Skip to main content

Full text of "Bepred Breizad = Toujours Breton : poies bretonnes, avec traduction franse en regard"

See other formats


R 
BEPRED BREIZAD. Me 
L 


E | 
TOUJOURS BRETON 


POÉSIES BRETONNES 


Avec treduchon française en regard 


par 


F.-M. LUZEL 


MORLAIX 


d. HASLÉ, IMPRIMEUR-LIBRAIRE-ÉDITEUR. 


PARIS | NANTES 
chez L. HACHETTE V. FOREST & E. GRIMAUD 
77, Boulevard St-Germain, 77. 1, place du Commerce, 1. 


a SE N 
T N S) = LCH 
CT 


DEPRED HEH 


—SRSL EE 2e — 


TOUJOURS BRETON. 


MORLAIX, — TYPOGRAPHIE DE J. HASLÉ, RUE D'AIGUILLON , 8. 


L 


E ED BREIZAD. 


TOUJOURS nnt, TUA 


POÉSIES BRETONNES 


Avec alion lançaise en regard. 
par 


FM LUZEL 


MORLAIX 


J. HASLÉ , IMPRIMEUR-LIBRAIRE-ÉDITEUR. 


PARIS | NANTES 
chez L. HACHETTE | Y. FOREST & E. GRIMAUD 
77. Boulevard St-Germain, 77. À, place du Commerce, 1. 
1865 — 


HET” ES à af Sarre SA E 


PE du 


La, LÉ CE TSE - 
T Y 


= T { 


Ç TAE 1.4 R 
dz 240 à SE 


PRÉFACE. 


Je n'avais pas l'intention de donner de Préface à cet 
humble volume , que mes ancêtres , les Bardes celtiques 
d'il y a douze ou treize cents ans, n'auraient peut-être 
pas dédaigné, mais que plus d'un critique progressif 
de nos jours taxera sans doute d'imprudente hardiesse, 
ou de naïveté plus digne de pitié que de l'attention ou 
de la férule de nos Aristarques de l’année 1865. — Ce 
n’est pas que je mécounaisse l'utilité et l'intérêt des 
préfaces, en général, et que j'approuve, sans réserve, 
le discrédit où elles paraissent être tombées depuis 
quelques années ; mais bien pour d’autres raisons, que 
je crois inutile de faire connaitre ici. Cependant quel- 
ques personnes, trop bienveillantes peut-être, mais 
dont j'aime à prendre l'opinion et les conseils pour 
règle de conduite, en semblable matière, m'ayant té- 


H VI — 


moigné le désir de voir reproduire , comme timinaire à 
mes poésies bretonnes, quelques pages publiées en 
mai 1859 dans la Revue de Bretagne et de Vendée, j'ai 
cru devoir me rendre à leur avis. — Je me bornerai 
donc à la reproduction pure et simple de ces pages, 
que ceux qui les ont déià lues, ont certainement ou- 
bliées depuis longtemps. 


Je pense qu'une publication qui s'intitule : Revue de 
Bretagne, pour remplir les promesses de son titre, et 
se proposer un but vraiment national et utile à la 
science , devrait s'enquérir et rendre compte de tout ce 
qui s'écrit et se publie en Breton dans notre ancienne 
province. Cette eritique, cette tentative de renaissance 
(pourquoi craindre de le dire), d'une littérature trop 
inconnue et trop négligée de nos jours,-mème per les 
Bretons, donnerait à celte publication une importance 
nouvelle et une originalité pleine d'intérèt. Sans cet 
élément, elle ressemblerait à la première venue des 
Fevues de province, Normande, Gasconne ôu Auver- 


— VII — 


gate; elle se bornerait à décrire les anciens monu- 
ments et les ruines éparses sur le sol, à compulser et à 
mettre en lumière les vieilles chroniques, à recueillir 
de la tradition orale d'anciennes légendes oubliées et à 
décrire les monnaies Gauloises ou Romaines que la 
charrue des laboureurs et la pioche des terrassiers 
exhument chaque jour. Étude très-louable, j'en con- 
viens volontiers, et que je suis loin d’avoir en médiocre 
estime, Mais, nous autres Bretons, qui avons l'avantage 
précieux de posséder une langue à nous; — je dis 
langue, et repousse vigoureusement le mot flétrissant 
de patois, — nous avons autre chose à faire, tout en 
ne négligeant pas ces études. Puisque cette langue, 
sœur aînée de toutes celles qui ont fleuri tour à tour 
sur le sol des Gaules et de Ja France, en s’enrichissant 
des dépouilles de son tombeau, -— possède tout un 
cycle de chants populaires, de poëmes héroïques et de 
contes chevaleresques et merveilleux , marqués au ca- 
Chet d'une originalité très-prononcée et très-caractéris- 
tique, avec un {héâtre aussi curieux et intéressant qu'il 
est inconnu, — en un mot, puisque nous sommes assez 
heureux pour posséder toute une littérature nationale, 
le devoir d'une Revue de Bretagne serait de rechercher 
pieüsem ent les débris épars de cette malheureuse litté- 

rature, — disjecti membra poelæ, — de les étudier, de 
les produire à la lumière et de les faire connaitre aux 


— VII — 


sceptiques obstinés qui traitent encore de mythe notre 
belle littérature bretonne (1). 


Bretons! n'avons-nous pas à craindre que nos ar- 


rière-neveux, Car — nous ne sommes pas les derniers 
des Bretons! — nous adressent un jour ce terrible 
reproche, en maudissant notre coupable indifférence : — 


— « Caïn, qu'as-tu fait de ton frère? — Indignes 
enfants de Breiz, qu'avez-vous fait de la belle et 
poétique langue de vos pères, la langue des Druides, 
des Bardes et des Saints, celle que parlaient Taliésin 
et Gwenc hlan, saint Patrice et saint Kado ? Qu'avez- 
vous fait de ces gwerz guerriers et héroïques, de ces 
sônes amoureux et pleins de sentimentalité, de ces 
poëmes tout remplis des noms d'Arthur et de Merlin, 
d'Iseult et de Genièvre, de ces innombrables légendes, 
qui croissaient, comme autant de poétiques fleurs, 
sur les tombeaux des guerriers et des saints d'Armor 
et d'Erin ? — Qu'avez-vous fait enfin de ces contes 
merveilleux du foyer domestique , de tous ces enchan- 
tements, de toutes ces magies, de tous ces trésors de 
poésie, d'héroïsme, de rèves consolants et de visions 
surnaturelles que, dans leurs longues migrations à 
travers les mondes et les âges, vos pères emportè- 


(f) La Revue de Bretagne et de Vendée , j'aime à le consta- 


ter, n’a pas failli à ce devoir , comme le prouvent les belles 
poësies bretonnes qu'elle publie de temps à aûtre. — 


— IX — 


LA 


rent, comme leur Palladium sacré, depuis les ré- 
gions heureuses où le soleil se lève, jusqu'aux brouil- 
» lards et aux rochers de notre Armorique et de la 
» Cambrie, sa sœur ? » — 

Ah! prenons bien garde de mériter ces justes re- 
proches, en laissant s’éteindre dans nos cœurs les 


L 


souvenirs de l'antique nationalité bretonne! — Mais 
cela n’arrivera pas. Les vieux Bardes ont prédit à notre 
langue l'éternité des rochers de nos landes et de nos 
rivages , et des mains pieuses et dévouées sont toujours 
occupées à entretenir le feu sacré des traditions natio 
nales et à les transmettre, à travers les âges, à nos 
derniers descendants, 


Quasi cursores vitaï lampada tradunt., — 


Une voix éloquente et chère à la Bretagne a dit: — 
« Les souvenirs de nationalité sont indestructibles ; ils 
» peuvent être obseurcis, altérés, submergés parfois, au 
» milieu de la tourmente; mais ils ne périssent jamais; 
» ils finissent toujours par surmonter l'abime , toujours 
» ils reparaissent à la surface. C’est là comme un sym- 
» bole de l’immortalité qui leur est réservée. » (1) — 


E — ns Brn e 


(1) Le Huërou. manuscrits posthumes. 


— XX — 


Répétons donc, pleins de confiance, avec le doux 
Barde que nous pleurerons longtemps encore : 


Les chansons d'autrefois, (oujours nous les chantons ; 
Non, nous ne sommes pas les derniers des Bretons ! — 


Cependant, travaillons et veillons de plus en plus, 


ne nous endormons point, car l'ennemi est à nos portes, 
terrible et menaçant, comme il ne le fut jamais. — 


Voici le dragon rouge annoncé par Merlin! 

«T vient, il a franchi les marches de Bretagne, 
TFraversant le vallon, éventrant la montagne, 
Passant fleuves, étangs, comme un simple raisseau, 
Plus habile nageur que la couleuvre d'eau : 

Il a ses sifflements! — Parfois le monstre aveugle 
Est le taureau voilé dans l’arêne et qui beugle : 
Quand s’apaise la mer, écoutez longuement 

Venir sur le vent d'est le hideux beuglement'— (1) 


Quoiqu'il en soit, gardons-nous bien d'oublier que 
la sagesse de Dieu, qui châtie et qui récompense , qui 
abaisse et qui relève les peuples, a déposé, comme 
une juste compensation, dans le cœur des races déshé- 
ritées, un fonds inépuisable de cette patience séculaire 


— Z — — 


(1) Brizeux, l'Élégie de la Bretagne. 


qui abrége le temps, et pour qui tous les fardeaux sont 
légers. Elle a caché aussi, dans le recoin le plus secret 
et le plus inviolable de leur âme, un dernier rayon 
d'espérance, qui ne s'éteint jamais, et qui suflit pour 
éclairer leur longue nuit, jusqu'au moment où la main 
qui les a frappés ne vienne les relever de leur abaisse- 
ment et les replacer au niveau de leurs maitres , sur 
cette scène si mobile des destinées et des passions hu- 
maines. 

Ce jour si longtemps attendu et si vainement invo- 
qué par nos pères, ne se lèvera-t-il pas encore sur nos 
tètes ? — Nous, les descendants de la plus ancienne et 
de la plus malheureuse des races de l'Europe, serions- 
nous condamnés , comme les Juifs, à attendre éternel- 
lement un Messie qui ne viendra jamais ? — Les vieux 
Bardes nous auraient-ils done menti, en nous prophé- 
tisant la résurrection d'Arthur? — Kon, Arthur repa- 
raitra au milieu de ses fidèles Bretons, et le vieux génie 
celtique aura aussi sa a a et plus il aura été 
opprimé , persécuté, insuité, plus il puisera dans cette 
situation même de courage et de force pour traverser 
les temps difficiles où nous vivons, — et plus son réveil 
sera éclatant et glorieux. — 

Pleins de celte pensée et confiants dans Hague, 
inquiétons-nous donc davantage de notre si vieille et 
si belle langue bretonne, car, si nous la laissons périr, 


ni 


c'en est fait, hélas! de notre nationalité, quoique la 
plus ancienne et la plus tenace de toutes celles de l'Eu- 
rope. Honorons-la, comme un héritage sacré auquel 
sont attachées nos destinées ; étudions-la avec amour , 
recherchons ses titres perdus, et que tous ceux qui 
sont assez heureux pour la connaître et la parler se 
regardent comme obligés à faire quelque chose pour 
elle, et à laisser quelqu'œuvre écrite dans Le pur bre- 
lon que nous a enseigné le savant et à jamais regret- 
table Le Gonidec. — 

Les vieux morts tressailleront au fond de leurs 
tombes de granit, dans tous les cimetières de Breiz- 
Izell, le jour où le pur breton sera écrit et parlé, et 
1emis en honneur! — Que les Bardes nouveaux, tous 
les Ossians en sabots et en bragou-braz de nos chau- 
mières , les bücherons de Koat-ann-Noz (Bois de la 
nuit), — les Pillawers des montagnes noires et les 
soinbres mineurs de Poullaouen et de Huelgoat, chan- 
tent toujours les vieux gwerz des aïeux et en fassent de 
nouveaux ; que les jeunes amoureux et les meuniers des 
bords riants du Laita et du Scorf, de l'Isole et de l'Ellé, 
du Léguer et du Jaudy, -— en Cornouailles, en Léon, 
en Tréguier, — redisent partout leurs sônes nouveaux, 
et chantent ces sentimentales et douces complaintes, 
dans les taillis, sur les chemins des pardons, au revers 
des coteaux et sur les landes Armoricaines, lorsque le 


D U 


soir, au clair de la lune, ils regagnent leur modeste 
toit de chaume, après la journée achevée. — Que les 
savants, de leur côté, étudient la vieille langue, re- 
cherchent ses titres et ses monuments perdus, et nous 
rendent les vieux mots, les vieilles locutions oubliées, 
tombées en désuétude et remplacées par un honteux 
jargon. — Que nos vieux Mystères de sainte Nonn, 
sainte Tryphine. la Passion de notre maître Jésus, la 
Création du monde, le Purgatoire de saint Patrice, — 
et tant d'autres, soient encore représentés, durant des 
deux et trois jours, sur des théâtres improvisés en plein 
air, — devant les populations accourues des villes et 
des campagnes, des montagnes et des bois, pour s’en- 
thousiasmer et se réchauffer le cœur aux souvenirs 
patriotiques et aux élans généreux dont sont remplies 
ces naïves et bizarres créations du génie de nos pères. 
— Que d’imprécations alors contre le traître Kervoura! 
que de larmes pour les infortunes de la douce et sym- 
pathique Tryphine! que de malédictions sur les Sao- 
zons! — 

Alors la vieille et poétique terre d'Armor, fidèle aux 
antiques traditions nationales, conservera intacte sa 
vigoureuse et forte originalité, pendant que tout change 
et se modifie autour d'elle, et ce ne sera pas une des 
moindres curiosités de ee XIX" sièele niveleur et anti- 
poétique. — 


Sn N L 


Et si ce beau rêve fait éciore un sourire d’incrédalité 
ou de pitié sur les lèvres de quelque partisan fanatique 
du progrès et de la prosaique uniformité des vieilles 
nations, ne me désillusionnez pas, de grâce; laissez- 
moi m isoler des agitations et de l'activité fiévreuse et 
désordonnée du présent, pour me bercer dans ces doux 
rèves de mon imagination! — D'ailleurs, il s'en trou- 
vera plus d'un, je l'espère, pour partager mes rèves 
et les préférer au désenchantement et au réalisme qui 
menacent de nous envahir de tous côtés. — 

Comme l'antique et fraternelle Erin, aux v°et vi‘ 
siècles , pourquoi notre Armorique ne resterait-elle pas 
comme une oasis poétique au milieu de ce désert de 
prose et de matière qui nous déborde ? — 

Nous avons en France des chaires où sont enseignées 
les langues et commentés les monuments littéraires de 
tous les peuples qui ont passé sur cette terre et qui y 
ont fait plus ou moins de bruit, depuis le Grec et le 
Latin, jusqu'au Sanscrit et au Chinois et au Malais 
même, je crois. — Cela est bien, et je n’y vois rien à 
redire, tout au contraire; mais pourquoi ne parle-t-on 
nulle part du Breton, du pur Celte, à qui toutes les 
langues du monde, peut-être, ont aérobé quelque tré- 
sor , arraché quelque lambeau de pourpre? — Que de 
grands et puissants génies nous ferions passer sous vos 
yeux étonnés, si nous suivions-les traces de l'inspira- 


tion celtique depuis les Bardes anciens, jusqu'à Cha- 
teaubriand, en passant par Ossian et Shakspeare, en 
qui elle éclate dans toute sa force et sa splendeur ! Car 
Shakspeare est un vrai Celte! — 

M. Le Huërou, le savant auteur des Ænstitutions 
Mérovingiennes et Karolingiennes, révait la création 
d'une chaire de littérature bretonne à Rennes : nul, 
mieux que lui, et par sa science de bon aloi et par son 
éloquence sympathique, n'était fait pour remplir digne- 
ment cette patriotique mission, et sa mort prématurée 
a été pour la Bretagne une perte dont ceux-là seuls 
qui le connaissaient comprennent toute l'étendue. — 

Quoiqu'il arrive, ayons foi dans l'avenir, et disons 
avec confiance : — 


Keït ’vô gérek en aod ar mr, 
"King ar Barz war dreuz he zûr, 
Bépred en iez Koz aun Armôr ? — (1 


EN. LUZERE. 


(1) Dans ces poésies, je me suis servi de préférence du dia- 
lecte de Treguier, qui est le mien; mais pas assez exclusi- 
vement pourtant pour en avoir proscrit loat mot ou toute 
locution d’un usage plus ordinaire dans les dialectes de Léon 
ou de Cornouailles. Je suis d’avis que chaque écrivain breton 
doit faire prédominer son dialecte dans ses compositions. 


Le Ean ean ane 
Ç E E x Li FAE REIN pots 0 raan pud, abr l 


l a tiuo dard RP EE S 
ebed Taar nva ie Aion AE Le E 
KEL der Eure ren AUS | 
e trahi oi ub EN 69 Me 1 
DR on “Mr 
B qu Lee œ KHR - PGT, 
U IS b Gus AM la nur HEAR T | 


ERE, 1 59 T D 2% Rai * EEE 
w E OOS S HD, 2 L HO u. 29 A 70 
; tr C C E ê S TEE e LE L 


dO CL NATS VE l) 
M vE daet : a. ne 
E L H NE. 2 
gc A N 
7 VEL L TGT L-E BEN Nr, es 

PT RA GENE HL ne 


re 
1 = 
1-7 E à 
s PR" wer. 
9 N LA 
= 4 
9 = r R) L r 
+ P 
PTE 
S 1.86 | 
0 1 PT: 
x 1 
4 > 
drr 
rd s 
C Y 
q B 
LE e < 
À | 4 
N 0 
y ZT 
A b 
E 


EUR"GIR ARAOG. 


EUR GIR A-RAOG. 


Holl Vreizaded a c'hrouienn vad, 
Klewet eur gir, tud Breiz-Fzell : 
— Da chomo peb unan Breizad, 


Dre-holl, bepred, beteg merwell ! -— 


Broz, hezet vel ho tado. 
Eeün ha gwirion en peb, tachenn : 
Laket cnor ‘raog ar mado. 


It en peb lec l hucl ho penn. — 


Daic het-mad d'ho kizio gwech-all, 
D'ho kwerzio Koz ha d'ho soniou. 
Hogen na desket ket re C'hall : 


Pedet, danset er pardonioù. — 


AVANT-PROPOS. 


Vous tous, Bretons de bonne race, — écoutez un 
mot, habitants de Breiz-Izel : — Que chacun de vous 


reste Breton, — partout, toujours, jusqu à la mort. — 


Gens de mon pays, soyez comme vos pères, — sin- 
cères et loyaux en toute occasion; —- mettez l'honneur 


avant la richesse, — et marchez partout la tête haute. — 


Tenez bon à vos coutumes d'autrefois, — à vos vieux 
giverz el à vos sûnes ; — mais n apprenez pas les chan- 


sons de France : — priez, puis dansez aux pardons. —- 


| 


Ha c'hui holl, pere doùg pluenn, 
Tud a skiant, ha tud gwiziek, 
N'ankouaït ket ez oc'h mibienn 


D'ar re "gomze ar brezônek. — 


Ha ne glewet-e hui ket läret 
Hon ïez, ar c'hôsa, marteze, 
A 20 er bed, hon iez kàret, 


A dle merwel" — N'glewet ket se? — 


Nebaon ta, holl baotred-vad Breiz, 
Goureït-c'hui breman ho penn, 
Ha komzet ha skrivet gant feiz 


Ar iez-kôz na varwo biken. 


Loz ar vrô-bell ma sav ann heol 
Eo deùd gan-imb ‘bars ar vrô-man, 
Ha mibienn Breiz dle hi c'homz holl. 


Keit ma skeùüdo ann heol aman) — 


S 


Et vous tous qui tenez une plume, — gens d'esprit 
et savants , — n'oubliez pas que vous êtes les fils — de 


ceux qui parlaient le breton! — 


N'entendez-vous done pas dire — que notre langue, 
la plus ancienne, peut-être, — qui soit au monde, 
notre langue bien-aimée, — doit mourir ? N'entendez- 


vous pas cela? — 


Eh ! bien donc, vous tous enfants de Breiz, — main- 
tenant portez haut la tète, — et parlez et écrivez avec 


foi — la vieille langue qui ne mourra jamais! — 


Du pays lointain où le soleil se lève, — elle est 
venue avec nous dans ce pays, — et les enfants de 
Breiz doivent la parler tous, — aussi longtemps que le 


soleil nous éclairera. — 


Peh: ba al Ep bb 


BREIZ-IZELL. 


— Lar d'in, anaout a rez ar YO 
Lec h, war ar garrek , sao derd; 
Lec h "Kan ar barz war dreuz he zèr, 


Ha war ann aod e trouz ar mûr ? — 


— Ta, ar vrô-ze eo Breiz-Tzell ; — 
War ar bed pa daolan eur zell, 
En nch lec'h na welan himt, 


A c'honlenn ken hraz meuleudi. — 


— Lar d'in, anaout a rez ar YTO 
Lec'h ma kaver c'honz war eun dro 
Komz Douc hag ar feiz 0 rén, 


Ha reiz hag ecün Kalon an dén ? — 


BREIZ-IZELL. 


— Dis-moi, connais-tu le pays — où sur le rocher 
s'élève le chene: — où le harde chante sur le seuil de 


sa porte, — où sur le rivage bruit la mer ? — 


— Oui, ce pays-là c'est Breiz-Izell. — Sur le monde 
quand je jette un regard, — nulle part je n’en vois un 


autre , — qui réclame une aussi grande louange. — 


— Dis-moi, connais-tu le pays, —- où l’on trouve 
encore ensemble — Ja parole de Dieu et la foi en vi- 
gueur, — et la loyauté et la droiture dans le cœur de 


l’homme ? — 


et) ae 


— Ja, ar vrô-ze co Breiz-Izel, — 
Me a garfe ‘vel ar sparfel, 
Kaout diou-askel. evit monet 


Trezeg ar vamm deuz ma ganet. — 


— Lar d'in, anaout a rez ar vro 
Lec'h na gron dèn rag ar màro ; 
Ma vewer en doùjanz Douce, 


Ha doùjanz lezen ar roue ? — 


— la, ar vro-ze eo Breiz-lzel: — 
Evid-oùn beza diout-hi pell, 
D'al lcc'h m'eo choumet ma c'halon 


Ma spered "n ‘vel eur gudon. — 


— Làr d'in, anaout a rez ar YTO 
Loc'h, evel hleun harz ar park, 
Ma weler ar morc'hed iaoüank 


Er pardonioù, zeder ha Koant ? — 


nu | Et 


— Oui, ce pays-là c'est Breiz-Izell. — Je voudrais, 
comme l'épervier, — avoir deux ailes, pour m'envo- 


ler, — vers la mère qui là me mit au monde. — 


— Dis-moi, connais-tu le pays, — où nul ne 
tremble devant la mort, — où l'on vit dans le respect 


de son Dieu , — et aussi de la loi de son pays? -- 


— Oui, ce pays-là c'est Breiz-1zell; — et pour loin 
que jen sois aujourd'hui, — aux lieux où est resté 


mon cœur, —- mon esprit s'envole, comme la colombe. 


— Dis-moi, connais-tu le pays , — où, comme les 
fleurs dans les champs, — on voit les jeunes filles, — 


aux Pardons, Joyeuses et belles? — 


ET C 


— Ia, ar vrè-ze eo Breiz-Izell. — 
Küdon a nij a denn-askel 
War-zu ma bro, lavar, koulmik, 


Deiz-mad da Yona, ma dousik. — 


— Lar d'in, anaout a rez ar vro, 
À gar he giziou Koz ato, 
Ma peder c'honz en ilizou, 


Hag er véred, war ar beziou ? — 


— Ja, ar vro-ze eo Breiz-Izell. — 
Kouabren, kasset gant ann awel, 
Ean tamm d'ann douar diskennet, 


Ha bete ma hro ma douget. — 


— Làr d'in, anaout a rez ar vro, 
Ma kàner gwerziou ha zônio, 
En tàl ar fornigal, bep-nûz, 


En Konu oberiou ar re g0z? — 


— Oui, ce pays-là c'est Breiz-Izell. — Ramier bleu, 
qui voles — à tire-d'ailes du côté de mon pays, dis, 


0 ramier, — le bonjour à ma douce Môna. — 


— Dis-moi, connais-tu le pays, — où l'on aime 
toujours les anciennes coutumes, — où l'on prie en- 
core dans les églises, — et dans les cimetières sur les 


tombes ? -— 


— Oui, ce pays-là c'est Breiz-Izell. — 0 nuage, 
poussé par le vent, — descendez un peu jusqu à terre, 


— et emportez-moi jusqu'à mon pays! — 


— Dis-moi, connais-tu le pays, — où l'on chante 
de vieux gwerz et des sûnes, — le soir, au coin du 


over, — en souvenir des exploits des ancètres ? — 


ER Fe 


— Ja, ar vro-ze eo Breiz-Izell, 
Lec'h ma fell d'in mont da verwel, 
Ha hezan cun deiz doùaret, 


Gant ma hroz en ho béred. — 


— Ann binin a zavaz ar zùn, 
’Zo eur zoudard, tnst he calon. 
Hag a varwo gant keün d'he vro, 


Med prest da Yreiz e ve distro. — 


— À) — 


— Oui, ce pays-là c'est Breiz-Izel, — C'est là que 
je voudrais aller mourir, — et être enterré un jour, 


— parmi ceux de mon pays, dans leur cimetière ! — 


— Celui qui fit ce sûne, — est un soldat, triste de 
cœur, — et qui mourra de regret du pays, — s'il 


n'est bientôt de retour en Breiz. — 


< "| ‘4 at d 
ait: nina T 


PE 
x l TK F4 d E 
: | Wg palma, HA 7. Peur 
Ç Ca à Vaz ae Zn nm à 
\ A O À - r 
0 O h Wig 
P L 
S gr. drs pa rr: Ee M 
b | | FR T va eE S E An l L PY l > Ta 
< l) x ; 7 E E : L 


E 


KLEMGAN. 


LZ 


KLEMGAN BRIZEUX. 


Merwel ewit bewa. - 


Kanvou, kanvou d'id, Breiz-Izell ! 
Hirvoudet ha skuillet daerd, 
En lez ar mor doun, c'hui, rec hell. 


En kreiz ar c'hoajou, chui, derd ! — 


Ann Ankou kriz, evel eur bleiz, 
Pa deù, er goanv, è-meaz ar c'hond. 
A falc'h hep truez en hro Breiz ; 


He talc'h a z0 rù gant ar goad. — 


Med gant ar goad-ze 70 c'houcz vad. 
C'houez ar roz ha c loucz ar spern-gwenn ; 
Goad eur Barz co , eur gwir Vreizad, 


’Gàne he Yro en nen tàchenn ! — 


LA 


L'ÉLÉGIE DE BRIZEUX. 


Mourir pour vivre ! - 


Deuil à toi, deuil à toi, Basse-Bretagne) — Gé- 
missez et répandez des larmes , — rochers, au bord 


de mer profonde, — et vous, chènes, au sein des 


forêts ! — 
La Mort cruelle, comme un loup, — quand il sort 
du bois, au milieu de l'hiver, — fauche sans pitié 


dans Breiz; — sa faux est toute rouge de sang! — 


Mais ce sang-là a bonne odeur ; — il sent la rose et 
l’aubépine blanche ; — car c'est le sang d’un Barde, 


un vrai Breton, — qui partout chantait son pays! 


7 


Marw eo Brizeuk , Barz ann Armor, 
Evit bewan en eur bed gwell! — 
Knit kanvou, koajou ha mr, 


Eostik-ndz, klemm a vouez huël. — 


Mari ar Vouster, war he vez 
Pedet Douc hag ar Werc'hez; 
Ha laket eur rozen nevez 


Uz da galon ar c'hàner kèz. — 


Hogen, pelec'h vd douaret 
Korf ar Barz a gàne ken mad 
Ar vrù gan-comp-ni holl karet. 


Mr trè-war-drd, hag en kreiz, koad? — 


Lakaët-han en Beg ar Raz, 
Hag eur peulvan a uz d'hi henn, 
Dirag Sizun, ma welo c'honz 


Al leanezed 0 tremen. — 


1 


Brizeux est mort , le barde d'Armor 7 — Il est mort 
pour vivre en un monde meilleur : — chantez le chant 
de deuil , bois et mer; — rossignol de nuit, gémis à 


haute voix. — 


Et vous, Marie du Moustoir, — sur sa tombe priez 
Dieu et la Vierge, — et mettez une rose nouvelle, — 


au-dessus du cœur du pauvre chanteur. — 


Mais où sera mis en terre — le corps du Barde. qui 
chantait si bien — ie pays par nous tous tant aimé, 


_—— mer tout autour, bois au milieu ? — 


Mettez-le au bec du Raz, — avec un peulvan au- 
dessus de sa tête, -— en face de l'ile de Sein, pour qu'il 


puisse voir encore — les prètresses qui passent. — 


De c'honz harz ann draonien Karnak, 
Dindan ar men-hir ar brassa, 
Ha drem-dostik , eun tu hennak 


Eon derwen ‘vd rot da blanta. 


War ar men-hir rust, digempenn, 
Kizellet levrik alaouret, 
Har euz ann derwen ctn delenn 


Gant eur chadenn aour ‘vo Staget — 


Hag ann awel-môr, 0 tremenn, 
A gàno gwerzion ha znio; 
Hag ann eostik war ann derwenn 


Epàd ann noz a hirvoudo. — 


- Nann) — emez-han, laket ma c horf 
- En disheol koajou Kermèlo, 
En cun draonien en tàl ar Skort. 


Eno dousoc'h me a gousko. — 


Ou bien encore dans la plaine de Carnac, — sous le 
plus grand des men-hirs ; — ct non loin de là, quel- 


que part, — il faudra planter un chène. — 


Sar le men-hir fruste, sans ornements, — gravez 
un petit livre doré, — et au chène une harpe — sera 


suspendue par une chaine d'or. — 


Et le vent de mer en passant, — chantera des 
gwerz et des sûnes ; — et dans le chène, le rossignol 


— gémira toute la nuit. — 


Non, — a-t-il dit, mettez mon corps — à l'ombre 
des bois de Kermèlo, — dans une vallée près du 


Scorf : — là, je dormirai d'un sommeil plus doux. — 


En ho Kademi, Gallaoued. 
N'hoc'h euz ket goulennet Barz Breiz, 
Hen deùz hepred ken brao kànet 


He vro Breiz-Vihan hag ar feiz. — 


Mad oc'h euz gret, rak er bed-all 
Ema gant Gwenc'hlan, Aneurin, 
(Eur C'hademi ha neo ket fall) 


Gant Taliesin ha Marzin. — 


Hogen en Breiz 70 Barzed c'hoaz ; — 
Kanet holl he veuleudiou 
Pere bado er vro mil bloaz ; 


Kànit holl, ha zavet gwerziou. — 


Me ‘garfe c hoaz, dreist ar mor glaz, 
D'hon breudeur a chonm en pell-bro, 
Douget war diou-askell plun hraz. 


Gallout laret : — « Skuillet daero ! — 


Dans votre Académie, o Français, — vous n'avez 
pas voulu du Barde de Breiz, — qui toujours a si 


bien chanté — son pays la petite Bretagne et la foi. — 


Et vous avez bien fait, car dans un autre monde — 
il est avec Gwenc'hlan, Aneurin , — (une Académie 


qui n'est pas mauvaise), — avec Taliesin et Merlin. — 


Mais en Bretagne il y a des Bardes encore; — 
chantez tous ses lonanges — qui dureront mille ans 


dans le pays; — chantez tous, et faites des gwerz. — 


Et moi Je voudrais pardessus la mer bleue, — à nos 
frères qui sont en lointain pays, — porté sur deux 
ailes à grandes plumes , — pouvoir aller dire : « versez 


: des pleurs ! 


» Allaz! marw eo Barz Breiz-fzell! 


Koajou ha mor-doùn hirvoudet ! 


> 


« Marw eo ‘med ewit hewa gwell, » — 


: detz eur voucz dioùc'h Krec'h làret. — 


Le | 
La 


— 77 — 


« Hélas ! il est mort, le harde de Breiz-Izell! — 
» bois et mer profonde, pleurez ! » — « S'il est mort 
» c’est pour mieux vivre, » — a répondu une voix 


d'en-haut. — 


MONA. 


MONA. 


War lez ar ster, hi zreid en dour, 
Azezet war ar c'hlazenn Hour. 
Eon abardeiz , Mona Daoulaz 


‘Oa er prad. dindan ar guern glaz. 


Truezuz , ha stouët hi fenn, 
‘Oa ar plac'hik, gant cc'h anken : 
An daerou eùz hi daoulagad 


‘Steredenne war ieod ar prat. 


War ar skour eûn envnik bihan 
"Lavarat neuze, dre hi gàn : — 
« — N stravillet ket an dour, plac'hik, 


» Er giz-ze , gant ho taou-droadik ; 


MONA. 


Sur le bord de la rivière, les pieds dans l'eau , — 
assise sur le gazon frais, — un soir, Môna Daoulas — 


était dans la prairie, sous les aulnes verts. — 


Mélancolique et la tête penchée, — était la jeune 
fille, avec sa douleur, — et les larmes de ses yeux 


— perlaient sur l'herbe de la prairie. — 


Sur la branche un petit oiseau —- dit alors, par son 
chant : —- « Ne troublez pas l'eau, 0 jeune fille , — 


» de cette facon , avec vos deux petits pieds; — 


T 


» Rag n'hellin mui gwelet ma skend. 


Na stered an oabl ken nebeud : 


» 


» Selaouet pedenn ann envnik , 

» N° stravillet ket an dour, merc'hik T » — 
Mônik a lavaraz ncuzc 

D'ann envn a gomze er stumm-zé : 

— « N'as be doan, ann dour stravillet. 


» Heb dale pell , ‘ve sklezr ha net; 


» Med , siouaz ! en doiz ma teuiz 
» El lec'h-ma gant Iannik Kariz, 
v Ann hinin am eùz re gàret, 


» Ah ! neuze ez oa did lâret : — 


» Oh ! na stravillet ket, Iannik , 
» Kalon hag cne ar plac'hik 
» Na voint ken gloan , na skeüdoint kot 


» Ar stered , an heol beniget l » — 


» Car je ne pourrai plus y voir mon image, — ni 
» davantage les étoiles du ciel : — écoutez la prière 
» d'un petit oiseau, — ne troublez pas l’eau, la belle 


» enfant ! » 


Monik répondit alors — à l'oiseau qui lui parlait de 
la sorte : — « Ne crains rien, l’eau troublée — sans 


» tarder redevient claire et limpide ; — 


» Mais hélas! le jour où je vins, — en ce lieu 
» avec Iannik Caris, — celui que je n'ai que trop 


» aimé , — ah! c'est alors que tu aurais dû dire : — 


— » Oh! ne troublez pas, Iannik, — le cœur et 
» l'âme de cette jeune fille, — ils ne seront plus purs, 
» ils ne réflèchiront plus — les étoiles et le soleil 


» hént T » — 


"Te 


me | claie: meu | 


aN LES à \ 
L 6 Ç (L “ut 
Ñ SA Y l) 
B 
l 
1 rs 
< La L 
A K 
L 7 
G Ñ œ K 


l k C mil. 99 0 sa sai sis ai, ok. maier dait: Ne 
D T E Y arue : gpr aO C9 


L E CS 
HN waa G A3 = N 4 Act né. SX x l ve 
E E = RE x Ae 74 Ed 5 2 C C 

K à GL DEN He MAEZ g EO G 
+ C T2 R v K Y CE 9 Ñ k 

- A de Ee rar re Aer À 
E E, © ñ : 2 2-6 Are 
La | ML 

Paix 

œ 


E NA ap At baling E alin + TT cr. 


| S an Kour ali val dunt afin sb om (S E E 
OER wd er eq ahad sp odz Ra 


CROBCAAR CHEMINOD: 


Da Varz Kernew, Prosper PRoux. 


GROEG AR CHEMINOD. (1) 


Gaodik Keralsi oa eur plac'h 
Zeder ha koant , n'heller hen nàch, 
Ha neb-lec’h na viie gwelet 


Merc'h iaoùank braoc'h kempennet. — 


Ia , hounès ‘oa eur farodez, 
Ha wit-hi da vez-han mûtez, 
Er barroz-holl na weljeac'h ket 


Eûn-all "vue kaerroc'h gwisket. — 


An holl baotred iaoùank ar vro 
Hi c'harrie , a glaske an drO 
Ewit ober d’ez-hi al lez, 


Er pardonioù , leüriou-newez. 


(1) Ar gwerziou-ma, peurvuian, ec'h heller da gâna war 
eùn (ôn Koz bennag, — 


LA FEMME DU CHEMINOD. (1) 


———— 


Marguèrite Keralsy était une fille — gaie et jolie, 
on ne peut le nier, — et nulle part vous n'eussiez vu 


— jeune fille mieux parée. — 


Oui, c'était là une élégante, — et quoiqu'elle ne 
fut qu'une servante, — dans toute la paroisse vous 
n'eussiez pu en trouver — une autre ayant de plus 


beaux vêtements. -— 


Tous les jeunes gens du pays — aimaient et cher- 
chaient l'occasion — de lui faire leur cour, — aux 


pardons et aux aires neuves. — 


(1) Ces poésies, pour la plupart, peuvent se chanter sur 
quelque vieil air. 


TR 


Med hi na rec med ho goapäd, 
Distrei gant faé hi daoulagad : — 
« — Adrèn! — m'è-z-hi, — paotrik ar zaoût ! 
x N'è Ket da sceurt a tell d'in Kaont ! 


» N° c'houlennan Ket cun debrer iod , 
v Eur mic'hiek , eur bris-diod , 
v Nag iwe eün turnier-doüar, 


» N'oùn Ket "WIL ar rümm-ze, chui dar ? » — 


Gaodik koant, me anvez ho tad, 
Iwe ho mamm , Kristenien vad. 
À vew en poan, en paourentez ; 


Ho Klewet a zù eùn druez. — 


II. 


Setu dimèzet Gaodik Koant. 
D'eün don "c'hone Kalz a arc'hant. 
Ha het d'ez-h eur Cheminod , 


So hi c'hano Limousinod. 


= 0 


Mais elle ne faisait que se moquer d'eux, — et dé- 
tourner dédaigneusement les yeux : — « Arrière ! di- 
sait-elle , le garçon vacher! — «je ne veux pas de 


gens de ta sorte ! 


« Je ne veux pas d'un mangeur de bouillie, — un 
» morveux , un imbécile, — pas davantage d'un fouis- 
» seur de terre; — je ne suis pas pour des gens de 


» cette espèce, le savez-vous bien ? » — 


Belle Marguèrite, je connais votre père, — votre 
mère aussi, de bons chrétiens, — qui vivent avec 
peine et dans la pauvreté ; — c’est une pitié de vous 


entendre ! — 


LU. 


Voilà la belle Marguèrite mariée, — mariée à un 
homme qui gagne beaucoup d'argent : —- elle a épousé 


un Cheminod — dont le nom est Limousinod. 


Limousinod ’zù a vrè-bell , 
N'eù ket gànet en Breiz-Izell ; 
"Vel eün aotrou ez è gwisket. 


"Vel eur person ez è disket. — 


Na gomz ncmed ar Gallek-c’houek, 
Ha faé rà eùz ar Brezônek , 
Hac cnz holl baotred an Armor ; 


Henès ’vad a zù eur pabor ! — 


1 


Karout ‘ra kaer ar chistr, ar gwin, 
Hag ar voütail hag ar chôpin 
Ez eo ar benwiou , me grèd , 


Peurvuia gant-han ‘ve gwelet. 


Eiz dé penn-da-benn eo padet 
Dansou ha Testoù ann eüred , 
Ma lavarc ann holl dod für : — 


— « Kement-ma "dremen ar muzur ! » — 


Limousinod est de pays lointain , — il n’est pas né 
en Basse-Bretagne : — il est mis comme un Monsieur, 


— ilest savant comme un Recteur, — 


Ji ne parle que le meilleur Français, — et il dé- 
daigne le Breton — et méprise tous les enfants d’Ar- 


mor; — Ah! c’est là un gaillard! — 


Il aime beaucoup le cidre et le vin, — et la bou- 
tcille et la chopine — sont, je crois, les outils — 


qu'on lui voit le plus souvent entre les mains. — 


Huit Jours entiers ont duré — les danses et les fes- 
tins de la noce, — si bien que tous les gens sensés 


disaient : — « Ceci passe la mesure ! » — 


— 9 2 


Allaz! brema ’zù cnn dans-all; — 
Al Limousinod , an dèn-fall, 
Na rà ncmed fouetan arc'hant. 


Ha pilad "wechoù Gaodik koant ! 


Gwassoc'h 20 c'hoaz , an dén diroll. 
P'hen cnz dehret ha lonket holl. 
Eur mintinn a zù diskamnet . 


Ha ne oar dcn pe-lec'h eù eet. — 


Ha sctu n'eùz choumet nctra. 
Arc'hant , na dillad , na bara, 
Gant Gaodik paour, med eur bügel, 


Eur bügelik , prest da c'henel ! 


N cn cnz choùmet , "wit holl vadou. 
Med cun tok-plouz , eur c'hoz vragou, 
Boutaillou ha daou gorn bütun ,.....…. 1 


Groeg paour, setu oc'h holl fortun! — 


— 43 — 


Hélas ! voici maintenant une autre danse ; -— Limou- 
sinod , le méchant , —- ne fait que dépenser de l'argent 


— et battre parfois la belle Marguèrite ! 


Et, ce qui est pis , l’homme sans conduite, — après 
avoir tout mangé et bu, — a décampé un beau matin, 


— pL nul ne sait où il est allé. — 


Et 1 n'est rien resté, — ni argent, ni vêtements, ni 
pain, — à la pauvre Marguèrite, rien, si ce n'est 


un enfant, — un petit enfant près de naître. — 


Il ne lui est resté, pour tous biens, — qu'un cha- 
peau de paille, une vieille culotte, — des bouteilles 
vides et deux pipes pauvre femme voilà 


toute votre fortune ! — 


S 
IT. 


Merc'hed iaoüank a Vreiz-Izell , 
Ann dnd deût eùz ar brôiou-pell , 
A ve ‘vel Aotrounez gwisket. 
Cheminoëd ha Gallaoued. 


Diwallet mad out-hè merc hed. 
Ha n'ho c'hredet ket re-abrèd : —- 
Med kemerret d'in eur Breizad ; 


Eul labourer. eur c'hristen-mad ! — 


PONTS 


IT. 


Jeunes filles de Basse-Bretagne , — les gens venus 


de pays lointains, — et qui sont habillés comme des 


Messieurs, — Cheminods et Gallos, 
Méfiez-vous en, jeunes filles, -— et ne les croyez 
pas trop facilement : — mais prenez-moi un Breton, 


-- un travailleur, un bon Chrétien ! -- 


D 


PA ou a naliste R 


T 


KANAOUEN ARCMAWEL. 


KANAOUEN AR C'HAWEL. 


Kousk aze, ma mabik bihan. — 
Ek gwenn, gant hi vleo melon, 
Kousk aze en kornik ann tàn, 

Eet è da dad da Lannuon. — 


Kousk aze, ma mabik bihan. — 


Kousk aze büan, ma c'halon, — 
Ewit préna did cun oanik, 
Da dad ’z0 cpt da Lannuon, 

Ein oanik gwenn hag cnn estik. — 


Kousk aze büan, ma c'halon. — 


Kousk aze "n es liennou gwenn. — 
Hag a weli, dre da hünvré, 
Oanigou ann ef uz da benn 
0 peüri bars ar gliz-beuré. — 


Kousk aze "n es liennou gwenn. — 


CHANT DU BERCEAU. 


Dors-là, à mon petit enfant. — Petit ange blanc, à 
cheveux blonds, — dors-là, au coin du feu, — ton père 


est allé à Lannion. — Dors-là, 0 mon petit enfant. 


Dors-là vite, mon cœur. — Pour t'acheter un petit 
agneau, — ton père est allé à Lannion, — un petit 
agneau blanc et un rossignol. — Dors-là vite, mon 


cœur. — 


Dors-là, dans tes linceuls blancs, — et tu verras, 
pendant ton sommeil, — les petits agneaux du ciel, 
au-dessus de ta tête, — qui paissent dans la rosée du 


matin. — Dors-là, dans tes linceuls blancs. 


4 


0 — 


Kousk aze, ma laouenanik. — 
Ann oanigou ez ar stered, 
En prajou ann ef ken koantik, 
0 redek. o c'hoarit bepred. — 


Kousk aze, ma laouenanik. — 


Kousk aze, élik hleo melenn. — 
Al loar ez c ar messaër 
Euz ar bleizi "wit ho difenn : 
Sell, mabik , pebeuz da brad kaer! — 


Kousk aze, élik bleo melenn ! — 


Kousk aze, roue he vammik ! — 
Me breno did eùn oan bihan, 
"N hi c'houzouk eur brizillonik , 
Eur brizillon arc'hant gant-han. — 


Kousk aze, roue he vammik ! — 


Kousk aze prim, ma zurzunel. — 
Med mar begia an oanik "Yad. 
"Teuio d'hen kerc'hout d'h gawel 
Eur bleiz dû ha drouk eüz ar c'hond. — 


Kousk aze prim , ma zurzunel. — 


2 Hp 


Dors-là, mon petit roitelet. — Les petits agneaux 
sont les étoiles, — dans les prairies du ciel si gentils , 
— courant et folätrant toujours. — Dors-là, mon petit 


roitelet. — 


Dors-là, petit ange aux blonds cheveux. — La lune 
est le berger — qui les défend contre les loups. — Vois, 
mon enfant, la belle prairie! — Dors-là, petit ange 


aux blonds cheveux. — 


Dors-là , roi de sa petite mère. — Je t'achèterai un 
petit agneau, — avec un petit grelot à son cou, — oui, 
un petit grelot d'argent. — Dors-là, roi de sa petite 


mère, — 


Dors-là vite, ma tourterelle. — Mais si le petit 
agneau hole, — viendra le prendre dans son berceau — 
un loup noir et méchant, du bois. — Dors-là vite, ma 


tourterelle. — 


=, L— 


Kousk aze, Kousk, ma rozennik. — 
Korz kuit, bleiz dù, retorn d'ar c'hoad. 
Rag n'as bô ket ma c'halonik, 

Ma mab bihan, glaz hi lagad. — 


Kousk aze, kousk, ma rozennik. — 


Kousk aze, ma mabik bihan, 
Koantoc'h Kalz wit mab eur roue, 
Kousk, ma oanik gwenn, kousk buhan; 
Evel en baradoz Doue, 


Kousk aze, ma mabik bihan ! — 


Le, nee 


Dors-là , dors , ma petite rose. — Va t'en, loup noir, 
retourne au bois, — car tu n'auras pas mon petit cœur, 
— mon petit enfant à l'œil bleu. — Dors-là, dors, ma 


petite rose. — 


Dors-là, à mon petit enfant, — bien plus beau que 
le fils d'un roi ; — dors , mon petit agneau blanc, dors 
vite; — comme dans le paradis de Dieu, — dors-là, 0 


mon petit enfant. — 


A | UG B 0.0 a yd 
art 
L MF b 
£ NER (Ra 


PEDEN AR MEDERRIEN 
hiz ar Mntin. 


Da Yari Breiz-Izell, 


an Aotro Th. KERMARKER. 


PEDEN AR MEDERRIEN EUZ AR MINTIN. 


Ken ru hag ar glaou-tân er forn, ha lugernuz, 
E sav heol ma Doue , ar mestr holl-gallouduz : — 
Hirio ’vezo arc ha kacr ha tôm an deiz. 


Ma vo eur bliiadur medin en parkoù Breiz. — 


Hogenn, a-raog an heol, p'hen deùz ar c'hog kànet , 
Holl dud an tiègez Kerkent a 20 zavet, 
Ha gonde hont skarzet peb-hinin he skudell. 


E-maint brema war hent ar park, heb dale pell. 


Gant-"è "20 peb a falz : — da gentan ar baotred, 
Ha neuze, war ho lere'h, "Len iwe ar merc'hed ; 
Ha heb laret eur gir, c heuillont ar wenojenn, 


Dindan ar boujennou hag en touez ar radenn. 


PRIÈRE DU MATIN DES MOISSONNEURS: 


Aussi rouge que la braise dans un four, et éclatant, 
— se lève le soleil demon Dieu, le Maître tout-puis- 
sant : — Aujourd hui encore le temps sera et beau et 
chaud , — et ce sera un plaisir de moissonner dans les 


champs de Breiz. — 


Mais avant le soleil, aussitôt le chant du coq, — 
tous les gens de la ferme se sont levés, — et, après 
avoir vidé chacun son écuelle, -- les voilà, sans plus 


de retard, en route vers le champ. 


.Chacun d'eux porte une faucille : d'abord viennent 
les hommes, — et ils sont suivis de près :par les 
femmes : — ils marchent en silence et suivent: un-sen- 


her, —-sous les buissons, parmi les fougères. 


SSSR 


Ar gliz-beuré a luc'h war ar ieod , ‘vel stered. 
Ar glujiri "n em c'halv, a beb-tù , "n touez an ed, 
Har ar voualc'h, hag an drask , hag al laoüenanik 


A gàn holl ho zèniou, war ar skour, ken koantik ! — 


Peb-hini ’zav hi vouez hag iwe hi hed onn 
War dû "n Aotro Doue, hag a gan ken laouenn 
Meulodi ann hint ’grouaz peb-tra er bed, 


"haor diskenn d'ann douar, da glask hi damik boed ! 


Hag ann dèn he-unan a chômfe heb sevel 
Hi vouez hac hi galon , cnz hi draonienn izell, 
En-trezeg hi Doue ! Ann anevaled mud. 


Heb gaou, a dàlfe mut neuze ewit ann dud ! — 


Oh nann) — ze ve gwelet, marteze, el lec'h-all. 
“Vel en hro ar Saozon, ha siouaz ! en bro-C'hall. 
Hogenn nann en hon touez, nann harz ann douar Rreiz. 


Dro ann dud ceun ha mad, ho c'halon leün a feiz. 


La rosée du matin brille sur l'herbe, comme des 
étoiles, — les perdrix s'appellent de tout côté, parmi 
les bleds, — et le merle, la grive et le roitelet — 


chantent si gentiment leurs chansons, sur la branche ! — 


Chacun élève sa voix, et aussi sa prière — vers le 
Seigneur Dieu, et chante si gaiment — les louanges de 
Celui qui créa toutes choses dans ce monde, — avant 


de descendre à terre, pour chercher sa pâture ! — 


Et l'homme seul resterait sans élever — sa voix et 
son cœur, de cette vallée, — vers son Dieu! Les ani- 
maux privés de raison, — sans mentir, vaudraient 


alors mieux que les hommes ! — 


Oh non! Cela se voit, peut-être, ailleurs, — comme 
au pays des Anglais, et même, hélas! au pays de 
France, — mais non parmi nous, non sur la terre de 
Breiz, — le pays des hommes droits et bons, au cœur 


plein de foi. — 


Sellet! — A-raog peb:tra, Kent déraoui n dewez. 
Kent "wit lemman ar falz, boulc'hin eùn erw newez, 
Setuint daoülinet barz:ar gliz-beuré, holl. 


Ho: fennon diskabel , troct ’n tuz ar zav-heol. 


Ha brema selaouet : — ar c'hôsan ar vandenn 
A lavar a vouez sklezr har huël'ar hedenn, 
Hag ar re-all neuze a gemer war hi-lerch, 


Dadulined a beb-tu, mesk ar ieot hag ar c'herc'h, — 


IT. 
— EUR VOUEZ HE-UNAN. —- 


En hano ann tad. 
En hino ar mab, 
En hâno ar speret, 


En hano an Drindet. — 


Amen ! — 


— 6% — 


Voyez! — Avant toute chose, avant de commencer 
la journée, — avant d'aiguiser la faucille, pour enta- 
mer un nouveau sillon, — les voilà tous à genoux, 
dans la rosée du matin, — tète nue, et tournés vers 


le levant. 


Et maintenant écoutez : le plus âgé d’entr'eux — dit 
la prière, à voix haute et claire, — et les autres re- 
prennent après lui, — agenouillés de tous côtés, 


parmi l'herbe et l’avoine. — 
IT. 


— UNE VOIX SEULE. — 


Au nom du Père, — au nom du Fils, — au nom 


du Saint-Esprit, —- au nom de la Trinité. — Amen! — 


He E 


Hon tad pehini ’zo "n Envd 
3 


U 


Da vezd meulet oc'h hàno ; 
Da deuio ho ronantelez. 


Evel harz an ef, en hon touez. — 


AN R LS) S LE 


Roët d'imb holl hugale Breiz 
Ar peoc'h hag hon bara beb-deiz, 
Ha pardonet d’imb hon faziou, 


"Vel ni d'ar re a rà d'imb gaou. 


Eùz a beb-seurt drouk hou miret. 
Ha dreist-holl eùz ann drouk-speret : — 
Aotro, selaouet hon pedenn, 


Ha da vù gret, ho ioùl. — Amenn ! — 


—- EUR VOUEZ HE-UNAN. — 


Salud, Mari, mamm ha Gwerc'hez. 


Lenn a c'hallond. a vadèlez, 


S = 


Notre père qui êtes aux cieux, — que votre nom 
soit loué ; — que votre règne arrive, — comme dans 


le ciel, parmi nous. 


— TOUS ENSEMBLE. — 


Donnez à nous tous enfants de Breiz — la paix, 
avec le pain de chaque jour , — et pardonnez-nous nos 
fautes, — comme nous pardonnons à ceux qui nous 


font du mal. 


De tout mal préservez-nous, — et par dessus tout, 
de l'esprit malin : — Seigneur, écoutez notre prière, — 


et que votre volonté soit faite. — Amen! — 


— UNE VOIX SEULE. — 


Je vous salue, Marie, mère et Vierge, — vous êtes 


pleine de pouvoir et de bonté, — 


En-oc'h hon Zalwer zô krouët , 


Ha dreist ann holl oc'h beniget : 


Oh ! ia, dreist holl groagez ar bed, 
Hag iwe ar frouez a doùget, 
Ken gloan ha ken karantezuz , 


Zalwer ar bed, ho mab Jezuz ! — 


— AN HOLE. — 


Santez Mari, mamm d'hon Zalwer, 
Pedet ’wit-omb en peb amzor, 
Breman, ha d'ann deiz ken gàrd, 


Pa deüo d'hon sket ar Maro) — 


—- EUR VOUEZ HE-UNAN. — 


Eur Bâter hag eùn Ave c'hoaz, 
"WIL trugarekad hon Zalwer. 
Marwet ewit-omb war ar groaz, 


Da voùt roët d'imb eùn eost kaer ; 


ct 3 


En vous notre Sauveur est concu, — et vous êtes 


bénie par dessus toutes. 


Oui , par dessus toutes les femmes du monde, — et 
aussi le fruit que vous portez, — si pur et si chari- 


| — veur dt ‘ils Jésus! — 
table , le Sauveur du monde, votre Fils Jésus! 


— TOUS ENSEMBLE. — 


Sainte Marie , mère de Dieu, — priez pour nous en 
tout temps, — maintenant, et à l'heure si amère, — 


où viendra nous frapper la Mort! — 


= UNE, NOIR SEULE; — 


Encore un Pater etun Ave, — pour remercier notre 
Sauveur, — mort pour nous sur la croix, — de nous 


avoir donné une bonne moisson ; 


— 66 — 


Ha goùlenn ma plijou gant-han 
Kenderc'hel d'imb he vadélez 
Hag’iwe ann amzer-vad-man , 


WIL dastum hon ed hag hon frouez. 


Pater noster, etc. 


Brema laromb Litaniou 
Ar Werc'hez Vari, mamm Jezus, 
"WIL ma selaouou hon c'hlemmou. 


Evel eur vamm garantezus ; — 


Ha "wit goulenn eur maro mad, 
Pa vù réd mont di-war ar bed, 
Ha heza harnet gant ann Tad, — 


Eon deiz kaer, pe spontuz meurbed ! — 


Kyrie eleison , etc. 


Làromb c'honz eùn De profundis 


"WIL hon holl gerent tremenet , 


= (5 


Et pour demander qu'il lui plaise — de‘nous conti- 
nuer sa bonté, — et aussi ce temps favorable, — pour 


récolter notre blé et nos fruits. — 


Pater noster, etc. 


Maintenant récitons les Lilanies, — de la sainte 
Vierge, mère de Jésus, — pour qu'elle écoute nos 


plaintes , — comme une mère compatissante ; — 


Et pour demander une bonne mort, — quand il 
faudra quitter cette terre, — pour être jugés par le 


Père, — jour heureux ou jour rempli d'horreur ! — 


Kyrie eleison, etc. 


Disons encore un De profundis — pour tous nos 


parents décédés, -- 


"WIL hon mignoned. hon broiz. 


À 20 bet gant Doue galwet : — 


Eüùn-all "wit ann holl cncou 
Dalc'het en Lan ar purgatoar, 
"WIL ma teurvezo hon Aotrou 


Hô digemer cnn deiz "n he c'hloar. 


De Profundis clamavi, etc. 


— LÜUR VOUEZTHE=UNAN. = 


EOZ a greiz nuns don ar poaniou 
E krian ho trezeg Aotrou, 


Aotrou selaouet ma c'hlemmou) — 


HO — 


Troët ho tiou-skouarn, ma Jezuz, 
En-trezeg ma mouez truezus, 


Ha bezet d'in karantezuz ! — 


169 = 
Pour nos amis, nos compatriotes — qui ont été 


appelés par Dieu : — 


Un autre pour toutes les âmes — retenues dans les 
feux du purgatoire , — pour que le Seigneur daigne— 


les recevoir un jour dans sa gloire. — 


De Profundis, etc. 


NUNELNOIX SEULE 


Du milieu du puits profond des angoisses , — jecrie 


vers vous, Seigneur ; — Seigneur, écoutez ma plainte. 


—— TOUS ENSEMBLE. — 


Prètez votre oreille, 0 mon Dieu , — devers ma voix 


plaintive — et soyez-moi compatissant ! — 


2e FD 2 
— AR VOUEZ HE-UNAN. — 


Hervez hon droùk mar hon barnet, 
Aotrou, piou a vezù kàvet 


Gloan a-walc'h "wit beza zalwet ? — 


HOT 


Med c'hui ’varnd gant karantez, 
Hag a rot d'imb ar gwir vuhez. 


Ho lèzenn neo Ket didruez. 


— AR VOUEZ HE-UNAN. — 


Me am euùz fizianz "n ho komzou, 
C'hui 70 lenn a vadélèzou, 


Ha n'am c'holfet ket, ma Aotrou. 


T R LUE E 


Dioùz ar mintin beteg ann noz, 
Me c'houlenn dalc'h-mad ho pennoz. 


Ha gant fizianz Kalz hi gortoz. — 


RL 
— UNE VOIX SEULE. — 


Si vous nous jugez selon nos iniquités, — Seigneur , 


qui sera trouvé — assez pur pour être sauvé ? — 


— TOUS ENSEMBLE. — 


Mais vous nous jugerez avec charité , — et nous don- 
nerez la vraie vie, — car votre loi n’est pas impi- 


toyable ! — 


— UNE VOIX SEULE: — 


Je suis plein de confiance en votre parole, — vous 
êtes rempli de bonté, — vons ne me perdrez pas, mon 


Seigneur ! 


— TOUS ENSEMBLE. — 


Depuis le matin jusqu'au soir — je demande cons- 
tamment votre grace, — ct je l'attends plein de con- 


fiance. 


S 


— AR VOUEZ HE-UNAN. —— 


Rag c'hui ’zù lenn a vadèlez, 
À c'halloud hag a garantez, 


Ewit prènan ar pcc her kaèz. — 


HHOLL) 


Ja, c'hui ’glewo Klemm ar pec her, 
Rag holl int ho pugalc ger, 
Ha d’ez-he holl ’vefet Zalwer) — 


En hand ann tad. 
En hano ar mab. 
En hang ar speret, 


En hand ann Drindet. — 
Amen ! — 


III. 


Hag ann envned bihan "Ye iwe ho fedenn, 


Hag a gànè er gwez, ken zeder, uz d'ho enn. 


EL T 
— UNE VOIX SEULE. — 


Car vous êtes plein de bonté, — de pouvoir et de 


charité — pour racheter le pauvre pécheur. 


— TOUS ENSEMBLE. — 


- Oui, vous écouterez la prière du pécheur, — car ils 
sont tous vos enfants chéris, — ct vous serez leur Sau- 


veur à tous ! — 


Au nom du Père, — au nom du Fils, — au nom du 


Saint-Esprit, — au nom de la Trinité. — 


Amen! — 


ET: 


Et les petits oiseaux faisaient aussi leur prière, — 
et chantaient si joyeux, dans les arbres, au-dessus de 


leurs têtes, — 


‘Vel ma Kan ann ogrou ann : — 6 Salutaris, 


En päd ann oferrenn, dindan holz ann iliz. — 


Ha brema, paotred-vad, poanerrienn Kalonek, 
It, ha boulc'het ann erw : hag ar gwiniz boedek 
Dindan ar falzou lemm, ar zegall hag ar c'herc'h, 


Evel ar foenn er prad , a gouezù war ho lere'h. 


Al labour ‘ve skanvoc'h goude heza pedet ; 
Gret sin ar groaz , hag it. — Brema scllet. sellet ! 
Oh! gwella mederrienn ! — Kerc'h ’zù er park, he leiz. 


Med holl vezo trèc'het a-raog divez ann deiz. — 


Kacr hen def zoudenn c'houistel ann hent c'honarn, 
O tônt eùz a Yro C'hall. iudall tost d'ho diou-skouarn, 
Hi na zistrofont tamm, ewit zellet, ho Tenn, 


Pa vont war ho labour, pa vont gant ho fedenn) —- 


Ha Keit ha ma chomo gant-ez iez ho 2000. 


Keit ha ma lakafont ar feiz ‘raog ar mado. 


70e 


Comme l'orgue chante l'o Salularis, — à la grand - 


messe, sous la voûte de l’église. — 


Et maintenant, bons gars, travailleurs courageux , 
_… allez, entamez le sillon : et le blé nourrissant — 
sous vos faucilles bien aiguisées, le seigle, l'avoine, — 
tomberont derrière vous, comme le foin sous la faux 


du faucheur. — 


Le travail est plus léger après la prière ; — faites le 
signe de la croix, et partez... et maintenant, voyez, 
voyez! — Oh! les bons moissonneurs! le champ est 
plein d'avoine, — mais tout sera coupé avant la fin du 


jour. — 


Bientôt le sifflet du chemin de fer, — venant du côté 
de la France, aura beau retentir à leurs oreilles, — ils 
ne détourneront même pas la tête pour regarder, — 


quand ils seront au travail ou en prière ! 


Et aussi longtemps qu'ils conserveront la langue de 
leurs pères, — et qu'ils préféreront la Foi à la richesse, 


Le GTR 


Ha ma pedfont ‘vel-ze, beb-mintin ha beb-n0z, 


"WIL ma skuilld Doue war ho tonn he vennoz; 


Bezet heh doan a-bed : — Ann aër rù dioüganet 
Gant Marzinn , ar Barz Koz, ‘hell dônt "n em c'huibanet, 
A-dreuz hon parkoù ed hag hon lanneïerou , 


Bruzunan hon rec hel ha flastran hon bleüniou ; 


Bikenn n hello boulc'han, neb-giz, hon c'halonou, 
Na moügan hon iez Koz - hon gwerziou, hon zôniou, 
Nag hon feiz en Doue, hon Aotrù , hon gwir dad ; 


Deh dèn en Breiz laro: — « Me zù bepred Breizad ! » — 


Aussi longtemps qu'ils prieront ainsi, matin et soir, 


— pour demander à Dieu &e répandre ses bénédictions 


sur leur peine ; — 


Soyez sans crainte : le serpent rouge prédit — par 
Merlin, le vieux Barde, peut venir en sifflant, — à 
travers nos champs et nos landes, — broyant nos ro- 


chers, écrasant nos fleurs ; — 


Jamais il ne pourra entamer , en aucune facon , nos 
cœurs, — ni étouffer notre vicille langue, avec nos 
gwerz et nos sûnes, — et notre foi en Dieu notre Sei- 
gneur, notre vrai père ; — tout homme en Breiz dira : 


« Je suis toujours Breton! » — 


rn P Een 7.7 
1 iie E nu 
+ à Ce L Lg dpi PES x 
pL EU SE HR; L 


0 = T K 
- E 0 l 


l héc: 2 : Le ù 
es TEE I KI Wa E 
ITA ê È | SE 
or RO ma (2 2 mi GE 
l Lolo ‘ras Le KE: l 
9 SER; 


"SOEZIK: 


D'am mignon 


Yan’ DARGENT. — 


SOEZIK. 


En miz maë, pa vez ann heol sklezr, 
Pa gân ar voualc'h, ann alc'houeder, 
E savaz Soezik mintin-mad. 


Ha huhan ‘’wiskaz he dillad. 


Koef lienn war he bleo melenn, 
Brôzik marellet, lourou gwenn : — 
Ha da redek dre ar parkou, 


Da gutuil a beb-tù bleuniou. 


Skanv ha laouenn , gloebiet he hroz. 
En mesk ar ieod, gant ar gliz-nèz, 
Oh! m'ho pie gwelet Soezik ! 


Doue, koanta m'on ar plac'hik ! 


SOEZIK. 


Au mois de mai, quand le soleil est clair, — quand 
chantent le merle et alouette. — se leva Soezik de bon 


matin, — et promptement elle s habila. — 


Cote de lin sur ses cheveux blonds, — petite jupe 
à raies et bas blancs ; — et de courir par les champs, 


— pour cueillir de tous côtés des fleurs. 


Légère et joyeuse , la jupe mouillée, — dans l'herbe, 
par la rosée , — Ah! si vous aviez vu Soezik ! — Dieu, 


qu'elle était belle, la fillette! — 


Ar c'heillenn-aour, ar melvennou, 
Kenkoulz hag ann evnidigou, 
A darnije a uz d'he Tenn, 


Peh hint gant he ganaouenn. 


Ma lavarent d'ez-hi : — « Deiz-mad! 
» Deiz-mad, plac huk ken skany a droad ! 
» ’Wit-out cù ken kacr ar bleunioù, 


v ’Wit-out e känomb hon zôniou! » — 


Hag ann heol-zàv, eùz he gwelet 
Ken koant, ken Koant, oa Souezet. 
Ha mezuz, me gred. eùn tammik, 


O voût (rec het gant eur plac'hik! — 


Skanv ha laouenn, gloebiet he brôz, 
En mesk ar ieod, gant ar gliz-nèz, 
Oh! m'ho bie gwelet Soezik ! 


Doue, Koanta m'oa ar plac'hik! — 


S pie = 


Les mouches d'or, les papillons, — et aussi les petits 
oiseaux, — voltigeaient au-dessus de sa tète, — en 


chantant chacun sa chansonnette. 


Et ils lui disaient : — « Bonjour! — bonjour, fil- 
» lette au pied léger! — C’est pour toi que les fleurs 
» sont si belles, — c’est pour toi que nous chantons 


» n0s Chansons ! » — 


Et le soleil levant, en la voyant — st belle, si belle, 
était étonné, — et un peu honteux, je pense, — de se 


voir vaincu par une fillette! — 


Légère et joyeuse, la jupe mouillée, — dans l'herbe, 
par la rosée, — Ah! si vous aviez vu Soezik! — Dieu 
qu'elle était belle, la fillette ! — 


S 
Es 
à 
A 
E 
re 

S 
à 
"+ 
æ. 
9. 
K 75 
Le 
fl 
= 
5. 


Kd 


N 


TINA, 


Merch ar Melner. 


TINA 


MERC'H AR MELINER. 


Anaout a ret Tina Kerc'hoant, 
Merc'h ar meliner, ar plac'h Koant. 
Ken brad Kempennet d'ar züliou, 


A dans ken skanv er pardonion ? 


Setu ar plac'hik dimezet. 
Piou a soni dec h a deùz-hi bet 7 
Neh he c'harrie ‘vel he lagad, 


Laouiïik euz a vilinn Rozmad”? — 


Nann ! bet a denz eur genaouek, 
Pinvidik, a gomz ar Gallek. — 
Ha sctu (annet gant glac'har 


Kalon ar meliner he c'har ! 


TINA, 


LA FILLE DU MEUNIER. 


Connaissez-vous Tina Kerc hoant, — la fille du meu- 
nier, la belle fille, — si bien mise les dimanches, — 


et qui danse si légère aux pardons ? — 


Voilà la jeune fille mariée. — Et qui pensez-vous 
qu'elle a épousé ? — Celui qui l'aimait comme son œil, 


— Laouik du moulin de Rosmad ? — 


Non ! elle a eu un imbécile, — riche et parlant le 
français, — et voilà brisé par la douleur — le cœur du 


meunier qui l'aime ! — 


— 1 — 


Laouik a zù karantezuz, 
Eur poanier mad , eùn dèn nerzuz ; 
Med égilé hen deùz arc'hant : 


Setu "n em werzet Tina goant! — 


Laouik gomzé a garantez : 
Egile gomzé a danvez : 
Gant dillad kaër, arc'hant hag aour 


E c'hônezaz ar plachik paour ! — 


Ma malloz rù war ar màdou, 
A dro pennou ar merc hejou ! 
Gwell ed karantes leiz ann dorn. 


"TFT aour hag arc'hant lers ar forn !(1). 


} 
Postal 


(1) Krenn-lavar anvezet mad en Breiz-Izell. — 


Laouik est aimant, — bon travailleur, un garçon 
vigoüreux : — mais l’autre a de l'argent : = et voilà 


comme Tina s’est vendue ! — 


Laouik lui parlait d'amour : — l'autre lui parlait 
de biens : — avec de beaux habits, de l'argent et de 


l'or, — il a séduit la pauvre fille ! — 


Ma malédiction rouge sur les richesses, — qui tour- 
nent la tête aux pauvres jeunes filles! — Mieux vaut 
de l'amour une poignée — que de l'argent et de l'or plein 


un four ! — (1). 


(1) Proverbe bien connu en Basse-Brelagne. — 


us FRS 
PACE OU 51 


nil ah 


L 


ES PRO 
ANN NEWEZ-AMZER. 


Da Varz an Awiel, 


L.G. AN HERRY. — 


DISTRO ANN NEWEZ ANZER. 


Ar mintinn-ma, vel;ma saviz, 
Eun heol ken laouenn a weliz! — 
Ha me tiskenn d'am liorzik , 


Skanv ha zeder ma c'halonik. 


Oh ! Doue, Koanta da vleuniou 
"N touez ar ieot-glaz hac an dèliou, 
Ré a beb-liou , ha Yuz ha gwenn. 


Ré c'hlaz. hag iwe ré velenn ! 


Ma zeblante d'aun daoulagad 
Ewit lavaret d'in : -- s Deiz-mad ! » 
E savent ken koantik ho Tonn 


Hag c c'hoarzent pa drémenenn. 


- LE RETOUR DU PRINTEMPS. 


Ce matin, quand je me levai, — je vis un soleil si 
joyeux ! — Et je descendis dans mon petit jardin, — 


le cœur léger et joyeux. — 


Oh Dieu! les belles fleurs, — dans l'herbe verte et 


parmi le feuillage ! — 11 y en a de toutes les couleurs, 


de rouges , de blanches, — de bleues et aussi de 
jaunes. — 

Il semblait à mes yeux — que, pour me dire : 
Bonjour ! — elles levaient si gentiment la tête, — 


et me souriaient quand je passais. 


Z 


— 94 — 


Ha war beh skour oa eùn evnik, 
0 kanan end he zonik: - 
Hag ann awell ez oa kloüar, . 


Ann oabl ken gla: uz d'ann doar ! — 


Klewet duhont al laouenan, 
Har aman cun drask à Kinan : 
Goude eur goanv ken didruez, 


E kavont welloc'h ar vüez. — 


Duhont cnn heol, war ar c'hlazenn, 
Vel ma lamm ann oanigou gwenn ! 
Ha pelloc'h eûn eubeul bihan 


A red , red, beteg Koll âlan! — 


Aès ma c'halon, ken trist dec h c'honz. 
A gavé ken noncer he groaz, 
Perag iwe m'eùd ken laouenn, 


Drest da gànan eur ganaouenn ! — 


5 95 — 


Et sure chaque branche était un petit oiseau, — 
chantant là sa petite chanson, — et le vent était tiède, 


et le ciel si pur au-dessus de la terre! — 


ee 


Ecoutez là-bas le roitelet — et ici une grive qui 
chante : — après un hiver rigoureux, — ils trouvent 


la vie meilleure. — 


Là-bas au soleil, sur le gazon, — comme folàtrent 
ces petits agneaux blancs! — et pius. loin un jeune 


poulain — court, court à perte d'haleine. — 


Mais mon cœur , si triste hier encore, — et qui trou- 
vait sa croix si lourde, — pourquoi, lui aussi, est-il 


si Joyeux, — et prêt à chanter une chansonnette ? — 


T E GA 


"Vel ar prajou , "vel ar parkou, e 
Ann oanik , ann evnidigou, 
"Vel ann env ha ‘vel ann doûar, 


Ec’h ankouaz kanvou ha glac'har: 


Ewit Kanan : — Alleluia ! 
Ha meulodi ha Gloria 
D'hon Zalwer a zù as-sàvet, 
Ha dent da frealzin ar bed! 


Hag c teù lenn a vadclcz. 
Gant-han pardoun ha karantez, 
War he lerc'h ann newez-amzer, 


A laka nch kalon zeder) — 


Kerarborn , an ügent a viz Meurz 1864. 


N T 2 


s M H E 
” Comme les prés, comme les champs, — comme l’a- 


gneau et les petits oiseaux, — comme le ciel et comme 


ja terre — il oublie et deuil et douleur, — 


Pour chanter : Alleluia! — et louange et gloire — 
à notre Sauveur ressuscité, — et revenu pour consoler 


le monde! — 


Et il arrive plein de bonté, — apportant pardon et 
aMOwr, __ et à sa suite vient le printemps, — qui met 


Keramkyqn , Le 20 Mars 1864. 


fx éfs %à De he 


c a 


C EX À c à MORTE Ç A d 
OR 
T 974 NI 


ANN ITRON VARIA 
SANT KARÉ. 


Da Varz ann Iran Varia Remengol, 
Jann-Perz-Mari ar Skour. 


ANN ITRON VARIA SANT KARÉ. 


War dôn - 4r Roue Gralon : 
n Petra ’zo newez enn kear Is ? etc... » 


I. 


Jannik Kerlann oa eur paotr mad, 
Huël he benn, glaz he lagad, 
huz he ziou-jod , he vleo melenn, 


À gàne gè eur ganaouenn. — 


Er pardonioù, leuriou-newez, 
Merc hed Plouaret, Plounevez, 
Holl hen kavent ha krenv ha Koant. 


Hag holl ho defoa d’ez-han c'hoant. — 


Allas) nch a welfe hreman 
Iannik paour, war he welé klan. 
Treût ha dinerz ha drouk-liwet, 


Allas ! n'hen anavefe ket! — 


NOTRE DAME DE S' CARE. 


Sur l'air du Roi Gralon : 


« Qu’y a-t-il de nouveau dans la ville d'fs ? etc 


Iannik Kerlan était un bon gars, — la tête haute, 
l'œil bleu, — les joues rouges, les cheveux blonds, — 


et chantant gaiment une chansonnette. 


Aux pardons, aux aires-neuves, — les filles de 
Plouaret, de Plounévez — le trouvaient toutes et fort 


ct beau , — et toutes aussi le recherchaient. 


Hélas! celui qui verrait maintenant — le pauvre 
Iannik, malade sur son lit, — amaigri, affaibli et tout 


pâle, — hélas, ne le reconnaitrait pas! — 


— 102 — Se 


IT. 


Ar vämik paour a lavaré 


D'he mah, "n deiz pardon Zant Karé : — 


— « Jannik, Iannik, ma mabik kaès, 


» Sav eùn Lamm ha deomb é-maës : 


» 


» 


» 


» 


> 


» Sell, ma mab, sell kaeran amzer ! 
"Vel m'eù ann heol beniget sklezr ! 
N glewes ket ann evnidigou ? 


Dre-holl "20 bleuniou er parkou! » — 


— « Ma foan a zù kèn hraz. ma mamm, 
Kon na glewan, na welan Lamm, 
Sklezrigenn ann heol beniget, 


Na Kon neheud kan ann evned! 


» Ma zonj 720 gant Marc'haridik : — 
Marw c allas) — Ma c'halonik 
À 70 rannet gant ann ankenn, 


Ha na vezo ken iac'h bikenn ! » — 


2. — 103 — 


IT. 


La pauvre mère disait — à son fils, — le jour du 


pardon de Saint Caré : — n lannik, Iannik, mon fils 


LA 


chéri, — lève-toi un peu et sortons : 


» Vois, mon fils, vois le beau temps! — Comme le 


x 
L 


soleil béni est clair! — N’entends-tu pas le chant 


x 
Ë 


des petits oiseaux? — partout des fleurs dans les 


champs! » — 


— « Mon mal est si grand, à ma mère, — que je 
» ne vois ni n'entends rien , — ni la lumière du soleil 


» béni, — ni le chant des petits oiseaux ! 


» Je ne rève qu’à Marguerite : — Elle est morte, 
» hélas! et mon pauvre cœur — est brisé de douleur, 


» — et ne guérira plus jamais ! » — 


— 104 — 


— « Sav, ma mabik, Douc 70 hraz. 
v ‘Digassd did ar ioc het c'honz ; 
» Hiro ‘mà pardon Zant Karé, 


» Ar Were'hez az rentù pàré. 


v Deomb ta da bedin ar Werc'hez, 


x 


» Leün a c'halloud , a vadèlez, 
» Hounès iac’had da galon, 


*Wit ann drouk da voùd braz ha don) » — 


CA 


TEL. 


Ebars ann tour ‘vrall ar c'hleier : — 
Nag a groaz aour, nag a vänier 
A luc'h en heol. ‘nij en awell, 


Nag à bobl , diredet a-bell! — 


Peb-seurt bleüniou, ha ruz, ha gwenn. 
Daoler dirag ar vèleïenn ; — 
Ha Kanou, ha bugaïigou 


Gwisket en gwen, "n lho dorn goulou. — 


— 105 — 


— « Lève-toi, mon fils, Dieu est grand ,— et il te don- 
» nera encore la santé : — C'est aujourd'hui le pardon 


» de Saint Caré, — la Sainte Vierge te guérira. 


» Allons donc prier la Vierge, — pleine de pouvoir 


» et de bonté, — celle-là guérira ton cœur, — 


x 


» quelque grand et profond que soit le mal! » — 


IU. 


Dans le clocher les cloches sont en branle : — que 
de croix d'or, que de bannières — brillent au soleil, 


voltigent au vent, — que de peuple, accouru de loin ! — 


Des fleurs de toute sorte, et rouges et blanches, — 
sont jetées devant les prètres : — et des chants, et des 
petits enfants — habillés de blanc et tenant des cierges 


à la main. — 


— 106 — 


Jezuz, kaera procession, 
En-dro da Uz hon Itron! — 
War lerc'h ar vamm baour hag he mab, 


Gant ann daerou "n ho daoulagad. 


Hag e pedont hag c kànônt, 
Hag a greiz-kalon e laront : — 
— « Mari, karget a vadèlez, 


» Bezet truez ouz-imb, Gwerc'hez! » — 


EVE 


Ar Werc'hez säkr a Zant Karé 
Hiro Yad. deùz d'oher aré ! 
Gwisket "20 d'ez-hi 290 zei-gwenn, 


Eur garlantez "70 war he fenn. 


Hac a beb-korn a Vreiz-Izell, 
Ha d'eùz a dost ha d'enz a-bell. 
Ar ré glany , ar ré mac'hagnet. 


N deiz he fardon, "deù d'he gwelet. 


= 0 


Jésus, la belle procession, — autour de l'Eglise de 
Notre-Dame ! — et la pauvre mère et son fils suivent, 


— les larmes aux yeux. 


Et ils prient et chantent, — et disent du fond du 
cœur : — « Marie, pleine de bonté, — ayez pitié de 


nous, 0 Sainte Vierge! » — 


IV. 


La Sainte Vierge de Saint Caré — a fort à faire au- 
jourd'hui encore! —- On lui a mis une robe de satin- 


blanc, — etsur la tète une couronne de fleurs des champs. 


Et de tous les coins de Breiz-Izell, — et de près et 
de loin, — les malades et les infirmes , — viennent la 


voir, le jour de son pardon, 


06 — 


Holl westlont d'ez-hi Kalonou 
Bannet gant clac'har à pe dornou, 
Pe dreid Koar gwenn, holl gouliet, 


Peb-hini hervez he glénved. 


"Neh a westl troad pe galon goar, 
A wel prestik goude , heb mar, 
lac'h he galon ha iach he droat. 


D'ann holl e ro iec'het timat. 


Kals deüas end gant flaïiou, 
"W cler breman er gourennou, 
Pe à tansall bars ar pardon, 


Kerkent "teù ar vombard da zôn. — 


Ar Yamn gemer eur goulou-koar, 
Gwenn ‘vel ann erc'h war ann doar. 
Hag hen gwask en stumm d'eur calon. 


Dirag imaj sàkr ann Itrôn. 


— A0 


Tous lui consacrent des cœurs — brisés de douleur, 
ou des mains , — ou des pieds de cire blanche, tous 


couverts de plaies, — chacun selon sa maladie. — 


Celui qui lui consacre un pied ou un cœur de cire, — 
voit tôt après, sans faute, — guérir son pied ou son 
cœur malade, — que ce soit un enfant ou un homme 


déjà âgé. — 


Plusieurs sont venus dans ce lieu avec des béquilles, 
— que l’on voit maintenant aux luttes, — ou dansant au 


pardon, — dès que la bombarde (1)se fait entendre. — 


La mère prend un cierge de cire — blanche, comme 
la neige sur la terre, — et le pétrit en forme de cœur, 


— devant l’image de Notre-Dame. 


(4) Sorte de hautbois qui accompagne le Biniou aux danses 
bretonnes. 


— 110 — 


het a rà "n ez-han d'he mabik. 
Hag e lavar : — « Dàlet, lannik. 
» It, da Vamm Doue hen gwestlet, 


v Prest conde iac'h en em gavfet. » — 


Iannik gemer ar galon goar, 
Hen gwestl d'ar Werc'hez - hag he làr : — 
— « GWerc'hez Vari, chui zd ken glan, 


» Me tell din laret dec'h ma foan : — 


» "Deiz pardon Zant Pezr e weliz, 
» Dirag ar Zant, en he Iliz, 
» Marc'haridik..…. Vel ma oa kaer' 


» Ha me n’oûn med eur messaër ! — 


» Gwerc'hez Vari, Mamm druezuz, 
» Mamm da Doue holl-gallouduz , 
» Nôz ha dé, Keit ’vezinn er bed, 


» Me vù Klewet 0 lavaret : — 


= MR 


Elle le donne à son cher fils, — et dit : « Pre- 
» nez, Iannik, — allez et consacrez-le à la Mère de 


» Dieu, — et tôt après vous vous trouverez guéri. » — 


Iannik prend le cœur de cire, — le consacre à la 
Vierge, et dit: — « Vierge Marie, qui êtes si pure, — 


» je veux vous dire ma peine : — 


» Le jour du pardon de Saint Pierre je vis, — devant 
» le saint, en son Eglise, — Marguérite.... comme elle 


» était belle ! — et moi je n'étais qu'un pauvre pâtre!— 


» Vierge Marie, Mère de compassion, — Mère du 
» Dieu tout-puissant, — nuit et jour, pendant que je 


» serai dans ce monde, — on m’entendra dire : — 


te à: GE 


— » Gloar ha meülodi d'ap Were'hez. 
» Leün a druez, a vadclez ; 
v Kanomp holl d'ar Werc'hez Vari : — 


» Gloar, Karantez ha meülodi ! » — 


Ve 


Ar mab hag ar vamm 70 Kousket 
"N eün ti‘bihan ha paonr meurbet : 
Setu ma teù tre ‘bars ann LL 


Mamm Douce , ar Werc'hez Yari. 


Heb ober neb (rouz ha zioulik, 
"Lak he dorn war galon Iannik. 
Mousc'hoarzinn ‘rà iwe out-han : 


Mont ‘rà kuit, goude kement-man. 


Diouz ar mintinn pa dishunvaz 
Ar vamm, ‘oa marw he mab. allas! 
Ann heol-zav a garge ann ü, 


Ma zcblante c'hoarzin out-hi. — 


— 113 — 


» Gloire et louange à la Vierge , — pleine de pitié 
» GL de bonté; — chantons tous à la Vierge Marie : — 


» Gloire, amour et louanges! » — 


N 


Le fils et la mère sont couchés — dans une petite et 
pauvre chaumière : - et voilà qu'entre dans la maison 


— la Mère de Dieu, la Vierge Marie. 


Sans faire de bruit, tout doucement, — elle pose la 
main sur le cœur de Jannik, — elle lui sourit aussi, — 


après quoi elle se retire. 


Au matin, quand se réveilla — la mère, hélas! son 
fils était mort ! -— le soleil levant remplissait la chau- 


mière, — et il paraissait lui sourire encore. — 


T 


En em sirinka ‘ra d'ann douar 
War he daoulin, hag he lavar : — 
— « Meulodi d'ar Were'hez Vari, 


» À jac ha peh noan ha gouli ! 


» Gloar da Vari en peb amzor. 


Pa deüz iac haët ma mab kèr ! 


LA 


Ma mab Lanni k a zd hreman 


Gant èlez Douc à kanan) » — 


— 115 — 


Elle se jette à terre, — sur ses genoux et s'écrie : 
— « Gloire à la Vierge Marie, — qui guérit toute 


» douleur et toute plaie! 


» Gloire à Marie en tout temps, — puisqu'elle a 
» guéri mon cher fils! — Mon fils lannik est mainte- 


» nant — à chanter avec les anges de Dieu! » — 


MERWEL ZO RED. 


MERWEL 70 RED, 


En deiz merwell a vezd réd, 
Tremenn, kimiadin eùz ar bed; 
Ia , holl e varwfomb, a dra zur, 


Paour, pinvidik, ba toll ha fur. 


Perag Krena, perag gwela, 
O sonjal en deiz diweza, 
0 kuitàäd eur bed "wit ctn all, 


"WIL unan mad nnan ‘zù fall ? — 


Ama ra rè dom pé rèièn, 
Peb scurt drouk ‘ra brezel d'ann dèn, 
Ar c'hort z0o brewet gant klénved, 


Atao ec huanad ar sperct. 


IL FAUT MOURIR. 


Un jour il faudra mourir, — passer et faire ses 
adieux au monde ; — oui, nous mourrons tous, c'est 
certain, — le pauvre et le riche, le fou comme le 


sage. — 


Pourquoi trembler, pourquoi pleurer, — en son- 
geant au dernier jour, — en quiltant un monde pour 


un autre, — pour un meilleur, un qui est mauvais? — 


lot il fait ou trop chaud ou trop froid, — des maux 
de toute sorte font la guerre à l'homme, — Île corps 
est torturé par la maladie, —- et toujours l'esprit sou- 


pire. — 


= 1920 


Hag ann dud a zù peurvian 
En em debrin en em waskan, 
Gwassoc'h "wit ar bleizdi er c'hond : 


Nann ! ar hed-ma n'hen dé Ket mad! 


Nann, nann n'en eùüz med ar ré-fall 
A dlé krenan à vont "n eün all, 
Ha ‘wit-hé heh kén ar Màrd 


A vezù spontuz ha gard. 


Na ouelet ket, na spontet ket, 
"WIL ar Falc'her Koz da dônet, 
Tud vad, gortoët-han heb doan, 


Hennès a iac’had nch poan ! — 


— 121 — 


Et les hommes sont, pour la plupart, — à se man- 
ger et à se nuire, — pires que les loups dans les bois : 


— Non ! ce monde-ci n'est pas bon ! — 


Non, non, il n y a que les méchants — qui doivent 
trembler en le quittant pour un autre, — et pour eux 


seuls la Mort — sera terrible et amère. — 


Ne pleurez pas, ne vous effrayez pas, —- pour voir 
venir le vieux Faucheur, — gens de bien, attendez-le 


sans crainte, — car celui-là vous guérira de tout mal! — 


= 


ANN ABARDAEZ 


En sin Tas: en Hay. 


D'am mignon ann Doktor 
André Box. — 


ANN ABARDAEZ 


EN EUN TIEGEZ, EN HANV. 


Setu ann abardaez ! ann heol ’zù vont da guz, 
Diskenn ‘ra dreg ar roz, hag hen ken ruz, ken ruz! 
Tom vo aré warc'hoaz, krazan a rat ar foenn, 


Ha darewi ann ed ; n’eùz Kct eur goummoulenn. 


Ar ier "higen war ho c'hlud, ha sctu ar vatès 
0 walc'hin ar gaoter : n° vù ket a batatès 
Da goan, med iot-ed-dù : ar mewell Louenn vraz 


‘Deû duhont, war he gein gant-han eur beac'h ieot-glaz. — 


— « Laouik, it-c'hui d'ar park, da vouitarzaoutraktal! » — 
Hag ar paotr zaout da Yont Kerkent en em strakal 
He skourjez dre ann hent. diskabel, diarc'henn, 


Hag 0 tremenn ar c'hoad. e Kan eur ganaouenn. 


LE SOIR 


DANS UNE FERME, L'ÉTÉ. 


Voici le soir! Le soleil va se cacher, — il descend 
derrière la colline, si rouge, si rouge ! —- Demain en- 
core il fera chaud , et le foin sèchera, — et le blé mu- 


rira : il n'y a pas un nuage. 


Les poules montent sur le perchoir, et voilà la ser- 
vante — qui lave la chaudière : il n'y aura pas de 
pommes de terre — à souper, mais de la bouillie de 
sarrazin : le domestique Iouenn vraz — vient là-bas 


portant sur le dos un faiz d'herbe verte. — 


— « Laouik, allez vite quérir les vaches au champ) » — 
Et voilà aussitôt le garçon vacher parti, en faisant cla- 
quer — son fouet sur la route, nu-tète, nu-pieds , — 


et en passant dans le bois il chante une chanson. — 


— 126 — 


Setu eur bagad zaoût 0 tônt d'ann traon d'ar reed, 
Ha Laouik war ho lerc'h : — selaouet, me ho peed, 
"Vel ma strak he skourjez, ‘vel ma c'halv peb-unan 


He zaoût dre he c'hann : — ann dù, ar vriz, ar voan. 


— « Pe-lech Ie hut düzè? A-raog, a-raog, penn-gwenn ! 
» M'hù tigasso duman ! hastet ta, ar velenn ! 
» Ha te, tard ar foeltr! me as tiskù , loen-fall, 


» Da dont da enebi evel-sc ar rè-all ! 


» ft holl d'ann dour d'al lenn! » — hag ar zaout à vlejall , 
Laouik, gant he skourjez hag he vouez à skrijall, 
Hag ar moc'h à c'honlenn ho c honn eùz ar Yates, 


Setu "Y muzik ’glewer cn dro d'enn tiègez! — 


Setu 0 tônt d'ar gèr breman ar mewelienn : 
Darn a 20 falc'herrienn ha darn-all mederrienn, 
Hag holl int skuiz meurhed : a-baoue ‘r beuré-mad 


E-maint dindan ann heol à vèdin, à alc had. — 


Voilà un troupeau de vaches qui descend en cou- 
rant, —-- et Laouik les suit : écoutez, je vous prie, — 
comme il fait claquer son fouet, comme il appelle cha- 
cune — de ses vaches par son nom : la noire, la mou- 


chetée, la maigre. 


— « Où allez-vous par là?.... en avaut, en avant, 
» Ja tête blanche ! — Je vous amènerai par ici ! plus vite 
» donc, la jaune! — Et toi, taureau du diable! je 
» t'apprendrai, méchante bête, — à contrarier ainsi 


» Jes autres ! 


» Allez tous à l’eau , à l'étang ! » et les vaches beu- 
glant, -— Laouik faisant claquer son fouet et criant à 
haute voix, — et les pourceaux réclamant leur souper 
de la servante, — voilà la musique que l’on entend 


autour d’une ferme! — 


Voilà maintenant les domestiques qui reviennent : — 
les uns sont des faucheurs, les autres des moissonneurs, 
— et tous sont bien fatigués : depuis le matin, de 
bonne heure, — ils sont à moissonner ou à faucher 


sous le soleil. -— 


BT: 


Neubeud kaer e laront a gomzou en pàd koan, 
Neubeud Komz ann hint "Yc brewet gant ar hoan : 
Ha koulzgoude nikun na ieïo da gouskel 


À-raog ar pedennou dirag ann holl laret. 


Al loened "20 ’n ho c'hraoù, ann dud "n ho gweleou, 
Ha bremà na glewer nch trouz, med a wec hou 
D'eûn tréméner hennag à c'herzall mouez ar c'h, 


\ 
Pe zôn ann estik-ndz, en derwenn, uz d'ann ti. — 


— 129 — 


Ils échangent peu de paroles pendant le repas, — il 
parle peu, celui qui est brisé par la peine : — et pour- 
tant nul n'ira se coucher — avant les prières , dites en 


commun. 


Les bestiaux sont à l'étable, les hommes sont dans 
leurs lits, — et maintenant on n'entend aucun bruit, 
si ce n'est parfois — le chien aboyant à quelque pas- 
sant, — ou le rossignol de nuit, dans le chêne, au- 


dessus de la maison. — 


EUR ZON KLOAREK. 


Da Varz Koat-ann-Noz, 
Y.-M. ar LANN. — 


EUR ZON KLOAREN. 


Pa oan à studian er gèr a Landreger, 
Ez oa digasset d'in lizer da vônt d'ar gèr, 
Da vont d'ar gcr huhan, ma karrienn gwelet c'hons 


Ma dous, ma c'harantez. Genovefa Kerloas. 


Ma karrienn gwclet c'hoas, eur wech a-raog merwel. 
Genovefaïk paour d'ann Env prest da nijel. 
Douc. pebeuz kezld ! pa glewiz kement-man, 


Ma c'halonik ‘zemplas, setu me da ouelan. 


Me à paka neuze ma levriou tri-a-tri, 
Rè latinn ha gallek, ma c'haieroù studi, 
Ha Kerkent "Yont en hent, en trezeg Plouaret. 


Lec'h ma oa ma dous Koant gant ar c'hlenved dalc'het. 


UNE CHANSON DE KLOAREC, 


Quand j'étais à étudier en la ville de Tréguier , — 
une lettre me fut envoyée pour m'appeler à la maison, 
— pour m'appeler promptement à la maison, si je 
voulais voir encore -— ma douce, mon amour Gene- 


viève Kerloas. 


Si je voulais voir une dernière fois, avant de mourir, 
— ma pauvre Gencviève sur le point de s'envoler au 
ciel. — Dieu, la terrible nouvelle ! quand je l’appris, 


— mon pauvre cœur défaillit , et je me mis à pleurer. 


Puis je ficelai meslivres trois à trois, — livres latins 
et français, avec mes cahiers d’études, — et aussitôt 


je me mis en route vers Plouaret, — où ma douce jolie 


était retenue par la maladie. 


— 134 — 


Trist ’oan ‘vel ar Màrd; — pebeuz da galounad ! 
War ann hent c ruille daerd ma daoulagad. 
— « Ha penaoz goude-zè bewa war ar bed-man, 


» Mar d'è marw ma Genû, ann hinin a gàran! » — 


War-dro ann abardaez, pa oan war ann hent hraz. 
"N tàl chapel Sant Ervoan, me Klewet sôn ar glaz! 
Ma c’horf-holl a grénas nenz: , ‘vel eùn delienn, 


Pa c'hounez ann awel-nord er faou pe en derwenn. 


Ma Doue, ma Zalwer, na petra a glewan 7 
Ar zôn-ze a laka ma c'halon da rannan, 
Mar d’eco Genovefa , ma dous koant ’zù marwet. 


Me na vin ket iwè pel-goudè war ar bed. 


« —Na lavaret-c’hui din, plac'h iaoüank, me ho peced, 
» Da biou e sûuer glaz, ha pion 720 tremenet ? » 
« — Genovefa Kerloas, allas ! koanta plachik 


» ‘Oa er vrà, "20 marwet gant Kenn d'he c'hloaregik! » — 


. 


— 135 — 


J'étais triste comme la Mort; quel crève-cœur ! — 
les larmes de mes yeux roulaient sur le chemin. — 
« Ah ! comment vivre encore dans ce monde , — si est 


» morte Geneviève, celle que j'aimais! » — 


Vers le soir, comme j'étais sur le grand chemin, — 
arrivé près de la chapelle de Saint Yves, j'entendis 
tinter le glas ! __ Tout mon corps trembla alors, comme 
une feuille, — quand souffle le vent du nord dans le 


hêtre ou le chêne. 


O mon Dieu, mon Sauveur, qu'est-ce donc que j'en- 
tends ? — Ce son-là me brise le cœur. — Si c'est Gene- 
viève, ma douce jolie, qui est morte, — ah! je ne res- 


terai pas longtemps après elle dans ce monde. 


« — Dites-moi, jeune fille, je vous prie, — pour qui 
» l'on sonne le glas, et qui a quitté cemonde? » — «Gene- 
» viève Kerloas, hélas! la plus jolie jeune fille — qui fût 


» dans le pays, morte de regret de son cher Kloarec, » — 


— 136 — 


Ha ma sempliz Kerkent ar gomz-zè d'ann doùar, 
Beuzet bars ma daerô har iwè ma glac'har : 
Ar plachik ma zavas, hag a lavaras din : — 


— « Kloarek , ioùl Doue ed, ar gwella "Ye pedin! — 


» ‘Vel ar steredenn gacr a luc'h en anter-nôz, 
» Ema-hi en liorz Doue, er baradoz ; 
» Kloarek, na ouelet ket, pa varwfet en douar, 


» Goulennet mônt gant-hi, dreist ann heol hag alloar! »-- 


Ma klewenn ann evned bars ar gwez, uz d'am Tonn, 
Drè ma ‘5 een gant ann hent, à lavaret ’vel-henn : — 
— « Kaera rozenn ez oa trù-war-drà er vrù-mà 


« À zù bet kutulliet ; gant Douce ‘ma brema T » — 


Pa arruiz en toul ar porz, en Keralsi, 
A weliz ar c'horf paour doùget e-maès ann ti : 
War eur penn ann archet ez oa eur garlantez 


A vleuniou ar parkou ,spern-gweno, bruk ha bleün-laès. 


+ PAS 


— À ces mots je tombai à terre, — noyé dans mes 
larmes et aussi dans ma douleur : — la jeune fille me 
releva et me dit : — « Kloarec, c'est la volonté de 


» Dieu, le meilleur serait de prier. 


» Comme l'étoile radieuse qui brille au nord, — 
» elle est maintenant dans le jardin de Dieu, le para- 
« dis; — Kloarec, ne pleurez pas, quand vous mourrez 
» sur cette terre, — demandez d'aller la rejoindre par 


» dessus le soleil et la lune! » — 


Et j'entendais les oiseaux, dans les arbres , au-dessus 
de ma tête, — à mesure que j'avançais sur la route, 
qui disaient ainsi : — « La plus belle rose qui fût dans 
» tout le pays, — a été cueillie; elle est à présent 


» avec Dieu ! » — 


Quand j'arrivai devant la porte de la cour, à 
Keralsy, — je vis qu’on sortait le pauvre cher corps de 
la maison : — sur un bout du cercueil était une cou- 
ronne -— de fleurs des champs, aubépines blanches, 


bruyères et pfimevères. 


— 138 — 


War ann hent ‘gass d'ar bourk ‘kànè ar véleïenn, 
Ha me c’heuillè iwé dré "Y parkou penn-da-benn : 
Ann daro a strinko stank eùz ma daoulagad, 


Ann drez a dirège ma zreid ha ma dillad. 


En pâäd ann ferenn, pa oa ‘r c'hort en iliz, 
En nenn ann aoter-vraz, ’wit pedi , ‘taouliniz ; 
En penn ann aoter-vraz ez oùn bet daoulinet, 


Ha war ma dousik koant gwalc’h kalon "meuz gouelet. 


Ha pa oa en douar he c'hort paour diskennet. 
Beteg ann anter-n0z war ar bez oùn chomet. 
’Oùn chomet war he bez, da bèdi, da ouelan, 


Ma c'hoantaën he c'heuill ha mont eùz ar hed-man. 


Hag am eùz goulennet neuzè digant Doue 
M'he gwelljenn c'hons eur wech , ‘vel pa oa en hie, 
M'he gwelljenn c'hons eur wech ha ma komzje ouzin, 


Neb-zè, 0 ma Jezuz, gant clac'har e varwin! — 


ne L 7 Mur 


Sur la route qui mène au bourg, chantaient les prè- 
tres, — et moi je suivais tout du long à travers champs : 
— les larmes jaillissaient abondamment de mes yeux, 


— et les ronces déchiraient mes pieds et mes habits. 


Pendant toute la messe, quand le corps fut dans 
l'église, — je m'agenouillai pour prier, à un bout au 
grand autel; —- à un bout du grand autel je me suis 
agenouillé , — et sur ma douce jolie j'ai pleuré, à noyer 


mon cœur. 


Et quand son pauvre corps fut descendu en terre , — 
je restai sur sa tombe, jusqu'à minuit; — je suis resté 
sur sa tombe, priant et pleurant, — si bien que je dé- 


sirais la suivre et quitter ce monde. 


Et alors j ai demandé à Dieu — que je pusse la re- 
voir une fois encore, comme quand elle était en vie, — 
que je pusse la revoir une fois encore et qu'elle me 
parlàät, — sans quoi, à mon Jésus, je mourrais de 


douleur ! — 


re E 01 — 


Na pa oan à retorn d'ar gèr eüz ar verred, 
Ar marù "H em c'halon, eur skeùd am eùz gwelet ; 
A weliz eur skeùd Kaer, ‘vel ma saven ar rùz, 


Ha drem-doztik d'ar ster , war drù ann anter-nôz. 


Hag é sklérijenné "vel ann heol beniget, 
‘Bars ann newez-amzer , 0 para war ar bed : 
Evel Genovefa "09 gwisket holl en gwenn, 


Hag e c'hoarzo ouzin, hag e laraz ‘vel-henn : 


— « Tawet, ma dous Kloarek, tawet, na ouelet Ket, 
» Me ’zo het gant Doue lamet di-war ar bed 
» Ewit hon mad hon daou, ma vefet bèleget, 


» Ha bars ar haradoz ma hellfomb ’n em welet, » — 


Neuzé pignas d'ann Env, ken Kacr harg ar stered. 
Ha ma c'halonik paour Kerkent oe frealzet. 
loul Doue da Yvo gret, dre-holl "man he lagad, 


Ar pez "deù da oher , ’wit-omb ’dlè heza mad ! — 


= D = 


Et comme je m'en retournais chez moi, du cime- 
tière, — la Mort dans mon cœur, je vis une appari- 
tion : — je vis une belle ombre, au moment où Je gra- 
vissais la colline , — près de la rivière, vers l'heure de 


minuit. 


Et elle éclairait comme le soleil béni, — au prin- 
temps, quand il brille sur le monde : — comme Gene- 
viève, elle était habillée de blanc, — et elle me souriait 


et me parla de la sorte : — 


— « Cessez, mon doux Kloarek, cessez de répandre 
» des larmes, — j'ai été retirée de dessus la terre par 
» le bon Dieu — pour notre bien à tous deux, pour 
» que vous soyez prêtre, — et que nous puissions 


» nous revoir dans le paradis! » — 


Alors elle monta au ciel, belle comme les étoiles, — 
et mon pauvre cœur fut aussitôt consolé. — Que la 
volonté de Dieu soit faite, son œil est partout, — et ce 


“qu'il fait, doit être bien fait pour nous! — 


Me zù bremä Person en paroz Plouaret ; 
War vez Genovefa lec'h ma Z douaret, 
Am eùz hadet roz ruz hag iwe lili gwenn, 


Hag cno am gweler aliez en pedenn. 


C'houez-vad ’zù gant ar roz, Kacr cz al lili gwenn, 


UZ d'he bez ann estik a gàn en ivinenn ; 
Hag he gn zù ken Kacr ma seblant d'in, beb-nôz, 


Klewet mouez ann clez a gàn er baraddz! — 


Je suis maintenant Recteur de la commune de Ploua- 
ret; — sur la tombe de Geneviève, à l'endroit où elle 
a été ensevelie, — j'ai semé des roses rouges et aussi 


des lys blanes , — et ià on me voit souvent en prière. 


Les roses sentent bon; les 1ys blancs sont beaux, — 
au-dessus de sa tête le rossignot chante dans l'if, — et 
son chant est si beau, qu'il me semble, chaque nuit, — 
entendre la voix des anges qui chantent dans le para- 
dis! — 


EUZ HOBE VROIOU'AR BED. 


EUZ OLL VROIOU AR BED. 


Eùz holl vroioù ar bed, Breiz-Izell da genta ! 
Na deùz arc'hant nag aour, med zè na ri netra : 


End ’ma "Y haotred vad, ar merc'hed a enor, 
Ar teiz er c'halonou, ha tro-a-drû ar mor. 


Eaz holl iézou ar bed, n'en eûz Ket a gàran 
‘Vel hint Breiz-Izell, henès eù ar c'haeran; 
N'en eùz hinin er bed a ve iwé ken Koz. 


A-dalek ar zav-heol , heteg ann anter-nùz. 


Eaz holl blac'hed ar bed, da genta hint Breiz ! 
Hounès 20 eùn tenzor a furnez hag a feiz ; 
Bepred drant ha laouenn , éma en tiègez 


"Vel ann heol beniget, ’skuil dre-holl levenez. 


DE TOUS LES PAYS DU MONDE. 


De tous les pays du monde, Breiz-Izell le premier ! 
— Il n'a ni argent ni or, mais peu importe : — 10 
sont les bons gars, les filles d'honneur, — Ia foi 


dans les cœurs et tout autour la mer. 


De toutes les langues du monde, iln’est aucune que 
j'aime — comme celle de Breiz-Izell, celle-là est la plus 
belle ; — il n’en est aucune au monde qui soit aussi 


vieille, — depuis le levant jusqu'au nord. 


De toutes les femmes du monde, la première est 
celle de Breiz! — Celle-là est un trésor de sagesse et de 
foi ; — toujours vive et joyeuse, elle est dans un mé- 
nage — comme le soleil béni, qui répand partout la 


joie. 


x < 


Eùz holl giziou ar hed , ez c ré Breiz-Izell 
A gàran dreist ann holl, "Y ré-zé ‘vel ann awell 
Na droont Ket bemdez : ann nerz hag ar iec het 


A roont d'ar c'horfou, hag ar peoc'h d'ar spcret. 


Eaz holl gwerziou ar bed, ré Breiz ‘zù da gentan. 
Ha ’vel-zé pa Yenn trist, "n em lakân da gânan 
Eur werz Koz eùz ar vrù, eur werz pe eur zonik, 


Ha Kerkent da dridal laouenn ma c'halonik ! — 


Eûz holl vroiou ar bed, Breiz-Izell da genta ! 
Na deùz arc'hant nat aour, med zè na ri netra ; 
End ‘ma "Y haotred vad. ar merc'hed a enor, 


Ar feiz er c'halonou, ha trd-a-dr ar mdr ! — 


De toutes les coutumes du monde, c'est celles de 
Breiz-Izel — que j'aime par dessus toutes. Celles-là , 
comme le vent, — ne changent pas chaque jour : la 
force et la santé — elles donnent aux corps, et la paix 


à l'esprit. 


De toutes les poésies du monde, les premières sont 
celles de Breiz. — Aussi, quand je suis triste, je me 
mets à chanter — un vieux gwerz du pays, un gwerz 
ou un sôûne, — et aussitôt mon cœur tressaille de 


joie ! — 


De tous les pays du monde, Breiz-Izell le premier ! — 
Il n'a ni argent nior, mais peu importe : — là sont 
les bons gars, les filles d'honneur , — la foi dans les 


cœurs et tout autour la mer. — 


NO 
Q 


MC 
Y 


ET 


ne 


WAR AR MAËES. 


Da varz argérals, 


Olier SOUYBSTR. — 


WAR AR MAËS. 


Em c'hoanzé war ar ieot, dindan eur gistinenn, 
"Tost d'eur c'hleuz gôloët a vlegn balan mèlenn, 
E sellenn a beb-eil ann oabl hag ann douar... 


Rag ann heol ez oa sklezr, hag ann awell klouar. 


Ma lavarenn ‘vel-henn : — « Brava ma ’z è bewan 
» War ar maës,en miz Maë! — Dre-holl "weler breman, 
v Er c’hoajou, er prajou, dèliou glaz ha bleüniou, 


» Ha dré-holl ’zù c'houez-vad , er parkoù, en hentchoù. 


» Ar goukou, ar güdon hag ar voualc'h beg-mélenn 


L 


A gàn a beb-tu d'in; — beteg a uz d'an fenn 
v ’Zù eur pinsinn bihan, ken koantik , ken zéder l... 


» Velma sav het ann oabl mouezskiltr ann alc'houeder) 


À LA CAMPAGNE. 


Assis sur l'herbe, à l'ombre d'un châtaignier, — 
près d'un fossé couvert de genèêts aux fleurs jaunes, — 
je regardais tour-à-tour le ciel et la terre... — le so- 


leil était clair et le vent tiède. — 


Et je me disais : « Qu'il fait beau vivre — à la cam- 
» pagne, au mois de mai! partout l'on voit à présent, 
v — dans les bois, dans les prés, des feuilles vertes et 
» des fleurs, — partout des parfums, dans les champs 


et les chemins. 


N 


» Le coucou, le ramier et le merle au bec jaune — 


y 


» chantent de tous côtés ; au-dessus de ma tête mème — 
v est un petit pinson, si gentil et si joyeux !.... — 


» Comme s'élève vers le ciel le chant aigu de l'alouette ! 


» Dü-hont, pell, e klewan, bars ar prad, o vlejall 


»* Eon tàro, ha pelloc'h, eur marc'h à c'hoürinall..……. 


s 


: Med a hé-lec'h è teù Kement-man a c’houez-vad 7 


» N'o0 ket ar boùd burlu ‘’zù azé eüz ma zroad. 


» Nann, pa drôan ma Tenn, c welan dù-hont, pell. 
v Er park, eur boùd spern-gwenn : a-c'hané ann awell 
v Digass ar c'houez ama, — Setu en Plouaret 


» Eur vadèziant 0 soon! — Klèzier ma hro, zonet; 


» Sonet, ha gret d'anaout da beb-hinin er vro 
* Ez zù cnn èlik gwenn war hon douar distro! — 
» Ar c'hlézier ‘’zoon laouenn, — med ar bogel a ouël. 


v Lavar, petra eù did gouela ’vel-zè, bugel 7 


» Da dad "70 ken laouenn, hag ann doiz ’zù ken kaer! 
v Penn-da-benn war da hent estik hag alc'houeder 
» À gné ken koantik! — Er c'harz hag er parkou, 


v Ez oa Kan , ha c'houez-vad dre-holl gant ar bleüniou. 


— 155 — 


» Là-bas, au loin, j'entends mugir dans la prairie 
»*— un laureau, et plus loin encore un cheval hennir… 


— Mais d’où vient tant de bonne odeur ? — ce n’est 


Y 


» pas du buisson de digitales qui est là à mes pieds. 


1 


» Non, quand je détourne la tête, je vois là-bas, 
» au loin, — dans le champ, un buisson d'aubépine 
» blanche : de là le vent — apporte le parfum jusqu’à 
» moi... Voilà qu'à Plouaret — sonne un baptème ! 


» Cloches de mon pays, sonnez ; — 


» Sonnez , et faites connaître à chacun dans le pays, 
» qu'un petit ange blanc est de retour sur notre terre ! 
» — les cloches sonnent gaiment, — mais l'enfant pleure. 


v — Dis, pourquoi pleures-tu de la sorte , enfant ? — 


» Ton père est si joyeux, et le temps est si beau ! 
v — Tout le long du chemin le rossignol et l'alouette — 
» chantaient si bien sur ton passsage ! Dans la haie, 
» dans les champs , — ce n’était que chants et fleurs 


» qui parfumaient ! 7 


— {56 — 


» Ha Keun as bé, mabik, da vod deüt war ar bed ?— 


LA 


Ar bugel na làr gèr, nemed gouela bepred : 
n Hag ar c'hlézier a zoon , hag ar bélek a gàn : 


Hi) d'en abed na rà Yin ! 


LA 
= 
S 
YS 
= 
E 
= 
Ta 
à 
ee 
= 
S U 
ma 
S 
= 
ZPS 


» Petra ta "70 kiriek ma oueler à c'henell ? 


» Ma oueler er vuhez, ma oueler à verwell ? 


* 


Bugelik, lavar d'in, te hen goir, martezé : 


» Oh! lavar, bugelik , petra ed kement-zé. 


» Martezé.... » Med pelec'h ia ‘r marc'h penn-follet man, 
He voué-holl en awell, hag he lost reud gant-han ? — 
Redek ‘rà , gourinall, savct gant-han hé henn, 


He zaoulagad ‘lugern, ken ruz ha diou c hlaouenn ! 


Setu-han dreist ar c'hleuz lamet ‘bars ar park-braz ! 
En "70 eur gazek iaoûüank war ar ieot glaz..…... — 
En traon ar prad, dn-hont, en touez ar guern, klewet 


"Vel "Kan ann durzunel, drem-dostik d'ann dour-reed.— 


» Regretterais-tu donc, petit enfant, d'être venu 


» dans ce monde ?...…. — L'enfant ne dit mot, maisil 
» pleure toujours : — et les cloches sonuent , et le 
» prêtre chante : — Te Deum laudamus 7... et personne 


S 


ne s'inquiète des pleurs de l'enfant! — 


» Et pourquoi donc pleure-t-on en naissant? — 


pourquoi pleure-t-on dans la vie, pourquoi pleure- 


* t-on en mourant ? — Petit enfant , dis-moi, toi tu le 


L 


sais peut-être : — oh! dis-moi, mon enfant, ce que 


S 


cela signifie ? — 


» Peut-être...» Mais où donc va ce cheval affolé ? 
— Toute sa crinière est au vent , et sa queue est roide. 
— Il court, il hennit, la tête haute, — et ses veux 


brillent comme deux charbons enflammés ! — 


Voilà qu'il saute, par-dessus la clôture, dans la 
grande prairie ! — Là est une jeune jument sur l'herbe 
verte !.... — Au bas de la prairie, là-bas, parmi les 
aulnes , écoutez — comme chante la tourterelle, près 


de l’eau courante! — 


190 — 


Med ann heol a diskenn duhont adrég ar rèz, 
Klézier ar C'hoz-Varc'had ’glewan ‘soon ar glaz-nôz, 
Piarrik ar paotr-saout a dastum hé locned. 


N em strakall he skourjez; d'ar gèr ed Koulz mônet. — 


Setu ‘vel "tremenan ma deweziou anan: — 
Eul levr gantn ’n em dorn , — med heh scllet en-han ; 
EZ jan eùz park en park , eùz faouenn da derwenn, 


Pé "n Kreiz ar ieot huël, ar bleüniou uz d'an enn ! — 


Kerarborn, Ewenn 1863. 


— L 


Mais le soleil descend là-bas, derrière la colline ; — 
les cloches du Vieux-Marché sonnent le glas du soir, 
— Piarrik , le vacher. rassemble ses bêtes , — tout en 


claquant du fouet ; il est temps de rentrer. — 


Voilà comme je passe mes journées ici. — Un livre 
à la main, mais sans y regarder, — je vais de champ 
en champ , d'un hètre à un chène, — ou je m'étends 


dans les hautes herbes, les fleurs au-dessus de la tête. 


Keramborgne, Juin 1863. 


n mt a ger pok + nee) 


NON RERIVELT. 


D'am mignon kér, 


Amédée JOURDAIN, — 


YVONA KERIZELL. 


En Kerizell "20 eur plachik , 
He c'hano Môna, pe Mônik : 
Er Yro na gavfet Ket he far ; 


A greiz ma c'halon me he c'har. : 


N'en eùz ket er bed a gomziou, 
Bars en neb iez, nag a zoniou, 
Ewit laret, herve ma c'honnt. 


Pègement ez é fur ha koant. 


Kaeroc’h é "wit ann heol, pa bàr, 
Euz ar mintinn war ann doûar, 
Ha freskoc'h iwé ’wit ar rùz, 


Pa ve gloebiet gant ar gliz-noôz. 


YVONNE KERIZELL. 


A Kerizell est une jeune fille, — dont le nom est 
Môna ou Mônik : — vous ne trouveriez pas sa pareille 


dans le pays : — je l'aime du fond de mon cœur. — 


Il n'est pas au monde de paroles, — en aucune 
langue, ni de chansons, — pour dire, comme je le 


voudrais, —- combien elle est et sage et jolie. — 


Elle est plus belle que le soleil, quand il brille, — 
au matin, sur la terre, — et plus fraiche aussi que 


la rose, — quand elle est humide de la rosée du soir ! — 


es 


He c horr zù ken mistr ha ken moan ! 
Ha "vel al lili ez é gian ; 
Ken bihan, ken skanv eo he zroad, 
Ken lemm ha ken glaz he lagad ! 


Henvel ez é euz cun oanik , 
À lamm en kichenn he vamik, 
Da viz maë, en touez ar bleüniou 


Hag ar radenn, ‘bars ar prajou. 


He ble a z0 hir ha melenn, 
Hac he c'halonik ken laouenn! 
He zàl a 20 cnn hanter loar ; 


D'ann Elez, me gred, ez é c hoar. 


He zell "20 tôm ha birvidik , 
He monez ‘vel hinin ann estik, 
Pa gàn, en noz, kichenn he neiz. 


Er gwez huél. en koajou Breiz. 


— 165 — 


Son corps est si dégagé et si mince! — comme 
le lys elle est pure : — son pied est si petit et si léger ! 


— son œil si vif et si bleu ! — 


Elle ressemble à un petit agneau — folàtrant auprès 
de sa mère, — au mois de mai, parmi les fleurs — et 


les fougères, dans les prés. 


Ses cheveux sont longs et blonds, — et son petit 
cœur est si joyeux ! — Son front ressemble à une demi- 


lune; — je crois qu'elle est la sœur des Anges. — 


Son regard est chaud et pétillant, — sa voix res- 
semble à celle du rossignol, — quand ïl chante, la 
nuit, près de son nid, —- sur les arbres élevés, dans 


les bois de Breiz. — 


— 166 — 


He diou-jôd a zù ruz ha gwenn, 
He muzellon, diou gérézenn, 
Ken fresk, ken koantik ha ken Hour, 


Ma teù en hon génd ann dour ! 


He dennt a zù ‘vel eur bagad 
Oanigou gwenn ébars ar prad, 
Ha gant ec'h halan 720 c'houez-vad. 


"Yel ar gwezvoud, pe ‘r spern, er c'hoad. 


Oh! brawa ma 2 é da welet. 
D'ar züliou, pa ve kempennet, 
Eur c'hoet dantelez war he Tenn. 


Eur groazik arc'hant "n he c herc henn ! 


Broz mezer , botou rubanet, 
Harg ceun davanjer marellet, 
Ha hi ken zard. ken skanv à droad, 


Ken sklezr ha ken lemm he lagad ! 


= Ta: 


Ses joues sont rouges et blanches ; — ses lèvres sont 
deux cerises, — si fraiches, si jolies et si luisantes, — 


qu'elles nous mettent l'eau à la bouche! — 


Ses dents ressemblent à un troupeau — de petits 


agneaux blancs, dans un pré, — et son haleine par- 


fume, — comme le chèvre-feuille ou l'aubépine au 
bois. — 
Oh! qu'elle est belle à voir, — les dimanches, 


quand elle a fait toilette, — une coiffe de dentelles sur 


la tête, — et une petite croix d'argent au cou! — 


Jupe de drap, souliers à rubans, —- avec un tablier 
à raies, — et si souriante, si légère dans sa démarche, 


— l'œil si clair et si vif! — 


— 168 — 


Nann , en holl barrojou en dr, 
N'hen eùz Ket eün all bars ar vrù, 
Ken koant ha ken fur ha Mônik, 


Mônik Kerizell, ma dousik. 


Sctu me ugent vloaz hoalet; 
Da vloaz e tennin d'ar billet ; 
Oh! ra blijù gant ma Doue 


Na vin ket zoudart d'ar Roue ! 


Ar Person Koz hon badezas, 
Neuzé "Yad hon eureujù c'hoas. 
Dirag Doué hag ar Werc'hez, 


Ha Zennt hon hro hag ann Elez ! — 


— 169 — 


Non, dans toutes les paroisses d'alentour, — il n’en 
est pas une autre, dans tout le pays, — aussi Jolie et 


aussi sage que Mônik, — Mônik Kerizell, ma douce! — 


Me voilà äâgé de vingt ans; — Tan prochain je tire 
au sort : — oh! s'il plaisait à Dieu — que je ne sois 


pas soldat du roi ! — 


Le vieux curé qui nous baptisa, — alors, certes, 
nous mariera encore, — devant Dieu et la Vierge , — 


devant les Saints de notre pays et les Anges ! — 


55 PRS + va by E er 


AR PRAD FALCHET. 


DaïVarz Brô-C'hall, 
Charlés À VRô-C'HaLr. — 


AR PRAD FALC'HET, 


Setu falc'het ar prad ! —- Doac h. pa ‘z oùn tremenet, 
Oa plijadur ’gwelet , "n touez ar ieot, ar bleuniou, 
Ken zari ho daoulagad, ken pinvidik liwet ; 


Ia zelaou ar skrilled "kana d’é ho zoniou ! 


A hel ment, oa ‘end, hac iwé a beb-liou, 
Ré c hlaz ha 1é volenn, ha ré ruz ha ré wenu, 
Hac holl ez oant laouenn, goudo ar gwal-deiziou, 


Ha ken koantik ‘savent, pa dremenenn, ho tenn: 


Melwennou Kacr Doue, ha c'houiied alaouret. 
Ha Kelenn ruz ka glaz a rée d'ez-hé al lez; 
Ann heol c hoarze out-hè, ann heol kaer beniget, 


Hag ann evned "'2anc tro-dro chars ar gwez. 


LE PRE FAUCHÉ. 


. Voilà le pré fauché ! hier, quand je passai, —- c'était 
plaisir de voir, dans l'herbe, les flcurettes, -- aux 
yeux si animés, si riches de couleurs ; — et d'écouter 


les grillons qui leur chantaient leurs chansons! — 


Il Y en avait là de toute dimension et aussi de toute 
couleur, — de bleues, de jaunes, &e rouges et de 
blanches ; — et toutes étaient joyeuses, après les mau- 
vais Jours, — et levaient si gentiment la tête, quand 


je passais ! — 


De beaux papillons, des scarabées d’or — et des 
mouches bleues et rouges leur faisaient la cour; — le 
soleil leur souriait, le beau soleil béni , - et tout au- 


tour les oiseaux chantaient sur les arbres — 


e 


Allas! er mintinn-man eur falc'her diremed 
A deüaz gant he falc'h, ha heh Kenn na truez, 
Ann dén fall digalon holl hen deùz ho falc'het ! 


Ah! ma c'halon ’zù leün euz a dristidigez ! 


Me oar eur falc'her-all, hc c'hano ar Maro. 
Hag a falc'h "n touez ann dud. a had dré-holl glac har ; 
Koz ha iaouank , eùn deiz, holl, holl hon diskaro ! 


N'an cuz neb aoûn out-han, gallout ‘rà dont, ma Kar: 


E 


Hélas ! ce matin un faucheur impitoyable — vint 
avec sa faux, et, sans regret ni pitié, — l'homme sans 
cœur les a toutes fauchées ! — Ah! mon cœur en est 


plein de tristesse! — 


Je sais un autre Faucheur, son nom est la Mort, — 
qui fauche parmi les hommes et sème partout la déso- 
lation ; — jeunes et vieux, un jour il nous abattra 
tous, tous! — Je ne le crains nullement, il peut venir 


quand il voudra ! — 


K HRERS SANT PEZR. 


Da Yari Roc’h-Allaz, 


RANNOU. — 


KÉREZ SANT PEZR, 


D'ar c'houlz m'oa hon Zalwer c'hons nebeud anvezet. 
Ma c'hée dré ann hentchou war droad, en peb amzer , 
En eur ober ar vàd, gant hé Abostoled, 


Enn deiz en em gavé Lost da eur gcr diSter. 


Bézan oa tr kreiz-dé : ann heol ‘’oa lugernuz, 
Ha neb-lec'h eùn disheol. neb-lec’h eul lômik dour! 
Ma welaz ann Aotrd, ar Mestr holl-gallouduz, 


Eon ouarn march er poultr, koz, ha toret, ha flour. 


Ma lavaraz da Bezr : — « Sav din ann ouarn-zè! » — 
Pezr na rez vân a-hed. mut ewit eur bouzar : 
He speret ’oa troët gant traou-all d'ar c'houls-zé, 


Ha na deurvéjé Ket ’n em blega d'ann douar. 


LES CERISES DE SAINT PIERRE. 


Du temps que notre Sauveur était encore peu connu, 
— et qu'il allait par les chemins, à pied, par tous les 
temps , — faisant le bien et accompagné de ses Apôtres, 


— un jour il se trouvait près d’une petite ville. 


Il était environ midi : le soleil était brillant — et 
nulle part un peu d'ombre, nulle part une goutte 
d'eau! — Quand le Seigneur, le Maître tout-puissant , 
— aperçut dans la poussière un fer à cheval, vieux, 


cassé et luisant. 


Il dit à Pierre : — « Lève-moi ce fer! » — Mais 
Pierre ne fit semblant d'avoir entendu, pas plus que 
s’il eut été sourd : — Son esprit était préoccupé de tout 
autre chose, en ce moment, — et il n'eut pas daigné 


se baisser vers la terre. 


— 180 — 


Petra hunvréé Pezr ? — Rouantelez ar bed ! 
Ta, ann Abostol hraz a glaske hen hé henn 
Ar gwella rénadur : — hünvreou Kacr meurbed ! 


Komz eùz cun ouarn marc'h, disterra kavadenn ! 


+ 


Eur gürunenn a-vad !.... Neuzè c'honz martézé...… 
Med ‘wit eûn ouarn-marc'h, n° dalvéé ket ar boan. — 
Ma trémenaz èta, pa glewas ar gomz-zé, 


Heh sellet eùz cn dra ken dister ha ken moan. 


Ann Aotro, war. he lerc'h, a deürveaz plegan, 
"WIL dastum ann ouarn, heh lavaret netra...….. 
Neuzé, pa digwezjônt da vônt er gèr vihan, 


E voerzaz a-nezhan, bars ar c'hôël genta. 


Tri diner hen goerzaz. — 0 trémenn ar marc'had. 
T welaz kérez Kacr: ma oant ken Hour enû, 
Ken rù, ma lakaënt zéder ann daoulagad; 


Enz ho gwelet, heh keu, ’teué "n dour er génû ! 


— 181 — 


A quoi rèvait donc Pierre? au Gouvernement du 
monde! — Qui, le grand Apôtre cherchait dans sa 
tète — le meilleur moyen de gouverner : de beaux 
rèves, certes! — Lui parler en ce moment d'un fer à 


cheval, — à la pauvre trouvaille ! — 


Si ceut été une couronne, par exemple!.,... Alors 
peut-être... — Mais un fer à cheval! cela ne valait 
pas la peine de se déranger. — II passa donc, en en- 
tendant ces paroles, — sans même regarder une chose 


de si peu de valeur. 


Le Seigneur, qui venait après lui, daigha se baisser, 
— pour ramasser le fer, et ne dit rien. ... — Puis, 
quand ils arrivèrent dans la petite ville, — il le vendit 


à la première forge. 


Il en eut trois deniers. En passant par le marché, — 
il vit de belles cerises; elles étaient là si luisantes, — 
si rouges, qu’elles réjouissaient les yeux, — et, rien 


qu'à les voir, l'eau en venait à la bouche ! — 


— dép = 


An Aotro a brénaz kéréz wit tri diner, 
Ha, heb laret netra, hen hi vanch ho lakaz. — 
Bars eün nebeud goudé, setuint maës ar gèr, 


Hag en hent adaré, pell d'ez-hé d'oher c'honz. 


< 


Ann heol 09 ton bepred, neb-lec’h eur voudenn-flour, 
Ken nebeud eur boud-glaz , — med poultr. ha poultr bepred! 
Kor hen dije roët Pezr ‘wit eul lômik dour : 


Ma oant holl poaniet hraz gant tômder ha zec'het. 


Ann Aotr iée a-raog. — Heb ober Yan, loskaz 
Eur gérézenn d'an traon. Pezr lammaz war ar frouez 
Kerkent, chars ar poultr, ha buhan he lonkaz, 


Ha ma lavaré c'honz : — « Gwella tra c kérez! » — 


Bars eur pcnnad goudé, ‘kouez eur gérezenn-all : 
Setu Pezr da blega ’wit hi dizout aré. — 
Eün-all ! eün-all ! eürn-all! ha ré-vad, ha re-all... 


D'hen doc pleget Kant gwech, ann Aotro lavaré : — 


— 183 — 


Le Seigneur acheta des cerises pour ses trois deniers, 
— et, sans rien dire , illes mit dans sa manche. — Un 
moment après, les voilà hors de la ville, — et en route, 


ayant encore loin à faire. 


Le soleil était toujours ardent, et nulle part un gazon 
frais, — pas davantage un buisson vert, mais de la 
poussière, toujours de la poussière. — Pierre eut payé 
cher, alors, une goutte d’eau! —. ils étaient donc tour- 


mentés par la chaleur et la soif. 


Le Seigneur marchait devant. Sans faire semblant, 
— il laissa tomber une cerise. Pierre sauta sur le fruit 
— aussitôt, dans la poussière, et l’avala vite, — et il 


disait encore : « l'excellente chose, qu'une cerise! » — 


Un instant après tombe une autre cerise : — el 
Pierre de se baisser encore, pour la ramasser. — Puis 
une autre ! — une autre ! — une autre! — de bonnes, 
de mauvaises... — Quand il se fut baissé cent lois, 


le Seigneur lui dit : — 


— 184 — 


« N'out Ket skuiz c hoz. Pezr baour? Ma karjez bout pleget 
» Eurwech,barsarc'houlz-vàd,'"witann dra hoù d dister, 
» "WIL Kalz disterroc'h c'honz n'as bije Ket renket 


» Vel-sé plega Kant gwech, ha Ken hraz poan kemer !»— 


Setu eur gentel-väd azc ‘wit peb-hini. — 
War ar maès ‘vel en Kér, tudo a beb-seurt stad. 
Ré binvidik , ré baour , iaoüankiz ha kozni, 


MU ho péd, he zelaouet , ‘wit ann holl cz è mad! — 


— 185 — 


— « N'es-tu pas encore fatigué, mon pauvre Pierre ? 


Si tu avais voulu te baisser — une seule fois, au bon 


= 


= 


» moment, de quelque peu de valeur que fût l'objet, — 


pour beaucoup moins encore il ne L aurait pas fallu — 


LA 


C2 


te baisser ainsi cent fois, et te donner tant de 


» mal! » — 


Voilà une bonne leçon pour chacun. — A la cam- 
pagne, comme en ville, gens de toute condition, — 
riches et pauvres, jeunes et vieux, — écoutez-là, je 


vous prie, elle s'adresse à tous. — 


UN T CHI ZAONBE TR 


D'am mignon 


Arzur DE LA BORDERIE. — 


EUN AMZER A 20 BET 


Eün amzer a 20 bot, ha na vié klewet 
Hon Louez ncmed iez Breiz : war ar macs vel en kèr, 
Doll ’komzemb ar iez Koz gant hon zàdd komzet, 


En Gwened. en Kernew, Leon ha Landréger. 


Eon amzer a zù bêt, oamb gwisket, "n eur chiz-all ; 
Peb-hini "n dôa tôk-braz, bragou-braz ha chüpenn, 
Ha na oamb Ket henvel harz en Breiz eùz ré-C'hall, 


Ha na oa Ket touzet hon bleo-hir war hon fenn. 


Ean amzer a zù hert. ‘vel hon hos hon dillad 


Dishenvel eùz ré C'hall, ‘oa iwé hon giziou, 


UN TEMPS FUT. 


Un temps fut où l’on n'entendait — parmi nous que 
la langue de Breiz : à la campagne et en ville, — nous 
parlions tous la vieille langue que parlaient nos pères, 


-- en Vannes , en Cornouailles. en Léon, en Tréguier.— 


Un temps fut où nous étions habillés autrement ; — 
chacun avait grand chapeau, pantalon à braies et chu- 
pen : — et nous ne ressemblions pas en Breiz à ceux 
de France, — et nos longs cheveux n'étaient pas cou- 


pés sur nos têtes. — 


Un temps fut où, comme nous avions un costume 
— différent de celui des Français, nos coutumes l'é- 


taient aussi, — 


— 190 — 


Hag en mesk K ant neuzé c kavjac'h eur Breizad. 


Heb poan a-hed - raktal. chars ann holl hroiou. 


Eun amzer a zù bêt, weliac'h honilizou, 
En Kor ‘vel war-ar-maès, lenn a dut daoülinet, 
Beb-zul ha beb-gouel herz : — Neuzè er pardoniou 


Na vijé ket danset a-raog beza pédet. 


Eon amzer a Z0 hét, "Yue Klewet en Broiz. 
En hentchou , el lannek , ha war lein ar ménez, 
A beb-tü, da guz-heol, war dro ann abardeiz, 


Känan ar gwerziou Koz hag ar zôniou newez. 


. Eùn amzer a zô hét. zoudarded Breiz-Izell 
09 doûjet en peb-lec’h, hag ar Saoz milliget 
A dec'he dira-z-hè , pé é renkè merwell, 


(Rag ré Yreiz ha ré Zaoz biskoaz n'int "n em gàret). 


— 191 — 


EL alors, au milieu de cent autres, vous eussiez 
reconnu un Breton, — sans peine, tout de suite, dans 


tous les pays du monde. — 


Un temps fut où vous eussiez vu nos églises, — en 
ville, comme à la campagne, remplies de gens à genoux, 
— chaque dimanche et fête observée : alors, aux par- 


dons, — l'on ne dansait pas avant d’avoir prié. — 


Un temps fut où l'on entendait en Bretagne, — dans 
les chemins , sur la lande, sur le haut de la montagne, 
— de tous côtés , le soir, vers le coucher du soleil, — 


chanter les vieux gwerz et les sônes nouveaux. — 


Un temps fut où les soldats de Breiz-Izell — étaient 
craints en tout lieu, et l'Anglais maudit (1) — se reti- 
rait devant eux, ou il lui fallait mourir, — (car ceux 
de Breiz et ceux d'Angleterre jamais ne se sont aimés.) 


(1) Dans nos campagnes on prononce rarement le mot Sao- 
zon (Saxons, Anglais), sans l'accompagner de celte épithète. 


— 192 — 


Eün amzer a zù hét, na garriemb ket, a grenn. 
Gwelet tud divrdëét, — ré Zaoz, pé rc bro-C'hall. 
(Rag ni, a-beb amzer, 20 hot kaled hon fenn), 


0 tont da werza d'imb eur iez hag eur feiz all. 


Eon amzer a zù hét, hag ez oa cun énor 
Deza gànet en Breiz, heza c'hanvet Breizad. 
Hag è vijè lâret : — paotred-vad ann Armor ! 


Ha kément-zé oa gwir. — Henès oa "n amzer vad) — 


IE. 


Pé-lec'h ‘ma n amzer-zè? Pélec'h éma, siouaz ! 
Ha ni dlé beza holl Saozon pè Gallaoued ? 
N'enz ket a Vreizaded bars en Breiz-Izell c'honz. 


Ni ar mibienn héna, martézé, euz ar bed ? — 


Marw èz éta Armor?—-Nann,ar paotr koz, m'hengoar, 
Karget hé izili a liammou c houarn, 
‘Zù astennet hé gort hrema war ann douar, 


Eùz hen diwall tann Zaoz, ha Gallik al Louarn. 


— 193 — 


. Un temps fut, où nous n'aimions pas, absolument, 
— voir des étrangers, — Anglais ou Français, — (car, 
de tout temps, nous avons eu la tête dure), — venir 


nous vendre une autre langue et une autre foi. — 


Un temps fut où c'était un honneur — d'être né en 
Bretagne et d'être appelé Breton, — et l'on disait : 
« Les bons gars d'Armorique! » — Et cela était vrai. 
— C'était là le bon temps! — 


= 


IT. 


L 
Où est ce temps-là! où est-il , hélas ! — Deviendrons- 


nous donc tous ou Anglais ou Gallos ? — Et n’y a-t-il 
plus de Bretons en Breiz-Izel. — nous, les fils ainés, 


peut-être du monde ! — 


Est-il donc mort, Armor? — Non, le vieillard, je 
le sais, — les membres chargés de chaînes de fer, — 
est maintenant étendu tout de son long sur le sol, — 


surveillé par Jean l'Anglais et Gallik le Renard. — 
13 


— 194 — 


Tro-dro, kornandoned louz ha fall, a vägad, 
A lamm, a dans, alàr : — « Marw ez ar paour Armor ! 
» Setu-han diskaret) oh ia, marw ez, marw mad! 


» Marw e) marw ed! marw eù ! —Taolombhe gort er mor !» 


Piou a gomz er giz-zè? — Paotred Saoz ha ré-C'hall? 
Nann,nann,n’hend'èketmarw, med Kousket enn tamik; 
Kanet, Kanet izell; m'hen gwelfac'h à finwall 


He viz hihan heb Ken, gant spont c varwfac’h mik. 


Diwallet) diwallet) mar Kanet ré-huël 
E c'helfé dishunvi : n'oc'h cenz-c' hut Ket gwelet 
Klézé hraz ar Gwesklen, ar paotr mad er brézel, 


He zorn-deù warn-ez-han? — M'hen lar c'hoaz : diwallet! — 


Mar dishunv ar paotr-mad (oher rel martézé) 
Neuzé ho pezd keuz, neuzc YO cnn dans-all ! 
Saozon, chui hen goar mad, eù ponner he glézé, 


Ha c'hui na c'hoarzfet kén er giz-zé, paotred Gall ! 


— 195 — 


Tout autour de lui, des troupeaux de nains sâles et 
méchants — sautent et dansent, en criant : « Il est 
» mort, le pauvre Armor !--— Le voilà renversé à terre! 
» Oh!oui, ilest mort, et bien mort! — lL est mort!ilest 


v mort ! il est mort! Jetons son corps dans la mer! » — 


Et qui donc parle de la sorte ? Les Anglais ? les Fran- 
çais? — Non, non, il n’est pas mort, mais seulement 
un peu assoupi. — Chantez, chantez bas! si vous le 
voyiez remuer — seulement son petit doigt, vous en 


mourriez de frayeur! — 


Prenez garde! prenez garde! si vous chantez trop 
haut, — il pourrait bien se réveiller : n avez-vous donc 
pas vu — la grande épée de Duguesclin , le bon guer- 
rier, — sous sa main droite? Je le répète : prenez 


garde ! — 


S'il se réveille, le bon gars (et il le fera peut-être), 
— alors vous vous repentirez, alors ce sera une autre 
danse ! — Anglais , vous le savez bien qu’elle est lourde, 
cette épée! — et vous, Français, vous ne rirez pas 


tant! — 


— 196 — 


Neuzé vezd Klewet : — « loù ! iou! dir en awell) 
» El lannek, er menez, war-zav, war-zav dré-holl! 
» Arzur ‘gerzd ganeomb , paotred-vad Breiz-Izell ! 


» Arzur, Doue ouspenn, kerzomb, n'hellomb ket koll! » 


Plouilliau, miz Eost 1863. 


— 197 — 


Alors on entendra : « Jou! iou! acier au vent! — 
— » sur la lande et la montagne, debout! debout par- 
» tout! — Arthur marchera avec nous, bons gars de 
» Breiz-Izell! — Arthur, Dieu de plus , marchons, 


» nous ne pouvons pas perdre! » — 


Ploumilliau, Aout 1863. 


nE, na Tia 1509. 


d À 
eu K 


t V e 
U N S 
a = 
RULES K 
70 (TER 
POULE D 
fa "a Tay © 
w nmb 8-6. 7 
b dat r LA L 
D 


FANCHIK MA JANIK. 


D'am mignon 


Emile GrimAuUD. — 


FANCHIK HA JANI. 


Deac'h d'abardeiz, goudè "n tômder, 
Pa oan à vâlé dré ‘r parkou, 
‘Klewiz eur voucz hucl ha sklezr, 


O Kang war-duz ar prajou. 


— « Mé ez ia eur wech c'honz béteg ti ma mesirez, 
» Ha pa gollfenn ma tonn, gret am eùz aliez : 
» Ann dud a lavar d'in am eùz amzer gollet, 


» Ha mé, wit ho c'hlewet, bepredn'ho£’hredan ket.» — 


Ha mé chonm "n em zao da zelaou : 
Ha ma klewiz neuzè zoudenn 
Eur vouezik-all, en touez ar faou, 


Pehini a gand. ‘vel-henn : — 


FANCHIK & JANIK. 


Hier soir, après la chaleur, — comme j'étais à me 
promener par les champs, — j'entendis une voix claire 


et haute — qui chantait, du côté des prairies. — 


— « Je vais encore une fois jusqu'à la maison de ma 
» maitresse , — et quand je perdrais ma peine, souvent 
» je l'ai fait : — tout le monde me dit que je perds 


» mon temps, — et moi je ne veux pas les croire. » — 


Et je m'arrètai, pour écouter : — et peu après J'en- 
tendis — une autre voix, parmi les hètres, — qui 


chantait ainsi : — 


— 202 — 


— « Korfet brad è ma mestrez, balc é ra er-fad, 


» Ruz eo ével eur rozenn, ha glaz hi daoulagad ! » — 


Eùz ho moueziou ‘oa anad mad 
Na oant c'hons ncmed bügalé , 
0 vessà ar zaoud bars ar prad, 


Unan oa plac'h, paotr egilé. 


— « Jànik, ‘skrijé ar paotr Fanchik. 


= 


» Do-lec'h oud-ta , pa n'as gwelan 7 


LA 


Sav da vàz d'ann neac'h eùn tamik. — 


» — Sell ! sell! ma gwelet "rez breman ? — 


— » Na ràn ket da ! deuz ‘n Kreiz ar prad. 
» Duhont en tàl ar vuc'h penn-gwenn. — 
» — Sell! — ah! bréman as gwelan mad, 


v Gant da vrèz-c'hlaz, ha diarc'henn. — 


— » Diez è da zaoud da diwall" — 
v — Ja! ma c'hôlé ha ma buc’h-dûù 
» War ar melchon, bars ar park-all, 


» "Vel ma pellaan , ‘vé diouc h-tu. 


— 203 — 


— « Ma maitresse est bien faite de corps, sa dé- 
» marche est gracieuse, — elle est rouge comme une 
» rose, et ses yeux sont bleus. » — 

A leurs voix, il était facile de reconnaitre — que ce 
n'étaient encore que des enfants, — gardant les vaches 


dans la prairie, — l’un garçon , l’autre fille. — 


— « Jànik! — criait le gars Fanchik, — où donc 


S 


es-tu, que je ne te vois pas ? — Lève un peu ton bà- 


ton en l'air. — Tiens! tiens ! me vois-tu maintenant? — 


< 
L 


— » Non da' viens au milieu de la prairie, — là- 


bas, près de la vache à tèteb lanche. — Tiens ! — ah 


C 


» à présent 10 te vois bien, — Yoc ta jupe bleue et 


x et nu-pieds. — 


— » Tes vaches sont-elles difliciles à garder? —— oui, 


S 


mon taureau et ma vache noire, — sur lc trèfle, 


C 


dans l’autre champ, — sont à l'instant, dès que je 


» m'écarte. — 


— 204 — 


— » Pé-goulz "kassi da zaoud d'ar gèr ? — 
» — Pa zôn0 "n Angelus ; ha té? — 
» — Ha mé iwé. — Té ‘s bé amzer 


» D'oher ‘vel ma Karez goudé ? — 


— » Zè n'eù Ket gwir; red ’vé d'in c'hon: 
v Gwalc'hi patatez, hac oher 
» Tan dindan-hè, hetec bond poaz, 


» Ha "hoes pura ar gaoter. — 


— » Ha mé : — lakad hord d'ap c'hezek. 
v Klask ar moc'h. ho lakad "n ho c'hraou. 
» Klask ann denved bars al lannek, 


» Eon hanter-lew, heb laret gaou. 


— » Fanchik, deùz aman ctn tamik. — 
» — Mont rar ma zaout da laerez. — 
» N’aint ket, ‘éwit eur pennadik ; 


» Mé ‘m eùz avalou, ha Kerez ! 


Me — 


— » Quand reconduiras-tu tes vaches à l’étable ? — 
» quand sonnera l’Angelus ; et toi? — moi aussi. — 


» Tu as le loisir alors — de faire ce que tu veux! — 


— » Ce n’est pas vrai; il me faut encore — laver 
» les pommes de terre et faire — du feu dessous, jus- 
» qu'à ce qu'elles cuisent, — et, souvent, écurer le 


» chaudron. — 


— » Et moi donc : mettre à manger aux chevaux, — 


y 


» chercher les pourceaux, les renfermer à l'étable, — 
» chercher les montons sur la lande, — nnc demi 


* lieue d'ici, sans mentir. » — 


— » Fanchik, viens ici un peu. — Mes vaches 
» iraient voler. — Non, pour un instant seulement, — 


moi , J'ai des pommes et des cerises! — 


CA 


= DHE 


— » Avalou? té (enz avalou? — 
» Ja, ma faotrik, ré-rù, ré-vad; 
» Mé ret did leiz da c'hodélou, 


» Med "pahad vô läret d'am zad! » 


Ha Fanchik dreist ar c'hleuz er prad! 
Setu-han en kichenn Jänik , 
Skanv, birvidik he daoulagad, 


Ha ’n he greiz ‘lamm he galonik. 


Ha c'hoarz, ha kan, ha lévénez ! 
M'ho gwell hrema duhont, ho daou, 
War ho fenn peb a garlantez, 


En ho c'hoanzé dindan ar faou. 


Gant-ez a leiz beb-seurt bleuniou , 
Burlu, bleün-bälan ha spern-gwenn, 
Ha bleuniou-all, a beb-seurt lou, 


Hac hi à Kanan a boez-penn! — 


— » Des pommes? — tu as des pommes, toi? — 
» Oui, mon gars, des pommes rouges et bonnes ; — je 
» t'en donnerai plein tes poches, — mais il faudra 


» n'en rien dire à mon père! » — 


Et voilà Fanchik qui saute par dessus la clôture dans 
la prairie! — Il est près de Jànik, — léger et les yeux 


pétillants, -— et son petit cœur bat dans sa poitrine. — 


Et des rires, des chants, de la joie! — Je les vois à 
présent là-bas, tous deux, — sur leur tète des guir- 


landes, — et assis sous les héros. — 


Ils ont quantité de fleurs de toute sorte , — digitales, 
genêts et aubépine blanche, — et d'autres fleurs en- 
core, de toutes les couleurs, — et ils chantent à tue- 


tète. 


— 208 — 


Keit-zé ar zaoud ‘’zù 0 laeres , 
War ar c'haol ha war ar melchon, 
War ann ed hag ar patatés : 


Ma digwez mamm Fanchik, Fanchon ! 


Allas ! ha kerkent ann taoliou 
Da goeza war ar paotrik Kkaës, 
Ha taoliou dorn, ha bàc'hadou : — 


A-walc'h) a-walc'h) mamm didruez! — 


Ah! Fanchik paour , ah ! paotrik kaës, 
Neh "hunvre kérez, avalou. 
Eùz ar merc'hed na dap "lioz 


‘Med kalounad hag ankeniou ! — 


Kerarbcrn, e miz Gouéré 1863. 


S 


Pendant ce temps-là, les vaches sont à rapiner, — 
sur les choux, sur le trèfle, — sur le blé et sur les 
pommes de terre : — mais voilà que survient la mère 
de Fanchik , Fanchon! — 


Hélas! et aussitôt les coups — de pleuvoir sur le 
pauvre garçon, — coups de poing et coups de bâton : 


— assez! assez! mère sans pitié ! — 


Ah! Fanchik, mon pauvre garcon! — celui qui 
rève ecrises et pommes, —- n'attrape souvent des 


femmes — que crève-cœur et tourments ! — 


Keramborgne, Juillet 1863. 


11 


AR MÉDERIENN. 


Da varz Sant Lorans, 


ann A ord KEMAR. — 


AR MÉDERIENN. 


— « Gwaskomb, paotred, gwaskomb! - en penn ann erw Fantik 
» Gere’hù eur pichet chistr ! — Stard , Ervoan ha Gabik ! — 
v Gwella da Véderienn ! — Gloeb-dour int gant ar c’houez ! 


» War ho lorc'h ann irwi "n em c'holo a damoez! » — 


"Vel-zé ’komzé c0n deiz Laou gùz d'he véwélienn, 
En eur parkad gwiniz, n hé zav war ar wrimenn. 
Neuzé pijé gwelet ar falz 0 vônt en dro. 


Ha war ann erw ken Stank ’koezan ann ed daro ! 


Ar skrilled a ganc a béb-tuz ho zôniou, 
Hag ann evned hihan. er gwez, mesk ann delon: — 
Hag ann heol ‘’oa ken tom ! ha gant ar c'houez treuzet. 


Ho rochedou Kanal war ho c'hein ‘’oa peget. 


LES MOISSONNEURS. 


« Ferme ! les gars, ferme! au bout du sillon Fantik — 
* ira prendre un pichet de cidre : ferme, Yves et Gabriel! — 
» Les bons Moissonneurs! ils sont tout trempés de sueur ! — 


» Derrière eux les sillons se couvrent d'épis ! » — 


Ainsi parlait un jour le vieux Laou à ses domestiques, — 
dans un champ de froment, debout sur la lizière. — Alors 
vous eussiez vu la faucille en mouvement, — et le blé mgr 


tomber si pressé sur le sillon ! 


De tous côtés les grillons chantaient leurs chansons , — 
et les petits ciseaux aussi, dans les arbres, sous la feuillée ; 
— et Le soleil était si chaud ! et traversées par la sueur, — 


leurs chemises de chanvre étaient collées sur leur dos! — 


— 91{14 — 


4 


Neb gir na lavarent. Fanch-vraz ez oa er penn, 
Ha distaolet gant-han ha bôtou ha chupenn; 
Fonch-vraz, gwella mewel ez oa neb-lec'h er vro : 


Na vijé ket Kavet hé har dek lew trè-drô. -— 


Goudé Fanch-vraz ‘’teué Kerkent Ervoan ar Meur , 
Ha war hé lerc'h. Iannik ann Talek hag he vreur, 
Paotred-vad bars eur park , pè gant tranch pè gant falz, 


Labourerienn Kaled. ‘vel ma 20 "n hon hro Kalz. 


Eon Lamk war ho lerc'h Efflam Kerborio 
’Boaniè stard , ’n hé gichenn Fantik Kerlohio. 
Allaz ar plac'hik pâour n'helljé c'heuil birwikenn 


Mar na ràjé Efflam ann hanter hi-lddenn. 


Ha ma luc'hé ann beol. ma kàné ann evned, 
Hag ar falz , ’vèl eùn aer, ‘ruzé en mesk ann ed, 
Hag ar gwiniz troc'het, ken pouner. ken mélenn, 


‘C'hôloé ann irwi, war ho lerc'h. penn-da-benn. — 


= de 


Pas un mot! — Fanch-vraz était en tête, — ayant jeté 
ses sabots et sa veste; — Fanch-vraz, le meilleur domes- 
tique qu'il y eût au pays ; — à dix lieues à la ronde on n'eût 


pas trouvé son pareil. — 


Après Fanch-vraz venait aussitôt Yves Lemeur — et après 
lui Iannik Talek et son frère, — de bons gars dans un 
champ avec la pioche comme avec la faucille, — de durs 


laboureurs. comme il en est beaucoup dans notre pays. — 


Un peu derrière eux Efflam Kerborio — travaillait ferme, 
ayant près de lui Fantik Kerlohio. — Hélas ! la pauvre fille 
ne pourrait jamais suivre, — si Efflam ne faisait la moitié 


de sa tâche! — 


Et le soleil brillait, et les oiseaux chantaient, — et la 
faucille, comme une couleuvre, se glissait parmi le blé, — 
et le froment coupé, si lourd, si jaune, — recouvrait les 


sillons, tout du long, derrière eux! — 


ET 


E maint en penn ar park ! Sétu tônt ar vâtez, 
Ha war hi fenn gant-hi laès-kaoulet ha krampoez. 
Ah) gwella ma kavfônt bremaïk ho mérenn, 


"N ho c'hoanzez war ar icod , en skeud eur c'hoz derwenn ! 


Eur c hornaded bûtun vezd gret goudé-zé , 
Eul lômik gwin-ardant vô iwe , martézé. 
Holl ho gwellfet laoueun, ha hch damant d'ho foan ; 


Ha d'all labour Kerkent. béteg ma vô Koulz Koan) — 


Labourerienn ma bro , Méderienn kalonek, 
Pé-ré a bed Douc hcmdez en brezoncek, 
Warc'hoas éman ar zul : goudé ann oferenn 


Er pardon c tansfet , lammfet war ar c'hlazenn ; 


Ha pa güzù ann heol. c teufet loll d'ar gèr, 
0 c'hoarzinr , 0 Kana, laouenn ha dibreder. 
Efflam a breend kraou-amandez da Fantik , 


Hag Ervoan ha lannik ’ambrougd lo dousik. 


— 217 — 


Ils sont à l’autre bout ; et voilà venir la servante, — por- 
tant sur la tête du lait caillé et des crêpes. — Oh! comme 
tout-à-l'heure ils vont trouver bon leur repas, — assis sur 


l'herbe, à l'ombre d’un vieux chène! — 


On allumera ensuite une pipe, — peut-être y aura-t-il 
aussi -une goutte d'eau-de-vie. —- Vous les verrez tous con- 
tents, sans crainte de la peine : — et au travail encore , 


jusqu'à l'heure du souper ! — 


Laboureurs de mon pays, moissonneurs courageux, — 
qui, chaque jour, priez Dieu en breton ; — c'est demain le 
dimanche : après la grand'messe, — vous danserez et sau- 


terez au pardon, sur le gazon. — 


Et à l'heure où le soleil se couchera, vous reviendrez tous 
à la maison — en riant et en chantant, joyeux et sans 
soucis : — Efflam achètera des amandes à Tank. — et 


Ervoan et lann reconduiront leur douce, 


S 26 


Ha d'al lon labourfet aré, heh keuz na Klemm, 
Mar bé mad ar c'hrampoez, ha mar bè ho falz lemm : 
Ha ‘vel-sé , arrufet ken brad gant ar Màrd, 


Hel Keuz a-bed , na spont , digwezù pa gàrû ! — 


En Plouaret, mis Eost 1861. 


E 


Et le lundi vous travaillerez encore, sans regret et sans 
plainte, — si les crèpes sont bonnes et les faucilles bien 
aiguisées ; — et de la sorte vous arriverez si doucement à la 
Mort, — sans regret, sans effroi, qu'elle vienne quand elle 


voudra! — 


Plouaret, mois d'Aout 1864. 


SONE. 


SONE. 


Tri aval rp, tri avalik 
Am eùz, hag a "70 ken koantik! 
Hag ann neb am c'haro raktal. 


"hoin d'ez-han ma zri aval. — 


Ma avalou a 20 ken flour ! 
Euz ho gwelet heb Kon ann dour 
"’Deù en gènù ar haotred koant, 


Har holL e varvont gant ar c'hoant! — 


Gab Rosmad ha Laouik Guillou. 
À garfè kaout ma a valou; 
Hogenn unan 720 kéméner, 


Hag égilé eur messaér. 


SONE. 


J'ai trois pommes rouges , trois petites pommes , — 
et elles sont si jolies! — Et celui qui m'aimera, sur-le- 


champ, — je lui donnerai mes trois pommes. — 


Mes pommes sont si luisantes! — rien qu'à les voir, 
l'eau — en vient à la bouche aux jolis garçons, — et 


tous meurent-d’envie (de les posséder). — 


En 


Gabriel Rosmad et Laouik Guilloû , — voudraient 
L s 
bien avoir mes pommes, — mais l'un d'eux est tail- 


leur, — et l’autre pâtre ! — 


= 94 


Ann holl a lavar ez oùn koant, 
Ha koantiri a dalv arc'hant : 
Me a tell d'in kaout eur mabik 


Enz à di mad, ha pinvidik. — 


Pa oann 0 Kanna war all lenn, 
Lon evnik "laraz uz d'an penn : 
« — Oc’h avaloù ‘wenvd, merc'hik. 


» Hô roët bûhan da Laouik ! » 


Kenavd d'an zri avalik, 
Kèn flour, kèn ruz ha kèn koantik ! 
Da Laouik ho c'hassan raktàl, 


Henès ‘’debrd ma zri aval! 


Tri aval rü , tri avalik 
Am eùz, hag a "70 ken koantik ! 
Hag ann neb am c'haro raktal. 


"hoin d'ez-han ma zri aval. — 


ob 


Tout le monde dit que je suis jolie, — et la beauté 
vaut de l'argent : — je prétends avoir un fils — de 


bonne maison, et riche. — 


Un jour que j'étais à laver sur l'étang, — un petit 
oiseau dit au-dessus de ma tête : — « Vos pommes se 


» flétriront, la belle enfant, — donnez-les vite à 


» Laouik ! » — 


Adieu à mes trois petites pommes, —- si luisantes, 
si rouges et si gentilles! —- Je vais sur-le-champ les 
porter à Laouik; — c'est celui-là qui mangera mes 


pommes ! — 


J'ai trois pommes rouges, trois petites pommes, — 
et elles sont si jolies ! — Et celui qui m'aimera, sur-le- 


champ, — je lui donnerai mes trois pommes ! — 


ee 


d L 


ae à 


Ñ k UM ET golfs X 
à ." hr "ARR Pa 


TU > 


- E pe EZ Pa n Kei 2 MATRA C 
C Y L) Ea c l ET Me: si 9. 0011 D 86 C 0 Hé 


D don. 
| FAR gnr bdn Ri da: 


D 
4 = + 


JANNÉDIK KOANT. 


D'ann Aotro Troupe, 


Reizer iez Breit. — 


JANNÉDIK KOANT. 


En hanv, da viz ewenn, pa vé Koulz ar falc'her 
Da falc'had ar prajou, pa gan ann alc'houeder , 
Ar goulm , ann durzunel, pa vé leùn ar parkou 


À ed-glaz, a velchon, a c'houez-vad ann henchou ; 


Pa luc’h ann heol en oabl, pa ra peb evn hé neiz. 
Er c'harz pé er wezenn , eul lûn, da abardeïz, 
Jannédik koant laré da Yvôna Rosmad, 


Pa oant à c'horo ’r zaoud, ho diou , en korn ar prad : — 


-— « Bezet drouk, bezet mad gant ann nch a gàro, 
» Na rân némeur a forz, mè làr hag a ldr. 
s Er hbloas-ma ‘timezin! » — Tortet gant ar gozni, 


Hag ar boan, Gaodik-kôz neuzé laraz d’ez-hi : — 


LA BELLE JEANNE. 


En été, au mois de juin, à l'époque où le faucheur 
— fauche les prés, quand chantent alouette, — la 
colombe, la tourterelle, quand les champs sont pleins 


— de blé vert et de trèfle, et les chemins de parfums ; 


Quand brille le soleil au firmament, quand chaque 
oiseau fait son nid, — dans la haie ou sur l'arbre , un 
lundi, vers le soir, — la belle Jeanne disait à Yvonne 
Rosmad, — quand elles étaient à traire les vaches, 


toutes les deux, au coin d'un pré : — 


— « Le trouve bon ou mauvais qui voudra, — je 
» m'en soucie peu, mais je dis et je dirai, — cette 
» année je me marierai! » Courbée par la vieillesse , —- 


et la peine, la vieille Marguérite lui dit alors : — 


— 230 — 


— « C'hui-vad a zù Klasket dreist ann holl, Jannédik, 
v Gant tud iaoüank ar vro) med diwallet, merc hik. 
v Rag c'hons oc'h iaoüankik ; dibabet d'in bepred 


» Eur penn-tiègez mad , gant parkou ha loëned. 


» lannik al Lagadek ’zù eur paotr stumed-mad, 
v Nerzuz ha kalounek , Konlz "vel ma ’z eo he dad ; 
» Na ev ha na c'hoart: hennez "70 don a-benn, 


» Leùn he zaolier a ed, har he graou a oc'henn. 


» Ann holl er vro hen gonr, he dud ‘zù pinvidik, 
» fa mar Karet selaou, "larin dec'h pôlezik : — 
» Heh màdô, peurvuia , "Yé bezr ar carantez 


x Diwezatoc'h welfet ha mè lar gwirionez. » -- 


—- » lannik al Lagadek! eur genaouek ’vel-sé ! 
» Ha da bétra dàlfé d’in-mé boût Koant neuzé 7 
* Kement "Kar hé gezek, he zaoud, ar paotr Iannik. 


» Na gavfé ket amzer d'an c'haront cun tammik! 


LA 


S 


C 


CA 


» 


— 231 — 


— « C'est vous qui êtes recherchée, par dessus 
toutes, Jeanne, — par les jeunes gens du pays! 
mais prenez garde, ma fille, — car vous êtes encore 
bien jeune; choisissez-moi toujours — un bon chef 


de ménage, avec des champs et du bétail. 


v Iannik Lagadec est un garcon qui a bonne mine; 
— ilest vigoureux et courageux, comme son père ; —- 


il ne boit ni ne joue, c'est un homme de tête ; — son 
grenier est plein de grain, et son étable, de bœufs. — 


» Tout le monde, au pays, sait que son père est 
riche, — et, si vous voulez m'écouter, je vous dirai, 


ma poulette: — sans biens, ordinairement, l’amour 


dure peu ! — Plus tard vous verrez si je dis vrai! — 
— » Januik Lagadec! un imbécile comme ça! — A 
quoi donc me servirait alors d’être jolie! — il aime 


tant ses chevaux et ses vaches, le gars Iannik, — 


qu'il ne trouverait pas le temps de m'aimer un peu! 


EN L 


» Komzet d'in eùz Jobik, a velinn ar stank-vraz, 
» Gant he vleù melenn-aour, hag he daoulagad-glaz ! 


» "Wit eur gir-mad eùz-hau , pG ‘wit eur zer-lagad, 


x 
ÿ 


Mé a rôfé kant gwech Iannik hac he holl vad ! — 


— » Oh! plac’hik hi tenn skanv ! diwallet, ann amzer 


’Zù kriz ha didruez, hag a diskar en bezr 


* Karantez jaoüankiz ; ha goudè , aliès, 


» Na chomm med paourentez, ankenn ha dienès ! » — 


— » Lavaret d'in, mamm gôz, pétrarinn gant are hant 


S 


Keit ha ma vinn karet, ha iaoüank flamm ha Koant 7 


Préena kézek ha zaoud, dastum eur ialc'had aour ? 


L 


> 


Ah ! gwell eù karantez, pa dléfenn beza paour ! » 


Dimèzet eo brema, Jannédik d'hi Jobik, 
Ha pell-amzer a zù eù tremenet Gaodik : — 
Bennoz Doue gant-èz, ha komzou ar wrac'h-kôz 


Ra deüint Ket d’ankenia speret Jannet en nôz! 


C 


LC 


C 


C 


— 9233 — 


» Parlez-moi de Jobik, du moulin du grand étang, 
— avec ses cheveux jaune-d'or et ses yeux bleus! — 
rien que pour une bonne parole de lui, ou pour une 
œillade, — je donnerais cent fois Tannik , avec tous 


ses biens! — 


— » Oh ! fillette à la tète légère, prenez garde, le 
temps — est cruel et impitoyable, et il abat vite — 
amour de jeunes gens ; et après, trop souvent, — il 


ne reste que pauvreté, chagrins et misère ! — 


— » Dites-moi, grand'mère, que ferai-je avec de l'ar- 
gent, — pendant que je serai aimée, et jeune et jolie? 
— Acheter des chevaux et des vaches, ou ramasser 
une pleine bourse d’or? — Ah! j aime mieux de l'a- 


mour, et quand je devrais être pauvre ! » — 


Ils sont maintenant mariés, Jeanne et Jobik, — et 


depuis longtemps la vieille Gaodik est morte : — la 


bénédiction de Dieu soit avec eux, et puissent les pa- 


roles de la vieille — ne pas tourmenter l'esprit de 


Jeanne, la nuit! 


We 
Z 


fait “antigen # roat 4 


Dou Y 5 L Ni 


En 


KENAVO. 


D'am mignon ha kenderv, 


P. az Luyer, — Kabiteon en Gward ann Impalaër. — 


KENAVO ! 


Kenavd, Mari, ma dousik. 
Kenavd, mé ‘ia bremaïk 
Dühont, dindan ar mogero. 


Da verwel, à tifenn ma hro) 


A-beb-tù "Lenn ar c'hanonou, 
A-beb-tu ‘soon ann trompillou , 
Rèd c monet a galon vad. 


Hag heb aoûn, ‘vel eur gwir Vreizad! 


Mé ieï gant eur galon laouenn, 
Er renk kenta, huël ma Tenn: 
Me varwd hel keuz , "wit Douc. 


"WIL ma hro ha "wit ma Rouc. 


AU REVOIR ! 


Au revoir, Marie, ma douce! — au revoir ! je vais 
à l'instant, là-bas, sous les remparts, — mourir pour 


la défense de mon pays! — 


De tous côtés tonnent les canons, — de tous côtés 
sonnent les trompettes; — il faut aller, de bon cœur, 


— et sans peur, comme un vrai Breton ! — 


Oui, j'irai d'un cœur joyeux, — au premier rang, 
la tête haute; — je mourrai sans regret pour mon Dieu, 


— pour mon pays et pour mon Monarque ! — 


T 


Kimiad. kimiad ewit ar bed, 
Lec’k na dleomb ken "n em welet, 
Ni "H em gavo en Env eûn deiz. 


Gant holl zoudarded vad ar feiz. 


Ar boulodou a uz d'an fenn, 
En ear, a c'huistel à trémenn, 
Holl ’ma en Lan ar môgero, 


A-beb-tu "welan pro vàro. 


Setu , setu deiz ann cured ! 
Ma goad-mé ed gwin ruz ar pred. 
Hag ar c'hanon bag ar c'hlèzron, 


En lec'h ar biniou, a zoon! — 


Deuz ta, deuz ta, ma c'halonik, 
Ma trémenin war da vizik 
Ar walenn a briadèlez, 


Kaeroc’h wit hint Rouanez. 


— 239 — 


Adieu, adieu pour ce monde, — où nous ne devons 
plus nous revoir ; — nous nous retrouverons un jour 


dans le ciel, — avec tous les bons soldats de la foi ! — 


Les boulets au-dessus de ma tête, — sifilent dans 
l'air, en passant, — les remparts sont tout en feu , — 


de tous côtés je vois des morts! — 


Voici, voici le jour des noces ! — mon sang, à moi, 
est le vin rouge du festin , —- et le canon et le clairon 


— nous tiendront lieu de Biniou ! — 


Viens donc, viens, à mon petit cœur, — que je 
passe à ton doigt charmant —- l'anneau conjugal, — 


plus beau que celui de Reine. — 


— 240 — 


Kimiad c'hoas, Kimiad wit ar bed, 
Dez koûn eùz da zoudard bépred, 
Marwet "wit he vro hag he feiz, 


‘Vel peh hugel mad euz a Vreiz! 


— 941 — 


Adieu encore, adieu pour dans ce monde! — sou- 
viens-toi toujours du soldat — mort pour son pays et 


sa foi, — comme tout bon fils de Breiz) — 


16 


ê à E w d 0 # 9 NH -9 Ç 
CE 15 
Ré OP H 


LE 


E 


+ 


es A [2 


Ç Y 
PT H à 


MARC'HAIT ANN NÉEREZ. 


Da Varz Laouenanik Breiz, 


MILIS. — 


MARCHAIT ANN HÉEREZ. 


War gwenojen ar bourk, bemdé, pa dréménan, 
E welan eur plac'hik war he c'harr à nezan, 
Eur plachik Koant ha fur, lagad dû, bleo melon, 


Hac en hi zi halan ken zéder hi c'halon ! 


Atù war dreuz hi dor e Kan ‘vel eûn estik, 
Eur zôn newez bennag, eur werz Koz, eur c'hantik, 
Hag à Kana zoniou ha gwerziou-kz ar vrù, 


Hi dornik skanv ken brad a gass hi c'harr en dro: 


En deiz-all ’n em güziz "wit selaou ar plac'hik. 
A-dreg eur voujenn c'hlaz, ’zù "n kichenn hi c'hèrik, 
Ha setu ar zônik a gâné hi mouez sklezr, 


Vel eul laouenanik, pé ‘vel eùn alc'houeder. 


 MARGUÉRITE LA FILEUSE. 


L 


Sur le bord du sentier qui mène au bourg, tous les 
jours, quand je passe, — je vois une fillette qui file 
sur son rouet, — une fillette sage et jolie, œil noir, 


cheveux blonds, — et le cœur si gai, dans sa chau- 


mière ! — 


U 


Elle est toujours sur le seuil de sa porte , et chante, 
comme un rossignol, — quelque vieux gwerz, un sône 
ou un cantique, — et tout en chantant les sônes et 
les vieux gwerz du pays, — sa petite main si légère et 
si gentille fait tourner son rouet. — 

L'autre jour je me cachai, pour écouter la fillette, 
— derrière un buisson vert, qui est près de sa petite 
maison, — ct voici la chansonnette que chantait sa 


voix claire, — comme un roitelet ou une alouette : 


2946 2 


« Macharr, ma gwerzid, ma c'heïell, 
» Ha ma neùd-lin war ma c'hàânell, 
» Gant-ez oùzon gônid harn. 
» Wit-zé ho c'haran dreist peb-tra, — 
» Dreist peb-tra, goudé ma mammik, 
» Ma mammik paour ha ma zàdik, 


» Ha goudè hon Zalwer Jezuz 


S 


Hag ar Werc'hez madelézuz. 


» Ma c'harr, té a ro d'in dillag, 
» Eneb ar goanv kriz ha divad, 
v Hag er marc'had me werz ma neud. 


» Ha, d'ober krampoez, a brén bleud. 


» Mé breno c'hoas gant ma c'harik 
» Eur c'hog ruz hac cur bolezik, 
» Ha martézé cnn oanik gwenn, 
» Kerkoulz ha Soezik Liboudenn. 


U) 


» 


» 


» 


— SRE 
HE 


« Mon rouet, mon fuseau, ma quenouille, — et mon 
fil de lin sur ma bobine, — avec eux je sais gagner 
du pain, — et c'est pourquoi je les aime par dessus 


tout ! — 


» Par dessus toute chose, après ma mère chérie, — 
ma mère chérie et mon père, — et après Jésus, 


notre Sauveur, — et la Vierge pleine de bonté. — 


» Mon rouet, c'est toi qui me donnes des vêtements, 
— contre l'hiver rude et inclément, — et, au mar- 
ché, je vends mon fil, — et achète de la farine, pour 


faire des crèpes. — 


» J'achèterai encore , avec mon cher rouet, — un 
coq rouge et une poulette, — et peut-être même un 


pelitagneau blanc, —tout comme Soezik Liboudenn.— 


— 248 — 


» Néomb ta, néomb kalônek, 
» Kéräd ez ann neud. daou wennek 
v Allivr, er marc had diveza..…… 


» Ann hcol n’eù Ket prest da güza. 


» Foenerienn ’zù dühont er prad. 
v Treuzet gant ar c'hoez ho dillad..…. 
» Gwelloc'h, gwelloc'h Kalz eù bea 


» War dreuzoù ma dôr Ô néa ! 


» Dre-holl'a zù hrema bleüniou, 
» Bars ar parkou, war ar c'hleuzioù ; 
» Bleùn halan, spern-gwenn ha burlu 


» "Welan en dro d'in, a-beb-tu. 


» Ann evned a gàn uz dam fenn, 
» Er wezenn faou hag en derwenn, 
» Ha pelloc'h dühont ar goukou, 


» Hag ann durzunel, er c’hoajou. 


C4 


L 


» 


» 


» 


» 


L 


— 249 — 


» Filons donc, filons avec courage; — le fil est ren- 
chéri de deux sous — la livre, au dernier marché... 


— Le soleil n’est pas encore près de se coucher. — 


» Là-bas, dans la prairie, il y a des faneurs, — 
tout mouillés de sueur... — Jl vaut mieux, bien 


mieux être — à filer sur le seuil de sa porte ! — 


» À présent il y a des fleurs partout, — dans les 
champs, sur les fossés ; — fleurs de genêts, d'aubé- 
pine blanche et digitales, — je vois de tous côtés 


autour de moi. — 


» Les oiseaux chantent au-dessus de ma tête, — 
dans le hêtre et le chène, — et plus loin là-bas, le 


couèou, — et la tourterelle, dans les bois. — 


— 250 — 


» Eùz ho c'hlewet, ha tost ha nell. 
» Mé gân iwé a vouez huël, 
» Har al lin di-war ma c'heïell 


» Ez ia en neud war ma c'hânell. 


» Med kûzet èz ann heol, me gred, 
» Ha war ma c'harr ez oùn bépred : — 
» Bara zégal, lacs ha krampoez, 


» Ha sctu koan ann néerez ! 


» Ré-all ’zù a debr bara-gwenn, 
» À debr kik-bir, ev chistr melenn, 
v Ann dud pinvidik ar ré-zé, — 


» N'int ket eurusoc'h, martézé. — 


» ‘Liès ho gwelan à trémenn, 
» Dibaot cz ho gwelet laouenn, 
» Atad 70 c0n dra ho nec’han, 


» N'ho c'hlewan morsé à kâänan. 


— 251 — 


» En les entendant et près et loin, — je chante aussi, 
» à haute voix, — et le lin de ma quenouille — s’en 


» va en fil sur ma bobine, — 


» Mais le soleil est couché, je crois, — et je suis 
» encore sur mon rouet : — du pain de seigle, du lait 


» et des crèpes, — et voilà le repas de la fileuse ! — 


» D'autres sont qui mangent du pain blanc, — qui 
» mangent du rôti et boivent du cidre doré, — les 
» riches ceux-là ; — ils n’en sont peut-être pas plus 


» heureux. — 


» Souvent je les vois passer, — et rarement je les 
» vois joyeux, — quelque chose les inquiète toujours, 


» — je ne les entends jamais chanter. — 


Do — 


v Mé c'houlenn eùz Zalwer ar bed 
» C'heuill he c'hourc'héméno bépred, 
v N° c'hoùlennan Ket pinvidigez, 


» Bewan ha merwell néerez. 


» Ma C'harr, ma gwerzid, ma c'heïell, 
v Ha ma neüd-lin war ma c'hànell, 
» Gant-èz ouzon gônid bara, 


» Wit-zé ho c'hâran dretst peb-tra ! » — 


» 


» 


» 


» 


— 953 — 


» Moi je demande au Sauveur du monde — de suivre 
toujours ses commandements ; — je ne demande pas 


la richesse, — mais vivre et mourir fileuse. — 


» — Mon rouet, mon fuseau, ma quenouille, — 
et mon fil de lin sur ma bobine, — avec eux je sais 
gagner du pain, — et c'est pourquoi je les aime par 


dessus toute chose ! » — 


52 FOZAMONZ ADO: 


IEZ KOZ HON ZADO. 


Piou lavar ez C marw en Breiz 
Speret ar rè-g0z hag ho feiz, 


Hag é kollomb hon iez beb-deiz ? — 


Piou lavar Yezo ar Gallek 
À dréc'hô war ar Brézdnek, 


War ann derw Kaled ann hàlek ? — 


Bed-mad c speret hon 2300. 
Ha Keit hag ar bed é pädô, 


Rag mui hen käromb "wit mado. 


Hon gwerziou Koz, ni ho c'han c'hoaz, 
Er menez, war aod ar môr-glaz, 


"Vel hirio. ho c'hano warc'hoaz. 


LA VIEILLE LANGUE DE NOS PÈRES. 


Qui dit que sont morts en Bretagne, — l'esprit des 
anciens et leur foi, — et que, chaque jour, nous per- 


dons notre langue ? — 


Qui dit que ce sera le Français — qui vaincra le 


Breton, — ou le saule, le chène solide ? — 


U est bien vivant, l'esprit de nos pères, — et aussi 
longtemps que le monde il durera, — car nous le pré- 


férons à la richesse. — 


Nos vieilles poésies, nous les chantons encore, — dans 
la montagne, sur le rivage de la mer bleue; — et 
comme aujourd'hui, nous les chanterons encore de- 


main. — 17 


— 258 — 


Keït ma vô bruk en Breiz-Izell, 
Hng en aod ar mûr glaz rec'hell. 


Hon iez Koz na hell Ket merwell. 


Kasset skolerienn war ar maës, 
En pel hourk, en neh tiègez, 


Ewit Ober brezel d'hon iez ; 


Kaer ho pèzd kass skolerienn, 
Paotred Breiz ‘’zù kaled ho tenn, 


Ha n'ho zelaoufônt ket a-grenn. 


Mar na droc'het teod ar bügel, 
Kerkent ha ma teù da c'henel. 


‘Vézô ponn gollet ho hrezcl. 


Ha mar bé hon beg alc'houezet, — 
Eùz ho beziou, en peb hered. 


Ar ré-g0z 0 sével "wellet ; 


— 259 — 


Aussi longtemps qu'il y aura de la bruyère en Basse- 
Bretagne, — et sur le rivage de la mer bleue des 


rochers, —- notre vieille langue ne saurait mourir. — 


Envoyez des maîtres d'école dans nos campagnes, 
— dans chaque bourg, dans chaque ferme, — pour 


faire la guerre à notre langue ; — 


Vous aurez beau envoyer vos maîtres d'école, — les 
gars d'Armor ont la tête dure, — et ne les écouteront 


nullement. — 


Si vous ne coupez la langue de l'enfant, — de l'enfant 
qui vient de naître, — ce sera peine perdue que toute 


voire guerre. — 


Et si vous nous fermez la bouche , — de leurs tombes, 
dans chaque cimetière, — vous verrez les anciens se 


relever ; 


— 260 — 


WIL deski d'hon bugaligon 
Komz ho iez, Kann ho gwerziou, 


Ha darempred ar pardonioù. 


Leusket tud Breiz, paotred Bro-C'hall. 
Leusket-hè, na reont tra fall, 


Troët ho spéret c lec'h-all. 


Leusket ganeomb hon c'hôz-kiziou, 
Hon ilizou hag hon c'hroaziou, 


Ha iez ar rè ‘gousk "n ho beziou. 


Hon c'hontadellou tal ann tan, 
Goudé al labour hag ar boàn, 


En pd ar goanv, a-c'houdé Koin. 


Leusket ganeomb hon bêleïenn, 
WIL laret, d'imb ann ôférenn, 


À glew peb-unan penn-da-benn : 


— EUI 


Pour apprendre à nos petits enfants, — à parler 
leur langue, à chanter leurs gwerz, — et à fréquenter 


les pardons. — 


Laissez les enfants de Breiz, gens de France, — 
laissez-les , ils ne font point de mal, — et tournez ail- 


eurs votre esprit. 


Laissez-nous nos vieilles coutumes, — nos églises et 


nos croix, — et la langue de ceux qui dorment dans 
leurs tombeaux ; — 


Nos contes auprès du feu, — après le travail et la 


peine, — durant l'hiver, après le repas du soir. 


Laissez-nous nos prêtres, — pour nous dire la 


messe, — que chacun entend, d'un bout à l'autre ; — 


S 


Ar pardonioù pa deû ann hanv x 
Lec'h ma ’z aimb holl, ha iac'h ha klanv, 


Da bédi, dansall hag evin. — 


Ar rè-iaoüank d'ober al lez, 
D'ar plac'hik koant, ar benn-herez 


’Choantaônt d'hanter tiègez. 


M'hen tou’ bugalè Breiz bikenn 
Na raint dizurz en neb tàchenn, 


Ha na em glemfônt Ket a-grenn. 


Hogen lazan hon iez Karet. 
"Wit-zé, tud Gall, na réefet ket, 


N'ho pézd med amzer gollet. 


"Vel ar bleün halan er parkoù. 
Eu doûar Breiz ‘sav ilizou, 


Kroazou-mén, zôniou ha gwerziou ! 


S — 


Et les pardons. quand vient l'été, — où nous allons 
tous, bien portants ou malades , — pour prier, pour 


danser ou pour boire. — \ 


Les jeunes (y vont) pour faire la cour, — à la jolie 
fille, à la pennherez — qu'ils désirent pour moitié de 


ménage (pour femme). — 


Je le jure, les enfants de Breiz, jamais — ne com- 
mettront de désordre en aucun lieu, — et ne se plain- 


dront en aucune facon. — 


Mais tuer notre langue bien-aimée! — pour cela 
vous ne le ferez pas , gens de France, — et vous n'au- 


rez que du temps perdu! — 


Comme la fieur de genèt dans nos champs, — sur 
la terre de Breiz poussent des églises, — des croix de 


pierre, des sônes et des gwerz! — 


— 9264 — . 
L 
Keit ‘vo gerrek en aod ar môr, 
"’Känû "Y barz-kôz war drenz hé zôr, 


Bépred en iez-kôz ann Armor! — 


— DIVEZ. — 


— 265 — 


Aussi longtemps qu'il y aura des rochers au rivage 
de la mer, — aussi longtemps le vieux barde chantera 
sur le seuil de sa porte, — et toujours dans la vieille 


langue d'Armor ! — 


5 RT Z 


PAOLEN AR GWERZION 


14. 


TAOLEN AR GWERZIOU. 


PRÉFACE ES TE 

EUR GIR A-RAOG. . 
BREIZ-IZERL ET Er TI PERS 
KLEMCAN BEIZEUKR E E 
Mona. . Cr 
 GROEG- AR (CHEMINOD.2 CU CNT 


. KANAOUEN AR C'HAWEL. 


PEDEN AR MEDERRIEN , EUZ AR MINTIN.. 


. SOEZIK. 


TRA, MERCH AR MELINER.. . 


. DISTRO ANN NEWEZ-AMZER. . . . . . . . 
. ANN ITRON Y ARIA SANT KARÉ. . . . 
:"MERWEE: 20 RÉD.:. OR le 


ANN ABARDAEZ EN EUN TIEGEZ, EN HANV. 
EUR ZôN KLOAREK. 


100 
I1S 
124 
132 


B 


L 
> 


CO NO ke 


. 


RICO SMOTUNS 


TABLE DES POÉSIES. 


PRÉFACE. 

AVANT-PROPOS. 

BRrEIZ-TZELL . 

L'ÉLÉGIE DE BRIZEUX. 

Moxa.. 

LA FEMME DU CHEMINOD. . . . . . 
CHANT Du BERCEAU. AE 
PRIÈRE DU MATIN DES MOISSONNEURS. . 


= 


S BAR RO Due © Poe oc S 
TINA, LA FILLE DU Meur L. 
LE RETOUR DU PRINTEMPS. . . .. 

. NOTRE-DAME DE SAINT GARE, . . ©. 


- LD FAGTÉMOURIR: "2 020. > : 


LE SOIR DANS UNE FERME, EN Évi, 
UNE CHANSON DE KLOAREK. 


49 


101 
119 


133 


— 269 — 


. Euz DL, NRT AR BED E R 
- WAR AR MASSE Le à TIE L. 
HAVONAT KERIZELNÈSS 
. AR PRAD MECHEPI. R TTT 
7 KÉREZ SANT PEZR. 02, Z % RME 
. EUN AMZER À ZO BÈT. . 

'FANGHIK HA) JOS s 2 POOER 


: ManC'Hair ANN NÉEREZ: :°: S 
s IEZ KOZ'!'HON ZADO!. EURE TTT 


Pajen 
116 
152 


16. DE Tops LES Pays pu Moxp£. 


17 
18 
19 


20: LES CERISES DE SAINT PIERRE. 


21 
22 
23 
24 
25 
26 


2 


— 270 — 


ELA 
T 


L O CAMPAGNE.: 22: 
= WWoNNE KERIZELL. . . 
2 ÊE PRE rALCHÉi RS 


UN TEMPS FUT. :. 
- ÊANCHIK ET JANIK. . 
. LEs MoIssONNEURS. 

. SONE. 

. LA BELLE JEANNE... . 
 "AUNREVOIRL. . 


. MARGUÉRITE LA FILEUSE. . 


28. LA VIEILLE LANGUE DE NOS PÈRES. . 


OUVRAGE DU MÊME AUTEUR : 


SAINTE TRYPHINE 


LE ROÏ ARTHUR 


NYSTÈRE BRETON 
EN DEUX JOURNÉES ET HUIT ACTES. 


Texte breton et traduction. 


Prix : 3 fr. 


Sa TROUVE : 


A MORLAIX, chez J. HasLé, rue d'Aiguillon, 8. 
A PARIS, chez Saurx et TauiLLé, rue de Seine, 12. 


A NANTES, Y. Foresr et E. Grimaun , place du Commerce, 1. 
A QUIMPERLÉ, chez Th. CLamer, Éditeur.