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Full text of "Bibliothèque égyptologique : comprenant les oeuvres des egyptologues français dispersées dans divers recueils et qui n'ont pas encore été réunies jusqu' à ce jour"

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Division  tJ  T I 0 / O 
Section  * ^ 


AUGUSTE  BAILLET 


ŒUVRES  DIVERSES 


TOME  PREMIER 


CHALON-SUR-SAONE 

IMPRIMERIE  FRANÇAISE  ET  ORIENTALE  DE  É 


BERTRAND 


BIBLIOTHÈQUE 

ÉGYPTOLOGIQU 

CONTENANT  LES 

(EU VUES  DES  ÉGYPTOLOGUES  FRANÇAIS 

dispersées  dans  divers  Recueils 
et  qui  n’ont  pas  encore  été  réunies  jusqu’à  ce  jour 


PUBLIÉE  SOUS  LA  DIRECTION  DE 

G.  MASPERO 

Membre  de  PInstitut 

Directeur  d’études  à PÉcoIe  pratique  des  Hautes-Études 
Professeur  au  Collège  de  France 


TOME  QUINZIÈME 

AUGUSTE  BAILLET 

ŒUVRES  DIVERSES 

i 




PARIS 

ERNEST  LEROUX,  ÉDITEUR 

28,  RUE  BONAPARTE,  28 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2017  with  funding  from 
Princeton  Theological  Seminary  Library 


https://archive.org/details/bibliothequeegyp15masp 


\ U G U S T E BAILLE! 

(Né  en  1834) 


N 0 T ICE  B 1 0 G 1 i A PH  I QU  E 

Par  Jules  BAILLET 


Le  doyen  des  égyptologues  français,  Auguste  Baillet,  est 
aussi  l’un  des  moins  connus,  en  dehors  d’un  cercle  étroit  de 
spécialistes. 

Par  exemple,  ni  M.  Wiedemann1,  d’ailleurs  si  bien  do- 
cumenté, ne  le  citait  pour  l’époque  pharaonique,  ni 
M.  Mahaffy 2 et  M.  Strack3,  pour  l’époque  ptolémaïque,  ne 


1.  Wiedemann,  Ægi/ptische  Geschichlo  (1884),  ni  p.  450,  ni  dans  son 
Supplément  (1888),  ne  le  cite  parmi  les  commentateurs  de  l’inscription 
de  Bok-en-Khons. 

2.  Mahaffy,  Empire  of  tlie  Ptolemies  (1895),  cite  divers  égyptologues 
et  hellénistes  français  ; mais  il  ne  connaît  la  succession  des  dynastes 
thébains  que  par  Revillout  ; il  ignore  Hippalos  ; il  rectifie  le  sens  de 
irî<ptXav0pa>7tY|XE  Ttàcrou;  ôuvâ[i.£<nv,  sans  renvoyer  au  Décret  de  Memphis , 

3.  Strack,  Die  Dynastie  der  Ptolemæer  (1897),  conteste  les  droits 
successoraux  des  princesses,  sans  tenir  compte  du  mémoire  sur  les 
quatre  mariages  de  Cléopâtre  II,  qu’il  rajeunit  du  reste  outre  mesure. 


Biol.  ÉovrT.,  t.  xv. 


11 


AUGUSTE  BAILLET 


le  nommaient  et  n’utilisaient  ses  travaux’.  Je  ne  récrimine 
pas,  je  constate. 

si  cette  obscurité  est  injuste,  il  ne  m’appartient  pas  de 
le  dire.  Je  crois  devoir  seulement  l’expliquer  par  quelques 
détails  biographiques. 

Quand  un  érudit  a passé  sa  vie  loin  des  chaires  .et  des 
honneurs  oiliciels,  écrivant  principalement  dans  les  A lé— 
moires  d’une  Académie  de  province,  ses  œuvres  risquent 
fort  de  demeurer  ignorées  : c’est  le  cas  de  la  plupart  des 
études  que  renferme  la  présente  publication.  Pour  plus  d’un 
lecteur,  elle  n’olïrira  pas  seulement  l’avantage  de  réunir  des 
articles  dispersés,  mais  elle  révélera  des  œuvres  qui  leur 
échappaient  totalement. 

Auguste-Théophile  Baillet  naquit  à Fouillov,  près  Corbie, 
le  'J7  novembre  1834,  d’une  famille  d'agriculteurs. 

11  descendait  d'un  Charles  Baillet,  « laboureur  » à Longpré- 
les-Corps-, Saints,  dont  le  lils  Noël  vint,  au  milieu  du  XVIIIe 
siècle,  s’établir  à Fouillov.  Fn  1789,  son  aïeul  Anschaire 
Baillet  fut  choisi  par  sa  « paroisse  » comme  électeur  des 
députés  du  tiers  état  pour  le  bailliage  d’Amiens;  l’année 
suivante  il  devint  maire  de  la  « commune  » et  donna  sa  dé- 
mission en  1815.  Dans  cette  ascendance,  rien  qui  préparât 
un  érudit  ou  un  égyptologue. 

Après  de  brillantes  études  au  lycée  d’Amiens,  terminées 
au  Collège  Sainte-Barbe  de  Paris,  il  renonçait  à la  pro- 
fession  ancestrale.  Sur  les  conseils  d’un  cousin,  Achille 
Langevin,  administrateur  des  postes  et  télégraphes,  il  se 


I.  <i.  I.umbroso,  /.'  lÿ/itio  île!  Grec!,  e (Ici  Romani  (1882),  ne  souille 
1 1 1 • 1 1 d'IIippalos  dans  son  chapitre  sur  la  navigation;  dans  son  Appen- 
dice bibliui/rajico  de  la  2'  édition  (181)5),  il  est  incomplet,  et  me  fait 
pourtant  l'honneur  de  confondre  mes  essais  avec  les  études  de  mon 
père.  Pétrie,  Il  sinry  <>J  R'U/pl  (1899,  t.  II,  p.  225-229),  cite  avec  soin 
les  moindres  monuments  du  règne  de  khouniaton,  mais  passe  sous 
silence  tous  les  p irsonnages  des  stèles  (120,  641,  749,  d'Orléans,  étudiés 
dans  la  A ohcc  sur  la  collection  De.snoi/crs  (18~7y 


Notice  biographique 


in 


préparait  a l'Ecole  polytechnique.  Mais  bientôt  d’autres 
études  attirèrent  ses  préférences.  Il  suivit  les  cours  de 
l’Ecole  de  droit  et,  le  9 septembre  1857,  reçut  le  grade  de 
licencié. 

En  même  temps,  il  se  passionnait  pour  l’étude  du  moyen 
âge.  Entré  à l’Ecole  des  Chartes  en  janvier  1S51,  il  en 
sortit  premier  de  la  promotion  du  11  novembre  185b.  Sa 
thèse,  qui  lui  valut  le  diplôme  d’archiviste  paléographe, 
avait  pour  sujet  des  Recherches  sur  les  divisions  politiques 
de  la  Gaule  au  VI 13  siècle'. 

Membre  de  la  commission  de  publication  de  la  Société  de 
l’Ecole  des  Chartes,  pendant  plusieurs  années,  lui-même 
publia  dans  la  Bibliothèque  de  F École  des  Chartes,  en  1858, 
une  Etude  sur  la  dicision  des  Gaules  eu  17  provinces' . 

Ces  études  de  géographie  le  préparaient  à écrire  son 
Histoire  du  royaume  d’Orléans  (1860),  dont  il  sera  ques- 
tion par  la  suite. 

Nommé,  au  sortir  de  l’Ecole,  auxiliaire  surnuméraire  aux 
Archives  de  l’Empire,  sous  la  direction  du  comte  Léon  de 
Laborde,  il  fut  en  cette  qualité  attaché  à la  publication  de 
la  correspondance  de  Napoléon  E1 2',  et  y prit  une  part  très 
active.  « Je  crains  bien  (pie  vous  ne  finissiez  le  volume  YI 
» sans  moi  »,  lui  écrivit  de  Nice,  le  24  avril  1860,  son  chef 
M.  Rapctti,  envoyé  en  mission  pour  préparer  l'annexion  du 
comté.  « Soyez  bien  persuadé  que  je  regrette  mon  travail 
» de  bureau  et  notre  fiévreuse  collaboration...  Peut-être 
» vous  reviendrai-je  plus  en  état  de  seconder  M.  de  Laborde 
» pour  tout  le  bien  qu’il  veut  à chacun  de  vous,  à vous  en 
» particulier.  » 

Ces  fonctions  le  retenaient  il  Paris  : c’est  ainsi  qu’il  de- 


1.  Voir  Ecolo  impériale  des  Chartes,  Thèses  soutenues  par  tes  élùccs 
de  la  promotion  J 855-1856,  p.  S-8. 

2.  Bihl.  de  l’Ée.  des  Chartes,  T série,  I.  15".  Extrai'  : Paris,  Didot, 
1858.  in  8“,  21  p. 


IV 


AUGUSTE  BAILLET 


va  il  être  amené  a l’égyptologie.  Le  hasard  Je  mit  sur  la 
voie.  Ln  jour  qu'à  la  Bibliothèque  Nationale,  il  attendait 
un  volume,  la  Lotir  '!.  Dacier , de  Champollion,  se 
trouva  sous  sa  main.  11  la  feuilleta  d'abord  presque  machi- 
nalement, puis  \ prit  grand  intérêt.  Cette  lecture  le  mit  en 
goût  et  l'entraîna  au  cours  d’Emmanuel  de  Rongé,  alors 
reconnu  comme  le  second  chef  de  l’école  française. 

Bientôt  il  devint  un  disciple  fervent.  Dans  une  lettre  du 
9 septembre  1862,  Théodule  Devéria  le  signalait  à Chabas 
en  même  temps  qu’il  annonçait  les  premières  publications 
de  Ilon  aek  et  de  W.  Pleyte  : « Nous  avons  aussi  un  autre 
» auditeur  du  cours  de  M.  de  Rougé,  M.  Baillet,  qui  pro- 
» met  de  produire  d’excellentes  choses,  et  ainsi  peu  à peu 
» notre  école  s’augmente  et  se  fortifie...  Dame  Isis  a main- 
» tenant  alla  ire  a de  fameux  gaillards  dont  le  nombre  s’ac- 
« croit  tous  les  jours  et  qui  secouent  joliment  son  voile’.  » 

Lui-même,  Aug.  Baillet  avait  débuté  en  juillet  1861, 
dans  la  Revue  d' Ethnographie* , par  un  Examen  du  sys- 
tème de  déchiffrement  des  hiéroglyphes  égyptiens  de 
M.  Seyff'arth. 

Seyiîarth  s’était  déclaré  tout  d’abord  parmi  les  adver- 
saires de  Champollion  : un  an  après  l’apparition  du  Précis, 
il  lui  avait  opposé  ses  Rudi monta  hierog/yphices  (1825),  où 
il  développait  les  doctrines  de  Spohn.  Dans  la  suite,  plutôt 
que  de  se  rendre  devant  les  résultats  du  système  de  Cham- 
pollion, il  avait  préféré  combiner  ses  théories  avec  celles 
de  Goulianofï.  Les  égyptologues  l’avaient  laissé  dire  sans 
lui  faire  l’honneur  d’une  discussion  ; et  Birch,  dans  son 
Introduction  ù l'étude  des  hiéroglyphes' , se  contentait 
d’opposer  les  attaques  de  Seyiîarth  aux  efforts  de  tous  ceux 


1.  liililiotli*  que  ii/l/ptologique,  t.  IX,  p.  XJ.III. 

2.  T.  VIII,  n“  45,  p.  101-108,  1 pl. 

I r:i ' i u i t<*  par  < ’habas  cl  publiée  dan--  la  lieruc  archéologique  (1857), 
t.  XIV.  p.  170  ( Bibl . ègypt.,  t.  IX,  p.  180-181). 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


Y 


qui  contribuaient  « à élever  letucle  des  hiéroglyphes  au 
» rang  d’une  science  qui  a fait  ses  preuves  et  dont  les  bases 
» sont  désormais  inébranlables  ».  Puisque,  malgré  ce  dé- 
dain justifié,  le  système  s’obstinait  à réclamer  l’attention 
aux  dépens  des  bonnes  méthodes,  n’était-il  pas  utile  cl’en 
finir  avec  lui  par  une  démonstration  en'  règle  '? 

En  1862,  Aug.  Baillet  écrivait,  dans  la  Re.oue  archéolo- 
gique, un  article  sur  l’Élection  et.  la  duree  d es  fonctions  du 
grand-prêtre  d' Amman  à Thèhes,  qui  complétait  l’étude 
récente  de  Th.  Devéria  sur  le  Monument  biographique  de 
Bak-en-Khonsou' . Il  y combattait,  par  une  interprétation 
plus  rigoureuse  des  inscriptions  de  Hri-hor  a Karnalc, 
l’hypothèse  de  Brugsch  sur  des  réélections  périodiques  du 
grand  prêtre  thébain. 

Peu  de  temps  après,  il  réussissait  à déterminer  la  valeur 
des  hiéroglyphes  des  nombres  supérieurs  à 10,000.  Mais 
Devéria,  qui  avait  de  son  côté  fait  la  môme  découverte,  le 
devança  dans  la  publication,  comme  il  s’en  explique  à la 
fin  de  son  article  de  la  Reçue  archéologique  sur  la  Notation 
des  centaines  de  mille  et  des  millions  dans  le  système  hié- 
roglyphique\ «En  terminant  cette  courte  étude,  disait 
» Devéria,  je  suis  heureux  de  pouvoir  dire  que  ses  résultats, 
» au  moins  dans  leur  partie  essentielle,  c’est-à-dire  pour 
» la  fixation  de  la  valeur  des  trois  signes  numériques  ser- 
» vant  à noter  les  centaines  de  mille,  les  millions  et  les 
» dizaines  de  millions  dans  le  système  hiéroglyphique, 
» sont  pleinement  confirmés  par  un  très  bon  travail  de 
» M.  Baillet,  qui  faisait  cette  petite  découverte  à Paris,  tandis 
» que  je  la  faisais  en  Egypte.  Ce  jeune  égyptologue  a réuni 
» des  exemples  pour  le  moins  aussi  probants  que  les  miens, 

1.  Mémoires  de  l’Institut  égyptien,  1862,  t.  I,  p.  701-751  (=  Bill, 
ègypt-,  t.  IV,  p.  275-324). 

2.  Reçue  archéologique  (1862),  t.  VI,  p.  363  (=  Bihl.  ègypt.,  t.  IV, 

p.  268). 


VI 


AUGUSTE  baillet 


et  y a joint  une  étude  de  certaines  divisions  du  temps 
, ,| ai  i nd  des  plus  désirables  la  prochaine  publication  de 
» s,w  recherches  ; elles  comprennent  un  nouvel  examen 
> d'un  texte  numérique  important  qui  avait  échappé  à mon 
,i  attention,  bien  qu’il  eût  été  déjà  l’objet  d'un  travail  de 
» M.  Lepsius.  » 

Ainsi  deux  travailleurs,  d’après  des  recherches  parallèles 
• •I  indépendantes,  s’étaient  rencontrés  sur  les  mêmes  résul- 
tat'-. Pareille  aventure  advint  à MM.  Maspero  et  Chabas, 
pour  leur  traduction  du  papyrus  Abbott.  Devrait-il,  après 
de-  telles  expériences,  rester  des  sceptiques  pour  refuser  leur 
foi  à l’égyptologie? 

Cependant,  malgré  le  piquant  de  la  démonstration,  en 
dépit  de  l'encouragement  de  Devéria,  Aug.  Rail  lot  consi- 
déra le  travail  de  son  ainé  comme  délinitif  et  suffisant  sur 
la  question  : il  condamna  le  sien  au  portefeuille  à perpé- 
tuité. 

Les  plus  cordiales  relations  l'unissaient  à Th.  Devéria. 
Lu  jour,  celui-ci  le  surprenait  occupé  à prendre  des  notes 
"in  les  1 : « Relève/,  donc,  lui  disait-il,  ce  qui 

» ne  se  comprend  pas,  de  préférence  à ce  qui  se  laisse  en- 
w tendre.  » Bon  conseil,  sous  son  apparence  paradoxale; 
car  c'est  la  recherche  patiente  autour  des  énigmes  qui  fait 
le  plus  avancer  la  science. 

Le  billet  suivant,  écrit  par  Devéria,  témoigne  de  cette 
amitié  : « Mon  cher  monsieur  Rail  lot.  — Avez-vous  changé 
d'idée  depuis  l’autre  jour?  Hésitez-vous  maintenant  à 
» faire  une  tentative  pour  entrer  au  Louvre?  — S'il  en  est 
» ainsi,  renoneez-y  tout  de  suite,  et,  parce  moyen,  coupez 
h court  a la  possibilité  des  reproches  futurs  de  votre  famille 
» et  de  vos  amis.  Mais  dites-lc-moi  au  plus  tôt.  — Dans  le 
cas  contraire,  dépêchez-vous  d’aller  voir  M.  de  Rongé;  il 
" est  parfaitement  disposé  pour  nous,  et  s’étonne  presque 
» de  n’avoir  pas  encore  reçu  votre  visite;  car  l’idée  de  vous 
h faire  entrer  au  Louvre,  que  je  n’ai  fait  que  lui  souffler,  a 


notiof.  rnor.R APIIIQUF. 


VII 


» pris  clans  son  esprit  un  développement  que  je  n’osais  pas 
» espérer.  » 

Le  projet,  dont  il  est  question  en  ce  billet,  n'aboutit 
point. 

Pour  un  temps,  Aug.  Paillet  allait  faire  infidélité  à 
l’égyptologie.  En  18G3,  il  s’était  marié,  quittait  Paris  et 
s’adonnait  à l’industrie. 

Cependant  il  ne  cessa  pas  de  se  tenir  au  courant  ; et, 
sans  guère  produire  d’études  originales,  il  continua  d’accu- 
muler dans  ses  notes  et  ses  dictionnaires  les  éléments  de 
travaux  futurs. 

Durant  son  séjour  à Pussay  (Seine-et-Oise),  de  1863  à 
1871,  nous  ne  relevons  qu’un  seul  article,  De  la  trans- 
cription des  hiéroglyphes,  envoyé  à la  Zeitschrift  für 
agyptischc  Sprachc  en  1867.  Encore  ne  fut  il  pas  imprimé 
en  entier.  Seule  parut  la  première  partie  relative  aux  guttu- 
rales'. Sur  ce  point,  il  critiquait  à la  fois  la  transcription 
de  l'alphabet  adoptée  par  E.  de  Rougé  et  celle  que  prônait 
Lepsius  dans  son  Mémoire  sur  le  Standart  Alphabet 
(1835-1863).  Lepsius  ne  se  rendit  pas  aussitôt  à la  démons- 
tration : à la  suite  de  l’article,  il  exposa  ses  objections.  La 
principale  se  résume  en  l’axiome  : non  numerantur  sed 
ponderantur  ; pour  conclure  des  exemples  allégués,  il  ne 
suffit  pas  d’en  savoir  le  nombre,  il  faut  les  apprécier  en  con- 
naissance de  cause.  La  critique,  exprimée  par  un  maître, 
est  de  poids  ; elle  ne  vaut  point  contre  la  conclusion,  mais 
elle  porte  contre  la  discussion.  Aussi  avons-nous  cru  utile, 
dans  cette  édition,  de  fondre  avec  l’article  le  relevé 
d’exemples  qui  l'avait  préparé.  Seulement,  nous  remarque- 
rons ici  que,  le  jour  où  en  1889,  la  Zeitschrift  modifia  son 
système  de  transcription,  le  nouveau,  en  adoptant  trois 
signes  le,  k et  y pour  a et  S,  différenciait  fortement  le 


1.  Voir  p.  25  du  présent  volume. 


VIII 


AUGUSTE  BAILLET 


troisième  des  deux  premiers  : c’était  renoncer  aux  idées  an- 
térieures de  Lepsius  et  se  conformer  aux  conclusions  de 
l'article  d’Aug.  Baillet. 

A Pussay,  Aug.  Baillet  partageait  le  meilleur  de  son 
temps  entre  son  industrie  et  sa  famille. 

L’instruction  de  ses  fils  fut  pour  lui  l’occasion  d’expé- 
rien  os  pédagogiques.  Deux  principes  se  dégagent  de  ses 
idées  et  de  ses  essais  : ne  jamais  fatiguer  l’esprit  de  l’enfant, 
l'ouvrir  de  bonne  heure  par  des  notions  exactes  données 
sans  pédantisme  à propos  de  tout  ce  que  l’enfant  rencontre 
et  observe. 

Le  29  avril  1868,  il  avait  été  nommé  délégué  cantonal 
l'inspection  des  écoles  | ri  maires.  Plus  de  vingt  ans,  il 
exerça  cette  charge  avec  zèle,  d’abord  dans  le  canton  de 
Méréville,  puis  à Orléans’. 

La  guerre  de  1870.  en  fermant  les  usines,  lui  donna  des 
loisirs  forcés.  Il  les  utilisa  en  mettant  en  pratique  certaines 
idées  de  V.  Duruy  sur  l’instruction  populaire  qu’on  a re- 
luises depuis.  Cours  d’adultes,  extension  universitaire,  uni- 
versités  populaires  pourraient  le  citer  comme  un  précurseur 
ou  un  bon  ouvrier  de  la  première  heure. 

Il  réunit  donc  une  vingtaine  de  jeunes  villageois,  n’ayant 
fait  que  des  études  primaires,  et  se  mit  à leur  enseigner 
l’allemand  dont  il  ne  possédait  qu'une  connaissance  super- 
licielle.  Dans  celte  tâche  paradoxale,  il  apprenait  la  veille 
ce  qu'il  montrerait  le  lendemain.  D’ailleurs,  lors  des  passages 
de  Prussiens,  puis  de  Bavarois,  il  eut  le  bonheur  de  rendre 
quelques  services,  comme  interprète,  aux  gens  de  son  bourg. 
Plus  tard,  quelques-uns  de  ses  élèves  poursuivirent  leurs 
études,  et,  a leur  tour,  se  rendirent  utiles  par  la  connais- 
sance de  la  langue  dont  il  leur  avait  donné  les  premières 
notions. 


1.  Décision  préfectorale  du  8 mars  1877. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


IX 


En  1874,  il  vint  s’établir  négociant  à Orléans.  Ce  change- 
ment de  séjour  et  le  malheur  qui,  en  1877,  le  frappa  dans 
ses  plus  chères  affections,  le  ramenèrent  peu  à peu  à l’égyp- 
tologie. 

Cependant  il  ne  put  y consacrer  qu’une  partie  même  de 
ses  loisirs.  Se  retirer  des  affaires  ne  fut  pas  pour  lui  se 
reposer.  De  divers  côtés,  on  faisait  appel  à sa  compétence  et 
à son  dévouement  pour  la  chose  publique.  A plusieurs 
reprises,  en  1884  et  depuis,  parfois  même  malgré  lui,  les 
électeurs  consulaires  d’Orléans  l’envoyèrent  siéger  au  Tri- 
bunal de  commerce.  Il  fut  un  des  organisateurs  du  Syndicat 
Orléanais  de  l’habillement  et  de  l’Union  des  syndicats. 
Président  d’un  comité  local  de  défense  des  porteurs  de  titres 
de  Panama,  il  prit  part  à la  fondation  de  la  nouvelle  Société 
de  Panama,  qui  tentait  de  relever  cette  grande  œuvre  si 
funeste  aux  capitaux  français,  et  en  fut  administrateur  de 
1894  à 1900.  Enfin  la  politique  même  lui  prit  quelque  part 
de  son  temps.  Déjà  il  avait  été  conseiller  municipal  de 
Pussay.  En  1873,  il  s’était  présenté  aux  élections  cantonales 
comme  candidat  républicain.  Depuis,  il  s’était  soigneuse- 
ment abstenu  de  toute  compétition.  Pourtant,  en  1892,  il 
opposa  sa  candidature  à celle  d’un  socialiste  pour  le  conseil 
d’arrondissement,  et,  lors  des  élections  municipales  de  1899, 
le  comité  républicain  progressiste  obtint  qu’il  se  laissât 
porter  sur  sa  liste  avec  laquelle  il  fut  élu. 

Seulement,  c’est  à la  science  que  le  ramenaient  toujours 
ses  goûts  personnels. 

Les  deux  principales  Sociétés  savantes  d’Orléans  s’em- 
pressèrent de  l’attirer  dans  leurs  rangs. 

La  Société  d’agriculture,  sciences,  belles-lettres  et  arts 
d’Orléans  le  nommait,  le  19  février  1875,  membre  de  la 
section  des  belles-lettres. 

La  Société  archéologique  et  historique  de  l’Orléanais 
l’élisait  membre  titulaire,  le  25  février  1876,  — trésorier, 
du  28  décembre  1877  au  11  février  1881,  — plusieurs  fois. 


X 


AUGUSTE  DAILLET 


membre  de  la  commission  de  publication.  Presque  chaque 
an  cil  ■ le  deleguait  à la  réunion  des  Sociétés  savantes 
en  Smli  une.  Ses  procès-verbaux  relatent  plusieurs  com- 
înunications  de  lui  : en  1SS2,  il  signale  un  témoignage  con- 
t < • i : uiain  de  la  campagne  de  1429';  en  ls‘.)l,  il  annonce  la 
<1.  «•. .u rte  dos  fondements  de  la  chapelle  du  couvent  des 
Auguslins*. 

Sa  principale  contribution  à l’archéologie  orléanaise 
consiste  dans  la  lecture  et  la  restitution  d'inscriptions 
tumulaires  de  Saint-Renoit-sur-Loire1 2 3.  Après  une  excursion 
à Saint-Benoit,  « il  appelle  de  nouveau  l’attention  de  la 
» Société  sur  l’état  de  détérioration  croissante  des  monu- 
» monts  qu'il  a étudiés,  et  termine  en  lisant  un  travail  sur 
i)  les  épitaphes  dont  il  présente  un  fac-similé  minutieuse- 
> ment  fait  ».  Il  s’attachait  particulièrement  à la,  plus 
maltraitée,  l’épitaphe  dite  de  Xcsrjau'.  Il  démontrait  que  h' 
nom  du  prétendu  moine  devait  se  décomposer  en  n (non)  es 
g.\v[  ....];  que  l’épitaphe  était  métrique  et  qu’elle  pouvait 
se  restituer  intégralement,  même  avec  le  nom  véritable  du 
défunt,  Oausbert,  ancien  abbé  de  Ferrières  (1044-1060), 
grâce  a l’histoire  manuscrite  de  Saint-Benoît-sur-Loire,  par 


1.  Bulletin  de  h i Société  archéologique,  t.  VII,  p.  509. 

2.  Ibicl.,  t.  X.  p.  57. 

a.  M.  Grellet-Malptuerio  avait  dénoncé  la  ruine  menaçante  de  la 
basilique  et  signalé  une  des  épitaphes  qu'il  attribuait  au  chroniqueur 
Aimoin  et  que  M.  Ramé  reportait  à Girard  ou  à Raoul  Tortaire  (Cou- 
vres de  Sorbonne,  avril  1882.  Bulletin  du  Comité  des  travaux  histori- 
. 1882,  p.  133,  305,  327;  1883,  p.  81-85  et  144.  Bull.  Sue.  un-h., 
10nov.lS82, 12janv.  et  9 mars  1883  ; VII,  p.  532  ; VIII,  p.  14  et  2t.)  — 
M.  Boueher  de  Molandon,  délégué  par  la  Société  avec  M.  Dumuys, 
avait  fait  mouler  trois  épitaphes  par  le  sculpteur  I.anson,  et  lu  à la 
Société',  le  13  juillet  1883,  un  travail,  amplifié  par  la  suite  (Bull.  Soc. 
arch..  VIII,  p.  21,  56-57,  86.  87-88.  109). 

I.  Marchand,  Souvenirs  historiques  de  Suint-Benoit . 1838.  — L'abbé 
Rocher,  Cel'  i-intu/r  ù Suint-Benoit,  1852;  Histoire  de  l’abbaye  royale 
d '■  Suint-Brnnit.  1865. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XI 


Dom  Cha/al,  conservée  à la  bibliothèque  de  la  ville  d’Or- 
léans'. Cette  attribution  et  cette  restitution  furent  le  sujet 
d’un  Mc  moire,  sur  une  épitaphe  du  XI1'  siècle  de  Satnl- 
Benoît-sur- Loire,  qu’Aug.  Maillet  lut  au  congrès  de  Sor- 
bonne, le  L7  avril  1884b  A la  séance  suivante  M.  Boucher  de 
Molandon  témoignait  du  « légitime  succès  obtenu...  par 
» M.  B.  pour  son  ingénieuse  restitution  » qui  avait  « mérita' 
» les  éloges  du  bureau  et  des  nombreux  délégués  présents  ' » 
Ces  études  dans  leur  ensemble  demeurèrent  inédites;  mai 
les  conclusions  les  plus  importantes  sont  résumées  dans  les 
comptes  rendus  du  congrès,  ou  ont  passé  dans  le  mémoire 
de  M.  Bouclier  de  Molandon  '. 

En  1886,  A.  11.  était  de  nouveau  délégué  pour  lire  une 
étude  sur  l’ Kpitaphe  de  Mummoleus,  abbé  de  Fleury  '. 

La  Société  d'agriculture,  sciences,  belles-lettres  et  arts 
avait  compté  dans  ses  rangs  trois  membres  de  la  Commission 
scientifique  de  l'expédition  d’Egypte,  J ol lois,  Gérard  et 
Louis  Ripault,  ce  dernier  qui  s’était  vainement  efforcé,  avant 
Champollion,  de  pénétrer  le  mystère  des  hiéroglyphes. 
S’ouvrir  à un  adepte  de  la,  science  nouvelle,  maîtresse  enfin 
du  secret,  c’était  donc  pour  elle  renouer  une  tradition. 

1.  L’analyse,  qu’au  XYIH"  siècle  il  donnait  de  l’inscription,  permet 
de  la  rétablir  ainsi  : 

« in  mvndo  mvndvm  non  es,  gav  [sberte.  seciitus.] 
sr-.D  pi vs  et  sapiens,  p[rovid]vs  [atque  vigil,] 
sobrivs  ht  castvs  sprevisti  GAvfdia  vana.l 
mvndi  delici  as  : [astra  pete  alta  Dei,] 
qvem  suspirasti,  quem  vivvs  s[emper  amasti] 
et  evi  servisti  ; auta  s[it  ergo  tibi].  » 

2.  Bulletin  du  Comité  des  tracaux  historiques  ( Archéologie ),  1884, 
p.  174-175. 

3.  Bulletin  de  In  Société  archéologique,  t.  VIII,  p.  175  et  185-180. 

1.  Mémoires  de  la  Société  archéologique,  1884,  t.  XVIII,  p.  527-573, 
et  atlas,  pl.  VIII-XIII.  Allusion  sommaire  au  concours  de  A.  B , p.  540 
et  557,  n.  1 . 

5.  Bulletin  de  la  Soc.  arch.,  t.  VIII,  p.  414, 


XI! 


AUGUSTE  BAILLET 


D'ailleurs,  on  A.  B.  elle  n accueillait  pas  un  inconnu  ; car, 
quinze  ans  plus  tôt,  elle  avait  couronné  de  lui  une  Histoire 
du  royaume  d’ Orléans' . « La  Société,  dit  en  1S99  son  his- 
» torien,  M.  Guerrier,  avait  mis  ce  sujet  au  concours 

> pour  185s.  Il  était  difficile  à traiter  ; car  les  documents 
■ sont  rares,  trop  souvent  confus,  quelquefois  contradic- 
toires. On  risquait  en  outre  de  sortir  du  programme  et  de 
se  laisser  entraîner  à des  considérations  générales,  ou  bien 
à quelque  imitation  périlleuse  des  Récits  des  temps  méro- 

')  vingiens.  Le  prix  ne  fut  pas  décerné  : on  prorogea  le 
» concours.  La  Société  précisa  le  sujet  et  développa  sa 
•<  pensée  en  disant  qu’elle  désirait  qu’il  fût  traité  au  point 
d de  vue  géographique.  Ainsi  envisagé,  il  était  neuf  et  à 
» peine  effleuré  par  nos  historiens,  qui,  d’ailleurs,  ne  sont 
» pas  d’accord  entre  eux.  L’auteur  d’un  nouveau  mémoire 
->  s<>  conforma  aux  indications  qui  lui  étaient  données: 

' rejetant  les  faits,  les  détails,  qui  appartiennent  à l'histoire 
d générale,  ne  conservant  que  ce  qui  était  nécessaire  à l’in— 

> telligence  du  sujet,  écartant  surtout  les  développements 
» biographiques,  s’éloignant  en  un  mot  du  point  de  vue 
i politique,  pour  traiter  des  guerres,  des  conquêtes,  des 
a traités,  des  usurpations,  de  tout  ce  qui  amena  un  agran- 
dissement ou  un  amoindrissement  du  royaume  dont 

» Orléans  fut  la  capitale.  Il  l'a  fait  avec  une  conscience  et 
» une  autorité  remarquables;  toutes  scs  assertions  s’ap- 
» pu  vent  sur  des  textes,  sur  des  citations  exactes  qui  les 
» justifient.  Ce  n’est  pas  sans  doute,  dit  l’auteur  du  rapport, 
d M.  Dupuis,  l’intérêt  d’un  récit  attrayant  que  le  lecteur 
>)  devra  chercher  dans  ce  mémoire  ; et  ce  n’est  pas  là,  en 
» effet , ce  que  pouvait  espérer  l’Académie,  en  mettant  ce 
" sujet  au  concours;  mais  quiconque  voudra,  sur  cette 
période  aride,  ingrate  de  notre  histoire  locale,  trouver 

1.  Mémoires  de  la  Soe.  (ÏA;jriculluro,  etc-,  4'  série,  t.  Y,  p.  241-323, 
et  1 vol.  in-8°,  1861,  Laurent,  Orléans. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XIII 


» des  notions  exactes  et  utiles,  devra  les  demander  à ce 
» consciencieux  et  remarquable  travail1 2.  » 

Devenu  membre  de  la  Société,  A.  B.  lui  apporta  un 
concours  actif.  Son  nom  revient  souvent  dans  les  procès- 
verbaux.  La  section  des  Lettres  le  nomme  secrétaire,  le 
30  avril  1875b  Tantôt,  il  lit  des  vers  : un  rondeau  pour 
remercier  de  son  élection  ses  nouveaux  collègues3 4 5 6,  un  sonnet 
pour  les  féliciter,  sous  couleur  ironique,  de  la  variété  de 
leurs  travaux  ',  une  pièce  de  vers  sur  le  concours  régional  et 
l’exposition  rétrospective  d’Orléans  en  1876  b Tantôt,  il  fait 
un  rapport  verbal  sur  quelque  travail  à insérer  dans  les 
Mémoires  de  la  Société  : mémoire  de  M.  l’abbé  Desnoyers 
sur  un  amas  d’os,  rebuts  d’un  atelier  de  charnières  romaines 
à Orléans0,  — notice  biographique  de  INI.  Patay  sur  Arnauld 
de  Nobleville,  doyen  du  collège  de  médecine  et  administra- 
teur de  l'IIôtel-Dieu  d’Orléans7,  — mémoire  de  M.  Des- 
novers  sur  Dom  Fabre,  bibliothécaire  du  monastère  de 
Bonne-Nouvelle8 9,  — traduction  en  vers,  par  M.  Boutet  de 
Monvel,  de  la  3e  satire,  au  livre  II,  d’Horace0,  — trois  pièces 
de  vers  de  M.  de  Vauzelles10 11,  — mémoire  du  Dr  Grellety  sur 
le  mariage  au  triple  point  de  vue  médical,  social  et  litté- 
raire", — poésie  de  M.  Czajewski  sur  sainte  Cécile12.  Un  de 
ces  rapports  fut  imprimé  : un  mémoire  de  M.  Ch.  Michau, 

1.  Mémoires  de  la  Soc.  d’Acjr.,  etc-,  4e  série,  t.  XXXVII,  1899, 
p.  143-144. 

2.  Mém.  de  la  Soc.  d'A</r .,  etc-,  4"  série,  t.  XVII,  p.  351. 

3.  19  mars  1875,  Ibid.,  t,  XVII,  p.  343. 

4.  16  avril  1875,  Ibid.,  t.  XXII,  p.  350. 

5.  2 et  16  mars  1877,  Ibid.,  t.  XIX,  p.  289,  290,  et  p.  80-83. 

6.  6 août,  1875,  Ibid-,  t.  XVII,  J).  357. 

7.  16  juin  1876,  Ibid.,  t.  XVIII,  p.  358. 

8.  15  décembre  1876,  Ibid.,  t.  XVIII,  p.  362. 

9.  29  décembre  1878,  Ibid.,  t.  XX,  p.  303. 

10.  21  novembre  1879,  Ibid.,  t.  XXI,  p.  288. 

11.  16  avril  1880,  Ibid.,  t.  XXII,  p.  355. 

12.  7 janvier  1881,  Ibid.,  t.  XXIII,  p.  390. 


xiv 


AUGUSTE  15A1LLET 


« ;r  le  poète  Orléanais  Guillaume  Guiard,  lui  avait  rappelé 

es  études  médiévales1 2 * * * *.  D’autres  fois,  il  expose  à la  Société 
1 > dilî<  rences  entre  les  trois  sortes  d’écritures  égyptiennes*, 

,u  bien  l’iiistorique  et  les  règles  de  la  lecture  des  hiérogly- 
phes . En  1 879,  la  Société  lui  vote  des  félicitations,  à 
propos  des  éloges  de  M.  Renan1.  En  1887,  elle  le  désigne 
pour  le  représenter  a la  réunion  des  Sociétés  savantes  en 
Sorbonne,  et  y lire  un  mémoire  en  son  nom  A plusieurs 
reprises,  enfin,  il  fait  part  d’études  personnelles,  sur  les- 
quelles il  convient  de  donner  de  plus  amples  détails. 

Eue  seconde  fois  en  1877,  comme  en  1861,  A.  B.  offrait 
a cette  compagnie  la  primeur  de  ses  travaux  d’érudition, 
quand  il  revint  à l’égyptologie  pour  y chercher  un  palliatif 
a un  deuil  cruel.  Alors  donc  il  lui  donna  son  étude  sur  la 
( 'tlleclion  éfjijpticnne  de  M.  l’abbé  Dcsnoijer" . 

Cette  collection,  une  des  plus  complètes  qu’on  voie  en 
province7,  se  trouve  exposée  aujourd’hui,  avec  tousses  com- 
pléments, dans  les  salles  du  Musée  historique  d’Orléans, 
du  il  l’abbé  Desnoyers  fut  longtemps  le  directeur  et  le  bien- 
faiteur. L’étude  <[iie  lui  consacre  A.  B.  ne  se  réduit  pas  à un 
simple  catalogue.  Des  exposés  sur  la  religion,  les  croyances, 
l'histoire  et  les  mœurs  des  anciens  Egyptiens,  des  réflexions 
personnelles  et  quelques  traductions  encadrent  l’énuméra- 

1.  r>  juillet  1901,  Meut,  de  lu  Soc.  d’Aijr.,  de.,  5''  série,  t.  I.  p.  201  et 
108-111. 

2.  7 novembre  1879,  Ibid.,  1 série,  t.  XXI,  p.  287. 

a.  18  décembre  1885,  Ibid.,  t.  XXVI,  p.  207. 

1.  Ibid.,  t.  XXI,  p.  288. 

b.  15  avril  1887.  Ibid.,  t.  XXVII,  p.  211  et  215. 

tl.  7 et  21  décembre  1877,  Ibul.,  t.  XIX,  p.  298. 

7.  Sur  un  point  particulier,  elle  se  trouvait  la  plus  riche  de  France 
et  d'I'Ampe.  Quand  M.  l'aressy  composait  son  mémoire  sur  les  Cônes 
funéraires  (Mémoires  île  ht  Mission  du  Cuire,  t.  VIII,  21'  l'asc.),  le 
relevé  i|ue  nous  lui  transmîmes,  sur  sa  demande,  tenait  le  premier  rang 
après  celui  du  Musée  de  Boulaq  (ef.  Darmsteter,  Journal  Asiatique , 
1899,  9’  série,  t.  II,  p.  139,  u"  -1). 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XV 


tion  et  la  description  des  objets.  Cinq  planches  représentent 
les  plus  curieux  ou  les  plus  rares,  statuettes,  scarabées, 
bijoux,  eic.  La  lecture  des  monuments  épigraphes  apporte 
son  appoint  aux  listes  de  fonctions  et  de  noms  propres 
connus.  Certains  procédés  d’art  sont  signalés.  L’influence, 
par  choc  en  retour,  de  la  Grèce  sur  les  idées  religieuses  de 
l’Egypte,  comme  sur  l’architecture  et  la  sculpture  ptolé- 
maïques,  est  proposée  à l’étude.  L’examen  de  plusieurs 
statuettes  montre  l’alliance  des  polythéismes  égyptien  et 
grec  : notamment  un  Osiris,  couronné  de  pampres  et  ap- 
puyé sur  un  cep,  provoque  un  commentaire  sur  Diodore, 
qui  parut  cl’abord  dans  la  Zeitschrift.,  sous  le  titre  d 'Osiris- 
Bacc/tus.  A propos  du  Panthéon  égyptien,  des  extraits  et 
une  pièce  de  vers,  d’une  sobre  élégance,  donnent  aux  non- 
initiés  une  idée  de  l’Hymne  à Amon-Râ,  de  Boulaq,  et  des 
autres  hymnes  de  l’Egypte'.  Aux  savants  un  relevé  soigneux 
des  textes,  des  ligures  et  des  noms  rend  un  service  qu’appré- 
ciait ainsi  AL  Alaspero  : « Je  vous  remercie  de  votre  bro- 
» chure.  La  collection  que  vous  avez  décrite  renferme  des 
» monuments  fort  intéressants  et  vous  en  avez  fait  ressortir 
» tous  les  mérites.  C’est  un  service  d’autant  plus  grand 
» qu’une  collection  égyptienne  placée  dans  une  ville  de  pro- 
» vinceest  ordinairement  ignorée  et  perdue  pour  la  science. 
» 11  aurait  été  fâcheux  que  celle  de  AL  l’abbé  Desnoyers 
» restât  inconnue1 2.  » 

Renan,  dans  un  de  ses  Rapports  annuels  sur  les  travaux 
delà  Société  asiatique,  dont  Alax  Millier  disait  que  « l’hon- 

1.  Une  nouvelle  étude  sur  les  Hymnes  au  Soleil  du  Livre  des  Morts 
fut  lue  le  20  décembre  1878  (t.  XX,  p.  303).  L’auteur  y exposait  ses  vues 
sur  la  poésie  des  Egyptiens  : l’idée  qu’il  se  faisait  de  leur  technique 
avait  été  corroborée  par  la  découverte,  dans  certains  papyrus,  de  vers 
dont  il  s’était  démontré  par  avance  l’existence,  malgré  leur  omission 
dans  la  plupart  des  exemplaires  conservés.  Malheureusement,  il  atten- 
dit la  publication  des  théories  de  M.  Grébaut  sur  le  même  sujet,  et  son 
étude  ne  parut  jamais. 

2.  Lettre  du  12  juin  1S79, 


XVI 


auguste  baillet 


neur  d'être  cité  dans  ces  pages  était  un  peu  pour  le  savant 
» ce  qu’était  pour  les  cités  grecques  l'honneur  d’avoir  leur 

- nom  dans  lecatalogue  d’Homère  », — Renan,  le28  juin  1879, 
signalait  l’œuvre  et  saluait  le  retour  de  l’auteur  à la  science  : 
« Un  égyptologue  qui  semblait  avoir  abandonné  entière- 
» ment  la  science,  M.  Auguste  Baillet,  d’Orléans,  vient  de 
» reparaître  avec  la  notice  d’une  importante  collection 
» formée  à Orléans  par  M.  l'abbé  Desnoyers.  C’est  une  bro- 
h chure  assez  courte,  mais  qui  renferme  nombre  de  faits  in- 
téressants pour  l’histoire  et  l’archéologie.  Il  faut  souhaiter 
que  M.  Baillet  ne  s’en  tienne  pas  là;  il  a des  qualités 

» de  pénétration  et  d’exactitude  qui  lui  assureront,  s'il  le 
» veut  bien,  une  place  éminente  parmi  les  égyptologues 
» contemporains1.  » 

A la  même  collection  se  rattachent  : deux  brèves  notes 
parues,  en  1877,  dans  les  Mélanges  d' archéologie  éggptienne 
de  M.  de  Rongé,  sur  Deux  Canopes  et  sur  Un  manuscrit 
portant  le  prénom  de  Thoutmès  III,  — le  court  article  de  la 
Zeitschrift  sur  Osiris-Bacchus,  fondu  ensuite  dans  la  Notice, 

- plus  tard  la  lecture  faite  au  congrès  des  Sociétés  savantes, 
en  1887,  sur  des  Momies  du  Musée  d’Orléans.  Certains 
personnages,  nommés  sur  plusieurs  de  ses  stèles,  inspirèrent 
la  première  idée  de  l’article  sur  Les  Fonctionnaires  du 
régne  de  Khounaton.  Enfin,  ses  vitrines  fournirent,  en  1901 
et  les  années  suivantes,  le  sujet  d’une  communication  à la 
Société  des  Sciences  sur  plusieurs  Vases  égyptiens  de  la 
collection  Desnoyers  au  Musée  d,’ Orléans , et  le  prétexte 
de  recherches  connexes  d’archéologie  ou  de  lexicographie 
sur  le  Nom  de  quelques  vases  égyptiens  et  le  Nom  des 
diverses  parties  d! un  Vase  en  égyptien. 

D’autres  études  suivirent,  qui  ne  présentaient  pas  à la 
Société  il  Orléans  1 intérêt  direct  d’un  sujet  local.  On  aurait 

1.  Journal  Asiatique,  C série,  t.  XIV,  p.  36;  ou  Reçue  politique  et 
littéraire,  1876,  II,  n"  17. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XVII 


pu  les  juger  trop  hérissées  de  discussions  techniques,  de 
rapprochements  et  de  citations,  nécessaires  pour  établir  le 
sens  d’une  phrase  ou  d'un  mot,  mais  bien  arides  pour  les 
profanes.  La  Société  s’honora  en  les  accueillant,  comme  la 
Société  de  Chalon-sur-Saône  en  imprimant  les  premières 
œuvres  de  Chabas. 

Souvent  des  difficultés  matérielles  entravaient  l’impres- 
sion de  ces  articles  dans  une  imprimerie  de  province  mal 
outillée  pour  ce  genre  de  travail.  On  connaît  les  plaintes  de 
Chabas,  réduit  à autographier  ses  Mélanges,  sa  lutte  contre 
le  règlement  de  l’Imprimerie  Nationale  de  Paris,  sa  joie 
quand  il  put  obtenir  une  casse  de  types  de  Berlin.  Lui 
aussi,  A.  B.  se  procura  une  collection  de  ces  types;  mais 
plus  d’une  fois,  il  dut  ou  se  contenter  malgré  lui  d’à  peu 
près,  ou  combler  les  lacunes  en  faisant  fondre  ou  gilloter 
des  signes  d’après  ses  dessins,  et  toujours  subvenir  au  prote 
en  assemblant  lui-même  les  caractères.  Passe  pour  quelques 
pages!  Mais,  s’il  s’agit  d’un  mémoire  comme  le  Décret  de 
Memphis,  on  se  lasse  de  ne  pas  obtenir  tout  ce  qu’on  désire, 
et  alors. . . qaandoque  bonus  dormi tat  Homerus  '.  Plus  que 
jamais,  l’érudition  « n’est  qu’une  longue  patience  ». 

C’est  dans  ces  conditions  que  parurent,  dans  les  Mé- 
moires de  la  Société  d'Orléans,  une  série  d’études  sur  l’époque 
ptolémaïque. 

M.  Revillout,  avec  sa  Chrestomathie  (1875-1880),  sa  Nou- 
velle Chrestomathie  (1879),  son  Procès  d’Hermias  (1882), 
venait  de  produire  une  large  trouée  de  lumière  parmi  les 
documents  recélés  par  les  papyrus  démotiques.  Mais,  quoi 
qu’il  ait  découvert,  il  n’avait  pas  du  premier  coup  épuisé  ce 
champ  d’études  : après  lui,  il  restait  à glaner  abondam- 
ment. 


1.  Nous  nous  sommes  efforcés,  sans  modifier  au  fond  ces  mémoires, 
de  les  présenter,  celui-là  en  particulier,  sous  une  forme  plus  satisfai- 
sante que  dans  la  1”  édition. 

BlUL.  ÉGVl’T.,  T.  XV.  ** 


XVIII 


AUGUSTE  BAILLET 


Ainsi,  M.  Rcvillout  avait  signalé  la  petite  dynastie  qui 
régna  siuTlièbcs  pondant  les  19  premières  années  de  Ptoléraée 
Kpipliane.  A.  15.  porta  ses  recherches  sur  Le  roi  Horemhou' , 
ou  u 11  rectifia  et  expliqua  la  lecture  du  nom 
i val  ; il  y réduisit  les  deux  cartouches  lus  par  MM.  Brugsch 
i-t  Rcvillout  : Ilorhotcp,  Horsat,  Horinekh;  enfin  il  déter- 
mina l'ordre  successif  des  deux  rois  Harmals  et  Aônkhis, 
d'après  les  souscriptions  du  notaire  Petisis.  M.  Rcvillout 
«•lia  cet  « ingénieux  travail*  » et  cette  « belle  étude1 2  3 * * * 7 »,  mais 
ne  s'  rendit  pas  de  suite  à la  démonstration  : il  attendit 
qu’il  la  pût  refaire  à son  tour  par  une  voie  nouvelle  au  moyen 
du  papyrus  n"  11)6  de  Berlin  A.  B.  prit  acte  de  cette  rési- 
pisveneedans  lepetit  article  de  1882  s\ir\  Horemhou  et  An/,h- 
- ch  Thches,  répon  c discrète  aux  diatribes  acerbes 
de  M.  Revillout b 

L’étude  sur  L’Etjypte  pendant  les  premières  années  du 
roi  lipiphane  traite  du  même  temps".  L’auteur  cherche  à y 
déterminer  l'étendue  de  la  rébellion  contre  la  dynastie 
grecque  et  la  preuve  rie  la  fidélité  de  certaines  villes. 

Le  mémoire  sur  Hippalos’  identifie  en  une  même  person- 
nalité le  ministre d’Epiplmne,  l’inventeur  des  vents  étésiens, 
le  fils  deGlaucias,  le  frère  du  Ptolémée  reclus  auSérapéum. 

1.  Lecture  du  7 novembre  187!),  t.  XXI,  p.287.  Renan  le  cite  ( Journal 
Asiatique,  7'  série,  t.  XYIIt,  1881,  p.  32). 

2.  " Anditu  (qui,  selon  un  ingénieux  travail  de  M.  Baillet  sur  les 
données  recueillies  par  moi,  succéda  à Thèbes  à Harmakliis)...  » Reçue 

1880,  I,  p.  14  ). 

3.  Reçue  ei/yptoloyit/uc,  11,  1881.  p.  110.  (Voir  la  citation,  infra , 
p.  204). 

I.  l.e  rm  Anr/imurlii.'i  et  le  roi  Hannachis.  — Reçue  êi/i/ptolorjique, 

II.  1881,  p.  145  1 17. 

Ô.  R' ru  • '//Itolnyi'/ue.  II.  1881.  p.  282-287. 

0 Lecture  des  3 cl  17  décembre  1880,  Air  ni . delà  Soc.  d'Ayr.,  etc., 
I XXII.  p.  303. 

7.  I turc  du  21  novembre  187!),  Mém.  de  lu  Soc.  d'Aqr .,  t.  XXI, 

p.  288. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XIX 


Cette  hypothèse,  sans  être  définitivement  confirmée,  a été 
corroborée  depuis  par  la  découverte,  à Mcnschiéh,  d’une 
inscription,  que  signala  M.  Maspero,  et  où  les  qualités  de 
prêtre  et  d’épistratège  sont  unies1.  Ainsi  se  dégage  un  peu 
de  l’ombre  et  de  l’oubli  un  grand  homme  méconnu. 

Obscure  et  piquante  est  l’histoire  de  Cléopâtre,  fille  dEpi- 
p hane,  la  seconde  du  nom,  qui  épousa  alternativement  scs 
deux  frères  Philométor  et  Évergète  11.  En  ISSO2 3,  A.  B. 
démêla,  d’après  les  datations  des  actes  grecs  et  démotiques 
de  ce  temps,  les  dates  des  quatre  mariages  successifs  de 
cette  Cléopâtre  II,  de  sa  répudiation  et  de  sa  mort.  Dénon- 
çant l’invraisemblance  cl’une  femme  mère  à 60  ans  et  assez 
verte  à 100  ans  pour  disputer  le  trône  à ses  1 ils,  il  lui  déniait 
la  maternité  et  la  tutelle  des  fils  et  successeurs  d’Ever- 
gète  II,  au  profit  de  sa  fille  Cléopâtre  III.  Des  rapproche- 
ments sûrs  recti liaient  plusieurs  erreurs  de  Letronne  et  de 
Brunet  de  Presles. 

Un  article  sur  Le  roi  Eupcitor,  lils  de  Philométor  et  de 
Cléopâtre  II  ',  devait  terminer  ce  cycle  relatif  à la  dynastie 
des  Ptolémées.  L’auteur  n’y  mit  jamais  la  dernière  main. 

Le  recueil  de  ses  Etudes  ptolémaïques  resta  donc  inachevé. 
Celles  (pii  n’ont  paru  (pie  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
d’Orléans  ont  échappé  à .1.  Darmsteter  qui,  dans  ses  rapports 
à la  Société  asiatique,  cite  ou  analyse  les  articles  sur  La  par- 
ticule •sm,  sur  les  Dialectes,  sur  les  Sceaux  hôtéens,  parus 
dans  les  publications  parisiennes,  Revue  égyptologique, 
Recueil  de  Traoaux,  Reçue  archéologique,  puis  le  Décret 

1.  Voir  infra , p.  210,  n.  3,  et  Miller,  Bulletin  de  Correspondance 
hellénique , 1885,  t.  IX,  p.  141-144  : l’auteur  ne  cite  que  Revillout 
( Chrestomathie , p.  135)  et  ne  fait  aucune  allusion  à l’identité  possible 
de  l’épistratège,  prêtre  des  Ptolémées,  invoqué  par  Hermias,  avec  le  (ils 
de  Glaucias  et  le  navigateur  qui  donna  son  nom  aux  vents  hippaliens. 

2.  Lecture  du  5 novembre  1880.  Mêm.  de  la  Soc.,  t.  XXII,  p.  361. 

3.  Lecture  du  17  décembre  1880,  Ibid.,  t.  XXII,  p.  363.  Cf.  infra, 
p.  235,  n°  2. 


XX 


AUGUSTE  I3AILLET 


de  M ut/ '/iis,  tiré  à part,  et  deux  autres  articles  du  Recueil'. 

La  lecture  du  nom  du  roi  Horemhou  reposait  sur  l’hvpo- 
t d-‘  i existence  de  différences  dialectales  déjà  sensibles, 
m 1 1 n • dans  1 écriture,  entre  le  parler  de  Thèbes  et  celui  de 
Memphis,  avant  de  se  fixer  dans  les  dialectes  coptes.  A.  B. 
s'efforça  de  déterminer  un  certain  nombre  de  ces  différences, 
a l'aide  d'abord  de  quelques  textes  démotiques  nouvellement 
publiés  par  M.  Revillout,  puis  des  monuments  de  Rosette  et 
de  Tanis.  De  là  ses  articles  sur  les  Dialectes  égyptiens,  pu- 
blies dans  le  Recueil  de  Travaux  en  1882  et  1883.  Si  dans  le 
detail  certaines  de  ses  conclusions,  même  présentées  comme 
provisoires,  pouvaient  paraître  prématurées,  sa  thèse  ne 
manquait  point  d’intérêt  et  méritait  d’être  posée.  Cependant 
le  premier  article  lui  valut  les  foudres  de  M.  Revillout*. 

Kn  terminant  son  premier  article,  A.  B.  faisait  de  pru- 
dente- réserves  sur  les  démentis  que  des  textes  plus 
nombreux  pouvaient  apporter  à des  conclusions  tirées  de  la 
comparaison  de  deux  textes.  Pas  n’était  besoin  d’invectives, 
de  prêts  gratuits  d’absurdités 3 et  d'accusations  de  plagiat, 
pour  opposer  a ces  conclusions  des  objections  tirées  d’une 
investigation  plus  étendue.  N’insistons  pas  sur  cette  querelle, 
de  peur  de  contrister  outré  mesure  un  homme  de  valeur 
qui  a rendu  de  grands  services  à la  science. 

N’ayant  aucun  goût  pour  le  métier  de  « gladiateur  de 


1.  Journal  Asiati'iue,  8'  série,  t.  II,  18S3,  p.  99  (•sait);  t.  IV,  1884, 

p.  113  Di  • XII,  1888,  p.  156,  n.  3 (Sceaux  hétéeus);  t.  XVI, 

1 - p 148  i ne  ville),  et  150-151  (Décret);  t.  XX,  1892,  p.  128 
(Ylir-X'  dyn.). 

2.  lier  ne  <ij  i/ptoloi/ i</ Il  II,  p.  282-287. 

3.  ç>uo,  |>  ir  exemple,  a jamais  en  hiéroglyphes  Harmachis  ne  s’est 

• rii  I l .nnhnii  nu  Ilormch  »,  A.  B.  ne  l’a  jamais  nié,  ni  avant  ni  après 
!•  ' i iii(|iies  dt1 2  M.  K II  a moue  eu  l’occasion  d’opposer  expressément 

I-  langue  i’  ''/ri,  Ile,  i rrite  dans  les  hiéroglyphes,  à la  langue  parlée 
qu’on  retrouve  dans  le  domotique  ( Décret  de  Memphis,  p.  19,  infra 
p.  362-363). 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XXI 


lettres  »,  A.  B.,  offensé,  ne  riposta  point.  Il  se  contenta, 
quand  AI.  Revillout  se  rectifia  lui-même  sur  un  point,  do 
le  noter  clans  son  second  article  sur  Iloremhou  et  de  n’en- 
voyer plus  rien  à la  Reçue  ègyptologique.  Mais  il  trahit  ses 
sentiments  dans  son  mémoire  sur  le  Décret  de  Alemphis, 
lorsque,  discutant  les  restitutions  de  Bouriant  qu'il  avait 
loué  tout  d’abord,  il  s’arrête  et  prie  de  ne  point  se  mépren- 
dre sur  ses  critiques  : « M.  Bouriant  me  pardonnera  si, 
» pour  la  facilité  de  ma  démonstration,  j’ai  quelquefois  eu 
» l’air  de  le  prendre  à partie.  Je  pense  ne  l’avoir  fait  qu’en 
» termes  qui  marquent  mon  estime.  Je  ne  suis  pas  de  ceux 
» qui  aiment  à injurier  les  auteurs  avec  qui  ils  ne  sont  pas 
» d’accord'.  » Son  caractère  courtois  et  conciliant  se  peint 
en  ces  lignes. 

La  pierre  de  Rosette  fut  la  pierre  angulaire  de  l’égypto- 
logie.  A plusieurs  reprises,  avant  de  la  prendre  pour  sujet 
du  plus  long  de  ses  opuscules  Le  Décret  de  Memphis  et  les 
Inscriptions  de  Rosette  et  de  Dctmanhour ï,  A.  B.  se  préoc- 
cupa de  ce  texte  fameux.  Ses  études  sur  Horemhou  et  sur 
les  premières  années  du  roi  Épiphane  l’auraient,  à elles 
seules,  imposé  à son  attention.  Son  article  sur  La  particule 
copte  xm  ou  «in  roulait  sur  une  expression  qui  s’y  trouve. 
Son  second  article  sur  les  Dialectes  le  prenait  pour  point  de 
comparaison.  La  découverte  de  la  stèle  de  Damanhour  (1884) 
et  la  publication  d’U.  Bouriant  (1885)  l’incitèrent  à tenter 
un  travail  d’ensemble. 

« AI.  Aug.  Baillet,  dit  J.  Darmsteter,  après  avoir  établi 
» l’identité  fondamentale  des  deux  textes,  malgré  les 
» variantes  ducs  aux  erreurs  du  graveur  et  malgré  la  diffé- 
» rence  de  date,  cet  exemplaire  étant  daté  de  la  24e  année  de 
» Ptolémée  Épiphane,  tandis  que  le  texte  de  Rosette  a été 

1.  Le  Décret  de  Memphis,  p.  75,  infra  p.  312. 

2.  Lu  à la  Société,  le  20  novembre  1885  : Mctn.,  t.  XXVI,  p.  264.  — 
1 vol.  in-8°,  xxxi-135  p..  1888,  Orléans,  Michau,  et  Paris,  Vieweg. 


XXII 


AUGUSTE  PAILLET 


» grav  '•  la  1)  année  196  av.  J.-C.),  est  arrivé  à restituer  le 
» texte  dans  sa  totalité,  par  la  confrontation  des  deux 
» textes'.  » 

Tout  d’abord,  il  prouve  que  les  deux  exemplaires  de 
Rosette  et  de  Damanhour  dérivent  d’un  même  texte  et  classe 
leurs  différences;  il  démontre  l’origine  égyptienne  et  le  peu 
d’instruction  dos  graveurs  : il  détermine  la  longueur  précise 
et  le  nombre  des  lignes  sur  la  pierre  de  Rosette;  il  prend 
acte  de  l’analogie  dos  décrets  de  Memphis,  de  Canope  et 
d Alexandrie;  il  explique  la  différence  des  dates.  Puis  le 
critique  suit  phrase  par  phrase  le  texte  hiéroglyphique  si 
incorrect  de  Damanhour  et  les  textes  grec  et  démotique  de 
Rosette  : ceux-ci  permettent  de  corriger  les  nombreuses 
bévues  et  omissions  du  graveur  de  Damanhour;  mais,  à leur 
tour,  les  hiéroglyphes  autorisent  quelquefois  à préciser  le 
sens  du  grec  et  à rectifier  certaines  traductions2 3.  Les  inscrip- 
tions de  Tanis  et  de  Phihe  fournissent  des  lambeaux  de 
phrases  et  des  expressions  nécessaires  pour  suppléer  à la 
fois,  en  l’occurrence,  celles  de  Rosette  et  de  Damanhour.  De 
ces  analyses  minutieuses  ressort  enfin  un  texte  qui  a les 
plus  grandes  chances  de  combler  exactement  les  lacunes  de 
la  pierre  de  Rosette  et  d’en  restaurer  l’aspect  primitif. 

La  restitution  des  Décrets  d'Alexandrie,  fragmentaire- 
ment  conservés  à Phihe,  devait  faire  pendant  à celle  du 
Décret  de  Memphis.  Mais,  soit  par  lassitude  des  difficultés 
d'impression,  soit  par  suite  de  préoccupations  d’un  tout 
autre  ordre,  l’auteur  laissa,  en  suspens  l’œuvre  annoncée1  et 
préparée,  et  n’y  revint  pas. 

Kn  1>'S7,  M.  l’abbé  Desnoyers  avait  acquis  pour  le  Musée 
historique  d’Orléans  plusieurs  momies  avec  leurs  sarco- 

1.  Journal  A<iati /tir,  1890,  t.  XVI,  p.  153-151. 

2.  Par  exemple,  p.  25  (■=  infra,  p.  270),  7tEçi).av0p','>jt7)xe  -aï;  SevâixEctv 
!a-jTov  ;i7 ai;,  non  pas  : « il  aima  les  hommes  île  toutes  ses  forces  » 
(Letronne),  mais  : « il  lit  < les  largesses  à toutes  ses  troupes  ». 

3.  l.r  Décret  île  Mcni/i/us,  p.  19  (=  infra,  p.  202). 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XXIII 


phagos  de  bois.  Tout  aussitôt  il  pria  son  collègue  aux  deux 
sociétés  orléanaisos  île  rédiger  un  complément  à la  Notice 
sur  sa  collection.  A.  B.  lut,  en  séance  ordinaire  et  en  séance 
publique  île  la  Société  des  sciences,  un  mémoire  sur  Les 
quatre  caisses  de  momies  du  Musée  d’Orléans , leur  prove- 
nance et  leur  date.  Il  montrait  que  c’étaient  les  cercueils  et 
les  corps  de  prêtres  de  la  ville  de  Panopolis.  vivant  sous  les 
Ptolémées.  La  Société  demanda  avec  instances  de  relire  en 
son  nom  ce  travail  à la  réunion  des  Sociétés  savantes  en 
Sorbonne'.  Là,  M.  Maspero  le  compléta  par  des  renseigne- 
ments sur  la  nécropole  de  Panopolis,  qu’il  rédigea  ensuite 
pour  la  Société,  à la  demande  de  A.  B.  Sur  l’initiative  de 
celui-ci,  la  Société  décerna,  à cette  occasion,  le  titre  de 
membre  honoraire  à M.  Maspero.  Cependant,  quoique  l’im- 
pression en  eût  été  votée,  ni  la  notice  d’A.  B.,  ni  la  note  de 
M.  Maspero  ne  furent  publiées1 2 3 4.  11  en  existe  seulement  un 
résumé,  dans  les  Comptes  rendus  du  Congrès  au  Bulletin  du 
ministère  ',  et  un  extrait,  dans  le  Rapport  de  M.  Desnoyers 
à la  Société  archéologique'.  « Je  dépose  ici,  disait  ce  dernier, 
» le  témoignage  de  ma  reconnaissance  pour  notre  collègue, 
» M.  Baillet,  qui  a bien  voulu  consacrer  de  longues  heures 
» à l’étude  et  à l’explication  des  inscriptions;  il  est,  vous 
» le  savez  avec  joie,  Messieurs,  un  des  maîtres  de  la  science 
» égyptologiquc,  et  je  lui  dois  les  éléments  de  ce  rapport.  » 

Cependant  l’époque  ptolémaïquc  n’absorbait  pas  seule  son 
attention.  Toute  question  obscure  l’attirait,  et  il  était  heu- 

1.  Mémoires  de  lu  Soc.  d’Agr.,  Sciences , etc.,  15  avril,  6 mai, 
Tr  juillet  1887  : t.  XXVII,  p.  215,  220,  224.  — Bulletin  de  la  Société 
archéologique,  25  mars,  22  avril,  10  juin  1887;  22  février  1888  : t.  IX, 
p.  31,  53,  65  et  175. 

2.  Mc  ni.  de  la  Soc.  d'Agr.,  etc.,  Tr  juillet,  7 et  21  octobre  1887  : 
t.  XXVII.  p.  224,  227,  228.' 

3.  Bulletin  du  Comité  des  tracaux  historiques.  Archéologie,  1887, 
p.  330-331. 

4.  Bulletin  de  la  Société  archéologique,  1887-1888,  t.  IX,  p.  45-47. 


XXIV 


AUGUSTE  BAILLET 


roux  d’y  jeter  quelque  lumière  par  des  rapprochements 
pa ti cm m en t p répa rés . 

Ainsi,  sous  le  titre  Division  et  administration  d’une 
ville  égyptienne,  recueille-t-il  preuves  et  exemples  de  la 
division  d’une  ville,  Abydos  entre  autres,  en  divers  quar- 
tiers désignés  par  leur  position  géographique  ou  le  métier 
des  artisans  qui  s’y  groupent,  et  énumère-t-il  les  fonction- 
naires préposés  à ces  circonscriptions.  M.  Maspero,  qui» 
dans  son  Histoire,  adoptera  ses  conclusions1 2 3,  lui  écrivait  : 
« Votre  note  me  paraît  fort  juste.  Les  villages  actuels  et  les 
» villes  de  l’Égypte  sont  divisés  comme  vous  le  pensez  des 


» villages  et  des  villes  de  l’Egypte  ancienne.  Les 


» sont  dans  l’inscription  d’Hapi-zefa  à Siout  : je  préférerais 
» peut-être  y voir  les  corps  de  métiers,  ce  qui  du  reste 
» n’est  qu’une  variante  de  votre  sens.  Je  me  promets  de 
» relire  soigneusement  votre  mémoire  que  je  n’ai  fait  cju’en- 
» t revoir  à l’épreuve*.  » 

Quelle  période  l’histoire  d’Égypte  reste  moins  connue  que 
celle  qui  sépare  l’Empire  memphite  du  premier  Empire  thé- 
bain?  Là,  dans  ce  qu’on  a nommé  « le  vide  monumental  », 
ont  beau  jeu  les  partisans  du  règne  collatéral  des  dynasties 
égyptiennes;  ils  auraient  pour  complice  le  silence  des 
pierres.  Mais  ce  silence  est-il  complet,  ou  bien  n’existe-t-il 
pas  déjà,  mais  méconnus,  des  vestiges  de  ces  temps? 
A cette  question  répond  l’article  sur  les  Monuments  des 
VIIP-X 6 dynasties.  « Dans  les  périodes  anciennes,  dit 
» .T.  Darmsteter,  nous  avons  encore  à signaler  les  recherches 
» ingénieuses  de  M.  Baillet  pour  déterminer  dans  la  masse 
» des  monuments  non  datés  ceux  qui  peuvent  se  rapporter 
» aux  dynasties  encore  vides  de  la  VIIIe  à la  XIIe:l.  » Et 
M.  Lieblein,  indiquant  la  méthode  suivie  : « M.  Baillet  a 


1.  Histoire  do  l’Orient,  t.  I.  p.  311. 

2.  Lettre  du  l'r  juin  1889. 

3.  Journal  Asiatique , 1892,  t.  XX,  p.  123. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XXV 


» recueilli  les  noms  des  fonctionnaires  et  des  particuliers, 
» et,  en  les  mettant  auprès  des  noms  royaux,  il  a,  par  ses  re- 
» cherches  utiles,  jeté  la  lumière  sur  cette  époque  obscure’.  » 
Knlin,  M.  Maspero,  écrivant  à l’auteur1 2 3,  abondait  dans  son 
sens  : « 11  va  au  Louvre  deux  stèles  au  moins  que  j’ai  tou- 
» jours  attribuées  aux  YlIIe-X':  dynasties  ; il  en  est  de 
» même  à Boulaq,  où  d’autres  stèles  que  celles  que  vous 
» avez  signalées  m’ont  paru  appartenir  aux  temps  antérieurs 
» à la  XI0  dynastie,  ce  qui  vient  d’ètre  confirmé  par  une 
» découverte  de  M.  Griffith ’.  » 

Liien  trouble  encore  est  1 histoire  des  dynasties  qui  se 
succédèrent  après  la  chute  des  Ramessides.  La  chronologie, 
en  dehors  des  belles  époques  pour  lesquelles  abondent  les 
documents,  ne  saurait  négliger  aucun  indice.  Jadis  elle  s’é- 
gara dans  les  spéculations  sur  les  zodiaques.  Depuis,  l’état 
civil  des  Apis,  ou  la  double  date  de  règne  de  rois  associés  à 
la  couronne  par  leurs  pères,  ont  fourni  des  données  solides 
pour  certaines  périodes.  Hors  de  là,  un  élément  sérieux 
d’appréciation  approximative  peut  être  fourni  parle  calcul 
de  générations  successives  dûment  rattachées  les  unes  aux 
autres.  C’est  un  service  de  ce  genre  que  l’on  peut  tirer  de 
l’histoire  d’ Une  famille  sacerdotale  contemporaine  des 
XXI L' -XX  1 79  dynasties.  Rapprocher  les  indications  d’une 
série  de  sarcophages  thébains,  identifier  les  personnages  et 
leurs  parents,  les  grouper  et  reconstruire  une  généalogie  de 
neuf  générations,  la  rattacher  par  quelque  point  de  repaire 
à un  personnage  historique:  voilà  le  but  proposé  et  la  mé- 
thode. Sur  ce  travail  pourrait  ensuite  se  greffer  une  étude 
de  l’histoire  de  l’art  décoratif  pendant  plus  de  deux  siècles. 

L’article  sur  La  statue  A 9d  du  Louvre  avait  pour  but 
de  rectifier  et  de  compléter  sur  quelques  points  la  lecture 

1.  Recueil  de  Travaux,  t.  XXI,  1899,  p.  216. 

2.  Lettre  du  1er  juin  1889. 

3.  Griffith,  The  Inscriptions  of  Siût  and  Der-Rifeh,  1889. 


XXVI 


AUGUSTE  DAILLF.T 


d’uu  texte  dont  M.  Pielil  avait  bien  fait  ressortir  l intérèt 
en  le  publiant.  A.  B.  avait  encouragé,  comme  il  conve- 
nait, les  débuts  de  M.  Piehl;  et  c’est  à son  instigation  que 
celui-ci  avait  rédigé  en  1882  son  Dictionnaire,  du  Papyrus 
Harris  I . 

Le  temple  d’Apet  à Karnak  ramène  à l’époque  ptolé— 
maïque  et  au  règne  de  Cléopâtre  II.  L’article  publié  sous 
ce  titre  n élucidé  pas  un  point  d’histoire,  il  est  seulement 
destiné  à servir  de  complément  à la  publication  de 
Maxencc  de  Rochemonteix,  à guider  le  lecteur,  en  lui 
indiquant  où  il  trouvera  les  dates  de  construction  du  temple, 
ses  noms,  la  série  des  fêtes  et  offrandes,  les  noms  divins 
et  les  noms  géographiques.  Ayant  fait  ces  indices  pour 
lui  même,  comme  il  en  avait  déjà  dressé  pour  d'autres  pu- 
blications, DenL/nüfer,  Mastahas,  etc.,  il  jugea  rendre 
service  en  publiant  ceux-ci. 

Pue  note  sur  le  nom  hiéroglyphique  du  gouverneur  ro- 
main qui  lit  élever  et  sculpter  les  obélisques  de  Bénévent, 
nom  que  A.  B.  lit  « Labienus  »,  conduit  jusqu’à  l’époque 
romaine. 

Les  fonctionnaires  du  rècjne  de  Khouniaton  transportent 
à nouveau  en  pleine  histoire  pharaonique.  Multiples  sont 
les  questions  que  soulèvent  les  tentatives  de  ce  roi,  que. l’on 
a nommé  « le  plus  grand  idéaliste  de  l’antiquité  »,  que  je 
soupçonne  avoir  voulu,  au  contraire,  barrer  la  route  à l'idéa- 
lisme thébain  par  un  culte  manifestement  naturiste,  chez 
qui,  tout  au  moins,  M.  Maspero  a dénoncé  avec  la  plus 
grande  vraisemblance  des  visées  plus  politiques  que  reli- 
gieuses. Quoi  qu'il  en  soit,  les  réformes  du  « roi  hérétique  » 
ne  provoquèrent  aucun  bouleversement  dans  l’administration 
civile  ni  dans  la  notifia  diynitatum,  à part  le  transfert  de 
la  capitale  et  la  substitution  d’Aton  à Amon.  Comment  les 
sujets  accueillirent-ils  les  innovations’?  Les  monuments 


1.  La  2*  partie  du  mémoire  fut  lue  au  congés  de  Munich  : Akten  des 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XXVII 


témoignent  d’apostasies  qui  durent  être  nombreuses  et  dont 
quelques  ambitieux  tirèrent  parti  pour  se  pousser  dans  les 
faveurs  royales  ; d’autres  permettent  d’entrevoir  de  rares 
liil'lités,  dont  on  se  para  surtout  après  les  jours  de  réaction. 

La  curiosité  d’A.  15.  ne  se  cantonnait  pas  dans  la  seule 
égyptologie.  Ainsi,  pour  ne  parler  que  d’études  voisines, 
fut-il  un  temps  captivé  par  le  problème  des  hiéroglyphes 
hittites.  Concurremment  à d'autres  chercheurs,  il  s’efforça 
de  pénétrer  les  mystères  dé  cette  nouvelle  écriture,  et, 
comme  M.  Saycc,  tenta  de  trouver  quelque  survivance  de 
la  langue  du  peuple  disparu,  parmi  les  idiomes  de  la  pé- 
ninsule asiatique  et  do  la  région  caucasienne.  Sur  ce  sujet, 
les  Sceaux  hétcens  de  la  collection  de  M.  G.  Sc/duniberger 
lui  inspirèrent  un  premier  article,  donné  à la  Revue  archéo- 
lo(ji(jue  en  1886;  et  il  écrivit  encore,  en  1893,  une  Elude 
sur  les  inscriptions  hêtéennes  pour  le  Recueil  de  Travaux. 

En  même  temps  (pie,  par  ses  articles  ou  mémoires,  il 
dégageait  quelques  connaissances  nouvelles,  dans  le  domaine 
de  l’histoire  et  de  la  philologie,  A.  B.  ne  dédaignait  pas  la 
simple  vulgarisation.  Déjà,  en  plusieurs  circonstances, 
comme  nous  l’avons  vu,  il  avait  montré  du  goût  pour  ren- 
seignement familial  ou  populaire.  Plus  tard,  on  le  retrouvera 
enseignant  les  principes  de  l’anglais  à des  jeunes  gens  de 
son  quartier,  ou  faisant  des  conférences  dans  les  écoles  pu- 
bliques. Dans  l’hiver  de  1879-1880,  il  poussa  une  pointe 
plus  hardie  dans  l’enseignement  supérieur.  11  ouvrit,  en 
effet,  chez  lui  un  cours  privé  d’égyptologie,  devant  une 
dizaine  d’auditeurs. 

Dans  son  rapport  sur  un  des  mémoires  d’A.  B.,  son  col- 
lègue, M.  l’abbé  Desnoyers  faisait  un  appel  en  faveur  de 
cette  petite  université  en  chambre  : « Nous  remercions 

» M.  Baillet  de  la  vaillance  avec  laquelle  il  exploite  les 

Vt.cn  Inter  nation»  len  Kongresscs  katulischcr  Gelehrtcn  su  München 
in  1000,  p.  357-358, 


XXVIII 


auguste  baillet 


champs  de  leg.v ptologie...  Saluons  souvent  cet  Orient, 
: • père  de  toutes  nos  civilisations...  Ne  soyons  pas  des 
> lils  ingrat',  et  plaisons  nous  à entendre  M.  Baillet  dans 
scs  savantes  recherches,  ses  précieuses  communications. 
Deux  fois,  chaque  semaine,  rue  des  Grands-Ciseaux,  3,  il 
a eu  l'heureuse  pensée  de  donner  à quelques  élèves  des 
leçons  d’égvptologie  ; formez-lui  un  auditoire  plus  nom- 
breux et  ne  craignez  pas  de  lasser  son  inépuisable  obli- 
geance. Quand  une  Société  a la  bonne  fortune  de  rencon- 
trer un  collègue  aussi  studieux,  sa  jouissance  est  de 
’ l’écouter,  son  honneur  de  le  conserver  longtemps1.  » 
Malgré  ces  chaudes  exhortations,  chez  la  plupart  d’entre 
les  auditeurs  le  beau  zèle  du  début,  comme  il  arrive  trop 
souvent,  se  refroidit  peu  à peu.  Au  bout  d’un  an,  l’auditoire 
s’était  réduit  à un  seul  disciple,  mais  un  disciple  sérieux, 
M.  l'abbé  Lévesque,  professeur  d’Écriture  sainte  et  collabo- 
rateur du  Dictionnaire  de  la  Bible.  Ce  cours  dura  ainsi  jus- 
qu'au départ  d'Orléans  de  M.  Lévesque  en  1890. 

* 

* * 

Nous  n’avons  compris  dans  ce  volume  que  les  opuscules 
qui  touchent  à l’orientalisme. 

Dans  quel  ordre  devions-nous  les  placer  ? Le  plus  simple 
eût  été,  sans  conteste,  de  suivre  les  dates  de  publication.  Il 
nous  a paru  préférable  de  corriger  un  peu  le  hasard  des 
dates  et  de  grouper  les  articles  ou  mémoires  d’après  leur 
contenu.  Nous  avons  ainsi  réuni  respectivement  les  études 
philologiques,  historiques  et  archéologiques.  Dans  la  section 
d histoire,  les  divers  sujets  ont  repris  l’ordre  chronologique. 
Les  deux  essais  sur  la  lecture  des  monuments  hétéens  cons- 
tituent une  section  détachée. 

Cette  classilication  n'a  rien  de  très  rigoureux.  Dans  l’état 


1.  Bulletin  de  la  Soc ■ arch 1879,  t.  XXI,  p.  172. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XXIX 


do  lu  science  égyptologique,  on  ne  peut  guère  se  dis- 
penser de  digressions,  soit  au  cours  d’une  étude  histori- 
que, pour  préciser  le  sens  d’un  mot,  soit  au  cours  d une 
dissertation  philologique,  pour  noter  un  fait  historique  ou 
un  détail  de  mœurs. 

Par  exemple,  c'est  une  note  de  l’article  sur  Y Election  du 
r ^-*0 

grand  prêtre  thèbain  qui  lixe  la  lecture  du  mot  ,i  ^ ucb 
ou  ouah,  et  non  simplement  âb1.  Dans  l’article  sur  les  Di- 
visions d'une  ville  égyptienne  se  précise,  entre  autres  objets, 
le  sens  des  mots  Q « circonscription  » et  Y « quartier  »,  dont 
de  nouveaux  exemples  se  sont  retrouvés  depuis  dans  les 
papyrus  du  Fayoum  \ La  dissertation  sur  Le  roi  Horemhou 
discute  en  passant  le  sens  de  I !!  « orfèvre  » et  non 

>*“ 

Y la  traduction  «primat»,  adoptée 
depuis  par  plusieurs  égyptologues  h En  revanche,  dans  l’é- 
tude philologique  sur  La  particule  xm,  se  lisent  sur  les  fêtes 
appelées  -/.ix» YLt."  des  explications  qui  ont  trouvé  grâce 
devant  M.  Revillout7.  Presque  autant  que  d’archéologie,  la 


« changeur  » ‘,  compare  l’emploi  des  préfixes 
et  | 1 et  risque  pour  <~ 


1.  Voir  infra,  p.  lit. 

2.  Lo  « quartier  du  nord  » % ^ Pap.  de  Kahoun  I,  2 (Griffith, 
Kahun,  pl.  XIII,  1.  12);  le  « quartier  des  carriers  ou  haleurs  de  pierre  » 

Pap.  de  Kahoun,  III  B,  v°  ( up . cil-,  pl.  XXII, 


XX  /www 


s 

-i-J.  /VWW\  I I C *.  III  -y  \ 

1.  49).  Pour  le  « quartenier  % q v\  de  la  montagne  de  Siout  »,  dans 


1 1 1 


l’inscription  de  Hapi-Zaoufi,  voir  Maspero,  Bibl.  èrjijpt-,  I,  p.  73,  n.  1. 
Pour  les  ^ les  \ "%X  ou  % 


/VWWi 


I.  etc.,  voir  Maspero  {Reçue  critique,  1902,  t.  II,  p.  284)  et  R.Weill 


(Recueil  de  Travaux , 1905,  t.  XXVII,  p.  41). 

3.  Voir  infra,  p.  178-170. 

4.  Voir  infra,  p.  195. 

5.  Voir  infra,  p.  1 83- ISS. 

6.  Voir  infra , p.  49. 

7.  Reçue  égi/ptolouiquc,  t.  II,  p.  350. 


XXX 


auguste  baillet 


:ti  ' Des  noyers  traite  d histoire  et  de 
littérature.  Peut-être  la  section  philologique  aurait-elle  dû 
lg|  )ber  le  mémoire  sur  le  Décret  de  Memphis,  puisqu’il  a 
p0ur  objet  principal  une  reconstitution  du  texte  hiérogly- 
.] , • n <011  <‘nt  er;  cependant,  a côté  de  discussions  de 
pure  critique  littérale,  il  s’en  rencontre  d autre  nature  . en 
tl)  il  ; 1 : ai  u bon  de  rapprocher  des  études  sur  la  même 

Ppo;  uc  ce  texte  historique  fameux. 

Voici  d ailleurs  la  série  de  ces  œuvres  rangées  par  ordre 
d • dates  et  groupées  sous  le  titre  des  revues  ou  collections 
où  elles  ont  paru  : 

Hiblioiln-'/ue  de  l'Ecole  des  Chartes: 

1858  : K tiule  sur  la  division  des  Gaules  en  17  provinces  ( l1  série, 
t.  IV). 

/, 'crue  d'ethnof/vaphie  orientale  cl  américaine  : 

1S(J1  : lvxamen  du  système  de  déchiffrement  de  M.  Seyffarth 
(t.  VIII.  n»  45,  p.  101-108). 

lier  ne  archeolorji(juc  : 

18(>2  : L élection  et  la  durée  des  fonctions  du  grand  prêtre  d Am- 
on  à Thèbes  2°  s. , t.  VII,  p.  14-51  ). 

188(5  : Sceaux  hétéens  de  la  collection  de  M.  Schluraberger 
(3"  S.,  t.  VIII.  P . 301-305). 
iin-8",  5 p..  1880,  Paris,  Leroux). 

Zeitschrift  far  dr/i/ptisnhe  Sp cache  and  Altertiuns- 
h taule  : 

18(57  : De  la  transcription  des  hiéroglyphes  (p.  66-70). 

1878  : Osiris-lîacchus  (p  100  108  et  pl.  A 1). 

180(5  : La  statue  A 03  du  Louvre  (t.  XXXIII,  p.  127-129). 

1003  : Les  obélisques  de  Bénévent  érigés  par  Labiénus  (t.  XL, 
p.  147-148). 


1. 'astérisque  marque  qu'il  y a eu  un  tirage  à,  part. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


XXX! 


Mélanges  d'archéologie  égyptienne  : 

1877  : Note  sur  deux  canopes  (n°  III,  p.  100). 

1877  : Note  sur  un  manuscrit  portant  le  prénom  de  Thotmès  III 

(p.  100101). 

Revue  égyptologir/ue  : 

1882  : La  particule  copte  ou  s'm  (t.  Il,  p.  349-355). 

Bulletin  du  Comité  des  travaux  historiques  : Archéo- 
logie : 

18S 1 : Mémoire  sur  une  épitaphe  du  XI  siècle  de  Saint-Benoit- 
sur- Loire  (p.  17 1 175) . 

1887  : Les  momies  du  Musée d Orléans  (p.  330-331). 

Mi  •moires  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences,  Belles - 
Lettres  et  Arts  d'Orléans  : 

1800  : Histoire  du  royaume  d’Orléans  (1  série,  t.  V.  p.  2 11-323). 

(1801,  i n— 8 82  pages,  Orléans,  Laurent). 

1875  : Rondeau  et  sonnet  (4"  s.,  t.  XVI I . p.  313  et  350). 

1877  : Concours  de  1870  v4°  s.,  t.  XIX,  p.  80). 

1877:  Collection  égyptienne  de  M.  I abbé  Desnoyers  (4- s., 
t.  XIX.  p.  213  277). 

’ (1878,  in-8°,  00  p.  et  4 pl . , Orléans,  Puget). 

1879  : Le  roi  Iloremliou  et  la  dynastie  thébaine  au  111°  siècle 
av.  J.  C.  (t.  XXL  p.  133-168). 

(1881.  in  8",  36  p.,  Paris,  Maisonneuve). 

1879  : Hippalos,  fonctionnaire  égyptien  (t.  XXI,  p.  232-240). 
1882  : Cléopâtre,  fille  de  Ptoléméc  Épipliane  (t.  XXIII,  p.  331  - 
384). 

1882  : L'Egypte  pendant  les  premières  années  du  roi  Épipliane 
(t.  XXIII,  p.  385-390). 

*'  Etudes  Ptolémaïques  : Le  roi  Horemhou,  Hippalos,  Cléo- 
pâtre, Épipliane,  Horemhou  et  Ankhtou  (1883,  in-8’, 
87  p..  Orléans,  Puget). 

1887  : ' Le  Décret  de  Memphis  et  les  inscriptions  de  Memphis  et 
de  Damanhour  (t.  XXVI 1,  p 1-135  et  i xxxi). 

* (1888,  in  8°,  135-xxxi  p.  et  1 pl.,  Paris,  Bouillon). 


XXXII 


AUGUSTE  BAILLET 


1901  : Rapport  sur  le  mémoire  de  M.  Ch.  Michau  : Guill.  Guiard, 
poète  Orléanais  du  X1YU  siècle,  et  la  Branche  des  royaux 
lignages  (5e  s.,  t.  1,  p.  108-111). 

1!H)1  : Vases  égyptiens  de  la  collection  Desnoyers  au  Musée 
tl  t Irléans  (5°  t.  I . p.  112-12 1 . 

11HJ2-1905  : Le  nom  de  quelques  vases  égyptiens  (5Ô  s.,  t.  II, 
p.  91-117;  t.  III,  p.  337-344;  t.  IV,  p.  287-293). 

Recueil  île  Travaux  relatifs  à la  philologie  et  à l'archeo- 
logie  ci/i/pt iennes  et  assyriennes  : 

lsS2  . Dialectes  égvptiens  : I.  Deux  contrats  ptolémaïques  (t.  III, 
p.  32-42). 

1883  : — II.  Décrets  de  Canope  et  de  Memphis  (t.  IV,  p.  12-20). 
1889  : Division  et  administration  d une  ville  égyptienne  (t.  XI, 
p.  31-36). 

1892  : Monuments  des  VIIIe-X°  dynasties  (t.  XII,  p.  48-53). 

1893  : Étude  sur  les  inscriptions  hétéennes  (t.  XIV,  p.  161  164). 
1896  : Une  famille  sacerdotale  contemporaine  des  XXIL'-XXVI0 

dynasties  (t.  XVIII,  p.  187-196). 

1898  : Le  temple  d’Apet,  à Karnak  (t.  XX,  p.  100-111). 

1901  : Les  fonctionnaires  du  règne  de  Khounaton  (t.  XXIII, 
p.  140  145). 

A cette  liste  manquent  un  certain  nombre  d’études  dont 
nous  avons,  chemin  faisant,  rencontré  les  titres  et  l’annonce  : 
la  notation  des  nombres  supérieurs  (1862),  les  règles  de  la 
poésie  égyptienne  (1878),  le  roi  Eupator  (1880),  les  épi- 
taphes de  Saint-Benoit-sur-Loire  (1884),  l’épitaphe  de 
Mummoleus  (1886),  les  décrets  d’Alexandrie  (1886),  les 
momies  du  Musée  d’Orléans  (1887).  J'en  connais  d’autres 
encore,  anciennes  ou  récentes,  qui  n’ont  jamais  vu  le  jour. 

11  m*  m’appartient  pas,  pour  beaucoup  de  bonnes  raisons, 
de  juger  celle  œuvre.  Telle  quelle  est,  nous  la  livrons  au 
public  savant.  11  en  prendra  connaissance  et  verra  en  quelle 
estime  il  la  doit  tenir. 


Jules  Baillet. 


1 

PHILOLOGIE 


UlUL.  ÉGYPT.,  T.  XV. 


1 


EXAMEN  DU  SYSTÈME 


DÉCHIFFREMENT  DES  HIÉROGLYPHES  ÉGYPTIENS 

DE  M.  SEVFFARTH  ' 


Lorsque  M.  Seyffarth*  est  venu  annoncer  de  nouvelles 
théories,  contradictoires  de  celles  de  Champollion,  sur  le 
déchiffrement  des  hiéroglyphes,  son  livre  a laisse  les  égypto- 
logues dans  une  profonde  indifférence.  La  méthode  de  dé- 
chiffrement de  Champollion  était  tellement  bien  vérifiée,  et 
même  perfectionnée,  qu’un  doute  sur  sa  valeur  n’était  plus 
possible,  ni  sur  celle  de  toute  méthode  contradictoire.  Pas 
un  égyptologue  ne  répondit,  tant  il  semblait  (jue  ce  fût 
perdre  son  temps. 

Cependant  se  taire  n’est  pas  réfuter;  affirmer  en  passant 
qu’on  regarde  une  théorie  comme  non  avenue,  n’est  pas 
convaincre  de  sa  fausseté.  On  laisse  dans  le  doute  des  esprits 
même  fort  sérieux.  D’autres  pourront  croire  qu’au  moins, 
parmi  beaucoup  d’erreurs,  peuvent  se  trouver  des  vérités 
dont  il  ne  faut  pas  faire  li.  D’ailleurs,  comment  ne  pas 

1.  Extrait  do  la  Reçue  cl' Ethnographie  orientale  et  américaine, 
t.  VIII.  n*  45  (juillet  1861),  p.  101-108. 

2.  [Rudimcnla  Hierogh/phiccs , 1825;  Brccis  defensio  Ilicroç/lyphiccs 
nupnr  inccntœ  a Spohn  et  Sciff'arth,  1827;  Gramniatica  Æqyptiaca, 

1855.| 


4 


EXAMEN  DU  SYSTEME  DE  DÉCHIFFREMENT 


être  ébloui  par  un  auteur  qui  vous  dit  : «Jugez-nous  par 
nos  œuvres!  Cliampollion  connaissait  la  prononciation  de 
130  signes  environ  ; nous  en  avons  rectifié  beaucoup  et  ajouté 
plus  de  G00;  il  n’y  en  a plus  de  douteux.  Dans  le  camp 
adverse,  on  confesse  que  les  hiéroglyphes  sont  encore  lettres 
closes  : ici  au  contraire  nous  vous  offrons  la  clef  (pii  va  vous 
ouvrir  des  voies  ignorées  et  vous  permettre  de  déchiffrer  et 
de  comprendre  les  textes  mystérieux  de  la  philosophie,  de 
l’histoire  et  de  la  civilisation  égyptienne,  aussi  facilement 
que  vous  le  feriez  d’une  page  d’arabe.  » 

11  faut  donc  répondre,  la  réponse  fût-elle  des  plus  brèves, 
pour  sauver  quelques  esprits  de  bonne  foi  des  préjugés  de 
cet  étalage  de  science. 

C’est  ce  que  je  tente  en  publiant  cet  examen  rapide  du 
système  de  M.  Seyffarth,  dont  on  pourrait  bien  dire,  comme 
un  Allemand  l’a  fait  de  celui  de  Salvolini,  que  par  ce  moyen 
on  pourrait  retrouver  les  psaumes  de  David  dans  une  page 
d’hiéroglyphes. 

Le  livre  de  M.  Seyffarth  est  une  perpétuelle  chicane  de 
mots  contre  Cliampollion,  le  résumé  de  ce  qu’il  a de  bon, 
mais  aussi  l’adoption  de  certaines  erreurs  qui  arrivent  chez 
M.  Seyffarth  à tout  leur  épanouissement. 

Examinons  ces  deux  principaux  sujets  de  critique. 


I 


Cliampollion  avait  remarqué  que  la  valeur  de  certains 
signes  correspondait  à la  première  articulation  de  leur  nom 
en  langue  copte.  Ainsi,  voulait-on  écrire  le  nom  de  Yaiglc, 
on  traçait  un  bras,  un  crible  et  une  chouette, 


dont  les  noms  antiques  correspondaient  aux  racines  coptes' 


1.  Connue  les  égyptologues  n’ont  pas  encore  adopté  une  manière 
uniforme  de  transcrire  les  textes  hiéroglyphiques,  je  dois  énoncer  le 


DES  HIEROGLYPHES  EGYPTIENS  DE  M.  SEYFFARTII 


.) 


&&.1 1 et  aioVA^s.  D’autres  fois  on  prenait  des  mots  en- 
tiers, quelle  (pie  fût  d’ailleurs  leur  signification,  pour  former 
un  autre  nom;  comme  pour  écrire  le  nom  d’Osiris,  UàSIRI, 


un  sa 


•es  la 


méthode  qui  nous  sert  à faire  des  rébus. 

De  ce  qui  n’eût  dû  être  admis  alors,  et  ne  peut,  selon 
moi4,  l’être  aujourd’hui  même  que  sous  toutes  réserves, 
M.  Seyll’arth  fait  la  règle  et  le  principe  de  tout  déchiffre- 
ment : « Chaque  signe  exprime  les  articulations  contenues 
dans  le  nom  de  l’objet  qu'il  représente.  » Champollion  me 
parait  déjà  faire  en  ce  genre  de  très  fausses  applications5, 
mais  M.  Seyil’arth  franchit  toutes  les  bornes  en  fait  de 
conjectures.  C’est  ainsi  (pie,  pour  justifier  des  valeurs  déjà 
reconnues  par  ses  prédécesseurs  ou  proposées  par  lui,  cet 
auteur  a recours  aux  assimilations  les  plus  hasardées.  Le 
collier  devient  un  châle,  u^oki'” ; le  signe  T,  une  vis; 


système  que  j’ai  suivi.  .] 


à,  le  bras a par  b,  le  céraste 

v. * par  /.-,  le  crible  Q par  le 


par  s*. 

1.  Ne  se  trouve  en  copte  que  dans  les  mots  composés,  comme 

truncatus  manu , ma  nous. 

2.  Todt.,  exxv,  49  et  51. 

3.  Tbv  yàp  (îa<xiXsa  xal  xvptov  "Oaipiv  ôçOaXjxO  xal  <wrj7urp<i>  ypxççnjTiv 

<1>; toO  ïpi  7civ  ôçûa/.aàv  ’AtY’JTCTtx  yXwTTï)  çpx^ovTo;  (Plllt.,  Is.  et  Os.,  x). 

Le  copte  conserve  cvAo-y;  cf.  nx~i  et  ôpxo  ciclcrc. 

4.  Je  compte  publier  à ce  sujet  quelques  observations. 

5.  Par  exemple,  lorsqu’il  donne  A comme  équivalent  de  K,  à cause 
de  kcAi  (jenu;  comme  équivalent  de  Z,  à cause  de  ■xa.A  hirundo; 
le  trapèze  X. 7 comme  équivalent  de  A,  à cause  de  et  e>.£î  caro ; le 

scarabée  ^ comme  équivalent  de  T,  à cause  de  -oiope;  le  liècrc 

comme  équivalent  de  OU,  à cause  de  ca.pa.is'woirc,  etc.  (Voir  Précis  et 
Grammaire.) 

6.  M.  de  Rougé  ( Mémoire  sur  A limés,  p.  66)  a bien  montré  par  les 
monuments  que  cette  figure  était  un  collier  que  les  souverains  égyptiens 


G EXAMEN  DU  SYSTÈME  DE  DÉCHIFFREMENT 


O , seule- 


|jj  p,  une  matrice  jhô.c'  ; le  premier  signe  de 

ment  une  griffe  ïhu  et  non  toute  la  partie  antérieure  du 
lion;  Y échiquier  r,  un  vêtements  aioiu;  la  peau  de  bête 

un  fuseau  goc;  Y enroulement  (è  q.,  un  e pelote  go-rn.  Que 
M.  Seyffarth  ait  la  prétention,  sans  jamais  citer  un  monu- 
ment, de  faire  ainsi  accepter  les  plus  bizarres  attributions 
d’objets  dont  on  ne  saura  probablement  jamais  l’usage, 
aucun  esprit  sérieux  ne  se  laissera  prendre  à un  système  de 
déchiffrement  fondé  sur  des  bases  aussi  peu  solides. 

Notons  d’ailleurs  l’arbitraire  qui  préside  au  choix  des 
mots  coptes  applicables  aux  objets  ainsi  déterminés;  par 
exemple,  le  petit  coin  ou  triangle,  ou  tout  ce  qu’on 
voudra,  M.  Seyffarth  y voit  une  dent ; je  trouve  dans  le 
copte  le  mot  dent  rendu  par  o&ge,  et  dans  les  hiéroglyphes 
par  (j  M-  Seyffarth  choisit  TN.  Le  premier  signe 


de=^0,  dans  lequel  tout  le  monde  reconnaîtra  la  partie 

antérieure  du  lion  (cf.  le  copte  g^  anterior  pars,  gH  ini- 
tium,  etc.),  qui  est  syllabique  pour  la  valeur  HA  (voyez,  par 

exemple,  les  variantes  du  mot  “=^  O,  g«T 

cor,  animas),  devient  pour  M.  Seyffarth  seulement  une 
griffe  ctH-u.,  ct^ne.  guene,  d’où  il  tire  les  valeurs  ZM,  HM, 
syllabes  avec  lesquelles  on  ne  les  trouvera  jamais  en  va- 
riante. 


donnaient  à leurs  sujets  pour  prix  de  leurs  services.  Sa  valeur  NB  était 
bien  connue  de  Chainpollion.  Jamais  (sauf,  bien  entendu,  à l’époque  do 
la  décadence;  c’est  toujours  ce  que  j’entends  en  disant  «jamais»)  ce 
signe  n’a  valu  NHB  ou  N. 

1.  M.  de  Bougé  ( Mémoire  sur  Ahmès,  p.  28)  y voit  un  nœud  de 
fleurs  ; cf.  julovc  cinculum.  M.  Devéria  pense  que  c’est  une  racine.  La 
singulière  variante  v.  Z , prise  sur  un  sarcophage  du  Louvre,  montre 
combien  peu  d’i ni-  pfpfpe  portance  on  doit  attacher  à ces  assimilations. 

2.  Voyez,  par  exemple,  celui  d’Amenmès  au  Louvre  et  le  tableau  de 
Ramsès  et  doses  filles  (Lepsius,  Dcnkrnàlcr,  III,  208a). 


DES  HIÉROGLYPHES  ÉGYPTIENS  DE  \I.  SEYFFARTII  7 


11  y h plus,  c’est  quelquefois  un  mot  f/rec  qui  donne  h 
M.  Seyffarth  la  valeur  des  signes  hiéroglyphiques.  Par 

A 

exemple,  le  mot  <-—>  reçoit  de  M.  Seyffarth  la  valeur  KR, 
tirée  de  uoTpo,  /.jpioc;  le  tciurccut  |_J  T et  1 R de  Te^po, 
-rxjpo;.  11  me  semble  qu’il  ne  faut  qu’une  erreur  de  ce  genre 
pour  tenir  tout  un  système  en  grande  suspicion. 

Enfin,  notez  que  M.  Seyffarth  tient  pour  bonnes  et  au- 
thentiques toutes  les  transcriptions  de  noms  grecs  et 
romains,  des  quelques  mots  sémitiques  que  Champollion 
avait  fait  connaître,  c’est-à-dire  tout  ce  qu'il  y a de  plus 
fautif  des  inventions  de  scribes  de  l’époque  de  décadence  de 
l’écriture  hiéroglyphique,  et  vous  aurez  tout  le  fondement 
de  la  méthode  de  son  déchiffrement  des  hiéroglyphes. 

La  première  conséquence  évidente  est  qu’avec  des  trans- 
criptions fondées  sur  des  attributions  aussi  incertaines,  la 
moindre  erreur  rend  absurde  la  traduction  d’un  texte  qui 
auparavant  devait  sembler  parfaite  à son  auteur. 

Remarquons  encore  que,  dans  la  méthode  de  M.  Seyffarth, 
un  signe  hiéroglyphique  peut  se  traduire  par  tous  les  noms 
correspondants  de  l’objet  copte.  Ainsi  V échiquier  (?) 
dont  il  fait  un  vêtement  ecuioiii,  a pour  valeur  non  seulement 
AMN,  AIN  et  M,  mais  aussi  GL  et  ZLII,  à cause  de  Jo\  et 
•xwAo  vêtement,  et  sans  doute  acrophoniqucment'  G,  Z,  A. 
L’oiseau  dont  la  valeur  UR  a été  des  mieux  prouvées 
dès  Champollion,  espèce  d 'hirondelle,  comme  le  marque 
fort  bien  la  forme  de  sa  queue,  devient  colombe  avec  les 
valeurs  B,  K,  BL,  KL,  à cause  de  iWA.  et  de  •xpo. 

C'est  ici  le  lieu  de  faire  remarquer  que,  pour  arriver  à 
ces  assimilations  hasardées,  M.  Seyffarth  donne  aux  mots 


1.  On  comprend  que  M.  Seyffarth  appelle  ncrophoncs  les  signes  qui 
tirent  leur  valeur  de  leur  place,  en  tête  de  l’objet  représenté,  mais  il 
l’applique  aussi  : 1°  à des  signes  finaux;  2“  à des  signes  médiaux.  L’in- 
vention du  mot  acroloçjique  appartient  à un  savant  russe,  M.  Gou- 
lianof,  [Essai  sur  les  Hiôrofjli/p/ios,  1827]. 


s 


EXAMEN  RU  SYSTÈME  DE  DÉCHIFFREMENT 


coptes  des  significations  qu’on  ne  leur  trouve  pas  dans  les 
bons  dictionnaires.  Ainsi  &juoiu  prend  la  signification  de 
vêtement,  quoiqu’il  ne  se  traduise  dans  sa  signification  la  plus 
voisine  que  par  cacher;  a'ooA  involvere,  a'ioAe  circumdare, 
kovAuA  involvere,  implicare,  sont  également  traduits  par 
vêtement;  le  bras- n devient  (inusité),  cubitus. 

De  ce  qu’un  mot  signifie  envelopper  dans  la  langue  copte, 
il  ne  s’ensuit  pas  qu’il  ait  pu  représenter  le  nom  des 
substantifs  vêtement,  etc.  En  français  on  dit  manger,  et  il 
n’y  a pas  de  mot  de  même  racine  pour  désigner  l’action  de 
manger,  ce  que  l’on  mange,  etc.;  ces  exemples  montrent 
combien  on  doit  se  défier  du  copte  cité  par  M.  Seylîarth. 

Bien  plus,  un  signe  peut  prendre  la  valeur  non  seulement 
de  la  première  lettre  de  son  nom  copte  ou  grec,  mais  en 
même  temps  de  la  deuxième  ou  de  la  troisième,  et  de  toutes 
en  même  temps;  exemple  : la  pelote,  go-m,  ©,  serait  l’équi- 
valent de  H,  O,  P,  PH.  De  cette  façon,  personne  ne  s’éton- 
nera que  le  même  signe  puisse  avoir  une  douzaine  de  va- 
leurs; il  suffit  qu’il  réponde  à peu  près  à trois  ou  quatre 
mots  coptes.  C’est  une  polyphonie  sans  aucun  fondement. 

En  résumé,  il  est  impossible  de  ne  pas  voir,  dans  le  sys- 
tème de  M.  Seylîarth,  une  méthode  fondée  ; 

1°  Sur  un  principe  qui  attend  encore  sa  démonstration, 
savoir  que  « chaque  signe  hiéroglyphique  exprime  une  ou 
plusieurs  des  articulations  contenues  dans  son  nom  de  la 
langue  copte  » ; 

2°  Sur  des  déterminations  arbitraires  du  nom  des  objets 
servant  désignes  hiéroglyphiques; 

3°  Sur  des  valeurs  tirées  de  mots  empruntés  à la  langue 
grecque  ; 

4°  Sur  des  transcriptions  en  signes  hiéroglyphiques  de 
noms  grecs  et  romains,  et  vice  versa,  faites  à une  époque 
de  décadence; 

5°  Sur  une  polyphonie  sans  aucun  fondement  ; 

6°  De  plus,  le  parti  pris  de  trouver  dans  le  copte  le  nom 


DES  HIÉROGLYPHES  ÉGYPTIENS  DE  M.  SEYFFARTII 

dos  signes  hiéroglyphiques  force  l'auteur  à dénaturer  le  sens 
des  mots  de  cette  langue.  11  a même,  au  besoin,  recours 
sans  cesse  au  dictionnaire  des  langues  sémitiques. 

On  conçoit  facilement  qu’avec  un  système  de  transcription 
aussi  élastique  on  puisse  arriver  à traduire  toute  inscription 
hiéroglyphique’.  11  semble  (pie  toutes  ces  permutations  de 
valeur  des  signes  hiéroglyphiques,  les  entorses  données  à 
la  langue  copte,  sans  compter  la  faculté  de  recourir  aux  dic- 
tionnaires des  langues  sémitiques,  devraient  donner  une 
grande  facilité  de  voir,  dans  un  texte,  tout  ce  qu  on  veut  y 
rencontrer.  Mais  toujours  on  recule  devant  les  explications 
absurdes  dont  on  a cependant  posé  les  principes.  C est  sans 
doute  chose  bien  dillicile  que  de  donner  d’un  texte  une  tra- 
duction fondée  sur  une  transcription  déduite  d’ailleurs 
rigoureusement  d’un  mélange  de  principes  faux  et  vrais,  qui 
ne  laissent  pas  de  gêner  le  traducteur,  quelle  que  puisse  être 
sa  science  des  langues. 


II 

Passons  maintenant  à un  autre  ordre  de  remarques. 

Rien  n’est  curieux  comme  de  voir  ce  que  devient  Cham- 
pollion  entre  les  mains  de  M.  Seyffarth  : c’est  un  Champol- 

1.  Et  cependant  on  ne  compte  dans  cette  méthode  que  les  traduc- 
tions suivantes  : par  Seyffarth,  le  Rituel  funéraire  de  Turin  (1816)  déjà 
bien  exploré,  mais  assurément  l’un  des  derniers  livres  à traduire,  à 
cause  des  obscurités  du  sujet  même;  Y Inscription  d’Ahmès  et  YHi/mnc 
au  Soleil,  déjà  traduits  par  de  Rougé;  Y Obélisque  de  la  Porta  del 
Popolo,  à Rome,  traduit  par  Hermapion  (1844);  et  par  Uhlemann,  Y In  s- 
eription  de  Rosette  (1853),  qui  porte  avec  elle  sa  traduction  grecque  et 
déjà  donnée  par  Salvolini  (1836),  Brugsch  (1850).  On  ne  voit  point  que 
la  méthode,  annoncée  comme  devant  produire  de  si  beaux  résultats,  ait 
conduit  à ces  traductions  nombreuses  de  textes  importants  pour  la  reli 
gion,  les  mœurs  et  l'histoire  que  publient  les  successeurs  et  disciples 
respectueux  de  l'unique  inventeur  du  déchiffrement  des  hiéroglyphes, 
Champollion  le  Jeune. 


10 


EXAMEN  DU  SYSTÈME  DE  DÉCHIFFREMENT 


lion  qui  nous  est  fort  souvent  inconnu,  dont  les  ouvrages 
connus  de  M.  Seyfïarth  ne  sont  pas  venus  jusqu’à  nous. 

Ainsi  il  paraît  que  dans  ces  ouvrages,  qui  ne  sont  pas  passés 
à la  postérité,  Champollion  voyait,  comme  M.  Seyffartli, 
une  griffe  dans  la  partie  antérieure  du  lion,  et  qu’il  tradui- 
sait cette  griffe  symboliquement  par  commencement,  Égypte, 
visage,  hauteur,  force,  livre,  P sam  mus  ! Il  faut  savoir  gré 
à M.  Seylîarth  des  recherches  qu'il  a faites  sur  les  ouvrages 
du  maître  ; mais,  comme  toutes  les  vues  de  celui-ci  ne  se  sont 
pas  confirmées,  notamment  sur  les  significations  de  la 
griffe,  et  qu’il  nous  reste  de  lui  des  ouvrages  capitaux1  où 
nous  voyons  se  développer  sa  méthode,  nous  regretterons 
moins  l’ouvrage  que  M.  Seyfïarth  a consulté. 

Champollion,  avec  tous  les  auteurs  anciens  et  du  moyen 
âge,  remarque  que  tous  les  signes  n’ont  pas  une  valeur  pho- 
nétique. Par  exemple,  si  l’on  écrit  la  figure  du  bœuf  ou  du 
taureau  c’est  simplement  l’image  de  l’animal,  dont  le 
nom  s’écrit  phonétiquement  (j^(j  copte  ege  bos,  et 
U ou  jd—J  taureau,  mâle,  mari;  cf . le  copte  s'm  et 
Ainsi  encore  le  crocodile  *=53=*  est  souvent  employé  seul 
pour  désigner  l’animal  qu’il  représente;  je  demande  lequel 
de  ses  quatre  ou  cinq  noms  coptes,  de  ses  dix  ou  douze 
noms  hiéroglyphiques,  M.  Seyfïarth  lui  aurait  attribué 
comme  valeur  phonétique.  Le  crocodile  et  le  taureau  sont, 
dans  le  premier  cas  (employés  seuls),  ce  que  Champollion 
appelle  des  signes  idéographiques,  auxquels  les  auteurs 
anciens  donnent  les  sous-dénominations  de  figuratifs,  tro- 
piques, symboliques,  etc.  De  même  le  bras 0 s’écrit  pour 

bras,  la  main  s’écrit  pour  main. 


1 . Malheureusement,  ouvrages  aussi  (il  11e  faut  pas  le  perdre  de  vue) 
où  l’on  voit  quelquefois  la  première  idée  de  Champollion  à côté  de  la 
vérité  contraire  que  l'étude  lui  a révélée  postérieurement;  ce  n’est 
souvent  qu’une  collection  de  notes  publiées  pêle-mêle  par  un  éditeur 
mal  instruit  de  son  système. 


DES  HIÉROGLYPHES  ÉGYPTIENS  DE  M.  SEYFFARTH  11 


Au  contraire,  M.  Seyiïarth  : « A l’exception  des  signes 
astronomiques  et  mythologiques,  il  n’est  aucun  signe  hiéro- 
glyphique, hiératique  ou  démotique1 2  qui  ait  un  sens  sym- 
bolique1. » Il  admet  donc  que  certains  mots  peuvent  s’écrire 
idéographiquement,  les  noms  de  divinités  ou  de  constella- 
tions, comme  les  noms  de  la  déesse  AS,  Jl,  ^ (quelquefois 
ASI)  "lai;,  écrit  aussi  ri  J);  comme  celui  de  la  planète 
Vénus,  par  le  groupe  entier  bennou  JJ  ou  par  l’oi- 

seau seul  dans  les  énumérations  des  planètes  (SeB  ZA', 

sidus  perlustrans )3,  où  il  ne  peut  y avoir 
d’erreur  sur  le  nom  d’un  môme  astre.  Mais  il  ne  veut  pas 
que  la  même  chose  arrive  dans  l’écriture  du  langage  ordi- 
naire. Ainsi,  dit-il,  le  taureau  n’est  pas  le  signe  figuratif 
du  taureau,  mais  le  signe  alphabétique  T et  K,  et  le  sylla- 
bique TR  et  KL,  qui  peut  écrire  les  noms  du  taureau  T*,Tpo 
et  kjùYotki4.  Il  faudrait,  pour  que  ce  raisonnement  fût  juste, 
qu’il  fût  vrai  que  le  eut  réellement  ces  valeurs,  ce  qui 


1 . M.  Seyfîarth  aime  à répéter  ces  trois  mots  ; on  en  induirait  facile- 
ment que  Champollion  n’a  pas  regardé  les  trois  écritures  comme  sou- 
mises aux  mêmes  règles  : ce  qui  n’est  pas.  Même  avant  que  personne 
eût  lu  une  lettre  d’hiéroglyphes,  il  avait  démontré  que  les  trois  écritures 
procédaient  l’une  de  l’autre  exactement. 

2.  M.  Seyfîarth  désigne  toujours  par  ce  mot  impropre  la  classe  des 
idéographes.  Cela  sert  à la  discussion.  Il  est  clair  qu’on  fait  dire  à 
Champollion  une  sottise,  si  l’on  prétend  qu’il  voyait  un  signe  d’écriture 


symbolique  dans  le  lion  d’Aménophis 


J 1°  dieu  bon,  le 


lion  vouai;  évidemment  le  lion  est  mis  ici  sans  le  secours  d’aucun 


symbole  pour  sa  valeur  MAU,  aiotti, 


5oL  tco. 


3.  Tombeau  de  Séti  I"  — Ramesséum  — Biban-el-Molouk.  Voyez 
M.  do  Rougé,  Notes  sur  les  noms  égyptiens  des  planètes,  dans  le  Bul- 
letin archéologique,  avril  1850. 

4.  Ajoutez  A,  AH  et  K A,  que  l’on  pourrait  tirer  des  deux  noms  hié- 
roglyphiques du  taureau  que  j’ai  cités  ci-dessus,  vous  aurez  un  nouvel 
exemple  de  la  multiplicité  des  valeurs  qu’on  pourrait  donner  à un  hié- 
roglyphe dans  le  système  de  M.  Seyfîarth. 


12 


EXAMEN  DU  SYSTÈME  DE  DÉCHIFFREMENT 


n’est  nullement  démontré.  Mais  je  veux  prendre  quelque 
exemple  où  le  doute  ne  soit  pas  possible.  Rien  de  mieux 
établi,  pour  M.  Seytïarth  comme  pour  moi,  que  la  tige  de 

roseau  (?)  ^ a la  valeur  SU  ; cependant,  dans  "j  et 

dans  ==ÊjïJ,  est-il  possible  de  trouver  un  sens  en  donnant 
au  ^j.  la  valeur  SU  ? Non  ; il  faut  convenir  que  le  roseau  est 
écrit  idéographiquement  pour  l’idée  roi  de  la  Haute- 
Égypte,  et  choisi  évidemment  pour  ce  rôle,  parce  qu’il  rap- 


pelle par  sa  forme  à la  fois  les  deux  mots  rasu,  pHc,  et 
souten,  roi  (copte  cwomn,  regere)  ' . Enfin,  je  de- 
manderai  quelle  différence  il  y a entre  l’emploi  du  dieu  à 
seul,  au  lieu  du  groupe  (I  Jp,  le  dieu 


Ammon,  et  de  l’homme  aux  bras  enveloppés 


lieu  du  groupe 
ditus ) . 


amen,  radier  (cf.  eouoimi, 


seul,  au 
a b sco n- 


En  résumé,  on  ne  peut  disconvenir  sérieusement  qu’il  n’v 
a qu’une  seule  manière  d’écrire  tous  les  mots  de  la  langue  : 
mots  usuels,  noms  propres  de  dieux,  d’hommes,  etc.,  natio- 
naux et  étrangers,  et  qu'il  n’y  avait  aucune  raison  pour  qu’il 
en  fût  autrement*. 


III 

M.  Seyffarth,  s’emparant  d’une  idée  de  Spolin,  croit  avoir 
découvert  que  l’écriture  hiéroglyphique  est  en  partie  sylla- 
bique. L’abbé  Barthélemy  émit  l’opinion  que  les  ovales  des 
monuments  égyptiens  pourraient  bien  contenir  des  noms  de 
dieux  ou  de  rois.  De  Guignes  père,  dans  un  mémoire  sur 

1.  Sur  la  deuxième  formule,  voyez  Devéria,  Notice  sur  le  basilico- 
(jrammate  Thout/i,  p.  24. 

2.  Cela  touche  à l’origine  du  système  hiéroglyphique,  à propos  de 
laquelle  je  compte  encore  publier  prochainement  quelques  observations. 


DES  HIÉROGLYPHES  ÉGYPTIENS  DE  M.  SEYFFARTII  13 


les  écritures  cliinoise  et  égyptienne,  écrivit  que  ces  écri- 
tures « tout  hiéroglyphiques  étaient  en  même  temps  alpha- 
bétiques et  syllabiques'?  » Où  est  la  priorité  de  Spohn  et  de 
M.  Seylïarth?  Mais  quoi,  Champollion  n’a-t-il  pas  connu  le 
syllabisme? 

Young  lisait  les  cartouches  de  Ptolémée  et  de  Bérénice 
et 

et  il  en  concluait  que  l’écriture  hiéroglyphique  avait  des 
signes  alphabétiques,  comme  le  carré  □ P,  le  demi-cercle 
es  T,  le  triangle  <=>  R et  X aigle  A,  et  des  syllabiques 

comme  le  lion  couché  OLO,  le  méandre  / MA,  et 


f x,  ~WV'A  -n.  P-T-OLO-MA-I-OS 
et  BE-RE-N-I-K-A, 


la  ligne  recourbée  p OS.  Champollion,  avec  grande  raison, 
ne  reconnut  pas  ce  genre  de  syllabiques,  et  il  formula  tout 
d’abord  la  règle  (pii  se  trouve  au  paragraphe  53  de  sa  Gram- 
maire. 

Et  cependant  la  remarque  a priori  de  De  Guignes  était 
vraie,  et  Champollion  ne  put  se  soustraire  que  par  un  biais 
à l'affirmation  de  l’existence  des  syllabiques  : il  les  appela 
initiaux  ou  abrégés.  Ainsi  il  lui  fallait  bien  lire  HeTeP1 2 
le  quatrième  signe  r-fl— , du  nom  du  roi  Aménophis  III 
et  HIQ  le  cinquième  J.  Champollion,  en  ce 
<=&=  1 cas,  disait  que  l’emploi  de  ces  signes  était  si 
fréquent  et  leur  valeur  tellement  connue,  que  les  Égyptiens 

AA/WVX 

, 

CD 

que  les  variantes  les  mieux  constatées  démontraient  être 
l’équivalent  de  vivcre,  vita,  Champollion  disait  que  le 


1 . Mémoires  de  V Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres, 
t.  XXXIV  (1770).  — L'idée  de  De  Guignes  n'est  pas  une  idée  jetée  au 
hasard  : le  mémoire  donne  à ce  sujet  de  longs  développements. 

2.  Champollion  voyait  dans  le  premier  signe  du  mot  un  O,  parce  que, 
sachant  sa  signification  offrir,  il  le  comparait  à cotii  offerre;  il  a été 
depuis  reconnu  que  la  table  (?)  était  un  syllabique  pour  DTP,  copte 

OOTII. 


14 


EXAMEN  DU  SYSTÈME  DE  DÉCHIFFREMENT 


premier  signe  avait  la  valeur  A,  mais  qu'on  pouvait  écrire 
le  mot  par  la  seule  voyelle  initiale  le  mot  ne  pouvant 
prêter  à amphibologie,  et  il  posait  alors  le  principe  de  son 
paragraphe  82.  Champollion  savait  donc  fort  bien  distin- 
guer les  syllabiques  des  alphabétiques  et  des  idéographes’. 
S’il  n’avait  pas  eu  dans  l’esprit  l’idée  bien  formée  du  sylla- 
bisme, aurait-il  lu  ^fj  le  nom  de  la  déesse  SATE, 

SeT,  corn  lucere,  il  lus  tris,  SeT  carre  telum,  dans 


lesquels  le  même  signe  prend  des  significations  très  diffé- 
rentes? Et  de  fait  encore  Champollion,  à la  fin  du  grand 
tableau  de  sa  Grammaire,  place  quelques  signes  qu’il  désigne 
par  ligatures  et  groupes,  et  dont  la  plupart  (nos  233  à 235, 
239  à 243)  sont  de  véritables  syllabiques.  Enfin,  dans  toutes 
ses  transcriptions,  on  ne  voit  pas  qu'il  se  soit  trompé  sur  la 
valeur  d’aucun  syllabique. 

Posera- t-on  encore  la  question  : Champollion  a-t-il  connu 
le  syllabisme? 

Mais  encore  sur  ce  point  M.  Seyffarth  emprunte-t-il  à 
Champollion.  Pour  lui,  Yéchiquier  rmri  est  un  syllabique 
ayant  la  valeur  MN  vêtement ) et  KL  (de  s'o'A,  tscoAo 

i mil i ni 

vêtement)  ; or,  si  l’on  écrit  le  groupe  entier  ' 1 , alors,  en 

. L . /wwv\ 

vertu  de  Yacrophonie,  Yéchiquier  devient  un  simple  M ; 
ainsi  le  groupe  (j  pourrait  se  traduire  par  le  copte 
venire  : c’est  justement  en  ce  sens  que  Champollion  dit 
initial.  Question  de  mots2. 


1.  Il  paraît  y avoir  contradiction  entre  les  paragraphes  57  et  82; 
mais  l’éditeur  prend  soin  de  prévenir  que  toute  cette  Grammaire  était 
sur  fiches  et  feuilles  volantes,  et  qu'il  n’a  fait  aucun  choix.  Champollion, 
éditeur,  eût  il  fait  comme  lui? 

2.  Faut-il  rappeler  qu’en  réalité  la  table  , -Q-i.  la  croix  ansèe  •¥* 

et  Yéchiquier  immuui  sont  syllabiques  et  jamais  alphabétiques;  j’entends 
avant  l'infime  décadence?  M.  Seyffarth  ne  connaissait  pas  plus  que 
Champollion  la  théorie  du  syllabisme  égyptien. 


DES  HIÉROGLYPHES  ÉGYPTIENS  DE  M.  SEYEFARTH  15 


IV 

Clmmpollion  et  Seyfïarth  lisent  les  deux  premiers  signes 

du  groupe  RN,  copte  p-mi  nomen.  Si  ce  mot  est  écrit 
^ # • 
avec  le  troisième  signe,  Clmmpollion  dit  que  ce  troisième 

signe  est  un  signe  déterminatif ; que  ce  signe  est  mis  après 
les  deux  autres  uniquement  pour  fixer  l’idée  que  l’on  doit 
voir  sur  ces  deux  lettres  et  qu’il  ne  doit  — ni  se  prononcer 
— ni  se  transcrire.  M.  Seyfïarth  veut  que  dans  ce  cas  le 
troisième  signe  soit  un  syllabique  ajouté  à la  lin  du  mot, 
« pour  indiquer  que  ce  signe  forme  un  mot  entier  et  exprime 
syllabiquement  les  deux  consonnes  précédentes  ».  Rensei- 
gnement fort  utile!  J’ai  un  mot  RN  que  je  lis  facilement, 
puisqu’il  est  composé  de  deux  lettres  de  l’alphabet;  ai-je 
besoin  qu’on  vienne  m’apprendre  que  ce  mot  eût  pu  s’écrire 
par  un  syllabique,  le  cartouche  autrement  dit,  c’est  (qu’on 
me  passe  l’expression)  mettre  la  charrue  avant  les  bœufs.  Je 
comprends  qu’on  aille  du  connu  à l’inconnu,  mais  qu’on  ait 
imaginé  de  se  servir  d’un  signe  inconnu,  czdi  le  cartouche' , 
pour  expliquer  les  signes  alphabétiques  bien  connus  R et  N, 
cela  serait  fait  pour  inspirer  une  médiocre  admiration  pour 
la  logique  de  l’esprit  des  inventeurs  de  l’écriture  hiérogly- 
phique, et  je  m’en  tiens  à la  définition  si  simple  et  si  claire 
de  Champollion’. 

« D’autres  fois  on  répétait  acrophoniquement  les  lettres 
que  le  signe  précédent  exprimait  syllabiquement.  » Voila 
au  moins  qui  est  logique.  Vous  m’écrivez  un  groupe  de  deux 
signes  J ^ : je  vois  bien  qu’il  s’agit  d’une  opération  de  la 

1.  Je  parle  toujours  d'après  les  idées  de  YI.  Seyfïarth. 

2.  D’où  vient  cette  théorie  de  M.  Seyfïarth,  sinon  du  désir  de  faire 
du  nouveau  et  de  soustraire  son  système,  contre  l’évidence,  au  rôle  de 
cette  partie  des  signes  idéographiques,  qu’on  désigne  par  le  nom  de 
déterminatifs. 


16 


EXAMEN  DU  SYSTÈME  DE  DÉCHIFFREMENT 


bouche,  bien  plus,  je  vois  par  le  sens  de  la  phrase  qu’il  s'agit 
de  voix,  parole;  comment  prononcerai-je?  /eRU,  ^pwo-v 


vox?  ZeT,  tsot  verbum ? etc.  Je  trouve  le  mot  écrit 


avec  les  deux  lettres  /.,  R,  ou  avec  trois 


me  voilà  tiré  d’embarras,  et  quand  j’aurai  rencontré  plu- 
sieurs fois  l’épithète  qui  se  place  toujours  à la  suite  du  nom 
des  morts  avec  ses  variantes,  je  saurai  qu'il  faut  lire 
MA  /eRU  et  non  MA  ZoT.  11  n’y  a plus  de  gênant  que  le 
nom  d ’acrophones  donné  aux  lettres  /.,  R,  U,  pour  indiquer 
qu’on  les  met  au  milieu  du  mot.  On  serait  vraiment  excu- 
sable de  ne  pas  bien  comprendre  l’acrophonie. 


V 


M.  Seylïarth  établit  en  principe  que  les  signes  11e  repré- 
sentent aucune  idée,  mais  rappellent  seulement  les  sons.  Si 
cela  était  vrai,  tout  mot  pourrait  s’écrire  par  tous  les  signes 
présentant  les  mêmes  articulations,  ce  qui  n’est  pas.  Aussi 
voit-on  M.  Seylïarth  se  contredire  plus  d’une  fois.  Ainsi  il 
accorde  : « 1°  que  chaque  mot  est  généralement  rendu  par 
le  même  signe;  2U  qu’entre  plusieurs  signes  de  même  valeur 
phonétique  ou  syllabique'  on  choisirait  de  préférence  celui 
qui  par  l’idée  ou  par  la  forme5  aurait  le  plus  d’analogie 
avec  l’objet3  qu’on  voulait  exprimer.  » Ainsi  le  fouet 
tu ki  et  le  caractère  © que  M.  Seylïarth  nomme  plan  de 
ville,  univers1 2 3 4',  « qui  expriment  tous  deux  la  syllabe  fm, 

1 . Distinction  fautive,  car  les  syllabiques  sont  une  des  variétés  de 
phonétiques. 

2.  Idée  et  forme  se  tiennent  aussi  intimement  que  la  pensée  et  la 
parole. 

3.  Le  mot  quel  qu'il  soit. 

4.  Qu’on  me  dise  qu  un  homme  qui  porte  la  main  à la  bouche  dé- 
signe tous  les  mots  qui  ont  rapport  à la  nourriture , comme  boire, 
manyer,  etc.,  à la  parole,  comme  dire,  commander , etc.,  cela  paraît 


DES  HIÉROGLYPHES  ÉGYPTIENS  DE  M.  SEYf'FARTH  17 


sont  usités’,  l’un  pour  tou  roi,  l’autre  quand  il  s’agit  de  dési- 
gner une  ville  ».  Peut-on  indiquer  plus  nettement  l’origine 
tout  idéographique  du  système  de  1 écriture  hiérogly- 
phique? Oui,  le  fouet  désigne  l’idée  prince  (mais  non  le 
mot  èok)  non  en  vertu  de  son  nom  fmu,  mais  en  vertu  de  son 
nom  z.ou\  et  parce  que  alors  /ou  se  prend  syllabiquement 
pour  le  mot  /pu,  conduire,  gouverner,  qui  exprime  une  idée 
en  rapport  avec  le  fouet;  c’est  comme  si,  au  lieu  de  dire  : 
« O roi  des  deux  régions  »,  je  disais  : « O toi  qui  gouvernes 
les  deux  régions.  » Cette  explication  est  la  vraie;  mais 
quand  elle  ne  le  serait  pas,  il  me  suffit  de  constater  ici  la 
place  que  donne  à l’idéographie  M.  Seytïarth,  qui  fait  à 
Champollion  un  si  grand  reproche  de  l’avoir  admise.  On  ne 
peut  pas  toujours  se  soustraire  à l’évidence. 


VI 

Passons  maintenant  à une  des  erreurs  principales  de 

Champollion et  de  M.  Seytïarth,  qui  ne  fait  que  la 

pousser  à l’extrême. 

Ap  rès  avoir  réellement  déterminé  les  noms  de  Ptolémée 
et  de  Bérénice,  Young,  s’embarrassant  dans  ses  faux  sylla- 
biques, ne  tira  aucun  profit  de  son  essai  de  déchiffrement. 
Champollion,  au  contraire,  posant  en  règle  a priori  que, 


admissible;  mais  que  l’image  d’un  mot  qui  signifierait  Y univers  désigne 
l’idée  cille,  ceci  se  comprend  moins  aisément.  Et  puis  les  Égyptiens 
savaient  donc  que  la  terre  était  ronde  ? 

1.  Pour  le  coup,  je  crois  que  M.  Seytïarth  eût  été  embarrassé  de 
montrer  des  exemples  de  mots  où  ces  deux  signes  lussent  employés 
acroplwnir/iiemrnt,  ce  qui  eût  assuré  leur  valeur  phonétique. 

$ 


2. 


I 


(W) 


« son  fouet  est  sur  son  bras  gauche  » (des- 


cription d’Ammon  ithy phallique  dans  la  panégyrie  de  Médinet-Habou). 
La  valeur  de  la  tête  d’oiseau,  qui  écrit  / ou,  est  des  mieux  établies  par  les 
variantes.  (Voy.  M.  de  Rougé,  Stèle  clc  la  princesse  de  Bachtan , p.  96.) 


Bibl.  égypt.,  t.  XV. 


18 


EXAMEN  DU  SYSTÈME  DE  DÉCHIFFREMENT 


dans  l’écriture  égyptienne  comme  dans  toutes  les  écritures 
orientales,  si  les  voyelles  longues  étaient  écrites,  les  brèves 
au  moins  avaient  dû  s’écrire  ou  se  supprimer  à volonté, 
Cliampollion  lut  aussitôt  une  foule  de  cartouches,  et  se 
trouvait,  au  moment  de  sa  mort  prématurée,  capable  de 
donner  le  sens,  sinon  la  traduction  littérale  des  inscriptions 
hiéroglyphiques.  Le  système  des  voyelles  vagues  ne  pouvait 
étonner;  mais  Cliampollion  ne  s’en  tint  pas  là.  Pour  mettre 
la  langue  hiéroglyphique  en  rapport  intime  avec  le  copte, 
il  inventa  les  consonnes  vagues,  phénomène  monstrueux 
qui  ne  se  retrouve  dans  aucune  langue.  Ainsi,  selon  lui,  un 
signe  qui  écrivait  le  son  o h , n)  pouvait  aussi  écrire  ceux 
du  k h-,  2),  du  k (a  q,  p),  du  Æ (©  kh,  n),  du  7.  grec,  du 
iy  (aa  sch,  v)  ou  de  la  -s.  dj,  d~,  z,  1,  x)\  M.  Seyf- 
l'arth  a-t-il  relevé  cette  erreur? — Au  contraire. 

M.  Seyffartli  dit  : « Pour  indiquer  que  la  face  humaine, 
suivie  de  la  bouche  , 11e  doit  pas  être  prise  dans  le  sens 
(notez  toujours  qu’il  11’y  a pas  d'idéographes)  de  IIL  ou 
11TR  (pourquoi  pas  H et  HT  en  vertu  de  l’acrophonie?), 
mais  bien  dans  celui  de  KR  employé  pour  écrire  Korpo  (le 
grec  /.'jptoç,  seigneur),  on  lui  ajoute  comme  diacritique ! le 
plafond  ou  ciel  <~>  ■ x.$o,Jirmamentum . » Est-ce  dit  sérieu- 

1.  Encore  comprend-on  l'erreur  de  Champollion.  N’ayant  pu  dès  les 
premiers  pas  observer  qu’im parfaitement  les  variations  apportées  par- 
le temps  au  système  orthographique  antique,  et  forcé  d’étudier  les  ins- 
criptions bilingues  des  basses  époques,  recevant  une  fausse  direction  de 
l'assimilation  du  copte  à la  langue  antique,  il  n’a  pu  savoir  la  profonde 
dégénérescence  où  était  tombée  l’orthographe  sous  les  Ptolémées  et  les 
Romains.  On  ne  peut  dire  la  même  chose  de  M.  Sevfîarth,  vivant  vingt- 
cinq  ans  après  Champollion  et  connaissant  l’étude  déjà  faite  de  l’arti- 
culation gutturale,  par  M.  de  Rougé,  dans  son  Mémoire  sur  l’inscription 
d’A  lunes. 

2.  En  langue  vulgaire,  déterminatifs  de  son.  Les  Allemands  aiment 
à parler  grec  dans  leurs  livres,  comme  les  médecins  du  siècle  de  Molière 
parlaient  latin  à leurs  patients. 


DES  HIÉROGLYPHES  ÉGYPTIENS  DE  M.  SEYFFAHTII  10 


sèment?  Quoi!  pour  indiquer  qu’un  signe  dont  la  valeur 
normale  est  II  devra  se  prononcer  K,  vous  lui  accolerez  un 
signe  qui  représente  Z ! Je  le  répète,  est-il  permis  de  pré- 
senter de  pareilles  théories  pour  remplacer  la  théorie  si 
rationnelle,  si  simple  et  si  juste  des  déterminatifs  reconnus 
par  Champollion?  Et  qu’on  ne  croie  pas  que  je  prenne  un 
exemple  isolé  : non  point.  Voici  le  demi-cercle  l’un  des 
signes  les  plus  usités.  M.  Seyffarth  y voit  une  montagne' , 
•rwo-y,  d’où  : 1"  la  valeur  T5;  2°  « pour  distinguer  les  hiéro- 
glyphes syllabiques  de  ceux  qu’il  faut  interpréter  acropho- 
niquement  (lisez  alphabétiquement),  on  les  faisait  assez 
généralement  précéder  du  demi-cercle  tcoot,  montagne, 
qu’il  faut  traduire  *o,  autrement  ou  pleinement 3 ».  3°  Le 
même  signe,  en  certains  cas,  est  un  syllabique  pour  TOOUE, 
oriri,  progenitor,  ttoo^oviov  ( Iriser . de  Rosette );  toutefois, 
comme  ce  n’est  pas  l’emploi  ordinaire,  on  a recours  à l’ar- 
tifice suivant  : « On  lui  donne  pour  déterminative 1 2 3 4 le  signe 
de  momie  debout  J toA,  statue.  » C’est-à-dire  que,  pour 
indiquer  le  son  TOU  ou  TOUOU,  j’ajouterai  le  son  TOB. 

Je  suis  entré  en  quelques  détails  sur  certains  points  de 
cet  examen,  je  ne  le  regrette  pas  : ces  exposés  font  mieux 
voir  l’inanité  de  la  nouvelle  théorie. 

1 . Dans  les  descriptions  du  Rituel,  ou  trouvera  tant  qu’on  voudra  les 

groupes  (j (j,  ^ (j  (j  TU  PU1  «cette  montagne»,  pour  dé- 

signer les  montagnes  figurées  dans  les  vignettes,  c’est-à-dire  qu'au  lieu 
de  supposer,  comme  nos  géographes,  le  spectateur  devant  une  chaîne  de 
hauteurs  inégales  qui  passent  devant  lui,  les  Égyptiens,  habitués  à la 
vallée  du  Nil,  représentaient  l’idée  montagne  en  figurant  les  deux  ver- 
sants enfermant  une  vallée.  On  ne  saurait  donc  voir  une  montagne  dans 
ce  petit  demi-cercle. 

2.  Cette  valeur  a été  d’ailleurs  bien  prouvée  par  Champollion. 

3.  Comment  un  signe  qu’il  faut  traduire  pleinement  peut-il  indiquer 
qu’on  ne  doit  prendre  qu’une  partie  d’un  autre  signe? 

4.  Je  comprends  un  déterminatif  écrit  par  abréviation  de  signe  déter- 
minatif, hiéroglyphe,  caractère  déterminatif;  à quoi  correspond  une 
dcterminaticc ? 


20 


EXAMEN  DU  SYSTÈME  DE  DÉCHIFFREMENT 


VII 


M.  Seyffarth  pense  que  l’absence  de  voyelles  est  une 
cause  d’amphibologie  et  que  les  Egyptiens  ont  voulu  y 
remédier.  Mais  voyez  par  quel  singulier  moyen  : « Pour 
éviter  les  amphibologies,  qu’amène  nécessairement  l’absence 
de  voyelles,  on  ajoutait  certains  signes  dont  le  but  était 
uniquement  de  déterminer  le  sens’ ; par  exemple,  on  répé- 
tait acrophoniquement  les  lettres  que  le  signe  précédent 
exprimait  syllabiquement.  » Ainsi,  je  suppose,  si  j’écris  seul 
le  sceptre  dit  à tête  de  coucoupha  “j,  vous  ne  savez  quelle 
voyelle  entre  dans  ce  mot,  ni  de  quoi  je  veux  parler,  mais 

U ” 

ajoutons  S,  R et  le  mot  n’en  est  pas  plus  clair 

pour  cela  : les  signes  acrophoniques  (c’est-à-dire,  ici,  les 
signes  alphabétiques  employés  comme  compléments  pho- 
nétiques), ne  pouvant  en  effet  avoir  cette  vertu  d'indiquer  le 
sens,  ne  peuvent  que  renseigner  sur  la  prononciation.  Disons 
d’ailleurs  que  l’absence  de  voyelles  n’est  pas  un  sujet  d’am- 
phibologie, pas  plus  que  ne  l’est  en  français  la  similitude 
de  plusieurs  mots  écrits  par  les  mêmes  lettres.  Le  sens  de 
la  phrase  laisse  rarement  un  mot  douteux  pour  cette  raison. 
De  plus,  l’écriture  hiéroglyphique  a encore  le  secours  des 
déterminatifs. 


VIII 

Autre  grief  contre  Champollion.  Ce  dénicheur  de  singu- 
larités a vu  que,  dans  l’écriture  égyptienne,  il  y avait  des 
signes  dont  il  ne  fallait  pas  tenir  compte  dans  la  pronon- 
ciation. Je  ne  parle  pas  des  déterminatifs  (car  M.  Seyffarth, 
pas  plus  que  Champollion,  n’eût  prononcé  RaNRaN  le 


1.  Encore  de  l'idéographie  dans  Seyffarth. 


DES  HIEROGLYPHES  EGYPTIENS  DE  M.  SEYFFARTII 


21 


groupe  c > ),  ni  du  demi-cercle  o,  ni  de  la  barre  i,  si 
souvent  explétifs,  et  que  M.  Seyflarth  appelle  diacritiques  ; 
mais  de  certains  signes  que  l’expérience  avait  déjà  démontré 
à Cliampollion  n’être  que  de  « simples  signes  orthogra- 
phiques » influant  probablement  sur  la  prononciation,  mais 
ne  se  prononçant  pas.  M.  Seyflarth,  par  exemple,  ne  veut 
pas  qu’on  ait  pris  comme  explétifs  le  petit  vase  rond  o suivi 
de  Y enroulement  (2  ou  du  demi-cercle  ^ ^ et  Ainsi 

Cliampollion  lisait  RAN  le  groupe  g^czDi,  ce  mot  qui 

s’échange  perpétuellement  avec  eux  RN,  copte  p*.u, 
pensant  que  le  troisième  et  le  quatrième  signe  0(â  n’indi- 
quaient là  qu’une  prononciation  particulière  de  ^wv\,  comme 
serait  par  exemple  la  nasalité;  d’après  M.  Seyflarth,  à ce 
qu’il  paraît,  ce  serait  là  une  fausse  appréciation.  Donc, 
nous  voilà  prévenus  que  dans  les  récits  des  campagnes  de 
Ramsès  le  Grand,  quand  on  racontera  le  siège  de  Qadesch 


« la  sainte  » \ , en  Syrie,  si  vous  rencontrez  une  ligne 

plus  loin,  la  variante  ^ c q ^ , vous  penserez  qu’il  s’agit 

tout  à coup  d’une  autre  ville  que  vous  nommerez  Qadnou- 
tesc/i,  sans  penser  que  les  signes  ajoutés  dans  la  variante  n’y 
sont  qu’un  accident  orthographique  dont  il  faudra  chercher 
la  raison,  mais  fort  bien  constaté. 

Ainsi  sont  attaquées  les  lectures  les  mieux  faites  par 
Cliampollion. 


* * 

Je  n’ai  entrepris  ni  l’éloge  ni  le  blâme  du  système  de 
Cliampollion;  mais  on  a vu  comment  M.  Seyflarth  sait  le 
critiquer;  son  habileté  à lui  prêter  des  théories  qu’il  a 
abandonnées;  comment  il  profite  des  tâtonnements  ou  des 
contradictions  apparentes  du  savant  français;  la  fragilité  du 
système  qu’il  veut  substituer  à sa  méthode;  la  nouveauté 


oo 


EXAMEN  DU  SYSTÈME  DE  DÉCHIFFREMENT,  ETC. 


do  ce  qui  se  cache  sous  les  noms  de  système  syllabique, 
acr o phonie,  etc. 

M.  Seyft'arth  et  ses  disciples  se  sont  plaints  qu’on  n’ait 
pas  au  moins  discuté  leurs  opinions.  J’ai  été  fort  bref  dans 
l’aperçu  qui  précède,  mais  je  pense  avoir  touché  à tous  les 
points  essentiels  du  dissentiment.  MM.  de  Rougé,  Birch,  etc., 
ont  jugé  à propos  de  considérer  comme  non  avenues  ces 
nouvelles  théories  : je  pense  qu’ils  n’ont  pas  mal  fait.  Que, 
si  l’auteur  de  cet  article  vient  en  parler  un  peu  tard,  je  prie 
de  considérer  que,  livré  d'abord  à l’étude  du  moyen  âge,  il 
n’a  pu  parler  d’égyptologie  avant  que  d’être  né...  à la 
science  des  hiéroglyphes.  Le  système  de  M.  Seyft'arth  a 
trouvé  en  Allemagne,  pour  le  continuer  et  le  défendre, 
quelques  adeptes  que  je  ne  me  flatte  pas  de  convertir  à la 
vérité;  mais  je  serais  satisfait  de  mettre  en  garde  contre  de 
vaines  théories  des  esprits  ardents  et  studieux,  qui  pour- 
raient utilement  employer  leurs  efforts  à faire  progresser  la 
science. 


Juillet  1861. 


DK  LA 


TRANSCRIPTION  DES  HIEROGLYPHES 


'i  i 


La  question  de  la  transcription  des  écritures  anciennes, 
surtout  des  écritures  un  peu  compliquées,  a de  tout  temps 
occupé  les  savants.  Elle  vient  d’être  soulevée  de  nouveau, 
dans  l’un  des  derniers  numéros  de  la  Zeitschrift  (octo- 
bre 1SG6),  en  ce  qui  touche  l’écriture  égyptienne.  Ce  genre 
de  communication  a le  grand  avantage  de  venir  constater 
de  temps  en  temps  les  progrès  de  la  science  dans  les  travaux 
de  grammaire  et  de  dictionnaire,  de  mettre  en  commun  le 
fruit  des  efforts  d’un  seul,  de  faire  rencontrer  quelquefois 
par  d’autres  des  vérités  cachées,  le  plus  souvent  d’amener 
à des  résultats  plus  précis  les  connaissances  acquises.  Deux 
de  nos  maîtres  dans  la  science  ont  pris  part  à la  nouvelle 
discussion;  mais,  surplus  d’un  point,  ils  sont  arrivés  à des 
conclusions  diamétralement  opposées.  Personne  après  eux 
n’a  pris  la  parole,  et  cependant  il  serait  regrettable  que  la 
question  soit  abandonnée  en  cet  état,  et,  puisque  M.  de 
Rougé  lui-même  nous  convie  à la  discussion,  je  serais  heu- 
reux de  contribuer  à fixer  quelques  principes  incontestables. 

Au  commencement  de  sa  note,  M.  de  Rougé  a rappelé 

1.  Extrait  de  la  Zeitschrift  fier  cigr/ptischc  Sprache  und  Altcrthums- 
htmdc,  do  Berlin,  1867.  vol.  II,  p.  66-70. 


24 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES 


clairement  les  points  qu’il  considère  comme  acquis  au  débat  : 

1°  L’inutilité  de  chercher  à représenter  la  prononciation 
de  la  langue  égyptienne; 

2"  L’utilité  d’une  entente  sur  la  transcription  de  l’écriture 
hiéroglyphique; 

3°  Les  avantages  d’une  transcription  en  lettres  ordinaires. 

Les  questions  à déterminer  seraient  : 1°  le  nombre  des 
articulations  à représenter  et  2°  l'appropriation  des  signes 
conventionnels  à chaque  articulation. 

En  comparant  les  alphabets  donnés  par  M.  de  Rougé,  de 
concert  avec  M.  Brugsch  (Zeitschrift,  1866,  p.  70),  et  par 
M.  Lepsius  ( ihid p.  81),  on  remarque  d’abord  une  ressem- 
blance, l’adoption  de  signes  conventionnels  conçus  dans 
le  système  proposé  par  M.  Lepsius  dans  son  Standard- 
Alphabet,  et  dont  se  servent  généralement  avec  quelques 
variantes  les  écrivains  de  la  Zeitschrift.  Bien  que  ce  système 
présente  encore  une  certaine  complication  à cause  de  toutes 
les  lettres  notées,  j’y  donne  mon  entier  assentiment,  et  je 
pense  que  ce  point  ne  peut  faire  difficulté  du  moment  que 
l’on  admet  la  transcription  en  lettres  modernes. 

Ce  ne  sera  donc  qu’à  défaut  de  signes  ainsi  ornés  de  points 
et  d’accents  que  je  proposerai  de  remplacer  et,  à,  k,  t,  t',  s,  x, 
h par  à,  à,  k‘\  d , v,  s‘,  æ,  h‘\  souvent  beaucoup  plus  com- 

1.  Je  pense  qu’il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que,  pour  faciliter  l’im- 
pression, il  s'agit  de  transcrire  en  lettres  d’un  usage  commun,  comme 
le  sont  les  lettres  latines;  qu’il  faudrait  alors  éviter  de  créer  des  signes 
particuliers  en  dehors  des  caractères  d’imprimerie  usités  partout.  Ainsi 
je  croirais  préférable,  aux  propositions  de  M.  de  Rougé,  de  transcrire 
d,  par  /.',  et  JJ  par  g (ou,  si  l’on  adopte  trois  articulations  : ^ par 
</,  par  A-,  et  JJ  par  g)  pour  obtenir  des  signes  compliqués  de  moins. 
Les  trois  lettres  latines  g,  À et  g ont  entre  elles  assez  de  rapports  pour 
indiquer  l'affinité  des  lettres  antiques  sans  qu’on  soit  obligé  d’aller  jus- 
qu'à transcrire  /],  et  ® Pa ''  L /•"  et  A-.  La  même  observation  s’ap- 
pliquerait à t,  d et  * pour  la  transcription  de  o>,  et 

2.  A‘,  s‘  et  IC  dans  ce  système  ne  sont  point  des  lettres  particulières, 
mais  simplement  A.  s,  A suivis  d’une  virgule  (,)  renversée  (‘).  Je  réser- 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIEROGLYPHES 


25 

modes  à employer,  dans  les  imprimeries  françaises  notam- 
ment. 

Mais  les  points  les  plus  importants  à constater  dans  les 
tableaux  de  MM.  Lepsius  et  de  Rougé,  ce  sont  les  dissem- 
blances que  l'on  peut  résumer  comme  il  suit  : 

1°  M.  Lepsius  range  autrement  que  M.  de  Rougé  les 
signes  hiéroglyphiques  que  tous  les  deux  rangent  sous  les 
articulations  k et  k ; 

2°  11  compte  trois  lettres  (î,  o,  I ) de  plus  que  M.  de  Rougé. 
3°  11  ajoute  quelques  signes  hiéroglyphiques  à ceux  que 
M.  de  Rougé  place  sous  les  articulations  y.,  h,  t' , s,f,  m , /?, 
et  remplace  de  l’articulation  b par 

Je  me  propose  d’examiner  successivement  ces  trois  points1. 

I.  Articulations  k et  k.  a,  LJ,  Z5 

M.  de  Rougé  ( Zeitschvijt , 1866,  p.  71)  résume,  comme  il 
suit,  le  dépouillement  de  ses  notes  : 

A — k sahidique  (x  memphitique),  aÇ  -x  = k; 

U = « sahidique  (x  memphitique),  a',  un  peu  moins 
souvent  ■s.  = k ; 

S = a'  sahidique  (■*  memphitique),  k,  x = k. 

On  pourrait  résumer  de  même  la  note  de  M.  Lepsius  de 
la  manière  suivante  : 

a = k,  moins  souvent  a'  = k; 

U = <*,  moins  souvent  k = k; 

S — 1 <s — ^ - a*  - k . 

verais,  comme  M.  Devéria,  l’apostrophe  « pour  indiquer,  au  moyen  de 
» sa  fonction  habituelle,  les  cas  d élision  »,  que  ce  savant  « a souvent 
» entrevus  et  qui  pourront  être  un  jour  bien  constatés  ».  (Devéria,  Le 
Papyrus  judiciaire  de  Turin,  dans  le  Journal  asiatique.  1865,  p.  238.) 

1.  [La  discussion  du  premier  point  a seule  été  imprimée,  et  la  suite 
a été  probablement  perdue,] 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES 


26 

En  un  mot,  les  deux  systèmes  diffèrent  essentiellement  par 
la  place  à donner  à LJ-  J’admets  avec  MM.  Lepsius  et 
de  Rougé  que  ces  deux  signes  doivent  être  rangés  sous  la 
même  articulation,  et  dorénavant  je  ne  citerai  plus  que 

Il  est  facile  de  voir  que  la  divergence  devient  ainsi  une 
question  de  fait.  Dès  lors,  elle  doit  se  résoudre  sans  ré- 
plique par  la  statistique.  Montrer  combien  de  fois  devient 
en  copte  k,  combien  de  fois  es';  faire  de  même  pour  ^3^  et 
S ; la  balance  entre  les  nombres  trouvés  dira  si  l’on  doit 
transcrire  a,  <33*  et  Z5  par  k ou  par  k.  C’est  à ce  critérium 
que  j’entends  soumettre  la  question  en  litige. 

Mais  auparavant  je  dois  faire  quelques  observations  pré- 
liminaires. 

La  philologie,  comme  toutes  les  sciences,  a des  règles  sé- 
vères dont  on  11e  peut  omettre  de  tenir  compte  sans  infirmer 
les  résultats  auxquels  on  prétendrait  être  parvenu.  Lors- 
qu’on examine  les  dérivations  d’une  langue  on  une  autre,  il 
est  certain  que,  si  celle-ci  a plusieurs  dialectes,  on  11e  sau- 
rait légitimement  choisir  des  exemples  tantôt  dans  l'un  et 
tantôt  dans  l’autre,  car  alors  le  lecteur  ne  serait  pas  sûr  que 
des  exemples  tirés  des  dialectes  négligés  ne  prouveraient 
pas  les  propositions  contraires  à celles  qu’on  aurait  voulu 
établir.  Si  l’on  voulait,  par  exemple,  poser  les  règles  de  dé- 
rivation entre  le  latin  et  les  langues  romanes,  il  n’arriverait, 
je  suppose,  à personne  de  s’autoriser  d’exemples  pris  indiffé- 
remment dans  les  langues  d’oil,  d’oc,  d’Espagne  ou  d’Italie. 
Mais  il  serait  de  bonne  critique  de  mettre  toutes  ces  langues 
en  tableaux  synoptiques,  et  d’en  faire  ressortir  en  résumé 
les  ressemblances  et  les  différences.  Le  résultat  serait  alors 
inattaquable.  Or,  procéder  autrement  pour  le  copte  par  rap- 
port à l’égyptien  antique  est,  selon  moi,  une  erreur  capitale. 
J’insiste  sur  cette  méthode  qui  devrait  être  élémentaire  et 
qui  n’est  à peu  près  jamais  appliquée.  On  cite  fort  souvent 
des  mots  coptes  sans  dire  s’ils  appartiennent  au  dialecte 


DF.  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIEROGLYPHES 


07 

fx/  I 

memphitique  ou  au  sahiclique,  etc.  En  prenant  l’habitude 
tle  contrôler  ces  citations  par  le  Lexique  de  Peyron,  on  re- 
lèvera nombre  d’inexactitudes.  C'est  ainsi  encore  que  le 
précieux  Dictionnaire  de  M.  Brugseh,  dont  nous  avons  tous 
re(;u  un  prospectus,  sera  inutile  sur  ce  point  très  important 
à mes  yeux. 

Donc  il  faut  de  toute  nécessité  rechercher  ce  que  devien- 
nent nos  trois  signes  a,  et  S dans  les  deux  dialectes 
memphitique  et  sahidique  à la  fois.  M.  de  Rougé  s’est  sou- 
mis à cette  règle  dès  son  mémoire  sur  l’inscription  d’Ahmès, 
dans  lequel  il  étudie  précisément  les  gutturales  égyptiennes. 
M.  Lepsius,  au  contraire  ( Zeitschrift , p.  77),  n’observe  pas 
cette  distinction  fondamentale.  Il  cite  indifféremment  des 
mots  sahidiques  et  memphitiques  à la  fois  (ko$>,  iuoc,  kc,  etc.), 
on  seulement  sahidiques  (u^ue,  sw-r,  ^epe,  etc.),  ou  mem- 
phitiques (Kefii),  ou  baschmouriques  (s'k),  ou  même  le  mot 
kortè  qui  n’est  point  au  Dictionnaire  copte,  sans  remarquer 
que  souvent  on  pourrait  citer  en  regard  des  mots  comme 
•xcout,  ■xepe,  etc.,  qui  amèneraient  à des  conclusions 
opposées  aux  siennes.  Ce  n’est  point  ainsi  (jue  procèdent 
les  philologues  dont  le  nom  fait  autorité  dans  la  savante 
Allemagne.  Une  telle  façon  de  citer  ne  peut  rien  prouver. 
Personne  plus  que  moi  ne  rend  hommage  à la  science  du 
Dr  Lepsius,  l’un  de  nos  maîtres  vénérés;  mais  je  pense  qu’il 
sera  le  premier  à reconnaître  qu’on  ne  saurait  trop  exhorter 
nos  plus  jeunes  confrères  en  égyptologie  à suivre  les  mé- 
thodes sévères  que  la  critique  approuve  seules. 

Je  serai  plus  bref  sur  les  autres  points. 

En  second  lieu,  on  doit  encore  remarquer  qu’on  ne  peut 
appuyer  des  déductions  philologiques  sur  des  mots  comme 

ne  S.  M.  en  face  de  (j  (j  alius,  comme  la  particule  ne  S.  M.  B. 

en  face  de  ^ ou  Z5  parce  que  [j  (j  a donné  ne, 
s'e  S.,  ne  M.,  ne,  sTi  B.,  parce  que  les  particules  s’écrivent 
ne,  (ï'e,  se  S.,  ne,  se  M.  Dès  lors,  ces  exemples,  prouvant 


28 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES 


pour  les  deux  ou  trois  articulations  en  question,  ne  prou- 
vent en  réalité  pour  aucune.  C’est  encore  là  un  vice  de  cri- 
tique qu’il  faut  écarter  de  la  discussion. 

Troisièmement,  il  faut  encore  éliminer  les  mots  parfaite- 
ment identifiés,  il  est  vrai,  comme  LJ  ville,  M., 
urbs,  a (j(j\>  champ,  u^ie  S.,  koi  M.,  ager,  bœuf 

à l’engrais,  nenne  S.,  pinguedo,  neni  M.,  pinguescere.  En 
effet,  ces  mots  ne  se  trouvent  que  dans  des  textes  ptolé- 
maïques,  et  à cette  époque  on  ne  fait  plus  de  différence 
entre  a,  ou  S et  entre  leurs  homophones. 

Enfin  (je  bornerai  ici  mes  remarques),  je  vois  des  auteurs 
rapprocher  tel  mot  copte  de  plusieurs  racines  égyptiennes. 
11  me  semble,  sauf  meilleur  avis,  que,  dès  qu’un  mot  copte 
a été  parfaitement  identifié  avec  son  équivalent  égyptien,  il 
n’y  a plus  lieu  de  le  citer  à propos  d’un  nouveau  mot  égyp- 
tien de  signification  à peu  près  semblable  au  moins  à pre- 
mière vue.  Ainsi  on  connaît  depuis  longtemps,  par  divers 
textes,  l’équivalent  de  <3Wjl  S.  M.  hortus,  c’est  Lj'^^ 
\<ï  n.  M.  Jacques  de  Rougé  me  paraît,  dès  lors,  le  rap- 
procher à tort  de  domaine,  dont  le  correspondant 

réel  est  «sW*.  prœdium.  De  ce  que  ces  deux  mots  se  trouvent 
au  même  article  dans  le  Lexique  de  Peyron,  il  n’en  faut  pas 
conclure  qu’on  ne  doive  pas  les  séparer.  Il  serait  facile  de 
démontrer,  à l’aide  de  nos  connaissances  de  l’égyptien  anti- 
que, que  le  Dictionnaire  de  Peyron,  d’un  mérite  incontes- 
table même  aujourd’hui,  est  à remanier  sur  bien  des  points’. 

Il  n’y  a pas  de  doute,  nous  devons  adopter  pour  l’Egvpte 


1.  Par  exemple,  sTuli,  xTr,(xa,  possessio, prœclium,  égyptien 

ycm,  et  a'etju.  arx,  devraient  être  rapprochés,  non  de  (S'coxi,  hortus 
(lytoA*.  que  M.  J.  de  Rougé  cite  de  préférence  à <3ïojul  n’est  que  dans 

Kircher,  tandis  que  s 'loxx.  est  très  usité),  égypt. 

ha  mu,  mais  de  (fou  S.,  ■soju  M.,  ris,  potcstas , possidcrc. 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES  29 

et  ses  deux  dialectes  les  règles  de  saine  critique  appliquées 
par  les  savants  de  tous  pays  à la  France  et  à ses  langues  du 
Nord  et  du  Midi. 

C’est  parce  que  j’ai  suivi  ces  principes  que  je  crois  pouvoir 
donner  avec  toute  confiance  le  résumé  suivant.  On  pourrait 
peut-être  ajouter  quelques  mots  consignés  dans  des  diction- 
naires plus  complets  que  le  mien,  ou  que  révéleront  les 
inscriptions  inédites,  mais  je  suis  persuadé  que  cela  ne  mo- 
difierait pas  les  résultats  auxquels  je  suis  arrivé. 

Voici  le  relevé  de  ces  mots1  : 

1°  A 

A — k thébain  = u memphitique,  28  fois  : 

i»  jqoJq  id. 
iudJq 


KA..JUL  id. 
ueu  id. 

KIJÜL 

kcà'Ai  B.  kh Ai 

k*.c 

KCvC 

KIOC 


JA/WWS 
A/WVNA 
/WWXA 

jz 


A 


/WWV\ 

A A X 
c 


/WWW  A/W/WA 

A 


U1 


I I I 


w 

zi  =1 


rcfrigerare  T.  ute  id.  M. 


duplicure 

arundo 


sinus 


moccre 


sera 


os 


nucléus 

sepelire 


K CO  fl 

KA.UL  id. 
KOTTlt  id. 


1.  [Pour  satisfaire  à une  juste  critique  de  Lepsius,  nous  donnons,  au 
lieu  des  chiffres  seuls,  le  relevé  qui  les  justifiait  et  que  nous  avons  re- 
trouvé. — Note  des  éditeurs .] 


30 


de  la  transcription 


§ 


fl — — Si 


f~r~ — ^ 


angulus 
(libri) 


DES  HIÉROGLYPHES 

KOO,  KOO£  KO°;  KOO£ 

KO^,  KOOO  KOg^,  KOOO  , KèvO! 


partis  oeiK  wik  B.  *.jk 

electus  (llrugsch)  aicr  cledicare 

&.KCO,  ô.S'io  purdi- 

s user  isro  perdei  c tio, TS.K.M  perdcrc 


RJ— =>  X 


AAAAAA 

X 


r1^  x 


AAflAM 


XI 


s 

2 


\\ 

© 


se  perdre 

id. 

id. 

jurare 

top  K 

top  K 

faînes 

ORO 

OKO,  OOKCC^ 

ligure, prœdari 

otoit  cingerc 

j6tou 

tonsor 

otoue  radere 

SSlOR 

scintilla 

TIR 

ont 

imminuere 

COÉK 

CoilR 

eripere 

ccr  trahere, 
dcducere 

CCR 

sugere 

cciut,  csuuj, 
CIOU  U 

cchr,  uja-uiy 

constituera 

jutoTitit  for- 
mare,  etc. 

julotur 

rebellis 

Air  culpa 
\\ impudens 

Airi 
'A  A.  •si 

conrertere 

piKC 

pCR 

Coptos 

Rcimo 

itcqt 

Apollinopolis 

KtOC 

RtOC. 

parva 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIEROGLYPHES 


31 


A = k thébain  = x memphitique,  3 fois  : 


<\\tf 

juncus 

Mie 

a * 

AfiAAAK  Cl  1 1 1 

alii 

» 

Ke^cocs’iu 

A °0 

<=>\\o 

fora  men 

ujko'A 

X°  A* 

A = k thébain 

= sS  memphitique,  1 fois 

fkff 

juncus 

es.Ke 

évité. 

A ==  k thébain 

— (manque) 

en  memphitic 

lue,  3 fois 

A jj  |j[Ç^VW\ 

-sd-sdJ  1 A /VWWS 

libarc 

libatio 

(Champ.) 

» 

(]pZj/Y 

tardari 

COCK 

» 

abire 

fcioK.  ire,  abire 

. » 

(manque)  en  thébain  = k memphitique,  8 fois  : 


fa  vus  mellis 

)) 

Keftl 

vasculum 

)) 

Itevfcl 

aspis 

)) 

*>Kopi,  etc., 

J%*oQ 

oleum 

)) 

tlYKKI  fructb 
maturus 

□ Z3 

sesamum 

» 

cbeviti 

P|  MAAM 

AAAAAA  AAAAAA 
/I 

cohibere  (san- 

n ni  il  cm  I 

)) 

tbeillt 

» JllOTKI 

)) 


horreum. 


AIOKI,  JUOTK! 


32 


DE  LA  TRANSCRIPTION'  DES  HIÉROGLYPHES 


A — k sahidique  = « memphitique,  1 fois. 

^ fi  fk  j . k'Aooàc  rancir,  ..  .. 

-J\  JH  temperas  mi/)CS  2AoA. 
zi  = k sahidique  = d memphitique,  0 fois. 

d K 0 

A — d sahidique  = d memphitique,  1 fois  : 


Z! 


4 


liolocaustum  d'\\'X  s'Aj'A. 

A — d sahidique  = (manque)  en  memphitique,  5 fois 


%(l 

M 

forma 

(fs. 

» 

mora 

dm  morari 

)) 

confractus 

dihdik  fraa- 
mentum 

» 

sercus  ( Brugsch  ) 

d*.ys.i\ 

» 

0= 

olla 

s'ô.'A^or. 

» 

^ ( 

manque)  en 

sahidique  = 

d memphitique,  4 fois  : 

« 

altus 

» 

S'hot 

î{ 

» 

» 

dixxc  frai 

/VWW\ 

ira 

» 

s'uhii  irritatio 
fcbris 

crépitas  oentri 

S )) 

d coc. 

Zf  = 

_ d sahidiq 

ue  = x memphitique,  5 foi 

s : 

*J^rw=/] 

conditio 

d m 

•XIII 

Zl 

AAAAAA  tW< — ^ 

irasci 

d COHT 

X coït  T 

O ^ 


4£T 


o 


(2 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES  33 

nox  S'w  siop^ 

scissura  t^iücs'e  tÇwsi 

rebellis  A*. & impudent;  'A*cxi. 

4 ^ * 

4 = «X  sahidique  = ^ memphitique,  3 fois  : 

Si  tangere  xcog  s'wg  B.  sojo 

r ictrix  ^po  oincere  a'po 

■xepe  aecen- 


:Q, 


tfere  ^Pc> 

zi  — ts.  sahidique  — x memphitique,  2 fois  : 

=>  extremus  ^pHs  *.irpHx. 

A J\ 

A — **,  sahidique  = (manque)  en  memphitique,  1 fois  : 


se  extollere 


•siowÊLe  trans- 


cendcre. 

A (manque)  en  sahidique  = memphitique,  1 fois  : 


lutum 


» üimpi  sordes. 

iii  I I r 

A = z sahidique  = 2 memphitique,  1 fois  : 
sbû  fm  'ncix  £pio  £pto. 

A = m sahidique  - - uj  memphitique’,  1 fois  : 


AAAAAA 


sugere 


c&nu),  ceitK  ujsutiy,  certK. 


| # AA/VSAA  , 


j,  qui  donne  régulièrement  ceitK,  cojhk  S.  et  ceitK  M.,  su- 

ZJ  U r\  /WWVN  yp 

gère,  donne  aussi  cewitty  T.,  uj^itty  M.  — Champolliou  a cité  I 


Bibl.  kgvpt.,  t.  xv. 


3 


31 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES 


Et  en  résumé  : 

A = k sahidique,  36  fois 

s*  — 12  — 

'x.  — 5 — 

£ — 1 — 

iy  — 1 — 

ou  3 k contre  1 <d 
et  6 k contre  2 à et  1 


et  ^ = k mempliitique,  35  fois 


X — 


( 38 


8 — 


a — 1 — 

uj  — 1 — 

ou  5 k contre  1 <s  et  1 ■x. 


2° 

= k sahidique  = k mempliitique,  23 
igitur 


TU 


1 1"  • i 

US 


\ü  S 


r£  etiam,  uji- 
tur 


alius 

alius 

drachma 

œdificare 

dormire 

convcrteve,  re- 
ccrti 


KCT,  S'eT 


KJTC 


KCOT 


fois  : 

ne 

ue.  kco -y*.! 

KCT 

Kl’t 

K(OT 

HKOT 

k or 


DE  LA 

THANSCHIPTlON 

DES  HIEROGLYPHES 

Ci  Ci 

parcus 

KO  TI 

KO"VXI 

tristis  esse 

OKJU,  lOKJU. 

OKCJU. 

ope  rare,  con- 
Jicere 

fi «ki; 

Ê«kK 

j^â 

maffia 

oiu  maffia, 
maffus 

giu 

o— =»  «cxd 

^ ^ w , 

ornamenta  (wdi- 

ficii  ; Ijclli  — arma) 

£iok  cinffere, 
armure 

S5u>K 

35 


C U) 


h 


© 


riioor 


TI  U 

c(i>k  ire 

JUOKUICK  CO'ji- 


tarc,ronsiderare 

uoeiK  1UOIK 


.-1  ntæopolis 
scintilla 
progrcdi 
curare 
adulter 

C(J° 

tu 

inclinare 
urere,  calov 
Alcxandria  p«o;oti 
ficus 

k thébain  = ?c  memphitique,  6 l’ois 


JUOKJUtK 


mu;,  «ou* 

11TOK 

piue 

pi»K$> 
p*.KOT 

KCIITH 


*.IlOK 

ll-O-OK 

peK,  etc. 

piv>K£ 

pé.KO’)’ 


T 


obscuritas 
nir/er 
tribut  uni 


He«.Ke  5(^e>.Ki 

k h xi  ^evJLie 

fn'Ke  /tierces  fiepçe 


36  DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES 

avare  ck^j 

res  negotium  itK«. 

Ægyptus  khaac  ^hjuli. 

= h tliébain  = (manque)  en  memphitique,  5 fois 


/WWSA  C2ï 
. \\ 


*=® 


i x 

L=0 


=>  t...ü 

\\  iii 


Koope  abcin- 

))  7 

dere 

b le  sur  pied 
mensura  itine- 


C 


ris 


KOT 


1> 


(2 


kottoix  qranum 
» s • » 

cannabis 

cogéré  ci  KU>a>fie,  neeqe.  » 

(manque)  en  tliébain  = k memphitique,  5 fois  : 


a<=hü 

□ 


ÎP 


U 


□ 


4 


fermentum 

» 

KCofe 

se r eus 

» 

flU>K 

molestare 

» 

molestari 

» 

S'iC^K 

prudentia 

» 

lique  = s 

memphitique, 

3 fois  : 

hortus 

SToAA 

S'a)  ai 

manus  cola 

s'oit  planta 
pedis 

S'oit,  *p 

saltare 

s'ocs'c 

s'ocuec. 

DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIEROGLYPHES 


37 


— cf  sahidique  = (manque)  en  mempliitique,  7 fois  : 


UI 

persona 

piscina 

□T* 

masculus 

, CZZ> 

U i 

iii 

pams 

» 

intrare 

arx 

1)  1 LE 

■'CZ3&  (manque) 

en  thébain 

forma  » 

(î'COT  )) 

(î'ie  liœdus  » 


ujioa'e  damna 
afficere 

Tô.cî'ce  qressus, 
incessus 

julcs'toA.  » 


<3  mempliitique,  2 fois  : 


3^ 


» 

piger  esse 


-« 


» 


(î'non  petere 

tfn&is-  morari, 
pigritia. 


V ^6  — & 

sahidique  = x 

mempliitique, 

incenire 

s'ai 

1 

1 

saltare 

(î'ocs'c 

suffocare 

iocî't 

accipiter 

îvt; 

w , 

laqueus 

oik^e 

'zzz*  — x sahidique  = <*  mempliitique, 


5 fois  : 

XIALI,  XCAJL 

a'ocxec 

(OX£ 

ÊlHX 

$>*>XJ. 

1 fois  : 


O 


\\ 


ÎIUL  reptile 


*xewTqe 


<3Vrqi. 


38 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES 


sahidique  = 


mempliitique,  2 fois  : 


dicere  sw,  ■xe  ■xio, 

. . , , dolor, 

ajfhçji,  dolor  affligere  £**£«>*. 


Enfin,  le  nom  à transcription  tout  à fait  irrégulière 


rm  I 


£V£V£) 


Æthiopia  eiî'oouj,  eslouj  T.  e^wig  M. 


En  résumé  : 


= k sahidique,  34  fois 
d — 16  — 

■x.  — 3 — 

ou  plus  de  2 k contre  1 à 
ou  plus  de  10  k contre  5 d et  1 ■s. 

et  = k mempliitique,  28  fois 

X — 6 — 

& — 6 — 

•X.  7 

ou  4 1 k contre  1 a'  et  1 \ -x 
ou  5|  k~x  — 1 01 

et  5 — 1 x. 


3°  a 


a = <*  sahidique  = s'  mempliitique,  2 fois  : 

® u ^ f°deve  ^P"  ^pn 

dorcas  (S'ooce  a'&gce. 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES  39 

S = a*  sahidique  = (manque)  en  memphitique,  10  fois  : 


S J S J 

confracti 

°s 

naos 

» 

pigritia 

5 ? i i 0 

arx 

farina 

zs  * 

conjungere 

intrare 

pu- 

calmer 

orbare 

3'iècî'iè  frag- 
mentum 

s'ee-r  manere  » 

a'eiga'uj  asper- 
gerc 

a'e»  piger  » 

juea'TOÀ  » 

jU.edlTlOt?'  pz’s- 

, ■ ' » 
trvnum 

» 

(Rougé) 

Tô.a'ce  gressus, 
incessus 

ctf'pa.oT  » 

(î'coo-s ' coarctave.  » 


ffi  (manque)  en  thébain  = ^ memphitique,  2 fois  : 


^ coinf/ 

unguentum 


)(  (^h  inalum  ci- 

donium 

» aW  coagulari. 


S = à sahidique  = memphitique,  7 fois  : 


» 

(dny  anqustus 

° •XHOT 

esse 

debilis 

a'ioÉi 

■xcoÊ 

brachium 

Cî'&OI 

'xc^oi 

wi 

limen  postis 

cnrea'po 

oire'xpo 

40  DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES 

SlkdL] 

Z5  O 


AVWA 
/VW\AA  I 


fissura  moa'e  rumpere  scissura 

unguentum  cocï'n 

calamitas  OTUKî'n 


COXIt 


OTiosn  destruero 
ni  OTWsn  subcersio 


xnec  feminalia 
rel  ascia. 


55  = k sahidique  = » memphitique,  1 fois  : 

55  = K sahidique  = x memphitique,  2 fois  : 

ri  /W\AAA 

'èx  55  aaaam  firigere  ioké  toxq 

mlSer  KWfl  *l0Ê> 

55  (manque)  en  thébain  = k memphitique,  1 fois  : 

-H  /WWV\ 

carere,  racuus  » khk  cessare 

55  = -X  sahidique  = x memphitique,  2 fois  : 

fl 


55 


paries 

calamitas 


so  murus  2501 

ovioxn  destrue- 

oirioxq 


□ $$  - t /•e)  subcersio. 

S = « sahidique  = (manque)  en  memphitique,  1 fois  : 

crocodilus 


U2SO. 


55  = g.  sahidique  = memphitique,  1 fois  : 


cf.  fco vZtpal-  . 
pebrœ  <- 


55  = o sahidique  = (manque)  en  memphitique,  1 fois  : 

J-rr'T, k A x négligent,  se  repo-  cf.  Ée?  incur- 
ter,  s’affaisser  rare. 


HE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES 


41 


Q = ui  sahidique  = a'  memphitique,  1 fois  : 


ZS 


» 


ujAwul  nastur- 
tium 


H I AJU 


En  résumé  : 

Q = «<  sahidique,  19  fois 
k — 3 — 

x — 3 — 

o - 2 - 

iy  — 1 — 

ou  6 a'  contre  1 r ou  1 s 

et  Z3  = memphitique,  4 ou  5 fois 
— 11  — 
k — 2 ou  3 — 

o — 1 — 

ou  1 a1  contre  2 x 
et  2 a'  — 1k 
et  4 ou  5 x — 1k. 


Il  est  facile  maintenant  de  résumer  en  un  tableau  général 
les  notions  acquises  sur  nos  trois  lettres  : 


A = k 

sahidique, 

3 fois  contre  l 

fois  a1 

=:  K 

— 

2 — — 1 

— <3- 

S = a* 

— 

6 — 

— 1 

K OU  X 

et  a — k~x 

memphitique, 

5 fois  contre  1 

fois  a' 

= K-X 

— 

5 — 

— 1 

— a'  ou  x 

s = ■* 

— 

9 

fV 

— 1 

— a*  et  | k 

ou  encore  : 

A = k sahidique,  36  fois  sur  55  ou  3 sur 

k-x  memphitique,  38  — 57  — 3 — 


1.  On  peut  aussi  rapprocher  ce  mot  du  mot  Kpo,Ai  M.,  carthamus. 


on  on 


42 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIÉROGLYPHES 


v A>  ~ K 

sahidicjue, 

34  fois  sur 

52 

ou  3 

K-X 

memphitique, 

34  — 

47 

— 3 

55  — & 

saliidique, 

19  — 

28 

2 

d 

memphitique. 

5 — 

18 

— 1 

X 

— 

11  — 

18 

0 

— 3 

— 4 

— 3 


Donc,  S ne  se  comporte  évidemment  pas  comme  a ou 
33*;  a et  33  en  saliidique  et  memphitique  donnent  k,  et 
S donne  en  saliidique  a',  en  memphitique  x. 

Donc  enfin,  en  ne  tenant  compte  que  des  dérivations  de 
l’égyptien  antique  aux  dialectes  coptes,  il  y a lieu  de  distin- 
guer 33*  et  zi  de  Z5 , et  l’on  devra  transcrire  en  signes  con- 
ventionnels : a et  33&  par  k et  Z5  par  k. 

Ainsi  les  faits  établissent  : 

1°  Contre  M.  Lepsius  que  33?>  ne  doit  pas  être  rapproché 
de  mais  de  a; 

2°  Que  a et  33*  doivent  être  distingués  de  55; 

3°  Contre  M.  de  Rougé  que  le  correspondant  memphitique 
de  a et  de  33*  est  k et  non  pas  x,  puisque  : 

A = k memphitique,  35  fois,  et  = x , seulement  3 fois. 
33*  ==  k — 28  — X — 6 — 


Maintenant  doit-on  aller  plus  loin  et  distinguer  entre  le  zi 
et  le  33*?  Voici  ce  cpie  répondent  les  tableaux  statistiques 
dressés  plus  haut  : 

A ==  36  k sahidiques  contre  12  <4  et  5 ■x. 

38  k-x.  memphitiques  — 8 s'  et  7 -x 

et  33s  = 34  k sahidiques  — IG  à et  3 -x 

34  k-x  memphitiques  — 6 et  7 x 


ce  qui  donne  (un  peu  moins  exactement  pour  le  ^ par 
rapport  au  saliidique)  les  mômes  proportions  pour  les  deux 
signes  comparés  aux  lettres  coptes.  Il  n’y  aurait  donc  pas 
lieu  de  distinguer  entre  le  a et  le  335. 


DE  LA  TRANSCRIPTION  DES  HIEROGLYPHES 


43 


Tels  sont  les  résultats  positifs  que  je  crois  devoir  ressortir 
de  cette  étude  minutieuse.  Dans  cet  examen  des  dérivations 
des  lettres  antiques,  quand  les  mots  égyptiens  ont  été  con- 
servés dans  l’un  des  dialectes  coptes,  je  pense  avoir  donné  à 
ma  démonstration  la  forme  la  plus  claire  et  la  plus  précise 
que  j’ai  pu  trouver.  Et  si  mes  savants  confrères  trouvent  bon 
d’adopter  mes  conclusions,  je  me  féliciterai  d’avoir  ainsi 
contribué  pour  ma  part  à l’accord  très  désirable  que  nous 
proposent  MM.  Lepsius,  Brugsch  et  de  Rougé. 


PARTICULE  COPTE  vin.  <m' 


Selon  Ainédée  Peyron5,  •sm  (sahidique  <s'm)  est  une  par- 
ticule qui  se  met  en  préfixe  aux  racines  pour  en  faire  un 
nom  indiquant  l’action  exprimée  par  la  racine,  comme 
■xm*,pe£  « garde,  action  de  garder  »,  ■smepjufi  « opération, 
travail  »,  ■smepowT  « navigation  »,  etc. 

Cette  particule  s’emploie,  en  composition,  de  trois  ma- 
nières : 

1°  Seule,  avant  la  racine,  comme  dans  xm^pcj; 

2°  Avec  intercalation  de  ep  entre  la  particule  et  la  racine, 
comme  dans  ■smep^ofe; 

3°  Devant  un  infinitif,  avec  emploi  de  l’article  masculin 
et  addition  d'un  régime  direct,  comme  dans  n^mepeni^-s-juLm 

epoc*. 

Il  est  naturel  de  rechercher  l’origine  de  cette  formation 
et  de  se  demander  si  on  la  trouve  dans  les  écrits  en  démo- 
tique, si  même  on  peut  en  rencontrer  des  exemples  dans  les 
textes  hiéroglyphiques. 

Il  n'y  a dans  la  langue  copte  aucun  mot  formé  du  thème 
sn  ou  c^it,  dont  le  sens  puisse  convenir  à la  formation  et  à 


1 . Extrait  de  la  Reçue  cggptologique,  deuxième  année,  p.  349-355. 

2.  Lc.vicon  linguœ  copticœ , p.  386  et  412. 

3.  Ou  verra  plus  loin  comment  il  convient  de  modifier  cette  règle. 


46 


LA  PARTICULE  COPTE  sm,  ^m 


la  signification  de  la  série  des  mots  ici  étudiés.  On  est  donc 
conduit  à décomposer  le  préfixe  xm  en  xi  et  «.  Dans  n on 
reconnaît  facilement  la  particule  « liant  deux  mots  ensemble 
et  donnant  au  second  le  rôle  du  génitif  latin,  de  sorte  que 
•xm*.pe£  pourrait  être  « l’action  de  garder,  la  garde  ». 

Qu’est-ce  alors  que  si? 

Sans  sortir  du  copte,  il  semble  à première  vue  que  la 
racine  xi,  s'i  « prendre  » soit  appropriée  à la  signification 
des  mots  composés.  xm*.pe$>  pourrait  à la  rigueur  être  « la 
prise  en  garde,  la  garde».  Peyron,  par  exemple,  explique 
enxmxH  « en  vain  » par  si  n sh  « capere  festucam,  rem 
niliili 1 ».  Mais  cette  explication  me  paraît  de  tout  point 
inadmissible.  En  effet,  xm. . . est  memphitique,  (S'm. . . est 
sahidique.  Au  contraire,  xi  « prendre  » est  saliidique,  et  son 
correspondant  memphitique  est  s'i.  Si  xm...,  s'il!...  ve- 
naient de  xi,  sT  « prendre  »,  on  aurait  xm. . . saliidique  et 
^m. . . memphitique;  or,  c’est,  tout  à l’inverse,  xm  qui  est 
memphitique  et  ^m  sahidique.  Il  faut  donc  chercher  l’expli- 
cation de  cette  particule  en  dehors  de  la  racine  sT,  xi 
«prendre»2.  D’ailleurs,  le  primitif  de  xi,  sT,  l’égyptien 


L=?L 


, ne  se  rencontre  jamais  que  dans 


des  noms  (et  ils  sont  nombreux)  désignant  l’agent  d’une 
action,  jamais  l’action  elle-même. 

Le  mot  demandé  doit  remplir  deux  conditions  : 

1°  Commencer  par  xi  memphitique,  a'i  thébain,  ou  bien 
dans  les  deux  dialectes  à la  fois  par  x,  ^ ou  k,  en  supposant 
dans  ce  dernier  cas  une  altération  (peu  probable,  il  est  vrai) 
produite  par  l’usage  d’un  côté  ou  de  l’autre; 

2°  Quant  au  sens,  avoir  une  signification  assez  large  pour 
s’adapter  à une  grande  quantité  de  racines  ; telle  serait  la 
signification  action  indiquée  par  Peyron. 


1 . Lcxicon , p.  378. 

2.  xe  T.,  s'e,  s'o  M.  ; xo  T.,  &o  M.  screrc , se  trouvent  dans  le  même 
cas. 


LA  PARTICULE  COPTE  xm,  tfiii 


•17 


Le  Dictionnaire  copte  fournit  s'*.  T.,  m,  specics,  forma 
eæterna,  sans  correspondant  meinpliitiquc;  ■sc  T.  M.,  < lierre , 
s*cto  M.,  kio  T.,  potier e. 

Ce  dernier  vocable  a bien  formé  en  copte  quelques  com- 
posés : KWK^gHT,  nuchtas;  monc*.,  derelinquere ; «witpio, 
silere,  silentium ; KumcAiov,  benedicere ; roi  efeo'A,  cessare; 


k^out,  sperare;  uinju-qn^our,  fiducia;  iu\Xrx,  impositio 
mantuim.  Mais  c’est  lin  mot  qui  n’existe  pas  dans  l’ancien 
égyptien,  et  la  modification  de  mon  en  xm  et  csAi,  sans  être 
absolument  impossible,  paraîtra  peu  probable. 


De  même  les  racines  hiéroglyphiques  « créer,  pro- 
créer, génération,  essence,  nature,  manière  d’être  » (Brugscli, 


Dict.),  n Tj)  a « s’avancer  (?)  », 


(? ‘xioo'v  T.,  mittere)  et 


A «amener,  conduire» 


X « repousser  »,  sont  des  mots 


fc£3  _lHvv 

plus  ou  moins  rares  et  qui  n’ont  fourni  aucun  composé. 
C’est  ailleurs  que  je  crois  rencontrer  l’origine  de  la  particule 


sm,  S'm. 

Première  forme.  — 1°  Un  article  du  décret  de  Canopc 
prescrit  « aux  prêtres  de  tous  les  temples  de  l’Égypte  de 
se  dire  »,  prêtres  du  dieu  Évergète  « en  outre  de  leur  autre 
titre  (ran)  sacerdotal  ».  Le  texte  continue  : 


i 


/WW\A  Q 


a \\  I 

NTI-U  S^A  F N P QI 

qu’ils  écrivent-le1  (ce  nom)  dans  le 


•/.aTa/topto-at 


zi;  ~0'j z 


J 


| AAWA 


N 13 

libellé 


/RU  N BT 

(de)  toute  parole 


( Inscript . de  Tcuti.< , p.  139,  édition  Revillout. 


Le  décret  de  Memphis  ( Inscription  de  Rosette)  contient 


1.  Le  mot 


RAN,  nom,  est  du  genre  masculin;  exemple  : 


PE  RAN  BERENIKA  « le  nom  de 


rvvvw\  < i i .1  a i 

Bérénice».  (Décret  de  Canopc , édition  Revillout,  p.  139.) 


48  LA  PARTICULE  COPTE  -xm,  <É m 

la  même  prescription,  avec  quelques  variantes  d'ortho- 
graphe : 


(Revillout,  C/ircst.  déni.,  p.  54.) 


Je  lis  le  mot,  qui  a pour  déterminatif  q,  autrement  que 
M.  Revillout.  Il  le  transcrit  •xaôVo,  qui  serait  en  hiéroglyphes 
|l Les  deux  transcriptions  sont  également  pos- 

sibles, parce  que  JJ  et  | , en  démotique,  s’écrivent  identi- 


quement. Or,  le  mot  J 1 pourrait  correspondre  au 

copte  fup  ou  Ê*.ipi,  cophinus,  corbis,  et  l’expression  entière 
rappellerait  « la  mise  en  corbeille  »,  c’est-à-dire  l’usage  de 
conserver  les  écrits  dans  des  seaux  ou  corbeilles.  Il  est 
vrai  que  le  déterminatif  serait  assez  mal  approprié  à la 
signification  du  mot,  mais  il  ne  convient  pas  mieux  au  mot 
■xôéVo  « dépôt  ».  Je  suis  tout  disposé  à abandonner  les  deux 
mots  fup  « corbeille  » et  ■xVAo  « dépôt  »,  car  le  mot 


J 


m’a  rappelé  aussitôt  le  mot  égyptien 


sa 

y 


bien  usité  à l’époque  ptolémaïque  pour  signifier  « livre1 2  ». 
Alors  ^ dû  11!  /www  y l ^ ki  n bura,  qui  donnerait  en 


I | A/Wvwjj  | 

copte  “xmfi^pi  ou  •xmtiepj  serait  « la  mise  en  livre  » et  répon- 
drait exactement  à l’expression  française  le  libellé,  à 
laquelle  le  déterminatif  ^ convient  parfaitement.  Enfin  la 
prescription  : « Qu’ils  l’inscrivent  dans  le  libellé  de  toute 
parole  »,  rapprochée  de  la  prescription  précédente,  fait  allu- 
sion au  libellé  du  protocole  de  tous  les  contrats  démotiques 
où  le  nom  du  roi  devait  venir  à la  suite  de  celui  de  ses 


1.  Ici  le  texte  a un  signe  particulier,  qui  n’est  ni  le  A,  ui  le  1_J  ordi- 
naires. 

2.  M.  Brugsch,  Zeitschrift,  1871. 


LA  PARTICULE  COPTE  xm,  cfm 


49 


prédécesseurs,  en  tête  de  la  rédaction  de  tous  les  actes  confiée 
aux  notaires  institués  par  le  décret  de  Canope. 

Une  deuxième  fois  le  texte  de  Tanis  emploie  un  mot  de 
cette  même  forme  (p.  171)  : 


M 

AAAAAA 

ei  \ jjo 

Quand 

on  juge 

de 

faire  les 

jours  des  Isiaques 

xal 

ôxàv 

xà 

xcxQAia 

ayr,x  a* 

AAAAAA 

INI 

nnt 

1 

D s(|(|  j 



en  khoiakh  avant  le  périple  d'Osiris,  etc. 
èv  TOU  X0iaX  RU1  TOÜ  TOplTrXo-J  ’0<XîtpiOÇ,  X.T.}.. 


Ici  le  mot  xixéXXia,  qui  est  traduit 


A 


'w*  r , ne 

. _ ilo 

nous  apprend  rien  sur  la  signification  de  l’égyptien.  Mais 

on  voit  qu’il  s’agit  d’une  cérémonie  en  l’honneur  d’Isis,  aux 

environs  de  l’époque  d’un  périple  d’Osiris.  Or,  au  Netâ  n 

s%u  Osiri  (édition  Pierret,  1.  6),  il  s’agit  d’invocations  faites 

par  Isis  avec  sa  sœur  Nephthys,  en  faveur  de  son  fils  Horus 

et  aussi  d'Osiris,  qu’on  répétait  pour  le  défunt.  « Ces  invo- 

» cations,  on  les  fait  à l’Osiris  N.  en  khoiakh  de  six  jours  en 

» six  jours,  en  disant,  etc.  » Il  y est  parlé  de  l’arrivée  d’Osiris 

( (jjlj  , 1.  22),  de  sa  montée  au  ciel  Ç ^ 48), 

de  son  entrée  ( 0 a,  1.  49)  à l’Ouza,  de  son  abord 

< — > A 

( (2  p.  il,  1.  19)  à Hat-soutenit,  puis  de  faits  qui 

ont  lieu  à Thèbes,  à Memphis,  à An,  à Abydos,  à Rosta,  etc. 
Probablement  imitait-on  le  voyage  d’Osiris,  dans  un 
TCpt-TïXoùç,  précédé  d’invocations  imitées  de  celles 

AAAAAA  1 1 I 

d’Isis,  contenues  au  Netâ  n se'/jx  Osiri.  Alors  on  peut  voir 


dans 


'Il 


les  attitudes  d’Isis,  les  rôles  qu’elle  rem- 


plissait tous  les  six  jours.  Le  mot,  en  partie  effacé,  du  texte 
hiéroglyphique  fi11*  lui-même  pourrait 


Bibl.  ÉGYPT.,  T.  XV. 


4 


50 


LA  PARTICULE  COPTE  Tssn,  S'm 


à la  rigueur  constituer  une  variante  du  mot  z(j(j  J (le  dé- 
terminatif étant  rejeté  au  bout  de  l’expression  entière), 
n’apporte  ici  aucune  lumière  certaine.  signifie 

« peau,  parchemin  »,  et  ^Jj  © ^ ((  briller  » ; cf.  oTwfity 
« blanc,  brillant  ». 

Enfin,  le  texte  de  Canope  fournit  un  troisième  mot  com- 
posé (p.  145)  : 


AAAAAA 

AAAAAA 
AAAAAA  HX. 


/WWSA£l  AAAAAA, 

AAAAAA  vC\  AAAAAA  'IX 

i n Jà 


AAAAAA 


1 1: 


(jfj  | |)  i « Que  part  soit  à ceux  qui  (sont)  dans  la 

cinquième  tribu  des  dieux  Évergètes  dans  les  offrandes  de 
purification  et  autres  choses  dans  les  temples.  » Msis^etv 

y.rj).  xoûç  Ix  iîé [Air) ç tpuÀîjç  tüv  EùepYÉiwv  0sü>v  àyvEttov  y.ot).  iwv  aXXiov 

Ttaviwv  xwv  èv  toTç  Upotç.  Ici  les  <d(j(jj@=ü=j  rappellent  la  fête 

d’Hathor  à Dendérah,  au  20  thot,  , et  doit  signifier 

©'v£7  ° 

« célébration  de  la  fête  des  te/ou  ». 

Mais  l’emploi  de  la  racine  z)(j(jj  n’est  pas  borné  aux 
époques  ptolémaïque  et  romaine. 

Dans  l’un  des  textes  historiques  publiés  dernièrement  par 
M.  Revillout1 2,  on  lit  : « Pour  le  grain  des  trois  temples  ci- 
dessus,  le  conseil  ordonna  »,  à savoir  : 


A_Û^|  AAAAAA  | 


Qu’on 


donne 


I 

□ l ZI 

I 


à eux  leur 


§P 

â 

subsistance3 


d'abord. 


Bien  plus,  en  voici,  en  dehors  des  textes  démotiques,  un 
exemple  tiré  d’un  texte  de  l’époque  des  Ramessides.  On  lit 


1.  Dflmichen,  Zeitschrift  fur  ügi/ptische  S proche,  etc.,  1870. 

2.  Iïecue  cgtjplo  logique , n“  II,  pl.  I. 

3.  « Subsistance  » n’est  qu’une  hypothèse;  on  pourrait  traduire  « assi- 
gnation, revenu,  » etc. 


LA  PARTICULE  COUTE  •xm,  s'm  51 

dans  une  lettre  de  l’archiviste  en  chef  Ameneinan  au  grain- 
mate  Pentaour1 2 3  : 


Ne  t’es-tu  pas  peint  la  condition  de  laboureur  ? 


Deuxième  forme.  — Le  décret  de  Canope  prescrit  de 
placer  la  statue  de  la  jeune  princesse  Bérénice  dans  le  sanc- 
tuaire. Le  texte  ajoute  : 


(Que  le  prophète) 


f\\ê  \ 


□ 


n? 


le  lieu  pur 


pour 


□ Z 
r 


l’un  des  prêtres 

A/VWV\  |in  Q 


D: 

choisi 


dans 


/WWV\  CS  1 

habillement 


6 Awvw 


des 


Ailleurs  Canope  (p.  126)  et  Memphis  (p.  7),  pour  rendre 

; il  est 


xov  <n:oXt(rfiôv,  se  servent  seulement  de  et 

A/WVAA  fUiiimu,  ^ _ AAAA/V\  CS  I AWM 


clair  que  □ z 


5 n’a  pas  une  signification  plus 


AA/WNA  Ch  I 

étendue;  c’est  ainsi  qu’en  copte  on  dit  à la  fois  ■xeme  et 
s'isvxonc,  vis,  violcntia , injuria.  Mais  nous  n’avons  plus 

fl 

/wv\  1 


P Kl  N 


affaire  à la  forme  déjà  reconnue  □ Z 

dura,  le  « libellé  » ; de  même  qu’en  copte  on  dit  sm&pej, 
custodia;  amtgrai,  inter  rogatio  ; -xmiyi,  mensuratio,  etc.;  et 
■sntepoTto,  responsto;  •xmepgcofi.,  opérait o ; ■x.mepoioT,  navi- 


1.  Papyrus  Anastasi  V,  15,  7. 

2.  Le  Papyrus  Anastasi  n’a  que  S/.A-K,  le  duplicata  dans  le  Papyrus 
Sallier  /,  6,  2,  porte  SxA-N-K.  Il  semble  que  les  deux  pronoms  sont 
nécessaires. 

3.  Le  Papyrus  Sallier  porte  ^ (j  , dont  Goodwin  {Pu- 

pyrus  hiératiques,  II,  p.  11,  ou  Reçue  archèoloyique , 1861)  [Ht  b ho- 
thèque  ègyptologique,  X,  p.  91]  ne  connaissait  pas  d'autre  exemple,  et 
qui  n’a  pas  été,  que  je  sache,  retrouvé  ailleurs. 


LA  PARTICULE  COPTE  ■xm,  (S'm 


gatio,  etc.  ; de  même  en  démotique,  à côté  du  premier  type 
A Ull  ü /VWVVAJj  I | 


on  a un  second  type  a 


AAWA 


AAAAAA  Ci  I 


6- 


Je  crois  rencontrer  un  second  exemple  de  cette  combi- 
naison dans  une  des  formules  du  Papyrus  magique  de 
Leyde , A 65,  p.  xx  et  suiv.  Elle  est  intitulée  : 


□ 


n 


ra 


Formule 


AAAAAA 

d'évocation 


O 


□ 

par  la 


^ IB 

lampe’. 


Le  mot  □ ^ 11=1  (j  ^ O est  formé  tout  comme 

le  copte  « • -si  ■ n ■ ep  eni^TJum,  coneupiscentia,  et  signifie 
simplement  « évocation  » ou  « conjuration  ». 

Troisième  forme.  — Enfin,  comme  les  mots  coptes  com- 
posés avec  s'il les  mots  égyptiens  composés  avec  zi(J(jJ 
peuvent  être  suivis  d’un  pronom  régime  : on  dit  en  copte 
ensinepeme-irum  epoc,  ad  concupiscendum  eam,  de  même  en 
égyptien  : 


□ 


AAAAAA 

de 


lier  elle. 


On  n’est  pas  à songer  à un  moyen 

(Pap.  Anastasi  1 , p.  24,  6;  traduction  de  M.  Chabas. 


Les  derniers  mots  pourraient  être  traduits  exactement 
par  de  Uganda  ea,  et  en  français  par  « sa  ligature  ».  Nous 
rencontrons  ici  un  fait  très  ordinaire  dans  l’égyptien  an- 
tique, signalé  depuis  fort  longtemps  par  notre  illustre 
maître,  M.  de  Rougé.  La  racine  verbale,  en  devenant  un 
nom  substantif,  n’en  conserve  pas  moins  la  faculté  de  rece- 

1 . Maspero,  Recueil  de  Travaux  relatifs  à la  philologie  et  à l’ar- 
chéologie égyptiennes  et  assyriennes , t.  I,  p.  20;  cf.  p.  36. 


LA  PARTICULE  COPTE  sm,  r<in 


53 


voir  des  compléments  comme  le  verbe;  do  sorte  qu'il  con- 
viendrait de  modifier  la  troisième  formule  que  j'ai  tirée  de 
Peyron,  en  disant  que  le  nom  formé  de  xm  et  d'une  racine 
verbale,  peut  recevoir,  comme  dans  la  langue  antique,  le 
régime  qui  conviendrait  au  verbe. 

On  peut  encore  noter,  pour  l’assimilation  de  a, 


avec  tf'm,  •xm,  que  les  mots  commençant  par  ||  N WWA  SOllt, 

comme  on  l’a  pu  remarquer,  du  genre  masculin,  ainsi  que 
les  composés  de  a'm,  xm1 2. 

Enfin,  pour  terminer,  je  chercherai  (pielle  est  la  valeur 
des  préfixes  ^ (j(|J  et  sTh. 

Le  texte  de  Tanis  n’a  employé  nulle  part  séparément  le 
motzijj(jJ;  au  texte  de  Rosette,  au  contraire,  le  mot  ('(‘pa- 
rait plusieurs  fois  seul.  M.  Revillout  traduit  : « ordre  » 
( Rosette , p.  19,  20,  35,  36,  37).  Dans  la  rédaction  grecque, 

=>  □ I I flfl  f?  « toute  chose  en  dehoi  ; 


leur  ordre  » répond  à zi  zs.  îy.AîXs'ppsva  -iv-x  « toutes  les  choses 

« selon  l’ordre  » répond  à /.'.zi 
i 


négligées  » (p.  19);  ^ 

zo  7tpôcnrp/.ov  (p.  20);  ^ ^ 


j ©□  U ' 

établir  dans  leur  ordre  » répond  à Sia z-z/^r/.v/  « il  maintint  » 


« il  les  lit 


, , ....  , û û 

(p.  35;  grec,  1.  33)-;  -cs>- 


□ 

* '© 


U 


« il  fit  faire 


autre  leur  ordre  » répond  à TîposotwpO.^a-o  a il  restaura  » 
(p.  36;  grec,  1.  34);  enfin,  DLlûO  « en  leur  ordre  » répond  à 

I I /WAM  f\  r n 

wç  xdOTjxet  (p.  37;  grec,  1.  35).  En  composition  , (1(1  ü 
1 (ou  [\ 1 sj  selon  M.  Revillout)  «rédaction, 

libellé  » selon  moi,  « dépôt  » selon  M.  Revillout  (p.  54  et 

1.  Un  certain  nombre  d’entre  ces  mots  sont  du  féminin  ou  des  deux 
genres  dans  le  dialecte  sahidique.  Le  féminin  est  fort  rare  en  mem phi- 

tique. 

2.  Lacune  dans  le  texte  hiéroglyphique. 


54 


LA  PARTICULE  COPTE  ■xm. 


197),  « ordonnance  ou  protocole  des  contrats  ( ibid .,  p.  139), 
correspond  au  grec  elç  -/yc^-zespo'^  « dans  les  arrêts  ou 
décisions  » selon  le  Dictionnaire  grec  d’Alexandre,  « dans 
les  actes  publics  » selon  moi. 

Il  est  fâcheux,  pour  l’intelligence  de  la  signification  intime 
de  cette  racine,  que  précisément  les  passages  correspon- 
dants manquent  au  texte  hiéroglyphique1.  Pour  le  seul  pas- 
sage de  la  page  37  du  texte  démotique,  le  texte  hiérogly- 
phique a conservé  au  commencement  de  la  ligne  5,  un  signe 
lu  par  M.  Brugsch2,  par  Lepsius3 4,  corrigé  en  ^ par 
Chabas';  M.  Revillout,  guidé  par  le  démotique,  a rétabli 

/WWW  f\  f\  O 

(j(j  <^j5.  Pour  moi  cette  restitution  ne  me  paraît  pas  satis- 
faisante, car  on  ne  trouve  cette  expression  nulle  part  ailleurs 
dans  la  langue  sacrée,  et  je  préférerais  qui  se 

trouve  à la  ligne  précédente  du  texte,  et  qui  rendrait  bien 
compte  du  signe  conservé  sur  la  pierre,  d’après  les  véri- 
fications de  MM.  Brugsch  et  Revillout.  De  sorte  que  le 
texte  de  Rosette,  fût-il  complet,  ne  nous  apprendrait  rien. 

Peyron  croit  que  *xm  indique  une  action.  Cependant  il 
faut  remarquer  que  le  mot  des  écritures  hiéroglyphiques  ne 


mais 


prend  jamais  les  déterminatifs  des  actions  7 n ou 

que  l’on  écrit  ^[j[j  J six  fois  sur  Rosette,  quatre  fois  sur 

comme  au  Papyrus  de  Leyde.  Si 
<'i=^  du  Papyrus  Anastasi,  on 


Tanis,  ou  bien  (j  (j  ^ 
l’on  n’avait  la  variante 
pourrait  affirmer  que  les  Egyptiens  n’attachaient  pas  à cette 


1.  [Voir  : Le  Décret  de  Memphis  et  les  Inscriptions  de  Rosette  et  de 
Damnnhour , infra , p.  245  et  suiv.  ; sur  ■sut,  p.  324  et  364;  et.  p.  329, 
pour  la  ligne  5 [20],  une  tout  autre  restitution.] 

2.  Inscript io  Roscttana . 

3.  Ausicahl,  pl.  XVIII. 

4.  L'Inscription  hiéroglyphique  de  Rosette,  p.  37. 

5.  Chrcstoinathic  dèmotique,  p.  184. 


LA  PARTICULE  COPTE  xm,  sMi  yj 

particule  l’idée  de  force  et  d’action.  C’e^t  qu’cn  effet  on 
peut  la  rapporter  à une  autre  signification,  car  : 

s'mA.gep^T,  statio,  permanent  ici  ; 

(S'm'Aifie,  insama; 
s'mjuioim,  mansio;  etc. 


marquent  bien  plutôt  Pétat,  la  manière  d’être,  que  l’ac- 
tion. 

Bien  plus,  Pcyron  donne,  selon  moi,  la  véritable  valeur 
de  ■xm,  c^m,  quand  il  traduit  : 

tf'imiKOTK  par  ratio,  modus  dormiendi,  requies; 
par  vitœ  institutum,  ratio. 


Cette  puissance  de  ■xm  n’est  pas  moins  incontestable  dans  : 


(î'maoTeuL,  audit  us,  sensus  audit  us; 
s'ihtMo,  puritas,  mundities. 


Or,  l’orthographe  zi(j(jj  rappelle  le  mot  antique  zPjjL  (j 
J:  , etc.,  pour  la  signification  exacte  duquel  j'in- 
voquerai l’autorité  de  M.  Chabas.  Il  résume  ainsi  l’élude 


qu’il  a faite  de  ce  mot 


« La  signification  de  zi 


nous  a été  révélée  de  la  manière  la  plus  manifeste.  Aux 
valeurs  forme,  ressemblance,  portrait',  il  convient  d’ad- 
joindre celle  de  mode,  manière,  état,  d’être,  et  sous  toutes 
ces  acceptions  le  mot  se  dit  des  hommes,  comme  des  ani- 
maux et  des  choses  inanimées3.  » 


Les  déterminatifs  employés  J,  et  r-~-.  concordent 

parfaitement  avec  toutes  les  significations  du  mot. 

La  signification  « ordre  »,  donnée  à ce  mot  par  M.  Revil- 
lout,  convient  aux  passages  du  texte  de  Rosette,  où  il  est 


1.  C’est  le  copte  thébain  <3 forma- 
it. Chabas,  Voyage  d’un  Égyptien,  p.  240. 


56 


LA  PARTICULE  COPTE  xm,  S'il! 


employé  seul;  mais  il  ne  peut  plus  s’appliquer  aux  mots 
composés,  et  là  M.  Revillout  hésite  ou  traduit  par  le  grec. 
Je  pense  que  dans  les  passages  cités  on  peut  fort  bien  tra- 

=>2^  par  « toute  chose  en 


duire 


0 


dehors  de  sa  nature,  de  son  état  naturel  », 


#□  U 


et(ç>LJ 


U 


ou 


par  : « en  état,  en  bon  état,  ou  dans 


l’état  naturel’  ».  Dans  les  mots  composés,  nous  avons 
l’emploi  justifié  et  de  plus  en  plus  développé  de  la  racine 
antique. 

En  résumé,  je  crois  que  sTn,  xm  viennent  de  l’antique 
^=i,  dans  sa  signification  mode,  manière  d’être, 


A 


état,  — qu’on  la  trouve  déjà  en  composition  dans  les  textes 
classiques  (XIXe  dynastie),  — que  l’usage  en  devint  plus 
fréquent  à l’époque  ptolémaïque,  dans  les  textes  démotiques 
surtout,  — qu’enfin  elle  passa  en  copte  dans  une  acception 
plus  étendue.  Après  avoir  signifié  Y état,  la  manière  d’être 
d’une  chose  ou  de  la  personne  qui  fait  l’action  (acception 
souvent  conservée  en  copte),  elle  vint  à exprimer,  dans 
d’autres  mots,  Y action  elle-même,  et  les  mots  composés  avec 
xm  se  multiplièrent1 2. 


1.  Ce  qui  conduit  facilement  au  sens  du  copte  xi  epo,  concentre 
alicui  (cf.  Peyron,  Lcxicon,  p.  378,  col.  2). 

2.  M.  Revillout  me  signale  que  M.  Brugsch,  dans  son  Dictionnaire 
que  je  n’ai  pu  consulter,  a déjà  donné  des  exemples  de  rapprochement 
de  la  forme  démotique  et  du  copte  (p.  1438). 


DIALECTES  EGYPTIENS' 


i 

DEUX  CONTRATS  PTOLÉMAÏQUES 


Que  les  Égyptiens  aient  parlé  différents  dialectes,  c’est 
un  fait  qui  paraît  hors  de  doute.  D’abord  dans  les  temps  les 
plus  rapprochés  de  nous,  on  ne  peut  contester  l’existence 
des  trois  dialectes  sahidique,  memphitique  et  basclimou- 
rique,  propres  à la  Haute-Égypte,  à l’Égypte  moyenne  et 
au  Delta.  Mais  les  textes  hiéroglyphiques  eux-mêmes  nous 
attestent  l’existence  antique  de  plusieurs  dialectes.  Tous  les 
égyptologues  connaissent  ce  reproche  d’un  scribe  à son 
maître  : « Ses  ordres  s’accumulent  sur  ma  langue,  demeurent 
» sur  ma  lèvre;  ils  sont  difficiles  à comprendre;  un  homme 
» inhabile  ne  les  traduirait  pas  ; ce  sont  comme  les  paroles 
» d’un  homme  d’Athou  avec  un  homme  d’Abou.  » De 


MM  Ie,  , tous  les  égyptologues  font  le  Delta  du  Nil; 
pour  tout  le  monde,  ^JJ  , au  contraire,  est  Éléphantine. 


De  sorte  qu’un  scribe  de  l’époque  des  Ramessides  constate 
que,  de  son  temps,  existaient,  aux  deux  extrémités  de 
l’Égypte,  deux  dialectes  fort  différents. 

M.  de  Rougé,  mon  illustre  maître,  a de  tout  temps  pro- 


1.  Extrait  du  Recueil  de  Travaux  relatifs  à l’archéologie  èggpticnne 
et  assyrienne , 1882,  t.  III,  p.  32-42;  1883,  t.  IV,  p.  12-20. 


58 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


fessé  dans  ses  écrits,  comme  dans  son  cours  au  Collège  de 
France,  que  le  système  d’écriture  des  Égyptiens  était  tel 
qu’il  y avait  impossibilité  de  saisir  les  différences  de  dia- 
lectes qui  pouvaient  avoir  existé.  Ses  disciples  et  toute  l’école 
égyptologique  paraissent  avoir  pris  à la  lettre  la  parole  du 
maître,  car  personne,  à ma  connaissance,  n’a  essayé  d’aborder 
cette  question.  Toutes  les  modifications  qu’on  a pu  observer 
ont  été  mises  sur  le  compte  des  transformations  que  le  temps 
doit  amener.  J’accorderai  qu’il  n’y  aurait  rien  d’étonnant 
à ce  que  la  langue  se  soit  modifiée  avec  le  cours  des  siècles. 
Je  ne  veux  pas  entreprendre  de  rechercher  aujourd’hui  dans 
les  inscriptions  les  traces  de  ces  modifications.  Il  me  suffira 
de  rappeler  que  pour  trois  époques  de  la  langue  MM.  Mas- 
pero, Revillout,  Erman  ont  constaté,  dans  la  conjugaison 
du  verbe,  par  exemple,  de  grandes  différences  entre  l’égyp- 
tien antique,  les  textes  démotiques  et  le  copte  : des  formes 
se  conservent  d’un  âge  à l’autre,  d’autres  disparaissent,  et 
quelquefois  de  nouvelles  les  remplacent.  M.  Chabas  pçnse 
que  dans  ses  trois  mille  ans  d’existence  la  langue  hiérogly- 
phique est  restée  sensiblement  la  même.  Cependant  on  a pu 
signaler  quelques  idiotismes  propres  à certains  textes. 
M.  Maspero  a retrouvé  dans  les  hiéroglyphes  des  termes  de 
transition  entre  les  formes  données  par  les  textes  des  trois 
grandes  époques  de  la  littérature  égyptienne.  On  a cité  cer- 
tains mots  comme  de  véritables  archaïsmes,  et  au  contraire 
la  XIXe  dynastie  est  l’époque  où  fleurissent  les  néologismes 
empruntés  aux  langues  sémitiques. 

On  peut  même  dire  que  les  exemples  de  variations  dans 
les  vocables  ne  sont  pas  rares;  mais  je  me  demande  s'il  ne 
faut  pas  en  attribuer  quelques-unes  à l’influence  du  langage 
spécial  à la  localité  où  le  document  a été  rédigé  plutôt  qu’à 
celle  de  sa  date.  Ainsi  je  me  persuaderais  volontiers  que 
c’est  à une  différence  de  dialecte  qu’on  doit  la  variante 


J 


(Lieblein,  Di  et.  des  noms,  354).  Je  me 


DIALECTES  KG V I’TI E NS 


59 


figure  assez  facilement  que  ceux  qui  écrivaient  -p 

n*  * ‘AA  Cà  q I \ \ r 1 

(Licblein,  Dict.,  515;  cl.  539  et  013)  pronon- 
çaient ions5qi  au  lieu  de  cou3eq,  lorsque  relie  orthographe  est 
adoptée  pour  plusieurs  mots  sur'  le  même  monument,  et  que 
d’ailleurs  on  est  sûr  (comme  ici  pour  Senbtfi)  que  l’w  n'esi 
pas  mis  pour  cadrer  le  groupe. 

Pourquoi  les  uns  écrivent-ils  Jj  AVWVN  Jj  ^ (Lieblein,  Dirt., 


664),  d’autres 

r-y—i 

□ X 


I v cm  (ibid.,  547,  519, 1170)?  les  uns 

□ 


r“J,  d’autres  "T  X r f^E?  les  uns  S fl 

LJ  A AAAAAA  cU  O lll  Q H 1 R ^ -Jl  AA/WVX  CJ  O 

nome , d’autres  Q 1 j 


□ 

i I I i i~ 

_n  1 1 1 


L’auteur  du  Voyage  en  Palestine  et  le  poète  Enna  écrivent 

r~V~l  jQ  , , T r~.r\  © C30  _ 

(Pap.  Anast.  I,  28,  7)  ou  ^ ^s>  {Pap. 


O 


Sali.  II,  4,  7)  £uuj,  tandis  qu’Amenemapt,  à la  même 

MAMA  [ \\  ] 

époque,  orthographie  Tïîïf  % JViïf  0 iy*aw\uj  (Pap. 
Anast.  III,  5,  11).  Ne  pourrait-on  soupçonner  qu’ils  ne  sont 
pas  nés  dans  la  même  province? 

Le  scribe  du  manuscrit  des  Maximes  d’Ani  a une  ten- 
dance remarquable  à remplacer  <=>  par  11  écrit 

(j  lyit^oir,  au  lieu  de 


cm 


'www  nen,  au  lieu  de 
-A  y\ 


ujep^OT  « petit  )> , 
nep,  etc.  C'est  là  une  permutation 


fréquente  dans  bien  des  textes.  On  peut  y voir  des  doublets 
d’un  même  mot;  mais  il  pourrait  bien  se  faire  que  cette 
orthographe  indiquât  une  prononciation  locale.  Qu'un 
Romain  lût  sur  un  mur  de  Pompéi  : Alma,  vilumc/ue  cano 
Tlojae  qui  pli  mus  ab  olis...  il  reconnaissait  la  main  d'un 
gamin  de  Campanie,  descendant  des  Osques,  comme  nous 
reconnaissons  à cette  même  substitution  de  lettres  le  ma- 
nuscrit d’un  habitant  du  Delta  (dialecte  baschmourique). 

La  même  cause  n’a-t-elle  pas  produit  l’allongement  en 
a*.,  u,  k,  etc.,  de  bien  des  racines,  et  vice  versai 

Ne  pourrait-elle  pas  aussi  expliquer  l’introduction  acci- 


60 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


dentelle  du  dans  la  série  des  mots  réunis  par  M.  Chabas 
( Voyage  d’un  Égyptien,  p.  349)  ? 

Une  table  d’offrande  à Éléphantine  ( Denkmàler , III,  43  e) 

écrit  TK>  tandis  que  partout  ailleurs  on  écrit 

TKp . N’est-ce  pas  une  trace  de  ce  dialecte  d’Abou  que  l’ha- 
bitant d’Atliou  avait  peine  à comprendre? 


Quand  on  rencontre  w™  ‘É)  pour  ® Si)  n’est- 

AA/WXA  JJ  AAAAAA  JJ 

ce  pas  parce  que  le  scribe,  par  habitude  de  prononciation 
locale,  déplaçait  l’accent  tonique  de  la  première  à la  seconde 
syllabe?  (j  ^ «an  a fait  cvm,  puis  ethw. 


Enfin  il  faut  considérer  que  le  copte  thébain  n’emploie 
pas  toujours  les  mêmes  mots  que  le  copte  memphitique 
pour  rendre  les  mêmes  idées.  Ainsi  on  trouve  : 


MEMPHITIQUE 

THEBAIN 

K(l)i 

-e^fi 

fermentum  ; 

c*a 

ite'x 

jacere,  projicere  ; 

TOYie 

lOJUL'X 

ablactare; 

KOVp 

surdus,  etc... 

De  même  on  trouve  dans  les  Rituels  des  mots  remplacés 
dans  d’autres  exemplaires  par  leurs  synonymes.  Ne  serait- 
ce  pas  encore  une  fois  que  le  scribe,  rencontrant  dans  le 
manuscrit  qu’il  copiait  un  mot  peu  usité  dans  sa  localité,  le 
remplaçait  par  l’expression  adoptée  chez  lui  par  l’usage? 

Eh  bien!  je  crois  qu’en  étudiant  tout  ces  faits  avec  pru- 
dence, il  ne  sera  pas  impossible  de  saisir  en  quoi  différaient 
entre  eux  dans  l’antiquité  les  principaux  dialectes  de 
l’Égypte. 

M.  Chabas,  tout  en  reconnaissant  « qu’il  est  extrêmement 
vraisemblable  que,  dès  les  temps  pharaoniques,  la  langue 
égyptienne  se  divisait  en  dialectes  plus  ou  moins  tranchés  », 
pensait  que  « jusqu’à  présent,  et  assurément  pour  bien  long- 
temps encore,  nous  manquerons  des  moyens  de  constater  la 


DIALECTES  EGYPTIENS 


(il 

véritable  nature  de  ces  différences  ».  Cependant,  avec  la 
pénétration  (pii  le  distingue  dans  tous  scs  travaux,  il  pose 
nettement  les  conditions  indispensables  à ce  genre  de  re- 
cherches : 

1°  La  possession  d’un  certain  nombre  de  papyrus  contem- 
porains, — traitant  des  mêmes  sujets  ou  au  moins  de  sujets 
analogues  ; 

2°  La  certitude  que,  parmi  ces  papyrus,  il  en  est  qui  ont 
été  composés  dans  la  Basse-Egypte  et  d'autres  dans  la 
Haute-Egypte. 

Or,  c’est  précisément  dans  ces  conditions  que  je  veux 
entreprendre  une  courte  étude  sur  les  dialectes  de  Memphis 
et  de  Thèbes,  à une  époque  antérieure  à notre  ère. 

Dans  les  premiers  textes  en  écriture  démotique,  publiés 
par  M.  Revillout,  dans  sa  Nouvelle  Chrestomatliie,  il  s’en 
trouve  : 1°  dont  les  dates  sont  contemporaines;  2°  la  prove- 
nance certaine. 

L’un  de  ces  actes  est  daté  : « L’an  21,  Phaménoth,  des  rois 
Ptolémée  et  Cléopâtre,  les  enfants  de  Ptolémée  et  de  Cléo- 
pâtre les  dieux  Épiphanes,  étant  prêtre  d’Alexandre,  etc.  », 
c’est-â-dire  de  Phaménoth  de  l’an  21  de  Ptolémée  Philo- 
métor,  ce  qui  correspond  â avril  160  avant  J.-C.  C’est  un 
contrat  par  lequel  un  sâhou  neter  (en  grec  ip^vr.iyw.rs) 
abandonne  â sa  sœur  la  propriété  d’une  maison  sise  « au 
temple  d’Anubis,  sur  le  côté  sud  du  dromos  du  temple 
d’Anubis,  le  dieu  grand  ».  Elle  avait  pour  contins  « â l’occi- 
dent l’enceinte  du  sanctuaire  d’Anubis,  étant  le  boulevard 
entre  eux’  ». 


(Revillout,  Nouccllc  Chrcstoniathic  deinolique,  p.  115  à 116). 


62 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


Voilà  donc  un  acte  fait,  en  160,  à Memphis.  Il  ne  peut  y 
avoir  de  doute  sur  ce  point. 

Voici  maintenant  deux  autres  actes  datés  : « L an  23, 
Choiach  29,  du  roi  Ptolémée,  fils  de  Ptolémée  et  d’Arsinoé, 
les  dieux  Philopators,  et  sous  le  prêtre  d’Alexandre,  etc.  », 
c’est-à-dire  du  29  Choiach  de  l'an  23  d’Épiphane,  ce  qui 
correspond  au  2 février  182  avant  notre  ère.  C’est  un  contrat 
par  lequel  deux  soeurs  cèdent  à un  étranger  « le  tiers  de 
leur  maison  en  ruine  et  le  tiers  de  ce  qui  en  dépend  »,  le 
tout  situé  « dans  la  région  sud  de  Thèbes,  au  lieu  nord  de 
l’avenue  de  Maut  qui  va  au  fleuve,  en  face  du  fleuve’  ». 

Il  ne  peut  y avoir  aucun  doute  (pie  cet  acte  ait  été  dressé 
à Thèbes. 

Nous  avons  donc,  comme  le  demande  avec  beaucoup  de 
raison  M.  Chabas,  deux  actes  : 1°  contemporains  : l’un  de 
l’année  160,  l’autre  de  l’année  182;  2°  d’une  provenance  on 
ne  peut  plus  certaine,  l’un  de  Memphis,  l’autre  de  Thèbes; 
3°  traitant  absolument  du  même  sujet,  une  vente  de  maison. 

Si  donc,  dans  ces  actes,  nous  trouvons  ou  des  mots  écrits 
sous  des  formes  nettement  différentes,  ou  l’emploi  de  mots 
différents  pour  désigner  une  même  chose,  ou  enfin  des  tour- 
nures de  phrases  différentes,  on  ne  pourra  nier  que  même 
dans  les  textes  hiéroglyphiques  on  ne  puisse  saisir  des  dif- 
férences de  dialectes. 

I.  Différences  d’orthographe.  — On  trouve  les  mots  sui- 
vants écrits  : 


DANS  L’ACTE  MEMPHITIQUE 


DANS  L’ACTE  THÉHAIN 


entre’  p’  116’ 


, p.  72. 


B 


ctzd  tk 


□ © 

AAAAAA 


/WWW  „ 

AAAAAA  \? 


AAAAAA 

AAAAAA 

AAAAAA 


(Revillout,  loco  citato , p.  71). 


DIALECTES  EGYPTIENS 


Do 


DANS  L'ACTE  MEMPHITIQUE 

]]  co  udée,  p . 1 14, 1 18 . 

© nord,  p.  114, 115, 118, 
1 19. 

1]^  1^°^  complet, p.114. 

^^ITT  +iX4t  xfeoc, 

p.  114. 


DANS  L’ACTE  Tll  l.U  A IN 
)) 


(?) 


compléter,  p.  70,  71, 
complet,  p.  74. 


fl-i1 


raremenl , 


(dans  d’autres 


actes,  passim). 


il.  Différences  de  terminaisons.  — Dialecte  mempiii- 
tique.  — Les  exemples  précédents,  toutefois,  sont  du  res- 
sort de  la  paléographie  plus  que  do  la  grammaire.  Il  faut 
les  considérer  comme  des  habitudes  graphiques  qui  diffé- 
rencient l’écriture  de  Memphis  de  celle  de  Thèbes,  mais 
sans  rien  changera  la  langue.  Ils  constituent,  si  l’on  veut,  un 
dialecte  d’écriture,  sans  être  un  dialecte  de  langage.  Il  n’en 
est  pas  de  même  pour  les  mots  suivants  : 


MEMPHITIQUES 


rue,  p.  110. 


drachme  (0f70), 

p.  117,  119. 


(j  (|  7 .il  part,  partager 
(divers  contrats). 


TH  LU  Al  N. S 


n ,etMn  LP’12'39’ 

40,49, 56,61,72, 83,92, 96. 
® rvO  et  (1  S , p.  72 


AVU 


p.  70. 


On  peut  voir  là,  à son  origine,  la  tendance  memphitique 
à terminer  en  i les  mots  que  le  thébain  termine  en  e : iipo.ni. 

homo,  nptojue.  On  doit  surtout  comparer  a T <3 


64 

memphitique  et 


DIALECTES  EGYPTIENS 


I 


thébain,  les  mots  comme  : 


juLHmi  signum 
Êom  malus 
KepAM  ciras,  fuligo 
Ktog^i  vagina 
Aô.'s.i  latrina  naois 


jutô^em 

iuoioit 

Kcopjui  fumus 

Koei£ 

Ae.S' 


et  autres  mots  où  le  thébain  ne  prend  aucune  voyelle  finale. 

Dans  le  contrat  memphitique  se  rencontrent  encore  quatre 
autres  mots  en  (j(j,  qui  n’ont  pas  leurs  correspondants  dans 
l’acte  thébain  : 


/WVAA  I)  [)  I ï 

^ ( lieu  de  repos' , p.  115,118; 


en 


i 


et  en 


C7ZD 

I 


renversement,  démolition  d’une 


maison,  p.  116,  117; 
i^(j(  U mur,  p.  118,  119. 

Dans  le  contrat  thébain,  au  contraire,  ne  se  trouve  aucun 

éloigner,  abandonner,  qui 


mot  en  t|(j,  si  ce  n’est 
est  commun  aux  deux  textes 


III.  Différence  dans  l’emploi  des  consonnes.  — Dialecte 
thébain.  — Il  n’est  pas  impossible  de  montrer  dans  les 
contrats  certains  caractères  propres  au  dialecte  copte  thé- 
bain. Ils  ne  sont  pas  encore  tranchés,  mais  ont  en  voit  les 
traces. 

L’un  des  caractères  les  plus  marqués  du  dialecte  thébain 
est  l’adoucissement  en  o du  ® ou  ^ antique,  qui  reste  £ en 
memphitique. 


AA/NAAA  T— T /WWW  

1-ct-  ou- 


maçonner , 


/vvwv\ 

et  (1  /==c^=:ii  reposer 

<r!  n ° ® VMV-  r\  f) 


meiller,  être  étendu  (Pierret,  Vocab.,  p.  266),  d'où  vient  ^ 

qui  ainsi  peut  signifier  une  chambre  à coucher  ou  un  lieu  de  repos  en 
général. 


DIALECTES  EGYPTIENS 


65 


Dans  les  contrats  ptolémaïcjues  thébains,  il  est  facile  de 
démontrer  que  la  langue  n’a  pas  encore  subi  complètement 
cette  transformation;  grand  nombre  de  mots  sont  encore 
écrits  par  (f,  — ® ou  par  y'  ~<\- 

serment  (en  199,  p.  132;  en  182,  p.  77;  en 

150,  p.  58;  en  142,  p.  85  ; en  127,  p.  107;  en  122,  p.  101  ; 
en  120,  p.  159;  en  119  (?),  p.  154;  en  113,  p.  125). 


'f1 


-4- 

1 SJ  A/VWVY 

p.  142,  note). 


Anch-chensou,  nom  d’homme  (en  497, 


Sànch,  la  propliétesso  de  Djêine  (en  150, 


ï; 


p.  52,  58). 


Xaito^pâTTQç,  nom  d’homme  (en  117,  p.  11). 


connaître,  savoir,  pouvoir, 


même  sens  (en  199, 


p.  130;  en  182,  p.  75;  en  176,  p.  144;  en  150,  p.  50;  en 
122,  p.  99;  en  120,  p.  62;  en  117,  p.  9 et  16;  en  115  (?), 
p.  153;  en  113,  p.  124). 

A/W/WA  rechercher  une  femme'  (en  235,  p.  1;  en  201,  p.  110); 
— ® . , # . , , , 

Cl  . /WWW  Ct  A/WA/W  j\  poursuivre  a ta  chasse. 


% cmi 


^é»,  etc.,  le  y et,  la  ÎOO”  partie  de  1’ 


(en 


150,  p.  48  et  55;  en  142,  p.  84;  en  127,  p.  105;  en  119, 


\> 


meme  sens. 


p.  60  et  62);  cf. 

— —j  ^ 1 — ‘ -*-*■  v 

' J le  dromos  du  temple  (en  142,  p.  82  ; en  122,  p.  91  ; 


en  117,  p.  12). 


sâ/ur^u;,  nom  de  femme  (p.  23, 113,  etc.  . 
(M.),  carpentarius,  lignarius  faber  (en 


113,  p.  142). 


1 . Prendre  pour  femme  (M.  Reviilout). 
Bibl.  égypt.,  t.  xv. 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


66 

Y 9 _£al 


ti 


I 


Ta-cheleh,  nom  de  femme  (en  122,  p.  92). 

'-J  rue  (dans  presque  tous  les  actes);  cf.  s5ip  (M.), 

(T.). 

dédommagement  (en  113,  p.  124);  cf.  puj*.*.p  (T.), 
œstimare. 

L 1 en  bas  (en  96,  p.  23). 


i 


jardin  (en  122,  p.  89,  93,  94,  96  et  99). 


c~  * 73  AAAAAA 

AAAAAA 
î 1 AAAAAA 


ravin,  canal,  oiwpuü  (en  182,  p.  73;  en  122, 


p.  98). 

(j(j  mesurer'  (en  113,  p.  123);  cf. 

„.a 


E J] . etc 


S 


P écarter  (en  199,  p.  131  ; 


en  182,  p.  75;  en  141,  p.  42;  en  119,  p.  62;  en  176, 
p.  144). 

opposition  (en  199,  p.  132;  en  182,  p.  77;  en  150, 
p.  58;  en  152,  p.  85;  en  127,  p.  107;  en  122,  p.  101;  en 
120,  p.  159;  en  119  (?),  p.  154;  en  113,  p.  125). 

petit  (en  182,  p.  68,  69);  cf. 

P ffi  | large  (en  141,  p.  37)  ; ^ P ^ oirlo!3c  (T.  et  M.). 

<2^  TT  AAAAAA 

AAAAAA  2 foulon  (en  141,  p.  40;  en  96,  p.  26);  cf. 

I o ■ *>  AAAAAA 

pioge  (T.),  p*.;6j  (M.). 

règlement  (en  117,  p.  18). 


1.  Verser  (M.  Revillout). 

2.  Je  ne  sais  pas  le  correspondant  hiéroglypliique  du  signe  démo- 
tique,  que  je  lis  p à cause  du  copte. 

d.  Même  observation. 


DIALECTES  EGYPTIENS 


Les  textes  thébains  d’ailleurs  emploient  le  o dans  certain? 
mots,  comme  : 


cepctop . 


P CH  son  (en  113,  p.  122),  cf.  cec 
P | mouture  l'en  113,  p.  133),  etc... 

Par  tous  ces  exemples,  il  est  donc  bien  démontré  qu'à 
cette  date,  du  milieu  du  IIIe  siècle  jusqu'au  milieu  du  premier 
avant  notre  ère,  le  dialecte  tliébain  n’est  pas  encore  constitué 
comme  le  dialecte  tliébain  dans  le  copte.  Mais  il  convient 
d’ajouter  qu’il  côté  de  tous  ces  mots,  on  en  trouve  quelques 
autres  où  l'on  saisit  manifestement  la  tendance  du  passage 
de  la  lettre  forte  (coptes)  à la  lettre  plus  douce  vpn 
(copte  g). 

Le  contrat  memphitique  dit  (p.  110)  que  l’acheteur 
pourra  : 


bâtir, 


\\ 

de  ta 


démolir,  faire  tout  renversement 
n rr 

Le  mot  ^ — f]  se  retrouve  dans  nos  actes  thébains. 
La  maison  dont  il  y est  question  est  aussi  désignée  comme 


une  maison  en  ruines 


la  maison  en 


démolition. 


Ainsi,  en  182  et  160,  c’est-à-dire  tout  à fait  a la  môme 
époque,  on  prononçait  : à Memphis,  ^Sep^cop  ou  .éw p£ep,  et 
à Thèbes,  ^ep^top  ou  giopgep,  qui  devinrent  a I époque 
romaine  dans  les  hiéroglyphes  monumentaux  et  plus  lard 
dans  le  COJJte  ujepujmp  T.  et  M.,  et  ujiopujp  T.,  lyepupop  M. 

1.  Revillout,  Nouvelle  C/irestoimUhie  rlcnioti'/ur.  p.  (il),  7d.  7 1. 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


eoertere,  eoersio.  Mais  on  retrouve  la  différence  antique 
dans  les  deux  dérivés  <nopÉ  T .frangere,  et  ^pefe  M.  dirutus, 
desertus  locus. 

Un  second  exemple  n’est  pas  moins  concluant.  Dans  mon 
étude  sur  la  petite  dynastie  thébaine1,  découverte  par 
M.  Revillout  dans  les  papyrus  démotiques,  j’ai  démontré 

que  le  véritable  nom  du  roi  | Vy7 J ne  pouvait  être 

que  f J hormeh,  les  signes  y y étant  ceux  qui  écrivent 

les  mots  meh  compléter,  complet;  meh payer,  solder;  mehtu 
le  Nord.  Le  roi  national  avait  adopté  pour  la  prononciation 
de  son  nom  la  prononciation  qui  commençait  à s’introduire 
à Thèbes.  Toutefois,  j’ai  remarqué  qu’elle  n’était  pas  encore 
générale,  puisque  dans  les  actes  de  vente  de  février  182  le 
nom  d’un  voisin  de  l’immeuble  est  écrit  2 : 


tantôt  <—^-U  ) 
tantôt 


Les  Grecs  de  l'époque  ont  toujours  écrit  '’Apnaïç,  suivant  l’or- 
thographe thébaine,  et  jamais  " Appx-/_’î  (voir  les  tables  des 
publications  de  papyrus  grecs). 

Enfin,  je  crois  pouvoir  citer  encore  un  troisième  exemple 
de  l’influence  de  la  prononciation  sur  l’écriture  des  mots  de 
la  langue  antique.  Parlant  de  la  maison  de  Memphis,  le 
papyrus  de  Leyde  dit  qu’elle  est  située3  : 


à l'ouest  du  mur  du  sanctuaire  de  TAnubeion. 

1 . Le  roi  Horemhou  et  la  dynastie  thébaine,  extrait  des  Mémoires 
de  I a Société  des  sciences  d'Orléans , p.  7 et  31.  [Voir  plus  loin.] 

2.  Revillout,  Noueelle  Chrestonwthio  domotique,  p.  72. 

3.  Revillout,  N mu:  clic  Chreslomatliie  démotique , p.  116. 


DIALECTES  ÉGYPTIENS  GD 

Mais  un  autre  papyrus'  rite  une  autre  maison  située  : 


^P 


J 


-WWNA  !□> 


1 


à l'ouest  du 


□ CE 

lu  sanctuaire  de  l'Anoubeiun. 


O 


autre 

& w 


Il  me  semble  que  psebek  n i-ia-nuter  n’est  pa 
chose  (jue  l’ancienne  dénomination  égyptienne 

^ q I 1 ^ , -ûi  '-'  I -ed  ^ U 

/WWV\  I j J t ( pie  tous  les  égyptologues  ont  t racl u i t<‘ 

jusqu’ici  par  « le  pylône  du  temple  ».  Or,  ce  mot  paraît 
s’être  conservé  en  copte  dans  l’expression  memphitique 
d’coir^i  rtT^tÇe  ou  ins.ro,  ou  uqroi  et  ^ccoo-voithc  qui  ont  embar- 
rassé les  traductions  et  que  je  crois  signifier  : pars  anterior 
(quasi  •fco-s-iren),  capitis,  capillorum,  oculi.  Le  mot  est  du 
genre  féminin  dans  l'égyptien  antique  et  masculin  dans 
notre  texte  démotique,  mais  Peyron  fait  remarquer  que 
co-s'^i  est  des  deux  genres.  En  résumé,  n’avons-nous  pas  là 
un  mot  intéressant  pour  l’étude  des  dialectes,  qui  se  pré- 
sente avec  les  trois  formes  de  la  gutturale? 


PJ!1^ 


IA 


I U~  y et  Cü)OV£I . 


IV.  Différence  de  genres.  — Il  n’v 
ce  changement  de  genre  du  mot 


rien  d étonnant  à 
féminin  et 


z^>  ^ masculin;  car,  indépendamment  d’un  grand 

nombre  de  cas  analogues  que  peuvent  fournir  les  textes 
hiéroglyphiques  de  diverses  époques,  le  contexte  même  des 
contrats  que  j’examine  m’en  offre  un  exemple.  Il  est  dit  que 
la  maison  en  question  est  séparée  du  Sérapéum  par  un 
boulevard  (p.  116)  : 

<=>  □ m±I— i 

étant  le  boulevard  entre  eux. 


1.  Papyrus  du  Louvre,  n"  3268. — Ibid.,  p.  115,  note. 


70 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


Ce  même  boulevard  est  également  cité  dans  l’acte  rap- 
porté en  note,  p.  115,  pour  l’autre  maison  : 


est  le  boulevard  entre  eux. 

Au  contraire,  on  voit  qu’à  Thèbes  on  désignait  par  le 
même  mot  « l’esplanade,  la  terrasse  »,  qui  se  trouvait  sur 
un  bâtiment.  Mais  alors  le  mot  changeait  de  genre.  Un  acte 
de  l’an  2 de  Darius  concerne  des  « maisons,  oureh,  et  autres 
biens  appartenant  au  pastophore  d’Amon-api  du  lieu  occi- 
dental de  Thèbes  ' » [) (j  ° l=j==1  ^ ^ | © Q © . Dans 
le  corps  de  l’acte,  on  cite1 2 3  : 


le  jardin)?)  et  son  pavillon  qui  (est)  derrière  lui  et  la 


terrasse  qui  (est)  au-dessus  du  pavillon. 

Il  est  vrai  qu’ici  la  modification  du  genre  peut  provenir 
de  la  nuance  de  signification  entre  □ Md  L _J  « la  pro- 

° fl  fl  | 

menade,  le  boulevard  » qui  passe  devant  l’Anoubeion  et 
'èx  Trivï  têbî  « le  promenoir,  la  terrasse  » d’une  maison. 
C’estainsiqu’onditD  Jfj(j^((lame3»et^|(|[jn  jn  ( 

« la  ruelle 4 »;  « la famille 5 6 » et  « ton 

arjent 6 ».  La  démonstration  ne  sera  complète  que  si  l’on 

1.  Revillout,  Chrcstomathie  dèmotique,  p.  295. 

2.  Ibid.,  p.  297. 

3.  Ibid.,  p.  12,  25,  39,  40,  etc. 

4.  Ibid.,  p.  61,  72,  83,  92,  96. 

5.  Ibid.,  271. 

6.  Ibid.,  p.  277,  302,  etc. 


DIALECTES  EGYPTIENS 


71 


trouve  à Tlièbes  une  véritable  promenade,  avenue  <>u  bou- 
levard désigné  par  le  mot  scisci  ' . 

Y.  Mots  différents  pour  rendre  les  mêmes  idées . — l"  La 
filiation  de  la  femme  qui  achète  à Memphis  est  introduite 
de  la  manière  suivante  : 


Djimou  fille(SATI)  du  divin  ministre  Pasi  (p.  11L; 

celle  des  venderesses  de  Tlièbes  est  énoncée  comme  il  suit  : 


Tset-Thot  l'aînée  fille  (SA)  de  Hermias  (p.  68) 


2°  Le  sexe  des  deux  femmes  est  indiqué  de  la  manière 
suivante  : 


o ^ ^ I c£,Aie  (p- iu)- 
â £iAie  Tceï'tKoT  (v-  68);i- 


n i 


nuj*.iy*.;  mais  cela  me  paraît 


1 . La  démonstration  serait  faite  si,  dans  l'acte  de  Tlièbes  (texte  cité 

plu,  tout),  au  lieu  de  ^ I I <(  l’avenue  de  Maut  » 

(Revillout),  on  devait  transcrire  téf U Q | ()  q et  \ voir 

...  ...  n 

l'équivalent  de 
douteux. 

2.  Même  différence  dans  l'énonciation  de  la  filiation  des  prêtresses 
(p.  113,  114,  et  p.  68).  Le  memphite  a conservé  la  différence  entre 

ftls  et  fille;  le  thébain  a supprimé  le  d=>.  Jusqu’à  nouvelle 
_Lr  _Lr  . 

démonstration,  je  vois  dans  la  sigle  thobaine  une  variante  de  la  sigle 

memphitique. 

3.  Je  suppose  la  lecture  hime,  comme  dans  l'ancien  égyptien,  parce 
que  le  copte  thébain  a gardé  le  pluriel  ^icuue. 


72 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


3°  Le  surnom  2tov/,p,  du  premier  des  Ptolémées,  est  tra- 
duit : 

j j ^ j ffij  j NA  NETERU  NT  RK  GABU,  ((  les 

dieux  qui  écartent  la  défaillance  » (Memphis,  p.  113),  et 

Ptlums  NT 


(T -ikm 


p Sutr,  « Ptolémée  Sôter  »,  mot  à mot  : « qui  le  Sôter  » 
(Tlièbes,  p.  67)’. 

4°  Pour  marquer  l’orientation,  on  dit  : 

L_ 1 ë 1 (?)  (la  maison  et  dépendances) 
« du  côté  Nord  de  l’Avenue  de  Maut  » (Thèbes,  p.  71). 


% 


(la  maison,  etc.)  « du  côté  Sud  du 
dromos  » (Memphis,  p.  114). 

VI.  Idiotismes.  — Enfin,  si  nous  prenons  toutes  les  for- 
mules des  deux  actes,  nous  y reconnaîtrons  l’emploi  do 
mots  et  de  tournures  de  phrases  toutes  différentes. 

Première  remarque.  — Le  memphitique  se  sert  du  verbe 
<=>  où  le  thébain  emploie  le  verbe 


p nuj^ujd.  0.TTTOT1 2  — « Étant  le  boulevard  entre  eux  » 
(Memphis,  p.  116). 

nnep  (?)  ^oTTTToir  — « Étant  la  ruelle  de  maison 
entre  eux  » (Thèbes,  p.  72). 

n^ip  coTTen  ô.otttot  — ((  Étant  la  rue  du  roi  entre 
eux  » (T.,  p.  72). 


1 . M.  Revillout  a de  son  côté  signalé  cette  différence. 

2.  En  me  servant  des  caractères  coptes,  je  n’ai  pas  l’intention  de 
créer  aucune  assimilation  entre  l’égyptien  ptolémaïque  et  le  copte.  Je 
m’en  sers,  comme  les  assyriologues  se  servent  de  l’alphabet  hébraïque, 
uniquement  pour  la  rapidité  de  l’impression.  J’ai  soin  seulement  de 
mettre  entre  parenthèses  les  mots  en  discussion. 


DIALECTES  EGYPTIENS 


73 


Deuxième  remarque.  — Mais  ce  qui  dilïérencie  sur  tout 
les  deux  actes,  c est  1 emploi  des  pronoms  régimes. 

Les  deux  dialectes  construisent  encore,  comme  dans  l'an- 
cien égyptien,  le  pronom  avec  la  seule  préposition  -www  après 
les  verbes  A a et 


(■  /www  \ 

I J ot!  — « Tu  as  fait  a moi  (tu  m’as 
fait)  un  écrit  de  cession»  (M.,  p.  115). 

(/WW\A  /V ww\  x 

■o>-  ) juTeA  o*.-r  — <(  Nous  T’avons 

I I I V ^ J 


fait  un  écrit  pour  argent  » (T.,  p.  73). 

(/WWW  /WW/V\  v 

<2=-  ) — « L’écrit 

I I I ’ 

pour  argent  que  nous  T’avons  fait  » (T.,  p.  7b  et  77). 

/ AAAAAA  \ 

ncs5*.i  oiri  p^pT  m ^ ^ J — o L’écrit  de  cession  que 

tu  M’as  fait»  (M.,  p.  120). 

(/VWW\  X 

1 — « Que  nous  te  le  fassions  ga- 
rantir » (T.,  p.  76). 

A-OTI  5000  — « Je  te  donnerai 

5000  pièces  d’argent  » (M.,  p.  117). 

A /WWW  X 

A o /www  I ) — « Nous  te  l’avons  don- 

née » (T.,  p.  73,  acte  pour  argent). 


Mais  les  deux  dialectes  emploient  surtout  les  supports 
pronominaux;  seulement,  ils  ne  paraissent  pas  user  des 
mêmes  locutions.  Le  thébain  emploie  des  supports  variés  : 

ln);  le  memphitique  ne  se  sert  que 


de 


I 7X 


& 


> / @ 
T-ovne  ovippoK  ( A 0 /WWW 


tir  ^ nnitô.0. 


« Nous 


T’avons  donné  cession  de  ton  1 3 de  maison  » (T.,  p.  G9  . 


1.  Je  lis  le  démotique 
la  stèle  Metternich,  etc. 


I^Zl 


(inncun 


, en  général,  comme  sur 


74 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


P&PT 

de  ta  maison  » (M.,  p.  114). 


— <(  Je  te  donne  cession 


De  même,  pour  exprimer  la  direction  : 


nirr  ô.oirqs  ppoK 


© 


j juLTeÉq  p*.m  — <(  Celui  qui 


viendra  a toi  à cause  d’elle  en  mon  nom  » (T.,  p.  75). 

nitT  ô.oTqj  popT  ^ (j  jultéot  pô.ïti  — « Celui  qui 

viendra  a toi  à cause  d’eux  en  mon  nom  » (M.,  p.  116). 

, AAA/V\A  H Ç T>  fr)  Cq]  j \ 

n*.ns5 rrrcep^c  xic*.k  ^ n — * — ^ ^ ) 


i i i û 0 

— ((  Le  serment qu’ils  te  feront  (qu’ils  feront  après 

toi)  » (T.,  p.  77). 


De  même  aussi  pour  marquer  l’éloignement  : 


ê.ois'ne  -^OTiq  -xipoK  ^ 


A û 


I ! I 


) 


0 


— « Nous  l’éloignerons  de  toi  » (T.,  p.  75). 

*OTTT  XXC*,J  ptovi  p^pT  ( (j(j  ^5^  ^ 

a Tu  m’as  forcé  de  les  écarter  de  toi  » (M.,  p.  118). 

riTi  ’fovi  ne  cô.ot  p^noT  p^pT  | ^ ^ xxov  — ((  Que  je 
fasse  éloigner  les  hommes  susnommés  de  toi  pour  ces 
lieux  » (M.,  p.  117). 

6.oime  ulot^tot  *.pciÆ  xi q éoAck  ^ j — « C est  110US 

seuls  qui  l’écarterons  de  toi  » (T.,  p.  75). 

Enfin,  je  signalerai  quelques  idiotismes  propres  au  thé- 
bain,  sans  correspondants  dans  le  memphitique  : 


XXpOK  CO  TT 


( 


itk  r ntt*,*.  itT^pg^p 

« Â toi  cela,  ton  tiers  de 


[pour 
/ D \ 

nK  o ivmn  ■xrrpq  rrr^p  noir  J 

la  maison  en  ruines  et  ton  tiers  de  tout  ce  qui  en  dépend, 
comme  il  est  dit  plus  haut,  celui-la  » (T.,  p.  74). 


DIALECTES  EGYPTIENS 


Le  memphitique,  dans  la  même  formule,  il i t simple- 
ment : 

Airr  ^ Td.OTpeo,  •r*.Ai*..‘6p  nrop  « A toi  la 

maison,  la  cour,  le  grenier  ci-dessus  » (M.,  p.  116)’. 

Le  nom  de  l’objet,  à propos  duquel  l’acte  est  fait,  se 
construit  en  memphitique  avec  la  préposition  (j  ^ acre  ; en 
thébain,  avec  l'une  des  prépositions  «««  ou  : 

....  pa.pT  m c.s$*.i  o-s'i  a.oTo-s'  ^ (|  j j — « Les  biens  que 
tu  as  fait  à moi  écrit  de  cession  avec  eux  »,  c’est-à-dire  « les 
biens  pour  lesquels  tu  m’as  fait  écrit  de  cession»  (M., 
p.  115). 

a.OT*.p  ne  nen  c^a.i  xiTefi  £*.t  ne  v (A~WVVP,  , ,)  “ 

« La  maison  que  nous  avons  fait  à toi  écrit  pour  argent  sur 
elle  73  »,  c’est-à-dire  « la  maison  pour  le  tiers  de  laquelle 
nous  t’avons  fait  écrit  pour  argent  » (T.,  p.  73). 

nc^*.i  AiTefe  £&.t  &oT*.pnenK  pc*.q  ^ ■è1  i ^ — « L’écrit  pour 
argent  que  nous  t’avons  fait  sur  elle  » (T.,  p.  76). 

Troisième  remarque.  — Les  deux  actes  ont  une  manière 
différente  d’exprimer  la  liaison  des  phrases,  tous  deux  se 
servent  du  relatif  , mais  le  memphitique  emploie  plus 
ordinairement  <=>  et  le  thébain  (J^  (cf.  Première  re- 
marque). 

pd.pT  ^ <s>-  j m cs5*.i  otti  d.oTOT  — « Les  biens  que  tu  m as 
fait  écrit  de  cession  sur  eux  »,  c’est-à-dire  « les  biens  sur 


1.  Je  lis  simplement  après , derrière,  le  mot  dont  M.  Rcvil- 

lout  fait  un  verbe  dont  il  n’a  du  reste  jamais  donné  la  transcription,  et 
je  comprends  : « Tu  es  (ou  : tu  seras)  derrière  moi,  tu  me  poursuivras 
(sens  très  usité  en  égyptien),  tu  as  contre  moi  une  action  juridique.  » 


76 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


lesquels  tu  m’as  fait  écrit  de  cession  » (M.,  p.  115). 


&OTT  XlC^I  p d-OTI  | (j(j  ) P^pT  AA.OV  ((  Tu  aS 

action  contre  moi  pour  que  je  les  éloigne  de  toi  » (M.,p.  118; 
cf.  sans  liaison  deux  phrases,  p.  120). 

nc;6d.i  otti  p^pT  ^ j ^onpo-s-  m it  prui  k*.  — « L’écrit  de 
cession  que  tu  m’as  fait  faire  en  l’an  21  » (M.,  p.  120). 

C6à.i  ULTefl  £*.T  ((  Les 


es.o'S'ô.pitertK 


AAAAAA  /WWW 


III 


) 


biens  dont  nous  t’avons  fait  écrit  pour  argent  » (T.,  p.  73). 

c;6*.i  itefc.  p*.pov  / i j poq  c;6ô.i  itefi  pd.po'me  poq 

(C — T>  | AAAAAA  < — ■>  | \ ' -<3Z>-  I / 

) — ((  Tout  écrit  qu’on  a fait  sur  lui  et  tout 

Æ>  I I I I / 

écrit  qu’on  nous  a fait  sur  lui  » (T.,  p.  76,  c.  1). 


ncsS*.i  uiTeiû.  £ô.t  *.OTS"*.ptie  I 

C AAA/VSA  \ \ 


(C  AAAAAA  \ \ I -i  I I I I / 

, , j neq^*,ri  — « L’écrit  pour  argent  que  nous  t’avons 
fait  sur  elle,  dont  nous  avons  fait  le  droit  » (T.,  p.  76,  c.  2). 


) 


riK  poq,  p*.pne 


nc;6ô.i  iiT<?  p &.OT*.p!ie«eK 


AAAAAA  AAAAAA 


I I ’ 


) 


« L’écrit 


ci-dessus  que  nous  t’avons  fait  » (T.,  p.  77). 


En  résumé,  soit  dans  les  habitudes  orthographiques  des 
scribes  de  Memphis  et  de  Thèbes,  soit  dans  leur  phonétique 
(finales  en  i et  changement  de  & en  $>),  soit  peut-être  dans 
la  variation  du  genre  de  certains  mots,  soit  dans  les  parti- 
cularités d’emploi  de  quelques  mots  et  de  certains  idio- 
tismes (lexicologie  et  syntaxe),  il  est  manifeste  qu’il  y a, 
dans  la  langue  des  deux  contrats,  des  différences  appré- 
ciables et  nombreuses.  Je  n’ai  pas  la  prétention  de  croire 
toutes  mes  observations  absolument  inattaquables.  On  ne 
fonde  pas  des  règles  sur  les  particularités  de  deux  textes 
seulement.  Pour  dire  mon  dernier  mot  sur  la  question  que 
je  soulève,  j’attendrai  que  M.  Revillout  ait  publié  la  fin  de 
sa  Nouvelle  Chrestomathie  démotique.  Alors,  étudiant  un 
ensemble  respectable  de  documents,  je  pourrai  en  tirer  des 


DIALECTES  EGYPTIENS 


/ é 

conclusions  non  moins  assurées  que  celles  que  M.  Natalis  de 
Wailly  et  G.  Raynaud  ont  établies  pour  les  dialectes  de 
Lorraine  et  d Artois,  d après  les  chartes  de  Joinville,  (h*  la 
ville  d’Aire  ou  du  Ponthieu.  Mais  je  pense,  dès  à présent, 
que  j’ai  rencontré  dans  ces  deux  seuls  textes  une  quantité 
de  faits  philologiques  et  grammaticaux  qui  ne  permettent 
pas  de  nier  l’existence  de  deux  dialectes,  a Tlièbes  et  a 
Memphis,  dès  le  temps  des  Ptolémées. 

II 

DÉCRETS  DE  CANOPE  ET  DE  MEMPHIS1 

L’an  IX  de  son  règne,  Evergète  Ier  réunissait  les  prêtres 
de  tous  les  temples  de  l’Égypte  en  un  concile  tenu  à 
Pekouta  (xàvto-oî). 

L’an  IX  de  son  règne,  Épiphane  réunissait  de  même  un 
concile  à Mennofer  (Mlpcpu). 

Évergète  Ier  était  maître  de  toute  l'Égypte;  Épiphane, 
devenu  roi  à l’âge  de  cinq  ans,  à peu  près  dépouillé  de  ses 
états  par  l’invasion  de  son  oncle  Antiochus,  roi  de  Syrie, 
par  la  révolte  du  reste  de  l’Égypte  et  l’intronisation  de  rois 
dans  les  principales  villes  d’Égypte,  Épiphane  venait  de 
reconquérir  une  partie  de  son  royaume.  La  prise  de  Lyco- 
polis  et  la  soumission  de  plusieurs  dynastes  l’avaient  rendu 
maître  de  toute  la  Basse-Egypte,  mais  la  Haute-Égypte  et 
Tlièbes,  notamment,  avec  son  roi  Aonchis  Anchtou),  échap- 
paient encore  à son  autorité. 

Les  deux  décrets  ont  donc  été  rendus  dans  la  Basse- 
Égypte;  et,  si  pour  celui  de  Canope  on  réunit  des  prêtres 

1 . Le  décret  d’Évergète  Ier  a été  rendu  à Canope  et  trouvé  à San  ou 
Tanis;  le  décret  d'Épiphane  a été  rendu  à Memphis  et  découvert  à 
Rosette.  Il  faut  donc  dire  : « Décrets  de  Canope  et  de  Memphis  »,  et  : 
« Pierres  ou  Inscriptions  de  San  et  de  Rosette  ». 


78 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


de  tous  les  temples  de  l’Égypte1,  il  ne  peut  évidemment  en 
être  de  même  pour  le  décret  de  Memphis,  Lien  que  la  for- 
mule du  texte  n’ait  subi  aucun  changement2.  Les  temples 
de  l’Égypte  supérieure,  soumis  aux  rois  indigènes,  ne  purent 
envoyer  à Memphis  des  députés  rendre  un  décret  en  l’hon- 
neur du  roi  grec. 

Or,  l’Égypte,  au  moyen  âge,  parlait  trois  dialectes,  le 
sahidique,  le  memphitique  et  le  bachmourique  à Thèbes, 
à Memphis  et  dans  le  Delta.  De  plus,  j’ai  montré  par  les 
contrats  démotiques  qu’on  peut,  dès  l’époque  des  Ptolémées, 
distinguer  au  moins  deux  de  ces  dialectes,  selon  que  les 
actes  sont  passés  à Thèbes  ou  à Memphis.  Ne  peut-on  se 
demander  en  quel  dialecte  ont  été  rédigés  les  deux  décrets 
de  Canope  et  de  Memphis?  Puisque  tous  deux  ont  été  rendus 
dans  des  assemblées  tenues  dans  l’Egypte  inférieure,  puisque 
les  prêtres  de  la  Thébaïde  ne  purent  même  participer  à la 
rédaction  du  second,  il  paraît  a priori  bien  présumable 
qu’on  ne  dut  pas  adopter  le  dialecte  thébain,  mais  celui  de 
Memphis. 

Je  vais  essayer  de  voir  si  l’étude  du  texte  ne  confirmerait 
pas  la  théorie  nouvelle  que  je  viens  de  développer  à propos 
des  deux  contrats  ptolémaïques,  et  ne  nous  fournirait  pas 
quelques  autres  renseignements  sur  l'existence  du  dialecte 
memphitique  déjà  signalée  dans  les  contrats. 

1.  « Les  grands  prêtres,  les  prophètes  et  les  prêtres  qui  entrent  (07, 

dans  le  sanctuaire  pour  faire  la  vestiture  des  dieux,  et  les  hiéro- 
grammates  et  les  autres  prêtres  qui  étaient  venus  des  (in  n)  temples 
d'Égypte,  le  5 dios,  où  l’on  célèbre  la  naissance  du  roi,  et  le  25  du 
même  mois,  anniversaire  de  son  intronisation,  etc.  » (Décret  de  Canope, 
édition  Revillout,  C/irestomathic  dèmotir/uc,  p.  126.) 

2.  « Les  grands  prêtres,  les  prophètes  et  les  prêtres  qui  entrent 

dans  le  sanctuaire  pour  faire  la  vestiture  des  dieux,  et  les  ptérophores, 
et  les  hiérogrammates  et  les  autres  prêtres  qui  sont  venus  (in  n)  des 
temples  de  l’Égypte  à Memphis  pour  faire  la  panégyrie  de  la  prise  de 
la  puissance  suprême,  etc.  » (Décret  de  Memphis,  édition  Revillout, 
Chrestomathie  dèmotiquc,  p.  7.) 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


79 


I.  — La  paléographie  du  texte  des  décrets,  ou  au  moins 
celle  du  décret  de  Canope,  les  rapprocherait  de  celle  du 
contrat  memplutique.  Ainsi,  sur  seize  mots  contenant  un  n, 

quatorze  l'écrivent  par  , au  lieu  du  tracé  thébain  de 
cette  époque  • 

II.  — On  ne  peut  lire  le  décret  de  Canope  sans  être  frappé 
de  la  quantité  de  mots  terminés  en  i qu’on  y rencontre,  ce 
qui  est  un  des  caractères  du  dialecte  memphitiquc.  Ce 
sont  : 


e^pni 

temple ',  p.  127,  129,  131,  134,  138  (3  fois),  140,  11(1 
(2  fois),  148,  159,  160  2 fois),  161  2 fois),  163,  164 
(2  fois),  165,  166  (3  fois  , 175,  176; 

< jrand 2,  p.  128,  138,  147  (3  fois); 

ewpAi 

diadème,  p.  163,  169,  179; 

KCAII 

l'Êgi/pte,  p.  127,  129,  130,  132,  133,  135.  137,  138, 
140,  147,  148,  153,  158,  159,  163,  165; 

K! 

autre,  p.  132,  134,  137,  139,  140,  147,  168,  172,  174; 
est  écrit  par  deux  grands  (j(j  et  non  par  \\; 

HI 

forme  et  manière,  raison  d'être,  p.  139,  145,  171  ; 

A.ovqKp.npi 

enroulé,  p.  170; 

HA>K€JL1AJ 

P' 172’ 173  ; 

IC 

voici  que  (IJ  1 as),  p.  175  ; 

JUtOTI 

pensée,  p.  134; 

JUtI 

île,  p . 135  ; 

*TJULTI 

rétablir  ',  p.  156; 

1.  Je  répète  qu’en  me  servant  de  l'alphabet  copte,  ,je  n’entends  pas 
assimiler  l'égyptien  au  copte. 

2.  <>c=^1  au  singulier  masculin,  149. 

3.  Dans  plusieurs  de  ces  mots,  j’ai  considéré  1 1 1 1 p M.  Maspero 

a fait  de  même  dans  son  essai  de  transcription  du  texte  du  roman  de 
Setni.  Ici  même  j’en  trouverais  la  justification.  Le  mot  qui  signifie 


temple  est  le  plus  ordinairement  écrit 


□ 


I 


lier  qu’au  pluriel,  mais  aussi  quelquefois 


tant  au  singu- 


(p.  159,  d'a- 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


80 

aa£tj  milieu,  p.  169; 

juli  tio-s-  quon  donne,  p.  175; 

iui  ces,  p.  161,  172; 

ni  ce,  p.  140; 

■nie  sa,  p.  161,  164,  165;  il  semble  difficile  qu’ici  II  soit 

(j  ^ et  non  (j(j; 

pem  image  (statue),  p.  169,  171; 

*comi  préparatifs,  p.  130; 

ces5eiti  l' événement , ce  qui  arrive , arriver,  p.  133,  141,  150, 

152,  154,  156,  157,  158; 

*cjui£ti  forme,  p.  150; 

c£ivr*,i  barque,  p.  160; 

tô.1  ce  (f.),  p.  158,  170; 

les  caractères,  p.  170; 

T£Ê£iu  périple , p.  164,  165  (2  fois),  171; 

#4,oTorr£iu  suppliant,  p.  158; 

(?)  T£m  transporter,  p.  150; 

t£cj  élévation,  p.  136;  à côté  de  *,o-aqTec  élevé  ; 

oui  éloigner,  p.  131,  134; 

qj  porter,  p.  139,  173  ; 


près  la  correction  de  M.  Brugsch  et  de  M.  Revillout;  cf.  Clircslomathic 
dèmotique,  note).  11  en  est  de  même  pour  le  verbe  ce^£ni. 

« il  arriverait,  s’il  arrivait  »,  èàv  8è  xai 


« pour  qu’il  n’arrive  pas  »,  /.ai  [j.r, 
« ce  qui  était  arrivé  », 


iruiaêatvr,  (p.  150)  ; 


irup-êaivr)  (p.  152); 


§ 


i a \\ 

xa0a7T£p  TrpÔTspdv  te  cnjjAëéêï)y.£v  (p.  154); 


« il  arriva  »,  <t-jvéoy]  (p.  157)  ; 


$ 


« sur  ce  qui  arrivait  tout 


à coup  »,  ètù  tw  aup-êEë'/iy.ÔTi  eù0Éü>ç  (p.  158). 

J'ai  marqué  d'un  astérisque  les  mots  écrits  par  | | , ces  deux  traits 

pouvant  aussi  être  interprétés  (j 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


SI 


*igeviy*.oirj 
#iits5i  (?) 


n*>;6erixpi 

;6oiri 

*n*.;6o'S'i 

ngi 


gefu 

gC-DLI 

gOÊCI 


ils  exaltent , p.  160; 

à cause  de,  pour,  p.  133,  134,  le  troisième  (J  en  liga- 
ture avec  la  finale  (?)  ; 
les  malheurs , p.  133; 
consacrés,  p.  129; 
les  autels,  p.  161  ; 

en  quantité,  p.  129,  130.  134,  136,  140,  164; 
dépenses,  p.  130;  ITI 
ligature  avec  t=^=> 
deuil,  p.  158; 

femme,  p.  159,  170,  172,  173  ; 
habillement,  p.  167. 


i,  le  troisième  (1  formant 


Ce  même  caractère  n’est  pas  moins  frappant  dans  le  texte 
de  Rosette;  on  y trouve  ; 


*.pi 

*.*.j 

evi 

«wÀoAi 

flXKI 

fupi 

KCJULI  1 
JULKCTI 


ûeiti 

nert^i 


urceus,  p.  1,  46  (2  fois)  ; 

temple , p.  8.  11,  12,  17,  18,  23,  31  (2  fois),  34,  35,  37, 
38,  39,  40  (5  fois),  50.  51,  52  (2  fois).  57  (3  fois); 

puissance,  p.  12,  30,  55,  et  ^ [|(|  ° 

p.  14  et  38,  avec  ligature  des  trois  derniers  signes; 
grand,  p.  27  ; 
vigne,  p.  15  et  32  ; 
pierre , p.  57  ; 
l’Égypte,  p.  41  ; 
vaisseau , p.  22  ; 


l’Égypte,  p.  1,  2,  8,  10,  12,  21,  22 


*0,  oo, 


comme 


s 


j,  p.  3 (2  fois),  écrit  aussi 

a J ü 

p.  26,  antique  \ 

victoire,  p.  6,  37,  42; 
naos,  p.  36; 


.#h 


1 . Dans  l’inscription  de  Rosette,  je  lis  ce  nom 

(p.  1 et  2)  et  £_ — ijKJj/j  (P-  etc.),  le  dernier! 

la  sigle  finale  arrondie. 

Bibl.  égypt.,  t.  xv. 


Ci 

formant  avec 

© 


6 


82 

DIALECTES  ÉGYPTIENS 

Kl 

autre,  p.  8,  13,  33,  35,  38,  41,  52,  54  ; 

Kl 

manière  d'être , etc-,  p,  19,  20,  35,  36,  37,  54; 

JULCTI 

occuper,  p.  28; 

jmeiti 

bâtisse,  p.  36  (2  fois)  ; 

A1Ô.I 

à neuf , p.  36  (2  fois),  37  ; 

jueri 

milieu , p.  47,  48  (2  fois),  49; 

Sldtl 

ces  choses,  p.  23,  37,  51; 

*n^iu 

beau,  p.  2,  4,  5,  53,  54,  55,  56  (2  fois)  ; 

O VI 

laisser,  céder,  exempter , p.  13,  14  (2  fois), 
31,  33  ; 

17,  18, 

::ov  Teni 

libation , p.  53  ; 

nie 

son,  p.  24  (2  fois),  28,  31,  32,  50; 

COÉ.TI 

préparatifs , p.  24  ; 

ce;éi 

abattre , p.  28,  30  ; 

cej6eiu 

survenu , p.  33  \ fortune,  p.  39; 

centn 

vigueur,  p.  37  ; 

*COVÏtI 

connu , p.  56  ; 

TCKI 

jardin,  p.  16  ; 

UJCTI 

exiger,  p.  32  ; 

q« 

porter,  p.  6 (2  fois)  ; 

;6ÀJ 

inférieur , p.  3,  49; 

s5oti 

sacré,  p.  33  ; 

*£i 

dépenser,  p.  11,  22,  26;  écrit  ra(|(|  w > le  deuxième 
[1  formant  ligature  avec  ...  p cf.  ci-dessus  ; 

Itgl 

en  quantité,  p.  10,  11  (3  fois),  14,  19,  22,  24, 
27,  31,  33,  35; 

25,  26, 

$>CTI 

impôt,  p.  12  ; 

pi 

dur,  p.  57  ; 

xt'sj 

ennemi,  p.  2. 

Il  est  à remarquer  que  nombre  de  ces  mots  ont  un 
qu’ils  n’avaient  pas  dans  l’ancienne  langue. 


III.  — Si  le  texte  des  décrets  est  mempkitique,  tous  les 
mots  antiques  doivent  conserver  le  ©,  sans  tendance  à 
l’adoucir  en  ^ ou  ra.  C’est  ce  qui  arrive  en  effet.  Dans  le 
décret  de  Canope,  je  rencontre  les  mots  suivants,  qui  sont 


DIALECTES  EGYPTIENS 


83 


absolument  semblables  à ceux  de  la  langue  des  monuments 
des  siècles  précédents  : 


DÉCRET  DE  CANOPE  ÉCRITURES  ANCIENNES 


r^i  © /ÿ  © ' 

AAAAAA  £2*  I I /WVAAA  élh 


AAAAAA 


• °Wa 


i 

I 

I 


bienfait,  employé  douze 
fois; 

accomplir,  iy*.u,  p.  128; 

honneurs,  consécra t io n , 
p.  129; 

statue,  imar/e,  p.  130, 
166,  168, 173  ; 

combat,  combattre, 

p.  131; 


P 


aaaaaa  1 


Vs 


77 


SJ 


f 


© 


arriver,  fortune , événe- 
ment, p.  123,  etc.  V. 
supra  ; 

misérable , lyoïie,  infir- 
mitas,  p.  133  ; 


chaleur,  p.  134,  162  ; 


f 


© 

I 


vie,  toivi,  p.  135  ; 
Phénicie,  p.  135; 


-.à  àyvsta,  p.  145; 


savoir,  p.  156; 
tout  à coup,  p.  157,  158; 
lorsque,  p.  160  ; 
autel,  p 161  ; 

opoaoî.  p.  161  ; 


I 


84  DIALECTES  ÉGYPTIENS 

DÉCRET  DE  CANOPE  ÉCRITURES  ANCIENNES 

I |1  | épi , p.  169,  173  ; 

£ J\  premier,  igopn,  p.  173  ; 

nourriture,  p.  175,  2 fois. 


1 


□ : 


□ 

zs 


1 1 1 


De  même,  au  décret  de  Memphis  : 


î-** 


XJ 


f' 


f 


et 


il,  n 

AAAAA  1 


O 


jeune  homme,  p . 1 ; 
vie , p.  2 et  4 ; 
savoir,  p.  26; 
consacrer , p.  33  ; 


survenir,  événement, 
p.  34  et  39  ; 


l\xj 

ÎW 

autel,  p.  36; 

r\  AAAAAA  c\ 

h.ê 

statue,  p.  43  ; 

n ® T) 

1 AAAAAA  1 /n 

xxÇr 

le  schent,  p.  49; 

1 ^ lü\ 

y 

M'Ii 

S \\ 

inférieur,  p.  49  ; 

P a 

(lj^ 

renverser,  p.  28. 

IV.  — Ainsi, 

d’une  part,  les 

deux  textes  couse 

comme  le  dialecte  memphitique,  l’usage  de  s5;  et. 
d’autre  part,  aucun  des  mots  en  |n]<||>  employés  ne  pro- 
vient d’un  mot  antique  en  ©,  comme  le  démontre  le  relevé 
suivant  : 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


85 


ÉCRITURE 

DÉM0T1QUB 


ORTHOGRAPHE 

HIÉROGLYPHIQUE 


punir  (Memphis,  p.  30). 

Cf.  § 't  Ia1»”- 

/\  aa/w^  U CI161 

jusque  (M.,  30  et  32; 
Canope,  142). 

3 

remplir  (M.,  42;  C.,  150 
et  156). 

» 

S 

bœufs  (M.,  33). 

plus  que  (M.,  33). 

u\ 

i i i 

droit  (M.,  35). 

raj^. 

deuil  (C.,  158). 

cf.  " Q miroir 

AAAAAA  1 X 

apparent  (M.  42), o-yumg, 
manifestare. 

t*;: 

xôdfAo;  M.,  43,  52). 

même 

racine 

ô’irXwv  TtapâÔsaiç  (M.,  23). 

~sf 

occuper,  *ajLe.gi(C.,  160). 

fl 

reine  (C.,  168). 

femme  (C.,  172). 

cœur  (M.,  2,  11,  etc.  ; 
C.,  133,  137,  162). 

U 

!)L, 

impôt  (M.,  12). 

f^ 

chevaux  (M.,  22  et  26). 

ritti 

détenir,  emprisonner 

(M.,  14). 

XJ 

\>  1 

coin , angle  (M.,  48). 

86 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


V.  — - Quant  aux  particularités  de  syntaxe,  remarquées 
dans  les  contrats  démotiques,  elles  ne  se  présentent  plus 
dans  les  deux  décrets  de  la  même  manière  : 

1°  Le  nom  de  Sôter  n’est  ni  traduit,  comme  dans  le 


/wwv>  cqcqcq  s*.  | n | 

contrat  de  Memphis,  par  ^ | | | (q\  | SJ  j « les 


dieux  qui  écartent  la  défaillance  »,  ni  transcrit,  comme  dans 


le  contrat  de  Thèbes,  par 


AAAAAA  cqcqc]  | 
111  ! 


AAAAAA  AAAAAA 


Jr 


mais  par 


ra 


les  dieux  qui  sauvent  » (M., 


p.  40),  expressions  qu’on  rencontre  aussi  dans  les  textes 
thébains. 

2°  L’usage  des  supports  pronominaux  n’y  est  pas  réglé 
absolument  comme  dans  les  contrats  que  nous  avons  exa- 
minés, et  l’on  ne  saurait  rattacher  sur  ce  point  les  décrets  à 
l’un  des  contrats  plutôt  qu’à  l’autre. 

a)  L’inscription  de  Tanis  unit  presque  toujours  le  pronom 
au  verbe  par  la  préposition  : 

à lui  : « qu’un  phylarque  soit  à elle  » (à  la  5e  classe 
de  prêtres,  p.  146);  « qu’on  fasse  être  à lui  » (p.  169);  « qu’on 
lui  dise  » (p.  169). 

w)j'AA  à elle  : « il  lui  dit  » (p.  163);  « qu’on  lui  fait  » (p.  164); 
« qu’on  produise  à elle  » (p.  166). 

AAAAAA 

j à eux  : « leur  ont  donné  » (p.  136)  ; « qu’ils  leur  fas- 
sent » (p.  137  et  171);  « qu’on  leur  dise»  (p.  139  et  140); 
« qu’ils  leur  fassent  être  » (p.  140),  « leur  ont  fait  » (p.  147). 

b)  On  emploie  quelquefois  ^4^  *.jul  : « lui  rendant  hon- 
neur » (p.  168). 

c ) Il  est  plus  curieux  de  trouver  l’emploi  de 

(mot  à mot  : sur  leur  échine)  dans  les  phrases  : « qu’ils  gra- 
vent le  nom  du  roi  sur  eux  (sur  leurs  bagues),  qu’ils  y gra- 
vent le  nom  du  roi  » (p.  140);  « établi  sur  elles  » (p.  152;  il 
s’agit  de  saisons  ou  de  la  manière  de  régler  l’année). 

De  même,  au  texte  de  Rosette,  on  trouve  : 

a)  à lui  : « lui  donna  » (p.  3 et  37);  « qu’ils  lui 


DIALECTES  EGYPTIENS 


8' 


disent  » (p.  41);  « lui  faisant  » (p.  41);  « on  lui  lit  » (p.  47 
et  50). 

b)  cl  e^e  •’  <l  qu’ils  t,u  fassent  » (p.  43);  « qu'ils  lui 
disent  » (p.  54). 

c)  <=>  j àeux' , sur  eux,  etc.  : « il  leur  céda,  il  /esexempta  » 

^ (j [j  ! (p.  13,  14,  33);  « veiller  sur  ein  » (p.  27); 

« ceux  qui  firent  impiété  contre  eux  ». 

Le  rédacteur  du  décret  de  Memphis  parait  avoir  plus  de 
tendance  à varier  les  prépositions  que  celui  des  actes  no- 
tariés : 

b)  0 ! en  eux,  leur  : « il  leur  supprima  » (p.  12). 

c)  sxl*  ! : « qui  leur  appartiennent  » (p.  lfi). 

d)  [ L ! : « les  faire  rester  pour  eux  » (p.  16);  « en  sorte  que 
leurs  biens  soient  pour  eux  » (p.  21). 

c)  • (l  sa  bienveillance  envers  eux  » (p.  45). 

Mais,  de  plus,  le  rédacteur  place  divers  supports  avant 
les  pronoms  : 

f)  /j\  : « la  puissance  royale  établie  pour  lui  » (p.  38). 

g)  ! ; « établir  pour  (ou  devant)  elles  l'ornement  » 
(p.  43)" 

A,^X!  : «les  anneaux  qu’ils  portent  sur  eu ./•  » 
(p.  55,  à leurs  doigts  et  non  sur  leur  dos). 

i)  S!  employé  même  devant  un  nom  : 


! : « que  cela  soit  accordé  aux  hommes  » 


(en  la  main  des  hommes,  p.  55). 

1.  Peut-être  faut-il  lire  /www  ! (comme  dans  le  texte  de  Tanis).  il  \ 

a bien  /,  mais  / et  — paraissent  s’échanger  dans  les  mêmes  formules. 
Si  / doit  se  lire  < — > p et  non  /www  n . cela  établirait  une  d i H<  ■!-<  • n ■ • 
entre  Tanis  et  Rosette, 


88 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


Conclusion.  — Les  deux  décrets  de  Canope  et  de  Mem- 
phis ayant  été  rendus  dans  la  Basse-Egypte,  il  y avait  lieu 
de  penser  a priori  que,  si  le  dialecte  mempkitique  existait 
alors,  c’était  en  ce  dialecte  que  les  décrets  devaient  être 
écrits.  L’étude  du  texte  confirme  en  effet  cette  présomption  : 
sans  parler  de  la  syntaxe,  qui  n’offre  peut-être  pas  de  règles 
concluantes,  la  paléographie,  la  présence  du  a,  celle  du  £ 
sans  dérivation  d’un  © antique,  la  fréquence  de  la  finale 
rattachent  la  langue  de  ces  deux  précieux  documents,  d’une 
part  au  dialecte  du  contrat  de  Memphis  que  nous  avons 
trouvé  différent  de  celui  du  contrat  thébain,  et  d’autre 
part  au  dialecte  mçmphi tique  usité  dans  les  textes  coptes. 

Différences  entre  les  deux  décrets.  — On  peut  main- 
tenant se  demander  si  les  deux  rédacteurs  ont  bien  exacte- 
ment employé  le  même  dialecte.  Or,  l’identité,  comme  on 
va  le  voir,  est  loin  d’être  absolue. 

1°  Ainsi,  les  scribes  n’ont  pas  tout  à fait  la  même  méthode 
d’écriture.  Chacun  d’eux  a ses  habitudes  particulières  dans 
l’emploi  de  certains  signes  homophones.  Par  exemple,  le 

scribe  de  Tanis  emploie  la  lettre  y/  , □,  n,  qui  est  inconnue 


au  scribe  de  Rosette.  On  la  trouve  dans  quatorze  mots, 
dont  quelques-uns  sont  répétés  plusieurs  fois.  Le  scribe  de 
Rosette,  en  ces  cas,  ne  se  sert  jamais  que  de  , dont  le 
scribe  de  Tanis  n’use  que  dans  la  ligature  qui  écrit  le  mot 
lepov,  employé  25  fois  sans  variante  d’ortho- 
statue  (C.,  p.  169  et  171);  le 


□ 


graphe,  et  le  mot 


□ 


nom  de  l’Egypte  est  écrit 

if  U'  I 1 I 

© dans  Rosette,  sans  la  barre  supérieure; 


dans  Tanis,  et  ? i 
O 


« en  tout  temps  » (p.  129)  de  Tanis 
textes  hiéroglyphiques)  est  écrit 
^>D  j vüv  te  xa:.  s’.;  xôv  eTteita  ^pôvov  (p.  45); 


O 


ou  des 


dans  Rosette  : □ 


ra 

oi 


(1 


i 


MT 

/WWV\  V I I 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


89 


« la  chose  établie,  la  coutume  » stO'.a-.jLévov  (Tunis,  p.  162) 
devient  ^ -à  slOiTuiv*  (Rosette,  p.  19),  etc. 

Cela  ne  touche  pas  au  dialecte. 

2°  Mais  ce  qui  commence  a être  plus  remarquable,  sans 
être  encore  décisif,  il  est  vrai,  c’est  que  le  rédacteur  du 
décret  de  Memphis  emploie  des  mots  que  celui  du  décret 
de  Canope  ignore  pour  rendre  la  mémo  idée.  L’idée  de  « .se 
préoccuper  de  » est  rendue  dans  l’inscription  de  Tunis  par 
à ^ JtTtî  O’-i  tcxvxoç  tco loüvca;  (p.  129), 

JtîtT  icpotTxâvxe<;  -/-t.oe^ovÎ/.w;  (p.  133),  ^ ^ [|  ^ 

(p.  134)  icpovoTj0évxeç,  tandis  que  l’inscription  de  Rosette  la 

=>  TCpoç  çûXaxc  (p.  29)  ou 


« faire  tout  soin  pour  » 


traduit  par  le  mot  j 

A/V\ 

par  l’expression  J 
(p.  19  et  22). 

3°  Bien  plus,  une  même  racine  peut  prendre  une  forme 
différente  dans  les  deux  textes  : Canope  écrit 

i,  préparatifs,  ^opriyMP-  130) , et  Memphis  jljj 


COIXTI, 

CO&TI,  yo^rf.oL  (p.  214). 

4°  Ensuite,  il  y a deux  points  plus  importants  à signaler  : 

a)  Dans  le  texte  de  Canope,  on  écrit 

„ , / „00  , , © 

Beo!  (p.  128,  etc.), 


l EuepY^*’- 


AAAAAA  Ci  I 

bienfait,  EÛspfsxoO/xEî  (p.  128), 

IWW»  o I V - 

eùsp-fscêa  (p.  136);  dans  Memphis  on  écrit  j (P-  2,  6, 
11,  etc.). 

b)  Dans  Canope,  on  écrit  ^ axôXiafjco;  (p.  126);  — 

AAAAAA  l W 1 

ii ii ni ii^  ^ 

dans  Memphis,  on  écrit  1 (p.  7). 

,WWVN 

c)  De  même,  Memphis  écrit  — — ° g=> , l’égyptien  antique 


•U=Ü 


« fort,  force  » (p.  37). 


i \x~j 


d)  De  même  □ 7 -Ji  (p.  39  et  41)  pour 
cm 


© □ , 

, - W n • 

I W I t>_==ü 


1.  Stèle  de  Bachtan,  etc.,  etc. 


90 


DIALECTES  ÉGYPTIENS 


e) 


éventail  (p.  9)  pour  ^ [|(|  J ^ ^ 1 . 

On  voit  par  ces  cinq  exemples  que  le  rédacteur  du  texte 
de  Rosette  a une  tendance  à changer  © *5  en  nn  ty  dans 
certains  mots.  Or,  on  sait  que  le  dialecte  memphitique 
introduit  volontiers  la  chuintante  où  le  sahidique  garde 
les  gutturales,  les  aspirées  ou  la  sifflante. 

Il  ne  faut  pas  non  plus  négliger  une  autre  permutation  : 
dans  les  deux  décrets,  le  verbe  (pii  signifie  prendre  est 
ordinairement  écrit  ^ (M.,  p.  8,  30,  47,  50,  51)  — 

= L^pJ , ign'2;  mais  dans  le  texte  de  Rosette  on  trouve  la 
variante  dans  la  phrase  : « Il  ordonna  de  ne  point 

prendre  d’homme  par  force  » (p.  18). 

5°  Enfin  le  même  mot  n’a  pas  toujours  le  même  genre 
dans  les  deux  textes  ; celui  de  Tanis  dit  : 


« la  vie  »,  sto-TTjp'a  (p.  135); 


le  texte  de  Rosette,  au  contraire,  fait  ce  mot  du  genre 
masculin  : 

□ O ■?■  © « la  vie  »,  xôv  jffôv  (p.  2). 

La  formule  'Ayaefi  est  traduite  dans  le  décret  de 
Canope  : 


et  dans  celui  de  Memphis  : 


(p.  38). 


L’un  des  rédacteurs  semble  faire  les  noms  abstraits  du 
genre  féminin,  l’autre  du  genre  masculin3. 


1.  Champollion,  Monuments,  t.  III,  p.  219,  etc. 

2.  Voir  Brugsch,  Zeitschrift,  t.  II.  p.  43. 

3.  On  trouve  ces  mêmes  différences,  pour  plusieurs  mots,  dans  des 
textes  hiéroglyphiques  anciens, 


DIALECTES  ÉGYPTIENS  91 

Ainsi,  bien  que  les  deux  textes  appartiennent  au  dialecte 
memphitique,  il  y aurait  entre  eux  des  différences  remar- 
quables, notamment  des  différences  dans  le  genre  des  mots, 
et  surtout  le  changement  du  © en  i~n— i dans  le  texte  de 
Rosette.  Peut-être  en  conclurait-on  légitimement  que  le 
rédacteur  du  décret  de  Canope  appartenait  par  son  langage 
à l’Égypte  inférieure,  et  que  celui  du  décret  de  Memphis 
écrivait  la  langue  parlée  à Memphis  même. 

Je  répète,  en  terminant,  que  je  n’ai  pas  l’intention  d’éta- 
blir du  premier  abord  des  règles  absolues  sur  quelques 
points  de  détail.  Mais,  en  face  de  la  théorie  généralement 
admise  que  toutes  les  variantes  que  l’on  rencontre  sont  le 
produit  de  la  modification  de  la  langue  par  le  temps,  j’ai 
cru  nécessaire  de  faire  des  réserves  et  de  poser  la  thèse,  nou- 
velle en  égyptologie  (en  dehors  du  copte),  que  certaines  va- 
riantes tiennent  à l'influence  locale,  ou,  en  d’autres  termes, 
constituent  des  dialectes.  Dans  toutes  les  langues  qui  ont 
une  histoire,  ces  deux  causes,  le  temps  et  le  lieu,  agissent 
concurremment,  pourquoi  n’en  serait-il  pas  de  même  en 
égyptien?  Je  reviendrai  probablement  sur  cette  question; 
mais  je  n’en  invite  pas  moins  mes  savants  confrères  à l’exa- 
miner et  à relever  soigneusement  les  faits  qu’on  doit  rap- 
porter à l’une  ou  à l’autre  cause. 


Orléans,  décembre  1880. 


LES  MOTS 


y o^i 


ET  f J 


« DROITE  » ET  « GAUCHE  » 1 2 3 4 


Ce  mémoire  sur  Ammon5  me  donne  l’occasion  de  fournir 
un  renseignement  sur  une  question  débattue  dernièrement, 
je  veux  parler  de  la  révision  de  la  valeur  du  groupe 


\\  , 

r 

^ faite  par  M.  Chabas 1 et  que  les  lecteurs  de  la  Revue 
connaissent  par  la  lettre  de  M.  de  Horrack''. 

Une  des  formes  d’ Ammon  est  celle  d’Ammon  ithyphal- 
lique  On  sait  que  d'après  les  habitudes  du  dessin  hiéra- 
tique les  personnages  se  présentent  la  tête  de  profil  et  le 
buste  de  face,  mais  on  reconnaît,  par  les  colliers,  etc.,  que 
la  poitrine,  et  non  le  dos,  est  mise  du  côté  du  spectateur.  Il 
en  résulte  que,  dans  la  représentation  d’Ammon  ithyphal- 
lique,  c’est  certainement  le  ôras  gauche  qui  soutient  le 


1.  Note  inédite,  destinée  à la  Revue  archéologique. 

2.  Le  mémoire  sur  le  grand-prêtre  d’Ammon  (voir  ci-après). 

3.  Chabas,  Les  Inscriptions  des  mines  d’or , 1862,  dans  les  Mémoires 
do  la  Société  d’histoire  et  d’archéologie  de  Chalon-sur-Saône , t.  IV, 
p.  470-472  (=  Bibliothèque  èggptologique , t.  X,  p.  226-230);  Lettre  à 
M.  le  D r R.  Lepsius  sur  les  mots  égyptiens  désignant  la  droite  et  la 
gauche,  dans  la  Zeitschrift  für  àgyptische  Sprache,  1865,  p.  9. 

4.  De  Horrack,  Lettre  à propos  d’un  mot  égyptien  signifiant  la 

gauche,  dans  la  Reçue  archéologique,  1862,  t.  II,  p.  368-369. 


94 


LES  MOTS  ET  f J ^ 


fouet.  Or,  dans  la  panégyrie  de  Médinet-Habou,  cette  re- 
présentation est  accompagnée  de  la  légende  : 


*/U-F  HeR  QÂHU-F  A BT 


que  M.  de  Rougé  (Stèle  égyptienne)  a traduit  : « Son  fouet 
est  sur  son  bras  droit.  » 

La  disposition  de  la  ligure  indique  qu’il  faut  traduire  : 
« Son  fouet  est  sur  son  bras  gauche.  » 

Ce  qui  me  parait  une  preuve  sans  réplique  de  l’équiva- 
lence chez  les  Égyptiens  de  Y orient  et  de  la  gauche. 


11 


HISTOIRE 


MONUMENTS  DES  VIIP-X"  DYNASTIES1 


En  lisant  le  catalogue  des  fouilles  d’Abvdos,  un  fait  frappe 
immédiatement  : trois  dynasties  seulement  de  l’Ancien- 
Empire  paraissent  avoir  régné  sur  cette  ville,  et  leurs  con- 
temporains seuls  y ont  été  enterrés,  savoir  : la  VIe,  la  XIIe 
et  la  XIII0  que  Mariette  ne  peut  distinguer  de  la  XIVe,  à 
laquelle  il  attribue  cependant  les  monuments  de  jfj°]  ^ | 
ceux  qui  en  rappellent  le  style. 

De  là  ressortirait  une  conséquence  importante,  la  contem- 
poranéité des  VIIe  et  VIIIe  dynasties  memphites,  ainsi  que 
des  IXe  et  Xe  dynasties  héracléopolitaines,  soit  avec  la 
VIe  dynastie  memphite,  soit  avec  la  XIIe  dynastie  thébaine. 

Mais  cette  conclusion  serait  fausse,  car  il  est  établi  que 
les  rois  de  la  VIe  dynastie,  comme  ceux  de  la  XIIe,  ont  régné 
sur  toute  l’Égypte.  Leurs  monuments  sont  répandus  depuis 
Assouan  jusqu’au  Sinaï. 

Alors  la  VIIIe  dynastie  memphite  (je  ne  compte  pas  la 
VII0  qui  ne  règne  que  70  jours)  n’est  que  la  continuation  de 
la  VIe,  également  memphite. 

Comment  donc  cette  VIIIe  dynastie  n’est-elle  pas  repré- 
sentée à Abydos?  Je  pense  qu’il  est  impossible  qu’il  en  soit 
ainsi.  Une  dynastie  qui  a duré  146  ans  a dû  laisser  des  traces 
à Abydos.  Si  Mariette  n’en  fait  pas  mention,  c’est  que  cette 
considération  lui  a échappé,  et  dès  lors  il  a mêlé  les  monu- 

1.  Extrait  du  Recueil  de  Tracaux , 1892,  t.  XII,  p.  48-53. 

Bibl.  BGYPT.,  T.  XV. 


7 


98 


MONUMENTS  DES  VIIIe-Xe  DYNASTIES 


ments  de  la  VIIIe  à ceux  de  la  VIe,  de  la  XIIe  et  même  des 
XIIIe-XIVe. 

Le  malheur  est  que  nous  ne  connaissons  pas  la  VIIIe  dy- 
nastie, les  extraits  de  Manéthon  n’ayant  pas  donné  le  nom 
de  ses  rois,  ni  ceux  non  plus  de  la  IXe,  de  la  Xe,  de  la  XIe, 
de  sorte  que,  si  l’on  rencontre  des  noms  étrangers  à la  VIe 
et  à la  XIIe,  on  ne  sait  dans  quelle  dynastie  intermédiaire 
les  placer.  Aussi  a-t-on  essayé  plus  d’un  système  pour 
ranger  dans  les  dynasties  le  nombre  assez  grand  de  ces  rois. 
Au  milieu  de  ces  hypothèses,  il  n’y  a peut-être  que  deux 
points  certains  : c’est  que  le  roi  Ouàh-ân x.  ANTEF  tprè- 
cède  de  deux  ou  trois  règnes  Amenemhàt  Ier,  roi  de 
la  XIIe  dynastie,  d’après  la  stèle  de  Leyde,  mise  en  lumière 
par  M.  de  Rougé;  secondement,  la  table  de  Séti  Ier  et  celle 
de  Ramsès  II  nous  donnent  indubitablement  l’une  de  ces 
dynasties  intermédiaires.  Sans  vouloir  ici  débrouiller  cette 
chronologie,  il  me  suffira  de  rechercher  si,  dans  la  masse 
des  monuments  recueillis  par  Mariette,  il  ne  s’en  trouverait 
pas  quelques-uns  qu’on  puisse  rapporter  à cette  époque.  On 
ne  doit  pas  s’attendre  à en  trouver  beaucoup.  Des  dynasties 
memphites  ou  héracléopolitaines  (surtout  si  elles  n’ont 
régné  que  sur  une  partie  de  l’Egypte,  ce  qui  est  fort  pos- 
sible) ne  doivent  avoir  laissé  que  peu  de  traces  à Abydos. 
Mais  ces  rois  portent  des  noms  si  rares  sur  les  monuments, 
que  la  réunion  de  plusieurs  d’entre  eux  sur  une  stèle  peut 
engager  à l’attribuer  à leur  temps. 

M.  Lieblein,  de  Christiania,  qui  est  un  esprit  observateur 
et  qui  se  plaît  aux  questions  difficiles  de  la  chronologie,  a 
essayé  ce  genre  de  recherches  ',  mais  je  ne  suis  pas  sûr  qu’il 
ait  réussi,  et  il  me  sera  permis  de  faire  une  objection  à l’une 
de  ses  attributions.  Je  veux  parler  de  la  présence  du  nom  de 
1 1 — UjijO  sur  la  stèle  de  Londres1 2.  Ce  nom,  à lui  seul,  ne 


1 . Recherches  sur  la  Chronuloyie  èyyptienne,  p.  48. 

2-  Lieblein,  Dictionnaire  des  nains,  p.  79. 


MONUMENTS  DES  VIII°-Xe  DYNASTIES  99 

scmble-t-il  pas  repousser  cette  stèle  jusqu’à  la  dynastie  que 
Mariette  appelait  la  XI Vü?  Quant  aux  deux  autres,  l'attri- 
bution n’en  parait  pas  certaine  à M.  Lieblein;  de  sorte  que, 
de  son  propre  aveu,  la  découverte  des  monuments  de  la 
VIII0  dynastie  ou  des  suivantes  reste  hypothétique. 

I.  — Sur  la  stèle,  on  trouve  la  généalogie  suivante  : 


_û© 


m i 


On  sait  qu'il  était  d’habitude  chez  les  Égyptiens  de  donner 
à un  enfant  le  nom  de  son  grand-père  Au  contraire,  il  est 
excessivement  rare  qu’un  fils  porte  le  nom  de  son  père.  On 
peut,  si  l’on  veut,  au  moyen  du  Dictionnaire  des  noms  de 
M.  Lieblein,  vérifier  le  fait  sur  les  cent  généalogies  nos  301 
à 400,  qui  correspondent  à l’époque  que  nous  étudions,  on 
n’en  trouvera  que  deux  exemples  (n°  384  deux  Mentouhotep, 
n"  398  deux  Sebek-sa);  mais,  au  contraire,  on  aime  à rap- 
peler son  nom  dans  celui  de  ses  enfants.  Ainsi,  une  femme 
nommée  ^ ^ aura  pour  lus  /wwv,  — — o j et  pour 

r1^  , o à D,e  , r1^ 

petits-nls  aaaaaa  ^ /wwv\  ^ et 

O I 


□ 


; une  dame 


© 


pour  petits-fils 


a pour  1 

nr\  AAAAA 

I J 


o, 

I 


I /www 
/VWW\ 
/wvw\ 


r_J 

et 


(Lieblein,  397 


et  388)  : on  en  pourrait  citer  des  exemples  dans  de  très  nom- 
breuses familles. 

J’en  arrive  à penser  que,  au  moins  dans  un  certain  nombre 
de  cas,  quand  le  père  et  le  fils  portent  le  même  nom,  il  y 
en  a une  raison,  celle-ci  par  exemple  : le  père  et  le  fils  sont 
nés  sous  des  rois  portant  le  même  nom.  Ainsi  ° J,  le  chef 
des  chanceliers,  sera  né  sous  un  roi  ColtÊÊê].  et  aura  eu, 
sous  un  roi  du  même  nom,  un  fils  auquel,  en  sa  qualité  de 


100 


MONUMENTS  DES  VIIIe-Xe  DYNASTIES 


chef  des  chanceliers  et  de  ^j.  ijj  « suivant  du  roi  »,  il  aura 


encore  donné  le  nom  de  ~ ^ ^ ; de  sorte  que,  par  excep- 

tion, le  père  et  le  fils  ont  porté  le  même  nom. 

Or,  cette  circonstance  s’est  présentée  deux  fois,  savoir  : 
pour  les  deux  premiers  rois  de  la  Xe  (?),  l’un  J LlJ»  l’autre 

('q^LJ  ; et  pour  le  Xe  et  le  XIe  J U ° (jfj  l'j'l  et 

("o  J U ~“a  0^,  et  elle  ne  se  retrouve  nulle  autre  part. 

Malheureusement,  les  quelques  noms  qui  accompagnent 
ceux  des  deux  Rânefer  ne  permettent  pas  de  préciser  à quel 
règne  ils  appartiennent;  mais  il  reste  probable  que  cette 
stèle  est  un  monument  des  VIIIe-Xe  dynasties. 

Elle  a pour  caractères  : 1°  0m44  de  hauteur  sur  30  de  large; 
2°  le  sommet  cintré  ; 3°  le  personnage  principal  peint  en 
rouge  ; 4°  les  deux  chacals  dans  le  cintre;  5°  le  défunt  (assis?) 
reçoit  l’offrande  de  son  fils:  de  même  au  second  tableau  un 
« chef  du  palais  du  pharaon  (lier  pir  n Perâa)  » reçoit  l’hom- 
mage de  deux  autres  fonctionnaires;  6°  aux  noms  des  rois 
des  VIIIe-Xe  dynasties,  nous  ajouterons  comme  usités  alors 
(je  ne  dis  pas  exclusivement)  ceux  de 

l’fi 


0 


o 

et  a — ° 


ÏJJ 


Notons  encore  cette  circonstance  historique  que  l’un  des 
personnages  figurés  au  second  tableau  est  « grand  prêtre  de 

Sebek  Sedi  ( [IJj  ) »,  ce  qui  tend  à prouver 

les  relations  du  Fayoum  avec  la  Haute-Égypte  (puisqu’un 
de  ses  habitants  vint  se  faire  enterrer  à Abydos)  et  par  suite 
peut-être  la  domination  d’une  de  nos  dynasties  sur  toute 
l’Egypte.  En  tout  cas,  cela  confirmerait  l’attribution  de  la 
stèle  à une  famille  de  la  Basse-Égypte. 

II.  — Une  autre  stèle  que  Mariette  a placée  au  premier 
règne  de  la  XI1°  dynastie  (n°  588)  nous  fait  connaître  un 

autre  oj  qui  est  Z | et  un  second  oj  qui  est 


MONUMENTS  DES  VIIIe-Xe  DYNASTIES 


101 


, que  stèle  nous  présente  en  deux  pros- 
cynèmes  affrontés. 

« La  stèle  est  rectangulaire,  entourée  d’un  linteau  et  de 
deux  montants  en  relief.  » 

Les  autres  noms  appartiennent  bien  à la  durée  de  l’Ancien 
et  du  Moyen-Empire. 

Après  les  remarques  qui  précèdent  sur  la  précédente 
stèle,  on  peut  provisoirement  placer  celle-ci  dans  les  dynas- 
ties intermédiaires. 


III.  — Le  nom  de 


oïï  □ 


qui  rappelle  celui  du  roi 
ne  se  voit  que  dans  une  stèle  d’Abydos 


qu’il  est  difficile  de  classer.  Mariette  l’a  placée  au  règne 
d’Amenemhàt  Ier  et  d’Ousertsen  Ier,  parmi  « une  trentaine 
de  stèles  qu’on  reconnaît  au  premier  coup  d’œil  comme  le 
produit  du  même  art,  de  la  même  époque  et  de  la  même 
main.  Le  grain  de  la  pierre  est  dans  toutes  identique,  les 
hiéroglyphes  ont  la  même  finesse,  les  personnages  y sont 
toujours  élancés  et  maigres.  » 

Or,  on  peut  admettre  que  ces  stèles  ayant  été  confection- 
nées à Abydos,  on  a pu  y employer  la  même  pierre,  même 
quand  elles  n’appartiendraient  pas  absolument  au  même 
règne;  qu’appartenant  à la  même  époque  ou  au  moins  à des 
époques  voisines,  elles  doivent  offrir  les  caractères  du  môme 
art.  Si,  par  exemple,  la  VIIIe  dynastie  et  la  XIIe  avaient  été 
contemporaines  quelque  temps,  l’une  à Memphis,  l’autre  à 
Thèbes,  les  stèles  érigées  par  des  personnages  memphites  à 
Abydos  ne  devraient  pas  différer  de  celles  consacrées  par 
des  défunts  de  Thèbes  ou  d’Abydos. 

Bien  plus,  m’emparant  de  l’observation  de  Mariette,  je 
vais  dire  qu’une  stèle  qui  porte  des  noms  de  la  VIIIe  (?)  et 
des  noms  de  la  XIIe  prouve  la  contemporanéité  des  deux 
dynasties.  La  XIIe  dynastie  a régné  à un  certain  moment 


1 . N°  44  de  la  table  de  Séti  I". 


102 


MONUMENTS  DES  VIIIe-Xe  DYNASTIES 


sur  toute  l’Égypte  : je  le  concède;  mais  il  y aura  aussi  des 
règnes  pendant  lesquels  elle  a été  contemporaine  de  la  VIIIe. 
C’est  précisément  ce  que  tendrait  à prouver  la  nomenclature 
de  la  stèle  d’Abydos  n°  567.  En  effet,  on  y voit  plusieurs 


noms 


s et  ^5^  C*u^  sont  mais  il 


I » (WVVV\  — * — « ' ■ - ■ ■ 

en  est  d’autres  qui  nous  reportent  aux  époques  antérieures. 
La  mère  du  défunt  est  ( 


c’est-à-dire  que 
son  nom  rappelle  l’un  des  premiers  rois  de  la  IVe  dynastie’ 
et  nous  fait  présumer  une  famille  memphitique.  Le  défunt 
lui-même  est  ^ (j(j  O,  dont  le  nom  rappelle  le  roi 
de  la  VIe  dynastie.  Quatre  <e=cinn 


(j portent  ainsi  le 

AAAAAA  II  1 /WWW  -fy  f\ 

nom1 2  d’une  reine  de  la  VIe  dynastie.  Les  deux  ©x\(l  ou 
©(jfj^  rappellent  le  nom  de  Xua,  père  de  la  femme  du 
roi  Pepi-Râmeri,  mère  des  rois  Rà-mer-n  et  Râ-nofer-ka 


(n°  523).  Enfin,  les  deux 


et  surtout 


g,  fils  d’An, 


appartiennent  soit  à la  VIIIe,  soit  à la  Xe  dynastie  (Canon 
de  Turin  et  Table  d’Abydos). 


Le  nom  de 


clue  Lieblein  regarde  comme 


caractéristique  des  dynasties  que  nous  cherchons,  se  trouve 
avec  trois  Antouf,  un  Ousertsen,  deux  Râ-s-hotep-ab  et 
Meri-hor,  sur  la  stèle  n°  738. 

De  même  pour  la  stèle  758. 

De  sorte  que,  si  la  X1'  dynastie  et  la  XIe  sont  contempo- 
raines, comme  le  veut  M.  Lieblein3 4;  s’il  est  prouvé  par 
M.  de  Rougé’  que  la  XIIe  dynastie  succède  immédiatement 
à la  XIe,  il  n’en  est  pas  moins  vrai  aussi  que  nous  lui  trou- 


1.  Cf.  une  stèle  (n°  762)  que  Mariette  place  à la  XII”  dynastie,  qui 
est  au  nom  du 
flb  de 

2.  Usité  sous  la  XII”,  nos  646  (Amenemhât  II),  720,  728. 

3.  Lieblein,  Chronologie. 

4.  De  Rougé,  Reçue  archéologique,  décembre  1849. 


• n <300-  f 

nier  ptr  uer  Sen-ânx  et  du  sutcn  vey  ' I tous  deux 


MONUMENTS  DES  VIIIe-Xe  DYNASTIES 


103 


vons  une  connexité  marquée  avec  les  dynasties  précédentes. 

Je  ne  prétends  pas  résoudre  les  difficultés  du  classement 
de  ces  dynasties  : il  faudrait  pour  cela  des  documents  plus 
clairs  que  la  stèle  567.  Mais  je  l’ai  discutée  et  signalée  ici 
comme  un  des  éléments  importants  de  la  solution  de  la 
question. 

IV.  — S’il  est  un  nom  qui  semble  dépaysé  au  milieu  des 
stèles  de  la  XIIIe  dynastie,  c’est  assurément  celui  de  (j(j 
qu’on  est  habitué  à rencontrer  sous  la  VIe  dynastie  et  sous 
la  XIIe  seulement.  Aussi  M.  Lieblein,  à la  recherche  des 
monuments  de  la  VIIIe  dynastie,  en  a-t-il  fait  un  des  noms 
typiques  de  cette  dynastie,  l’une  des  plus  inconnues  de 
l’histoire  d’Egypte.  Ce  nom  seul,  bien  entendu,  ne  suifit 
pas  pour  attribuer  un  monument  à cette  VIIIe  dynastie;  il 
faut  s’appuyer  sur  quelque  autre  preuve;  c’est  ce  que  nous 
allons  essayer. 

Une  « stèle  funéraire  de  dix  lignes  horizontales  mal  gra- 


vées » (Mariette,  A b y do. s,  n°  987)  est  au  nom  de 


lils  de 

chose  que  les  cartouches 


Or,  ces  deux  noms  qu’est-ce  autre 

WSMQ] 


de 


rois  connus  par  la  table  de  Séti  Ier  et  de  Ramsès  et  par  le 
fragment  47  du  Papyrus  royal?  — Notons  que  cette  stèle 
est  en  grès  rougeâtre,  ce  qui  est  une  anomalie  parmi  les 
stèles  de  la  XIIIe  dynastie,  (pii  sont  toutes  en  calcaire.  Elle 
mesure  27  centimètres  sur  18. 


fl 


né  de 


V.  — La  stèle  n°  1000  est  au  nom  de 

/VWV'A  O / <?  ? Ci 

Elle  offre  plusieurs  particularités  remar- 


J J û 

q ua  blés. 


ci)  « Stèle  en  cette  forme  \J,  rien  au  sommet.  » C’est  la 
seule  stèle  du  catalogue  de  cette  forme. 

b)  « Quatre  lignes  horizontales  de  texte  suivies  de  deux 
tableaux  superposés.  » On  y rencontre  des  signes  hiératiques 
mêlés  aux  hiéroglyphes  (comme  sur  bien  d’autres  stèles). 


104 


MONUMENTS  DES  VIIle-Xe  DYNASTIES 


Les  lignes  horizontales  débutent  par  un 


© -m-  /W'A'VV  5 -n  in; 

* Æ » mi? 


i“î> 


oîo’etc- 


c)  « Au  premier  tableau,  le  défunt  et  la  femme  (j  jj 
( pour  n n ) reçoivent  les  offrandes  qu’apportent  le  père 


(du  défunt) 


et  sa  femme 


Le  tableau  du  re- 


gistre inférieur  montre  un  (j-<g>-(j  et  sa  femme  de- 

bout, recevant  l’hommage  de  leur  fille  -0  [X  de  leur  fille 
TT^et  d’une  autre  femme  dont  le  nom  est  illisible.  » 
On  remarquera  cette  circonstance  fort  rare  d’un  père  et 
d’une  mère  rendant  hommage  à leur  fils. 

VI.  — Le  nu  1011  est  une  « Stèle  funéraire.  Style  très 
grossier.  Les  hiéroglyphes  sont  à peine  grattés  et  semblent 
avoir  été  tracés  avec  une  pointe  aiguë.  Le  défunt  s’appelle 
(j(j,  les  autres  noms  ne  peuvent  être  lus  avec  certitude.  » 
— Calcaire. 


VII.  — Je  ne  veux  pas  détailler  toutes  les  stèles  où  se 
rencontre  le  nom  de  (j(J  (comme  le  n°  733);  il  ne  me 
reste  à signaler  comme  la  plus  intéressante  que  la  stèle  749, 
sur  laquelle  figure  un  ^ 1 1 J , nom  fort  rare,  et  qui  est 
celui  d’un  des  rois  de  cette  époque  sur  la  liste  d’Abydos. 

Je  ne  puis  aussi  que  renvoyer  aux  recherches  de  M.  Mas- 
pero dans  les  nécropoles  memphites1,  où  il  a rencontré  des 
tombeaux  d’une  construction  particulière,  qu’il  n’est  pas 
invraisemblable  d’attribuer  aux  dynasties  intermédiaires 
entre  l’Ancien  et  le  Moyen-Empire. 

M.  Schiaparelli,  de  son  côté,  dans  son  beau  Catalogue  du 
Musée  de  Floi'ence,  a décrit  certains  monuments  qu’il 
attribue  aussi  à cette  époque.  Il  s’appuie  sur  des  considéra- 
tions de  style  dont  on  ne  peut  juger  qu’en  face  des  stèles 


1.  Trois  Années  de  fouilles,  dans  les  Mémoires  de  la  Mission  au 
Caire,  t.  I. 


MONUMENTS  DES  VIIIe-Xe  DYNASTIES 


105 


elles-mêmes.  Mais  je  ne  puis  m’empêcher  de  dire  qu’il  ren- 
voie à la  XIe  dynastie  le  monument  qu’on  peut  donner  avec 
le  plus  de  probabilité  aux  temps  antérieurs. 

C’est  une  statuette  d’un  caractère  tout  à fait  spécial  : 
« Elle  représente  le  défunt  ^ assis  sur  un  siège  très 
singulier,  à haut  dossier.  Les  bras  sont  adhérents  aux  flancs 
et  les  mains  sur  le  bord  de  sa  shenti,  blanc  et  plissé  à plis 
fins  et  réguliers;  sa  taille  est  serrée  dans  une  ceinture  de 
couleur  jaune;  les  cheveux  un  peu  courts  et  réunis  en  petites 
boucles  : au  cou,  il  porte  un  collier  qui  paraît  formé  de 
pièces  de  verre.  Le  reste  du  corps  est  nu  et  coloré  en  rouge 
foncé,  tel  qu’on  représente  la  carnation  des  hommes  de  l’An- 
cien-Empire.  Les  yeux  sont  gros  et  paraissent  sortir  de  leur 
orbite,  comme  ceux  d’un  homme  en  fureur.  Les  muscles 
de  la  poitrine  sont  très  développés,  les  pieds  proportionnés  : 
tous  les  traits  en  général  très  anguleux,  mais  pleins  de 
vigueur.  Cette  statue  n’a  de  conventionnel  que  la  pose  et 
révèle  en  celui  qui  l’a  sculptée  un  artiste  peu  habile,  mais 
imitateur  soigneux  de  la  nature.  L'inscription,  horriblement 
gravée  et  peinte  en  rouge,  couvre  le  côté  postérieur  du 


siège  et  se  poursuit  sur  le  côté  droit  : 


<25- 


O 


£5^?  U 

/wvw\  S W'P 


WJJ 


/WW\A 


« Don  de  royale  offrande  à Osiris,  seigneur 

d’Abydos.  Qu’il  accorde  le  per-khrou  au  double  de  Thoti, 
fils  d’Anou.  Par  son  frère1  Snibef  qui  fait  vivre  son  nom.  » 
— Calcaire  peint,  h.  0m22. 

Deux  choses  frappent  dans  ce  petit  monument  : son  ca- 
ractère artistique  et  les  noms  des  personnages. 

La  rudesse  du  travail,  unie  à sa  liberté  dans  l’oubli  des 
formes  conventionnelles,  le  placerait  bien  à une  époque 


1.  Le  X/  est  tracé  en  écriture  hiératique.  M.  Schiaparelli  l’a  lu, 

Sj  AAAAAA 

à tort,  selon  moi,  et  traduit  « Per  parte  del  suo  nipote  Senbef  ». 


106 


MONUMENTS  DES  VIIIe-Xe  DYNASTIES 


telle  que  nous  nous  figurons  l'intervalle  qui  sépare  la  VIe  dy- 
nastie de  la  XIIe,  période  de  division  de  l’Egypte  partagée 
probablement  entre  plusieurs  dynasties  rivales  (la  VIIIe  à 
Memphis,  la  IXe  et  la  Xe  à Héracléopolis),  sans  compter 
les  princes  féodaux,  plus  ou  moins  indépendants,  comme  les 
de  Thèbes  du  nom  d’Antouf  et  de  Mentouhotep,  ori- 
gine de  la  XIe  dynastie  : tous  les  égyptologues  ont  constaté 
à cette  époque  une  éclipse  de  l’art  des  premières  dynasties, 
suivie  de  tentatives  qui  préparent  la  renaissance  sous  la 
XII°  dynastie.  Aussi,  M.  Schiaparelli  attribue-t-il  la  sta- 
tuette du  Musée  à la  XIe-XIIe  dynastie.  Je  la  regarde 
comme  un  monument  des  dynasties  intermédiaires  entre  la 
VIe  et  la  XIe. 

Un  deuxième  indice  de  cette  attribution  se  tire  du  nom 


A Ce  nom  ne  se  trouve  ni  au  Catalogue  d'Abydos 

de  Mariette,  ni  au  Dictionnaire  des  noms  de  M.  Lieblein. 
Je  ne  le  connais  que  par  un  seul  monument,  et  c’est  préci- 
sément le  nom  du  roi  l’un  des  derniers  de 

la  Xe  (?)  dynastie  sur  la  table  de  Séti  Ier. 

A cette  statue,  il  conviendra  probablement  de  joindre 


celle  de  LJ 


. r\  AAAAA 

P J 


« Il  est  debout,  dans  une  attitude 


conventionnelle,  appuyé  à un  pilastre,  la  jambe  gauche  en 
avant,  les  bras  collés  le  long  du  côté.  Non  moins  conven- 
tionnelle est  la  manière  dont  le  corps  est  traité,  excepté  le 
visage  qui  se  distingue  par  les  lèvres  grosses  enflées,  par 
le  menton  rond  et  les  joues  charnues  et  proéminentes.  Il  est 
vêtu  d’une  shenti  blanche  et  plissée,  serrée  aux  côtés  par 
une  petite  ceinture.  Par  l’arrangement  des  cheveux  et  la 
couleur  de  la  carnation,  cette  statue  se  rapproche  de  celle 
de  Thoti'  ». 

Peut-être  même,  faut-il  encore  ajouter  à ce  groupe  une 


1.  Schiaparelli,  Cataloçjo,  p.  191. 


MONUMENTS  DES  VIIIe-X®  DYNASTIES 


107 


troisième  statuette,  celle  de  (Florence,  1787, 

Schiaparelli,  Cata/ogo , n°  1500),  quoique  d’un  meilleur  style. 

De  sorte  qu’on  peut  dire  que  si  nous  ne  voyons  pas  en- 
core les  YIII°-Xe  dynasties  d’une  manière  certaine,  nous  les 
entrevoyons  déjà  dans  d’assez  nombreux  monuments.  Les 
observations  de  plusieurs  savants  et  mes  propres  remarques, 
que  je  soumets  à leur  critique,  les  ont  multipliés.  Une  dé- 
couverte heureuse  viendra  lever  tous  les  doutes  et  changer 
quelques  hypothèses  en  réalités. 


DE  L’ÉLECTION  ET  DE  LA  DURÉE 

DES 

PONCTIONS  DU  GRAND  PRÊTRE  D’AMMON 

A THÈBES* 


La  traduction  des  inscriptions  de  la  statue  funéraire  de 
Bak-en-Khensou  conservée  dans  le  Glyptothèque  de  Mu- 
nich, que  M.  Devéria  a donnée  dans  un  des  derniers  numéros 
de  la  Revue*,  nous  a révélé  de  la  manière  la  plus  certaine 
l’organisation  du  haut  sacerdoce  dans  le  temple  d’Ammon 
à Tlièbes.  On  sent  facilement  l’importance  de  cette  décou- 
verte. Le  temple  d’Ammon  était  l’un  des  centres  les  plus 
célèbres  de  la  religion  égyptienne.  Thèbes,  comme  Abydos 
et  Héliopolis,  était  le  siège  d’une  école  théologique  et  phi- 
losophique dont  les  doctrines  ont  laissé  partout  des  traces 
sur  les  monuments  et  dans  les  papyrus.  Il  n’est  donc  pas 
indifférent  de  connaître  le  corps  chargé  de  conserver  la 
science  et  de  diriger  l’administration  dans  un  temple 
célèbre  par  son  enseignement,  puissant  par  ses  richesses, 
pourvu  d’un  personnel  nombreux  de  prêtres  et  de  fonction- 
naires de  toute  espèce,  dont,  à certaine  époque,  les  souve- 
rains pontifes  purent  renverser  la  dynastie  régnante  et 
s'emparer  du  trône. 

1.  Extrait  de  la  Reçue  archéologique,  1863,  nouvelle  série,  t.  VII, 
p.  44-61. 

2.  [Reçue  archéologique,  1862,  nouvelle  série,  t.  VI,  p.  101-104,  et 
Mémoires  de  l’Institut  èggptien,  1862,  t.  I,  p 701-754.  Voir  Biblio- 
thèque èggptologique,  t.  IV,  p.  269-273  et  275-324.] 


110 


de  l’élection  et  de  la  durée 


Toutefois,  je  n’essayerai  pas  de  donner  en  ce  moment  un 
tableau  de  cette  vaste  organisation,  mais  seulement  d’éclaircir 
une  question  qui  pourrait  donner  lieu  à controverse.  Je 
veux  parler  de  la  nature  ou  mieux  encore  de  la  durée  des 
fonctions  du  grand  prêtre  d’Ammon.  Comment  parvenait- 
on  à cette  charge?  Était-elle  viagère  ou  était-elle  d’une 
durée  limitée?  Parait-il  d’après  les  monuments  que  les 
conditions  d’obtention  aient  changé  à diverses  époques? 

A ne  consulter  que  la  statue  funéraire  de  Bak-en-Ixhensou, 
il  semble  bien  que  l’on  arrivait  au  sacerdoce  suprême  dans 
le  temple  d’Ammon  en  passant  par  des  grades  inférieurs 
qui  pouvaient  ainsi  conduire  au  sommet  de  la  hiérarchie 
pontificale.  Je  résume  ici  brièvement  le  cursus  honorum  de 
Bak-en-Ixhensou . 

Bak-en-Ixhensou  était  « intendant  de  l’administration 


A/WVXA  AAAAAA 


du  roi»(jn|p  $ ^ , lorsqu’il  fut  nommé  : 

A l’àge  de  16  ans  « purificateur  » j ûeb;  il  le  fut  4 ans; 

A l’âge  de  20  ans  « divin  père  » c t|  _ neter  atej';  il  le 
fut  12  ans; 

A l’âge  de  32  ans  « 3e  prophète  » ^ 111  neter-ken  3 ; il  le 
fut  15  ans  ; 

A l’âge  de  47  ans  « 2e  prophète  » c neter-hen  ne  ni ; il 
le  fut  12  ans  ; 

A l’âge  de  59  ans  « 1er  prophète  » c ||  neter-hen  api  ; il 
le  fut  27  ans. 

Ce  dernier  titre,  qui  est  celui  du  sacerdoce  suprême  dans 
le  temple  d’Ammon  à Thèbes,  s’écrit  en  entier  sur  la  statue 
de  Bak-en-Ixhensou  : 


11 

Neter-hen 


1 AfWVSA 

Amen 


Proplieta  priinus  Ammonis, 


DES  FONCTIONS  DU  GRAND  PRÊTRE  d'aMMON  111 


et  sur  les  murailles  du  temple  de  Khôns  bâti  par  les  grands 
prêtres  d’Ammon  : 


1 ® 

fi 

1 <3 

AAAAM 

| <W\MA 

1 Q 

1 □ 

1Q  1 

t ml 

■tien  api  n 

Amcn-Râ 

sûten  neteru 

Propheta  primus  Ammonis-Solis,  regis  deorum. 

Les  formules  employées  dans  cette  inscription  ne  me 
laissent  aucunement  douter  que  les  fonctions  du  sacerdoce 
au  commencement  de  la  XIXe  dynastie  (Bak-en-Kkensou 
vivait  sous  Séti  Ier  et  Ramsès  11)  étaient  perpétuelles  dans  le 
temple  d’Ammon  à Tlièbes. 

En  second  lieu,  il  faut  remarquer  de  quelle  manière  Bak- 
en-Khensou  parvint  a chacun  de  ces  emplois.  Pour  le  pre- 
mier, il  dit  : « J’étais  préposé  à l’administration  du  roi.  » 
Ad-A  m lier  ah(û)  n s-yeper  n sûten  (3e  colonne).  Pour 
les  suivants,  il  se  sert  de  la  formule  : « Je  suis  devenu. . . » 
ari-A  âeb1  n Amen  (ibid.).  Ce  qui  n’indique  pas  par  quelle 
autorité  se  faisait  l’avancement.  Mais,  pour  la  charge  de 
grand  prêtre,  Bak-en-Kkensou  dit  positivement  : « II  (le 
» roi)  me  récompensa,  il  me  connut  pour  mon  mérite,  il 
» me  fit  premier  prophète  d’Ammon.  Hesi-f  Û-A;  sàû-J' 
» û- A lier  baà-A ; tà-f  û-A  er  neter-hen  api  n Amen.  » 
C’était  donc  le  roi  qui,  sous  la  XIXe  dynastie  tout  au  moins, 
choisissait  le  grand  prêtre  d’Ammon,  et  je  11e  vois  pas  de 


1 . Dans  les  textes  hiéroglyphiques,  ce  mot  s’écrit  presque  toujours 
par  un  signe  syllabique  seul  ou  accompagné  du  complément  phoné- 

tique ^JJ.  M.  Devéria  (v.  Reçue  arc/icoloijique,  t.  VI,  p.  1U1)  transcrit 

AB  d’après  une  variante  d'un  texte  démotique.  Cependant,  j’ai  trouvé 
sur  la  momie  de  la  dame  Tà-bak-en-Kheusou,  au  Musée  de  Turin,  la 

variante  \ ’jj  dans  la  phrase  ùny.  ba-A , UcB  xù-A,  « mon  âme  est 


vivante,  pur  est  mon  corps  ».  De  plus,  le  copte  transcrit  le  mot  égyp- 
tien par  0-y0.fi  pur,  oimfi  prêtre.  Ces  deux  motifs  me  portent  à adopter 
la  transcription  UeB. 


112 


de  l'élection  et  de  la  durée 


raisons  de  penser  qu’il  ne  nommait  pas  aux  autres  grades. 

Maintenant,  ces  deux  conditions  de  perpétuité  du  sacer- 
doce et  d’élection  royale  ont-elles  été  changées  postérieure- 
ment à la  mort  de  Bak-en-Khensou ? Oui,  s’il  faut  en  croire 
l’appréciation  que  M.  Brugsch,  conservateur  au  Musée 
égyptien  de  Berlin,  a faite  d’un  monument  qu’il  a reproduit 
et  analysé  dans  un  ouvrage  récemment  publié’.  Il  s’agit 
d’une  inscription  malheureusement  fort  incomplète  de  la 
muraille  de  la  grande  salle  du  temple  de  Khensou,  à Thèbes. 
Tous  les  commencements  des  lignes  manquent  et  fort  sou- 
vent aussi  leur  fin,  de  sorte  qu’il  est  impossible  d’en  donner 
une  traduction  suivie.  Ce  texte,  dit  M.  Brugsch,  « se  rap- 
porte à l’histoire  d’un  des  rois  de  la  XXe  dynastie  et  à celle 
du  grand  prêtre  d’Ammon,  Herhor  (Phrihor),  premier 
régent  de  la  XXIe  dynastie.  Ce  qu’on  trouve  se  rapporte 
aux  élections  renouvelées  de  Herhor,  comme  grand  prêtre 
d’Ammon,  à Thèbes,  avec  l’assentiment  de  l’oracle  du  dieu 
Khensou,  et  à l’exploitation  des  carrières  de  Khennou  (Sil— 
silis)  pour  la  construction  de  quelque  édifice  ».  De  sorte 
que,  s’il  est  vrai  que  Bak-en-Khensou  fut  appelé  par  les  rois 
puissants  de  la  XIXe  dynastie  à remplir  des  fonctions  per- 
pétuelles, il  faudrait  bien  croire  que,  à la  faveur  des  cir- 
constances politiques,  ces  mêmes  fonctions  seraient,  à une 
certaine  époque,  devenues  électives,  de  viagères  qu’elles 
étaient.  Ce  serait  là  un  fait  bien  digne  de  remarque. 

Assurément,  si  l’on  doit  s’attendre  à rencontrer  un  sacer- 
doce perpétuel,  c’est  à Thèbes  dans  le  temple  d’Ammon, 
sous  la  XXe  dynastie.  Les  membres  d’une  même  famille 
occupent  de  père  en  fils,  pendant  plusieurs  générations,  le 
sacerdoce  suprême  de  « premier  prophète  d’Ammon-Râ, 
roi  des  dieux  ».  A la  fin  même,  l’un  d’eux,  Herhor,  paraît 
s’être  emparé  du  pouvoir  royal,  qu’il  put  transmettre  à ses 
descendants  avec  le  grand  pontificat.  Eh  bien,  c’est  de  ce 


1.  Recueil  de  monuments  égyptiens , 1862,  in-4°. 


DES  FONCTIONS  DU  GRAND  PRÊTRE  D'AMMON 


113 


Ilerhor  si  puissant  que  les  monuments  nous  révéleraient  les 
« élections  réitérées  »,  selon  M.  Brugsch.  Une  notion  aussi 
importante,  si  elle  était  bien  établie,  ne  saurait  être  admise 
dans  la  science  que  sur  preuves  bien  formelles.  Aussi  veux- 
je  m’arrêter  à commenter  la  même  inscription,  car  je  crois 
pouvoir  nier  le  résultat  auquel  est  arrivé  M.  Brugsch. 

J’accorde  bien  que  l’idée  d’un  sacerdoce  de  durée  limitée 
dans  le  temple  d’Anunon  n’a  rien  en  soi  d’inadmissible.  On 
rencontre  en  effet  plusieurs  fois  chez  les  Egyptiens  des 
fonctions  sacerdotales  électives.  Ainsi,  je  trouve1 2  un  oer- 

cz  X 

sonnage  qui  se  dit  ân  neter-ha-t,  neter-hen  nem  (JJ), 
neter-hen  Har-pe-yredi  n neter-hen  III  Anhûr,  c’est- 

à-dire  « grammate  du  temple,  second  prophète,  prophète 

d’Harpocrate  dans  la  ville  de , troisième  prophète 

d’Anhour,  etc.  » Il  faut  bien  imaginer  que  ce  personnage, 
après  avoir  été  plusieurs  fois  élu  dans  le  temple  d’Harpo- 
crate* et  avoir  achevé  le  temps  de  ses  fonctions,  se  fit 
nommer  ou  élire  dans  le  temple  d’Anhour,  car  il  me  parait 
difficile  d’admettre  qu’il  pût  servir  à la  fois  dans  plusieurs 
temples.  Toutefois,  si  l’annuité  ou  durée  limitée  des  fonc- 
tions ne  ressort  pas  d’une  manière  évidente  de  l’exemple 
précédent,  il  n’en  est  plus  de  même  des  suivants.  Cliam- 
pollion-Figeac  a prouvé  surabondamment,  d’après  l’inscrip- 
tion de  Rosette  comparée  avec  les  protocoles  de  deux 
contrats  en  écriture  démotique  des  ans  IV  et  VII  du  règne  de 
Ptolémée  Épiphane3,  que  le  sacerdoce  du  prêtre  d’Alexandre 
et  des  dieux  Ptolémées  ses  successeurs  était  annuel,  ainsi 
que  celui  de  plusieurs  prêtresses  de  princesses  de  leur 
famille.  Je  ne  puis  mieux  faire  que  de  renvoyer  aux  déve- 

1.  Musée  du  Louvre,  C 112. 

2.  On  peut  remarquer  ici,  dans  le  temple  d’Harpocrate,  une  organi- 
sation analogue  à celle  du  temple  d’Ammon  à Thèbes. 

3.  Notice  sur  deux  papr/rus  èqi/pticns  en  écriture  dèrno tique  (extrait 
du  Journal  asiatique , 1823). 

Bibl.  égypt.,  t.  xv. 


8 


114 


de  l’élection  et  de  la  durée 


loppements  que  ce  savant  a donnés.  Mais  j’ajouterai  que  les 
Ptolémées  en  cela  ne  faisaient  que  suivre  l'usage  consacré 
par  les  Pharaons,  car  je  trouve1 2  qu’un  grand  personnage  de 
la  XVIIIe  dynastie,  Amenhetep,  surnommé  Hepû,  de  la 
famille  des  sûten-sa  api  héréditaires  de  Souvan,  fut,  sui- 
vant les  inscriptions  de  son  tombeau,  « prêtre  |Jj  du  roi 
» Ra-ser- kà s justifié,  prêtre  de  la  divine  épouse  Aâhmès- 
» nefer-ari3 4  justifiée,  prêtre  de  la  royale  épouse  Aâhmès *, 
» prêtre  du  roi  Râ-âà-y.eperu5 6 7,  prêtre  du  roi  Rct-ser-kà 
» justifié,  pour  la  seconde  Joiss , prêtre  de  la  royale  épouse 
» Aahmès,  pour  [la.  seconde  fois] 7 ».  Le  retour  des  deux 
sacerdoces  du  roi  Ainénopliis  Ier  et  de  la  reine  Aâhmès 
serait  une  preuve  irrécusable  de  leur  annuité,  même  en 
l’absence  de  la  mention  expresse  nern  « pour  la  seconde 
fois  ». 

Mais,  si  ces  exemples  rendent  vraisemblable  l'opinion  de 
M.  Brugsch  sur  l’élection  des  grands  prêtres  d’Ammon  à 
Thèbes,  ils  ne  démontrent  pas  que  telle  fût  en  réalité  l’or- 
ganisation sacerdotale  du  temple  d’Ammon.  Il  me  paraît  au 
contraire  que  l’opinion  de  M.  Brugsch  est  fondée  sur  une 
appréciation  incomplète  du  texte  et  sur  deux  petites  erreurs 
grammaticales  faciles  à démontrer. 

Dès  la  troisième  ligne,  on  lit  : Hâ  nem-n-f  neter-hen  ape 
en  Amen-Râ  sûten  neteru,  ce  qui  se  traduit  littéralement  : 
Ecce  iteravit  propheta  primus  Ammonis-Solis  regis  deo- 
rum  ; en  français,  et  mot  à mot  : Voici  qu’il  fut  de  nouveau 

1.  Lepsius,  Denkmaler,  III,  436. 

2.  Aménophis  I”,  deuxième  roi  de  la  XVIIIe  dynastie. 

3.  Femme  du  roi  Aâhmès  des  Grecs),  premier  roi  de  la 

XVIIIe  dynastie. 

4.  Femme  de  Thothmès  Ier,  troisième  roi  de  la  XVIII''  dynastie. 

5.  Aménophis  II,  septième  roi  de  la  XVIIIe  dynastie. 

6.  lien  n sûten  Râ-ser-kà , mâ  xerû,  nem. 

7.  U oh  n suien  liom-f  Ad/imes,  ni  [nem],  ân  neter...  La  cassure  de 
la  pierre  ne  permet  plus  de  saisir  le  titre  qui  suit. 


DES  FONCTIONS  DU  GRAND  PRÊTRE  DAMMON  115 

le  1er  prophète  d’Ammon-Râ,  roi  des  dieu.r,  — phrase  (pii 
se  retrouve  aux  lignes  17  et  19,  de  sorte  (pie  l’inscription 
mentionnerait  trois  réélections  du  grand  prêtre  Her-hor'. 
Et  de  même  se  répètent  aux  lignes  15,  18  et  20  les  mots*  : 
Pci  neter  hein  er  ûer  lier,  c’est-à-dire  : Deus  annuit  multum 
multum,  — en  français  : Le  dieu  donna  un  plein  assenti- 
ment. Ce  qui  a fait  direà  M.  Brugscli  : « Ce  qu’on  trouve  se 
rapporte  aux  élections  renouvelées  de  Herhor,  comme  grand 
prêtre  d’Ammon  à Tlièbes,  avec  /’ assentiment  du  dieu 
Chonsou.  » 

Il  semble  bien  étonnant  que  les  grands  prêtres  d’Ammon, 
visant  à l’union  de  la  puissance  religieuse  et  du  pouvoir 
royal,  se  soient  soumis  à des  élections  qui  eussent  certaine- 
ment donné  lieu  aux  rois  d’intervenir.  Il  serait  dillicile  que, 
pendant  une  longue  période,  les  pharaons  n’eussent  pas 
réussi  à introduire  quelques-uns  de  leurs  candidats,  ce  qui 
eût  ruiné  les  projets  de  la  famille  de  Herhor.  Mais  je  crois 
que  le  texte  ne  se  prête  pas  à l’hypothèse  des  réélections  de 
Herhor. 

En  effet,  la  formule  de  la  troisième  ligne  : hà  nem-n-f 
neter-hen  ape  en  Amen-Râ,  peut  fort  bien  se  traduire  : 
Voici  que  fut  de  nouveau  le  1er  prophète  d’Ammon-Râ.  . 
en  supposant,  attendu  la  lacune  qui  suit,  que  le  verbe  expri- 
mant l’action  de  Herhor  venait  ensuite.  Mais  ceci  n’est 
même  pas  une  conjecture,  car  à la  ligne  17  la  phrase  se 
complète  de  la  manière  suivante  : Hà  nem-n-f  neter-hen 
ape  en  Ainen-Rû  sûten  neter u,  Herhor  mâ  /crû,  er  zod  : 
Pà-A  neb  nefer,  etc.,  c’est-à-dire  : « Voici  que  fut  de  nou- 
» veau  le  grand  prêtre  d’Ammon-Râ,  roi  des  dieux,  Herhor, 
» décédé,  disant  : O mon  bon  maitre,  etc.  » D’ailleurs,  si 
l'on  pouvait  douter  de  la  vérité  de  la  traduction  que  je 


1.  Il  est  possible  qu'entre  les  lignes  3 et  17  la  formule  ait  été  em- 
ployée, mais  la  cassure  en  a fait  disparaître  toute  trace. 

2.  A la  ligne  15,  il  n’en  reste  que  er  ùcr  ûer. 


116  de  l'élection  et  de  la  durée 

donne,  je  renverrais  à la  planche  XXII  du  même  ouvrage  de 
M.  Brugsch.  Là,  le  grand  prêtre  d’Ammon,  Râ-men-Kheper, 
lils  du  roi  et  grand  prêtre  Pânezem,  tous  deux  descendants 
de  Herlior,  s’adressent  de  même  à Khôns,  et  le  texte  moins 
mutilé  permet  de  mieux  apprécier  la  suite  du  récit,  dont 
l’auteur  emploie  les  mêmes  formules  que  celui  de  l’inscrip- 
tion de  Herhor.  Ainsi,  à la  ligne  10,  il  dit  : « Voici  que  fut 
» de  nouveau  le  premier  prophète  d’Ammon,  Râ-men- 
» Ivheper,  décédé,  disant  : O mon  bon  maître,  etc.,  » et  à la 
ligne  11,  avec  une  variante  : « Voici  que  le  dieu  grand 
» donna  son  plein  consentement.  Et  voici  qu’il  (Râ-men- 
» Kheperj  fut  de  nouveau  se  rendant1  vers  le  dieu  grand, 
» disant  : O mon  bon  maître,  etc.  ».  On  trouve  ainsi  : l’al- 
locution du  grand  prêtre  aux  lignes  10,  11,  . ..*,  16,  16, 
18,  18,  23,  et  l’assentiment  du  dieu  aux  lignes  11,  11,  1 6, 
16,  18,  18,  . . .2 3 4 5,  23.  En  sus,  de  temps  en  temps,  le  verbe 
qui  suit  l’auxiliaire  nem  change,  ce  qui  offre  des  points 
de  comparaison.  De  ce  premier  examen,  il  résulte  donc 
qu’une  traduction  autre  que  celle  de  M.  Brugsch  est  pos- 
sible. 

J’ajoute  que  c’est  la  seule  possible,  à cause  des  considé- 
rations grammaticales  suivantes  : 

1°  La  présence  des  prépositions  er  et  cm  dans  les  phrases 
nem-n-J  ....  er  zod''  ou  cm  z odK  fait  de  nem  une  sorte 
d’auxiliaire  du  verbe  sod*,  forme  tout  à fait  analogue  aux 
formes  du  temps  passé  ûn-n-A  lier  qen  « je  combattis  », 


1.  Sper,  avec  les  jambes  pour  déterminatif. 

2.  La  mutilation  du  monument  ne  permet  pas  de  retrouver  ici  la 
formule  qui  commence  ailleurs  l’allocution. 

3.  Inscription  de  Herhor,  ligne  17. 

4.  Inscription  de  Râ-men-Kheper,  ligue  10,  etc. 

5.  Le  verbe  nom  se  trouve  employé  comme  auxiliaire  dans  la  stèle 
de  la  princesse  de  Balchtan,  où  M.  de  Rougé  a traduit  (ligne  8)  nem-f 
;od  par  dora  rit.  dirons , et  (ligne  13)  nem-n-Hon-f  m zod  par  « le  roi 
répartit  ».  C’est  une  tournure  des  plus  fréquemment  employées. 


DES  FONCTIONS  DU  GRAND  PRÊTRE  d’aMMON  117 


hâ-n-A  lier  s ‘es  « je  suivis  »,  a-n-A  lier  zod  « je  dis  ».  Nem 
n’est  pas  le  seul  verbe  dans  ce  cas  : on  emploie  de  même 
âïû,  aller,  yer,  prendre,  et  quelques  autres. 

2°  D’ailleurs,  pour  donner  à nem  le  sens  absolu  de  « de- 
venir de  nouveau  »,  il  faut  prendre  em  zod,  er  sod  pour  un 
mode  personnel,  et  traduire  : « Il  dit.  » Il  est  vrai  que 
quelquefois  on  trouve  des  phrases  commençant  par  la  pré- 
position em;  mais  1°  on  ne  trouve  pas  cette  tournure,  fort 
rare,  avec  er  ; 2°  lorsqu’on  l’emploie,  le  verbe  est  suivi  de 
son  sujet  pronom  ou  substantif,  ce  qui  n’a  pas  lieu  dans 
notre  inscription. 

3°  Si  nem-n-f  avait  le  sens  de  « il  fut  élu  de  nouveau  », 
il  faut  remarquer  que  la  syntaxe  égyptienne,  surtout  à 
l’époque  littéraire,  eût  voulu  que  l’on  écrivît  nem-n-f 
EM  (ou  ER)  neter-hen  comme  dans  la  stèle  du  basilico- 
grammate  Mentousa  (XIIe  dynastie)  T à- A Ilen-f  EM  dn 
« Sa  Majesté  me  fit  grammate’  »,  sur  la  statue  de  Bak-en- 
Khensou  Tà-f  û-A  ER  neter-hen  api  en  Amen  : « Le 
roi  me  fit  grand  prêtre  d'Ammon,  » et  dans  cent  autres 
exemples  pareils. 

4°  Enfin  nem  est  un  verbe  essentiellement  actif  : dans  le 
sens  de  « devenir  de  nouveau  »,  il  devrait  être  accompagné 
des  marques  du  passif,  de  sorte  que  pour  signifier  que 
« Herhor  fut  réélu  grand  prêtre  d’Ammon  » les  Égyptiens 
eussent  dit  : hâ  nem-TU-n-f  EM  neter-hen  ape  en 
Amen-Râ. 

Tout  ceci  revient  donc  à dire  que  les  données  de  la  statue 
funéraire  de  Bak-en-Khensou  ne  sont  pas  contredites  par 
l’inscription  de  la  muraille  de  la  grande  salle  du  temple  de 
Chôns,  et  que  jusqu’à  présent  nous  ne  connaissons  que  des 
grands  prêtres  d’Ammon  chargés  d’un  sacerdoce  perpétuel, 
et  choisis  ou  au  moins  confirmés  par  les  rois  d’Égypte, 
même  au  temps  de  la  XXe  et  de  la  XXIe  dynastie,  car  il 


1.  Sharpe,  Eg.  Inscr .,  pl.  LXXXI1I. 


118  de  l’élection  et  de  la  durée,  etc. 

faudrait  un  document  positif  pour  affirmer  qu’il  en  était 
autrement,  alors,  qu’au  temps  où  Ramsès  le  Grand  confiait 
ces  fonctions  importantes  à Bak-en-Khensou,  « en  récom- 
pense de  son  mérite  ». 


Le  22  octobre  1862. 


NOTE 


SUR  UN 

MANUSCRIT  PORTANT  LE  PRÉNOM  UK  THOUTMÈS  III1 


Dans  les  collections  que  possède  M.  l’abbé  Desnoyers,  à 
Orléans,  j’ai  rencontré  un  feuillet  de  papyrus  portant  le 
prénom  de  Thoutmès  111.  Nous  avons  donc  la  un  exemplaire 
de  la  S haï  per  em  hrû  de  la  plus  ancienne  époque  et  portant 
une  date  certaine. 

C’est  un  exemplaire  luxueux,  car  les  représentations  sont 
peintes  en  sept  couleurs  : rouge,  vert,  noir,  bleu,  blanc 
bleuté  et  deux  nuances  de  jaune. 

Je  suis  disposé  à croire  que  cet  exemplaire  est  le  manus- 
crit funéraire  du  roi  Thoutmès  111;  le  luxe  de  l’exécution 
rend  la  chose  vraisemblable.  Tout  au  moins  ce  manuscrit 
appartiendrait-il  à quelque  grand  fonctionnaire  de  son 
temps. 

En  ce  cas,  s’il  arrivait,  comme  je  l’espère,  que  l’on  retrouve 
le  manuscrit  dont  ce  fragment  a fait  partie,  on  posséderait 
un  manuscrit  dont  l’âge  serait  exactement  constaté,  ce  qui 
serait  d’une  grande  importance  pour  la  paléographie  hiéro- 
glyphique. 

1.  Extrait  des  Mélanges  d’archéologie , 1877,  t.  III,  p.  100-101. 


120 


NOTE  SUR  UN  MANUSCRIT 


Four  aider  à cette  recherche,  je  donne  ci-dessous  le  signa- 
lement du  manuscrit. 

C’est  un  fragment  du  chapitre  cxxv  de  la  Shaï  per  ern 
hrû,  en  cinq  colonnes,  présentant  une  rédaction  différente 
de  celle  de  l’édition  de  M.  Lepsius,  correspondant  aux 
lignes  7 et  8,  mais  dont  il  n’est  pas  nécessaire,  pour  la  re- 
cherche qui  nous  occupe,  que  je  donne  le  texte. 

Au-dessous  des  cinq  colonnes  se  trouve  la  portion  de 
tableau  qui,  dans  l’édition  de  M.  Lepsius,  surmonte  les 
lignes  30  à 36  du  chapitre  xv.  — La  principale  différence  de 
dessin  consiste  en  ce  qu’une  table  à offrandes,  supportant 
un  vase  (J^,  un  pain  ©,  etc.,  est  substituée  aux  deux  objets 
de  l’exemplaire  de  Turin. 

Or,  tout  l’intérêt  du  manuscrit  réside  dans  le  cartouche 
dessiné  sur  le  vase  de  la  table,  et  qui  me  fait  croire 
que  nous  sommes  en  présence  d’un  manuscrit  du  tom- 
beau de  Thoutmès  III  (contre  lequel  il  y eut  une  ten- 
tative de  violation  au  temps  même  des  Pharaons),  ou  certai- 
nement d’un  fonctionnaire  de  son  règne,  qui,  probablement, 
en  plaçant  ce  vase  sur  la  table  d’offrande  de  la  procession 
funéraire  de  son  manuscrit  funéraire,  a eu  pour  but  de 
conserver  le  souvenir  d’un  cadeau  royal.  En  raison  même 
de  la  beauté  du  manuscrit,  les  Arabes  qui  l’ont  trouvé  l’ont 
morcelé,  dans  l’espoir  d’en  tirer  un  plus  grand  profit,  et  je 
présume  que  l’on  doit  retrouver  nécessairement  dans  quelque 
musée  les  fragments  d’un  si  beau  papyrus. 

C’est  pourquoi  je  demande  à tous  mes  savants  confrères 
s’ils  ont  connaissance  d’un  manuscrit  de  la  Shaï  per  em 
hrou,  en  écriture  hiéroglyphique,  présumé  de  la  XVIIIe  dy- 
nastie’; à figures  de  sept  couleurs;  portant,  comme  le  ma- 
nuscrit Desnoyers,  le  nom  ou  prénom  de  Thoutmès  III,  ou, 

i 

! 

1 . [Pour  n'induire  personne  en  erreur,  je  dois  dire  ici  que  ce  manu- 
scrit est  de  l'époque  saïte  (1904).] 


PORTANT  LE  PRÉNOM  DE  THOUTMÈS  III 


121 


dans  le  texte,  le  nom  d'un  personnage  qu’on  puisse  attri- 
buer à ce  règne,  et  auquel  manquerait  le  texte  correspon- 
dant aux  colonnes  7 et  8 du  Todtenbuch.  Le  tableau  du 
manuscrit  a 0m25  environ  de  hauteur  (il  n’est  pas  limité  par 
le  haut),  et  les  colonnes  ont  exactement  O"1 107;  elles  sont 
inscrites  entre  une  double  ligne  supérieure  et  inférieure; 
elles  ont  0,n02  de  large. 


I.ES 


FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON 

(1383-1365  av.  J.-C.)' 


On  s'est  demandé  ce  que  devinrent  les  fonctionnaires  civils 
et  religieux  de  l’Égypte’  quand  Aménophis  IV  proscrivit  le 
culte  d’Ammon  et  quitta  Tlièbes,  sa  capitale,  pour  en  créer 
une  autre  à Khoutaton  (aujourd’hui  Tell  el-Amarna  et  Hadgi- 
Qandil).  A cette  question  il  n’a  pas  été  donné  de  réponse. 

On  peut  bien  imaginer  que  cette  persécution  fut  restreinte 
au  culte  d’Ammon  et  au  changement  de  capitale,  mais  ne 
changea  rien  au  gouvernement  de  l’Égypte.  Comme  dans 
toutes  les  révolutions,  le  plus  grand  nombre  des  fonction- 
naires accepta  les  ordres  du  roi,  et  fort  peu  d’entre  eux 
durent  se  rebeller  contre  ses  volontés1 2 3.  Les  monuments  de 
ce  règne  ne  sont  pas  très  nombreux  et  donnent  peu  de  détails 
sur  la  biographie  des  contemporains.  A Tell  el-Amarna, 
par  exemple,  les  inscriptions  sont  exclusivement  consacrées 
à exalter  le  dieu  Aton  et  ne  nous  renseignent  que  sur  le 


1.  Extrait  du  Recueil  de  Travaux  relatifs  à la  philologie  et.  à l’ar- 
chéologie égyptiennes  et  assyriennes,  1901,  t.  XXIII,  p.  140-445. 

2.  Cf.  Maspero,  Histoire  ancienne  des  peuples  de  l’Orient , t.  II, 
p.  324. 

3.  M.  Maspero  pense  le  contraire  ( Histoire  ancienne  des  peuples  de 
l'Orient,  t.  II,  p.  317). 


124  LES  FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON 


mouvement  religieux.  Cependant  j’ai  relevé  quelques  docu- 
ments sur  la  conduite  des  fonctionnaires  de  cette  époque 
troublée.  On  peut  en  conclure  que  la  persécution  du  culte 
d’Ammon  n’eut  pas  lieu  sans  amener  quelques  résistances. 
Plusieurs  textes,  en  effet,  semblent  y faire  allusion. 

Auprès  du  roi,  nous  voyons  les  mêmes  courtisans.  Kâmos, 
qui  vécut  sous  Aménophis  III  et  mourut  sous  Khounaton, 

Nofer-/oper-lier-s/oper  rappelle  qu’«il 


se  qu 

a été  appelé  à la  tète  des  grands  »,  (|  n 
ce  qui  lui  donne  le  droit  « de  se  présenter  devant  l’être  sacré 
du  palais  (le  roi) 8 »,  A -^n\  De  même, 


alifie  |1< 


n 


Aï  dit  : « Je  fus  à la  tête  des  grands  », 

o il© 


©□\\ 


, ou  encore  : « Je  fus  à la  tète  des  grands, 


des  amis,  primat  royal  des  deux  régions,  sur  tous  les  suivants 


de  Sa  Majesté  », 
I 


i 


: en  cette  qualité,  « il  accompagne  le  roi  dans  les  cé- 


rémonies solennelles  », 
s> 


U I 


A 


"Stli 


n \ Alnnès  dit  également  : « Je  fus  suivant  du 


maître  de  la  double  terre7.  » 

Ces  ! ainsi  mentionnés,  ce  sont  les  princes ",  les  amis 


1.  Bouriant,  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire,  t.  I,  p.  9. 

2.  Ou  « d’entrer  en  présence  (du  roi),  dans  le  lieu  saint  du  palais  ». 

q n 

— Cl.  dif  aq  per  in  ^ ^ (Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  41). 

3.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  38. 

4.  Lepsius,  Denkmaler,  III,  107  d.  — Même  titre  du  personnage  dont 
le  nom  a été  etîacé  avec  soin  dans  son  tombeau  de  Tell  el-Amarna  (Re- 
cueil de  Travaux,  t.  XV,  p.  41,  1.  10). 

5.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  47,  1.  11. 

0.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  47,  1.  11. 

7.  Lepsius,  Denkmaler,  III,  98. 

8.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  38,  39. 


LES  FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON  125 


(semer u) 1 , les  rekhltou les  suivants 3,  les  am-khent'' . 

Puis,  viennent  une  foule  de  fonctionnaires  attachés  au 
roi  : le  majordome  du  palais5;  les  porteurs  du  flabellum  à 
, la  droite  <lu  roi*,  et  le  porte-flabellum  derrière  le  roi7;  le 

W ou  ^ — liai  ^ | 1 8 ; l’intendant  du  gynécée  royal 

| (nir  Suten-apy,  et  deux  ahemes  n kep 10  ; enfin,  la  foule  des 
grammates1',  grammates  de  la  table’2,  basilicogram mates13; 
avec  un  sodem  às  n Suten-àn,  un  page  du  basilicogram- 

mateu. 


Aï  est  « père  du  dieu  »,  c’est-à-dire  du  roi15.  Sa  femme 
; est  menât  sedt  neter'\  /aker  Souten'\  «nourrice  gouver- 


1.  Lepsius,  Denkmàler,  III,  107  cl;  Recueil  de  Travaux,  t.  XV, 

) p.  39,  47. 

2.  Lepsius,  Denkmàler , III,  107  d. 

I 3.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  41  : « suivant  royal  dans  sa 
barque  auguste  »;  cf.  p.  39,  1.  13;  p.  47,  1.  11,  etc.  — Cet  anonyme  se 

I vante  d’être  (Recueil  de  Travaux,  p.  41). 

«Ill-fr  I = „ 

4.  Lepsius,  Denkmàler,  III,  106  b;  cf.  s-'/entû  A nb  A , dans  le  Re- 
cueil de  Travaux,  t.  XV,  p.  39,  1.  11  : « mon  maître  me  mit  au  premier 

1 rang  ». 


5.  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire,  t.  1,  p.  10,  15;  Recueil  des 
| Travaux,  t.  XV,  p.  44;  Lepsius,  Denkmàler , III,  98. 

6.  Lepsius,  Denkmàler , III,  105;  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  41, 

42,  45,  48. 

7.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  42. 

8.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  38;  Lieblein,  Dictionnaire  des 
noms,  n"'  585  et  854. 

9.  Lepsius,  Denkmàler,  III,  100-102. 

10.  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire,  t.  V,  p.  587. 

11.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  44;  Lieblein,  Dictionnaire  des 
noms,  n°  620. 

12.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  44. 

13.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  44,  45;  Aug.  Baillet,  Notice  sur 
la  collection  Desnoyers,  p.  38;  Lepsius,  Denkmàler,  III,  105. 

14.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  45. 

15.  Lepsius,  Denkmàler , III,  103  et  suive 
i 16.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  49. 

17.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  45,  49. 


12(3  LES  FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON 


nante  du  dieu  » (du  roi)  et  « femme  de  chambre  du  roi  ». 

Tous  ces  grands  personnages  se  donnent  tous  les  titres 
laudatifs  habituels  (voir,  par  exemple,  les  inscriptions  des 
tombeaux  d’Al  ou  de  l’anonyme  du  tombeau  n°  14). 

Les  grandes  administrations  ont  toujours  les  mêmes  di- 
recteurs et  employés  : 

Au  trésor  : « l’intendant  du  double  trésor  du  maître 
des  deux  régions'  »,  ou  « intendant  du  trésor  du  maître  des 
deux  régions2»,  ou  simplement  «intendant  du  trésor3»; 
puis,  les  « scribes  du  trésor  du  dieu  bon  ' » ( Houi ),  ou  sim- 
plement « scribes  du  trésor5  » (K/iâa); 

Aux  approvisionnements  : «l’intendant  des  greniers  de  ! 
la  Haute  et  de  la  Basse-Égypte  »,  RfL)  LLJ  2:  vP  ( Si-Isit )‘, 
ou  simplement  « intendant  des  greniers7  »,  ainsi  que  son  (ils 
Ap-ouatou-mos"  ; puis,  les  « grammates  des  greniers  du 
maître  des  deux  régions"  »,  ou  « grammates  des  greniers  du 
Pharaon10»,  ou  «grammates  du  double  grenier”»;  les 
« chefs  de  1 ’ahou  » ( Pai  et  Houmos)"  ; enfin,  un  « intendant 
du  magasin»  (mer  àrît)",  et  encore  le  «chef  des  haras» 
(mer  sesemu  n Nb  touï )”; 

Aux  travaux  publics  : «l’intendant  de  tous  les  travaux j 

1.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms , n°  641. 

2.  Recueil  de  Travaux , t.  XV,  p.  50. 

3.  Lepsius,  Denkmàler , III,  100,  102. 

4.  Lieblein.  Dictionnaire  des  noms,  n“  620. 

5.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n°  620. 

6.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms , n”  641. 

7.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n°  620. 

S.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n"  749. 

9.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n°641. 

10.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n°  620. 

11.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n“  641. 

12.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n°  620. 

13.  Lepsius,  Dcnkmâler,  III,  98. 

14.  Lepsius,  Denkmàler,  III,  105;  Recueil  de  Travaux,  t.  XV 
p.  45. 


LES  FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON  127 


du  roi'»,  «l’intendant  des  travaux*»;  Bok , «l’intendant 
des  travaux  dans  la  montagne  rouge  pour  les  pylônes,  chef 
des  artistes  pour  les  très  grands  monuments  du  roi  dans  le 
temple  d’Aton  à Khoutaton*  »;  « l’intendant  des  travaux  à 
Khoutaton*  »;  et  les  artistes  qu’ils  emploient  : « le  chef  des 
artistes,  » Men,  père  de  l’intendant  Bok,  originaire  d’IIé- 
liopolis5;  un  « chef  des  orfèvres  du  temple  d’Aton  à Mem- 
phis6 »;  un  « sculpteur  (sa  hotep,  sa  basant  r-o-, ) d’Am- 
mon  au  lieu  de  vérité  à l’occident  de  Thèbes7  » ; un  « peintre  » 


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III 


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Aux  armées  : des  «généraux», 


un  « chef 


de  gendarmerie  à Khoutaton»  (lier  Mâsou)"  ; un  «officier 
des  gardes  du  roi  » (hâût  ri  mnftu  ntï  m-bali  Honf ')'*; 

A l'administration  des  provinces  ou  des  villes  : les  mer 
nut  sa,  «comtes  nomarques»,  (Nekht-p-aten)'*  ; le  lui  n 
Khut-aton,  « préfet  de  Khoutaton  »,  (Nefer-;oper-her- 
skhope /■)**. 

L’administration  religieuse  est  aussi  représentée  par  plu- 
sieurs de  ces  personnages.  La  persécution  du  culte  d’Ammon 
ne  commença  qu’au  milieu  du  règne  d’Aménophis  IV,  de 
sorte  qu’on  trouve  sur  les  monuments  de  son  temps  le  nom 


1.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  41. 

2.  Recueil  de  Travaux,  t-  XV,  p.  45. 

3.  De  Morgan,  Monuments,  t.  I,  p.  40. 

4.  Recueil  de  Ti  •avaux,  t.  XV,  p.  45. 

5.  De  Morgan,  Monuments,  t.  I,  p.  40. 

6.  Mariette,  Guide,  p.  304. 

7.  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire,  t.  V,  p.  604,  610. 

8.  Lepsius,  Denkmaler,  III,  100. 

9.  Lepsius,  Denkmaler,  III,  91. 

10.  Bouriant,  Mémoires  de  la  Mission  du  Cuire,  p.  10.  15;  Recueil 
de  Travaux,  t.  XV,  p.  39-41,  45. 

11.  Mémoires  de  la  Mission  du  Cuire,  t.  I.  p.  17. 

12.  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire,  t.  I.  p.  18. 

13.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  38. 

14.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  38. 


128  LES  FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON 


de  dignitaires  du  temple  d’Ammon  : un  « purificateur, 
grammate  du  temple  d’Ammon 1 11 » ; un  « purificateur  d’Am- 
mon1 «;  un  «intendant  des  troupeaux  d’Ammon3»;  un 
« prophète  d’Hatlior  à Thèbes3  »;  deux  « musiciennes  d’Ap- 
ouatou5  »,  et  un  « prophète  de  Ptah6  ». 

Les  temples  d’Aton  à Khoutaton,  à Memphis  et  même  à 
Thèbes,  devaient  naturellement  fournir  des  exemples  de  leur 
hiérarchie.  Le  roi  prenait  le  titre  de  « premier  prophète 
d’Har-akhuti  haï  ni  khut  ni  r an  J in  Sû  ni  aten1  »;  mais 


il  y avait  dans  la  nouvelle  capitale  un  « n p aten  » 


i i i 

(Merî-râ)* , comme  à Héliopolis;  et  un  /WWW  |l  ||  AAAAAA 

un  «intendant  de  la  demeure  où  se  repose  Aton0»:  une 
«administration  du  trésor»,  ayant  un  «intendant»  et  des 

«scribes*0»;  un  « intendant  des  troupeaux”  »;  un 


o 

° n,, 

/WVWv  1 » 

O I 

On  trouve  au  temple  de  Memphis  un  « intendant  de  la 
demeure  d’Aton”  »,  un  « chef  des  orfèvres'5  »,  un  « chef  des 


1.  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire , t.  V,  p.  585. 

2.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms , n“  585;  Mémoires  de  la  Mission 
du  Caire,  t.  V,  p.  587. 

3.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n"  620. 

4.  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire,  t.  V,  p.  589. 

5.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n“  620. 

6.  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire,  t.  V,  p.  589. 

7.  Lepsius,  Denkmàler , III,  110  i. 

8.  Lepsius,  Denkmàler,  III,  92-97. 

9.  Recueil  de  Tracaux,  t.  XV,  p.  39. 

10.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n“  641. 

11.  Lieblein,  Dictionnaire,  des  noms,  nos  620  et  641. 

12.  Recueil  de  Tracaux,  t.  XV,  p.  44. 

13.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n“  543. 

14.  Drocr/'dinç/s  of  the  Society  of  biblical  Arcltœuluy;/,  1895,  p.  153. 

15.  Maspero,  Guide,  p.  304. 


LES  FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON  12(J 


marchands  du  temple  d'Aton'  »,  et 


La  ville  était  administrée  par  un  haut  fonctionnaire,  le 
mr  nut  za  qui  avait  rang  de  prince  héréditaire,  etc.3,  et 
par  un  « préfet  de  Khoutaton  » ( hâ  n Khutaton)  ' . Il  y avait 
un  «intendant  des  travaux  (mr  kntn)  de  Khoutaton5».  Là 
aussi,  probablement,  le  [Jj^  et  dont  j’ai  signalé 

plus  haut  les  intendants. 

Enfin,  je  citerai  un  « intendant  de  la  demeure  de  Râ  à 
Héliopolis*  ». 

Ces  séries  ne  donnent  pas  la  hiérarchie  complète  de  cha- 
cune des  administrations  auxquelles  ces  fonctionnaires  ap- 
partiennent; mais  elles  offrent  assez  de  renseignements  pour 
qu’on  puisse  conclure  que  l’administration  de  l’Egypte  ne 
subit  aucun  bouleversement.  Il  n’y  eut  qu’une  ville  de  plus 
en  Egypte,  dont  l’administration  civile  et  religieuse  fut  mo- 
delée sur  celle  de  toutes  les  grandes  villes. 


Ce  point  une  fois  acquis,  voyons  s’il  est  possible  de  savoir 
comment  fut  accueillie  la  politique  du  roi  et  la  création  de 
la  nouvelle  capitale. 

Voici  que  Nofer-hât7,  dont  le  tombeau  est  à lladgi-Qandil 

1.  Mariette,  Monuments  divers,  p.  562. 

2.  De  Rougé,  Inscriptions,  pl.  LIV  ; Lieblein,  Dictionnaire  des  noms. 


n“  622.  — Pour  les  époques  postérieures,  je  n’ai  plus  noté  qu’un 


(Mariette,  Monuments  divers,  107  c). 


3.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  38. 

4.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  38. 

5.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  45. 

6.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  41. 


7.  Dans  son  tombeau  ( Rcc ■ de  Trac.,  t.  XV,  p.  37),  on  ne  lit  plus 


que 


j.  Mais  je  pense  qu’on  peut  l’identi 


Bibl.  égypt.,  t.  xv. 


9 


LES  FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON 


130 


(n°  7),  demande  « une  longue  vie  pour  voir  le  maître  des 
deux  régions,  de  ne  point  cesser  [de  voir]  ses  beautés  », 
û a 

. Il 

Un  général,  propriétaire  du  tombeau  n°  14,  dont  le  nom  a 


» V**kîîî- 


fier  avec  un  J 


*==^  d’une  stèle  de  Leyde  (Lieblein,  Dict.  des  noms, 
585),  parce  que  celui-ci  est  ® § i I f ! /www  /www  (I  et 

que  son  fils  est  ^ ^ \\  . On  pourrait  ainsi  établir  leur  généa- 

logie de  la  manière  suivante  : 

O <z>  ^ i 
Liab  n Amen 

et  yer-heb  aux  funérailles  d'Aménophis  U 


□ 


un 


\\  sous  Thoutmès  IV 


Houï  a pour  frère  un 


(j(j  sous  Aménophis  III 
mêmes  titres,  probablement 


I sous  Aménophis  IV. 


© 


qui  pourrait  aussi  bien  être  le 
AA/WV',  ci  pci  lui,  sà/îùti  f?),  ntr  nut,  sa,  dont  le  tombeau  est 
aussi  à Hadgi-Qandil  ( Rec ■ de  True.,  t.  XV,  p.  38).  Il  aurait  changé  la 
(inale  de  son  nom,  comme  le  fit  la  princesse  (j  'V'^AA  <^^fj 

qui  épousa  le  roi  Tout-ânkh-Amon  et  fut  reine  sous  le  nom  de 
hh  | wvw  (I  . Ce  serait  un  autre  exemple  d une  famille  aban- 

1 I I AAAAAA  ...  , 

donnant  le  culte  d’Ammon  pour  s’attacher  au  régime  inaugure  par 
Kliounalon.  (Voir,  plus  loin,  ce  qui  est  dit  de  la  famille  de  Khâa.) 

1.  Recueil  de  Tvacau.v , t.  XV,  p.  37. 


LES  FONCTIONNAMES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON  b'U 


été  soigneusement  effacé,  dit  de  même 


t — LÙ 


Ÿî^îîî1 


o 


fifûüL! 


« Qu’il  (le  roi)  me  donne  vie, 

santé,  force,  contentement  devant  le  maître  des  deux  ré- 
gions pour  voir  ses  beautés  chaque  jour1  ».  Le  basilico- 
grammate  Anuï!,  Aï,  qui  sera  roi3,  le  basilieogrammate 
Ahmès*  ne  cesseront  de  contempler  les  beautés  du  roi  ou 
d’écouter  ses  instructions5.  Un  autre  dignitaire  rappelle 
que,  « dès  sa  jeunesse,  il  a rendu  au  roi  un  hommage  dé- 


voue 


«8i_S5 


• SK 

AAAAAA  JJ  \ \ 


J,;.  Le  gouverneur  de 


Thèbes  sous  Aménophis  III,  Râmos,  y avait  commencé  son 
tombeau  et  décoré  tout  un  côté  de  scènes  et  d’inscriptions 
en  l’honneur  d’Ammon  et  y avait  représenté  Aménophis  IV 
jeune;  puis,  il  le  continua  d’après  le  nouveau  style,  avec  le 
portrait  de  Khounaton. 

Une  famille  thébaine  trouva  dans  l’apostasie  du  culte 
d’Ammon  l’avancement  de  sa  fortune.  Par  la  comparaison 
des  deux  stèles7  de  Leyde,  V 26,  et  de  Vienne,  53,  on 
voit  Khâa,  d’abord  « intendant  des  taureaux  d’Ammon  », 


1.  Recueil  de  Travaux , t.  XV,  p.  41. 

2.  Recueil  de  Travaux , t.  XV,  p.  45. 

3.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  45;  Lepsius,  Denlanaler , III,  107  <7, 
col.  3. 

4.  Lepsius,  Denkmüler,  III,  107  a,  col.  6. 

5.  S-'/jitü  A nb  A;  ar  sebit f,  au  A hr  Sdem  nitû°  f aû  ben  ab"  ar  A 

ni  Ses0  h au  ben  ab  p'  mes  Atcn  ( ibid .,  1.  13-14),  au  ben  ab"  /'  h 
p'  atcn"  & — 0 ( ibid p.  47,  1.  15-16). 

6.  Recueil  de  Travaux,  t.  XV,  p.  41. 

7.  J'ai,  le  premier,  signalé,  dès  1877  ( Notice  sur  la  collection  ègi/p- 
tienne  de  l’abbé  Dcsnoi/ers , p.  40),  les  concordances  et  la  date  de  ces 
deux  stèles,  que  Bergmann  a depuis  étudiées  (Rec.  de  Trac.,  t.  IX 
(1887),  p.  41-43).  Ni  Bergmann  ni  Lieblein  ( Dict ■ des  noms,  II,  1891) 
u ont  connu  cet  opuscule.  M.  Petrie,  qui  cite  avec  soin  les  moindres 
monuments  du  règne  de  Khounaton,  a passé  sous  silence  tous  les  per- 
sonnages des  stèles  620,  641,  749  (Histoire,  t.  II,  p.  225-229). 


hr  maa 


/>  (Rec.  de  True.,  t.  XV,  p.  39,  1.  11),  et  du  h S 


132  LES  FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON 


S 

V I I AAAAAA 

du  trésor  du  dieu  bon», 


, et  son  petit— lils  Houï,  d’abord  «scribe 
^ /WV\M  lî’- de'  •enir,  l’un  « in- 
j /vwwv  (|  , l’autre 


tendant  des  troupeaux  d’Aton  », 

« basilicogrammate  et  intendant  du  trésor  du  roi  », 

ÎAMAM 

n n— ^ 8 . Un  deuxième  Khâa,  de  la  même  famille,  de 

CTH 


« grammate  du  trésor  (royal?)  »,  devint 

« grammate  du  trésor  d’Aton*  ».  Un  tin,  Ap-ouatou- 

« grammate*  »,  devint 


w /WVvV\  ( 

McQÛ), 


« basilicogrammate  et  inten- 


M/VW 

Q 

mos,  lils  du  premier  Khâa,  de 

AVW\a  «Ci  j y 

« grammate  des  greniers  du  roi1 2 3 4 5 6  »,  et  même 

i i i . . 

fut  promu  ^ 
dant  du  grenier  du  roi"  ». 

Tous  ceux-ci  sont  courtisans,  adhérents  zélés  du  nouveau 
règne;  mais  leur  insistance  ne  marque-t-elle  pas  qu’ils  pro- 
testent contre  une  opposition  plus  ou  moins  avouée?  En  effet, 
d’autres,  au  contraire,  se  vantent  de  leur  résistance  aux  idées 
nouvelles.  Nofirhotpou,  qui  mourut  l’an  III  de  Haremhabi, 
glorifie  de  la  manière  suivante  son  dévouement  à Ammon  : 
« Celui  qui  multiplie  les  biens,  qui  sait  donner,  c’est  le  dieu 


1.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n"  620  = 2044. 

2.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n°  641  =2045. 

3.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  nos  620  et  641. 

4.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n°  620. 

5.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n“  641.  — La  stèle  le  qualifie 

(j  ce  qui  est  une  faute  du  graveur  pour  ^j_  « basilicogrammate  », 

ou  plutôt  pour  p|lj,  car  on  ne  connaît  pas  le  titre  île  « basilicogrammate 
des  greniers  ».  Il  était  seulement  « grammate  du  grenier  du  roi  » et  de- 
vint « basilicogrammate  » quand  il  fut  promu  Cl  « intendant  du 

grenier  royal  » (Lieblein,  Dict.  des  noms,  n”  749). 

6.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n°  749.  — Cette  promotion  n’a 
pas  encore  été  signalée. 


LES  FONCTIONNAIRES  DU  RÈGNE  DE  KHOUNATON  133 


roi  des  dieux  : il  connaît  qui  le  connaît;  il  récompense  qui 
le  sert;  il  protège  son  partisan1.  » 

Un  personnage  d’époque  un  peu  postérieure  va  encore 
plus  loin  dans  la  voie  de  la  réaction.  Dans  le  tombeau  de 
Mès,  scribe  du  trésor  de  Ptah,  « l'une  des  salles  est  décorée 
d’une  longue  inscription  contenant  le  récit  d’un  procès,  qui, 
commencé  sous  le  règne  d’Ahmès  Ier  et  repris  de  plus  belle 
sous  Horemkeb,  ne  se  termina  que  sous  Ramsès  II.  Il  y est 
fait  mention  d’Aménophis  IV  sous  la  désignation  de  « le 
vaincu  de  Khoutaton  » (Tell  el-Amarna)2  ». 

Ainsi  ce  fonctionnaire  memphite  se  sert,  en  parlant  d’un 
ancien  roi,  de  l’expression  de  mépris  dont  les  rois  d’Égypte 
qualifiaient  leurs  ennemis  vaincus.  Il  ne  prend  pas  garde 
que  ce  roi  est  apparenté  au  souverain  régnant. 

En  fin  de  compte,  il  reste  prouvé  que,  pendant  comme 
après  le  règne  d’Aménophis  IV,  il  se  passa  ce  qui  arrive 
dans  toutes  les  révolutions.  Rien  ne  fut  changé  à l’adminis- 
tration civile,  militaire,  religieuse,  etc.,  de  l’Egypte.  Le  roi 
trouva  des  flatteurs  pour  sa  réforme  ; quelques-uns  en  pro- 
fitèrent pour  gagner  des  grades  dans  la  hiérarchie;  un  petit 
nombre  bouda  le  nouveau  règne  et  s’en  vanta  lorsqu’il  fut 
tombé. 

1.  Mariette,  Monuments  divers,  pl.  28  a. 

2.  Fouilles  dans  la  nécropole  de  Memphis  (1897-1899).  Communica- 
tion faite  par  M.  Loret  à l’Institut  égyptien,  séance  du  5 mai  1899. 


DIVISIONS  ET  ADMINISTRATION 

d’une 

VILLE  ÉGYPTIENNE1 


Les  grandes  villes  de  l’Egypte,  c’est-à-dire  les  chefs- 
lieux  de  provinces,  étaient  la  résidence  d’un  ( ^ Q 
© 0 1 « comte  nomarque  du  pays  d’Egypte  »,  haut 

o I I I 

personnage  réunissant  dans  sa  main  tous  les  pouvoirs,  admi- 
nistratif, militaire,  financier,  judiciaire,  etc.,  aidé  de  plu- 
sieurs dignitaires  importants  ayant  encore  sous  leurs  ordres 
quantité  d’employés  subalternes.  Mais  tout  ce  personnel 
appartenait  à l’administration  générale  de  l’Egypte,  et  n’est 
pas  l’objet  du  présent  travail.  Je  voudrais  rechercher  si  les 
villes  égyptiennes  n’avaient  pas  une  administration  parti- 
culière analogue,  par  exemple,  à celle  de  nos  municipalités. 

Le  curieux  manuel  de  hiérarchie  égyptienne  connu  sous 
le  nom  de  Papyrus  Wilbour,  si  bien  édité,  traduit  et  com- 
menté par  M.  Maspero2,  nous  fournit  un  renseignement 
positif.  Après  avoir  donné  la  liste  des  fonctionnaires  dépen- 


1.  Extrait  du  Recueil  de  Travaux  relatifs  à la  philologie  et  à l'ar- 
chéologie égyptienne  et  assyrienne , 1889,  t.  XI,  p.  31-36. 

2.  Papyrus  Wilbour,  1.  16  à 19. 


136 


DIVISIONS  ET  ADMINISTRATION 


dant  du  comte  nomarque,  dont  je  viens  de  parler,  le  ma- 
nuscrit mentionne 


HA  na  dirait  ouhoui 


les  chefs  des  villes  et  bourgs1. 


Les  monuments  épigraphiques  et  les  textes  manuscrits 
nous  avaient  fait  connaître  bon  nombre  d’individus  revêtus 
de  ce  titre  de  hâ;  mais  leur  rôle  dans  l’administration  res- 
tait assez  mal  défini  à côté  de  celui  du  zct,  mour  nout.  Dé- 
sormais nous  savons  qu’ils  agissent  pour  ainsi  dire  dans  une 
sphère  différente.  Le  sa  est  le  chef  de  la  province;  le  hâ, 
le  chef  d’une  ville.  En  tout  cas,  hiérarchiquement,  le  hâ  est 
au-dessous  du  za  : il  en  dépend,  comme  un  maire  ou  bourg- 
mestre moderne  dépend  du  préfet  ou  gouverneur  de  pro- 
vince. 

Nous  voyons  encore  que  non  seulement  de  grandes  villes 
avaient  a leur  tète  des  hâ  : ce  que  les  monuments  nous 
avaient  fait  connaitre  déjà;  mais  qu’un  fonctionnaire  de  ce 
grade  administrait  les  bourgs  ou  villages,  ouhoui. 

Là  se  bornent  actuellement  nos  connaissances  sur  l’admi- 
nistration des  villes. 

Or,  de  nos  jours,  une  ville,  à cause  de  son  importance,  de 
son  étendue,  peut  nécessiter  des  divisions,  avec  de  nouveaux 
administrateurs.  Paris  est  divisé  en  vingt  arrondissements, 
ayant  à leur  tête  un  maire  et  des  adjoints;  d’autres  villes 
moins  importantes,  comme  Orléans,  sont  divisées  en  plu- 
sieurs cantons  distincts  au  point  de  vue  électoral,  finan- 
cier, etc.  ; dans  certaines  communes  rurales  dont  le  territoire 
est  très  étendu,  on  donne  aux  hameaux  trop  éloignés  du 
centre  de  la  commune  un  adjoint  spécial  ou  un  « commis- 

1 . Maspero,  Un  manuel  de  hiérarchie  égyptienne.,  dans  le  Journal 
asiatique,  1888,  et  dans  les  Études  égyptiennes,  t.  II,  p.  8 et  43-44. 


d’une  ville  égyptienne 


137 


saire  local  ».  On  peut  se  demander  si  les  villes  égyptiennes 
formaient  toujours  une  unité  compacte,  si  des  nécessités  de 
topographie,  d’intérêts,  etc.,  n’avaient  jamais  amené  des 
divisions  administratives  et  la  création  de  fonctionnaires 
subalternes. 

On  comprend  qu’il  sera  difficile  de  vérilier  cette  question 
pour  beaucoup  de  villes.  Il  faudrait  avoir  sur  une  localité 
des  monuments  nombreux,  pour  y rencontrer  cette  sorte  de 
renseignements.  Il  n’y  a guère  que  Memphis,  Thèbes  et 
Abydos  qui  soient  dans  cette  condition,  et  c’est  en  effet  aux 
monuments  de  cette  dernière  localité  que  je  vais  faire  appel. 
Je  vais  utiliser  la  grande  publication  de  Mariette1,  sans 
oublier  quelques  monuments  conservés  dans  les  Musées. 

Indépendamment  du  nom  des  nécropoles  d’ Abydos,  de 
celui  des  temples,  de  leurs  diverses  parties  et  de  leurs  an- 
nexes, les  monuments  mentionnent  quelquefois  une  divi- 
sion géographique  que  je  ne  puis  traduire  autrement  que 
par  « quartier  ». 

Ainsi,  deux  stèles  paraissent  parler  d’un  quartier  sud 

ÎQ  □ 

, Nofer-hotep,  (pii  vivait  sous  la 


XIIIe  dynastie,  était  f ^ « scribe  en  chef  de  la 
circonscription  du  quartier  sud2  ».  Au  bas  de  la  stèle  il  n’est 


plus  désigné  que  par  jft  " ^ « scribe  en  chef  de  cir- 

conscription  de  quartier  »,  et  sur  une  autre  stèle3,  le  titre 
est  encore  plus  abrégé;  Nofer-hotep  finit  par  être  dit  seule- 

|q  « scribe  en  chef  de  circonscription  ».  Je  ne  pense 


ment 


pas  qu’on  puisse  objecter  que  l’attribution  de  ce  monument 
à Abvdos  ne  soit  pas  certaine  et  mérite  d’être  confirmée, 

yp  /WWW  rs  jUIUUIU^  ^ g ~ 

parce  que  Nofer-hotep  était  fils  d'un  ^ l] 


1.  Catalogue  général  des  Monuments  d’Abgdos,  1880. 

2.  Mariette,  Catalogue  général , n“  803. 

3.  Mariette,  Catalogue  général,  n°  808. 


138 


DIVISIONS  ET  ADMINISTRATION 


-<s>- 


/-n  AA/WW 

IJ,  titre  et  nom  qu’on  peut  lire  de  deux  manières  : 
s/jûl  n dena  Amen,  Doudou-res-snib,  « le  scribe  du  dena 
d’Ammon,  Didou-res-snib  » — ou  : sya  n dena,  Amen-didou 
res-snib,  «le  scribe  du  dena  [à  Abydos],  Amen-didou-res- 
snib  ».  Dans  le  premier  cas,  malgré  l’absence  suspecte  du 


marque  du  génitif, 


-H-  s 


1 1 1 1 1 1 1 


désignerait  un  office  du 


temple  d’Ammon  à Tlièbes,  et  le  fonctionnaire  aurait  porté 
les  deux  noms  Didou  Res-snib.  Au  besoin,  cette  opinion 
peut  être  corroborée  par  ce  fait  que  cette  famille  paraît  être 
d’origine  thébaine.  En  effet,  la  mère  de  Nofer-hotep  était 


n 


r 


m 


w 


« la  prêtresse 


de  Ivhonsou  en  Thébalde,  Snibt-si-Sment  ».  Mais,  dans  le 


second  cas,  après 


-TV  s 


on  sous-entendrait 


ÏJ“ 


« d’ Aby- 


dos »,  qui  n’avait  pas  besoin  d’être  exprimé  dans  cette  ville, 
ou  bien  ® ^ , qui  vient  d’être  nommé  dans  le  titre  de  son 
lils.  Alors  le  nom  du  fonctionnaire  est  Amen-didou  Res-snib, 
nom  compliqué  tout  à fait  comparable  à celui  du  roi  Ameni 
Antef  Amenemhât,  sous  qui,  comme  le  démontre  l’étude 
des  monuments,  il  fut  de  mode  de  prendre  ainsi  des  doubles 
et  triples  noms.  C’est  ainsi  encore  que  la  mère  du  défunt 

r\  AAAAAA  p|  p»  jimumij 

s’appelait  1 H'u  ' /WWW  J]  Snibt-si  Sment.  D’ordinaire, 

\ I I a lli  wp>  /WWW  r\  ^ Q 

on  abrégeait  ces  longs  noms.  Ainsi  raiii  (I  x\ 

PI  /WW v\  i y -n-  s;  i AWVW  A 0 JT 

J « le  scribe  du  dena,  Amen-didou  Res-snib  » de 
stèle  (n°  803)  devient  sur  la  seconde  (n°  808) 

■ • ww\ 

0 « le  scribe  du  dena,  Res-snib  »,  sa  femme 


a première 

/WWW 

I 

-O-n 

/wwv\ 


a 


e- 


tresse  de  Khons  en  Thébaïde  Snibt-si  Sment  » devient  / I ^ 

AA/WW  Q ^ | 

J,  J ' AA/WW  ((  1 Ü prêtresse  de  Khons,  Sment  ».  De  sorte 

Ci  AAAAAA  T I Ci 

que  la  réunion  du  nom  d’ Amen-didou  à celui  de  Res-snib 
se  trouve  parfaitement  justilîée  par  les  habitudes  contem- 
poraines. Et  d’ailleurs,  il  n’v  a rien  d’étonnant  à ce  qu’un 


d’une  ville  égyptienne 


139 


homme  d’origine  thébaine  soit  venu  occuper  un  emploi  dans 
le  nome  thinite.  J’aurai  l’occasion  d’en  citer  également  des 
exemples  pour  des  gens  de  la  Basse-Égypte  et  du  Fayoum. 

On  pourra  donc,  au  moins  provisoirement,  inscrire  _f  ® X 
et  -0-  dans  la  topographie  d’Abydos  ou  de  son  territoire. 


Sur  cette  même  stèle  808  figure  encore  un 

I 


SS 


I I I 


Mais  cette  fonction  se  retrouve  trop  souvent  pour 

qu’elle  n’appartienne  pas  à Abvdos. 

Sur  la  stèle  749  de  la  XII1 2 3 4'  dynastie  (?)  figure  le  Z 'j  2 
O <- f\  ->  — D v W 


/WVWN  \\  ® 

SS 


•fi. 


SS  O A 0 1 z 

Sur  la  stèle  792,  le  ) AT? 

» -il  v /vww\ 


w 

AA/WSA 


iTJJ 


i 


w 


Et  sur  la  stèle  868  réparait 


A 0 


avec  le  même  titre 1 


On  peut  se  demander  si  ce  n’est  pas  le  même  quartier  qui 

ïo  m n~  - 

est  désigné  dans  le  titre  d’un  Amensi  nA 
Notons  que,  sous  Amenemhât  Ier,  un  Amenemhât  s’inti- 
tule 


Ar  i 


Mais  le  n’était  pas  le  seul  qui  fût  à Abydos.  Une 


statuette  accroupie  nous  en  fait  connaître  un  second  : elle 
nous  livre  le  nom  d’un  ^)  fî[°|  1 1 ^ j « le  chef  du 

district  (quartier)  des  peintres  et  sculpteurs,  Sobek-ouer  », 
sous  la  XIII"  dynastie*. 

Je  suppose,  d’après  cela,  que,  dans  les  villes  d’Egypte,  les 
gens  de  même  métier  se  groupaient  par  quartiers  comme 


1.  Notons  que  Mariette,  cette  fois-ci,  le  place  à la  XIIIe  dynastie. 

2.  Mariette,  Abydos,  III,  p.  911. 

3.  Mariette,  Abydos,  III,  p.  561. 

4.  « Personnage  accroupi  sur  ses  talons,  vêtu  de  la  longue  robe  qui 
laisse  la  poitrine  et  les  bras  à découvert.  Les  hiéroglyphes  sont  re- 
haussés de  vert  et  rappellent  par  le  ton  général  des  légendes  les  stèles 
de  la  XIII'  dynastie  » (Mariette,  Abydos,  III.  p.  366). 


140 


DIVISIONS  ET  ADMINISTRATION 


dans  nos  villes  du  moyen  âge.  Il  y avait  à Abydos  un 
j;  comme  à Amiens,  par  exemple,  il  y 
avait  une  rue  des  Lombards,  une  rue  des  Orfèvres,  une  rue 
des  Corroyeurs,  une  rue  des  Chaudronniers,  etc. 

Vers  le  même  temps,  un  certain  -I  \ <=>  1 , Aouf- 

na-r-son  était  aussi  w*  ^ ^ _ (stèle  795), 

1 n (stèle  801). 


i i i 


5 


i i i 


Je  trouve  un  troisième  à Abydos.  Sous  la  XIIIe  dy- 
nastie encore  et 


sont  qualifiés,  l’un 

f=^  A3  | <vvwv\  —à  a m..  J5r  1 â II 

u ( ( « chef  du  district  des  ouvriers  en  cuivre  (ou  forge- 
rons) »,  l’autre  13-  sur  la  stèle  856.  Le  père  d’Ountou, 


Tour,  était 


D 


o\\  crzd 

comme  Ountou, 

„ , , , ^ v\ 

district 


était 

. Mais  rien  n’indique  de  quel 


Il  est  probable  que 

d t q w 1 1 

I.  était  chef,  sous  Amenemhât  II  : il  ne 

prend  que  le  titre  de  f j « chef  de  quartier  » (stèle  640). 


<CZT>  I e ^ ocx 

Nous  verrons  tout  à l’heure  un  -M 


; ce  qui  donne 

un  quatrième  le  f 

d CS 

Enfin,  une  stèle  du  Louvre  (C  170)  en  fait  connaître  un 

fO| 


cinquième  : | 


U 


« le  quartier  du  seigneur  des 


offrandes  à l’horizon  occidental  »,  et  la  stèle  ajoute  un  ren- 
seignement important  : c’était  en  ce  quartier  qu’était  situé 


« l’escalier  du  dieu  grand  » : 


Z- 


.1 


•111’- 


« C’est  ici  le  tombeau  que  je  me  suis  fait  dans  le  uome  Thinile,  à Aby- 
dos, près  de  l’escalier  du  dieu  grand,  seigneur  des  dieux,  au  Quartier  du 
Maître  du  repos  à l’horizon  occidental,  afin  que  mon  khou  soit  puis- 
sant à la  suite  du  dieu  grand.  » 


d’une  ville  égyptienne 


141 


Il  me  semble  (lillicile  de  rejeter  le  sens  nouveau  de  cir- 
conscription (|ue  j’ai  donné  à Q.  11  dérive  très  naturellement 
de  ceux  qu’on  a reconnus  à ce  mot.  Q est  originairement  un 
anneau;  il  désigne  ensuite  tout  ce  qui  est  circulaire  : ^ Q 
signifie  en  rond,  tout  autour . et  a pour  synonymes  r. — ~ t=^ÿ> 
et  yN  A V\  ' r=r>  ' ; « les  soldats  vaillants  du  roi  forment  le 


cercle 2 »;  c’est  le  cercle,  le  circuit  que  semble  parcourir  le 
soleil1 2 3 4;  la  lune'  ; la  circonférence  qui  semble  limiter  le  ciel5; 
ou  les  eaux  du  Nil  au  moment  de  l'inondation6,  ou  la  mer 
entourant  la  terre  et  la  terre  elle-même7 8 9  ; le  mot  s’applique 
aussi  aux  divisions  de  l’Egypte,  d’un  nome,  par  exemple, 

Ql  « dans  Y étendue  de  la  Thébaïde  »,  comme  traduit 


Chabas",  et  aux  dimensions  d’un  temple, 

q (3(3(3  @(2(2(2  « construisant  un  mur  dont  le  pourtour 


<e=c( 


est  de  300  sur  400"  ». 

Après  ces  deux  dernières  acceptions,  on  peut  très  légiti- 
mement placer  celle  de  circonscription  que  j’ai  attribuée  au 
mot  Q sen. 

La  signification  de  J ^ quartier , région  ne  se  justifie  pas 
moins  bien.  D’abord,  par  les  titres  cités  plus  haut,  dans  les- 
quels la  traduction  quartier,  district  convient  parfaitement; 
et,  en  second  lieu,  par  le  texte  du  Papyrus  Wilbour. 


1.  Brugsch,  Dict.,  Suppl-,  p.  1189,  765. 

2.  Maspero,  Recueil,  1880,  p.  143. 

3.  De  Rougé,  Inscr.  hier.,  pl.  141,  19;  Greene,  Fouilles,  112;  Brugscli, 
Dict.,  Suppl.,  p.  813;  Bergmann,  Recueil,  1883,  p.  35,  etc. 

4.  Brugsch,  Dict-,  Suppl-,  p.  1187-1188. 

5.  Stèle  triomphale  de  Thotmès  III,  1.  10. 

6.  Brugsch  et  Pierret,  Dict-,  s.  voce  laud- 

7.  Brugsch,  Dict.,  Suppl-,  p.  1189;  de  Rougé,  Mon.  de  Thoutmès  III, 
p.  201,  221;  Dümichen,  Zeitschrift,  1871,  p.  90;  Chabas,  Nations, 
p.  186,  etc. 

8.  Papyrus  magique  Harris,  III,  1.  1. 

9.  Brugsch,  Dict-,  Suppl.,  p.  1189. 


142 


DIVISIONS  ET  ADMINISTRATION 


Ce  mot  ^ s paraît  sur  beaucoup  de  monuments’. 

On  l’a  traduit  d’abord  par  champ',  tertre,  gradin \ Enfin, 
M.  Lefébure  et  M.  Naville,  rencontrant  les  variantes  'K <=> 

www  O _R  o 

j aaaaaa  et  J xziï  aux  textes  du  Livre  des  Morts,  ont  pro- 

/WWV\ 

posé,  l’un  la  traduction  cours  d’eau,  l’autre  celle  d'eau, 
étang,  lac,  mer*.  Enfin,  M.  BrugsclL  l’a  traduit  pur  bifurca- 
tion, en  parlant  du  Nil  se  séparant  pour  former  le  Delta. 

Mais  les  énumérations  du  Papyrus  Wilbour  : — « Fleuve. 
» Ruisseau.  Source.  Torrent.  L’immensité  des  eaux.  La  crue. 
» Bras  du  Nil.  Mer  ( iouma ).  Flots.  Lac  ( hounnou ).  Pièce 
» d’eau  (saou).  Puits.  Citerne.  Réservoir.  L’eau  étale.  Etang 
» (barkaüa).  Les  hauts  cantons.  Les  bas  cantons.  Les  bas 
» fonds.  Les  marigots.  Rigoles.  Caniveaux.  Mares.  Flaques. 
» Terres  en  bordures.  Berges.  Chaussées  ( dennou ).  Digues" 
» ( nohem ).  Iles.  Plaines.  Terrains  hauts  ( tenaou ).  Tertres 
» (gai).  Argile.  Plantes  annuelles.  Bois.  Sables.  Boue.  Ter- 
» rains  incultes.  Terrains  cultivés.  » — ces  minutieuses  énu- 
mérations, qui  n’oublient  ni  les  « flaques  d’eau  » ni  « la  boue  », 
et  qui  ne  parlent  pas  d'_f  ou  , prouvent  que  cette 

désignation  n’appartient  pas  à la  géographie  physique,  mais 


1.  Louvre  C 3,  1.  15;  Louvre  C 17U;  Leyde  V 3;  texte  d'Edfou,  E.  et 
J.  de  Kougé,  pi.  61;  Livre  des  Morts,  chap.  evi,  1.  3 ; cxlix,  1.  30  et  62. 

2.  Maspero,  dans  les  Actes  du  premier  Congres  provincial  des  Orien- 
talistes tenu  à Lgon,  en  1878,  t.  I,  p.  246. 

3.  Piehl,  Zeitschrift , 1881,  p.  19;  1883,  p.  119;  Recueil,  t.  I,  P-  138; 
Maspero,  Journal  asiatique,  1880,  p.  159,  et  Études  èggptienncs,  t.  I, 

p.  128. 

4.  Lefébure,  Papyrus  de  Soutiniès,  XX  et  XXI  = Todtenbuch,  cxlix, 
1.  30;  cf.  13,  note.  — Dans  ce  passage,  uart-an-zer-s  ne  signifie  pas 
le  Lac  sans  fin  (Naville,  Zeitschrift,  1882,  p.  188),  mais  le  district 
d'An.-cres , dieu  nommé  plusieurs  fois  dans  les  textes  des  pyramides 
traduits  par  M.  Maspero. 

5.  Zeitschrift , 1882,  p.  79-80. 

6.  On  remarquera  que  ces  mots,  quoicjue  désignant  des  terrains,  pren- 
non  1 y comme  unrt,  le  déterminant  /www  de  leau. 


D* UNE  VILLE  ÉGYPTIENNE 


143 


à la  géographie  politique  ou  administrative.  Ce  n’est  pas 
une  chose  que  l’on  voit  comme  de  l’eau,  un  étang,  un  lac, 
une  mer;  mais,  au  contraire,  une  chose  invisible  comme  les 
créations  administratives,  telles  que  région,  nome,  district, 
quartier. 

Chacune  de  ces  circonscriptions  de  quartier  f ^ avait  à 
sa  tête  un  | quartenier.  Ainsi  un  certain  Mema,  à 


l’époque  de  la  XIIIe  dynastie,  est  qualifié  dans  une  inscrip- 

if  _ 


tien  malheureusement  détériorée  : 

que  je  crois  pouvoir  traduire  : « quartenier  de  la  ville,  quar- 
tenier du  Midi  et  du  Nord  »,  soit  que  Mema  veuille  dire 
qu’après  avoir  été  « quartenier  du  quartier  du  Midi  et  du 
quartier  du  Nord  »,  il  est  devenu  « quartenier  (en  chef)  de 
la  ville  »,  soit  qu’il  veuille  dire  ; « quartenier  de  ville  poul- 
ies quartiers  du  Midi  et  du  Nord  » (stèle  847);  car,  ainsi  que 
nous  l’apprennent  d’autres  documents,  il  y avait  à cette 
même  époque  des  chefs  de  district  en  chef,  — chefs  des 

quarteniers  et  Tels  sont 

/WWVi  f> 

Nebatef  et  riïk 

llllU  \\o  □ 

(stèle  891),  (j^>(j(j  A oui  (stèle  900). 

Il  semble  donc  qu’Abydos  (et  probablement  les  grandes 
villes  d’Egypte,  comme  nous  le  verrons  tout  à l’heure), 
était  divisé  en  | ^ 

1°  Le 
ville  ; 

2°  Et,  au-dessous  de  lui,  le 
quartenier; 


Xonti-botep  (stèle  854), 


o en 


VI  ’ J 

/WWVA  Q Q 


AAAAAA  Ch 


ou  % ayant  à leur  tête  : 

* 

quartenier  en  chef  de 


chef  de  quartier 


ou 


3°  Ceux-ci  se  faisaient  aider  dans  leur  emploi  par  leur 
scribe  (stèles  803,  808),  et  peut-être  encore  par  des 


DIVISIONS  ET  ADMINISTRATION,  ETC. 

est  assis  en  face  du 


i 


144 

car  le 
(stèle  854). 

Et  ils  prenaient  alors  le  titre  de  j \\  f qui  me 

■»  -D  /WNAAA  AA/WW  I 

parait  signifier  « chef  de  la  direction  du  bureau  de  quar- 
tier ». 

Ceci  vient  encore  à l’appui  de  l’opinion  que  j’émets  sur 
la  signification  de  Il  me  semble  difficile  d’admettre  un 
tel  luxe  de  hiérarchie  pour  un  « tertre  » ou  pour  un  « lac  », 
c’est-à-dire  quelque  étang  naturel  ou  factice,  comme  on  en 
voit  quelquefois  nommés  dans  les  descriptions  de  temples. 

Enfin,  j’ajouterai  que  cette  division  n’est  pas  particulière 
à Abydos;  car  un  monument  d’Abydos  est  dédié  par  un 

« lieutenant  des  quarteniers 


^ i » i ni  iii^ 


o e if  III  a 

de  Memphis  » 1 . 

Une  inscription,  découverte  à Menchiéh  par  M.  Maspero, 
et  publiée  par  M.  Miller2,  nous  montre  que  la  ville  de  Ptolé- 
maïs était  composée  de  sept  bourgs  ou  quartiers,  éit-axtop!*, 
entourés  de  murs.  Ainsi  la  ville  fondée  par  Ptolémée  avait 
été  probablement  formée  de  la  réunion  de  plusieurs  villages 
(xcifiai),  qui  en  devinrent  les  quartiers  j On  en  connaît 
au  moins  deux  : Psoï,  souvent  cité  dans  les  papyrus  démo- 

AAAAAA 

tiques,  et  Nislit,  cezj3. 


1.  Mariette,  Abydos,  III,  p.  1215. 

2.  Revue  archéologique,  1883,  II,  p.  175  : 

èv  TTji  £7tTax(0[j.iai  tÔ  iepbv  xai 

vsç  y. ai  to  ipoobv  ’lateiov  xai  toÙç  irpoa-bvra;  <j/tXoù;  totiov; 

xai  tov  èxt bç  TŸj;  TroXeoi;  fSoip-ov,  etc. 

3.  Daressy,  Recueil , 1888,  p.  139. 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


CONTEMPORAINE  DES  XXIP-XXVP  DYNASTIES 
(850-600  avant  Jésus-Christ)1 


La  lecture  du  mémoire  si  bien  documenté  de  M.  Fritz 
de  Bissing  m’a  fait  penser  qu’il  y aurait  grand  intérêt  à 
étudier  les  monuments  d’une  époque  déterminée  et  ayant 
appartenu  à une  même  famille.  On  pourrait  ainsi  suivre 
sûrement  les  modifications  que  le  temps  aurait  apportées 
dans  la  manière  de  faire  des  artistes  ou  des  industriels  de 
cette  période.  Trouver  cette  famille,  n’était-ce  pas  donner 
aux  recherches  archéologiques  une  base  de  quelque  consis- 
tance? On  classe  assez  facilement  les  monuments  de  l’époque 
des  Ramessides  et  des  Saïtes;  mais,  entre  ces  deux  dates, 
il  y a un  vide  de  deux  cent  cinquante  ans  où  les  faits 
flottent  dans  le  vague.  Des  noms  nouveaux  apparaissent, 
Sheshonq,  Takelot,  Osorkon,  Petisis,  etc.  ; mais  en  général 
ils  aident  fort  peu  au  classement,  car  on  les  retrouve  sous 
toutes  les  dernières  dynasties,  quelquefois  jusqu’aux  Ptolé- 
mées. En  dehors  des  listes  manéthoniennes,  à peine  quelques 
dates  émergent-elles  à la  surface  de  ce  chaos. 

1.  Extrait  du  Recueil  de  travaux  relatifs  à la  philologie  et  à l’ar- 
chèologie  égyptiennes  et  assyriennes , 1896,  t.  XVIII,  p.  187-196. 

BIBL.  ÉGYPT.,  XV.  10 


146 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


épouse  le  prophète  d'Amon,  AMEN-HOTP 


148 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


Ce  n’est  pas  que  les  longues  généalogies  soient  absolument 
rares  sur  les  stèles  égyptiennes;  mais  ce  qui  est  moins  ordi- 
naire, c’est  de  trouver  plusieurs  monuments  ayant  appar- 
tenu aux  descendants  d’un  même  personnage.  Cela  ne  se 
rencontre  que  dans  les  familles  royales.  Si  je  me  rappelle 
bien,  je  n’ai  reconnu  dans  le  catalogue  d’Abydos  que  deux 
stèles  concernant  les  membres  d’une  même  famille.  Quoique 
l’on  puisse  citer  ailleurs  des  exemples  de  plus  longues  gé- 
néalogies, je  maintiens  que  la  chose  est  rare.  Cependant,  en 
cherchant  dans  la  publication  de  M.  Lieblein,  j’ai  pu  re- 
constituer une  famille  dans  les  conditions  désirables.  Il  y 
a,  en  effet,  au  Musée  de  Gizéh  une  collection  de  sarcophages 
tirés  d’un  même  tombeau,  ayant,  on  peut  le  présumer  tout 
d’abord,  appartenu  aux  membres  d’une  même  famille,  ce 
qui  est  vraiment  une  bonne  fortune;  car  une  suite  de  docu- 
ments de  ce  genre  ne  laisse  prise  à aucun  doute  sur  la  date 
de  chacun  d’eux  et  sur  les  déductions  qu'on  en  peut  faire. 
Voici  donc  cette  généalogie  précieuse  : [voir  p.  146-147], 

Cette  longue  généalogie  comprend  neuf  générations,  toutes 
exactement  reliées  l’une  à l’autre.  Pas  une  seule  interrup- 
tion, ni  de  doute  sur  le  lien  qui  les  unit,  comme  le  prouve 
sur  le  tableau  l’enchaînement  des  numéros  donnés  par 
M.  Lieblein. 

Si  on  donne  à chaque  génération  trente  ans  de  survie,  on 
aura,  depuis  la  mort  de  Bok-en-Ptah  jusqu’à  la  mort  de 
Ta-ari,  huit  fois  trente,  ou  deux  cent  quarante  ans,  c’est- 
à-dire  un  espace  de  temps  suffisant  pour  qu’il  se  produise 
dans  l’art  des  progrès  ou  des  reculs,  en  tous  cas  des  chan- 
gements appréciables.  C’est  ce  qui  fait  le  grand  mérite  de 
cette  généalogie  au  point  de  vue  des  investigations  pour 
l’histoire  des  arts. 

Cette  famille  nous  a laissé  les  monuments  de  douze  de 
ses  membres  et  de  sept  générations  : 

1°  Oun-nofir,  fils  de  Bok-[ni]-Ptah.  Son 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


149 


cercueil  ...  — L.,  1095:  Piehl,  I.  II. , 61  c.  Stèle  de  bois 
— L.,  1104. 

i * i 


2°  “ ' V\  Bis-n-Maout,  son  fils.  Cercueil  438  — 

JA  AAAAAA  — LTtj 

L.,  1092. 

f AAAAAA  ^ 

I Onkh-ef-ni-Khonsou,  son  fils.  Cer- 

© AAAAAA  AAAAAA  T 

cueil  750  — L.,  1123. 

4°  a)  Iriou,  son  fils.  Stèle  de  bois  — L.,  1107. 


b)  (| l— — Nsi-r-Amon.  Cercueil  ...  — L.,  1096; 

< — ■>  I /WWV\ 

Piehl,  I.  H.,  61  c. 

c)  ^ ® 1 Nsi-[r]-Khonsou,  sa  femme.  Cercueil  . . . 
— L.,  1133. 

d)  ^ Bis-ni-Maout,  frère  de  Nsiramon.  Cer- 

JA  I AA/VWN 

cueil  801.  — L.,  1117. 

Q AAAAAA  ^ 

5°  aj  1 Onkh-ef-ni-Khonsou,  fils  de 

i W AAAAAA  AA/WVv  I 

Nsiramon.  Cercueil  453  — L.,  1109;  Piehl,  I.  H.,  60  B. 
Stèle  de  bois  — L.,  1129. 

I i "TL  -=30C=-  "fl  <£f  -=30E=- 

b)  ! ^ (var.  q v^~)  Ta-khent-Min,  fille 

de  Nsiramon.  Cercueil  ...  — L.,  1089. 

^ Har-si-Isit,  son  fils.  Cercueil  456  — L., 


c) 

1090. 

6°  ^ Hâ-hât  (ou  Hâti?),  fils  de  Har-si-Isit.  Cercueil 

731  (?)  — L.,  1093. 


7°  \\  21  Ta-ari,  arrière-petite-fille  de  Zod-Khons- 

ef-ônkh,  fils  de  Nsiramon.  Cercueil  ...  — L.,  1100.  (Brugsch, 
Dict.,  Suppl.,  p.  810,  dit  : Sarcophage.) 


Ce  qui  se  résumera  clairement  dans  le  tableau  suivant  : 


150 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


1"  génération. 

2»  

3' 

4' 


[Bok-ni-Ptah] 


6' 

7' 


Un- 

Bis-n 


NFR 

Mut 


Any-f-n-Xons 


Iriu  Nsr-Amn  = Ns-Xons  Bis-Mut 


I III 

Onkh-f-n-Khons  [Zod-Xons-f-âny]  Ta-Min-khont  Har-si-Isit 

I 

[Bis-n-Mut] 

I 

[Xâûs-Isit] 

I 

Ta-ari. 


Hâhât 

(Hâti) 


Le  problème  le  plus  important  sera  maintenant  de  déter- 
miner à quelle  époque  vivait  cette  famille. 

C’est  une  famille  d’un  rang  assez  obscur  : elle  n’a  rempli 
aucune  charge  dans  l’État1 2.  Tous  ses  membres  sont  de 

A iIlnimui  A ^ 

Thèbes.  Les  hommes  sont  tous  | V A/WW\  \ / j)  © ^ Nsiramon, 

qui  porte  de  nombreux  titres,  n’a  que  des  fonctions  se  rat- 
tachant  au  temple  d’Amon  , [1  AA/VSAA  , La  seule  femme  qui  porte 

1 n I o o S I 

un  titre,  Nsi-Khons,  mère  de  Nsiramon,  est 


/wwv\  , 

O I 


Seul  aussi,  son  père  est  à la  fois  « prophète  de  Month,  sei- 
gneur de  Thèbes,  et  prophète  d’Ap-ouatou,  seigneur  de 
Siout,  et  chef  du  trésor  du  Pharaon  » (L.,  1096). 

11  est  à remarquer  que,  dans  cette  longue  généalogie  qui 
dure  deux  siècles  et  qui  comprend  plus  de  trente  noms3, 


1.  Hor,  chef  du  trésor  du  Pharaon,  beau-père  de  Nsiramon,  n’est  pas 
de  la  famille. 

2.  Quoique  tous  prêtres  de  Montou,  pas  un  de  ces  hommes  n’a  donné 
le  nom  de  son  dieu  à ses  fils.  Peut-être  ainsi  le  voulait  le  respect  pour 
la  divinité  dont  on  exerçait  le  culte. 

3.  Dans  le  tableau  il  en  manque  quelques-uns  : ce  sont  ceux  des  as- 
cendants des  femmes  épousées  par  les  hommes  de  cette  famille. 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


151 


pas  un  ne  fait  allusion  à la  XXVIe  dynastie,  ni  à Bocchoris, 
ni  à Psammétique,  ni  à Alimès,  etc.,  ni  à leurs  prénoms 
royaux,  ni  au  nom  de  leurs  femmes.  Il  faut  en  conclure 
qu’ils  n’ont  pas  vécu  sous  la  XXVI1'  dynastie. 

M.  Lieblein,  en  présence  de  tous  ces  monuments,  les  a 
appréciés,  comme  je  le  fais;  car  il  les  a placés  (sauf  un, 
1180)  avant  les  monuments  incontestablement  datés  du  règne 
de  Psammétique  Iür  (nos  1137  et  suiv.). 

Il  y a tout  lieu  de  croire  qu’ils  appartiennent  à la 
XXV''  dynastie  ou  à celles  qui  l’ont  précédée.  La  XXV1'  dy- 
nastie se  compose  comme  il  suit  : 


1 1 1 

(safeuf  „ “ 

roi,  711,  | 702  1 Son  frère  la  fait  régente  de  Thèue 

1 1 1 

ul  ( 

m ] (53  °v*] 

roi,  702,  f 600 

û 

épouse  épouse,  vers  650, 

rmuui  A, ü C"P1  le  rrtl 

«M.  ^37  o \ Psametik. 

•oi,  690,  t 661 

Son  successeur  : 


Pas  un  de  ces  noms  ne  figure  dans  la  généalogie  de  la 
famille  de  Bok-ni-Ptah. 

1.  Pour  les  dates,  voir  Haigh,  Zeitschrift,  1868,  p.  82,  et  1871.  p.  102. 


152 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


Mais,  à côté  de  la  famille  royale  éthiopienne,  on  peut 
trouver  quelques  familles,  dont  quelque  membre  ait  vécu  à 
date  certaine.  Par  exemple  : 

1“  L’un  des  généraux  du  roi  Piônkhi  en  Égypte  se  nom- 
mait □ ^Tj  ^ ^ Pouarma  (1.  8 et  140).  Ce  nom  se  retrouve 
sur  une  stèle  du  Sérapéum1 2  de  l’an  37  de  Sheshonq  IV 
(vers  810),  par  conséquent  antérieure  à la  stèle  de  Barkal, 
où  sont  nommés  : 


Aru 

I 

Her-â-n-qer-RS-Mht 

Nfr-isit 

épouse  le  général  Puarma 


Ta-p-mr 

hr-â-n-qer-RS-Mht. 


2°  P-ouii  et  sa  femme  Tâ-re6’-n-Bast,  et  leur  fille,  la 
« nourrice  du  roi,  seigneur  des  deux  terres  Toh'alcq  (Ta- 
harqou),  vivant  toujours,  ees-RÀ-peR’  » 

lL,-- 


L=üo  i 


Ts-mht-pr’,  mère  du  « basilico- 


» gra  in  mate  o 


nH4,  décoré  du  collier  et  de  l’abeille  (?), 


» ami,  chef  des  deux  terres,  yeux  du  roi  du  Midi,  oreilles 
» du  roi  du  Nord,  intendant  du  trésor  du  maître  des  deux 
» terres  To-hal-q  (Taharqou)  »,  dont  les  cônes  funéraires 
sont  à Lyon,  à Londres,  à Gizéli3. 

Ces  trois  documents  sont  datés  exactement.  On  pourrait 
en  rapprocher  quelques  autres. 

Les  noms  analogues  à ceux  de  Tes-Rà-pirou  et  de  Tes- 


1.  Mariette,  Sèrapèum , pl.  32;  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms, 
nu  1018  ; et.  encore  Recueil  de  Travaux,  1887,  p.  58,  et  Louvre,  A 96. 

2.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms,  n°  1136  — cercueil  à Florence. 

3.  Daressy,  Cônes. 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE  153 


Mehit-pirou  se  rencontrent  avant  et  après  le  règne  de 
Taharqou  : 


a)  <=>  (var.  qui  assure  la  lecture 

O O O O C) 

de  ce  nom),  Ts-bastit-pr,  est  lille  du  roi  Osorkon  II,  de 
la  XXIIe  dynastie  ' ; 

b)  <E5>,  Ts-mut-pr’1 2 3 4,  fille  de  Ta-ser-n-Bast  et 


petite-fille  d’Har-si-Isit,  peut-être  de  la  XXVe  dynastie; 

c)  jj  ^ ^fj,  Ts-isit-pr’,  mère  d’un  |oO’  ; 

d)  , Ts-mut-pr’,  femme  d’un  fonction- 
naire près  de  la  * et  mère  d’un  | ® nommé  Pet-amon- 


APT 

e) 


|j  Ts-nit-prt,  femme  de  et 


mère  du  kasana  Psamétik5 6. 


Ces  trois  femmes  appartiennent  sans  contestation  possible 
à la  XXVIe  dynastie. 

Citons  encore  : 


ctzl 


mère  de  Qeres"; 


Ts-mut-pr’,  femme  de  Zanrod, 


, Ts-isit-br’ 7,  qui  me  paraît  une 

variante  dialectale  du  nom  cité  plus  haut; 

h)  Notons  encore  que  Ouzarans,  tille  du  prince  Khaâhor, 
gouverneur  de  Thèbes,  aïeul  du  prince  Montoumhît,  dynaste 


1.  Lepsius,  Denkmàler , III,  255;  Lieblein,  n°  1085. 

2.  Gizéh,  cercueil  632;  Lieblein,  n“  1118. 

3.  Schiaparelli,  Catalogo,  379;  Lieblein,  n°  1155. 

4.  Lieblein,  n°  1329. 

5.  Canope  inédit  du  Musée  de  Sens. 

6.  Recueil  de  Travaux,  1893,  t.  XIV,  p.  57. 

7.  Recueil  de  Travaux,  1894,  t.  XVI,  p.  175-176. 


154 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


en  671,  épousa  un  Ounnofir,  et  qu’un  cercueil  de  Boulaq 
donne  la  généalogie  : 

C=co«=3 

Unnofir  = 

H O O O 

I 

Nbt-pir  Uzarans1 2. 


4°  Puis,  nous  arrivons  à la  famille  d’un  personnage  dont 
le  nom  nous  fournit  un  point  de  repaire  assuré,  je  veux 
parler  de  Montoumliît,  nomarque  de  Thèbes,  que  le  conqué- 
rant assyrien  lit  l’un  des  vingt  princes  divisionnaires  de 
l’Égypte  en  671.  Sa  fille  Bibiout  se  maria  dans  une  famille 
de  prophètes  d’Amon  \ qui  s’allia  elle-même  à la  famille  de 
notre  Bok-ni-Ptah3. 

Montoumliît  nous  donne  la  date  des  personnages  de  la 
grande  famille  de  Bok-ni-Ptah.  Car  sa  sœur4  devint  la 
femme  de  son  oncle5 6,  et  leur  fille  Tabazat  épousa  un  Bibi, 
prophète  de  Montou-m-Ouas,  fils  d’Onkh-ef-ni-Khonsou, 
qui  n’est  autre  qu’un  des  fils  de  Nesir-Amon,  quatrième 
descendant  de  Bok-ni-Ptah. 

Je  crois  donc,  par  là,  établir  une  concordance  solide  entre 
les  XXIP,  XXIIIe,  XXIVe,  XXVe  et  XXVIe  dynasties0. 

Cet  arrangement  repose  sur  des  considérations  sérieuses  : 
1°  Padoubastit,  succédant  à Sheshonq  IV  (qui  règne  37  ans 
au  moins),  doit  être  plus  jeune  que  lui.  2"  Piônkhi  Ier  a pour 
contemporains  Pifaâbast,  Osorkon  et  Tafnakhti,  selon  la  stèle 

1.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms , n°  1269,  cercueil. 

2.  Maspero,  Les  Momies  de  Dèir  et-Baharî , p.  763. 

3.  [Voir  les  généalogies  parallèles  des  trois  familles,  p.  155.] 

4.  Cf.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms , n°  1260. 

5.  [Pa-di-Amon  est  l’oncle  de  Bibiout,  si  son  père  Khaà-Ilor,  pro- 
phète d'Amon  et  nomarque,  est  bien  le  même  que  Khaâ-Hor,  aussi 
prophète  d’Amon  et  nomarque,  et  aïeul  de  Montoumliît.  On  aurait  ainsi 
le  bisaïeul  de  Montoumhit,  Hor-si-Isit,  également  déjà  prophète  d'Amon 
et  nomarque.] 

6.  [Voir  le  tableau  de  concordance,  p.  156-157.] 


156 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


Bok-ni-Ptah 


Ounnofri 


Bisa-n-Mout 


Onkh-ef-ni-Khonsou 


Nesir-Amon 


Onkh-ef-ni-Khonsou 
épouse  la  sœur 
du  prince  de  Thèbes 
Montou-em-hît. 

I 

Baba 

I 

Padi-Amon 


OSORKON  11’, 


vers  940 

1 

" ; 

| 

SEèONQ  II, 

NAMROT, 

t 915 

prince  de  Hnès  et 
1"  prophète  d’Amon 

I 

TAKELOT  II, 

1 

Ptah-outou-f-Onkh, 

f 902 

1 

prince  de  Hnès 

1 

1 

SESONQ  III, 

1 

Ptah-hon, 

t 851 

1 

prince  de  Hnès 

l 

1 

PIMI, 

1 

Har-pi-son, 

851,  f (?) 

prince  de  Hnès 

1 

èESONQ  IV, 

1 

Ptah-hon, 

vers  850,  ]•  810. 

prince  de  Hnès 

1 

Har-pi-son, 
prince  de  Hnès, 
vers  810 

1 

PIF-ÂA-BAST, 
prince  de  Hnès, 
an  21  de  Piônkhi  1”. 

Hor-is-Isit, 

nomarque 


khaa-hor, 

nomarque  de  Thèbe 


Zod-Ivhonsou-f-ûnkh 


Bisa-[n]-Mout 


Khâou-s-Isit 

I 

Ta-ari. 


Nsi-min, 

nomarque 


MONTOU-M-HIT,  Am 
nomarque  souverain, 

671  Bil 


Nsi-Ptah, 

nomarque. 


1.  Dates  empruntées  à Y Histoire  de  Brugsch. 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


157 


[Tableau  de  concordance  des  généalogies  des 
prêtres  de  Montou , des  nomarques  t/ièbains,  des 
rois  bubastites , tanites,  éthiopiens  et  sa'ites.  — 

Voir  p.  154. ] 


-BASTIT', 
),  t 770 


IKON  III  FIÔNKHI  I" 

),  t "62, 

3 Piônkhi  l'  r 

I 

^ — r 

’ èOP-N-OPIT  épouse  : KASHTO 


.SABAKA,  Aqlà 
715,  t 706. 


Amon-iridis 
épouse 
Piônkhi  II 


TAHARQOU,  Shop-n-opit 
roi,  épouse 

706,  f 666.  Psamétik  Ier. 


TAFNAKHT1 
an  21  de  Piônkhi  lrr 


BOK-NI-RAN-F, 
brûlé  vif  par  Sabacon, 
715 
I 

Stéphinatès 

I 

Nékhepsos 

I 

NIKAOU  I”, 
t 666 


PSAMÉTIK  I”, 
roi,  666-611 


NIKAOU  II, 
611-595 
I 

PSAMÉTIK  II, 
595-590. 


158 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


de  Barkal.  3°  Montouinhit  doit  descendre  au  rang  de  Ta- 
harqou,  son  contemporain. 

Et  si  nous  revenons  à la  famille  qui  a fait  l’objet  de  cette 
étude,  nous  voyons  que  Bok-ni-Ptah  est  le  contemporain  du 
roi  Pimi  ou  de  Sheskonq  IV,  vers  850,  et  que  Taari  vivait 
au  temps  de  Néchao,  vers  l’an  000,  c’est-à-dire  qu’entre  le 
cercueil  de  cette  dernière  et  celui  d’Ounnofri,  lils  de  Bok- 
ni-Ptah,  il  y a bien  deux  cent  vingt  ans,  comme  je  l’avais 
tout  d’abord  supposé.  N’y  a-t-il  pas  là  un  sujet  d’étude  bien 
fait  pour  attirer  l’attention?  J’espère,  en  dressant  cette  gé- 
néalogie unique  dans  l’archéologie  égyptienne,  que  j’aurai 
établi  les  bases  solides  d’un  travail  bien  digne  de  tenter 
quelqu’un  des  égyptologues  ou  des  archéologues,  comme 
M.  de  Bissing,  à qui  il  serait  donné  de  séjourner  en  Egypte 
et  d’étudier  sur  place  la  série  de  monuments  aussi  exacte- 
ment déterminée.  Il  me  semble  que  l’entreprise  serait  d’un 
grand  intérêt  pour  l’histoire  de  l’art. 

Les  tableaux  qui  précèdent  vont  maintenant  nous  per- 
mettre de  classer  d’une  manière  à peu  près  certaine  d’autres 
monuments  qu’on  peut  rapporter  à cette  période’.  Ce  classe- 
ment fournira  des  points  de  comparaison  à qui  entreprendra 
l’étude  de  la  famille  de  Bok-en-Ptah.  La  vue  des  monu- 
ments d’ailleurs  pourra  suggérer  quelques  modifications  au 
classement  que  je  vais  proposer  : 

1°  Je  placerai  le  premier  le  n°  1097  du  recueil  de  M.  Lie- 
blein,  cercueil  do  la  dame  Ta-sit-n-Isit,  fille  du  prophète 
de  Montou,  Osorkon  (dont  le  nom  rappelle  les  rois  de  la 
XXII1'  dynastie  et  de  la  XXIII0)  et  de  Ta-monkh-Amon. 

2°  Le  n°  1132  appartient  à une  femme  du  même  nom, 
fille  de  P-si-mout.  Cf.  le  roi  P-si-mout,  de  la  XXIII0  dy- 
nastie, et  Psi-n-mout,  fils  du  prince  Montoumhît  (fin  de  la 
XXV0  dynastie). 

3"  Le  n°  1122,  cercueil  (n°  749)  de  dame  Na-monkht- 
Amon,  fille  de  Nsi-Amon  et  de  Nsi-Khonsou,  petite-fille 

1.  Licblein,  nos  1080  à 1130. 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


159 

d’Har-si-Isit,  nous  offre  un  nom  de  femme  analogue  à celui 
des  femmes  des  numéros  précédents  et  aux  noms  portés  dans 
la  famille  de  Bok-ni-Ptah. 

4°  Les  nos  1125,  1126,  1127,  1124  (cercueils  nos  745,  748, 
800  et  803)  paraissent  avoir  appartenu  a une  même  famille 
dont  le  chef  porte  le  nom  d’un  roi  de  la  XXIIe  dynastie. 

PI-MI, 

prophète  de  Montou, 
scribe  do  trésor  d'Amon 
(1124) 

1 

P-H1BI  = NSI-KHONSOU 
mêmes  titres  (1124) 

(1124) 

I 

ONKH-F-N-KHONSOU  — OUZA-RAN-S 

prophète  de  Montou  (1124,  1127:  — - 

(1127,  1125)  cercueil  745) 

NA-MONKHTI-RÂ 
divin  père  de  Montou, 

(1125) 

I 

BISA-N-MOUT, 
divin  père  de  Montou, 
épouse  Mut-iri-dis 
(1125,  1126;  — 
cercueil  748) 

1 

ONKH-F-KTIONSOU 
(1126  ; — cercueil  800). 

5°  La  grande  famille  de  Bok-ni-Ptah,  dont  les  numéros 
peuvent  se  ranger  dans  l'ordre  chronologique  suivant  : 

1104  1095 

1092  1093  1123  1090 
1096  1107  1109  1117 
1089  1100  1129 
1106 

6°  La  famille  du  prince  (1102)  Khaa-Hor,  prophète 


NEKHT-BASTIT 
(1127;  - 
cercueil  803) 


160 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


d’Amon  et  gouverneur  de  Thèbes,  etc.,  grand-père  de 
Montoumhît,  l’un  des  vingt  cliefs  de  671  : 

KHAÂ-HOR 

(L.,  1102,  1103,  1106;  - P.,  /.  H.,  49) 


NSI-MIN  OUZA-RAN-S 

(L.,  1101,  1102,  1103,  1119,  1120,  1121,  1131;  (1106) 

— P.,  I.  H.,  ) épouse  Ounnofri, 

épouse  : prophète  de  Montou 

1“  Isit-m-yobu,  2°  Ta-ad-n-Isit  | 

Dame  NSI-KHONSOU 
(1106) 


Le  prince  de  AMON-IRI-DI-S  BIBIOUT  KHAÂ-HOR, 

Thèbes,  (1119,1120,1121;  épouse  prophète  de  Montou 

MONTOUMHIT,  — ses  cercueils  ; — Pediamon,  (1101,  1102,  1103;  — 
en  671.  P.,  I.  H.,  53-55).  prophète  ses  cercueils  735,  s.  n°, 

de  Montou.  597;  — P.,  I.  H.). 

7°  La  famille  du  prophète  d’Amon  et  nomarque  Har-si- 
Isit  (voir  plus  haut),  nos  1094,  1105,  1189  (stèle;  cercueils 
sans  numéro). 

8°  La  famille  d’un  prophète  de  Montou,  Mer-ni-Khonsou, 
nos  1098-1099  (cercueils  734  et  602)  dans  lesquels  Mariette 
reconnaît  l’élégance  saïte. 

9°  Une  famille  (nos  1113,  1130),  dont  le  chef  Nakht-ef- 
Mout  porte  de  très  hauts  titres  : 


Na/t-e-Mut 

i 

ZOD-XONSU-AUF-ÔNy  1 
Dame  Tar.ua  épouse  An-/-p-/rd 
Har-mât 

I 

Dame  Nsi-Xonsu*. 


O 


1.  Nom  qui  paraît  sous  Sheshonq  I”  (XXIIr  dynastie). 

2.  Cercueil  sans  numéro;  stèle. 


UNE  FAMILLE  SACERDOTALE 


1G1 


10°  On  pourra  placer  dans  la  XXVe  dynastie  (peut-être 
plus  loin)  les  nos  1110  (cercueil  de  Nsi-p-sif),  1111  (cercueil 
de  Ouza-Hor-r-oui),  1112  (cercueil  de  Hor-mât),  1114  (cer- 
cueil de  Nit-sesen,  1115  (cercueil  n"  5,  à Miramar),  1116 
! (cercueil  de  Pi-set,  à Berlin),  112S  (cercueil  de  dame  Ta- 
bok-Khonsou,  n°  796). 

11°  Le  n°  1136  (sarcophage  à Florence),  dont  la  titulaire 
était  Râ-perou,  tille  de  Ta-roud-ni-Bastit,  qui  a le  titre  de 
« nourrice  du  roi  Taharqou  ». 

12°  Le  n°  1135  est  le  cercueil  du  prince  Bok-ni-ran-f 
(Bocchoris),  chef  du  sacerdoce  de  Neith  à Sais  et  gouverneur 
de  Thèbes  (XXVIe  dynastie).  — Cf.  Schiaparelli,  Ca- 
talorjo. 

13°  Enfin,  le  n°  1118  (cartonnage  732)  peut  être  de  la 
XXVIe  dynastie. 


Bibl.  ÉGYPT.,  T.  XV 


11 


L’ÉGYPTE 

PENDANT  LES 

PREMIÈRES  ANNEES  DU  ROI  ÉPIPIIANE1 2 


M.  Revillout,  à la  page  12  de  son  Étude  sur  les  décrets 
de  Rosette  et  de  Canope *,  a fort  bien  mis  en  lumière  les 
faits  qui  accompagnèrent  la  mort  de  Philopator.  Le  jeune 
Épiplume  commença  son  règne  au  milieu  de  la  guerre  civile 
et  de  la  guerre  étrangère.  Les  tuteurs  du  prince  étaient 
mis  à mort;  les  Grecs,  divisés  en  deux  partis,  s'égorgeaient 
dans  Alexandrie;  des  dynasties  indigènes  se  fondaient  dans 
toute  l’Egypte.  Les  Alexandrins  appelaient  l’intervention 
de  Rome;  Antiochus  enlevait  la  Syrie  et  la  Phénicie  au 
roi  Lagide,  et  s’avançait  contre  l'Égypte.  C’était  une  entière 
révolution,  comme  la  nomment  les  documents  contempo- 
rains. Selon  l’expression  de  Diodore  de  Sicile,  cité  par 
M.  Revillout,  « Épiphane  se  vit  sur  le  point  de  perdre 

1.  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences, 
Belles- Lettres  et  Arts  d’Orléans,  1882,  t.  XXIII,  p.  385-390;  Études 
ptolèmaiqucs , p.  81-86. 

2.  Le  décret  de  Tan  IX  d’Evergète  a été  rendu  à Canope,  et  le  mo- 
nument qui  nous  Ta  conservé  a été  trouvé  à San,  l’ancien  Tanis  des 
Grecs;  le  décret  de  Tan  IX  d’Ëpiphane  a été  rendu  à Memphis  et 
trouvé  à Rosette.  Il  faut  donc  dire  pour  exact  : « les  décrets  de  Canope 
et  de  Memphis  » — et  : « la  pierre  ou  la  stèle  de  San  (Tanis),  la  pierre 
ou  la  stèle  de  Rosette  ». 


164 


l’égypte 


complètement  la  couronne,  si  ce  n’est  la  vie  elle-même,  et 
de  n’avoir  plus  un  pouce  de  territoire  en  Égypte.  » 

Il  y a toutefois,  selon  moi,  quelque  exagération  dans 
cette  dernière  appréciation.  Il  est  bien  vrai  que,  dès  l’avène- 
ment d’Épiphane,  il  y eut  en  Égypte,  comme  il  était  déjà 
arrivé  plusieurs  fois  aux  siècles  précédents,  un  soulèvement 
national1  contre  la  dynastie  étrangère.  Alors  Thèbes  chassa 
sa  garnison  grecque  et  proclama  roi  indépendant  Horemhou*  ; 
il  est  certain  que  d’autres  villes  imitèrent  cet  exemple, 
Polybe  nous  a transmis  les  noms  des  rois  Athinis,  Pausiras, 
Khésouphos  et  Irobastos  qui  vinrent  à Sais  faire  leur  sou- 
mission au  roi  Ptolémée,  après  la  prise  de  Lycopolis.  Mais 
je  suis  disposé  à penser  que  le  soulèvement  ne  fut  pas  aussi 
général  qu’on  a pu  le  croire.  Il  y eut  entre  les  villes  des 
diverses  provinces  des  rivalités  qui  les  jetèrent  dans  des 
partis  opposés.  Il  n’est  pas  sûr  que  Memphis,  par  exemple, 
rivale  de  Thèbes  sa  voisine,  ait  fait  défection  à Épiphane.  Car 
il  me  semble  résulter  de  l’intitulé  de  plusieurs  actes  notariés 
qu’Épiphane  ne  cessa  pas  d’être  reconnu  dans  cette  ville. 

Le  premier  en  date  est  daté  : « an  II,  athyr,  du  roi  Ptolé- 
» mée,  fils  de  Ptolémée  et  d’Arsinoé,  les  dieux  Philopators, 
» Aristomakhos,  fils  de  Mennas,  étant  prêtre  d’Alexandre, 
» des  dieux  Sôters,  des  dieux  Adelphes,  des  dieux  Éver- 
» gètes,  des  dieux  Philopators,  Didymé,  fille  de  Ménander, 
» étant  athlophore  devant  Bérénice  Évergète  ; Iréné,  fille  de 
» Cléon,  étant  canéphore  devant  Arsinoé  Philadelphe3  ». 


1.  Les  documents  grecs  ptolémaïques  désignent  cette  révolution  par 
l’expression  de  r|  Tapa/rj  (Letronne,  Inscriptions  de  V Égypte , p.  246; 
Décret  de  Memphis,  1.  20  du  texte  grec).  Les  textes  hiéroglyphiques 

l'appellent  ^ khenen.  ( Inscription  d’Edfou,  voir  Brugsch,  Zeit- 


schrift, 1877,  p.  45.) 

2.  Voir  Revillout,  Decrets,  et  ma  notice  sur  Horemhou,  [p.  169-205]. 

3.  Papyrus  de  Leyde  n°  373,  publié  par  M.  Leemans,  Monuments 
de  Leyde,  2e  partie,  pl.  187  à 193;  traduit  par  M.  Revillout.  Reçue 
ègyptologique,  1880,  p.  128. 


SOUS  EPIPHANE 


165 


L'autre  est  daté  : « l’an  VIII,  pharmouthi  8 (?),  du  roi 
» Ptolémée,  fils  de  Ptolémée  et  d’Arsinoé,  dieux  Philopa- 
» tors;  étant  prêtre  d’Alexandre  et  des  dieux  Frères  et  des 
» dieux  Évergètes  et  des  dieux  Philopators  et  du  roi  Pto- 
» lémée,  le  maître  du  khopesch,  Démétrios,  (ils  de  Sitaltès; 
» Aria,  fille  de  Diogène,  étant  athlophore  devant  Bérénice 
» Évergète;  Nicias,  fille  d’Apellès,  étant  canéphore  devant 
» Arsinoé  Philadelphie;  Iréné,  fille  de  Ptolémée,  étant 
» prêtresse  devant  Arsinoé  Plnlopâtre’.  » 

Ce  fils  de  Ptolémée  et  d’Arsinoé  Philopator  est  Épiphane. 
S’il  ne  porte  pas  encore  ici  ce  surnom,  c’est  qu’il  ne  lui 
fat  donné  que  par  le  décret  de  Memphis  en  l’an  IX  de  son 
règne. 

Quant  à la  localité  où  l’on  datait  ainsi  de  l’an  II  et  de 
l’an  VIII  du  règne  d’Épiphane,  les  actes  entre  particuliers, 
il  ne  peut  y avoir  de  doute.  Les  caractères  paléographiques 
des  actes’,  les  titres’  et  les  noms1 2 * 4  des  témoins,  la  mention 
répétée  de  Memphis,  de  la  nécropole  de  Memphis,  du 
chemin  appelé  Y Avenue  d’Anubis , nous  donnent  toute  cer- 
titude sur  leur  provenance. 

Ainsi,  il  est  avéré  qu’en  l’an  II  et  en  l’an  VIII  de  son  règne, 


1.  Papyrus  du  Louvre,  publié  par  M.  Revillout,  Revue  èyyptolo- 
gif/ue,  1880,  pl.  6 et  7,  et  traduit  ibid.,  p.  124.  Cliampollion-Figeac  en 
avait  publié  le  protocole  dans  sa  Notice  de  deux  Papyrus  è y y p tiens. 

2.  La  forme  et  l’emploi  de  certaines  lettres  et  de  certains  mots, 

comme  le  □ dans  les  noms  de  Ptolémée,  — comme  l'orthographe 

pour  fille,  ^ pour  femme,  — la  terminaison  (j(j  du  mot  7 n 

pes'i,  moitié,  toujours  écrit  ^ 7 J\  dans  les  actes  thébains  [cf.  p.  63]. 


3. 


sahuneter  (?)  traduit  en  grec  titre  spécial 


à Memphis.  (Revillout.) 


‘J 


□ 


IMHOTEP,  ’I[jt.u07jÇ, 


Petimhotep, 


□ 


I 


Ptahma, 


M 


Ptah-hotep,  noms  composés  avec 


ceux  des  dieux  adorés  à Memphis. 


166 


l’égypte 


Épiphane  était  reconnu  roi  à Memphis.  De  sorte  qu’on  peut  ' 
affirmer  que  cette  ville  ne  se  révolta  pas  comme  Thèbes 
dès  les  premières  années  du  nouveau  roi.  Il  est  vrai  qu’on 
ne  pourrait  affirmer  d'une  manière  absolument  certaine 
que  Memphis  ne  s’est  pas  révolté  après  l’an  II  et  n’a  pas  été 
soumis  avant  l’an  VIII.  Des  papyrus  datés  des  années  inter-  ’ 
médiaires  pourront  seuls  nous  donner  pleine  certitude  à 
cet  égard.  Cependant  il  faut  remarquer  qu’en  l’an  VIII,  les 
généraux  d’Épiphane  faisaient  le  siège  de  Lycopolis, 
qu’Épiphane  ne  disposait  que  de  peu  de  troupes,  qu’il  était 
obligé  de  faire  venir  incessamment  des  recrues  de  Grèce  et 
qu’il  n’aurait  pas  pu  faire  en  même  temps  le  siège  de  deux  j 
villes  importantes;  en  second  lieu,  que  l’année  suivante  1 2 
Épiphane  se  faisait  couronner  solennellement  à Memphis',  j 
et  j’imagine  avec  assez  de  vraisemblance  qu’elle  dut  cet 
honneur  à sa  fidélité. 

Bien  plus,  je  pense  que  Memphis  pourrait  bien  n’être  pas 
la  seule  ville  à nous  connue  comme  étant  restée  sous  l’obéis- 
sance du  jeune  roi.  Dans  son  procès  contre  les  Choachytes, 
Hermias  fait  mention  de  son  séjour  à Ombos  « lorsque  j’étais 
retiré  au  nome  d’Ombos1  »,  dit-il.  Nous  savons  maintenant! 
pourquoi  Hermias,  qui  tenait  garnison  à Thèbes,  avait  été 
obligé  de  résider  à Ombos.  La  révolution  survenue  à la 
fin  du  règne  de  Ptolémée  Philopator  avait  surpris  le  corps 
de  troupes  auquel  Hermias  appartenait  et  l’avait  forcé  à 
remonter  le  Nil;  il  parvint  à se  maintenir  à Ombos,  qui 
resta  ainsi,  au  moins  quelque  temps,  dans  l’obéissance 
nominale  d’Épiphane.  Mais  il  est  très  probable  qu’Ombos 
ne  tarda  pas  à tomber  au  pouvoir  du  roi  thébain. 

Il  y a un  autre  fait  historique  qu’il  est  bon  de  signaler 
encore.  Edfou,  pendant  cette  révolution,  fut  occupé  par 
l’armée  nationale.  Le  texte  de  la  Chronique  de  la  fondation 

1.  Décret  de  Memphis. 

2.  XoptiTÔsvro;  8é  (jlou  e!ç  rôv  ’0[xStTï)v.  (Letronne,  Papyrus , p.  219.) 


SOUS  EPIPIIANE 


1G7 


du  temple  d’Edfou , écrite  sous  le  règne  de  Ptoléméo 
Alexandre  Ior,  dit  expressément  : « Lorsque  survint  la  ré- 
» volte,  alors  il  arriva  que  d’abominables  factieux  péné- 
» trèrent  dans  le  sanctuaire  et  s’embusquèrent  dans  la 
» demeure  des  dieux  quand  [le  roi]  fondit  sur  le  Sud'.  » 
Mais  le  roi  Ptolémée  Epiphane,  qui  avait  déjà  obtenu  la 
soumission  de  la  Basse-Égypte  en  l’an  VIII  de  son  règne, 
après  la  prise  de  Lycopolisy  et  s’était  fait  couronner  l’année 
suivante  à Memphis3 4,  se  rendit  maître  de  Thèbes  et 
d’Edfou*,  en  l’an  XIX  de  son  règne5,  et  réunit  la  vallée  du 
Nil  tout  entière  sous  son  sceptre.  L’Égypte  devait  encore 
appartenir  sans  conteste,  près  de  deux  siècles,  à sa  dy- 
f nastie. 

3 décembre  1880. 


chen,  Bntiurkunde  des  Tempelanlagen  von  Edfu,  dans  la  Zeitschrift, 
1870,  pl.  II,  1.  23-24).  Mot  à mot  : « Survint  une  révolte,  fut  ensuite 
l'abomination  des  rebelles  dans  le  sanctuaire,  se  cachant  dans  le  siège 
des  dieux,  dans  le  s’élancer  (le  dieu  bon)  dans  la  direction  du  Midi.  » 
M.  Dümichen  traduit  : « Dabrach  eine  Révolution  aus  und  es  ereignete 
sich  nun  das  die  Bande  der  Empôrer  sich  dort  befand  in  ihrem 
Versteck,  im  Innern  des  Tempels,  als  es  drünter  und  drüber  gingauch 
im  Süden.  » 

9 Ce  fut  sans  doute  à cette  occasion  qu’on  lui  décerna  le  surnom  de 
! I W 1 © 

pneb  s' opek'  « le  maître  du  glaive  »,  qu’il  échangea 


„ □ D 

1 année  suivante  contre  le  titre,  officiel,  consacré  par  le  sacerdoce,  de 
“ CTZ3  a 

J J NTIPF.R,  ’ETïlçavïjÇ. 

AAAAA^  < > 


3.  Ces  événements  sont  racontés  dans  le  Décret  de  Memphis  et  dans 
Polybe. 

4.  [Pour  l’occupation  de  Coptos  par  les  Thébains,  voir  p.  205.] 

5.  Comme  le  prouvent  l’édit  de  philanthropie  et  le  texte  d’Edfou 
cité  plus  haut. 


LE  KOI  HO R EM HOU 

ET 

LA  DYNASTIE  THÉBAJNE 

AU  III”  SIÈCLE  AVANT  NOTRE  ÈRE' 


Après  trois  cents  ans  d'infatigables  recherches,  l’anti- 
quité grecque  n’a  pas  livré  la  clef  de  tous  les  problèmes 
qu’elle  a offerts  à l’avidité  des  savants;  le  sol  de  l’Egypte 
ptolémaïque,  autant  que  celui  de  la  Grèce,  nous  cache 
encore  bien  des  trésors  aussi  intéressants  que  ceux  de 
Mycènes  et  de  Pergame,  et  nous  réserve  une  longue  suite 
de  révélations  inattendues  sur  nombre  de  points  obscurs  de 
l’histoire  ou  des  mœurs  des  peuples  grecs. 

Telle  est  la  découverte,  pour  ainsi  dire,  que  AI.  Revillout 
vient  de  faire  dans  les  musées  mêmes  de  l’Europe.  A Paris, 
à Berlin,  à Vienne,  à Leyde,  etc.,  étaient  conservés  des 
papyrus  venus  d’Égypte,  dont  l’écriture  n’était  pas  abso- 
lument inconnue,  mais  dont  on  n’avait,  depuis  un  demi- 
siècle,  pu  déchiffrer  que  les  premières  lignes  de  quelques- 
uns.  M.  Revillout,  le  savant  conservateur  du  Louvre, 
élargissant  le  cercle  de  ses  études  et  remontant  le  cours 
des  âges,  maitre  de  toute  la  littérature  copte,  s’est  attaqué 
aux  papyrus  plus  anciens  en  écriture  démotique,  et,  nouvel 

1.  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d’ Agriculture,  Sciences, 
Belles- Lettres  et  Arts  d’Orléans,  1879,  t.  XXI,  p.  131-168;  Études  pto- 
lémaï'iucs,  p.  1-38. 


170 


LE  ROI  HOREMHOU 


explorateur  d’une  mine  délaissée,  vient  d’en  tirer  des 
richesses  qu’il  livre  à l’ardente  curiosité  de  ceux  qui  atten- 
daient de  la  publication  des  papyrus  démotiques  le  complé- 
ment indispensable  aux  papyrus  grecs  discutés  par  les 
Peyron,  Letronne,  Bockh  et  autres  érudits  du  milieu  de 
notre  siècle. 

Les  pièces  dont  M.  Revillout  a publié,  dans  sa  Chresto- 
mathie  démotirjue  et  dans  sa  Nouvelle  Chrestomathie 
démotique,  le  texte  et  la  traduction,  sont  grosses,  par  la 
variété  des  objets  auxquels  elles  s’appliquent,  de  toutes 
sortes  d’enseignements.  Comme  les  tables  qui  suivront  les 
derniers  fascicules  ne  seront  pas  publiées  de  sitôt,  il  a 
paru  qu’il  ne  serait  pas  inutile  d’en  donner  ici  même  une 
brève  nomenclature  qui  facilitera  provisoirement  aux  lec- 
teurs érudits  le  contrôle  des  discussions  que  cette  publica- 
tion ne  peut  manquer  de  susciter. 

Deux  de  ces  pièces  sont  des  documents  officiels  de  la 
plus  haute  importance,  les  autres  sont  en  général  des  actes 
dressés  par  des  notaires;  une  partie  porte  la  mention  de 
l’enregistrement  auquel  elles  étaient  soumises  par  les  lois; 
elles  sont  minutieusement  datées  par  de  longs  protocoles 
qui  vont  souvent  me  servir  dans  les  questions  que  j’aurai  à 
examiner. 

Les  documents  publiés  dans  la  Chrestomathie  démotique, 
il  y a déjà  quatre  ans,  comprennent  : 

Le  décret  de  Canope,  de  l’an  IX  de  Ptolémée  III  Éver- 
gète  Ier,  ou  239  avant  notre  ère  (p.  125-176)  ; 

— le  décret  de  Rosette1,  de  l’an  IX  de  Ptolémée  V Épi- 
phane,  ou  197  avant  J.-C.  (p.  1-60); 

— une  vente  de  droits  mobiliers,  du  18  athyr,  an  XXXVI 
de  Ptolémée  VI  Philométor,  ou  146  avant  J.-C.  (p.  61-84); 

— une  vente  de  maison  et  dépendances,  de  l’an  L de  Pto- 
lémée VII  Évergète  II,  ou  121  avant  J.-C.  (p.  85-109)  ; 


1.  [Ou  plutôt  de  Memphis.  Voir  p.  77  et  163.] 


ET  LA  DYNASTIE  THEBAINE 


171 


— deux  prêts  de  blé,  des  15e  et  IG®  années  de  Cléopâtre, 
12°  et  13e  années  de  Ptolémée  IX  Alexandre,  ou  103  et 
102  ans  avant  J.-C.  (p.  110  à 128)  ; 

— un  contrat  de  dépôt  d’objets  mobiliers,  de  l’an  XVI 
d’un  roi  qui  n’est  pas  nommé  (p.  123-124;  déjà  publié  et 
traduit  par  M.  Brugsch,  Zeitschrift  füv  âgyptische  Sprciche, 
juillet  1876). 

Les  documents  publiés  dans  la  Nouvelle  Chrestomathie 
démotique  comprennent  : 

Trois  contrats  de  mariage,  des  années  226,  211  et  201 
avant  notre  ère  (p.  1,  4 et  109)  ; 

— onze  actes  de  vente  de  propriétés,  des  années  197,  199, 
182,  176,  160,  150,  141,  127,  119  et  96,  deux  de  cette  année 
(p.  139,  126,  66,  134,  113,  53,  32,  103,  59  et  20); 

— cinq  actes  de  quittance  du  prix  de  vente  accompagnant 
les  actes  de  vente  susmentionnés,  des  années  199,  186,  176, 
150  et  142  (p.  126,  66,  134,  46  et  32); 

— une  vente  sous  forme  de  transaction,  de  l’an  142  (p.  79)  ; 

— un  acte  de  partage  entre  co-propriétaires,  de  l’an  122 
(p.  87); 

— un  acte  de  partage  par  avancement  d’hoirie,  de  l’année 
117  (p.  7); 

— un  prêt  de  blé,  de  l’an  113  (p.  121)  ; 

— deux  baux,  du  règne  d’Évergète  II  (p.  148  et  150)  ; 

— une  déclaration  de  bail,  de  l’année  134  (p.  156); 

— enfin,  une  note  concernant  l’état  civil  de  plusieurs 
personnes  appartenant  à une  famille  de  Thèbes,  entre  les 
années  135  et  131  (p.  65). 

M.  Revillout  a publié  encore  quelques  autres  documents 
dans  la  Zeitschrift  de  1879  (malheureusement,  quelquefois 
sans  donner  le  texte  de  leurs  dates),  savoir  : 

Un  quatrième  contrat  de  mariage,  de  l’an  172  (papyrus  de 
Turin  169,  13;  Zeitschrift,  pl.  V,  n°  20)  ; 

— une  douzième  vente  de  propriété,  de  l’an  126  (pap. 
Turin  174,  24;  Zeitschrift,  pl.  IV,  n°  18)  ; 


172 


LE  ROI  HOREMHOU 


— un  troisième  bail,  d’une  vigne  et  de  ses  dépendances 
(pap.  Turin  21;  Zeitschrift , pl.  II,  n°  12,  publié  sans  date  ni 
souscriptions)  ; 

— une  quittance,  du  20  mésoré  an  XLIV,  127  av.  J.-C., 
pour  remboursement  d’une  somme  de  1440  argenteus  prêtée 
par  acte  du  30  klioiak  (pap.  Turin  174,  14;  Zeitschrift, 
pl.  II,  n°  11); 

— un  acte  d’adjuration,  de  l’année  118  (pap.  Turin  18; 
Zeitschrift,  pl.  IV,  n°  17); 

— un  contrat  d’échange  de  denrées,  etc.,  de  l’année  148 
(pap.  Turin  11  ; Zeitschrift,  pl.  III,  seulement  des  fragments, 
n°s  14-16)  ; 

— une  nouvelle  série  d’actes  de  l’état  civil  des  descen- 
dants des  époux  du  contrat  de  mariage  de  l’année  172,  entre 
les  années  172  et  130  (pap.  Turin  174,  20;  Zeitschrift, 
pl.  IV,  n°  19). 

On  conçoit  parfaitement  quelle  source,  pour  ainsi  dire 
intarissable  de  renseignements  nouveaux,  vient  de  s’ouvrir 
pour  l’étude  de  l’histoire,  des  moeurs,  du  droit  public,  civil  et 
criminel,  de  l’administration,  de  l’organisation  des  finances, 
de  l’économie,  de  la  statistique,  du  calendrier,  des  poids, 
des  mesures,  des  monnaies,  etc.,  pendant  les  dernières  dy- 
nasties égyptiennes.  Car  ces  documents  embrassent  une  pé- 
riode de  cinq  siècles,  du  règne  de  Darius  Ier,  roi  des  Perses, 
jusqu’à  la  conquête  de  l’Égypte  par  les  Romains. 

Je  n’ai  pas  assurément  l’intention  d’entreprendre  l’étude 
de  toutes  ces  branches  de  l’histoire  et  de  l’archéologie,  ni 
même  d’en  présenter  un  rapide  tableau.  Ces  études  en  sont 
à leur  début.  INI.  Reviliout  a déjà  appelé  l’attention,  dans 
plusieurs  notices,  sur  tout  l’intérêt  de  ces  documents 
historiques  ou  juridiques.  Imitant  son  exemple,  j’essaierai 
d’éclaircir  quelques  faits  relatifs  à la  dynastie  des  Ptolé- 
mées, dont  l’histoire  nous  offre  bien  des  problèmes  à 
résoudre. 

Suivant  l’ordre  chronologique,  un  des  premiers  objets  de 


ET  LA  DYNASTIE  THÉBAINE 


173 


recherche  rencontrés  sous  nos  pas  est  cette  petite  dynastie 
thébaine.  dont  la  découverte  est  due  à M.  Revillout.  Celui- 
ci  en  a déjà  établi  l’époque  et  doit  prochainement  publier’ 
une  notice  sur  le  nom  de  l’un  de  ces  rois  jusqu’ici  inconnus, 
que  je  vais  étudier  de  mon  côté.  J’aurai  l’occasion  d'ap- 
porter de  nouvelles  preuves  à côté  de  ses  arguments  et 
d’établir  un  point  intéressant  qu’il  n’a  pu  aborder,  je  veux 
dire  l’ordre  de  succession  des  nouveaux  rois  thébains. 

Ce  cartouche  ne  nous  est  connu  que  par  un  seul  texte 
démotique  publié  l’an  dernier  par  M.  Revillout.  C’est  le 

contrat  de  mariage  de  Patimout  et  de  Tbal , du  mois 

d’épip  de  l’an  IV  de  ce  roi1 2.  Sa  légende  royale  est  conçue 
comme  il  suit  : 

(Tî  (lu  3/1  di  ffc.  1 /•  fl 

en  hiéroglyphes  : 


« Le  roi  Hor-em-hou,  vivant  éternellement,  aimant  Isis, 
» aimant  Ammon-Râ,  roi  des  dieux,  le  dieu  grand.  » 

§ Ier.  — Nom  du  Roi 

J’ai  lu  le  nom  du  nouveau  roi  Hor-em-hou.  Cette  lecture 
a besoin  d’être  prouvée.  Il  n’y  a aucune  difficulté  sur  la 

1.  [ Zeitschrift , 1879,  p.  131.] 

2.  Nouvelle  Chrestomathie  démotique,  p.  109. 


174 


LE  ROI  HOREMHOU 


première  partie  du  nom  : fi  égale  sans  doute  pos- 
sible pour  personne;  mais  il  nous  faut  rechercher  la  lecture 
et  la  signification  de  la  sigle  Elle  se  rencontre  heu- 
reusement plusieurs  fois  dans  les  textes  mêmes  de  la  Nou- 
velle Chrestomathie . 

Les  scribes  de  Thèbes  et  ceux  de  Memphis  avaient,  ainsi 
que  l’a  très  bien  fait  remarquer  M.  Revillout,  des  habi- 
tudes différentes  de  rédaction  et  aussi  d’écriture.  Cette  cir- 
constance va  nous  fournir  une  variante  instructive  de  la 
sigle  étudiée.  Un  texte  thébain  dit  : 

y ))  .-j — — M y jD  Cl  ni  vh 

2 1 ~t  D 

scep  A sun-u  n teb  (?)  en  to-tu-t,  au-f- meh,  an  sep  neb-t. 
— « J’ai  reçu  leur  prix  de  ta  main  : il  est  complet;  pas 
de  reliquat’.  » 

On  lit  dans  un  texte  memphitique  : 

/A  | £_  ^ J | U ^ b/  ‘cr—  J]  I f /J)  \sz 

IA  <i\z+p.y\)  /Ali*.  3* 

7*33  7 ?*-*.*/ 

Ti-u-I  ui  en-her-t  pes-per  nte  kuat,  au-f-hebes,  au-f- 
meh  seba  s'asa't.  — « Je  t’ai  fait  cession  de  ta  maison  bâtie, 
couverte,  complète  de  porte  et  de  fenêtre’.  » 

On  est  frappé  de  l’analogie  d’emploi  des  deux  participes 

'O;;.  et  jjpj-,»  . L’identité  n’est  pas  discutable, 


1.  Revillout,  Nouvelle  Chrestomathie  dèmotique,  p.  130. 

2.  Revillout,  ibid.,  p.  114. 


ET  LA  DYNASTIE  THÉBAINE 


175 


et  la  forme  memphitique,  au  lieu  d’employer  les  deux 
lettres  M et  II  pour  écrire  le  mot  meh,  reproduit  exacte- 


par  le 


ment  l'orthographe  hiéroglyphique  [J  ^ 

signe  syllabique  oc=>\ . La  première  de  ces  deux  formules  se 
retrouve  avec  la  même  orthographe  aux  pages  75,  143,  46 
et  151  dans  des  actes  des  années  183,  176,  151  et  141. 

Une  seconde  formule  de  style  notarial  dit  que  l’acte  de 


cession,  i — | 1 1 1 |o  U,  est  passé  l|  |o  YJ)  / er  meh  s\a 
sen  « pour  compléter  deux  écrits’  » avec  l’acte  de  quit- 
tance du  prix.  Un  acte  de  vente  nommant  les  quatre  fils 
du  pastophore  Hor  ajoute  : h — ZD)  / er  meh  en  ftu 
« pour  compléter  quatre  »,  c’est-à-dire  « quatre  en  tout’  ». 

Les  vendeurs  d’une  maison  indivise  vendent  leur  part 


2 


13/  « pour  compléter  la  moitié1 2 3 4  »;  ou  : 


/a  l i-u 


ZD 


« pour  compléter  la  maison 


entière3  »; 

I X) /•  L\  2-É-  ->>»  13/ 

« afin  de  compléter  la  superficie  qui  fait  superficie  d’un 
aroure 5 6 » ; / A I U Z3  / « pour  compléter  le  lieu 8 » ; 

p 3 /A  II/—  Y \D  « pour  compléter 

l’étendue  du  terrain  ci-dessus7  ».  Enfin,  un  mari  promet 
par  contrat  de  mariage  de  donner  à sa  femme,  en  cas  de 


1.  Revillout,  Nouvelle  Chrestomathie  démotique , p.  43,  58,  63,  76, 
132  et  145. 

2.  Revillout,  ibid p.  62. 

3.  Revillout,  ibid.,  p.  70. 

4.  Revillout,  ibid.,  p.  71. 

5.  Revillout,  ibid.,  p.  84. 

6.  Revillout,  ibid.,  p.  91. 

7.  Revillout,  ibid.,  p.  99. 


176 


LE  ROI  HOREMHOU 


répudiation,  dix  argenteus  de  dommages-intérêts,  outre  les 
deux  argenteus,  valeur  de  son  don  nuptial  : 1]  A y Y_J>  / 
« pour  compléter  douze,  argenteus 1 ». 

Dans  un  sens  très  voisin,  le  mot  XD  s’emploie  pour 
solder  le  prix  de  quelque  chose*  : 

2.  1 l Ur  IJ)  /n-sO 

V70Â  * v3V/a  . 

Mtx—I  meh  ta  set3,  kebeh  * n uiâ 5,  nper 6 ntesc\ — « Que 
je  solde  l’ensemencement,  l’irrigation  de  culture,  le  droit 
de  moisson  et  l’arrosage*.  » 

Dans  toutes  ces  phrases,  la  lecture  et  la  valeur  du  mot 
1D,  en  copte  ü.e$>,  complet,  compléter,  sont  des  mieux 
assurées.  Elles  ne  le  sont  pas  moins  dans  leur  emploi  pour 
signifier  l’un  des  quatre  points  cardinaux.  Dans  la  désigna- 
tion des  tenants  et  aboutissants  d’une  maison,  le  nord,  en 


1.  Revillout,  Nouvelle  Chrestomathic  dèmotique,  p.  111. 

2.  Revillout,  ibid.,  p.  154. 


3.  Cf. 


H-? 


cô.t,  projicere,  senunare. 


n q ,VW'AA 

4.  Cf.  A B /WWV\  / inonder,  inondation  (Hymne  au  Nil),  ufie 

«£-)  /\  /WW V\  I 


refriçjerare. 


5.  Cf. 


(3  <a 


£ /I  travailler  aux  champs  (Pap.  Bologne  1086, 

/I  ( ~ -i 

1.  23,  apud  Chabas,  Mélanges  ègyptologiqucs,  III,  p.  233  et  pl.  XIII), 
ottoic  colere,  vertere , terrain. 

6.  V.  Brugsch,  Dictionnaire,  p.  478. 

AAAAM  ,'qI  /WWW  \S 

7.  Cf.  Q :'yU  (Stèle  de  Piankhi),  Q (Sharpe,  Eqqpt. 

r~v~i  fi  cxo  wl 


Inscr.,  XI,  15;  copte  «otsk  aspcrgerc). 

8.  Le  droit  d’irrigation  peut  s’appliquer  à l’entretien  des  canaux; 
le  droit  d’arrosage  à la  prise  d’eau  annuelle.  M.  Revillout  prend  ce 
dernier  mot  dans  le  sens  général  d'impositions.  Peut-être  lit-il  autre- 
ment que  moi. 


ET  LA  DYNASTIE  THET.AINE 


Ho, T,  est  écrit  O meut’. 

Je  pense  qu’il  ne  peut  y avoir,  après  cette  démonstration, 
aucun  doute  sur  la  lecture  du  cartouche  royal  : 


V i f ÏD  JJJ 


qui  ne  peut  être  autre  chose  que  : ( ^ |>^  $ j IIOR  M II. 


Je  dirai  plus  loin  la  signification  de  ce  nom,  mais  jus- 
qu’ici la  transcription  m’en  parait  être  indubitablement 
assurée. 


§11.  — Patrie  de  ce  roi 


Voyons  ensuite  où  ce  roi  a pu  régner. 

Or,  que  ce  roi  fût  Thébain,  c’est  ce  qu’on  peut  inférer  de 
plusieurs  mentions  du  texte  du  contrat  de  mariage  de 

Patimout. 

La  mention  d ’Amon-Râ  suten  neteru,  a Ammon-Râ,  roi 
des  dieux  »,  qui  est  l’un  des  titres  d’Ammon  à Thèbes, 
ne  serait  pas  concluante  à elle  seule,  parce  que  les  rois  de 
l’Egypte  inférieure,  les  Bubastites,  les  Sa'ites,  par  exemple, 
ont  honoré  Ammon  de  Thèbes.  Il  n’en  est  pas  de  même  de 
la  profession,  du  domicile  des  personnages  nommés,  de  la 
situation  des  biens  désignés  dans  les  contrats. 

I.  Au  contrat  de  mariage,  d’épip  an  IV,  le  marié  est  dé- 
signé de  la  manière  suivante  : 


1.  Revillout,  Nouvelle  Chrcstomathie  dèmolique,  p.  12. 

Bibl.  ÉGYPT.,  T.  XV. 


12 


17X 


LE  ROI  TIOREMIIOr 


en  hiéroglyphes  : 


« L'orfèvre,  habitant  de  Tlièbes,  Pati-inout,  li I s de 
» Pabast,  et  dont  la  mère  est  Tsatmout.  » 

Deux  de  ces  noms  nous  reportent,  comme  celui  d'Ammon, 


est  encore  de  même  du  nom  de  la  more  de  la  mariée, 


, dans  lequel  entre  le  nom  du  dieu  thébain 


, , • ■ • 1 I < • 1 ] ■ • -7M  ■ , 


'l/m  ü u o Li  - 1 

nyme  d’un  nome  de  la  Basse-Egypte  et  de  la  ville  de 


üotâ'zz-'.s . Mais  la  qualité  du  marié  ne  peut  laisser  aucun 
doute.  Il  était  : 


© 


. Il  El  U I 

Orl'èvre,  homme  de  Tlièbes. 


M.  Revillout  en  fait  un  « changeur  » ; je  le  crois  « orfèvre». 
Dans  un  acte  de  partage  par  avancement  d’hoirie  fait  en 
l’année  117  avant  notre  ère  (le  19  tobi  an  LIY  d’Évergète  II), 
par  Hor,  fils  d’Hor  et  de  Tsatpour,  le  possesseur  de  presque 
tous  les  papyrus  thébains  répandus  dans  les  musées  de 
l’Europe,  ses  quatre  enfants  s’engagent  par  la  clause  coin-  | 
minatoire  suivante  : « Le  jour  de  notre  règlement,  nos  voi- 
» sins  susnommés,  prenons-les  à la  maison  pour  écrire 
» entre  nous  quatre  : prenons-les.  Et  si  l’un  de  nous  quatre 
» se  rétracte  pour  ne  pas  aller  là,  il  donnera  cinq  talents 
» ( kerkev , s'maïop)  à la  banque  de  Pamont  de  Keramia.  » 

Ici  le  mot  «banque»  est  écrit:  D qui  ne  mej 


i 


i:  r [.  \ dynas  nu  i m i:\im 


parait  pas  identique  avec  celui  (pii  exprime  la  profession 
de  Patimout. 


Le  mot 


F^i  nubi  se  rattache  évidemment  à la 


racine  verbale  '!>_=/]  nub,  modeler,  former.  C’est  le 

mot  propre  appliqué  au  dieu  Ptah,  créateur  du  monde, 
dont  on  dit,  par  exemple  : 

'"fi 


» que  tu  as  trouvé  épars,  tu 
» leur  des  mondes’.  » 


n 


(l  Ce 

«rwïn  i 


ui  as  fait  sa  place,  dieu  mode- 


db 


ujI! 


Vf 


i n ( — tù  i i i 


s 


« Il  a formi::  les  dieux, 


» les  hommes,  toutes  leurs  générations1 2 3.  » 

De  ce  verbe  vient  le  substantif  rwx  fj  ij  7 j\ . fwq(j(j  et 
rssq  i | , auquel  convient  parfaitement  la  signification  de 
modeleur  et  orfèvre. 

Dès  la  XIIe  dynastie,  on  trouve  des  individus  portant  ce 
titre  : Ameni,  sous  Amenemhâ  Ier3;  — Senbou,  son  frère 
Sabou,  leur  cousin  Snââ  et  I-mru,  sous  Amenemhâ  III’;  - 
lia,  Amen-nezem,  sous  le  nouvel  empire  ; — Ptah-meri, 
sur  une  stèle  de  la  XVIIIe  (?)  dynastie,  prend  le  titre  de 


11  AA/WNA  ^ ' 


a orfèvre  du  roi"  ». 


Cet  em [)loi  près  des  rois  est  soumis  à une  hiérarchie  : 

Sur  la  stèle  de  cette  famille  d'orfèvres  qui  vivaient  sous 


rWnO 


\ j MER- 


Amenemhâ  III,  l’un,  Arn(ôs),  est 

nubu;  d’autres.  Pesés  et  Sasou,  sont  Ln  per- 

sonnage du  même  temps  ou  de  la  dynastie  suivante,  Titiou, 


1.  Hymne  à Ptah,  1.  23,  Pierret,  Éludes  èfiuptoloyi'/ims,  p.  3. 

2.  Hymne  à Ptah,  1.  57,  Pierret,  ibixl.,  p.  8. 

3.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms  propres,  n"  173. 

1.  Lieblein,  ibid.,  n"  144. 

à.  Lieblein,  ibid.,  nos  702  et  730. 

0.  Lieblein,  ibid.,  n°  711. 


ISO 


LE  ROI  HOREMHOU 


m’intitule  Puis,  à une  époque  postérieure,  je  rencontre 


encore  le 


mi' 


Ani1 2. 


Trois  individus  qui  semblent  appartenir  à la  XVIIIe  dy- 
nastie portent  un  titre  un  peu  différent,  quoique  analogue  : 

Amenemheb  est  t=^rs|nj  her-nubu3 4;  et  Paroi  et  Qenâ- 

Amen  sont  1;0  *. 

Enfin  Khensou-hotep  est  , 


« vérificateur 


de  l’orfèvrerie  des  ouvrages  du  palais  (?)  » du  roi  Amen- 
mer  Hor-em-heb  de  la  XVIIIe  dynastie5. 

Les  grands  temples  de  l’Égypte  ont  aussi  leurs  orfèvres  : 

Maâ  et  son  fils  Hâ  sont  J,  « orfèvres  d’Ammon», 

AV'vW  I A/WW\ 

avec  Samout,  sous  la  XVIIIe  dynastie6. 


Æ 

•ÏÏ, 

• JT1 


Plus  tard,  Khaloun  et  son  fils7 8,  ainsi  que 

-esil  i awwv  I n r n 

Les  orfèvres  ont  à leur  tête  des  f==i  fwq 

/WVW\  I 


’,  sont 


n n 


comme  Hor  et  son  fils  Ar-r-za9. 

De  même,  je  trouve  le  noub  d’Horus  Mout-sa,  XVIIIe  dy- 


nastie10. 

Enfin  un  Moutsa,  qui  est  peut-être  le  même  personnage 
que  Samout  ou  Moutsa,  que  je  viens  de  nommer,  s’intitule 

1.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms  propres , n°  512. 

2.  De  Rougé,  Inscriptions  hiéroglyphiques , IV,  pi.  301. 

3.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms  propres,  n"  750. 

4.  Lieblein,  ibid.,  n°  699. 

5.  Lieblein,  ibid.,  n“  G16. 

6.  Louvre,  C 83;  ou  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms  propres 
n"  658. 

7.  Lieblein,  Ægyptische  Denkmaler. 

8.  Louvre,  C 152. 

9.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms  propres,  n°  1067. 

10.  E.  de  Rougé,  Catalogue  du  Louvre , A 53;  ou  Pierret,  Recueill 
IL  p.  22. 


ET  LA  DYNASTIE  THÉBAINE  181 

sur  sa  stèle  funéraire'  : et  ryl (| (] ^ 

« l’orfèvre  d’Isis  » et  « l’orfèvre  de  Khcm  »,  ou  peut-être 
mieux  : « le  modeleur  des  statues  d’Isis  et  de  Khem  » dans 
le  temple  où  étaient  conservées  les  statues. 

Je  pense  que  ces  fonctions  auprès  des  rois  et  dans  les 
temples,  et  cette  hiérarchie  sous  des  * S et  des  5=n,  indi- 
quent plutôt  des  « orfèvres  » (pie  des  « changeurs  ».  Cette 
conclusion  me  parait  s’imposer  encore  plus  sûrement  quand 
on  voit  ces  individus  dans  l’exercice  de  leurs  fonctions. 

Il  y a longtemps  qu’on  a signalé  le  mot  nsn  jj  <2  et 
ses  variantes  comme  l’expression  propre  pour  raffinage  de 


or 


On  l’emploie  pour  dire  que  le  roi  a bâti  une  salle  du  temple 

“SB  w i /wwv>  cTô 

de  Dendérah  : fwi  v:  vi;  © ' ; — pour  parler  de  la 

fabrication  des  portes  du  temple  d’Edfou  en  lion  airain  : 


i r4n 


Tl'.llll 

"cna- 

~T7iTr:i 


d'une  arme 


— pour  la  fabrication 

oo  JJ  ( 

: (j  ^ jj  t _/i  e (j(j ; pour  celle  d’un 


bassin  à se  laver  les  pieds  : 

0 6 r*SP  a n ^ i ^ 

1 il  I I L=0l  I 


/WNAAA 


« Tu  te  laves  les  pieds 


dans  des  bassins  d’argent,  œuvre  de  l’artiste  Sokaris.  » 
Sokaris,  dont  il  est  parlé  ici,  est  le  dieu  Ptah-Sokar, 
prototype  de  l’artiste  : architecte,  il  suspend  le  ciel1 2 3 4 5 6 7 8;  il 

opère  sur  la  voûte  céleste  : ct  fl  7 ji 


□ 


mw 


\>  O, 

I I I 


1.  Pierret,  Études  ègi/ptolofji^ues,  1873,  [3.  Su. 

2.  Qourna,  15e  tombeau  ; Inscr.  de  Radesieli. 

3.  Düruichen,  Bauurkunde,  p.  6. 

4.  Dümichen,  Zeitschrift,  1870,  p.  3. 

5.  Naville,  Zeitschrift,  1873,  p.  1)2 . 

6.  Rituel  de  Nebseni,  apud  Naville,  Zeitschrift,  pl.  III,  p.  33. 

7.  Louvre,  3148.  6,  25. 

8.  Per  cm  hrou,  édition  Lepsius,  cliap.  lxiy.  1.  1. 


Lli  KOI  IIOKEMIIOU 


is;. 


;eur,  il  modèle  le  monde,  les  dieux  et  les  hommes'  ; il 


reconstitue  les  membres  du  défunt  après  sa  mort, 


□ 


§ 


Dans  la  phrase  suivante,  le  mot 


parallélisme  avec  le  mot 
« sculpter  » est  bien  étab 


7 n nub  est  mis  en 


mes,  dont  la  signification 
ie.  Après  divers  détails  sur  la 


construction  du  temple,  le  texte  ajoute  : 

°l’s=5|  awvw  ((  Sculptées  sont  leurs  images,  modelés  sont 
leurs^ corps  : on  les  fait  reposer  dans  leurs  temples  pour 
recevoir  les  oblations,  les  provisions  d offrandes  qu  on  place 
devant  lui  b » 

Au  livre  des  Instructions  de  Douaou-f-sa-Khartaï,  le 
(S  o . =1  “ W 


„ ,,  MESENTI,  copte 

Si.  D - - 


est  placé  entre  le 


A\ 


L-fl 


tecsuiv  U ■ , tcvCiiCT  et  üiecuivT  1 .,j  01  Qt  / on,  et  le 
'/omti,  le  tondeur  de  cuivre,  et  il  est  compris  dans  la  déno- 


mina t ion  générale  de  : y ^ ^ ^ 


/h 


D 


UJ 


« tout  artisan  en  objets  mobiliers  » dont 

elfouüls  sont  le  bois  et  le  métal  (§§  III  et  IV). 

J’ai  multiplie  les  exemples  pour  montrer  cjue  les  Egyp- 

tiens  n’ont  jamais  entendu  les  mots  rÿbJ  et  f^n(][j^ 
que  dans  le  sens  de  façonner,  modeler  et  modeleur.  Je  n’ai 
pas  recueilli  une  seul  texte  où  ce  mot  eût  rapport  avec  le 
métier  de  changeur.  En  l’absence  de  preuves,  je  conserverai 
à j^(][]r^^  le  sens  de  modeleur,  même  lorsqu’il  est 

écrit  ou  comme  au  contrat  de  mariage 

de  Patimout. 


1.  Voir  ci-dessus,  p.  lit). 

2.  $■<<<  en  s ins  in,  11,  12.  — Hymnes  au  Soleil,  variante  citee  par 
Lefébure,  p.  44,  etc. 

Mariette,  Abyclos,  pl.  37,  c. 

1.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms  propres,  n0"  699  et  173. 


I 


HT  LA  DYNASTIE  TU  EU  AINE 


183 


Cependant,  comme  la  signilication  des  mots  change  avec 
le  cours  des  siècles,  je  ne  serais  pas  étonné,  si  l’on  prouvait 
qu'a  l'époque  ptolémaïque,  noubi  soit  véritablement  un 
« changeur  » autant  qu’un  « orfèvre  »,  et  que  les  deux  mots 
que  j’ai  rapprochés  aient  plus  de  rapport  entre  eux  (pie  je  ne 
leur  en  ai  attribué. 

II.  J’arrive  maintenant  à rechercher  la  patrie  de  Pati- 

Q O 

moût.  Notre  modeleur  était,  selon  le  texte  : yp  , que 
l’on  traduit  aisément  « homme  de  Thèbes,  Thèbain  ».  Mais 
(pielle  est  la  prononciation  de  cette  désignation? 

Pour  former  les  ethniques,  la  langue  copte  si'  sert  du  mot 

pCJÜL  M.,  put  T.  : 

pejueioui,  incola  prooinciæ  P Jauni  ; 
pension,  incola  urbis  Thon  (?)  ; 
püKfeikOc,  incola  Ccibastc  urbis  ; 
pjLUtKHJUe  T.,  AI.,  u.  Ef/IJ/jtlUS  ,‘ 

pjupevKOTe  T.,  cicis  Alexandrin  us  ; 

Pjulc.£i‘>ot,  ctuis  Xoï.s  urbis; 

pexic^.6irr,  incola  Æggpti  inférions ; 

p€Ainx».»\pHC  T.,  pexipac  M.,  incola  Æggpti  saperioris. 

On  applique  ce  système  do  formation  même  à des  mots 
j qui  ne  désignent  pas  un  pays  ou  une  ville,  mais  une  portion 
de  territoire  quelquefois  très  restreinte,  comme  : 
peAiAiÀ&Ki,  incola  urbis,  citas  ; 
pexiHKoi,  rusticus,  ruris  incola  ; 
pM.m;*.o,  p«.HK(soi,  t lico! Cl  tc/TCC  ; 
pexicmoi,  incola  ruris,  rusticus; 
pXip^TPH  T.,  peiXpjsTH  AL,  vicia  us  ; 
pjuLiictouje,  agricole i ; 

pxiîiTcooT,  homo  silvestris,  rnontium  incola; 
pH’t’jue,  p3ü.\r^-.*xe  T.,  pexiir^xu,  vici  i ncola,  pagcuius  ; 
pexiniujcvqe,  clcscrd  l licol  Cl  ; 

pHiiHi  T.,  pexiuHi  et  pexx^enm,  incola,  cloinus,  domestieus , 
amiliaris  ; 


LE  KOI  HOREMHOU 


184 


pjuduS'oAe,  pAiiis'oeAe  T.,  pejuîrxoAi  AI.,  divej'SOr'lt  incola, 

hospes ; 

pexiAJL'Çe,  cœli  incola , cœlestis'. 


Il  est- 


facile 

iniiTiii  • 

' 


de 


reconnaître 

nirmir 


dans  le  préfixe  le  mot 
_ et  Vv  1 homme, 


femme,  en  copte  ptoAix  AI.,  pwjui  T.,  qui  s’emploient  aussi 
pour  les  deux  genres  : uneptouie  eue  ooott  eue  c^ixie  homines 

siue  masculi  sive  feminœ \ 

Mais,  dans  l’égyptien  antique,  ce  n’était  pas  ce  mot  qui 
était  employé  pour  former  les  ethniques  : on  se  servait  de 


au  féminin 


lü  Le  mot 


est  très  rarement  employé.  Au  contraire, 


est,  avec 


Ainsi,  dit-on:  AAAAAA 


, le  terme  général  pour  dire  « l’homme  ». 


« ô homme  (ô  roi)  Ou- 


1 . Peyron,  Lcxicon , passim. — Dans  ce  dictionnaire  copte  de  Peyron, 
outre  les  ethniques,  les  mots  qui  prennent  pju.  pour  préfixe  sont  dis- 
persés et  placés  au  mot  principal  : c’est  ce  qui  m’a  engagé  à les  réunir 
ici. 

Quelquefois  pjm  joue  en  composition  le  rôle  peq,  qui  sert  à former 
les  noms  d'agents;  on  trouve  ainsi  : 
pHïï^c,  série. v; 
pjuLÏïkppe,  novitius ; 
pjuuieipe,  factor,  operator  ; 
peAuiK^d-»  întelligens,  intellectu  prœditus  ; 
peju.imo'S'Te,  homo  Dci,  puis  ; 
ïipejuuipeuov,  pedites; 
pjutp^uj  T.,  p.u.pô.'S'uj  M.,  tir  mansuetus ; 
pumciuAs.  T.,  pejmucpçp-M.  M.,  homo  canus ; 

pejupcoÊ.  peJuîipcoÊ.,  angélus,  nuniius,  minister,  qui  res  operatur ; 
pcjLihxoAA.  potens,  tir  fortis  ; 
pXïsAJUt,  terax,  ceridicus  homo. 

2.  Brugsch,  Recueil,  pl.  43,  1.  7;  Sharpe,  Sarcophage  de  Sèti  ln 
(XIXe  dyn.).  — Sarcophage  de  Vienne,  etc.  Voir  Lauth,  Zeitschrift, 
186G,  p.  19,  et  1870,  p.  83. 

3.  Peyron,  Lcxicon,  p.  179. 


ET  LA  DYNASTIE  TI1EBAINE 


185 


sert-sen'  ».  « Total  de  ceux  qui  sont  allés  au  tombeau  du  dieu 

v-,  1111  huit  hommes5.  » On  dit  : , vs  ~ « tout  homme »\ 

AT  Mil  I il  o 

Au  Livre  royal  (p.  3,  1.  12),  se  trouve  la  prescription  de 

« dessiner  devant  le  lit  funéraire  un  œil  symbolique  avec 


de  la  gomme  »,  et  le  texte  ajoute  : 

ar-kâ  d-t  hemsû  sa  cm/un  a 

sefes-es  « et  tu  placeras  un  homme  assis  au  milieu  de  sa 

pupille  ». 

On  dit  de  même  avec  un  adjectif  déterminatif  : 


Kâ 


□ 


her  sa  peu  « pour  cet  homme-ci  » 1 2 ; 


'È 


1 

(5  I 

III  I 


$ 


i i i nt ah'  ma  sa  sen-u  retu  « tu  es  comme 

ceux  qui  sont  chefs  d’hommes3 4 * * 7 8 9  ». 

2°  Il  se  prend  encore  dans  un  sens  particulier,  dans  la 


phrase  suivante  : 


vy 


(3  (© 

-fl 


pci  sa  au-)'  er 


uùu  « l’homme  est  fait  pour  le  capitaine0  ». 

3°  Il  s’emploie  comme  peq  ou  pe«.  pour  former  des  noms 
d’agents,  de  métier  ou  d’état.  Ainsi  dit-on  : 

pa  sa  sn,  le  couple1  ; 

-O- , , titre  du  moraliste  Douaou-f-sa- 


i 

Ivhartaï8; 

— n <Vvvw\ 


. \s/  I 'wwwj  un  prêtre* ; 

» vi*T  I /WW\A 


1.  Instructions  cVAmcncmhà. 

2.  Pcipi/rus  Amhursf,  3,  6. 

3.  Ani,  25e  maxime;  Inscription  de  Rosette,  1.  9,  etc. 

4.  Je  n’ai  pu  retrouver  la  référence  de  ce  passage. 

T>.  Chabas,  Mélanges,  111,  v.  2,  pl.  148. 

ti.  Papyrus  Anastasi  II,  pl.  7,  4. 

7.  Papyrus  Sali  ici-  11,  2,  7. 

8.  Papyrus  Seillier  II,  3,  9. 

9.  Per  cm  Iirou,  édition  Lepsius,  chap.  xclti,  in  fine;  Pierrot,  Hymne 
à la  ilirinitc , p.  14. 


LE  KOI  IIOREMHOU 


186 


t /i , un  confiseur'  ; 

— r\  n si  /www 

[1  ! ™ j Y homme  altéré1 11  ; 

, l’homme  qui  a ses  outils,  un  ouvrier 


/h 


peut-être  un  supérieur  (?); 
jj  , le  complice" ; 

U AAAAAA  / ~] 

si' , homme  de  vérité,  en  copte 


, peut-être  homme  de  solitude,  soli- 


^ i ‘ et  i 'ÛM  ~ 

^ixxixsxe.  veraæ,  homo  vendions  , 

^ jt  i i i 

taire; 

^ ^ * , un  homme  appartenant  à son  dieu,  un  dévot, 
un  fidèle  ' 0 ; cf.  p-uuuto-rre  homo  Dei,  pi  us"  ; 

, l’homme  qui  ignore,  l’ ignorant'1  ; 

n , un  homme  dans  sa  maison,  un  propriétaire  ", 


mot  formé  comme  pju.nHi  incola  domus  et  autres  cités  plus 
haut  ; 


1.  Papyrus  de  Turin,  pl.  36,  16,  apiul  Chabas,  Mélanges , IV, 
pl.  34. 

2.  Papi/rus  Seillier  /,  8,  5. 

3.  Formule  des  us'ebti  •'  Liera  des  Morts,  chap.  vi- 

4.  De  Rongé,  Inscriptions  hier of/h/phi c/ lies,  pl.  303,  52. 

5.  Stèle  de  l’excommunication. 

6.  Louvre.  Invent.  3015. 

7.  De  Rongé,  Inscriptions  hièror/li/p/ih/iics,  pl . 303 ; Pierret,  Recueil 
I,  p.  8!),  etc. 

8.  Peyron,  Lexicon. 

9.  De  Rougé,  Inscript  ions  /tièrot/lrjphi'/ues,  pl.  303,  7. 

10.  Louvre  C 232,  apud  Pierret,  Recueil,  II,  p.  32. 

11.  Peyron,  Lexicon. 

12.  Ta  shà  ainu  dua,  9,  E-  119. 

13.  De  Rougé,  Inscriptions  Itièroglt/phi<]ues , pl.  291. 


K T LA  DYNASTIE  TIIEIÎAINF, 


, un  homme  de  petite  condition'1 2 * * * * 7 8 9  ; 


'â  i'i  H t~fl>  lmi>oHc"r’’ 


Je  ne  doute  pas  qu’on  ne  puisse  ajouter  à ces  exemples. 
1"  Kn  dernier  lieu  on  l’emploie,  comme  le  copte  peju,  pour 
former  des  ethniques,  par  exemple  : 


Y habitant  du,  sud'0. 

Donc  / ' ^ sa  tap  est  un  Thcbain. 

ma\ 

Cette  racine  n’est  pas  cataloguée  au  lexique  copte  de 

1.  Pupi/rus  S'allier  /,  5. 

2.  Stèle  Mctlcrnich , Brugsch,  Zeitschrift,  1879,  p.  2. 

8.  Mariette,  Abi/ilos,  pl.  XX. 

1.  De  Rongé,  Inscriptions  hicruf/i ' i/phiqucs,  pl.  272. 

•’).  lie  Rouge,  i-bicl.,  pl.  281. 

<>.  De  Rouge,  ibid.,  pl.  251. 

7.  PapprïtS  liisloi'i'/uc  Harris , 78,  9. 

8.  Papi/rus  Anastasi  I,  p.  28,  1.  G. 

9.  Papr/rns  Anastasi  /,  p.  28,  1.  G. 

19.  De  Rouge,  1 nscript ions  h irrni/ h/ph i'/ucs,  [il.  589.  Cf.  pl.  292. 


188 


LE  ROI  HOREMHOU 


Peyron.  Cependant,  j’en  ai  retrouvé  quelques  exemples 
conservés  dans  la  langue  copte  : 


cg^iAie  T.,  cgqjui  M.,  mulier; 

c*.itoeiK,  pis  toi'  ; 

cô.uju^u]i  , ponderator,  mensuratov ; 
cevjutnegwois',  male, factor . 


Au  contraire,  de 


ij  j rem,  homme,  employé  en 
composition,  je  ne  connais  qu'un  exemple  d’époque  récente, 
<=>  Jn  ij-  REM-taui  Nofru-As,  «la  femme  du 

double  pays  »,  c’est-à-dire  « /’ Egyptienne  Nofrou-Is  », 
exemple  cité  par  M.  Lautli1. 

Il  sera  intéressant  pour  l’histoire  de  la  langue  de  recher- 
cher à quelle  époque  le  préfixe  ^ Ko  et  plus  tard  aussi  le 

préfixe  peq  se  substituèrent  au  préfixe  ma. 


Des  démonstrations  qui  précèdent,  je  crois  pouvoir  con- 
clure à bon  droit  que  : 

1°  Patimout,  le  modeleur  en  métaux  ou  l’orfèvre, 


^))i  , était  de  Tlièbes  { 'A-  J |J  . 

2°  Le  roi  dont  le  règne  est  mentionné  en  tête  de  l’acte 
qui  nous  occupe  ne  pouvait  être  que  Thébain. 

Une  autre  circonstance  milite  encore  en  faveur  de  cette 
attribution,  c’est  la  conservation  de  l’acte  dans  les  papiers 
de  la  famille  thébaine  du  pastophore  d’ Amen-Api,  Ilor. 


§ III.  — Place  historique  du  roi  IIormeii 

La  paléographie  du  contrat  de  mariage  que  j’examine 
en  place  la  rédaction  au  temps  des  premiers  Lagides.  11  y 


1 . Zeitschrift , 1866,  p.  19. 


ET  LA  DYNASTIE  THEBAINE 


189 


a identité  de  formules  avec  celles  de  deux  autres  contrats 
de  mariage1 2 3 4  rédigés  en  226  sous  Ptolémée  Évergète  Ier  et 
(ai  211  sous  Philopator  Ier,  et  identité  d’orthographe.  C’est 
donc  à cette  époque,  sans  hésiter,  qu’il  faut  reporter  le  roi 

Hormeli. 

Or  M.  Revillout  a signalé,  il  y a déjà  deux  ans,  deux  rois 
dont  le  protocole  est  en  tout  semblable  à celui  d’Hormeli, 

au  nom  près  des  rois;  l’un  s’appelle  i et 

l’autre  î ■>  h 

M.  Revillout  a fort  bien  établi  que  ces  rois  sont  Thé- 
bains  et  contemporains  de  Ptolémée  Épiphane  : 

1°  Par  le  caractère  paléographique  des  actes  ; 

2°  Par  la  mention  des  « prêtres  d’Ammon-Rà  de5'!  classe  » 
qui  n’ont  été  institués  qu’en  239,  Tan  IX  d’Évergète  Ier; 

3°  Par  toutes  les  convenances  historiques  qui  ne  per- 
mettent pas  de  les  placer  ailleurs  que  pendant  les  troubles 
qui  accompagnèrent  la  minorité  d’Épiphane,  devenu  roi  à la 
mort  de  son  père  Philopator  en  205. 

Depuis,  M.  Brugsch  a confirmé*  par  un  texte  monumental 
la  justesse  des  démonstrations  de  M.  Revillout. 

Enfin  deux  actes  de  même  date,  concernant  une  même 
vente,  viennent  d’être  publiés  par  JM.  Revillout.  Le  nom 

du  roi  est  écrit  cette  fois  : , 

Nous  nous  trouvons  ainsi  en  face  de  quatre  rois  avant 
régné  à Tlièbes  : 

dont  on  connaît  l’an  IV  (Pap.  Berlin); 

1.  Publiés  également  dans  la  Nouvelle  Chrcstonxathie. 

2.  Papyrus  Wilkinson  au  British  Muséum. 

3.  Photographie  au  Musée  du  Louvre. 

4.  Zeitschrift  fur  àgyptische  Sprache,  1878,  p.  43. 


LE  ROI  IIOREMIIOU 


190 


dont  on  connaît  l’an  IV  (Pap.  Londres); 


y dont  on  connaît  l’an  VI  (Pap.  Berlin); 

(j  \ ) dont  on  connaît  l'an  XIV  (Pap.  Louvre). 


D’après  le  témoignage  de  Polybe1,  à la  mort  de  Pliilo- 
métor,  grand  nombre  de  gouverneurs  de  provinces  se  soule- 
vèrent et  se  firent  couronner  rois,  comme  nous  le  voyons 
ici  pour  nos  quatre  rois.  Cet  auteur  cite  le  nom  d’Athinis, 
Pausiras,  Kliesouplios  et  Iroubastos,  les  derniers  vaincus. 
Il  faut  donc  établir  que  les  quatre  cartouches  appartiennent 
bien  à des  rois  thébains  et  non  à des  dynasties  établies  en 
d’autres  villes. 

Je  vais  essayer  sur  ce  point  de  compléter  la  belle  décou- 
verte de  M.  Revillout. 

La  preuve  est  faite  pour  Hor-meh,  en  particulier.  Elle 
n’est  pas  plus  difficile  pour  le  roi  S ( <— que 

M.  Brugsch  a nommé  Hor-sat. 

L’acte  de  vente  et  sa  quittance  datés  de  ce  roi  sont  du 
mois  de  paoni  de  l’an  VI.  Or,  ils  concernent  trois  champs 
situés  à Tlièbes . 


Ce  qui  se  serait  écrit  en  hiéroglyphes  : 


« Tu  as  donné,  satisfait  est  mon  cœur  de  l'argent  de  la  moitié 


1.  Polybe.  livre  XXI.  19,  1 (édit.  Didot). 


K T LA  DYXASTIK  TII]  I3AIX1 . 


191 


\>l  I I I 


ywwvA  T-  \ ^ 
d Di 


© 

x» 


» île  mon  sixième  des  trois  champs  qui  à la  sortie  du  quartier 


» des  charpentiers  à l'occident  de  Tlièbes.  » 

Ainsi,  le  lieu  d’habitation  des  contractantes  (car  ce  sont 
deux  femmes)  est  bien  déterminé.  C’est  le  quartier  dont  il 
est  question  dans  presque  tous  les  papyrus  de  la  A 'oued  la 
Chrestoniathie  dêmotique,  où  se  trouvaient  les  maisons,  les 
vignes  et  les  champs  du  pastophore  lier.  Parmi  les  tenants 
et  aboutissants  nous  trouvons  les  champs  d’IIereb,  fils  de 
Paheto.  Or,  deux  notaires  thébains,  l’un  petit-fils  de  l’autre 
portent  ces  noms,  mais  je  n’affirmerai  pas  qu’il  soit  ici 
question  d’eux,  puisque  le  texte  ne  leur  donne  aucun  tilrc. 

Le  roi  llor-sat  est  donc  un  roi  thébain. 

Il  en  est  de  même  d’Ankhtou,  puisque  M.  Revillout  nous 
apprend,  dans  le  court  extrait  qu’il  a donné,  (pie  les  prêtres 
d’Ainmon-Râ-sonter  dressaient  les  actes  en  son  nom,  en 
l’an  VI  de  son  règne. 

De  même,  encore,  pour  le  second  roi  cité  plus  haut,  car 
M.  Revillout  a trouvé  son  protocole  sur  un  acte  de  vente' 
faite  par  un  choachyte  de  Tlièbes  à son  frère,  en  l’an  IV. 

D’ailleurs,  il  faut  remarquer  que  ces  quatre  rois  avaient 
adopté  absolument  le  même  protocole,  ce  qui  me  paraît 
marquer  leur  commune  origine.  Je  ne  doute  pas  que,  si  l’on 
retrouvait  à Khemnis,  à Siout  ou  dans  quelqu’autre  ville 
de  la  Haute-Egypte  des  actes  d’Athiris  ou  de  Pausïras,  ils 
ne  nous  offrissent  une  tout  autre  formule  en  rapport  avec 
le  culte  local. 

Ainsi  donc  les  contrats  démotiques  conservés  dans  les 
trois  musées  du  Louvre,  de  Londres  et  de  Berlin  nous  dé- 
montrent bien  que  des  rois,  dont  quatre  cartouches  nous 

1.  Rien  n’en  a été  publié  que  le  protocole. 


192 


LE  KOI  HOREMHOU 


sont  connus,  ont  régné  à Tlièbes  pendant  la  révolution 
(tapa/;/,  des  textes  grecs)  qui  suivit  la  mort  de  Pkilopator. 

Mais,  si  l’on  additionne  les  chiffres  du  tableau  ci-dessus, 
on  obtient  un  total  de  vingt-huit  années  pour  la  durée  mi- 
ni ma  des  quatre  règnes. 

Or,  les  documents  cités  par  M.  Revillout  et  par  M.  Brugsch 
sont  formels  pour  limiter  à dix-neuf  années  le  règne  de  ces 
rois  de  Thèbes. 

Il  faut  donc  de  toute  nécessité  éliminer  deux  de  ces  car- 
touches. Or,  le  deuxième  et  le  troisième  ont  déjà  été  assi- 
milés entre  eux  par  M.  Brugsch1,  M.  Revillout  lisait  le 
troisième  Hor-hotep,  M.  Brugsch  les  lut  tous  les  deux 


] IIor-sat;  M.  Revillout  les  lit  aujourd’hui 


Hormekh2. 

Je  sais  que  M.  Brugsch  a donné  son  assentiment  à cette 
lecture  de  M.  Revillout,  et  de  mon  côté  je  crois  que  per- 
sonne ne  contestera  le  nouveau  nom  donné  au  roi  thébain. 

Il  ne  reste  plus  maintenant  qu’à  expliquer  comment  les 
signes  ou  c£—  doivent  être  rapprochés  de  ''O  égal  à 
mh,  pour  ne  donner  que  le  nom  d’un  seul  roi. 

Or,  s’il  est  un  nom  du  dieu  Horos  répété  dans  tous  les  ! 

textes,  c’est  celui  de  Hor.-m-x.uui  « Hor  des  deux 
horizons  »,  transcrit  par  les  Grecs  "Apuayi;. 


Ce  nom  a pour  variante  des  plus  habituelles 


LU  I l O ° 1 AV^  OJJU1UA  V.IU  ^ C-  UUOOl  ^ ^ 

sur  un  monument  du  Louvre  A 117.  Nous  avons  là  les  ! 


éléments  complets  Hor-em-/.u  du  nom  que  les  Grecs  ont 

1.  Zeitschrift,  1878,  p.  43. 

2.  [Hornxachu  ou  Hannaehis  ( Zeitschrift , 1879,  p.  131,  et  Reçue 
èfji/ptologique,  1881,  II,  p.  283).  Le  bilingue  Ivrall  l’y  confirme  «d’une  j 
façon  définitive»  ( Reçue  èçjyptologique,  1880,  I,  p.  190).  Mais  M.  Re-  I 
villout  ne  distinguait  et  n’expliquait  pas  les  diverses  formes  du  nom.]  j 


ET  LA  DYNASTIE  THEBAINE 


1 ):  î 


transcrit  "Appa^;.  Or,  si  l’on  rapproche  les  deux  noms 
du  roi  et  et  ccllli  du  ^ieu 

cQ:  J),  on  est  frappé  de  l’identité.  Le  nom  du  roi 


pourrait  être  écrit  en  memphitique  3<.opjuu6oir  ou  3*.pjm.'6oT, 

I et  comme  £ est  une  lettre  qui  n’existe  pas  en  thébain  et  se 
remplace  par  o,  le  même  nom  devait  s’écrire  à Thèbes 
ScopAiooT  ou  3^pju.oo-y,  qui  est  précisément  la  transcription 


du  cartouche  (J  i 


Donc,  les  trois  cartouches  désignent  le  même  roi  Har- 
1 makhis.  Les  deux  derniers  ont  été  écrits  avec  le  signe 

1 idéographique  £4—  £ [O3;  et  le  premier,  d’après  la  pro- 

! nonciation  cjui  alors,  sans  doute,  commençait  à s’introduire 
à Thébes,  par  un  groupe  employé  pour  écrire  la  syllabe  meh 


) OU  EM-HU. 

Le  nom  du  nouveau  roi  n’a  rien  de  commun  avec  la  racine 
meh,  ^3.  remplir,  compléter  : il  signifie  hor  de  l’ho- 

! KIZON  OU  DU  DOUBLE  HORIZON. 

La  difficulté  des  vingt-huit  ans  d’un  quadruple  règne 
j disparait  donc,  et  nous  restons  en  présence  de  deux  rois 
, seulement  : 

1°  (^>  suivant  l’orthographe  de  la  langue  sacrée 

ou  monumentale,  "Appuy-.;  selon  le  nom  donné  par  les  Grecs 

Hor-m-hu  d’après  la 
prononciation  adoucie  qui  probablement  commençait  alors 
à être  usitée  à Thèbes  ; 


au  dieu  son  homonyme,  ou 


2°  fi11*  es^  Peut~ètre  bien  le  nom 

par  les  Grecs  “Awv^iç 1 . 


transcrit 


1.  [La  nouvelle  lecture  de  M.  Revillout  d’après  les  actes  de  Berlin, 
j Anchmachis  (Reçue  ègi/ptoloyiquc , II,  p.  146-147),  n’in- 

firme pas  cette  assimilation.] 

Bibl.  égypt.,  t.  xv.  13 


i 


LE  KOI  HOREMHOl' 


11)4 


Du  premier  on  connaît  la  date  de  l’an  VI,  et  du  second, 
celle  de  l’an  XIV,  ce  qui  fait  vingt  ans,  juste  ce  qu’il  faut 
pour  remplir  les  dix-neuf  premières  années  d’Épiphane. 
Car,  en  partant  de  l’année  205,  on  a,  suivant  la  manière  de 
compter  de  la  chancellerie  égyptienne  et  en  supposant  Har- 
makhis  prédécesseur  d’Aonkhis  : 

205.  Mort  de  Philopator. 

lre  année  d’Épiphane  et  d’Hor-em-hou. 

204.  2e  — — 

203.  3e 

200.  6e  année  d’Épiphane  et  d’Hor-em-hou 

et  lre  année  d’Ankhtou. 

190.  7e  — 2e  — 


187.  19fi  — 14ü  — 

Prise  de  Thèbes  par  Aristomakhos,  général  d’Épiphane. 


Il  n’est  peut-être  pas  nécessaire  de  faire  remonter  la  révo- 
lution aux  dernières  années  de  Philopator;  il  suffirait  qu’elle 
eût  été  déterminée  par  l’attaque  du  roi  de  Syrie  contre 
l’Égypte  dès  le  début  du  nouveau  règne. 

Je  ferai  encore  remarquer  que  je  n’ai  rencontré  aucun 

" ■ÇA  | — (D — 

Egyptien  appelé  du  nom  de  IIor-sat,  et  je  nen 


connais  que  deux  du  nom  de  y\  Hor-hotep,  person- 
ne es  D 

nages  inconnus  du  Moyen-Empire1 2. 

Au  contraire,  le  nom  d’HoR-EM-Knou  est  bien  moins 
rare  : 

1°  Sur  une  stèle  d’Apis,  au  Louvre,  on  trouve  un 

^ ^ , gendre  et  père  de  deux  prêtres  de  PtalP. 

^ n 


1.  Lieblein,  Dictionnaire  des  noms  propres , nos  293  et  460. 

2.  Lieblein,  ibid.,  n"  1234. 


ET  LA  DYNASTIE  THEDAINK 


19.") 


2°  Sur  une  stèle  du  Louvre  (C  34)  du  règne  d’Amen- 
liotep  Ier  (XVIII0  dynastie,  XVIIe  siècle  avant  notre  ère),  je 
c°j 


trouve  un  V\  (j  1 — 1 Hor-am-kiiou,  scribe  et  frère 

de  souten  relïh,  etc.,  Atcf-nofer’. 

3°  Un  fonctionnaire  bien  plus  intéressant  encore  pour 
is  d'un  sotem  de  Ptali  et  d’une  ahi 


nous  est  un 


fils 


nefert  en  Se/îhet  nefer  Ptali  mer-  « bonne  hiérodule  de 
Sekliet,  la  bonne  amante  de  Ptali  »,  et  lui-même  : □ 

tQ!.  " prince’  chef>  1™^ 

» l’œuvre  de  Ptah,  prophète  (?)  de  la  reine  Arsinoé5  ». 

Je  suis  le  premier,  si  je  ne  me  trompe,  à signaler  un  sa- 
cerdoce royal  des  Ptolémées  en  dehors  de  ceux  d’Alexan- 
drie et  de  Psoï  ou  Ptolémaïs  au  nome  tliébain.  O11  voit  (pie 
Memphis  avait  aussi  sa  part.  Mais  le  sacerdoce  de  la  reine 
Arsinoé  y était  exercé  par  un  prêtre  ( hennetev , prophète). 

4°  Un  individu  contemporain  du  roi  portait  le  même 
nom.  Il  occupait,  rue  Royale,  à Thèbes,  une  maison  appar- 
tenant à Ilereb  le  Jeune,  fils  de  Lobaïs  et  petit-Iils  d'IIer- 
mias,  et  se  trouve  cité  dans  un  acte  de  vente,  en  180,  la 
23°  année  d’Épiphane,  quelques  années  seulement  après  la 
soumission  de  Thèbes.  Dans  la  quittance  du  prix  d’achat, 

le  nom  est  écrit"  : <-.'a-30  )<vA  que  je  transcris  : 


et  dans  l’acte  de  cession  ( 


- 1°  U 


p s/ai  n ni),  qui  se  transcrit  : 


(O3 


Ce  nom  était  usité  dès  les  premières  dynasties,  sous  la 
forme  : $ " , attaché  au  palais  du  roi  Râ-meri  Pepi 


1.  Pierret,  Recueil,  II,  p.  48. 

2.  Licblein,  Dictionnaire,  des  noms  propres,  n"  1316. 

3.  Revillout,  Nouccllc  Chrestomathie  dèmotique,  p.  72. 


196 


LE  ROI  HOREMHOU 


de  la  VIe  dynastie’;  femme  qui  vivait  sous 

Râ-s-hotep-het  Amen-em-hâ  Ier  et  sous  Râ-khaper-ka 
Ousert-sen  Ier,  rois  de  la  XIIe  dynastie’. 


§ IV.  — Ordre  successif  des  deux  rois 
Hor-em-hou  et  Ankhtou 

Enfin,  pour  compléter  l’étude  sur  les  deux  nouveaux  rois, 
il  me  reste  à prouver  l’ordre  dans  lequel  ils  se  sont  succédé. 
Je  trouve  cette  preuve  dans  les  souscriptions  des  contrats 
thébains.  En  effet,  la  plupart  des  actes  publiés  par  M.  Re- 
villout  sont  des  contrats  notariés,  souscrits  par  le  notaire. 

On  me  saura  gré  sans  doute  de  donner  ici  la  liste  chrono- 
logique de  ces  fonctionnaires  avec  la  date  des  actes  qu’ils 
ont  souscrits,  publiés  jusqu’à  ce  jour. 


Notaires  à Tlièbes  et  à Hermonthis 

Pet- As,  fils  de  Pa-heto,  en  226  et  210,  et  l’an  IV  d’Hor- 
em-hou  (A Touu.  Chrest.  dém.,  p.  3,  6 et  112). 

Panekhtou,  fils  d’Hereb,  l’an  VI  d’Hor-em-hou  (p.  133). 

Pabi,  fils  de  Kloudj,  en  182  (p.  78). 

Amenhotep,  fils  de  Tout,  « qui  écrit  au  nom  de  dame  Sânkh 
...  la  propliétesse  de  Djem  »,  en  150  (p.  52 
et  58). 

Le  neter-atef  Nes-poumout  (Xttotoùî)  a pour  fille  Tsetkhons, 
prêtresse  d’Amon  ( ouab-t  Amen),  mère  de 
Sânkh,  la  propliétesse  de  Djem,  titulaire  de 
l’office  des  notaires  en  150  (p.  52  et  58). 


1.  Lepsius,  Dcnkmalrr,  II,  115;  Lieblein,  Dirtionnaire  des  noms 
propres,  n05  47,  48. 

2.  Musée  de  Boulaq,  n°  44;  Lieblein,  ibid.,  n°  99. 


( 


ET  LA  DYNASTIE  TIIÉBAINE  197 

Hor,  fils  de  Pabi,  qui  écrit  « au  nom  des  prêtres  d’Amon-Râ, 

■ roi  des  dieux,  et  des  dieux  Frères  et  des  dieux 
Évergètes  et  des  dieux  Philopators  et  des 
dieux  Epiphanes,  du  dieu  Philométor,  du 
dieu  Philopator,  des  dieux  Évergètes,  de  la 
5e  classe»,  en  140  et  142  ( C lires t . déni.,  p.  61, 
et  Nouv.  Chrest.  déni.,  p.  85). 

Ilereb  (‘Epielc),  fils  de  Pa-heto,  « qui  écrit  à Hermontkis  » 
en  141  {Noua.  Chrest.  déni.,  p.  45). 

en  134  (M.  Revillout  ne  donne  pas  la  souscription). 

; Ivloudj,  fils  de  Pabi,  « qui  écrit  au  nom  des  prêtres  d’Amon- 
Râ,  roi  des  dieux,  et  des  dieux  Adelphes,  des 
dieux  Évergètes,  des  dieux  Philopators,  des 
dieux  Épiphanes,  du  dieu  Philométor,  du  dieu 
Eupator,  des  dieux  Évergètes,  de  la  5°  classe  », 
en  127  et  en  122  (p.  108  et  102). 

Nes-min,  « fils  de  Pabi,  qui  écrit  au  nom  des  prêtres 
d’Amon-Râ-sonter  et  des  dieux  Adelphes,  etc.» 
(comme  pour  Kloudj),  en  121  ( Chrest . déni., 
p.  85).  Il  était  encore  en  fonctions  en  113  : 
voir  ci-dessous  au  nom  Hornekht. 

IIor-sa-As  (’Apa^atç),  fils  de  Khons-tef-nekht,  « qui  écrit  au 
nom  de  Nes-pe-mctaou,  fils  d’Asar-ouer,  le 
prophète  de  Djem  »,  en  120  ( Nouv . Chrest. 
dérnot.,  p.  159)  et  en  119  (p.  64). 

Hor-sa-As,  fils  de  Khonsthot,  en  117  (Ibid.,  p.  19). 

Hornekht,  « clerc  (nul)  de  Nesmin,  fils  de  Pabi,  qui  écrit  au 
nom  des  prêtres  d’Amon-Râ,  roi  des  dieux, 
et  des  dieux  qui  unis  avec  lui,  de  la  5e  classe  », 
en  113  ( Ib  id. , p . 1 25) . 

Khons-tef-nekht,  fils  d’IIor-sa-As,  « qui  écrit  au  nom  de 
Nes-pe-metaou,  fils  d'Asar-ouer,  le  prophète 
de  Djem  »,  en  103  (Chrest.  dém.,  p.  122)  et 
en  96  (Nouv.  Chrest.  dém.,  p.  31). 

Amenhotep,  fils  de  Khons-tef-nekht,  « qui  écrit  au  nom  de 


198 


LE  ROI  HOREMHOU 


Nespemetaou,  fils  d’Asar-ouer,  le  prophète  de 
Djem  »,  en  102  ( Chrest . déni.,  p.  122). 

llereb,  fils  de  Pa-heto,  en  96  ( Nouv . Chrest.  dém.,  p.  31). 
M.  Revillout  cite  encore  : 

IIor-si-As,  fils  de  Khons-tef-nekht,  sur  un  acte  du  26  épip 
an  XLV  d’Évergète  II,  ou  l’année  126  ( Zeit - 
schr.,  1879,  p.  88). 

Et  Pa-heto,  fils  de  Pet-As,  « qui  écrit  au  nom  d’Asar-ouer, 
surnommé  Amenhotep,  fils  de  Nespemeté,  le 
prophète  de  Djem  »,  an  XI  de  Philométor,  ou 
l’année  172  (ibid.,  p.  91). 


Il  est  facile,  d’après  les  renseignements  que  ces  notaires 
donnent  sur  leurs  familles,  d’établir  les  généalogies  sui- 
vantes : 

PREMIÈRE  FAMILLE 


notaire  'en  226  et  210 
et  l’an  IV  d'Horemhou 


notaire  fils  de  Hereb, 

en  172  et  150  notaire  vers  195 


notaire  il  Herinontliis  en  111 


□ 


ra 


J 


notaire  en  96. 


ET  LA  DYNASTIE  TIIEBAINE 


DEUXIÈME  FAMILLE 


notaire  en  122  notaire  en  121 
et  113. 

TROISIÈME  FAMILLE 


W/vW  I ^ ^ 


notaire  en  126  et  119-120 


notaire  en  103  et  96. 


/WW\A  O 

notaire  en  102. 


QUATRIÈME  FAMILLE 
(qui  peut-être  se  rattache  à la  précédente) 


notaire  en  117 


et  ses  trois  frères  (?)  : 


I ’AjjLjjuSvio;) 


D 


<300 


200 


LE  ROI  HOREMHOU 


CINQUIÈME  FAMILLE 

Enfin  viendraient  les  prophètes  de  Djem,  chef  du  notariat 
royal  à Thèbes,  institué  en  139  par  Évergète  Ier  : 


surnommé  Amenhotep,  prêtresse  d'Ammon 
prophète  de  Djem 


en  172 

PÏ7I 


prophétesse  à Djem  en  150 


prophète  à Djem  en  120,  119,  103  et  102. 


L’un  de  ces  notaires  nous  intéresse  tout  particulièrement: 
c’est  Pet-As,  le  fils  de  Paheto.  Il  était  notaire  en  226  et 
210,  l’an  XXII  de  Ptolémée  Évergète  Ier,  mort  en  222,  et 
l’an  XII  do  son  successeur  Ptolémée  Philopator,  mort  en 
205.  Mais  il  l’était  encore  l’an  IV  du  roi  thébain  Horemhou, 
et  au  contraire  il  ne  l’était  plus  l’an  VI  du  même  roi. 

Ces  détails  biographiques  permettent  d’établir  toute  la 
chronologie  de  la  petite  dynastie  thébaine. 

En  effet,  le  notaire  Pet- As  aurait  rempli  ses  fonctions 
sous  les  trois  rois  successifs  Évergète  Ier,  Philopator  et 
Horemhou.  Il  aurait  ainsi  exercé  sa  charge  dès  avant 
l’an  226  jusqu’après  l’an  IV  d’Horemhou,  qui  serait  l’année 
202,  c’est-à-dire  pendant  une  trentaine  d’années;  ce  qui 
concorde  avec  la  durée  moyenne  des  notariats,  qui  est  de 


ET  LA  DYNASTIE  TIIEBAINE 


201 


vingt  ans  dans  la  première  famille  et  de  dix-neuf  dans  la 
seconde.  Au  contraire,  s’il  fallait  y ajouter  les  quatorze  ans 
d’Anchtou,  on  obtiendrait  un  total  de  plus  de  quarante  ans, 
ce  qui  serait  certainement  allonger  outre  mesure  la  durée 
du  notariat  de  Pet-As. 

La  publication  de  nouveaux  contrats,  en  fournissant  de 
nouvelles  souscriptions  de  Pet- As  pendant  le  règne  de  Phi- 
lopator,  pourra  seule  permettre  de  préciser  l’époque  de  son 
entrée  en  fonctions. 

En  résumé,  l’on  peut  maintenant  affirmer  que  la  petite 
dynastie  thébaine  nationale,  qui  résista  à la  dynastie  grecque 
des  Ptolémées,  se  composa  de  deux  rois  : 


Harmakhis,  roi  en  205,  à la  mort 


de  Philopator,  ou  dans  ses  dernières  années  au  plus  tôt. 

Il  nous  reste  quatre  actes  notariés  faits  pendant  son 


règne  : 

1°  Le  contrat  de  mariage  du  modeleur  thébain  Patimout, 
d’épip  an  IV  ou  202  avant  notre  ère; 

2°  La  quittance  du  prix  de  vente  de  trois  champs  près  de 
Thèbes,  de  paoné  an  IV  ou  200; 

3°  L’acte  de  vente  de  ces  mêmes  champs,  même  date; 

4°  L’acte  du  British  Muséum,  de  l’an  IV,  dont  M.  Re- 
villout  n’a  encore  fait  connaître  que  la  première  ligne. 

J'ajouterai  qu’à  l’époque  qui  nous  occupe,  les  Grecs  ne 
transcrivaient  plus  ”Ap;j.a/ -ç,  mais  "Aofxaï;  (voir  les  contrats 
grecs). 

II.  ^ roi  en  200,  qui  nous  est  connu 

par  un  contrat  de  l'an  XIV,  dont  M.  Revillout  n’a  cité  que 
la  première  et  la  dernière  ligne. 

Rien  jusqu’ici  ne  prouve  qu’il  fût  le  fils  d’IIarmaïs. 

Il  fut  vaincu  et  détrôné  en  187,  la  quatorzième  année  de 
son  règne,  par  Aristomakhos,  général  de  Ptolémée  Épi- 
phane.  Probablement  même  périt-il  dans  la  lutte  suprême, 
car  autrement  Polybe  l'eût  nommé  parmi  les  rois  qui  se 


202  LE  ROI  HOREMHOU  ET  LA  DYNASTIE  THÉBAINE 

soumirent  après  la  prise  de  Thèbes  et  furent  mis  à mort, 
malgré  la  promesse  faite  de  leur  conserver  la  vie  sauve. 

Un  seul  fait,  de  peu  d'importance,  se  rattache  à leur  règne. 
On  voit,  par  les  actes  datés  d’Hor-em-hou  et  d’Ankhtou, 
que  les  rois  thébains  respectèrent  l’organisation  du  notariat 
à Thèbes,  établie  par  le  décret  de  Canope  en  23ü,  et  conser- 
vèrent même  les  titulaires  des  charges. 


Orléans,  le  19  novembre  1879. 


HOREMHOU  ET  ANKHTOU 


ROIS  DE  THÈBES’ 


I 

L'un  des  buts  principaux  de  mon  étude  précédente  sur 
ces  rois  était  de  fixer  l’ordre  de  leur  succession.  D’après 
les  dates  des  actes  et  la  succession  des  notaires,  j’ai  cru 
devoir  placer  Horemhou  avant  Ankhtou.  M.  Revillout  n’a 
pas  voulu  d’abord  adopter  ce  classement. 

En  parlant  de  l’acte  recopié,  qui  porte  au  Louvre  le 
n°  2435  et  la  date  an  VII  d’Épiphane,  M.  Revillout  fait 
justement  observer  que  la  paléographie  s’oppose  à ce  que 
cet  acte  soit  de  cette  date  : l’écriture  et  la  dimension  du 
papyrus  sont  du  temps  d’Évergète  IL  II  suppose  avec  vrai- 
semblance que  le  notaire  d’alors  a substitué  le  protocole 
d’Épiphane  à celui  du  roi  thébain.  « C’est  vers  l’an  VII 
» d’Anchtu  que  notre  acte  fut  rédigé  pour  Péchytès,  fils  de 
» Pchelchons. . . qui  figure  dans  le  papyrus  2429  »,  an  XIII 
de  Sôter1 2.  M.  Revillout  nomme  toujours  Ankhtou  avant 
Harmakhis  : « jusqu’à  l’an  XX  (d’Épiphane),  la  Thébaïde 
» appartenait  aux  rois  révoltés  Anchtu  et  Harmachis3  ». 


1.  Extrait  des  Études  àr/i/pt oloçj iques , p.  79-80. 

2.  Renie  ègyptologiquc,  II,  1881,  p.  106,  note. 

3.  Ibidem. 


204 


HOREMHOU  ET  ANKHTOU,  ROIS  DE  THEBES 


Dans  la  liste  des  notaires  de  Tlièbes',  donnée  par  M.  Re- 
villout, un  contrat  de  l’an  XIV  d’Ankhtou  est  placé  avant 
un  contrat  de  l’an  VI  d’Harmakhis;  un  contrat  de  l’an  VII 
d’Ankhtou  avant  un  contrat  de  l'an  IV  d’Harmakhis*. 

Dès  lors,  l’an  VII  d’Épipkane  correspond,  pour  M.  Revil- 
lout,  à l’an  VII  d’Ankhtou;  selon  moi,  au  contraire,  l’an  VII 
d’Épiphane  est  l’an  I d’Ankhtou,  Horemhou  ayant  régné 
six  ans  avant  lui  '. 

Ailleurs,  en  parlant  d’un  autre  acte,  M.  Revillout  dit  : 
« Cet  acte  est  un  nouvel  argument  pour  l'ordre  des  règnes 
n d’Anchtu  et  d’ Harmachis  que  nous  cirons fîxé. . . Quand 
» M.  Bai  1 let  a fait,  d’après  les  notaires,  sa  belle  étude  sur 
» le  roi  Harmachis  (qu’il  place  avant  Anchtu),  il  n’a  pas 
» distingué  les  provenances  et  les  études1 2 3 4.  » 

Enfin,  M.  Revillout  dit  encore  : « Mais  la  Thébaïde  resta 
» encore  indépendante  sous  Anchtu  et  Harmachis  jusqu’en 
» l’an  XX5.  » 

Mais,  par  un  contrat  nouvellement  acquis  par  le  Musée 
de  Berlin,  et  daté  de  l’an  VII  du  roi  Ankhtou,  une  femme 
Tsetmin  vend  une  propriété  qu'elle  avait  acquise  par  con- 
trat de  l'an  VI  du  roi  Horemhou.  Al.  Revillout  est  obligé 
d’en  conclure  que  « l’ordre  chronologique  de  ces  deux  rois 
» est  donc  définitivement  établi.  C’est  Harmachis  qui  a été 
» proclamé  le  premier  en  Thébaïde6  ». 

Ainsi,  ce  nouvel  acte  vient  infirmer  la  première  opinion 
de  M.  Revillout  et  pleinement  confirmer  mes  prévisions. 

1.  Reçue  c<jtjptolo<jiquc , II,  1881,  p.  107. 

2.  Reçue,  p.  109. 

3.  M.  Revillout  fait  la  même  correction,  Reçue,  p.  146,  note- 

4.  Reçue,  p.  110.  Je  n’avais  pas  besoin,  pour  l'étude  que  je  me  pro- 
posais, de  distinguer  la  provenance  des  actes,  qui  d’ailleurs  n’importe 
en  rien  au  classement  des  deux  rois. 

5.  Reçue,  p.  llô. 

6.  Reçue,  p.  146. 


HOREMHOU  ET  ANKHTOU,  ROIS  DE  THÈBES 


2o:> 


II 

Dans  les  textes  communiqués  par  M.  Revillout,  il  ne  faut 
pas  négliger  de  constater  un  fait  nouveau  concernant  le 
règne  des  rois  thébains. 

Un  notaire  de  Coptos  date  un  acte  de  l'an  V de  Hor- 
emhou.  On  doit  en  conclure  que  la  domination  des  rois 
thébains  s’étendait  alors  à une  ville  voisine  de  Tlièbes  leur 
capitale.  Il  est,  en  effel,  fort  probable  que  toute  la  Haute- 
Égypte  dut  leur  obéir.  C’est  ce  qui  fit  leur  force  et  leur 
permit  de  résister  vingt  ans  à la  dynastie  grecque. 


Novembre  1882. 


HIPPALOS 


FONCTIONNAI  R E K G Y P T I E N 
de  l’époque  ptolémaïque ' 


Les  historiens  grecs  et  latins  Polybe,  Diodore,  Tite-Livc, 
Justin,  etc.,  nous  sont  parvenus  si  incomplets  et  nous  ont 
transmis  si  peu  de  détails  sur  la  dynastie  ptolémaïque,  qu’il 
n’y  a peut-être  pas  deux  personnages  de  cette  époque  dont 
on  puisse  entreprendre  la  biographie.  Tout  manquerait  : 
détails  et  dates.  Je  vais  cependant  essayer  de  rassembler 
les  traits  épars  qui  rappellent  la  vie  de  Tun  d’eux,  Hippalos, 
fonctionnaire  égyptien,  au  II0  siècle  avant  notre  ère. 

Ce  nom  d’Hippalos  n’est  pas  absolument  rare. 

Pline  et  le  Périple  citent  un  navigateur. 

Les  papyrus  grecs  du  Sérapéum  nomment  un  administra- 
teur égyptien  et  le  frère  du  reclus  Ptolémée. 

Enlin  les  papyrus  démotiques  nous  font  connaître  un 
prêtre  de  Ptolémée  Sôter. 

Mais  personne  n’a  jamais  reproché  ces  faits  pour  les 
attribuer  à la  même  personne.  Or,  je  crois  qu’il  n’est  pas 
impossible  de  montrer,  avec  quelque  vraisemblance,  qu’ils 

1.  Extrait  des  Mémoù-es  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences, 
Belles- Lettres  et  Arts  d'Orléans , 1879,  t.  XXI,  p.  232-216;  Études 
ptolémaïques,  p.  38-54. 


208 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  ÉGYPTIEN 


concernent  tous  un  haut  personnage  des  règnes  d’Épiphane 
et  de  son  fils  Philométor. 

J’ai  parlé  dans  une  précédente  étude  de  la  révolution  qui 
avait  suspendu  sur  la  plus  grande  partie  de  l’Egypte  l’au- 
torité des  Lagides’  : elle  en  avait  sans  doute  désorganisé 
l’administration.  Épiphane  fut  heureux  de  rencontrer,  à 
côté  de  bons  généraux,  d'habiles  organisateurs.  Tel  fut 
Hippalos  remplissant  alors  les  fonctions  de  ministre  de  l’in- 
térieur et  des  finances.  Il  resta  pour  les  Grecs  le  modèle  des 
administrateurs.  Pendant  les  dix-neuf  années  de  guerre 
civile,  on  peut  croire  que  le  domaine  royal  avait  été  l’objet 
de  dilapidations  ou  de  négligences  coupables.  Il  parait  prin- 
cipalement que  plus  d’un  contribuable  s’était  soustrait  à la 
corvée  imposée  pour  la  culture  des  terres  royales,  et  aussi 
que  des  fonctionnaires  trop  zélés  y soumirent  des  personnes 
(jui  eussent  dû  en  être  exemptées.  Hippalos  institua*  sous 
la  présidence  du  sous-administrateur  des  finances  (hvpo- 
diœcète)  un  conseil  composé  des  préfets  des  nomes,  des 
commandants  des  gardes,  des  économes,  des  scribes  royaux, 
des  employés  de  l’intendance  militaire  et  des  scribes  des 
nomes  et  des  bourgs,  et  généralement  de  toutes  les  per- 
sonnes que  l’hypodiœcète  jugerait  utile  d’y  appeler1 2 3.  Cette 
Assemblée  ou  Conseil  de  répartiteurs  devait  répartir  les 
corvées  équitablement,  de  manière  à ne  pas  entraver  l’ense- 
mencement des  terres  des  particuliers,  et  en  dispenser  ceux 
qui  avaient  droit  de  l’etre,  notamment  ceux  qui  devaient  le 
service  militaire.  Les  mesures  prises  par  Hippalos  eurent 


1.  Voir  mon  étude  sur  Horc.mhou  et  la  dynastie  thcbaine.  Voir  sur- 
tout M.  Revillout,  Décrets  de  Canope  et  de  Rosette. 

2.  Lettre  d’Hérode  à Tliéon.  — Papyrus  grec  du  Louvre  n°  63,  col.  6. 

3.  SuvôSpî-jiravteç  8s  p.sià  tüv  arpxrr,Y<5v  -/.ai  tüv  â-TtiaraTtov  tüv  ipviXaxi'ïtov 
xai  tüv  oixovdp.wv  xat  tüv  patrtXtxüv  Ypapipi-ocTStov  TiapovTtov  xal  tiîiv  Ttap’ 
E-jp.r)Xou  toü  YPa'AlAa'cstoi;  tüv  p.a^ip.iov  xat  tüv  TOJroYpap.tAaTSti>v  xat  xtop-oYP*!*- 
[xaTÉüJv  xat  tüv  dXXcov  ov  àv  •j7toXap.oxvï]TE  ^pr,Tijxov  ïivat  7tpôç  Ta-jia.  (Le- 

troune,  Papyrus  yrecs,  p.  366-367.) 


HIl’l’ALOS,  FONCTIONNAIRE  EGYPTIEN 


20'J 

le  plus  heureux  résultat,  ainsi  que  le  constate  une  circu- 
laire’ postérieure  de  moins  d'une  vingtaine  d'années,  rendue 
clans  des  circonstances  toutes  semblables,  c'est-à-dire  après 
1 la  captivité  de  Philométor,  sa  rentrée  en  Egypte  avec  les 
1 armées  d’Antiochus,  et  au  moment  où  il  disputait  à son 
| frère  Évergète  II  le  trône  d’Egypte  (en  165,  l’an  VI  de  ce 
dernier).  « C’est  ainsi  que  fit,  dans  une  circonstance  ana- 
logue, Hippalos,  alors  à la  tête  de  l’Egypte,  persuadant  aux 
stratèges  et  autres  fonctionnaires  de  se  charger  de  ce  soin  : 
l'ensemencement  s’accomplit  convenablement.  » Par  une 
i mesure  habile,  Hippalos  sauva  probablement  le  peuple 
j égyptien  de  la  famine.  Bien  plus,  l’organisation  imaginée 
I par  Hippalos  subsista  après  lui,  comme  le  prouve  ce  docu- 
ment de  Philométor. 

1 La  récompense  des  services  qu’il  avait  rendus  en  cette 
circonstance  ne  se  fit  pas  attendre.  Nous  verrons  plus  loin 
j le  gouverneur  de  Memphis  attester  qu’Hippalos  jouissait 
d’un  grand  crédit  à la  cour  des  Ptolémées.  Il  eut,  à deux 
dates  différentes,  l’honneur  d’être  revêtu  de  sacerdoces 
royaux. 

i Ces  sacerdoces  étaient  une  institution  à la  fois  grecque 
I et  égyptienne  : égyptienne  parce  que  l’usage  de  la  déifica- 
i tion  des  rois,  même  de  leur  vivant,  remontait  à la  plus 
haute  antiquité  en  Egypte;  grecque  parce  qu’il  semble  que 
les  Ptolémées  ne  donnèrent  le  privilège  de  ces  sacerdoces 
qu’aux  familles  grecques  venues  avec  eux  en  Égypte,  autant 
qu’on  peut  l’inférer  de  ce  fait  que  tous  les  noms  des  prêtres 
et  prêtresses  connus  sont  des  noms  grecs. 

Epiphane  venait  de  reconquérir  Thèbes  sur  le  roi  égyp- 
tien Ankhtou,  en  187,  la  dix-neuvième  année  de  son  régne. 
Il  se  hâta  de  rétablir  à Ptolémaïs  le  sacerdoce  de  son  aïeul 
Ptolémée  Sôter,  en  y adjoignant  le  sien.  L’un  des  premiers 
personnages  qui  en  furent  revêtus  fut  le  ministre  Hippalos. 

i 

1 . La  lettre  d'Hérode  à Théon. 


Bibl.  égypt.,  t.  xv. 


14 


210 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  ÉGYPTIEN 


Le  texte  d’un  contrat  de  vente  de  l’an  XXIII  d’Épiphane 
(183  av.  J.-C.)  porte  : 

« Étant  Hippalos  ( Hplos ),  fils  de  Sas,  prêtre  du  nome 
thébain  de  Ptolémée  Sôter  et  du  roi  Ptolémée,  le  dieu 
Épiphane  Euchariste’.  » 

Hippalos  eut  le  privilège  de  recevoir  une  seconde  fois  cet 
honneur  sous  le  règne  du  successeur  d’Épiphane,  en  l’an  VI 
de  Philoraétor  Ier  (176  av.  J.-C.),  suivant  le  double  contrat 
du  Musée  de  Berlin  n°  111 !,  qui  présente  la  même  formule’. 

Hippalos,  qui  avait  remis  l’ordre  dans  l’administration 
de  l’Égypte  à la  fin  du  règne  troublé  d’Épiphane,  tourna 
ses  vues  vers  le  développement  du  commerce  sous  celui  de 
son  fils  Philométor.  Par  sa  position  géographique,  l’Égypte 
était  le  trait  d’union  entre  l’Europe  et  l’extrême  Orient. 
L’Égypte  recevait,  à la  fois  par  terre  et  par  mer,  les  pro- 
duits de  l’Éthiopie,  et,  par  mer,  ceux  de  l’Inde.  C’étaient  les 
éléphants,  les  lions,  panthères  et  léopards,  girafes  et  rhino- 
céros qui  figuraient  dans  les  fêtes,  les  bœufs,  chèvres  et  brebis 
d’Ethiopie,  les  bœufs  blancs  de  l’Inde,  le  sel  gemme,  l’ébène, 
le  caroubier,  le  cuivre,  l’émeraude,  l’ivoire,  les  écailles  de 
tortue,  l’encens,  la  soie  venant  de  Chine,  certains  bois  do 
la  presqu’île  de  Malacca,  le  myrthe,  la  casse,  la  cannelle,  lo 
suif,  le  beurre,  probablement  aussi  les  substances  colorante* 
pour  la  teinture,  l’huile  de  ricin  pour  l’éclairage,  l’orge  qu 

1.  Revillout,  Nouvelle  Chrestoniathic  dèmotique,  p.  67-68. 

2.  Revillout,  ibid.,  p.  135. 

3.  Un  contrat  de  l’an  XI,  publié  par  M.  Revillout  dans  sa  C lires 
lomathie  dèmotique,  depuis  que  ces  lignes  sont  écrites,  montre  qu! 
Hippalos  fut  revêtu  une  troisième  fois  de  ce  sacerdoce,  honneur  qui  n 
fut  accordé  à personne  autre.  — [Une  inscription  du  règne  de  Philo 
métor,  trouvée  à Ptolémaïs  (Menschieh),  confirme  le  titre  sacerdoü 
d’Hippalos  et  l'identité  du  prêtre  des  Ptolémées  avec  le  ministre 

« llToXsij.aûi>  6s<j>  ‘ÜiXjvrçTopi,  ùîiàp  TniràXou,  roiv  upti-wv  çi'Xcov,  *c 

ÈiuoTpa-riYou  -/.ai  isp éu;  IlTCi).Ep.atou  XcoTrjpoç  y.at  lTuo).sp.a(ou  ’Euiçavoüç  xj 
E-j^apiarou,  tôv  [fiop-bv  N v/,6 uxyji'  ispeù;  toO  Aiôç.  » (Alaspero  et  Milleij 
Bulletin  de  correspondance  hellénique , t.  IX,  p.  141.)] 


IIIPPALOS,  FONCTION*  \IRK  K< i YPTIF.N 


servait  à faire  la  bière.  L’Arabie  envoyait  des  chevaux  et 
des  mulets,  de  la  pourpre,  des  étoffes,  du  vin,  des  parfums, 
des  objets  d’argent  et  d’airain’. 

Ce  commerce  était  entre  les  mains  des  populations  mari- 
times des  côtes  de  la  mer  Rouge  et  du  golfe  Persique.  Aga- 
tharchide,  qui  écrivait  au  IIe  siècle  avant  notre  ère,  et  le 
Périple  de  la  mer  Erythrée,  qui  est  de  quatre  siècles  pos- 
térieur, s’accordent  à représenter  comme  tout  à fait  primi- 
tive cette  navigation  indigène  : elle  se  faisait  sur  des  barques 
construites  de  bois  léger  et  de  jonc,  recouverts  de  peaux. 
Naturellement,  de  tels  bâtiments  ne  pouvaient  faire  autre 
chose  que  de  suivre  la  côte  de  très  près,  se  réfugiant  dans 
toutes  les  anses  chaque  nuit  et  même  le  jour  à la  moindre 
apparence  de  gros  temps.  La  flotte  elle-même  d’Alexandre, 
sous  la  conduite  de  ses  amiraux  Néarque  et  Onésicrite,  ne 
suivit  pas  d’autre  route  pour  venir  des  embouchures  de 
l’Indus  à celle  de  l’Euphrate. 

Philadelphie,  autrefois,  avait  envoyé  Timosthène  remonter 
le  Nil,  et  son  ministre  Satiros  explorer  la  côte  do  la  mer 
Rouge,  pour  y fonder  des  stations  commerciales.  Simmias, 
sous  Evergète,  avait  été  chargé  d’étudier  le  golfe  d’Aden. 
C’est  ainsi  encore  que,  sous  Évergète  II,  Eudoxe  de  Cyzique 
fit  un  premier  voyage  aux  Indes,  et  un  second  probable- 
ment l’année  qui  suivit  la  mort  de  ce  roi  (en  117  ou  116). 
Philométor  confia  sans  doute  une  mission  analogue  à llip- 
palos.  Les  écrivains  postérieurs  lui  donnent  les  épithètes 
de  marchand  et  de  pilote  : ce  qui  s’explique  fort  bien  par 
l'insuffisance  de  renseignements  sur  les  siècles  (pii  les 
avaient  précédés,  et  surtout  par  la  nature  même  de  son 
entreprise. 

Hippalos,  soit  sur  les  rapports  cle^  pilotes  de  son  temps, 
soit  même  qu’il  eût  entrepris  le  voyage,  ce  qui  n'a  rien  que 

1.  Voir  Robiou,  Economie  politique,  etc.,  au  temps  des  Lapides, 

§ 12,  commerce. 


212 


UIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  ÉGYPTIEN 


de  très  vraisemblable,  connut  l’existence  dans  la  mer  des 
Indes,  de  vents  périodiques  soufflant  alternativement  six 
mois  de  l’Est  à l’Ouest  et  six  mois  en  sens  inverse.  L’habile 
ministre  fut  tout  de  suite  frappé  du  parti  qu’on  pouvait 
tirer  de  ces  vents  revenant  a époque  fixe.  A partir  de  ce 
moment,  la  navigation  des  mers  orientales  prit  un  nouvel 
essor.  Car,  ainsi  que  l’ont  fait  remarquer  Pline’  et  l’auteur 
du  Périple -,  une  des  conséquences  de  la  découverte  de  la 
mousson  fut  que  les  navires,  n’étant  plus  obligés  de  longer 
les  côtes,  purent  recevoir  de  plus  grandes  dimensions.  Par 
là,  ils  avaient  une  marche  plus  rapide;  ils  portaient  une 
charge  plus  forte,  et,  en  même  temps,  ils  résistaient  mieux 
aux  horribles  tempêtes  des  mers  orientales.  Strabon  et  Pline 
nous  apprennent  qu’un  navire  romain  pouvait  faire  en 
sept  jours  ce  qui  en  exigeait  vingt  de  la  part  d’un  navire 
indigène1 2 3 4. 

Le  commerce  de  l’Inde  passa  entre  les  mains  des  Grecs 
établis  en  Égypte;  les  ports  de  la  mer  Rouge  prirent  un 
développement  considérable.  Les  ruines  de  Bérénice,  fondée 
par  Ptolémée  Philadelphe,  couvrent  un  espace  de  1,600 
pieds  du  Nord  au  Sud,  et  de  2,000  de  l'Est  à l’Ouest*. 
Strabon,  l’an  24  avant  notre  ère,  vit  partir  de  Myos-Hormos 
une  flotte  de  120  navires. 

Les  produits  de  l’Inde  arrivaient  aux  ports  de  l’Égypte 
sur  la  mer  Rouge,  Myos-Hormos  et  Bérénice,  d'où  ils 
étaient  apportés  par  des  caravanes  à Esné  et  à Coptos,  pour 
descendre  sur  le  Nil  jusqu’à  Alexandrie,  dont  les  flottes  les 
répandaient  dans  le  monde  grec  et  romain. 

1.  Pline,  liv.  VI,  chap.  xxiv. 

2.  Géographe  minores,  p.  298. 

3.  Consulter  Reinaud,  Royaumes  de  la  Mèsùne  et  de  la  Khoracène 
(dans  les  Mémoires  de  l’Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres, 
1864,  p.  24  et  suiv.),  pour  la  découverte  de  la  mousson  et  la  révolution 
qu’elle  amena  dans  la  navigation  en  général,  dans  les  constructions 
maritimes  et  la  direction  du  commerce. 

4.  Belzoni,  A Narrative,  p.  330  et  suiv. 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  ÉGYPTIEN 


213 


La  découverte  faite  par  Hippalos  eut  donc  une  impor- 
tance capitale  pour  le  développement  du  commerce  et  de  la 
richesse  de  l'Egypte. 

Il  s’agirait  maintenant  d’en  fixer  l’époque.  Le  Diction- 
naire général  de  biographie  et  d'histoire  de  Dezobry,  se 
faisant  l’écho  de  l’opinion  vulgaire,  nomme  « Hippalus  » un 
pilote  grec,  qui  découvrit  au  Ior  siècle  de  notre  ère,  proba- 
blement vers  la  fin  du  règne  d’Auguste,  les  vents  pério- 
diques ou  moussons  de  la  mer  des  Indes.  Le  fait  d’une  flotte 
de  120  bâtiments,  appareillant  pour  l’Inde  au  port  de  Myos- 
Hormos,  vue  par  Strabon  dans  son  voyage  en  l’année  24 
de  notre  ère,  démontre  que  l’époque  fixée  par  le  lexico- 
graphe est  beaucoup  trop  rapprochée,  de  plus  de  cinquante 
ans.  Aussi  M.  Reinaud,  dans  le  mémoire  précité,  a-t-il 
recherché  un  fait  qui  indiquât  une  époque  antérieure.  Il 
fournit  en  effet  la  preuve  que  la  découverte  de  la  mousson 
« était  déjà  mise  en  usage  en  Égypte  dès  l’an  72  avant 
J.-C.,  sous  le  règne  de  Ptolémée  Aulète.  A cette  époque, 
le  gouverneur  de  la  Haute-Égypte,  qui  avait  le  port  de 
Myos-Hormos  sous  sa  direction,  portait  entre  autres  titres 
celui  de  stratège  ou  amiral  de  la  mer  Indienne  et  de  la  mer 
Erythrée  : o-Tpa-r^-o?  x^ç  ’ivSixijç  v.I.  ’EpuOpâç  OaXy.Trr];.  Évidem- 
ment, la  mer  Erythrée  désigne  ici  la  mer  Rouge  et  les 
parages  d’Aden  (Euclémon);  c’était  le  lieu  où,  jusqu’à 
Hippalus,  s’était  exercée  la  navigation  égyptienne.  Lorsque 
les  navires  partis  d’Égypte  avancèrent  jusqu’aux  ports  de 
l’Inde,  il  fallut  bien  ajouter  les  mots  mer  Indienne  aux  mots 
mer  Erythrée  ». 

Et  M.  Reinaud  ajoute  avec  justesse  : « Du  reste,  rien  dans 
le  titre  du  gouverneur  de  la  Haute-Égvpte  ne  montre  que 
l’usage  de  la  mousson  ait  commencé  sous  le  règne  de 
Ptolémée  Aulète  lui-même  » et  non  auparavant. 

En  effet,  si  la  découverte  remonte  a Hippalos,  qui  vivait 
sous  Épiphane,  il  faut  vieillir  cet-te  grande  invention  d'un 
siècle  environ. 


211 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  EGYPTIEN 


C’est  ici  le  lieu  de  parler  de  la  famille  d'Hippalos.  Son 
nom  est  grec,  et  celui  de  son  père  Sas  pourrait  paraître 
égyptien.  En  effet,  il  faut  remarquer  que  l’usage  de  ce 
siècle  était  pour  les  Grecs  de  prendre  un  nom  égyptien. 

Pour  n’en  citer  qu’un  exemple  entre  cent,  je  rappellerai 
que  le  fils  de  Ptolémée,  soldat  grec  en  garnison  à Thèbes 
en  205,  quand  les  Thébains  proclamèrent  le  roi  national, 
portait  les  noms  de  'Epfjuac  ô /.%.  iistsve^^xtjç,  et  son  petit-fils 
ceux  de  ’a-o/Xwv.o;  ô xaî  'Fe;jijji'jjvOt(ç.  Et  cela  n’empêchait  pas 
ces  Grecs  d’être  fiers  de  leur  origine.  On  sait  avec  quel  soin 
Ptolémée,  le  reclus  du  Sérapéum,  toujours  sous  le  règne 
de  Philométor,  s'intitule  Uxo'AejjtaToç  rXauz.!nu  Max.Giv.  De  même, 
dans  l’acte  de  l’année  176,  où  figure  notre  Hippalos  comme 
prêtre  de  Sôter  et  d’Épiphane,  un  certain  ’Apjjuuv.o;,  fils 
d’Alexandre,  se  qualifie  uinen  mes  Kam  « Grec  (Ionien),  né 
en  Égypte  ». 

Dans  une  inscription  récemment  publiée,  découverte  pré- 
cisément au  port  de  Bérénice,  un  habitant  rappelle  qu’il  est 
originaire  de  la  ville  crétoise  de  iio ).A-b,v’.  L’inscription  est 
de  la  fin  du  règne  d’Évergète  II,  successeur  de  Philométor, 
c’est-à-dire  presque  contemporaine  d’Hippalos. 

Je  m’arrête  pour  ne  pas  multiplier  les  exemples  qui  se- 
raient très  nombreux. 

Il  n’y  aurait  donc  rien  d’étonnant  à ce  que  le  père  d’Hip- 
palos, à côté  de  son  nom  grec,  portât  un  nom  égyptien.  Ce 
serait  bien  la  mode  de  l’époque.  Assurément  Sas  pourrait 
n’ètre  que  la  transcription  exacte  du  nom  grec.  Pour  m’en 
tenir  aux  papyrus  égyptiens,  c’est-à-dire  h l’époque  même 
d’Hippalos,  ce  nom  est  celui  d’un  Crétois,  père  d’un  Démc- 
trius,  que  Ptolémée  employait  pour  le  règlement  de  ses 


1.  E.  Miller,  Inscriptions  grèco-è</i/pticnne$,  dans  le  Journal  des 
Sacarils , août  1879.  — Je  crois  qu’il  faut  restituer  à la  cinquième  ligne 
Oiüv  K jîpYÉïMv  au  lieu  de  t<;w  IvApyÉ-wv,  me  fondant  sur  l'usage  constant 
de  cette  formule,  dans  les  papyrus  grecs  et  démotiques. 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  EGYPTIEN 


affaires1 2.  Mais  il  pourrait  aussi  fort  bien  se  faire  que  ce 
fût  un  nom  égyptien.  Il  paraît  au  partage  d’Hor  et  de  ses 
frères,  dans  un  endroit  où  l’on  ne  saurait  dire  positivement, 
qu’il  s’agisse  d’un  Egyptien  plutôt  que  d’un  Grec’,  bien 
qu’il  soit  mêlé  à des  noms  égyptiens. 

Ce  nom,  toutefois,  rappelle  à la  mémoire  celui  du  dieu 
S'ou,  que  les  Grecs  ont  transcrit  Su;.  On  pourrait 
encore  en  rapprocher  les  noms  1(1  l\\  ou  |1  (](][',  Sasi,  Sis3, 

i — n — i ri  • w i n ri  i n i 111 


üvd 

i \\  i 


r~vn 


^ S's'a,  S's'i,  S's'ou;  si  les  monu- 


et 

ments  où  ils  se  trouvent  n’appartenaient  pas  exclusivement 
à l’ancien  empire4 5.  Mais  je  trouve  dans  le  double  nom  que 
portait  le  père  d’Hippalos,  un  rapprochement  plus  décisif. 
Le  nom  de  rXxtma;  est  dérivé  de  fATj/.o;,  qui  se  traduit  par 
glaucus,  caesius;  or,  en  égyptien,  parait  avoir  existé  une 

S's'a3,  dési- 


racine  de  même  sens,  sous  la  forme  1 

I W 1 

gnant  une  couleur6,  et  sous  la  forme  allongée 
S'esem,  un  minéral  vert,  grüne  Porcellan  Erde,  selon 
M.  Brugsch7 8.  De  sorte  que  Glaucias  et  Sas  auraient  eu  la 
même  signification,  et  comme  ce  dernier  nom"  reproduisait 
le  nom  grec  Sfoso;9,  il  fut  conservé  dans  les  nomenclatures 
des  prêtres  éponymes. 


1.  Papyrus  du  Louvre  nu  36,  in  fine;  Papyrus  de  Leyde  B,  2,  9. 

2.  Papyrus  du  Louvre  n°  5 ( Contrat  Casati),  p.  13- 

3.  Lieblein,  Æyyptische  Denkmüler,  pl.  XVII;  Dictionnaire  des 
noms  propres,  nos  374,  402,  433,  767. 

4.  Dictionnaire  des  noms  propres,  u“"  43,  493  et  491.  — Je  citerais 

encore  le  surnom  d’Hathor  ^ %(  à Dendérah,  si  la  lecture  Sous  ne  me 

paraissait  pas  douteuse. 

5.  Todtenbuch,  xcvm,  5. 

6.  M.  Brugsch,  Dictionnaire,  propose  « blanc». 

7.  Zeitschrift  fur  âyyptische  Sprachc,  1880,  p.  5. 

8.  Ce  nom  se  retrouve  encore  dans  un  contrat  dont  M.  Revillout  a 
donné  la  traduction  depuis  que  ceci  est  écrit. 

9.  Letronne,  Papyrus  grecs,  p.  137  et  291. 


216 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  ÉGYPTIEN 


Glaucias  était  macédonien,  puisque  son  fils  Ptolémée,  le 
reclus  du  Sérapéum,  prend  le  titre  nxoXspxïoç  rXxuxîou  MaxsStiv, 
dans  toutes  les  pétitions  qu’il  adresse  aux  rois  ou  aux  fonc- 
tionnaires publics.  Son  frère  Apollonios  le  dit  encore  plus 
positivement  quand  il  s’intitule  ’A-oXXumoç  xoù  rXauxJou  Ma«- 
oîüvoç,  au  papyrus  du  Louvre  n°  40.  Ptolémée  donne  encore 
quelque  part  d’autres  renseignements  : au  papyrus  de 
Londres  II0  2,  il  se  dit  Èiriyor?;  ç iûv  Èx  xoù  'BpaxXeoTtoXîxou, 

« épigone  »,  c’est-à-dire  « fils  d’un  Grec  et  né  en  Égypte  » 

( uinen  mes  Kam,  comme  s’exprime  le  contrat  de  l’an  176,  cité 
plus  haut),  « au  nome  Héracléopolite  »,  que  son  père  habi- 
tait, TaxuxÎou  Ôvxoî  [j.sv  xmv  sv  xÿi  IIpxxXsoTtoXîxTj  d'jy ysvcov  xaxotxiov. 

On  voit  par  là  que  Glaucias  était  un  personnage  considé- 
rable, car  le  titre  de  cruyyÉvr,?  « parent  » du  roi  n’était  donné 
qu’à  de  hauts  fonctionnaires;  et  cette  distinction  explique- 
rait encore  au  besoin  que  son  fils  Hippalos  soit  parvenu  aux 
dignités  où  nous  le  voyons. 

Enfin,  Ptolémée  nous  donne  la  date  de  la  mort  de  son 

père  ; xouxoù  os  \xfzxk\i%Tixos  xàv  |3tov  sv  xoïç  X7,î  xxpa^T,;;  ^povot;’ 

« mon  père  ayant  quitté  la  vie  aux  temps  de  la  révolution  », 
c’est-à-dire  pendant  la  révolution  qui  enleva  la  plus  grande  ; 
partie  de  l’Égypte  à la  domination  d’Épiphane,  durant  les  1 
dix-neuf  ans  de  règne,  à Thèbes,  des  rois  nationaux  Har- 
maïs  et  Aonkhis,  de  l’an  205  à l’an  187  ou  186  avant  notre 
ère.  Remarquons  que  cette  date  concorde  bien  avec  l’âge 
que  devait  avoir  Hippalos  pour  remplir  les  hautes  fonc- 
tions qui  lui  furent  conférées  sous  Philopator,  Epiphane  et 
Philométor. 

Glaucias  eut  quatre  fils,  comme  nous  l’apprend  une  péti- 
tion de  Ptolémée  le  Reclus  « au  roi  Ptolémée  et  à la  reine 
Cléopâtre,  sa  sœur,  dieux  Philométors  »,  datée  de  l’an  XII 
de  sa  réclusion,  qui  correspond  à l’an  XXI  de  leur  règne, 
ou  161  avant  notre  ère.  Il  y nomme  ses  trois  frères  Hippalos 
et  les  deux  Apollonios. 


1 . Letronne,  Papyrus  grecs,  p.  302. 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  EGYPTIEN 


217 


Il  faut  donc  prouver  que  cet  Hippalos,  fils  de  Glaucias  et 
frère  de  Ptolémée,  est  le  même  : 1°  que  le  ministre,  2°  que 
le  navigateur.  C’est  ce  qu’il  n’est  pas  dillicile  de  faire  au 
moyen  de  la  correspondance  de  Ptolémée. 

Dans  une  lettre,  dont  la  date  se  place  entre  les  années 
164  et  15S,  Denys,  le  stratège  de  Memphis,  raconte  à Pto- 
lémée  qu’il  a reçu  la  visite  du  frère  de  celui-ci.  Brunet  de 
Presle  fait  remarquer  avec  raison  que  « le  style  de  cette 
lettre  montre  que  Ptolémée,  fils  de  Glaucias,  ôtait  traité 
sur  un  pied  d’intimité  par  de  hauts  personnages  ».  En  effet, 
Denys  s’accuse  de  bassesse  et  de  grossièreté  envers  Ptolémée 
et  son  frère,  et  se  vante  au  contraire  de  leur  amitié  et  de 
leur  bienveillance.  Il  s’excuse  de  n’avoir  pas  reçu  Apollonios 
comme  il  eût  dû  le  faire,  sur  ce  que  celui-ci  « est  tombé 
chez  lui  un  17  mékhir  »,  jour  sans  doute  où  il  était  retenu 
par  les  affaires  de  son  administration;  il  se  trouve  trop 
honoré  et  indigne  de  l’estime  qu’ Apollonios  lui  témoigne. 
Que  pourrait-il  faire  pour  lui,  qui  a un  frère  à la  cour? 
Cependant,  après  avoir  raconté  les  suites  de  son  entretien, 
il  demande  à Ptolémée  de  lui  renvoyer  son  frère,  il  proteste 
ses  grands  dieux  que  s'il  ne  se  rend  pas  près  d’eux,  c’est  que 
ses  devoirs  de  fonctionnaire  l’en  empêchent. 

Le  ton  de  cette  lettre  ne  peut  nous  paraître  extraordinaire, 
puisque  Ptolémée  serait,  selon  moi,  le  frère  d’un  ministre 
du  dernier  roi,  encore  estimé  de  son  successeur  qui  l’avait 
honoré,  quelques  années  auparavant,  d’un  sacerdoce  royal. 

11  est  vrai  que  Brunet  de  Presle,  qui  n’avait  pas  fait  ce 
rapprochement  entre  les  deux  Hippalos,  pense  que  « lorsque 
Denys  dit  au  frère  de  Ptolémée  que  puisqu’il  a,  à ce  qui! 
parait,  un  frère  à la  Cour,  il  n’a  qu’à  l’cdler  trouver,  c’est 
une  plaisanterie'  ».  Pour  moi,  je  ne  le  crois  pas,  et  c’est  un 
conseil  sérieux  que  donne  Denys  à Apollonios  d’aller  trouver 
son  frère  Hippalos  à la  Cour  où  il  était  en  faveur. 


1 . Letronne,  Papyrus  grecs,  p.  318. 


218 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  EGYPTIEN 


Je  ne  doute  pas  davantage  que  le  frère  de  Ptolémée  ne 
soit  le  navigateur  grec.  Nous  possédons  une  lettre'  qu’un 
fonctionnaire  du  nom  de  Lysimaque  lui  écrivit  au  sujet  de 
détails  concernant  sa  pension.  Non  moins  empressé  que  le 
stratège  Denys  de  plaire  à Ptolémée,  il  est  heureux  de  pro- 
tester de  son  dévouement  et  de  lui  donner  des  nouvelles  de 
son  frère  : 

« Lysimaque  à Ptolémée  et  aux  Jumelles  et  à Apollonios, 
» les  frères,  salut.  Si  vous  allez  bien,  moi  je  suis  en  bonne 
» santé.  Sachez  que,  depuis  que  je  suis  parti,  je  n’ai  cessé 
i)  de  m’occuper  de  tes1 2  commissions,  » etc.,  et  après  divers 
détails  à ce  sujet,  il  ajoute  : « Hippalos,  ton  frère,  est  dé- 
» barqué  à l’improviste;  heureusement,  je  venais  de  tout 
» préparer3.  Soigne-toi  bien,  et  que  je  vous  trouve  en  bonne 
» santé  quand  je  vous  embrasserai.  Porte-toi  bien. 

» An  XX,  30  mésoré.  » 

Cette  lettre  est  datée  : l k pesopïp  Â,  « le  30  mésoré 
an  XX  »,  c’est-à-dire  de  l’année  161  avant  notre  ère. 

Telle  serait  donc  la  véritable  date  de  la  découverte  des 
moussons,  s’il  était  prouvé  qu’Hippalos  ne  fit  que  ce  seul 
voyage,  ce  qui  est  très  probable.  Son  rang,  ses  fonctions 
d’administrateur  ne  lui  permettaient  sans  doute  pas  de 
multiplier  ces  absences.  Il  a dû  lui  suffire  de  s’ètre  une  fois 
rendu  compte  par  lui-même  de  la  solution  possible  du  pro- 
blème qu’il  poursuivait. 

Ce  voyage  nous  explique  aussi  la  raison  des  qualifica- 
tions de  marchand  ( mercator ) et  de  pilote  (■/.■jêepvpr^)  que 
Pline  et  le  Périple  donnent  à Hippalos.  Ils  écrivaient  plu- 

1 . Papyrus  grec  du  Louvre  n°  32. 

2.  Le  texte  porte  yivij>nsxe  et  àveteiXa:. 

3.  Après  avoir  écrit  ào-jv-âxuo;,  Lysimaque  qui  ne  voudrait  pas  être 
taxé  de  négligence,  ajoute  eu  interligne  : àjxoÿ  èToi|xa/.ÔTo;  xiivxix,  « moi 
ayant  préparé  toutes  choses  ».  Évidemment  Lysimaque,  qui  ne  comptait 
pas  sur  l’effet  des  moussons,  ne  s’attendait  pas  au  retour  si  prompt 
d'Hippalos. 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  EGYPTIEN 


219 

sieurs  siècles  après  lui,  et  c’est  par  ces  termes  que  les  ren- 
seignements populaires  qu’ils  recueillaient,  traduisaient 
l’initiative  des  innovations  commerciales  dont  il  avait  été 
; le  promoteur. 

L’enthousiasme  et  la  reconnaissance  des  rois  d’Egypte  et 
j des  navigateurs  envers  Hippalos  furent  tels  que,  pour  perpé- 
tuer le  souvenir  du  service  qu’il  avait  rendu,  on  donna  son 
nom  aux  moussons;  au  temps  de  Pline  et  du  Périple,  à plus 
de  deux  et  trois  cents  ans  de  distance,  ces  vents  sont  encore 
connus  sous  cette  appellation. 

| Le  nom  d’Hippalos  se  retrouve  encore  sur  un  papyrus, 
provenant  de  la  collection  Anastasi,  publié  par  M.  Egger1, 
datéL  K cpxpjxo’jô'.  o (le  4 pharmouthi  de  l'an  XXXYI1  d’Éver- 
gète  II  — 132  ou  133  av.  J.-C.);  mais,  comme  l’Hippalos  en 
I question  ne  fait  que  donner  un  visa,  je  ne  pense  pas  que  ce 
soit  là  le  nom  de  notre  Hippalos,  qui  eût  été  alors  fort  âgé, 

I mais  celui  d’un  simple  contrôleur  cf.  tous  les  papyrus). 

Au  contraire,  il  est  fort  possible  que  dans  le  papyrus  grec 
■ n°  VII  du  Britisli  Muséum2,  renfermant  une  lettre  écrite 
par  Apollonios  (nom  de  deux  frères  d’Hippalos)  à Hippalos, 
j à Sérapion,  à Bérénice,  à Pyrrhos  et  à tous  ceux  de  la 
I maison  (**'  -m;  h o’V.w  -âc.),  nous  ayons  l’énumération  de 
j toute  la  famille  d’Hippalos.  Cela  rentre  complètement  dans 
les  habitudes  du  style  épistolaire  de  l’époque. 

Dans  cette  famille,  les  deux  Apollonios  n’ont  occupé  que 
des  fonctions  inférieures.  Ptolémée,  entré  au  Sérapéum, 
entretient  une  correspondance  active  avec  les  administra- 
teurs du  nome  de  Memphis  et  même  avec  les  rois;  mais,  en 
somme,  il  n’est  qu’un  mince  personnage.  Hippalos  fut  un 
homme  tout  autrement  distingué. 

Les  batailles  et  les  sièges  des  généraux  d’Épiphane, 

1.  Egger,  Mémoires  d'histoire  ancienne  et  d’archéologie , p.  149. 

Bei'n.  Peyron,  Papiri  greci , p.  68,  dans  les  Mcmorie  delta  Reale 
1 Aecadcmia  délie  science  di  Torino , 1841. 


220 


HIPPALOS,  FONCTIONNAIRE  ÉGYPTIEN 


Scopas,  Polycratès,  Aristomakhos,  sont  de  petits  exploits 
qui  n'ont  guère  profité  à l’humanité.  De  ses  ministres 
Agatlioclès,  Aristomène,  l’histoire  ne  nous  dit  que  les  noms, 
pour  nous  apprendre  leur  élévation  et  leur  chute  tragique. 
Hippalos  fut  plus  digne  de  mémoire  que  tous  ces  hommes 
oubliés,  et  son  nom  méritait  de  passer  à la  postérité.  Après 
avoir  rétabli  l’ordre  dans  sa  patrie,  il  fut  encore,  par  une 
mémorable  découverte,  l’un  des  grands  hommes  de  l’anti- 
quité. 


CLEOPATRE 


PILLE  DE  PTOLÉMÉE  ÉP1P1IANE 

ET 

EEMME  DE  PHILOMÉTOR  ET  D’ÉVERGÈTE  IL 


Moins  célèbre  que  l’amante  de  César  et  d’Antoine,  que 
cette  fameuse  Cléopâtre,  dont  elle  porte  le  nom  et  qui 
vécut  cent  ans  plus  tard,  la  fille  de  Ptolémée  V Épiphane 
n’eut  pas  une  destinée  moins  agitée,  une  ligure  historique 
moins  étrange,  selon  nos  idées  modernes.  Les  principes  du 
droit  public  égyptien,  et  les  circonstances  politiques  lui 
ont  fait  jouer  dans  sa  famille  un  rôle  tel  que  n’a  jamais  eu 
princesse  au  monde. 

On  sait  bien  que  Cléopâtre,  fille  de  Ptolémée  Épiphane 
et  de  la  première  Cléopâtre,  épousa  successivement  ses 
deux  frères  Philométor  et  Évergète  II.  Ce  n’est  pas,  toute- 
fois, comme  a pu  le  croire  Brunet  de  Presle,  par  suite  de 
la  dissolution  des  mœurs  de  la  cour  d’Alexandrie  « devenue 
étrangère  à toute  idée  de  morale  »,  mais  bien  par  applica- 
tion du  droit  public  égyptien.  En  effet,  d’après  la  coutume 
égyptienne  qui  donnait  aux  filles  des  rois  l’hérédité  du 


1.  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d’ Agriculture,  Sciences, 
Belles-Lettres  et  Arts  d’Orléans , 1880,  t.  XXIII,  p.  301-384;  Études 
ptolèmaïques , p.  55-78. 


CLÉOPÂTRE 


222 

trône  aussi  bien  qu'à  leurs  frères,  le  mariage  d’une  princesse 
royale  avec  un  prince  étranger  eût  pu  créer  de  grandes 
difficultés  ou  au  moins  de  sérieuses  appréhensions  aux  sou- 
verains de  l’Egypte.  Ils  cherchèrent  sans  doute  un  moyen 
de  se  débarrasser  de  toute  crainte,  et  il  faut  bien  dire  qu’ils 
trouvèrent  une  solution  moins  barbare  que  ne  firent  les 
sultans  ottomans.  Au  lieu  de  mettre  à mort,  au  début  de 
leur  règne,  des  sœurs  dont  l’existence  pouvait  être  dange- 
reuse pour  leur  règne,  ils  se  contentèrent  de  les  épouser. 
C’est  ainsi  qu'agirent  les  rois  de  la  XVIIIe  dynastie,  et 
leur  exemple  fut  imité  par  leurs  successeurs  : nous  en  avons 
la  preuve  à l’époque  de  plusieurs  des  dynasties  suivantes. 
Il  faut  qu’aux  yeux  des  Egyptiens  ce  droit  des  lilles  ait 
eu  une  bien  grande  importance,  car  nous  savons  que  le 
grand  Ramsès,  le  second  prince  de  sa  dynastie,  jugea  si 
dangereuse  l’existence  des  droits  de  ses  filles,  qu’il  épousa 
les  deux  aînées.  Les  Ptolémées,  race  nouvelle  en  Egypte, 
eurent  les  mêmes  craintes  que  leur  illustre  prédécesseur;  et, 
sans  aller  jusqu’à  l'inceste  du  père  et  de  ses  filles,  aucun 
d’eux  ne  négligea  d’épouser  sa  sœur,  et,  dans  quelques  cir- 
constances, sa  nièce. 

C’est  ainsi  que  Ptolémée  VI  Philométor,  succédant  à son  : 
père  Epiphane,  associa  à son  trône  et  à son  lit  sa  sœur 
Cléopâtre,  deuxième  du  nom.  Mais  lorsque  Philométor  eut 
été  fait  prisonnier  par  Antiochus  IV  Epiphane,  roi  de 
Syrie,  la  douzième  année  de  son  règne,  en  171 , les  Alexan- 
drins proclamèrent  son  frère,  qui  reçut  le  surnom  d’Éver- 
gète  déjà  porté  par  son  bisaïeul.  Evergète  II  devint,  en 
même  temps,  le  mari  de  sa  sœur,  femme  de  Philométor. 

En  166,  Philométor  parvint  à s’échapper,  à rentrer  en 
Egypte,  s’établit  à Memphis  pendant  que  son  frère  était  à 
Alexandrie,  et  resta  seul  roi  en  164. 

Après  sa  mort,  en  146,  son  frère  Evergète  redevint  roi. 

Que  devint  Cléopâtre  au  milieu  de  cette  compétition 
entre  scs  deux  frères? 


FILLE  d’f.PIPHANK 


223 

Des  contrats  démotiques,  si  longtemps  attendus1 2 * *,  que 
vient  de  publier  M.  Revillout5,  je  crois  pouvoir  tirer  des 
conclusions  propres  à éclairer  bien  des  points  obscurs  de 
l’histoire  de  ces  deux  régnes  et  de  la  vie  de  la  reine  Cléo- 
pâtre. 

Il  se  passera  sans  doute  encore  bien  des  années  avant 
que  l’égyptologie  soit  dotée  des  beaux  recueils  bibliogra- 
phiques qui  sont  à la  disposition  de  quiconque  étudie  Rome 
et  la  Grèce  : comme  préliminaire  indispensable  de  mon 
travail,  je  dois  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  la  nomen- 
clature des  actes  publiés  jusqu’à  ce  jour,  appartenant  aux 
quatre  règnes  de  Philométor  Ier  et  d’Évergète  II. 

Le  recueil  publié  par  M.  Revillout  contient  douze  actes 
appartenant  à ces  deux  règnes.  Les  divers  recueils  de  pa- 
pyrus grecs  nous  en  fournissent  encore  plusieurs  autres. 
En  prenant  dans  ces  derniers  les  principales  dates,  en  y 
ajoutant  toutes  celles  que  donnent  les  papyrus  démotiques, 
on  peut  dresser  le  tableau  suivant  : 


Ptolémée  Philométor  Ior 

Ans  I à XII  (181  à 170  av.  J.-C.) 


*An  VI,  19  (?)  paophi  (en  176).  Quittance  et  acte  de  vente 
(Revillout,  Nouv.  Chrest.  dém.,  p.  134). 

An  VI,  21  tobi  (février  175).  Vente  de  maisons,  etc.  (Louvre, 
3440;  Revillout,  Chrest.  dém.,  p.  375). 


1 . a II  faut  espérer  que  la  publication  des  contrats  démotiques 
viendra  bientôt  compléter  les  notions  qui  résultent  de  l'étude  des 
actes  grecs  »,  disait,  en  1866,  M.  Brunet  de  Presle  en  publiant  avec 
M.  Egger,  les  Papyrus  grecs  du  Loutre,  préparés  plus  de  vingt  ans 
auparavant  par  Letronne  ( Pap . grecs  du  Louvre , p.  225). 

2.  Revillout,  Nouvelle  Chrcstomathic  dèmotique,  dont  l’apparition 

fait  d'autant  plus  regretter  le  retard  apporté  à la  publication  de  la 

Chrcstomatfiie  domotique  de  cet  érudit  champion  de  l’égyptologie. 


CLÉOPÂTRE 


!24 


**An  XI,  28  thot  (novembre  171).  Contrat  de  mariage 
(Revillout,  Zeitschr.,  1879,  pl.  Y). 

**An  XII,  9 paophi  ou  mékhir  (en  170).  Acte  de  naissance 
(Ibid.,  pl.  IV,  n"  19,  et  Rev.  éggpt.,  1880,  pl.  III  bis). 

Ptolémée  Evergète  II 

Ans  I à VII  (170  à 164) 


An  VI,  24  mésoré  (en  165).  Première  lettre  d’Hérodès  à 
Théon  (Letronne,  Pap.  yi'ecs  du  Louvre,  n°  63, 
p.  361). 

An  VII,  20  thot  (en  164).  Deuxième  lettre  à Théon  (Ibid., 
p.  368). 

« An  VII,  3 (?)  thot  » (en  164).  Pétition  de  Ptolémée,  fils 
de  Glaucias,  au  roi  (Ibid.,  n°  24,  p.  271). 

« An  VII.  » Autre  (Prit.  Mus.,  n°  3). 

Ptolémée  Philométor  (2°  fois) 

Ans  XVI  à XXXVI  (166  à 146,  seul  le  19  épip  164) 

An  XVI,  29  phaménoth  (en  166).  Prêt  de  blé  (Letronne,  | 
Pap.  grecs  du  Louvre,  n°  7,  p.  172). 

An  XVIII,  25  mésoré  (en  164).  Décret  d’amnistie  (Ibid., 
nu  63,  p.  373). 

An  XIX  (en  163).  Pétition  des  Jumelles  du  Sérapéum  « au 
roi  Ptolémée  et  à la  reine  Cléopâtre  sa  sœur,  dieux 
Philométors  » (Ibid.,  n°  22,  p.  265). 

(Ici  se  placent  de  l’an  XIX  à l’an  XXIX  toutes  les  pièces 

relatives  aux  Jumelles  du  Sérapéum.) 

An  XXI,  phaménoth  (en  160).  Acte  de  vente  (Revillout, 
Nouv.  C/irest.  dém.,  p.  113). 

*An  XXVIII,  18  pakhons  (juin  153).  Acte  de  vente  (Louvre, 
2416-2417  ; Revillout,  C/irest.  dém.,  p.  243  et  351). 

*An  XXXI,  19  tobi  (en  150).  Quittance  et  acte  de  vente  | 
(Ibid.,  p.  46  et  53). 


I ILLE  L)  EPIPIIANE 


*An  XXXVI,  18  athyr  (décembre  116).  Actes  de  partage 
(Berlin;  Bibl.  nat.  de  Paris,  n°  218;  Pap.  grec 
Grey,  de  Londres;  Revillout,  dirent,  déni p.  62). 

!;s*An  XXXVI  (en  116).  Contrat  d’échange  (Revillout, 
Zeitne.hr . , 1879,  pl.  III,  fragments). 

| 

Ptolémée  Évergète  II  (2e  fois) 

Ans  XXV  à LIV  (146  à 117) 

An  XXV,  16  épip  (en  146).  Récompense  promise  pour  un 
esclave  fugitif  (Letronne,  Pap.  grecs  du  Louvre, 
n°  10,  p.  178). 

*An  XXIX,  19  pharmouthi  (en  142).  Vente  sous  forme  de 
transaction  (Revillout,  Nouv.  Chrest.  dém.,  p.  79). 

b*An  XXX,  1S  mésoré  (en  141).  Quittance  et  acte  de  vente 
[Ibid.,  p.  32). 

! An  XXX,  16 Arrêt  rendu  par  l’épistate  Dionysios 

(Letronne,  Pap.  grecs  du  Louvre , n°  16,  p.  226; 
Turin,  VIII,  IX  et  XIV). 

An  XXIX,  9 phaménoth.  Enregistrement  grec  du  Pap.  du 
Louvre,  IV,  2416  (Letronne,  Pap.  grecs  du  Louvre, 
p.  225). 

I *An  XXXVII,  21  mésoré  (en  134).  Déclaration  de  bail 
(Revillout,  Nouv.  Chrest.  dém.,  p.  156). 

I *An  LX,  paoplii  (novembre  131).  Contrat  de  mariage 
(Musée  de  Leyde;  Revillout,  Rev.  éggpt.,  1880, 
pl.  III  bis). 

An  XL1  ou  XLII  (130  ou  129).  Plainte  à l’occasion  d’un 
prêt  de  blé  (Letronne,  Pap.  grecs  du  Louvre,  n"  8, 

P-  174). 

An  XLIV  (en  127).  Pétition  d’Apollonios  « au  roi  Ptolémée 
et  à la  reine  Cléopâtre,  sa  femme,  dieux  Ever- 
gètes  » (Ibid.,  n°  14,  p.  212). 

j*AnXLIV,  1er  mésoré  (25  août  127).  Prêt  d’argent  (Louvre, 
n°  2420;  Revillout,  Chrest.  dém.,  p.  358). 

Bibl.  égypt.,  t.  xv.  1 7> 


226 


CLÉOPÂTRE 


:*An  XLIV,  20  mésoré.  Quittance  pour  remboursement 
d’un  prêt  d’argent  (Turin,  174,  14;  Zeitschr.,  1879, 
pl.  II,  11,  et  Chrest.  dém.,  p.  308). 

«An  XLV,  26  épip  (en  126).  Acte  de  vente  (Turin,  174,  24; 
ibid.,  pl.  IV,  18). 

An  XLIV,  25  mésoré.  Acte  de  désistement  par  Ptolémée, 
frère  dTIermias  (Pap.  Turin  IV,  cité  ibid.,  p.  214 
et  216). 

*An  XLIV,  28  mésoré.  Acte  de  vente  par  Antigone,  fille 
de  Petnoferhotep-Hermias,  à son  frère  Psamont- 
Apollonios  (Revillout,  Nouv.  Chrest.  dém.,  p.  103). 

— Enregistrement  du  3 épagomène  (Letronne,  Pap.  grecs 
du  Louvre,  p.  115;  Revillout,  Nouv.  Chrest.  dém., 

p.  108). 

An  XLIV.  Plainte  d'Osoroeris,  lils  d’Hor,  contre  Poeris 
et  Ptônis,  en  violation  de  sépulture  (Letronne 
Pap.  grecs  du  Louvre,  n°  6,  p.  161). 

*An  XLVI,  10  tobi  (janvier  124).  Quittance  de  part  de  sur- 
cession  (Revillout,  Chrest.  dém.,  p.  303). 

*An  XLVI,  20  paoni  (juillet  124).  Partage  de  successior 
(Pap.  de  Berlin;  Revillout,  ibid.,  p.  314). 

*An  XL1X,  18  khoiak  (en  122).  Partage  entre  Chonno-, 
pris,  etc.,  et  le  pastophore  Hor  (Revillout,  Noue 
Chrest.  dém.,  p.  87). 

An  L,  mékhir  (mars  120).  Vente  de  maison  (Louvre,  2418 
2410;  Revillout,  Chrest.  dém.,  p.  85). 

An  L,  10  phaménotk  et  1er  paoni  (en  121).  Enregistremen 
grec  d’une  vente  faite  à Chakhpéris  la  jeune  (Pap 
du  Louvre  dém.,  2410;  Letronne,  ibid.,  p.  225). 

An  LI,  8 paoni  (en  120).  Jugement  pour  Hor  et  consort 
contre  Hermias  (Letronne,  Pap.  grecs  du  Louvre 
n°  15,  p.  218). 

*An  LI,  10  paoni.  Bail  de  biens  ruraux  par  le  pastophorj 
Hor  au  cultivateur  Aoufankli  (Revillout,  N'ouï | 
Chrest.  dém.,  p.  148). 


i 


FILLE  d’épiphane  227 

*An  LII,  3 pakhons  (en  119).  Vente  par  Imout  au  pasto- 
pliore  Asarouer  (Ibid.,  p.  59). 

*An  LUI,  9 épip  (en  118).  Acte  d’adjuration  (Revillout, 
Zeitsckr.,  1879,  pl.  IV,  17). 

*An  LIV,  19  tobi  (en  117).  Acte  de  partage  entre  le  pa.sto- 
phore  Hor  et  ses  enfants  (Revillout.  Noue.  Ckresf. 
déni.,  p.  7). 

*An  LII  (?).  Bail  par  le  taricheute  Amenhotep  au  cavalier 
Khonsthot  (Revillout.  ibid. , p.  150,  et  Zeitsckr., 
1879,  pl.  II,  12;  Turin,  12). 

* Sans  date.  — Bail  d’une  vigne  et  de  ses  dépendances  (Re- 
villout, ibid.,  p.  149,  et  Zeitsckr.,  1879,  pl.  III, 
n°  13;  Pap.  Turin  n°  21). 

Cléopâtre,  fille  de  Ptolémée  Épipiiane 

Abordons  maintenant  plus  particulièrement  la  biographie 
de  la  reine  Cléopâtre. 

Il  n’v  a pas  à douter  que  Cléopâtre  ne  fût  fille  d’Epiphane 
et  sœur  des  deux  rois.  Les  auteurs  grecs  et  latins  l’ont 
I dit,  et  an  besoin  les  actes  démotiques  le  démontreraient  sur- 
abondamment. Ainsi,  le  contrat  de  vente  de  l’année  160 
! est  daté  : « L’an  XXI  des  rois  Ptolémée  et  Cléopâtre,  les 
» enfants  (nascerâ)  de  Ptolémée  et  de  Cléopâtre  les  dieux 
» Epiphanes,  » sous  le  règne  de  Philométor  ' ; celui  de  150  : 

« L’an  XXXI  des  rois  Ptolémée  et  Cléopâtre  sa  sœur  [tcj‘ 
» sont),  les  enfants  ( na  scerû)  de  Ptolémée  et  de  Cléopâtre 
» les  dieux  Épiphanes2.  » 

De  même,  sous  le  règne  d’Évergète  II,  on  trouve  en  141  : 

« L’an  XXX  du  roi  Ptolémée  l’Évergète,  fils  de  Ptolémée 
» et  de  Cléopâtre  les  dieux  Épiphanes,  et  de  la  reine  Cléo- 
» pâtre  sa  sœur,  sa  femme  ( taif  sont , taij'himé)  '.  » 

| 1.  Revillout,  Nouvelle  Chrestomathic  dèmotic/ue,  p.  113. 

2.  Revillout,  ibid.,  p.  46  et  63. 

3.  Revillout,  ibid.,  p.  32. 


228 


CLÉOPÂTRE 


Selon  l’historien  Josèphe’,  les  villes  de  Syrie  envoyèrent, 
en  187,  à Épiphane  des  présents  à l’occasion  de  la  naissance 
d'un  enfant.  Champollion-Figeac  en  fit  Philométor.  Brunet 
de  Presle,  s’appuyant  sur  les  convenances  historiques,  y vit 
la  naissance  d’Évergète2.  Philométor  serait  alors  né  en  190, 
l’année  qui  suivit  le  mariage  de  son  père;  Cléopâtre  aurait 
pu  naitre  un  ou  deux  ans  après,  en  189  ou  188,  et  Evergète 
en  187. 

Nous  sommes  donc  assez  mal  renseignés  sur  la  date  de 
naissance  de  Cléopâtre  et  de  ses  deux  frères.  Il  n’est  pas 
impossible  qu’elle  fût  l’ainée  et  qu’aux  yeux  des  Égyptiens 
ses  droits  ne  primassent  ceux  de  ses  frères.  C’est  en  vertu 
de  ce  droit  d’ainesse  que  Thothmès  Ier  avait  associé  au  trône 
sa  fille  Hatshopsou  ; c’est  contre  ce  droit  que  paraissent 
s’ètre  élevés  ses  deux  frères  en  mutilant  ses  légendes  sur 
les  monuments  qu’elle  avait  élevés,  en  y substituant  leurs 
noms  aux  siens3. 

Premier  mariage  de  Cléopâtre 

L'époque  du  mariage  de  Philométor  est  une  question1 
controversée.  Champollion-Figeac  et  Letronne  ne  la  placent 
qu’en  165. 

Cette  date,  comme  nous  allons  le  voir,  est  inadmissible. 

Deux  actes  (les  papyrus  démotiques  de  Berlin  III  ab  el 
III  cd)  du  même  jour  appartiennent  au  premier  règne  d( 
Philométor.  En  voici  le  protocole  : 

Renpû  ses,  paopi  met-psit,  suten  P dams,  se  PÜums  ai 
Kluptra,  ne  neteru  Nteper,  au  puab  Aleksenirus,  ne  neten 
Sonu,  ne  neteru  Ntarnofer,  ne  neteru  Mert-at,  ne  neten 

1.  Antiquités,  livre,  XII,  p.  4. 

2.  Pupi/rus  grecs  du  Louvre,  p.  40  et  suiv. 

3.  Cela  se  fit  quelquefois  avec  si  peu  de  soin  que  tous  les  pronom, 
du  texte  qui  suit  les  titres  royaux  sout  restés  au  genre  féminin. 


; 


FILLE  d'ÉPIPHANE 


229 


Ntepcr,  n suten  Ptlnms  p Mer-mut-ef,  etc.,  c'est-à-dire  : 
« L’an  VI,  19  paoplii,  du  roi  Ptolémée,  fils  de  Ptoléniéc 
» et  de  Cléopâtre,  les  dieux  Épiphanes,  et  sous  le  prêtre 
» d’Alexandre,  des  dieux  Frères  (Philadelphes),  des  dieux 
I » Évergètes,  des  dieux  Philopators,  des  dieux  Epiphanes, 
j » du  roi  Ptolémée  Philométor,  etc.  (suivent  les  sacerdoces 
» des  reines,  puis  les  sacerdoces  royaux  au  nome  thébain, 
» en  ptos ‘ en  Tep).  » 

On  voit  dans  ces  premiers  actes  que  Cléopâtre  n’était  pas 
encore  mariée  ni  associée  à son  frère.  Fn  effet,  même  dans 
; le  cas  le  plus  favorable,  la  naissance  de  Philométor  en  190, 
il  n’eût  eu  encore  que  treize  ou  quatorze  ans,  et  sa  sœur 
douze  ou  treize.  Le  nom  de  celle-ci  comme  reine  ne  pouvait 
! donc  figurer  dans  le  protocole  de  l’an  VI. 
i On  remarquera  aussi  que  Ptolémée  n’avait  pas  encore 
reçu  par  décret  sacerdotal  la  déification  : il  n’est  associé 
! aux  dieux  ses  ancêtres  qu’avec  le  titre  de  roi  '. 

Bien  plus,  Philométor,  qui  n’était  pas  encore  associé 
complètement  à la  divinité  de  ses  aïeux  à Alexandrie,  fonda 
1 à Thèbes  un  sacerdoce  particulier,  pour  lui  et  pour  sa 
mère,  dont  Ivinéas,  fils  de  Dosithéos,  fut  l’un  des  premiers 
| titulaires,  sinon  le  premier  : « étant  Kinéas,  fils  de  Dosithéos, 

I prêtre  de  Ptolémée  et  de  Cléopâtre  sa  mère"  ».  S’il  eût  été 
marié,  il  eût  partagé  avec  sa  sœur  et  femme  Cléopâtre  ce 
nouveau  sacerdoce,  comme  le  fit  Évergète  redevenu  roi 
après  son  frère1. 

Un  autre  acte,  daté  du  21  tobi  an  VI  (février  104),  offre 
le  même  protocole'. 

La  seconde  date  que  nous  rencontrions  du  règne  de 
Philométor  n’est  pas  moins  intéressante  que  la  première. 

j 1.  Cf.  Revillout,  Décrets  de  Rosette , etc.,  p.  7. 

2.  Au  Kinas  sa  Dusthus  uab  Pt-hunes  au  Ktuptra  tuf  mut.  (Revil 
i lout,  Aour.  Chrest.  dèm .,  p.  136.) 
j 3.  Voir  ci-après,  p.  236. 

F Revillout,  Chresfomathic  dèmotique , p.  375. 


CLÉOPÂTRE 


230 

C’est  celle  du  contrat  de  mariage  de  l’an  XI.  Elle  est  ainsi 
conçue  : 

Renpe  XI,  thot  zut  s'mun,  n suten  Ptlumis,  sa  Ptluniis 
au  Kleopatra,  ne  neteru  Nteper,  au  uab  Aleksentrus,  ne 
neteru  X'ohem,  ne  neteru  Sonu,  ne  neteru  Ntarnejer,  ne 
neteru  Mert-atu,  ne  neteru  Nteper,  ne  neteru  Mertmut 
(suivent  les  sacerdoces  des  reines,  et,  après  le  sacerdoce  de 
Sôter,  la  mention  de)  Ketas,  sa  Thositheos,  uab  suten 
Ptlumis , au  Kluptra  taf  sont,  au  ta  uabt  n suten  Kluptra, 
(tu  la  Ji  ten  nub  mbah  Arsina  ta  Mertson,  c’est-à-dire  : 

« L’an  XI,  le  28  thot,  du  roi  Ptolémée,  fils  de  Ptolémée  et 
» de  Cléopâtre,  les  dieux  Épiphanes,  et  sous  le  prêtre 
» d’Alexandre,  des  dieux  Sôters,  des  dieux  Philadelphes, 
» des  dieux  Evergètes,  des  dieux  Philopators,  des  dieux 
» Épiphanes,  des  dieux  Philométors,  et  sous  l’athlophorc 
» de  Bérénice  Evergète,  et  la  eanéphore  devant  Arsinoé 
» Philadelphe,  et  la  prêtresse  d’Arsinoé  Philopator,  comme 
» ils  sont  établis  à Racoti  (Alexandrie).  Hippalos,  fils  de 
» Sas,  étant  prêtre  dans  la  province  de  Thèbes  de  Ptolémée 
» Sôter  et  du  roi  Ptolémée  le  dieu  Epiphane  Euchariste; 
» Cétas,  fils  de  Dosithéos,  étant  prêtre  du  roi  Ptolémée| 
» et  de  la  reine  Cléopâtre  sa  sœur,  et  sous  la  prêtresse 
» de  la  reine  Cléopâtre,  et  sous  la  eanéphore  devant  Ar- 
» sinoé  Philadelphe.  » 

De  ce  protocole  ressortent  deux  faits  intéressants.  Pre- 
mièrement, Philométor,  qui,  en  l'an  VI,  n’avait  pas  encore 
épousé  sa  sœur,  était  marié  avec  elle  au  commencement  de 
l’an  XI  (fin  172  avant  notre  ère).  Champollion-Figeac  place 
en  165,  au  retour  de  Philométor,  prisonnier  du  roi  de  Syrie 
Antiochus,  le  mariage  de  ce  prince,  et  Letronne  a adopte 
la  même  date.  11  peut  paraître  étonnant  que  deux  auteurs 
si  souvent  en  désaccord,  aient  admis  tous  les  deux  une 
hypothèse  aussi  peu  probable.  En  effet,  d’après  les  habi- 
I ue les  ele  la  cour  des  Ptolémées,  il  n’était  guère  vraisemj 
blable  epie  Philométor,  né  en  DO,  selon  le  calcul  de  Brunei 


, 


FILLE  d’ÉPIPHANE 


231 

de  Presle,  ou  même  en  187,  selon  Cliampollion-Figeac,  ait 
attendu  pour  se  marier  sa  vingt-deuxième  ou  vingt-cin- 
quième année.  Il  était  à peu  près  certain  que  Ptolémée 
! Philométor  avait  dû  épouser  sa  sœur  dès  son  premier  règne. 

11  y avait  même  contre  la  date  adoptée  par  les  deux 
| savants  une  grande  objection  : c’est  que,  comme  nous  allons 
le  voir,  d’après  deux  textes  positifs  et  suivant  le  témoignage 
de  Tive-Live,  en  l’an  VI  et  en  l'an  VII  d’Évergète  II,  qui 
correspondent  aux  ans  XVII  et  XVIII  de  Philométor  et 
aux  années  165  et  164,  Cléopâtre  était  femme  d’Kvergète  II 
i et  résidait  avec  lui  à Alexandrie.  L'opinion  de  Cliampollion- 
; Figeac  d’un  mariage  en  165  pouvait  donc  paraître  inadmis- 
. sible,  même  si  le  texte  du  protocole  de  l’an  XI  ne  nous 
avait  pas  appris  positivement  que  le  mariage  avait  eu  lieu 
i avant  cette  année. 

Il  s’ensuivra  que  trois  enfants  de  Ptolémée  Philométor 
j n’ont  pu  naître  de  164  à 460,  mais  vraisemblablement  à la 
lin  du  premier  règne  de  leur  père  ou  peut-être  encore 
avant  et  après  sa  captivité,  partie  dans  le  premier  règne, 
partie  dans  le  second.  J’ai  pour  moi  l’autorité  du  texte  de 
; l’an  VI  qui  parle  des  deux  rois  et  de  leurs  enfants’.  Les 
I enfants  de  Philométor  ne  pouvaient  être  nés  que  de  son 
j mariage  avec  Cléopâtre  pendant  son  premier  règne, 
i En  second  lieu,  on  voit  encore  que,  dès  l’an  XJ,  le  culte 
de  Ptolémée  et  de  sa  sœur  et  femme  Cléopâtre  était  déjà 
établi  tant  à Alexandrie  (Racoti)  qu’à  Psoï  ou  Ptolémaïs  en 
Thébaïde. 

Enfin,  le  troisième  acte  de  ce  premier  règne  de  Philo- 
métor, la  note  de  naissance  des  fils  du  paraschistc  Amen- 
liotep,  malgré  sa  brièveté,  nous  fournit  encore  une  notion 
précieuse  à recueillir,  la  date  extrême  de  cette  première 
période  du  règne.  Les  signes  qui  expriment  le  nom  du  mois 
sont  assez  douteux,  mais  il  reste  assez  pour  qu’on  lise 

I 

1.  Ci-dessous,  page  233. 


232 


CLÉOPÂTRE 


nécessairement  « le  9 paophi  » ou  plutôt  « le  .9  mékhir  »; 
j’incline  donc  à croire  que  Pkilométor  était  encore  roi  au 
sixième  mois  de  ISO,  sa  douzième  année. 

Vers  cette  date  se  place  un  grave  événement  dans  la  vie 
de  Cléopâtre.  Une  guerre  s’éleva  entre  l’Egypte  et  le  roi 
de  Syrie  Antiochus  Epiphane,  et  Philométor  y fut  fait  pri- 
sonnier ' . 


Second  mariage  de  Cléopâtre 

M.  Brunet  de  Presle*  a conjecturé  que  Cléopâtre  était 
devenue,  pendant  la  captivité  de  son  frère  Philométor, 
femme  de  son  second  frère  Ptolémée  Évergète  II. 

Son  hypothèse  me  paraît  appuyée  sur  d’assez  fortes 
raisons  : 1°  puisque  Ptolémée,  fils  de  Glaucias,  dans  sa 
pétition  de  « l’an  VII,  3 thot1 2 3  »,  supplie  les  dieux  Éver- 
gètes  : o.ô  SÉopat  ouv  ujj-wv  xwv  p.ey'cr:uv/  0swv  IvjîpyExwv  ; 2°  puisque 
Tive-Live4  raconte  que  Cléopâtre  suivit  Évergète  à Alexan- 
drie,  pendant  que  Philométor,  ayant  fait  la  paix  avec  An- 
tiochus, était  avec  lui  à Memphis.  J’ajouterai,  comme  je  l’ai 
déjà  dit,  que  la  conduite  de  Cléopâtre  n’avait  rien  que  de 
conforme  au  droit  égyptien.  Mais  ce  mariage,  qui  est  le' 
premier  pour  M.  Brunet  de  Presle,  n’est,  pour  moi,  que  le 
second  d’après  ce  que  les  plus  fortes  vraisemblances  pou- 
vaient faire  admettre,  d’après  ce  que  l’acte  de  l’an  XI  a 
f o r m (il  le  m en  t démontré. 

Bien  plus,  il  est  probable  que  Cléopâtre,  après  le  retour 
de  son  frère  aîné  en  Egypte,  ne  redevint  pas  immédiatement 
sa  femme. 

1.  Justin,  Histoires  philippigir’s,  liv.  XXXIV,  2. 

2.  Brunet  de  Presle,  Papt/rus  grecs,  p.  41. 

J.  Louvre,  n°  24,  1.  3,  to-j  i.Z  OoLO  V.  — Comme  il  ne  peut  y avoir 
un  C de  thot,  je  conjecture  I (10)  ou  plutôt  V (3)  qui  se  rapproche 
encore  plus  par  sa  forme  de  l’T  qu’on  a cru  déchiffrer. 

4.  Tite-Live,  Annales,  liv.  XI A*,  2. 


FILL1Ï  D KPIPIIANE 


233 


Ici,  les  deux  historiens  Justin  et  Diodore  ne  sont  pas 
d’accord.  Selon  celui-ci',  Philométor,  s’étant  emparé  de  son 
frère,  l’épargna  et  lui  donna  la  Cyrénaïque  pour  royaume. 
Selon  Justin  ’,  Philométor,  chassé  du  trône,  se  réfugia  au- 
près de  son  frère  cadet  à Alexandrie  et  partagea  le  pouvoir 
avec  lui,  tous  deux  remettant  leur  querelle  à l’arbitrage  du 
Sénat  romain. 

Ce  dernier  récit  paraît  le  plus  probable,  puisqu’on  effet, 
au  témoignage  des  papyrus,  les  deux  frères  régnèrent  en 
même  temps,  même  en  Egypte.  En  effet,  la  lettre  d’IIérode 
à Théon,  du  24  mésoré  an  VI,  qui  ne  peut,  connue  l’a  déjà 
établi  Brunet  de  Presle,  être  (pie  l’an  VI  d’Evergète  II, 
nomme  les  deux  rois  et  leur  sœur  comme  co-régnants  : 

“Eàôuxa'.  (jlÈv  (3ao,iXe,Jî  ITxoXejJLXïoç  /.a:  paatXe'jç  1 1 — r.  Xïp.a7oç  ô aos/.wôi;  /.a: 
(iaaiXiaaa  KXsQirâxpa  f,  àSeXtpr)  x a!  xà  xsxva,  ((  le  roi  Ptolémée 
» [Philométor]  et  le  roi  Ptolémée  [K  vergé  te]  son  frère  et  la 
» reine  Cléopâtre  sa  sœur  se  portent  bien,  ainsi  que  les 
» enfants  ». 

Je  vois  clairement  dans  ce  texte  trois  choses  : 1°  que  les 
deux  rois  ont  véritablement  régné  ensemble;  2°  que  cette 
co-royauté  existait  dès  165;  3°  qu’Hérode  nomme  Cléopâtre 
seulement  « sœur  » du  roi,  comme  si  elle  se  fût  trouvée 
alors  dans  une  position  ambiguë  vis-à-vis  de  ses  deux 
frères. 

Mais  Cléopâtre,  en  réalité,  était  restée  avec  Evergète. 
Le  fait  n’est  pas  douteux  d’après  la  lettre  de  Ptolémée,  fils 
de  Glaucias,  citée  plus  haut,  qui  leur  donne  l’année  sui- 
vante, en  l’an  VII,  le  nom  de  oév.  v. -jzpqi-xl,  et  d’après  le 
témoignage  de  Tite-I.ive. 

Peu  de  temps  après  (en  164),  par  décision  du  Sénat 
romain,  Évergète  dut  quitter  l’Egypte  et  devenir  roi  de 
Cyrène.  Il  est  fort  possible  que  Cléopâtre  ne  reprit  pas  im- 

1.  Diodore,  Bibliothèque  historique,  liv.  XXXIÏI.  33. 

2.  Justin,  Histoires  philipjtiques , liv.  XXXIV,  2. 


CLEOPATRE 


^34 


média tement  auprès  de  Philomêtor  ses  droits  d’épouse  et 
de  reine  d’Égypte. 

Troisième  mariage  de  Cléopâtre 

Dans  l’acte  d’amnistie  qui  parut  au  début  du  second 
règne  de  Philomêtor1,  et  qui  est  daté  de  l’an  XVIII  (l  ih 
-tçy-l.v J A [j.£cropr;  KE),  le  roi  paraît  seul  : Baa-.XEÔç  IBoXspaioî 
iwjjUo,  probablement  parce  que  Cléopâtre  était  encore  avec 
son  second  mari. 

Mais  il  n’en  est  plus  de  même  l’an  XIX:  Cléopâtre  est 
redevenue  reine  d’Égypte,  et  dans  une  pièce  que  M.  Brunet 
de  Presle  rapporte  à cette  année,  les  jumelles  du  Sérapéum 

s’adressent  : Ba7'./E~  llToXcp.a’cp  v.v'  pajnXltroTi  KÀEo~2Tpa  tX,  àoE Xort, 

OeoT;  'B’.Xoïjt/Topcrt.  Cléopâtre  avait  donc  changé  de  mari  pour 
la  troisième  fois. 

Malgré  l’autorité  de  Brunet  de  Presle,  le  fait  pourrait 
paraître  douteux,  puisqu’après  tout  cette  pétition  ne  porte 
pas  de  date  certaine. 

Mais  ici  les  documents  égyptiens  viennent  apporter  de 
nouvelles  lumières  sur  ces  faits  étranges.  Un  acte  de  vente 
d’une  maison  sise  à Memphis,  entre  la  rue  du  Sont  et  le 
mur  du  Sérapéum,  est  daté  : Renpû  ( me  h ) zed  na,  Pa- 
menot,  en  na  suteniu  Ptulmis  au  Kluptra  na  neteru  Per  ; 
uab  Aleksantres  au  na  neteru  Xte-lek-kab , au  na  neteru 
Sonu,  au  na  neteru  Nte-arnofru,  au  na  neteru  Mert-atu, 
au  na  neteru  Per,  au  na  neteru  Mer-mutu  (suivent  les 
sacerdoces  des  reines).  « L’an  XXI,  phaménoth,  des  rois  Pto- 
» lémée  et  Cléopâtre,  enfants  de  Ptolémée  et  de  Cléopâtre 
» dieux  Kpiphancs,  sous  le  prêtre  d’Alexandre,  et  des  dieux 
» Sôters,  et  des  dieux  Philadelphes  et  des  dieux  Évergètes 


1.  Un  mois  environ  après  sa  restauration,  qui  est  du  19  épip,  selon 
la  remarque  de  Brunet  de  Presle,  Popi/rus  grecs  du  Loucre,  p.  37. 


FILLE  D EPIPHANE 


235 

» et  des  dieux  Philopators  et  des  dieux  Kpiphanes  et  des 
))  DIEUX  PhILOMÉTORS.  . . » 

Ainsi  donc  Cléopâtre,  abandonnant  Evergète  II,  était 
bien  redevenue  la  femme  et  l’associée  au  trône  du  roi,  son 
premier  mari. 

Cet  acte  ne  date  (pie  du  milieu  de  l’an  XXI  (160  avant 
notre  ère),  c’est-à-dire  de  la  quatrième  année  depuis  (pie 
Pliilométor  était  redevenu  seul  roi,  et  encore  la  première 
ne  compte-t-elle  que  pour  six  semaines. 

Dix  ans  plus  tard,  rien  n’était  encore  changé  dans  la  po- 
I si t ion  de  la  reine  Cléopâtre,  à cela  près  que  des  sacerdoces 

royaux  avaient  été  établis  à Thèbes,  notamment  pour  la  reine 
Cléopâtre  Pliilométor  et  pour  sa  mère  Cléopâtre  Epiphane, 
nouvel  honneur  pour  la  reine  trois  fois  mariée  : 

« L’an  XXXI,  le  0 tobi,  des  rois  Ptolémée  et  Cléopâtre 
» sa  sœur',  les  enfants  de  Ptolémée  et  Cléopâtre  les  dieux 
» Kpiphanes,  et  sous  le  prêtre  d’Alexandre,  des  dieux 
» Sôters  nte  nohem  , des  dieux  Philadelphes,  des  dieux 
» Evergètes,  des  dieux  Philopators,  des  dieux  Kpiphanes, 
» du  dieu  Eupator1 2,  des  dieux  Piiilométors.  » 

Il  ne  nous  reste  plus,  pour  achever  le  second  règne  de 
Pliilométor,  le  troisième  de  Cléopâtre,  qu'à  constater  la 
date  de  la  mort  de  ce  roi.  On  voit,  par  la  pièce  grecque 
bien  connue  sous  la  désignation  de  « Récompense  promise 
pour  un  esclave  fugitif  »,  objet  d’un  beau  mémoire  de  Le- 
tronne,  que  Pliilométor  ne  régnait  plus  le  16  épi p,  c’est-à- 
dire  au  dixième  mois  de  l’année  égyptienne  ou  au  mois 
d’août  du  calendrier  Julien  proleptique. 

Deux  actes  de  partage3  entre  Ounnofré  et  ses  frères  sont 

1.  Même  formule  dans  les  contrats  du  18  paklmns  an  XXXIII, 
juin  103.  (Louvre,  2416  et  2417;  Revillout,  Chrcst.  déni.,  p.  643  et  301.) 

2.  Encore  une  conquête  de  la  science  hiéroglyphique.  Il  est  nommé 
dans  le  protocole  de  presque  tous  les  rois  ses  successeurs.  Sa  place  esl 
mal  connue;  j’y  reviendrai  dans  une  notice  spéciale  [encore  inédite]. 

3.  Papyrus  de  Berlin  et  Papyrus  de  la  Bibliothèque  nationale  de 


CLÉOPÂTRE 


236 

datés  du  « 18  athyr  an  XXXVI  décembre  140  , des  rois 
» Ptolémée  et  Cléopâtre  sa  sœur,  les  enfants  de  Ptolémée 
» et  de  Cléopâtre,  les  dieux  Épiphanes,  et  sous  le  prêtre 
» d’Alexandre  et  des  dieux  Sôters,  des  dieux  Adelphes, 
» des  dieux  Evergètes,  des  dieux  Philopators,  des  dieux 
» Épiphanes,  du  dieu  Eupator  et  des  dieux  Philomé- 
» tors,  » etc. 

Ainsi,  Philométor  vivait  encore  au  milieu  du  mois  de 
décembre  146. 

D’autre  part,  M.  Revillout  a signalé'  un  contrat  d’échange 
de  l’an  XXXVI  de  Philométor,  dont  il  publie  des  extraits 
sans  date  ni  souscription  de  notaire.  Le  quantième,  quand 
il  sera  connu,  donnera  une  limite  approximative  de  la  fin 
du  règne  de  Philométor. 

Quatrième  mariage  de  Cléopâtre 

Ptolémée  Philométor  mourut  en  146  ou  145,  et,  à part 
un  court  règne  d’un  an  que  l’on  attribue  â son  fils  Eupator, 
son  frère  Evergète  lui  succéda,  et,  selon  l’usage  égyptien, 
dut  dater  cette  année  de  l’an  XXV  de  son  règne.  En  effet, 
après  l’an  VII  (164  av.  J.-C.),  la  plus  ancienne  pièce  publiée 
jusqu’à  présent  est  l’acte  de  l’an  XXIX  (142  av.  J.-C.). 

« L’an  XXIX,  le  12  (?)  pharmouthi,  du  roi  Ptolémée 
» Evergète,  fils  de  Ptolémée  et  de  la  reine  Cléopâtre,  et 
» de  Cléopâtre  sa  femme,  et  sous  le  prêtre  d’Alexandre 
» et  des  dieux  Sôters  {rite  no  hem ),  des  dieux  Frères,  des 
» dieux  Évergètes,  du  dieu  Philométor,  du  dieu  Eupator, 
» du  dieu  [Philopator]  et  l’atlilophore  de  Bérénice  Éver- 
» gète,  » etc. 

On  voit  dans  ce  protocole  figurer  une  reine  Cléopâtre, 


Paris,  pap.  218;  antigraphe  Grey  à Londres.  Ces  deux  derniers,  publiés 
et  traduits,  Revillout,  Chrestomathie  domotique,  p.  62. 

1 . Zeitschrift,  p.  87. 


FILLE  D’ÉPIPHANE 


237 

femme  d’Evergète.  Or,  elle  n'est  pas  autre  que  Cléopâtre, 
lille  d’Épiphane,  changeant  pour  la  quatrième  fois  de 
mari.  La  preuve  s’en  tire  du  titre  de  « dieu  Philométor  », 
qui  paraît  avant  celui  d’Eupator.  Si  le  dernier  roi  décédé 
est  nommé  seul  ici  sous  le  nom  de  « dieu  Philométor  »,  où 
l’on  eût  attendu  la  mention  « des  dieux  Philométors  »,  c’est 
que  sa  femme  Cléopâtre,  continuant  de  régner  et  changeant 
de  mari  pour  la  quatrième  fois,  était  redevenue  la  femme 
de  son  frère  Evergète  et  devait  reprendre  avec  lui  le  nom 
de  « dieux  Evergètes  ».  Plus  loin,  dans  rémunération  dos 
sacerdoces  de  Thèbes,  est  mentionné  son  sacerdoce  entre 
ceux  de  son  mari  et  de  sa  mère  : « et  le  prêtre  du  roi  Pto- 
» lémée  et  la  prêtresse  de  Cléopâtre  sa  femme  et  la  pré- 
» tresse  de  Cléopâtre  la  mère,  la  déesse  Épiphane  ». 

Le  fait  de  ce  quatrième  mariage  est  encore  plus  explici- 
tement attesté  dans  le  protocole  d’un  double  acte  de  vente 
de  l’année  suivante1  : « L’an  XXX,  le  18  mésoré,  du  roi 
» Ptolémée  l’Évergète,  fils  de  Ptolémée  et  de  Cléopâtre 
» les  dieux  Épiphanes,  et  de  la  reine  Cléopâtre  sa 
» sœur,  sa  femme,  la  déesse  Évergète,  et  sous  le  prêtre 
» d’Alexandre,  des  dieux  Sôters,  des  dieux  Frères,  des 
» dieux  Evergètes.  des  dieux  Philopators,  des  dieux  Epi- 
» phanes,  du  dieu  Eupator,  du  dieu  Philométor,  des  dieux 
» Evergètes.  » 

Ici  : 1°  Cléopâtre  est  dite  « sœur  et  femme  » de  Ptolémée 
Evergète,  et  2°  par  suite  leur  prédécesseur  est  seul  « dieu 
Philométor  »,  tandis  qu’eux-mêmes  deviennent  « dieux 
Evergètes  ». 

Ainsi,  le  fait  de  ce  quadruple  mariage  est  rendu  indiscu- 
table par  les  termes  des  protocoles  de  la  chancellerie  ptolé— 
inaïque.  Mais  la  politique,  qui  avait  uni  deux  fois  Cléopâtre 
à chacun  de  ses  frères,  allait  la  faire  répudier  par  le  dernier. 
C’est  ce  que  nous  apprend  une  déclaration  de  bail  faite  en 


1.  Revillout,  Nouvelle  Chrestomathie  dèmotique,  p.  32. 


238 


CLÉOPÂTRE 


l’an  XXXVII,  le  premier  acte  en  date  après  celui  qui  vient 
d’être  cité. 


ÉVERGÈTE  II  RÉPUDIE  CLÉOPÂTRE 

En  effet,  auprès  du  trône  grandissait  une  troisième  Cléo- 
pâtre, fille  de  Philométor.  Il  y avait  en  elle  des  droits  à la 
couronne  égyptienne  qu’il  fallait  éteindre  ou  confisquer. 
La  reine  Cléopâtre,  alors  âgée  de  cinquante  ans,  dut  céder 
la  place  à sa  fille,  et  la  jeune  Cléopâtre  devint  l’épouse  de 
son  oncle  Évergète,  dont  elle  eut  un  fils  qui  fut  son  succes- 
seur sous  la  tutelle  de  sa  mère. 

Évergète  n’imita  pas,  en  cette  circonstance,  celui  de  ses 
prédécesseurs  qui  avait  mis  à mort  sa  mère  en  montant  au 
trône  : il  laissa  la  vie  à Cléopâtre.  Bien  plus,  elle  garda  ses 
honneurs  et  ses  titres  de  reine,  à côté  de  la  nouvelle  reine 
sa  fille.  Voici  ce  que  nous  atteste  le  protocole  de  l’acte  dont 
il  est  question1 2  : « L’an  XXXVII,  le  21  mésoré,  du  roi 
» Ptolémée,  le  dieu  Évergète,  fils  de  Ptolémée  et  de 
» Cléopâtre,  les  dieux  Epiplianes,  et  de  la  reine  Cléopâtre 
» sa  sœur,  et  de  la  reine  Cléopâtre  sa  femme.  » 

Depuis  lors,  on  dut  voir  ainsi  paraître  en  tête  de  tous  les 
actes  les  noms  des  trois  souverains  de  l’Egypte,  jusqu’au 
jour  (en  131  de  notre  ère)  où  les  Alexandrins  se  révoltèrent 
au  nom  de  Cléopâtre,  fille  d’Épiphane.  Evergète,  devenu 
cruel,  lui  envoya,  dans  une  corbeille,  les  membres  du  fils 
qu’il  avait  eu  d’elle. 

Aussi,  dès  lors,  le  nom  de  la  reine  Cléopâtre,  sœur  du  roi, 
disparaît  des  protocoles.  Ainsi  ceux  de  l’an  XLIV  portent, 
avec  une  variante  dans  le  titre  du  roi  : « L’an  XLIV,  mé- 
» soré,  du  roi  Ptolémée,  le  dieu  Évergète,  fils  de  Ptolémée 
» et  de  la  reine  Cléopâtre  sa  femme,  les  dieux  Évergètes, 
» et  sous  le  prêtre  d’Alexandre1,  » etc. 


1.  Revillout,  Noucrllo.  Chvestonxathic  dcmotiqne,  p.  155,  note  2. 

2.  Acte  du  P'r  mésoré  (Revillout,  Chrest.  dèm.,  p.  358);  — du 


FILLE  d’ÉPIPHANF.  239 

Lu  même  formule  est  usitée  eu  l’an  XLY  ' et  en 

l’an  XXVI 

Mais  la  reine  reparaît  clans  deux  actes  de  cette  même 
année,  datés  du  20  paoni  : « L’an  XLA  I.  paoni  20,  du  roi 
» Ptolémée,  le  dieu  Evergètc,  lils  de  Ptolémée  et  de  Cléo- 
» pâtre  les  dieux  Kpiphanes,  et  de  la  reine  Cléopâtre  sa 
» sœur,  et  de  la  reine  Cléopâtre  sa  femme,  les  dieux 
» Kvergètes,  et  sous  le  prêtre  d’Alexandre2,  » etc. 

On  trouve  la  même  formule  en  tête  d’un  acte  de  partage 
do  l’an  XL1X*,  d’une  vente  de  maison  en  mékliir  an  L . et 
d'un  bail  du  10  paoni  de  l’an  LP'. 

On  ne  peut  en  conclure  autre  chose,  sinon  que,  entre 
les  dates  du  10  tobi  an  XLYI  (janvier  124)  et  du  20  paoni 
(14  juillet  124),  Cléopâtre  rentra  en  grâce  et  reprit  son 
rang  et  ses  prérogatives  de  reine,  perdus  en  131  par  sa  par- 
ticipation à la  révolte  des  Alexandrins,  et  les  conserva  au 
moins  jusqu’en  l’an  LI  (juillet  119). 

Au  contraire,  en  LU,  elle  disparaît  de  la  formule  initiale 
des  actes.  En  effet,  un  acte  de  vente  ch1  cette  année  a pour 
date  : « An  LII,  pakhons  3,  du  roi  Ptolémée,  le  dieu  Kver- 
» gète,  tils  de  Ptolémée,  et  de  la  reine  Cléopâtre  sa  femme, 
» les  dieux  Evergètes7. . . » 

Faut-il  supposer  cju’en  cette  année  la  reine  Cléopâtre 
mourut,  âgée  d’environ  soixante-dix  ans?  C’est  ce  qui  me 
paraît  le  plus  probable,  car,  dans  les  actes  de  date  posté- 
rieure, elle  ne  paraît  plus  selon  moi. 


20  mésoré  ( ibicl. , p.  308);  — du  28  mésoré  (Revillout,  Noue.  Chrest. 
délit .,  p.  103). 

1.  Acte  du  26  épiphi  (Revillout,  Zcitsehr.,  1870,  pl.  1.  n"  18). 

2.  Acte  du  10  tobi  (Revillout,  Chrest.  déni.,  p 303). 

3.  Papyrus  de  Rcrlin  (Revillout,  dirent,  déni.,  p.  312). 

4.  Revillout,  Nouvelle  Chrestomatkic  démoli// ne,  p.  87. 

5.  Revillout,  Chrestomathie  dùmotique,  p.  85;  Papyrus  du  Louvre, 
2418  et  2410. 

6.  Revillout,  Nouvelle  Chrestomathie  dèmotique,  p.  148. 

7.  Revillout,  ibid.,  p.  59. 


24U 


CLÉOPÂTRE 


L’acte  grec,  par  lequel  Hor  le  choaehyte  partage  scs 
maisons  et  ses  liturgies  entre  ses  enfants  (Pap.  du  Louvre 
n"  5),  est  daté  ; pajAsuortiov  L),£o— l-pa;  y. j..  Oeü>v  *ï»tÀojjtTrj- 

tôowv  Eojtt'ocüv,  eto'jî  A,  eu’  isoito;  SaaiXÉw;  M-oXîpa!o'j  Oeoü  tI>;/.ola/- 
tooo;  Sw^pos,  ’AXsçavopoj,  etc. 

« Il  s’agit  ici,  dit  Brunet  de  Presle,  de  Cléopâtre , veuoe 
de  Ptolémée  Philomêtor  et  de  Ptolémée  Évergèle  II,  et  de 
son  fils  aîné  Ptolémée  Sôter  II,  qui  monta  sur  le  trône  en 
117  avant  J.-C.,  et  fut  désigné  sous  le  double  titre  de  Pto- 
lémée Philométor-Sôter » 

L’acte  de  partage  est  donc  de  l’année  114. 

Or,  si  l’on  adopte,  comme  je  l’ai  dit,  les  données  de 
Brunet  de  Presle  sur  la  naissance  des  enfants  d’Épiphane, 
c’est-à-dire  l'année  192  pour  Philomêtor,  188  pour  Éver- 
gète  et  l'une  des  années  intermédiaires  pour  Cléopâtre,  on 
aurait  190  — 114  = 76,  ce  qui  serait  un  âge  très  possible 
pour  Cléopâtre. 

Mais  il  y a contre  cette  attribution  plusieurs  graves  ob- 
jections : 

1°  Rien  dans  les  récits  des  historiens  grecs  n’autorise  à 
croire  que  Cléopâtre  II  ait  joué  un  rôle  sous  le  règne  des 
fils  d’Évergète  II;  et  comme,  d’autre  part,  son  nom  dispa- 
raît des  protocoles  officiels,  rien  n’est  plus  probable  que  sa 
mort  en  l’an  LI  ou  LU. 

2°  Cléopâtre,  mère  de  Sôter  II  et  de  son  frère  Alexandre  Ier, 
fut  mise  à mort  par  ce  dernier  en  89.  Si  cette  Cléopâtre 
était  la  veuve  de  Philomêtor  Lr  et  d’Évergète  II,  comme  le 
veut  Brunet  de  Presle,  née  vers  190,  elle  aurait  eu  près  de 
cent  ans  et  assez  de  force  de  corps  et  d’esprit  pour  disputer 
le  gouvernement  à ses  fils  et  les  renverser,  ce  qui  cette  fois 
devient  tout  a fait  invraisemblable.  En  effet,  je  pense  qu’il 
ne  faut  pas  voir  dans  les  événements  du  règne  des  deux 
frères,  la  fille  d’Épiphane,  mais  la  petite-fille  de  ce  roi,  la 


1 . Brunet  de  Presle.  Papyrus  yrecs  du  Lourvc,  p.  152. 


FILLE  D EPIPIIANE 


( 


■iille  de  son  lils  Philométor  Ier,  épouse  d’Évergète  II,  son 
>ncle,  [cpii,  par  son  testament,  lui  laissa  la  couronne  à la 
condition  de  la  partager  avec  celui  de  ses  lils  qu'elle  vou- 

i Irait  choisir]. 

Ainsi,  je  vois  dans  cette  dynastie,  au  cours  du  second 
j-ièclc,  quatre  reines  Cléopâtre  : 

Cléopâtre  Ire,  femme  d’Epiphane; 

Cléopâtre  II,  sa  lille,  femme  de  ses  deux  frères  Philométor 
i ;t  Évergète  II,  morte  probablement  en  l’an  LII  = 117; 

Cléopâtre  III,  fille  de  Cléopâtre  II  et  de  Philométor, 
(deuxième  femme  d’Évergète  II,  mise  à mort  en  89; 

, Cléopâtre  IV,  fille  de  Cléopâtre  III  et  d’Évergète  II  et 
[femme  de  son  frère  Sôter  II. 

Bien  plus,  je  puis  démontrer  que  mon  système  cadre 
|i)ien  avec  les  énonciations  des  protocoles  de  tous  les  actes 
originaux  parvenus  jusqu’à  nous  : 

1°  Un  contrat  de  prêt  de  blé  par  le  pastophore  Osorouer 
1 1 un  Grec  nommé  Psémont  est  daté  de  « l’an  IV,  30  tliot, 
!»  de  la  reine  Cléopâtre  et  du  roi  Ptolémée  Philométor  le 

!»  Sôter  et  sous  le  prêtre  d’Alexandre,  etc , des  dieux 

I»  Évergèteset  du . . .1  Philométor  le  Sôter  2 3 (?)  ». 

« La  reine  Cléopâtre  » est  Cléopâtre  III,  régente  de  son 
| lils  Ptolémée  IX  Philométor  II  Sôter  IL 
l [Ce  roi  est  nommé  seul,  parce  que  sa  mère  lui  a fait  répu- 
dier sa  sœur  Cléopâtre  IV :|,  et  que  sa  nouvelle  femme  n’a 
pas  été  associée  aux  honneurs  divins.] 

La  date  du  contrat  est  le  30  tliot,  21  octobre  114. 

2°  L’acte  de  partage  fait  par  Hor  â ses  enfants,  daté  : 
UïTiAô'jovHûv  kXso— à-pa:;  xxc  ll'uoXèji.aîou,  0eû)v  «luXopnrjTÔpcDv  Xüwjpwv 


1.  Mot  passé  : dieu  ou  roi. 

2.  Revillout,  Nouvelle  Chrestomathie  dèmotique,  p.  50. 

3.  [Ici,  dans  sa  première  rédaction,  l’auteur  conjecturait  que  Sôter  II 
n avait  pas  encore  épousé  sa  sœur  Cléopâtre  IV,  et  qu’à  celle-ci,  avec 
son  frère,  s’appliquait  le  titre  de  6sol  'Vù.o\i.r-. opz:  Sut-?, psç.  Il  a,  depuis 

longtemps,  rectifié.] 

Bibl.  égypt.,  t.  xv. 


Vi 


CLÉOPÂTRE 


242 

ï'oli ç A,  sep  lepéwç  pacriXîcüî  H-:oX£|j.aîO'j  tî)'.Xop.r|xopoç  Xior^poç,  ÂXs^av- 
opou,  etc.,  xaî  Geoù  EùepYSTOu  /.a;  6eù)v  <ï>(Xop.7)Tdpti>v  Ewtï'pwv,  etc., 
pû;voç  Iti'.o  0,  sv  ’EppuüvGei1,  etc. 

La  date  de  ce  contrat  est  9 épip  ou  1er  août  113. 

[Dans  les  actes  de  son  règne,  Cléopâtre  III  adopta  au 
moins  trois  formules  : 

1°  Dans  le  premier  acte  de  l’an  IV,  Évergète  II  et  sa 
femme  Cléopâtre  III  sont  compris  sous  le  nom  de  « dieux 
Évergètes  »,  et  Sôter  II  est  seul. 

2°  Dans  le  second  acte  de  l’an  IV,  Évergète  II  est  nommé 
seul,  et  Cléopâtre  et  son  fils  sont  nommés  ensemble  « dieux 
Philométors  Sôters  ».] 

En  cette  année  IV  (114),  Ptolémée  X Alexandre  Ier  devint 
roi  en  même  temps  que  son  frère  et  alla  régner  en  Chypre. 

Puis,  en  107,  Cléopâtre  III  renversa  Sôter,  II  et  lui  sub- 
stitua Alexandre  Ier. 

[3°  Dans  l’acte  de  l’an  XIV  qui  va  suivre,  Cléopâtre, 
sous  le  règne  de  son  fils  Alexandre,  reprend  le  titre 
d’«  Evergète  ».] 

Ici  l’on  rencontre,  parmi  les  papyrus  démotiques,  deux 
actes  de  vente,  dont  les  dates  sont  des  plus  instructives ;j 
en  voici  le  libellé  : 

« An  XIV,  qui  fait  XI,  le  17  phaménoth,  de  la  reine 
» Cléopâtre  Évergète  et  du  roi  Ptolémée,  qu’on  surnomme 
» Alexandre  son  lils,  [sous  le  prêtre  d’Alexandre],  des  dieux 
» Sauveurs  (sic),  » etc. 

Et  : « L’an  XI,  le  30  mékhir,  de  la  reine  Cléopâtre  et  de 
» roi  Ptolémée,  surnommé  Alexandre,  et  sous  le  prêtre 
» d’Alexandre,  des  dieux  Sauveurs,  » etc. 

S’il  était  question  de  Cléopâtre  II  Évergète  en  l’an  X 
d’Alexandre,  c’est-à-dire  en  104  (114  — 10  = 104),  la  reinej 
née  en  188,  aurait  eu  quatre-vingt-quatre  ans  ; or,  comm<[ 
Sôter  II  était  mineur  en  117,  on  se  demande  à quel  âg<| 


1.  Papyrus  grecs  du  Loutre , n°  5,  p.  130. 


{ 


FILLE  d’ÉPIPIIANE  213 

Cléopâtre  eût  eu  ses  trois  enfants  : en  supposant  à Sôter  II 
une  douzaine  d’années  lors  de  son  avènement,  il  serait  né 
en  129,  Cléopâtre  ayant  près  de  la  soixantaine,  ce  qui  n’est 
pas  admissible. 

Donc,  la  reine  « Cléopâtre  Évergète  »,  de  ce  contrat,  est 
Cléopâtre  III,  et  Ptolémée  Alexandre  étant  nommé  son  /ils, 
il  s’ensuit  que  la  mère  de  Sôter  II  n'est  pas,  comme  l’a  cru 
Brunet  de  Presle,  Cléopâtre  11,  fille  d’Epiphane,  mais  bien 
Cléopâtre  III,  fille  de  Philométor  et  deuxième  femme 
' d’ Evergète  II. 

I Cléopâtre  III  eût  dû  compter  ses  années  de  règne  depuis 
; son  mariage  avec  Evergète  II,  que  je  soupçonne  avoir  eu 
lieu  vers  131,  c’est-à-dire  quand  Evergète  ayant  fait  mettre 
à mort  ses  deux  fils,  chercha  dans  sa  famille  une  femme 
i qui  pût  lui  donner  des  enfants,  et  épousa  sa  nièce  Cléo- 
pâtre, dont,  par  le  fait  même,  il  confisquait  les  droits  au 
! nom  de  scs  futurs  enfants,  c’est-à-dire  à son  profit.  Cléo- 
pâtre eût  donc  dû  dater  cet  acte  de  l’an  XXIV  (et  non 
^ XIV)  = l’an  XI  d’Alexandre  qui  était  roi  de  Chypre  de- 
puis 114. 

Mais,  comme  dans  l’écriture  démotique  il  ne  peut  y avoir 
! confusion  entre  le  chiffre  / 10  et  le  chiffre  b'  20,  on  ne  peut 
| faire  d’autre  supposition  que  de  dire  que  Cléopâtre  Éver- 
gète, tutrice  de  ses  fils,  data  à nouveau  son  règne  de  la 
mort  d’ Evergète  II.  L’acte  de  l’an  XIV  de  Cléopâtre  est  de 
101(117 — 13=104);  et,  comme  Alexandre  ne  commença  à 
régner  qu’en  114,  son  an  XI  114  — 10  = 101  concorde  bien 
avec  l’an  XIV  du  règne  de  Cléopâtre  Evergète. 

Si  je  voulais  refaire  ici,  en  ce  qui  concerne  les  règnes  de 
Philométor  et  d’Évergète  II,  le  tableau  chronologique 
dressé  par  Letronne  dans  ses  Inscriptions  d’Égypte,  on 
pourrait  apprécier  ce  que  la  chronologie  des  Lagides  doit 
déjà  à la  publication  de  quelques  contrats  démotiques.  Mais 
i ce  travail  serait  nécessairement  incomplet;  M.  Revillout 
1 tient  en  réserve  bien  d’autres  documents  : il  saura  les  mettre 


244 


CLÉOPÂTRE 


en  œuvre  avec  l’autorité  qu'il  s’est  acquise  en  ces  matières 
Ce  que  j’en  ai  dit,  d’après  les  textes  qu'il  a livrés  au  public 
suffit  à montrer  combien  l’histoire  s’est  enrichie  par  s; 
brillante  découverte. 


!j  novembre  1880. 


LE 


DÉCRET  DE  MEMPHIS 

ET  LES 

INSCRIPTIONS  DK  ROSETTE  ET  DE  DAMANHOUR1 


I 

[Les  Textes | 

L'inscription  de  Rosette  a été  le  principe  des  études  et 
des  découvertes  égyptologiques.  Aujourd’hui  encore  tout 
ce  qui  y touche  intéresse  toujours  non  seulement  les  égyp- 
tologues, mais  le  monde  savant2.  L’état  malheureux  dans 
lequel  se  trouve  le  texte  hiéroglyphique  rappelle  en  toute 
occasion  l’attention  de  ceux  qui  s’occupent  de  l’une  des 
trois  rédactions  dans  lesquelles  le  décret  des  prêtres  de 
l’Egypte,  assemblés  à Memphis,  nous  a été  transmis. 

Tout  d’abord  le  texte  grec,  le  plus  accessible  à l’étude  par 
sa  conservation  presque  parfaite  et  par  la  connaissance  de 
la  langue  dans  laquelle  il  était  écrit,  a été  l'objet  d'études 
savantes. 

1.  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences. 
Belles-Lettres  et  Arts  d'Orléans,  1887,  t.  XXVII,  p.  1 135  et  i-xxxi. 

2.  Voir,  par  exemple,  l’étude  de  M.  Miller  sur  le  nouveau  texte  de 
Canope,  dans  le  Journal  des  Savants,  1883,  p.  214. 


246 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


Ameilhon  s’en  occupa  le  premier  en  1803,  puis  vinrent 
Villoison  (1803),  Heyne,  Porson,  Druman,  Lenormant  (1840), 
Letronne  (1841),  dont  la  transcription  et  la  traduction,  à 
peu  près  parfaites,  n'ont  besoin  de  correction  que  dans 
quelques  rares  endroits. 

Ce  fut  ensuite  le  tour  du  texte  démotique,  que  l’on  pré- 
suma devoir  être  entièrement  alphabétique,  parce  qu’on  n’\ 
reconnaissait  alors  aucune  figure  régulière.  Mais,  ici,  les 
efforts  de  Silvestre  de  Sacy  (1802),  d'Ackerblad  (1802) 
d’Young  (1816),  de  Kosegarten  (1828),  de  Saulcy  (1845) 
restèrent  à peu  près  sans  résultats.  Il  a fallu  les  progrès 
incessants  de  l’égyptologie  pour  que  M.  Revillout  en  donna 
une  traduction  interlinéaire  exacte. 

Enfin,  à la  suite  de  l’infructueuse  tentative  d’Yourç 
(1819),  Champollion,  après  avoir  lu,  dès  1821,  devant  l’Aca 
démie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  plusieurs  mémoire 
sur  les  écritures  égyptiennes,  trouvait  définitivement,  ei 
1822,  la  lecture  des  hiéroglyphes  monumentaux.  Ses  tra- 
ductions partielles  du  texte  hiéroglyphique  de  la  pierre  d 
Rosette  servirent  à Lenormant  et  à Letronne  pour  leur 
restitutions  du  texte  grec.  Trente  ans  plus  tard,  1 
Dr  Brugsch  (1851)  en  donna  une  traduction  intégrale  qu 
Chabas  améliora  beaucoup  en  1863,  mais  en  y laissan 
encore,  comme  on  le  verra,  plus  d’une  omission  ou  erreui 
D’ailleurs,  depuis  cinquante  ans,  tous  les  égyptologues  on 
eu  l’occasion  de  proposer  quelque  restitution’. 

Deux  découvertes  importantes  eurent  lieu  dans  cet  intei 
valle  de  temps;  en  1866,  par  Lepsius,  celle  de  la  stèle  d 
Tanis,  contenant  un  décret  des  prêtres  de  l’Égypte  réun: 
dans  un  temple  de  Canope,  l’an  IX  d’Évergète  Ier,  et  e 
décembre  1884,  l’entrée  au  Musée  de  Boulaq  d’un  nouv< 

1.  Dernièrement  encore  l’un  d'eux  proposait  la  restitution  d’un  m' 
au  commencement  de  la  deuxième  ligne,  tant  cette  restitution  reste 
préoccupation  constante  des  égyptologues.  — Voir  Chabas,  Inscriptii 
de  Rosette,  1867,  p.  10. 


, 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


24 1 

exemplaire  du  décret  de  Memphis,  connu  par  la  stèle  de 
Rosette. 

Le  texte  de  Tanis,  tout  à fait  analogue  de  sujet  à celui  de 
Rosette,  aurait  pu  fournir  des  éléments  pour  restituer  ce 
dernier.  Personne  cependant  ne  l’a  entrepris.  Mais  il  n’en  a 
pas  été  de  même  du  nouveau  texte  du  décret  de  Memphis, 
trouvé  à Damanhour'.  M.  Bouriant,  en  le  publiant5,  a tenté 
en  même  temps  de  le  combiner  avec  celui  de  Rosette,  de 
façon  à présenter  le  décret  à peu  près  dans  son  intégrité. 
Son  essai  mérite  des  éloges  et  fait  honneur  à l’école  du 
Caire,  dont  M.  Bouriant  était  hier  encore  l’un  des  élèves. 
On  y forme  des  égyptologues,  comme  M.  Bouriant,  qui 
n’hésitent  pas  à aborder  les  travaux  les  plus  ardus. 

M.  Bouriant  eût  pu  étudier  plus  longtemps  son  sujet,  il 
a préféré  laisser  son  travail  incomplet  et  mettre  immédiate- 
ment à la  portée  de  tous  les  égyptologues  le  texte  précieux 
entré  dans  le  dépôt  confié  à sa  garde. 


11 

[Identité  et  incorrection  des  deux  textes] 

Il  ne  faut  pas  espérer  d’une  restitution  de  ce  genre  quelque 
découverte  nouvelle  d’un  intérêt  historique.  Les  textes 
grec  et  démotique  ont  fait  connaître  tout  ce  qu’on  pouvait 
attendre  de  ce  côté  : tout  au  plus  pourra-t-on  y trouver  un 
motif  de  décision  sur  quelques  points  que  les  deux  textes 
déjà  connus  avaient,  parleur  désaccord,  laissés  indécis. 

Je  ne  veux  entreprendre,  quant  à présent,  aucune  dis- 
cussion sur  les  questions  touchant  l’histoire,  l’administra- 
tion, les  mœurs,  les  usages,  la  chronologie,  que  peut  soulever 
le  texte  du  décret.  Je  restreins  complètement  mon  plan. 

1 . Musée  du  Caire,  n°  5576. 

2.  Recueil  de  Travaux,  1885,  t.  VI,  p.  1-20. 


248  LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 

J'entreprends  une  étude  purement  bibliographique,  si  ji 
puis  appliquer  cette  expression  à deux  stèles.  Mon  seul  bul 
est  de  montrer  qu’on  peut,  presque  avec  un  succès  complet, 
tenter  sur  les  textes  hiéroglyphiques  les  plus  maltraités 
par  le  temps,  des  essais  de  restitution  analogues  à cem 
auxquels  on  soumet  les  textes  grecs  et  latins.  La  tâche  est 
plus  difficile  sans  doute,  parce  que  nous  avons  moins  d’ha- 
bitude de  la  langue  égyptienne  que  les  hellénistes  de  h 
langue  grecque.  Cependant,  plus  de  trente  ans  d’étude  m’ont 
assez  familiarisé  avec  la  langue  et  l’archéologie,  pour  nn 
permettre  une  tentative  dans  laquelle  M.  Bouriant,  trop 
jeune  encore  d'expérience,  a souvent  échoué. 

Le  premier  point  dont  je  me  suis  assuré,  c’est  l’identitc 
des  deux  textes.  Elle  est  complète.  On  peut,  pour  s’er 
convaincre,  comparer  : 


Rosette,  ligne  1,  et  Damanhour, 

ligne  22. 

9 

23-24. 

3, 

25-26. 

9, 

26. 

8, 

26-27. 

10, 

27-28-29 

12, 

29. 

— 14, 

30-31. 

J’ai  eu  la  patience  de  comparer  tous  ces  passages,  groupe 
par  groupe,  et  de  constater  qu’ils  sont  formés  des  mêmes 
signes.  Damanhour  les  intervertit  quelquefois,  mais  chaque 
groupe  est  formé  des  mêmes  éléments’.  Je  n’ai  trouvé  qu’uni 


1.  Il  faut  faire  cette  expérience  sur  la  planche,  car,  dans  la  repro 

duction  typographique,  M.  Bouriant  a dérangé  quelquefois  l’ordre  de 
. . -p-r  as- 
signes. Ainsi,  ligne  24,  t>===iJ  « 

-ïu-  r— i J\  'i 

Damanhour,  T'Cf  comme  sur  Rosette;  la  fiu  du  cartouche  d( 


est  écrit  sur  la  pierre  d( 


ÜLù 

la  dernière  ligne  est 


st  ^ 


dans  les  deux  textes. 


; 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


249 

(Dam., 


exception  (Ros.,  1.  14),  est  écrit  a 

C.  Jl  j. 

1.  30). 

Lorsqu’un  mot  peut  être  écrit  de  plusieurs  manières,  il 
est  reproduit  sur  les  deux  textes  à la  lois  sous  la  même 
orthographe.  Ainsi,  le  pronom  de  la  troisième  personne  du 

pluriel  est  écrit  I (Ros.,  1.2;  Dam.,  1.23;  — 3/25,  2 fois, 


8/27, 12/29);  (Ros.,  1.  2;  Dam.,  1.  24;  — 3/2G,  2 fois). 
De  même,  le  pronom  de  la  troisième  personne  du  singu- 

« I /V7  AA/VW\ 

lier  est  écrit  x/%  (Ros.,  1.  10;  Dam.,  1.  28),  et  (Ros., 


1.  3;  Dam.,  1.  25;  —3/26,  10/28). 


/.et  n ed  est  écrit 


© 


aux  endroits  correspondants  (Ros., 


© 


1.  3;  Dam.,  1.  25),  et  (Ros.,  1.  10;  Dam.,  1.  28). 

Certaines  bizarreries  se  rencontrent  des  deux  côtés, 
comme  ©<r^>  pour  (Ros.,  1.  2;  Dam.,  1.  24). 

Il  est  curieux  de  voir  que  des  fautes  d’orthographe  de 
l’inscription  de  Rosette  sont  reproduites  dans  celle  de  Da- 
manhour.  Ainsi,  le  mot  nofrt,  jusqu’à , est  écrit 
noftr  (Ros.,  1.  12;  Dam.,  1.  29),  au  lieu  de  T<=>;  Q" 


coin,  est 


(Ros.,  1.  10)  et 


A IIU, 


(Dam.,  1.  27,  (in), 


au  lieu  de 

l\\@ 


a 


^37  (Ros.,  1.  3)  est  une  faute  évidente  pour 

, -roTî  aXÀoi?  tepoTç  r.;.  Damanhour,  tout  en  recti- 
fiant la  faute  (ligne  25),  adopte  l’orthographe  ptolémaïque 
^ qui  y a donné  lieu. 

L'identité  d’orthographe  et  de  disposition  des  signes  est 
donc  un  fait  dont  il  faudra  tenir  compte  dans  la  restitution. 
Par  exemple,  quand,  dans  Damanhour,  on  trouve  le  groupe 

. qui  n’a  aucune  signification,  il  faudra  lui  conserver 
® . O |LD 

sa  physionomie  et  le  transcrire  ^ . 


250 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


Q /WWVA  / q 

Le  verbe  n □ (Dam.,  1.  1)  serait  écrit  à l’ordinaire 
@ x i . ' x 1 ^ . 

AAAAAA  ^ ^ * il  y a tout  lieu  de  croire  que,  dans  Rosette  comme 

dans  Damanhour,  il  présentait  la  disposition  plus  voisine  de 


Q AAAAAA  / ç 

l’hiératique  | XD  i ^ 


Ces  particularités  n’étonneront  pas;  car,  si  le  texte  de 
Rosette  est  un  texte  très  correct  relativement  à celui  de 
Damanhour,  dans  lequel  les  fautes  pullulent,  il  n’en  est 
cependant  pas  tout  à fait  exempt.  On  y rencontre  quelque- 
fois des  signes  transposés,  remplacés  par  d’autres  de  dessin 
analogue,  ou  supprimés,  dont  voici  la  liste1  : 


1°  Transposés,  comme  : 


ü o 

© 

iour 


y - — û éric/ei 

1 y\  J 


(ligne  4)  pour 
(ligne  7) 

(ligne  10)  — 

(ligne  6) 


© o 

ra 

o 


2°  Remplacés  par  d’autres  de  dessin  analogue,  comme  : 


— Q \\ 


(ligne  1) 
(ligne  3) 


(ligne  4) 


pour  — (g- 


X 

L=4 


ou 


-ç-  x 
.a  L J\ 


32 


1 . Je  suis  le  texte  tel  qu’il  a été  publié  par  Lepsius  et  reproduit  par 
Chabas. 


LE  DÉCHET  DE  MEMPIIIS 


PPP  (ligne  4) 

SJ  ° 

ordinairement  ^ 

P?  (ligne  7) 

on  & 

(1  ® 
pour  Y 
^ n i i i 

(IM 

-§M 

kouk 

- k 

0 n 

0 1 I 
1 


(lignes  8 et  14) 


(ligne  9 in  fine ) 
(ligne  10) 


C3  I 

(Hsnoii) 


S=> 


u?. 

— 

^s>- 

Sr  o 

Ps 

(ligne  12) 

(ligne  13) 

“t*  <2 

1 1 1 1 

3°  Omis, 

comme  dans 

ïîrî 

(ligne  9) 

m 

(ligne  11) 

;i 

(ligne  12) 

ûD 

— en  o 


I I I 
-<2>- 


(»  ^ 


h ® 

.111 


<2 


I 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


252 


t!¥ 

(ligne  12) 

pour  | 

l<^> 

M 

— 

2 HA] 

— 

- 21  HA] 

/SA  (3  <2 

(ligne  13) 

1 

* (2 

I 


C’est  plus  d’une  vingtaine  de  rectifications  qui  me  pa- 
raissent des  plus  certaines,  dont  une  partie  a été  faite  par 
mes  prédécesseurs;  mais  ce  nombre  d’inadvertances  du 
graveur  n’a  pas  lieu  de  beaucoup  étonner.  On  en  retrouve 
tout  autant  dans  les  inscriptions  grecques  ou  latines.  Pre- 
nons par  exemple  la  Table  de  Souk-el-Kmis’.  C’est  un  texte 
important  et  bien  comparable  aux  inscriptions  de  Rosette 
et  de  Daman hour.  Il  comprenait  : 

1°  Le  texte  d’une  loi  d’Adrien  ; 

2°  Des  litterœ  procuratorum  conservées  aux  archives  du 
district  de  Carthage  ; 

3°  Une  subscriptio  de  l’empereur  Commode; 

4°  Une  lettre  du  procurateur  Tussanius  Aristo  ; 

5°  La  formule  de  dédicace  du  monument. 

Or,  dans  cette  inscription2 3,  on  trouve  : 

1°  Des  fautes  contre  l’orthographe  usuelle'1  : kapite 
(colonne  ni,  lignes  4 et  7),  legis  hadriane  (iii,  5),  littere 
(iii,  9),  itqve  (iii,  13,  pour  idquë),  apvt  (iii,  21,  apud), 
qvit  (iv,  7,  quid),  set  (ii,  2,  pour  sed); 

1.  R.  Cagnat  et  E.  Fernique;  Table  de  Souk-el-Kmis,  Reçue  ar- 
chéologique, 1881,  t.  XLI,  p.  94-103  et  139-151. 

2.  [Collationnée  pour  moi,  à la  Bibliothèque  nationale,  par  mon  fils 
Jules  Baillet,  alors  élève  de  l’École  normale  supérieure.  — A.  B.] 

3.  Tous  les  mots  que  je  cite  ne  sont  pas  absolument  des  fautes. 
Ainsi,  kapite,  suplicantibus , manuni  (pour  manuum),  etc.,  sont  des 
orthographes  admises  par  des  grammairiens.  Je  ne  me  pique  pas  ici 
de  faire  œuvre  de  latiniste  : j’ai  voulu  donner  un  point  de  comparaison. 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


253 


2°  Des  lettres  ajoutées  : discipvlinae  (iv,  5,  disciplina >), 
PETITATOTE  (il,  32 , pctitüté)' , LARGITIIONIBUS  (ilï,  21,  iur- 
(jitionibus) , exsistimamus  (ii,  24)  ; 

3°  Des  lettres  ou  des  syllabes  omises  : suplicantibvs 
(u,  6),  nonvllos  (ii,  14),  manvm  (ni,  19,  pour  manuum), 
saltvm  (ni,  29,  pour  saltuum),  cos  (iv,  28,  pour  coss)  et 
cvra  (iv,  28,  pour  curant),  tulario  (iii,  28,  tabulario), 
prastvtvm  ( ni,  16,  prœstitutum) , gratiosismo  (iii,  21, 
(jratiosissimo) , mare  (iii,  30,  manere)î ; 

4°  Mots  omis  entièrement  : sit  après  nostris  (iii,  15, 
Mommsen  suppose  même  : oiso  le<jis  capite  ita  sit),  non 
devant  amplius  (iii,  24) % aere  inciso  (iii,  14,  peut-être 
acre  incisa  ni  sit'); 

5°  Mots  mis  l’un  pour  l’autre  : modicvm  (ii,  1,  modo 
cum ),  aliorum  (iv,  4,  probablement  pour  aliis),  contem- 
platione  (iv,  4,  contemptioneY , ex  litteras  (iii,  26), 
miserinvs  (iii,  24,  aie  pitié  de  nous); 

6°  Enfin,  à la  colonne  iv,  lignes  4-8,  les  mots  ne 
qvit,  etc.,  sont  déplacés  et  doivent  venir  avant  plvs 
qvam1 2 3 4 5 6. 

Il  est  même  tel  passage  que  MM.  Cagnat  et  Fernique 
renoncent  à traduire  à cause  de  son  incorrection. 

Le  texte  de  la  stèle  de  Rosette  ne  serait  pas  difficile  à 
restituer,  si  celui  de  Damanhour  était  aussi  correct.  Mais 
il  s’en  faut  de  beaucoup.  Il  n’est  sorte  d'erreur  que  le  gra- 
veur n’ait  commise.  M.  Bouriant  a pu  dire  : « La  stèle  de 

1.  MM.  Cagnat  et  Fernique  lisent  ret  ita  tôt  r (Roc.  arch.,  1880. 
p.  96). 

2.  MM.  Cagnat  et  Fernique  n’ont  pu  déchiffrer  que  m. 

3.  MM.  Cagnat  et  Fernique  ont  déchiffré  un  n,  mis  par  abréviation 
pour  non. 

4.  In  aere  inciso  (Cagnat  et  Fernique). 

5.  «Considérant»  (Cagnat  et  Fernique). 

6.  MM.  Cagnat  et  Fernique  supposent  une  interpolation  de  ces  mots 
par  les  bénéficiaires  du  décret. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


254 

» Damanhour  est  bien  une  copie  du  décret  de  Memphis, 
» mais  c’est  une  copie  écourtée;  bien  des  groupes  sont 
» passés,  des  phrases  supprimées;  enfin  la  rédaction  est  si 
» imparfaite  qu’il  est  de  toute  évidence  que  le  graveur  n’en- 
» tendait  rien  ou  presque  rien  à la  langue  égyptienne.  » 

Oui,  le  graveur  de  la  stèle  de  Damanhour,  comme  celui 
de  Rosette,  transpose  les  signes,  les  remplace  par  d’autres 
de  dessin  analogue,  ou  les  omet.  La  liste  de  ces  transpo- 
sitions, échanges  et  omissions,  serait  très  longue,  et  il  n’y 
a pas  d’intérêt  réel  à la  dresser;  elles  sont  quelquefois  si 
multipliées  que  le  texte  en  devient  absolument  incompré- 
hensible : telles  sont  toute  la  ligne  12  et  la  moitié  de  la 
treizième,  et  une  partie  des  lignes  21  et  22  que  M.  Bouriant 
a renoncé  à restituer.  De  plus,  arrivé  à ce  qui  correspond 
à la  quatrième  ligne  de  Rosette,  le  graveur  commence  à 
supprimer  des  lignes  entières  : c’est  ainsi  que  disparaît  de  la 
rédaction  de  Damanhour  tout  le  texte  compris  aux  lignes  4, 
5,  6,  7,  11  et  13  de  celle  de  Rosette. 

On  le  voit  donc,  jamais  texte  n’a  été  plus  maltraité. 

INI.  Bouriant  met  tout  ce  désordre  sur  le  compte  de  l’igno- 
rance évidente,  selon  lui,  d’un  graveur  qui  n’entendait  rien 
ou  presque  rien  à la  langue  égyptienne.  Je  suis  d’un  avis 
différent.  Je  ne  trouve  pas  dans  toutes  les  fautes  qui  rendent 
si  difficile  la  lecture  de  Damanhour  une  raison  de  croire 
que  le  graveur  ne  fût  pas  Égyptien. 

Letronne  (p.  318)  a relevé  les  fautes  commises  dans  la 
gravure  du  texte  grec  : 


EIZ1IOPEVOMENOI  (1.  6), 

xonov  (1.  23), 
«l'IAIIlATOPiîN  (1.  37), 
izpün  (1.  35), 

AXni AOEPAÛN  (1.  44), 
TPIANAAA  (1.  46), 
OVEIAX  (1.  50) 


pour  Eisn. , 

— XPONOV, 

— 'MAOIl. , 

— IEPON, 

— AXHIAOEIAUN, 
— TPIAKAAA, 

— ersiAs,  etc., 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


sans  parler  de  la  confusion  perpétuelle  des  a,  a et  a;  et,  de 
la  nature  même  de  ces  fautes,  il  conclut  : « Il  me  paraît 
» évident  que  c’est  un  Égyptien  qui  a tracé  l’inscription 
» sur  la  pierre.  » 

Mais,  en  lisant  sur  la  pierre  de  Rosette  des  mots  comme  : 


G 

ra 


au  lieu  de  hau.  jour  (1.  7), 
o J ' 


î no  f ter, 

TvT’ 

O 

- — o tâf\ 

ami , 
isrf, 


J nofer,  jusqu’à  (1.  12), 

~ ÿj1  cïq,  milieu  (1.  9), 
rr~~&  qàhû,  coin  (1.  1), 

aumâi,  puisse...!  (1. 12), 
(j  p()  asarf,  (1.  10), 


ne  pourrait-on  pas  trouver  que  ces  fautes  sont  si  étonnantes, 
qu'il  faudrait  en  conclure  aussi  qu'il  n’y  a qu’un  Grec,  peu 
habitué  à la  langue  égyptienne,  qui  ait  pu  les  commettre? 
Cependant,  c’est  Letronne  qui  a raison  : « On  pouvait, 
» comme  il  le  fait  justement  remarquer,  difficilement  charger 
» un  Grec  de  graver  les  hiéroglyphes,  et,  surtout,  les  carac- 
» tères  démotiques,  si  difficiles  à discerner  pour  un  ôtran- 
» ger;  on  devait  prendre  un  homme  du  pays  : il  était  alors 
» tout  simple  de  charger  le  même  graveur  de  tracer  aussi 
» les  caractères  grecs,  dont  les  éléments  sont  si  simples  et 
» si  faciles  à reconnaître1.  » 

Mais  alors  comment  un  Égyptien,  qui  assurément  devait 
connaître  sa  langue,  pouvait-il  écrire  des  mots  comme 

* ^ _ fl  ^ 

^ ^ ) j j ’ ° ~ > etc-  - fffii  n’ont  aucun  sens  ? Comment 

surtout  un  Égyptien  de  naissance  n’a-t-il  pu  graver  le 


1.  Letronne,  Inscriptions. 


256 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


texte  de  Damanhour,  criblé  de  fautes  au  point  qu’il  serait 
impossible  de  le  restituer  si  l'on  n’avait  le  secours  de  ceux 
de  Rosette? 

Il  faut,  pour  s’expliquer  ce  fait,  se  faire  une  juste  idée 
de  l’éducation  du  peuple  en  Égypte.  Quand  on  voit,  dès  la 
XIIe  dynastie,  le  jeune  Papi  partir  pour  l’école  de  Khennou 
(Silsilis),  tenant  sous  son  bras  le  livre  Karnit  (sans  doute 
le  manuel  des  écoliers  de  l’époque),  dans  l’étude  duquel 
son  père  lui  donne  le  conseil  de  se  plonger  comme  on  plonge 
dans  l’eau1,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  qu’il  s’agit  du  fils 
d’un  fonctionnaire  recevant  une  éducation  supérieure,  puis- 
qu’il faut,  pour  cela,  qu’il  quitte  son  pays  afin  d’aller  fré- 
quenter les  écoles  dé  Khennou. 

Aux  yeux  des  Égyptiens,  ce  n’était  pas  un  petit  mérite 
que  de  savoir  lire  et  interpréter  les  hiéroglyphes,  et  l'ins- 
truction chez  eux  était  prisée  à très  haut  prix.  Ils  paraissent 
fiers  du  titre  de  grammate,  basilicogrammate,  hiérogram- 
mate,  etc.,  qu’ils  prennent  dans  leurs  épitaphes  funéraires. 
Ils  se  vantent  de  leurs  connaissances  littéraires,  et  n’ou- 
blient pas  leurs  titres  de  savants  ou  d’ingénieurs,  ni  les 
louanges  que  les  rois  ont  accordées  à leur  habileté  ou  à 
leur  science. 

Mais  le  peuple  devait  être  fort  ignorant  de  ce  système 
compliqué  d’écriture.  Il  pouvait  encore  être  compris  et  pra- 
tiqué par  des  négociants  ou  des  employés  du  fisc,  qui  avaient 
besoin  de  tenir  leurs  comptes  comme  ceux  de  l'ostracon 
Caillaud2.  La  connaissance  en  était  nécessaire  à certains 

1 . « Il  se  rendait  à Khennou,  pour  le  mettre  à l’école  des  lettres  où 
ne  le  dépassèrent  pas  les  fils  des  magistrats  qui  habitent  Khennou. 
Voici  qu’il  lui  dit  : « J’ai  vu  la  violence;  c’est  pourquoi  mets  ton  cœur 
» après  les  lettres!  J’ai  contemplé  qui  est  délivré  des  travaux  manuels,  et 
» en  vérité  il  n’y  a rien  au-dessus  des  lettres.  Comme  on  fait  dans  l’eau, 

» plonge-toi  au  sein  du  livre  Kamit  y I (| (| ^ . » (Instructions, 
de  Douaouf-sa-Khrodi  à son  fils.) 

2.  Devéria,  Un  ostracon  égyptien.  [Bibliothèque  ègyptologiquc , t.  I V, 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


artisans,  comme  les  copistes  de  livres  des  morts  copiés  à 
l’avance  et  sur  lesquels  il  ne  restait  qu’à  ajouter  le  nom  du 
défunt,  ou  comme  ceux  qui  gravaient  les  stèles  funéraires. 
Mais  on  sait  que  rien  n’est  moins  correct  que  les  papyrus 
funéraires  et  que  plus  d’une  faute  se  glisse  dans  la  gravure 
des  stèles.  Les  cicérones  qui  recevaient  les  étrangers, 
comme  Hérodote,  Diodore  et  les  autres,  pouvaient  bien 
leur  lire  sur  les  murailles  le  nom  de  Ramsès  ou  de  Séti  ; 
ils  ne  leur  traduisaient  pas  les  récits  de  batailles  et  de 
conquêtes  inscrits  à Ixarnak  ou  à Louqsor  : cela  dépassait 
leur  connaissance  de  l’écriture.  Pour  instruire  le  voyageur 
curieux,  ils  faisaient  appel  à leur  mémoire  et  lui  narraient 
les  aventures  imaginées  par  les  Alexandre  Dumas  de  cette 
époque,  où  florissait  le  roman  historique,  genre  qui  paraît 
avoir  été  fort  goûté  par  les  Égyptiens.  Mais  il  est  à croire 
(piecette  science  élémentaire  de  l’alphabet  dépassait  même 
l’instruction  de  la  majorité  du  peuple.  Est-il  étonnant  que, 
dans  la  bourgade  de  Déma-n-Hor  (aujourd’hui  Damanhour), 
on  n’ait  trouvé  pour  graver  le  décret  de  Memphis  qu’un 
homme  médiocrement  lettré,  qui  prend  une  lettre  pour  une 
autre,  (jui  saute  des  lignes  entières,  quand  il  rencontre  un 
même  mot  dans  deux  lignes  voisines,  un  pauvre  ouvrier 
qui  copie  plutôt  avec  des  yeux  qui  voient  mal  qu’avec  son 
intelligence?  Ce  n’est  pas  pour  une  autre  cause  que  le  texte 
de  Damanhour  est  le  texte  ofliciel  le  plus  incorrect  qui 
nous  soit  jamais  parvenu. 

Du  reste,  M.  Bouriant  fait  remarquer  que  la  stèle  de 
Damanhour  a été  gravée  par  deux  mains  différentes.  Le 
graveur  des  six  premières  lignes  est  bien  supérieur  a son 
confrère.  Les  personnages  du  tableau  (si  toutefois  c’est  lui 
qui  les  a tracés)  sont  bien  dessinés  à l’égyptienne,  et  le 
texte  du  protocole,  à part  quelques  lettres  renversées,  est 


p.  129-142.]  — Notons  que  ce  compte  est  tenu  par  un  scribe  pour  le  re- 
glement de  la  dîme. 

Bibl.  égypt. , t.  xv.  17 


258 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


correct  et  sans  omissions.  Au  contraire  le  graveur  des  lignes 
suivantes,  dont  la  gravure  est  moins  belle,  commet  des 
fautes  de  toute  espèce,  signes  intervertis,  mis  les  uns  pour 
les  autres,  omissions  de  lettres  ou  de  mots  ou  de  phrases, 
qui  devaient  rendre,  sinon  impossible  pour  des  Egyptiens, 
au  moins  laborieuse  la  lecture  du  décret.  Pour  nous,  mo- 
dernes, sans  les  trois  textes  de  la  pierre  de  Rosette,  la  res- 
titution du  texte  de  Damanhour  eût  été  assurément  fort 
malaisée. 

En  résumé,  je  pense  donc  que  le  graveur  de  la  stèle  de 
Damanhour,  comme  de  celle  de  Rosette,  ôtait  un  Egyptien. 
Un  Égyptien  seul,  ayant  l’habitude  de  graver  les  signes 
hiéroglyphiques,  pouvait  se  charger  de  cette  besogne  ; mais 
il  faut  avouer  que  cet  artisan  avait  reçu  une  instruction 
des  plus  élémentaires;  en  un  mot,  il  savait  à peine  lire,  si 
même  son  talent  allait  jusque-là,  ce  qui  est  douteux. 


III 


[Conditions  d'une  restitution] 

. 

I 

Pour  qu’une  restitution  soit  possible,  il  faut,  avant  tout, 
connaître  la  longueur  des  lignes'.  Il  faut  non  seulement  que 
les  restitutions  donnent  des  lignes  égales  entre  elles,  mais 
que  nous  soyons  assurés  que  ces  lignes  offrent  bien  la  lar- 
geur exacte  de  la  pierre  de  Rosette.  Quel  que  soit  l’état 
malheureux  où  elle  nous  soit  parvenue,  je  dis  que  nous 
avons  la  chance  que  ce  contrôle  soit  possible. 

En  effet,  la  longueur  des  lignes  de  la  pierre  de  Rosette 
et  de  la  stèle  de  Damanhour  ne  concordant  pas,  on  conçoit 
a priori  que  l’un  des  textes  pourra  nous  donner  ce  qui 
manque  entre  la  fin  d’une  ligne  et  le  commencement  de  la 

1 . [Pour  les  démonstrations  qui  suivent,  se  reporter  à la  planche  quij 
termine  le  mémoire.] 


suivante  dans  l’autre  texte.  Or,  c’est  ce  qui  arrive  précisé- 
ment pour  l’une  des  lignes  de  la  pierre  de  Rosette. 

La  stèle  de  Damanhour  ne  comble  pas  toute  la  lacune 
1 existant  entre  la  première  et  la  deuxième  ligne  de  la  pierre 
I de  Rosette;  mais  au  contraire  les  lignes  25-20  de  Daman- 
j hour  donnent  absolument  tout  ce  qui  manque  entre  la  lin 
do  la  deuxième  ligne  de  Rosette  et  le  commencement  de  la 
troisième.  Puis,  comme  la  lin  de  l'inscription  de  Daman- 
hour présente  un  texte  tout  à fait  mutilé,  aucune  ligne  de 
Damanhour  ne  vient  plus  compléter  Rosette.  Mais  la  com- 
i plète  restitution  de  la  lacune  comprise  entre  la  (in  de  la 
ligne  2 et  le  commencement  de  la  ligne  3 nous  suffît. 

Toutefois,  la  lacune  portant  à la  fois  sur  la  fin  de  la 
1 ligne  2 et  sur  le  commencement  de  la  ligne  3,  la  restaura- 
i tion  est  encore  impossible,  puisque  rien  n’indique  à quel 
mot  finissait  la  ligne  2.  On  voit  bien  au  premier  coup  d’œil 
| jeté  sur  un  fac-similé  de  la  pierre  entière  qu’il  manque  peu 
au  commencement  de  la  ligne  et  beaucoup  à la  lin;  mais  la 
limite  de  l’allongement  à chaque  bout  reste  jusqu’ici  arbi- 
traire. 

Heureusement  toutes  les  lignes  ne  sont  pas  incomplètes 
! à leurs  deux  extrémités.  En  effet,  les  trois  dernières  ont 
i encore  leur  marge  sur  le  coté  droit  (à  la  gauche  du  specta- 
i teur),  elles  sont  donc  complètes  de  ce  côté-'là.  C’est  un  point 
important  qui,  je  crois,  n’a  pas  été  signalé  jusqu’ici.  Je  pro- 
fite de  cette  circonstance  pour  fixer  la  lin  de  la  seconde  ligne. 

Au  moyen  de  caractères  typographiques,  j’écris,  en  les 
superposant,  les  mots  qui  terminent  les  trois  dernières 
lignes  : 


260 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


La  perpendiculaire  menée  à l’arasement  des  mots  super- 
posés et  suffisamment  prolongés  donnera  la  limite  de  la 
ligne  2 et  de  toutes  les  autres  lignes.  Si  maintenant  j’écris 

(toujours  en  caractères  typographiques)  la  fin  de  la  der- 
, 0 

nière  ligne  jusqu  au  mot  J ,.S\  , qui  paraît  placé  juste  au- 
dessous  du  mot  ?[][]",  qui  termine  actuellement  la  se- 


conde ligne  de  l’inscription  de  Rosette  ; si,  en  troisième  lieu, 
je  superpose  à ce  mot  ^ ~y\  ° tous  les  mots  qui  le  séparent  de 
j’obtiendrai  exactement  la  longueur  qui  sépare  J(|(j  de 


la  perpendiculaire  qui  limite  la  fin  de  toutes  les  lignes. 

Alors,  comme  d’autre  part  je  connais  par  expérience 
l’identité  du  texte  de  Rosette  et  de  celui  de  Damanhour,  si 


je  place  entre  ^(jlj  et  la  perpendiculaire  les  caractères  typo- 
graphiques qui  écrivent  le  texte  de  la  ligne  25  de  Daman- 
hour après  ce  même  mot,  je  déterminerai  à quel  mot 
s’arrêtait  la  ligne  2 de  la  pierre  de  Rosette  : le  reste  devra 
être  rejeté  à la  ligne  3,  et  par  là  même  nous  obtiendrons  la 
longueur  des  lignes  de  ce  côté.  D’ailleurs,  ici,  une  contre- 
épreuve  est  possible. 

En  effet,  si  l’on  suit  le  texte  grec  entre  la  ligne  7 et  la 
ligne  8,  on  constate  qu’il  manque  peu  de  chose  au  texte 
hiéroglyphique,  et  la  restitution  en  est  facile  et  certaine. 
La  ligne  7 finit  par  : (<  Ie  r°i  Ptolémée  », 

et  la  ligne  8 commence  par : ^ j a auSus^e  d’or  »,  ce 

qui  correspond,  dans  la  ligne  41  du  grec,  à lopAaaGai  8= 
(üaatXs!  llvaXsii-aiw. . . £ôavôv  te  xaî  va ov  ^puaâ.  Or,  les  mots  qui  Ollt 
disparu  dans  la  brisure  de  la  pierre  entre  le  nom  de  Pto- 
lémée  et  la  qualification  « auguste  d’or  » appliquée  au 
naos  et  à la  statue,  sont  les  titres  du  roi,  c’est-à-dire 
des  mots  auxquels  on  ne  peut  rien  ajouter  ni  retrancher. 
Il  n’y  a donc  qu’à  traduire  le  grec  pour  retrouver  le 
passage  perdu.  M.  Bouriant  n’a  pas  hésité  à le  faire.  Sa 


LE  DECHET  DE  MEMPHIS 


261 


restitution  : M ÇgflfSlWStglU  1 ^ M ¥ Y 


est  incontestable'. 

f 


Il  faut  donc  distribuer  ce  membre  de  phrase  entre  les 
deux  lignes,  d’après  le  procédé  déjà  employé.  Il  y a ici  cer- 
titude complète,  car  la  ligne  7 ne  peut  se  terminer  que  sur 
le  cartouche  de  Ptolémée;  en  effet,  terminée  avant,  elle 
serait  trop  courte;  après,  elle  finit  exactement,  et  cela  donne 
la  longueur  même  de  la  ligne  1. 

Je  pourrais  continuer  l’épreuve  sur  les  lignes  14,  13,  12, 

1 11,  on  verrait  que  la  traduction  la  plus  serrée  du  texte  grec 

donne  exactement  ce  qu’il  faut  pour  compléter  la  lin  des 
lignes  10  et  11,  ainsi  que  le  commencement  de  la  ligne  11 
et  des  suivantes.  On  pourra  s’y  reporter  plus  loin.  L’épreuve 
l réussie  sur  les  trois  lignes  3,  7 et  8 suffit  présentement  pour 
fixer  la  longueur  des  lignes  de  l’inscription. 

Le  résultat  de  ces  épreuves  est  de  distribuer  le  texte  de 
i Damanhour  en  quinze  lignes  un  tiers,  égales  en  longueur 
à celles  de  la  pierre  de  Rosette,  de  sorte  qu’il  reste  prouvé 
que  l’inscription  de  Rosette  avait  vingt-neuf  lignes  et  que 
celle  que  l’on  désignait  jusqu’ici  comme  la  première  est  en 
réalité  la  seizième.  Désormais,  je  ne  me  servirai  plus  de 
l’ancien  numérotage. 

La  seconde  condition  d’une  restitution  dans  un  texte 
aussi  altéré  que  celui  de  Damanhour,  c’est  une  correction 
attentive  et  sévère.  Des  mots  passés,  ou  même  des  phrases 
omises,  changeraient  toutes  les  proportions.  Heureusement, 
dans  toute  la  première  partie  de  la  stèle  de  Damanhour,  les 
graveurs  sont  exacts  : jusqu’à  la  vingtième  ligne,  la  rédac- 
tion égyptienne  traduit  fidèlement  le  grec,  et,  à partir  de 


1.  J’en  ai  modifié  la  fin,  par  suite  d’une  erreur  de  traduction  faite 
par  mes  devanciers.  — (Pour  ces  titres  de  Ptolémée,  voir  les  ligne?  è 

et  3 de  Damanhour.) 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


OA9 

là,  jusqu’à  la  fin  de  la  vingt-deuxième  où  elle  rejoint  le 
texte  hiéroglyphique  de  Rosette,  la  rédaction  grecque  nous 
aidera  à juger  de  la  longueur  des  lacunes  et  à rétablir  le 
texte  perdu.  Nous  trouverions  le  même  secours  dans  la 
rédaction  démotique  et  surtout  dans  deux  documents  ana- 
logues au  décret  de  Memphis  et  complètement  négligés 
jusqu’à  présent,  je  veux  parler  des  deux  décrets  gravés  sur 
le  mur  d’un  temple  de  Philæh 

Ce  sont  deux  textes  écrits  en  hiéroglyphes  et  reproduits 
en  écriture  démotique.  Mais  l’un  des  successeurs  du  prince 
qui  les  a fait  graver  a trouvé  bon  de  faire  sculpter  par- 
dessus une  scène  d’adoration;  de  sorte  que  le  corps  des 
personnages  de  cette  scène  couvre  la  moitié  de  la  rédaction 
primitive  et  en  interrompt  les  phrases  tous  les  trois  mots. 
On  comprend  donc  que  personne  n’ait  été  tenté  d’aborder 
des  textes  conservés  dans  de  pareilles  conditions,  absolu- 
ment incompréhensibles,  si,  par  une  étude  patiente,  on  ne 
les  rapproche  des  textes  similaires,  mais,  au  contraire,  des 
plus  précieux  pour  la  restitution  des  exemplaires  du  décret 
de  Memphis  (Damanhour  et  Rosette),  quand  on  est  parvenu 
à se  rendre  compte  de  leur  contenu. 

En  effet,  sans  entrer  dans  l’examen  du  détail  de  la  ré- 
daction de  ces  textes,  il  me  suffira  de  dire  que  ce  sont  deux 
décrets  rendus  en  l’an  XXI  d’Epiphane,  par  les  prêtres 
égyptiens  assemblés  en  concile  à Alexandrie,  absolument 
dans  la  même  forme  que  les  décrets  de  Canope  et  de  Mem- 
phis, et  qu’on  y retrouve  les  mêmes  formules.  Ces  décrets 
d’Alexandrie  pourront  donc  aider  à rétablir  celui  de  Mem- 
phis5. 

Avec  l’aide  de  ces  documents  divers,  j’aborde  maintenant 
la  restitution  du  décret  de  Memphis. 

L’égyptien  des  inscriptions  de  Rosette  et  de  Damanhouil 

j 

1.  [Lepsius,  Denkmàlcr,  IV,  20.) 

2.  Ils  feront  l'objet  d’une  prochaine  étude  [encore  inédite]. 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


2G3 


n’est  pas  l’égyptien  parlé  à l’époque  des  Ptolémées  : on  ne 
retrouverait  celui-ci  que  dans  le  texte  démotique  de  Rosette. 
La  rédaction  hiéroglyphique  est  faite  dans  la  langue  qu’on 
pourrait  appeler  officielle,  qui  servait  à écrire  les  textes 
religieux,  les  inscriptions  officielles,  et  se  conserva  jusqu’à 
la  fin  de  l’Egypte,  avec  introduction  de  quelques  mots  ou 
formes  nouvelles,  tandis  que  la  langue  parlée  allait  toujours 
sc  modifiant,  pour  devenir  la  langue  des  textes  démotiques 
et  enfin  le  copte. 

Quand  je  parle  de  restitution  des  inscriptions  de  Rosette 
ou  de  Damanhour,  je  ne  veux  pas  dire  que  je  vais  refaire 
un  texte  tel  que  l’eût  approuvé  un  grain  mate  du  temps  de 
la  XVIIIe  dynastie.  Mon  intention  est  seulement  de  faire 
disparaître  les  fautes  évidentes  du  graveur;  car  autrement 
y eût-il,  selon  moi,  des  incorrections,  je  les  laisserais  sub- 
sister, ne  pouvant  décider  si  elles  proviennent  d’inadver- 
tances du  rédacteur  ou  du  graveur,  ou  même  si  elles  ne  sont 
pas  ('  le  témoignage  précieux  d’un  état  particulier  soit  de  la 
langue,  soit  de  la  culture  intellectuelle'  » des  scribes  de 
l 'époque  ptolémaïque. 


IV 

Discussion  et  restitution] 

[Date  et  préambule.  Damanhour,  1.  1-9;  Rosette,  1.  1-5.] 
Les  premières  lignes  n’offrent  aucune  difficulté  de  lec- 
ture. A part  quelques  signes  tracés  en  sons  inverse  des 
autres  ou  substitués  à d’autres,  mais  dont  la  correction  est 
des  plus  aisées2,  et  le  mot  ^ mis  au  duel  ^ quand  il  faut 

1.  Exi  cessions  de  M.  Alf.  Croiset  dans  son  rapport  sur  les  travaux 
présentés  aux  concours  de  l’Association  pour  l’encouragement  d’études 

grecques,  en  1881. 

2.  On  la  trouvera  signalée  en  note  du  texte  critique  qui  suivra  cette 

discussion. 


264 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


le  singulier,  tout  est  correct  et  il  n’y  a qu’à  transcrire. 

Mais,  si  la  lecture  est  aisée,  une  contradiction  entre  le 
texte  de  Damanhour  et  ceux  de  Rosette  paraît  embarras- 
sante. Il  est  constant  que  le  décret  de  Memphis  est  de  l’an  IX 
du  règne  d’Épipliane  : cela  ressort  du  récit  des  faits  exposés 
par  la  stèle  elle-même.  Comment  alors  se  fait-il  que  le  dé- 
cret de  Memphis,  daté  de  l’an  IX  sur  la  pierre  de  Rosette, 
soit  daté  de  l’an  XXIV  sur  celle  de  Damanhour? 

L’explication  me  paraît  bien  simple  : les  prêtres  de  Da- 
manhour n’ont  pas  érigé  la  stèle  en  l’honneur  d’Epiphane 
dès  l’année  même  du  décret,  l’an  IX  du  règne  du  roi,  mais 
seulement  en  l’an  XXIV,  et  ils  ont  cru  devoir  donner  au 
monument  la  date  du  jour  de  son  érection.  Il  y a donc  bien 
lieu  de  rétablir  dans  le  texte  de  Damanhour  la  date  donnée 
par  le  texte  grec  de  Rosette,  et  de  remplacer  : 


'H  I I A 

on  1 1 u 

« L'an  XXIV,  de  gorpiœos, 


p|  | | A/WVXA  c-« /WWW  | * VT.-3 

on  u ~k  o 

le  24,  qui  correspond  au  mois  des  Égyptiens 


n 1 1 
nu 


pharmout/d , le  24  », 


par 


r^lillll 
1 O III 


« L’an  IX, 


fke 


I 


LT1 

© 


de  œcinticos , 

n nui 
o o 1 1 1 1 1 


des  Égyptiens  mékhir,  le  18  ». 


O 


A AAAAA 


* o 


le  4,  qui  correspond  au  mois 


Dans  la  rédaction,  je  rétablis  1 1| I jour,  qui  est  de 
règle  (cf.  le  décret  de  Canope)  et  qui  a disparu  dans  le 
texte  de  Damanhour,  à cause  du  voisinage  de  la  terminaison 
du  nom  du  mois  ropmaTo?. 

La  même  raison  qui  a fait  changer  la  date  de  jour,  mois 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


205 


et  année  du  règne  d’Epiphane,  doit  entraîner  le  changement 
de  nom  de  tous  les  titulaires  des  sacerdoces  royaux  '. 

Le  premier  mot  vraiment  embarrassant  se  rencontre  à la 


huitième  ligne, 


A 


qui  serait  nouveau  pour  traduire 


I (Tjva^OÉvtï;  « réunis  dans  le  temple  de  Memphis  ».  Il  ne  se 
! rattache,  en  ce  sens,  à aucun  des  mots  connus  jusqu’ici. 

M.  Bouriant  l'a  remplacé  par  qu’il  traduit  par  « ils 

se  sont  rassemblés».  Il  n’appuie  cette  correction  d’aucune 
1 preuve1 2 *,  mais  elle  est  justifiée  par  la  présence  du  même 
| mot  au  même  endroit  des  deux  décrets  d’Alexandrie.  11  est 
i traduit,  dans  les  rédactions  démotiques  des  décrets  de  Ca- 
I nope  et  de  Memphis,  par  clu^  a bien  la  même 

j signification  se  réuni/',  s'assembler  ' . 

[Considérants.  Damanhour,  1.  9-26;  Rosette,  1.  5-20.] 

[S  1.  D.,  1.  9-10;  R.,  1.  5-6.]  — Après  la  date  et  le  préam- 
bule — qui  se  termine 4 par  : (j  jl  (lisez  ) 

a ils  proclamèrent  » (ou  plus  littéralement  so  rufen  sie  aus ), 
i — commence  (1.  9)  ce  que  nous  appelons  les  considérants, 
que  les  décrets  grecs  marquent  par  ’e-eio/',  et  l’égyptien  par 

/VWW  \ cooo  AAAAAA 

ou  ou  bien  ^ attendu  que.  C’est  ce  dernier 

O \\  Cà  \\  d \\ 

mot  qu’il  faudrait  lire  au  texte  de  Damanhour  au  lieu  de 

\\  mati,  qui  paraît  n’avoir  aucune  signification.  Le 

petit  signe  ^ donnerait  le  dessin  de  la  tête  de  chouette; 


et,  quant  à \\  pour  ^ , il  n’y  a pas  plus  lieu  de  s’en 

1.  [On  trouvera  plus  loin  (cliap.  V)  le  texte  complètement  restitué 
et  une  traduction  suivie,  avec  les  divisions  que  nous  indiquons  ici 
entre  crochets.] 

2 Voyez  cependant  Recueil,  p.  16. 

Le  mot  est  détruit  dans  le  texte  démotique  des  decrets  d’Alexandrie. 

4.  Damanhour,  1.  9;  Rosette,  1.  5. 


266 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


étonner  que  de  ° pour  rai,  de  f ° pour  f de  $ P P 
o o o û|  m o q \ o irinncii 
pour  P P P i,  etc.;  et  d’ailleurs,  la  conjonction  ne  prend 

jamais  le  déterminatif  r-^.  Cependant,  malgré  cette  con- 


sidération, il  faut  conserver 


\\ 


, parce  que  cette  ex- 


pression se  retrouve  à la  même  place  dans  les  décrets 
d’Alexandrie. 

Je  renvoie  à plus  loin  (p.  271)  la  discussion  du  troisième 

proposée  par 


mot  La  restitution 

M.  Bouriant3,  ne  me  paraît  pas  admissible. 

[§  2.  D.,  1.  10-11;  R.,  1.  6.]  — A la  ligne  10,  je  ne  con- 


serve pas 


,V1 


« né  d'une  déesse  » (M.  Bouriant). 
On  emploie  bien  en  ce  sens  <e>-  et  mais  je  n'ai  pas 

d’exemple  pour  Q Il  semble  bien  naturel  d’employer  l’ex- 
pression □ prince  héritier  d’une  déesse,  en  parallélisme 
à dieu  fils  d’un  dieu* . 

J’adopte  ensuite  plusieurs  corrections  de  détail  faites  par 
M.  Bouriant  : 


H ^ pour  ^ ; 

QPl'Vl  j p°ur  ^ligne  11 


Le  mot  mis  pour  est  un  memphitisme  introduit 


1 Rosette,  1.  21. 

2.  Damanhour,  1.  15. 

3.  Recueil,  p.  17. 

4.  Dans  sa  restitution  (p.  7>,  M.  Bouriant  retranche  :fi  qui  est  ce- 
pendant dans  le  texte. 


LE  DECHET  DE  MEMPIIIS 


207 


ici  dans  la  langue  classique,  et,  puisqu'il  se  trouve  sur  la 
pierre  de  Damanhour,  je  pense  qu’il  existait  sur  celle  de 
Rosette  en  raison  de  la  conformité  des  deux  textes  entre 

eux. 

pàq  doit  être  corrigé  en  ' (cf-  1-  19  et  23)’:  Px'f! 
A o | Al  w-'l  l 

est  pour  x i . 

[§  3.  D.,  1.  11;  R.,  1.  6-7.]  — Vers  la  fin  de  la  ligne  11, 
vient  une  phrase  dont  il  ine  semble  qu'on  n’a  pas  donné  la 

c /WWW  O p.  , W _ 1 III  p.  yrs 

véritable  traduction  : ^ 


i i i 


in 


« Il  a fait  de  grandes  et  nombreuses  choses 

pour  maintenir  en  paix  l’Egypte  et  affermir  les  choses  éta- 
blies »,  selon  la  traduction  de  M.  Bouriant5.  Le  grec  dit 

(1.  11)  : K a 'jXT.i'rj.-  TroXÀiî  ô~o  [j.z'j.i'iry.i'1 , i/v/.j  io-j  -rp  A’y’jtt-ov  £*-ï 
sùoîav  à^aysiv,  xa:  tà  upà  xa-aa'-v'a'STOa'.. 

Pas  plus  que  M.  Bouriant,  je  n’admets  le  sens  Saliva; 
pour  ^[1  .Ce  mot  signifie  choses  précieuses,  richesses  : 


i i i 


l’inscription  de  Kay  ligne  7:1,  parle  de  «barques  de  trans- 
port équipées,  pleines  de  richesses  » ° ^ a 


iii 


^ j.  L’inscription  d’Haroua,  au  Louvre,  dit  du 
défunt  que  « son  amour  est  la  richesse  du  pauvre  » ,3i  I 

a/wvw  a/ww\A  jj  ; | 


Ainsi,  pour  rendre  : Sa-lva?  uoà).^  'j-ouyjil'.riy/Ev,  le  texte 
hiéroglyphique  a usé  d’un  équivalent  : rtâ-n-f  s'epsû  ucru 
« il  a donné  des  richesses  nombreuses  ». 


1 . M.  Bouriant  lit  (1.  11  et  23),  (1.  14  et  19).  Le  signe  est 

indistinct  à la  ligne  14;  mais,  ligne  19,  on  voit  bien  la  boule  du  II 

faut  lire  partout  l,  qui  est  l’expression  égyptienne  pour  dire  « de 
,,  , Al 

1 argent,  des  sommes  ». 

2.  M.  Bouriant  oublie  les  derniers  signes  (p.  7,  1.  11)  et  introduit  un 
— jp1  qui  n’est  pas  utile  (cf.  1.  12,  etc.). 

3.  Chabas,  Mélanges  ègyptologiques,  IV,  pl.  X’. 


268 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


Les  mots 


□ 


m 


evexsc  xoù  elç  eùo!av  à'fccyv.v  xr,v  Alyj-xov 

m 


sont,  sans  aucun  doute,  mis  pour  : 
à la  ligne  19,  « pour  mettre  en  paix 


m 


comme 


Quant  à 


'Égypte  ». 


, jamais  cela  n’a  voulu  dire  « et  af- 


fermir les  choses  établies  ».  La  traduction  de  M.  Bouriant 
est  plutôt  celle  du  grec  que  de  l’égyptien.  Le  mot  |^Pj 
n’a  pas  moins  embarrassé  INI.  Pierret  dans  la  traduction  du 
décret  de  Canope.  « Il  est  impossible,  dit  ce  savant,  d’ex- 
» traire  du  mot  , de  quelque  façon  qu’on  le  retourne, 

» le  sens  premier,  et  sur  tout  premier  ordre...  » Je  pense  au 
contraire  que  c’est  là  le  véritable  sens.  Sans  chercher  loin, 
j’en  trouve  la  preuve  dans  le  décret  de  Canope  lui-même. 
Ce  que  le  décret  de  Memphis  (ligne  29)  appelle  : 


^ cxo^  oo<^ 


. nnn 

« les  sanctuaires  des  temples  de  pre- 


i i i © i i i i i i 

mier  ordre,  de  deuxième  ordre  et  de  troisième  ordre»,  le 
décret  de  Canope  le  rend  par  : 


O 


I I I 

« sanctuaires  de  l"r  ordre, 


□ Il 


I I 


C 


sanctuaires  de  2'  ordre,  sanctuaires  de  3'  ordre1  ». 


Dans  ce  même  décret  de  Canope,  ligne 


LTZ1 


n or  i m 

est  encore  très  exactement  traduit  par  h toi;  irptixot; 


DOlî 


ligne  26,  par  h.  twv 


rotoTtov  tsotov  Travxtov 


et  tjTEp  Exaoxov 


30V  XÜJV  TXplÜXÜJV 


; ligne  28,  èv  txXeickuv  kpoTç  xwv  xxptüxü 


1 . Pierret,  Canope,  p.  43. 

2.  « Le  temple  de  Pakot  (Canope)  qui  est  parmi  les  sanctuaires  de 
premier  ordre  ».  Aux  endroits  correspondants  du  texte  démotique, 
‘/ont  est  remplacé  par  21  « premier  » (Revillout,  Chrest -,  p.  159,  160, 
161,  164),  et  jamais  le  mot  ordre  n’y  est  exprimé,  pas  plus  que  dans  le 
texte  hiéroglyphique  de  Rosette,  dernière  ligne;  partout  le  mot  ordre 


LF.  DECRET  DE  MEMPHIS 


2<>9 


Le  mot  comme  substantif,  signifie  principe.  Ainsi, 
au  décret  de  Canope,  il  est  dit  du  5 dios,  jour  de  naissance 


de  Ptolémée  Evergète  Ier  : 


□ 


O A/VWW  _ __ 

« car  ce  jour  fut  le  principe  de 


W 1 i i i (2 

beaucoup  de  biens  pour  tous  les  vivants  »,  y-y.'  -o ),),<ov  à-faOü'/ 

' Ai’XH  -(ï'fo'jvi . De  même,  dans  l’inscription  de  Rosette,  on  lit  : 

^ I (1-  25),  «voici  que  cela  fut  l'ori- 

(jine  pour  toute  chose  heureuse'  »,  ai  or,  toXXwv  àyaSwv  "Apxoro'i 
ùtm  (1.  45).  En  parlant  d’un  pays,  le  même  mot  signifie  la 
frontière  : ^ 1 5T^Î  vz^3  « la  frontière  de  tout 

1/  -ATS  I lis  | AAAAAA  ^ I 

pays  ». 

Comme  adverbe,  il  est  souvent  employé  dans  le  sens  de 
« antérieurement,  primitivement,  auparavant,  autrefois  ». 

5 


Il  est  dit  d’Alexandrie  : 


nom  auparavant 3 ».  — ‘TH1"1 


'w'~«  « Ralcoti  était  son 

£S 


!!!©□© o o 


« ist  Eigen- 


— H — l l IWU  W u o @ n 

thum  der  Gotter  von  PeTep  von  früher  lier ‘ ».  — I 
9tk@,£.fK/  o DI)  iît  û f."' 


« lorsqu’ils  se  rappelaient 


o<g=R< 

MIDI 

» les  désastres  arrivés  antérieurement,  au  temps  des  pre- 
» miers  rois5  ». 

De  sorte  que  je  traduis  le  passage  qui  nous  occupe  : « il 
» donna  beaucoup  de  richesses  (il  fit  beaucoup  de  dépenses) 
» pour  mettre  en  paix  l’Égypte,  plus6  qu’il  n’avait  été 
» établi  auparavant  ». 


est  sous-entendu  : de  même  en  démotique.  — (Voir  Revillout,  Chrest., 
Canope,  p.  159,  169,  161,  164,  166;  Memphis,  p.  57.) 

1.  « Étant  ce  jour  le  contenant  de  bienfaits  nombreux  pour  tou-  les 
vivants  » (Pierret,  loc.  cit,.). 

2.  Papyrus  Anastcisi  III.  7. 

3.  Décret  de  Ptolémée  Lagos,  1.  4. 

4.  Décret  de  Ptolémée  Lagos , 1.  8;  Brugsch,  Zeitschrift,  1871.  p.  3-4. 

5.  Décret  de  Canope,  1.  8. 

6.  Cet  emploi  de  <rr>  est  des  plus  fréquents. 


270 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


[§  4.  D.,  1.  11-12;  R.,  1.  7.]  — Au  commencement  de  la 
phrase  suivante,  il  faut  encore  corriger  ^ en  Q 

Le  mot  qui  suit  paraît  plus  difficile.  M.  Bouriant  « avoue 
» ne  pas  comprendre  grand’chose  aux  hiéroglyphes  que 
» nous  donne  en  cette  place  le  texte  de  Damanhour.  Il  est 
» d'autant  plus  difficile  de  les  expliquer  qu’il  faudrait  leur 
» trouver  un  sens  analogue  à celui  que  présente  le  texte 
» grec,  ce  qui  n’est  pas,  évidemment.  Le  grec  dit  : Il  aima 
» les  hommes  de  toutes  ses  forces;  mais  ici  rien  de  sem- 

» blable.  Il  y a là  un  verbe  VC\  ; dont  le  sens  est  in- 

— Z-DXS'  es 

» connu,  mais  qui  ne  se  rapproche  d’aucune  racine  signi- 
» fiant  aimer  ; je  crois  plutôt  que  ce  groupe  est  mis  là,  par 

ra  /WV\AA 

» erreur,  pour  il  fit  en  force,  il  fortifia  les  guer- 

» riers,  autrement  dit,  il  augmenta  leur  nombre;  mais  le 
» texte  est  trop  incertain  pour  en  tirer  un  sens  précis.  » 
J’oserai  être  plus  affirmatif  que  M.  Bouriant.  Comparons 
les  deux  textes  : 


-H  a;  — 

TCcpiXav0pw7rrjX.e 


HA  I 
ouvà[xs?iv 


AAAAAA  I I 

/\vwv\  I ! < 


O 

TXXXt;. 


’VWWV 

I I I 


Dans  cette  traduction,  on  voit  que  \/  i : j n s'esu, 

aux  troupes,  traduit  ouvi^ecnv.  Je  n’admets  pas  l’interpréta- 
tion de  toutes  ses  forces,  donnée  par  M.  Bouriant  d’après 
Letronne.  L’égyptien  nous  prouve  qu’il  faut  ici  traduire 
ouvx|j.eiç  par  forces,  troupes,  et  non  par  forces,  énergie. 
'Exuxoù  est  rendu  par  « qui  étaient  sous  son  autorité  su- 
prême »,  et  Traffatç,  par  « selon  leur  quantité  »,  expression  plus 
d’une  fois  répétée  dans  le  décret  pour  traduire  Restent 

A/VWVi 

alors  les  premiers  mots  pour  TO<p'.Xav6pu>inr)XE;  or,  ^ si- 


1.  Ou  son  synonyme 


/WW'A  (Rosette,  1.  19 et  18). 
1 rvn  i i i 


LE  DECHET  DE  MEMPHIS 


gnifie  il  donna  ou  il  fit,  donc 


:|  est  la  chose  donnée, 


le  don,  les  largesses  laites  par  le  roi.  Entré  dans  cette  voie, 
on  se  rappelle  le  mot  ^ qui  se  cache  sous  ^ , 

soit  que  le  graveur  ait  commis  une  de  ces  inversions  qui  lui 
sont  familières  et  écrit  :J  pour  ^ ’ so^  qu’il 

ait  mal  à propos  séparé  les  éléments  du  mot  écrit  ^ 3 , 

suivant  une  orthographe  fort  usitée.  Je  ne  fais  aucun  doute 

qu’il  ne  faille  lire  : 

a,  i 


1 fp,  i 

« 11  lit  des  largesses  aux  soldats,  » etc. 

| 

Ma  manière  de  voir  est  confirmée  par  le  texte  démotique 
! qui  porte  : 


A 


Lü  □ Û \\ 

« Il  excella  à faire  cadeaux  à ceux  qui,  » etc. 


J’applique  la  même  lecture  au  premier  considérant  (ci- 
dessus,  p.  266),  dont  j’avais  renvoyé  ici  l’explication  : 

T*  tk°  fl  . 

\\  /WWSA  1 l 

« Attendu  que  lurent  largesses  de  celui  qui  est  aimé  des  dieux.  » 

’E— st8r|  y.a-à  rroXXx  EÙepyÉrqy.ev. 

Ici  le  mot  est  extrêmement  dénaturé;  et,  sans  le  second 
passage,  il  eût  été  vraiment  impossible  de  le  restituer.  Mais 
on  voit  bien  que  JJ  est  un  :j,  et  le  o un  A;  on  reconnaît 

dans  J le  dessin  de  : . Les  mots  eùepyÉ-:-qy.ev  et  -ecptX- 
av0piTOf)xsv  sont  également  bien  traduits  par 

<r /WWV\ 

« furent  largesses  du  roi  »,  et  par  Q ^ 
largesses  à ses  soldais  ». 


« il  fit 


! 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


070 


Dans  ce  nouvel  exemple,  le  texte  démotique  dit  : puisque 
le  roi. . . a fait  bienfaits  J aux  temples. 

Dans  les  textes  hiéroglyphiques,  le  nom  propre,  le  mot 
spécial  pour  désigner  les  largesses  du  roi  envers  ses  favoris, 

[§  5.  D.,  1.  12-13;  R.,  1.  7.]  — La  phrase  suivante  est 
particulièrement  difficile,  et  M.  Bouriant  a,  en  partie,  re- 
noncé à la  restituer.  On  lit  ; 

x O U 


l2=/i 


U 


AAAAAA 

□ 

X I 


.W 

(3, 


I I I 


AAAAAA  CZS 

I I I 


AAAAAA  C±  I I I A 


'O 


Le  grec  disait  ; Ka:.  â-aô  •uüv  mïapy 0U7Û)'/  ev  Aî-piiTip  Trpoaôoiov  -/.a: 
tiopoloyiiov^ivà!;  psv  eîç  téXoç  àtpŸjxEV,  aXXaç  os  xsxo'jetxsv,  oto>)ç  o te  Xaô; 
y. ai  0'.  aXXot  TràvTSç  Èv  sùQiQVta  watv  Èui  Tfjç  xjtoô  [iaaiXE'aç. 


Sauf  les  mots  qui  signifient  et  —jp,  d’entre  eux, 
soldats  et  de  son  temps,  rien  n’est  compréhensible.  La  res- 


titution de  M.  Bouriant  ne  commence  qu’à  : (I 

AAAAAA  I 


AAAAAA 

' — -1  AAAAAA 

I I I AAAAAA  c 


AAAAAA 

111 


AAAAAA 

AAAAAA 

6 <2. 


I I I -4 


« d’entre  les  revenus  publics  et  impôts  perçus  en 

» Egypte,  il  a anéanti  (les  uns)  parmi  eux,  il  a allégé  (les 
» autres)  parmi  eux,  faisant  être  les  guerriers  et  les  gens 
» dans  l’abondance,  de  son  temps  ». 

Ce  que  M.  Bouriant  passe  me  paraît  le  plus  facile.  Je 

reconnais  immédiatement  dans  j^r  le  mot  ^ y],  or- 

1.  C’est  le  mot  que  Chabas  ( Voyage , p.  79;  Mélanges,  IV,  p.  284 
et  suiv.)  traduisait  par  récompenser,  et  Bireh  ( Mélanges , II,  p-  337), 
par  repas.  Il  faut  traduire  partout  par  largesses,  faire  des  largesses , 
SÜSPYÉTY)V.E,  7tE?Uav9po>7trixev  (Décret  de  Memphis,  texte  grec  de  Rosette, 
1.  9 et  12),  Swo-oviTiv  (Décret  de  Canope,  1.  20). 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


dinairement  écrit 


j"  | impôt,  revenu ’,  correspondant  a 
rpouôowv.  Le  mot  suivant  doit  correspondre  à «popoXoy-.iov.  Sous 
la  forme  r X il  est  inconnu.  Mais  le  démotique 

— AAAAAA  I , 

emploie  ici  les  mots  p heti  p s‘ekel  « 1 impôt,  la  taxe  ».  On 
voit  aussitôt  que  V37  doit  être  corrigé  en  A la  rigueur 


^ X saken  pourrait  être  une  forme  de  s'e/.c/1 2;  mais 

J2J  AA WA  L=iJ  „ . T -r  *'-■  ^ X /Tl  1 

je  pense  qu  d faut  lire  Jml . <r__^r ^ s‘aker.  11  y a la  une 

erreur  provenant  de  la  ressemblance  de  IdïT  et  de  de 
1 ...  _ûr 

1 <rr>  gt  de  aaaaaa,  en  écriture  hiératique. 

(j"|  [j{|  roi,  qui  suit,  pourrait  paraître  mis  là  par  dé- 

! placement  et  devoir  traduire  A tî  j3x<nXixi  ooedyu^-a,  qui 

1 vient  au  membre  de  phrase  suivant;  mais  je  pense  que  ces 

i trois  sio-nes  cachent  un  autre  mot. 

I D xg. 

Ici  il  faut  remarquer  la  répétition  du  mot  Elle  a 

/VWAAA 

j fait  commettre  au  graveur  erreurs  sur  erreurs.  11  déplace 
' les  mots  qui  viennent  après  ces  A§L>  de  sorte  que  la  phrase 

1 1 /WVNAA  1 ... 

j bouleversée  n’a  plus  de  sens.  Pour  lui  rendre  une  signifi— 
' cation,  il  faut  remettre  les  mots  en  place.  M.  Bouriant  a 
, déjà  commencé,  en  rejetant  PRR!  après  l~~“I  if  . 

A/WWA  /VWVNA  I I I 

Ces  divers  points  une  fois  reconnus,  prenons  le  démo- 
i tique  pour  guide  et  plaçons  sous  les  mots  de  cette  rédaction 
les  mots  déplacés  et  si  étrangement  défigurés  du  texte  de 

Damanhour  : 


P I1TI 

X <=> 

s 

0 x <= 

S 

heter  ru 

« Leurs  impôts 


"P 


X 

.1=^1 
5 X 

>U 


Kami, 

O U 
5^^  O 

a Q>  | LT1 

yx  © 


üh 

et 


sleh'e ;/■ 
taxes 


sû/ui 

établis 


hcr  ta  Mer-t 
en  Égypte, 


1.  Decret  de  Canope,  1.  9 (Pierret,  Le  décret  trilingue,  p.  7). 

2.  Ibid.,  texte  démotique  (Revillout,  Clirest.  dèm.,  p.  131). 
Birl.  iîgypt.,  t.  xv. 


18 


I.F.  DFCRET  DF  MEMPIÎIS 
UNCJ  s‘OT  (?)  F yVS  U, 


Sis* 

Cl  AVWNA  O 

ï U fft 

AAAAAA 

v — 

4 x i IA 

1 1 1 

AAAAAA 

/VAAAA 

r?  AAAAAA  / AAAAAA 

AAAAAA 

1 I 1 

va 

ycinop-n-f 

aux 

sen , 

» 

partie  il  abolit 

d'entre 

eux, 

UNU  UIF  R -U  ZAZA 

liSsxi  1 1 


aaaaaa 

I I I 


RTI  y OP  P 

^ A/VNAA'X  slSj  2/^i 

- - fl  'MvVWv  I 1 AAAAAA  Ci  I 1 I AAAAAA 

-V^3  AAAAAA 

/WW*A  Ci  I 1 I /WWV\ 


03  — — 

AAAW 

AAAAAA  I I I 

aân-n-f  am  son. 


\U  K I U RO  MU  TERU  AUU  NOFER  PEF  H AU  NT  SUTES 

6r  = < 


. o 


i i i ,/r<Ër, 


rQ 


/•Pi  r/nn  menfitiu,  un  tau  baqut  m rek-J 

» faisant  être  les  soldats  (et)  les  habitants  dans  l'abondance  en  son  temps.  » 

Justifions  maintenant  la  restitution  de  tous  ces  mots. 
Après  « les  Impôts  et  les  taxes  »,  souverain  était 

inutile;  il  n’est  ni  dans  le  grec,  ni  dans  le  démotique.  Au 
contraire,  il  manque  un  verbe  pour  rendre  ôratp^oü ™v,  et  ce 
verbe,  dans  le  démotique,  est  ! - 1 r,~  ° étant  eux  êta- 

AAAAAA  I r -A 

bits , qui  étaient  établis.  Or,  les  deux  signes  droits  s’expli-  I 
queraient  bien  par  la  forme  passée  relative  du  verbe  (j  ^ 
et  le  deviendrait  facilement  ; mais  je  ne  sais  si  cette 


lorme 


A 


40  est  usitée  ; îe  n en  ai  pas  recueilli 

a •'  n fi  o 

d exemple,  et  je  lui  préfère  la  forme  causative  l-lt/]  . 

Le  mot  aha  est  le  mot  propre  pour  « préposer,  imposer  n. 

Sur  une  stèle  cl’ Apis,  an  b2  de  Psamtik  I,  on  dit  1 ¥ Ik  1 

l;  Q &)  A /WVW\  1 iJj  T AAAAAA 

9 "I  « le  s mer  du  roi  préposé  sur  eux  »;  et  dans 
I a i ! i i i 


un  papvrus  Ar<  UxnV  nsa  „ r . 

1 1 - //M  w SX  ï a rn (nf\  JT  @ L=4 

» chef  d’atelier  est  préposé , préside  à l’ouvrage  ». 


« le 


1.  Papi/fus  Annstasi  II,  7,  1. 


LF,  DISCRET  DE  MEMPHIS 


Alors  lo  o qui  suit  doit  être  corrigé  on  y|  sur  et 
est  le  nom  de  l’Egypte,  $v  Ahp—ip,  ou  un  ) bien  des  fois  répété 
dans  le  décret. 

Nous  trouvons  dans  le  texte  hiéroglyphique,  comme  dans 
le  domotique,  répété  devant  chaque  verbe,  pour  répondre 

AA/W/W 

à -!vaî  ’J-ï'i...  iiXXaç  ob 

Q /WWW  p 

Le  premier  verbe  est  à peine  défiguré  .j  mis  pour 

^ ou,  si  1 on  veut  tenir  compte  de  j , qui  semble  incli- 

, ce  qui  s'écrit 


/WWW 

» □ m 

X 


ou 


/WWW 

□ 

X 


(iiier  une  lettre  droite,  □ 

O x x 1 

ordinairement  „ retirer,  extraire,  enlever,  ôter. 

U U 


Je  rapporte  ici  'vwv'  inutile  un  peu  plus  loin,  mais 
justifié  ici  par  son  emploi  dans  le  membre  de  phrase  paral- 
lèle, et  correspondant  au  démotique  ! /un  a « en  eux  ». 

„ n i ~ 

Le  []  \\  A. . ,'-vwv'  a besoin  de  correction,  pour  de- 

/www  1 w III  . D <sf=^=x3 

venir  intelligible.  M.  liouriant  a mis 

. www  I /www 

-www,  on  pourrait  aussi  proposer  de 


•****'.  Au  lieu  de 

i i i n o 


'N 

dérivé  soit  de 


lire  i]  p vv\\  et  de  corriger  (]  atmtm,  annihiler'1 2, 


l I cz  \\  N 

|\  trancher,  soit  de  la  négation 


L’expression  revient  ensuite  pour  exprimer 

/WWW  AWWX 

’r.i v.% \ du  texte  grec,  et  c’est  ainsi  qu’est  justifié  le 

déplacement  fait  par  M.  Bouriant  de  pü? . Seulement 
il  ne  faut  pas  mettre  Les  deux  lettres  (](]  sont  là 

par  suite  d’une  de  ces  interversions  si  habituelles  au  gra- 
veur : tj(j  est  la  terminaison  du  mot  suivant. 

Qu'est-ce  que  que  M.  Bouriant  remplace  par 


i i i 


1.  an,  «couper,  détruire,  tout  instrument  de  destruction  » (Picrret, 
Vocabulaire,  p.  33). 

2.  Pierret,  Vocabulaire , p.  56. 


% 


276  LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 

faisant  de  if  le  synonyme  de  ceux  qui  sont,  les  habi- 


/WWW  I I I 

tenus?  Comparons  les  expressions  des  divers  textes  : 


RTI  S OPE  P.. 


AU  ICI  ROM  U TERU 

4j É 


M/WV\ 
I i I /WWW 


AUU  NOTER 


O ~ Cl); 


o ~.z  Àao; 


I I U 

/.acc  oc  a),  À oc  -vr.i-  Èv  so0t)vc3  ojjcv. 


Il  est  assez  remarquable  que  le  texte  grec  et  le  démo- 
tique disent  : « le  peuple  et  tous  les  autres  »,  c’est-à-dire, 
selon  Letronne,  les  laboureurs  et  les  artisans  d’une  part, 
les  prêtres,  les  fonctionnaires  et  les  soldats  d’autre  part, 
tandis  que  le  texte  hiéroglyphique  divise  la  population  en 
o les  soldats  et  les  gens  du  pays  ».  N’est-ce  pas  par  un  sen- 
timent national  que  l’écrivain  égyptien  oppose  ainsi  l’armée 
grecque  au  peuple  égyptien? 

Le  texte  de  Canope  dit  : « Attendu  qu’ils  (le  roi  et  la 
» reine)  ont  rendu  la  justice  à tout  habitant  (etny  nebt)  de 


» l’Egypte SB*  JW  Ol  7)  et 

» à tous  les  habitants  des  pays  en  servage  de  Sa  Majesté.  » 
Il  faut  donc  conserver  seul  ou  avec  l’addition  de  ifî3. 
Si  on  ajoute— jj-0,  comme  le  fait  M.  Bouriant,  devient 
inutile,  et  ce  mot,  précédemment,  devient  le  verbe  « être  » 
répondant  au  s‘ope  du  démotique.  Je  suis  disposé  à ad- 
mettre cette  dernière  rédaction  ’ : 


ADO, 

i i i A £ 


i i i 

« Pour  mettre  ( l'aire  être)  les  soldats  et  les  indigènes  dans  l'abondance.» 

1 . Ce  dernier  mot  a déjà  été  restitué  par  M.  Bouriant,  comme  « le 
» seul  mot  égyptien  se  rapprochant  de  l'orthographe  du  mot  donné  pat 
))  le  texte.  » 

2.  Cependant,  je  conserve  des  doutes  : 1°  C’est  le  seul  endroit  des 
deux  inscriptions  où  il  faudrait  supprimer  un  mot  ; 2"  je  ne  suis  pas 

suivi  d’ui 


sur  que 

/WWW 

troisième  verbe  ? 


placé  ainsi  soit  justifié;  3“  dit-on 


LE  DECRET  DK  MEMPHIS 


G.  1).,  1.  13;  IL,  I.  7-8.]  — La  suite  du  texte  n'est  pa> 
moins  incompréhensible  ni  moins  dilFicile  à restituer.  Pla- 
çons les  trois  rédactions  les  unes  sous  les  autres  : 


| 


Damanhour  : 

Ros.  grec  : 

AAAAAX  O.  \ | /'  — 

Ros.  (Ii  ‘III.  .'  | I 'www  1 | 

_k\  A'VWV.  Il  V — 


X 

I I I 


Ivf?-  ° 


l à -s  [jas-'.X'.xà 

AAAAXX 


$°(T 

i i 1 1 Y © 

O».  £V  V’V'JTI'UCJ  . . . 
/vww\  r)  | 'Vwvvx 


Z7>  | j 
à ttsoît  oosiXov 

A/WW\  I /VWW\  I I 


Le  premier  mot  ne  peut  même  pas  se  prononcer.  Ln  y 
changeant  il  en  1,  on  a encore  un  mot  inconnu,  puis 


qui  parait  suivre,  signifie  un,  et  n’a  aucun  rapport  avec  le 
texte.  La  femme  qui  suit  ne  peut  être  le  déterminatif  de 
<J|  , qui  est  du  genre  masculin.  On  pourrait  penser  à cor- 
riger en  " 1 ’ impôt;  mais  ce  mot  est  déjà  employé 


plus  haut  sous  la  forme  régulière 


7=4 


, pour  rendre 


-vjîôoo’j;,  et  ne  devait  pas  être  répété  ici  sous  une  forme 
étrangère  aux  textes  monumentaux. 

<c=>  qui  suit  ne  prend  pas  la  marque  du  pluriel;  les  signes 

mis  pour  ^ j ne  s’expliquent  pas  en  cet  endroit; 

ne  signifient  rien;  et  corrigés  en  1 1 fermes, 

a/ww\  I I I 

ils  ne  rendent  aucun  mot  du  texte.  Les  trois  derniers  mots 
du  lexte  sont  corrects  et  traduisent  bien  le  grec  o\  L A-yL-w. 

Cependant,  comme  le  texte  à expliquer  est  bien  limité 
par  la  fin  du  membre  de  phrase  précédent  en  son  temps, 
iv  tt,  ér.vi  fJxTiXs-st,  d’une  part,  et  par  les  mortels  de  l'Egypte, 
îv  on  est  assuré  que  les  groupes  intermédiaires 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


!7S 


Ja  j’./.'./.a.  oc z'./.r a ttgotjjoc'./ov, 


traduisent  -z 
l’étude. 

Tout  d’abord,  je  remarque  que 


Reprenons-en 


doit  être  mis  pour 


en  et,  rapprochant  jj,  recons- 


ou  , déterminatif  de  l’expression  équivalente  de  pac.À'.xi. 
Je  rejette  Pirâa,  Pharaon,  qui  ne  répond  pas  assez  à 
1 J’aime  mieux  laisser  au  groupe  précédent, 
transformer  | en  o 

tituer  le  groupe  S cJ  Sa  Majesté. 

Alors,  tout  ce  qui  précède  doit  exprimer  ocsO./pa -.1.  Je 

vois  dans  | le  poteau  'j,  dans  l’oiseau  volant  PT  et  dans 

<_a2_  ]e  papyrus  1^=.;  le  premier  signe  du  mot  devient 

alors  tn\ 

D 

démotique 


On  obtient  ainsi  le  mot  ^ ; ! , équivalent  du 

1 


r*  ü 

et  le  grec  A -.z  [factL/.à  ôcps’Xr'fxaca  a bien  son 


équivalent  dans 

Les  mots  qui  suivent,  après  une  légère  correction, 
, sont  connus,  et  se  traduisent  par  « de  ce  qui 


Zh 


jj  1 1 1 ■ 


leur  appartient2  ». 


J’avais  songé  à transcrire  : 


x 

1 i 1 


I . O. 


s “Xi 


P-"  : 


J' 


. 2 u crm 
Le  1 V ri 

Li  1 — ! 11 


P 


•É 

I I I 

’É 

1 1 1 


« L'impôt  royal  sur  les  choses  appartenant  aux  hommes  des  fermes 
des  hommes  d'Egypte...  » 

Mais  je  me  suis  fait  plusieurs  objections  : 

1°  Le  texte  grec  ni  le  démotique  11e  parlent  de  fermes; 


1.  Je  n’admets  pas  la  restitution 
l’orthographe  usitée  dans  les  deux  stèles. 


qui  est  en  dehors  do 


2.  Cf.  1.  23/29, 


V - J /VWW\ 

I 1 l I ^ -CJJ 


l II  « les 
lli  © 


» choses  appartenant  au  roi  et  qui  étaient  dans  les  temples  ». 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


279 


2"  « Les  hommes  de  fermes  » n’est  pas  une  expression 

usitée; 

3°  « Les  hommes  de  fermes  des  hommes  d’Egypte  » est 
encore  plus  étrange  ; 

4°  Enfin,  tout  cela  ne  rend  pas  -k  -t  à r.y>?  AA.  ,v, 

où  il  y a une  répétition  qui  se  retrouve  dans  le  texte  démo- 
tique TENU  N SUTN  R R UNU  TENU. 

Je  me  suis  attaché  à trouver  dans  le  texte-  égyptien  la 
traduction  de  à'  -?o- AAoy.  Alors,  j’ai  vu  dans  j V'Ac%A/ 

la  forme  du  verbe  au  temps  passé  relatif 


La  phrase  entière  me  parait  être  d’une  manière  très  as- 
surée : 


i i i ■ 


AA/VWX 

à 7TGOJ bJCpsiÀOV 


O 

Ti  tî  paj'.X’y.à  ccpA  /tax-x, 

« La  redevance  de  S.  M.  sur  leurs  biens,  que  roderaient  les  hommes  d'Egypte, ...» 


i i il  AYO 

/•.  t'i 


Le  texte  de  Damanhour  continue  en  disant  : 


H 

s*  i YJ 


A 

e 


/.y.',  oi  bi  Xo(-r  'ixs-./Ax  i\ oto'j, 

« et...  tout  homme  étant  sous  son  autorité  bienfaisante  en  sa  lolalin 


et  je  croîs  que 

T qui 
1 1 


M.  Bouriant  a cru  devoir  changer  le  second  mot  en 

Je  ne  pense  pas  qu’on  dise 
est  tout  simplement  le  commencement  de 
et  que  le  graveur  a commencé,  puis  abandonné  pour  écrire 

iry- . 

M.  Bouriant  rétablit  a juste  titre  " 


A 

© 


se  rapportant  à 


12 


; mais  il  laisse 
, qu’il  vaut  peut-être 


mieux  remplacer  par  , quoique  les  deux  se  trouvent . 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


280 


Je  diffère  encore  avec  lui  pour  la  fin  de  la  phrase  : 


AA/WW 

I I I I 


</  ““  | 


H 


«...  mit  eux  Sa  Majesté  à terre  (les  abandonna). 

M.  Bouriant  restitue  : 

a 


mu 


A/vWW 

D I1)É»  I I I 

« d'après  leur  compte  et  dans  leur  totalité,  ...» 

Cette  restitution  est  ingénieuse,  mais  elle  ne  tient  compte 
ni  de  | ni  de  _n_  ; je  crois  la  suivante  plus  simple  et  plus 
juste  : 


TOI 


© 


• (£ 


AAAAA\ 

I I I 


« combien  grands  ! n’est  pas  connu  leur  nombre.  » 

L’exclamation  (l  combien  grands!  » est  bien 

égyptienne,  et  le  membre  de  phrase  est  des  plus  usités.  A 
la  ligne  21,  on  lit  une  exclamation  analogue. 

On  voit  aussi  que  Letronne  a fait  un  contresens  en  tra- 
duisant -à  otpeiXrbjLa-a  . . . ovtX  vroXXà  tco  -X/'Osc  àcp fjy.ev  par  ((  les 
» sommes. . .,  lesquelles  étaient  fort  considérables,  il  en  a 
» fait  une  remise  générale  ».  Ameilhon  et  Drumann,  qui 
rapportaient  -d  ttXï;Gei  à ovxà  iroXXà,  paraissent  avoir  raison 
contre  Heyne  et  Letronne. 

[§  7.  D.,  1.  13-14 ; R.,  1.  8.]  — Le  texte  du  considérant 
suivant,  dont  la  seconde  moitié  : 


/WWW 

/WWW 


AAAAAA  

M/VW\  A/WW\  L 


est  remplie  d’erreurs,  a été  bien  restitué  par  M.  Bouriant, 
dont  j’adopte  à peu  près  le  texte;  seulement,  j’ajouterai  le 
pronom  pour  compléter  la  dernière  expression.  On  ob- 
tient le  texte  correct  : 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


281 


^ /WWW 


H^k+n 


« Il  prit  soin  des  prisonniers  étant  en  geôle,  ordonnant  tout  individu 

-<s>-  ^ P n 

: n n O 


1 i ^ 

-r  -r 

AAAAAA 


/WWNA 

@111 


» d'entre  eux  être  relâché  de  (toute)  action,  tous.  » 


[§ S.  D.,  1.  14-15;  R.,  1.  S 9. ] — M.  Bouriant  n’a  pas  moins 
bien  réussi  pour  le  considérant  suivant,  dont  le  texte  était 
défiguré  par  une  foule  de  petites  erreurs  de  détail. 


m -r 


« Ordonna  Sa  Majesté  que  : si  quelque  chose  des  dieux  cl 
flpotri’caçs  ok  /.ai  ~o'j;  Trooaoîoo;  -cov  iîowv  xa; 


• ï 


> c-oD 

<z> 

I *° 

\ o°o 

_ a 

I ® 
I 


O 


» les  argents  et  denrées 
"à;  7’-.r/.y.;  i z /. j.'.  âov'joixà;  sur: 


données  aux  temples  chaque  année 
O'.oopLÉvx?  aô-à  /.a-:  èviau-ov, 


4ji 

© <=> 

X 

r-~-, 

» et 

chose 

ô'io’to;  os  xx  : 

Ta?  y.aOr,x.o 

ko 

Itt  ' 

toute 

à'TrojJ.oioa; 


O 


D 

X>  I 


□ 


de 


: x> 


i 

; dieux, 
; OsoT;, 


¥ 

de 


» champ  de  vigne  (et j de  champ  de  jardin...  » 
~',Z  àjj.— î.'k'.ziooç  v-qç  y. al  tiov  — aoaôs'cwv . . . 


1.  Mots  omis. 

2.  |f^n(Dam.) 


(Dam.) 


4.  Mot  omis. 

o OOaI  ^ c 


282 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


jimuuiij  juuun^  H- 

Si  on  corrige  (Dam.)  en  comme  M.  Bou- 

° i i i ' i — — i i i i 


riant,  la  phrase  se  termine  par  : 


^ A 


AAWA 

AA/WAA  ^ 

/WWW 


O 


É->  /WWW 

I I I 


« et  toutes  choses  leur  appartenant  sous  son  auguste  père  demeureraient 

ué'j  svv 

/û 

^ AAAAAA 

I I I 

» a eux.  » 

È-'  y/ôoa;. 

[ÿ  9.  D.,  1.  15-16;  R.,  1.  U. ; — Ici  commence  un  autre 
considérant  : 


■soc=S  <2 


/WWAA 

o ©n 


« Il  ordonna,  voici  de  ne  pas  faire  remplie  la  caisse  télcstique.  » etc. 

UsOtÉtX^E  CE  GTÏ'Jü;  UTjO'îV  TTAîToV  O'.OWJiV  ïh  ~'J  TîYîTCC/.Ôv,  /..".À. 

restitution  importante  due  à M.  Bouriant. 

[§  10.  D.,  1.  16;  R.,  1.  9-10.]  — Le  paragraphe  suivant 
commence  avec  la  ligne  16  par  un  mot 
correspondant  os  /.A  et  ne  peut  être  restitué  que  — 
en  outre  (cf.  ^ ^ P^us  (lnc  l;l  ligne  15),  comme  l’a 

lait  M.  Bouriant3,  à moins  cependant  de  lire  o 


, qui  a pour 

TL  \\ 


■M 


A3 


(Dam.)  — M.  Bouriant.  restitue 


B 0 1 J\ 

. Je  pense 


que  le  <rr>  est  nécessaire  comme  dans  la  phrase  précédente 
i ! ordonna  . . nue 


2.  ® (Dam.) 


3. 


A' 


n’a  pas  besoin  de  correction, 


. \\ 


étant  parfaitement  une  expression  égyptienne 


\\ 


= le  copte 


>m,  faccrc.  et 


0 chemin.  Le  tout,  littéralement  : itrr  facorc 


ou  peut  être  ,vY7 uii/ner.  ( Note  d' M.  Karl  Pichl.) 


, 

WWVVN  (3  l 


comme 

AA/VWN  (D  fl  r w-  -i  

rxy  _ de  lu  ligne  10. 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 

> (3 


de  la  ligne  15  et 


■iior 


-a 


^ | à— £>.’ j7vi  correspond  au  démotique 

verbe  très  usité  en  ce  sens  et  en  plusieurs  acceptions  dérivées. 

■te  r)ir  ^ 


Le  texte  de  Damanhour  porte  | 


; apres  ■--> 
en 


un  mettra 


és-  y\ 


, et  après 


on  mettra 


£ « 


comme  dans  la  même  ligne 


regarde  f ^ 


^ J\ 


> .NWAAA  Q 

r^„  ; mais  je 


comme  plus  probable  et 


plus  rapproché  du  texte  de  Damanhour. 

me  parait  devoir  être  corrigé  en 


•k  [X  <D 


les  divines  classes  de  prêtres  coü;  s*  :üv  hpwv  sflvcôv. 


Iv„-  ’A).s?âvo=tav se  cache  sous  ij j | -p Ql ^ Q \ P ZZ] ’ 
mots  pour  lesquels  M.  Bou riant  n'a  proposé  aucune  restitu- 
tion. Ils  signifient  : vers  le d’ Alexandre . 

La  signification  du  mot  une  fois  établie,  c'est-à-dire 
«'vers  la  cille,  la  forteresse  d’ Alexandre  »,  les  traces  du 
texte  monumental  nous  donnent  les  éléments  de 


O^PVffQI  ((  Porte  d’Alexandre»,  ou  plutôt  de 


le 


forteresse  d'Alexandre  ».  Cf.  le  nom  de  Memphis 

mur  blanc,  celui  cl’un  quartier  d’Héliopolis  (Derry) 
jj  ww^ojj  L^^]-  ® le  rjrand  mur  de  Ramessou- 

Mer-Amon  à Hêliopolis' , celui  d’une  forteresse  du  pays 
de  Héfennou,  ILJC31 2,  ^ais>  sans  même  chercher  ces 
analogies,  nous  sommes  assurés  que  tel  était  bien  le  nom 
«l'Alexandrie  par  le  texte  du  décret  de  Ptolémée  Lagos,  (pii 


1 Louvre,  C 94,  apud  Pierret,  Iirmcil,  II,  P-  50. 

"é  Pu/.i/ms  deinolû/ue  de  Lei/de  n"  6\5,  p.  13- 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


284 

la  désigne  aussi  par  : 

IM 


ÛSA1I 


i 


« la  forteresse  du  roi  Mer-ka- 

» Amon  sotep-n-Râ,  (ils  du  Soleil  Alexandre,  appelée 
» primitivement  Rakoti'  ». 

De  même,  le  premier  décret  d’Alexandrie2  est  daté  de 


entièrement  justifiée. 

Pour  m ^ j ( qui  termine  ce  paragraphe,  traduisant 
7.x-'  IviaAov,  je  ne  vois  d’autre  correction  possible  que  ^ 
Vf  o c'h°rliæ  annûe*>  ou  / — — j qui  a le  même  sens. 

Les  deux  expressions  sont  également  usitées  ; toutefois 


c’est  la  première  fois  que  j'v  rencontre  l’emploi  de  x/  c 

, / ra  ^ t 


comme 


dans 


'^<==>Q  un  jour. 


10.]  — - La  phrase  qui  suit  commence 

a i ~ 


[§  11.  D.,  1.  16;  R., 

à peu  près,  comme  celle  de  la  ligne  15,  par  Y ^ 
^ r'tHu  > etc.,  et  qu'il  faut  corriger  en  : 

0 !.  C 


. ^pni 


XJ . 


J 3 tN==Æ  CS 


^ 0 

II  I I 


« A ordonné  S.M.  que  ne  fussent  pas  levés  les  hommes  de  la  marine.  » 
lloocré-rxçe  ol  xxl  -r,v  <tjXXï)<Liv  xwv  s’.ç  -r,v  vauxeîav  uv,  -otîTo'Oat. 


1.  Zeitschrift , 1871,  p.  2-3. 

2.  Lepsius,  Dcnkmaler , IV,  20. 

3.  Cf.  Damanhour,  1.  14. 


4. 


maïque.  Alors  équivaut  à s 
pliique.  (Note  de  M.  Karl  Piehl.) 


'itn=ir  , cte.  (M.  Bouriant.) 

f ha  à l'époque  ptolé- 
7 n de  la  belle  époque  hiérogly- 


/ v v v v v \ 

7).  rNce  peut  être  exact,  parce  que  ^ 

[j 

r A A A N AAAAAA 


LE  DECRET  DK  Ml.  M [MIL 


-?s: 


Dans  les  deux  passages  j’ai  conservé  (j  que  je  n'ai 

pas  remplacé  par  comme  l’a  fait  M.  Donnant,  parce 

que  la  particule  <=>  est  nécessaire  en  tête  de  la  phrase 
dépendante  prohibitive  après  le  verbe  j D'abord  on  voit 
qu’ici  même  elle  est  employée  aux  deux  endroits  (lignes  15 
et  16);  en  voici  un  exemple  emprunté  à un  autre  monument 
traduit  par  M.  Brugsch  : | /vwws  | j) 


X'û  v )’  <=>  « Sa  Majesté  or- 

/WW\A  I / / VvV.W  H 

» donna  de  ne  pas  payer  l’impôt  du  péage  de  port  une 
» barque  du  nome  Mendésien  dans  toute  son  étendue’.  » 

[S  12.  D.,  1.  16-17;  R.,  1.  10.  ] — Pour  les  lignes  qui  suivent 
immédiatement,  j’adopte  à peu  près  les  restitutions  de 
M.  Bouriant  : 


TEL  m 

de  byssus  données  au  trésor  royal  dans  les  temples, 


8 I 

« El,  des  étoffes 

Tâ)V  "S  Q'JUT'.VtOV  O0OVUOV  SCÇ  TQ  ’i'J.T-'/.'.V.ryi  U'JVTîXo'JfASVWV  l'i  toTç  lepolç 


’ A/WWX 

JS 


/WWW 

I I I 


n voici  qu'il  ordonna  d'écarter  leurs  deux  tiers.  » 

â—E/.’jTEV  "ti  Ojrj  IJ.  SOT,  . 


[§  13.  D..  1.  17; 
R.,  1.  10.]  - 


CS  5 . 


© 


CS 


<2 


$ 


Ci  ->  x- AA/WAA 

« De  même  toutes  choses 

Ta  xs  svXeXstpLpiéva  (sic) 

1.  Brugsch,  Zeitschrift , 1879,  p.  21. 

A/WWN  Q 

'' ' 1 Rosette,  1.  17. 


AA/WV\  | I 

2.  ^ CyP  (Dam.).  Cf.  Rc 

ni  (Dam.), 


i a Tiüf  a y\ 

4.  Mot  omis  (M.  Bouriant). 

5.  ^AAMMjl^J^(D;lm.) 

£=zz  - — fl  ^ <2  h 


(M.  Bouriant). 


2SG 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


© 


/WWVA 

I I ! I 


D Y7  /WVvM  y ^7  ^ 

O v 11  il  I I I 

» depuis  un  temps  grand  les  rétabli t Sa  Majesté  dans  leur  état  primitif.  » 
sv  toTç  irpoTepov  / povoi?  7TZov.7iicn^Z't  s îç  ir,v  xa6rp/.0'jffav  xxçiv, ... 


[§  14.  D.,  1.  17-18; 

R.,  1.  10-11. J — i 

« il  lut  à réfléchir 


i 


I 


O ^ fi 


$ 


. coo Vt'.ÇtOV 

P 


beaucoup  à faire 
ÔïttoÇ  ffOVTsXïÎTa'. 


© 


l i i 


111"  l 


\\ 


n les  choses  établies  il  faire  pour  le  culte  des  dieux  selon  ce  qui  à 
17  c Î0K7USVX  coi?  QsoTî  V.117  CO 


i®3 


AM/Wt 

I lll 


» leur  principe0.  » 
—ooory.ov. 


[ÿ  15.  D.,  1.  18;  R.,  1.  11.]  — Puis  vient  un  nouveau 
paragraphe  annoncé,  suivant  l’habitude,  dans  le  grec  par 
ôptotwç  os  y. zl  et  dans  l’égyptien  par  V <=>  : 


©' 


ni 


@ I (Dam.) 

I i 

2.  La  même  expression  se  trouve  dans  le  décret  de  Canope,  1.  5 et  9, 


sous  la  forme 


3.  (Da 


un.) 

/VWW\ 

4.  Cf.  le  titre  *=» 


i jj  O^j  « Traité  d’honorer  Osiris  ». 


(Louvre.  Papyrus  n°  3079,  c.  11U,  publié  par  M.  Pierret,  dans  ses 
Etudes  <’ a!/ p tolorj iques,  en  1873.) 

•">.  n n (Dam.) 


6.  Le  mot  à mot  est  : « selon  leur  origine»,  « telles  qu’elles  étaient 
en  principe  ».  ^ équivaut  à ^ et  à (voir  ci-dessus,  p.  268).  L’es- 
tampage que  m’a  envoyé  M.  Bouriant  ne  me  permet  pas  de  douter  de 
la  lecture  . C’est  du  reste  une  expression  très  fréquente. 


LE  DECRET  1)R  MEMPHIS 


.(? 


•<2>-  w.v. 


AA/WVN 

III  \\  ■ 


c4 


« De  même  a été  maintenu  pour  eux  ce  qu’il  a fait,  réfléchissant  à 

’Ouo'wç  os  


AAAAAA 

CTLD  I I I 


iT=>— “ V? 

_ n ~ o S=>  III  I Z M © 

))  faire  la  justice  aux  hommes1  d’Égypte,  selon  leur  quantité,  .. . » 
to  oixxiov  àrivstusv  iraaiv.  . . . 


Ce  mot  . l hommes,  qui  se  trouve  à la  ligne  suivante 

s=j  mi  J & 

devant  p | j chevaux,  a causé  la  première  lacune 

importante  provenant  du  fait  du  graveur  : cette  répétition 
a entraîné  l’omission  malencontreuse  de  toute  une  ligne.  Il 
faut  nécessairement  essayer  de  la  restituer2. 

D’abord  le  mot  -à<nv  sera  rendu  par  Q (j  | yy  J * - ^ comme 

f~l  " 

à la  ligne  7 de  Rosette  (=  D.,  I.  12),  ou  par  <zz> 

(R.  6 = D.  10,  R.  8=:D.  13,  R.  8 = D.  14,  R.  20),  ou  encore 
par  0 ~y" yp  - (R.,  1.  20).  J’ai  opté  pour  cette  dernière  tra- 
duction. 

Le  grec  termine  la  phrase  par  xaOàrap  'Eo^ç  o txiyz;  /.a!  péy»;, 
et  le  démotique  par  rma  p ai'  Thot  pâa  pâa.  Il  n’y  a pas  à 
hésiter  sur  la  traduction  hiéroglyphique  : 


11 


[§  16.  D.,  1.  18;  R.,  1.  11-12.]  — Vient  ensuite  un  nou- 
veau considérant  : 


1 . n aru  p hp  n na  reûrt,  « de  faire  le  droit  aux  hommes  » (Rosette, 
texte  démotique). 

2.  M.  Bouriant  n’a  pas  tenté  cette  restitution.  Elle  m’est  donc  toute 
personnelle. 


288 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


1 eJCte  (Jl'CC  .'  llpos S7x;ev  SI  -/.a'  TO’j?  •/.axaTropsoofzÉvouç 

Texte,  démotique  : ts  f su  *em  /r  nanti  auu  r an 

h II  établit  encore  au  sujet  de  ceux  qui  reviendraient 

zv.  ~z  Ttov  p.xy  i'iojy  /.a!  toiv  àXXwv  ’iwv  àXXÔTp'a  ©povTjarâvttov 

/UN  NA  REÜU  QNQN  AU  PSEP  REÔU  AU  s‘OP  H1  KET  M/L 

» d'entre lesliominescombattant  etlerestedeshoiumes  étant  en  autre  parti 

sv  toT?  ■/.■x.'zz  tt,v  xapa^v  xaipoTç,  xx'ceXOôrraç 

P TOyTEy  AU  R S‘OP  [n]  Kami  RTI  Ây  ST  [r]  NASEN  MAU, 

» de  la  révolution  survenue  en  Égypte,  qui  reviendraient  en  leurs  lieux, 

JJlÉveiV  E 77*.  TOJV  ÎSÎtoV  V.lr^l (OV. 

RTI  NASN  SAU  S*OPE  /ERU. 

» ((ue  leurs  biens  seraient  à eux.  » 


I 1 I AAAAAA  AAAAAA 

combat  » (copte  s'unit).  Plus  haut, 


Il  y a dans  le  texte  démotique  plusieurs  expressions 
inusitées  dans  les  textes  hiéroglyphiques,  qu'il  faut  étudier 
pour  savoir  comment  on  rendait  la  même  idée  dans  la  langue 
sacrée. 

1°  Les  a gens  de  guerre  »,  tüv  pta/lpao-/,  sont  désignés  ici  par 
une  périphrase  tj»  ^ ^ /]  ï. /i  « les  hommes  de 

I 1 I AAAAAA  AAAAAA  I —Il 

S'jvâjjtediv  Trwaq  était  rendu 
(?)  « ceux  qui  forts  ».  Dans  ce  dernier 


par  ^ o w S ^ 
passage  (ligne  11,  fin),  le  texte  de  Damanhour  transcrivait 

par  7 i ^ ! soldats , troupes. 

«le  reste  des  hommes  » a pour  équivalent 
(cf.  Rosette,  1.  6,  8 (deux  fois)  et  26);  [ou  encore 


AAAAAA  AAAAAA 


ol  àXXoi  est  traduit 
ci-dessus,  p.  276).] 
3°  Le  mot 


i (cf.  Rosette,  1.  7 = D.,  1.  12, 


-SS*  1 1\  (variantes  J ’ 


1.  Decret  de  Canope  (p.  131,  Revillout,  Chrest.).  « Il  sauva  le  pays 
» du  combat  en  combattant  au  dehors.  » — Prophéties  (Revillout, 
Revue  ègyptol.,  I,  1880,  pl.  G). 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


289 


ou  J (j [j  1 2 3 4 ) est  très  usité  dans  le  démotique;  dons 

le  décret  de  Canope,  il  est  traduit  par  -? o-oXcpov,  et,  dans  le 
texte  hiéroglyphique  correspondant, par  fVh  £ /i:  il  v est  dit 


d’Évergète  l'“r 


« Il  sauva  l’Égypte  des  troubles  en 
hors  d’elle  ». 

Peut-être  est-ce  le  même  mot  d’où  dérivent  le  copte 


n combattant  au  de 


ms' 


et 


xicpeiS  spiculum,  lancea,  ainsi  que 
plus  certainement  juéWo. 

ta  mot  dans  le  sens  de  parti,  corres- 

pondant à -ü)v  àXXôxpia  tppo vTjdâvxtov,  ne  me  paraît  pas  employé 
dans  l’idiome  sacré;  mais,  comme  j’en  ignore  le  correspon- 
dant hiéroglyphique,  je  le  conserverai  provisoirement,  ou 
bien  je  modifierai  un  peu  la  phrase. 

4°  Enfin  xapa^  n’est  pas  moins  inconnu. 

On  vient  de  voir  que  le  décret  de  Canope  désigne  les 
troubles  intérieurs  par 


r i . La  Chronique  d’Edfou 

* ■ — M I r 

mentionne  la  révolution  du  temps  d’Epiphane  £ n\  ou 

© O JJ  / 1 . 

suivant  un  autre  exemplaire  yv  1 '.  C est  donc  la  dési- 

AAA/VAA  J ivl 

gnation  officielle,  qu’il  faudra  adopter. 

5°  Mevêiv  i-'  tüv  îSiüJv  xxfjdeojv  est  traduit  déjà  à la  ligne  15 

par  JLû  ™ ■ 


AA/WVN 

I I 


I I I 


« et  toutes  les 


» choses  qui  leur  appartenaient  demeurer  à eux  ». 

On  peut  se  conformer  à l’une  des  deux  tournures  de  phrases 

u -*r\  H AAAAAA 

employées  à la  ligne  14  : J ^ | (<  ordon- 


1.  Roman  de  Sctni,  p.  153,  155,  ar  niela/i , «faire  dispute»;  p.  32, 
ahs  p malayj,  «récolter  la  dispute»,  c’est-à-dire  «des  ennuis». 

2.  Papyrus  Anastasi  IV. 

3.  Dümichen,  Bauurkunde  des  Tempelanlagen  von  Edfu,  dans  la 
Zeitschrift,  1870,  pl.  2,  1.  23-24.  (Cf.  A.  Baillet,  L'Égypte  pendant  les 
premières  années  du  roi  Épiphane , p.  80  [ci-dessus,  p.  164].) 

4.  Brugseh,  Zeitschrift , 1878,  p.  43. 

Bibl.  égypt.,  t.  xv. 


19 


290 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


» nant  tout  homme  être  quitte. ..  »,  ou 

® ûaaa  — 


I I I 


AAAAAA  . . . . . « S.  M.  ordonna  que,  s’il 
jef=,  mi  1 


» y avait  des  revenus  des  dieux,  etc. , ils  demeureraient,  » etc. 
On  rétablirait  la  phrase  comme  il  suit  : 

1°  En  se  rapprochant  du  texte  démotique  : 


\ îS)kà 


^-7  * 

I yTA  /www  . 

I AAAAAA  I 

» tout  homme  étant  en  autre 


<=> 

A. 

Si 

revient 

^=< 

O 

<-a2- 


Vi- 


es 


parti 


_0 


AA/WAA  r — | AAAAAA 

l l I I l 1 1 l I 


de  la  catastrophe  survenue,  etc., 

m 


/WWW 

I I I 


ii  1 1 1 1 1 ii^ 

/WWW 


les  faire  aller  vers  leurs  lieux  et 


leurs  biens  demeurer  à 


AAAAAA 

I I I 

» eux.  » 


2°  En  employant  les  expressions  des  inscriptions  de  Tanis 
et  d’Edfou  : 


I" 


i 


^ $ 


^1*  A MV  ^ ' PT  j <d>  I AAAAAA  I 

«Décréta  S.M.  en  disant:  Si  des  soldats  et  tout  homme  ont  été  à 


k L!^ 


(S 


AAAAAA  AAAAAA 

/VMI 


» combattre  dans  la  catastrophe  survenue  dans  le  pays  entier,  ils  reviendraient 


© 


| ,WWAA  A/WW' 

I C±±=3  I I I 


m 


A/WW\ 

I I I 


» et  toutes  choses  étant  à eux  resteraient  à eux.  » 


1 . Le  mot  TqT{T  ! du  texte  démotique,  qui  se  rencontre  dans  les  con- 
trats, appartient  aussi  à la  langue  classique.  Il  se  trouve  précisément 
dans  la  stèle  de  Piânkhi,  1.  11. 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


2'.)i 


3°  Si  l’on  doit,  comme  l’a  fait  le  démotique,  tenir  compte 
de  8è  xx ! {nam),  de  /.x-x-opsuo|xévo'j;  (/cr  nanti  anu  r an),  n i nsi 
que  de  xxBsXOôvtxî  traduit  par  rti  ch/  st  [/•]'  nasen  mau, 
« faire  aller  eux  vers  leur  lieux  »,  on  pourra  dire  : 


1% 


AAA/VXN 

zv 


_û  < l-l?  ■ 


1 j 

« Décréta  S.  M.  en  outre  en  disant  : Si  revient  quelqu  un  des  soldats 


VI' 


I 


'É 


® CK) 


ÜA 


© 


/www 

» et  tout  homme  étant  à combattre  dans  la  calamité  survenue  dans 


& 


/V VW\A 

I I I 


/ AA/VNAA  - 8 » 

I l I I I I A 


» le  pays  entier,  de  taire  aller  eux  vers  leurs  lieux  et  que  toute  chose 


xKi  /L 


fl\ 


AAAAAA  MWA  «WM 

i 11  I I II  I I 

u leur  appartenant  demeureraient  à eux.  » 


/WWW 

I i I 


De  ces  diverses  rédactions  la  meilleure  est  certainement 
la  dernière,  parce  qu’elle  traduit  le  grec  plus  exactement 
que  les  autres,  parce  qu’elle  est  plus  conforme  à la  langue 
des  monuments  hiéroglyphiques,  enfin  parce  qu’elle  remplit 
complètement  la  place  libre  sur  la  ligne.  Mais  aujourd’hui 
(un  an  après  avoir  écrit  les  lignes  précédentes)  clic  ne  me 
parait  pas  encore  satisfaisante.  Kn  elfet,  le  grec  ne  dit  pas  : 
« les  soldats  et  ceux  qui  avaient  combattu  dans  un  autre 
» parti  ».  Tü)v  (Jtxytjjuov  xxi  •liüv  xXXtov  twv  àXXôxpia  cppovqcrxvTO)'/  parait 
viser  : 1°  les  soldats,  les  combattants;  2°  ceux  qui,  sans  être 
combattants,  avaient  pris  le  parti  des  rois  nationaux.  Dès 
lors  je  pense  que  l’emploi  de  ( j’CK)  en  face  de 
^1^  est  défectueux.  Il  faut  trouver  une  expression  égyp- 


1.  On  peut  lire  aussi  rti  j)oh  si  nasen  mau,  «leur  faire  gagner 
» leurs  endroits  ». 


292 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


A 


tienne  qui,  comme  àXX-kp-.a  «poovrjaâvTwv,  exprime  la  défection, 
mais  sans  impliquer  le  service  militaire. 

Je  crois  la  rencontrer  dans  le  mot  ou  <==^ 

^j.  La  racine  du  mot  est  ^ ^ „ n , 

peu.,  p*.Ki,  declinare,  avertere,  recusare,  renuere' ; d’où  se 
séparer  OO  ^ 2 « ne  te  sépare  pas  de  lui,  ne  te 

» tourne  pas  contre  lui  »1 2 3 4 5,  c’est  un  synonyme  de  j?  | ; 

comme  verbe,  cela  signifie  aussi  faillir,  pin,  pmi,  Aois'e,  Aoi-xi, 
cu!pa\  Comme  substantif,  représentant  l’agent,  le  mot  dé- 
signe « celui  qui  se  sépare  de  quelqu’un  »,  « celui  qui  trans- 
» gresse  les  chemins  du  roi  et  les  desseins  des  dieux  » selon 
l’expression  de  la  ligne  14,  le  « rebelle  »,  quel  qu’il  soit,  envers 
les  dieux  ou  envers  le  roi.  Les  reqau,  reqiu  sont  donc  souvent 
en  cause  dans  les  chapitres  du  Livre  des  Morts \ On  lit  encore  : 


A' 


I I I 


I I I 


« Sa  Majesté  est  venue  dans  le  Routen  supérieur  ; elle  a 
» frappé  tous  ses  adversaires  (tous  ceux  qui  s’étaient  séparés 

<4  ® 


» d’elle)6 7.  » De  même  : ^ jl 


i 


i i i 


□(][ 


AAAAAA  . 

@ I 

AAAAAA  A 

ne  resta 


(j(j  ‘ 7 « Il  trancha  les  tètes  de  ses  ennemis,  i 

» plus  de  tètes  à ses  adversaires.  » C’est  précisément  ce  que 
fit  Épiphane  aux  dynastes  qui  s’étaient  rendus  dans  Lyco- 
polis8.  Après  la  victoire,  le  roi  se  vante  de  n’avoir  plus  d’ad- 
versaires dans  le  monde  : ~ju.  ~ û 

Z i i i 


1.  Voir  Devéria,  Papyrus  judiciaire  de  Turin,  p.  188. 

2.  Todtenbuch,  chap.  xxx. 

3.  Chabas,  Mcianyes,  II,  p.  223. 

4.  Zeitschrift,  1870,  p.  48. 

5.  Ibid. 

6.  Stèle  d’Aménophis  II,  à Amada. 

7.  Stèle  du  Louvre,  C 123. 

8.  Voir  ci-après,  § 19,  p.  295. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


293 


Je  traduirais  donc  volontiers  x «î  «XXwv  tü»  «xx^p-.a  (ppovr^âvwov 

par  : 

F <=>  üd 

[§  17.  D.,  1.  18-19;  R.,  1.  12.; 


Le  grec  continue  : 

npOEVO/jOT) 

81  xa' 

otïw;  IÇaitoaxaXwfftv 

et  le  démotique  : 

AR-F  NEB 

NEB 

R TI  ÂQ  (poh) 

« Il  fit  tout 

soin 

pour  faire  aller 

OuvâfJiE'.î  irE^’.xâî  xe  xaî  titirtxàç  xx:.  vî; aç,  x.  x.  X. 


PETU  (?) 

» fantassins, 


HTRU, 

cavalerie, 


biri,  etc. 
vaisseaux. ...» 


La  rédaction  reprend  dans  Damanhour  ttvec  le  mot  '--y.iç, 
même  avec  le  mot  r.zX, -.xà;  dont  il  reste  le  dernier  signe 
$ qui  a causé,  comme  je  l’ai  dit,  la  méprise  qui  a amené 


la  lacune  dont  il  reste  encore  à combler  la  fin. 


npovo/;0ï]  oz  xa:  o’-w?  est  l’équivalent  de 


j r ' T ( i 


ô’tooç  de  la 


ligne  18,  et  la  rédaction  démotique  traduit  les  deux  exprès- 
sions  par  une  seule  J « prendre  soin  »;  et, 

bien  que  ce  ne  soit  pas  une  raison  péremptoire  pour  que  le 
texte  hiéroglyphique  ait  fait  de  même,  on  peut  traduire 
dans  les  deux  passages  : ^ ^ <(  ^ 

» à réfléchir  beaucoup  à ’». 

Cependant,  comme  cette  expression  a déjà  été  employée 
deux  fois  à la  ligne  11  (Rosette  = 1.  17-18  Damanhour),  je 
me  risque  à traduire,  en  empruntant  un  synonyme  de  cette 
locution  à l'inscription  de  Tanis  (ligne  9)  : 

-A 


A «Sdv  © ® 

® I Q.  si)  i i i I I I 

« De  même  il  pensa  beaucoup  beaucoup  à 

nooevo/iÔT]  oè  xal  Stïojî  è^aTroaxaXwfftv 


/WW/W  A/WWA 

rassembler 


1 . Canope  dit  aussi  : HH  ^ j"  (j  j" 

u ils  pensaient  en  tout  temps  à » (ligne  5). 


O IQ 


294 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


f [’kl’kV 


» des  hommes, 
ou'/âjjLstç  — îÇtxà;  te 

A 


des  chevaux, 
xa'  Iwrcixàç 


J Oi  i i 

des  vaisseaux 
xas  vr  a; 


\jL 

I AA/WW 

contre 


$ 

I 


T' 


[iii  © 

» les  venant  pour  faire  dommage  à l’Égypte  sur  terre 

toÛç  ÈkeXOv/tï;  etc'.  tt,v  AbyirnTOV  xaxd  te  tt,v  âj-ireipov 


/WWW 
/V WW\ 
AA/WW 


))  de  même  que  sur 
xa* 


mer.  » 

TTj v OàXaacjav. 


J’ai  rendu  ottw;  ÈSa-ojraXwj'.v  par  une  expression  technique 


empruntée  au  récit  de  la  campagne  du  roi  Piânkhi  : 11(1 

y\  ^ I g — 3 n ^ ^ Il  /www 

I /www  fi  (1.  10)  « Il  a rassemblé  des  soldats 

AA/WW  JLÀ  I Ci  > I 1 I 

nA<e<A^  AAAAAA 

» et  des  cavaliers . . . , 1(1 

I 1 /wwv\  

» eux. . . » (1.  11).  On  pourrait  dire  aussi  comme  au  décret 
de  Ptolémée  Lagos  : o "Igs,  ^ 


que  soient  réunis  à 


A 


Je  n’ai,  dans  ce  texte,  fait  qu’une  seule  restitution, 
^ au  lieu  de  Q J^.  M.  Rouriant  a cru  ce  mot 

inutile  : il  l’a  supprimé.  Le  grec,  il  est  vrai,  dit  seulement  : 

È~'  to'jç  ÈtsaO  ’vtxî  s~'  t r,'t  A’y'jtttov  xxt x te  t À'/  (Jx'axtj x'i  xa'  ty,v  rj— eipov ; 

mais  le  démotique  traduit  ï-é  tt,v  a’yu-tov,  contre  l'Egypte, 


par 


^ — i 


pour  faire  dommage 

contre  V Egypte,  et  je  pense  que  ^ est  le  débris  de 
. C’est  le  mot  qui  sera  répété  à la  ligne  22,  sous 


1.  Décret  de  Ptolémée  /",  1.  6. 

Jv 

adopté  par  M.  Rouriant..  C’est  le  mot 

O lll 

propre  pour  désigner  les  Hottes  nationales.  (Cf.  Decret  do  Ptolémée  r\ 
1.  5,  6,  8;  et  Statue  naophore  du  Vatican.) 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


29:. 


la  forme 


un  grand  dommage, 


mis  pour 


Cà  , 


[§  18.  D.,  1.  19;  R.,  1.  12-13.] — Suit  une  phrase  qui  n’olïre 
pas  de  difficulté  : 


© 


A — a 

« Il  a dépensé 


41 2 3!  î 

argent  et  choses  en  nature 


>•£> 

I 

I I 


nombreuses 


AWVNA 

I I I 


contre  eux, 


» assurant  la  tranquillité  dans 


les  temples 


LTI 

o O 

l’Égypte'.  » 


[§  19.  D.,  1.  19-22;  R.,  1.  13-16.]  — Nous  arrivons  à un 
passage  important  de  l’inscription,  car  c’est  là  qu’est  raconté 
le  siège  de  Lycopolis;  mais  la  restitution  en  offre  de  grandes 
difficultés,  comme  on  va  le  voir.  Il  commence  par  : 


HtE 


Ce  texte,  évidemment,  commence  par  la  répétition  du 
même  membre  de  phrase. 

Le  mot  LLT  A est  un  mot  bien  connu,  étudié  plu- 

sieurs fois  par  Chabas,  qui  lui  donne  le  sens  de  avancer, 
passe/',  trave/'ser \ Le  défunt  dit  aux  dieux  qui  suivent 
Osiris  : « Avancez  ( LLT  (j  [1  a °JJ?  — — ^ ) et  voyez  la  construe- 
» tion  de  la  demeure  de  ce  lumineux  '.  » « Tu  ne  passeras  pas 


( 


û o 


LH 


A 

I 


) sur  moi  »,  dit  le  seuil  d'une 


porte  mystique4.  C’est  un  verbe  fort  usité.  Nous  traduisons 


1 . i , etc.  (Dam.) 

2.  Pap;/rus  magique  Harris. 

3.  Todlenbuch,  chap.  clii,  1.  4. 

4.  Ihid.,  chap.  cxxv,  1.  55. 


296 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


donc  : « Sa  Majesté  s’avança  vers. . . qui  est  dans. . . »,  ce 
qui  correspond  bien  au  grec  : -rapayivop-evoî  oï  -/.a'  eU  Auxwv-ôXiv, 

TT(V  EV  TW  B0U<T[ptTT). 

Ce  qui  manque  dans  le  texte  de  Damanhour,  c’est  le  nom 
de  la  ville  et  celui  du  nome.  Le  texte  démotique  peut  y 
suppléer.  On  y lit  : 

u II  se  rendit  à Ta-Hiit-Scekan.  » 


En  rétablissant  ce  nom  et  celui  du  nome  dans  le  texte 
hiéroglyphique,  on  obtient  la  phrase  : 


O N © 


tu 


/WWVN 


\\ 


On  se  rend  compte  de  la  répétition  de  la  phrase  dans  le 
texte  de  Damanhour  : elle  a été  amenée  par  la  répétition 
du  signe  TtîoT  au  commencement  du  verbe  s‘àcis  et  au  com- 
mencement du  nom  de  la  ville  de  S‘akn'. 

Suivant  la  méthode  précédemment  employée,  je  transcris 
ici  le  texte  grec  et  le  texte  démotique  pour  les  étudier;  y 
voir  le  système  suivi  par  l’auteur  de  l’inscription  et  son 
traducteur,  et  juger  des  mentions  qui  devaient  se  trouver 
dans  l’égyptien  ; enfin  chercher  les  locutions  de  la  langue 
sacrée  correspondant  au  démotique,  quand  celui-ci  parait 
employer  des  mots  inusités  dans  l’idiome  sacré. 


1.  M.  Bouriant  semble  d’accord  avec  moi  pour  reconnaître  qu’entre 
manque  le  nom  de  Auxwv7r<ftiç ; mais  il  paraît  voir 


et 


dans  ^ ^ 


\\ 


O 


(qu’il  corrige  en  ) le  nom  du  nome  ; ce  qui  me 


n 


paraît  impossible,  ' “ est  le  déterminatif  de 
mencement  d’une  autre  phrase. 


et 


le  com- 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


297 


Ainsi  le  grec  énonce  successivement  : 

1°  Que  la  ville  est  tombée  aux  mains  des  rebelles; 

r,  r(v  xax£tArua[jisvr),  A 

2"  Qu’ils  l’ont  fortifiée  contre  un  siège 

xa!  lüyupofiévT]  ~poî  TxoXtopxîav  B 
par  des  dépôts  d’armes  OTrXiovxe  xxapaOÉaEt  oa'^iXEaxIpa  C 
par  toute  sorte  de  munitions; 

xa;  xf,  aXXïj  yopriyta  xr iar\-  D 

3°  Car  depuis  longtemps  w;  Sv  èx  xroXXoü  /pôvou  e 

les  révoltés  s’y  étaient  rassemblés  auv£<rxqxu!a; 

x^ç  àXXoxptôxTjxoç  xoT;  Èxriauvay 0eT<jiv  c!?  au xr,v  âaîoéaiv  F 

et  faisaient  beaucoup  de  mal 

o’i  rjaav  xcoXXà  xaxà  auvxExsXea'p.évot  G 
aux  temples  et?  xe  xà  lepà  h 

et  aux  habitants  de  l’Egypte; 

xa;  xoù;  sv  Aî-pxxxiu  xaxotxo üvxxç-  I 

4°  Le  roi  forma  le  siège  xa!  àvxr/.aQ'ca;  j 

l’environnant  de  retranchements,  fossés,  murs. 

y •ojj.aertv  xe  xa!  xàcppoiç  xa!  xEÎyscuv  a ùxr,v  à;;oXoyo;ç  xxspiÉXaêev.  K 

Le  démotique  énonce  successivement  : 

1°  Que  la  ville  est  tombée  aux  mains  des  rebelles;  a 

2°  Qu’il  y avait  des  armes  c 

et  des  munitions  ; d 

3”  Le  roi  en  forma  le  siège  J 

par  murs,  retranchements  extérieurs,  k 

« à cause  des  impies  qui  étaient  à l’intérieur,  F 

» faisant  beaucoup  de  mal  G 

» à l’Egypte,  i 

» étant  en  dehors  du  chemin  de  l’obéissance  au  roi 
et  de  l’obéissance  aux  dieux1.  » F’ 


1.  « Il  se  rendit  à Chaken  qui  était  accablée  par  la  main  des  impies 
» de  tout  trouble;  il  y avait  des  armements  en  quantité  et  des  muni- 


298 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


Ce  tableau  montre  la  différence  profonde  qui  existe  entre 
le  grec  et  la  rédaction  démotique. 

Voyons  le  texte  hiéroglyphique.  Après  la  lacune,  le  texte 
reprend  par  : 


« ...étant  en  elle1, 


/WWVN  M jfJN 

=r>  ^ \\  Ml  I 

attendu  qu'ils  furent  la  cause1 


rajp\ 


de. 


grands 


» en  Égypte,  ...» 


phrase  OÙ  l’on  reconnaît  ; oi  qaav  e’.’ç  TE  xà  îspà  xx)  xoù;  Èv  Alyuirap 
xaxoïxoüvxaç  ixoXXà  xaxà  au vteteXect|jlÉvo i . 


mj(l\ 


est  un  mot  nouveau,  mais  dont  le  sens  désastres , 


pertes , est  bien  déterminé  par  -oXXà  xaxâ. 

Cette  phrase  rappelle  celle  de  Manéthon  parlant  des 
Pasteurs  : « Ils  incendièrent  sans  pitié  les  villes  et  renver- 
» sèrent  les  temples  des  dieux,  A;  te  txôXek;  wpub?  ÈvÉïxp-rprav  v.%\  x* 

))  lepà  xwv  6ewv  xaxéaxa^ocv . » 


La  suivante  : 


S 


^ 1 O 

A/WWV  /I  ô | 

ra  jr  " i i i o ta  i i 

u ...qui  avaient  violé  les  chemins  du 


1+ 

oi  et 


© 


Mil 


°in 


les  plans  des  dieux...  » 


est  la  traduction  de  : wç  av  EX  txoXXoü  }(pôvou  auvEtmjxoîa;  xr,?  âXXo- 
xp'.âx'qxo;  xolç  auv:cy  OeTœiv  eÎç  aùxr(v  àjeêÉtJtv. 

Ici  je  diffère  complètement  d'opinion  avec  M.  Bouriant, 


» tions  à l’intérieur.  Il  assiégea  ladite  ville  par  murs  et  retranchements 
» à son  extérieur,  à cause  des  impies  qui  étaient  à son  intérieur,  qui 
» étaient  accoutumés  à faire  le  mal  en  quantité  à l’Egypte,  étant  en 
» dehors  du  chemin  de  l’obéissance  au  roi  et  de  l’obéissance  aux  dieux.  » 

1 . — h — et  non  Jc-^,  car  le  nom  de  Lycopolis  et  le  mot  « ville  » sont 
du  genre  féminin  en  égyptien. 

2.  M.  Bouriant  retranche  ce  mot.  C’est  le  synonyme  de  ^ principe , 
cause  (cf.  p.  268-2Ü9).  Il  est  trois  fois  dans  l’inscription  (1.  1U,  11  et  14). 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


29'.) 


qui  restitue  : 


traduit  : « S;t  Majesté  leur  coupa  le  chemin,  éle\ant  des 
» murs,  creusant  des  fossés  contre  eux.  » Ainsi  je  rapporte 
cette  phrase  aux  actes  des  rebelles;  M.  Bouriant  y voit  les 
préparatifs  de  siège  faits  contre  eux  par  le  roi.  Mais  je  pense 
que  ma  restitution  rend  mieux  compte  des  signes  de  l’ins- 
cription. 

On  obtient  donc,  pour  ce  qui  existe  du  texte  hiérogly- 
phique, les  mentions  suivantes  : 

1°  « Elle  était  » tombée  au  pouvoir  des  rebelles  a 


2°  « les  impies  qui  s’y  trouvaient  » ; F 

3°  « car  ils  faisaient  beaucoup  de  mal  g 

4°  « à l’Egypte,  i 

5"  « transgressant  les  chemins  de  Sa  Majesté  et  les 

les  desseins  des  dieux  ».  F' 


La  comparaison  de  ces  textes  inspire  plusieurs  observa- 
tions : 

1°  Le  texte  grec  et  le  démotique  ont  la  phrase  mar- 
quée (a).  Le  texte  hiéroglyphique  l’aurait  aussi,  car  on 
peut  légitimement  changer  'K()(j[l  Ipp  en 


Jvjb  j -U  III  O i wmm 

QAi  <(  elle  fut  en  la  main  des  impies  » 


2"  k A tü/ypopivr)  — poc  lîoXtopxlav  (b)  n’est  pas  traduit  dans  le 
texte  démotique;  je  suis  bien  tenté  de  croire  qu’il  ne  l’était 
pas  dans  le  texte  hiéroglyphique,  probablement  comme 
rendu  inutile  par  ce  qui  est  dit  des  dépôts  d’armes  et  de 
munitions. 

3°  Ce  qui  concerne  l’armement  et  les  munitions  (c,  d) 
se  trouve  dans  le  texte  grec  et  le  démotique,  il  faudra  en 
trouver  l’équivalent  hiéroglyphique. 

4°  Le  texte  démotique  ne  traduit  pas  â*  ttoXXoù  ^pôvou  (e). 

5°  Le  texte  hiéroglyphique  et  le  démotique  omettent  la 
mention  (h,  i)  des  temples  et  des  habitants  (~i  -.s.  Upà  v.i'  toG? 
èv  Al-yü-imp  xaxotxoüvxaç)  et  disent  seulement  « à l’Égypte  »;  en 


300 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


quoi  ils  me  paraissent,  comme  à M.  Bouriant,  fautifs  : une 
mention  du  grec  ne  devant  faire  défaut  dans  les  traductions 
que  par  une  inadvertance  du  traducteur. 

6°  Il  faut  aussi  remarquer  que  le  traducteur  égyptien  a 
cru  être  plus  clair  en  déplaçant  les  deux  membres  de 
phrases  (f-i  et  j-k). 

7°  Il  a remplacé  la  mention  wç  av  l*.  ttoXXoù  ypôvou  etc.  par 
une  locution  etc.,  plus  familière  aux  Égyptiens. 

Ne  faut-il  pas  en  conclure  que  c’est  le  même  traducteur 
qui  a fait  les  deux  traductions  hiéroglyphique  et  démotique, 
ou  du  moins  qu’elles  ont  été  faites  l’une  sur  l'autre,  puis- 
qu'on y constate  les  mêmes  omissions  (è/.  -oàXoj  ^p-îvou),  les 
mêmes  additions  ou  substitutions  (qui  étaient  en  dehors 
du  chemin,  etc.),  et  les  mêmes  interversions  de  phrase  (f-i 
et  j-k)? 

Par  conséquent,  il  ne  faudra  pas  ajouter  avec  M.  Bouriant 

s ^ s + -jj- i 0 © ’ ma*s  constater  que  Ie  Pre“ 
mier  traducteur,  à tort  assurément,  avait  omis  ce  membre 
de  phrase,  et  que  le  second  traducteur  a fait  de  même. 

Par  la  même  raison,  il  n’y  aura  pas  lieu  de  traduire 
w^upopivrj  TTpôî  TtoXiopictav , 111  ex  TtoXXoü  y pôv ou. 

En  résumé,  le  texte  de  Damanhour  omet  tout  ce  qui  cor- 
respond au  commencement  des  deux  autres  : 

a,  sauf  quelques  mots  ; 

b,  c,  d,  c’est-à-dire  tout  ce  qui  concerne  les  travaux  de 
défense  des  rebelles  ; 

e,  la  mention  de  la  durée  delà  rébellion; 

h,  la  mention  des  temples  et  des  habitants; 

j-k,  les  détails  sur  le  siège  de  la  ville  par  Épiphane. 

Nous  avons  déjà  constaté  l'inintelligence  des  copistes  de 
la  stèle  de  Damanhour.  Ici  la  répétition  des  mots 
impies,  o | dans  son  intérieur , a causé  plusieurs  lacunes, 
comme  précédemment  l’avait  fait  la  répétition  de  ^ 
hommes . 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


301 


Ce  qu’il  faut  restituer  ici  est  donc  maintenant  bien  dé- 
terminé : c’est,  d’une  part,  ce  qui  regarde  les  travaux  de 
défense  entrepris  par  les  rebelles,  et,  d’autre  part,  ce  qui  a 
rapport  aux  travaux  d’attaque  de  l’armée  royale. 

Pour  faire  cette  restitution,  nous  prendrons  pour  guide  à 
la  fois  le  grec  et  le  démotique.  Mais  tout  d’abord  il  faudra 
remarquer  qu’ici  encore  le  démotique  emploie  des  termes 
inusités  dans  la  langue  officielle,  par  exemple,  atb  r tôt, 
tombe  au  pouvoir,  alb,  assiéger,  dont  il  faudra  chercher 
les  équivalents. 


T)  T,V  XITE  P,T|  [JL  JJLEVTj 

AU  S ATEB  R TOT 


m k 


_û 


« Elle  était 


la  mai» 


des 


SEBAU 


impies 


NE», 


Ci  I Ci 

de  tout  pays  ; 


xT  lü^upwjjLîVT)  Ttpoç  iroXiopxîav 


SitXwv  zz  itaoiOsTst 

R UN  STB 

JJ.  o- 

Mil. 


8®|/iXearép*  xaî  zr\  àXXr,  /^oprpy’i  7i 

N HI  SOBT1  NHB 


III 


I I I 


O AA/VXAA  ci 

LJ 


□ J\  ZI  O 


,13. 


x ! 


» et  étaient  instruments  d'  action  nombreux  et  tous  approvisionnements 
clx;  av  èx  -oXXoj  j^pôvou  auveuT^xulaç  zrt ç aXXoxptôxrixo? 

PS  ^UN  M^ER  NA  SEBAU  R UNU  l'S  y_UN 


O 


PJ 


o i 


» en  son  milieu,  à cause  des  impies  étant  au  milieu  d'elle, 

toTi;  ETUtiuvay  Qéïeriv  e!ç  aùxrjV  àaeoÉffiv 


AAAAAA 

ra  J r'  1 1 1 

» violant 


O 

I 

O A 1 I 


AU 

P TS  N ST 

N NA 

N ETE R U 

ne 

n 0 ^ 

1 <zr>i  1 1 

0 

1 

111 

é et 

les  desseins 

des 

dieux, 

302 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


<z>  ^ \\ 
))  parce  que 


o'i  ïjaav  Tic ), Xà  /. t/. y.  <r>vxeteX sffpivo'. 
UN U HÂT 

I 

commencement 


AA/WW 

I I I 

ils  firent 


AR  KAMA 

ra 

de  désastres 


JP\ 


_ in 


grands 


:i  lEpà  y.aî  xooç  èv  AÎY'J7tx(p  xxxoïxoüvxaç  /.a'  àvxr/aOîaa?  aùxï;v 

R Ram  ALEB-F  TA  HÂT  RAN-S 


Égypte 


assiégea 


S.  M.  cette  ville 


y (ôpiaotv  xe  xal  xàtppoi;  xat  xsÿeTiv  à^toX^YOn;  TiEpiÉXaSEV  xoü  xe  NeIXou,  etc. 


UN  PIS  BOL 


AMAM  «»>  O 

I I I 


k pj:oi+  #oi  k 

» par  des  murs  et  retranchements  au  dehors.  » 


I A 


Mettre  au  pouvoir  se  dit  ordinairement  A 

plus  rarement  A Être  au  pouvoir  dans  le  sens  de 

être  permis,  s^ivat,  se  dit  t\  - l/i*;  dans  le  sens  de 

AAAAAA  Jÿ'X  <2  \\ 

être  en  la  possession, 
fus  en  son  pouvoir  »\ 


i « je 


Assiéger  se  dit  ® X~]r  * / ; en  copte,  kcote,  koo^-. 

I J \\:  j S( 

Copte,  coqT. 


O TT 

: E se  trouve  partout  pour  désigner  les  murailles;  en 


1.  Papyrus  Anastasi,  V,  18;  Papyrus  Orbiney,  V,  5;  Papyrus  ma- 
gique Harris,  B,  3;  Papyrus  S allier  /,  IX,  3;  Papyrus  judiciaire  (le 
Turin,  etc. 

2.  Inscription  de  Rosette,  1.  27,  et  grec,  1.  ô2. 

3.  Recueil  de  Travaux,  II,  1880.  p.  109_eUll. 

1.  La  stèle  du  roi  Piânkhi  dit  aussi  : Z Z 

« Hermopolis  était  au  pouvoir  des  ennemis.  » 

5.  Stèle  de  Piânkhi,  1.  5,  7.  9 31,  91. 


E=:kLM 


303 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 

est  le  copte  ov&n,  terra  aggesta,  agger, 

Ce  mot  remonte  à une  haute  antiquité  : sous  la  forme 
011  trouve  dans  l’inscription  d’Ouna'. 

O 

En  adoptant  l’ordre  des  phrases  du  texte  démotique*,  on 
aura  la  rédaction  suivante  : 


WMiPJ 


g.  o 

i i i i 


CS  <j  ' 

© WMV 

g i 


in  p n □ n ^ oi*  • — „ / 
n D| * r x „ i i s 


U^ll 

: - 8 


kPJwO-r^üiJi 


/WWNA 

I I I 


™ i;  n 

w ro  JJ  j l 


_ Il 


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I J\ 

© ra 


M 


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i i i Jÿ^O 


fcfî  j o 
A I I 


© 


mnn 


Pour  la  phrase  suivante,  le  texte  hiéroglyphique  de  Da- 
manhour  (1.  20-21)  et  le  démotique  concordent,  tout  en 
différant  du  grec  : 


ô x 

o L=ü 


/WWNA 


AA/WNA 

/WWV\ 

/WNAAA 


I I I 


«Il  endigua  les  canaux3  leurs  bouches  toutes 
(Il  endigua  toutes  les  bouches  des  canaux) 


AA/WW 


-<2- 


o W A 
qui  allaient 


vers 


1.  De  Rougé,  Les  six  premières  dynasties,  pl.  XII,  1.  24. 

2.  Selon  l’observation,  ci-dessus,  p.  300. 

3.  Expression  très  usitée;  cf.  Annales  de  Thotmès  Ilf , 4,  22;  Cam- 
pagne de  Piànkhi,  1.  16;  cf.  37;  Papyrus  de  Turin,  48  (apud  Chabas, 
Mélanges,  IV,  57);  Annales  de  Ramsès  III , 78,  10,  etc. 


ZJ  O -c^  i » i 

4.  Dans  les  textes  on  oppose  souvent  . , à . Cf.  précisément 


i i i 


Q i i n □ a xi  o 7 n „ . 

1 expression  i i l A (Canope,  1.  5). 

C W — 3 I <=>  I 1 Ci  U X I I I 

X „ -<2>- 

5.  O (Dam.).  Les  deux  barres  parallèles  mal  placées 


ili 


304 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


wewi  ^ ? 

» cette  ville.  Ne  fut  pas  fait  pareillement  par  les  rois  anciens’  à 


» (ce  qu’)il  a fait2.  » 


Ce  qui  précédait  correspondait  aux  lignes  22-24  du  grec; 

c ^ /WWV\ 

la  phrase  ^ ^ r ^ , etc.,  traduit  la  ligne  25,  tyu piôaa;  ti 
'r-'jija-a  tüjv  -o-ajjôjv.  L’allusion  aux  rois  anciens  n’existe  pas 
dans  le  grec. 

Vient  ensuite  ; 


iTriteTç 


^opTjY^ffaç  eîç  aù-cà  ^pr) ptaxtov  irXïjOoç  où/.  6X!yov,  xaî  xa-aaTïjaa; 
vî  xat  'Kïto'jç  Tîpà;  xr,  cpuXaXQ  aùvwv,  x.v.  X. 


En  comparant  avec  plusieurs  autres  passages,  on  restitue 
facilement  : 


/www 

I I I 


« 11  dépensa  beaucoup  d'argent  pour  eux.  » 

□ 


M.  Bouriant  corrige  la  fin  en 


et  traduit 


ici,  ou  elles  coupent  le  mot  en  deux,  ne  peuvent  qu’être  rejetées  après 
lui,  et  devenir  /wwv\  « les  canaux  » (ne  iaru  du  texte  démotique). 

CZ5  AA/VSAA 

1.  i w , «les  choses»  (M.  Bouriant);  le  démotique  dit  : na  sutcniu 

i i i 

hàtu  « les  rois  antérieurs  ».  Cette  expression  est  bien  connue  dans  les 
textes;  cf.  Stèle  de  San,  1.  8. 

— <o-  -<s>-  n g n n i ° ® ^ <==>  T 

- -mi:, , ..^■i§je 


Q W A 
restitue 

rien  supprimer 


AAAAAA 

I II  i 


(j^/,  n’admettant  pas  que  là  plus  qu’ailleurs  il  soit  permis  de 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


305 


■rcpoç  v ô tpuXaxri  aùxwv,  mot  à mot  surveillant  (?)  ce  lieu.  Je  ne 
puis  adopter  son  opinion.  *j~p|  ^ \ 5 vient  avant  J ^ 

a le  roi  prit  la  ville  »,  comme,  dans  le  démotique,  (j 

i T i (<  011  ^es  0CCllPa  0CS  canaux)  » vient  avant 

a 1 JLJlà  Dn  “ le  roi  prit  Ia  ville  »•  D’autre  part' 
le  texte  de  Daman  îour  ne  mentionne  pas  l’inondation  du 

Nil,  qui,  d’après  le  texte  grec,  aida  à la  prise  de  la  ville.  J’en 
conclus  à l’existence  d’une  nouvelle  lacune,  dont  le  texte  se 


terminait  par 


i « on  s’en  empara  » ; d’où  résulte 


la  nécessité  de  restituer  ce  qui  a rapport  à l’inondation  de 

l’an  VIII. 

A cause  de  la  conformité  du  texte  de  Damanhour  et  du 
texte  démotique  de  Rosette,  constatée  ici  pour  la  seconde 
fois,  au  lieu  du  démotique  : « il  amena  gens,  hommes  de 
» pied  et  chevaux,  à l’endroit  des  canaux  nommés  pour 
» veiller  sur  eux  de  toute  leur  force,  à cause  des  inondations 
» de  l’eau  qui  étaient  grandes  en  l’année  VIII,  lesquels 
» canaux  nommés,  ceux  qui  font  aller  l’eau  dans  les  plaines 
» en  quantité,  on  occupa  eux  »,  nous  dirons  : 


a m i' 


l'kl’k** 


« Fit  aller  Sa  Majesté  ses  troupes  de  pied, 
K.a:.  '/.axaaxrj aaç  txsÇo'jç  xe 


sa  cavalerie  vers 

■/.a'.  IttttsIç 


/WWAA 

AAAAAA 

/WWW 


§ 


b les  canaux  pour 

irpoç  xrj  (fi/Xaxrj 


/WWW  ()  | 

I I I /WWW  I 

veiller 


» 


sur  eux  extrêmement; 
aù  x&v 


or  donc 

XOÙ  Xî 


» étant 


□ eee 
un  Nil 


grand 


Qllll 

oim 

l’an  VIII, 


A/WWA 

/WWW 

/VWWv 

les  canaux 


NeîXo'j  xrjv  àvâoxac/  uîyiX'rjv  itonr)aa[i.svoii  iv  xw  ôvoôip  sxït, 

Bibl.  ÉGYPT.,  T.  XV. 


20 


306 


LH  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


■-e- 


I IM  Q \\  A 

» toutes  leurs  bouches  qui  vont 
xa;  Etfhafjdvou  xacxaxXûÇstv 


(2 


Arww\ 

I I I 


I I I /WW\A  I 

dans  la  plaine,  on  s’empara  d’elles.  » 
rà  — Eoia,  xatlayev  IxiroXXwv  xôirwv,... 


C’est  le  texte  de  Canope  qui  m’a  fourni  la  traduction  de  ce 
passage.  A l’inverse  de  ce  qui  arriva  en  l’an  VIII  d’Épi- 
pliane,  une  inondation  sous  le  règne  d’Évergète  fut  insuf- 
fisante, ce  que  la  rédaction  du  décret  (1.  7)  exprime  par  : 


» donc  advint  une  année  de  Nil  petit  en  leur  temps.  » 


Nous  arrivons  à une  phrase  très  maltraitée  encore,  et  que 
M.  Bouriant  a restituée  en  partie  exactement  : 


lire 


m 

îvî: 


« 

n 


^ n 

AAAAAA 


£_X  q— j /W 

A/WW\  0 


dQ  W 


_û 


A/WVAA 

Jj  O W l i I 


O 


A 

«Prit  S.  M.  cette  ville  de  force  de  leurs  mains  en  peu  de  temps.  » 
x/;V  xe  7toX tv  eTXev  xaxà  xpâxoç  èv  6X!yuj  ^povip. 


Ici  s’arrête  ce  qui  a rapport  au  siège  de  la  ville  : ce  qui 
suit  fait  allusion  au  châtiment  des  chefs  des  rebelles. 

La  nécessité  d’une  restitution  en  cet  endroit  s’imposait 
d’elle-même,  car  il  était  impossible  que  le  texte  hiérogly- 
phique eût  supprimé  le  récit  du  siège  de  Lycopolis,  ou  l’eût 
au  moins  fortement  et  maladroitement  abrégé.  La  simili- 
tude bien  constatée  jusqu’ici  entre  le  texte  grec;  le  démo- 
tique et  le  texte  hiéroglyphique  fournit  une  trop  forte  pré- 
somption qu’une  pareille  omission  ne  devait  pas  exister. 
Mais,  bien  plus,  les  débris  de  phrases  conservés  sur  le 
monument  prouvent  que  cet  épisode  du  règne  d’Épiphane 
était  mentionné  dans  le  décret  hiéroglyphique.  Le  récit 
commence  par  : « Sa  Majesté  s’avança  vers  [Lycopolis]  dans 
» [le  nome  Busirite],  elle  était »;  puis  manque  tout  ce 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


307 


qui  répondrait  à la  22e  ligne  et  au  commencement  de  la  23°, 
et  le  texte  reprend  seulement  à ce  qui  correspond  à la  lin 
de  cette  dernière  ligne.  Or,  on  comprend  très  bien  comment 
l’omission  s’est  produite  : de  même  qu’aux  lignes  11  et  12  la 

présence  du  mot  , superposé  à lui-même  dans  deux 

lignes  qui  se  suivent,  a fait  sauter  au  graveur  la  fin  de 
la  11°  et  le  commencement  de  la  12°,  de  même  ici  la  répé- 
tition du  mot  [Mj  QÙ!\>  au  milicu  et  à la  (in  de  la  13°,  lui 
a fait  omettre  une  demi-ligne.  L’omission  se  comprendra 
encore  plus  facilement  si  l’on  retranche  les  mots 


de  ma  restitution3,  en  les  remplaçant  par  <>  i après 


|W]  ^ , 

, et  si  l’on  fait  passer  au  commencement  de  la  14® 

O I a <<3.  /" 

les  mots  i que  j’ai  placés  à la  lin  de  la  13"  ligne.  De 

cette  façon,  on  aura  I i répété  deux  fois  dans 

la  même  ligne,  ce  qui  expliquera  encore  mieux  l’erreur  du 
graveur.  Pour  la  troisième  lacune,  qui  s’explique  moins 
aisément,  on  peut  cependant  encore  conjecturer  qu’elle  a 

/VWWv  < H— 

a été  amenée  par  la  répétition  de  ***  à la  14e  ligne 


et  à la  15e. 

Ces  observations  sur  cette  triple  lacune  montrent  bien  la 
justesse  de  nos  conjectures  sur  la  longueur  des  lignes  de  la 
pierre  de  Rosette  et  la  répartition  du  texte  de  Damanhour 
en  seize  lignes. 

Les  deux  premières  lacunes  ne  se  seraient  pas  produites 
si  le  mot  aÎ  n’avait  pas  été  répété  à la  même  place 
dans  deux  lignes  subséquentes  et  SH  J ne  s était  pas 
trouvé  précisément  au  milieu  et  à la  fin  de  la  13e  ligne. 

Quant  aux  expressions  employées  dans  ma  restitution, 
elles  n’ont  rien  d’absolument  sûr.  11  est  impossible  de  choisir 


1.  [R.,  1.  11-12  = D.,  1.  13.  Ci-dessus,  p.  287.] 

2.  [Ci-dessus,  p.  296.] 


308 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


d’une  manière  certaine  entre  les  synonymes  qui  peuvent 
traduire  les  mots  grecs,  ni  entre  les  tournures  de  phrases 
qui  rendent  le  mieux  en  égyptien  les  phrases  grecques.  Si 
nous  avions  une  inscription  bilingue  sur  le  siège  de  Metz 
en  1870,  et  que  la  partie  française  fût  en  partie  perdue,  il 
serait  impossible  de  décider  si  le  mot  latin  calamitas  y au- 
rait été  rendu  par  calamité  ou  par  catastrophe,  urbem  par 
cité  ou  par  ville,  qui  sont  à peu  près  de  la  même  longueur. 
Je  me  suis  décidé  sur  les  probabilités. 

La  méthode  que  j’ai  suivie  consiste  à adopter  en  principe 
l’identité  des  trois  textes,  surtout  des  deux  textes  égyptiens 
que  je  pense  être  la  traduction  l'un  de  l’autre1;  à écarter 
les  expressions  qu’on  n’a  rencontrées  jusqu’ici  que  dans  des 
textes  démotiques2;  à y substituer  les  phrases  et  les  termes 
connus  par  les  textes  hiéroglyphiques,  notamment  par  des 
textes  spéciaux,  comme  le  récit  de  la  campagne  de  Piânkhi 
en  Égypte  quand  il  est  question  de  termes  appartenant  à 
l’art  militaire,  et  comme  les  décrets  de  Canope  et  d’Alexan- 
drie quand  il  s’agit  des  formules  de  chancellerie.  Il  me 
semble  que,  guidé  par  ces  considérations,  je  n’ai  pas  dû 
m’écarter  beaucoup  du  vrai  texte  qu’une  heureuse  décou- 
verte mettra  au  jour  peut-être  au  XXe  siècle. 

La  15e  ligne  de  la  pierre  de  Rosette  et  le  récit  de  l’épi- 
sode du  siège  de  Lycopolis  se  terminaient  par  la  mention 
du  châtiment  des  chefs  du  soulèvement  national  contre  les 
rois  grecs  : 


Dam.  : 


AAAAAA 


<2>- 

/WWSA 


AAA/WS 

I 9 I 


lire  : 


« Il  fit  faire  frapper  les  impies  étant  en  son  intérieur;  il  fit  eux 
K ai  oié<fOeipev  xoùç  àa-sêîlç  uavxaç  èv  aùvr\,  . . . . 


1 . Voir  p.  300  et  303. 

2.  Voir  p.  301. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


309 


» eu  anéantissement  grand,  comme  lirent  i'hot  et  llor  lils  d lsis 


. /. aOâ~ p lyEipioa’avTO  'EojjiJ^ç1  '/.ai  Üpoî,  6 xï,  î I jioo; 


» lils  d'Osiris 
xal  ’ÜTtpiooç  ôtôî, 


V m 

il  ceux  qui  liront  impiété  contre  eux 
to'jç  àTro<ruavxac; 


$ 


i i i 


dans 

SV 


| I □ £S 

Jno  i 

» lesdits  lieux  primitivement.  » 
toÏî  aùxoTç  xôitotç  Tcpôxepov. 


Le  texte  de  Damanhour,  après  / JJ  ^ , porte  ^ j~l Jj 

que  M.  Bouriant  traduit  « en  rébellion  ».  Je  vois  dans  " 
une  altération  d primitivement1 2 3  (^^===^du  texte  dé- 
motique), et  de  |1J  je  fais  le  sujet  de  la  phrase  sui- 
vante comme  dans  le  démotique. 

[§  20.  R.,  1.  16;  D.,  1.  22-23.]  — Ici  commence  la  partie 
conservée  de  l’inscription  hiéroglyphique  de  Rosette.  Nous 
devrions  donc,  à partir  de  la  16e  ligne,  avoir  deux  textes 
qui  pourraient  combler  les  lacunes  l’un  de  l’autre.  J’ai  dit 
plus  haut  que  le  texte  de  Damanhour  complétait  tout  l’es- 
pace entre  la  16"  ligne  et  la  17e  de  Rosette;  il  comble  aussi 
une  partie  de  la  lacune  entre  la  15°  et  la  16e.  Malheureuse- 

1.  Le  texte  de  Damanhour  confirme  la  restitution,  dans  le  grec,  de 
xaôaTtep  'Epp.^;.  Il  est  singulier  que  le  démotique  dise  : « Comme  l’action 
» de  faire  du  Soleil  et  d’Horus  » r ma  p ar  n p Râ  au  Hor. 

2.  M.  Bouriant  restitue  ces  deux  mots. 

3.  Cf.  p.  268-269. 


310 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


ment,  hors  ces  deux  passages,  toutes  les  lacunes  de  Rosette 
existent  aussi  dans  Damanhour.  Il  y aura  donc  encore  dans 
Rosette,  à chaque  extrémité  des  lignes,  de  longues  lacunes 
à combler. 

Je  rappelle  aussi  qu’à  partir  d’ici,  le  graveur  de  Daman- 
hour a fait  de  larges  omissions. 

To  jç  [V]  àcp^YTjtrajjiÉvo’Jî  tîôv  àiroa'TàvTüJV  è~ï  toô  tauTOÙ  T:axoo;  xa:  tt,v 
^t&pav  Èvo^X^aavTaç  xa'  Ta  lepi  àStxr'aavTaç,  TTapaYevojjtlvoç  elç  Mépç-tv  x.t.X. 

Ceci  est  traduit  dans  la  rédaction  démotique  par  : 

Na  seba  au  ar  tutu  s'esu,  au-u  s'opr  hât  r to/.te/. 

NA  TOS'U-U,  AU  U QEMA  R NA  RPIU,  A-UU  P BOL  P MIT  N 
SUTEN  AU  PF  AT,  TI-U  NA  NTERU  ARF  AR  SE/J  AM  U (n) 

Mennofi.  (Rosette,  texte  démotique,  1.  16.) 

« Les  impies  qui  avaient  rassemblé  des  troupes  étant  en  tête  pour  trou- 
» blcr  les  nomes,  pour  nuire  aux  temples,  étant  en  dehors  du  chemin  du 
» roi  et  de  son  père,  les  dieux  donnèrent  qu’il  fit  faire  exécution  parmi  eux 
» à Memphis.  » 


mm 

1.  22-23). 


(Damanhour, 


V?  A I U I 

ira.  i m © m Jn 


'waaa  ^ 'v  'v  fJÊÊk  (Rosette,  1.  16). 

I I I J±^  HXSS 


Au  texte  de  Rosette,  il  manque  le  quart  de  la  ligne  au 
commencement,  la  moitié  à la  lin.  Dans  celui  de  Daman- 
hour, il  y a,  au  commencement  de  la  ligne  23,  une  lacune, 
car  les  premiers  mots  rappellent  « la  prise  de  la  royauté  », 
dont  les  autres  textes  ne  font  mention  qua  la  suite  des 
passages  que  j’ai  cités. 

Voyons  ce  qu’on  peut  tirer  des  fragments  hiérogly- 
phiques. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


311 


M.  Bouriant  en  fait  : 


U ...en  rébellion; 


! âa 


I I I 


A 

A/W\AA 

I I I 


quant  à ceux  qui  s étaient  mi  s chefs  pour  les  conduire 


» sous  son  père  et  qui  acaient  ceæé  le  pays  sans  respecter  les  temples , Sa 


» Majesté  s’étant  rendue  à Memphis,  » etc. 

Je  ne  puis  admettre  les  corrections  de  M.  Bouriant;  et, 
par  suite,  ma  traduction  sera  tout  autre.  Le  texte  est  par- 
faitement exact,  selon  moi.  J’ai  déjà  dit  ce  que  je  pensais 

de  *1  PJj  jjjj'  ((  en  rébellion  » ; et,  sans  rien  changer  au  texte, 
tel  qu’il  est  donné  par  la  stèle  de  Rosette,  je  traduis  : 

« Quant  aux  impies  qui  avaient  rassemblé  des  troupes  et  qui,  étant  à 
» lotir  tête,  avaient  troublé  les  nomes  et  violé  les  temples...  » 

Voici  comment  je  crois  pouvoir  justifier  ma  manière  de 
voir.  La  question  a son  importance. 

1°  L’emploi  de  ^ dans  la  phrase  « à ceux  qui  firent  im- 
» piété  contre  eux  en  ce  lieu,  en  rébellion  »,  avec  ce  sens, 
n’est  justifié  par  aucun  texte. 

2°  Cette  traduction  ne  tient  pas  compte  de  l’adverbe 
-vkcpov,  rendu  par  ° ÎTiitio  ou  antea. 

3°  ^ |l  ] du  texte  démotique  disparait  aussi. 

4"  Je  ne  saisis  pas  comment  peut  signifier  se 

.ai  ^ o l 1 ° 

mettre,  ni  O I m en  être  le  complément;  oi  veut  avant  lui 

un  nom. 

5°  La  pierre  de  Rosette  a et  non  j^j.  Ce  seraient  de 
suite  trois  fautes  dans  le  genre  de  celles  que  Damanhour 
commet  à chaque  mot;  mais  la  pierre  de  Rosette  est  trop 
correcte  pour  qu’on  y suppose  ainsi  des  fautes  répétées.  On 


312 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


ne  doit  certainement  pas  lui  appliquer  les  mêmes  procédés 

de  correction  qu'à  la  stèle  de  Damanhour. 

/ 

6°  M.  Bouriant  supprime 

n 


7°  Il  transforme 


’ AWA*  à leur  tête. 

Mil 

(3 

J\  conduire, 


J\  en  p. 


que  je  ne  connais  pas  sous  cette  forme.  Il  faudrait  au  moins 
P • M.  Bouriant  a été  conduit  à ce  changement 

par  la  nécessité  de  traduire  à^Yrujanévou;. 

Pour  moi,  j’estime  que  le  texte  de  Rosette  est  absolument 
correct,  et  se  traduit  aisément.  La  justice  veut  ici  que,  à 
la  décharge  de  M.  Bouriant,  dont  j’ai  eu  maintes  fois  occa- 
sion de  louer  la  perspicacité,  je  rappelle  qu’il  n’avait  pas 
sous  les  yeux  le  texte  démotique,  et  que,  pressé  de  livrer  à 
ses  confrères  le  texte  nouvellement  découvert,  il  n’avait  pas 
acquis  par  une  étude  approfondie  la  conviction  de  l’identitc 
des  deux  textes  hiéroglyphique  et  démotique.  M.  Bouriant 
me  pardonnera  si,  pour  la  facilité  de  ma  démonstration,  j'ai 
quelquefois  eu  l’air  de  le  prendre  à partie.  Je  pense  ne 
l’avoir  fait  qu’en  termes  qui  marquent  mon  estime.  Je  ne 
suis  pas  de  ceux  qui  aiment  à injurier  les  auteurs  avec  qui 
ils  ne  sont  pas  d’accord. 

Le  pivot  sur  lequel  j’appuie  mon  interprétation  est  le 
mot  démotique  na.  sebau,  les  ennemis,  comme  sujet  de 
la  phrase  correspondant  au  fragment  de  la  première  (16*') 
ligne  de  Rosette.  Je  le  retrouve  dans  de  Damanhour, 

et  dans  ^ je  vois  une  de  ces  méprises  ordinaires  à Daman- 
hour, la  tête  humaine  § mise  à la  place  de  la  tête  de  veau  à? 
pour  répondre  à l’adverbe  npoiepov, 


La  tournure 


= PJ 


fl 


« quant  aux  impies 


1.  Il  est  fort  possible  que  la  même  substitution  existe  à la  ligne  10 

de  la  stèle  de  Damanhour,  dans  ^ que  j’ai  supposé  l’équi- 

1 1 W 


de  la  ligne  13. 


AMMA 


LE  DECHET  DE  MEMPHIS 


313 


» qui  avaient  rassemblé...  »,  est  très  égyptienne.  On  la 
retrouve,  par  exemple,  à la  ligne  5 du  décret  de  Canope  : 

il  y est  dit  d’Évergète  et  de  sa  femme  : HH  OS/  I P * ’Hh' 


,9 


I X 1 


. . « Ils  furent  alors  donc  à penser  à . . . ».  A la 
*]  P se  trouve  à la  fois  au  commencement  et 


ligne  7, 

après  le  second  mot  de  deux  phrases  qui  se  suivent  : 


I 


-r 


AAiWAA^  [_] 


ü /WW\A  (p 


« Or  donc  étant  survenue  une  année  de  Nil  petit  en 


O 

leur  temps 


V 


O II  =j  AAAAAA  q 

1 W ; 


i 


» furent  les  vivants  tous  de  l’Égypte  leur  cœur  affligé  du  devenir  certes 


» en  (telle)  conjoncture.  » 


A la  ligne  22,  on  lit  de  même  : 


AA/WVX 

O \\ 


f: 


a en  §nn 

ti;nn 

AAAAAA  iQ  I O Ülnn 


« puisqu'il  y a certes  que  est 


l’année  de  jours  360  ». 


Ces  exemples  suffisent  pour  conclure  que  c’est  légitime- 
ment que  je  coupe  la  phrase  avant  [1  il  Khu. 

=(__  ^ ^ I -21  \erj  I 

r (Dam.),  -ppl  (Ros.),  ne  peut  signifier  se 
mettre.  Il  est  rare.  Il  faut  le  lire  ZDB  ^ /],  et  on  ne 


peut  le  comparer  qu’à 


grappe ',  et  à 


;a 


touffe,  botte, 


x> 


monceau,  tas*,  en  copte  •s.^tcul, 


1.  Papyrus  Anastasi  III,  IV,  14,  16;  Recette  du  kyphi. 

2.  Pierret,  Dictionnaire , p.  730. 


314 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


acerous.  Comme  verbe,  il  ne  peut  signifier  que  t'assembler , 
réunir.  Le  sens  ne  saurait  être  douteux,  car  le  démotique 
traduit  par  na  sebau  au  ar  tutu  (copte  totwt)  s‘esu,  au-u 
~/ope  ha-u,  « les  impies  qui  avaient  rassemblé  des  troupes 
» et  étaient  à leur  tête’  pour  troubler,  » etc. 

Damanhour  donne  ensuite  G'|jjjj’  niais  Rosette  a la 
bonne  leçon  ($|  fil  S‘eS  troupes écrit  ]f  i ^ j aux  lignes  7 
et  14  (=  11  et  21  de  Damanhour).  C’est  le  mot  que  j’ai  ren- 
contré sur  un  monument  de  la  collection  Desnoyers3  (aujour- 
d'hui au  Musée  d’Orléans)  , et  que  j’ai  traduit  par  « chef 
» de  la  garde-robe  ». 


Les  mots 


AAAAAA 

I 


I M/W\A 


se  traduisent  facilement  par 


« qui  étaient  à leur  tête  ». 

Cette  périphrase  : « Les  impies  qui  avaient  rassemblé  des 

troupes,  étant  à leur  tête »,  rend  bien,  quoique  un  peu 

longuement,  to'jç  x’  à!prlYï}<TatjLlvo’Jî  xüv  ànosrxàvTiov. 

Les  Egyptiens  ne  disent  pas  simplement  « les  chefs  de  tel 
peuple  »,  mais  « telles  gens  et  les  chefs  qui  les  com- 


f\y\yi 

mandent  » ; exemple  : 

r |W1 


. c5=Êv 


■ 


/WWW 

I I 


(Canope,  1.  7).  Le  décret  de  Memphis  emploie  donc  ici  une 


tournure  analogue. 


|l  J\  a pour  correspondant,  dans  le  texte  démotique,  le 
mot  pd/.d/.,  que  nous  avons  déjà  rencontré  plus  haut  [§  16, 
p.  289]  pour  désigner  la  révolution  (dans  le  grec  xapa ■pi)k  qui 


1.  Et  non  « étant  origine  pour  troubler  les  nomes  » de  M.  Revillout. 

2.  Chabas,  n’ayant  pas  reconnu  le  verbe  . , corrige  $1  en 

V7  V L A 

Ü3  I,  et  fait  par  conséquent  un  premier  contresens,  p.  17. 

3.  A.  Baillet,  Collection  Desnoyers,  p.  33,  n°  6 [voir  ci-après].  Cf. 


cependant  le  titre  3 JJ  & l’audit  eut'  cl  ex  comptes  ou 


le  domestique  du  vestiaire , du  Papyrus  Mayer  B.  Sur  la  prononciation 
S‘eS,  voir  Brugsch,  Zeitschrift , 1880,  p.  8. 

4.  C’est  le  mot  officiel.  Cf.  les  papyrus  grecs. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


315 


priva  Épiphane  du  gouvernement  de  la  Haute-Égypte  pen- 
dant près  de  vingt  ans.  Nous  sommes  à la  27"  ligne  du  texte 
grec,  mais  le  mot  correspondant  à sedem  a perdu  six  lettres 
E antas.  Letronne  avait  adopté  par  compa- 

raison avec  la  phrase  IvityXouv  -à;  tôXeiç  h nsXoTtowr'Tw’. 

Il  n’y  a pas  d’autres  exemples  de  ce  mot.  Cependant,  je 
crois  que  c’est  le  même  qui  a été  étudié  par  M.  Bergmann  * 

dans  cette  phrase  : ^ www  /..p  « es 


n verkehrt  den  Weg  fur  Apophis3  »;  0 

^ s>  /r\  n t\  <\  k n c — I aa/w\a  -Air ^ -ürv^  dJ  O 

« es  verkehrt  Isis  die  Wege 


» vor  jenen  Bôsen  in  der  Richtung  gegen  Abydos'  ». 

Le  Shâ  amu  Duat  m’en  fournirait  une  autre  variante. 
Il  y est  dit  : « Et  ce  dieu  accomplit  ses  transformations 

7TÀZ 

» pour  infester  la  route,  pour  Apophis,  par  les  incantations 
» d’Isis1 2 3 4  5 » . Et  plus  loin  : « Ce  grand  dieu  ne  monte  pas  sur 

» lui,  (car)  . _ n|nj|  il  m- 


A/WWN  /WWV\ 


□ N 


» c/esfeson  chemin  dont  l’entrée  est  à la  retraite  d’Osiris6.  » 
Je  pense  que  ['gA.  f%^A  et  [ sont 

trois  formes  du  même  radical7,  et  signifient  « troubler,  in- 


1.  Isocrat.,  Ad  Philipp.,  §21.  Cf.  Letronne,  Inscriptions  d’Égi/pte, 

I,  p.  293. 

2.  Recueil  de  Travaux,  1885,  p.  158. 

3.  Sarcophage  de  Nes-Shu-Tefnout.  — Tombeau  de  Patu-Amen-ap. 

4.  Ne  ta  n seyji  Asiri,  1.  22-23.  — « Isis  retourne  par  les  chemins 
» d’avant  l’acte  funeste  (?)  vers  Abydos.  » (Pierret,  Études  ègypt.,  1873, 
p.  34.)  M.  Pierret  ne  maintiendrait  pas  sans  aucun  doute  cette  tra- 
duction. 

5.  « Pour  monter  la  route  vers  Apophis  par  les  influences  d’Isis.  » 
(Pierret,  Études  ègypt.,  p.  113.) 

6.  « Ne  monte  pas  ce  dieu  grand  sur  lui;  il  parcourt  sa  route  dont 
l’entrée  est  à la  retraite  d’Osiris.  » (Pierret,  Études  ègypt.,  p.  114.) 

7.  [Cf.  ( /V  ou  J\  « s’égarer  ». 

A/WVNA  il 


316 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


j ester  des  chemins,  les  nomes,  » etc.  Cf.  peut-être  le  copte 


UJTA.AA,  ujTexi,  obturare. 


Tà  kpà  àStvo'ffavraç  est  traduit  par  ^jjx  ^ ^ par 

au  u kma  r na  ca'piu  « et  qui  violaient  les  temples’  » dans 
le  texte  démotique. 


même  signification  que  j’ai 


Je  donne 


adoptée  au  commencement  de  la  ligne  14  (Dam.,  1.  20). 

On  peut  ici  saisir  sur  le  fait  une  habitude  des  traducteurs 
égyptiens.  Lorsqu’ils  ont  à transcrire  du  démotique  en 
langue  sacrée,  ou  réciproquement,  un  texte  donné,  ils  affec- 
tent de  remplacer  les  mots  par  leurs  synonymes,  ainsi  ici  : 


» en  dehors  ». 

Cette  méthode  est  surtout  frappante  au  Rituel  de  Parnont 
(en  écriture  démotique)  : tous  les  mots  sont  ainsi  traduits 
de  ceux  du  Rituel  hiéroglyphique,  même  quand  ils  sont 
d’un  usage  usuel  dans  les  deux  idiomes  et  souvent  repro- 
duits à la  page  suivante. 

Après  ces  phrases  incidentes,  le  grec  ajoute  : èirî  toS  sau-coù 
TOxxpôç,  qui  ne  se  trouve  pas  mot  à mot  au  démotique,  mais 
y est  remplacé  par  une  périphrase  bien  connue  : au-u  p bol 
p mit  n suten  au  pef  at  « qui  étaient  en  dehors  du  chemin 

1.  M.  Brugsch  ( Inscriptio  Rosettana,  1ÎS51)  a traduit  ce  commen- 
cement : « Eccc  etiam  (?) milites  qui  fuerunt  in  domibus  (Cil  au 

lieu  de  i®l)  eorum,  incedcrunt  in  regiones , [violantes]  dicina  templa.  » 
Cette  traduction  du  Décret  de  Memphis,  remarquable  en  son  temps, 
est  aujourd’hui  trop  arriérée  pour  qu’il  soit  utile  de  la  citer  à chaque 
pas  et  de  la  rectifier.  Celles  de  M.  Chabas  et  de  M.  Revillout,  qui 
peuvent  être  consultées  avec  fruit,  demandent  qu’on  en  rectifie  les 
•rreurs. 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


317 


du  roi  et  de  son  père  »,  ce  qu’on  traduit  facilement  en  langue 
sacrée  par  : 


AAMM 
A/VWVN  . . . 
A/WVNA  I • I 


J 


, /www  <> 

I I I 

-----  I A 


« (et)  qui  étaient  en  dehors 


O ^ III  I A 

des  chemins  de  S.  M.  et  de  son  père  ». 


Enfin,  cette  longue  phrase  se  termine  par  : 

TIU  NA  NTRU  ARF  AR  SE/„I  AM  U N MeNNOFI 
« donnèrent  les  dieux  qu'il  renversât  eux  à Memphis  » 

011  en  hiér°eiypl‘es  ■ 

On  rejoint  ainsi  un  fragment  de  Damanhour,  qui,  lui- 
même,  aboutit  au  fragment  de  la  seconde  (17e)  ligne  de  la 
pierre  de  Rosette  : 


Damanhour 


U.  Bouriant  : x 

o iw  □ U' 

« ...  la  fête  du  jour  de  la  prise  de  la  royauté  des  mains  de  son  père;  de  plus... 


1 


s A 


A ug.  B aille  t =f  ^ x — 1 

J _É^/wvw,Ô©0  I □ 

« ...  à Memphis,  en  la  fête,  il  reçut  la  royauté  de  son  père  en  elle  » 
(en  la  fête  dans  laquelle  il  reçut  de  son  père  la  royauté). 

Rosette,  texte  démotique,  1.  l(j  : Mennofi,  /.un  p hib  n p 

S‘OP  TA  AAU  HER  R AR  F RTOT  PEF  AT 

« ii  Memphis,  dans  la  fête  de  la  prise  de  l'autorité  suprême  qu’il 
» ht  de  la  main  de  son  père  ». 

Rosette,  texte  grec,  1.  28  : Ka8’  ôv  xatpov  TOxpsYSVv(07]  npoi;  xo  aovxe- 

XsuSTjvai  xà  TïpoaVjXovxa  vopiipia  xq  TrapaXç^et  X7)ç  paa-iXsîaç. 


Si  l’on  compare  ces  testes,  il  me  semble  qu’on  doit  re- 
connaître, dans  la  restitution  faite  par  M.  Bouriant,  plu- 
sieurs inexactitudes. 


318 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


1° 


correspond  à comme  à la  ligne  18  où  se  ren- 


contre à peu  près  la  même  phrase,  et  comme  dans  le  démo- 
tique ^ | . 2°  Il  faut  traduire  simplement 

dans  la  J'ête  et  non  dans  lajête  du  jour,  — poç  -ïv/jooiv 
-t(î  TapxXr't^swç  ~.7^  {üaaiXeîaç r(v  racpiXaêev  Txpà  toù  -rca-roo;;  ocjtoü 

(Rosette,  1.  7).  3°  Avant  ces  mots,  il  faut  ^ t~*~!  ^ 


□ 


,com  me 
il  n’y  a aucun 


dans  le  démotique1 2.  4°  Entre  et 
intervalle.  5°  Au  contraire,  il  y a des  signes  effacés  entre 
et  ^ (j(j,  et  l’on  doit  y restituer  dans  la 

fêle  (où)  il  reçut  la  royauté.  6°  Il  n’y  a aucune  trace  de 
, que  du  reste  M.  Bouriant  ne  propose  que  cou- 


«VIII 

jecturalement.  7°  Au  contraire,  la  construction  de  la  phrase 
dans  la  fête  il  reçut  la  royauté  appelle  nécessairement 

vrlV  | 

l’adverbe  où,  dans  laquelle , qui  se  rend  par  . i 

— H /WWA  I 

rejeté  à la  fin  de  la  phrase  : or,  le  dessin  de  en  lui , se 

Q i 

compte  des  traces  ^ . 

C’est  donc  sans  hésitation  que  j’écris  la  restitution  : 


rapportant  à qui  est  du  genre  masculin,  rend  bien 


* x 


'©O  I □ 


Dans  le  texte  démotique  suit  une  petite  phrase  : 


« U fit  punir,  eux  selon  l'usage  » 


qui  semble  une  répétition  inutile.  En  vertu  de  la  similitude 
des  deux  textes,  on  pourrait  croire  qu’elle  doit  figurer  dans 


1 . Voir  p.  300,  303,  conformité  des  deux  textes. 

2.  P - des  textes  hiéroglyphiques. 


A 


LE  DECHET  DE  MEMPHIS 


319 


l’hiéroglyphique;  mais  je  ne  sais  comment  la  rapprocher 

de  .^Ln  , qui  se  trouve  en  cet  endroit  de  Damanhour. 

i o i ^ 

Faut-il  voir  dans  ces  deux  groupes  un  nouvel  exemple  des 
inadvertances  du  graveur  qui  avait  commencé  trop  tôt  à 
écrire  la  formule  finale  de  la  phrase  qui  va  suivre?  Cepen- 
dant, elle  allongerait  trop  le  texte  pour  qu’il  pût  tenir  dans 
la  lacune  de  Rosette,  et  elle  est  tellement  inutile,  que  je 
crois  devoir  m’en  tenir  au  contenu  du  texte  de  Damanhour. 


[§21.  R.,  1.  16-17;  D.,  1.  23.]  — Après  la  mention  du  sup- 
plice des  chefs  rebelles,  les  textes,  parfaitement  d’accord, 
passent  à la  mention  d’une  remise  d’impôts  : 


Dam.,  1.  23 


D 


<=>  I I 

i l l l i i 
III  O 


lire  : 


/L 


O 


l l I 


iSso 

/WW\A 

/W/WW 


n i 

<=>  i i i 

<=  i © 


« Les  possessions  de  Sa  Majesté  étant  dans  les  temples 


JM 

JM 


O I I l 

° i i i 
i i i 

©mi 


/www  I 


444”! 

44+1 


o O 

o O O 


» jusqu'à 


l’an  IX, 


qui  faisaient  quantité 


d’argent  et 


objets. 


/WWW 

Ci 

I I I 


» S.  M.  les  a abandonnées1 2.  » 


Je  ne  vois  pas  d’autre  moyen  de  transcrire  ■— S— ,~)i  Ÿ etc. 

-<27>-  | /wvw\  U /\ 

que  par  — «—  i Y 3 etc.  ; la  phrase  ainsi  rectifiée  répond  bien 

WWWA  I /\ 

à ovta  d;  atxou  xe  x ad  àpyjpiou  oùx  oXîvov. 

1.  M.  Boudant  n'a  pas  essayé  cette  restitution.  — -<s>-  est  le  terme 

usité  pour  marquer  l’égalité.  (Cf.,  à la  première  ligne,  la  traduction  de 
la  date  EavôtxoO  TîxpiSi,  AifJTi-t'iov  6k  M ôy.xov/.atGïxàxir),  et  toutes 

les  pièces  de  comptes.) 

2.  Rosette,  1.  2 = 17,  n'a  que  les  deux  derniers  groupes. 

3.  ^ naît  n’est  pas  à modifier. 


320 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


On  remarque  que  le  texte  grec  dit  : eu>«  wj  e-cou;,  et 
que  le  texte  de  Damanhour  porte  : f Bll,  qui  ne  peut 

r a | | | t I ©;  i i i 

être  restitué  que  \ i i i,  cest-à-dire  l’an  IX;  cette  fois, 
cependant  il  n’y  a pas  faute  du  graveur,  car  le  texte  démo- 
tique porte  aussi  le  chiffre  9 (\^).  Pour  exprimer  « jusqu’à 
» la  fin  de  la  huitième  année  »,  les  Grecs  disaient  I EU JÇ  TO'J 
oyoôù'j  etouî,  c’est-à-dire  « jusqu’à  la  huitième  année  révolue  », 
et  les  Égyptiens  « jusqu’à  la  neuvième  année  non  comprise  ». 

[§  22.  R.,  1.  17;  D.,  1.  23-24.]  — Une  deuxième  exemption 
porte  sur  ce  que  les  temples  redevaient  en  étoffes  : 


R.,  1.  17  : 

« De  même 


étoffes  de 


CM  <= 

^5 


byssus  données 


au 


1 = 

Palais 


iii 

n ni 


» et  dues  par  les  temples 


-e- 

j\ 


U41 


1 1 1 1 ii  1 1 


5 I 


le  complément  de  pièces  d'étoffe 


/vww. 

/www 


I 1 I 


qu'ils 


» jusqu’à » 


Damanhour  vient  heureusement  compléter  Rosette  par  : 


c’est-à-dire  : 


îfe  IJ 


mm 


O O 


« jusqu’à  ce  temps  ». 


Cette  phrase  difficile  a embarrassé  les  commentateurs 
tant  du  grec  que  de  l’égyptien1.  Mon  intention  n’étant  pas 
d’éclaircir  le  texte  du  décret,  je  me  bornerai  à quelques 
observations. 


1.  Voir  le  résumé  des  discussions  dans  Chabas.  o/i.  rit.,  p.  23. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


321 


^ en 


_ 0 1 ^WA^ ...  et  tra- 
nsi-) de  byssus  » (p.  19).  Brugscli’ 


Chabas  change  $ 
duit  « portion1  d'étoile 
avait  la  et  traduit  : pariter  etiarn  a vestibus  e bysso  datis  t7, 
domui  regiœ  a domibus  veritatis.  M.  Picrret3  traduit  "5 
et  s 1 $ par  « étoffe  ».  Le  texte  démotique  dit  : « De  même 
» le  prix  (sun,  corn)  des  byssus  que  redevaient  les  temples  »; 
et  le  grec  : xi?  x-.pà?  xüv  (Ljalvwv  oOovûov.  On  ne  peut  choisir 
qu’entre  les  significations  « étoffe  » ou  « estimation  »,  ou,  en 
parlant  des  étoffes,  « métrage  ». 

I^1^,  cf.  Rosette,  1.  23.  Jj  mis  pour  ^ s’expliquerait  par 
la  forme  hiératique  de  mais  il  me  paraît  douteux  que  le 
texte  de  Damanhour  ait  été  écrit  d’après  un  texte  hiéra- 
tique. Le  démotique,  selon  son  habitude,  remplace  ^ par 
le  synonyme  0 écrit  p ta.  Mais  on  ne  pouvait  restituer 


dans  le  texte  de  Damanhour 


©□ 

I ü' 


Ce  serait  une  ortho- 


graphe qui  ne  concorderait  pas  avec  celle  qui  est  adoptée 
dans  la  stèle.  On  eût  écrit  comme  plus  loin  (Dam., 


on 


proposé 


1.25;  Ros.,  1. 18).  Il  faut  choisir  entre  tçp©  ou 
par  M.  Bouriant. 

La  fin  de  la  phrase,  composée  de  trois  mots  techniques, 
n’est  pas  moins  difficile  à interpréter. 

AAAAAA 

« et  l’échan- 


Chabas  traduit4  : — 


i s 


AAAAAA 

I I I 


» tillonnement  des  pièces  de  leur  fourniture4  ». 

Le  texte  démotique  permet  de  préciser  tout  d’abord  le 
sens  de  clu*  a Paru  embarrassant  à Chabas  : ce  mot  y 
est  rendu  en  effet  par  meh  « remplir,  compléter  » ; c’est  donc 
«le  complément,  le  reliquat  ».  M.  Revillout,  d’accord  avec 


1.  Aucune  racine  n’a  ce  sens. 

2.  Inscriptio  Roscttana. 

3.  Dictionnaire,  p.  692,  715. 

4.  Voir,  dans  Chabas,  Inscription  de  Rosette,  p.  23,  les  diverses  tra- 
ductions proposées  pour  le  grec. 

5.  « dies  et constituta  testes  illis  » (Brugsch). 

21 


Bibl.  ÉGYPT.,  T.  XV. 


322 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


Chabas,  traduit  le  mot  suivant  par  « pièces  d’étoffes  ».  Quant 
au  dernier  <_>  Xe^ô^evov,  qui  paraît  à Chabas  désigner 

a la  livraison,  la  fourniture  d’étoffes  effectuée  »,  il  est  rendu 
dans  le  démotique  par  sar  (^f|  ),  que  M.  Revillout  traduit 
par  « qu’on  a écartées  (ciop)  »,  c’est-à-dire  « qui  n’ont  pas 
» été  fournies  jusqu’en  l’an  IX  ». 

[§  23.  D.,  1.  24;  R.,  1.  17.]  — Damanhour  continue  seul  au 
sujet  d’une  troisième  exemption  : 


D.,  1.24:1V1 2  f)c=-= 

« Voici  qu’il  déchargea 


..«••D  O 

III  I lll 


□J 


l l l 


/‘°D 

I I I 


les  temples  de  la  mesure  de  grains1 


X (2 
csUû 


» exigée  par  sati  de  champ  des  dieux  ; » 


[§  24.  D.,  1.  24-25;  R.,  1.  17-18.] 


« De  même  pour  le  seti  de  leurs  vins  par  champ  de 


» vignes2.  » 


1.  Très  bien  restitué  par  M.  Bouriant,  sauf  (j  qu’il  passe  (cf. 

Ros.,  1.  9-10;  Dam.,  1.  16).  Le  démotique  emploie  p ad  pour  f , s'cti 
X -fl  o 'bilqqa  O 

pour  ' et  ah  p ntr-hotep  pour 
^ b.»  -d 

2.  Restitution  de  M.  Bouriant. 


:?m- 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


323 


[§  25.  R.,  1.  18;  D.,  1.  25-26.]  — Dans  la  phrase  suivante, 
nous  retrouvons,  au  moins  en  partie,  l’accord  des  deux 
textes  : 


Ros.,  1.  18  : 
Doiut,  1.  25 


P 


'WWVA 


i®.~] 

I I I 

des  choses 


nombreuses 


» (et)  Mnévis  et  les  animaux  sacrés  tous, 


pour  Apis 


O 

O 

(les)  honorant 


» plus  que 


AA/WVS 

I I I 


il 


© □ 

i i i 


n’avaient  fait  les  anciens.  » 


Et  le  texte  de  Rosette  continue  : 

« Son  cœur  alla  vers  léur  service  en  tout  temps.  11  donna  toute  chose 
» dont  ils  avaient  besoin  pour  ensevelir  (A'esau)  leurs  corps,  beaucoup,  bcau- 
» coup.  Il  a pris  à sa  charge  leur  entretien  dans  les  temples. . . » 


Damanliour,  dont  le  texte  correspondant  est  criblé  de 
fautes,  nous  donne  la  suite  : 


« ...  en  panégyries  grandes,  plaçant  des  autels  répandant 


» des  libations  auparavant.  » 


Ici  encore  je  change  O I en  <£?\  « auparavant  »,  qui  est  tra- 
duit dans  le  démotique  par 


>,  et  je  rejette 


« en  leur  honneur  » de  M.  Bouriant.  Damanliour  porte 
P 0 11  r /VVVNAA  , qui  est  le  commencement  d’une  autre  phrase. 


AA/VWV 

I I I 


324 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


Celle-ci  n’est  pas  complète  après  <çn;  le  démotique  ajoute  : 
« et  le  reste  des  choses  qui  d’obligation  à faire  elles  »,  et  le 
grec  : -/.ai  wv  aXXwv  tôjv  vo(xi[tofi£vü)v],  ce  qui  est  plus  d’une  fois 


traduit  par  -J- 


i© 


(2 


Cf. 


® î 


¥V4ï8 


AA/WVA 

I I I 


yc  ^ ' —U.  s r — L ■ l I « I 

; etc.  « les  rites  prescrits  pour  leurs  personnes 
» comme  (ceux  que)  l’on  fait  pour  les  dieux,  etc.’  »;  — 


© 


¥! 


i i i 


© 


« pour  faire  toutes 


choses  prescrites  de  faire  pour  le  service  des  dieux  ». 


[§  26.  R.,  1.  18-19;  D.,  1.  26.]  — La  rédaction  grecque  re- 
prend en  disant  : Ta  te  x!p.ia  xwv  tepwv,  /.ai  iT^  AlylitTou  S'aTex^pTj/.EV 
iin  yoîioaç  àxoXo'jOwç  xoTç  vôp.oiç. 

Cette  phrase  manque  tout  entière  dans  Rosette  comme 
dans  Damanhour.  Le  démotique  la  rend  par  « les  honneurs 
» qui  d’obligation  pour  les  temples  et  les  autres  honneurs 
» d’Égypte,  il  fit  établir  eux  dans  leur  ordre  selon  le  droit,  » 
suivant  la  traduction  de  M.  Revillout. 

Le  décret  de  Canope  nous  fournit  les  équivalents  du  mot 
« les  honneurs  ».  A la  ligne  5,  « prodiguer  les  honneurs 
» aux  dieux  » est  fl  fl  fl  et  à la  ligne  27  on 

lit  encore  : <^<Ë>  fl  â (<  ^aire 

» des  honneurs  éternels  à la  reine  ».  La  rédaction  démo- 


tique se  sert  ici  du  même  mot  sous  la  forme 


et 


, J^! 


si-poli,  zi-nt-poh.  Il  est  aussi  employé  au 

A . 


texte  démotique  de  Rosette  : 


i i i 


1.  Canope,  1.  33,  stut  n ar.  — Rosette,  1.  26,  p 27,  ■<&>- . — 

o V III 

Canope,  1.  26;  cf.  1.  37,  etc. 

2.  Rosette,  1.  22. 

3.  Rosette,  1.  11  = Damanhour,  1.  17-18. 

4.  L’initiale  de  ce  mot  est  l’origine  de  la  particule  xm,  qui  forme 
en  copte  les  noms  abstraits.  Ils  sont  nombreux  au  Rituel  démotique  de 
Pamont.  [Voir  infra , p.  364,  et  supra,  p.  52-56.] 

5.  Quant  à <.  x , qui  veut  dire  «force,  puissance»,  comme  on  le 


LE  DÉCHET  DE  MEMPIIIS 


325 


Les  textes  anciens  n’emploient  pas  ce  mot,  mais 

® . Je  n’en  veux  citer  que  quelques 
— « Je  suis  l’esclave  honneur  de  mon  maître,  » 
— J’ai  delà  cité  le  Livre  d’ honorer  Osiris 


et  surtout 
exemples  : - 

yV  /WV\AA  | 

© 


j ^J.  C’est  ce  qu’on  appelle  aussi 


« l'honneur  de  la 


» première  fois  »,  c’est-à-dire  celui  qui  a été  rendu  pour  la 

première  fois  àOsiris  ’ = ^ ! cf . I|  jl,  _ fj 

^ dans  l’ Arnduat , passim.  — Ce  mot  s’ap- 

© 


plicjue  aux  choses  : |fl  Q 
13 


» aus  ».  — 


© 

i i 


« Er  rechnete  meinen  Namen 

n i 


i « 

© 


A/WW\ 

I I I 


« Faisant  des  embellisse- 
« Ils 


1 n 

AA/vXAA 


» ment  s à son  temple5  ».  — , 

L I I I Tl  III  I WMA 

» célèbrent  la  fête  de  ce  dieu  ».  — On  le  retrouve  plusieurs 
fois  dans  le  décret  de  Rosette7.  — Cette  expression  remonte 

©f)fl  _ fl  flk  n -y 


à l’époque  des  Pyramides. 


o 


A/VWVA 
AAAAAA  —/JT 


« Ce  puissant  accomplit  le  rite  pour  son  fils’ 


<§ 


traduit  ordinairement,  il  signifie  aussi  «gloire, 
avons  pour  garantie  les  bilingues,  qui  traduisent 
XoSoSio;.  Ta  Tigia  (1.  23),  Ta  TtjjutoTaTa  (1.  35)  et  rà 


honneur  » ; nous  en 
fl 

r V „ par  u.sya- 

i i i uid  1 1 1 

ijj.ia  (1.  36)  sont  tous 


trois  rendus  en  démotique  fl  i ^ et  correspondent,  aux  trois  cn- 
4J-  l iii 

droits,  à des  lacunes  du  texte  hiéroglyphique.  Mais  les  équivalents  hié- 
roglyphiques sont  bien  connus. 

1.  Statue  de  Bakenkhons  [Devéria,  Bill,  ègi/pt.,  IV,  p.  279]. 

2.  Pierret,  Études  èggptologiqucs,  II,  p.  6. 

3.  Louvre,  A 66. 

4.  Sarcophage  de  Pnobemisit;  von  Bergmann. 

5.  Statue  de  Bakenkhons  [/oc.  cit.,  p.  287]. 

6.  Dcnknmlev,  III,  63. 

7.  Cf.  Damanhour,  1.  18;  Rosette,  1.  18=  Damauhour,  1.  25. 

8.  Pgramide  de  Pèpi  P1,  1.  66. 


356 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


! y « D’après  ce  rite  qu’a  ordonné  pour  toi 

AAAA/A  k —H.  \ 

» Anubis’  ». 

Si  cela  ne  donnait  lieu  à une  répétition  peu  probable,  on 

pourrait  dire  ^ j P b P mm*  <?Povt‘î=wv  ®V7)*<>vtwv 

£:;  aùxa  (1.  31-32). 

AtaTcT/'pr/.Ev  i-r'.  /"jpa;  peut  se  rendre,  comme  dans  le  démo- 
tique,  par  I i • , ou,  comme  à la  fin  de  la  ligne  10,  par  in. 


L’expression  à-/.oXo'j0u>;  xoT;  v-ipo ^ « conformément  aux  lois  » 
est  dans  le  démotique  « hi  pej'  ki  rma  p hap,  dans  leur 
» forme  selon  le  droit  ».  Le  « droit  » ou  la  « loi  » se  dit 


ro 

□ Ji  i i i 

A/VWVN 

U 


dans 


& 

2ll; 


ra  t 
□ 


« édicter  des  lois1 2 3 4  », 


i i 


« affermir  les  lois  ' », 


» 1rs  lois5 6 7 8  ».  Mais  je  n’ai  pas  rencontré 

^vv\  m □ 


ra  □ 

■j=?=î=>  « accomplir 
ra  □ 


es  \\ 


I I I 


I I I 


ou 

n 


*=^3  AAA/Wv  0 |“j-J 

7\  A/VWSA  \r\ 

a W □ 


i i i 


ou  mieux 
comme 


/W\A/V\  CS 


w 


ou  V 


□ 


AWWv  CS 


W 


:.  Il  est  d’autres  expressions  qui  reviennent  dans 


les  textes  fort  souvent  et  qui  pourraient  convenir  ici.  Il  ne 
serait  pas  impossible  que  l-\  /-ôp a;  ait  été  rendu 

' — " — , — i 

comme  « les  rites  demeurés  en  vigueur  » 

à YAmduat \ Enfin,  il  en  est  une  autre  expression  bien 
connue,  qui  rendrait  encore  la  même  idée  à l’égyptienne; 


1.  Pyramide  de  Pèpi  P’,  1.  73;  cf.  1.  71,  etc. 

2.  Rosette,  1.  18  = Damanliour,  1.  25. 

3.  Louvre,  C 1. 

4.  Titre  royal,  Dcnhmaler,  III,  71,  etc. 

5.  Turin,  statue,  aptid  Maspero,  Recueil,  i383,  p.  133;  et  Decret 
d’IIorcrnheb,  1.  17,  etc. 

6.  Amduat , 5e  heure. 

7.  Ibid.,  3e  heure. 

8.  Ibid.,  9°  heure,  Pierret,  p.  119. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


327 


© i i i © 


on  dit,  par  exemple  : 

« Le  défunt  est  honoré  sur  terre  dans  le  compte  du  droit'.  » 
Mais,  comme  dans  le  texte  démotique  du  décret  de  Canope 
(2°  considérant)  V\  5 


est  traduit  i-\  xXéov,  il  n’est  pas  sûr 
qu’il  puisse  être  employé  dans  le  sens  de  « légalement, 
» légitimement5  ». 

Pour  traduire  xal  xü>v  à XXwv  vop.iÇopévwv  (1.  32)  àxoXojOwç  xoïç 
vôaoiî  (1.  33),  il  est  plus  simple  de  retrouver  ces  expressions 
autre  part  dans  les  bilingues  et  de  voir  ce  qui  y correspond 
dans  l’égyptien. 

Or,  xaî  -à  iXXa  vo,a^ô,asvx  (1.  40  et  48)  est  traduit  en  démo- 
tique par  p sep  ta  nt  n hap  ar  u « le  reste  des  choses  qui  de 
» droit  de  faire  elles  »,  et  dans  le  texte  hiéroglyphique  par 

-jP1 2  ^ (1-  26)  « et  toutes  choses  (qu’il  est) 

» établi  de  faire  ».  Les  deux  textes  égyptiens  traduisent  de 
même  (Rosette,  1.  27)  xx>.  xxXXx  xxG-^xovxa  (1.  50).  Il  faudrait 
répéter  deux  fois  de  suite  la  même  expression,  si  le  décret 
de  Canope  ne  nous  fournissait  une  expression  équivalente. 

Là  , [XEXX  OE  XXÙXX  7EOOÇ  XTJV  IxOïWJlV  XJX?i  Ç vô[i.lp.X.  . . îïlStt  naiu  lit  hap 

n ar  u « après  ces  choses  que  droit  de  faire  elles ...» 
est  encore  traduit  par  < 


. =>^m<L26>- 

Oll  lit  : xxOx-eo  xx'.  s—',  xu  Ateei  xx'.  Mve'jei  e!ff0tff[i.evov  e ox'.v  Y'.veaOxq 

2f\  A/VNAAA 

0 SED  (1-  27). 


d A/sAAAA 


Je  restituerais  donc  : 1°  en  traduisant  « les  honneurs  » par 
l’expression  du  texte  démotique  de  Rosette  et  du  décret  clc 
Canope  : 


II 


J 


q 


tu  I I i 


m 

d © 


AAAAAA 

I I I 


M/v/sAA 

^2>- 


1.  Amduat,  p.  105,  106,  107. 

2.  Rosette,  1.  19.  Cette  expression  est  employée  à la  fois  dans  le 
texte  hiéroglyphique  et  dans  le  démotique,  sans  être  traduite  dans  le 
grec. 


328 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


2°  Ou,  en  prenant  pour  « honneur  » un  mot  plus  usité 
dans  la  langue  sacrée  et  variant  l’expression'  : 


/?)  © 


au 

DJ  i i i 


/wwv\ 

I I I 


AAAAAA 


[§  27.  R.,  1.  19-20;  D.,  1.  26.]  — Deux  mots  correspondant 
au  demotique  i « il  donna  or  »,  soit 

(cf.  1.  12  et  14),  rempliront  la  lacune  jusqu’au  texte  conservé 
sur  la  pierre  de  Rosette  : 


© aaa/wv  rw 

_A O O OJ 

« Il  dépensa  or,  argent,  objets  en  nature,  grands,  et  toutes  choses 


/WVWA 

rrr-i  i i i 


□J 


n 


o 


w 


of  etC- 


» selon  leur  nombre,  pour  le  temple  de  la  résidence  d’Apis  vivant. 


Rosette  s’arrête  après  l’énumération  des  temples,  naos 
et  autels,  fondés  par  le  roi. 

Le  grec  continue  par  : è^wv  Oecù  eÙEpYE'tixoô  èv  xoïs  àvr]xo[uatv  eî; 

xo]  35  0îlov  otavocav  TrpoaTruv0avôfi£vô<;  te  xà  xtov  teptuv  xipuiôxaxx,  àvEVEOùxo 
£7x1  T?;?  sxjxoù  paa-tlsiocç,  àç  xaO^xsi.  ’AvO’  ùv  oeStüxaatv,  etc.  Ceci  re- 
joint le  fragment  de  la  20e  ligne. 

La  première  phrase  nous  est  donnée  par  la  ligne  6 (Da- 
manhour,  1.  11)  : 


P 


UJkîVîl”*** 


1.  Le  rédacteur  égyptien  s’est  montré  plus  d’une  fois,  sous  ce  rap- 
port, plus  élégant  que  le  grec  : ainsi  iD.r.Oo:  où*  ô).tyov  (lignes  2!)  et  34) 


est  traduit  une  première  fois  par 
_ _ ,,  .n 


par 


o 

O 


■© 
Itosette. 


^ (Dam.,  1.  23),  et,  plus  loin, 


Awvv'  (ltosette,  1.  11)). 

□a  ) i i 


LE  DÉCRET  DE  MEMPIIIS 


329 


puis  : itpoairuvOavofjLsvo?,  etc.,  par  la  ligne  11  (Dam.,  1.  17)  : 


/wvw\  , Ç | tSn 

AAAAAA  il  I A ' £_T 

« il  fut  à songer 


a 


-<2>- 


P PI' 

nnn' 


beaucoup  à faire  toutes  choses  des  temples  » ; 

et  la  fin  par  divers  passages  : 


„o 


¥1 


« fi  nouveau'  en  son  temps5  comme  il  convient5  défaire». 

Soit  qu’il  y ait  erreur  de  déchiffrement,  soit  que  le  gra- 
veur de  la  pierre  de  Rosette  ait  mis  pour  je  regarde 
ce  signe  comme  traduisant  le  pronom  de  àvO’  «üv  Seo-ixa nv 
aùxw  ol  Oiot.  Il  n’est  question  en  aucune  manière  de  reine  ou 

ciaci 

de  déesse,  et  ol  Oiot.  est  traduit  plus  loin  par  r p p ; il  faut 
donc  restituer  nécessairement  : 


û o 


Seo'jjzaTtv  aùxt» 4 àvO’  wv  [ÈTcoîrja'av]  ol  0éo t,  etc. 5 


A/WWV 

I 1 I 


Avec  ces  souhaits  finit,  au  milieu  de  la  ligne,  le  préambule. 


1 . Rosette,  1.  19. 

2.  Rosette,  1.  7;  Damanhour,  1.  13.  On  dit  aussi 


ra 


i i i 


3.  Rosette,  1.  26  et  27  ; cf . Canope,  1.  26,  33,  37,  etc.  On  pourrait  répéter 
I f?  de  Rosette,  1.  9. 


4.  Il  est  nécessaire  de  modifier  la  traduction  de  Chabas  : « En  ré- 
» compense  de  cela,  ont  donné  à lui  les  dieux  et  déesses,  etc.  »,  p.  35. 

5.  On  reconnaît  le  premier  mot  dans  le  fragment  de  Damanhour,  qui 
vient  à l’endroit  même  où  nous  nous  étions  arrêtés  : 


- 0 / <=>  X -<2>-  * 

(1- 2ü)- 

Mais  il  est  impossible  d’en  faire  concorder  les  autres  signes  avec  le 
texte  donné  ici  par  la  pierre  de  Rosette. 


330 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


[Dispositif.  Rosette,  1.  20-29;  Damanhour,  1.  26-30.] 

Ici  commence  le  dispositif,  annoncé  sur  tons  les  décrets 
par  la  formule  : 


51 

AEAt)!!!  TVXII1 


XJ  A 


o 


« 11  est  venu  au  cœur  des  prêtres  des  temples  de  l'Égypte 


A/VW'A  (Ici  finit  cette  ligne.] 


» en  leur  totalité.  » 

Le  texte  grec  dit  : Tà  ôxcxpy ovxx  [xtprx  Tïàvxa]  37 xqp  a!ujvo6!(u  [3x3:- 

Àîl  UxoXepia'to  Oï'p  E-;cpxvîI  E ù^xp'CTxip  r^x— T]|Lvtp  'j-q  toù  <I>0x,  ôptottoç 
os  v.-j\  xx  ~â)v  y ovfwv  xùxoô  0îwv  d> iXo— xxlpiov,  /.ai  xx  xüv  — poyôvwv  Oeîijv 
EôspY  exd)v  xai  xx]  l8xü)v  Oewv  ’AosXcpwv,  xxî  xà  xwv  0ïwv  SioxiQpiov,  zt.t’j- 
L'.v 

Dans  le  texte  de  Rosette  (1.  21)  : 

tlfl 


AVWVA 

I I 1 


et  des  dieux  Sôters 


nous  reconnaissons  la  fin  de  ce  paragraphe  : xx?  xà  xîôv  Oeîôv 

Xojxr'owv. 

Tout  ce  qui  précède  n’est  que  titres,  et  il  semble  qu’il 
était  facile  de  restituer  le  texte  hiéroglyphique.  C’était 
cependant  plus  difficile  qu’il  ne  paraît  à première  vue,  et 
Chabas,  malgré  son  habileté  et  sa  connaissance  de  la  langue, 
s’est  complètement  fourvoyé  dans  l’interprétation  du  petit 
fragment  que  je  viens  de  transcrire.  Occupons-nous  en 
tout  d’abord,  parce  qu’il  sera  la  clef  de  la  restitution  à pro- 
poser. 

La  restitution  des  titres  du  roi  n’offre  pas  de  difficulté; 
celle  du  passage  qui  concerne  ses  ancêtres  en  présente 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


331 


davantage.  M.  Brugsch'  en  traduisit  tout  d’abord  la  fin  : 

+ tlfl  V 41  = 

« et  iluorum  soient  m (jeiutoruni  iwv  / talrum  coruin  ». 


M.  Chabas8  dit  au  contraire  : « Les  premiers  traducteurs 
» ont  cru  que  exprime  l'idée  père  du  père,  aïeul,  mais 

» c’est  une  erreur;  l’addition  \f<^>  {J établis,  institués 

» à eux,  ne  permet  pas  d’y  voir  autre  chose  qu’une  cérô- 
» monie,  une  institution,  » et  il  en  fait  l’équivalent  de  ~i 

Û-L/ÛV-ÜX  TtJJL’a. 

M.  Brugsch,  dans  le  supplément  de  son  dictionnaire8,  main- 
tient au  mot  {J  la  signification  d 'ancêtres,  Erseuger; 
il  le  compare  à peq-xno,  f/enerator ; il  en  donne  les  variantes 
il'l  et  le  dérivé  j|  Statue  fines  Vorfahren, 

ocler  des  Erreur/ ers. 

Je  pense  que  M.  Brugsch  a raison.  Ce  mot  est  très  rare. 
Le  texte  de  Rosette  est  le  seul  où  il  se  présente  sous  la 
forme  |J.  Il  faut  donc  l’étudier  par  ce  texte  même. 

Le  démotique,  qui  suit  la  construction  grecque,  porte  au 
commencement  de  la  phrase  : 


Vf 


i iii 


/WWv\ 

« Les  honneurs 
T à Tt.uîx  irirux 


qui  appartiennent 
ovxa 


fl  letc- 

\ d AAAAAA  J\ 

au  roi  Ptolémée,  etc. 
tw  aîwvoêéo  JjxtiXîT,  y..~.Ù  . 


AMAM  WAM 

\\ 

» et  ceux  qui  appartiennent 
Ôjjlouüç  2k  x ai  -ci 


T 


A Vf 


aux  dieux 
Oswv 


Philopators 

'lUÀOTTaT'JSÜU/ 


1 . Inscriptio  Rosettana. 

2.  Inscription  de  Rosette,  p.  41. 

3.  Page  1384. 


332 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


ivre- 

))  qui  font  être  lui,  et 
tu>v  vovswv  aÙTOu,  x a: 


/WWW 


û w 

ceux  des 


HT 


\ A 

))  qui  ont  fait  être  ceux  qui  ont  fait  être  lui,  et 
Tü)V  Trpovoviov,  xat 

/WW/W 


'WW'A  C3C3cq  | [ll|m‘ll‘|  j 

= \lll!  S~ï! 

dieux  Évergètes 
Oewv  E'jepYETtLv 

ceux  des 

Ta 


>imiH  t raiT  ë ! h 

» dieux  Adelphes  ceux  qui  ont  fait  être  ceux  qui  ont  fait  être  eux,  et 
tw v Oswv  ’AoeÀcpwv,  xx'. 


/?os.,  Idérogl.,  1.  6 : 

w A fl  caïqcq 


PV 


I©  □ 

fait  être  eux  et 


déni. 


/WVW\  /WWW 


w 


I 


I I 1 1 ci  w ra 


kl  - loi 


» ceux  de  les  dieux  qui  sauvent  qui  sont  pères 
(]1‘.  xà  TW  v 0ewv  Swt^pwv  

hiérogl.  “Fj'fl 

» des  dieux  Sôters  ancêtres 


/VMM  -H — ri 

démet.  ^“lol’ 

» de  leurs  pères.  » 

hiérogl.  ^ 


AWM 

I I I 


» des  avant  formé  eux.  » 


Je  dis  que  la  transcription  et  la  traduction  de  M.  Chabas 
sont  également  fautives.  En  effet,  il  lit  le  premier  groupe 

/WWW  M 

de  la  stèle  de  Rosette  : © □ n /opr  sn;  et  il  traduit  : 

c — ->  Ml 

« Les  honneurs  religieux  qui  existaient  déjà.  » 
Malheureusement,  la  copie  de  M.  Chabas  elle-même  ne 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


333 


A/WWV  _ — » ^ Qj 

porte  pas  © □,  mais  © □.  Or,  s'il  est  vrai  que  (ordi- 
nairement écrit  ^ ou  J)  devenir,  se  former,  peut  avoir 

au  sens  passif  la  signification  de  être  devenu,  exister,  être, 
qui  conviendrait  à uuâp^ovia,  il  n’en  est  pas  de  même  de 
© □,  forme  causative  ou  impulsive  du  verbe,  lui  donnant 
la  signification  d e faire  devenir,  faire  exister,  tout  à fait 
synonyme  du  démotique  ^ . On  ne  peut  donc  traduire 
autrement  que  ayant  fait  exister  eux,  qui,  dans  le  grec, 
correspond  à upoYÔvwv.  Il  ne  s’agit  donc  pas  des  hommes 
religieux  qui  existaient  déjà. 

Le  reste  de  la  traduction  n’est  pas  mieux  réussi.  Pour 

pût  signifier  les  honneurs  établis 


I I I 


que 

à eux,  il  faudrait  qu’il  y eût  |c/  ^7’  que 

la  préposition  n se  trouvât  après  tut  et  non  avant.  Laissons 
donc  à znf  la  signification  d 'ancêtre,  Erzeuger,  genitor,  et 
donnons  à tut  celle  de  creator,  c’est-à-dire  père,  qu’il  a 
incontestablement. 

Personne  n’a  encore  réuni  les  exemples  de  ce  sens  de 
^ , d’ailleurs  bien  connu.  En  voici  quelques-uns  : 

^ ^ ° « Nondum  fecerat  esse  deos 


P _ 

^ s 111 

» Ptahtonen  deus 1 2 ».  — Oî 

(-]  AA/WNA  /WVsAA  -O  ^ V7  l'  'SH  A 1 tül  I O 

“ 'vN  J _ J)  etc.  « O roi  bon,  vaillant  à donner 


A/VWNA 

/\WW\ 


AA/VAAA 

. ^ ü 


» l'existence,  etc.’  »,  disent  les  chefs  qui  viennent  saluer  le 
roi  Tout-ânkh-Amon.  — IÜ  P ^ Q P ^ ^ 

« Né  de  la  déesse  Pakht,  qui  a reçu  l’existence  de  la  déesse 
» Ouer-Hekaou3.  » — Il  prend  le  sens  dérivé  à! élever  un 


1.  Inscription  de  Sabaka,  1.  9;  Goodwin,  Mélanges  èggptologiques 

III,  p.  269. 

2.  Denkmàler,  III,  117. 

3.  De  Rougé,  Inscriptions  hiéroglyphiques,  pl.  149,  5. 


334 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


enfant’,  un  chien’,  un  édifice1 2 3 4,  de  produire  ou  faire  pousser 
des  végétaux.  — Substantivement,  il  s’emploie  comme  dans 

^ 'SjX  ^ « créateur  des  corps'  ».  — 

Le  sens  de  créateur , père,  que  je  donne  à 1,  est  égale- 
ment justifié  par  l’usage  de  toutes  les  époques  : 


notre  texte  : 


AAAflAA 


/WWW 

n i « faisant  honorer  le 


u I 1 1 


» nom  de  celui  qui  l’a  procréé  par  les  gens  de  sa  maison5  ». 

Le  grec,  en  spécifiant  les  degrés  de  parenté,  emploie  les 
mots  twv  y°Liüv  a,}xo3  et  twv  Tpoyôvwv  après  les  deux  premiers 
degrés,  et  n’ajoute  rien  aux  noms  des  ascendants  qui  sui- 
vent. Le  démotique,  au  contraire,  indique  quatre  fois  la 
parenté.  Le  fragment  conservé  dans  la  stèle  de  Rosette 
prouve  que  le  texte  hiéroglyphique  faisait  de  même,  puisque 
nous  la  trouvons  indiquée  aux  troisième  et  quatrième  degrés. 
Le  démotique  avait  deux  expressions  différentes  pour  le 
troisième  degré  (au  rti  yoper  na  rti  ; yoper  sen ) et  pour  le 
quatrième  degré  (atu  uasen  atu)  ; de  même,  le  texte  hiéro- 
glyphique de  Rosette  variait  l’expression  au  troisième 

(%'i  <=>PVi)  au  clua^®me  degré 


Enfin,  par  et  des  dieux  Sôters,  on  voit  que  le 

texte  hiéroglyphique  ne  répétait  pas,  comme  le  démotique, 
à a et  ceux  de. 


A/WW\  /WWW 


Ce  mot  ~^|Jj,  pour  dire  les  ancêtres,  ne  se  rencontre 
pas  dans  les  inscriptions  antérieures,  parce  que  les  rois  n’y 


1.  Papyrus  Anastasi  V , X,  5.  — Papyrus  d’Orbiney,  4,  1. 

2.  Conte  du  prince  prédestiné,  4,  1.  7. 

3.  Chant  d’Amibàhkeni,  p.  2,  1.  5. 

4.  Lefébure,  Mythe  d'Osiris,  p.  236. 

5.  Tombeau  de  Siout  : De  Rougé,  Inscriptions  hiéroglyphiques, 
pl.  292. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


335 


parlent  jamais  que  de  leurs  pères  et  de  leurs  aïeux  mâles. 


(j  hJ§L  père  de  ses  pères. 


On  se  sert  de  l’expression  ^ 

Mais,  quand  les  Ptolémées  associèrent  leurs  femmes  à tous 
leurs  honneurs,  il  fallut  trouver  un  terme  qui  comprit  les 
ancêtres  mâles  et  femelles,  c’est  ainsi  qu’apparut  le  mot 

. Quant  au  déterminatif,  il  n’a  rien  ici  d’extraordi- 


naire, puisqu’il  s’agit  d’ancêtres  défunts  et  divinisés. 

Mais  ces  conclusions,  auxquelles  jetais  arrivé  avant 
d’avoir  étudié  les  décrets  de  Philæ,  se  trouvent  pleinement 
confirmées  par  ces  textes.  Je  vais  mettre  parallèlement  ces 
trois  textes  et  celui  de  Canope  : 


! Rosette  : 

1 Philæ,  P*  décret,  1.  8 : 

[ Philæ,  2e  décret  : . . . 


WM 


IRos .,  1.  20  : 
Ph.,  îet  d.  : 
Ph.,  2e  d.  : 
Tanis,  1. 11  : 


Ros.  : 

Ph.,  P r d.  : 
Ph.,  2e  d.  : 
Tanis,  1. 12  : 


<s>- 

/WW\A 


1 . Mauvaise  lecture  pour 


336 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


On  voit  que,  dans  ces  textes,  les  mots  grecs  wv  npo-pvwv 
sont  traduits  par  les  verbes  -<2=-  « faire  », 


ou 


V,  « engendrer  » et  âçs*  « enfanter  » 


et 


« creer  », 

-SI 

Ces  mots  varient  de  place,  parce  qu’à  aucun  d’eux  ne 


justifie 


s’attachait  en  égyptien  une  idée  de  degré  dans  la  filiation. 

L’orthographe  du  1er  décret  de  Philæ  |1  ° < 
complètement  ma  lecture  © □ dans  Rosette,  au  lieu  de  © □ 
lu  par  Chabas. 

On  remarquera  aussi  la  double  orthographe  ^ | ! (Ro- 
sette et  1er  décret  de  Philæ)  et  (2e  décret  de 

Philæ),  que  M.  Brugsch  a également  relevée  dans  d’autres 
textes. 

Rien  donc  ne  sera  plus  probable  que  la  restitution  sui- 
vante du  texte  de  Rosette  : 


L-P” 


/WMA 

I I I II 


-8_fl  f 
\\  I I I A A 


a Ft 


© □ 


PV: 


-MflàîiV-Sîrr 


Revenons  maintenant  au  reste  de  la  phrase.  En  dehors 

des  titres,  reste  : xi  uixap^ovxa  x[tpua  7iâvxa]  xÜ>  aluvoêûp  (3a?iXsï 
IlxoXepiaîw,  fjYaTCïjptevtp  û— ô xo'j  fI»0â,  ôsài  ’ETncpaveï  Eù^apîtJxip  ...  ÈTtauÊEiv 
jxSYdtXcoç. 

On  rétablit  aisément  les  titres  royaux  : 


Pour  xà  ÛTtàp^ovxa  x'ji.!a  xuxvxa  ....  Ètox'j£eiv  [xeyilux;,  la  traduc- 
tion en  est  donnée  par  le  décret  de  Canope  : « Salut  et 
» force!  Mettent  dans  leur  cœur  les  prêtres  de  l’Egypte 
» (]  (1  ^ °i  d’augmenter  l’effusion  d’hon- 

I JT  I I I I AAAAAA  I 

» neurs  nombreux  pour  le  roi,  etc.  » 


LE  DECHET  DE  MEMPHIS 


337 


[Article  premier.  R.,  1.  21-22;  D.,  1.  26.]  — Au  para- 
graphe suivant,  il  s’agit  d’élever  une  statue  du  roi  : 


llToXejJiaio'j  xoù  ÈTcafjt'jvavxoç  xf|  Al^ jttxoj, 


ce  qui  se  complète  par  : 


(S£M11) 


O ® 


i_n 

c © 


Le  grec  ajoute  : f,  Trapxxxr'ffsxa'.  ô xupuixaxo;  Oeô?  xoü  ispoù,  otoo'jç 
ôltXov  vixrjxixôv  à ïjxai  xxxsaxsuxapdp/a  xxxà  xôv  Arp— tIwv]  iozp6r: ov. 

Ce  que  le  texte  démotique  traduit  : 


« ...une  image  du  dieu  des  hommes  (de  ce  lieu)  donnant  à lui  le  khoperh 
» de  victoire  dans  le  temple,  temple  chaque,  le  lieu  qui  apparent  du 
» temple;  (lesdites  images)  sculptées  selon  la  façon  d'hommes  d’Égypte2.  » 


Rien  dans  Damanhour.  Heureusement  la  même  prescrip- 
tion se  trouvait  aux  décrets  d’Alexandrie,  et  nous  allons 
en  retrouver  les  traces  sur  les  murs  de  Philæ.  On  y lit  après 
une  longue  lacune  : 


0 = 

1 


AAA/VXA 


1.  Chabas  restitue  ce  groupe  victorieux.  Cela  ne  serait  l’équi- 

K=b,0^:  . , . v— -a  0 ® 

ni  de  £7îa(i‘JvavTo;  -ri)  AIyuhtm.  Eo  mot  x est 


valent  ni  de  . 

I OC© 
connu  sous  l'orthographe 


© 


v/j  AîyÛuti 

AMAAA 

© 


X 


etc.,  protéger, 

AAMM  Q 

I 


AAAAAA 
© 0 /WvWi 


défendre,  protection  (Picrret,  Vocabulaire , p.  278); 

/WWVX  /WWW  ^0  L±A  , , )(  ( ± £ 

© *2  « lia  lui  accorde  une  protection  puissante  » (de  liougé, 

Inscr.  hiêrogl.,  pl.  144,  1.  49); 

» du  roi  » ( Ibid .,  pl.  143,  1.  38),  etc. 

2.  Revillout,  Chrestomathie  ègr/pticnne,  I,  p.  41-42. 

Biol,  égypt.,  t.  xv. 


ante  » ( 

J « la  protection 


338 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


que  je  restitue  de  la  manière  suivante  : 


<2>- 


Le  premier  membre  de  la  phrase  est  encore  incomplet, 
je  restituerais  : 


i j 


n 


«...  1 image  du  dieu  de  ce  lieu.  » 
O 


Je  répète  deux  fois  comme  le  démotique  répète 

deux  fois  J.  Le  démotique  dit  « le  dieu  des  hommes  », 

c’est-à-dire  le  dieu  des  habitants  de  la  ville  dans  le  temple 
de  laquelle  sera  élevée  la  stèle;  mais  sur  le  mur  de  Philæ 
les  traces  Jj  ( du  mot  Jj  ^ sont  incontestables.  L’épithète 
y.'jpi'jj-aTo?  a disparu.  On  a donc  : 

« Qu’ils  fassent  établir  l image  du  roi,  etc.,  et  l'image  du  dieu  local, 


© □ 

r~vm 


A O 

/www  ^ 


» donnant  à lui  le  khopevk  de  victoire  (le  tout)  sculpté  comme 


■© 

;\\i 


» (le  prescrit)  le  décret  rendu  par  les  prêtres.  » 

On  voit  bien  que  la  même  prescription  existait  dans 
l'autre  décret  d’Alexandrie;  mais  les  lacunes  sont  si  grandes 
que  je  ne  puis  rien  restituer.  Je  n’y  lis  que  : 


« qu’on  (élève  une  statue,  etc.)  » ; et  plus  loin  : q n 

1 ' ' © i Lun  /www 

« (sanctuaire?)  de  cette  divine  demeure  » ; plus  loin  encore  : 

i. 


| AA/WW  . 


LE  DECRET  DE  MEMI'IliS 


33'.) 


Il  faut  remarquer  que  iv  -.c>  en  démotique 

pma  nt  un/i,  a disparu  du  texte  hiéroglyphique.  Il  est  rem- 
placé, à la  fin  d’un  des  décrets  d’Alexandrie,  par  | jj; 

« dans  la  grande  salle  ». 

[Article  II.  R.,  1.  22;  D.,  1.  26.]  — Après  le  premier 
article  du  décret  prescrivant  l’érection  sà/ià)  d’une  image 
du  roi  recevant  le  / c/iopech  des  mains  du  dieu  local  (c’est 
précisément  le  tableau  mis  en  tête  de  la  stèle  de  Damanhour), 
le  second  organise  le  culte  du  roi  : 


ka'.  U-rT-  OzZZ~iJZ'.'/  "à;  c’.xovaî  to';  T?g  YijjLSoaî1  y. a'.  TraoaTiOévai 

av-xTî  ’.îs'jv  y.ôj’x ov  /. a:  vo;ju^Ô;jl£V2  œ'jv'î^îTv,  y.aO  à toïç  xXXoï; 

OeT;  iv  [txï;  iop-rxiî  /.a  -2]  u wp,' jpvjsav. 

La  traduction  s’en  retrouve  au  fragment  de  la  22°  ligne 
de  Rosette  : 

?n  © §>  czzx 


M 'f 


O ift,  „3-  fï  □ 
O 


□ © 

I I I 


« . . . tout  temple  ii  son  nom  servir  ces  images  par  trois  lois 

ra 


E\ 


O 


» par  jour,  » etc. 


La  même  prescription  est  édictée  au  décret  d’Alexandrie, 
(lui  fournit  quelques  mots  au  commencement  de  la  phrase  : 


« Les  prêtres  du  sanctuaire  de  tous  les  temples  à son  nom 


» serviront  les  images. . . » 


310 


Lli  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


11  semble  bien  qu’il  soit  fait  mention  d'une  classe  spéciale 
de  prêtres,  mais  elle  reste  obscure;  et,  malheureusement, 
l’autre  decret  n’est  pas  plus  clair  : 


Le  texte  démotique  emploie  le  mot 


T©  (â 

commençait  l’ar- 

O es 

ticle,  comme  cela  arrive  en  tête  de  l’article  Ier  (1.  21)  et 
d’autres  articles  (1.  22,  23,  24,  26,  28).  En  effet,  cette  locu- 


tion a pour  correspondant  en  démotique  ^),  qui  se  trouve 
précisément  en  cet  endroit;  voilà  pourquoi  j’en  fais  l’ar- 
ticle II  du  décret. 


11  devait  donc  y avoir  ici  à peu  près  : 


T 


ee 


10 

i 

i i 


■Cl 


tLin  i i 


etc. 


La  suite  se  lit  facilement  sur  la  pierre  de  Rosette5. 

Je  ferai  seulement  remarquer  qu’on  n’a  point  encore 
signalé  l’équivalent  de  PPP  Ispôv  xoapôv  : c’est  le  mot  antique 
qui  paraît  répondre  au  mot  ustensiles,  en  général. 

A Edfou,  à côté  d’armes  de  diverses  espèces  ||\Q> 

O 

5 


1 . Et  nom 


2.  | L’expression 

» pour  le  double  qui  est  en  elles  » mériterait  de  retenir  l’attention. 


,W'AA*  « les  cérémonies  établies 

l i i 


D’abord 


U 


n’est  pas,  comme  dit  Cliabas  (p.  49),  un  simple  « sup- 


» port  du  pronom  personnel  auquel  est  attaché  un  délerminatif  d’hon- 
» neur  » ; il  désigne  l’esprit  vivant  qui  anime  l’image  matérielle,  statue 
ou  relief,  et  que  les  spiritualistes  adorent  seul  en  elle  : l’exemple  pré 

sent  est  typique.  Ensuite  le  lapieide  abuse  du  signe  LU  (voir  p.  329 


et  344)  : ici,  après  le  mot  masculin 


U 


il  est  manifestement  incor- 


LE  DÉCHET  DE  MEMPIIIS 


34  1 


sc  trouve  la  légende  : 


» (guerre)’  ». 


i /i  « ustensiles  d’action 


Les 


J 1 


sont  placés  dans  un  magasin 


.2» . 


parle  des  ustensiles  sacrés 


»!.  Un  papyrus 
\ Il  est 


fait  mention  des 


Ji  A ©III 

du  moule  de  Sokaris'.  I)esc^>Jj^Çj 
en  argent  sont  offerts  au  temple  d’Lléphantinc  Un  fonc- 
tionnaire munit  les  scribes  des  *=  nécessaires  à leur 
profession1 2 3 4 5 6 7.  Un  anmoutef  offre  TOTO,  que  la  légende 
« debeli  de  pains  blancs'  ».  Lutin,  avec 


nomme 


_..'ü  ou  , de  Rongé  le  traduit  par  grains,  M.  Brugsch 

‘ O O O 

par  blé,  et  M.  Lefébure  par  récoltes. 

[Article  III.  R.,  1.  22-23;  D.,  1.  26.]  — 'ioomLcrOx'.  Zï 

ILoXyuaiip,  Oî(u  ’E—  i'javîï  lvj^ac br'to,  1C1  îy  jjow.Xiw;  llvoXîuxio'j  /.y. 
PaaiXîaoTjî  Apffivô-rçç,  Oewv  'l’tXo— a~ôpwv,  £ôavov  t:  v.y.\  vxôv  ypjyjTâ  iv 
EXXOTtp  tcovI  isptov . 


I I I 


Dans  le  démotique  : 

« Qu'ils  fassent  paraître  (SI  la  statue  divine  (P^^lîiî  = 1 j yj]  ) du  roi 
» Ptolémée,  etc.,  ainsi  que  le  naos  d’or  (ta  ga  nub)  dans  le  temple,  chaque 
» temple.  » 

J’ai  fait  remarquer  que,  même  au  cas  où  la  stèle  de  Daman- 
hour  ne  nous  aurait  pas  fourni,- de  la  ligne  17  à la  ligne  18, 
la  longueur  des  lignes  de  Rosette,  le  contenu  du  passage 
auquel  nous  sommes  arrivés  nous  l’eût  donnée,  parce  qu’il  a 
conservé  le  commencement  et  la  fin  de  la  phrase,  et  que  le 


1 . Brugsch . 

2.  Inscription  de  Stabel-Antar  : Recueil  de  Travaux,  18S5,  p.  20. 

3.  Papyrus  de  Bologne  : Chabas,  Mélanges  èguptologiques,  IN',  p.  15. 

4.  Loret,  Fêtes  d'Osiris  en  choia/c,  § 55. 

5.  Louvre,  A 90. 

6.  Statue  naophore  du  Vatican,  § 7. 

7.  Mariette,  Abr/dos,  p.  17. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


342 

milieu  se  compose  de  titres  immuables1.  J’ai  dit  aussi  que 
je  la  traduirais  tout  autrement  que  mes  prédécesseurs. 
Voici  leurs  traductions  et  la  mienne  : 


« ...  per  statu  tu  tn  (ut)  filins  gubernator  zo\j  regis  Ptolemæi.  » (Brugseli.) 

« ...  ayant  été  la  naissance  auguste  du  roi  Ptolémée.  » (Chabas.) 

« ...  que  la  naissance  glorieuse  du  roi  Ptolémée. . . » (Revillout.) 

« . . . au  jour  en  son  nom  où  il  est  né.  Que  soit  honoré  le  roi...  » (Bouriant.) 
« Qu’on  sculpte  en  l'honneur  du  roi  Ptolémée...  » (A.  Baillet.) 


M.  Brugsch  pense  donc  qu’Épiphane  est  désigné  sous  le 
titre  de  « fils  gouverneur  du  roi  Ptolémée,  » son  père. 

Chabas  croit  que  le  texte  égyptien,  comme  celui  du  dé- 
cret de  Canope,  rappelle  la  naissance  du  roi2. 

M.  Bouriant  coupe  la  phrase  en  deux  et  fait  rapporter 
MSS  à la  précédente. 

1°  La  traduction  de  M.  Brugsch,  même  en  l’améliorant, 


en  voyant  dans  une  épithète  de  ^fj JUius  augustus, 


aurait  le  grave  tort  de  changer  l’ordonnance  donnée  par 
le  texte  grec,  qui  parle  de  « Ptolémée,  fils  de  Ptolémée  et 
» de  Bérénice,  dieux  Philopators  »,  et  non  « du  fils  auguste 

AA  (O  (3 

» de  Ptolémée  et  de  Bérénice  » ; ne  signifie  pas  per 

I CS  CS 

statut  um. 

2°  Chabas  se  trompe  encore  plus  gravement.  Il  n’a  pas 

T (O  (3 

, employé,  selon  lui,  pour  amener 

CS  CS 

la  phrase  incidente  explicative  : comme  a été  (le  jour  de 
naissance,  etc.).  D’ailleurs,  Chabas  ne  fait  pas  attention  que 
cette  mention  ferait  ici  double  emploi  avec  ce  qui  est  dit  à 

T(c)  (c)  . , . . , 

, comme  je  l’ai  déjà  dit,  est  l’équivalent 

CS  CS 

du  démotique  ^),  et  annonce  chacune  des  prescriptions  du 


1.  Voir  ci-dessus,  p.  260. 

2,  Inscription  de  Rosette,  p.  52. 


LE  DÉCRET  DE  ^lEMPIIIS 


w 


AWA\ 

^ W 


Bs 


w 


343 

i 

annoncent  chaque 


grec  ne  fait 


décret,  comme 
« considérant  ». 

Chabas  lui-même  fait  remarquer  que 
aucune  allusion  à la  naissance  du  roi,  et  il  croit  à l’intro- 
duction d’une  formule  banale  de  flatterie  à l’adresse  d’Kpi- 
phane*. 

3°  M.  Revillout  n’a  amélioré  en  rien  la  traduction  de 
Chabas.  Sa  petite  phrase  ne  répond  à rien,  ni  dans  le  grec, 
ni  dans  le  démotique. 

4°  M.  Bouriant,  pour  arriver  à sa  traduction,  déplace 
(2© 


T 


Le  mot 


ne  peut  signifier  ni  jïlius,  ni  naissance. 
Il  faut  en  chercher  la  signification  dans  les  textes  grec  et 
démotique. 

Le  grec  dit  lop'jaxaOai  [Baj'.XsT  IlToAeuaùp  te  y. a'  vxôv  ; 

le  démotique  : « Qu’ils  fassent  paraître  la  statue  divine 


nw 


du  roi  Ptolémée. . . ainsi  que  le  naos. . . »:  c’est-à- 
dire  que  le  démotique  sépare  deux  mentions  (la  statue  et 
le  naos)  que  le  grec  réunit.  Or,  nous  savons  combien  sont 
étroitement  calqués  le  texte  hiéroglyphique  et  le  démotique; 
a priori  on  pourrait  donc  soutenir  que  le  texte  hiérogly- 
phique a dû  séparer  aussi  les  deux  mentions,  et  penser  que 
cache  la  mention  soit  de  la  statue  ( so/c/n ),  soit  du  naos 


© 


{'jet);  et,  comme  il  n’v  a pas  lieu  de  penser  que  le  traduc- 
teur ait  dérangé  l’ordre  des  deux  objets,  on  doit  croire  que 


1.  Rosette,  1.  5 = Damanhour,  1.  9;  ef.  Philæ,  1.  4. 

2.  Décret  de  Cnnope,  1.  4,  13,  16,  25,  30,  32. 

3.  Ibid.,  1.  18;  — Rosette,  1.  24,  25. 

4.  L’Inscription  de  Rosette,  p.  53.  Chabas  venait  de  dire  (p.  51)  ; 
« Or,  il  y a tout  d’abord  lieu  de  remarquer  qu’on  ue  peut  supposer 
» dans  le  décret  en  langue  égyptienne  des  prescriptions  que  le  décret 
» grec  n’aurait  pas  édictées.  On  doit  donc  tenir  pour  certain,  etc.  » 


341 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


Le  texte  des  décrets  d'Alexandrie,  malheureusement,  ne 
nous  vient  pas  en  aide.  On  y lit  après  une  longue  lacune  : 


Ce  texte,  encore  plus  embarrassant  que  celui  de  Rosette, 
nous  assure  seulement  que  l’emploi  de  „ est  exact.  Il 
semble  cependant  qu’il  soit  question  d’une  statue  J) 
du  roi,  puis  de  celle  de  la  reine  Cléopâtre. 

Le  déterminatif  que  nous  avons  vu,  plus  haut1,  mis 
pour  ^j,  paraît  fautif  ici  encore  après  quelle  qu’en 

soit  la  signification.  M.  Brugsch  y avait  vu  Je  me  ha- 
sarde à croire  qu’il  devrait  y avoir  \^j,  mis,  selon  certaine 

écriture  ptolémaïque,  pour  \\  , et  de  3? 

je  ferais  : « Qu’on  sculpte  la  statue  du  roi  »,  rejetant  à la 
ligne  suivante  la  mention  du  naos  (S  du  démotique). 


Mais  ici  je  me  heurte  à une  difficulté  inattendue.  La  phrase 

i 


A 


W 


Z3CCDJ3+1- 

trop  courte  pour  remplir  la  lacune  de  Rosette.  De  sorte  que 
me  voici  bien  tenté  de  croire  qu 'après  les  cartouches,  comme 
dans  le  grec,  venait  la  mention  de  la  statue  ou  du  naos 

c‘ue 

pas  « sculpter  en  l’honneur  c 
dont  il  faudra  chercher  le  sens,  qui  très  probablement  ne 
s’écartera  pas  beaucoup  de  celui-là. 


© 

A — a 

AA/WW 

u roi  »,  est  une  expression 


s’il  ne  signifie 


1.  [P.  329.  Cf.  p.  340,  n.  2.] 


LE  DÉCRET  DE  MEMPIIIS 


345 


Fin  tout  cas,  il  ne  faudra  pas  couper  la  phrase  après 

T(p  (p 


est  né- 


cessairement le  premier  mot  d’un  nouvel  article  du  dis- 
positif. 


[Article  IV.  R.,  1.  23;  D.,  1.  2G-27.]  — La  rédaction  de 
cet  article  diffère  un  peu  de  celle  des  autres.  Il  commence 
par  une  phrase  incidente  : 


1 


ra 

o 


npi  etc. 


« S'il  y a un  jour  do  panégyries,  » etc., 


T (S  (3 

ne  vient  qu  après. 

O Q 

C’est  au  milieu  de  ce  paragraphe  que  reprend  le  texte  de 
Damanhour,  et  il  se  prolonge  un  peu  plus  loin  que  celui  de 
Rosette  : 


Ros.  : 


@ <g  a 


Dam.  : 


« . . . qu’on  fasse  apparaître 


le  naos 


auguste 


...  ΆV 


s;00£j£'.v 


y. a'  tov  vaov 


V 1 
1 

du  dieu 
to’j  Oîo'j 


J\ 

Épiphane 

Kt.'.o'x-io'j- 


» Euchariste,  avec  eux.  » 
E'jyapîffToi». 


Ces  deux  articles  III  et  IV  prescrivent  de  tailler  un  naos 
du  roi  et  de  le  faire  figurer  dans  les  fêtes;  l’article  suivant 
va  dire  ce  qu’il  faut  observer  pour  que  ce  naos  ne  soit  pas 
confondu  avec  tous  les  autres  naos. 


346 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


[Articles  V et  VI.  R.,  1.  23-24;  D.,  1.  27  et  26.]  — Le 
texte  le  plus  complet,  avec  le  grec,  est  le  démotique;  ils 
doivent  nous  servir  de  guides  pour  la  restitution. 


•A 


ç! 


« Pour  faire  être  qu’ils  (on)  reconnaissent 
"O-wç  o’ 


» jusqu'à  le 
•/.oc'  ï’.;  TGV 

f 

n 

» d’or  dix 


c J TT,  u oc  ï, 

AAAAAA 


reste  du  temps  ensuite, 

ypovov  à— c'.Ta, 


1 ro 

oi 

aujourd’hui 

VÜV  Te 

A PI 

qu’ils  placent  basilics 
s~cxêÎ50a>.  pocTiXsîa; 


le  naos 


^ I 


1 


AAAAAA 

du  roi, 


_û 


J) 


St 


y y. jtôc;  or/.a  toô  pacrcXîtoç, 

VWW\A  /WW\A 

a wra  □ 

» comme  ce  qui  est  de  loi 
f/.xO/.TrêO  — CGT /*/.£' 


<rr> 

l i i 

étant  une  uræus  sur  elles  à chacune, 

-0GT/.ECTET3C'.  TTTci C «Te  (P/.OCTTr,), 


AAAAAA 

d'or 


AAAAAA  , 

r\  AAAAAA  O 

sr  ! 

P = î 

de  faire;  étant  les 


basilics 


U ® 

cüa  cü)  SC\X, 

a1k- 

AAAAAA  SSs 

^ « 

AAAAAA 

K 

sMSti 

AAAAAA 

^ \\ 

» en  tête 

du  naos 

au  lieu 

des 

uræus 

qui 

'Z  Ci  va  (T), 

OCVT'.]  *' 

TtOV 

* "S  > ~ A *>. 

aoTTioosiotov  iaaiAst 

;5>v  rî 

ÎAA 

1 V\^» 

îi 

» en  tête 

du  reste  des  naos. 

Que  le  pschent,  » 

etc. 

B-î 

t5>v 

àXXcov  vacov. 

>/r  » * i ' _ 

tarai  o V)  uyîvr. 

Voyons  maintenant  les  fragments  qui  subsistent  dans  les 
autres  monuments.  Sur  Rosette  on  lit  encore  (fin  de  la  1.  231  : 


« Pour  faire  connaître  ce  naos  aujourd'hui...  » 


LE  DÉCRET  DR  MEMPIIES  347 

et  au  commencement  de  la  ligne  24  : 


' "M, 

....  j Ç/ 

—7  Q i® 

1 1 

ü 

/W\AAA 

3ès 

C2>  ex 

» 

AA/VWX  ! 

S® 

1 

«...  basilie  sur 

ce 

naos,  au  lieu 

des 

u r cens 

qui  sont  en 

tôte 

11 

des  naos. 

Que  soit 

le  pschent,  » etc. 

Ainsi,  Rosette  a perdu  tout  le  milieu  du  libellé  de  cette 
prescription. 

Il  faut  remarquer  aussi  que,  pour  décrire  tout  ce  qui  a 
rapport  aux  couronnes  placées  sur  le  naos,  le  texte  emploie 

T (3  S 

, mais 

CX  Ci 

dans  lesquelles  il  ne  faut  voir  que  les  paragraphes  d’un 
même  article. 

Ajoutons  qu’on  ne  saurait  admettre  la  restitution 


ni  la  traduction  « pour  toute  couronne  » adoptée 


par  M.  Revillout.  Il  s’est  laissé  induire  en  erreur  par  le 
graveur  de  la  pierre  de  Rosette  qui,  en  effet,  a séparé  la 
couronne  de  la  corbeille;  mais  les  traductions  grecque  et 
démotique,  ainsi  que  les  textes  de  Damanliour  et  de  Philæ, 
montrent  bien  qu’il  faut  rapprocher  les  deux  signes  et 
traduire  « couronnes  »,  en  faisant  dépendre  ce  mot  d’un 
verbe  que  nous  allons  voir  apparaître. 

Damanliour  (1.  27),  tout  d’abord,  s’accorde  avec  les  autres 
textes,  tout  en  étant  fort  incorrect  : 


D.  : 


n o 
o a 


« Pour  faire  connaître 


ce  naos 


ra  o 
□ o 

aujourd'hui 


348 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


Slfff 

- tofff 

» jusqu'aux  périodes  infinies  d'années,  qu'on  fasse » 

Ici  le  graveur  s’est  fourvoyé;  mais,  dans  son  commence- 
ment, le  texte  est  d’accord  avec  les  autres  monuments,  et 
de  plus  il  nous  donne  la  traduction  de  d?  tôv  s-e-.tx  ypv/ov  : 

<^><3  cd  fff  (<  l30ur  ^es  P®ri°des  d’années1 2  ». 

Sur  le  monument  de  Philæ,  le  texte  n’est  pas  moins 
maltraité;  mais  cependant  il  va  nous  fournir  de  précieuses 
indications  : 


« Pour  faire  distinguer  ce  naos  aujourd'hui,  (qu'on  mette)  dix 


A 0 


I 


» qu'on  fasse  établir 


’St 

ü 


[ces]  couronnes  en  tête  de  ce  naos,  » etc. 


Ainsi,  le  texte  de  Philæ  vient  nous  fournir  le  verbe  qui 
manque  avant  le  premier  mot  de  la  24e  ligne  de  Ro- 
sette. Mais,  ce  qui  n’est  pas  moins  précieux,  c’est  de  cons- 
tater que  la  môme  phrase  se  trouvait  dans  Damanhour  (et 
par  conséquent  dans  Rosette  ; seulement  elle  est  déplacée. 
Le  graveur  l’a  mise  à la  ligne  précédente,  où  on  lit  : 


1.  Les  signes  de  la  pierre  de  Damanhour,  un  peu  différents  de  ceux 
[Ijg  ou]  que  j’emploie  ici,  sont  les  équivalents  de 

2.  La  répétition  du  mot  « naos  » a amené  la  confusion  et  l’erreur  du 
graveur. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS  3 19 

Il  devient  donc  possible  de  restituer  comme  il  suit  la 
lacune  de  lîosette  (1.  23-24  : 


<âïï  A ^ | n j $ | 0 (1 

r~\  / l\  \ / I )\^=^ — MAAM  C_É>  V)  MJ  \ /VWVNA  I O I 

« ...  qu'on  place  basilics  dix  de  S.M.  étant  une  uræus  sur  elles,  comme 


» il  est  établi  de  faire  ; qu'on 


a pi: 

fasse  disposer 


Q 

I 

une  basilic  en 


f® 

I 


tête 


» de  ce  naos,  » etc. 


Arrêtons-nous  pour  justifier  quelques  mots  de  mes  resti- 
tutions. 

Damanhour  commence  par  (g  (a  comme  le  texte  démo- 


tique, puis  se  perd  dans  une  phrase  qui  ne  correspond  plus 
à rien.  J’ai  adopté  ce  commencement. 

Le  démotique  dit  « couronnes  d’or  dix  »,  j’ai  mis  seule- 
ment « couronnes  dix  »,  parce  que  Rosette,  qui  recommence 
aussitôt  après,  met  seulement  $ . 

Le  démotique  nomme  deux  fois  l’uræus  <=>  (j(j  àrài ; 
c’est  le  vrai  nom  de  l’uræus;  mais  j’ai  dû  préférer  le  nom 
mythique  qui  lui  est  donné  dans  la  fin  de  la  phrase. 


Porson  avait  rempli  la  lacune  par  [y. aO-Lusp  -ml  stA  iraawv] 
•ïcTjv  âî-ioo ïtowv  panAsiwv,  et  Lctronue  avait  fidopté'  cette 
restitution.  Elle  ne  tient  pas  compte  cependant  de  la  men- 
tion du  démotique  « comme  ce  qui  est  de  loi  de  faire  cela  ». 
Par  analogie  avec  d’autres  passages*,  je  propose  de  resti- 
tuer : /.xOsKisp  lîpoff-rjxei  à ru!,  qui  a le  même  nombre  de  lettres  ; 


1.  Letronne,  Inscriptions  de  l'Éçji/ptc,  I,  310.  La  restitution  de  Le- 
normant  est  toute  de  fantaisie. 

2.  Lignes  11,  15,  26,  27. 


350 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


et  je  traduis  par 


comme  aux  passages  cor- 


respondants de  l’égyptien. 

T P a o dans  Damanhour,  0 


dans  Philæ,  prouvent  que  le  texte  hiéroglyphique  faisait 
deux  paragraphes  où  le  démotique  n’en  avait  qu’un. 

Le  contraire  arrive  quand  il  s’agit  du  pschent. 

Cette  restitution,  une  fois  effectuée,  a parfaitement  rempli 
la  lacune  de  Rosette 1 . 


[Article  VII.  R.,  1.  24-25;  D.,  1.  27.]  — Après  le  § 2 de 
l’article  VI  relatif  au  pschent,  qui  se  trouve  à la  fois  dans 
Rosette  et  dans  Philæ,  vient  l’article  VII,  mais  incomplet. 
Heureusement,  Philæ  servira  encore  à le  restituer  : 


1 

i 


Ros.  : 


(3  (2  d 

Ci  Ci 0 

« Qu'on  place 


E-'.QsLm  oî  /.xi 


à l'endroit  supérieur 


Phil. 


/\WvVt 

(le 


1 /tapi 


TO'J  TîTOaYOVOÜ 


A/WWV 


les  décors 


VX?  pXJ'.ÀcLX^ 


II 
É I 


au  milieu  de  ccsrhent 
xx tx  —o  Sx'é.îiov 


1.  C'est,  du  reste,  ainsi  que  j’ai  partout  procédé  : restituer  le  texte 
hiéroglyphique  d’après  le  grec  et  le  démotique,  puis  vérifier  si  la  res- 
titution convient  à l’espace  enlevé  de  la  pierre.  J’ai  presque  toujours 
réussi  du  premier  coup. 


Lire 


sT  1 


fi.  ^ 'j  'j  ^ sur  la  pierre  de  ltosette.  (Voir  p.  251  et  255.) 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


351 


%e,t 


» un  ua;  et  un /icr,  et  qu'on  place  un  vautour  sur  une  corbeille 


li  os. 

Déni. 

P/iil. 


» étant  un  qenui  sur  lui,  sur  la  partie  droite  du  coin5  en  tête  du  naos  ; 

il r 


lit 


•e 


» tin  lotus  sous  elle,  sur  son  côté  droit  en  tête  de  ce  naos; 


Déni.  : » qu'on  place  une  urteus  étant  un  nuit  sous  elle,  sur  un  ut, 

| $ ^ 

I I 


P/iil.  : SI  . 

mÆfcé. 


Dam.  : 
lire  : 


» une  uræus  également  sur  une  corbeille,  un  papyrus  sous  elle, 

l'y 

y % i 


a * 


1.  [La  répétition  d’ci  uræus  d pour  «vautour»  (cf.  Revillout,  Chrest. 
démot.,  p.  48  et  192)  est  un  lapsus  évident  du  démotique.] 


des  textes  monumentaux),  ^ 


a 


n 


n 


www  d'Wf  . Le  grec  remplace  toute  la  description  qui  va  suivre 
par  5'j),a-/.Tr,?ia  xpu[-râ  Si/.a,  cd;  îYYpaçOr^Exat  ô]xt  ècttL  toO  ^ao-ddto;. 

3.  Les  mots  <^>  étaient  omis  sur  la  pierre  de  Rosette. 


LC  DECRET  DE  MEMPIIIS 


<§>  | 

» sur 
» à 

$ 

i 

§ 

i 

$ 

i 


✓-» — ^ 

son  côté 
la  partie 
r a B 

0 ci  I 

d 

D^J] 

A 

û^—B 


.A. 

T 

gauche  ; 
fauche  : 


<<=9 


nO  (â 


ce  qui  signifie  : roi* 

16  'j-.'.  Èaxiv  xoü  (3a<nXé(oç 


p ï 


.A. 

T 


PÎM 


J 


V 


352 
/?os.  : 

Déni.  : 
Phil.  : 

Dam . : 
lire  : 

f Ros.  : 

h 

Dam.  : 


Ainsi  se  rejoignent  les  lignes  24  et  25. 

L’Article  VIII  [R.,  1.  25-26;  D.,  1.  27-29]  institue  une 
fête  en  l’honneur  du  couronnement  du  roi.  Il  est  tout  entier 
sur  la  pierre  de  Rosette  et  sur  celle  de  Damanliour  (sauf 
une  lacune  au  commencement  de  la  28e  ligne).  Le  texte  de 
Damanliour  donne  quelques  variantes. 

Le  mot  rites,  lu  (j  ^ | sur  la  pierre  de  Rosette,  est  écrit 
® jj  sur  Damanliour;  mais,  comme  il  est  écrit 
à la  ligne  précédente,  et  que  le  copte  a aussi  un  k, 
(j  ^ f]  paraît  une  orthographe  fautive,  à moins  qu’il  ne  faille 

I (£  JJ  r\  o X)  f]  -<2>-  X) 

plutôt  voir  dans  (j  J la  prunelle  au  lieu  de  l’œil  : (j  ^ jj, 


» qui  a illuminé  la  Haute-Égypte  et  la  Basse-Égypte.  » 
xoü  S'îïtœavïj  mur(aavx o;  x/'v  xe  àvu>  / lüpav  7. al  xr,v  y.àxio. 


1 . Lire  : —La  ^ B ■ 

2.  Le  texte  démotique  traduit  simplement  par  souten,  roi,  comme  le 
grec  par  fJauiXétoç. 

3.  Faute  de  lecture  probablement. 


LE  DÉCHET  DE  MEMPIIIS 


301) 


suivant  une  orthographe  connue  que  le  démotique  emploie 
aussi. 

Damanhour  donne  la  bonne  orthographe  (j|l(j  au  lieu 
de  (j(j|l  . Les  autres  variantes  sont  évidemment  fautives. 
Cet  article  commence  par  un  long  exposé  de  motifs  : 


B 


C3a 


etc. 


\\  A/VWXA  O ' 

« Attendu  que  le  30  inésori  est  le  jour  de  naissance  du  dieu  bon,  vivant 
» éternellement;  qu’il  fut  établi  en  fête  d'exode  dans  les  temples  aupara- 
» vaut;  que  de  même,  le  17  mékhir,  on  célèbre  les  rites  de  sa  royale  exode, 
» dans  laquelle  il  reçut  la  royauté  de  son  père  (et  ce  fut  le  principe  de 
» toutes  choses  prospères  pour  tous  les  hommes ) — le  jour  de  naissance  du 
» dieu  bon  cirant  éternellement,  de  même  le  jour  de  la  prise  de  possession 
i)  de  son  autorité  bienfaisante,  — afin  qu’on  célèbre  ces  jours  le  17  et  le  30 
» de  chaque  mois  par  une  fête  dans  les  temples  de  l’Égypte  en  leur  totalité  »; 

après  lequel  vient  le  dispositif  : 

« Qu'on  place  les  autels,  qu’on  répande  des  libations,  » etc. 

Les  mots  ci-dessus  en  italique  se  trouvent  dans  le  texte 
démotique,  et  ont,  au  contraire,  été  emportés  dans  la  cassure 
de  la  pierre  de  Rosette;  mais  il  en  reste  des  traces  sur  la 
stèle  de  Damanhour. 


Nos.  : 
Dam . 
lire  : 

Dém. 


(omis) 


i i i 

® □ 

i i t 

i i i 


AA/WVX 

mm®. 


« et  ce  fut  principe  de  toutes  choses  prospères  pour  tous 


oc.  6r(  E'.d'.v  apyïjYO'. 
TA  HAT 


•nroÀXùr; 


àyocGti 


NA  ZU  NOFRU  AU  S OP  N RET  NIB 


1.  C’est  le  contraire  de  l’idée  exprimée  plus  haut,  ligne  14  (Dam., 
1.  20).  « Ce  qui  fut  principe  de  beaucoup  de  désastres.  » Canopc  dit  de 
m ême. 

23 


Bujl.  KGYPT.,  T.  XV. 


354 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


Entre  la  fin  de  la  10e  ligne  [de  la  pierre,  25e  de  la  restitu- 
tion] et  le  commencement  de  la  11e  [26e],  la  lacune  est 
encore  plus  courte.  Voici  ce  qui  reste  du  texte  sur  les  deux 


stèles  : 


ai  OTj  apy TjYoI  àyaQiov  ~ oXXcov  itàaiv  sîcuv, âyei v,  etc. 

En  combinant  ces  trois  textes,  en  y comparant  celui  de 
la  ligne  10  de  Damanhour,  je  pensai  tout  d’abord  qu’il  ne 
pouvait  y avoir  aucun  doute  sur  la  restitution  suivante  : 


■£S 


1> 

lll 

AAAAAA 


T 


Mais  elle  devait  nous  donner  une  troisième  fois  la  lon- 
gueur de  la  lacune  de  la  25°  à la  26e  ligne.  Or,  ici,  une  dif- 


LE  DECHET  DE  MEMPHIS 


355 


ficultô  m’arrêta  : le  texte  restitué  comme  ci-dessus  parait 
bien  traduire  complètement  le  grec;  cependant,  1 égyptien 
ne  fait  que  la  moitié  environ  de  l’espace  vide. 

J’avais  déjà  vérifié,  au  moyen  des  caractères  typogra- 
phiques, ma  restitution  de  la  22°  ligne  et  du  commence- 
ment de  la  23e  ligne  qui  m’avaient  paru  à première  vue 
présenter  les  meilleures  conditions  d’une  restitution  exacte, 
à cause  de  leur  contenu  ; puis,  le  commencement  des  trois 
dernières  lignes,  à cause  de  la  brièveté  des  lacunes;  et 
l’épreuve  avait  réussi.  Quel  ne  fut  pas  mon  étonnement  de 
voir  qu’aux  lignes  10-11  [1.  25-20],  la  traduction  du  grec  ne 
remplissait  que  la  moitié  environ  de  l’espace.  Heureuse- 
ment, une  nouvelle  lecture  du  démotique  vint  me  donner 
la  clef  du  problème. 

Après  avoir  dit  longuement,  comme  le  grec  : 

« Attendu  que,  en  raésori,  jour  30e,  que  ils  célèbrent  le  jour  de  naissance 
» du  roi  en  lui,  fut  établie  une  panégyrie  et  fête  à exode  dans  les  temples 
» primitivement;  (que)  de  même  manière,  (en)  mékliir’,  jour  17e,  qu'ils  font 
» k lui  les  rites  de  la  prise  de  la  puissance  suprême,  principe  des  biens  qui 
» furent  à tout  homme, ...» 

le  texte  démotique,  résumant  ce  qui  précède,  reprend  : 

« — la  naissance  du  roi  toujours  vivant,  la  prise  de  la  puissance  suprême, 
» il  fit  faire  ces  jours,  17e  jour  et  30e  jour,  (en)  panégyrie,  en  tout  mois,  dans 
» tous  les  temples  d’Égypte.  » 

De  même,  le  texte  hiéroglyphique  disait  : 

« Attendu  que,  le  "0  mésori,  jour  de  naissance  du  dieu  bon,  vivant  éter- 
» nellement,  a été  établi  en  panégyrie  et  exode  dans  les  temples  primitive- 
» ment;  (que)  de  même,  le  17  mékliir,  on  célèbre  pour  lui  les  rites  de  l'exode 
» royale  quand  il  reçut  la  royauté  de  son  père1 2,  ce  qui  fut  pour  tous  le 
» principe  de  toutes  sortes  d’avantages,  ...» 


1.  Le  « en  » que  M.  Revillout  place  ici  paraît  fautif.  Il  n’est  pas 
dans  le  démotique,  ou  bien  il  faut  faire  de  « le  30  mésori  » le  sujet  de 
la  phrase. 

2.  Cf.  Daman hour,  1.  8. 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


356 


Mais,  se  résumant  comme  le  démotique,  il  devait  con- 
tinuer : 

« — [ce  jour  du  la  naissance  du  roi  et  de  la]  prise  de  son  autorité  bien- 
» faisante,  qu’on  célèbre  ces  jours,  17e  et  30e,  chaque  mois,  par  une  pané- 
» gyrie  dans  tous  les  temples  de  l’Égypte.  » 

Ou  plutôt  la  répétition  était  nécessaire,  parce  que  la  pre- 
mière partie  de  cette  longue  phrase  est  un  considérant,  et 
que  la  seconde  partie  est  le  dispositif; et,  dès  lors,  la  mention 
des  deux  jours  de  fêtes  devait  être  faite  deux  fois.  Le  tra- 
ducteur grec  a eu  tort  de  ne  pas  en  faire  la  double  men- 
tion, comme  les  textes  égyptiens.  La  rédaction  démotique 
marque  mal  le  dispositif  par  -<g>-  « il  fit  faire  »,  mais 
la  rédaction  hiéroglyphique  prend  la  formule  impérative  : 
(j  ^ ('  clue  so^ent  fait8  ces  jours  en  panégyrie  ». 

Il  y a donc  lieu  de  modifier  ce  que  j’ai  dit  plus  haut,  et 
de  remplir  la  lacune  par  : 

O IRJiH  k 

« ...  et  que  certes  ils  furent  le  principe  de  toutes  sortes  d’avantages  pour 
» tous  : ce  jour  de  la  naissance  du  dieu  bon,  vivant  éternellement,  ainsi 
» que  le  jour  où  il  reçut  son  autorité  bienfaisante,  — que  soient  célébrés 
» ces  jours  17  et  30  comme  fêtes  dans  tous  les  temples.  » 


;Ti>HV 


La  restitution 


If. 


conviendrait  pour  remplir 


la  longueur  de  la  lacune;  mais,  à cause  du  principe  de  la 
similitude  orthographique  des  deux  textes  de  Rosette  et  de 
Damanhour,  je  crains  qu’elle  ne  soit  pas  bonne.  Damanhour 


donne 


/7\v\L 

JLA: 


ce  qui  serait  trop  court  : Rosette 

“ 9 


7 


ne  devait  donc  pas  écrire  (I  certes 

remplirait  mieux  la  place  : mais  ce  n’est  pas  dans  le  démo- 
tique, et  d ailleurs  V paraîtrait  mal  placé.  Je  pense  que,  pour 
combler  le  vide,  il  nous  suffira  de  placer  après 


LE  DÉCRET  DF.  MEMPHIS  357 

la  traduction  du  mot  -ït -.v.  Ce  mot  est  traduit  do  plusieurs 

manières  dans  l’inscription  : y ,wv'A'  (lignes  fil],  19,  20), 
_h_  1 êrrro  i i i ' L J 

^ ® (^/ois)  et  20), 

(j^  ^7^  0-  ~6)  ; mais  il  faut  remarquer  qu’âpres  'O' 

on  ajoute  toujours  ri  AA/W'A  (1.  6,  8,  2 fois),  ainsi  qu'après 
® ^ , a i i i 

(1.  20).  J’adopterai  donc  ces  trois  mots. 


□ 


i i 


après 


Le  dispositif  de  cet  article  Mil  est  complet  dans  Rosette, 
à un  mot  près  : mais  il  suffit  d’ajouter  le  pronom 

I 1 £2» 

i 1 « leurs  temples  ». 

iii  1 

La  dernière  phrase  des  hiéroglyphes  : 


IM-lo 


A/WAA 

e Ql  I I 


Ml  e ^ 

« Tout  ce  qu’on  fait  dans  ces  panégyries,  que  tout  homme  le  fasse 


n 

q i — - 

/WVNAA 

iL 

Ln  n i i J 

» dans  son  temple,  » 

correspond  au  grec  : 

Taç  T£  y ivofLvx;  — po(H[ffî'.s  otoôvai  io~.^  Ispsü 
toTç  ispoeç, 

et  au  démotique  : 


rot.;  Trajpsy  o(jl£\ 


jjLîvo'.r  sv 


NA  NT  AU-U  AR-U 

AAAAAA  AAAAAA 


TOS‘  U 


AAAAAA  AAAAAA  r\  i n 

k- 


SJ 


I l i <2  ! nn  ill1? 


III  NA 

AAAAAA 


((  Les  choses  qu  on  fait  en  offrandes,  qu'on  les  assigne  pour  les 

S‘ES  NASEN  ARPIU 


ROMU  NT 

q j AAAAAA 

i 


AAAAAA  H— 

'H  AAAAAA 


» hommes  qui  desservent  leurs 


n i 

^ i 
□ JJ  i i 

temples.  » 


Les  trois  textes  se  corroborent  entre  eux,  et  les  rédac- 


358 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


lions  égyptiennes  sont  suivies  de  près  par  la  restitution  du 
grec  faite  par  Porson. 

Le  texte  de  Rosette  passe  la  première  lettre  de  la  locution 
, qu’aucun  des  traducteurs  n’a  comprise.  M.  Brugscli 
traduit  : aJiud  omne  factum  in  panegyribus  fat  esse 
homineni  omnem  facere  ilia  in  templo.  M.  Chabas  (p.  70) 
ne  traduit  pas  du  tout  le  p.  M.  Bouriant  (p.  13)  le  supprime 

du  texte  et  réunit  (j  ^ | e^c-  à la  phrase  précédente, 

ce  qui  produit  une  répétition  impossible  à admettre.  La 
véritable  coupure  est  celle  que  j’ai  indiquée,  confirmée  par 

le  texte  démotique.  Après  c=^=i  etc.,  mis  ainsi  au  commen- 


cement de  la  phrase,  la  particule  (j  |1  devient  nécessaire  pour 
introduire  le  sujet  ( Ici,  comme  en  bien  des  cas,  elle 

joue  un  rôle  analogue  à la  particule  so  en  allemand. 

L’Article  IX  [R.,  1.  26-27;  D.,  1.  29]  commence  dans  la 
lacune.  Après  les  mots  TCxpEyopÉvoi;  lv  xoi?  LpoT;,  le  grec  intro- 
duit un  nouveau  dispositif  que  M.  Bouriant  n’a  pas  reconnu  : 

. . . ayeiv  oè  èopvr]v  -/.a'.  xxavrîyuptv  [xü  ajîiovoêûp  xa'.  Tj-fsc^T)  pivot  ùtxo  to'3 
‘I>0à  nxoXepafip,  Gsw  ’ETXKjtavel,  etc., 


ce  que  le  démotique  exprime  par  : 

0^  j ^TTz>-  r— | r— ] /WWVX  ^ c — — > ^ ^ j— j 


Cl  “ j “<S>-  q . tq 

l'A  <1  ! 1 ^ S1 


□ 


I 


l l 


Or,  la  ligne  27  de  Rosette  recommence  par 

'qcriD 


□ 


J\ 


etc.  ; 


1.  Lo  fac-similé  de  Lepsius,  Auswahl,  pl.  18,  omet  le  signe 


LE  DECHET  DE  MEMPHIS 


359 


la  ligne  29  de  Damanhour,  que  nous  avons  laissée  (p.  354) 
au  milieu  du  mot  (j  initial  d’une  phrase  qu’elle  ne  donne 


pas,  reprend  par  : et  tout 

ce  qui  suit  dans  le  texte  de  Rosette.  Nous  sommes  donc 
bien  assurés  que  la  lacune  dans  Rosette  est  fort  courte,  et 
qu’il  n’y  manque  que  la  traduction  des  mots  àyî-.v  o*  $0p ■/.%' 
-itavr^uptv.  Or,  cette  expression  se  répète  maintes  fois  dans  le 
corps  de  l’inscription,  où  elle  est  traduite  tant  en  hiéro- 
glyphes qu’en  démotique. 

En  écrivant,  suivant  la  svntaxe  de  notre  document  : 


Te<5W® 

Q 3 A 

a 1 

A <5  5 

T w u LT,  (| 

1 QO  1 1 1 

n 

1 1 1 1 1 $2)  1 

y\ 


Wi etc- 


1 . M.  Bouriant  passe  (p.  13)  les  mots 


a M 


Y.L 
ex  e» 


2.  Cf.  le  commencement  de  tous  les  dispositifs,  qui  se  fait  par 
w (£.  (â 

, suivi  de  la  racine  verbale  nue. 

I ex  ei 


3.  Cf.  le  texte  démotique,  loco , 
S 


et  / mssim  ; cf. 


Rosette 


, 1.  25; 


£>  ra  O Q , 

B , 1.  28,  et  , 1.  22. 


I l l i i i 

4.  Les  mots  correspondants  manquent  dans  le  texte  grec;  ils  ont  été 
emportés  par  la  cassure  de  la  pierre,  mais  tout  le  monde  les  a restitués  : 
Osai  ’Ejuçaveï,  EüyaptVrfp,  y.a-’  è'n[auTÔv,  èv  ~o\;  icpoï;  y. ara  TYjv]  ’°yd)pav.  Pour 

l'cgyptic,  cf.  Rosette,  1.23,  j fC  ; 1.  2t>,  J,  , 

L 27’  ^ ü ^ P T i.  29, 

[ m(  mi  ii  nnn  I n © 

“ ^ ’ ; 1.  20,  M Q Q 41  f ; et  Damanhour, 

( ni  O I © & /»  » 

>■ 8-  * ÿ ■ '■  "•  *■  H- 


nnn  i i i 


LD  ; 1.  29,  au  lieu  de 


on  a pu  employer 

i i l 


/WWNA  (des  lignes  19  et  20  de  Rosette),  qui  a la  même  signification. 

m i i i 


360 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


on  est  certain  d'avoir  rétabli  exactement  le  texte  de  Ro- 
sette1. 


L’Article  X [R.,  1.  27;  D.,  »]  n’est  pas  marqué  par 
dans  le  texte  hiéroglyphique  : 


T 


O 


ff/lrl?  ï 

« Les  prêtres  des  sanctuaires  dans 


n i 

tous  les  temples 


§ US 
CZZDi  ÜtD 

à son  nom 


e 


AA/VW\  0^0 

III 

» qu’ils  soient  appelés...  » 


Le  démotique  dit  avec  la  même  inversion,  mais  avec  la 
formule  m tu  : n uabu  nt  n na  arpiu  Ivam,  arpi  nib, 
m tu  XE-N-U  UABU,  etc. 

Pour  la  première  fois  nous  trouvons  complète,  à deux 
lettres  près2,  la  ligne  de  Rosette  sur  le  côté  droit  (à  gauche 
du  spectateur).  Nous  n’avons  à restituer  que  le  commence- 
ment de  la  ligne  28.  La  27e  finit  par  : 

« Que  les  prêtres  des  sanctuaires  des  temples,  à son  nom,  soient  appelés 
» prêtres  du  dieu  Épiphane  Euchariste , en  outre  des  titres  de  prêtres 
» qu’ils  portent  (déjà).  Qu'ils  l’écrivent...  » 

[Articles  XI  et  XII.  R.,  1.  27-28;  D.,  ».]  — Plus 
nous  approchons  de  la  fin,  plus  les  lacunes  sont  courtes.  Il 
ne  manque  rien  à la  fin  des  lignes  12,  13,  14  [27-29]  ; nous 
n’avons  à chercher  que  les  quelques  mots  du  commencement 
des  lignes  13  et  14  [28-29]. 

La  ligne  12  [27]  se  termine  par  : ^ 


1.  Sauf  ce  que  je  viens  de  dire  dans  la  note  précédente. 

2.  Deux  corrections  au  texte  de  Rosette  sont  ici  nécessaires  : 


1” 


j,  titres , est  pour 


; 2" 


doit  être  écrit 


complète  en 


comme  à la  ligne  26;  3“ 
écrire. 

l—û 


«4/ 


, qui  finit  la  ligne,  se 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


3G1 


et  la  suivante  commence  par  : 


Cela  correspond  à xai  xaxa^wpîja'.  ssç  xxâvxa;  xoô;  y 
y. al  elç  xoùî  8[ax.xuXtooç,  ooç  cpopoôa-tv,  x/'v]  ispaxsi'av  aùxoô  (1.  51-52). 

Il  paraît  que  Champollion  n’avait  pu  déchiffrer  cet  endroit 
du  texte  de  Rosette,  puisque  la  traduction  par  lui  remise  à 
Letronne1  n’a  pas  permis  à celui-ci  de  restituer  dans  le 
grec  des  mots  qui  se  trouvent  et  dans  le  texte  démotique  et 
dans  le  texte  hiéroglyphique. 

M.  Bouriant  n’a  pas  mieux  réussi  en  mettant  (p.  13)  : 


A/VWVX  <5  _> 

I l l 4-=4 


qui  est  tout  à fait  incorrect  et  passe  une  phrase  du  grec. 

Ici  encore  le  démotique  va  nous  servir  à la  fois  de  guide 
et  de  preuve.  On  y lit  : 


1.  Cf.  Letronne,  Inscriptions , p.  251.  Letronne  met  xai  £î?  xc«C; 

â[X),ouç ty)v]  ispa-£'xv.  Kosegarten,  De  prisai  Æç/ppt.  lilt.,  p.  65, 

écrit  xal  eîç  xo-j;  X. . . . La  similitude  du  A,  du  A et  de  l’A  a conduit  à ces 
conjectures  erronées. 


362 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


« Qu'on  l'écrive1  sur  tous  les  formulaires5. 

» Qu'ils  inscrivent  le  titre3  de  «prêtre  du  dieu  Épiphane  Euchariste»  sur 
» l'anneau  qu'ils  portent  sur  eux.  » 

Passons  maintenant  au  texte  hiéroglyphique,  qui  va  de- 
venir absolument  clair. 

Le  premier  dispositif  ne  commence  pas  par  la  formule 


T 


ordinaire 


, adopté  par  M.  Bouriant,  ne 


signifie  rien.  Mais,  en  se  reportant  à la  ligne  26  de  Rosette, 
nous  trouvons,  pour  répondre  au  grec  a-p-v  tL  r.pépa;  totl-a; 

'3%**  r*™'’ 1,1 

/ 1 \,  qui  est  de  1 égyptien  très  correct,  et  nous  prouve 
que  le  graveur  de  Rosette  a commis  en  cet  endroit  deux 
inadvertances,  l’omission  de  et  la  substitution  de 


comme  à la  ligne  26. 


b Lisons  donc 

Le  p qui  suit  est,  d’après  la  restitution  de  M.  Bouriant, 
tout  à fait  inutile;  il  est  cependant  indispensable  pour  écrire 

S!,  et  que  ce- 


le  mot  p , dont  il  reste  sur  la  pierre 
pendant  M.  Bouriant  (p.  13),  comme  M.  Chabas  (p.  79), 
suppose  perdu  dans  la  cassure. 

Il  faudrait  ensuite  trouver  la  traduction  égyptienne  de 

^pTjp.aTKTjJLO’JÇ. 

Le  mot  ypr, jaaTiajaôç  a été  interprété  arrêté  par  Letronne 
(p.  251),  et  il  se  trouve  avec  cette  acception  dans  les  lexi- 
ques*. 

M.  Revillout  a traduit  par  dépôt  le  mot  Lj[j[j  /WWW  ^ 

1.  Le  titre  de  «prêtres  du  dieu  Épiphane»  dont  parle  le  dispositif 
précédent. 

2 . Cf.  le  protocole  même  du  texte  de  Damanhour  et  le  grec  de  Rosette, 
où  cette  prescription  est  appliquée.  (Cf.  l’article  VIII.) 

3.  (|  fonction,  titre;  d’ou  autorité  (cf.  Damanhour,  1.  10,  et 

ma  restitution  de  la  ligne);  mal  traduit  puissance  par  M.  Revillout 
(p.  55)  : on  n’écrit  pas  une  puissance  sur  un  anneau. 

4.  Alexandre,  Dict.,  c°  /pïjjAaieTjAdç,  arrêt,  décision. 


LF,  DECRET  DE  MEMPHIS 


303 


37  « qu’ils  l’écrivent  dans  le  dépôt  de  toute  parole  ». 
Cela  ne  suffît  pas,  il  s’agit  d’examiner  ce  qu’il  faut  entendre 
par  ce  « dépôt  de  toute  parole  ». 


Le  mot 


, suivant  moi,  prend  dans  les  hiéroglyphes 


plusieurs  formes  se  rapportant  à la  racine 

"1  r AAAAAA  I 


t n ZRA, 

« n’est 


fermer;  exemple  : * 

AA/WXA  <111 * I 1 -L  /WWV\  I 

» fermé  aucun  chemin  à lui’  ».  D où  le  mot  ^ 

« Gemauer,  ummauerte  Banni  » et  plus  généralement 
« Haus,  Wohnung , Tempelsgebaude  » : 


n 


« das  Haus  des  Horus  des  Siegers  ans  Erden*  ».  De 
I \>©  . G 

là  vient  le  sens  prison,  comme  dans  la  phrase  suivante  : 

f A n ^ / ^ 1)0^  <(  ’^C  me  ^ens  (mc  v°ici)  dans  ta 

» prison3.  » Avec  une  autre  orthographe,  le  papyrus  Sal- 

lier  II,  3,  9,  donne  encore  un  sens  plus  rapproché  du  copte 

, titre 


-n- 


■xôAo.  M.  Maspero  a traduit  ( v; 

de  Douaouf-sa-kharad,  par  « l’employé  à l’aire  ».  Cf.  ■xupe, 
area.  Ce  peut  être  tout  aussi  bien  « le  préposé  au  dépôt  ’ », 
ïiitïn,Ao,  dépôt  3 . Tout  cela  confirme  le  sens  de  dépôt  donné 


M 


par  M.  Revillout. 


1.  Variante  du  Todtcnbucli,  clvi,  citée  par  M.  Maspero,  Papyrus 
du  Loucre,  p.  9;  cf.  sAe  sepes;  cf.  Todtenbuch,  cxlvi,  10e  porte,  et 
cxlv,  1.  38. 

2.  Dümichen,  Zeitschrift,  1871,  p.  31  ; cl.  Zeitschrift,  1870,  p.  15,  etc. 

3.  Todtenbuch,  cxlix,  15;  ou  : dans  ton  emprisonnement,  c’est-à-dire 
emprisonné  par  toi. 

4.  La  grange  où  l'on  dépose  la  dime  royale  (?). 

5.  Je  passe  diverses  acceptions  voisines,  (|  ^ A A « cons- 

» truire  » ( Todtb .,  clii,  titre  et  1.  3;  Shûi  n sinsinu,  2,  11,  etc.); 


B 


muraille  » et 


B 


O « massif  limitrophe  des  sépul- 

» tures  » (Pap.  Abbott).  Je  n’ai  pas  en  main  le  Papyrus  magique  du 
British  Muséum,  cité  par  M.  Birch,  Reçue  archéologique,  VIII,  p.  431, 
où  se  trouve  un  mot  garu  ou  tabu  avec  <=’“3  pour  déterminatif. 


364 


LE  DÉCRET  DE  MEMPIIIS 


On  pourrait  croire  qu’il  s’agit  d ’ archives.  Mais  que  serait- 
ce  que  « inscrire  le  titre  de  prêtres  du  dieu  Épiphane  dans 
» les  archives  »,  ou  même  « dans  les  archives  des  paroles  (?)  »? 
Je  pense  que  telle  n’est  pas  la  véritable  nuance  de  sens  du 
mot.  La  terminaison  w;j.ôç  entraîne  une  idée  d’abstraction  qui 
se  trouve  dans  le  mot  démotique  formé  avec  LJ  (j[  J 
et  dans  le  mot  copte  formé  avec  xm’.  Dépôt  dans  e sens 
d 'archives  eût  été  plutôt  /pTj^aTu-r'piov  ou  /yr^j.-. osAix-ov. 
Selon  moi,  xpïipxuqjuL  et  « le  dépôt  de  paroles  toutes  » ne 
peuvent  vouloir  dire  ici  que  formulaire.  Aux  prêtres 
chargés  en  Egypte  des  fonctions  de  notaires,  il  était  pres- 
crit d’inscrire  le  nouveau  titre  dans  leurs  formulaires. 
Dans  le  libellé  des  actes  publics  qu’ils  dresseront,  ils  de- 
vront ajouter  dorénavant,  à la  mention  des  autres  sacer- 
doces, celle  du  sacerdoce  de  Ptolémée  Épiphane. 

Nous  pourrions  donc  écrire  dans  la  lacune,  selon  l’ortho- 
graphe hiéroglyphique  : 


<1 


Cependant,  d’après  le  parti  pris  du  rédacteur  démotique  de 
remplacer  les  termes  du  texte  hiéroglyphique  par  d’autres, 
il  n’y  aurait  rien  d’étonnant  à ce  qu’il  y eût  ici  une  autre 
expression.  Or,  parmi  les  honneurs  rendus  à la  princesse 
Bérénice,  tille  d’Évergète,  le  décret  de  Canope  prescrit 
« qu’il  soit  chanté  à sa  double  plume  par  des  chœurs  de 
» chanteurs,  hommes  et  femmes,  une  fois  par  jour,  et  aux 
» panégyries  et  exodes  des  dieux  par  des  hymnes  rédigées 
» par  les  hiérogrammates,  qui  les  remettront  aux  chefs  d’en- 


1.  Voir,  ci-dessus,  p.  52-56  et  324. 


2.  Après  ^ , le  verbe  est  à l’infinitif  (Rosette,  1.  21,  22,  23,  24, 

26  et  28)  ; mais  après  011  Ine*'  Participe  fl.  26).  D’ail- 

leurs ici  le  mot  est  au  passif. 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


365 


» seignement  des  chanteurs,  et  qui  les  écriront  également 

formulaires  de  la  demeure 


» sur  les 


r~vr~i 


» de  vie’.  » On  pourrait  donc  mettre  aussi  dans  Rosette  : 

'(2  Q CE 


(T 

T 


Le  mot 


C3ED 


□ 


peut  fort  bien  prendre  cette  signification. 

ce  livre  (ou  ce  formulaire)  désigne  le  Livre  de 
ce  qui  est  dans  l’hémisphère  inférieur \ On  a traduit 


F (2  <=> 

» du  roi 


1 A/WWX 


laire ? Copie  se  dit 


□ 5 


par  : « Fut  faite  cette  copie  au  temps 

mu- 


o 


^ ni 


».  Ne  serait-ce  pas  plutôt  ce  traité,  c cformu- 

/WWV\  ( ^ 1 

Autre  exemple  : 

© (2  ^ **  ^ > 

<=>  «...  comme  au  livre  (re- 


Qi 


T 


» cueil,  catalogue,  traité,  formulaire),  intitulé  : Fondation 
» des  localités  par  le  premier  cycle  des  dieux * ».  — Au 
Lxvi  e des  florts,  <=~^\  désigne  le  recueil  des  Hymnes 


au  ^soleil  5 et  aussi  les^chapitres  formant  un 

J 7 i i i ^17  7 (<  Autre  recueil  ajouté  au  Pei^m- 
» hrou6  ». 

Je  ne  suis  pas  éloigné  de  voir  dans  les 
s=L<2  C 7Z), 


Il  l rx/f" c-n 


ou 


*>  Fs  notaires  chargés  de  rédiger  les  actes  pu- 


1.  « (Et)  il  en  sera  écrit  copie  dans  les  archives  de  la  maison  de 
» vie.  » (Traduction  de  M.  Pierret.) 

2.  Ta  s‘d  ama  Dnat,  1,  apud  Pierret,  Études , 1,  p.  104. 

3.  Papyrus  géométrique  Rhind  : Zeitschrift,  1808,  p.  109. 

4.  Traité  de  Ramsès  II  et  du  roi  des  Ivhétas. 

5.  Todtenhuch , xv,  47,  48. 

6.  Todtenhuch,  clxiii,  titre. 

7.  Rosette,  1.  4;  Philæ,  2"  décret,  1.  13. 

8.  San,  1.  34. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


36G 


blics,  qui  devaient  se  servir  de  formulaires  tenus  toujours 
au  courant. 

Quoique  la  formule  ^ ^ parût  bien  satisfai- 

sante, tant  au  point  de  vue  du  sens  que  de  la  place  à remplir, 
une  étude  plus  approfondie  du  texte  si  malheureusement 
mutilé  de  Philæ  m’a  fait  retrouver  la  véritable  expression. 
A force  de  patience,  j’ai  pu  établir  que  le  premier  décret 
d’Alexandrie  reproduisait  dans  son  dispositif,  à peine  avec 
quelques  modifications,  et  dans  le  même  ordre,  les  prescrip- 
tions du  décret  de  Memphis.  Ainsi,  vers  le  commencement 
de  la  15e  ligne  vient  l’institution  d'un  exode  en  l’honneur 
de  Ptolémée  et  de  Cléopâtre  Épiphanes',  puis  l’institution 
du  titre  « prêtres  des  dieux  Épiphanes1 2 3  »;  puis  A ix  flll 


1 I 


/I  I 


% ; puis  la  prescription  d’inscrire 


le  titre  de  « prêtres  des  dieux  Epiphanes  » sur  les  bagues 
des  prêtres1,  et  de  même  pour  les  articles  suivants.  J’en  ai 
cité  assez  pour  qu’on  soit  persuadé  que,  sous  le  fragment 
reproduit  ci-dessus,  se  cache  l’article  XII  des  deux  décrets 
de  Memphis  et  d’Alexandrie,  dont  je  rappelle  le  libellé  : xaî 
lopîaai  si?  tA'i-.x;  tqü;  ^prllu.a'L,.aiuox,  et  dans  la  rédaction  dé- 
motique : « Qu’ils  l’inscrivent  dans  tous  les  formulaires.  » 
Le  texte  de  Rosette  a encore  le  commencement  de  la  for- 
mule (1.  26,  in  fine)  : jjff 

d’après  la  ligne  26  et  compléter  en 


qu’il  faut  corriger 

PS- 

« qu’on  inscrive. . . ». 

Je  ne  saurais  rétablir  les  mots  suivants,  dont  il  reste  si 
peu  de  traces;  mais  les  deux  groupes  suivants  ne  laissent 
aucun  doute  sur  la  restitution^®  * \ ~ ',  pour  traduire 

i 5^^  J i i i 1 

e’.ç  -couî  /pT)[i.a-:;a[jLO'L  « sur  les  formulaires  »,  avec  addition  de 


1.  Cf.  article  X du  décret  de  Memphis,  1.  26-27. 

2.  Cf.  article  XI  du  décret  de  Memphis,  1.  27. 

3.  Cf.  article  XIII  du  décret  de  Memphis,  1.  28. 


w 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS  367 

« comme  il  est  prescrit  de  faire'  »,  ou  mieux 


O A/Wvv>  « selon  leur  nombre  »,  pour  traduire  -âvxaç. 

mi  1 


On  aura  ainsi  dans  le  décret  de  Memphis  (Rosette,  1.  27-28) 


l—ff 


i «== 


S 


i i i 


Q AAAAAA 

I I I 


« Qu'il  soit  écrit  sur  les  formulaires  selon  leur  nombre  (=  tous).  » 

Article  XII.  [R.,  1.  28.]  — Les  premiers  mots  seuls 
manquent.  Le  démotique  a deux  phrases  où  le  grec  n’en  fait 
qu’une.  De  même  le  texte  hiéroglyphique  devait  en  avoir 
deux;  le  verbe  étant  le  même  dans  les  deux  phrases,  le 
rédacteur  grec  ne  l’avait  pas  répété  et  avait  joint  les  com- 
pléments par  xaî. 


0^>T 


1 


.A 


$ © 

I 


Q 


« Qu'on  écrive  le  titre  de  prêtre  du  dieu  Épiphane  sur  les  sceaux 


W 


I 


» que  gardent  leurs  mains.  » 

Le  démotique  dit  : « Les  anneaux  ( kelet ) qu’ils  portent 
» (fa)  sur  eux  (hi  at-u,  mot  à mot  : sur  leur  dos).  » 

Ces  deux  rédactions  paraissent  assurer  la  restitution  de  la 
51°  ligne  du  grec.  Rien  n’eût  été  plus  facile  à Letronne  que 
de  rétablir  /.A  tU  xo üç  o[axToXîooç  oîç  cpôpoucuv],  si  Champollion 

S ' 


AAAAAA  I I V*\  | 

I I I o \\ 


avait  pu  déchiffrer  les  mots 

S ((  ^eur  anneau  ûu portent  sur  eux  »;  mais 
il  y avait  dans  cette  phrase  plusieurs  mots  alors  inconnus 
à Champollion.  Pour  nous,  la  restitution  et  du  grec  et  de 
l’égyptien  est  tout  à fait  certaine. 


1 . Cf.  Rosette,  1.  21  : Memphis,  art.  II,  répété  au  deuxième  décret  de 

Ü7T7 


Philæ,  I.  14.  Là  ® 


signifie  ceremonies. 


368 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


L’Article  XIII  [R.,  1.  28]  concerne  l'autorisation  donnée 

aux  particuliers  d’élever  chez  eux  un  naos  en  l’honneur  du 

roi;  et  I’ArticleXIV  [R.,  1. 28-29],  l’autorisation  de  célébrer 

les  panégyries  et  exodes  mensuels  et  annuels,  * ] 

1 i o il 

La  fin  de  cet  article  manque  au  texte  de  Rosette. 

Il  ne  reste  plus  à compléter  que  la  dernière  ligne.  La 

ligne  28  se  termine  par  : 


fO  CM  fO  AAAAAA 
r J VI  AWW\ 


«pour  qu'il  soit  fait  connu  être 


i. 


I 


I l I 

les  habitants 


a 

m ^ 

a © i 

d’Égvpte  à honorer...  » 


et  la  ligne  14  [29]  commence  par  : 


« ce  décret  sur  une  stèle,  » etc. 


Le  gTeC  dit  ceci  : "Otïw;;  yvwpquov  -fi  oiott  ol  Iv  Alyj’r.'to  avouai  •/.al 
Ttiaibai  tov  0eôv  ’Eiutpavîj  ’Euy àpia^ov,  [üaatXÉa  */.aOâ”cp  vôpupôv  Èar[iv  A 
o'î  ip-^cpiaj-ca  ■zoû'co  àvaypà'Aai  ett!  aT^Xrp/]  jteqeoù  XîOou,  etc. 


et  le  démotique  : 


« Que  cela  soit 


/wwv\  /wwvx 

lS  n \ „ u ~~~ 

évident  que  ceux  qui  (sont)  en 


Égypte 


i -O  r- 1 I 1 AAAAAA  AAAAA' 

KW  . w l 

» font  honneur  au  dieu  Épiphane 


- — 0 7g 

AAAAAA 

-?23-  AAAAAA 

Euchariste 


comme 


w ra  □ 


k;isi  m 


n ce  qui  [est)  de  droit.  Qu’ils  écrivent  le  décret  sur 


flMlp 

une  stèle.  » 


1 . Le  démotique  dit  seulement  annuels  : / cr  renpit , sans  mention  de 
mois;  mais  on  peut  traduire  «pendant  l’année»  et  les  deux  locutions 
reviennent  au  même. 


2.  o T -*c2ü-  (Canope,  1.  37);  le  démotique 
o 4 


LE  DECHET  DE  MEMPHIS 


369 


■îîî- 


Ainsi,  la  lacune  du  commencement  de  la  14°  ligne  com- 
prend : 1°  le  titre  royal  aussi  écourté  que  possible  ; 2 0 la 
mention  xaOâ-sp  vôpipôv  ia-r-.v  = « comme  ce  (jui  est  de  droit  ». 

Or  ; 1°  Osôv  ’Eiuçav^  v.jyjij'.j-.'ri  correspond  à 

<|ui  se  trouve  en  plusieurs  endroits  de  la  sté 
à la  ligne  précédente;  2°  /.aOâne 

qui  revient  plus  d’une  fois  : J ^ | | | 

« toutes  choses  établies  à faire  en  l'honneur  des  dieux  ' » : 

«I- 


A 

e,  notamment 
p vô[j.iaov  est  une  formule 


IV^^Jrr^^Vl! (<  toutes  lcs  pres_ 

» criptions  établies  pour  leurs  personnes  comme  on  fait  pour 
, , . ® Q <2>-  — 

» les  dieux  ■ » ; <=^=>  AAAAAA  t 

V37  (3  c I I I Xi7  I 

» qu’on  fait  dans  ces  panégyries3  » ; 


[Tl  ' 0 « toutes  les  choses 

I 1 ü 


D 

'(2 


\\ 


« et  toutes 


» les  choses  qu’il  est  prescrit  de  faire'  ».  Il  faut  donc  écrire 

C\  h X\  l—3  XI 

à la  suite  : \/(lo v\  t -<s>-  comme  ligne  18  de  Damanhour,  ou 

n A/WXAA  ^ I —21  JJ  I I ! 

(a  y comme  ligne  27  de  Rosette3. 
qJq  w & 

Enfin,  avouer,  xxî  Tt(j.wa!  peut  se  rendre  littéralement  par 

® fl  ^ 0 ! ^ ^3!  V37  J JJ  d’après  la  formule  de 


I I 1 /WW\A  I 


J\ 


la  ligne  1 1 du  décret  de  Canope  ; ou 
d’après  la  ligne  5. 


w7 


1 

A • 


AMVA 

111  IA 


W7 


signifie  d’abord  disposer,  placer  : « Isis 


w u 1 


place  ta  personne  auprès  d’Ounnofer'  » ; 


W7 


AAAAAA 

I I I 


1.  Damanhour,  1.  17-18  = grec,  1.  18- 

2.  Rosette,  hiérogl.,  1.  22  = grec,  1.  40. 

3.  Rosette,  hiérogl.,  1.  27  = grec,  1.  48. 

4.  Rosette,  hiérogl.,  1.  22  = grec,  1.  40. 

5.  Cf.  Décret  de  Canope , 

» est  prescrit  de  faire  ». 

6.  Pierret,  Recueil , II,  p-  111 


1 1 


(1.  37)  « selon  qu’il 


24 


Bibl.  égypt.,  t.  xv. 


370 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


■ W' 


a ^ 

I I c 


« placez-lui  la  couronne  dans  l’enfer'  »; 
^ C|C|C]  ((  il  tendit  la  main  vers  le  temple 


» ( s/em-t ) des  dieux2  »; 

wwv\  <r — o I 


W7  feA 


« montrer  le  chemin3 


» : 


/WVvW 


*^81*  « il  a disposé,  amé- 
...  ».  En  ce  sens,  il  parait 
De  là  dérive  la  signification 
du  copte  coup,  distribuer,  répandre.  On  dit  au  figuré 


» nagé  son  temple,  il  a construit 

1 


se  confondre  avec 


W*  O' 


pour  « ils  mettent  tous  leurs  soins  » ; 


\\  « ils  placent  leur  cœur  avec  chaleur4  » 


A o 1 7 , 

i « placer 


• I I I /wwv\ 

» des  choses  ou  des  honneurs  nombreux  » pour  le  roi;  le 
verbe  est  même  employé  seul  pour  « vénération,  vé- 
» nérer  ».  A la  ligne  25  de  Canope,  il  est  dit  que  le  temple 
de  cette  ville  est  « parmi  ceux  que  vénèrent  le  roi  et  tous 


» les  habitants  de  l’Egy 


0 

T 


ü 


un 


i i i i 


A 


Me  » 


4 


et  plus  loin,  ligne  37 


.<13- 


W7 


« pour 


» faire  évidence  a la  face  de  tout  homme  de  la  vénération 
» qu’ont  les  prêtres  pour  les  dieux  Evcrgètes  ».  Enfin,  le 
mot  s’applique  encore  à des  cérémonies  religieuses  et  qua- 
lifie souvent  les  temples,  les  personnes  et  les  objets  sacrés*. 


1.  Pierret,  Recueil,  II,  p.  122. 

2.  Stèle  de  Piânkhi,  1.  5)7. 

3.  Stèle  Metternicli. 

4.  De  Rouge,  Inscriptions  hiéroglyphiques , pl.  167,  1.  32. 

5.  Chabas,  Papyrus  magique  Harris,  p.  76. 

6.  Pierret,  Canope,  1.  27. 

7.  Ibid  , 1.  11. 

8.  m bu  son  (Rosette,  1.  23)  in  loco  sancto , rendu  dans  le  grec  par 
iv  toï;  àSÛTGiç  (ef.  Sarcophage  de  Séti  I"r  et  l’inscription  de  Chabaka); 
— snn  sohi  n tf  f tonn  « une  image  sainte  de  son  père  Toncn  » (Recule 


LE  DECHET  DE  MEMPHIS 


371 


Mais,  pour  choisir  entre  ces  formules,  il  faut  remarquer 
que  l’espace  enlevé  à la  pierre  de  Rosette  est  très  restreint 
et  doit  contenir  non  seulement  la  lin  de  cette  phrase,  mais 
aussi  le  commencement  de  la  suivante;  de  sorte  (pie  la  ré- 
daction la  plus  courte  est  certainement  la  plus  probable.  On 
peut  donc  proposer  avec  assurance  quelque  chose  comme  : 


<=^=>  A. 

<==> e «Si 

« Pour  faire  connu 


0“MÎ  y VI O p Ji. O V T| 


i i i 

<Mre  ceux  qui  sont 

8 LOT!  o'. 


L»û\\l  I I 


V 1 


A 


LT1 

q © 

en  Egypte  ; 
èv  A'Y'JTxtp 

-m  m 


» disposer  des  honneurs  pour  le  dieu  Épiphane  Euchariste  comme 


X JZO’JT.  V.ï.  X’.'JL (07! 


Osèr 


E — tsavr. 


-'VA0' 


rxov  xaOâ—io 


4“ 


— \\  — I 
))  il  est  établi  de  faire.  » 


VOfJLOJLOV  S JT  IV. 


badin,  à I’Article  XV  [R.,  1.  29;  D.,  1.  30-31],  il  ne 
manque  que  : 


« Qu’on  grave...  » « ce  décret 


sur 


tTÎCK 

une  stèle. . . » 


âv x'ipityaa  os 


xooî  'li'/, otdjjtx  xojto  j x/,Àr,v,  etc. 


Trac.,  1881,  p.  C3);  M.  Pleyte  traduit  par  « artistique  »;  — soru  smon/, 
r an  f « Saint  et  Bienfaisant  sont  ses  noms  » ( Hi/mnc  à Osii-is,  1.  22);  — 
ailleurs  : sor  ran  k « ton  nom  est  saint  » ; — sor  amn-ra  r notru  « Am- 
mon  est  saint  par-dessus  tous  les  dieux  » (Mariette,  Abt/dos,  pl.  13).  — 
Cf.  de  Bougé,  Inscriptions  hièrot/lt/p/tirju  \s,  304,  Tl;  Diimichen,  Ilauttr- 
latnde,  pl.  17;  tous  les  passages  du  Licrc  des  Morts  cités  à l’htdcj  de 
M.  Lieblein;  et  quantité  de  titres  dans  les  textes  historiques  et  religieux. 


372  LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 

Q q est  le  mot  de  l'un  des  décrets  d’Alexandrie  dans  la 
même  formule.  Chabas  avait  fait  avant  moi  cette  observa- 
tion. Le  mot  correspondant  n’existe  plus  sur  l’autre  décret. 
Il  se  retrouve  au  décret  de  Canope  (1.  36),  sous  la  forme 

n . Mais  le  démotique  se  sert  de  |(^.  C’est  une  preuve 

de  plus  de  la  prédilection  avec  laquelle  les  rédacteurs  dé- 
motiques aiment,  dans  leurs  traductions,  à éviter  de  se  servir 
des  mots  des  textes  qu’ils  traduisent. 


V 


Texte  et  traduction  du  Décret  de  Memphis 


La  restitution  de  l’inscription  de  Rosette,  telle  que  je 
la  donne,  sera  retouchée  plus  tard.  Je  n’ai  pas,  comme 
M.  Chabas,  notre  illustre  maître,  la  prétention  d’avoir  fait 
un  travail  absolument  définitif’.  Au  contraire,  je  veux 
mettre  tout  le  monde  à même  d’apprécier  le  mien  en  ce 
qu’il  a d’exact  et  de  le  corriger  dans  ses  conjectures  dou- 
teuses et  hasardées.  J’ai  dit 5 comment  on  devait  s’attendre 
à ce  qu’une  nouvelle  découverte  modifie  mes  restitutions  : 
j’ai  donc  cherché  à rendre,  pour  ceux  qui  viendront  après 
moi,  l’étude  de  ce  document  important  aussi  facile  que  pos- 
sible. C’est  pourquoi  j’en  reproduis  le  texte,  divisé  comme 
on  le  ferait  de  nos  jours  pour  un  décret  de  cette  sorte, 
et  j’y  joins  la  traduction  des  deux  textes  collatéraux  (grec 


1.  Inscription  de  Rosette,  p.  101.  «Mon  travail  dira  sans  doute  le 
» dernier  mot  sur  le  monument  le  plus  vénérable  de  la  science  égyp- 
» tologiquc.  » 

2.  Ci-dessus,  p.  308. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPIIIS 


et  démotique)  et  les  indications  .suivantes  en  interligne  : 

2,  3,  4,  indiquent  le  commencement  des  lignes  de 

la  stèle  de  Damanhour  ; 

•2-,  -3-,  -4-,  indiquent  1»'  commencement  des 

lignes  de  la  stèle  de  Rosette: 

II,  III,  IV,  indiquent  le  commencement  des  lignes 

du  premier  décret  sur  le  mur  de  Pliilæ  ; 

2,3,4,  , dans  les  traductions,  indiquent  les  lignes 

du  texte  traduit  ; 

• • -2  2'  • [-2-  2-],  ■ • ■III  III • • - indiquent  le 

début  et  la  fin  de  certains  fragments  conservés  : 

>»— > <— ««  indiquent  le  commencement  et  la  fin  de  trois 
grandes  restitutions  que  j’ai  tentées,  afin  que  personne  ne 
soit  exposé  à les  citer  comme  texte  égyptien. 

Pour  le  grec  et  le  démotique,  les  traductions  que  je  donne 
sont  à peu  près  [sauf  les  mots  en  italique]  celles  de  Letronne 
et  de  M.  Revillout. 


374 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


r 

I o 


0 | | /WWV\ 

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□ 

LJ  /WWW  . 


i u 


MED 


(sümjüMü]  1 


V(ÜMD 


TEXTE  HIÉROGLYPHIQUE 

L’an  IX,  le  4 de  xandicos,  correspondant  au  18  mékhir 
des  Egyptiens,  sous  la  Majesté  de  l’Horus,  l'adolescent  cpii 
s’est  levé  en  roi  sur  le  siège  de  son  père,  le  maître  des 
régions  du  XI i d i et  du  Nord,  le  très  vaillant,  qui  a affermi 
la  double  terre  et  rendu  florissante  l’Egypte,  parfait  ~ de 
cœur  envers  les  dieux,  Ilorus  d’or,  qui  a amélioré  la  vie  des 
humains,  seigneur  des  panégyries  comme  Ptah,  prince 


LF.  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


O/D 


comme  R<\,  roi  du  Midi  et  du  Nord,'2' fils  des  dieux 
Philopators.  éprouvé  par  Ptaii,  victorieux  par  Râ, 
image  vivante  d’Ammon,  11  fils  de  Rà,  Ptolémée,  vivant 
a jamais,  aimé  de  Ptaii,  dieu  lùpi [)ha no,  fils  du  Ptolémée 
et  d'AusixoÉ,  dieux  Philopators. 

Etant  prêtre  d’Alexandre,  et  des  dieux  Sôtcrs,  et  des 
dieux  Adelphes,  et  des  dieux  Évergètes,  1 et  des  dieux  Phi- 
lopators, et  du  dieu  Epiphane,  Aétès,  fils  d’Aétès  ; 

Étant  Pyrrha,  fille  de  Philinos,  5 athlophorc  111  devant 
Bérénice  E vergé  te  ; 


TEXTE  GREC 

Sous  le  règne  du  jeune,  et  succes- 
seur immédiat  de  son  père;  maître 
des  couronnes;  couvert  de  gloire; 
qui  a établi  l'ordre  en  Egypte:  pieux 
2 envers  les  dieux;  supérieur  à ses 
adversaires;  ayant  amélioré  la  vie 
des  hommes;  maître  des  triaconté- 
térides  comme  lléphæstos  le  grand; 
roi  comme  le  soleil;  'grand  roi  des 
régions  supérieures  et  inférieures; 
né  uns  dieux  Philopators;  ap- 
prouve par  Héph.estos;  a qui  le 

SOLEIL  A DONNÉ  L\  VICTOIRE:  IMAGE 

vivante  ue  Zeus:  fils  d'Hélios,  Pto- 
lémée, 1 TOUJOURS  VIVANT,  CHÉRI  DE 

Phthas;  la  neuvième  année; 


Aétès,  fils  d’Aétès,  étant  prêtre 
d'Alexandre,  et  des  dieux  Sôters,  et 
des  dieux  Adelphes,  et  des  dieux 
Évergètes,  et  des  dieux  Philopators, 
et  ; du  dieu  Epiphane,  Euchariste  ; 

Étant  athlophorc  de  Bérénice  Ever- 
gète,  Pyrrha,  fille  de  Philinos; 


TEXTE  DÉMOTIQUE 

An  IX,  xandicos  jour  1,  qui  fait 
mois  d'homme  d'Égypte  mékhir  18, 
du  roi,  le  jeune,  qui  se  manifesta  roi 
à la  place  de  son  père,  seigneur  des 
uncus,  dont  grande  est  la  gloire,  qui 
a affermi  l'Égypte,  faisant  bonne  elle, 
qui  fait  générosité  de  son  cœur  en- 
vers les  dieux,  qui  domine  son  en- 
nemi, qui  fait  bonne  la  vie  des 
hommes,  le  seigneur  des  années  de 
panégyries  comme  Ptah  le  grand, 
roi  comme  le  soleil,  [roi  des  contrées 
supérieures  et]  2 des  contrées  infé- 
rieures, LU  FILS  DES  DIEUX  PlIILOPA- 
tors,  qu'approuva  Ptah,  a qui  le 

SOLEIL  DONNA  LA  VICTOIRE,  L'IMAGE 

vivante  d'Ammon,  le  fils  du  soleil 
Ptolémée,  vivant  toujours,  aimé 
de  Ptah,  dieu  Epiphane,  Euchariste, 
fils  de  Ptolémée  et  d’ArtsixoÉ,  les 
dieux  Philopators. 

Etant  prêtre  d’Alexandre  et  des 
dieux  Sôters,  et  [des  dieux  Adelphes, 
et  des  dieux] 2 Évergètes,  el  des  dieux 
Philopators,  et  du  roi  Ptolemee,  le 
dieu  Epiphane,  Euchariste,  Aétos 
fils  d' Aétos  ; 

Étant  Pyrrha,  fille  do  Philinos, 
athlophorc  devant  Bérénice  l'Éver- 
gète; 


376 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


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Étant  Aria,  fille  de  Diogène,  canéphore  devant  Arsinoé 
Philadelpfie  ; 

Étant  Irène,  fille  de  Ptolémée,  prêtresse  d’ Arsinoé  Philo- 
pator. 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


377 


Ce  jour-là,  décret  : 

Les  chefs  des  temples,  les  prophètes,  les  secrétaires,  les 
prêtres,  qui  entrent  clans  le  lieu  saint  pour  revêtir  les  dieux 
de  leurs  habillements,  ainsi  que  les  grammates  des  livres 
divins,  et  les  écrivains  de  la  double  maison  de  vie  et  les 
autres  prêtres  venus  des  sanctuaires  du  Midi  et  du  Nord  à 
Memphis  pour  la  fête  de  la  prise  de  la  royauté  de  la  main 
de  son  père  par  Sa  Majesté  le  roi  du  Midi  et  du  Nord,  h' 
maître  des  deux  régions,  Ptolémée,  vivant  a jamais,  aimé 
de  Ptah,  dieu  Kpiphane,  Euchariste,  se  sont  réunis  dans  la 
salle  sehez-ânq-makha-tooui  ; 

Voici  qu’ils  proclament  : 

Attendu  : 

1°  — Qu’a  fait  largesses,  — le  bien-aimé  des  dieux  et  roi 
du  Midi  et  du  Nord,  fils  des  dieux  Piiilopators,  éprouvé 


Étant  canéphore  d'Arsinoé  Phila- 
delphe,  Aria,  fille  de  Diogène: 

Étant  prêtresse  d'Arsinoé  Philo- 
pator,  Irène,  6 fille  de  Ptolémée; 

Du  mois  xandique  le  4,  et  du  mois 
des  Égyptiens  mékhir  le  18; 

DÉCRET 

Les  grands  prêtres  et  les  prophètes, 
et  ceux  qui  pénètrent  dans  le  sanc- 
tuaire pour  l’habillement  des 7 dieux, 
et  les  ptérophores,  et  les  hiérogram- 
mates,  et  tous  les  autres  qui,  des 
temples  du  pays,  s'étant  rendus  à 
Memphis,  au  devant  du  roi,  pour  la 
panégyrie  de  la  réception  de  la  cou- 
ronne 8 par  Ptolémée,  toujours 
vivant,  chéri  de  Phthas,  dieu  Épi- 
phane,  Euchariste,  laquelle  il  a reçu 
immédiatement  de  son  père,  réunis 
dans  le  temple  de  Memphis, 

Ce  même  jour,  ont  dit  : 
a Considérant  que  le  roi  Ptolémée, 
toujours  vivant,  chéri  du  Phthas, 


Étant  Aria,  fille  de  Diogène,  canô- 
pliore  devant  Arsinoé  Philadelphe  ; 

Étant  Irène,  fille  de  Ptolémée,  prê- 
tresse d'Arsinoé  Philopator; 


En  ce  jour,  DÉCRET 

Les  grands  prêtres,  et  les  prophètes, 
et  les  prêtres  qui  vont  dans  le  sanc- 
tuaire pour  faire  la  vestiture  des 
dieux,  et  les  ptérophores  et  les  hié- 
rogrammates  et  les  autres  prêtres  qui 
sont  venus  des  temples  de  l'Égypte 
3 [à  Memphis  pour  faire]  la  panégyrie 
de  la  prise  de  l'autorité  suprême  pour 
faire  roi  Ptolémée  vivant  toujours, 
aimé  de  Ptah,  le  dieu  Épiphane, 
Euchariste,  de  la  main  de  son  père, 
s'étant  rassemblés  dans  le  sanctuaire 
de  Memphis, 

Ils  dirent  : 

Puisque  le  roi  Ptolémée  vivant 
toujours,  le  dieu  Épiphane,  Eucha- 


378  LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


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fils  de  Rà,  Ptolémée,  vivant  a jamais,  aimé  de  Ptaii, 
Epiphane,  Euchariste,  — de  toutes  choses  lionnes  en  quan- 
tité aux  temples  et  à tous  ceux  qui  les  habitent,  et  à toutes 


LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


371) 


personnes  qui  sont  sous  sa  domination  excellente,  autant 
qu’elles  sont  ; 

2°  — Qu’Il  fut  dieu  fils  d’un  dieu,  héritier  d’une  déesse; 
image  d’ITorus,  fils d'Tsis,  fils  d’Osiris,  vengeur  de  son  père 
Osiris;  et  qu’ainsi  Sa  Majesté,  animée  des  sentiments  d’un 
dieu  dévoué  envers  les  dieux,  a donné  de  grandes  sommes 
d’argent  et  de  nombreux  dons  en  nature  aux  temples  d’Égypte; 

3°  — Qu’Il  a fait  de  grandes  dépenses  pour  rendre  la 
paix  à l’Egypte  et  restaurer  les  sanctuaires  ;’ 

4°  — Qu’Il  a fait  des  largesses  aux  soldats  placés  sous  son 
autorité  suprême,  autant  qu’ils  étaient  ; 

5°  — Que,  des  impôts  et  taxes  existant  en  Egypte,  Il  a 
aboli  les  uns,  et  allégé  les  autres,  mettant  soldats  et  habi- 
tants dans  l’abondance  en  son  temps  ; 


dieu  Épiphane,  Euchariste,  issu  du 
roi  Ptolémée  et  de  la  reine  Arsinoé, 
dieux  Philopators,  a comblé  de  bien- 
faits les  temples  et  10  ceux  qui  y de- 
meurent, et  tous  ceux  qui  sont  rangés 
sous  sa  domination  ; 

2°  — Qw’étant  dieu  né  d’un  dieu  et 
d’une  déesse,  comme  I lorus,  fils  d’Isis 
et  d’Osiris,  qui  a vengé  son  père 
Osiris,  et,  envers  les  dieux,  11  plein 
d’une  piété  généreuse,  il  a consacré 
aux  temples  des  revenus  en  argent 
et  en  vivres  ; 

3"  — Qu'il  a supporté  de  grandes 
dépenses  pour  amener  la  sérénité  en 
Égypte,  et  pour  établir  l’ordre  en 
tout  ce  qui  concerne  le  culte; 

4°  — 12  Qw’il  a manifesté  pour  toutes 
ses  troupes  ses  sentiments  d’huma- 
nité; 

5°  — Que,  d’entre  les  revenus  pu- 
blics et  impôts  perçus  en  Egypte,  il  a 
supprimé  définitivement  quelques- 
uns  et  allégé  d’autres,  afin  que  le 
peuple  et  tous  les  autres  u fussent 
dans  l’abondance  sous  son  règne; 


riste,  (fils)  du  roi  Ptolémée c [et  de  la 
reine]  Arsinoé,  les  dieux  Philopators, 
a fait  bienfaits  en  quantité  aux  tem- 
ples de  l’Egypte  et  à tous  ceux  qui 
étaient  sous  son  autorité  royale; 

Qa’étant  dieu,  fils  de  dieu  et  de 
déesse;  étant  semblable  à Horus,  fils 
d’Isis,  fils  d’Osiris,  qui  vengea  son 
père  Osiris;  étant  son  cœur  généreux 
envers  les  dieux;  il  excella  à donner 
argent  en  quantité,  blé  en  quantité 
aux  temples  d’Égypte  ; 

7 [Q«’il  a fait  dépenses]  en  quantité 
pour  faire  être  la  tranquillité  en 
Égypte,  et  pour  restaurer  les  temples  ; 

Qa’il  excella  à faire  cadeaux  aux 
guerriers,  qui  étaient  dans  tous  ses 
états  ; 

Que , de  l’impôt  et  redevance  établis 
en  Égypte,  il  en  supprima  une  partie, 
et  en  allégea  une  autre,  pour  rendre 
le  peuple  et  tous  les  autres  hommes 
heureux  sous  son  8 [règne]  ; 


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G°  — Que,  toutes  les  redevances  dues  à Sa  Majesté  par 
les  habitants  de  l’Egypte  et  par  tous  gens  placés  sous  son 
autorité  excellente,  autant  qu’ils  étaient,  — S.  M.  en  a 
fait  remise,  en  quel  nombre!  on  n’en  sait  pas  la  quantité; 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


381 


7°  — Qu  II  a pris  soin  des  prisonniers  qui  étaient  en 
prison,  ordonnant  que  tout  individu  d’entre  eu.\  l'ut  dé- 
chargé de  toute  action,  tant  qu’ils  étaient; 

8°  — Que  S.  M.  a ordonné  que  les  revenus  dos  dieux, 
sommes  d’argent  et  objets  en  nature  alloués  aux  temples 
chaque  année,  revenus  des  dieux  sur  les  champs  de  vignes 
et  les  terrains  de  jardins,  tous  revenus  qui  étaient  a eux 
sous  son  auguste  père,  leur  demeureraient  ; 

9°  — Qu’Il  a ordonné  que  ne  serait  point  remplie  la 
caisse  télestique,  par  les  mains  des  prêtres,  au  delà  de  ce 
(iui  avait  été  fait  jusqu’il  la  première  année  du  règne  de  son 


auguste  père  ; 

10°  — Qu’en  outre,  S.  M. 

G*  — Que,  les  sommes  que  rede- 
vaient au  trésor  les  habitants  de 
l'Égypte  et  ceux  du  reste  de  son 
royaume,  lesquelles  étaient  fort  con- 
sidérables, il  en  a fait  remise: 

7° — Que,  quant  à ceux  qui  au- 
raient été  n emprisonnés  et  ceux  à 
qui  on  avait  intenté  procès  depuis 
très  longtemps,  il  les  a délivrés  de 
tout  ce  qui  leur  était  réclamé; 

8“  — Qu’il  a ordonné,  en  outre,  que 
les  revenus  des  temples  et  les  contri- 
butions qui  leur  étaient  accordées 
chaque  année,  tant  en  17  vivres  qu'en 
argent,  ainsi  que  les  parts  équitables 
assignées  aux  dieux,  sur  les  vigno- 
bles, les  jardins  et  sur  les  autres  ter- 
rains qui  appartenaient  aux  dieux 
sous  le  règne  de  son  père,  ,c  reste- 
raient sur  le  même  pied  ; 

9“  — Que,  relativement  aux  prêtres, 
il  a ordonné  encore  qu'ils  ne  payent 
rien  de  plus  à la  caisse  télestique  que 
ce  à quoi  ils  étaient  imposés  jusqu'il 
la  première  année  sous  son  père; 

10"  — Qu'il  a,  de  plus,  affranchi 
ceux  d'entre  les  17  tribus  sacrées  de 


i exempté  les  tribus  sacerdo- 


Que  les  redevances  du  roi  que  re- 
devaient les  habitants  de  l’Égypte  et 
tous  ceux  qui  étaient  sous  son  auto- 
rité royale,  lesquels  étaient  en  quan- 
tité, il  leur  en  fit  remise; 

Que,  les  hommes  qui  étaient  em- 
prisonnés et  ceux  qui  étaient  accusés 
depuis  longtemps,  il  les  exempta; 

Qu'il  a ordonné,  par  rapport  aux 
redevances  sacrées  des  dieux  et  à 
l'argent  et  aux  blés,  (pi  on  donne  en 
syntaxis  11  [aux  temples]  par  année,  et 
aux  parts  qui  sont  aux  dieux  dans  les 
terres  de  vignes  et  les  terres  de  jar- 
dins et  tous  autres  biens  qui  leur  ap- 
partenaient sous  son  père,  de  les  leur 
conserver  ; 

Qu'il  ordonna  aussi,  par  rapport  aux 
prêtres,  de  ne  point  leur  faire  donner 
leur  redevance,  pour  leur  entrée  en 
prêtrise,  plus  qu'ils  ne  le  faisaient  jus- 
que la  première  année  sous  son  père  ; 

Qu'il  exempta  les  hommes  10  [(pii 
sont  parmi]  les  autorités  dans  les 


382 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


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taies  du  voyage  quelles  faisaient  à Alexandrie  au  commen- 
cement de  chaque  année; 

11°  — Que  S.  M.  a ordonné  de  ne  point  lever  les  gens  de 
la  marine  ; 


LE  DÉCHET  DE  MEMl'IIIS 


383 

12°  — Que,  pour  la  toile  de  byssus  donnée  au  trésor  royal 
par  les  temples,  voici  qu’il  a ordonné  d’en  remettre  les 
deux  tiers; 

13° — Que,  de  même  dans  toutes  choses  qu’on  négligeait 
de  faire,  Sa  Majesté  lésa  rétablies  en  leur  état  primitif; 

11°  — Qu’Il  a veillé  assidûment  à l’exécution  de  toutes 
les  choses  qu’on  a établi  de  faire  en  l’honneur  des  dieux, 
comme  cela  était  à leur  origine  ; 

15°  — Que  de  même  leur  a été  concédé  ce  qu’il  a fait, 
veillant  à rendre  la  justice  à tous  les  habitants  [de  l'Égypte, 
comme  Tliot  deux  fois  grand  ; 

16°  — Qu’en  outre  Sa  Majesté  a ordonné  que  tout  soldat 
et  tout  rebelle,  pendant  les  troubles  survenus  dans  le 


la  descente  annuelle  à Alexandrie  ; 


11°  — Qa'il  a ordonné  également 
de  ne  plus  faire  la  lacée  des  hommes 
pour  la  marine; 

12"  — Que,  des  toiles  de  byssus 
livrées  dans  les  temples  au  trésor 
royal,  18  il  en  a remis  les  deux 
tiers; 

13°  — Que,  tout  ce  qui  était  négligé, 
il  l'a  rétabli  dans  l'état  convenable  ; 

11° — Qa’il  a ceillù  à ce  que  tout  ce 
qu'il  était  d'usage  de  faire  pour  les 
dieux  fut  exécuté  comme  13  il  con- 
vient ; 

15" — Qu’en  même  temps  il  a dis- 
tribué il  tous  la  justice,  ainsi  qu' Her- 
mès deux  fois  grand  ; 

16“  — Qa'il  a ordonné,  en  outre, 
que  les  émigrés  revenus,  gens  de 
guerre  et  tous  autres  qui  20  auraient 
manifesté  des  intentions  hostiles  dans 
le  temps  des  troubles,  conservent  les 


temples,  de  leur  apparition  qu'ils  fai- 
saient à la  ville  d'Alexandrie  chaque 
année  ; 

Qa'il  ordonna  de  ne  point  prendre 
homme  de  force  ; 

Qa'il  fit  remise  des  deux  tiers  des 
toiles  de  byssus  que  les  temples  don- 
naient il  la  maison  du  roi  ; 

Que  tout  ce  qui  était  en  dehors  de 
l'ordre  depuis  longtemps,  il  le  ramena 
il  la  règle  : 

Qu'il  a mis  tous  ses  soins  pour  faire 
faire  les  choses  qu’il  est  de  coutume 
de  faire  pour  les  dieux  selon  l’ordre 
convenable  ; 

Qa'ilfitde  même  pour  faire  le  droit 
aux  hommes,  comme  le  fait  Tliot  le 
grand,  le  grand  ; 

Qa'il  a encore  ordonné,  par  rapport 
il  ceux  qui  viendront  parmi  les  hom- 
mes de  guerre  et  le  reste  des  hommes 
qui  furent  en  autre  parti  dans  la  ré- 
volution qui  fut  en  Egypte,  de  les 


384 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


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royaume,  pourraient  rentrer  dans  leurs  foyers  et  reprendre 
tous  leurs  biens  ; 

17°  — ■ Qu’Il  a mis  tous  ses  soins  à faire  partir  des 
hommes],  des  chevaux,  des  vaisseaux,  contre  ceux  qui  ve- 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS  38 J 

liaient  porter  dommage  à l’Egypte  tant  par  terre  que  par 
mer  ; 

18°  — Qu’Il  a dépensé  beaucoup  d’argent  et  de  choses 
en  nature  contre  eux,  apportant  la  paix  aux  temples  et  à 
l’Egypte  ; 

19°  — Que  S.  M.  vint  à Hât-chekan  (Lycopolis)  au  nome 
Busirite,  ville  tombée  aux  mains  des  impies  de  tout  pays, 
et  où  étaient  des  armes  de  guerre  en  quantité  et  des  appro- 
visionnements de  toutes  sortes;  que  S.  M.  assiégea  cette 
ville,  l’entourant  extérieurement  de  murs  et  de  retranche- 
ments à cause  des  impies  qui  s’y  trouvaient  : ce  qui  fut 
l’origine  de  grands  désastres  en  Egypte,  car  ils  transgres- 
saient les  voies  de  S.  M.  et  les  desseins  des  dieux;  qu’il 
endigua  toutes  les  bouches  des  canaux  qui  sc  répandaient 


biens  en  la  possession  desquels  ils 
sont  rentrés; 

17° — Qa'il  a pourvu  il  ce  que  des 
corps  de  cavalerie  et  d'infanterie  et 
des  vaisseaux  fussent  envoyés  contre 
ceux  qui  se  seraient  avancés 21  contre 
1 Égypte,  tant  par  mer  que  par  terre; 

18"  — Supportant  de  grandes  dé- 
penses en  argent  et  en  vivres,  afin 
que  les  temples  et  tous  les  habitants 
de  l'Égypte  fussent  en  sûreté; 

19°  — Que,  s’étant  rendu  - à Lyco- 
polis celle  du  nome  Busirite,  ville  dont 
on  s'était  emparé  et  qu'on  avait  forti- 
fiée contre  un  siège  par  de  grands 
dépôts  d'armes  et  toute  autre  sorte 
de  munitions,  l'esprit  de  révolte  s'y 
étant  affermi  depuis  très  longtemps 
parmi  les  impies,  qui,  rassemblés 
dans  cette  ville,  avaient  fait  beau- 
coup de  mal  aux  temples  et  aux  ha- 
bitants d'Égypte;  et,  ayant  formé  le 
siège  de  21  cette  place,  il  l'a  environ- 
née de  retranchements,  de  fossés,  de 
murs  solides;  le  Nil  ayant  fait  une 


renvoyer  dans  leurs  localités,  en  sorte 
que  leurs  biens  soient  pour  eux  ; 

Qa'il  mit  tous  ses  soins  à faire  aller 
gens, chevaux,  vaisseaux  contre  ceux 
qui  étaient  venus  sur  terre  et  sur 
mer  pour  porter  dommage  ii  l'Égypte; 

Qu’il  a fait  de  grandes  dépenses  en 
argent  (et)  en  blé  pour  ces  choses  pour 
faire  être  en  tranquillité  les  temples 
et  les  habitants  de  1 Égypte; 

Qu'il  alla  il  la  ville  de  Lycopolis, 
qui  était  passée  aux  mains  des  impies 
da  tout  pays,  des  armes  en  quantité 
et  toute  espèce  de  préparatifs  étant 
il  son  intérieur;  qu’il  l'assiégea  par 
murs  et  retranchements  extérieurs,  à 
cause  des  impies  qui  étaient  à son 
intérieur. accoutumés  ii  faire  tous  les 
maux  it  l'Egypte,  étant  en  dehors  du 
chemin  do  l'obéissance  du  roi  et  de 
l'obéissance  des  dieux;  qu'il  lit  des 
digues  aux  canaux  qui  faisaient  aller 
l'eau  il  la  ville  susnommée,  ce  que  ne 
purent  point  faire  les  rois  antérieurs; 


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LE  DECRET  DE  MEMPHIS 


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dans  cette  région  : jamais  ancien  roi  ne  lit  pareille  chose, 
tant  11  dépensa  d’argent  et  de  choses  en  nature  pour  cela; 
que  S.  M.  lit  marcher  hommes  et  chevaux  sur  les  canaux 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


387 


[pour  les  surveiller  exactement;  qu’une  forte  inondation 
étant  survenue  en  l’an  VIII,  le  roi  occupa  toutes  les  bouches 
des  canaux  qui  se  répandaient  dans  la  plaine;]  de  sorte  que 
S.  M.  enleva  cette  ville  de  vive  force,  de  leurs  mains,  en 
peu  de  temps,  égorgea  les  impies  qui  s’v  trouvaient,  en  fai- 
sant un  grand  carnage  comme  l’avaient  fait  Thot  et  Hor, 
fils  d’Isis,  I ils  d’Osiris,  pour  les  impies  qui  s’étaient  mis  en 
révolte  contre  eux,  en  ce  lieu,  autrefois  ; 

20°  — Que,  quant  aux  impies  qui  avaient  rassemblé  des 
troupes  et  étaient  à leur  tête  pour  troubler  les  nomes  et 
violer  les  temples,  étant  hors  des  voies  de  S.  M.  et  de  son 
père,  les  dieux  Lui  accordèrent  de  les  abattre  à Memphis 
dans  la  fête  anniversaire  du  jour  où  II  reçut  la  royauté  de 
son  père  ; 


grande  crue  dans  la  huitième  année, 
et,  comme  il  est  accoutumé  de  le 
faire,  inondant  les  25  plaines,  le  roi 
l'a  contenu,  en  beaucoup  de  lieux, 
en  fortifiant  l'embouchure  des  fleu- 
ves, pour  lesquels  travaux  il  a dé- 
pensé des  sommes  non  petites;  après 
avoir  établi  des  troupes  tant  de  ca- 
valerie que  d’infanterie  pour  la  garde 
de  ces  tleuves,  il  a pris  en  peu  de 
temps  la  ville  de  vive  force  et  détruit 
tous  les  impies  qui  s'v  trouvaient, 
comme  [Hermjès  et  Horus,  tils  d'Isis 
et  d Osiris,  s'étaient  rendus  maîtres, 
dans  ces  mêmes  27  lieux,  des  gens 
révoltés  auparavant; 

~0"  — Que,  quant  à ceux  qui  s'é- 
taient mis  à la  tête  des  rebelles  sous 
son  père  et  qui  avaient  [vexé]  le 
pays,  sans  respecter  les  temples, 
s’étant  rendu  à Memphis,  pour  ven- 
ger 2S  son  père  et  sa  propre  couronne, 
il  les  a punis  comme  ils  le  méritaient, 
à l’époque  où  il  vint  dans  l’intention 
de  célébrer  les  cérémonies  prescrites 
pour  la  réception  de  la  couronne; 


qu'il  y dépensa  quantité  d'argent; 
qu'il  amena  des  troupes,  fantassins  et 
chevaux  sur  lesdits  canaux,  pour 
veiller  sur  eux  de  tout  leur  poucoir; 
qu'à  cause  des  inondations  dujleucc 
qui  furent  grandes  en  l’an  VIII,  on 
occupa  lesdits  canaux  qui  répandent 
l'eau  dans  les  plaines;  de  so/'le  que  le 
roi  enleva  de  force  de  leurs  mains 
ladite  ville  en  peu  de  temps;  qu'il 
fit  frapper  les  impies  qui  étaient  d 
son  intérieur;  qu'il  en  lit  anéantisse- 
ment comme  lavaient  fait  le  Soleil 
et  Horus,  fils  d'Isis,  pour  ceux  qui 
firent  impiété  contre  eux  dans  ces 
dits  lieux  autrefois; 

Que,  quant  aux  impies  qui  avaient 
réuni  des  troupes  et  étaient  à leur 
tète  pour  troubler  les  nomes,  qui  fai- 
saient tort  aux  temples  et  étaient  en 
dehors  du  chemin  du  roi  et  de  son 
père,  les  dieux  accordèrent  qu'il  les 
fit  exécuter  à Memphis  dans  la  pa- 
négyrie  de  la  prise  de  la  dignité  su- 
prême qu'il  fit  de  la  main  de  son  père  ; 
qu'il  les  fit  immoler  selon  la  loi  ; 


388 


LK  DECRET  DE  MEMPHIS 


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21"  — Que  les  impôts  dus  ;i  S.  M.  par  les  temples,  jus- 
qu’en l’an  IX,  et  qui  se  montaient  à de  grosses  sommes 
d’argent  et  de  choses  en  nature,  S.  M.  en  lit  remise  ; 

22°  — De  même  pour  les  étoffes  de  byssus  données  au 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


3S9 


Palais  et  dues  par  les  temples,  et  le  complément  des  pièces 
d étoffés  jusqu’à  ce  moment  ; 

23°  — Qu 'encore  II  déchargea  les  temples  de  la  mesure  de 
grains  exigée  par  sali  de  terrain  des  dieux  ; 

24°  — De  même  pour  le  sêU  de  leurs  vins  pour  le  terrain 
en  vignes; 

25°  — Qu’Il  lit  toutes  les  choses  grandement  pour  Apis 
et  Mnévis  et  tous  les  animaux  sacrés,  dépensant  plus  que 
n’avaient  fait  ses  ancêtres;  que  son  cœur  alla  vers  leur 
service  en  tout  temps;  qu’il  donna  tout  ce  qui  était  néces- 
saire pour  ensevelir  leur  corps,  largement  et  noblement; 
qu’il  prit  à sa  charge  les  dépenses  survenues  dans  leurs 
temples  pour  grandes  panégyrics,  établissement  d'autels, 


21°  — Que,  de  plus,  il  ;i  remis  ce 
qui  dans  sa  les  temples  était  dû  au 
trésor  royal  jusqu'à  la  VIIP  année, 
montant,  tant  en  vivres  qu'en  argent, 
à une  quantité  non  petite; 

22" — Que,  pareillement,  il  a remis 
la  valeur  des  toiles  de  bvssus  qui 
n’avaient  point  été  fournies  au  trésor 
royal,  35  ainsi  que  les  dij)  crenc.es  re- 
connues à la  vérification,  pour  celles 
qui  l'avaient  été  jusqu'à  la  même 
époque  ; 

23°  — Qn’il  a affranchi  les  temples 
du  droit  d'artabe  par  aroure  de  terre 
sacrée  ; 

24°  — De  même,  quant  à la  terre 
de  vigne, 31  du  kéramion  par  aroure; 

25°  — Qn’il  a fait  beaucoup  de  do- 
nations à l'Apis,  au  Mnévis  et  aux 
autres  animaux  sacrés  en  Égypte, 
prenant  beaucoup  plus  de  soin  que 
les  rois  ses  prédécesseurs  de  ce  qui 
les  concerne  en  toute  circonstance  ; 
32  et  ce  qui  était  nécessaire  à leur 
sépulture,  il  l'a  donné  largement  et 
noblement,  ainsi  que  les  sommes 


Qwil  céda  les  reliquats  du  roi  que 
redevaient  les  temples,  jusqu'à  la 
neuvième  année,  que  l'on  fait  aller 
à quantité  d'argent  et  de  blé; 

Que,  de  même  manière,  le  prix 
d'étoffes  royales  que  redevaient  les 
temples,  dans  ce  qu'on  donnait  à 
la  Maison  du  roi,  et  le  complément 
pour  pièces  d’étoffe  qu’on  avait  four- 
nie* jusqu'à  ce  temps; 

Qn’il  ordonna  cela,  aussi  par  rap- 
port à la  mesure  que  l'on  exigeait  par 
aroure  du  domaine  divin; 

Que,  de  même  façon  pour  la  me- 
sure par  aroure  de  vigne  des  divins 
domaines  des  dieux,  il  leur  en  lit 
remise  : 

Qtt’il  fit  des  bienfaits  en  quantité  à 
Apis,  à Mnéviset  aux  autres  taureau. / 
vénérés  en  Égypte,  plus  que  ses  pré- 
décesseurs; que  son  cœur  sc  donne 
à leur  loi  à toute  époque,  faisant  tout 
ce  qu'ils  désirent  pour  leur  sépul- 
ture, grandement,  largement;  pre- 
nant les  dépenses  survenues  dans 
leurs  temples  en  faisant  panégyrics, 


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LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 
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effusion  des  libations  comme  autrefois  et  toutes  les  choses 
prescrites  ; 

26°  — Que  S.  M.  a confirmé  les  honneurs  des  temples  et 
de  l'Égypte,  conformément  aux  lois; 

27°  — Qu’Il  a dépensé  beaucoup  en  or,  argent  et  toutes 
choses  en  nature  pour  le  temple  où  réside  Apis  vivant;  et 
que  S.  M.  embellit  extrêmement  sa  splendeur  par  de  nou- 
veaux travaux,  exaltant  Apis  vivant  en  fondant  des  chapelles, 
des  sanctuaires,  des  autels;  car  S.  M.  avait  les  sentiments 
d’un  dieu  bienfaisant  envers  les  dieux,  mettant  toutes  ses 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS  391 

préoccupations  à régler  toutes  les  choses  des  temples  en  son 
temps,  comme  il  est  prescrit  de  le  faire. 

En  récompense  de  ce  qu’il  a fait,  les  dieux  Lui  ont  donné 
la  victoire  et  la  puissance,  la  vie,  la  santé  et  la  force  et 
toutes  choses  comme  en  quantité;  sa  dignité  étant  établie 
pour  Lui  et  ses  enfants  à jamais. 


accordées  pour  leur  culte  particulier, 
y compris  les  sacrifices,  panégyries 
et  autres  cérémonies  prescrites; 

26“ — 11  Que  les  privilèges  des  tem- 
ples et  de  l’Égypte,  il  les  a maintenus 
sur  le  même  pied,  conformément 
aux  lois  ; 

27°  — Qu'il  a embelli  l’Apiéum  de 
magnifiques  ouvrages,  ayant  dépensé 
pour  ce  temple,  d'or,  [d'argent]  :Ji  et 
de  pierres  précieuses  une  quantité 
non  petite;  qu' il  a fondé  des  temples, 
des  naos,  des  autels;  qu’ il  a restauré 
à son  tour,  ceux  qui  avaient  encore 
besoin  de  réparations,  ayant  pour 
tout  ce  qui  concerne  la  divinité. :li  le 
zèle  d'un  dieu  bienfaisant;  qu’ après 
nouvelle  information,  il  a réparé  les 
plus  honorés  des  temples,  sous  son 
règne,  comme  il  convient. 

En  récompense,  les  dieux  lui  ont 
donné  santé,  victoire,  force  et  [tous] 
les  autres  biens,  30  la  couronne  de- 
vant demeurer  à lui  et  à ses  enfants, 
dans  toute  la  durée  du  temps. 


en  faisant  sacrifices  auparavant  et  le 
reste  des  choses  qu'il  est  d’obligation 
de  faire; 

Qui;  les  honneurs  dus  aux  temples 
et  les  autres  honneurs  de  l'Égypte, 
il  les  maintint  en  leur  forme,  selon 
les  lois; 

■Qu'il  donna  or,  argent,  blé  en 
quantité  et  autres  biens,  pour  la 
place  d’Apis;  qu'il  fit  achever  la  bâ- 
tisse il  neuf,  en  bâtisse  belle  extrê- 
mement,; qu'il  fit  achever  à neuf  les 
sanctuaires,  naos,  autels  des  dieux, 
étant  de  cœur  bienfaisant  envers  les 
dieux  et  s'enquérant  des  honneurs 
dos  dieux  pour  les  rétablir  sous  son 
règne. 


Que  les  dieux  lui  donnent,  en 
échange  de  ces  choses,  la  victoire,  le 
triomphe,  la  force,  le  salut,  la  vigueur 
et  tous  les  autres  biens;  que  sa  di- 
gnité royale  soit  affermie  pour  lui  et 
pour  ses  enfants  il  jamais! 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


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A LA  BONNE  FORTUNE. 

Il  est  venu  au  cœur  des  prêtres  des  deux  légions  en  leur 
totalité  d’augmenter  les  honneurs  rendus  au  roi  de  la  Haute 
et  de  la  Basse-Égypte,  Ptolémée,  vivant  toujours,  aimé  de 
Ptah,  Épiphane,  Euchariste,  et  ceux  des  dieux  Philopators 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


393 

qui  l’ont  créé,  dos  dieux  K vergé  tus  pères  de  ses  pères,  des 
dieux  Philadelphes  leurs  pères,  et  des  dieux  Sôters  ancêtres 
de  leurs  pères  ; 

1°  — Qu’on  élève  une  image  du  roi  de  la  Haute  et  de  la 
13asse-Kgypte,  Ptolémée,  toujours  vivant,  aimé  de  Ptah, 
Epiphane,  Euchariste,  nommée  «Ptolémée  ne;  non  Bc/:i  » 
(sauveur  de  l’Egypte),  c’est-à-dire  « Ptolémée  ne;.  7o- 
merit  » (protecteur  de  l'Egypte);  el  (pie  l'image  du  dieu 
local  lui  présente  le  glaive  de  victoire,  ainsi  que  lu  prescrit 
le  décret  rendu  par  les  prêtres  des  temples; 

II”  — Que  les  prêtres  des  temples  à son  nom  fassent  le 
service  divin  devant  ces  images  trois  fois  par  jour,  plaçant 
devant  eux  (le  dieu  et  le  roi  figurés)  le  mobilier  sacré  et 


A LA  BONNE  FORTUNE. 

Il  a paru  convenable  aux  prêtres 
rte  tous  les  temples  du  pays  que  tous 
les  honneurs  rendus  17  au  toujours 
vivant  roi  Ptolémée,  chéri  de  Phthas, 
dieu  Épiphane,  Euchariste,  de  même 
(pie  ceux  de  ses  parents,  dieux  Phi- 
lopators,  et  ceux  de  scs  aïeux,  dieux 
Évergètes,  et  ceux  ,8des  dieux  Adel- 
phe*, et  ceux  des  dieux  Sôters,  soient 
de  nouveau  augmentés  grandement  : 

P — Qu'on  élève  au  toujours  vi- 
vant roi  Ptolémée,  dieu  Épiphane, 
Euchariste,  une  image  en  chaque 
temple,  dans  le  lieu  le  plus  apparent, 
33  laquelle  portera  le  nom  de  Pto- 
lémée celui  qui  a vengé  l'Égypte; 
qu'auprôs  soit  placé,  debout,  le  dieu 
principal  du  temple  lui  présentant 
une  arme  de  victoire.  le  tout  disposé 
il  la  manière  égyptienne; 

1 1"  — 1(1  Que  les  prêtres  fassent  trois 
fois  par  jour  le  service  religieux  au- 
près des  images;  et,  leur  mettant  les 
ustensiles  sacre'’*,  exécutent  les  au- 


AVEC  LA  BONNE  FORTUNE. 

11  est.  venu,  dans  le  cœur  des  prê- 
tres de  ti ins  les  temples  d'Ég)  pte, 
d’augmenter  les  honneurs  rendus  au 
roi  Ptolémée,  vivant  toujours,  le  dieu 
Épiphane,  Euchariste,  dans  les  tem- 
ples, et  ceux  des  dieux  Philopators 
qui  l'ont  fait  être,  et  ceux  des  dieux 
Évergètes  qui  les  ont  fait  être,  et  ceux 
des  dieux  Adelphes  qui  ont  fait  être 
ceux  qui  les  ont  fait  être,  et  ceux  des 
dieux  Sauveurs,  pères  de  leurs  pères  : 

I"  — Qu'on  fasse  établir  une  iniai/u 
du  roi  Ptolémée,  vivant  toujours,  le 
dieu  Epiphane,  Euchariste;  qu'on 
l'appelle  Ptoléméc-Xcz-Ilek  (sauveur 
du  pays  île  Béki),  autrement  dit 
Ptolémée-Xekh-Kemi  l/irotucteur  de 
l'Égvpte),  et  une  image  du  dieu  des 
habitants  lui  donnant  le  fjlaire  de 
victoire  dans  le  temple,  dans  chaque 
temple,  au  lieu  apparent  du  temple, 
le  tout  sculpté  ii  la  manière  des 
Égyptiens  ; 

11“  — Que  les  prêtres  servent  les 
images  dans  le  temple,  en  chaque 
temple,  trois  fois  par  jour;  qu'ils  éta- 
blissent les  ustensiles  sacre s devant 


394  LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


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accomplissant  les  rites  prescrits  pour  leurs  personnes, 
comme  cela  se  fait  pour  les  dieux  des  nomes  dans  les  pané- 
g-yries  des  temples,  les  jours  de  fêtes  à exodes  et  les  jours 
éponymes; 

111°  — Qu’on  sculpte  en  l’honneur  du  roi  de  la  Haute  et  de 
la  Basse-Egypte,  Ptolémée,  toujours  vivant,  aimé  de  Ptah, 
Epiphane,  Euchariste,  fils  de  Ptolémée  et  d’Arsinoé,  dieux 
Philopators,  une  image  et  un  naos  dorés,  ornés  de  toutes 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS  395 

sortes  de  gemmes  vraies,  dans  les  temples  à son  nom,  dans 
le  sanctuaire,  avec  les  naos  des  dieux  des  nomes; 

IV0  — Et,  s'il  arrive  un  jour  de  grandes  panégyries  dans 
lesquelles  le  dieu  sort  de  sa  chapelle  auguste  à son  jour, 
qu’on  fasse  sortir  le  naos  auguste  du  dieu  Épiphane,  Euclia- 
riste  (avec  lui)  ; 

Y0  — Afin  de  faire  reconnaître  ce  naos  de  ce  jour  jusqu’à 
la  fin  des  temps,  qu’on  y place  dix  couronnes  royales  de 
S.  M.,  ornées  cl’uræus,  selon  l’usage; 

YI°  — Qu’on  fasse  disposer  la  couronne  royale  (psi,  lient) 
en  haut  de  ce  naos  au  lieu  des  uræus  qui  sont  sur  les  naos. 


très  cérémonies  prescrites,  comme 
pour  les  autres  dieux,  dans  [les  fêtes 
et  pajnégyries; 

111°  — 11  Qu'ils  élèvent  au  roi  Pto- 
lémée,  dieu  Epiphane,  Euchariste,  né 
du  roi  Ptolémée  et  de  la  reine  Arsi- 
noé,  dieux  Philopators,  une  statue  de 
bois  et  un  édicule  dorés  dans  chacun 
des  12  temples;  qu'ils  les  placent  dans 
les  sanctuaires,  avec  les  autres  édi- 
cules ; 

IV0  — Et  que,  lors  des  grandes  pa- 
négyries, où  se  fait  la  sortie  des  édi- 
cules, celui  du  dieu  Épiphane,  Eu- 
chariste, M sorte  en  même  temps; 

V°  — Afin  que  son  édicule  se  dis- 
lingue des  autres,  maintenant  et  dans 
la  suite  des  temps,  qu’il  soit  surmonté 
des  dix  coiffures  d’or  du  roi,  devant 
lesquelles  sera  placé  un  aspic,  comme 
;i  toutes  " les  coiffures  aspidoïdes  pla- 
cées sur  les  autres  édicules; 

VP — Au  milieu  d'elles  sera  mise 
la  coiffure  appelée  pskhent,  dont  le 
roi  s'était  couvert  lorsqu'il  est  entré 


elles;  qu’ils  leur  fassent  le  reste  des 
choses  qu'on  doit  faire,  comme  ils  le 
font  aux  autres  dieux  dans  les  pané- 
gyries, les  l'êtes  à exodes  et  les  jours 
éponymes  ; 

IIP — Qu'ils  fassent  paraître  la  sta- 
tue divine  du  roi  Ptolémée,  le  dieu 
Épiphane,  Euchariste,  (ils  de  Ptolé- 
méc  et  de  la  reine  Arsinoé,  les  dieux 
Philopators,  ainsi  que  le  naos  d'or 
dans  le  temple,  chaque  temple;  qu'ils 
le  fassent  reposer  dans  le  sanctuaire, 
avec  les  autres  naos  ; 

IV“  — Lorsque  se  feront  les  gran- 
des panégyries  dans  lesquelles  on  fait 
apparaître  les  dieux,  qu'on  fasse  ap- 
paraître le  naos  du  dieu  Épiphane, 
Euchariste,  avec  eux  ; 

V°  — Afin  qu’on  reconnaisse  le 
naos  aujourd’hui  et  le  reste  du  temps, 
qu'on  fasse  dix  basilics  d’or  dit  roi, 
étant  une  uræus  sur  elles  à chacune, 
comme  on  doit  le  faire  pour  les  ba- 
silics d’or,  sur  la  tête  du  naos,  à la 
place  de>  uræus  qui  sont  sur  le  reste 
des  naos; 

VP — Que  le  pskhent  soit  au  mi- 
lieu des  basilies,  parce  que  resplendit 
le  roi  par  lui,  dans  le  sanctuaire  de 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


et  la  couronne  royale  au  milieu  d'elles,  parce  que,  par  elle, 
brillait  S.  M.  au  temple  de  Ptah,  lorsqu’elle  accomplit  la 
cérémonie  de  1 entrée  du  roi  au  temple,  quand  elle  prit  sa 
dignité  suprême; 

\ Il  - Qu  on  établisse  a la  partie  supérieure  du  carré 
qui  est  derrière  ces  ornements,  au  droit  de  ce  pskhent,  un 
oa:  et  un  nés;  qu’on  place  un  vautour  sur  une  corbeille  avec 
un  lotus  au-dessous,  à son  côté  droit  au-dessus  de  ce  naos  ; 


LE  DECRET  DE  MEMPIIIS 


397 


et  de  même  une  uræus  sur  une  corbeille  avec  un  papyrus 
au-dessous,  à son  côté  gauche;  cela  veut  dire  : « le  Seigneur 
des  couronnes,  illuminant  le  sud  et  le  nord  » ; 

Mil0 — Et  puisque  le  dernier  jour  de  mésori,  jour  de  nais- 
sance du  dieu  bon  vivant  toujours,  a été  établi  antérieure- 
ment en  panégyrie  et  l'éte  à exode  dans  les  temples;  que  de 
même  le  17  mékliir  il  accomplit  les  rites  de  l'exode  royale, 
quand  il  reçoit  la  royauté  de  la  main  de  son  père;  attendu 
que  ce  fut  pour  tous  l’origine  de  toute  chose  prospère;  le 
jour  de  la  naissance  du  dieu  Epiphane,  Euchariste,  vivant 
éternellement,  et  de  même  le  jour  qu’il  prit  son  autorité 
bienfaisante,  (pie  soient  célébrés  ces  jours  17  et  30  de  chaque 


dans  le  temple  de  Memphis,  pour  y 
13  accomplir  les  cérémonies  pres- 
crites dans  la  prise  de  possession  du 
trône  ; 

VII"  — Qu'on  mette,  de  plus,  sur 
le  tétragone  des  coiffures,  au  susdit 
ornement  royal, dix  phylactères  d'or, 
où  l'on  écrira  4C  que  c’est  celui  du  roi 
qui  a rendu  illustre  le  pays  haut  et 
le  pays  bas; 


VIII»  — Et,  puisque  le  S0  de  mésori, 
dans  lequel  on  célèbre  la  naissance 
du  roi,  ainsi  que  [le  17  de  mékhir,] 

47  dans  lequel  il  a pris  la  couronne  de 
son  père,  les  prêtres  les  ont  reconnus 
comme  éponymes  dans  les  temples, 
lesquels  jours  sont,  en  effet,  pour 
tous,  cause  de  beaucoup  de  biens; 
qu'ils  les  célèbrent  par  une  fête  en 
son  honneur,  [et  une  panégyrie  dans] 

48  les  temples  d’Égypte,  chaque  mois; 


Memphis,  lorsqu'on  accomplit  pour 
lui  tout  ce  qu'on  doit  faire  pour  la 
prise  de  la  dignité  suprême; 

VII»  — Qu'on  établisse  à la  partie 
supérieure  du  carre  qui  est  en  dehors 
des  basilics  d'or,  au  droit  milieu  de 
la  couronne  d'or  mentionnée  ci-des- 
sus, un  oui  et  un  ne;.  Qu'on  établisse 
un  L’autour  sur  un  neb  étant  un  huma 
sous  lui,  sur  l'occident  du  coin  de 
dessus  du  naos  d'or.  Qu'on  établisse 
une  uræus  étant  un  neb  sur  un  out, 
à l'orient.  De  ceci  l'explication  est  : 
« roi  qui  a illuminé  l'Egypte  du  sud 
et  l'Égypte  inférieure  » ; 

VIII0  — Puisque  fin  de  mésori,  où 
l'on  célèbre  le  jour  de  naissance  du 
roi,  furent  établies  panégyrie  et  fête 
à exode  dans  les  temples  primitive- 
ment; que,  de  même  le  17,  où  on  lit 
pour  lui  les  rites  de  la  prise  de  la 
dignité  suprême  : ce  qui  fut  le  prin- 
cipe de  la  prospérité  de  tous  les 
hommes;  la  naissance  du  roi  vivant 
toujours  et  la  prise  de  la  dignité  su- 
prême, il  fit  faire  (sic)  ces  jours,  le 
17r  et  le  30%  en  panégyries,  chaque 
mois,  dans  les  temples  de  l’Égypte; 


398 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


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mois  comme  fêtes  dans  tous  les  temples  de  l’Égypte;  qu’on 
pose  des  autels,  qu’on  répande  des  libations  et  qu’on  exé- 
cute toutes  choses  qu’on  doit  exécuter  dans  les  panégyries, 
en  cette  fête,  chaque  mois;  que  toutes  les  offrandes  faites 
en  ces  fêtes  soient  attribuées  aux  hommes  qui  auront  fait  le 
service  dans  les  temples  ; 

IX0  — Qu’Il  fasse  une  panégyrie  à exode  dans  tous  les 
temples  de  l’Égypte  au  roi  de  la  Haute  et  de  la  Basse- 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


399 


Egypte,  dieu  Épiphane,  Euchariste,  chaque  année,  depuis 
le  premier  tliot  jusqu’au  cinquième  jour,  des  couronnes  sur 
la  tête;  qu’ils  mettent  en  fête  les  autels,  répandent  des 
libations  et  fassent  tout  ce  qui  est  prescrit  de  faire; 

X°  — Que  les  prêtres  des  sanctuaires  dans  tous  les 
temples  à son  nom  soient  appelés  « prêtres  du  dieu  Epi- 
pliane,  Euchariste  »,  outre  les  titres  sacerdotaux  qu’ils  ont 
déjà  ; 

XI0  — Et  que  ce  titre  soit  écrit  dans  toutes  les  formules, 
comme  il  est  prescrit  de  le  faire  ; 

XII0  — Que  soit  écrit  le  titre  de  prêtre  du  dieu  Épiphane, 
Euchariste,  sur  les  anneaux  qu’ils  ont  à la  main; 


qu’ils  accomplissent  des  sacrilices, 
des  libations  et  toutes  les  autres 
choses  d’usage,  comme  dans  les  au- 
tres, et  que  les  offrandes  faites  [soient 
attribuées  aux  prêtres ] 40  qui  auront 
officié  dans  les  temples  ; 

IX0  — Qu'ils  célèbrent  une  fête  et 
une  panégyrie  pour  le  toujours  vi- 
vant et  chéri  de  Phthas,roi  Ptolémée, 
dieu  Épiphane,  Euchariste,  chaque 
[année,  dans  tous  les  temples  du] 
50  pays,  depuis  le  premier  de  tbot, 
pendant  cinq  jours,  dans  lesquels  ils 
porteront  aussi  des  couronnes, accom- 
plissant les  sacrifices  et  les  libations 
et  tout  ce  qui  convient: 

X»  — Que  [les  prêtres  de  tous  les 
temples ] 31  reçoivent  le  nom  de  prê- 
tres du  dieu  Épiphane,  Euchariste, 
outre  les  autres  noms  des  dieux  dont 
ils  sont  prêtres; 

XI0  — Qu'ils  consignent  dans  tous 
les  formulai  l'es  et  sur  les  [anneaux 
qu’ils  portent] 52  le  sacerdoce  du  roi  ; 

XII0  — Qu'il  soit  permis  à tout  par- 
ticulier de  célébrer  la  fête,  d'élever 


qu’on  fasse  sacrifice,  libations  et  le 
reste  des  choses  que  les  règlements 
prescrivent  de  faire  dans  les  autres 
panégyries,  dans  les  deux  panégyries 
par  mois;  que  tout  ce  qu'on  fait  en 
offrandes,  on  l’assigne  pour  les  hom- 
mes qui  servent  leurs  temples; 

IX0  — Qu'on  fasse  panégyrie,  fête  à 
exode  dans  les  temples  et  l’Égypte 
entière  au  roi  Ptolémée,  vivant  tou- 
jours, dieu  Épiphane,  Euchariste, 
par  année,  le  l'  T de  thot,  jusqu’à  cinq 
jours,  prenant  couronne,  faisant  sa- 
crifice, libation  et  le  reste  des  choses 
qu’on  doit  faire  ; 


X°  — Que  les  prêtres  qui  sont  dans 
les  temples  de  l’Égypte,  en  chaque 
temple,  soient  appelés  « prêtres  du 
dieu  Épiphane,  Euchariste  »,  en  outre 
de  leurs  autres  noms  de  prêtres; 

XP  — Qu'ils  l'écrivent  sur  le  for- 
mulaire ; 

X1I“  — Qu'ils  écrivent  la  dignité  de 
prêtre  du  dieu  Épiphane,  Euchariste, 


400 


LE  DÉCRET  DE  MEMPHIS 


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XIII0  — Qu’il  soit  permis  aux  habitants  qui  le  désireront 
d’ériger  de  même  ce  naos  du  dieu  Épiphane,  Eucliaristc, 
pour  le  placer  dans  leur  maison  ; 

XIV0  — Qu’ils  célèbrent  ces  panégyries  et  ces  exodes 
chaque  mois,  chaque  année,  afin  qu’on  connaisse  que  les 
habitants  de  l'Égypte  honorent  le  dieu  Epiphane,  Euclia- 
riste,  comme  il  est  prescrit  de  le  faire; 

XV0  — Qu’on  grave  ce  décret  sur  une  stèle  de  pierre 
dure  en  écriture  de  paroles  sacrées,  en  écriture  de  livres  et 
en  écriture  des  Grecs,  et  qu’on  l'érige  dans  les  sanctuaires, 
dans  les  temples  à son  nom  de  premier,  de  second  et  de 
troisième  ordre,  auprès  de  la  statue  du  roi  de  la  Haute  et 


LE  DÉCHET  DE  MEMPHIS 


101 


de  la  Basse-Égypte,  Ptolémée,  toujours  vivant,  aimé  de 
Ptah,  dieu  Épiphane,  Euchariste. 


l'édicule  susdit  et  de  l'avoir  chez  soi, 
pourvu  qu’ils  accomplissent  [les  J rte. * 
et  panêyyries  susdites  tant  men- 
suelles] 51 qu'annuelles,  alin  qu’il  soit 
connu  que  les  Égyptiens  élèvent  ('? 
et  honorent  le  dieu  Épiphane,  Eu- 
chariste, roi,  comme  il  est  légal  de 
le  faire. 


XIII”  — [Enfin,  que  ce  décret  soit 
gravé  sur  une  stèle  de] 51  pierre  dure, 
en  caractères  sacrés,  démotiques  et 
grecs,  et  placé  dans  chaque  temple 
de  premier,  de  second  et  de  troisième 
ordre,  près  de  l'image  du  roi  toujours 
vivant. 


sur  les  anneaux  qu  ils  portent  sur 
eux . 

XIII"  — Qu'il  soit  permis  à tous  les 
hommes  du  peuple  qui  désirent  aussi 
faire  resplendir  de  même  le  naos  d’or 
du  dieu  Épiphane,  Euchariste.  de 
1 installer  chez  eux. 

XIV»  — Qu'ils  fassent  les  pané- 
gvries  et  fêtes  à exode,  écrites  ci- 
dessus,  chaque  mois,  chaque  année, 
afin  qu'il  soit  manifeste  que  les  ha- 
bitants de  1 Égypte  honorent  le  dieu 
Epiphane,  Euchariste,  comme  on 
doit  le  faire. 

XV  — Qu'on  écrive  ce  décret  sur 
une  stèle  de  pierre  dure  en  écriture 
de  paroles  divines,  en  écriture  de 
livre  et  en  écriture  grecque. 

XVI"  — Qu'on  la  place  dans  les 
temples  de  premier  ordre,  les  temples 
de  deuxième  ordre,  les  temples  de 
troisième  ordre,  auprès  de  la  statue 
du  roi,  doué  de  vie  à jamais. 


Bibl.  ÉUYPT. 


T.  XV 


26 


ÉRIGÉS  PAR  LABIÉNUS  ' 


Dans  son  étude  sur  les  obélisques  de  Douèrent  \ M.  lürnian 
a rejeté  avec  raison,  selon  moi,  la  lecture  RuJ'us  (qui  pour- 
rait être  aussi  Lupus).  La  lecture  Mpupus  (?)  était  un  pro- 
grès; mais  il  faut  remarquer  quelle  ne  tient  aucun  compte 
de  [1(1  ou  \\  que  donne  le  nom  orthographié  : 


(A  3), 


et  : 


Je  proposerai  donc  une  nouvelle  lecture. 

Au  lion  debout  îe  donne  la  même  valeur  qu’au  lion 
couché  dans  Lucilius;  □ transcrit  bien  le  b latin;  ^ 
est  régulièrement  employé  pour  e;  f=3  égale  n,  à cause  de 


1.  Extrait  cle  la  Zeitschrift  für  ügi/ptische  Sprarhe.  1!)02  1903,  t.  XI,, 
p.  147-148. 

2.  Zeitschrift , 1896,  t.  XXXIV,  p.  149-158. 


104 


LES  OBÉLISQUES  DE  BÉNÉVENT 


Q nom  de  la  déesse  Nout,  ou  mieux  il  n’est  que  la 
transcription  fautive  de  “““=>  hiératique;  de  sorte  que  cela 
donne  Lbiens. 

Le  magistrat  qui  a érigé  les  obélisques  de  Bénévent  serait 
donc  un  Lucilius  Labienus. 


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DECRET  DE  MEMPHIS  (PIERRES  I)E  ROSETTE  ET  DE  DAM.WIIOURj 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


Note  biographique,  par  J.  Baillet i-xxxii 

I.  — Philologie 


Examen  du  système  de  déchiffrement  des  hiéroglyphes 
égyptiens  de  M.  Seyffarth  (Rec.  d' Éthnogr.,  1861).. . 3-22 

De  la  transcription  des  hiéroglyphes  (Zeitsch.,  1867)..  23-43 

La  particule  copte  ■xm,  s'm  (Rec.  écjupt.,  1882) 45-56 

Dialectes  égyptiens  : I.  Deux  contrats  ptolémaïques 

(Rec.  de  Trac.,  1882) 57-77 

— II.  Décrets  de  Canope  et  de  Mem- 
phis (Rec.  de  'Trac.,  1883)..  77-91 

Les  mots  ounam  fî  et  semeh  droite  et  gauche  (1863). . 93-94 


II.  — Histoire 


Monuments  des  VIII0-X°  dynasties  (Rec.  de  Trac., 

1892) 97-107 

De  l’élection  et  de  la  durée  des  fonctions  du  grand- 

prêtre  d’Ammon  à Thèbes  (Rec.  arch . , 1863) 109-118 

Note  sur  un  manuscrit  portant  le  prénom  deThoutmès  1 1 1 

(Mél.  d’arch.,  1877) 119-121 

Les  fonctionnaires  du  règne  de  Khounaton  (Rec.  de 

Trac.,  1901) 123-133 


406 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages 

Divisions  et  administration  d’une  ville  égyptienne  (Rec. 

de  Trav.,  1899) 135-144 

Une  famille  sacerdotale  contemporaine  des  XXII01- 
XXVIe  dynasties  (Rec.  de  Trav.,  1896) 145-161 

Études  Ptolémaïques  : 

L’Égypte  pendant  les  premières  années  du  roi  Épiphane 

( Mém . de  la  Soc.  d’Orléans,  1882) 163-167 

Le  roi  lloremhou  (Mém.  de  la  Soc.  d'Orléans,  1879).. . 169-201 

Horemhou  et  Ankhtou  (1882) 203-205 

Hippalos,  fonctionnaire  égyptien  de  l’époque  ptolé- 

maïque  (Mém.  de  la  Soc.  d’Orléans,  1879) 207-220 

Cléopâtre,  fille  de  Ptolémée  Épiphane  et  femme  de 
Philométor  et  d'Évergète  II  (Mém.  de  la  Soc.  d'Or- 
léans, 1882) 221-243 

Le  décret  de  Memphis  et  les  inscriptions  de  Rosette  et 
de  Damanhour  (Mém.  de  la  Soc.  d' Orléans,  1888). . . 245-401 


Les  obélisques  de  Bénévent  érigés  par  Labiénus  (Zeitscli. , 

1903) 403-404 


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IMPRIMERIE  FRANÇAISE  ET  ORIENTALE  DE  E.  BERTRAND 


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PJ1025  B58  *.15 

Bibliothèque  eqjrploloqique  : comprenant 

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