoîtrela  cuitte  du  su- 
cre à la  plume  par  le  moyen  du  pese-liqueur  : il  suffit  de 
plonger  cct  instrument  dajis  le  syrop,  hors  du  leu,  et 


Eléments  de  pharmacie.  *>25 

aussitôt  qu’il  cesse  de  bouillir.  JI  donne  trente-six  degrés 
lorsque  le  sucre  est  cuit  à la  petite  plume,  et  trent-sept 
lorsqu’il  est  cuit  à la  grande  plume. 

Le  sucre  cuit  au  caramel  est  le  sucre  cuit  à la  grande 
plume,  qu’on  fait  cuire  encore  davantage  , et  qu’on  fait 
rôtir  légèrement  : ce  sucre  a une  couleur  rousse  comme 
le  sucre  d’orge  , parcequ’il  a commencé  à se  brûler. 


Tiges  cl' angéliques  confites. 

On  prend  des  tiges  d’angélique  qu’on  a coupées  de 
longueur  convenable  : on  les  fait  bouillir  pendant  un  quart 
d heure  dans  une  suffisante  quantité  d’eau  , pour  empor- 
ter une  partie  de  la  saveur  : on  enleve  ces  tiges  avec  une 
écumoire  : on  les  met  égoutter  sur  un  tamis  de  crin. 

Les  confiseurs  nomment  cette  opération  faire  blanchir; 
elle  se  fait,  ou  pour  attendrir  les  substances , ou  pour  ôter 
une  partie  de  la  saveur  de  celles  qui  en  ont  une  trop  forte, 
comme  1 angélique. 

Alors  on  lait  cuire  du  sucre  à la  grande  plume  : on  y 
plonge  les  tiges  d’angélique  : on  fait  bouillir  le  tout  jus- 
qu à ce  qu’elles  aient  perdu  leur  humidité  : ce  que  l'on  re- 
connoit  par  la  fermeté  qu’elles  acquièrent  en  bouillant  dans 
le  sucre.  On  les  enleve  avec  une  écumoire  : on  les  met  re- 
frouhr  et  égoutter  sur  des  ardoises.  Lorsque  les  tiges  sont 
suffisamment  refroidies,  on  lés  enferme  dans  des^boîtes  , 
qu  on  tient  dans  un  endroit  chaud,  afin  que  les  tiges  ne 
se  ramollissent  point  en  attirant  l’humidité  de  l’air. 

L’angélique  confite  est  cordiale  , stomachique , céphali-  y 
que,  apéritive,  sudorifique,  vulnéraire. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  toutes  les  confitures 
seches  , à l’exception  cependant  qu’on  ne  fait  pas  bouillir 
auparavant  les  substances  qui  n’ont  point  de  saveur  trop 
forte.  On  est  obligé  de  passer  les  fruits  mous  et  succulents 
plusieurs  fois  dans  le  sucre,  pareequ’ils  sont  plus  difficiles 
a être  pénétrés.  On  met  pour  cela  les  fruits  sortant  du  sucre 
cuit  à la  plume , égoutter  sur  un  tamis  pendant  un  jour  ou 
deux  : au  bout  de  ce  temps,  on  remarque  qu’ils  se  sont  ra- 
mollis , pareeque  l’humidité  de  l’intérieur  liquéfie  peu  à 
peu  le  sucre  qui  étoit  à la  surface.  Lorsqu’ils  sont  en  cet 
état,  on  les  plonge  de  nouveau  dans  le  syrop  qu’on  a fait 
recuire  à la  grande  plume  : on  répété  cette  opération  deux 


526  i L i M E N T S DE  T H A R M A C I E. 

ou  trois  fois,  et  même  davantage,  à proportion  que  les 
fruits  sont  gros  et  succulents,  et  jusqu’à  ce  que  le  sucre 
qui  recouvre  leur  surface  ne  se  ramollisse  plus;  alors  on  les 
serre  clans  des  boîtes  que  l’on  conserve  dans  un  endroit 
chaud. 

Gelée  de  corne  de  <cerf. 


Raclures  de  cornes  de  cerf, ib  j\ 

Eau, ft>  vj. 


On  met  ces  deux  substances  dans  une  marmite  d’étain  ? 
qui  puisse  fermer  assez  exactement  pour  qu’il  ne  se  fasse 
que  peu  ou  point  d’évaporation  : on  fait  bouillir  ce  mé- 
lange à petit  feu  pendant  six  heures  ; alors  on  passe  la 
décoction  tandis  qu’elle  est  chaude  , au  travers  d’un  tamis 
de  crin  : on  ajoute  a cette  liqueur  , 


Vin  blanc  , îb  (!•' 

Sucre  , K>  j. 


On  clarifie  le  tout  avec  un  blanc  d’œuf,  et  vingt-quatre 
grains  de  crème  de  tartre.  Lorsque  la  liqueur  est  parfaite- 
ment claire  , on  la  coule  toute  bouillante  au  travers  d’un 
blanchet , sur  lequel  on  a mis  auparavant , 


Canelle  en  poudre  grossière, Z R* 

Esprit  de  citrons  , Z hj. 


Alors  on  distribue  la  liqueur  coulée  dans  plusieurs  petits 
pots  i elle  prend  , en  se  refroidissant,  la  consistance  d uns 
gelée  bien  tremblante. 

Remarques.’ 

Cette  gelée  ne  peut  se  conserver  qu’un  jour  dans  les 
chaleurs  de  l’été  , et  deux  ou  trois  jours  tout  au  plus  dans 
les  froids  de  l’hiver.  Lorsqu’elle  se  gâte  , il  se  forme  des 
taches  blanches  livides  à sa  surface  , qui  gagnent  promp- 
tement le  fond  des  pots  : il  se  dégage  alors  une  grande 
quantité  d’air  ; elle  se  liquéfie  , devient  mousseuse  , et 
elle  exhale  une  odeur  putride  très  désagréable. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  la  gelée  de  viperes  ; 
la  gelée  de  viande  • on  retranche  le  sucre , si  on  le  ju£® 
à propos. 


^LJÉMENTS  DE  PHARMACII.' 


'Ces  gelées  sont  restaurantes  , nourrissantes  : celle  de  Vertu* 
corne  de  cerf  est  légèrement  astringente  et  adoucissante  : 
on  la  donne  dans  les  cours  de  ventre  : on  en  fait  prendre 
à la  cuiller.  Ou  peut  dessécher  ces  gelées  entièrement  pour 
pouvoir  les  mieux  conserver.;  c’est  ce  qui  forme  ce  que 
l’on  nomme  iciblelLes  de  bouillon , dont  nous  parlerons 
dans  un  instant. 


On  échauffe  un  mortier  de  marbre  avec  de  l’eau  bouiU 
laute  : d’une  autre  part,  on  fait  liquéfier  au  bain-marie  la 
gelée  de  corne  de  cerf  : on  pile  les  amandes  douces  et  les 
zestes  de  citrons  dans  le  mortier  échauffé,  avec  un  pilon 
de  bois  : on  fait  un  lait  d’amandes  avec  la  gelée  de  corne» 
de  cerf  qu’on  emploie  en  place  d’eau  : on  ajoute  sur  la  fin 
l’eau  de  fleurs  d’oranges  et  l’esprit  de  citrons:  on  passe  le 
tout  au  travers  d’une  étamine  propre  : on  expose  le  vaisseau 
dans  un  endroit  Irais  : ce  mélange  prend  la  consistance 
gélatineuse , mais  blanche  et  opaque  , à cause  de  l’émul- 
sion. Cette  espece  de  gelée  est  plutôt  un  mets  très  agréa- 
ble , qu’un  médicament.  On  lui  a donné  le  nom  de  blanc 
manger,  à cause  de  sa  couleur  blanche,  et  de  ce  que  ce 
mélange  est  agréable  à manger. 

Bouillons  secs  pour  la  campagne , ou  tablettes  de  bouillon .J 

Pieds  de  veau , . 7 ; n°.iv. 

Cuisse  de  bœuf,  . . . p, 

Rouelle  de  veau, ib  iij. 

Gigot  de  mouton  ....fox. 

On  fait  cuire  ces  viandes  à petit  feu  dans  une  suffisante 
quantité  d’eau  , et  on  les  écume  comme  à l’ordinaire  : on 
passe  le  bouillon  avec  expression  : on  fait  bouillir  la 
yiande  une  seconde  fois  dans  de  nouvelle  eau  : on  passe 


Blanc  manger. 


Gelée  de  corne  de  cerf,  . . 

Sucre  

Amandes  douces  écorcées  , . 
Eau  de  fleurs  d’oranges  , . 

Esprit  de  citrons, 

Zestes  de  citrons  récents , 


?•  • • 
vuj-J 


528  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

de  nouveau  : on  réunit  les  liqueurs  5 011  les  laisse  îcfroidii? 
pour  en  séparer  exactement  la  graisse  : on  clarifie  le  bouil- 
lon avec  cinq  ou  six  blancs  d’œufs  : on  passe  la  liqueur  au 
travers  d’un  blanchet  , et  on  la  fait  évaporer  au  bain-^ia- 
rie,  jusqu’à  consistance  de  pâte  très  épaisse.  Alors  on 
l’ôte  du  vaisseau  : on  l’étend  un  peu  mince  sur  une  pierre 
unie  : on  la  coupe  par  tablettes,  de  la  grandeur  qu’on  juge 
à prooos  : on  achève  de  les  sécher  au  bain-marie  , ou  dans 
une  étuve } jusqu’à  ce  qu’elles  soient  parfaitement  seches 
et  cassantes;  alors  011  les  enferme  dans  des  bouteilles  de 
verre  qu’on  bouche  exactement  avec  du  liege.  f 

Ces  tablettes  peuvent  se  conserver  quatre  ou  cinq  années 
en  bon  état,  pourvu  quelles  soient  enfermées  bien  sèche- 
ment , comme  nous  venons  de  le  dire.  On  peut  , si  011 
veut  faire  entrer  dans  leur  composition  des  volailles , clés 
racines  légumineuses  et  des  aromates  , comme  quelques 
clous  de  girolle  , ou  de  la  canelle.  La  plupart  des  tablettes 
de  viande  que  l’on  débite  , sont  faites  avec  de  la  gelee  de 
corne  de  cerf  préparée  sans  sucre  : elles  peuvent  etre  aussi 
nourrissantes  que  celles  de  viandes;  mais  elles  sont  moins 
agréables  au  goût. 

Lorsqu’on  veut  se  servir  de  ces  tablettes  , on  en  met 
la  quantité  que  l’on  veut,  comme  une  demi-  once , dans  un 
grand  verre  d’eau  bouillante  : on  couvre  le  vaisseau,  et  on 
le  tient  sur  les  cendres  chaudes  pendant  environ  un  quart 
d’heure,  ou  jusqu’à  ce  que  ces  tablettes  soient  enUereuieut 
dissoutes;  ce  qui  forme  un  excellent  bouillon  : 011  lui 

aj°J’ai  remarqué  que,  lorsqu’on  met  du  sel  en  formant  les 
tablettes  , il  attire  l’humidité  de  l’air,  et  il  empêche  qu  on 
ne  puisse  les  conserver  aussi  facilement  qu  on  le  desue. 
il  vaut  mieux  mettre  le  sel  dans  chaque  bouillon  a mesure 

qu’on  le  prépare. 

Tablettes  de  hochiac  , ou  colle  de  peau  d'une. 

Les  tablettes  de hockiac , qu’on  prépare  à la / Chine,  et 
nue  l’on  connoît  en  France  sous  le  nom  de  colle  de  peau 
h âne , sont  des  tablettes  faites  avec  des  substances  ann. 

Vertus,  les.  On  leur  attribue  la  vertu  de  consolider  la. 

de  la  poitrine.  On  fait  prendre  ce  remede  dans la 
F1356-  nie,  les  crachements  de  sang.  La  dose  est  c \ ^ ^ 


ÉLÉMENTS  DK  HIARMACIEÎ  52Ç> 

gros  Jusqu’à  deux  gros.  On  la  fait  dissoudre  dans  quelques 
cuillerées  de  bouillon  onde  thé  : ou  peut  encore  la  laisser 
se  dissoudre  dans  la  bouche,  comme  ou  le  lait  à l’égard 
du  suc  de  réglisse.  On  prend  deux  prises  de  ce  remede  par 
jour,  une  le  malin  à jeun,  et  l’autre  le  soir  en  sc  cou- 
chant* 

Des  conserves. 

Ce  que  l’on  connoil  sous  le  nom  de  conserves , sont  des 
éîcctuaires  simples  , faits  avec,  la  pulpe  ou  la  poudre  d’une 
substance,  et  suflisante  quantité  de  sucre.  Les  conserves 
ont  été  imaginées  ahn  de  conserver  la  vertu  des  substances. 
Il  y a deux  especes  de  conserves , les  molles  et  les  solides. 
Ces  dernieres  portent  les  noms  de  pastilles  , de  rotules , de 
tablettes , etc.  Nous  en  parlerons  à l'article  des  électuaircs 
solides. 

Des  conserves  molles . 

Les  conserves  molles  sont  des  médicaments  qui  servent 
souvent  d’excipients  pour  incorporer  d’autres  médica- 
ments : On  les  prépare  avec  des  matières  végétales  ré- 
duites en  pulpes  , qu’on  mêle  avec  du  sucre.  Ces  pulpes 
sont  tirées  de  substances  récentes  , ou  bien  ce  sont  des 
poudres  qu’on  réduit  en  forme  de  pulpe  , en  les  humec- 
tant avec  de  l’eau. 

Les*  anciens  pensoient  que  le  suc  , en  absorbant  rhu- 
midité  des  ingrédients,  avoit  la  propriété  de  les  conser- 
ver dans  toute  leur  bonté  , et  que  la  fermentation,  que  les 
conserves  molles  éprouvent  quelque  temps  après  qu’elles 
sont  faites  , sert  à diviser  et  à unir  avec  le  sucre  les  parties 
essentielles  des  végétaux  qui  tendent  à se  dissiper. 

Cette  remarque  n’est  pas  exacte  : presque  toutes  les 
conserves  molles  ne  peuvent  se  garder  plus  d’un  mois  en 
bon  état  : plusieurs  ne  peuvent  se  faire  qu’une  fois  l’an- 
née ; cependant  on  les  emploie  continuellement  ou  seu- 
les comme  médicaments  , ou  comme  e*tipients  , pou£ 
former  des  bols  et  des  pilules. 

Les  conserves  décrites  dans  les  dispensaires  sont  faites 
avec  des  feuilles,  des  fleurs  ou  des  racines.  Les  nues  sont 
seulement  pilées  long- temps  avec  le  sucre  , et  palpées 
avant  ou  après  que  le  suern  y a été  mêlé:  les  autres  se 
font  en  délayant  les  pulpes  de  ces  substances  dans  d^ 


53©  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

sucre  cuit  à la  plume,  landis'qu’il  est  chaud  et  liquide  ; 
mais  ces  médicaments  ne  peuvent  se  conserver  pendant 
mie  année  , pareequ’ils  contiennent  le  mucilage  des  in- 
grédients, leur  parenchyme  le  plus  tendre  , et  une  certaine 
quantité  d’humidité  , qui  facilitent  la  fermentation  de  ces 
substances  qui  y sont  très  disposées.  Le  sucre  , dans  ces 
conserves  , entre  en  fermentation  plus  facilement  que  lors- 
qu’il est  seul,  à raison  des  matières  mucïlagineuses. fer- 
mentescibles avec  lesquelles  il  se  trouve  allié  , et  qui  ac- 
célèrent leur  défectuosité.  Ces  phénomènes  n’arrivent  pas 
avec  la  même  facilité  aux  syrops  qui  ont  été  bien  clarifiés 
et  débarrassés  du  parenchyme  des  substances.  La  plupart 
des  conserves  faites  suivant  la  méthode  ordinaire  , per- 
dent en  fermentant  , clans  l'espace  de  quelques  jours  , 
leur  couleur,  leur  odeur  , et  leur  saveur  : elles  changent 
totalement  de  nature  : elles  acquièrent  d’abord  une  odeur 
vineuse  : deviennent  aigres  , gonflées  et  remplies  d air.  Quel- 
que temps  après  qu’elles  ont  été  dans  cet  état , elles  s abais- 
sent; l’humidité  s’évapore  en  partie  au  travers  des  papiers 
qui  couvrent  les  pots;  les  conserves  candissent  en-dessous , 
tandis  qu’il  se  forme  à leur  surface  une  moisissure  plus  ou 
moins  forte.  Tous  ces  effets  se  passent  en  général  dans 
l’espace  de  quatre  mois  , ou  environ  : quelques  unes  , 
comme  la  conserve  de  violettes  , éprouvent  ces  change- 
ments plus  rapidement,  tandis  que  d’autres  sont  un  peu 

plus  long-temps  a s altérer. 

On  penserait  peut-être,  qu’en  privant  ccs  conserves 
d’une  certaine  quantité  d’humidité  , on  éviterait  tous  ces 
inconvénients  ; mais  j’ai  remarqué  que  cela  n’est  pas  suifi- 
sant  pour  y remédier  entièrement.  Je  n’ai  trouve  rien  de 
plus  efficace  que  le  moyen  que  je  vais  proposer  ; ]e  pense 
cu’il  doit  conserver  bien  mieux  les  vertus  des  végétaux , et 
qu’il  tend  à perfectionner  ce  genre  de  médicament  qui 
avoit  absolument  besoin  de  l’être  : le  voici. 

On  fait  séclier  les  plantes  ou  les  parties  des  plantes  avec 
lesquelles  on  veut  former  des  conserves  : on  les  réduit  en 
poudre  , et  on  les  serre  dans  des  bouteilles  bien  bouchées, 
comme  nous  l’avons  indiqué  précédemment.  Mais  comme 
toutes  les  plantes  ne  diminuent  pas  également  pendantleur 
dessiccation,  il  convient  del.es  peser  avant  et  apres , ahn 
d’en  tenir  note  pour  déterminer  les  proportions  de  sucre 
qu’on  doit  mêler  avec  les  poudres  de  ces  substances.  Voila 


Eléments  pi  pharmacie^*  53 t 
en  général  le  plan  de  réforme  que  je  propose  sur  les  con- 
les malades , que  commode  pour  les  Médecins  Duis 
peuvent  ,’à  leur  gré  diminuer  ou  augmenter  l’àcüvXe' 
médicaments  , en  changeant , suivant  )es  circon  àncea 
fa  proportions  des  ingrédients  sur  celles  du  sucre  ou 

pré'sem.0  PeUVem  e P“  ks  méthode*  -«‘«Ses  jusqu1* 

Peut-être  m’objectera-t-on  que  les  fleurs  aromatiques  • 
coinmesoiit  celles  de  sauge  , de  romarin  , etc.  per  ?"nt  ’ 
pendant  leurdessiccatlon  , une  très  grande  quantiSde  leurt 
principes  volatils , et  que  la  poudre  de  ces  substances  fera 

ces  plantes^ CS  m°lnS  1Ue  les  *-»  récentes  d" 

A cela  je  répondrai  qu’en  faisant  attention  à ce  qui  vient 
cl  être  dit  sur  le  peu  de  durée  des  conserves  7,7  ' 
raison  des  poudres  laites  avec  soin  ’ ompa- 

précaution  ,'il  sera  facile  de  s^t  7m’, t fZTeZ’T 
redle  objection  : d’ailleurs  une  conserve^  P duaeP* 

perd  plus  de  principes  volatils  en  deux  heures"”1161*16  ’ 
fleur  pendant  douze  heures  en  se  séchant  • et  In  ’ qU  Un® 
fleur  est  réduite  en  poudre  et  e nt  i °2s4Lie  cette 

teille,  elle  peut  se  {**■ 

comme  je  l’ai  observé  sur  tous  fa  végétaux  n I ’011tlat> 
j’ai  conservés  de  cette  maniéré.  ° dora,lts  (lue 

Joiei  un  état  de  la  diminution  de  poids  m,v, 

differentes  substances  végétales  pend-mté  ? P™-™111 

prises  fraîches  , toutes  a°u  tl  ’ 

Fleurs  de  bourrache  se  sont  réduites  à . Zi  r* 

buglosc  à ë \ 

pavot  rouge  à ÿ l' 

. camomille  romaine  à . 

genêt  à ; ; ; ; fw 

matricaire  à x ?•* 

millepertuis  à ' Z ë \m 

muguet  à § ? J 

nénuphar  à î h 

billets  rouges  à ..***’*  § - ‘ 

romarin  à ÿ V* 

roses  rouges  à x~*iVm 

sauge  a . . ù y 3 J) - 

° r?  lîvQÎ 


532  £ X i M I N T S © E PHARMACIE. 

Fleurs  (le  tilleul  a ^ q :>  v*  , 

violettes  à 3 1*  . 

Sommités  d’absinthe  a • • • • • 3 j.  3 YJ- 
de  gallium  luteum  à . . $ ij  B* 

Rossolis  à • • ' • 5 j • 

Racines  d’énula  campana  a • • • 5 j B* 

Feuilles  de  sanicle  à 3 h 3 VH 

d’euphraise  à . fl.B* 

Racines  de  saxifrage  à 3 flj  a H; 

1 Feuilles  de  pervenche  à .....  | i]3  vqB* 
Sommités  de  petite  centaurée  à . • | 

Feuilles  de  bugle  à ..., 

Fleurs  de  souci  à . 5 1 3 “J* 

Sommités  de  scordium  a • • • • » ^ j-p  v'  .. 

Eponge  de  cyno>rrhodon  à . . . . 3 iij  3 vlj* 


Cette  table , qui  représente  le  poids  réel  des  substance» 
qui  composent  les  conserves  , démontre  , i°.  qu  on  em- 
ploie ordinairement  une  trop  grande  quantité  de  sucre 
relativement  à celle  des  ingrédients  ; a°.  que  les  conserves 
des  fleurs  et  des  sommités  des  plantes  devraient  etre  do- 
sées inégalement  , au  lieu  qu’on  les  dose  toutes  egale- 
ment , puisqu’on  prescrit  une  livre  de  sucre  sur  une  de- 
mi-livre de  chacun  de  ces  végétaux  récents  ; quoique  , 
comme  nous  venons  de  le  faire  observer  , ils  ne  diminuent 
pas  dans  les  mêmes  proportions  en  se  séchant.  Quand 
même  on  voudrait  les  faire  suivant  l’ancien  usage,  il  faudrait, 
ce  me  semble  , doubler  la  dose  de  celles  qui  diminuent  si 
considérablement  , telles  que  les  fleurs  de  violettes,  celles 
de  bourrache,  de  buglose,  de  coquelicot , de  muguet  , de 
nénuphar  , etc.  qui  toutes  perdent  près  de  sept  huitièmes 
en  se  séchant , tandis  que  d'autres  fleurs  et  sommités  11e 
diminuent  que  d’environ  un  quart  , comme  sont  les  Heurs 
de  tilleul.  Suivant  ce  qui  vient  d’être  dit  , la  conserve 
d’énula  campana,  faite  suivant  l’usage  ordinaire  , contient 
environ  une  once  et  demie  de  cette  racine  sur  deux  livres 
de  sucre  : or  -,  ces  disproportions  me  paraissent  menter 

attention.  . , 1 • ,, 

Les  conserves  liquides  de  roses  se  gardent  très  bien 
pendant  l'année  , pareeque  ces  fleurs  sont  peu  mucilagi- 
ne  uses  : celle  qui  est  faite  avec  les  roses  en  poudre  peut 
se  faire  dans  toutes  les  saisons.  Peut-être  sci oit-on  <■  repose 


{lÉM  INTS  DE  pharmacie'.  535  • 

à croire  qu’on  pourroit  , à l'imitation  de  cette  dernîere 
préparer  toutes  les  autres  de  la  même  maniéré  : mais  j’ai 
remarqué  le  contraire  , parceque  la  plupart  des  autres 
substances  végétales  contiennent  plus  de  mucilage  , et  sont 
plus  disposées  à la  fermentation  que  les  roses  de  Provins. 
Ce  mucilage  contenu  dans  les  végétaux  desséchés  reprend 
toutes  ses  propriétés  fermentescibles  , lorsqu’il  se  trouva 
délayé  dans  de  Peau.  Ainsi  je  ne  connois  pas  de  meilleur 
moyen  pour  remédier  à tous  ces  inconvénients  , que  celui 
que  je  propose  ; ou  celui  de  réduire  toutes  les  conserves 
en  tablettes. 

Il  y a des  conserves  qui  ne  peuvent  se  faire  suivant  notre 
nouvelle  méthode  , telles  que  celles  de  cochléaria  7 
<le  beccabunga , et  d’autres  plantes  de  cette  nature  , parce- 
quc  leur  principale  vertu  réside  dans  leurs  sucs  et  dans 
leurs  principes  volatils  ; mais  comme  ou  a la  facilité  de  se 
procurer  la  plupart  de  ces  plantes  dans  toutes  les  saisons 
de  P année  , il  convient  de  faire  les  conserves  à mesure  que 
l’on  en  a besoin  , comme  nous  le  dirons  dans  un  instant. 

La  conserve  de  cynorrhodon  ne  doit  pas  non  plus  entrer 
dans  ce  plan  de  réforme  , parcequ’elle  a l’avantage  de  se 
garder  en  non  état  toute  l’année  , et  même  plus  long- 
temps. Voici  un  modèle  de  conserve  faite  par  la  méthode 
que  nous  proposons. 

Conserve  de  fleurs  de  bourraches 

^ Fleurs  de  bourraches  séchces  et  pulvérisées,  J f.1 

Sucre  pulvérisé  5 iv. 

Eau, q s ou  5 iijw 

On  mêle  le  tout  dans  un  mortier  de  marbre  avec  un 
pilon  de  bois  pour  iormer  une  sorte  d’opiat. 

De  la  même  maniéré  on  peut  préparer  les  conserves  de. 
flei  irs  de  buglose  , de  pavot  rouge  , d’hvpéricum  , de  mu- 
guet et  de  toutes  les  fleurs  et  plantes  altérantes  , qui  di- 
minuent à-peu-près  de  la  même  quantité  pendant  leur 
dessiccation. 

Remarques. 

Les  feuilles  , fleurs  et  racines  qui  perdent  moins  pendant 
leur  exsiccation  , peuvent  s’employer  en  moindre  dose  T 

Li  iijr 


53  4 ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

en  observant  toujours  de  faire  entrer  dans  chaque  conserve 
l’eau  distillée  de  lâ  même  plante  , lorsqu’elle  est  aroma- 
tique ; par  ce  moyen  on  a des  conserves  plus  fraîches  et 
plus  efficaces  , et  en  même  temps  moins  dégoûtantes  , 
puisqu’elles  se  trouvent  dépouillées  dç  toutes  les  saveurs 
étrangères  qu’elles  acquièrent  par  la  fermentation. 

On  peut  , si  l’on  veut  , pour  une  plus  grande  commo- 
dité , mêler  le  sucre  en  poudre  avec  les  poudres  de  ces 
végétaux  , et  conserver  ces  mélanges  bien  secs  dans  des 
bouteilles  bien  bouchées  : alors  on  forme  , à mesure  que 
l’on  en  a besoin  , autant  de  conserves  que  l’on  veut  , en 
délayant  ces  poudres  avec  une  suffisante  quantité  d’eau 
distillée  de  la  même  plante  , ou  avec  de  l’eau  ordinaire  , 
lorsque  c’est  la  conserve  d’une  plante  inodore  ; pareeque 
les  eaux  distillées  de  ces  dernieres  , comme  nous  l’avons 
dit  , sont  sans  vertus  , et  que  d’ailleurs  elles  communi- 
queraient à ces  conserves  des  saveurs  empyreutna tiques 
désagréables. 

Conserve  de  roses  cjiûon  peut  préparer  en  tout  temps . 

^ Roses  de  Provins  séchées  et  pulvérisées  , 5 iij. 


Eau  rose, ^viij. 

Sucre, ibj  h* 


On  met  dans  un  vaisseau  convenable  la  poudre  de  roses  : 
on  la  délaie  avec  1 eau  rose  : on  laisse  macérer  ce  mélange 
à froid  pendant  cinq  ou  six  heures  : il  prend  la  consistance 
d’une  pulpe  : alors  on  fait  cuire  le  sucre  à la  plume,  comme 
nous  1 avons  dit  précédemment  : ou  délaie  avec  un  bistor- 
tier  la  pulpe  de  rose  dans  le  sucre  tandis  qu’il  est  chaud  et 
encore  liquide  : ou  fait  chauffer  un  peu  ce  mélange  , afin 
que  le  sucre  pénétré  bien  la  pulpe  : 011  met  la  conserve 
dans  un  pot  , et  on  la  garde  pour  l’usage. 

.Quelques  personnes  avivent  la  couleur  de  cette  conserve 
* en  y ajoutant  un  peu  d’esprit  d,e  vitriol  : mais  cette  méthode 
est"  blâmable  pour  les  raisons  que  nous  avons  dites  en 
parlant  du  miel  rosat. 

Vertus.  Cette  conserve  est  légèrement  astringente.  On  I a donne 
pour  arrêter  le  cours  de  ventre  et  le  vomissement  : elle 
lortilie  le  cœur  et  l’estomac  : elle  aide  la  digestion.  Le  plus 
souvent  celte  conserve  est  l’excipient  d autres  méâica. 
monts  , principalement  des  bols  et  des  pilules. 


535 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Conserve  de  cynorrhodon. 


Pulpe  de  cynorrhodon, Jb  j. 

Sucre,  . . lt>  j fi. 


On  amasse  , dans  la  saison  , des  fruits  de  cynorrhodon 
bien  mûrs  : on  les  coupe  en  deux  : on  sépare  exactement 
le  pédicule , le  haut  du  calice  , les  graines  et  le  duvet  cj ni 
se  trouvent  dans  l’intérieur  : on  les  arrose  avec  un  peu  de 
vin  rouge  : on  couvre  le  vaisseau  : on  laisse  maCférer  ce  mé- 
lange dans  un  endroit  frais  pendant  vingt-quatre  heures  , 
ou  jusqu’à  ce  que  le  fruit  soit  suffisamment  ramolli  : alors 
on  le  pile  légèrement  dans  un  mortier  de  marbre  , avec  un 
pilon  de  bois  : on  tire  la  pulpe  par  le  moyen  d’un  tamis  de 
evin  , comme  nous  l’avons  dit  en  son  lieu  : il  reste  l’écorc® 
dure  et  ligneuse  du  fruit  , qu’on  rejette  comme  inutile. 
( C est  afin  de  ne  la  point  réduire  on  pulpe  , que  nous 
avons  recommandé  de  piler  légèrement  ce  fruit.  ) Lors- 
qu on  a suliisamment  de  cette  pulpe  , ou  fait  cuire  le  sucre 
à la  plume  , et  l’on  y délaie  la  pulpe  : on  fait  cnaufièr  le 
mélange  un  instant  ; et  on  le  coule  dans  un  pot  pour 
le  conserver.  On  en  a deux  livres  et  demie. 

La  conserve  de  cynorrhodon  arrête  le  cours  de  ventre  : 
elle  est  diurétique  : on  s’en  sert  pour  la  gravelle  , et  dans 
les  coliques  néphrétiques.  La  dose  est  depuis  un  gros  jus- 
qu’à une  once.  D 

Conserve  de  cochlcaria. 


Feuilies  de  cochléaria  récentes, 
Sucre, 


5 JL 
5 vj. 


On  pile  ensemble  ces  deux  substances  dans  un  mortiei 
de  maibre  , avec  un  pilon  de  bois  , jusqu’à  ce  que  la 
plante  soit  réduite  en  pulpe  : alors  ou  passe  cette  conserve 
mi  tra\ers  d un  tamis  de  crin  , de  la  même  maniéré  qu’on 
le  fait  à 1 égard  des  pulpes.  Cette  conserve  ne  peut  se 
garder  que  quelques  jours  en  bon  état  : c’est  pourquoi  on 
ne  doit  la  préparer  qu’à  mesure  que  l’on  en  a besoin  , et 
toujours  sans  le  secours  de  la  chaleur.  On  ne  doit  employer 
que  les  feuilles  et  l’extrémité  des  petites  tiges  tendres  , et 
rejeter  les  grosses,  parceqa’elles  sont  trop  ligneuses  et  de 
mômdre  vertu. 


Vertus. 

Dose., 


L 1 iy 


Vertus. 


Dus*. 


536  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

La  conserve  de  cochléaria  çonvient  dans  les  affections 
scorbutiques  : elle  levé  les  obstructions  : elle  excite  i urine. 
La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  six. 

Des  poudres  composées. 

Les  poudres  composées  sont  des  mélangés  de  différents 

ingrédients  pulvérisés  ensemble , ou  pulvérisés  séparément , 

puis  mêlés.  Elles  font  la  base  des  électuaires  , des  conlec- 
îions  et  opiats  dont  nous  parlerons  bientôt. 

On  nomme  assez  ordinairement  especes  , des  pou- 
dres composées  qui  tiennent  tous  les  ingrédients  d’un 

clectuaire.  rr  • i 

On  doit  éviter  de  faire  entrer  dans  les  pouures  ollicina.es 

des  sels  akalis  fixes  , comme  le  sel  de  tartre  , le  sel  d ab- 
sinthe , etc. , pareeque  ces  sels  attirent  1 humidité  de  1 air , 

laquelle  fait  gâter  les  poudres.  . 

Silvius  établit  un  ordre  pour  la  pulvérisation  des  sub- 
stances qui  doivent  former  une  poudre  composée  : cet 
ordre  paroît  très  bon  au  premier  abord  : c’est  celui  qu  on 
a suivi  jusqu’à  présent  ; il  suppose  une  poudre  composée  , 
dans  laquelle  on  fait  entrer  des  bois  durs  , des  racines  . î- 
gneuses  , des  plantes  entières  , des  feuilles  de  piaules  , des 
semences  seches  , des  gommes  , des  résinés  , etc.  recom 
anande  de  piler  d’abord  les  substances  ouïes  , et  c ajourer 
successivement  celles  qui  sont  de  moins  en  moins  < i 1 1 es 
u réduire  en  poudre  ; de  mettre  avec  ces  dermeres  les 
substances  visqueuses  , telles  que  sont  certaines  go  mines - 
lésines  , afin  de  mieux  absorber  leur  viscosité  , et  cl  at- 
tendre que  les  premières  substances  mises  dans  e moi  îer 
soient  pulvérisées  en  grande  partie  ayant  d en  ajouter  de 
nouvelles  , afin  que  la  poudre  composée  se  trouve  toujours 
mêlée  des  mêmes  ingrédients  dans  les  memes  proportions. 
Enfin  il  recommande  d’ôter  les  écorces  des  semences  hui- 
leuscs  ci  de  les  piler  à part , afin  que  l'huile  n'empeche  pas 
les  autres  substances  de  passer  au  travers  du  tenus.  J! 
recommande  aussi  de  'ajouter  ces  semences  «u^udre. 
ou'à  mesure  qu’on  a besoin  des  poudres  , a moins  qu  on 
«“ait  occasion  do  les  renouvelle.-  souvent;  parecqu  il  a 
remarqué  qu’elles  ne  peuvent  se  garder  un  mois  en  bon 
état  : Unifie  de  ces  semences  se  rancit,  et  commumque 
aux  poudres  de  mauvaises oaqnrsctde  nnauvaisesqua.  - 

Silvius  recommande  encore  de  ne  jamais  pi 


ÏlÉMF.  NTS  HE  PHARMACIE.  53/ 

substances  végétales  et  animales  les  matières  pierreuses  et 
métalliques  , mais  de  les  broyer  à part  et  de  les  mêler  à la 
poudre  après  qu’elle  est  faite  , pareeque  , comme  le  remar- 
que fort  bien  cet  auteur  , ces  substances  se  pulvériseraient 
trop  grossièrement  : elles  ressembleraient  à du  sable  qu’on 
aurait  mêlé  dans  ces  poudres. 

Nous  ferons  plusieurs  remarques  sur  ces  réglés  établies 
par  Silvius , et  adoptées  par  quelques  personnes  sans  aucune 
restriction. 

i°.  Parla  méthode  de  Silvius  , tous  les  ingrédients  d’une 
poudre  composée  se  pilcnL  en  même  temps  : la  première 
portion  de  poudre  se  trouve  mêlée  avec  la  derniere.  Or 
nous  avons  fait  observer  , en  parlant  des  poudres  simples  , 
qu’il  y a des  substances  , comme  la  plupart  des  feuilles  , 
dont  la  première  portion  de  poudre  est  meilleure  que  celle 
qui  vient  après  , tandis  qu’au  contraire  il  y en  a d’autres 
dont  les  dernières  portions  sont  beaucoup  plus  efficaces  : 
tels  sont  le  quinquina  , le  jalap,  la  racine  de  turbith  , etc. 
Par  cette  méthode  , toutes  ces  différentes  portions  de 
poudre  sont  confondues  avec  les  autres  substances  qui  se 
pulvérisent  en  même  temps. 

2°.  Parmi  un  certain  nombre  de  substances  qu'on  pul- 
vérise ensemble  , il  s’en  trouve  toujours  quelques  unes  qui 
sont  plus  légères  , qui  s’élevant  hors  du  mortier  , et  qui 
voltigent  dans  Pair  en  pure  perte.  Les  ingrédients  de  la 
poudre  restante  ne  se  trouvent  plus  alors  dans  les  mêmes 
proportions  qu’on  les  y avoit  fait  entrer  d’abord  ; d ou  il 
résulte  que  cet  ordre  est  défectueux  à bien  des  égards. 

Pour  remédier  à ions  ces  inconvénients  , nous  croyons 
qu’il  vaut  infiniment  mieux  piler  et  pulvériser  chacune 
séparément  toutes  les  substances  qui  entrent  dans  une 
poudre  composée  , les  mêler  ensuite  dans  un  mortier  , et 
les  passer  au  travers  d’un  tamis  , afin  de  rendre  le  mélange 
plus  parlait. 

On  m’objectera  peut-être  qu’il  est  nécessaire  de 
faire  entrer  dans  les  poudres  composées  des  résinés  , des 
gommes-résines  et  des  semences  huileuses  , qu’on  11e 
peut  pulvériser  lorsqu’elles  sont  seules.  En  examinant  les 
différents  exemples  des  poudres  composées  , dont  nous 
allons  parler  , nous  donnerons  les  moyens  de  surmonter 
ces  difficultés  ; ils  serviront  de  réponse  à cette  objection* 


538 


Eléments  d b pharmacie. 


Poudre  and-  spasmodique. 

^ Gui  de  chêne  , . . . J j h* 

Racines  de  valériane  sauvage  , 
dictame, 
pivoine , 

Ongle  d’élan, 


Cinabre  

Semences  d’atriplex 

Corail  rouge  préparé , 

Succin  préparé  , 

» lia.  . . j p. 

Corne  de  cerf  préparée  à l’eau , . 
Castor  , 

S 

• • • • 9j. 

Semences  de  pivoine  , . . . , 

....  5 h, 

On  met  la  semence  de  pivoine  dans  un  mortier  : on 
frappe  légèrement  dessus  pour  casser  l’écorce  seulement  : 
on  sépare  les  amandes  huileuses  d’avec  les  fragments  d’é- 
corces , qu’on  jette  comme  inutiles.  O11  pile  ces  amandes 
dans  un  mortier  de  marbre  avec  un  pilon  de  bois  ; lors- 
qu’elles sont  suffisamment  pilées  et  réduites  en  pâte  , on 
ajoute  le  corail  rouge  et  le  succin  , qui  ont  été  préparés 
sur  le  porphyre  , comme  nous  l’avons  dit  en  son  lieu  : 
ensuite  on  ajoute  les  autres  substances  qu’on  a pulvérisées 
chacune  séparément  : on  mêle  ces  poudres  le  plus  exacte- 
ment qu’il  est  possible , et  on  les  passe  au  travers  d’un  tamis 
de  soie  médiocrement  serrée  : on  enferme  la  poudre  dans 
une  bouteille  qui  bouche  bien  , et  on  la  garde  pour  l’usage. 
La  semence  d’atriplex  est  farineuse  : elle  se  pulvérise 
facilement  seule.  Par  cette  méthode  , les  ingrédients  qui 
composent  cette  poudre  s’y  trouvent  exactement  dans  les 
proportions  prescrites  ; et  l’on  peut  , en  pulvérisant  les 
substances  séparément  , faire  un  choix  de  la  première  ou 
deladerniere  portion  depoudrequ’onsait  être  la  meilleure  , 
pour  l'employer  dans  les  poudres  composées.  Comme  la 
semence  de  pivoine  contient  beaucoup  d’huile  grasse 
expressive  , qui  se  rancit  , on  peut  , si  1 on  veut  , la 
supprimer  , pour  ne  la  mettre  qu  à mesure  qu  oh  en  a 
besoin 

Vertus  Cette  poudre  convient  dans  les  spasmes  , dans  les 
convulsions  et  les  maladies  vaporeuses  : elle  est  hys- 
térique , tonique  et  astringente  j elle  convient  encoie 


Il^mentj  de  pharmacie.  53^' 

dans  P épilepsie.  La  dose  est  depuis  un  scrupule  jusqu’à  Dose- 
un  gros.  ; 1 

Poudre  de  guette  te. 

2-'  Gui  de  chêne  , 

Racines  de  dictamé,  f w 

pivoine,  /'  uu 5 R* 

Semences  de  pivoine,  j 
Semences  d’atriplex,  v __ 

Corail  rouge  préparé,  f au X b* 

Ongle  d’élan, % 

On  mêle  toutes  ces  substances  , qu’on  a pulvérisées 
chacune  séparément  , et  on  forme  du  tout  une  poudre 
comme  la  précédente. 

On  donne  la  poudre  de  guttete  dans  des  maladies  Vertu, 
vaporeuses  et  de  nerls  : on  la  fait  prendre  aux  enfants 
pour  appaiser  les  convulsions  épileptiques  , et  celles  qui 
sont  occasionnées  par  la  pousse  des  dents.  La  dose  pour  Dos. 
les  enfants  est  depuis  deux  grains  jusqu’à  un  scrupule  ; et 
poui  les  adultes,  depuis  celte  dernieie  dose  jusqu’à  un 
gros  et  demi.  1 

Remarques. 


On  fait  quelquefois  entrer  des  feuilles  d’or  et  d’argent 
dans  les  poudres  anti-spasmodiques  et  de  guttete  ; mais 
ce  n est  que  comme  ornement  : ces  métaux  parfaits  n’ont 
aucune  vertu  médicinale  , tant  qu’ils  sont  sous  le  brillant 
métallique.  Lorsqu’on  les  fait  entrer  dans  ces  poudres  on 
les  ajoute  après  que  le  mélange  est  fait , on  se  contente 
(le  déchiqueter  ces  feuilles  , et  on  les  mêle  grossièrement 
avec  une  spatule  , afin  de  ne  les  point  réduire  en  poudre 

.»  parcequ’ii  faut  qu’elles  soient  très  apparentes.  Mais 
ceci  ne  se  pratique  plus. 


Poudre  d'or  de  Zel. 


dr  Cinabre  artificiel  préparé  ^ ; 

d antimoine  préparé,  . . . . % fi. 
Sucre  candi  pulvérisé  .....  * ;; 

Ambre  gris,  ) IJ  ' 5 

Huile  essentielle  de  candie,  $ aa%  * 5 J- 


54 o éléments  de  pharmacie. 

On  broie  ensemble  , sur  un  porphyre  , les  deux  espcceS 
de  cinabre  et  le  sucre  : lorsque  ces  matières  sont  sulfisam- 
ment  broyées  et  mêlées  , on  pulvérise  l’ambre  gris  dans  un 
mortier  ; et  pour  faciliter  sa  pulvérisation  , on  ajoute  un 
peu  de  la  poudre  que  l’on  vient  de  broyer  : lorsqu'il  est 
suffisamment  divisé,  on  ajoute  le  reste  de  la  poudre  et 
l’iiuile  essentielle  de  canelle  , qu’on  met  goutte  à goutte  . 
on  fait  du  tout  un  mélange  exact , et  on  le  conserve  uan^ 
un  flacon  qui  bouche  bien. 

Vertus.  cette  poudre  est  stomachique  ; elle  convient  dans  les 
foiblesses,  les  vapeurs  , les  palpitations  de  cœur  , les  co- 
liques, les  indigestions  , pour  l’épilepsie  : on  la  dit  propre 
Dose,  à réparer  les  forces  des  vieillards  : elle  est  sudorifique.  La 
dose  est  depuis  six  grains  jusqu’à  un  scrupule. 

Remarques. 

Cette  poudre  a une  apparence  grossière  , comme  si  elle 
avoit  été  mal  pulvérisée  , à raison  de  l’huile  essentielle  de 
canelle  qui  pelotonne  le  sucre  -,  ce  qui  est  assez  mdillerent. 

On  fait  entrer  dans  cette  poudre  du  cinabre  d anti- 
moine : je  pense  que,  lorqu’il  est  bien  préparé  il  ne  con- 
tient rien  qui  soit  différent  du  cinabre  ordinaire  : il  est 
d’une  couleur  brune  , lorsqu’il  n’est  pas  suffisamment 
purifié  par  la  sublimation  : il  est  en  tout  semblable  au 
cinabre  ordinaire , lorsqu’il  a été  sublimé  convenablement.’ 

Plusieurs  Pharmacopées  prescrivent  dans  certaines  com- 
positions de  Pharmacie  du  cinabre  naturel  -,  mais  on  doit 
éviter  de  l’employer  , quelque  pur  qu’il  paroisse,  parce- 
qu'il  arrive  souvent  que  le  mercure  , dans  ces  sortes  de 
cinabre  , est  minéralisé  en  même  temps  par  le  soutire  et 
par  l’arsenic.  Il  est  plus  sûr  d’employer  du  cinabre  ar- 
tificiel. 

Poudre  diaLragCLCCinlhe  froide. 

w * 

^ Gomme  adragant,  . - - • • • : : ; * * 3 1* 
arabique  , X* 

Amidon,  I ^ , 

Sucre  , : . . o } IL, 

-Réglisse  , 7 _ - w • , • 

Quatre  grandes  semences  froides  , Ç aa-  * ^ L 
Semences  de  pavot  blanc  ? J* 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  54 1' 

On  réduit  en  pâte  dans  un  mortier  les  quatre  semences 
froides  et  la  semence  de  pavot 'blanc  : on  ajoute  les  au- 
tres substances  qu’on  a pulvérisées  auparavant  chacune 
séparément  : 011  forme  du  tout  une  poudre  qu’on  passe  au 
travers  d’un  tamis  , jafin  que  le  mélange  soit  plus  exact. 

Cette  poudre  est  adoucissante  et  astringente  : on  la  ^ertus' 
donne  dans  les  maladies  de  poitrine  et  les  crachements  de 
sang,  les  inflammations  et  la  pituite.  La  dose  est  depuis  Dü,c’ 
six  grains  jusqu’à  un  gros. 


Remarques.’ 

On  ne  doit  préparer  qu’une  petite  quantité  de  cette 
poudre  à la  fois  , afin  de  la  renouvelle!'  souvent,  parce- 
que  l’huile  des  semences  se  rancit  quelque  temps  après  que 
la  poudre  est  faite  : elle  produit  alors  plus  de  mal  que 
de  bien  : elle  est  âcre  , et  occasionne  des  inflammations 
dans  la  gorge. 

Poudre  d'iris  composée .■ 


Iris  de  Florence  pulvérisée , -v 

Poudre  diatragacanthe  froide,  L âct.  : T r ^ 

Sucre  candi  , \ 

Mêlez  , et  faites  du  tout  une  poudre  suivant  l’art.' 

Cette  poudreest  pectorale  , adoucissante,  incisive  , pro- vertun 
pre  a diviser  et  à évacuer  la  pituite  : on  la  fait  prendre 
aussi  dans  1 asthme.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jus- Dose.: 
qu  à un  demi-gros  ou  deux  scrupules. 

Poudre  tempérante  de  Stahl: 

21  Tartre  vitriolé  , ? _ 1 

Nitre  pulvérisé , S aa‘  * * : • * r • ? «3 
Cinabre  préparé  , . : ï ï : : ; 2 • -,  ¥ jj  * 

On  mêle  ces  trois  substances  sur  un  porphyre. 

O11  donne  cette  poudre  dans  les  inflammations  de  la  Vertu»/ 
gorge  , dans  les  chaleurs  d’entrailles  , dans  les  fievres  ar- 
dentes et  dans  les  rétentions  d’urine.  Stahl  la  recommande 
pour  calmer  les  commotions  vives  du  sang  , qui  sont  ac- 
compagnées de  chaleurs  , d’élancements  ; de  pulsations; 


542  ^ Éléments  df.  pharmacie; 

battements  de  cœur  , palpitations  : elle  convient  an* 
Dose  personnes  vaporeuses.  La  dose  est  depuis  six  grains  jus- 
qu’à un  scrupule  ; mais  la  dose  la  plus  ordinaire  est  de 
douze  grains. 

Sucre  vermifuge * 

fl  AEthiops  minéral  préparé  par  le  feu  , ; . " ij. 

Mercure  crud, 5 dj. 

Sucre  en  poudre  ^ vij. 


On  triture  le  mercure  avec  l’æthîops  pour  l’éteindre  ï 


lorsqu’il  l’est  parfaitement  , on  ajoute  le  sucre 
mêle  très  exactement  : on  conserve  celte  poudre  dans  une 
bouteille. 

Vertus/  Ce  sucre  convient  dans  les  maladies  vermineuses  ; on  en 
Dose,  donne  deux  fois  par  jour  à la  dose  de  six  grains  jusqu’à 
vingt-quatre  , enveloppé  dans  un  peu  de  confiture  pour 
former  un  bol. 

Remarques. 


011  le 


Quelques  dispensaires  prescrivent  un  sucre  vermifuge 
fait  avec  du  sucre  et  du  mercure  coulant , en  recommandant 
de  triturer  .ces  deux  substances  jusqu’à  ce  que  le  mercure 
soit  éteint;  mais  cela  est  absolument  impossible  ; le  mer- 
cure reste  coulant  et  le  sucre  blanc.  Si  on  ajoute  de  l’eau 
pour  faciliter  l’extinction  , le  mercure  se  divise  un  peu 
et  se  rassemble  à mesure  que  l’eau  s’évapore.  J’ai  trituré 
un  pareil  mélange  pendant  plus  de  quinze  jours  sans  pou- 
voir éteindre  le  mercure;  mais  par  l’intermede de  l’ælhiops 
que  nous  prescrivons , le  mercure  s’éteint  lort  bien. 

Poudre  contre  les  vers. 

fl  Coralline  préparée , 

Semèn -contra  , 

Semences  d’absinthe , 
de  tanaisie , 
pourpier, 
ci  tron , 

Feuilles  de  scordium , 
séné , 

Rhubarbe  , 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  5/fî 

Toutes  ces  substances  peuvent  se  réduire  en  poudre 
fme,  chacune  séparément,  à l’exception  de  la  semence  de 
citron  : on  doit  la  monder  de  son  écorce  ligneuse  , et  en- 
suite on  la  réduit  en  pâte  dans  un  mortier  ? on  ajoute  les 
autres  poudres  , et  on  forme  du  tout  une  poudre  comme 
les  précédentes  que  l’on  repasse  au  travers  d’un  tamis 
Cette  poudre  tue  les  vers,  et  les  évacue  d’une  maniéré™- 
douce  et  sans  fatiguer.  La  dose  est  de  six  grains  pour^”8' 
les  enfants  , et  depuis  «et te  dose  jusqu’à  un  gros  pcfur  les'.00**' 


Poudre  diarrhodon. 


^ Roses  de  Provins  , 
Santal  citrin,  > __ 
rouge , f aa 

Semences  de  fenouil 
basilic , 
scarole , 
pourpier, 
plantain , 

Gomme  arabique, 
Ivoire  calciné , 

Mastic  en  larmes  > 


Semences  de  berberis  , 
Canellc, 

Loi  d’Arménie  préparé , 
Terre  sigillée  préparée , 
Perles  fines  préparées  , 


ôj  R. 


o R. 


Ou  forme  de  toutes  ces  substances  une  poudre  de  I* 

^ « 1-  perles  Æ 

-te 

h dose°«t  "epuï  douze  ^5^»  ^CheS* 


H4 


Éléments  de  PHARMACIA 

Poudre  des  trois  scintcius c\ 

*2£  Santal  citriii  , Y 




ronge  , 
blanc , 


w * * 4 

ô UJ‘ 


au.  . 


Rosés  de  provins  , 3 
Rhubarbe  , 

Ivoire  calciné  ? 

Réglisse  , 

On  mêle  toutes  ces  substances  qui  ont  été  réduites  en 
poudre,  chacune  séparément,  et  on  tonne  du  tou  , 
poudre  : l’ivoire  calciné  doit  être  auparavant  biose  sur  le 

}1°ün  estime  cette  poudre  cordiale  , stomachique  et  he- 
Vcr,US’  padqu*  pour  lever  les  obstructions  de  la  rate  e pou 
réparer  les  forces  après  de  grandes  maladies.  La  dose  - 
DoSC*  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 


Poudre  de  la  comtesse  de  Kent  , ou  poudre  de  serres 

d'écrevisses  de  mer. 


or  La  partie  noire  des  pinces  d’écrevisses  de  mei , 3UJ* 

^ Yeux  d’écrevisses  préparés  , i 

Corail  rouge  préparé  ; ( ô£.  4 . . f j.’ 

Succin  préparé  , V 

Corne  de  cerf  préparée  a 1 eau  , J 

Vipères  , 7 --  * - ' r r 

Perles  préparées  , ç àa . . ^ 

Bézoar  oriental,  3 

On  broie  toutes  les  substances  absorbantes  , chacune 
séparément  , ainsi  que  le  succin  : on  môle  toutes  ces  ma- 
cires  sur  le  porphyre  , bien  exactement , avec  la  poudie 
de  vipere  : on  serre  la  poudre  dans  une  bouteille  qui 

b°0n  ne  fait  entrer  ordinairement  dans  cette  poudie  que 
la  partie  noire  desserres  d’écrevisses  de  mer  : cependant 
ï i partie  supérieure  , qui  est  jaunâtre  , pourroit  etre  égale- 
ment  employée  ; elle’ n'en  différé  absolument  ^ P"  '* 
couleur  Telle  a la  même  vertu  absorbante  : c est  m 
que  faisoient  les  anciens  Pharmacopcs  , choix  q 
pas  fondé, 


O* 


lia. 


w „ • 

0 VJ. 


5 i fi' 


s J* 


^LKMENTJ  Dît  PHARMACIE.  5/f£ 

On  donne  cette  poudre  pour  arrêter  le  dévoiement  qui  Vertus, 
survient  dans  la. petite  vérole  : elle  absorbe  les  aigres  de 
estomac  : on  lui  attribue  une  vertu  sudorifique.  La  dose  Dose. 
Oot  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  demi-gros. 

Poudre  absorbante . 

Vi triol  de  Ma rs 

Coquilles  d’huîtres  préparées, 

Veux  d’écrevisses  préparés, 

Corail  rouge  préparé  , y aà. 

Antimoine -diapborétique, 

Cinabre  préparé  , 

Extrait  d’opiuin  , 

Huile  essentielle  de  girofle  , f 

On  fait  seclier  le  vitriol  de  Mars  au  soleil  ou  au  bain- 

mane  , pour  le  priver  d’une  partie  de  l’eau  de  sa  crystalli- 

sation  : on  le  mele-  avec  toutes  ies  autres  substances  ré- 

amtes  en  poudre;  et  sur  lu  fin  du  mélange,  on  ajoute 

1 huile  essentielle  de  girofle.  L’extrait  d’opium  peut  se  pul- 

\crn,ei  seul , lorsqu  il  a été  bien  séché  au  bain-marie  On 

doit  enfermer  cette  poudre  dans  une  bouteille  nui  bouche 

b.en  a cause  de  1 opium  , qui  attire  l’humidité  de  l’air 

Cette  poudre  est  absorbante,  sudorifique,  anodine  VemnS 

>«enque  : elle  convientaux  hypocondriaques,  etClîes 

palpitations  de  cœur.  La  dose  est  depuis  six  grains  jusqu’à  n 
demi-gros.  1 b jnsqu  a Dose 

Poudre  d'ambre. 

ZiCanelle,  • • 

Zédoaire , 

Girolle, 

Macis  , 

Noix  muscade, 

Malabatrum  , 

Galanga , 

Bois  d’aîoës , 

Santal  citrin , 

Ecorces  de  citrons,  „ 

Semences  de  cardamome  major, 

* i . minor,  f 

Ambre  gris,  > 

Saflafras , \ 


aa 


w • • • 

O iq. 


aa. 


o ij, 


V l. 


M 


m 


5 46  <LïMÏIfT3  DE  PHARMACIE. 

Toutes  ces  substances  peuvent  se  réduire  en  poudre^ 
chacune  séparément  : on  met  l’ambre  gris  dans  un  mortier: 
on  le  triture  avec  les  poudres  les  plus  seches  pour  le  mieux 
diviser  : lorsqu’il  l’est  suffisamment  , on  ajoute  les  ingré- 
dients pulvérisés  : 011  forme  du  tout  une  poudre  que  l’on 
conserve  dans  une  bouteille  qui  bouche  bien. 

V«rtus.  Elle  fortifie  le  cerveau  , le  cœur  et  l’estomac  : elle  aide  a 
la  digestion  : elle  excite  la  semence  : elle  est  sudorifique^ 
Doift  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 

• Poudre  Ictificante . 


,rf 


1:;. 
r ( 


j 


2- Safran  gàtinois , 
Zédoaire  , 

Bois  d’aloës  , 

Girolle , 

Ecorces  de  citrons  ; 
Galanga  ininor , 
Macis  , 

Noix  muscades  , 
Styrax  calamithe  , 
Semences  de  basilic 
Semences  d’anis, 
Ivoire  , 

Thym, 

Epithyme , 

Perles  préparées  , 

Os  de  cœur  de  cerf , 
Camphre , 

Ambre  gris  , 

Musc  , 


ââ.  .7 j* 

. . ; 9h 


Toutes  les  substances  qui  entrent  dans  cette  poudre  1 
.eurent  se  pulvériser  chacune  séparément  , a 1 exception 
ta  no*  muscades  , du  styrax  calamithe  , et  du  camphre. 

I convient  de  les  épister  et  de  les  réduire  en  pâte  dans  un 
nortier  • on  ajoute  une  partie  des  poudres  successivement, 
d’absorber  la  viscosité  de  ces  matières  : on  passe  le 
nélanoe  au  travers  d’un  tamis  : on  pile  de  nouveau  ce  qui 
-ste  sur  le  tamis  avec  le  restant  de  la  poudre:  011  la  passe 
-online  dessus  au  travers  d’un  tamis  : par  ce  moyen  . on 
parvient  à mêler  ces  matières  avec  les  poudres  sec.ic  , 


Éléments  de  pharmacie.  547 

sans  qu’il  y ait  de  perte  sensible  de  l’une  ou  de  l’autre 
substance. 

On  peut  de  la  même  maniéré  incorporer  dans  les  pou- 
dres composées  toutes  les  gommes-résines,  qui  sont 
difficiles  à pulvériser  tant  qu’elles  sont  seules  : il  suffit  de 
ne  les  faire  entier  que  dans  des  proportions  convenables 
avec  des  substances  seclies.  D’ailleurs  , si  on  les  faisoit 
entrer  en  trop  grande  quantité  , 011  n’en  viendroit  pas 
mieux  à bout  par  la  méthode  ordinaire. 

Cette  poudre  fortifie  l’estomac  ; elle  aide  à la  digestion  ; Vertus. 
•Ile  excite  l’appétit;  elle  corrige  la  mauvaise  baleine;  elle 
répare  les  forces  perdues  par  des  épuisements  ou  de  longues 
maladies  : on  la  dit  propre  pour  dissiper  la  mélancholie  et 
les  palpitations  : elle  excite  la  semence.  La  dose  est  de-  Dose.’ 
puis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 


Poudre  d'arum  composée  , ou  poudre  stomachique  de 

Birkcman. 


^Racines  d’arum  , 

de  calamus  aroinaticus, 7 __ 
de  saxifrage  , Ç aUi  * * 

Yeux  d’écrevisses  préparés,  . 

Canelle 

Sel  de  duobus  

Sel  ammoniac, . . . . 


w » » 

o b* 

w • 

SJ- 

5 & 
S üjY 
5 ij. 
9ij. 


On  forme  du  tout  une  poudre  suivant  les  réglés  que  nous 
avons  détaillées. 

On  regarde  cette  poudre  comme  propre  pour  les  mala°  Vertu*, 
dies  de  l’estomac  etdu  cerveau  , pour  la  mélancholie  hypo- 
condriaque , poiir  lever  les  obstructions  du  mésentère. 

La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros.  Dose* 


R £ M A R Q V E 3. 


t L’auteur  de  cette  poudre  prescrit  de  prendre  les  racines 
d’arum  lorsqu’elles  commencent  à pousser  des  paquets  de 
feuilles  , de  les  laver,  de  les  couper  par  tranches  , et  de  les 
faire  infuser  à deux  reprises  dans  du  vin  blanc  , la  première 
fois  pendant  vingt-quatre  heures  , la  seconde  pendant  douze 
heures  , et  de  faire  sécher  ensuite  ces  racines  pour  pouvoir 

Mm  ij 


54&  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

les  pulvériser.  Son  intention  est  d’adoucir  par  cette  pré- 
paration la  vertu  trop  purgative  de  cette  racine.  Mais  , 
comme  on  lui  enleve  entièrement  cette  vertu  par  ces  infu- 
sions réitérées  , on  est  dans  l’usage  de  l’employer  sans  tou- 
tes ces  préparations. 

Poudre  astringente. 


Vertus. 


Dose. 


Racines  de  tormentille , 

consolide  , £ aa o uj. 

bistorte  , 

Fleurs  de  grenades,  ? ^ 

Graines  de  Kermès  , * 

Semences  de  plantain,  \ --  ^ 

berberis;  f ‘ 

Ivoire  crud s 

Sang  de  dragon  , o1}- 

Mastic  eu  larmes  , j- 

Succin,  4 

Bol  d’Arménie , / pr*)ar£s  ââ.  . : . . . 3j  li- 
Terre  sigillée,  t 1 1 

Corail,  J 

Cachou, ^ 

Opium, 

Ou  forme  du  tout  une  poudre  comme  les  précédentes. 
Cette  poudre  convient  dans  le  vomissement  , dans  ie 
crachement  de  sang  , les  hémorrhagies  , les  pertes  et  les 
Heurs  blanches  ; elle  est  puissamment  astringente  : on  ia 
fait  prendre  aussi  pour  arrêter  les  gonorrhées.  La  dose  est 
depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 

Poudre  sierriutataire . 


2£  Feuilles  de  marjolaine, 
bé  toi  ne , 

Fleurs  de  muguet, 

Feuilles  d’asarum , • • • 

Faites  du  tout  une  poudre  composée  suivant  l’art. 
Vertus.  qr  peniploie  de  la  même  manière  que  la  suivante  , en 

sert  aux  mêmes  usages. 


Eléments  de  pharmacie,  54 9 

Autre  poudre  stemutatoirc  , connue  sous  le  nom  cle poudre 
capitale  de  Saint- Ange. 


^ Feuilles  d’asarujn  , ? 5 I* 

Ellébore  blanc  , y j. 


On  pulvérise  ces' deux  substances  chacune  séparément: 

011  les  mêle  ensemble  , et  on  les  conserve  dans  une  bou- 
teille qui  bouche  bien. 

Celte  poudre  est  de  la  composition  d’un  empyrique  qui 
lui  a donné  son  nom  : j’en  rapporte  ici  la  recette  , pan  eque 
son  auteur  lui  a donné  une  espece  de  crédit.  Elle  produit 
de  plus  grandseffets  que  laprécedente  , à cquse  de  hellébore 
blanc  qu’il  y fait  entrer.  O11  fait  usage  de  cette  poudre 
comme  du  tabac  râpé  ; 011  n’en  prend  qu’une  très  .petite 
quantité  d’abord  , afin  d’en  sonder  les  effets. 

Cette  poudre  fait  éternuer  ; les  secousses  qu’elle  occa-  yert  , 
sionne  , font  un  ébranlement  dans  la  tête  , qui  produit 
un  relâchement  et  un  écoulement  d’eau  : elle  décharge  la 
tête  ; mais  elle  est  sujette  à donner  de  l’enchifrénement. 

On  peut  , si  l’on  veut  , pour  la  rendre  plus  douce  , 
faire  infuser  l’ellébore  dans  six  onces  d’eau  bouillante, 
jeter  l’infusion  , faire  sécher  la  poudre,  et  la  mêler  en- 
suite avec  celle  d’asarum  ; elle  sera  alors  aussi  douce  que 
la  précédente. 

Poudre  amere  pour  la  goutte. 

.2-  Racines  de  gentiane, 

de  grande  centaurée, 
d’aristoloche  ronde  , 

Sommités  de  clïâmædris , 
chamæpitys , 
petite  centaurée  , 

On  forme  une  poudre  composée  avec  foutes  ces  sub- 
stances réduites  en  poudre,  chacune  séparément. 

Cette  poudre  est  stomachique,  vermifuge,  détersive,  ycrtus 
vulnéraire,  fébrifuge  : on  la  fait  prendre  dans  l’accès  dé 
la  goutte,  lorsqu’il  y a quelques  dispositions  fébriles.  La  ^osp 
dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 

M m ii  j 


55o 


ï L É M E N T S D E PHARMACIE,' 


? ondre  purgative  pour  la  goutte , de  Perarp» 


IV.' 


21  Semences  de  chardon  bénit  , \ __ 

de  carthame  , Ç aa  • * * ^ 

Diagrede , 

Racines  de  salsepareille  , . __  r 

de  squme  , 

Gayac, 

Crème  de  tartre,  ^ 


Séné  mondé , 


a a. 


si- 


Canelle 


Sij- 


On  forme  du  tout  une  poudre  suivant  l’art.  _ 

La  semence  de  chardon  bénit  peut  se  pulvériser  seule  ; 
il  faut  séparer  l’écorce  de  celle  de  carthame  , et  la  réduire 
en  pâte  dans  un  mortier,  avant  que  de  la  meler  avec  les 

autres  poudres.  , 

Venus.  Cette  poudre  est  un  très  bon  purgatif  : on  s en  sert  avec 
succès  pour  évacuer  l’humeur  de  la  goutte.  On  en  prenc 
Dose,  un  gros  au  déclin  de  chaque  lune,  mais  jamais  pendant 

Paccès. 


Poudre  comachine,  ou  de  tribus,  ou  du  comte  de 

Warwick» 


} 


aa 


n 


Vertus. 

Dose 


SjZ  Diagrede , 

Crème  de  tartre, 

Antimoine  diaphonique 

On  mêle  , et  on  forme  du  tout  une  poudre. 

Cette  poudre  est  un  fort  bon  purgatif.  La  ose  es  c e- 
puis  douze  grains  jusqu’à  un  gros.  11  faut  éviter  de  la  faire 
prendre  dans  les  maladies  inflammatoires. 


Fl  E M A R Q XJ  E S. 


Quelques  personnes  pensent  que  la  poudre  cornachme 
acquiert  une  vertu  émétique  en  vieillissant,  a raison  de 
l’ar  ide  huileux  du  tartre  , qui  agit  d une  manière  insen- 
sible sur  l’antimoine  diaphonique;  il  y en  a meme  plu- 
sieurs exemples  cités  par  de  bons  praticiens.  Mais  il  y a 
lieu  de  présumer  que  cet  effet  n’a  lieu  que  lorsque  a - 
moine  diaphorétique  a été  mal  prépare  , et  sui-tout  lo.s- 


£ t i M E N T S DE  PHARMACIE.4  55  f 

qu’il  a été  fait  avec  du  régule  d’antimoine.  J’ai  remarqué 
que  la  crêinede  tartre  dissout  l’antimoine  diaphonique  ; 
et  celui  qu’elle  a disssous  ne  m’a  point  paru  changé  de  na- 
ture : en  second  lieu , je  n’ai  point  remarqué  d’effet  émé- 
tique à de  la  poudre  cornachine  faite  depuis  dix  années  , 
et  qui  avoitété  préparée  avec  de  l’antimoine  diaphonique 
fait  avec  une  partie  d’antimoine  crud  et  trois  parties  de 
nitre. 

Mais  lorsqu’on  prépare  l’antimoine  diaphonique  avec 
parties  égales  de  régule  d’antimoine  et  de  nitre,  il  est  cer- 
tain que  cette  espece  d’antimoine  diaphonique  peut , par 
son  séjour  avec  la  crème  de  tartre,  devenir  émétique  pour 
deux  raisons. 

i°.  Le  régule  d’antimoine,  qui  ne  contient  plus  de  sou- 
fre, ne  détonne  pas  avec  le  nitre,  comme  l’antimoine  crud. 
2.°.  Lorsqu’on  n’emploie  que  parties  égales  de  nitre  et  da 
régulé  d antimoine,  le  nitre  calcine,  à la  vérité  , la  surface 
de  chaque  molécule  du  régule  divisé  ; mais  l’intérieur  n’est , 
pour  ainsi  dire,  qu’a  demi  calciné  , et  qu’à  demi  privé  de 
son  phlogis  tique.  Cela  est  si  vrai , qu’en  lavant  cette  espece 
d antimoine  diaphorétique , on  n’en  trouve  que  la  moitié 
réduite  en  poudre  line  : l’autre  portion  est  en  petites  écail- 
les argentines  brillantes,  semblables  à de  beau  mica  blanc; 
et  on  ne  peut  réduire  cette  portion  en  poudre  fine  , qu’en 
la  passant  sur  le  porphyre.  Quelques  personnes  ne  prépa- 
rent leur  antimoine  diaphonique  qu’avec  le  régule  d’an- 
timoine , pareequ’il  est  moins  coûteux  et  plus  facile  à pré- 
parer. Elles  pourroient  remédier  à cet  inconvénient,  en 
broyant  ensemble,  sur  le  porphyre  , le  régule  et  le  nitre  ; 
mais  cette  main-d’œuvre  est  trop  embarrassante  pour  des 
gens  qui  sont  dans  l’impuissance  d’en  sentir  l’utilité,  et 
qui  d’ailleurs  s’inquiètent  fort  peu  des  effets  des  remedes 
qu’ds  préparent  : ils  »e  cherchent  que  le  coup-d’céil , l’ap- 
parence et  le  bon  marché. 

Poudre  vomitive  c/TIelvetius. 

Tartre  émétique  J f, 

Ipécacuanha  J [Vw 

Crème  de  tartre, . Jviij. 

Ou  môle  ensemble  ces  trois  substances , qu’on  a pufvé- 

JM  m iv 


55a  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

risées  séparément  auparavant  : on  passe  le  mélange  au  tra- 
vers d’un  tamis  de  soie  pour  être  sûr  qu’il  est  exact. 
pose  La  dose  est  de  dix-huit  grains. 

Poudre  hydragogue , 

2-  Jalap,  . V § IL 

Méchoacan  , 5 ij . 

Gomme  gutte  , . ......  5 fi- 

Canelle , 7 --  . • 

Rhubarbe , J ' ' ù V’ 

Feuilles  desoldanelle,~) 

Semences  d’hieble , ? ââ..  . . . 5 ]• 

d’anis , ^ 

Faites  du  tout  une  poudre  suivant  l’art. 

Vertus  Cette  poudre  est  fortement  purgative  : elle  convient 
dans  l’hydropisie  pour  purger  et  évacuer  les  eaux.  La  dose 
^osc"  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  deux  scrupules.. 

ou  dre  de  mademoiselle  Grimaldi. 

Résine  de  scammonée  pulvérisée  , . . ^ ij  5j* 

Safran  de  Mars  préparé  a la  rosée,  . . ^ iv  p. 

Magnésie  blanche  , • . . . % )• 

Crème  de  tartre  pulvérisée , . . . . 5 j. 

Noir  de  fumée, o x. 

Perles  orientales  préparées , ? ^ . 

Bézoard  oriental  préparé  , > aa'  * * 5 b 

Huile  essentielle  de  genievre,  \ ^ p j üj. 

• Baume  de  copahu,  5 

On  met  dans  un  mortier  de  marbre  toutes, les  substan- 
ces oui  sont  en  poudre  : on  les  mêle  exactement , et  on 
ajoute  l’huile  essentielle  de  genievre  et  le  baume  de  co- 
paliü  : on  triture  ce  mélange  jusqu’à  ce  que  ces  dermeies 
substances  soient  bien  incorporées  : on  passe  la  poudre  au 
travers  d’un  tamis,  et  on  la  conserve  dans  une  bouteille 

qu’on  bouche  bien.  _ . 

Vertus-  Qn  dit  celle  poudre  bonne  pour  la  lievre,  et  contiens 
maladies  de  la  peau,  et  singulièrement  pour  les  dartres  ; 
on  la  dit  aussi  stomachique.  Mais  celte  poudre  est  purga- 
tive à raison  de  la  résine  de  scammonée  qu  on  lait  entier 
po:o.  dans  sa  composition.  La  dose  est  de  quarante  grains. 


£.  MENTS  DE  PHARMACIE. 

Poudre  de  Vernix, 


5’j  3 


Jé  Vitriol  blanc, 

bleu,  ^ 

Alun  calciné, ââ. 
Céruse , 

Tçrre  sigillée, 


On  fait  liquéfier  ensemble  , clans  un  creuset,  les  deux 
vitriols  et  l’alun  : on  coule  la  matière  dans  un  mortier  de 
1er,  onia  pulvérise.,  et  on  ajoute  la  céruse  et  la  terre  sigil- 
lée : on  mêle  le  tout  exactement,  et  on  serre  la  poudre 
dans  une  bouteille. 

Cette  poudre  ne  s’emploie  que  pour  l’extérieur  : elle  est 
astringente  : elle  arrête  le  sang,  étant  appliquée  sur  les 
plaies  : on  la  lait  entrer  dans  les  injections  astringentes, 
lorsqu’il  est  nécessaire  d’arrêter  la  gonorrhée. 

Poudre  de  corail  anodine  c/TIelyétius, 


2é  Opium, 

Myrrhe 

Cascarille,  .... 
Bol  d’Arménie,  . . 
Candie  giroflée  , 
Corail  rouge  préparé  , 


o 1V- 

n>  j b. 
R>  j. 

w . 

z iv. 


On  pulvérise  toutes  ces  substances  chacune  séparément  : 
on  les  me  le  ensuite,  et  on  conserve  la  poudre  dans  une 
bouteille  qu’011  bouche  bien. 

(.ette  poudre  est  calmante  , astringente,  stomachique:  Vertus 
on  la  donne  dans  le  cours  de  ventre  , dans  les  dvssentcries , 
dans  les  coliques  cl  estomac  , clans  les  pleurésies  : elle  est  un 
peu  sudorifique.  La  dose  est  depuis  dix-huit  grains  jusqu’à  Dose 
deux  scrupules.  Cette  poudre  contient  un  grain  d’opium 
par  chaque  prise  de  dix-huit  grains. 

. -Oans  la  première  édition  de  ces  Eléments  de  Pharma- 
cie , on  trouve  une  poudre  qui  porte  le  même  nom  que 
celle-ci  : la  recette  m’en  avoit  été  donnée  comme  étant 
véritable;  mais  ayant  examiné  par  moi-même  de  cette 
poudre  venant  de  l’auteur,  j’ai  trouvé  quelle  éloil  com- 
posée telle  que  nous  en  donnons  ici  la  recette* 


* - 


554 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE1 
Poudre  fébrifuge  et  purgative  ^'Helvétius.- 


^ Quinquina , . 
Sel  de  duobus  , 
Nitre  purifié  , 
Safran  , 


Gomme  gutte  t 
Diagrede, 

Crème  de  tartre , 
Sel  de  Seignette 
Tartre  émétique 
Cinabre  préparé , 
Jalap  , 

Suc  d’ail  , . 


gr*  VJ 


On  forme  du  tout  une  poudre  exactement  nrelee.  Hel- 
vétius faisoit  entrer  dans  cette  poudre  une  bien  plus 
grande  quantité  de  gomme  gutte  -,  ce  qui  la  rendoit  trop 
violente  : elle  occasionnoit  des  superpurgations.  11  entre 
dans  chaque  prise  de  dix-huit  grains  , un  peu  moins  que 
les  trois  quarts  d'un  grain  de  tartre  emetique. 

Cette  poudre  convient  dans  toutes  les  fievres  intermit- 
tentes, et  lorsqu’il  est  nécessaire  d’évacuer  par  bas.  Cette 
poudre  excite  quelquefois  des  nausées.  La  dose  es:  de-, 
puis  dix-huit  grains  jusqu’à  un  demi-gros. 

Des  électuaires  , confections  et  opiats. 

Les  électuaires  sont  de  deux  sortes , les  mous  et  les 
solides.  On  nomme  aussi  ces  derniers  Tablettes  , à cause 

de  leur  consistance  seche  et  ferme. 

Les  électuaires  , les  confections  et  les  opiats  sont  des 
especes  de  conserves  composées  , et  molles  pour  1 ordi- 
naire , dans  lesquelles  on  fait  entrer  des  poudres  , des 
pulpes  , du  miel  ou  du  sucre  , et  souvent  ces  deux  der- 
nières substances  en  même  temps. 

Les  électuaires  mous,  les  confections  et  les  opiats  sont 
tous  d’une  consistance  à-peu  -près  semblable  : ces  médi- 
caments sont  composés  des  mêmes  ingrédients  ; et  ils  ne 
different  entre  eux  que  par  leur  dénomination.  Les  con- 
serves dont  nous  avons  parle  sont  des  électuaires  sun  , 
pies.  Les  uns  et  les  autres  sont  de  même  consistance. 

Les  anciens  entendoient  par  électuaires  et  pai  comec  , 


555 


Eléments  de  pharmacie. 

tions , des  compositions  parfaites  , et  dans  lesquelles  on  ne 
laisoit  entrer  que  des  drogues  choisies.  Ils  ne  donnoient  le 
nom  d’opiats,  qu’aux  électuaires  dans  lesquels  ils  fai- 

soient  entrer  de  l’opium  : c’est  de  cette  drogue  que  les  élec- 

tuanes  nommés  opiats  tiroient  leur  nom.  Mais  présen- 
tement on  donne  ce  nom  à beaucoup  d’électuaires  dans 
lesquels  on  ne  fait  point  entrer  d’opium.  Plusieurs  élec- 
tuaires officinaux  portent  encore  aujourd’hui  le  nom 
a opiats,  sans  qu’il  entre  d’opium  dans  leur  composi- 
tion. Mais  ce  nom  est  consacré  plus  volontiers  aux  élec- 
tuaires  magistraux. 

C es  compositions  ont  été  inventées,  i°.  pour  corriger 
1 action  trop  violente  de  certaines  drogues  simples  : 
12  . pour  augmenter  la  vertu  de  plusieurs  autres  : 3°.  pour 
unir,  par  ce  mélange  et  par  la  fermentation  que  ces  mé- 
dicaments éprouvent  après  qu’ils  sont  faits  , la  vertu  des 
drogues  : 40.  pour  qu’on  puisse  garder  les  médicaments 
plus  long- temps  , avec  toutes  leurs  propriétés  : 5°.  pour  les 
metiie  en  état  d’être  pris  plus  facilement  , et  pour  y avoir 
recours  dans  le  besoin  , sans  que  le  malade  soit  obligé 

d attendre  la  longueur  de  la  préparation  d’autres  médica- 
ments. 


Mais  nous  verrons,  dans  des  remarques  générales , que 
nous  ajouterons  à la  suite  des  électuaires,  qu’il  s’en  faut  de 
beaucoup  que  toutes  ces  intentions  soient  remplies,  puis- 
que la  plupart  des  électuaires  sont  sujets  à se  gâter  quel- 
que temps  après  qu’ils  sont  faits.  Il  vaudroit  infiniment 
mieux  supprimer  presque  tous  les  électuaires  de  la  Phar- 
macie, et  ne  conserver  que  les  poudres,  qu’on  délaieroit 
avec  une  suffisante  quantité  de  syrop  approprié,  pour 
former,  chaque  fois  qu’on  en  auroit  besoin  , la  quantité 
d eJectuaire  qu’on  voudroit  ; au  moins  il  est  certain  qu’on 
seroit  plus  sur  de  leurs  effets.  * 

On  a donné  le  nom  de  bols  à de  petites  provisions 
ü opiats  qu  on  prépare  à mesure  que  le  Médecin  les  pres- 
crit. Les  bols  différent  des  électuaires  seulement  par  la 
consistance  ; ils  sont  un  peu  plus  durs  : ils  ne  sont  pres- 
crits que  pour  quelques  prises  , au  lieu  que  ce  que  l'on 
nomme  communément  élcctuaire , est  une  provision  de 
bols  fans  pour  être  pris  dans  un  certain  espace  de  temps. 

esr  °UrC\Te  nC!!'S  av0"s  <llt  sur  ,es  poudres  composées 
est  applicable  a celles  qui  (ont  la  base  des  électuaires  : ainsi 


556  ÉLÉMENTS  DE  P H A R M A CU. 

nous  passerons  légèrement  sur  la  préparation  des  poudres 
qu’on  lait  entrer  dans  ces  compositions. 

On  divise  les  élecluaires  mous  en  altérants  et  en  pur- 
gatifs. 

Des  clccluaires  altérants , 

J : a * 1 «■ 

Confection  a’hyacinthc . 


£ Terre  sigillée,  "T pix'p.  üâ.  . . . . J iij. 

'Veux  d’écrevisses,  V 

Canellc , o h 

Feuilles  de  dictame  de  Crete,'*  ^ mq 

Santal  crilin  , $ 

Myrrhe  , . ^ b' 

On  mêle  ensemble  toutes  ces  substances  ,qu  on  a pul- 
vérisées chacune  séparément , et  on  en  forme  une  potiche. 
Alors , 

w _ 

Safran  en  poudre, • • 3 v‘ 

Syrop  de  limons  , b .... 

Camphre,  . £r'  VU1‘ 

Miel  de  Narbonne, 5 Xll*  , 

Huile  essentielle  de  citrons  , bnt‘'  VF 

On  met  le  safran  dans  un  mortier  de  verre  : on  le  ne- 
laie  avec  le  syrop  de  limons,  en  se  servant  d un  pilon  c e 
bois  : on  laisse  macérer  ce  mélange  pendant  trois  on  quatre 
heures  ; ensuite  on  ajoute  le  miel  de  Narbonne,  qu  on  a 
liquéfié  et  écume  , et  on  le  mêle  tandis  qu’il  est  encore 

chaud.  , , 

D’une  autre  part  , on  pulvérise  le  camphre  avec  une 

Eoutte  ou  deux  c/esprit  de  vin  : on  le  mêle  peu  a peu  avec 
Ta  poudre  ci-dessus  : on  ajoute  ensuite  fluide  essentielle 
de  citrons  : on  mêle  cette  poudre  avec  le  miel  et  le  syiop  : 
lorsque  le  mélange  est  bien  fait,  on  ajoute  un  dcim-gios 
de  feuilles  d’argent  : on  met  cet  éleçtuaire  dans  un  pot , 

et  on  le  conserve  pour  l’usage.  . , 

Vertus.  La  confection  d’hyacinthe  adoucit  les  aigres  , for lif.e  e 
cœur  et  l’estomac  : elle  est  sudoniique  : elle  convient  da 
les  dévoiements  : on  la  lait  prendic  dans  ia  pet'  ^ vc  * 
lorsqu’il  est  nécessaire  de  pousser  par  la  transpiration.  - 
dose  est  depuis  dix- huit  grains  jusqu  a un  g10S  c 


Dose 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

Remarques. 


557 


Plusieurs  Pharmacopées  Font  entrer  dans  cette  compo- 
sition beaucoup  de  pierres  vitrifiables  , comme  les  hyacin- 
thes , les  topazes,  les  émeraudes  , les  rubis  , les  grenats 
etc.  ; mais  la  Faculté  de  Paris  a déjà  réformé  de  son  dis- 
pensaire presque  toutes  ces  substances;  elle  11’a  conservé 
que  les  hyacinthes  , vraisemblablement  pareeque  ce  sont 
elles  qui  donnent  le  nom  à cette  composition  ; mais 
comme  ces  substances  sont  inattaquables  et  indissolubles 
par  la  voie  humide  dans  tous  les  menstrues  , soit  acides 
soit  akalis,  elles  peuvent  êtres  considérées  comme  dénuées 
de  vertus  médicinales  : nous  avons  cru  par  celte  raison 
devoir  supprimer  de  cette  composition,  même  les  hyacin- 
thes, quoiqu’elles  donnent  le  nom  à cet  électuaire.  La 
Faculté  de  Paris  a encore  supprimé  de  cette  composition 
h soie  crue,  avec  juste  raison  : cette  substance  est  inatta- 
quable par  les  liqueurs  gastriques. 

I-a  confection  d’hyacinthe  nouvellement  faite  est  d’une 
belle  couleur  jaune  dorée  : mais  ellenoircit  un  peu  en  vieil- 
lissant. Quelques  personnes , pour  remédier  à cet  inconvé- 
nient , suppriment  le  safran  , et  mettent  à sa  place  de  la 
pierre  hématite  préparée  ; mais  cette  substitution  dénature 
entièrement  les  vertus  de  cet  électuaire,  eu  ce  que  le  sa- 
li au  est  un  fort  bon  anodin,  et  que  la  pierre  hématite  est 
impuissant  astringent.  11  vaut  mieux  employer  la  confec- 
tion d'hyacinthe  avec  sa  couleur  altérée,  sur-tout  lorsque 
cette  confection  n’est  pas  trop  vieille  , que  de  faire  usa^e 
de  celle  colorée  par  la  pierre  hématite.  D 


Les  feuilles  d’argent  , qu’on  ajoute  à cet  électuaire  ne 
sont  mises  que  pour  l’ornement.  Quelques  dispensaires 
prescrivent  des  feuilles  d’or  ; mais  on  est  dans  l’nsa-e  de 


lants  qui  couvrent  leur  surface. 


Confection  alkermès. 

2j  Graines  de  Kermès  

Santal  citrin 

Roses  de  Provins  

Cassia  lignea, 


0 b 
§ î 15. 

5 vj. 

5 üj. 


558 


éléments  de  pharmacie. 


Perles  , 

Corail  ronge, 
Bois  d’aloës  , 


} 


de  llhodes 
Canelle,  . 
Cochenille , 


a a 


i * 


5 J* 

5 fi- 
3 j fi- 

3 üj- 

5 ij- 


On  forme  de  toutes  ces  substances,  réduites  en  poudre 
chacune  séparément  , une  poudre  composée.  Alors  , 

2£  Syrop  de  Kermès , . . . . • • • ft>  j* 

Poudre  composée  ci-dessus,  . . . ^ iv. 

Alun  de  roche  9 !•  t 

Feuilles  d’argent  , gr*  xq* 

réduit  l’alun  de  roche  en  poudie  fine , dans  un  mor- 
tier de  verre  : on  verse  par-dessus  le  syrop  de  Kermès  pu- 
rifié qu’on  fait  chauffer  un  peu  pour  le  liquéfier  : on  dé- 
laie la  poudre  avec  un  pilon  de  bois  : lorsque  le  mélange 
est  bien  fait , on  ajoute  les  feuilles  d’argent  : on  les  mêle 
à cet  électuaire  , en  prenant  garde  de  les  trop  briser,  parce- 
qu’elles  doivent  être  apparentes  : elles  sont  mises  pour 
ornement. 

Vertus.  Cet  électuaire  est  propre  pour  fortifier  le  cœur  , esto- 
mac et  le  cerveau  , pour  exciter  la  semence.  On  en  donne 
dans  les  palpitations  , dans  les  syncopes  : il  empêche 
Dose,  l’avortement.  La  dose  est  depuis  un  scrupule  jusqu  a 
un  gros. 

Remarques. 

Ordinairement  on  ne  fait  entrer  qu’une  once  de  poudre 
sur  une  livre  de  syrop  de  Kermès;  mais  j’ai  remarqué  que 
cela  formoitun  électuaire  liquide  et  syrupeux  ; d ailleurs 
il  n’y  a aucun  inconvénient  à mettre  une  plus  grande  quan- 
tité de  poudre  : les  proportions  que  nous  prescrivons  for- 
ment un  électuaire  d’une  consistance  convenable. 

Thériaque. 


Trochisquesde  scille  , 

de  vipères  , 
d’hédicroon 
Poivre  long , . . • • 

Opium  t • c • 


5 UK 


i L i MESTS 


PHARMACIA 


Agaric  

Iris  de  Florence  , , 

Caneile  j < • « • « a 

Scordium  

Roses  de  Provins  , . f ad. 

Semences  de  navets  sauvages  , 

Suc  de  réglisse  , 

Baume  de  la  Mecque  , 

Racines  de  gentiane  , 

de  calamus  aromaticus, 
de  meum  , 
de  valériane  major, 
de  nard  celtique  , 

Feuilles  de  chamæpitys , 
de  chamædrys  , 
de  malabatrum , 

Sommités  d’hypéricum , 

depouliot  de  montagne, 
Amomum  en  grappe  , / aà. 

Fruits  de  baume  , 

Semences  de  cardamum  minor, 
d’arrimi  , 
de  thlaspi , 
d'anis  , 
de  fenouil  , 
de  séséli , 

Suc  d’hypocistis  , 

d’acacia  , . . , 

Racines  de  quinte-feuille,  . 
de  costus  arabique  , 
de  gingembre  , 
de  rapontic  , 

Cassia  lignea , 

Calament  de  montagne  , 

Dictame  de  Crete , 

Sommités  demarrube  , 

Nard  indiq  ue  , 

Fleurs  de  Stécas  , 

Squenanthe,  , . . ? s 


55 9 


j 


5 


aa. 


Srj, 


SS 


56o 


Vertu 


ÉLÉMENTS  DE  P B A R H A C I f; 


Safran 

Semences  de  persil  de  Macédoine 
Poivre  noir, 

Myrrhe , 

Oliban , 

Térébenthine  de  Gllio  , 

Ecorces  de  citrons  , . 

Styrax  calamite  , . 

Gomme  arabique , 

Sagapenum 


Terre  sigillée  préparée, 


Vitriolde  Mars  calciné  en  blancheur , 
Racines  d’aristoloche  tenuis , q 


w 

O VJ.' 


• $rv 


Sommités  de  centaurées, 
Semences  de  daucus , 
Opopanax , 

Galbanum  , 

Castor  , 

Ritume  de  Judée  , 

Miel  de  Narbonne  , 

Vin  d’Espagne  , * 


aa. 


• o T 


ib  x fl. 

q.  s. 


Nous  suivrons  l’usage  ordinaire  pour  la  manipulation 
le  cet  électuairc;  ensuite  de  quoi  nous  ferons  nos  te  mar- 
ques , et  nous  proposerons  la  réforme  qu’on  pourrait 
taire  pour  le  perfectionner. 

Ordinairement  on  pulvérise  toutes  ces  substances  en- 
semble : on  conserve  seulement  le  baume  de  la  Mecque, 
et  la  térébenthine  de  Chio.  Lorsque  la  poudre  est  laite  , on 
fait  liquéfier  le  miel  avec  deux  livres  de  vin  d Espagne  , 
pour  pouvoir  l'écutner.  Lorsqu’il  est  à demi  refroidi , ou 
ajoute  les  baumes  qu’on  a conservés  a part:  on  delaie  es 
poudres  avec  un  grand  bistortier  , et  l’on  ajoute  une  su  li- 
sante quantité  de  vin  d’Espagne  : lorsque  le  mélange 
fait  , on  le  conserve  dans  un  grand  pot. 

La  thériaque  est  cordiale  , stomachique  , tue  .es  vers  et 
les  semences  vermineuses  qui  se  développent  dans  les  liè- 
vres malignes  : on  la  fait  prendre  dans  e devoiement  et 
le  flux  dyssentérique  , dans  la  toux  invétérée  : elle  est  cal- 
mante, légèrement  sudorifique  : on  la  donne  dans  la  pe- 
tite vérole  . comme  un  fort  bon  cordial. 

On  l’emploie  dans  les  attaques  de  peste , comme  deten- 


Eléments  de  pharmacie.  5^! 

flJ’l  ruvais  air-  La  d0Se  estd^>;s  dix-huit  grains  Do, .. 
jusqu  a deux  gros.  6 

On  1 emploie  aussi  à l’extérieur  : elle  est  un  vésicatoire 

; eüe  esl  bonne  P°ur  la  piqutire  des  bêles  venimeuses. 

Remarques. 

dreLad^unrearnm  1'' rfc°mmanihnt  de  d™°«- 
il,  a une  part  , 1 opium  dans  du  vin  d’Espagne  pour  le 

junl.er  ; d une  autre  part  , d'en  faire  autant  pour  les  su  s 

: r^;«e  et  d'acacia  ; en  troisième  lieu  , de  dissoudre 

• ns  ru  un  d Lspagne  le  galbanurn  , le  sagapenuin  et 

lopopanax  ; enfin  do  délayer  le  miel  ivec  de  pmei  vin 

I tspagne  pour  l’écumer  ; alors  on  commence  par  mêler 

lopnun  amsi  préparé',  dans  toute  la  quantité  de  miel" 

ensuite  les  sucs  de  réglisse  et  d’anrii  b * 

sr  inh*,d,iv 

ti.me  de  Chio  ; enfin  on  délaie  les  pondis  peu  a peu  avëô 
sit  “r’Ct  °“  remUC  “ méIa"Se  Jl*squ’à  ce  qu'il 

co,,fcct!on  de  - 

avons  donnée  : elle  «i  seX^nt  nlP  T <1U6 ’IOUS 
D’ailleurs  , les  sucs  de  réglisse  d’aécia  e"‘ ,arrJssante- 

» ™s»“  «ris-s 

J’ai  cru  devoir  rapporter  la  recette  de  la  thériamie  telU 
qu  on  la  fait  ordinairement.  Il  est  facile  q’  1 ? . 

entre  dans  sa  composition^ne^Xffi''  ' 
substances  mutiles,  de  peu  de  vérin  S lUdnllte  do 
diminuer  les  effets  de  X quleô ont T 7 
le  grand  nombre  des  autëesihogues  ÎT  T 

S.eurs  qui  ont  des  vertus  bien  décidées  ml  ! P 
•supprimer  encore , parcequ’elles  sont  dominées^ °r d’7* 
très  qui  y entrent  en  plus  grande  quantité  qui  ont  i r •* 
tuent  plus  de  vertu  et  effacent  cel  e des  amis  F 
nsant  toutes  les  drogues  enspmhE  • ijtl  Pülvé~ 

«aire,  on  tombe  dans  les  inconvénient^™  lîf  ^ 

se  ***««  1-  Kg- 4;.i 

Nu 


55l  Été  MENT  S DE  PHARMACIE. 

mortier , en  pure  perte  : les  poudres  de  peu  de  vertu , que 
fournissent  certaines  substances  au  commencement r e eu 
pulvérisation,  se  trouvent  comprises  dan * e?a*i four- 
félectuaire  : ccllesquisont  faciles  a pulvériser,  «qui  four 
nissent  des  poudres  de  pou  de  vertu  sur  U fin  de  leur  pȣ 
vérisation  , se  trouvent  encore  melées  avec  les  autres  sut. 

St  Les6  trochîsques  de  scille  qu’on  fait  entrer  dans  la  théria- 
v . a.  - a*,  to-rinr.  rPnrolie  . comme  nous  le 


ordinaire.  Les  trochisques 

Si^SniJ^tïïâ 

que  moins  composée , qu  on  ajout  b calcin(j  cn 

noire  à cet  électuaire, 

pareeque  le  fer  se  f™uve  précipité  ^ — a > ^ 

£ei'-teS  • t 0°iTd’  1 viande  réforme  : je  vail  proposer  la 
tuaire  a beooin  Jj "®  * Ue  fasse  plaisir  aux  artistes  qui 

opérais  de  Pharmacie. 
Thériaque  réformée ; 

w • ^ 

% Squames  de  scille  sécliees  , § g. 

Iris  de  llorence, 

Gingembre , 

Dictame  de  Crete, 
l\ard  indique , 

Stccas  arabique, 

Safran  gâtinois  , \ ââ  .J  vj,’ 

Myrrhe , 

Racines  de  gentiane , 

Calainus  aromaiicus, 

Meuin , 

Valéi  iane , 

ISiard  celtique  j 

Amomum , iiî« 

Poivre  long, r iv- 

Scordium , * i * J 


il£M  ENTS  DE 

Canclle , ..  .. 

Squenanthe,  . 
Semences  de  fenouil, 
Opium  , . . . . 

Castor , . . . , 

Baume  de  Judée  , 
Styrax  calamite, 
Sagapenum  , 

Oalbamim  , 

/ ' • » 

Vm  d’Espagne, 

IVIiel  de  Narbonne , 


P i*  A IV  m a c i E, 

\ r * 

. . . i 


7 

} 


aa. 


ï j- 

fjfi- 

o i s* 

5 xj. 

~ *}• 
1J- 

5 fi- 


-j 

? 


5 i/.1 

q.s. 
îb  ivv 


On  met  à part  le  baume  de  Judée , le  stvrax  caïam.V* 
de  NmEmi ne^Q n^uîvérise  ^hac^ n^1  ^ ^ 

autres  substances ?onpe1sechacunpdp^ra^elller|t,  tolLltes 

proportions  ci-dessus  indiquées  • on  ^^°1Ki,es  dans  Ies 
composée.  D’une  autre  par  on  Z l ™m*utl*  Poud™ 
tme  livre  de  vin  d’Espamie  • .J  tlKlllef)erIe  in^l  avec 

tamis,  pour  séparer  lYaîme  • enfin  onfrtT  ^ fU11 
une  bassine  au  bain-marie  , ie 
calamité , le  sagapenum  et  le  ealbanum  Or,  In- 
dermeres  substance,  liquéfiée,,  ave  " W - 6 “* 

tant  un  peu  de  miel  rbimrl  . ’ • on-rortier,  en  met- 

pour  diviser  ce  mélange  résinifomi- "q  ^ ^ ,aî:,otIKjre 
nativement  du  miel  et  de  I ! ^ °"  mel  aller- 

mélungc  quon  rimue  avec  le  ? ’ ?"  f°nile  d“  ‘ou,  «a 
soit  exact  : on  le  conserve  dans  un  pôt  " ’ ,US<1U  3 “ q“’11 

krr  ^ 

proportions  prescrites.  Celié-ci,  comme  latV  '*  u* 
nai,e>  “"tient  un  grain  d’opium  par-os  NT*  rr " 

pagne,  sans  qu’il  dissoiveles  sommes  et  ie?-'  • “ Es* 

ment.suffitcepondantponries'd^er  ! '“mcsparlaite. 
puisse  les  mêler  exactement  avec  iis  e i?,’ P°U,r3l,’0“ 
I-es  charlatans  distribuent  de  I,  il  ‘ • S "'g'fdien.ts. 
tendent  meilleure  nue  tonte?  !..  ‘a,théria<lue  q«’ils  pré- 

Propriété  de  faire  vomir  et  de  faire  sortir  jl''UCC'iu?!e  a ia 
1 estomac,  lorsqu’on  a eu  le  n,X?.  J î-  le  P01f«  bore  de 

priété  émétique  de  cette  thériaque  irnluiWem N >)ro* 
d antimoine  qu’ils  y mêlent  - ot  ih  c Ulue  du  rerrû 

venu  Vomitive  qu'il*  m d^C  4CC  Jour^ 

1\  i i j 


Vertus. 


Dose. 


noncer  que  leur  thériaque  est  un  contre-poison  puissant , 
ce  qu’ils  persuadent  facilement  aux  ignorants , qui  se  lais- 
sent toujours  séduire  par  un  ton  tranchant  et  décisif. 

Thériaque  cîiaiessaron. 

^ Racines  de  gentiane  , 

d’aristoloche  ronde, 

Baies  de  laurier , 

Myrrhe  , 


On  pulvérise  toutes  ces  substances  chacune  séparément  : 
on  les  mêle  ensemble  pour  former  une  poudre  composée, 
qu’on  incorpore  dans , 

Miel  blanc  écumé , 7 £xjj; 

Extrait  de  genievre , * 

On  inet  dans  une  bassine  le  miel  et  l’extrait  de  genievre  : 
on  les  fait  liquéfier  : on  ajoute  la  poudre,  qu’on  mêle 
exactement  avec  un  bistortier  : on  serre  cette  thériaque 

dans  un  pot. 

On  estime  cette  thériaque  propre  contre  les  piquures 
des  bêtes  venimeuses,  contre  l’épilepsie,  les  convulsions, 
la  colique,  pour  faire  sortir  l’arriere-faix , pour  exciter  les 
mois  aux  femmes  , pour  fortifier  l’estomac.  La  uose  est 
depuis  douze  grains  jusqu’à  deux  gros. 


Orviétan, 


Racines  de  calamus  aromaticus 
angélique  , 


aristoloche  ronde , 
asarum , \ 


’l  ..  ... 

v aa.  . X ]. 


bistorte , 

car  line  , 

d’ènula  campana,^ 
valériane  major,  b 
gentiane , 
impératoire , 
iris  de  rlorence , l 
patience  sauvage,  J 


?.. 


J' 

5 1b 

? ij- 


ÉLÉMENTS  DE  F H A R M A C I *7  565 

Racines  de  gingembre  , 

meum  , S àà.  . , . . 'g,  j. 

Feuilles  d’absinthe  major, ’ ^ . 

chardon  bénit , - * • .3  J />• 

c hamac  dry  s, 
dictame  de ‘Crête, 
rue,  . . . 

scordium  , / àà.  ■ n; 

laurier , ' 

menthe  de  jardin , 
origan  blanc, 
marrube  blanc , J 

romarin , J 

sauge , 9 

thym , V __  , 

Fleurs  de  lavande , ( aa y1]' 

roses  rouges. 

Sommités  de  tanaisie , 

Narcl  celtique, ; w- 

Baies  de  laurier,  ^ 

Poivre  de  la  Jamaïque,  ...  x 

Semences  d’anis , * ù ‘ * 

de  céleri  , 

de  cumin , ( x ; 

de  daucus,  f 3 

de  moutarde,  J 

Girofle, 

Muscade , / 

Canelle  blanche  , ( z fi, 

Canelle , J 

1h>1  d Arménie  préparé, x f 

Gomme  arabique  , 3 h* 

Myrrhe  \ \ [ ] / / 5 ^ 

Suc  de  réglisse  , ’ 5 K 

opium , . . . • * : IV 

Vipères, : .7  / / .*  .’  / .7  * f -J* 

\ itiiol  calciné  en  blancheur  . . 

JtP'tédSC  toutesces  substances  chacune  séparément  • 

séè  n-n  c*actcment  pour  en  faire  une  poudre  conli 
marie.  3“  r°  pa“’  °U  fait  %uéfier  ensemble  au  bain- 


N il  HJ 


tus. 


$66  35;  L i.  M E N T S DE  PHARMACÏ  E. 

Assa  fœtida ^ j]. 

Baume  noir  Pérou  , ) --  ^ • 

Extrai.t  genièvre,  i aa’  ^ 

Térébenthine, 1 ^ ij. 

Alors  on  ajoute  alternativement  les  poudres  et 
Miel  écume, ib  ir. 

On  mêle  exactement , et  on  forme  du  tout  un  électuai- 
re  , comme  les  précédents  : on  doit  avoir  grand  soin  de 
n’employer  que  du  vitriol  de  Mars  qu’on  ait  purifié  soi- 
même,  et  qui  ne  contienne  point  de  cuivre,  à cause  du 
danger  : cette  remarque  est  générale  pour  tous  les  médica- 
ments internes,  dans  lesquels  on  fait  entrer  ce  sel.  On  re- 
connoîtque  le  vitriol  contient  du  cuivre,  lorsqu’en  le  Irot- 
tant  sur.  une  lame  do  couteau  que  l’on  a mouillée,  elle  de- 
vient rouge;  ou  bien  si  en  versant  un  peu  d esprit  de  sel 
ammoniac  sur  une  dissolution  de  ce  vitriol,  le  mélange 
devient  bleu , c’est  une  preuve  certaine  qu’il  contient  du 
cuivre. 

Lorsque  Passa  fœtida  qu’on  emploie  est  un  peu  vieux, 
et  qu’il  esc  assez  sec  pour  être  pulvérisé , on  le  réduit  en 
poudre  au  lieu  de  le  laire  liquéfier. 

L’orviétan  a les  mêmes  vertus  que  la  thériaque , et 
donne  à ta  même  dose. 

1 . v 

Autre  Orviétan,  nommé  en  latin  Orvietanuni 
præstantius. 

^ Racines  de  dompte-venin, 
cariine-, 
angélique , 
anthora, 

énula  campana  , • 
vipérine  de  Virginie  , 
péta  si  te , 
valériane , 
fraxinelle  , 


aa. 


5 H* 


Canelle, 
Girofle  , 


I 


aa. 


Laudanum, £ VJ: 

Sel  volatil  de  viperes  , * ....  ô vij. 

Feuilles  de  dictame  , 


scordium, 

lue , 


} 


aa. 


iv. 


1 L i M E N r S » E P TI  A R M A c i r? 


Myrrhe  , "J 

Terre  sigillée  préparée  , V 
Soufre  jaune  préparé,  J 
Galbanum , 

cl  cl.  Z . Z Z Z 

• ?)• 

- 

Safran , 

iluilc  rectifiée  de  succin, 

V à CL 

• 3 j fi.1 

citrons , 

s 

Vipères , 

v • • 

Extrait  de  genievre,  . . 

. ib  x. 

Vin  d’Espagne , 

.q.  s. 

On  pulvérise  tout  ce  qui  peut  l’être  : on  fait  liquéfier  lo 
galbûuutn  au  bain-marie,  avec  un  peu  de  vin  d’Espagne  ; 
on  ajoute  peu  à peu  de  l'extrait  de  genievre,  qu’on  liquéfia 
à une  douce  cîialeur  ; ensuite  la  poudre  : on  forme  du 
tout  un  électuaire  , que  l’on  conserve  dans  un  pot.  Ces 
deux  orviétans  different  peu  de  la  thériaque;  néanmoins 
on  doit  les  distinguer  dans  l’usage  médicinal. 

Cet  électuaire  a les  mêmes  vertus  que  la  thériaque  ; yer,us 
mais  il  est  plus  efficace  dans  les  maladies  contagieuses, 
épidémiques  et  putrides  : il  convient  dans  les  fie  vie  s nia- 
lignes,  pestilentielles  , et  dans  les  dyssenteries.  Eadose  est  Dc(CC 
depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 


Mithridate. 


2^  Myrrhe 
Safran , 

Agaric , 

Gingembre  y 
Canelle  , 

Nard  indique  J 
Oliban  , 

Semences  de  tlilaspi , , 
Cassia  lignea, 

Pouliot  de  montagne  , 
Poivre  blanc , 

Scorditim  , 

Semences  de  danois, 
Carpobalsamum , 
Trocliisque  de  cyphéos  -, 
Bdellium, 


ua. 


o,  x. 


a a. 


6 Vij, 


N n iy 


56S 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 

Racines  de  meum , ^ . • 

Suc  d’acacia,  i âây pijfi, 

Seine  marin  , j 

Sommités  d’hypericum  , i]  fi* 

Semences  de  séséli  , S 
Baume  de  la  Mecque, 

Squenanlhe , 

Stécas  arabique  , 

CostLis  arabique, 

Gûlbanum , 

Térébenthine  de  Chio  , 

l’oivre  long,  ' 5 }‘ 

Castor , 

Suc  d’hypocistis, 

Styrax  calamite, 

Opopanax , 

Malabatrum  , 

Nard  celtique,  . . . 

Gomme  arabique , 

Semences  de  persil  de  Macédoine  , 

Opium , 

Cardamum  minor  , 

Semences  de  fenouil , / - - y 

. I UU.  * • O H)4- 

d ams  , 

Racines  de  gentiane , 

de  calamusaromaticus , 
de  valériane  major , 

Sagapenum  , 

Miel  de  Narbonne  écume , ........  lb  vj  fi.' 

Vin  d’Espagne  , q-  s* 

Vertus.  On  forme  du  tout  un  électuaire,  comme  la  thériaque.' 

Le  mithridate  a les  mêmes  vertus  que  la  thériaque  , et 
se  donne  à la  même  dose. 

Pâte  sudorifique  cZTIelvÉtius  , ou  opiat  stomachique 

et  corroboratif. 

Limons  confits  , • 5 j;. 

Noix  muscades  confites  , ....  5 üj* 

* 1 V • 

Girofles  confits  , 5 )• 

w • • 

Gingembre  confit , p h* 

Opiat  de  Salomon , 


569 


Z iij. 

5 fl. 

gutr.  x. 

Bij. 
q.  s. 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

Canelle 

Cascarille  

Huile  essentielle  de  canelle  , 

de  girofles  , . . . 

Syrop  d’œillets  

On  réduit  en  pâte  dans  un  mortier  de  marbre  les.  limons 
les  noix  muscades,  le  girofle  et  le  gingembre  avec  un  peu 
de  syrop  : on  forme  une  pulpe  de  ce  mélange  en  le  faisant 
passer  au  travers  d’un  tamis  de  crin  : on  remet  la  pulpe 
dans  le  mortier  : on  ajoute  les  autres  substances  et  on 
forme  du  tout  un  électuaire  que  l’on  conserve  dans  un  pot. 

<c  remede  est  un  stomachique  très  chaud  et  irritant  : Vertus, 
il  excite  la  semence  et  provoque  l’ardeur  de  Vénus  • il 

M gros"1  ,C1Ue‘  La  d0Se  est  dcptliS  Un  scrupule  jusqu’à  Dose. 


Diascordium. 


Feuilles  de  scordium  , 
Roses  de  Provins , 
Racines  de  bistorte , 

do  gentiane  , 
de  torm  en  tille , 
Cassia  lignea  , 

Canelle  , 

Dictame  de  Crete  , 
Semences  de  herberis  , 
Styrax  calamite, 
Galbaïnum  , 

Gomme  arabique  , 

Bol  d'Arménie  préparé 
Laudanum  , ~ 
Gingembre  , V 
Poivre  long  , J 
Miel  rosat , . 

Vin  d’Espagne  , 


j fl- 


aa. 


B. 


au. 


5 b- 

w • • 

^ Jh 

]h  ij. 

q.  s. 


On  fait  liquéfier  le  galbanum  dans  deux  ou  trois  onces 
de  vin  d Espagne  : on  ajoute  le  miel  peu  à peu , et  ensuite 
es  autres  substances  qu’on  a pulvérisées  auparavant  • on 
fmmedu  tout  un  mélange  exact  , que  l’on  Conserve  daïï 


Vertus 

Dose 


Vertus- 

Dose. 


5^0  £ L £ RLE  N T S DE  P H A P.  M A C I E.‘ 

Le  diascordium  convient  dans  les  dévoiements  et  Iei 
dyssenteries  : il  resserre  en  fortifiant  l’estomac  et  les  intes- 
tins : il  est  par  conséquent  stomachique.  La  dose  est  de- 
puis un  scrupule  jusqu’à  un  gros  et  demi. 

Philoniinn  roman  u ni . 


Poivre  blanc , 

Semences  de  jusquiame  blanche, 


v.’ 


Semences  d’aclie,-j 
Castor,  V àà. 

Costus , J 

Nard  indique  , "> 

Pyrethre,  > ââ.  . . 

Zédoaire , J 

Opium  , • • 

Cassia  lignea,  -- 

Canelle,  Ç ' * 

Semences  de  persil,  1 

de  fenouil  , / ââ. 
Daucus  de  Crete  , J 

Safran  

Miel  blanc  écume,  . . . 


3 ij  IL 

xi  fi- 

9 Ij* 

9 b 
3 1X* 


On  pulvérise  toutes  les  substances  chacune  séparément; 
on  les  mêle  exactement , et  on  les  dclaie  dans  le  miel 

dépuré.  1 

On  fait  du  tout  un  électuaire  selon  les  réglés  que  nous 

avons  prescrites. 

Cet  électuaire  se  donne  ordinairement  en  lavement 
dans  les  coliques  et  les  douleurs  d’entrailles  : il  tranquil- 
lise et  appaise  la  douleur  assez  promptement.  La  dose  est 
depuis  demi-gros  jusqu’à  quatre  gros.  On  peut  aussi  le 
faire  prendre  par  la  bouche  dans  les  douleurs  cl  estomac, 
et  comme  stomachique  calmant,  mais  jamais  dans  les 
indigestions. 

O pian  cle  Salomon.’ 

1 / 

ÿ;  Racines  de  calnmus  aromaticus  __  w.  , 
d’énula  camp  an  a , V àâ.  . • $.  1V** 

de  fiaxinelle , J 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  S~J 1 

Bacines  de  contraverva  ....  r ; 

j j J' 

de  gentiane  * ;; 

Macis  , •>  I-  ‘ ' ’ ' J h 

Girofle , 5 aa j- 

Raclures  de  corne  de  cerf, r 

Rois  d’aloës,  ^ 

Canelle  blanche , 

Gascarille,  > aa.  . . 

Ecorces  de  citrons , 

Canelle, 

Semen  contra  ; x ^ 

Semences  de  cardamum  miuor  $ j. 

Semences  de  chardon  bénit,  __  J 

de  citrons,  p aa o B* 

Feuilles  de  dictame  de  Crete,  ^ w 

Roses  de  Provins  , Ç aa S R* 

On  forme  du  tout  une  poudre.  Alors  , 

^Ecorces  de  citrons  confits, - m x v.p;  i 

Conserve  de  fleurs  de  buglosse  , ^ D ' 

de  romarin , > àà.  . . . * if. 
d’œillets,  J 

Thériaque, x j 

Syrop  de  limons  , * jj- 

Extrait  de  genièvre, 5 ij  * 

On  coupe  les  écorces  de  citrons  confits  par  tranches 
minces  : on  les  épiste  dans  un  mortier  de  marbre,  avec  un 
p(  u ( e S)  rop  de  limons,  pour  les  réduire  en  une  pulpe 
que  I on  fait  passer  au  travers  d’un  tamis  de  crin  avec  un 
pulpoir  : on  mêle  cette  pulpe  avec  les  conserves,  la  théria- 
que et  1 extrait  de genevievre:  on  ajoute  ensuite  les  poudres 
peu  a peu  , que  l’on  délaie  avec  le  syrop  : on  forme  du  tout  . 
un  electuaire  , que  l’on  conserve  dans  un  pot. 

Il  est  stomachique  , et  prévient  la  malignité  des  hu- Vertus.] 
meurs  , arrête  le  vomissement  , chasse  les  Vents,  facilite 
a digestion.  La  dose  est  depuis  un  scrupule  jusqu’à  deux  Dose,’ 
is  os, 

Electuaire  de  baies  de  laurier . 

Baies  de  laurier  , . - ~ . 

Feuilles  de  rue , . $ l 

; ' SJ- 


J 7 2 ÉLÉMENTS  DE  P H A R M A C I E." 

Sagapenum  , 

Opopanax  , j (Ul J fi. 

Poivre  long , 

Menthe  des  prés  , 

Castor , 

Semences  d’ammi , 
cumin  , 

nielle , s aa.  . . . 3 q. 

ligusticum  , 
cajL'vi , 

daucus  de  Crete, 

Calamus  aromalicus  , 

Origan  , . 

Amandes’ aineres  pelées  ^ 1 

Poivre  noir  , ) • ••••••  5 ij* 

Miel  blanc  écume  , . . . . ? x*- 

Vin  d Espagne, g ij. 

On  fait  liquéfier  le  sagapenum  avec  le  vin  d’Espagne  : 
on  délaie  ce  mélange  avec  un  peu  de  miel  écume  et  chaud  : 
ou  ajoute  les  autres  siihstances  qu’on  a réduites  en  poudre, 
et  le  miel  : on  forme  du  tout  un  mélange  exact  que  l’on 
conserve  dans  un  pot  pour  l’usage. 

Il  est  propre  pour  la  colique  venteuse  : il  est  diuréti- 
V clue  : il  appaise  les  vapeurs  historiques  : il  excite  les  mois 
cr  us‘  aux  femmes.  La  dose  est  depuis  un  scrupule  jusqu’à  deux 

Dos,  Sr°S- 

Des  Electuaires  purgatifs. 

Casse  cuite  à la  fleur  d’orange. 

^ Pulpe  de  casse  , îf>  j. 

Syrop  violât g xij. 

Sucre  f iij. 

Eau  essentielle  de  fleurs  d’oranges,  . . q j. 

Huile  essentielle  de  fleurs  d’oranges,  . gult.  iv. 

On  met  ensemble  dans  une  bassine  d'argent  la  pulpe 
de  casse,  le  syrop  violât  et  le  sucre  : 011  place  le  vaisseau 
sur  des  cendres  chaudes,  ou  encore  mieux  au  bain-marie  : 
on  fait  cuire  ce  mélange  en  l’agitant  très  souvent,  et  sans 


. OE  PHARMACIE.’  573 

discontinuer,  Sl  on  ne  se  sert  point  du  bain-marie  r ,, 
qu  il  a acquis  une  consistance  un  peu  plus  f„r„  L 
d’un  électuaire,  et  qu'il  est  à demi  rcf  0^  ' ^Ufi.ceIle 
eau  et  l’huile  essentielle  de  fleurs  d’orair- es  ’•  on  Z\ ?T 

prri".ent’ et  °n  conserve  ce  méknse  ^ 4ej: 

gros  ou  deuxTsS  en "se  coucïam "n  W 

ï ,tï:  * * »— **«  * d.™  »«■> 

Remarques* 

elle  ne  peut  se  corsermr  tmit  ~ 1 > 1 es^  e : 

édit  pendant  les  chaleurs  de  l’étéP  “cause  d T'f , en. bon 

la  casse  qui  y reste  : elle  occasionne  des  yènts  ci?'  1“ 
pulpe  de  la  casse  nurp  \ i i r ^ connue  J a 

(•prouve  en  fort  peu  de  temps  ^d’cu'i  ci,  11  tati°n  quelle 

4 îr  ' ]ra“te  la  r,r,!fôrence’à  tous  igardfpf1?,.1!?11'311 

- et  des  aromates  /pour  Ûï  ^ 

le  medecm  le  juge  à propos.  1 ates  * ]ors^ue 

Electuaire  Unit  if. 

Orge  , 

lUcines  seches  de  polypode, 

Raisins  secs,  ’*  ’ ( aa.  * 

1 aman  us,  % 0 >' 

Fleurs  de  violettes  récentes 

Jujubes  , jj. 

Sebestes,  > âà.  . 

Pruneaux',  J J j. 

Scolopendre  récente 

Mercuriale  récente,  ! ? j fi. 

Séné, j iv. 

Réglisse,.  ...  < • J ii, 

^ • 

r °nfait  bouillir  l’orbe  dans, ^ rr  ‘ 5 J’ 

lorsqu’elle  est  presque  crevée 


lypode concassées  grossièrement,  et  lorsqu’elles  ont  bouilli 
pendant  environ  un  demi-quart-d’heure,  on  ajoute  les  au- 
tres substances  que  l’on  lait  bouillir  dans  la  décoction  pen- 
dant environ  un  quart-d’heure  ; à la  réserve  du  séné  , qu’on 
conserve  à part , pour  le  faire  bouillir  séparément  dans  une 
suffisante  quantité  d’eau:  onmêle  les  décoctions  : on  ajoute. 

Sucre  , ....  . îb  i j fi . 

On  forme  du  tout  un  syrop  que  l’on  clarifie  et  que  l'on, 
fait  cuire  davantage  que  les  syrops  ordinaires.  Alors  , 


Pulpes  de  pruneaux  , 1 

tamarins , ^ cm. 

Extrait  de  casse  , J 

Séné  en  poudre  fine  , . . . . ^ v* 

Semences  de  fenouil  pulvérisées , 1 
d’anis  en  poudre,  j 


aa . 


5 VL 


s1!- 


On  délaie  les  pulpes  et  l’extrait  de  casse  dans  une  bas- 
sine, avec  le  syrop  qu’on  met  peu  à peu  , ensuite  on  ajoute 
les  poudres  : on  remue  ce  mélange  avec  un  bistorticr  de 
bois  : on  forme  du  tout  un  électuaire  que  l’on  conserve 
clans  un  pot. 

Lorsqu’on  n’est  pas  dans  la  saison  des  violettes , on  peut 
mettre  en  place  un  gros  de  ces  fleurs  seches. 

Vertus.  Cet  électuaire  est  un  purgatif  doux-,  il  évacue  la  bile 
Dose,  sans  violence.  La  dose  est  depuis  demi-once  jusqu’à  une 
once  et  demie.  On  le  fait  prendre  en  lavement , et  aussi 
par  la  bouche. 


Ca  th  o II c n m>  cio  u hic . 


^ Racines  de  polypode  , . . . * < < ♦ 
chicorée,  . . . . . . » 

Réglisse , 

Feuilles  d’aigremoine, 

de  scolopendre , 

Semences  de  violettes , 

Eau 


I 


1b  viij. 


Cn  fait  du  tout  une  détection,  suivant  jcs  icglcs 


Eléments  d e pharmacie.  5 l'j 

que  nous  avons  détaillées  : on  ajoute  , après  qu’elle  est 
passée  , 


)iicre 


- *1  « rm  11  • • w • J 

ïj  5 iv. 

On  fait  du  tout  un  syrop  qu’on  fait  cuire  comme  pour 
le  précédent  électuaire.  Alors, 

^Pulpes  de  tamarins, 

Extrait  de  casse  , 

Rhubarbe  en  poudre, 

Séné  en  poudre  , 

Réglisse  eu  poudre,  ; ; . J j; 

Semences  de  fenouil  J j 

Quatre  semences  froides  , réd.enpâte,  àâ,  5 iij. 


aa. 


IV. 


On  délaie  dans  une  bassine  , avec  lin  bistortier , îa  pulpe 
de  tamarins  , 1 extrait  de  cassé  et  les  quatre  semences 
froides  , réduites  en  pâte  ,'  en  ajoutant  le  syrop  peu  à 
peu  ; alors  on  délaie  les  poudres  : on  forme  du  tout  un 
électuaire. 

est  un  excellent  purgatif  doux  : on  le  donne  dans  les  ,rcrU,s 
dévoiements  et  les  dysseuteries  : il  resserre  un  peu  , et 
fortifie  après  avoir  évacué.  La  dose  est  depuis  deux  gros  r. 
jusqu’à  deux  onçes.  ^ ÜSe* 

R EM.  ARQUE  ÿj 

Le  polypode  , la  scolopendre  et  la  réglisse  corrigent  le*' 
mauvais  goût  du  séné  : la  semence  de  violettes  fournit  un 
mucilage  adoucissant  dans  la  décoction.  La  semence  de 
fenouil  étant  employée  pour  aromatiser  cet  électuaire,  ne 
doit  point  etre  mise  dans  la  décoction  , comme  quelques 
personnes  le  recommandent  , parceqif  elle  perd  tout  son 
aromate. 

Quelques  Pharmacopées  font  entrer  une  beaucoup  plus 
grande  quantité  de  sucre  que  nous  n’en  prescrivons  ici  ; 
mais  j’ai  remarqué  que  lorsqu’on  en  met  davantage,  cet 
électuaire  se  caudit  avec  une  extrême  facilité. 

11  est  inutile  que  nous  répétions  ici  les  dangers  que  l’on 
court  en  préparant  la  pulpe  des  tamarins  dans  des  vais- 
seaux de  cuivre  : on  peut  voir  ce  que  nous  en  avons  dit 
précédemment. 


Diaprun  simple. 

^Racines  de  polypode 

Fleurs  de  violettes  récentes  , . . 

Semeiices  de  berberis  . F - - 
*ï')  / i • g aa  • • • 

Réglisse , 3 


5 n- 
5 hr- 


On  fait  une  décoction  de  ces  substances  , en  les  faisant 
bouillir  dans  une  suffisante  quantité  d’eau  : on  passe  la 
décoction  avec  expression  , et  ou  s’en  sert  en  place  d’eau 
pour  faire  cuire, 


Pruneaux,  . . îbjfi. 

Lorsqu’ils  sont  cuits  , on  les  sépare  de  la  décoction  , 
et  Poil  en  tire  la  pulpe  : on  ajoute  à la  liqueur  , 

Sucre  blanc  , îbj  fi* 

Suc  de  coings, 5 LK 

On  fait  cuire  le  tout  en  consistance  de  syrop  épais. 
D’une  autre  part,  on  fait  dessécher  la  pulpe  au  bain-marie, 
pour  la  priver  seulement  d’un  peu  de  sôn  humidité.  Alors 
onia  délaie  dans  Le  syrop  cuit  en  consistance  convenable; 
et  l’on  ajoute  les  substances  suivantes , réduites  en  poudre  , 
chacune  séparément  : 

Santal  citrin  , ) -- 
rouge  , ) 

Semences  de  violettes , 
pourpier , 

Roses  de  Provins , 

On  forme  du  tout  un  électuaire-suivant  Part. 


J*  E M A R Q U E S. 

Les  dispensaires  demandent  deux  livres  de  sucre  dans 
cet  électuaire  ; mais  je  trouve  que  c est  trop  ; il  u sie 
toujours  beaucoup  de  syrop  qu’on  ne  peut  y faire  entrer  : 
c’est  assez  d’une  livre  et  demie.  La  semence  de  violettes 
est  huileuse,  et  difficile  à réduire  en  poudre;  les  autres 
substances  qui  entrent  en  poudre  , et  qu’on  pourrait 
pulvériser  avec  , ne  sont  pas  assez  volumineuses  pour 
absorber  son  huile  ; il  vaut  mieux  faire  entrer  cette  semence 
dans  la  décoction  , et  la  supprimer  de  la  poudre. 


On 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  met  une  demi-once  de  fleurs  seches  de  violettes,  en 
place  de  fleurs  récentes,  lorsqu’on  ne  peut  passe  procurer 
de  ces  dernières. 

Cet  électuaire  est  un  purgatif  ininoratif  : on  le  donne  Vernis, 
poiii  pieparer  a la  purgation.  La  dose  est  depuis  demi-once  Dose, 
jusqu’à  deux  onces.  On  le  fait  souvent  prendre  en  lave- 
ment. 

Electuaire  çliaprun  solutij \ 


Diaprun  simple  

Scaminonée  pulvérisée  , . 


On  mêle  ces  deux  substances  ensemble  dans  un  mortier 
de  marbre,  avec  un  pilon  de  bois  : on  conserve  cet  élec- 
t n aire  dans  un  pot  pour  l’usage. 

On  ne  fait  ce  mélange  qu’à  mesure  qu’il  est  prescrit, 
paiceqü  il  arrive  fort  souvent  que  les  Médecins  alimen- 
tent ou  diminuent  la  dose  de  la  scammonée. 

. O est  lui  puigatif  assezbon.  La  dose  est  depuis  deux  gros  Vertu* 
jusqu’à  une  once.  & 

Dose. 

Electuaire  confection  Hamech. 


^Polypode  de  chêne, 

Pruneaux  

Raisins  secs  , . 

Myroîobans  citrins  

Feuilles  seches  d’absinthe  , . . . . 

Semences  de  violettes  

Sommités  seches  de  thym, 

Epithyme, 


o 1V* 

P»  j fi. 

5 vii/. 

.?  X1J- 
? F 

v • • • w ■ 

7 1!J  O VJ.: 

? ij- 

5iv. 


Cn  casse  les  liivrobolans , pour  séparer  les  noyaux' 
qu  on  jette  comme  inutiles  : on  fait  bouillir  leurs  écorces 
dans  une  suffisante  quantité  d’eau  avec  les  autres  substan- 
ces: on  passe  la  décoction  avec  expression  : on  la  conserve 
a part.  Alors, 


f Rhubarbe  cassée  par  morceaux  , . 
Chair  de  coloquinte,  7 __ 

Agaric. , J aa'  * • ♦ 

Feuilles  de  séné, 

Roses  de  Provins ......  . . 


O o 


o J fi* 


5yS  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE» 

On  fait  une  décoction  de  ces  substances , dans  une 
suffisante  quantité  d’eau  : on  la  passe  avec  expression  : 
on  fait  bouillir  le  marc  une  seconde  fois  : on  mêle  les 
liqueurs  avec  la  première  décoction  , et  on  ajoute  , 


Suc  dépuré  de  fumeterre  , . . 1b  iij. 

Petit-lait  clarifié, ' . ib  xxiv. 

Manne  grasse  , ^ iv. 

Sucre, îb  iij. 


On  fait  chauffer  ce  mélange , et  on  le  coule  au  travers 
d’un  blanchet  : on  fait  évaporer  la  liqueur  jusqu’à  ce 
qu’elle  soit  en  consistance  de  syrop  épais.  Alors  on  y dé- 

laie , w 

Pulpes  de  tamarins, ^ x. 

Extrait  de  casse , f viij. 


Ensuite  on  ajoute  les  substances  suivantes,  qu’on  a ré- 
duites en  poudre  : 


Diagrede  ........ 

Semences  d’anis  , . 

fenouil , 

Spicanard  , • 

Ecorces  de  myrobolans  citrins , . . . 
Semences  de  fumeterre , \ -- 
Rhubarbe,  S 


ù nJ* 

x • • 

5 1J- 

% 
o 

Z vj. 


~ iv  fi.'1 


On  fait  un  mélange  exact  que  l’on  conserve  dans  uri 

.Vertus;  La  confection  hamech  est  un  fort  bon  purgatif , mais 
violent  , qui  convient  dans  les  maladies  de  la  peau  , 
comme  les  démangeaisons,  les  dartres  la  gale  , la  teigne, 
les  écrouelles  : il  convient  aussi  dans  les  maladies  ve- 
Dose  nérienues.  La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu  à une  once. 


Remarques. 

La  confection  hamech  forme  unbon  électuaire , qui  a la 
propriété  de  se  conserver  long-temps  sans  s’altérer  : cette 
propriété  lui  vient  de  la  grande  quantité  de  sel  con- 
tenu dans  le  petit-lait  qu’on  fait  entrer  dans  sa  coin- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE» 

position  : le  petit-lait  est  lui-même  , comme  nous  l’avons 
dit  , un  excellent  anti-putride  : il  faut  avoir  attention 
qu’il  soit  parfaitement  clarifié,  et  privé  de  toute  sa 
partie  caseus*. 

Presque  toutes  les  Pharmacopées  recommandent  de 
faire  infuser  dans  le  petit-lait  les  premières  substances 
de  notre  formule  , et  de  les  faire  bouillir  ; ensuite  de 
passer  la  décoction  avec  expression  , et  de  faire  bouillir 
le  marc  de  nouveau.  Ce  ne  peut  être  que  pour  corriger 
la  vertu  active  des  ingrédients  , par  le  sel  du  petit-laft  ; 
mais  comme  ces  substances  ne  contiennent  rien  qu’il 
faille  corriger  , nous  croyons  qu’il  vaut  mieux  en  faire 
la  décoction  dans  l’eau.  On  recommande  encore  de  faire 
macérer  la  rhubarbe  , la  coloquinte,  l’agaric  , le  séné  et 
les  roses  dans  les  sucs  dépurés  et  dans^une  portion  du 
petit-lait  , et  ensuite  de  laire  bouillir  ce  inélanae  , de 
passeï  la  décoction  , et  de  faire  bouillir  le  marc  : mais 
nous  croyons  toutes  ces  manipulations  inutiles  , parceque 
le  petit-lait  et  les  sucs  dépurés  sont  déjà  chargés  de  sub- 
stances extractives  et  salines  : ces  liqueurs  ne  peuvent  par 
conséquent  se  charger  de  beaucoup  d’autres  nouvelles 
substances.  D’ailleurs  on  est  obligé  de  faire  bouillir  les 
marcs  dans  de  l’eau  , pour  achever  d’extraire  ce  qu’ils 
contiennent  de  dissoluble.  Ces  substances  , sur-tout  la  co- 
loquinte , contiennent  des  principes  âcres  qui  ont  besoin 
d’être  corrigés  : les  matières  salines  du  petit-lait  sont  très 
propres  à cela  ; comme  nous  recommandons  de  faire  éva- 
porer toutes  ces  décoctions  conjointement  avec  le  petit- 
lait , les  parties  extractives  de  la  coloquinte  ont  suffisam- 
ment le  temps  de  s’adoucir  et  de  se  combiner  avec  le  sel 
du  petit-lait  , pendant  l’évaporation  de  la  grande  quantité 
de  fluide  des  décoctions  et  du  phlegme  du  petit-lait.  On 
recommande  aussi  de  faire  entrer  les  semences  d’anis  et 
de  fenouil  dans  cette  seconde  décoction  : mais  étant 
mises  comme  correctifs  , nous  croyons  qu’il  vaut  mieux 
les  faire  entrer  dans  la  poudre  ; elles  ne  perdent  alors 
rien  de  leurs  principes  aromatiques  , et  elles  produisent 
mieux  leurs  effets  dans  cet  électuaire.  On  recommanda 
en  outre  de  faire  entrer  les  cinq  especes  de  myrobolans* 
mais  comme  ils  ont  tous  absolument  les  mêmes  vertus  * 
nous  croyons  qu’une  seule  espece  suffit. 

Plusieurs  personnes*  sans  connoissaace  des  propriétés 

O o ij 


5<3o  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

du  petit-lait  et  de  ce  qu’il  contient  , sont  dans  l’usage  dé 
le  retrancher  en  entier  , le  croyant  absolument  inutile  : 
mais  cette  liqueur  , comme  je  l’ai  dit  , contient  plusieurs 
sels  , et  sur- tout  de  l’alKali  fixe  , qui  est  très-propre  à cor- 
riger la  vertu  trop  active  de  la  coloquinte. 

Quelques  Pharmacopées  recommandent  de  n’employer 
que  l’eau  distillée  de  petit-lait  : ce  qui  n’est  pas,  à beau- 
coup près  , la  meme  chose  , parcequ’aucun  des  sels  du 
petit-lait  11e  monte  par  la  distillation.  L’eau  qu’on  obtient 
différé  très  peu  de  l’eau  ordinaire  ; ainsi  c’est  une  bien 
grande  erreur  de  la  part  de  ceux  qui  croient  que  cette  eau 
distillée  a les  mêmes  vertus  que  le  petit-lait. 


Elecluaire  de  psyllium. 


^ Suc  dépuré  de  buglose  , J 

Bourrache  , q üâ.  . . . îb  ij. 

Endive  , C 

Aclie  , J w 

Fumeterre  , % viip 

• * 

Semences  de  violettes , 5 B 

Feuilles  de  séné  , 5 )* 

Semences  d’anis , 1 . X a 

Racines  d asarum  , 3 

7 v • • 

Adianthe  blanc  , 5 B* 

w • • 

Spicanard , . . * 1 F 

Epithyme  , 0 F 


On  met  les  sucs  dépurés  dans  une  cucurbite  d’étain , 
avec  les  autres  substances  : après  avoir  coupé  grossière- 
ment P adianthe  , le  spicanard  et  l’épithyme  , et  avoir 
concassé  l’anis  et  l’asarum  , on  laisse  iufuser  le  toutpen- 
V dànt  dix  ou  douze  heures  : alors  on  lui  lait  prendre  quel- 
ques bouillons  : 011  passe  la  décoction  avec  expression  ? 
- et  on  ajoute  , 

w • • • 

Semences  de  psyllium  , S uh 


Ôn  fait  infuser  celte  semence  pendant  vingt  - quatre 
heures  , en  l'agitant  de  temps  en  temps  : on  passe  la  li- 
queur avec  expression  : on  inele  avec  , 

. Sucre  , ib  “J’ 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE;  58  V 

t ^h.  fait  cuire  le  tout  en  consistance  de  syrop  un  peu 
°Pa'ls  • alors  on  ajoute  les  substances  suivantes1  réduites 
en  poudres  : 


au. 


Diagrede 

Roses  de  Provins  , 
Rhubarbe , f 

Réglisse , r 

Spode  préparé  , 3 

Semences  de  pourpier  , 
coriandre , 
anis , 
feu  ou  il , 

Gomme  adraganlh. 
Mastic  en  larmes  , 


aa 


V 

5 «J. 


On  forme  du  tout  un  électuaire,  que  l’on  conserve  dans 
un  pot. 

Il  est  purgatif  : il  ramollit,  il  évacue  la  bile  et  les  hu-  Wrtus 
meurs  séreuses  : on  s’en  sert  dans  la  jaunisse,  et  dans  les 

ie\  îes  longues  et  rebelles.  La  dose  est  depuis  un  gros  jus-  Dose  - 
qu  à six,  & ) 


lllectuaire  liiera  picra. 


Candie, 

Macis , 

Racines  d’asarum  , 
Safran  , 

Mastic  en  larmes , 
Aloës  succotrin  , . 
Miel  dépuré,  . . 


W • • 

O XI). 

u • • • 

15  11J. 


On  réduit  en  poudre  toutes  ces  substances  chacune  sé- 
parément : on  les  mcle  exactement,  et  on  ajoute  le  miel 
dépuré. 

On  forme  du  tout  un  électuaire  comme  les  précé- 
dents. r 1 * 

C est  un  apéritif  chaud  : il  fortifie  l’estomac  : il  leve  Vertus, 
les  obstructions  : il  excite  les  mois  aux  femmes  ; mais  on 
doit  éviter  de  faire  prendre  ce  remode  aux  personnes  su- 
jettes aux  hémorroïdes , à cause  de  l’aloës  qui  les  excite 
beaucoup.  La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  six.  * 

O o iij 


Dos*. 


582 


Vertu*. 


Dose, 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMAC1IÎ 
Jtücctuairs  hiera  diacolocynihidos . 

ÿ^Stécas  arabique,  -\ 

Marrube  blanc  , / 

Chamædrys  , p dà • Z x. 

Agaric , \ 

Coloquinte , ^ 

Diagrede,  . 1 àâ.  . : : . 3 vj; 

Racines  d’ellébore  noir , i 

Castor, : • ^ “J* 

Opopanax , 

Sagapenum  , 

Semences  de  persil , > àâ.  .....  J V* 

Aristoloche  ronde , 

Poivre  blanc , 

Canelle , 

Spicanard , 

Myrrhe,  àâ.  , ; 7 . 7 . 7 . J IV. 

Pouliot , 

Safran  , 

Miel  dépuré  , ; 7 . I . 7 . . . . îb  iij.' 

On  pulvérise  ensemble  toutes  ces  substances  pour  iaire 
une  poudre,  que  l’on  mêle  avec  le  miel  dépuré  , pour  for- 
mer du  tout  un  électuaire , suivant  les  réglés  que  nous 
avons  détaillées. 

Comme  le  sagapenum  ne  peut  se  pulvériser  lorsqu’il  est 
seul,  on  est  obligé  de  le  mêler  avec  les  autres  substances 
pour  les  pulvériser  ensemble. 

Cet  électuaire  est  un  purgatif  très  fort  : on  le  fait  pren- 
dre dans  l’épilepsie  , l’apoplexie,  la  paralysie,  la  léthar- 
gie : il  convient  dans  les  maladies  du  cerveau,  aux  ma- 
niaques , etc.  11  excite  les  mois  aux  femmes.  La  dose  est 
depuis  un  gros  jusqu’à  une  once , dans  ces  maladies  seu- 
lement , où  les  remedes  violents  agissent  peu  : dans  tout 
autre  cas  on  le  donne  à plus  petite  dose  : on  le  fait  entrer 
aussi  dans  des  lavements  purgatifs. 

Electuaire  cariocostin. 

Cos  tu  s , 

Girofle,  i --  » s - <«  y „ 

Gingembre,  ' aa'  * ^ 

Cumin , 


583 


Ilïmektj  de  pharmacie* 

Diagrede  , 

Ilermodacte , 

Miel  dépuré  , 

On  pulvérise  toutes  ces  substances , chacune  séparé- 
ment : on  les  mêle  avec  le  miel , et  on  forme  du  tout  un 
électuaire  comme  les  précédents. 

11  purge  les  sérosités  bilieuses  et  mélancoliques  : il  est  Vertufi 
bon  dans  les  maladies  goutteuses  : il  est  céphalique.  La  Dose, 
dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  six. 

Electuaire  diaphénix. 

Pulpe  de  dattes,  \ - - , . . w 

Sucre  d’orge,  5 5 V11J* 

Amandes  douces  pelées, J üj  R: 

On  pile  dans  un  mortier  de  marbre  les  amandes  dou- 
ces , pour  les  réduire  en  pâte  : on  ajoute  peu  à peu  la  pulpe 
des  dattes  et  le  sucre  d’orge  pulvérisé  : on  délaie  ce  mé- 
lange avec  it 

Miel  dépuré  , 7 ij. 

Et  l’on  ajoute  les  substances  suivantes,  réduites  en 
poudre,  chacune  séparément , 


Gingembre  , 

Poivre  blanc  , ( 

Macis,  f “•  ' • ' 

Canelle , J 

• • • • • 3 ij- 

Racines  de  turbith ,....;  . 
Feuilles  de  rue  , ^ 

Semences  de  daucus  de  Crete  , \ 
fenouil,  J 

^ aa*  . . o q» 

Diagrede, 

5 i 15- 

On  mêle  le  tout  exactement,  et  l’on  forme  un  électuaire 
que  l’on  conserve  dans  un  pot. 

Il  purge  la  pituite  et  les  sérosités  qui  viennent  du  cer-  Vertu*; 
veau  : il  pousse  par  les  urines  : il  convient  dansi’hydropisie  : 
on  le  donne  dans  l’apoplexie  , la  paralysie  , dans  les 
maladies  hystériques.  La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  Dose.- 
une  once. 


O o>  i? 


>584  ÉLÉMENTS  DE  P II  A R M À C I E.1 

m r _ 

' ■ ' Tllec  tu  à ire  bènèdicle  laxative. 


-i 


{ t 


} 


Racines  de  turbith  , 

Ecorces  de  petite  ésule  prép. 
Diagrede  , • T e 

Hermodacte  , c ââ 

Roses  ronges , J 

Semences  de  saxifrage  , 
amomum  , 
aclie  , 
persil , 
çarvi , 
fenouil , 
asperges , 
petit  houx:, 
lithospermum , 
cardamum  major, 

Girofle  , 

Spicanard , 

Gingembre, 

Safran , 

Poivre  de  la  Jamaïque  , f 
Macis  , 

Galanga , 

Sel  gemme , 


a a. 


) à Ci. 


cm. 


Miel  blanc  dépuré , 

U » • * *•  • • •• 


0 


O V. 


*> 


5Ê 


fc  j fi. 


On  pulvérise  toutes  ces  substances  chacune  séparément  : 
on  les  mêle  ensemble  pour  n’en  former  qu’une  poudre 
composée,  qu’on  délaie  avec  le  miel  un  peu  chauffé  : on 
forme  du  tout  un  électuaire. 

On  se  sert  de  la  seconde  écorce  de  la  racine  d’ésule  : 
on  la  fait  macérer  pendant  vingt-quatre  heures  dans  du 
vinaigre;  ensuite  on  la  fait  sécher  pour  pouvoir  la  réduire 
en  poudre.  On  lui  donne  cette  préparation  afin  de  corriger 
sa  vertu  trop  purgative. 

Vrrtus.  Cet  électuaire  purge  la  pituite  et  les  sérosités  : il  lève 
les  obstructions  : il  excite  les  mois  aux  femmes  : il  chasse 
lose.  les  vents.  La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  une  once. 
Souvent  on  le  fait  entrer  dans  les  lavements  à la  meme 
dose. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 


535 


Opiat  mésentérique. 

» • 

^ Gomme  ammoniaque, ; . t ft. 

Séné  , 5 vj. 

Poudre  cornachine,  1 --  _ .. 

Rhubarbe  , 5 aa • • • • o q- 

Mercure  doux  , 

Racines  d’arum  , 

Aloës  succotrin  , 

Limaille  de  1er  préparée  j (]. 

Syrop  de  pommes  composé  , q.  s. 

On  forme  du  tout  un  électuaire  comme  les  précédents. 

Cet  opiat  se  durcit  considérablement  quelque  temps 
apres  qu’il  est  fait  , à raison  de  la  limaille  de  fer  qui  se 
divise  de  plus  en  plus  par  l’humidité  propre  de  l’électuai- 
re  , et  par  1 action  de  l’acide  marin  du  mercure  doux  sur 
le  fer  : lorsque  cet  inconvénient  arrive  , il  faut  le  ramollir 
avec  une  suffisante  quantité  de  syrop  de  pommes. 

11  est. bon  pour  les  obstructions  du  foie  , delà  rate  et  Vertus; 
du  mésenterre.  La  dose  est  depuis  demi-gros  jusqu’à  deux  Dose, 
gros. 

Remarques  générales  sur  les  électuaircs. 

On  fait  entrer  dans  les  électuaires,  comme  nous  venons 
de  le  voir  , dos  substances  de  vertus  bien  différentes,  et 
de  nature  bien  peu  semblable  : les  unes  sont  échauffantes  , 
les  autres  sont  rafraîchissantes  ; d’autres  sont  calmantes  , 
d autres  sont  irritantes  : les  unes  sont  huileuses  , résineu- 
ses ou  gommeuses  : les  autres  sont  des  terres  vitrifiables  , 
calcaires  et  métalliques  , et  quelquefois  certains  métaux 
en  substance  et  seulement  pulvérisés. 

Ln  examinant  un  électuaire  très  composé,  on  remarque 
qu  il  contient  des  drogues  qui  peuvent  passer  successive- 
ment et  promptement  par  tous  les  degrés  de  la  fermenta- 
tion ; d au  tres  , comme  les  matières  animales , nepeuvent 
passeï  qu  à la  putréfaction.  11  y en  a qui  n’éprouvent  que 
difficilement  la  fermentation,  lorsqu’elles  sont  seules  ; mais 
d autres  substances  ont  la  propriété  de  favoriser  leur  fer- 
mentation 5 et  d’autres  enfin  ont  celle  de  la  retarder  ou 
meme  de  l’arrêter.  Les  substances  qui  composent  les  élec- 
J.ua ires,  4U0^(lue  bien  mêlées,  ne  fermentent  pas  toutes  en 


bS  6 Eléments  de  pharmacie. 

même  temps  : une  partie  commence  à se  mettre  en  mou- 
vement, lorsque  les  premières  cessent  de  fermenter  ; c’est 
ce  qui  est  cause  que  les  électuaires  très  composés  fermen- 
tent long-temps.  Il  doit  se  passer  dans  plusieurs  de  ces 
mélanges  un  mouvement  intestin  , qui  doitoccasionnerdes 
combinaisons  singulières  et  prodigieusement  compliquées. 

Plusieurs  de  ces  électuaires  moisissent  quelque  temps 
après  qu’ils  sont  faits  , mais  ils  ne  passent  pas  facilement 
à la  putréfaction , à cause  du  sucre  qui  les  en  garantit. 
De  dix  drogues  qui  entrent  dans  un  électuaire , quelques 
unes  sont  déjà  parvenues  à l’acidité  , et  se  moisissent, 
tandis  que  les  autres  commencent  à entrer  en  fermenta- 
tion ; et  ce  nouveau  mouvement  détruit  vraisemblable- 
ment les  progrès  de  la  défectuosité  totale  des  drogues  qui 
ont  fermenté  les  premières.  Les  choses  se  passent  ainsi 
successivement , jusqu’à  ce  qu’enfin  l’élcctuaire  cesse  de 
fermenter  , et  que  les  principes  fermentescibles  soient 
dissipés  , détruits  , décomposés  , ou  enfin  changés  de  na- 
ture , de  quelque  maniéré  que  ce  soit,  par  vétusté  ou 
par  l’effet  de  la  fermentation  quia  précédé.  Nous  avons 
fait  remarquer  précédemment  que  les  syrops  les  plus  fer- 
mentescibles cessoient  enfin  de  fermenter  , et  qu  ils  n é- 
toient  pas  susceptibles  de  passer  à la  putréfaction.  Les 
électuaires  sont  dans  le  même  cas  ; c’est  le  sucre  et  le 
miel  qui  en  préservent  les  ingrédients  de  ces  médicaments; 
ce  qui  prouve  en  même  temps  que  le  sucre  et  le  miel 
ne  sont  pas  eux -mêmes  susceptibles  de  putréfaction  : 
du  moins  s’ils  le  sont , ce  ne  peut  etre  qu  après  plu- 
sieurs siècles.  > 

La  première  question  qu’on  est  en  droit  de  faire  sur 
la  nature  des  électuaires  qui  ont  fermenté  , est  de  savoir 
6’ils  ont  les  mêmes  vertus  , que  celles  qu  ils  avoient  avant 
leur  fermentation.  Il  paroît  certain  que  la  fermentation, 
faisant  dissiper  plusieurs  principes  , et  combinant  ceux 
qui  restent  d’une  maniéré  différente  de  ce  qu  ils  etoient 
d’abord  , doit  occasionner  des  changements  considérable» 
dans  leurs  vertus  , en  détruisant  entièrement  ce  es  es 
purgatifs,  et  en  en  faisant  acquérir  d’étrangeres  et  d incon- 
nues à certaines  substances. 

Parmi  les  électuaires  , les  uns  sont  susceptibles  de.  se 
détruire  entièrement  dans  l’espace  de  quelques  années  , ce 
sont  ceux  dans  la  composition  desquels  on  lait  entres 


Eléments  de  pharmacie *>87 

beaucoup  de  substances  pulpeuses  et  des  matières  mucila- 
gineuses  et  phlegmatiques , qui  contiennent  peu  de  prin- 
cipes salins  et  aioirutiques.  Tels  sont  le  lénilif,  le  catlio- 
licum  double  , le  diaprun  , l’électuaire  de  psyllium,  le 
diaphénix  , etc.  Lorsque  ces  électuaires  cessent  de  fermen* 
ter  , ils  se  moisissent  à la  surface  , ils  se  dessèchent  peu  à 
peu  , les  inittes  s’y  mettent , etc.  et  ces  électuaires  finis- 
sent  par  être  mangés  par  ces  insectes.  Cependant  il  ne  faut 
pas  croire  que  tous  ces  phénomènes  se  passent  dans  une 
année.  Les  électuaires  fermentent  etse  moisissent  un  peu  à 
la  vérité  ; mais  leur  destruction  totale  ne  s’acheve  que 
dans  l’espace  de  sept  ou  huit  années.  11  faut  en  excepter 
cependant  le  catholicum  double  et  le  lénitif  qui  sont  plus 
durables,  et  qui  sont  moins  sujets  à se  moisir  à leur 
surface. 

La  moisissure  peut  être  considérée  comme  le  commen- 
cement de  la  destruction  des  électuaires  : elle  ne  se  forme 
qu’a  leur  surface  et  dans  les  endroits  où  l’air  extérieur  peut 
avoir  de  l’accès  , comme  dans  les  fentes  qui  se  forment  par 
leur  dessèchement.  LesBotanistes  ont  observé  que  les  moi- 
sissures sont  des  plantes  qui  végètent  comme  les  autres  : 
en  effet  j’ai  remarqué  que  la  plupart  de  celles  qui  se  for- 
ment a la  surface  (les  électuaires  , différaient  entre  elles 
par  la  grandeur  et  par  quelques  autres  qualités  apparentes; 
que  celle  qui  naltsur  un  électuaire,  est  toujours  à-peu-près 
la  même  ; mais  elle  différé , pour  les  qualités  extérieures, 
de  celle  qui  prend  naissance  sur  du  bois  ou  sur  du  pa- 
pier. La  plupart  de  ces  moisissures  forment  des  especes 
de  petites  forêts  qui  sont  remplies  de  petits  insectes,  dont 
plusieurs  ne  sont  peut  être  point  encore  connus.  Si  l’on 
observoit  exactement  toutes  ces  plantes  microscopiques  , 
on  en  trouverait  peut-être  une  multitude  d’especes  dif- 
férentes , qui  seraient  aussi  variées  que  les  corps  qui  les 
produisent  ; peut-être  mêmeparviendroit-on,  parcemoyen, 
à connoître  quelles  sont  les  substances  qui  les  forment  , 
pour  les  supprimer  et  eu  substituer  d’autres  qui  ne  seraient 
pas  exposées  aux  mêmes  inconvénients. 

Les  électuaires  qui  sont  composés  de  beaucoup  de  sub- 
stances aromatiques  , salines  , résineuses  et  extractives  , 
sont  infiniment  plus  durables  que  ceux  dont  nous  ve- 
nons de  parler;  tels  sont  , par  exemple  , la  thériaque  , 
la  confection  d’hyacinthe , l’orviétan  , le  mithridate  , le 


583  ÉLÉMENTS  DE  F H A R K A C I El 

diascordium  , la  confection  hamech,  etc.  Ces  électuaires 
sont  susceptibles  de  fermenter  long-temps;  mais  ils  ne 
sont  pas  sujets  à se  moisir  comme  Tes  autres  : il  se  forme 
cependant  quelquefois  à leurs  surfaces  de  petites  taches 
de  moisissures  ; ce  qui  vient  vraisemblablement  de  quel- 
ques drogues  qui  conservent  cette  propriété  , quoique  mê- 
lées avec  beaucoup  d’autres  très  capables  de  s’opposer  à 
un  plus  grand  progrès.  Le  cariocostin  et  la  bénédicte  laxa- 
tive sont  fort  sujets  à se  moisir  ainsi.  Cette  espece  de 
moisissure  est  bien  différente  de  celle  qui  est  quelquefois 
occasionnée  par  les  gouttes  d’eau  qu’on  laisse  tomber  par 
inattention  à leur  surface  en nétoyant  l’extérieur  des  pots; 
cette  derniere  est  en  plaques  minces,  et  n’a  point  d’éléva- 
tion pour  l’ordinaire;  au  lieu  que  l’autre  moisissure  végété 
toujours  à quelques  lignes  au-dessus  de  la  surface  de  l’é- 
lectuaire. 

Parmi  les  électuaires  aromatiques  et  salins,  les  uns  , 
comme  la  thériaque  , les  différents  orviétans  , le  diascor- 
dium et  la  confection  hamech  , sont  beaucoup  plus  du- 
rables que  les  autres.  Ces  électuaires  fermentent  long- 
temps, et  ils  perdent  peu  de  leur  odeur  aromatique.  J'ai 
vu  du  diascordium  qui  pouvoit  avoir  une  centaine  d’an- 
nées ; il  paroissoit  peu  différent  de  celui  qui  étoit  nouvel- 
lement fait , à l’exception  de  sa  couleur,  qui  étoit  devenue 
brune.  La  thériaque  est  à-peu-près  dans  le  même  cas  : 
j’en  ai  vu  qui  avoit  quatre-vingts  années  : Geoffroi  la 
gardoit,  dans  le  dessein  de  voir  combien  de  temps  elle  se 
conserveroit  en  bon  état  ; elle  étoit , au  goût  et  à l’odeur  , 
peu  différente  d’une  thériaque  nouvelle  : enfin  ces  deux 
électuaires  11e  se  soiU  jamais  moisi  pendant  l’intervalle  de 
ce  temps. 

Les  électuaires  aromatiques,  qui  sont  le  moins  disposés 
à s’altérer,  n’ont  besoin  que  d’une  réforme  légère , comme 
de  la  suppression  des  drogues  dont  les  vertus  ne  corres- 
pondent point  aux  effets  du  plus  grand  nombre  des  autres  , 
et  qui  paroissent  par  là  absolument  inutiles  dans  ces  sortes 
d’électuaires. 

Mais  il  n’en  est  pas  de  même  des  autres  électuaires  ; ils 
auraient  besoin  d’une  réforme  bien  plus  considérable  : 
la  meilleure  , à mon  gré  , seroit  de  ne  conserver  que  les 
poudres,  qu’on  mêlerait  à mesure  avec  les  extraits  bien 
laits  des  matières  qu’on  ne  peut  réduire  en  poudre  9 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  58p 

comme  les  extraits  de  pruneaux , de  tamarins , de  casse , etc. 
au  lieu  de  pulpes  qui  ne  peuvent  se  conserver  que  peu 
c temps  en  bon  état.  On  auroit  pour  lors  des  éiec- 
tuaires  qui  seraient  toujours  récents  , dont  les  vertus  se- 
rment toujours  les  mêmes , et  sur  lesquelles  on  pourrait 
compter.  r 

On  emploie  le  miel  et  le  sucre  pour,  excipients  des 
elec  tu  aires  : il  n y a point  de  choix  a taire  pour  le  sucre  , il 
sullit  d employer  celui  qui  est  d’une  bonne  qualité  ; mais 
il  convient  de  choisir  le  miel,  autant  que  cela  se  peut  , 
bien  ferme,  et  non  grenu,  quoiqu’il  passe  pour  être  le 
moins  beau  , pareeque  celui  qui  est  grenu  est  trop  dis- 
posé a se  crystalliseret  à se  candir  dans  les  électuaires  , peu 
de  temps  après  qu’ils  sont  faits  ; ce  qui  leur  donne  une 
apparence  grenue.  La  beauté  d’un  électuaire  est  d’être 
sans  grumeaux  de  miel  candi  , lisse  par  conséquent  , et 
c une  consistance  à-peu-près  semblable  à de  la  térében- 
thine très  épaisse.  Le  miel  qui  n’est  point  grenu  n’est  pas, 

a beaucoup  près,  aussi  sujet  à se  candir  dans  les  élec- 
iuaires. 

Toutes  les  poudres  qu’on  peut  faire  entrer  dans  les 
elec  tuaires  n’absorbent  point  la  même  quantité  de  syrop  * 
c est  a quoi  on  doit  avoir  beaucoup  d’attention  dans  la 
pialique  poui  les  opiats  et  les  bols  magistraux.  On  est 
souvent  surpris  de  voir  un  volume  de  ces  médicaments 
beaucoup  plus  considérable  qu’on  ne  s’y  attendoit  : cela 
vient  de  la  nature  des  poudres  qui  absorbent  beaucoup 
de  syrop.  Voici  quelques  réglés  générales  sur  cettcrmatiere. 

De  la  quantité  de  syrop  que  Us  poudres  absorbent 
lorsqu  on  en  forme  des  opiats , bols  , etc. 


Les  poudres  des  plantes  , des  bois  , des  écorces  , des 
lleurs  , et  des  substances  à-peu-près  semblables  , absorbent 
jtrois  parties  de  syrop  pour  les  réduire  en  opiat.  Iminédia- 
emeut  apres  quils  sont  faits , ils  paraissent  être  trop  li- 
quides ; mais  dans  l’espace  de  vingt-quatre  heures  , les 
poudres  se  gonflent;  elles  absorbent  le  syrop  qui  paroissoit 
etre  superflu  , et  l’opiat  a la  consistance  qu’il  doit  avoir, 
es  gommes-iesines  , comme  le  galbanum  le  sa- 

£arnUm  ’ lj  8<?mm1e  ammoniaque  , et  toutes  celles  de 
t 'lue  “attire  , absorbent  environ  leur  poids  de  syrop. 


5pO  hiMENTS  DE  PHARMACIE. 

Al’égard  des  substances  vraiment  résineuses  , comme  le 
mastic , la  sandarache  , le  baume  sec  du  Pérou  , etc.  il 
leur  faut  un  peu  moins  que  leur  poids  de  syrop  pour  les 
réduire  en  opiat. 

Les  matières  minérales  , comme  la  limaille  d’acier  pré- 
parée , la  pierre  hématite  , l’antimoifie  crud  préparé,  1 an- 
timoine diaphonique  ; et  quelques  sels  minéraux , comme 
le  mercure  doux  , l’rethiops  minéral , etc.  absoibent  envi* 

ron  moitié  de  leur  poids  de  syrop. 

Les  matières  salines  akalines  , comme  sont  le  sel  d ab- 
sinthe , le  sel  de  tartre,  le  sel  de  centaurée,  etc.  ne 
prennent  presque  point  de  syrop  ; il  ne  leur  en  faut  tout 
au  plus  que  la  dixième  partie  de  leur  poids  , pareeque  ces 

sels  attirent  l’humidité  de  l’air.  . 

Les  sels  neutres  , comme  le  sel  fébrifuge  de  oilvius  , le 
sel  ammoniac  , le  sel  de  Seignette  , le  sel  de  duobus  , etc. 
ne  demandent  qu 'environ  la  moitié  de  leur  poids  de  sy- 
rop pour  prendre  la  consistance  d’opiat. 

Les  électuaires  officinaux  , les  extraits  et  d’autres  mé- 
dicaments de  cette  nature  n’absorbent  que  peu  ou  point 
de  syrop  , pareequ’ils  ont  à-peu-près  la  consistance  des 

* Toutes  ces  réglés  ne  doivent  s’entendre  que  pour  les 
opiats  dans  lesquels  on  fait  entrer  des  substances  qui 
n ont  que  peu  ou  point  d’action  les  unes  sur  les  autres  , 
et  dans  lesquels  il  ne  se  forme  point  de  combinaisons 
qui  soient  dans  le  cas  d’absorber  plus  (le  syrop  que  les 
substances  prises  séparément.  Par  exemple  , si  1 on  laisoit 
entrer  dans  un  opiat  désopilatif  , une  once  de  limaille 
de  fer  , et  autant  de  crème  de  tartre,  il  est  certain  que 
ce  mélange  n’absorberoit  d’abord  qu’enyiron  la  moitié  de 
son  poids  de  syrop  , pour  être  en  consistance  convena- 
ble ; mais  comme  le  fer  et  le  tartre  agissent  singulière- 
ment l’un  sur  l’autre  , et  que  le  fer  se  divise  de  plus  en 
plus  , ce  mélange  , au  bout  de  vingt-quatre  heures  , de- 
vient en  état  d’absorber  encore  une  once  de  syrop  , et 
trois  ou  quatre  jours  après  ce  ramollissement , il  a besoin 
d’être  ramolli  encore  avec  une  nouvelle  quantité  de  s>rop. 

Des  électuaires  solides , des  tablettes  , des  pastilles  , des 
rotules  et  des  morsulis. 

Les  électuaires  solides  sont  des  compositions  qui  dite- 


ï L i M I N T S DE  PHARMACIE. 


591 


rent  peu  des  électuaires  mous  , si  ce  n’est  par  leur  con- 
sistance ferme  et  solide  qu’ils  doivent  à du  sucre  cuit  à la 
plume  , ou  à un  mucilage  qu’on  fait  dessécher  ensuite; 
ce  qui  par  conséquent  fournit  deux  moyens  pour  préparer 
les  électuaires  solides.  1 1 

On  nomme  tablettes  faites  à la  cuitte,  celles  qu’on  pré- 
pare avec  du  sucre  cuit  à la  plume  ; et  tablettes  préparées 
sans  leu  , celles  qu’011  forme  avec  une  pulpe  mucilamneuse 
ou  avec  un  mucilage  dégommé  arabique  ouadraganth.  On 
a donné  les  noms  de  rotule  , de  morsuli  et  de  pastille  à 
toutes  ces  tablettes  ; mais  présentement  il  n’y  a que  les 
deux  dernières  dénominations  qui  soient  d’usage.  Ces  mé- 
dicaments sont  ou  simples  ou  composés.  Les  simples  re- 
tiennent ordinairement  le  nom  de  la  substaneequ’on  y 
lait  entrer,  comme  pastilles  de  canelle  , d’anis  , de  sa- 
fran, etc.  Ces  tablettes  simples  ne  sont  souvent  que  du 
sucre  cuit  a la  plume , auquel  on  ajoute  , lorsqu’il  est  cuit 
des  gouttes  d’huile  essentielle  imbibée  dans  un  peu  de  su- 
cre en  poudre,  et  on  en  forme  des  tablettes  avec  une  suf- 
fisante quantité  de  mucilage  de  gomme  adraganth. 

On  divise  les  tablettes  en  altérantes  et  en  purgatives. 

Les  anciens  ont  inventé  ces  médicaments  pour  quatre 
raisons  principales;  i°.  pour  les  rendre  plus  agréables 
pareequ’on  fait  entrer  ordinairement  une  plus  grande  quan- 
tite  de  sucre  dans  leur  composition,  que  dans  les  autres 
électuaires  ; 20.  pour  qu’ils  communiquent  mieux  leurs 
vertus  a la  gorge  et  aux  parties  voisines,  pareequ’on  les 
laisse  fondre  dans  la  bouche  ; 3».  afin  qu’ils  puissent  se 
conserver  long-temps  en  bon  état , étant  privés  de  toute 

humidité;  4 . enfin  pour  rendre  les  médicaments  plus 
transportables.  1 

Les  tablettes  ne  sont  pas  toujours  agréables,  comme  il 
vient  d être  dit;  nous  verrons  qu’il  entre  dans  la  composi- 
tion de  plusieurs,  des  purgatifs  très  forts,  tels  que  le  jalap 
la  scammonee , etc.  Ces  purgatifs  occasionAeroient  des 
cretes  , des  chaleurs  , et  des  inflammations  dans  la  bou- 
c e et  dans  la  gorge  : mais  il  n’en  est  pas  de  même  des  ta- 
blettes composées  de  matières  mucilagineuses  et  adoucis- 
santes; il  est  certain  qu’elles  ne  peuvent  manquer  de  pro- 

bouche*  b°nSelfetS’  lors1u’on  les  laisse  fondre  dans  1» 

Les  Anciens  faisoient  entrer  dans  les  tablettes , des  ex- 


5ç)2  ÉLÉMENTS  de  pharmacie. 

traits,  des  conserves,  dé  la  manne  et  d’autres  substances 
de  même  nature*,  mais  les  tablettes  devant  être  parfaite- 
ment seches  et  sonnantes , on  doit  en  supprimer  toutes  les 
substances  qui  les  empêchent  d’acquérir  ces  qualités  ; c’est 
le  parti  que  nous  prendrons , quoique  plusieurs  Pharmaco- 
pées aient  suivi  l’ancien  usage.  Nôus'aurons  attention  ce- 
pendant de  faire  ces  réformes  de  maniéré  que  les  vertus  de 
ces  médicaments  n’en  soient  point  changées.  Ces  réformes 
mêmes  ne  porteront  que  sur  les  tablettes  oiiicinales , parce» 
qu’il  est  nécessaire  qu’elles  puissent  être  conservées  un  cer- 
tain temps  : il  n’en  est  pas  de  meme  de  celles  que  les  .Mé- 
decins prescrivent  à mesure  quon  en  a besoin  : on  peut  y 
faire  entrer  tout  ce  que  I on  veut. 

La  quantité  de  poudre  sur  celle  du  sucre , pour  former 
les  électuaires  solides  , n’est  point  limitée  ; cela  dépend  de 
la  nature  et  de  la  vertu  des  poudres  : cependant  on  ne  met 
dans  les  tablettes  à la  cuitte  que  depuis  une  once  jusqu’à 
quatre  de  poudre  sur  une  livre  de  sucre.  On  peut,  à la  ri- 
gueur, en  mettre  davantage  ; mais  les  tablettes  deviennent 
très  difficiles  à faire , et  on  court  les  risques  de  les  manquer, 
pareeque  la  poudre  se  trouvant  en  trop  grande  quantité, 
refroidit  très  promptement  le  sucre  ; il  se  durcit , et  1 on 
n’a  pas  le  temps  de  faire  le  mélange,  ni  de  le  couler  pour 
former  les  tablettes;  d’ailleurs,  une  trop  grande  quantité 
de  poudre  absorbe  le  sucre  sur-le-champ. 

Mais  il  n’en  est  pas  de  même  dès  électuaires  solides  aux- 
quels on  donne  la  consistance  avec  un  mucilage  : on  peut  y 
faire  entrer  la  quantité  dé  poudre  qu’on  juge  à propos  sur 
celle  de  sucre  : on  ne  peut  jamais  manquer  ces  tablettes  , 
pareeque  l’on  n’est  pas  pressé  pour  les  former. 

Cependant  on  observe  ordinairement  de  mettre,  meme 
dans  celles-ci  , beaucoup  de  sucre  et  peu  de  poudre  , par- 
eeque la  plupart  sont  faites  pour  être  agréables  ; elles  sont 
aussi  composées  avec  des  poudres  qui  11  ont  point  de  mau- 
vaises saveurs.  Quelques  unes  de  ces  tabxettes  sont  cepen- 
dant faites  avec  des  substances  de  saveur  désagréable, 
comme  la  rhubarbe,  etc.  ; alors  ou  lait  eniiei  dans  leur 
composition  une  grande  quantité  de  sucre,  ahn  ue  masquer 
un  peu  la  saveur  de  ces  drogues* 

On  donne  aux  tablettes  différentes  formes , comme  trian- 
gulaires, rondes,  quarrées  , ou  en  losanges,  etc.  Les  unes 

sont  très  minces,  et  à-peu-près  de  la  largeur  d’une  piecede 

vingt- 


ÉLÉMENTS  D E PHARMACIE. 


5p  3 


* ’ 

vingt-quatre  sous  , et  les  autres  un  peu  plus  épaisses  I es 

nésDarde°,U  eSine  ^ 56  ï™?  ^ ™C  des  «Ranges 

semWahlr  s'î1^ 'il  J'  ’ par,CeqU  °n-d  ld  fa<  ilitë  de  formerda 
semblables  tablettes  avec  les  rognures;  ce  qu’on  ne  peut 

laue  avec  les  mélangés  où  l’on  cuit  le  sucre  à la  plume 
parcequ  il  restèrent  trop  de  rognures,  qui  se  réduiroient en 
poudre  au  lieu  de  se  laisser  pétrir.  On  est  obligé,  par  rap- 
poit  a cela,  de  couper  ces  dernieres  en  quarrés  ou  en  lo- 
sanges, aussitôt  qu’elles  sont  coulées,  et  avant  ou  elles 
soient  refroidies.  /iu  eJies 

de^te^eHt^letLeS50n^SCeptiMe3d’attirerl’humidité 
vt„  , h tomber  en  dehquium , lorsque  le  temps  de- 

vient Humide  : ce  les  faites  avec  du  sucre  cuit  à la  plume  y 
tombent  plus  facilement  que  celles  faitesavec  un  mucilage 
dégommé;  pareeque  le  sucre  attire  lui-même  l’humidité  5e 
1 air  : propriété  qui  lui  est  commune  avec  tons  les  autre! 
sels  qu  on  a fait  dessécher  , et  qu’on  n’a  poim  préparés  p« 
ciystall'satmn.  Le  mucilage  de  gomme  produh  line  sorte 
«e  vernis  a la  surface  des  tablettes  et  les  «nmit 
de  l’action  de  l’humidité  de  l'air  ë ^ Un  peu 

l’ont, remédier  à tous  ces  inconvénients,  il  convient 
1 enfermer  dans  des  bouteilles  de  verre , qu’onhouche  bie  " 
O.I  es  les  rainettes,  immédiatement  après  qu’elles  sont  sé- 
c 'ees,  on  les  garantit  par  là  cfeyvrcissitudes  de  l’air  C’est 
nue  très  mauvaise  méthode  de  les  conserver  dans  dés  b!î 
es  que  I on  tient  dans  une  étuve  entretenue  chaude  ou 
au  cou,  du  feu  , comme  font  la  plupart  des  apothicaires  da 
p'm  mee,  pareeque  celles  qui  sont  composées  de  matières 
aquatiques,  perdent  en  fort  peu  de'  temps  ,0”“ 

Des  tablettes  altérantes  qui  se  font  à la  cuitte  du  sucre. 

I ablettes  béchiques. 

^ Sucre . 

ilacines  de  guimauve  , ) ’ 1 J-  ■ 

réglisse,  f iij. 

Iris  de  Florence , ...... 

Gomme  adraganih  , . . . 

Opium, 

On  réduit  en  poudre  fine,  chacune  séparément 
« substances,  excepté  le  sucre  : on  forme  du  tout  ,,ne 

PP 


• * * é 


o j. 
û i j. 
ër‘  vj. 


5p4  it^MENTS  de  PHARMACIE. 

poudre  exactement  mêlée;  alors  on  fait  cuire  le  sucre  a la 
plume  : on  y délaie  la  poudre  avec  une  spatule;  ce  qui 
doit  se  faire  très  promptement.  Lorsque  le  mélange  est 
exact,  on  le  coule  sur  une  feuille  de  papier  imbibée  d’huile 
d’amandes  douces,  et  posée  sur  une  table  bien  unie  : on 
étend  la  pâte  avec  les  mains  imprégnées  d’huile  , et  on 
achevé.,  avec  un  rouleau  également  imbu  d’huile,  d’étendre 
cette  pâte,  jusqu’à  ce  qu’elle  ait  à-peu-près  l’épaisseur  d’un 
écu  : ensuite  on  coupe  la  pâte,  tandis  qu’elleest  très  chau- 
de, avec  un  couteau  conduit  par  une  réglé  pour  former 
des  tablettes  en  losanges  ou  en  quarrés  de  la  grandeur 

qu’on  juge  à propos.  , ... 

Vcrlus.  Ces  tablettes  sont  pectorales  , adoucissantes , incisives 
et  calmantes  : elles  calment  la  toux.  On  en  laisse  fondre 
quelques  unes  dans  la  bouche  ; ce  que  l’on  réitéré  de 
temps  en  temps. 


Tablettes  pectorales  de  Spitzla  it. 


Raisins  de  Damas , 

îb  j. 

ïb  j R 

Urge  germec  , . ^ 

5 üj- 

nis  en  puuuiL , • ••••• 

ïb  iv. 

V^assOllcUie  ruu^c  ? 

vjpiUIli  y • • • • • • 

T IV. 

Oomme  aiaoiquc 

Suc  de  réglisse, 

h- 

On  fait  bouillir  dans  une  suffisante  quantité  d’eau  , 
chacun  séparément  , les  raisins  , l’orge  , f opium , la 
somme  arabique  et  le  suc  de  réglisse  : on  réunit  les  de- 

* X — I r*  P /A  O / ! O • 


Vertus. 


Dique  et  ie  auv.  uc  x^x^  . on  réunit  les  dé- 
coctions , et  on  ajoute  la  cassonade  : on  laisse  bien  de. 
poser,  on  décante  la  liqueur  , et  on  la  fait  evaporei  jus- 
qu’à consistance  de  pâte  ; alors  on  ajoute  1 ams  lorsque 
le  mélange  a acquis  le  degré  de  consistance  convenable  : 
o„  ïe  3e  sûr  un  marb?e  un  peu  huilé,  et  on  le  coupe 
par  petites  tablettes  , qu’on  achevé  de  faire  secher  jusqu  a 
* n, Pelles  deviennent  presque  cassantes.. 

Ces  tablettes  sont  inefassantes  , adoucissantes  , pecto- 
totales  et  calmantes;  elles  sont  très  bonnes  dans  la  toux 
et  pour  adoucir  l’humeur  pituiteuse  qui  tombe  dans  a 
„or>e  et  dans  la  poitrine  ; on  laisse  iondre  dans  la  bondi- 
' une  tablette  de  temps  en  temps. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  5cj$ 

Tablettes  de  roses. 

Sucre  royal, J vîij. 

Eau  rose, q s 

Eût  cuire  le  sucre  a la  plume,  et  on  ajoute  , 

• Eoses  de  Provins  eri  poudre  , • . 5 fi. 

On  forme  de  ce  mélange  des  tablettes. 

Tablettes  antimoniales  de  Kùkckel.’ 

& Amandes  douces  pelées  X f 

Canelle  ^ ji 

Petit  cardamome  $ fim 

Antimoine  crud  préparé, ? fi 

Sucre  > jvij. 

.0n  mon^e  Ies  amandes  douces  de  leurs  écorces  en  les 
faisant  tremper  quelques  minutes  dans  de  l’eau  bouillante 
et  on  les  réduit  en  pâte  très  fine  en  les  pilant  dans  un 
mortier  de  marbre.  D’une  autre  part,  on  mêle  ensemble 
la  canelle  , le  petit  cardamome  et  l’antimoine  , pour  for- 
mer une  poudre  bien  également  mêlée  : ensuite  on  fait 
dissoudre  le  sucre  dans  quatre  onces  d’eau  rose  : on  le 
lait  cuire  a la  plume;  alors  on  délaie  les  amandes  qu’ou 
a réduites  en  pâte  : on  ajoute  la  poudre  : on  mêle  le'  tout 
exactement  et  très  promptement  : on  coule  la  masse  sur 
un  papier  huile  ; et  pendant  qu’elle  est  chaude  , 011  la 
coupe  en  petits  quarrés  ou  en  losanges.  On  fait  sécher  ces 
tablettes  , et  011  les  serre  dans  une  bouteille  pour  les  ea 
rantir  de  1 humidité  de  Pair. 

On  lait  prendre  ces  tablettes  comme  fondantes  : elles  Vertus 

sont  bonnes  pour  la  galle  et  les  autres  maladies  de  la 

peau  la  gonorrhée,  et  pour  les  douleurs  d’articulation 

pour  les  rhumatismes  et  pour  la  goutte.  J, a dose  est  del  n 

puis  un  gros  jusqu’à  quatre  , le  matin  et  le  soir  avant  le  1 
sommeil.  ; u 

Sac  rosat. 


îh 

ù vîij. 


p n 


2-  Sucre  blanc  , . 
Eau  rose  , . . 


Vertus. 

Dose. 


Vertus 


5^6  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  fait  dissoudre  le  sucre  dans  l’eau  rose  : on  le  fait 
cuire  à la  plume;  on  le  coule  sur  un  papier  huilé  comme 
nous  venons  de  le  dire  précédemment  , et  on  le  coupe 
par  tablettes. 

11  déterre  et  adoucit  la  poitrine  : il  excite  le  crachat  : 
il  récrée  les  esprits.  La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu’à  six. 

Sucre  d'orge . 


^ Orge , . . . o V1d;. 

Safran  gâtinois, gr*  xij- 

Sucre  , . . lb  j. 


On  fait  bouillir,  dans  une  suffisante  quantité  d’eau,' 
l’orge  jusqu’à  ce  qu’elle  soit  crevée  : sur  la  fin  de  la  dé- 
coction , on  ajoute  le  safran  : on  passe  la  liqueur  : on  y 
lait  dissoudre  le  sucre  : on  clarifie  le  tout  avec  quelques 
blancs  d’œufs  : on  passe  la  liqueur  au  travers  d'un  blan- 
chet  : on  la  fait  évaporer  à petit  feu  , jusqu’à  ce  que  le 
sucre  soit  cuit  en  consistance  d electuaire  solide  : alois 
on  le  coule  sur  un  marbre  huilé  : on  le  roule  tandis  qu  il 
est  chaud  , pour  en  former  de  petits  bâtons  de  la  grosseur 
du  petit  doigt  , qu’on  coupe  ensuite  de  la  longueur  d’en- 
viron six  pouces  : on  pose  ce  sucre  d’orge  sur  du  papier 
mis  afin  d’absorber  l’huile  qui  se  trouve  a sa  surface. 

Ce  sucre  d’orge  doit  être  transparent,  d une  couleur* 
jaune  citrine,  sec  et  cassant.  Quelques  personnes  mêlent 
un  peu  de  gomme  arabique  dans  la  décoction  , afin  de  lui 
donner  plus  de  corps. 

Le  sucre  d’orge  est  fort  bon  pour  le  rhume  : il  adoucit  î 
il  excite  à cracher.  On  en  met  dissoudre  un  petit  mor- 
ceau dans  la  bouche. 

Des  tablettes  qui  se  fout  sans  feu. 

Tablettes  de  guimauve. 

2é  Racines  de  guimauve  pulvérisées , . . 5 1; 

Iris  de  Florence  en  poudre  , )• 

Sucre  on  poudre,  ^ J* 

En  y ajoutant  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de 
gomme  adraganth  préparée  à l’eau  , on  lonne  une  pale 


P H A R M A C I E. 


Eléments  de 


un  peu  ferme,  avec  laquelle  on  fait  des  pastilles  ou 
tablettes. 

Ces  tablettes  sont  adoucissantes  , propres  à émousser  Vertus* 
jes  acretcs  de  la  toux  , et  à épaissir  les  sérosités  qui  tom- 
bent sur  la  poitrine  : elles  excitent  le  crachat.  On  en  met 
fondre  dans  la  bouche. 


Remarques* 

On  met  environ  quinze  grains  de  gomme  adraganth  en 
poudre  fine  dans  un  petit  pot  de  faïance , avec  deux 
ou  trois  onces  d’eau  : on  tient  ce  mélange  sur  les  cendres 
chaudes  , pendant  deux  ou  trois  heures  : on  l’agite  de 
temps  eu  temps  avec  une  spatule  d’ivoire.  Lorsque  la 
gomme  s’est  réduite  en  mucilage,  on  môle  d'une  autre  part 
dans  un  mortier  de  marbre,  avec  un  pilon  de  bois,  le 
s.u,<?r<^  ’ ^ *ris  Florence , et  la  poudre  de  guimauve  : on 
deiaie  peu-a-peu  ce  mélange  de  poudre  et  de  sucre  avec 
du  mucilage  de  gomme  adraganth  : on  pile  fortement  pour 
réduire  le  mélange  en  une  pâte  un  peu  ferme,  de  façon 

qu  elle  nés  attache  en  aucune  maniéré  aux  mains  lorsqu’on 
la  manie.  Lorsque  le  mélange  est  suffisamment  exact , on 
en  prend  une  partie,  qu’on  étend  sur  une  feuille  de  papier 
avec  un  rouleau  de  bois  , de  la  même  maniéré  que  les  pâ- 
tissiers étendent  leur  pâte  ; ensuite  on  la  coupe  avec  un 
emporte-niece  de  fer-blanc.  Ou  étend  les  pastilles  l’une 
apres  l a^-e  sur  une  feuille  de  papier  : on  les  porte  dans 
un  endroit  chaud  : ou  les  laisse  sécher  : on  continue  de 
former  en  pastilles  les  restes  de  la  pâte  : on  pile  les  ro- 
gnures dans  Je  mortier,  en  ajoutant  un  peu  de  mucilage 
s il  est  nécessaire  , et  on  en  forme  des  pastilles  comme  les 
precedentes. 

L ernporte-piece  qui  sert  à ces  tablettes,  est  un  tuvau 
de  fer-blanc  de  trois  pouces  de  haut  environ,  de  dix  lignes 
e diamètre  par  un  bout,  de  douze  lignes  de  diamelr® 
par  1 autre,  et  un  peu  affilé  par  le  bout  étroit.  Au  moyen 
de  cette  disposition,  les  pastilles  peuvent  sortir  de  ce  cy- 
lindre très  commodément.  ; 

, lorsqu’on  passe  le  rouleau  sur  la  pâte  , elle  est  sujette 
'a  s attacher  au  papier  : pour  remédier,  à cet  inconvé- 
ijicm,  on  saupoudre  la  surface  du  papier  et  de  la  pâte  avec 

de  1 armaon  réduit  en  poudre  hue  , ot  enfermé  dans  ua 

1)  • • • 

r "j 


5c)S  ÉLÉMENTS  T)  E PHARMACIE. 

sac  de  mousseline  : on  secoue  le  sac  au-dessus  pour  tami- 
ser l’amidon  : ce  moyen  est  assez  commode.  D’autres  per- 
sonnes se  servent  d’une  houppe  à poudrer  qui  est.  aussi  tort 
commode.  L’essentiel  est  qu’en  saupoudrant  la  poudre 
d’amidon,  elle  ne  tombe  point  en  plaques;  il  faut  qu  elle 
soit  étendue  légèrement  et  uniformément.  Quelques  per- 
sonnes emploient  du  sucre  en  poudre  fine  en  place  d’ami- 
don ; mais  j’ai  remarqué  que  le  sucre  s’humecte  trop  fa- 
cilement à la  surface  des  tablettes  , et  qu’elles  sont  plus 
difficiles  à se  conserver.  Lorsque  les  pastilles  sont  seches  , 
on  les  secoue  légèrement  sur  un  tamis  , pour  empoiter 
l’amidon  qui  se  trouve  à leur  surface. 

Les  matières  pulpeuses,  etcelles  extractives  peuvent  s in- 
corporer plus  facilement  dans  les  tablettes  laites  au  mucila- 
ge , que  dans  celles  qui  se  font  a la  cuitte;  pareequ  on  a la 
commodité  de  les  pétrir  aussi  long-temps  qu’il  est  neces- 
saire pour  les  mêler  exactement  ; ce  qui  ne  peut  se  prati- 
quer sur  celles  faites  à la  cuitte  du  sucre.  On  doit  éviter 
de  faire  entrer  des  sels  akalis  dans  les  unes  comme  dans 
les  autres. 

On  prépare  encore  ces  tablettes  avec  la  pulpe  des  racines 
de  -mimauve  ; elle  tient  lieu  de  mucilage  poui  les  formel. 
Pour  cela  on  fait  cuire  des  racines  dans  une  suffisant© 
quantité  d’eau;  on  les  pile  dans  un  mortier  de  marbre  , et 
on  en  tire  la  pulpe  , comme  nous  l’avons  dit.  Mais  la  prin- 
cipale vertu  adoucissante  de  ces  tablettes  résick  dans  le 
mucilage  , dont  la  pulpe  se  trouve  dépouillée  la  dé- 
coction des  racines  dans  l’eau  ; d où  il  resuite  que  cette 
méthode  , quoique  suivie  et  adoptée  par  plusieuis  per- 
sonnes , est  moins  bonne  que  celle  que  nous  avons  pres- 
crite d'abord. 

Tablettes  de  soufre. 


2£  Crème  de  soufre , . . 5 “j; 

Sucre  en  poudre  fine, 5 X1h 


On  forme  une  pâte  solide  , avec  une  suffisante  quantité 
de  mucilage  de  gomme  adraganth préparé  à l’eau  : on  fait 
avec  celte  pâte  des  tablettes,  comme  nous  l’avons  dit 

précédemment.  n 

On  prépare  ordinairement  ces  tablettes  avec  des  Heurs 
t}e  SQufre  ; mais  le  soufre  broyé  est  préférable  à tous  égaies  , 


à raison  de  son  extrême  division;  il  produit  de  meilleurs 
effets  ; et  les  tablettes  étant  très  blanches  lorsqu’elles  sont 
faites  par  cette  méthode  , sont  infiniment  plus  agréables  à 
la  vue. 

Les  tablettes  de  soufre  se  donnent  dans  les  maladies  de  Vertus, 
poitrine  : elles  sont  bonnes  pour  l’asthme.  On  en  met 
dans  la  bouche  , et  on  les  laisse  fondre. 


Tablettes  d’iris . 

%£  Sucre  en  poudre Ibjfj. 

Iris  de  Florence  en  poudre  fine,  .. 

Gomme  arabique  en  poudre  , raa‘  * 0 b* 

Réglisse  en  poudre  , «. . . 5 vj.  , 

On  forme  du  tout  une  poudre  qu’on  humecte  avec  une 
suffisante  quantité  de  mucilage  de  gom  meadraganth  pré- 
paré avec  de'  l’eau  de  fleurs  d’oranges,  pour  former  une 
pâte  qu’on  réduit  en  tablettes  , comme  nous  venons  de 
le  dire. 

Les  tablettes  d’iris  sont  pectorales  , propres  pour  l’asthme  Vertus, 
et  pour  exciter  l’expectoration  ; on  en  met  une  de  temps 
en  temps  dans  la  bouche  , qu’on  laisse  fondre  doucement. 

Tablettes  de  vanille . 


Vanille  en  poudre  , . . . . 

Sucre  eu  poudre  

Mucilage  de  gomme  adraganth , 


• 9 vif. 

• ? j b- 

. q.  s. 


On  forme  du  tout  cent  pastilles  ou  tablettes  quarrées. 
Il  entre  un  peu  plus  d’un  grain  et  demi  de  vanille  par 
chaque  tablette. 


Ces  tablettes  sont  très  commodes  pour  vaniller  le  cho-V 
colat  : à mesure  qu’on  le  prépare  , on  en  met  une  ou 
plusieurs  dans  une  tasse  au  moment  de  prendre  le  cho- 
colat ; elles  sont  très  stomachiques  et  excitent  l’appétit. 


crius. 


Pastilles  de  girofles. 

Girofles  en  poudre 

Sucre 

Mucilage  de  gomme  adraganth,  . . 


5 iv  gr.  xij. 

w • _ J 

5 \ B- 
q.  s.  . 


On  forme  du  tout  i5o  pastilles 
grains  de  girofle  par  pastille. 


quarrées  ; il  énlre  deux 
P p iv 


6oo  Eléments  de  pharmacie. 

•rtuç.  Ces  pastilles  servent  aux  mêmes  usages  que  les  précé- 
dentes. Lorsqu  il  est  nécessaire  de  donner  au  chocolat 
une  veitu  plus  stomachique  , ou  en  met  une  ou  plusieurs 
tablettes  dans  chaque  tasse. 

Pastilles  de  c an  elle. 


'df  Canelîe  en  poudre  J vi}. 

Sucre  en  poudre  , 5 j h* 

Avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme 
adraganth,  on  forme  cent  pastilles.  11  entre  cinq  grains  de 
caneile  dans  chaque  pastille. 

Ces  pastilles  servent  aux  mêmes  usages  que  les  précé- 
dentes. 

Tablettes  martiales . 


^Limaille  de  fer  préparée  , % j. 

Séné  , . 5 i j. 

Caneile  , ? j. 

Sucre  , 5 v 3 vj. 

On  prend  toutes  ces  substances  réduites  en  poudre  , 
chacune  séparément  : on  en  (orme  une  poudre  , qu’on 
incorpore  avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de 
gomme  adraganth  , pour  en  former  une  pâte  ferme,  que 
l’on  divise  en  trente -deux  tablettes.  Pour  faire  cette 
division  avec  exactitude  , et  pour  avoir  des  tablettes  de 
forme  quarrée  , et  semblables  , on  étend  cette  pâte  dans 
un  châssis  quarré  de  carton  , et  on  la  partage  avec  un 
compas  en  trente-deux  portions  égales. 

Wertuî.  Oes  tablettes  sont  bonnes  pour  les  pâles  couleurs  , pour 
exciter  les  réglés.  On  en  fait  commencer  l’usage  le  jour 
de  la  pleine  lune  , ou  le  lendemain  , et  l’on  continue  d’en 
Pose,  prendre  pendant  seize  jours  , deux  tablettes  par  jour  , un© 
• e matin  trois  heures  avant  le  déjeûner  , et  l’autre  le  soir 
trois  heures  après  le  souper. 


Pastilles  de  citrons  pour  appaiser  la  soif. 


^ Sel  essentiel  d’oseille  , . p iij. 

Sucre  royal, îl>  j. 

Huile  essentielle  de  citrons  , gutt.  viîp 


On  réduit  le  sel  d’oseille  en  poudre  ; on  fait  choix  de 
Sucre  blanc  , et  de  préférence  du  sucre  royal  : on  le  réduit 


Eléments  b e pharmacie.  601 

«n  poudre  fine;  on  Je  passe  au  tamis  de  soie  très  fin  : on 
le  mêle  avec  le  sel  d’oseille  : on  ajoute  à ce  mélange  l’huile 
essentielle  de  citrons  : ou  réduit  le  tout  en  consistance 
de  pâte  ferme  avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage 
de  gomme  adraganth  : on  en  forme  de  petites  pastilles  de 
cinq  à six  lignes  de  diamètre  : on  les  fait  sécher  dans  un 
endroit  sec  et  chaud,  mais  ni  au  feu,  ni  dans  une  étuve; 
une  trop  grande  chaleur  les  liquéfie  , et  leur  donne  une 
transparence  qu’elles  ne  doivent  point  avoir.  Pour  empê- 
chai que  la  pâte  ne  s’attache  en  les  formant  , il  faut  la 
saupoudrer  de  temps  en  temps  avec  les  mêmes  matières 
réduites  en  poudre  fine  , et  enfermées  dans  un  petit  sac 
de  mousseline. 

La  beauté  de  ces  pastilles  est  d’être  bien  blanches  : on 
no  peut  y parvenir  qu’avec  le  sucre  royal;  le  sucre  ordinaire 
en  gros  pains  leur  donne  une  couleur  bise. 

Ces  pastilles  sont  agréables  : elles  tiennent  la  bouche  Vertu*. 
i<iK  lie  : elles  sont  rafraîchissantes  , propres  pour  calmer 
les  ardeurs  du  sang,  pour  précipiter  la  bile,  et  singulière- 
nient  pour  désaltérer.  On  en  fait  fondre  dans  la  bouche. 

On  a cru  reconnoître  à ces  pastilles  une  vertu  lithontrip- 
tujue.  Plusieurs  personnes  , qui  en  ont  fait  usage  pour  la 
pierre  , s’en  sont  très  bien  trouvées.  Dans  ce  cas,  on  en  Dose 
piend  une  demi-once  qu’on  fait  dissoudre  dans  un  verre 
cl  eau  : on  réitéré  cette  dose  trois  ou  quatre  fois  par  jour. 


Limonade  seche. 

Si  au  lieu  de  faire  des  pastilles  de  citrons  avec  le  mé- 
iange  ci-dessus  on  le  conserve  sans  y ajouter  de  mucilage 

<P,i  J une  poudre  à laquelle  on  a donné  le  nom  de  limo- 
nade  scc/ie. 

On  délaie  une  once  de  cette  poudre  dans  une  chopïne 
c.  eau  ; cela  forme  une  limonade  artificielle , qui  a le  goût 
et  odeur  de  la  limonade  faite  avec  du  jus  de  citrons  réelle 
en  a les  memes  propriétés.  Cette  poudre  est  fort  commode 
en  ce  qu  elle  est  facile  à être  transportée,  et  qu’on  peuts» 
procurer  de  la  limonade  en  tout  temps  et  en  tout  lieu. 


Pastilles  d'yeux  d'écrevisses. 

Y eu*  d’écrevisses  préparés  , 

Sucre  en  poudre  fine  , . . 

Néroli  j 


gutt.  iij. 


6ot,  Eléments  de  pharmacie. 

On  fait  du  tout  une  masse  avec  une  suffisante  quan- 
tité de  mucilage  de  gomme  adraganth  préparé  à 1 eau  de 
fleurs  d’oranges  : on  forme  des  pastilles,  de  la  meme  ma- 
niéré que  nous  l’avons  dit  précédemment  : celles-ci  doi- 
vent être  minces.  r 

Vertus.  On  les  donne  pour  absorber  les  acides  et  rapports  ai- 
gres qui  viennent  de  l’estomac.  On  en  met  tondre  dans 

la  bouche. 


Pastilles  cle  cachou  à la  canelle. 


X Yeux  d’écrevisses  préparés  , . . : 

Corail  rouge  prépajé, 

Cachou  , 

Canelle , 

Sucre, 


5 v. 

v • 

5 J- 
5 Jj- 
ïb  j. 


On  forme  du  tout  des  tablettes  , avec  une  suffisants, 
quantité  de  mucilage  de  gomme  adraganth  prépaie  avec 
de  l’eau  de  canelle  simple. 

Ces  pastilles  sont  stomachiques  , absorbantes  , cordia- 
VertUÏ-  les  : elles  rendent  l’hakine  douce  et  agréable.  On  les 
laisse  fondre  dans  la  bouche. 


Pastilles  de  safran. 


2il  Safran  gâtinois  en  poudre  fine  , . : : 3 fi* 

Sucre  en  poudre  fine, : . Ihj. 

Mucilage  de  gomme  adraganth  préparé 
à l’eau  , q*  s* 


On  forme  du  tout  des  tablettes  comme  les  précé- 
dentes. . , . 

Ces  pastilles  sont  pectorales  , anooines  , histenques  , 

alexiteres,  apéritives.  On  les  laisse  fondre  dans  la  bouche. 

Pastilles  odorantes  pour  brûler  x ou  clous,  on  chandelles 

fumantes . 


3,1  Benjoin  , 

Storax  calamite  , . . 
Baume  scc  du  Pérou  , 


6oj 


ÉLÉMENTS  DE  P II  IR  M AC  I E. 

Cascarilie  9 ivr. 

Girofle  , 5 fi. 

Charbon  préparé  , r j fi. 

Nitre,  . . 5 j* 

Huile  essentielle  de  fleurs  d’oranges , 5 fi. 

Teinture  d’ambre  gris, 5 fi* 

Mucilage  de  gomme  adraganth  , . q.  s. 

On  forme  du  tout  une  masse  , dans  un  mortier  de  fer, 
et  on  la  divise  par  petites  portions  de  figure  conique. 

Pour  cela  , on  prend  une  certaine  quantité  de  la  pâte  , 
qu’on  réduit  en  un  long  rouleau  , de  la  grosseur  d’un 
tuyau  de  plume  : on  forme  une  petite  pointe  à un  des 
bouts  , en  le  roulant  sur  une  table,  et  en  appuyant  avec 
le  bout  du  doigt  : on  coupe  ensuite  cette  portion  de  la 
longueur  d’environ  un  pouce  : on  continue  de  la  même 
maniéré  jusqu’à  ce  que  toute  la  pâte  soit  ainsi  divisée 
en  petits  cônes.  On  les  fait  sécher  , et  on  les  conserve 
dans  une  bouteille  qui  bouche  bien.  Le  nitre  que  nous 
faisons  entrer  dans  cette  recette  sert  à faciliter  la  combus- 
tion de  ces  pastilles.  Lorsqu’on  veut  s’en  servir  , on  met 
le  feu  à la  pointe  d’une  de  ces  pastilles  :on  la  pose  sur  une 
table  de  pierre  ; elle  brûle  en  scintillant  , et  elle  exhale 
une  fumée  très  odorante  et  très  agréable.  On  s’en  sert  Vertus, 
pour  parfumer  les  appartements , et  chasser  le  mauvais  air. 

Des  Tablettes  purgatives. 

Tablettes  de  suc  josat. 

2-'  Suc  dépuré  de  roses  pâles  , . . . . j. 

j îb  j.  fi. 

On  met  le  sucre  dans  une  bassine  avec  le  suc  de  roses  : 
on  fait  cuire  à petit  feu  , jusqu’à  ce  que  le  sucre  soit  cuit  à 
la  plume;  alors  on  ajoute  les  substances  suivantes  réduites 
en  poudres  : 


Santal  citrin  , *>  __ 
rouge  , y aa * 
Mastic  en  larmes  , 
lloses  de  Provins  , . 
Scanunonée , . , . 


o j fi* 

Z fi* 
? fi. 

5 4 


6c>4  éléments  de  phakmacie. 

On  fait  du  tout  un  mélange  exact,  le  plus  prompte- 
ment qu’il  est  possible  : on  le  coule  sur  un  papier  huilé , 
et  on  l’étend  avec  un  rouleau  imprégné  d’huile  d’amandes 
douces  : on  coupe  la  masse  promptement  en  quarrés  ou 
en  losanges  : on  pose  ces  tablettes  surfdu  papier  gris,  afin 
qu’il  absorbe  l’huile  qui  est  à la  surface. 

Lorsqu’on  est  obligé  de  faire  ces  tablettes  dans  une 
saison  où  l’on  ne  peut  se  procurer  du  suc  de  roses  , on  se 
sert  en  place,  d’une  infusion  de  roses  seclies  ; ou,  encore 
mieux,  d’une  once  d’extrait  de  roses  pâles  , qu’on  délaie 
dans  une  suffisante  quantité  d'eau, 
ertus.  qqs  tab}et(-es  évacuent  la  bile  et  les  autres  humeurs.’ 
Dose.  La  dose  est  depuis  deux  gros  jusqu’à  six. 


Tablettes  de  Citro. 


Fleurs  de  violettes 


buglose 


:■} 


aa. 


. ...  . ^gr.xij.’ 

Ecorces  de  citrons  pulvérisées, . . . . 3»  j* 

Poudre  diatracaganthe  froide  , ? --  ~ „ 

c & ’ > aa.  . . z F* 

ocammonee  , * J 

Racines  de  turbith  , 5 v* 

gingembre  , 5 

Séné  , : . 5 vj . 

Rhubarbe,  5 ij  IR 


Girofle , : : : ^ 
Santal  citrin,  5 aa 


On  forme  du  tout  une  poudre  qu’on  mêle  exactement 
d’une  autre  part , on  fait  cuire  à la  plume , 

Sucre  blanc : : . : 5 xij. 

On  mêdela  poudre  exactement  et  promptement  : on  For- 
me des  tablettes  , comme  nous  l’avons  dit  précédemment. 
Vertus.  Elles  purgent  les  humeurs.  La  dose  est  depuis  deux  gros 
Dose,  jusqu’à  six. 


t » 


i L£MÏKTJ  DE  PHARMACIE,  Co  ï 

Remarques. 

Presque  tons  les  Auteurs  font  entrer  clans  cet  élec- 
luaire  solide  des  conserves  de  violettes,  de  buglose  et  de 
citrons  eonins  , qu’on  réduit  en  pulpe  , et  qu’on  mêle 
d abord  avec  le  sucre  , lorsqu’il  est  cuit  en  consistance 
requise;  alors  on  ajoute  les  poudres,  et  l’on  procédé 
pou!  le  reste  : mais  j’ai  remarqué  que  le  sucre  de  ces 
conserves  ne  se  dissout  jamais  dans  le  sucre  cuit  à la  plu, 
me  , parcequ’il  ne  s’y  trouve  plus  d’humidité  ; il  reste  dis- 
perse a la  maniéré  d’une  poudre;  d’ailleurs  cet  électuaire 
attire  puissamment  l’humidité  de  l’air  , et  ou  ne  veut 
le  conserver  sèchement  , qu’avec  beaucoup  de  peine  et 
d difficulté.  Cest  pour  remédier  à tous  ces  inconvé- 
nients  ’ flue  nous  supprimons  toutes  ces  conserves  • nous 
111  10 as  ei1  PIace  Ies  poudres  des  substances  qui  les  coin 
p ose n t , et  nous  ajoutons  au  sucre  qu’on  fait  cuire  à il 
pbmie  celui  qui  entroit  dans  ces  conserves.  Par  ce  moyen 
cct  electuaire  se  trouve  composé  des  mêmes  ingrédients  * 
et  dans  les  mêmes  proportions  que  celui  qu’on  prépare 
.mvant  1 ancien  usage.  lia  encore  l’avantage  d’être  moins 
dégoûtant,  parcequ’il  estprivé  des  pulpes  qui  épaississent 
considérablement  les  liqueurs,  lorsqu’on  délaie  ceTétç. 

Lorsqu’on  mêle  les  poudres  avec  le  sucre  cuit  à U 
phune,  on  doit  attendre  que  ce  dernier  soit  un  peu  re 

t01;'1 5 STS  qU01,’  a \r°P  grande  cIlale“r  feroit  ramollir 
diagicde  et  le  réduuoit  en  grumeaux  : il  se  trou 

veroit  distribué  inégalement  dansées  tablettes  , et  Tl 
purgeroient  par  conséquent  inégalement.  Quelques  n,-r 
sonnes  ont  dit  à cette  occasion  , que  le  diagrede  qui" 
est  ainsi  grumelé  , ne  purge  plus  ; mais  c’est  une  erreilr 
pmge  egalement  , et  ne  perd  rien  de  sa  vertu  On  â 
pns  pour  altération  du  diagrede , ce  qui  n’est  qu’une  mm 
saisc  distribution  de  ce  médicament  dans  les  tablettes 
pareequon  aura  remarqué  que  quelques  unes  ne  mr! 
geoient  pas  comme  a l’ordinaire.  1 

Lorsque  le  diagrede  se  trouve  ainsi  grumelé  dm*  U 
tablettes  , il  faut  les  réduire  en  poudre  fine 
ver  cette  poudre  dans  une  bouteille  bien  bouchée  pour 
usage  . cette  poudre  ne  différé  en  rieu  des  tablettes  n 
les  effets , pareeque  la  pulvérisation  mêle  wcZVT}' 
diagrede  avec  les  autres  substances.  aCteme,lt  ls 


ÏL^MINTS  de  PHARMACIE,’ 

Tablettes  diacarthami. 


606 


^Semences  de  cartame  , 

Poudre  diatmeaganthe  froide,  t aâ. . ; ^ j.' 
llerinodacte  , 
piagrede , 

Racines  deturbitli,  • •<••••  5)  P’ 

Gingembre  , ^ fi* 

Sucre  cuit  à la  plume, If  ] 5 X1J" 

On  forme  du  tout  des  LableLtes  , comme  les  précé- 
dentes. 

Vertus.  ces  tablettes  sont  purgatives.  La  dose  est  depuis  deux 
Dose,  gros  jusqu’à  une  once. 

Remarques. 

Les  semences  de  cartatae  sont  revêtues  d’une  écorce 
ligneuse  qu’on  doit  séparer  : l’amande  de  ces  semences  est 
huileuse  : on  doit  la  réduire  en  pâte  dans  un  mortier  de 
marbre  , et  la  mêler  avec  les  autres  poudres,  doutes  les 
Pharmacopéesprescrivent,  dans  la  recette  de  ces  tablettes  , 
de  la  manne,  du  miel  rosat , et  des  coings  confits;  mais 
ces  substances  produisent  les  mêmes  inconvénients  dont 
nous  avons  parlé  à l’article  des  tablettes  de  titra  ; il  est 
absolument  impossible  de  les  avoir  seches  , comme  elles 
doivent  l’être  : elles  sont  toujours  déliquescentes.  IJ  ail- 
leurs , si  elles  sont  mises  pour  adoucir  l’activité  des  pur- 
gatifs on  doit  attendre  le  même  effet  du  sucre  : c est  ce 
qui  nous  a engagés  à remplacer  ces  substances  par 
sucre  , afin  que  les  purgatifs  se  trouvent  dans  les  memes 

proportions. 

Tablettes  de  rhubarbe . 

2£  Rhubarbe  ,• 

Sucre  , 4 • • * * ?> 

Avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme 
adraganth  , préparé  à l’eau  de  «malle  simple  , on  forme 
des  tablettes  , comme  nous  l'avons  dit  précédemment 
Vernis.  Les  tablettes  de  rhubarbe  sont  stomachiques  : elles  lâ- 
chent un  peu  le  ventre  : on  les  donne  ans  enlants  pour 
Dosr.  chasser  les  vers.  La  dose  est  depuis  un  gros  jusqu  . 
once. 


6o7 


hiMïNTJ  DE  PHARMACIE. 

Pastilles  émétiques  de  Ciiomel. 


^Tartre  émétique,  ...  ^ j,' 

Farine  de  troment  , ">  -- 
c 7 > tia. 

OLicre , Ç 


y x v 

J x • 


Avrec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme 
adragant  très  claire,  on  forme  une  masse  qu’on  divise  par 
tablettes  du  poids  d’un  gros. 

Remarques. 

Ces  tablettes  contiennent  beaucoup  d’émétique  ; il  es! 
essentiel  que  le  mélange  soit  exact  , afin  qu’il  se  trouve 
distribué  également.  Ces  tablettes  ne  sont  guere  d usage 
quà  la  campagne.  Chomel  employoit  le  verre  d'anti- 
moine broyé,  au  lieu  d’émétique:  mais  cette  substance 
est  un  émétique  trop  violent  , et  qui  n’est  pas  toujours 
sans  suite  lâcheuse  \ le  tartre  émétique  ordinaire  n’a  pas 
les  mêmes  inconvénients  : il  est  plus  doux,  et  ses  effets 
sont  plus  uniformes. 

On  fait  dissoudre  une  tablette  dans  un  verre  d’eau  Vertus, 
qu  on  lait  prendre  au  malade  : cela  produit  des  évacua- 
tions par  le  haut  et  par  Je  bas  : ces  tablettes  ont  les 
mêmes  vertus  que  l’émétique  pur  , et  elles  se  donnent 
dans  les  mêmes  circonstances. 

Pute  de  guimauve. 


Racines  de  guimauve  , . . . 
Sucre  blanc  , ^ 

Gomme  arabique  choisie  , j 


ua. 


d iv; 
ïbijr 


On  prend  des  racines  de  guimauve  récentes  : on  les 
coupc  par  tranches  : après  les  avoir  lavées  et  nétoyées , 
on  les  fait  bouillir  pendant  un  demi-quart  d’heure- dans 
quatre  ou  cinq  livres  d’eau  : on  passe  la  décoction  au 
travers  d’une  étamine  blanche  : on  ajoute  à cette  décoc- 
tion la  gomme  arabique  , que  l’on  a concassée  menu  : ou 
inet  le  mélange  dans  une  bassine,  qu’on  place  sur  un  feu 
modéré  : on  l’agite  avec  une  spatule  de  bois  jusqu’à  ce 
que  la  gomme  arabique  soit  dissoute  ; alors  on  fait  pa. 


* 

608  ÉLÉMENTS  DÊ  PHARMACIE. 

nullement  dissoudre  le  sucre  dans  cette  liqueur  : on  passe 
ce  mélange  au  travers  d’uu  linge  bien  serré  : on  nétoie 
la  bassine  et  la  spatule  : on  remet  la  liqueur  dans  la 
bassine  , et  on  la  fait  épaissir  jusqu’à  consistance  de  miel 
très  épais  , ayant  soin  de  l’agiter  sans  discontinuer  avec 
la  spatule  , sans  quoi  elle  s’attacheroit  et  brûlcroit  au 
fond  du  vaisseau.  Lorsqu’elle  est  dans  cet  état  , on  y 
ajoute  quatre  blancs  d’œufs,  qu’on  a fouettés  avec  quatre 
onces  d’eau  de  Heurs  d’oranges.  On  agite  le  mélange 
violemment  ; c’est  de  cette  grande  agitation  que  dépend- 
la  blancheur  de  cette  masse.  On  la  fait  épaissir  à petit  feu, 
en  l’agitant  toujours  le  plus  fortement  qu”il  est  possible  , 
jusqu’à  ce  qu’elle  soit  suffisamment  cuite;  ce  que  l’on  re- 
connoit , lorsqu’au  tirant  la  spatule  hors  de  la  bassine  , 
et  frappant  légèrement  avec  la  pâte  sur  le  dos  de  la 
main  , elle  n’adhere  point  à la  peau  ; alors  on  la  coule 
sur  l’amidon  en  poudre  , que  l’on  a étendu  sur  une 
feuille  de  papier  blanc  , en  le  secouant  sur  un  tamis 
de  soie.  On  laisse  refroidir  la  pâte  : on  la  coupe  par  mor- 
ceaux , et  on  la  met  dans  une  boîte  avec  de  l'amidon 
en  poudre,  afin  que  les  morceaux  n’adhercnt  point  en- 
tre eux  , ni  à la  boîte. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  la  pdt.e  blanche  de 
réglisse  , en  employant  une  légère  décoction  de  quatre 
onces  de  cette  racine  en  place  de  celle  de  guimauve. 

Vertus.  La  pâte  de  guimauve  est  adoucissante  : elle  empâte  les 
humeurs  âcres  qui  tombent  sur  la  poitrine.  On  en  met 
fondre  un  petit  morceau  dans  la  bouche  • elle  calme  la 
toux  , et  pourrit  le  rhume. 

Remarques. 


La  racine  de  guimauve  fournit , pendant  sa  décoction 
clans  l’eau  , un  mucilage  fort  adoucissant  ; mais  comme 
Ce  mucilage  a une  saveur  qui  ne  plaît  pas  à tout  le  monde, 
on  supprime  ordinairement  cette  décoction.  Le  mucilage 
que  fournit  la  gomme  arabique  , remplace  , pour  les 
vertus  adoucissantes  , celui  de  la  racine  de  guimauve, 
et  la  pâte  qu’on  obtient  est  beaucoup  plus  agréable  ; c^est 
ce  que  l’on  recherche  ordinairement  dans  cetie  pâte.  Mais 
il  n’en  est  pas  de  même  dans  la  préparation  de  la  pâte 

de  ré  clisse  ; ou  v fait  entrer  une  légère  décoction  de  cette 
° * racine  ; 


i t i M T.  N T <S  DE  PltARMACl  E.  6o? 

bleuie  ; parcequ’elle  fournit  une  matière  extractive  su- 
créé,  tort  agréable. 

Une  grande  partie  de  l’eau  de  fleurs  d’oranges  , qu’on 
ait  entrer  dans  ce  mélange  , s’évapore;  cependant  le  peu 
qm  reste  lui  donne  assez  de  goût  et  d’odeur  pour  corri- 
ger la  saveur  fade  de  la  gomme  arabique.  On  croirait  peut- 
l'lie  fl|ie  U masse  en  retiendrait  mieux  l’odeur  et  le  août 
si  on  la  inet  toit  dans  le  moment  où  la  pâte  est  transite 
pour  la  décuire  ; mais  j’ai  remarqué  que  cette  méthode 
n est  pas  aussi  bonne  (pie  la  première. 

Les  blancs  d'œufs  fouettés  , qu’on  mêle  à cette  masse* 

■ ci  vint  4 la  blanchir  et  a la  rendre  beaucoup  plus  ie-ere 
et  plus  volumineuse  qu'elle  ne  le  seroit  sans  cela , à raison 
d une  grande  quantité  d’air  qu’ils  y introduisent.  On  re- 
marque que  le  volume  de  la  masse  augmente  considéra- 
blement a mesure  que  l’on  y mêle  les  blancs  d’œufs  - 
comme  cette  pâte  est  très  glutineuse  , elle  retient  l’air  lui 
traduit  pat  les  blancs  d’œufs;  cet  air,  en  se  raréfiant  par 

ioœ  ’ -T-  eve  3 masse  ’ h rend  de  P!us  en  plus  lé- 
& , ’ et  lui  fait  occuper  un  espace  d’un  tiers  plus  grand 

qu  auparavant,  C’est  à cet  air  étranger,  et  à la  grande 
viscosité  de  cette  pâte  , qu’on  doit  attribuer  toute  Ia°blan! 
chuir  qu  e he  acquiert  par  l’agitation , pareequ’il  tient  les 
J ames  de  la  masse  divisées  , en  restant  interposé  entre 
elles.  Cela  me  paraît  d’autant  plus  vraisemblable  , que 
toute  1 agitation  qu  on  lui  donne,  tandis  qu’elle  est  li- 
<ju‘do , et  avant  l’introduction  des  blancs  d’œufs  , ne  sert 
a rien  pour  a blanchir  ; on  ne  l’agite  ainsi , avant  dV 
avoir  ajoute  les  b ancs  d’œuls  , que  pour  l’empêcher  de 
s attacher  au  fond  de  fa  bassine.  ^ 

Lorsqu’on  ajoute  un  peu  trop  tôt  les  blancs  d’œufs  à h 
pâte  de  guimauve  , ouest  obligé  de  la  tenir  plus  lond 
einps  sut  le  leu  avant  de  la  couler , afin  de  donner  à l'hu- 
md.te  superflue  le  temps  de  s’évaporer  : alors  une  grande 
partie  de  1 air  dont  nous  parlons  , s’échappe  peu  à*  peu  • 

tolume  ‘ gU‘inai‘Ve  Perd  beaucouh  de  5011  blanc  et  dé  son 
Quelques  personnes  font  entrer  dans  la  pâte  de  gui 

mauve  une  certaine  quantité  d’amidon,  afin  de  la  relire 

( lus  blanche , et  qu’elle  revienne  à meilleur  marché  • heu 
reusement  cette  traude  n’est  pas  dangereuse  comme  la' 

P 'part  des  falsifications  dont  nous  avons  parlé. 

Qq 


ELEMENTS  LE  PHARMACIE# 


6lO 


Suc  de  réglisse  de  Blois. 


^Extrait  de  réglisse  , ..... 

Gomme  arabique  choisie  , . . 

Sucre  • 

Enula  campana  pulvérisée,  ? ^ 

Iris  de  Florence  pulvérisée , S 
Huile  essentielle  de  inillefeuille  , . 


^ r • 

z ix; 
ft  ij. 
ib  j. 


CUL • 


5 h- 
gutt.  40. 


Après  avoir  concassé  la  gomme  arabique  , on  la  fait  dis- 
soudre dans  une  suffisante  quantité  d’eau  : on  la  passe  au 
travers  d’un  linge  serré:  on  fait  dissoudre  le  sucre  et  l’ex- 
trait de  régisse  dans  cette. liqueur  : on  fait  épaissir  ce  mé- 
lange au  bain-marie  , jusqu’à  consistance  de  miel  épais  : 
alors  on  ajoute  les  poudres  qu’on  mêle  exactement.  On 
fait  dessécher  de  nouveau  , jusqu’à  ce  que  la  masse  puisse 
a rnncKtanrft  ferme  en  se  refroidissant  : ensuite 


prendre  une  consistance  ferme  en  se  refroidissant  : ensuite 
on  ajoute  l’huile  essentielle  -,  et  lorsqu’el 

ai  r ^ c en  ci tt  nn  nnr 


aile  est  suffisant- 
on  aiouie  umnc  wawi.v,*.*.  , — -'"-t-  , . , 

ment  mêlée  , on  coule  la  masse  sur  un  porphyre  imprègne 

d’huile  d’amandes  douces  , ou  d’huile  de  ben  : on  etend 

avec  un  rouleau  de  bois  , imbu  de  la  meme  huile  , a in 

nue  cette  masse  n’ait  qu’en viron  deux  ou  trois  lignes 

d’éoaisseur  : lorsqu’elle  est  suffisamment  refroidie  , on  la 

coupe  par  petites  lanières  de  deux  ou  trois  lignes  de  1 ai ge , 

et  l’on  divise  ces  lanières  en  petits  morceaux  , pour  en 

former  de  petits  dés  : on  les  fait  sécher  dans  une  étuve 

et  on  les  conserve  dans  une  bouteille,  ou  dans  une  boite 

rm’nn  tient  dans  un  endroit  sec. 

1 Le  suc  (le  réglisse  que  nous  prescrivons  dans  cette  re- 
cette doit  être  celui  tiré  de  la  première  infusion  de  cette 
racine , pour  les  raisons  que  nous  avons  dites  a 1 article  de 

^sfiulieu^huile  essentielle  de  millefeuille  , on  met 
dans  le  suc  de  réglisse  de  Blois  la  même  quantité  d huile 
essentielle  d’anis  , on  forme  ce  que  I on  nomme  suc  de 

^aquerpersonnes  ont  donné  au  suc  de  réglisse  de 
Bl^és  le  nom  de  me  de  réglisse  au  cachou  ; mais  c est  une 
f Z é dénomination  ..puisqu’il  n’entre  point  de  cachm 
dans  sa  composition.  On  peut , si  1 on  v«.  , ■ “ “ 

trer  deux  ou  trois  onces , apres  avot  l’énula- 

fine,  qu’on  mêlera  en  meme  temps  que  lins  et  a 


* L K M Ê ïî  T S DK  PHARMACIA.  f 

co2-endraaî°rS  ^ ^ ^ ^ r^IiSSG  au  cacWl  ^ 

11  est  bon  de  prévenir  que  Ion  doit  agiter  le  moiiw 
quil  est  possible  ces  mélanges  pendant  qu’on  les  fait 
lusse  cher-,  paire  qu’on  veut  qu’ils  soient  noirs  : ils  devicn- 
dioient^ris  si  on  les  agitoit  trop  long-temps  et  trop  sou- 

j^r!  * <jest#Pj)l,r  tette  raison  que  nous  avons  recommandé 

, es  ^CSS(icher  au  bain-marie,  parcequ’ils  ne, sont  pas  en 
danger  de  se  brûler  > quoi(|u’on  ne  les  agite  pas. 

Le  suc  de  réglisse  de  Blois  est  adoucissant,  incisif,  pro-  Vertus 
P - pour  le  rhume  , pour  adoucir  les  humeurs  âcres  qui 
tombent  dans  la  gorge  et  dans  la  poitrine.  On  en  met  ion- 
die  quelques  morceaux  dans  la  bouche. 

Tussilage  à l'anis  de  Lille  en  Flandre. 

2*' Semences  d’anis 

bleuis  de  tussilage  récentes  } 

pied  de  chat , . . ’ .*  ' ‘ 

On  fait  une  légère  décoction  de  ces  substances'  dans 

snfusanté  quantité  d eau  , pour  avoir  environ  deux  livre, 
de  liqueur , dans  laquelle  on  fait  dissoudre  , 


? vi* 
J i Ve 

O B* 


Extrait  de  réglisse 


îb  V;. 


alo'rs’on  t*rSit  a"  ba!n',narie  C°,nme  !e  • 

Iluîle  essentielle  d’anis  >***..  'g  jjg 
°n  coule  la  niasse  sur  un  porphyre  huilé  : on  l'étend 

Jameres  très  déliées,  qu’on  roule  entre  les  loi’-ts  pou- en 
former  ,1e  petits  cylindres  , de  la  grosseur  environ  du  boni 
des  plumes  de  corbeau,  : on  coupe  ces  petits  rv  „ l 
par  portions  de  trois  ou  quatre  lignes  de ‘lot  ‘mm p’ 
les  lait  sécher  dans  une  étuve  et  on  U*  h 

une  bôuteillequi  bouche  bien  ’ ^nserve  dans 

.i  suc  de  réglisse  qu’on  tait  entrer  dans  cette  recette 

régfcsé?  ° 1 qu  0,1  ,ire  de  ,J  l’,eraiere  rnfusiou  de  la 

Ce  tussilage  est  adoucissant-  * il  n Be  a . 

sa*  ,<si“  »***«  - « - riffirex 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Chocolat. 


G 12 


Le  chocolat  est  un  aliment  agréable  : il  devient  mé- 
dicament lorsqu’il  est  question  de  fortifier  la  poitrine  , et 
de  restaurer.  Il  convient  à ceux  qui  sopt  attaqués  de  mala- 
dies de  consomption  ; mais  il  y a des  tempéraments  a qui 
il  produit  de  mauvais  effets , à raison  de  la  grande  quantité 
de  matière  huileuse  qu’il  contient  : c’est  aux  Médecins 
oui  le  font  prendre  comme  médicament , d examiner  les 
indications.  C’est  un  composé  d’amandes  de  cacao  et  de 
sucre  : lorsqu’il  ne  contient  que  cela  , on  le  nomme  cho-  . 
colat  de  santé  , et  chocolat  à la  vanille , lorsqu  on  en 
fait  entrer  dans  sa  composition.  On  croit  communemen 
que  le  chocolat  àla  vanille  est  trop  chaud  , et  qu  il  est  moins 
bon  pour  la  santé,  que  celui  qui  n’en  contient  pas;  mais 
il  paroît  comme  certain  que  la  vertu  stomachique  et  cor- 
diale de  la  vanille  facilite  la  digestion  du  chocolat  ; ce 
dernier  est  meilleur  par  cette  raison  , sur-tout  lorsqu  il  ne 
contient  qu’une  petite  quantité  de  vanille. 

Préparation  de  la  pâte  de  cacao  pour  le  chocolat . 

On  prend  la  quantité  que  l’on  veut  de  cacao  caraque  : 
on  en  met  environ  deux  ou  trois  pouces  d épais  dans 
une  poêle  de  fer  très  large  et  très  évasee  : on  plac  e cette 

poêle  sur  le  feu  pour  torréfier  , ou  pour  brûler  ties  <->r  - 

ment  l’écorce  ligneuse  du  cacao  : on  le  remue  avec  une 
mande  et  large  spatule  de  bois.  Lorsque  1 ecorce  es  su  - 
fisamment  brûlée  , on  met  le  cacao  sur  du  gro,  pap^ 
à sucre,  qu’on  a étendu  sur  une  table,  ou  on  le  laisse 
peu  se  refroidir  : on  l’écrase  légèrement  avec  un  rouleau 
Se  bois  , pour  casser  seulement  les  écorces  : on  passe  ce 
cacao  au  t avers  d’un  crible  très  large  , pas  assez  cependant 
Tour  nue  les  amandes  entières  puissent  passer  au  travers. 
Lorsque  tout  le  cacao  est  ainsi  disposé  , on  le  me  parp  r 
tîons  dans  un  van  semblable  à cens  qm  servent  a van- 
ner le  bled  , et  on  l’y  remue  de  la  même  manière  . afin 
de  séparer  les  écorces  qui  sortent  du  van  : lorsqu  il  est 
nétoyé  , autant  qu’il  peut  l'être  par  cette  méthode  . on 
l’éDluche erain  à grain  sur  une  table  , pom  sepai  - L 
meut  toutes  les  portions  d’écorces  qui  ontpu  eciapper 
vannage  , et  toutes  celles  qui  sont  restées  .attachées  aux 

amandes. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  6l$ 

Lorsque  le  cacao  est  bien  nétoyé,  on  le  met  dans  un© 
marmite  de  fer,  et  on  le  lait  torréfier  de  nouveau,  ayant 
soin  de  le  remuer  sans  discontinuer  avec  une  spatule  de 
bois  : on  ne  doit  le  torréfier  que  pour  le  chauffer  jusqu’au 
centre  , et  non  pour  le  rôtir.  Alors  on  le  passe  un  instant 
dans  le  van  , pour  séparer  quelques  légères  portions  brû- 
lées , et  quelques  écorces  qui  ont  échappé  dans  les  pré- 
parations antérieures  : on  le  met  promptement  dans  un 
mortier  de  1er  , qu’on  a bien  fait  chauffer  en  l’emplissant 
de  charbons  ardents  , et  qu’on  a bien  essuyé  : le  mortier 
doit  être  plein  environ  aux  deux  tiers.  On  pile  prompte- 
ment ce  cacao  , avec  un  pilon  de  fer  , jusqu’à  ce  qu’il 
soit  suffisamment  réduit  en  pâte  : ce  que  l’on  reconnoît 
facilement,  lorsqu’on  posant  le  pilon  à la  surface  de  la 
masse  , il  s’enfonce  au  fond  du  mortier  par  son  poids  seu- 
lement : alors  on  enleve  cette  pâte  hors  du  mortier  : on 
la  met  sur  une  feuille  de  papier  blanc  : on  l’étend  , en- 
viron à un  pouce  ou  un  pouce  et  demi  d’épaisseur , et  on 
la  laisse  se  refroidir.  On  continue  ainsi  de  suite,  jusqu’à 
ce  que  Lout  le  cacao  soit  réduiten  pâte  semblable , et  qu’on 
<^n  ait  environ  une  dixaine  de  livres. 

On  prépare  de  la  même  manière  environ  deux  livres  de 
pâte  semblable  , avec  du  gros  cacao  des  isles  de  Cayenne: 
alors  on  fait,  avec  ces  pâtes  de  cacao,  le  chocolat  de  la 
maniéré  suivante. 

Chocolat,  à la  vanille, 

^ Pâte  de  cacao  caraque  Jb  x, 

cacao  des  isles  , . . ' . . ïb  ij. 

Sucre  en  poudre  grossière  , . . . Jb  x. 

Canelle  , ) ^ ... 

Vanille  , f aa * * 5 “b 

Girofle  9 j. 

On  met  le  soir  les  pâtes  de  cacao  sur  une  pierre  à 
broyer  le  chocolat  : on  place  sous  cette  pierre  une  poêle  de 
braise  bien  allumée , et  suffisamment  couverte  de  cendre 
pour  que  la  chaleur  soit  douce,  et  qu’elle  puisse  durer 
long-temps  , afin  d’échauffer  la  pierre  et  de  ramollir  les 
pâtes  de  cacao  dans  l’espace  d’environ  six  ou  huit  heures. 

Le  lendemain  on  enleve  la  pâte  ramollie  : on  la  met 
dans  une  marmite  de  fer  que  l’on  pose  sur  un  fourneau 
rempli  de  cendre  chaude  : on  conserve  sur  la  pierre  en- 

Qq  iij 


614  éléments  T)E  pharmacie. 

viron  une  livre  de  cette  pâte  : on  la  broie  avec  un  rouleau 
de  1er  tourné  et  poli  : lorsqu’elle  est  suffisamment  broyée, 
on  l’enleve  de  dessus  la  pierre  , et  on  la  met  dans  une 
autre  bassine  de  1er  qu’on  place  sur  un  feu  doux  , afin 
d’entretenir  la  pâte  liquide  : on  remet  de  nouvelle  pâte 
sur  la  pierre  pour  la  broyer.  Qn  continue  ainsi  de  suite, 
jusqu’à  ce  que  le  cacao  soit  broyé  , et  l’on  a soin  pendant 
qu’on  broie  , d’entretenir  la  chaleur  de  la  pierre  par  le 
feu  de  dessous , qu’on  renouvelle  à mesure  qu’il  est  néces- 
saire : il  suffit  que  le  côté  de  la  pierre,  sur  lequel  on 
broie  , soit  chaud  à ne  pouvoir  tenir  le  dos  de  la  main 
qu’un  instant  sans  être  incommodé  de  la  chaleur.  Lors- 
que tout  le  cacao  est  broyé  , on  le  mêle  dans  la  bassine 
avec  huit  livres  de  sucre  : on  remue  ce  mélange  avec  une 
spatule  de  bois  : on  le  passe  de  nouveau  sur  la  pierre  pour 
le  broyer  par  portions  , afin  d’incorporer  le  sucre  avec 
le  cacao  : alors  on  ajoute  àce  mélange,  lorsqu’il  est  suffi- 
samment broyé,  lacanelle,  la  vanille  et  le  girofle  pulvérisés  et 
passés  au  tamis  de  soie  , avec  deux  livres  de  sucre  en  pou- 
cire  fine  : on  repasse  ce  nouveau  mélange  sur  la  pierre  , 
afin  de  mêler  les  aromates  le  plus  exactement  qu’il  est  pos- 
sible. Alors  on  partage  la  pâte,  tandis  qu’elle  est  chaude  , 
par  masses  de  demi-livre  : on  les  met  à mesure  dans  des 
inouïes  de  fer-blanc,  semblables  à ceux  dans  lesquels  on 
fait  cuire  les  biscuits  : on  étend  d’abord  la  masse  avec  les 
doigts  ; et  ensuite,  en  frappant  le  fond  du  moule  sur  la 
table,  le  chocolat  s’étend  uniformément  et  devient  lisse  à 
sa  surface  : on  le  laisse  refroidir  dans  les  moules  , et  il 
acquiert  une  consistance  ferme  et  solide.  Il  se  sépare  des 
moules  facilement  : il  suffit  de  les  renverser  ou  de  les  pres- 
ser très-légèrement  par  les  deux  bouts  en  sens  contraire, 
comme  si  l’on  voufoit  les  tordre  ; au  moyen  de  ce  mouve- 
ment, les  tablettes  qui  sont  adhérentes  par  quelque  côté 
se  détachent  facilement,  sans  courir  le  risque  de  briser  lo 
moule  ni  le  chocolat.  On  enveloppe  les  tablettes  de  choco- 
lat dans  du  papier,  et  on  le  conserve  dans  un  endroit  bien 
sec,  parcequ’ilse  moisit  à sa  surface,  lorsqu’on  le  renferme 
dans  un  endroit  humide, 

Remarques. 

Le  cacao  est  le  fruit  d’un  arbre  : on  nous  l'apporte  de 
plusieurs  endroits.  Ou  trouve  aujourd’hui  heaucoup  d es- 


LEMENTS  ,DE  PHARMACIE. 


Cl  5 


peces  de  cacao  dans  le  commerce  : il  en  vient  de  Surinam 
de  deux  soi  tes  , des  isles  de  Bcrbichg  , etc.  mais  les  meil- 
leures especes  nous  viennent  de  Caraque  : il  y en  a de 
deux  sortes  , 1 un  est  gros  et  l’autre  est  petit  : ils  sont  tous 
les  deux  d excellente  qualité.  Depuis  plusieurs  années, 
on  nous  apporte  des  isles  do  Sainte-Magdeleine  une  es- 
pece que  I on  nomme  cacao  de  Sainte- Magdeleine  ; ce- 
lui-ci est  fort  gros.  Les  isles  de  Cayenne  et  de  Saint-Do- 
mingue nous  fournissent  aussi  du  cacao  : il  est  connu 
sous  le  nom  de  cacao  des  isles.  Tous  ces  cacaos  diffe- 
rent entre  eux  par  la  grosseur  des  amandes , par  leur  saveur 
plus  ou  moins  agréable  , et  par  la  pays  d’où  ils  viennent: 
Ts  meilleurs  et  les  plus  estimés  sont  les  caraques  : il  pa- 
roit  cependant  que  celui  de  Sainte-Magdeleine  a obtenu 
préférence  pareequ’il  est  plus  gros  et  mieux  nourri.  Les 
moins  bons  sont  les  cacaos  des  isles  ; ils  sont  un  peu 
iicres  ; ils  contiennent  plus  de  beurre  : c’est  pour  cette 
raison  que  n'oas  faisons  entrer  de  cette  espece  de  cacao 
< ans  a recette  du  chocolat , afin  de  le  rendre  un  peu  plus 
gias  : le  chocolat  (ait  de  pur  caraque  est  trop  sec  ; celui 

qui  est  lait  avec  de  pur  cacao  des  isles  est  trop  gras  et 
trop  acre.  1 ° 


On  doit  choisir  le  cacao  caraque  le  plus  récent  , point 
vermoulu  a sa  surface,  bien  nourri  dans  l’intérieur,  et 
non  moisi  ; ce  a quoi  il  est  tort  sujet.  On  enferme  dans 
la  terre  les  cacaos  caraques  , après  qu’on  les  a cueillis  ; 
et  on  les  y laisse  pendant  un  mois  ou  six  semaines  , afin 
qu  ils  perdent  leur  âcreté  : ou  nomme  cette  opération  ter- 
1er  ,G  ( acao  ; ceci  se  pratique  que  sur  le  cacao  caraque* 
et  c est  par  cette  raison  que  le  cacao  des  isles , à qui  on  ne 
lait  pas  subir  la  meme  préparation , est  âcre.  On  ne  trouve 
point  dans,  le  commerce  de  cacao  caraque  qui  n’ait  un  peu 
e moisissure  dans  l’intérieur  , et  une  certaine  quantité  de 
erre  a sa  surface  , au  lieu  qu’on  trouve  ordinairement  le 
cacao  des  isles  bien  sain  et  sans  moisissure.  Au  reste,  ou 
doit  choisit  le  cacao  caraque  , le  moins  moisi  qu’il  estpos- 

lairc0  “ PeU  ’ 0,1  116  l3iSSe  PaS  dV» 

, 11  est  essentiel  que  le  cacaco  soit  bien  mondé  de  son 
tunce  , avant  de  le  soumettre  à la  torréfaction  pour  le  ré- 
une  en  pâte  , parceque  cette  substance  est  ligneuse  : elle 
peut  se  broyer  , et  elle  empêche  le  cacao  d’être  biové. 

<>  q iv 


6\6  Eléments  de  pharmacie. 

<* 

Lorsqu’on  veut  que  le  chocolat  soit  plus  délicat , il  çon^ 
vient  , après  qu’il  est  vanné  , de  le  passer  sur  un  crible 
moyen  , afin  de  séparer  les  germes  qui  sont  ligneux  et  les 
parties  trop  menues  du  cacao,  qui  se  hruleroient  pen- 
dant la  torréfaction  , avant  même  que  les  amandes  fussent 
échauffées. 

La  torréfaction  du  cacao  doit  se  faire  avec  beaucoup  de 
ménagement  : il  suffit  qu’il  puisse  s’échauffer  à fond  sans 
se  rôtir  : il  perd  par  la  torréfaction  toute  son  odeur  de 
moisi.  Les  fabricants  de  chocolat  le  torréfient  d’autant 

Ïdus  , que  le  cacao  qu’ils  emploient  est  plus  moisi  ; alors 
’huile  de  cacao  souffre  un  commencement  de  décompo- 
sition , et  l’on  n’obtient  qu’un  chocolat  brun  ou  noir,  qui 
doit  avoir  des  vertus  différentes  : il  est  plus  âcre  que  lors- 
qu’il a été  torréfié  convenablement. 

On  sépare  le  papier  qui  adhéré  à la  pâte  de  càcao  , eu 
présentant  les  pains  devant  le  leu  , seulement  un  instant; 
ce  qui  liquéfie  l’huile  imprégnée  dans  le  papier,  et  facilite 
la  séparation. 

Les  doses  que  nous  prescrivons  dans  la  recette  , forment 
environ  vingt-deux  livres  de  chocolat  : c’est  la  quantité  que 
bfoie  ordinairement  un  ouvrier  dans  sa  journée  : il  pour- 
roi  t à la  rigueur  faire  une  plus  grande  quantité  de  chocolat 
dans  le  même  temps.,  mais  il  seroit  moins  bien  façonné. 
On  peut  augmenter  ou  diminuer  le  sucre  , suivant  son 
goût  : il  en  est  de  même  des  aromates,  que  l’on  peut  re- 
trancher en  entier,  si  on  le  juge  à propos *,  ce  sera  alors  ce 
que  l’on  nomme  chocolat  de  santé. 

Nous  avons  recommandé  de  piler  la  vanille  avec  une 
partie  de  sucre  , parçeque  cette  substance  ne  pourrait  se 
réduire  en  poudre  si  elle  étoit  seule  , à cause  de  la  matière 
résineuse  et  balsamique  qu’elle  contient  abondamment,  et 
qui  est  dans  un  état  de  mollesse  : cette  pulvérisation  doit 
même  se  faire  dans  un  temps  sec,  parçeque  le  sucre  passe 
difficilement  au  travers  des  tamis  dans  les  temps  humides. 
Voyez  à l’article  de  la  falsification , le  c.lioix  que  l’on  doit 
faire  de  la  vanille. 

On  trouve  dans  le  commerce  deux  especes  de  vanille.; 
l’une  en  petites  gousses  lices  ensemble  , et  qui  forment  de 
petits  paquets  qui  pesent  environ  six  à sept  onces  : la  se- 
conde espece  est  en  grosses  gousses  larges  de  plus  d un 
pouce  , de  huit  à dix  de  long  , et  un  peu  courbées  : il  y a 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE»  6lJ 

cîe  ces  gousses  qui  pesent  jusqu’à  deux  onces  : cette  der- 
nière vanille  est  à beaucoup  meilleur  marché  que  la  pré* 
cédente  : elle  est  moins  estimée  : les  bons  fabricants*  de 
chocolat  n’emploient  ordinairement  que  la  petite  vanille. 

Les  falsificateurs  de  chocolat  en  font  avec  du  petit  ca- 
cao commun  , duquel  ils  ont  tiré  une  partie  du  beurre  : 
ils  mêlent  ensuite  à la  pâte  restante  des  amandes  douces  , 
poires  et  grillées  : ils  emploient  de  la  cassonnade  en  place 
dr  sucre  , et  du  storax  commun  en  place  de  vanille. 

( / oyez  storax  à l’article  de  la  falsification.  ) Ce  chocolat, 
quoique  défectueux,  est  cependant  d’un  grand  débit,  par- 
cequ’il  est  à bon  marché. 

Lorsqu’on  veut  préparer  la  boisson  de  chocolat  à l’eau  , 
on  prend  une  once  de  chocolat  coupé  grossièrement  : ou 
le  met  dans  une  cafetiere  avec  environ  six  onces  d’eau  bouil- 
lante • on  agite  le  mélange  avec  un  mouss'oir.  Lorsque  le 
chocolat  est  dissous  , on  fait  agir  le  moussoir , en  le  faisant 
tourner  rapidement  entre  les  mains  en  sens  contraire  , et 
ou  le  verse  dans  une  tasse  lorsqu’il  est  bien  mousseux.  Le 
• hocolat  qui  a été  préparé  avec  du  cacao  des  isles  ne  mousse 
pas  a beaucoup  près  autant  que  celui  qui  a été  préparé  avec 
tin  cacao  caraquc  : c’est  même  un  moyen  de  reconnoître 
sur-le-champ  la  fraude  qu’on  peut  avoir  faite  au  bon  cho- 
co  at.  On  prépare  de  la  même  maniéré  la  boisson  de  cho- 
colat avec  du  lait  ou  de  la  crème  ; avec  cette  différence 
seulement  , qu’on  ne  fait  point  mousser  ce  dernier. 

Des  pilules. 

^Les  pilules  sont  des  médicaments  d’une  consistance  de 
pâte  un  peu  ferme,  formées  en  petites  masses  rondes  du 
poids  d un  quart  de  grain  et  au-dessus  , jusqu’à  dix-huit 
giains.  Lorsqu  elles  passent  le  poids  de  quatre  ou  cinq 
grains , on  les  forme  en  olives  pour  que  le  malade  puisse 
les  avaler  plus  commodément. 

Les  pilules  ont  été  inventées  pour  pouvoir  faire  prendre 
plus  facilement  aux  malades  certains  remedes  très  effica- 
ces , mais  tiès  dégoûtants  et  de  saveur  insupportable  et 
qn  ou  auroit  beaucoup  de  peine  à administrer  autrement 
rjue  sous  la  forme  de  pilules  , comme  laloës , la  colo- 
quinte , la  gomme-gutte  , etc. 

Les  pilules  peuvent  être  considérées  comme  des  élec- 


6 1 8 ÉLÉMENTS  DB  PHARMACIE. 

tuaires , qui , pour  la  consistance  , tiennent  le  milieu  entre 
les  électuaires  mous  et  les  électuaires  solides  : elles  ont  les 
mêmes  vertus  que  les  électuaires  : elles  sont  composées  de 
matières  seclies  réduites  en  poudre  et  incorporées  avec  des 
pulpes  , des  extraits  , des  miels , des  syrops  , des  conserves  , 
des  électuaires  , etc.  On  en  lait  d’aflérantes  et  de  purga- 
tives comme  les  électuaires.  Ces  médicaments  se  conservent 
infiniment  mieux  que  la  plupart  des  électuaires  dont  nous 
avons  parlé  : il  seroit  à souhaiter  qu’on  réduisît  en  pilules 
ceux  qui  , comme  nous  avons  dit , se  corrompent  lâche- 
ment , si  on  ne  veut  pas  les  conserver  en  poudre. 

On  peut  faire  entrer  dans  les  pilules  des  huiles  essen- 
tielles et  des  huiles  grasses  , pourvu  que  ce  soit  en  petite 
quantité,  parcequ’elles  empêchent  la  masse  de  se  bien  lier. 
Les  sels  al  salis  n’y  doivent  entrer  qu’en  petite  quantité,  à 
cause  de  leur  propriété  déliquescente.  Lorsqu’on  fait  en- 
trer une  grande  quantité  de  sel  neutre  dans  des  pilules , 
j’ai  remarqué  que  ces  sels  végètent  à la  surface  des  masses, 
lorsqu’elles  viennent  à se  dessécher;  mais  cet  inconvénient 
n’arrive  point  lorsqu’on  n’emploie  ces  sels  que  dans  des 
proportions  convenables.  On  forme  assez  souvent  des  pi- 
lules avec  des  extraits  seuls  : mais  tous  les  extraits  ne  s y 
prêtent  pas  , sur-tout  ceux  qui  sont  salins  et  déliquescents: 
dans  ce  cas  il  convient  que  le  Médecin  qui  les  ordonne  , 
recommande  d’ajouter  quelque  pondre  appropriée,  afin 
de  diminuer  un  peu  leur  déliquescence. 

Quelques  auteurs  prétendent  qu’on  ne  doit  point  em- 
ployer des  eaux  ou  des  sucs  liquides  pour  incorporer  les 
substances  qui  doivent  former  les  pilules  : d’autres  rejettent 
les  syrops  et  les  miels  officinaux , et  recommandent  de  ne 
faire  usage  que  des  mucilages  ou  des  extraits  : mais  ces 
substances  , devant  être  considérées  comme  les  excipients 
de  ces  médicaments,  peuvent  être  employées  indistincte- 
ment : il  siiffitde  faire  choix  de  celles  qui  sont  le  mieux  ap- 
propriées à la  vertu  des  drogues  qu’on  fait  entrer  dans  les 
pilules. 

Les  pilules  doivent  avoir  une  consistance  de  pâte  ferme; 
mais  il  faut  en  même  temps  leur  conserver  le  plus  de  mol- 
lesse qu’il  est  possible,  parcequ’elles  se  délaient  plus  faci- 
lement dans  l’estomac , et  qu’elles  produisent  mieux  et  plus 
promptement  leurs  effets.  C’est  donc  une  mauvaise  mé- 
thode d’employer  pour  excipients  des  pilules  un  mucilage 


Eléments  de  p h a R m a c lï.  (j  i ç 

c!e  gomme  adraganth  , ou  tout  autre  mucilage  aussi  facile 
a se  dessec  her  : les  pilules  se  durcissent  peu  de  jours 
apics  cpi  elles  sont  faites  au  point  qu’on  peut  les  réduire 
en  poudre  : dans  < et  état  de  siccité  , elles  ne  produisent 
que  peu  d’effet , parcequ’elles  11e  se  délaient  point  dans 
1 estomac.  Llles  occasionnent  des  coliques  et  des  i rr i ta— 
tions  , en  restant  long-temps  à la  même  place  et  sans  se 
delayèr,  soit  dans  restomac , soit  dans  les  intestins  : il 
arrive  souvent  que  les  malades  les  rendent  entières  par  les 
selles  , sans  qu’elles  aient  produit  leurs  effets.  Ainsi  il  faut, 
autant  qu’on  le  peut  , n’employer  dans  la  formation  des  pi- 
lules , que  des  excipients  faciles  à se  délayer , sur-tout  pour 
celles  qui  contiennent  des  purgatifs  drastiques  et  âcres; 
a moins  cependant  que  les  pilules  elles-mêmes  ne  soient 
composées  de  substances  très  faciles  à se  délayer.  Les  masses 
de  pilules  que  gardent  les  apothicaires  quoique  formées 
avec  des  excipients  peu  faciles  à se  dessécher  , comme  du 
miel  ou  du  syrop  , 11e  laissent  pas  de  se  dessécher  au  bout 
d un  certain  temps,  à raison  des  poudres  qui  se  gonflent 
et  qui  absorbent  l’humidité;  il  faut,  lorsqu’elles  sont  clans 
cet  état , les  ramollir  avec  du  même  excipient  qui  a servi 
a les  former  , ou  avec  un  autre  véhicule  approprié. 

Les  syrops  que  l’on  emploie  pour  former  les  pilules, 
doivent  etre  un  peu  plus  cuits  qu’à  l’ordinaire.  Ou  pile  les 
masses  de  pilules  dans  des  mortiers  de  fer  ou  de  marbre, 
jusqu  a ce  que  la  pâte  soit  bien  uniforme  , et  qu’elle  de- 
vienne lisse  en  la  maniant  entre  les  doigts  : en  général,  les 
punies  sont  d’autant  plus  faciles  à rouler,  .qu’on  abattu  la 
masse  plus  long-temps. 

, Les  Allemands  font  un  grand  usage  de  pilules:  mais  ils 
n en  prennent  le  plus  souvent  que  de  très  petites  , comme 
du  poids  d’un  demi-grain  ou  d’un  grain  ; ce  qui  forme  un 
grand  nombre  pour  chaque  prise  de  certaines  pilules  : ils 
trouvent  avantageux  de  ies  prendre  ainsi  trè* petites  , par- 
cequ  elles  présentent  beaucoup  de  surface,  se  délaient  fa- 
Cfr  e?r  <-lanS  1,es!omac  » et  produisent  promptement  leurs 

etiets.  Mais  comme  le  malade  ne  peut  souvent  attendre  la 
termation  d’un  grand  nombre  de  pilules,  on  a imaginé  en 

Wemagne  une  machine  pour  partager  et  rouler  un  cer- 
am  nombre  de  pilules  à la  fois,  dans  un  temps  aussi  court 
cjue  celm  qui  est  necessaire  pour  en  rouler  une  seule  entre 


620  ^l£ments  de  pharmacie. 

Voici  la  construction  clè  cette  machine  ( planche  4 > 
figure  première).  C’est  une  planche  de  noyer  de  12  pou- 
ces de  long  d’A  en  a , de  6 pouces  3 lignes  de  large  dans 
toute  sa  longueur,  et  de  9 lignes  d’épaisseur.  A , B , est  un 
espace  qnarré  long , creusé  dans  l’épaisseur  de  la  planche 
de  trois  lignes  de  profondeur  , pouf  former  un  petit  réser- 
voir , afin  de  retenir  les  pilules  a mesure  qu’elles  sont 
faites;  l’espace  B , C,  est  creusé  quarrément  de  quelques 
lignes  , pour  recevoir  et  assujettir  une  plaque  de  fer  ou  de 
cuivre  de  la  largeur  de  la  planche  , et  de  21  lignes  de  B, 
en  C : cette  plaque  contient  trente  caiielures  creusées 
en  rond  ; elles  forment  autant  de  moitiés  de  cylindres  creux  ; 
au  moyen  de  ce  que  ces  canelures,  sont  si  près  les  unes 
desautres  , leurs  bords  sont  coupants  comme  des  couteaux  ; 
ce  qui , vu  de  prohl  , forme  les  coupes  1)  , D : 011  a prati- 
qué en  B , un  petit  talus  pour  maintenir  la  plaque  canelee; 
l’extrémité  de  ce  talus  est  de  niveau  avec  le  reste  de  laplan- 
che  : la  plaque  canelée  doit  être  enchâssée  dans  la  plan- 
che : de  maniéré  que  les  extrémités  inlérieures  des  cane- 
lures soient  à fleur  avec  le  reste  de  la  planche  : cette  plaque 
canelée  est  encore  assujettie  par  deux  réglés  de  bois  col- 
lées proprement  dans  toute  la  longueur  de  la  planche E , e, 
E , f.  L’espace  C , a , sert  à former  les  rouleaux  de  pilules , 
et  sert  aussi  de  mesure  pourle\r  longueur  : le  dessous  delà 
planche  est  garni  en  a , a , d’un  petit  pied  tourné  , pour 
élever  la  planche  par  ce  côte,  et  lui  donner  de  la  pente  ; 
et  le  dessous  de  la  planche  par  l’autre  bout  est  garni  de 
chaque  côté  d’une  pointe  de  clou  b , b : cette  machine  , 
vue  de  côté,  forme  la  figure  2,  b , a. 

Ceci  forme  la  première  partie  de  la  machine  : la  se- 
conde partie  est  une  autre  planche  ( figure  o ) , de  1 2 pou-* 
ces  de  long  , de  2 1 lignes  de  large  , et  de  six  lignes  d épais- 
seur. G , H , est  une  plaque  de  fer  ou  de  cuivre  canelée 
comme  la  précédente  , placée  au  milieu  de  la  langueur  de 
la  planche,  et  attachée  solidement  dans  un  enfoncement 
qu’on  a creusé  dans  l’épaisseur  de  cette  planche  : les  es- 
paces G , I et  H , I , sont  deux  poignées  pour  tenir  dans  la 
main  lorsqu’on  fait  agir  la  machine  : elles  ont  chacunedeux 
pouces  et  demi  de  longueur  : voyez  la  coupe  de  cette 
machine  , figure  4.  K , K , sont  deux  rebords  , éleves  de 
deux  lignes  au-dessus  des  canelures  , pour  embrasser  très 
juste  la  première  planche  dans  sa  largeur,  afin  que  1 une  et 


É L É M E N T S D ï ? H A R M A C I E.  621 

l’autre  ne  vacillent  peint  lorsqu’on  fait  agir  cette  machine 
pour  former  les  pilules.  Enfin  , il  faut  que  les  bords  cou- 
pants de  la  plaque  supérieure  posent  dans  toute  leur  lon- 
gueur exactement  sur  les  bords  coupants  de  la  plaque  in- 
férieure. Lorsqu’on  veut  se  servir  de  cette  machine  pour 
rouler  des  pilules  , on  assujettit  sur  une  table  la  grande 
planche  par  ses  deux  pointes  de  clous;  ensuite  on  forme 
une  masse  de  pilules  L , d’un  poids  proportionné  au  nom- 
bre de  pilules  que  l’on  veut  avoir,  et  au  calibre  des  cane- 
lures  ; on  réduit  cette  masse  en  un  rouleau , dont  la  lon- 
gueur doit  être  égale  à la  largeur  de  cette  planche  : on  le 
pose  sur  la  plaque  inférieure,  enM  , et  par-dessus  on  pose 
la  seconde  plaque  qu’on  tient  avec  les  deux  mains  : on  ap- 
puie légèrement  et  également  par  les  deux  bouts  : alors 
on  fait  marcher  la  machine  supérieure  en  sens  contraires 
alternativement  ; au  moyen  de  ce  mouvement , le  rouleau 
de  masse  de  pilules  se  trouve  coupé  et  roulé  en  autant  de 
pilules  que  la  machine  contient  de  canelures  , et  cela  en 
trois  ou  quatre  mouvements  delà  machine  supérieure.  Les 
pilules  se  trouvent  plus  rondes  que  celles  qu’on  roule  en- 
tre les  doigts,  et  d’un  poids  égal  , lorsque  les  trous  des 
plaques  sont  égaux  entre  eux.  Une  de  ces  machines  ne 
peut  servir  à former  des  pilules  que  d’une  seule  grosseur; 
mais  les  Allemands  ont  un  certain  nombre  de  piluliers 
pour  former  des  pilules  de  différentes  grosseurs. 

On  ne  se  sert  à Paris  , pour  diviser  les  pilules  , que  d’une 
plaque  d’ivoire  , de  cuivre  ou  d’argent  , dentée  comme 
une  scie.  On  la  pose  sur  une  petite  masse  de  pilules  dont 
on  a formé  un  rouleau  plus  ou  moins  long  et  gros  , afin 
d’y  faire  des  marques  : on  divise  ensuite  cette  masse  par 
portions  , en  la  coupant  avec  un  couteau  dans  le  milieu 
des  marques,  et  l’on  roule  entre  les  doigts  ces  portions' 
l’une  après  l’autre  , pour  en  former  des  pilules  rondes  ou 
en  olives. 

Lorsque  les  pilules  sont  formées  , on  les  enveloppe  de 
quelque  poudre  , afin  qu’elles  ne  s’attachent  point.  On  les 
enveloppe  aussi  avec  des  feuilles  d’or  ou  chargent  pour  les 
rendre  plus  agréables  à la  vue,  et  afin  qu’on  ne  sente  point 
la  saveur  des  drogues  dont  elles  sont  composées  : on  fait 
prendre  ces  pilules  dans  du  pain  à chanter  , dans  des  con- 
fitures , ou  entre  deux  soupes  , etc.  ; ce  choix  dépend  ab- 
solument du  malade. 


622 


& I.  K M Ë N T S DE  PHARMACIE. 


Ordinairement  c’est  la  poudre  de  réglisse  que  l'on  em- 
ploie pour  envelopper  les  pilules  , lorsqu’on  ne  les  dore 
ou  qu  on  ne  les  argente  point.  Ou  emploie  la  poudre  d’iris 
de  Florence  , la  poudre  d’amidon  , ou  des  poudres  appro- 
priées. C’est  au  Médecin  à prescrire  l’espece  de  poudre  dans 
laquelle  il  veutqu’on  roule  les  pilufes  qu'il  ordonne  , lors- 
qu’il n’a  pas  intention  qu’elles  soient  roulées  dans  la  pou- 
dre de  réglisse. 

n 


Les  Allemands  se  servent  communément  de  la  poudre 
de  lycojjorhinn  , que  l’on  nomme  aussi  soufre  vè frétai:  on 
lui  a donné  \:e  nom  à cause  de  la  propriété  qu’elle  a de 
décrépiter  en  s’enflammant  , et  de  faire  une  sorte  d’ex- 
plosion , lorsqu’on  en  jette  à la  flamme  d’une  chandelle. 

Cette  poudre  est  très  fine,  d’une  cou]  ur  jaune,  plus 
pâle  que  la  poudre  de  réglisse.  On  la  tire  en  automne  des 
pédicules  en  forme  de  double  massue,  qui  croissent  entre 
Jcs  rameaux  du  lyccpodiurn  , et  on  la  fait  sécher. 

Cette  poudre,  jetée  sur  les  charbons  , exhale  beaucoup 
de  fumée  , et  une  odeur  pénétrante  approchant  de  celle 
de  l’acide  des  graisses  animales.  Les  dames  qui  travaillent 
à des  ouvrages  délicats  , comme  à la  broderie  et  à la  den- 
telle , s’en  frottent  les  mains  pour  s’empêcher  de  suer;  ce 
qui  réussit  très  bien.  Cette  poudre  se  laisse  difficilement 
imbiber  par  l’eau  , on  peut  en  mettre  à la  surface  de  l’eau , 
et  ramasser  au  fond  de  l’eau  une  piece  d’argent  sans  se 
mouiller  les  doigts* 

Pour  dorer  et  argenter  les  pilules  , on  se  sert  d'une  boîte 
de  bois  , semblable  à celles  dans  lesquelles  on  met  desstf- 
vonettes  , à cause  de  la  forme  ronde  qui  est  plus  commode 
que  toute  autre.  On  met  dans  cette  boîte  des  pilules  rou- 
lées et  des  feuilles  d’or  ou  d’argent  ; on  la  secoue  légère- 
ment en  tous  sens  : les  feuilles  de  métal  s’appliquent  au- 
tour des  pilules,  et  les  recouvrent  exactement  : on  les 
sépare  d’avec  les  feuilles  restantes.  Il  faut,  autant  qu'on 
le  peut,  ne  pas  mettre  plus  de  feuilles  qu’il  n’en  faut,  par* 
ceque  la  beauté  des  pilules  dorées  ou  argentées  est  d’être 
nettes,  brillantes  et  sans  feuilles  mal  appliquées* 

Les  pilules  , pour  être  bien  dorées  ou  argentées,  ne  doi- 
vent être  ni  trop  dures  ni  trop  molles.  Lorsqu’elles  sont 
trop  dures,  les  feuilles.de  métal  ne  s’y  appliquent  que  peu  , 
et  par  places,  ou  point  du  tout  : on  est  obligé d humecter 
leur  surface,  on  les  roulant  dans  le  creux  de  la  main  qu’on  a 


- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  62  3 

imprégné  d’un  peu  d’eau  ou  de  syrop  pour  faciliter  l’appli- 
cation des  feuilles.  Lorsqu’elles  sont  trop  molles  , elles pren> 
lien  tune  très grande  quantité  de  feuilles  qui  se  plaquent  au- 
tour, et  elles  ne  deviennent  jamais  lisses  et  brillantes 
comme  elles  doivent  l'être. 

Toutceque  nous  avons  dit  sur  la  nécessité  de  pulvériser 
séparément  les  ingrédients  qui  entrent  dans  les  autres  com- 
positions, est  applicable  aux  pilules  et  aux  trocliisques  ; 
ainsi  nous  n’en  dirons  rien  de  plus. 

Des  Pilules  altérantes. 

Pilules  de  cynoglosse. 


21  Racines  de  cynoglosse  , "j 

Semences  de  jusquiame  blanc,  / àà. 
Extrait  d’opium  par  digestion,  J 

Myrrhe, 

Encens  mâle  

Castor  , ^ 

ct  t au 

Sarrau , y 


w 

j fs. 

O vj. 

5 v. 

ù j fl. 


On  pulvérise  ces  substances  chacune  séparément  : on 
les  mêle  ensemble,  et  on  les  incorpore  avec  une  suffisante 
quantité  de  syrop  de  cynoglosse  , pour  en  former  une  niasse 
de  pilules. 

Ces  pilules  adoucissent  Iesâcretés  de  la  pituite  qui  tom- Vor,us*‘ 
be  dans  la  poitrine.  On  les  donne  pour  calmer  la  toux, 
pour  calmer  les  douleurs  de  poitrine,  dans  les  fluxions  de 
poitrine.  On  les  donne  aussi  dans  l’asthme;  elles  sont  som- 
nifères. La  dose  est  depuis  un  grain  jusqu’à  six.  Do^; 

Remarques. 


On  doit  toujours  former  les  masses  de  pilules  dans  un 
mortier  de  fer,  et  les  piler  long- temps  avec  un  pilon  de 
fer,  afin  d’unir  et  de  mêler  exactement  toutes  les  substan- 
ces. O11  malaxe  la  masse  entre  les  mains,  alin  de  la  mêler 
de  nouveau  et  de  lisser  la  surface.  Quelques  artistes  sont 
dans  l’usage  de  s’oindre  les  mains  d’un  peu  d’huile  d’aman- 
des douces,  afin  qu’elles  n 'adhèrent  point  ; et  pour  conser- 
ver les  masses  de  pilules , ils  les  enveloppent  dans  des  feuil- 
les de  parchemin  légèrement:  imbibé  d’huile  d’amande* 


624  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

douces.  Mais  je  trouve  que  cette  méthode  11’est  pas  bonne, 
paraeque  cette  huile  se  rancit  au  bout  de  fort  peu  de  temps  : 
elle  communique  une  odeur  désagréable  aux  pilules  : d’ail- 
leurs elle  occasionne  la  moisissure  à la  surface  de  la  plu- 
part des  masses  de  pilules.  Il  vaut  beaucoup  mieux  les  ma- 
laxer sans  huile , et  les  envelopper  dans  du  parchemin  non 
huilé. 

Pilules  de  Starkeï. 


7 

Extrait  d’opium  par  digestion,, 


Réglisse 


au. 


5 Jf 


Vertus, 


Dose. 


Ellébore  noir  , 

blanc , ) 

Savon  de  Starxey  , 3-  vj*: 

On  met  dans  un  mortier  de  fer  l’extrait  d’opium  mou  , 
avec  les  poudres  et  le  savon  de  Starxey  : on  pile  ces  ma- 
tières jusqu’à  ce  que  le  mélange  soit  exact  : 011  ajoute  , 
s’il  est  nécessaire  , une  suffisante  quantité  d’essence  de 
térébenthine  , et  l’on  forme  une  masse  de  pilules  comme 
les  précédentes. 

Le  savon  de  Starxey  est  plus  âcre  que  le  savon  ordi- 
naire : il  sert  dans  ces  pilules  à corriger  les  vertus  purga- 
tives des  deux  especes  d’ellébore. 

Ces  pilules  sont  calmantes,  provoquent  au  sdmmeil  : 
elles  sont  purgatives.  On  les  donne  dans  la  jaunisse  , dans 
l’hvdropisie  /dans  les  maladies  d’obstruction  , et  dans 
Joutes  les  occasions  où  l’on  craindrait  que  les  autres  nar- 
cotiques n’occasionnassent  des  dépôts  , ou  11e  suspendis- 
sent l’évacuation  des  humeurs.  La  dose  est  depuis  deux 
grains  jusqu’à  un  scrupule  ; mais  la  dose  la  plus  ordinaire 
est  de  six  ou  huit  grains. 

Pilules  bartarées  de  Sciiroder. 


21 

isr 


fraises  , 

Gomme  ammoniac  , . . . 

* . 5 ) 11* 

Vitriol  de  Mars  , \ -- 
Extrait  de  safran  ,5  * 

. • Z iv, 

Terre  foliée  de  tartre  , . . 

• • Z 1 

Extrait  de  gentiane  , . . 

. . Z V). 

Teinture  de  sel  de  tartre  , . 

• * T St 

On 


6a5 


<L1?MENT3  DE  PHARMAC1I. 

On  fait  dissoudre  quatre  onces  d’aloës  dans  douze  onces 
de  suc  de  fraises  dépuré  : on  passe  la  dissolution  au  travers 
d’un  linge  serré  , et  on  fait  évaporer  la  liqueur  jusqu’à 
consistance  d extrait  ; c est  ce  que  l’on  nomme  extrait 
d'aloës  préparé  avec  le  suc  de  fraises. 

D’une  autre  part  on  pulvérise  la  gomme  ammoniac  , 
le  vitriol  de  Mars.  Alors  on  fait  chauffer  le  fond  d’un  mor- 
tier de  fer  , et  l’oil  y met  les  extraits  pour  les  ramollir  un 
peu  : on  ajoute  les  poudres , et  la  terre  foliée  de  tartçe  : on 
pile  ce  mélange  fortement  en  ajoutant  peu  à peu  de  la 
teinture  de  sel  de  tartre  jusqu’à  ce  qu’il  y en  ait  assez 
pour  former  une  masse  de  pilules  d’une  bonne  consis- 
tance. On  conserve  ces  pilules  enveloppées  dans  une 
feuille  de  parchemin  et  renfermées  dans  un  pot.  Cette 
quantité  en  fournit  li.uit  onces  deux  gros. 

Ces  pilules  sont  légèrement  purgatives  ; elles  lèvent  les  Vertus’ 
obstructions , excitent  les  mois  aux  femmes  ; elles  con- 
viennent dans  les  pâles  couleurs.  La  dose  est  depuis  un  n 
scrupule  jusqu’à  un  gros  et  demi. 

Pilules  smectiques  ou  de  savon. 


Savon  médicinal  , * 

Poudre  de  réglisse , . 

Farine  de  lin  récente  , 


• • • • 
ç ââ  . 


? iv* 
? fi- 


On  forme  du  tout  une  masse  de  pilules,  comme  les 
piecedentes,  et  Ion  ajoute,  s’il  est  nécessaire,  une  suffi- 
sante quantité  de  syrop  de  guimauve  , ou  d’huile  d’aman- 
des douces.  On  peut,  a cause  du  savon  , emplover  in- 
différemment l’un  ou  l’autre  véhicule  : il  se  lie  également 
bien  avec  ces  deux  excipients.  On  divise  cette  masse  par 
pilules  de  quatre  grains.  • r 

Ces  pilules  ont  les  mêmes  vertus  que  le  savon  mé-  * 
dicinal  dont  nous  avons  parlé  précédemment  : elles  ont  Vertus 
de  plus  l avantage  d’être  adoucissantes  , à cause  de  la 
graine  de  lin.  On  peut  les  donner  avec  plus  de  sûreté  aux 
personnes  qui  ont  les  fibres  très  sensibles.  La  dose  est  de 
deux , trois  , et  même  quatre  pilules  pour  une  prise  • ce  Do,«* 
quel  on  réitéré  jusqu’à  trois  lois  par  jour  , savoir 1, 
matin  ; a midi,  et  le  soir.  9 • 

Ri 


626  i lImints  de  r ii  a r m a C i i; 

Remarques. 


Le  savon  que  nous  nommons  ici  médicinal , ne  différé 
du  savon  blanc  ordinaire,  qu’en  ce  qu’il  est  fait  plus 
proprement  et  plus  exactement  que  celui  qui  sert  à 
savonner.  Il  mérite  la  préférence  , àr  tous  égards  , en  ce 
que  l’on  doit  employer  , pour  le  préparer  , de  bonne  huile 
d’olives  , et  que  dans  le  savon  ordinaire  on  emploie  indis- 
tinctement toutes  sortes  d’huiles  , soit  végétales  , soit 
animales  : il  suffit  qu’elles  puissent  faire  du  savon  d’une 
consistance  convenable. 

Le  savon  du  commerce  a de  plus  l’inconvénient  de 
contenir  du  cuivre  , parcequ’il  est  préparé  dans  des  chau- 
dières de  ce  inétal  : les  pilules  qu  on  lait  avec  cette  espece 
de  savon  , donnent  des  pesanteurs  d' estomac  , des  an- 
goisses , des  nausées  , et  quelquefois  provoquent  le  vo- 
missement. 

Four  préparer  la  farine  de  lin,  on  pile  dans  un  mortier 
la  quantité  que  l’on  veut  de  graine  de  lin  : on  la  passe  au 
travers  d’un  tamis  de  crin  un  peu  serré.  La  poudre  qui 
passe  , est  ce  que  l’on  nomme  farine  de  lin.  Lorsqu’on 
a pilé  deux  ou  trois  fois  la  graine  de  lin  , et  qu’on  a séparé 
la  farine  chaque  fois,  on  doit  rejeter  ce  qui  reste  , comme 
ayant  moins  de  vertu  : ce  n’est , pour  la  plus  grande 
partie  , que  le  son  ou  l’écorce  de  la  graine.  On  ne  doit 
employer  cette  farine  que  récemment  préparée  , parce- 
qu’elle  se  rancit  promptement , à cause  de  la  grande  quan- 
tité d’huile  qu’elle  contient , et  dont  une  partie  s’imbibe 
dans  les  papiers  lorsqu’on  la  conserve  ainsi. 

On  prépare  souvent  de  ces  pilules  avec  le  savon  tout 
seul , afin  qu’elles  soient  blanches  et  moins  désagréable» 

à la  vue. 

Pilules  balsamiques  de  Morton. 


Cloportes  , - • 

Gomme  ammoniac , • • • • 

Fleurs  de  benjoin  , 

Safran  , . • • • • X àâ. 

Baume  secdu  Pérou,  . 3 

Baume  de  soufre  anise , . 


. . Z vj. 

. , S iij. 

. . O ij- 

. . 9 j- 


» » 3# 


On  forme  du  tout  une  masse  de  pilules  connue  les 

précédentes.. 


/ 


On  donne  ces  pilules  dans  les  maladies  de  poitrine  , Vertus, 
pour  arêter  la  toux  : elles  excitent  le  craclut  : elles  con- 
viennent dans  la  pulmonie  , dans  l’asthme.  La  dose  est  Dose, 
depuis  un  grain  jusqu’à  six. 


Pilules  balsamiques  cle  St  A HL 


Gomme  de  lierre  , 

genievre  , 


au. 


• s ^ 

IJ  Û.: 


Extrait  d’aloës  préparé  à l’eau  , ^ 


aa. 


' J J 0 Vij.; 


O V. 


de  myrrhe  préparée  à l’eau  y 
d’absinthe  préparée  au  vin  , 
de  chard.  bénit  prép.  au  vin  , 
de  trifolium  fibrinum  , à l’eau , 

de  fume  terre  au  vin  , ) 

d’ellébore  noir  à l’eau  , > âa. 
de  rhubarbe  à l’eau',  \ 

Térébenthine  de  Venise  ; x jp 

On  réduit  en  poudre  fine  les  gommes  de  lierre  et  de 
genievre  : on  les  met  dans  une  bassine  d’argent,  avec  tous 
les  extraits  et  la  térébenthine.  On  place  le  vaisseau  au 
bain-marie  pour  liquéfier  ce  mélange  : on  le  remue  avec 
une  spatule  de  bois  , et  on  le  fait  dessécher  jusqu’à  ce 
que  le  faisant  refroidir  un  peu  , il  devienne  presque  sec  et 
cassant.  Alors  on  forme  avec  cette  masse  , tandis  quelle 
est  chaude,  des  pilules  du  poids  d’un  grain.  Lorsqu’elles 
sont  suffisamment  refroidies  , on  les  argente  comme  nous 
l’avons  dit , et  on  les  enferme  dans  une  bouteille  bien 
bouchée. 

Ces  pilules  sont  stomachiques,  facilitent  la  digestion  , Vertus- 
lâchent  le  ventre  : elles  sont  désobstructives  : elles  excitent 
les  mois  aux  femmes  : elles  donnent  de  l’appétit,  tuent  les 
vers.  La  dose  est  depuis  deux  grains  jusqu’à  douze.  Dose, 


R 


EMARQUES» 


R entre  dans  ces  pilules  , comme  on  voit,  une  grande 
quantité  d’extraits  , dont  plusieurs  sont  préparés  avec  du 
vm  : ils  contiennent  par  conséquent  l’extrait  propre  du 
vin  , qui  est  salin  et  déliquescent  : aussi  ces  pilules  attirent 
puissamment  l’humidité  de  l’air.  C’est  pour  cette  raison 
que  nous  avons  recommandé  de  les  bien  sécher  au  bain- 

Ur  lj 


£ L E M E K T S DE  PHARMACIE. 


marie  avant  de  les  rouler , sans  quoi , elles  se  remettroient 
en  masse  en  très  peu  de  temps.  Il  faut  les  rouler  tandis  que 
la  masse  est  chaude , en  sorte  que  les  pilules  formées  puis- 
sent se  réduire  presque  en  poudre.  Si  cependant  on  for- 
moit  ces  pilules  , la  masse  étant  moins  seche  que  nous  le 
disons  , on  en  seroit  quitte  pour  faire]  sécher  les  pilules 
dans  une  étuve  , après  qu’elles  seroient  formées  ; alors  il 
faut  avoir  attention  de  les  chauffer  lentement , parce- 
qu’une  chaleur  trop  forte  seroit  capable  de  les  remettre 
en  masse.  De  toutes  les  pilules  , celles-ci  sont  les  plus  dif- 
ficiles à diviser  et  à rouler.  Ces  especes  de  pilules  forment 
une  exception  à la  réglé  générale  , dont  nous  avons  parlé 
à l’occasion  de  la  consistance  molle  qu’elles  doivent  avoir. 
On  ne  doit  rien  craindre  de  celles-ci , quoique  parfaite- 
ment seches  , parcequ’elles  sont  composées  de  substances 
très  faciles  à être  délayées  par  l’humidité  de  l’estomac. 

Pilules  toniques  de  Bâcher. 

Extrait  d’ellébore  noir ,?  w. 

Mirrhe  choisie , ...  S aa.  , . • 5 )• 

Chardon  bénit  en  poudre,  . '.  . . . : 5 üj  B )• 

L’auteur  recommande  de  faire  l’extrait  d’ellébore  de  la 
maniéré  suivante  : 

On  prend  de  l’ellébore  de  Suisse,  qui  différé  du  pied  de 
griffon  , une  livre  , par  exemple  : on  le  concasse  , 011  le 
met  dans  un  matras , on  verse  par-dessus  quatre  livres  et 
demie  d’eau-de-vie,  dans  laquelle  on  a mis  auparavant 
huit  onces  de  liqueur  de  nitre  fixé  : au  bout  de  vingt- 
quatre  heures  , on  filtre  la  liqueur  , on  la  met  à part.  On 
met  le  marc  dans  le  matras  , on  verse  par-dessus  du  vin 
du  Rhin  , ou  de  Grave,  jusqu’à  ce  qu’il  surnage  de  deux 
travers  de  doigts  ; on  laisse  infuser  pendant  deux  fois 
vingt-quatre  heures  : au  bout  de  ce  temps , on  passe  la  li- 
queur ; on  exprime  le  marc , on  réunit  les  liqueurs , et 
on  les  fait  évaporer  jusqu’à  consistance  d’extrait  ; c’est 
l’extrait  d’ellébcre  préparé  comme  il  convient  pour  ces 
pilules. 

D’une  autre  part , on  fait  dissoudre  la  myrrhe  dans  de 
l’eau  : on  passe  la  liqueur  avec  expression , et  on  la  lait 
évaporer  en  consistance  d’extrait  ; alors  on  pese  de  l’un  et 
de  l’autre  extrait  : on  les  met  dans  un  mortier  de  fer  avec 


1 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

le  chardon  bénit  en  poudre  , et  on  fait  agir  le  pilon 
pour  bien  incorporer  ces  substances  , et  pour  former  une 
masse  de  pilules  qu’on  divise  par  pilules  du  poids  de 
demi-grain  chacune. 

Ces  pilules  sont  emménagogues  ; elles  conviennent ^ertu»* 
dans  l’hydropisie  , la  mélancolie.  La  dose  est  d’une  pilule 
le  soir  en  se  couchant. 

Remarques. 

Le  nitre  fixé  qu’on  fait  entrer  dans  ces  pilules  , est  pour 
tempérer  la  trop  grande  activité  de  l’ellébore.  Comme 
cette  substance  reste  , et  qu’elle  fait  partie  de  l’extrait  , il 
faut  que  la  liqueur  de  nitre  fixé  soit  bien  affoiblie  par  d« 
l’eau  , de  maniéré  qu’il  s’en  trouve  environ  trois  gros 
de  sel  sec  par  chaque  livre  de  racine  d’ellébore  : si  l’on  en 
mettoit  une  plus  grande  quantité  , les  pilules  seroient 
tellement  déliquescentes  , qu’il  seroit  impossible  de  les 
former  et  de  les  conserver. 

Le  vin  fournit  pareillement  un  extrait  qui  reste  et  fait 
partie  de  l’extrait  d’ellébore  : cet  extrait  de  vin  est  égale- 
ment déliquescent , c’est  pourquoi  il  faut  n’en  mettre  que 
la  quantité  convenable  , il  suffit  que  les  racines  en  soient 
surnagées  d’un  travers  de  doigt.  Néanmoins  , ces  pilules 
attirent  puissamment  l’humidité  de  l’air  : il  faut,  après 
qu’elles  sont  roulées  , les  faire  sécher,  et  les  conserver  dans 
une  bouteille  bien  séchée  et  bien  bouchée. 

Pilules  de  Becher. 


îui.  . . J iij. 


Rr  iij 


^ Aloës  , ; 

Mirrlie  , 

Safran , 

Gomme  de  lierre  , 
genievre 


aa, 


Fleurs  de  soufre  , 

Graines  de  Kermès  , 

Extrait  d’absinthe 

de  chardon  bénit , 
de  trifolium  fibrinum , 
de  gayac , 
de  rhubarbe, 

Mithridate, 


6nO  ÉLÉMENTS  T)  V.  EH  A EMACIE» 

On  pulvérise  séparément  i’aloës  , la  myrrhe  , le  safran,* 
les  gommes  et  la  graine  de  xermès  : on  met  toutes  ces 
poudres  avec  les  Heurs  de  soufre  , dans  un  mortier  de 
fer  , échauffé  avec  de  l’eau  bouillante,  dans  lequel  on  a 
mis  les  extraits  et  le  mithridate;  on  pile  le  tout  assez 
long-temps  pour  former  une  masse  exactement  mêlée  , et 
l’on  ajoute  une  suffisante  quantité  d’élixir  de  propriété  : 
on  forme  du  tout  une  masse  , qu’on  divise  par  petites 
pilules  du  poids  d’un  grain  : on  les  tient  dans  une  bou- 
teille bien  bouchée  , pour  les  garantir  de  l’humidité  de 
l’air. 

Vertus.  Ces  pilules  ont  les  mêmes  vertus  que  celles  de  Stahl. 
^ose-,  On  les  prend  à la  même  dose. 

Remarques. 

Ces  pilules  different  peu  des  pilules  de  Stahl  : les 
extraits  qu’on  fait  entrer  dans  celles-ci  , doivent  être 
tous  préparés  à l’eau  : l’élixir  de  propriété  , que  l’on  em- 
ploie pour  donner  la  consistance  , est  une  teinture  qui 
contient  des  substances  analogues  à celles  des  pilules  ; 
mais  l’esprit  de  vin  de  cette  teinture  s’évapore  prompte- 
ment , et  les  pilules  se  durcissent  considérablement  : elles 
n’attirent  point  l’humidité  de  l’air  aussi  facilement  que 
celles  de  Stahl  , et  elles  ne  se  délaient  point  dans  l’es- 
tomac avec  la  même  facilité.  C’est  pourquoi  je  pense  qu’il 
vaudrait  mieux  employer  du  miel  ou  du  syrop  , en  place 
d’élixir  de  propriété  , pour  lier  la  masse. 

Pilules  hystériques. 


} 


aa. 


Q Opopanax  , 

Galbanum  , 

Sagapenuin  , 

Myrrhe , . . *1 

Assa  fœtida  , / . . . 

Castor  , J 

Gomme  ammoniac  , . . 

Huile  de  succin  non  rectifiée  , 

Mithridate  


! h 

5 15. 

3 üj. 

? fi. 
9 j. 

q.  s. 


On  fait  chauffer  le  fond  d’un  mortier  de  fer  avec  de 
l’eau  bouillante  , et  l’on  y met  l’opopanax  , le  galba- 


1 L £ M E N T S DE  P H A R M K I I.  C 3 I 

num  , le  sagapenum  et  la  gomme  ammoniac.  Lorsque 
ces  gommes-résines  sont  sufhsamment  ramollies , on 
ajoute  les  autres  substances  réduites  en  poudre  , et  le  mi- 
thridate  : on  pile  le  tout  pour  former  une  masse  de  pilu- 
les ; et  sur  la  fin  , on  ajoute  l’huile  de  succin  : on  enve- 
loppe la  masse  dans  un  morceau  de  parchemin  , et  on 
la  conserve  dans  un  pot. 

Ces  pilules  sont  propres  à abattre  les  vap.eurs  hvsteri-  Vertu*, 
ques , à provoquer  les  réglés  , à lever  les  obstructions.  La  pose 
dose  est  depuis  six  grains  jusqu’à  un  deini-gros. 

Pilules  chalj/bêes. 

ÿ-  Limaille  de  fer  préparée , . . . J J. 

Canelle  , 9 RJ» 

Aloës  , 5 J* 

Syrop  d’armoise , q.  s. 

On  forme  du  tout  une  masse  de  pilules  comme  les  prel 
cédentes. 

Ces  pilules  sont  stomachiques  et  toniques  : elles  exci-  Vertu» 
tent  les  réglés  , lèvent  les  obstructions  : elles  conviennent 
dans  les  pales  couleurs.  La  dose  est  depuis  six  grains  jus-  p)ose.’ 
qu’à  un  scrupule. 

Pilules  astringentes . 


aa. 


w « • 

31  T 


^ Bol  d’Arménie  préparé  , 

Terre  sigillée  préparée  , 

Corail  rouge  préparé , 

Racines  de  consoude  major  , 

Torinentille  , *)  w „ , 

Bistorte,  . . . 

Cachou  , 

Pierre  hématite  préparée  , / àâ.  . . 5 J* 

Sang-dragon  , J 

Mastic  en  larmes  9 ij- 

Extrait  d’opium  par  digestion  , 5 fi- 

Syrop  de  menthe  . . . q.  s. 

On  forme  du  tour  ithe  masse  de  pilules  comme  les 
précédentes. 


Il  r iv 


Vertus. 


6j2  Eléments  »e  pharmacie. 

Ces  pilules  sont  puissamment  astringentes  ! elles 
conviennent  dans  le  crachement  de  sang  , dans  les  per- 
tes , pour  arrêter  les  fleurs  blanches  , et  les  gonorrhées 
des  deux  sexes.  On  peut  les  donner  aussi  pour  arrêter  les 
Dose,  devoiements  et  les  dyssenteries.  La  dose  est  depuis  six 
grains  jusqu’à  un  scrupule.  1 


Alun  teint  de  Mïnsicht,  ou  pilules  d’alun 
d’ Helvétius. 


Alun  de  roche  , . 

Sang-dragon  en  poudre  , 


On  fait  liquéfier  l’alun  dans  une  cuiller  de  fer  : alors 
on  ajoute  le  sang  - dragon  en  poudre  : on  agite  le  mé- 
lange ; et  lorsqu  il  est  a demï-relroidi  , et  encore  en  pâte  , 
on  en  forme  des  pilules  le  plus  promptement  qu’il  est 
possible  , pareeque  la  masse  se  durcit  et  devient  cassante 
aussitôt  qu’elle  est  refroidie. 

Vertus.  Les  pilules  d’alun  sont  astringentes  : elles  poussent  par 
les  urines  : on  les  donne  dans  les  pertes  , les  hémorrha- 
gies , le  flux  hémorrhoïdal , dans  le  vomissement  et  le 
crachement  de  sang  qui  viennent  de  l’estomac  et  non  de 
Dose,  la  poitrine.  La  dose  est  depuis  six  grains  jusqu’à  un  demi* 
gros. 


Pilules  de  panacee  mercuriele  , oli  grains  de  panacée 


Panacée  mercuriele  g j. 

Mie  de  pain  tendre , . . . . 3 iv. 

Hau,  q.  s. 


On  pulvérise  la  panacée  : on  l’incorpore  avec  la  mie 
de  pain  tendre,  et  on  ajoute  une  suffisante  quantité  d’eau  : 
on  forme  une  masse , que  l’on  divise  en  trois  cents  qua- 
tre-vingt-quatre pilules  : chaque  pilule  contient  un  grain 
et  demi  de  panacée. 

Vertu*  : Les  Poules  de  panacée  conviennent  dans  les  maladies 

vénériennes  , dans  les  rhumatismes  , pour  lever  les  obstruc- 
tions , pour  le  scorbut  , les  écrouelles  , les  dartres  , la 
Dose,  gale  , la  teigne  , et  pour  tuer  lesryers.  La  dose  est  depuis 
six  grains  jusqu’à  un  scrupule. 


ÏLÉMINTS  DE  PHARMACIA  C53 

Dragées  vermifuges. 

^'Mercure  doux,  ? H* 

Sucre  5 j. 

Amidon,  ...... : . . 5 fi. 


Avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme 
adraganth , on  forme  une  masse  qu’on  divise  en  cent  qua- 
rante-quatre pilules,  de  la  forme  d’une  olive  : on  les  fait 
sécher  , et  on  les  conserve  dans  une  bouteille  bien 
bouchée. 

Ces  dragées  sont  très  bonnes  dans  les  maladies  ver-  Vertus, 
mineuses  des  petits  enfants  : elles  contiennent  chacune 
deux  grains  de  mercure  doux.  On  en  donne  une  le  ma- Dose, 
tin  , et  une  le  soir  en  se  couchant.  Elles  occasionnent 
quelquefois  un  léger  gonflement  aux  gencives  : il  est  bon 
d’y  prendre  garde  , afin  d’en  suspendre  l’usage  pendant 
quelques  jours  , lorsque  cet  inconvénient  arrive.  H est  im- 
portant de  n’employer  dans  la  composition  de  ces  dragées 
que  du  mercure  doux  , duquel  on  a séparé  , par  le  lavage 
dans  de  l’eau  bouillante  le  sublimé  corrosif  qu’il  con- 
tient , comme  je  l’indique  dans  ma  Chymie  expérimen- 
tale. 

Pilules  , ou  pierre  de  fougere. 

« 

• Suc  des  feuilles  et  des  racines  de  fougere  mâle,  ^ irr 

de  baies  de  sureau, * vj. 

Vin  de  Bourgogne 

Eau , \ ââ * , ^ iy 

Eau-de-vie , J 

Noix  de  cyprès, ; 5 j B» 

Pierre  hématite  préparée, r \ 

.Sang-dragon  f j fl. 

Vitriol  de  Mars  calciné  en  blancheur,  . . . % ij. 

Gomme  arabique,  > 

adraganth,  } ua % ij* 

_ (le  gayac,  J ij. 

Succin  préparé,  . 7 __  ^ 

Mastic  en  larmes , ( a ® o J* 

. met  dans  une  terrine  de  grès  les  sucs  dépurés  , le 
Tin  de  Bourgogne , l’eau  et  l’eau-de-yie  , avec  toutes  le* 


6 34  i t ï M E N T S DE  PHARMACIE.' 

autres  substances  réduites  en  poudre  : on  fait  dessécher 
ce  mélange  au  bain-marie  , en  l’agitant , sans  disconti- 
nuer, jusqu’à  ce  qu’il  ait  acquis  la  consistance  de  pilules  : 
alors  on  le  partage  par  petites  portions  de  demi-once,  qu’on 
enferme  dans  des  morceaux  de  vessie  en  forme  denouets. 

Ces  pilules  ont  été  inventées  par  un  charlatan  qui  n’a- 
voit  pas  vraisemblablement  de  connoissance  sur  les  ter- 
ribles effets  des  chaux  de  plomb  prises  intérieurement  ; 
il  faisoit  entrer  dans  sa  recette  quatre  onces  de  litharge , 
que  nous  supprimons  ici.  Comme  ces  pilules  sont  laites 
pour  être  très  astringentes  , j’en  supprime  encore  la  crème 
de  tartre  et  le  crâne  humain , qu’il  laisoit  entrer  à La  dose 
d’une  once;  je  remplace  ces  substances  par  de  la  pierre 
hématite  préparée  , des  noix  de  cyprès,  du  succin  et  du 
mastic  en  larmes.  Ces  trois  dernieres  substances  sont  des 
astringents  doux  et  balsamiques  , qui  conviennent  très 
bien  dans  les  cas  où  l’on  administre  ces  pilules. 

Vertus.  Les  pilules  de  fougere  sont  puissamment  astringentes  : 
elles  conviennent  dans  les  épanchements  de  sang  qui  se 
font  à la  suite  des  chutes  : elles  le  résolvent  et  le  poussent 
par  les  urines.  Elles  conviennent  dans  les  pertes  , les  fleurs 
blanches  , jle  crachement  , le  vomissement  de  sang  , la 
©ose.  dyssenterie  , et  pour  arrêter  la  gonorrhée.  La  dose  est  de- 
puis six  grains  jusqu’à  un  demi-gros. 

Thériaque  céleste . . 

^Extrait  de  racines  d’angélique  , ..t 

d’aristoloclie  ronde  , J 
contrayerva , j 

énula  campana,  I 
gentiane  , I 

tormcntille^  1 

valériane  sauvage , ) àâ.  J iijs 
vencetoxicum , | 

vipérine , I 

zédoaire,  1 

Feuilles  de  chardon  bénit,  i 
, petite  centaurée , 

scordium , 

d’opium  par  digestion , . 5 J*1 


lÜL^MENTSDE  PHARMACIE. 


Résine  de  chacrillc  , 7 -- 

Résine  de  label anum  , f 

Storax  calamite , 

JVlyrrhe  , 


Galbanum  , 7 

Mastic  en  larmes,  ç ââ.  , 

Opopanax , 

Résine  de  gayac  , 

Camphre  , 

Safran  gdtinois, 

Castor , 

Baume  liquide  du  Pérou, 

Huile  essentielle  de  girolles  , 

citrons  , 

’ v.  aa 
genievre, 

de  succin  rectifié  , 

Pond  re  de  viperes  , 7 -- 

*.  . > aa 

Cinabre  cl  antimoine  , J 

Sel  volatil  de  corne  de  cerf  rectifié,  7 -- 

.r,  > a a . 

succin  rectifié , ) 


Ambre  gris  , i . . . 

Iluile  essentielle  de  cardamome  , 

canelle , 
cubebes , 
macis  , 
muscades , 


Z )• 

5 nj. 

5 iv.; 

w • • , * 

3 IJ.’ 

Z Y 

9 J* 

? )♦ 

5 B-' 

5 üj. 


gutt.  xi  J. 


5 j fi.‘ 

9j- 


gutt.  X. 


On  pulvérise,  chacune  séparément , les  résines  de  cha- 
criile  , de  labdanum  , la  myrrhe  , le  mastic  , la  résine  de 
gayac  , le  camphre  , le  safran  , le  castor  , les  viperes  , 
le  cinabre  d'antimoine  et  l'ambre  gris  : on  forme  du  tout 
line  poudre  qu’on  mêle  exactement;  d’une  autre  part  , 
on  pulvérise  ensemble  les  deux  sels  volatils  , et  on  les 
môle  avec  la  poudre  ci-dessus  : alors  on  fait  chauffer  avec 
de  1’  eau  bouillante- un  grand  mortier  de  fer  et  son  pilon 
aussi  de  fer  ; on  ramollit  dans  ce  mortier  le  galbanum  , 
1 opopanax,  le  storax  calamite  ,avec  le  baume  du  Pérou: 
on  ajoute  les  extraits  , qu’on  a mêlés  et  faits  liquéfier  au  bain- 
marie  : on  agite  le  tout  fortement  et  promptement  avec 
le  pilon  : lorsque  le  mélange  est  fait  , on  y incorpore  les 
poudres  } et  lorsque  la  masse  est  refroidie  ; on  ajoute  les 


636  Eléments  De  pharmacie. 

Quilès  essentielles.  On  pile  ce  mélange  fortement , jusqu’à 
ce  qu’il  soit  exact  : on  enleve  la  masse  : on  l’enveloppe 
dans  des  feuilles  de  parchemin  , et  on  la  conserve  dans 
Vertuî.  des  pots  bien  fermés. 

La  thériaque  céleste  est  un  remede  auquel  on  a attribué 
des  vertus  infiniment  supérieures  à celles  de  la  thériaque 
ordinaire.  Cependant  nous  croyons  qu’on  doit  en  rabattre 
DoSe  beaucoup  : ce  médicament  a les  mêmes  vertus  que  la  thé- 
riaque , mais  pris  à plus  petite  dose.  Cette  dose  est  depuis 
trois  grains  jusqu’à  un  scrupule. 

Remarque  s. 


Je  place  ici  la  thériaque  céleste  au  rang  des  pilules , par- 
cequ’en  effet  c’est  une  masse  de  pilules.  Il  entre  dans  sa 
composition  une  grande  quantité  de  substances  volatiles  , 
qu’on  cherche  à y conserver,  et  que  l’on  ne  met , par 
rapport  à cela  , que  lorsque  le  mélange  est  froid  ; ce  qui 
donne  beaucoup  de  peine,  parceque,  dans  cet  état,  le  mé- 
langé a une  telle  ténacité  , qu’il  est  bien  difficile  de  faire 
agir  le  pilon  librement.  Plusieurs  Pharmacopées  recom- 
mandent de  ne  mettre  les  sels  volatils  , que  lorsque  le 
mélange  est  refroidi  ; mais  on  peut  les  ajouter  en  même 
temps  que  les  poudres  , sans  aucun  inconvénient , pourvu 
qu’on  les  pulvérise  , et  qu’on  les  triture  ensemble  avant 
de  les  mêler  avec  les  poudres  , pour  plusieurs  raisons. 
i°.  Le  sel  volatil  de  succin  est  acide,  et  ne  se  sublime 
qu’à  un  degré  de  chaleur  un  peu  supérieur  à celui  de  l’eau 
bouillante  5 2°.  le  sel  volatil  de  corne  de  cert  estunalxali 
volatil.  Il  se  sublime  à un  degré  de  chaleur  inférieur  à celui 
* de  Peau  bouillante  -,  mais  lorsqu’on  triture  ces  sels  en- 

semble , il  se  forme  par  la  voie  seche  un  sel  neutre  qui  a 
des  propriétés  différentes  de  celles  qu  ont  ces  deux  sels 
séparément  : ce  nouveau  composé  11’a  plus  la  vola- 
tilité du  sel  volatil  de  corne  de  cerf;  il  est  en  état  de 
supporter  , sans  s’altérer  et  sans  se  volatiliser  , le  degré 
de  chaleur  qu’a  le  mélange  lorsqu  on  mole  les  poudres. 
Par  cette  méthode  on  s’épargne  la  fatigue  de  remuer  ce 
mélange  tenace  aussi  long- temps  que  par  la  méthode  or- 
dinaire. 


ït^MINTS  DE  PHARMACIE.  637 


Des  pilules  purgatives. 


Pilules  ante-cibum  , ou  grains  de  vie  , ou  pilules  gour* 

mandes. 


Aloës 

Mastic  en  larmes,  \ -- 
Roses  de  Provins  , f aU 


Avec  une  suffisante  quantité  de  syrop  d’absinthe  , on 
forme  une  masse , que  l’on  divise  par  pilules  du  poids  dô 
quatre  grains. 

Elles  purgent  la  bile  et  la  pituite  relies  fortifient  l’esto-  Vertu*/ 
mac.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros  et  [)ose, 
demi. 

D’autres  personnes  préparent  les  grains  de  yie  avec  la 
masse  de  pilules  angéliques  suivantes. 


Pilules  angéliques. 


Suc  dépuré  de  chicorée , \ 

bourrache,  f 
houblon , C au 
fuineterre,  j 
roses  pâles , 

Aloës , . ; 


On  fait  dissoudre  l’aloës  dans  les  sucs  dépurés  : on 
coule  le  mélange  au  travers  d’un  linge  fin  : on  fait  épaissir 
la  liqueur  au  bain-marie  jusqu’à  consistance  d’extrait: 
alors  on  ajoute  les  poudres  suivantes  : 


Pihubarbe  . % j. 

Trochisques  d’agaric,  5 fi- 

Canclle . g ij. 


On  mêle  ces  poudres  exactement , et  l’on  forme  une 
masse  de  pilules  , comme  les  précédentes. 

Ces  pilules  ont  les  mêmes  vertus  que  les  pilules  gour-  Vertu;,; 
mandes  : celles-ci  conviennent  mieux  dans  les  cas  où  il 
y a embarras  au  foie  et  au  mésentere  , à cause  des  sucs 
des  plantes  qui  sont  hépatiques.  Au  reste  ou  les  donne  nn,. 
à la  même  dose.  0 ‘ 


É L 


ImïNTS  D E P II  À rt  M A C I El 


Pilules  ou  extraits  panchimagogues . 


££  Coloquinte, 
Séné  , 

Ellébore  noir 


5 H*1 
5 viii* 


On  fait  bouillir  ces  trois  substances  dans  une  suffisante 
quantité  d’eau;  on  passe  la  décoction  avec  expression;  on 
refait  bouillir  le  marc  une  seconde  lois  , et  on  passe  la  li- 
queur de  nouveau  ; on  la  réunit  avec  la  liqueur  de  la  pie- 
miere  décoction  : on  filtre  les  liqueurs,  et  on  les  fait  éva- 
porer jusqu’à  ce  qu’elles  aient  acquis  la  consistance  d un 
extrait  un  peu  liquide,  et  on  ajoute  a cet  extrait  les  su  - 
stances  suivantes  ; 

Extrait  d’aloés  , V“J* 

Scannnonée  en  poudre  __  ^ • 

Poudre  diarrliodon  , f aa‘  0 


On  mêle  le  tout  exactement  pour  former  une  masse 
de  pilules  ; on  en  obtient  une  livre  ; quatorze  onces. 

Vertus.  Ces  pilules  sont  purgatives  : on  les  prend  ordinairement 
le  soir  en  se  couchant,  entre  deux  soupes  , et  l’on  avale 
par-dessus  un  petit  potage  ou  un  bouillon  ; mais  il  vaut 
mieux  les  prendre  le  matin  à jeun  , buvant  par-dessus 
»ose,im  bouillon  gras.  La  dose  est  de  dix  grains,  pour  les  en- 
fants , et  d’un  demi-gros  pour  les  personnes  adultes  ro- 
bustes. 

Cette  composition  porte  le  nom  d’extrait  pancliima- 
gogue  ; mais  il  est  visible  que  c’est  une  masse  de  pilules, 
et  non  un  extrait. 


Pilules  purgatives  universelles  D’Helvétius. 


^ Crème  de  tartre 

Ipecacuanha , 

Emétique, 

Jalap  , 

Suc  d’ail  , 


w • • 

5 X1J- 
? v. 

3 ‘i- 

3 viij; 

W • 

5 J* 


Avec  suffisante  quantité  de  syrop  de  roses  pâles  , on 
fait  une  masse  qu’on  divise  par  pilules  du  poids  de  douzo 


i L £ M E N T S D!  PHARMACIE.1  (53<) 

grains  , il  entre  un  quart  de  grain  d’émétique  par  pilule. 

Ces  pilules  sont  purgatives  : elles  conviennent  dans  tous  Vertu** 
les  cas  où  il  est  nécessaire  de  purger,  excepté  dans  lesdys- 
senteries  et  dans  les  coliques  bilieuses.  La  dose  est  depuis  Djsfr4 
douze  grains  jusqu’à  un  demi-gros. 

Pilules  hydragogiies  purgatives  it/TIelvétiuSi: 


Gomme  gutte  g x. 

Jalap . ....  ^ y. 

Suc  d’ail, 5 fl. 


On  forme  une  masse  avec  une  suffisante  quantité  de 
syrop  de  roses  pâles  , et  on  la  divise  par  pilules  de  six 
grains. 

Ces  pilules  conviennent  dans  l’hydropisie  , et  sur- tout  Vemu 
dans  celles  qui  sont  accompagnées  d’enflures  générales 
fcu  particulières,  produites  par  des  causes  d’hydropisie.  La  Dose., 
dose  est  depuis  six  grains  , ou  d’une  pilule  , jusqu’à  trois  , 
et  l’on  boit  par-dessus  un  bouillon  coupé. 

Pilules  cochées  majeures. 

2r  Espèces  d Muera  picra 

Trochisques  alhendal  

Diagrede  

Racines  de  turbith  , 7 
Stécas  , S CUL 


5 üj  3 U 

V • • 

O IJ. 

3v; 


Avec  une  suffisante  quantité  de  syrop  de  nerprun , on 
forme  une  masse  de  pilules. 

Ces  pilules  sont  purgatives  : elles  sont  actives.  On  ne  y 

doit  pas  les  donner,  non  plus  que  les  précédentes,  dans  les  ” U*’ 
maladies  inflammatoires.  La  dose-est  depuis  un  scrupule  Dose' 
jusqu’à  une  dragme. 

Pilules  cochées  mineures , 


Aloës  y ; . 

Scammonée, 
.Trochisques  alhawdal 


P-  cfT 


64o 


il^MENTS  » E PHARMACIE. 


On  pulvérise  ces  substances  chacune  séparément,  puis 
On  les  mêle  ensemble  , et  on  les  incorpore  avec  une  suffi- 
sante quantité  de  syrop  de  roses,  composé  avec  l'agaric, 
et  l’on  forme  du  tout  une  masse  de  pilules, 
ver  us..  £}|es  sont  pr0pres  pour  purger  les  humeurs  , et  pour 
®ose*  débarrasser  le  cerveau.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jus- 
qu’à demi-gros.  • 


Pilules  aloctiques  émollientes . 


% u Aloës  violât , 

Réglisse , \ 

Racines  de  guimauve,  Ç 


cia. 


3 Vf. 

W • • • 

o njt 


Vertus. 
k Dose. 


Avec  une  suffisante  quantité  de  syrop  de  pommes  com- 
posé , on  forme  une  masse  de  pilules. 

Ces  pilules  purgent  les  humeurs.  La  dose  est  depuis 
douze  grains  jusqu’à  un  demi-gros. 

Pour  préparer  Y aloës  violât , on  fait  dissoudre  au  bain- 
marie  une  livre  d’aloës  dans  deux  livres  de  suc  de  violettes  : 
on  passe  la  dissolution  au  travers  d’un  linge  serré  : on  fait 
épaissir  la  liqueur  au  bain-marie  jusqu’à  consistance  d’ex* 
trait  un  peu  solide. 


Pilules  hydragogucs  de  Bontius. 


%£  Aloës  succotrin  , . . 

Gomme  gutte,  aa.  <»»..•  5 ]• 

Gomme  ammoniac , J 


On  fait  dissoudre  ces  trois  substances  dans  une  suffi- 
sante quantité  de  vinaigre  î on  passe  avec  expression  , et 
l’on  fait  épaissir  la  liqueur  au  bain-marie  jusqu’à  consis- 
tance de  pilules.  Cette  manipulation  est  celle  que  donne 
la  Faculté  de  Paris  dans  son  Dispensaire  : il  reste  la  ma- 
tière extractive  acide  du  vinaigre  , qui  modéré  et  tempere 
la  trop  grande  âcreté  de  la  gomme  gutte. 

Bontius  , médecin  du  prince  d’Orange  , auteur  de  ces 
pilules  , faisoit  entrer  dans  sa  recette  du  diagrede  et  du 
tartre  vitriolé  ; mais  ce  sel , qui  paroît  être  mis  pour  correc- 
tif, ne  remplit  pas,  à beaucoup  près  , si  bien  cette  inten- 
tion, que  le  principe sâ  Nin  acide  du  vinaigre. 

v69 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE;  6/\  l' 

Ces  pilules  sont  propres  pour  lever  les  obstructions:  Vertus, 
comme  elles  sont  très  purgatives , on  les  donne  avec  succès 
dans  l’hydropisie.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  Dose, 
un  demi-gros. 

j Pilules  ou  extraits  de  Ru  dius. 


^ Chair  de  coloquinte,  5 vj. 

Agaric , 

Scammonée , v -- 

Racines  d’ellébore  noir , ( ua o iv* 

de  jalap,  3 

AI oês  x : 

Canelle,  ^ D 

Girolle,  i 9 j’ 

Esprit  de  tin,  . . . . * j. 


% Cn  met  dans  un  matras  la  coloquinte  , l’agaric,  les  ra- 
cines d’ellébore  , le  jalap  et  les  aromates  : on  verse  par- 
dessus l’esprit  de  vin  : on  boucha  le  matras  avec  un  mor- 
ceau de  vessie  mouillée  : on  fait  digérer  ce  mélange  pen- 
dant quatre  ou  cinq  jours  à une  douce  chaleur  : au  bout  de 
ce  temps  on  passe  avec  expression  : on  met  la  liqueur  dans 
le  matias  a\ec  1 alocs  et  la  scammonée  pulvérisés  grossiè- 
rement : on  fait  digérer  de  nouveau  , jusqu’àce  que  l’aloës 
soit  entièrement  dissous  : alors  on  filtre  la  liqueur  : onia 
met  dans  un  alambic  de  verre  , et  on  fait  distiller  l’esprit 
de  vin  au  bain-marie  , jusqu’à  ce  qu’il  reste  une  matière 
mielleuse  qu’on  fait  dessécher  à l’air  libre  pour  qu’elle  ac- 
quière la  consistance  de  piluies. 

Elles  purgent  toutes  les  humeurs  : comme  elles  sontyerru3 
actives  , on  les  donne  dans  la  hevre  quarte  et  la  mélan- 
colie hypocondriaque  , dans  l’apoplexie  , la  léthargie.  Lan 
dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  deux  scrupules.'  °S<t 

R E M A R Q TJ  E s. 


Nous  avons  recommandé  de  ne  mettre  l’aloës  etlascain 
monée  , qu’après  que  l’esprit  de  vin  s’est  chargé  des  par- 
ties extractives  des  autres  substances.  Si  l’on  ïnettoit  ces 
sucs  gommeux-résineux  en  même  temps  que  les  autres 
. S s 


6l\1  ELEMENTS  DE  PHARMACIE.' 

ingrédients,  l’esprit  de  vin  s’en  satureroit  d’abord  , et 
seroit  hors  d’état  de  se  charger  de  la  vertu  des  autres 
substances.  On  peut,  sil’onveut,  faire  évaporer  l’esprit  de 
vin  à l’air  libre;  il  n’y  a point  d’autre  inconvénient  que 
celui  de  le  perdre:  cette  évaporation  doit  se  faire  par  une 
chaleur  bien  modérée  , afin  de  ne  perdre  que  le  moins  qu’il 
est  possible  des  parties  volatiles  des  aromates  : il  vaudroit 
même  mieux  les  réduire  en  poudre  , et  les  mêler  avec 
l’extrait  mielleux  des  autres  ingrédients  , d’autant  qu’ils 
n’y  entrent  qu’en  très  petite  quantité. 

Pilules  mercurieles  de  Béloste. 


Mercure  crud 


Sucre  , . 
Diagrede , 
Jalap, 


} 


7 


au , 


Avec  une  suffisante  quantité  de  vin  blanc,  on  forme 
une  masse  que  l’on  divise  par  pilules  de  quatre  giains. 

Venus.  Elles  conviennent  dans  toutes  les  maladies  de  la  peau  : 
elles  divisent  la  lymphe  : elles  sont  bonnes  contre  les  dar- 
tres vives,  et  dans  les  rhumatismes  : elles  sont  purgatives  , 
fondantes  : elles  lèvent  les  obstructions.  On  les  prend  à 
Dose,  petites  doses  comme  altérantes  ; elles  tuent  les  vers.  La 
dose  pour  purger  , est  depuis  fix  grains  jusqu  à huit  de 

. ces  pilules. 

Remarques.1 


Béloste  étoit  Chirurgien  : il  était  fort  lié  avec  Grosse  ; 
Médecin  allemand  , résidant  à Paris.  Beloste  donna  a 
Grosse  la  recette  de  ces  pilules  : à la  mort  de  ce  dernier 
on  trouva  dans  ses  papiers  cette  formule  : elle  é oit  ac- 
compagnée d’une  lettre  de  l’auteur  , par  laquelle  i la 
prioit  de  ne  point  divulguer  son  secret.  La  formule  et  la 
lettre  sont  tombées  entre  les  mains  de  feu  de  la  Cloix  , 
Médecin  de  la  faculté  de  Paris  : il  la  fit  insérer  , sous  le 
nom  de  pilules  mercurieles  seulement , dans  la  qoataiejpe 
édition  du  Codex  de  Pans  , imprimé  en  1748.  Mais  dans 
la  derniere  édition  de  ce  dispensaire , la  faculté  a ajouté 
delà  rhubarbe.  Quoi  qu’il  en  soit , Béloste , de  son  temps 


ÏL^MENTS  DE  PHARMACIE.  643 

* accrédité  ces  pilules  ; mais  elles  étoient  mal  faites.  J’en 
ai  examiné  un  grand  nombre  qui  venoientde  chez  lui  : je 
n’en  ai  trouvé  aucune  qui  ne  contînt  le  mercure  en  gros 
globules:  on  peut  séparer  ce  mercure  par  la  simple  expres- 
sion de  ces  mômes  pilules  entre  les  doigts  : le  mercure 
n’y  est  ni  combiné,  ni  même  divisé  ; cependant  cette 
substance  ne  produit  de  bons  effets  qu’autant  qu’elle  est 
dans  un  état  d’extinction  parfaite  qui  avoisine  de  près  la 
combinaison. 

Béloste  trituroit  ensemble  le  sucre  et  le  mercure  avec 
un  peu  de  vin  : lorsque  le  mercure  étoit  suffisamment  di- 
visé , il  ajoutoit  les  poudres  et  une  suffisante  quantité  de 
Vin  , et  formoit  du  tout  une  masse  de  pilules.  Mais  j’ai 
observé  que  le  sucre  n’a  aucune  action  sur  le  mercure  : 
ce  dernier  se  sépare  du  mélange  en  gros  globules  qu’il  n’est 
plus  possible  de  mêler  à la  masse  : celui  qui  reste  mêlé  aux 
pilules  est  dans  le  même  état,  il  est  seulement  en  globules 
moins  gros. 

Pour  remédier  à ces  inconvénients  , il  seroit  à souhaiter 
qu’on  fît  ces  pilules  de  la  maniéré  suivante  : 

Pilules  mcrcurieles  de  Béloste,  réformées . 


^Mercure  revivifié  du  cinabre  , . 

Crème  de  tartre  

Diagrede, 


w • 

5 h 
5 iv; 


On  met  dans  un  mortier  de  marbre  le  mercure  et  Ja 
crème  de  tartre  , avec  un  peu  de  syrop  de  capillaire  : ou 
triture  ce  mélange  , jusqu’à  ce  que  le  mercure  soit  parfai- 
tement éteint  ; ce  que  l’on  reconnoît,  lorsqu’en  le  frottant 
sur  le  dos  de  la  main  avec  le  bout  du  doigt  , il  11e  paraît 
aucuns  globules  de  mercure  , même  à l’aide  d’une  bonne 
loupe  : alors  on  ajoute  les  poudres  , et  on  les  incorpore 
avec  une  suffisante  quantité  de  syrop  de  capillaire  : on 
forme  une  masse  que  l’on  divise  par  pilules  de  quatre 
grains. 

* Remarques. 

La  crème  de  tartre  est  un  sel  acide  végétal  qui  a la  pro- 
priété d’éteindre  très  bien  le  mercure,  et  de  former  avec 

S s ij 


644  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

lui  un  sel  neutre  particulier  qui  fait  tonte  la  vertu  fon- 
dante et  anti-vénérienne  de  ce  remede.  Le  tartre  agit  avec 
tant  d’efficacité  sur  le  mercure  pendant  qu’on  les  triture 
ensemble  , qu’en  moins  d’un  instant  les  globules  dispa- 
roissent  entièrement  , et  ne  reparoissent  point  lorsqu’on 
ajoute  les  poudres  qui  absorbent  l’humidité  , comme  cela 
arrive  lorsqu’on  a trituré  le  mercure  avec  le  sucre. 

La  combinaison  du  mercure  avec  la  crème  de  tartre 
forme  un  sel  neutre  , qu’on  peut  comparer  à celui  de  vi- 
naigre et  de  mercure  dont  j’ai  parlé  dans  mon  Manuel  de 
Cliymie.  Ces  pilules  forment  un  très  bon  purgatif:  elles 
ont  l’avantage  de  sc  dissoudre  facilement  dans  l’estoinac  , 
et  de  produire  promptement  leur  effet  purgatif. 

Nous  avons  remarqué , àl  article  du  sucre  vermifuge,  que 
le  sucre  n’avoit  nullement  la  propriété  d’éteindre  le  mer- 
cure : il  n’est  pas  plus  propre  à éteindre  celui  qu’on  fait 
entrer  dans  les  pilules  de  Beloste.  C est  pour  cette  raison 
que  nous  l’avons  supprimé,  et  remplacé  par  de  la  crème 
de  tartre.  Le  composé  de  crème  de  tartre  et  de  mercure 
forme  une  sorte  d’éthiops  qui  peut  être  fort  utile  dans  les 
maladies  vénériennes.  La  couleur  grise  que  le  mercure 
prend  pendant  son  extinction  avec  la  crème  de  tartre  , vient 
de  l’extrême  division  de  ses  parties  et  d’un  commence- 
ment de  combinaison  avec  la  substance  qui  sert  à le 
diviser. 


Pilules  de  Bkloste  , sans  purgatif. 

21  Mercure  cruel,  \ --  x p. 

Crème  de  tartre  en  poudre  ,5  0 

Syrop  de  capillaire , 5 ij  IC 

On  met  ces  trois  substances  dans  un  mortier  de  marbre: 
on  les  triture  jusqu’à  ce  que  le  mercure  soit  bien  éteint  ; 
alors  on  ajoute  , 


Crème  de  tartre  en  poudre, 5 ]*• 

Fleurs  de  sureau  en  poudre , 5 1V- 


On  mêle  le  tout  exactement  pour  former  une  masse 
qu’on  divise  par  pilules  de  quatre  grains. 


) 


ÉLÉMENTS 

R E 


M 


DE  PHARMACIE.' 

ARQUES. 

Le  jalap  et  la  scammonée  qui  entrent  clans  les  pilules 
de  Béloste  , sont  des  purgatifs  forts  qui  occasionnent  des 
tranchées  et  des  coliques  à ceux  qui  ont  les  intestins  très 
sensibles  ; plusieurs  personnes  qui  ne  pouvoient  suppor- 
ter l’usage  habituel  des  pilules  de  Béloste  , à cau>c  des 
purgatifs  , m’ont  prié  de  leur  en  faire  qui  n’en  contins- 
sent pas  : je  les  ai  faites  suivant  la  formule  que  nous 
venons  de  donner  , et  elles  s’en  sont  très  bien  trouvées. 
Comme  les  bonnes  propriétés  de  ces  pilules  sont  actuel- 
lement bien  constatées,  j’en  donne  la  recette  en  faveur  de 
ceux  qui  sont  dans  le  cas  d’en  faire  usage.  Il  entre  dans 
chaque  pilule  de  quatre  grains  , un  grain  de  mercure  , 
un  grain  et  demi  de  crcme  de  tartre  , un  quart  de  grain, 
de  Heurs  de  sureau  , et  un  grain  et  un  quart  de  syrop. 

La  crème  de  tartre  est  substituée  aux  purgatifs  : on  n’eu 
met  d’abord  pour  l’extinction  du  mercure  qu’une  partie 
qui  suffit  ; si  l’on  mettoit  la  totalité  pour  éteindre  le 
mercure  , le  mélange  seroit  trop  consistant,  et  l’on  auroit 
trop  de  peine  à l’agiter.  Le  surplus  se  met  avec  la  (leur 
de  sureau  après  l’extinction  , et  absorbe  l’humidité.  11 
suffit  pour  donner  à la  masse  la  consistance  pilulaire. 

Si  l’on  fait  l’extinction  du  mercure  dans  les  grandes 
chaleurs  de  l’été , la  matière  est  sujette  à se  dessécher 
avant  que  le  mercure  soit  éteint.  Dans  ce  cas  on  ajoute 
un  peu  d’eau  pour  délayer  le  mélange  , afin  dp  le  remuer 
plus  librement. 

Ces  pilules  sont  fondantes  comme  les  pilules  de  Bé-  Vertus; 
loste  , et  elles  n’ont  pas  l’inconvénient  de  donner  des 
tranchées  et  des  colliquations  : elles  poussent  à la  trans- 
piration : elles  conviennent  par  conséquent  mieux  dans 
les  maladies  de  la  peau  , et  lorsqu’il  est  nécessaire  de 
fondre  doucement  une  humeur  dartreuse.  La  dose  est  Dase* 
d’une  ou  deux  pilules  tous  les  soirs  en  se  couchant  , 
buvant  par-dessus  un  verre  d’infusion  de  scabieuse. 

shit.res  pilules  mercurieles . 

Scammonée  

.Aloës 

Coloquinte  , . 

Mçrcure  doux*  ^ 


Ss 


v. 

i- 

iv. 

fy. 


11 J 


Crème  de  tartre  q j B- 

Gomine  gutte  f .......  . q fi. 

Jalap  , J ij. 

Myrrhe  , . . • 5 ij. 

Mercure  cruel , . . . . B<.  . . . 5 vj. 

Baume  de  copahu  , | j. 

Syrop  de  Nerprun  , ît>  j. 

On  met  dans  un  mortier  de  fer  le  mercure  avec  la  crème 
de  tartre  et  un  peu  de  syrop  : on  triture  ce  mélange 
jusqu’à  ce  que  le  mercure  soit  parfaitement  éteint  : alors, 
on  ajoute  les  poudres  et  le  reste  du  syrop  , et  011  pile  le 
mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  exact.  La  quantité  de  syrop 
que  nous  prescrivons  , est  celle  qui  est  nécessaire  pour 
former  ces  pilules  : cependant  cette  quantité  peut  varier 
depuis  un  gros  jusqu’à  demi-once  : cela  dépend  de  l’état 
de  siccité  des  poudres. 

Vertus.  Ces  pilules  sont  plus  purgatives  que  les  précédentes 
elles  sont  pareillement  fondantes  : elles  conviennent  dans. 

D.o«e.  les  maladies  vénériennes.  La  dose  est  depuis  demi-gros 
jusqu’à  deux  scrupules. 

Des  trocliisquos. 

Les  trochîsques  sont  des  médicaments  secs , que  l’on 
divise  par  petites  portions  , auxquelles  on  donne  une  forme 
•particulière.  Ils  sont , comme  les  pilules,  ou  simples,  ou 
composés  de  plusieurs  substances  réduites  en  poudre  , et 
incorporées  avec  un  véhicule  convenable;  mais  ils  en  dif- 
ferent en  ce  que  l’on  n’emploie  jamais  les  miels  ou  les 
syrops  pour  leurs  excipients  , pareeque  ces  matières  11e  se 
dessèchent  pas  assez  promptement , ni  assez  complète- 
ment : ce  sont  au  contraire  des  mucilages  , des  sucs , etc. 
faciles  à se  dessécher  entièrement  , que  l’on  emploie  pour 
donner  les  trochisques.  Ils  different  encore  des  pilules  par 
la  forme  qu’on  leur  donne  , qui  varie  considérablement  : 
on  les  fait  ronds  ou  plats,  ou  en  pyramides  triangulaires, 
en  'cubes  , en  pain  de  sucre  , en  grains  d avoine  , cil 
triangle  , etc. 

Les  anciens  ont  donné  différents  noms  aux  trochis- 
ques, et  ils  les  ont  môme  confondus  avec  les  pastilles; 
eu  effet  ces  préparations  different  peu  entre  elles. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIA  G/fl 

Autrefois  les  trochisques  étaient  marqués  du  cachet 
de  celui  qui  en  avoit  inventé  la  composition  , afin  qu’ils 
pussent  être  reconnus  : mais  on  n’est  plus  dans  l’usage 
de  les  marquer  , parceque  les  recettes  sont  décrites  dans 
tous  les  dispensaires.  Les  trocliisques  ont  été  inven- 
tés afin  de  pouvoir  conserver  long -temps  certaines  sub- 
stances réduites  en  poudre , comme  celle  de  vipere  , etc. 

On  enduit  quelquefois  la  surface  des  trocliisques  avec 
quelque  baume  qui  lait  l’office  d un  vernis  , afin  qu  ils 
puissent  se  conserver  plus  long-temps.  Mais  on  pourrait 
très  bien  se  passer  de  trocliisques  dans  la  Pharmacie,  puis- 
que les  poudres  enfermées  sèchement  dans  des  bouteilles 
bien  bouchées  , peuvent  se  garder  en  bon  état  pendant 
plusieurs  années  ; ce  qui  doit  suffire.  Les  trocliisques  sont 
altérants  ou  purgatifs. 

Des  trochisques  altérants. 

Trocliisques  de  s cille. 

*2^  Pulpe  de  sciïle  , ^ xij. 

Farine  d’orobe  , ^ viij. 

On  met  la  pulpe  de  scilîe  dans  un  mortier  de  marbre  : 

on  la  mêle  avec  la  farine  d’orobe  : on  forme  du  tout  une 

masse  que  l'on  divise  par  pastilles  : on  les  fait  sécher  ; et 
lorsqu’elles  sont  seclies  , on  les  enduit  de  plusieurs  cou- 
ches d’une  dissolution  de  baume  de  la  Mecque  faite  dans 
de  l’esprit  de  vin. 

On  attribue  à ces  trochisques  une  vertu  alexilere  : ils  Vertu 
sont  propres  à inciser  et  à détacher  les  humeurs  visqueu- 
ses du  cerveau  et  de  la  poitrine  : on  les  emploie  contre 
l’asthme  : ils  sont  diurétiques.  La  dose  est  depuis  un  ]}05e 
scrupule  jusqu’à  trois  gros. 

Remarques. 

Les  trochisques  de  scille  ne  sont  guere  employés  que 
dans  la  thériaque  : on  devrait  plutôt  les  appeller  trochis- 
ques d’orobe;  car  il  y entre  huit  onces  de  cette  farine  qui 
ne  diminue  point  pendant  la  dessiccation,  sur  douze  onces 
de  pulpe  de  scille  qui  diminuent  d’environ  huit  à ncufon- 

S s iy 


6^8  'ELEMENTS  DE  PHARMACIE,' 

ccs  : il  vaudroit  mieux  employer  la  sciile  séchée  et  pul- 
vérisée qu  on  réduiroit  en  pastilles  avec  une  suffisante 
quantité  de  pulpe  de  sciile  , ou  se  servir  de  la  poudre  de 
racine  de  dictame  blanc,  comme  le  recoin  mande  Lemery  j 
ce  qui  vaudroit  mieux  que  la  farine  d’orohe. 

Pour  préparer  la  pulpe  descille  , on  met  la  quantité  que 
l’on  veut  d’oignons  de  sciile  effeuillés  dans  un  bain-marie 
sans  eau  : on  les  fait  cuire  : on  les  épiste  ensuite  dans  un 
mortier  de  marbre  , et  l’on  en  lire  la  pulpe,  comme  nous 
l’avons  dit  précédemment. 

L’espece  de  vernis  qu’on  met  à la  surface  de  ces  trochis- 
ques , est  afin  de  les  rendre  lisses,  luisants  , pour  augmen- 
ter leur  vertu  et  pour  les  rendre  plus  faciles  a être  conser- 
vés. On  est  dans  l’usage  de  mettre  sur  ces  trochisques  un 
cachet  dont  l'empreinte  représente  un  oignon  descille. 

Trochisques  de  viperes. 

JJ  Poudre  de  viperes  q.  s. 

Avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme 
adraganth , préparé  au  vin  d’Espagne , on  forme  une  masse 
que  l’on  divise  par  trochisques  ; on  les  fait  sécher,  et 
on  les  enduit  de  plusieurs  couches  de  dissolution  de  baume 
de  la  Mecque  , laite  dans  de  l’esprit  de  vin  : on  les  fait 
sécher  de  nouveau , et  on  les  conserve  pour  l’usage.  Ces 
trochisques  entrent  dans  la  thériaque. 

Vertus.  On  attribue  à ces  trochisques  de  grandes  vertus  ; com- 
me d’être  sudorifiques  , de  résister  à la  pourriture,  de 
purifier  le  sang  , de  rétablir  les  forces  , etc.  ; mais  ces  ver- 
tus sont  illusoires.  Si  ces  trochisques  ont  quelque  vertu, 
ils  la  tiennent  de  la  petite  couche  de  baume  de  ja  Mecque 
qu’on  a mise  à leur  surface.  Quoiqu’il  en  soit,  on  les 
Dose,  donne  ordinairement  à la  dose  de  douze  grains  jusqu’à 
un  gros  ; mais  on  pourrait  les  donner  à beaucoup  plus 
grande  dose  , comme  à celle  de  deux  onces  , sans  aucun 
inconvénient,  si  ce  n’est  de  charger  l'estomac  d’un  re- 
inede  inutile. 

Remarques. 

Andromaque,  auteurdela  thériaque,  formoitles  trochis- 
ques de  viperes  d’une  maniéré  bien  différente  ; il  fais  oit 


Éléments  de  pharmacie.  64# 

éprouver  aux  viperes  un  grand  nombre  de  préparations, 
parceque  les  anciens  pensoient  que,  quoiqu’elles  fussent 
mortes  , elles  conservoient  leur  venin  : niais  le  poison  de 
la  vipere  ne  réside  que  dans  un  suc  jaune,  renfermé  dans 
de  petites  vésicules  qui  se  trouvent  placées  aux  racines  de 
leurs  dents  lort  aiguës  ; lorsque  la  tête  de  la  vipere  est 
emportée  , le  reste  du  corps  n’a  rien  ni  de  dangereux  ni 
de  venimeux.  D’ailleurs  , le  poison  de  la  vipere  ne  pro- 
duit de  mauvais  effets  que  lorsqu’il  est  introduit  direc- 
tement dans  le  sang  , comme  cela  arrive  lorsque  ces  ani- 
maux mordent  quelque  partiedu  corps  d’un  autre  animal. 
Plusieurs  Physiciens  ont  fait  avaler  à des  chiens  de  fortes 
doses  de  ce  poison , sans  qu’ils  s’en  trouvassent  incom- 
modés. 

A l’égard  de' la  méthode  que  nous  proposons  ici  pour 
préparer  les  trochisques  de  viperes  , c’est  celle  qui  est 
adoptée  et  suivie  par  tous  ceux  qui  ont  des  connoissances 
sur  cette  matière.  Il  est  certain  que  si  la  vipere  avoit  les 
vertus  sudorifiques  et  cordiales  qu’on  lui  attribue  , on 
les  lui  conserveroit  mieux  par  cette  méthode  que  par  la 
coction. 


Trochisques  de  Cyphéos. 


cm. 


1 


Santal  citriu , T 
Cascarille , V 
Sucre  candi , J 
Calamus  aromaticus, 
Bdellium  , 

Spicanard  r 

Cassia  lignea,  . > au. 

Souchet  rond , V , 

Baies  de  genievre  , - 

Térébenthine  de  Cliio  , « 

Myrrhe,  7 __ 

Schénante,  f aa‘  * 

Canelle  

Bois  d’aloës  , 

Safran  

Miel  de  Narbonne  écurné , 
Vin  d’Espagne,  . , . . 


5 J- 

'-r'  * 

O IX. 

..  _ * * * 

D HJ. 


5 “J- 

,ùii  fi. 

5 fi- 
5 ï)  fi. 
o j- 
ï B. 

q.  s. 


650  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  fait  chauffer  un  mortier  de  fer  en  le  remplissant 
d’eau  bouillante  : lorsqu  il  est  bien  chaud  on  le  vuide  , 
on  l’essuie  avec  un  linge  propre  : on  fait  liquéfier  de- 
dans le  bdelliuin  , la  térébenthine  et  le  miel  , avec  un 
peu  de  vin  d’Espagne  : ou  ajoute  les  autres  substances 
réduites  en  poudre  : on  pile  le  tout  jusqu’à  ce  que  le  mé- 
lange soit  exact  : on  en  forme  des  Irochisques  , et  on  les 
lait  sécher. 

Ces  trochisques  ne  sont  point  d’usage  : je  n’en  ai  rap- 
porté ici  la  recette  , que  pareequ’ils  entrent  dans  le  mi- 
thridate. 

Vertus.  Ces  trochisques  sont  cordiaux  , stomachiques  , propres 
pour  résister  au  mauvais  air  , et  pour  chasser  par  la  trans- 
Dose.  piration  les  humeurs  malignes.  La  dose  est  depuis  douza 
grains  jusqu’à  un  gros. 

Trochisr/ues  r/’Hco  i croÏ. 


^ Marum , 

Marjolaine, 

Racines  d’asarum , 

Bois  d’aloè’s  , 

Myrrhe  , 

Malabatrum , 

Safran  , \ aa. 

Spicanard , 

Cassia  lignea  , 
Schénanté , 

Calamus  aromaticus  , 
Rapontic  , 

Bois  de  baume, 
Baume  de  la  Mecque  , 
Canelle  , 

Costus  arabique  , 


aa. 


aa. 


Amomum  racemosurn  , 
Mastic  en  larmes  , 

.Vin  d’Espagne  , 


. . j ij. 

. . d vj. 


O 


HJ. 


? j fi. 

d j- 

q.  s. 


On  forme  du  tout  des  trochisques  comme  les  précé- 
dents ; et  lorsqu'ils  sont  secs  , on  les  enduit  avec  une 
dissolution  de  baume  de  la  Mecque  , faite  dans  de  l’esprit 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  65 1 

devin  : ces  frochisqucs  entrent  dans  la  thériaque,  et  ne 
sont  point  d’usage  autrement. 

Ces  trochisqucs  sont  bons  contre  la  peste  , et  contre  Vertus, 
les  autres  maladies  contagieuses  : ils  poussent  par  la 
transpiration  , et  chassent  le  mauvais  air.  La  dose  est  de-  Dose, 
puis  un  scrupule  jusqu’à  une  dragme. 

Trochisques  cle  h arabe. 

Su cci n préparé , .......  3 j\ 

Oliban , 

Safran  , > eut . J ij* 

Opium , 3 

Corne  de  cerfcalcinée  en  blancheur  et  prép.\ 

Gomme  arabique  , 
adraganth, 
laque  en  grains  . 

Suc  d’acacia , 
d’hypocistis , 

Balaustcs , 

M as  tic  en  la rmes  , 

Corail  rouge  préparé, 

Semences  de  pavot  blanc  , 

On  pulvérise  toutes  ces  substances  chacune  séparé- 
Tuent,  et  on  les  incorpore  avec  une  suffisante  quantité 
de  mucilage  de  semences  de  psyllium  , préparé  avec  une 
infusion  de  plantain  ; on  fait  une  masse  que  l’on  divise 
en  trochisques  , en  forme  de  pyramides  triangulaires  : 011 
les  fait  sécher  et  on  les  conserve  dans  une  bouteille. 

Ils  sont  propres  pour  arrêter  les  hémorrhagies,  le  cra-  Vertus.» 
chement  de  sang  , la  dyssenterie  , le  flux  des  menstrues  et 
des  hemorrhoïdes  : ils  sont  également  bons  pour  arrêter 
iQ  cours  de  ventre  , la  gonorrhée  : on  en  prend  par  la 
bouche  et  en  injection  : ils  sont  calmants.  La  dose  est  Dose, 
depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 


' au . 


q9ij. 


Trochisques  de  myrrhe. 


2 Z Myrrhe , 
Lupins, 


T (h 
O j. 


652 


ELEMENTS  DE  PHARMACIA* 

Feuilles  de  rue  , 

menthastrum , 
pouliot , 

Racines  de  garenee , 

valériane  mitior, 

Semences  de  persil  de  Macédoine 
Assa  fœtida  , 

Sagapenum,  ç ciâ *<•  5 ]• 

Opopanax , J 
Camphre  , 

Safran , 

Huile  de  succin  fétide  , 

On  réduit  en  poudre  toutes  les  substances  qui  peuvent 
l’être  ; et  avec  une  suffisante  quantité  de  suc  d’armoise, 
on  fait  une  masse  , que  l’on  divise  par  trochisques  en 
forme  de  pyramides  triangulaires. 

Vertus.  Ces  trochisques  sont  emménagogues  , excitent  les  mois 
aux  femmes  , facilitent  l’accouchement  et  la  sortie  de 
Çose.l’arriere-faix  , et  abattent  les  vapeurs.  La  dose  est  depuis 
un  scrupule  jusqu’à  un  gros. 


àct.  . . . 9 j. 


rI  'rochisques  d'alkekenge. 


26  Pulpe  de  fruits  d’ake&enge . 
Gomme  arabique, 
adraganth , 

Extrait  de  réglisse , 

Amandes  ameres  écorcées  , 
Semences  de  pavot  blanc, 
Semences  d’ache,  7 -- 

. r l { CLCL 

Snccin  préparé  , ) 

Opium, 

Suc  de  feuilles  d’akexenge, 


• • 


/ 

S 


CICI. 


• • 


5 ij- 

o b 
q.  s. 


On  pile  dans  un  mortier  de  marbre  des  fruits  recents, 
d’akexenge  avec  leur  graine  : on  en  tire  la  pulpe  par  le 
moyen  d’un  tamis  : on  pile  ensemble  les  semences  de  pa- 
vot" blanc , d’ache,  elles  amandes  ameres,  pour  en  former 
une  pâte  : on  la  mêle  avec  la  palpe  précédente  : ou  ajoute 
les  autres  substances  réduites  en  poudre  c on  forme  ou 


ÉLÉMENTS  DI  PHARMACIE.  65% 

iout  une  masse  , en  ajoutant  du  suc  d’akeçenge  non  dé- 
puré et  nouvellement  exprimé  : ou  divise  la  masse  par 
petites  portions  , afin  qu’elle  se  seche  : alors  on  la  réduit  en 
poudre  line:  on  la  passe  au  travers  d’un  tamis  de  soie  : ou 
humecte  la  poudre  avec  une  suffisante  quantité  d’eau:  on 
forme  une  pâte  solide  en  la  pilant  dans  un  mortier  de  fer  , 
et  on  la  divise  par  petits  trocliisques  eu  pyramides  tria;  - 
gulaires  : on  les  lait  sécher  , et  on  les  conserve  pour 
l’usage. 

Les  semences  d’akexeiige  , «le  pavot  blanc  et  d’ache  , 
ne  se  réduisent  pas  en  poudre  suffisamment  fine;  c'est  pour 
cette  raison  que  nous  recommandons  de  pulvériser  la  masse 
apres  qu  elle  est  seche  , afin  de  diviser  de  nouveau  les  par- 
ties trop  grossières  , et  de  mêler  les  substances  très  exacte- 
ment. Cela  este! 'autant  pins  nécessaire  que  ces  trocliisques 
sont  souvent  employés  dans  les  potions  magistrales  , et 
qu’elles  coutieu  Iroientdes  parties  grossières  qui  dégoîite- 
xoient  les  malades. 

Ils  sont  estimés  bons  pour  les  ulcérés  des  reins  et  de  la  Vcrtus* 
vessie  , pour  la  dysurie , pour  le  pissement  de  san^  : ils 
sont  un  peu  somnifères.  La  dose  est  depuis  douze  grains  Dt)S0* 
jusqu’à  un  gros. 

Trocliisques  de  blanc  rhasis. 


^ Blanc  de  céruse , . 
Sarcocolle,  .... 

Amidon, 

Gomme  arabique; , 
adraganlli , 
Camphre  , .... 


au. 


• • o x. 

• • ?>  h/- 

• • 5 ij- 

w « 

• • o J • 

• • o B- 


On  pulvérise  la  céruse,  comme  nous  l’avons  dit  eu  sou 
lieu  : on  pulvérise  le  camphre  avec  trois  ou  quatre  gouttes 
d’esprit  de  vin  : on  mêle  l’amidon  avec  le  camphre  : on 
ajoute  les  autres  substances  réduites  en  poudre  : on  hu- 
mecte le  tout  avec  une  sut  lisante  quantité  d’eau  rose  : on 
forme  une  pâte  ferme  que  l’on  divise  par  petits  trocliisques 
longuets  en  forme  de  grains  d’avoine.  Ces  trocliisques  ne 
s’emploient  jamais  pour  l’intérieur  : on  les  fait  entrer  dans 
des  coly  îes  et  dans  des  injections:  on  ajoute  de  l'opium  à ces 
trocliisques  , lorsque  le  Médecin  le  prescrit.  Iis  sont  bons  v 
pour  les  maladies  des  yeux  : ils  tempèrent  l’inflammation  ; ertUS 


654 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 


ils  arrêtent  la  fluxion  : employés  en  injections  , ils  détergent 
la  sanie  : ils  modèrent  l'ardeur  des  chaudepisses. 


Trochisques  histèriques , 


21  Àssa  fœtida , ">  - - 

*Galbanum,  5 ‘ 

Myrrhe , 

Castor , . 

Racines  d’asarum. 

d’aristoloche  ronde , 


? 


ij  fi- 


o ij« 


Z ) fi- 


sabine  , 

\ au.  . o j. 

cataire  , 1 

matricaire , 

dictame,  . 7 . 

...  5 fi- 

Avec  une  suffisante  quantité  de  suc  de  rue,  on  forme 
une  masse  que  l’on  divise  par  trochisques  en  pNiamide.^ 

triangulaires.  .. 

Vertus.  Ces  trochisques  sont  un  puissant  emménagogue  : ils 
excitent  les  mois  aux  femmes  : ils  facilitent  1 accouche- 
ment et  la  sortie  de  l’arriere-faix  : ils  abattent  les  va- 
Dose.  peurs.  La  dose  est  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 


Trochisques  scarotiques . 


W • 

21  Sublimé  corrosif,  ...  v v * • 5 \\ 

Amidon  , 5 h* 

Avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme 
adraganth , on  forme  une  masse  que  l’on  divise  par  petits 
trochisques  en  grains  d’avoine.  On  ajoute  de  opium  a ces 
trochisques  , lorsque  celui  qui  les  emploie  le  prescrit.  Ce 
remede  n’est  d’usage  que  pour  l’extérieur  : il  seroit  un 
poison  pris  intérieurement. 

Vertus.  Ces  trochisques  sont  propres  pour  faire  ces  escarres.  Un 
les  applique  sur  les  chancres  vénériens,  sur  les  scrofu- 
les, sur  les  excroissances:  ils  produisent  assez  promptement 
leur  effet. 

i 


655 


lÜLJÜMENTS  DE  PHARMACIE.' 

1 ) ochiscjucs  scarotiques  de  Trunium, 

jfrï  Minium  , Y' 

Sublimé  corrosif , x ; 

Mie  de  pain  Leudre  , vj- 

Avec  une  suffisante  quantité  d’eau  rose,  on  forme  uns 
masse  que  1 on  divise  par  petits  trocliisques  en  grains 
d’avoine,  et  en  petites  plaquettes  comme  des  lentilles. 

On  prescrit  ordinairement  d’employer  quatre  onces  de 
mie  de  pain  désséchée  et  réduite  en  poudre  line  ; mais 
comme  cette  substance  est  très  difficile  à réduire  en  poudre, 

J Y substitue  six  onces  de  mie  de  pain  tendre  qui  se  trouve 
déjà  presque  à la  consistance  convenable  , et  qui  d’ailleurs 
se  inèle  très  commodément  avec  les  autres  matières  rédui- 
tes en  poudre,  par  l’intcrmede  de  l’eau  rose.  Ce  remede 

ne  s’emploie  qu’à  l’extérieur  : il  seroit  un  poison  pris  inté- 
rieurement. 

Ces  trocliisques  ont  les  memes  vertus  que  les  précé-  Vertus, 
tients  : ils  s emploient  aux  mêmes  usages. 

O 


7 rochisques  de  cachou  ou  cachou  à la  réglisse u 


Cachou  en  poudre  , 
Extrait  de  réglisse  , 

c O ? 

oucre  


Avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme 
adraganth  préparé  à l’eau  , on  forme  une  pâte  solide. 

On  lait  chauffer  legcieinent  un  mortier  de  marbre,  et 
on  y ramollit  l’extrait  de  réglisse  par  le  moyen  d’un  pilon 
de  bois  . on  le  de  laie  avec  un  peu  de  mucilage  ; on  ajoute 
le  sucre  et  le  cachou , 1 un  et  l’autre  en  poudre  fine  : on 
forme  une  pâte  ferme  avec  une  suffisante  quantité  de  mu- 
cilage , et  on  la  pile  jusqu  a ce  que  le  mélange  soit  exact: 
alors  on  divise  cette  masse  en  petits  trocliisques,  comme 
des  grains  d’avoine  : on  les  fait  sécher , et  on  les  conserve 
dans  une  bouteille  qui  bouche  bien. 

L’extrait  de  réglisse  employé  dans  cette  composition  doit 
être  celui  fait  avec  la  première  infusion  de  cette  racine. 


656 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE." 
Remap^ques. 

Quelques  artistes  sont  dans  l’usage  de  rouler  ces  trochis- 
ques  en  se  graissant  les  mains  avec  un  peu  d’huile  de  ben 
ou  d’amandes  douces  , afin  de  les  empêcher  de  s’atta- 
cher; mais  c’est  une  très  mauvaise  méthode,  parcequ’il 
reste  sur  les  grains  une  petite  pellicule  d’huile,  qui  se  rancit 
quelque  temps  après  que  ces  trochisques  sont  formes^ 
ce  qui  leur  communique  une  odeur  et  une  saveur  très 
désagréables  ; il  vaut  mieux  employer  un  peu  d’eau  , qui 
n’entraîne  avec  elle  aucun  inconvénient  , et  qui  est  tout 
aussi  commode  que  de  l'huile. 

Cachou  à la  violette. 


2£ Cachou  en  poudre, 

Extrait  de  réglisse , \ - - 

Iris  de  Florence  en  poudre  , 5 
Sucre  en  poudre , 


V'  • • 

5 1F 
5 j h- 

w*  • • 

5 X1J* 


On  forme  du  tout  une  masse  , avec  une  suffisante  quan- 
tité de  mucilage  de  gomme  adragarith  préparé  a l’eau  , et 
on  la  divise  par  petits  trochisques , comme  les  précédents. 
L’iris  de  Florence  donne  à ces  trochisques  l’odeur  de  vio- 
lette. 

Cachou  sans  odeur. 


2? Cachou  en  poudre  , 
Sucre  en  poudre , . 


5 “J- 
? X1F 


Avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme 
âdraganth  préparé  à l’eau,  en  forme  des  trochisques  comme 
les  précédents. 


Cachou  à V ambre  gris. 


^ Cachou  en  poudre, 

Sucre  en  poudre, X1F. 

Ambre  gris  en  poudre, ër,VJ]F 


On  forme  du  tout  des  trochisques  , avec  une  suffisante 
quantité  de  mucilage  de  gomme  admganth. 


ÉLÉMENTS  DÛ  PHARMACIE.  65 J 

Quelques  personnes  ajoutent  un  ou  deux  grains  de 
musc  pour  leur  donner  plus  d’odeur;  communément  on 
prend  cette  derniere  odeur  pour  celle  de  l’ambre  gris; 
mais  l’ambre  gris  n’a  qu’une  odeur  douce  et  agréable,  et 
absolument  différente  de  celle  du  musc 

Cachou  à la  fleur  d'orange. 

Cachou  en  poudre,  ^ üj. 

Sucre  en  poudre,  ..........  . X ,x[Yt 

Iluilc  essentielle  de  fleurs  d’oranges,  . gutt.  vj.' 

Avec  une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme 
adraganth  préparé  à l’eau  de  fleurs  d’oranges,  on  forme  de* 
trocliisques  comme  les  précédents. 

Cachou  à la  canellc. 

Cachou  en  poudre,  . • • J iif.- 

Sucre  en  poudre  ^ 

Canelle  en  poudre, * • » 5 fl. 

Huile  essentielle  de  canelle, gUtt>  y 

On  forme  des  trocliisques  comme  les  précédents  avec 
une  suffisante  quantité  de  mucilage  de  gomme  adraeaiiih 
préparé  avec  de  l’eau  de  canelle.  * ê > 

Les  différentes  préparations  de  cachou  dont  nous  ve.Vc,rtus 
nous  de  parler  , ont  toutes  à-peu-près  la  même  vertu. 

Llles  sont  stomachiques  et  astringentes  ; elles  consent  la 
mauvaise  haleine  : on  en  laisse  fondre  quelques &grain*> 
dans  la  bouche.  Elles  sont  plus  d’usage  pour  l’a 
que  pour  la  Médecine.  ° 

I)es  troc  risques  purgatif  s,. 

Trocliisques  d'agaric. 

¥ AgarIc  » . X iY . 

Gingembre ^ ' 

On  fait  infuser  le  gingembre  concassé  dans  deux  once*' 
d eau  de  canelle,  pendant  huit  ou  dix  heure*  : on  passe 
1 infusion  : on  la  mêle  avec  l’agaric  réduit  en  poudre  W 
on  pue  ce  mélange  pour  former  une  pâte  qUe  p011  di^e 

Tt 


Vertus. 

Dose 


Vertus. 


658  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

par  petits  trochisques  de  forme  triangulaire  : on  les  fait  sê * 
cher  , et  on  les  conserve  dans  une  bouteille  bien  bouchée. 

L’agaric  et  ses  trochisques  passent  pour  être  le  purgatif 
de  la  pituite  et  propres  pour  décharger  le  cerveau.  La  dose 
eat  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  gros. 

t- 

Remarques. 

Quelques  Pharmacopées  prescrivent  de  faire  infuser  le 
gingembre  dans  du  vin  blanc;  mais  nous  croyons  que 
l’eau  de  candie  mérite  la  préférence  , parcequ’elle  cor- 
rige mieux  la  saveur  désagréable  de  l’agaric. 

Le  gingembre  passe  pour  être  le  correctif  de  l’agaric; 
quelque  personnes  sont  dans  l’usage  de  le  supprimer,  par- 
ceque  son  infusion  altéré  la  blanc  heur  de  l’agaric. 

Les  trochisques  d’agaric  peuvent  être  considérés  comme 
une  préparation  inutile;  il  vaut  mieux  faire  choix  d’un 
bon  agaric,  et  l’employer  en  substance  : si  l’on  veut  lui 
donner  un  correctif,  on  peut  le  mêler  avec  du  sel  ammo- 
niac ; c’est  le  meilleur  que  l’on  puisse  employer,  comme 
le  remarque  Lemery  dans  sa  Pharmacopée. 

L’agaric  est  une  substance  fongueuse,  qu’on  ne  peut 
pulvériser,  comme  la  plupart  des  autres  végétaux.  Il  faut, 
lorsqu’on  veut  réduire  cette  matière  eu  poudre,  en  pren- 
dre un  morceau  et  le  frotter  sur  un  tamis  de  crin , afin  de 
le  pulvériser  : on  reçoit  la  poudre  sur  une  feuille  de  papier 
qu’on  a placée  au-dessous  du  tamis.  Si  on  pile  l’agaric 
dans  un  mortier  , il  se  réduit,  pour  ainsi  dire  , tout  en  pla- 
quettes et  en  parties  grossièrement  pulvérisées  ; et  comme 
cette  substance  est  légère  , elle  se  plaque  sur  le  tamis  , elle 
bouche  les  pores  et  ne  peut  passer  au  travers. 

Trochisques  alhandal . 

% Poudre  de  chair  de  coloquinte,  ....  q.  s; 

On  la  mêle  et  on  l’incorpore  avec  une  suffisante  quan* 
tité  de  mucilagede  gomme  adraganth  préparé  à l’eau  rose'  : 
on  forme  une  pâte  ferme  , que  l’on  divise  par  petits  tro- 
chisques en  grains  d’avoine. 

Ils  sont  un  purgatif  drastique  : on  les  donne  lorsqu’il 
est  nécessaire  de  purger,  dans  toutes  les  maladies  de  la  peau, 

dans  les  marches  vénériennes , dans  i’hydropisie,  l’apo-. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  C5g 

t1“Icrupu1liha,'Sie'  Ud°Se  CSt  depUiS  JeUX  S“in3  )'u*Iu’à  D=st 

Remarques. 

Les  anciens  Pharmacopes  prescrivent,  pour  préparer  les 
tu  clusques  al  uni  al,  de  piler  la  coloquinte  entière  avec 
le  mucilage , de  fatre  sécher  le  mélange,  de  le  réduire  en 
poudre  et  de  répéter  la  même  opération  encore  trois  ou 
quatre  lois  : nous  ayons  déjà  prouvé  l’inutilité  de  toutes  ces 
operations.  5i  on  les  lait  à dessein  de  mêler  beaucoup  de 
mucilage  avec  la  coloquinte,  on  peut  ajouter  à cette  pou- 
dic  la  quantité  qu'on  juge  à propos  de  gomme  adraganth 

a,  » Ct  l0mier.deS  tro,‘*“q«es  avec  une  sufffsànte 

cette  méihnd"  ’ “ q"1  •re“’plira  ia  méme  indication.  Par 
cute  méthode,  on  s évitera  au  moins  la  peine  de  pulvériser 

plusieurs  lois  de  suite  une  substancequin’abesoin  de  l’être 

qu  une  seule  lois;  d’autant  plus  que  la  coloquinte  se  pu  ! 

être  P U fî 1,0,1  ,fait  «P^«ohs  à dessein! 
ne  pas  etre  incommode  par  1a  saveur  amere  de  la  poudre 

fa  sin  ermedT  .?u“orüer’  lorsclu’on  Pile  cette  matière 

d‘e'"mT  Ett 6St  Séch&P  P0"* 

fisc  T:  P3S  W°r  dés^ble  que  iLqu’on  Klé! 
me  a sec  pour  la  première  fois  : d’ailleurs  cette  sub 
stance  ne  porte  pas  des  arrêtés  dans  la  gorge  comme 
lorsqu  ou  pulvérise  la  plupart  des  purgatfe  ?érinf“ 

MÉDICAMENTS  EXTERNES 

°u  des  topiques. 

On  nomme  médicaments  externes  ou  topiques  ceux  aun 
I on  applique  a 1 extérieur.  Parmi  ces  remodZ  ife  q 

doivent  produire  leur  effet  oue  c„r  u ’ uns  no 
plique  ; ce  sont  les  plus  ordinaires  • WautrL0^1^  ks^ 
pliqués  également  à l’extérieur,  sont  faits  pour  pS 

s;  s œ j0& 

quent  que  les  précédents!  1 **  d ““  ***&  aUSsi 
Les  médicaments  externes  cnnt  • 

— • * ■»>.  «— ■»  »“.r,  jsscsafe 

T t ïj 


66o  itiMÏNTJ  DE  PHARMACIE.' 

de  différente  consistance.  31  y en  a d’aqueux , de  spiritueux  ^ 
de  gras  et  d’huileux  : les  uns  sont  liquides  , les  autres  sont 
mous  ; et  enfin  il  y eii  a qui  ont  une  consistance  très  ferme. 
L’ordre  dans  lequel  on  peut  parler  de  ces  divers  médica- 
ments , étant  assez  arbitraire  , nous  choisissons  celui  de 
leur  consistance , en  commençant"  par  les  liquides,  et 
d’abord  par  les  officinaux  : nous  joindrons  à leur  suite 
plusieurs  réflexions  sur  les  médicaments  magistraux,  in- 
ternes et  externes. 

Des  huiles  par  infusion  et  par  décoction . 

Les  huiles  qui  nous  occupent  sont  des  infusions  et  des 
décoctions  de  végétaux  et  d’animaux,  fuitesdans  de  l’huile 
d’olives. 

L’huile  est  un  menstrue  qui  n'extrait  que  les  substances, 
huileuses  et  résineuses  des  corps  qu’on  lui  présente.  Quel- 
ques personnes  pensent  qu’elle  a la  propriété  de  se  char- 
ger des  matières  gommeuses  et  extractives  , soit  des  vé- 
gétaux , soit  des  animaux  : ce  qui  est  vrai  , lorsque  ces 
mêmes  substances  se  trouvent  combinées  avec  des  ma- 
tières résineuses  ",  mais  il  en  est  autrement , lorsque  les 
matières  gommeuses  et  extractives  sont  pures.  I out  ce  que 
nous  avons  dit  à l’occasion  des  infusions  et  des  décoctions 
dans  l’eau  pour  conserver  les  aromates  et  les  parties  vola- 
tiles des  ingrédients  , est  applicable  a la  préparation  de  ces 
huiles  : elles  sont  assujetties  aux  mêmes  manipulations  : 
elles  doivent  se  faire  avec  les  mêmes  précautions. 

Parmi  le  grand  nombre  d’huiles  que  l’on  a coutume  de 
préparer  dans  la  Pharmacie  , il  s’en  trouve  plusieurs  qui 
n’ont  d’autre  vertu  que  celle  de  l’huile  même,  pareeque 
les  matières  végétales  ou  animales  que  l’on  fait  entrer  dans 
leur  composition  , ne  contiennent  que  très  peu  ou  point 
de  principes  dissolubles  dans  1 huile  d olives.  Quelques 
végétaux  , comme  les  lis  , contiennent  bien  un  prin- 
cipe que  l’huile  peut  extraire;  mais  il  est  si  fugace  , qu  i! 
se  dissipe  plutôt  que  de  se  fixer  dans  l’huile  , à cause  de 
la  manipulation  qu’on  est  obligé  d’employer  pour  préparer 
cette  huile.  Nous  avons  exposé  notre  sentiment  sur  la  na- 
ture de  ce  principe  : nous  donnerons  dans  un  instant  les 
moyens  de  fixer  les  substances  odorantes  de  même  na- 
ture, contenues  dans  plusieurs  autres  végétaux,  tels  que 


ÉLÉMENTS  DK  PHARMACIE.'  C6l 

les  fleurs  de  jasmin  , de  tubéreuse  , etc.  : il  y a beaucoup 
de  végétaux  qui  n’ont  qu’une  odeur  herbacée  , comme  sont 
la  plupart  des  plantes  inodores,  mais  qui  fournissent  à 
l’huile  beaucoup  de  matière  résineuse  colorante  : ces  huiles 
ont  des  vertus  bien  décidées  , et  on  les  emploie  tous  les 
jours  avec  succès. 

Parmi  les  plantes  odorantes  , il  y en  a plusieurs  qui 
fournissent  beaucoup  d’odeur  et  beaucoup  de  couleur  ; 
d’autres  ne  donnent  que  l’une  ou  l’autre  : toutes. ces 
variétés  viennent  de  la  nature  des  principes  contenus 
dans  les  végétaux  , et  des  différentes  proportions  de  ces 
principes. 

Les  huiles  peuvent  se  diviser  , comme  les  eaux  distil- 
lées, eu  simples  et  en  composées  , en  inodores  et  en  odo- 
rantes. 


D ES  II  U ILES  SIMPLES  PAR  INFUSION. 

Huile  rosat. 


^ Roses  de  Provins  récentes,  ......  . fb  J. 

‘ Huile  d’olives, 1b  iv. 


On  contuse  grossièrement  les  roses  rouges  dans  un  mor- 
tier de  marbre  avec  un  pilon  de  bois  : on  les  inet  dans  un 
vaisseau  convenable  avec  l’huile  d’olives  : on  expose  ce 
mélange  au  soleil  ou  à la  chaleur  du  bain-marie  , pendant 
deux  ou  trois  jours  : alors  on  passe  avec  forte  expression. 
On  ajoute  à l’huile  une  pareille  quantité  de  fleurs  : on 
fait  infuser  de  nouveau  , comme  la  première  fois  : on  fait 
chauffer  le  mélange  au  bain-marie  , pour  faire  dissiper  la 
plus  grande  partie  de  l’humidité  : on  laisse  déposer  l’huile  : 
on  la  tire  par  inclination  pour  la  séparer  de  sa  lie  , et  on 
la  conserve  dans  une  bouteille. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  les  huiles  des  fleurs 
suivantes  : 

de  roses  pâles,  de  violettes,' 

de  millepertuis,  de  genêt  , 

de  lis , 

et  généralement  toutes  les  huiles  des  plantes  inodores,  qui 
ne  fournissent  pas  plus  de  principes  dans  l'huile  que  les 
matières  dont  nous  parlons. 

T t iij 


662.  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE*. 

\ertus.  L huile  rosat  et  celle  des  autres  végétaux  que  nous 
venons  de  nommer  , n’ont  que  la  vertu  de  l’huile  : elles 
sont  adoucissantes  et  émollientes  , appliquées  à l’extérieur. 

Remarques. 

% Les  roses  rouges  fournissent  dans  l’eau  et  dans  l’esprit  de 
vin  une  teinture  fort  colorée  : leur  vertu  astringente  réside 
dans  un  principe  gommeux  et  extractif , dissoluble  dans 
1 une  et  dans  l’autre  liqueur  : elles  ne  fournissent  point 
d huile  essentielle  par  la  distillation  ordinaire  : l’huile 
d olives  ne  se  charge  , ni  de  l’odeur  ni  de  la  couleur  des 
roses,  parceque  leurs  principes  ne  sont  point  analogues  à 
1 huile.  La  plupart  des  Pharmacopées  prescrivent  de  faire 
successivement  trois  et  même  quatre  infusions  de  roses 
rouges  dans  la  même  huile  ; mais  elles  sont  inutiles  , 
puisque  1 huile  d’olives  n’en  tire  rien.  On  croit  commu- 
nément que  les  roses  rouges  donnent  une  couleur  à l’huile  : 
mais  on  lui  donne  cette  couleur , en  la  faisant  chauffer 
avec  de  V écorce  de  racines  cl’orcanette  , espece  de  bu- 
glose  qui  croit  en  Languedoc  et  en  Provence.  L’intérieur 
de  la  racine  de  cette  plante  est  ligneux  , et  ne  fournit 
que  peu  ou  point  de  couleur  à l’huile  ; il  n’y  a que 
î’ecorce  extérieure  , qui  est  résineuse  , qui  ait  cette  pro- 
priété. Pour  colorer  les  huiles  par  ce  moyen  , on  les  fait 
chauffer  médiocrement  dans  une  bassine,  et  l’on  met  sur 
chaque  livre  une  demi-once  environ  de  l’écorce  de  cette 
racine  : l’huile  en  tire  sur-le-champ  une  belle  teinture 
rouge.  Lorsqu’elle  est  suffisamment  colorée , on  la  passe 
au  travers  d’un  linge  : on  la  laisse  déposer  , et  on  la  tire 
par  inclination  pour  la  séparer  de  son  dépôt. 

On  colore  de  la  même  maniéré  l’huile  de  millepertuis, 
parceque  les  fleurs  de  cette  plante  ne  communiquent  rien 
à l’huile  d’olives,  ni  à l’eau,  quoiqu’elles  fournissent  une 
assez  belle  teinture  rouge  dans  l’espritde  vin.  Il  paraît  que 
la  matière  colorante  de  ces  fleurs  réside  dans  quelque  prin- 
cipe analogue  à la  gomme  copaî  ou  au  succin  , ou  que 
cette  matière  colorante  est  défendue  de  l’action  de  l’huile  , 
par  la  trop  grande  quantité  des  autres  principes  extractifs 
que  l’esprit  de  vin  dissout  en  même  temps. 

Les  Heurs  de  violettes  ne  communiquent  aucune  cou- 
leur à l’huile , non  plus  que  les  roses  pales  ; mais  ces  dejr- 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  665 

nîeres  contiennent  , comme  nous  l’avons  dit  , une  huile 
essentielle  très  odorante,  qui  se  fixe  dans  l’huile  d’olives, 
et  lui  communique  une  odeur  fort  agiéable. 

Les  lis  blancs  et  jaunes  11e  colorent  point  l’huile  d’oli- 
ves , et  ne  lui  communiquent  aucune  odeur,  parceque 
leurs  huiles  essentielles  sont  trop  fugaces  et  trop  volatiles; 
elies  se  dissipent  plutôt  que  de  se  hxer  dans  l’huile.  Les 
fleurs  de  lis  sont  très  aqueuses  : elles  subissent  pendant 
leur  infusion  un  léger  degré  de  fermentation  ; elles  se  ré- 
duisent en  des  especes  de  vessies;  elles  viennent  nager  et  se 
moisir  à la  surface  de  l huile , et  lui  communiquent  une 
odeur  de  chaud.  On  est  obligé  d’avoir  recours  à la  cha- 
leur du  bain-marie  pour  préparer  cette  huile  , afin  de  faire 
dissiper  l’humidité  des  fleurs  : mais  alors  l’huile  essen- 
tielle , ou  l’esprit  recteur  , se  dissipe  eu  meme  temps. 

Il  n’en  est  pas  de  meme  des  autres  fleurs  des  plantes 
liliacées  , et  qui  sont  beaucoup  moins  aqueuses  , comme 
sont  les  fleurs  de  tubéreuses  et  les  fleurs  de  quelques  autres 
végétaux  qui  contiennent  une  huile  semblable,  telles  que 
sont  celles  de  jasmin.  On  sépare  et  l’on  fixe  leur  principe 
odorant  par  le  moyen  de  l’huile  d’olives. 

Huiles  de  tubéreuse  et  de  jasmin. 

Pour  faire  ces  huiles  , on  procédé  de  la  même  ma- 
niéré que  nous  venons  de  le  dire  pour  l’huile  rosat  : mais 
on  ne  fait  point  chauffer  le  mélange  au  bain-marie  , ni 
pour  l’infusion  , ni  pour  en  faire  dissiper  l’humidité. 
On  fait  infuser  le  mélange  au  soleil,  dans  un  vaisseau  clos, 
pendant  douze  ou  quinze  jours  , au  bout  duquel  temps 
on  le  passe  avec  expression  : on  laisse  dépurer  l’huile  au 
soleil  , et  on  la  sépare  de  ses  fèces  et  de  l’humidité. 

Cette  huile  se  trouve  bien  odorante  et  chargée  de  l’huile 
essentielle  de  ces  fleurs.  On  remet  infuser  une  nouvelle 
quantité  de  semblables  fleurs  récentes  , et  on  procédé  , 
comme  nous  venons  de  le  dire  : on  réitéré  même  ces  in- 
fusions douze  ou  quatorze  fois  , et  quelquefois  davantage, 
jusqu’à  ce  que  l’huile  soit  bien  chargée  de  l’odeur  de  ces 
fleurs.  Quelques  personnes  emploient  l’huile  de  ben  en 
place  d’huile  d’olives  ; ce  qui  vaut  mieux  , pareequ’eile 
est  infiniment  moins  sujette  à se  rancir. 

Plusieurs  auteurs  recommandent,  pour  la  préparation, 

» T t iv 


664  Eléments  de  pharmacie. 

des  huiles  en  général  , de  faire  bouillir  les  plantes  dans 
1 huile  , jusqu’à  ce  qu’elles  soient  entièrement  privées 
d humidité , et  même  frites  et  séchées  par  l’huile  ; ce  qu’ils 
reconnoissent  , Jorsqu’en  en  jetant  un  peu  dans  le  lèu  , 
elles  s’enflamment  sans  pétiller.  Ils  pensent  que  l’huile  se 
trouve  mieux  chargée  des  substances  des  végétaux  , et  que 
tous  leurs  principes  se  combinent  avec  l’huile.  Cette  mé- 
thode est  celle  que  suivent  les  gens  peu  instruits,  parce- 
qu’elle  est  prompte  et  moins  embarrassante  que  celle  que 
nous  proposons  ; mais  elle  est  absolument  défectueuse. 
Silvius  , qui  est  très  ancien  , la  condamne,  et  il  recom- 
mande de  préparer  toutes  les  huiles  au  bain-marie.  Il  est 
certain  que  l’huile  , même  sans  qu’elle  soit  bouillante  , 
acquiert  un  degré  de  chaleur  considérable  , et  bien  supé- 
rieur à celui  de  Peau  bouillante  : ce  degré  estplus  que  suf- 
fisant pour  taire  dissiper  les  principes  volatils  , et  détruire 
en  entier  les  substances  qui  s’étoient  combinées  avec 
l’huile.  D’ailleurs  , lorsque  l’huile  acquiert  un  degré  de 
chaleur  un  peu  supérieur  à celui  de  l’eau  bouillante  , elle 
se  décompose  , son  acide  se  développe  , et  elle  a d’autres 
vertus  que  celle  qui  n’a  point  éprouvé  1111e  semblable  cha- 
leur : elle  est,  pour  l’ordinaire , plus  fluide,  plus  transpa- 
rente , moins  facile  à se  figer  , et  elle  s<?  rancit  bien  plus 
promptement.  Tous  ces  phénomènes  nous  indiquent 
qu’elle  a reçu  quelque  altération, 
us-  Les  huiles  de  tubéreuse  et  de  jasmin  sont  d’usage  pour 
fa  toilette , à cause  de  leur  bonne  odeur  : il  y a des  cas 
où  l’on  pourroit  les  employer  à l’extérieur  , pour  animer 
et  fortifier  les  nerfs,  et  donner  du  ton  à la  peau. 

Huile  de  camomille . 

^Fleurs  de  camomille  romaine  , seches,  g viij. 
Huile  d’olives  , . , . , ' IL  iv. 

On  prend  les  fleurs  de  camomille  récemment  séchées  ï 
on  les  met  dans  une  cruche  de  grès  : on  verse  par-dessus 
l’huile  d’olives  que  l’on  a fait  tiédir  : on  bouche  la  cruche 
avec  du  liege  : on  laisse  le  mélange  en  digestion  au  so- 
leil  pendant  six  semaines,  ou  au  bain-marie  pendant  deux 
trois  jours  : ensuite  on  passe  l’huile  au  travers  d’un 
linge , et  on  soumet  le  marc  à la  presse  ; on  laisse  dé- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  665 

m 

poser  l’huile  , et  ou  la  tire  par  incliuation  ; on  la  con- 
serve dans  des.  bouteilles  bien  bouchées. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  les  huiles  des  végé- 
taux: suivants  : 

de  fleurs  de  mol  Ilot , 
sureau  , 
de  marjolaine, 
d’absinthe , 
d’abrotanum , 

et  généralement  toutes  les  huiles  des  fleurs  et  des  plantes 
odorantes  , cpii  11e  perdent  que  peu  ou  point  du  tout  de 
leur  odeur  pendant  l’exsiccation. 

L’huile  de  camomille  est  émolliente  , résolutive  , adou-  Vertus, 
tissante  et  fortifiante  , appliquée  extérieurement. 

Remarques. 

Plusieurs  Pharmacopées  recommandent  d’employer  les 
fleurs  et  plantes  récentes  ; ce  qui  est  indifférent,  lorsqu’on 
les  prépare  en  peu  de  jours,  à l’aide  de  la  chaleur  du  bain- 
marie;  mais  j’ai  remarqué  que  , lorsqu’on  les  fait  infu- 
ser à la  chaleur  du  soleil  pendant  six  semaines , ou  même 
beaucoup  moins  de  temps  , l’humidité  qu’elles  contien- 
nent lait  rancir  l’huile  avant  que  l’infusion  soit  achevée  : 
on  ne  court  pas  les  mêmes  risques  en  employant  ces  vé- 
gétaux secs  ; ces  huiles  sont  plus  faciles  à dépurer  , par- 
ce qu’elles  contiennent  moins  de  fèces. 

fous  les  végétaux  que  nous  recommandons  de  traiter 
avecl  huile  d’olives , comme  les  fleurs  de  camomille,  four- 
nissent dans  cette  même  huile  leur  odeur  et  leur  couleur, 
parcequ’ils  contiennent  des  huiles  essentielles  et  des  ré- 
sines colorantes.  Les  fleurs  de  camomille  et  de  sureau  ne 
fournissent  presque  que  de  l'huile  essentielle  : elles  chan- 
gent la  couleur  de  l’huile  d’olives  en  un  petit  ton  verd  asses 
brillant  ; mais  les  autres  fournissent  beaucoup  d’odeur  et 
de  couleur  verte  , sur-tout  la  rue  , l’absinthe  , etc. 

Nous  prescrivons  d’employer  huit  onces  de  fleurs  de 
camomille  seches  ; elles  équivalent  à-peu-près  à deux  livres 
de  ces  mêmes  fleurs  fraîches  et  non  séchées , que  deman- 
dent plusieurs  Pharmacopées,  et  qu’elles  prescrivent  d’em- 
ployer en  deux  infusions  successives  dans  la  même  huile. 


de  menthe, 
d’aneth , 
de  rue , 
de  myrte  , 


666  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE:' 

On  s’évite  ainsi  la  peine  de  ces  doubles  infusions  , parce- 
que  souvent  on  ne  peut  se  procurer  les  fleur?,  fraîches  à 
l’instant  qu’on  en  a besoin  pour  la  seconde  infusion. 

La  chaleur  qu’on  donne  à l’huile  d’olives  avant  de  la 
verser  sur  les  fleurs  , est  afin,  qu’elle  agisse  mieux  sur  les 
principes  qu’elle  peut  extraire  des  végétaux.  Un  peut  aug- 
menter la  vertu  de  res  huiles  en  y mêlant  , après  qu’tlles 
sont  préparées,  quelques  gouttes  d'huile  essentielle  des 
mêmes  plantes. 

Huile  de  mo relie. 


On  amortit  la  morelle  , en  lui  donnant  quelques  coups 
de  pilon  de  bois  , dans  un  mortier  de  marbre  : on  la  met 
dans  une  bassine  avec  l’huile  d’olives  ; on  place  le  vais- 
seau sur  les  cendres  chaudes  , et  l’on  fait  évaporer  une 
grande  partie  de  l'humidité  : on  passe  le  mélange  au  tra- 
vers d’un  linge,  en  exprimant  bien  le  marc  : on  met  dé- 
poser l’huile  dans  une  bouteille  , et  on  la  tire  au  clair 
pour  la  séparer  de  se$  fèces. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  les  huiles  des  plantes 
suivantes  : 

de  stramonium , de  ciguë, 

de  pomme  d’amour,  de  nicotiane, 

de  jusquiame  , de  pomme  de  merveille  f 

et  de  foutes  les  plantes  aqueuses  qui  ne  fournissent  point 
d’huile  essentielle  par  la  distillation  ordinaire  , et  qui 
contiennent  beaucoup  de  principes  résineux  colorants  , 
comme  les  plantes  que  nous  citons  pour  exemple. 

Vertus.  L’huile  de  morelle  ne  s’emploie  que  pour  l’extérieur  : 
elle  est  humectante  , résolutive  , calmante  : elle  appaise 
les  inflammations  et  les  douleurs  que  donnent  les  cancers 
et  les  humeurs  cancéreuses. 

Les  huiles  des  plantes  que  nous  venons  de  dire  qu’on 
prépare  de  la  même  maniéré  , sont  narcotiques  , et  ne 
s’emploient  que  pour  l’extérieur  : elles  ont  les  mêmes  ver- 
tus qu^  l’huile  précédente  , mais  dans  des  degrés  plus 
éminents. 


Morelle  récente  et  en  fruits , 7 
Huile  d'olives  , 5 


aa. 


ïfe  iv 


^ L I M E N T S DE 


PHARMACIE. 


66j 


il 


E M A R Q U E S. 


Nous  recommandons  de  faire  ces  huiles  par  coction  et 
sur-le-champ  , parceque  les  plantes  avec  lesquelles  on  les 
préparé  contiennent  une  grande  quantité  d’humidité  * 
elles  moisiraient,.  et  elles  feroient  rancir  l’huile  , si  on 
les  préparait  par  infusion  comme  les  précédentes.  Toutes 
ces  plantes  communiquent  à l’huile  une  couleur  verte  plus 
ou  moins  foncée  , parcequ’elles  contiennent  toutes  une 
résiné  verte  qui  se  dissout  dans  l’huile.  Par  le  moyen  des 
menstrues  spiritueux  , j’ai  enlevé  les  résines  vertes  des 
plantes  inodores;  j’ai  coloré  ensuite  les  huiles  et  les  graisses 
avec  ces  mêmes  résines  : elles  s’y  sont  dissoutes  sans  trou- 
bier  leur  transparence  , toutes  propriétés  qui  appartien- 
nent a des  substances  résineuses. 

Les  écumes  qu’on  sépare  en  clarifiant  les  sucs  des  vé- 
gétaux dont  nous  avons  parlé  , contiennent  presque  toute 
leur  matière  résineuse  colorante.  On  peut  s’en  assurer 
en  faisant  chauffer  modérément  ces  mêmes  écumes  avec 
de  1 huile  d olives,  qui  devient  plus  ou  moins  verte  sur- 
le-champ.  La  matière  mucilagineuse  et  le  parenchyme  se 
précipitent  comme  dans  les  opérations  précédentes. 

Huile  d'iris. 

Racines  de  glaïeul  , récentes  j. 

Huiles  d’glives  


Fleurs  de  glaïeul 


'h 
R h- 


On  nctoie  les  racines  : on  les  coupe  par  tranches:  on 
les  lait  macérer  dans  l’huile,  pendant  vingt-quatre  heures, 
sur  des  cendres  chaudes  : ensuite  on  fait  évaporer  l’hul 
nudité  par  un  feu  doux  , après  avoir  coulé  l’huile  au  tra- 
vers  d un  mge  en  exprimant  fortement  : on  y met  les 
eurs  de  glaïeul.  On  fait  digérer  de  nouveau  sur  les  cen- 
rcs  chaudes  pendant  douze  heures  : on  fait  dissiper  la 
Plus  grande  partie  dcl'luimiditc  sur  un  feu  doux:  on  passe 

huile  avec  expression  : on  la  décante  , et  on  la  conierve 
dans  une  bouteille. 

On  attribue  à cette  huile  la  vertu  de  déterger  et  de  ré-  Vertus, 
soudre  puissamment.  On  la  recommande  pour'Jes  tumeurs 
01  es>  Pour  *es  écrouelles  , et  pour  avancer  les  suppu- 


663  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

rations.  Mais  nous  croyons  que  cette  huile  n’a  pas  d’au- 
tres vertus  que  celles  de  l’huile  pure. 

Huile  cle  mastic. 

Mastic  en  larmes, • • 5 vj. 

Huile  d’olives  , îb  j fi. 

On  fait  tiédir  l’huile  dans  une  bassine  : on  ajoute  le 
mastic  en  larmes,  réduit  en  poudre  grossière  : on  remue 
ce  mélange  , et  on  le  fait  chauffer  légèrement  jusqu’à  ce 
que  le  mastic  soit  dissous  : on  laisse  refroidir  1 huile  , et 
on  la  serre  dans  une  bouteille.  # 

On  prépare  de  la  même  maniéré  toutes  les  huiles  des 
résines  pures,  ainsi  que  celles  des  gommes-résines  , avec 
cette  différence  , que  tes  gommes-résines  ne  se  dissolvent 
pas  en  entier  dans  l’huile  ; la  partie  gommeuse  se  préci  - 
pite , et  l’on  sépare  ce  dépôt  d’avec  l’huile. 

On  faisoit  autrefois  de  ces  huiles  avec  des  matières  pur- 
gatives , comme  l’aloës , la  coloquinte  , la  scammonee  , 
etc.  ; on  les  appliquoit  sur  la  région  du  bas* ventre , à des- 
sein de  purger  ; mais  on  a supprimé  ces  médicaments  de 
la  Pharmacie,  parcequ’on  s’est  àpperçu  qu'ils  ne  pur- 
geoient  pas  constamment  , et  que  d’ailleurs  les  substan- 
ces acres  qu’ils  contiennent  , occasionnent  des  rougeurs 
et  des  inflammations  douloureuses  à l’extérieur. 

Vertus  L’huile  de  mastic  fortifie  les  nerfs  et  les  jointures  : on 
la  donne  en  lavements  dans  le  cours  de  ventre  et  la  dys- 
senterie.  La  dose  est  depuis  demi-once  jusqu’à  une  once.; 

Huile  de  vers . 


2é  Vers  de  terre  vivants 
Huile  d’olives  , 

Vin  blanc  , .... 


ïbir. 

y ‘ 

S VUJ- 


On  met  les  vers  de  terre  dans  de  l’eau  , et  0»  les  y laisse 
dégorger  pendant  dix  ou  douze  heures  : ensuite  on  les 
lave  dans  plusieurs  eaux  tiedes,  et  on  les  met  dans  une 
bassine  avec  l’huile  et  le  vin.  On  place  le  vaisseau  sur 
un  feu  doux  : on  fait  cuire  les  vers  jusqu  a ce  que  X Hu- 
midité soit  presque  dissipée  : on  passe  l’huile  au  travers 
d’un  linge  : on  la  laisse  déposer,  et  on  la.  sépare  de  ses  leces 


ÉLÉMENTS  B E PHARMACIE.  66  9 

en  la  versant  par  inclination  : on  la  conserve  dans  des 
bouteilles. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  les  huiles: 

* / 

de  lézards  verds  , de  grenouilles  , etc. 
de  crapauds  , 

L’huile  de  vers  ramollit,  fortifie  les  nerfs:  elle  est  ^ertu5, 
bonne  pour  les  douleurs  des  jointures,  pour  résoudre  les 
tumeurs,  pour  les  dislocations,  pour  les  foulures  : on  en 
frotte  les  parties  malades. 

Huile  de  fourmis. 


Fourmis  de  bois  , 
Huile  d’olives,  . 


v » • « 


ib  j. 


On  met  les  fourmis  dans  l’huile  qu’on  a fait  tiédir  : on 
conserve  ce  mélange,  pendant  huit  ou  dix  jours  , dans 
un  vase  clos  , exposé  au  soleil , au  bout  duquel  temps  on 
]c  fait  chauffer  au  bain-marie  : on  le  passe  avec  expression  : 
on  laisse  déposer  l’huile  , et  on  la  tire  par  inclination:  on 
la  conserve  dans  une  bouteille. 

On  dit  edte  huile  propre  pour  ranimer  les  esprits  , Vertus, 
pour  exciter  la  semence  : on  en  frotte  les  parties  de  la 
génération.  Ces  vertus  sont  illusoires  : cotte  huile  n’a  que 
les  vertus  de  l’huile  d’olives. 

Huile  de.  scorpions . 

if.  Scorpions n«\  C. 

Huile  d’olives  îb  ü. 

Cette  huile  se  prépare  comme  la  précédente. 

On  estime  cette  huile  propre  pour  arrêter  les  progrès  Vertus, 
de  la  piquure  et  du  poison  du  scorpion  , et  des  autres  ani- 
maux vénéneux:  mais  l’huile  d’olives  toute  pure  a la 
même  vertu  , étant  appliquée  sur  les  parties  affligées.  1 e 
meilleur  rernede  contre,  la  piquure  des  animaux  vénéneux 
est,  suivant  l’opinion  la  plus  commune,  l’application  de 
rakali  volatil  du  sel  ammoniac , ou  de  tout  autre  <jPI 
akali  volatil. 


^7°  klémen'ts  DE  PHARMACIE.' 

Des  huiles  composées. 
Huile  de  mucilage. 


21  Racines  de  guimauve  , i ' 
Sômences  de  fenu  grec  , 


Eau  bouillante  , . . q.  s. 

Huile  d’olives  , p,  jj. 

On  nétoie  les  racines  de  guimauve  : on  les  coupe  par 
tranches  : on  les  met  infuser,  pendant  vingt-quatre  heu- 
res, dans  l’eau  bouillante,  avec  les  semences  de  lin  et  de 
fenugrec  : on  a soin  d’agiter  le  mélange  , de  temps  en 
temps,  avec  une  spatule  de  bois;  ensuite  on  coule  la  li- 
queur avec  expression , et  on  la  met  dans  une  bassine 
avec  l’huile  d’olives  : on  place  le  vaisseau  sur  un  feu  doux, 
et  on  fait  évaporer  presque  toute  l’humidité.  On  passe 
1 huile  sans  expression,  et  on  la  dépure  comme  les  pré- 
cédentes. 

.Vertus*]  Cette  huile  est  adoucissante,  résolutive,  émolliente^ 


Cette  huile  a une  couleur  jaune  safranée,  qui  lui  vient 
de  la  substance  résineuse  du  fenugrec  qui  s’est  dissoute 
dans  l’eau,  et  que  l’huile  sépare  ensuite  de  l’infusion; 
elle  conserve  d’ailleurs  l’odeur  de  cette  semence. 

Lorsque  l’humidité  est  presque  évaporée  , le  mucilage 
de  la  graine  de  lin  et  de  la  racine  de  guimauve  se  réduit 
en  grumeaux  : il  est  sujet  à s’attacher  et  à se  brûler  au 
fond  du  vaisseau  ; c’est  pourquoi  il  convient  de  remuer 
sans  discontinuer,  et  de  ne  le  point  faire  trop  dessécher: 
on  laisse  déposer  cette  huile  avant  de  la  serrer  dans  des 
bouteilles. 

Les  mucilages  de  graines  de  lin  et  de  guimauve  ne  four- 
nissent rien  dans  l'huile  d’olives:  on  peut  les  supprimer 
sans  inconvénient  : nous  pensons  que  cette  huile  seroît 
mieux  faite,  si  on  mêloit  ensemble  de  l’huile  de  lin  et  de 
l’huile  d’olives  , et  si  on  laissoit  infuser  ce  mélange  à 
chaud  sur  de  la  graine  de  fenugrec  concassée  : ces  huiles 
se  chargcroient  d’une  plus  grande  quantité  de  principes 


Remarques. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  6fl 

résineux  et  huileux  de  cette  semence,  dans  laquelle  réside 
la  plus  grande  vertu  de  cette  huile  de  mucilage. 

Huile  de  petits  chiens. 


■ Des  petits  chiens  récemment  nés  , . . n°.  vj.1 

Huile  d’olives, vj. 

Vin  blanc 5 viij. 

On  prend  des  petits  chiens  récemment  nés  ; on  les 
coupe  par  morceaux  ; on  les  met  dans  une  bassine  avec 
l’huile  et  le  vin;  on  les  fait  cuire  à petit  feu  , jusqu’à  ce 
qu  ils  soient  irits  , ayant  soin  d’agiter  le  mélange  avec 
une  spatule  de  bois,  afin  que  les  petits  chiens  ne  s’atta- 
chent pas  au  fond  du  vaisseau  : on  passe  avec  expression,’ 
et  on  verse  l’huile , tandis  qu’elle  est  chaude  , sur  les 
plantes  suivantes  , séchées  et  coupées  grossièrement  y 
qu’on  a mises  dans  une  cruche  : 


Sommités  d’origan , ^ 

de  serpolet,  / 
de  pouliot , > ààd  . : ; . 5 ij; 

de  millepertuis , l 
de  marjolaine,  J 

On  bouche  le  vaisseau  avec  du  liege  , et  on  l’expose 
au  soleil  pendant  quinze  jours  ou  trois  semaines  : alors 
ou  coule  avec  expression  : on  dépure  l’huile  , et  on  la 
serre  dans  une  bouteille  bien  bouc  hée. 

L huile  de  petits  chiens  est  estimée  propre  pour  forti-  Venus.’ 
fier  les  nerfs,  pour  la  sciatique,  pour  la  paralysie,  pour 
dissoudre  et  résoudre  les  catarres  qui  viennent  de  pituite 
froide  et  visqueuse.  On  en  frotte  les  épaules  , l’épine  du 
dos  et  les  autres  parties  malades.  Les  vertus  viennent  des 
plantes  aromatiques,  et  non  des  petits  chiens  qui,  lors- 
qu’ils sont  gras,  ne  fournissent  qu’un  peu  de  graisse,  qui 
n’a  pas  les  vertus  qu’on  attribue  à cette  huile  : elle  est 
seulement  adoucissante. 


Huile  de  castor. 

Castor  , . . . . 

Vin  rouge  , . . 

Huile  d’olives  , 

On  prend  du  çastor  nouveau , et  qui  soit  encore  bien 

‘ *** 


5 h-' 

W'  • • • 

5 MJ- 
? xij: 


Vertus. 


67:2  Éléments  de  rn  a r m a c.  i e. 

jiiou:  on  le  coupe  1res  menu  : on  le  met  dans  une  Cit* 
ciubite  de  verre  avec  l’huile  d’olives  et  le  vin  : on  couvre 
le  vaisseau  : on  fait  digérer  le  mélange  au  bain-marie, 
pendant  vingt-quatre  heures,  en  l’agitant  de  temps  en 
temps:  alors  ori  fait  évaporer  l’humidité  au  même  degré 
de  chaleur:  011  passe  l’huile  avec  expression  , ou  si  l’on 
aime  mieux  on  la  conserve  sur  son  marc  dans  une  bou- 
teille qu’on  bouche  bien. 

Le  castor  contient  un  principe  résineux  , qui  se  dissout 
facilement  dans  les  liqueurs  spiritueuses  et  huileuses. 
L’huile  , préparée  comme  nous  le  prescrivons,  est  d’uns 
couleur  rouge  brune,  et  elle  a bien  fodeur  du  castor. 

Cette  huile  est  estimée  propre  pour  les  maladies  du 
cerveau  , pour  la  paralysie,  pour  les  convulsions  , pour  la 
léthargie  et  les  frissonnements  : on  en  frotte  les  épaules 
et  l’épine  du  dos.  On  l’emploie  aussi  pour  les  maladies 
de  la  matrice. 

Baume  tranquille. 

^ Feuilles  de  stramonium , à 
morelle  , i 

phvtolacca,  J 
bella  doua  , 

mandragore,  ââ  ...  . 5 iv* 
nicotiane,  ( 
jusquiarne , I 
pavot  blanc  , \ 

noir,  J 

Persicarre , • • 5 1* 

Crapauds  , n °*  Y* 

Huile  d’olives,  . . * ib  vj. 


On  nétoie  et  l'on  coupe  toutes  ces  plantes  : on  les  met 
dans  une  bassine,  avec  les  crapauds  entiers  et  vivants,  et 
l’huile  d’olives“on  fait  cuire  ce  mélange  à petit  feu,  en 
le  remuant  de  temps  en  temps  avec  une  spatule  de  bois, 
jusqu’à  ce  que  l’huile  devienne  d’une  belle  couleur  verte  , 
et  que  les  plantes  soient  bien  amorties  et  privées  des  trois 
quarts  de  leur  humidité  : alors  011  passe. avec  expression; 
on  laisse  déposer  l’huile  pont  la  séparer  de  ses  fèces;  on  la 

^ ‘ 1 . » . 1 .1 ^ /'rnr  HA 


fait  chauffer  légèrement,  et  on  la  verse  dans  une  cruche 


dans  laquelle  on  a mis  les  plantes  aromatiques  récentes 
Suivantes , nétoyées  et  coupées  grossièrement. 


àu. 


l L éu  E N T 5 DK  PHARMACIE. 

Veuilles  de  romatin  , 
sauge  , 

grande  absinthe, 
petite  absinthe , 
livsope , 
thym  . 

J 4 

marjolaine, 
coq  des  jardins, 
menthe, 

Meurs  de  lavande , 
sureau  , 
millepertuis, 

On  agite  ce  mélange  avec  une  spatule,  afin  de  faire 

H"er  P anles  ,Ja"s  Vhuile  : on  bouche  la  cruche  avec 
du  hege:  on  1 expose  au  soleil  pendant  quinze  (ours  ou 
an  bain -marte  pendant  dix  ou  douze  heures.  Lorsnne 
hune  est  a demi-refroidie , ou  la  passe  avec  expression  - 
on  a laisse  déposer  pendant  plusieurs  jours  : on  la  tire  par 

EaSt*  “ '*  *»  - «X 

Ce  hauine  est  anodin , calme  les  douleurs  de  rhumatis  Venu, 
me  : .1  fortifie  les  nerfs  : il  te, riper e les  ardeurs  de  Sam.' 
ma tion  étant  appliqué  sur  les  parties  affligées.  0,1 le  to 
quelquefois  entrer  dans  des  lavements  calniants  et  ado, 
lissants.  La  dose  est  depuis  demi-once  jusqu’à  deux  onces  r> 
Quelques  personnes  le  font  prendre  intérieurement  on 
doit  ■>  loi  s [administrer  avec  beaucoup  de  prudence  à 
cause  de  la  vertu  des  plantes  narcotiques  do.u  il  est  co’m 

posé . il  vaut  mieux  avoir  recours  à des  remedes  plus  sûrs 
et  mieux  connus.  i surs 

i » ' t f i , r • f ! î , « 

Remarques. 

Le  nom  de  baume  que  l’on  a donné  à ce  composé  «r 
fort  impropre;  nous  verrons  que  ce  nui  doit  fj  -,  uf C 
ment  porter  le  nom  do  baume  }doh Ts  L T 

tance  que  n’en  a ce  médicament  : il  faut  plutôt  I,.  ,'  ?'Sl* 

tlerer  comme  une  huile  composée.  P COnsi' 

Les  plantes  qui  composent  cette  huile  sont  d»  t 
especes  différentes  : les  unes  sont  inodores,*™  conûeA 
*“  “en  <1U1  5011  susceptible  de  se  volatiliser  au  demi 

Vv  ° 


*5  ?4 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 


de  chaleur  que  l’on  emploie  pour  les  faire  cuire  a 1 air 
libre;  les  autres  sont  odorantes , et  contiennent  beaucoup 
d’huile  essentielle  , qui  se  dissiperoit  entièrement  si  on 
les  traitoit  de  la  même  maniéré.  Les  unes  et  les  autres 
fournissent  dans  l’huile  beaucoup  de  principes  qui  lui 
donnent  une  couleur  verte  plus  ou  moins  foncee.  La 
plupart  des  plantes  inodores  qu’on  lait  entrer  dans  ce 
huile',  contiennent  non  seulement  une  matière  resmeuse 

pure  , qui  se  dissout  et  se  combine  facilement  avec  1 huile, 
!..  . . crr'ir.Aa  mianiüf  de  ÊOininc- 


puro  , qui  se  uisbuuL  ou  • — - 

elles  fournissent  encore  une  grande  quantité  de  g01™ 
lésine  qui  se  dissout  également  dans  1 huile , mais  qui  s en 
* » . .. „ pçf  nrpnaiee  . et  se  pré 


résiné  qui  se  dissout  , l 

sépare  quelque  temps  après  qu’elle  est  préparée  , et  se  pr  - 
cipite  sous  la  forme  de  grumeaux  verdâtres  mollasses  , 
nui  donnent  à celte  huÜe  une  apparence  caillebotee  , 

mais  ils  se  liquéfient  et  se  mêlent  avec  huile  au  moindre 
, , i ai motmrfi  cp  dénose  de  nouveau 


degré  de  chaleur  : cette  matière  se  dépose  de  nouveau 
cuelques  temps  après  qu’elle  est  refroidie.  Ces  pim 
Àienes  prouvent  que  cette  matière  gommeuse  est  si  bien, 
combinée  avec  les  matières  résineuses,  quelle  devient 
par  là  dissoluble  dans  l’huile.  La  matière  gommeuse  n est 
point  sans  vertu;  on  a intention  quelle  reste  dans  cette 
huile.  C’est  pour  la  conserver  que  nous  avons  recom- 
mandé de  faire  cuire  à petit  feu  les  plantes  inodores  , et  da 
r.e  les  priver  qu’environ  des  trois  quarts  de  leur  humi- 
dité • si  on  les  faisoit  trop  chaufter , et  qu  on  les  dessi  chat 
entièrement,  comme  quelques  personnes  le  recomman . 
«lent,  on  fetoit  non  seulement  séparer  cette  matière  gom- 
su ° use  mais  on  détruiroit  encore  la  couleur  des  sud- 
stances’ résineuses,  parcequ’alors  l’acide  de  l’huile  se  «le- 
veloppe  et  agit  sur  ces  matières  colorantes  de  la  meme 
manière  que  l’acide  volatil  sulfureux  détruit  es  couleurs, 
l’ai  remarqué  que  l’acide  de  l’huile,  venant  a se  te 
lopper  dans  le  temps  qu’elle  se  rancit,  se  réduit  en  vapeurs 
insensibles  qui  détruisent  la  couleur  des  papiers  rouges 
bleus  dont  on  se  sert  pour  couvrir  les  pots  et  les  bo  c eu  es 
dans  lesquels  on  conserve  ces  memes  huiles.  Lorsque  la 
coction  des  plantes  inodores  est  finie , on  passe  l huile , on 
la  sépare  de  l’eau  qui  se  trouve  au  fond  , et  on  la 
Lédifpour  la  verser’ sur  les  plantes  .«.manquer ..J»  ™ 
fait  digérer  ensemble  dans  un  Vaisseau  clos  « no  en 
on  ne  perd  rien  de  leurs  principes;  ces  plantes  1 
sent  dans  cette  huile  une  nouvelle  quantité  de  matières 


Éléments  dk  pharmacie.  6j$ 

résineuses  qui  augmentent  sa  couleur  verte.  Mais  pour 
avoir  cette  huile  bien  colorée,  il  faut  employer  toutes  ces 
plantes  dans  leur  état  de  fraîcheur,  parceque  , lorsqu’elles 
sont  fanées,  elles  ne  fournissent  pas,  à beaucoup  près, 
autant  de  couleur. 

Dans  le  temps  que  les  plantes  se  fanent,  elles  souffrent 
une  déperdition  d’humidité , et  elles  éprouvent  un  mou- 
vement insensible  de  fermentation,  qui  concentre  et  dé- 
veloppe leur  acide.  Ce  dernier  principe  agit  sur  la  couleur 
des  résines,  et  la  détruit  de  plus  en  plus  ; mais  en  plon- 
geant dans  1 eau  les  tiges  de  ces  plantes  (pii  commencent 
a se  laner , elles  reprennent  de  la  vigueur:  j’ai  remarqué 
qu’en  cet  état  elles  acquièrent  de  nouveau  la  propriété 
de  colorer  les  huiles  comme  auparavant  , parcequ’appà- 
reinment  la  couleur  de  la  résine  se  régénéré. 

Le  baume  tranquille  ne  peut  avoir  toutes  les  années 
une  couleur  verte  également  foncée  , en  employant  tou- 
jours la  mèrne  quantité  de  plantes.  Cela  vient,  comme  je 
l'ai  fait  remarquer  en  plusieurs  endroits,  de  ce  que  ces 
plantes  contiennent  moins  de  résines  coloiantes  dans  les 
années  pluvieuses  que  dans  1 s années  seches. 

Quelques  personnes  lui  donnent  la  couleur  qui  lui  man- 
que , par  l’addition  d’une  suffisante  quantité  de  verd-de- 
gris  , sans  s’embarrasser  des  qualités  vénéneuses  qu’ils  in- 
troduisent dans  ce  médicament  : il  est  facile  de  voir  les 
dangers  auxquels  on  est  exposé  en  faisant  usage  du  baume 
tranquille  coloré  par  un  semblable  poison. 

Nous  pensons  qu’on  peut  retrancher  les  crapauds  do 
cette  composition;  ils  ne  peuvent  communiquer  que  peu 
ou  point  de  vertu,  et  ne  paroissent  propres  qu’à  inspirer 
à certaines  personnes  beaucoup  de  répugnance  pour  co 
médicament.  r 

Des  baumes . 

On  a nommé  baumes  les  résines  liquides  qu’on  tire  par 
incision  ou  sans  incision  de  plusieurs  arbres,  comme  la 
baume  de  la  Mecque,  le  baume  de  copahu,  le  baume  de 
Canada,  la  térébenthine,  etc.  On  a donné  le  nom  de 
baume  à ces  résines  liquides,  à cause  de  leur  grande  vertu 
P°ur.  consolider  les  plaies  , et  aussi  par  rapport  à leur 
consistance  visqueuse.  Ces  baumes  étoieut  autrefois  fort 

V v i j 


676  ilÉMENTS  DE  PHiRMACI!» 

chers  et  fort  rares  , on  entend  même  assez  ordinairement 
parle  nom  de  baume  un  médicament  précieux,  et  qui 

a de  grandes  vertus.  , , 

On  a donné  par  la  suite  le  même  nom  a des  médica- 
ments composés  qui  avoient  à-peu-près  la  même  consis- 
tance visqueuse  , et  auxquels  on  attribuoit  les  memes 
vertus;  ils  étoicnt  faits  à dessein  de  suppléer  a la  raretc 
des  baumes  naturels.  Mais  dans  ces  derniers  temps,  on  n a 

point  eu  d’égard  à la  consistance  des  médicaments  auxquels 

on  a donné  le  nom  de  baume  : c est  ce  qui  fait  que  °P.a 
aujourd’hui  dans  la  Pharmacie  des  baumes  liquides  spiri- 
tueux , des  baumes  liquides  de  la  consistance  des  huiles  , 
des  baumes  épais  comme  les  onguents,  des  baumes  solides 
comme  les  emplâtres  : il  ne  s’en  trouve  plus  qui  aient 
bien  véritablement  la  consistance  des  baumes  naturels. 

Les  baumes  spiritueux  ont  pour  base  l’esprit  de  vin  et 
plusieurs  huiles  essentielles;  quelquefois  on  charge  1 esprit 
de  vin  de  la  teinture  de  plusieurs  substances  avant  de  les 

mêler  avec  les  huiles  essentielles. 

Les  baumes  qui  ont  la  consistance  des  huiles  grasses  , 
sont  faits  avec  ces  mêmes  huiles , auxquelles  on  ajoute  des 
matières  odorantes  qui  changent  peu  leur  consistance. 

Les  baumes  qui  ont  la  consistance  d’onguent,  sont  le 
plus  souvent  des  onguents  proprement  dits  : quelques 
uns  cependant  ne  sont  composés  que  de  cire  blanche, 
on  d’huile  épaisse  de  muscades,  qu’on  a melee  avec  des 
huiles  essentielles  : quelquefois  ce  sont  des  graisses  ani- 
males qu’on  emploie  pour  excipients  des  huiles  essen- 
tielles ; mais  cela  ne  se  pratique  plus  actuellement , 
cause  que  ces  graisses  se  rancissent  avec  trop  de  «cihté. 

Les  baumes  emplastiques  doivent  leur  consistanc  . 
des  résines  seches  odorantes  , à de  la  cire,  etc.  Ils  so 
faits  pour  être  odorants,  et  ne  s’emploient  que  comme 
parfums.  On  les  enferme  dans  des  boites  d ivoire  on 
d’argent , et  on  les  porte  dans  la  poche  : on  donne  a ces 
baumes  une  consistance  solide , pour  qu  ils  soient  pl 
commodes  à porter  sur  soi,  et  alm  que  leur  odeur  se 

dl Plusieurs  baumes  se  prennent  intérieurement,  les  au- 

tr  D;’r5eUnous  venons  de  dire  sur  les  baumes,  il  ré- 

, • ■ niTrpr  îri  le  baume  du  Coin- 

suite  que  rwus  aurions  pu  placer  ici  ic  u 


éléments  de  pharmacie. 


677 


? 


V V • 

aa.  5 vj. 


S 


i 


aa. 


a a. 


mandeur  et  le  baume  tranquille  , avec  quelques  autre» 
dont  nous  parlerons  à l’article  des  onguents  ; mais  comme 
toutes  ces  dénominations  sont  arbitraires  , j’ai  cru  devoir 
les  placer  avec  les  médicaments  auxquels  ils  ont  plus 
de  rapport. 

Baume  oppodehoch r 

^-Racines  seches  de  guimauve  , 

consolide  , 
gentiane  , 
aristoloche  ronde , 
angélique , 

Sommités  fleuries  de  sauge,  q 
Fleurs  de  lavande,  ' '•* 

Baies  de  genievre , 

Castor  pulvérisé , q 
Camphre  , $ 

feuilles  de  sar.icle  , récentes  , -s 
Pied  de  lion,  / 

Piloselle , > àà. 

Langue  de  serpent , \ 

Pervenche , 

Romarin 

Semences  de  cumin, 

Esprit  de  vin  rectifié, ](,  ij. 

On  coupe  menu  ce  qui  doit  l’être  : on  concasse  ce  qui 
est  à concasser:  on  met  toutes  ces  substances  dans  un 
matras  avec  l’esprit  de  vin  : on  bouche  le  vaisseau  : on 
le  fait  digérer,  pendant  vingt-quatre  heures  , sur  un  bain 
de  sable  chaud:  ensuite  on  coule  avec  expression  , et  l’on 
ajoute  , 

Savon  blanc  , . 


ù ]b 


3 1F 


5 ij  R. 


S I 

5 i'r- 


vu 


On  fait  digérer  de  nouveau  , jusqu’à  ce  que  le  savon 
soit  entièrement  dissous  : on  conserve  ce  baume  dans 
une  bouteille  qui  bouche  bien. 

Quelque  temps  après  que  ce  baume  est  fait , une  partie 
du  savon  se  précipite  sous  la  forme  d’un  coaguLum  ; il 
convient  de  l’agiter  chaque  fois  qu’on  veut  s’en  servir  , 
ahn  de  le  mêler  avec  la  liqueur  spiritueusc. 

Ce  baume  est  vulnéraire  , nerval  : il  convient  pour  Vertus*' 
les  foulures,  les  contusions,  les  dislocations  , pour  arrêter 

‘ V V iij 


678  iliMENTS  DE  PHARMACIE. 

le  progrès  de  la  gangrené  : il  est  bon  dans  les  douleurs 
du  rhumatisme  , dans  la  paralysie:  il  est  un  excellent  ré- 
solutif. On  en  applique  chaudement  des  compresses  sur 
les  parties  affligées. 

Baume  de  vie  d’HoFf  man  n. 

Huile  essentielle  de  lavande  , 

marjolaine , 

girofles , \ ââ...d\: 

maris, 
canellc , 
citrons  , 

Huile  essentielle  de  rue  , ) 

de  succin  rectifiée  , ç àâ.  . . . . . 9 fi*j 
Ambre  gris  , ' w 

Esprit  de  vin  rectifié  5 x* 

On  concasse  l’ambre  gris  : on  le  met  dans  un  mafias  , 
avec  les  huiles  essentielles  et  1 esprit  de  vin  : on  fait  digcrer 
à froid  pendant  plusieurs  jours  , ou  jusqu’à  ce  que  1 am- 
bre gris  soit  dissous  : alors  on  filtre  ce  baume,  et  on  le 
conserve  dans  une  bouteille  qu’on  bouche  bien. 

On  emploie  ce  baume  pour  l’extérieur , a cause  de  sa 
Vcï  tus.  bonne  odeur  : mais  on  en  fait  aussi  usage  pour  1 intérieur: 
il  est  fortifiant.;  on  le  donne  dans  les  coliques  qui  pro- 
viennent des  diarrhées.  La  dose  est  depuis  dix  gouttes 

Duse.  jusqu'à  un  demi-gros. 

Baume  verd  de  Metz  ou  de  feuillet. 

Verd-de-gris  , ^ jh* 

Vitriol  blanc  , o j fi» 

Huile  de  lin,  3 vj. 

ci  olives  , i 

/ w • 

de  laurier, 1 1; 

Térébenthine  , 5 jj* 

Aloës, ’ * •. 

El u üe  essentielle  degenievre  , 5 (>• 

girofles  , 5 J* 

On  triture  ensemble  dans  un  mortier  le  verd-de-gns , 
î’aloës  et  le  vitriol,  réduits  en  poudre  fine,  avec  un  peu 
d’huile  de  lin:  lorsque  ces  poudres  sont  suffisamment 
délayées,  on  ajoute  le  reste  de  l’huile  de  Hn , les  autres 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  679 

huiles  et  la  térébenthine  r on  fait  chauffer  ce  mélange 
légèrement,  en  posant  le  mortier  sur  un  peu  de  cendre 
chaude.  Lorsque  ce  mélange  est  exact,  on  le  met  dans 
une  bouteille  , et  l’on  ajoute  les  huiles  essentielles  : on 
agite  la  bouteille  pour  mêler  ces  huiles,  et  on  conserve 
ce  baume  pour  l’usage. 

Le  vitriol  blanc  est  un  sel  à base  métallique,  qui  no 
se  dissout  point  dans  l’huile  : il  se  précipite  avec  la  parti® 
gommeuse  de  Paloës  , qui  ne  se  dissout  point  non  plus  ; 
il  n’y  a que  la  partie  résineuse  de  cette  substance  qui 
reste  bien  combinée  avec  ces  huiles  : le  verd-de-gvis  se 
dissout  en  grande  partie  : il  communique  une  belle  cou- 
leur verte  à ce  baume»  Il  n’est  ‘d’usage  que  pour  l’exté-  Vertu 
rieur  : il  est  bon  pour  ronger  les  mauvaises  chairs.  11 
mondifie  les  plaies  et  les  ulcérés  : il  cicatrise. 

Baume  nerved . 


Huile  de  palme  , } 

épaisse  de  muscades,  f --  „ 

Moelle  de  cerf,  t aa' 

bœuf , J 

Graisse  de  vipere  ,'  -v 

j 3 


ours 


aa. 


• r * 


blaireau 


s au. 


Huile  essentielle  de  lavande  , 

menthe , S 
romarin  , 
sauge , 
thym , 
girofles , 

Camphre 

Baume  sec  du  Pérou  

Esprit  de  vin  , . . 


o [ï- 


5 r>\ 


si- 

S l'y- 


• • • 


"X  I • 


On  fait  liquéfier  ensemble  l’huile  de  palme  , l’huile 
de  muscades,  les  moelles  et  les  graisses  animales:  on  loS' 
coule  dans  une  bouteille  de  large  ouverture  : on  ajoute 
les  huiles  essentielles  et  le  baume  du  Pérou  , que  l’on  fait 
dissoudre  auparavant  dans  l’esprit  de  vin  ; on  lait  liquéfier 
ce  mélange  au  bain-marie,  et  on  le  conserve  dans  une 
bouteille  qui  bouche  bien. 


V v ïr 


) 


68o  ÉLÉMENTS  DS  PHARMACIE. 

Vertus.  Ce  baume  est  propre  pour  fortifier  les  nerfs  , pour  la 
paralysie  , l’apoplexie  , la  léthargie , pour  les  foulures  , 
les  dislocations  , les  rhumatismes.  On  en  applique  sur 
les  parties  affligées. 

Baume  acoustique. 

^ Huile  de  rue  par  infusion  5 

Baume  tranquille, jdj. 

de  soufre  térébenthine  , ....  gutt.  x. 

Teinture  d’assa  fœtida  , 
d’ambre  gris , 
de  castor  ,* 

Huile  de  succin  rectifiée  , 

On  met  toutes  ces  substances  dans  un  matras  : on  les 
fait  chauffer  au  bain-marie  un  instant  : on  coule  le  mé- 
lange dans  une  bouteille  qu’on  bouche  bien. 

Vertus  Ce  baume  est  estimé  propre  pour  lever  les  obstructions 
de  l'oreille  qui  occasionnent  la  surdité  : il  fortifie  l’or- 
gane de  l’ouie  : on  prend  un  peu  de  coton  que  l’on  im- 
bibe de  ce  baume , et  on  l’introduit  dans  l’oreille.  Ca 
ha  urne  est  aussi  céphalique. 

Baume  vulnéraire. 


yü Feuilles  récentes  de  grand  plantain  , \ 

plantain  long, 
orpin, 
bugle  , 
brunelle , 

consolide  major , - 
sanicle  , 

langue  de  serpent , 
véronique  , 
absinthe  major, 
herbe  Robert  , 
mi  llefeuille  , 
piloselle  , 

Sommités  de  petite  centaurée  , 
lierre  terrestre  , 
quintefeuille , 

Fleurs  d’hvpéricum  . 


' ciâ. 


5 T 


1 


Eléments  de  pharmacie. 


63  i 


On  hache  ou  l’on  conluse  toutes  ces  plantes  dans  un 
mortier  de  marbre  , avec  un  pilon  de  bois  : on  les  met 
dans  un  vaisseau  avec  , 


Vin  rouge  , 
Eau-de-vie  , 
Huile  rosat 


} 


a a 


V M * 

3 vnj. 

fc  ij  fi- 


On  fait  macérer  ce  mélange  dans  un  vaisseau  clos, 
au  bain-marie,  pendant  deux  jours  *,  ensuite  on  le  fait 
chauffer  un  peu  plus  fort  : on  le  passe  avec  expression  ; 
on  laisse  déposer  l’huile  , on  la  décante,  et  l’on  ajoute, 

Térébenthine, îb  j. 

On  fait  chauffer  de  nouveau  ce  mélange,  pour  dissou- 
dre seulement  la  térébenthine  : on  le  conserve  dans  une 
bouteille  'qui  bouche  bien. 

Il  entre  dans  ce  baume  une  grande  quantité  de  plan- 
tes inodores  , qui  contiennent  beaucoup  de  résine  et  de 
gomme-résine  colorante  : l’eau-de-vie  est  très  convenable 
pour  extraire  ces  substances  , et  pour  les  transporter 
dans  l’huile.  Ce  baume  est  long  à se  dépurer  , à cause 
de  la  partie  spiritueuse  de  l’eau -de*  vie  , qui  unit  en 
quelque  maniéré  T’huile  avec  le  principe  aqueux  des 
sucs  des  plantes  : c'est  pourquoi  il  faut  attendre  que  l’huile 
soit  bien  déposée  avant  de  la  mêler  avec  la  térébenthine, 
sans  quoi  ce  baume  seroit  encore  plus  long-temps  à se 
dépurer. 

Ce  baume  est  vulnéraire  , résolutif,  bon  pour  les  fou-  Vertus 
lures  , les  meurtrissures  , pour  fortifier  les  nerfs  et 
donner  du  ton  aux  fibres  de  la  peau.  On  l’applique  en 
compresse. 

Lorsque  le  baume  vulnéraire  est  fini  , c’est-à-dire 
éclairci  , il  se  réduit  au  simple  mélange  de  l’huile  rosat 
et  de  la  térébenthine  ; le  vin  , l’eau-de-vie  n’en  font  point 
partie  : on  peut  le  faire  de  la  maniéré  suivante  , qui  est 
plus  simple  et  aussi  eflicace. 


Baume  'vulnéraire  réformé. 

^ITuilc  rosat, ; j. 

Térébenthine  claire ^ iv. 

On  fait  chauffer  légèrement  pour  Unir  ces  deux  sub- 


652  ELEMENT!  DE  FMARMACTE. 

stances;  lorsque  le  mélange  est  refroidi  , on  le  met  dans 
une  bouteille , et  on  ajoute, 

Essence  vulnéraire, 3>j. 

On  agite  la  bouteille  , et  on  conserve  le  mélange  pour 
l’usage. 

Baume  hypnotique. 


^-Huile  épaisse  de  muscades  , . . . . 7 . . 3 i j. 

d’olives  , 5 vj. 

exprimée  des  semences  de*} 
jusquiaine , / 
pavot  blanc, \ àü.  . . J j. 
de  benjoin  seconde,  ( 

de  camphre  , \ 


On  fait  liquéfier  toutes  ces  substances  au  bain-marie,' 
dans  un  vaisseau  clos  , jusqu’à  ce  que  le  camphre  soit 
dissous  ; alors  on  met  dans  un  mortier  de  marbre  , 

Extrait  d’opium  , O j fi* 

On  le  délaie  avec  environ  trois  gros  de  vin  d’Espagne  ; 
on  ajoute  , 


Onguent  populeum , 5 j. 

IVÎoëlle  de  cerf, 5 üj* 

Safran, 5 j fi* 


On  mêle  toutes  ces  substances  exactement,  et  l’on 
ajoute  le  premier  mélange  : on  agite  le  tout  jusqu’à  ce 
que  le  baume  soit  bien  mêlé  : on  le  conserve  dans  une. 
bouteille  de  large  ouverture  , et  qu’on  bouche  bien. 

Plusieurs  Pharmacopées  font  entrer  dans  ce  baume  de 
l’huile  rosat , de  l’huile  violât  et  de  l'huile  de  nénuphar; 
mais  , comme  nous  Pavons  fait  remarquer  , elles  n’ont 
d’autres  vertus  que  l’huile  d’olives  : nous  les  sup- 
primons , et  nous  les  remplaçons  par  de  l’huile  d’olives. 

L’huile  de  benjoin , qu’on  doit  employer  dans  cette 
composition,  est  celle  qui  passe  la  seconde  pendant  l’ana- 
lyse de  cette  résine. 


ÉLÉMENTS  T>  E PHARMACIE.  683 

Ce  baume  est  calmant:  il  excite  le  sommeil  : il  ap- Vertu» 
paise  les  douleurs  de  tète.  On  en  frotte  les  narines  , les 
tempes  , les  poignets. 


Baume  histérique. 


^Bitume  de  Judée, 
Aloës , 

Galbanum , 
Labdanum , 

Assa  fœtida , . . 
Castor , 'î  __ 

• / CICI  + 

Opium , ) 


S h 

9 i* 
5 fC 


On  ramollit  toutes  ces  substances  dans  un  mortier 
qu’on  a fait  un  peu  chauffer  : on  délaie  ensuite  ce  mé- 
langé avec , 


Huile  essentielle  d’absinthe 

de  sabine , 
de  tanaisie 
de  pétrole, 
de  j'ayet, 


CLLl 


gutt.vij: 


de  succin  , 
essentielle  de  rue, 
épaisse  de  muscades, 


} 


aa.  . 


gutt.  x. 
9 ij- 


On  pile  le  tout  dans  un  mortier  , jusqu'à  ce  que  le  mé- 
lange soit  exact  : on  le  conserve  dans  une  boite  d’étain 
pour  l’usage. 

Ce  baume  est  propre  pour  les  vapeurs  et  pour  toutes  vertu#- 
les  maladies  hystériques.  On  le  fait  flairer  , et  on  en 
applique  sur  le  nombril.  On  peut  aussi  en  taire  prendre 
par  la  bouche  , pour  exciter  les  mois  aux  femmes  et  pour 
faire  sortir  l’arriere-laix.  La  dose  est  depuis  douze  grains  Dos*, 
jusqu’à  deux  scrupules. 


Baume  de  L itcatei.’ 


^JCire  jaune  , . , 
Vin  d’Espagne, 
Huile  d’olives , 


? tî* 

? ij. 

| 


Vertus. 

Dose. 


684  CÉMENTS  DE  PHARMACIE .* 

On  met  ccs  substances  dans  une  bassine  d’argent  : on 
les  fait  chauffer  à petit  feu  pour  dissiper  toute  l'humi- 
dité du  vin  : ensuite  on  ajoute  , 

Térébenthine.,  7 ^ ix. 

Santal  rouge  pulvérisé,  . . | j. 

On  agite  le  tout  avec  un  pilon  de  bois  , jusqu’à  ce  qu« 
le  mélange  soit  presque  refroidi  : alors  on  ajoute  , 

Baume  noir  du  Pérou  , 5 j h* 


On  le  remue  de  nouveau  avec  le  pilon  de  bois  , jusqu’à 
ce  que  le  mélange  soit  exact  : on  le  serre  dans  un  pot. 

Ce  baume  se  donne  intérieurement.  Il  faut  avoir  atten- 
tion de  faire  dissiper  toute  humidité  , sans  quoi  il  se  moi- 
siroit  à la  surface  , et  le  baume  se  ranciroit  au  bout  do 
quelque  temps. 

11  est  estimé  propre  pour  les  maladies  du  poumon  et  de 
la  poitrine  , pour  cicatriser  les  ulcères.  On  le  donne  dans 
la  pulmonie.  La  dose  est  depuis  demi-gros  jusqu’à  deux 
gros.  On  l’emploie  aussi  à l’extérieur  , pour  consolider  les 
plaies  récentes. 

Baume  de  -par cira,  brava . 


2LTIiiile  de  scorpions  , . . . ; : ; lb  R: 

Vin  d’Espagne  , . . . : . . . . ib  j. 

O11  met  ces  deux  liquides  dans  une  bassine  d'argent 
et  l’on  fait  évaporer  le  vin  jusqu’à  ce  qu’il  ne  reste  que  son 
extrait  : alors  on  met  ce  mélange  dans  un  vase  de  grès  ou 
de  verre  , avec  , 


Baume  de  copalm , . : 7 . . 

soufre  térébenthiné  , . . 

Storax  liquide  purifié,  .... 
Baume  noir  du  Pérou  , . . . . 

Sel  ammoniac  purifié  et  pulvérisé, 
Racines  de  pareira  brava  pulvérisées 


0 

x 

ù 

? 


ij  Bl 

ij- 

j- 

B- 

h 

vj. 


éléments  de  pharmacie.  685 

On  mêle  toutes  ces  substances  avec  un  pilon  de  bois  , 
et  l’on  agite  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  exact  : on  le 
conserve  dans  un  pot. 

Ce  baume  est  diurétique  : il  est  bon  pour  la  pierre  , Verrai, 
la  gravelle  , la  colique  néphrétique  : il  fortifie  les  parties 
génitales.  La  dose  est  depuis  demi-gros  jusqu’à  deux  Doîe* 
gros , pris  intérieurement. 

Remarques. 

Nous  recommandons  de  faire  évaporer  le  vin  dans  une 
bassine  d’argent , pareeque  cela  est  plus  commode  que  dans 
tout  autre  vaisseau  : mais  il  convient  ensuite  d’achever  la 
composition  dans  un  vaisseau  de  grès  ou  de  verre  , à cause 
du  baume  de  soufre  qui  seroit  décomposé  en  grande  partie 
par  l’argent  : on  n’est  pas  exposé  à cet  inconvénient  en 
employant  des  vaisseaux  sur  lesquels  le  soufre  n’a  point 
d’action  : ceux  de  fer  par  conséquent  ne  peuvent  pas  servir  , 
et  encore  moins  ceux  de  cuivre. 

Quelques  Pharmacopées  prescrivent  de  faire  bouillir 
ensemble  toutes  les  substances  qui  entrent  dans  la  com- 
position de  ce  baume  , jusqu’à  ce  que  le  vin  soit  évaporé  ; 
de  passer  ensuite  ce  mélange  au  travers  d’une  étoffe  avec 
expression  , et  d’ajouter  alors  le  baumè  noir  du  Pérou. 

Mais  nous  croyons  que  cette  manipulation  n’est  point 
bonne.  i°.  Pendant  cette  coction  le  baume  de  copahu  et 
le  storax  liquide  perdent  toute  leur  huile  essentielle  , et 
le  baume  de  soufre  se  décompose.  i° . Le  sel  ammoniac 
se  crystallise  après  s’être  dissous  dans  le  vin  ; il  reste  sur 
l’étoffe  avec  lepareira  brava  en  poudre,  et  ne  peut  produire 
aucun  eflet  dans  cette  composition.  3°.  Enfin  le  vin  ne 
ee  trouve  pas  en  assez  grande  quantité  , pour  extraire  de  la 
racine  de  pareira  brava  tout  ce  qu’elle  contient  d’efficace  : 
cette  racine  reste  sur  l’étoffe  en  pure  perte.  Pour  remédier 
à tons  ces  inconvénients  , nous  croyons  qu’il  vaut  beau- 
coup mieux  préparer  ce  baume  par  la  méthode  que  nous 

venons  de  donner. 

» 

Baume  d'acier  ou  d'aiguilles , 


o fi. 

5 i fi* 


^Aiguilles  d’acîer, 
Esprit  de  nitre } . 


Ver^s 


£85  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  met  dans  une  capsule  de  grès  l’acide  nitreux  avec 
les  aiguilles.  Lorsqu’elles  sont  dissoutes  , on  ajoute, 

Huile  d’olives  , ....  ; ; . ^ i j fi; 

Esprit  de  vin  5 lj* 

On  fait  chauffer  ce  mélange  légèrement  pendant  envi, 
ron  un  quart  d'heure  , ayant  soin  de  le  remuer  : alors  on 
le  serre  dans  un  pot. 

Ce  baume  est  vulnéraire  : il  est  estimé  propre  pour  les 
douleurs  d’articulation  , pour  la  goutte.  On  en  frotte  les 
parties  affligées. 

Remarques. 

Plusieurs  Pharmacopées  recommandent  de  mettre  en- 
semble et  en  même  temps  toutes  les  substances  qui  com- 
posent ce  baume  : mais  j’ai  remarqué  que  l’acide  nitreux 
portoitson  action  sur  l’huile  , et  qu’il  ne  fai.soit  que  cor- 
roder les  aiguilles  sans  les  dissoudre  : elles  restent  alors 
dispersées  dans  la  composition  , ce  qui  produit  un  mauvais 
effet.  11  vaut  beaucoup  mieux  attendre  qu’elles  soient  dis- 
soutes , avant  d’ajouter  1 huile  et  l’esprit  de  vin.  On  re- 
commande encore  de  laver  ce  baume  après  qu’il  est  fait  , 
dans  le  dessein  d’enlever  vraisemblablement  la  portion 
d’acide  nitreux  , que  l’on  croit  n’être  point  combinée  avec 
l’huile  et  l’esprit  de  vin  ; mais  tout  cet  acide  se  combine 
avec  l’huile  : il  forme  un  savon  , qui  se  dissout  en  entier 
dans  l’eau  , lorsqu’on  veut  le  laver  , et  il  n’est  pas  pos- 
sible d’en  réchapper  une  portion  : ainsi  il  est  bon  de  ne 
point  le  laver  , si  on  ne  veut  pas  le  perdre. 

Le  fer , dans  ce  baume  , est  prodigieusement  divisé  : il 
présente  beaucoup  de  surface  : ce  qui  est  cause  que  ce  bau- 
me se  durcit  considérablement  quelque  temps  après  qu’il  est 
fait.  11  paroit  que  cette  grande  consistance  qu’il  acquiert 
vient  aussi  de  l’action  insensible  de  l’acide  nitreux  sur 
l’huile  : cet  acide  perd  toutes  ses  propriétés  acides,  dans 
l’espace  de  quelques  mois,  et  le  baume  d’aiguilles  n’en  a 
plus  la  saveur.  Lorsqu’il  est  parvenu  à ce  degré  d’endur- 
cissement , il  convient  de  le  broyer  sur  le  porphyre  avec 
une  sn  ffisante  quantité  4 'huile  d’olives  ; pour  le  ramollir 
convenablement. 


ÉLÉMENTS  DE  PHUMiCII,  68/ 

Baume  apoplectique . 


^Storax  calamite, 

Huile  épaisse  de  muscades  f 
Gomme  tacamah, 

Baume  du  Pérou 
Benjoin  , 

Ambre  gris  , . 

Musc, * . . 

Huile  essentielle  de  canelle , 


s <\ 


lavande  , 


marjolaine,  y àâ.  . . gutt.  xv 

thym , V 

girofles , 

citrons, 

oranges , 

bois  de  Rhodes , 


On  fait  chauffer  légèrement  un  mortier  de  fer  : on  y pile 
le  storax  calamite  , avec  un  peu  de  l’Huile  de  muscades  , 
pour  le  dissoudre  : ensuite  on  ajoute  le  reste  de  l’huile  , 
et  l’on  incorpore  peu  à peu  la  gomme  tacamahetca  , le 
benjoin  , l’ainbre  gris  , et  le  musc  , tous  réduits  en 
poudre  fine  : on  mêle  alors  les  huiles  essentielles  , et 
on  agite  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  exact  : on  le 
conserve  dans  une  boîte  d’étain. 

Ce  baume  est  fait  pour  être  d’une  odeur  agréable. 

On  le  porte  sur  soi  , dans  une  petite  boîte  d’ivoire  ou  Vertui, 
de  buis  , pour  en  respirer  l’odeur  : il  soulage  par  son 
odeur  , dans  plusieurs  maladies  du  cerveau  : il  résiste  au 
mauvais  air  : pris  intérieurement  , il  excite  la  semence. 

La  dose  est  depuis  six  grains  jusqu’à  un  scrupule.  Dose; 

Des  liniments , des  pommades,  des  onguents  et  des 

cérats . 

Tous  ces  médicaments  sont  faits  pour  l’extérieur  : ils  ne 
different  entre  eux  que  par  leur  consistance  : ils  sont  com- 
posés des  mêmes  ingrédients  , d’huile  , de  cire  , de  grais- 
ses , de  suifs  , de  gommes,  de  résines,  de  poudres  , de  dé- 
coctions , de  sucs  exprimés  , d’extraits  , etc.  On  con- 
fond même  assez  souvent  dans  la  pratique  la  dénomination 
de  ces  divers  médicaments. 


683  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Le  Uniment  est  un  médicament  magistral  : nous  en 
parlerons  aux  remedes  magistraux. 

Les  -pommades  sont  des  especes  d’onguents  de  bonne 
odeur  , et  qui  ne  contiennent  rien  de  désagréable  : il  y 
en  a plusieurs  dans  la  composition  desquelles  on  fait  en- 
trer des  pommes  , et  c’est  d’où  elles  tirent  leur  nom  de 
pommades . Leur  consistance  est  plus  solide  que  celle  des 
liiiiments  , et  elle  est  semblable  à celle  de  la  graisse  de 
porc.  Toutes  les  pommades  qui  ont  plus  de  consistance 
sont  ou  des  onguents  ou  des  emplâtres.  Les  pommades 
peuvent  s’appliquer  indifféremment  sur  toutes  les  parties 
du  corps  : on  les  emploie  souvent  pour  guérir  les  gerçures 
qui  se  forment  aux  mains  , aux  levres  et  au  nez  : on  en 
fait  d’odorantes  pour  les  cheveux. 

Les  onguents  proprement  dits  sont  des.  médicaments 
externes  , qui  ont  pour  excipient  des  corps  graisseux.  Ils 
doivent  avoir  une  consistance  semblable  à celle  des  pom- 
mades : on  les  fait  quelquefois  un  peu  plus  solides  -,  mais 
ils  doivent  être  plus  mous  que  les  emplâtres. 

Les  cirais  sont  des  médicaments  externes  , qui  nedif 
ferent  point  des  onguents  : ils  tirent  leur  nom  de  la  cire 
qu’on  fait  entrer  dans  leur  composition  pour  leur  donner 
la  consistance.  Autrefois  on  les  faisoit  plus  solides  que  les 
onguents  : leur  consistance  tenoit  le  milieu  entre  les 
onguents  et  les  emplâtres  : mais,  dans  ces  derniers  temps  , 
on  a donné  le  nom  decérats  à des  compositions  aussi  molles 
que  les  onguents  , et  même  plus  molles.  On  donne  aussi 
le  nom  de  cérats  à des  onguents  faits  sans  cire  , et  à des 
emplâtres  qu’on  fait  ramollir  par  l’addition  d’une  suffisante 
quantité  d’huile  , pour  leur  donner  la  consistance  d’un 
onguent. 

Des  pommades. 


Pommade  en  crème  ou  pommade  pour  le  teint . 


£ Cire  blanche \ Si.  . S (S. 

Blanc  de  baleine  , ) 

Huile  d’amandes  douces , 5 b. 

Eau, ^ v> 

On  fait  fondre  ensemble  , dans  un  pot  de  faïance,  au 

bain- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  689 

bain-marie,  ou  sur  les  cendres  chaudes,  la  cire  blancha 
et  le  blanc  de  baleine  , dans  l’huile  d’amandes  douces  : 
on  coule  ce  mélange  dans  un  mortier  de  marnre  , et  on 
l’agite  avec  un  pilon  de  bois  jusqu’à  ce  qu’il  soit*  froid 
et  qu’il  ne  paroisse  plus  de  grumeaux  : alors  on  v mêle 
l’eau  peu  à peu  : on  l’agite  jusqu’à  ce  que  l’eau  soit  bien 
incorporée  : cette  pommade  devient  extrêmement  blanche 
par  1 agitation  : elle  est  légereet  semblable  à delà  crème 
c est  ce  qui  la  lait  nommer  pommade  en  crème. 

Cette  pommade  est  un  excellent  cosmétique  : elle  est  Venus, 
très  bonne  pour  nourrir  la  peau  , pourl’adoucir  et  fairedis- 
siper  les  rides  causées  par  la  sécheresse.  Quelques  artistes 
y ajoutent  un  peu  de  baume  de  la  Mecque  pour  augmenter 
sa  vertu  : quelquefois  on  l’aromatise  avec  quelques  gouttes 
d huile  essentielle  , ou  bien  l’on  y fait  entrer  de  l’eau  rose 
ou  de  fleurs  d’oranges  , en  place  d’eau  ordinaire.  Cette 
pommade  est  encore  bonne  pour  empêcher  les  marques 
de  la  petite  yerole.  Dans  ce  dernier  cas  , on  la  mêle  avec 
1111  peu  de  safran  en  poudre  et  quelque  poudre  dessiccative, 
comme  des  fleurs  de  zinc  , ou  de  la  craie  de  Briançon. 


R 


^MARQUES. 


Quelques  personnes  font  cette  pommade  avec  un  m-os 
de  cire  blanche,  une  once  d'huile  d’amandes  douces*  et 
suffisante  quantité  d’eau  : mais  comme  on  cherche  une 
giaru  e blancheur  dans  cette  pommade  , j’ai  rematoué 
qu  elle  en  a maniaient  davantage  lorsqu’on  y fait  entrer 
du  blanc  de  baleine.  Un  ne  doit  employer  que  du  blanc  de 
balune  très  blanc  , récent  , et  point  rance  : cette  drocue 
est  fort  sujette  a jaunir  et  à se  rancir  en  vieillissent*  Il 
convient  aussi  .pour  avoir  cette  pommade  parfaitement 
blanche  , d employer  de  l’huile  d’amandes  douces  faite 
avec  des  amandes  écorcées.  La  quantité  d’eau  que  nous 
prescrivons  dans  celte  recette  , est  celle  qui  peut  rester 
incorporée  avec  les  autres  substances  sans  se  séparer  : J 
on  en  mettait  une  plus  grande  quantité,  elle  seroit 


6pO  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

Cérat  rafraîchissant  de  Galien. 


^ Huile  d’olives,  R>  H 

Cire  blanche  , 5 ij. 

Eau,. • • 5 vj. 


On  forme  une  pommade  , de  la  même  maniéré  que  la 
précédente.  On  peut  employer  de  l’huile  d’amandes  douces 
en  place  d’huile  d’olives  : le  cérat  11’en  sera  que  plus  beau, 
’thriïus.  Il  rafraîchit  : il  calme  les  ardeurs  de  l’in  lia  mma  don  : il 
adoucit  les  âcretés  des  plaies  : il  est  bon  pour  les  déman- 
geaisons , pour  les  crevasses  des  mains  et  du  sein.  On  en 
imite  les  parties  malades. 

Remarques. 

Les  Pharmacopées  prescrivent  de  l’huile  rosat  pour  faire 
le  cérat  de  Galien;  mais  comme  cette  huile  n’a  pas  d’autres 
vertus  que  de  i huile  pure  , on  peut  , sans  inconvénient  , 
employer  de  l’huile  d’olives  en  place  : d’ailleurs  on  est 
dans  l’usage  de  faire  le  cérat  de  Galien  le  plus  blanc  qu’il 
est  possible  ; ce  qu’on  ne  pourroit  faire  avec  de  l’huile  rosat, 
qu’on  rougit  ordinairement  comme  nous  l’avons  dit  ; et 
même  il  seroit  toujours  moins  blanc  qu’avec  de  l’huile 
d’olives  , si  l’on  employoit  de  l’huile  rosat  non  rougie. 
Lorsqu’on  coule  le  mélange  dans  le  mortier  , il  convient 
de  le  bien  agiter  , et  de  faire  disparoître  tous  les  grumeaux 
avant  d’ajouter  l’eau  , parcequ’ils  sont  infiniment  plus 
difficiles  à écraser  lorsqu’on  y a mêlé  de  l’eau.  La  quan- 
tité d’eau  que  nous  avons  prescrite  , est  suffisante  pour  le 
blanchir  , et  elle  y reste  incorporée.  Quelques  personnes 
sont  dans  l’usage  d’en  mettre  une  bien  plus  grande  quan- 
tité , et  lavent  le  cérat  long-temps  , en  changeant  l’eau, 
souvent  : elles  pensent  que  le  cérat  en  devient  plus  blanc. 
Mais  j’ai  reconnu  que  c’étoit  une  erreur  1 il  subit  de  bien, 
incorporer  la  dose  que  nous  prescrivons  : le  cérat  devient 
aussi  blanc  qu’il  est  susceptible  de  l’être.  Quelques  artistes 
sont  aussi  dans  l’usage  d’ajouter  au  cérat  de  Galien  , en 
le  lavant  , quelques  gouttes  d’huile  de  tartre  par  dotai  1- 
Lmcc  , afin  de  le  blanchir  davantage.  Cela  réussit  très 
bien  \ mais  il  iaut  mettre  l’huile  de  tartre  avec  beaucoup 
de  ménagement  , sans  quoi  cette  petite  quantité  d altali 


• Eléments  de  pharmacie.  691 

fixe  dissout  en  un  instant  tout  le  cérat,  et  le  réduit  en  eau 
blanche  laiteuse  ; ce  qui  vient  de  la  portion  de  savon  qui 
se  forme  sur  le  champ  , et  qui  se  dissout  dans  l’eau  qui  est 
incorporée  dans  le  cérat.  Lorsque  cet  accident  arrive  , il 
faut  délayer  le  cérat  dans  une  grande  quantité  d’eau  de 
puits  , afin  de  décomposer  le  savon  qui  s’est  formé  ; le 
cérat  se  rassemble , et  l’on  décante  l’eau  blanche  -,  on  le 
lave  alors  jusqu’à  ce  que  l’eau  sorte  claire.  L’eau  de  puits  , 
ou  toute  autre  eau  chargée  de  sélénite  , est  plus  propre  à 
cette  opération  que  l’eau  de  riviere  ; parceque  le  savon 
qui  s’est  formé  , se  décomposant  par  la  sélénite  , l’acide 
vitriolique  de  la  sélénite  s’unit  à l’alcali  fixe  , et  forme  du 
tartre  vitriolé  : il  faut  laver  le  cérat  à plusieurs  reprises 
pour  emporter  ce  sel  ; mais  on  ne  peut  emporter  la  terre 
de  la  sélénite,  ce  qui  est  un  inconvénient.  Quoique  l’alKali 
fixe  ait  la  propriété  de  procurer  au  cérat  la  grande  blancheur 
que  l’on  recherche  , c'est  toujours  une  mauvaise  méthode 
qué  d’en  mêler  parmi , pareequ’il  y a des  cas  où  l’on  a 
besoin  du  cérat  pour  adoucir  , et  où  la  petite  quantité 
de  matière  saline  qu’il  retient  fait  beaucoup  de  mal  : 
ainsi  il  vaut  mieux  préparer  le  cérat  sans  akali  , et  l’avoir 
un  peu  moins  blanc.  Les  doses  d’huile  et  de  cire  que  nous 
prescrivons  pour  faire  le  cérat  sont  fort  bonne^  lorsqu’on  le 
prépare  dans  une  température  froide  ou  moyenne;  mais 
lorsqu’on  le  prépare  dans  les  grandes  chaleurs  de  l’été  , il 
faut,  augmenter  la  cire  de  quatre  gros  , sans  quoi  il  se 
liquéfie  en  partie  , et  se  réduit  en  un  liquide  huileux  à sa 
surface. 

Pommade  jaune  pour  les  leares. 


^ Cire  jaune  5 ij  fi.; 

Huile  d’amandes  douces, ^ iy. 


On  fait  fondre  la  cire  dans  l’huile  : on  laisse  refroidir 
le  mélange  : il  acquiert  un  degré  de  consistance  considé- 
rable : on  racle  légèrement  la  pommade  avec  une  spatule  : 
elle  se  ramollit  beaucoup  : on  la  met  à mesure  dans  un 
mortier  de  marbre.  Lorsqu’on  l’a  toute  raclée  , 011  l’agite 
dans  le  mortier  avec  un  pilon  de  bois  , pour  faire  dispa- 
roitre  une  infinité  de  petits  grumeaux  qui  proviennent  de 
ce  qu’on  l'a  ratissée  un  peu  trop  brusquement.  On  serre 
la  pommade  dans  un  pot» 

X x ij 


69-2  É L K M t N'  T S DE  P H A R M A.  G I E. 

Ce Lte  pommade  ést  adoucissante  : elle  est  bonne  pour 
les  gerçures  des  levres  , pour  les  crevasses  des  mains  et 
du  sein  , pour  adoucir  la  peau. 

R E M A R Q U ES. 

C 

On  prépare  encore  celte  pommade  en  ajoutant  le  suc 
exprimé  d’une  ou  deux  grappes  de  raisins  , qu’on  mêle 
avec  l’hui-le  et  la  cire.  On  en  fait  évaporer  toute  l’humi- 
dité à une  douce  chaleur  : on  passe  la  pommade  an 
travers  d’un  linge  fin  , et  011  la  coule  dans  des  cartes  pour 
en  former  clés  tablettes  : on  conserve  la  pommade  sous 
cette  forme  , sans  la  ramollir.  Quelques  personnes  aiment 
mieux  que  cette  pommade  soit  rougie  : alors  on  la  rougit 
avec  -un  gros  ou  deux  d’ecorce  de  racine  d orcanetle.  On 
peut  aromatiser  cette  pommade  avec  quelques  gouttes 
d’huiles  essentielles  agréables. 

La  cire  fondue  avec  l’huile  , dans  les  proportions  que 
nous  indiquons  dans  la  recette  de  cette  pommade  , ne 
paroit  pas  avoir  beaucoup  perdu  de  sa  consistance  , lors- 
qu’on laisse  refroidir  le  mélange  tranquillement  ; mais  en 
raclant  cette  pommade,  elle  se  ramollit  considérablement , 
et  ne  durcit  plus  par  le  séjour  , à moins  qu  on  ne  la  fasse 
liquéfier  de  nouveau.  Ces  phénomènes  singuliers  viennent 
«rjsla  nature  de  la  cire  , et  de  l’arrangement  symmétrique 
et  cristallin  que  prennent  ses  parties  en  se  figeant  tranquil- 
lement arrangement  qui  se  communique  aux  autres 
■substances  qui  se  combinent  avec  elle,  et  quel  on  détruit 
par  le  mouvement  et  par  l’agitation.  Ainsi  ce  n’est  point  une 
séparation  de  la  cire  avec  l’huile  , comme  quelques  per- 
sonnes l’ont  prétendu  : si  c’étoit  ainsi , la  partie  inférieure 
seroit  plus  liquide  que  la  partie  supérieure  ; ce  qui  n'est 
point. 

Pommade  de  concoinbrcs  j 


Graisse  de  porc  bien  préparée,  .....  ij. 

Concombres  , _ l àà . il,  vj. 

Melons  bien  murs,  y 

Verjus,  ...  îp;  . 

Pommes  de  reinette  , 11  ..IV* 

Lait  de  vache  V* 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  Cfî 

On  coupe  grossièrement  les  pommes  de  reinette  , . Ici 
chair  des  melons  et  des  concombres  , dont  on  sépare  les 
côtes  seulement  : on  écrase  le  verjus  : on  met  toutes  ces 
substances  dans  le  bain-marie  d’un  alambic  , avec  le 
lait  et  la  graisse  de  porc  : on. fait  chauffer  ce  mélange  au 
bain-marie  pendant  huit  ou  dix  heures  : alors  on  passe 
avec  expression  , tandis  que  le  mélange  est  chaud  :.on 
expose  la  pommade  dans  un  endroit  frais  , pour  la  faire 
figer  : on  la  sépare  d’avec  Fhuinididéqui  se  trouve  dessous: 
on  la  lave  dans  plusieurs  eaux  jusqu’à  ce  que  la  dernier© 
sorte  claire  : on  fait  refondre  cette  pommade  au  bain-marie 
à plusieurs  reprises  , pour  la  séparer  de  toutes  ses  fèces 
et  de  toute  son  humidité  ; sans  quoi  elle  se  ranciioit  cil 
fort  peu  de  temps.  On  la  conserve  dans  des  pots. 

On  fait  encore  une  pommade  simple  de  concombres , en 
faisant  chauffer  ensemble  de  la  graisse  de  porc  , et  des 
concombres  pelés  et  coupés  par  morceaux  ; ou  procédé  , 
pour  le  reste  de  la  préparation  de  cette  pommade,  comme 
pour  la  précédente  , et  on  la  conserve  dans  des  pots.  L’une  Vertus, 
et  l’autre  sont  cosmétiques  ; elles  servent  à .adoucir  la  peau 
eL  à la  maintenir  dans  un  état  de  souplesse  et  de  fraîcheur. 

Pommade  de  fleurs  de  lavande . 

^Graisse  de  porc  ........  jfb  v. 

Pleurs  de  lavande  récentes,  . . . . ft>  xx. 

Cire  blanche  .........  J viij. 

On  met  dans  un  vaisseau  convenable  quatre  livres  de 
fleurs  de  lavande  récemment  mondée  de  ses  queues  , avec 
les  cinq  livres  de  graisse  : on  manie  entre  les  mains  ces 
deux  substances  , afin  d’en  former  une  sorte  de  paie  : ou 
met  ce  mélange  dans  un  vaisseau  d’étain  qui  puisse  être 
bouché  exactement  , ou  dans  une  cruche  de  grès  qu’on 
bouche  avec  du  liège  : on  place  le  vaisseau  au  bain- 
marie,  et  on  le  fait  chauffer  à la  chaleur  de  l’eau  bouil- 
lante pendant  six  heures  , au  bout  duquel  temps  on  passe 
le  mélange  an  travers  d’un  linge  fort  , et  on  l’exprime  à la 
presse  : ou  jette  lemarc  comme  inutile  : on  remet  la  graisse 
fondue  dans  le  meme  vaissçau  , avec  quatre  livres  de  nou- 
velles fleurs  : on  agite  la  malîere  , afin  de  mêler  les  fleur3 
avec  la  pommade  : on  fait  chauffer  ce  mélange  comme  la 

X x irj 


6ç 4 Eléments  de  pharmacie. 

première  fois  : ou  le  passe,  et  on  mêle  la  pommade , tandis 
qu’elle  est  chaude  , avec  une  nouvelle  quantité  de  fleurs 
récentes.  On  continue  ainsi  de  suite,  jusqu’à  ce  qu’on  ait 
employé  les  vingt  livres  de  fleurs  de  lavande  : alors  on  ex- 
pose dans  un  endroit  frais  la  pommade  séparée  des  derniè- 
res fleurs  , afin  qu’elle  se  fige  : on  la  sépare  d’avec  une 
liqueur  rouge  brune  , qui  est  le  suc  aqueux  extractif 
des  fleurs  de  lavande  : on  lave  la  pommade  dans  plusieurs 
eaux  , en  l'agitant  avec  un  pilon  de  bois,  jusqu’à  ce  que  la 
derniere  eau  sorte  très  claire  ; ensuite  on  la  fait  liquéfier  au 
bain-marie  , pendant  environ  une  heure  , dans  un  vaisseau 

Îiarfaitement  clos , et  on  la  laisse  se  figer,  afin  de  séparer 
'humidité  qui  s’est  précipitée  pendant  la  liquéfaction  de 
la  pommade  : on  la  fait  fondre  encore  une  fois  ou  deux  , 
afin  de  séparer  toute  l’humidité  ; après  quoi  on  ajoute  la 
cire  , et  on  la  fait  liquéfier  pour  la  derniere  fois,  toujours 
au  bain-marie  et  toujours  dans  un  vaisseau  clos  : on  la 
laisse  se  figer  dans  le  même  vaisseau  : s’il  se  trouve  encore 
de  l’humidité  , il  faut  la  faire  liquéfier  de  nouveau.  Lors- 
qu’elle est  finie  , on  la  coule  dans  des  pots  , afin  qu’elle 
s’y  fige  , et  qu’elle  en  remplisse  bien  toute  la  capacité. 

On  prépare  de  la  même  maniéré  la  pommade  de  /leurs 
d'oranges , de  jasmin  , et  toutes  celles  qui  se  font  avec  les 
fleurs  odorantes. 

Vertus.  La  pommade  de  lavande  est  d’une  fort  bonne  odeur. 
On  ne  l’emploie  que  pour  accommoder  les  cheveux.  On 
peut  s’en  servir  pour  la  Médecine  : elle  est  vulnéraire  , 
nervale , bonne  pour  les  foulures  , les  meurtrissures , les 
dislocations. 

Remarques. 

Nous  prescrivons  de  faire  successivement  plusieurs 
infusions  dans  la  graisse  avec  la  quantité  de  fleurs  que 
nous  faisons  entrer  dans  cette  pommade  , pareequ’il  seroit 
absolument  impossible  que  la  graisse  pût  imbiber  et  extraire 
convenablement  , en  un  moindre  nombre  d’infusions  , 
toute  la  substance  aromatique  de  ces  fleurs.  La  graisse  de 
porc  se  charge  de  l’huile  essentielle  de  fleurs  de  lavande  , 
et  d’une  quantité. de  matière  résineuse,  qui  lui  donne  une 
légère  couleur  de  verd  pomme.  La  quantité  d’huile  es- 
sentielle que  ces  fleurs  laissent  dans  la  graisse  , dimi- 
nue considérablement  sa  consistance  ; c’est  pour  la  lui 


rendre  qu’on  ajoute  de  la  cire  après  qu’elle  est  faite.  Les 
lavages  et  les  liquéfactions  qu’on  fait  subir  à cette  pom- 
made , sont  nécessaires  pour  séparer  la  matière  extractive 
des  fleurs  , et  pour  la  priver  entièrement  de  toute  humi- 
dité , sans  quoi  elle  ne  pourroit  se  conserver  ; elle  devien- 
droit  rance  en  fort  peu  de  temps  : mais  il  est  certain 
qu’elle  perd  considérablement  de  son  odeur  pendant  toutes 
ces  opérations.  J’ai  trouvé  le  moyen  de  remédier  en  grande 
partie  à cet  inconvénient  , en  délayant  dix  ou  douze  onces 
d’amidon  dans  cette  pommade  figée.  Deux  ou  trois  jours 
après  , je  la  fais  fondre  au  bain-marie  ; l’amidon  se  préci- 
pite sous  la  forme  d’une  colle  ou  d’un  mucilage,  parce- 
qu’il  s’est  emparé  de  l’humidité  de  la  pommade  : je  la  sé- 
pare de  ce  mucilage  ; et  elle  se  trouve  privée  d’humidité 
en  une  seule  liquéfaction  , mieux  qu’en  cinq  ou  six  parla 
méthode  ordinaire. 

1 » ' ' * 

Des  Onguents. 

Onguent  rosat. 

^Axonge  de  porc  , ..... 

Roses  de  Provins  , 7 -- 

pâles  avec  leur  calice  , J aa 

* » • ^ 

On  confuse  légèrement  les  roses  récentes  dans  nn  mor- 
tier de  marbre  , avec  un  pilon  de  bois  : on  les  met  <1  ans 
une  bassine  , avec  la  graisse  : on  place  le  vaisseau  sur  un 
feu  doux  , et  i’on  lait  évaporer  une  grande  partie  de  l’hu- 
midité : sur  la  fin  on  colore  cet  onguent  avec  de  la  racine 
d’orcanette  : on  le  passe  au  travers  d’un  linge  avec  expres- 
sion : on  le  laisse  se  figer  : on  sépare  les  fèces  qui  se  trou- 
vent; dessous:  on  le  fait  fondre  afin  de  le  dépurer,  et  on  le 
conserve  dans  un  pot. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  à l’occasion  de  la  couleur 
qu’on  donne  à l’huile  rosat , est  applicable  à cet  onguent. 
Lesroses  pâles  qu’on  fait  entrer  dans  cet  onguent,  laissent 
une  petite  quantité  d’huile  essentielle  très  odorante  , et 
qui  lui  donne  une  odeur  très  agréable  : c’est  dans  les 
calices  de  ces  fleurs  que  réside  la  plus  grande  partie  de 
cette  huile  , et  c’est  pour  celte  raison  que  nous  prescri- 
vons de  ne  les  point  séparer  des  fleurs. 


Ib  i j . 
fc  j. 


X x iv 


6$6  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

> ertu.~.  Cet  onguent  est  estimé  propre  pont  adoucir  , pour 
T(  sou  dre  : on  s en  s«.3rt  pour  les  hémorrhoïdes  , pour  les 
inflammations  , pour  les  douleurs  des  jointures. 

Onguent  de  nicotiane. 

^Feuilles  récentes  de  nicotiane,  ■)  __ 

Axonge  de  porc , S aa'  ' 

On  coupe  menu  les  feuilles  de  nicotiane  : on  les  met 
oans  une  bassine  avec  la  graisse  : on  fait  chauffer  ce  mé- 
lange sur  un  feu  modéré  , pour  faire  dissiper  une  grande 
partie  de  1 humidité  de  la  plante  : on  passe  avec  exprès-» 
sion  : on  dépuré  ensuite  cet  onguent  comme  le  précé- 
dent , et  on  le  conserve  dans  un  pot. 

La  nicotiane  est  une  plante  qui  contient  beaucoup  de 
résiné  colorante.  Cet  onguent  est  d’un  très  beau  verd. 

Yeriuï-  11  nétoie  les  ulcérés  : il  digéré  les  tumeurs  : il  est  bon 
pour  les  dartres  , la  gratelle  et  les  autres  démangeaisons 
de  la  peau. 

Onguent  ou  huile  de  laurier . 

Baies  de  laurier,  ")  __  „ .. 

Graisse  de  porc,  Ç aa ^ ij. 

On  prend  les  baies  de  laurier  récentes  et  bien  mures  : 
on  les  écrase  dans  un  mortier  de  marbre  , avec  un  pilon 
de  bois  : on  les  fait  macérer  dans  la  graisse  , pendant  huit 
ou  dix  heures,  dans  un  vaisseau  clos , au  bain-marie  : en- 
suite ou  passe  avec  expression,  et  on  dépure  cet  onguent 
comme  les  précédents.  Quelques  personnes  le  préparent 
avec  des  feuilles  de  laurier  ; mais  comme  elles  contien- 
nent moins  de  cette  sorte  d’huile  essentielle  épaisse  dont 
nous  avons  parlé  au  commencement  de  cet  ouvrage  , 
l’onguent  se  trouve  infiniment  moins  odorant.  C’est,  par 
cette  méthode  défectueuse  qu’est  préparée  toute  l’huile 
de  laurier  qu’on  trouve  dans  le  commerce. 

L’huile  de  laurier  est  un  peu  grumeiée  , à raison  d’une 
petite  quantité  de  matière  gonnneuse-résineuse  que  la 
graisse  a extraite  des  baies  de  laurier. 

V ci  tus.  L’huile  de  laurier  ouvre  les  pores  de  la  peau  , amollit 


éléments  d r pharmacie.  697 
«t  fortifie  les  nerfs.  On  s’en  sert  pour  résoudre  les  tumeurs , 
dans  les  rhumatismes  et  dans  les  douieurs  d’articulation. 
On  en  frotte  les  parties  affligées. 

Onguent  ou  huile  de  scarabées. 

Scarabées  ^ viij. 

Huile  de  laurier  , 1b  j. 


On  choisit  les  scarabées  noires  cpii  se  tiennent  dans 
le  fumier,  et  qui  se  nourrissent  d’excréments  : on  les 
écrase  grossièrement  : on  les  fait  infuser  dans  l’huile  de 
laurier  pendant  quelques  jours  : ensuite  on  fait  chauffer 
le  mélange  à un  feu  modéré  , pour  faire  dissiper  une 
grande  partie  de  l’humidité  : on  passe  fliuile  avec  ex- 
pression : on  la  laisse  dépurer  et  on  la  tire  par  inclination. 

L’huile  de  scarabée  est  bonne  pour  adoucir  , pour 
fortifier  les  nerfs  fatigués  par  des  foulures  : elle  est 
résolutive. 


Vertus. 


Onguent  martiatum . 

^Racines  récentes  d’année, 

de  valériane 
bardane , 

Feuilles  récentes  d’absinthe, 

au roue , 
calament , 
coq  des  jardins,/ 
marjolaine, 
menthe  d’eau, 
basilic , 
sauge , 
sureau , 
laurier  . 


au. 


romarin 
rue 


arin , ^ 

} 

llor,  J 


/ âà. 


5 UJ* 


5 VJ. 


5 fi. 


Semences  de  cumin, 
fenu  grec 
d’ortie  major 
Fleurs  de  camomille , 
mélilot , 
lavande  , 
millepertuis  , 

Huile  d’olives  jp  Vm\ 


>aa. 


X ï 

o F 


698  ELEMENTS  D B PHARMACIE. 

On  contuse  toutes  ces  substances  dans  un  mortier  de 
marbre  avec  un  pilon  de  bois  : on  les  met  dans  un  vaisseau 
clos  , avec  l’huile  d’olives  : on  fait  macérer  ce  mélange 
sur  les  cendres  chaudes  , pendant  douze  heures  : alors  on 
coule  avec  forte  expression  : on  laisse  déposer  l’huile  pour 
la  séparer  de  ses  fèces  , et  on  la  met  dans  une  bassine 
avec,  . . . 


Cire  jaune, îb  ij. 

Axonge  d’ours  , ^ 

d’oie , s üà.  . . g iy. 

Moelle  de  cerf,  J 

Storax  liquide, ^ ij. 

liésine  élémi  , ^ j. 


Lorsque  ces  substances  sont  liquéfiées  , on  passe  le 
mélange  au  travers  d’un  linge  , afin  de  séparer  quelques 
impuretés  qui  se  trouvent  dans  la  résine  élémi  et  le  storax 
liquide.  On  laisse  déposer  cet  onguent , et  on  le  tire  par 
inclination  : on  l’agite  lorsau’il  commence  à se  figer  , et 
on  ajoute  , 


Huile  épaisse  de  muscades  , 
Baume  noir  du  Pérou  , . . 


On  agite  cet  onguent  avec  un  pilon  de  bois  jusqu’à  ce 
qu’il  soit  entièrement  refroidi  : on  le  conserve  dans 
un  pot. 

On  fait  entrer  dans  cet  onguent  des  graisses  d’ours  et 
d’oie  , et  de  la  moelle  de  Cerf:  mais  comme  il  est  difficile 
de  les  avoir  pures  , récentes  et  non  rances,  je  pense  qu’on 
peut  mettre  à leur  place  de  la  graisse  de  porc  bien  pré- 
parée. 

Vêtus  Cet  onguent  est  propre  pour  fortifier  les  nerfs  et  les 
jointures  : il  résout  les  lui  meurs  froides  : il  appaise  la 
douleur  sciatique  et  les  douleurs  de  rhumatisme.  On  en 
frotte  les  parties  malades. 


Onguent  populeum. 

L’onguent  populeum  se  fait  en  deux  temps  différents, 
pareeque  les  germes  de  peuplier  , qui  en  font  la  base  , 


ÉLÉMENTS  13  E PHARMACIE.  699 


croissent  au  commencement  du  printemps  et  long- temps 
avant  qu’on  puisse  se  procurer  les  autres  plantes. 


On  fait  liquéfier  la  graisse  dans  une  bassine  : on  la 
verse  dans  un  pot  de  grès  , dans  lequel  on  a mis  les  ger- 
mes de  peuplier  : on  remue  le  mélange  , afin  de  bien 
imbiber  le  peuplier  : on  couvre  le  pot  , et  l’on  conserve 
le  mélange  jusqu’à  ce  que  la  saison  soit  plus  avancée,,  et 
qu’on  puisse  se  procurer  les  plantes  suivantes  : 

Feuilles  récentes  de  pavot  noir  , * 

mandragore , j 

jusquiame,  i 

joubarbe  major  ,1 
minor,' 


On  contuse  toutes  ces  plantes  : on  les  met  dans  une 
bassine  avec  le  mélange  de  graisse  et  de  germes  de  peu- 
plier : 011  lait  chauffer  ce  mélange  , en  le  remuant  sans- 
discontinuer  , jusqu’à  ce  que  la  moitié  ou  les  trois  quarts 
de  l’humidité:  des  plantes  soient  évaporés  : alors  on  passe 
l’onguent  au  travers  d’un  linge  avec  forte  expression  : on 
le  laisse  se  hger  : on  le  sépare  de  l’humidité  qui  se  trouve 
dessous  : on  le  liquéfie  de  nouveau  : on  le  dépure  comme 
les  précédents  , et  on  le  conserve  dans  un  pot. 

Cet  onguent  est  calmant  et  adoucissant.  On  l’emploie  Vert 
avec  succès  pour  dissiper  les  douleurs  et  les  inflamma- 
tions : il  soulage  les  douleurs  des  héinorrhoïdes  : il  est 
bon  pour  les  crevasses  du  sein  , pour  les  cancers  , pour  les 
brûlures  : on  le  fait  entrer  dans  les  lavements  adoucissants 
pour  calmer  les  douleurs  et  les  inflammations  des  hé- 
morrhoïdes  internes  , dans  les  coliques  qui  viennent  à la 
s-uite  des  effets  des  médecines. 


Germes  de  peuplier,  : 
Axonge  de  porc,  . . , 


ïb  j fi. 

1b  iij. 


laitues , 
bardane 
violier , 
orpin , 
ronce , 
lYïorelIe 


ïb  j. 


yOO  i LÉ.MENTS  DE  PHARMACIE. 

Remarques. 

Lorsqu’on  ne  peut  se  procurer  de  mandragore,  on  met 
en  place  une  pareille  quantité  de  feuilles  de  beliadona. 

Les  germes  de  peuplier  contiennent  une  grande  quantité 
de  gomme-résine  , dont  une  partie  est  bien  apparente  à la 
surface  : elle  est  d’une  consistance  à-peu-près  semblable  à 
celle  delà  térébenthine  : ces  germes  se  collent  ensemble, 
et  poissent  les  mains  comme  de  la  glu.  Cette  gomme-ré- 
sine se  dissout  en  grande  partie  dans  l’eau,  dans  l’esprit  de 
vin  et  dans  la  graisse.  Elle  fournit  dans  l’esprit  de  vin 
une  teinture  citrine , dont  l’odeur  approche  fort  de  celle 
du 'baume  du  Pérou  : c est  aussi  avec  les  germes  de  peu- 
plier qu’on  falsifie  ce  baume  , comme  nous  l’avons  dit 
à l’article  de  la  falsification.  La  graisse  s’empare  de  pres- 
que tonte  la  matière  résineuse  de  cette  substance,  et  elle 
se  charge  aussi  d’une  grande  quantité  de  la  matière  vrai- 
ment gommeuse  : l’une  et  l’autre  communiquent  à la 
graisse  une  couleur  citrine  assez  belle  , et  une  odeur  par- 
ticulière. La  matière  gommeuse,  quoique  nullement  ana- 
logue à la  graisse,  y reste  néanmoins  suspendue  , et  dans  un 
état  de  demi-combinaison,  à raison  de  la  petite  quantité 
d’humidité  quelle  retient  , et  qui  lui  donne  un  degré  de 
consistance  convenable  pour  rester  unie  avec  la  graisse  : 
c’est  la  matière  gommeuse  qui  donne  à cet  onguent  l’ap- 
parence grumelée  qu’on  lui  counoît  ; pareeque  cette  sub- 
stance n’est  pas  unie  à la  graisse  aussi  intimement  que  la 
partie  purement  résineuse.  La  plupart  des  plantes  qui 
entrent  dans  cet  onguent  contiennent  aussi  une  sembla- 
ble substance  gornmo-résineuse , comme  nous  l’avons  fait 
remarquera  l’article  du  baume  tranquille \ mais  c est  tou- 
jours en  beaucoup  moindre  quantité  que  dans  les  germes 
de  peuplier. 

Lorsqu’on  fait  cuire  cet  onguent , il  faut  remuer  pres- 
que sans  discontinuer  , sans  quoi  une  partie  du  superflu 
de  cette  matière  gornmo-résineuse  s’attache  et  brûle  au 
fond  de  la  bassine  , et  communique  de  mauvaises  qualités 
à cet  onguent  ; il  est  même  difficile  d’empecher  cju  il  11e 
s’en  attache  ; mais  011  peut  au  moins  éviter  qu  elle  ne 
brûle  : c’est  pour  cette  raison  que  nous  avôns  recom- 
mandé de  ne  pas  faire  dissiper  une  trop  grande  quantité 
de  l'humidité  des  plantes. 


JSlÉMF  N T s 1)  E P H A R M A C I E.  701 

Quelques" personnes  ajoutent  une  certaine  quantité  Je 
feuilles  récentes  de  sureau  avec  les  autres  plantes  , afin  de 
donner  une  plus  belle  couleur  verte  à Cet  onguent  : niais 
comme  la  inoreîle  produit  le  même  effet  , et  qu’elle  est 
plus  analogue  aux  vertus  qu’on  cherche  dans  cet  onguent, 
je  pense  qu’il  vaut  mieux  en  faire  entrer  une  plus  grande 
quantité  que  la  dose  qu’on  en  prescrit  ordinairement  : 
l’augmentation  que  j’en  ai  faite  dans  cette  formule , est 
de  dix  onces. 

Lorsqu’on  prépare  cet  onguent  dans  un  temps  qui  a 
été  précédé  par  des  pluies  abondantes  , sa  couleur  est  d’un 
verd  foible  , qui  tire  sur  le  jaune;  mais  il  vaut  mieux 
l’employer  avec  cette  couleur  , que  de  faire  usage  de  celui 
qui  a été  coloré  par  des  matières  étrangères. 

Quelques  personnes  font  cet  onguent  avec  quelques 
unes  des  plantes  les  plus  communes  qui  entrent  dans  sa 
composition  , et  ils  le  colorent  avec  du  verd-de-gtis  , 
ce  qui  est  une  fripponnerie  d’autant  plus  repréhensiblo 
qu’elle  peut  produire  des  effets  très  funestes,  pareequ’on 
lait  entrer  cet  onguent  dans  des  lavements  adoucissants. 
Le  moyen  de  connoUre  cette  fraude  consiste  à imbiber  du 
papier  gris  avec  cet  onguent . et  à le  faire  brûler  sur  des 
charbons  ardents  : si  l’onguent  populeum  contient  du  ver- 
dot  , la  flamme  , dans  quelques  instants , donne  toujours 
une  couleur  verte  ; mais  il  faut  être  attentif  à l’obser- 
ver. J’ai  essayé  de  cet  onguent  qui  ne  contenoit  qu'une 
petite  quantité  de  verd-de-gris  , qui  ne  donnoit  de  cou- 
leur verte  à la  flamme  qu’un  instant  seulement.  Si  ce 
procédé  11e  suffit  pas  pour  reconnoître  le  verdet  dans  cet 
onguent,  il  faut  avoir  recours  à des  moyens  chymiques. 
Un  des  plus  surs  consiste  à faire  brûler  doucement  dans 
un  creuset  une  certaine  quantité  d’onguent  qu’en  soup- 
çonne : il  reste  sur  la  fin  une  matière  charbonneuse  qui 
contient  le  cuivre:  on  la  pousse  à la  fusion  , et  le  cuivra 
se  réduit  en  métal. 

Mondificalif  d’ache. 

JJ  Feuilles  récentes  d’ache  , . . i:  , . . jr, 

de  nicotiane  , } 

de  joubarbe  major  , fâà  . ? Yii]. 
de  niorelle , J 


702 


É LÉ  M E N T S DE  PHARMACIE. 


Feuilles  récentes  d’absinthe, 

d’aigremoine, 
de  bé  toi  ne  , 
de  cbélidoine  major, 
de  marrube  , «■ 
de  millefeuille, 
de  pimprenelle  , 
de  plantain , 
de  brunelle , 
de  pervenche  , 
de  mouron , 
de  scordium , 
de  véronique  , 
Sommités  de  petite  centaurée, 
Racines  récentes  d’aristoloche  minor , 
de  souchet  long  , 
de  glaïeul , 
de  scrophulairemaj. 


Suif  de  mouton  , fi* 

Huile  d’olives  1b  iv. 


On  fait  liquéfier  le  suif  de  mouton  dans  l’huile  : on 
ajoute  les  herbes  et  les  racines  , écrasées  dans  un  mortier 
de  marbre  : on  fait  cuire  ce  mélange  jusqu’à  consomption 
d’une  grande  partie  de  l’humidité  , et  jusqu’à  ce  que  les 
plantes  soient  amorties  : on  coule  avec  expression  : on 
laisse  déposer  le  mélange  d’huile  et  de  suif  afin  de  le  sé- 
parer des  iéces  : alors  on  ajoute , 


Gire  jaune  , . . . . 
Poix  résine  , 7 - - 

Térébenthine  , ( 


? xij; 
5 v* 


On  fait  liquéfier  ces  substances  à une  chaleur  modérée: 
on  passe  le  mélange  de  nouveau  au  travers  d’un  linge, 
pour  séparer  quelques  impuretés  qui  se  trouvent  dans  la 
poix  résine  : lorsque  l’onguent  est  presque  refroidi  , on  y 
ajoute  les  substances  suivantes,  réduites  en  poudre  fine  : 


Myrrhe , j 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE.  ^o3 

On  mêle  ces  poudres  exactement,  et  l’on  forme  un  on- 
guent que  l’on  conserve  dans  un  pot. 

Cet  onguent  mondifie  et  cicatrise  les  plaies  et  les  ul-  Vertu* 
ceres  : il  est  vulnéraire  : il  forti/ie  les  nerfs  : il  convient 
dans  les  douleurs  de  rhumatismes.  On  le  dit  bon  pour 
les  morsures  de  chiens  enragés  : mais  je  ne  vois  pas  pour- 
quoi , à moins  que  pour  ces  morsures  les  corps  graisseux 
ne  soient  bons  , comme  ils  le  sont  pour  la  morsure  des 
viperes  : quoi  qu’il  en  soit  , il  seroit  imprudent  de  se  re- 
poser sur  la  vertu  de  ce  reniede  en  pareille  occasion. 


Onguent  d' Agrippa  ou  de  bryone. 


^Racines  récentes  de  bryone,  . . 

glaïeul,  .... 
d’yeble , ") 
fougere,  / àà.  . 
d’arum , J 

Feuilles  de  concombre  sauvage  récentes, 

Scille  récente  

Huile  d’olives 

Cire  jaune, 


? viif. 

5 vj. 

? B* 

? “)• 
ï J B* 

lb  j fi. 
| iv  fi; 


On  pile  dans  un  mortier  de  marbre  , avec  un  pilon  de 
bois,  tou  testes  racines,  ensuite  les  feuilles  de  concombre 
sauvage  et  la  scille.  On  met  toutes  ces  substances  dans 
une  bassine  , avec  l’huile  : on  fait  chauffer  ce  mélange  à 
petit  feu  , pour  faire  dissiper  environ  les  trois  quarts  de 
l’humidité  : on  passe  le  mélange  avec  expression  : on  dé- 
pure l’huile  : on  y fait  fondre  la  cire  : on  remue  cet  on- 
guent jusqu’à  ce  qu’il  soit  refroidi  , et  on  le  serre  dans 
un  pot. 

On  se  sert  de  cet  onguent  pour  frotter  le  ventre  et  la  Vertus 
région  de  la  ratte  : on  ledit  bon  pour  résoudre  les  tu- 
meurs , pour  l’hydropisie  , pour  lever  les  obstructions  et 
pour  lâcher  le  ventre. 


Onguent  d’ arthanita. 

4 

•2*' Suc  de  pain  de  pourceau  , . . . 

concombre  sauvage,  . 
Coloquinte, 


i fi. 
5 vnj. 

o jJ- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 


704 


Polypode  , . 

Beurre  , . 
Huile  d’iris , 


On  pulvérise  grossièrement  la  coloquinte  , et  on  con- 
casse le  polypode  : on  les  met  dans  une  bassine  avec  les 
autres  substances  : on  Fait  cuire  ce  mélange  , ayant  soin 
de  le  remuer  sans  discontinuer,  jusqu’à  consomption  de 
presque  toute  l’humidité  : 011  passe  avec  expression  : on 
dépure  l’huile  , comme  nous  l’avons  dit  précédemment  : 
alors  on  ajoute, 


Cire  jaune,  ...  : : T i 

Sagapenum  purifié  parle  vinaigre 
Fiel  de  taureau  épaissi  , 


* On  faitcliaufFer  le  mélange  , ayant  soin  de  l’agiter  avec 
un  pilon  de  bois.  Lorsque  tout  est  fondu  et  que  l’onguent 
est  à demi  refroidi  , on  ajoute  les  substances  suivantes, 
réduites  en  poudre  fine  : 


Scammonée  , 
Racines  de  turbith, 
Coloquinte  , 

Feuilles  de  rnézéréon 
Aloè's , 

Euphorbe  , 

Sel  gemme,  . 

Poivre  long , 
Myrrhe-, 

Gingembre , 

Fleurs  de  camomille , 


5 iij  JF 


3 ij. 

o j 13.' 


On  mêle  ces  poudres  exactement , et  l’on  forme  du 
tout  un  onguent  , que  l’on  conserve  dans  un  pot. 

Vertus,  On  attribue  à cet  onguent  la  propriété  d’exciter  le  vo- 
missement , étant  appliqué  sur  la  région' de  l’estomac , 
et  de  purger  par  le  bas,  lorsqu’on  en  Irotte  le  bas  ventre. 
On  le  dit  bon  pour  l’hydropisie  : il  tue  les  vers,  appliqué 
à l’extérieur.  Cet  onguent  ne  se  donne  jamais  inlérieu- 
xeinent. 

Remarques. 


éléments  de  pharmacie. 

Remarques. 


yo5 


R onguent  cl  arthanita  est  fort  ancien  : sa  composition 
se  ressent  aussi  de  l’ancienne  Pharmacie  : c'est  un  cC  osé 

et  lesrPaufresSeet  , les  uns  en  extrait" 

région  d h P°llJ‘e  5 faU  Pour  appliqué  sur  la 
refon  du  bas-ventre  , et  portera  l’intérieur  la  vertu 

purgatrve  des  ingrédients  ; mais  il  occasionne  une  sorte 

cl  erésipele  a l'extérieur,  avec  inflammation,  à raison  dé! 

’&r?'  ^ parties  «,rac“ves Z 

-mm  1 ’i  edu‘Sent  en  grum<-aux  , et  font  beau- 
oup  de  douleur  pour  peu  que  le  malade  remue,  sur-  tout 

lo.-sque  les  corps  gras  sont  imbibés  clans  les  linges  il 
ccasionne  d ailleurs  assez  souvent  des  coIiques°  sans 
provoquer  d évacuation.  Ce  sont  les  sucs  de  l’in  d! 

m.“meelérl!tÎl,CnnCO‘n^e  **?”#*,  ’ 1ui  ne  Unissent 

I ■ cxtiait  salin  , ainsi  que  le  bel  de  taureau , qui  font 
' , ©ruineaux  dont  nous  parlons.  L’huile  et  le  beurre 
,qu  on  emploie  pour  cuire  la  coloquinte  et  le  polypode  • 

• ont  incapables  d extraire  tout  ce  que  ces  substance  coif 
tiennent  d efhcace  : cette  coloquinte  est  là  en  pure  perte 
Nous  croyons  qu  on  peut  remédier  à tousces  iucon 
yémen  ts  , en  ne  faisant  entrer  dans  cet  ou  mel  q!  é 1 
substances  qui  peuvent  se  pulvériser,  et  celles  qui  ne  J 
gimnelent  point,  lorsque  ce  médicament  est  apnliuud 

oilsenabîe  rhufl»1*8  it^uT  et  if8’^  d°"C  de 

Ç^aum’r  ISj  ^ 1ésSéadncesPdn  ^ 

plantes  séchées  et  réduites  en  pomlre  fine  T 

supprimer  le  fiel  de  taurpan  \ ct  en  in  de 

, V,.  ue  taureau.  Au  moyen  de  cettp  nnnî 

Onguent  de  pompholyx. 

& Huile  d’olives, ^ 

Suc  dépuré  de  .morelle  1 I 

1 1YV 


Z IV.’ 

Y y 


ELEMENTS  DE  PHARMACIE 


70Ô 
/ 

On  fait  cuire  à petit  Feu  jusqu’à  ce  que  le  suc  soit  ré- 
duit en  extrait,  ayant  soin  de  remuer  sans  discontinuer, 
afin  qu’il  ne  s’attache  point  au  fond  delà  bassine  \ ensuite 
on  ajoute  , 

Cire  blanche  , . . : ^ ij  fi. 

Lorsque  la  cire  est  fondue,  on  tire  le  vaisseau  hors  du 
feu,  et  l’on  y incorpore  les  substances  suivantes  9 réduites 
en  poudres  fines  : 

Lleurs  de  zinc  , \ - - x . 

Plomb  calciné  par  le  soufre  , 5 Uü * 0 

lilanc  de  céruse  préparé  , 5 ij. 

Et,  lorsque  l’onguent  est  presque  refroidi,  l’on  ajoute: 


Oliban  pulvérisé  , ^ j. 

On  agite  l’onguent  avec  un  pilon  de  bois  , jusqu’à  ce 
que  le  mélange  soit  bien  exact.  Cet  onguent  est  d’une 
couleur  grise,  blanchâtre  , lorsqu’on  ne  l’a  agité  que  mo- 
dérément ; mais  sa  couleur  devient  plus  foncée  si  on 
l’agite  long-temps  , à cause  du  plomb  calciné  par  le  soufre 
qui  est  fort  noir  , et  qui,  se  trouvant  mieux  mêlé  par  une 
longue  agitation  , augmente  l’intensité  de  la  couleur  de 
cet  onguent. 

Vu»  tus.  Cet  onguent  est  rafraîchissant  , propre  pour  dissiper 
les  inflammations  , et  pour  dessécher  les  plaies  et  les 
ulcérés. 

Baume  cV Arcaeus. 


2é  Suif  de  mouton  , . . 
Térébenthine,')  -- 
Résine  élérni , f aa 
Axonge  de  porc,  . 


. . ibij. 

* * îo  j fi. 
. . ib  j. 


On  fait  liquéfier  ensemble  toutes  ces  substances  à mie 
chaleur  modérée  : ou  passe  au  travers  d’un  linge  bien 
serré  , et  on  agite  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  entiè- 
rement refroidi. 

Vertus.  R est  bon  pour  consolider  les  plaies  , pour  fortifier  les 
nerfs  , pour  les  contusions,  les  meurtrissures  , pour  ré- 
sister à la  gangrené. 


ÉLÉMENTS  DE  P H A R M UIE. 


7°7 


Il  E ira  A R Q U E S. 


Il  faut  bien  prendre  garde  de  donner  trop  de  chaleur, 
lorsqu’on  lait  liquéfier  ces  matières  : elles  roussissent 
facilement , et  l’onguent  acquiert  une  couleur  qu’il  ne  doit 
point  avoir.  On  le  coule  ordinairement  dans  un  pot , tan- 
dis qu’il  est  encore  chaud  , au  lieu  de  l’agiter  jusqu’à  ce 
qu'il  soit  refroidi  , comme  nous  l’avons  recommandé  ; 
ce  qui  paraît  d’abord  assez  indifférent  : mais  comme  il 
entre  dans  cet  onguent  deux  résines  pures,  elles  se  dessè- 
chent considérablement  : il  se  forme  à la  surface  de  ce 
composé  une  pellicule  transparente,  dure  , et  qui  11e peut 
se  mêler  avec  l’onguent  qu’en  le  faisant  liquéfier/ On 
remédie  en  grande  partie  a cet  inconvénient  par  l’agita- 
tion que  nous  avons  recommandée  ; du  moins  cette 
pellicule  se  l’orme  beaucoup  plus  difficilement,  parceque 
l’on  divise  ces  matières  résineuses  : l’onguent  devient 
aussi  d’un  blanc  lorL  agréable. 

J ous  les  dispensaires  prescrivent  du  suif  de  bouc 
dans  cet  onguent  5 mais  nous  croyons  que  le  suif  de  mou- 
ton est  aussi  bon  : d ailleurs  cfdui  qu’on  vend  pour  le  suif 
de  bouc  , n est  le  plus  souvent  que  du  suil  de  mouton  pur: 
j en  ai  fait  venir  d’Auvergne  , à dessein  d’en  faire  l’exa- 
men ; je  11e  lui  ai  trouvé  aucune  différence  d’avec  celui 

de  mouton,  que  j’avois  préparé  exprès  pour  le  lui  com- 
parer. 

Onguent  cle  storax. 


Huile  de  noix  , . . . 
Storax  liquide  , . . 
Colophane  , . . . , 
Résine  élémi , ->  __ 

Cire  jaune , } aa 


îh  j B. 

11  • w • 

) 5 iv. 
îb  j 5 xiv. 

5 XV. 


On  lait  liquéfier  ces  matières  ensemble  , à l’exception 
du  slorax  liquide,  qu’on  ne  met  que  sur  la  fin  : on  coule 
cet  onguent  au  travers  d’un  linge  : on  le  laisse  se  iiger 
tranquillement,  afin  de  laisser  déposer  un  sédiment  d’im- 
puretés qui  viennent  du  storax  liquide  : alors  on  racle  cet 
onguent  avec  une  spatule  , en  prenant  garde  de  mêler  la 
portion  inférieure  qui  est  sale.  On  agite  l’onguent  avec  un 

pilon  de  bois  , pour  les  raisons  que  nous  avons  dites  au 
baume  d’Arcxus. 

Y y ij 


J0$>  SlhjENTS  DE  PHARMACIE. 

‘Vertus.  H est  propre  pour  déterger  et  mondifïer  les  ulcérés 
scorbutiques  : il  fortifie  les  nerfs  : il  résout  les  tumeurs 
froides  : il  résiste  à la  gangrené. 

K E M A R Q U E'S. 

I 

Le  storax  liquide  est  une  résine  qui  contient  toujours 
de  l’humidité.  Lorsqu’on  la  met  dans  l’onguent  chaud, 
elle  occasionne  une  raréfaction  et  un  gonflement  qui. 
fait  quelquefois  passer  le  mélange  par-dessus  les  bords  du 
vaisseau.  Il  est  bien  évident  qu’on  courroit  les  risques  d’y 
mettre  le  feu,  et  d’occasionner  même  un  incendie  si  l’on 
ajoutoit  cette  substance  à l’onguent  tandis  que  la  bassine 
est  sur  le  feu.  Lorsque  le  gonflement  et  l’effervescence 
sont  passés,  on  fait  réchauffer  l’onguent  sur  un  feu  mo- 
déré , pour  faire  dissiper  toute  l’humidité  ; ce  que  l’on 
reconnoît  lorsque  l’onguent  devient  clair  et  transparent: 
ce  n’est  que  dans  cet  état  qu’on  doit  le  passerai!  travers  du 
îinoe.  L’agitation  que  nous  recommandons  de  lui  donner 
après  qu’il  est  raclé , sert  à le  blanchir  un  peu  , et  à diviser 
les  matières  résineuses , afin  qu’elles  se  dessèchent  moins 
et  qu’elles  forment  moins  de  pellicules  à la  surface  de  cet 
onguent.  La  chaleur  doit  être  modérée  pendant  la  prépa- 
ration de  cet  onguent,  pareequ’il  change  de  couleur , et 
devient  roux  pour  peu  qu’elle  soit  trop  forte  ; d’ailleurs 
onferoit  dissiper  davantage  de  principes  odorants  du  sto- 
rax et  de  la  résine  éléini. 

Onguent  basilic  ou  suppuratif  ou  tetrapharmacum* 

Poix  noire,  ^ 

résine , / ââ.  i i 5 xijt 

Cire  jaune , J 

Huile  d’olives , ; ...  J îb  iij. 

On  met  toutes  ces  substances  dans  une  bassine  : on  les 
fait  liquéfier  ensemble  : on  passe  l’onguent  au  travers  d’un 
linge,  et  on  le  conserve  dans  un  pot. 

Vertu?.  Il  digéré  , il  avance  la  suppuration  des  plaies  et  des 
ulcérés. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  ^0^ 

Remarques. 

La  poix  noire  contient  une  matière  qui  ne  peut  rester 
unie  aux  autres  corps  graisseux  que  difficilement  : elle  se 
précipite  en  grande  partie  pendant  la  liquéfaction  du  mé- 
lange ; elle  s’attache  au  fond  de  la  bassine  , et  y brûle 
même,  lorsqu’on  n’y  prend  pas  garde.  On  avoit  pensé  que 
cettematiere  étoitun  pur  charbon  ; mais  elle  n’en  a nulle- 
ment les  propriétés  : elle  se  boursouffle  au  feu  , et  brûle  en. 
répandant  de  la  suie  et  de  la  fumée  ; propriétés  que 
n a point  un  charbon  , de  quelque  matière  qu’on  l’art 
formé-  J’ai  remarqué  au  contraire  que  cette  substance  avoit 
quelques  propriétés  analogues  au  succin.  Elle  a besoin 
d etre  examinée  d’une  maniéré  plus  précise  qu’on  ne  l’a 
fait  jusqu’à  présent.  Quoiqu’il  en  soit  , il  ne  reste  qu’à- 
peu-pres  la  moitié  de  la  poix  noire  dans  cet  onguent , 
pareequ’on  ne  le  coule  que  lorsqu’il  est  clair  et  que  cette 
matière  s est  précipitée  en  plus  grande  partie.  L’on  n’a  pas 
intention  qu’elle  y reste  : mais  voici  un  autre  onguent 
basilic  , dans  lequel  on  cherche  à la  conserver. 

Onguent  de  l'abbé  Pipon. 

^ Graisse  de  porc , . 7 
Cire  jaune,  .... 

Poix  noire , . . . . 

Iluile  d’olives , . . 

On  fait  fondre  la  graisse  et  la  cire  avec  l'huile.  Lorsque- 
ccs  matières  sont  liquéfiées  , on  ajoute  la  poix  noire  cassée 
par  morceaux  : on  fait  chauffer  ce  mélange  doucement  , 
pour  liquéfier  la  poix  seulement  : on  le  passe  au  travers 
d’un  linge,  et  on  le  remue  jusqu’à  ce  qu’il  soit  refroidi. 
Malgré  la  précaution  que  l’on  prend  pour  empêcher  que 
cette  matière  succlnacée-ne  se  sépare  de  la  poix  , il  s’en 

piécipite  toujours  une  petite  quantité,  ce  qui  est  inévi- 
table. 1 

E.ei  onguent  a les  mêmes  vertus  que  l’onguent  basili-  Vert-** 

Cllîîl. 

-i  a poix  noire  est  une  substance  résineuse  qu’on  sépare 
des  vieux  arbres  résineux , tels  que  des  pins  et  des  sapins. 

Y y ii* 


î xij. 
lb  j. 

J ij  h- 


7 1 O ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  fait  brûler  ces  bois  pour  les  réduire  en  charbons  , et 
on  dispose  l’appareil  de  manière  qu’on  puisse  recueillir  la 
liqueur  qui  découle  par  l’extrémité  des  morceaux  de  bois. 
La  matière  résineuse,  à demi  brûlée,  coule  avec  laseve  : on 
la  reçoit  dans  des  baquets.  La  partie  résineuse  qui  con- 
serve de  la  liquidité,  forme  ce  que  l’rîn  nomme  \e  goudron 
ou  brai.  Elle  a une  consistance  de  térébenthine  fort  épaisse. 
Dessous  cette , liqueur  balsamique  se  trouve  une  sub- 
stance épaisse  , noire  ; c'est  elle  qui  forme  la  poix  noire. 
Cette  matière  est  mêlée  d’une  substance  succinacée  demi- 
charbonneuse  : elle  ne  peut  se  dissoudre  dans  les  corps 
graisseux  , et  se  sépare  pendant  la  préparation  des  on- 
guents basilic  et  pipon. 

Onguent  d’althca. 

\ r 
i 

$ Huile  de  mucilage , V . . ît>  ij. 

Cire  jaune , 5 viij. 

Poix  résine,  L --  » ^ • 

Térébenthine,  5 aa 5 

On  fait  fondre  ensemble  toutes  ces  matières  à une 
chaleur  modérée  : on  coule  le  mélange  , lorsqu’il  est  bien 
clair  , au  travers  d’un  linge  très  serré  : on  le  laisse  se 
fi^er  , et  on  le  ratisse  pour  séparer  un  sédiment  qui  se 
trouve  dessous  : on  agite  l'onguent  avec  un  bistortier  , et 
on  le  conserve  dans  un  pot. 

Vertus  Cet  onguent  est  adoucissant,  résolutif,  nef  val.  On 
l’applique  sur  le  coté  pour  soulager  le  point  de  coté  dans  la 
pleurésie. 

Onguent  pour  les  hémorrhoi des . 

c j \ « 

Onguent  populeum , \ ^ ;î- 

nutritum  , f ^ * 

Jaunes  d’œufs  , . n°.  iij. 

Safran  pulvérisé  j IL 

Opium  , 3 j- 

On  délaie  dans  un  mortier  de  marbré  , avec  un  pilon 
de  bois  l’opium  en  poudre  avec  le  jaune  d’œuf  : on  ajoute 
le  safran  cl  les  onguents  : 011  forme  du  tout  un  mélange 
exact,  que  l’on  conserve  pour  l’usage. 


ÉLÉMENTS  DE  T 11  A P,  M A C I F.,  '7  1 l 

Ce  topique,  pour  les  hcinorrhoïdes  , est  un  des  meil-  Vertus, 
leurs  que  l’on  puisse  employer  : je  l’ai  toujours  vu  appaiser 
l’ inflammation  et  les  douleurs  entrés  peu  de  temps.  On 
le  tend  sur  du  papier  brouillard  , ou  sur  du  linge  très  fin. 

Onguent  nutritum. 

Z' Litîiarge  pulvérisée  ^ 

Jîuile  d’olives, it>  j ^ ij» 

Vinaigre  très  fort, • • 5 viij. 

On  met  dans  un  mortier  de  verre  la  litharge  réduite  en 
poudre  très  fine,  avec  un  peu  d’huile  et  de  vinaigre.  On 
triture  ce  mélangé  avec  un  pilon  de  verre,  jusqu’à  ce  que 
ces  substances  soient  bien  incorporées  ; on  continue  de 
triturer  la  matière  , en  ajoutant  peu  à peu  et  alternati- 
vement de  l’huile  et  du  vinaigre  , jusqu’à  ce  que  tout 
soit  employé  , et  que  fe  mélange  soit  assez  bien  lié  pour 
qu  il  ne  se  séparé  rien  par  le  repos  .*  on  le  conserve  dans 
un  pot  pour  l’usage. 

11  est  dessiccatil  : il  ote  l’inflanirnation  et  fâcreté  des  Vertus.- 
plaies  : il  est  cicatrisant  ; appliqué  sur  les  dartres  , ,11  les  fait 
rentrer  ; ce  qui  est  toujours  à craindre  pour  les  malades. 

Remarque  s. 

La  manipulation  que  nous  venons  do  donner  pour  pré- 
parer cet  onguent  , est  celle  que  l’on  pratique  ordinaire- 
ment ; elle  est  fort  longue  , et  dure  pendant  plusieurs  jours; 
pour  peu  que  l’on  cesse  de  l’agiter  , la  litharge  se  précipite  , 
et  l’huile  se  sépare  d’avec  le  vinaigre.  Par  deux  movens 
directement  opposés  je  suis  parvenu  à préparer  cet" on- 
guent sans  être  obligé  de  l’agiter  aussi  long-temps  que 
le  demande  le  procédé  ordinaire. 

Le  premier  moyen  consiste  à employer  l'huile  d’olives 
hgée  , et  à la  remuer  dans  cet  état  avec  la  litharge  et  le 
vinaigre  , pendant  cinq  ou  six  minutes  : ce  mélange  ac- 
quiert, a la  faveur  de  l’huile  hbée  , un  degré  de  consis- 
tance suffisant  , qui  ne  permet  pas  à la  litharge  de 'se  pré- 
cipiter et  au  vinaigre  de  se  séparer.  On  expose  ce  mé- 
lange dans  un  endroit  frais,  pendant  trois  ou  quatre  jours: 
le  vinaigre  alors  agit  sur  les  parties  de  la  litharge  qui  se 

Y y iv 


7 12  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

trouve  réduite  toute  en  surface.  Au  bout  de  ce  temps  , on 
trouve  la  litliarge  entièrement  dissoute  , et  cette  combi- 
naison )içn  mélee  avec  1 huile  : enfin  l’onguent  est  mieux 
lait  que  si  on  le  trituroit  pendant  deux  jours  sans  discon- 
tinuer, en  employant  l’huile  fluide.  On  triture  ce  mé- 
lange un  instant  pour  faire  disparoître  les  bulles  d’air  que 
l’efrervescence  a occasionnées  pendant  la  dissolution  de  la 
litliarge. 

Le  second  moyen  consiste  a triturer  ensemble  , avec 
lin  pilon  de  bois  , les  trois  matières  qui  composent  cet 
onguent  : il  faut  faire  cette  trituration  dans  une  terrine 
vernissée  qu  on  tient  sur  les  cendres  chaudes.  La  chaleur 
accéléré  la  combinaison  du  vinaigre  avec  la  litliarge  , et 
l’union  de  ce  composé  avec  l’huile.  Dans  l’espace  d’envi- 
ron un  quart  d’heure  , il  se  trouve  aussi  bien  fait  que  le 
précédent  ; mais  il  laut  prendre  garde  de  faire  trop  chauf- 
fer le  mélangé  , parcequ’il  acquerroit  une  consistance 
trop  ferme  , et  même  emplastique. 

De  quelque  maniéré  qu’on  fasse  cet  onguent , on  ne  doit 
point  employer  de  mortier  de  marbre  ni  d’autre  pierre 
calcaire,  parccque  le  vinaigre  les  attaqueroit et  les  dissou- 
droit  un  peu. 

Cérat  de  Saturne  de  Goulard. 

Huile  d’olives, * îf,  j. 

Cire  blanche ^ iv 

Eau,..  V xi]*. 

Extrait  de  Saturne  . % fi. 

On  fait  fondre  la  cire  dans  l’huile  : on  coule  le  mélange 
dans  un  mortier  de  marbre  ; lorsqu’il  est  figé  , on  l’agite 
avec  un  pilon  de  bois  pour  le  bien  ramollir,  en  observant 
cpi’il  ne  reste  aucuns  grumeaux  ; alors  on  ajoute  peu  à peu 
l’eau  et  l’extrait- de  Saturne  qu’on  a auparavant  mêlés  dans 
une  bouteille , et  on  procédé  comme  nous  l’avons  dit 
au  cérat  de  Galien.  Pour  mêler  cette  eau  avec  le  mélange 
d’huile  et  de  cire  , la  totalité  doit  y entrer.  Lorsque  le 
cérat  est  fait , on  le  conserve  dans  un  pot  de  faïance. 

Vertus  Ce  cérat  convient  dans  les  dartres  et  autres  maladies 
de  la  peau  du  même  genre  : il  rafraîchit  : il  est  un  puis- 
sant résolutif  : il  est  fondant  : il  change  souvent  en  bien 


éléments  de  miahmacü.'  7i3 

la  mauvaise  qualité  du  pus  des  plaies  ; mais  on  doit  en 
faire  usage  avec  circonspection,  parcequ’il repercute  l’hu- 
meur à l’intérieur. 

On  peut  , suivant  le  besoin  , augmenter  la  dose  de 
l’extrait  de  Saturne. 

Remarques. 

On  peut  faire  le  cérat  de  Saturne  sur  le  champ.  On 
met  pour  cela  dans  un  mortier  de  marbre  une  once  de 
cérat  de  Galien  ordinaire  , et  on  ajoute  neuf  grains,  ou 
rteid  gouttes  d’extrait  de  Saturne  : ce  mélange  se  trouve 
fait  dans  les  mêmes  proportions  que  le  cérat  de  Saturne 
de  Goulard.  On  peut  de  même,  suivant  le  besoin,  aug- 
menter la  dose  de  l’extrait  de  Saturne. 

Pommade  de  Goulard. 


¥ Cîre  jaune  * viij. 

Huile  rosat  , ....  r .........  Jfe  j 3 ij. 

Extrait  de  Saturne  ? iv. 

Camphre, g j. 


On  fait  fondre  ensemble  l’huile  et  la  cire  : on  met  ce 
mélangé  dans  un  mortier  de  marbre  : on  l’agite  comine 
nous  1 avons  dit  du  cérat  ; et  lorsque  le  mélange  n’a  plus 
de  grumeaux,  on  ajoute  1 extrait  de  Saturne  elle  camphre 
réduits  en  poudre  : on  forme  du  tout  un  mélange  exact' que 
l’on  conserve  dans  un  pot. 

Celte  pommade  a les  mêmes  vertus  que  le  cérat  de  Sa-  Vertus 
tur  11c , et  elle  s emploie  aux  mêmes  usages  : mais  comme 
elle  contient  davantage  d’extrait  de  Saturne,  ses  effets 
sont  plus  forts  et  plus  marqués. 

Liane  raisin  ou  onguent  de  blanc  rhasis . 

Cire  blanche X jj; 

Huile  d’olives, ^ xij# 

On  fait  dissoudre  la  cire  dans  l’huile  : on  coule  le  mé- 
lange dans  un  mortier  de  marbre  , et  on  l’agite  jusqu’à 


« 


Vertus. 


Vertus. 


y 1 4 ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.' 

ce  qu’il  soit  refroidi  et  qu’il  ne  paroisse  aucuns  gru- 
meaux : alors  on  y incorpore  , 

Blanc  de  céruse  préparé  ~ iij. 

On  agite  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  exact  : on 
conserve  cet  onguent  dans  un  pot. 

On  y ajoute  du  vinaigre  et  du  camphre  , lorsque  celui 
qui  l’ordonne  le  juge  à propos. 

Il  desseche  les  plaies  et  les  brûlures  : il  est  propre  pour 
la  gra telle,  les  démangeaisons  de  la  jieau  : il  adoucit. 

Onguent  de  la  mere. 


'ÿl  Graisse  de  porc , -s 
Beurre , / 

% ' F _ _ _ • 

Cire  jaune  , v aa lo  J- 

Suir  de  mouton  , v 
Litharge  préparée,  -) 

Huile  d’olives  , lh  ij. 


On  met  toutes  ces  substances  dans  une  bassine  , à 1 ex- 
ception de  la  litharge  : on  les  fait  chauffer  jusqu  a ce 
qu’elles  fument-:  en  cet  état,  elles  ont  un  degré  de  chaleur 
considérable  : on  ajoute  la  litharge  bien  seche  : on  remue 
ce  mélange  avec  une  spatule  de  bois , jusqu’à  ce  que  la  li- 
tharge  soit  entièrement  dissoute  -,  ce  qui  dure  environ 
un  quart  d’heure  : on  fait  néanmoins  chauffer  ce  mélange 
jusqu’à  ce  qu’il  ait  acquis  une  couleur  brune  tirant  sur  le 
noir  : alors  on  le  laisse  se  refroidir  dans  un  pot  tandis 
qu’il  est  encore  liquide.  . . 

Cet  onguent  mûrit  : il  pousse  la  suppuration  : il  ote 
l’inflammation  des  plaies  et  des  ulcérés. 

•J»  ' J h ‘ , 

Remarques. 

On  fait  ordinairement  cet  onguent  en  mettant  la  li- 
tharge en  meme  temps  que  les  autres  substances  *,  mais  j ai 
remarqué  qu’avant  que  lus  matières  graisseuses  aient  acquis 
assez  de  chaleur  pour,  la  dissoudre  , une  partie  de  cette 
litharge  se  ressuscite  eu  plomb,  et  reste  sous  1 onguent 
sans  pouvoir  se  combiner  avec  les  corps  gras.  D ailleurs 
la  litharge  qui  n’est  pas  ressuscitée  s'empare , dans  les 


» 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  7 l â 

commencements  tle  la  cuite  de  cet  onguent  , d’une  par- 
tie du  phlogistique  qui  la  met  dans  un  état  très  voisin 
tle  sa  résurrection  ; ce  qui  la  rend  plus  difficile  à se 
combiner  avec  les  graisses  , et  alonge  considérablement 
l’opération.  Par  la  méthode  ordinaire  , on  ne  parvient  à 
Paire  cet  onguent  que  dans  l’espace  de  quatre  ou  cinq 
heures  ; au  lieu  que  , par  celle  que  je  propose  , un  quart 
d’heure  est  plus  que  suffisant  pour  dissoudre  la  litharge 
entièrement  , et  sans  qu’il  s’én  ressuscite  eu  plomb  la 
moindre  portion  , pareeque  les  graisses.,  ayant  un  grand 
degré  de  chaleur  , dissolvent  cette  litharge  avant  qu’elle 
ait  le  temps  de  se  ressusciter  ; ce  qui  est  un  avantage  consi- 
dérable. Comme  on  veut  que  cet  onguent  soit  très  brun, 
on  le  tient  encore  sur  le  feu  , quoique  la  litharge  soit  dis- 
soute , afin  que  sa  couleur  devienne  plus  foncée.  La  cou- 
leur noirâtre  qu’il  acquiert , vient  d’un  commencement 
de  décomposition  des  graisses  par  l’action  du  feu  : on  s’en 
appercoit  par  leur  couleur  qui  change  , et  par  la  grande 
quantité  de  vapeurs  acides  qui  s’en  élevent. 

Il  faut  que  la  bassine  dans  laquelle  on  cuit  cet  on- 
, guent  déborde  considérablement  le  fourneau  , de  ma- 
niéré que  la  flamme  du  charbon  11e  puisse  avoir  aucune 
communication  avec  les  vapeurs  qui  s’élèvent  de  l’on- 
guent ; sans  quoi  elles  s’enflammeroieiit  et  mettroient  Ict 
ieu  au  mélangé.  11  faut  , par  la  même  raison  , éviter  d’ap- 
procher une  bougie  allumée  ou  toute  autre  lumière  près 
de  ces  vapeurs,  parcequ’elle  seroit  capable  de  leur  laire 
prendre  leu.  Cela  arrive  de  temps  en  temps  à ceiix  qui 
n’y  prennent  pas  garde. 

v fj  onguent  de  la  mere  n’est  donc  qu’un  mélange  de 
graisses  qui  ont  commencé  à se  décomposer,  et  qui  tien- 
nent en  dissolution  une  chaux  de  plomb.  Il.paroît,  d’après 
ce  que  nous  venons  de  dire  , que  le  plomb  , pourvu  de  tout 
son  phlogistique  , n’est  que  peu  ou  même  point  attaqua- 
ble par  les  matières  graisseuses  ; du  moins  on  est  en  droit 
de  le  soupçonner  , par  la  portion  de  litharge  qui  se  ressus- 
cite , et  qui  ne  peut  plus  se  dissoudre  ensuite. 

L’onguent  de  la  mere  , en  vieillissant  , devient  blan- 
châtre à sa  surface  par  le  contact  de  l’air  : ce  qui  ne  peut 
venir  que  de  1 acide  des  graisses  qui  est  très  développé , et 
qui  agit  par  1 intermede  de  l’air  sur  la  couleur  qu’il  avoir 
auparavant. 


\ ' 

716  ELEMENTS  DE  PHARMACIE. 

Onguent  de  Lutliie „ 

^Tuthie  préparée , ; 5 îj. 

Beurre  récent , \ w 

Onguent  rosat,  3 aa 5 Æ* 

On  triture  ces  matières  dans  un  mortier  de  marbre  ^ 
jusqu’à  ce  que  le  mélange  soit  exact. 

On  emploie  cet  onguent  pour  les  maladies  des  yeux  : 
c est  pourquoi  il  faut  que  la  tuthie  soit  bien  broyée  et  ré- 
duite en  poudre  impalpable. 

yertus.1  On  applique  cet  onguent  autour  des  paupières,  pour 
dessécher  et  pour  dissiper  les  rougeurs  des  yeux. 

Onguent  ægyptlac. 


Miel  blanc, | xiV.i 

Vinaigre  très  fort, * ^ vj. 

Verd-de-gris  pulvérisé, v. 


On  met  ces  trois  substances  ensemble  dans  une  bassine 
de  cuivre  : on  les  lait  bouillir  sur  un  feu  modéré,  en  les 
remuant  sans  discontinuer  avec  une  spatule  de  bois,  jus- 
qu’à ce  que  le  mélange  cesse  de  se  gonfler  , et  qu’il  ac- 
quière une  couleur  rouge  : alors  on  tire  la  bassine  hors 
du  feu  , et  011  sert  l’onguent  dans  un  pot. 

Vertus,  Il  est  propre  pour  déterger  , pour  consommer  les  chairs 
baveuses  : il  résiste  à la  gangrené. 

Remarques. 

•> 

Cette  composition  porte  assez  improprement  le  nom 
d’ onguent. , puisqu’on  n’y  fait  entrer  ni  huile  ni  graisse  \ 
néanmoins  nous  lui  conservons  sa  dénomination,  afin  de 
ne  rien  changer  dans  les  noms  adoptés. 

Le  verd-de-gris  est  une  rouille  ou  une  chaux  de  cuivre , 
dont  une  partie  est  dans  l’état  salin,  l’autre  11’est  que  dans 
l’état  d’une  chaux  , et  n’est  point  combiné  avec  l’acide 
végétal  qui  a servi  à former  le  verd-de-gris.  Le  mélange , 
dans  le  commencement  de  l’opération  , a la  couleur  du 
verdel  ; mais  le  vinaigre  et  le  miel  agissant  sur  lui  , le  dis- 
solvent et  le  ressuscitent  en  cuivre  successivement  ; c’est 


ÏLÏME  NTS  DE  F H A R M A C I E. 


7*7 

ce  qui  fait  que  ce  mélange , au  premier  degré  de  chaleur , 
se  raréfie,  occupe  un  volume  considérable,  à raison  de 

I acide  du  vinaigre  qui  le  dissout  avec  effervescence  • le 
miel,  a cause  de  sa  viscosité  , empêche  l’air  qui  se  décade 
«le  se  dissiper  a mesure  que  la  dissolution  se  fait  et  c'e°st 
ce  qui  occasionne  ce  gonflement.  Le  mélange  devient  peu 
a peu  d une  couleur  de  rouille  de  fer,  qui  est  le  com- 
mencement de  la  résurrection  du  cuivre  : le  miel  et  le 
Vinaigre  continuant  d’agir  sur  le  verdet , ressuscitent  le 
cuivre  de  plus  en  plus;  et , sur  la  fin  de  l’opération  , il  pa- 
,0  sou.?  sa  couleur  rouge.  En  cet  état  , il  n’y  a plus  ni 
de  gonflement  m d’effervescence , et  l’onguent  est  fini. 

II  aut  que  le  vaisseau  dans  lequel  on  fait  cet  onguent 
soit  très  grand  , afin  qu’il  puisse  le  contenir  lorsqu’il  vient 
a se  raréfier  , sans  quoi  il  passeroit  par-dessus  les  bords 

La  couleur  rouge  qu’acquiert  le  verdet  pendant  la  cuite 
de  cet  onguent  , est  la  couleur  naturel^  du  cuivre  Le 
cuivre  est  ressuscité  sans  fusion , par  l’intermede  du  phlo- 
gistique  du  vinaigre  et  du  miel , pareeque  ce  dernier  sud 
porte  pendant  l’opération  un  degré  de  chaleur  suffisant 
l-ourqu  .1  commence  à se  brûler;  ce  qui  suffit  pour  la  ré- 
surrection de  cette  chaux  métallique  : elle  devient  d’au 
tant  plus  facile  à réduire  , qu’elle' se  trouve  dans  un  étaï 

en  ttcë.eXtKttie  ’ et<lU’eüecst-  l^r ainsi  dire,  totne 

L onguent  ægyptiac  laisse  précipiter  le  cuivre  nuelmie 
emps  après  qu’il  est  fait , sons  la  forme  d’un  sldimenYde 
la  coiileui  de  cuivre.  Ce  dépôt  est  surnagé  par  le  miel 
est  alors  d’une  couleur  noire  ; l’onguem  n’es  noin ’ X\ 
pour  cela  ; il  sulht  de  le  mêler  chaque  fois  qu’on  veut 
s en  servir  ; ,1  reparo  t sous  sa  couleur  rouge  qu’il  conserve 
long-temps  : cependant  elle  diminue  pef.  àpeu  et  de  ' 
vient  notre  au  bout  de  dix  années.  Il  faut  œnse’rver  cei 
onguent  dans  un  endroit  sec  , pareeque  la  matière  svru 
pense  du  miel  attire  puissamment  l’humidité  de  l’air  File 
est  melee  de  la  partie  extractive  du  vinaigre  et  ils  lien,  ! 
conjointement  une  certaine  quantité  de  cuivre  en  d sso 
huion,  qui  se  trouve  dans  l’état  salin. 

Onguent  mercuriel  citrin  pour  la  gale. 

Mercure  cru  d x ... 

Esprit  de  nitre,  ...  % 

' * 5 iv» 


y I 8 ÉLÉMENTS  DE  P II  A R M A CIE. 

On  rnet  ces  deux  substances  dans  un  matras  : on  place 
le  vaisseau  sur  un  bain  de  sablechaud,  et  on  le  laisse  jus- 
qu’à ce  que  le  mercure  soit  entièrement  dissous  : alors  on 
lait  liquéfier  dans  une  terrine  vernissée  , 

Graisse  de  porc  , îb  ij. 

On  mêle  parmi  , avec  un  pilon  de  bois  , la  dissolution 
de  mercure  : onagite  lemélange  jusqu’à  ce  qu’il  commence 
à se  figer  : on  le  coule  promptement  dans  un  grand  quarré 
de  papier  ; et  lorsque  l’onguent  est  refroidi , on  le  coupc 
par  tablettes  d’une  once  ou  à-peu-près  : on  le  conserve 
dans  une  boîte. 

Vertus  Cet  onguent  est  un  très  bon  remede  pour  la  gale  : on 
s’en  frotte  sous  les  jarrets  et  les  poignets  pendant  neuf 
jours  de  suite.  Ou  emploie  à chaque  friction  deux  gros  de 
cet  onguent.  11  est  bon  pour  les  dartres  et  les  autres  mala- 
dies de  la  peau.  11  huit  eu  faire  usage  avec  précaution: 
comme  il  est  chargé  de  beaucoup  de  mercure  , il  pousse 
quelquefois  à la  salivation. 

Remarque  s. 

La  quantité  d’acide  nitreux  que  nous  prescrivons 
suffit , lorsqu’il  est  bon  , pour  dissoudre  les  trois  onces  de 
mercure  : on  en  met  davantage  lorsqu’il  est  plus  faible. 
Il  suffit  que  le  mercure  soit  bien  dissous  : mais  il  faut 
faire  choix  d’un  acide  nitreux  exempt  de.  mélange  d’acide 
marin  , pareeque  le  mercure  seroit  précipité  en  blanc  , à 
mesure  qu’il  se  dissoudroit  : outre  que  cela  ne  rempliroit 
pas  l’intention  qu’on  se  propose , l’onguent  se  trouveroit 
chargé  de  précipité  étranger  au  nitre  mercuriel  , qui  se 
mêleroit  inégalement  avec  la  graisse. 

Ce  composé  est  cl’une  consistance  bien  plus  ferme  que 
celle  de  la  graisse:  il  devient  d’une  rancidité  considérable 
à l’instant  qu’on  le  fait , quoiqu’on  emploie.de  la  graisse 
récente  et  non  rance  : la  graisse  change  aussi  de  couleur  . 
elle  devient  citrinc  sur  le  champ  ; mais  quelque  temps 
après  elle  perd  cette  couleur  a sa  surface  seulement  . elle 
devient  blanchâtre  par  le  contact  de  l'air.  Tous  ces  chan- 
gements de  la  graisse  , occasionnés  par  la  dissolution  de 
mercure  dans  Vacide  nitreux  , font  assez  voir  qu  il  y a 
une  combinaison  intime  entre  ces  substances  : acide  m- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE  7 j ÿ 

treux  forme  avec  la  graisse  un  savon  acide  : il  agit  puis- 
samment sur  la  graisse  et  en  développe  l’acide  ; c’est  ce 
cpii  lui  donne  l’odeur  rance.  Le  mercure  se  précipite  en 
même  temps  sous  une  couleur  jaune  ; c’est  lui  qui  donne 
la  couleur  citrine  à cet  onguent  ; du  moins  il  y a lieu  de 
présumer  que  les  choses  se  passent  ainsi,  puisque  l’acide 
nitreux  avec  la  graisse  forme  un  savon  qui  n’est  point 
jaune. 

Onguent  brun . 

^Onguent  basilicum  . ....  g ivj 

Précipité  rouge  9 iv. 

On  môle  ces  deux  matières  ensemble  dans  un  mortier 
de  1er  , et  on  conserve  ce  mélange  dans  un  pot.  Cet  on- Vertus 
guent  s’emploie  pour  ronger  les  chancres  et  les  ulcères 
vénériens.  On  peut,  suivant  les  cas,  le  rendre  plus  doux, 
en  diminuant  la  dose  du  précipité  rouge  , ou  le  rendre 
plus  actif , en  en  mêlant  une  plus  grande  quantité  avec  le 
basilicum. 


Onguent  iitapoliiain  double  ou  de  mercure , ou  pommade 

mercuriele.  , 


ÿ-  Mercure  revivifié  du  cinabre  , 
Graisse  de  porc  , Ç 


an. 


ïh  j. 


On  tiituie  enscmole , dans  un  mortier  de  marbre,  avec 
un  pilon  de  bois  , la  graisseet  le  mercure  pendant  huit  ou 
dix  heures  , ou  jusqu’à  ce  que  le  mercure  soit  parfaitement 
éteint  et  qu’il  ne  paroisse  plus  de  globules  mercuriels* 
ce  que  l’on  reconnoît , lorsqu’après  en  avoir  frotté  un  peu 
avec  le  bout  du  doigt  sur  le  dos  de  la  main  , et  qu’en 
regardant  avec  une  bonne  loupe  , il  ne  paroît  aucun  -lo- 
bule de  mercure  : alors  on  serre  cet  onguent  dans  un  pot 
pour  1 usage  : onl  aromatise  avec  quelques  gouttes  d’huile 
essentielle  , lorsqu’on  le  juge  à propos. 

. ^et  onguent  sert  Pour  guérison  des  maladies  véné- Vertus. 
Tiennes.  On  1 emploie  en  friction  à la  dose  d’un  demi- 
gros  chaque  lois,  jusqu’à  deux  gros.  Lorsqu’on  a donné 
plusieurs  frictions  , il  est  bon  d’observer  les  effets,  parce- 
qn  il  porte  a la  bouche  , et  donne  la  salivation  ; ce  oui 

est  regardé  comme 'fin  accident  par  les  plus  habiles  P i 
pcieas.  1 rd“ 


720 


i L É M E X T S DE  PHARMACIE. 

R E M ARQUES. 

On  a pensé  jusqu’à  présent , que  le  mercure  et  la  graisse 
ne  faisoient  qu’un  simple  mélange , et  que  la  graisse 
n’étoit  employée  que  comme  un  intermede  propre  à di- 
viser le  mercure  convenablement  pour  les  usages  auxquels 
on  emploie  cet  onguent.  Personne,  que  je  sache,  ne 
s’est  avisé  de  soupçonner  que  le  mercure  y est  dans  un 
état  de  combinaison  saline  : cependant  les  phénomènes 
que  présente  cet  onguent  pendant  sa  préparation  , et  après 
qu’il  est  fait,  nous,  indiquent  que  ce  ne  peut  pas  être  un- 
simple  mélange  ; mais  que  c’est  au  contraire  une  combi- 
naison de  mercure  avec  l’acide  de  la  graisse,  comme  il 
sera  facile  de  le  faire  appercevoir  par  les  réflexions  sui- 
vantes. i°.  La  couleur  grise  de  cet  onguent  indique  la 
division  extrême  du  mercure  : c’est  toujours  sous  cette 
couleur  qu’il  paroît  lorsqu’il  est  bien  divisé.  2°.  Aussitôt 
qu’il  vient  d’être  préparé,  il  n’a  aucune  odeur  rance  , et 
il  n’y  a encore  qu’une  portion  de  mercure  réellement 
combinée  avec  la  graisse.  La  méthode  que  nous  avons  in- 
diquée pour  reconnoître  si  le  mercure  est  bien  éteint , est 
suffisante  , parceque  le  séjour  achevé  de  former  la  combi- 
naison dont  nous  parlons  : mais  si  l’on  prend  de  ce  même 
onguent  nouvellement  préparé,  et  dans  lequel,  à l’aide 
d’une  bonne  loupe  , on  n’apperçoive  plus  de  globules  de 
mercure  , et  qu'on  le  frotte  entre  deux  morceaux  de  pa- 
pier gris  , la  graisse  s’imbibe  dans  le  papier  , et  la  portion 
de  mercure  qui  n’étoit  pas  encore  combinée  avec  l’acide  de 
la  graisse  , se  rassemble  en  gros  globules,  qu’on  apperçoit 
facilement  à la  vue  simple  : c.’esr  ce  qui  arrive  lorsqu’on 
l’emploie  en  frictions  ; une  portion  de  mercure  réduit  en 
globules  coule  le  long  des  parties  que  l’on  frotte  , et  ne 
produit  aucun  effet.  3°.  Cet  onguent  de  mercure  devient 
rance  dans  l’espace  de  quelques  mois , tandis  que  de  pareille 
graisse  avec  laquelle  ou  l’a  préparé,  ne  se  rancit  pas  dans 
l’espace  de  dix-huit  mois  ; ce  qui  ne  peut  venir  que  de  l’ac- 
tion de  l’acide  de  la  graisse  sur  les  globules  très  divisés  du 
mercure.  Lorsque  l’on  frotte  cet  onguent , légèrement  rance, 
entre  deux  papiers  gris,  il  s’imbibe  comme  le  précédent, 
mais  il  ne  laisse  plus  appercevoir  de  globules  de  mercure, 
même  à l’aide  d’une  bonne  loupe.  4°.  Enfui  j’ai  tenu  eu 
liquéfaction,  pendant  huit  jours,  à une  chaleur  bien  in- 

férieu  te 


^L^MINTS  DE  PrtARSffACïE.  J21 

férieure  à celle  qui  est  capable  de  décomposer  la  graisse , 
nue  once  d’onguent  de  mercure  récemment  préparé  , et 
une  o net!  de  ce  même  onguent  qui  est  devenu  légèrement 
rance  : celui  quiétoit  récemment  préparé  a laissé  séparer 
trois  gros  de  mercure  qui  s’est  rassemblé  au  fond  du  vase , 
et  l’autre  n’en  a laissé  déposer  qu’un  gros  et  demi  ; ce  qui 
fait  des  différences  considérables  : ces  onguents  figés  ont 
conservé  leur  couleur  grise  , mais  moins  foncée  ; d’où  il 
résulte  que  l’onguent  de  mercure  , récemment  fait  , est 
infiniment  moins  bon  pour  l’usage  auquel  on  l’emploie 
ordinairement  que  celui  qui  est  préparé  depuis  quelque 
temps.  Il  seroit  très  intéressant  qu’on  pût  séparer  cette 
combinaison  de  mercure  avec  l’acide  animal  de  la  pom- 
made mercuriele  , afin  de  l’examiner  à part  : cette  idée 
est  de  Macquer , qui  avoit  déjà  pensé  que  vraisemblable- 
ment le  mercure  ne  guérit  les  maladies  vénériennes 
q u 'autant  qu’il  est  réduit  dans  l’état  salin  , c’est-à-dire 
uni  avec  quelque  substance  saline  qui  le  rend  dissoluble 
dans  les  liqueurs  de  notre  corps.  11  n’est  peut-être  pas 
impossible  de  séparer  cette  combinaison  saline  de  la  pom- 
made mercuriele  : mais  ce  travail  présente  bien  des 
difficultés  ; cet  examen  au  reste  offrirait  de  beaux  phé- 
nomènes chymiques  , et  répandrait  beaucoup  de  lumière 
sur  l’usage  du  mercure  administré  en  frictions. 

Lorsqu’on  mêle  de  vieux  onguent  de  mercure  , ou  de 
la  giaisse  un  peu  rance  , avec  du  nouveau  mercure  , on 
accéléré  considérablement  sa  division  et  son  extinction  ; 
ce  qui  confirme  les  principes  que  nous  venons  de  poser! 
L i acide  animal,  plus  développé  dans  ccs  graisses,  a<ut 
d’une  maniéré  pliis  directe  sur  le  mercure,  et  le  réduit  plus 
promptement  dans  l’état  salin.  1 

Les  Médecins  et  les  Chirurgiens  qui  ont  fait  adminis- 
trer des  frictions  ont  remarqué  que  l’onguent  de  mercure 
un  peu  rance  occusionnoit  plus  de  phlogoses  et  de  petits 
boutons  que  l’onguent  de  mercure  nouveau  et  point 
rance  : on  attribue  ordinairement  cet  effet  à la  rancidité 
de  la  giaisse  , et  a son  acide  développé  , qui  corrode  et 
ronge  la  superficie  de  la  peau.  Les  bons  Praticiens  pen- 
sent encore  que  , dans  le  temps  des  frictions  , les  racines 
des  poils  se  trouvant  fatiguées  par  le  mouvement  de  la 
main  de  celui  qui  frotte , l’acide  de  la  graisse  porte  mieux 
sur  ces  -endroits  que  par-tout  ailleurs.  Mais  il  me  sembla 

Z z 


qu’on  doit  plutôt  attribuer  ces  effets  à la  combinaison  du 
mercure  avec  l’acide  de  la  graisse, .et  au  mercure  même 
très  divisé  : si  l’on  frotte  en  même  temps  et  légèrement 
une  partie  du  corps  avec  de  bon  onguent  de  mercure  , et 
une  autre  partie  avec  de  la  graisse  prodigieusement  rance  , 
on  ne  remarqueqne  peu  ou  pointde  plilogoses  de  la  part  de 
cette  dernière  substance.  J ai  examiné  un  onguent  qu’un 
charlatan  donnoit  pour  onguent  de  mercure  , qui  n’étoit 
qu’un  mélange  d’antimoine  préparé  et  de  graisse  , et  qui  ne 
contenoit  point  de  mercure  : cet  onguent  étoit  quelque- 
fois fort  rance  , et  n’a  jamais  occasionné  de  phlogoses 
comme  l’onguent  de  mercure.  L’intention  dece  charlatan, 
en  employant  ce  mélange  d’antimoine  et  de  graisse  , étoit 
de  faire  accroire  qu’il  avoit  trouvé  le  moyen  de  purifier 
le  mercure  , et  de  l’empêcher  de  porter  a la  salivation  : 
mais  les  tentatives  que  l’on  a faites  à ce  sujet  ont  été  in- 
fructueuses, et  elles  le  seront  toujours  , parceque  cela  dé- 
pend de  la  nature  même  du  mercure  , et  non  des  parties 
arsenicales  que  quelques  personnes  supposent  être  con- 
tenues dans  cette  substance  métallique. 

Les  acides  végétaux,  réduits  dans  l’élat  résineux  , huileux 
ou  savonneux  ? comme  les  baumes  naturels  , les  huiles 
végétales  , soit  fluides,  soit  épaisses,  telles  que  l’huile 
d’olives  et  le  beurre  de  cacao  , n’ont  pas , a beaucoup  près , la 
même  action  sur  le  mercure  en  substance  : toutes  ces  ma- 
tières le  divisent  et  J.  éteignent  a raison  de  leur  viscosité  ; 
mais  leur  acide  ne  se  combine  que  difficilement  et  très 
imparfaitement  avec  le  mercure.  Lorsqu  on  lait  chauher 
ces  mélanges,  le  mercure  s’en  séparé  enliererrient  , et  les 
intermèdes  qui  ont  servi  a l’eteindre  restent  sans  couleur. 
Mais  il  n’en  est  pas  de  même  des  acides  végétaux  dépouil- 
lés de  la  surabondance  de  leur  matière  huileuse  , comme 
nous  l’avons  fait  observer  a 1 article  des  pilules  iik.icu- 
rieles. 

Autrefois  on  se  servoit  de  térébenthine  pour  éteindre  le 
mercure,  avant  d’ajouter  la  graisse,  pareequ’on  croyoït 
qu’elle  l’éteignoit  mieux  que  la  graisse  : plusieurs  person- 
nes s’en  servent  encore  : onn  a discontinue  de  1 employer 
que  pareequ’on  a remarqué  que  la  ténacité  et  la  viscosité 
delà  térébenthine  erapêchoient  que  la  main  de  celui  qui 
donnoit  les  frictions  pût  agir  et  couler  librement  en 
frottant.  Mais  , d’après  ce  que  nous  venons  de  dire  , il  est 


I t £ M H N T S DE  PDAEMACtl.  ’J'ib 

facile  de  sentir  qu’on  a des  raisons  plus  fortes  pour  cesser 
deteindre  le  mercure  par  l’intermede  de'  toutes  ces  ma- 
tières végétales.  Quoi  qu  il  en  soit  , comme  il  est  diffi- 
cile de  détruire  des  préjugés  , je  vais  donner  la  recette  de 
la  pommade  mercuriele  au  beurre  de  cacao  , dont  on  fait 
usage  pour  les  personnes  délicates  et  qui  ne  supportent 
qu’avec  peine  1 odeur  de  la  graisse  rance. 

Plusieurs  Praticiens  ajoutent  un  peu  de  camphre  à P on- 
guent de  mercure,  dans  l’espérance  de  diminuer  les  effets 
qu  il  a de  porter  à la  bouche  et  d’occasionner  la  salivation  ; 
mais  inutilement  : cet  effet  tient  à la  nature  émétique  du 
mercure  , effet  qu’il  produit  lorsqu’il  est  calciné  , ou  lors- 
qu’il est  seulement  bien  divisé. 

Pommade  mercuriele  au  beurré  de  cacao. 

Beurre  de  cacao, O vj. 

Huile  de  ben  , , . . . . J ij. 

Mercure  revivifié  du  cinabre  * j. 

On  triture  ce  mélange  comme  le  précédent,  dans  un 
mortier  un  peu  chaud  , jusqu’à  ce  que  le  mercure  soit 
parfaitement  éteint;  ce  qui  est  fort  long. 


Il 


EMARQUESi 


Comme  le  beurre  de  cacao  a une  consistance  très  ferme/ 
on  est  obligé  de  l’amollir  avec  un  peu  d’huile  r et  de 
triturer  même  le  mélange  dans  un  mortier  qu'on  entre- 
tient enaud.  On  peut  , au  lieu  d’huile  de  ben  , employer 
l’huile  d’olives  ou  d’amandes  douces  : l’une  ou  l’autre  ne 
mérite  aucune  préférence  , et  ne  facilite  pas  mieux  l’ex- 
tinction du  mercure.  Si  l’on  emploie  du  beurre  de  cacao 
récent  et  non  rance  , on  aura  beaucoup  de  peine  à former 
cetm  pommade  comme  elle  doit  l’être  , dans  l’espace  de 
huit  jours  , même  en  la  triturant:  sans  discontinuer.  En 
employant  du  beurre  de  cacao  rance,  on  en  vient  à bout 
plus  facilement  ; mais  alors  sa  rancklité  est  aussi  désagréa- 
ble que  celle  de  la  graisse.  De  quelque  manière  que  l’on  s’y 
prenne  il  est  impossible  d’unir  le  mercure  avec  cette  sub- 
stance comme  avec  les  graisses  animales.  Quelques  per- 
sonnes mêlent  à cette  pommade  , pendant  l’extinction  du 


724  JÈL^METITS  DE  PHARMACIE,. 

mercure , un  peu  d’onguent  de  mercure  ordinaire  ; ce  qui 
abrégé  considérablement  sa  préparation  ; mais  alors  ce 
n’est  plus  le  beurre  de  cacao  qui  éteint  le  mercure.  J’ai 
conservé  pendant  dix  années  de  la  pommade  mercuriele  , 
faite  avec  du  beurre  de  cacao  très  pur  , et  qui  laissoit 
paroitre  encore  des  globules  de  mercure  lorsqu’on  l’imbi- 
boit  dans  du  papier  gris  , quoique  cette  pommade  fût 
déjà  rance  depuis  plusieurs  années  ; ce  qui  met  en  droit  de 
soupçonner,  avec  assez  de  vraisemblance , que,  quoique 
les  huiles  des  végétaux  fournissent,  dans  leur  analyse  chy- 
mique,  les  mêmes  principes  que  les  graisses  animales  , telles 
en  different  néanmoins  considérablement  par  des  pro- 
priétés particulières. 

Onguent  gris. 

Graisse  de  porc, Jb  j. 

Mercure  crud  ^ jj. 

On  triture  l’un  et  l’autre  ensemble  , jusqu’à  ce  que  le 
mercure  soit  parfaitement  éteint. 

Vsrtus  Cet  onguent  sert  à faire  périr  les  poux  et  autres  vermines 
qui  s’attachent  au  corps  : on  en  frotte  les  endroits  qui  en 
sont  attaqués.  . 

Remarques. 

Cet  onguent  ne  s’emploie  qu’à  l’extérieur  pour  détruire 
la  vermine.  Mais  il  paroît  que  la  graisse  seule  pourroit 
produire  le  même  effet.  Ce  soupçon  est  fondé  sur  ce  que 
quelques  personnes  vendent  , pour  de  l’onguent  gris  , de 
la  graisse  colorée  avec  du  noir  de  fumée , ou  de  charbon 
en  poudre  , de  l’ardoise  pulvérisée , ou  avec  de  l’antimoine 
broyé  , etc.  Aucun  de  leurs  onguents  ne  contient  de  mer- 
cure , et  ils  détruisent  la  vermine  : la  graisse  toute  seule 
produit  le  même  elfe*-. 

Des  emplâtres. 

Les  emplâtres  sont  de  tous  les  médicaments  externes 
ceux  qui  ont  le  plus  de  consistance  et  de  solidité  : c’est 
la  seule  chose  qui  les  fasse  dilférer  des  onguents  ; ils  sont 
composés  , comme  eux  , d’huile  , de  cire , de  suif,  de 
poudres,  dégommés  et  de  différentes  chaux  de  plomb. 

11  paroit  que  les  emplâtres  ont  été  inventés  ahn  que, 


ÉLÉMENTS  DE  PHAtlMACII,  <72.5 

par  leur  consistance  ferme,  ils  puissent,  mieux  que  les 
onguents,  rester  appliquas  à la  peau.  Cette  consistance  les 
met  hors  d’état  de  couler  comme  les  autres  préparation* 
graisseuses  , qui  s’étendent , parla  chaleur  du  corps,  plus 
loin  qu’on  ne  veut. 

On  peut  , par  rapport  aux  matières  qui  servent  à don- 
ner la  consistance  aux  emplâtres  , distinguer  deux  especes 
d emplâtres  ; savoir,  ceux  cpii  doivent  leur  consistance 
emplastique  a de  la  cire,  à du  suif,  à de  la  poix  résine  , 
enfin  à toutes  les  matières  seclies  , solides  , et  qui  ne  sont 
point  dos  préparati°ns  de  plomb.  Ces  emplâtres  sont  faci- 
les à être  préparés  promptement  : ils  n’exigent  que  des 
manipulations  très  ordinaires  : iis  ne  sont  assujettis  à au- 
cune cuite  qu’il  faille  saisir  pour  les  avoir  dans  l’état  de 
consistance  qui  convient. 

Les  autres  emplâtres  sont  ceux  qui  doivent  la  plus 
grande  parlie  de  leur  consistance  à des  chaux  de  plomb, 
comme  la  litharge  , le  minium  et  la  cérnse.  Ces  especes 
d’emplâtres  different  des  précédents  en  ce  qu’ils  sont  des 
composés  savonneux  , ou  des  especes  de  savons  métal- 
liques , mais  qu’on  ne  doit  pas  confondre  avec  les  savons 
salins  , ou  les  vrais  savons. 

% ^es  emplâtres  exigent , pour  leurs  préparations  , des  ma- 
nipulations différentes  de  celles  pour  les  emplâtres  où  il 
n entre  pas  des  préparations  de  plomb.  Les  emplâtres  dans 
lesquels  on  fait  entrer  des  chaux  de  plomb  sont  assu- 
jettis à un  degré  de  cuisson  qui  est  déterminé,  par  plusieurs 
circonstances  dont  nous  parlerons  à mesure  que  i’occa- 
sion  se  présentera. 

Les  matières  qui  servent  à donner  de  la  consistance  aux 
premiers  emplâtres  dont  lions  avons  parlé  sont  aussi 
employées  pour  achever  d’en  donner  à ceux  qui  sont  faits 
avec  des  préparations  de  plomb.  Lorsqu’on  y emploie  la 
cire  , on  ne  la  met  que  sur  la  fin  de  leur  cuite  , pareeque 
si  on  la  mettoit  en  même  temps  que  les  préparations  de 
plomb,  elle  souffriroit  un  trop  grand  degré  de  chaleur 
et  elle  se  décomposeroit  en  partie.  Les  matières  dont  on 
se  sert  à ce  dessein  ne  donnent  pas  toutes  le  même  de- 
gré de  consistance  , quoiqu’employées  dans  des  propor- 
tions égales  ; et  ce  ne  sont  pas  celles  qui  sont  les  plus 
seclies  qui  augmentent  davantage  la  consistance  des 
emplâtres. 


J26  1?lÉmeNT5  DE  PHARMACIE. 

La  poix  résine  et  toutes  les  résines  seches  pulvérisables  ? 
et  qu’on  ne  peut  ramollir  entre  les  mains  , ne  donnent 
pas,  à beaucoup  près,  autant  de  consistance  que  la  cire  , 
qui  n'est  ni  aussi  seche  ni  aussi  cassante.  Ces  différences 
sont  si  grandes  , que  huit  onces  de  cire  blanche  ou  jaune 
donnent  plus  de  consistance  que  quatre  livres  de  poix  ré- 
sine, ou  toute  autre  résine  seche  , quoique  ces  dernieres 
acquièrent  encore  plus  de  consistance  chaque  fois  qu’on  les 
fait  fondre,  à raison  d’une  portion  de  leur  huile  essentielle 
qui  se  dissipe  : au  lieu  que  la  cire  , fondue  à plusieurs  re- 
prises , à un  semblable  degré  de  chaleur  qui  ne  peut  dé- 
composer ni  l’une  ni  l’autre  , ne  change  point  de  con- 
sistance. 

J'attribue  ces  différences  à l’arrangement  que  les  parties 
de  la  cire  prennent  entre  elles  en  se  figeant,  arrangement 
qui  est  différent  de  celui  de  la  résine. 

La  cassure  d’un  morceau  de  cire  est  poreuse  et  garnie 
de  petites  éminences  comme  la  cassure  d’un  métal  , 
et  c’est  ce  que  l’on  nomme  le  grain  pour  l’un  et  pour 
l’autre. 

La  cassure  de  toutes  les  matières  résineuses  est  com- 
pacte, lisse  , brillante  , sans  grain  comme  celle  d’une 
matière  vitrifiée  : c’est  ce  qui  est  cause  qu’elles  sont  aigres 
et  cassantes  comme  du  verre.  Cette  disposition  des  résines 
ne  permet  pas  l’introduction  d’une  nouvelle  snbstanco 
entre  leurs  parties. 

Mais  la  cire  , à cause  de  l’arrangement  qu’elle  est  sus- 
ceptible de  prendre  en  se  figeant  , admet  dans  sa  propre 
substance  des  matières  qui  lui  sont  analogues,  comme  les 
matières  des  onguents  et  des  emplâtres,  et  elle  force  ces 
nouvelles  substances  , en  se  combinant  avec  elles  , à pren- 
dre l’arrangement  qui  est  particulier  à la  cire.  11  y a lieu 
de  présumer  que  la  cire  , par  cette  raison  , est  susceptible 
d’augmenter  de  pesanteur  spécifique  en  se  combinant  avec 
différents  corps  qui  lui  sont  analogues  , et  même  moins 
pesants  qu’elle,  comme  cela  arrive  à plusieurs  métaux,  qui 
se  pénètrent  mutuellement  pendant  leur  fusion  et  qui 
augmentent  de  pesanteur  spécifique. 

Les  chaux  de  plomb  donnent  beaucoup  de  consistance 
aux  emplâtres  , en  se  combinant  avec  les  huiles  et  les 
graisses,  On  cuit  ccs  emplâtres  de  deux  manières,  ou  sans 
£.:4  -,  ou  avec  de  l’eau,  Dans  le  premier  cas  onaintention 


fL^  MESTS  B ï PHARMACI*. 

i e brûler  un  peu  ou  de  torréfier  les  matières  grasses  qui 
iissolvent  les  préparations  de  plomb  : cesemplâtres  ont  une 
couleur  noire.  Dans  le  second  cas  on  n’a  pas  la  ineme 
nlentiou;  ou  met -fe  l’eau  avec  l’huile  et  la  litharge,  afin 
de  conserver  à ce  mélange  sa  couleur  blanchâtre.  11  paroit 
que  la  matière  indam  jubledes  liait  set  des  graisses  atta- 
que autant  les  préparations  de  plomb  que  leur  acide  qui 
se  développe  un  peu  peu  lant  leur  cuite  , puisqu  il  ne  se 
fait  aucune  duper  lilion  , et  qu’on  trouve,  après  la  c uite 
de  l'emplâtre,  te  même  poi  Is  des  matières  employées.  Au 
reste  nous  if  entendons  parler  que  de  ces  derniers  em- 
plâtres qu’on  ne  brûle  point. 

11  paroit  encore  que  , dans  la  préparation  des  emplâtres 
avec  des  chaux  de  plomb,  ou  s’esL  contenté  de  détermi- 
ner les  proportions  convenables  de  chaux  et  d’huile,  et 
de  11e  leur  donner  qu’une  cuite  moyenne  et  suffisant© 
pour  l’usage  qu’on  en  fait  ordinairement  : niais  on  n’a 
point  examiné  quel  peut  être  le  plus  grand  degré  de  con- 
sistance qu’un  mélange  d huile  et  de  litharge  peut  acqué- 
rir par  la  cuisson  satis  se  brûler.  Je  lais  cette  observa- 
tion , parceque  j’ai  remarqué  que  ces  emplâtres  , comme 
le  diapalme  et  le  diachylon  simple  se  durcissent  consi- 
dérablement en  vieillissant , et  plus  promptement  quo 
les  autres  , sans  diminuer  de  poids  ; ce  qui  , par  consé- 
quent , ne  peut  venir  d’une  déperditionde  substance  , mais 
bien  d’une  autre  cause.  11  paroit  que  cela  vient  de  ce  que 
l’acide  des  huiles  se  développe  par  le  temps  , et  qu’il  agit 
d’une  maniéré  insensible  sur  les  chaux  de  plomb  déjà  dis- 
soutes : il  les  divise  et  subdivise  davantage  ; ce  qui  suffit 
pour  absorber  la  matière  qui  leur  donnoit  un  peu  de  sou- 
plesse. Ces  phénomènes  ont  lieu  principalement  lorsque 
les  emplâtres  commencent  à sc  rancir.  Quelques  personnes 
prétendent  que  les  emplâtres  qui  sont  dans  cet  état  n’ont 
que  de  mauvaises  qualités  : cependant  les  Chirurgiens  ne 
remarquent  aucune  différence  dans  les  vertus  des  em- 
plâtres anciennement  ou  nouvellement  faits  ; plusieurs 
même  recherchent  ceux  qui  sont  anciennement  faits  , et 
ils  leur  trouvent  de  meilleures  qualités.  Quoi  qu’il  en  soit , 
ceci  est  soumis  à l’expérience. 

Les  emplâtres  dans  lesquels  il  n’entre  point  de  prépa- 
rations de  plomb  se  durcissent  et  se  rancissent  par  le 
temps  ; ils  perdent  sensiblement  de  leur  poids , parce- 

*7  • 

L z iv 


7^5  ÏX.4MZNTS  DE  PHARMACIE. 

qu’ils  se  dessèchent  en  laissant  dissiper  un  peu  de  leui 
substance,  la  plus  ténue. 

Les  poudres  qu’on  fait  entrer  dans  les  emplâtres  sont 
assujetties  aux  réglés  que  nous  avons  établies  en  parlant  de 
celles  qu’on  fait  entrer  dans  les  électuaires  ; c’est-à-dire  que 
toutes  les  matières  pulvérisables  doivent  être  réduites  en 
poudres  chacune  séparément  , afin  qu’on  soit  sûr  de  les 
employer  dans  les  proportions  demandées.  On  ne  doit  les 
faire  entrer  dans  les  emplâtres  que  dans  les  proportions 
convenables  : on  se  réglé  toujours  sur  le  poids  des  ma- 
tières grasses  qui  forment  le  corps  des  emplâtres  ; c’est 
environ  un  huitième  pour  les  matières  végétales  seches  , 
qui  se  mêlent  sans  se  dissoudre  : elles  donnent  beau- 
coup de  consistance  aux  emplâtres. 

On  peut  faire  entrer  dans  les  emplâtres  une  beaucoup 
plus  grande  quantité  de  rés'ines  et  de  gommes-résines  , 
parcequ’elles  se  dissolvent  en  totalité  ou  en  partie  , et 
qu’elles  dorment  moins  de  consistance  aux  emplâtres  en 
les  y faisant  entrer  au  même  poids  que  les  autres  matières 
végétales  : on  mêle  ordinairement  ces  poudres  lorsque 
les  emplâtres  sont  cuits  et  à demi  refroidis.  Quelquefois 
on  les  mêle  aux  emplâtres  tandis  qu’ils  sont  encore  bien 
chauds  , afin  qu’elles  se  liquéfient  ; ce  qui  rend  leur  mé- 
lange plus  intime  avec  le  reste  de  la  masse. 

11  y a encore  un  grand  nombre  de  remarques  à faire 
sur  les  emplâtres  ; mais  la  plupart  étant  particulières  à 
chaque  espece,  nous  aurons  soin  d’en  faire  mention  dans 
les  détails. 

Lorsque  les  emplâtres  sont  faits,  on  est  dans  l’usage  de 
les  diviser  par  petits  rouleaux  de  quatre  ou  cinq  pouces 
de  long  , et  du  poids  d’une  once  , de  deux  onces  , ou  de 
quatre  onces  : on  les  nomme  magdattons  : on  les  enve- 
loppe ensuite  de  papier  afm  qu’ils  ne  se  collent  point 
ensemble. 

Mais  il  y à quelques  remarques  à faire  sur  la  maniéré 
de  rouler  les  emplâtres  , et  qui  sont  relatives  à leur 
nature. 

Lorsqu’on  veut  les  rouler,  on  prend  un  morceau  de 
l’emplâtre  , d’un  poids  déterminé  , comme  dequatreonces  ; 
on  le  manie  entre  les  mains  trempées  dans  l’eau  froide  , 
afin  qu’il  ne  s’attache  point  ; c’est  ce  que  l’on  nomme 
malaxer.  Lorsqu’il  est  suffisamment  ramolli , on  le  roule 


sur  une  pierre  bien  unie  pour  en  former  un  rouleau  de 
vingt  pouces  de  long  et  de  grosseur  égale  par- tout  : ou 
le  partage  ensuite  en  quatre  parties  égales.  On  pose  pour 
cela  une  laine  de  couteau  sur  l’endroit  où  l’on  veut  le 
couper  , et  l’on  fait  rouler  l’emplâtre  sur  la  pierre  à me- 
sure qu’on  le  coupe  : parce  moyen  on  n’applatit  point 
le  bout  de  l’emplâtre  en  le  coupant. 

Tous  les  emplâtres  qui  ne  contiennent  que  peu  ou 
point  de  matières  extractives  ou  gommeuses  peuvent  être 
malaxées  aussi  long-temps  qu’on  le  veut.  Quelquefois  il  est 
nécessaire  de  les  manier  long-temps  , afin  de  mêler  plus 
intimement  certaines  substances  qu’on  n’a  pu  incorporer 
suffisamment.  Mais  tous  les  emplâtres  qui  sont  dans  un 
état  contraire,  comme  lediabotanum  , i’emplâtre  devigof 
l’emplâtre  de  ciguë,  etc.  qui  contiennent  beaucoup  de  ma- 
tières extractives,  ne  doivent  pas  être  malaxés  long-temps , 
pureeque  l’eau  qu’on  emploie  pour  'cela  dissout  une  par- 
tie des  extraits  et  les  emporte  hors  de  l’emplâtre  : d’ail- 
leurs il  reste  toujours  un  peu  d’eau  qui  ramollit  les  ma- 
tières extractives  , et  diminue  d’autant  plus  la  consistance 
de  f emplâtre.  Il  faut  , pour  éviter  cet  inconvénient  , ne 
malaxer  ces  emplâtres  que  le  temps  qui  est  nécessaire  pour 
les  réduire  en  rouleaux  : on  les  pose  à mesure  sur  une 
autre  pierre  frottée  d’un  peu  d’huile  , ann  qu’ils  n’y  ad- 
hèrent point. 

Lorsque  les  magdaléons  d’emplâtres  sont  suffisamment 
refroidis  et  durcis,  on  les  enveloppe  de  papier  qu’on  ploie 
par  un  des  bouts  : on  coupe  l’autre  bout  le  plus  propre- 
ment qu’il  est  possible  , et  on  lui  laisse  déborder  l’emplâtre 
d’environ  une  ligne  : on  1 humecte  un  peu  avec  le  bout  de 
la  langue  , et  on  enfonce  légèrement  dans  l’emplâtre  ce 
rebord  de  papier  avec  la  pointe  d’un  canif,  de  distance 
en  distance  , pour  que  cela  forme  alternativement  une 
petite  éminence  et  un  enfoncement  : cela  se  nomme  pi- 
quer un  emplâtre. 

Des  emplâtres  qui  ne  contiennent  point  de  préparation 

de  plomb. 


Emplâtre  de  blanc  de  baleine. 

^ Cire  blanche, 

Blanc  de  baleine  

Huile  des  quatre'scjnenccs  froides  , . . . 


o 

5 

o 


'jZo  hhï»TJl)I  PHARMACIE. 

On  fait  liquéfier  ces  substances  ensemble  à une  chaleur 
modérée  : on  agite  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  pres- 
que refroidi  , et  en  en  forme  des  magdaléons.  Cet  em- 
plâtre devant  être  d’un  grand  blanc  , on  doit  le  faire  et  lo 
rouler  avec  beaucoup  de  propreté. 

.Vertus.  Cet  emplâtre  est  adoucissant  : il  modéré  Fâcreté  des 
matières  qui  sortent  des  plaies. 


j Emplâtre  J’André  de  la  Croïx. 


*%£ Poix  résine , . . . 
Résine  élémi,  . . 
Térébenthine  , 
Huile  de  laurier, 


On  fait  liquéfier  ces  matières  ensemble  sur  un  feu 
doux  , et  on  passe  le  mélange  au  travers  d’un  linge,  afin 
de  séparer  quelques  impuretés  qui  se  trouvent  dans  la 
résine  élémi  et  dans  la  poix  résine  : on  conserve  cet  em- 
plâtre dans  un  pot.  Comme  il  n’entre  point  de  cire  dans 
sa  composition , les  magdaléons  ne  peuvent  conserver  leur 
forme  ; ils  s’applatissent  et  coulent  continuellement, 
quoique  cet  emplâtre  soit  assez  sec  pour  se  laisser  casser 
par  un  mouvement  brusque.  Il  est  d’une  ténacité  consi- 
dérable lorsqu’il  est  appliqué  sur  la  peau  : on  a besoin 
qu'il  ait  cette  propriété  , pareequ’on  l’emploie  pour  re- 
tenir et  empêcher  de  couler  les  pierres  à cautères  qu’on 
applique  sur  quelques  parties  du  corps. 

Vertus.  11  mondifie  , il  consolide  ; il  est  propre  pour  les  contu- 
sions , pour  les  fracturas  et  peur  les  dislocations. 

j Emplâtre  contre  la  rupture  , du  prieur  de  Cabryan’* 


2^  Poix  noire,  . . 
Cire , ^ 

Térébenthine , $ 


a a 


On  fait  liquéfier  ces  matières  ensemble  à une  chaleur 
douce  ; et,  lorsque  le  mélange  est  prêt  à se  figer  , on 
ajoute  les  substances  suivantes , réduites  en  poudre  : 


itiMENTSDI  PHARMACIE. 

Labdanum 
Su 
T 


llaciues  de  grande  consolide  , 
Mastic  en  larmes , 

Noix  de  cyprès,  . 


} 


aa. 


701 


iabdanum , ^ 

!uc  d’hypocistis,  ç ââ ^ J fi* 

"erre  sigillée  , * 


I */• 

5 h 


On  mêle  ces  poudres  exactement  : 011  lorme  un  em- 
plâtre qu’on  réduit  en  magdaléons. 

11  est  propre  pour  les  hernies  : il  résout  les  duretés  , et  Vertu*, 
il  affermit  la  membrane  après  que  l’intestin  est  repoussé: 
il  est  bon  pour  les  fractures  et  les  dislocations. 

Emplâtre  oxycroceum . 


Colophane, 

Poix  de  Bourgogne  , / àà 5 iv. 

Cire  jaune  , J 

Térébenthine  , . : . . 5 j B» 


On  fait  liquéfier  ces  substances  ensemble  : on  les  passe 
au  travers  d’un  linge  : on  agite  l’emplâtre  ; et  lorsqu’il 
commence  à se  figer  , 011  ajoute  les  matières  suivantes  t 
réduites  en  poudre  fine  : 


Gomme  ammoniac, 
Gulbanum  , 

Gliban  , 

Mvrrhe , 

Mastic  en  larmes  , 
Safran , 


cia 


? j z :/• 


On  agite  ce  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  exact  î on 
forme  du  tout  un  emplâtre  qu’on  roule  en  magdaléons. 

Cet  emplâtre  est  résolutif  : il  fortifie  les  nerfs  et  les  Vertu*, 
muscles.  O11  l’emploie  pour  ramollir  les  duretés  de  la  ma- 
trice , pour  les  fractures  et  les  dislocations, 

Emplâtre  de  mucilage. 

^ Huile  de  mucilage,  % vij  fi. 

Poix  résine  g iij. 

Térébenthine, J j. 


Vertus 


Vertus. 


7-32  Eléments  de  ï h a r m a ci  e.' 

On  Fait  liquéfier  ces  matières  ensemble  : on  passe  le 
mélangé  au  travers  d’un  linge  : on  y fait  liquéfier  , 

Cire  jaune  ft>  ij. 

On  agite  le  mélange  hors  du  feu  jusqu’à  ce  qu’il  com- 
mence à se  figer  , et  l’on  y mêle  les  matières  suivantes  , 
çeduiles  en  poudre  : 

Gomme  ammoniac , 
galbanum  , 
opopanax  , 
sagapenum , 

Safran  

On  mele  le  tout  exactement  avec  un  bistortier  : on 
forme  un  emplâtre  qu’on  réduit  en  magdaléons. 

Cet  emplâtre  est  émollient  ; il  adoucit  fâcreté  des 
plaies  ; il  amollit  ; il  pousse  à la  suppuration. 

Emplâtre  'vésicatoire. 

2C  Cire  jaune, 

Poix  blanche,  1 __ 

Térébenthine,  ) 

On  fait  liquéfier  ces  matières  ensemble  : on  les  tire 
hors  du  feu  , et  on  les  agite  jusqu’à  ce  qu’elles  com- 
mencent à se  figer  : alors  on  y mêle  les  poudres  sui- 
vantes : \ 

Cantharides, 5 iv. 

Euphorbe  5 iv. 

On  forme  du  tout  un  mélange  exact  , qu’on  réduit  en 

magdaléons. 

Cet  emplâtre  a deux  usages  principaux.  i°.  On  l’em- 
ploie dans  l’apoplexie,  la  léthargie,  la  paralysie,  où  la 
chaleur  naturelle  est  prodigieusement  alfoiblie  : dans  ces 
cas  on  doit  se  servir  de  l’onguent.  On  en  étend  sur  de  la 
peau  ; on  saupoudre  la  surface  avec  des  cantharides  en 
poudre  fine.  On  l’applique  sur  le  gras  des  jambes  , ou 
entre  les  deux  épaules  , après  avoir  frotté  la  partie  avec 
du  vinaigre.  2”.  On  fait  usage  de  l’emplâtre  ou  de  Pou- 


v • • 

5 T 

? vj- 


éléments  de  pharmacie. 


733 


guent  pour  détourner  quelques  humeurs  qui  se  portent 
sur  les  yeux  ou  sur  les  dents  : si  l’on  craignoit  que  la 
chaleur  naturelle  du  corps  ne  fît  couler  l’onguent  , dans 
ce  dernier  cas  on  emploie  l’emplâtre.  On  applique  ces 
emplâtres  à la  nuque  du  col,  ou  derrière  les  oreilles. 

L'onguent  ou  l’emplâtre  vésicatoire  a la  propriété  de 
faire  élever  des  ampoules  qui  se  remplissent  de  sérosités,  et 
de  procurer  un  écoulement  aux  humeurs  qui  auroient  de  la 
disposition  à se  fixer.  Vingt-quatre  heures  après  que  l’em- 
plâtre  a été  appliqué  , on  le  leve  , on  ouvre  avec  des  ci- 
seaux les  vessies  qui  se  sont  formées  , et  on  applique  dessus 
des  feuilles  de  poirée  , sur  lesquelles  on  a étendu  un  peu 
de  beurre  frais,  afin  d’entretenir  l’écoulement  de  la  sé- 
rosité. Quelquefois  on  met  en  place  de  beurre  un  peu 
d’onguent  basilicum  ; et , suivant  que  cela  est  nécessaire, 
on  ajoute  à cet  onguent  un  peu  de  cantharides  en  pou- 
dre , afin  de  procurer  un  plus  grand  écoulement  de  sé- 
rosité. 

Lorsqu’on  applique  ces  vésicatoires  à quelques  narties 
u corps  il  faut  faiie  attention  a 1 effet  qu'ils  produisent 
dans  l’intérieur  : il  arrive  souvent  que  leurs  principes  pas- 
sent dans  les  voies  de  la  circulation  , se  portent  sur  la  ves- 
sie et  occasionnent  des  ardeurs  et  des  accidents  fâcheux. 
Les  remedes  qui  conviennent  alors  sont  les  adoucissants 
et  les  infusions  mucilagineuses. 


R 


MARQUES. 


Cet  emplâtre,  comme  nous  venons  de  le  dire  , s’em- 
ploie le  plus  souvent  pour  être  appliqué  sur  quelque  par- 
tie du  corps  , dans  le  cas  ou  la  chaleur  du  corps  est  telle- 
ment affoiblie  que  quelquefois  elle  est  insensible.  J’ai 
remarqué  que,  ne  pouvant  s’amollir,  il  ne  produisit 
qu  une  légère  rougeur  à la  peau  , même  après  avoir  été 
appliqué  pendant  trente-six  heures  , pareequ’il  se  trouve 
d une  consistance  trop  ferme  : mais  il  n’en  est  pas  de 
même  lorsque  le  corps  a sa  chaleur  naturelle , et  qu’on 
a^recours  à cet  emplâtre  pour  détourner  quelques  humeurs* 
cest  ce  qui  oblige  de  l’avoir  sous  deux  consistances  difl 
fe  rentes  , pour  être  employé  dans  ces  différents  cas.  Il  con- 
vient alors  de  supprimer  la  cire  de  cette  recette  et  de 
mettre  en  place  une  once  et  demie  d’huile  d’olives  • l’em- 


plaire  se  trouve  alors  d’une  consistance  d’onguent , et 
produit  des  effets  considérables  dans  les  cas  dont  nous 
parlons  , sans  couler  hors  de  l’endroit  où  on  l’applique. 
On  est  dans  l’usage  de  saupoudrer  avec  la  poudre  de  can- 
tharides l’emplâtre  vésicatoire  , après  qu’on  l’a  étendu 
sur  un  morceau  de  peau  ou  de  linge. 

Depuis  quelques  années  on  a mis  en  usage  un  vésica- 
toire plus  doux  , qui  n’a  pas  les  inconvénients  des  can- 
tharides, et  auquel  on  trouve  les  mêmes  avantages  : il  pro- 
duit des  ampoules  par  où  s’écoulent  les  humeurs  qu’on 
veut  détourner.  Ce  sont  les  tiges  de  bois  sain , ou  thymee - 
lea } ou  garou  dont  je  veux  parler. 

Usage  du  thymelcea  en  vésicatoire . 

On  choisit  des  tiges  de  la  grosseur  d’une  plume  à écrire 
et  qui  ont  l’écorce  bien  lisse  : on  en  coupe  un  morceau 
d’environ  six  lignes  de  long  : on  le  lait  tremper  dans  de 
l’eau  tiede  ou  dans  du  vinaigre  pendant  une  demi-heure , 
afin  de  ramollir  l’écorce  : on  la  fend  avec  un  canif  : ou 
sépare  le  bois  qui  est  dans  l’intérieur  et  on  le  jette  comme 
inutile  : on  applique  l’écorce , ainsi  séparée  , sur  la  partie 
où  l’on  veut  produire  un  vésicatoire  , après  l’avoir  frottée 
avec  un  peu  de  vinaigre  : au  bout  de  vingt-quatre  heures 
il  a fait  son  effet  : on  Ieve  l’appareil  : on  applique  sur  les 
ampoules  un  peu  de  beurre  frais  : on  réitéré  le  même 
vésicatoire  sur  les  mêmes  endroits  autant  qu’on  le  croit 
nécessaire  et  à mesure  que  les  ampoules  se  guérissent. 

Emplâtre  de  bétoine. 


Cire  jaune  , i 
Poix  résine,  / 
Poix  blanche,  J 


aa. 


Ib  fi. 


Suc  non  dépuré  de  bétoine  îb  j. 

ache  , 
menthe , 
plantain, 
sauge , 
scrophulaire, 
verveine , 


,àâ.  îb  1>. 


1$l£mENTS  DK  PHARMACIE."  ^35 

On  met  toutes  ces  substances  ensemble  dans  une  bas- 
sine : on  place  le  vaisseau  sur  un  feu  doux  : on  fait  chauf- 
fer le  mélange  jusqu’à  consomption  de  presque  toute  l’hu- 
midilé  , et  l’on  ajoute  : 

Résine  élémi  , ; ? jj. 

Térébenlhine , X üj. 


On  fait  liquéfier  : on  passe  le  mélange  au  travers  d’uri 
linge  : ou  le  laisse  se  figer  sans  le  remuer  : on  sépare  la 
masse  d avec  les  fèces  : on  la  fait  liquéfier  de  nouveau, 
pour  la  ramollir  en  consistance  dégraissé  seulement,  et 
on  ajoute  les  poudres  suivantes  : 


Mastic  en  larmes, 
m , 


} 


aa. 


! )• 


On  agite  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  exact , et  l’on 
fonne  un  emplâtre  qu’on  réduit  en  magdaiéons. 

On  emploie  cet  emplâtre  pour  les  plaies  de  la  tête  et  Ve:  tus. 
les  douleurs  de  rhumatisme  : il  faut  raser  la  partie  avant 
de  1 appliquer.  11  est  résolutif  dans  les  contusions  et  les 
tumeurs  naissantes. 


R 


EMARQUE5. 


La  beauté  et  la  perfection  d’un  emplâtre  sont  de  ne  con- 
tenir aucune  matière  gruinelée  : il  est  difficile  de  faire 
celui  de  bétoine  sans  grumeaux,  et  de  lui  conserver  sa 
couleur  verte  , en  employant  la  manipulation  qu’on 
trouve  décrite  dans  tous  les  dispensaires.  Pendant  l’éva- 
poration des  sucs  leur  matière  mucilagineuse  se  coa<mle; 
leur  fécule  se  rassemble  et  forme  quantité  de  grumeaux 
dispersés  dans  la  masse  de  l’emplâtre  , et  quon  ne  peut 
faire  disparoitre  qu’en  passant  cet  emplâtre  au  travers  d’un 
litige  comme  nous  le  disons  : les  grumeaux  restent  sous 
la  forme  d’un  marc  dans  le  linge  la  partie  vraiment  ré- 
sineuse de  ces  sucs  se  dissout  et  reste  combinée  avec 
les  matières  de  l’emplâtre.  Si  l’on  se  sert  de  sucs  dépurés 
comme  quelques  Pharmacopées  le  prescrivent , l’emplâtre 
n’a  aucune  couleur  verte  , parceque , pendant  leur  clarifi- 
cation , ou  en  a séparé  toute  la  matière  résineuse  colorante. 


i-36  ÉLÉMENTS  DE  Ml  A R M A C I Ê. 

/ 

D’autres  dispensaires  font  entrer  dans  cet  emplâtre  des 
plantes  fraîches,  qu’on  a réduites  en  pâte  dans  un  mor- 
tier : ilest  certain  que,  par  cette  méthode  , l’emplâtre  est 
d’un  beau  verd  ; mais  comme  il  se  trouve  mêlé  dans  une 
grande  quantité  d’herbes  qu’il  faut  séparerpar  l’expression , 
il  reste  parmi  ces  herbes  une  partie  de  l’emplâtre  qui  est 
en  pure  perte  , et  qu’on  ne  peut  séparer , parcequ’il  se 
fige  avant  qu’on  ait  le  temps  de  l’exprimer.  La  résine  élémi 
contient  des  principes  volatils  odorants  ; c’est  pour  n’eu 
rien  perdre  que  nous  recommandons  de  la  mettre  sur  la 
fin  de  la  coction  des  plantes. 

Emplâtre  de  mélilot. 

^Fleurs  de  mélilot  récentes,  . . . ft>  iij. 

Suif  de  bœuf, îb  iv. 


Poix  blanche  , îbvj. 

Cire  jaune, îb  nj. 


On  contuse  dans  un  mortier  de  marbre  , avec  un  pilon 
de  bois , les  fleurs  de  mélilot  : on  les  met  dans  une  bassine 
avec  le  suif  de  bœuf  : on  fait  cuire  ce  mélange  à petilfeu  , 
jusqu’à  ce  que  la  plus  grande  partie  de  l’humidité  soit  dis- 
sipée : on  ajoute  la  poix  blanche  : lorsqu’elle  est  liquéfiée, 
on  passe  le  mélange  avec  expression  au  travers  d’un  linge 
serré  : on  fait  liquéfier  cette  masse  avec  la  cire  : on  agite 
l’emplâtre  jusqu’à  ce  qu’il  soit  refroidi,  et  on  forme  des 
Vertus,  magdaléons.  11  amollit  : il  résout. 

j Emplâtre  de  ciguë. 

Poix  résine 

Cire  jaune, 

Poix  blanche , 

Huile  de  ciguë  >.•••••• 

Feuilles  de  ciguë  contusee  , 

On  met  toutes  ces  substances  dans  une  bassine  : on  les 
fait  chauffer  à petit  feu  jusqu’à  presque  consomption  de 
toute  l’humidité  : on  passe  le  mélange  au  travers  d’un 
liime  en  exprimant  fortement:  on  laisse  refroidir  la  rmlSse; 

D 1 on 


ft>  j q xiv; 

#>  j I »'’• 

•w  • 

q xiv. 
q iv. 
ib  iv. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  rjZ’] 

©n  la  sépare  de  ses  fèces  : ensuite  on  fait  liquéfier  l’em- 
plâtre clans  une  bassine  propre  , et  l’on  ajoute  , 

Gomme  ammoniac  en  poudre  , îb  j. 

% 

On  mêle  le  tout  exactement  et  l’on  forme  un  emplâtre 
qu’on  réduit  en  magdalé'ons. 

11  est  très  résolutif.  On  s’en  sert  pour  fondre  les  hu-  Vertu*, 
meurs  squirrheuses , pour  les  loupes  , pour  les  scropliules, 
pour  ramollir  la  dureté  des  cancers  et  pour  les  résoudre. 


E ni , plâtre  magn cl uj u e . 


Sagapenum , } 

Gomme  ammoniac  , ?■  ââ.  . . 

Galbanmn  , J 

Cire  jaune  , \ ~~ 

Térébenthine  , f aa 

Aimant  arsenical  en  poudre  fine  , 
Colcothar  lavé  et  séché  , . . . . 
Huile  fétide  de  succin, 


On  fait  dissoudre  les  gommes  dans  du  virta;grc  ordi- 
naire à une  chaleur  modérée  : on  passe  la  dissolution  au 
travers  d’un  linge  : on  remet  la  liqueur  dans  la  bassine 
après  l’avoir  nétoyée  , et  on  la  fait  évaporer  juseju’à  ce 
qu’elle  forme  une  masse  solide.  On  ajoute  la  cire  jaune 
coupée  par  morceaux  et  la  térébenthine  ; quand  la  cire 
est  fondue,  on  tire  le  vaissau  du  feu  et  on  met  les  pou- 
dres qu’on  mêle  exactement.:  lorsque  l’emplâtre  est  à 
demi  refroidi  , on  ajoute  l’huile  de  succin  : on  la  mêle 
exactement  et  on  divise  l’emplâtre  par  magdaléons  d’une 
once.  On  obtient  ordinairement  deux  livres  onze  onces 
d’emplâtre. 

On  dit  cet  emplâtre  bon  pour  les  charbons  pestiîen-  Vertus, 
tîels  , pour  les  écrouelles  : il  fait  sortir  l’humeur  scrophu- 
leuse  et  il  consolide  les  plaies  : il  déterge  et  mondihe  les 
ulcérés  rebelles. 

Remarques. 


Le  colcothar  est  le  vitriol  de  Mars  calciné  jusqu’au 
rouge  : dans  cet  état  il  est  très  styptique  , pareequ’il  re- 
tient un  peu  d'acide  vitriolique  en  partie  combiné  avec 

Aa  a 


q3S  ÉLÉMENTS  D r.  PHARMACIE. 

la  terre  du  fer  : c’est  pour  séparer  cette  matière  qu’on  re- 
commande de  laver  le  colcothar  : on  le  fait  sécher  et  en- 
suite -on  le  pulvérise. 

Oiifait  l’aimant  arsenical  de  la  maniéré  suivante  : 
Aimant  arsenical* 

^-Antimoine  crud  , ^ 

Arsenic  blanc  , r âcu  ...-•*••  o VJ* 
Soufre  jaune , * 

On  pulvérise  ces  trois  substances  ■,  on  les  inele  et  on 
les  fait  fondre  dans  un  creuset  à une  chaleur  capable  de 
faire  rougir  légèrement  le  creuset.  Lorsque  la  matière  est 
bien  fondue  on  la  coule  sur  une  plaque  de  cuivre  légère- 
ment graissée  : c’est  ce  que  l’on  nomme  aimant  arsenical.. 
On  le  réduit  en  poudre  pour  s’en  servir  au  besoin.  Pen- 
dant la  fonte  il  ne  se  fait  presque  pas  de  déchet. 

Cire  verte  , ou  emplâtre  de  cire  verte . 


^ Cire  jaune,  . . ; . . . . ft>  ij* 

Poix  résine  , xil* 

Térébenthine  , ‘ * * * .Tî* 

Verd -de-gris  en  poudre,  •••••••  5 nl* 


On  fait  liquéfier  la  cire  , la  poix  résiné  et  la  térében- 
thine : on  ajoute  le  verd-de-gris  réduit  en  poudre  fine, 
«t  on  l’introduit  dans  l’emplâtre  en  le  faisant  passer  au 
travers  d’un  tamis  : on  agite  le  mélange  avec  un  bistor- 
tier  afin  de  mêler  le  verd-de-gris  : on  continue  d agiter 
jusqu’à  cc  que  le  mélange  soit  suihsamment  retroici.  On 
met  la  masse  en  magdaléons.  C’est  la  cire  verte , qu  on 
îiomme  aussi  emplâtre  de  cire  verte.  , , 

Quelques  dispensaires  demandent  six  onces  de  \eid-de- 
gris  dans  cette  recette  : mais  nous  pensons  qu  il  y en  a moi- 
tié de  trop  ; c’est  pour  cette  raison  que  nous  en  supprimons 
trois  onces  : ceux  qui  voudront  rendre  cet  emplâtre  plus 
actif  peuvent  ajouter  la  dose  entière  de  verd-de-gns. 

^crtu?.  Cet  emplâtre  s’emploie  pour  les  poireaux , pour  les  cors 
des  pieds  et  pour  ronger  les  bords  de  certaines  pLaies. 


é L É M E N T S DE  PHARMACIE.  JDÿ 

Des  emplâtres  dans  lesquels  on  fait  entrer  des  prépa- 
rations de  plomb. 

Emplâtre  (liapalme. 


ïb  Ûj. 

On  met  toutes  ces  substances  ensemble  dans  une  bas- 
sine de  cuivre  , sur  un  leu  capable  d’occasionner  une  ébul- 
lition modérée  : on  remue  ce  mélange  sans  discontinuer  , 
avec  une  spatule  de  bois,  pendant  une  heure  ou  deux  , 
ou  jusqu’à  ce  que  le  mélange  soit  devenu  d’un  blanc  sala 
et  qu’il  ait  acquis  une  consistance  emplastique  un  peu 
mollette  : on  a soin  d’ajouter  de  l’eau  de  temps  en  temps 
à mesure  que  celle  de  la  bassine  s’évapore  , afin  que  l’em- 
plâtre 11e  reste  jamais  sans  eau.  Lorsque  cet  emplâtre  a la 
consistance  convenable  on  ajoute, 

Vitriol  blanc  , dissous  dans  q.  s.  d’eau,  ~ iv. 

Cire  blanche * jx. 

On  tient  le  vaisseau  sur  le  feu  jusqu’à  ce  que  la  cire  soit 
bien  liquéfiée  et  que  toute  l’humidité  soit  évaporée;  ce 
que  bon  reconnoît  lorsque  l’emplâtre  ne  boursoufle  plus. 

Mais  il  faut  bien  ménager  le  feu  sur  la  fin  , car  il  change 
de  couleur  et  devient  gris  en  un  instant  par  l’action 
d’un  feu  un  peu  trop  fort  ou  trop  long- temps  continué, 
parcequ’alors  l’emplâtre  se  trouve  sans  humidité.  Lorsqu’il 
est  cuit  et  suffisamment  refroidi  on  en  forme  des  magda- 
lons. 

11  dessechc  , il  amollit,  il  résout,  il  déterge,  il  cicatrise.  Vertus» 

Souvent  on  amollit  cet  emplâtre  en  le  mêlant  avec  le 
quart  de  son  poids  d’huile  d’olives,  afin  de  lui  donner  une 
consistance  d’onguent.  C’est  ce  que  l’on  nomme  cérat  de 
diapalme. 

Remarque  s. 

Cet  emplâtre  devant  être  d’une  couleur  blanche  on  le 
cuit  avec  de  l’eau  ; ce  qui  forme  une  sorte  de  bain-marie 
et  le  met  dans  le  cas  de  11e  pas  recevoir  immédiatement  la 

A a a ij 


éfé  Litharge  , 

Huile  d’olives, 
Axonge  de  porc,  C 
Eau,  } 


aa. 


74-0  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

chaleur,  qui  changèrent  considérablement  sa  couleur  en 
brûlant  un  peu  les  matières  graisseuses.  L'eau  empêche 
encore  la  réduction  de  la  litharge  , parcequ’elle  ne  peut 
recevoir  qu’un  degré  de  chaleur  modéré  et  bien  inférieur 
à celui  de  l’huile.  On  remue  sans  discontinuer,  avec  une 
spatule,  afin  que  la  lit  barge  , qui  est  très  pesante  , ne  se 
tienne  pas  au  fond  de  la  bassine , et  que  par  l’agitation  elle 
puisse  se  mêler  avec  l’huile  et  la  graisse.  On.  sent  par 
cette  raison  que  lorsque  l’on  met  une  très  grande  quan- 
tité d’eau  à la  fois,  comme  quelques  personnes  le  prati- 
quent, l’huile  qui  nage  sur  l’eau  se  trouve  trop  éloignée 
de  la  li  charge  et  ne  se  combine  avec  elle  que  très  d h bel- 
lement. Ceux  qui  mettent  beaucoup  d’eau  à la  lois^  le 
fout  par  crainte  de  brûler  l’emplâtre  et  pour  ne  pas  etie 
obligés  d’en  remettre  souvent  ; mais  alors  la  combinaison 
des  graisses  avec  la  litharge  devient  prodigieusement  lon- 
gue à faire.  Il  vaut  mieux  n’en  mettre  que  peu  à la  lois  , 
Ta  renouveller  souvent  et  ne  jamais  attendre  quelle  soit 
dissipée  entièrement,  parcequ’alors,  sur-tout  lorsque  1 em- 
plâtre est  chaud  , l’eau  se  réduit  sur-le-champ  en  vapeurs 
très  dilatées  : elle  s’évapore  subitement  et  occasionne  un 
bruit  et  un  pétillement  considérable  , en  faisant  sauter 
une  partie  de  l’emplâtre  hors  de  la  bassine  , avec  danger 
d’être  brûlé  par  les  jets  de  matière  chaude.  Lorsque d’em- 
plâtre est  bien  chaud  et  qu’il  se  trouve  sans  eau  , il  laut 
tirer  le  vaisseau  hors  du  leu  et  attendre  que  le  mélangé 
soit  bien  refroidi  avant  d’en  ajouter.  On  s’apperçoit  que 
■l’emplâtre  ne  contient  que  peu  ou  point  d’eau  lorsqu  il 
cesse  de  bouillonner  et  qu’il  diminue  considérablement  de 
volume,  pareeque  c’est  l’eau  qui  occasionne  tout  le  gon- 
flement et  l’ébullition  qu’on  remarque  pendant  sa  cuite. 

Lorsque  les  matières  grasses  se  combinent  avec  la  li- 
tharge  on  remarque  que  le  mélange  change  de  cou  eur  , 
de  rougeâtre  qu’il  étoit  d’abord  il  devient  blanchâtre  , et 
lorsqu’il  est  cuit  il  est  d’un  assez  beau  blanc:  cest  un 
premier  signe  de  sa  cuite.  On  reconnoît  qu’il  est  suffisam- 
ment cuit  ; io.  lorsqu’il  ne  paroit  plus  de  litharge-,  2°.  a sa 
couleur  blanche;  3°.  lorsqu’en  en  mettant  un  peu  se  re- 
froidir dans  de  l’eau  froide  il  acquiert  une  consistance  mol- 
lette comine  de  la  cire  ramollie  entre  les  doigts  ; 4 • enfin 
lorsqu’il  est  entièrement  privé  d humidité  et  qu  1 est  en 
core  liquide.  Si  011  l’agite  brusquement  a\ec  la  .>patu  c ? 011 


ÉLÉMENTS  DE  M1ARMACIÏ.  7 fl 

voit  s’élever  hors  (le  la  bassine  des  bulles  très  légères  rem  - 
plies  d’air,  semblables  à celles  qui  s’élèvent  de  l’eau  de 
iavon  et  qui  voltigent  au  gré  du  vent.  Ce  dernier  plu  rio- 
niene  n’arrive  qu’aux  emplâtres  dans  lesquels  les  pré- 
parations du  plomb  ont  été  cuites  avec  les  graisses  , ce  qui , 
joint  au  fait  suivant,  indique  une  soi  te  d analogie  avec  le 
savon.  Lorsque  les  emplâtres  sont  cuits  et  qu  on  leui  a 
conservé  une  certaine  quantité  d eau  , cette  eau  , en  se  sé- 
parant de  l’emplâtre  pendant  qu’il  se  refroidit , reste  blan- 
che et  laiteuse  comme  de  l’eau  de  savon  ; et  lorsqu  d ne 
s’en  trouve  qu’une  petite  quantité  , elle  mousse  , par  i agi- 
tation, comme  de  l’eau  de  savon. 

Toutes  les  remarques  que  nous  avons  faites  jusqu  à pré- 
sent sont  générales  pour  tous  les  emplâtres  qui  se  lonl  pai 
la  cuite  avec  des  préparations  de  plomb  , comme  la  lit  bar- 
ge, le  minium  et  la  céruse,  et  auxquels  on  ajoute  de  1 eau 
en  les  cuisant.  Comme  ils  présentent  tous  les  mêmes  phé- 
nomènes et  qu’on  est  obligé  de  les  cuire  de  la  même 
maniéré  avant  que  d’ajouter  les  autres  ingrédients,  nous 
11e  dirons  rien  de  plus  que  ce  que  nous  venons  d exposer 
pour  celui-ci  ; nous  ferons  seulement  des  remarques  sur  les 
manipulations  qu’ori  emploie  pour  ajouter  les  autres  ingré- 
dients et  sur  ce  qui  se  passe  pendant  leur  mixtion.  Lc5rs 
donc  que  l’emplâtre  diapalme  est  cuit  au  point  dont  nous 
parlons  on  ajoute  la  cire  et  le  vitriol  blanc  , dissous  comme 
nous  l’avons  dit:  on  fait  chauffer  ce  mélange  jusqu’à  ce 
que  toute  l’humidité  soit  évaporée*,  sans  quoi  il  resterait 
une  partie  du  vitriol  en  dissolution  dans  Peau  , qui  se  sé- 
pare de  l’emplâtre  en  se  refroidissant;  et  l’on  a intention 
que  ce  sel  métallique  reste  en  entier  combiné  avec  les  au- 
tres substances. 

Si  , au  lieu  de  vitriol  blanc  , 011  met  dans  cet  emplâtre 
du  colcothar  broyé  avec  vin  peu  d’huile ,, l’emplâtre  est 
d’une  couleur  rouge,  et  il  forme  l’emplâtre  (hacha  la  tco  s ~ 
Quelques  personnes  vendent  pour  l’emplâtre  diapalme 
un  mélange  d’buile-et  de  blanc  d’Espagne  auquel  elle* 
ajoutent  une  petite  quantité  de  cire  blanche. 

Emplâtre  clc  minium. 

2* Huile  d’olives,  .......  x xx^ 

v . 7 

1 111 1 U 111  , . • • • . • • • Sy  X 1 J — 

A a a iiÿ 


Vertus. 


?42  Éléments  de  pharmacie. 

Eai1  H»  j. 

Cire  jaune  , g iij. 

On  fait  cuire  ensemble  l’huile  et  le  minium  avec 
1 eau  : on  agite  ce  mélange  sans  discontinuer  jusqu’à  ce 
que  la  combinaison  soit  faite  : alors  on  y fait  liquéfier  la 
cire  , et  l’on  en  forme  des  magdaléons  lorsqu’il  est  suffi- 
samment refroidi. 

Cet  emplâtre  est  siccatif  : il  cicatrise  les  plaies  et  les 
ulcérés. 

Remarques. 

Pendant  la  cuite  de  cet  emplâtre  le  minium  perd  sa 
couleur  rouge  : mais  il  y en  a toujours  une  petite  quantité 
qui  ne  la  perd  pas  entièrement  ; ce  qui  est  cause  que  cet  em- 
plâtre n’est  pas  blanc  comme  le  diapalme  : il  est  d’une  cou- 
leur grise  rougeâtre.  Plusieurs  personnes  exigent  qu’il  soit 
rouge  ; ce  qui  est  impossible  par  la  manipulation  qu’on 
est  obligé  d'employer.  Lorsqu’on  veut  qu’il  soit  rouge  , 
il  faut  ajouter  en  meme  temps  que  la  cire  une  demi- 
once  de  minium  , qu’on  ne  fait  que  délayer  sans  le  faire 
cuire. 

Le  minium  est  ordinairement  rempli  de  grenailles  de 
plomb  dont  une  partie  est  sous  le  brillant  métallique  et 
une  autre  portion  à demi-calcinée  ; c’est  pourquoi  il  faut 
passerle  minium  au  travers  d’un  tamis  de  soie  avant  que  de 
remployer,  pareeque  la  portion  de  plomb  qui  n’est  pas 
réduite  en  chaux  ne  peut  se  dissoudre  dans  l’huile. 

Emplâtre  de  Nuremberg. 

^ Minium,  ~ vnj. 

Huile  d’olives  £ xiv. 

Cire  jaune  , 1b  j. 

Camphre  , 1 --  w . 

Suif  de  mouton,  S au 5 VL 

Eau q.  s. 


On  fait  cuire  ensemble  le  minium  , l’huile  d’olives  et 
le  suif  de  mouton  avec  l’eau  : on  agite  le  mélange,  avec 
une  spatule  de  bois , jusqu’à  ce  que  l’emplâtre  soit  suffi- 
samment cuit  : on  y fait  fondre  la  cire  : on  remue  l’em- 


i L i M E N T S DE  P H1  A R MAGIE  7d'<J 

plâtre  jusqu’à  ce  qu’ilsoit  à.  demi  refroidi  : aîorson  y mole 
le  camphre,  qu’on  a réduit  en  poudre  en  le  triturant  avec, 
quelques  gouttes  d’esprit  de  vin  : on  forme  du  tout,  lui 
mélange  exact  et  on  le  réduit  en  magdaleons. 

Cet  emplâtre  est  siccatif  : il  cicatrise  , il  résiste  à la  ' 
gangrené. 

Remarques. 


Cet  emplâtre  est  d’une  couleur  à-peu-près  semblable  a 
celle  de  l’emplâtre  de  minium  qu’on  n’a  point  rougi,  et 
cela  pour  les  mêmes  raisons  que  nous  avons  expliquées. 
Le  camphre  est  une  matière  résineuse  , concrète  , très 
volatile  r il  ne  doit  se  mettre  dans  l’emplâtre  que.  lors- 
qu’il est  à demi  ligé  : par  ce  moyen  on  ne  perd  rien  du 
camphre.  On  peut  , si  l’on  veut , an  lieu  de  le  pulvériser 
avec  quelques  gouttes  d’esprit  de  vin,  le  réduire  en  bouil- 
lie , en  le  rnèlanl  avec  un  peu  plus  d’esprit  de  vin  qu’il  n’en 
faut  pour  le  pulvériser  : l’une  et  l’autre  méthode  sont 
également  bonnes* 

Les  Pharmacopées  prescrivent  du  suif  de  cerf;  mais 
comme  il  est  difficile  d’en  avoir  de  pur,  nous  croyons 
qu’on  peut  le  remplacer  par  le  suif  de  mouton.  Quelques 
Pharmacopées  prescrivent  une  plus  grande  quantité  1 huile 
que  nous  n’en  demandons  ; mais  j’ai  remarqué  que  lors- 
qu’on en  met  cette  plus  grande  quantité  Pempiatrc  est 
trop  mou. 

Emplâtre  connu  sous  le  nom  d'onguent  de  canette , 

^Emplâtre  diachalciteos  , 

diachylon  gommé,  f 
Cire  jaune , 

Huile  d’olives, 

Colcotliar , 

On  broie  sur  un  porphyre  le  colcotliar  avec  six  onces 
d’huile  et  on  le  conserve  à part. 

D’une  autre  part  on  fait  fondre  ensemble  les  emplâ- 
tres et  la  cire  avec  les. dix-onces,  d’huile  restante.  Lors- 
que les  matières  sont  liquéfiées  on  ajoute  le  colcotliar 
broyé  : on  mêle  le  tout  exactement  et  on  forme  un  ciin- 
plulre  que  Ton  réduit  en  magdaléons. 


Aaa  iv 


744 


Eléments  » e p 


H A R M'  A G I E, 


Emplâtre  de  savon. 


^ Minium , : . ft > j. 

Blanc  de  céruse , ^ vil  j. 

Huile  d’olives, *.  . . . ft>  ij  fi. 

Savon  blanc , ^ iv. 

Cire  jaune  , ^ iij. 

Eau  , . . q.  s. 


On  fait  cuire  ensemble  le  minium  , le  blanc  de  céruse 
et  l’huile  avec  l’eau.  Lorsque  ce  mélange  a acquis  la  con- 
sistance convenable  on  ajoute  la  cire  jaune  coupée  par 
morceaux  et  le  savon  raclé  menu.  Lorsque  ces  matières 
sont  liquéfiées  on  tire  l’emplâtre  hors  du  feu  ; on  le  laisse 
suffisamment  se  refroidir  et  on  en  forme  des  magda- 
îéons. 

Cet  emplâtre  ne  s’emploie  guere  qu’avec  du  camphre  : 
on  lui  en  ajoute  une  once  , de  la  même  maniéré  que  nous 
venons  de  le  dire  pour  l’emplâtre  de  Nuremberg  -,  cela  forme 
V emplâtre  de  savon  camphré. 

Vertus.  11  est  propre  pour  résoudre  les  tumeurs  , pour  fortifier 
la  matrice. 

Emplâtre  de  charpie. 


Charpie  de  vieux  linge, % viij. 

Huile  d’olives  , îb  iij. 

Eau , îb  j • 


On  réduit  en  charpie  du  vieux  linge  net  : on  la  coupe 
menue  : on  la  met  dans  une  bassine  avec  l’eau  et  l’huile: 
on  fait  chauffer  ce  mélange  jusqu’à  consomption  de  pres- 
que toute  l’humidité:  on  passe  avec  expression  : on  dé- 
pure l’huile  pour  en  séparer  l’humidité.  Alors, 


2^ Huile  ci-dessus  , Ib  ij. 

Céruse, f viij. 

Litharge  , . 5-  xi  j. 

Poix  noire , £ ij- 

Cire  jaune, ^ viij. 

Aloës  pulvérisé , 5 ]• 

M.vrrhe  pulvérisée, V JJ* 

w"  • • • 

Encens  mâle , £ nj* 


ÉLÉMENTS  UE  P H A R M A £ I Z* 

On  Fait  cuire  ensemble  la  litharge  , la  céruse  et  l’huile 
sans  eau  : lorsque  ce  mélange  a acquis  la  consistance  con- 
venable on  ajoute  la  poix  noire  et  la  cire  jaune  : ou  les 
fait  liquéfier  : on  tire  le  vaisseau  hors  du  feu  : on  agite 
.l’emplàtre  jusqu’à  ce  qu’il  commence  à se  figer  : alors  op 
ajoute  les  poudres  : on  remue  ce  mélange  jusqu’à  ce  qu  il 
soit  exaçl.  On  Forme  du  tout  un  emplâtre  qu’on  réduit  en 
magdaléons. 

La  charpie  ne  pouvant  rien  produire  dans  l’huile  , nous 
croyons  que  cette  préparation  est  fort  inutile  : on  peut 
Faire  cet  emplâtre  avec  de  l’huile  d’olives  sans  charpie.  11  ^ertus' 
mondifie,  et  cicatrise  les  plaies  et  les  ulcérés. 

Emplâtre  de  l'abbé  de  Grâce. 


^ Huile  d’olives  , . îb  j. 

Suc  de  roses  pâles  dépuré,  ■)  --  ^ ••• 

utharge  préparée  , S 

Blanc  de  céruse  , 5 i). 


On  Fait  cuire  ces  matières  ensemble  dans  une  bassine 
de  cuivre  , en  les  agitant  sans  discontinuer,  avecunespa- 
tule  de  bois,  jusqu’à  ce  qu’elles  aient  acquis  une  consis- 
tance emplastique.  Alors  on  y fait  liquéfier , 

Cire  jaune, ^iv. 

» « * i mf  \ • » 

On  agite  cet  emplâtre  jusqu’à  ce  qu’il  soit  suffisamment 
refroidi  et  on  on  forme  des  magdaléons. 

11  desseclie  les  plaies  et  les  ulcérés.  On  s’en  sert  pour  Vertus, 
faire  du  sparadrap. 


Emplâtre  de  l'abbé  Doyen. 


^Onguent  de  la  mere  îb  j. 

Poix  grasse  5 iv. 


Cire  jaune, 3 xij. 

On  fait  fondre  ensemble  ces  trois  substances  et  on 
forme  du  tout  un  emplâtre  qu’on  divise  par  magdaléons. 

Emplâtre  de  diachylon  simple. 

îb  il). 


^ Litharge  préparée , 


iLÉMENTJ  DE  PHARMACIE. 


Huile  de  mucilage, 

Décoclion  de  racines  de  glaïeul 


cia. 


On  prend  six  onces  de  racines  de  glaïeul  nétoyées  et 
coupées  par  tranches  : on  les  fait  bouillir  dans  une  suffi- 
sante quantité  d’eau  pour  avoir  six  livres  de  décoction  : 
on  en  met  une  partie  dans  une  bassine  de  cuivre  avec  la 
litharge  et  l’huile  : on  fait  cuire  ce  mélange  en  le  remuant 
sans  discontinuer  avec  une  spatule  de  bois  , et  ayant  soin 
de  remettre  de  la  décoction  de  temps  en  temps  afin  quo 
le  mélange  ne  se  trouve  point  sans  humidité  : on  continue 
de  le  faire  cuire  jusqu’à  ce  qu’il  ait  acquis  la  consistance 
nécessaire  : alors  on  retire  le  vaisseau  du  feu  , et  lorsque 
l’emplâtre  est  suffisamment  refroidi  on  en  forme  une 
partie,  en  magdaléons. 

Vertus,  H est  propre  pour  ramollir , pour  digérer,  pour  mûrir , 
pour  résoudre. 


Tlm-plâlre  dicichylon  composé. 


^Emplâtre  diachylon  simple  , lb  iv. 

Cire  jaune  , 

Poix  résine,  > àâ 5 iij- 

Térébenthine 


On  fait  liquéfier  ces  matières  ensemble  sur  un  feu  doux  : 
alors  on  ajoute  les  gommes  suivantes  , qn’011  a dissoutes 
et  purifiées  par  le  moyen  du  vin  et  épaissies  en  consis- 
tance de  miel  très  épais  : 

Gomme  ammoniac  , 

Bdclîium , 

Galbanum  , 

Sagapenum  , 

On  agite  le  tout  jusqu’à  ce.  que  le  mélange  soit  exact: 
lorsqu’il  est  suffisamment  refroidi  on  en  forme  des  mag- 
Vertus.  daléons.  Cet  emplâtre  est  d’un  grand  usage  et  est  eir*- 
ployé  avec  beaucoup  de  succès  pour  résoudre  les  tumeurs 
ou  pour  les  attirer  à suppuration.  Quelques  personnes  font 
cet  emplâtre  avec  de  l’huile,  de  la  craie  et  de  la  cire  : les 
uns  ajoutent  à ce  mélange  un  peu  de  galbanum  pou?  lui 


t 


ELEMENTS  » E P H A R M A C I E.  7^7 

donner  l’odeur  du  vrai  diachylon  ; d’autres  n’y  ajou- 
tent rien. 

4 

Emplâtre  divin. 


Litharge  préparée  , 3b  }• 

Huile  d’olives  , : . îb  ij  i 

Verd-de-gris  en  poudre  Fine  , ^j. 

Eau  q.  s. 


On  fait  cuire  ces  matières  ensemble  dans  une  bassine 
de  cuivre  , ayant  soin  d’agiter  sans  discontinuer  et  d’a- 
jouter de  l’eau  à mesure  qu’elle  s’évapore  : lorsque  le  mé- 
lange a acquis  la  consistance  emplastique  on  ajoute, 

Cire  jaune  ^ viij. 


On  fait  liquéfier  la  cire  : on  agite  le  mélange  , et 
lorsque  l’emplâtre  commence  à se  figet  on  ajoute  les 
matières  suivantes  réduites  en  poudre  line  : 


Galbanum  ,7  -- 
Myrrhe  , 3 aa'  * * 

Bdellium  

Gomme  ammoniac  , . 

Oliban  , 

Opopanax , ~î 

Mastic,  \âci. 

Aristoloche  ronde  , J 
Aimant  préparé  , . . . 


? J'j  5 ;J- 

5 ij. 

S llJ  5 nj. 

Si- 
si-  fi- 


On  agite  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  soit  exaot  , et  lors- 
que l’emplâtre  est  suffisamment  refroidi  on  en  forme  des 
magdaléons. 

11  déterge  , mondifie,  cicatrise,  amollit,  résout  les  Vertus 
tumeurs  : il  est  bon  pour  les  contusions. 

Remarques. 

On  est  dans  l’usage  de  faire  cet  emplâtre  d’une  cou- 
leur rouge  , et  on  l’obtient  de  cette  couleur  lorsqu’on  met 
le  verd-de-gris  cuire  en  même  temps  que  la  litharge, 
parreque  le  cuivre  se  ressuscite  comme  pendant  la  cuite 
de  l'onguent  ægyptiac.  Lorsqu’on  met  le  verdot  sur  la  fin 


V 


7^8  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

de  la  cnite  de  l’emplâtre  avec  les  poudres  , il  n’a  pas  le 
temps  de  se  ressusciter  , l’emplâtre  reste  d’une  couleur 
verte  : on  ne  pratique  cette  derniere  méthode  q'tie  lors- 
qu’elle est  prescrite.  La  pierre  d’aimant  qu’on  fait  en- 
trer dans  cet  emplâtre  doit  être  réduite  en  poudre  im- 
palpable : on  la  met  dans  le  dessein  d’attirer  hors  des 
plaies  des  portions  de  fer  qui  pourroient  y être  entrées; 
mais  il  s’en  faut  de  beaucoup  que  l’intention  soit  remplie, 
pareeque  l’aimant  a été  broyé  et  mêlé  avec  les  corps  gras 
de  cet  emplâtre;  il  a perdu  toute  sa  vertu  magnétique  : il 
ne  produit  d’effet  que  comme  dessiccatif.  L’emplâtre  di- 
vin est  de  couleur  rouge  lorsqu’il  est  nouvellement  fait; 
il  devient  noir  à la  surface  quelque  temps  après  ; il  n’y  a 
que  l’intérieur  qui  conserve  sa  couleur  rouge  pendant  plu- 
sieurs années. 

Emplâtre  de  la  main  de  Dieu. 


^ Huile  d’olives, ft>  ij.^ 

Litharge  , . . K>  j 5 j* 

Eau  , q-  s. 


On  fait  cuire  ces  matières  ensemble  dans  une  bassine 
de  cuivre  , ayant  soin  d’agiter  le  mélange  sans  disconti- 
nuer avec  une  spatule  de  bois  : lorsqu’il  est  cuit  à sa  con- 
sistance on  y lait  liquéfier  , 

Cire  jaune,.  1b  j 5 iv. 

La  cire  étant  liquéfiée  on  tire  le  vaisseau  hors  du 
feu  ; et  lorsque  l’emplâtre  est  à demi  refroidi  on  y in- 
corpore les  substances  suivantes  réduites  en  poudre  : 


Verd-de-gris  , 

W-  • 

Gomme  ammoniac  , 

• ? “j  3 nJ 

Galbanum  , 

• 5 j 5 ij. 

Opopanax,  .... 

• 5!: 

Sagapenum  , . . 

• 5 q- 

Bdeliium,  \ ~~ 

Oliban , S * ’ 

• 5 ij- 

Myrrhe , 

• U S 1). 

Mastic  en  larmes  , 

1 

• a r 

Aristoloche  ronde , . 

. g j. 

Pierre  calaininaire  prép.  . 

• 5 ‘h 

éléments  de  pharmacie.  749 

On  agite,  l’emplâtre  jusqu’à  ce  que  le  mélange  soit 
exact  , et  on  en  forme  des  magdaléons  lorsqu’il  est  suf- 
fisamment refroidi. 

lia  les  mêmes  vertus  que  l’emplâtre  divin  et  on  l’eni- vertu*, 
ploie  de  la  même  manière. 


Remarques. 

Cet  emplâtre  différé  peu  de  l’emplâtre  divin  par  les 
drogues  qui  le  composent  : sa  plus  grande  différence  vient 
du  verd-de-gris  qu’on  ne  met  que  sur  la  fin  delà  cuite  : 
le  cuivre  n’ayant  pas  le  temps  de  se  ressusciter  conserve 
sa  couleur  verte  et  la  communique  à cet  emplâtre.  Si  ab- 
solument on  trouvoit  trop  de  difficulté  à réduire  en  pou- 
dre la  gomme  ammoniac  , le  galbanum  , le  sagapenum  et 
lebdellium  , on  pourroit  purifier  ces  gommes  par  le  moyen 
du  vinaigre  , comme  le  prescrivent  la  plupart  des  Auteurs: 
à l’égard  des  autres  elles  sont  toujours  seches  et  friables 
et  peuvent  se  réduire  en  poudre  facilement. 


Emplâtre  styptique  de  Crollius. 


^ Minium , 

Pierre  calaininaire  prép. 
Litharge  préparée  , 
Huile  de  lin  , 9 -- 
d’olives , S GU‘ 

Eau  ..... 


On  fait  cuire  toutes  ces  substances  ensemble  dans  une 
bassine  , en  les  agitant  sans  discontinuer  avec  une  spatule 
de  bois:  lorsque  le  mélange  a acquis  la  consistance  d’em- 
plâtre on  y fait  liquéfier  , 


Huile  de  laurier, 
Cire  jaune  , } 
Colophane  , ) 
Térébenthine , 


aa. 


v ••• 

5 UJ* 

w • 

5 VJ. 

5 dj- 


Ces  matières  étant  liquéfiées  et  bien  mêlées  on  tire  la 
bassine  hors  du  feu  , et  lorsque  l’emplâtre  est  à demi  re- 
froidi on  incorpore  les  poudres  suivantes  : 


ELEMENTS  DE  P II  A R M A C I E. 


Vertu». 


^aa. 


Ptésine  de  genievre  ou  sandaraque, 
Gomme  ammoniac  , 
bdellium  , 
galbanum  , 
opopanax , 
sagapenum , 

Karabé  préparé  , 

Oliban  , 

Myrrhe  , 

Aioës,  'aa' 

Aristoloche  longue  , 
ronde  , 

Momie , 

Pierre  hématite  préparée , 
Sang-dragon,  *1 

' nn 


Bol  de  Blois  préparé , 
Vitriol  blanc , J 


aa.  . 


y ••• 

5 nh 


5 1 B- 


3 fi- 


J vj. 

fiv- 

? B.' 


Fleurs  rouges  d’antimoine  lavées  , \ 
Safran  de  Mars  pré  paré  par  le  soufre,  J 


On  agite  l’emplâtre  jusqu’à  ce  que  le  mélange  soit 
«xact  , et  lorsqu’il  est  presque  refroidi  on  ajoute  , 

Camphre,  : 5 B* 

On  fait  dissoudre  le  camphre  dans  environ  un  gros  et 
demi  d’huile  essentielle  de  genievre  pour  en  former  une 
bouillie  , et  c’est  dans  cet  état  qu’on  doit  le  mêler  à l’em- 
plâtre. On  attend  qu’il  soit  suffisamment  refroidi  , parce- 
que  s’il  étoit  trop  chaud  il  volatiliseroit  une  partie  du 
camphre  et  de  1 huile  essentielle.  . ^ ... 

11  digéré  , mûrit,  mondifie,  cicatrise  , résout  : il  fortifie 

les  nerfs  et  résiste  à la  gangrené. 


Emplâtre  de  grenouilles  oa  de  Vico  simple. 


22  Grenouilles  , 

Vers  de  terre  ,••••••• 

Racines  récentes d’Yebles  O 

aunée,  5 


n°.  xxiv. 
lb  j. 

fb  j. 


i L ï il  E N T S DE  PHARMACIE# 


7^4 


Fleurs seches  de  camomille, 
lavande , 
matricaire , t 
mélilot  , j 

Vinaigre , 

Vin  blanc 
Eau? 


A 

i-  àâ. 


,} 


aa. 


o i fi* 

!t>  ij. 
q.  s. 


On  lave  les  vers  de  terre  , à plusieurs  reprises,  dans  du 
vin  blanc  , pour  les  dégorger  de  la  terre  et  d’une  portion 
de  matière  mucilagineuse  : on  les  met  dans  une  bassine 
avec  les  grenouilles  vivantes  : on  nétoie  les  racines  et  on 
les  coupe  par  tranches  : on  les  met  dans  la  même  bassina 
avec  les  fleurs  , le  vinaigre  , le  vin  et  une  suffisante  quan- 
tité d’eau  : on  fait  bouillir  toutes  ces  substances  pendant 
un  quart  d’heure  : on  passe  la  décoction  avec  expression; 
on  la  laisse  déposer  : on  la  tire  par  inclination  et  on  la 
inet  à part.  Alors  , 


21  Litharge  préparée  , ... 

Graisse  de  porc , 
veau  , 

Eludes  par  infusion  et  décoction 
de  grenouilles  , 
de  .vers  , 
d’aneth , 
de  camomille , 
de  lavande  femelle , 
jd’énula  campana  , 
de  lis, 


J 


ïb  iv. 
ïb  j. 


On  met  toutes  ces  substances  dans  une  bassine  de  cui- 
vre avec  une  partie  de  la  décoction  précédente  : on  fait 
cuire  ce  mélange  en  le  remuant  sans  discontinuer  avec 
une  spatule  de  bois  , et  on  a soin  d’ajouter  de  la  décoction 
à mesure  que  celle  de  la  bassine  s’évapore  jusqu’à  ce  que> 
tout  y soit-entré.  Lorsque  la  litharge  est  dissoute  et  que 
l’emplâtre  a la  consistance  qu’il  doit  avoir  on  ajoute  ? 


Huile  de  laurier,  . 

: ^ iv. 

Cire  jaune,  .... 

Slorax  liquide  purifié,  . 

^ iv. 

Térébenthine , . . 

X jj 

752  ÏLÉMÏN  T s I>  E P H À R M A C I E. 

On  fait  liquéfier  toutes  ces  substances  , et  l’on  ajoute 
à la  niasse  , lorsqu’elle  est  suffisamment  refroidie  , les 
drogues  suivantes  réduites  en  poudre  fuie  : 


Oliban  , 
Euphorbe 
Myrrhe , 
Safran  , 
Viperes, 


On  mêle  ces  matières  exactement , et  sur  la  fin  on 


ajoute , 

Huile  essentielle  de  lavande  , ...  • 15  j fi* 


On  forme  du  tout  un  emplâtre  : on  fait  des  magdaléons 
avec  une  partie  seulement  , et  à 1 autre  on  ajoute  du 
mercure  de  la  maniéré  expliquée  dans  la  formule  sui- 

Vertus.  ^L’emplâtre  de  Vigo  sans  mercure  est  résolutif  , vulné- 
raire et  fondant. 

Emplâtre  de  grenouilles  ou  Je  Vigo  avec  le  mercure. 


^ Mercure  crud  , 4 ^ b 

Storax  liquide , \ . . . ? ij. 

Térébenthine,  f ^ * ’ 6 


Emplâtre  de  Vigo  moitié  de  la  masse. 


Vertus. 


On  éteint  le  mercure  avec  le  storax  et  la  térébenthine 
dans  un  mortier  de  fer.  Lorsqu’il  l’est  suffisamment  on 
ajoute  l’emplâtre  qu’on  a fait  liquéfier  un  peu  : on  agite 
ce  mélange  avec  le  pilon  de  fei  et  on  le  pile  comme  une 
masse  de  pilules  jusqu’à  ce  qu’il  soit  exact  : on  le  tire 
hors  du  mortier  et  on  en  forme  des  magdaléons. 

Cet  emplâtre  est  résolutif  : il  amollit  et  résout  les  hu- 
meurs froides  : il  est  bon  pour  les  loupes,,  les  nodosités, 
les  tumeurs  vénériennes. 


R E M A 11  Q Ü E S. 


L’emplâtre 


de  Vigo  simple  et  l’emplâtre  de  Vigo  avec 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

le  mercure,  sont  d’un  grand  usage  dans  la  Chirurgie. 
J’ai  cm  devoir  rapporter  leur  recette  sans  y rien  changer, 
et  exposer  ensuite  les  redonnes  dont  ils  paraissent  avoir 
besoin  , afin  de  simplifier  ces  emplâtres  et  de  les  rendre 
plus  efficaces  et  plus  faciles  à préparer.  i°.  La  décoction 
qu’on  fait  pour  l’emplâtre  de  Vigo  simple  parait  assez 
inutile.  Les  grenouilles  , qui  donnent  le  nom  à cet  emplâ- 
tre , et  les  vers  de  terre  fournissent  très  peu  de  principes 
dans  l’eau;  et,  en  supposant  qu’ils  soient  efficaces  , ils  se 
trouvent  tellement  masqués  et  affaiblis  par  le  grand  nom- 
bre des  autres  substances  qu’on  peut  regarder  ces  ma-  • 
tieres  comme  nulles.  Les  fleurs  qu’on  fait  entrer  dans 
cette  décoction  perdent  tout  leur  aromate,  pendant 
l’ébullition  et  pendant  la  cuite  ue  l’emplâtre  : il  ne  reste 
que  leur  substance  extractive  , qui  ne  se  trouve  encore 
qu’en  très  petite  quantité.  Ne  seroit-il  pas  mieux  de  sup- 
primer de  la  décoction  toutes  ces  substances  aromatiques 
et  de  faire  entrer  leurs  poudres  dans  cet  emplâtre  , mais 
en  moindre  quantité  ? 

2°.  Les  grenouilles  , les  vers  de  terre  , les  lis,  ne  four- 
nissent presque  rien  dans  l’huile  , comme  nous  l’avons 
fait  remarquer  ; et  les  huiles  qu’on  prépare  avec  ces  ma- 
tières n’ont  pas  d’autre  vertu  que  l’huile  d’olives  pure. 

3°.  Les  huiles  d’anetli  , de  camomille,  de  lavande  fe- 
melle et  d’énula  campana  , préparées  par  infusion  , con- 
tiennent les  matières  résineuses  et  odorantes  de  ces  sub- 

* • • • 

stances  ; mais  nous  croyons  qu’on  peut  les  supprimer  en- 
core de  cette  composition  , pareeque  , pendant  la  cuite 
de  l’emplâtre  , elles  perdent  toute  leur  odeur  , et  la  ma- 
tière résineuse  se  décompose  par  la  chaleur  qu’elles  éprou- 
vent. Notis  pensons  , par  cette  raison  , .que  toutes  ces 
huiles  peuvent  être  remplacées  par  de  l’huile  d’olives  , 
en  ajoutant  sur  la  lui  de  la  cuite  de  cet  emplâtre  un  peu 
d’huile  essentielle  de  ces  mêmes  végétaux  ; au  lieu  de 
l'huile  d’énula  campana  on  peut  employer  sa  racine  eu 
o u dre. 

4°.  Nous  avons  fait  observer  précédemment  que  toutes 
les  matières  végétales  balsamiques  , telles  que  la  térében- 
thine , le  slorax  liquide  , etc.  n’étoient  ni  propres  à étein- 
dre le  mercure  ni  en  état  de  se  combiner  avec  lui  comme 
on  desire  qu’il  le  soit  dans  cet  emplâtre.  D’ailleurs  ia  mé- 
thode usitée  pour  introduire  le  mercure  dans  ce  mélange 

B b b 


y 54  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

n’est  point  commode  : il  est  difficile  de  remuer  le  pilon 
■dans  une  masse  aussi  tenace  et  d’y  distribuer  bien  uni- 
formément le  mercure  : si  l’on  inet  l’emplâtre  trop  chaud 
dans  le  mortier,  on  fait  dissiper  une  partie  de  l’huile  essen- 
tielle de  lavande;  le  mercure  se  sépare  en  gros  globules 
et  s’échappe  hors  de  l’emplâtre  lorsqu’on  le  malaxe  entre 
les  mains;  celui  qui  y reste  est  également  en  globules, 
qu’on  apperçoit  à la  vue  simple  , et  ne  doit  pas  produire 
beaucoup  d’effet.  J’ai  examiné  beaucoup  d’emplâtres  de 
Vigo  avec  le  mercure  ; j’y  ai  appercu  constamment  des 
globules  de  mercure  , que  j’en  ai  fait  sortir  en  ramollis- 
sant les  emplâtres  entre  les  mains  au-dessus  d’un  papier 
blanc.  Nous  croyons  qu’on  peut  remédier  à tous  ces  incon- 
vénients en  éteignant  le  mercure  dans  une  quantité  con- 
nue d’onguent  de  mercure  fait  à parties  égales  de  graisse 
'et  de  mercure.  Lorsque  le  mercure  est  bien  éteint  on  fait 
liquéfier  l’emplâtre  de  Vigo  simple  : on  le  mêle  au  mer- 
cure éteint , comme  nous  le  dirons  , et  l’on  ajoute  les 
huiles  essentielles  sur  la  fin  lorsque  l’emplâtre  est  pres- 
que refroidi.  Voici  donc  de  quelle  maniéré  on  peut  laire 
cet  emplâtre  , en  adoptant  toutes  les  réformes  que  nous 
proposons  , et  même  en  conservant  les  grenouilles,  puis 
que  ce  sont  elles  qui  lui  donnent  le  nom. 


Emplâtre  de  Vi  g o , 

^ GreiiOU'ill  ’s",  ... 

Racines  d’Yeble , 

Vin  blanc  , 

‘ Vinaigre  , 

Eau  , . 


simple , réformé . 

n° . vj. 

• ib  j. 

îbij. 

q.  s. 


On  fait  du  tout  une  décoction  et  on  la  dépure  comme 
nous  l’avons  dit  précédemment.  Alors  , 

2éLithar'ge  préparée  , ^ l.Y: 

Huile  d’olives  , ib  nj  f5- 

Graisse  de  porc  , \ 3 xv. 

de  veau  \ 

La  décoction  ci-dessus. 


O11  fait  cuire  toutes  ces  matières  en  consistance  d em- 
plâtre ; alors  on  ajoute  et  on  fait  liquéfier  les  matières 

suivantes  : 


ÉLÉMENTS  U E PHARMACIE.  7^D 

Huile  de  laurier  , 3>  1 )T; 

Cire  jaune , f ’ T 

Térébenthine  , 5 h- 

Lorsque  ces  matières  sont  liquéfiées  et  mêlées  on 
ajoute , 

Storax  liquide  5 1V* 

Lorsque  l’emplâtre  est  à demi  refroidi  on  y incorpore 

les  poudres  suivantes  : 

▲ 

Oliban , 

Euphorbe,  f _ 

Myrrhe  , (“a 3 h 

Safran , ^ 

Racines  d’aunée  ’ ^ ^j* 

Fleurs  de  camomille,  \ 

lavande,  ( __ 

. • • > au X vî 

matncaue,  ( o 'J* 

mélilot , j 

Lorsque  ces  poudres  sont  mêlées  exactement  et  que 
l’einplâtre  est  suffisamment  refroidi,  on  sépare  six  l vres 
quatre  ornes  qu’on  inet  à part  et  dans  la  masse  restante 
dans  la  bassine  on  ajoute  , 

Huile  essentielle  de  lavande,  . . . . 9 ij. 

d’aneth  , ) 

de  camomille,  ) au’  * ^ J* 

On  mêle  le  tout  exactement , et  l’on  forme  un  emplâtre 
qu’on  réduit  en  magduléons,  parcequ’on  l’emploie  assez 
souvent  sans  mercure.  On  forme  avec  la  portion  que 
nous  avons  dit  de  mettre  à part  l’emplâtre  de  Vigo  avec 
le  mercure  de  la  maniéré  suivante. 

I 

Emplâtre  de  Vî  g o,  avec  le  mercure  , réformé . 

^.'Onguent  de  mercure  fait  à parties  égales  , 5 v ij. 

Mercure  crud  , g xi:. 

Emplâtre  de  Vigo  , ci-dessus,.  . . . il  vj.  J iv* 

lluiie  essentielle  de  lavande  , . . 9 ij, 

d’aneth, 

de  camomille,  j aa%  ' ^ h 

On  met  dans  une  terrine  vernissée , bien  unie , l’onguent 

R b b ij 


j56  ÏLÉMÏKT3  DE  PHARMACIE. 

de  mercure  avec  le  mercure  cruel  : on  triture  ce  mélange 
avec  un  pilon  de  bois  pendant  dix  ou  douze  heures,  ou 
jusqu  a ce  que  le  mercure  soit  bien  éteint.  Alors  on  fait 
liquéfier  dans  une  bassine  l’emplâtre  de  Vigo  simple  et 
on  le  met  dans  la  terrine  avec  le  mercure  : on  pose  la 
terrine  sur  un  peu  de  cendres  chaudes  afin  que  l’emplâtre 
ne  se  fige  pas  promptement  : on  agite  ce  mélange  avec  un 
pilon  de  bois  jusqu’à  ce  que  le  mercure  soit  bien  mêlé; 
lorsque  l’emplâtre  est  suffisamment  refroidi  on  y mêle 
les  huiles  essentielles  : on  forme  des  magdaléons  avec  cet 
emplâtre. 

Remarques. 

Au  moyen  de  ce  que  l’on  partage  l'emplâtre  en  deux 
portions  égales  avant  d’ajouter  les  huiles  essentielles , la  par- 
tie à laquelle  on  ajoute  du  mercure  ne  se  trouve  pas  dé- 
pourvue de  ces  huiles  essentielles  lorsqu’on  vient  à la  faire 
fondre  pour,  y mêler  le  mercure  comme  cela  arrive  par 
la  manipulation  ordinaire. 

Les  huit  onces  d’onguent. de  mercure  contiennent  qua- 
tre onces  de  mercure  : elles  sont  suffisantes  pour  éteindre 
les  douze  onces  qu’on  ajoute,  et  infiniment  mieux  que 
la  térébenthine  et  le  storax  liquide , sur-tout  lorsque  cet 
onguent  est  un  peu  vieux  lait  , pour  les  raisons  que  nous 
avons  dites  précédemment  : au  moyen  de  cette  méthode 
nous  conservons  les  proportions  de  mercure  dans  les  doses 
prescrites.  Cette  substance  métallique  se  trouve  telle- 
ment combinée  avec  les  autres  substances  de  l’emplâtre 
qu’il  n’est  pas  possible  d’en  appercevoir  aucun  globule, 
même  à l’aide  d’une  bonne  loupe. 

Cet  emplâtre  est  d’une  couleur  grise  mercuriele  , ou 
4’ une  couleur  violette  tirant  sur  le  pourpre.  Ces  différences 
viennent  du  degré  de  chaleur  que  reçoit  l’emplâtre  lors- 
qu’on le  mêle  avec  le  mercure.  Dans  l’emplâtre  chauffé 
modérément,  la  couleurgrlse  du  mercure  divisé  ne  change 
point  ; mais  lorsqu’il  est  bien  chaud  le  mercure  prend 
en  un  instant  une  couleur  violette  tirant  sur  le  pourpre, 
et  se  rassemble  au  fond  de  la  terrine  sous  la  forme  d’un 
précipité  très  divisé  , sans  laisser  paroître  aucun  globule 
de  mercure,  même  à l’aide  d’une  bonne  loupe  : dans  cet 
état  il  se  mêle  facilement  à l’emplâtre  et  il  lui  commu- 
nique une  couleur  de  lie  de  vin;  ce  qui  lèroit  croire  que 


ÉLÉMENTS  T)  E P H A R M -V  C I E.  7^7 

l’emplâtre  ne  contient  point  de  mercure.  Ce  phénomène 
singulier  me  paroît  bien  difficile  à.  expliquer  ; cependant 
je  crois  qu’on  peut  présumer  qu'il  vient  d’une  combinai- 
son plus  intime  du  mercure  , i°.  avec  toutes  les  substan- 
ces de  l’emplâtre  , 2°.  avec  l’espece  de  sel  métallique  qui 
s’est  formé  pendant  la  cuite  de  l’emplâtre  par  1 union  du 
plomb  ou  de  la  litharge  avec  l’acide  de  l’huile.  Quoi  qu  h 
en  soit , il  est  difficile  de  rendre  raison  comment  ce  sel 
agit  sur  le  mercure  divisé,  et  pourquoi  , en  se  combi- 
nant ensemble  , le  mélange  devient  d une  couleur  pur- 
purine. 

Emplâtre  dicibotanum . 


^ Feuilles  et  racines  -réceptes  clebardane,  \ 

Herbes  aux  teigneux  , 

Souci  , 

Ciguë , 

Chamæpitys , 

Livêche , 

Valériane  major, 

Angélique, 

Enula  campana,  !aa-  £ v? 

Raifort  saavage, 

Concombre  sauvage, 

Scrophulaire  , 

Petite  joubarbe , 

Chélidoine  major  , • 
minor  y 

Gratiole  , 


On  lave  toutes  ces  plantes  et  on  les  nétoie  des  ma- 
tières étrangères  : on  les  coupe  menu  : on  les  fait  bouillir 
dans  une  suffisante  quantité  d’eau  : on  passe  la  décoction 
avec  expression  : on  refait  bouillir  le  marc  dans  de  nou- 
velle eau  : on  môle  les  liqueurs  et  on  leur  ajoute  , 

Suc  de  ciguë  , n 

chélidoine  major  r ^ ââ.  ..  . lt>  iv. 

d’orval , J 

de  petite  joubarbe  , ïb  j. 

On  fait  prendre  quelques  bouillons  à ces  liqueurs  : on 

B b b iij 


^58  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

les  passe  au  travers  d’un  blanchet  et  ou  les  fait  épaissir 
en  consistance  d’extrait.  Lors  pie  l’extrait  est  fait  on 
ajoute  sur  chaque  livre  les  gommes-résines  suivantes,  pu- 
rifiées par  le  vinaigre  scillilique  et  épaissies  en  consis- 
tance d’extrait  , 


Galba  nu  m , 

Gomme  ammoniac  , 
Opopanax , 
Sagapenum  , 


? 

5 


cia 


i 


On  fait  chauffer  ces  matières  et  on  les  agite  jusqu’à 
ce  que  le  mélange  soit  exact  : on  les  conserve  à part. 
Alors  , 


^'Litharge  préparée  fb  ij. 

Huile  d’olives ]î>  j. 

de  petits  chiens o --  w ... 

de  mucilage,  $ 3 ; 

Eau  q.  s. 


On  fait  cuire  la  litharge  avec  les  huiles  et  de  l’eau  qu’on 
ajoute  à mesure  qu’il  est  nécessaire  : on  agite  le  mélange 
avec  une  spatule  de  bois  jusqu’à  ce  que  ces  ma- 
tières aient  acquis  la  consistante  d’emplàlre  : alors  on 
ajoute , 

La  totalité  de  l’extrait  ci-dessus,  chargé  des  gommes- 
résines. 

Soufre  vif  en  poudre  , 3 xv. 

On  fait  liquéfier  ces  matières  et  l’on  ajoute, 

Cire  jaune  ft,  j 5 ix. 

Storax  liquide  purifié , --  „ . 

roix  de  nourgogne  , Ç ] 

Lorsque  ces  matières  sont  liquéfiées  et  mêlées  on  tire 
la  bassine  hors  du  feu' , et  l’emplatre  étant  à demi  refroidi , 
on  y incorpore  les  Substances  suivantes  réduites  en  pou- 
dre fine  : 


ELEMENTS  UE  PHARMACIE. 

Racines  d’iris  de  Florence  , 

Pain  de  pourceau , 

Renoncule , 

Couronne  impériale 
Serpentaire  , 

Hellébore  blanc , 

Sceau  de  Notre-Dame,')  -- 

y.  LIU.  • • * • 

Arum  , ) 

Racines  d’aristoloche  longue, 

ronde , fàâ. 
clématis  , 3 

d’asarum  , 

Feuilles  de  Pistachier, 

Baies  de  laurier, 

Fleurs  de  inélilot 

Semences  d’angélique,  > -- 

S.  tt  CL  » » t • 

cresson  , j 

Semences  de  cumin  , 

Fiente  de  pigeon , 

Bitume  de  Judée, q 

Oliban  , y ci  et»  • » • • • 

Mastic  en  larmes,  J 

Gomme  Tacamahaca  , 

Bdellium, 

, ’ >aa 

Myrrhe  , J 

Euphorbe  , 


o VJ. 


n 


6'ij- 


5 l,R 

5 ij. 

ô IV. 

5 ij- 

î VJ- 


5 uh 
5 J* 


5 '“F 


$ X1F 


SnF 

*■»'  • 

5 )• 


On  agite  l’emplâtre  jusqu’à  ce  que  le  mélange  soit  exact 
et  l’on  fait  dissoudre , 

. «,  . * • 

w • „ 

Camphre  , * 5 ) h- 

dans  Huile  essentielle  de  girofles  , . • • 5 j* 

Huile  des  philosophes,  . . . . . 5 ij  p. 

On  ajoute  ce  dernier  mélange  à la  masse  totale  lors- 
qu’elle est  presque  refroidie  : on  forme  du  tout  1111  em- 
plâtre qu’on  réduit  en  m a gd  aidons. 

Il  digéré  , ramollit  et  résout  : on  s’cn  sert  pour  les  Vert  u, 
loupes  , les  glandes  , les  tumeurs  et  les  squirrhes. 

R E M A R Q V ES. 


Cet  emplâtre  , quoique  composé  d’un  grand  nombre 

b b b iv 


7 6°  éléments  de  pharmacie. 

de  diogues  , ii  offre  rien  de  particulier  sinon  l’action  du 
soufie  vil  sur  la  litharge  dissoute  dans  l’huile,  qui  présente 
un  phénomène  chymique.  Aussitôt  que  le  soulre  estliqué- 
he  le  mélange  devient  sur-le-champ  d’une  couleur  très 
noire.  Comme  on  recherche  cette  couleur  dans  cet  em- 
plâtre , on  met  le  soulre  immédiatement  après  l’extrait 
gommeux  , ahn  qu  en  se  liquéfiant  et  se  combinant  avec 
l'huile  il  puisse  mieux  porter  son  action  sur  la  litharge  : 
si  on  le  mêloit  avec  les  poudres  , l’emplâtre  seroit  d’une 
couleur  grise  cendrée  , parcequ  alors  , le  mélange  étant 
moins  chaud  , le  soufre  ne  peut  se  liquéfier  et  se  combi- 
ner ni  avec  1«  plomb  ni  avec  l’huile  ; il  ne  se  trouve 
que  mêlé  dans  l’emplâtre  comme  une  autre  poudre.  Néan- 
moins , lorsqu  on  met  le  soufre  sur  la  fin  avec  les  pou- 
dres , 1 emplâtre  acquiert  la  couleur  noire  , mais  c’est 
dans  1 espace  d’une  année.  Le  soufre  agit  sur  le  plomb 
cl  une  maniéré  insensible  , et  produit,  dans  cet  espace  de 
temps  , le  meme  eifet  que  lorsqu’on  le  fait  liquéfier  au  com- 
mencement de  la  cuite  de  l’emplâtre , mais  toujours  avec 
moins  de  succès. 

L effet  du  soufre  dans  ce  mélange  est  de  dissoudre  dans 
l’huile  et  de  former  une  combinaison  que  l’on  nomme 
baume  de  soufre  : il  porte  en  même  temps  son  action  sur 
le  plomb  dissous  dans  l’huile,  le  laisse  dans  l’état  de  di- 
vision ou  il  se  trouve  , le  ressuscite  et  le  minéralisé sur-ïe* 
charnp  ; alors  il  paroit  sous  une  couleur  noire , qui  est  celle 
qui  lui  est  naturelle  lorsqu’il  est  ainsi  minéraliséet  divisé.  On 
peut  comparer  cet  effet  à celui  qui  arrive  au  plomb  fondu 
qu  on  me  le  avec  d u soufre , qui  se  réduit  sur-le-champ  en  une 
poudre  très  noire.  Le  plomb , en.  se  réduisant  ainsi  en  pou- 
dre noire  par  l’intermede  du  soufre  n’est  ni  calciné  ni 
privé  de  son  pli  logistique  comme  on  l’avoit  prétendu.  Le 
plomb  s’unit  au  soufre  : ce  dernier  lui  ôte  une  partie  de 
sa  fusibilité  : et  lorsqu’on  pousse  ce  mélange  à l’action 
du  feu  , il  entre  en  fusion  et  produit  une  mine  de  plomb 
artificielle  , c’est-à-dire  du  plomb  minéralisé  par  le  sou- 
fre; ce  qui  n’arriveroit  point  s’il  étoit  privé  de  son  phlo- 
gistique. 

Il  est  avantageux  pour  un  pharmacope  d’avoir  tou- 
jours chez  lui  une  certaine  quantité  d’extraits  des  plantes 
qui  entrent  dans  la  composition  de  l’emplâtre  diabotanum 
pour  pouvoir  préparer  cet  emplâtre  dans  toutes  les  sai- 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE,  7^* 

sons.  Mille  livres  de  plantes , prises  dans  les  proportions 
décrites  ci-dessus,  m’ont  rendu  quarante  et  une  livres 
d’extraits  d’une  bonne  consistance. 

Emplâtre  de  blanc  de  céruse. 


'Zé  Blanc  de  céruse  pulvérisé  , ît>  j- 

Huile  d’olives  , it>  ij  - 

Eau  , q-  s* 


On  fait  cuire  ce  mélange  jusqu’à  consistance  d’emplâ- 
tre  , ayant  soin  de  l’agiter  sans  discontinuer  avec  une 
spatule  de  bois  : lorsqu’il  est  suffisamment  cuit  on  y fait 
liquéfier, 

Cire  blanche  , 5 iij. 

On  fait  du  tout  un  emplâtre  qu’on  réduit  en  magda- 
léons. 

Il  est  siccatif  : il  diminue  l’inflammation  des  plaies  : il  Vertu», 
cicatrise. 

Emplâtre  noir  ou  emplâtre  de  céruse  brûlée. 


*%£  Blanc  de  séruse, J h j. 

Huile  d’olives , ft>  ij. 


On  met  ces  deux  substances  dans  une  bassine  et  on 
les  fait  cuire  sans  eau  jusqu’à  ce  que  la  céruse  soit  par- 
faitement dissoute  : on  ajoute, 

Cire  jaune, ~ iv. 

On  forme  du  tout  un  emplâtre  avec  lequel  on  fait  des 
magdalcons. 

11  est  détersif,  dessiccatif,  propre  pourles  vieux  ulcérés.  Vertu». 

/ 

R E M A R Q U E S. 

Comme  on  ne  met  point  d’eau  pendant  la  cuite  de  cet 
emplâtre,  l’huile  se  brûle  un  peu  et  le  mélange  acquiert 
unç  couleur  brune  comme  l’onguent  de  IaViere  dont 
nous  avons  parlé.  On  peut , de  cette  maniéré,  faire  autant 
d’emplâtres  brûlés  qu’011  le  juge  à propos.  Mais  il  n’airive 


Vertus. 


762  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 

que  trop  souvent  d’en  briller  plus  qu’on  ne  veut. 

I 

Sparadrap  ou  toile  Gautier. 


On  entend  , par  ces  dénominations  , de  la  toile  légère- 
ment enduite  d’emplâtre  d'un  ou  des  deux  côtés  et  lis- 
sée à-peu-près  comme  de  la  toile  cirée. 

Ces  médicaments  sont  plus  magistraux  qu’officinaux. 
On  les  fait  avec  un  ou  avec  plusieurs  emplâtres;  cbla  dé- 
pend des  indications  que  l’on  a à remplir.  Le  sparadrap 
ou  toile  Gautier  , qu’on  fait  ordinairement  pour  appliquer 
sur  les  cautères  , se  prépare  de  la  maniéré  suivante  et 
servira  de  modèle  pour  tous  ceux  qu’on  voudroit  pré- 
parer. 


} 


^ Emplâtre  diàpalme  , ' 

diachylon  simple 
céruse  brûlée  , ... 

Iris  de  Florence  en  poudre  fine  , 


aa. 


ft>  J. 

w • • • 

s yui* 

5 j*  E- 


On  fait  liquéfier  ensemble  les  trois  emplâtres  et  l’on 
y incorpore  l’iris  de  Florence  en  poudre  fine.  On  plonge 
dans  cet  emplâtre  , tandis  qu’il  est  liquide  , un  moiceau 
de  toile  : on  l’agite  légèrement  avec  une  spatule,  afin  de 
le  bien  imprégner  : alors  011  l’enleve  par  deux  coins  en  1 c- 
tendant  perpendiculairement  au-dessus  du  vaisseau  : une 
autre  personne  tient  deux  réglés  de  bois  par  les.  deux 
bouts,  pour  former  un  entre-deux  par  lequel  on  faiL  pas- 
ser la  toile  imprégnée  d’emplâtre  , afin  de  faire  ecouler  le 
superflu  , et  que  i’einplatre  qui  y reste  se  trouve  étendu 
uniformément.  O11  tient  cette  toile  a 1 air  un  instant  pour 
qu’elle  s’y  raffermisse  et  que  l’emplatre  se  lige  : ensuite 
on  pose  cette  toile  sur  une  pierre  bien  unie  et  on  la  frotte 
avec  un  rouleau  de  bois  jusqu’à  ce  qu’elle  devienne  bien 
lisse  : on  la  retourne  et  on  lisse  l’autre  cote  de  la  meme 
maniéré. 

On  emploie  le  sparadrap  pour  les  cautères  : on  le  coupe 
par  petits  morceaux  quarrés  qu’on  applique  sur  les  cau- 
tères pour  entretenir  la  suppuration. 


Remarques. 

Ceux  qui  ont  parlé  de  la  manipulation  des  toiles  Gau^ 


i L à M E H T 5 DE  fHARMACIE. 

tïer  recoin  ma  rident  de  plonger  dans  l’eau  la  toile  au  sortir 
de  l’emplâtre  fondu  : mais  j’ai  remarqué  que  l’eau  hu- 
mecte la  toile  malgré  qu’elle  soit  imprégnée  d’ernplàtre, 
qu’elle  devient  difficile  à manier  ensuite  , et  qu’elle  n’ac- 
quieit  jamais  la  fermeté  qu’on  cherche.  D’ailleurs  1’.  mpiâ- 
tre  ne  se  trouve  jamais  étendu  uniformément  sur  la  toile  : 
et  comme  il  faut  qu’il  n’en  reste  qu’une  com  he  légère,  il 
est  dilhcile  de  l’étendre  dans  les  endroits  qui  se  trouvent 
un  peu  plus  épais  : mais  on  remédie  à ces  inconvénients 
en  faisant  passer  la  toile  entre  deux  petites  réglés  d<  bois, 
que  l’on  tient  serrées  l’une  près  de  l’autre,  pour  ne  laisser 
passer  que  la  toile  el  la  couche  d’emplâtre  nécessaires.  Au 
moyen  de  cette  manipulation  la  toile  s’en  trouve  unifor- 
mément enduite  ; on  n’a  plus  qu’à  la  polir  , ce  qui  devient 
facile. 

Lorsqu’on  neveutgarnird’emplâtrc  qu’un  côtédela  toile, 
on  fait  liquéfier  les  emplâtres  dans  un  vaisseau  convenable: 
on  attache  une  bande  de  toile  sur  les  bords  d’une  table 
avec  deux  clous  d’épingle  : on  prend  de  l’emplâtre  avec  un 
de  ces  couteaux  pliants  dont  se  servent  les  peintres  pour 
étendre  les  couleurs  : on  étend  cet  emplâtre  sur  la  toile 
de  place  en  place  jusqu’à  ce  qu’elle  en  soit  garnie  : on  lisse 
celte  toile  comme  la  précédente  : on  parvient  par  ce  moyen 
à garnir  la  toile  uniformément.  Mais  il  est  plus  difficile  de 
couvrir  proprement  un  seul  coté  de  la  toile  que  tous  les 
deux. 

! Taffetas  d’ Angleterre. 


^ Colle  de  poisson, 
Eau  , 


5 vr 
îb  ij. 


On  coupe  menu  la  colle  de  poisson  : on  la  met  dans 
un  poêlon  d’argent  avec  deux  livres  d’eau  bouillante  : en 
laisse  ce  mélange  en  digestion  pendant  dix  ou  douze  heu- 
, pour  donner  à la  colle  Je  temps  de  se  bien  ramollir  : 
on  fait  chauffer  le  mélange  jusqu’à  ce  que  la  colle 
i fadement  dissoute  : on  la  passe  au  travers  d’un 
erm-ssion. 

irr  r-u  '-^ndre  un  ruban  de  fil  autour 


i.  , j . p ■ 

< i : non 

d. -.5 Ss:. S l'tî  , et  OU  j U.ïSUk.iu  «■  'tv 


on  l’étend  <= 

^ .7 

l . 


Vertus. 


/ 


764  ÉLÉMENTS  C E PHARMACIE; 

qu  on  attache  sur  le  ruban  de  fil  cousu  autour,  en  ayant 
SOm/e,  ien.  tendie  ce  taffetas.  Alors,  avec  un  pinceau 
ou  plutôt  avec  une  grosse  brosse  de  poil  de  blaireau,  011 
applique  une  couche  de  colle  de  poisson  , qu’on  a bien  fait 
chauffer  auparavant,  et  011  la  fait  sécher  devant  un  feu 
clair.  Lorsqu’elle  l’est  suffisamment  on  applique  une  nou- 
velle couche  de  colle  pareillement  chauffée  et  on  la  fait 
sécher  de  même  : on  continue  ainsi  de  suite  jusqu’à  ce  que 
la  totalité  de  la  colle  soit  appliquée  sur  le  taffetas.  Ensuite 
on  étend  deux  couches  de  teinture  de  baume  du  Pérou  eu 
coques,  faite  par  de  l’esprit  de  vin  : lorsque  le  taffetas  est  sec 
on  le  coupe  par  petits  morceaux  de  trois  pouces  et  demi 
de  large  et  de  cinq  pouces  et  demi  de  long  et  on  le  réduit 
en  rouleaux. 

On  applique  ce  taffetas  sur  les  petites  plaies  , pour  rap- 
procher les  levres  et  pour  faciliter  leur  réunion  : il  pro- 
duit très  bien  ces  effets.  Il  est  vulnéraire,  balsamique  : il 
a la  propriété  de  s’appliquer  très  exactement  sur  la  peau 
et  d y tenir  d une  maniéré  ferme  et  solide.  On  mouille  lé- 
gèrement ce  taffetas  avant  de  l’appliquer. 

Remarques. 

Cette  préparation  est  une  sorte  de  sparadrap , mais  fait 
sans  emplâtre  ; c’est  un  taffetas  gommé  qui  est  de  même 
espece  que  celui  avec  lequel  on  fait  les  mouches  que  les 
femmes  s’appliquent  sur  le  visage  : celui-ci  a l’avantage  de 
tenir  mieux  et  de  se  mieux  appliquer. 

On  doit  faire  choix  d’un  taffetas  mince  et  qui  ne  soit 
pas  trop  clair.  La  quantité  de  colle  de  poisson  que  nous 
prescrivons  suffit  pour  un  morceau  de  taffetas  de  deux 
pieds  trois  pouces  de  large  et  de^quarante- quatre  pouces 
de  long  , ce  qui  produit  soixante-seize  petits  morceaux. 

On  pourroit  mettre  un  plus  grand  nombre  de  couches 
de  dissolution  du  baume  du  Pérou,  mais  cette  substance 
résineuse  recouvre  trop  la  colle,  empêche  que  l’humidité 
11e  pénétré  le  taffetas , et  il  11e  se  colle  pas  si  bien  sur  la 
peau. 

Des  bougies. 

Les  bougies  sont  de  petites  bandes  de  toile  , ou  bien 
des  brins  de  coton  ou  de  fil,  enduits  et  parfaitement  re- 
couverts d’emplâtre  : elles  sont  un  peu  plus  grosses  par  un 


1)0 u t que  par  l’autre,  et  roulées  en  forme  de  petits  cylin- 
dres un  peu  coniques  , de  huit  à dix  pouces  de  long  et 
à-peu-près  grosses  comme  des  tubes  de  pipes  , quelquefois 
plus  grosses  et  plus  petites.  On  les  introduit  dans  le  canal 
de  l’uretre,  pour  guérir  les  ulcérés  et  les  carnosités. 

On  entend  assez  ordinairement  par  bougies  un  remede 
particulier  , comme  si  cette  espece  de  médicament  devoit 
être  composée  toujours  avec  les  mêmes  matières;  maison 
peut  comparer  les  plaies  de  l’ijretre  à celles  qui  sont  à 
l’extérieur  et  sur  lesquelles  il  convient  d’appliquer  des 
médicaments  relatifs  à l’état  actuel  de  ces  mêmes  plaies  ; 
et  l’on  peut  composer  des  bougies  avec  autant  d’especes 
d emplâtres  et  d’ingrédients  qu’on  juge  à propos.  Celui 
qui  les  emploie  doit  assortir  leur  composition  aux  indica- 
tions qu’il  se  propose  de  remplir;  et  l’Apothicaire  qui 
les  préparé  doit  leur  donner  la  forme  et  la  consistance 
convenables.  Les  bougies  doivent  être  très  flexibles  sans 
etre  molles,  point  cassantes  , et  formées  de  manière  que 
la  matière  emplastique  ne  puisse  ni  se  fondre  ni  se  déta- 
cher du  linge  qui  se  trouve  dans  l’intérieur;  la  bougie  ne 
doit  point  se  déformer  pendant  le  temps  qu’elle  reste  dans 
1 intérieur  de  1 uretre.  Nous  prendrons  pour  exemple  de 
la  préparation  des  bougies  celles  qu’on  prépare  avec  l’em- 
plâtre de  Vigo  avec  le  mercure. 

On  prend  un  petit  faisceau  de  fils  de  coton  de  huit 
pouces  de  long  : on  en  coupe  quelques  brins  de  différen- 
tes longueurs  , afin  de  les  étager  : on  attache  le  gros  bout 
avec  du  hl  : on  plonge  cette  meche  dans  l’emplâtre  de 
Vigo  avec  le  mercure  qu’on  a fait  liquéfier;  et  lorsqu’elle 
en  est  bien  imbibée  on  la  retire,  de  l’emplâtre  : on  la  sus- 
pend en  l’air  ahn  qu’elle  sê  refroidisse  : on  en  prépare  de 
cette  maniéré  une  aussi  grande  quantité  que  l’on  veut 
Ensuite  on  prend  ces  rneches  refroidies , on  les  pose  sur 
une  table  de  marbre  bien  unie  et  imprégnée  d’une  très 
petite  quantité  d huile  : on  les  roule  avec  la  paume  de  la 
main,  ou  encore  mieux  avec  une  planche  bien  unie 
semblable  à celles  dont  se  servent  les  Ciriers  pour  rouler 
leurs  cierges  On  roule  ces  rneches  jusqu’à  ce  qu’elles 
soient  bien  unies  et  qu’elles  prennent  l’apparence  d’un 
petit  cierge  , mais  qui  ne  soit  point  creux  par  un  bout 
comme  les  cierges  : on  coupe  les  deux  extrémités  qui  r » 
se  trouvent  point  garnies  de  coton,  pareeque  l’emplâtre 


766  ÉLÉMENTS  DE  Pïl  ARM  A C I K. 

fesl  étendu  : on  serre  ces  bougies  dans  des  boites  afin  de 
les  garantir  de  la  poussière. 

Remarques. 

Les  matières  qu’on  emploie  pour  soutenir  l’emplâtre 
lie  contribuent  point  a I’eftn  a ité  des  bougies  : il  est  assez 
indiiférent  d’employer  du  coton  , du  fil  ou  des  bandes 
de  toile;  mais  j ai  remarqué  qu’elles  se  préparent  mieux 
et  plus  facilement  avec  le  coton  qu’avec;  toute  autre  ma- 
tière. Lorsqu’on  se  sert  de  bandes  de  toile,  il  faut  les 
couper  en  languettes  de  la  meme  longueur  que  les  meches 
précédentes  et  les  tenir  un  peu  plus  i troites  par  un  bout 
que  pari  autre  : on  les  plonge  également  dans  l’emplâtre 
liquéfie  , et  on  ploie  ces  bandes  sur  elles-mêmes  sans 
les  rouler  en  cornets:  les  bougies  se  forment  très  bien; 
les  bougies  forme  es  avec  de  la  toile  et  roulées  en  cornets, 
ont  1 inconvénient  de  se  dérouler  en  les  retirant  du  canal  de 
1 uretre  etd  occasionner  beaucoup  de  douleur.  Ainsi  il  vaut 

mieux  plier  les  bandes  de  toile  comme  nous  l’avons  dit. 

\ 

Pierre  médicamenteuse. 

^'Coîcothar  , ^ ij, 

Litharge  préparée  , *1 

Bol  d’Arménie  préparé,  , ââ.  . . . £ iy. 

Alun  de  roche,  J 

On  met  toutes  ces  matières  réduites  en  poudre  dans 
une  terrine  vernissée  : on  verse  par-dessus  du  vinaigre 
jusqu’à  ce  qu’elles  en  soient  sgruagées  dé  deux  travers  de 
doigt  : on  couvre  le  vaisseau  : on  laisse  macérer  ce  mé- 
lange pendant  deux  ou  trois  jours,  ayant  soin  de  l’agiter 
de  temps  en  temps  : alors  on  ajoute, 

Nitre  purifié  , . 

Sel  ammoniac  , 

Ensuite  on  fait  dessécher  ce  mélange  : on  pulvérise 
grossièrement  la  niasse  et  on  la  fait  calciner  dans  un 
creuset  pendant  environ  une  heure  : on  la  pulvérise  lors- 
qu’elle est  suffisamment  refroidie  et  on  la  conserve  dans 
une  bouteille:  on  en  aura  une  livre  une  once  cinq  gros. 


Eléments  de  pharmacie.  767 

Cette  pierre  est  recommandée  dans  tous  les  ulcérés  in-  Vertus, 
vétérés  , pour  la  galle  , dans  les  fistules  g^ngieneuses. 

Elle  desseche  , elle  mondihe  les  vieux  ulcérés. 

On  en  fait  dissoudre  une  once  dans  une  livre  d eau  : 
on  filtre  la  liqueur  et  on  s’en  sert  pour  laver  Ci  pour  in- 
jecter dans  les  plaies. 

Pierre  divine  pour  les  ) eux. 

. ^ Vitriol  bleu , d ^ 

Nitre , ^ àû 3 VJ* 

Alun  de  roche  J 

On  fait  liquéfier  ces  matières  ensemble  dans  une  ter- 
rine vernissée  et  on  y ajoute  , 

Camphre  pulvérisé  , o ij. 

Aussitôt  que  le  camphre  est  fondu  on  coule  la  masse 
sur  un  porphyre  légèrement  huilé  : orr  la  coupe  , taudis 
qu’elle  est  encore  molle  , par  petits  q narrés  et  011  la  con- 
serve dans  une  bouteille  bien  bouchée. 

Cette  pierre  convient  dans  les  maladies  des  yeux,  ycrtus^ 
comme  inflammation,  rougeurs  de  paupières  , taies,  dra- 
gon : elle  est  encore  fort  bonne  dans  les  engorgements  et 
épaississements  occasionnés  par  les  inflammations.  On  en 
fait  usage  de  la  maniéré  suivante. 

Collyre  d’ Helvéti  us. 

On  fait  dissoudre  un  gros  de  la  pierre  ci  dessus  dans  un 
demi-setier  d’eau  et  011  se  sert  de  cette  eau  dans  les 
cas  dont  nous  venons  de  parler.  C’est  le  collyre  d' Hel- 
vétius . 

Cette  même  eau  est  encore  fort  bonne  pour  moiidifier  V°rlus» 
et  cicatriser  les  vieux  ulcérés. 

Pierre  admirable. 


Vitriol  blanc  , 
Sucre  , 7 __ 

Salpêtre , * aa’ 
Alun  de  roche  , 
Sel  ammoniac  , 
Camphre  , . . 
Sel  marin,  . . 


v 

5 UJ* 

o ij  S • 
5 j. 

9 ‘i- 

9 iv. 


Vertus. 

Duse. 


76S  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  pulvérise  toutes  ces  substances  et  on  les  passe  au 
travers  d’un  tamis  de  crin  ; alors  on  les  humecte  avec  une 
petite  quantité  d’eau  pour  former  une  pâte  fort  épaisse: 
011  lait  ensuite  sécher  le  mélange  à une  douce  chaleur , 
comme  au  soleil  ou  dans  une  étuve  , et  on  le  réduit  en 
poudre  qu’on  passe  au  travers  d’un  tamis  de  Soie. 

Cette  poudre  est  astringente , résolutive  , vulnéraire.  Ou 
la  fait  entrer  depuis  douze  grains  jusqu’à  un  demi-gros 
sur  quatre  onces  d’injection  , pour  arrêter  les  gonorrhées. 

Des  dentifrices . 

On  nomme  dentifrices  les  médicarrlents  qui  ont  la  pro- 
priété de  nétoyer  , de  blanchir  , de  conserver  les  dents  et 
de  fortifier  les  gencives.  Les  préparations,  de  Pharmacie 
qui  servent  à cet  usage  ont  différentes  formes  , portent 
différents  noms  et  s’emploient  de  différentes  maniérés. 
Les  dentifrices  les  plus  usités  sont  les  poudres,  les  opiats, 
les  bâtons  de  corail  , les  eaux  vulnéraires.  Les  especes 
d’instruments  employés  pour  faire  usage  des  dentifri- 
ces sont  les  petites  brosses  , les  racines  préparées  en  forme 
de  petites  brosses  et  les  éponges. 

Des  poudres  dentifrices. 

Les  matières  qui  composent  ces  poudres  sont  des  ab- 
sorbants terreux , quelquefois  des  matières  salines  , acides , 
mais  foibles  et  incapables  d’attaquer  l’émail  des  dents, 
comme  l’alun  de  roche  et  la  crème  de  tartre  , et  jamais 
les  acides  plus  forts.  On  ajoute  des  aromates  pour  rendre 
ces  poudres  plus  agréables  : voici  un  exemple  de  ces 
poudres. 

Poudre  pour  les  dents. 


^Pierre  ponce  préparée  , ^ 

Terre  sigillée  préparée,  \ àâ.  .....  ^ j. 

Corail  rouge  préparé  , J 

Sang-dragon, 5 f- 

Crème  de  tartre  , 5 j IL 

Canelle  , 5 ij-  , 

Girofles  , 9 j» 


On  forme  du  tout  une  poudre  qu’on  mêle  exactement. 

Cette 


TÊLÉMENTS  B ® IIIARMACIÙ,  769 

Cette  poudre  sert  à nétoyer  , à blanchit  les  dents  , à Verhn 
les  tenir  propres  , à prévenir  les  inconvénients  qui  peu- 
vent arriver  par  l’amas  du  tartre  ou  de  tout  autre  dépôt» 

On  s'en  sert  avec  une  petite  brosse  ou  au  boitt  d’une  ra- 
cine : on  mouille  l’une  et  l’autre  afin  que  la  poudre  s’y 
attache  et  on  s’eri  irotle  les  dents  : erHtiitc  on  se  lave  la 
bouche  avec  un  peu  d’eau  vulnéraire  rouge  étendue  dans 
<le  l’eau  : au  moyen  de  cés  attentions  et  de  cette  pro- 
preté ionise  garantit  des  fluxions  et  de  plusieurs  acci- 
dents qui  viennent  aux  dents  et  à la  bouche  par  défaut 
de  propreté. 

Oj.iat  polir  les  clents , 

' r . 1 , . • 1 ..... 

2£ Poudre  ci-dessus , ...  ; ♦ • % .* 

* t t ’ 5 h t 

L,aque  rouge  des  peintres  g jrp 

Miel  de  Narbonne  écume  , ? iv. 

Syrôp  de  mures  -,  . „ , . , iz  •• 

Huile  essentielle  de  girofles, gutt.  ij.- 

On  forme  du  tout  uii  opiat. 

On  use  de  l’opiat  comme  de  la  poudre;  au  bout  d’tfne 
petite  brosse  ou  d’une  racine  préparée  , comme  nous  lé 

H poudre05  UU  1I1Slant'  L,°Piat  a les  mêmes  vertus  qu© 

Butons  de  corail . 

On  forme  une  pute  un  peu  ferme  avec  de  la  poudra 
jiour  les  dents  et  une  suffisante  quantité  dé  mucilage  de 
^om.ne  auraganth  : on  fai.tavec  cette  pâte  de  petits  cylin- 
nres  gros  comme  des  tuyauxde,  plumés  et  de  trois  pouces 
delong  c!  on  les  fait  sécher.  Lorsqu’on,  veut  s’enhervir 
On  selrotte  les  dents  avec  ces  petits  cylindres  : ils  s’usent  à 
Htcsure  e netoient  les  dents  : ils  tiennent  lieu'  de  poudre 
d opntt  et  de  Mânes  ; mais  ils  sont  fragiles  et  cassants  l 
C CS  po.uquoi  ils  sont  moins  commodes  cuie  la  poudré 
tpi  on  emploie  avec  lés  racines.  * ^ ® 

fies  càux  pour  les  dents: 

On  emploie  pour  l’ordinaire  à cet  usa*  des  cuit 
ttieuses  , agréables  et  propres  à affermir  et  à for.ifief f ' 
rnen-es  , comme  l’eau,  vulnéraire  spU^use  celte 

Ç ç c * . 


*77  0 i L i M K N T S DE  PHARMACIE. 

même  eau  vulnéraire  colorée  par  de  la  cochenille  on. 
par  de  la  gomme  laque  en  grains  , l’eau-de-vie  de  gayac  , 
l’eau  de  madame  la  \ rilliere  , etc. 

Pour  colorer  l’eau  vulnéraire  on  en  met  la  quantité  que 
l’on  veut  dans  un  rnatras  , on  y fait  infuser  de  la  cochenille 
concassée  et  un  peu  d’alun  en  poudre.  Quelques  per- 
sonnes donnent  la  couleur  rouge  à l’eau  vulnéraire  par 
le  moyen  de  l’écorce  de  la  racine  d’orcanette.  D’autres 
se  servent  de  la  gomme  laque  en  grains  ; alors  il  convient 
de  faire  bouillir  dans  de  l’eau  la  gomme  laque  en  grains 
avec  un  peu  d’alun  de  roche  , pour  former  une  forte  tein- 
ture : on  la  mêle  ensuite  à de  l’eau  vulnéraire  spiritueuse , 
et  on  la  filtre  quelque  temps  après  qu’elle  est  faite.  On  se 
sert  de  ces  eaux  vulnéraires  colorées  ou  non  colorées, 
qu’on  affoiblit  avec  un  peu  d’eau,  pour  se  gargariser  la 
bouche  après  qu’on  s’est  frotté  les  dents  avec  de  la  pou- 
dre ou  de  l’opiat. 

Eau-de-vie  de  gayac. 

On  prépare  l’eau-de-vie  de  gayac  en  faisant  infuser 
deux  onces  de  sciure  de  ce  bois  dans  deux  livres  d eau- 
de-vie  , pendant  dix  ou  douze  jours  , ayant  soin  d’agiter 
le  vaisseau  de  temps  en  temps  : on  filtie  ensuite  la  li- 
queur. On  s’en  gargarise  la  bouche  comme  avec  Peau 

vulnéraire* 

JJ  es  racines  pour  les  dents* 

Les  racines  dont  on  se  sert  pour  nétoyer  les  dents  sont 
arrangées  en  forme  de  petites  brosses  par  les  deux  bouts  : 
elles  ont  été  vraisemblablement  substituées  aux  brosses 
parcequ’elles  sont  plus  douces  sur  les  gencives  et  plus 
commodes.  Lorsqu’on  veut  s’en  servir  on  humecte  un 
des  bouts  avec  un  peu  d’eau  , on  trempe  la  racine  dans  de 
la  poudre  ou  dans  de  l’opiat  et  on  s’en  frotte  les  dents. 

Les  racines  fibreuses  et  ligueuses  sont  celles  qui  s ar- 
rangent le  mieux  en  forme  de  petits  pinceaux  et  qui 
méritent  la  préférence  pour  cette  raison  , comme  sont 
celles  de  luzerne , de  guimauve  , de  réglisse  , etc. 

Les  racines  de  luzerne  et  de  réglisse  contiennent  beau- 
coup de  matière  extractive  , qui  empêche  qu’on  ne  puisse 
s’en  servir  sans  préparation , sur-tout  cédés  de  luzerne, 


Eléments  d é pharmacie.  jji' 

«qui  ont  nue  odeur  forte  et  une  saveur  désagréable  ; oit 
est  obligé  de  les  dépouiller  entièrement  de  leurs  parties 
extractives  , eii  les  faisant  bouillir  à plusieurs  reprises 
dans  une  grande  quantité  d’eau  qu’on  change  cha- 
que fois. 

On  choisit  des  racines  de  luzerne  de  deux  années , 
grosses  à-peu-près  comme  le  doigt  : oïl  rejette  celles  qui 
sont  trop  grosses  ainsi  que  celles  qui  sont  cariées  oli 
piquéeâ  par  les  insectes  : on  les  coupe  de  la  longueur 
d environ  six  pouces  , et  oii  les  épuise  de  leur  matière 
ëxtractive  en  les  faisant  bouillir  dans  l’eau  , cçmmd 
nous  venohë  de  le  dire;  ce  qui  petit  aller  environ  à quinze 
ébullitions.  Alors  on  les  tire  de  l’eau  et  on  les  laisse  égout- 
ter ; et  avant  qu’elles  soient  seches , tm  passe  et  repasse 
Vn  grand  nombre  de  fois  la  pointé  d’un  canif  entre  les 
libres  pour  les  diviser  et  leur  faire  prendre  la  forme  dhitl 
pinceau  ou  d’une  brosse.  On  donne  encore  à ces  racines 
la  forme  d’iin  pinceau  par  une  méthode  plus  expéditive; 
on  frappe  avec  un  petit  marteau  sur  l’extrémité  de  la 
racine  que  l’on  retourne  souvent.  Ce  choc  réitéré  détache 
les  fibres  les  unes  dés  autres  et  leur  fait  prendre  ïa  forme 
d’une  brossé  ou  d’un  pinceau.  On  est  dans  l’ifsà^e  dd 
transformer  ainsi  en  pinceaux  les  deux  bouts  de  la  racine  ; 
ensuite  on  les  fait  sécher  lentement  afin  qu’elles  me  se 
fendent  point  : quelques  personnes  les  font  tremper 
dans  une  infusion  de  réglisse  afin  de  déguiser  l’espece  de 
racine  qui  a été  employée.  On  les  fait  sécher  de  nouveau.' 

La  racine  de  réglisse  se  prépare  de  la  même  manière  î 
elle  lï’est  pas  moins  difficile  à épuiser  que  les  précéden- 
tes ; Finie  et  l’autre  font  très  bien  le  pinceau  et  rie  mé- 
ritent aucune  préférence.  On  teint  , si  Fou  veut.  Funri 
èt  l’autre  de  la  maniéré  que  nous  le  dirons  dans  im  in- 
stant. 

Les  racines  de  guimauve  sont  plus  faciles  à prépàter; 
mais  elles  sont  très  cassantes  lorsqu’elles  sont  seches  , à 
cause  du  mucilage  qn  elles  contiennent  , qui  devient  lui~ 
même  très  cassant  en  se  desséchant.  On  choisit  celles  qui 
sont  grosses  et  bien  unies  ; on  les  fait  sécher  et  Fou  a, 
soin  de  les  dtesser  à mesure  ; ensuite  on  les  ratisse  avec  urt 
tou  team  pour  emporter  lecorce  extérieure  , et  on  les  teint 
en  rouge  , en  les  faisant  infuser  dans  ilne  teinture  sem- 
blable à celle  qui  sert  à teindre  les  éponges  dont  nou-f 

Ô c c ij 


ELEMENTS  l5  * PHARMACIEN 

allons  parler.  Lorsque  ces  racines  sont  restées  vingt-quatre 
heures  clans  la  teinture  on  les  erileve  et  on  les  fait  sé- 
cher lentement  : on  les  enduit  de  deux  ou  trois  couches 
de  mucilage  de  gomme  adraganth  qu’on  laisse  sécher  cha- 
que fois  ; ensuite  on  met  par-dessus  plusieurs  couches  de 
baume  du  commandeur  , afin  de  former  un  enduit  de 
vernis  plus  solide  que  celui  du  mucilage  et  qui  ne  soit 
pas  susceptible  de  se  délayer  dans  l’eau. 

On  teint  et  on  vernit  de  la  même  maniéré  les  racines 
de  luzerne  et  de  réglisse  : celles  de  guimauve  diminuent 
considérablement  de  grosseur  pendant  qu’elles  sont  dans 
la  teinture  , à cause  de  leur  mucilage  qui  se  dissout. 

Des  éponges  pour  les  dents . 

On  choisit  les  éponges  très  fines  : on  les  lave  dans  plu- 
sieurs eaux  en  les  maniant  entre  les  mains , afin  de  déta- 
cher et  de  faire  sortir  de  petits  coquillages  qui  se  trouvent 
dans  l’intérieur  : on  les  fait  sécher  ; ensuite  on  les  coupe 
proprement  pour  leur  donner  la  forme  d’une  boule  grosse 
comme  un  petit  œuf  de  poule.  Lorsqu’elles  sont  ainsi  pré- 
parées on  les  passe  dans  la  teinture  suivante  , qui  sert 
également  à teindre  les  racines  dont  nous  venons  de 
parler. 

Teinture  pour  les  éponges  et.  pour  les  racines  pour  les 

dents , 


2^ Bois  de  Brésil,  ......  ï . T ..  . ^ iv. 

^ # w • • • 

Cochenille  concassée, 3 pj* 

Alun  de  roche  ,....«•••*•*•  3 iv. 

Eau , . « • * !b  iv. 


On  met  toutes  ces  substances  ensemble  dans  un  vaisseau 
convenable  : on  fait  bouillir  le  mélange  jusqu’à  réduction 
de  la  moitié  de  la  liqueur  i on  passe  la  décoction,  au  ti  avers 
d’un  linge  et  on  la  verse  toute  chaude  sur  les  éponges  ou 
sur  les  racines  : on  les  laisse  infuser  pendant  douze  hcuies . 
on  sépare  les  substances  teintes  : on  achevé  les  racines 
comme  nous  l’avons  dit , et  on  lave  les  éponges  dans  plu- 
sieurs eaux  pour  les  dégorger  de  la  teinture  qui  ne  s’y  est 
point  appliquée;  jusqu’à  ce  que  la  dexniere  eau  sorte  claire  * 


ÉLÉMENTS  DI  FHARMiCIï.  77? 

«yi  les  fait  sécher  et  on  les  fait  tremper  ensuite  pen- 
dant quelques  heures  clans  de  l’esprit  de  vin  aromatisé 
d’huile  essentielle  de  canelle  , de  girolles  , de  la- 
vande , etc. 

On  enleve  les  éponges  de  l’esprit  de  vin;  on  les  ex- 
prime , et  on  les  conserve  dans  une  bouteille  de  large 
ouverture  qu’on  bouche  bien. 

REMEDES  PARTICULIER  S. 

'Traitement  contre  les  taenia  ou  vers  solitaires  J 
pratiqué  à Morat  en  Suisse. 

Sa  majesté  Louis  XVI  a désiré  faire  l’acquisition 
d’un  remede  célébré  contre  les  tamia  ou  vers  solitaires, 
que  la  dame  Noulfer  , après  la  mort  de  son  mari , a prati- 
qué depuis  vingt  ans  , à Morat  , sur  un  grand  nombre 
de  malades  , et  toujours  avec  un  succès  très  heureux 
et  très  prompt.  Plusieurs  célébrés  Médecins  ont  été  char- 
gés d’examiner  1 elhcacilé  de  ce  remede  ; voici  le  précis 
du  traitement  qu’ils  ont  publié  au  mqi$  de  juillet  \yy5  y 
par  ordre  du  roi. 

Préparation  des  malades . 

Ce  traitement  n’a  besoin  d’aucune  préparation  si  ce 
n’est  de  faire  prendre  pour  souper , sept  heures  après  un 
diner  ordinaire  , une  soupe-panade  faite  de  la  maniéré 
suivante  : 

Prenez  une  livre  et  demie  d’eau  , deux  à trois  onces 
de  beurre  frais  et  deux  onces  de  pain  coupé  en  petits 
morceaux  ; ajoutez  sufhsante  quantité  de  sel  pour  l’assai- 
sonner , et  cuisez  le  tout  , remuant  souvent  avec  une 
cuiller  pour  l’empêcher  de  s’attacher  , jusqu’à  ce  qu’il 
soit  lié  et  réduit  en  panade. 

Environ  un  quart  d’heure  après  on  donnera  au  malade 
deux  biscuits  moyens  et  un  verre  de  vin  blanc  pur  , ou 
avec  de  l’eau  , ou  de  l’eau  pure  , s’il  n’est  pas  dans  l’usase 
de  boire  du  vin.  b 

Si  le  malade  n’avoit  pas  été  à la  garde-robe  ce  jour-là 
ou  qu  il  fut  resserré  et  constipé,  on  lui  fera  prendre,  un 
quart  d’heure  ou  une  demi-heure  après  souper  , le  lave- 
ment suivant  : 

Ç CUj 


774  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE, 

Prenez  une  bonne  pincée  de  feuilles  de  inaiive  et  de; 
guimauve  , faites-les  bouillir  un  peu  dans  une  chopine 
d’eau  ; a joutez-y  un  peu  de  sel  commun  ; passez-les  et 
mêlez- y deux  onces  d’huile  d’olives. 

Traitement  des  malades . 

^ / ’ - '•  .»  » ' , 

Le  lendemain  matin  , huit  à neuf  heures  après  le  sou- 
per , on  donne  au  malade  le  spécifique  suivant  : 

Prenez  trois  gros  de  racine  de  fougere  male  (1)  réduite 
en  poudre  très-fine  ; mêlez- la  à quatre  ou  six  onces  d’eau 
distillée  de  fougere  ou  de  tilleul  , et  faites-la  avaler  au 
malade  , rinçant  deux  ou  trois  fois  le  gobelet  avec  do 
la  même  eau  , afin  qu’il  ne  reste  plus  de  poudre  ni  dans 
le  verre  ni  dans  la  bouche.  Pour  les  enfants  on  diminue 
la  dose  de  cette  poudre  d’un  gros. 

Si  le  malade,  après  avoir  pris  cette  poudre  , avoit  quel- 
ques nausées  , il  pourra  mâcher  un  peu  de  citron  confit 
ou  autre  confiture  , ou  se  rincer  la  bouche  avec  quel- 
que liqueur  ; mais  il  observera  de  ne  rien  avaler  : il  res- 
pirera aussi  par  le  nez  l’odeur  d’un  bon  vinaigre  : si,  non- 
obstant cela  , il  avoit  des  renvois  de  la  poudre  et  des 
envies  de  la  rendre  et  qu’il  en  montât  par  la  bouche,  il 
la  ravalera  et  fera  sqn  possible  pour  la  garder;  enfin  s'il 
étoit  forcé  de  la  rendre  en  tout  ou  en  partie,  il  reprendra  , 
dès  que  les  nausées  auront  cessé  , une  seconde  dose  de  I4 
même  poudre  pareille  à la  première. 

Deux  heures  après  que  le  malade  aura  pris  la  poudre 
on  lui  donnera  le  bol  suivant  : 

Prenez  panacée  mercurielc  et  résine  de  scammo- 
néed’Âlep,  de  chacune  douze  grains,  gomme  - gutte 
cinq  grains;  faites  une  poudre  ..très  fine  de  ces  trois  dro- 
gues et  incorporez  - la  ' avec  une  quantité  suffisante  de 
confection  d’hyacinthe  pour  en  faire  un  bol  d’une  con- 
sistance moyenne. 

Telles  sont  les  doses  du  purgatif  dont  on  se  sert  ordi- 
nairement ; il  faut  deux  scrupules  ou  deux  scrupules  et 
demi  de  confection  d’hyacinthe  pour  donner  à ce  bol  Iq 
consistance  convenable. 


(1)  Filix  non  ramosa  (tcTiUUa.  C,  B.  Pin.  et  inst-  B-  H. 
diiim  fdix  mas,  Liip 


ÉLÉMENTS  D*  PHARMACIE.'  77$ 

Pour  les  personnes  d une  constitution  robuste  , ou  dif- 
ficiles à purger  , ou  qui  ont  pris  auparavant  de  lorts  pur- 
gatifs , on  lait  entrer  daus  ce  bol  la  panacee  meicuriele, 
la  résine  de  scammonée  , à la  dose  de  quatorze  à quinze 
grains  chacune  , et  la  goinrne-gutte  à la  dose  de  huit 
grains  et  demi. 

Pour  les  personnes  foibles,  sensibles  à l’action  des  pur- 
gatifs, faciles  à purger,  et  pour  les  enfants,  les  doses  da 
ce  bol  doivent  être  diminuées  suivant  la  prudence  du 
médecin.  Dans  un  cas  où  toutes  ces  circonstances  se  réu- 
nissoient,  on  n’a  donné  au  malade  que  sept  grains  et  demi 
de  panacée  mercuriele  et  autant  de  résine  de  scammo- 
née  avec  la  quantité  suffisante  de  confection  d’hyacinthe 
et  sans  gomme-gutte;  encore  a-t-on  donné  ce  bol  en  deux 
fois , c’est-à-dire  moitié  deux  heures  après  la  poudre  , et 
l’autre  moitié  trois  heures  après  la  première  prise  de  bol* 
parceque  celle-ci  n’avoit  presque  point  opéré. 

Immédiatement  après  le  bol  on  donnera  une  ou  deux 
tasses  de  thé  verd  léger  ; et  dès  que  les  évacuations  com- 
menceront , on  en  donnera  de  temps  en  temps  une  tasse, 
jusqu’à  ce  que  le  ver  soit  rendu.  C’est  seulement  après 
qu’il  l’aura  été  que  le  malade  prendra  un  bon  bouillon, 
et  quelque  temps  après  un  second  ou  une  petite  soupe.i 
Le  malade  dînera  ensuite  sobrement,  et  se  conduira  tout 
çe  jour-là  et  à son  souper  comme  dans  un  jour  de  mé- 
decine. Mais  si  le  malade  avoit  rendu  en  partie  le  bol , ou 
que,  l’ayant  gardé  environ  quatre  heures  , il  n’en  fût  pas 
assez  purgé  , il  prendra  depuis  deux  gros  jusqu’à  huit 
de  sel  de  Scdlilz,  ou  de  sel  çl’eps'uin  d’Angleterre,  dissous 
dans  un  petit  gobelet  d'eau  bouillante. 

Si  le  ver  ne  tombe  pas  en  un  paquet , mais  file  , ce  qui 
arrive  particulièrement  lorsqu’il  est  engagé,  sur- tout  ayec 
son  col  ou  filet  avec  des  glaires  tenaces , le  malade  ne 
doit  pas  le  tirer  , mais  rester  sur  son  bassin,  et  boire  du 
thé  léger  un  peu  chaud, 

Si  le  ver  pendoit  long-temps  sans  tomber  , et  que  le 
purgatif  n’opérât  pas  assez,  on  donnera  au  malade  du  sel 
deSedlitz  , comme  on  vient  de  le  dire  , ou  du  sel  d’epsun\ 
d’Angleterre  , et  on  le  fera  rester  patiemment  sur  le  bassin, 
jusqu’à  Ce  que  le  ver  soit  tombé. 

Si , jusqu’à  l’heure  du  dîner  , le  ver  ne  paroissoitpas  , et 
que  le  malade  eût  gardé  la  poudre  et  le  purgatif , il  dînera 

C c c iv 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIA. 

egalement,  vu  que  quelquefois  , mais  rarement , le  v&t 
gort  dans  l'après-dîner. 

Si  le  ver  ne  paraît  pas  de  tout  le  jour  , ce  qui  n’arriva 
guère  que  lorsqu’on  a rendu  en  tout  ou  en  partie  la  pou- 
dre ou  le’ purgatif  ou  qu’il  a opéré  trop  foiblcment,  le 
malade  soupera  comme  le  soir  précédent  et  sera  en  tout 
traité  de  même. 

Et  si  le  ver  ne  paraît  pas  meme  dans  la  nuit,  le  malade 
prendra  le  lendemain,  à la  même  heure,  la  poudre  comme 
clans  le  jour  précédent  , et  deux  heures  après,  six  à huit 
gros  de  sel  de  Sediiiz  ou  de  sel  d’epsum  d’Angleterre,  et 
sera  en  tout  traité  comme  la  pretnieie  lois. 

Il  arrive  quelquefois  que  le  malade  , lorsqu’il  est  sur  lo 
point  de  rendre  le  yer  , ou  un  peu  avant  ou  immédiate- 
ment après  une  forte  évacuation  , éprouve  une  sensation 
de  chaleur  autour  du  cœur  et  de  défaillance  ou  d’angoisse: 
il  ne  laut  pas  s’en  inquiéter,  cet  état  cesse  promptement  5. 
Il  n’y  a qu’à  laisser  le  malade  tranquille  et  lui  faire  res- 
pirer de  bon  vinaigre. 

* Si  le  malade  rendoit  le  ver  avant  d’avoir  pris  le  purga- 
tif, par  la  seule  action  de  la  poudre,  on  ne  lui  donnera 
que  la  moitié  ou  les  trois  quarts  du  bol  qu’on  lui  avoit 
préparé  , ou  on  le  purgera  avec  du  sel  de  Sedlitz  ou  du 
sel  d’epsum  d’Angleterre. 

Enfin  si,  après  avoir  fait  rendre  par  ce  traitement  un 
taenia,  011  s’appercoit  qu’il  enreste  un  second  , on  traitera , 


quelques  jours  après  , le  malade  une  seconde  fois  précisé- 
ment de  même. 

Ce  traitement , bien  dirigé  , a constamment  un  heureux 
succès  en  peu  d’heures  ; l’essai  en  a été  fait  sur  cinq  sujets. 

Ce  spépihqne  et  celte  méthode , dont  l’effet  est  si  prompt , 
n’aaissent  efficacement  que  sur  les  tænia  qui  ont  les  artra 
dilations  ou  jointures  01A  anneaux  courts  ( 1 ) ; ce  traite- 


( 1 ) Tœryia  prima.  Piateri  prax.  med.  Tænia  proprement  dit.  1 renia 
à conduit.  Solium  à épine  ou  à noeuds  Andry  , des  Vers,  7 'amia prima, 
JLe  Clerc,  Hist.  des  Vers  , pl.  5 , f.  1 ; pl  6,  f.  2;  pl.  6,  f.  1 ; pl.  8, 
f.  1 , 2 f 4 • 

Tænia  vulgaris  , et  Tænia  lata.  Linn.  Syst.  nat. 

Tænia  à anneaux  courts.  Bonnet,  Mémoires  présentés  à l’Académje 
des  Sciences,  t.  I. 

Tœni(i  acephala , et  Tænia  capitata.  Vbgçl  de  cogn.  et  cur.  c.  h- 

$ect, ; ‘ V 


iLkKNTÎ  DF.  PHARMACIE.  77  T 

ïnent  n’est  pas  de  la  même  efficacité  contra  les  taenia  dont 
les  articulations  sont  longues,  appelles  communément 
'Vers  çuçurbitains  ( i ). 

Pour  déraciner  ces  vers  il  faut  répéter  le  meme  trai- 
tement plus  ou  moins  de  fois  et  plus  ou  moins  souvent, 
selon  les  circonstances  du  mal  et  la  disposition  du  malade: 
un  de  ceux  sur  lesquels  les  expériences  ont  ete  îdites  n $ 
plus  rendu  de  vers  gu  troisième  traitement. 


ftemede  et  traiiement  contre  V hydrophobie  ou 

contre  la  rage. 

En  1778  il  a paru  à Strasbourg  un  ouvrage  qui  a 
pour  titre  : Instruction  concernant  les  person- 
nes mordues  par  une  bête  enragée  , imprime 
chez  JpAy-FflANÇOiS  lu  Roux  , imprimeur  du. 
roi  et  de  la  chancellerie.  On  a publié  dans  le 
journal  de  Paris  un  extrait  de  cet  ouvrage  que 
nous  rapportons  ici  en  entier  à Cause  de  son 
importance. 

j4.tr été  et  décret  des  magistrats  de  la  ville  de  Strasbourg , 
composant  Je  college  de  santé, 

« Sur  le  rapport  qui  nous  a été  fait,  dans  une  de  nos 
« fréquentes  assemblées  , concernant  l’accident  arrivé  à 
« la  liuprechts-au,  des  observations  faites  et  rédigées  par 
a le  siçur  Elirmann  , médecin  physicien  de  cette  ville  , 
« membre  de  la  société  royale  de  médecine  de  Paris , sur 
« les  cures  d’hydrophobie  ou  rage  , opérées  par  lui  ou 
« sous  sa  direction  , lesquelles  observations  ont  été  lues  à 
« l’assemblée  hebdomadaire  de  MM,  les  professeurs  de 
<c  l’université  de  cette  ville  , de  quelques  magistrats  et 
« autres  citoyens  ou  étrangers,  amateurs  des  sciences  et 


( 1 ) Tœnifi  secundo,  seu  Trermis  cucurbkinus.  Platet  , ibid.  Lum~ 
tri  eus  latus.  Tyson.  Act.  Angl.  168,  nQ.  1 \6  , Solium  sans  épine. 
An  dry  , ibid  V er/ni  cucurbûini.  Vallisnieri  , Taenia,  scçund-i  generis. 
Te  Clerc  , ibid.  pl.  1 , A et  pl.  a.  Tannin  à anneaux  longs.  Bonnet, 
ibid.  Tœnia  osculis  marginalibus  s<jliiarist  Lia.  ibid.  Tamia  cucuT- 
kiiina.  Voeel , ibid» 


77^  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

c<  des  lettres,  chez  M.  Baron  d’Autigny  , préteur  royal; 
ce  il  a ele  , sur  les  réquisitions  de  M.  Holdt,  notre  avocat 
« general  , arrêté  que  le  sieur  Ehrmann  seroit  prié  et  in- 
cc  vite  de  donner  au  public , par  la  voie  de  l’impression  , eit 
cc  (rancois  et  en  allemand,  ses  susdites  observations  , et 
“ d’y  ajouter  en  même  temps  les  marques  ou  symptômes- 
cc  sur  lesquels  on  doit , plutôt  que  plus  tard , se  défier  d’un 
ce  chien  , pour  prévenirl’un  des  plus  grands  maux  et  fléaux 
« de  l’humanité  et  de  la  société  : et  sera  , au  besoin,  l’im- 
ce  pression  de  pet  avis  salutaire  au  public  facilitée  par  la 
« caisse  publique.  Fait  à Strasbourg  ce  27  juillet  1778.  » 

Signé  Bühler , secrétaire. 

Instruction,  concernant  les  personnes  mordues  par  une 

bête  enragée. 

ce  De  toutes  les  maladies  connues  , celle  dont  les  effets 
« sont  les  plus  effrayants  et  les  plus  affligeants  pour  Phu- 
« manité  est,  sans  contredit  , celle  occasionnée  par  la 
« morsure  d’une  bête  enragée. 

cc  L’ignorance  et  le  préjugé  en  ont  encore  augmenté 
ce  1 horreur  ; car  , ou  l’on  a cru  cette  maladie  incurable, 
« et  on  a abandonné  les  infortunés  qui  en  étoient  attaqués  à 
« leur  malheureux  soi  t , en  hâtant  même  très  souvent  leur 
« fin  par  des  voies  qui  font  frémir  l’humanité  , ou  bien  on  a 
ce  administré  des  remedes  trop  insuffisants  pour  arrêter  le 
ce  cours  du  mal.  Ces  tristes  exemples  ont  nécessairement 
ce  accrédité  l’idée  désespérante  que  ce  mal  étoit  sans  re- 
cc  mede  et  que  la  mort  seule  pouvoit  y mettre  fm. 

ce  Mon  intention , dans  le  présent  mémoire,  est  de  dé- 
cc  truire  , s’il  est  possible  , ce  triste  et  dangereux  préjugé  de 
ce  mes  concitoyens,  en  les  assurant  que  laProvidence  n’eût 
cc  point  permis  que  l’homme  fût  exposé  à une  aussi  terrible 
cc  maladie  , si  sa  bonté  n’erit  pas  en  même  temps  assigné 
ce  des  remedes  salutaires,  dont  la  recherche  et  l’application 
ce  pussent  la  prévenir  ou  la  guérir. 

cc  11  est  de  toute  nécessité  que  les  remedes  , dont  les  ob- 
« servations  ci-après  prouvent  l’efficacité,  soient  appliqués 
« sur-le-champ  dans  de  si  fâcheux  accidents  ; bien  entendu 
ce  que  les  médecins  et  les  chirurgiens,  en  les  administrant , 
ce  prendront  en  considération  l’âge,  le  tempérament,  1© 


i L é M E N T S DE  PHARMACIE.'  779 

ce  genre  des  accidents,  etc.  des  personnes  auxquelles  ils 
« feront  l’application  de  la  méthode  suivante. 

te  Lessignesou  symptômes  les  plus  évidents  qu’un  chien 
t<  est  enragé  sont  les  suivants, 

« Ces  animaux  perdent  peu  à peu  l’envie  de  boire  et  de 
« manger,  deviennent  mornes,  se  cachent  des  hommes, 
<c  grognent  au  lieu  d’aboyer,  s’élancent  sur  tout  cequ  ils 
te  rencontrent , craignent  cependant  encore  leur  maître  , 
« laissent  pendre  la  queue  et  les  oreilles.  C’est  là  le  pre* 
« mier  degré  de  rage. 

« Ensuite  ils  rendent  l’écume  par  la  gueule,  qu  ils  ou- 
« vrent  beaucoup  ; leur  langue  est  pendante  et  plombée, 
« et  leurs  yeux  chassieux  ; on  les  voit  respirer  avec  peine 
te  et  haleter.  Dans  cet  état  ils  méconnoissent leur  maître; 
« tantôt  ils  courent  très  vite,  tantôt  ils  se  traînent  avec  len- 
te teur , et  le  moindre  bruit  augmente  leur  rage.  Quand 
ce  les  accès  sont  à ce  point,  les  chiens  creyent  la  plupart 
« dans  24  à 3o  heures. 

te  Chez  les  personnes  mordues  par  un  animal  enragé; 
ce  le  mal  se  déclare  d’abord  par  une  douleur  plus  ou  moins 
<e  forte  à la  partie  blessée,  ensuite  aux  parties  voisines  delà 
ce  plaie.  Elles  éprouvent  nue  très  grande  lassitude,  devien- 
cc  nent  tristes  et  mélancoliques  , soupirent  beaucoup  et  ne 
ce  cherchent  que  la  solitude;  leur  sommeil  est  lourd  , in- 
« quiet  , interrompu  par  des  rêves  effrayants  et  terminé 
« par  un  réveil  douloureux. 

a Quand  le  mal  a fait  des  progrès  , ces  malheureux  sont 
« tourmentés  par  des  serrements  de  poitrine  et  une  respi- 
« ration  gênée  ; la  lumière  les  incommode  , la  vue  de  l’eau 
a ou  de  quelque  chose  de  blanc  leur  cause  des  frissonne- 
tc  ments  , des  tremblements  et  même  des  mouvements  con- 
te vuJsifs  ; leur  voix  s’enroue , leur  langue  devient  dure  et 
« seche  ; ils  sont  dévorés  d’une  soit  brûlante  que  leur  aver- 
ti sion  pour  toute  espece  de  boisson  les  empêche  d’étan- 
« cher  ; à tout  cela  se  joint  une  fievre  accompagnée  de 
« transports  violents;  ils  sentent  une  envie  involontaire  de 
fc  cracher  sur  ceux  qui  les  environnent  et  même  de  les 
« mordre.  C’est  là  le  plus  haut  degré  de  la  rage  ; le  pouls 
« devient  foible  et  intermittent  , et , dans  l’espace  de  deux 
te  jours  , souvent  même  de  24  heures  , la  mort  termina 
u leur  sort. 

u De  tous  les  remeçles  vantés  jusqu’à  présent  comme. 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE,1 

« spécifiques  contre  la  rage  il  y en  a bien  peu  qui  aient  été 
« salutaires  au  genre  humain  : ou  ils  n’attaquoient  pas  la 
« ra<  ine  et  la  cause  du  mal  , ou  ils  devenaient  inutiles  par 
« la  foiblesse  et  la  lenteur  de  leur  effet. 

« Les  médecins  les  plus  instruitssont  généralement  d’ac- 
<c  cord  que  le  venin  de  la  rage  réside  principalement  dans 
« la  salive.  Ce  qui  confirme  encore  ce  sentiment  c’est 
« que  la  rage  se  garnie  par  le  léchement  ou  par  toute  autre 

* communication  clc  salive  aussi  bien  que  par  la  morsure 
ce  d un  animal  attaqué  de  la  rage.  Le  meilleur  traitement 
& qu  on  pourrait  employer  serait  donc  de  procurer  à la 
« salive  infectée  l’issue  la  plus  prompte  et  la  plus  abon- 
« dante.  L’analogie  est  sensible  par  elle-même  , et  l’heu- 

* reux  succès  des  épreuves  faites  à cet  égard  en  prouve 

* la  bonté. 

« Traitement.  Aussitôt  qu’une  personne  aura  été  mor- 
te due  par  un  animal  enragé  on  brûlera  la  plaie  pour  la 
cc  faire  suppurer  ou  l’on  scarifiera  profondément  la  partie 

* affectée  ; on  la  couvrira  ensuite  d’un  emplâtre  vésica- 

* toh'e  qui  dépasse  les  bords  de  la  plaie.  11  faut  avoir  soin 
« de  l’entretenir  ouverte  le  plus  long-temps  qu’il  sera  pos- 
te sible.  S’il  n’v  a encore  aucune  marque  qui  prouve  que  le 
« venin  ait  déjà  gagné  le  sang,  on  continuera  de  chercher 
« a prévenir  son  effet  par  les  moyens  suivants. 

ce  On  ordonne  an  malade  quelques  bains  domestiques 
« tiedes  ; lorsque  ses  veines  sont  engorgées  on  lui  fait 

* une  saignée  Si  la  personne  est  âgée,  elle  prendra  pen- 
ce dant  deux  jours  chaque  fois  un  demi-gros  de  pilules 
« mercurieles  purgatives  5 ensuite  on  lui  fera  les  frictions 
<c  comme  il  suit. 

ce  On  prend  une  demi-once  de  mercure  que  l’on  broie 
ce  avec  de  la  térébenthine  de  Venise  ou  d’Alsace,  autant 
ce  qu’il  en  faut  pour  incorporer  le  mercure  ; on  y ajoute 
<e  une  demi-once  ou  six  gros  de  sain-doux  ( 1 ) ; avec  cet 
« onguent  on  frotte  d’abord  la  plaie  , puis  les  jambes, 
« les  cuisses  , et  le  troisième  jour  les  aines  , faisant  en 
« sorte  que  tout  l’onguent  se  trouve  consommé  dans  les 
ce  trois  jours. 

« Le  troisième  jour  on  donne  au  malade  , matin  et  soir. 


( 1 ) Cette  recette  peut  être  remplacée  avec  autant  d’avantage  paï 
l'onguent  de  mercure  ordinaire, 


i Li  M KNTS  Dï  PHARMACIE,  7-8  U 

« trois  grains  de  panacée  mercuriele  ou  de  sublimé  doux: 
« formé  en  pilules  avec  de  la  mie  de  pain  ; on  continue 
« tout  ce  traitement  jusqu’à  ce  qu’il  se  déclare  une  saliva- 
it tion  que  l’on  augmente  ou  modéré  suivant  les  circon- 
<c  stances.  Mais  si  l’on  remarque  dans  le  malade  quelques 
« accidents  de  nerfs  , comme  tristesse  , inquiétude  , mouj 
<c  vemeitts  convulsifs  , on  se  servira  de  la  poudre  suivante,’ 
« selon  les  circonstances,  une  ou  deux  fois  par  jour. 

te  Cinabre  d’antimoine  ou  de  l’artificiel  , duquel  ou  vou- 
.«  dra  , 10  grains  ; musc  , six  grains  ; camphre,  4 grains  f 
ce  opium  , 1 grain  ; 011  en  fait  une  poudre  que  l’on  donne 
ce  au  malade  avec  une  infusion  sudorifique  ( 1). 

ce  Si  l’usage  du  mercure  pris  intérieurement  et extérieure- 
« ment  n’occasionnoit  ni  la  salivation  ni  les  selles  , il  n’en 
ce  faudroit  pas  moins  le  continuer  encore  quelques  jours, 
« et , dans  ce  cas,  avoir  recours  aux  saignées  , vomitifs  et 
<c  médecines,  mais  toujours  d’après  le  conseil  des  méde- 
« cins.  Si,  malgré  tout  cela,  ldmaladie  empirait,  et  qu’il  s’y 
ce  joignît  des  accidents  considérables,  tels  que  l’horreur  de 
« l’eau  ; on  la  traitera  comme  une  maladie  inflammatoire  t 
«on  redoublera  les  frictions,  principalement  sur  le  col 
« et  sur  la  poitrine  ; on  réitérera  les  saignées;  on  se  se'r- 
cc  vira  de  remedes  rafraîchissants  , comme  des  acides  et 
ce  sur-tout  du  salpêtre  (2); 

cc  Observations.  1.  Le  fils  du  nommé  Pierre  Bocli , bour- 
« geois  et  faiseur  de  pipes  à fumer,  âgé  de  i3  ans  , fut 
« mordu  au  doigt  par  un  petit  chien  le  6 novembre  1777.' 
« 11  ne  fit  aucune  attention  à cet  accident,  ne  croyant  pas 
« qu’il  put  avoir  des  suites.  Au  bout  de  quatre  jours  le 
cc  chien  creva  en  devenant  perclus  des  deux  pattes  de  der- 
« riere.  Le  garçon  ne  sentoit  alors  aucun  mal  et  paroissoiü 
<c  se  bien  porter.  Un  mois  après  011  remarqua  dans  ce  jeune* 
«homme  des  grimaces,  des  contorsions  et  des  mouve- 
cc  nients  convulsifs.  Le  6 décembre  on  le  transporta  k 
ce  l’hôpital  des  bourgeois  ; aussitôt  la  rage  se  manifesta 
ce  avec  tousses  symptômes  ; suffoquements continuels , cou- 
re vulsions  horribles,  écume  à la  bouche  , aversion  pour  le. 
« blanc  et  pour  toute  boisson.  Ces  accidents  augmente- 


( 1 ) Faite  ayec  le  gayac,  le  sassafras , la  squine  , la  salsepareille. 
(2)  O11  veuf  dire  apparemment  quelques  gouttes  d’acide  nitreux  dac& 
«te 


*y$>'2  Eléments  dï  pharmacie. 

« rent  tle  moment  à autre  , au  point  que  , le  lendemain  , àt 
a 6 heures  du  soir,  ce  pauvre  garçon  rendit  Pâme  après 
« avoir  été  24  heures  dans  ce  pitoyable  état. 

« Par  ordre  du  magisttat  je  me  transportai  chez  la  fa- 
ce mille  de  cet  enfant,  de  inertie  que  chez  le  nommé  Alexis 
« Rachel  , gagne-petit,  auquel  ce  chien  apparteiioit  : j’ap- 
ctpris  que  ce  jeune  homme  avoit  bu  , mangé  et  couché 
« avec  sa  famille  ; et  qu’elle  s’éioit  servie  de  la  même  vais- 
cc  selle  quelui  jusqu’au  moment  où  la  rage s’étoit  déclarée, 
te  Le  gagne-petit  nie  dit  que  ce  chien  l’avoit  léché  plu-* 
« sieurs  fois  aux  levres  , èt  avoit  mordu  sa  femme  assez 
« profondément  à l’index.  Je  jugeai  nécessaire  de  procurer 
« une  forte  salivation  à ces  gerls  par  l’usage  du  mercure  pris 
« intérieurement  et  des  frictions,;  Le  pere,  la  mere  , trois 
« enfants  , le  gagne-petit  et  sa  femme  ont  passé  par  cette 
« cure  , et  ont  été  soignés  par  les  sieurs  Becxer  et  Massxé  , 
« chirurgiens  jurés.  Jusqu’à  présent  ils  n’ont  pas  ressenti 
« la  moindre  atteinte  , et  je  ne  doute  pas  qu’ils  n’en  soient 
cc  délivré^  pour  toujours  au  moyen  de  ce  traitement. 

« IL  La  femme  et  cinq  enfants  d’un  teneur  de  billard  , 
« nommé  Quinchamps  , furent  mordus , en  1762,  par  mi 
cc  chien  enragé.  Le-s  enfants  furent  sauvés  par  cette  niè- 
ce tliode  ; et  la  mere,  qui,  par  entêtement , se  refusa  aux 
<c  secours  qu’on  voulut  lui  porter  , mourut  de  la  rage. 

ce  III.  Le  nommé  Matthieu  I reytag,  garçon  menuisier  ; 
* natif  de  la  Petitcpierre  , âgé  de  20  ans  , prit  la  rage  d’un 
4c  chat  le  29  septembre  1769;  on  le  transporta  dans  no- 
ce tre  hôpital  , et  on  lui  administra  les  mêmes  remedes  : 
« il  fnf  radicalement  guéri , quoique,  pendant  869  jours , il 
ce  ait  refusé  de  boire  , et  sortit  de  l’hôpital  en  pleine  santé. 

cc  IV,  Un  jeune  homme  * Ms  d’un  confier  nommé 
« Metz  , fut  blessé  fortement  pal*  un  chien  enragé  le  1 9I 
ce  décembre  17777  son  médecin  , le  sieur  Corvinu$,le 
cc  même  qui  avoit  traité  les  cinq  enfants  ci-dessus  , et  le 
«s  eur  Isengarth  , chirurgien  , se  sont  servis  pour  lui  de  II 
ce  même  méthode  ; l’enfant  fut  scarifié  sur-le-champ  à la 
te  partie  affectée  ; on  y appliqua  l’emplâtre  vésicatoire  ; et 
<c  quoique  le  mercure  n’ait  agi  que  par  des  selles,  il  jouit 
ce  aujourd’hui  d’une  santé  parfaite. 

<c  V.  La  fille  qui  avoit  soigné  le  jeune  homme  dont  il 
à a été  parlé  dans  la  première  observation  , avoit  eu  Pim- 
«c  prudence  d’essuyer  la  salive  de  ce  malade  avec  scs  doigts 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  78$ 

« et  quelquefois  avec  son  mouchoir.  Tout-à-coup  cetto 
« fille  devint  rêveuse  et  mélancolique  , pleurant  et  riant 
« successivement  par  intervalles.  Le  rnédecinde  l’hôpital , 

« M.  Milhau  ,vint  sur-le-champ  me  trouver  pour  me  faire 
« partde  ce  triste  accident , dont  avec  raison  il  craignoitlei 
« suites.  Cette  fille  se  plaigiloit  de  suffoquements  momen- 
(c  tanés  , d’une  incommodité  dans  le  gosier  comme  si  oii 
<C  vouloit  l’étrangler.  Elle  but  ; il  est  vrai  , sans  peine  en 
ce  ma  présence;  mais  d’autres  signes  non  équivoques  d’une 
cc  rage  éminente  nous  déterminèrent  à lui  faire  donner  les 
<c  frictions.  M.  Marchai  , chirurgien  , fut  chargé  de  ce 
« soin.  La  fille  est  maintenant  quitte  de  tous  ces  symp- 
cc  tomes , et  nous  avons  lieu  d’espérer  qu’elle  est  délivrée 
ce  du  danger  de  retomber  dans  cette  maladie. 

cc  VI.  Le  3 mars  1778  le  nommé  Stutter,  pauvre  gar- 
ce dien  , âgé  de  43  ans  , et  un  garçon  de  17  ans , fils  d'un 
ce  paysan  nommé  Mendier  , l’un  et  l’autre  habitants  de 
ce  Betthenhofen,  village  à trois  lieues  de  Strasbourg , furent 
« mordus  par  un  chien  enragé  : les  morsures  qu’ils  reçurent 
ce  tant  aux  cuisses  qu’aux  mains  et  aux  doigts  étoient  assez 
ce  profondes  i le  même  chien  mordit  aussi  un  cordonnier 
<c  de  Gambsheim , près  dudit  Betthenhofen , nommé  Lipp 
<c  âgé  de  33  ans.  Ils  furent  traités  tous  les  trois,  sous  ma  di- 
ce  rection,  par  le  sieur  Massxé  , delà  maniéré  suivante  : 

ec  On  les  évacua  d’abord  par  des  pilules  de  mercure  dul- 
« cifié.  Les  plaies  furent  lavées  avec  une  eau  salée  , profon- 
cc  dément  scarifiées  , imprégnées  de  la  poudre  des  cantlia- 
cc  rides  et  couvertes  d’emplâtres  vésicatoires  qui  dépas- 
ce  soient  de  beaucoup  la  plaie.  Au  soir  du  jour  de  l’évacua- 
ct  tion  on  donna  à chacun  trois  grains  de  panacée  mercu- 
re riele  en  forme  de  pilules.  Le  lendemain  , pour  hâter  la 
ee  salivation  , on  y ajouta  le  frottement  aux  parties  néces- 
<c  saires  avec  deux  dragmes  d’onguent  néapolitain  f3^ryrT  v 
ce  et  l'on  fit  boire  aux  malades  unç  suffisan  te  quantité  de 
<e  décoction  d’orge.  Par  ce  moyen  , le  quatrième  jour 
ce  la  suppuration  des  plaies  et  la  salivation  furent  bien. 

V établies. 

ec  Le  cinquième  jour  au  matin  on  observa  dans  le  garçon 
« une  chaleur  forte  et  seche;  il  étoit  très  agité  , et  , malgré 
ce  une  soif  très  ardente  , il  refusoit  toute  boisson.  Les  frre- 
ce  tions  furent  redoublées  ; cc  qui  augmenta  la  salivation 
« jusqu’au  soir.  Alors  le  malade  but  copieusement r et  eue 


« un  peu  de  tranquillité:  on  continua  la  salivation  jusqu’à 
« ce  que  l’intérieur  de  la  bouche  et  du  gosier  commence- 
« rcnt  à s’exulcérer.  On  avoit  fait  observer  à ces  malades 
« la  diete  la  plus  sévere  , et  toute  leur  nourriture  ne  con- 
ct  sistoit  qu’en  mets  légers  et  de  facile  digestion  , tels  que 
cc  décoction  de  riz , cfêrne  d’orge  et  soupe  au  lait.  Après  une 
<c  suffisante  salivation  et  une  suppuration  de  quatre  se- 
ce  mairies,  on  les  purgea  de  temps  en  temps  avec  une  décoc- 
cc  tion  de  rhubarbe  et  de  manne.  Les  plaies  se  fermèrent, 
« et  on  finit  par  ordonner  aux  convalescents  une  cure  de 
« lait  coupé  avec  de  l’eau  minérale.  C’est  ainsi  que,  par  le 
ce  traitement  que  je  viens  d’indiquer,  ces  trois  personnes 
ce  ont  recouvré  leur  santé  , non  sans  beaucoup  de  souf- 
« fiances  , et  jusqu’à  présent  elles  se  sont  bien  portées.  » 

JXemede  de  Rot  a.  ou  pour  les  humeurs  froides. 

Les  remedes  de  Rotrou  , qui  sont  d’usage  , se  bornent  à' 
cinq;  savoir,  sa  pâte  d’églantine , ou  ses  pilules  purgatives 
qu’il  nomme  aussi  pilules  aîexiteres  ; son  fondant  et  son 
ahcali  que  l’on  fait  prendre  ensemble  ; sa  teinture  auri- 
Jlque  et  son  élixir  aurifique. 

Pâte  d' è fanline  , ou  pilules  alcxilcres  , 
ou  pilules  purgatives  de  Rotro  u. 

^Pignons  d’Inde  mondes .........  ft  j. 

On  monde  les  pignons  d’Inde  de  leur  écorce  : on  les 
pile  dans  lin  mortier  de  marbre  avec  un  pilon  de  bois 
jusqu’à  ce  qu’ils  soient  féduits  en  pâte  : oii  enveloppe  cette 
pâté  dans  un  mofeeau  de  coutil  ou  route  autre  toile  forte: 
on  soumet  cette  pâte  à la  presse  pour  en  tirer  l’huile  j 
qu’on  met  à part  : ensuite  on  pulvérise  le  riiarc  qui  reste 
dans  le  linge  et  on  le  mêle  avec 

Esprit  de  vitriol,  ......  g j. 

On  met  ce  mélange  de  nouveau  à la  presse  , afin  de  sé- 
parer encore  l’huile  et  pour  tirer  la  plus  grande  quantité 
de  Pacide  qu’011  a employé  : ensuite  011  fait  sécher  le  inare 
à Pair  et  011  le  réduit  en  poudre  fine  : alors* 


i L É K ï N T S D * PHARMACIE.* 


785 

Poudre  , ci-dessus  , ^ viij. 

Racines  de  Vipérine  de  Virginie  , . . . . 5 iv. 

Crème  de  tartre  ; * ij. 

On  pulvérise  les  racines  de  vipérine  et  la  crème  de  tartre 
séparément  : on  mêle  exactement  ces  matières  avec  la 
poudre  de  pignons  d’Inde  : on  met  ce  mélange  dans  un 
vaisseau  de  verre  très  plat  : on  le  recouvre  d’un  papier  pour 
garantir  la  matière  de  la  poussière  : on  laisse  ce  mélange 
exposé  à l'air  pendant  environ  deux  mois  dans  un  endroit 
à l’abri  du  soleil,  et  on  a soin  de  le  remuer  plusieurs  fois 
par  jour  avec  une  spatule  de  bois.  Au  bout  de  ce  temps 
on  incorpore  cette  poudre  avec  du  syrop  de  capillaires  , et 
l’on  forme  une  masse  de  pilules  ; ou  bien  on  conserve  la 
poudre  dans  une  bouteille  pour  en  former  des  pilules  à 
mesure  cpie  l’on  en  a besoin  , pareeque  ces  pilules  sont 

forL  sujettes  à se  sécher. 

» 

Remarques. 

Les  pignons  d’Inde  que  l’on  nomme  aussi  ricins , ren- 
dent, pendant  l’expression  , moitié  de  leur  poids  d’une 
huile  rousse  , âcre  et  caustique;  c’est  dans  cette  huile  que 
réside  la  vertu  purgative  de  ce  remede. 

11  seroit  d’une  violence  extrême  si  on  lui  conservoit 
toute  son  huile;  on  tache  d’en  séparer  le  plus  qu’il  est 
possible,  et  il  en  reste  encore  suffisamment  dans  le  marc 
après  l’expression  , pour  produire  des  effets  très  violents, 
lorsque  ce  remede  est  administré  à trop  forte  dose  ou  à 
contre-temps. 

Lorsqu  ou  pile  les  pignons  cl  Inde  , il  convient  de  dé- 
tourner le  visage  de  dessus  le  mortier  , et  d’avoir  grand 
soin  de  ne  pas  porter  les  mains  qui  ont  touché  à la  pâte, 
surson  visage  ou our  quelques  parties  du  corps;  pareeque, 
pendant  que  l’on  pile  cette  matière , il  s’en  exhale  une  va- 
peur invisible  , acre  et  qui  occasionne  des  inflammations 
considérables  ; elles  sont  encore  plus  promptes  et  plus  dan- 
gereuses lorsqu’on  porte  inconsidérément  sur  quelques 
parties  du  corps  les  mains  imprégnées  de  cette  huile. 

L’acide  vitriolique  affoibli , qu’on  mêle  à cette  matière 
après  en  avoir  tiré  l’huile , y est  mis  à dessein  de  combiner 
avec  lm  la  plus  grande  partie  de  l’huile  qui  est  restée  dans 

Ddd 


^8  6 ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

le  marc  des  pignons  d’Inde , de  la  réduire  dans  un  état  sa- 
vonneux ou  résiniforme  , et  par  là  d’adoucir  considérable- 
ment cette  substance. 

La  crème  de  tartre  qu’on  ajoute  à cette  matière  est  un 
acide  végétal  qui  est  encore  très  propre  à remplir  la  même 
indication  : on  laisse  le  mélange  exposé  à l’air  , afin  qu’il 
s’adoucisse  encore  davantage.  L’auteur  prescrit  de  ne  le 
laisser  qu’environ  quinze  jours  ou  un  mois  : mais,  comme 
il  dit  que  cette  pâte  s’adoucit  d’autant  plus  qu’elle  y reste 
plus  long-temps  , nous  croyons  qu’on  peut  la  laisser  deux 
mois  sans  inconvénient. 

Fondant  de  Rotrou. 


^Régule  d’antimoine , . ft>  j- 

Nitre  purifié  , IL  j - * 


On  réduit  ces  deux  substances  en  poudre  séparément  : 
on  les  mêle  ensuite  dans  un  mortier  , et  on  projette  le 
mélange  par  cuillerées  dans  un  creuset  rougi  au  feu  et 
entouré  de  charbons  ; il  se  fait  à chaque  fois  une  détonna- 
lion  assez  légère.  Lorsque  toute  la  matière  est  entrée  dans 
le  creuset,  on  le  couvre  et  on  le  fait  chauffer  pour  calci- 
ner la  matière  pendant  six  heures.  Alors  on  tire  le  creuset 
du  feu  et  on  sépare  la  matière  blanche  qu’il  contient. 
Lorsqu’elle  est  suffisamment  refroidie  , on  la  pulvérise 
promptement  et  on  la  passe  au  travers  d un  tamis  : alors 
on  met  cette  poudre  dans  une  terrine  vernissée , et  l’on 
verse  par-dessus  tme  livre  de  teinture  de  canelle  faite  par 
de  l’eau-de-vie  : on  agite  le  mélange  et  1 on  fait  enflam- 
mer l’eau-de-vie  ; lorsqu’elle  cesse  de  brider  on  achevé 
de  sécher  la  poudre , et  on  la  conserve  dans  une  bouteille. 

La  teinture  de  canelle  employée  dans  cette  composition 
se  fait  avec  une  once  de  canelle  concassée  , qu  on  laisse 
infuser  pendant  trois  ou  quatre  jours  dans  une  chopine 
d’eau-de-vie  ; on  filtre  la  liqueur  et  on  s en  sert  coinina 
nous  le  disons  à présent. 

R E M A R Q U ES. 

Le  fondant  de  Rotrou  différé  peu  de  l’antimoine  dîa- 
phorétique  non  lavé  } si  ce  n est  par  la  teinture  de  canelle 


<l£ments  de  pharmacie.  787 

que  l’auteur  recommande  de  faire  brûler  par-dessus.  C’est 
un  mélange  de  chaux  d’antimoine  avec  l’alKali  du  nirre  et 
une  petite  portion  de  nitre  qui  n'a  point  été  décomposé  : 
l’akali  qui  reste  dansceremcde  a acquis  une  grande  caus- 
ticité par  la  chaux  d’antimoine:  c’est  vraisemblablement 
dans  le  dessein  de  l’adoucir,  que  l’auteur  recommande  de 
faire  brulerde  l’eau-de-vie  par-dessus.  Nous  croyons  que  la 
canelie  est  assez  inutile  : elle  perd  en  effet  tout  son  aro- 
mate pendant  la  combustion  de  la  liqueur  spiritueuse  et 
pendantladessication  de  la  poudre.  Il  ne  reste  qu’une  ma- 
tière demi-charbouneuse.  On  11e  doit  pas  confondre  cette 
espece  d’antimoine  diaphorétique  non  lavé  avec  celui 
qu’on  pourrait  préparer  de  la  même  maniéré  avec  l’anti- 
moine crud  et  trois  parties  de  nitre.  Nous  avons  fait  remar- 
quer que  celui  qu’on  prépare  avec  le  régule  peut  devenir 
émétique  dans  certaines  circonstances;  ainsi  le  fondant  de 
Rotrou  , préparé  avec  le  régule  , doit  différer  de  celui  qu’on 
préparerait  avec  l’antimoine  crud.  Comme  cette  poudre  est 
chargée  de  beaucoup  d’akali  , elle  attire  puissamment 
l’humidité  de  l’air,  llotrou  recommande  de  la  mêler  avec 
de, s coquilles  d’œufs  préparées  qu’il  nomme  alkali  , afin 
de  pouvoir  la  faire  prendre  plus  commodément  aux  ma- 
lades , comme  nous  le  dirons  dans  un  instant. 

Teinture  aurifique  de  Rotrou. 

^ Sel  akali  fixe , 

Antimoine  pulvérisé , 

On  fait  dissoudre  le  sel  akali  dans  environ  quatre  livres 
d’eau  bouillante  : on  filtre  la  liqueur;  on  la  met  dans  un© 
marmite  de  fer  avec  l’antimoine  en  poudre:  on  fait  bouillir 
ce  mélange  pendant  une  demi-heure  et  on  filtre  la  liqueur 
tandis  qu'elle  est  bouillante.  Elle  passe  claire  etd’unecou- 
leur  rougeâtre  : elle  dépose  , en  se  refroidissant , une  pou- 
dre rouge  , qui  est  de  vrai  kermès  minéral.  On  filtre  de 
nouveau  la  liqueur  lorsqu’elle  est  entièrement  refroidie 
et  on  en  fait  évaporer  une  partie  pour  la  concentrer  : c’est 
çe  que  l’on  nomme  'Teinture  aurifique  de  Rotrou.  On  lave 
Je  Kermès  dans  plusieurs  eaux  pour  en  emporter  tous  les 
sels  , on  le  fait  sécher , et  on  le  serre  dans  une  bouteille 
pour  l’usage. 

Ou  trouvera  , dans  ma  Chymie  expérimentale , un  pro- 

D d d ij 


/ 


SB  É L i M E S T 5 DE  PHARMACIE. 

cédé  très  détaillé  pour  préparer  le  Kermès  minéral , pro- 
cédé plus  commode  que  tous  ceux  publiés  jusqu'à  présent. 

Remarques. 

La  liqueur  que  Rotrou  nomme  teinture  aurifiqne  n’est 
qu’un  l'oie  de  soufre  antimonié  , fait  par  la  voie  humide. 
L’auteur  recommande  de  faire  digérer  ensemble  , pendant 
huit  jours  , dans  une  cucurbite  de  verre,  l’antimoine  et 
l’alxali  fixe  résous  en  liqueur  ; de  faire  bouillir  ensuite  ce 
mélange  et  de  filtrer  la  teinture  qui  en  résulte.  Mais  , en 
réfléchissant  sur  ce  qui  passe  dans  cette  opération  , il  est 
facile  de  sentir  toute  l’inutilité  de  cette  longue  manipu- 
lation. 

Elixir  aurifie/ ue  cle  Rotrou. 

L'auteur  recommande  , pour  préparer  cet  élixir  , de 
mettre  le  marc  de  la  teinture  aurihque  dans  une  cucurbite 
de  verre  , et  de  le  faire  digérer  avec  de  l’esprit  de  vin  jus- 
qu’à ce  que  ce  dernier  ait  acquis  une  belle  couleur  rouge. 
On  décante  la  teinture  : on  verse  sur  la  matière  de  nou- 
vel esprit  de  vin  et  on  fait  digerer  comme  aupaia\ant. 
On  continue  ainsi  de  suite  jusqu  a ce  que  espiit  de  vin 
ne  se  colore  plus  : alors  on  filtre  toutes  ces  teintures  et  on 
fait  distiller  la  moitié  ou  les  trois  quarts  de  l’esprit  de  vin; 
et  ce  qui  reste  forme  l’élixir  aurihque. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  que  , par  le  procédé  do 
l’auteur,  on  11e  doit  pas  avoir  beaucoup  de  teinture  , par- 
cequ’il  ne  reste  pas  dans  le  marc  une  suffisante  quantité 
de  sel  ahcali  fixe  pour  agir  sur  l'esprit  de  vin  ; et  en  effet, 
j’ai  remarqué  que  celle  qu’on  tire  n’a  qu’une  légère  cou- 
leur ambrée.  Il  vaut  beaucoup  mieux  préparer  cet  ehxif 
de  la  maniéré  suivante,  et  l’on  peut  le  nommer  teinture 
d'antimoine. 

Teinture  d'antimoine , 
ou  élixir  aurifiqne  de  Rotrou,  reformé. 

21  Antimoine  crud  pulvérisé  , | lV/. 

Sel  akali  fixe , 5 X1J* 

On  mcle  ces  deux  substances  dans  un  mortier  de  fer  ; 


éléments  de  PHARMÀCIt.  7^9 

on  les  fait  fondre  dans  lin  creuset  : on  coule  la  uialiere  dans 
un  mortier  de  fer  un  peu  chauffé  : on  la  pulvérise  grossiè- 
rement : on  la  met,  tandis  qu’elle  est  chaude,  dans  un 
matras  qu’on  a fait  chauffer  un  peu  : on  verse  par-dessus, 

Esprit  de  vin  rectifié , K>  J* 


On  fait  digérer  ce  mélange  au  bain  de  sable  jusqu  à ce 
que  l’esprit  de  vin  ait  acquis  une  belle  couleur  rouge  : on 
décante  la  teinture  : on  la  filtre,  et  on  la  conserve  dans 
line  bouteille  bien  bouchée. 

Nous  avons  donné  toute  la  théorie  de  cette  opération 
en  parlant  de  la  teinture  de  sel  de  tartre  et  du  liliuni  ne 
Paracelse  ; ainsi  nous  n’en  dirons  rien  de  pins. 

Les  remedes  de  Rotrou  sont  employés  singulièrement  ^ 
pour  guérir  les  humeurs  froides  , pour  les  humeurs  squir- 
reuses  et  généralement  pour  toutes  les  humeurs  tenaces 
et  qui  ne  peuvent  céder  aux  remedes  ordinaires. 


Maniérés  d'employer  les  remedes  de  Rotrou. 


Après  avoir  préparé  le  malade  par  les  remedes  géné- 
raux , on  le  purge  avec  deux  grains  de  la  pâte  purgative 
ci-dessus  , et  l’on  observe  l’effet  de  ce  rcmede,  afin  d'en 
diminuer  ou  d’en  augmenter  la  dose  une  autre  fois. 

Le  lendemain  de  la  purgation  on  fait  prendre  au  ma- 
lade à jeun  six  grains  de  fondant  et  deux  grains  d’alxaii 
ou  coquilles  d’œufs  préparées;  ces  deux  substances  incor- 
porées , si  l’on  veut , avec  un  peu  de  conserve  de  roses 
pour  en  former  un  petit  bol,  buvant  par-dessus  une  in- 
fusion de  squine.  Une  heure  après  son  dîner  on  lui  lait 
prendre  six~gouttes  de  teinture  aurifique , délayées  dans  un 
verre  d’eau  de  squine.  Environ  quatre  ou  cinq  heures  après 
son  dîner  on  lui  fait  prendre  un  bol  semblable  au  précé- 
dent , et  une  heure  après  son  souper  une  pareille  dose 
de  teinture  aurifique.  On  peut,  au  lieu  de  teinture  , em- 
ployer l’élixir  pour  les  personnes  délicates;  il  est  moins 
âcre  et  moins  caustique  que  la  teinture  ; il  a d’ailleurs  les 
mêmes  propriétés  : ou  en  donne  douze  gouttes  au  lieu  de 
six  de  teinture.  Le  malade  continue  l’usage  de  ce  remede 
dans  les  doses  dont  nous  parlons  , deux  fois  par  jour  pen- 
dant la  première  semaine. 

Au  bout  de  ce  temps  on  le  purge  de  nouveau  avec  une 

D d d iij 


rtai. 


79 0 ÉLÉMENTS  DK  rrrARMACïE.' 

dose  plus  ou  moins  forte  de  pilules  purgatives  , et  on  lui 
iait  prendre,  pendant  le  reste  de  cette  seconde  semaine, 
deux  fois  par  jour , le  fondant  à la  dose  de  huit  grains  , 
l’akali  à celle  de  trois  grains  , et  la  teinture  , également 
deux  fois  par  jour  , à la  dose  de  huit  gouttes  , ou  l’élixir 
à la  dose  de  seize  gouttes. 

O11  purge  le  malade  au  commencement  de  la  troisième 
semaine  avec  les  mêmes  pilules  purgatives  , et  on  lui  fait 
continuer  l’usage  du  fondant  de  la  même  maniéré,  mais 
à la  dose  de  douze  grains  et  de  quatre  grains  d’akali  pour 
chaque  prise  , et  dix  gouttes  de  teinture  pour  chaque  prise, 
pareillement  deux  fois  par  jour. 

Au  bout  de  cette  troisième  semaine  on  purge  le  malade 
de  la  même  manière  , et  on  lui  fait  prendre  deux  fois  par 
jour  quinze  grains  de  fondant  , cinq  grains  d’akali  efc 
douze  gouttes  de  teinture  ou  vingt-quatre  gouttes  d’éli- 
xir. On  lui  fait  continuer  l’usage  de  ce  remede  à ces  der- 
nières doses  jusqu’à  ce  qu’il  soit  entièrement  guéri.  Mon 
intention  n’étant  que  de  donner  une  notice  sur  l’usage  de 
ces  remedes , je  n’ai  pas  cru  devoir  entrer  dans  un  pli^ 
grand  détail. 

Remede  des  Caraïbes  pour  guérir  delà  goutte. 

^Résine  de  gavac  5 ij. 

Eau-de-vie  de  sucre  ou  tafia  , ....  pintes  iij. 

On  pulvérise  grossièrement  la  résine  de  gayac  : on  la  met 
dans  un  matras  : on  verse  par-dessus  l’eau-de-vie  de 
sucre  connue  sous  le  nom  de  tafia  : on  bouche  l’ou- 
verture du  matras  avec  un  parchemin  mouillé  et  assu- 
jetti avec  du  fil  : on  place  le  vaisseau  au  soleil  ou  dans 
lin  endroit  chaud  , et  on  l’agite  plusieurs  fois  par  jour  : 
au  bout  de  huit  ou  dix  jours  on  filtre  la  liqueur  , et  on  la 
conserve  dans  une  bouteille  bien  bouchée. 

Ce  remede  est  estimé  propre  pour  guérir  de  la  goutte  , 
Dose,  ou  dumoinspour  en  éloigner  les  accès.  On  en  prend  deux 
petites  cuillerées  le  matin , buvant  par-dessus  une  tasse 
de  thé  ou  un  verre  d’eau  froide.  Ce  remede  n’exige  que 
le  régime  ordinaire  pour  ce  qui  regarde  les  aliments  et 
la  boisson. 


jêléjvients  de  pharmacie. 

Autre  rcmede  contre  la  goutte. 


Eau-de-vie, 

Scammonée  eu  poudre, 
Sucre  en  poudre  , . . . 
Syrop  de  violettes,  . . 


. . demi-seüeT. 

- - 5 ijr 


* ; 


IV. 


5 lh 


On  fait  chauffer  un  peu  l’eau* de-vie  dans  un  poêlon 
d’argent  et  on  y met  la  scammonée  : on  la  délaie  avec 
une  spatule  de  1er  : on  présente  une  bougie  allumée  pour 
mettre  le  feu  au  mélange  : on  ajoute  aussitôt  le  sucre  ; 
lorsque  le  sucre  est  dissous  ou  étouffe  la  flamme,  et 
lorsque  le  mélange  est  un  peu  refroidi  on  met  le  swop 
violât  : on  remue  la  liqueur  et  on  la  met  trouble  dans 
une  bouteille  pour  la  conserver. 

Lorsqu’on  fait  usage  de  ce  remede , c’est  toujours 
après  que  l’accès  de  goutte  est  passé,  et  au  déclin  de  la 
lune;  on  en  met  une  cuillerée  trouble  dans  un  verre  : ou 
prend  ce  mélange  le  malin  a jeun,  et  deux  heures  après 
on  prend  un  bouillon  gras.  Les  personnes  d’un  tempéra- 
ment fort  peuvent  en  prendre  deux  cuillerées.  Ce  remede 
purge  bien.  Le  lendemain  on  prend  un  lavement  d’eau 
pure. 

Ce  remede  guérit  la  goutte,  ou  en  éloigne  les  accès.  Vertus.' 
Lorsque  le  malade  se  trouve  bien  soulagé,  il  suffit  d’en 
prendre  pareille  quantité  quatre  fois  l’année  , au  com- 
mencement des  quatre  saisons  , et  toujours  au  déclin  do 
la  lune  suivant  l’Auteur. 


Remede  de  Mlle  Stephens  , pour  guérir  la  gravclle 

et  la  pierre. 


Ce  qui  compose  ce  remede  est  une  poudre  , une  tisane  ? 
des  boules  savonneuses  et  des  pilules  savonneuses. 


Poudre  absorbante  de  Mi,c  Stéphens.- 


Q Coquilles  d’œufs  calcinées , . . ; . . . . 5 xîj. 
Limaçons  entiers  calcinés  , 5 ij. 

On  mêle  exactement  sur  un  porphyre  , et  on  conservé 
cette  poudre  dans  une  bouteille. 


D d d iy 


TP2  iLÉMEJÎTS  DE  P H A R M A C I !/ 


Remarques. 

On  lave  dans  plusieurs  eaux  la  quantité  que  l’on  veut 
de  coquilles  d’œufs  : on  les  fait  sécher  : on  les  écrase 
grossièrement  : on  en  remplit  un  grand  creuset , que  l’on 
couvre  de  son  couvercle  : on  le  place  dans  un  fourneau 
entre  les  charbons  ardents  : on  anime  le  feu  par  degrés 
jusqu’à  faire  rougir  à blanc  le  creuset  , et  on  l’entretient 
en  cet  état  pendant  huit  ou  dix  heures  , ou  jusqu’à  ce  que 
les  coquilles  d’œufs  soient  bien  calcinées  et  réduites  en 
chaux  vive.  On  tire  le  creuset  hors  du  feu  : on  le  laisse  se 
refroidir  : on  met  cette  chaux  dans  une  grande  terrine  de 
grès  s on  l’expose  à l’air  , afin  qu’elle  tombe  en  efflores- 
cence et  qu’elle  se  réduise  en  poudre  fine  ; ce  qui  dure 
environ  deux  ou  trois  mois.  Alors  on  passe  au  travers 
d’un  tamis  de  soie  cette  chaux  éteinte  à l’air,  afin  d’en 
séparer  la  portion  de  coquilles  d’œufs  qui  a échappée  à la 
calcination  et  qui  ne  s’est  point  convertie  en  chaux. 
D’une  autre  part  on  prend  des  limaçons  de  jardin  ; on 
les  lave  dans  un  peu  d’eau  pour  leur  faire  dégorger  la 
terre  qu’ils  peuvent  tenir  : on  en  remplit  pareillement  un 
grand  creuset  et  on  les  fait  calciner  pendant  environ  une 
heure.  Au  bout  de  ce  temps  on  tire  le  creuset  hors  du 
feu  : on  laisse  refroidir  la  matière  : on  la  pulvérise  dans 
un  mortier  de  fer  et  on  la  passe  au  travers  d’un  tamis  de 
soie  très  serré.  Alors  on  mêle  ces  deux  poudres  , comme 
nous  venons  de  le  dire.  Mlle  Stéphens,  auteur  de  ce  re- 
mede  , recommande  de  préparer  la  poudre  de  limaçons 
dans  les  mois  de  mai , juin  ou  juillet.  A l’égard  de  celles 
des  coquilles  d’œufs  , il  paroît  assez  indifférent  dans  quelle 
saison  on  les  prépare. 

On  ne  fait  calciner  que  modérément  les  limaçons,  par- 
ceque  l’on  a intention  qu’il  reste  dans  cette  poudre  la  ma- 
tière charbonneuse  de  l’animal.  Cette  poudre  doit  être 
d’une  couleur  grise  cendrée.  Lorsqu’il  survient  du  dé- 
voiement , on  fait  usage  de  cette  poudre  en  même 
temps  qu’on  emploie  les  autres  remedes  dont  nous  allons 
parler. 

Tisane  de  M!Ie  Stéphens. 


^ Feuilles  récentes  de  bardane, 

camomille  romaine , 

) 


Éléments  d k pharmacie. 


79  3 


| 


Boule  savonneuse, 
Eau, 


ïb  iv. 


On  lave  les  herbes  : on  les  hache  grossièrement  : on  les 
fait  bouillir  légèrement  pendant  un  demi-quart-d  heure  : 
on  ajoute  la  boule  savonneuse  que  1 on  a coupée  menue  : 
on  lient  le  mélange  sur  un  feu  doux  jusqu  à ce  que  la 
boule  soit  entièrement  dissoute  et  ensuite  on  passe  la 
décoction  avec  expression.  Si  , pendant  qu  on  préparé 
cette  tisane  , il  se  fait  trop  d’évaporation  de  l’eau  , ou  la 
remplace  par  de  nouvelle  qu’on  ajoute  , afin  qu  il  reslo 
assez  de  liqueur  pour  former  douze  prises  de  tisane  : cette 
quantité  est  pour  quatre  jours.  Si  l’on  aime  mieux  , on  peut 
la  préparer  tous  les  jours  en  prenant  alors  le  quart  des 
substances  qui  la  composent.  Lorsqu’on  est  oblige  de 
prendre  ces  remedes  dans  une  saison  ou  l’on  ne  peut  se 
procurer  les  herbes  vertes,  on  emploie  les  racines  seclies 
de  ces  plantes  , en  diminuant  un  peu  la  dose. 

Boules  savonneuses  de  MlIe  Stéphens. 

^JSavon  médicinal , îl>  iv  fi. 

Miel  blanc  , ib  j. 

Cresson  sauvage  calciné  et  pulvérisé, . . . 5 üj  fi- 

On  met  toutes  ces  matières  dans  un  mortier  de  mar- 
bre et  on  les  pile  avec  un  pilon  de  bois  , pour  former 
une  masse  de  pilules  qui  doit  cire  exactement  mêlée  et 
qu’on  divise  en  seize  boules  de  quatre  onces  et  demie  cha- 
que. Le  cresson  doit  avoir  été  calciné  dans  un  tuyau  de 
poêle  , de  la  même_inaniere  que  nous  le  dirons  pour  la 
préparation  de  la  poudre  charbonneuse  qui  entre  dans 
les  pilules  savonneuses. 

Poudre  charbonneuse  pour  les  pilules  de  Ml!e  Stéphens. 

^Semences  de  carotte  sauvage  , 


On  met  toutes  ces  matières  seclies  dans  un  grand  tuyau 
de  poêle  , qu’on  bouche  par  les  deux  bouts  avec  des  cou- 


Fruit  de  frêne  avec  son  enveloppe 
de  gratecu  , 
d’aubépine  , 


barda  ne  , 


794  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIA 

vercles  de  tôle  : on  place  ce  tuyau  entre  les  charbons  ar- 
dents et  on  le  fait  rougir  jusqu  à ce  que  l’on  ne  voie  plus 
sortir  de  vapeurs  par  les  jointures  ; alors  on  ôte  le  tuyau 
du  feu  : on  le  laisse  se  refroidir  entièrement  avant  de 
l’ouvrir  : on  pulvérise  la  matière  charbonneuse  et  on  1* 
passe  au  travers  d’un  tamis  de  soie  très  fin. 

Pilules  savonneuses  de  Mlle  Stéphens. 


^Savon  médicinal  ft>iv/$. 

Miel  blanc  Jt»  j. 


Poudre  charbonneuse  , . 5 viij. 

On  fait  du  tout  une  masse  exactement  mêlée,  avec  la- 
quelle on  forme  des  pilules  du  poids  de  neuf  grains. 

La  principale  vertu  de  ce  remedc  vient  du  savon  : la 
poudre  charbonneuse  qu’on  fait  entrer  dans  ces  pilules  est 
composée  de  végétaux  diurétiques;  mais  la  calcination  dé- 
truit entièrement  leur  vertu  : toutes  ces  matières  calcinées 
n’ont  pas  plus  de  vertu  que  du  charbon  ordinaire.  Sté- 
phens est  convenue  elle-même  qu’elle  ne  les  faisoit  en- 
trer dans  son  remede  , sous  cette  forme  , que  pour  le 
mieux  déguiser  ; ainsi  il  paroit  qu’on  pourvoit  retrancher 
la  poudre  charbonneuse  sans  aucun  inconvénient. 

Maniéré  d'employer  les  remedc  s de  M!Ie  Stéphens. 

On  fait  usage  de  ces  remedes  , soit  en  pilules  , soit  en 
boisson,  suivant  que  cela  convient  mieux  au  malade.  Mais 
avant  d’er,  commencer  l’usage,  il  est  quelquefois  à propos 
de  préparer  le  malade  par  des  bouillons  humectants  pris 
pendant  quelques  jours  , par  la  saignée  du  bras  , et  une 
purgation  lorsque  la  plénitude  l’exige. 

Usage  du  remedc  en  pilules. 

On  fait  prendre  dix-huit  pilules  par  jour  , six  le  matin 
à jeun  , six  trois  -heures  après  le  dîner  , et  les  six  autres  trois 
heures  après  un  léger  souper,  buvant  chaque  fois  par-des- 
sus un  verre  de  tisane  chaude  faite  avec  du  chiendent  ou 
des  feuilles  de  pariétaire  et  une  pincée  de  Heurs  de  camo- 
mille : une  heure  après  la  première  prise  le  malade  peut 
déjeuner , s’il  est  dans  cette  habitudes 


IL^MENTS  DE  P II  ARM  A CI  R 79* 

Usage  clu  remede xn  boisson , ou  de  la  tisane. 

On  fait  prendre,  le  matin  à jeun,  une  prise  de  tisane 
chaude,  qu’on  peut  délayer  dans  de  l’eau  , si  le  malade  la 
trouve  trop  épaisse  : trois  heures  après  le  dîner  on  fait 
prendre  la  seconde  prise  : enfin  on  donne  la  troisième 
prise  trois  heures  après  un  léger  souper.  Le  malade  peut 
de  même  déjeûner  , s’il  est  dans  cette  habitude, 

, Si , pendant  l’usage  de  ce  remede  , pris  d’une  maniéré 
ou  de  l’autre  , il  survient  du  dévoiement,  on  fait  prendre 
au  malade  le  soir  , après  la  derniere  prise  de  pilules  ou  de 
tisane,  vingt-quatre  grains  de  poudre  absorbante:  on  peut 
aussi  avoir  recours  aux  reinedes  ordinaires  dont  on  fait 
usage  pour  cette  indisposition. 

Le  régime  à observer  lorsqu’on  use  de  ces  remedes  , 
consiste  à ne  point  faire  maigre  , à ne  point  manger  de 
ragoûts  , de  fromage  , de  salade  , de  fruits  cruds  ni  de 
viandes  salées  , à boire  très  peu  de  vin  et  bien  trempé  , à 
ne  point  prendre  de  liqueur  t très  peu  ou  point  de  café  ni 
de  chocolat. 

Le  remede  de  Mlle  Stéphens  convient  dans  les  ma-  Vertus, 
ladies  glaireuses  des  reins,  pour  évacuer  les  engorgements 
qui  peuvent  se  former  dans  les  uréteres  ; il  est  bon  pour 
les  personnes  qui  ont  des  dispositions  à être  incommo- 
dées de  la  pierre  ou  de  la  gravelle  : on  est  obligé  de  faire 
usage  de  ce  remede  pendant  long-temps  , comme  plusieurs 
mois  de  suite  , ou  jusqu’à  ce  que  l’on  se  sente  soulagé  ou 
guéri  : on  en  diminue  la  dose  à mesure  que  l’on  ressent 
du  soulagement.  On  a attribué  à ce  remede  la  vertu  de 
dissoudre  la  pierre  et  les  graviers  ; mais  on  n’a  pas  des 
preuves  bien  certaines  qu'il  ait  produit  ces  effets. 

Remede  de  Vanswieten  pour  guérir  les  maladies  vé- 
nériennes. 

^Sublimé  corrosif, gr.  xvj. 

Esprit  de  froment , ij. 

On  tr  iture  le  sublimé  corrosif  dans  un  mortier  de  verre 
avec  un  pilon  de  verre  ; on  le  dissout  peu  à peu  dans 
l’esprit  de  froment , et  on  le  conserve  dans  une  bouteille. 

Une  personne  en  correspondance  avec  Vanswieten  m’a 
communiqué  les  doses  de  ce  remede  dans  les  premiers 


*?9 ^ Eléments  de  pharmacie. 

temps  ou  1 auteur  l’a  mis  en  usage  : ce  sont  les  closes  que 
nous  avons  prescrites  clans  la  lormule.  Nous  les  avons 
prescrites  avec  d’autant  plus  de  confiance  , que  IV1.  Tissot  f 
dans  son  livre  qui  a pour  titre  : Avis  au  peuple  sur  sa 
saute  , spécifié  les  mêmes  closes  au  n°.  91  de  ses  formules. 
Cependant  à Paris  on  suitplus  volontiers  la  close  de  douze 
grains  par  pinte  ou  par  deux  livres  d’esprit  de  froment. 

L’auteur  de  ce  remede  le  recommande  pour  la  vérole  , 
et  le  fait  prendre  à la  dose  d’une  cuillerée  matin  et  soir  , 
mêlé  avec  de  l’eau  , buvant  chaque  fois  une  verrée  de 
boisson  faite  avec  une  iivre  d’une  légère  décoction  d’orge, 
à laquelle  011  ajoute  une  troisième  partie  de  lait  : cette 
boisson  peut  même  servir  de  boisson  ordinaire.  Lorsque 
ce  remede  ne  fatigue  point  l’estomac , 011  peut  aller  par 
degrés  jusqu’à  deux  cuillerées  matin  et  soir  , toujours 
mêlées  avec  de  l’eau  , buvant  par-dessus  une  tasse  de  la 
boisson  dont  nous  venons  de  parler. 

On  dit  que  ce  remede  n’exige  aucune  préparation  préli- 
minaire; que  le  malade  qui  en  tait  usage  peut  vaquer  à ses 
affaires  , et  qu’il  suffit  qu’il  évite  de  manger  des  aliments 
salés  et  échauffants.  On  prétend  aussi  que  ce  remede  , pris 
intérieurement , guérit  les  ulcérés  vénériens  sans  autre  ap- 
plication externe  que  de  quelque  emplâtre  simple,  pour 
couvrir  seulement  les  ulcérés  jusqu’à  ce  que  la  peau 
soit  régénérée.  11  passe  pour  guérir  aussi  les  taches  de  la 
cornée  , sans  même  qu’elles  viennent  d’aucune  ophlhal- 
mie  vénérienne  : il  agit  , comme  altérant  , sans  causer 
aucune  évacuation  sensible  : il  arrête  aussi  les  ancien- 
nes gonorrhées  qui  avoient  résisté  aux  frictions  mercu- 
rieles. 

O11  continue  l’usage  de  ce  remede  jusqu’à  ce  que  les 
accidents  pour  lesquels  ou  l'ordonne  disparoissent  tota- 
lement; ce  qui  demande  plus  ou  moins  de  temps,  comme 
quatre  , cinq  ou  six  mois.  Vanswieten  recommande  d’em- 
ployer de  l'esprit  de  froment  pour  ce  remede  , et  prétend 
qu’il  ne  peut  être  remplacé  par  aucune  autre  liqueur  spi- 
ritueuse  inflammable  : c’est  peut-être  par  rapporta  cela 
qu'il  11’a  pas  produit  généralement  d’aussi  bons  effets  à 
Paris  qu’en  Allemagne.  Quoi  qu’il  en  soit,  je  sais  de  quel- 
ques chirurgiens  qui  en  ont  fait  usage,  qu’ils  ont  remar- 
cjué  qu'il  occasionnoit  quelquefois  des  sécheresses  de  poi- 
trine considérables,  quoique  préparé  avec  de  l’esprit  de 


uhlENTS  DE  PHARMACIE.  797 

froment.  ,1  ’ai  conseillé  à quelques  uns  de  triturer  d’abord 
le  sublimé  corrosif  avec  moitié  de  son  poids  de  camphre: 
les  malades  s’en  sont  asse2:  bien  trouvés  , et  il  a paru  qu’il 
occasion  noit  moins  do  sécheresse  dans  la  poitrine. 

Beaucoup  de  personnes  qui  ne  sont  point  dans  l’usage 
de  boire  de  l’ean-de-vie  , préfèrent  l’eau  distillée  pour 
dissoudre  le  sublimé  corrosif  : on  fait  actuellement  plus 
d’usage  de  ce  remede  préparé  avec  de  l’eau  distillée  , et  on 
s’en  trouve  mieux  que  lorsqu’il  est  préparé  avec  de  l’eau- 
de-vie. 

On  11e  doit  point  se  servir  de  mortier  de  marbre  pour 
la  préparation  de  ce  remede  , parceque  le  sublimé  cor- 
rosif se  décompose  en  attaquant  le  marbre  qui  est  une 
pierre  calcaire. 


Remede  contre  le  lait  répandu. 

^Fleurs  de  millepertuis,  S 
souci  de  vienc  , s 

Serpolet  , 

Gallium  Intérim  , 

Bétoine  , 

Pervenche  , 

Cerfeuil  , 

Kaciræ  de  patience  sauvage  7 __  .. 

Sel  d’epsom.  S aa'  * * 0 B* 

On  incise  mênse  les  plantes  seches  : on  coupe  par 
tranches  la  racine  de  patience  : on  fait  du  tout  un  pa- 
quet d’especes. 

On  mettra  le  soir  ce  paquet  d’especes  dans  une  cafe- 
tière : on  versera  par-dessus  une  chopine  de  petit  lait  cla- 
rifié et  bouillant  : on  laisse  infuser  ce  mélange  jusqu’au 
lendemain  : on  passe  l’infusion  avec  expression  , et  on  la 
partage  en  deux  verres  qu’on  prend  le  matin  à jeun  à une 
heure  de  distance  l’un  de  l’autre  : une  heure  après  le 
dernier  on  prend  un  bouillon  aux  herbes  ou  une  tasse 
de  chocolat  de  santé  préparé  à l’eau.  On  continue  l’usage 
de  ce  remede  pendant  vingt  ou  trente  jours  de  suite  , ex- 
cepté le  temps  des  réglés  qu’il  convient  de  suspendre 
l’usage  de  tous  médicaments. 

Tous  les  dix  jours , au  lieu  de  deux  gros  de  sel  d’epsom , 
on  ajoute  à l’infusion  une  once  du  même  sel  : ce  oui 


' 1 


aa.  pu  g.  1 ou  5 B- 


79$  1?.  LJSMENTS  DE  PHARMACIE. 

tiendra  lieu  de  médecine,  et  pendant  l’effet  de  la  méd«* 
cine  on  prend  du  bouillon  aux  herbes. 

S’il  arrivoit  que  l’once  de  sel  purgeât  trop,  on  ne  met- 
trait que  six  gros  à la  seconde  médecine. 

Si  les  deux  gros  de  sel  que  la  malade  doit  prendre  tous 
les  jours  dans  son  infusion  ne  lui  procuraient  pas  deux 
'ou  trois  selles  par  jour  , on  ajouterait  à l’infusion  des 
plantes  trois  et  même  quatre  gros  de  sel  d’epsoin;  et  on 
observera  si  l’effet  est  suffisant. 

La  malade  doit  vivre  de  régime  , se  procurer  une 
nourriture  saine  , éviter  les  aliments  cruds  , toutes  les 
especes  de  fromages  et  le  laitage  ; elle  peut  boire  un  peu 
de  vin  trempé  à ses  repas  et  souder  légèrement. 


Remede  contre  les  dartres  vives  et  farineuses. 


Blanc  de  céruse, : . . . . 5 ij. 

Alun  de  roche, 5 j fil 

Sublimé  corrosif, 3 iv. 

Eau  , 1b  ij. 


On  met  toutes  ces  substances  dans  une  bouteille  plus 
grande  du  double  qu’il  ne  faut  pour  les  contenir;  on  agite 
le  mélange  pendant  cinq  à six  minutes  : on  débouche  la 
bouteille  de  temps  en  temps  pour  laisser  évacuer  l’air  qui 
se  dégage,  et  la  composition  est  faite. 

Lorsqu’on  veut  se  servir  de  cette  eau , on  agite  la  bou- 
teille afin  de  troubler  la  liqueur;  on  en  met  dans  un  go- 
belet de  verre  , on  en  imbibe  un  linge  ; on  frotte  et  on 
t^tuve  les  dartres  avec  ce  linge;  ce  que  l’on  réitéré  deux 
fois  par  jour,  le  matin  et  le  soir  en  se  couchant,  Si  les  dar- 
tres étoient  très  vives  , et  que  cette  eau  lit  trop  d’impres- 
sion , on  pourrait  l’affoiblir  avec  de  l’eau  pure.  11  faut 
laisser  tomber  les  croûtes  d’elles-mêmes , et  11e  point  les 
'arracher  , sinon  on  en  est  marqué  comme  de  la  petite 
vérole.  Si  les  dartres  sont  près  des  yeux,  il  convient  de 
prendre  des  précautions  pour  qu’il  n’entre  point  de  celte 
eau  dedans  , elle  produirait  beaucoup  de  cuissons. 

Lorsque  le  sujet  qui  a des  dartres  a un  virus  vérolique 
ou  cancéreux,  le  remede  indiqué  11e  fait  point  disparaîtra 
les  dartres;  il  faut  auparavant  traiter  le  sujet  des  différentes 
maladies  qui  accompagnent  son  humeur  darlreuse. 


JLl1jM£XTS  DK  P II  A S M A C I E • 


799 


Remarques. 

M.  le  cardinal  de  Luynes  fut  attaqué  de  dartres  au  vi- 
sage qui  résistèrent  à tous  les  remedes  ; il  fit  ce  que  la  plu- 
part des  malades  font  en  pareilles  circonstances:  abandon- 
né des  gens  de  l’art,  il  adopta  un  nouveau  remede  qu’on 
lui  dit  efficace  , et  qui  étoit  alors  un  secret  connu  seule- 
ment par  ses  bons  effets  : il  s’en  trouva  bien  et  fut  guéri 
en  fort  peu  de  temps.  Ce  succès  l’engagea  à acheter  ce 
remede  pour  en  gratifier  ceux  qui  pourroient  être  affligés 
de  dartres.  Le  propriétaire  du  secret  le  lui  vendit  , mais 
avec  la  réserve  qu’il  ne  pourroit  le  publier  qu’après  la  mort 
de  lui  vendeur.  Le  cardinal  de  Luynes  se  soumit  à cette 
condition  , et  Aussitôt  qu’il  put  disposer  de  ce  remede , il 
le  communiqua  à plusieurs  personnes  de  l’art  , et  à moi 
particulièrement.  Depuis  une  vingtaine  d’années  je  l’ai 
conseillé  a beaucoup  de  personnes  qui  ont  éprouvé  les 
mêmes  bons  succès  et  aussi  promptement.  Mais  j’ai  ob- 
servé, comme  l’auteur  du  remede  le  dit  , que  , lorsqu’il 
y a complication  de  la  maladje  dartreuse  avec  le  virus  vé- 
rolique  ou  cancéreux,  ce  remede  soulage  seulement  et 
ne  guérit  pas. 

Remede  de  Chantilly  ou  de  M . le  Duc  , pour  la  fievre* 


Cloportes  en  poudre  , y 

Petite  centaurée,  $ aa o fi* 

Quinquina  en  poudre, 5 j. 


On  forme  du  tout  une  poudre  pour  une  prise. 

Ce  remede  a été  fort  en  usage.  On  fait  tremper  cette 
poudre  dans  un  poisson  de  vin  vieux  rouge  ou  blanc, 
pendant  six  heures.  On  fait  prendre  ce  remede  trouble  au 
malade  , à l’instant  qu’il  commence  à sentir  les  avant- 
coureurs  du  frisson.  Une  prise  ou  deux  de  ce  remede  ar- 
rêtent quelquefois  la  fievre. 

Remede  de  B a ville,  pour  la  colique  néphrétique ; 

^Racine  de  calcitrapa  en  poudre  , . . . , x j, 

Anis  entier,  \ 

Candie  concassée , Ç aa 5 fi* 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACI2. 


Sassafras  coupé  menu 
Sucre  en  poudre  , . 


On  met  séparément  toutes  ces  substances  dans  des  pa- 
piers , parceque  ce  remede  se  prépare  assez  ordinairement 
chez  le  malade. 

Le  vingt-huitieme  jour  de  chaque  lune  on  délaie  , dans 
un  petit  verre  devin  blanc  ou  d’eau  , la  poudre  de  cal  ci- 
trapa , que  le  malade  avale  le  matin  à jeun;  il  peut  déjeu- 
ner trois  heures  après  , si  c’est  son  habitude,  ou  prendre 
seulement  un  bouillon.  Le  lendemain  matin  on  lui  fait 
prendre  à jeun  la  décoction  légère  de  trois  ou  quatre  pin- 
cées de  pariétaire  récente  , faite  dans  environ  huit  onces 
d’eau  , et  dans  laquelle  on  a fait  bouillir  eft  même  temps 
l’anis  , la  canelle  et  le  sassafras  : on  passe  la  liqueur  : ou 
y fait  dissoudre  le  sucre,  et  on  avale  cette  liqueur  chaude. 
On  continue  l’usage  de  ce  remede  tous  les  mois  , dans  le 
même  temps  , jusqu’à  parfaite  guérison.  On  a soin  d’en- 
tretenir le  ventre  libre. 

L’attention  de  ne  prendre  ce  remede  que  le  vingt-huit 
€t  le  vingt- neuf  de  chaque  lunaison  parort  minutieuse  et 
puérile.  Le  remede  , pris  dans  tout  autre  temps  , produi- 
roit  les  mêmes  effets.  Cependant  d’habiles  observateurs 
ont  remarqué  que  la  température  de  l’air  suit  ordinaire- 
ment les  phases  de  la  lune  , et  l’on  peut  croire  que  cette 
température  influe  sur  l’action  des  remedes,  sur-tout  dans 
certains  tempéraments. 


^Cailloux  calcinés  et  préparés  , | j- 

Craie  de  Briançon  préparée , 5 0* 

Safran  de  Mars  préparé  à la  rosée  , . . 3 j- 

On  mêle  ces  substances  sur  un  porphyre  , et  on  en- 
ferme la  poudre  dans  une  bouteille  pour  le  besoin.  On  se 
sert  de  cette  poudre  pour  préparer  l’eau  suivante. 


Poudre  de  Vill  ars. 


Pau  de  V i l l a R s. 


^Poudre  de  Villars 
Eau  de  riviere , . , 


gr.  vq 

To  ij- 


On 


*f  L é M ï N *t  5 D E PHARMACIE.1  80  1; 

On  met  la  poudre  dans  l’eau  : on  la  laisse  infuser  du 
jour  au  lendemain  , et  on  filtre  la  liqueur. 

Cette  eau  se  vendoit  douze  livres  la  pinte;  l’auteur  en 
faisoit  prendre  trois  pintes  par  jour , et  faisoit  observer  une 
diète  sévere.  11  guériSoit  ainsi  les  plénitudes  produites  par  Vertu* 
une  trop  grande  chere  et  les  indigestions  : il  faisoit  con- 
tinuer l’usage  de  cette  eau  plusieurs  jours  de  suite  ; et  des 
maladies  qui  seroient  devenues  très  graves,  étoient  sou- 
vent guéries  par  ce  remede  , ou  plutôt  par  la  diete  et  l’eau 
que  1 auteur  prescrivoit  à ses  malades. 

Tisane  de  F e l t z. 


2^  Sarcepareille  coupée  , . . . 

Squine  

Antimoine  , 

Colle  de  poissons  , 

Ecorce  de  buis, 

Lierre  de  muraille 


• • 4 

5 ')• 

V"  • 

5 b 
'*■*'  • 

5 1V* 
? j IL 


On  fait  bouillir  toutes  ces  substances  dans  six  pintes 
d eau  : on  suspend  l’antimoine  enfermé  dans  un  nouct  : 
lorsque  la  liqueur  est  îeduite  a trois  pintes,  on  la  passe 
et  on  y fait  dissoudre , 


Sublimé  corrosif,  : ; ; , . grains  iij.' 

On  j.dit  boue  au  malade  une  pinte  de  cette  tisane  par 

î°ur  \ en  trois  ou  quatre  verres.  Elle  guérit  les  maladies  Vertus, 
vénériennes. 


I in  anliscorbutique  de  Dumorette. 

2^ Racines  de  raifort  sauvage,  . . . 

bardane,  . ° a ^ 

Feuilles  de  cochléaria  , 
cresson  , 
bcccabunga 
fumeterre , 

Semences  de  moutarde , 

Sel  ammoniac  , . . . . 

Vin  blanc  

On  nétoie  les  racines  : on  les  coupe  par  franches  • on 

Eee 


$02  éléments  de  pharmacie. 

épluche  les  feuilles:  on  les  coupe  menues  : on  concasse  la 
semence  de  moutarde  et  de  sel  ammoniac  : on  met  toutes 
ces  substances  dans  un  matras  : on  verse  le  vin  par-dessus: 
on  laisse  infuser  ces  matières  à froid  pendant  huit  jours  , 
ayant  soin  de  tenir  le  matras  toujours  bien  bouché  et  de 
l’agiter  plusieurs  fois  par  jour.  Alors  on  coule  avec  expres- 
sion : on  filtre  le  vin  , et  on  le  conserve  à la  cave  dans  des 
bouteilles  bien  bouchées. 

Vertus.  On  donne  ce  vin  dans  le  scorbut  et  dans  toutes  les 
Duse»  affections  scorbutiques.  La  dose  est  depuis  une  once  jus 
qu’à  quatre. 

Eau  de  goudron . 


On  met  dans  une  cruche  de  grès  une  livre  ou  deux  de 
goudron  de  Norwege  : on  verse  par-dessus  environ  seize 
pintes  d’eau  : on  laisse  infuser  ce  mélange  pendant  huit  ou 
dix  jours , ayant  soin  de  l’agiter  de  temps  en  temps  avec  une 
spatule  de  bois.  Alors  on  sépare  l’eau  de  dessus  le  goudron  : 
on  la  filtre  au  travers  d’un  papier  gris  et  on  la  met  dans 
des  bouteilles.  Souvent  on  conserve  cette  eau  sur  son 
marc  : mais  elle  se  charge  d’une  trop  grande  quantité  de 
principes  et  acquiert  une  couleur  et  une  saveur  trop  loi  tes 

qui  la  rendent  désagréable  à boire.  . 

^ Le  goudron  est  une  matière  résineuse,  liquide,  noire , 
d’une  consistance  à-peu-près  semblable  a cehedela  téré- 
benthine : il  contient  beaucoup  d’huile  essentielle.  L ne 
partie  de  cette  huile  se  dissout  dans  l’eau  et  lui  commu- 
nique son  odeur  et  sa  saveur.  Pendant  1 infusiou  du  gou- 
dron il  se  sépare  une  matière  résineuse  qui  vient  na- 
ger à la  surface  de  l’eau  : quelques  personnes  ont  donne 
à cette  matière  résineuse  le  nom  d 'huile  ch  goudron  , , et 
ont  cru  lui  trouver  de  grandes  vertus  pour  purifier  le  sa  b, 
elle  a les  mêmes  vertus  que  le  goudron. 

L’eau  de  goudron  a eu  sa  vogue  dans  son  temps  coin 
la  plupart  des  remedes  nouveaux.  Cette  liqueur  n est  pas  a 
beaucoup  près  sans  vertus  : il  paroît  qu’on  n a cesse  d en 
faire  usage  que  par  rapport  à sa  mauvaise  saveur. 
v„tus  L’eau  de  goudron  a desqualités  légèrement  savonneuse s 
balsamiques  : on  la  donne  à la  suite  des  gono-rhte  elle 
est  bonne  pour  le  scorbut  : elle  est  antiputru  , ' 

elle  convient  dans  les  maladies  de  la  peau.  On  en  prend 
vue  pinte  par  jour  en  huit  ou  dix  petits  voues. 


ÜLÉMENT5 


D«  PHARMACIE. 


8o3 


Collyre  de  Lanfranc. 

Vin  blanc,  » • 

Eau  de  plantain  ,7 

roses  , Ç aa » $ üj. 

Orpin  préparé, r •• 

Verd-de-gris  , . . . ~ ' 

Myrrhe, S __  ù 

Aloês,  faa ij. 

On  triture  ensemble  dans  un  mortier  l’orpin  , le  verd- 
(Ic-gus  , la  myrrhe  et  l’aloè's  : on  délaie  ces  poudres  peu 

plantain'*0  ° V“‘  ’ 6t  ^ a,0ute  !es  ciux  de  roses  et  de 

Ce  mélangé  porte  improprement  le  nom  de  collyre  • il 
B est  point  employé  pour  les  yeux  : on  s’en  sert  pour  tou- 
cher les  ulcérés  et  les  chancres  vénériens  qui  viennent  dans 
a bouche  : on  en  imbibe  pour  cela  un  petit  tampon  de 
linge  qu  onaattache  au  bout  d’une  baguette  • on  doit  bien 
prendre  garde  que  le  malade  n’en  avafe  j causTde  1 ornn 
et  du  verd-de-gris  , qui  sont  des  poisons.  P “ 

Un  tan  encore  entrer  ce  mélange  en  petite  dose  dan. 
des  injections  , pour  guérir  les  ulcérés  vénériens. 

médicaments  magistraux. 

Nous  avons  défini , à l’article  de  la  mixtion  les  < 

c£î^-4srd’jcfSS 

pins  long- temps  que  nous  venons  de  le  dire  én 
nu  me  médicament  devient  officinal.  C’est  de  cette’ 
mere  que  ce  sont  introduites  dans  la  Pharma-ie  1,1  " 

et  o,l  l’adopteTdans  la  médednel  ^tT» 

♦les  remedes  o fficinaux  ()n  q 7 ^ , J PrtPara^on 

de  «'instruire  > * ^ K? 

Eee  ij 


8o4  ÏLEMEKTS  de  pharmacie^ 

meilleure  manipulation  ; mais  à 1 egard  des  remedés  ma- 
gistraux , la  préparation  en  doit  être  faite  le  plus  promp- 
tement qu’il  est  possible  ; l’apothicaire  n’a  souvent  qu’un 
instant  pour  se  déterminer  dans  le  choix  de  la  manipula- 
tion qu’il  doit  employer  à la  préparation  du  médicament: 
il  y a une  inimité  de  cas,  et  ce  sont  les  plus  fréquents, 
où  la  manipulation  contraire  change  la  nature  du  médica- 
ment , qui  ne  remplit  pins  les  indications  qu’on  s’étoit 
proposées.  J’ai  déjà  eu  occasion  de  parler,  dans  plusieurs 
endroits  de  cet  ouvrage  , de  beaucoup  de  médicaments 
magistraux  , parcequ’ils  sont  analogues  à des  officinaux  : 
par  exemple  , à l’article  des  infusions  et  des  décoctions 
officinales  qui  doivent  entrer  dans  des  compositions  , 
j’ai  dit  tout  ce  qui  m’a  paru  essentiel  à 'savoir  sur  les  re- 
medes  magistraux  de  même  espece  : j’en  ai  fait  de  même 
à l’égard  des  autres  lorsque  l’occasion  s’en  est  présentée. 
Néanmoins  il  en  est  resté  un  grand  nombre  sur  lesquels 
je  ne  pouvois  rien  dire  sans  déranger  l’ordre  que  je  me 
suis  proposé  de  suivre  ; c’est  ce  qui  me  détermine  à en 
parler  ici. 

Des  émulsions . 

Les  émulsions  sont  des  médicaments  liquides,  laiteux  t 
ils  doivent  leur  qualité  laiteuse  à de  l’huile  qui  est  divisée 
et  suspendue  dans  l’eau  par  l’intermede  d’un  mucilage. 
On  peut  préparer  les  émulsions  avec  toutes  les  semences 
qui  fournissent  de  l’huile  par  expression  , et  que  nous 
avons  nommées  pour  cette  raison , semences  émulsiyes  ; 
comme  sont  les  amandes  douces  et  ameres , les  quatre 
semences  froides  , les  semences  de  pavot  blanc , de  lin , 
de  pourpier,  de  chanvre  , de  citron  , de  pivoine,  de  pignon 
doux  , de  pistaches,  etc. 

Les  véhicules  des  émulsions  sont  l’eau  pure  , les  eaux 
distillées  , les  infusions  des  plantes  , quelquefois  des  dé- 
coctions. Les  émulsions  sont  plus  ou  moins  chargées  de 
ces  semences  huileuses  : cela  dépend  des  indications  que 
l’on  a à remplir.  On  met  sur  une  pinte  de  liqueur  depuis 
demi-once  jusqu’à  quatre  onces  de  semences.  Nous  avons 
donné  la  maniéré  de  préparer  les  émulsions  en  parlant  du 
syrop  d’orgeat  ; ainsi  nous  n’en  dirons  rien  déplus.  Cequi 
lormc  la  matière  de  l’émulsion  est  l’huile  des  semences 
qui  se  çUvise  par  1 iiUçrmede  du  mucilage  contenu  dans 


ÏLÏMÜNTS  DE  F H AH  MAC  I I?  80  5 

ices  mêmes  semences.  Ce  mucilage  la  met  en  état  de  se 
tenir  suspendue  dans  l’eau  , comme  cela  se  fait  par  un 
mucilage  étranger  , dans  la  préparation  des  loochs. 

Les  émulsions  sont  simples , ou  composées  de  plu- 
sieurs semences  : on  les  édulcore  avec  du  sucre  ou  avec 
quelque  syrop  approprié  , depuis  une  demi-once  jusqu’à 
deux  onces  pour  le  sucre,  et  jusqu’à  trois  onces  pour  une 
pinte  : lorsqu’on  les  édulcore  avec  du  syrop  , on  ajoute 
quelquefoisdespoudresauxémulsions,  etquelquefois  aussi 
des  sels.  Mais  on  doit  éviter  d’y  faire  entrer  des  matières 
acides  , soit  végétales  , soit  minérales  , parcequ’elles  coa-* 
gulent  la  partie  blanche  , comme  cela  arrive  au  lait  quand 
on  le  mêle  avec  des  acides.  Les  liqueurs  spiritueuses  pro- 
duisent à-peu-près  le  même  effet. 

Les  émulsions  sont  comparables  au  lait  des  animaux  : 
elles  sont  essentiellement  composées  des  mêmes  sub- 
stances. L’huile,  dans  l’émulsion  , fait  fonction  de  beurre  : 
elle  est  divisée  par  le  mucilage  de  la  semence  , comme  le 
beurre  l’est  par  le  fromage  ; c’est  l’extrême  division  de 
cette  huile  qui  occasionne  l’opacité  de  la  couleur  blanche 
et  laiteuse  du  lait  et  des  émulsions.  L’eau,  dans  l’émul- 
sion , tient  lieu  de  la  sérosité  qui  se  trouve  dans  le  lait  des 
animaux;  elle  est  de  même  susceptible  de  se  séparer  par  le 
repos  , et  de  laisser  nager  à sa  surface  la  matière  huileuse 
en  forme  de  crème  semblable  à celle  qui  se  forme  par  le 
repos  à la  surface  du  lait  des  animaux.  L’émulsion  est  sus- 
ceptible de  s’aigrir  et  de  se  caillcbotcr  comme  le  lait  : elle 
est  pareillement  coagulable  par  les  acides  comme  le  lait, 
et  forme  une  sorte  de  sérosité  chargée  d’une  légère  por- 
tion d’huile  qui  la  rend  trouble  comme  du  petit  lait  avant 
qu’il  soit  clarifié. 

Des  loochs. 

Les  loochs  sont  des  médicaments  liquides  , qui  doi- 
vent être  d’une  consistance  moyenne  entre  les  syrops  or- 
dinaires et  les  syrops  cuits  pour  les  électuaires.  On  en  fait 
rarement  de  plus  liquides,  mais  quelquefois  on  en  fait  de 
plus  épais.  Autrefois  on  faisoit  sucer  les  loochs  aux  mala- 
des au  bout  d’un  morceau  de  réglisse  effilé  en  forme  de 
pinceau.  Quelques  praticiens  font  encore  usage  de  cette 
méthode  : mais  la  maniéré  la  plus  ordinaire  de  les  fair® 
prendre  est  de  les  donner  par  petites  cuillerées. 

Ï?  • • % 

e e u] 


So6  éléments  de  pharmacie. 

Les  pectoraux  font  la  base  des  loochs , sous  quelque 
Jeune  qu  ils  soient , comme  l’huile  d’amandes  douces,  le 
Diane  de  baleine  récent , certaines  poudres  pectorales  , les 
iniels,  lessyrops,  quelquefois  la  térébenthine,  etc.  On 
se  sert  ordinaiiement  fies  mucilages  de  gomme  arabique 
et  de  gomme  adiaganlh  , ou  de  celui  qu’on  tire  par  décoc- 
tion des  semences  de  lin  , de  psyllium , etc.  ou  enfin  de 
jaune  d’œufs  , pour  mieux  diviser  et  unir  à l’eau  les  ma- 
tières huileuses  et  résineuses.  L’excipient  des  loochs  est 
1 eau  , ou  de  légères  infusions  de  substances  appropriées  ; 
quelquefois  ce  sont  des  eaux  distillées. 

Looch  blanc  pectoral. 


Réglisse  concassée ; ; 

Eau  

Amandes  douces, 

Gomme  adraganth  en  poudre  fine,  . . . 
Syrop  diacode  , \ - 

de  guimauve  , 5 aa 

Huile  d’amandes  douces, 

Eau  de  fleurs  d’oranges  


9); 

6 1V' 
n°  xx. 

gr.  xvj. 


S i- 
5 i j 


On  met  la  réglisse  dans  une  fiole  à médecine  et  l’on 
verse  par-dessus  de  l’eau  bouillante.  Pendant  que  l’infusion 
se  fait,  on  pele  les  amandes,  après  les  avoir  fait  tremper  un 
instant  dans  l’eau  bouillante  , et  on  les  lave  dans  de  l’eau 
froide.  On  pile  les  amandes  dans  un  mortier  de  marbre, 
avec  un  pilon  de  bois,  en  les  arrosant  avec  l’infusion  de 
réglisse  ci-dessus.  On  forme  une  émulsion  que  l’on  passe  au 
travers  d’une  étamine.  Ensuite  on  nétoie  le  mortier  et  son 
pilon  : on  met  la  gomme  adraganth  dans  le  mortier  : on  la 
délaie  avec  une  cuillerée  de  lait  d’amandes,  et  on  l’agite 
avec  le  pilon  jusqu’à  ce  qu’elle  se  soit  réduite  en  mucilage. 
Alors  on  y incorpore  peu  à peu  l’huile  d’amandes  douces 
et  le  syrop  qu’on  a pesés  et  mis  dans  la  même  bouteille  : 
on  agite  le  mélange  jusqu’à  ce  qu’il  devienne  fort  épais, 
bien  uni  et  qu’il  ne  paroisse  plus  de  grumeaux.  Ensuite 
on  délaie  ce  mélange  avec  le  reste  de  l’émulsion,  enl’agi- 
tant  avec  le  pilon  ; et  sur  la  fui  on  ajoute  l’eau  de  fleurs 
d’oranges.  On  met  le  looch  dans  une  bouteille. 


Remarques. 


On  retranche  de  ce  looch  le  syrop  diacode , lorsqu® 


i L £ M E K T S DE  ? H A R M A C I î.  &ÔJ 

relui  qui  l’ordonne  le  juge  a propos,  et  on  le  remplac  e par 
du  syrop  de  guimauve.  Souvent  Je  médecin  lait  ajouter  du 
Kermès  minéral  a ce  loocli.  Dans  ce  cas  il  convient  de  le 
mettre  en  même  temps  que  la  gomme  adraganth  , afin  qu’il 
se  trouve  mieux  délayé  : il  arrive  assez  souvent  que  , lors- 
qu’on le  délaie  après  coup,  il  en  reste  une  portion  en^petits 
grumeaux,  qui  ne  sont  pas  bien  sensibles,  pareequ  on  ne 
le  lait  entrer  qu’à  la  dose  d’un  grain  jusqu  a quatre  ou  si.:. 
Lorsque  le  Kermès  se  trouve  mal  délayé  , le  malade  le 
prend  inégalement. 

Leloocîi  blanc,  dont  nous  venons  de  donner  la  recette, 
est  celui  de  Geofiroi.  11  laut , pour  qu’il  soit  bien  lait , que 
l’huile  ne  se  laisse  appercevoir  en  aucune  maniéré  et 
qu’elle  ne  se  sépare  point  par  le  repos.  Quelques  Phar- 
macopées retranchent  de  ce  loocli  l’infusion  de  reglisse, 
et  la  remplacent  par  de  l’eau  : elles  suppriment  encore  les 
6yrops  , qu’elles  font  remplacer  par  du  sucre.  11  paroit 
qu’on  a fait  ces  changements  dans  le  dessein  d’avoir  ce 
loocli  plus  blanc  , parceque  les  syrops  , sur-tout  celui  de 
diacode  et  l’infusion  de  réglisse  contiennent  des  ma- 
tières extractives  colorantes.  Cependant , lorsque  ce  loocli 
est  préparé  comme  nous  venons  de  le  dire  , il  ne  dillere  pas 
sensiblement  pour  la  blancheur  de  celui  qui  est  fait  sans 
infusion  de  réglisse  et  sans  syrop.  Ce  dernier  doit  être 
moins  bon  et  moins  expectorant  que  celui  dont  nous 

Looch  verd. 

On  peut  préparer  un  looch  verd  de  la  même  maniéré 
que  le  loocli  blanc  : on  fait  une  émulsion  avec  des  pis- 
taches au  lieu  d’amandes,  et  Ion  emploie  du  syrop  de  vio- 
lettes au  lieu  du  sucre  et  des  syrops  qu’on  fait  entrer  dans 
le  looch  blanc.  Pour  le  rendre  plus  verd  on  peut  ajouter 
un  demi-gros  d’eau  de  chaux. 

Looch  de  jaune  d’œufs. 

^J.Taune  d'œuf  récent  , n.°  j. 

Huile  d’amandes  douces, ^ ij* 

Syrop  de  guimauve  composé,  ....  ^ j. 

Eau  , ^ iw 

Eau  de  fleurs  d’oranges  , 5 ij* 

E e e iv 


iJoS  ÉLÉMENTS  Si  FRAKMACI1) 

On  pese  dans  la  même  fiole  l’eau  et  le  syrop  , et  l’on' 
met  l’huile  dans  une  autre  fiole.  On  délaie  le  jaune  d’oeuf 
dans  un  mortier  de  marbre  avec  un  pilon  de  bois  , et  l’on 
ajoute  une  petite  cuillerée  de  l’eau  mêlée  avec  le  syrop. 
Lorsque  ce  mélange  est  bien  délayé  , on  met  l’huile  peu 
à peu  et  on  l’incorpore  avec  Je  jaune  d’œuf  : on  agite  le 
pilon  jusqu’à  ce  que  toute  l’huile  soit  entrée  dans  le  mé- 
lange, qu’il  ne  paroisse  aucun  globule  d’huile  , que  la 
matière  soit  bien  unie  et  qu’elle  soit  devenue  épaisse 
et  volumineuse.  Alors  ou  la  délaie  avec  le  reste  de  l’eau 
mêlée  rie  syrop  , et  l’on  ajoute  l’eau  de  fleurs  d oranges 
sur  la  fin.  On  met  ce  looch  dans  une  fiole. 

Remarques. 

Le  jaune  d’œuf  est  composé  d’une  huile  grasse  fort 
douce  , et  qu’on  peut  séparer  par  expression,  comme  nous 
l’avons  dit  au  commencement  de  cet  ouvrage.  Il  contient 
encore  un  parenchyme  mucilagineux  qui  se  dissout  très 
bien  dans  l’eau.  Cette  (]erniere  substance  tient  lieu  d’un 
mucilage  étranger  pour  unir  l’huile  d’œufset  l’huiled’aman- 
des  douces  à l’eau.  C’est  ce  qui  fait  que  le  jaune  d’œuf, 
délayé  dans  l’eau  , forme  à lui  seul  une  sorte  de  lait  qu’on 
peut  nommer  émulsion  animale.'  La  matière  mucilagineuse 
du  jaune  d’oeuf  n’est  pas  , à beaucoup  près  , saturée  d’huile 
grasse;  c’est  ce  qui  fait  qu’elle  peut  servir  d’intermede, 
comme  tout  autre  mucilage  , pour  unir  à l’eau  une  quan- 
tité assez  considérable  d’huile  étrangère  à la  sienne.  Mais, 
pour  faire  celte  union  commodément  , il  convient  de  dé- 
layer le  jaune  d’œuf  avec  un  peu  d’eau  avant  de  mettre 
de  l’huile  ; sans  cette  précaution  on  auroit  beaucoup  de 
peine  à faire  ce  looch. 

Le  jaune  d’œuf  est  encore  un  fort  bon  intermede  pour 
unir  à l’eau  les  résines  liquides,  comme  la  térébenthine , le 
baume  de  copahu  , le  baume  de  la  Mecque.  On  s’y  prend 
de  fa  même  maniéré  que  pour  unir  l’huile  à l’eau.  Ces 
mélanges  sont  employés  assez  souvent  dans  certaines  po- 
tions où  il  est  nécessaire  de  faire  entrer  de  ces  résines 
liquides. 

On  peut,  par  ce  moyen  , faire  prendre  commodément 
flux  malades  ces  matières  résineuses,  qu'ils  auroient  de  la 
peine  à prendre  autrement.  On  parvient  à faire  entrer,  dans 


hlïMEHTS  M PHUMACIÏ,  8o£ 

Une  potion  de  six  onces  de  véhicule,  jusqu’à  six  gros  de 
ccs  matières  balsamiques  par l’intermede  d’un  jaune  d’œuf, i 

Des  potions. 

I 

Potion  est  un  terme  général  : il  signifie  un  médicament 
liquide,  destiné  à être  piis  par  la  bouche.  Les  potions  se 
font  depuis  deux  onces  de  liqueur  jusqu’à  huit  : elles  sont 
composées  de  différentes  drogues,  suivant  les  indications 
que  l’on  a à remplir.  Il  y en  a d’altérantes  et  de  purga- 
tives. Les  premières  sont  faites  pour  être  prises  par  cuille- 
rées à des  intervalles  que  le  médecin  prescrit. 

Les  potions  altérantes  sont  ordinairement  composées 
d’eau  distillée,  de  syrops,  d’infusions  de  quelques  plantes, 
de  teintures  spiritueuses  , de  poudres  , quelquefois  de 
sels  en  petites  doses  , comme  de  nitre  , de  sels  sédatifs , 
etc.  etc. 

On  fait  aussi  entrer  dans  lespotions  altérantes  de  l’huile 
d’amandes  douces,  du  blanc  de  baleine  , du  beurre  de  ca- 
cao ; alors  on  les  nomme  potions  huileuses  ; souvent  l’on 
fait  entrer  du  Kermès  minéral  dans  ces  sortes  dépotions  : il 
convient  de  le  délayer  d’abord  et  de  le  bien  diviser,  dans 
un  mortier  de  maçbre  avec  les  matières  huileuses  , alm 
que  le  Kermès  ne  se  précipite  pas  : si  on  le  délayoit  dans 
les  fluides  aqueux  de  la  potion  , il  se  précipiteroit , ne  se 
mêleroit  plus  avec  les  substances  huileuses  , et  le  malade 
n’en  feroit  pas  usage  également. 

Des  Juleps. 

Les  juleps  sont  des  potions  comme  les  précédentes  et 
n’en  different  point  à proprement  parler.  Ordinairement 
on  les  rend  agréables  à prendre.  Ces  sortes  de  potions 
sont  faites  pour  être  calmantes  et  adoucissantes  : on  les 
fait  prendre  à l’heure  du  sommeil  du  malade.  On  en  fait 
de  mucilagineuses  , d’éinulsionnées  et  d’aigrelettes  , sui- 
vant les  indications. 

Decoctum  album  de  la  Pharmacopée  de  Londres.; 

Corne  de  cerf  calcinée  et  préparée  , . . ; 3 vj. 


Gomme  arabique  concassée  5 iij. 

Lau  , . Jt,  iij. 

Sucre 5 j. 


8lO  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

On  met  toutes  ces  substances  ensemble  dans  un  vais- 
seau convenable  , et  on  les  fait  bouillir  en  agitant  le 
mélange  sans  discontinuer  jusqu’à  ce  que  la  liqueur  soit 
réduite  à une  pinte.  Alors  on  la  passe  au  travers  d’une 
étamine  : on  la  met  dans  une  bouteille  lorsqu’elle  est  suf- 
fisamment refroidie  , et  l’on  ajoute  , 

Eau  de  fleurs  d’oranges 5 fi. 

On  agite  la  bouteille  afin  de  mêler  cette  derniere  li- 
queur. On  peut  mettre  , si  c’est  le  goût  du  malade , de  l’eau 
de  canelle  en  place  de  celle  de  fleurs  d’oranges.  Quelques 
dispensaires  recommandent  d’employer  deux  onces  de 
mie  de  pain  blanc  au  lieu  de  gomme  arabique  : l’une  ou 
l’autre  substance  est  également  bonne  : elles  fournissent 
tontes  deux  un  mucilage  qui  tient  suspendue  dans  l'eau 
une  certaine  quantité  de  corne  de  cerf  très  divisée  ; ce  qui 
donne  à ce  médicament  une  couleur  blanche  laiteuse 
comme  celle  d’une  émulsion.  Cependant,  par  l’intermede 
de  la  gomme  arabique  > ce  médicament  se  prépare  plus 
promptement  , parcequ’il  faut  moins  de  temps  pour  dis- 
soudre cette  gomme  que  pour  dissoudre  et  réduire  en 
mucilage  la  mie  de  pain  blanc  comme  il  convient  qu’elle 
le  soit. 

On  recommande  au  malade  d’agiter  la  bouteille  cha- 
que fois  qu’il  prend  de  ce  médicament , parcequ’il  n’y  a 
pas  une  assez  grande  quantité  de  mucilage  pour  tenir 
long-temps  suspendue  toute  la  corne  de  cerf  : il  s’en  pré- 
cipité toujours  une  certaine  quantité  dans  un  espace  de 
temps  très  court. 

Des  tisanes. 

Les  tisanes  sont  des  infusions  ou  de  légères  décoctions 
de  plantes  , de  feuilles,  de  racines  , etc.  faites  dans  de 
l’eau  , pour  servir  de  boisson  ordinaire  au  malade.  Elles 
doivent  être  peu  chargées  de  matieresextractives , et  le  moins 
désagréables  qu’il  est  possible,  afin  de  ne  point  dégoûter 
le  malade. 

Des  apozemes. 

Les  apozemes  sont  de  vraies  tisanes  : ils  en  different, 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE,  8 1 l 

en  ce  que, pour  1 ordinaire,  ils  sont  plus  chargés  de  parties 
extractives  , et  qu  on  les  aiguise  avec  quelques  sels  ap- 
propriés  a 1 état  du  malade  : on  les  rend  plus  ou  moins 
puigatifs.  Les  apozemes  sont  plus  dégoûtants  et  plus  actifs 
que  les  tisanes  : on  les  fait  prendre  par  verrées  de  deux 
heures  en  deux  heures , quelquefois  toutes  les  quatre 
heures  , et  d’autres  fois  de  six  heures  en  six  heures. 

Tisane  de  viriaclie. 

2^  Sarcepareille  ,**\ 

Squine,  V àâ 

Gayac , J 

Sassafras , ^ 


Antimoine  crud  concassé  , . 

Eau  

On  met  dans  un  nouet  l’antimoine  crud  : on  le  sus- 
pend au  centre  d un  vaisseau  de  terre  vernissé  , dans  le- 
quel on  a mis  l’eau  et  les  autres  ingrédients , à l’exception 
du  sassalras.  On  fait  bouillir  légèrement  jusqu’à  ce  que 
e fluide  aqueux  soit  réduit  à quatre  livres.  Alors  on  tire 
le  vaisseau  hors  du  feu  : on  y met  le  sassafras  , et  on  le 
laisse  infuser  jusqu’à  ce  que  le  tout  soit  refroidi.  On  passe 
<otte  tisane  au  travers  d’une  étamine  ; sans  exprimer  le 
mai  e , on  ia  laisse  déposer  : on  la  tire  par  inclination  et 
on  la  met  dans  des  bouteilles. 

Remarques. 

, ^ a manipulation  que  nous  venons  da  rapporter  est 
a -peu -près  celle  que  l’on  emploie  pour  préparer  cette 

tisane.  Nous  croyons  cependant  que  la  longue  ébullition 

est  assez  inutile  : on  pourrait  la  préparerpar  infusion  , en 
versant  sur  les  ingrédients  quatre  livres  et  demie  d’eau 
bouillante  , et  laisser  la  tisane  en  infusion  pendant  dix  ou 
douze  heures.  Quoique  la  plupart  de  ces  substances  soient 
ligneuses  et  fort  dures,  l’eau  pendant  l’infusion  en  dissout 
tous  les  principes  extractifs  les  plus  délicats. 

L antimoine  crud  paraît  assez  inutile  : il  n’y  a aucun 
«es  ingrédients  qui  entrent  dans  cette  tisane  qui  ait  de 


• îifi. 

• ? 

• ? ij- 

. ib  vij. 


I 


012  Eléments  de  pharmacx». 

1 action  sur  cette  matière  minérale.  Mais  il  n’en  est  pas 
de  même  si  i on  y fait  entrer  une  petite  quantité  de  sel 
alcali  : il  attaque  l'antimoine  , et  il  forme  un  peu  de  Ker- 
mès minéral  qui  augmente  alors  la  Yertu  sudorifique  et 
purgative  de  cetto  tisane. 

Des  bouillons. 

Les  bouillons  médicinaux  sont  des  médicaments  qui 
ïie  different  des  infusions  et  des  décoctions  dont  nous 
avons  parlé  que  parccque  l’on  fait  entrer  des  chairs  ani- 
males dans  leurs  compositions  -,  comme  du  veau  , des 
viperes  , des  tortues,  des  écrevisses  , etc.  ; ils  se  font  d’ail- 
leurs de  la  même  maniéré.  Le  veau  , les  viperes  et  les 
tortues  ne  c Qniir.  oient  rien  de  volatil.  On  commence  par 
faire  cuire  ces  viandes  , et  l’on  ajoute  sur  la  fin  de  leur 
cuite  les  matières  végétales  dans  l’ordre  dont  nous  avons 
parlé  à l’article  des  décoctions  , afin  de  ne  pas  perdre  les 
substances  volatiles  de  celles  qui  en  contiennent.  Lors- 
qu’on fait  entrer  des  écrevisses  dans  des  bouillons  , on  les  ‘ 
pile  grossièrement  dans  un  mortier  de  marbre  avec  un 
pilon  de  bois , et  on  ne  les  met  dans  la  liqueur  bouillant© 
qu’avec  les  plantes  dont  on  veut  conserver  les  aromates: 
on  couvre  le  vaisseau  et  on  laisse  le  tout  infuser  jusqu’à 
ce  que  le  mélange  soit  entièrement  refroidi,  pareeque  les 
écrevisses  contiennent  un  principe  volatil  agréable  et  qui 
vraisemblablement  n’est  pas  sans  vertu. 

Les  bouillons  doivent  être  passés  froids  , afin  de  pou-, 
voir  séparer  plus  commodément  la  graisse  qui  reste  sur 
Pose,  l’étamine  lorsqu’elle  est  figée.  La  dose  des  bouillons  est 
depuis  un  poisson  jusqu’à  une  chopine  pour  chaque  prise;; 

Des  mixtures . 

On  nomme  mixtures  des  especes  de  pelions  concen- 
trées , qu’on  prend  par  gouttes.  Elles  sont  ordinairement 
composées  avec  des  teintures  spiritueuses  , des  eaux  spi- 
litueuses  composées  , des  huiles  essentielles  , etc.  Ces 
sortes  de  médicaments  sont  très  commodes  pour  les  ma- 
lades en  ce  qu’ils  peuvent  les  porter  sur  eux  et  en  faire 
usage  eu  quelque  endroit  qu’ils  sc  trouvent. 

Liqueur  cle  nitre  camphrée. 

Z'Nitre  purifié  en  poudre  , 


5 VL 


Eau  , . . ff>  iij. 

Esprit  de  vin  camphré  * j. 

On  met  le  nitre  et  l’eau  dans  une  bouteille  : on  agite? 
3e  vaisseau  de  temps  en  temps  pour  accélérer  la  dissolution 
du  nitre.  Lorsqu’il  est  entièrement  dissout  on  ajout© 
l’esprit  de  vin  camphré.  On  agite  le  mélange  pendant  un 
moment,  puis  on  le  laisse  reposer  et  on  le  filtre. 

On  donne  cette  eau  dans  les  gonorrhées  pour  exciter 
l’urine  et  pour  diminuer  les  inflammations  : on  la  donne 
spécialement  sur  la  fin  du  traitement.  La  dose  est  depuis 
six  gouttes  jusqu’à  trente  dans  un  verre  d’eau,  cinq  ou 
six  fois  par  jour  de  la  meme  maniéré. 

Des  injections  ec  des  lavements  ou  clysterest 

Les  injections  sont  des  médicaments  liquides , faits  pouf 
être  injectés  par  le  moyen  d’une  seringue  dans  quelque 
cavité  du  corps  , comme  dans  les  parties  naturelles  , dans 
les  intestins  et  dans  les  cavités  des  plaies.  Le  volume  des 
injections  pour  les  parties  naturelles  est  depuis  une  once 
jusqu’à  quatre.  Il  est  moindre  ordinairement  pour  les 
plaies  et  on  ne  peut  en  déterminer  la  quantité.  Les  in- 
jections qu’on  introduit  par  l’anus  dans  les  intestins  , por- 
tent le  nom  de  lavements  et  de  clysteres  ; le  volume  de 
ces  dernières  injections  est  ordinairement  d’une  chopine 
ou  du  poids  d’une  livre.  Lorsque  les  lavements  sont  d’un 
volume  plus  considérable  , ils  fatiguent  le  malade  et  ne 
produisent  pas  d’aussi  bons  chefs,  parcequ’il  est  forcé  à 
les  rendre  presque  sur-le-champ. 

Des  suppositoires. 

Les  suppositoires  sont  des  médicaments  qui  doivent 
avoir  à-peu-près  la  consistance  des  emplâtres  : ils  sont  de 
figure  conique  , gros  et  longs  à-peu-près  comme  un  doLt  : 
ils  sont  faits  pour  être  introduits  dans  l’anus,  afin  d’cxci- 
ter  un  relâchement  et  provoquer  les  selles  : à cet  égard 
ils  tiennent  heu  de  lavements  à ceux  qui  ne  peuvent  en 
prendra.  On  lait  des  suppositoires  calmants  , anodins  etc 
Mais  les  purgatifs  sont  d’un  usage  plus  fréquent  : on  les 
rend  plus  ou  moins  purgatifs  parles  ingrédients  qu’on  fait 
entrer  dans  leur  composition.  La  base  des  suppositoires 


Vertu», 

Doie; 


8i4  Eléments  de  pharmacie; 

est  le  suif  , la  graisse  , la  cire  blanche  ou  jaune  , le 
miel  épaissi , auxquels  on  ajoute  des  poudres  purgatives  , 
comme  alocs  , la  coloquinte,  la  scanunonée  , l’agaric, 
etc.  et  quelquefois  des  sels.  Ces  matières  doivent  être  ap- 
propriées a 1 intention  qu’on  se  propose  de  remplir. 

ün  fait  aussi  des  suppositoires  avec  du  beurre  de  cacao 
tout  pur  : on  met  pour  cela  du  beurre  de  cacao  dans  un 
mortier  de  marbre  qu’on  a chauffé  avec  de  l’eau  chaude  : 
on  pile  le  beurre  de  cacao  avec  un  pilon  qu’on  a échauffé 
en  même  temps  , jusqu’à  ce  qu’il  se  réduise  en  une  pâte 
solide  quon  puisse  manier:  alors  on  roule  cette  pâte  sur 
une  feuille  de  papier,  pour  en  former  un  rouleau  de  la 
longueur  et  de  la  grosseur  qu’on  juge  à propos  , et  on  le 
lait  un  peu  pointu  par  un  bout  : on  le  coupe  ensuite 
lOisqu  il  est  fait  ; il  doit  avoir  une  figure  conique.  O11  fait 
encore  des  suppositoires  de  beurre  de  cacao  en  coulant 
ce  beurre  fondu  dans  des  petits  cornets  de  papier  ; ce  qui 
est  plus  commode  : ils  sont  mieux  faits.  Quelques  per- 
sonnes les  préparent  en  coulant  dans  des  moules  de  fer- 
blanc  le  beurre  de  cacao  liquéfié  , et  le  laissent  se  fiaer 
dans  les  moules.  Cette  derniere  méthode  est  très  bonne; 
mais  elle  oblige  d avoir  des  moules  de  différentes  lon- 
gueurs et  de  différentes  grosseurs. 

Des  pessaires. 

Les  pessaires  sont  des  médicaments  solides  de  la 
grosseur  et  de  la  longueur  d’un  doigt  , faits  pour  être 
introduits  dans  la  matrice  : souvent  ce  n’est  quun  mor- 
ceau de  bois  léger  , ou  de  liege  , garni  à l’extérieur  de 
quelque  liniment  ou  d’emplâtre  approprié  : quelquefois 
c’est  un  petit  sachet  de  taffetas  long  et  étroit  , qu’on 
remplit  de  poudres  convenables , mais  qui  ne  puissent  pas 
se  gonfler  trop  par  l’humidité  quelles  tirent  de  la  matrice. 
Les  pessaires  doivent  être  le  plus  unis  qu’il  est  possible  , 
afin  qu’en  les  tirant  ils  lie  puissent  pointblesser  la  matrice: 
on  les  attache  a un  ruban  pour  pouvoir  les  tirer  lorsque 
cela  est  nécessaire. 

Des  errhines. 

Les  errhines  sont  des  médicaments  faits  pour  être  in- 


i L iME  NTS  DE  PHARMACIE.  8i5 

troduits  dans  le  nez  , afin  d’exciter  à mouchefÔu  à éter- 
nuer, etle  plnssouventpour  provoquer  ces  deux  effets  à la 
lois.  Elles  ont  différentes  formes  et  différentes  consistan- 
ces : elles  sont  en  poudre  ou  en  onguent  et  sous  la  con- 
sistance d’emplâtre.  On  dorme  à ces  dernieres  une  forme 
pyramidale  pour  pouvoir  les  introduire  commodément 
dans  les  narines.  Leserrhines  sont  encore  en  liqueurs  : on. 
en  imbibe  du  coton  qu’on  introduit  dans  le  nez. 

Les  errhines  en  poudre  sont  les  poudres  sternutatoires 
dont  nous  avons  parlé  à l’article  des  poudres. 

Les  errhines  en  onguent  sont  faites  avec  des  matières 
âcres  réduites  en  poudre  , comme  le  poivre,  le  gingem- 
bre , la  pyrethre  , qu’on  mêle  avec  une  huile  pour  en 
former  un  mélange  de  la  consistance  d’un  onguent.  On 
peut  lui  donner  la  consistance  d’emplâtre  par  I’addiLion 
d’un  peu  de  cire  jaune  ou  blanche. 

Les  errhines  liquides  sont  faites  avec  des  infusions  ou 
des  décoctions  de  plantes  , déracinés,  soit  dans  de  l’eau, 
soit  dans  du  vin. 

Des  masticatoires . 

% 

Les  masticatoires  sont  des  remedes  propres  à exciter  la 
salivation  : on  les  mâche  afin  qu’ils  échauffent  la  bou- 
che et  qu’ils  puissent  ouvrir  les  vaisseaux  et  les  glandes 
salivaires.  On  emploie  à cet  usage  la  pyrethre,  les  dif- 
férentes especes  de  poivre  , le  gingembre  , le  tabac  , la 
graine  de  inoutarde  , etc.  On  peut  faire  des  masticatoires 
composés  sous  plusieurs  formes  , comme  en  liqueur  , en 
bols,  en  tablettes,  etc. 

Quelquefois  on  Elit  mâcher  un  nouet  de  linge  rempli 
de.  poudre  à exciter  la  salivation  ; d’autres  fois  on  mêle  c es 
poudres  avec  de  la  cire  ou  de  la  térébenthine  cuite  pour 
en  former  des  pilufes  qu’on  fait  mâcher. 

Des  gargarismes . 

Les  gargarismes  sont  des  médicaments  liquides  faits 
pour  les  maladies  de  la  bouche  et  de  la  gorge.  On  gar- 
garise ces  parties  sans  rien  avaler. 

Les  gargarismes  se  font  avec  des  plantes  , des  racines, 
etc.  que  l’on  fait  infuser  dans  de  l’eau  ou  dans  du  vin  , 
suivant  les  indications  qu’on  veut  remplir  : on  éduicore 


P 1 £ ïtïMI^TS  Bï  PKÂRMACÎF. 

ces  infusions  avec  quelques  syrops  : on  les  rend  quelque- 
fois acidulés  par  l’addition  de  quelques  gouttes  d’un  acide 
minéral  pur,  ou  dulcifié  jusqu’à  une' agréable  acidité.  Le 
lait  seul  un  peu  tiédi  est  souvent  employé  en  gargarisme  : 
on  le  rend  plus  adoucissant  en  le  faisant  bouillir  avec 
quelques  figues  grasses.  On  doit  éviter  de  faire  entrer  dans 
leur  composition  des  matières  dangereuses  , parcequ’il 
y a des  personnes  qui  ne  peuvent  s’erapccher  d’avaler  tou- 
jours un  peu  de  ce  qu’elles  mettent  dans  leur  bouche. 

Des  épithêmes. 

On  nomme  épithêmes  des  médicaments  que  l’on  appli- 
que à l’extérieur.  On  voit,  par  cette  définition  , qu’il  y a 
autant  d’épithêmes  qu’il  y a d’especes  de  médicaments 
qu’on  peut  appliquer  à l’extérieur. 

Les  liniments  , les  cérats  , les  pommades , les  onguents } 
les  emplâtres  , les  électuaires  , les  liqueurs  spiri tueuses , 
huileuses  , etc.  que  l’on  applique  à l’extérieur  sont  au- 
tant d’épithêmes.  On  en  fait  aussi  de  secs  , composés  de 
plantes  aromatiques  séchées  et  coupées  menu  , que  l’on 
enveloppe  dans  un  sac  de  vieux  linge  et  que  l’on  ap-, 
plique  ensuite  sur  quelques  parties  du  corps. 

Des  lotions  et  des  douches. 

i • , 

On  entend  par  lotion  tout  ce  qui  est  propre  à laver  et 
nétoyer  le  corps  , comme  sont  les  bains  domestiques  ou. 
de  rivières:  mais  outre  ces  lotions  de  propreté  qui  facili- 
tent la  transpiration  , il  y en  a d’autres  qui  sont  médici- 
nales , et  qu’on  ne  fait  que  sur  quelques  parties  du  corps. 
On  lave  et  on  frotte  la  tête  , après  l’avoir  rasée  , avec  des 
liqueurs  spirilucuses  , afin  d’enlever  la  crasse  qui  bouclioit 
les  pores  et  arrêtoit  la  transpiration  : ce  qui  est  très  pro- 
pre à détourner  quelques  humeurs  qui  occasionnoient  des 
douleurs  de  têle.  Les  lotions  sont  encore  employées 
comme  vulnéraires  dans  les  contusions  , pour  empêcher 
l’extravasion  du  sang  ou  sa  coagulation.  On  lave  certai- 
nes parties  du  corps  avec  des  infusions  et  des  décoc- 
tions de  plantes  , pour  détruire  la  vermine  ou  pour 
guérir  la  gale. 

La  douche  consiste  à faire  tomber  une  liqueur  d’une 

certaine 


iLÉMENTS  B I P H A tilH  C 1 ï,  817 

certaine  hanteursnr  quelques  parties  malades  : elle  se  fait 
goutte  à goutte  ou  au  filet.  Les  douches  se  font  ordinai- 
rement avec  l’eau  froide  ou  tiédie  : on  en  peut  faire  avec 
des  infusions  ou  des  décoctions  de  plantes. 

Des  fomentations. 

Les  fomentations  sont  liquides  ou  seches.  Les  liquides 
sont  faites  avec  des  décoctions  de  plantes,  soit  dans  de 
l’eau  soit  dans  du  vin  : celles  qu’on  prépare  avec  de 
l’eau  sont  faites  avec  des  plantes  émollientes  , et  elles  ser- 
vent à amollir  quelques  duretés  et  pour  occasionner  un 
relâchement.  Celles  qui  se  font  dans  du  vin  sont  forti- 
fiantes : on  les  prépare  avec  des  plantes  astringentes  et 
aromatiques.  Les  unes  et  les  autres  s’emploient  de  la 
même  maniéré.  On  frotte  les  parties  malades  avec  des 
linges  à demi  usés  et  imbibés  de  ces  décoctions  chaudes  , 
et  on  applique  dessus  les  linges  également  imbibés.  Quel- 
quefois on  emplit  de  lait  chaud  une  vessie  de  cochon  et 
on  l’applique  sur  la  région  du  bas-ventre  pour  amollir 
quelques  duretés.  Oïl  fait  entrer  dans  les  fomentations 
du  petit  lait  et  des  eaux  distillées  dans  lesquelles  on  fait 
infuser  ou  bouillir  des  plantes.  On  ajoute  aussi  aux  fo- 
mentations des  eaux  spiritueuses  i des  teintures  , etc.  sui- 
vant l’exigence  des  cas.  Mais  on  y fait  entrer  bien  rare- 
ment des  corps  gras  , pareeque  l’intention  la  plus  ordi- 
naire , en  faisant  usage  de  la  fomentation  , est  d’ouvrir  les 
pores  de  la  peau  et  de  faciliter  la  transpiration  , au  lieu 
que  les  rorps  gras  ont  des  propriétés  contraires. 

Les  fomentations  seches  se  préparent  avec  différentes  ma- 
tières qu’on  fait  frire  dans  de  l’huile  ou  dans  de  la  graisse  , 
comme  du  son  , de  l’avoine  concassée  , etc.  On  enveloppe 
dans  un  linge  ces  matières  séparées  du  superflu  de  leur 
menstrue  et  on  les  applique  enveloppées  sur  les  parties 
malades  : ces  sortes  de  fomentations  sont  bonnes  pour  les 
rhumatismes  et  pour  les  douleurs  qui  viennent  par  délaut 
de  transpiration. 

Des  embrocations. 

Les  embrocations  sont  des  médicaments  liquides  qu’on 
applique  à l’extérieur  de  la  même  manière  que  les  fomen- 
tations : elles  n’en  different  quepareequ’on  lait  entrer  dans 

“ Lff 


S 1 B i.  L i M 1 N T S DI  PHARMACIE, 

les  embrocations  des  huiles  , des  graisses  , du  vinaigre 
et  des  liqueurs  spiritueuses.  Quelquefois  elles  ont  pour 
base  des  infusions  , des  décoctions  de  plantes  , et  souvent 
ce  ne  sont  que  des  mélanges  d’huile  , d’onguent  et  de  li- 
queurs spiritueuses.  Elles  ressemblent  par  conséquent  aux 
liniments.  Les  embrocations  ont  différentes  vertus  , et 
doivent  être  appropriées  à l’état  de  la  partie  malade  et 
aux  intentions  qu’on  se  propose  de  remplir. 

Des  liniments . 

Le  Uniment  est  un  médicament  gras  et  huileux,  qui 
doit  avoir  une  consistance  moyenne  entre  celle  des  huiles 
grasses  et  celle  de  la  graisse  de  porc  préparée  ; elle  doit 
être  fort  approchante  des  baumes  naturels.  Les  meilleures 
proportions  qu’on  puisse  donner  pour  modelé  de  la  con- 
sistance sont  une  once  d’huile  d’olives  sur  un  ou  deux 
gros  ou  même  trois  gros  de  graisse  de  porc.  On  ne  doit 
faire  entrer  dans  leur  composition  que  lort  peu  ou  même 
point  de  cire , à cause  de  la  consistance  trop  grande  qu’elle 
donne  à l’huile.  On  augmente  la  dose  de  l’huile  lorsqu’on 
fait  entrer  des  poudres  dans  les  liniments. 

Quelquefois  on  ajoute  aux  liniments  , pour  leur  don- 
ner plus  d’activité , des  liqueurs  spiritueuses  , comme  de 
l’esprit  de  vin  camphré  , de  l’eau  vulnéraire  , de  l’eau  cle 
mélisse  composée , de  l’esprit  volatil  de  sel  ammoniac  t 
des  huiles  essentielles,  etc. 

JLiniment  contre  la  paralysie , ou  eau  de  Barnaval, 


^-Esprit  volatil  de  sel  ammoniac  dulcifié,  J i j fi. 

Huile  de  petits  chien6  , £ iij. 

Savon  noir  , .. -,  . 5 hj* 

Esprit  de  romarin  , . .,  . % vj. 


On  délaie  dans  un  mortiër  de  marbre  le  savon  noir 
avec  l'huile  de  petits'  chieirs  : on  met  ce  mélange  dans  une 
bouteille,  et  l’on  ajoute  1 esprit  volatil  de  sel  ammoniac 
et  l’esprit  de  romarin.  On  agite  le  mélange  en  secouant  for- 
tement la  bouteille  , et  on  ne  fait  usage  de  ce  Uniment 
qü’aprês  l’avoir  ainsi  secoué  , pareequ’il  est  sujet  à se  sépa- 
Yertus.  rer.  Ce  Uniment  convient  clans  les  cas  de  paralysie,  d'en- 
gourdisôçtnent  et  de  rhUinaUsHié^:  en  en  frotte  la  parti® 


ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE.  8 I 9 

affligée  avec  un  linge  imbibé  de  Uniment  : on  applique  ce 
linge  imbibé  sur  la  partie  après  l’avoir  frottée.  On  ne  doit; 
point  faire  chauffer  ce  Uniment  lorsqu’on  s’en  sert,  parce- 
que  la  moindre  chaleur  feroit  dissiper  le  plus  volatil  de 
l’esprit  de  sel  ammoniac,  dans  lequel  réside  la  plus  grand* 
vertu  de  ce  Uniment. 

Le  savon  noir  qu’on  fait  entrer  dans  ce  Uniment  îuî 
donne  de  la  consistance  et  sert  d’intermede  pour  unir  un 
peu  l’alKali  volatil  avec  l’huile  et  l’esprit  de  romarin.  Ce  que 
nous  entendons  ici  par  esprit  volatil  de  sel  ammoniac  dul- 
cifié est  la  liqueur  spiritueuse , chargée  d’akali  volatil, 
qui  passe  dans  la  distillation  en  faisant  le  sel  volatil  am- 
moniac concret  par  l’interrnede  de  l’akali  fixe  desséché, 
dans  lequel  mélange  on  ajoute  de  l’esprit  de  vin  pour  fa- 
ciliter la  distillation  de  l’akaü  volatil. 

Lorsqu’on  mêle  dans  les  lmiments  des  poudres  ou  des 
matieies  extractives  , gommeuses  ou  d autres  substances 
qui  ne  sont  point  analogues  aux  corps  graisseux  qui  sont 
les  excipients  des  liniments  , on  ne  doit  les  y faire  entrer 
qu’en  petite  quantité.  Ceci  doit  être  observé  sur-tout  lors- 
que ces  liniments  sont  employés  pour  appaiserdes  douleurs 
occasionnées  par  des  gonflements  et  des  inflammations , 
pareeque  ces  matières  se  dessèchent  par  la  chaleur  natu- 
relle du  coips,  et  qu  elles  se  réduisent  en  grumeaux  plus 
ou  moins  duis  qui  excitent  de  la  douleur  par  le  frottement 
pour  peu  que  le  malade  se  remue. 

Des  cataplasmes.  * 

Le  cataplasme  est  un  médicament  mou  , d’une  con- 
sistance à-peu-près  semblable  à celle  de  la  bouillie  , fait 
pour  être  appliqué  à l’extérieur  : on  peut  faire  entrer  dans 
sa  composition  des  pulpes  de  plantes  , de  racines  . de 
fruits  , des  extraits  , des  poudres,  des  farines,  des  huiles 
des  onguents  , des  emplâtres,  des  huiles  essentielles  , 
des  teintures  , des  eaux  spiritueuses  simples  et  compo- 
sées , etc.  1 

Les  cataplasmes  sont  quelquefois  faits  avec  des  plantes 
récentes  pilées  et  réduites  en  pulpe  : on  les  nomme  alors 
cataplasmes  cruds;  et  on  nomme  cataplasmes  cuits  ceux 
qui  se  font  par  coction,  afin  d’attendrir  et  de  mieux  mêler 
les  substances  qu’on  fait  entrer  dans  leur  composition  L es 

Fff  ij 


8 20  ÉLÉMENTS  DE  PHARMACIE. 

véhicules  des  cataplasmes  sont  l’eau  , le  lait , le  vin  , les 
eaux  distillées  , etc. 

Les  cataplasmes  les  plus  ordinaires  sont  faits  avec  les 
herbes  émollientes  et  les  quatre  farines  résolutives  : la 
méthode  que  l’on  emploie  pour  les  préparer  est  très  dé- 
fectueuse. Ordinairement  on  fait  bouillir  dans  beaucoup 
d’eau  les  plantes  émollientes  jusqu’à  ce  qu’elles  soient 
bien  cuites  et  qu’elles  puissent  se  mettre  en  pulpe  : on 
passe  la  décoction  au  travers  d’un  linge  : on  pile  les  plantes 
dans  un  mortier  de  marbre  , avec  un  pilon  de  bois  , jusqu’à 
ce  qu’elles  soient  réduites  en  une  espece  de  pâte  : on  en  tire 
la  pulpe  par  le  moyen  d’un  tamis  : on  joint  a cette  pulpe 
les  quatre  farines  résolutives,  et  un  peu  de  la  décoction 
des  herbes  , si  cela  est  nécessaire  : on  lait  cuiie  ce  mé- 
langé jusqu’à  ce  que  la  farine  paroisse  bien  incorporée. 
Alors  on  y ajoute  les  huiles  , les  onguents , etc.  que  l’on, 
veut  y faire  entrer. 

Nous  remarquerons,  i°.  que  cette  méthode  de  prépa- 
rer des  cataplasmes  est  fort  longue  , parcequ’il  faut  un 
temps  considérable  pour  cuire  et  pour  pulper  les  plantes  : 
il  reste  ordinairement  une  quantité  considérable  de 
la  décoction  des  plantes  qui  contient  tous  leurs  prin- 
cipes muciiagineux , les  plus  efficaces  de  ce  remede  et 
qui  n’entrent  point  dans  le  cataplasme.  Il  est  vrai  qu’on 
pourrait  réduire  cette  décoction  en  extrait,  et  l’ajouter 
ensuite  au  cataplasme  après  qu’il  est  cuit  ; mais  cela 
ne  se  fait  point  à cause  du  temps  que  cette  opération 
demande.  D’ailleurs,  lorsque  l’on  fait  entrer  dans  le  cata- 
plasme des  plantes  odorantes  , telles  que  le  méhlot  , la 
camomille,  etc.  , on  ne  le*  traite  pas  avec  plus  de  ména- 
gement : on  les  fait  bouillir  de  même  , et  elles  perdent, 
pendant  çette  forte  et  longue  ébullition  , tout  ce  qu  elles 
ont  de  parties  volatiles.  Pour  remédier  à cesinconvénients, 
nous  croyons  qu’il  vaut  mieux  employer  dans  les  cataplas- 
mes des  plantes  séchées  et  réduites  en  poudre  Ime  : on 
les  prépare  d’avance  et  on  les  conserve  dans  des  bou- 
teilles qu’on  bouche  bien.  Lorsqu’on  veut  former  un  cata- 
plasme , on  met  la  quantité  que  l’on  veut  de  ces  poudres 
avec  de  l’eau  pour  les  réduire  en  pâle  on  fait  chauffer 
ce  mélange  «fin  que  les  poudres  s’imbibent  et  s atten- 
drissent bien  : on  ne  met  que  sur  la  fin  celles  qui  sont  aro- 
matiques : au  moyen  de  cette  manipulation  ou  conserve 


ÉLÉMENTS  DI  »M  ARMA  Cil.'  ^21 

au  cataplasme  toutes  les  propriétés  des  plantes  ainsi  que 
leurs  parties  mucilagineuses.  Voici  un  exemple  de  cata- 
plasme fait  suivant  cette  nouvelle  méthode. 

Cataplasme  émollient  et  résolutif. 

2^1Ierbes  émollientes  pulvérisées  . i.  j* 

Quatre  farines  résolutives,  Ç 

On  met  ces  substances  ensemble  dans  un  poêlon  : on 
les  délaie  dans  environ  vingt-quatre  onces  d eau  avec  un 
pilon  de  bois  : on  place  le  vaisseau  sur  le  leu  et  on  le 
fait  chauffer  en  remuant  la  matière  sans  discontinuer  avec 
une  spatule  , pour  cuire  et  amorLir  les  ingrédients.  Alors 
on  ajoute, 

Pulpe  d’oignons  de  lis  , ...  J îj. 

sæf  ** 

Onguent  d’altæa  , 3 )• 

On  agite  le  tout  jusqu’à  ce  que  le  mélange  soit  exact 
et  on  te  met  dans  un  pot. 

Lorsqu’on  fait  entrer  des  emplâtres  dans  les  cataplas- 
mes où  il  n’entre  point  de  préparations  graisseuses  liqui- 
des , il  faut  auparavant  les  faire  dissoudre  dans  un  peu 
d’huile  , pareeque  , lorsque  les  cataplasmes  viennent  à se 
refroidir,  les  emplâtres  sont  sujets  à se  figer  et  à se  gru- 
meler. 

On  fait  assez  souvent  des  cataplasmes  avec  de  la  mie  de 
pain  et  du  lait  auxquels  on  ajoute  du  safran  en  poudre. 

Cataplasme  de  mie  de  pain. 

On  prend  de  la  mie  de  pain  cmiétée  entre  les  mains  : 
on  la  délaie  avec  une  suffisante  quantité  de  lait  : on  fait 
cuire  ce  mélange  jusqu’à  ce  que  la  mie  de  pain  forme  avec 
le  lait  une  vraie  bouillie,  et  sur  la  fin  on  y ajoute  le  safran 
à la  dose  qu’on  juge  convenable  : c'est  depuis  demi-gros 
jusqu’à  une  once  pour  une  livre  de  ce  cataplasme.  Mais 
on  ne  met  jamais  cette  derniere  dose  a cause  de  la  cherté 
du  safran  et  parcequ’elle  ne  feroit  pas  plus  d’effet  que  lors- 
qu’on ne  la  fait  entrer  que  dans  les  proportions  que  nous 
indiquons. 

* -jr»  j-  r • • • 

F 1 f nj 


823 


Eléments  de 


PHARMACIE, 


Des  collyres ^ 


Les  collyres  sont  des  médicaments  qu’on  emploie  pour 
les  maladies  des  yeux  : ils  sont  secs  ou  liquides.  Les  col- 
lyres secs  sont  composés  de  matières  réduites  en  poudre 
et  qu’on  souffle  dans  les  yeux  par  le  moyen  d’un  cure-dent, 
comme  le  sucre  candi , le  vitriol  blanc  , le  sel  ammoniac. 
Ces  matières  sont  employées  pour  faire  dissiper  les  cata- 
ractes qui  commencent  à se  former. 

Les  collyres  liquides  sont  composés  avec  des  eaux  dis- 
tillées , comme  de  roses  , de  plantain  , d’euphraise  , de 
fenouil , etc.  auxquelles  on  ajoute  du  vitriol  blanc  , de  l’iris 
de  Florence  , etc.  On  se  sert  encore  de  liqueurs  spiri- 
tueuses  pour  se  frotter  l’extérieur  des  yeux.  Quelquefois  on 
se  frotte  les  mains  avec  du  baume  de  Fioraventi  ou  toute 
autre  liqueur  spiritueuse  , et  on  les  approche  très  près 
des  yeux  afin  que  la  vapeur  qui  s’en  éleve  y pénétré  : ces. 
sortes  de  remedes  servent  à fortifier  la  vue. 

L’onguent  de  tutliie  s’emploie  aussi  comme  collyre  ; on 
en  prend  une  petite  portion  au  bout  du  doigt  et  on  s'en 
frotte  le  tour  des  yeux. 


fin  des  Eléments  de  Pharmacie . 


EXPLICATION 


DE  PLUSIEURS  TERMES  DE  PHARMACIE 

EMPLOYÉS  DANS  CET  OUVRAGE. 


cerbe  , saveur  acerbe  , celle  qui  occasionne  une 
astriction  à la  langue  et  aux  levres  et  les  resserre  , telle  est 
celle  que  l’on  ressent  lors  qu’on  mâche  des  prunelles  sau- 
vages ou  des  coings  verds. 

Acides , substances  salines  qui  ont  une  saveur  aigre  qui 
agace  les  dents. 

Les  acides  minéraux  sont  le  vitriolique  , le  nitreux  et 
le  marin.  Ils  sont  les  plus  forts  de  tous. 

Les  acides  végétaux  sont  le  vinaigre  et  tous  les  suc 
acides  des  végétaux. 

Les  acides  animaux  sont  ceux  qu’on  retire  par  'l’ana- 
lyse des  graisses  animales. 

Alambic , vaisseau  servant  aux  distillations:  on  fait 
des  alambics  de  verre  ou  de  grès  , de  terre  cuite  ou  de 
métal. 

Alkali  , substance  saline  , qui  a une  saveur  âcre 
caustique  et  brûlante. 

On  a 1’akali  marin  ou  minéral , l’akali  végétal  qu’on 
obtient  par  le  lavage  des  cendres  des  végétaux  , et  l’alxali 
volatil  qu’on  tire  par  l’analyse  des  matières  animales  et 
des  matières  végétales  qu’on  a fait  putréfier. 

Alhool , mot  arabe  qui  signifie  poudre  très  subtile:  il 
est  très  ancien  dans  la  chymie  et  dans  la  pharmacie  , et 
il  a différentes  acceptions;  par  rapport  aux  poudres  , il 
désigne  les  substances  seches  réduites  en  poudre  im- 
palpable : on  dit  poudre  réduite  en  alxool  ou  poudre  al- 
Koolisée  en  parlant  des  matières  broyées  sur  un  porphyre  : 
ce  mot  indique  le  dernier  terme  de  la  division  des  sub- 
stances par  les  moyens  méchanîques. 

Alhool  a aussi  été  employé  pour  désigner  des  substances 
subtiles  et  très  rectifiées,  lioerhaave  s’en  sert  pour  exprima 
le  principe  inflammable  parvenu  à son  plus  grand  de 
simplicité  sans  être  décomposé  ; c’est  ce  que  Stah  * 

Fffir 


£24  Explication  des  termes 

comioltre  d’une  maniéré  lumineuse  sous  le  nom  de  phlo» 
gis.tique. 

sllkool , ce  nom  a encore  été  donné  aux  esprits  ardents 
rectifiés  au  plus  haut  degré.  On  dit  üIkooI  de  vin,  akool 
de  cidre  , etc.  pour  désigner  l’esprit  ardent  tiré  du  vin  ou 
du  cidre  , etc. 

La  nouvelle  nomenclature  cliynaiqne  , en  donnant  plus 
d’extension  au  mot  akool , a multiplié  ses  différentes  signi- 
fications, (pii  nous  parussent  jeter  de  Ja  confusion  dans 
les  idées.  Par  exemple  , elle  emploie  les  mots  d'alkooL 
de  potasse  pour  désigner  le  ldi  . m de  P a ace/se  et  La  tein- 
ture a re  de  tartre.  Ce  cpii  ne  nous  pao.it  pas  exact". 

i°.  La  nouvelle  nomenclature  fait  signifier  an  mot  al- 
K.oo.1  , esprit  de  vin  , esprit  ardent.  Ceux  qui  apprennent 
la  chymie  entendront  nécessairement  par  alk  ,ol  de  po- 
tasse, esprit  de  vin  on  esprit,  ardent  tiré  de  la  potasse; 
ce  qui  seroit  absurde  , pareeque  la  potasse  ne  fournit  rien 
de  spiritueux. 

2°.  On  ne  connoît  point  ni  dans  la  chymie  ni  dans  la 
pharmacie,  ce  que  peut  être  la  teinture  âcre  de  tartre.  Le 
taitre  ne  fait  point  de  teinture  âcre  avec  l’esprit  de  vin: 
on  peut  présumer  qu’on  a voulu  dire  teint  re  acre  de  sel 
de  tar  ne  ; ce  qui  n’est  pas  la  même  chose  Le  tartre  et 
le  sel  de  tartre  sont  deux  substances  bien  différentes  finie 
de  l’autre.  L’union. de  l’esprit  de  vin  avec  le  sel  détartré 
forment  des  médicaments  qui  sont  mieux  désignés  dans 
les  livres  de  ihyinie  sous  les  noms  de  teinture  de  sel  de 
tartre,  d'esprit  de  vin  tartarisé  et  d’esprit  de  vin  ai-, 
xalisé. 

3°.  La  nouvelle  nomenclature  nomme  alknol  nitrique 
ce  que  l’on  connoît  de  temps  immémorial  sous  le  nom  d’es-  1 
prit  de  nitre  dulcifié.  11  me.  semble  que  cette  derniere 
dénomination,  désigne,  parfaitement  de  l’acide  nitreux 
adouci  et  qui  est  devenu  plus  doux  par  la  combinaison  qu  il 
a contractée  avec  l’esprit  de  vin. 

La  dénomination  d'alkool  nitrique  est  très  obscure 
pour  ceux  qui  apprennent  la.  chymie.  Nitrique  seul  pré- 
sente l’idée  de  quelques  substances  qui  contiennent  du 
nitre  , mais  ne  désigne  point  l’acide -nitreux  libre  , d’au- 
tant plus  que  la  nouvelle  nomenclature  fait  toujours  pré- 
céder le  mot  nitrique  par  celui  d’acide  lorsqu’elle  veut 
designer  l’acide  nitrique  ; mais , dans  l’un  et  dans  l’au- 


DE  IHAKMACII. 


8^5 

tre  cas , aÎKOol  nitrique  fera  toujours  entendre  que  c’est 
de  l’esprit  ardent  tiré  ou  de  matière  nitreuse,  ou  d’acide 
nitrique , ou  d’acide  nitreux  , si  l’on  veut;  ce  qui  n’est  pas; 
aucune  de  ces  substances  ne  peut  fournir  d’esprit  ardent. 

Alkool  résineux  est  également  une  expression  de  la 
nouvelle  nomenclature  pour  désigner  les  médicaments 
connus  dans  la  Pharmacie  sous  le  nom  générique  de  tein- 
tures spiritueuses.  iNous  croyons  que  les  mots  alkool  ré- 
sineux sont  très  capables  d’induire  en  erreur  ceux  qui 
apprennent  la  chymie  : cette  dénomination  d’alkool  ré- 
sineux pourroit  faire  croire  que  toutes  les  teintures  qu’on 
lait  avec  de  l’esprit  de  vin  sont  résineuses  ; ce  qui  n’est 
pas  , à beaucoup  près  : il  y a dans  la  Pharmacie  autant 
de  teintures  non  résineuses  que  de  résineuses.  Ainsi  lo 
terme  générique  de  teinture  spiritueuse  , connu  de  temps 
immémorial  , nous  paroît  plus  exact  et  préférable  en  ce 
qu’il  ne  particularise  la  nature  d’aucune  classe  de  tein- 
tures. 

Plusieurs  autres  articles  de  la  nouvelle  nomenclature 
pou  rroient  être  également  soumis  à des  observations;  mais 
ces  articles  n’ont  pas  un  rapport  assez  immédiat  à la 
Pharmacie  , qui  est  l’unique  objet  de  ces  éléments.. 

Altérants  , nom  donné  aux  médicaments  qui  ne  sont 
point  évacuants  ou  qui  ne  le  sont  que  légèrement. 

Amulettes  , médicaments  quelquefois  simples  , quel- 
quefois composés  , qu’on  suspend  au  cou  ou  à d’au- 
tres parties  du  corps,  parcequ’on  leur  attribue  la  pro- 
priété de  soulager  et  de  préserver  de  quelques  maladies 
par  les  corpuscules  insensibles  qu’ils  laissent  dissiper  , 
comme  les  têtes  de  viperes  qu’on  suspend  au  cou  des  en- 
fants pour  appaiser  les  douleurs  des  dents,  etc. 

Analyse  se  dit  de  la  séparation  des  différentes  parties 
d’un  mixte. 

Anémier  , amoindrir  , rendre  plus  mince  , plus  petit, 
plus  ténue  : une  poudre  très  ténue,  est  une  poudre  très 
ii  ne. 

Austere  , saveur  qui  ne  différé  de  l’acerbe  que  par  son 
excès. 

Bezoanl  animal  ; on  a donné  ce  nom  au  foie  de  vipere 
desséché  et  pulvérisé, 

Bistoriier , espece  de  pilon  de  bois  à long  manche  p 
3.vcç  lequel  ou  ne  peut  piler  que  par  un  bout  : il  sert  i 


$26  Explication  des  termes 

mêler  les  drogues  qui  composent  un  électuaire,  etc. 

Blanche t , grosse  étoffe  de  laine,  plus  ou  moins  serrée, 
qu’on  attache  par  les  quatre  coins  sur  un  carrelet  pour 
y faire  passer  les  syrops. 

Bois  sudorifiques  , bois  qui  provoquent  la  sueur.  On 
entend  particulièrement  par  cette  dénomination  , le  gayac  , 
le  sassafras,  la  squine  , la  sarcepareille.  De  ces  quatre 
substances  il  n’y  a que  le  gayac  qui  soit  un  véritable 
bois  ; les  autres  sont  des  racines. 

Carrelet , châssis  quarré  de  bois,  avec  une  pointe  de 
clou  à chaque  angle  pour  y attacher  un  blanchet  ou  un 
linge  , afm  de  passer  commodément  les  syrops  et  autres 
liqueurs. 

Chausse  d' Hippocrate  , espece  de  sac  de  figure  coni- 
que, qu’on  fait  ordinairement  de  drap  gros  : elle  sert 
aux  mêmes  usages  que  le  blanchet. 

Circuler , faire  circuler,  c’est  faire  digérer  une  sub- 
stance  dans  des  vaisseaux  disposés  de  maniéré  que  la  li- 
queur qui  peut  s’élever  par  la  chaleur  retombe  à mesure 
sur  la  matière  contenue  dans  le  vaisseau  circulatoire. 
iVoyez  Vaisseau  de  rencontre  et  Digérer. 

Coaguler  , faire  cailler  ou  figer  une  substance  liquide. 
Ce  mot  se  dit  d’un  mélange  qui  s’épaissit  et  qui  acquiert 
la  consistance  d’une  gelée.  Les  chyrnistes  emploient  quel- 
quefois ce  terme  pour  exprimer  la  formation  des  crystaux 
des  sels. 

Cohoher , c’est  lorsqu’on  remet  sur  son  marc  une  li- 
queur distillée  pour  la  faire  distiller  de  nouveau. 

Colature,  se  dit  d’une  liqueur  qu’on  fait  passer  au  travers 
d’un  linge  ou  d’une  étoffe  pour  la  séparer  de  ses  im- 
puretés. 

Concret , concrétion  , se  dit  d’une  substance  liquide 
qui  devient  solide,  comme  lorsqu’un  sel  dissous  dans  l’eau  ^ 
se  crystallise  ; ce  qui  forme  une  concrétion  saline  : les 
matières  résineuses  solides  et  les  huiles  épaisses  comme 
celle  de  cacao  , sont  des  concrétions  huileuses. 

Congélation , changement  que  le  froid  produit  dans  un 
corps  fluide.  Une  liqueur  congelée  est  une  liqueur  qui  ac- 
quiert, par  le  refroidissement  , une  consistance  solide, 
comine  l’eau  qui  se  gele  , etc. 

Concasser , c'est  réduire  en  poudre  très  grossière  un© 
fubslance  quelconque. 


DE  PHARMACIE.  (52J 

Cosmétiques , drogues  qui  servent  à Pembellissement 
de  la  peau  et  à tenir  le  teint  frais. 

Cucupfics  , sont  des  bonnets  piqués , garnis  dans  l'in- 
térieur de  poudres  aromatiques  et  céphaliques  , qu’ou 
applique  sur  la  tête  pour  fortiiier  le  cerveau. 

Demi-cucuplies  , bonnets  plus  petits  , garnis  à l’inté- 
rieur des  mêmes  aromates. 

Décanter,  c’est  verser  doucement  et  par  inclination, 
une  liqueur  pour  la  séparer  du  dépôt  qu’elle  a formé. 

Défaillance . Voyez  Dcllquium. 

Deliquium  ou  défaillance  , résolution  d’un  sel  ou 
d’une  autre  substance  semblable  en  liqueur  par  l’hu- 
midité de  l’air.. 

Dépilatoues  , médicaments  légèrement  caustiques,  ca- 
pables de  faire  tomber  le  poil. 

Dépuration  , purification  des  liqueurs  troubles , qui  se 
clarifient  d’elles-mêmes  ou  que  l’on  clarifie  artihcicdle- 
ment. 

Digérer , se  dit  d’une  matière  pilée  que  l’on  met  dans 
un  matras  exposé  à une  douce  chaleur  avec  une  liqueur 
appropriée  pour  en  extraire  quelque  principe. 

Dispenser  une  composition  , distribuer  , arranger  avec 
ordre  toutes  les  drogues  choisies  qui  doivent  la  former. 

> Eau  d arquebusacle  , nom  donné  à l’eau  vulnéraire  spi- 
ritueuse. 

Écussons , médicaments  qui  tirent  leur  nom  de  la  forme 
qu  on  leur  donne  : ce  sont  des  emplâtres  étendus  sur  de 
la  peau  , ou  des  poudres  enfermées  dans  un  sachet,  l’un 
et  1 autre  (ormes  en  écussons.  On  les  applique  à l’extérieur 
sur  l’estomac  et  sur  le  cœur. 

_ Edulcorer , adoucir  la  saveur  d’une  boisson  par  l’ad- 
dition d un  peu  de  sucre  ou  d’un  peu  de  syrop. 

Édulcorer , se  dit  aussi  lorsqu’on  lave  un  précipité  p0  ir 
dissoudre  la  portion  de  sel  qu’il  retient  après  sa  préc-  • 
talion.  r 1 1PI* 

Effervescence  , c’est  l’action  de  deux  substances  l’une 
sur  i autre , action  qui  excite  un  bouillonnement  et  un  gon- 
flement; 1 effervescence  est  quelquefois  accompagnée  de 
chaleur,  quelquefois  aussi  elle  excite  du  iroîd  , et  quel- 
quefois elle  n’excite  ni  l’un  ni  l’autre. 

Embaumement  ; son  objet  est  de  conserver  les  corpsdes 
animaux  après  leur  mort  et  de  les  préserver  de  la  putréfac- 


Explication  des  termes 

tion.  L’embaumement  demande  le  ministère  de  l’apothi- 
caire pour  la  confection  et  la  préparation  des  drogues,  et 
celui  du  chirurgien  pour  l’emploi  des  mêmes  drogues.  Po- 
met , dans  son  Traité  des  Drogues  , édition  in- fol.  i6$5  , 
à l’article  Mumie,  rapporte  avec  beaucoup  d’ordre  et  de 
clarté  tout  ce  que  l’on  peut  dire  de  plus  essentiel  sur  les 
embaumements  des  anciens. 

j Empyreume , goût  et  odeur  désagréables  , que  prennent 
les  liqueurs  lorsqu’on  distille  à trop  grand  feu. 

Epister , se  dit  d’une  substance  qu’on -pile  dans  un  mor- 
tier de  marbre  et  qui  se  réduit  en  pâte,  comme  , par 
exemple  , lorsqu’on  pile  des  fruits  de  cynorrhodon. 

Exotiques , se  dit  des  plantes  seches  qu’on  nous  ap- 
porte des  pays  étrangers. 

Fèces  ou  lie  , sédiment  que  déposent  certaines  liqueurs 
par  le  repos. 

Filtrer  , est  une  maniéré  de  purifier  les  liqueurs  pour 
les  éclaircir  ; on  les  fait  passer  au  travers  des  pores  de  quel- 
ques corps. 

On  filtre  de  trois  maniérés  : i°.  La  plus  usitée  consiste  à 
faire  passer  les  liqueurs  au  travers  d’un  papier  gris  plié 
en  cône  et  arrangé  sur  un  entonnoir  de  verre  avec  des  brins 
de  paille  par-dessous  , ou  bien  on  étend  un  papier  gris 
sur  un  linge  attaché  par  les  quatre  coins  sur  un  carrelet. 

2°.  On  peut  faire  passer  les  liqueurs  au  travers  du  sablon 
qu’on  a mis  dans  un  entonnoir  de  verre  : cette  maniéré  de 
filtrer  est  pour  les  liqueurs  acides  qui  détruiroient  le 
papier. 

3°.  On  filtre  les  liqueurs  par  le  moyen  des  meches  de 
coton  ou  des  languettes  de  drap  blanc  : on  les  mouille 
d’abord  dans  de  l’eau  , ensuite  on  en  plonge  un  bout  dans 
la  liqueur  qu’on  veut  filtrer  : on  incline  un  peu  le  vais- 
seau du  coté  de  la  languette  , et  on  pose  l’autre  bout  de 
cette  même  languette  sur  les  bords  d’un  autre  vaisseau 
pour  recevoir  la  liqueur  qui  s'élève  par  les  tuyaux  capil- 
laires de  la  languette. 

Fluor.  Voyez  Sel  fluor. 

Frontal , ' Frontaux  , se  dit  des  médicaments  que  l’on 
applique  sur  le  front  pour  guérir  les  maux  de  tête  : on  en 
fait  de  secs  et  de  liquides. 

Incinération  y c’est  la  réduction  en  cendre  , par  le  leu> 
d’une  plante  de  laquelle  on  veut  tirer  le  sel  hxe. 


DE  PHARMACIE.  02  C) 

Inclination  , se  dit  d’une  liqueur  qu’on  verse  douce- 
ment en  penchant  le  vaisseau  pour  la  séparer  de  son 
marc. 

Incorporer , se  dit  d’une  ou  de  plusieurs  substances  ré- 
duites en  poudre  qu’on  mêle  ensemble  par  le  moyen 
d’un  véhicule  convenable  , comine  lorsqu’on  fait  un  élec- 
tuaire. 

Indigène  , se  dit  des  substances  qui  croissent  dans  no- 
tre climat. 

Imprégné  , se  ditd’un  corps  qui  contient  une  Substance 
qui  n’est  pas  combinée  avec  lui  , comme  une  éponge  im- 
bibée d’eau. 

Impalpable , se  dit  d’une  poudre  tellement  divisée 
qu’on  n’en  sent  plus  les  molécules  entre  les  doigts  , comme 
sont  toutes  les  substances  qu’on  a broyées  long-temps  sur 
le  porphyre. 

Lait  virginal , est  la  teinture  de  benjoin  mêlée  avec 
de  l’eau. 

Liquéfier , c’est  rendre  fluide  par  la  chaleur  un  corps 
qui  a de  la  consistance  , comme  lorsqu’on  fait  fondre  de 
la  cire  , de  la  graisse  , etc. 

Macérer , est  la  même  chose  que  digérer. 

Macérer , faire  tremper  : on  le  dit  d’une  substance 
qu’on  laisse  se  ramollir  d’elle-même  , comme  lorsqu’on 
met  des  fruits  de  cynorrhodon  à la  cave  pour  qu’ils  achè- 
vent de  mûrir,  ou  lorsqu’on  fait  digérer  des  tamarins  avec 
un  peu  d’eau  pour  les  ramollir , afin  d’en  tirer  la  pulpo 
plus  facilement. 

Magdaléons  , se  dit  des  masses  d’emplâtres  qu’on  a 
réduits  en  petits  cylindres  ou  rouleaux. 

_ Magma  , se  dit  d’une  liqueur  qui  acquiert  une  con- 
sistance épaisse  comine  une  bouillie  ou  comme  une 
celée. 

O 

Malaxer , c’est  manier  entre  les  mains  un  emplâtre 
ou  une  masse  de  pilules  , pour  les  ramollir  par  la  chaleur 
sans  les  liquéfier. 

Ma tras , est  une  bouteille  à long  col  qui  a sa  capacité 
ronde  comme  une  boule. 

. Menstrue  , se  dit  d’une  liqueur  qu'on  emploie  pour 
dissoudre  en  entier  ou  pour  extraire  seulement  certaines 
substances  d’un  corps.  11  y a plusieurs  especes  de  mens- 
trues; savoir,  t°.  les  aqueux  ; comme  l’eau  simple  et  leseauii 


83o  Explication  des  termes 

distillées;  ces  menstrues  dissolvent  les  gommes,  les  sels  , 
les  extraits  aqueux  , les  savons,  etc. 

2°.  Les  menstrues  spiritueux,  comme  l’esprit  de  vin  et 
les  eaux  spiritueuses  aromatiques  , dissolvent  les  savons, 
les  résines  , et  plus  ou  moins  bien  les  matières  huileuses. 
3°.  Les  menstrues  huileux  dissolvent  les  résines  , le 


soufre,  etc. 

Enfin  les  menstrues  salins  : ce  sont  1 alxali  fixe  ou  vo- 
latil et  les  différents  acides. 

Mixte  , se  dit  de  tous  les  corps  naturels  composés  ; on 
les  divise  en  trois  régnés  , minéral , végétal  et  animal. 

Mixture  , se  dit  d’un  mélange  quelconque  ; mais  on 
entend  par  ce  mot  en  pharmacie  un  genre  de  potion  ma- 
gistrale faite  pour  être  prise  par  gouttes. 

Monder  , signifie  nétoyer  ou  séparer  quelques  matières 
d un  mixte,  comme  on  séparé  les  bûchettes  ou  les  queues 

du  séné,  etc.  . _ ' , 

Mucilage  , se  dit  d’une  liqueur  épaisse  ou  gluante  de 

la  consistance  du  blanc  d’un  œuf  non  cuit  ; teue  est  une 
forte  décoction  de  graines  de  lin. 

Myva  , est  de  la  gelée  de  fruits. 

OÊsipe  , est  une  substance  graisseuse  qu  ou  tire  de 
la  laine  d’entre  les  cuisses  des  moutons.  Cette  matière 


n’est  plus  d’usage.  , 

Officinal , les  remedes  officinaux  sont  ceux  qu  on  tient 

tout  préparés  dans  les  boutiques  des  apothicaires. 

Onglet  c’est  la  partie  inférieure  de  certaines  'fleurs, 
qui  est  d’une  couleur  différente  du  reste  des  fleurs,  comme 
aux  œillets,  aux  fleurs  de  pavot  rouge  , elc. 

Oxycrat , mélange  d’eau  et  de  vinaigre. 

Parenchyme , j’entends  par  ce  mot  le  squelette  fibreux 
oui  sert  de  cloison  à quelque  suc  que  ce  soit  ; par  exemple  ; 
la  chair  d’une  pomme  est  composée  de  parenchyme  et 


^Parfum  , sc  dit  d’une  substance  qui  affecte  agréable- 
ment les  nerfs  olfactifs.  Lçs  parfums  sont  de  deux  sortes  ; 
il  y en  a de  liquides  et  de  solides  : es  parfums  liquides 
sont  l'eau  de  mélisse,  l’eau  sans  pare  lie,  les  hunes  essen- 
tielles et  généralement  toutes  les  substances  liquides  qui 
ont  une  bonne  odeur.  Les  parfums  secs  sont  des  poudres 
ou  des  substances  concassées  qui  sont  de  bonne  odeur, 
tels  que  le  girolle  , la  canclle,  la  muscade  , la  cascarüle. 


DK  PHARMACIE.'  83  fc' 

îe  baume  sec  du  Pérou,  etc.:  les  encens  qu’on  brûle  dans 
ies  églises  , les  pastilles  odorantes  pour  brûler,  dont  nous 
avons  parlé  , sont  des  parfums  secs.  On  enferme  les  par* 
fums  secs  dans  de  petits  sacs  de  taffetas  pour  former  des 
sachets  de  parfums. 

Peaux  divines  ; on  donne  ce  nom  à des  bonnets  oit 
calottes  de  peau  de  mouton  , légèrement  enduits  d’em- 

platres  appropriés  pour  guérir  ou  soulager  les  maux 
de  tète. 

Pilules  angéliques  ; on  a donne  ce  nom  aux  pilule» 
Dominées  grains  de  vie . 1 

Pilules  gourmandes ; on  donne  ce  nom  aux  pilules 
nommées  grains  de  vie.  r 

Pois  de  cire , ce  sont  de  petites  boules  de  cire  iauno 
ou  blanche  de  la  grosseur  des  pois  secs  : 011  s’en  serC 
Pom  mjettre  dans,  la  cavité  des  cautères  , au  lieu  de  pois 
s?,?s  ^ °u  emploie  ordinairement;  à présent  on  fait  usaga 
d ins  de  Florence  tournée  sur  le  tour  du  la  forme  et  de  la 
grosseur  d’un  pois. 

. ^ lllpoiry  spatule  qui  dans  un  côté  de  sa  largeur  , est  de 
ni  veau  avec  le  manche.  On  se  sert  de  cet  instrument  pour 

aire  passer  , parle  frottement , les  pulpes  au  travers  d’un 
tamis. 


Raréfia , se  dit  d’un  corps  qui  augmente  de  volume  sans 
augmenter  de  poids  ou  de  pesanteur  absolue. 

Récipient  vaisseau  destiné  à recevoir  une  liqueur  à 
mesure  qu  elle  distille.  * 

Rectifier,  se  dit  d’une  liqueur  ou  d’une  substance  qu’on 
distille  de  nouveau  pour  la  rendre  plus  pure. 

Résidence  , signifie  ce  qui  reste  ; il  se  dit  aussi  de  la  lie 
ou  d es  faces,  qu  une  liqueur  a déposées. 

Sel  cathartique  amer  , c’est  le  sel  d’epsom. 

e de  prunelle;  on  a donné  ce  nom  au  ervstal  minéral; 

Sel  fixe.  Voyez  Alkali. 

Sel  fluor , acide  qui  ne  peut  prendre  de  forme  sécha 
concrète  tant  qu  il  est  pur  ; tels  sont  les  acides  minéraux. 

Spatule  , instrument  plus  ou  moins  long  , large  et  aP- 
PU ti  par  un  bout  : il  sert  à remuer  les  compositions.  On 
en  fait  de  bois,  de  fer  , d’argent  , de  verre  , etc. 

. ^uaines[  on  nomme  ainsi  les  especes  de  feuilles  qu’on 
séparé  des  oignons.  * 

Ténue.  Voyea  Atténuer , 


$3:2  Explication  des  termes,  etc. 

Topiques  , se  dit  des  médicaments  externes  qn’on  appli- 
que sur  les  parties  malades. 

Triturer  , se  dit  des  matières  qu’on  réduit  en  poudre 
en  remuant  le  pilon  circulairement  autour  du  fond  du 
mortier  et  sans  taire  agir  le  pilon  de  haut  en  bas  ; cette 
manipulation  est  nécessaire  pour  pulvériser  toutes  les  ré- 
sines et  la  plupart  des  gommes-résines. 

Vaisseau  de  rencontre  , se  dit  de  deux  vaisseaux  dont 
les  ouvertures  sont  l’une  dans  1 autre.  C est  toujours  1 ou- 
verture du  vaisseau  supérieur  qui  entre  dans  le  vaisseau 
inférieur.  Cet  appareil  sert  pour  les  digestions  et  les  cir- 
culations. 


APPENDICE; 


APPENDICE. 


a 


Dans  la  vue  cî’ctrc  clair,  méthodique  et  à la  portée  du 
plus  grand  nombre  deslecteu  rs  , j’ai  continué  pour  cette 
nouvelle  édition  de  faire  usage  des  termes  connus  et  con- 
sacrés depuis  long-temps  par  tous  les  savants  qui  ont  écrit 
sur  la  pharmacie  et  sur  la  cliymie.  J’ai  pensé  qu’on  ne 
pouvoit  changer  la  nomenclature  d’une  science  sans 
jeter,  p«r  cette  innovation , de  laconfusion  dans  la  théorie 
de  cette  science  , de  l’incertitude  dans  les  procédés,  et  de 
l’obscurité  dans  les  citations  des  auteurs  qui  nous  ont  pré- 
cédés. Ce  n es'  point  en  substituan  t de  nouveaux  noms  aux 
anciens  , ce  n’est  point  en  donnant  des  définitions  ob- 
scures dans  des  termes  encoreplus  obscurs,  que  l’on  peut 
parvenir  à établir  de  nouvelles  théories  qui  puissent  être 
facilement  saisies.  I ne  nouvelle  nomenclature  chymique^ 
telle  que  celle  que  1 on  Cent  ce  nous  proposer  , nous  pa- 
roi t au  contraire  plus  propre  à retarder  les  progrès  de  la 
science  qu’a  y répandre  de  la  lumière  : il  faudra  toujours 
continuer  d’étudier  l’ancienne  nomenclature  lorsqu’on 
voudra  consulter  nos  meilleurs  livres  de  thymie,  de  phy- 
sique et  d’histoire  naturelle.  Voilà  donc  un  surcroît  de 
tra\ ail,  et  plusieuisnomenclaturcs  au  lieu  d une  qu’il  sera 
necessaire  cl  appicndie.  Quelques  observations  que  nous 
allons  faire  sur  les  substances  élémentaires  pourront  servir 
a laire  connoitre  les  inconvénients  de  substituer  des  ter- 
mes nouveaux  et  dont  l'acception  n’est  pas  bien  détermi- 
née, à des  termes  anciens  , avoués  et  reconnus  par  tous 
les  savants.^  C’est  à l’aide  d’une  nomenclature  nouvelle  et 
laite  d’après  un  esprit  systématique  que  quelques  chv- 
inistes  modernes  ont  cru  nous  prouver  la  décomposition 
et  la  recomposition  de  l’eau.  J’avois  , d’après  les  Bovle 
les  Boerhaave  , les  Stahi,  les  Musschenbroen  , les  s’ G ra- 
ve san  de  , les  Désaguliers  , etc.  et  beaucoup  de  phy- 
siciens de  nos  jours  , soutenu  dans  ma  Cliymie  expéri- 
mentale^ que  1 eau  est  une  substance  simple  , indestruc- 
tible , inaltérable,  un  élément  enfin  , mais  qui  a la  pro- 
priété, comme  les  autres  éléments  , d’entrer  dans  la  com- 
position de  beaucoup  de  corps  et  de  s’y  modifier  à l'infini 


$34  A P P E N D I C E. 

Comme  la  plupart  4e  nos  connaissances  en  chymie  et  en 
physique  sont  fondées  sur  ccs  théories  , j’ai  cru  devoir 
faire  h.i  quelques  observations  pour  les  défendre.  Ces  ob- 
servations seront , je  crois  , suffisantes  pour  faire  connoitre 
les  erreurs  dans  lesquelles  ouest  tombé  sur  la  décomposi- 
tion et  sur  la  recomposition  de  l’eau  : voici  les  procédés 
qu’on  donne  comme  certains  pour  parvenir  a la  decoin 
position  de  l’eau. 

i(».  De  l’eau  réduite  en  vapeurs  dans  une  cornue  passe 
an  travers  d’un  tuyau  de  verre  qu’on  entretient  rouge  dans 
un  fourneau  -,  les  vapeurs  sont  ensuite  forcées  de  parcou- 
rir un  serpentin  d’etaiu  rafraîchi  a 1 extérieur  5 ces  vapeurs 
se  condensent  en  eau  et  11e  produisent  aucune  espece 
d’air  dans  l’appareil  disposé  pour  recevoir  celui  qui  pour- 
voit se  manifester  : ainsi  l’eau  pure,  ne  contenant  rien  de 
combustible  , ne  produit  point  d’air  inflammable  lors- 
qu’elle est  seule  ; ce  qui  étoit  aise  à prévoir. 

2°.  Mais  si  l’on  place  dans  l’intérieur  du  tuyau  vingt- 
huit  grains  de  charbon  concassé  et  bien  sec  , alois  011 
trouve,  après  l’opération,  quelques  atomes  de  cendre  dans 
l’intérieur  du  tuyau  : les  vingt  huit  grains  de  charbon  ont 
totalement  disparu,  et  il  s’est  dégagé  1 1 o grains  environ 
de  gaz  • gciz  est  j dit- on  ? un  melânge  de  1 3 gi  mns  d <iir 
inflammable  et  pour  le  reste  de  1 aii  fixe.  ^ 

Si  , au  lieu  de  charbon , on  met  dans  le  même  tuyau 
274  vrai  iis  de  petites  lames  de  fer  très  doux  roulées  en  spi- 
rales , on  n’obtient  point  d air  tixe  , mais  on  a en  place 
seulement  quinze  grains  d’air  inflammable,  qui  est  treize 
fois  plus  léger  que  l’air  de  l’atmosphere  -,  le  fer  se  trouve 
alors  calciné  et  augmenté  de  85  grains  de  son  poids.  ^ 

Tels  sont  les  faits.  Les  produits  en  air  inflammable 
sont  ce  (lue  l’on  annonce  comme  le  résultat  de  la  dé- 
composition  de  l’eau,  et  fourni  par  l’eau  même  pendant 
sa  prétendue  décomposition.  C’est  ce  que  nous  allons 

examiner.  . . r 

I ’eau  seule  , comme  nous  venons  de  le  mre  , ne  fournit 

point  d’air  inflammable.  Il  est  bien  surprenant  qu’on 
veuille , dans  ces  expériences  , attribuer  à Peau  , qui  ne  con- 
tient rien  de  combustible,  la  production  ü une  substance 
très  inflammable  , plutôt  qu’au  charbon  qui  est  un  corps 
combustible  par  excellence  , un  corps  combustible  du 
premier  ordre.  Ce  que  * nous  disons  du  charbon  nous 


Appendice,  835 

pouvons  le  dire  du  fer.  J’ai  dit , dans  ma  Cliymië  , que  Jes 
différents  corps  que  nous  offre  la  nature  ne  sont  pas  tous 
combustibles  aux  mêmes  degrés  ; ce  qui  m’a  mis  dans  le 
cas  de  distinguer  ces  corps  en  trois  especes  principales 
qui  different  entre  elles  par  les  proportions  de  matière 
combustible  unie  à la  terre.  Par  exemple , un  caillou  , 
un  morceau  de  fer  , un  morceau  de  bois  ne  sont  certaine- 
ment pas  combustibles  au  même  degré. 

Le  charbon,  dans  la  première  expérience,  est  disparu 
totalement , le  fer  au  contraire  est  augmenté  de  poids; 
d’où  vient  cette  différence?  elle  vient  de  ce  que  le  char- 
bon est  un  corps  combustible  par  lui -même;  c’est  un 
composé  de  beaucoup  de  feu  et  de  très  peu  de  terre  : aussi 
en  laisse-t-il  fort  peu  après  sa  coin  bus/ ion  : le  fer  au  con- 
traire contient  peu  de  feu  combiné  et  beaucoup  de  terre  ; 
c’est  pour  cette  raison  qu’il  n’est  pas  un  corps  combusti- 
ble par  lui-même;  il  lui  faut  continuellement  l’applica- 
tion d’un  agent  étranger  pour  détruire  sa  matière  com- 
bustible , qui,  dans  le  ici*  comme  dansles  autres  métaux, 
est  dans  un  très  grand  état  de  pureté  : c’est  pour  distin- 
guer cet  état  sous  lequel  le  feu  se  rencontre  dans  nombre 
de  corps  cpie  je  lui  ai  conservé  le  nom  de  jjhiogistique 
avec  toute  l’école  de  Stahl.  Quant  à la  cause  de  l’aug- 
mentation du  poids  du  foret  sa  réduction  en  chaux,  nous 
en  dirons  notre  sentiment  dans  un  instant  : tenons-nous- 
en  quant  à présent  à prouver  l’existence  de  cette  matière 
combustible  dans  le  fer  ; existence  que  l'on  voudroit  ré- 
voquer en  doute. 

Il  11’y  a personne  qui  n’ait  vu  qu’une  barre  de  ferrougie 
à blanc  produit  une  lumière  vive,  brillante  et  lançant  des 
aigrettes  très  éblouissantes,  propriété  pour  laquelle  les 
artificiers  l’emploient  ; enfin  si  l’on  présente  à la  flamme 
d’une  chandelle  un  fil  de  fer  très  menu  , ou  si  l’on  jette 
au  travers  de  cette  flamme  de  la  limaille  de  fer  broyée, 
on  voit  l’un  et  l’autre  brûler  ^vec  flamme  et  lancer  des 
aigrettes  lumineuses  ; toutes  propriétés  qui  ne  peuvent 
être  attribuées  qu’à  tin  principe  combustible  combiné  avec 
la  terre  du  fer.  Quelque  nom  que  l’on  donne  à ce  prin- 
cipe on  11e  peut  nier  son  existence  ni  changer  ses  pro- 
priétés. Si  cela  est  impossible  , pourquoi  donc  vouloir  de 
préférence  donner  à l’eau  , qui  ne  contient  rien  de  com- 
bustible , la  production  de  la  maliere  inflammable  plutôt 

GSS  >) 


$36  'Appendice/ 

qu’au  fer  qui  contient  une  substance  décidément  com4 
bustible  ? 

C’est  encore  par  un  abus  des  termes  que  quelques  au- 
teurs ont  , dans  leurs  écrits  , appellé  gaz  l’eau  réduite  en 
vapeurs  , et  ont  dit  que  l’eau  seule  , sans  être  combinée 
avec  une  matière  inflammable  , chauffée  à 80  degrés  , 
forme  du  gaz  aqueux.  L’eau  dans  cet  état  peut  être  con- 
densée par  un  froid  de  quelques  degrés;  mais  les  gaz  ou 
les  substances  aériformes  auxquelles  on  a donné  ce  nom 
subsistent  indépendamment  du  degré  de  chaud  ou  de 
froid  de  l’atmosphere;  ces  substances  sont  permanentes 
et  peuvent , comme  l’air  ordinaire , éprouver  de  très  grands 
froids  sans  se  condenser.  Si  l’on  n’établit  pas  cette  distinc- 
tion on  finira  par  ne  plus  s’entendre  ; car  si  1 onnommoit 
gaz  aqueux  l’eau  pure  en  vapeurs,  il  faudroit,  par  la  meme 
raison,  nommer  gaz  d’or  , etc.  , ce  métal  réduit  en  vapeurs 
parla  plus  violente  chaleur.  Laissons  le  nom  de  vapeurs 
à l’eau  pure  qu’une  chaleur  de  80  degrés  tient  sous  cette 
forme;  appelions  aussi  vapeurs  les  substances  qui  prennent 
cette  forme  accidentellement  , et  conservons  le  nom  d’air 
ou  de  gaz  aux  fluides  aériformes  qui  ne  se  condensent  pas 
plus  que  l’air  au  grand  froid.' 

Ce  que  nous  venons  de  dire  prouve  que  les  gaz  per- 
manents ne  doivent  pas  leur  état  aériforme  , ni  au  calo- 
rique ni  à la  chaleur  latente,  mais  a quelque  autre  cause 
qu’il  convient  de  développer  et  qu’on  doit  pressentir 
d’après  ce  que  je  viens  d’exposer. 

De  l’eau  pure  réduite  en  vapeurs  ne  peut  conserver  cet 
état  pour  peu  qu’elle  éprouve  quelques  degrés  de  froid  , 
pareeque  le  feu  libre  et  pur  dont  elle  est  pénétrée  lui  est 
étranger  , et  qu’il  ne  contracte  avec  elle  aucune  union  de 
combinaison  : l’eau  réduite  eu  vapeurs  par  du  leu  pur 
élémentaire  est  dans  le  cas  d une  barre  de  fei  rougie  au 
grand  feu  ; le  feu  dont  cette  barre  est  pénétrée  n’y  est  pas 
combiné  ; il  est  étranger  au  fer  et  se  dissipe  comme  dans 
l’eau  à mesure  que  la  barre  se  refroidit.  Mais  si  l’eau  est 
forcée  de  contracter  une  union  de  combinaison  avec  du 
feu  déjà  combiné  sous  la  forme  de  matière  combustible 
ou  inflammable  , comme  il  lest  dans  le  charbon  et  dans 
le  fer  , il  se  fait  alors  une  dissolution  delà  matière  inflam- 
mable par  l’air  contenu  dans  les  agents  qui  tiennent  de 
l’eau  en  dissolution  et  dans  l’état  de  gaz.  11  résulte  de 


'Appendice.-  * 837 

«Combinaison  une  dissolution  réciproque  d’eau,  d'air  et  de 
matière  inflammable,  sans  que  cette  matière  inflammable 
soit  décomposée  ; car  si  elle  l’étoit,  elle  seroit  du  feu  pur 
élémentaire,  qui  se  dissiperoit  bienlot , et  1 eau  recouvre  : 
roit  toutes  ses  propriétés,  comme  cela  lui  arrive  lorsqu’elle 
est  réduite  en  vapeurs  par  du  feu  pur  élémentaire,  ainsi  que 
nous  venons  de  le  dire.  Cette  combinaison  d’eau  , d’air 
et  de  matière  inflammable  a des  propriétés  communes  à 
toutes  les  autres  combinaisons  ; elle  ne  peut  être  détruite 
que  par  l’action  des  affinités  ordinaires  , soit  en  lui  pré- 
sentant quelque  corps  qui  ait  avec  l’une  des  substances 
qui  la  composent  plus  d’affinité  que  l’eau  et  la  matière 
inflammable  n’en  ont  ensemble,  tel  que  le  feu  en  état  de 
flamme  qui  détruit  la  matière  inflammable  et  laisse  repa- 
roitre  l’eau  , ou  bien  en  tenant  pendant  un  certain  temps 
de  l’air  inflammable  renfermé  avec  des  chaux  métalliques, 
la  matière  inflammable  se  combine  avec  ces  chaux,  et  l’eau 
se  précipite  et  la  mouille  sensiblement  : si  l’on  emploie  la 
chaux  blanche  des  métaux  blancs  , cette  chaux  11e  tarde 
pas  à devenir  noire. 

Les  résidus  de  l’une  et  de  l’autre  opération  méritent  de 
notre  part  un  examen  un  peu  réfléchi  ; cet  examen  don- 
nera lieu  à des  observations  un  peu  différentes  de  celles 
qu’on  a voulu  nous  faire  adopter.  Commençons  par  le 
charbon  : nous  pensons  qu’il  11e  s’est  pas  brûlé  dans  cette 
expérience  -,  il  étoit  dans  des  vaisseaux  clos;  mais  il  s’est 
décomposé  sans  combustion  ; la  matière  phlogistique  pure 
et  dans  l’état  d’incandescence  a été  dissoute  en  substance 
de  phlogistique  et  non  en  état  de  feu  pur  par  l’eau  en  va-j- 
peurs;  la  terre  est  restée  , parcequ’elle  ne  peut  faire  partie 
de  l’air  inflammable  ; je  regarde  même  celte  expérience, 
si  l’on  eût  rendu  compte  du  poids  de  la  terre  trouvée  après 
l’opération  , comme  un  moyen  assez  exact  pour  connoitro 
la  quantité  de  matière  phlogistique  contenue  dans  la 
charbon. 

Quant  à la  portion  d’air  fixe  obtenue  dans  cette  expé- 
rience , je  pense  qu’on  doit  l’attribuer  à une  autre  com- 
binaison de  l’eau  et  du  charbon  ; il  peut  être  du  charbon 
dissous  par  l’eau.  11  y a lieu  de  croire  que  ces  deux  sub- 
stances se  sont  réduites  réciproquement  sous  la  forme  de 
gaz  ; la  matière  saline  du  charbon  peut  aussi  entrer  pour 
quelque  chose  dans  la  production  de  cet  air  fixe.  On  sait 

Gsg  üi 


838  'Appendice. 

que  du  charbon  qu’on  fai t brûler  à l’air  libre  dans  une 
chambre  rend  l’air  de  cette  chambre  très  dangereux  : j’ai 
attribué  , dans  ma  Chymie , cet  effet  à une  portion  du  char- 
bon qui  se  réduit  en  vapeurs  sans  avoir  eu  le  temps  de  se 
brûler  complètement  ; la  matière  combustible  dans  le 
charbon  est  combinée  avec  si  peu  de  terre  qu'elle  ne  peut 
la  tenir  assez  fixée  pour  lui  donner  le  temps  de  se  brûler 
entièrement  ; pendant  qu’une  partie  se  brûle  et  se  réduit  en 
feu  pur  élémentaire  , une  autre  se  volatilise  en  vapeurs 
dans  différents  états  de  décomposition  , se  combine  avec 
l’air  de  la  chambre  et  le  vicie  au  point  de  faire  périr  les 
animaux  qui  le  respirent. 

Le  fer  est  composé  d’une  terre  dont  on  ne  connoit  pas 
la  nature  , et  de  phlogistique  ; ce  sont  par  conséquent 
les  mêmes  substances  que  celles  du  charbon  : mais  le 
principe  inflammable  du  fer  s’y  trouve  dans  une  propor- 
tion infiniment  petite  relalivement  à celle  de  la  terre  ; le 
phlogistique  dans  le  fer  est  beaucoup  plus  pur  et  mieux 
fixé  par  l’excès  de  terre  qu’il  ne  l’est  dans  le  charbon  ; le 
fer  n’est  pas  dans  le  cas  d’en  laisser  dissiper  une  partie 
pendant  que  l’autre  se  combine  ; ce  sont  deux  raisons 
pour  n’obtenir , par  le  moyen  du  fer , que  de  l’air  inflamma- 
ble et  point  d’air  fjxe.  Dans  cette  expérience  le  1er  rouge 
et  embrasé  laisse  échapper  son  phlogistique  qui  se  com- 
bine avec  l’eau  réduite  en  vapeurs  ; ils  se  dissolvent  réci- 
proquement et  produisent , à l'aide  de  l’air  contenu  dans 
les  vaisseaux  et  de  celui  que  le  fer  peut  fournir , l'air  inflam- 
mable qu’on  obtient. 

Le  fer,  dans  cette  expérience  , est  calciné  et  augmenté  de 
poids  : ce  phénomène  n’est  point  particulier  au  1er;  il  est 
commun  à tous  les  métaux  qui  se  calcinent,  soit  au  leu  , 
soit  à l’air  humide  , car  l’air  sec  n’altere  pas  même  le 
poli  des  métaux  les  plus  calculables.  Jean  Kay  attribue  à 
de  l’air  l’augmentation  du  poids  des  métaux.  Dans  ma  Chy- 
mie  je  l’ai  attribuée  à du  feu  ; des  chymistes  de  nos  jours 
l'attribuent  à de  l’air  déphlogistiqué , pareequ’en  effet 
les  chaux  métalliques , exposées  au  feu  dans  un  appareil 
convenable,  fournissent  beaucoup  dece  fluide  aeriiorrne; 
on  lui  a donné  le  110m  d 'oxigene  lorsqu’il  est  contenu 
sous  forme  seche  , ainsi  qu’il  se  trouve  dans  les  chaux 
métalliques. 

Le  fer  de  l’expérience  dont  nous  parlons  est  calcine  par 


Appendice. 


IoS  vapeurs  de  Veau  dans  des  vaisseaux  clos  , et  a ligne.  nie 
de  poids  par  l’oxigcne  dont  il  est  chargé  ; il  u a pu  piend.e 
cette  substance  de  Pair  do  l’atinosphere  ; d’où  lui  vient 
donc  l’oxigene  qu'il  contient  ? de  1 eau  , dit-on  , {jus- 
qu’elle est.  composée  d 'oxl^-uc  et  d hydrogéné,  ou  clair 
inflammable.  Je  suis  bien  éloigné  d a iopter  cette  docliine  : 
il  est  reconnu  , par  une  infinité  d expei iences  , plus  satis- 
faisantes les  unes  cjuc  les  autres  , que  1 oxigene  sou.s  loi  nu; 
seche  dans  certaines  combinaisons  , ou  sous  forme  d uir 
dans  d’autres  , est  d’une  combustibilité  des  plus  vives  < t 
des  plus  rapides  ; et  il  est  incroyable  qu  on  veunle  attii- 
buer  un  pareil  produit  a l’eau  , ([ni  ne  contient  absolument 
rien  de  combustible  ; 1 eau  a été  tout  au  plus  1 insti unieut 
qui  a favorisé  la  calcination  du  1er.  il  me  paroit  b i : 1 1 plus 
naturel  d’attribuer  cc.tte  augmentation  au  leu  pur  qui  s’est 
tamisé  au  travers  du  tuyau  de  verre  , et  qui  s est  hxe  et 
combiné  dans  la  chaux  métallique  avec  un  peu  d’eau  et 
d’air  : ainsi  je  continuerai  , comme  je  l’ai  lait  dans  ma 
Chymie,  à attribuer  au  feu  pur  l’augmentation  du  poids 
que  les  métaux  éprouvent  pendant  leur  calcination  jus- 
qu’à ce  que  de  nouvelles  expériences  prouvent  le  con- 
traire. 


La  prétendue  découverte  do  la  décomposition  oe  1 eau 
devoit  naturellement  faire  présumer  qu’il  doit  possible  de 
la  recomposer  : nous  allons  rendre  compte  de  ces  opera- 
tions. Mais,  pour  que  mes  observations  soient  plus  pal- 
pables, je  commencerai  par  faire  ici  une  description  suc- 
cincte de  l’appareil  avec  lequel  ou  croit  recomposer  l’eau  ; 
je  passerai  sous  silence  les  détails  ingénieux  et  commodes 
qui  contribuent  à rendre  la  machine  plus  facile  à gouver- 
ner , et  qui  contribuent  pour  beaucoup  à mener  sans  ac- 
cident cette  belle  expérience  à safin  , car  elle  n’est  pas  sans 
danger. 

i°.  On  se  procure  de  l’air  inflammable  produit  par  de 
l’acide  vilriolique  foibleet  de  la  limaille  de  fer.  Dame  au- 
tre part  ou  tire  de  l’air  déphlogistiqué  delà  manganèse  ou 
d’une  chaux  métallique  par  les  procédés  connus. 

2°.  Sous  deux  cloches  de  verre  de  capacité  suffisante 
plongées  dans  de  l’eau  , on  fait  placer  sous  l'une  de  l’air 
inflammable  et  sous  l’autre  de  l’air  déphlogistiqué  ; ces 
cloches  sont  suspendues  à la  surface  de  l’eau , et  s’en- 
foncent graduellement  dans  Veau  par  une  méchanique 

Ggg  iv 


*4°  Appendice. 

ingénieusp.  Au  moyen  de  robinets  placés  commodément 
on  distribue  dans  des  rapports  convenables  les  deux  airs 
qui  doivent  brûler  l’un  par  l’autre. 

. 3°*  ^,ltie  ^es  cloches  on, place  un  ballon  de  verre  d’en- 
viron douze  pintes  ; les  deux  airs  arrivent  chacun  de  leur 
colé  des  deux  cloches  dans  ce  ballon  , par  le  moyen  de 
deux  tuyaux  qui  viennent  aboutir  en  un  seul  dans  ce  même 
vaisseau  : lorsque  l’appareil  est  disposé  on  lait  le  vide 
dans  le  ballon  ; le  vide  étant  fait  on  lait  entrer  de  Pair 
dépldogis  tiqué  pour  le  remplir;  on  détermine  l’entrée  de 

I air  inflammable  dans  ce  même  ballon  ; ensuite  on  allume 
l’air  inflammable  à l’aide  d’une  étincelle  électrique  : les 
deux  ait  s biulent  alors  a i extrémité  du  tuyau  l’un  par 
l’autre  comme  une  bougie  renversée.  Les  cloches  de  part 
et  d autre  fournissent,  leur  contingent  d’airs  qui  entretien- 
nent la  continuité del  inflammation  ; à mesure  que  les  deux 
airs  brûlent  il  se  manifeste  de  l’eau  dans  le  ballon.  J’ai 
vu  durer  cette  belle  expérience  et  cette  combustion  pen- 
dant plusieurs  jours  avec  un  succès  très  agréable.  M.  le 
Fevro  de  Ginot  , qui  a répété  cette  expérience  au  college 
royal  avec  tout  le  succès  désiré,  a toujours  obtenu . à quel- 
ques  grains  près  , le  meme  poids  en  eau  que  celui  des  deux 
airs  qu’ii  a fait  brûler.  Lorsque  les  quantités  d’air  destinées 
à cette  expérience  ont  été  bi  idées  il  est  resté  dans  le  ballon 
un  volume  d air  qui  n a pu  brûler  et  sur  lequel  nous  dirons 
notre  sentiment  dans  un  moment. 

L’eau  séparée  du  ballon  a voit  un  goût  acide  ; elle  con- 
tenoit  de  i acide  vitrioiique  et  un  peu  d’acide  nitreux  : 
} acide  vitrioiique  qui  se  manifeste  dans  cette  eau  vient  de 
l’air  inflammable  ; on  peut  croire  que  l'acide  nitreux 
qu’on  a retrouve  dans  cette  même  ean  n’est  pas  une  pro- 
duction nouvelle;  elle  estdueài’acide  variolique  lui-même. 

II  n>  a point  dans  le  commerce  d’acide  vitrioiique  qui  ne 
contienne  plus  ou  moins  d’acide  nitreux  provenant  du  ni- 
tre  employé  a faciliter  la  combustion  du  soufre  dans  la 
préparation  en  grand  de  cet  acide  ; il  faut  faire  un  travail 
particulier  sur  l’acide  vitrioiique  du  commerce  pour  sépa- 
rer i acide  nitreux  qu’il  contient;  travail  auquel  n’a  point 
été  soumis  celui  employé  dans  l’expérience  ; je  m’en  suis 
assu ré. 

On  a conclu  de  celte  expérience  que  l’eau  est  composée 
de  deux  sortes  de  gaz.,  i’ua  nommé  oxigene  et  l’autre  hy- 


Appendice.  ^4^ 

rlrogene  ; et  on  a tiré  cette  conclusion  , pareeque  les  deux 
<raz  L»rul<  s l’un  par  l’autre  fournissent  en  eau  presque  leur 
poids  des  airs  employés.  On  a ensuite  lait  1 application 
de  cettG  théorie  pour  rendre  raison  des  produits  aqueux 
que  fournissent  beaucoup  de  corps  peu  :aut  eVii  analyse  y 
ou  a dit  que  c’étoit  une  eau  recomposée  : nous  sommes 
bien  éloignés  d’adopter  la  théorie  qu  on  a voulu  établi)  sur 
l’expérience  que  nous  venons  de  rapportei  ; nous  n avons 
ap  perçu  , dans  l'exposition  que  loua  laite  de  (.cl  te  théorie 
et  dans  les  conséquences  qu’on  a voulu  en  tirer,  qu  un 
abus  des  termes  ; et  on  a nomme  recomposition  ce  qui 
n’est  dans  le  fait  que  deux  opérations  l’une  plus  belle  que 
l’autre  , et  qu’il  convient  d’examiner  sepau  ment,  ha  pic- 
miere  est  une  précipitation  de  1 eau  ; 1 autre  est  une  expé- 
rience hydrostatique  dans  laquelle  on  détermine,  à 1 ai  le 
d’un  courant  d’air , des  vapeurs  d’eau  de  deux  vases  a se 
transporter  dans  un  troisième  placé  au  milieu.  C est  ce 
que  je  me  propose  de  démontrer. 

i°.  L’eau  qui  se  manifeste  dans  cette  expérience  est 
celle  qui  étoit  tenue  en  dissolution  dans  les  deux  gaz  ’,  elle 
y étoit  dissoute  par  la  matière  inflammable  de  i’air  in- 
flammable , et  par  la  matière  inflammable  de  l’air  dé- 
ph  logis  tiqué.  On  brûle  conjointement  la  substance  inflam- 
mable qui  tenoit  l’eau  en  dissolution  ; cette  eau  se  préci- 
pite de  même  qu’un  métal  dissous  dans  un  acide  se  pré- 
cipite en  combinant  l’acide  qui  le  tenoit  en  dissolution. 
L’eau , comme  élément,  est  douée  de  la  propriétéde  se  mo- 
difier à l’infini  avec  les  autres  éléments  qui  ont  également 
cette  même  propriété  ; raison  pour  laquelle  il  est  impos- 
sible d’avoir  les  éléments  à part  et  parfaitement  isolés  les 
uns  des  autres  : ils  se  présentent  toujours  à nos  sens  dans 
des  états  de  combinaisons  simples  , combinaisons  que  j ai 
désignées,  dansmaChymie,  sous  les  noms  de  composés  du 
premier  ordre.  C’est  dans  cct  étatquela  nature  emploie 
les  substances  élémentaires  pour  la  production  des  corps 
plus  composés.  Faut-il  donc  , pareequ’on  est  parvenu  à 
reconnoître  quelques  unes  de  ces  combinaisons  simples 
ou  de  ces  combinaisons  du  premier  ordre  que  l’eau  peut 
former , en  concl  ure  queles  éléments  se  décomposen  t,  et , par 
une  conséquence  de  ce  raisonnement , que  le  feu  , l’air  , 
l’eau  et  la  terre  ne  sont  point  des  éléments. 

2°.  La  quantité  d’eau  obtenue  dans  l’expérience  mérite 


S-f2  A P P E N D I C F. 

fine  attention  particulière  , puisqu’elle  est  presque  égale  au 
poids  des  airs  employés  ; on  la  regarde  comme  étant  entière- 
ment le  produit  des  airs  brûlés  1 un  par  l’autre  , mais  spé- 
cialement de  l’air  inflammable.  l\ous  pensons  au  con- 
traire que  la  plus  grande  partie  de  cette  eau  vient  de  celle 
renfermée  sous  les  cloches  , eau  continuellement  en  éva- 
poration et  qui  se  mêle  avec  celle  produite  par  la  com- 
bustion des  airs.  11  est  facile  de  faire  concevoir  cette  pro- 
position. De  l’eau  renfermée  dans  un  vase  qui  n’est  pas 
plein  se  met  en  évaporation  dans  la  partie  vide  : lorsque 
cette  partie  vide  est  remplie  de  vapeurs , l’eau  se  con- 
dense contre  les  parois  du  vase  et  se  réunit  à la  masse 
d eau  : mais  si  le  vase  est  ouvert  et  qu’on  détermine  un 
courant  d’air  à sa  surface  , on  conçoit  que  l’évaporation 
sera  plus  abondante  pendant  le  même  temps  : l’évapora- 
tion a lieu  même  à une  température  très  froide.  J’ai  vu,  en 
j 789  , le  thermomètre  étant  à 18  degrés  au-dessous  de  la 
glace  , la  riviere  de  Seine  fumer,  et  elle  fumeroit  encore 
à un  froid  bien  plus  considérable  ; tout  le  temps  que  l’eau, 
n’est  pas  gelée  elle  est  en  évaporation.  Dans  l’expérience 
ou  l’on  croit  que  l’eau  se  recompose  , il  arrive  précisé- 
ment la  même  chose  ; la  différence  n’est  que  dans  la  ma- 
niéré dont  le  courant  d’air  est  dirigé  ; ce  courant  est , dans 
l’expérience  présente  , déterminé  par  l’inflammation  qui 
subsiste  dans  l’intérieur  du  ballon  ; cette  inflammation  ne 
peut  continuer  d’avoir  lieu  qu’au  tant,  qu’il  entre  de  nou- 
velles portions  d’air  pour  remplacer  celles  qui  se  sont 
brûlées;  et.  comme  la  combustion  et  le  remplacement  se 
font  simultanément,  le  courant  d’air  s’établit  des  cloches 
dans  l’intérieur  du  ballon  ; il  emporte  l’eau  réduite  eu 
vapeurs  sous  les  cloches,  vapeurs  qui  viennent  se  con- 
denser dans  le  ballon  avec  celles  fournies  par  les  airs.  Cette 
évaporation  se  fait  en  raison  de  la  surface  des  cloches 
qui  est  déterminée  par  leur  diamètre  ; le  courant  d’air  qui 
«'établit  fait  L'effet  d’un  soufflet  qu’on  feroit  agir  à la  sur- 
face d’une  liqueur  eu  évaporation  dans  le  vide  ; car  il  s’en 
fait  ici  un  peu  , et  l’on  sait  avec  quelle  rapidité  l’évapo- 
ration s’opère  dans  le  vide  ; c’est  de  cette  maniéré  que 
se  transporte  des  cloches  dans  le  ballon  la  plus  grande  par- 
tie de  l’eau  que  l’on  obtient.  Il  n’y  a point  de  doute  que  si 
l’on  répétoit  cette  expérience  avec  des  cloches  d’un  pins 
grand  diamètre  et  en  mettant  sous  les  cloches  de  l’eau 


\ 


très  chaude  , on  oblicndroit  infiniment  plus  en  eau  cjuo 
le  poids  des  airs  qu’on  cmploieroit.  Ainsi  je  crois  que  cette 
expérience  ne  démontre  nullement  ce  que  l’on  vouloit 
prouver,  la  recomposition  de  l’eau.  _ > 

3°.  Quelques  •chymistes  ont  avance  que  83  parties  d air 
déphlogistiqné  et  quinze  parties  d’air  inflammable,  l’un 
et  l’autre  en  poids  , rendent  cent  parties  d’eau  en  poids. 
Nous  croyons  ces  résultats  propres  à favoriser  notre 
sentiment  , et  à prouver  que  les  circonstances  qui  occa- 
sionnént  une  évaporation  plus  grande  sous  les  cloches  sont 
la  cause  de  cette  augmentation  de  poids  : il  est  constant 
alors  que  les  produits  sont  plus  pesants  que  les  matières 
employées.  Nous  avonsvu  répéter  cette  même  expérience  au 
college  royal,  et  nous  avonsvu  qu’onséparoit  de  temps  eu 
temps  un  grand  volume  d’air  incombustible  et  qui  empechc 
les  autres  airsde  brûler;  mais  cet  air  a un  poids  quelconque. 
Dans  l’expérience  que  nous  citons  on  n en  parle  pas  ; il  a 
dû  néanmoins  se  présenter  dans  cette  expérience  ainsique 
dans  celle  du  college  royal  : il  faut  donc  convenir  qu’il 
v a un  poids  excédent  à celui  des  airs  employés.  Pour  laire 
voir  ensuite  que  les  gaz  ne  contiennent  pas  d eau  , et  pour 
prouver  que  l’eau  renfermée  sous  les  cloches  n’en  ajoute 
point  à ceile  fournie  par  les  gaz  , on  a fait  passer  les  airs, 
avant  d’arriver  au  lieu  de  leur  combustion,  au  travers  de 
tubes  de  verre  d’un  pouce  de  diamètre  remplis  de  sel  très 
déliquescent , afin  de  retenir  l’eau  ; mais  , comme  ou  a ou- 
blié d’examiner  si  ces  sels  s’étoient  humectés  , on  peut 
croire  qu’ils  étoient  tombés  en  deliquiurn. 

4°.  On  a donné  à l’air  inflammable  le  nom  de  gaz  hy- 
drogéné , c’est-à-dire  générateur  d'eau  , pareeque  l’on 
croit  que  c’est  lui  qui  produit  toute  l’eau  qu’on  obtient 
dans  cette  expérience  ; cependant  il  est  difficile  de  conce- 
voir que  quinze  grains  de  ce  gnzpuissent  fournir  cent  grains 
d’eau  comme  on  l’avance  dans  l’expérience  derniere  que 
nous  venons  de  citer;  alors  il  faut  dira  que  1 air  dé- 
phlogistiqué  en  rend  davantage  que  l'air  imlammable,  ou 
convenir  que  grains  d’eau  ont  ié  enlevés  de  l’eau  des 
cloches  avec  les  gaz  pendant  leurs  combustions  : si  l’on 
rejette  l’un  et  l’autre  sentiment  , je  ne  puis  m’empêcher 
de  dire  que  ces  résultats  ne  sont  pas  faciles  à concilier. 

5».  Si  l’on  répétoit  l’expérience  de  la  recomposition  de 
l’eau  avec  des  gaz  faits  sans  eau  , dans  un  appareil  à mer- 


$44  A P P E N fl  i C tf. 

C111.e  ’ bar  exernple,  l’eau  qu’on  obtiendrait  serait  bieri. 

,e  tenue  en  dissolution  par  les  gaz  ; mais  la  quantité 
qu  on  obtiendrait  serait  bien  éloignée  d’approcher  pour 
le  pouls  de  celui  des  gaz  employés.  J’avoue  cependant  que 
la  préparation  du  gaz  inflammable  présente  bien  des  diffi- 
cultes,  parceque  jusqu’à  présent  il  a été  impossible  de  le 
préparer  sans  eau  ou  avec  des  matières  qui  n’en  contien- 
nent pas  ; néanmoins  si  l’on  répétoit  cette  expérience 
clans  l’appareil  à mercure  avec  de  l'air  inflammable  pré- 
paie à 1 ordinaire  , on  recueillerait  une  fort  petite  quantité 
cl  eau.  1 

1 our  achever  de  rendre  compte  de  l’expérience  de  la  re- 
composition de  l’eau  et  des  produits  qu’on  en  obtient  il 
ine  reste  à dire  un  mot  sur  le  fluide  aériforme  que  laissent 
les  deux  airs  après  leurs  combustions  ; cet  air  est  différent 
des  deux  airs  employés,  pareequ  il  est  le  résultat  de  leur 
décomposition  réciproque  : il  occupe  promptement  la  ca- 
pacité du  ballon  ; il  empêche  la  continuité  de  Feutrée  des 
autres  airs  , et  il  s’oppose  aussi  à leur  combustion  ; ce  qui 
oblige  d interrompre  l’opération  de  temps  en  temps  pour 
le  séparer.  L’examen  de  cet  air  nous  fournira  les  moyens 
de  rétablir  1 air  élémentaire  daj?s  toutes  les  fonctions 
qn ’on  cherche  à lui  enlever. 

Le  fluide  aériforme  qu’on  sépare  du  ballon  est  ce  que 

I on  nomme  air  moretique  pour  la  très  grande  partie  ; cet 
air  mofétique  est  mtdé  d’un  peu  des  deux  airs  combustibles 
échappés  à 1 inflammation.  Mais  , par  le  moyen  de  l’air 
nitreux  et  de  l’eau  de  chaux  qu'on  lui  applique  successive- 
ment, on  le  séparé  des  parties  de  gaz  qui  lui  sont  étrangères. 

II  reste  enfin  l’air  mofétique  sans  mélange,  ce  sont  les 
propriétés  de  cet  air  qu’il  convient  d’examiner  ; il  faut 
reconnoitre  s il  a les  caractères  qu’on  donne  aux  sub- 
stances élémentaires  , s’il  est  simple  , indestructible  , s’il 
esi  enfin  le  fluide  que  l’on  peut  nommer  l’élément  air. 

J ai  soutenu  verbalement  et  depuis  long-temps  qu’il 
éioit  nécessaire  de  faire  une  distinction  entre  airpur,  sim- 
ple, élémentaire  et  air  salubre  ; cette  distinction  devient 
aujourd  hui  absolument  nécessaire; .sans cela  il  est  impos- 
sible de  s’entendre  et  d’avoir  des  idées  nettes  sur  ces  ma- 
tières. 

hais  expériences  pour  séparer  les  airs  et  reconnoître  leurs 
propriétés  ont  été  de  nos  jours  si  multipliées  que>  je  ne 


Appendice.'  84  5 

présume  pas  qu'on  me  conteste  le  caractère  d’élément 
que  je  donne  à l’air  mofétique  que  je  nomme  pour  cette 
raison  air  élémentaire  : on  ne  me  contestera  pas  non  plus 
qu’il  fait  environ  les  quatre  cinquièmes  de  l’air  atmo- 
sphérique. Si  je  voulois  appuyer  ces  observations  par  des 
autorités,  il  me  faudrait  citer  tous  les  physiciens  qui  ont 
fait  des  expériences  sur  cette  matière  , tels  que  Priestley, 
Scliel , Kirvan  , Senne biere , etc.  etc.  Ils  ont  tous  reconnu, 
que  le  fluide  qui  enveloppe  le  globe  n’est  pas  homogène; 
mais  cela  n’empêche  pas  de  reconnoÎLre  dans  ce  mélange 
d’airs  atmosphériques  la  masse  d’air  élémentaire  qui  en  Fait 
les  quatre  cinquièmes  cominenous  venons  de  le  dire.  L’aie 
mofétique,  suivant  plusieurs  physiciens  , y entre  pour  les 
trois  quarts  , suivant  d’autres  pour  les  quatre  cinquièmes; 
quelques  uns  en  trouvent  un  peu  moins  ; Scliel  y a re- 
connu un  peu  d’air  fixe  qu’il  estime  être  la  cinquante- 
deuxieme  partie.  Toute  cette  masse  d’air  non  respirabla 
est  rendue  salubre  et  respirable par  une  petite  portion  d’air 
déphlogistiqué , et  la  proportion  de  cet  air  varie  un  peu 
en  plus  ou  en  moins  sans  que  Pair  de  l’atmosphere  cesse 
d’être  salubre  et  respirable.  Je  passerai  sous  silence  les 
émanations  de  toute  espece  don!  l’air  de  l’atmosphère  peut 
être  chargé  et  souvent  vicié  ; elles  sont  partielles  ou  lo- 
cales suivant  des  circonstances  étrangères  à l’air  respi- 
rable. 

Les  procédés  ingénieux  qui  ont  conduit  à se  procurer 
séparément  les  gaz  qui  composent  l’air  de  l’atinosphereont 
fait  croire  à quelques  physiciens  qu’ils  avoient  décom- 
posé l’air  ; et  ils  en  ont  conclu  avec  trop  de  précipitation 
qu’il  n’y  avoit  point  d’élément  air  , et  que  ce  que  nous 
regardons  comme  tel  n’est  qu’un  assemblage  de  vapeurs 
d’eau  tenu  dans  l’état  aériforme  par  la  matière  de  la  cha- 
leur suivant  leur  expression.  Au  reste  ce  terme  matière 
ne  nous  paraît  pas  plus  clair  que  la  plupart  des  autres  ex- 
pressions nouvellement  introduites.  On  dit  la  matière  du 
pain  , la  matière  du  vin,  etc.  ; on  entend,  par  ces  expres- 
sions , que  le  pain  et  le  vin  sont  formés  avec  des  matières 
qui  n’étoientni  pain  ni  vin  auparavant.  Mais  pourroit-on 
nous  dire  de  quelle  matière  la  chaleur  est  formée  ? Quel- 
ques physiciens  de  nos  jours  soutiennent  qu’il  n’y  a point 
d’eau  élément,  que  ce  que  l’on  regarde  comme  tel  n’est 
gu’mi  composé  d’air  inflammable  et  d’air  déphlogistiqué. 


A P p e © r c e. 

Ils  nient  egalement  qu’il  y ait  un  élément  air;  ce  que  l'on 
regarde  comme  air , disent-ils  , est  un  assemblage  de  va- 
peurs d’eau.  Mais  comment  des  éléments  non  existants 
peuvent-ils  se  convertir  l’un  dans  l’autre?  leurs  écrits  ne 
donnent  aucune  réponse  satisfaisante  à cette  question. 

Celte  maniéré  de  raisonner  a répandu  beaucoup  d’ob- 
scuriié  sur  un  autre  point  de  physique  que  nous  croyons 
essentiel  d’éclaircir  ; on  a confondu  la  pureté  et  la  salu- 
brité de  l’air  ; on  a , mal-à-propos  sans  doute,  attribué  un 
caractère  de  salubrité  à tout  élément  , comme  s’il  étoit 
démontré  que  ce  caractère  fût  un  attribut  essentiel  des 
substances  élémentaires:  ces  raisonnements  ont  empêché 
les  physiciens  de  regarder  comme  élément  un  gaz  inal-fai- 
sant  qu’on  ne  peut  respirer  un  instant  sans  danger , un  gaz 
qui  tue  les  animaux  , etc.  Mais  que  l’on  fasse  attention 
que  ce  gaz  fait  à-peu-près  les  quatre  cinquièmes  de  l’at- 
rnosphere  , qu’il  entre  en  plus  ou  moins  grande  quantité 
dans  tous  les  gaz  qu’on  a examinés,  et  qu’on  le  retrouve 
toujours  pour  dernier  résultat  dans  toutes  les  expériences 
sur  les  airs.  Nos  physiciens  il  est  vrai  n’ont  pas  absolu- 
ment regardé  l’air  déphlogistiqué  comme  un  élément; 
ils  se  sont  contentés  de  l’appeller  air  pur , air  éminem- 
ment respirable,  air  le  plus  salubre  , etc.  sans  faire 
attention  qu’il  n’est  qu’en  apparence  éminemment  res- 
pirable,  et  cpie  sa  salubrité  est  très  éphémère , puisqu’il 
abrégé  la  vie  des  animaux.  Priestley  , Schel  , Kirvan  , 
l’abbé  Fontana  , etc.  etc.  ont  reconnu  qu’un  animal 
vit  environ  trois  fois  plus  long- temps  dans  Pair  dé- 
phlogistiqué que  dans  Pair  de  Patmosphere , et  périt  en- 
fin ; mais  Pair  qu’il  laisse  se  trouve  être  encore  aussi  sa- 
lubre que  Pair  de  Patmosphere  , puisqu’un  autre  animal 
vit  dans  cet  air  aussi  long-temps  que  dans  l’air  ordinaire. 
Ces  expériences  prouvent  donc  que  l’air  déphlogistiqué 
n’est  point  éminemment  respirable;  il  n’y  a pas  d’animal 
mort  par  ce  moyen  dans  l’espace  de  quelques  demi- heu- 
res qui  n’eût  pu  vivre  plus  long-temps  s’il  n’eût  été  sou- 
mis à cette  expérience. 

Le  nom  d’air  pur  qu’on  a donné  à Pair  déphlogistiqué 
peut  induire  en  erreur,  et  nous  faire  prendre  le  change 
sur  le  véritable  air  élémentaire  qui  est  le  seul  air  pur; 
qualité  que  n’a  point  Pair  déphlogistiqué:  on  doit  le  re- 
garder au  contraire  comme  un  air  composé  , puisqu’on 


Appendice.  847 

détruit  par  l'étincelle  électrique  la  matière  inflammable 
qu’il  contient.  La  portion  d’air  qu’il  laisse  est  pour  la  plus 
grande  partie  de  l’air  mofétique.  Les  autres  propriétés  de 
l’air  dépldogistiqué  11e  sont  pas  moins  propres  à nous 
convaincre  qu’il  est  bien  éloigné  d’être  un  air  pur.  Sa  ma- 
tière inflammable  se  brûle  et  se  détruit  complètement  ; 
mais  il  faut  pour  cet  effet  le  contact  ou  d’une  ilumme 
telle  que  l’étincelle  électrique,  ou  d’un  corps  combustible 
dans  le  mouvement  igné  : les  corps  les  plus  combusti- 
bles, comme  le  phosphore  , par  exemple  , 11e  brûlent  point 
dans  cet  air  sans  un  peu  de  leu  en  action.  L’air  déphlo- 
gistiqué  accéléré  la  destruction  des  corps  combustibles 
comme  il  accéléré  celle  des  animaux  ; son  action  sur  les 
corps  combustibles  s’exerce  avec  une  rapidité  bien  digne 
de  remarques  , puisqu’il  les  consume  sans  qu’ils  répan- 
dent ni  suie  ni  fumée  ; mais  alors  il  faut  que  le  corps  soit 
complètement  plongé  dans  cet  air.  Cette  observation  que 
je  rapport^  ici  en  passant  n’a  été  faite  , que  je  sache,  par 
aucun  des  physiciens  qui  ont  le  plus  travaillé  sur  les  airs. 

Ce  que  je  viens  de  dire  ne  m’empêche  pas  de  consi- 
dérer avec  tous  les  physiciens  l’air  dépldogistiqué  comme 
salubre  , mais  dans  le  même  sens  qu’on  peut  le  dire  de 
l’eau-de-vie  et  du  vin  pur  pris  pour  boisson  ordinaire  ; ccs 
substances  sont  toutes  les  trois  très  propres  à soutenir  les 
forces  vitales  , mais  en  même  temps  à les  user  prompte- 
ment, si  l’action  vive  de  ces  substances  n’est  pas  tem- 
pérée par  des  mélanges  , celle  du  vin  et  de  l’eau-de-vie 
par  de  l'eau  , et  celle  de  l’air  déphlogistiqué  par  trois  ou 
quatre  pai  lies  d’air  mofétique. 

Une  des  belles  propriétés  reconnues  à Pair  déphîo- 
gistiqué  et  qui  donne  une  nouvelle  preuve  que  cette  sub- 
stance n’est  ni  pure  ni  simple  est  sa  propriété  de  faciliter 
la  calcination  des  métaux,  etdese  combiner,  dit-on,  avec 
leur  chaux  , et  de  parodie  par  conséquent  sous  forme 
seclie:  si  l’cn  met  ensuite  cette  chaux  en  distillation  dans 
lin  appareil  convenable  , on  obtient  de  Pair  déphlogisti- 
qué sous  forme  fluide  tel  qu’on  l’avoit  auparavant.  Nous 
croyons  que  ces  expériences  sont  assez  belles  et  assez  im- 
portantes pour  mériter  de  notre  part  un  examen  parti- 
culier par  rapport  à plusieurs  phénomènes  intéressants 
sur  lesquels  nous  croyons  qu’on  a pris  le  change. 

i°.  L’air  déphlogistiqué  n’est  pas  un  être  ni  pur  ni 


\ 


/ 


Ô48  Appendice. 

simple  , puisqu’il  peut  se  présenter  sous  deux  états;  sec 
ou  fluide,  et  que  d’ailleurs,  en  détruisant  sa  matière  in- 
flammable , soit  par  l’étincelle  électrique  , soit  par  l’air  ni- 
treux, le  dernier  résultat  est  de  l’air  mofétique  élémentaire 
qui  ne  peut  plus  éprouver  d’altération  : ce  dernier  air  est 
son  véhicule  ; -il  est  celui  de  tous  les  autres  airs  , comme 
l’eau  est  celui  des  sels. 

2«.  Si  l’on  observe  exactement  ce  qui  se  passe  pendant 
la  calcination  des  métaux  dans  l’air  déphlogistiqué  , on 
remarque  que  cet  air  se  brûle  , comme  lorsqu’on  lui  pré- 
sente un  tout  autre  corps  combustible  ; par  conséquent 
celui  employé  à cette  expérience  est  totalement  détruit 
et  il  n’en  existe  plus  rien.  Ainsi  ce  nJest  pas  l’air  dé- 
phlogistiqué employé  qui  se  fixe  dans  lachaux  métallique; 
il  n’v  a que  l’air  mofétique  qu’il  contenoitqui  s’y  est  fixé. 
D’où  vient  donc  , me  dira-t-on  , l’air  déphlogistiqué  que 
la  chaux  métallique  contient  ? Je  pense  que  l’air  déphlo- 
gistiqué qu'on  retrouve  apres  la  calcination  du  métal  a 
été  produit , pendant  la  calcination  du  métal  même  , par 
une  combinaison  nouvelle  de  feu  pur  qui  se  tamise 
au  travers  des  vaisseaux  et  qui  s’est  fixé  dans  la  chaux 
qu’on  retrouve  après  l’opération , comme  cela  arrive  au 
fer  qui  se  calcine  dans  le  tuyau  de  verre  pendant  la  pré- 
tendue décomposition  de  l’eau. 

3°.  L’air  déphlogistiqué  a présenté  dans  les  expériences 
une  suite  de  résultats  et  de  découvertes  de  la  plus  grande 
importance  et  qu’on  ne  peut  trop  accueillir  ; mais  il  auroit 
été  à desirer  qu’on  se  fut  moins  pressé  de  les  expliquer , 
et  qu’au  lieu  de  donner  des  théories  abstraites  et  même 
très  difficiles  à saisir  à cause  des  termes  obscurs  ou  équi- 
voques dont  elles  sont  enveloppées  , on  eût  cherché  à 
éclaircir  plusieurs  objets  par  de  nouveaux  faits.  On  a 
donné  , par  exemple , le  nom  d’oxigene  à l’air  déphlogis- 
tiqué fixé  sous  forme  seche  comme  il  se  trouve  dans  les 
chaux  métalliques.  Si  l’on  demande  ce  que  c’est  que  i oxi- 
gene  , on  répond  que  c’est  le  principe  acidifiant  ; mais 
en  est-on  plus  instruit  ? n’est-ce  pas  donner  une  dénomi- 
nation arbitraire  an  lieu  d’un  fait  qu’il  auroitfallu  établir? 
Caron  peut  demander  quelle  est  cette  substance  que  l’on 
peut  considérer  à part  et  indépendamment  de  toute  union; 
quelle  est  sa  nature.  C’est  ce  qui  reste  encore  à connoître  ; 

toutes  les  hypothèses  données  sur  cette  matière  ne  nous 

apprennent 


Appendice.  &45JI 

apprennent  rien  : si  elle  est  le  principe  acidifiant , elle  ne 
peut  être  que  du  feu  dans  un  état  de  combinaison  simple 
qu’il  est  très  important  de  connoître. 

Le  principe  acidifiant,  comme  je  l’ai  dit  dans  ma  Chy- 
mie  , c’est  le  feu  ; il  est  le  seul  caustique  par  excellence  ; 
c’est  lui  qui  est  la  cause  et  le  principe  de  toute  causticité  : 
les  acidessont  du  feu  presque  pur  dans  l’état  de  liquidité  ; 
ieu  dans  un  état  de  combinaison  singulière  et  de  sim- 
plicité que  nous  11e  connoissons  pas  encore  : mais  une 
infinité  d’expériences  et  d’observations  m’ont  fait  recon- 
noître  dans  les  acides  , concentrés  sur-tout,  beaucoup 
de  propriétés  communes  avec  le  feu  libre  et  en  action  : 
les  acides  brûlent  comme  lui  ; ils  réduisent  comme  lui  en 
charbon  les  matières  combustibles  qu’on  leur  présente; 
leur  action  va  même , dans  plusieurs  circonstances , jusqu  «1 
incendier  les  corps. 

Il  suit  de  ce  que  nous  disons  que  ni  l’air  déplilogisti- 
qué  ni  l’oxygene  ne  peuvent  être  principe  acidifiant  ; 
l’oxygene  seroit  plutôt  principe  alkalisant , d’après  ses  pro- 
priétés bien  reconnues  ; il  donne  aux  chaux  métalliques 
des  propriétés  communes  à la  chaux  et  aux  alKalis  fixes  et 
volatils.  Les  chaux  métalliques  chargées  d’oxygene  aug- 
mentent la  causticité  des  alKalis  comme  le  fait  la  chaux 
vive  ; et  ces  nouvelles  propriétés  sont,  comme  l’on  sait, 
directement  opposées  à celles  des  acides  , etc.  etc. 

Pour  que  l’oxygene  puisse  engendrer  des  acides  il  fairt, 
dit-011,  lui  présenter  une  base  acidifiable  : si  l’on  demande 
ce  que  l’on  entend  par  base  acidifiable , on  répond  c’est 
le  soufre  , par  exemple  , qui  ne  contient  pas  d’acide  ; si 
on  lui  présente  l’oxygene,  il  acidifie  la  base  du  soufre,  et 
on  a de  l’acide  vitriolique.  Je  suis  bien  éloigné  d’adopter 
une  pareille  doctrine  ; je  regarde  le  soufre,  avec  tous  les 
chymistes  depuis  Stahl,  comme  un  composé  d’acide  vi- 
triolique et  de  plilogistique  , puisqu’avec  ces  substances  on 
recompose  du  soufre.  11  est  bien  singulier  qu’011  veuille 
établir  la  décomposition  et  la  recomposition  de  l’eau  avec 
des  matériaux  qui  n’ont  point  de  rapport  à l’eau  , et  qu’on 
veuille  nier  ^décomposition  et  la  recomposition  du  soufre 
avec  les  matériaux  mêmes  qu’on  sépare  de  cette  substance. 
L’acide  vitriolique  existe  tout  formé  dans  le  soufre  ; mais 
il  est  combiné  avec  le  principe  inflammable  ou  phlogis- 
tique  : le  contact  du  feu  manifeste  ce  principe;  le  soufre 

H h h 


$5o  À F P E N D I C ®." 

brûle  et  l’acide  employé  reparoît.  Dans  l’hypofhese  de 
l’oxygene  il  faut  également  appliquer  au  soufre  le  contact 
du  feu  en  action  ; sans  cette  condition  il  n’y  a point  d’in- 
flammation. Le  soufre  n’est  donc  pas  un  etre  simple 
comme  on  le  prétend  ; il  contient  une  substance  qu  il 
faut  détruire  , substance  qui  conrbinoit  1 acide. 

Quoi  ! parceque  le  soufre , comme  tout  autre  corps  com- 
bustible , ne  peut  brûler  sans  le  concours  de  l’air  déplilo- 
cistiqué  , il  faudra  en  conclure  que  l’acide  n’existe  pas 
dans  le  soufre  ? Je  pourrais  faire  le  même  raisonnement 
à l’égard  du  nitre  , du  sel  marin,  etc.  et  diie  que  1 acide 
nitreux  n’existe  pas  dans  le  nitre , ni  l’acide  marin  dans 
le  sel  marin  , et  que  ces  acides  sont  produits  par  les  in- 
termèdes qui  servent  à les  dégager.  Je  pense  qu’on  trouve- 
roit  ce  raisonnement  très  défectueux  et  avec  raison.  L air 
déphlogistiqué  dans  la  décomposition  du  soufre  devient  uji  . 
intermede , un  outil  propre  à détruire  la  matière  inflam- 
mable , comme  est  l’ intermede  employé  pour  décomposer 


le  nitre  , le  sel  marin  , etc. 

Au  reste  il  y a plusieurs  procédés  connus  pour  séparer 
l’acide  yitriolique  du  soufre  sans  combustion  et  sans  le 
concours  de  l’air  déphlogistiqué  par  conséquent;  tels  sont 
les  foies  de  soufre  chauffés  pendant  quelques  temps  au 
grand  feu  dans  des  vaisseaux  clos.  On  perd  a la  vente 
par  ces  procédés  la  matière  inflammable  ; ce  qui  favorise 
le  sentiment  de  ceux  qui  nient  sa  présence  , comme  si 
l'inflammation  du  soufre  ne  suffisoit  pas  pour  démontrer 
l’existence  de  ce  principe  inflammable.  Je  me  propose  au 
reste  de  publier  bientôt  un  procédé  pour  séparer  du  soufre 
sans  combustion  la  matière  inflammable  et  la  recueillir 
à part.  J’ai  dans  ce  moment  quelques  gros  de  cette  ma- 
tière : ie  m’en  procurerai  davantage  afin  de  pouvoir  1 exa- 
miner dans  un  détail  convenable.  Je  dirai  , en  atténuant , 
que  i’ai  reconnu  à cette  matière  les  propriétés  suivantes  : 
elle  est  sous  forme  serbe  et  pulvérisable  ; elle  se  dissou 
dans  l’esprit  de  vin  , fume  sur  un  charbon  ardent  a a 
maniéré  d’une  résine  sans  produire  de  flamme  ; *a  fumce 
ne  s’enflamme  pas  à l’approche  d’une  lumière  , etc; 

Enfin  nous  terminerons  cet  article,  sur  1 an  mofétiq  e 
ou  élémentaire  , par  des  observations  rt  des  expériences 
reconnues  et  répétées  par  tous  les  physiciens  qui  ont  tra 
raillé  sur  les  airs.  C’est  qu’U  n’y  a aucun  gaz  permanent, 


Appendice. 


S5u 


ou  mêlé  avec  d’autres  gaz  aussi  permanents  , qu’on  no 
puisse  séparer , soit  en  les  détruisant , soit  en  leur  faisant 
contracter  de  nouvelles  Combinaisons;  et  qu’on  obtient 
enlm , après  toutes  ces  opérations , pour  dernier  résultat,  un 
volume  d’air  quelconque  qui  ne  peut  plus  subir  d’a’téra- 
tion  par  aucun  agent  connu  jusqu’à  présent  ; et  cet  aie 
est  de  1 air  mofétique  , que  je  regarde  comme  l’air  élémen- 
taire. 11  est  le  dissolvant  de  toutes  les  substances  qui  peu- 
vent prendre  la  forme  de  gaz  ; il  se  mêle  avec  tous 
comme  l’eau  se  mêle  avec  les  sels  et  en  dissout  le  plus 
grand  nombre  sans  leur  causer  d’autres  altérations  que 
celle  de  les  présenter  sous  forme  liquide.  L’eau  , qui  est  'un 
des  principes  des  sels,  est  aussi  leur  dissolvant  ; de  même 
l’air  élémentaire  est  un  des  principes  des  gaz  et  le  dissol- 
vant des  matières  qui  peuvent  se  réduire  sous  cette  forme: 
Je  me  crois  fondé  à adopter  celte  doctrine  d’après  les  pro- 
priétés reconnues  aux  gaz  et  d’après  les  expériences  des 
plus  habiles  chymistes  sur  les  airs  et  d’après  les  miennes 
propres.  11  n’y  a peut-être  pas  dans  la  physique  une  pro- 
position aussi  bien  constatée  que  celle  de  la  présence  do 
cet  air  élémentaire  pour  derniers  résultats  des  différents 
gaz.  Pavois  donc  raison  de  dire,  en  177 3,  dans  l’appen- 
dice de  ma  Chymie  experimentale , que  tous  les  gaz  ne  sont 
que  de  1 air  charge  de  matières  étrangères  : je  conviens 
en  meme  temps  que  les  connoissances  acquises  , depuis 
1 impression  de  cet  ouvrage  , sur  les  substances  aériformes 
mclees  avec  l’air  atmosphérique  m’ont  appris  à mieux 
distinguer  1 air  élémentaire,  et  m’ont  fourni  les  moyens 
d exprimer  aujourd’hui  111a  proposition  avec  plus  d’exac- 

Le  feu  pur  , la  lumière  , la  matière  combustible  dans 
differents  états  ont  reçu  également  de  nos  jours  de  non- 
veaux  noms  qm  , en  altérant  ou  contrariant  les  dénomf 
nations  connues,  répandent  tant  d’obscurité  qu’il  ne  sera 
bientôt  plus  possible  d’entendre  les  meilleurs  auteurs  oui 
ont  écrit  sur  ces  matières.  Le  feu  , dans  ces  différents  états 
n exerce  pas  toujours  la  même  action  sur  les  différents 
corpsqu  on  lui  présente.  On  a cru  remarquer , parexemple 
que  1 air  depldogistiqué  et  l'air  inflammable'  indiquoiem 
tmr  le  thermomètre  un  peu  plus  de  chaleur  que  l'air  en 
virpnnant;  mais  elle  est  si  peu  sensible  qu’on  n’ose  lw" 
rer,  pareequ’une  infinité  de  circonstances  peuvent  iiii 

JJ  II  11  ij 


852 


Appendice. 


duira  en  erreur.  11  n’en  est  pas  de  même  lorsque  ces  gaz 
sont  appliqués  immédiatement  sur  les  corps  vivants  : l’air 
fixe  , par  exemple,  sur  lequel  j’ai  fait  des  expériences  de 
ce  genre  produit  une  sensation  de  chaleur  sur  laquelle 
on  ne  peut  se  méprendre  ; les  autres  gaz  mériteroient 
bien  la  peine  d’être  examines  sous  le  meme  point  de  vue. 

J’ai  plongé  nombre  de  fois  des  thermomètres  dans  des 
cuves  à biere  vidées  de  la  veille  , et  qu  on  avoit  cou- 
vertes à dessein  de  conserver  1 air  fixe  dont  elles  se  tiou- 
voient  remplies  : ce  gaz  n’indiquoit  suri  instrument  qu  un 
demi-degré  de  chaleur  supérieure  à celle  du  local  : cette 
chaleur  étoit  celle  de  la  cuve  dans  laquelle  la  biere  avoit 
été  contenue  la  veille;  mais  j’éprouvois  sur  les  mains  que 
j’étois  obligé  d’y  plonger  une  chaleur  douce  et  agréable: 
le  thermomètre  hors  de  la  cuve  étoit  alors  à six  degrés  au- 
dessus  de  zéro,  et  celui  plyngé  dans  la  cuve  indiquoit 
six  degrés  et  demi.  Voulant  connoltre  si  cette  sensation  de 
chaleur  étoit  bien  réelle , je  descendis  tout  habillé  dans 
la  cuve  au  moyen  d’une  échelle  , et  je  restai  sur  cette  échelle 
de  maniéré  que  mon  corps  étoit  plongé  jusqu  a la  poi- 
trine ; comme  j’avois  la  tête  bien  au-dessus  de  1 air  fixe , 
je  ne  courois  point  de  risque  d’être  asphyxié.  Avant  d en- 
trer dans  cette  cuve  je  ressentois  beaucoup  de  froid  sur-tout 
aux  pieds  : mon  intention  étoit  cle  m’y  réchauffer  ; je 
restai  danscettesituation  pendant  environ  quinze  minutes  : 
à peine  mon  corps  y fut-il  plongé  que  je  ressentis,  meme 
au  travers  de  mes  souliers , une  chaleur  douce , agréable 
comme  si  j’eusse  été  dans  une  étuve  ; je  me  réchauffai 
même  si  promptement  par  tout  le  corps  , qu’en  moins  de 
dix  minutes  , je  sentis  une  légère  moiteur  et  je  commen- 
çai à entrer  en  sueur  au  bout  de  quinze  minutes,  if  est 
crovable  que  si  j’y  fusse  resté  plus  long-temps  j aurois 
sué.  J’ajouterai  que  je  n’ai  éprouvé  absolument  rien  a la 
suite  de  cette  expérience  qui  ait  altéré  ma  santé.  Je  pense 
ci ue  la  médecine'pourroit  tirer  quelques  avantages  de  cette 
observation  pour  administrer  en  bain  ce  gaz  ou  tout  autre 
oaz  : car  il  est  croyable  que  l’air  fixe  n’est  pas  le  seul  qui 
produisit  cet  effet.  Une  souris,  qui  meurt  dans  1 air  de- 
phlogistiqué , éprouve  une  forte  sueur,  etpeut-etie  p 
elle  par  trop  de  chaleur. 


TABLE 


DES  MATIERES. 


A 

A-cerbe,  page  8-23. 
Acide,  ibid. 

Acide  phosphorique  ; tiré  des 
os,  106. 

Adjuvants,  207. 

ÀEthiops  martial , 189. 
Agaric  de  chêne  préparé  , 

1 14. 

Agaric  ( mauvaise  substitu- 
tion qu’on  lui  fait  ) , 

: 21 . 

Agaric,  sa  pulvérisation  , 

658. 

Aimant  arsenical , 738. 
Aimant  broyé  , 1 3 1 . 

Air  de  feu  de  Scheel,  44* 
Air  déphlogistiqué  ; les  vé- 
gétaux en  forment , ibid. 
Alambic  , 820. 

Alambic  à bain-marie  , 10. 
Akali  , 823. 

Akali  fixe  , tiré  du  corona 
solis  , sans  combustion , 

157. 

Akali  fixe  , tiré  du  lait  sans 
combustion,  202. 
Akool,  823. 

Akool  de  vin  , 385. 

Aloès  violât  , 640. 
Altérants  , 826. 

Altération  des  plantes  trans- 
plantées , 4°. 

Alun  calciné  , 106. 

Alun  ; pourquoi  il  se  bour- 


A 

soufle  en  sc  calcinant , 
page  107. 

Alun  teint  de  Mjnsicht  , 

602. 

Amadou  , 1 15. 

Amandes  douces  et  ameres 
sont  attaquées  par  les  mit- 
tes,  66. 

Ambre  gris  ( comment  on  le 
conserve) , i5. 

Amidon  de  froment , 1 67. 

Amidon  de  froment,  deux 
especes,  ibid. 

Amidon  peut  se  faire  avec 
plusieurs  graines  larineu- 
ses , 170. 

Amidon  de  pommes  de 
terre,  i65. 

Amidon  de  racines  d’arum ,' 

167. 

Arfiidon  de  racines  de  bryo- 
ne  , ibid. 

Amidon  de  racines  de 
glayeul  , ibid. 

Amidon  tiré  des  végétaux, 

1 62. 

Amulettes , 825. 

Analyse  , ibid. 

Analyse  végétale  (nouvelles 
vues  pour  la  perfection- 
ner ),  320. 

Animaux  , leur  dessicca- 
tion , 80. 

Animaux(  leur  choix)  ,87, 

H h h iij 


354  T A B L 


Animaux  , leur  conserva- 
tion , page  89. 

Animaux  , temps  de  se  les 
procurer,  88. 

Aniselte  de  Bourdeaux  ,5 14. 
Anrimoine broyé,  i3i. 

Aon»!  ra  .amande  du  fruit  qui 
fournit  l’huile  de  palme, 

27. 

Août  , récolte  à faire  dans 
ce  mois  , 96. 

Apozemes  ( des  ) , 810. 

Appendice  , 833. 

Aréomètre  de  comparaison 
pour  les  sels  , 391. 

Aréomètre  de  comparaison 
pour  l’esprit  de  vin  , 092. 

Argent  vif  (sa falsification ) , 

21 . 

Argenter  les  pilules , 622. 

Argille  préparée,  i36. 

Arrêté  et  décret  des  magis- 
trats de  Strasbourg  sur  la 
rage , 777. 

Arunclo  saccharifera , 462. 

Atténué,  825. 

Aubier  du  bois  ; ce  que 
c’est , 80. 

Austere  , 825. 

Avril,  récolte  à faire  dans  ce 
mois  , 93. 

Auxiliaire  , 207. 

Axonge  de  porc  , 186. 

B 

Baies  de  nerprun  (leur  fal- 
sification) , 23. 

Baies  de  sureau  ( leur  falsi- 
fication ) , ibid. 

Base  composée  des  formu- 
les, 207, 


Base  simple  des  formules  ? 

page  207.1 

Bâtons  de  corail  , 769. 
Baumes  ( des),  675. 

Baume  d’acier  , 683. 
Baume  acoustique  , 680. 
Baume  d’aiguilles  , 685. 
Baume  apoplectique  , 687.1 
Baume  d’ Arcœus  , 706. 
Baume  de  Canada  ( sa  falsi- 
fication ) , 22. 

Baume  du  commandeur  y 

255. 

Baume  de  Condom  , 3 57. 
Baume  de  copahu  ( sa  falsi- 
fication) , 22. 

Baume  de  Feuillet , 678.- 
Baume  de  Fioraventi , 425. 
Baume  de  Fioraventi  hui- 
leux , ibid. 

Baume  de  Fioraventi  noir,' 

ibid. 

Baume  hypnotique , 682. 
Baume  hystérique , ibid. 
Baume  de  Judée  ( sa  falsifi- 
cation ) , 22. 

Baume  de  Laictour , 3 
Baume  de  Lucatel , 683. 
Baume  de  la  Mecque  ( son 
épreuve  ) , 22. 

Baume  de  la  Mecque  ( sa 
falsification  ) , ibid. 
Baumes  naturels  , 189.  v 
Baumes  naturels  ne  peuvent 
éteindre  le  mercure,  y53. 
Baume  ncrval  , 679. 
Baume  oppodeltoch  , 67 7. 
Baume  de pareira  brava,  684. 
Baume  du  Pérou  liquide  ( sa 
falsification  ) , 22. 

Baumes  spiritueux  ( des), 

227. 


DES  MA 

Baume  de  tolu  et  baume 
du  Pérou  sont  la  même 
chose  , page  4^®* 

Baume  tranquille  , 672. 
Baume  de  vanille  , 06. 
Baume  verd  de  Metz  ou  de 
Feuillet , 678. 

Baume  de  vie  A' Hoff  mann  , 

ibid. 

Baume  de  vie  du  sieur  L.  L. 

204. 

Baume  de  Vinceguere  , 

357. 

Baume  vulnéraire  , 680. 
Baume  vulnéraire  réforme , 

681. 

Bénédicte  laxative  , 584- 

Beurre  de  cacao  , 1 3 1 . 
Beurre  de  cacao  ne  vaut  rien 
pour  éteindre  le  mercure , 

728. 

Bézoard  ( animal  ),  825. 
Bézoards  ( leur  falsifica- 
tion ) , 24. 

Bézoard  oriental  ( moyen  de 
reconnoitre  s’il  est  vrai  ) , 

23. 


T I E R E S.  855 

Bois  ( maniéré  (le  les  {>uR 
vériser  ) , page  ^120. 

Bois  de  gui  de  chêne  , 24*' 

Bois  , moyen  d’augmenter 
sa  force  et  sa  durée  , 79 
et  83. 

Bois , pourquoi  ils  sont  su- 
jets à être  attaqué:»  [ ar  les 
vers , ibid. 

Bois  sain , 734. 

Bois  sudorifiqne$ , 826. 

Bols  ( des  ),  555. 

Bol  d’Arménie  prépare  , 

i36^ 

Bonferme , 238.  • 

Bougies  ( des  ) , 764* 
Bouillons  ( des),  812. 
Bouillons  secs  pour  la  cam- 
pagne , 527. 

Boules  savonneuses  de  ore-, 
p tiens  , 793. 

Bourg- Epine,  sa  falsiflca-- 


tion  , 23. 


Cacao  ( pâte  pour  le  cho- 


Bistortier  , 825. 

Blanchet,  826. 

Blanchir  les  fruits  avant  de 
!«s  confire  , 62 5. 

Blanc  manger , 527. 

Blanc  raisin  , 7 1 3. 

Bled  ( maniéré  de  le  conser- 
ver) , 70. 

Bled  ( maniéré  de  le  sécherq 

ibid. 

Bois  ( leur  choix  ) , 78. 
Bois  ( leur  dessiccation  ) , 

79- 

Bois  ( leur  conservation  ) , 

ibid. 

1 


colat  ) , 612. 

Cacao  ( ses  especes  diffé- 
rentes ) , 61 5. 

Cacao  terré  , ibid. 

Cachou  ( sur  le  ) , 002. 
Cachou  à l’ambre  gris  , 656i , 
Cachou  à la  canelie , 6Sj. 
Cachou  à la  fleur  d’orange 

ibid. 

Cachou  sans  odeur  , 656. 
Cachou  à la  réglisse  , 655. 
Cachou  à la  violette,  656. 
Canne  à sucrc  , 4^2* 
Cantharides  ( leur  prépara* 
tion)  , :oî. 

Il  h h iv 


S55  T A 

Capillaires  (les cinq ),p. 21  o. 

Cariocostin  , 582. 

Carrelet  , 826. 

Casse  en  bâton  ( sa  falsifica- 
tion , 24. 

Casse  cuite  à la  fleur  d’o- 
range, 572. 

Casse  .fermentée  , ne  purge 
plus  , 28G. 

Casse  mondée  , 14 5. 

Casse  en  noyaux,  ibid. 

Cassonade  , 4^4* 

Cassonade  rouge  , ibid. 

Cataplasmes  ( des  ) , 809. 

Cataplasme  crud,  819. 

Cataplasme  cuit , ibid. 

Cataplasme  émollient  et  ré- 
solutif, 821. 

Cataplasme  de  mie  de  pain, 

ibid. 

Catliolicum  double  , 5 74. 

Cérats(des),  687. 

Cératde  diapalme^  789. 

Cérat  de  Galien,  690. 

Cérat  de  Saturne  de  Gou- 
lard,  712. 

Céruse  préparée  , i 38. 

Champignon  de  chêne  pré- 
paré , 114. 

Chandelles  faites  avec  le 
beurre  de  cacao  , 18.8. 

Chandelles  fumantes  , 602. 

Chaussed 'Hippocrate,  82 6. 

Chaux  métallique  augmente 
la  causticité  de  l’akali  , 

2 59. 

Chaux  de  plomb  donne 
beaucoup  de  consistance 
aux  emplâtres , 726. 

Chaux  vivcaucmontela  caus- 
ücité  de  i’akali , 209. 

Chevrettes  ( vases  dans  les- 


B L É 

quels  on  conservoit  lest 
syrops),page  1 5. 

Chocolat  ,612. 

Chocolat  ( préparation  de  la 
boisson  de  ),  617. 

Chocolat  de  santé  , 616. 

Chocolat  à la  vanille  , 6i3. 

Choix  des  animaux  , 87. 

Choix  des  bois  , 78. 

Choix  des  écorces  , 84. 

Choix  des  fleurs  , 5 4. 

Choix  des  fruits  , 60. 

Choix  des  minéraux,  89.’ 

Choix  des  plantes  , 39.  * 

Choix  des  racines  , 71. 

Choix  des  semences , 65. 

Cinabre  naturel  ne  doit 
pointêtre  employé  en  mé- 
decine, 540. 

Cinq  Capilaires,  210. 

Cinq  fragments  précieux, 

211. 

Cinq  racines  apéritives  ,210. 

Circuler  , 826. 

Cire  ( la  ) , a des  grains  dans 
sa  cassure  comme  les  mé- 
taux , 726. 

Cire  donne  beaucoupdecon- 
sistance  aux  emplâtres  , 

7 25. 

Cire  11e  se  sépare  point  des 
pommades  lorsqu’on  les 
laisse  se  refroidir  sans  les 
agiter  , 692. 

Cire  verte , 738. 

Civette  ( comment  on  la 
conserve),  i5. 

Clarification  dessucsaqucux 
aromatiques,  i53. 

Cia  ri  (ha  lion  des  sucs  aqueux, 
par  intermèdes  , 162. 

Cîari  1 1 ca  ti  011  des  sucs  aqueux 


DES  MA 

sans  intermèdes  , page 

154. 

Clarification  du  suc  de  cer- 
feuil, i53. 

Cloportes  ( leur  prépara- 
tion ) , 101. 

Clous  fumants , 602. 

Clysteres  ( des  ) , Si 3. 

Coaguler  , 826. 

Coctionde  la  térébenthine  , 

190. 

Cohober , 82 6. 

Colature,  ibicL 

Colle  de  peau  d’âne , 528. 

Collyres  des  , 822. 

Collyre  & Helvétius  , 767. 

Collyre  de  Lcinfranc  , 863. 

Coloquinte  ( inutilité  de  la 
mêler  avec  du  mucilage 
pour  la  pulvériser  ) , 119. 

Coloquinte  , maniéré  de  la 
faire  sécher  , 63. 

Coloquinte  perd  un  peu  de 
savertupurgativeen  bouil- 
lant , 219. 

Concasser  , 826. 

Concret , concrétion,  ibid. 

Confections  (des  ),  55q. 

Confection  akermès  , 55 7. 

Confection  hamech,  677. 

Confection  d’hyacinthe  , 

556. 

Confire  les  fruits  mous  au 
sec,  525. 

Confitures  ( des  ) , 620. 

Confitures  seclies  ( des  ) , 

524. 

Congélation  , 826. 

Connoissance  des  drogues 
simules  , 5. 

1 7 

Connoissance  des  médica- 
ments , 1 9 


r I E R E S.1  85/ 

Conservation  des  animaux , 

page  89. 

Conservation  des  bois , 79.’ 

Conservation  des  écorces , 

Qri 

o j . 

Conservation  des  fleurs  , 5q. 

Conservation  des  fruits  ré- 
cents , 63. 

Conservation  dos  minéraux', 

90. 

Conservation  des  plantes  , 

r 

DD. 

Conservation  des  racines  , 

78. 

Conservation  des  semences 
sèches  et  farineuses  , 68. 

Conservation  des  sucs 
aqueux  , i55. 

Conserves  ( des  ) , 629.' 

Conserves  de  cochléaria, 

535. 

Conserve  de  cynorrhodon  , 

ibid. 

Conserve  de  fleurs  de  bour- 
rache , 533. 

Conserves  molles  , 5 29. 

Conserves  de  roses  qu’on 
peut  préparer  en  tout 
temps  , 534. 

Coquilles  d’œufs  prépa- 
rées, i34. 

Coquilles  de  moules  de  mer 
préparées  , ibid. 

Corail  rouge  préparé  , ibid. 

Corali ne  préparée,  101. 

Coraline  de  Corse  ( sa  por- 
phyrisation , 129. 

Corne  de  cerf  calcinée  , io5. 

Corne  de  cerf  calcinée  ( sa 
porphyrisation),  129. 

'Corne  de  cerf  préparée  à 
l’eau  , 107. 


858  TABLE 


Corne  de  cerf  préparée  phi- 
losophiquement,page  107. 
Correctifs,  208. 
Cosmétiques , 827. 
Cotignac,  522. 

Craie  lavée  , 106. 

Craie  préparée  , ibid. 
Crâne  humain  calciné,  104. 
Crâne  humain  ( sa  porphy- 
risation ) , 129. 

Crème  de  chaux  , 1 1 1 . 
Crème  de  soufre  , i35. 
Cribles  ( leur  usage  ) , 127. 
Cucuphes,  827. 

Cucuphes  £ demi-  ) , ibid. 

D 

Décanter  , 827. 
Décembre  , récolte  à faire 
dans  ce  mois  , 99. 
Décoctions  ( des  ) , 216. 
Décoctions  ( i nconvénient  de 
les  faire  bouillir  trop  long- 
temps ) , 218. 

Décoction  très  composée 
(maniéré  de  la  faire),  2 1 7. 
Décoctions  ( maniéré  de  les 
clarifier  ) , 220. 
JDccoclum  album  , 809. 
Défaillance  , 827. 
Defriicum  ,2-65. 

Deliq uium , 827. 
Dentifrices ( des)  , 768. 
Dépilatoire  , 827. 
Dépuration , ibid. 
Description  d’un  alambic  à 
bain-marie  , 10. 
Description  d’une  étuve , 14* 
Dessiccation  des  animaux  , 

89. 

Dessiccation  du  bled,  70. 


Dessiccation  des  bois , p.  79.I 
Dessiccation  des  écorces  ? 

86. 

Dessiccation  des  fleurs  , 5rj. 
Dessiccation  des  fruits,  61. 
Dessiccation  des  minéraux , 

90. 

Dessiccation  des  oignons 

77- 

Dessiccation  des  plantes,  44* 
Dessiccation  des  racines,  7 6. 
Dessiccation  des  semences 
huileuses  , 67. 
Déterminant  ou  dirigeant  £ 

207. 

Diagrede  cydonié  , î/fî. 
Diagrede  glycirrhisé  , ibid. 
Diagrede  sulphuré  , ibid. 
Diaphénix  , 583. 

Diaprun  simple  , 5~6. 
Diaprun  solutif,  577. 
Diascordium  , 569. 
Différence  des  plantes  sui- 
vant leur  âge,  42* 
Digérer  , 827. 

Dispenser  , ibid. 
Distillation  ( delà)  , 323. 
Distillations  ( trois  especes 
de  » , ibid. 

Distillation  per  ascensum 

323. 

Distillation  per  descensum , 

ibid. 

Distillation  per  laïus , ibid. 
Distillation  de  l’eau  , 3 24. 
Distillation  des  plantes  in- 
odores , 326. 

Distillation  du  vin  , 082. 
Dorer  les  pilules  , 622. 
Doucette  , 4 53. 

Douches  étiolions  , 816/ 
Dragées  vermifuges , 6 33q 


DES  MA 

Drogues  simples  ( temps  de 
scies  procurer  ) , page  ^9. 
E 

Eau  accompagne  les  gaz  , 

026. 

Eau  d’aigremoine  , 027. 
Eaux  antipleurétiques , 211. 
Eau  d’anis(  ratafia),  5iz j.. 
Eau  de  Dardel  , 410- 
Eau  d’argentine  , 027. 

Eau  d’arquebusade , /\.i6  et 

S27. 

Eau  de  Barnaval,  818. 

Eau  de  bouquet , 426. 

Eau  de  bourrache,  827. 

Eau  de  buglose  , ibid. 

Eau  de  ccilamus  aromati- 
cus  , 428. 

Eau  de  centinode,  827. 

Eau  de  chardon  bénit , ibid. 
Eau  de  chaux,  108. 

Eau  de  chaux  d’écailles 
d’huîtres  , 111. 

Eau  dechauxseconde , ibid. 
Eau  de  Cologne  , 4 1<2> 

Eau  de  coquelicot  , 827. 

Eau  cordiales  ( les  quatre) , 

211. 

Eau  des  trois  noix , 33o. 
Eau  de  Mme  delà  Vrilli.crc , 

4^. 

Eau  pour  les  dents  * 769. 
Eau  , dissout  un  peu  de  la  ré- 
sine du  jalap  , 3 16. 

Eau  distillée , 824. 

Eaux  distillées  aromatiques 
( combien  de  temps  elles 
restent  laiteuses  ) , 387. 
Eaux  distillées  ( nature  des 
dépôts  des  ) , 829. 

Eaux  distillées  perdent  leur 


T I E R E S.  859 

odeur  empyreumatique 
lorsqu’elles  sont  exposées 
au  soleil  ou  à la  gelée  , 
page  328. 

Eaux  distillées  des  plantes,' 

A OO 

acres,  55 1. 

Eaux  distillées  des  plantes 
aromatiques , 334- 
Eaux  distillées  des  plantes  , 
différent  de  l’eau  pure  , 

329. 

Eaux  distillées  des  plantes 
inodores , 320. 

Eau  distillée  de  thym,  332a 
Eau  divine  , 5 17. 

Eau  d’émeraudes  , 

Eaux  essentielles  des  plan- 
tes  , dd 2. 

Eau  essentielle  de  thym,  ib. 
Eau  d’euphraise  , 827. 

Eau  est  indécomposable  ^ 

325. 

Eaudeflcursde  tilleul,  827. 
Eau  de  frai  de  grenouilles  , 

33o^ 

Eau  générale , 4*8. 

Eau  de  girolles  , 427* 

Eau  de  goudron  , 802.’ 

Eau  impériale,  41 3. 

Eau  de  jasmin  , 427. 

Eau  de  joubarbe  , 027. 

Eau  laiteuse  des  plantes  odo- 
rantes , 335. 

Eau  de  laitue  , 827. 

Eau  de  limaçons  , 33i. 

Eau  de  mauve,  827. 

Eau  de  mélisse  composée, 

4°7» 

Eau  de  menthe  composée  , 

412. 

Eau  de  miel  odorante  ,410. 
Eaux  minérales  ( leur  chan- 
gement dans  la  terre),  90. 


S6d  TABLE 


Eau  de  morelle  , page  827. 
Eau  ne  se  décompose  pas  , 

025. 

Eau  de  pariétaire,  327. 

Eau  de  pivoine  composée  , 

4*4- 

Eaux  des  plantes  inodores 
ont  toutes  la  même  odeur, 

328. 

Eau  de  plantain  , 02 6. 

Eau  de  pluie  ( maniéré  de 
l’avoir  pure)  , 025. 

Eau  de  pourpier,  327. 

Eau  de  quinte  feuille.,  ibid. 
Eau  de  la  reine  d’Hongrie , 

404. 

Eau  sans  pareille  , 427* 

Eau  de  Saturne  , 4^6. 

Eau  de  scabieuse  , 327. 

Eau  de  scorsonère , ibicl. 
Eaux  simples  des  plantes 
odorantes,  33 1. 

Eau  de  soucliet,  42&. 
Eaux  spiritueuses  et  aroma- 
tiques, 4°3* 

Eaux  spiritueuses  compo- 
sées , 4°7* 

Eaux  spiritueuses  simples  , 

40  3. 

Eau  thériacale  , 

Eau  de  toilette  , l\i6. 

Eau  végéto-minérale , /\86. 
Eau  de  végétation  n’est  pas 
également  adhérente  dans 
les  végétaux  , ^5. 

Eau  de  végétation  ou  eau 
surabondante  , ibid. 

Eau  de  verveine  , 327. 
Eau-de-vie  , 382. 
Eau-de-vie  allemande,  242. 
Eau-  de-vie  ( pourquoi  elle  a 
de  la  couleur  ) , 383. 


Eau-de-vie  de  biere , p.  080.' 

Eau-de-vie  de  cidre,  ibid . 

Eau-de-vie  d’Andave , 5 r 4. 

Eau-de-vie  de  vin , 302. 

Eau-de-vie  de  gaïae  , 770.’ 

Eau-de-vie  tirée  de  la  lie  des 
vins , 383. 

Eau  de  V Mars  ,800. 

Eau  de  violette  , 42^- 

Eau  vulnéraire  à l’eau  , 

417. 

Eau  vulnéraire  rouge  par  in- 
fusion , ibid. 

Eau  vulnéraire  rouge  pour 
les  dents  , 769. 

Eau  vulnéraire  spiritueuse 

416. 

Eau  vulnéraire  au  vin  , 4l7* 

Ecailles  d’huîtres  prépa- 
rées , i34» 

Ecorces  ( leur  choix  ) , 84 

et  87. 

Ecorce  de  chêne^choix  qu'on 
en  doit  faire , 84* 

Ecorces  de  citrons  , d’oran- 
ges , leur  choix , 86. 

Ecorces  ( leur  dessiccation  ) , 

ibid . 

Ecorce  d’orme  pyramidal , 
ses  vertus  , 84* 

Ecorces  , temps  de  leur  ré- 
colte , 86. 

Ecume  des  sucs  végétaux 
contient  une  résine  colo- 
rante , 667. 

Ecussons  , 827. 

Edulcorer,  ibid. 

Effervescence,  ibid. 

Elaterium , 270. 

Election  des  médicaments, 

5 et  37. 

Electuaire  ( des  ) , 554* 


DES  MA 

Electuaires  ( comment  on 
les  conserve  ) , page  i5. 

Electuaires  ( quantité  de  sy- 
rop  qu’il  leur  faut)  , 689. 

Electuaires  ( qui  sont  ceux 
qui  se  corrompent  leplus), 

586. 

Electuaires  ( qui  sont  ceux 
qui  se  corrompent  le 
moins  ) , 587. 

Electuaires  ( qui  sont  ceux 
qui  se  conservent  le  plus 
long-temps  ) , 588. 

Electuaires  ( remarques  gé- 
nérales sur  les  ) , 585. 

Electuaires  altérants  (des), 

556. 

Electuaires  de  baies  de  lau- 
rier ,571. 

Electuaire  bénédicte  laxa- 
tive , 5 84. 

Electuaire  cariocostin,  682. 

Electuaire  catholicum  dou- 
ble , 674. 

Electuaire  confection  alxer- 
mès , 557. 

Electuaire  confection  ha- 
mech , 677. 

Electuaire  confection  d’hya- 
cinthe , 556. 

Electuaire  diaphénix,  583. 

Electuaire  diaprun  simple, 

576. 

Electuaire  diaprun  solutif, 

577- 

Electuaire  diascordium  , 

669. 

Electuaire  hiéra  diacolocyn- 
thidos  , 582. 

Electuaire  hiéra  picra  , 

58 1 . 

Electuaire  léiiitif;  673. 


TIERES,  861 

Electuaire  mésentérique  , 

page  585 , 

Electuaire  Mil  h rida  te  ,56y. 

Electuaire  opiat  de  Salo- 
mou , 670. 

Electuaire  orviétan  , 564. 

Electuaire  orviétan prœstan * 
dus  , 566. 

Electuaire  philoniumroma- 
nnm  , 570. 

Electuaire  de  psyllium,  58o. 

Electuaire  purgatif,  672. 

Electuaires  solides  ( des  ) , 

690. 

Electuaire  thériaque,  558. 

Electuaire  thériaque  dia- 
tessaron , 564* 

Electuaire  thériaque  réfor- 
mée,  562. 

Elixirs  ( des  ) , 227. 

Elixir  antiasthmatique  de 
Boerliaave  , 240. 

Elixir  aurihque  de  Rotrou J, 

• 788. 

Elixir  aurihque  de  Rotrou 
réformé , ibid. 

Elixir  de  Garus  , 5:8. 

Elixir  odontalgique  de  M. 
le  R.  de  la  F.  245. 

Elixir  pour  les  dents,  de  l’ab- 
bé Ancelot  , 238. 

Elixir  de  propriété  , 246. 

Elixir  de  propriété  acide  , ib. 

Elixir  de  propriëtéblanc , ibt 

Elixir  de  Spinâ  , 234- 

Elixir  stomachique  de  iStoz/g- 
ihon  , 240. 

Elixir  thériacal,  240. 

Elixir  de  vie  de  Matthiole , 

207. 

/ 

Elixir  viscéral  tempérant 
d 'Hoffmann  , 248. 


66s  TABLE 


Elixir  de  vitriol  de  Mynslclit, 
page  244. 

Embaumement , 827. 

Embrocations  ( des  ) , 817. 
Emplâtres  ( des  ) , 724. 

Emplâtres  qui  ne  diminuent 
point  de  poids  , 727. 

Emplâtres,  pourquoi  011  met 
de  l’eau  en  les  cuisant, 726. 

Emplâtre  de  l’abbé  de  Grâ- 
ce , 746. 

Emplâtre  de  l’abbé  Doyen  , 

ibid. 

Emplâtre  d 'André,  de  La 
Croix  , 700. 

Emplâtre  de  bétoiue  , 734. 

Emplâtre  de  blanc  de  ba- 
leine, 729. 

Emplâtre  de  blanc  de  cé- 
ruse  , 761, 

Emplâtre  de  céruse  brû- 
lée , ibid. 

Emplâtre  de  canette,  743. 

Emplâtre  de  charpie  ,^744. 

Emplâtre  de  ciguë  , 706. 

Emplâtre  de  cire  verte,  788. 

Emplâtre  contre  la  rupture , 

780. 

Emplâtre  diabotanum , y5j. 

Emplâtre  dîacalcitheos,  741 . 

Emplâtre  diachylum  com- 
posé , 746* 

Emplâtre  diachylum  sim- 
ple , 74b- 

Emplâtre  diapalme , 789. 

Emplâtre  de  la  main  de 
Dieu  , 748- 

Emplâtre  divin,  747 * 

Emplâtre  divin  de  couleur 
rouge  , ibid . 

Emplâtre  divin  de  couleur 
verte,  748. 


Emplâtres  durcissent  cm 
vieillissant  sans  diminuer 
de  poids  , page  727. 

Emplâtres  laits  avec  des 
chaux  de  plomb,  789. 

Emplâtres  faits  sans  chaux 
de  plomb  , 729. 

Emplâtres  faits  avec  des  pré- 
parations de  plomb  ( à 
quoi  on  reconnoît  qu’ils 
sont  cuits) , 740. 

Emplâtres  faits  sans,  prépa- 
tion  de  plomb  durcissent 
en  viei  lissant  et  per- 
dent de  leur  poids , 727. 

Emplâtre  de  grenouilles  , 

760. 

Emplâtre  magnétique,  78 7. 

Emplâtre  de  mélilot , 706. 

Emplâtre  de  minium  , 74D 

Emplâtre  de  mucilage,  781. 

Emplâtre  noir  ,761. 

Emplâtre  de  Nuremberg  , 

. 7^2* 

Emplâtre  oxycroceum',  781 . 

Emplâtre  du  prieur  Ca- 
bryany  780. 

Emplâtre  de  savon , 744* 

Emplâtre  de  savon  camphré . 

ibid. 

Emplâtre  stvptique  de  Crol- 
lius  , 749 . 

Emplâtre  vésicatoire  , 782. 

Emplâtre  vésicatoire  d une 
consistance  d’onguent  , 

733. 

Emplâtre  de  Vigo  avec  le 
mercure  , 782. 

Emplâtre  de  Vigo  simple, 

7 5 o. 

Emplâtre  de  Vigo  simple  ré- 
formé , 


DES  MA 

Emplâtre  de  Vïgo  avec  le 
mercure  réformé , page 

755. 

Empyreume,  828. 
Emiil.sions(deb)j479et  804. 
Emulsion  animale  , 808. 
Epister  , 828.  * 

Epithemes  ( des  ),  816. 
Eponges  calcinées  , io3. 
Eponges  pourles  dents,  772. 
Eponges  teintes  pour  les 
dents,  ibicl. 

Eponges  préparées  avec  de 
la  cire  , 1 13. 

Errhines  (des),  814. 
Escubac,  5i5. 

Especes  ( des  ) , 212  et  536. 
Especes  pectorales  , 21 3. 
Especes  toniques , ibid. 
Especes  vulnéraires  , 212. 
Esprit  d’absinthe,  4o3. 
Esprit  de  basilic,  ibid. 
Esprit  de  biere  , 383. 
Esprit  de  calamus  aromati- 
cus , 428. 

Esprit  de  camomille  , 4o3. 
Esprit  de  canelle  , 406. 
Esprit  carminatif  de  Siiinus, 

424* 

Esprit  de  carvi , 4°3. 

Esprit  de  cidre  , 383. 

Esprit  de  citrons,  4°5. 
Esprit  d’écorces  de  citrons  , 

4o3. 

Esprit  de  cochléaria  , 421. 
Esprit  de  coriandre  , 4°3. 
Esprit  de  fenouil  , ibid. 
Esprit  de  fleurs  d’oranges, 

406. 

Esprit  de  fraises  , ibid. 
Esprit  de  framboises  , ibid. 
Esprit  de  galanga,  4o3. 


T 1 E R E SJ  S63 

Espritdegenievre,  page  406. 
Espri  t de  girolles,  4o3  et  427** 
Esprit  d’hydromel , 383. 
Esprit  d’hysope , 4o3. 

Esprit  de  jasmin  lait  avec  le? 

fleurs  , 232. 

Esprit  de  jasmin,  427* 
Esprit  de  lavande  , 4o3. 
Esprit  de  lavande  du  com4 
merce , 404. 

Esprit  de  marjolaine , 4o3.î 
Esprit  de  menthe  , ibid. 
Esprit  de  muscades  , ibid.] 
Esprit  de  myrte  , ibid. 
Esprit  d’écorces  d’oranges  ^ 

ibid. 

Esprit  recteur  ( est  inflam- 
mable) , 333. 

Esprit  recteur  ( les  plante* 
n’en  fournissent  pas  tou- 
tes également  ) , ibid. 
Esprit  recteur  ( les  plantes 
qui  en  sont  privées  ne 
fournissent  plus  d’huilo 
essentielle  ) , ibid. 

Esprit  recteur  ( principe  de 
l’odeur  et  de  la  volatilité 
des  huiles  essentielles 

ibid.1 

Esprit  recteur  des  plantes,’ 
33i  et  332. 

Esprit  recteur  des  plantes 
exotiques  , 334. 

Esprit  recteur  des  plantes 
liliacées  , 333. 

Esprit  recteurde  thym , 332.- 
Esprit  de  romarin  , 400. 
Esprit  de  roses  , 406. 
Esprit  de  roses  fait  par  fer- 
mentation , 4°7« 

Esprit  de  sassafras,  4o3% 
Esprit  de  sauge , ibid. 


£64 


TABLE 


Esprit  de  souche  t , page  428. 

Esprit  de  thym  , i\o6. 

Esprit  de  tubéreuse  , 282. 

Esprit  de  vin  , 38 1 . 

Esprit  de  vin  ( moyen  de  re- 
connoître  celui  qui  est 
bon), 089. 

Esprit  de  vin  ( propriétés  de 
celui  qui  est  pur  ) , ibid. 

Esprit  de  vin  alcoolisé , ob5. 

Esprit  de  vin  dissout  un  peu 
de  la  partie  extractive  du 
jalap  , 817. 

Esprit  de  vin  d’Espagne  , 

1 384. 

Esprit  de  vind  Espagne  (con- 
serve l’odeur  et  la  saveur 
de  ce  vin)  , 38y. 

Esprit  de  vind’Espagne  rec- 
tifié , ibid. 

Esprit  de  vin  odorant  (moyen 
de  lui  enlever  son  odeur 
en  partie  ) , 386. 

Esprit  de  vin  recnFié  , 084. 

Esprit  de  vin  rectifié  sui- 
de l’akali  fixe  , 386. 

Esprit  de  vin  rectifié  sur  de 
la  chaux,  099  et  386. 

Esprit  de  vin  rectifié  sur  de 
la  craie  , 899. 

Esprit  de  vin  rectifié  pai  le 
procédé  de  À unchel,  386. 

Esprit  de  vin  rectifié  sur  de 
la  mie  de  pain  , 087. 

Esprit  de  vin  très  rectifié  , 

098. 

Esprit  de  vin  à un  degré  fixe 
de  rectification  , ibid. 

Esprit  de  vin  volatilise  un 
peu  l’akali  fixe,  260. 

Esprit  volatil  huileux  et  aro- 
matique de  Silvius } 2.48. 


Esprit  de  violettes,  p.  428.' 

Essence  carminative  de  YVe- 
delius  , 236. 

Essence  on  essenfia  ( ce  que 
l’on  entend  par  ces  mots 
dans  les  formules) , 228. 

Essence  téphalique , 288. 

Essence  vulnéraire  , 4*7* 

Esule  préparée,  684. 

Ether  tire  des  végétaux 
moins  de  résine  quel’es- 
prit  de  vin  , 322. 

Ether  tiré  du  vinaigre , 480. 

Etuve  , 14* 

Examen  des  matières  tirées 
de  l’opium  , 295. 

Excipients  , 208. 

Excipients  d’intermedes  , 

ibid. 

Exotiques  , 07  et  828. 

Explication  des  termes  de 
Pharmacie  , 828. 

Extrait  ( des  ),  268. 

Extraits  ( de  combien  d’es- 
peces ) , ibid. 

Extraits  d’absinthe  , 277. 

Extrait  d’absinthe  préparé 


au  vin  , 3 1 3 . 


Extrait  d’aconit  , 276. 
Extrait  d’aloès  , 297. 

Extrait  d’aloès  préparé  avec 
le  suc  de  fraises  , 625. 
Extrait  d’aristoloche  longue, 

278. 

Extrait  d’aristoloche  ronde , 

ibid. 

Extrait  d’armoise  , 277. 
Extrait  de  bella-donn  , 276. 
Extrait  de  bourrache  , 268. 
Extrait  de  buglose  , ibid. 
Extrait  de  cachou,  3o5. 

Extrait  de  casse  , 285. 

Extrait 


DES  MA 

Extrait  de  centaurée  , pages 
277  et  278. 

•Extrait de  chamædry s , ibicL. 

et  279. 

Extrait  de  chamæpitys , ibid. 
et  282. 

Extrait  de  chardon  bénit  , 
ibid.  et  278. 

Extrait  de  chardon  bénit, 
préparé  au  vin  , 3i3. 

Extrait  de  chicorée  sauvage , 

268. 

Extrait  de  ciguë,  ibid. 

Extrait  de  ciguë  de  M. 
•Storck  , 270. 

Extrait  de  cocliléaria  , 268. 

Extrait  de  coloquinte,  277 
et  278. 

Extraits  ( comment  on  les 
conserve),  i5. 

Extrait  de  concombres  sau- 
vage , 268. 

Extrait  de  coquelicot,  278. 

Extrait  de  cresson  , 268. 

Extrait  dont  l’eau  est  le  vé- 
hicule , 265. 

Extrait  d’élixir  de  propriété  , 

24  6. 

Extrait  d’énula  campana  , 

277. 

Extrait  de  fumeterre,  ibid. 
et  279 . 

Extrait  de  fumeterre  prépa- 
ré au  vin  , 3 i3. 

Extrait  de  galanga  minor  , 

280. 

Extrait  de  garance  , ibid. 

Extrait  de  gaïac  , 277  et 

382. 

Extrait  de  genievre , 283, 

Extrait  de  genievre  grume- 
lé,  284. 


T I E R E S.  865 

Extrait  de  gentiane  , pages 
277, et  280. 

Extrait  gommeux  , 264. 
Extrait  gommeux  de  jalap  , 

3i8. 

Extrait  gommeux  résineux , 

264. 

Extrait  gommeux  de  scani- 
rnonée  , 3 19. 

Extrait  d’hellébore  noir,  277 
et  280. 

Extrait  de  houblon  , ibid. 
Extrait  de  jusquiame , 275* 
Extrait  de  M .haleb  , 277. 
Extrait  de  millefeuille,  ibid. 
et  282. 

Extraits  mous  faits  avec  les 
sucs  des  végétaux,  266, 
Extraits  mous  préparés  à 
l’eau  , 276. 

Extraits  mucilagineux , 264» 
Extrait  de  nicotiane  , 280. 
Extrait  d’opium  , 287. 
Extrait  d’opium  par  diges- 
tion , 289. 

Extrait  d’opium  par  diges- 
tion ( son  usage  médici- 
nal ) , 29b. 

Extrait  d’opium  de  l'Ange* 
lot  , 297. 

Extrait  d’ortie  , 268. 
Extraits  panchimagogues  , 

638. 

Extrait  de  polvpode  , 277 

et  280. 

Extraits  préparés  par  décoc- 
tion , 276. 

Extraits  préparés  à l’eau 

ibid. 

Extraits  préparés  au  vin  / 

012. 

Extrait  de  quinquina  , 307, 
1 i i 


&66  ' T A 

Extraits  qu’on  nous  envoie 
tout  préparés  , page  604. 
Extrait  de  racines  d’énula 
campana , 282. 

Extraits  de  racines  de  zé- 
doaire , 288. 

Extraits  (remarques  sur  les), 

298. 

Extraits  résineux , 264. 
Extraits  résineux  ne  doivent 
point  être  clarifiés  , 3oo. 
Extraits  résineux  purs , 3 1 4- 
Extrait  de  rhubarbe,  277 
et  280. 

Extrait  de  Radius  , 641. 
Extrait  de  safran , 277  et 

281 . 

Extrait  de  Saturne  de  Gou- 
lard  , 435. 

Extrait  de  Saturne  en  pou- 
dre , 436. 

Extrait  savonneux  , 264. 
Extrait  de  scabieuse  , 281. 
Extrait  de  scordium  , 277 
et  281. 

Extraits  secs  de  la  Garaye , 

3o  5. 

Extrait  sec  de  quinquina , 

3o  6. 

Extrait  sec  de  fumeterre , 

3io. 

Extrait  sec  d’oignons  , ibicl. 
Extrait  sec  depareira  brava  , 

ibid. 

Extrait  sec  de  réglisse,  3i  1. 
Extrait  sec  de  rhubarbe  , 

ibid. 

Extrait  de  séné,  27 6. 

Extrait  sec  de  séné,  3ii. 
Extrait  de  semences  de  Ma- 
^ haleb  , 282. 

Extraits  ( les  ),  sont  privés  de 


BLE 

l’odeur  des  végétaux,  pagd 

3©i . 

Extraits  ( les),  sont  de  quatre 
especes  , 264. 

Extrait  de  stramonium  $ 

27  5 j 

Extrait  de  tamarins  , 286. 
Extrait  de  têtes  de  pavots 
blancs,  281. 

Extraits  tirés  de  plantes  dis-’ 
tillées  , 029. 

Extrait  de  thym  , 33(5. 
Extrait  de  trifolium  FibrU, 
num , 277  et  281. 
Extrait  de  valériane  , ibid^ 
Extrait  de  vinaigre,  429. 
Extrait  de  viucetoxicuin* 
277  et  282. 


Falsification'  des  huilea 
essentielles  , 3 4 5* 

Fahranc  ou  vulnéraire  da 
Suisse  ,212. 

Farines  résolutives,  ibid; 

Farine  de  lin , 626. 

Fèces  ou  lie  , 828. 

Fécules  ou  fèces  ( des  ),  i6i,< 

Fécules  , voyez  Amidon  , 

1 62. 

Fécules  (les  ),  des  sucs  végé- 
taux contiennent  de  la 
résine  , 271  et  667. 

Fer  ressuscité  sans  fusion  9\ 

*4 l ‘i 

Fermentation  (de  la  ) , 373.1 

Fermentation  acide  , 374.’ 

Fermentation  akalescente  , 

3y3.': 

Fermentation  ( la  ) détruit  la 
vertu  purgative  } 221, 


DES  MATIERES. 


Fermentation  putride , page 

375. 

Fermentation  spiritueuse , 

374. 

Février , récolte  à faire  dans 
ce  mois , 92. 

Fiel  de  taureau  desséché, 

3 1 2. 

Filtrer,  828. 

Fleurs  ( leur  choix  ) , 

Fleurs  , maniéré  de  les  pul- 
vériser , ia3. 

Fleurs  ( temps  où  elles  ont 
le  plus  d’odeur  ) , 56. 

Fleurs  de  benjoin,  .193. 

Fleurs  de  benjoin  ( leur  pu- 
rification par  dissolution 
clans  l’eau  ) , 196. 

Fleurs  de  camomille  , ma- 
niéré de  les  sécher  , 58. 

Fleurs  carminatives , 211. 

Fleurs  de  carthame , 3 1 . 

Fleurs  cordiales  ( les  trois  ) , 

210. 

Fleurs,  leur  dessiccation,  57. 

Fleurs  liliacées  ne  fournis- 
sent poiiTji:  d’huile  essen- 
tielleparla  distillation,  56. 

Fleurs , leurs  conservation , 

59. 

Fleurs,  quelles  sont  celles 
que  l’on  conserve  dans 
des  bouteilles , ibid. 

Fleurs  (les),  qui  se  réduisent 
en  duvet , ne  doivent  pas 
être  employées  dans  les 
poudres,  128. 

Fleurs  de  soufre  sont  quel- 
quefois acides  , 25. 

Fleurs  destorax,  192. 

Fleurs  , temps  de  les  cueil- 
lir , 56. 

1 * 


867 

Fluor  , page  828. 

Foie  de  loup  ( sa  prépara- 
tion), 100. 

Follicules  de  séné  ( leur 
choix),  25. 

Follicules  de  séné  ne  doi-' 
vent  pas  bouillir  long- 
temps , 219. 

Fomentations  ( des),  817. 

Fondant  de  Rotrou  , 786. 

Formules  ( des  ),  206. 

Formules  magistrales  ( c® 
que  c’est  ) , ibid. 

Formules  officinales  ( ce  qu« 
c’est  ) , ibid. 

Formuler  exactement,  209. 

Fragments  précieux,  211. 

Frontaux,  828. 

Fruits  (leur  choix) , 60. 

Fruits  pectoraux  secs  , ma- 
niéré de  les  conserver  , 

64/ 

Fruits  récents  , leur  con- 
servation , 63. 

Fruits,  temps  de  les  cueil- 
lir, 61 . 

Fungus  de  chêne  préparé,/ 

1 14. 

G 

Gargarismes  ( des  ) 81 5, 

Garou  ou  thymelée , ses  pro- 
priétés , 85  et  734. 

Gelées  ( des  ) , 2 65  et  521.? 

Gelée  de  cerises  , 522. 

Gelée  de  coings  , ibid. 

Gelée  de  corne  de  cerf,  5o.6.] 

Gelée  de  groseilles,  52 1. 

Girofles  ( maniéré  de  les 
pulvériser)  , 124. 

Gommes  sont  attaquables 
I i i ij 


1 


863  T A B L 


sensiblement  par  l’esprit 
de  vin  , page  228. 

Gomme  arabique  (la),  est  un 
mélange  de  plusieurs  gom- 
mes , 26. 

Gomme  élémi(  choix  qu’on 
doit  en  faire),  ibid. 

Gomme  élémi  ( sa  falsifica- 
tion ) , ibid. 

Gommes-résines , 1 96. 

Gommes-résines  ( maniéré 
de  les  pulvériser),  124. 

Gommes-résines  ( leur  puri- 
fication), 198. 

Gommes-résines  et  les  ré- 
sines seches  donnent 
moins  de  consistance  aux 
emplâtres  que  les  poudres 
des  végétaux  , 728. 

Gomme  du  Sénégal  , 26. 

Gommes  simples  ( maniéré 
de  les  pulvériser)  , 125. 

Gouttes  ameres  , 289. 

Gouttes  anodines  d’Angle- 
gle  terre  , 246. 

Gouttes  céphaliques  d’An- 
gleterre , 247. 

.Gouttes  d’or  ( examen  des  ) , 

r ° 

2 DD. 

Gouttes  d’or  du  général  de 
la  Moite  , 25 1 . 

Gouttes  d’or  blanches  du 
général  de  la  Motte  , 

ibid. 

Gouttes  de  Talbot , 246. 

Graines  d’écarlate , 47^- 

Graines  de  Kermès  , ibid. 

Grains  de  panacée,  682. 

Grains  de  vie , 687. 

Graisses  des  animaux  (les), 
n’ont  pas  la  môme  consis- 
tance, 188. 


Graisses ( Ieurpréparation), 

page  186. 

Graisse  ( pourquoi  elle  ran- 
cit) , 187. 

Graisse  de  blaireau  ( sa  fal- 
sification ) , 26. 

Graisse  d’ours  ( sa  falsifica- 
tion ) , 27. 

Graisse  d-e  porc,  186. 

Gui  de  chêne  , 24. 

Gui  de  chêne  ( sa  falsifica- 
tion ) , 4 ! . 

H 

Herbes  émollientes  , 211.' 

Herbes  , maniéré  de  les  pi- 
ler, 122. 

Herbes  vulnéraires  , 212. 

Herboristes  (les),  dessèchent 
mal  les  plantes  , 48- 

Hiéra  diacolocynthidos?582  : 

Hiéra-picra  , 58 1. 

Histoire  naturelle  (difficulté 
de  l’étudier) , ig. 

Histoire  naturelle  ( division 
de  1’  ),  ibid. 

Huiles  ( des  ),  174. 

Huile  d’abrotanum.  665. 

Huile  d’absinthe,  ibid. 

Huile  d’amandes  ameres  , 

176. 

Huile  d’amandes  douces  , 

i75- 

Huile  d’amandes  douces  se 
fige  difficilement , i55. 

Huile  d’aneth , 665. 

Huile  de  ben,  179. 

Huile  de  ben  est  presque 
toujours  figée  , ibid. 

Huile  de  ben  qui  se  fige  dif- 
ficilement, 180. 


DES  MA 

Huile  de  ben  rancit  diffici- 
lement, page  179. 

Huile  de  camomille  , 664. 

Huile  de  castor,  671. 

Huile  de  ciguë  , 666. 

Huiles  composées  ( des  ) , 

G70. 

Huile  de  crapauds  , 669. 

H uile  par  décoction , 660. 

Huile  épaisse  de  noix  mus- 
cades , 184. 

Huile  épaisse  d’opium  , 291 . 

Huiles  épaisses  des  végé- 
taux , 181. 

Huiles  essentielles  (des  ) , 
004  et  338. 

Huiles  essentielles  ( leur  na- 
ture ),  342. 

IIuilcsessentielles(  leur  ver- 
tu  ) , DO7. 

Huile  essentielle  ( maniéré 
de  les  conserver) , 344* 

Hui  Ieessentielle  (dans  quelle 
partie  du  végétal  elle  est) , 

338. 

Huiles  essentielles  ( inutilité 
d’ajouter  des  sels  en  les 
tiran  tdes  végétaux  ) , 34 1 . 

Huile  essentielle  ( quantité 
qu’on  en  tire  des  végé- 
taux ) , 347. 

Huile  essentielle  ( la  quan- 
tité n’est  pas  toujours  la 
même  ) , 33q. 

Huile  essentielle  ( il  y a des 
plantes  sèches  qui  en  ren- 
dent davantage  ) , 340. 

Huiles  essentielles  ( manière 
de  les  séparer  de  l’eau  ) , 

336. 

Huiles  essentielles  ( leur  con- 
sistance), 309. 


T I E R E S.  864 

Elu iles essentielles  (leur cou- 
leur ) , page  34o. 

Huiles  essentielles  (leur  rec- 
tification ) , 342. 

Huile  essentielle  d’absin* 
the,  348. 

Huile  essentielle  d’aneth, 

ibid. 

Huile  essentielle  d’anis,z&fir/. 

Huile  essentielle  de  berga- 
motte  , 342. 

Huile  essemielle  de  bois  de 
Rhodes  , 348. 

Huile  essentielle  de  camo- 
mille , 349. 

Huile  essentielle  decanelle, 

35o. 

Elude  essentielle  de  carvi  , 

ibid. 

Huile  essentielle  de  cassia 
lignea  . ibid. 

Huile  essentielle  de  cédra  y 

342  , 

Eluile  essentielle  de  ciguë, 

272. 

Eluile  essentielle  de  citrons, 
341  et  35 1. 

Huile  essentielle  de  citrons; 
quelle  est  celle  qui  en- 
leve  les  taches  dégraissé, 

342. 

Huile  essentielle  de  corian- 
dre 35 1 . 

Eluile  essentielle  de  cube- 
bes  , ibid. 

Huile  essentielle  de  cumin, 

ibid. 

Huile  essentielle  d’énula 
campana  , ibid. 

Elude  essentielle  , deux  es- 
peces dans  quelques  vé- 
gétaux , 337. 

1*  »,  ut. 

1 1 üj 


T A B L 


Huiles  essentielles  falsifiées 
( moyens  de  reconnoî- 
tre  celles  qui  le  sont)  , 
page,  345. 

Huile  essentiellede  fenouil, 

n r 
002. 

Huile  essentielle  de  fleurs 
de  noix  , 029  et  352. 

Huile  essentielle  de  fleurs 
d’oranges  , ibid. 

Huile  essent.  fluide  , 33g. 

Huile  essentielle  des  éco» 
ces  de  fruits  , 041. 

Huile  essentielle  de  geniè- 
vre , 352. 

Huile  essentielle  de  graines 
de  canelle  , 35 1. 

Huile  essentielle  de  graines 
de  paradis  , 353. 

Huile  essentielle  d’hysope  , 

553. 

Huile  essentielle  de  lavande , 

ibid. 

Huile  essent.de  limette,  342, 

Huile  essentielle  de  mani- 
guette,  353. 

Huile  essentielle  de  marjo- 
laine , ibid. 

Huile  essentielle  de  matri- 
caire  , 554- 

Huile  essentielle  de  menthe 
de  jardin , ibid. 

Huile  essentielle  de  mille- 
feuille  , ibid . 

Huile  essentielle  de  myrte  , 

ibid . 

Huile  essentielle  d’opium  , 

29 1 . 

Huile  essentielle  d’oranges , 

342. 

Huile  essentielle  d’origan 
blanc  , 340  et  354. 


Huile  essentielle  d’origan 
rouge  , page  355. 

Huile  essentielle  de  persil  , 

ibid. 

Huiles  essentielles  plus  pe- 
santes que  l’eau  , 340.. 

Huile  essentielle  privée  de 
1 odeur  des  plantes  , 

337. 

Huile  essentielle  qui  se  ervs- 
tallise  , 33g. 

Huiles  essentielles  qui  ont 
perdu  leur  odeur(  moyen 
de  la  leur  rendre  ) , 343. 

Huiles  essentielles  rances  dé- 
truisent  la  couleur  des 
papiers  rouges  et  bleus  , 

ibid. 

Huiles  essentielles  rancis- 
sent en  vieillissant , 342. 

Huile  essentielle  de  ravine 
sara  , 355. 

Huile  essentielle  de  ru e,ibid. 

Huile  essentielle  de  roma- 
rin , ibid. 

Huile  essentielle  de  roses 
pâles,  ibid. 

Huile  essentielle  de  roses  est 
épaisse  , 33g. 

Huile  essentielle  de  Sabine , 

35<3. 

Huile  essentielle  de  sassa- 
fras , ibid. 

Huile  essentielle  de  sauge , 

ibid. 

Huilesessen  ! ielles  se  décom- 
posent pendant  leur  recti- 
fication , 344* 

Hui!  es  essentielles  s’épais- 
sissen  t en  viei  Hissant , 34  3 . 

Huile  essentielle  de  serpo- 
let, 357. 


DES  MAT 

Huile  essentielle  de  tanai- 
sie  , page  35-y. 

Huile  essentielle  de  thym, 

334. 

Huile  essentielle  de  vin  , 

385. 

Huile  exprimée  de  semences 
ombelliferes  , 176. 

Huile  de  fourmis  , 669. 
Huile  de  genêt , 661. 

Huile  de  goudron  , 802. 
Huiles  grasses  fluides  des 
végétaux,  170. 

Huile  de  grenouilles  , 669. 
Huile  d’hypericum  , 661. 
Huile  d’iris  , 667. 

Huile  de  jasmin , 663. 

Huile  de  jusquiamc , 666. 
Huile  de  laurier  , 696. 
Huile  de  laurier  vraie  , i85. 
Huile  de  lézards  verds  , 

669. 

Huile  défis  , 661 . 

Huile  de  marjolaine  , 665. 
Huile  de  mastic  , 668. 
Huile  de  mélilot,  665. 
Huile  de  menthe  , ibid. 
Huile  de  millepertuis  , 661 . 
Huile  de  muscades  épaisse 
( sa  falsification)  , i85. 
Huile  de  morelle  , 666. 
Huile  de  mucilage  , 670. 
Huile  de  myrte  , 665. 

Huile  de  nicotiane  , 666. 
Huile  de  noisettes,  179. 
Huile  de  noix,  ibid.  et  181. 
Huile  d’œufs  , 189. 

Huile  d’olives  se  fige  à un 
froid  modéré  , i55. 
Huile  d’olives  employée 
pour  conserver  les  sucs 
aqueux  ; ibid. 


1ERE  S*-  87* 

Huile  d’olives  ( sa  prépara- 
tion , page  178. 

Huile  de  palme  ( sa  falsifi- 
cation ) , 27. 

Huile  par  infusion  , 660. 

Huile  par  infusion  et  par 
décoction  , ibid. 

Huile  de  petits  chiens  ,671. 

Huile  de  pommes  d’amour, 

666. 

Huile  de  pommes  de  mer- 
veille , ibid. 

Huile  de  rue  , 665. 

Huile  rosat  ,66 1. 

Huile  rosat  ( maniéré  de  la 
colorer  ) , 662. 

Huile  de  roses  pâles  , 66 1^ 

Huile  de  scarabées  , 697. 

Huile  de  scorpions  , 669. 

Huile  de  semences  de  che-t 
nevis  , 1 80. 

Huile  de  semences  de  con-* 
combres,  175. 

Huile  de  semences  de  jus- 
qu iame  , 180. 

Huile  de  semences  de  lin 

175* 

Huile  de  semences  de  me- 
lon, ibid. 

Huile  de  semences  de  pa- 
vots , ibid. 

Huiles  simples  par  infusion 

66 1 . 

Huiles  stomachiques , 212. 

Huile  de  stramonium  , 666. 

Huile  de  sureau  , 665. 

Huile  de  tubéreuse  , 663. 

Huile  de  vers  , 668. 

Huile  de  vin  séparé  des  rési- 
nes qui  ont  été  préparées 
par  de  l’esprit  de  vin  , 017. 

Huile  de  violettes  , 661. 
liiiy 


TABLE 


S72 

Hy dromel  simple , page  442 . 

1 

Janvier  , récolte  à faire  dans 
ce  mois  , 91 . 

Jarres  de  grès  , vaisseaux 
bons  à > onserver  les  élec- 
tu  aires  , 16. 

Impalpable  ( pondre),  829. 

Imprégné  , ib,d. 

Inctnéralion,  828. 

Inclination  , 829. 

Incorporer  , ïbicl. 

Infusions  ( des  ) , 21 5. 

Infusion  , décoction  ( ce  que 
c’est  ) , 217. 

Injections  ( des)  , 81 3. 

Instructions  concernant  les 
personnes  mordues  par 
une  bête  enragée  , 778. 

Instruments  d’usage  dans  la 
Pharmacie  , 6. 

Instruments  et  vaisseaux , 6. 

Intermede  , 208. 

Introduction  à la  Pharma- 
cie , i . 

Jpécacuanha  (maniéré  de  le 
réduire  en  poudre  ),  121. 

Juleps  ( des  ) , 80g. 

Indigène  ( ce  que  c’est  ),  07. 

Indigènes  ( plantes  )• , 829. 

Indication  des  drogues  in- 
digènes qu’on  peut  récol- 
ter dans  chaque  mois  ,91 . 

Juillet,  récolte  à faire  dans 
ce  mois  , g5. 

Juin  , récolte  à faire  dans  ce 
mois  , 94. 

Ivoire  calciné  , 104. 

Ivoire  calciné  ( sa  porphy- 
risation ),  129, 


K 

Kermès  , minéral  par  la  vois 
humide  , page  787. 

Kimdna,  27. 

L 

L’aimant  employé  dans  les 
emplâtres  n’attire  plus  le 
fer , 748. 

Lait  d’amandes  ou  émul- 
sion , 479* 

Lait  virginal  , 82g. 

Lavage  des  terres  ou  prépa- 
ration des  substances  ter- 
reuses divisées  par  la  na- 
ture , i36. 

Laudanum  liquide  de  «Sp- 
denham , 224* 

Laudanum  opiatum  , 287. 

Lavements  ( des  ),  8i3. 

Lessive  des  savonniers , 35g. 

Lie  , voyez  fèces  , 828. 

Leinithocorthon  , i3o. 

Lilium  de  Paracelse  , 208. 

Limaille  de  fer  ( son  choix  ), 

o 

1 DO. 

Limaille  de  fer  porphyrisée, 
128  et  129. 

Limaille  de  fer  se  pulvérise 
dans  le  mortier  , 129. 

Limonade  artificielle  , i5g. 

Limonade  seclie,  60 1. 

Liniments  ( des  ) , 687  et 

818. 

Liniment  contre  la  paraly- 
sie , 818. 

Liquéfier,  829» 

Liqueur  miellée,  4^3. 

Liqueur  de  nitre camphrée, 

’ 8j?. 


DES  MATIERES.  S7Î 


Litharge  préparée,  page  1 Zq. 

Loochs  ( des  ),  8o5. 

Looch  blanc  pectoral,  806. 

Looch  de  jaunes  d’œufs,  $07. 

Looch  de  térébenthine , 8o3. 

Looch  verd  , 807. 

Lotions  et  douches,  816. 

Lotion  de  la  térébenthine  , 

1CJO. 

Lumière  du  soleil  détruit  la 
couleur  des  plantes  sé- 
chées , 54. 

Lumière  qui  se  manifeste 
pendant  l’extinction  delà 
chaux,  110. 

Lycopodium  , 622. 

Lycopodium  arrête  ia  sueur , 

ibld. 


reine  claude  , page  522. 

Mars  , récolte  à faire  dans  ce 
mois  , 92. 

Masticatoires  ( des  ) , 8i5. 

Matières  âcres  ( accidents 
qu’elles  occasionnent  cil 
les  pilant  ) , 118. 

Matières  animales  d’usage 
en  médecine  , 87. 

Matière  glutineuse  du  fro- 
ment ( son  analyse) , 171- 

Matierc  glutineuse,  tirée  de 
la  farine  de  froment  , 

1 70. 

Matière  glutineuse  ( ses  pro- 
priétés chymiques) , 171. 

Matière  médicale  ( ce  que 
c’est),  ig. 

Matière  médicale  ( sa  divi- 


M 

Macérer  , 829. 

Mâchoires  de  brochets  ( leur 
porphyrisation),  128  et 

129. 

Magd.aléons(  maniéré  de  les 
former  ),  828  et  829. 

Magdaléons  d’emplâtres  , 

ibid. 

Magma  , 829. 

Malaxer  ( ce  que  c’est  ) , 
728  et  729. 

Manière  de  tamiser  et  de 
cribler,  126. 

Manne  ( ses  diverses  espe- 
ces ) , 27. 

Manne  ( sa  falsification  ) , 

ibid. 

Manne e.11  larmes  factice, 28. 

Marasquin  de  Zara  , 5i  7. 

Marmelade  d’abricots , 523. 

Marmelade  de  prunes  de 


sion  ) , ibid. 

Mal  ras  , 829. 

Matras  à huile  essentielle  , 

12. 

Mai , récolte  à faire  dans  ce 

mois,  92. 

Médicaments  simples  ( lieu 
où  011  les  recueille  et  leur 
choix)  , 38. 

Médicainenlsexternes , 65g. 

Med  i ca  ni  en  ts  m a gistr  an  x (ce 
que  c’est)  , 2o5  et  8o3. 

Médicaments  offu  inaux(  ce 
que  c’est  ) , 2o5. 

Médicaments  qu’on  prépare 
avec  le  miel  et  le  sucre , 

438. 

Médicaments  simples  qu’on 
mêle  ensemble  et  qu’011 
désigne  collectivement  , 

210. 

Molasse,  4 53. 

Menstrué  , 208  et  82g. 


S-4  T A B L 


Mercure  ou  vif-argent  fal- 
sifié , page  21. 

Mercure  ne  peut  se  séparer 
entièrement  delà  graisse , 
quoiqu’on  fasse  liquéfier 
l’onguent , 720. 

Mercure  purifié , 11 5. 

Mercure  se  combine  mal 
avec  les  matières  huileu- 
ses végétales  , 722. 

Merde  à Marie  Graillon , 

453. 

Merde  du  Prince  d’Orange , 

ibid. 

Mesures  ( des  ) , 16. 

Mesures  de  plusieurs  ingré- 
dients qu’on  désigne  par 
des  abréviations  , 17. 

Métaux  ressuscités  sans  fu- 
sion , 717,  74 7 et  760. 

Miel  ( du  ),  438. 

Miel  (choix  du  ) , 4^9- 

Miel  ( choix  qu’on  doit  en 
faire  pour  les  électuaires  ), 

689. 

Miel  est  contenu  dans  plu- 
sieurs plantes  , 440. 

Miels  ( reconnoitre  leur 
cuisson  ) , 443* 

Miels  (reconnoître  leur  cuite 
par  le  pese-liqueur  ),  ibid . 

Miels  composés,  4^1. 

Miel  de  concombre  sauvage, 

446- 

Miel  dépuré  , 4^°* 

Miel  de  longue  vie  , ^5i. 

Miel  mercurial,  44^* 

Miel  de  nénuphar  , ibid. 

Miel  paroît  de  la  même  na- 
ture que  la  matière  qu’on 
tire  des  cannes  à sucre  , 

441. 


Miel  de  romarin , page  4463’ 

Miel  rosat  , 449. 

Miel  rosat  rougi  par  de  l’a-j 
cidevitriolique,  45o. 

Miel  scillitique  , 447. 

Miels  simples  , 442. 

Miel  de  sucre  , 453. 

Miel  vierge  , 439. 

Miel  yiolat , 445. 

Minéraux  ( leur  choix) , 894 

Minéraux  ( leur  conserva- 
tion ),  90. 

Minéraux  ( leur  dessicca- 
tion ) , ibid. 

Mirobolans  ( manière  de  les 
réduire  en  poudre  ) , 121.1 

Mirobolans  (les),  sont  laxa- 
tifs ou  astringents),  219. 

Mithridate  , 56y. 

Mithrîdate  ( comment  on  le 
conserve),  16. 

Mixte  , 83o. 

Mixtion  des  médicaments 
( ce  que  c’est)  , 5 et  204* 

Mixtures ( des) , 8i2et83o. 

Modus  faciendi , dans  les 
formules  , 209. 

Moelle  dans  les  végétaux 
( son  usage  ) , 81. 

Moelle  de  cerf  ( sa  falsifica- 
tion ) , 28. 

Mollette  ( son  usage  pour 
broyer  ) , 1 27. 

Monder,  83o. 

Mondificatif  d'ache,  701. 

Morsulis  ( des  ),  5qo. 

Mortiers  de  cuivre  sont  de 
mauvais  instruments,  14. 

Mortiers  d’usage  en  Phar- 
macie, 9. 

Mortier  de  plomb  ( leur  usa- 
ge M i5. 


DES  MA 

Moscouade  , page  4^3. 

Moscouade  purifiée  fournit 
la  cassonade  , ibid. 

Moules  de  mer  préparées, 

i34- 

Moul  in  à moudre  les  sub 
stances  dont  011  veut  tirer 
l’amidon,  1 63. 

Mucilage  , 83 o. 

Musc  ( comifient  on  le  con- 
serve) , i5. 

Musc(  sa  falsification),  28. 

Muscade  (sa pulvérisation) , 

1 24. 

Myrrhe  (sa  falsification) , 28. 

Myva,83o. 

N 

Nacre  de  perles  préparée, 

184. 

Néroli  , 352. 

Nerprun  ( baies  de  ) , leur 
fasification,  23. 

Nids  d’hirondelles  ( leur  pré- 
paration ),  126. 

Nitre  tiré  du  corona  solis , 

157. 

Novembre  , récolte  à faire 
dans  ce  mois , 98. 

O 

Objet  de  la  Pharmacie , 5. 

Octobre , récolte  à faire  dans 
ce  mois  , 97. 

Odeur  des  fleurs  labiées  (où 
elle  réside  ) , 64. 

Odeur  des  fleurs  liliacées  où 
elle  réside  ) , 56. 

Odeur  fugace  ( ce  que  c’est  ), 

ibid. 

GFsipe , 83o, 


T I E R E S.  $7S 

Officinal  ( médicament  ) , 

page  83o. 
Oignon.s(  leur  dessiccation  )> 

77 • 

Oignons  de  scille  difficulté 
de  les  sécher  à l’air  , ibid., 
Oleo  sciccharum  , 4 fi 3. 
Ongle  d’élan  ( sa  pulvérisa- 
tion ),  120. 

Onglet  , 83o. 

Onglets  des  fleurs  ( ce  que 
c’est  ( , 56. 

Onguents  , 687  et  6g5. 
Onguent  de  l’abbé  Pipon , 

709. 

Onguent  ægyptiac,  716. 
Onguent  d’Agrippa  , ou  do 
bryone,  708. 

Onguent  d’althæa  , 710. 
Onguent  ù'Arcœu s , 706. 
Onguent  d’arthanitha  , 708... 
Onguent  basilic  , 708. 
Onguent  de  blanc  rhasis  , 

7i3. 

Onguent  de  bryone  , 703. 
Onguent  brun  , 719. 
Onguent  de  canette  , 743. 
Onguents  chauds  ,212. 
Onguent  citrin  pour  la  gale , 

717. 

Onguents  froids  , 212. 

On  guent  pour  la  gale  ( pour- 
quoi il  devient  citrin), 

7,9- 

Onguent  gris  , 724. 

Onguent  pour  les  hémor- 
rhoïdes  ,710. 

Onguent  de  laurier  , 796. 
Onguent  martiatum  , 69-. 
Onguent  de  mercure  ,719. 
Onguent  de  mercure  ( pour- 
quoi il  rancit  ) . 720. 


S76  TABLE 


Onguent  de  mercure  ( les 
matières  huileuses  végé- 
tales ne  peuvent  servir  à 
le  préparer),  page  722. 
Onguent  de  mercure  vieux 
lait,  accéléré  l’extinction 
du  nouveau  mercure  , 

721.. 

Onguent  de  la  mere  ,714* 
Onguent  modificatif  d’ache, 

701. 

Onguent  napolitain  double , 

719. 

Onguent  de  nicotiane,  696. 
Onguent  nutritum  ,711. 
Onguent  porhpholix  , 70 5. 
Onguent  populeum , 698. 
Onguent  populeum  ( pour- 
quoi il  n’est  pas  d’un  beau 
verd  toutes  les  années  ) , 

206. 

Onguent  rosat  , 6q5. 
Onguent  de  scarabées,  697. 
Onguent  de  storax  , 707. 
Onguent  suppuratif , 708. 
Onguent  tetrapliarmacum  , 

ibid. 

Onguent  de  tuthie  , 716. 
Onguents  vésicatoires , 783. 
Opiats  ( des  ) , 55 4, 

Opiat  pour  les  dents  , 789. 
Opiat  mésentérique  , 585. 
Opiat  de  Salomon  , 5yo. 
Opiat  stomachique  et  cor- 
roboratif cl’ Helvétius  , 

568. 

Opium  ( sur  V ),  287. 
Opium  de  Langelot  , 297. 
Opium  perd  son  odeur  par 
la  digestion  ,2.91. 

Opimn  de  Rousseau , 225. 
Opium , sa  résine  11c  peut 


être  séparée  par  le  lavage  , 
page  290. 

Or  fulminant,  252. 

Or  potable  d 'Helvétius,  2.S0. 

Orviétan , 564. 

Orviétan  ( comment  on  le 
conserve  ) , 1 6. 

Orviétan  preestantius , 566. 

Os  de  seches  broyés  , 1 3 1 - 

Os(  leurpulvérisation),  120. 

Oxicrat,  83o. 

Oxymel  colchique  , 44^* 
Oxymel  scillitique  , 444* 
Oxymel  simple,  442* 

P 

Panne  de  porc  ( sa  prépa- 
ration), 186. 

Parasites  ( plantes  ) , ce  que 
ç’est,  41- 

Pareira  brava  ( sa  pulvérisa 
tion  ) , 1 20. 

Parenchyme , 83o. 

Parfum  , ibid. 

Parties  molles  des  animaux 
( leur  préparation  ) , 
* 100. 

Pastilles  ( des  ) , 690. 

Pastilles  de  cachou  à la  ca- 
nelle  , 602. 

Pastilles  de  canelle  , 600. 

Pastilles  de  citrons  pour  ap- 
paiser  la  soit  , ibid. 

Pastilles  émétiques  de  Chô- 
mel , 607. 

Pastilles  de  girofles  , 699. 

Pastilles  odorantes  pour  brû- 
ler, 602. 

Pastilles  de  safran  , ibid. 

Pastilles  d’yeux  d’écrevisses", 

601* 


DES  MA 

Pâte  blanche  de  réglisse  , 

page  608. 

Pâte  de  cacao  pour  le  cho- 
colat , 612. 

Pâte  d’églantine  , 784. 

Pâte  de  guimauve,  607. 

Pâte  sudorifique  il  'Helvé- 
tius , 568. 

Peau  divine,  83 1. 

Pellicules  de  chaux  , ni. 

Perles  préparées  , 1 3 1 . 

Pese-liqueur  ( son  usage  pour 
la  cuite  des  syrops  ) , 44^* 

Pese-liqueur  .de  comparai- 
son pour  l’espiit  de  vin, 

092. 

Pese-liqueur  pour  les  sels, 

391. 

Pese-liqueur  des  fermes  (le), 
est  celui  de  l’auteur , 096. 

Pessaires  ( des  ),  814* 

Petit  lait  ( maniéré  de  le 
préparer),  199. 

Petit  lait  ( sa  clarification  ) , 

200. 

Petit  lait  préparé  avec  la 
chardonnette  , 201. 

Petit  lait  préparé  avec  le 
gallium  , 200. 

Pharmacie  en  général  , 5. 

Pharmacie  ( son  objet) , ibid. 

Pharmacie  chymique  , ibid. 

Pharmacie  galénique  , ibid. 

Pharmacie  ( division  de  la) , 
en  quatre  parties  , 5. 

Philonium  romanum , 5y o. 

Phlogoses  occasionnées  par 
l’onguent»  de  mercure  , 

721 . 

Pied  d’élan  ( maniéré  de  le 
pulvériser),  120. 

Pierre  admirable,  767. 


T I E R E S.  877 

Pierre  à broyer  , page  9. 
Pierre  calaminaire  broyée , 

1 3 1 . 

Pierre  de  carpes  préparée  , 

1 34- 

Pierre  divine  pour  les  yeux, 

767. 

Pierre  de  fougere  , 633. 
Pierre  de  Goa  ( faux  bé- 
zoard  ) , 24- 

Pierre  hématite  préparée  , 

i3i. 

Pierre  médicamenteuse  , 

766. 

Pierre  de  merlans  préparée, 

i34- 

Pierre  - ponce  broyée  , 

1 3 1 . 

Pierres  précieuses  broyées , 

ibid. 

Pilules  ( des  ) , 617* 

Pilules  ( avec  cpioi  on  peut 
les  composer  ),  618. 
Pilules  ( consistance  qu’elles 
doivent  avoir)  , ibid. 
Pilules  ( les  petites  produi- 
sent mieux  leur  effet  ) , 

6 1 9. 

Pilules  ( machines  pour  les 
former  ) , 620. 

Pilules  ( maniéré  de  les  cou- 
server  ) , 624. 

Pilules  ( maniéré  de  les  do- 
rer et  argenter) , 622. 

Pii u les  ( quels  sont  leurs  meil- 
leurs excipients  ) , 618. 
Pilules  alexiteresdeüo^/o/^), 

784* 

Pilules  aloétiques  émollien- 
tes , 640. 

Pilules  altérantes  ( des  ) , 

6a3. 


878  T A 

Pilules  d’alun  d 'Helvétius , 

. page  632. 

Pilules  angéliques  , 637  et 

83 1. 

Pilules  ante-cibum , 63 7. 
Pilules  astringentes , 63 1. 

Pilules  de  Bûcher , 628. 

Pilules  balsamiques  de  Mor- 
ton, 626. 

Pilules  balsamiques  de 
Stahl , 6'i~]> 

Pilules  de  Becker , 629. 

Pilules  de  Béloste , 642. 

Pilules  de  Béloste  réfor- 
mées, 640. 

Pilules  d eBéloste  sans  pur- 
gatifs , 644. 

Pilules  chalybées  , 63 1; 

Pilules  de  ciguë,  271. 

Pilules  cochées  majeures , 

40  63cf. 

Pilules  cochées  mineures  , 

ibid . 

Pilules  de  cynoglosse  , 

623. 

Pilules  ou  pierre  de  fou- 
gère , 633. 

Pilules  gourmandes,  637  et 

83i . 

Pilules  hydragogues  de  Bon- 
dit s , 640. 

Pilules  hydragogues  purga- 
tives d’ Helvétius , 63p. 

Pilules  hystériques , 63o. 

Pilules  mercurieles , 645. 

Pilules  mercurieles  de  Bé- 
loste , 642. 

Pilules  ne  doivent  pas  être 
enveloppées  dans  des  pa- 
piers huilés,  623. 

Pilules  de  panacée  mercu- 
riele,  632. 


BLE 

\ 

Pilules  panchimagogües  * 

page  638. 

Pilules  purgatives  ( des  ')  , 

607.1 

Pilules  purgatives  de  Ro . 
trou,  784. 

Pilules  purgatives  univer- 
selles àé  Helvétius , 638.; 

Pilules  de  Rudius  , 641. 

Pilules  de  savon  , 625. 

Pilules  savonneuses  de  Stè - 

p liens,  784. 

Pilules  smectiques  ou  dq 
•savon  , 62^. 

Pilules  de  Starkey , 624. 

Pilules  tartarées  de  Schro-ï 
der  , ibid. 

Piluliers  ( pots  à conserver 
les  pilules  ) , 1 5. 

Piquer  un  emplâtre  (ce  que 
. c’est  ) , 729. 

Plantes  ( de  combien  elles 
diminuent  en  séchant  ) , 

53 1.' 

Plantes  émollientes  sont  pré- 
férables dans  leur  jeu- 
nesse , 43. 

Plantes  (maniéré  de  les  con» 
server)  , 53. 

Plantes,  leurs  vertus  sont 
différentes  suivant  leur 
âge,  42. 

Plantes  ( leur  choix  ),  89  et 

40. 

Plantes  ( maniéré  de  les  sé- 
cher ),  56. 

Plantes  ( pourejuoi  elles  per- 
dent quelquefois  leur 
couleur  en  séchant  ) , 

47* 

Plantes  (temps  de  les  cueil- 
lir) , 41. 


DES  MA 

Plantes  antiscorbu tiques  ne 
doivent p oint  être  séchées, 

page  5i. 

Plantes  délicates  ( manière 
de  les  sécher) , 4 6. 

Plantes  doivent  être  séchées 
rapidement,  48. 

Plantes  microscopiques  , 

587. 

Plantes(les),neperdent  point 
tout  leur  esprit  recteur 
pendant  la  dessiccation , 

49. 

{Plantes  (les), ne  sont  pas  éga- 
lement chargées  de  prin- 
cipes dans  toutes  les  an- 
nées, 53. 

Plantes  parasites  ( ce  que 
c’est  ) , 41- 

Plantes  qui  contiennent  du 
soufre  , 420. 

Plantes  séchées,  utilité  de 
les  secouer  sur  un  tamis 
avant  de  les  enfermer  , 

, 52. 

Plantes  séchées  dans  le  sa- 
ble , 5r. 

Plantes  séchées  devroient 
être  conservées  dans  des 
bouteilles  de  verre  , 53. 

Poids  qui  sont  d’usage  dans 
la  Pharmacie , 16. 

Poires  de  rousselet  ( leurdes- 
siccation  , 62. 

Pois  de  cire,  83r. 

Poivre  blanc  ( sa  falsifica- 
tion ) , 28. 

Pommades  ( des  ) , 687  et 

688. 

Pommade  de  concombres, 

692. 

f omraade  en  crème  t 688. 


T I E R E S.  S7<* 

Pommade  de  fleurs  de  la- 
vande , page  690. 

Pommade  de  fleurs  d’oran-* 
ges , 694. 

Pommade  de  Goulard , 7i3: 

Pommade  de  jasmin  , 694, 

Pommade  jaune  pour  les 
levres  , 691. 

Pommade  mercuriele , 719: 

Pommade  mercuriele  au 
beurre  de  cacao  , 723. 

Pommade  pour  le  teint , 

688. 

Pommade  rouge  pour  les 
levres  , 692. 

Pommes  sont  difficiles  $ 
faire  sécher  , 63. 

Porphyrisation  ( de  la  ) , 

I27* 

Potions  ( des  ) , 809. 

Potion  purgative,  209. 

Pots  à canons  sont  bons 
pour  conserver  les  élec- 
tuaires  , i5. 

Pots  à conserver  les  extraits  , 

ibid. 

Poudres  ( ce  qu’elles  absor- 
bent de  syrop),  589. 

Poudre ( ce  qui  s’élève  en  les 
faisant  est  semblable  à ce 
qui  reste  ) , 1 19. 

Poudres  ( comment  011  les 
conserve  ) , 16. 

Poudres  ( inconvénients  de 
les  arroser  en  les  forman  t) , 

120. 

Poudre(  Iapremiere  estquel- 
quefois  la  meilleure  , et 
quelquefois  elle  est  moins 
bonne ) , 122. 

Poudres  ( mauvaise  métho- 
de le*  mêler  avec  de 


£>8o  T A I 

l’huile  en  les  formant  ) , 
page  120. 

Poudre  absorbante,  5/\5. 

Poudre  absorbante  de  Ste- 
phens , 791. 

Poudre  d’ambre , 545. 

Poudre  amere  pour  la  gout- 
te , 549. 

Poudre  antispasmodique  , 

538. 

Poudre  d’arum  composée  , 

547. 

Poudre  astringente  , 5q8. 

Poudre  à poudrer  laite  avec 
l’amidon  de  bryone,  167. 

Poudre  de  Bellebat , 102. 

Poudre  capitale  de  ùaint- 
Shige,  549. 

Poudre  charbonneuse  de 
Stéphens , 798. 

Poudres  composées  ( des  ) , 

536. 

Poudres  composées  ( on  doit 
piler  à part  toutes  les  sub- 
stances qui  les  compo- 
sent), 537. 

Poudres  composées  ( ordre 
que  Site  lus  prescrit  de 
suivre  en  les  préparant  ) , 

536. 

Poudre  du  comte  de  TVar- 
wick  , 55 o. 

Poudre  de  la  comtesse  de 
Kent , 544- 

Poudre  contre  les  vers  , 

542. 

Poudre  de  corail  anodine 
d’ Helvétius  , 553. 

Poudre  cornachine  , 55o. 

Poudre  cornachine  ( pour- 
quoi elle  est  quelquefois 
émétique  ),  55i. 


L E 

Poudres  dentifrices  ( des  )jl 

page  7G8. 
Poudre  pour  les  dents  , 

ibld. 

Poudre  diarrhoden  , 648. 
Poudre  diatragacanthe  iroi- 
de  , 540. 

Poudres  , doivent  être  ex- 
cluses des  especes , 2.14* 
Poudre  des  matières  anima- 
les , 126. 

Poudre  fébrifuge  et  purga- 
tive àé Helvétius  , 554- 
Poudre  de  Grimaldy  , 552/ 
Poudre  de  gultette, 

Poudre  hydragogue  , 552. 
Poudre  d’iris  , composée  , 

641* 

Poudre  létihcante  , 546. 
Poudre  d’or  des  Chartreux," 

. 'voyez  Kermès  minéral  , 

787- 

Poudre  d’or  de  Zel , 5og. 
Poudre  de  Pénard  pour  la 
goutte  , 55o. 

Poudre  purgative  pour  îa 
goutte , ibid. 

Poudre  de  serres  d’écrevisses 
de  mer,  644. 

Poudre  servant  à envelopper 
les  pilules  , 622. 

Poudre  sternutatoire  , 648. 

Poudre  sîomaehiquedeib'/ç* 

kman  , 647- 

Poudre  tempérante  de  Stahl , 

541. 

Poudre  de  Tribus  , 55o. 
Poudre  des  trois  santaux, 

544. 

Poudre  vermifuge,  54^. 
Poudre  de  / ernix  , 55 3. 

Poudre  de  P Mars , Soo. 

Poudre 


DES  M A 

Poudre  vomitive  d’ Helvé- 
tius , page  55 1 . 

Poumons  'de  renards  ( leur 
préparation),  100. 

Première  partie  de  la  Phar- 
macie, 19. 

Préparation  des  cloportes , 

ioi. 

Préparation  de  J’éponge  avec 
de  la  cire  , 1 1 3. 

Préparation  des  graisses  des 
animaux,  186. 

Préparation  des  médica- 
ments, 5. 

Préparation  des  médica- 
ments simples  , 100. 

Préparation  des  parties  mol- 
les des  animaux  , ibid . 

Présure  , ce  que  c’est , 201. 

Pulpes  (des),  144. 

Pulpe  de  casse,  146. 

Pulpede  casse  contientbeau- 
coup  d’air  ; ibid. 

Pulpe  des  matières  végétales 
récentes  ,145. 

Pulpe  d’oignons  de  lis  , 

ibid. 

Pulpes  des  plantes,  145. 

Pulpe  de  pruneaux  secs  , 

144. 

Pulpe  tirée  par  coction  smis 
eau,  145. 

Pulpe  tirée  par  coctron  dans 
l’eau  , 144. 

Pulpe  des  racines  par  coc- 
tion dans  l’eau  , i/j5. 

Pulpe  descille,  648. 

Pulpe  de  tamarins,  147. 

Pulpoir  , 83 1. 

Pulvérisation  ( de  la  ) , u6. 

Pulvérisation  pa-r  contusion; 

1 17' 


T I E R E S.  88c 

Pulvérisation  des  gommes- 
résines,  page  124. 

Pulvérisation  des  gommes 
simples,  125. 

Pulvérisation  des  herbes  , 

122. 

Pulvérisation  de  l’ipécacuanj 
ha,  121. 

Pulvérisation  du  quinquina 

1 22. 

Pulvérisationdes  résines  pu* 
res  , 1 2 5. 

Pulvérisation  du  safran,  1 23.’ 

Pulvérisation  des  semences 
seches  et  farineuses , 1 24. 

Pulvérisationdes  substances 
âcres  ,118. 

Pulvérisation  des  substances 
animales,  126. 

Pulvérisation  des  substances 
ligneuses  , 1 i 9. 

Pulvérisation  des  vessies  , 

. 126. 

1 urgatifs  violents  doivent 
etre  réduits  en  poudre 
hne , 119. 

Purification  des  fleurs  de 
benjoin  par  dissolution 
dans  l’eau,  196. 

Purification  des  gommes-ré- 
sines, 198. 

Purification  du  mercure  , 

1 1^* 

I üriflcation  du  styraxliqui- 

âe  , 191. 

Putréfaction  ( de  la) , 374. 

Putréfaction  ( expérience  sur 
la),  375. 

Putréfaction  ( théorie  de  la  ) ; 

rr  r • ibid. 

1 utréfaction  complette  est 
très  longue , 38o. 

K x m 


T A 

Q 

Quatre  eaux  antipleuréti- 
ques , page  211. 

Quatre  eaux  cordiales  , ibid. 

Quatre  farines  résolutives  , 

21  2. 

Q ua  t r e o n gu  e n t s fr  oi  d s , i bld. 

Quatre  grandes  semences 
chaudes  ,211. 

Quatre  grandes  semences 
froides  , ibid . 

Quatre  petites  semences 
chaudes  , ibid. 

Quatre  petites  semences 
froides  , ibid. 

Quatrième  partie  delà  Phar- 
macie , 204. 

Quinquina  , 29. 

Quinquina  (sa falsification), 

ibid. 

Quinquina  empêche  le  vin 
d’aigrir  , 222. 

Quinquina  ne  doit  pasbouil- 

^ lir  long-temps  , 3o8. 

Quinquina  fait  précipiter  la 

f couleur  du  vin  , 220. 

Quinquina  femelle  , 3o. 

Quinquina  fournit  tous  ses 
principes  extractifs  dans 
l’eau  froide,  3o8. 

Quinquina  ( sa  pulvérisa- 
tion) , 122. 

Quintessences  ( des  ) , 227. 

Quintessence  d’absinthe  , 

245. 

R 

Racine  d’angélique  amas- 
sée en  automne  est  moins 


L E 

sujette  à être  attaquée  par 
les  vers  , page  78. 

Racines  (leur dessiccation  ), 

. 76- 

Racines  apéritives  ( les  cinq), 

210. 

Racines  cueillies  au  prin- 
temps sont  sujettes  à être 
mangées  des  vers  , 74. 
•Racines  fibreuses  ( maniera 
de  les  pulvériser  ),  120. 
Racines  , l’automne  est  la 
meilleure  saison  pour  les 
récolter  , r3. 

Racines  ( leur  choix  ) , 7 1 . 
Racines  (leurconservationi , 

78. 

Fiacincs  ligneuses  ( maniera 
de  les  pulvériser  ),  120. 
Racines  pour  les  dents  ,' 

770. 

Racines  que  l’on  conserve 
fraîches  à la  cave  sont 
mauvaises , 77- 
Racinesqui.  moisissent  après 
leur  dessiccation  , 70. 
Racines  , temps  de  se  les 
procurer  , 72. 

Raisin  , maniéré  de  le  faire 
sécher,  67. 

Résine  , 265. 

Raréfaction  , 83 1. 

Ratafias  ( des  ),  5i  1. 

Ratafia  d’angélique  , 5 1 3. 
Ratafia  d’anis  , 5 1 4. 

Ratafia  de  coings  , 5 19. 
Ratafias  (combien  d espe- 
ces), 5 12. 

Ratafia  du  Commandeur  de 
Cauinartin  , 5 1 6. 
Ratafias  faits  avec  des  suc» 
dépurés  , 519. 


883 


DES  M A 


Ratafias  faits  par  distilla- 
tion , page  5 17. 

Ratafias  faits  par  infusion  et 
par  distillation  , 5 18. 

Rutahas  de  fleurs  d’oranges , 

5 1 3. 

Ratafia  de  genievre  , 5i5. 

Ratafias  préparés  par  la  fer- 
mentation , 519. 

Ratafias  simples  faits  par 
infusion  , 5 i3. 

Récipient  , 83r. 

Récipient  à huile  essen- 
tielle, 12. 

Récolte  des  médicaments 
simples  ( sentiments  des 
anciens  surce sujet  ),  40. 

Rectification  de  l’esprit  de 
vin  , 084. 

Rectification  des  huiles  es- 
sentielles , 342. 

Rectifier  , 83i. 

Réglisse  ( sa  décoction  est 
acre  et  amcre  ) , 219. 

Réglisse  ( son  infusion  est 
agréable  ) , ibid. 

Remarques  générales  sur  les 
syrops  , 807. 

Rcmede  de  B avilie  , 799. 

Remede  des  Caraïbes  pour 
guérir  de  la  goutte  , 790. 

Remede  contre  la  goutte, 


/ y • 

Remede  de  Chantilly,  799. 
Remede  contre  la  rage  ou 
contre  l’hydrophobie  , 


777- 

Fiemede  contre  les  dartres 
vives  et  farineuses  , 798. 
Remede  contre  le  lait  répan- 

^ du  , 797. 

Remede  contre  le  tænia 


T I E II  E S. 

ou  ver  solitaire  , page 

770. 

Remede  de  M.  le  Duc  pour 
la  fievre  , 799. 

Remedes  particuliers  (des), 

778. 

Remede  de  Rotrou  pour  les 
humeurs  froides  , 784. 

Remedes  de  Rotrou  ( ma- 
niéré de  les  employer  , ) 

779. 

Remede  de  Stéphens  , 791. 

Remedes  de  Stéphens  (ma- 
niéré de  les  employer  ) , 

794. 

Remede  de  Storck  contre 
les  cancers  et  les  hu- 
meurs squirrheuses , 271. 

Remede  de  vau  Swieten  , 

79  5. 

Rémel , 453. 

Résidence  , 83 1 . 

Résine  , 267. 

Résines  ( des  ) , 189  et  3i/f. 

Résine  de  coloquinte  , 32i . 

Résines  ( maniéré  de  les  pul- 
vériser ) , 124  et  120. 

Résines  s’électrisent  en  les 
pilant,  125. 

Résine  de  jalap  , 3i5. 

Résine  de  jalap  (sa  falsifica- 
tion ) , 3o. 

Résine  d’opium  décompo- 
sée ,291. 

Résines  des  plantes  inodo- 
res tiréesparl’éther,  322. 

Résines  préparées  avec  de 
l’esprit  de  vin  , pourquoi 
elles  sont  liquides  ,317. 

Résine  de  quinquina  décom- 
posée , 3o8. 

Ri.siiie  de  quinquina  se  pré- 
K k k ij 


884  TABLE 


cipite  de  l’infusion  pen- 
dant l’évaporation  , page 

3c8. 

Résine  de  scammonée  , 3 1 8. 

Résine  de  scammonée  ( sa 
falsification  ) , 3 1. 

Résines  seches  donnent  peu 
de  consistance  aux  em- 
plâtres , 726. 

Résine  séparée  des  plantes 
inodores  pendant  leur  dis- 
tillation , 029. 

Piésines  tirées  par  de  l’éther , 

32  1 . 

Résine  de  turbilh  , 319. 

Rhapontic  donné  en  place 
ds  rhubarbe  , 3o. 
Rhodomel  , 4-49  • 

Rhubarbe(  sa  falsification), 

3o. 

Rhubarbe(préparationqu’on 
donne  pour  la  laire  pa- 
roître  nouvelle  ) , ibid. 

Rhubarbe  ne  doit  pas  bouil- 
lir lorsqu'on  veut  avoir 
sa  teinture  transparente  , 

5o4- 

Rhubarbe  torréfiée  , 1 o3. 

Rigodon  , nom  qu’on  donne 
au  storax  commun  , 34- 

llobs  ( des  ) , 265. 

Rob  de  baies  de  sureau,  266. 

Ilob  de  berbéris  , ibid. 

Rob  de  cerises  , ibid. 

Rob  de  groseilles , ibid. 

Rob  d’yeble , ibid. 

Rob  de  nerprun,  ibid. 

Rob  de  raisins  , ibid. 

Roses  rouges  acquièrent 
beaucoup  d’odeur  en  sé- 
chant , 56  et  60. 
Rotules  ( des  ) , 690. 


S 

Safran  bâtard  , pageor. 
Safrans  d’oranges  , ibid. 
Safran  du  comtat  d Avi- 
gnon , ibid. 

Safran(sa  falsification  ,ünd. 
Safran  de  mars  de  Lemery  » 

O 

1 39. 

Safran  de  mars  préparé  à la 
rosée  , 1 4 1 • 

Safran  ( sa  pulvérisation  t 

123. 

Safranum  , 3i . 

Salsepareille  ( choix  qu  011 
doit  en  faire  ) , ibid. 

Sang  de  dragon  en  pain  , 0 2. 
Sang  de  dragon  ( su  tarifica- 
tion ),  ibid. 

Sang  de  dragon  en  roseaux  , 

ibid. 

Sapa , 265; 

Savons  ( sur  les  ) , 358  . 
Savon  blanc  ou  médicinal , 

36x. 

Savon  de  Stnrkey  , 364* 
Savon  de  Starkey  fait  avec 
de  l’huile  de  térébenthine 
rectifiée  , 3yo. 
Scammonée  ( choix  qu  on 
doit  en  faire) , 32. 
Scammonée  préparée , 1 4'2* 
Seconde  partie  de  la  Phar- 
macie , 37.  ^ 

Sel  cathartique  amer,  801. 
Sel  essentiel  de  ciguë  , 272. 
Sel  essentiel  de  fumeterre, 

3 LO. 

Sel  essentiel  de  la  Garayet 

3 o5. 

Sel  essentiel  de  lait , 202. 

L 


D E S M A 

Sel  essent.  d’opium , p.  292. 

Sel  essentiel  d’oignons , 3i  o. 

Sel  essentiel  d’oseille  , i58. 

Sel  essentiel  de  quinquina  , 

3o  6. 

Sel  essentiel  depareira  bra- 
va, 3 1 o. 

Sel  essentiel  de  réglisse  , 

0 

011. 

Sel  essentiel  de  séné  , ibid. 

Sel  essentiel  de  storax,  192. 

Sels  essentiels  des  sucs  a- 
queux,  i55. 

Sels  essentiels  des  sucs  in- 
flammables , 192. 

Sel  essentiel  de  tamarins  , 

1 60. 

Sel  essentiel  de  tamarins 
n est  point  acide  , ibid. 

Sel  essentiel  de  vinaigre  , 

O 7 

o , 43°- 

Sel  essentiel  tiré  de  la  dé- 
coction des  plantes  distil- 
lées , 329. 

Sel  fixe  , 83 1 . 

Sel  fluor , ibid. 

Sel  de  lait , 202. 

Sel  marin,  tiré  du  petit  lait, 

ibid. 

Sels  minéraux  se  trouvent 
dans  les  plantes,  106. 

Sels  minéraux  tirés  des  plan- 
tes ne  sont  pas  leurs  vrais 
sels  essentiels  , ibid. 

Sel  neutre  tiré  du  savon  de 
Starhev,  366  et  3 6 9 . 

Sel  d’oseille  enieve  les  ta- 
ches d’encre  , 160. 

Sel  d’oseille  , scs  propriétés 
chymiques,  1 58. 

Sel  de  prunelle  , 83 1 . 

Sel  de  Saturn'e  , 436. 


T I E R E S.  885 

Sel  de  tamarins  ( ses  proprié- 
tés), page  161. 

Sel  volatil  huileux  aroma- 
tique de  Sylvius  , 249. 

Sel  volatil  de  vinaigre , 43o* 

Semences  carminatives  , 

211. 

Semences  chaudes  ( les 
grandes),  ibid. 

Semences  chaudes(les  peti- 
tes ) , ibid. 

Seinences(  leur  choix  ) , 65; 

Se  mences  émulsives  , ibid. 

Semences  farineuses  , ibid. 

Semences  froides  (comment 
on  les  monde  ) , 32. 

Semences  froides  vieilles 
( comment  on  les  rafraî- 
chit ) , 33.' 

Semences  froides  ( leur  fat* 
si  (ica  lion  ) , ibid. 

Semences  froides  majeures, 

211. 

Semences  froides  mineures, 

ibid. 

Semences  huileuses  ( leur 
dessiccation  , 67. 

Semences  huileuses  ne  peu- 
vent se  pulvériser  lors- 
qu’elles sont  seules,  124. 

Seine  nces  1 1 u i le  uses  o u é mu  1- 
sives , 65. 

Semences  huileuses  sont  su- 
jettes à rancir  , 66. 

Semences  ligneuses  , 65. 

Semences  menues  (maniera 
de  les  récolter  ) , 67. 

Semences  menues  (maniéré 
de  les  faire  sécher) , 68. 

Semences  seches  ( ce  que 
c’est  ) , ibid. 

Semences  seches  et  farineu- 
K K k iij  • 


586  T AELE 


ses  ( leur  dessiccation  ) , 
page  68. 

Semences  seclies  et  farineu- 
ses ( leur  conservation  ) , 

ibid. 

Semences  ( temps  de  les 
cueillir  ) , 66. 

Séné  ne  doit  pas  bouillir 
long  temps  ,219. 

Septembre  ( récolte  à faire 
dans  ce  mois),  96. 

Serpentin  d’étain  , n. 

Serpentin  à colonne  ( in- 
convénient de  s’cri  servir 
pour  distiller  l’esprit  de 

• \ 00 

vin  ),  do 7. 

Serpentin  ( inconvénient  de 
s’en  servir  pour  rectifier 
l’esprit  de  vin  ) , 38y  et 

388. 

Serpentin  plongé  dans  l’eau 
( son  utilité  pour  la  dis- 
tillation), n. 

Serpentin  à colonne,  incon- 
vénient de  s’en  servir  , 

o 

1 J. 

Slgneturchs  formules  , 209. 

Soleil  ( grand  ) , conlicntdu 
sel  akali  fixe  formé  sans 
combustion  , i5y. 

Soleil  ( grand  ) , contient 
beaucoup  de  nitre  , ibid. 

Sommités  fleuries  ( ce  que 
c’est  ) , 56. 

Sommités  fleuries  ( maniéré 
de  les  faire  sécher)  , 58. 

Sonnettes  (nom  qu’on  don- 
ne à la  casse  en  bâton  des- 
séchée), 26. 

Sophistication  des  drogues 
simples  , 20. 

Soufre  broyé  , 1 ?4* 


Soufre  lavé  , page  1 1 3. 

Soufre  préparé  , 1 34  - 

Soufre  des  plantes  gâte  les 
alambics,  424. 

Soufre  li  ré  des  plantes  cru- 
cifères y 423. 

Soufre  végétal  , 622. 

Sparadrap  ou  toile  Gau- 
tier, 7G2. 

Spatule  , 83 1 . 

Spode  ( sa  porphyrisation), 

1 29. 

Spodium  ou  ivoire  calciné  , 

104. 

Squames  , 83 1 . 

Stimulant  , 207. 

Storax  employé  en  place  de 
vanille  clans  le  chocolat, 

O / 

/ 

Styrax  ( combien  d’especes 
de  ) , ibid. 

Styrax  liquide  ( sa  purifica- 
tion ) , 191. 

Substance  amidonnée  ,171. 

Substance  annualisée,  tirée 
du  froment,  172. 

Substances?  broyées  sans 
eau  , 129. 

Substances  huileuses  et  aro- 
matiques ( manière  de  les 
pulvériser  ) , 1 24. 

Substances  qu’011  lave  avant 
de  les  broyer,  1 34* 

Substances  qu’on  ne  lave 
pas,  et  qu’on  broyé  avec 
de  l’eau  , 1 3i . 

Substitution  des  médica- 
ments , 20. 

Sucs  (des),  148. 

Suc  d’acacia  vrai  , 3o4* 

Suc  d’acacia  faux  , ibid. 

Sucs  acides  ( leur  clarihca- 
tion) , i54* 


DES  M A 

Sucs  aqueux  ( maniéré  de 
les  clarifier  par  intermè- 
de ) , page  1 52. 

Sucs  aqueux  ( maniéré  de 
les  conserver  ) , i55. 

Sucs  aqueux  des  plantes 
résineuses  , comparées 
aillait  des  animaux,  274. 

Sucs  aqueux  tirés  par  ex- 
pression , 149. 

Sucs  aqueux ( im  ' b les 
clarifier  sans  intermèdes), 

104. 

Surs  aqueux  des  végétaux 
( maniéré  de  les  s-  ■ arer  , 

j 4 S . 

Suc  de  beccabunga  , 1 5g. 

Suc  de  berbéris  , i5r. 

Sucs  des  bois  ( maniéré  de 
les  tirer  ) , 149. 

Suc  de  bourrache  , ihicl. 

Suc  de  huglosc  , ihicl. 

Suc  de  cerfeuil , j5o. 

Suc  de  cerises,  i5i. 

Suc  de  chicorée  , i 49. 

Suc  de  citrons  , i5 1. 

Suc  de  citrons  ( sa  falsifica- 
tion ) , 33. 

Suc  de  cochléaria  , i5o. 

Suc  de  coings,  i5i. 

Suc  de  concombres  sauva- 
ges, ibid. 

Sue  de  consolide  , 1 5o. 

Suc  de  cresson,  ibid. 

Sucs  des  corps  organisés  sont 
<lc  h ois  especes  , 148. 

Suc  d’eupbraise , 149. 

Suc  d’énula  campana , i5o. 

Sucs  des  fruits  charnus  qui 
ont  des  écorces  huileuses 
(manière  de  les  tirer',  1 j 1 . 

Sac  de  groseilles  , ibid. 


T 1 E R E S.  85 7 

Sucs  gommeux  sont  clari- 
fiés par  l’esprit  de  viri  , 

ç . i,aê8  i5-î- 

Sucs  huileux  . 1 r/i. 

' / M 

Sucs  huileux  ( ce  que  c’est), 

148. 

Sucs  huileux  ( leur  divi- 
sion ) , 1-4.. 

Suc  d’hypocistis  , 3o5. 

Suc  de  joubarbe  , i5o. 

Suc  de  joubarbe  devient  lai- 
teux étant  mêlé  avec  de 
l’esprit  de  vin  , 154. 

Suc  laiteux  , 1 96. 

Suc  laiteux  ( ce  que  c’est', 

148. 

Suc.  de  laitues  , i5o. 

Suc  de  melons , 1 5 1 . 

Suc  d’oranges,  ibid. 

Suc  d'oseille  , i5o. 

Suc  d’orties  , ibid. 

Sucs  des  plantes  aromati- 
ques ( maniéré  de  les  cla- 
riiier),  1 53. 

Sucs  des  piaules  ligneuses 
( maniéré  de  les  tirer),  149. 
Suc  de  petite  centaurée  , 

ibid. 

Suc  de  poires  , 1 5 1 . 

Suc  de  pommes  , ibid. 

Suc  de  pourpier,  i5o. 

Sucs  qui  se  clarifient  d’eux- 
mëmes  sur-le-champ,  1 54. 
Suc  de  racines  de  conso'ude , 

i5o. 

Suc  de  réglisse  , 3o5. 

Suc  de  reglissa  anisé,  610. 
Suc  de  réglisse  de  Llois  , 

ibid. 

Suc  de  réglisse  au  cachou,  ib. 
Suc  de  réglisse  d’Espagne 
est  le  plus  estimé  , 3o5, 
K k x iv 


885  TABLE 


Sucs  résineux  (des) , p.  189. 
Suc  de  sauge  , 1 4q. 

Suc  de  thym  , ibid. 

Sticcin  préparé,  134. 

Sucre  ( sur  le  ),  452. 

Sucre  candi  , 4 55. 

Sucre  cuit  au  caramel,  525. 
Sucre  cuit  à La  plume  , 4 52 
et  524. 

Sucrecuitàla  grande  plume, 

ibid. 

Sucre  cuit  à la  petite  plume, 

ibid . 

Sucre  cuit  au  perlé  , ibid. 
Sucre  ( sa  dose  dans  les  élec- 
t u aires  solides  ),  592. 
Sucre  fin,  454. 

Sucre  gardé  trente  ans  n’est 
pas  poison  , ibid. 

Sucre  de  lait , 202. 

Sucre  d’orge,  5p6. 

Sucre  raffiné  , 4^4* 

Sucre  qui  effleurit  à la  sur- 
face-de  certains  fruits  sé- 
chés , 62. 

Sucre  rosat , 5ç5. 

Sucre  royal,  /p4v 
Sucre  terré  , 45  3é 
Sucre  tiré  du  miel,  441* 
Sucre  vermifuge  , 542.  , 
Suppositoires  ( des  ) , 8 1 3. 
Suppositoires  de  beurre  de 
cacao,  814. 

Sureau  ( vertus  de  ses  diffé- 
rentes parties  ) , 85. 
Syrops  ( des  ) , 456. 

Syrop  d’absinthe  , 469* 
Syrop  d’absinthe  composé  , 

487. 

Syrop  alexandrin  , 463. 
Syrops  altérants  composés  , 

479. 


Syrop  d’althæa  simple  7 
' page  470. 
Syrop  d’althaea  composé  , 

486. 

Syrop  antiscorbutique,  490. 
Syrop  d’armoise  simple  , 

469. 

Syrop  d’armoise  composé, 

4 95. 

Syrop  balsamique  de  Tolu , 

c . 467* 

Syrop  balsamique  de  Tolu , 
réformé  , 468. 

Syrop  de  beccabunga,  461. 
Syrop  de  berbéris , ibid. 
Syrop  de  bourrache  , 470. 
Syrop  de  bu  glose  , ibid. 
Syrop  de  Calabre  , 461. 
Syrop  de  canelle,46i  et 463. 
Syrop  de  capillaire , 464. 
Syrop  de  cerfeuil,  461 . 
Syrop  de  chicorée  composé, 

5o2. 

Syrop  de  chicorée  simple  , 

470. 

Syrop  de  citrons  , 46 1 - 
Syrop  de  chou  rouge,  4 76. 
Syrop  des  cinq  racines  apé- 
ritives  , 486. 

Syrop  de  cochléaria , 4 61. 
Syrops  de  coings,  ibid. 
Syrops  composés  altérants  , 

479- 

Syrops  composés  faits  par 
distillation  , 492* 

Syrops  , connoître  leur  cuite 
par  le  pese-liqueur , 466. 
Syrop  de  consolide  composé, 

489. 

Syrops  de  coquelicots , 459? 
Syrop  de  corail  , 484. 
Syrop  de  cresson  , 461? 


D E S M A 

5yrop  de  diacode . page  482. 
5yrop  d’écorces  de  citrons, 

4?3. 

Syrop  d erysimum  , 478. 
Syrop  d’érysimum  composé, 

494  • 

Syrop  de  fleurs  d’oranges  , 

46 1 . 

Syrop  de  fleurs  de  pêchers  , 

498. 

Syrop  de  framboises  au  vi- 
naigre , 472. 

Syrop  de  fumeterre  , 470. 
Syrop  de  gentiane  , 45  1 . 
Syrop  de  Glauber  , 484. 
Syrop  de  grenades  , 461. 
Syrop  de  guimauve  simple , 

47°. 

Syrop  de  guimauve  compo- 
sé , 4 86. 

Syrop  d’hysope , 478. 

Syrop  de  Karabé,  483. 

Syrop  de  Kermès  , 476. 
Syrops  ( les  vieux  ne  fer- 
mentent plus) , 5o8. 
Syrops  (leurs  proportions  de 
suc  et  de  liqueur  ) , 5 10. 
Syrop  de  lierre  terrestre,  478. 
Syrop  de  limons  . 461 . 

Syrop  de  longue  vie,  4^1 , 
Syrop  magistral  astringent , 

5o6. 

Syrops  ( maniéré  de  les  cla- 
rifier ) , 465. 

Syrops  ( maniéré  de  les  con- 
server ) , 5 1 o. 

Syrop  de  marrube  , 478. 

Syrop  de  mélisse  , ibid. 

Syrop  de  menthe  , ibid. 

Syrop  de  mercuriale  , 4 S 1 . 
Syrop  de  mille-feuilles  , 478. 
Syrop  de  mûres  ,.471  f 


T I E R E S.  889 

Syrop  de  myrte  , page  478. 
Syrop  de  nénuphar,  4^9. 
Syrop  de  nerprun,  499* 
Syrop  de  nicotiane  , 5o  1 . 
Syrop  d’œillets  , 4-^9* 

Syrop  d’œillets  qu’on  peut 
préparer  en  tout  temps , 

460, 

Syrop  d’opium  , 480. 

Syrop  d’orgeat , 479. 

Syrop  d’orgeat  ( on  ne  peut 
pas  l’empêcher  de  se  sé-' 
parer)  , 48). 

Syrop  d’orgeat  aux  pista- 
ches, ibid, 

Syrop  d’orties  , 47°* 

Syrop  de  pas-d’âne,  469. 
Syrop  de  pavot  blanc  , 482. 
Syrop  de  pommes  compoeé, 

5o4. 

Syrop  de  pommes  hellébore, 


5 o/j. 


Syrops  préparés  à froid  ( mé- 
thode défectueuse),  509. 
Syrops  purgatifs  ( des  ) , 

c r 498.' 

Syrops  purgatifs  simples  , 

ibid. 

Syrops  purgatifs  composés, 


5 o 1 . 


Syrops  ( quantité  qu’il  en 
entre  dans  les  éiectuai- 
res  ) , 58q. 

Syrops  ( remarques  sur  les  ) , 


307, 


Syrop  de  quinquina  à l’eau, 

474* 

Syrop  de  quinquina  avec  1« 
vin , ibid. 

Syrops , reconnoitre  leur  mi- 
te par  le  pese-liqueur  , 

466* 


$no  TABLE 


Syrop  résomptif  de  tortues  , 
• page  488. 

oyrop  de  roses  pales  , b oo. 

Syrop  de  roses  pâles  compo- 
sé , 5 01 . 

Syrop  de  roses  seches  , 4 68. 

Syrop  de  scordium  , 4?^* 

Syrops  simples  altérants  , 

456. 

Syrops  simples  par  distilla- 

ti°n  j 47 7* 

Syrop  de  stécas  compo- 
sé , 492- 

Syrop  de  stécas  simple  , 

478. 

Syrop  de  sucre  , 4^3. 

Syrop  de  tortues  , 4^8. 

Syrops  trop  cuits  sont  sujets 
à se  candir  , 5o8. 

Syrop  de  tussilage,  469. 

Syrop  de  vinaigre  , 472* 

Syrop  de  violettes  , 456. 

Syrop  de  viperes  , 496. 

T 

Tari  e qui  contient  le  résul- 
tat des  expériences  faites 
au  pese-liqueur  sur  l'es- 
prit de  vin  , 4°°- 

Tablettes  ( des  ) , 690. 

Tablettes  altérantes  faites  au 
feu  , 598. 

Tablettes  antimoniales  de 
Kunckel , 5y5. 

Tablettes  béchiques,  5ç)3. 

Tablettes  de  bouillon,  5 27. 

T ablettes  de  cachou  à la 
canelle , 602. 

Tablettes  de  citro , 604. 

Tablettes  de  citrons  pour 
appaiser  la  soif,  600. 


Tablettes  diaearlîiami  ,page 

606. 

Tablettes  émétiques  de  Cho- 
mel , 607. 

Tablettes  , forme  qu’on  leur 
donne  , 592. 

Tablettes  de  guimauve,  696. 

Tablettes  de  Jfockia  , 628. 

Tablettes  d’iris  , 699. 

Tablettes  martiales , 600. 

Tablettes  ( méthode  pour  les 
conserver  ) , 5g3. 

Tablette$pectoralesde5/u7.> 
lait,  5g4. 

Tablettes  purgatives,  6o3. 

Tablettes  qui  se  font  sans 
feu  , 5q6. 

Tablettes  de  rhubarbe , 606. 

Tablettes  de  roses , 5g5. 

T ablettes  de  safran  , 602. 

Tablettes  de  soufre  , 698. 

Tablettes  de  suc  rosat  , 

60  3. 

Tablettes  de  vanille,  599. 

Tablettes  d’yeux  d’écrevis- 
ses ,601. 

Taffetas  d’Angleterre  , 763. 

Tamarins  11e  décomposent 
point  le  sel  végétal , 1 47- 

Tamarins  sont  mal  préparés 
dans  le  pays  , 34. 

Tamiser  et  cribler,  126. 

Teintures  (des  ),  227. 

Teinture  d’absinthe,  229. 

Teinture  d’absinthe  com- 
posée, 245. 

Teinture  d’ambre  gris  faite 
avec  de  l’eau  de  llabcl , 

s .xi. 

Teinture  d’antimoine,  788. 

Teinture  aurihque  de  Ilo~ 
trou  , 787. 


I)  E S M A 

Teinture  aurihque  de  Ro- 
traii , reformée  , page  788. 

Teinture  de  candie  pour  le 
iondant  de  Rotrou  , 78 6. 

Teinture  de  castor  faite  avec 
de  lYthei , 260. 

Teinture  de  corail  , 241. 

Teinture  de  corail  anodine 
d 'Helvétius . 242. 

Teinture  laite  avec  de  l'é- 
tlier  , 262. 

Tein  t ure  de  gomme-laque, 

267. 

Teinture  de  jasmin  , 233. 

Teinture  de  mars,  ne  forme 
quTmsol  neutre  déliques- 
cent , 261. 

Teinture  de  mars  de  Ludo- 
vic , ibid. 

Teinture  de  mars  îartari- 
sée  , 260. 

Teinture  des  métaux  , 258. 

Teinture  de  myrrhe,  233. 

Teinture  de  myrrhe  , faite 
avec  de  l’eau  de  llabel , 

ibid. 

Teinture  d’or  d 'Helvétius, 

260. 

Teintures  pour  les  éponges 
et  les  racines  pour  les 
dents  ,.772, 

Teintures  résineuses  se  grit- 
inelent  dans  les  potions, 

220. 

Teinture  de  safran  , 233. 

Teinture desafran  (ce qu’elle 
dépose  paroît  être  analo- 
gue au  succin  ) , 320. 

Teinture  de  sel  de  tartre  , 

268. 

Teintures  spirituelles  com- 
posées ,.204. 


T I E 11  E S.  S91 

Teintures  spiritueuses  sim- 
ples, page  228. 

Teintures  spiritueuses  ( na- 
ture de  celles  qui  11e  se 
troublent  point  étant  mê- 
lées avec  de  l’eau  ) , 232. 

Teinture  de.  succin  , 201 . 

T einture  de  succin  , faite 
avec  de  l’éther,  263. 

Teinture  de  tubéreuse,  232. 

T einps  balsamiques  pour  la 
récolte  des  plantes  , 42- 

T emps  de  cueillir  les  lie. 1rs , 

56. 

Temps  de  cueillir  les  plan- 
tes , 4 1 • 

Temps  île  se  procurer  les 
animaux  , 88. 

T emps  de  se  procurer  les 
racines,  72. 

Tenue  , voyez  atténuer  , 

83 1 . 

Térébenthine  cuite,  190. 

Térébenthine  lavée  , ibid. 

Térébenthine  ne  vaut  rien 
pour  éteindre  le  mercure , 

722. 

Terres  animales  ( sentiment 
sur  leur  nature  ) , io5. 

Terre  calcaire  ( sa  nature  ) , 

38k 

Terre  calcaire(pourquoielle 
accéléré  la  putréfaction  ), 

ibid. 

Terre  cimolée  , 1 33. 

Terre  cimolée  broyée  , 1 3 1 . 

Terre  de  Lemnos  préparée, 

1 36. 

Terre  des  os  ( sa  nature), 

10). 

Terre  sigillée  préparée,  1 36. 

Thériaque,  558. 


TABLE 


892 

Thériaque  céleste,  page  684. 
Thériaque  (comment  on  ia 
conserve,  16. 

Thériaque  dicitessciron  , 

564. 

1 bériaque  réformée  , 562. 
Thyinelæa  ( son  usage  ),  704. 
Tiges  d’angélique  confites  , 

5 2. 5. 

Tisanes  ( des  ) , 810. 
Tisane  antiscorbutique  , 

220. 

Tisane  de  Felt.z  ,801. 
Tisane  de  Stéphens  , 792. 
Tisane  de  Vinadie  ,811. 
Toile  Gautier,  762. 
Topiques  ( des) , 65g  et  882. 
Torréfaction  delà  rhubarbe , 

io3. 


Trocliisques  hystériques  ? 

page  654. 
Trocliisques  de  Karabé,  65 1 . 
Trocliisques  de  myrrhe  , 

ihid. 

Trocliisques  purgatifs  ( des), 

65y. 

Trocliisques  scarotiques  , 

654. 

Trocliisques  scarotiques  de 
minium  , 655. 
Trocliisques  de  scille  , 647. 
T rochisques  de  viperes,648. 
Trois  fleurs  cordiales  ,210. 
Trois-huiles  stomachiques  , 

212. 

Trois  onguents  chauds,  ib. 
Troisième  partie  de  la  Phar- 
macie , 100. 

Tussilage  à l’anis,  de  Lille 
en  Flandres  ,611. 


Tournesol  en  pains  , 4^8. 

Traitement  contre  les  tænia 

ou  vers  solitaires,  778.  Tuthie  broyée,  121. 
Trcmella  , plante  qui  croît  I uthie(  sa  falsification),  d5. 
dans  les  eaux  chaudes  , 


38. 


V 


Triturer  , 882. 

Trocliisques  ( des  ) , 646. 
Trocliisques  d’agaric  , 65y. 
Trocliisques  alhandal,  658. 
Trocliisques  akexenge ,65 2 . 
Trocliisques  altérants  ( des  ), 

647. 

Trocliisques  de  blanc  rhasis, 

671 . 

Trocliisques  de  cachou  , 

655. 

Trocliisques  de  cypheos  , 

649. 

Trocliisques  formés  avec  un 
entonnoir  , 128. 
Trocliisques  d Hcdicror  , 

65  o. 


Vaisseaux  d’argent  sont  les 
plus  convenables,  8. 

Vaisseaux  de  cuivre  ( réfie*- 
xions  sur  leur  usage  ) , 7. 

Vaisseaux  dans  • lesquels 
on  conserve  les  médica- 
ments , i5. 

Vaisseaux  distillatoires  ( leur 
choix),  10. 

Vaisseaux  et  instrumentsqui 
servent  dans  la  Pharma- 
cie , 6. 

Vaisseaux  , leur  nature,  ihid. 

Vaisseaux  de  plomb  ne  va- 
lent rien  pour  conserver 
les  électuaires , i5. 


D E S M A 

Vaisseaux  de  rencontre  , 

page  83 2. 
Vaisseaux  sont  de  deux  es- 
peces , 6. 

Vanille  ( grosse  ) , Gt6. 
Vanille  ( sa  falsification  ) , 

36. 

Vanille  ( sa  pulvérisation  ) , 

12.  f. 

Végétaux  ( ce  qu’ils  fournis- 
sent d’huile  essentielle) , 

347. 

Végétaux  ( plusieurs  con- 
tiennent d es  ma  tieres  a 11a- 
_ logues  au  suçciu  ) , 020. 
Végétaux  , ne  contiennent 
pas  toujours  la  même 
quantité  de  principes  , 

20G. 

Véhicule,  208. 

Verre  d’antimoine  broyé  , 

n 

13  1 . 

\^rre d’antimoine  ciré,  142. 
\ers  de  terre  ( leur  prépara- 
tion ) , 1 o 1 . 

Vers  ( les  ) ne  touchent  point 
aux  résines  des  végétaux, 

n/± 

/ —J-  • 

Vers  solitaires  ( rernedes  cou- 
^ tre  les  ) , 77 3. 

Verd  de  vessie  , 49g. 

Viande  mortifiée  ( ce  que 
c’est),  3-8. 

Vif-argent  falsifié  , 21 . 

Vin  d’absinthe  , 226. 

Vin  antiscorbutique  de  Du - 
morette  , Sot. 

Vin  d’année  , 226. 

Vin  de  cerises  , 5i 9. 

Vin  chalybé  ou  martial  , 

227. 

Vin  cuit,  265. 


TIERES.  1 893 

Vin  émétique  , page  223. 
Vin  émétique  ( difficulté  de 
l’avoir  de  même  force  ) , 

224. 

Vin  d’  enula  campana,  226. 
Vin  fait  par  infusion  ,221. 
Vin  martial ow  chalybé,  227. 
Vms  médicinaux , 221. 

Vins  médicinaux  préparés 
par  la  fermentation , ibid. 
Vins  nouveaux  rendent  da- 
vantage d’esprit  de  vin  , 

O 0 ï 

JOD. 

Vin  de  quinquina , 221. 

Vin  scillitique , 226. 
Vinaigres  aromatiques, 428. 
Vinaigres  aromatiques  dis- 
tillés, ibid. 

Vinaigres  aromatiques  dis- 
tillés sont  moins  agréa- 
bles que  les  eaux  spiri- 
tueuses  , et  pourquoi  , 

43°. 

Vinaigres  aromatiques  non 
distillés  , 428. 

Vinaigre  colchique , 433. 
Vinaigre  distillé  , 428. 
Vinaigre  d’estragon,  433. 
Vinaigre  de  lavande  dis- 
tillé, 43  1. 

V inaigre  de  lavande  fait  sans 
distillation,  402. 

Vinaigre  d’œillets,  433. 
Vinaigre  des  quatre  voleurs, 

434. 

Vinaigre  de  romarin,  433. 
Vinaigre  de  roses  ronges, 

ibid. 

Vinaigre  de  sauge  , ibid. 
Vinaigre  scillitique  , ibid. 
Vinaigre  de  fleurs  de  su- 
reau, 402. 


8g  4 TABLE  DES 

Vinaigre  thériacal  , page 

434. 

Violentes  , difficulté  de  con- 
server ces  fleurs  , 5j. 

Violettes  dont  on  a tiré  la 
teinture  se  conservent 
bien  , ibid. 

Violettes  ( leur  choix  ) , 

56. 

Violettes  sont  difficiles  à 
conserver,  5,7. 

Viperes  ( leur  préparation  ) , 

101. 

Viperes  n’ont  point  la  vertu 


M ATIERE  S. 

sudorifique  qu’on  leur  at- 
tribue , page  101. 

Viperes  séchées  ( maniéré 
de  les  conserver  ) , 8g. 
Vitriol  de  plomb  , 4^7- 
Uslion  des  médicaments  , 

1 o?. 

Vulnéraires  de  Suisse  et  de 
Faltranc  , 2 1 2. 

Y. 

Yeux  d'écrevisses  préparés, 

164. 


Fin  de  la  table  des  matières. 


FAUTES  A CORRIGER. 

P âges  xvij  de  l’avertissement , ligne  3 , graisseuses,  lisez 
graisseuses. 

Ibidem , ligne  27 , Peltz  , lisez  Feltz. 

Page  3 , ligne  26  , connoissance  , lisez  consistance. 

44  , lig.  9 et  10  , dessication  , lisez  dessiccation , ainsi 
qu'aux  autres  pages  où  ce  mot  se  trouvera. 

61  , lig.  10,  le  germe,  lisez  leur  germe. 

66  , lig.  20,  ces  semences  , lisez  ces  semences  deve- 
nues rances. 

124,  lig. 22  , semences,  lisez  semences  huileuses. 

170  , lig.  27  , les  matières  , lisez  plusieurs  matières. 
224  , lig.  33  , Syndenham  , lisez  Sydenham. 

228,  lig.  i5,  nomination,  lisez  dénomination. 

Ibid.  lig.  27,  suspendus  , lisez  en  dissolution. 

287,  lig.  18,  Mathiole  , lisez  Matthîole. 

248 , lig.  32  , sel  ammoniac  3 IV  > bisez  sel  ammo- 
niac 3 iv. 

343  , lig.  3,  les  huiles  , Usez  les  unes. 

35  1 , lig.  3 , différent , lisez  différant. 

064,  lig.  10  , salin  , lisez  sali. 

446  , hg.  4 , mercurial,  lisez  mercuriale. 


4^6  t Kg. 12  , syrops  , lisez  clos  syrops. 

4^8 , Kg  oo  , roses  de  Provins  Jt>  i 13  , Lisez  8 onces.- 
486,  Kg.  19,  syrop  d’altæa  , lisez  d’althæa. 

5o6  , ZZg.  2 1 , on  se  sert  de  cette  dissolution  d’un  vais- 
seau clos,  lisez  on  fait  cette  dissolution  dans  un 
vaisseau  clos. 

545  , Il  g.  07. 1"  ââ.  J i , âà.  Ji. 

Z/g-.  dernier e , saffafras , ZZ^z  sassafras. 

*M7  » % 1 7 * BrÎKcman,  Z/^ez  BricKman. 

>85  , Kg.  2 . ammoniaque , Zwes  ammoniac. 

Ihul.  Kg.  4 , àà.  %ij  , Usez  ^ûâ.  5 iij. 

642  , Z/g-.  23  , fix , lisez  six;  grains  , dtez  ce  mot. 

74°  y Kg.  6,  spatule,  lisez  spatule  de  bois,. 
y5. î , Z/g-.  22  , emplâtre  de  Yigo  moitié  de  la  masse  , il 
faut,  joindre  celte  moitié  de  la  masse  a vcc  les  drogues 
qui  sont  au-dessus  de  cette  ligne. 

783,  Kg.  33,  saturé,  lisez  double. 

797 ? Kg.  2 5 , meme,  lisez  menu. 

828 f Kg.  12,  sue,iwe£suc. 


A P P R O B A T 1 O N. 

J’ à1,  lu,  par  ordre  de  Monfeigneur  le  Garde  des  Sceaux  , un  im- 
prime intitulé  '.  Eléments  de  Pharmacie  théorique  & pratique , 6v. 
par  M.  Baume,  de  l'Académie  Royale  des  Sciences  , Maître  en 
Pharmacie  , 6 Y.  L’accueil  que  le  Public  a fait  aux  différentes  édi- 
tions de  cet  Ouvrage , elt  une  preuve  de  fon  mérite  & de  fon  impor- 
tance; Ce  nous  e fumons  qu’on  recevra  avec  le  même  emprclfemenc 
celle  que  l'Auteur  préfente  aujourd’hui.  A Paris , ce  u Août  1783. 

Signé  y Valmont  de  Bomare. 


PRIVILEGE  DU  ROI. 

Louis  par  la  grâce  de  Dieu,  Roi  de  France  & de  Navarre:  A nos  amés  ,V 
f.aux  Confeilkrs , les  Gens  tenant  nos  Cours  de  Parlement,  Maîc-ts  <- 
Requêtes  ordinaires  de  notre  Hôte!,  Grand-Confei!  , Prévôt  de  Patif  n,  “* 
l.fs  Sénéchaux  leurs  Lieutenants  Civils  8c  autres  nos  Juflicicrs  qu’il 
tiendra  Salu  r.  Notre  amé  le  heur  Samfon , Libraire,  Nous  a fait  cvpT 
fer  qu  .1  deüreroit  faire  imprimer  & donner  au  Public  un  Ouvrage  intitulé  " 
Eléments  de  Pharmacia  théorique.  & pratique  , 6*.  par  M.  Baum|,  s’j|  * 
plailoit  lu.  accorder  nos  Lettres  de  Privilège  pour  ce  néceflaircs.  A ces  c 
voulant  favorablement  traiter  l'E*pofanc , nous  lui  avons  permis  3c  permettons 


de  faire  imprimer  ledit  Ouvrage  autant  de  fois  que  bon  lui  femblera  , S C 
de  le  vendre  , faire  vendre  par  tout  notre  Royaume  pendant  le  temps  de  d:a 
années  confécutives , à compter  de  la  date  des  Préfentes.  Failons  défentes  à tous 
Imprimeurs  , Libraires  5c  autres  perfonnes  de  quelque  qualité  5c  condition 
qu’elles  foient  , d’en  introduire  d'impretiion  étrangère  dans  aucun  lieu  tic  no- 
tre obéiffance  -,  comme  aufli  d’imprimer  ou  faire  imprimer,  vendre,  faire 
vendre,  débiter  ni  contrefaire  ledit  Ouvrage,  fous  quelque  prétexte  que  ce 
puiflfe  être  , fans  la  permiffion  exprelïe  Sc  par  écrit  cfudic  Expofant , les  hoirs 
ou  ayants  caufe,  à peine  de  faille  8c.de  cunfilcation  des  Exemplaires  contre- 
faits, de  iîx  mille  livres  d’amende,  qui  ne  pourra  être  modérée  pour  la  pre- 
mière fois  , de  pareille  amende  8c  de  déchéance  d'ccat  en  cas  de  récidive,  8c  de 
tous  dépens,  dommages  £c  intérêts  , conformément  à llArrêt  du  Confeil  du 
50  Août  .777,  concernant  les  Contrefaçons.  A la  charge  que  ces  Prefentes 
feront  enregiltrées  tout  au  long  furie  Regiitrc  de  la  Communauté  des  Impri- 
meurs 8c  Libraires  de  Paris  , dans  trois  mois  de  la  date  d’icelles  -,  que  1 im- 
prelfion  dudit  Ouvrage  fera  faite  dans  notre  Royaume  8c  non  ailleurs , en 
beau  papier  £c  beaux  carafteres , conformément  aux  Reglements  de  la  Librairie  , 
à peine  de  déchéance  du  prêtent  Privilège  : qu’avant  de  l’expofer  en  vente, 
le  Manufcrit  qui  aura  fervi  de  copie  à I’imprdfion  dudit  Ouvrage  , fera  remis  ., 
dans  le  même  état  où  l'Approbation  y aura  été  donnée , es  mains  de  notre  très 
cher  8c  féal  Chevalier  Garde  des  Sceaux  de  France  le  heur  Hue  ue  Miro- 
j.ienil,  Commatideurde  nos  Ordres  ; qu’il  en  fera  enfuice  remis  deux  Exemplaires 
dans  notre  Bibliothèque  publique  , un  dans  celle  de  notre  Château  du  Louvre  , 
& un  dans  celle  de  Notre  très  cher  £c  féal  Chevalier  Chancelier  de  France  , e 
fieur  de  MAUPtOU,  8c  un  dans  celle  dudit  fleur  Hue  de  Miromenil;  le 
tour  à oeme  de  nullité  des  Préfentes  : du  contenu  defquehes  vous  mandons  8c 
enjoignons  de  faire  jouir  ledit  Expofanx  8c  les  ayant  caufes , pleinement  8c 
pailïblemcnt , fans  fouffrir  qu'il  leur  fait  fa  i^  aucun  trouble  ou  empêchement. 
Vouions  que  la  copie  des  Préfentes  , t*K*ra  imprimée  tout  au  long  au  com- 
mencement ou  à la  fin  dudit  Ouvrage , fou  tenue  pour  duement  hgmhce , 
& qu'aux  copies  collationnées  par  l’un  de  nos  amc-s  8c  féaux  ConlciUers- 
Secrétaires  foi  lbit  ajoutée  comme  à l’Original.  Commandons  au  premier  notre 
Hti'lfier  ou  Sentent  fur  ce  requis , de  faire  , pour  l’exécution  d .celles  , tous  aftes 
requis  8c  néceffaires , fans  demander  autre  permifhon  , 8c  nonobstant  Clameur 
déplia ro  , Charte  Normande  8c  Lettres  à ce  contraires.  Car  tel  ell  notre  p aim. 
Onnn»  à Paris  le  dixième  jour  du  mois  d’Oétobre  , l’an  de  grâce  mil  iept 
cent  quairè-ving-trois , 8c  de  notre  tegne  le  dixième.  Par  le  Roi  en  fon  Confeil. 


S’gné. 


LE  BEGUE. 


v - rur  le  K cçi (Ire  XXI  ch  la  Chambre  Royale  & Syndicale  des 
Lifrahc [ J IwrimVs  de  Paris  , cV».  5061  Vol  „o,  conformément  ou* 
2?Uno»s  érÂcé'S  ...  prifin,  PMUf, , &■  a ta  'Sgjgjj 

ladite  Chambre  huit  Exemplaires  , préféras  par  l article  U III  du  Règlement 

de  171}.  R Paris , ce  17  Octobre  i7»5* 

Signe , Ls  Cleilc,  Syndic , 


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