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BIBLIOGRAPHIE
ALSACIENNE
^
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LAUSANNE. — IMPRIMERIE GEORGES BRIDEL.
in
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BIBLIOGRAPHIE
ALSACIENNE
-♦ 1870 ♦-
OHBOinQUE DE LA OÏÏEBBE AVEO LES OOOUXENTS
OFFICIELS ET AUTBES
P. HLS'l'ELUUBEK
STRASBOURG
(Ulli^ii J NUltili:!,, l.lliHAUil
1871
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H' S' Su
AVIS.
Le volume que nous offrons au public paraît en des
circonstances graves, on peut dire inouïes. Ce sont
ces circonstances qui nous ont semblé imposer le de-
voir de rendre témoignage à la France et de montrer
que l'Alsacien était français, par une raison analogue
à celle du philosophe qui prouvait le mouvement en
marchant. La langue, en effet, est la substance ainsi que
la forme de la nationalité et cette nationalité, ce n'est
pas le peuple des campagnes, ce ne sont pas les pay-
sans plébiscitaires qui ont le droit de la représenter ;
elle trouve une expression plus juste et plus sérieuse
dans les gens instruits, dans les esprits cultivés. Non
qu'il soit nécessaire de revendiquer pour la langue
française les privilèges d'une langue universelle ; les
langues, à la rigueur, peuvent, comme les nations, se
contenter de vivre sur un certain pied d'égalité les
unes par rapport aux autres. Cependant il ne faut pas
oubher l'histoire : c'est l'académie de Berlin qui pro-
posa en 1783 pour sujet de prix la réponse à ces ques-
tions : Qu'est-ce qui a rendu la langue française univer-
selle? Pourquoi mérite-t-elle cette prérogative ? Est-il
à présumer qu'elle la conserve? Rivarol obtint le prix.
Insistant sur la qualité essentielle de la langue fran-
çaise, qui est la clarté, il ajoutait : « Si on ne lui trouve
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VI AVIS.
pas les diminutifs et les mignardises de la langue
italienne, son allure est plus mâle. Dégagée de tous les
protocoles que la bassesse inventa pour la vanité et la fai-
blesse pour le pouvoir^ elle en est plus faite pour la con-
versation, lien des hommes et charme de tous les
âges ; et puisqu'il faut le dire, elle est de toutes les lan-
gues la seule qui ait une probité attachée à son génie. Sûre,
sociale, raisonnable, ce n'est plus la langue française,
c'est la langue humaine. x> Quant à l'allemand, voici ce
que disait, avec l'assentiment de la Providence sans
doute, l'empereur d'Allemagne, Charles-Quint : « Je
parle espagnol à Dieu, français à la dame de mes pen-
sées, italien à la compagne de ma vie^ anglais à mes
oiseaux, allemand à mon cheval, d Après cet impérial
témoignage, que peuvent valoir les assertions d'un
Bœrne, disant : « Il n'y a pas de style pour les Alle-
mands; ils écrivent vertueusement mal ; la coquetterie
des paroles leur déplaît, ils regardent comme un crime
de parer l'idée, » d'un Jacob Grimm trouvant « sa lan-
gue déchirée comme sa race et réduite à se dépouiller
de mille incohérences et de mille erreurs? » Aussi bien
nos vœux sont en partie devancés; à Mulhouse, l'In-
dustriel alsacien, journal tout français, a reparu; à
Golmar, M. Mossmann, secondé par M. Jung, publie
les Notes et documents tirés des archives dont il est le
fidèle gardien; à Strasbourg de suivre l'exemple et
de montrer, par le moyen de la langue, qu'il est et
restera Français.
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PREMIERE PARTIE
BIBLIOGRAPHIE
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PREMIERE PARTIE
BIBLIOGRAPHIE
r. PÉRIODIQUES
PARAISSANT POUR L'ANNÉE 1871
JOUBNAUX FOLITiaUBS
Vlndtistrid alsacien, journal quotidien de Mulhouse, 38* année.
(Rédacteurs, MM. Ad. LerebouUet, J. Maillet; administrateur,
M. Zom; gérant, M. Jourdain). Mulhouse, imp. de Vve Bader.
« Le principal journal de la Haute-Alsace, VIndmtriel, a cessé
de paraître le 7 février. Après les journées de Wœrth et de Sedan,
V Industriel prit une attitude des plus hostiles envers TAUemagne,
et il la garda aussi longtemps quMI fut possible. II vient de subir
l'arrêt du destin. Depuis le 7, paraît la Neue Deutsche Zeitung^
rédigée par le D' Seybt et imprimée par l'imprimeur d'Etal Schabel.»
(Journal de Carlsruhe, du 16 février.)
L'Industriel a reparu le 19 avril. (Rédacteur responsable, M.
Scherwitz.)
Le Journal de Mulhouse^ paraissant le jeudi et le dimanche, in-
fol., imp. Risler.
Der élsœasische Volksbote, paraissant le samedi, in-4*', à Rixheim.
(Rédacteur, M. Burtz.) Rixheim, imp. Sutter.
A été suspendu deux fois par l'autorité prussienne.
Le Journal de Bdfort et du Haut-Rhiny paraissant le samedi, in-
foL, imp. Clerc.
V Alsacien, journal du peuple et du commerce, paraît trois
fois par semaine en allemand et en français. Colmar, imp.
Decker.
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2 BIBLIOGRAPHIE.
Au commencement de l'occupation, il vint à Golmar un officier
de landwehr, correspondant de la Ga%ette d^Elberfeld, qui s'installa
à la Bibliothèque où il fit des recherches sur notre histoire. 11 paraît
qu'il a été détaché de son corps pour rédiger VAIsaden; il est de
Cologne et s'appelle Mondt.
Le Glaneur alsacien, paraît le dimanche, in-foL, 4« année. (Ré-
dacteur M. Liblin.) Colmar, imp. Jung. Prix, pour Colmar, 8 fr. ;
pour le Haut-Rhin et les départements limitrophes, 8 fr. 50.
Séance du Conseil de guerre du 8 février : Joseph Liblin ,
60 ans, a, le 25 décembre, dans son journal le Glaneur alsacien,
reproduit, d'après la Gironde, un article de M. Delmas, pasteur
de la Rochelle, renfermant de graves injures contre le roi de Prusse.
Il a donné, en outre, à l'article en question une plus grande publi-
cité, en le faisant imprimer sur une feuille volante. £n sa qualité
de rédacteur responsable, il est déclaré convaincu du délit à lui
reproché et condamné à deux ans die détention dans une forteresse
allemande.
Le Journal du Haut- Rhin, hebd., in-fol. (Réd. Sauter.) Colmar,
imp. Hoffmann.
Journal de Sainte-Marie-aux-mines, paraiss^t le dimanche,
in-4°, imp. Jardel.
Par décision supérieure, le Journal de Sainte-Marie-aux-mines
cessera de paraître jusqu'à nouvel ordre. C'est ce que porte à la con
naissance du public le commissaire de police. Thiele.
Sainte-Marie-aux-mines, le 6 janvier 1871.
Le Messager rural de RibeauviUé, paraissant le dimanche, in-fol.
(Directeur, M. Rosenstiel.) Lnp. Brunschweig.
M. Rosenstiel annonce, le 14 janvier, que son journal vient d*â*
tre suspendu par l'autorité prussienne et qu'en attendant la reprise
de sa publication, il adressera les annonces à ses abonnés.
Séance du conseil de guerre du 8 février : Ed. Rosenstiel, âgé
de 53 ans, a publié dans le numéro de son journal du 8 janvier un
article signé par Jos. Bichert, âgé de 41 ans, et vigneron à Berg-
heim, en suite duquel tous les deux sont accusés d*avoir répandu
de fausses nouvelles sur les événements de guerre et d'excitation
contre les Allemands. Le conseil, considérant qu'il n'est pas suffi-
samment établi que Rosenstiel ait reconnu le caractère dangereux
de l'article, prononce son acquittement, mais, jugeant nécessaire
de sévir contre le signataire, il le condamne à un an de prison et
à 500 thalers d'amende, en fixant à un an la durée de la contrainte
par corps.
Journal d'Altkirch, paraissant le samedi, in-fol. Imp. Bœhrer.
Journal de GfuebwiUer, paraissant le dimanche, in-4°. Colmar.
imp. Jung.
Le Progrès de ChuehwiUer, paraissant le samedi, imp. Dreyfus.
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BIBLIOGRAPHIE. 3
FeuiUe d'annonces de Thann^ Cemay et St, Amarin, paraissant le
mercredi, in-4**. (Directeur, M. Connerose.) Colmar, imp. Jung.
Le Souveràne Wàhlmann devint, le 4 septembre 1870, la VoUcs-
republik qui, suspendue un instant, essaya de reparaître sous
le titre de Vdkszeitung : Tautorité prussienne y a mis bon
ordre.
Niederrheinischer Kurier, paraissant tous les jours excepté le
lundi, in-fol. 84*» année. (Rédacteur, A. Grûn.) Strasbourg, imp.
de Schauenburg, successeur de Silbermann. Prix pour 3 mois,
aux bureaux de poste : 3 thalers 10 sgr.
Strasaburger Zeitung und amtliche Nachrichten fur dos General'
gouvernement Elmss, 2« année. Réd., Lexis, imp. Wolff. 6 fr.
par trimestre, à Strasbourg.
A d*abord paru à Haguenau ; le premier numéro est daté du i^^
septembre et se compose de 6 pag. in-4o, texte français en re-
gard du texte allemand.
Elsàasisches Vdksblattfûr Stadtund Land, paraissant le samedi,
in-4°. (Rédacteur, M. Bastian.) Strasbourg, imp. Christophe.
« Le journal VElsàssisches Volksblatt suit, par des articles hosti-
les et mensongers sur les nouvelles de guerre, une tendance que ne
comporte pas Tétat de guerre de la forteresse de Strasbourg. L'im-
pression, rédition et l'expédition de celte feuille sont défendues à
partir d'aujourd'hui.
» Strasbourg, le 25 janvier 1871.
» Le gouverneur j d'OLLECH.»
Weissenburger Wochenblatty 69® année, paraissant le mercredi
et le samedi, imp. Wentzel. Prix annuel : 6 fr. pour Wissem-
bourg, 7 fr. 50 c. pour le dehors.
Vlndicateur de HagtienaUj paraissant le samedi, imp. Ëdler.
Prix : 9 fr.
Affiches de BischunUer, paraissant le samedi, imp. Posth. Prix :
9fr.
Affi^ches de Saveme, paraissant le samedi, imp. Castillon. Prix :
7fr.
Affiches de Schlestadt, paraissant le mardi, imp. flelbig. Prix :
6fr.
Le 22 septembre parut : le Républicain de VEst, organe de la dé-
mocratie radicale. Rédacteur en chef : Léon Roger ; secré-
taire : Henri Sigwalt. Bureau : place St. Pierre-le-jeune, 4,
Strasbourg, imp. Vve Berger-Levrault. Il y eut deux numéros.
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4 BIBLIOGRAPHIE.
JOUBNAUX ET BECUEILS NON FOIiITIQXTES
Le Journal gratis, bi-mensuel, in-4°. Colmar, imp. Jung, lib.
Barth. Propriétaire : E. Heilmann.
Bulletin de la Société d^histoire naturelle de Colmar (depuis 1860),
annuel, in-8°, imp. Decker.
Arrêts et décisions de la Cour d^appd de Colmar (par M. de Ney-
remand), mensuel, in-8°, Colmar, imp. Hoffmann.
Journal hebdomadaire de Cdmar, paraissant le jeudi, in-fol.,
imp.&offinann.
Journal d^agriculture du Haut-Rhin (Directeur, M. Eœnig),
mensuel, in-8®, imp. Jung.
BuUetinde la Société industrielle de Mulhouse, mensuel, in-8°, imp.
Bader.
Feuille des jeunes naturalistes, mensuelle, in-8°, Mulhouse, imp.
Bader, 2* année. Prix: pour la France, 3 fr. On s'abonne chez
M. Eugèae Engel, a Dornach, ou chez M. Ernest Dollfus, au
Geissbûhl. (Dornach.)
Affiches de Strasbourg, bi-hebd., in-fol., imp. Schauenburg.
Prix : 3 fr. par trimestre pris au bureau.
L'indicateur du Bas-BMn, bi-hebd., in-fol., imp. Christophe.
Prix : 3 fr. par trimestre pris au bureau.
Niederrheinisches Wochenblatt, bi-hebd., 8 pag. in-4°, imp. Heitz,
2 fr. 50 c. par trimestre. Gérant : Ch. Vogt.
Feuille des eaux de Niederhronn, paraissant pendant la saison.
Haguenau, imp. Edler.
Le Progrès religieux, ^owcnBl des églises protestantes de l'Est,
paraissant le samedi (Directeurs, MM. Schillinger et Gérold),
in-fol., imp. Heitz, 3» année, 6 fr.
Monsieur le rédacteur, Strasbourg, le 8 janvier 1871.
Dans Totre journal se trouvent deux articles : la loi de solidarité
et les leçons du temps présent, qui contiennent tous les deux des
observations politiques incompatibles avec Tétat de guerre de la
forteresse de Strasbourg. En me réservant de supprimer votre feuille
si le même fait se reproduit, je vous donne par les présentes un
avertissement. Le gouverneur^ d'OtLECH.
Elsàssisches evangélisches Sonntagsblatt, 8® année, paraissant le
dimanche. (Directeur, M. Bœgner.) Strasbourg, chez Heitz,
Mulhouse, chez Endinger. Prix : 3fr. 50.
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BIBLIOaRAPHIB. 5
Der evangeUsche kirchliche Mimonsfreund (Directeur, M. Kien-
len), paraît tous les deux mois, imp. Schauenburg. 2 fr.
Kirchenblatt fUr Christen augshurgischer Confession (Directeur,
M. Greiner), mensuel, in-8°, imp. Schauenburg.
Der VoUcsfreund, Ein SonntagshlaU fUr chrisUiche FamUien.
Paraît le dimanche, in-8'», imp. Leroux. (Directeur, M. l'abbé
J.-B. Guerber.) 2 fr. 50.
Annàlender Verbreitung des Glattbens (trad. du français), parais-
sant tous les deux mois, in-8<», imp. Leroux.
Gazette médicale de Straéboîdrgf paraissant le 10 et le 25. (Rédac-
teur, M. Blum.) 1ji-4°, imp. Schauenburg. 12 tr. par an.
Journal de la société d^horticuUure du Bas-Bhin, paraissant tous
les deux mois, in-8°, 5 fr. par an, imp. Schauenburg.
Nouveaux mémoires de la Société des sciences, agriculture et arts
du Bas-Bhin, paraissant par fascicules in-8<> à des époques
indéterminées, imp. Heitz.
AIiMANAOHS
Voyez la Bibliographie de 1869.
11. RELIGION, MORALE
AndachtsÛbungen der Todesangstbruderschaft zu Ehren unsers am
Kreuze sterbenden Heilandes. Altkirch, imp. Bœhrer, in-12,
42 pag.
Are dans la nuée (V), Traduction libre, 2« éd. Strasbourg, imp.
Vve Berger-Levrault, Paris, lib. Schultz, in-32. 128 pag.
Baum. Les églises réformées de France sous la croix. Lettre d*un
galérien pour la foi et autres documents relatifs à la persécution
(1692-1773). Strasbourg, imp. Heitz, in-8o, 40 pag. (Extrait du
Progris religieux,)
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6 BIBLIOGRAPHIE.
t
Baum, Jacob Sturm voit Sturmeck, Strassburgs groaeer Stettmei-
ster und Scholarch, Standrede géh, in Strassburg hei der Enthul-
lung seines Denkmals am lé, juni 1870. Nebst einem Vorwort
her, von E, Manchot Berlin, Henschel, in-8<». 4 sgr.
Bericht fur die Bruder und Schwestem der Bosenkranz-Ver-
samndung in Erstein, in- 16, 32 pag. et vign. Strasbourg,
imp. Leroux.
Bresch, F. Es^isse biographique sur Conrad Fdlican, thèse de
baccalauréat en théologie. Strasbourg, imp. Silbermann, in-8°,
64 pag.
BuHLHANN. Der Bibd Inhalt und Segen, Seinen lieben GemeindegUe-
dem angéboten, Strasbourg, imp. Silbermann, in-8<>, 14 pag.
Elsàssîsche LebensbUder aus dem XVI und XVII Jahrhundert,
2° Folge. Basel, Schneider, in-8°, 183 pag. 1 fr. 80.
Erste Katechismusmilchfûr die lieben Christenkindlein wdehe er-
zogen werden soUen in der wahren Kirche zur aechten Gottsdig^
keit, Ursprûnglichendéhntausder SchwcBbisch'HaU'schen Agende
und lange Zeit im- Gebrauch der evang. Kirche zu Cklmar,
Colmar, imp. Decker, in-8°, 158 pag.
Freppel. Les pères apostoliques et leur école (Cours d'éloquence sa-
crée fait à la Sorbonne pendant Vannée 1857-58), 3* éd. Abbe-
ville, imp. Briez. Paris, lib. Bray, in-4**, 474 pag.
Freppel. Les Apologistes chrétiens au XP siècle. Cours d'éloquence
sacrée fait à la Sorbonne pendant Vannée 1859-60, 2« éd. Abbe-
ville, imp. Briez. Paris, lib. Bray, in-8°, 420 pag.
Frammd EmU, Catharina Zdl, Luise Scheppler, Pfarrfrau und
Pfarrmagd. Zwei LebensbUder aus der élsàss. Kirchengeschichte,
Strasbourg, Treuttel et Wurtz.
Grotz. Le sentiment religieux, Strasbourg, imp. Silbermann, lib.
Treuttel et Wurtz, in-12, 72 pag. (Dédié à M. Th. Eschenauer.)
GrUndliche und wahrhafte History, Ursprung und Anfang der
weiiberûhmten WaUfahrt unser lieben Frauenzu Dreyen Ahren
im Elsass. Colmar, imp. Decker, in- 16, 144 pag. et gravures.
H.ERTER. Die gœttliche Gnadenordnung, Neunte Betrachtung, Die
fcUsche und die wahre Aufklàrung. Strasbourg, imp. Vve Ber-
ger-Levrault, in-8°, 16 pag.
Leblois. Ce que nous dit la religion. Souvenir du siège de Stras-
bourg, août 1870, (Dernier discours prononcé au Temple neuf.)
Strasbourg, imp. Heitz, 12 pag. in-12. 40 c. Extrait du Progrès
religieux.
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BIBLIOGRAPHIE. 7
Leblois. La tâche du protestantisme dans la crisereligieuseactiteUe,
Conférence faite à l'église 8t. Nicolas, 2* éd. revue. Strasbourg,
imp. Heitz. Pa«ris, lib. Cîherbuliez, in-12, 48 pag.
Leblois. La mission de la femme et en particulier son rôle datis Vé-
ducatioh réUgieuse de Venfance, 3* éd. Strasbourg, imp. Heitz.
Paris, lib. Cherbuliez , iii-8°, XI et 102 pag.
Levy. Les veillées du vendredi, morcUe en exemples par L Lévy,
grandrrahbin de la circonscription du Haut-Rhin. 2« éd. Ver-
dun, imp. Lallemant. Paris, Blum, in-12, 170 pag.
LicHTENBEROER. Le Lutkéranisme en Alsace. Paris, imp. Meyrueis,
in-S*», 16 pag. (Extrait de la Revue chrétienne du 5 avril 1870.)
Lœffler Jakob, ev.-lutherischer Pfarrer in HeUigenstein. Kurzer
Bericht von seinem Leben und Leîden.^ éd. Strasbourg, lib. .
Vomhoff, 30 c.
Luthéranisme en Alsace (le). Réponse aux articles de M. Lickten-
berger dans la Revue chrétienne^ 1869 et 1870. 1" partie. Baie,
imp. Schneider, Strasbourg, lib. Vomhoff, 20 pag. in-S*».
« En parcourant le travail de M. Lichtenber^er, nous avons éprouvé
rimpression que doit sentir le voyageur qui marche au milieu du
brouillard. On ne sait pas d'où Ton vient et on ignore où l'on va. »
Mandement de Mgr Vévêque de Strasbourg, portant protestation
contre V envahissement sacrilège de Rome et promulgation des dé-
crets du concile du Vatican. Strasbourg, imp. Leroux, 22 pag.
in-4^
«... Nous avons pu, sous la grêle et les coups de milliers de bom-
bes et d'obus, et durant les longues semaines d'une cruelle mala-
die, compter les heures d'angoisse qui ont marqué la destruction
d'une grande cité ; ef, au souvenir de notre cathédrale mutilée, de
notre bibliothèque si précieuse irréparablement anéantie, de tant
d'habitations réduites en cendres, de tant de victimes tombées avant
le temps, nous nous sentons pressé de maudire plus que jamais ce
fléau de la guerre allumé trop souvent avec une légèreté si coupa-
ble ou une si criminelle ambition, comme l'outrage le plus san-
glant que l'égarement des hommes puisse infliger à la majesté de
Dieu et à la conscience des peuples.»
Nessler. Die Wàhrheit in der GesMchte von HeUigensteiny nach
authentischen Documenten. 2^ Aufl. Strassburg, in allen Buch-
handlungen, 50 c.
l^mmtation entre MM. les pasteurs Lœffler et Fischer (affaire de
HeUigenstein). Extraits officiels des procès-verbaux des séances
de la 17^ session du Consistoire supérieur (octobre 1869). Stras-
bourg, chez tous les libraires. 1 fr.
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Google
8 BIBLIOGRAPHIE.
Prière à Notre-Dame de perpétuel secours pour la France, Stras-
bourg, imp. Leroux, 4 pag. 5 c.
BéviLLE, Alb. Histoire du diable, Strasbourg, imp. Silbermann,
lib. Treuttel, 72 pag. in-12.
BoTH. RiHte histoire sainte à l'usage des écoles primaires, 3* éd.
revue. Strasbourg, imp. Silbermann, lib. Derivaux, in-8^ XV
et 188 pag.
Sabatier. U Apôtre Bitd, Strasbourg, imp. Heitz, lib. Treuttel,
in-8°, 296 pag. (Thèse de doctorat.)
SiMONis (rabbé). Le protestant en face du concile du Vatican. Let-
tre à un pasteur de la confession d'Augsbourg, Bixheim, imp.
et Hb. Sutter.
Weber. Louis Harms et les missions de Hermannsburg. Stras-
bourg, imp. Vve Berger-Levrault. Paris, lib. Schultz, in-12,
Vlllet284pag.,2fr.
Zweites Stiftungsfest der Vagabunden, gefeiert am 21, November
1868, nebst der Vagabunden Weihnacktsfeier. Idyllisches Epos in
drei Gescmgen, Strasbourg, imp. Vve Berger-Levrault. Paris,
im Selbstverlage des Vereins. In-8®, 82 pag.
III. JURISPRUDENCE, ADMINISTRATION.
BiAN. Rapport sur l'inauguration du canal de Suez présenté à la
Chambre de commerce de MvXhouse, Mulhouse, imp. Bader,
in-8o, 20 pag.
BoNVALOT. Coutumes de la Haute-Alsace dites de Ferrette publiées
pour la première fois avec introduction, traduction en français et
notes, Colmar, imp. Hoffmann, lib. Barth. Paris, Durand, in-8°>
296 pag. 6fr.
« Un mot sur notre publication. Nous empruntons au manuscrit
de M. Des Grandscliamps (notaire, à Ferrette) le texte des Coutumes
et nous le reproduisons fidèlement, avec son orthographe, sans autre
modification qu'un numérotage des chapitres et des alinéas en vue
de faciliter les citations. Les variantes, additions et changements
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BIBLIOGRAPHIE. 9
législatifs sont placés entre crochets : des explications y sont join-
tes. Le vieil idiome tudesque n*est pas toujours d'une intelligence
aisée. Pour le lecteur français une traduction a été accolée au texte
allemand. Mon ami M. Hanauer^ Ta révisée avec soin. J*ai cru
opportun de compléter le coutumier par l'addition de quelques do-
cuments inédits, curieux et importants tirés soit du Livre rouge de
Ferrette, soit des archives départementales. On trouvera à la table,
sous la rubrique Appendice, le détail de ces pièces intéresse^ntes. »
L'auteur a publié précédemment : Coutumes du val d'Orbey, Paris
1864, in-8^; Coutumes du val de Rosemmt, Paris 1865, in-8o ; Cou-
tumes de l Assise , Paris 1866 , in-8o ; Le droit du Juveigneur,
Strasbourg 1865, in-8o: Chasse et pêche dans le Rosemont, Stras-
bourg 1866, iii-8<'.
Engelhard. Réponse à wne calomnie^ 8 pag. in-4<>. Angers, imp.
Dumont.
M* Bigot avait dit que M. Engelhard se dérobait à l'audience
comme il s'était dérobé aux dangers de l'invasion la veille 4e l'in-
vestissement de Strasbourg. «M. Engelhard resta à Strasbourg
jusqu'après Ja bataille de Frœschwiller. A ce moment, l'on croyait
à un simple blocus, et chacun était persuadé que les destins de la
guerre se décideraient dans une grande bataille. Rien ne retenait
M. Engelhard à Strasbourg. Il n'était revêtu d'aucune fonction pu-
blique. Les vacances du barreau étaient commencées en fait. Sa
femme était malade en Normandie. Il était tout simple qu*il all&t
la rejoindre. Enfin, il avait compris que le salut de la France n'était
plus que dans la proclamation de la république, et il pensait qu'il
pourrait peut-être à Paris contribuer à son prochain avènement.
C'est pour ces raisons qu'il se détermina à quitter Strasbourg le
9 août, ainsi que le constate le passeport qu'il se fit délivrer. Pré-
voir le 9 août que Strasbourg serait bombiirdé, ruiné, incendié,
était aussi impossible que de prévoir, le 4 septembre, que Paris
soutiendrait un siège de quatre mois et subirait toutes les priva-
tions de la famine et toutes les horreurs du bombardement. »
Essai sur le suffrage universel et sur les moyens de le compléter.
Strasbourg, imp. Vve Berger-Levrault, in-8°.
« L'auteur, qui a gardé l'anonyme, en est évidemment à faire ses
premiers déouts dans la politique, car nous avons rarement ren-
contré brochure de circonstance dans laquelle régn&t à un plus
haut degré une aussi considérable confusion : confusion dans la
pensée et confusion dans le langage, les idées étant pour le moins
singulièfes et les mots pour les exprimer pendant autour de la
pensée comme un habit qui n'a pas la mesure. L'auteur, pour
compléter le suffrage universel, a inventé de faire élire des députés
par tous les électeurs d'abord, puis d'auties par les conseils mu-
nicipaux, d'autres par les conseils cantonaux qui n'existent même
pas, enfin, d'autres encore par les conseils généraux : il appelle
les premiers les députés de l'individualisme sans qu'on comprenne
ce que l'individualisme vient faire dans cette affaire; il appelle les
autres les députés communaux, cantonaux et départementaux.
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10 BIBLIOGRAPHIE
Toute cette foule bariolée irait ensemble former le Corps législatif,
et l'auteur, qui a lu Mill et Humboldt et qui les cite un peu à tort
et à travers, estime que celte représentation sera excellente, parce
qu'en elle se réunirait ce que Humboldt regarde comme les condi-
tions essentielles du développement humain : la liberté et la va-
riété, de situation. 11 est probable au contraire que de ce méli-mélo
des députés de l'individualisme, de la commune, du canton et du
département, sortirait, au bout de peu de séances, le g&chis le plus
merveilleux qu'on puisse rêver. »
A. SOHNÉEGAlfSi
Fauconneau-Dutresne. Les Assises du royaume de Jérusalem, Dis-
cours prononcé à Taudience solennelle de rentrée de la cour
de Colmar, le 3 novembre 1869. Colmar, imp. Hoffmann, in-8°,
50pag.
Flach (Jacques). De la subrogation réelle* Paris, imp. Hennuyer,
lib. Durand, in-8°, III et 184 pag.
« Etude sur un sujet difficile, compliqué et d'un haut intérêt pra-
tique. Aucun travail n'avait encore donné une idée nette sur l'en-
semble de cette matière et posé des règles fixes sur lesquelles l'ar-
bitraire n'eût aucune prise. M. F. a entrepris d'établir les bases
d'une théorie de la subrogation réelle ; son travail, qui a obtenu
une médaille d'or de la Faculté de droit de Strasbourg, a d'abord
paru dans la Revue historique de droit français et étranger, dirigée
par M. Laboulaye.»
GoLDENBERG (Alf.). Des devoirs de VEtat envers les populations
frontières, (Voir un article d'E. About dans le Soir du 28
juin.)
Haas. Le patronage de la peine, Colmar, imp. Jung, 50 pag. in-8®.
Lefébure. Discours prononcé au Corps législatif. Interpellation
sur les affaires d* Algérie, séance du 8 mars 1870, Paris, imp. et
lib. Wittersheim, in-8°, 38 pag. (Extrait du Journal officiel an
9 mars 1870.)
LÉVY (Jules). Révision du code de procédure, examen duprqfet de
loi avec les observations et modifications dont U est susc^tible,
i'® Bzrtie : de la conciliation et de la compétence des justices de
paix, Strasbourg, Deriyaux, 2 fr. (Se vend au profit des pau-
vres de la Petite Pierre . )
Teutsch. Réflexions sur le cantonnement des droits d^ usage en bois
soi-disant communaux, présentées au Conseil général du Bas-
Rhin, pendant sa session de 1869. Strasbourg, imp. Silber-
niann, in-8°, 16 pag.
ViXle de Strasbourg, Cahier d^ observations, présenté par le maire
à Tappui du compte administratif de 1869. Strasbourg, imp.
Simon, in-8'>, 346 pag.
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BIBLIOGRAPHIE. 11
ZoRN DE BuLACiH. Dîscours prononcé au Corps législatif. iVo/ef de
loi sur la nomination des maires. Séance du 22 juin 1870. Paris,
imp. et lib. Wittersheim, in^S^ 23 pag. (Extrait du Journal
officiel du 23 juin.)
■ > p » « ^ . —
IV. SCIENCES ET ARTS
Aristoxène. Eléments harmoniques d^Aristoxène, traduits en fran-
çais pour la première fois diaprés un texte revu sur les sept
manuscrits de la bibliothèque impériale et sur celui de Stras-
bourg, par Ch. E. Ruelle. Paris, imp. Laîné, lib. Haffiier, in-8<»,
XX et 128 pag. et 5 planches. (Collection des auteurs grecs
relatifs k la musique.)
Berdellé, Karl, Benjamin Franklin : Im Vetter Richard sin
Kunst oder der Wej zum Verm^e, fr^ in's Nidderdsàssisch
ûwersetzt sine Landelite zum Hochzitgschenk, Haguenau, imp.
Edler. Strasbourg, Noiriel, in-24, 54 pag.
Blum. De la septicémie chirurgicale aiguë, Strasbourg, imp. Sil-
bermann, in-S®, 103 pag.
Bœgkel. Désarticulation de la cuisse, nouveau mode de réu/nion des
plaies d^ amputation par la suture prof onde à étau, Strasbourg,
imp. Silbermann, in-8^ 16 pag. (Extrait de la Gazette médi-
cale,)
DoLLFUS-AussET. Matériaux pour l'étude des glaciers. Résumés
météorologiques et glaciaires. Aide-mémoire, Vol. supplémen-
taire, 1870. Strasbourg, imp. Silbermann. Faris^ lib. Savy,
in-8°, 1001-1104 pag.
Engel (Alf.) L'industrie cotonnière aux Etats-Unis, Mulhouse,
imp. Bader, in-8<>.
Eresby (d*). L'Alsace, Revue agronomique des années 1868-69.
Précédé d'un avant-propos par Flaxland, Colmar, imp. La-
dreyt, lib. Held, in-8°, 152 pag.
Gladbach. Les Constructions en bois de la Suisse (trad. de Talle-
mand par Schacre, architecte et H, de Suckau,) Paris, imp.
Jouaust, lib. Morel, in-foL, 66 pag. et 40 planches.
HmN. Introduction à l'étude météorologique et dimatérique de l'Ai-
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12 BIBLIOGRAPHIE.
. saee. Colmar, imp. Decker, in-8°, 71 pag. (Extrait du BuUetin
de la Société d^histoire naturelle,)
KiRscsiLEGER. Flore vogésthfhénane, ou description des plantes qui
croissent naturellement dans les Vosges et dans la vallée du Bhin,
T. L Plantes dicotyles pétalees. Strasbourg, imp. Huder,lib.
Treuttel.
Kopp. Hygiène publique. De la rage. Communication faite à la
Société de médecine de Strasbourg (séance du 2 juin 1870).
Strasbourg, imp. Silbermann, lib. Noiriel, inr8°, 19 pag.
Leçons de chimie prof essées en 1868 et 1869, par MM. Dehérain,
Schutzenberger, Friedel, Leroux, Gautief, ToUens. Paris,
imp. Lahure, lib. Hachette, in-S**, 244 pag. 6 fr.
Leprieur. Note sur le genre htsmonia, Colmar, ipip. Decker, in-€°,
34 pag. et 1 planche. (Extrait du BuUetin de la Société d'histoire
naturelle de Cclmar,)
Lebeboullet. Notice biographique sur le /)' Faure- VtUars, Paris
imp. Gauthier-Villars, in-8°, 20 pag.
Louis. Le Révélateur ou l'art de se créer de six imUe à cent miUe
francs de rente, par Louis, propriétaire-viticulteur à Ribeau-
villé. Strasbourg, imp. Simon, 4 pag., in-fol., ornées de des-
sins, 30 c.
« En vendant le Révélateur conditionnellement, ie prouve mon
désintéressement, et je rends un grand service aux pères de famille.
En effet, si l'acheteur dans les trois jours n'est pas entièrement
satisfait du Révélateur^ il pourra me le renvoyer et je restituerai
le prix d'achat. »
Marcx (Em. Kretz.) Théâtre de Strasbourg, Année théâtrale 1869-
1870, A MM, les abonnés et habitués du théâtre, Strasbourg,
imp. Silbermann, in-8°, 7 pag.
Moraghe (ly). Considérations sur Valimentation du soldat, Paris,
imp. Hennuyer, bureau de la Revu^ militaire française, in-8°,
92 pag.
Réduction de monnaies allemandes, Strasbourg, autographie
Muller, 24 pag., in-12, 30 c.
RiLLÉ (de). Morceaux de chants à 1,2 ou 3 voix, Strasbourg, imp.
Silbermann, Paris, bureau de VEcho des orphéons, 20, rue Ca-
det, in-8®, 32 pag., 50 c.
Saint-Loup. Sur le mouvement des prqjectUes sphériques dans l'air,
Strasbourg, imp. Silbermann, in-8^ 16 pag. (Extrait du Bul-
letin de la Société des sciences naturelles de Strasbourg, 1869,)
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BIBLIOGRAPHIB. 13
Saint-Loup. Géométrie dans l'espace. 2^ éd., Paris, imp. Raçon,
lib. Hachette, in-18, XI et 124 pag., 1 fr. 50.
Sédillot et Legouest. Traité de médecine opératoire. 4* éd. avec
fig. Strasbourg, imp. Silbermann, lib. Treuttel, 2 vol. m-8<*,
20 fr.
Sédillot. De la certitude en médecine. (Discours prononcé à la So-
ciété de médecine de Strasbourg, le 1*^ juillet 1869.) Strasbourg,
imp. Silbermann, in-8% 9 pag.
Siegfried. Barème de thalers, gulden et florins en francs et centimes.
Strasbourg, lith. Siegfried, 24 pagt
Siegfried. Barème faisant connaître la réduction des monnaies àUe-
mandes en francs et centimes, accompagné des dessins des pièces.
Strasbourg, Hth. Siegfried, 8 pag., in-8^ 50 c.
Société des amis des arts de Strasbourg. Compte-rendu de l'as-
semblée générale du 9 janvier 1870, Strasbourg, imp. et lib.
Vve Berger-Levrault, 24 pag., in-8^
Thermes (les) de Bormio dans la VaUdine supérieure (royaume
d'Italie.) Strasb., imp. Silbermann, lib. Noiriel, in-8^ 16 pag.
TouRDES. Bdation médicale de V accident occasionné par la foudre
le 13 juillet 1869, au pont du Rhin près de Strasbourg. Stras-
bourg, imp. Silbermann, lib. Treuttel. Paris, lib. Baillière,
in-8S 32 pag.
Waldejo. Nouveau système de tente^abri du lieutenant W. Colmar,
imp. HofiEmann, in-8^, 14 pag. et 1 planche, 50 c.
WiMPFFEN. Rapport sur les endémies de goitre et de créHnisme dans
V arrondissement de Colmar. Colmar, imp. Hoffmann, in-8°,
53 pag. (Extrait du Recueil des travaux des conseils d'hygiène
et de salubrité du Haut^Rhin.)
V. LITTÉRATURE
A. Education, enseignement.
Beck. (Jhoix de lectures francises, V* partie. Lectures du premier
âge. 7* éd. Strasbourg, imp. et lib. Vve Berger-Levrault, in-12,
Vm et 172 pag. 80 c.
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14 BIBLIOGRAPHIE.
Grammaire élémentaire à l'usage des écoles des sœurs de la Provi-
dence de Portieux, Strasbourg, imp. Leroux» in-18, 55 pag.
Heintz. Le petit lecteur alsacien^ ou exercices gradués pour ap-
prendre facilement à lire le français, 7« éd. Strasbourg, imp. et
lib. Vve Berger-Levrault, in- 12, 58 pag.
HiRTZ (M^^*^). Travaux à aiguiUe usuels. Méthode de coupe et de
confection pour vêtements de femmes et d'enfants. Nouvelle éd.
illustrée de 154 figures. Paris, imp. Lahure, lib. Hetzel, in-18,
303 pag.
Kampmann. Grammaire pratique de la langue française, avec de
nombreux exercices, 12« éd. Strasbourg, imp. et lib. Vve Ber-
ger-Levrault, in-12, 340 pag., 1 fr, 75.
Kampmann. Deutsches Lesébuch fUr die Unter-und Mittelklassen
hoeherer LehranstaUen, 7* Aufl. Strasbourg, imp. et lib. Vve
Berger-Levrault, in-12, 252 pag., 1 fr. 25.
Meyer. Syllabaire allemand et français ou méthode facile pour en-
seigner aux enfants à épeler et à lire VaUemand au moyen de
gravures, accompagnées de courtes phrases, etc. Strasbourg,
imp. Silbermann. Paris, lib. Truchy, in-S", 213 pag., 3 fr. 50.
Orth. Uébungsstûcke im Lesen deutscher Sprache als zweiter Theil
zu : Grûnde zum Lesen, 3*^ Aufi. Strasbourg, imp. Silbermann,
lib. Derivaux, in-12, 64 pag.
Pet. Ckmrs élémentaire de langue allemande. Recueil de thèmes
écrits et parlés par Louis Eoch, docteur en philosophie de V Uni-
versité d'Iéna, Strasbourg, imp. Heitz. Paris, lib. Delagrave,
in-12, 59 pag.
ScHUTZENBERGER (Ch.). De la réforme de l'enseignement supérieur
et des libertés universitaires, Strasbourg, imp. Silbermann, lib.
Treuttel et Wurtz, in-S^, 115 pag., 1 fr. 50.
« Cette brochure apporte un riche contingent à l'enquête ou-
verte et expose des vues de réforme du haut enseignement qui
trouveront un grand retentissement. Dans le monde universitaire
comme ailleurs, c*est le régime administratif et bureaucratique
qui enlace et étreint les institutions publiques ; ce sont les abus de
la réglementation qui appauvrissent les études, qui paralysent
l'essor de la science, qui transforment le corps enseignant en une
compagnie de fonctionnaires astreints A une besogne de véritables
iournaliers intellectuels, c'est le souffle de la liberté qui manque
là comme partout et auquel il faut ouvrir largement les portes.
Telle est en deux lignes la pensée dominante du travail de M. S.
Elle se reproduit dans chaque chapitre, à chaque page de son œu-
vre avec une infatigable persistance, comme le tocsm de la vérité
qui sonne à coups pressés aftn de réveiller les esprits les plus en-
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BIBLIOGRAPHIE. 15
gourdis, les intelligences les plus disposées à se livrer à ce béat
contentement du présent qui est le symptôme le plus certain de la
décadence. Les observations personnelles, les faits, les chiffres, les
comparaisons édifiantes abondent dans l'écrit du savant professeur.
11 ne raconte i>as des rêves, il dit ce qu'il sait, ce qu'il a vu, étudié,
expérimenté ailleurs... » Gh. Boerscr.
Waltz. ^instruction populaire. Conférence faite à V Association
phHomatique de Bayonne par Waltz, professeur de rhétorique
' au lycée de Mont-de-Marsan, Mont-de-Marsan, imp. Delaroy,
in-8®, 11 pag.
B. Poésie, romans, critique.
Affaire Troppmann, débats sténographiés : Vacte d'accusation, la
plaidoierie de Jf Lachaud, le réquisitoire de M. Granàperret,
récit de Veocécution capitale, Paris, Martinon, 256 pag., 50 c.
Troppmann ou les crimes de Bantin et de Soulz, par H, C. et J, C,
Clichy, imp. Loignon. Paris, lib. Levrilly, in-18, 36 pag.
Le crime de Rintin, Affaire Troppmann, cour d'assises de la
Seine, Epinal, imp. et lib. Pinot, in-8° à. 2 colonnes, 32 pag.
Laurent. Grande complainte sur les crimes épouvantables de Pan-
tin et d'Herrenfluh, etc. par Simon L,, cultivateur à M, (AUier),
Gannat, imp. Daubourg, in-4^ k 2 colonnes, 8 pag.
Brigands centres (les) : Cartouche, Mandrin, Fra DiavolOy Schin-
derhannes, etc. Paris, imp. Bochette, lib. Lebigre-Daquesne,
in-32, 383 pag.
Carrau (L.). Exposition critiquée de la théorie des passions dans
Descartes, Malébranche et Spinoza, Strasbourg, imp. Silber-
mann, in-8°.
De sermonilius fiddibus Francisci Baconi Vendamii, Strasbourg,
imp. Silbermann, in-8°.
CuLMANN. Die Namen der Raubthiere in verschiedenen Sprachen,
Ein Beitrag zu der Théorie der primitiven oder sedisch-organi-
schen WmihUdung, Bischwiller, imp.Posth. Leipzig, Fleischer,
in-8°, ^ pag.
« M. Oulmann qui paraît avoir des théories tout à fait particulières
sur la science du langage, prétend retrouver dans la racine aha^
qu'il appelle dos indogermanische urverbum, la plupart des noms
servant à désigner les animaux carnassiers. 11 se plaît à rapprocher
«cette racine aha de Thébreu avah et nous ramène ainsi au beau
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16 BIBLIOGRAPHIE.
temps des étymolo^ies hébraïques.. M. Gulmann veut « protester
contre la parcimonie de la nouvelle orthographe qui estime plus
une mesquine économie de temps, de papier et d'encre que les
indices étymologiques que renferme un grand nombre d'A. Dans
le verbe nehmen, par ex., Y h montre que ce mot est une extension
appropriative de nahen^ s'approcher, et que si par conséquent Ton
dit de quelqu'un : er nahm den Apfel^ il est question d'un mouve-
ment de la pomme vers cette personne, mouvement qu'elle a ac-
compli elle-même et à l'aide de sa propre main. » Les passages que
.nous venons de citer nous paraissent suffisants pour faire con-
naître au lecteur les opinions linguistiques de l'auteur.»
Em. Picot {Revue de linguistiquey juillet 1870).
Zur EtytMÂogie der Worte gehen und stehen, Ein Wort Ûher indO'
germanische WorthUdung, Bischwiller, imp. Posth. Leipzig,
Fleischer, in-S*», 72 pag.
IHe dritte Kunkelstub bei der Frau VéUm, ein Jdeines Lustspiel
in daâssischer Mundart. Strasbourg, împ. Yve 6erger-Le-
vrault, lib. Noiriel, 20 pag., in-8<* (par MuUer, notaire k
Bœrsch).
DREDiiEimER. La maison de banque Eapinard et O ou un coquin
de caissier, roman de mceurs, dessin» de lÂx, Clichy, imp. Loi-
• gnon. Paris, lib. Décembre- Alonnier, in-4» à 2 colonnes, liv.
1 k 21, 168 pag.
Ennui à Bade (1*), par un chroniqueur, Strasbourg, imp. Silber-
mann, in-16, 4S pag.
Batisbonne. Au pays des âmes. Scène dramatique, Paris, împ.
Claye, lib. Michel Lévy, in-18, 18 pag. (Théâtre français.
Première représentation le 6 juin.)
RÉOEL (Maurice de). Hugues de Batksamhausen, roman. Abbe-
ville, imp. Briez. Paris, lib. Blériot, in-12, 286 pag. (Dédié à
M. Ch. Dubois, à Strasbourg.)
Un souvenir de M^^ Isabelle Monnier née Andréa née à Fleuris le
13 fnai 1836, rappelée à Dieu le 21 août 1869 à Foecy, Stras-
bourg, imp. Vve Berger-Levrault, in-8°, 110 pag.
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BIBLIOGRAPHIE. 17
VI. HISTOIRE.
A. Histoire générale.
Aartmann-Liebach. Voyage dans le nord et dans Vest de V Europe
raconté à ses neveux et nièces. Se vend au bénéfice de V Institut des
pauvres de Mulhouse. Mulhouse , imp. Bader, in-8°, 320 pag.
«Ouvrage qui a sa place marquée dans toutes les bibliothèques
alsaciennes, sans parler des autres. Ecrit sans prétention avec une
verve toute juvénile, comme en retrouvent les vieillards qui n*ont
jamais cessé d'être jeunes par le cœur et par Tcsprit, rempli d'hu-
mour, de douce ptiilosophie, d'observations piquantes, plein surtout
de cette honnêteté de l'âme qui donne tant de charme aux œuvres
qu'elle pénètre, le livre de M. Hartmann est destiné à être lu et
feuilleté par grands et petits, par vieux et jeunes, et nous ajoutons,
sans crainte de nous tromper, que tous les lecteurs de ce livre se
sentiront devenus, en le fermant, les amis de son auteur. M. Hart-
mann raconte, avec un naturel plein de grâce, son voyage à travers
la Norvège et la Russie, ses observations, ses aventures. 11 entraîne
à sa suite, et cette causerie douce insensiblement vous captive et
vous attache.. (A. S.)
Lehr (Ernest). Les Ecus de cinq francs au point de vue de la nu-
mistnatique et de rhistoire, avec 16 planches en relief. Strasb,
et Paris, imp. Vve Berger-Levrault, in-8®, VII et 111 pag.
« Pour les esprits ingénieux et intelligents, Thistoire est une
mine inépuisable dont les filons se poursuivent dans toutes les di-
rections. Le charmant livre de M. Ë. Lehr est une preuve de ce
que nous venons de dire. Que d'événements heureux ou sinistres
attachés à l'effigie de ces écus de cinq francs. Que d'espérances dé
çues ou réalisées ne représentent-elles pas! M. Lehr, dans de cour-
tes mais intéressantes notices, nous fait assister à tous les revire-
ments politiques et sociaux que les écus de cinq francs représentent.
La galvanoplastie, qui a admirablement reproduit les différents
types et modules, donne à cette série d'études l'agrément et en quel-
que sorte la réalité d'une collection de monnaies véritables... A
côté des qualités historiques et artistiques, ce livre en offre de pra-
tiques que les esprits sérieux apprécieront à leur juste valeur. Nous
ne pouvons que féliciter M. Lehr du talent avec lequel il a fait v<ir-
dir et refleurir un rameau desséché de l'arbre du passé, nous l'en
remercions sincèrement. »
L. B. fi. {Journal de Genève),
ScHJiFFER (Ad.). Les Huguenots du XVP siècle, Strasbourg, imp.
Vve Berger-Levrault. Paris, Meyrueis, in-8°, VII et 331 pag.,
5fr.
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18 BIBLIOGRAPHIE.
« 11 est vraiment fâcheux que M. Schseffer n'ait pas compris quel
mauvais service il rendait aux réformés du XVI* siècle en se
croyant obligé de démontrer systématiquement que les huguenots
avaient des sentiments religieux, de l'imagination, de l'esprit, une
certaine force de volonté, qu'ils aimaient leurs femmes et leurs
enfants, qu'ils respectaient leurs parents, qu'ils ne maltraîtaient pas
trop leurs serviteurs, qu'ils avaient des amis, etc. Mais les plus
fanatiques adversaires de la Réforme n*ont jamais osé nier ces
clioses-là! Ce sont des sentiments d'ordre naturel, implantés dans
tous les cœurs et que M. Schœffer retrouvera chez les turcs et les
païens aussi bien que chez les huguenots... Il y avait des catholi-
ques extrêmement respectables par leurs mœurs et leur foi (Michel
de l'Hôpital, par ex.), il y avait des huguenots grands coquins... En
somme, l'ouvrage de M. SchsBffer aurait ga^né beaucoup à être ré-
digé d'après un autre plan, moins scolastique et systématique et
avec un peu moins de préoccupations religieuses. Il aurait certaine-
ment produit plus d'effet en attribuant un peu moins à tous les hu-
guenots des vertus qu'il refuse à tous les catholiques. L'auteur a
l'air de se faire violence pour arriver à l'impartialité, mais c'est là
une de ces qualités primordiales, élémentaires, de tout historien
sérieux, qu'il n'y a aucun mérite à avoir et qui doit exister tout na-
turellement.» R. Reuss {Revue ciHtique),
B. La guerre par rapport à l'Alsace.
I. Historiens.
Abani (C). Im Lager der Franzoaen. Bericht eines Augenzeugen
Ûber den Krieg in Frankreich, Leipzig, Prochaska, 8 li-
vraisons à 5 gr.
L'auteur, pseudonyme, est M. Bancalari, officier d'état-major au-
trichien, qui suivit les quartiers-généraux français depuis le com-
mencement des hostilités et qui dispose de matériaux peu com-
muns.
Albert. Deutschlands Krieg gegen Frankreich 1870. Fine Chronik
^ zur Erinnerung an deutsche Kraft und deutsche Treue, Dres-
den, Lohse, in-4^ 48 pag., livraisons.
Arnould (Arthur). Une campagne à la Marseillaise, Paris, Le
Chevalier, in-18, 1 fr. 50.
Bavoux (Evariste). La IHisse et le Rhin, Paris , Dentu , in-8*
cartes, 3 fr.
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BIBLIOGRAPHIE. 19
BUUter ans dem Tagebuehe eines Strasshurgera wâhrend der Be-
lagerung in den Manaten August und September 1870. Altona,
Verlagsbureau Prinz, 74 pag., m-8<».
M. Fischbach a fait mettre dans le Courrier du Bas-Rhin que cet
opuscule était une reproduction textuelle des articles d'après les-
quels il avait composé son propre livre. Le jugement est sévère, et
Tauteur allemand, en appelant sa brochure Extraits du journal
d'un Strasbourgeois, est resté dans la vérité.
B6NNEKEN. Auf nach Frankreichf oder der Krieg der Deutschen
gegen die Franzosen im Jahr 1870, Gladbach, Hoster, iii-8^,
Hvraifions.
BôTTCHER. Was fof'dem toir von Frankreich? Einè Krieges- und
Friedensschrift, Hannover, Schmorl, in-8**, 2 */• ngr.
BoRBSTiEDT. Der deutschrframôsische Krieg 1870, Berlin, Mitt-
1er, iii-8°, livraisons.
BoRMANN. Viktoriaf DeutscMands Hddenkampf und der Sieg
Uber Frankreich, Berlin, Kœppen, in-8*>, livraisons.
BoRN. Deutschlands Vertheidigungskampf gegen Frankreich im
Jahr 1870, Berlin, Gerschel, in-8<», livraisons.
BuEHRMANN. De Fransch'Pruissische Oorlog, Amsterdam, BUhr-
mann, 8 livraisons.
Gaston (de). Les Français sur le Rhin, La France devant Vopi-
nian publique. Paris, imp. Dufour, lib. internationale, in-8°
24 pag.
CÉsÉNA (Am. de). Histoire de la campagne de Prusse en 1870,
illustrée de portraits historiques et gravures, publiée par li-
vraisons k 10 c. Paris, Gamier, in-18.
Chantrel. La Guerre de IHisse, Paris, imp. Cusset, lib. Palmé,
in-8<», 64 pag.
Conditions de la paix et les droits de V Allemagne (les), par Histo-
ricus ( Strœhlin, un Suisse, ancien étudiant de la faculté de
théologie de Strasbourg, auteur d'une étude sur le monta-
nisme). (xenève, in-8°.
Historicus prend l'histoire dans M. de Treitschke. S'il a fait
sa brochure pour obtenir une décoration prussienne, il n'aurait pu
mieux faire. E. Scburé.
Dahn (Félix). Die deutsche Provinz Elsass und Lothringen, dans
la Gazette d'Augsbourg, N*» 295, 300, 302, 304.
Défense de Strasbourg (la), jugée par un républicain. Lettre à
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20 BIBLIOGRAPHIE.
tm patriote de la Suisse, Neuchâtel, imp. Attinger, chez les
principaux libraires, in-8°, 22 pag.
DCrr. Der deutsche Krieg gegen Frankreich im Jahr 1870, Mit
Bortraits undeiner Kriegskarte, Berlin, Dnncker, gr. in-8®,
livraisons.
Dresky. Der Krieg ztcischen Deutschland und Frankreich, Pots-
dam, Rentel, in-8®, livraisons.
Engel. Erlebnisse und Wahmehmungen hei Véberhringung ei^ter
Sendung van Liebesgaben des Berliner HiUfsvereins an die
Bélagerungstruppen von Strassburg. Berlin, k. statist. Bu-
reau, in-8°, 71 pag., 10 ngr.
Elsas9 und Lothringen, Statisti^ch-geographische und hist.-poU-
tische LébenshUder. Langensalza, Gressler, in-8**, 72 pag.,
5 ngr.
Fechner. Der deutsch-franzosische Krieg von 1870. Mit lUtist,
Berlin, Grote, in-8°, livraisons.
FiscHBACH (G.). Le siège et le bombardement de Strasbourg, Stras-
bourg, imp. Silbermann, chez tous les libraires, in-12,
175 pag., 4'' éd. Strasbourg, imp. et lib. Schauenburg, 2 fr.
Trois éditions allemandes, dont la troisième avec portrait
du général Uhrich.
FiSGHBACH ET MÛNGH. Guerre de 1870, Album du siège et du bom-
bardement de Strasbourg^ texte par G. Fischbach. Strasbourg,
imp. et lith. Mûnch.
Flach (J.). Rapport au maire sur les travaux du Comité de se-
cours pour les victimes du siège, du 2 octobre au 5 novembre
1870, Strasbourg, aut. Groskost, 10 pag., in4°.
« Pour qu*une institution puisse vivre, il faut avant tout qu'elle
soit autonome, le sentiment du devoir chez des hommes de cœur
est à la fois le meilleur des contrôles et la règle la plus efficace, la
plus féconde...»
Franck (Ad.). Lettres sur la guerre de 1870, Milan, Dumolard,
in-8<», 48 pag.
« Ce qui est horp de doute, c'est votre dessein, poursuivi avec une
cruauté implacable, de dévaster, de ruiner, de souiller, d'ensan-
glanter toute la France. Les villes ouvertes et les villes fortes, les
villages comme les cités, aucun lieu habité n'est à l'abri du torrent
de l'invasion. Votre artillerie, dirigée avec une adresse surpre-
nante, et par conséquent frappant toujours avec intention, écrase
aussi bien les habitations privées et les populations pacifiques que
les citadelles et leurs défenseurs. Elle ne se fait pas de scrupule de
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BIBLIOGRAPHIE. 21
détruire mêmes les monuments les plus vénérés de Tart et de la
religion, puisqu'elle a dirigé ses coups contre la cathédrale de
Strasbourg. Ce qui n'est pas écrasé par les boulets et les bombes
est dévoré par le feu..»
Frânz. Der deutsche Krieg von 1870 gegen dm Erbfeind. Seine
Entstéhung und sein Fortgang bis zu den neuesten Ereignissen,
Berlin, Beck, in-8**, livraisons.
FusTEL DE CouLANGEs. L'Alsace est'éUe aUemande ou française?
Réponse à M, Mommsen (suivi d^une lettre aux pasteurs de V ar-
mée pru^ssienne). Paris, imp. Lahure, lib. Dentu, in-32, 16 pag.
M. Fustel se trompe quand il fait du général Uhrich un alsacien;
nous nous étonnerons aussi de le voir parler de Golmar ville ro^
moine : Notker le bègue, moine de St. Gall, est le premier qui, dans
son récit des guerres de Gharlemagne, ait parlé de Golmar, apud
Canisium tom. II, part. 3, pag. 73.
Gaspârin (A. de). La république neutre d* Alsace, (xenève, imp.
Ramboz, lib. Georg, in- 12, 126 pag. (Extrait du Journal de
Genève,)
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Blàtter vom Kriegsschauplatze. Berlin, in-4^ livraisons.
Grossi. La réconciliation de la France et de l'Allemagne, réponse
d'un allemand à la lettre de D. Strauss à Renan, Anvers, Mees,
in-8<», 64 pag.
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Deutschland undFrankreich. Mitvielen Abbildungeti. Stuttgart,
Vogler, in-4®, livraisons.
GuizoT. La France et la Prusse responsables devant l'Europe.
Paris, M. Lévy, in-18, 1 fr.
GuTHE. Die deutsch'franzôsischen Grenzgébiete nebst Angabe der
ehemaligen (1610) Grenzen Deutschlands gegen Franhreich und
der Sprachgrenze beider Vôïker. Hannover, Schmorl, gr. in-
fol., lith. col., 5 ngr.
Qahn, Werner. 1870. Der Krieg Deutschlands gegen Frankreich.
Mit zaUreichen AbbUdungen. Bielefeld, Velbagen, gr. in-8%
livraisons.
Hallberger. Vom Kriegsschauplatz. lUustrirte Kriegszeitung
fur Volk und Heer. Stuttgart, Hallberger, gr. in-foL, livrai-
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kriege gegen Frankreich. Mûnchen, Merhoff, in-8^, livraisons.
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ihre SteUung zum neuen Beic e, Greifswald, Bamberg, in-8**,
69 pag., 10 ngr.
Letters ofthe War between Germany and France. London, Triib
ner. (Contient les deux lettres de Mommsen à la Psrseveranza
et au Secoh de Milan, la lettre de Strauss à Renan, cinq
lettres de Max MûUer au Times, enfin la lettre de Th. Car-
lyle au même journal.)
Liste des réfugiés strashourgeois. Trois numéros du 15 au 24 sep-
tembre. Bâle, in-8°.
Lôher (Franz). Ahrechnung mit Frankreich. (Aus den Er0n'
zungs hlâttem zur Kenntniss der Gegenwart.) Hildburghausen,
bibl. Institut, gr. in-8^ 25 pag., 3 ngr.
LoRENZ UND Sgherer. Ocschichte des Elsasses. Berlin, Duncker,
in-8°, 2 parties.
Lotharingen en de -Egaras? Amsterdam, H5veker, in-8<>, 8 pag.,
par M. Grœn van Prinsterer. Forme le N° 43 des Nederlands-
che Gedaehten.
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(Ce travail n'est pas exempt d'erreurs.)
MicHELET. La France devant l'Europe, Florence, Lemonnier,
134pag.,in-12.,2fr.
« Rien ne marque mieux les vues haineuses de Tinvasion, le plan
de créer des haines ineffaçables que l'emploi de l'armée badoise à
la destruction de Strasbourg. Cette œuvre de barbarie exécutée
précisément par les plus proches voisins, constitue Bade et l'Al-
sace en opposition durable, fait de cette jalouse Bade comme un
ffedlier prussien intéressé par son crime à tenir de près la captive.
L'étrange, c'est qu'on n'a pas prévu une chose pourtant naturelle.
On se trouve avoir par là doublé, creusé le fossé qui sépare l'Al-
sace de Bade. Le Rhin devient par ces haines d'une profondeur
immense. Entre Strasbourg et Kehl, maintenant ce n'est plus un
fleuve qui roule, c'est un gouffre, l'abîme des mers.v
MiCHiELS (Alfred). Les droits de la France sur r Alsace et la Lor-
raine, Bruxelles, Vanderauwera, in-8°, 80 pag., 1 fr.
MûHLFELD. Der deutsch-franzôsische Krieg von 1870. Bielefeld,
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Fmdant V armistice. Dernière protestation d'un Strasbourgeois.
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éd. d'un mscr. attribué à Frédéric II. Paris , Lannes, in-8<*,
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Prussiens en France (les) (1792 f 1814-1815). Histoire complète de
la monarMe prussienne depuis sa fondation jusqu'à la bataille
de Sadowaf par les auteurs du Dictionnaire de la Révolution
française. Paris, lib. Décembre- Alonnier, 1 vol. in-4° à. 2 co-
lonnes, 848 pag. avec illustr., 11 fr. 50.
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d'un habitant de la campagne, (Bischheim) in-8°. (Extrait de
la 4« livraison (1870) du Messager des sciences historiques de
Belgique, publié à Gand, tirage k 25 exemplaires.
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RûsTOW (W.). Der Krieg um die Rhdngrenze 1&70. Zurich
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d'un Alsacien aux Allemands. Genève, lib. Richaid, in-8<*,
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Steger (Fr.). Bas Elsass und dos Lothringen, Land und Leute,
Ortsbeschreibung, Geschichte und Sage. Leipzig, Quandt, in-8®,
Vni et 95 pag., 15 sgr. D'après le livre de Huot, Des Vosges
au Bhinff
Strasbourg, Quarante jours de bombardement, par un réfugié
strasbourgeois. (A. Schneegans.) Lausanne, imp. Bridel; Neu-
châtel, lib. Sandoz, in-8°, 71 pag., 1 fr. (Cet ouvrage, qui est
daté de Zurich, porte pour devise Français ne puisy — Prus-
sien ne daigne, — Strasbourgeois suis, A paru d'abord dans le
Nord),
Straatsburg (het Bombardement van), Schoonhoven, van Nooten
in-8°.8pag. Prix :10 c.
Straatsburg, hure bdegering in 1870. In verhalen geschetst dvôr
den schrijvere von den Fransch-Pruisischen Oorlog in 1870.
Groningen, Beijer, in-8°, 43 pag. Prix : 20 c.
TREnscanoE (v.). Was fordem unr von Frankreich? (Abdruck aus
dem XXVI. Bande der Preuss, Jàhrbûcher,) Berlin, Reimer,
Vni et 47 pag., 6 sgr.
Comparez : A. Schweidnitz : Mn dsâssischer Protest, Offenes
Schreiben an Professer H. v. Treitschke. Genf. Richard 1871.
20 pag., in-8o, ainsi que : Lieder des Hasses, politische Ge-
dichte von einem Elsâsser. Gent, Richard 1871, 20 pag*,
in-8^
TRfiTZSCHLER (v.). lUustrirter Kriegsschauplatz von Deutschland
und Frankreich 1870, Dresden, .Tittel, gr. in-8<*, livraisons.
Unser unedergewonnenes Land. Beitrdge zur Kenntniss des
deutschen Gebietes in Elsass und Lothringen, Berlin, Dûmmler,
in-8°, 75 pag., 10 ngr.
Psm^. 23 on lit : « Quelle fut la douleur de celui qui écrit ces
lignes quand l'été dernier, un honorable négociant de Colmar lui
raconta combien il était difficile aux Allemands de soutenir Tin-
térôt de TAllemagne. La Ga%ette de Cologne, celle à'Augsbourg ne
pouvaient arriver au Casino que payées par des particuliers; c*é*
talent des particuliers qui fournissaient les appointements du pro-
fesseur de littérature allemande du lycée...» Ces assertions de
M. Lehfeldt sont complètement fausses, nous sommes autorisé à y
donner un démenti formel.
UsiNGER. Die Grenze zwiséhen Deutschland und Frankreich, Eine
hist. Skizze. Berlin, Mittler, in-8°, QQ pag., 8 sgr.
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Bruxelles, lib. de l'office de publicité, livraisons, in-8®.
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aus dem Schweizer Handdskaurier.) Biel, Steinheil, in-8<*,
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gungen. Anklam, Dietze, in-16, 16 pag., 2 Vt ngr.
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gen. Berlin, Verlag der Hausfreundexpedition, gr. in-4*», li-
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nung fur DeutscMand, Leipzig, Duncker, gr. in-8<*, 90 pag,,
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WoHLWiLL (Ad.). Geschichte des Elsasses in kurzerUebersicht.
Hamburg, Meissner, in-8°, IV et 78 pag., 6 ngr.
n. Cartographes
Album de photographies (40) sur le bombardement de Strasbourg,
par Baudelaire, Saglio et Peter, avec frontispice de Dock,
offert au comité central suisse pour Strasbourg, par les
membres du comité de secours strasbourgeois.
Bœckh und Eiepert. Historische Karte von FUsass und Lothrin-
gen zur Uébersicht der territorialen Verânderungenim 17. und
18, Jahrhundert. Berlin, Reimer, in-fol., 15 sgr.
Broutta. Ruines de Strasbourg, album composé de 13 dessins,
litb. Braun, Genève, 15 fr.
G. 0. Guerre de 1870, Strasbourg après le bombardement. Vues
d*après nature. Strasbourg, lith. Oberthûr.
Karte des KriegsschaupHatzes 1870. Mit besonderer Bezeichnung
der geraubten deutschen Provinzen ^BUsass und Lothringen,
Berlin, Janke, in-fol. lith. et col., 4 sgr.
KiEPERT. Elsass und Lothringen nach ihrer gegenwârtigen Ein-
theUung seit der deutschen Besitzergreifung. Berlin, Beimer,
fol., col., 10 sgr.
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Hannover, Oppermann, in-fol., 1 thaler.
Lotharingen en Elsasz. Amsterdam, Seyffart, carte lith. et col.
Petermann. Dos General-Gouvemement Elsass und die deutsch-
franzpsische Sprachgrenze. Massstab 1 : 740 000. Gotha, Per-
thes, in-fol. (Tiré des Geog, MiUheUungen, 1870, XII.)
lîan de la ville de Strasbourg, d'après le plan général dressé par
J.-N. Villot. Strasbourg. Vve Berger-Levrault. in-fol., lith.
et col.
Fîan de Strasbourg après le bombardement, par Bourrit, archi-
tecte. Strasbourg, lith. Simon. 1 feuille, 2 fr.
Fîan von Strassburg. Massstab 1 : 50 000. Leipzig, Serbe, in-16,
1 ngr.
Fîan von Weissenburg und Umgebung, Massstab 1 : 100 000.
Leipzig, Serbe, in-16, 1 ngr.
Schlachtfelder des deutsch-franzôsischen Kriegs, Berlin, Barthol,
in-fol., 6 Karten, 7 Vt ngr.
Skizze vom Gefechtsfdde von Weissenburg, Massstab 1 : 50000.
Berlin, Schropp, gr. in4°, lith. et color., 2 Vt ngr.
Skizze vom Gefechtsfeld'e von Woerth, Berlin, Schropp, gr. in-4®,
lith. et col., 2 Vt ngr.
Ubersichtskarte des d, Heereszugs von Weissenburg bis Paris
mit genauer Angàbe sâmmtlicher Marschrouten der deutschen
Armeen. Leipzig, Lôes, in-fol, chromolith., 2 Vt ngr.
WiNTER (Ch.). Albums photographiques sur le siège de Stras-
bourg.
Parmi les événements qui en 1870 ont le plus vivement ému Topinion
publique, il est permis de citer en première ligne le bombardement
de Strasbourg et la destruction volontaire, de la part de Tennemi,
de tous ses monuments, de son musée de peinture et de sa splen-
dide bibliothèque. Cette manière barbare de faire la guerre a même
paru à certaines personnes tellement contraire à toute notion de
civilisation et d'humanité qu*elle a trouvé des incrédules. Un des
plus habiles photographes de Strasbourg, M. Winter, s'est chargé
de convaincre ceux qui auraient encore des doutes sur les procédés
employés par les Allemands dans Tespoir trompeur d'amener
plus vite la ville à capituler. Il a publié deux albums de 20 plan-
ches chacun, reproduisant l'un les parties des fortifications et des
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28 BIBLIOGRAPHIE.
établissements militaires détruits par le feu des assiégeants, Tau-
tre les édifices civils ou religieux qui ont été réduits en cendres
avant qu'une seule pierre de renceinte ait été écornée. Les pho-
tographies de M. Wmter, par leur exécution hors ligne, font autant
honneur à son sentiment artistique qu'à son habileté profession^
nelle. Toutefois, c'est moins à titre d'œuvre d'art que nous le signa-
lons, que comme un monument irrécusable de ce qu'a pu produire
la guerre en plein xix« siècle, conduite par des hommes qui font à
tout propos si grand étalage de leurs lumières et de leur piété. Les
deux albums de M. Winter se complètent d'une façon significative;
le premier démontre péremptoirement combien il était «superflu
de commettre les actes de vandalisme dont témoigne le second.
E. L.
Ruines du Temple-Neuf, de la Bibliothèque et du Gymnase» Stras-
bourg, Vve Berger-Levrault, lithographie.
Flan de Strasbourg après le bombardement. Strasbourg. Vve
Berger-Levrault.
III. Juristes et orateurs.
Baur (W.). Strassburg eine deutsche Stadt, Rede zur Feier des
18. October 1870 in der Atda des Johanneums in Hamburg ge-
halten. Hamburg, Agentur des rauhen Hauses, in-8*, 40 pag.,
5sgr.
Bluntschli. Dos moderne Vôlkerrecht in dem franzôsisch-deutschen
Kriege. B^ctoTsdareàe geh. am22. Novemberl870. Heidelberg,
fiassermann, in-8^ 81 pag.
Bruns. DeutscMands Sieg Ober Frankreich, Rede. Berlin, Putt-
kammer, in-8**, 2 ngr.
Friede. Unser Becht und unsere PfUcht in Bezug auf Elsass und
Lothringen. Rede zur Feier des Heydianums. Schweidnitz,
Heege, in-8°, 20 pag., 4 ngr.
Gross. Vier Sddatenpredigten, geh. in Frankreich von dem kath
Fddgeistlichen G. Gross. Kempten, Kôsel» 6 kr.
Frommel (Em.). Bede, geh, in der SU Thomasicirche beim Einzug
der deutschen Truppen in Strassburg den 30. September 1870.
Strasbourg, Vomhoff, in-8°, 8 pag., 3 ngr.
Handelskammer Leipzig. An das k. Ministerium des Innern zu
Dresden (Gutachten ûber die Wirkungen, welche ein An-
schluss des Elsasses und beziehentlich Lothringens an den
deutschen Zollverein auf unsere Baumwollindustrie haben
mûsste.) Leipzig, in-4°, 7 pag.
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BIBLIOGRAPHIE. 29
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Rede gehalten am 4. November 1870, von H. Prarector der
Universitœt Erlangen. Erlangen, Besold, in-8*>, 21 pag., 5 ngr-
RoLiN-JiEQUEMYNS. La guerre actueUe dans ses rapports avec le
droit international, Gund, imp. Van Dooeselaere. Paris, Du-
rand, in-8°, 82 pag., 2 fr. 70. (Extrait de la Bévue dedroit inter-
national,)
Brochure prussophiLe; on y lit pag. 21 : « Le bombardenienl de
Kehl, où ne se trouvait aucune batterie badoise (19 août], paraît
une infraction à la règle qui défend de bombarder des villes ou-
vertes. » — Dans la nuit du 18 au 19, les canons de Kehl lancèrent
par dessus la citadelle leurs projectiles sur la ville. C'est après
cette nuit que l'ordre arriva de bombarder Kehl.
Pag. 32 : « Nous réprouvons la mesure qui a consisté, à Wissem>
bourg, et ailleurs à faire monter des habitants notables de la contrée
sur les locomotives se dirigeant vers l'intérieur du pays. Cette
mesure, disait la proclamation affichée à Wissembourg le 21 octo-
bre, est rendue nécessaire par suite des fréquentes destructions de
lignes de chemins de fer et est portée à la connaissance de tous les
habitants, afin que ceux-ci apprennent que leurs propres citoyens
seront victimes des dégâts commis. Nous devons supposer que les
autorités qui ont imaginé ce moyen, l'ont justifié à leurs yeux en
assimilant les habitants notables ainsi employés comme instruments
préventifs à des otages. Mais, outre que l'emploi des otages est
presque abandonné et considéré par certains auteurs comme radi-
calement illégitime, l'assimilation serait encore au fond inexacte.
Car il est de principe, dans le droit des gens moderne, que la liberté
seule des otages est engagée. Or ici, aux termes mêmes de la pro-
clamation ce n'est pas seulement leur liberté, c'est leur vie qu'on
expose. >
Pag. 47 : « Le système des réquisitions e*st moins libéral que
Tabsence complète de réquisitions pratiquée par les Anglais du-
rant la guerre d'Amérique de 1812 et les alliés durant la guerre de
Crimée 1856. »
SCHENKEL. Der Emeuerungskampf des detdschen Volkes nach sei-
ner religiôs-sittlichen Bedeutung. Predigt, geh. zu Heidel-
berg am 28. August von Professer Schenkel. Heidelberg (Bas-
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Staub. Antrag zur Regtdirung der wirthschaftlichen Verhâltnisse
bei der Wiedervereinigung des Elsasses mit Deutschland, Ku-
chen, 26. November 1870.
«Nous étions en droit d'attendre une appréciation plus sensée
des choses, de la part du promoteur des remarquables institutions
ouvrières du Wurtemberg. » Ch. Grad., VHelvétie,
Trenkle (Pf.). Rede und Einsegnung bei der Beerdigung des W,
Hauffe und des GotUieb Gabier y welche ihren in der Schlacht
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30 BIBLIOGRAPHIE.
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lib. Lemerre, in-18, 14 pag., 50 c. (Strophes dites par M. Co-
quelin à la Comédie française, le 25 octobre 1870.)
Biedermann. Der letzte BUrgermeister von Strassburg. Vaterl.
Drama in 5 Akten, mit einem Epilog aus der Gegenwart.
Leipzig, Brockhaus, in-8<*, 135 pag., 20 ngr.
BoDENSTEDT. Nem Kriegslieder, Leipzig, Velhagen, in- 12, 27 pag.,
1 Vf ngr.
(E. BoissiÊRE.) Tué à Sedan. Lettres d^un sous-lieutenant recueillies
par un ami, Mulhouse, imp. Bader, in- 16, 122 pag. Suivi d' Une
capitulation à Borne, (Extrait de V Industriel alsacien, dédié à
M. J. Maillet, avocat.)
BuGUET ET Charlet. nPvais f enlever Vprussien ! à propos pochade
en 1 acte. Paris, imp. Vert, lib, Carayon, in-8® à 2 colonnes,
7 pag. (Représenté le 4 août 1870 au spectacle concert des
FolieS'Dénogez, )
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BIBLIOGRAPHIE. 31
Caprès. a Berlin ! chant national. Paris, imp. Vert, lib. Tralin,
in-4°, 1 pag.
Cauchois. L'anti-prussienne (10 couplets). Paris, imp. Hennuyer,
in-8<*, 3 pag.
Chabrillan (M™« de). La Gatdoisey hymne national. Paris, lith.
Collange, in-4*», 1 pag,
Cherliez (M™«). La VersaUlaise, chant de la garde mobile
(!«' août 1870). Versailles, lith. Hayet, 1 fol., 1 pag., 25 c.
CouLY. A la frontière (4 couplets). Paris, imp. Claye, in-8°,
3 pag.
Danty. a la Prusse^ chant. Toulon, imp. Robert, in-4°, k 2 colon-
nes, 1 pag.
Darmet. Gtierre à la Prtissej chant national. Lyon, imp. Ram-
boz, in-4°, à 3 colonnes, 15 c.
Demauche. La Patrie est en danger/ (7 couplets.) Paris, lith.
Bourreif, in-4° à 2 colonnes, 1 pag.
Ddmont. Strophes nationales en Vhonneur de V armée française sur
le Rhin. Paris, lith. Goyet, in-8°, 10 pag.
Deutsche NationaUiymne. Dichtuiig von MuUer von der Werra,
fui Mânnerchor componirt von G, Reichardt Leipzig, Kist-
ner.
Deutsche Marschr und Kriegslieder gegen die Wdlschen. Feldzug
1870. Leipzig, Lissner, in- 16, 32 pag., 1 ngr.
Ellissen. Kriegsstimmungen eines Daheimgebliebenen, Gôttingen,
Selbstverlag, in- 16, 32 pag., 5 ngr.
Ellmenreich. Acht Kriegslieder zu Schutz und Trutz. Gewidmet
dem deutschen Volke, dem deutschen Heere zum begonnenen
Feldzuge wieder den Franzmann. Leipzig, Schulze, in-16,
29 pag., 2 ngr.
Enders. PatriotischeDichtungen im Jahre der deutschen Erhebung
1870, Neutitschein, Enders, in-16, 32 pag., 5 ngr.
EvERs. Vorwœrts! Siebengehamischte Sonette an das deutsche
Volk. Oldenburg, Schulze, gr. in-16, 7 pag., 1 ngr.
Fastenrath. Den deutschen Hélden von 1870. Kriegs- und Sièges-
lieder. Leipzig, Mayer, gr. in-8<*, 16 pag., 2 Vt ngr.
Frey. a la frontière. Paris, imp. Dubuisson, in-4°, 1 pag.
Freytag (L.). Kampf wnd Sieg. Kriegslieder. Berlin. Schweig-
ger. in-16, 55 pag., 10 ngr.
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82 BIBLIOGRAPHIE.
FUr Stras8burg*8 Kinder ! Eine Weihnachtsbescheerung von
Deutschlands Dichtem, Berlin, Lipperheide, 22 volumes, in-16,
dont voici les titres :
BoDENSTEDT. Zettgedtchte, 36 pag. — Gerocx. Eichenlauh,
38 pag. — GoTTScHALL. Kriegslieder, 42 pag. — Grieben. Zeit-
stimmen, 26 pag. — Grosse. Wïder Franhreich, 76 pag. —
V. HoLTEi. Lieder eines AUen, 20 pag. — Jensen. lAeder ans
1870, 50 pag. — LiNGG. Zeitgedichtey 17 pag. — Marbach. Dos
HaUjahr Deutschlands , 111 pag. — Meissner. ZeitUdnge,
22 pag. — V. Meyern. Zettgedtchte, 41 pag. — Mûller v.
KôNiGswiNTER. Durck Kampf zum Sieg, 46 pag. — Osterwald.
Bleibt einig, 33 pag. — Pichler. Deutsche Tage, 23 pag. —
Prôhle. Deutsch'IAeder, 40 pag. — Rodenberg. Kriegs- und
Friedensïieder, 76 pag. — Schad. Klànge vont Main, bl pag. —
SiMROCK. Deutsche Kriegslieder, 56 pag. - - Treger. Sechs Zeit-
gedichte, 26 pag. — Trautmann. Astern und Rosen, ^ pag. —
ViEHOFF. Zeitgedichte, 67 pag. — Zeise. Kampf- und Kriegs-
lieder, 39 pag.
Gauthey de Latour. La Marseillaise de 1870, dédié à l'armée du
Ehin. Paris, imp. Pillet, lib. Pick, in-8°, 6 pag.
GeflUgdte Worte von Amdt, Klopstock, Stolberg, Herder, Eû-
ckert und Geibel an die Deutschen. Gûtersioh, Bertelsmann,
in-S®, 36 pag., 5 ngr.
Gênée. Deutsche Sturm-IAeder gegen den Franzosen. Dresden,
Schulbuchliandlung, in-8<*, 16 pag., 3 ngr.
Gensichen. Sechs Kriegslieder, Berlin, Grosser, in-8°, 8 pag.,
Ingr.
Gesky. Der Rhein soU deutsch verbleibenf Kampflieder und
Zeitgediçbte. Halle, Herrmann, in-8<», 14 pag., 2 sgr.
Grégoire, Uarmée du Rhin, chant patriotique. Paris, imp.
Claye, in-8°. 4 pag,
Grûning. Volkslieder im Kriegs- Jahre 1870, Hamburg, Grûning,
gr. in-8°, 15 pag., 4 ngr.
Heine (G.). VaterlândiscJie Gedichte aus dem Sommer 1870, Cô-
then, Heine, gr. in-8°, 52 pag.. 4 ngr.
Klincx, Die Franzosen nach Berlin. Komisches Heldengedicht
zur Erinnerung an das Jahr 1870. Hamburg (Celle, Schulze],
gr. in-16, 48 pag., 10 sgr.
Knauth. AUdeutschland, Dicbtergrûsse am Auferstebungsmor
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BIBLIOGRAPHIE. 33
gen des geeinigten Deutsclilands im Hochsommer des Jahres
1870. Langensalza, Beyer, gr. in-16, livraisons.
Kradse. Mit Sang zum Sieg. Kriegsliederbuch fur das deutsche
Heer auf dem Feldzuge gegen Frankreich 1870. Berlin, Kast-
ner, in-16, 32 pag., 1 */« ngr.
KuTzscHKE. Pùlitische Dudelsacidieder. Gediegene poetische Et'-
gUsse unter Mittvirkung namhafter Gelehrten und Kiinstlei^
mûfievoU zusammen getragen,.. Nebst einer Widrmmg an Herrn
Napdium. Leipzig, Klein, in-16, 30 pag., 2 Vt ngr.
Labes. Zeitgedichte. Rostock und Malchin, Stiller, in-16, 40 pag.,
5ngr.
Laplagne (de). A la France^ à la Prussey à VEurope. Paris, imp.
Voitelain, in-8°, 8 pag.
Leistner. Zum Rhein I ûber^n Rhein t AUdeutschland in Frank-
reich hinein. Leipzig, Lissner, in-8<*, livraisons.
lAeder wider den Franzmann (30 schœne alteX neu aufgelegt im
Jahrel870. Berlin, Mittler, gr. in-16, 55 pag., 2 sgr.
Lieder zu Schutz und Trutz. Berlin, Lipperheide, gr. in-8**, li-
vraisons.
Manuel. Pour les blessés. Scène en vers jouée au Théâtre fran-
çais, in-8o. Paris, M. Lévy, 50 c.
Mauclerc. La Marseillaise. Rouget de Ldsle ou les volontaires de
Vannée du Rhin. Episode de 1792 (deux actes, trois tableaux).
Vervins, imp. Flem, in-S**, 47 pag.
MiNCKWiTZ. DeutscMands Traum, Kampf und Sieg. Geharnischte
Sonette nebst einem Anhang vaterl. Gesiinge. Leipzig, Priber,
in-16, Vni et 40 pag., 6 ngr.
Mûller von der Werra und B^nsch. AUdeutschland. Neîte Lie-
der zu Schutz und Trutz im Jahre der deutschen Erhebung
1870. Leipzig, Bœnsch, gr. in-16, 128 pag., 3 ngr.
Musset (Alf. de). Le Rhin aUemand, musique d'Armand Colin.
Paris, Hartmann, grand format, 2 fr. 50, format guitare,
Ifr.
Pailleron. Le départ, vers dits par M. Delaunay sur la scène du
Théâtre français, le 6 août 1870. Paris, imp. Claye, lib. nou-
velle, in-8°, 7 pag.
Perrin. Hommage à Varmée du Rhin. Aux Prussiens. Lyon, imp.
Bellon, in-8<*, 2 pag.
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34 BIBLIOGRAPHIE.
Plantier, Nouveau chant des peuples/ dédié à GuiUawne bien-
tôt ex-roi de Prusse, à Napoléon III, à ses collègues et à leurs
cliques, auteurs de cette sanglante guerre de 1870. Paris,
lith. Barousse, in-4**, 2 pag., 15 c.
Prôhle. Deutsche Lieder und Oden aus der Zeit des 2ten franz.
Kaiserreichs. Berlin, Mœser, in-8**, 32 pag.
RiTTERSHAUS. VoTwàrts noch Bxris ! Drei Kriegslieder nach
Volksweisen fur die deutschen Soldaten. Rheydt, Lange-
wiesche, in-8°, 5 pag., 2 Vt ngr.
(RoDENBERG Jul.), Prolog bei dem grossen Concert zum Besten des
Landeshilfvereins sowie des Intem, Vereins, am 3. September
1870. Dresden, Meinhold, in-4<», 2 ngr.
Rouget de VIsle. La Marseillaise, notice littéraire par Félix
Pyat. Paris, imp. Berthelemy, lib. Martinon, in-8**, 12 pag.
Six. Le chant de Varmée française. Lille, imp. Danel,in-8<*, 3pa^.,
10 c.
S0U1.1ER. A nous les bords du Rhin, Paris, imp Cordier, in-8*»,
3 pag.
SouvESTRE (Olivier). La Parisienne de 1870 (vers.). Paris, imp.
Rigal, in-4** k 2 colonnes, 1 pag.
Stuckenbrock. Die beiden Zuaven, oder Berliner im Elsass .
Schwank in 1 Akt. Berlin, Lassar, in- 16, 19 pag., 1 V» thaï.
ToRNow (Karl). Der Tambour von Wœrth. Historischer Roman
aus dem deutsch-franzôsischen Krieg von 1870. Berlin, Frei-
tag, in-8**, livraisons.
Tristan. Trois larrons prussiens/ chanson populaire. Paris,
imp. Vert, in-4**. 1 pag.
Tyrtée. La Patrie/ Départ de la garde-mobile, La fiancée du
franc tireur. Une bataille de Varmée française. Le salut du
drapeau. Le Talion (réponse k Tode de Riickert). Nantes,
imp. Charpentier, lib. Morel. in-18, 20 pag., 50 c.
Varin. Les frontières du Rhin (chant national). Paris, imp. Ri-
gal, in-4°, 1 pag., 5 c.
Victor (H.). AntigaUica / Ein Strauss deutscher Kriegs- und Frei-
heitslieder fiir Deutschlands Sœhne im Feld und Haus gesam-
melt, Elbing, Neumann, gr. in-16, 48 pag., 2 Vi ngr.
VoLLMAR. Die Brader vor Strassburg. Eine Erzâhlung aus dem
Kriege fur Jung und Alt. Berlin, Missions-Verein, in-8<»,
32 pag., 2 V, ngr.
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Wachsmann. Sammlung der deutschen Kriegs- und Volkslieder
des Jahrea 1870. Berlin, Liebheit, gr. in- 16, livraisons.
Waldmuller (Ed. Duboc). Die tatisendjœhrige Eiche im Elsdss.
Berlin, Springer, in-16, 47 pag.
Zwd friedltche VTUanen, in der Oberlaimtz atcsgerilstet und nach
Elsass und Lothringen abgeschickt von einem alten deutschen
Burschen. (Deux poésies : Wir mOssen eitch haheny et Wir ha-
ben dich.) Gôrlitz, imp. Jungandreas, 4 pag., in-8**.
C. Histoire d'Alsace.
Bourgeois (F. Ch.). Le département du Bas-Rhin. Recueil conte-
nant les communes du département, leurs chëfs-lieux de
canton et d'arrondissement, leur population, les distances
des chefs-lieux de canton et d'arrondissement, les chemins
de fer, les bureaux de postes, la télégraphie, les cours d'eau
et canaux, les communes, l'industrie, l'agriculture, les ri-
chesses minérales, les monuments, édifices, curiosités natu-
relles ou archéologiques, les collections d'objets d'art ou. de
sciences, d'après les documents officiels les plus récents. in-8*>,
^ pag., Strasbourg, imp. Leroux.
Faits historiques de l'Alsace. 1° Le prince Max et les Moustaches
de ses grenadiers. 2° Napoléon P' et les écoliers de Strasbourg.
3° Les élections à Strasbourg au XVP siècle. 4° Bombardement
de Strasbourg. Dessins avec texte; prix : en noir 10 c, col. 30 c.
Strasbourg, Schneider.
Fischer (D.). Notice historique sur la Censé de Schachenech. Nancy
imp. Lepage, in-8°, 12 pag. (Extrait du Journal de la Société
d'archéologie lorraine.)
Fischer (D.). Hochfétden nach geschichUichen Qudlen und amUi-
chen Berichten. Zabem, imp. Gilliot, in-8°, 24 pag. (Extrait du
Zabemer Wochenblatt.)
Gérard (Ch.). La bataille de TUrckheim^ 5 janvier 1675. Colmar
imp. Jung, lib. Barth, 132 pag., in-8°, papier vergé.
Grandidier. Eglise équestràle de Chtebmller. (Extrait des œuvres
inédites de Grandidier y publiées par Liblin.) Guebwiller imp,
et lib. Jung, in-8®, 16 pag. Papier vergé.
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36 BIBLIOGRAPHIE.
HuoT. La commanderie de St. Jean à Colmar. Colmar, imp. Jung
Ub. Barth, in-8°, 110 pag.
Klein. JIhum de Niederhronn et de ses environs, nouv. éd. in- 12
oblong, 54 pag. Strasbourg, imp. Silbermann.
Lehr. U Alsace noble suivie du Livre d'or du patriciat de Stras-
bourg, d'aprës des documents authentiques et en grande par-
tie inédits. Strasbourg, imp. et lib. Vve Berger-Levrault,
3 vol. in-4°, XXII et 1344 pag., 56 planches hors texte et
200 vues et portraits dans le texte, 220 fr.
Lehr. Les dynastes de Gercldseck es Vosges, études historiques et
généalogique, avec une carte, un tableau général, et deux
fac-similé de sceaux. Strasbourg, imp. Vve Berger-Levrault,
lib. Noiriel, in-8<*, 48 pag. (Extrait du Bulletin de la Société
des monuments historiques).
Lehr. Mélanges de littérature et d'histoire alsatiques, Strasbourg,
imp. Vve Berger-Levrault, lib. Noiriel, in-8S 253 pag., 4 fr.
Neujàhrsblatt, herausgegeben von der StadibiMiothek in Zurich.
Conrad PéUican. Zurich, Orcll, Fûssli, 16 pag., in-4*», 1 fr. 20.
(Auteur,M.S. Vôgelin.)
Sabourin de Nanton. DéUe et le baron Nicolas de Montjoie. Mul-
house, Bader, 30 pag., in-8**. (Extrait de la Revue d'Alsace.)
Spach. Inventaire sommaire des archives départementales anté-
rieures à 1790. Bas-Rhin. Archives ecclésiastiques. Série 6,
tom. 3, 2* partie. Strasbourg, imp. et lib. Vve Berger-Le-
vrault. in-4^ VII et 257-435 pag.
Spach. Œuvres choisies, tom. 4. Mélanges de littérature, Stras-
bourg, imp. et lib. Vve Berger-Levrault, in-8<», X et 615 pag.
Spach. Les derniers Hohenstauffen. Strasbourg, imp. Vve Ber-
ger-Levrault, in-8*», 44 pag. et carte.
Spach. Un salon à Strasbourg sous la Restauration. Strasbourg,
imp. Vve Berger-Levrault, in-8°, 16 pag. (Extrait de V Im-
partial du Rhin.)
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BIBLIOGRAPHIE. 37
PRINCIPAUX ARTICLES DES PÉRIODIQUES.
Revue catholique de l'Alsace :
Dacheux. Gteiler et le Protestantisme. — Bockenmeyer.
Tetzel. — Delcasso. Histoire des conseils du roi par M. de
Vidaillan. — Oestre. Des vigies celto-romaines établies le
long du Rhin pour la transmission des dépêches. — Preuves
hydrographiques de Texistence du lac légendaire de l'Al-
sace. — De la limite des deux Germanies cis-rhénanes. —
Ch. Martin. Observations sur quelques idées de M. Oestre
touchant nos antiquités gallo-romaines. — Straub. Une épi-
graphe de la cathédrale d'Alby. — Gatrio. Les évêques al-
saciens. — Metz. Plutarque a-t-il connu le christianisme ?
— Marbach. Le Ooncile du Vatican et M. Schneegans, — Le
Progrès religieux et le Ooncile. — Les conférences de St. Ni-
colas. — L'assassinat de Rastatt, par P. Ristelhuber. — Le
ritualisme en Allemagne. — Une harangue de M. Leblois. —
Dubois. De la mélancolie chez les jeunes gens. — P. Mury.
Mgr Weiss, évêque de Spire. — Un double cas de possession.
— Notes extraites du journal de l'ambulance du petit Sémi-
naire pendant le bombardement. — Wernert. Le D' Sepp et
le Ooncile. — Jenner. Le pape Honorius et le bréviaire ro-
main, par Am. de Margerie. — Frœhlich. Récréations dra-
matiques, par M. l'abbé Edel. — Forness. Unité des quatre
Evangile, par le D' Grimm. — Oolombier. Liber diuranus, par
Eug. de Rozière.
Le dernier numéro de 1870 contient les lignes suivantes :
«Oomme nous ignorons les conditions faites à la presse reli-
gieuse, nous suspendons notre publication pour tout le temps
que le pays sera occupé par l'étranger. »
Revue d'Alsace, 21* année. Nouvelle série : première année,
neuf numéros.
Huot. La Oommanderie de St. Jean (maison Richart) a
Oolmar. — Sabourin de Nanton. Délie et le baron Nicolas de
Montjoie. — Beck. Légendes de l'Edda. — Blanc. Le servage
dans les possessions alsaciennes de la maison d'Autriche aux
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38 BIBLIOGRAPHIE.
XVP et XVIP siècles.— Laurent. La Châtelaine d*Uffholz.—
Wilhelm, Hélëne et Fridolin ou les forges du Wasenbourg.
— VouLOT. Un mot sur quelques cloches alsaciennes. — Krœ-
BER. Lettre du Conseil des Treize de Strasbourg au roi de
France. — Le cardinal Armand Gaston de Rohan. — Le car-
dinal Guillaume Egon de Furstenberg. — - Foires et marché à
Ste-Marie- aux-mines. — R. de Tûrœheim. L'enquête agricole
en Alsace. — Rathgeber. Un humaniste de Técole de Schles-
tadt (Paul Volzius). — Goouel. Les écrits perdus d*Aristote. —
Ch. Grad. Une mission commerciale dans Taxtrême Orient.
— A. Benoît. Recherches sur le lieu de naissance du chroni-
queur Godefroi d'Ensmingen. — La cession de Landau k
l'Allemagne, 1815. — D. Fischer. Les anciennes Lauben en
Alsace. — Exécution de sorciers et sorcières en 1615 dans les
possessions de Murbach et le Haut-Mundat. — Beromann.
Curiosités linguistiques. - R. Reuss. Uu poëme alsatique re-
latif au comte Ernest de Mansfeld et au siège de Saveme en
1622. — H. ScmoDT. Wieland à Weimar. — Thiriat. La vallée
de Cleurie. -- Quiquerez. Boncourt au XV* siècle.
Revue d'Hydrologie médicale, 13* année (neuf numéros).
Engel. Du traitemeflt de la goutte et de là gravelle urique
au moyen du carbonate de lithine. — Recherches sur les ef-
fets de l'usage interne et externe de l'eau minérale d'Ems.
— Courte notice sur les thermes de Carlsbad. -- Willemin. Les
bains de Schinznach. — Latour. Des coliques hépatiques et
de leur traitement par les eaux de Vichy, par le D' Wille-
min. — Delacroix. Luxeuil. Observations générales faites sur
le traitement en 1866, 1867, 1868 et 1869. — Th. Keller. Eta-
blissement de Schœnbrunn (cant. de Zoug). Hydrothérapie,
bains romains. — Sales-Girons. Sur la pulvérisation des eaux
sulfureuses a Pierrefonds les bains. — Ritter. De la présence
de la lithine dans les eaux minérales du Bas-Rhin. — Ro-
bert. Hombourg.
Le Progrés reugieux.
Gerold. Concours Schmutz et Spener. — Joseph de Mais-
tre, conférence de M. Bost. — Th. Parker, conférence du
même. — Etudes sur le dogme. La Trinité. — Le Temple-
Neuf. — La bibliothèque de Strasbourg. — Geoffroi Dûrr-
bach. — ScHiLLiNGER. Tu aimeras ton prochain comme toi-
même. — Pardonnez k ceux qui vous ont offensés.— Carrière.
L'Eglise de Rome et les premiers chrétiens. — Le Babysme,
conférence de M. Schillinger. — St. Paul, conférence de M. Sa-
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BIBLIOGRAPHIE. 39
batier. — R. Reuss. La Réforme en Espagne, conférence de
M. Horst. — Martyrs protestants. Paul Zahn. — Le mystère
de la Passion. — Impressions d'un voyage a Strasbourg. —
Kaufmann. La femme dans le roman moderne. — Le bonheur
domestique. — Leblois. Le sentiment religieux, conférence de
M. Grotz. — La philosophie de l'histoire. — Kayser. L'auto-
rité religieuse dans l'église primitive, conférence de M. de
Pressensé. - Lang. L'enfance de Jésus. — Baum. Les églises
réformées sous la croix. — Mémoires inédits de M. Corteis. —
Martin Paschoud. Appel en faveur de la paix. — La paix,
poésie. — Bersier. La loi de solidarité. — Réville. L'homme
devant Dieu. — Jeanmaire. L'unité protestante. — Grotz. L'a-
doration du Dieu unique. — Cougnard. La religion de la
crainte et la religion de l'espérance. — Foittanès. La parole de
Dieu.— Blanc. Les Huguenots du XVI® siècle par Ad. Schseffer.
Bulletin de la Société pour la conservation des monuments histo-
riques d'Alsace, un demi-volume.
Ristelhuber. Les abbés de Seltz. — V. Guerber. La vallée
supérieure du Rhin. — Les Burgmânner de Haguenau et le
Burg des Hohenstaufen. — L. Spach. Le château de Beranstein.
— Une maison à Strasbourg. — Eug. Chaix. Médailles gau-
loises trouvées k Strasbourg. — Quiquerez. Notice sur les
tours primitives dans l'ancien évêché de Bâle. — Lippmann.
Essai sur un manuscrit du XV* siècle. (Voyez notre Bibliogra-
phie alsacienne 1869, pag. 117.)
Journal de la Société d'archéologie lorraine, Nancy, Lepage,
1870, in-8«.
D. Fischer. Le Schacheneck (9, 18\ — A. Benoît, Inscrip-
tions lapidaires dans quelques localités des vallées de la
Seille et de la Sarre (28, 34, 45, 55). — Une lettre inédite du
R. P. Benoît Picart sur le prieuré de St. Quirin (94, 98).
Recueil de documents sur l'histoire de Lorraine, tom. XV.
Nancy, Lepage, 1870, in-8°. — - Dénombrement du duché de
Lorraine en 1594. — Allin. Le comte de Bitche (136, 170).
Tables alphabétiques des matières et des noms d'auteurs
contenus dans les premières séries des Mémoires de l'Acadé-
mie de Stanislas. 1750-1866. Nancy, Sordoillet, 1870, in-8<». —
Alexandre, L Nicklès, 191, 197.
Revue critique d'histoire et de littérature, 5® année (publiée
par MM. Meyer, Morel. Paris, Brachet), jusqu'au 13 août.
R. Reuss. Acta publica p. p. Palm. — Histoire des princes
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40 BIBLIOGRAPHIE.
de la maison de Condé, par le duc d*Aumale. — Histoire de
l'église évangélique en Bohême, par Gerwenka. — Gustave-
Adolphe par Droysen. ■— Le comte G. F. de Waldeck, par
Erdmanndœfer. — L*état et l'église dans l'empire mérovin-
gien, par Fehr. — Histoire de la guerre de Trente ans, par
Gindely. — Jean Calvin, par Kampschulte. — Annuaire his-
torique de la Suisse, par M. de Knonau. — La paix et la
trêve de Dieu, par Sémichon. — Œuvres choisies de L. Spach.
— Les Huguenots du XIV® siècle, par Schœffer. — Mûntz. An-
nuaire de la Gazette des Beaux- Arts. — Catalogue universel
des livres d'art. — Histoire de la peinture chrétienne, par Ho-
THo. — CARRiiiŒ. Antiquités religieuses de la Bible, par Ha-
neberg. — Mossmann, Histoire de l'abbaye de Kœnigsfelden,
par de Liebenau. — Jean Fisçhart de Strasbourg, par Wac-
kernagel.
Journal dïs Savants. Paris, Didier, novembre. Opusctûes agro-
nomiques de M. Gœtz. 1** Question alimentaire, 1857. 2^ Id.
1861. S^ Méthode d'amélioration agricole. Paris, rue Vin-
cent 11, 1862. 4° Rapport sur la ferme expérimentale de
They près Rioz 1864. 5° Procédés de culture basée sur des ex-
périences faites en grand, etc. Paris, imp. Martinet, 1870.
« Fils et ^etit fils^d'agriculteur, M. Gœtz étudia la science
vétérinaire à l'école d'Alfort, en même temps que M. Yvart,
ancien inspecteur d'agriculture. Reçu vétérinaire en 1818, il
continua ses études durant onze mois k l'institut agricole
de Hohenheim, près de Stuttgart, et de là il passa en Suisse
pour se mettre au courant d'une agriculture renommée, sur-
tout lorsqu'il s'agit de l'élevage de l'espèce bovine et de tou-
tes les préparations du lait, y compris la confection des fro-
mages.
« De retour dans son pays natal, a Saverne, il y fut maître
de la poste aux chevaux depuis 1819 jusqu'en 1845 et s'y li-
vra en même temps à la culture de soixante hectares dont il
était propriétaire et de quatre-vingt dix qu'il tenait k loyer.
En 1845 son goût pour l'agriculture qui loin de s'affiaiblir»
s'était accru avec le temps, lui fit prendre la résolution de
quitter la poste pour se livrer exclusivement k la culture
« Les études sérieuses de M. Gœtz k l'école d'Alfort, en Alle-
magne et en Suisse, sa profession de maître de poste le con-
duisirent natuellement k un système de culture dont le point
de départ est la prairie...» Chevreul-
Revue des deux Mondes. Paris, 1 novembre. Un manifeste pntë-
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BIBLIOGRAPHIE. 41
sien de M. Mammsen à V Italie par Geffroy : « Faites voter TAl-
sace et la Lorraine, faites voter Strasbourg; vous les occupez
et vous n'y craignez donc aucune pression de notre part. Po-
sez leur cette unique question: Voulez- vous devenir alleman-
des ou rester françaises et si la majorité des suffrages est en
votre faveur, nul n'aura plus le droit de blâmer ou de com-
battre vos annexions..»
15 novembre : le Siège, stances par Sully Prudhomme :
Oui, pour la gloire, pour cette ombre
Nous combattons seuls jusqu'au bout
La ruse, la force et le nombre ;
Oui nous respectons malgré tout
Notre Alsace et notre Lorraine
Dans leur volonté souveraine
Même entre tes bras étouffants !
Oui nous gardons cette chimère
Qu'une patrie est une mère
Et ne livre pas ses enfants.
1 décembre. Une Prusse dans l'antiquité. La Macédoine,
par A. Maury.
15 décembre. La morale de la guerre de Prusse, par E. C aro :
« C'est pour nous faire expier les crimes de M™« Bovary
et les folies de M. Offenbach qu'ils sont venus mettre k feu et
à sang TAlsace et la Lorraine. C'est pour châtier les oisivetés
de notre jeunesse dorée, les légèretés de Paris qu'ils sont ve-
nus traînant k la suite de leurs hordes ces honnêtes chariots
allemands sur lesquels s'accumulent les dépouilles de nos
provinces...» Ajoutons que M. Caro fait erreur en rangeant
Gervinus parmi les teutomanes,
La réunion de V Alsace à la France, par Ch. Giraud. « A la
chute de la maison de Souabe au XIP siècle, le territoire alsa-
cien se trouva soumis aux lois de plusieurs maîtres tels que
les comtes de Ferrette, de Ribeaupierre, de Hanau, de Lich-
tenberg..,* Le comté de Hanau-Lichtenberg prend son ori-
gine dans le mariago de Philippe de Hanau avec Anna de
Lichtenberg, 1452.
Revue des cours littéraires. Paris, Germer-Baillière, N° 48 :
Conférence de M. Ortolan sur : le paysan combattant l'inva-
sion : « Que dire de malheureux paysans contraints k servir
de guide k l'ennemi contre les armées de leur propre pays ;
k travailler aux tranchées,' sous le feu de leurs compatriotes,
comme il a été fait pour le siège de Strasbourg et pour celui
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42 BIBLIOGRAPHIE.
de Paris? C'est le fils qu'on veut forcer à frapper, à déchirer
le sein de sa mère. Fût-il esclave et serais-tu son maître, tu
ne saurais y prétendre, sans révolter la nature ! » — Confé-
rence de M. dePREssENsé, Du salut public : « Oui, ce sol est sa-
cré pour nous, surtout quand il est profané, ce sol où repo-
sent les ossements de nos përes, qui a été arrosé par la
sueur et les larmes de ses fils et par le sang de ses défenseurs,
c'est une terre sainte et il semblerait k la patrie qu'on em-
porteraifrces lambeaux vivants d'elle-même quand on lui en
prendrait une parcelle. Son droit n'est pas écrit dans les
proverbes, c'est celui de cette mère de la Bible qui poussait
un cri de douleur quand on voulait partager son enfant pour
sa rivale. Voilà le droit de la France sur l'Alsace et la Lor-
raine ! Qu'on n'y touche pas, sinon vous entendrez son rugis-
sement et ce serait la guerre étemelle. »
N<» 49. Conférence de M. Cochin sur Paris et la province :
« Voyez- vous cette cité a peu de distance du Rhin, si belle
avec sa forteresse sur laquelle l'immortel Vauban avait
écrit : servat et observai, avec la flèche de la cathédrale de-
bout comme un doigt pour montrer perpétuellement le ciel
a la terre, atteignant k une si grande hauteur qu'elle n'a que
2 mètres de moins que la plus haute des pyramides d'Egypte ?
Voyez-vous cette ville décorée de la statue de Gutemberg, le
père de l'imprimerie, miracle qui a mis les hommes de tous
les temps en communication les uns avec les autres, cette
belle ville d'où est sortie un jour la Marseillaise? Maintenant
sa cathédrale est éventrée par les boulets, sa forteresse est
démantelée, son pont est rompu, ses habitants sont prison-
niers, elle s'appelle Strasbourg !... »
N° 50. Conférence de M. Colmet-Santerre sur les réquisi-
tions : « La réquisition a pour résultat de substituer au but po-
litique, au but élevé qui peut, jusqu'à un certain point, légi-
timer la guerre, un but infime, le but du lucre, le but du gain ;
en un mot de transformer la guerre politique en une guerre
de flibustiers. Elle rend la guerre barbare, cruelle ; elle né-
cessite des extorsions ; elle impose à ceux qui veulent perce-
voir ces contributions, la nécessité de se conduire comme des
brigands qui, pour obtenir le payement de ce qu'ils exigent,
procèdent par des menaces de mort et sont obligés quelque-
fois de mettre ces menaces à exécution.»
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BIBLIOGRAPHIE. 43
VENTES DE LIVRES.
Trois ventes importantes ont ou lieu à. Strasbourg dans
Tannée 1870. La première en date est celle de la bibliothèque
de Richard Brunck (1729-1803), helléniste et commissaire des
guerres. Le catalogue, avec une préface de M. Carrière, fut
imprimé chez Heitz, et la vente eut lieu dans les salons de la
librairie Freiesleben. Voici les prix atteints par les princi-
paux ouvrages :
CiACONius. Vitœ pontificum romanorum et cardinalium Romse
1677, 4 vol. in-fol. Guarnaccius, Vitœ 1751, 2 vol. in-fol., 60 fr.
Geyler von Kaysersberg. Sermones de arbore humana. Argent.
1519, in-fol., 6 fr.
Lagombe. Dictionnaire du vieux langage français et Suppl.
1767, 2 vol., 8 fr. 20.
Apiaus. De opsoniis, ann. Lister, Amstel. 1709, in-8<*, 6 fr. 75.
Bebelii Facetiœ alinque opuscula nova. Argentine, Grûninger,
1508, in-4«, 16 fr.
Margurite de Valois. L'heptaméron, Paris pour Gilles Gilles
1559, in-4^ vol. f., 410 fr.
— Contes et nouvelles (Cazin.) Londres 1784, 8 vol. in-12, 19 fr.
— Les nouvelles. Berne 1781, 3 vol. in-8*», 1«' manquant, 73 fr.
Marot. Œuvres. La Haye, Gosse 1731, 6 vol. in-12, 16 fr.
Martial d'Auvergne. Les arrêts d'amour. Amst. 1734, in-12,
15 fr. 25.
MoNET. Anthologie françoise. (Paris) 1765, 4 vol. in-8*>, 27 fr.
Recueil de poésies. (80 vign. d'EiSEN, Gravelot, Marilier, etc.)
10 vol. in-8°, V. m. tr. rouge, 78 fr.
Saint-Evremond. Œuvres. Amst. 1739, 7 vol. in-12, 23 fr.
Tabourot. Les Bigarrures. Rouen, Geoffroy 1625, 5 parties en
1 voL in-12, 25 fr.
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44 BIBLIOGRAPHIE.
Paradin. Devises héroïques. Lion, Jan de Tournes 1557, in-8<»,
19 fr. 50.
BuscELLi. Le imprese illustri. Venetia 1580 et 1583, in-4°, fig.,
17 fr. 50.
La Croix du Maine et du Verdier, éd. Rigoley de Juvigny, 31 fr.
Mellot. Gatalogus cod. ms. Bibliothecœ regiœ. Paris 1739,
4 vol. in-f., 5 fr. 50
Meursli AthenaB Batavœ. Lugd. B. 1625, in-4*», 15 fr.
Banduri, Numismata imperatorum. Lutetise 1748, 2'voL in-fol.,
25 fr.
Boulanger. L'antiquité dévoilée. Amst. Rey 1766, 14 fr. 25.
David. Antiquités étrusques. Paris 1785-88, 5 voL in-4*>, 46 fr.
Anselme. Histoire généal. de la maison de France. Paris 1726-33,
9.vol.f.,240fr.
Bouquet (Dom). Recueil des historiens. Paris, 1738-86, 13 vol. f.,
800 fr.
L'EsToiLE (Pierre de). Journal de Henri IIl. 1744, 5 vol., de
Henri IV, 4 vol. in-8«, 174L 45 fr.
ExpiLLY. Dictionnaire géographique. Paris 1762-70, 6 vol. f.,
80 fr.
(Gk)ULART, Simon). Recueil de la ligue. 1599-1604, 6 voL in-8^
34 fr.
Mercure français. Paris 1612-43, 25 vol. in-8*>, v. m., 55 fr.
Recueil de 28 pièces relatives au procès du Collier. 1 voL in-4%
20 fr.
Morice, Dom. Histoire de Bretagne. Paris 1750-56, 2 vol. f. Mé-
moires pour servir de preuves. 3 vol. 212 fr.
Descamps. La vie des peintres. Paris 1853-63, 4 vol. in-8<», 44 fr.
Après la vente de la bibliothèque, ont été vendus des ta-
bleaux provenant d'une autre collection. Nous citerons : Jeunes
filles avec lapin, — avec mouton, — avec chien, 455 fr.
Ces trois tableaux étaient de M"« Danisch, qui fit k la fin
du XVIIP siècle de jolis portraits d'enfant k Strasbourg. Ils
ont été acquis par M. Muller (place au sable).
Portrait de Cagliostro : 40 fr. Peut-être de Guérin qui grava en
1781 d'après nature un portrait de Cagliostro. Le portrait
provenait du château du cardinal de Rohan, k Saveme.
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BIBLIOGRAPHIE. 45
Portrait du préfet Lezay-Marnësia, par Guérin, d'après nature,
41 fr. Dessin aux trois crayons, qui a été gravé.
La seconde vente fut celle de la bibliothèque de M. Tabbé
Cazeaux ; elle eut lieu le 16 mai, à la librairie Derivaux. Prix
atteints :
Albrecht. History von Hohenburg. Schlestadt 1851, 1 vol. in-4°
gr.25fr.
Arias. Thésaurus inexhaustus bonorum in Christo. Mon. 1652,
fol., 24 fr.
Benedicti XIV. De servorum Dei beatificatione. Patavii 1743,
4 vol. in-fol., 23 fr.
BucHiNGER. Récit de plus de 180 événements miraculeux a
Kienzheim, Guebwiller 1842, 1 vol. in-12, 10 fr. 75.
Luther. Sâmmtliche Werke. Altenburg 1661, 7 vol. in-fol.,
55 fr.
Mansi. Locupletissima bibliotheca moralis. Aug. Vind. 1732,
4 vol. in-fol., 32 fr.
GRANDroiER. Histoire de Féglise de Strasbourg. Strasbourg 1776,
2 vol. in-40, 22 fr.
Enfin, les livres de la troisième vente provenaient de la bi-
bliothèque de M. Lederlin, ancien avoué k Strasbourg ; l'en-
chère eut lieu chez M. Noiriel. Prix :
Passionis Christi unum ex quatuor evangelistis textum, 19 gr.
sur bois avec monogr. d'Urse Graf. Argent. Knoblouch (1505)
petit in-fol. des lacunes. 14 fr.
JuNGMANN. Costumes, mœurs et usages des Algériens. Strasb.
1837, in4«, 6 fr.
L'astrologue alsacien, ou le petit messager qui n'est ni borgne
ni boiteux pour 1823. Strasbourg, in-18, fig. 4 fr. 25,
Beati Rhenani rerum germanicarum libri très. Basil. 1531, in-
fol., 6 fr. 50.
Etat général des émigrés du district de Strasbourg. 15 numé-
ros in-4^ Strasbourg 1793-1794, 9 fr. 25.
Hertzog. Chronicon AlsatiaB. Strasbourg 1592, in-fol., 20 fr. 25.
Lagranqe. Mémoire sur la province d'Alsace, ms. fol. 5 fr. 75.
Laguille. Histoire de la province d'Alsace. 1727, 8 fr.
Merian. Topographia Alsatise. Frankf. 1663, in-foL, 18 fr.
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46 BIBLIOGRAPHIE.
Obrecht. Patriotische Gedenkrede und Glûckwûnsche v. d.
Magistrat der Stadt Strassburg. Strasb. 1659, in-fol., 5 fr, 25.
Setbold. Zu dem vom 18. bis 21. Mârz zu haltcnden Examen
ladet Vorsteher, Gônner und Freunde des Gymnasium's ein.
Buchsweiler 1781, in-4«, 10 fr.
Weiss. Représentation des fêtes données pendant le séjour de
Louis XV. 1744, gr. infoL, 15 fr.
Specxel. Earte vom Ëlsass. Strasbourg 1576, 14 fr.
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DEUXIEME PARTIE
CHRONIQUE
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DEUXIEME PARTIE
CHRONIQUE
La chronique de Tannée 1870 comprend deux périodes bien
tranchées, la période paisible et la période guerrière ; occu-
pons-nous d'abord de la première. Les conférences ont
repris à Saint-Nicolas, et il y en a eu d'organisées à Saint-
Pierre-le- Vieux. Les unes et les autres ont eu un caractère
moins confessionnel que celles de Tannée précédente ; nous
nous y arrêterons donc un peu plus.
L'auditoire des conférences de Saint-Pierre-le- Vieux a
prêté une attention soutenue à un orateur compatriote d'un
sérieux et sympathique talent, à M. Léser, professeur au
gymnase, qui avait choisi pour texte de son discours l'ami-
ral Goligny, et qui a raconté dans un langage élégant et
précis l'histoire du vaillant huguenot. Il a montré Goligny
digne gentilhomme, bon soldat, patriote dévoué ; il a décrit
la justesse de ses vues, l'austérité de ses mœurs, la fermeté
de ses croyances ; il a fait ressortir les nobles tendances de
Tamiral, dont Tardent désir était d'éviter la guerre inté-
rieure et de fonder sur des bases solides la liberté religieuse.
Catherine de Médicis, sa politique et ses agissements occu-
pèrent dans la dissertation de l'orateur une place considé-
rable.
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50 CHRONIQUE.
A Saint-Nicolas, M. Schillinger a fait une conférence sur
Torigine et le fondateur du bâbysme. Le bâbysme est une
religion nouvelle qui prit naissance en Perse, il y a une
trentaine d'années, une sorte de réforme qui est venue
s'opposer à l'antique islamisme , et qui , comme toutes les
grandes révolutions de la pensée, a été l'occasion de persé-
cutions, de luttes, de combats sanglants.
Ali-Mohamed, fondateur du bâbysme, était le fils d'un
riche négociant de Perse. Il était pieux, se livrait fréquem-
ment aux actes de dévotion ; son visage agréable, sa parole
éloquente, ses pratiques austères lui valurent l'estime et le
respect, lui acquirent des admirateurs, lui créèrent des amis
qui bientôt furent ses disciples. Ali-Mohamed avait quel-
quefois des moments d'extase , et , dans un de ses accès , il
déclara qu'il était le Bâb, c'est-à-dire la porte de la vérité.
Il commence à prêcher la réforme de la religion et de la
morale ; il proteste contre la polygamie , essaie de relever
la dignité de la femme, demande pour celle-ci la liberté de
sortir sans voile et la recommande aux bontés, à la solli-
citude de l'homme. Il exhorte les fiancés à combler leurs
fiancées de cadeaux et engage les hommes à éviter autant
que possible d'échapger plus de dix-huit paroles avec une
femme dans une seule conversation. Ali-Mohamed prêche
aussi l'amour du travail; il ordonne la vie active, en un
mot il poursuit la régénération physique et morale de son
pays.
Le bâLysme qui, sous le rapport théologique, ne présente
pas d'originalité, pénètre bientôt dans le domaine politique
En prêchant une doctrine nouvelle, Ali prêchait le renver-
sement de la d^Tiastie régnante. On lui interdit les prédi-
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CHRONIQUE. 51
cations publiques, mais ses disciples parcourent le pays et
annoncent Tarrivée de Timan, du Messie. Il se forme de
tous côtés de petites églises bâbyques. Le roi de Perse
meurt à cette époque, et les partisans du babysme essaient
de profiter du désordre qui suit cette mort. Ils se groupent,
s'unissent , forment des armées et la lutte commence ; des
corps de 2000, de 7000 hommes se battent contre des en-
nemis bien plus nombreux ; ils sont vainqueurs d*abord,
mais ensuite ils succombent sous le nombre ; ceux qui res-
tent vivants, capitulent, puis on les massacre. Ali-Mohamed
lui-môme est arrêté et exécuté le 14 juillet 1849. Mais sa
religion ne fut pas étouffée ; elle se développa, au contraire,
et le chiffre de ses partisans augmenta avec rapidité. Ceux-
ci n'attendent que le moment où , se trouvant secrètement
soutenus et représentés dans le pays entier, ils pourront se
lever avec assurance et s'afQrmer au grand jour, sans
crainte d'avoir le dessous.
M. Sabatier , qui a parlé à Saint -Pierre-le Vieux , n'a
voulu faire ni un chapitre d'histoire, ni un exposé de la
dogmatique de St. Paul, il a essayé d'envisager l'individua-
lité de l'apôtre. Il faut enlever, a-t-il dit, aux figures de la
Bible, l'auréole surnaturelle qui les dépare. Né dans une
ville païenne, à Tarse, Paul étudie à Jérusalem, à l'école
des rabbins; il a la passion de l'absolu, et sa conversion
est avant tout le résultat d'une crise morale. L'orateur a
passé en revue les luttes dans lesquelles la personnalité de
Paul a été mûrie ; celui-ci a rompu complètement avec le
judaïsme ; de là l'opposition des apôtres contre lui et les
contre-missions organisées à son adresse. M. Sabatier a tracé
ensuite le caractère de Paul ; il a fait voir les contrastes de
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52 CHRONIQUE.
sa nature, son style défectueux, si peu en harmonie avec la
profondeur de sa pensée, son indépendance vis-à-vis des
hommes et son absolue soumission envers Dieu ; il Ta con-
sidéré comme le fondateur de la science chrétienne et du
monde moderne. Cette conférence était fort travaillée; la
diction de l'orateur fut claire et facile, et le public des plus
attentifs.
Parmi les conférences faites par des Alsaciens, nous men-
tionnerons encore celle de M. Ernest Lehr, sur Sturm de
Sturmeck , bien qu'elle appartienne aux derniers jours de
1869, et nous passerons au chapitre des arts.
Ceux-ci sont encouragés par la Société des amis des arts,
qui, chaque année, tient une assemblée générale où plu-
sieurs membres prennent la parole. En 1870, c'est M. Revel
qui a été le principal orateur et son discours doit être noté,
surtout parce qu'il fait l'histoire du musée de Strasbourg, du
musée qui a été détruit par les ohus prtissiens le 24 août.
Le 14 fructidor de l'an VII , sur le rapport de Chaptal,
ministre de l'intérieur , les consuls de la république pre-
naient l'arrêté suivant :
« Art. 1®'. Il sera nommé une commission pour former
quinze collections de tableaux, qui seront mis à la dispo-
sition des villes de Lyon, Bordeaux, Strasbourg, etc.
Art. 2. Ces tableaux seront pris dans le Muséum du Louvre
et dans celui de Versailles. Art. 3. L'état de ces tableaux
sera arrêté par le ministre de l'intérieur et envoyé aux villes
auxquelles ils seront destinés. Art. 4. Les tableaux ne se-
ront envoyés qu'après qu'il aura été disposé , aux frais de
la commune, une galerie convenable pour les recevoir.
Strasbourg se trouvait, sous ce point de vue, dans les
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CHRONIQUE. 53
conditions les plus favorables. Il était facile d'établir une
galerie dans le château du cardinal de Rohan. Cet édifice,
vendu comme bien national, avait été acheté par la ville,
pour servir de siège à Tautorité municipale. La répartition
décrétée par Tautorité consulaire , porta sur 846 tableaux,
Strasbourg dut en recevoir 43. La liste s'en trouve dans
Clément de Ris , les Musées de prooince, 1859. Malheureu-
sement, l'expédition des tableaux ne put s'effectuer simul-
tanément; il résulte, en effet» d'une quittance, délivrée le
7 frimaire an XII , par Guérin , comme fondé de pouvoirs
pour le Bas-Rhin, qu'à cette date 22 tableaux seulement
étaient parvenus à destination , et que les autres étaient
restés entre les mains des restaurateurs.
L'année suivante, an XII messidor , le château fut offert
à Napoléon I«' et accepté par lui. La mairie fut transférée
dans l'hôtel-de- ville actuel et le musée installé au rez-de-
chaussée. Ce local avait plusieurs inconvénients. L'arrivée
successive de partie des tableaux en retard , des dons nou-
veaux du gouvernement, quelques acquisitions faites par
la ville produisirent un fâcheux encombrement. Pour y
obvier, il fallut utiliser toutes les places disponibles, sus-
pendre les tableaux contre tous les murs , souvent à une
trop grande hauteur, sans tenir compte de la direction des
rayons de lumière. Le public se découragea, et le musée ne
fut bientôt plus visité que par quelques voyageurs de pas-
sage. Néanmoins, il faut se souvenir que, dans ce rez-de-
chaussée de l'hôtel-de-ville, Christophe Guérin, le graveur,
et son fils Gabriel, peintre d'histoire, ont successivement
tenu ouvert, pendant de longues années, un atelier d'où est
sortie toute une phalange d'artistes de talent : Petitgérard,
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54 CHRONIQUE.
Klein, Strintz, Vogel, Wittmann, Elmerich, Gluck, Hugue-
lin, Flaxland, Merglé, Th. Schuler,Laville, Beyer, Pradelle,
Jundt, Henner, Schutzenberger, Brion. Les uns n'ont fait
que traverser Tatelier pour y puiser les premières notions
du dessin ; les autres y ont complété Tétude des principes
de la peinture; tous y rattachent l'origine d'une vocation
plus ou moins heureuse.
Dans le courant de l'été de 1868 , le conseil municipal,
sur l'initiative du maire , décida que les salles situées au
premier étage du bâtiment de l'Aubette seraient disposées
pour recevoir la collection des objets d'art appartenant à
la ville. Cette décision reçut son exécution au printemps
de 1869, et, au mois de mai, eut lieu l'inauguration.
Le nouveau local soulevait autant d'objections que l'an-
cien; on les écarta, en déclarant qu'il s'agissait d'un provi-
soire. Ce provisoire a cessé de par les boulets prussiens.
Cependant, depuis le consulat, les gouvernements suc-
cessifs de France avaient doté Strasbourg de tableaux d'un
mérite incontestable ; citons ceux de Heim , Jacquand ,
Fontenay, Garin, Ginain, Lalaisse, Brion, Jundt, Ehrmann.
Parmi les libéralités faites par des particuliers, nous
mentionnerons l'Intérieur d'une famille strasbourgeoise, don
de M. Spielmann; quelques compositions remontant au
premier âge de la peinture mystique, legs de M. Fries, ar-
chitecte de la ville; deux portraits légués par l'archiviste
Schnéegans ; le portrait équestre du général Montrichard,
don de sa famille ; le buste de Grandidier, par Grass , don
de M. Fr. Simonis; enfin le buste d'Ohmacht, par Grass,
donné à la ville par la société des amis des arts.
La ville elle-même , de loin en loin , avait augmenté sa
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CHRONIQUE. 55
collection par des acquisitions de valeur : Vénus, Flore, par
Ohmacht; Icare, la Jeune Bretonne, par Grass; le vase de
Kirstein ; la Dispute dans un cabaret , de V. Ostade , des
œuvres de Zix , Gimpel , Gabriel Guérin , HolzapfFel , etc
Si vous ajoutez à cette nomenclature les tableaux de Martin
Schœn, de Memling, d'Oudry, Tesquisse attribuée à Tinto-
ret, le portrait de Mirevelt , vous accorderez certainement
quelques regrets à la perte de tant de richesses.
Une autre société dont il faut se hâter de parler avant
qu'elle ne se disloque , est celle pour la conservation des
monuments historiques. Gomme elle n*a pas publié de li-
vraison qui parle de ses travaux de 1870 , nous allons y
suppléer dans la mesure de nos forces. Dans la séance du
comité du 10 janvier , s'est engagée une discussion sur la
rédaction du procès- verbal de la séance générale précé-
dente; elle s'est terminée par le retrait d'une fraction du
rapport « qui avait ému , sur le terrain des convictions
scripturaires , quelques membres du comité. » Pour parler
franchement, ces convictions étaient celles d'un ecclésias-
tique, qui prétendait interdire à M. Merck de traiter de
l'homme antédiluvien selon les données de la science mo-
derne! (Lyell, Lubbock, etc.) M. Merck s'est vu forcé de
demander, pour des idées qui n'ont plus rien de neuf, l'hos-
pitalité aux colonnes du Courrier du Bas-Rhin, et son mé-
moire est inséré dans le numéro de ce journal du 18 mai 1870.
Dans la séance du 7 février, M. Spach a donné communi-
cation de sa correspondance avec M. Kayser, archiviste
fédéral à Berne , au sujet de l'échange du bulletin de la
société avec les publications archivales faites au compte
de la diète helvétique.
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56 CHRONIQUE.
Séance du 21 février : M. Spach fait don d'une somme
de 1000 fr. à la société. Cette somme représente le prix
accordé en 1869 par le ministre de Tinstruction publique
pour le meilleur travail d'histoire et de littérature d'Alsace,
et décerné à M. Spach en séance solennelle de rentrée des
facultés. Le comité décide que les intérêts de la somme
serviront à l'acquisition de médailles en vermeil, du prix
de 50 à 100 fr., soit pour les découvertes les plus intéres-
santes qui seront faites en Alsace, soit pour des travaux
de conservation d'un mérite spécial.
M. Lehr donne lecture de la note suivante : « Dans une
lettre adressée le 1«' février à notre honorable président,
M. de Longpérier, membre de l'Institut, fait remarquer,
à l'occasion de ma notice sur les dynastes de Geroldseck-
ès- Vosges, qu'il a trouvé aux archives de l'empire une
charte de franchise du mois de novembre 1313, de laquelle
il résulte qu'une dame de cette famille, Isabelle de Ge-
roldseck, était alors l'épouse de Philippe de Pacy, seigneur
de Nanteuil-le-Haudouin, en Valois. Le sceau d'Isabelle
est appendu à côté de celui de son mari; il représente le
champ semé de billettes , avec le lion à la queue fourchue
des Geroldseck alsaciens, et porte la légende :
S. ISABEL. DE. GVEROLTHEZEK. DAME.
DE. PAGI. Z. DE. NANTVEIL.
M. de Longpérier a bien voulu me demander à quelle
branche de la famille cette dame pouvait appartenir. Ce
point me parait bien difficile à établir positivement, aucune
des chartes connues jusqu'à présent en Alsace ne faisant
mention d'Isabelle. Mais, selon toutes les probabilités, elle
devait être une fille de Walram ou Wakaf de Geroldseck
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CHRONIQUE. 57
(vers 1296) et d'Alix de Lupy, dame de Guercy. Ce dynaste
ayant passé sa vie en Lorraine, il ne serait pas surprenant
qu'il eût eu des rapports avec les seigneurs du Valois.
D'autre part, M. de Longpérier rappelle lui-même, dans
une seconde lettre, qu'au XII® siècle, Philippe d'Alsace et
Mathias d'Alsace avaient épousé des dames de Grépy (en
Valois), — Nanteuil le Haudouin est à une lieue et demie
de Grépy, — et n'avaient pas dédaigné de mettre leurs
noms sur les monnaies de cette localité. Dès ces temps re-
culés, le Valois, qui produisait beaucoup de laine et de blé,
entretenait avec les pays de l'est d'activés relations de
commerce, de sorte qu'on pourrait encore s'expliquer par
un motif de cet ordre, un voyage, fait en Alsace ou en Lor-
raine, par un sire de Nanteuil, et suivi d'une alliance ma-
trimoniale avec une des principales familles du pays.
M. Matuszinski ofîre à la société une carte topographique
de l'arrondissement de Strasbourg, calquée avec soin par
M. Matuszinski fils , sur la grande carte du dépôt de la
guerre, à l'échelle de ^/goooo-
Ce n'est pas sortir du domaine des monuments histori-
ques que de mentionner la découverte, faite en mai, lors de
la démolition d'une vieille maison appartenant à la fon-
dation St. Thomas et située à côté du bâtiment qui a été
construit il y a quelques années, à l'angle du pont. Cette
découverte consistait en une peinture murale, représentant
des combats de chevaliers. La peinture était divisée en
deux parties par une poutre sur laquelle étaient dessinés,
en noir et en jaune, des ornements fort gracieux, style Re-
naissance ; l'une des parties représentait deux cavaliers
s'attaquant avec des lances ornées de banderoUes; sur
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58 CHRONIQUE.
Tautre étaient figurés deux combattants à pied, armés de
boucliers et de petites lances et couverts d*armures. Deux
couleurs seulement, le gris et le noir, avaient servi dans
cette peinture ; les fleurs et les fruits qui entouraient les
groupes faisaient un effet bizarre, mais l'ensemble était
fort original. La maison remontait au commencement du
XVI« siècle, d'après les dates gravées dans les linteaux des
portes. On a trouvé en parfait état de conservation un pla-
fond en boiserie, style gothique, et ornant une des pièces
du rez-de-chaussée; dans les décombres remués au gre-
nier, on a découvert un certain nombre de monnaies, dont
plusieurs fort rares. Une petite pantoufle, de forme an-
cienne et originale , a été également ramassée au milieu
des débris amoncelés par les démolisseurs.
L'assemblée générale de la Société des monuments, qui
se tient à Golmar, a eu lieu le 5 juillet. M. Spach y a donné
des détails sur la découverte de monnaies romaines et
d'une voie romaine dans les forêts au pied du Purpur-
schloss, vallée de la Magel.
Cette découverte importante, due aux soins de M. Jade-
lot, garde général des forêts, à Obernai, a fait le sujet d'un
rapport de M. Louis Levrault, intercalé dans celui du pré-
sident. Ce dernier a consulté la réunion sur la réponse à
faire à M. Lehmann, de Nussdorf, au sujet de 965 docu-
ments latins et allemands, recueillis et copiés par cet au-
teur. M. Lehmann proposait la cession au prix de 500 fr.
M. Spach a été autorisé à proposer un achat par annuités.
On a ensuite entendu le compte-rendu de M. Hartmann,
architecte, sur la situation des tours de Turckheim, et sur
des travaux à faire au château de Kaisersberg. M. Herren-
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CHRONIQUE. 59
Schneider, pasteur à Horburg, a déposé sur le bureau quel-
ques monnaies anciennes. M. Huot a communiqué la der-
nière partie de son Mémoire sur la commanderie de St.
Jean de Colmar, Enfin, M. Voulot, de Guebwiller, a soumis
à la réunion un carton rempli de dessins reproduisant des
rochers situés dans les Vosges. Les membres présents ont
examiné ces dessins avec intérêt, mais sans se prononcer
sur le caractère à assigner aux monuments.
Revenons à Strasbourg. Au théâtre s'est produite une
nouvelle manifestation d'initiativç provinciale. Un sapeur
à la clef, opérette bouffe en un acte, paroles de M. Bar-
thélémy (de Versailles), musique de M. Labit, chef de mu-
sique au 84® de ligne, augmente avantageusement la liste
des œuvres inédites auxquelles le théâtre de Strasbourg
aura donné le jour. Sur ce livret, qui refeit à peu près la
Bonne d enfant, d'Offenbach, rempli de facéties militaires,
mais qu'en soname on aurait pu désirer plus robuste, M. La-
bit a écrit une partition de mérite, où se reconnaît une main
exercée et de la facilité mélodique. Le public a fait bon ac-
cueil à cet ouvrage en applaudissant presque tous ses mor-
ceaux, ainsi que ses interprètes, MM. Mélingue, Maupas,
Lédérac et M"»« Dalbert.
Une entreprise encore plus intéressante fut inaugurée au
théâtre, dit des Variétés, dans la salle de la réunion des
arts , rue des Balayeurs. Cette scène , administrée par
M. Schenkel, et dirigée par M. Vallière, s'ouvrit le 15 juin.
Dès l'abord, le rideau et son manteau d'Arlequin si riche-
ment drapé par le pinceau de M. Luce, obtinrent d'unani-
mes suffrages, de même que la disposition de la salle et son
ornementation de fleurs et d'arbustes, parmi lesquels le
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60 CHRONIQUE.
laurier jouait un rôle do bon augure. Les artistes ne tar-
dèrent pas à être Tobjet d'appréciations noii moins flatteu-
ses et Ton put juger bientôt que la direction avait réussi
à former une troupe fort satisfaisante. Gitoûs parmi les
nouveaux venus, M. Montigny, M"^« Ghabert, des Bouf-
fes, M"« Mary- Albert (HofiT) , une compatriote élève de
M™« Mutée. C'est dans les opérettes, dans les pièces co-
miques en général que le théâtre des Variétés cherchait ses
éléments de succès : la guerre est venue arrêter cette cou-
rageuse et méritoire tentative I
L'académie, en 1870, n'a plus eu à tenir de séance solen-
nelle. Dans cette séance devait être décerné un prix de
1000 fr. à l'ouvrage ou au mémoire jugé le meilleur sur
quelque point d'archéologie. Trois auteurs avaient envoyé
leurs travaux: M. de Ring concourait avec ses Tombes
celtiques^ M. Gh. Gérard avec un Mémoire sur les artistes
alsaciens, M. Nicklès avec ses Découvertes relatives à Ehl.
Le résultat reste pendant.
La Société littéraire devait aussi décerner deux prix
au commencement de 1871, l'un à un mémoire sur l'im-
portance des théories littéraires, l'autre à une composition
en vers sur un sujet alsacien. Le sujet du prix de prose,
choisi sur la proposition de M. Delcasso, n'était pas heu-
reux, et il eût été beaucoup plus rationnel de choisir celui
qu'avait proposé M. Schnitzler (De la place d'Ernest Schulze
dans la littérature allemande), ou celui de M. Bergmann
(Faire, d'après le Nef des fols de Brant, le tableau intellec-
tuel, moral et religieux de la première moitié du XVI« siè-
cle).
Enfin, le 31 mars 1870, fut proclamé le résultat du con-
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CHRONIQUE. 61
cours ouvert pour le grand prix fondé par M. Schmutz et
pour celui de la fondation Spener. Le prix Schmutz est un
prix triennal de 3000 fr. La question, proposée par le sémi-
naire protestant, avait pour objet les travaux critiques de
Semler sur le nouveau testament et le siècle apostolique.
Un seul mémoire avait été présenté. L'auteur était M. Sa-
muel Berger, de Paris ; il lui a été décerné un accessit de
1500 ÊP. Le prix Spener a été fondé il y a trente-cinq ans,
à l'occasion du 200® anniversaire et de la naissance de
Spener, le père du piétisme. Le concours pour ce prix
avait dû être interrompu pendant plusieurs années par
suite des pertes que la fondation avait éprouvées. Le pro-
gramme demandait un exposé et une appréciation des vues
émises par Luther, Zwingli et Calvin, sur l'organisation du
culte. Le prix de 400 fr. a été décerné à M. Ed. Rœhrich.
Nous anticiperons sur le second semestre pour annoncer
que, le 20 décembre, l'académie de médecine élut, à l'una-
nimité moins une voix, M. Ehrmann, membre associé, et
M. Tourdes, membre correspondant. « L'idée me vint, a
dit dans une lettre M. Henri Roger, rapporteur, de propo-
ser à l'académie une nomination alsacienne qui fût une
protestation contre l'ambition cruelle de la Prusse et un
souvenir de profonde sympathie à nos malheureux et hé-
roïques frères de Strasbourg. » Et maintenant embouchons
la trompette guerrière, le temps des doux loisirs est passé,
et les muses se cachent dans une retraite impénétrable.
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62 GHBONIQUE.
SIX MOIS DE GUERRE.
15 juillet, La guerre contre la Prusse est déclarée. Le co-
lonel Ducasse, commandant la place de Strasbourg, ar-
rête: « La place de Strasbourg se trouvant en état de
guerre, les portes seront fermées à 9 heures du soir, à
compter du 16, et ouvertes à 4 heures du matin. Dans Tin-
térôt de la population et pour se conformer à un ancien
usage local, la cloche municipale se fera entendre cha-
que soir une heure avant la fermeture des portes, c'est-à-
dire à 8 heures. La circulation sur le terre-plein des rem-
parts est interdite jour et nuit. »
Le général badois de Weiler, qui commandait depuis
longtemps à Kehl, est remplacé.
16. Les deux ponts tournants du Rhin sont repliés, la
circulation sur le pont de bateaux est interrompue.
17. Le bac entre Grambsheim et Freistett est enlevé. Une
dizaine de paysans badois, retenus à Strasbourg avec che-
vaux et voitures, se rendent à Altenheimerhof, et là ils
attachent leurs chevaux à des nacelles, leurs voitures éga-
lement, puis, soutenant la tête des chevaux hors de Feau,
ils traversent le fleuve sans accident.
Les habitants de Kehl se retirent à Appenweier, Offen-
bourg et autres points de l'intérieur.
18. La voie ferrée qui relie les chemins de fer de TEst
français et du Palatinat est rompue sur une étendue d'une
centaine de mètres.
Le conseil d'arrondissement de Strasbourg vote à l'una-
nimité l'adresse suivante: « Sirel les membres du conseil
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CHRONIQUE. 63
d'arrondissement de Strasbourg, réunis en session ordi-
naire, sont heureux de l'occasion qui leur est offerte de
féliciter V. M. et son gouvernement, d'avoir, par une ré-
solution énergique, sauvegardé l'honneur et la dignité de
la France. Ils forment des vœux pour le prompt succès de
nos armes. »
Mallarmé, président. Batiston, vice-président. Hild,
secrétaire. Mathis, Verdin, Gœrner, Ulrich, Kamp-
mann, Audéoud, Fux, Stsehling, Léonard Fix.
19. La musique militaire exécute pour la première fois
la Marseillaise au Broglie. Les habitants des villes et des
villages témoignent leurs sympathies à notre armée : les
vignerons de Kientzheim envoient comme raffralchissemént
vingt hectolitres de vin à la gare de Golmar.
20. La cour de Golmar envoie l'adresse suivante à l'em-
pereur: «Sire, nous rendons la justice, au nom de V. M.,
dans une province frontière. Mieux qu'aucune autre, la
cour impériale de Golmar a donc pu juger depuis quatre
ans, tout ce qu'il a fallu à l'empereur, de modération, de
patriotique sagesse, pour supporter les agressions violen-
tes ou mal dissimulées de la Prusse. Nous avons eu l'occa-
sion fréquemment d'apprécier, sur les lieux, la marche in-
terrompue du gouvernement prussien qui , dans l'ivresse
d'un succès contre un peuple allemand, osait viser l'a-
moindrissement de la France.
r La dernière entreprise de ce gouvernement envahisseur,
tout à fait étrangère à l'intérêt allemand, a révélé une me-
nace si directe, aggravée de tels procédés, que le gouver-
nement impérial y devait répondre par l'action. Nous som-
mes placés, sire , vis-à-vis de la Prusse, « dans le cas de
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64 CHRONIQUE.
légitime défense de notre honneur et de nos intérêts. » L'é-
nergie de la France impériale, la promptitude de ses me-
sures, l'inébranlable solidité de ses enfants, déjoueront les
projets de la Prusse. L'Alsace, la France entière, sont avec
V. M., avec notre vaillante armée qui, sous les yeux de
l'empereur^ va combattre pour la plus juste, la plus pa-
triotique des causes, et au prix d'héroïques efforts, assurer
une paix longue et glorieuse à notre drapeau respecté. Ha-
bitués à invoquer Dieu, pour rendre la justice aux hommes,
nous l'invoquons au nom du droit, dans cette douloureuse
et solennelle circonstance. Nos ancêtres du conseil souve-
rain étaient Français de cœur et d'âme alors que le retour
de notre province à la mère-patrie n'était pas encore con-
sacré par l'union étroite des coeurs. Aujourd'hui que ce
beau pays, uni comme un seul homme, est la sentinelle
avancée de la France, notre seul mérite est de dire à V. M.
qu'en fait de patriotisme sérieux et absolu, nous sommes
les successeurs de l'ancien parlement d'Alsace.
« Nous avons l'honneur, etc. »
21. MM. de Leusse et Zorn de Bulach, députés du Bas-
Rhin, déclarent au ministre de la guerre qu'ils sont prêts
à accepter le commandement de bataillons dans la garde
mobile.
22. Les Badois font sauter le tablier tournant du pont
de Kehl.
23. Le maréchal Mac-Mahon arrive à Strasbourg et éta-
blit son quartier-général au château.
24. Des dragons badois font irruption à Lauterbourg,
pendant que les habitants sont à la messe, et coupent les
fils télégraphiques reliant Lauterbourg à Wissembourg.
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CHRONIQUE. 65
Un détachement de cavalerie détruit les fils à Hunspach.
25. Les dragons qui étaient entrés par Lauterbourg sont
surpris au Scheurlenhof, annexe de Gundershoffen, par des
chasseurs à cheval (12* régiment). Ceux-ci se précipitent
dans les escaliers, montent à Tassant du premier étage, pé-
nètrent dans la pièce où se tient Tennemi et le somment de
se rendre. Une lutte s*engage. Cinq Badois sont tués, six
blessés, les autres faits prisonniers et emmenés à Nieder-
bronn.
26. Les départements de la Moselle, du Haut-Rhin et du
Bas-Rhin sont déclarés en état de siège.
La porte d'Allemagne à Lauterbourg est enfoncée et les
soldats allemands occupent pendant toute la journée les
rues de la ville au nombre de six cents. Le maître de poste
Bachert, de Wissembourg, qui faisait le service des dépê-
ches entre Wissembourg et Lauterbourg, est arrêté en
route par les Bavarois et emmené à Gandel. Trente cava-
liers traversent Altenstadt sabre et pistolet au poing et
poussent jusqu'aux fermes du (xeissberg et du Schafîbusch;
Quinze fantassins bavarois et vingt-cinq chevau-légers es-
saient d'entrer à Wissembourg à 7 heures du soir. Le com-
missaire de police Jeckel s'oppose énergiquement à ce
qu'ils avancent. On tire le pont-levis, un coup de feu part
du côté firançais, les Bavarois répondent par une décharge
générale contre la porte. Le préfet Pron télégraphie au
sous-préfet: «Toutes les mesures militaires sont prises pour
assurer la tranquillité et la sécurité publiques. >
27. Les brigades armées de l'administration des doua-
nes, appartenant aux directions de Metz et de Strasbourg,
5
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66 CHRONIQUE.
sont affectées au service militaire^ de la frontière et mises
à la disposition du département de la guerre. Un parle-
mentaire envoyé au sous-préfet de Wissembourg par le
major Ulric de Weinrich, commandant en chef des avant-
postes bavarois, se présente devant la ville et demande à
voir le sous-préfet pour lui remettre une dépêche. L'entre-
vue a lieu dans le salon de l'imprimeur Wentzel. Le com-
mandant se plaint que les habitants de Wissembourg et
d'Altenstadt aient violé les règles usuelles delà guerre, aux
termes desquelles tous ceux qui ne sont pas militaires se
rendent coupables de rébellion en faisant feu sur des
troupes régulières et sont considérés comme assassins.
28. Le maire de Strasbourg arrête que les lieux publics
de la banlieue seront fermés à 10 heures du soir.
29. Le maire de Strasbourg invite les citoyens de 25 à
50 ans à se fisiire inscrire sur les contrôles de la garde na-
tionale sédentaire.
Les habitants de Landau, craignant un bombardement,
transportent à leurs greniers des seaux remplis d'eau
pour éteindre les incendies que les bombes pourraient al-
lumer. Ils réunissent leurs objets précieux dans des cais-
ses qu'ils enfouissent dans les caves; un banquier de la
ville creuse le sol jusqu'à la nappe d'eau et cache là ses
coffres-forts avec ses valeurs, qu'il fait recouvrir ensuite
d'un solide terrassement. Les habitants reçoivent l'ordre
de se fournir de vivres pour trois mois, ceux qui ne peu-
vent faire la dépense de ces provisions sont tenus de quit-
ter la ville et de se loger à la campagne.
Des balles sont dirigées vers la banlieue de Fort-Louis
par les patrouilles badoises des bords du Rhin, même con-
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CHRONIQUE. 67
tre des femmes. Plusieurs décharges sont dirigées contre
le poste des douanes français de Dalhunden. Vers le soir,
des douaniers, sous le commandement du capitaine Allât,
auxquels se joignent des volontaires, exécutent un feu de
peloton contre les postes allemands de Hugolsheim et de
Sœllingen.
30. L'ennemi démolit le pont du chemin de fer sur la
Lauter, en détruisant le tablier et en remplissant de sable
et de cailloux les fourneaux de mines. Les avant-postes
bavarois arrivent jusqu'à 100 mètres de Wissembourg,
grâce au rideau de vignes qui couvre la colline de Schwei-
gen. Les denrées haussent de prix dans des proportions
efifrayantes. On paie 15 sous le pot de lait de 2 litres. Les
légumes et les pommes de terre sont d'une rareté ex-
trême.
31. Le général de brigade de Gaujal, en service à Stras-
bourg, meurt d'une attaque d'apoplexie, en arrivant chez
le général de division Uhrich.
1®' août. Des Français expulsés du grand- duché ont à
subir les traitements les plus indignes jusqu'à la frontière
suisse, où ils sont conduits enchaînés. Plusieurs sont dé-
pouillés de leurs effets et obligés de payer 24 kreuzers pour
la location du cachot, où on les abrite contre les violences
de la population.
Un peloton de chasseurs à cheval surprend près de Neeh-
willer une patrouille de hussards prussiens, en tue deux et
en blesse trois. Des coups de fusil sont tirés à plus^urs
reprises d'Altenheim (rive droite) sur les paysans français
#
sans armes, qui circulent sur la rive gauche.
2. A Offendorf, des sentinelles allemandes tirent sur un
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68 CHRONIQUE.
enfant de douze ans qu'heureusement elles n'atteignent
pas.
4. Combat de Wissembourg, livré par la division d'a-
vant-garde de l'armée du Rhin, commandée par le général
Abel Douay, contre le 5« et le 11* corps prussien et le 2"
corps bavarois. Le général tombe sur le champ de bataille.
La division badoise occupe Lauterbourg.
6. Bataille de Frœschwiller. La 3» armée allemande, com-
mandée par le prince royal de Prusse, rencontre le corps
de Mac-Mahon et le met en déroute. Les Allemands s'em-
parent de 2 drapeaux, 6 mitrailleuses, 30 canons et font
8000 prisonniers.
Le préfet informe les habitants de Strasbourg que la
ville est mise en état de siège.
7. Une grande partie de l'aile droite de l'armée française
se réfugie à Strasbourg; les soldats arrivent par groupes,
démoralisés et abattus. Les élections municipales, qui
avaient commencé la veille, sont ajournées et les portes de
ville fermées. L'armée ennemie occupe Haguenau.
A Saverne, Mac-Mahon, sur une fausse alerte, fait battre
la générale : tandis que les officiers et les soldats se jettent
en tumulte sur la route de Phalsbourg, les trois quarts de
la population émigrent éperdûment vers les forêts voisines.
L'exemple est donné par les gendarmes et les sergents de
ville; on ferme les boutiques, on entasse les mobiliers sur
des charrettes, et les fermiers poussent leur bétail devant
eux^ comme au temps d'Abraham.
8. De nombreux habitants des villages voisins se réfu-
gient à Strasbourg. Un parlementaire allemand se présente
à la porte de Pierre pour sommer le commandant de rendre
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CHRONIQUE. 69
la place; le commandant refuse. La cavalerie de la division
badoise coupe le chemin de fer et le télégraphe du Haut-
Rhin.
9. A 4 Va heures, les premiers Prussiens entrent à Saverne.
Le fort de la Petite-Pierre est occupé par la 3* armée , et le
fort de Lichtenberg incendié par rartillerie.
10. Le général Uhrich fait afficher la proclamation sui-
vante :
« Des bruits inquiétants, des paniques ont été répandus
ces jours derniers, involontairement ou à dessein, dans
notre brave cité. Quelques individus ont osé manifester la
pensée que la place se rendrait sans coup férir.
•Nous protestons énergiquement au nom de la population
courageuse et française contre ces défaillances lâches et
criminelles.
»Les remparts sont armés de 400 canons. La garnison est
composée de 11 000 hommes, sans compter la garde natio-
nale sédentaire.
»Si Strasbourg est attaqué, Strasbourg se défendra, tant
qu'il restera un soldat, un biscuit, une cartouche.
»Les bons peuvent se rassurer; quant aux autres, ils n'ont
qu'à s'éloigner.
« Uhrich, général. — Pron, préfet. »
En même temps , paraît la liste des ofQciers de la garde
nationale :
Colonel, M. Aug. Saglio. Lieut.-col., M. Guéprat. Major,
Poirson. OfBcier d'armement, Schneider.
1*' bataillon (canton nord). Chef de bataillon, Huguet.
Capitaines : de Wangen , Chabert , Sengenwald , Henry,
Berger-Levrault , Bourlet, Lewel.
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70 CHRONIQtJE.
Lieutenants : de Maisonneuve, Mallarmé, Lemaltre, Rau,
Dûrr, Weill (Achille), Jost, Derwiller, Zinuner, Blech,
Limmer, Gérardy.
2" bataillon (canton est). Chef de bataillon, Hermann.
Capitaines : Maresqnelle , Basan , Aug. Weiss , Sieffert,
Allinger, Huck, Frick.
Lieutenants : Petiti , Cailliot, Houillon , Lippmann Jos.
GrodvoUe, Reibel, Dacheux, Flor. Heimburger, Gabel, Al-
quier, Arth. Schutzenberger, Burger I et II.
3« bataillon (canton ouest). Chef de bataillon, Péquignot.
Capitaines : Arth. Worms , Bauby, Pélissier , Pfortner,
Ducque, Ehrhardt, Fuchs.
Lieutenants : Heilig, Coutin, Carlin, Bleyfus, Reutenauer,
Hochstetter, Jung, Doumay, Oswald, Silberzahn, Haberer,
Weiss notaire, Imlin fils.
4« bataillon (canton sud). Chef de bataillon, Schmitt.
Capitaines : Am. Picquart, Karm, Seyboth, Bail, Wagner,
Dobelmann, Kampmann.
Lieutenants : d'Alaret , Keller, Ernest Lehr, Legerot , Bail
(Martin), GrafP, Gcepp , Speckel , Geneau , Stahl , Agnus,
Daum.
il. Saverne est frappé de la réquisition suivante : 10 000
pains de 3 kil. , 00 bœufs de 250 kil. tués , 8000 kil. de riz,
1250 kil. de café grillé, 750 kil. de sel , 500 kil. de tabac ou
180000 cigares pour les soldats; 75000 cigares fins pour
les officiers; 15000 litres de vin, savoir : 10000 pour les
soldats, 3000 de vin supérieur rouge pour les officiers; 2000
de Bourgogne , 200 bouteilles de Champagne , 100 kil. de
sucre pour les ambulances, 25 kil. de tablettes de bouillon
ou d'extrait de viande. Fourage (sic), 60000 kil. d'avoine,
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CHRONIQUE. 71
25 000 kil. de foin, 25 000 de paille. La commune doit mettre
à la disposition de Tarmée un magasin dans lequel les ar-
ticles précédents seront mis. La livraison commencera de
suite, de sorte que la première moitié de la quantité pres-
crite sera livrée jusqu'à quatre heures de l'après-midi , la
deuxième jusqu'à demain matin à six heures, au plus tard.
Aussi des hommes nécessaires pour la distribution (20 à
peu près) et les .bascules avec leurs poids doivent être sur
place.
En même temps, la comnmne soignera pour que 100 voi-
tures seront mises à .la disposition des troupes pour em-
porter les articles de nourriture et de fourage. Dans le cas
que la réquisition demandée ci-dessus ne serait pas exé-
cutée, la valeur, avec 25 pour cent en plus, sera imposée à
payer au lieu des rations indiquées. Au besoin, la force mi-
litaire saura faire exécuter la conmiande.
(Signatures Visibles,)
(Ce document reçut trois petites modifications après un
sérieux débat. Les intendants du 11" corps daignèrent biffer
un zéro à chacun des articles : vin de Bordeaux et de Bour-
gogne , et effacer les 200 bouteilles de vjn de Champagne.)
De pfus , le général de Gersdorff , remplaçant le chef du
11* corps, général de Bose, blessé , fait afficher une procla-
mation , selon laquelle sera fusillé : 1° celui qui servira de
guide à l'ennemi'; 2<» celui qui servira d'espion; 3® celui qui
servira d'intermédiaire à un espion reconnu; 4<> celui qui,
servant de guide, égarera l'armée ; 5° celui qui détruira des
armes ou munitions de guerre; 6'* celui qui détruira du
matériel de l'armée ; 7*» celui qui détruira des approvision-
nements ; 8° celui qui fera sauter des ponts, des routes, etc.
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72 CHRONIQUE.
12. Le !•' corps bavarois bivouaque à Diemeringen. Le
fort de Lichtenberg capitule : ses défenseurs sortent avec
les honneurs* de la guerre.
13. Le canon de Strasbourg retentit pour la première
fois : vers cinq heures , des cavaliers et des fantassins ba-
dois, venant de Kœnigshoflfen , tirent siir les travailleurs
français occupés à abattre des arbres ; quelques coups de
canon, partis du haut des remparts, dispersent les assail-
lants. Vers sept heures, vive fusillade dirigée contre deux
bataillons badois en position derrière le cimetière Sainte-Hé-
lène. A dix heures et demie, vive canonnade sur les rem-
parts delà porte nationale. Près des Rotondes, vingt-quatre
wagons sont allumés par l'ennemi. Un projectile traverse
une cheminée et éclate dans une maison de la rue du Ma-
rais-Vert.
Le général Uhrich fait afficher l'avis suivant :
« Des bruits qui ont pris une certaine consistance , sem-
blent indiquer que quelques personnes préparent une ma-
nifestation hostile pour le 15 août. Il n'y a que deux positions
possibles dans les graves circonstances où nous sommes :
ami de la France ou son ennemi ; tout le reste est effacé.
Le général commandant supérieur croit de son dd^^oir de
prévenir plutôt que de sévir. En conséquence, il fait savoir
que toute personne qui tenterait de troubler l'ordre sera
arrêtée et traduite devant un conseil de guerre qui rendrait
son jugement dans les quarante-huit heures.
» Cet avis et le patriotisme de l'immense majorité de la
population strasbourgeoise suffiront sans doute pour faire
abandonner des projets coupables autant qu'insensés.
» Uhrich — Pron. »
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CHRONIQUE. 73
14. Un corps de francs-tireurs s'organise. Des obus tom-
bent dans le faubourg de Saveme, sur le quai Saint- Jean
dans le Mont-de-Piété, dans la gare du chemin de fer. Des
détachements badois occupent la Robertsau : les habitants
de ce village arrivent à Strasbourg, dans de petites nacelles,
chargées à la hâte de ce qu'ils ont pu emporter. — Les ga-
zomètres ayant été vidés , les maisons sont éclairées par
dés lanternes accrochées aux façades. — Le lieutenant-
général comte de Bismarck-Bohlen est nommé gouverneur-
général d'Alsace.
15. Les Badois font sauter le pont à colonnes de la Ro-
bertsau. A onze heures et demie du soir , un obus s'abat
sur une maison ; pendant une demi-heure , une grêle de
projectiles tombent sur les édifices. — Des femmes et des
enfents se réfugient dans les caves. — On trouve affichée
dans une guérite près de Kœnigshoffen la proclamation
suivante : « Avis et recommandation aux habitants de l'Al-
sace, n faut que je vous adresse une parole sérieuse. Nous
sommes voisins. Nous avons eu, pendant la paix, des rela-
tions cordiales. Nous parlons la même langue. Je vous ad-
jure , laissez parler en vous la voix du cœur , la voix de
l'humanité. L'Allemagne est en guerre eontre la France, en
guerre sans l'avoir voulu. Nous avons été forcés de pénétrer
dans votre pays. Mais chaque vie humaine , chaque pro-
priété qui pourront être épargnées, nous les regardons
comme un gain que bénissent la religion et l'humanité.
Nous sommes en guerre. Des hommes armés combattent
en bataille rangée et loyale des hommes armés. Nous vou-
lons épargner les citoyens désarmés, l'habitant des villes et
des villages. Nous maintenons ime discipline sévère. Mais
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74 CHRONIQUE.
en revanche, nous devons attendre, — et par les présentes
je l'exige avec sévérité , — que les habitants de ce pays
s'abstiennent de tout acte d'hostilité ouvert ou secret. A
notre grande douleur , des excitations , des cruautés , des
brutalités nous ont forcé de sévir sévèrement. J'attends
donc que les maires, les ecclésiastiques, les instituteurs
recommandent à leurs communes , et les chefs de famille à
leurs proches et à leurs domestiques, de ne commettre au-
cun acte d'hostilité contre mes soldats. Toute misère qui
peut être évitée est un bien devant l'oeil du souverain-juge
qui veille- sur tous les hommes. Je vous fais ces recomman-
dations. Je vous préviens] Ne l'oubliez pas !
» Le commandant de la division grand-ducale badoise,
» Le lieutenant-général , de Beyer. »
A Souffelweyersheim , sont affichés les deux avis sui-
vants :
« On fait savoir par les présentes aux habitants que la
loi martiale est proclamée. Par conséquent , chaque habi-
tant qui sera rencontré porteur d'armes , sera fiisillé. —
Tous les bourgeois doivent rester chez eux, et ceux qui sor-
tiront et seront pris seront transportés à Rastatt. »
16. Le lycée, transformé en ambulance, reçoit deux
obus , ce qui nécessite l'évacuation des blessés dans les
caves. — Dans l'après-midi, une forte reconnaissance sort
par la porte de l'Hôpital et la porte d'Austerlitz , pour se
diriger vers le Neuhof et Illkirch. Elle est repoussée par les
badois du capitaine Kappler. Le colonel Fiévet, des pon-
tonniers, est blessé à la jambe et trois petites pièces de huit
restent entre les mains de l'ennemi. — Les pouvoirs de l'an-
cien conseil municipal sont prorogés jusqu'à nouvel ordre.
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CHRONIQUE. 75
On aftiche l'avis suivant : « Il est expressément interdit,
sous aucun prétexte , de monter ou de stationner sur les
tours des églises ou sur les plateformes des édifices publics
de la ville , à moins d'une permission personnelle délivrée
par le général commandant supérieur ou par le préfet.
•Tout individu surpris en contravention au présent ordre
sera incarcéré. « Le préfet, Pron. »
17. Evacuation du couvent du Bon-Pasteur à la Ro-
bertsau. Dans Taprès-midi, les canons de la citadelle en
détruisent les bâtiments. — ■ Le maire de Molsheim, M. Prost,
est arrêté pour avoir confisqué les armes de quelques ma-
raudeurs badois en état d'ivresse, et conduit à Holzheim, à
rétat-major, où il lui est adressé une semonce. On lui met
des galons, et on le renvoie à Molsheim pour remplir les
fonctions de bourgmestre. A Mutzig, on confisque les der-
nières caisses d'armes restées dans la manufacture. Les
mobiles de Schlestadt mettent en déroute trois cents cava-
liers près de Thanvillé.
18. Des détachements de la garnison vont incendier à
Schiltigheim les bâtiments condamnés par la nécessité de
la défense; des brasseries, des malteries, de belles maisons
de campagne, d'énormes hangars sont livrés aux flammes.
Le cimetière Sainte-Hélène subit aussi des mutilations. —
Le feu des assiégeants , qui avait cessé depuis le 16, recom-
mence à neuf heures du soir ; à minuit , un formidable in-
cendie détruit dans la rue Sainte-Aurélie dix bâtiments
(maisons Federlin , Schlott, Freysz , Lévy, Kirnmann, etc.).
— Le général Werder prend la direction du siège. M. Re-
nouard de Bussière est arrêté dans son lit à six heures du
matin et enfermé dans la prison de Rastatt, au mépris de
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76 CHRONIQUE.
la convention de Genève, dont le pavillon couvrait sa cam-
pagne de la Robertsau.
19. Une des galeries de la façade principale de la cathé-
drale est ébréchée par un projectile. A Torphelinat de la
rue de FArc-en-ciel (ancienne maison Jonnart), deux petites
filles sont tuées et sept autres grièvement blessées. Dix-sept
maisons sont atteintes dans la Krutenau. Le quartier de la
Citadelle est le point de mire d'une batterie établie à Kehl.
A dix heures, le général de Barrai se rend à la citadelle et
fait ouvrir le feu contre Kehl par les batteries avancées du
5» d'artillerie ; l'hôtel Benz est le premier bâtiment détruit,
la gare, le télégraphe, les maisons d'expédition Hummel et
Dœlter, ainsi que sept autres bâtiments, deviennent la proie
des flammes. — Vers minuit, l'ennemi essaie de surprendre
le fort du Pâté , hors la porte Nationale , pendant que la
batterie du cimetière Saint-Grall couvre ses mouvements.
L'artillerie française, établie au fort Blanc, démonte celle-ci
au cinquième coup.
. ORDRE DE LA DIVISION.
« Officiers, sous-officiers, caporaux et brigadiers de la
garde nationale mobile.
•Les opérations relatives à la formation des bataillons ou
batteries de la garde nationale mobile étant terminées, mon
intention était de vous laisser acquérir, sous la direction
de vos chefs, un certain degré d'instruction, et ensuite de
vous convoquer pour vous passer en revue et apprécier
vos efiforts à devenir rapidement des soldats initiés au mé-
tier des armes. Les circonstances ne me permettent pas de
réaliser ce projet. L'ennemi a fait son apparition autour des
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CHRONIQUE. 77
murs de la place. Votre présence sur les remparts et dans
les ouvrages détachés est une nécessité de tous les instants;
j'ajourne donc le moment de vous voir sous les armes. Il
m'est rendu compte de votre attitude devant l'ennemi.
Chaque jour vous vous montrez plus familiers avec les
exigences du service, et plus solides en présence des dan-
gers qui se produisent. Vous serez bientôt complètement
aguerris, vous et vos chefs; je vous remercie de vos efforts
pour atteindre ce but. Persévérez I « Uhrigh »
20. Le capitaine de place Rœderer et le trompette Hœl-
tzel sortent par la porte de Pierre en parlementaires ; en
revenant par la petite route de Schiltigheim, à 300 mètres
de la place, ils sont blessés par des coups de feu partis
d'une houblonnière. Ce malhem*, étant le résultat d'un mal-
entendu, un parlementaire allemand vient le lendemain
présenter des excuses au commandant de la place. Le géné-
ral de la Roche prend le commandement de la division ba-
doise, en remplacement du général Beyer, tombé malade.
Le maire prend les arrêtés suivants :
« 1« Considérant que le cimetière de Ste. Hélène est oc-
cupé pour la défense de la ville, que le cimetière de St. Gall
vient d'être envahi par l'ennemi, et que le cimetière St. Ur
bain est également exposé à être occupé par l'ennemi;
» Que dans ces circonstances il y a lieu de recourir à une
mesure exceptionnelle et de faire provisoirement les inhu-
mations à l'intérieur de la ville, avons arrêté ce qui suit :
Les inhumations se feront au Jardin botanique.
* 2° Vu la dépêche par laquelle M. l'intendant militaire
informe l'autorité que des courtiers vont au-devant des
cultivateurs qui amènent du bétail en ville, en les enga-
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78 CHRONIQUE.
géant à le leuc vendre à des prix très modérés et le reven-
dent ensuite à des prix exagérés ;
» Considérant que ces procédés constituent de véritables
manœuvres qui, dans les circonstances actuelles, auraient
pour résultat de faire accaparer par quelques intermédiai-
res le monopole du commerce du bétail, et qu'il appar-
tient à l'administration de les faire cesser, arrêtons :
» Tout le bétail amené dans l'intérieur de la ville pendant
la durée du blocus sera conduit directement sur le marché
public, établi aux abords de l'abattoir.
» 3* Les lieux publics seront fermés à 10 heures du soir.
* HUMANN. »
21. Un ordre du général Uhrich prescrit la démolition
de toutes les constructions situées hors des remparts, du
côté sud.
Le général Decker est nommé commandant de l'artille-
rie de siège devant Strasbourg, et le major-général de Mer-
tens, chef du génie de l'armée assiégeante.
22. La proclamation suivante est afQchée:
« Habitants de Strasbourg !
» Le moment solennel est arrivé. La ville va être assiégée
et soumise aux dangers de la guerre. Nous faisons appel à
votre patriotisme, à votre virile énergie, afin de défendre
la capitale de l'Alsace, la sentinelle avancée de la France.
Des armes seront délivrées aux citoyens désignés par M. le
maire, à l'efifet de concourir à la protection de nos rem-
parts.
» Amis I courage ! la patrie a les yeux sur nous I
» Uhrich. -— Pron. — Humann. »
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CHRONIQUE. 79
Les Prussiens saccagent le val de Ville. Ils imposent
Barr pour 186 000 fr., le Hohwald pour 5400 fr.
^. A huit heures et demie du soir, le canon gronde au
loin, le bombardement régulier commence ; le feu dure jus-
qu'au lendemain matin à 8 heures. Les batteries badoises
commeneent à bombarder la citadelle; Tartillerie française
riposte vigoureusement: 68 maisons sont incendiées et 50
plus ou moins endommagées à Kehl.
24. Le feu de l'ennemi recommence vers 8 heures du soir
avec une intensité inouïe. Destruction du Musée de pein-
ture, du Temple neuf, de la Bibliothèque, des maisons
Slitterlin, Laroche, Flach, rue du Dôme; de la maison
Scheidecker, place Broglie; de la maison Lichtenfelder,
quai Finckmatt. L'infanterie badoise occupe la gare d'Aus-
terlitz.
Les Prussiens demandent à Obernai : 40 000 kilog. de
pain, 54000 kilog. de viande, 14000 kilog. de riz, 1400
kilog. de sel, 1800 kilog. de café, 800 mesures de vin, 1800
quintaux d'avoine, 500 quintaux de foin, 500 quintaux de
paille. « A défaut de livraison en nature, la fourniture se
fera en argent, avec compensation de 25 °/o sur les estima-
tions. »
25. Vers 9 heures du matin, le feu éclate au moulin des huit
tournants, situé au Faubourg national. Il est détruit avec
trois maisons voisines. Huit maisons du marais Kageneck,
et deux, rue Moll, ont le môme sort. Mgr Rœss essaie de
se rendre au quartier-général allemand, à Lampertheim,
il ne peut dépasser les avant-postes. A 7 heures du soir le
bombardement recommence. L'incendie dévore cinq mai-
sons, rue de la Mésange, deux, au coin du Broglie, un côté
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80 CHRONIQUE.
de la rue des Récollets, la rue du Fort, le quai Schœpflin,
deux maisons, rue des Frères, deux, place de la Cathé-
drale, six, au Faubourg national. La toiture de la nef de
la cathédrale est consumée. L'église de l'hôpital civil, la
gare du chemin de fer, un bâtiment du Gymnase sont en
flammes.
26. Destruction de la petite rue des Courses, de la rue
Déserte, de la rue des Païens, de la Cour Marbach, rue
Thomann. On af&che la proclamation suivante :
» Habitants de Strasbourg,
» Depuis trois jours la ville est bombardée à outrance.
Votre héroïsme à cette heure, est la patience. C'est pour la
France que vous souffrez. La France entière vous dédom-
magera de vos pertes. Nous en prenons l'engagement au
nom du gouvernement que nous représentons.
» Fait au quartier-général.
» HUMANN. — PrON. — UhRICH. *
Les Allemands occupent Msurckolsheim. Lé président de
gouvernement Kûhlwetter, est nommé commissaire civil
en Alsace.
27. Incendie du Palais de Justice : les archives sont tota-
lement perdues. La maison contiguë au tribunal, dans la-
quelle se trouve le pensionnat Fuchs, est dévorée par les
flammes. Le bombardement continue toute la journée.
Dans la nuit, un incendie éclate rue du Coq, chez MM. Di-
gel et Bischoff, et détruit plusieurs bâtiments. — Le géné-
ral Uhrich fait connaître que des postes de secours seront
établis pour les blessés et des abris construits le long des
remparts pour les incendiés.
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CHRONIQUE. 8t
28. « Place de Strasbourg.
» La population privée de logement par suite des incen-
dies, est invitée à se construire des abris sur le chemin de
halage du canal des Faux-remparts, en appuyant des boi^
contre le mur du quai.
» Le colonel, commandant de la 'place,
» DUGASSE. »
A 9 heures, vive fusillade du côté de la porte de Saverne
et de la porte de l'Hôpital : des balles prussiennes lancées
par des fusils de rempart, tombent jusqu'au milieu de la
ville, où elles cassent des tuiles sur les toits.
29. Avis du maire : « le maire de la ville de Strasbourg a
fait informer hier soir, à son de cloche, ses concitoyens que
les familles sans asile seront recueillies au théâtre, dans les
écoles communales, au Château impérial, à la Halle cou-
verte, à l'ancienne et à la nouvelle douane, à l'hospice des
orphelins.
» Les familles ruinées par le bombardement recevront k
partir du 31, des secours en pain au bureau de bienfai-
sance, rue St. Marc.
» Une commission est formée pour établir des fours éco-
nomiques, afin de distribuer des soupes aux indigents.
» HUMANN. »
La garnison de Strasbourg fait une sortie où elle a de
tués et blessés vingt-cinq hommes et un ofâcier.
Le conseil municipal est dissous. Il est institué pendant
la durée du siège une commission municipale, composée de
quarante-sept membres, en vue de gérer et de défendre les
intérêts de la ville. Le maire et les adjoints sont maintenus
dans leurs fonctions.
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82 CHRONIQUE.
30. La commission municipale se réunit pour la première
fois et nomme des comités des subsistances, d'alimentation,
des abris et d'enregistrement des sinistres. M. Grûn, n'ac-
ceptant pas d'être membre de la commission, est remplacé
par M. Zopff. — Les lieux publics sont fermés à 8 heures.
Les Allemands ouvrent à Schiltigheim la première pa-
rallèle.
31. La commission municipale s'adjoint dix nouveaux
ïnembres.
Le préfet prend l'arrêté suivant ; » Attendu que les bâti-
ments et collections de l'académie sont propriétés munici-
pales, que les locaux sont dépourvus de surveillance et de
garde, arrêtons :
» Article premier. Conformément à l'ordre donné par
M. le maire, les deux conservateurs du musée sont chargés
de la garde de l'académie. Toute autre personne qui vou-
dra s'immiscer dans le service, sera expulsée.
» Art. 2. Les individus qui se sont introduits dans les
locaux et caves de l'académie sont tenus de déguerpir im-
médiatement.
» Art. 3. Les gendarmes casernes dans le local prêteront
au besoin main forte aux conservateurs.
Pron. ~ Uhrich.
Arrêté : » Sur le rapport qui nous a été fait, qu'une réu-
iiion de 300 personnes aurait été tenue hier matin, place
Gutenberg, et que des motions illégales y auraient été for-
mulées, arrêtons :
* Article premier. Tous attroupements ou réunions
publiques quelconques sont interdits.
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CHRONIQUE, 83
» Art. 2. Les contrevenants seront déférés au conseil de
guerre. » Uhrigh, »
!«' septembre. Le maire recommande de ne pas fermer
les portes des maisons pendant le jour, pour qu'en cas
d'incendie les secours puissent arriver sans retard.
Le général Uhrich arrête que tout individu surpris en
flagrant délit de vol ou de pillage, sera immédiatement
jugé selon les lois militaires. Ouverture de la seconde pa-
rallèle. — M. Zopff est nommé adjoint.
2. A 4 heures du matin les assiégés sortent à la fois vers
le Wacken et vers la gare d'Austerlitz, les Badois éprou-
vent des pertes sérieuses.
3. Le faubourg de Pierre devient inhabitable. Un formi-
dable orage éclate sur la ville. — Les personnes ruinées
par le bombardement trouvent dei la nourriture à l'établis-
sement St. Joseph, impasse de l'Ancre ; à l'établissement
Ste. Marie, rue de l'Ecrevisse ; à l'estaminet Piton, à la
Halle couverte ; chez les diaconesses ; à l'estaminet de
l'Ours-Blanc, place Kléber.
4. Deux obus atteignent la couronne de la cathédrale. —
Le sous-officier de l'artillerie de la garde mobile, Jules
Kolb, et le lieutenant de pontonniers, Nicolas, sont frappés
à mort.
5. Un projectile firappe deux élèves en médecine (Lacour
et Combler), qui succombent à leurs blessures. M. Valentin
est nommé préfet du Bas-Rhin, et M. Engelhard, maire de
Strasbourg.
6. Incendie de la caserne de la Finckmatt, de la rue de
la Soupe à l'eau. — Dans la commission municipale, débat
relatif aux archives. M. André dit qu'ayant été chez M. le
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B4 CHRONIQUE.
préfet pour le prier de prendre des mesures pour la sécu
cité des archives départementales^ il a été éconduit par ce
Djagistrat en des termes qui l'ont vivement blessé. M. Im-
lin est d'avis que la conmiission peut exiger l'enlèvement
des meubles qui sont dans les caveaux de l'hôtel de la pré-
fecture et le dépôt en cet endroit des archives départemen-
tiiles. C'est le conseil général, dit M. Momy, qui est le re-
présentant légal du département, c'est aux conseillers gé-
néraux, en ce moment à Strasbourg, qu'il appartient d'agir
auprès du préfet pour la sauvegsurde des archives. Les
archives départementales, dit M. Boersch, ont pour l'his-
loire de Strasbourg une importance majeure; la ville a
plus d'intérêt à leur conservation que monsieur le préfet,
qui, s'il vient un jour nous quitter, se souviendra tout au
plus de leur existence. M. Bœrsch prie donc M. le maire
tVintervenir pour que les moyens propres à assurer la sé-
curité des archives départementales soient pris sans retard.
La commission donne son adhésion à la motion de M.
Bœrsch.
7, Le préfet déclare au maire que les titres des archives
d'une valeur historique réelle, ont été renfermés dans des
caisses en fer, qui ont été placées dans le sous-sol du bâ-
timent.
La mairie se trouvant assaillie de projectiles, la commis-
.slon municipale se réfugie à l'hôtel du Commerce. — M. Pé-
liasier, frère du maréchal, est frappé mortellement dans sa
chambre, située au second étage de l'hôtel Neuwiller.
« 6« DIVISION MILITAIRE.
p Nous général, etc.
» Vu l'état de siège,
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CHRONIQUE. 85
» Vu la cherté des denrées de première nécessité dans la
ville de Strasbourg,
» Attendu que Tautorité municipale , dans Tintérét des
classes pauvres et de l'alimentation publique, déclare re-
noncer aux droits d'octroi dont elle est bénéficiaire sur les
vins et spiritueux, après nous être concerté avec M. le pré-
fet du Bas-Rhin, arrêtons :
» Article premier. Les droits que le trésor perçoit sur
les liquides, vins et spiritueux, dans Tenceinte fortifiée de
Strasbourg, cesseront d'être perçus jusqu'à la levée du
siège ;
» Art. 3. M. le. directeur des contributions indirectes est
chargé de l'exécution du présent arrêté.
» Uhrich. »
8. Le soir, à 9 heures, le capitaine des pontonniers Epp
est ftappé à côté de sa pièce avec les huit servants. —
M. Kampmann, adjoint, soumet à la commission un état des
approvisionnements dont la ville a feiit l'achat. Ces appro-
visionnements, qui consistent en farine et en riz, représen-
tent une quantité d'environ 220 000 kilog. et ont coûté
106 358 fr. 90 cent.
9. Dans la matinée, le quartier St. Nicolas est partielle-
ment détruit par les flammes. — Le franc tireur Frey et le
brigadier d'artillerie de la mobile, Fischer, sont frappés à
mort.
10. A 10 heures du matin le théâtreprend feu. Il ne reste
bientôt que les quatre murs. — Un parlementaire apporte
au maire une lettre par laquelle le président de la confé-
dération helvétique fait savoir au maire, qu'émus des mal-
heurs de notre cité, les Suisses, nos voisins, et nos amis
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86 CHRONIQUE.
séculaires , interviennent pour sauver du bombardement
les femmes et les enfants de Strasbourg.
11. La commission municipale se rend sIqus la porte Na-
tionale pour recevoir les trois délégués de Bâle, Zurich et
Berne, MM. Bischoff, Rœmer et von Bûren; le maire Hu-
tnann prononce l'allocution suivante: « Messieurs, l'huma-
nité, la charité chrétienne vous amènent au milieu d'une
ville ravagée au nom d'un prétendu droit de la guerre.
Soyez les bienvenus, et recevez l'expression de notre pro-
fonde reconnaissance. Bien des souvenirs historiques nous .
rattachent à vous, vous venez les resserrer encore, et nous
tfouYons toujours des amis dans les nobles citoyens de la
Rêpubhque helvétique, qui jadis étaient les alliés de Stras-
bourg, et qui, sous nos rois, n'ont jamais cessé d'être avec
la Fmnce, dans les termes d'une étroite alliance. Oui, mes-
sieuT.s, soyez les bienvenus dans ces jours si douloureux
pour notre cité, vous qui venez pour sauver des femmes,
des enfants, des vieillards, que n'avaient pu soustraire aux
horreurs de la guerre, ni le général-gouverneur de la place,
ni Tévêque vénéré du diocèse.
«► Rapportez à l'Europe le spectacle dont vous allez être
tAnioins dans nos murs, dites ce qu'est la guerre au
XIX^ siècle.
^ Ce n'est plus contre des remparts, contre des soldats que
ie feu est dirigé; c'est contre les populations qu'elle se fait ;
ce sont des femmes et des enfants qui en sont les princi-
pales victimes.
j» Nos remparts, vous Favez vu, sont intacts, mais nos de-
uioui^es sont incendiées. Nos églises, monuments séculaires
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CHRONIQUE. 87
et historiques, sont indignement mutilées ou détruites , et
notre admirable bibliothèque est à jamais anéantie.
» La conscience de l'Europe du XIX» siècle admettra-t-
elle que la civilisation recule à ce point de vandalisme et
que nous retombions sous l'empire des codes de la barbarie?
•Vous pourrez dire tout cela à l'Europe, mais dites éga-
lement que ces cruautés, ces dévastations, ces actes renou-
velés des musulmans et des barbares , sont inutiles , qu'ils
n'ont point dompté nos courages , et que nous restons ce
que nous avons toujours été, ce que nous voulons rester
toujours, de courageux et fermes Français, et comme vous,
messieurs, des citoyens dévoués et fidèles à la patrie.
12. » PRÉFECTURE DU BAS-RHIN.
» Habitants de Strasbourg,
» Pour la première fois , après douze jours d'angoisse , je
reçois des nouvelles de Paris, nouvelles que j'ai lieu de
croire officielles, malgré la voie détournée par laquelle elles
m'arrivent de Schlestadt. Ces nouvelles les voici (procla-
mation de la république, etc.). Sans attendre cette dépêche
et sur le bruit apporté hier dans la ville par des étrangers
honorables que la république était proclamée à Paris , je
me suis empressé d'écrire à MM. les membres du gouver-
nement provisoire que je résigne mon mandat et me borne
désormais, en attendant soit la levée du siège soit l'arrivée
de mon successeur , à assurer la tranquillité publique et à
garantir devant l'ennemi la dignité du drapeau national.
•Habitants de Strasbourg, je vous devais la vérité ; je vous
l'apporte dès qu'elle m'est parvenue.
» J'ajoute que d'une lettre particulière il résulte que le
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88 CHRONIQUE.
corps législatif a déclaré que Strasbourg , ses habitants et
ses autorités ont bien mérité de la patrie.
» Dans ces heures de souffrances patriotiques, laissez-moi
vous donner le conseil de rester calmes , de respecter les
autorités et de soutenir noblement le drapeau de la France
» En vous quittant, j'emporterai le souvenir de vos nobles
et solides qualités , de vos bons sentiments à mon égard.
Je n'oublierai jamais ni votre excellente ville ni ce beau
département qu'il m'a été doux d'administrer pendant cinq
années. » Pron. »
« 6« DIVISION MILITAIRE.
• Habitants de Strasbourg, officiers, sotis-offîciers et
soldats de la garnison,
»La république a été proclamée à Paris. Un gouvernement
de défense nationale s'est constitué. En tôte de son pro-
gramme, il a mis l'expulsion de l'étranger du sol français.
Nous nous rallierons tous à lui, nous chargés de la défense
de Strasbourg, chargés de conserver àla France cette noble
et importante cité. Unissons donc nos volontés et nos forces
pour atteindre ce but et pour concourir ainsi au salut de
la patrie.
jiHabitants de Strasbourg, par vos souffrances, par votre
résignation, par le courage de ceux d'entre vous qui pren-
nent part à la défense de la ville , par votre patriotisme,
vous avez secondé l'armée dans les efforts qu'elle a eu à
accomplir. Vous resterez dignes de vous-mêmes.
»Et vous, soldats! Votre passé répond de l'avenir. Je
compte sur vous; comptez sur moi. » Uhrigh. »
13. M. Metzger , propriétaire à Widensohlen , est arrêté
par les Badois.
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CHRONIQUE. 89
14. M. Humann ayant donné sa démission , la commis-
sion municipale nomme M. Kûss, maire de Strasbourg;
MM. Mallarmé et Kampmann, adjoints, sont remplacés par
MM. Flach et Weyer; MM. Zopff et Leuret sont maintenus
dans leurs fonctions.
^ La commission arrête que les citoyens valides qui, sans
raison majeure, ont quitté Strasbourg depuis l'ouverture
de la guerre, sont indignes de remplir aucune fonction pu-
blique.
(Cette mesure, aussi odieuse qu'illégale, fut combattus
par MM. Saglio et Lemaistre-Ghabert , et était en réalité
dirigée contre M. Engelhard, nommé maire par le gouver-
nement de la défense nationale.)
Les Badois, commandés par le général Keller, s'avancent
en colonnes serrées vers la ville de Golmar où, au coup de
dix heures du matin, ils entrent par la porte de Brisach et
la porte de Bâle, longeant les maisons et sommant les ha-
bitants d'ouvrir les volets. Des ofâciers supérieurs saisis-
sent les caisses publiques et mettent sous le séquestre les
provisions de cigares de l'entrepôt.
15. Le premier convoi d'habitants, partant sous les aus-
pices des délégués suisses, est conduit sur des voitures
jusqu'à Dinglingen. — A midi et quart,, une grenade atteint
la flèche de la cathédrale au-dessous de la croix , dont la
chute est empêchée par la barre du paratonnerre : distance
du tir, 2000 mètres; hauteur, 138. Le boulet venait des
batteries établies en avant du cimetière Sainte-Hélène.
La commission municipale nomme M. Bœrsch aux fono
tions d'administrateur délégué pour la gestion des affaires
départementales.
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90 CHRONIQUE.
16. Le chef d'escadron des pontonniers d'Huart est frappé
mortellement; le sous-lieutenant de la garde mobile, de
Beylié, tombe devant l'ennemi. — La commission munici-
pale s'adjoint quatre membres choisis dans la classe ou-
vrière : MM. Poynet de Puilhéry de Saint-Sauveur, Schweig-
haeuser, Lehr et Weber. M. Flach informe que, par suite du
départ de M. Hasselmans , il a fait transporter dans les
caveaux de Thôtel-de-ville la bibliothèque du conservatoire ;
il ajoute que lors de l'incendie du théâtre , des partitions
ont été sauvées par un garde national de service. — Mul-
house est occupé par les troupes du général Keller.
17. Le second convoi d'émigrants, «e composant de cinq
cent soixante-huit personnes , part pour la Suisse. — La
commission municipale adopte la délibération suivante :
« Vu la délibération du conseil municipal , en date du
10 novembre 1852, qui a offert le château à l'empereur Na-
poléon III, sous la condition que l'édifice servirait de palais
impérial et ferait partie des biens de la liste civile ; Consi-
dérant qu'à la suite de la déchéance de la dynastie napo-
léonienne et de la proclamation de la république, il n'existe
plus de palais impériaux et que la liste civile a été sup-
primée ; que, dans ces circonstances, la ville doit reprendre
Vimmeuble, mais qu'en raison de l'investissement de la
ville, il est impossible d'introduire régulièrement une de-
mande en revendication , la commission prend acte de l'é-
vénement de la condition résolutoire insérée dans la dona-
tion de 1852, renvoie à une époque ultérieure l'introduction
de la demande en revendication et invite l'administration
municipale à prendre dès maintenant, d'accord avec l'au-
torité militaire, telles mesures conservatoires que de raison. »
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CHRONIQUE. 91
18. Les travaux des assiégeants avancent avec rapidité.
— La commission municipale fait exprimer au général
Uhrich , par une délégation nommée à Tunanirnité moins
deux voix , la pensée que « le devoir militaire ayant été
rempli tout entier , l'honneur permettait de prêter Toreille
à la voix de la pitié. »
La commission municipale, voulant rendre un éclatant
hommage au général de division
Jean- Jacques-Alexis Uhrich,
commandant la 6« division militaire et commandant supé-
rieur de cette place, grand-officier de la légion d'honneur,
pour sa glorieuse et héroïque défense de Strasbourg; vou-
lant également reconnaître la sollicitude et la bienveillance
qu'il a témoignée aux habitants de la ville et à ses repré-
sentants pendant la caalmiteuse période d'un siège à jamais
mémorable, déclsure que
le général Uhrich
a bien mérité de la ville de Strasbourg, et lui confère le
titre de citoyen de cette ville.
Le secrétaire, Huck. Le 'président, Kuss.
19. Les bâtiments publics ne suffisant plus pour donner
asile à tous les malheureux sans abri , Tévêque met une
partie de la cathédrale à la disposition des autorités. —
M. Zopff fait appel aux personnes qui possèdent des vaches
ou reçoivent encore leur ration habituelle de lait , pour les
prier de vouloir réduire leur part et envoyer le surplus à
la pharmacie voisine , où le lait sera délivré aux enfants
sur ordonnance. — Le capitaine Darcy est tué par un obus.
20. M. Valentin, nommé préfet, traverse l'Aar à la nage.
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D2 CHRONIQUE.
s'approche de la place en essuyant les coups de feu des
sentinelles et se fait reconnaître par le général Uhrich. Il
adresse aux habitants la proclamation suivante :
« Habitants de Strasbourg, vaillants compatriotes,
» Le corps législatif, dans sa séance du 4 septembre cou-
rant, a prononcé là déchéance de la dynastie des Bonaparte
qui, deux fois arrivée au pouvoir par de criminels attentats
contre la représention nationale , a trois fois, en un demi-
siècle, attiré sur la France la honte et les désastres de l'in-
vasion. La république a été proclamée , une convention
nationale a été convoquée pour le 16 octobre prochain, et
les pouvoirs publics sont confiés dans l'intervalle à un
gouvernement de défense nationale, composé de onze dé-
putés élus par la capitale et placé sous la présidence du
général Trochu, soldat vigoureux, à l'intégrité et aux
capacités duquel tous les partis , sans distinction , rendent
depuis longtemps hommage.
» Une des premières sollicitudes du nouveau gouverne-
ment s'est portée vers la patriotique Alsace, vers sa vail-
lante capitale, et il s'est préoccupé de lui faire directement
parvenir, ainsi qu'à son héroïque garnison , les remercie-
ments émus de la France, de la population de Paris et du
gouvernement de la république.
» n a choisi pour cette mission un fils de votre noble cité,
auquel, à une époque antérieure, vous aviez , par un vote
presque unanime, donné le mandat de vous représenter à
l'assemblée nationale, et qui est resté invariablement fidèle
au drapeau sous lequel vous l'aviez élu.
» n vient au milieu de vous s'associer à vos périls, par-
tager vos privations, et tous ensemble nous lutterons jus-
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CHRONIQUE. ^ 93
qu*à la dernière extrémité pour conserver à la glorieuse
patrie française un de ses plus nobles et de ses plus formi-
dables boulevards.
* Confiance donc, bon espoir et vive la république I »
Le môme jour, Thôtel de la préfecture est détruit par les
flammes. Le sergent de la mobile Alphonse Muller tombe
atteint d'une balle. — Le lieutenant Muller s'empare de
la lunette 53, à la tête d'une partie du bataillon de la
landwehr de Gottbus.
La lunette 52 est prise à onze heures du soir par le
34* régiment prussien et une compagnie de la landwehr
prussienne de Lissa.
21. Le lieutenant d'artillerie de la mobile Helmstetter
est mortellement frappé. — La commission municipale fait
une seconde démarche auprès du général Uhrich en vue
d'une capitulation. — A Marckolsheim, deux braves pay-
sans, plus soupçonnés que convaincus d'avoir défendu le
sol de la patrie, dénoncés lâchement, condamnés en secret,
arrêtés cinq jours après le fait reproché, sont misérablement
fusillés dans le cimetière. (Ils étaient tous deux pères de
famille.)
Le préfet du Bas-Rhin par délégation, M. Engelhard,
prend à Schlestadt l'arrêté suivant : « Le préfet du Bas-
Rhin , attendu que tout Français capable de porter les
armes doit son concours à la défense nationale quand la
patrie est en danger ; attendu que si les jeunes gens de dix-
huit à vingt ans et ceux de la classe de 1870 n'ont pas en-
core été appelés à ce service obligatoire, le patriotisme doit
leur Mre contracter des engagements volontaires; attendu
qu'il serait indigne de la jeunesse alsacienne de se préva-
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94 CHRONIQUE.
loir de Toccupation ennemie pour rester dans ses foyers,
au risque d'ôtre mise en réquisition pour travailler aux
tranchées devant Paris, arrête : 1<> Les jeunes gens de dix-
huit à vingt ans et ceux de la classe de 1870 sont invités à
faire preuve de patriotisme, en contractant des engage-
ments volontaires; 2° un bureau d'enrôlement est ouvert à
Schlestadt. » M. Engelhard.
» De Reinagh, conmiandant de place. »
Le préfet du Bas-Rhin par délégation :
« Attendu que Tarmée ennemie a institué dans le dépar-
tement du Bas-Rhin diverses administrations de Tordre
civil, avec les titres de gouverneur, préfets et sous-préfets
qui prétendent donner des ordres au nom du roi Guillaume
de Prusse ; attendu que les fonctionnaires français se ren-
draient coupables de forfaiture en consentant à exercer
leurs attributions administratives sous les ordres des au-
torités civiles instituées par l'ennemi; attendu générale-
ment que les maires des communes occupées par l'ennemi
doivent borner leur action aux mesures indispensables au
maintien de Tordre et à la tenue des actes de Tétat civil,
arrête:
» Art. !•'. Tout fonctionnaire français résidant dans les
communes du Bas-Rhin actuellement occupées par Ten-
nemi , doit , sous peine de forfaiture , refuser Tobéissance
aux autorités instituées par Tarmée d'invasion. Art. 3. Les
fonctionnaires qui se rendront coupables de forfaiture , se-
ront immédiatement révoqués et seront mis en jugement
aussitôt que les circonstances le permettront. Art. 3. Le
présent arrêté sera transmis à tous les maires du départe-
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CHRONIQUE. 96
ment qui sont requis de le faire connaître et publier mal-
gré Toccupation ennemie. »
22. Un troisième élève de l'école de santé militaire,
M. Bartholomot, tombe au champ d'honneur. — A la com-
mission municipale , M. Lichtenfelder dépose une pétition
par laquelle les signataires protestent contre la nomination
conmie maire de M. Engelhard, et demandent le maintien
à la tête de Tadministration de M. Emile Kûss. MM. Henry,
Eissen, Flach, Saglio et Schweighseuser appuient cette pé-
tition. La commission en adopte les termes à Tunanimité.
Le général y fait droit, d'accord avec le préfet.
23. Le commandant d'état-major du génie Ducrot est
foudroyé par un obus sur la grande place de la Citadelle.
Peu d'instants après, au même endroit, le lieutenant
Matthiss , de la garde mobile , est frappé à mort.
Avis du maire. — « Les séances de la commission muni-
cipale ont un double caractère; elles sont remplies en partie
seulement par des discussions et des votes qui peuvent
sans inconvénient être livrés à la publicité. Les procès-
verbaux qui en sont dressés sont inscrits dans les journaux.
On comprend toutefois qu'il existe des délibérations qui ne
sont pas de nature à recevoir la même publicité.
•Les détails qu'elles renferment pourraient répandre dans
le public des inquiétudes ou donner lieu à des interpréta-
tions erronées, fournir même à l'ennemi des renseigne-
ments su. notre situation. Cette partie des travaux de la
commission a toujours été considérée comme confidentielle.
L'administration municipale croit devoir fournir ces expli-
cations en réponse aux critiques qui ont été dirigées contre
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96 CHRONIQUE.
les derniers procès- verbaux, dont la concision a fait sup-
poser que la commission ne tenait que des séances peu
occupées. Pendant les derniers jours, la commission a au
contraire été, pour ainsi dire, en permanence.
» Kuss. »
24. M. Yerenet, lieutenant d'artillerie de la garde mobile,
t st tué par un obus.
« Le préfet du Bas-Rhin à la délégation du gouverne
ment à Tours :
» Le gouvernement de la défense nationale m'a nommé,
le 5 septembre, maire de Strasbourg. Avant d'avoir pu pé-
nétrer dans la ville, j'apprends que la commission munici-
pale a désigné un maire le 14. Respectant le choix de
mes concitoyens, je crois devoir renoncer à ma mission,
mais je resterai à mon poste, à Schlestadt, par délégation
de mon ami Valentin, tant qu'il sera enfermé dans l'héroï-
que forteresse. » M. Engelhard. »
25. Les bombes tombent jusqu'au centre de la ville.
26. Le capitaine d'artillerie de garde mobile Royer est
atteint mortellement par des éclats d'obus.
27. Le bilan des désastres, subis jusqu'à ce jour par
Strasbourg, se chiffre par 565 maisons incendiées, 8000 ha-
bitants sans asile, 315 habitants civils tués, 2000 blessés et
700 soldats morts devant l'ennemi. Vers 5 heures du soir le
drapeau blanc est hissé sur la plateforme de la cathédrale.
28. « Convention relative à la capitulation conclue à
Kœnigshoffen, à 2 heures du matin, le 28 septembre 187Ô.
» Le comte de Werder, lieutenant-général de S. M. le roi
de Prusse, commandant de l'armée assiégeante de Stras-
bourg, ayant été requis par M. le général de division fran-
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CHRONIQUE. 97
çais Uhrich, gouverneur de Strasbourg, de faire cesser les
hostilités contre la place, est convenu avec lui de conclure
la capitulation dont les termes suivent, en considération
de la défense honorable et courageuse de cette place de
guerre.
• Article premier. Le 28 septembre 1870, à 8 heures du
matin, M. le général de division Uhrich évacuera la cita-
delle, la porte d'Austerlitz, la porte Nationale, celle des
Pêcheurs. En môme temps, ces divers points seront occu-
pés par les troupes allemandes.
» Art. 2. Le même jour, à 11 heures, la garnison française
et la garde mobile quitteront la place par la porte Natio-
nale, se placeront entre la lunette 44 et le réduit 37, et dé-
poseront les armes.
» Art. 3. Les troupes de ligne et la garde mobile seront
prisonnières de guerre et se mettront immédiatement en
marche avec leurs bagages. Les gardes nationaux et les
francs-tireurs resteront libres au moyen d'une déclaration
écrite de ne pas servir pendant la guerre; ils devront dé-
poser les armes à la mairie avant 11 heures, du matin. A là
même heure, les listes nominatives des officiers de ces trou-
pes devront être remises à M. le général de Werder.
» Art. 4. Les officiers et fonctionnaires ayant rang d'offi-
ciers, de tous les corps de troupes de l'armée française,
pourront se rendre à la résidence qu'ils choisiront, à charge
de fournir l'engagement de ne pas servir. Les officiers qui
refuseront de signer cet engagement seront conduits en
Allemagne avec la garnison, comme prisonniers de guerre.
Tous les médecins militaires français conserveront leurs
fonctions jusqu'à nouvel ordre.
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98 CHRONIQUE.
» Art. 5. M. le général Uhrich s'engage, dès que les armes
auront été déposées, à remettre tous efifets militaires, cais-
ses du trésor, etc., par l'intermédiaire des agents que cette
remise concerne, aux fonctionnaires allemands, dans la
forme usitée.
* Les officiers et fonctionnaires qui, des deux côtés, seront
chargés de cette mission, se trouveront, le 28 septembre, à
midi, sur la place Broglie, à Strasbourg.
» La présente capitulation a été rédigée et signée par les
fondés de pouvoir suivants : du côté allemand, le lieute-
nant-colonel Leczinsky, chef de Tétat-major de l'armée de
siège; le capitaine et aide-de-camp comte Henckel de Don-
nersmarck ; du côté français, le colonel Ducasse, comman-
dant de Strasbourg, et le lieutenant-colonel Mangin, sous-
directeur d'artillerie.
» Le secrétaire, baron de Laroche.
» Pour copie conforme, Uhrich. *
PROCLAMATION DU GÉNÉRAL UHRICH.
« Habitants de Strasbourg,
» Ayant reconnu aujourd'hui que la défense de la place
de Strasbourg n'est plus possible, et le conseil de défense
ayant unanimement partagé mon avis, j'ai dû recourir à la
triste nécessité d'entrer en négociations avec le général,
commandant l'armée assiégeante.
» Votre mâle attitude, pendant ces longs jours de doulou-
reuses épreuves m'a permis de retarder jusqu'à la dernière
limite la chute de votre cité. L'honneur civil , l'honneur
militaire sont saufs, grâce à vous, merci!
» Merci à vous aussi, préfet du Bas-Rhin et magistrats
municipaux qui, par votre énergie et par votre union, m'a-
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CHRONIQUE. 99
vez prêté un concours si précieux, qui avez su venir en
aide à la population malheureuse, et maintenir haut son
attachement à notre patrie commune.
» Merci à vous, chefs militaires et soldats, à vous surtout,
membriBS de mon conseil de défense, qui avez toujours été
si unis de vues, si énergiques, si dévoués à la grande mis-
sion que nous avions à accomplir, qui m'avez soutenu
dans les instants d'hésitation que faisaient naître la lourde
responsabilité qui pesait sur moi et l'aspect des malheurs
publics qui m'environnaient.
» Merci à vous, représentants de notre armée de mer, qui
avez su faire oublier votre petit nombre par l'énergie de
votre action ; merci, enfin, à vous, enfants de l'Alsace, à
vous, gardes nationaux, mobiles, à vous, franctireurs et
compagnie franche, à vous aussi, artilleurs de la garde na- .
tionale sédentaire, qui avez si noblement payé le tribut du
sang à notre grande cause, aujourd'hui perdue, et à vous,
douaniers, qui avez aussi donné des preuves de courage
et de dévoûment.
» Je dois les mêmes remerciements à l'intendance, pour le
zèle avec lequel elle a su parer aux exigences d'une situa-
tion difficile, tant pour le service hospitalier que pour ce-
lui des vivres.
» Où trouverai-je des expressions suffisantes pour dire à
quel point je suis reconnaissant envers les médecins civils
et militaires, qui se sont consacrés aux soins de nos bles-
sés et malades militaires, envers ces nobles jeunes gens de
l'Ecole de médecine, qui ont accepté avec tant d'enthou-
siasme le poste périlleux des ambulances dans les ouvra-
ges avancés et aux portes ?
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100 CHRONIQUE.
» Gomment remercier assez les personnes charitables, les
maisons religieuses, les établissements publics, qui ont ou-
vert des asiles à nos blessés, qui les ont entourés de soins
si touchants et qui en ont arraché beaucoup à la mort?
» Je conserverai jusqu'à mon dernier jour le souvenir des
deux mois qui viennent de s'écouler, et le sentiment de
gratitude et d'admiration que vous m'avez inspiré, ne s'é-
teindra qu'avec ma vie.
» De votre côté, souvenez-vous sans amertume de votre
vieux général, qui aurait été si heureux de vous épargner
les malheurs, les souflÊrances et les dangers qui vous ont
frappés, mais qui a dû fermer son cœur à ce sentiment,
pour ne voir devant lui que le devoir, la patrie en deuil de
ses enfants.
» Fermons les yeux, si nous le pouvons, sur le triste et
douloureux présent, et tournons-les vers l'avenir, là nous
trouverons le soutien des malheureux, l'espérance.
» Vive la France à jamais I » Uhrigh. »
PROCLAMATION DU MAIHE.
« Ghers concitoyens,
» Après une résistance héroïque et qui, dans les fastes mi-
litaires, ne compte que de rares exemples, le digne général
qui a commandé la place de Strasbourg, vient, d'accord
avec son conseil de défense, de conclure avec le comman-
dant de l'armée assiégeante une convention pour la red-
dition de la place.
» Gédant aux dures nécessités de la guerre, le général a
dû prendre cette détermination en présence de l'existence
de deux brèches, de l'imminence d'un assaut qui nous eût
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CHRONIQUK. 101
été fatal, des pertes irréparables subies par la garnison et
par ses vaillants chefe. La place n'était plus tenable, il est
entré en pourparlers pour capituler.
» Sa détermination, écartant la loi martiale qui livre une
place prise d'assaut aux plus rudes traitements, vaut à la
ville de Strasbourg de ne pas payer de contribution de
guerre et d'être traitée avec douceur.
» A 11 heures, la garnison sortira avec les honneurs mi-
litaires, et aujourd'hui l'armée allemande occupera la
ville.
» Vous, qui avez supporté avec patience et résignation
les horreurs du bombardement, évitez toute démonstration
hostile à rencontre du corps d'armée qui va entrer dans
nos murs.
» Rappelez-vous que le moindre acte agressif empirerait
notre situation et attirerait sur la population entière de
terribles représailles. La loi de la guerre dit que toute mai-
son d(M il aurait été tiré un coup de feu sera ra>sée et ses
habitants passés au fil de Fépée, Que chacun s'en sou-
vienne, et s'il était parmi vous des hommes assez oublieux
de ce qu'ils doivent à leurs concitoyens pour méditer d'im-
puissantes tentatives de résistance, empêchez-les d'y don-
ner suite. L'heure de la résistance est passée. Résignons-
nous à subir ce qui n'a pu être évité.
» Vous, chers concitoyens, qui, durant ce long siège, avez
déployé une patience, une énergie, que l'histoire admirera,
restez dignes de vous-mêmes à cette heure douloureuse.
» Vous tenez dans vos mains le sort de Strasbourg, et le
vôtre. Ne l'oubliez pas !
» Kuss. »
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102 CHRONIQUE.
COMMUNE DE STRASBOURG.
« L'administration municipale porte à la connaissance
du public les ordres qui lui ont été transmis par M. le gé-
néral de Mertens, commandant supérieur de la place :
» 1° L'état de guerre et de siège continue à subsister, et
toute espèce de délits et de crimes, principalement les in-
fractions aux ordres de M. le conmaandant, quelle que soit
la qualité des contrevenants, sont justiciables du conseil
de guerre, et punis en conformité de la loi martiale.
» 2p Les habitants de la ville sont tenus de livrer au
quartier-général toutes les armes ou munitions qui sont
en leur possession. La dénomination d'armes comprend
les armes de tir, sabres, épées, poignards, cannes à épée.
Les propriétaires de maisons sont responsables de Texé-
cution du présent ordre; dans les bâtiments dont les pro-
priétaires sont absents, l'administration municipale est
chargée de faire des visites domiciliaires minutieuses, et
de requérir, le cas échéant, l'assistance de l'autorité mili-
taire.
» 3° Sont interdits jusqu'à nouvel ordre tous journaux,
gazettes, proclamations, et en général tous imprimés, à
l'exception des dispositions autorisées par moi.
» 4^^ Les habitants sont informés que dans le cas où les
troupes allemandes seraient, d'un bâtiment quelconque ou
d'un lieu quel qu'il soit, l'objet d'une agression armée, les
troupes sont autorisées à entrer dans le bâtiment et à pas-
ser par le fil de l'épée tous les hommes adultes.
» 5° Par contre les troupes respecteront la propriété pri-
vée et les réquisitions n'auront lieu qu'avec mon autorisa-
tion.
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CHRONIQUE. 103
» 6* Tous les lieux publics devront être fermés à 9 heu-
res du soir. Toutes les personnes qui seront rencontrées
dans la rue après 9 heures du soir seront arrêtées par les
hommes de garde ou les patrouilles et conduites au siège
du commandement. Il n'y a d'exception que pour les offi-
ciers des troupes allemandes. Des exceptions peuvent être
accordées en faveur des médecins civils qui ont à visiter
d'urgence des malades, mais seulement à la demande de
l'autorité municipale, et au moyen d'une autorisation écrite
par le commandant.
» 7° Les autorités municipales ont à soigner un éclairage
suffisant de toutes les rues et places pendant l'obscurité.
Dans le cas où un éclairage convenable ne pourrait être
fourni immédiatement, chaque habitant qui circulera dans
les rues et sur les places, depuis la tombée de la nuit jus-
qu'à 9 heures, sera tenu de porter une lanterne.
» 8° Les consignes des portes de la ville ont reçu Tordre
de ne laisser entrer ni sortir aucun habitant, à partir d'au-
jourd'hui à midi jusqu'à demain matin à 10 heures, à moins
d'une autorisation spéciale et écrite du commandant. A
partir de demain matin à 10 heures, les femmes et les en-
fants de la population civile seront seuls admis à passer
librement.
» 9^ Provisoirement les magasins pourvoiront à l'entre-
tien des troupes allemandes ; les autorités municipales au-
ront, dans le plus bref délai possible, à prendre des mesu-
res pour préparer des logements, sans nourriture, pour
8000 hommes, dans les maisons particulières, dans les dé-
pôts à incendie et dans les casernes encore habitables.
» 28 septembre 1870. » Mertens. — Kuss. »
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104 CHRONIQUE.
30. COMMUNE DE STRASBOURG.
« Par ordre de M. le colonel du génie, la ville est mise
en réquisition, pour fournir demain, samedi, à 6 heures du
matin, 750 travailleurs civils.
» MM. les entrepreneurs et chefe d'ouvriers en bâtiments
sont tenus d'envoyer leurs ouvriers à l'heure indiquée sur
la place Broglie, pour les mettre à la disposition de l'au-
torité militaire. Les ouvriers qui refuseraient de se rendre
à ce travail, ou les personnes qui emploieraient des ou-
vriers à des travaux de déblayement pour leur propre
compte, s'exposeraient à toutes les conséquences de la con-
travention.
» Les maçons, charpentiers, menuisiers, serruriers, rece-
vront 2 fr. 50 par jour, les manœuvres 2 fr.
* L'adjoint, Zopfp. »
!•' octobre, « Par ordre de M. le lieutenant-colonel Kraus,
second commandant de place, il est interdit, sous les pei-
nes les plus sévères, de faire sortir de la ville des chevaux
provenant de l'armée française. » L'adjoint, Zopff. »
« MM. les officiers français, laissés libres sur parole, qui
séjournent encore dans cette ville, sont invités à ne plus
paraître en public avec leurs armes. Ceux qui ne tien-
draient pas compte de cette invitation, s'exposeraient à
être arrêtés.
» n est aussi porté à leur connaissance qu'ils ne pour-
ront pas prolonger leur Séjour à Strasbourg au delà du 6
du courant. Si, d'ici là, ils jugent convenable de sortir
en uniforme, ils sont priés de saluer les officiers allemands
qu'ils rencontreront. « de Wangenheim,
lieut.-colonel et chef d'état-major. »
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CHRONIQUE. 106
' AVIS
RBLATIF AU MODE D'ENTRETIEN DES TROUPES.
« a) Officiers et employés.
» 1° Les officiers et employés seront logés et nourris par
rhabitant.
» 2^" Ils ont droit à : le matin, un déjeuner composé de
café ou de thé avec petit pain. Un second déjeuner, com-
posé de bouillon et d'un plat de viande avec légumes. Un
dîner, composé de soupe, deux plats de viande avec légu-
mes ou salade, dessert et café. Pour la journée deux litres
de bon vin de table et cinq bons cigares.
» 3° Le diner pourra être porté à midi, et un souper rem-
placer le second déjeuner.
» 4° Si le propriétaire ne veut pas donner la nourriture
en nature, il est libre de la faire donner, à ses frais, dans
un des bons hôtels ou restaurants de la ville, autant que
possible aux environs de sa maison.
» 5*» Pour les jours écoulés, depuis l'entrée des troupes
jusqu'au 1®' octobre inclusivement, il sera fait un arran-
gement en argent pour l'entretien des officiers et employés
dont il sera présenté un règlement de compte spécial à la
mairie.
» b) Sous-officiers et soldats.
» Les soldats ont le droit de demander : un déjeuner,
composé de café, un diner, composé de soupe, une livre
de viande avec légume (riz, gruau, haricots, pois, pommes
de terre). Souper, composé d'un plat chaud; pour toute la
journée: une livre et demie de pain, un demi litre de vin
ou un litre de bière, ou un décilitre d'eau de vie, plus cinq
cigares ou une quantité correspondante de tabac.
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106 CHRONIQUE.
> 7<> L'entretien des troupes logées dans les casernes ou
les portes, aura lieu par des impositions spéciales qui se-
ront mises à la charge de la ville.
» Le chefdétaJt-moQor^ Legzinsky, lieutenant-colonel.
» Vu : le maire, Kuss. »
» La mairie est prévenue qu'au sujet des journaux qui
ont paru jusqu'à présent dans la ville, je ne m'oppose pas
à leur réapparition. Mais je lui recommande d'informer les
rédacteurs que cette autorisation ne peut être accordée
qu'à la condition de ne publier aucune discussion poli-
tique.
» Le texte de toutes les publications sera allemand ou
allemand-français.
» Le texte des insertions sera tel que le public le dési-
rera.
» Il sera obligatoirement déposé trois numéros de cha-
que journal. Il ne sera exercé aucune censure, mais dans
le cas où il paraîtrait des articles hostiles à l'Allemagne ou
aux institutions allemandes, le journal qui les aurait pu-
blés sera supprimé immédiatement, sans avertissement.
» DE Mertens. »
2. « Les personnes qui ont entre les mains des objets de
literie militaire provenant, soit des casernes, soit du maga-
sin central, sont invitées à les rapporter dans les 24 heu-
res, à la caserne d'Austerlitz.
» Toute personne convaincue d'avoir contrevenu à cette
injonction sera traduite devant les conseils de guerre.
» Kuss. — DE Mertens. »
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CHRONIQUE. 107
3. ARRÊTÉ.
•' Nous maire, siégeant en conseil d'administration de
MM. les adjoints.
* » Considérant que des discussions nombreuses se sont
élevées entre des propriétaires de maison et leurs locatai-
res au sujet de la répartition des charges imposées aux ha-
bitants pour le logement et l'entretien des troupes.
» Que les lois du 8, 10 juillet 1791 et du 23 mai 1792
obligent tous les habitants à fournir sans indemnité aux
troupes de passage le coucher et quelques accessoires;
qu'elles chargent même les maires de veiller à yce que cha-
que habitant supporte à son tour la charge du logement
militaire.
» Qu'il est équitable d'étendre le même principe aux
fournitures de vivres, boissons et tabac, qui doivent être
faites aux militaires, avons arrêté :
» 1*» Les frais du logement et de l'entretien des militaires
placés dans une maison sur billet de logement, délivré
par l'autorité municipale, se répartiront au prorata des va-
leurs locatives entre tous les locataires et le propriétaire
s'il habite sa maison.
* Les familles qui paient moins de 200 fr. de loyer par
an ne seront pas comprises dans cette répartition.
» 2° Le logement et l'entretien doivent être fournis aux
militaires, dés leur entrée dans la maison, par le proprié-
taire ou, à son défaut, par le principal locataire qui exer-
ceront plus tard leur recours contre leurs co-débiteurs.
» 3° En cas de désaccord sur la répartition, la contesta-
tion sera portée devant la justice de paix du canton, dans
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108 CHRONIQUE.
lequel est située la maison désignée dans le billet de loge-
ment. » Kuss. — DE Mertbns. »
4. AVIS.
« 1. A partir d'aujourd'hui, les lieux publics peuvent
rester ouverts jusqu'à 11 heures de la nuit, et il est permis
à tous les civils de circuler dans les rues jusqu'à cette
heure. Après, la circulation n'est permise qu'aux person-
nes qui y auront été autorisées par écrit par moi.
* 2. A partir d'aujourd'hui, les portes suivantes sont ou-
vertes à la circulation jusqu'à neuf heures du soir : d'Aus-
terlitz, de Saverne, des Juifs, des Pêcheurs, Nationale.
» Toutes les autres portes restent provisoirement fermées
aux militaires et aux civils ; les portes de la citadelle sont
fermées à toutes les personnes qui ne font pas partie de
l'armée allemande et qui ne seront pas munies de cartes
que le commandant délivre et dont le montant sera remis
à la mairie pour être réparti entre les pauvres.
» 3. « A l'occasion d'un accident arrivé hier, les habitants
sont invités à manier avec précaution toute espèce de pro-
jectiles , surtout les projectiles creux qui se trouvent dans
les rues et les maisons, et à les indiquer à la mairie qui en
donnera avis à l'officier d'artillerie de place. »
> 4. On a répandu le bruit malveillant que tous les
hommes de vingt à quarante-cinq ans seront requis pour
les travaux de déblaiement. Une pareille mesure n'est prise
qu'à l'égard des ouvriers et des journaliers sans ouvrage.
» KuTZBACH, capitaine et adjudant.
» Kuss. »
7. » Le maire s'empresse de porter à la connaissance de
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CHRONIQUE. 109
ses concitoyens une communication qui vient de lui être
faite par M. le général gouverneur :
» Les habitants ne sont plus tenus de fournir la nourri-
ture aux officiers qu'ils logent.
» Les sous-officiers et soldats seront nourris jusqu'au 8
inclusivement. A partir du 9, toutes les fournitures d'entre-
tien seront faites en nature par l'intendance.
» Kuss.
» Approuvé : d'Ollegh. »
AVIS.
« S. E. M. le gouverneur-général m'a chargé de faire le
relevé des dommages que le siège de Strasbourg a causés
à cette ville et de les constater officiellement.
» Quoique ce soit affaire de la commune et de ses habi-
tants de réparer les dégâts occasionnés dans les différents
quartiers de la ville , l'administration allemande considère
comme une de ses obligations les plus importantes d'y
contribuer autant que possible.
« Dans l'intérêt des incendiés, il faut que les pertes subies
tant en meubles qu'en immeubles, soient constatées vite et
d'une manière uniforme ; à cet effet , chaque intéressé doit
se procurer à la mairie un formulaire qu'il remplira et si-
gnera de sa main. Ce formulaire doit être renvoyé à la
mairie au plus tard le 17 octobre, six heures du soir.
» Ce délai passé, nulle réclamation ne sera admise.
» Des sous-commissions, dont je me réserve de faire con-
naître plus tard les membres , procéderont dans les diffé-
rents quartiers à une évaluation impartiale des dommages,
et soumettront ensuite leurs rapports à la commission
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110 GHROKIQXJE.
générale instituée pour tout le périmètre de la forteresse.
» Haguenau , 7 octobre.
» Le préfet du Bas-Ehin :
» Comte DE LUXBOURG. »
8. PROCLAMATION.
« Habitants de Strasbourg,
» Nommé gouverneur-général de l'Alsace par la grâce de
S. M. le roi de Prusse, en sa qualité de généralissime des
armées allemandes , je prends aujourd'hui possession de
mon poste dans l'ancienne capitale de ce pays , réunie de
nouveau à la patrie allemande et soustraite à la domina-
tion française, après qu'elle a dû se soumettre aux armes
victorieuses de l'Allemagne.
» En vertu de l'autorité qui m'a été conférée , je donne
aux habitants l'assurance que , dans la limite des condi-
tions de la guerre, il sera fait le possible pour rétablir un
ordre de choses régulier et légal, et réparer les maux de la
guerre.
»Ce noble but sera vite atteint, si la bourgeoisie se
montre confiante envers le nouveau gouvernement, si cha-
cun vaque tranquillement à ses occupations journalières
et surtout se garde d'entretenir des relations coupables
avec l'ancien gouvernement ou de lui prêter aide , si enfin
les mesures du gouvernement sont suivies de l'obéissance
que celui-ci exige sans ménagement.
» Conformément à la volonté auguste de S. M. le roi, des
mesures seront prises pour aider la ville à réparer les dom-
mages causés par le siège. Notre grande patrie allemande
y contribuera avec joie et de toutes parts; comme oflfrande
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CHRONIQUE. 111
pour la réunion , des dons considérables sont déjà arrivés
ou annoncés.
» Il dépend donc de la population de faciliter la transi-
tion à l'état de choses que la Providence a rendu inévi-
table, car, de ce jour, Strasbourg est et restera ville alle-
mande.
» Le gouverneur-général de r Alsace:
» Comte BisMARGK-BoHLEN , lieut.-général. »
9. Neuf-Brisach et Schlestadt sont^cernés.
10. « Le maire informe les habitants qu'en vertu d'une
décision de S. E. le général d'Ollech , gouverneur de la
place, toutes les lettres, pétitions, réclamations, etc., adres-
sées au gouvernement royal , devront à l'avenir être rédi-
gées en langue allemande, sinon elles seront écartées d'ot-
fice. Cette mesure a pour but de prévenir les conséquences
fâcheuses que la traduction du français en allemand de
documents souvent mal écrits, occasionne.
» Le maire, Kuss. »
16. La garnison de Neuf-Brisach fait une sortie heureuse
et inflige à l'ennemi des pertes considérables.
ARRÊTÉ.
« Art. 1". Tout propriétaire de maison est tenu d'exami-
ner l'état de la toiture et des cheminées , de feiire exécu-
ter dans le plus bref délai les réparations nécessaires,
surtout d'enlever avec le plus grand soin les tuiles qui se
détachent et de les faire rentrer, en observant les mesures
de sûreté prescrites par l'usage.
» S'il ne peut se procurer les ouvriers nécessaires à ces
travaux, il doit en donner avis à la mairie qui avisera aux
mesures ultérieures.
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112 CHRONIQUE.
»En cas de refiis ou de retard dans Texécution, radminis-
tration municipale fera procéder aux travaux, aux frais
du propriétaire, qui encourt les peines édictées par l'art. 479
du code pénal, et sera, aux termes des art. 1384 et 1386 du
code civil , responsable de tout préjudice résultant de la
contravention. * Le maire , Kuss. »
21. L*afïluence des étrangers continue à être considérable
à Strasbourg. Une voiture à un cheval se paie 6 à 8 fr.
l'heure. Des agents de police francfortois font le service de
la ville, concurremment avec leurs collègues strasbour-
geois.
AVIS.
22. « La vente des armes et des effets d'habillement
ayant appartenu à l'armée française est sévèrement dé-
fendue. » Le gouverneur, d'Ollegh. »
« Par ordre du commandant en chef de la 8« surmée, les
habitants de Wissembourg sont prévenus qu'à dater de ce
jour, chaque convoi partant pour l'intérieur du pays em-
mènera sur la locomotive deux personnes notables de la
ville. Cette mesure a été nécessitée par les fréquents dégâts
commis sur les lignes du chemin de fer et sera portée à la
connaissance du public , afin que chacun sache que si un
convoi déraille , ses propres compatriotes seront les pre-
mières victimes de l'accident.
» Wissembourg , 22 octobre.
» Le commandant militaire bavarois :
* Sgheidlin, major. »
AVIS.
23. « n est défendu aux conducteurs de camions, d'omni-
bus et, en général, de grosses voitures, suspendues ou non,
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CHRONIQUE. 113
de parcourir au trot ou au galop les rues dans lesquelles il
existe des bâtiments en ruines.
» Le présent arrêté sera communiqué à S. E. le gouver-
neur de la forteresse, avec prière de faire exécuter les pres-
criptions ci-dessus par les conducteurs de voitures mili-
taires. » Le maille, Kuss. »
24. Capitulation de Schlestadt : deux mille quatre cents
prisonniers et cent vingt canons. — M. Metzger, de Widen-
sohlen, est arrêté par les Prussiens et conduit de Tautre
côté du Rhin.
25. Un parlementaire sort de Neuf-Brisach, passe le Rhin
et remet au bailli de Vieux-Brisach une lettre du comman-
dant, où celui-ci le prie de lui faire parvenir des journaux :
accordé.
26. A Strasbourg, formidable ouragan qui brise l'un des
sapins géants qui se trouvaient dans un jardinet derrière
l'église Sainte- Aurélie. La légende dit qu'ils furent plantés
dans des temps de trouble et de guerre. Un pauvre enfant,
fuyant son village en ruines , arracha de la forêt de jeunes
plants de sapins, en forma une botte, et vint, les larmes aux
yeux , les offrir aux Strasbourgeois pour recueillir un peu
de pain. Il ne put les vendre tous et mit en terre deux des
petits plants qui lui restaient. Ces plants devinrent les
deux grands arbres dont l'un a été brisé.
Le préfet du Haut-Rhin, M. Grosjean, établit le siège de
son administration à Belfort.
Engagement au bas de la côte de Hattstatt entre les
francs-tireurs de Mulhouse, commandés par le capitaine
Schein , et des uhlans. Ceux-ci ont huit hommes hors de
8
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114 CHRONIQUE.
combat. — Les Prussiens arrêtent deux jeunes employés de
la préfecture deColmar, MM. Tschopp et Rollin, qui ren-
traient à pied.
4 novembre. Réouverture des écoles primaires de Stras-
bourg, à l'exception de l'école protestante de filles de Saint-
Pierre-le-Jeune. (La salle des filles fut détruite de fond en
comble par le bombardement.)
AVIS.
« Une bande de gamins a troublé, mardi dernier, l'ordre
public , en parcourant les rues de la ville avec des dra-
peaux et en chantant. De pareils désordres ne sauraient
être tolérés , même en temps ordinaire , et encore moins
dans une ville en état de siège. Je me vois donc dans le
cas de déclarer que si de pareils excès devaient se renou-
veler, il serait procédé à l'arrestation de ces gamins , pour
leur infliger une punition ; en outre , les parents et , au be-
soin , les instituteurs pourront être frappés d'une amende.
» Le directeur de police, Meyer. »
Un immense incendie éclate dans le quartier nord-ouest
de Neuf-Brisach. Des obus de vingt-cinq livres arrivent à
Vieux-Brisach; le tir de la forteresse endommage la ca-
thédrale et plusieurs maisons.
7. Le fort Mortier capitule : deux cents prisonniers et
cinq pièces de canon. — Capitulation de Neuf-Brisach , si-
gnée par le lieutenant-colonel Lostie de Kerhor : cinq
mille prisonniers, 108 canons.
10. Le conseiller du gouvernement à Coblence, M. Land-
fermann, écrit à M. de Kûhlwetter, pour offrir de donner
sa bibliothèque comme fonds de la bibliothèque à créer à
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CHRONIQUE. 115
Strasbourg ; la mort de son fils, tombé devant Metz, lui fait
prendre cette résolution.
12. « Plusieurs habitants ayant été arrêtés pour être
montés sur les remparts sans être munis d'autorisation, je
préviens le public qu'il est sévèrement défendu à qui que
ce soit de se servir des remparts comme promenade. Ceux
qui contreviendraient à cet ordre, n'auraient à s'en prendre
qu'à eux-mêmes s'ils étaient arrêtés et punis de prison.
» d'Ollegh. »
14. Les troupes prussiennes occupent de nouveau Mul-
house et visitent les villages du Haut-Rhin pour voir s'il
y a des francs-tireurs.
15. Combat de Bessoncourt : la garnison de Belfort y perd
deux cents tués, blessés ou prisonniers. Parmi les morts,
se trouvent trois officiers : le commandant Lanoire, les
capitaines de Narbonne et Peyret.
20. Le chemin de fer de Kehl à Strasbourg est remis en
exploitation. Belfort éloigne les bouches inutiles et s'appro-
visionne pour quatre-vingt-onze jours.
22 Lettre au maire. — « M. le maire , aucune affiche ne
doit être apposée en ville sans ma permission. Gela se fait
pourtant, en vue de répandre des mensonges relatifs à des
succès de l'armée française. La défense est connue. Si les
coupables ne se trouvent pas , je rendrai responsable le
propriétaire ou le surveillant de la maison sur laquelle de
pareilles affiches ont été collées. Des arrestations dans ce
sens ont déjà été opérées , et je me réserve la punition à
infliger, soit en bannissant le coupable de la forteresse, soit
en le déférant à un conseil de guerre.
» d'Ollegh. »
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116 GHROîrtQUE.
Au conseil municipal de Strasbourg.
« Monsieur le maire, messieurs les conseillers!
* Dans ces temps difficiles , une société d'hommes âgés,
devenus inactife par suite du développement de l'esprit hu-
main, et dont les travaux sont relégués dans le domaine
de l'antiquité , vit dans la Suisse libre, sur les bords de la
Limmat , témoin muet des misères humaines qui se sont
appesanties sur tant de villes , de villages et de familles
des pays voisins, jetant un regard attristé sur ces monceaux
de ruines, et ces ambulances qui appellent les cœurs com-
patissants à de nouveaux actes de charité.
» Ces hommes forment la société la plus ancienne de la
ville de Zurich, la société des arquebusiers , dont les an-
cêtres se trouvaient dans toutes sortes de relations avec
les bourgeois de la ville libre impériale de Strasbourg,
avec lesquels ils étaient étroitement liés depuis le milieu
du Xin« siècle jusqu'au temps de Louis XIV, pour s'en-
tr'aider dans les intérêts qui leur étaient communs, et fidè-
lement observer les traités d'amitié conclus.
»Ge ne sont pas seulement les jours où il y avait des de-
voirs à remplir et des services à rendre , qui ont laissé de
précieux souvenirs de la ville de Strasbourg dans le cœur
des arquebusiers; les mômes souvenirs se rattachent à des
jours d'allégresse qui ont scellé l'alliance cordiale des deux
villes dans des fêtes devenues historiques , et , en tête de
ces souvenirs, se trouve inscrit le tir de l'année 1576 , qui
est d'autant plus fortement gravé dans l'histoire de notre
société , qu'elle a élevé à la hauteur d'un fait légendaire le
voyage de la bouillie de mil.
» Si nos ancêtres se sont prêté un accord mutuel quand il
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CHRONIQUE. 117
s'agissait de défendre des intérêts ou de célébrer des fêtes,
ces traditions obligent leurs successeurs à la même sym-
pathie , à la même fidélité quand le bras du destin s'est
appesanti sur la patrie d'anciens amis, et eux non plus ne
peuvent manquer au rendez-vous, quand leurs voisins ri-
valisent dans l'accomplissement des devoirs philanthro-
piques.
* Notre société vous prie donc d'accepter la modique
somme ci-jointe de 1000 fr., pour en faire usage à volonté ;
nous y joignons la gravure récemment faite, représentant
le départ de la bouillie de mil pour Strasbourg , avec une
brochure publiée sur ce sujet en 1792, en vous priant d'ac-
corder à ces feuilles une place dans la bibliothèque qui
doit être fondée.
» A ce témoignage de notre affection , nous ajoutons la
médaille d'argent de notre société et un cahier de souvenirs
historiques. Puisse votre vieille et glorieuse cité se sous-
traire bientôt au sort cruel dont elle a été frappée par les
calculs erronés des hommes ; mais quelle que soit sa con-
dition future , son histoire nous fournit l'espoir consolant
que l'énergie et la sagesse de ses habitants la maintien-
dront toujours grande et digne de son passé. En exprimant
ces vœux, j'ai Thonneur de vous assurer de notre estime et
de notre affection.
* Le président, J. Wegmann-Esgher.
» Le chef des tireurs , G. Finsler. »
4 décembre. « Par suite de l'action criminelle qui a eu pour
but d'entraver le service du chemin de fer , le gouverneur
général de l'Alsace ordonne que, jusqu'à nouvel ordre,
des habitants de la coBMnune de Domach accompagneront
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118 CHRONIQUE.
chaque train sur le parcours de Mulhouse à BoUwiller En
outre , la commune de Dornach est frappée d'une amende
de 23 000 fr.
» Mulhouse , 4 décembre.
» Le sous-préfet , D' Schultz. »
5. <' Le maire a l'honneur de faire savoir aux personnes
intéressées qu'en raison des circonstances, il n'y aura pas
t;ette année de foire de Noël.
» Toutefois, prenant en considération la situation pénible
où se trouvent les marchands de Strasbourg , qui ont fait
dans le courant de l'année des préparatife en vue de ces
foires , l'administration a décidé que des autorisations in-
dividuelles leur seront accordées pour établir des étalages
8ur la place Broglie , du 18 au 24 décembre ; cette même
laveur sera accordée aux marchands de pains d'épices de
Gertwiller. » Le maire , Kuss. »
7. « Par rescrit de S. M. le roi de Prusse, en date du
7 novembre, les cantons de Schirmeck et de Saales, situés
dans les Vosges , sont réunis , en tant qu'ils font partie du
bassin de la Bruche, au département du Bas-Rhin.
» En conséquence, M. le commissaire civil d'Alsace a or-
donné , par arrêté du 3 décembre , que tout le canton de
Schirmeck et les communes de Saales, Bourg-Bruche,
Golroy-la- Roche , Plaine , Ranrupt , Saulxures et Saint-
Blaise-la-Roche seront annexés au Bas-Rhin , et que de
i:ette partie du canton de Saales, comme des cantons de
Molsheim et de Wasselonne de l'arrondissement de Stras-
bourg , et du canton de Rosheim de l'arrondissement de
Schlestadt , ainsi que du canton de Schirmeck , sera formé
un nouvel arrondissement , dont le chef-lieu sera Mols-
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CHRONIQUE. 119
heim, qui deviendra le siège d'une sous-préfecture. Cette
nouvelle organisation entrera en vigueur le 15 décembre.
» Le préfet du Bas-Rhin, G« Luxbourg.»
17. « Gomme il a été constaté que, dans les derniers
temps, des habitants de l'Alsace et de la Lorraine alle-
mande ont quitté le pays en grand nombre et se sont ren-
dus en France pour prendre les armes contre Tannée alle-
mande , il est nécessaire de soumettre à un contrôle tous
les hommes de dix-sept à quarante ans, capables de porter
les armes, qui se trouvent dans le gouvernement général.
A cette fin , on dressera dans toutes les communes un ta-
bleau de tous les habitants mâles ayant cet âge.
» Les personnes inscrites sur ce tableau ne pourront
quitter leur résidence pour faire des voyages dans d'autres
parties du gouvernement qu'après s'être munies d'un
laissez-passer, qui ne sera délivré qu'aux personnes sûres
et capables de fournir des renseignements sur le but et le
motif de leur voyage.
» Ceux qui, contrairement à ces prescriptions, s'éloigne-
ront sans la permission des autorités compétentes , ou ne
rentreront pas dans le délai indiqué par le laissez-passer,
verront leurs biens mis sous le séquestre et éventuellement
leurs parents répondront pour eux, moyennant leurs per-
sonne et leur fortune; au moins seront-ils condamnés à
une amende proportionnée à leur avoir.
» G* DE BiSMARCK-BOHLEN. »
RÈGLEMENT
RELATIF A L'EXTENSION DE LA COMPÉTENCE DES CONSEILS
DE GUERRE.
« 1. Gelui qui fait des enrôlements contre les armées
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120 CHRONIQUE.
alleiiiandes ou se laisse enrôler , est puni d'une détention
de vingt ans et d'une amende de 10000 thalers (37500 fr.).
* 3. L'offense contre le général en chef de l'armée alle-
mande , S. M. le roi de Prusse ou l'un des souverains des
Etais alliés est puni d'un emprisonnement dont le mini-
mum sera de deux mois, ou de détention dans une forte-
resse jusqu'à cinq ans.
n 3- L'offense contre les autorités établies dans la cir-
t^onscription du gouvernement, contre un fonctionnaire en
activité ou un membre de la force armée dans l'exercice
dtj leurs fonctions, est puni d'un emprisonnement de deux
aiiï^, si l'offense a été accompagnée de violences, ou d'une
ï^imende qui peut s'élever jusqu'à 200 thalers , ou d'un em-
prisonnement jusqu'à un an quand il n'y a pas eu de vio-
linces. » G® de Bismarcx-Bohlen. »
36. Le gaz reparaît dans les rues du quartier de la cathé-
ilrale.
38. La première séance publique du conseil de guerre
permanent du Haut et Bas-Rhin a lieu dans les bâtiments
du conseil de préfecture. Président, M. de Guny, assisté de
M. Osius; procureur, M. Hûnten; juges, les capitaines Luft
ci Mohrstein. Aug. Gautschi est condamné à six mois de
prison pour affichage de placards séditieux.
« Monsieur le président,
)» J'ai communiqué à mes collègues la lettre que vous
nous avez fait l'honneur de nous envoyer, en y joignant un
don de 1000 fr. pour les victimes du bombardement , une
uitéressante gravure, une belle médaille et une brochure
précieuse destinés à notre bibliothèque, et nous avons été
vivement touchés de cette preuve de bienveillance et de
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CHRONIQUE. 121
sympathie, ainsi que des paroles saisissantes par lesquelles
vous rappelez ces alliances qui , sacrées pour nos conci-
toyens, foïment des pages glorieuses de notre histoire lo-
cale.
• Recevez , au nom de tous mes collègues , Texpression
de notre profonde reconnaissance. Il m*est bien doux de
pouvoir vous répéter que la ville de Strasbourg est péné-
trée de ce qu'elle doit à la noble nation helvétique.
» L'arrivée des délégués suisses au milieu des horreurs
du bombardement a ranimé le courage défaillant de notre
population , car nous savions alors qu'en dehors de nos
remparts, il y avait encore des cœurs généreux qui s'inté-
ressaient à nous. La sympathie libre et unanime d'un
peuple qui se distingue autant par ses vertus civiques que
par son intelligence, a produit de l'impression même en
Allemagne et réagi sur les chefs de l'armée assiégeante.
Cette intervention pacifique , mais pleine de conséquences,
a beaucoup contribué à adoucir le sort ultérieur de notre
malheureuse ville.
» La Suisse tendait une main secourable à notre popu-
lation. Nos malades trouvaient partout en votre pays l'ac-
cueil le plus cordial, le plus affectueux. De pareils services
ne s'effaceront jamais de la mémoire des enfants de Stras-
bourg. Permettez-moi de vous le répéter, au nom d'une
population reconnaissante, et acceptez , monsieur le prési-
dent, l'assurance de ma considération la plus distinguée.
» Kuss. »
30. « Gomme addition à mon arrêté du 17 décembre , re-
latif à l'extension de la compétence des conseils de guerre,
j'ordonne ce qui suit :
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122 CHRONIQUE.
1 Des voituriers requis pour le service militaire, qui font
tort aux troupes en quittant méchamment leurs voitures,
eacourront un emprisonnement qui pourra monter à cinq
ans, à prononcer par les conseils de guerre, à moins qu'il
n'y ait lieu d'appliquer une justice sommaire et la peine
de mort conformément à l'ordonnance de S. M. le roi, en
date du 21 juillet 1867.
» G« DE BiSMARGK-BOHLEN. »
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NECROLOGIE
Louis Cazeaux naquit à Strasbourg, le 23 octobre 1803.
Son père était capitaine d'artillerie, et mourut sur le champ
de bataille. Le jeune Cazeaux fit ses premières études au
gymnase protestant et conserva toujours le meilleur sou-
venir de cette période de sa jeunesse, car il y a quelques
années, lorsqu'eut lieu Tinauguration des nouveaux bâti-
ments du gymnase, il tint à assister à la fête qui fut célé-
brée à cette occasion. Plus tard, il entra au petit sémi-
naire, puis il fit ses études théologiques au grand, et fut
ordonné prêtre en 1826. Ses connaissances et sa valeur
personnelle le firent immédiatement attacher à la cathé-
drale conmie vicaire de la paroisse St. Laurent. Il occupa
ce poste pendant dix-huit ans, chargé de la prédication
française alternativement avec le grand- vicaire Achon. Il
tut nommé ensuite curé à Soufflenheim et conserva pen-
dant plus de vingt ans la direction de cette importante
paroisse. En 1859, il fut rappelé à Strasbourg comme curé
de la paroisse de St. Jean, et remplit ces fonctions avec un
zèle que l'âge n'avait pu attiédir. Bientôt il fut nommé
chanoine honoraire. Une maladie de quelques jours dont
la promptitude et l'acuité défièrent les efforts des méde-
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124 CHRONIQUE.
cins, l'enleva le 11 février 1870 à Tâge de soixante-six ans.
M. Gazeaux était tout dévoué à la cause de l'instruction
populaire : « Après avoir apporté un concours franc et in-
telligent à la prospérité des écoles urbaines de St. Jean, a
dit M. Vion, il soutint par des efforts délicats et fructueux
lu petite école d'un pauvre hameau, annexé au canton
ouest, et dont il tenait vivement à cœur de voir remplacer
le nom flétrissant de Gralgendœrfel par l'appellation plus
noble de Kronenbourg.» Toutefois, il avait sur l'enseigne-
ment simultané du français et de l'allemand en Alsace, des
idées dont les événements de 1870 ont démontré le danger.
Il est auteur de : Orthogra'phe française réduite en prin-
cipes. Haguenau, Brucker, 1844, in-12; V Adoration du
saint sac7'ement, Strasbourg, Leroux, 1867, in-18 ; Leben
ft,nd Wirken des heUigen Joseph. Strasbourg, Leroux,
1861, in-18; Biographie de ïabhè ikfw^e. Strasbourg, Le-
roux, 1865, in-8, avec portrait ; Conservation de la langue
allemande en Alsace, Strasbourg, imp. Silbermann, 1867,
in-18, en français et en allemand; Examen du non possu-
mus de M. Schœffer, Strasbourg, Leroux, 1870, in-8. La
Revue catholique de T Alsace a publié de lui : Notice sur
les personnes et les éctnts de Weislinger, années 1861, 1863,
1864.
Anselme Siffer, archéologue, naquit à Meissengott le
31 avril 1808, et fut ordonné prêtre en 1831. Il administra
successivement les cures de Mertzwiller et de Weyersheim,
et mourut le 23 mars 1870. M. Spach fit son éloge dans la
séance générale de la société des monuments historiques,
tenue à Golmar le 5 juillet. Les mémoires qu'il adressa à
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CHRONIQUE. 125
catte société acquièrent une valeur d'autant plus grande,
qu'ils se rapportent souvent à des pièces du musée lapi-
daire détruit par le bombardement. Voici les titres des
principaux : Mémoires sur un autel païen, découvert en
septembre 1850, près de Niedermodem ; Note sur Van-
derme commanderie de Dhan^près de Zinswiller ;\ Notice
sur'une dalle épigraphique d origine romaine, et sur diver-
ses autres antiquités découvertes en 1862 dans les forêts
des deux Betschdorf; Mémoire sur la grande voie ro-
maine de Brumath à Seltz, pour la portion de Weitbruch
a Kaltenhausen; Notes sur les ruines de villas romaines
près dOherhronn; Analyse dune charte de 1415, faisant
mention de Ramshardt, de Cronenbruch, et de Buch-
hurst, lieux habités dans le canton de Wœrth ; Descrip-
tion de deux monuments romains retrouvés, Vun en 1842
à Niederhronn, Vautre à Langensoultzbach ; Notice sur
deux bas'j*eliefs figurant Pallas découvet^ts à Niederb7^onn,
Vun en 1842, Vautre en 1762; Notes sur les anciens mo-
nastères de Frauenkirch et de Thierhirch; Communica-
tion sur une charte de 1524, à propos dune aliénation de
rente du monastère de Sainte Clair e-au-Wœrth, à Stras-
bourg ; Notice sur quelques monuments d origine païenne,
conservés à Walbourg ; Notice sur une idole sans nom,
sceUée dans les murs de V ancienne église de Gébolsheim;
Mémoire sur un cimetière chrétien de V époque mérooin-
gienne, découvert à Morschvnller ; Mémoire sur le cime-
tière gallo-romain de Reichshoffen; Notice sur les antiqui-
tés de Gumbrechtshoffen ; Mémoire sur un autel épigra-
phique dorigine rommne, consacré au soleil et à la lune .
sous les figures d Apollon et de Diane*
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126 CHRONIQUE.
Geoffroi Durrbach^ poète, naquit en 1790 à Strasbourg.
Dans sa jeunesse il avait une tendance satirique très pro-
noncée. Gomme poète local il débuta en 1817 par une es-
pace de pamphlet en vers burlesques, intitulé : Jérémiade
ffun malheureux versificateur dans ces temps de di-
i^eite. On crut entrevoir une allusion directe à un haut
fonctionnaire de Téglise protestante dans un certain pas-
sa^ où « le pauvre candidat, sur le point d'obtenir une
place vacante, néglige de présenter ses devoirs à un asses-
seur tout-puissant.» Ce fut pour Dûrrbach un titre de
proscription. Lui qui aurait désiré se vouer au haut ensei-
gnement, fut exilé dans une cure de campagne, à Trsen-
heim. Il profita de son mieux de cette retraite anticipée en
composant un vaste poëme : Rappolstein. Ce gros volume,
publié à Zurich (1836, in-8), raconte les hauts faits légen-
daires des seigneurs de Ribeaupierre. On ne peut refuser à
r auteur un talent de facture, de belles descriptions et quel-
que invention, « mais, a dit M. L. Spach, Dûrrbach, comme
tant d'autres poètes du premier tiers de notre siècle, s'est
fourvoyé en persistant à écrire une longue épopée pour un
public qui avait décidément tourné le dos à cette forme
surannée. Le pasteur de Trsenheim ne portait point en lui
ce qu'il fallait pour la rajeunir à la façon de Byron ou d'Al-
fred de Musset; eût-il d'ailleurs été doué d'un génie créa-
it? or, sa position ecclésiastique lui défendait le genre fri-
vole. »
Diirrbach était excellent mathématicien et s'était adonné
uvec ferveur à l'étude de l'astronomie. Quelques-uns de
ses meilleurs sermons imprimés en portent les traces visi-
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CHRONIQUE. 127
bles. Il était véritablement poète en parlant des magnifi-
cences du ciel étoile.
En 1831, il fut nommé pasteur à Strasbourg, à Téglise
St. Nicolas, à laquelle il a appartenu jusqu'à sa fin. De
1838 à 1851 il exerça les fonctions d'aumônier à TEcole
normale des instituteurs ; les autorités exigèrent sa retraite,
parce qu'il ne se confinait pas dans le cadre de l'enseigne-
ment officiel. C'était une nature primesautière, excentri-
que, et cachant ses qualités sous une forme anguleuse. Il
mourut le 22 avril, après une courte maladie. M. N. Mar-
tin l'a fait figurer dans la deuxième série de ses Poètes
contemporains en Allemagne. Citons encore de lui : Der
papieme Lrache. Eine Knabenidylle fiir die Strasburger
Jugend. Strasbourg, 1818, in-8'» ; Religiôse Gedichte, Stras-
bourg, Silbermann, 1854, in-8°, 16 pag.
Puisque la renommée s'attache aux brûleurs de villes,
il est juste de consacrer quelques lignes à ceux qui con-
tribuent à les embellir. C'est pourquoi nous insérons dans
cette nécrologie le nom de M. Diemer. Jean Diemer, né en
juillet 1804 à Waltenheim, acquit en 1830 l'hôtel de la ville
de Paris, dans la rue de la Mésange, qui était alors assez
obscure et triste. En 1847 il commença à élever le bel édifice
qui fsdt aujourd'hui l'ornement de cette rue ; il construisit
à cette époque la partie de l'hôtel vers le Broglie, et en
1855 il fit bâtir la partie vers la rue de l'Eglise. La rue
de la Mésange, grâce à cet hôtel, changea complètement
d'aspect ; de nouveaux édifices s'y élevèrent, et elle forme
aujourd'hui une des belles rues de la ville. En 1842
M. Diemer acheta le Murhof, qui était alors une campa-
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128 CHRONIQUE.
gne d'agrément appartenant à la famille de Turckheim.
La culture y était assez délaissée, les terres étaient en par-
tie des marais stagnants, comme l'indique le nom môme
lie Murhof (mur-boue). M. Diemer fit bouleverser les ter-
rains, et les marais d'autrefois sont aujourd'hui des terres
fertiles.
M. Diemer a puissamment contribué à l'amélioration du
bétail dans l'arrondissement de Strasbourg et à l'introduc-
tion dans nos contrées des bêtes de choix de la Hollande
et de la Suisse. Des récompenses nombreuses lui ont été
accordées. « Le Murhof, a dit M. Thénard, dans son Rap-
port au concours agricole de 1866, est un beau domaine
de soixante-deux hectares, aux portes de Strasbourg et au
milieu duquel s'élève, sur les bords de l'IU, une jolie mai-
s'on de campagne entourée d'un parc orné de beaux arbres.
Là où M. Diemer domine sans conteste, c'est par la tenue
Ue sa ferme : les bâtiments en sont bien disposés, autour
d'une cour d'une grandeur convenable, au milieu de la-
quelle s'élèvent des volières, remplies d'oiseaux de basse-
cour de toute espèce et de toutes sortes de races » M. Die-
mer est mort le 26 avril des suites d'un mal qui l'avait
attaqué six ans auparavant et qui, produisant un épan-
chement au cœur, lui porta une atteinte dont il ne put se
relever. Il était membre de la Chambre consultative d a-
griculture pour le canton de Geispolsheim.
Charles Kestner, industriel, naquit à Thann, le 30 juin
1803, et reçut une éducation scientifique très soignée. Ma-
rié à la fille du général Rigault, que la Restauration avait
banni, il mena, aux côtés d'une femme douée de toutes les
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CHRONIQUE. 129
qxialités de Tesprit et du cœur, une existence laborieuse, et
parvint à la richesse, sans oublier jamais les droits du juste
et du beau. Il agrandit la_ fabrique de produits chimiques
fondée par son père, et lui attira par son habile direction
une renommée européenne. On peut voir dans la brochure
de M. Penot: Les institutions privées du Haut-Rhin, les
dispositions qu'il prit dans l'intérêt de ses ouvriers. Il ob-
tint plusieurs récompenses aux expositions nationales de
l'industrie, notamment une médaille d'or en 1847 et une
médaille d'honneur à l'exposition universelle de 1855. Il re-
fusa la croix de la légion d'honneur en 1849. De 1839 à 1841
il fit partie de la chambre de commerce de Mulhouse. Il
fut élu le troisième des douze représentants du Haut-Rhin,
à l'assemblée constituante, par 50873 suffrages; il n'ac-
cepta pas la candidature à l'assemblée législative (mai
1849), mais aux élections complémentaires de 1850, on s'a-
dressa de nouveau à lui et il fut élu par 44581 voix. Il
resta fidèle à ses principes démocratiques dans le choix de
ses gendres : MM. le colonel Gharras et Victor Ghauffour.
En 1851 il se réfugia avec celui-ci en Suisse, mais l'ordre
d'arrestation qui avait été lancé contre lui fiit bientôt re-
tiré, en considération de sa qualité d'industriel, et il rentra
à Thann, d'où il répandit les bienfaits sur d'autres exilés
moins heureux. Il est mort d'un anthrax, l'âme brisée par
l'invasion. L'enterrement a été civil. « Ge qui fait surtout
de sa vie un grand et noble exemple, a dit M. V. Ghauffour'
c'est son absolu désintéressement, son absolue sincérité
Jamais homme ne fut plus exempt de toute préoccupation
personnelle d'intérêt ou de vanité. Il faisait son devoir
simplement pour obéir au cri de sa conscience, sans osten-
9
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130 CHRONIQUE.
tation, mais aussi sans aucun de ces compromis auxquels
se plient trop souvent les plus fermes courages. C'est pour
honorer et accomplir jusqu'au bout la loi suprême de
loyauté qu'il s'était prescrite, que nous le déposons dans
lïL tombe sans autre appareil que le deuil public. Plein de
lespect pour toutes les convictions sérieuses, il n'a jamais
voulu se prêter à d'hypocrites et mensongères démonstra-
1 ions. Il professait la religion de l'humanité, cette religion
<iui a trouvé sa formule souveraine dans ces simples mots
évangéliques: Aimez-vous les uns les autres. Cette religion
du dévoûment, il feiisait mieux que la professer, il la prati*
Huait sans réserve. Il conservait d'ailleurs l'invincible es-
l>érance, et son grand cœur s'est exprimé dans ces lignes,
adressées à sa veuve et ses enfants : * Ce n'est pas sans
y émotion que je pense au moment où je vous quitterai,
* mais je conserverai jusqu'à ma dernière heure l'espoir
ti intime de retrouver les êtres si chers qui m'ont précédé,
I Vespoir aussi que les liens qui m'unissent à vous ne se-
ront pas rompus pour toujours... »
Charles-Auguste Steinheil, physicien, naquit à Ribeau-
villé le 12 octobre 1801. Son père était employé du prince
>Iax de Deux-Ponts, seigneur de Rappolstein, et quitta
i' Alsace quand le prince devint roi de Bavière (1806). Char-
les-Auguste fut élevé dans une propriété paternelle à Per-
lachseck, et fit des éludes à Nancy, à Tours et à Munich.
En 1821, il suivit les cours de droit à Tuniversité d'Erlan-
gea, mais dès 1822 il se voua à l'astronomie et suivit les
leçens de Gauss, à Gœttingue, et de Bessel, à Kœnigsberg,
Quand il eut obtenu le grade de docteur, dans l'automne
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CHRONIQUE. 131
de 1825, il retourna à Perlachseck et y fonda un observa-
toire. En 1827 il fut nommé membre extraordinaire de l'a-
cadémie de Munich, et en 1832, professeur de physique et de
mathématiques. En 1835 il devint conservateur du cabinet
de physique de Tétat. Il était déjà connu par plusieurs dé-
couvertes, lorsqu'il rencontra l'occasion de s'acquérir une
renommée durable. Oersted avait publié depuis peu sa dé-
couverte de l'électro-magnétisme. D'autre part Gauss ve-
nait d'inventer l'héliotrope, appareil analogue au télégra-
phe solaire, présenté par M. Leseurre en 1856, et regardait
le télégraphe électrique comme un jeu bon à utiliser entre
l'observatoire et le cabinet de physique de Gœttingue.
Steinheil comprit l'importance pratique de la découverte
en question, et en juillet 1837 il établit à Munich une com-
munication électrique entre le bâtiment de l'académie et
l'observatoire de Bogenhausen, sur une distance de plus
d'une lieue. (Voyez Comptes-rendus de Vaxiodémie des scien-
ces du 10 septembre 1838.) Ce fut la première réalisation
pratique faite en Europe du nouveau procédé qui devait
bientôt faire de si rapides progrès. Steinheil organisa en-
suite la télégraphie en Autriche et en Suisse et vécut assez
pour voir le télégraphe devenir un moyen de communica-
tion entre les parties les plus éloignées du monde. En 1852
il revint prendre sa place de conservateur, à Munich^ avec
le titre de conseiller de ministère. En 1862 le roi Maximi-
lién lui fit une rente viagère. Une paralysie suivie de cé-
cité l'enleva à la vie active, et il dut laisser à son fils la
direction de son institut astronomique. H avait aussi re-
mis en honneur le télescope à demi-oublié, en construi-
sant, à l'aide du verre argenté, des miroirs d'une puissance
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132 CHRONIQUE.
réfléchissante considérable. Il mourut le 14 septembre
1870.
Jêa7i' Jacques Coulmann naquit le 3 janvier 1796, à Bru-
ni :i th. Sa mère s'appelait Ullrich. Son père, originaire de
Bouxwiller, avait rempli dans sa vie la plupart des fonc-
tions publiques. Avocat, à son début, de ce qu'on appelait
la régence, c'est-à-dire l'administration des biens du grand
duc de Hesse-Darmstadt alors possessionné en Alsace, il
de vint successivement juge de paix et maire àBrumath, puis
administrateur du district à Haguenau, notaire et membre
du conseil général du département. Dans la révolution, qui
eut toutes ses sympathies, il avait augmenté l'héritage que
lui avait laissé un de ses oncles, maître d'hôtel du grand-
duCi en achetant des domaines nationaux avec ses amis
Gh. Kern et Lotzbeck. Jean-Jacques, après avoir été à l'é-
cùle chez un prêtre marié nommé Mûnch, fut amené à Paris
et mis en pension chez M. Dabo, puis chez M. Labbé, puis à
Sainte-Barbe. « Je ne fus pas plutôt dépouillé de mon ac-
cent alsacien, a-t-il dit, que, faible en troisième, j'arrive aux
preoiières places en seconde. » Sainte-Beuve, en rapportant
la phrase où M. Coulmann dit qu'il perdit son accent,
ajoute : En est-il bien sûr? et cependant plus loin il avoue
ne point connaître celui qu'il critique. Il faut donc croire
qu'il prête au mot d'accent un sens plus vaste , un sens
principalement moral, et à ce compte sa remarque est en-
tachée de petitesse, car Vcùccent alsacien est venu apporter
ù la France une force qu'elle a eu le tort de néghger. En
1814, Coulmann eut la douleur de voir les alliés envahir son
domaine, et il a raconté quels procédés il eut à essuyer de
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I
CHRONIQUE 133
la part des Prussiens: « Leurs délassements étaient de tirer
sur des arbres fruitiers comme cibles, de hacher les par-
quets avec leurs sabres pour en essayer le fil. Un jour un
colonel me fit appeler au salon où Ton avait dressé une
table de soixante couverts. Ces messieurs avaient fait cher-
cher à Strasbourg des femmes dignes de s'associer à leurs
derniers excès en France. Le vin de Champagne avait coulé
à pleins bords, et ces demoiselles prenaient une insolente
part aux plaisanteries de ces amants d'un jour qui les en-
richissaient de nos dépouilles. Le prétexte qu'on avait pris
pour me feire venir était de me demander le chemin le plus
court et le plus commode pour passer le Rhin Les do-
mestiques s'étaient bien promis de surprendre et de fouet-
ter au lever, en les mettant à la porte , ces femmes qui n'a-
vaient pas plus de patriotisme que de pudeur, mais elles
étaient parties avant le jour. » M. Goulmann fit dans les
Cent Jours une brochure pour la Défense des volontaires
royaux qui s'étaient armés pour s'opposer au retour de
l'Ue d'Elbe ; trois ans après il en fit une pour la Défense
des bannis.
Le meurtre du maréchal Ney le désafectionna assez vite
des Botirbons auxquels il n'était point systématiquement
hostile. Le 4 janvier 1830 il épousa, à Paris, M^^* Julie-Ma-
thilde Davillier. Le 20 août, il fut nommé maître des re-
quêtes au conseil d'état. En 1831 il fut élu député à Stras-
bourg, et en cette qualité il fut choisi par un bureau pour
l'examen des lois de finance. Ayant adhéré au compte-rendu
du 2 juin 1832, il cessa de faire partie du conseil d'état. En
1834 il fit le rapport au nom de la commission chargée de
l'examen de la proposition de M. Bavoux relative au divorce.
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134 CHRONIQUE.
Il a aussi entretenu avec la famille exilée d'Arenenberg des
relations auxquelles nous ne nous arrêterons pas. Il fut
Ion É,f temps membre du consistoire supérieur de la confession
d'Aiigsbourg, et en dernier lieu il était membre du consis-
toire de Paris. Il avait vendu son domaine de Grafenberg
prés Brumath et était allé s'établir à Nice. Il est mort à
Paris le 17 septembre 1870. Ses réminiscences forment trois
volumes in-8° (Paris, M. Lévy 1862-69), et méritent qu'on
y atlle glaner.
Jean Léser, poëte, naquit le 13 juillet 1799, à Strasbourg.
Fils d'un tisserand, il suivit les classes du gymnase jusqu'à
sa dix-huitième année et étudia ensuite la théologie, mais
bientôt il renonça à la carrière ecclésiastique pour se vouer
à renseignement. En 1831 il fut nommé instituteur d'une
école de pauvres. C'était une lourde tâche. Le jour, il avait
à instruire environ 150 garçons appartenant aux classes
les plus incultes de la population, et le soir à tenir une
école de nuit pour les apprentis. En 1838 il échangea l'é-
cole des garçons contre celle des filles, ce qui allégea quel-
que peu son fardeau. A côté de cet enseignement public il
donnait à des jeunes gens des leçons de langue et de litté-
rature allemande. Il savait parler et écrire l'allemand, mais
son amour de la patrie , son attachement pour la France
n'en souflÈraient pas ; il était au contraire un chaud patriote
et EL ses yeux la nation française était la première de l'Eu-
rope, parce que la première elle avait combattu pour la
liberté et les droits de l'homme.
Leaer était lié intimement avec plusieurs poètes alsa-
ciens, notamment avec Ehrenfried Stœber, et il a lui-même
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CHRONIQUE. 135
publié: Oedichte nébst litterarischen undhistorischenNoti-
zen, Strasbourg, 1831, in-S^'. La plupart de ces poésies sont
politiques , comme Tindiquent les titres : A la patne, à
LouiS'Phûîppe, aux Polonais, la Sainte Alliance, etc. D'au-
tres sont consacrées à la mémoire d'Alsaciens célèbres,
.d'Arnold par exemple, l'auteur du Pfingstmonta^, mort en
1820, ou dédiées à des amis comme Friedrich le sculpteur,
Les poésies postérieures de Léser doivent la plupart leur
origine à des solennités comme la Fête de Gutenherg 1840,
V Inauguration à Colmar de la statue de Ffeffel, exécutée
par Friedrich, etc. Ces dernières poésies n'ont pas été re-
cueillies.
Enfin Léser a rédigé plusieurs livres de classe , qui ont
pour but de répandre la connaissance de la langue fran-
çaise parmi les populations des campagnes de l'Alsace. En
1863 il se retira de l'enseignement public, après 34 ans de
service. Il mourut le 1*' décembre 1870, après une longue
maladie, aimé et estimé de tous ceux qui l'avaient connu.
Il a lui-môme éloquemment exprimé ses sentiments inti-
mes dans la dernière strophe d'une poésie dédiée à son ami
G. W. Becker, à Mutzig :
«Taimai guetter le pas sérieux du temps,
Et quoique faible, versai dans mon chant,
Ce que je trouvai, la vérité et le drcdt.
Affligé par les intrigues des hommes,
Je me retirais d^un tumulte sans grandeur,
Et me sentais heureux au pays des songes.
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w
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TROISIEME PARTIE
VAKIÊTÉS
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TBOISIEME PARTIE
VARIÉTÉS
L'ALSACE FRANÇAISE
SELON Thomas Murner.
Parmi les livres de la bibliothèque de Strasbourg, dé-
truits dans la nuit du 24 août 1870, s'en trouvait un de
Thomas Murner, la Nova Germama, parue en 1502, où le
moine franciscain soutient, contrairement à Wimpheling,
que la Germanie faisait partie de la Guule dès Auguste. Selon
Murner, la rive gauche du Rhin est un domaine naturel et
légitime des rois de France et Strasbourg, en particulier,
est une ville gauloise; Murner se rattachait de la sorte au
groupe qui vers la fin du XV* siècle, manifestait des ten-
dances vers une réunion à la France. La France avait sou-
vent fait soutenir, par ses juristes et ses hommes d'état, que
sa domination légitime allait jusqu'au Rhin, que la terre
française, la terre salique se prolongeait jusqu'aux rives
de ce fleuve, que tout l'ancien royaume d' Australie était
une dépendance de la couronne et que celle-ci n'en avait
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140 VARIÉTÉS.
été dépouillée que par le malheur des temps, indûment et
d'une façon passagère. Quand le dauphin, depuis Louis XI,
vint, à la tête de ses bandes d'Armagnacs, ravager l'Alsace
en 1444, Q prétendait reconquérir un membre de l'ancienne
France. On en pourrait citer de nombreux témoignages.
Olivier de la Marche disait: « Je trouve par les anciennes
croniques et escritures que le royaume de Bourgongne s'é-
tendait bien avant comprenant Piedmont, Ast, Provence,
Dauphiné, Savoie, duché et comté de Bourgongne et jus-
qu'à Sens et de l'autre part Ferratte et Lorraine, Bar et
grande partie des basses Allemaignes et jusques au Rhin. »
Et Charles VII disait à l'empereuï d'Allemagne dans
Tannée môme où il envoyait le dauphin en Alsace: c Nous
avons cédé d'autant plus volontiers à ce désir (de réprimer
les Suisses) que la couronne de France a été, depuis beau-
coup d'années dépouillée de ses limites naturelles qui al-
laient jusqu'au fleuve du Rhin et qu'elle veut y rétablir sa
souveraineté. »
Cette doctrine nationale de l'ancienne royauté sera sur-
tout mise en lumière au XVI« siècle par François I«' et
Henri H, et poursuivie au XVIP par Henri IV, Richelieu,
Mazarin et Louis XIV. On verra alors une foule de légistes
ressusciter cette vieille prétention, souvent ajournée, mais
jamais abdiquée, que tout l'empire cis-rhénan de Charle-
magne est terre de France, que le droit des Carlovingiens
a passé à Charles le Simple, que les renonciations forcées
ou surprises de Louis m et de Carloman étaient nulles à
raison de la bâtardise prétendue de ces princes, que le do-
maine français est de sa nature et par essence inaliénable
et imprescriptible et qu'il suffit qu'un état ait été une seule
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VARIÉTÉS. 141
fois détenu par la France pour être perpétuellement fran-
çais.
Ces théories auront pour organe principaux Le Royer de
Prade, Jacques de Gassan , Blondel , Aubery et beaucoup
d'autres. L'on mettra bien Aubery à la Bastille pour apai-
ser l'électeur de Mayence, mais il en sortira chargé d'hon-
neurs, et en 1679 Duval dira dans son livre des Acquisitions
de la France^ en parlant de l'Alsace : « Le domaine de ses
ancêtres que Sa Majesté a reconquis avecque tant de valeur
€t de justice.... Nos roys ont possédé l'Alsace pendant plus
de deux cents ans; elle faisoit partie pour lors du royaume
d'Austrasie et elle a même quelquefois porté le nom de
Petite-France. »
Ces tendances à un retour dans le sein de la France fu-
rent combattues par Wimpheling dans un écrit intitulé :
Germama ad rempublicam argentinensem. Cet écrit était
compris dans un volume in-4<», imprimé par Jean Pruss,
entre une déclamation de Philippe Béroalde et un discours
sur l'Annonciation de la Vierge, adressé à l'université de
Heidelberg. L'impression est datée du 13 des calendes de
janvier 1501. En 1649, Jean -Michel Moscherosch donna
une nouvelle édition de l'ouvrage chez Pickel, sous le titre
de CiS'Rhenum Germania, in-4°, de VI-47 pag., suivi, entre
autres, d'un quatrain de Thomas Vogler, parfumeur à
Strasbourg, et d'une autre poésie de Jean Hûner.
"Wimpheling avait composé son écrit en latin et en alle-
mand. Il ne fit paraître, en 1501, que le texte latin. Les tri-
bulations que ce livre lui attira, le décidèrent à retenir la
version allemande, qui ne vit le jour qu'en 1648, chez l'im-
primeur Jean-Philippe Mulben, par les soins de Mosche-
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142 VARIÉTÉS.
wich. « BeaKCOup des nôtres, dit Wimpheling dès la pre-
mière page, ont plus d'affection pour le royaume de France
que pour l'empire germanique. > H n'en continue pas moins
à développer son paradoxe, mais ses preuves sont d'une
valeur qui n'a pu sembler irrésistible qu'aux Figaro de
l'époque et la Germania n'a pas môme eu le don d'ar-
rêter le dernier auteur qui se soit occupé de Wimphe-
ling, M. Adalbert Horawitz {Historische Zeitschrift 1871).
C'est le môme Wimpheling qui a vanté la découverte par
les Allemands, des homhardœ ou canons , bien différent
de Luther qui les appelle « une invention du diable, dont
Adam serait mort de chagrin. »
Quand Wimpheling et ses amis surent que Mumer ve-
nait d'achever une réfutation de la Germania^ ils en furent
très émus. Mumer était dans des rapports d'amitié avec
Wimpheling; il le visitait souvent, mangeait chez lui, lui
empruntait des livres \ Wimpheling eut un entretien avec
Murner, à la suite duquel le moine lui envoya son ma-
nuscrit avec une lettre qui autorisait Wimpheling à le je-
ter au feu. Le fit-il? On n'en sait rien, mais Murner en
avait une copie. Cédant probablement à des influences
qu'il n'était pas le maitre de détourner , il la porta à l'im-
primeur Jean Gruninger son ami, dont l'atelier se trouvait
rue de l'Outre. Wimpheling se montra très irrité: il appela
tous ses amis à sa défense et déposa môme une plainte en-
tre les mains du magistrat.
Celui-ci, épouvanté à l'idée du levain dangereux que le
libelle du franciscain pouvait jeter dans les esprits, fit man-
* Jung, Beitraege zu der Geschichte der Reformation II, 247.
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VARIÉTÉS. 143
der Grûninger et l'obligea de jurer qu'il ne publierait pas
le livre de Murner. Six cents exemplaires étaient impri-
més, mais seulement six vendus. L'acte du magistrat fat
confirmé par l'empereur Maximilien, dont le secrétaire
Pierre Vœltsch se présenta à cet effet devant le sénat de
Strasbourg en 1503 *.
Grûninger a tenu son serment. Le pamphlet fut jugé
si dangereux, a dit M. Gh. Gérard, que le sénat n'en ré-
serva pas môme un exemplaire pour les archives ; l'archi-
viste Wencker seul aurait eu en sa possession quelques
feuillets épars de la Naoa Germania. Des six exemplaires
vendus, un est peut-être celui qui a été brûlé, les cinq au-
tres exerceront l'appétit des bibliophiles.
P. S. Un exemplaire de la N&oa Germania se trouve à
Copenhague, mais il ne contient que la deuxième partie :
Oratio ad capituîum. Un autre est déposé à la bibliothèque
cantonale de Zurich ; M. de Liebenau, le savant archiviste
du canton de Lucerne, a l'intention de le réimprimer avec
d'autres pièces relatives à Murner.
* Voy. notre Lettre sur les archives de la viUe de Strasbourg y
page 13.
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II
L'ALSACE FRANÇAISE
DE Guy Boucher.
Alsace francoise, ou Nouveau Recueil de ce qu'il y a
de plus curieux dans la ville de Strasbourg, avec une
explication exacte des planches en taille douce qui le
composent. Strasbourg, chez G. Boucher, marchand-libraire
rue des orfèvres MDCGVI. 1 vol. in-fol.
Tel est le titre d'un volume rare, dont les exemplaires
sont composés différemment, ainsi le nôtre n'est pas com-
plètement pareil à l'un ou à l'autre de ceux qui ont été
jadis examinés par Egmont Massé. Il renferme: i<* Un avis
au lecteur; 2^ une dédicace à M. de Klinglin; 3*> une vue et
un plan de Strasbourg; 4° la cathédrale avec une notice
française; 5° Vue en perspective du dedans de la cathédrale ;
6° vue du maltre-autel avec une description; 7° Gravure
représentant l'horloge avec une page de description en
regard; 8° Explication des lettres marquées à la ville de
Strasbourg. Des planches qui représentent les modes de
Strasbourg; 9° une lettre sur l'Alsace, de quatre pages.
L'explication des planches de modes est rédigée avec une
naïveté qui nous engage à la reproduire.
t Huissier et garde, — La planche de l'huissier et garde
ou archer de ville représente la place où est la maison de
ville, parce que c'est le lieu où ils ont le plus souvent affaire,
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VARIÉTÉS. 145
à côté de laquelle on voit la vieille monnoye; qui est un
bâtiment ancien et curieux ; on y voit une horloge dont les
heures sont frappées par un homme de guerre revêtu d'une
armure à Tantique et par la mort, comme vous pouvez le
remarquer au fond de cette planche.
Mimstre et riche bourgeoise. — Le sujet de la planche
du ministre et de la riche bourgeoise choisi pour faire con-
noltre la manière modeste et ancienne que Messieurs les
Ministres ont toujours conservée dans leurs habillements
aussi bien que celle des bourgeoises de distinction dont les
habillements sont très propres et magnifiques, elles y em-
ploient la soie, Tor et la dentelle, mais cela avec tant de
modération qu'elles en sont louables : le fond de la dite
planche représente le bout de la grande place, on y voit le
bas de la Tour aux Pfennings et la maison attenante dans
laquelle est le Trésor où Ton paye et on reçoit ce qui est
deû à la Ville.
Habit de cérémonie et Marraine. — Ce sujet a été choisi
pour faire voir trois différents habillements ; celui de la
sage femme est Thabillement d'une femme d'Artisan, allant
par la ville et à des Cérémonies médiocres. Celle qui a le
gros Bonnet est en habit de grande cérémonie; l'autre est
pour faire voir de quelle manière les filles se coëffent lors-
qu'elles vont être Marraines. Il faut aussi remarquer que
lorsqu'une fille se va marier, elle est coëffée de la môme
manière, ce qui fait que je n'ay point mis ici de Mariée ; le
fond est la porte d'une église.
Marchande de tabac— Ceci a été pris, parce que le Tabac
est une marchandise très commune et abondante dans le
pays et pour faire voir l'habit d'une servante proprement
10
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146 VARIÉTÉS.
habillée et de la Marchande qui est dans sa Boutique; son
habillement est un peu plus simple, que lorsqu'elle va par
la Ville; le Cavalier que vous voyez, n'est là que par acci-
dent; le fond est une Boutique à Tabac.
FfVe damant. — Cet habillement est celuy dont les filles
de Strasbourg se servent ordinairement, lorsqu'elles vont
à la Danse, ou à la promenade, ou à quelque visite, mais
elles quittent le chapeau lorsqu'elles sont mariées et ces-
sent de porter leurs cheveux en tresses, et pendants; le fond
est lin jardin.
Femme en hahit et Esté et Pescheur. — Ce sujet est pris
pour faire voir la propreté des Bourgeoises allant au mar-
eh^ ûïi par la ville, l'homme qui la suit est un pescheur de
quelffue village proche Strasbourg, le fond est une fontaine
ou pompe qui est sur le marché aux poissons en cette ville.
Femme revenant de la vûle, — Cette femme et la ser-
vante sont en habit d'hyver, c'est pourquoy on les a mis
flans an Poésie qui est représenté à côté de la fille qui tient
un enfant: derrière la femme est représenté un buffet à la
mode du pays enrichi de Gobelets de vermeil et autres
vaisseaux d'argent et de verres magnifiques. La fille est
ainsi désignée pour faire connaître leur habillement par
derrière, et leurs cheveux tressés comme elles les portent.
Grand et petit deuil — La figure habillée de blanc est
le grand deuil et cet habit ne se porte que dans le temps
de Venterrement et seulement par les plus proches pa-
rentes, comme fille, sœur ou Nièce du deffunt: l'autre figure
r^préî^ente l'habillement de toutes les femmes invitées à
l'enterrement, la même Coëffure se porte tous les jours pen-
pant le deuil et les jours qu'elle vont à la Gène ; vous voyez
I
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VARIÉTÉS. 147
dans le fond un de ces chariots qui leur servent pour
aller aux enterrements, car tous les cimetières sont hors
de la Ville.
Fïlle de la haute Alsace visitant un bourgeois, — Cette
planche fait voir que les filles de la haute Alsace s'habil-
lent autrement qu'à Strasbourg: Cet homme qui est dans
son négligé paroist en se rafiraîchissant donner des ordres
à son tValet dans le temps qu'il reçoit cette visite. Vous
voyez dans le fond une petite fontaine d'étain proprement
entretenue, attachée contre le mur, lequel meuble n'aban-
donne jamais les poêles; cela sert pour laver les mains :
on a mis aussi des vitres, pour en faire voir la manière la
plus ordinaire dans le pays, lesquelles vitres sont rondes,
comme vous les voyez.
Paysanes des environs de Strasbourg. ■— Pour faire voir
comme ces Paysanes sont habillées, on a choisi cette occu-
pation parce qu'elle leur est plus ordinaire et qu'étant sur
le bord de la rivière, on y fait voir dans le fond, le Wasser-
zoU, qui est un lieu de promenade assez connu de ceux qui
ont séjourné en cette ville : on y va se divertir par eau et
par terre. Cet endroit n'est pas à un quart de lieue au des-
sous de Strasbourg. »
Dans la dédicace à M. de Klinglin, Guy Boucher dit qu'il
est le premier qui ait entrepris « de faire de l'Alsace une
explication en français, » et il parlait ainsi vingt-cinq ans
après la capitulation de Strasbourg; les conquérante^ de
1870 n'ont pas attendu aussi longtemps pour expliquer
l'Alsace en allemand; quand on n'est pas sûr du lende-
main, il faut se hâter.
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m
UN PRÉCURSEUR DE MM. TREiTSCHKE. SYBEL. ETC.
Ûe n'est pas d'aujourd'hui que des professeurs arran-
gent l'histoire à un point de vue étroit et pratiquent le pé-
dant tsme dans la platitude, il en était déjà ainsi en l'an
de grâce 1663, quand l'Alsace relevait de la France et
Strasbourg de TAllemagne. L'abbé d'Olivet raconte que
Louis xrv, voulant récompenser les savants les plus célè-
bres, Colbert chargea Chapelain de lui en dresser la liste,
qiii fut composée de soixante personnes, quarante-cinq
Français et quinze étrangers. Au nombre des étrangers on
remarque Bœklerus. Jean Henri Boeder naquit en 1611 à
Cl onheim en Franconie, d'un docteur en théologie pasteur
de L endroit. 11 fut professeur d'éloquence à Strasbourg de
IfSl à 1632. En 1648, il fut appelé à Upsal par la reine
Christine qui le nomma son historiographe. Sa santé le força
de revenir à Strasbourg où il obtint ime chaire d'histoire
et d'éloquence en 1651. Conseiller de l'électeur de Mayence
en 1*562, et de l'empereur Ferdinand III en 1663, il mourut
en 1673. Le 20 juin 1663, Colbert lui adressa la lettre sui-
vunte que Chapelain avait préparée :
La réputation que vostre mérite vous a acquise pour la
beauté de vostre sçavoir et surtout pour la connoissance
k
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VARIÉTÉS. 149
de l'histoire, ayant passé jusqu'au Roy, Sa Majesté, qui ne
fait rien plus volontiers que d'honorer de ses faveurs la
vertu en ceux où elle se rencontre, pour vous donner une
marque de l'estime qu'elle fait de la vostre, m'a commandé
de vous envoyer la lettre de change qui accompagne ce
naot, et de vous assurer de sa royale protection aux occur-
rences où elle vous sera nécessaire. Je m'acquitte du com-
mandement qu'il luy a plu de m'en faire ; j'en souhaite de
semblables à l'avenir, par où vous puissiez connoistre la
volonté que j'ay d'estre toujours, Monsieur, vostre très-
humble et très-affectionné serviteur. (^Archives de la ma-
rine, Recueil de diverses lettres, fol. 67.)
Conformément à cette lettre, l'état des gratifications
faites par Louis XTV année 1664 porte : au sieur Bœkle-
rus, bien versé dans l'histoire et dans les humanités,
900 livres.
En 1665, Boeder est appelé : premier professeur de la
ville de Strasbourg, en 1667 : premier professeur en his-
toire et politique en l'Académie de Strasbourg. En 1669, les
qualifications diminuent : Au sieur Bœklerus, professeur en
histoire : en 1669, il y a Bœklerus tout court. L'année 1671
est la dernière qui mentionne Bœcler.
Rien n'est plus curieux que de voir, dans les lettres de
Chapelain, les motifs déterminants de ces gratifications. Si
quelques-unes avaient pour objet de récompenser ou d'en-
courager de vrais littérateurs, que de fois, surtout quand
il s'agissait des pensions étrangères, c'était le désir de pro-
duire de l'effet, d'obtenir pour Louis XIV des louanges re-
tentissantes î « Entre tous les écrivains que Sa Majesté
honore, disait Chapelain, ceux qui me semblent les plus
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150 VARIÉTÉS.
dignes d'estre ménagés sont les historiens et entre les his-
toriens, ceux qui traitent des affaires présentes, ou qui ont
relation aux nostres. Vous le croyez ainsy sans doute,
Mgr, et c'estoit l'opinion des deux fameux cardinaux qui
ont fait le bonheur de la France.. » G^agner les écrivains
qui travaillaient à l'histoire contemporaine, tel était l'objet
r^ipital des gratifications! Ainsi Gonring fut chargé d'éta-
blir les droits de la Reine sur les Pays-Bas espagnols.
Quant à Bœcler, voici les passages des lettres de Chapelain
R Golbert, qui le concernent :
8 juin 1665 : « Vous ne serez pas sans doute fasché de
voir accomply l'ouvrage que j'avais fait entreprendre à
ce gentilhomme allemand , M. Wagenseil, pour répandre
par tout le nord la gloire du Koy et vostre mérite dans
Testablissement du commerce des Indes orientales. Je
Mi'estois bien donné l'honneur de vous en faire voiries
le ai lies séparées, à mesure qu'elles s'imprimoient à Stras-
bourg ; mais maintenant je vous les porte assemblées en
im corps , à la teste duquel vostre éloge paroist en des
termes dignes de vous et qui aprennent à tous les peu-
jjtes de la langue germanique quelle est l'élévation de
vostre âme et le zèle qui vous consume pour le service de
nostre grand Roy et pour l'avantage de son Estât. Le
soin de cette impression est deu à M. Bœklerus, auquel le
bon traducteur de ces diverses pièces les avait confiées
pour les publier, et ce savant professeur m'a témoigné,
en m'envoyant ces quatre exemplaires pour vous, qu'il
avait esté ravy d'avoir eu cette occasion de servir à la
louange d'une personne d'une vertu si extraordinaire et
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VARIÉTÉS. 151
à qui seul il estoit redevable des grâces singulières qu'il
avoit reçue de Sa Majesté... »
i7juiUeti&55. — «...Je reçois présentement une lettre de
M. Bœklerus, cet excellent professeur de Strasbourg, dont
rextrait ira avec la mienne, où vous verrez la passion qu'il
a de vous tesmoigner sa reconnaissance par quelqu'une de
ses propres compositions et l'instance qu'il me fait de pres-
sentir si vous sofÊririez qu'il vous fist copier l'histoire
qu'il a faite des trois années 1643, 1644, 1645 de la guerre
de Danemark, pour la joindre aux manuscrits politiques
de vostre bibliothèque.
Vous me ferez la grâce, s'il vous plaist, Monsieur, de
m'ordonner là-dessus ce que je luy dois répondre. Je l'ay
déjà averti que pour vous plaire il fallait tourner toute sa
gratitiide vers le Roy : mais tous ceux qui vous sont obli-
gés croyent qu'un ressentiment n'empesche pas l'autre, et
ce vertueux historien estime que vous pouvez d'autant
plus recevoir le sien que n'estant point public par l'impres-
sion, c'est comme s'il n'estoit point du tout...»
3 aoust 1666 -— « J'attends de jour en jour le manuscrit
de ces trois années de la guerre entre Suède et Danemark,
dont M. Bœklerus a composé l'histoire, laquelle n'osant
rendre publique par la voye de l'impression, il la veut au
moins consacrer à vostre nom, et luy obtenir une place en
vostre bibliothèque. Ce volume sera curieux et utile en
tout, mais principalement pour les secrets motifs de la cou-
ronne de Suède qui y sont découverts, et qu'il a eus en
confidence d'elle lorsqu'il estoit à son service. Cependant
j'ay reçu de luy un volume in-fol du différend qui s'est
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152 VARIÉTÉS.
meu entré Télecteur palatin, et celui de Mayence, de la
main du mesme M. Bœklerus, engagé à ce travail par ce
dernier où est discutée à fond en termes de droit, la ques-
tion importante dont depuis le Roy a esté élu pour arbi-
tre. Je le fais relier pour le remettre entre les mains de
M, Carcavi, qui vous le présentera à vostre premier
voyage... »
3 septembre 1666. — « L'ouvrage manuscrit de M. Bœ-
klerus, dont je me suis donné Thonneur de vous parler
dans ma précédente, m'a enfin esté rendu pour le mettre
dans vostre bibliothèque, en attendant que la disposition de
choses permette qu'il vous en fasse une offrande publique
et qu'il vous témoigne avec plus d'éclat le ressentiment des
grâces que vous luy avez procurées auprès du Roy. Quand
les affaires souffriront que vous preniez un peu de relas-
che parmy vos livres, M. Carcavi vous présentera celuy-
ci, où je ne doute point que vous ne trouviez de quoy vous
éclaircir du fond de la politique suédoise, qu'il seroit mal
aysé de tirer d'ailleurs, ce savant homme l'ayant pénétrée
et insérée dans cette histoire, lorsqu'il estoit sur les lieux
et appointé par cette couronne.
H est après à disposer les libraires de son pay^ à une
nouvelle édition grecque et latine de Polybe, illustrée de
suy notes et plus ample que celle que Gasaubon dédia à
Henri lY, laquelle il destine par mon conseil à notre grand
monarque, avec une manière de dédicace qui soit moins
une lettre qu'un panégyrique, et où les merveilles de Sa
Majesté soyent gravées si fortement qu'elles puissent tou-
jours durer...»
7 avril 1668. — Toutes vos lettres pour les gratifiés
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VARIÉTÉS. 153
estrangers sont parties, à celle-là près qui s'adressoit à
M. Bœlderus, que M. Perrault a retenue, pour avoir
trouvé sur la liste, écrit de vostre main à costé de son nom,
qu'il estoit mort ; ce qui peut estre arrivé par ma faute,
lorsque pour satisfaire à vostre curiosité, je vous manday
qu'il en estoit mort deux, MM. Reinesius et Bœklerus,* au
lieu de Reinesius et Gevaertiua; et ce dernier il y a deux
ans, des reproches que le marquis de Gastel-Rodrigo luy
fit de recevoir de l'argent du Roy, quoique avec beaucoup
d'injustice, puisques en ce temps-là les deux couronnes
estoient en bonne intelligence.
J'ay feit voir à M. Perrault des lettres de M. Bœklerus,
qu'il m'a écrites le mois passé, lesquelles m'assurent de
sa santé et de la continuation de ses travaux pour l'avan-
cement des belles-letti^es, de sorte que la gratification que
vous leur aviez destinée peut luy estre envoyée en toute
sûreté...»
10 avrûiGli. — « M. Le Ménestrel, qui a reçu le remer-
ciement de M. Bœklerus, vous l'aura sans doute Mt tenir.
Ce dernier gratifié, dans l'avis qu'il m'a donné de la ré-
ception de la grâce, ne trouve point d'assez fortes paroles
pour exprimer combien il s'en sent obligé...»
as septembre 1672. — «Le mesme M. Bœklerus, de Stras-
bourg, qui m'avoit communiqué ces Acclamations latines
sur les conquestes du Roy que je me suis donné l'honneur
de vous envoyer, ;m'ayant depuis tesmoigné la vive appré-
hension que les armes victorieuses de Sa Majesté avoient
jetée dans tout l'Empire, je crus pouvoir l'assurer que leur
crainte estoit vaine et qu'à moins que d'estre troublé en
feveur des Hollandais, dans son entreprise, le Roy ne ten-
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154 VARIÉTÉS.
teroit rien de là le Rhin ; à quoy il m'a fait réponse en ces
termes : « in bello gallo-belgico hœc est mens Cœsaris,
quatenus sdn ci*edtque potest, ut cupiat impermixtus esse
omnibus modis, idque et tempori et patmœ ut9mi esse
multt princtpum judicavere persuasereque ; neque u qm-
fm$ armarivolentibus est aliud suis consHiis quam meram
defensionem in ore et calamo habent; imo eorum nemo qui
sometatem ad promncias Bélgio pemUœtas extendi cupe-
ret hactenus est auditus. Hinc magna nos spes tenet pa-
ccm duraturam et amidtiam Oallicam Imperio constante^'
t.trnamento esse futuram...»
22 octobre 1672. — « Le mesme M. Frischmann, qui se
(lit résident pour le Roy à Strasbourg, et se dit fort connu
de vous, sur la réponse que je luy fis, il y a un mois, que
ie m'estois donné l'honneur de vous envoyer la Batavia
iriumphata, ou acclamations fort éloquentes pour les pro-
grès des armes de Sa Majesté, que je croyois avoir esté
bien reçu de vous, s*est encore avisé de m'écrire qu'il l'a-
voit fait imprimer à Francfort, avec quelques autres piè-
ces sur le mesme sujet, où il justifie l'entreprise de Sa Ma-
jesté et tasche d'effacer les mauvaises impressions que ses
ennemis en ont données aux princes allemands, desquelles
pièces il dit attendre une occasion seure d'en envoyer à
la Cour des exemplaires, et a joint à son billet une lettre
qu'il m'a prié de vous faire tenir.
Son zèle est apparent; pour sa personne que je ne connois
point, s'il est assez heureux pour ne vous estre pas incon-
nu, vous jugerez. Monseigneur, s'il sera digne que vous
considériez le devoir où il se met de servir le Roy en ces
rencontres, et que vous luy en fassiez tesmoigner gré pour
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VARIÉTÉS. 155
le confirmer dans la passion qu'il montre de glorifier au-
tant qu'il peut nostre grand monarque. Sa lettre ira avec
ce mot que je finiray par Tavis trop certain de la mort du
pauvre M. Bœklerus, lun des principaux de vos grati-
fiés... »
Bœkler mourut à propos, car les énormes dépenses de
la guerre de 1672 refroidirent le ministre. Dès cette année
les gratifications aux savants étrangers furent réduites de
plus de moitié et Tannée suivante on les supprima*.
* Voy. Lettres de Colbert, publiées par P. Clément.
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IV
SCÈNES DE MŒURS COLMARIENNES
PENDANT LA GUERRE DE TRENTE ANS.
A mes chers exilés, Théodore, Auguste et Félix Leclaire,
cette ancienne image de la patrie absente.
Je voudrais pouvoir, d'un coup de jDaguette magique,
ressusciter, évoquer de leur tombeau , — de leur corres-
pondance, — quelques bourgeois de Golmar, le greffier-
jsyndic, Jean-Henri Mogg, ses amis, ses parents, ses servi-
teurs, les remettre en scène avec leurs habitudes , leurs
iutérôts, leurs idées, leurs préoccupations, leurs illusions,
leurs soucis, tels que je les vois s'agiter, penser et souffrir
dans quelques lettres de leur main que j'ai là sous les
yeux.
C'était en 1634, la seizième année de la guerre de Trente
ans, dont l'Alsace n'avait guère ressenti les atteintes qu'a-
près 1630. Gustave- Adolphe avait déjà jeté dans la balance
le poids de son épée , et après sa mort , ses lieutenants
avaient rencogné dans le midi de l'Allemagne, une partie
des armées impériales. De leur côté, les états protestants
avaient constitué, sous la protection de la Suède, l'union
de Heilbronn. Il restait à organiser la confédération , à la
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L
YARIÊTÉS. 157
pourvoir de finances, de soldats, d'alliés : Ce fut l'objet de
l'assemblée de Francfort, où Golmar, délivré du joug au-
trichien , était représenté par le syndic Mogg et par le
conseiller Jonas Walch.
Originaire de Hohenstetten, dans le comté de Dietz, Mogg
pourrait être né à Ribauvillé, où, à l'arrivée des Suédois,
il exerçait l'emploi de secrétaire de la régence.
Sa mère , née Wetzel , ses sœurs , ses beaux-frères , ses
oncles maternels, habitaient Ribauvillé. Mogg n'avait
d'autres armes que celles de la feimille Wetzel, trois
quintefeuilles tigées dans un vase. A l'époque où nous
le prenons, il était veuf d'une fille de Jean-Georges Barth,
bourgeois notable de Golmar, qui lui avait laissé une seule
enfant , confiée aux soins de sa mère. Après le retour des
protestants aux affaires , Mogg avait été appelé aux im
portantes fonctions de greffier-syndic de Golmar, où il prit
immédiatement une influence justifiée par une valeur per-
sonnelle incontestable. Il devint le négociateur en titre de
la ville, tant auprès du chancelier suédois Axel Oxen-
•V stjerna, qu'auprès du cardinal Richelieu. Gomme syndic, il
faisait partie du magistrat, et ainsi qu'il était arrivé à
certains de ses prédécesseurs, depuis le milieu du XV®
siècle , il échangea dans la suite ce titre contre celui de
stettmestre : comme tel , il exerça à diverses reprises les
fonctions d'obristmestre. Il mourut vers 1669 '.
L'adjoint qu'on lui avait donné à Francfort, Jonas Walch,
faisait depuis 1633 partie du conseil en qualité de zuhft-
mestre de la tribu de la Bonne foi (zur Treue). G'était
* Cf, Listes du renouvellement du conseil. (Archives de Coï-
mary BB.)
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158 VARIÉTÉS.
une des bonnes plumes de radministration, et dès Tannée
1635 , il fut promu au magistrat comme troisième bourg-
nu -tre ; il y figure jusqu'en 1643 *. Son séjour à Francfort
ne m prolongea pas aussi longtemps que celui de Mogg, et
après son retour , il lui écrivit quelques lettres familières
pleines de charme et de belle humeur.
Ud autre des correspondants de Mogg, c'était son beau-
père , Jean-Georges Barth , qui exerçait à ce moment les
fonctions de receveur de Vumgeld (umgelder), h'wngeldse
prélevait en nature sur le vin qui se débitait à pot et à
pinte j perçu d'abord au profit exclusif du fisc , il fut dans
la suite partagé par moitié entre la ville et le grand bailli
de Haguenau. Vuntgelder, pris quelquefois parmi les
stettmestres , était , à vrai dire , le receveur des deniers
cominunaux.
Après Walch et Barth vient en première ligne , et pour
Tattiuit et le nombre de ses lettres , un jeune honmie de
Strasbourg, Jean-Ulrich Reicheisen, confié à Mogg comme
apprenti , et devenu le scribe de la chancellerie. Dans ses
rîipports de dépendance , on ne distinguait pas nettement
la nature des services à rendre , et Mogg traitait Reichei-
sen^ non comme un commis, mais comme un serviteur qu'il
était en droit d'appliquer à ses affaires privées , et qu'il
avait à gouverner, j'allais dire comme tout autre domes-
tique , si dans l'attachement que lui témoignait le jeune
homme il n'y avait eu quelque chose de vraiment tendre et
presque de filial.
A oe moment, Golmar ne prétendait pas encore jouer un
roie dans les affaires de l'union ; les pleins pouvoirs qu'il
' rhideiD.
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VARIÉTÉS. 159
avait donnés à ses députés, datés du 11 mars 1634, ne vi-
saient qu'à obtenir la modération de ses charges de guerre
et à sauvegarder d'autres intérêts particuliers devant le
consilium formatum qui , sous la direction du chancelier
Axel Oxenstjema, formait l'exécutif de l'union. Es avaient
à réclamer contre la garnison , dont l'insolence n'était
plus tolérable , et que leurs commettants proposaient de
remplacer par cinq cents hommes de nouvelles levées,
dont d'eux cents à leur solde. La présence du rhingrave
Qthon-Louls à Golmar, où il tenait une cour princière, la
fourniture de munitions , d'outils , de chevaux , à l'armée
suédoise , la mise en état de ses fortifications , tout cela
imposait à la ville d'énormes dépenses : ils devaient en de-
mander, sinon la réduction , du moins la répartition sur
un plus grand nombre de localités, et la création de nou-
velles ressources applic£Q)les à ces charges. Enfin ils de-
vaient demander la cession des deux villettes de Herrlis-
heim et de Soulzbach, dont les seigneurs, MM. de Schauen-
bourg, étaient les débiteurs de Golmar pour une .somme
de 6575 florins ; du bailliage autrichien de Bergheim, pour
couvrir la ville d'une avance de 41025 florins, faite depuis
nombre d'années aux états des pays antérieurs; des deux
villages de Holzwihr et de Wickerswihr, comme gages
d'une créance de 13000 florins contre les nobles de Mont-
joie. Le temps des deux députés était limité, et il semblait
que tant de démarches et de sollicitations devaient absor-
ber tous leurs instants, qu'il ne leur resterait aucun loisir
pour stiivre les travaux de la conférence. Mais les circons-
tances en décidèrent autrement : quand ils se rencontrè-
rent avec les représentants de Wissembourg , de Landau
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160 VARIÉTÉS.
et d'autres villes sur lesquelles Golmar prenait le pas,
Mogg et Walch n'y tinrent plus , et de crainte que leur
abstention ne compromit le droit de préséance de leurs
commettants , ils se décidèrent à occuper le siège qui leur
était dû. C'était agir sagement; car, on le sait de reste,
une fois qu'on avait perdu son rang dans une diète , il
n'était pas facile de le ravoir, et de là des difficultés sans
nombre qui absorbaient plus de temps que dans nos as-
semblées modernes les préliminaires les plus orageux. Le
chancelier polonais Zamoîski le disait bien : « Germanos
in suis consUiis comitiorum fere mhû cdiud agere qaœm
ut sessionibus digladientur, »
Voilà donc nos deux députés qui courent, comme on dit,
deux lièvres à la fois, mais il est certain que, pour leurs com-
mettants, les petits intérêts de la ville faisaient bien mieux
leur affaire que les questions de politique transcendante
qui se traitaient à la diète. Dans les commencements sur-
tout , leur correspondance s'en ressent. Dès qu'il ne parle
point de ses propres affaires, les lettres de Vumgélder
Barth n'ont trait qu'aux questions d'argent , aux créances
de la ville et des particuliers , qui plaçaient volontiers
leurs économies chez les nobles du voisinage , ou chez les
ducs de Wurtemberg qui de tout temps furent de grands
emprunteurs. Puis c'est le vin envoyé à Strasbourg pour
y être vendu, les autres denrées qu'il ne faut point perdre
de vue, si elles n'ont pas de cours, si elles sont dépréciées,
raison de plus pour les garder, wan em dmg unwe7^ , so
sol mansz wohl zuo raht halten , maxime digne d'un spé-
culateur de notre temps.
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VARIÉTÉS. 161
Ces préoccupations constantes touchant le mammon
d'iniquité n'excluaient point une piété grave et réfléchie
qui, dans ses lettres, se confondait avec la politique et les
recherches du style épistolaire. Chaque fois le respectable
et cérémonieux beau-père adressait à l'avance à M. son
gendre très cher l'expression de son affection et de sa fidé-
lité paternelles , avec mille souhaits pour le salut de son
âme et la prospérité de son corps : Vetterliche lieb vnd
treiw , mit vnnschung aller wohifart der seelen vnd desz
leibs sein euchjederzeits heu(yr; vihl geliebter her dochter-
man, ce qui ne le dispensait pas en terminant de se recom
mander lui et son gendre à la divine Providence , avec un
post-scriptum pour les politesses de la belle-mère.
S'U est plein de prévenance pour son gendre le syndic,
Barth est respectueux pour les autres membres du magis-
trat. En dépit de certains soupers familiers , où devait
souvent se rompre la glace, il ne parle jamais de son com-
père l'obristmestre Conrad Ortlieb , sans lui donner, à dé-
faut de l'excellence, du moins de la sagesse : I?iro Weisheit
mein gebietender her der oberst meister.
Un trait qui donne le ton à une bonne partie de la cor-
respondance , c'est que tout en se montrant si soumis , si
attentif, je dirai presque si humble à l'égard de son gendre,
Barth maltraitait et desservait sans remords son commis
le jeune Reicheisen. Celui-ci, garçon d'une vingtaine d'an-
nées , était resté seul habitant de la chancellerie , faisant à
la fois les expéditions courantes et gouvernant le ménage
de son patron sous la haute direction du peu commode
beau-père, qui ne tarda pas à le prendre en grippe. Quoi
11
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162 VARIÉTÉS.
qu'il fit, le vieux Barth le trouvait négligent, le suspec-
tait, et de ses plus innocentes récréations il feisait des cas
pendables.
Entre autres fredaines, il le dénonça un jour à son gendre
pour avoir tké des pétards en compagnie d'auti*es préten-
dus mauvais sujets. Ce qui aggravait ses torts, c'est qu'il
s'était esquivé d'un souper de famille , chez le beau-père,
qu'il ne s'était pas retrouvé à l'heure pour ramener une
parente, une frau bass, qu'on avait priée de rester, et que
le vieillard avait failli se déranger, sur les neuf heures,
pour la reconduire lui-môme.
Pendant ce temps on brûlait, sur le bastion Saint-Pierre,
des pièces d'artifice, qui faisaient de telles détonations, pré-
tend-il, qu'on fut sur le point de sonner l'alarme. Deux des
artificiers furent pris sur le fidt et conduits au poôle des
sergents , à la WeibeUtube , qui servait de prison. Rei-
cheisen, désigné immédiatement comme coupable, subit le
même sort le lendemain, ce qui était assurément fort grave
pour le scribe de la chancellerie, et dans sa sagesse M. l'o-
bristmestre en parla à M. Vumgeîder en lui donnant l'ordre
d'en écrire à son gendre à Francfort. Barth n'y manqua
point ; il donna môme à entendre que , sous d'autres rap-
ports encore , la conduite de Reicheisen laissait à désirer,
qu'il était mauvais ménager et tout le reste. Rarement, di-
sait-il , il rentre pour souper, et on le trouve moins à la
chancellerie que chez un voisin qu'il nomme et dont la
maison n'était sans doute pas des mieux ikmées. Le cour-
roux de Mogg fut grand , et il fit par correspondance une
enquête dont le résultat fut d'incriminer môme la dame
qui avait pris part au souper chez le beau-père : Elle s'en
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VAKIÊTfiS. 163
défendit, et, pour la justifier, Barth dut envoyer son apo-
logie à Francfort. Avouons toutefois qu*à notre point de
vue moderne, qui était aussi le sien, le pauvre Reicheisen
n'était pas aussi coupable qu'on le faisait : Les pétards
qu'il avait tirés , huit ni plus ni moins , c'était lui-même
qui les avait fabriqués à Strasbom'g , il y avait deux ans
passés ; il se les était fait apporter par son père qui, loin
d'y trouver rien de déshonnôte , mchts unehrliches , avait
jugé que c'était un exercittum convenable pour la jeu-
nesse. Le feu d'artifice n'avait du reste offensé âme qui
vive, n'avait porté dommage à personne ; plusieurs l'ont
loué, et s'il avait pu penser que cela tournerait ainsi , les
pétards auraient chômé bien deux ans encore avant d'être
utilisés, n connaissait son patron, et il sentait que si Mogg
avait été à Golmar, on ne lui aurait pas cherché noise.
Dans une de ses lettres, du 26 avril, il fait un appel qui
dut le toucher : « Je supplie monsieur, dit-il, pour l'amour
de Dieu , de me faire savoir quand il compte revenir, car
je n'ose presque plus être seul ; j'ai déjà versé plus de
larmes que si j'avais perdu père et mère, et quoi qu'on ait
,. pu dire de moi à monsieur, je n'ai eu jusqu'ici que peu de
pensées riantes. »
Dans une autre occasion , Reicheisen fat dénoncé à son
patron comme ayant pris part à une chasse aux serpents.
La Grèce antique faisait honneur à ses héros, à ses demi-
dieux de la destruction de ses dragons , de ses reptiles , de
ses monstres fameux : à Golmar, l'extermination de mal-
heureuses couleuvres fut un prétexte pour en faire avaler
à notre excellent jeune homme Or non-seulement il était
innocent de cet exploit cynégétique, mais encore il en était
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164 VARIÉTÉS.
incapable. Il s'en explique lui-môme dans une lettre du
5/15 juillet : < Pour ce qui est de la chasse aux serpents,
monsieur peut être certain que , bien loin de les attra-
per, je ne voudrais môme pas les jtoucher, et les bons
messieurs qui lui ont fait ce conte, l'ont pour sûr rôvé, ou,
comme on dit , ils ont entendu sonner, mais sans savoir
où. Voici le Mt tel qu'il s'est passé. Je revenais avec votre
vigneron de voir votre champ, quand je rencontrai le
greffier de M. le commissaire des guerres Brombach, por-
tant un serpent enveloppé dans un sac. Je ne me déûais
de rien, et nous fîmes route ensemble pour rentrer en ville.
Arrivés à la porte du Pont-de-Pierre (de Bàle) , le serpent
s'évada du sac et s'enroula autour de mon pied. A cette
vue , mon sang se glaça presque dans mes veines ; cepen-
dant mon effroi ne m'empêcha point de me débarrasser de
la bote. Quelques bourgeois de garde à la porte crurent
que c'était moi qui l'avais prise. Pour moi , je rentrai me
coucher, sans avoir personne à qui me plaindre ; je fus
indisposé pendant trois jours , et ne pus manger ni boire,
ce dont personne ne fut plus marri que moi. »
Cette lettre était une véritable Oratio pro domo svta, et
je ne résiste pas au plaisir d'en détacher encore quelques
passages. Reicheisen avait reçu de son seigneur et maître
une lettre du 24 juin où, à l'instigation du vieux Barth, il
le chapitrait de la belle sorte. Le serviteur en parait pro-
fondément affecté, mais ne perd rien de sa douceur et de
son sangfroid : « Ce n'est pas pour rien , s*écrie-t-il , que
j'ai refusé d'abord de demeurer seul dans cette grande
maison (la chancellerie , actuellement le N*> 39 de la rue
des Juifs), vide de bêtes et de gens, pour ine mettre au
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VARIÉTÉS. 165
service de tant de messieurs et complaire à chacun : Mais
je me consolais en pensant que cela durerait au plus quatre
ou six semaines, tandis qu'il y en aura bientôt quatre fois
quatre. On m'accuse de perdre mon temps à la promenade :
c'est beaucoup dire, et je défie qui que ce soit de le prou-
ver. Monsieur n'a pas oublié qu'à son départ il m'avait
recommandé d'avoir mes heures de travail fixes , passées
lesquelles je devais aller voir tantôt au jardin de ville,
tantôt aux autres propriétés, et parler aux vignerons pour
qu'ils soignent leur ouvrage. C'est ce que j'ai toujours fait
jusqu'ici ; tandis que si on s'en était fié au père iXumgeU
der), je crois que nous en verrions de belles , car il a bien
assez de ses propres affaires , et ne se fait pas faute de me
le dire S'il m'arrive de causer dans la rue avec d'hon-
nêtes gens, on en infère inamédiatement que nous sommes
intimes ou que nous sommes en promenade. Cependant
monsieur qui est un homme si raisonnable doit com-
prendre qu'il ne m'est pas possible de me claquemurer
jour et nuit dans la maison comme un prisonnier : le bétail
môme sort et prend l'air ; pourquoi le défendrait-on à une
créature humaine qui n'en abuse point ? Jamais il ne m'est
arrivé de rester dehors à des heures indues , encore moins
de découcher, et surtout je prends Dieu à témoin que je
n'ai jamais attiré qui que ce soit à la chancellerie pour
me tenir compagnie. »
Reicheisen se doutait bien d'où venaient les plaintes : un
des grands griefs qu'on lui faisait , c'était d'avoir manqué
de prendre ses repas chez le vieux Barth : « Je le crois
bien, réplique-t-il : c'est que je suis continuellement dans
le cas d'entendre des propos ironiques et blessants , qui
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166 VARIÉTÉS.
remontent môme jusqu'à monsieur. Combien de fois le
père ne m'a-t-il pas dit que mon maître ne lui avait
laissé que son chien et son serviteur, toutes botes qui ne
lui sont d'aucune utilité , et qui lui font du tort 1 II disait
cela parce que notre jeune Turc lui avait étranglé un pou-
let ; aussi n*a-t-il plus voulu le garder et l'a-t-il envoyé à
Ribauvillé J'en conclus qu'il me reproche les repas
que je fais chez lui ; aussi m'arrive-t-il souvent de manger
à la maison un morceau de pain sec avant de me mettre à
table chez lui. On sait bien , et monsieur tout le premier,
que le père est un original, plein de singularités, prompt
à se fâcher ; quand la colère le prend , ce qui arrive très
facilement, il ne ressemble à personne, et une fois qu'il
vous en veut , dans sa sagesse profonde il n'en démord
plus. »
L'accent sincère de Reicheisen dut frapper Mogg,
d'autant plus que son collègue Jonas Walch, de retour à
Colmar dès le 2 juin, l'avait déjà averti de ne pas prendre
au pied de la lettre tout ce qu'(jp lui disait de son scribe :
« Je n'ai rien appris, lui écrivait-il le 12 juin, de bien par-
ticulier touchant les déportements de votre serviteur : les
grands pères sont quelquefois difiSciles à vivre (suh rosa).^
Quelques jours après, le 21 juin, il lui dit encore : t Je ne
passe jamais devant la chancellerie sans entrer chez vous,
et je dois dire que votre Jean-Ulric fait preuve de dili-
gence. . Aussi messieurs sont-ils contents de lui, et le papa
Barth reconnaît lui-môme qu'il est plus laborieux que ja-
mais. Cependant si vous deviez le remplacer, je ne vous
conseille pas de prendre un damoiseau (Junckher) ou
quelqu'un à qui il faille donner un gros salaire, mais bien
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VARIÉTÉS. 167
plutôt un jeune homme d'honnête famille, qui paierait sa
pension en contractant un engagement pour deux ou trois
ans. » De son côté le vieux Barth qui s'était en effet ra-
douci en voyant son gendre se tourmenter de la conduite
de Reicheisen, lui écrivait le 7 juin : « Pour ce qui est de
votre serviteur, je n'ai eu à son sujet ni peines ni ennuis :
ne vous faites donc là-dessus aucun souci. Pourvu qu'il se
contente de ma table, qu'il vienne à l'heure des repas, et
qu'il remplisse assidûment son devoir à la chancellerie, je
ne pourrai me montrer que parfaitement satisfait. *
Il reconnaissait donc qu'il y avait passgQ)lement de tra-
. casserie dans ses procédés à l'égard du commis ; mais peut-
être au fond y avait-il encore plus le sentiment exagéré
de la discipline à laquelle nos pères soumettaient la jeu-
nesse. A leurs yeux elle était, ainsi que l'exprime le règle-
ment constitutif du gymnase fondé à Goknar en 1604,
«une partie considérable de la famille humaine, la pépi-
nière où Dieu choisit ses ministres et ses administrateurs, »
et conmie correctif aux taquineries de Barth, on peut citer
ce début d'une lettre d'un personnage connu, le greffier de
justice Nicolas Sandherr, qui, pour le plumitif venait im-
médiatement après le syndic, mais sans être du magistrat,
ni même du conseil. Mogg ayant eu besoin d'un secrétaire,
on lui adjoignit en cette qualité le fils de Sandherr, que
son père lui recommanda le 25 juin dans les termes sui-
vants : « Mon fils André ayant été désigné pour vous ve-
vir en aide, je vous prie de vous accommoder de ses modes-
tes capacités et de ses services, et de le dresser selon ses
aptitudes : j'ai l'espoir que, conformément à mes instruc-
tions, il se prêtera à tout ce que vous exigerez de lui, et
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168 VARIÉTÉS.
qu'il pourra à roccasion vous soulager dans votre travsCiL
Mais s'il ne devait pas en tout point se comporter comme
il le doit, je vous prie de lui en témoigner votre méconten-
tement sévèrement et sans ménagement, et de plus de me
le faire savoir à moi-même pour que je puisse agir en con-
séquence. Rarement la jeunesse réunit toutes les qualités,
et tous les débuts sont difficiles. Je compte que mon fils
est assez bien doué pour que, si votre enseignement et vo-
tre direction ne lui font pas défaut, il puisse vous être de
quelque utilité. Les jeunes gens ont besoin d'être tenus,
d'être le moins possible inoccupés. Vous me rendrez hon-
neur et service, et vous m'obligerez beaucoup en usant de •
mon fils et en l'employant de manière à ce qu'il puisse
apprendre quelque chose et gagner de l'expérience. -»
Reicheisen n'était pas seulement exact à remplir son
office à la chancellerie, il gouvernait par surcroît la maison
avec beaucoup de zèle et d'entente. Ses lettres sont pleines
de détails minutieux sur le ménage, sur le jardinage, sur
la culture des champs et des vignes, sur la moisson et la
vendange ; de semaine en semaine il marquait le cours des
denrées, et en dépit des grosses affaires dont il était chargé
à Francfort, rien de tout cela ne semble avoir échappé à
l'attention de Mr)gg.
Le 26 avril, Reicheisen lui rend compte d'une démar-
che des vignerons, qui réclamaient du blé comme complé-
ment de salaire, n est à remarquer qu'à cette époque par-
tie des salaires, des* traitements, voire des contributions
se payait en nature. Il revenait aux ouvriers quatre bois-
seaux ; Mogg crut qu'il ne leur en devait que trois : la con-
testation se termina sans doute à l'amiable.
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VARIÉTÉS. 169
he 14 maiy il Tentretient de sa cave qui exigeait mille
soins. Le vin n'était pas encore soutiré ; il y en avait du
rouge et du blanc, de la piquette (reps), du vin de sauge,
du vermouth qui. tourne à l'aigre. Passant aux vignes, il
lui apprend qu'elles se présentaient on ne peut mieux.
Dans un petit champ il avait fait planter un millier de
choux, tant frisés que cabus ; au jardin de ville, — peut-être
le promenoir clos d'une grille au midi du Palais, dont le
syndic aurait eu la jouissance, — les arbres promettaient
beaucoup de fruits ; malheureusement un semis de radis
dans la couche, — notez les couches dans les jardins de Gol-
mar en 1634, — avait monté en graines, et Reicheisen de-
mande ce qu'il en doit feire. Mogg marqua ce passage de
la lettre d'un trait de plume, et la correspondance revient
à plusieurs reprises sur ces radis qui avaient monté. Il en-
voyait des semences de Francfort, et le vieux Barth et sa
femme venaient de leurs mains les mettre moitié en pleine
terre, moitié dans la couche : l'un et l'autre semis levaient
on ne peut mieux, car c'étaient, remarque Reicheisen, des
gens féconds qui fertilisaient tout ce qui sortait de leurs
mains.
Plus loin, le 30 mai, il mande au syndic que voyant les
soldats faire paître sans vergogne leurs chevaux sur les
remparts, il avait donné ordre à l'économe de l'hôpital de
faire feucher l'herbe qui revenait à son maître en qualité
de membre du magistrat.
Le 7/17 jfwmjle pauvre Reicheisen ne savait plus où don-
ner de la tête : « Je ne dois pas laisser ignorer à monsieur,
écrivait-il, qu'au jardin et au champ tout est beau et ré-
jouissant, surtout les replants et la salade ; mais il n'y a
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170 VARIÉTÉS.
personne ici pour en tirer l'argent que cela vaut. Quand
j'en parle au père et à la mère, ils me répondent qu'ils ont
bien assez de leurs propres aflfeiires. Mais pourquoi votre
mère n'enverrait-elle pas sa servante de Ribauvillé pour
voir à tout cela? Je ne comprends rien aux difficultés
qu'elle fedt : je ne prétends nullement que Léonore (c'était
son nom) demeure ici tout le temps, ni qu'elle s'installe
dans la maison avec moi. Mais faut-il donc tout laisser
feiire à des étrangers qui coûtent le triple? Gela fait pitié
de voir que personne ne vous vient en aide; mais on le
dit bien : quand on aurait besoin d'amis, il en faut trente-
deux à la demi-once.
Preund in der Noth
Gehn zwey und dreissig ufFein loth.
« Tout se gâte et se perd, comme ces radis précoces aux-
quels, dans l'attente du retour de monsieur, le père n'avait
pas voulu qu'on touchât; les voilà montés sans que per-
sonne en ait profité, et pour comble d'ennuis M. Dieflfen-
bach avec sa dame qui est venu de Riquewihr, trouve à
redire à Tinstallation de la couche, et prétend que, dès
l'arrivée de monsieur, il feiudra tout changer. Pour ce qui
est de notre bétail (hébergé à l'hôpital), grâces à Dieu il
va bien, il s'est augmenté d'un agneau qu'on voulait me
livrer mort, mais que j'ai fait garder vivant. Les bouchers
m'en devaient un second qui est également en vie ; cela
va faire toute une bergerie. »
Plus loin, le l^juin, Reicheisen annonce que les vignes
étaient en pleine floraison, nonobstant la Saint-Médard
où il avait fortement plu : il le remarque, parce que bien
des ^ens jugent ique s'il pleut ce jour-là, la pluie durera
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VARIÉTÉS. 171
trente jours sans discontinuer; «rmais c'est une erreur,
car il n'est pas tombé une seule goutte d'eau depuis. »
Les autres correspondants parlent aussi volontiers de
culture et de jardinage : Dfe tout temps Golmar fut une
ville agricole, et la petite culture des légumes et des fruits,
délassement de la journée, était comme une image des
grandes exploitations rurales des riches laboureurs. Ces
jardins où se complaisaient les contemporains de la guerre
de Trente ans, ne devaient guère différer des nôtres, avec
leurs allées à angles di'oits bordées de buis, leurs carrés
de légumes, leurs arbres fruitiers, leur parterre de fleurs.
Mogg ne se lasse d'aucun détail de ce genre. Gomme fleu-
riste il avait la passion des œillets : il en cultivait en pleine
terre et dans des pots (in scherben), et il en avait des es-
pèces variées qui lui venaient de Thann, de Bâle et d'ail-
leurs ; il se les fait décrire quand ils fleurissent, et son
commis savait les jardins où il y en avait de plus beaux,
dont il se procurait des boutures par des moyens plus ou
moins catholiques. Quand il parle des progrés de la végé-
tation, Reicheisen ne tarit pas, et son enthousiasme s'ex-
prime dans des termes dont on sourirait volontiers, si on
ne l'éprouvait pas soi-même dans la saison : Le 28 juin il
s'écrie : « Dans le jardin de ville nous avons déjà trois poi-
riers avec des fruits mûrs : c'est, un plaisir de prince d'y
aller, parce que les fruits mûrissent dans ce moment les
uns après les autres. » Ah I si les princes ne prenaient ja-
mais d'autres amusements I
On dira peut-être que le jeune homme était gourmand,
et que c'était la goinfrerie qui l'inspirait. Nullement : le
5/15 juillet, il annonce à Mogg que tous les fruits se
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172 VARIÉTÉS.
sont gâtés , faute de quelqu'un pour les viendre : « La
mère me disait qu'elle ne peut pas gager une servante pour
l'amour de mes pommes; cependant sur la fin, quand il
n'y en avait pour ainsi dire presque plus, elle consentit à
en exposer un panier un jeudi (jour de marché) devant sa
porte, non pour me fedre plaisir, mais parce que cela fai-
sait nombre avec ses propres denrées. » Ce dernier trait
est encore à noter : de notre temps n'avons-nous pas vu
des millionnaires étaler à leur porte les herbes inutiles de
leurs jardins ? La perte de sa récolte devait être sensible
à Mogg, lui qui, dans une lettre du 17 juin, exprimait à
son ami Walch le tourment que lui causaient les pommes
dont il avait encore ime bonne provision et que son ab-
sence prolongée compromettait au plus haut point; lui
qui, lors d'une pêche pour la table des magistrats, en ap-
prenant qu'il n'avait reçu, au lieu de carpes ou de bro-
chets, rien que du poisson blanc, mettait en marge de la
lettre du 17 mai, où Reicheisen lui annonçait ce passe-
droit : cum protestatione et reservatione soUtis.
Ces habitudes minutieuses , cette économie peignent
l'homme et son époque, et à mon avis elle ne déparent
point l'envoyé qui, l'an d'après, négocia avec le cardinal
Richelieu le traité de Ruel, qui sut gagner la confiance du
père Joseph, au point d'en recevoir une mission pour la
ville de Strasbourg et qui à ce moment représentait digne-
ment notre ville à l'assemblée de Francfort. Notre sort, ce-
lui de la Décapole et de l'Alsace y étaient en question.
Alors qu'il apparaissait à tous les yeux qu'en Allemagne
les états protestants, même appuyés par la Suède, n'étaient
point bastants pour faire échec à la puissance de la maison
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VARIÉTÉS. 178
d'Autriche, l'alliance de Louis XIII était commandée par
la situation. Pendant que la Suède stipulait déjà ouverte-
ment pour la satisfaction dont l'Allemagne devait payer
ses services, l'ambassadeur français M. de Feuquières s'é-
tait borné à demander pour le roi son maître l'importante
place de Philippsbourg, appartenant à l'archevêque de
Trêves, qui était déjà entre les mains des Suédois. Malgré
la défiance que ce redoutable voisin devait inspirer à TAl-
lemagne, elle ne pouvait avoir oublié le mouvement qui
depuis le XIV* siècle emportait la France vers le Rhin, du
temps d'Enguérand de Goucy et des grandes compagnies,
des Armagnacs et de Charles le Téméraire, comme sous le
roi Henri II. L'Union de Heilbronn qui savait ce que les pre-
mières victoires de l'empereur Ferdinand II avaient coûté
à la Bohême, et qui ne se dissimulait pas que le même sort
atteindrait le Palatinat, le Brandebourg, la Saxe et tous
ces petits états, toutes ces villes impériales qui mettaient
la liberté de conscience même au-dessus de l'unité de l'Em-
pire, rUnion, dis-je, ne faisait en principei aucune objec-
tion à l'abandon d'une place forte à la France. Seulement
les représentants de l'électeur palatin, qui ne se souciait
point de voir une garnison française sur le Rhin, au cœur
de ses possessions, proposèrent de substituer Golmar à
Philippsbourg. Gela se passait m pleno, c'est-à-dire tous
les collèges réunis, et Mogg raconte cette scène dans une
lettre du 15 juillet. En entendant la proposition du secré-
taire Faber, l'envoyé palatin, il protesta au nom de ses
commettants, en priant l'assemblée de se souvenir un jour
qu'on n'avait pas reculé devant l'idée de sacrifier aux con-
venances d'une puissance étrangère, sans son aveu, sans
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174 VARIÉTÉS.
même la consulter, une ville du saint Empire, et, qui plus
est, un confédéré protestant qui avait donné tant de gages
de son dévouement et de sa fidélité à l'Union de Heilbronn,
Il ne savait pas qu'avant la fin de Tannée Golmar serait
trop heureux d'ouvrir ses portes à des troupes firançaises f
Les députés palatins ne tenaient du reste pas plus à livrer
Golmar que toute autre place d'Alsace. Dans une dépêche
antérieure du 8 juillet, Mogg avait déjà annoncé à ses com-
mettants qu'il avait été question de céder Sélestadt, mais
dans sa réponse, du 12, la ville fit remarquer combien il
serait dangereux de se dessaisir d'une place qui, coupant
la province en deux, rendrait la France, qui était déjà nan-
tie de Haguenau, de Saveme et du château de Haut-Barr
maltresse des communications entre la haute et la basse
Alsace, et que, s'il fallait se résigner à un nouveau sacri-
fice, mieux vaudrait céder Belfort, qui était sur la firontière,
et dont la possession serait plus avantageuse au roi de
France, en raison du voisinage des comtés de Montbéliard
et de Bourgogne. Ce fiit à ce dernier biais que s'arrêta le
collège des villes. Belfort était encore entre les mains de
l'Autriche, et tout en feiisant remarquer les inconvénients
qu'il y aurait à abandonner à la France un passage si im-
portant, il insista moins pour sa conservation.
Voilà les graves questions qui donnaient à Mogg occa-
sion, après les menus soins de la vie bourgeoise, de témoi-
gner de toute la hauteur de son caractère et de sa capacité
peu commune. A ce moment il était seul à Francfort et il
tallait se résoudre par soi-même. Ainsi qu'on l'a vu, le
conseiller Jonas Walch était retourné en Alsace au com-
mencement de juin, et cette séparation donna lieu à Té-
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VARIÉTÉS. 175
change de quelques lettres, entre les deux collègues ou
schtoager. Nous avons déjà pu juger Mogg dans ses rap-
ports avec sa famille et avec le jeune homme qui lui était
confié ; sa correspondance avec Walch nous le montre tel
qu'il était avec ses amis. Mogg était naturellement grave
et sérieux, et ses idées s'assombrissaient volontiers. * Je
suis né pour souffrir, il faut que je me résigne » disait-il
lui-même en parlant des ennuis que lui donnaient son
beau-père et son commis. Walch était d'humeur plus gaie,
et écrivait avec beaucoup d'agrément. A cette époque même
la plus tendre amitié avait son style solennel, ses formules
consacrées, et en tête de chaque lettre les deux amis se
traitaient mutuellement de « Monsieur mon collègue, frère
et compère. » Mais sous ces dehors cérémonieux, il y avait
l'abandon, la confiance réciproque, les causeries familiè-
res, les services prêtés et rendus, le souvenir du bon temps
passé ensemble.
Malgré de sinistres pressentiments dont Mogg n'avait
pu se défendre , le voyage de Walch s'était terminé sans
encombre, bien qu'il eût été ébruité à l'avance par une in-
discrétion que, dans ces temps critiques , on aurait pu re-
gretter. Un exemple récent et qui touchait Golmar de près,
avait montré quels dangers on courait en route dans l'état
de guerre où se trouvait le pays. L'avant-dernier sjmdic,
Antoine Schott qui , lors de l'interdiction du culte protes-
tant, s'était retiré à Bâle, avait refusé de reprendre ses
fonctions après la capitulation de Golmar, sans doute
parce que ses croyances calvinistes ne s'accommodaient
point de la confession d'Ausbourg, que les Suédois avaient
feit prévaloir ; mais il avait conservé chez nous des pa-
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176 VARIÉTÉS.
rents et des amis, et il était fréquemment consulté par ses
anciens collègues dans les affaires où l'expérience de Mogg
laissait encore à désirer. Dans un voyage qu'il fit pour se
rendre à Golmar, le malheureux vieillard, parti de Bâle le
mardi 15 avril, avait été surpris à une lieue et demie de là
dans la forêt de la Harth, et massacré avec les cavaliers de
distinction qui raccompagnaient. On ne trouva les cada-
vres , au nombre de six, que le vendredi ; Schott était en-
tièrement nu ; outre quelques légères blessures au bras et
au côté , il avait la tête fracassée d'un coup de feu. Cette
mort tragique avait causé une émotion profonde que Mogg
et Walch avaient ressentie vivement , et il était manifeste
que des propos inconsidérés sur le retour de ce dernier au-
raient pu faire une nouvelle victime.
Dés son arrivée , Walch avait eu une audience du ma-
gistrat, de huit heures à midi, où il lui avait rendu compte
de tout ce qui intéressait la ville dans les démarches et les
négociations auxquelles il avait pris part. L'exécutif de la
commune reconnaissant le zèle et l'intelligence de ses deux
envoyés, se plut à louer et à approuver leur conduite, et à
les remercier de ce qu'ils avaient fait dans l'accomplisse-
ment de leur mandat. Walch s'empressa de transmettre à
Mogg la part d'éloges qui lui revenait , et par une coïnci-
dence qu'on pourrait mettre au compte d'une secrète sym-
pathie, son ami lui écrivit le même jour, 7 juin, de Franc-
fort, avant même de connaître son arrivée.
Entre ces hommes le fond de la correspondance ne pou-
vait être que sérieux. C'était la contre-partie confidentielle
des lettres officielles qui se croisaient entre Colmar et
Francfort. La ville avait grand besoin de la plume exercée
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VARIÉTÉS. 177
et de la pratique administrative de Walch ; on ne se fit pas
faute de l'employer. La tâche était lourde : le 14 juin il
n'avait pas encore pu donner une demi-journée à ses pro-
pres affaires. Loin de diminuer sa tâche, on lui imposa
encore les fonctions d'inspecteur de l'abbaye de Saint-Gré-
goire , dont une patente du 26 mai avait transféré l'admi-
nistration aux deux villes de Golmar et de Munster. Il re-
marque à ce propos qu' « on l'emploie comme un sergent
(loie ein weihel) en toute occasion , et que ce qui tarde le
plus, c'est le remerciement. »
Dès le lundi 16 juin, Walch prit possession de son em-
ploi. L'abbaye de Saint-Grégoire , considérablement dé-
chue, n'avait alors à sa tête qu'un simple prieur. Ce digni-
taire témoigna la plus vive répugnance à remettre la mai-
son aux mains de laïques. Walch dut le prendre de si haut
pour le persuader (mit crafften gûetlich zugesprochen) ^
qu'il sembla prêt à s'évanouir. L'inventaire du mobilier
rédigé séance tenante n'accusa pas une valeur de plus de
cent florins. Le résident suédois Mockhel, qui était revenu
en môme temps que lui de Francfort, le fît reconnaître lui
et un représentant de la ville de Munster, par les officiers
et les receveurs de l'abbaye à Munster, à Tûrkheim et à
Golmar. « Me voilà donc , écrivit Walch à son ami Mogg,
non pas un noble homme (kein vester Junckher), mais un
prélat de l'empire, et non pas des moindres ; ce qui m'au-
torise à dire : ce n'est plus in illo tempore, mais bois avec
tes pairs (es sey nit mehr in illo tempore, sondei^ sauff
mit dems gleichen). » Et à ce propos il cite l'aventure de
l'honorable greffier de Kaysersberg qui, pour avoir refUsé
en ces termes , à l'hôtellerie de l'Aigle , de vider bouteille
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178 VARIÉTÉS.
avec un trompette suédois, eut bien sujet de se repentir de
ravoir pris de si haut , car sans autre avertissement le
trompette appréhenda au corps l'homme au plumitif , qui
fut zerbrugelt, zertroesckt, zerfahrenwadelt, und zerpa-
stonirt , au point qull cria à Taide , et que de plusieurs
jours il ne put sortir de chez lui. Je ne sais si je me trompe,
mais il y a dans cette accumulation comme une réminis-
cence des images et du style de nos grands prosateurs al-
saciens Fischart et Moscherosch.
Walch était marié et , sans lui faire tort , dame Barbe,
son épouse, parait lui avoir été une manière de rabat-joie.
C'était en tout bien, tout honneur un sujet de plaisanterie
dont les lettres de Mogg et même les siennes ont conservé
des traces. En homme avisé qull était , Walch avait fait
venir, à Francfort, pour la vendre, de l'eau-de-vie qui
était alors pour Golmar Tobjet d'un grand commerce. Mais
au lieu d'en rapporter fidèlement le prix à sa moitié, il pré-
leva sur le produit quelque argent pour ses menus plaisirs.
A Francfort, on égayait les soirées par des parties de cartes
(BrethspM), et à son départ, le brave Walch se trouvait
en perte. Mogg était son confident , mais , en sa qualité de
veuf, il pouvait ne pas avoir sur ce point la môme discré-
tion que s'il avait porté le joug du mariage. Walch n'était
donc pas sans inquiétude , et ne s'en cachait pas. Il dit
dans sa lettre du 21 juin : « Je voudrais me retrouver
pendant vingt-quatre heures au milieu de vous , et rega-
gner mes huit écus. Je ne demanderais pas plus aux cartes.
Pourvu que ma Babette n'en sache rien, elle qui m'a déjà
regardé de travers en voyant le peu d'argent que je lui
rapportais de notre eau-de-vie. Avec le quart de ma perte
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VARIÉTÉS. 179
en sus , . elle se serait tenue pour satisfaite. Dieu sait ce
que j'endurai, quand elle me reprocha le mauvais marché
que j'avais fait ; mais j'abondai dans son sens , et cela ré-
tablit la paix entre nous. »
Le ménage était sans enÊtnts , et cela contribuait peut-
être à la mauvaise humeur de dame Barbe. La feimille
Herbert chez laquelle nos deux envoyés avaient trouvé
une cordiale hospitalité à Francfort, avait été initiée à
bien des secrets de l'alcôve conjugale, et dans sa première
lettre à Walch, Mogg lui écrit : « Notre hôtesse voudrait
savoir si le vœu qu'elle a formé à votre départ, n'a pas
déjà produit quelque elffet , de manière à épargner à ma
commère Barbe l'ennui de recourir à la vertu fécondante
d'une cure aux eaux. * Dans sa lettre du 16 juin, Mogg
reprend ce texte : « J'espère, dit-il, que votre chère femme
me donnera sujet de lui offrir mon cadeau de parrain. »
Pourquoi pas, puisque les deux époux s'étaient rapatriés ?
On ne raffinait pas sur tout , aussi la joie était-elle fa-
cile ; on la prenait d'où elle venait , et les longues beuve-
ries rabelaisiennes ne répugnaient pas au tempérament et
aux nerfe de nos ancêtres. Au besoin , les soupers se pro-
longeaient jusqu'à une heure du matin ; les ecclésiastiques
y prenaient part jusqu'au bout, et l'on accommodait leurs
différends inter pocula. Quelquefois on commençait de
meilleure heure, et c'était tant pis pour les lendemains qui
s'en ressentaient. Le beau-père de Mogg termine ainsi une
lettre du 12 juillet, l'une des plus courtes qu'il ait écrites :
« Hier M. le résident, M. le Rentmestre, M. notre collègue
Walch et moi nous avons dîné chez M. l'obristmestre ;
nous avons été très gais ; et entre autres brindes , nous
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180 VARIÉTÉS.
avons porté la vôtre à la ronde. Ma tête n'a pas encore
bien repris sa place, et comme je ne sais rien au monde de
neuf à vous dire , je m'arrête ici en vous saluant maintes
fois de la part de la mère comme de la mienne, et en nous
n^commandant réciproquement à la miséricordieuse Pro-
vidence de Dieu. »
Le culte de la dive bouteille ne faisait nullement tort
à la culture de l'esprit. Mogg était pour sa part très lettré.
U avait gardé de l'école l'habitude des vers latins , et on
possède encore des distiques composés par lui du temps
qu'il remplissait les fonctions d'obristmestre , et publiés
avec d'autres pièces de circonstances à la suite du sermon
de l'inauguration de l'église de Saint-Pierre , ouvert au
culte protestant le 27 décembre 1658 '. C'était, on le voit,
une occasion où l'on ne pouvait se dispenser de faire une
saignée à la veine poétique. Mais que feraient nos mo-
dernes magistrats si on leur en demandait autant ?
Tout au travers de la correspondance de Mogg , passe
incessamment la société des lettrés qui s'étaient comme
ralliés autour de lui, les médecins, les pasteurs de la ville
et des possessions wûrtembergeoises. Les affinités des
études disposent d'autant mieux à la sociabilité, que ceux
qui s'y livrent sont moins nombreux : elles suffisent pour
• Chnsttiche Mnweihungs Predigt deren in des Heil. Rœnti-
uchen Reichs- Freyen statt CcHmar New-erœffenten Kirchen
S. Pétri wékhe den 27 décember dièses jetzt ablauffenden Jàhrs
1658 zum Heiligen, reinen, unverfcdschter Augspurgischer Con-
leasion nach eingerichten GoUesdienst eingeweihet worden, géhal-
tm von M. Jodoco Haasen. ~ Straszburg, bey Frîdrich Spoor,
MDCLIX, in-4, IV — 42 pag.
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VARIÉTÉS. 181
constituer de nos jours dans les villes secondaires de la
Suisse de petits centres où on s'occupe avec amour des
choses de Tesprit , qui les font honorer de tous , et qui en
donnent comme la marque au milieu qu'ils animent. Rei-
cheisen n'écrivait jamais à son patron sans lui parler des
lettrés de sa connaissance , sans lui dire l'état de leur
santé, et sans lui transmettre leurs affectueuses politesses.
Quand ils étaient malades ou souffrants , le modeste com-
mis , en tout mené à la lisière, prenait sur lui de leur don-
ner la part de gibier fin qui revenait à Mogg dans les
charges municipales , et du bon vin rougé de la cave de
son maître. On sait que, dans nos campagnes, le vin rouge
passe encore pour un spécifique souverain contre une foule
de maladies , sans compter la soif.
Dans cette société sincèrement religieuse, la théologie
primait tout ; c'était la science par excellence, la science de
Dieu. Le choix d'un ministre était une œuvre capitale , il
fallait les mœurs, la doctrine, le don de la parole. Quand,
dans les premiers temps de l'absence de Mogg, le pasteur
Barteller, l'un des ecclésiastiques à qui le D' Jean Schmid,
de Strasbourg, avait donné l'institution en 1632, fut ap-
pelé à l'une des paroisses d'Augsbourg, sa patrie, le choix
de son successeur et les combinaisons auxquels son rem-
placement donna lieu, devinrent le sujet habituel de la
correspondance. A cette époque les moins lettrés enten-
daient ou croyaient entendre les matières théologiques.
Mogg avait du moins la modestie de consulter les juges
compétents. Un ecclésiastique anglais, Jean Duraeus avait
adressé à l'Union de Heilbronn un mémoire sur le moyen
de réconcilier les deux grandes églises protestantes de Lu-
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182 VARIÉTÉS.
ther et de Calvin. Mogg le communiqua à un autre de nos
ministres, le pasteur Jodocus Haas, de Strasbourg, qui lui
répondit, le 2 août, par une lettre mi partie allemande, mi-
partie latine, avec du grec brochant sur le tout, et d'où Ton
l>eut conclure que, tout en rendant hommage aux inten-
tions de Duraeus, il n'était pas d'humeur à transiger sur
le point de la présence réelle.
La guerre n'était pas seulement dans les esprits, elle
était partout : la guerre pour l'équilibre européen, la
guerre pour l'indépendance religieuse de l'Allemagne, et la
plus hideuse, la plus funeste de toutes, la guerre des diver-
ses confessions autour du pouvoir. La correspondance de
Mogg est un miroir fidèle de cette situation, telle qu'elle
i^e reflétait à Golmar. L'histoire l'emporte ici sur les scènes
de mœurs, et ce tableau ne serait pas complet, si je négli-
geais l'aspect que donnaient à notre ville les événements
f^xtérieurs.
La défaite infligée aux Impériaux à Wattwiller, le 2 mars
1634, ne leur permettait plus en Alsace de tenir la campa-
gne. Leur résistance se concentrait à Rheinfelden, que le
rhingrave Jean-Philippe tenait assiégé, et à Brisach d'où
ils inquiétaient et incommodaient journellement le pays.
Un jour que le rhingrave Othon-Louis était allé de Gol-
mar rendre visite au comte de Ribaupierre, l'ennemi en
È?ut vent à Brisach et il forma le projet d'enlever ce géné-
ral, l'un des meilleurs du parti protestant. C'était le 12 mai.
Deux fortes compagnies de cavalerie passèrent le Rhin et
rtierchèrent une embuscade d'où l'on pût surprendre le
rhingrave. Elles arrivèrent ainsi au pâturage où paissait
le troupeau de Colmar. Dans toute autre circonstance il
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VARIÉTÉS. 183
aurait été de bonne prise : cette fois les Impériaux se bor-
nèrent à demander aux pâtres si le rhingrave n'était pas
à Ribauvillé ? Ce fut là ce qui le sauva : averti à temps,
un forestier courut en ville et donna l'alarme.
On fit monter à cheval une partie des hommes dont on
pouvait disposer; d'autres partirent à pied, et, renforcé de
nombreux oflSciers et des serviteurs du rhingrave, tout ce
monde se précipita au-devant du général. Le bruit courait
déjà qu'il était tombé entre les mains des Impériaux et en
marche pour Brisach. Il est facile de comprendre l'état pi-
toyable où cette fausse nouvelle jeta madame la rhin-
grave. Le tumulte ne s'apaisa qu'au retour de son mari. A
la vue des mouvements qu'on se donnait, les Impériaux
jugeant leur coup manqué, avaient battu en retraite. La
troupe partie de Golmar au-devant d'Othon-Louis le ra-
mena sans encombre. Les chevaux dégouttaient de sueur,
et les traits bouleversés du général le rendaient presque
méconnaissable.
A ce moment la faible garnison de Golmar était hors
d'état de tenir tète aux Impériaux de Brisach. Depuis que
la garnison de Neuenbourg était venue les rejoindre, le
26 mars, après avoir repoussé un premier assaut des Sué-
dois, ceux-ci leur inspiraient si peu de crainte, qu'ils se cru-
rent en mesure de porter secours à Rheinfelden, où le Lor-
rain François de Mercy se défendait avec une rare énergie.
Le rhingrave Jean-Philippe qui commandait les assié-
geants, serrait la place de plus en plus, et pendant deux
jours on entendit le canon jusqu'à Golmar. L'artillerie sué-
doise avait pratiqué deux brèches assez larges pour le pas-
sage d'un régiment entier, mais des retranchements der-
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184 VARIÉTÉS.
rière les remparts démolis, des barricades dans les rues
n'auraient permis d'avancer qu'un à un. A la fin du mois
de mai on ne tirait plus le canon, et tout se bornait à des
mousquetades très meurtrières pour les assiégeants.
Les Impériaux crurent le moment propice pour les
prendre à revers. Mais le rhingrave détacha ime partie de
ses troupes et parvint à déjouer ce projet. Après avoir vai-
nement attendu le secours sur lequel il comptait, Mercy
comprit que la chance tournait contre lui, et demanda un
armistice de deux heures pour traiter avee les Suédois. Le
rhingrave exigea que la garnison se rendit à discrétion. Si
l'on en croit Reicheisen (lettre du 21 juin), Mercy répondit
fièrement qu'il ne comprenait pas ce terme, mais que si on
lui oflÈrait des conditions acceptables, peut-être pourrait-on
s'entendre avec lui. Pour toute réponse, le rhingrave fit
amener le lieutenant - colonel de Schœnau , le comman-
dant des Impériaux de Brisach qu'il venait de défaire. A
cette vue Mercy ne put s'empêcher de s'écrier : « Ah ! ca-
marade! faut-il que je vous trouve en cet état! C'en est
donc feiit, il ne me reste aucun espoir de conserver la place
et de feire lever le siège. » Schœnau et d'autres prisonniers
de distinction furent internés à Golmar; mais Rheinfelden
ne se rendit que le 27 août : jusqu'à cette date 6 septembre
presque dans toutes les lettres adressées à Mogg revient
sans cesse comme un refi*ain la nouvelle que Rheinfelden
tenait encore. Ce siège qui semblait s'éterniser fit éclore
en Suisse le beau chant populaire :
Der Rheingraff und der Schwede,
Sie Kriegen beyde Herre,
Rheinfelden woUend sie han.
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VAMÊTÉS. 185
En attendant, Téchec du colonel de Schœnau rendit pour
un moment la garnison de Brisach plus circonspecte. Elle
cessa de venir fourrager jusque sous le canon de notre
ville. A Colmar on monta en dragons les mousquetaires
de la garnison ; on forma de petits corps de cavalerie qui
à leur tour battirent Testrade. La disette se fit sentir à
Brisach et amena de nombreuses désertions. Il était rare
que les partis de cavalerie rentrassent à Colmar sans ra-
mener des soldats et môme des officiers, que le rhingrave
Othon-Louis enrôlait aussitôt sous le drapeau suédois. En
un seul jour, le 27 juin, ils firent vingt-un prisonniers,
dont un capitaine et dix cavaliers montés. Ces expéditions
plaisaient fort $, la population à Texception des catholi-
ques qui ne témoignaient de joie qu'à la nouvelle d'avan-
tages remportés par les Impériaux. Lorsque le rhingrave
Othon Louis avait été sur le point de tomber entre les
mains des cavaliers de Brisach, leur allégresse avait été
visible. Pour les en punir apparemment, le magistrat vou-
lut obliger le clergé de Saint-Martin à faire ses actions de
grâces au Dieu des armées à l'occasion de je ne sais quel
succès remporté par les Suédois dans le nord de l'Allema-
gne : c'était une de ces nouvelles qui faisaient dire à Walch
qu'elles semblaient tirées du roman d'Amadis (ausz dem
zierlicken Amaàis), Le commissaire des guerres Brom-
bach envoya au doyen du chapitre une prière composée
par lui, avec ordre de la dire en ch£dre après le Te Beum.
Le vénérable pasteur se présenta devant les fidèles tenant
à la main le papier qu'on lui avait envoyé, mais au lieu
d'en donner lecture : « Bien aimés en Jésus-Christ, dit-il, on
veut nous feire remercier Dieu d'une grande victoire nou-
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186 VARIÉTÉS.
vellement remportée; mais il vaut mieux le prier de ren-
trer dans le fourreau le glaive de sa justice, et de nous châ-
tier avec les verges de sa miséricorde.» Le vent n'était pas
à la tolérance, ainsi qu'il arrive chaque fois que le pouvoir
est aux mains d'un parti religieux, et en rendant compte
de cet incident, dans une lettre du 24 mai, Reicheisen se
demande si des fsdts pareils resteront impunis.
Entre les Suédois de Colmar et les Impériaux de Bri-
sach les rôles changèrent de nouveau. Après la moisson,
dans le proche voisinage de Colmar, à Holzwihr, à Wic-
kerschwihr, ces derniers faisaient tranquillement battre en
grange pour l'approvisionnement de la place ennemie.
Une nuit un parti de leurs cavaliers se présenta sous les
murs de Colmar; l'un d'eux appela la sentinelle postée à
l'entrée du canal en ville, à l'endroit où s'élevait précé-
demment la scierie. Il prétendit que lui et ses camarades
étaient Suédois, cantonnés à Tûrkheim. Il fallut que la
sentinelle menaçât de faire feu pour décider ces mauvais
plaisants à se retirer.
A quelque temps de là, le mardi 19 août, une vingtaine
de fantassins de la garnison de Brisach arrivèrent inaper-
çus jusqu'au pied des robustes murailles du Haut-Lands-
berg, qui n'était plus armé, et dont les canons avaient été
transportés à Colmar. Le châtelain était parti avec sa
femme pour le marché de Munster, et le fort restait confié
à la garde d'un jeune garçon. Les maraudeurs n'eurent au-
cune peine à forcer l'entrée : le jeune homme prétendit que
l'un d'eux était parvenu à escalader le rempart, et qu'il
l'avait contraint d'ouvrir la porte aux autres. Le château
fut pillé, et à son retour le châtelain mis sous clef. Le len-
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VAKIÉTÊS. 187
demain seulement, à onze heures du matin, les auteurs de
ce coup de main jugèrent prudent de déguerpir.
Voilà pour le dehors. A l'intérieur on était exposé aux
insolences de la garnison , à la brutalité des officiers. Le
10 juin, le major Charles Weiss faisant sa ronde à quatre
heures du matin , se présenta complètement ivre devant
un poste de la garde bourgeoise. Il se mit à Tinvectiver :
« Vous êtes tous , disait-il , des voleurs et des fripons , de
même que vos magistrats. Je vous traiterai pis que les
Welches avaient pensé le faire naguères (allusion aux pro-
jets imputés aux soldats impériaux du colonel Vernier , et
qui avaient servi de prétexte à la population pour les
massacrer et pour ouvrir les portes aux Suédois). Le
diable m'emporte si mes soldats et moi nous n'extermi-
nons pas l'un de ces jours toute la bourgeoisie ! » Il est fa-
cile de comprendre l'exaspération qui suivit des paroles si
injurieuses. Sans les diversions du dehors , une collision
eût été imminente. L'attitude du magistrat devant le
rhingrave Othon-Louis et devant son état-major n'était
peut-être pas étrangère à la conduite des soldats et de
leurs chefe. Dès le 26 avril , Reicheisen avait écrit à son
patron : « Si cela continue, les officiers n'épargneront leurs
mauvais traitements pas plus aux magistrats qu'aux sim-
ples bourgeois. Gela vient de ce qu'aucun de nos messieurs
n'a le cœur de se plaindre quand on lui manque. Il y en a
qui tremblent comme un chien qui sort de l'eau, rien qu'à
l'idée de se trouver en présence de son Excellence. Aussi
quand on a à lui parler, le rhingrave voit-il du premier
coup que ce n'est pas avec M. le syndic qu'il a affaire. »
Ce qui prouve que ce dernier trait n'est pas une simple
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188 VARIÉTÉS.
flatterie â l'adresse de Mogg, c'est la fermeté de ses con-
seils dans une circonstance qui mérite de ne pas rester ou-
bUée.
Pendant son absence, l'abbé d'Ebersmûnster se prévalant
de l'appui ou d'un ordre un peu prématuré du roi Louis
XIII, prétendit se mettre en possession du prieuré de Saint-
Pierre, que Golmar avait acheté de la ville de Berne, après
la sécularisation de l'abbaye de Payeme. Consulté là-des-
sus par ses collègues, Mogg leur répondit le 19 juillet : « Je
ne conçois pas qu'en votre qualité de magistratus loci,
vous n'ayez pas immédiatement signifié au prélat d'ELers-
mûnster de quitter la ville, sauf à employer la force s'il s'y
était refusé. Contre des entreprises pareilles, il vaut mieux
se protéger soi-même que de faire appel à la protection des
autres. Quand vos droits sont si évidents , à quoi bon les
laisser discuter? Ne vaut-il pas mieux que le roi de France
ait des représentations à vous faire, que si vous aviez vous-
mêmes des doléances à présenter à Sa Majesté ? Montrez-
vous tels qu'il convient à des magistrats d'institution di-
vine , et n'accordez rien au-delà de ce qui est strictement
dû. Si vous avez affaire à de grands personnages, priez-les
de ne pas exiger ce qu'en conscience vous ne pouvez pas
accorder, et pour les autres , débarrassez-vous-en par un
refus net. »
La défeite de Nordlingen mit fin à l'assemblée de Franc-
fort, et ramena Mogg à Colmar. A la nouvelle du désastre
qui frappait les armées protestantes, le vieux Bsurth dut se
remembrer un songe qu'il avait eu le 1®' mai , et dont il
n'avait pu s'empêcher de parler à son gendre : il en avait
été impressionné d'autant plus , qu'il croyait en avoir eu
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VARIÉTÉS. 189
de semblables une première fois avant les mesures décré-
tées , en 1628, par l'empereur Ferdinand II contre les pro-
testants de Golmar; la seconde fois avant l'entrée du duc
de Feria et du général Altringer en Alsace. Etant couché,
il avait eu les membres saisis d*un grand tremblement , et
il lui parut comme si tous les siens avaient été en danger
de mort sans qu'il pût leur porter secours. Sa femme le
réveOla pour mettre fin au cauchemar. Mais dès qu'il se
rendormait , la même vision le reprenait , et, chose horri-
ble, dont il n'osa même pas s'ouvrir à sa moitié ! il lui
sembla voir des chemises tachées de sang accrochées dans
sa chambre à coucher.
Si le jeune Reicheisen ne croyait pas à la pluie de la
Saint-Médard, on voit qu'en revanche le vieux Barth ad-
mettait les présages et les pressentiments.
X. MOSSMANN.
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LA CROIX DU BREITSCHLOSS.
(banlieue de nexjwiller.)
Lorsqu'on descend dans la paisible et pittoresque vallée
de la Zinsel par la nouvelle et belle route qui se déroule à
travers la forêt du Fallberg, on voit, à deux pas de réta-
blissement si connu des touristes sous le nom de Scierie du
Fallberg, de l'autre côté de la Zinsel, une croix de pierre
qui s'élève sur le bord du chemin, en face de la maison fo-
restière du Breitschloss, forêt domaniale située au ban de
Neuwiiler, et appartenant, avant la révolution, à l'abbaye
de cette ville, qui y exerçait la haute, moyenne et basse
justice.
En 1507, le chapitre collégial de cette ville fit cession au
comte palatin de la Petite-Pierre du droit de chasse dans
cette forêt, en s'y réservant expressément tous ses droits
de juridiction et en réservant aux communes de Neuwii-
ler, de Dossenheim et d'Imbsheim, tous leurs droits de
parcours et d'affouage *. Christian IV, duc de Deux-Ponts,
à qui le comté de la Petite-Pierre venait d'échoir par hé-
ritage, fit construire, sur le territoire de Neuwiiler, vis-à-
vis de la croix qui se dresse sur le côté gauche du chemin,
une maison de chasse, où l'on remarque encore une vaste
* Archivett du Bas-Rhin, S. Ë. 2005.
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VARIÉTÉS. 191
salle qui servait de rendez- vous aux chasseurs. Cette mai-
son, bâtie en 1745, comme l'indique cette date qui sur-
monte sa porte d'entrée, est affectée actuellement à la de-
meure du garde chargé de la surveillance de la forêt du
Breitschloss.
Cette maison, dont Tarchitecture concorde parfaitement
avec la date de sa construction, est peu remarquable, tan-
dis que la croix qui se dresse de l'autre côté du chemin
attire l'attention du touriste par son exécution, qui est un
peu plus soignée que celle que l'on rencontre ordinaire-
ment à la campagne dans les monuments de ce genre.
Cette croix mesure une hauteur totale de cinq mètres ;
à la partie supérieure, c'est-à-dire au-dessus de la tête du
Christ, se voit l'inscription de Pilate
I N
R I
Son piédestal, qui est carré, est orné sur la face et les
deux côtés de trois inscriptions. Celle de face se compose
de deux distiques latins disposés en huit lignes; elle est
ainsi conçue :
In CrVGe Mors VICta est,
REPARATA EST In CrVCe VItA ;
hInC patet Ipsa pIIs
gLorIa, VIta, saLVs.
saCrIfICae CrVCIs afnherIos
pertIngere frVCtV
NOS faCIto preCIbVs
VIrgo MarIa tVIs.
La dernière partie de cette inscription est fort endom-
magée, le temps en a rongé les lettres, et il sera bientôt
impossible de la déchiffrer.
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|92 VARIÉTÉS.
Les deux inscriptions latérales, sont composées chacune
d'un distique latin, disposé en quatre lignes; celle de droite
est ainsi conçue :
In GrVGe sic passo
qVI DIqme VTVere GhrIsto
perfraGte renVIt
sic neGe DIqnVs erIt
Le distique suivant forme Tinscription de gauche :
In GrVGe qVI passo
sInGere VIVere GhrIsto
GorDe pIo qVaerIt
sIG beneDIGtVs erIt.
Traduction :
I. Par la croix a été vaincue la mort , et par la croix
nous a été redonnée la vie ; elle est pour les âmes pieuses,
une source de gloire, de vie et de salut.
II. Que vos prières, 6 vierge Marie, nous fassent à nous,
famille Haffner, la grâce de participer aux ûiiits du sacri-
fice de la croix !
III. Gelui qui refuse opiniâtrement de conformer sa vie
aux maximes du Ghrist, qui a souffert sur la croix, celui-là
yera digne de mort.
IV. Gelui qui d'un cœur pieux s'efforce sincèrement de
régler sa vie sur les préceptes du Ghrist, qui a souffert sur
la croix, celui-là sera comblé de bénédictions.
Gette croix est selon toute apparence, un monument de
la piété d'une famille Haffner, dont la tradition locale a
perdu tout souvenir. Le quadruple chronogramme formé
par les lettres majuscules des quatre distiques gravés sur
son piédestal , fixe la date de son érection à l'année 1740.
\
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VARIÉTÉS. 193
Aux pieds du Christ , on voit un écusson au chevron sur-
monté de six pointes renversées et légèrement recourbées
par le bas, trois à dextre et trois à sénestre, et accompagné
en pointe d'une branche d'arbuste. Quel est cet écusson ?
Est-ce celui de la famille Haffner, ou celui de l'auteur des
quatre distiques numéraux ? Je l'ignore. Toutes mes re-
cherchés à ce sujet sont demeurées infructueuses.
Cette croix fut pendant les orages de la révolution, abat-
tue et brisée en morceaux par une bande d'iconoclastes
sortie de Phalsbourg. Le sieur Antoine Merling, fermier de
la censé voisine du Fallberg , en ramassa les débris et les
cacha dans son jardin , en attendant des jours meilleurs.
Vingt années s'écoulèrent avant qu'il pût la feire rétablir,
comme l'atteste l'inscription suivante, qu'il fit graver sur
son socle inférieur : RE. ANTONIVS MERLING DEN
5 TBN AvGVST 1813.
A peine cinq mois s'étaient-ils écoulés depuis cette pieuse
restauration , qu'au mois de janvier 1814, l'Alsace fut en-
vahie; les troupes alliées avaient franchi le Rhin et comme
Phalsbourg leur barrait le passage des Vosges, elles tour-
nèrent cet obstacle on prenant le chemin qui se déroule à
travers le Fallberg et défilèrent devant la croix du Breit-
schloss qu'elles respectèrent. L'année d'après, au mois de
juillet, cette croix vit défiler les trois souverains de la
Russie , de la Prusse et de l'Autriche , qui se dirigeaient
avec leurs armées vers la capitale de la France. Hâtons-
nous d'ajouter que le monument restauré par le sieur Mer-
ling fut encore respecté.
Lorsque nous écrivions ces lignes dans l'arrière-saison
de l'année 1869 , nous ne prévoyions guère qu'avant une
13
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194 VARIÉTÉS.
année la France serait envahie et qu'une forte division de
la S"^' armée prussienne viendrait bivouaquer le 10 août
1870 Bur les rives de la Zinsel, autour de la croix du Breit-
schloss. La maison forestière, Tauberge de la Scierie et
V ancienne ferme du Fallberg furent encombrées de soldats
i|ui !^e signalèrent par leurs exigences et leurs exactions.
La Gazette de Cologne (N» du limdi 22 août) donne une
relation de ce bivouac ; elle est de M. Jules de Wickède :
t Après un repas sinon confortable, du moins très copieux,
l^a officiers réunis en groupes , gais et babillards, riaient,
plaiï>antaient, racontaient des historiettes divertissantes et
parliùent môme de la prochaine capture de l'empereur
Louis-Napoléon et de l'impératrice. De leur côté , les sol-
fiais faisaient retentir les airs des chansons guerrières de
1813. La chanson de Blûcher et surtout le refrain :
Wo liegt Paris ?
chantés par une trentaine de jeunes sous-ofûciers , excitè-
rent les applaudissements les plus chaleureux. La soirée
^tait belle; la lune brillait d'un éclat vif et pur, et la
sombre chaîne des Vosges se dessinait sur la voûte du fir-
jiiarnent. Vers onze heures , le bruit cessa peu à peu ; la
plupart des soldats étaient déjà profondément endormis,
lorsque les officiers se séparèrent pour chercher des gîtes. »
Le lendemain, à l'aube du jour, l'armée décampa. La croix
rtista en place , plus heureuse que les pendules de l'Orléa-
nais, D. Fischer.
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VI
PRÉLIMINAIRES DU CONGRES DE LUNÉVILLE EN ALSACE*
SCHLESTADT. — LE COMTE DE COBENTZEL. — LE GÉNÉRAL
CIiARC3KE. — RÉCLAMATIONS DE BIENNE ET DE GENÈVE. —
HUNINGUE. — OPINION DE KOGH SUR LE TRAITÉ DE LUNÉ-
VILLE.
Après les guerres de la Répiiblique, Tannonce d'une
paix universelle avait été accueillie avec une satisÊiction
non déguisée. Seule TAngleterre cherchait encore à retar-
der le moment qid allait porter un si rude coup à son in-
fluence. L'Allemagne, ou pour mieux dire TAutricbe et la
France, en désarmant, ôtaient tout prétexte à de nouvelles
idées belliqueuses.
D'après la dépèche de M. le baron de Thugut, président
du conseil de l'empereur François n, datée de Vienne du
11 août 1800 et adressée à M. de Talleyrand, ministre des
affaires étrangères, une note de lord Minto, ambassadeur
du roi d'Angleterre auprès de la cour de Vienne, demandait
que le cpngrès se réunit dans une ville assez rapprochée
de l'Allemagne, soit en Alsace, soit en Lorraine. Les villes
de Schlestadt et de Lunéville furent mises en avant, d'a-
près une dépêche tirée des papiers soumis au Parlement
d'Angleterre. Nous ignorons quels motife furent donnés
pour écarter la première de ces villes, dont le renom litté-
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196 VARIÉTÉS.
raire n'était pas encore éteint en Allemagne et qui se recom
mandait par son agréable position dans une plaine fertile,
àpea de distance des pittoresques mamelons'des Vosges, et
dans un pays abondant en vignobles *,en gibier et en pois-
sons. Les plénipotentiaires, à ce qull parait, ne tenaient
pas à se voir enfermés dans une place forte, car Lunéville
obtint la préférence. Le souvenir du séjour des ducs de
Lorraine fut peut-être pour beaucoup dans le choix que l'on
fit du Versailles lorrain. On peut ajouter aussi que, grâce
au télégraphe reliant cette ville à la grande ligne de Paris
à Strasbourg, la capitale pouvait avoir bien plus vite les
nouvelles. Le château de Lunéville, quoique converti en
caserne, offrait encore des restes de grandeur. Il était tout
à fait disposé pour loger les médiateurs de la paix. Le gou-
vernement s'empressa de chercher à le mettre en état. Le
garde-meuble de l'ex-couronne, les tableaux du Louvre, les
tapisseries des Oobelins* arrivaient journellement pour
s'entasser dans ce vaste palais. Mais on s'y prit tellement
mal, qu'aucun appartement n'était préparé à l'arrivée des
ministres, et que les conférences durent se tenir tantôt chez
Viiiij tantôt chez l'autre. Enfin la paix se signa au logis du
comte de Gobentzel, à l'hôtel du sous-préfet Lejeune. (Au-
jourd'hui maison Keller, rue d'Allemagne.)
Le château fut cependant occupé par le gouverneur gé-
■ On disait alors dans les journaux allemands qull y avait
peu de vignes en Alsace, mais que le vin y était très bon, mais
très cher.
■ On exposait vers cette époque k Strasbourg sur la mise
à pris de 60,000 francs, de superbes tapisseries des Gobelins
données par Louis XIV à Pie VI, et achetées lors de la prise de
Home. On y voyait l'histoire de Joseph, Suzanne au bain, etc.
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VARIÉTÉS. 197
néral de la ville et du département : c'était le général de
division Glarcke. Il y était avec sa femme et sa fille, et ce
furent eux qui, dans des appartements préparés à la hâte,
firent les honneurs de la ville aux nombreux ministres
étrangers. Glarcke avait été mis en disgrâce par le Direc-
toire, et il se trouvait en disponibilité lorsqu'il fut appelé
à LunéviUe. On le voit figurer comme électeur du canton
de Bouxwiller en l'an Vil, et on montre encore son habita-
tion à Neuwiller. Le séjour de cette jolie petite viUe lui
avait été bien agréable, car ce fut là qu'il voulut avoir sa
sépulture.
D'après les mémoires du maréchal Gouvion Saint-Gyr,
la dernière fois que Glarcke vit le feu, ce fat en Alsace,
lors de la reprise des lignes de Wissembourg. Il était chef
d'escadron ; son cheval fut tué sous lui. Il se rallia à un ba-
taillon d'infanterie qu'il ne quitta plus pendant la durée de
l'affaire; il s'était muni du fusil d'un blessé ou d'un
fuyard pour s'en servir au besoin. Les représentants aux-
quels on ne laissa pas ignorer ce fait, rélevèrent sur le
champ au grade de général de brigade, puis aux fonctions
dechef del'état-major général, qu'il ne conserva pas long-
temps. L'affaire du 17 mai 1792 est la dernière, je crois,
ajoute le maréchal, où ce général, devenu depuis duc de
Feltre et maréchal, ait paru devant l'ennemi. »
Gomme on continuait à travailler vivement au château
de LunéviUe après le départ dfe tous les membres du con-
grès , on répandit le bruit que c'était un cadeau que le
gouvernement français voulait faire au général Moreau,
qui y établirait son grand quartier général pour comman-
der en chef plusieurs divisions militaires, dès la rentrée
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198 VARIÉTÉS.
de toutes les troupes en France. Le général Moreau \ bien
accueilli d'abord par le pouvoir d'alors, finit par être traité
comme le ministre autrichien, M. de Gobentzel. Ce pléni-
potentiaire né à Bruxelles, était un élève de l'ancienne
université de Strasbourg, ■ comme tant d'autres diploma-
tes de cette époque, Otto, Bourgoing, Oubril, Metternich,
etc. C'était un homme doux et conciliant, et qui s'était déjà
trouvé à Seltz et à Gampo-Formio. Il arriva à Strasbourg
le 1» brumaire anIX (23 octobre 1800) vers trois heures du
soir. Sa suite se composait de cinq voitures et de dix-neuf
«hevaux et de nombreux courriers. Cinquante hussards
commandés par un aide de camp du général Clarcke l'es-
cortaient depuis Kehl. La première chose que fit M. de Co-
bentzel en descendant de voiture fut de renvoyer une
^arde d'honneur de cinquante grensuliers avec le drapeau,
garde envoyée par le conmiandant de place. Bientôt on vit
1^^ voitures du préfet, du général commandant, arriver à
1 hôtel de la Ville de Lyon, où il était descendu. Une foule
immense ne cessa de stationner devant son logement. Le
lendemain, M. de Cobentzel quitta Strasbourg, au bruit
du canon, et accompagné d'une bonne escorte.
* « Moreau, de retour de Tarmée qu'il n'avait presque .iamais
quittée, fat mal jugé dans ce qu'on appelle le monde. Il ne se
mit point en souci d'y soutenir son rôle. Sa négligence l'y fit
)>araître médiocre. Un homme d'esprit en témoigna un jour son
ëtonnement à un officier de l'armée du Rhin : Je ne puis com-
prendre cette réputation colossale à cette enveloppe de génie.
— n fout le pénétrer, lui répondit l'officier, et vous trouverez
h Moreau comme l'ont fait les Autrichiens, immensément
d'esprit entre le Rhin et le Danube. » (MATmEU Dumas).
' Koch, qui jugea plus tard si sévèrement le traité de Luné-
ville, avait été son maître.
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VARIÉTÉS. 199
A cette époque, Tescorte n'était pas seulement honori-
ûque, elle était encore de sûreté. Le voisinage de l'armée
faisait déverser en Alsace une foule de déserteurs, de ré-
âraciaires, de prisonniers échappés et de réfugiés politiques
de tous les pays, tous ces gens n'avai^t souvent que le vol
pour vivre. Le département du Haut-Rhin avait eu aussi
le drame sinistre d'un assassinat d'un Courrier de Lyon.
Les diligences, les chaises de poste partaient de grand ma-
tin, et couchaient presque toujours en route. Rarement on
voyait la nuit des voitures publiques. Un arrêté venu de
Paris ordonnait de mettre des soldats sur l'impériale et
malgré cela les voitures étaient attaquées et le sang ré-
pandu. L'Alsace et la Lorraine, malgré les causes indiquées
ci-dessus, n'eurent pas la triste célébrité des routes voisines
de la capitale de la république française.
Ce fiit au milieu des ovations reçues tout le long des. che-
mins, que M. de Gobentzel arriva à Lunéville. Dix-neuf
coups de canons annoncèrent son entrée en ville. Le géné-
ral Glarcke l'attendait et les premières paroles que le pléni-
potentiaire lui dit furent des paroles de remerciement pour
l'accueil charmant que venaient de lui faire les populations
de l'Alsace et de la Lorraine.
On sait que ce fut à Lunéville que furent décidées pour
toujours les possessions territoriales des princes allemands
en Alsace. Aucun d'eux n'y perdit et plus tard les seigneurs
de la Petite-Pierre et de Montbéliard ceignirent les cou-
ronnes royales de Bavière et de Wurtemberg,
Parmi les nombreuses réclamations adressées aux menu
bres du congrès, il s'en trouve une venant d'un chef-lieu
de canton du département du Haut-Rhin. Bienne (Biel),
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200 VARIÉTÉS.
ville dépendante de TEvéché de Bâle et que des questions
i-eligieuses amenées par suite de la réforme avaient rendue
ralliée des Suisses, avait été réunie par un décret venu de
Paris au département éphémère du Mont Terrible. A la sup-
pression de ce département, Bienne avec les arrondisse-
jnents de Delémont et de Porrentruy, fit p^ie du Haut-
Rhin >.
Les citoyens de cette petite cité, qui comptait alors près
de 2170 habitants et dont le plus grand commerce était l'hor-
logerie, crurent, dans leur simplicité, que le congrès de Lu-
ne ville allait comme ceux de Westphalie et de Ryswick,
changer la carte de TEurope. Enhardis par l'annonce que
Ton écouterait toutes les plaintes, quelques citoyens coura-
geux, fidèles à leurs anciens alliés et imbus de l'idée que ce
n'est pas avec les armes que l'on opère les annexions, écri-
virent au citoyen Gleyre, ex-directeur et ex-membre de la
{jommission executive helvétique, actuellement envoyé des
cantons à Paris et que l'opinion désignait avec Mousson *
pour être ministres plénipotentiaires de leur pays au con-
grès de Lunéville, de vouloir présenter une adresse signée
par presque tous les notables de l'ancienne ville libre, dans
laquelle, ils demandaient à être détachés de la Sérénissime
république française, à laquelle ils n'avaient été réunis que
depuis l'an VI et à être rendus à leurs anciens co-bourgeois,
* Le département eut une longueur de 135 kilomètres depuis
Uepvre, limite du Bas-Rhin jusqu'à Laneuveville (Neuenstadt),
sur le lac de Bienne à vingt-cinq kilomètres de la ville de ce
nom.
* Ses démêlés avec le vaudois Laharpe venaient de rendre ce
personnage célèbre.
l
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VARIÉTÉS. 201
les Suisses, avec lesquels ils étaient en alliance depuis lon-
gues années et auxquels ils étaient unis par des liens de
religion.
On ne sait malheureusement pas ce que devint cette péti-
tion. Le congrès n'eut pas le temps de discuter des questions
si minimes. Les victoires de Moreau ne lui en donnèrent
pas le temps. Mais l'article 2 du traité de Paris donna sa-
tisfaction quatorze ans plus tard aux braves habitants de
Bienne, ils furent de nouveau replacés dans le canton de
Berne *. Du temps de la domination impériale, Bienne eut
l'honneur de posséder tous les employés que l'on rencontre
dans un chef-lieu de canton français, sauf le curé catholique.
Le 8 pluviôse an XI, on y créa un consistoire de l'église
réformée et une école secondaire.
La ville de Genève ne laissa pas non plus échapper une
occasion de récupérer sa liberté. Son titre de chef-lieu du
département du Léman ne lui plaisait nullement, eUe s'a-
dressa plus haut que Bienne, elle envoya des députés au
roi de Prusse pour le prier d'intercéder pour elle, sifin qu'à
la paix, sa vieille liberté lui fut rendue. Post tenebras hiœ.
Elle fut traitée comme Bienne.
Le congrès de Lunéville terminé, Glarcke fat envoyé à
Bruxelles pour y recevoir les envoyés de l'empereur Paul
!«'*, et M™«» Glarcke retournèrent dans leur riant séjour
* Au mois de septembre 1814, une réunion de tous les maires
de l'ancien Evéché de Bâle eut lieu a Porrentruy. Il s'y trouvait
un député suisse. Us déclarèrent que la population demandait
à entrer dans la confédération suisse pour en former un état,
sauf un district qui convenait au canton de Bâle.
• L'ambassadeur de Russie vint déployer son faste à Stras-
bourg , le 8 ventôse. Il descendit à VhùUl de V Esprit. Il y eut
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202 VARIÉTÉS.
de NeuwUler. Quant au principal coopérateur de la paix, il
passa incognito à Strasbourg , le 26 fructidor, venant de
Paris par Metz. Il était triste et découragé ; une éclatante
disgrâce l'attendait. Il avait fait cependant tout son pos-
sible, et s'il avait compromis les intérêts de sa cour, c'était
pour avoir Ivoulu trop bien les défendre. Son adversaire
politique, l'ami des Anglais \ M. de Thugut, reprit tout son
pouvoir sur le faible François II. L'Autriche ne devait pas
goûter longtemps les douceurs de la paix. Une nouvelle
guerre fut déclarée à la France et de nouvelles humilia-
tions étaient réservées à cette puissance qui avait pris les
armes si injustement. M. de Gobentzel ne vit pas ce nou-
veau malheur arrivé à sa patrie ; il était mort depuis long-
temps , . ayant conservé l'estime de tous les patriotes alle-
mands.
Deux jours après la publication de la paix, à Paris, le
ministre de l'intérieur présenta au chef de l'état la carte
de la France sur marbre blanc, avec les limites tracées par
le nouveau traité. A l'annonce de la paix, le maire de
grand bal paré à la maison Commun^ (ex-Evéché), souper, illu-
minations en la ville , etc. On tira à son départ dix-neuf coups
de canon, la gendarmerie alla l'escorter jusqu'à la frontière et
toutes les autorités lui firent visite.
* Le général Lahorie, chef d'état-major de Moreau, et qui eut
comme son maître une bien triste fin, conversant avec les géné-
raux Louis et de Lehrbacli sur le peu de dignité qu'a un grand
pays de se mettre à la solde d'une puissance étrangère. — Com-
ment, reprit un Autrichien, mais Sa Majesté n'est à la solde de
personne I — Mais vous recevez des subsides de l'Angleterre ?
— Non, reprit vivement M. de Lehrbach, c'est un emprunt I —
Oui, répliqua froidement Lahorie, vous en payez l'intérêt avec
des jambes et des bras.
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VARIÉTÉS. 203
Strasbourg fit sonner toutes les cloches, et la municipalité
résolut de donner une fôte magnifique dès que Moreau se-
rait de retour de Tarmée. Jamais la foire de la St. Jean
n'avait été aussi brillante dans la capitale de l'Alsace, n y
avait beaucoup de marchands fi^smçais, allemands et suis-
ses ; mais l'argent était rare ; il était entre les mains des
cultivateurs , qui avaient fait une récolte très abondante.
La mesure de vin (44 litres) valait 7 fi:.; les 117 litres de
blé, 15 fi».; d'avoine, 9 fr.; d'orge, 10 fi:., etc. Enfin, grâce à
la paix, 1900 chevaux d'artillerie étaient distribués en
Lorraine et en Alsace , et les semestriers , tous vieux sol-
dats, venaient augmenter les bras dans les villages.
La Suisse n'accepta qu'à regret le traité de Lunéville.
La riche république de Berne protesta, 'mais elle déclara
en môme temps le subir. La nouvelle constitution helvé-
tique fat l'objet d'une grande perturbation dans ce petit
pays , de nombreuses difficultés surgirent , la garnison de
la place forte d'Huningue fut quelquefois chargée de les
aplanir, et cette intervention ne fut pas oubliée plus
tard.
Un alsacien illustre , Koch , ne vit pas les clauses du
traité sans éprouver une grande inquiétude. Dans une no-
tice qu'il adressa à la classe des sciences historiques de
l'Institut \ il prédit « les commotions violentes et l'ébran-
lement de toute la machine politique de l'Europe , qui ne
pourraient manquer d'être la suite des systèmes que l'on
commençait à déployer à cette époque, et notamment de
l'atteinte portée à l'équilibre général par l'affaiblissement
* J. G. ScHWEiGHiEvsER, Vie de G, Koch, Strasbourg, pag. 52.
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I
204 VARIÉTÉS.
de r empire germanique , dont la constitution était la base
[principale de cet équilibre. Il était tellement persuadé de
ce 3 principes , qu'en 1795 et encore en 1800 il adressa au
gouvernement des mémoires très énergiques et pleins de
mi&onnements lumineux contre le système des limites du
Rhin, prévoyant, dès la première de ces époques, combien
eette constitution en serait altérée, ainsi que les dangers
qui devaient en résulter, dans la suite, pour la France elle-
inôme. »
A. Benoct.
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TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE.
BIBLIOGRAPHIE.
Pages
I. Périodiques 1
n. Religion, morale ,, 5
m. Jurisprudence, administration 8
rv. Sciences et arts 11
V. Littérature 13
VI. Histoire 17
Principaux articles des périodiques 37
Ventes de livres 43
DEUXIÈME PARTIE.
CHRONIQUE.
Chronique 49
Six mois de guerre 62
Nécrologie 123
TROISIÈME PARTIE.
vARiérés.
I. L* Alsace française selon Mumer 139
n. L'Alsace française de Ghiy Boucher 144
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306 TABLE DES MATIÈRES.
111 Un précurseur de MM. Treitschke, Sybel, etc 148
IV. Scènes de mœurs colmariennes pendant la guerre de
Trente ans 156
Y. La croix du Breitschloss 190
V J. Préliminaires du congrès de Lunéville ,,.. 195
f\'*
/
^
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UNIVER8ITY OF MICMIQAN .
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3 9015
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