Division tJ T I 0 / O
Section * ^
AUGUSTE BAILLET
ŒUVRES DIVERSES
TOME PREMIER
CHALON-SUR-SAONE
IMPRIMERIE FRANÇAISE ET ORIENTALE DE É
BERTRAND
BIBLIOTHÈQUE
ÉGYPTOLOGIQU
CONTENANT LES
(EU VUES DES ÉGYPTOLOGUES FRANÇAIS
dispersées dans divers Recueils
et qui n’ont pas encore été réunies jusqu’à ce jour
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE
G. MASPERO
Membre de PInstitut
Directeur d’études à PÉcoIe pratique des Hautes-Études
Professeur au Collège de France
TOME QUINZIÈME
AUGUSTE BAILLET
ŒUVRES DIVERSES
i
PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28
Digitized by the Internet Archive
in 2017 with funding from
Princeton Theological Seminary Library
https://archive.org/details/bibliothequeegyp15masp
\ U G U S T E BAILLE!
(Né en 1834)
N 0 T ICE B 1 0 G 1 i A PH I QU E
Par Jules BAILLET
Le doyen des égyptologues français, Auguste Baillet, est
aussi l’un des moins connus, en dehors d’un cercle étroit de
spécialistes.
Par exemple, ni M. Wiedemann1, d’ailleurs si bien do-
cumenté, ne le citait pour l’époque pharaonique, ni
M. Mahaffy 2 et M. Strack3, pour l’époque ptolémaïque, ne
1. Wiedemann, Ægi/ptische Geschichlo (1884), ni p. 450, ni dans son
Supplément (1888), ne le cite parmi les commentateurs de l’inscription
de Bok-en-Khons.
2. Mahaffy, Empire of tlie Ptolemies (1895), cite divers égyptologues
et hellénistes français ; mais il ne connaît la succession des dynastes
thébains que par Revillout ; il ignore Hippalos ; il rectifie le sens de
irî<ptXav0pa>7tY|XE Ttàcrou; ôuvâ[i.£<nv, sans renvoyer au Décret de Memphis ,
3. Strack, Die Dynastie der Ptolemæer (1897), conteste les droits
successoraux des princesses, sans tenir compte du mémoire sur les
quatre mariages de Cléopâtre II, qu’il rajeunit du reste outre mesure.
Biol. ÉovrT., t. xv.
11
AUGUSTE BAILLET
le nommaient et n’utilisaient ses travaux’. Je ne récrimine
pas, je constate.
si cette obscurité est injuste, il ne m’appartient pas de
le dire. Je crois devoir seulement l’expliquer par quelques
détails biographiques.
Quand un érudit a passé sa vie loin des chaires .et des
honneurs oiliciels, écrivant principalement dans les A lé—
moires d’une Académie de province, ses œuvres risquent
fort de demeurer ignorées : c’est le cas de la plupart des
études que renferme la présente publication. Pour plus d’un
lecteur, elle n’olïrira pas seulement l’avantage de réunir des
articles dispersés, mais elle révélera des œuvres qui leur
échappaient totalement.
Auguste-Théophile Baillet naquit à Fouillov, près Corbie,
le 'J7 novembre 1834, d’une famille d'agriculteurs.
11 descendait d'un Charles Baillet, « laboureur » à Longpré-
les-Corps-, Saints, dont le lils Noël vint, au milieu du XVIIIe
siècle, s’établir à Fouillov. Fn 1789, son aïeul Anschaire
Baillet fut choisi par sa « paroisse » comme électeur des
députés du tiers état pour le bailliage d’Amiens; l’année
suivante il devint maire de la « commune » et donna sa dé-
mission en 1815. Dans cette ascendance, rien qui préparât
un érudit ou un égyptologue.
Après de brillantes études au lycée d’Amiens, terminées
au Collège Sainte-Barbe de Paris, il renonçait à la pro-
fession ancestrale. Sur les conseils d’un cousin, Achille
Langevin, administrateur des postes et télégraphes, il se
I. <i. I.umbroso, /.' lÿ/itio île! Grec!, e (Ici Romani (1882), ne souille
1 1 1 • 1 1 d'IIippalos dans son chapitre sur la navigation; dans son Appen-
dice bibliui/rajico de la 2' édition (181)5), il est incomplet, et me fait
pourtant l'honneur de confondre mes essais avec les études de mon
père. Pétrie, Il sinry <>J R'U/pl (1899, t. II, p. 225-229), cite avec soin
les moindres monuments du règne de khouniaton, mais passe sous
silence tous les p irsonnages des stèles (120, 641, 749, d'Orléans, étudiés
dans la A ohcc sur la collection De.snoi/crs (18~7y
Notice biographique
in
préparait a l'Ecole polytechnique. Mais bientôt d’autres
études attirèrent ses préférences. Il suivit les cours de
l’Ecole de droit et, le 9 septembre 1857, reçut le grade de
licencié.
En même temps, il se passionnait pour l’étude du moyen
âge. Entré à l’Ecole des Chartes en janvier 1S51, il en
sortit premier de la promotion du 11 novembre 185b. Sa
thèse, qui lui valut le diplôme d’archiviste paléographe,
avait pour sujet des Recherches sur les divisions politiques
de la Gaule au VI 13 siècle'.
Membre de la commission de publication de la Société de
l’Ecole des Chartes, pendant plusieurs années, lui-même
publia dans la Bibliothèque de F École des Chartes, en 1858,
une Etude sur la dicision des Gaules eu 17 provinces' .
Ces études de géographie le préparaient à écrire son
Histoire du royaume d’Orléans (1860), dont il sera ques-
tion par la suite.
Nommé, au sortir de l’Ecole, auxiliaire surnuméraire aux
Archives de l’Empire, sous la direction du comte Léon de
Laborde, il fut en cette qualité attaché à la publication de
la correspondance de Napoléon E1 2', et y prit une part très
active. « Je crains bien (pie vous ne finissiez le volume YI
» sans moi », lui écrivit de Nice, le 24 avril 1860, son chef
M. Rapctti, envoyé en mission pour préparer l'annexion du
comté. « Soyez bien persuadé que je regrette mon travail
» de bureau et notre fiévreuse collaboration... Peut-être
» vous reviendrai-je plus en état de seconder M. de Laborde
» pour tout le bien qu’il veut à chacun de vous, à vous en
» particulier. »
Ces fonctions le retenaient il Paris : c’est ainsi qu’il de-
1. Voir Ecolo impériale des Chartes, Thèses soutenues par tes élùccs
de la promotion J 855-1856, p. S-8.
2. Bihl. de l’Ée. des Chartes, T série, I. 15". Extrai' : Paris, Didot,
1858. in 8“, 21 p.
IV
AUGUSTE BAILLET
va il être amené a l’égyptologie. Le hasard Je mit sur la
voie. Ln jour qu'à la Bibliothèque Nationale, il attendait
un volume, la Lotir '!. Dacier , de Champollion, se
trouva sous sa main. 11 la feuilleta d'abord presque machi-
nalement, puis \ prit grand intérêt. Cette lecture le mit en
goût et l'entraîna au cours d’Emmanuel de Rongé, alors
reconnu comme le second chef de l’école française.
Bientôt il devint un disciple fervent. Dans une lettre du
9 septembre 1862, Théodule Devéria le signalait à Chabas
en même temps qu’il annonçait les premières publications
de Ilon aek et de W. Pleyte : « Nous avons aussi un autre
» auditeur du cours de M. de Rougé, M. Baillet, qui pro-
» met de produire d’excellentes choses, et ainsi peu à peu
» notre école s’augmente et se fortifie... Dame Isis a main-
» tenant alla ire a de fameux gaillards dont le nombre s’ac-
« croit tous les jours et qui secouent joliment son voile’. »
Lui-même, Aug. Baillet avait débuté en juillet 1861,
dans la Revue d' Ethnographie* , par un Examen du sys-
tème de déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens de
M. Seyff'arth.
Seyiîarth s’était déclaré tout d’abord parmi les adver-
saires de Champollion : un an après l’apparition du Précis,
il lui avait opposé ses Rudi monta hierog/yphices (1825), où
il développait les doctrines de Spohn. Dans la suite, plutôt
que de se rendre devant les résultats du système de Cham-
pollion, il avait préféré combiner ses théories avec celles
de Goulianofï. Les égyptologues l’avaient laissé dire sans
lui faire l’honneur d’une discussion ; et Birch, dans son
Introduction ù l'étude des hiéroglyphes' , se contentait
d’opposer les attaques de Seyiîarth aux efforts de tous ceux
1. liililiotli* que ii/l/ptologique, t. IX, p. XJ.III.
2. T. VIII, n“ 45, p. 101-108, 1 pl.
I r:i ' i u i t<* par < ’habas cl publiée dan-- la lieruc archéologique (1857),
t. XIV. p. 170 ( Bibl . ègypt., t. IX, p. 180-181).
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Y
qui contribuaient « à élever letucle des hiéroglyphes au
» rang d’une science qui a fait ses preuves et dont les bases
» sont désormais inébranlables ». Puisque, malgré ce dé-
dain justifié, le système s’obstinait à réclamer l’attention
aux dépens des bonnes méthodes, n’était-il pas utile cl’en
finir avec lui par une démonstration en' règle '?
En 1862, Aug. Baillet écrivait, dans la Re.oue archéolo-
gique, un article sur l’Élection et. la duree d es fonctions du
grand-prêtre d' Amman à Thèhes, qui complétait l’étude
récente de Th. Devéria sur le Monument biographique de
Bak-en-Khonsou' . Il y combattait, par une interprétation
plus rigoureuse des inscriptions de Hri-hor a Karnalc,
l’hypothèse de Brugsch sur des réélections périodiques du
grand prêtre thébain.
Peu de temps après, il réussissait à déterminer la valeur
des hiéroglyphes des nombres supérieurs à 10,000. Mais
Devéria, qui avait de son côté fait la môme découverte, le
devança dans la publication, comme il s’en explique à la
fin de son article de la Reçue archéologique sur la Notation
des centaines de mille et des millions dans le système hié-
roglyphique\ «En terminant cette courte étude, disait
» Devéria, je suis heureux de pouvoir dire que ses résultats,
» au moins dans leur partie essentielle, c’est-à-dire pour
» la fixation de la valeur des trois signes numériques ser-
» vant à noter les centaines de mille, les millions et les
» dizaines de millions dans le système hiéroglyphique,
» sont pleinement confirmés par un très bon travail de
» M. Baillet, qui faisait cette petite découverte à Paris, tandis
» que je la faisais en Egypte. Ce jeune égyptologue a réuni
» des exemples pour le moins aussi probants que les miens,
1. Mémoires de l’Institut égyptien, 1862, t. I, p. 701-751 (= Bill,
ègypt-, t. IV, p. 275-324).
2. Reçue archéologique (1862), t. VI, p. 363 (= Bihl. ègypt., t. IV,
p. 268).
VI
AUGUSTE baillet
et y a joint une étude de certaines divisions du temps
, ,| ai i nd des plus désirables la prochaine publication de
» s,w recherches ; elles comprennent un nouvel examen
> d'un texte numérique important qui avait échappé à mon
,i attention, bien qu’il eût été déjà l’objet d'un travail de
» M. Lepsius. »
Ainsi deux travailleurs, d’après des recherches parallèles
• •I indépendantes, s’étaient rencontrés sur les mêmes résul-
tat'-. Pareille aventure advint à MM. Maspero et Chabas,
pour leur traduction du papyrus Abbott. Devrait-il, après
de- telles expériences, rester des sceptiques pour refuser leur
foi à l’égyptologie?
Cependant, malgré le piquant de la démonstration, en
dépit de l'encouragement de Devéria, Aug. Rail lot consi-
déra le travail de son ainé comme délinitif et suffisant sur
la question : il condamna le sien au portefeuille à perpé-
tuité.
Les plus cordiales relations l'unissaient à Th. Devéria.
Lu jour, celui-ci le surprenait occupé à prendre des notes
"in les 1 : « Relève/, donc, lui disait-il, ce qui
» ne se comprend pas, de préférence à ce qui se laisse en-
w tendre. » Bon conseil, sous son apparence paradoxale;
car c'est la recherche patiente autour des énigmes qui fait
le plus avancer la science.
Le billet suivant, écrit par Devéria, témoigne de cette
amitié : « Mon cher monsieur Rail lot. — Avez-vous changé
d'idée depuis l’autre jour? Hésitez-vous maintenant à
» faire une tentative pour entrer au Louvre? — S'il en est
» ainsi, renoneez-y tout de suite, et, parce moyen, coupez
h court a la possibilité des reproches futurs de votre famille
» et de vos amis. Mais dites-lc-moi au plus tôt. — Dans le
cas contraire, dépêchez-vous d’aller voir M. de Rongé; il
" est parfaitement disposé pour nous, et s’étonne presque
» de n’avoir pas encore reçu votre visite; car l’idée de vous
h faire entrer au Louvre, que je n’ai fait que lui souffler, a
notiof. rnor.R APIIIQUF.
VII
» pris clans son esprit un développement que je n’osais pas
» espérer. »
Le projet, dont il est question en ce billet, n'aboutit
point.
Pour un temps, Aug. Paillet allait faire infidélité à
l’égyptologie. En 18G3, il s’était marié, quittait Paris et
s’adonnait à l’industrie.
Cependant il ne cessa pas de se tenir au courant ; et,
sans guère produire d’études originales, il continua d’accu-
muler dans ses notes et ses dictionnaires les éléments de
travaux futurs.
Durant son séjour à Pussay (Seine-et-Oise), de 1863 à
1871, nous ne relevons qu’un seul article, De la trans-
cription des hiéroglyphes, envoyé à la Zeitschrift für
agyptischc Sprachc en 1867. Encore ne fut il pas imprimé
en entier. Seule parut la première partie relative aux guttu-
rales'. Sur ce point, il critiquait à la fois la transcription
de l'alphabet adoptée par E. de Rougé et celle que prônait
Lepsius dans son Mémoire sur le Standart Alphabet
(1835-1863). Lepsius ne se rendit pas aussitôt à la démons-
tration : à la suite de l’article, il exposa ses objections. La
principale se résume en l’axiome : non numerantur sed
ponderantur ; pour conclure des exemples allégués, il ne
suffit pas d’en savoir le nombre, il faut les apprécier en con-
naissance de cause. La critique, exprimée par un maître,
est de poids ; elle ne vaut point contre la conclusion, mais
elle porte contre la discussion. Aussi avons-nous cru utile,
dans cette édition, de fondre avec l’article le relevé
d’exemples qui l'avait préparé. Seulement, nous remarque-
rons ici que, le jour où en 1889, la Zeitschrift modifia son
système de transcription, le nouveau, en adoptant trois
signes le, k et y pour a et S, différenciait fortement le
1. Voir p. 25 du présent volume.
VIII
AUGUSTE BAILLET
troisième des deux premiers : c’était renoncer aux idées an-
térieures de Lepsius et se conformer aux conclusions de
l'article d’Aug. Baillet.
A Pussay, Aug. Baillet partageait le meilleur de son
temps entre son industrie et sa famille.
L’instruction de ses fils fut pour lui l’occasion d’expé-
rien os pédagogiques. Deux principes se dégagent de ses
idées et de ses essais : ne jamais fatiguer l’esprit de l’enfant,
l'ouvrir de bonne heure par des notions exactes données
sans pédantisme à propos de tout ce que l’enfant rencontre
et observe.
Le 29 avril 1868, il avait été nommé délégué cantonal
l'inspection des écoles | ri maires. Plus de vingt ans, il
exerça cette charge avec zèle, d’abord dans le canton de
Méréville, puis à Orléans’.
La guerre de 1870. en fermant les usines, lui donna des
loisirs forcés. Il les utilisa en mettant en pratique certaines
idées de V. Duruy sur l’instruction populaire qu’on a re-
luises depuis. Cours d’adultes, extension universitaire, uni-
versités populaires pourraient le citer comme un précurseur
ou un bon ouvrier de la première heure.
Il réunit donc une vingtaine de jeunes villageois, n’ayant
fait que des études primaires, et se mit à leur enseigner
l’allemand dont il ne possédait qu'une connaissance super-
licielle. Dans celte tâche paradoxale, il apprenait la veille
ce qu'il montrerait le lendemain. D’ailleurs, lors des passages
de Prussiens, puis de Bavarois, il eut le bonheur de rendre
quelques services, comme interprète, aux gens de son bourg.
Plus tard, quelques-uns de ses élèves poursuivirent leurs
études, et, a leur tour, se rendirent utiles par la connais-
sance de la langue dont il leur avait donné les premières
notions.
1. Décision préfectorale du 8 mars 1877.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
IX
En 1874, il vint s’établir négociant à Orléans. Ce change-
ment de séjour et le malheur qui, en 1877, le frappa dans
ses plus chères affections, le ramenèrent peu à peu à l’égyp-
tologie.
Cependant il ne put y consacrer qu’une partie même de
ses loisirs. Se retirer des affaires ne fut pas pour lui se
reposer. De divers côtés, on faisait appel à sa compétence et
à son dévouement pour la chose publique. A plusieurs
reprises, en 1884 et depuis, parfois même malgré lui, les
électeurs consulaires d’Orléans l’envoyèrent siéger au Tri-
bunal de commerce. Il fut un des organisateurs du Syndicat
Orléanais de l’habillement et de l’Union des syndicats.
Président d’un comité local de défense des porteurs de titres
de Panama, il prit part à la fondation de la nouvelle Société
de Panama, qui tentait de relever cette grande œuvre si
funeste aux capitaux français, et en fut administrateur de
1894 à 1900. Enfin la politique même lui prit quelque part
de son temps. Déjà il avait été conseiller municipal de
Pussay. En 1873, il s’était présenté aux élections cantonales
comme candidat républicain. Depuis, il s’était soigneuse-
ment abstenu de toute compétition. Pourtant, en 1892, il
opposa sa candidature à celle d’un socialiste pour le conseil
d’arrondissement, et, lors des élections municipales de 1899,
le comité républicain progressiste obtint qu’il se laissât
porter sur sa liste avec laquelle il fut élu.
Seulement, c’est à la science que le ramenaient toujours
ses goûts personnels.
Les deux principales Sociétés savantes d’Orléans s’em-
pressèrent de l’attirer dans leurs rangs.
La Société d’agriculture, sciences, belles-lettres et arts
d’Orléans le nommait, le 19 février 1875, membre de la
section des belles-lettres.
La Société archéologique et historique de l’Orléanais
l’élisait membre titulaire, le 25 février 1876, — trésorier,
du 28 décembre 1877 au 11 février 1881, — plusieurs fois.
X
AUGUSTE DAILLET
membre de la commission de publication. Presque chaque
an cil ■ le deleguait à la réunion des Sociétés savantes
en Smli une. Ses procès-verbaux relatent plusieurs com-
înunications de lui : en 1SS2, il signale un témoignage con-
t < • i : uiain de la campagne de 1429'; en ls‘.)l, il annonce la
<1. «•. .u rte dos fondements de la chapelle du couvent des
Auguslins*.
Sa principale contribution à l’archéologie orléanaise
consiste dans la lecture et la restitution d'inscriptions
tumulaires de Saint-Renoit-sur-Loire1 2 3. Après une excursion
à Saint-Benoit, « il appelle de nouveau l’attention de la
» Société sur l’état de détérioration croissante des monu-
» monts qu'il a étudiés, et termine en lisant un travail sur
i) les épitaphes dont il présente un fac-similé minutieuse-
> ment fait ». Il s’attachait particulièrement à la, plus
maltraitée, l’épitaphe dite de Xcsrjau'. Il démontrait que h'
nom du prétendu moine devait se décomposer en n (non) es
g.\v[ ....]; que l’épitaphe était métrique et qu’elle pouvait
se restituer intégralement, même avec le nom véritable du
défunt, Oausbert, ancien abbé de Ferrières (1044-1060),
grâce a l’histoire manuscrite de Saint-Benoît-sur-Loire, par
1. Bulletin de h i Société archéologique, t. VII, p. 509.
2. Ibicl., t. X. p. 57.
a. M. Grellet-Malptuerio avait dénoncé la ruine menaçante de la
basilique et signalé une des épitaphes qu'il attribuait au chroniqueur
Aimoin et que M. Ramé reportait à Girard ou à Raoul Tortaire (Cou-
vres de Sorbonne, avril 1882. Bulletin du Comité des travaux histori-
. 1882, p. 133, 305, 327; 1883, p. 81-85 et 144. Bull. Sue. un-h.,
10nov.lS82, 12janv. et 9 mars 1883 ; VII, p. 532 ; VIII, p. 14 et 2t.) —
M. Boueher de Molandon, délégué par la Société avec M. Dumuys,
avait fait mouler trois épitaphes par le sculpteur I.anson, et lu à la
Société', le 13 juillet 1883, un travail, amplifié par la suite (Bull. Soc.
arch.. VIII, p. 21, 56-57, 86. 87-88. 109).
I. Marchand, Souvenirs historiques de Suint-Benoit . 1838. — L'abbé
Rocher, Cel' i-intu/r ù Suint-Benoit, 1852; Histoire de l’abbaye royale
d '■ Suint-Brnnit. 1865.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XI
Dom Cha/al, conservée à la bibliothèque de la ville d’Or-
léans'. Cette attribution et cette restitution furent le sujet
d’un Mc moire, sur une épitaphe du XI1' siècle de Satnl-
Benoît-sur- Loire, qu’Aug. Maillet lut au congrès de Sor-
bonne, le L7 avril 1884b A la séance suivante M. Boucher de
Molandon témoignait du « légitime succès obtenu... par
» M. B. pour son ingénieuse restitution » qui avait « mérita'
» les éloges du bureau et des nombreux délégués présents ' »
Ces études dans leur ensemble demeurèrent inédites; mai
les conclusions les plus importantes sont résumées dans les
comptes rendus du congrès, ou ont passé dans le mémoire
de M. Bouclier de Molandon '.
En 1886, A. 11. était de nouveau délégué pour lire une
étude sur l’ Kpitaphe de Mummoleus, abbé de Fleury '.
La Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts
avait compté dans ses rangs trois membres de la Commission
scientifique de l'expédition d’Egypte, J ol lois, Gérard et
Louis Ripault, ce dernier qui s’était vainement efforcé, avant
Champollion, de pénétrer le mystère des hiéroglyphes.
S’ouvrir à un adepte de la, science nouvelle, maîtresse enfin
du secret, c’était donc pour elle renouer une tradition.
1. L’analyse, qu’au XYIH" siècle il donnait de l’inscription, permet
de la rétablir ainsi :
« in mvndo mvndvm non es, gav [sberte. seciitus.]
sr-.D pi vs et sapiens, p[rovid]vs [atque vigil,]
sobrivs ht castvs sprevisti GAvfdia vana.l
mvndi delici as : [astra pete alta Dei,]
qvem suspirasti, quem vivvs s[emper amasti]
et evi servisti ; auta s[it ergo tibi]. »
2. Bulletin du Comité des tracaux historiques ( Archéologie ), 1884,
p. 174-175.
3. Bulletin de In Société archéologique, t. VIII, p. 175 et 185-180.
1. Mémoires de la Société archéologique, 1884, t. XVIII, p. 527-573,
et atlas, pl. VIII-XIII. Allusion sommaire au concours de A. B , p. 540
et 557, n. 1 .
5. Bulletin de la Soc. arch., t. VIII, p. 414,
XI!
AUGUSTE BAILLET
D'ailleurs, on A. B. elle n accueillait pas un inconnu ; car,
quinze ans plus tôt, elle avait couronné de lui une Histoire
du royaume d’ Orléans' . « La Société, dit en 1S99 son his-
» torien, M. Guerrier, avait mis ce sujet au concours
> pour 185s. Il était difficile à traiter ; car les documents
■ sont rares, trop souvent confus, quelquefois contradic-
toires. On risquait en outre de sortir du programme et de
se laisser entraîner à des considérations générales, ou bien
à quelque imitation périlleuse des Récits des temps méro-
') vingiens. Le prix ne fut pas décerné : on prorogea le
» concours. La Société précisa le sujet et développa sa
•< pensée en disant qu’elle désirait qu’il fût traité au point
d de vue géographique. Ainsi envisagé, il était neuf et à
» peine effleuré par nos historiens, qui, d’ailleurs, ne sont
» pas d’accord entre eux. L’auteur d’un nouveau mémoire
-> s<> conforma aux indications qui lui étaient données:
' rejetant les faits, les détails, qui appartiennent à l'histoire
d générale, ne conservant que ce qui était nécessaire à l’in—
> telligence du sujet, écartant surtout les développements
» biographiques, s’éloignant en un mot du point de vue
i politique, pour traiter des guerres, des conquêtes, des
a traités, des usurpations, de tout ce qui amena un agran-
dissement ou un amoindrissement du royaume dont
» Orléans fut la capitale. Il l'a fait avec une conscience et
» une autorité remarquables; toutes scs assertions s’ap-
» pu vent sur des textes, sur des citations exactes qui les
» justifient. Ce n’est pas sans doute, dit l’auteur du rapport,
d M. Dupuis, l’intérêt d’un récit attrayant que le lecteur
>) devra chercher dans ce mémoire ; et ce n’est pas là, en
» effet , ce que pouvait espérer l’Académie, en mettant ce
" sujet au concours; mais quiconque voudra, sur cette
période aride, ingrate de notre histoire locale, trouver
1. Mémoires de la Soe. (ÏA;jriculluro, etc-, 4' série, t. Y, p. 241-323,
et 1 vol. in-8°, 1861, Laurent, Orléans.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XIII
» des notions exactes et utiles, devra les demander à ce
» consciencieux et remarquable travail1 2. »
Devenu membre de la Société, A. B. lui apporta un
concours actif. Son nom revient souvent dans les procès-
verbaux. La section des Lettres le nomme secrétaire, le
30 avril 1875b Tantôt, il lit des vers : un rondeau pour
remercier de son élection ses nouveaux collègues3 4 5 6, un sonnet
pour les féliciter, sous couleur ironique, de la variété de
leurs travaux ', une pièce de vers sur le concours régional et
l’exposition rétrospective d’Orléans en 1876 b Tantôt, il fait
un rapport verbal sur quelque travail à insérer dans les
Mémoires de la Société : mémoire de M. l’abbé Desnoyers
sur un amas d’os, rebuts d’un atelier de charnières romaines
à Orléans0, — notice biographique de INI. Patay sur Arnauld
de Nobleville, doyen du collège de médecine et administra-
teur de l'IIôtel-Dieu d’Orléans7, — mémoire de M. Des-
novers sur Dom Fabre, bibliothécaire du monastère de
Bonne-Nouvelle8 9, — traduction en vers, par M. Boutet de
Monvel, de la 3e satire, au livre II, d’Horace0, — trois pièces
de vers de M. de Vauzelles10 11, — mémoire du Dr Grellety sur
le mariage au triple point de vue médical, social et litté-
raire", — poésie de M. Czajewski sur sainte Cécile12. Un de
ces rapports fut imprimé : un mémoire de M. Ch. Michau,
1. Mémoires de la Soc. d’Acjr., etc-, 4e série, t. XXXVII, 1899,
p. 143-144.
2. Mém. de la Soc. d'A</r ., etc-, 4" série, t. XVII, p. 351.
3. 19 mars 1875, Ibid., t, XVII, p. 343.
4. 16 avril 1875, Ibid., t. XXII, p. 350.
5. 2 et 16 mars 1877, Ibid., t. XIX, p. 289, 290, et p. 80-83.
6. 6 août, 1875, Ibid-, t. XVII, J). 357.
7. 16 juin 1876, Ibid., t. XVIII, p. 358.
8. 15 décembre 1876, Ibid., t. XVIII, p. 362.
9. 29 décembre 1878, Ibid., t. XX, p. 303.
10. 21 novembre 1879, Ibid., t. XXI, p. 288.
11. 16 avril 1880, Ibid., t. XXII, p. 355.
12. 7 janvier 1881, Ibid., t. XXIII, p. 390.
xiv
AUGUSTE 15A1LLET
« ;r le poète Orléanais Guillaume Guiard, lui avait rappelé
es études médiévales1 2 * * * *. D’autres fois, il expose à la Société
1 > dilî< rences entre les trois sortes d’écritures égyptiennes*,
,u bien l’iiistorique et les règles de la lecture des hiérogly-
phes . En 1 879, la Société lui vote des félicitations, à
propos des éloges de M. Renan1. En 1887, elle le désigne
pour le représenter a la réunion des Sociétés savantes en
Sorbonne, et y lire un mémoire en son nom A plusieurs
reprises, enfin, il fait part d’études personnelles, sur les-
quelles il convient de donner de plus amples détails.
Eue seconde fois en 1877, comme en 1861, A. B. offrait
a cette compagnie la primeur de ses travaux d’érudition,
quand il revint à l’égyptologie pour y chercher un palliatif
a un deuil cruel. Alors donc il lui donna son étude sur la
( 'tlleclion éfjijpticnne de M. l’abbé Dcsnoijer" .
Cette collection, une des plus complètes qu’on voie en
province7, se trouve exposée aujourd’hui, avec tousses com-
pléments, dans les salles du Musée historique d’Orléans,
du il l’abbé Desnoyers fut longtemps le directeur et le bien-
faiteur. L’étude <[iie lui consacre A. B. ne se réduit pas à un
simple catalogue. Des exposés sur la religion, les croyances,
l'histoire et les mœurs des anciens Egyptiens, des réflexions
personnelles et quelques traductions encadrent l’énuméra-
1. r> juillet 1901, Meut, de lu Soc. d’Aijr., de., 5'' série, t. I. p. 201 et
108-111.
2. 7 novembre 1879, Ibid., 1 série, t. XXI, p. 287.
a. 18 décembre 1885, Ibid., t. XXVI, p. 207.
1. Ibid., t. XXI, p. 288.
b. 15 avril 1887. Ibid., t. XXVII, p. 211 et 215.
tl. 7 et 21 décembre 1877, Ibul., t. XIX, p. 298.
7. Sur un point particulier, elle se trouvait la plus riche de France
et d'I'Ampe. Quand M. l'aressy composait son mémoire sur les Cônes
funéraires (Mémoires île ht Mission du Cuire, t. VIII, 21' l'asc.), le
relevé i|ue nous lui transmîmes, sur sa demande, tenait le premier rang
après celui du Musée de Boulaq (ef. Darmsteter, Journal Asiatique ,
1899, 9’ série, t. II, p. 139, u" -1).
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XV
tion et la description des objets. Cinq planches représentent
les plus curieux ou les plus rares, statuettes, scarabées,
bijoux, eic. La lecture des monuments épigraphes apporte
son appoint aux listes de fonctions et de noms propres
connus. Certains procédés d’art sont signalés. L’influence,
par choc en retour, de la Grèce sur les idées religieuses de
l’Egypte, comme sur l’architecture et la sculpture ptolé-
maïques, est proposée à l’étude. L’examen de plusieurs
statuettes montre l’alliance des polythéismes égyptien et
grec : notamment un Osiris, couronné de pampres et ap-
puyé sur un cep, provoque un commentaire sur Diodore,
qui parut cl’abord dans la Zeitschrift., sous le titre d 'Osiris-
Bacc/tus. A propos du Panthéon égyptien, des extraits et
une pièce de vers, d’une sobre élégance, donnent aux non-
initiés une idée de l’Hymne à Amon-Râ, de Boulaq, et des
autres hymnes de l’Egypte'. Aux savants un relevé soigneux
des textes, des ligures et des noms rend un service qu’appré-
ciait ainsi AL Alaspero : « Je vous remercie de votre bro-
» chure. La collection que vous avez décrite renferme des
» monuments fort intéressants et vous en avez fait ressortir
» tous les mérites. C’est un service d’autant plus grand
» qu’une collection égyptienne placée dans une ville de pro-
» vinceest ordinairement ignorée et perdue pour la science.
» 11 aurait été fâcheux que celle de AL l’abbé Desnoyers
» restât inconnue1 2. »
Renan, dans un de ses Rapports annuels sur les travaux
delà Société asiatique, dont Alax Millier disait que « l’hon-
1. Une nouvelle étude sur les Hymnes au Soleil du Livre des Morts
fut lue le 20 décembre 1878 (t. XX, p. 303). L’auteur y exposait ses vues
sur la poésie des Egyptiens : l’idée qu’il se faisait de leur technique
avait été corroborée par la découverte, dans certains papyrus, de vers
dont il s’était démontré par avance l’existence, malgré leur omission
dans la plupart des exemplaires conservés. Malheureusement, il atten-
dit la publication des théories de M. Grébaut sur le même sujet, et son
étude ne parut jamais.
2. Lettre du 12 juin 1S79,
XVI
auguste baillet
neur d'être cité dans ces pages était un peu pour le savant
» ce qu’était pour les cités grecques l'honneur d’avoir leur
- nom dans lecatalogue d’Homère », — Renan, le28 juin 1879,
signalait l’œuvre et saluait le retour de l’auteur à la science :
« Un égyptologue qui semblait avoir abandonné entière-
» ment la science, M. Auguste Baillet, d’Orléans, vient de
» reparaître avec la notice d’une importante collection
» formée à Orléans par M. l'abbé Desnoyers. C’est une bro-
h chure assez courte, mais qui renferme nombre de faits in-
téressants pour l’histoire et l’archéologie. Il faut souhaiter
que M. Baillet ne s’en tienne pas là; il a des qualités
» de pénétration et d’exactitude qui lui assureront, s'il le
» veut bien, une place éminente parmi les égyptologues
» contemporains1. »
A la même collection se rattachent : deux brèves notes
parues, en 1877, dans les Mélanges d' archéologie éggptienne
de M. de Rongé, sur Deux Canopes et sur Un manuscrit
portant le prénom de Thoutmès III, — le court article de la
Zeitschrift sur Osiris-Bacchus, fondu ensuite dans la Notice,
- plus tard la lecture faite au congrès des Sociétés savantes,
en 1887, sur des Momies du Musée d’Orléans. Certains
personnages, nommés sur plusieurs de ses stèles, inspirèrent
la première idée de l’article sur Les Fonctionnaires du
régne de Khounaton. Enfin, ses vitrines fournirent, en 1901
et les années suivantes, le sujet d’une communication à la
Société des Sciences sur plusieurs Vases égyptiens de la
collection Desnoyers au Musée d,’ Orléans , et le prétexte
de recherches connexes d’archéologie ou de lexicographie
sur le Nom de quelques vases égyptiens et le Nom des
diverses parties d! un Vase en égyptien.
D’autres études suivirent, qui ne présentaient pas à la
Société il Orléans 1 intérêt direct d’un sujet local. On aurait
1. Journal Asiatique, C série, t. XIV, p. 36; ou Reçue politique et
littéraire, 1876, II, n" 17.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XVII
pu les juger trop hérissées de discussions techniques, de
rapprochements et de citations, nécessaires pour établir le
sens d’une phrase ou d'un mot, mais bien arides pour les
profanes. La Société s’honora en les accueillant, comme la
Société de Chalon-sur-Saône en imprimant les premières
œuvres de Chabas.
Souvent des difficultés matérielles entravaient l’impres-
sion de ces articles dans une imprimerie de province mal
outillée pour ce genre de travail. On connaît les plaintes de
Chabas, réduit à autographier ses Mélanges, sa lutte contre
le règlement de l’Imprimerie Nationale de Paris, sa joie
quand il put obtenir une casse de types de Berlin. Lui
aussi, A. B. se procura une collection de ces types; mais
plus d’une fois, il dut ou se contenter malgré lui d’à peu
près, ou combler les lacunes en faisant fondre ou gilloter
des signes d’après ses dessins, et toujours subvenir au prote
en assemblant lui-même les caractères. Passe pour quelques
pages! Mais, s’il s’agit d’un mémoire comme le Décret de
Memphis, on se lasse de ne pas obtenir tout ce qu’on désire,
et alors. . . qaandoque bonus dormi tat Homerus '. Plus que
jamais, l’érudition « n’est qu’une longue patience ».
C’est dans ces conditions que parurent, dans les Mé-
moires de la Société d'Orléans, une série d’études sur l’époque
ptolémaïque.
M. Revillout, avec sa Chrestomathie (1875-1880), sa Nou-
velle Chrestomathie (1879), son Procès d’Hermias (1882),
venait de produire une large trouée de lumière parmi les
documents recélés par les papyrus démotiques. Mais, quoi
qu’il ait découvert, il n’avait pas du premier coup épuisé ce
champ d’études : après lui, il restait à glaner abondam-
ment.
1. Nous nous sommes efforcés, sans modifier au fond ces mémoires,
de les présenter, celui-là en particulier, sous une forme plus satisfai-
sante que dans la 1” édition.
BlUL. ÉGVl’T., T. XV. **
XVIII
AUGUSTE BAILLET
Ainsi, M. Rcvillout avait signalé la petite dynastie qui
régna siuTlièbcs pondant les 19 premières années de Ptoléraée
Kpipliane. A. 15. porta ses recherches sur Le roi Horemhou' ,
ou u 11 rectifia et expliqua la lecture du nom
i val ; il y réduisit les deux cartouches lus par MM. Brugsch
i-t Rcvillout : Ilorhotcp, Horsat, Horinekh; enfin il déter-
mina l'ordre successif des deux rois Harmals et Aônkhis,
d'après les souscriptions du notaire Petisis. M. Rcvillout
«•lia cet « ingénieux travail* » et cette « belle étude1 2 3 * * * 7 », mais
ne s' rendit pas de suite à la démonstration : il attendit
qu’il la pût refaire à son tour par une voie nouvelle au moyen
du papyrus n" 11)6 de Berlin A. B. prit acte de cette rési-
pisveneedans lepetit article de 1882 s\ir\ Horemhou et An/,h-
- ch Thches, répon c discrète aux diatribes acerbes
de M. Revillout b
L’étude sur L’Etjypte pendant les premières années du
roi lipiphane traite du même temps". L’auteur cherche à y
déterminer l'étendue de la rébellion contre la dynastie
grecque et la preuve rie la fidélité de certaines villes.
Le mémoire sur Hippalos’ identifie en une même person-
nalité le ministre d’Epiplmne, l’inventeur des vents étésiens,
le fils deGlaucias, le frère du Ptolémée reclus auSérapéum.
1. Lecture du 7 novembre 187!), t. XXI, p.287. Renan le cite ( Journal
Asiatique, 7' série, t. XYIIt, 1881, p. 32).
2. " Anditu (qui, selon un ingénieux travail de M. Baillet sur les
données recueillies par moi, succéda à Thèbes à Harmakliis)... » Reçue
1880, I, p. 14 ).
3. Reçue ei/yptoloyit/uc, 11, 1881. p. 110. (Voir la citation, infra ,
p. 204).
I. l.e rm Anr/imurlii.'i et le roi Hannachis. — Reçue êi/i/ptolorjique,
II. 1881, p. 145 1 17.
Ô. R' ru • '//Itolnyi'/ue. II. 1881. p. 282-287.
0 Lecture des 3 cl 17 décembre 1880, Air ni . delà Soc. d'Ayr., etc.,
I XXII. p. 303.
7. I turc du 21 novembre 187!), Mém. de lu Soc. d'Aqr ., t. XXI,
p. 288.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XIX
Cette hypothèse, sans être définitivement confirmée, a été
corroborée depuis par la découverte, à Mcnschiéh, d’une
inscription, que signala M. Maspero, et où les qualités de
prêtre et d’épistratège sont unies1. Ainsi se dégage un peu
de l’ombre et de l’oubli un grand homme méconnu.
Obscure et piquante est l’histoire de Cléopâtre, fille dEpi-
p hane, la seconde du nom, qui épousa alternativement scs
deux frères Philométor et Évergète 11. En ISSO2 3, A. B.
démêla, d’après les datations des actes grecs et démotiques
de ce temps, les dates des quatre mariages successifs de
cette Cléopâtre II, de sa répudiation et de sa mort. Dénon-
çant l’invraisemblance cl’une femme mère à 60 ans et assez
verte à 100 ans pour disputer le trône à ses 1 ils, il lui déniait
la maternité et la tutelle des fils et successeurs d’Ever-
gète II, au profit de sa fille Cléopâtre III. Des rapproche-
ments sûrs recti liaient plusieurs erreurs de Letronne et de
Brunet de Presles.
Un article sur Le roi Eupcitor, lils de Philométor et de
Cléopâtre II ', devait terminer ce cycle relatif à la dynastie
des Ptolémées. L’auteur n’y mit jamais la dernière main.
Le recueil de ses Etudes ptolémaïques resta donc inachevé.
Celles (pii n’ont paru (pie dans les Mémoires de la Société
d’Orléans ont échappé à .1. Darmsteter qui, dans ses rapports
à la Société asiatique, cite ou analyse les articles sur La par-
ticule •sm, sur les Dialectes, sur les Sceaux hôtéens, parus
dans les publications parisiennes, Revue égyptologique,
Recueil de Traoaux, Reçue archéologique, puis le Décret
1. Voir infra , p. 210, n. 3, et Miller, Bulletin de Correspondance
hellénique , 1885, t. IX, p. 141-144 : l’auteur ne cite que Revillout
( Chrestomathie , p. 135) et ne fait aucune allusion à l’identité possible
de l’épistratège, prêtre des Ptolémées, invoqué par Hermias, avec le (ils
de Glaucias et le navigateur qui donna son nom aux vents hippaliens.
2. Lecture du 5 novembre 1880. Mêm. de la Soc., t. XXII, p. 361.
3. Lecture du 17 décembre 1880, Ibid., t. XXII, p. 363. Cf. infra,
p. 235, n° 2.
XX
AUGUSTE I3AILLET
de M ut/ '/iis, tiré à part, et deux autres articles du Recueil'.
La lecture du nom du roi Horemhou reposait sur l’hvpo-
t d-‘ i existence de différences dialectales déjà sensibles,
m 1 1 n • dans 1 écriture, entre le parler de Thèbes et celui de
Memphis, avant de se fixer dans les dialectes coptes. A. B.
s'efforça de déterminer un certain nombre de ces différences,
a l'aide d'abord de quelques textes démotiques nouvellement
publiés par M. Revillout, puis des monuments de Rosette et
de Tanis. De là ses articles sur les Dialectes égyptiens, pu-
blies dans le Recueil de Travaux en 1882 et 1883. Si dans le
detail certaines de ses conclusions, même présentées comme
provisoires, pouvaient paraître prématurées, sa thèse ne
manquait point d’intérêt et méritait d’être posée. Cependant
le premier article lui valut les foudres de M. Revillout*.
Kn terminant son premier article, A. B. faisait de pru-
dente- réserves sur les démentis que des textes plus
nombreux pouvaient apporter à des conclusions tirées de la
comparaison de deux textes. Pas n’était besoin d’invectives,
de prêts gratuits d’absurdités 3 et d'accusations de plagiat,
pour opposer a ces conclusions des objections tirées d’une
investigation plus étendue. N’insistons pas sur cette querelle,
de peur de contrister outré mesure un homme de valeur
qui a rendu de grands services à la science.
N’ayant aucun goût pour le métier de « gladiateur de
1. Journal Asiati'iue, 8' série, t. II, 18S3, p. 99 (•sait); t. IV, 1884,
p. 113 Di • XII, 1888, p. 156, n. 3 (Sceaux hétéeus); t. XVI,
1 - p 148 i ne ville), et 150-151 (Décret); t. XX, 1892, p. 128
(Ylir-X' dyn.).
2. lier ne <ij i/ptoloi/ i</ Il II, p. 282-287.
3. ç>uo, |> ir exemple, a jamais en hiéroglyphes Harmachis ne s’est
• rii I l .nnhnii nu Ilormch », A. B. ne l’a jamais nié, ni avant ni après
!• ' i iii(|iies dt1 2 M. K II a moue eu l’occasion d’opposer expressément
I- langue i’ ''/ri, Ile, i rrite dans les hiéroglyphes, à la langue parlée
qu’on retrouve dans le domotique ( Décret de Memphis, p. 19, infra
p. 362-363).
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XXI
lettres », A. B., offensé, ne riposta point. Il se contenta,
quand AI. Revillout se rectifia lui-même sur un point, do
le noter clans son second article sur Iloremhou et de n’en-
voyer plus rien à la Reçue ègyptologique. Mais il trahit ses
sentiments dans son mémoire sur le Décret de Alemphis,
lorsque, discutant les restitutions de Bouriant qu'il avait
loué tout d’abord, il s’arrête et prie de ne point se mépren-
dre sur ses critiques : « M. Bouriant me pardonnera si,
» pour la facilité de ma démonstration, j’ai quelquefois eu
» l’air de le prendre à partie. Je pense ne l’avoir fait qu’en
» termes qui marquent mon estime. Je ne suis pas de ceux
» qui aiment à injurier les auteurs avec qui ils ne sont pas
» d’accord'. » Son caractère courtois et conciliant se peint
en ces lignes.
La pierre de Rosette fut la pierre angulaire de l’égypto-
logie. A plusieurs reprises, avant de la prendre pour sujet
du plus long de ses opuscules Le Décret de Memphis et les
Inscriptions de Rosette et de Dctmanhour ï, A. B. se préoc-
cupa de ce texte fameux. Ses études sur Horemhou et sur
les premières années du roi Épiphane l’auraient, à elles
seules, imposé à son attention. Son article sur La particule
copte xm ou «in roulait sur une expression qui s’y trouve.
Son second article sur les Dialectes le prenait pour point de
comparaison. La découverte de la stèle de Damanhour (1884)
et la publication d’U. Bouriant (1885) l’incitèrent à tenter
un travail d’ensemble.
« AI. Aug. Baillet, dit J. Darmsteter, après avoir établi
» l’identité fondamentale des deux textes, malgré les
» variantes ducs aux erreurs du graveur et malgré la diffé-
» rence de date, cet exemplaire étant daté de la 24e année de
» Ptolémée Épiphane, tandis que le texte de Rosette a été
1. Le Décret de Memphis, p. 75, infra p. 312.
2. Lu à la Société, le 20 novembre 1885 : Mctn., t. XXVI, p. 264. —
1 vol. in-8°, xxxi-135 p.. 1888, Orléans, Michau, et Paris, Vieweg.
XXII
AUGUSTE PAILLET
» grav '• la 1) année 196 av. J.-C.), est arrivé à restituer le
» texte dans sa totalité, par la confrontation des deux
» textes'. »
Tout d’abord, il prouve que les deux exemplaires de
Rosette et de Damanhour dérivent d’un même texte et classe
leurs différences; il démontre l’origine égyptienne et le peu
d’instruction dos graveurs : il détermine la longueur précise
et le nombre des lignes sur la pierre de Rosette; il prend
acte de l’analogie dos décrets de Memphis, de Canope et
d Alexandrie; il explique la différence des dates. Puis le
critique suit phrase par phrase le texte hiéroglyphique si
incorrect de Damanhour et les textes grec et démotique de
Rosette : ceux-ci permettent de corriger les nombreuses
bévues et omissions du graveur de Damanhour; mais, à leur
tour, les hiéroglyphes autorisent quelquefois à préciser le
sens du grec et à rectifier certaines traductions2 3. Les inscrip-
tions de Tanis et de Phihe fournissent des lambeaux de
phrases et des expressions nécessaires pour suppléer à la
fois, en l’occurrence, celles de Rosette et de Damanhour. De
ces analyses minutieuses ressort enfin un texte qui a les
plus grandes chances de combler exactement les lacunes de
la pierre de Rosette et d’en restaurer l’aspect primitif.
La restitution des Décrets d'Alexandrie, fragmentaire-
ment conservés à Phihe, devait faire pendant à celle du
Décret de Memphis. Mais, soit par lassitude des difficultés
d'impression, soit par suite de préoccupations d’un tout
autre ordre, l’auteur laissa, en suspens l’œuvre annoncée1 et
préparée, et n’y revint pas.
Kn 1>'S7, M. l’abbé Desnoyers avait acquis pour le Musée
historique d’Orléans plusieurs momies avec leurs sarco-
1. Journal A<iati /tir, 1890, t. XVI, p. 153-151.
2. Par exemple, p. 25 (■= infra, p. 270), 7tEçi).av0p','>jt7)xe -aï; SevâixEctv
!a-jTov ;i7 ai;, non pas : « il aima les hommes île toutes ses forces »
(Letronne), mais : « il lit < les largesses à toutes ses troupes ».
3. l.r Décret île Mcni/i/us, p. 19 (= infra, p. 202).
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XXIII
phagos de bois. Tout aussitôt il pria son collègue aux deux
sociétés orléanaisos île rédiger un complément à la Notice
sur sa collection. A. B. lut, en séance ordinaire et en séance
publique île la Société des sciences, un mémoire sur Les
quatre caisses de momies du Musée d’Orléans , leur prove-
nance et leur date. Il montrait que c’étaient les cercueils et
les corps de prêtres de la ville de Panopolis. vivant sous les
Ptolémées. La Société demanda avec instances de relire en
son nom ce travail à la réunion des Sociétés savantes en
Sorbonne'. Là, M. Maspero le compléta par des renseigne-
ments sur la nécropole de Panopolis, qu’il rédigea ensuite
pour la Société, à la demande de A. B. Sur l’initiative de
celui-ci, la Société décerna, à cette occasion, le titre de
membre honoraire à M. Maspero. Cependant, quoique l’im-
pression en eût été votée, ni la notice d’A. B., ni la note de
M. Maspero ne furent publiées1 2 3 4. 11 en existe seulement un
résumé, dans les Comptes rendus du Congrès au Bulletin du
ministère ', et un extrait, dans le Rapport de M. Desnoyers
à la Société archéologique'. « Je dépose ici, disait ce dernier,
» le témoignage de ma reconnaissance pour notre collègue,
» M. Baillet, qui a bien voulu consacrer de longues heures
» à l’étude et à l’explication des inscriptions; il est, vous
» le savez avec joie, Messieurs, un des maîtres de la science
» égyptologiquc, et je lui dois les éléments de ce rapport. »
Cependant l’époque ptolémaïquc n’absorbait pas seule son
attention. Toute question obscure l’attirait, et il était heu-
1. Mémoires de lu Soc. d’Agr., Sciences , etc., 15 avril, 6 mai,
Tr juillet 1887 : t. XXVII, p. 215, 220, 224. — Bulletin de la Société
archéologique, 25 mars, 22 avril, 10 juin 1887; 22 février 1888 : t. IX,
p. 31, 53, 65 et 175.
2. Mc ni. de la Soc. d'Agr., etc., Tr juillet, 7 et 21 octobre 1887 :
t. XXVII. p. 224, 227, 228.'
3. Bulletin du Comité des tracaux historiques. Archéologie, 1887,
p. 330-331.
4. Bulletin de la Société archéologique, 1887-1888, t. IX, p. 45-47.
XXIV
AUGUSTE BAILLET
roux d’y jeter quelque lumière par des rapprochements
pa ti cm m en t p répa rés .
Ainsi, sous le titre Division et administration d’une
ville égyptienne, recueille-t-il preuves et exemples de la
division d’une ville, Abydos entre autres, en divers quar-
tiers désignés par leur position géographique ou le métier
des artisans qui s’y groupent, et énumère-t-il les fonction-
naires préposés à ces circonscriptions. M. Maspero, qui»
dans son Histoire, adoptera ses conclusions1 2 3, lui écrivait :
« Votre note me paraît fort juste. Les villages actuels et les
» villes de l’Égypte sont divisés comme vous le pensez des
» villages et des villes de l’Egypte ancienne. Les
» sont dans l’inscription d’Hapi-zefa à Siout : je préférerais
» peut-être y voir les corps de métiers, ce qui du reste
» n’est qu’une variante de votre sens. Je me promets de
» relire soigneusement votre mémoire que je n’ai fait cju’en-
» t revoir à l’épreuve*. »
Quelle période l’histoire d’Égypte reste moins connue que
celle qui sépare l’Empire memphite du premier Empire thé-
bain? Là, dans ce qu’on a nommé « le vide monumental »,
ont beau jeu les partisans du règne collatéral des dynasties
égyptiennes; ils auraient pour complice le silence des
pierres. Mais ce silence est-il complet, ou bien n’existe-t-il
pas déjà, mais méconnus, des vestiges de ces temps?
A cette question répond l’article sur les Monuments des
VIIP-X 6 dynasties. « Dans les périodes anciennes, dit
» .T. Darmsteter, nous avons encore à signaler les recherches
» ingénieuses de M. Baillet pour déterminer dans la masse
» des monuments non datés ceux qui peuvent se rapporter
» aux dynasties encore vides de la VIIIe à la XIIe:l. » Et
M. Lieblein, indiquant la méthode suivie : « M. Baillet a
1. Histoire do l’Orient, t. I. p. 311.
2. Lettre du l'r juin 1889.
3. Journal Asiatique , 1892, t. XX, p. 123.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XXV
» recueilli les noms des fonctionnaires et des particuliers,
» et, en les mettant auprès des noms royaux, il a, par ses re-
» cherches utiles, jeté la lumière sur cette époque obscure’. »
Knlin, M. Maspero, écrivant à l’auteur1 2 3, abondait dans son
sens : « 11 va au Louvre deux stèles au moins que j’ai tou-
» jours attribuées aux YlIIe-X': dynasties ; il en est de
» même à Boulaq, où d’autres stèles que celles que vous
» avez signalées m’ont paru appartenir aux temps antérieurs
» à la XI0 dynastie, ce qui vient d’ètre confirmé par une
» découverte de M. Griffith ’. »
Liien trouble encore est 1 histoire des dynasties qui se
succédèrent après la chute des Ramessides. La chronologie,
en dehors des belles époques pour lesquelles abondent les
documents, ne saurait négliger aucun indice. Jadis elle s’é-
gara dans les spéculations sur les zodiaques. Depuis, l’état
civil des Apis, ou la double date de règne de rois associés à
la couronne par leurs pères, ont fourni des données solides
pour certaines périodes. Hors de là, un élément sérieux
d’appréciation approximative peut être fourni parle calcul
de générations successives dûment rattachées les unes aux
autres. C’est un service de ce genre que l’on peut tirer de
l’histoire d’ Une famille sacerdotale contemporaine des
XXI L' -XX 1 79 dynasties. Rapprocher les indications d’une
série de sarcophages thébains, identifier les personnages et
leurs parents, les grouper et reconstruire une généalogie de
neuf générations, la rattacher par quelque point de repaire
à un personnage historique: voilà le but proposé et la mé-
thode. Sur ce travail pourrait ensuite se greffer une étude
de l’histoire de l’art décoratif pendant plus de deux siècles.
L’article sur La statue A 9d du Louvre avait pour but
de rectifier et de compléter sur quelques points la lecture
1. Recueil de Travaux, t. XXI, 1899, p. 216.
2. Lettre du 1er juin 1889.
3. Griffith, The Inscriptions of Siût and Der-Rifeh, 1889.
XXVI
AUGUSTE DAILLF.T
d’uu texte dont M. Pielil avait bien fait ressortir l intérèt
en le publiant. A. B. avait encouragé, comme il conve-
nait, les débuts de M. Piehl; et c’est à son instigation que
celui-ci avait rédigé en 1882 son Dictionnaire, du Papyrus
Harris I .
Le temple d’Apet à Karnak ramène à l’époque ptolé—
maïque et au règne de Cléopâtre II. L’article publié sous
ce titre n élucidé pas un point d’histoire, il est seulement
destiné à servir de complément à la publication de
Maxencc de Rochemonteix, à guider le lecteur, en lui
indiquant où il trouvera les dates de construction du temple,
ses noms, la série des fêtes et offrandes, les noms divins
et les noms géographiques. Ayant fait ces indices pour
lui même, comme il en avait déjà dressé pour d'autres pu-
blications, DenL/nüfer, Mastahas, etc., il jugea rendre
service en publiant ceux-ci.
Pue note sur le nom hiéroglyphique du gouverneur ro-
main qui lit élever et sculpter les obélisques de Bénévent,
nom que A. B. lit « Labienus », conduit jusqu’à l’époque
romaine.
Les fonctionnaires du rècjne de Khouniaton transportent
à nouveau en pleine histoire pharaonique. Multiples sont
les questions que soulèvent les tentatives de ce roi, que. l’on
a nommé « le plus grand idéaliste de l’antiquité », que je
soupçonne avoir voulu, au contraire, barrer la route à l'idéa-
lisme thébain par un culte manifestement naturiste, chez
qui, tout au moins, M. Maspero a dénoncé avec la plus
grande vraisemblance des visées plus politiques que reli-
gieuses. Quoi qu'il en soit, les réformes du « roi hérétique »
ne provoquèrent aucun bouleversement dans l’administration
civile ni dans la notifia diynitatum, à part le transfert de
la capitale et la substitution d’Aton à Amon. Comment les
sujets accueillirent-ils les innovations’? Les monuments
1. La 2* partie du mémoire fut lue au congés de Munich : Akten des
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XXVII
témoignent d’apostasies qui durent être nombreuses et dont
quelques ambitieux tirèrent parti pour se pousser dans les
faveurs royales ; d’autres permettent d’entrevoir de rares
liil'lités, dont on se para surtout après les jours de réaction.
La curiosité d’A. 15. ne se cantonnait pas dans la seule
égyptologie. Ainsi, pour ne parler que d’études voisines,
fut-il un temps captivé par le problème des hiéroglyphes
hittites. Concurremment à d'autres chercheurs, il s’efforça
de pénétrer les mystères dé cette nouvelle écriture, et,
comme M. Saycc, tenta de trouver quelque survivance de
la langue du peuple disparu, parmi les idiomes de la pé-
ninsule asiatique et do la région caucasienne. Sur ce sujet,
les Sceaux hétcens de la collection de M. G. Sc/duniberger
lui inspirèrent un premier article, donné à la Revue archéo-
lo(ji(jue en 1886; et il écrivit encore, en 1893, une Elude
sur les inscriptions hêtéennes pour le Recueil de Travaux.
En même temps (pie, par ses articles ou mémoires, il
dégageait quelques connaissances nouvelles, dans le domaine
de l’histoire et de la philologie, A. B. ne dédaignait pas la
simple vulgarisation. Déjà, en plusieurs circonstances,
comme nous l’avons vu, il avait montré du goût pour ren-
seignement familial ou populaire. Plus tard, on le retrouvera
enseignant les principes de l’anglais à des jeunes gens de
son quartier, ou faisant des conférences dans les écoles pu-
bliques. Dans l’hiver de 1879-1880, il poussa une pointe
plus hardie dans l’enseignement supérieur. 11 ouvrit, en
effet, chez lui un cours privé d’égyptologie, devant une
dizaine d’auditeurs.
Dans son rapport sur un des mémoires d’A. B., son col-
lègue, M. l’abbé Desnoyers faisait un appel en faveur de
cette petite université en chambre : « Nous remercions
» M. Baillet de la vaillance avec laquelle il exploite les
Vt.cn Inter nation» len Kongresscs katulischcr Gelehrtcn su München
in 1000, p. 357-358,
XXVIII
auguste baillet
champs de leg.v ptologie... Saluons souvent cet Orient,
: • père de toutes nos civilisations... Ne soyons pas des
> lils ingrat', et plaisons nous à entendre M. Baillet dans
scs savantes recherches, ses précieuses communications.
Deux fois, chaque semaine, rue des Grands-Ciseaux, 3, il
a eu l'heureuse pensée de donner à quelques élèves des
leçons d’égvptologie ; formez-lui un auditoire plus nom-
breux et ne craignez pas de lasser son inépuisable obli-
geance. Quand une Société a la bonne fortune de rencon-
trer un collègue aussi studieux, sa jouissance est de
’ l’écouter, son honneur de le conserver longtemps1. »
Malgré ces chaudes exhortations, chez la plupart d’entre
les auditeurs le beau zèle du début, comme il arrive trop
souvent, se refroidit peu à peu. Au bout d’un an, l’auditoire
s’était réduit à un seul disciple, mais un disciple sérieux,
M. l'abbé Lévesque, professeur d’Écriture sainte et collabo-
rateur du Dictionnaire de la Bible. Ce cours dura ainsi jus-
qu'au départ d'Orléans de M. Lévesque en 1890.
*
* *
Nous n’avons compris dans ce volume que les opuscules
qui touchent à l’orientalisme.
Dans quel ordre devions-nous les placer ? Le plus simple
eût été, sans conteste, de suivre les dates de publication. Il
nous a paru préférable de corriger un peu le hasard des
dates et de grouper les articles ou mémoires d’après leur
contenu. Nous avons ainsi réuni respectivement les études
philologiques, historiques et archéologiques. Dans la section
d histoire, les divers sujets ont repris l’ordre chronologique.
Les deux essais sur la lecture des monuments hétéens cons-
tituent une section détachée.
Cette classilication n'a rien de très rigoureux. Dans l’état
1. Bulletin de la Soc ■ arch 1879, t. XXI, p. 172.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XXIX
do lu science égyptologique, on ne peut guère se dis-
penser de digressions, soit au cours d’une étude histori-
que, pour préciser le sens d’un mot, soit au cours d une
dissertation philologique, pour noter un fait historique ou
un détail de mœurs.
Par exemple, c'est une note de l’article sur Y Election du
r ^-*0
grand prêtre thèbain qui lixe la lecture du mot ,i ^ ucb
ou ouah, et non simplement âb1. Dans l’article sur les Di-
visions d'une ville égyptienne se précise, entre autres objets,
le sens des mots Q « circonscription » et Y « quartier », dont
de nouveaux exemples se sont retrouvés depuis dans les
papyrus du Fayoum \ La dissertation sur Le roi Horemhou
discute en passant le sens de I !! « orfèvre » et non
>*“
Y la traduction «primat», adoptée
depuis par plusieurs égyptologues h En revanche, dans l’é-
tude philologique sur La particule xm, se lisent sur les fêtes
appelées -/.ix» YLt." des explications qui ont trouvé grâce
devant M. Revillout7. Presque autant que d’archéologie, la
« changeur » ‘, compare l’emploi des préfixes
et | 1 et risque pour <~
1. Voir infra, p. lit.
2. Lo « quartier du nord » % ^ Pap. de Kahoun I, 2 (Griffith,
Kahun, pl. XIII, 1. 12); le « quartier des carriers ou haleurs de pierre »
Pap. de Kahoun, III B, v° ( up . cil-, pl. XXII,
XX /www
s
-i-J. /VWW\ I I C *. III -y \
1. 49). Pour le « quartenier % q v\ de la montagne de Siout », dans
1 1 1
l’inscription de Hapi-Zaoufi, voir Maspero, Bibl. èrjijpt-, I, p. 73, n. 1.
Pour les ^ les \ "%X ou %
/VWWi
I. etc., voir Maspero {Reçue critique, 1902, t. II, p. 284) et R.Weill
(Recueil de Travaux , 1905, t. XXVII, p. 41).
3. Voir infra, p. 178-170.
4. Voir infra, p. 195.
5. Voir infra, p. 1 83- ISS.
6. Voir infra , p. 49.
7. Reçue égi/ptolouiquc, t. II, p. 350.
XXX
auguste baillet
:ti ' Des noyers traite d histoire et de
littérature. Peut-être la section philologique aurait-elle dû
lg| )ber le mémoire sur le Décret de Memphis, puisqu’il a
p0ur objet principal une reconstitution du texte hiérogly-
.] , • n <011 <‘nt er; cependant, a côté de discussions de
pure critique littérale, il s’en rencontre d autre nature . en
tl) il ; 1 : ai u bon de rapprocher des études sur la même
Ppo; uc ce texte historique fameux.
Voici d ailleurs la série de ces œuvres rangées par ordre
d • dates et groupées sous le titre des revues ou collections
où elles ont paru :
Hiblioiln-'/ue de l'Ecole des Chartes:
1858 : K tiule sur la division des Gaules en 17 provinces ( l1 série,
t. IV).
/, 'crue d'ethnof/vaphie orientale cl américaine :
1S(J1 : lvxamen du système de déchiffrement de M. Seyffarth
(t. VIII. n» 45, p. 101-108).
lier ne archeolorji(juc :
18(>2 : L élection et la durée des fonctions du grand prêtre d Am-
on à Thèbes 2° s. , t. VII, p. 14-51 ).
188(5 : Sceaux hétéens de la collection de M. Schluraberger
(3" S., t. VIII. P . 301-305).
iin-8", 5 p.. 1880, Paris, Leroux).
Zeitschrift far dr/i/ptisnhe Sp cache and Altertiuns-
h taule :
18(57 : De la transcription des hiéroglyphes (p. 66-70).
1878 : Osiris-lîacchus (p 100 108 et pl. A 1).
180(5 : La statue A 03 du Louvre (t. XXXIII, p. 127-129).
1003 : Les obélisques de Bénévent érigés par Labiénus (t. XL,
p. 147-148).
1. 'astérisque marque qu'il y a eu un tirage à, part.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
XXX!
Mélanges d'archéologie égyptienne :
1877 : Note sur deux canopes (n° III, p. 100).
1877 : Note sur un manuscrit portant le prénom de Thotmès III
(p. 100101).
Revue égyptologir/ue :
1882 : La particule copte ou s'm (t. Il, p. 349-355).
Bulletin du Comité des travaux historiques : Archéo-
logie :
18S 1 : Mémoire sur une épitaphe du XI siècle de Saint-Benoit-
sur- Loire (p. 17 1 175) .
1887 : Les momies du Musée d Orléans (p. 330-331).
Mi •moires de la Société d' Agriculture, Sciences, Belles -
Lettres et Arts d'Orléans :
1800 : Histoire du royaume d’Orléans (1 série, t. V. p. 2 11-323).
(1801, i n— 8 82 pages, Orléans, Laurent).
1875 : Rondeau et sonnet (4" s., t. XVI I . p. 313 et 350).
1877 : Concours de 1870 v4° s., t. XIX, p. 80).
1877: Collection égyptienne de M. I abbé Desnoyers (4- s.,
t. XIX. p. 213 277).
’ (1878, in-8°, 00 p. et 4 pl . , Orléans, Puget).
1879 : Le roi Iloremliou et la dynastie thébaine au 111° siècle
av. J. C. (t. XXL p. 133-168).
(1881. in 8", 36 p., Paris, Maisonneuve).
1879 : Hippalos, fonctionnaire égyptien (t. XXI, p. 232-240).
1882 : Cléopâtre, fille de Ptoléméc Épipliane (t. XXIII, p. 331 -
384).
1882 : L'Egypte pendant les premières années du roi Épipliane
(t. XXIII, p. 385-390).
*' Etudes Ptolémaïques : Le roi Horemhou, Hippalos, Cléo-
pâtre, Épipliane, Horemhou et Ankhtou (1883, in-8’,
87 p.. Orléans, Puget).
1887 : ' Le Décret de Memphis et les inscriptions de Memphis et
de Damanhour (t. XXVI 1, p 1-135 et i xxxi).
* (1888, in 8°, 135-xxxi p. et 1 pl., Paris, Bouillon).
XXXII
AUGUSTE BAILLET
1901 : Rapport sur le mémoire de M. Ch. Michau : Guill. Guiard,
poète Orléanais du X1YU siècle, et la Branche des royaux
lignages (5e s., t. 1, p. 108-111).
1!H)1 : Vases égyptiens de la collection Desnoyers au Musée
tl t Irléans (5° t. I . p. 112-12 1 .
11HJ2-1905 : Le nom de quelques vases égyptiens (5Ô s., t. II,
p. 91-117; t. III, p. 337-344; t. IV, p. 287-293).
Recueil île Travaux relatifs à la philologie et à l'archeo-
logie ci/i/pt iennes et assyriennes :
lsS2 . Dialectes égvptiens : I. Deux contrats ptolémaïques (t. III,
p. 32-42).
1883 : — II. Décrets de Canope et de Memphis (t. IV, p. 12-20).
1889 : Division et administration d une ville égyptienne (t. XI,
p. 31-36).
1892 : Monuments des VIIIe-X° dynasties (t. XII, p. 48-53).
1893 : Étude sur les inscriptions hétéennes (t. XIV, p. 161 164).
1896 : Une famille sacerdotale contemporaine des XXIL'-XXVI0
dynasties (t. XVIII, p. 187-196).
1898 : Le temple d’Apet, à Karnak (t. XX, p. 100-111).
1901 : Les fonctionnaires du règne de Khounaton (t. XXIII,
p. 140 145).
A cette liste manquent un certain nombre d’études dont
nous avons, chemin faisant, rencontré les titres et l’annonce :
la notation des nombres supérieurs (1862), les règles de la
poésie égyptienne (1878), le roi Eupator (1880), les épi-
taphes de Saint-Benoit-sur-Loire (1884), l’épitaphe de
Mummoleus (1886), les décrets d’Alexandrie (1886), les
momies du Musée d’Orléans (1887). J'en connais d’autres
encore, anciennes ou récentes, qui n’ont jamais vu le jour.
11 m* m’appartient pas, pour beaucoup de bonnes raisons,
de juger celle œuvre. Telle quelle est, nous la livrons au
public savant. 11 en prendra connaissance et verra en quelle
estime il la doit tenir.
Jules Baillet.
1
PHILOLOGIE
UlUL. ÉGYPT., T. XV.
1
EXAMEN DU SYSTÈME
DÉCHIFFREMENT DES HIÉROGLYPHES ÉGYPTIENS
DE M. SEVFFARTH '
Lorsque M. Seyffarth* est venu annoncer de nouvelles
théories, contradictoires de celles de Champollion, sur le
déchiffrement des hiéroglyphes, son livre a laisse les égypto-
logues dans une profonde indifférence. La méthode de dé-
chiffrement de Champollion était tellement bien vérifiée, et
même perfectionnée, qu’un doute sur sa valeur n’était plus
possible, ni sur celle de toute méthode contradictoire. Pas
un égyptologue ne répondit, tant il semblait (jue ce fût
perdre son temps.
Cependant se taire n’est pas réfuter; affirmer en passant
qu’on regarde une théorie comme non avenue, n’est pas
convaincre de sa fausseté. On laisse dans le doute des esprits
même fort sérieux. D’autres pourront croire qu’au moins,
parmi beaucoup d’erreurs, peuvent se trouver des vérités
dont il ne faut pas faire li. D’ailleurs, comment ne pas
1. Extrait do la Reçue cl' Ethnographie orientale et américaine,
t. VIII. n* 45 (juillet 1861), p. 101-108.
2. [Rudimcnla Hierogh/phiccs , 1825; Brccis defensio Ilicroç/lyphiccs
nupnr inccntœ a Spohn et Sciff'arth, 1827; Gramniatica Æqyptiaca,
1855.|
4
EXAMEN DU SYSTEME DE DÉCHIFFREMENT
être ébloui par un auteur qui vous dit : «Jugez-nous par
nos œuvres! Cliampollion connaissait la prononciation de
130 signes environ ; nous en avons rectifié beaucoup et ajouté
plus de G00; il n’y en a plus de douteux. Dans le camp
adverse, on confesse que les hiéroglyphes sont encore lettres
closes : ici au contraire nous vous offrons la clef (pii va vous
ouvrir des voies ignorées et vous permettre de déchiffrer et
de comprendre les textes mystérieux de la philosophie, de
l’histoire et de la civilisation égyptienne, aussi facilement
que vous le feriez d’une page d’arabe. »
11 faut donc répondre, la réponse fût-elle des plus brèves,
pour sauver quelques esprits de bonne foi des préjugés de
cet étalage de science.
C’est ce que je tente en publiant cet examen rapide du
système de M. Seyffarth, dont on pourrait bien dire, comme
un Allemand l’a fait de celui de Salvolini, que par ce moyen
on pourrait retrouver les psaumes de David dans une page
d’hiéroglyphes.
Le livre de M. Seyffarth est une perpétuelle chicane de
mots contre Cliampollion, le résumé de ce qu’il a de bon,
mais aussi l’adoption de certaines erreurs qui arrivent chez
M. Seyffarth à tout leur épanouissement.
Examinons ces deux principaux sujets de critique.
I
Cliampollion avait remarqué que la valeur de certains
signes correspondait à la première articulation de leur nom
en langue copte. Ainsi, voulait-on écrire le nom de Yaiglc,
on traçait un bras, un crible et une chouette,
dont les noms antiques correspondaient aux racines coptes'
1. Connue les égyptologues n’ont pas encore adopté une manière
uniforme de transcrire les textes hiéroglyphiques, je dois énoncer le
DES HIEROGLYPHES EGYPTIENS DE M. SEYFFARTII
.)
&&.1 1 et aioVA^s. D’autres fois on prenait des mots en-
tiers, quelle (pie fût d’ailleurs leur signification, pour former
un autre nom; comme pour écrire le nom d’Osiris, UàSIRI,
un sa
•es la
méthode qui nous sert à faire des rébus.
De ce qui n’eût dû être admis alors, et ne peut, selon
moi4, l’être aujourd’hui même que sous toutes réserves,
M. Seyll’arth fait la règle et le principe de tout déchiffre-
ment : « Chaque signe exprime les articulations contenues
dans le nom de l’objet qu'il représente. » Champollion me
parait déjà faire en ce genre de très fausses applications5,
mais M. Seyil’arth franchit toutes les bornes en fait de
conjectures. C’est ainsi (pie, pour justifier des valeurs déjà
reconnues par ses prédécesseurs ou proposées par lui, cet
auteur a recours aux assimilations les plus hasardées. Le
collier devient un châle, u^oki'” ; le signe T, une vis;
système que j’ai suivi. .]
à, le bras a par b, le céraste
v. * par /.-, le crible Q par le
par s*.
1. Ne se trouve en copte que dans les mots composés, comme
truncatus manu , ma nous.
2. Todt., exxv, 49 et 51.
3. Tbv yàp (îa<xiXsa xal xvptov "Oaipiv ôçOaXjxO xal <wrj7urp<i> ypxççnjTiv
<1>; toO ïpi 7civ ôçûa/.aàv ’AtY’JTCTtx yXwTTï) çpx^ovTo; (Plllt., Is. et Os., x).
Le copte conserve cvAo-y; cf. nx~i et ôpxo ciclcrc.
4. Je compte publier à ce sujet quelques observations.
5. Par exemple, lorsqu’il donne A comme équivalent de K, à cause
de kcAi (jenu; comme équivalent de Z, à cause de ■xa.A hirundo;
le trapèze X. 7 comme équivalent de A, à cause de et e>.£î caro ; le
scarabée ^ comme équivalent de T, à cause de -oiope; le liècrc
comme équivalent de OU, à cause de ca.pa.is'woirc, etc. (Voir Précis et
Grammaire.)
6. M. de Rougé ( Mémoire sur A limés, p. 66) a bien montré par les
monuments que cette figure était un collier que les souverains égyptiens
G EXAMEN DU SYSTÈME DE DÉCHIFFREMENT
O , seule-
|jj p, une matrice jhô.c' ; le premier signe de
ment une griffe ïhu et non toute la partie antérieure du
lion; Y échiquier r, un vêtements aioiu; la peau de bête
un fuseau goc; Y enroulement (è q., un e pelote go-rn. Que
M. Seyffarth ait la prétention, sans jamais citer un monu-
ment, de faire ainsi accepter les plus bizarres attributions
d’objets dont on ne saura probablement jamais l’usage,
aucun esprit sérieux ne se laissera prendre à un système de
déchiffrement fondé sur des bases aussi peu solides.
Notons d’ailleurs l’arbitraire qui préside au choix des
mots coptes applicables aux objets ainsi déterminés; par
exemple, le petit coin ou triangle, ou tout ce qu’on
voudra, M. Seyffarth y voit une dent ; je trouve dans le
copte le mot dent rendu par o&ge, et dans les hiéroglyphes
par (j M- Seyffarth choisit TN. Le premier signe
de=^0, dans lequel tout le monde reconnaîtra la partie
antérieure du lion (cf. le copte g^ anterior pars, gH ini-
tium, etc.), qui est syllabique pour la valeur HA (voyez, par
exemple, les variantes du mot “=^ O, g«T
cor, animas), devient pour M. Seyffarth seulement une
griffe ctH-u., ct^ne. guene, d’où il tire les valeurs ZM, HM,
syllabes avec lesquelles on ne les trouvera jamais en va-
riante.
donnaient à leurs sujets pour prix de leurs services. Sa valeur NB était
bien connue de Chainpollion. Jamais (sauf, bien entendu, à l’époque do
la décadence; c’est toujours ce que j’entends en disant «jamais») ce
signe n’a valu NHB ou N.
1. M. de Bougé ( Mémoire sur Ahmès, p. 28) y voit un nœud de
fleurs ; cf. julovc cinculum. M. Devéria pense que c’est une racine. La
singulière variante v. Z , prise sur un sarcophage du Louvre, montre
combien peu d’i ni- pfpfpe portance on doit attacher à ces assimilations.
2. Voyez, par exemple, celui d’Amenmès au Louvre et le tableau de
Ramsès et doses filles (Lepsius, Dcnkrnàlcr, III, 208a).
DES HIÉROGLYPHES ÉGYPTIENS DE \I. SEYFFARTII 7
11 y h plus, c’est quelquefois un mot f/rec qui donne h
M. Seyffarth la valeur des signes hiéroglyphiques. Par
A
exemple, le mot <-—> reçoit de M. Seyffarth la valeur KR,
tirée de uoTpo, /.jpioc; le tciurccut |_J T et 1 R de Te^po,
-rxjpo;. 11 me semble qu’il ne faut qu’une erreur de ce genre
pour tenir tout un système en grande suspicion.
Enfin, notez que M. Seyffarth tient pour bonnes et au-
thentiques toutes les transcriptions de noms grecs et
romains, des quelques mots sémitiques que Champollion
avait fait connaître, c’est-à-dire tout ce qu'il y a de plus
fautif des inventions de scribes de l’époque de décadence de
l’écriture hiéroglyphique, et vous aurez tout le fondement
de la méthode de son déchiffrement des hiéroglyphes.
La première conséquence évidente est qu’avec des trans-
criptions fondées sur des attributions aussi incertaines, la
moindre erreur rend absurde la traduction d’un texte qui
auparavant devait sembler parfaite à son auteur.
Remarquons encore que, dans la méthode de M. Seyffarth,
un signe hiéroglyphique peut se traduire par tous les noms
correspondants de l’objet copte. Ainsi V échiquier (?)
dont il fait un vêtement ecuioiii, a pour valeur non seulement
AMN, AIN et M, mais aussi GL et ZLII, à cause de Jo\ et
•xwAo vêtement, et sans doute acrophoniqucment' G, Z, A.
L’oiseau dont la valeur UR a été des mieux prouvées
dès Champollion, espèce d 'hirondelle, comme le marque
fort bien la forme de sa queue, devient colombe avec les
valeurs B, K, BL, KL, à cause de iWA. et de •xpo.
C'est ici le lieu de faire remarquer que, pour arriver à
ces assimilations hasardées, M. Seyffarth donne aux mots
1. On comprend que M. Seyffarth appelle ncrophoncs les signes qui
tirent leur valeur de leur place, en tête de l’objet représenté, mais il
l’applique aussi : 1° à des signes finaux; 2“ à des signes médiaux. L’in-
vention du mot acroloçjique appartient à un savant russe, M. Gou-
lianof, [Essai sur les Hiôrofjli/p/ios, 1827].
s
EXAMEN RU SYSTÈME DE DÉCHIFFREMENT
coptes des significations qu’on ne leur trouve pas dans les
bons dictionnaires. Ainsi &juoiu prend la signification de
vêtement, quoiqu’il ne se traduise dans sa signification la plus
voisine que par cacher; a'ooA involvere, a'ioAe circumdare,
kovAuA involvere, implicare, sont également traduits par
vêtement; le bras- n devient (inusité), cubitus.
De ce qu’un mot signifie envelopper dans la langue copte,
il ne s’ensuit pas qu’il ait pu représenter le nom des
substantifs vêtement, etc. En français on dit manger, et il
n’y a pas de mot de même racine pour désigner l’action de
manger, ce que l’on mange, etc.; ces exemples montrent
combien on doit se défier du copte cité par M. Seylîarth.
Bien plus, un signe peut prendre la valeur non seulement
de la première lettre de son nom copte ou grec, mais en
même temps de la deuxième ou de la troisième, et de toutes
en même temps; exemple : la pelote, go-m, ©, serait l’équi-
valent de H, O, P, PH. De cette façon, personne ne s’éton-
nera que le même signe puisse avoir une douzaine de va-
leurs; il suffit qu’il réponde à peu près à trois ou quatre
mots coptes. C’est une polyphonie sans aucun fondement.
En résumé, il est impossible de ne pas voir, dans le sys-
tème de M. Seylîarth, une méthode fondée ;
1° Sur un principe qui attend encore sa démonstration,
savoir que « chaque signe hiéroglyphique exprime une ou
plusieurs des articulations contenues dans son nom de la
langue copte » ;
2° Sur des déterminations arbitraires du nom des objets
servant désignes hiéroglyphiques;
3° Sur des valeurs tirées de mots empruntés à la langue
grecque ;
4° Sur des transcriptions en signes hiéroglyphiques de
noms grecs et romains, et vice versa, faites à une époque
de décadence;
5° Sur une polyphonie sans aucun fondement ;
6° De plus, le parti pris de trouver dans le copte le nom
DES HIÉROGLYPHES ÉGYPTIENS DE M. SEYFFARTII
dos signes hiéroglyphiques force l'auteur à dénaturer le sens
des mots de cette langue. 11 a même, au besoin, recours
sans cesse au dictionnaire des langues sémitiques.
On conçoit facilement qu’avec un système de transcription
aussi élastique on puisse arriver à traduire toute inscription
hiéroglyphique’. 11 semble (pie toutes ces permutations de
valeur des signes hiéroglyphiques, les entorses données à
la langue copte, sans compter la faculté de recourir aux dic-
tionnaires des langues sémitiques, devraient donner une
grande facilité de voir, dans un texte, tout ce qu on veut y
rencontrer. Mais toujours on recule devant les explications
absurdes dont on a cependant posé les principes. C est sans
doute chose bien dillicile que de donner d’un texte une tra-
duction fondée sur une transcription déduite d’ailleurs
rigoureusement d’un mélange de principes faux et vrais, qui
ne laissent pas de gêner le traducteur, quelle que puisse être
sa science des langues.
II
Passons maintenant à un autre ordre de remarques.
Rien n’est curieux comme de voir ce que devient Cham-
pollion entre les mains de M. Seyffarth : c’est un Champol-
1. Et cependant on ne compte dans cette méthode que les traduc-
tions suivantes : par Seyffarth, le Rituel funéraire de Turin (1816) déjà
bien exploré, mais assurément l’un des derniers livres à traduire, à
cause des obscurités du sujet même; Y Inscription d’Ahmès et YHi/mnc
au Soleil, déjà traduits par de Rougé; Y Obélisque de la Porta del
Popolo, à Rome, traduit par Hermapion (1844); et par Uhlemann, Y In s-
eription de Rosette (1853), qui porte avec elle sa traduction grecque et
déjà donnée par Salvolini (1836), Brugsch (1850). On ne voit point que
la méthode, annoncée comme devant produire de si beaux résultats, ait
conduit à ces traductions nombreuses de textes importants pour la reli
gion, les mœurs et l'histoire que publient les successeurs et disciples
respectueux de l'unique inventeur du déchiffrement des hiéroglyphes,
Champollion le Jeune.
10
EXAMEN DU SYSTÈME DE DÉCHIFFREMENT
lion qui nous est fort souvent inconnu, dont les ouvrages
connus de M. Seyfïarth ne sont pas venus jusqu’à nous.
Ainsi il paraît que dans ces ouvrages, qui ne sont pas passés
à la postérité, Champollion voyait, comme M. Seyffartli,
une griffe dans la partie antérieure du lion, et qu’il tradui-
sait cette griffe symboliquement par commencement, Égypte,
visage, hauteur, force, livre, P sam mus ! Il faut savoir gré
à M. Seylîarth des recherches qu'il a faites sur les ouvrages
du maître ; mais, comme toutes les vues de celui-ci ne se sont
pas confirmées, notamment sur les significations de la
griffe, et qu’il nous reste de lui des ouvrages capitaux1 où
nous voyons se développer sa méthode, nous regretterons
moins l’ouvrage que M. Seyfïarth a consulté.
Champollion, avec tous les auteurs anciens et du moyen
âge, remarque que tous les signes n’ont pas une valeur pho-
nétique. Par exemple, si l’on écrit la figure du bœuf ou du
taureau c’est simplement l’image de l’animal, dont le
nom s’écrit phonétiquement (j^(j copte ege bos, et
U ou jd—J taureau, mâle, mari; cf . le copte s'm et
Ainsi encore le crocodile *=53=* est souvent employé seul
pour désigner l’animal qu’il représente; je demande lequel
de ses quatre ou cinq noms coptes, de ses dix ou douze
noms hiéroglyphiques, M. Seyfïarth lui aurait attribué
comme valeur phonétique. Le crocodile et le taureau sont,
dans le premier cas (employés seuls), ce que Champollion
appelle des signes idéographiques, auxquels les auteurs
anciens donnent les sous-dénominations de figuratifs, tro-
piques, symboliques, etc. De même le bras 0 s’écrit pour
bras, la main s’écrit pour main.
1 . Malheureusement, ouvrages aussi (il 11e faut pas le perdre de vue)
où l’on voit quelquefois la première idée de Champollion à côté de la
vérité contraire que l'étude lui a révélée postérieurement; ce n’est
souvent qu’une collection de notes publiées pêle-mêle par un éditeur
mal instruit de son système.
DES HIÉROGLYPHES ÉGYPTIENS DE M. SEYFFARTH 11
Au contraire, M. Seyiïarth : « A l’exception des signes
astronomiques et mythologiques, il n’est aucun signe hiéro-
glyphique, hiératique ou démotique1 2 qui ait un sens sym-
bolique1. » Il admet donc que certains mots peuvent s’écrire
idéographiquement, les noms de divinités ou de constella-
tions, comme les noms de la déesse AS, Jl, ^ (quelquefois
ASI) "lai;, écrit aussi ri J); comme celui de la planète
Vénus, par le groupe entier bennou JJ ou par l’oi-
seau seul dans les énumérations des planètes (SeB ZA',
sidus perlustrans )3, où il ne peut y avoir
d’erreur sur le nom d’un môme astre. Mais il ne veut pas
que la même chose arrive dans l’écriture du langage ordi-
naire. Ainsi, dit-il, le taureau n’est pas le signe figuratif
du taureau, mais le signe alphabétique T et K, et le sylla-
bique TR et KL, qui peut écrire les noms du taureau T*,Tpo
et kjùYotki4. Il faudrait, pour que ce raisonnement fût juste,
qu’il fût vrai que le eut réellement ces valeurs, ce qui
1 . M. Seyfîarth aime à répéter ces trois mots ; on en induirait facile-
ment que Champollion n’a pas regardé les trois écritures comme sou-
mises aux mêmes règles : ce qui n’est pas. Même avant que personne
eût lu une lettre d’hiéroglyphes, il avait démontré que les trois écritures
procédaient l’une de l’autre exactement.
2. M. Seyfîarth désigne toujours par ce mot impropre la classe des
idéographes. Cela sert à la discussion. Il est clair qu’on fait dire à
Champollion une sottise, si l’on prétend qu’il voyait un signe d’écriture
symbolique dans le lion d’Aménophis
J 1° dieu bon, le
lion vouai; évidemment le lion est mis ici sans le secours d’aucun
symbole pour sa valeur MAU, aiotti,
5oL tco.
3. Tombeau de Séti I" — Ramesséum — Biban-el-Molouk. Voyez
M. do Rougé, Notes sur les noms égyptiens des planètes, dans le Bul-
letin archéologique, avril 1850.
4. Ajoutez A, AH et K A, que l’on pourrait tirer des deux noms hié-
roglyphiques du taureau que j’ai cités ci-dessus, vous aurez un nouvel
exemple de la multiplicité des valeurs qu’on pourrait donner à un hié-
roglyphe dans le système de M. Seyfîarth.
12
EXAMEN DU SYSTÈME DE DÉCHIFFREMENT
n’est nullement démontré. Mais je veux prendre quelque
exemple où le doute ne soit pas possible. Rien de mieux
établi, pour M. Seytïarth comme pour moi, que la tige de
roseau (?) ^ a la valeur SU ; cependant, dans "j et
dans ==ÊjïJ, est-il possible de trouver un sens en donnant
au ^j. la valeur SU ? Non ; il faut convenir que le roseau est
écrit idéographiquement pour l’idée roi de la Haute-
Égypte, et choisi évidemment pour ce rôle, parce qu’il rap-
pelle par sa forme à la fois les deux mots rasu, pHc, et
souten, roi (copte cwomn, regere) ' . Enfin, je de-
manderai quelle différence il y a entre l’emploi du dieu à
seul, au lieu du groupe (I Jp, le dieu
Ammon, et de l’homme aux bras enveloppés
lieu du groupe
ditus ) .
amen, radier (cf. eouoimi,
seul, au
a b sco n-
En résumé, on ne peut disconvenir sérieusement qu’il n’v
a qu’une seule manière d’écrire tous les mots de la langue :
mots usuels, noms propres de dieux, d’hommes, etc., natio-
naux et étrangers, et qu'il n’y avait aucune raison pour qu’il
en fût autrement*.
III
M. Seyffarth, s’emparant d’une idée de Spolin, croit avoir
découvert que l’écriture hiéroglyphique est en partie sylla-
bique. L’abbé Barthélemy émit l’opinion que les ovales des
monuments égyptiens pourraient bien contenir des noms de
dieux ou de rois. De Guignes père, dans un mémoire sur
1. Sur la deuxième formule, voyez Devéria, Notice sur le basilico-
(jrammate Thout/i, p. 24.
2. Cela touche à l’origine du système hiéroglyphique, à propos de
laquelle je compte encore publier prochainement quelques observations.
DES HIÉROGLYPHES ÉGYPTIENS DE M. SEYFFARTII 13
les écritures cliinoise et égyptienne, écrivit que ces écri-
tures « tout hiéroglyphiques étaient en même temps alpha-
bétiques et syllabiques'? » Où est la priorité de Spohn et de
M. Seylïarth? Mais quoi, Champollion n’a-t-il pas connu le
syllabisme?
Young lisait les cartouches de Ptolémée et de Bérénice
et
et il en concluait que l’écriture hiéroglyphique avait des
signes alphabétiques, comme le carré □ P, le demi-cercle
es T, le triangle <=> R et X aigle A, et des syllabiques
comme le lion couché OLO, le méandre / MA, et
f x, ~WV'A -n. P-T-OLO-MA-I-OS
et BE-RE-N-I-K-A,
la ligne recourbée p OS. Champollion, avec grande raison,
ne reconnut pas ce genre de syllabiques, et il formula tout
d’abord la règle (pii se trouve au paragraphe 53 de sa Gram-
maire.
Et cependant la remarque a priori de De Guignes était
vraie, et Champollion ne put se soustraire que par un biais
à l'affirmation de l’existence des syllabiques : il les appela
initiaux ou abrégés. Ainsi il lui fallait bien lire HeTeP1 2
le quatrième signe r-fl— , du nom du roi Aménophis III
et HIQ le cinquième J. Champollion, en ce
<=&= 1 cas, disait que l’emploi de ces signes était si
fréquent et leur valeur tellement connue, que les Égyptiens
AA/WVX
,
CD
que les variantes les mieux constatées démontraient être
l’équivalent de vivcre, vita, Champollion disait que le
1 . Mémoires de V Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
t. XXXIV (1770). — L'idée de De Guignes n'est pas une idée jetée au
hasard : le mémoire donne à ce sujet de longs développements.
2. Champollion voyait dans le premier signe du mot un O, parce que,
sachant sa signification offrir, il le comparait à cotii offerre; il a été
depuis reconnu que la table (?) était un syllabique pour DTP, copte
OOTII.
14
EXAMEN DU SYSTÈME DE DÉCHIFFREMENT
premier signe avait la valeur A, mais qu'on pouvait écrire
le mot par la seule voyelle initiale le mot ne pouvant
prêter à amphibologie, et il posait alors le principe de son
paragraphe 82. Champollion savait donc fort bien distin-
guer les syllabiques des alphabétiques et des idéographes’.
S’il n’avait pas eu dans l’esprit l’idée bien formée du sylla-
bisme, aurait-il lu ^fj le nom de la déesse SATE,
SeT, corn lucere, il lus tris, SeT carre telum, dans
lesquels le même signe prend des significations très diffé-
rentes? Et de fait encore Champollion, à la fin du grand
tableau de sa Grammaire, place quelques signes qu’il désigne
par ligatures et groupes, et dont la plupart (nos 233 à 235,
239 à 243) sont de véritables syllabiques. Enfin, dans toutes
ses transcriptions, on ne voit pas qu'il se soit trompé sur la
valeur d’aucun syllabique.
Posera- t-on encore la question : Champollion a-t-il connu
le syllabisme?
Mais encore sur ce point M. Seyffarth emprunte-t-il à
Champollion. Pour lui, Yéchiquier rmri est un syllabique
ayant la valeur MN vêtement ) et KL (de s'o'A, tscoAo
i mil i ni
vêtement) ; or, si l’on écrit le groupe entier ' 1 , alors, en
. L . /wwv\
vertu de Yacrophonie, Yéchiquier devient un simple M ;
ainsi le groupe (j pourrait se traduire par le copte
venire : c’est justement en ce sens que Champollion dit
initial. Question de mots2.
1. Il paraît y avoir contradiction entre les paragraphes 57 et 82;
mais l’éditeur prend soin de prévenir que toute cette Grammaire était
sur fiches et feuilles volantes, et qu'il n’a fait aucun choix. Champollion,
éditeur, eût il fait comme lui?
2. Faut-il rappeler qu’en réalité la table , -Q-i. la croix ansèe •¥*
et Yéchiquier immuui sont syllabiques et jamais alphabétiques; j’entends
avant l'infime décadence? M. Seyffarth ne connaissait pas plus que
Champollion la théorie du syllabisme égyptien.
DES HIÉROGLYPHES ÉGYPTIENS DE M. SEYEFARTH 15
IV
Clmmpollion et Seyfïarth lisent les deux premiers signes
du groupe RN, copte p-mi nomen. Si ce mot est écrit
^ # •
avec le troisième signe, Clmmpollion dit que ce troisième
signe est un signe déterminatif ; que ce signe est mis après
les deux autres uniquement pour fixer l’idée que l’on doit
voir sur ces deux lettres et qu’il ne doit — ni se prononcer
— ni se transcrire. M. Seyfïarth veut que dans ce cas le
troisième signe soit un syllabique ajouté à la lin du mot,
« pour indiquer que ce signe forme un mot entier et exprime
syllabiquement les deux consonnes précédentes ». Rensei-
gnement fort utile! J’ai un mot RN que je lis facilement,
puisqu’il est composé de deux lettres de l’alphabet; ai-je
besoin qu’on vienne m’apprendre que ce mot eût pu s’écrire
par un syllabique, le cartouche autrement dit, c’est (qu’on
me passe l’expression) mettre la charrue avant les bœufs. Je
comprends qu’on aille du connu à l’inconnu, mais qu’on ait
imaginé de se servir d’un signe inconnu, czdi le cartouche' ,
pour expliquer les signes alphabétiques bien connus R et N,
cela serait fait pour inspirer une médiocre admiration pour
la logique de l’esprit des inventeurs de l’écriture hiérogly-
phique, et je m’en tiens à la définition si simple et si claire
de Champollion’.
« D’autres fois on répétait acrophoniquement les lettres
que le signe précédent exprimait syllabiquement. » Voila
au moins qui est logique. Vous m’écrivez un groupe de deux
signes J ^ : je vois bien qu’il s’agit d’une opération de la
1. Je parle toujours d'après les idées de YI. Seyfïarth.
2. D’où vient cette théorie de M. Seyfïarth, sinon du désir de faire
du nouveau et de soustraire son système, contre l’évidence, au rôle de
cette partie des signes idéographiques, qu’on désigne par le nom de
déterminatifs.
16
EXAMEN DU SYSTÈME DE DÉCHIFFREMENT
bouche, bien plus, je vois par le sens de la phrase qu’il s'agit
de voix, parole; comment prononcerai-je? /eRU, ^pwo-v
vox? ZeT, tsot verbum ? etc. Je trouve le mot écrit
avec les deux lettres /., R, ou avec trois
me voilà tiré d’embarras, et quand j’aurai rencontré plu-
sieurs fois l’épithète qui se place toujours à la suite du nom
des morts avec ses variantes, je saurai qu'il faut lire
MA /eRU et non MA ZoT. 11 n’y a plus de gênant que le
nom d ’acrophones donné aux lettres /., R, U, pour indiquer
qu’on les met au milieu du mot. On serait vraiment excu-
sable de ne pas bien comprendre l’acrophonie.
V
M. Seylïarth établit en principe que les signes 11e repré-
sentent aucune idée, mais rappellent seulement les sons. Si
cela était vrai, tout mot pourrait s’écrire par tous les signes
présentant les mêmes articulations, ce qui n’est pas. Aussi
voit-on M. Seylïarth se contredire plus d’une fois. Ainsi il
accorde : « 1° que chaque mot est généralement rendu par
le même signe; 2U qu’entre plusieurs signes de même valeur
phonétique ou syllabique' on choisirait de préférence celui
qui par l’idée ou par la forme5 aurait le plus d’analogie
avec l’objet3 qu’on voulait exprimer. » Ainsi le fouet
tu ki et le caractère © que M. Seylïarth nomme plan de
ville, univers1 2 3 4', « qui expriment tous deux la syllabe fm,
1 . Distinction fautive, car les syllabiques sont une des variétés de
phonétiques.
2. Idée et forme se tiennent aussi intimement que la pensée et la
parole.
3. Le mot quel qu'il soit.
4. Qu’on me dise qu un homme qui porte la main à la bouche dé-
signe tous les mots qui ont rapport à la nourriture , comme boire,
manyer, etc., à la parole, comme dire, commander , etc., cela paraît
DES HIÉROGLYPHES ÉGYPTIENS DE M. SEYf'FARTH 17
sont usités’, l’un pour tou roi, l’autre quand il s’agit de dési-
gner une ville ». Peut-on indiquer plus nettement l’origine
tout idéographique du système de 1 écriture hiérogly-
phique? Oui, le fouet désigne l’idée prince (mais non le
mot èok) non en vertu de son nom fmu, mais en vertu de son
nom z.ou\ et parce que alors /ou se prend syllabiquement
pour le mot /pu, conduire, gouverner, qui exprime une idée
en rapport avec le fouet; c’est comme si, au lieu de dire :
« O roi des deux régions », je disais : « O toi qui gouvernes
les deux régions. » Cette explication est la vraie; mais
quand elle ne le serait pas, il me suffit de constater ici la
place que donne à l’idéographie M. Seytïarth, qui fait à
Champollion un si grand reproche de l’avoir admise. On ne
peut pas toujours se soustraire à l’évidence.
VI
Passons maintenant à une des erreurs principales de
Champollion et de M. Seytïarth, qui ne fait que la
pousser à l’extrême.
Ap rès avoir réellement déterminé les noms de Ptolémée
et de Bérénice, Young, s’embarrassant dans ses faux sylla-
biques, ne tira aucun profit de son essai de déchiffrement.
Champollion, au contraire, posant en règle a priori que,
admissible; mais que l’image d’un mot qui signifierait Y univers désigne
l’idée cille, ceci se comprend moins aisément. Et puis les Égyptiens
savaient donc que la terre était ronde ?
1. Pour le coup, je crois que M. Seytïarth eût été embarrassé de
montrer des exemples de mots où ces deux signes lussent employés
acroplwnir/iiemrnt, ce qui eût assuré leur valeur phonétique.
$
2.
I
(W)
« son fouet est sur son bras gauche » (des-
cription d’Ammon ithy phallique dans la panégyrie de Médinet-Habou).
La valeur de la tête d’oiseau, qui écrit / ou, est des mieux établies par les
variantes. (Voy. M. de Rougé, Stèle clc la princesse de Bachtan , p. 96.)
Bibl. égypt., t. XV.
18
EXAMEN DU SYSTÈME DE DÉCHIFFREMENT
dans l’écriture égyptienne comme dans toutes les écritures
orientales, si les voyelles longues étaient écrites, les brèves
au moins avaient dû s’écrire ou se supprimer à volonté,
Cliampollion lut aussitôt une foule de cartouches, et se
trouvait, au moment de sa mort prématurée, capable de
donner le sens, sinon la traduction littérale des inscriptions
hiéroglyphiques. Le système des voyelles vagues ne pouvait
étonner; mais Cliampollion ne s’en tint pas là. Pour mettre
la langue hiéroglyphique en rapport intime avec le copte,
il inventa les consonnes vagues, phénomène monstrueux
qui ne se retrouve dans aucune langue. Ainsi, selon lui, un
signe qui écrivait le son o h , n) pouvait aussi écrire ceux
du k h-, 2), du k (a q, p), du Æ (© kh, n), du 7. grec, du
iy (aa sch, v) ou de la -s. dj, d~, z, 1, x)\ M. Seyf-
l'arth a-t-il relevé cette erreur? — Au contraire.
M. Seyffartli dit : « Pour indiquer que la face humaine,
suivie de la bouche , 11e doit pas être prise dans le sens
(notez toujours qu’il 11’y a pas d'idéographes) de IIL ou
11TR (pourquoi pas H et HT en vertu de l’acrophonie?),
mais bien dans celui de KR employé pour écrire Korpo (le
grec /.'jptoç, seigneur), on lui ajoute comme diacritique ! le
plafond ou ciel <~> ■ x.$o,Jirmamentum . » Est-ce dit sérieu-
1. Encore comprend-on l'erreur de Champollion. N’ayant pu dès les
premiers pas observer qu’im parfaitement les variations apportées par-
le temps au système orthographique antique, et forcé d’étudier les ins-
criptions bilingues des basses époques, recevant une fausse direction de
l'assimilation du copte à la langue antique, il n’a pu savoir la profonde
dégénérescence où était tombée l’orthographe sous les Ptolémées et les
Romains. On ne peut dire la même chose de M. Sevfîarth, vivant vingt-
cinq ans après Champollion et connaissant l’étude déjà faite de l’arti-
culation gutturale, par M. de Rougé, dans son Mémoire sur l’inscription
d’A lunes.
2. En langue vulgaire, déterminatifs de son. Les Allemands aiment
à parler grec dans leurs livres, comme les médecins du siècle de Molière
parlaient latin à leurs patients.
DES HIÉROGLYPHES ÉGYPTIENS DE M. SEYFFAHTII 10
sèment? Quoi! pour indiquer qu’un signe dont la valeur
normale est II devra se prononcer K, vous lui accolerez un
signe qui représente Z ! Je le répète, est-il permis de pré-
senter de pareilles théories pour remplacer la théorie si
rationnelle, si simple et si juste des déterminatifs reconnus
par Champollion? Et qu’on ne croie pas que je prenne un
exemple isolé : non point. Voici le demi-cercle l’un des
signes les plus usités. M. Seyffarth y voit une montagne' ,
•rwo-y, d’où : 1" la valeur T5; 2° « pour distinguer les hiéro-
glyphes syllabiques de ceux qu’il faut interpréter acropho-
niquement (lisez alphabétiquement), on les faisait assez
généralement précéder du demi-cercle tcoot, montagne,
qu’il faut traduire *o, autrement ou pleinement 3 ». 3° Le
même signe, en certains cas, est un syllabique pour TOOUE,
oriri, progenitor, ttoo^oviov ( Iriser . de Rosette ); toutefois,
comme ce n’est pas l’emploi ordinaire, on a recours à l’ar-
tifice suivant : « On lui donne pour déterminative 1 2 3 4 le signe
de momie debout J toA, statue. » C’est-à-dire que, pour
indiquer le son TOU ou TOUOU, j’ajouterai le son TOB.
Je suis entré en quelques détails sur certains points de
cet examen, je ne le regrette pas : ces exposés font mieux
voir l’inanité de la nouvelle théorie.
1 . Dans les descriptions du Rituel, ou trouvera tant qu’on voudra les
groupes (j (j, ^ (j (j TU PU1 «cette montagne», pour dé-
signer les montagnes figurées dans les vignettes, c’est-à-dire qu'au lieu
de supposer, comme nos géographes, le spectateur devant une chaîne de
hauteurs inégales qui passent devant lui, les Égyptiens, habitués à la
vallée du Nil, représentaient l’idée montagne en figurant les deux ver-
sants enfermant une vallée. On ne saurait donc voir une montagne dans
ce petit demi-cercle.
2. Cette valeur a été d’ailleurs bien prouvée par Champollion.
3. Comment un signe qu’il faut traduire pleinement peut-il indiquer
qu’on ne doit prendre qu’une partie d’un autre signe?
4. Je comprends un déterminatif écrit par abréviation de signe déter-
minatif, hiéroglyphe, caractère déterminatif; à quoi correspond une
dcterminaticc ?
20
EXAMEN DU SYSTÈME DE DÉCHIFFREMENT
VII
M. Seyffarth pense que l’absence de voyelles est une
cause d’amphibologie et que les Egyptiens ont voulu y
remédier. Mais voyez par quel singulier moyen : « Pour
éviter les amphibologies, qu’amène nécessairement l’absence
de voyelles, on ajoutait certains signes dont le but était
uniquement de déterminer le sens’ ; par exemple, on répé-
tait acrophoniquement les lettres que le signe précédent
exprimait syllabiquement. » Ainsi, je suppose, si j’écris seul
le sceptre dit à tête de coucoupha “j, vous ne savez quelle
voyelle entre dans ce mot, ni de quoi je veux parler, mais
U ”
ajoutons S, R et le mot n’en est pas plus clair
pour cela : les signes acrophoniques (c’est-à-dire, ici, les
signes alphabétiques employés comme compléments pho-
nétiques), ne pouvant en effet avoir cette vertu d'indiquer le
sens, ne peuvent que renseigner sur la prononciation. Disons
d’ailleurs que l’absence de voyelles n’est pas un sujet d’am-
phibologie, pas plus que ne l’est en français la similitude
de plusieurs mots écrits par les mêmes lettres. Le sens de
la phrase laisse rarement un mot douteux pour cette raison.
De plus, l’écriture hiéroglyphique a encore le secours des
déterminatifs.
VIII
Autre grief contre Champollion. Ce dénicheur de singu-
larités a vu que, dans l’écriture égyptienne, il y avait des
signes dont il ne fallait pas tenir compte dans la pronon-
ciation. Je ne parle pas des déterminatifs (car M. Seyffarth,
pas plus que Champollion, n’eût prononcé RaNRaN le
1. Encore de l'idéographie dans Seyffarth.
DES HIEROGLYPHES EGYPTIENS DE M. SEYFFARTII
21
groupe c > ), ni du demi-cercle o, ni de la barre i, si
souvent explétifs, et que M. Seyflarth appelle diacritiques ;
mais de certains signes que l’expérience avait déjà démontré
à Cliampollion n’être que de « simples signes orthogra-
phiques » influant probablement sur la prononciation, mais
ne se prononçant pas. M. Seyflarth, par exemple, ne veut
pas qu’on ait pris comme explétifs le petit vase rond o suivi
de Y enroulement (2 ou du demi-cercle ^ ^ et Ainsi
Cliampollion lisait RAN le groupe g^czDi, ce mot qui
s’échange perpétuellement avec eux RN, copte p*.u,
pensant que le troisième et le quatrième signe 0(â n’indi-
quaient là qu’une prononciation particulière de ^wv\, comme
serait par exemple la nasalité; d’après M. Seyflarth, à ce
qu’il paraît, ce serait là une fausse appréciation. Donc,
nous voilà prévenus que dans les récits des campagnes de
Ramsès le Grand, quand on racontera le siège de Qadesch
« la sainte » \ , en Syrie, si vous rencontrez une ligne
plus loin, la variante ^ c q ^ , vous penserez qu’il s’agit
tout à coup d’une autre ville que vous nommerez Qadnou-
tesc/i, sans penser que les signes ajoutés dans la variante n’y
sont qu’un accident orthographique dont il faudra chercher
la raison, mais fort bien constaté.
Ainsi sont attaquées les lectures les mieux faites par
Cliampollion.
* *
Je n’ai entrepris ni l’éloge ni le blâme du système de
Cliampollion; mais on a vu comment M. Seyflarth sait le
critiquer; son habileté à lui prêter des théories qu’il a
abandonnées; comment il profite des tâtonnements ou des
contradictions apparentes du savant français; la fragilité du
système qu’il veut substituer à sa méthode; la nouveauté
oo
EXAMEN DU SYSTÈME DE DÉCHIFFREMENT, ETC.
do ce qui se cache sous les noms de système syllabique,
acr o phonie, etc.
M. Seyft'arth et ses disciples se sont plaints qu’on n’ait
pas au moins discuté leurs opinions. J’ai été fort bref dans
l’aperçu qui précède, mais je pense avoir touché à tous les
points essentiels du dissentiment. MM. de Rougé, Birch, etc.,
ont jugé à propos de considérer comme non avenues ces
nouvelles théories : je pense qu’ils n’ont pas mal fait. Que,
si l’auteur de cet article vient en parler un peu tard, je prie
de considérer que, livré d'abord à l’étude du moyen âge, il
n’a pu parler d’égyptologie avant que d’être né... à la
science des hiéroglyphes. Le système de M. Seyft'arth a
trouvé en Allemagne, pour le continuer et le défendre,
quelques adeptes que je ne me flatte pas de convertir à la
vérité; mais je serais satisfait de mettre en garde contre de
vaines théories des esprits ardents et studieux, qui pour-
raient utilement employer leurs efforts à faire progresser la
science.
Juillet 1861.
DK LA
TRANSCRIPTION DES HIEROGLYPHES
'i i
La question de la transcription des écritures anciennes,
surtout des écritures un peu compliquées, a de tout temps
occupé les savants. Elle vient d’être soulevée de nouveau,
dans l’un des derniers numéros de la Zeitschrift (octo-
bre 1SG6), en ce qui touche l’écriture égyptienne. Ce genre
de communication a le grand avantage de venir constater
de temps en temps les progrès de la science dans les travaux
de grammaire et de dictionnaire, de mettre en commun le
fruit des efforts d’un seul, de faire rencontrer quelquefois
par d’autres des vérités cachées, le plus souvent d’amener
à des résultats plus précis les connaissances acquises. Deux
de nos maîtres dans la science ont pris part à la nouvelle
discussion; mais, surplus d’un point, ils sont arrivés à des
conclusions diamétralement opposées. Personne après eux
n’a pris la parole, et cependant il serait regrettable que la
question soit abandonnée en cet état, et, puisque M. de
Rougé lui-même nous convie à la discussion, je serais heu-
reux de contribuer à fixer quelques principes incontestables.
Au commencement de sa note, M. de Rougé a rappelé
1. Extrait de la Zeitschrift fier cigr/ptischc Sprache und Altcrthums-
htmdc, do Berlin, 1867. vol. II, p. 66-70.
24
DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES
clairement les points qu’il considère comme acquis au débat :
1° L’inutilité de chercher à représenter la prononciation
de la langue égyptienne;
2" L’utilité d’une entente sur la transcription de l’écriture
hiéroglyphique;
3° Les avantages d’une transcription en lettres ordinaires.
Les questions à déterminer seraient : 1° le nombre des
articulations à représenter et 2° l'appropriation des signes
conventionnels à chaque articulation.
En comparant les alphabets donnés par M. de Rougé, de
concert avec M. Brugsch (Zeitschrift, 1866, p. 70), et par
M. Lepsius ( ihid p. 81), on remarque d’abord une ressem-
blance, l’adoption de signes conventionnels conçus dans
le système proposé par M. Lepsius dans son Standard-
Alphabet, et dont se servent généralement avec quelques
variantes les écrivains de la Zeitschrift. Bien que ce système
présente encore une certaine complication à cause de toutes
les lettres notées, j’y donne mon entier assentiment, et je
pense que ce point ne peut faire difficulté du moment que
l’on admet la transcription en lettres modernes.
Ce ne sera donc qu’à défaut de signes ainsi ornés de points
et d’accents que je proposerai de remplacer et, à, k, t, t', s, x,
h par à, à, k‘\ d , v, s‘, æ, h‘\ souvent beaucoup plus com-
1. Je pense qu’il ne faut pas perdre de vue que, pour faciliter l’im-
pression, il s'agit de transcrire en lettres d’un usage commun, comme
le sont les lettres latines; qu’il faudrait alors éviter de créer des signes
particuliers en dehors des caractères d’imprimerie usités partout. Ainsi
je croirais préférable, aux propositions de M. de Rougé, de transcrire
d, par /.', et JJ par g (ou, si l’on adopte trois articulations : ^ par
</, par A-, et JJ par g) pour obtenir des signes compliqués de moins.
Les trois lettres latines g, À et g ont entre elles assez de rapports pour
indiquer l'affinité des lettres antiques sans qu’on soit obligé d’aller jus-
qu'à transcrire /], et ® Pa '' L /•" et A-. La même observation s’ap-
pliquerait à t, d et * pour la transcription de o>, et
2. A‘, s‘ et IC dans ce système ne sont point des lettres particulières,
mais simplement A. s, A suivis d’une virgule (,) renversée (‘). Je réser-
DE LA TRANSCRIPTION DES HIEROGLYPHES
25
modes à employer, dans les imprimeries françaises notam-
ment.
Mais les points les plus importants à constater dans les
tableaux de MM. Lepsius et de Rougé, ce sont les dissem-
blances que l'on peut résumer comme il suit :
1° M. Lepsius range autrement que M. de Rougé les
signes hiéroglyphiques que tous les deux rangent sous les
articulations k et k ;
2° 11 compte trois lettres (î, o, I ) de plus que M. de Rougé.
3° 11 ajoute quelques signes hiéroglyphiques à ceux que
M. de Rougé place sous les articulations y., h, t' , s,f, m , /?,
et remplace de l’articulation b par
Je me propose d’examiner successivement ces trois points1.
I. Articulations k et k. a, LJ, Z5
M. de Rougé ( Zeitschvijt , 1866, p. 71) résume, comme il
suit, le dépouillement de ses notes :
A — k sahidique (x memphitique), aÇ -x = k;
U = « sahidique (x memphitique), a', un peu moins
souvent ■s. = k ;
S = a' sahidique (■* memphitique), k, x = k.
On pourrait résumer de même la note de M. Lepsius de
la manière suivante :
a = k, moins souvent a' = k;
U = <*, moins souvent k = k;
S — 1 <s — ^ - a* - k .
verais, comme M. Devéria, l’apostrophe « pour indiquer, au moyen de
» sa fonction habituelle, les cas d élision », que ce savant « a souvent
» entrevus et qui pourront être un jour bien constatés ». (Devéria, Le
Papyrus judiciaire de Turin, dans le Journal asiatique. 1865, p. 238.)
1. [La discussion du premier point a seule été imprimée, et la suite
a été probablement perdue,]
DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES
26
En un mot, les deux systèmes diffèrent essentiellement par
la place à donner à LJ- J’admets avec MM. Lepsius et
de Rougé que ces deux signes doivent être rangés sous la
même articulation, et dorénavant je ne citerai plus que
Il est facile de voir que la divergence devient ainsi une
question de fait. Dès lors, elle doit se résoudre sans ré-
plique par la statistique. Montrer combien de fois devient
en copte k, combien de fois es'; faire de même pour ^3^ et
S ; la balance entre les nombres trouvés dira si l’on doit
transcrire a, <33* et Z5 par k ou par k. C’est à ce critérium
que j’entends soumettre la question en litige.
Mais auparavant je dois faire quelques observations pré-
liminaires.
La philologie, comme toutes les sciences, a des règles sé-
vères dont on 11e peut omettre de tenir compte sans infirmer
les résultats auxquels on prétendrait être parvenu. Lors-
qu’on examine les dérivations d’une langue on une autre, il
est certain que, si celle-ci a plusieurs dialectes, on 11e sau-
rait légitimement choisir des exemples tantôt dans l'un et
tantôt dans l’autre, car alors le lecteur ne serait pas sûr que
des exemples tirés des dialectes négligés ne prouveraient
pas les propositions contraires à celles qu’on aurait voulu
établir. Si l’on voulait, par exemple, poser les règles de dé-
rivation entre le latin et les langues romanes, il n’arriverait,
je suppose, à personne de s’autoriser d’exemples pris indiffé-
remment dans les langues d’oil, d’oc, d’Espagne ou d’Italie.
Mais il serait de bonne critique de mettre toutes ces langues
en tableaux synoptiques, et d’en faire ressortir en résumé
les ressemblances et les différences. Le résultat serait alors
inattaquable. Or, procéder autrement pour le copte par rap-
port à l’égyptien antique est, selon moi, une erreur capitale.
J’insiste sur cette méthode qui devrait être élémentaire et
qui n’est à peu près jamais appliquée. On cite fort souvent
des mots coptes sans dire s’ils appartiennent au dialecte
DF. LA TRANSCRIPTION DES HIEROGLYPHES
07
fx/ I
memphitique ou au sahiclique, etc. En prenant l’habitude
tle contrôler ces citations par le Lexique de Peyron, on re-
lèvera nombre d’inexactitudes. C'est ainsi encore que le
précieux Dictionnaire de M. Brugseh, dont nous avons tous
re(;u un prospectus, sera inutile sur ce point très important
à mes yeux.
Donc il faut de toute nécessité rechercher ce que devien-
nent nos trois signes a, et S dans les deux dialectes
memphitique et sahidique à la fois. M. de Rougé s’est sou-
mis à cette règle dès son mémoire sur l’inscription d’Ahmès,
dans lequel il étudie précisément les gutturales égyptiennes.
M. Lepsius, au contraire ( Zeitschrift , p. 77), n’observe pas
cette distinction fondamentale. Il cite indifféremment des
mots sahidiques et memphitiques à la fois (ko$>, iuoc, kc, etc.),
on seulement sahidiques (u^ue, sw-r, ^epe, etc.), ou mem-
phitiques (Kefii), ou baschmouriques (s'k), ou même le mot
kortè qui n’est point au Dictionnaire copte, sans remarquer
que souvent on pourrait citer en regard des mots comme
•xcout, ■xepe, etc., qui amèneraient à des conclusions
opposées aux siennes. Ce n’est point ainsi (jue procèdent
les philologues dont le nom fait autorité dans la savante
Allemagne. Une telle façon de citer ne peut rien prouver.
Personne plus que moi ne rend hommage à la science du
Dr Lepsius, l’un de nos maîtres vénérés; mais je pense qu’il
sera le premier à reconnaître qu’on ne saurait trop exhorter
nos plus jeunes confrères en égyptologie à suivre les mé-
thodes sévères que la critique approuve seules.
Je serai plus bref sur les autres points.
En second lieu, on doit encore remarquer qu’on ne peut
appuyer des déductions philologiques sur des mots comme
ne S. M. en face de (j (j alius, comme la particule ne S. M. B.
en face de ^ ou Z5 parce que [j (j a donné ne,
s'e S., ne M., ne, sTi B., parce que les particules s’écrivent
ne, (ï'e, se S., ne, se M. Dès lors, ces exemples, prouvant
28
DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES
pour les deux ou trois articulations en question, ne prou-
vent en réalité pour aucune. C’est encore là un vice de cri-
tique qu’il faut écarter de la discussion.
Troisièmement, il faut encore éliminer les mots parfaite-
ment identifiés, il est vrai, comme LJ ville, M.,
urbs, a (j(j\> champ, u^ie S., koi M., ager, bœuf
à l’engrais, nenne S., pinguedo, neni M., pinguescere. En
effet, ces mots ne se trouvent que dans des textes ptolé-
maïques, et à cette époque on ne fait plus de différence
entre a, ou S et entre leurs homophones.
Enfin (je bornerai ici mes remarques), je vois des auteurs
rapprocher tel mot copte de plusieurs racines égyptiennes.
11 me semble, sauf meilleur avis, que, dès qu’un mot copte
a été parfaitement identifié avec son équivalent égyptien, il
n’y a plus lieu de le citer à propos d’un nouveau mot égyp-
tien de signification à peu près semblable au moins à pre-
mière vue. Ainsi on connaît depuis longtemps, par divers
textes, l’équivalent de <3Wjl S. M. hortus, c’est Lj'^^
\<ï n. M. Jacques de Rougé me paraît, dès lors, le rap-
procher à tort de domaine, dont le correspondant
réel est «sW*. prœdium. De ce que ces deux mots se trouvent
au même article dans le Lexique de Peyron, il n’en faut pas
conclure qu’on ne doive pas les séparer. Il serait facile de
démontrer, à l’aide de nos connaissances de l’égyptien anti-
que, que le Dictionnaire de Peyron, d’un mérite incontes-
table même aujourd’hui, est à remanier sur bien des points’.
Il n’y a pas de doute, nous devons adopter pour l’Egvpte
1. Par exemple, sTuli, xTr,(xa, possessio, prœclium, égyptien
ycm, et a'etju. arx, devraient être rapprochés, non de (S'coxi, hortus
(lytoA*. que M. J. de Rougé cite de préférence à <3ïojul n’est que dans
Kircher, tandis que s 'loxx. est très usité), égypt.
ha mu, mais de (fou S., ■soju M., ris, potcstas , possidcrc.
DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES 29
et ses deux dialectes les règles de saine critique appliquées
par les savants de tous pays à la France et à ses langues du
Nord et du Midi.
C’est parce que j’ai suivi ces principes que je crois pouvoir
donner avec toute confiance le résumé suivant. On pourrait
peut-être ajouter quelques mots consignés dans des diction-
naires plus complets que le mien, ou que révéleront les
inscriptions inédites, mais je suis persuadé que cela ne mo-
difierait pas les résultats auxquels je suis arrivé.
Voici le relevé de ces mots1 :
1° A
A — k thébain = u memphitique, 28 fois :
i» jqoJq id.
iudJq
KA..JUL id.
ueu id.
KIJÜL
kcà'Ai B. kh Ai
k*.c
KCvC
KIOC
JA/WWS
A/WVNA
/WWXA
jz
A
/WWV\
A A X
c
/WWW A/W/WA
A
U1
I I I
w
zi =1
rcfrigerare T. ute id. M.
duplicure
arundo
sinus
moccre
sera
os
nucléus
sepelire
K CO fl
KA.UL id.
KOTTlt id.
1. [Pour satisfaire à une juste critique de Lepsius, nous donnons, au
lieu des chiffres seuls, le relevé qui les justifiait et que nous avons re-
trouvé. — Note des éditeurs .]
30
de la transcription
§
fl — — Si
f~r~ — ^
angulus
(libri)
DES HIÉROGLYPHES
KOO, KOO£ KO°; KOO£
KO^, KOOO KOg^, KOOO , KèvO!
partis oeiK wik B. *.jk
electus (llrugsch) aicr cledicare
&.KCO, ô.S'io purdi-
s user isro perdei c tio, TS.K.M perdcrc
RJ— => X
AAAAAA
X
r1^ x
AAflAM
XI
s
2
\\
©
se perdre
id.
id.
jurare
top K
top K
faînes
ORO
OKO, OOKCC^
ligure, prœdari
otoit cingerc
j6tou
tonsor
otoue radere
SSlOR
scintilla
TIR
ont
imminuere
COÉK
CoilR
eripere
ccr trahere,
dcducere
CCR
sugere
cciut, csuuj,
CIOU U
cchr, uja-uiy
constituera
jutoTitit for-
mare, etc.
julotur
rebellis
Air culpa
\\ impudens
Airi
'A A. •si
conrertere
piKC
pCR
Coptos
Rcimo
itcqt
Apollinopolis
KtOC
RtOC.
parva
DE LA TRANSCRIPTION DES HIEROGLYPHES
31
A = k thébain = x memphitique, 3 fois :
<\\tf
juncus
Mie
a *
AfiAAAK Cl 1 1 1
alii
»
Ke^cocs’iu
A °0
<=>\\o
fora men
ujko'A
X° A*
A = k thébain
= sS memphitique, 1 fois
fkff
juncus
es.Ke
évité.
A == k thébain
— (manque)
en memphitic
lue, 3 fois
A jj |j[Ç^VW\
-sd-sdJ 1 A /VWWS
libarc
libatio
(Champ.)
»
(]pZj/Y
tardari
COCK
»
abire
fcioK. ire, abire
. »
(manque) en thébain = k memphitique, 8 fois :
fa vus mellis
))
Keftl
vasculum
))
Itevfcl
aspis
))
*>Kopi, etc.,
J%*oQ
oleum
))
tlYKKI fructb
maturus
□ Z3
sesamum
»
cbeviti
P| MAAM
AAAAAA AAAAAA
/I
cohibere (san-
n ni il cm I
))
tbeillt
» JllOTKI
))
horreum.
AIOKI, JUOTK!
32
DE LA TRANSCRIPTION' DES HIÉROGLYPHES
A — k sahidique = « memphitique, 1 fois.
^ fi fk j . k'Aooàc rancir, .. ..
-J\ JH temperas mi/)CS 2AoA.
zi = k sahidique = d memphitique, 0 fois.
d K 0
A — d sahidique = d memphitique, 1 fois :
Z!
4
liolocaustum d'\\'X s'Aj'A.
A — d sahidique = (manque) en memphitique, 5 fois
%(l
M
forma
(fs.
»
mora
dm morari
))
confractus
dihdik fraa-
mentum
»
sercus ( Brugsch )
d*.ys.i\
»
0=
olla
s'ô.'A^or.
»
^ (
manque) en
sahidique =
d memphitique, 4 fois :
«
altus
»
S'hot
î{
»
»
dixxc frai
/VWW\
ira
»
s'uhii irritatio
fcbris
crépitas oentri
S ))
d coc.
Zf =
_ d sahidiq
ue = x memphitique, 5 foi
s :
*J^rw=/]
conditio
d m
•XIII
Zl
AAAAAA tW< — ^
irasci
d COHT
X coït T
O ^
4£T
o
(2
DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES 33
nox S'w siop^
scissura t^iücs'e tÇwsi
rebellis A*. & impudent; 'A*cxi.
4 ^ *
4 = «X sahidique = ^ memphitique, 3 fois :
Si tangere xcog s'wg B. sojo
r ictrix ^po oincere a'po
■xepe aecen-
:Q,
tfere ^Pc>
zi — ts. sahidique — x memphitique, 2 fois :
=> extremus ^pHs *.irpHx.
A J\
A — **, sahidique = (manque) en memphitique, 1 fois :
se extollere
•siowÊLe trans-
cendcre.
A (manque) en sahidique = memphitique, 1 fois :
lutum
» üimpi sordes.
iii I I r
A = z sahidique = 2 memphitique, 1 fois :
sbû fm 'ncix £pio £pto.
A = m sahidique - - uj memphitique’, 1 fois :
AAAAAA
sugere
c&nu), ceitK ujsutiy, certK.
| # AA/VSAA ,
j, qui donne régulièrement ceitK, cojhk S. et ceitK M., su-
ZJ U r\ /WWVN yp
gère, donne aussi cewitty T., uj^itty M. — Champolliou a cité I
Bibl. kgvpt., t. xv.
3
31
DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES
Et en résumé :
A = k sahidique, 36 fois
s* — 12 —
'x. — 5 —
£ — 1 —
iy — 1 —
ou 3 k contre 1 <d
et 6 k contre 2 à et 1
et ^ = k mempliitique, 35 fois
X —
( 38
8 —
a — 1 —
uj — 1 —
ou 5 k contre 1 <s et 1 ■x.
2°
= k sahidique = k mempliitique, 23
igitur
TU
1 1" • i
US
\ü S
r£ etiam, uji-
tur
alius
alius
drachma
œdificare
dormire
convcrteve, re-
ccrti
KCT, S'eT
KJTC
KCOT
fois :
ne
ue. kco -y*.!
KCT
Kl’t
K(OT
HKOT
k or
DE LA
THANSCHIPTlON
DES HIEROGLYPHES
Ci Ci
parcus
KO TI
KO"VXI
tristis esse
OKJU, lOKJU.
OKCJU.
ope rare, con-
Jicere
fi «ki;
Ê«kK
j^â
maffia
oiu maffia,
maffus
giu
o— =» «cxd
^ ^ w ,
ornamenta (wdi-
ficii ; Ijclli — arma)
£iok cinffere,
armure
S5u>K
35
C U)
h
©
riioor
TI U
c(i>k ire
JUOKUICK CO'ji-
tarc,ronsiderare
uoeiK 1UOIK
.-1 ntæopolis
scintilla
progrcdi
curare
adulter
C(J°
tu
inclinare
urere, calov
Alcxandria p«o;oti
ficus
k thébain = ?c memphitique, 6 l’ois
JUOKJUtK
mu;, «ou*
11TOK
piue
pi»K$>
p*.KOT
KCIITH
*.IlOK
ll-O-OK
peK, etc.
piv>K£
pé.KO’)’
T
obscuritas
nir/er
tribut uni
He«.Ke 5(^e>.Ki
k h xi ^evJLie
fn'Ke /tierces fiepçe
36 DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES
avare ck^j
res negotium itK«.
Ægyptus khaac ^hjuli.
= h tliébain = (manque) en memphitique, 5 fois
/WWSA C2ï
. \\
*=®
i x
L=0
=> t...ü
\\ iii
Koope abcin-
)) 7
dere
b le sur pied
mensura itine-
C
ris
KOT
1>
(2
kottoix qranum
» s • »
cannabis
cogéré ci KU>a>fie, neeqe. »
(manque) en tliébain = k memphitique, 5 fois :
a<=hü
□
ÎP
U
□
4
fermentum
»
KCofe
se r eus
»
flU>K
molestare
»
molestari
»
S'iC^K
prudentia
»
lique = s
memphitique,
3 fois :
hortus
SToAA
S'a) ai
manus cola
s'oit planta
pedis
S'oit, *p
saltare
s'ocs'c
s'ocuec.
DE LA TRANSCRIPTION DES HIEROGLYPHES
37
— cf sahidique = (manque) en mempliitique, 7 fois :
UI
persona
piscina
□T*
masculus
, CZZ>
U i
iii
pams
»
intrare
arx
1) 1 LE
■'CZ3& (manque)
en thébain
forma »
(î'COT ))
(î'ie liœdus »
ujioa'e damna
afficere
Tô.cî'ce qressus,
incessus
julcs'toA. »
<3 mempliitique, 2 fois :
3^
»
piger esse
-«
»
(î'non petere
tfn&is- morari,
pigritia.
V ^6 — &
sahidique = x
mempliitique,
incenire
s'ai
1
1
saltare
(î'ocs'c
suffocare
iocî't
accipiter
îvt;
w ,
laqueus
oik^e
'zzz* — x sahidique = <* mempliitique,
5 fois :
XIALI, XCAJL
a'ocxec
(OX£
ÊlHX
$>*>XJ.
1 fois :
O
\\
ÎIUL reptile
*xewTqe
<3Vrqi.
38
DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES
sahidique =
mempliitique, 2 fois :
dicere sw, ■xe ■xio,
. . , , dolor,
ajfhçji, dolor affligere £**£«>*.
Enfin, le nom à transcription tout à fait irrégulière
rm I
£V£V£)
Æthiopia eiî'oouj, eslouj T. e^wig M.
En résumé :
= k sahidique, 34 fois
d — 16 —
■x. — 3 —
ou plus de 2 k contre 1 à
ou plus de 10 k contre 5 d et 1 ■s.
et = k mempliitique, 28 fois
X — 6 —
& — 6 —
•X. 7
ou 4 1 k contre 1 a' et 1 \ -x
ou 5| k~x — 1 01
et 5 — 1 x.
3° a
a = <* sahidique = s' mempliitique, 2 fois :
® u ^ f°deve ^P" ^pn
dorcas (S'ooce a'&gce.
DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES 39
S = a* sahidique = (manque) en memphitique, 10 fois :
S J S J
confracti
°s
naos
»
pigritia
5 ? i i 0
arx
farina
zs *
conjungere
intrare
pu-
calmer
orbare
3'iècî'iè frag-
mentum
s'ee-r manere »
a'eiga'uj asper-
gerc
a'e» piger »
juea'TOÀ »
jU.edlTlOt?' pz’s-
, ■ ' »
trvnum
»
(Rougé)
Tô.a'ce gressus,
incessus
ctf'pa.oT »
(î'coo-s ' coarctave. »
ffi (manque) en thébain = ^ memphitique, 2 fois :
^ coinf/
unguentum
)( (^h inalum ci-
donium
» aW coagulari.
S = à sahidique = memphitique, 7 fois :
»
(dny anqustus
° •XHOT
esse
debilis
a'ioÉi
■xcoÊ
brachium
Cî'&OI
'xc^oi
wi
limen postis
cnrea'po
oire'xpo
40 DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES
SlkdL]
Z5 O
AVWA
/VW\AA I
fissura moa'e rumpere scissura
unguentum cocï'n
calamitas OTUKî'n
COXIt
OTiosn destruero
ni OTWsn subcersio
xnec feminalia
rel ascia.
55 = k sahidique = » memphitique, 1 fois :
55 = K sahidique = x memphitique, 2 fois :
ri /W\AAA
'èx 55 aaaam firigere ioké toxq
mlSer KWfl *l0Ê>
55 (manque) en thébain = k memphitique, 1 fois :
-H /WWV\
carere, racuus » khk cessare
55 = -X sahidique = x memphitique, 2 fois :
fl
55
paries
calamitas
so murus 2501
ovioxn destrue-
oirioxq
□ $$ - t /•e) subcersio.
S = « sahidique = (manque) en memphitique, 1 fois :
crocodilus
U2SO.
55 = g. sahidique = memphitique, 1 fois :
cf. fco vZtpal- .
pebrœ <-
55 = o sahidique = (manque) en memphitique, 1 fois :
J-rr'T, k A x négligent, se repo- cf. Ée? incur-
ter, s’affaisser rare.
HE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES
41
Q = ui sahidique = a' memphitique, 1 fois :
ZS
»
ujAwul nastur-
tium
H I AJU
En résumé :
Q = «< sahidique, 19 fois
k — 3 —
x — 3 —
o - 2 -
iy — 1 —
ou 6 a' contre 1 r ou 1 s
et Z3 = memphitique, 4 ou 5 fois
— 11 —
k — 2 ou 3 —
o — 1 —
ou 1 a1 contre 2 x
et 2 a' — 1k
et 4 ou 5 x — 1k.
Il est facile maintenant de résumer en un tableau général
les notions acquises sur nos trois lettres :
A = k
sahidique,
3 fois contre l
fois a1
=: K
—
2 — — 1
— <3-
S = a*
—
6 —
— 1
K OU X
et a — k~x
memphitique,
5 fois contre 1
fois a'
= K-X
—
5 —
— 1
— a' ou x
s = ■*
—
9
fV
— 1
— a* et | k
ou encore :
A = k sahidique, 36 fois sur 55 ou 3 sur
k-x memphitique, 38 — 57 — 3 —
1. On peut aussi rapprocher ce mot du mot Kpo,Ai M., carthamus.
on on
42
DE LA TRANSCRIPTION DES HIÉROGLYPHES
v A> ~ K
sahidicjue,
34 fois sur
52
ou 3
K-X
memphitique,
34 —
47
— 3
55 — &
saliidique,
19 —
28
2
d
memphitique.
5 —
18
— 1
X
—
11 —
18
0
— 3
— 4
— 3
Donc, S ne se comporte évidemment pas comme a ou
33*; a et 33 en saliidique et memphitique donnent k, et
S donne en saliidique a', en memphitique x.
Donc enfin, en ne tenant compte que des dérivations de
l’égyptien antique aux dialectes coptes, il y a lieu de distin-
guer 33* et zi de Z5 , et l’on devra transcrire en signes con-
ventionnels : a et 33& par k et Z5 par k.
Ainsi les faits établissent :
1° Contre M. Lepsius que 33?> ne doit pas être rapproché
de mais de a;
2° Que a et 33* doivent être distingués de 55;
3° Contre M. de Rougé que le correspondant memphitique
de a et de 33* est k et non pas x, puisque :
A = k memphitique, 35 fois, et = x , seulement 3 fois.
33* == k — 28 — X — 6 —
Maintenant doit-on aller plus loin et distinguer entre le zi
et le 33*? Voici ce cpie répondent les tableaux statistiques
dressés plus haut :
A == 36 k sahidiques contre 12 <4 et 5 ■x.
38 k-x. memphitiques — 8 s' et 7 -x
et 33s = 34 k sahidiques — IG à et 3 -x
34 k-x memphitiques — 6 et 7 x
ce qui donne (un peu moins exactement pour le ^ par
rapport au saliidique) les mômes proportions pour les deux
signes comparés aux lettres coptes. Il n’y aurait donc pas
lieu de distinguer entre le a et le 335.
DE LA TRANSCRIPTION DES HIEROGLYPHES
43
Tels sont les résultats positifs que je crois devoir ressortir
de cette étude minutieuse. Dans cet examen des dérivations
des lettres antiques, quand les mots égyptiens ont été con-
servés dans l’un des dialectes coptes, je pense avoir donné à
ma démonstration la forme la plus claire et la plus précise
que j’ai pu trouver. Et si mes savants confrères trouvent bon
d’adopter mes conclusions, je me féliciterai d’avoir ainsi
contribué pour ma part à l’accord très désirable que nous
proposent MM. Lepsius, Brugsch et de Rougé.
PARTICULE COPTE vin. <m'
Selon Ainédée Peyron5, •sm (sahidique <s'm) est une par-
ticule qui se met en préfixe aux racines pour en faire un
nom indiquant l’action exprimée par la racine, comme
■xm*,pe£ « garde, action de garder », ■smepjufi « opération,
travail », ■smepowT « navigation », etc.
Cette particule s’emploie, en composition, de trois ma-
nières :
1° Seule, avant la racine, comme dans xm^pcj;
2° Avec intercalation de ep entre la particule et la racine,
comme dans ■smep^ofe;
3° Devant un infinitif, avec emploi de l’article masculin
et addition d'un régime direct, comme dans n^mepeni^-s-juLm
epoc*.
Il est naturel de rechercher l’origine de cette formation
et de se demander si on la trouve dans les écrits en démo-
tique, si même on peut en rencontrer des exemples dans les
textes hiéroglyphiques.
Il n'y a dans la langue copte aucun mot formé du thème
sn ou c^it, dont le sens puisse convenir à la formation et à
1 . Extrait de la Reçue cggptologique, deuxième année, p. 349-355.
2. Lc.vicon linguœ copticœ , p. 386 et 412.
3. Ou verra plus loin comment il convient de modifier cette règle.
46
LA PARTICULE COPTE sm, ^m
la signification de la série des mots ici étudiés. On est donc
conduit à décomposer le préfixe xm en xi et «. Dans n on
reconnaît facilement la particule « liant deux mots ensemble
et donnant au second le rôle du génitif latin, de sorte que
•xm*.pe£ pourrait être « l’action de garder, la garde ».
Qu’est-ce alors que si?
Sans sortir du copte, il semble à première vue que la
racine xi, s'i « prendre » soit appropriée à la signification
des mots composés. xm*.pe$> pourrait à la rigueur être « la
prise en garde, la garde». Peyron, par exemple, explique
enxmxH « en vain » par si n sh « capere festucam, rem
niliili 1 ». Mais cette explication me paraît de tout point
inadmissible. En effet, xm. . . est memphitique, (S'm. . . est
sahidique. Au contraire, xi « prendre » est saliidique, et son
correspondant memphitique est s'i. Si xm..., s'il!... ve-
naient de xi, sT « prendre », on aurait xm. . . saliidique et
^m. . . memphitique; or, c’est, tout à l’inverse, xm qui est
memphitique et ^m sahidique. Il faut donc chercher l’expli-
cation de cette particule en dehors de la racine sT, xi
«prendre»2. D’ailleurs, le primitif de xi, sT, l’égyptien
L=?L
, ne se rencontre jamais que dans
des noms (et ils sont nombreux) désignant l’agent d’une
action, jamais l’action elle-même.
Le mot demandé doit remplir deux conditions :
1° Commencer par xi memphitique, a'i thébain, ou bien
dans les deux dialectes à la fois par x, ^ ou k, en supposant
dans ce dernier cas une altération (peu probable, il est vrai)
produite par l’usage d’un côté ou de l’autre;
2° Quant au sens, avoir une signification assez large pour
s’adapter à une grande quantité de racines ; telle serait la
signification action indiquée par Peyron.
1 . Lcxicon , p. 378.
2. xe T., s'e, s'o M. ; xo T., &o M. screrc , se trouvent dans le même
cas.
LA PARTICULE COPTE xm, tfiii
•17
Le Dictionnaire copte fournit s'*. T., m, specics, forma
eæterna, sans correspondant meinpliitiquc; ■sc T. M., < lierre ,
s*cto M., kio T., potier e.
Ce dernier vocable a bien formé en copte quelques com-
posés : KWK^gHT, nuchtas; monc*., derelinquere ; «witpio,
silere, silentium ; KumcAiov, benedicere ; roi efeo'A, cessare;
k^out, sperare; uinju-qn^our, fiducia; iu\Xrx, impositio
mantuim. Mais c’est lin mot qui n’existe pas dans l’ancien
égyptien, et la modification de mon en xm et csAi, sans être
absolument impossible, paraîtra peu probable.
De même les racines hiéroglyphiques « créer, pro-
créer, génération, essence, nature, manière d’être » (Brugscli,
Dict.), n Tj) a « s’avancer (?) »,
(? ‘xioo'v T., mittere) et
A «amener, conduire»
X « repousser », sont des mots
fc£3 _lHvv
plus ou moins rares et qui n’ont fourni aucun composé.
C’est ailleurs que je crois rencontrer l’origine de la particule
sm, S'm.
Première forme. — 1° Un article du décret de Canopc
prescrit « aux prêtres de tous les temples de l’Égypte de
se dire », prêtres du dieu Évergète « en outre de leur autre
titre (ran) sacerdotal ». Le texte continue :
i
/WW\A Q
a \\ I
NTI-U S^A F N P QI
qu’ils écrivent-le1 (ce nom) dans le
•/.aTa/topto-at
zi; ~0'j z
J
| AAWA
N 13
libellé
/RU N BT
(de) toute parole
( Inscript . de Tcuti.< , p. 139, édition Revillout.
Le décret de Memphis ( Inscription de Rosette) contient
1. Le mot
RAN, nom, est du genre masculin; exemple :
PE RAN BERENIKA « le nom de
rvvvw\ < i i .1 a i
Bérénice». (Décret de Canopc , édition Revillout, p. 139.)
48 LA PARTICULE COPTE -xm, <É m
la même prescription, avec quelques variantes d'ortho-
graphe :
(Revillout, C/ircst. déni., p. 54.)
Je lis le mot, qui a pour déterminatif q, autrement que
M. Revillout. Il le transcrit •xaôVo, qui serait en hiéroglyphes
|l Les deux transcriptions sont également pos-
sibles, parce que JJ et | , en démotique, s’écrivent identi-
quement. Or, le mot J 1 pourrait correspondre au
copte fup ou Ê*.ipi, cophinus, corbis, et l’expression entière
rappellerait « la mise en corbeille », c’est-à-dire l’usage de
conserver les écrits dans des seaux ou corbeilles. Il est
vrai que le déterminatif serait assez mal approprié à la
signification du mot, mais il ne convient pas mieux au mot
■xôéVo « dépôt ». Je suis tout disposé à abandonner les deux
mots fup « corbeille » et ■xVAo « dépôt », car le mot
J
m’a rappelé aussitôt le mot égyptien
sa
y
bien usité à l’époque ptolémaïque pour signifier « livre1 2 ».
Alors ^ dû 11! /www y l ^ ki n bura, qui donnerait en
I | A/Wvwjj |
copte “xmfi^pi ou •xmtiepj serait « la mise en livre » et répon-
drait exactement à l’expression française le libellé, à
laquelle le déterminatif ^ convient parfaitement. Enfin la
prescription : « Qu’ils l’inscrivent dans le libellé de toute
parole », rapprochée de la prescription précédente, fait allu-
sion au libellé du protocole de tous les contrats démotiques
où le nom du roi devait venir à la suite de celui de ses
1. Ici le texte a un signe particulier, qui n’est ni le A, ui le 1_J ordi-
naires.
2. M. Brugsch, Zeitschrift, 1871.
LA PARTICULE COPTE xm, cfm
49
prédécesseurs, en tête de la rédaction de tous les actes confiée
aux notaires institués par le décret de Canope.
Une deuxième fois le texte de Tanis emploie un mot de
cette même forme (p. 171) :
M
AAAAAA
ei \ jjo
Quand
on juge
de
faire les
jours des Isiaques
xal
ôxàv
xà
xcxQAia
ayr,x a*
AAAAAA
INI
nnt
1
D s(|(| j
en khoiakh avant le périple d'Osiris, etc.
èv TOU X0iaX RU1 TOÜ TOplTrXo-J ’0<XîtpiOÇ, X.T.}..
Ici le mot xixéXXia, qui est traduit
A
'w* r , ne
. _ ilo
nous apprend rien sur la signification de l’égyptien. Mais
on voit qu’il s’agit d’une cérémonie en l’honneur d’Isis, aux
environs de l’époque d’un périple d’Osiris. Or, au Netâ n
s%u Osiri (édition Pierret, 1. 6), il s’agit d’invocations faites
par Isis avec sa sœur Nephthys, en faveur de son fils Horus
et aussi d'Osiris, qu’on répétait pour le défunt. « Ces invo-
» cations, on les fait à l’Osiris N. en khoiakh de six jours en
» six jours, en disant, etc. » Il y est parlé de l’arrivée d’Osiris
( (jjlj , 1. 22), de sa montée au ciel Ç ^ 48),
de son entrée ( 0 a, 1. 49) à l’Ouza, de son abord
< — > A
( (2 p. il, 1. 19) à Hat-soutenit, puis de faits qui
ont lieu à Thèbes, à Memphis, à An, à Abydos, à Rosta, etc.
Probablement imitait-on le voyage d’Osiris, dans un
TCpt-TïXoùç, précédé d’invocations imitées de celles
AAAAAA 1 1 I
d’Isis, contenues au Netâ n se'/jx Osiri. Alors on peut voir
dans
'Il
les attitudes d’Isis, les rôles qu’elle rem-
plissait tous les six jours. Le mot, en partie effacé, du texte
hiéroglyphique fi11* lui-même pourrait
Bibl. ÉGYPT., T. XV.
4
50
LA PARTICULE COPTE Tssn, S'm
à la rigueur constituer une variante du mot z(j(j J (le dé-
terminatif étant rejeté au bout de l’expression entière),
n’apporte ici aucune lumière certaine. signifie
« peau, parchemin », et ^Jj © ^ (( briller » ; cf. oTwfity
« blanc, brillant ».
Enfin, le texte de Canope fournit un troisième mot com-
posé (p. 145) :
AAAAAA
AAAAAA
AAAAAA HX.
/WWSA£l AAAAAA,
AAAAAA vC\ AAAAAA 'IX
i n Jà
AAAAAA
1 1:
(jfj | |) i « Que part soit à ceux qui (sont) dans la
cinquième tribu des dieux Évergètes dans les offrandes de
purification et autres choses dans les temples. » Msis^etv
y.rj). xoûç Ix iîé [Air) ç tpuÀîjç tüv EùepYÉiwv 0sü>v àyvEttov y.ot). iwv aXXiov
Ttaviwv xwv èv toTç Upotç. Ici les <d(j(jj@=ü=j rappellent la fête
d’Hathor à Dendérah, au 20 thot, , et doit signifier
©'v£7 °
« célébration de la fête des te/ou ».
Mais l’emploi de la racine z)(j(jj n’est pas borné aux
époques ptolémaïque et romaine.
Dans l’un des textes historiques publiés dernièrement par
M. Revillout1 2, on lit : « Pour le grain des trois temples ci-
dessus, le conseil ordonna », à savoir :
A_Û^| AAAAAA |
Qu’on
donne
I
□ l ZI
I
à eux leur
§P
â
subsistance3
d'abord.
Bien plus, en voici, en dehors des textes démotiques, un
exemple tiré d’un texte de l’époque des Ramessides. On lit
1. Dflmichen, Zeitschrift fur ügi/ptische S proche, etc., 1870.
2. Iïecue cgtjplo logique , n“ II, pl. I.
3. « Subsistance » n’est qu’une hypothèse; on pourrait traduire « assi-
gnation, revenu, » etc.
LA PARTICULE COUTE •xm, s'm 51
dans une lettre de l’archiviste en chef Ameneinan au grain-
mate Pentaour1 2 3 :
Ne t’es-tu pas peint la condition de laboureur ?
Deuxième forme. — Le décret de Canope prescrit de
placer la statue de la jeune princesse Bérénice dans le sanc-
tuaire. Le texte ajoute :
(Que le prophète)
f\\ê \
□
n?
le lieu pur
pour
□ Z
r
l’un des prêtres
A/VWV\ |in Q
D:
choisi
dans
/WWV\ CS 1
habillement
6 Awvw
des
Ailleurs Canope (p. 126) et Memphis (p. 7), pour rendre
; il est
xov <n:oXt(rfiôv, se servent seulement de et
A/WVAA fUiiimu, ^ _ AAAA/V\ CS I AWM
clair que □ z
5 n’a pas une signification plus
AA/WNA Ch I
étendue; c’est ainsi qu’en copte on dit à la fois ■xeme et
s'isvxonc, vis, violcntia , injuria. Mais nous n’avons plus
fl
/wv\ 1
P Kl N
affaire à la forme déjà reconnue □ Z
dura, le « libellé » ; de même qu’en copte on dit sm&pej,
custodia; amtgrai, inter rogatio ; -xmiyi, mensuratio, etc.; et
■sntepoTto, responsto; •xmepgcofi., opérait o ; ■x.mepoioT, navi-
1. Papyrus Anastasi V, 15, 7.
2. Le Papyrus Anastasi n’a que S/.A-K, le duplicata dans le Papyrus
Sallier /, 6, 2, porte SxA-N-K. Il semble que les deux pronoms sont
nécessaires.
3. Le Papyrus Sallier porte ^ (j , dont Goodwin {Pu-
pyrus hiératiques, II, p. 11, ou Reçue archèoloyique , 1861) [Ht b ho-
thèque ègyptologique, X, p. 91] ne connaissait pas d'autre exemple, et
qui n’a pas été, que je sache, retrouvé ailleurs.
LA PARTICULE COPTE ■xm, (S'm
gatio, etc. ; de même en démotique, à côté du premier type
A Ull ü /VWVVAJj I |
on a un second type a
AAWA
AAAAAA Ci I
6-
Je crois rencontrer un second exemple de cette combi-
naison dans une des formules du Papyrus magique de
Leyde , A 65, p. xx et suiv. Elle est intitulée :
□
n
ra
Formule
AAAAAA
d'évocation
O
□
par la
^ IB
lampe’.
Le mot □ ^ 11=1 (j ^ O est formé tout comme
le copte « • -si ■ n ■ ep eni^TJum, coneupiscentia, et signifie
simplement « évocation » ou « conjuration ».
Troisième forme. — Enfin, comme les mots coptes com-
posés avec s'il les mots égyptiens composés avec zi(J(jJ
peuvent être suivis d’un pronom régime : on dit en copte
ensinepeme-irum epoc, ad concupiscendum eam, de même en
égyptien :
□
AAAAAA
de
lier elle.
On n’est pas à songer à un moyen
(Pap. Anastasi 1 , p. 24, 6; traduction de M. Chabas.
Les derniers mots pourraient être traduits exactement
par de Uganda ea, et en français par « sa ligature ». Nous
rencontrons ici un fait très ordinaire dans l’égyptien an-
tique, signalé depuis fort longtemps par notre illustre
maître, M. de Rougé. La racine verbale, en devenant un
nom substantif, n’en conserve pas moins la faculté de rece-
1 . Maspero, Recueil de Travaux relatifs à la philologie et à l’ar-
chéologie égyptiennes et assyriennes , t. I, p. 20; cf. p. 36.
LA PARTICULE COPTE sm, r<in
53
voir des compléments comme le verbe; do sorte qu'il con-
viendrait de modifier la troisième formule que j'ai tirée de
Peyron, en disant que le nom formé de xm et d'une racine
verbale, peut recevoir, comme dans la langue antique, le
régime qui conviendrait au verbe.
On peut encore noter, pour l’assimilation de a,
avec tf'm, •xm, que les mots commençant par || N WWA SOllt,
comme on l’a pu remarquer, du genre masculin, ainsi que
les composés de a'm, xm1 2.
Enfin, pour terminer, je chercherai (pielle est la valeur
des préfixes ^ (j(|J et sTh.
Le texte de Tanis n’a employé nulle part séparément le
motzijj(jJ; au texte de Rosette, au contraire, le mot ('(‘pa-
rait plusieurs fois seul. M. Revillout traduit : « ordre »
( Rosette , p. 19, 20, 35, 36, 37). Dans la rédaction grecque,
=> □ I I flfl f? « toute chose en dehoi ;
leur ordre » répond à zi zs. îy.AîXs'ppsva -iv-x « toutes les choses
« selon l’ordre » répond à /.'.zi
i
négligées » (p. 19); ^
zo 7tpôcnrp/.ov (p. 20); ^ ^
j ©□ U '
établir dans leur ordre » répond à Sia z-z/^r/.v/ « il maintint »
« il les lit
, , .... , û û
(p. 35; grec, 1. 33)-; -cs>-
□
* '©
U
« il fit faire
autre leur ordre » répond à TîposotwpO.^a-o a il restaura »
(p. 36; grec, 1. 34); enfin, DLlûO « en leur ordre » répond à
I I /WAM f\ r n
wç xdOTjxet (p. 37; grec, 1. 35). En composition , (1(1 ü
1 (ou [\ 1 sj selon M. Revillout) «rédaction,
libellé » selon moi, « dépôt » selon M. Revillout (p. 54 et
1. Un certain nombre d’entre ces mots sont du féminin ou des deux
genres dans le dialecte sahidique. Le féminin est fort rare en mem phi-
tique.
2. Lacune dans le texte hiéroglyphique.
54
LA PARTICULE COPTE ■xm.
197), « ordonnance ou protocole des contrats ( ibid ., p. 139),
correspond au grec elç -/yc^-zespo'^ « dans les arrêts ou
décisions » selon le Dictionnaire grec d’Alexandre, « dans
les actes publics » selon moi.
Il est fâcheux, pour l’intelligence de la signification intime
de cette racine, que précisément les passages correspon-
dants manquent au texte hiéroglyphique1. Pour le seul pas-
sage de la page 37 du texte démotique, le texte hiérogly-
phique a conservé au commencement de la ligne 5, un signe
lu par M. Brugsch2, par Lepsius3 4, corrigé en ^ par
Chabas'; M. Revillout, guidé par le démotique, a rétabli
/WWW f\ f\ O
(j(j <^j5. Pour moi cette restitution ne me paraît pas satis-
faisante, car on ne trouve cette expression nulle part ailleurs
dans la langue sacrée, et je préférerais qui se
trouve à la ligne précédente du texte, et qui rendrait bien
compte du signe conservé sur la pierre, d’après les véri-
fications de MM. Brugsch et Revillout. De sorte que le
texte de Rosette, fût-il complet, ne nous apprendrait rien.
Peyron croit que *xm indique une action. Cependant il
faut remarquer que le mot des écritures hiéroglyphiques ne
mais
prend jamais les déterminatifs des actions 7 n ou
que l’on écrit ^[j[j J six fois sur Rosette, quatre fois sur
comme au Papyrus de Leyde. Si
<'i=^ du Papyrus Anastasi, on
Tanis, ou bien (j (j ^
l’on n’avait la variante
pourrait affirmer que les Egyptiens n’attachaient pas à cette
1. [Voir : Le Décret de Memphis et les Inscriptions de Rosette et de
Damnnhour , infra , p. 245 et suiv. ; sur ■sut, p. 324 et 364; et. p. 329,
pour la ligne 5 [20], une tout autre restitution.]
2. Inscript io Roscttana .
3. Ausicahl, pl. XVIII.
4. L'Inscription hiéroglyphique de Rosette, p. 37.
5. Chrcstoinathic dèmotique, p. 184.
LA PARTICULE COPTE xm, sMi yj
particule l’idée de force et d’action. C’e^t qu’cn effet on
peut la rapporter à une autre signification, car :
s'mA.gep^T, statio, permanent ici ;
(S'm'Aifie, insama;
s'mjuioim, mansio; etc.
marquent bien plutôt Pétat, la manière d’être, que l’ac-
tion.
Bien plus, Pcyron donne, selon moi, la véritable valeur
de ■xm, c^m, quand il traduit :
tf'imiKOTK par ratio, modus dormiendi, requies;
par vitœ institutum, ratio.
Cette puissance de ■xm n’est pas moins incontestable dans :
(î'maoTeuL, audit us, sensus audit us;
s'ihtMo, puritas, mundities.
Or, l’orthographe zi(j(jj rappelle le mot antique zPjjL (j
J: , etc., pour la signification exacte duquel j'in-
voquerai l’autorité de M. Chabas. Il résume ainsi l’élude
qu’il a faite de ce mot
« La signification de zi
nous a été révélée de la manière la plus manifeste. Aux
valeurs forme, ressemblance, portrait', il convient d’ad-
joindre celle de mode, manière, état, d’être, et sous toutes
ces acceptions le mot se dit des hommes, comme des ani-
maux et des choses inanimées3. »
Les déterminatifs employés J, et r-~-. concordent
parfaitement avec toutes les significations du mot.
La signification « ordre », donnée à ce mot par M. Revil-
lout, convient aux passages du texte de Rosette, où il est
1. C’est le copte thébain <3 forma-
it. Chabas, Voyage d’un Égyptien, p. 240.
56
LA PARTICULE COPTE xm, S'il!
employé seul; mais il ne peut plus s’appliquer aux mots
composés, et là M. Revillout hésite ou traduit par le grec.
Je pense que dans les passages cités on peut fort bien tra-
=>2^ par « toute chose en
duire
0
dehors de sa nature, de son état naturel »,
#□ U
et(ç>LJ
U
ou
par : « en état, en bon état, ou dans
l’état naturel’ ». Dans les mots composés, nous avons
l’emploi justifié et de plus en plus développé de la racine
antique.
En résumé, je crois que sTn, xm viennent de l’antique
^=i, dans sa signification mode, manière d’être,
A
état, — qu’on la trouve déjà en composition dans les textes
classiques (XIXe dynastie), — que l’usage en devint plus
fréquent à l’époque ptolémaïque, dans les textes démotiques
surtout, — qu’enfin elle passa en copte dans une acception
plus étendue. Après avoir signifié Y état, la manière d’être
d’une chose ou de la personne qui fait l’action (acception
souvent conservée en copte), elle vint à exprimer, dans
d’autres mots, Y action elle-même, et les mots composés avec
xm se multiplièrent1 2.
1. Ce qui conduit facilement au sens du copte xi epo, concentre
alicui (cf. Peyron, Lcxicon, p. 378, col. 2).
2. M. Revillout me signale que M. Brugsch, dans son Dictionnaire
que je n’ai pu consulter, a déjà donné des exemples de rapprochement
de la forme démotique et du copte (p. 1438).
DIALECTES EGYPTIENS'
i
DEUX CONTRATS PTOLÉMAÏQUES
Que les Égyptiens aient parlé différents dialectes, c’est
un fait qui paraît hors de doute. D’abord dans les temps les
plus rapprochés de nous, on ne peut contester l’existence
des trois dialectes sahidique, memphitique et basclimou-
rique, propres à la Haute-Égypte, à l’Égypte moyenne et
au Delta. Mais les textes hiéroglyphiques eux-mêmes nous
attestent l’existence antique de plusieurs dialectes. Tous les
égyptologues connaissent ce reproche d’un scribe à son
maître : « Ses ordres s’accumulent sur ma langue, demeurent
» sur ma lèvre; ils sont difficiles à comprendre; un homme
» inhabile ne les traduirait pas ; ce sont comme les paroles
» d’un homme d’Athou avec un homme d’Abou. » De
MM Ie, , tous les égyptologues font le Delta du Nil;
pour tout le monde, ^JJ , au contraire, est Éléphantine.
De sorte qu’un scribe de l’époque des Ramessides constate
que, de son temps, existaient, aux deux extrémités de
l’Égypte, deux dialectes fort différents.
M. de Rougé, mon illustre maître, a de tout temps pro-
1. Extrait du Recueil de Travaux relatifs à l’archéologie èggpticnne
et assyrienne , 1882, t. III, p. 32-42; 1883, t. IV, p. 12-20.
58
DIALECTES ÉGYPTIENS
fessé dans ses écrits, comme dans son cours au Collège de
France, que le système d’écriture des Égyptiens était tel
qu’il y avait impossibilité de saisir les différences de dia-
lectes qui pouvaient avoir existé. Ses disciples et toute l’école
égyptologique paraissent avoir pris à la lettre la parole du
maître, car personne, à ma connaissance, n’a essayé d’aborder
cette question. Toutes les modifications qu’on a pu observer
ont été mises sur le compte des transformations que le temps
doit amener. J’accorderai qu’il n’y aurait rien d’étonnant
à ce que la langue se soit modifiée avec le cours des siècles.
Je ne veux pas entreprendre de rechercher aujourd’hui dans
les inscriptions les traces de ces modifications. Il me suffira
de rappeler que pour trois époques de la langue MM. Mas-
pero, Revillout, Erman ont constaté, dans la conjugaison
du verbe, par exemple, de grandes différences entre l’égyp-
tien antique, les textes démotiques et le copte : des formes
se conservent d’un âge à l’autre, d’autres disparaissent, et
quelquefois de nouvelles les remplacent. M. Chabas pçnse
que dans ses trois mille ans d’existence la langue hiérogly-
phique est restée sensiblement la même. Cependant on a pu
signaler quelques idiotismes propres à certains textes.
M. Maspero a retrouvé dans les hiéroglyphes des termes de
transition entre les formes données par les textes des trois
grandes époques de la littérature égyptienne. On a cité cer-
tains mots comme de véritables archaïsmes, et au contraire
la XIXe dynastie est l’époque où fleurissent les néologismes
empruntés aux langues sémitiques.
On peut même dire que les exemples de variations dans
les vocables ne sont pas rares; mais je me demande s'il ne
faut pas en attribuer quelques-unes à l’influence du langage
spécial à la localité où le document a été rédigé plutôt qu’à
celle de sa date. Ainsi je me persuaderais volontiers que
c’est à une différence de dialecte qu’on doit la variante
J
(Lieblein, Di et. des noms, 354). Je me
DIALECTES KG V I’TI E NS
59
figure assez facilement que ceux qui écrivaient -p
n* * ‘AA Cà q I \ \ r 1
(Licblein, Dict., 515; cl. 539 et 013) pronon-
çaient ions5qi au lieu de cou3eq, lorsque relie orthographe est
adoptée pour plusieurs mots sur' le même monument, et que
d’ailleurs on est sûr (comme ici pour Senbtfi) que l’w n'esi
pas mis pour cadrer le groupe.
Pourquoi les uns écrivent-ils Jj AVWVN Jj ^ (Lieblein, Dirt.,
664), d’autres
r-y—i
□ X
I v cm (ibid., 547, 519, 1170)? les uns
□
r“J, d’autres "T X r f^E? les uns S fl
LJ A AAAAAA cU O lll Q H 1 R ^ -Jl AA/WVX CJ O
nome , d’autres Q 1 j
□
i I I i i~
_n 1 1 1
L’auteur du Voyage en Palestine et le poète Enna écrivent
r~V~l jQ , , T r~.r\ © C30 _
(Pap. Anast. I, 28, 7) ou ^ ^s> {Pap.
O
Sali. II, 4, 7) £uuj, tandis qu’Amenemapt, à la même
MAMA [ \\ ]
époque, orthographie Tïîïf % JViïf 0 iy*aw\uj (Pap.
Anast. III, 5, 11). Ne pourrait-on soupçonner qu’ils ne sont
pas nés dans la même province?
Le scribe du manuscrit des Maximes d’Ani a une ten-
dance remarquable à remplacer <=> par 11 écrit
(j lyit^oir, au lieu de
cm
'www nen, au lieu de
-A y\
ujep^OT « petit )> ,
nep, etc. C'est là une permutation
fréquente dans bien des textes. On peut y voir des doublets
d’un même mot; mais il pourrait bien se faire que cette
orthographe indiquât une prononciation locale. Qu'un
Romain lût sur un mur de Pompéi : Alma, vilumc/ue cano
Tlojae qui pli mus ab olis... il reconnaissait la main d'un
gamin de Campanie, descendant des Osques, comme nous
reconnaissons à cette même substitution de lettres le ma-
nuscrit d’un habitant du Delta (dialecte baschmourique).
La même cause n’a-t-elle pas produit l’allongement en
a*., u, k, etc., de bien des racines, et vice versai
Ne pourrait-elle pas aussi expliquer l’introduction acci-
60
DIALECTES ÉGYPTIENS
dentelle du dans la série des mots réunis par M. Chabas
( Voyage d’un Égyptien, p. 349) ?
Une table d’offrande à Éléphantine ( Denkmàler , III, 43 e)
écrit TK> tandis que partout ailleurs on écrit
TKp . N’est-ce pas une trace de ce dialecte d’Abou que l’ha-
bitant d’Atliou avait peine à comprendre?
Quand on rencontre w™ ‘É) pour ® Si) n’est-
AA/WXA JJ AAAAAA JJ
ce pas parce que le scribe, par habitude de prononciation
locale, déplaçait l’accent tonique de la première à la seconde
syllabe? (j ^ «an a fait cvm, puis ethw.
Enfin il faut considérer que le copte thébain n’emploie
pas toujours les mêmes mots que le copte memphitique
pour rendre les mêmes idées. Ainsi on trouve :
MEMPHITIQUE
THEBAIN
K(l)i
-e^fi
fermentum ;
c*a
ite'x
jacere, projicere ;
TOYie
lOJUL'X
ablactare;
KOVp
surdus, etc...
De même on trouve dans les Rituels des mots remplacés
dans d’autres exemplaires par leurs synonymes. Ne serait-
ce pas encore une fois que le scribe, rencontrant dans le
manuscrit qu’il copiait un mot peu usité dans sa localité, le
remplaçait par l’expression adoptée chez lui par l’usage?
Eh bien! je crois qu’en étudiant tout ces faits avec pru-
dence, il ne sera pas impossible de saisir en quoi différaient
entre eux dans l’antiquité les principaux dialectes de
l’Égypte.
M. Chabas, tout en reconnaissant « qu’il est extrêmement
vraisemblable que, dès les temps pharaoniques, la langue
égyptienne se divisait en dialectes plus ou moins tranchés »,
pensait que « jusqu’à présent, et assurément pour bien long-
temps encore, nous manquerons des moyens de constater la
DIALECTES EGYPTIENS
(il
véritable nature de ces différences ». Cependant, avec la
pénétration (pii le distingue dans tous scs travaux, il pose
nettement les conditions indispensables à ce genre de re-
cherches :
1° La possession d’un certain nombre de papyrus contem-
porains, — traitant des mêmes sujets ou au moins de sujets
analogues ;
2° La certitude que, parmi ces papyrus, il en est qui ont
été composés dans la Basse-Egypte et d'autres dans la
Haute-Egypte.
Or, c’est précisément dans ces conditions que je veux
entreprendre une courte étude sur les dialectes de Memphis
et de Thèbes, à une époque antérieure à notre ère.
Dans les premiers textes en écriture démotique, publiés
par M. Revillout, dans sa Nouvelle Chrestomatliie, il s’en
trouve : 1° dont les dates sont contemporaines; 2° la prove-
nance certaine.
L’un de ces actes est daté : « L’an 21, Phaménoth, des rois
Ptolémée et Cléopâtre, les enfants de Ptolémée et de Cléo-
pâtre les dieux Épiphanes, étant prêtre d’Alexandre, etc. »,
c’est-â-dire de Phaménoth de l’an 21 de Ptolémée Philo-
métor, ce qui correspond â avril 160 avant J.-C. C’est un
contrat par lequel un sâhou neter (en grec ip^vr.iyw.rs)
abandonne â sa sœur la propriété d’une maison sise « au
temple d’Anubis, sur le côté sud du dromos du temple
d’Anubis, le dieu grand ». Elle avait pour contins « â l’occi-
dent l’enceinte du sanctuaire d’Anubis, étant le boulevard
entre eux’ ».
(Revillout, Nouccllc Chrcstoniathic deinolique, p. 115 à 116).
62
DIALECTES ÉGYPTIENS
Voilà donc un acte fait, en 160, à Memphis. Il ne peut y
avoir de doute sur ce point.
Voici maintenant deux autres actes datés : « L an 23,
Choiach 29, du roi Ptolémée, fils de Ptolémée et d’Arsinoé,
les dieux Philopators, et sous le prêtre d’Alexandre, etc. »,
c’est-à-dire du 29 Choiach de l'an 23 d’Épiphane, ce qui
correspond au 2 février 182 avant notre ère. C’est un contrat
par lequel deux soeurs cèdent à un étranger « le tiers de
leur maison en ruine et le tiers de ce qui en dépend », le
tout situé « dans la région sud de Thèbes, au lieu nord de
l’avenue de Maut qui va au fleuve, en face du fleuve’ ».
Il ne peut y avoir aucun doute (pie cet acte ait été dressé
à Thèbes.
Nous avons donc, comme le demande avec beaucoup de
raison M. Chabas, deux actes : 1° contemporains : l’un de
l’année 160, l’autre de l’année 182; 2° d’une provenance on
ne peut plus certaine, l’un de Memphis, l’autre de Thèbes;
3° traitant absolument du même sujet, une vente de maison.
Si donc, dans ces actes, nous trouvons ou des mots écrits
sous des formes nettement différentes, ou l’emploi de mots
différents pour désigner une même chose, ou enfin des tour-
nures de phrases différentes, on ne pourra nier que même
dans les textes hiéroglyphiques on ne puisse saisir des dif-
férences de dialectes.
I. Différences d’orthographe. — On trouve les mots sui-
vants écrits :
DANS L’ACTE MEMPHITIQUE
DANS L’ACTE THÉHAIN
entre’ p’ 116’
, p. 72.
B
ctzd tk
□ ©
AAAAAA
/WWW „
AAAAAA \?
AAAAAA
AAAAAA
AAAAAA
(Revillout, loco citato , p. 71).
DIALECTES EGYPTIENS
Do
DANS L'ACTE MEMPHITIQUE
]] co udée, p . 1 14, 1 18 .
© nord, p. 114, 115, 118,
1 19.
1]^ 1^°^ complet, p.114.
^^ITT +iX4t xfeoc,
p. 114.
DANS L’ACTE Tll l.U A IN
))
(?)
compléter, p. 70, 71,
complet, p. 74.
fl-i1
raremenl ,
(dans d’autres
actes, passim).
il. Différences de terminaisons. — Dialecte mempiii-
tique. — Les exemples précédents, toutefois, sont du res-
sort de la paléographie plus que do la grammaire. Il faut
les considérer comme des habitudes graphiques qui diffé-
rencient l’écriture de Memphis de celle de Thèbes, mais
sans rien changera la langue. Ils constituent, si l’on veut, un
dialecte d’écriture, sans être un dialecte de langage. Il n’en
est pas de même pour les mots suivants :
MEMPHITIQUES
rue, p. 110.
drachme (0f70),
p. 117, 119.
(j (| 7 .il part, partager
(divers contrats).
TH LU Al N. S
n ,etMn LP’12'39’
40,49, 56,61,72, 83,92, 96.
® rvO et (1 S , p. 72
AVU
p. 70.
On peut voir là, à son origine, la tendance memphitique
à terminer en i les mots que le thébain termine en e : iipo.ni.
homo, nptojue. On doit surtout comparer a T <3
64
memphitique et
DIALECTES EGYPTIENS
I
thébain, les mots comme :
juLHmi signum
Êom malus
KepAM ciras, fuligo
Ktog^i vagina
Aô.'s.i latrina naois
jutô^em
iuoioit
Kcopjui fumus
Koei£
Ae.S'
et autres mots où le thébain ne prend aucune voyelle finale.
Dans le contrat memphitique se rencontrent encore quatre
autres mots en (j(j, qui n’ont pas leurs correspondants dans
l’acte thébain :
/WVAA I) [) I ï
^ ( lieu de repos' , p. 115,118;
en
i
et en
C7ZD
I
renversement, démolition d’une
maison, p. 116, 117;
i^(j( U mur, p. 118, 119.
Dans le contrat thébain, au contraire, ne se trouve aucun
éloigner, abandonner, qui
mot en t|(j, si ce n’est
est commun aux deux textes
III. Différence dans l’emploi des consonnes. — Dialecte
thébain. — Il n’est pas impossible de montrer dans les
contrats certains caractères propres au dialecte copte thé-
bain. Ils ne sont pas encore tranchés, mais ont en voit les
traces.
L’un des caractères les plus marqués du dialecte thébain
est l’adoucissement en o du ® ou ^ antique, qui reste £ en
memphitique.
AA/NAAA T— T /WWW
1-ct- ou-
maçonner ,
/vvwv\
et (1 /==c^=:ii reposer
<r! n ° ® VMV- r\ f)
meiller, être étendu (Pierret, Vocab., p. 266), d'où vient ^
qui ainsi peut signifier une chambre à coucher ou un lieu de repos en
général.
DIALECTES EGYPTIENS
65
Dans les contrats ptolémaïcjues thébains, il est facile de
démontrer que la langue n’a pas encore subi complètement
cette transformation; grand nombre de mots sont encore
écrits par (f, — ® ou par y' ~<\-
serment (en 199, p. 132; en 182, p. 77; en
150, p. 58; en 142, p. 85 ; en 127, p. 107; en 122, p. 101 ;
en 120, p. 159; en 119 (?), p. 154; en 113, p. 125).
'f1
-4-
1 SJ A/VWVY
p. 142, note).
Anch-chensou, nom d’homme (en 497,
Sànch, la propliétesso de Djêine (en 150,
ï;
p. 52, 58).
Xaito^pâTTQç, nom d’homme (en 117, p. 11).
connaître, savoir, pouvoir,
même sens (en 199,
p. 130; en 182, p. 75; en 176, p. 144; en 150, p. 50; en
122, p. 99; en 120, p. 62; en 117, p. 9 et 16; en 115 (?),
p. 153; en 113, p. 124).
A/W/WA rechercher une femme' (en 235, p. 1; en 201, p. 110);
— ® . , # . , , ,
Cl . /WWW Ct A/WA/W j\ poursuivre a ta chasse.
% cmi
^é», etc., le y et, la ÎOO” partie de 1’
(en
150, p. 48 et 55; en 142, p. 84; en 127, p. 105; en 119,
\>
meme sens.
p. 60 et 62); cf.
— —j ^ 1 — ‘ -*-*■ v
' J le dromos du temple (en 142, p. 82 ; en 122, p. 91 ;
en 117, p. 12).
sâ/ur^u;, nom de femme (p. 23, 113, etc. .
(M.), carpentarius, lignarius faber (en
113, p. 142).
1 . Prendre pour femme (M. Reviilout).
Bibl. égypt., t. xv.
DIALECTES ÉGYPTIENS
66
Y 9 _£al
ti
I
Ta-cheleh, nom de femme (en 122, p. 92).
'-J rue (dans presque tous les actes); cf. s5ip (M.),
(T.).
dédommagement (en 113, p. 124); cf. puj*.*.p (T.),
œstimare.
L 1 en bas (en 96, p. 23).
i
jardin (en 122, p. 89, 93, 94, 96 et 99).
c~ * 73 AAAAAA
AAAAAA
î 1 AAAAAA
ravin, canal, oiwpuü (en 182, p. 73; en 122,
p. 98).
(j(j mesurer' (en 113, p. 123); cf.
„.a
E J] . etc
S
P écarter (en 199, p. 131 ;
en 182, p. 75; en 141, p. 42; en 119, p. 62; en 176,
p. 144).
opposition (en 199, p. 132; en 182, p. 77; en 150,
p. 58; en 152, p. 85; en 127, p. 107; en 122, p. 101; en
120, p. 159; en 119 (?), p. 154; en 113, p. 125).
petit (en 182, p. 68, 69); cf.
P ffi | large (en 141, p. 37) ; ^ P ^ oirlo!3c (T. et M.).
<2^ TT AAAAAA
AAAAAA 2 foulon (en 141, p. 40; en 96, p. 26); cf.
I o ■ *> AAAAAA
pioge (T.), p*.;6j (M.).
règlement (en 117, p. 18).
1. Verser (M. Revillout).
2. Je ne sais pas le correspondant hiéroglypliique du signe démo-
tique, que je lis p à cause du copte.
d. Même observation.
DIALECTES EGYPTIENS
Les textes thébains d’ailleurs emploient le o dans certain?
mots, comme :
cepctop .
P CH son (en 113, p. 122), cf. cec
P | mouture l'en 113, p. 133), etc...
Par tous ces exemples, il est donc bien démontré qu'à
cette date, du milieu du IIIe siècle jusqu'au milieu du premier
avant notre ère, le dialecte tliébain n’est pas encore constitué
comme le dialecte tliébain dans le copte. Mais il convient
d’ajouter qu’il côté de tous ces mots, on en trouve quelques
autres où l'on saisit manifestement la tendance du passage
de la lettre forte (coptes) à la lettre plus douce vpn
(copte g).
Le contrat memphitique dit (p. 110) que l’acheteur
pourra :
bâtir,
\\
de ta
démolir, faire tout renversement
n rr
Le mot ^ — f] se retrouve dans nos actes thébains.
La maison dont il y est question est aussi désignée comme
une maison en ruines
la maison en
démolition.
Ainsi, en 182 et 160, c’est-à-dire tout à fait a la môme
époque, on prononçait : à Memphis, ^Sep^cop ou .éw p£ep, et
à Thèbes, ^ep^top ou giopgep, qui devinrent a I époque
romaine dans les hiéroglyphes monumentaux et plus lard
dans le COJJte ujepujmp T. et M., et ujiopujp T., lyepupop M.
1. Revillout, Nouvelle C/irestoimUhie rlcnioti'/ur. p. (il), 7d. 7 1.
DIALECTES ÉGYPTIENS
eoertere, eoersio. Mais on retrouve la différence antique
dans les deux dérivés <nopÉ T .frangere, et ^pefe M. dirutus,
desertus locus.
Un second exemple n’est pas moins concluant. Dans mon
étude sur la petite dynastie thébaine1, découverte par
M. Revillout dans les papyrus démotiques, j’ai démontré
que le véritable nom du roi | Vy7 J ne pouvait être
que f J hormeh, les signes y y étant ceux qui écrivent
les mots meh compléter, complet; meh payer, solder; mehtu
le Nord. Le roi national avait adopté pour la prononciation
de son nom la prononciation qui commençait à s’introduire
à Thèbes. Toutefois, j’ai remarqué qu’elle n’était pas encore
générale, puisque dans les actes de vente de février 182 le
nom d’un voisin de l’immeuble est écrit 2 :
tantôt <—^-U )
tantôt
Les Grecs de l'époque ont toujours écrit '’Apnaïç, suivant l’or-
thographe thébaine, et jamais " Appx-/_’î (voir les tables des
publications de papyrus grecs).
Enfin, je crois pouvoir citer encore un troisième exemple
de l’influence de la prononciation sur l’écriture des mots de
la langue antique. Parlant de la maison de Memphis, le
papyrus de Leyde dit qu’elle est située3 :
à l'ouest du mur du sanctuaire de TAnubeion.
1 . Le roi Horemhou et la dynastie thébaine, extrait des Mémoires
de I a Société des sciences d'Orléans , p. 7 et 31. [Voir plus loin.]
2. Revillout, Noueelle Chrestonwthio domotique, p. 72.
3. Revillout, N mu: clic Chreslomatliie démotique , p. 116.
DIALECTES ÉGYPTIENS GD
Mais un autre papyrus' rite une autre maison située :
^P
J
-WWNA !□>
1
à l'ouest du
□ CE
lu sanctuaire de l'Anoubeiun.
O
autre
& w
Il me semble que psebek n i-ia-nuter n’est pa
chose (jue l’ancienne dénomination égyptienne
^ q I 1 ^ , -ûi '-' I -ed ^ U
/WWV\ I j J t ( pie tous les égyptologues ont t racl u i t<‘
jusqu’ici par « le pylône du temple ». Or, ce mot paraît
s’être conservé en copte dans l’expression memphitique
d’coir^i rtT^tÇe ou ins.ro, ou uqroi et ^ccoo-voithc qui ont embar-
rassé les traductions et que je crois signifier : pars anterior
(quasi •fco-s-iren), capitis, capillorum, oculi. Le mot est du
genre féminin dans l'égyptien antique et masculin dans
notre texte démotique, mais Peyron fait remarquer que
co-s'^i est des deux genres. En résumé, n’avons-nous pas là
un mot intéressant pour l’étude des dialectes, qui se pré-
sente avec les trois formes de la gutturale?
PJ!1^
IA
I U~ y et Cü)OV£I .
IV. Différence de genres. — Il n’v
ce changement de genre du mot
rien d étonnant à
féminin et
z^> ^ masculin; car, indépendamment d’un grand
nombre de cas analogues que peuvent fournir les textes
hiéroglyphiques de diverses époques, le contexte même des
contrats que j’examine m’en offre un exemple. Il est dit que
la maison en question est séparée du Sérapéum par un
boulevard (p. 116) :
<=> □ m±I— i
étant le boulevard entre eux.
1. Papyrus du Louvre, n" 3268. — Ibid., p. 115, note.
70
DIALECTES ÉGYPTIENS
Ce même boulevard est également cité dans l’acte rap-
porté en note, p. 115, pour l’autre maison :
est le boulevard entre eux.
Au contraire, on voit qu’à Thèbes on désignait par le
même mot « l’esplanade, la terrasse », qui se trouvait sur
un bâtiment. Mais alors le mot changeait de genre. Un acte
de l’an 2 de Darius concerne des « maisons, oureh, et autres
biens appartenant au pastophore d’Amon-api du lieu occi-
dental de Thèbes ' » [) (j ° l=j==1 ^ ^ | © Q © . Dans
le corps de l’acte, on cite1 2 3 :
le jardin)?) et son pavillon qui (est) derrière lui et la
terrasse qui (est) au-dessus du pavillon.
Il est vrai qu’ici la modification du genre peut provenir
de la nuance de signification entre □ Md L _J « la pro-
° fl fl |
menade, le boulevard » qui passe devant l’Anoubeion et
'èx Trivï têbî « le promenoir, la terrasse » d’une maison.
C’estainsiqu’onditD Jfj(j^((lame3»et^|(|[jn jn (
« la ruelle 4 »; « la famille 5 6 » et « ton
arjent 6 ». La démonstration ne sera complète que si l’on
1. Revillout, Chrcstomathie dèmotique, p. 295.
2. Ibid., p. 297.
3. Ibid., p. 12, 25, 39, 40, etc.
4. Ibid., p. 61, 72, 83, 92, 96.
5. Ibid., 271.
6. Ibid., p. 277, 302, etc.
DIALECTES EGYPTIENS
71
trouve à Tlièbes une véritable promenade, avenue <>u bou-
levard désigné par le mot scisci ' .
Y. Mots différents pour rendre les mêmes idées . — l" La
filiation de la femme qui achète à Memphis est introduite
de la manière suivante :
Djimou fille(SATI) du divin ministre Pasi (p. 11L;
celle des venderesses de Tlièbes est énoncée comme il suit :
Tset-Thot l'aînée fille (SA) de Hermias (p. 68)
2° Le sexe des deux femmes est indiqué de la manière
suivante :
o ^ ^ I c£,Aie (p- iu)-
â £iAie Tceï'tKoT (v- 68);i-
n i
nuj*.iy*.; mais cela me paraît
1 . La démonstration serait faite si, dans l'acte de Tlièbes (texte cité
plu, tout), au lieu de ^ I I <( l’avenue de Maut »
(Revillout), on devait transcrire téf U Q | () q et \ voir
... ... n
l'équivalent de
douteux.
2. Même différence dans l'énonciation de la filiation des prêtresses
(p. 113, 114, et p. 68). Le memphite a conservé la différence entre
ftls et fille; le thébain a supprimé le d=>. Jusqu’à nouvelle
_Lr _Lr .
démonstration, je vois dans la sigle thobaine une variante de la sigle
memphitique.
3. Je suppose la lecture hime, comme dans l'ancien égyptien, parce
que le copte thébain a gardé le pluriel ^icuue.
72
DIALECTES ÉGYPTIENS
3° Le surnom 2tov/,p, du premier des Ptolémées, est tra-
duit :
j j ^ j ffij j NA NETERU NT RK GABU, (( les
dieux qui écartent la défaillance » (Memphis, p. 113), et
Ptlums NT
(T -ikm
p Sutr, « Ptolémée Sôter », mot à mot : « qui le Sôter »
(Tlièbes, p. 67)’.
4° Pour marquer l’orientation, on dit :
L_ 1 ë 1 (?) (la maison et dépendances)
« du côté Nord de l’Avenue de Maut » (Thèbes, p. 71).
%
(la maison, etc.) « du côté Sud du
dromos » (Memphis, p. 114).
VI. Idiotismes. — Enfin, si nous prenons toutes les for-
mules des deux actes, nous y reconnaîtrons l’emploi do
mots et de tournures de phrases toutes différentes.
Première remarque. — Le memphitique se sert du verbe
<=> où le thébain emploie le verbe
p nuj^ujd. 0.TTTOT1 2 — « Étant le boulevard entre eux »
(Memphis, p. 116).
nnep (?) ^oTTTToir — « Étant la ruelle de maison
entre eux » (Thèbes, p. 72).
n^ip coTTen ô.otttot — (( Étant la rue du roi entre
eux » (T., p. 72).
1 . M. Revillout a de son côté signalé cette différence.
2. En me servant des caractères coptes, je n’ai pas l’intention de
créer aucune assimilation entre l’égyptien ptolémaïque et le copte. Je
m’en sers, comme les assyriologues se servent de l’alphabet hébraïque,
uniquement pour la rapidité de l’impression. J’ai soin seulement de
mettre entre parenthèses les mots en discussion.
DIALECTES EGYPTIENS
73
Deuxième remarque. — Mais ce qui dilïérencie sur tout
les deux actes, c est 1 emploi des pronoms régimes.
Les deux dialectes construisent encore, comme dans l'an-
cien égyptien, le pronom avec la seule préposition -www après
les verbes A a et
(■ /www \
I J ot! — « Tu as fait a moi (tu m’as
fait) un écrit de cession» (M., p. 115).
(/WW\A /V ww\ x
■o>- ) juTeA o*.-r — <( Nous T’avons
I I I V ^ J
fait un écrit pour argent » (T., p. 73).
(/WWW /WW/V\ v
<2=- ) — « L’écrit
I I I ’
pour argent que nous T’avons fait » (T., p. 7b et 77).
/ AAAAAA \
ncs5*.i oiri p^pT m ^ ^ J — o L’écrit de cession que
tu M’as fait» (M., p. 120).
(/VWW\ X
1 — « Que nous te le fassions ga-
rantir » (T., p. 76).
A-OTI 5000 — « Je te donnerai
5000 pièces d’argent » (M., p. 117).
A /WWW X
A o /www I ) — « Nous te l’avons don-
née » (T., p. 73, acte pour argent).
Mais les deux dialectes emploient surtout les supports
pronominaux; seulement, ils ne paraissent pas user des
mêmes locutions. Le thébain emploie des supports variés :
ln); le memphitique ne se sert que
de
I 7X
&
> / @
T-ovne ovippoK ( A 0 /WWW
tir ^ nnitô.0.
« Nous
T’avons donné cession de ton 1 3 de maison » (T., p. G9 .
1. Je lis le démotique
la stèle Metternich, etc.
I^Zl
(inncun
, en général, comme sur
74
DIALECTES ÉGYPTIENS
P&PT
de ta maison » (M., p. 114).
— <( Je te donne cession
De même, pour exprimer la direction :
nirr ô.oirqs ppoK
©
j juLTeÉq p*.m — <( Celui qui
viendra a toi à cause d’elle en mon nom » (T., p. 75).
nitT ô.oTqj popT ^ (j jultéot pô.ïti — « Celui qui
viendra a toi à cause d’eux en mon nom » (M., p. 116).
, AAA/V\A H Ç T> fr) Cq] j \
n*.ns5 rrrcep^c xic*.k ^ n — * — ^ ^ )
i i i û 0
— (( Le serment qu’ils te feront (qu’ils feront après
toi) » (T., p. 77).
De même aussi pour marquer l’éloignement :
ê.ois'ne -^OTiq -xipoK ^
A û
I ! I
)
0
— « Nous l’éloignerons de toi » (T., p. 75).
*OTTT XXC*,J ptovi p^pT ( (j(j ^5^ ^
a Tu m’as forcé de les écarter de toi » (M., p. 118).
riTi ’fovi ne cô.ot p^noT p^pT | ^ ^ xxov — (( Que je
fasse éloigner les hommes susnommés de toi pour ces
lieux » (M., p. 117).
6.oime ulot^tot *.pciÆ xi q éoAck ^ j — « C est 110US
seuls qui l’écarterons de toi » (T., p. 75).
Enfin, je signalerai quelques idiotismes propres au thé-
bain, sans correspondants dans le memphitique :
XXpOK CO TT
(
itk r ntt*,*. itT^pg^p
« Â toi cela, ton tiers de
[pour
/ D \
nK o ivmn ■xrrpq rrr^p noir J
la maison en ruines et ton tiers de tout ce qui en dépend,
comme il est dit plus haut, celui-la » (T., p. 74).
DIALECTES EGYPTIENS
Le memphitique, dans la même formule, il i t simple-
ment :
Airr ^ Td.OTpeo, •r*.Ai*..‘6p nrop « A toi la
maison, la cour, le grenier ci-dessus » (M., p. 116)’.
Le nom de l’objet, à propos duquel l’acte est fait, se
construit en memphitique avec la préposition (j ^ acre ; en
thébain, avec l'une des prépositions ««« ou :
.... pa.pT m c.s$*.i o-s'i a.oTo-s' ^ (| j j — « Les biens que
tu as fait à moi écrit de cession avec eux », c’est-à-dire « les
biens pour lesquels tu m’as fait écrit de cession» (M.,
p. 115).
a.OT*.p ne nen c^a.i xiTefi £*.t ne v (A~WVVP, , ,) “
« La maison que nous avons fait à toi écrit pour argent sur
elle 73 », c’est-à-dire « la maison pour le tiers de laquelle
nous t’avons fait écrit pour argent » (T., p. 73).
nc^*.i AiTefe £&.t &oT*.pnenK pc*.q ^ ■è1 i ^ — « L’écrit pour
argent que nous t’avons fait sur elle » (T., p. 76).
Troisième remarque. — Les deux actes ont une manière
différente d’exprimer la liaison des phrases, tous deux se
servent du relatif , mais le memphitique emploie plus
ordinairement <=> et le thébain (J^ (cf. Première re-
marque).
pd.pT ^ <s>- j m cs5*.i otti d.oTOT — « Les biens que tu m as
fait écrit de cession sur eux », c’est-à-dire « les biens sur
1. Je lis simplement après , derrière, le mot dont M. Rcvil-
lout fait un verbe dont il n’a du reste jamais donné la transcription, et
je comprends : « Tu es (ou : tu seras) derrière moi, tu me poursuivras
(sens très usité en égyptien), tu as contre moi une action juridique. »
76
DIALECTES ÉGYPTIENS
lesquels tu m’as fait écrit de cession » (M., p. 115).
&OTT XlC^I p d-OTI | (j(j ) P^pT AA.OV (( Tu aS
action contre moi pour que je les éloigne de toi » (M.,p. 118;
cf. sans liaison deux phrases, p. 120).
nc;6d.i otti p^pT ^ j ^onpo-s- m it prui k*. — « L’écrit de
cession que tu m’as fait faire en l’an 21 » (M., p. 120).
C6à.i ULTefl £*.T (( Les
es.o'S'ô.pitertK
AAAAAA /WWW
III
)
biens dont nous t’avons fait écrit pour argent » (T., p. 73).
c;6*.i itefc. p*.pov / i j poq c;6ô.i itefi pd.po'me poq
(C — T> | AAAAAA < — ■> | \ ' -<3Z>- I /
) — (( Tout écrit qu’on a fait sur lui et tout
Æ> I I I I /
écrit qu’on nous a fait sur lui » (T., p. 76, c. 1).
ncsS*.i uiTeiû. £ô.t *.OTS"*.ptie I
C AAA/VSA \ \
(C AAAAAA \ \ I -i I I I I /
, , j neq^*,ri — « L’écrit pour argent que nous t’avons
fait sur elle, dont nous avons fait le droit » (T., p. 76, c. 2).
)
riK poq, p*.pne
nc;6ô.i iiT<? p &.OT*.p!ie«eK
AAAAAA AAAAAA
I I ’
)
« L’écrit
ci-dessus que nous t’avons fait » (T., p. 77).
En résumé, soit dans les habitudes orthographiques des
scribes de Memphis et de Thèbes, soit dans leur phonétique
(finales en i et changement de & en $>), soit peut-être dans
la variation du genre de certains mots, soit dans les parti-
cularités d’emploi de quelques mots et de certains idio-
tismes (lexicologie et syntaxe), il est manifeste qu’il y a,
dans la langue des deux contrats, des différences appré-
ciables et nombreuses. Je n’ai pas la prétention de croire
toutes mes observations absolument inattaquables. On ne
fonde pas des règles sur les particularités de deux textes
seulement. Pour dire mon dernier mot sur la question que
je soulève, j’attendrai que M. Revillout ait publié la fin de
sa Nouvelle Chrestomathie démotique. Alors, étudiant un
ensemble respectable de documents, je pourrai en tirer des
DIALECTES EGYPTIENS
/ é
conclusions non moins assurées que celles que M. Natalis de
Wailly et G. Raynaud ont établies pour les dialectes de
Lorraine et d Artois, d après les chartes de Joinville, (h* la
ville d’Aire ou du Ponthieu. Mais je pense, dès à présent,
que j’ai rencontré dans ces deux seuls textes une quantité
de faits philologiques et grammaticaux qui ne permettent
pas de nier l’existence de deux dialectes, a Tlièbes et a
Memphis, dès le temps des Ptolémées.
II
DÉCRETS DE CANOPE ET DE MEMPHIS1
L’an IX de son règne, Evergète Ier réunissait les prêtres
de tous les temples de l’Égypte en un concile tenu à
Pekouta (xàvto-oî).
L’an IX de son règne, Épiphane réunissait de même un
concile à Mennofer (Mlpcpu).
Évergète Ier était maître de toute l'Égypte; Épiphane,
devenu roi à l’âge de cinq ans, à peu près dépouillé de ses
états par l’invasion de son oncle Antiochus, roi de Syrie,
par la révolte du reste de l’Égypte et l’intronisation de rois
dans les principales villes d’Égypte, Épiphane venait de
reconquérir une partie de son royaume. La prise de Lyco-
polis et la soumission de plusieurs dynastes l’avaient rendu
maître de toute la Basse-Egypte, mais la Haute-Égypte et
Tlièbes, notamment, avec son roi Aonchis Anchtou), échap-
paient encore à son autorité.
Les deux décrets ont donc été rendus dans la Basse-
Égypte; et, si pour celui de Canope on réunit des prêtres
1 . Le décret d’Évergète Ier a été rendu à Canope et trouvé à San ou
Tanis; le décret d'Épiphane a été rendu à Memphis et découvert à
Rosette. Il faut donc dire : « Décrets de Canope et de Memphis », et :
« Pierres ou Inscriptions de San et de Rosette ».
78
DIALECTES ÉGYPTIENS
de tous les temples de l’Égypte1, il ne peut évidemment en
être de même pour le décret de Memphis, Lien que la for-
mule du texte n’ait subi aucun changement2. Les temples
de l’Égypte supérieure, soumis aux rois indigènes, ne purent
envoyer à Memphis des députés rendre un décret en l’hon-
neur du roi grec.
Or, l’Égypte, au moyen âge, parlait trois dialectes, le
sahidique, le memphitique et le bachmourique à Thèbes,
à Memphis et dans le Delta. De plus, j’ai montré par les
contrats démotiques qu’on peut, dès l’époque des Ptolémées,
distinguer au moins deux de ces dialectes, selon que les
actes sont passés à Thèbes ou à Memphis. Ne peut-on se
demander en quel dialecte ont été rédigés les deux décrets
de Canope et de Memphis? Puisque tous deux ont été rendus
dans des assemblées tenues dans l’Egypte inférieure, puisque
les prêtres de la Thébaïde ne purent même participer à la
rédaction du second, il paraît a priori bien présumable
qu’on ne dut pas adopter le dialecte thébain, mais celui de
Memphis.
Je vais essayer de voir si l’étude du texte ne confirmerait
pas la théorie nouvelle que je viens de développer à propos
des deux contrats ptolémaïques, et ne nous fournirait pas
quelques autres renseignements sur l'existence du dialecte
memphitique déjà signalée dans les contrats.
1. « Les grands prêtres, les prophètes et les prêtres qui entrent (07,
dans le sanctuaire pour faire la vestiture des dieux, et les hiéro-
grammates et les autres prêtres qui étaient venus des (in n) temples
d'Égypte, le 5 dios, où l’on célèbre la naissance du roi, et le 25 du
même mois, anniversaire de son intronisation, etc. » (Décret de Canope,
édition Revillout, C/irestomathic dèmotir/uc, p. 126.)
2. « Les grands prêtres, les prophètes et les prêtres qui entrent
dans le sanctuaire pour faire la vestiture des dieux, et les ptérophores,
et les hiérogrammates et les autres prêtres qui sont venus (in n) des
temples de l’Égypte à Memphis pour faire la panégyrie de la prise de
la puissance suprême, etc. » (Décret de Memphis, édition Revillout,
Chrestomathie dèmotiquc, p. 7.)
DIALECTES ÉGYPTIENS
79
I. — La paléographie du texte des décrets, ou au moins
celle du décret de Canope, les rapprocherait de celle du
contrat memplutique. Ainsi, sur seize mots contenant un n,
quatorze l'écrivent par , au lieu du tracé thébain de
cette époque •
II. — On ne peut lire le décret de Canope sans être frappé
de la quantité de mots terminés en i qu’on y rencontre, ce
qui est un des caractères du dialecte memphitiquc. Ce
sont :
e^pni
temple ', p. 127, 129, 131, 134, 138 (3 fois), 140, 11(1
(2 fois), 148, 159, 160 2 fois), 161 2 fois), 163, 164
(2 fois), 165, 166 (3 fois , 175, 176;
< jrand 2, p. 128, 138, 147 (3 fois);
ewpAi
diadème, p. 163, 169, 179;
KCAII
l'Êgi/pte, p. 127, 129, 130, 132, 133, 135. 137, 138,
140, 147, 148, 153, 158, 159, 163, 165;
K!
autre, p. 132, 134, 137, 139, 140, 147, 168, 172, 174;
est écrit par deux grands (j(j et non par \\;
HI
forme et manière, raison d'être, p. 139, 145, 171 ;
A.ovqKp.npi
enroulé, p. 170;
HA>K€JL1AJ
P' 172’ 173 ;
IC
voici que (IJ 1 as), p. 175 ;
JUtOTI
pensée, p. 134;
JUtI
île, p . 135 ;
*TJULTI
rétablir ', p. 156;
1. Je répète qu’en me servant de l'alphabet copte, ,je n’entends pas
assimiler l'égyptien au copte.
2. <>c=^1 au singulier masculin, 149.
3. Dans plusieurs de ces mots, j’ai considéré 1 1 1 1 p M. Maspero
a fait de même dans son essai de transcription du texte du roman de
Setni. Ici même j’en trouverais la justification. Le mot qui signifie
temple est le plus ordinairement écrit
□
I
lier qu’au pluriel, mais aussi quelquefois
tant au singu-
(p. 159, d'a-
DIALECTES ÉGYPTIENS
80
aa£tj milieu, p. 169;
juli tio-s- quon donne, p. 175;
iui ces, p. 161, 172;
ni ce, p. 140;
■nie sa, p. 161, 164, 165; il semble difficile qu’ici II soit
(j ^ et non (j(j;
pem image (statue), p. 169, 171;
*comi préparatifs, p. 130;
ces5eiti l' événement , ce qui arrive , arriver, p. 133, 141, 150,
152, 154, 156, 157, 158;
*cjui£ti forme, p. 150;
c£ivr*,i barque, p. 160;
tô.1 ce (f.), p. 158, 170;
les caractères, p. 170;
T£Ê£iu périple , p. 164, 165 (2 fois), 171;
#4,oTorr£iu suppliant, p. 158;
(?) T£m transporter, p. 150;
t£cj élévation, p. 136; à côté de *,o-aqTec élevé ;
oui éloigner, p. 131, 134;
qj porter, p. 139, 173 ;
près la correction de M. Brugsch et de M. Revillout; cf. Clircslomathic
dèmotique, note). 11 en est de même pour le verbe ce^£ni.
« il arriverait, s’il arrivait », èàv 8è xai
« pour qu’il n’arrive pas », /.ai [j.r,
« ce qui était arrivé »,
iruiaêatvr, (p. 150) ;
irup-êaivr) (p. 152);
§
i a \\
xa0a7T£p TrpÔTspdv te cnjjAëéêï)y.£v (p. 154);
« il arriva », <t-jvéoy] (p. 157) ;
$
« sur ce qui arrivait tout
à coup », ètù tw aup-êEë'/iy.ÔTi eù0Éü>ç (p. 158).
J'ai marqué d'un astérisque les mots écrits par | | , ces deux traits
pouvant aussi être interprétés (j
DIALECTES ÉGYPTIENS
SI
*igeviy*.oirj
#iits5i (?)
n*>;6erixpi
;6oiri
*n*.;6o'S'i
ngi
gefu
gC-DLI
gOÊCI
ils exaltent , p. 160;
à cause de, pour, p. 133, 134, le troisième (J en liga-
ture avec la finale (?) ;
les malheurs , p. 133;
consacrés, p. 129;
les autels, p. 161 ;
en quantité, p. 129, 130. 134, 136, 140, 164;
dépenses, p. 130; ITI
ligature avec t=^=>
deuil, p. 158;
femme, p. 159, 170, 172, 173 ;
habillement, p. 167.
i, le troisième (1 formant
Ce même caractère n’est pas moins frappant dans le texte
de Rosette; on y trouve ;
*.pi
*.*.j
evi
«wÀoAi
flXKI
fupi
KCJULI 1
JULKCTI
ûeiti
nert^i
urceus, p. 1, 46 (2 fois) ;
temple , p. 8. 11, 12, 17, 18, 23, 31 (2 fois), 34, 35, 37,
38, 39, 40 (5 fois), 50. 51, 52 (2 fois). 57 (3 fois);
puissance, p. 12, 30, 55, et ^ [|(| °
p. 14 et 38, avec ligature des trois derniers signes;
grand, p. 27 ;
vigne, p. 15 et 32 ;
pierre , p. 57 ;
l’Égypte, p. 41 ;
vaisseau , p. 22 ;
l’Égypte, p. 1, 2, 8, 10, 12, 21, 22
*0, oo,
comme
s
j, p. 3 (2 fois), écrit aussi
a J ü
p. 26, antique \
victoire, p. 6, 37, 42;
naos, p. 36;
.#h
1 . Dans l’inscription de Rosette, je lis ce nom
(p. 1 et 2) et £_ — ijKJj/j (P- etc.), le dernier!
la sigle finale arrondie.
Bibl. égypt., t. xv.
Ci
formant avec
©
6
82
DIALECTES ÉGYPTIENS
Kl
autre, p. 8, 13, 33, 35, 38, 41, 52, 54 ;
Kl
manière d'être , etc-, p, 19, 20, 35, 36, 37, 54;
JULCTI
occuper, p. 28;
jmeiti
bâtisse, p. 36 (2 fois) ;
A1Ô.I
à neuf , p. 36 (2 fois), 37 ;
jueri
milieu , p. 47, 48 (2 fois), 49;
Sldtl
ces choses, p. 23, 37, 51;
*n^iu
beau, p. 2, 4, 5, 53, 54, 55, 56 (2 fois) ;
O VI
laisser, céder, exempter , p. 13, 14 (2 fois),
31, 33 ;
17, 18,
::ov Teni
libation , p. 53 ;
nie
son, p. 24 (2 fois), 28, 31, 32, 50;
COÉ.TI
préparatifs , p. 24 ;
ce;éi
abattre , p. 28, 30 ;
cej6eiu
survenu , p. 33 \ fortune, p. 39;
centn
vigueur, p. 37 ;
*COVÏtI
connu , p. 56 ;
TCKI
jardin, p. 16 ;
UJCTI
exiger, p. 32 ;
q«
porter, p. 6 (2 fois) ;
;6ÀJ
inférieur , p. 3, 49;
s5oti
sacré, p. 33 ;
*£i
dépenser, p. 11, 22, 26; écrit ra(|(| w > le deuxième
[1 formant ligature avec ... p cf. ci-dessus ;
Itgl
en quantité, p. 10, 11 (3 fois), 14, 19, 22, 24,
27, 31, 33, 35;
25, 26,
$>CTI
impôt, p. 12 ;
pi
dur, p. 57 ;
xt'sj
ennemi, p. 2.
Il est à remarquer que nombre de ces mots ont un
qu’ils n’avaient pas dans l’ancienne langue.
III. — Si le texte des décrets est mempkitique, tous les
mots antiques doivent conserver le ©, sans tendance à
l’adoucir en ^ ou ra. C’est ce qui arrive en effet. Dans le
décret de Canope, je rencontre les mots suivants, qui sont
DIALECTES EGYPTIENS
83
absolument semblables à ceux de la langue des monuments
des siècles précédents :
DÉCRET DE CANOPE ÉCRITURES ANCIENNES
r^i © /ÿ © '
AAAAAA £2* I I /WVAAA élh
AAAAAA
• °Wa
i
I
I
bienfait, employé douze
fois;
accomplir, iy*.u, p. 128;
honneurs, consécra t io n ,
p. 129;
statue, imar/e, p. 130,
166, 168, 173 ;
combat, combattre,
p. 131;
P
aaaaaa 1
Vs
77
SJ
f
©
arriver, fortune , événe-
ment, p. 123, etc. V.
supra ;
misérable , lyoïie, infir-
mitas, p. 133 ;
chaleur, p. 134, 162 ;
f
©
I
vie, toivi, p. 135 ;
Phénicie, p. 135;
-.à àyvsta, p. 145;
savoir, p. 156;
tout à coup, p. 157, 158;
lorsque, p. 160 ;
autel, p 161 ;
opoaoî. p. 161 ;
I
84 DIALECTES ÉGYPTIENS
DÉCRET DE CANOPE ÉCRITURES ANCIENNES
I |1 | épi , p. 169, 173 ;
£ J\ premier, igopn, p. 173 ;
nourriture, p. 175, 2 fois.
1
□ :
□
zs
1 1 1
De même, au décret de Memphis :
î-**
XJ
f'
f
et
il, n
AAAAA 1
O
jeune homme, p . 1 ;
vie , p. 2 et 4 ;
savoir, p. 26;
consacrer , p. 33 ;
survenir, événement,
p. 34 et 39 ;
l\xj
ÎW
autel, p. 36;
r\ AAAAAA c\
h.ê
statue, p. 43 ;
n ® T)
1 AAAAAA 1 /n
xxÇr
le schent, p. 49;
1 ^ lü\
y
M'Ii
S \\
inférieur, p. 49 ;
P a
(lj^
renverser, p. 28.
IV. — Ainsi,
d’une part, les
deux textes couse
comme le dialecte memphitique, l’usage de s5; et.
d’autre part, aucun des mots en |n]<||> employés ne pro-
vient d’un mot antique en ©, comme le démontre le relevé
suivant :
DIALECTES ÉGYPTIENS
85
ÉCRITURE
DÉM0T1QUB
ORTHOGRAPHE
HIÉROGLYPHIQUE
punir (Memphis, p. 30).
Cf. § 't Ia1»”-
/\ aa/w^ U CI161
jusque (M., 30 et 32;
Canope, 142).
3
remplir (M., 42; C., 150
et 156).
»
S
bœufs (M., 33).
plus que (M., 33).
u\
i i i
droit (M., 35).
raj^.
deuil (C., 158).
cf. " Q miroir
AAAAAA 1 X
apparent (M. 42), o-yumg,
manifestare.
t*;:
xôdfAo; M., 43, 52).
même
racine
ô’irXwv TtapâÔsaiç (M., 23).
~sf
occuper, *ajLe.gi(C., 160).
fl
reine (C., 168).
femme (C., 172).
cœur (M., 2, 11, etc. ;
C., 133, 137, 162).
U
!)L,
impôt (M., 12).
f^
chevaux (M., 22 et 26).
ritti
détenir, emprisonner
(M., 14).
XJ
\> 1
coin , angle (M., 48).
86
DIALECTES ÉGYPTIENS
V. — - Quant aux particularités de syntaxe, remarquées
dans les contrats démotiques, elles ne se présentent plus
dans les deux décrets de la même manière :
1° Le nom de Sôter n’est ni traduit, comme dans le
/wwv> cqcqcq s*. | n |
contrat de Memphis, par ^ | | | (q\ | SJ j « les
dieux qui écartent la défaillance », ni transcrit, comme dans
le contrat de Thèbes, par
AAAAAA cqcqc] |
111 !
AAAAAA AAAAAA
Jr
mais par
ra
les dieux qui sauvent » (M.,
p. 40), expressions qu’on rencontre aussi dans les textes
thébains.
2° L’usage des supports pronominaux n’y est pas réglé
absolument comme dans les contrats que nous avons exa-
minés, et l’on ne saurait rattacher sur ce point les décrets à
l’un des contrats plutôt qu’à l’autre.
a) L’inscription de Tanis unit presque toujours le pronom
au verbe par la préposition :
à lui : « qu’un phylarque soit à elle » (à la 5e classe
de prêtres, p. 146); « qu’on fasse être à lui » (p. 169); « qu’on
lui dise » (p. 169).
w)j'AA à elle : « il lui dit » (p. 163); « qu’on lui fait » (p. 164);
« qu’on produise à elle » (p. 166).
AAAAAA
j à eux : « leur ont donné » (p. 136) ; « qu’ils leur fas-
sent » (p. 137 et 171); « qu’on leur dise» (p. 139 et 140);
« qu’ils leur fassent être » (p. 140), « leur ont fait » (p. 147).
b) On emploie quelquefois ^4^ *.jul : « lui rendant hon-
neur » (p. 168).
c ) Il est plus curieux de trouver l’emploi de
(mot à mot : sur leur échine) dans les phrases : « qu’ils gra-
vent le nom du roi sur eux (sur leurs bagues), qu’ils y gra-
vent le nom du roi » (p. 140); « établi sur elles » (p. 152; il
s’agit de saisons ou de la manière de régler l’année).
De même, au texte de Rosette, on trouve :
a) à lui : « lui donna » (p. 3 et 37); « qu’ils lui
DIALECTES EGYPTIENS
8'
disent » (p. 41); « lui faisant » (p. 41); « on lui lit » (p. 47
et 50).
b) cl e^e •’ <l qu’ils t,u fassent » (p. 43); « qu'ils lui
disent » (p. 54).
c) <=> j àeux' , sur eux, etc. : « il leur céda, il /esexempta »
^ (j [j ! (p. 13, 14, 33); « veiller sur ein » (p. 27);
« ceux qui firent impiété contre eux ».
Le rédacteur du décret de Memphis parait avoir plus de
tendance à varier les prépositions que celui des actes no-
tariés :
b) 0 ! en eux, leur : « il leur supprima » (p. 12).
c) sxl* ! : « qui leur appartiennent » (p. lfi).
d) [ L ! : « les faire rester pour eux » (p. 16); « en sorte que
leurs biens soient pour eux » (p. 21).
c) • (l sa bienveillance envers eux » (p. 45).
Mais, de plus, le rédacteur place divers supports avant
les pronoms :
f) /j\ : « la puissance royale établie pour lui » (p. 38).
g) ! ; « établir pour (ou devant) elles l'ornement »
(p. 43)"
A,^X! : «les anneaux qu’ils portent sur eu ./• »
(p. 55, à leurs doigts et non sur leur dos).
i) S! employé même devant un nom :
! : « que cela soit accordé aux hommes »
(en la main des hommes, p. 55).
1. Peut-être faut-il lire /www ! (comme dans le texte de Tanis). il \
a bien /, mais / et — paraissent s’échanger dans les mêmes formules.
Si / doit se lire < — > p et non /www n . cela établirait une d i H< ■!-< • n ■ •
entre Tanis et Rosette,
88
DIALECTES ÉGYPTIENS
Conclusion. — Les deux décrets de Canope et de Mem-
phis ayant été rendus dans la Basse-Egypte, il y avait lieu
de penser a priori que, si le dialecte mempkitique existait
alors, c’était en ce dialecte que les décrets devaient être
écrits. L’étude du texte confirme en effet cette présomption :
sans parler de la syntaxe, qui n’offre peut-être pas de règles
concluantes, la paléographie, la présence du a, celle du £
sans dérivation d’un © antique, la fréquence de la finale
rattachent la langue de ces deux précieux documents, d’une
part au dialecte du contrat de Memphis que nous avons
trouvé différent de celui du contrat thébain, et d’autre
part au dialecte mçmphi tique usité dans les textes coptes.
Différences entre les deux décrets. — On peut main-
tenant se demander si les deux rédacteurs ont bien exacte-
ment employé le même dialecte. Or, l’identité, comme on
va le voir, est loin d’être absolue.
1° Ainsi, les scribes n’ont pas tout à fait la même méthode
d’écriture. Chacun d’eux a ses habitudes particulières dans
l’emploi de certains signes homophones. Par exemple, le
scribe de Tanis emploie la lettre y/ , □, n, qui est inconnue
au scribe de Rosette. On la trouve dans quatorze mots,
dont quelques-uns sont répétés plusieurs fois. Le scribe de
Rosette, en ces cas, ne se sert jamais que de , dont le
scribe de Tanis n’use que dans la ligature qui écrit le mot
lepov, employé 25 fois sans variante d’ortho-
statue (C., p. 169 et 171); le
□
graphe, et le mot
□
nom de l’Egypte est écrit
if U' I 1 I
© dans Rosette, sans la barre supérieure;
dans Tanis, et ? i
O
« en tout temps » (p. 129) de Tanis
textes hiéroglyphiques) est écrit
^>D j vüv te xa:. s’.; xôv eTteita ^pôvov (p. 45);
O
ou des
dans Rosette : □
ra
oi
(1
i
MT
/WWV\ V I I
DIALECTES ÉGYPTIENS
89
« la chose établie, la coutume » stO'.a-.jLévov (Tunis, p. 162)
devient ^ -à slOiTuiv* (Rosette, p. 19), etc.
Cela ne touche pas au dialecte.
2° Mais ce qui commence a être plus remarquable, sans
être encore décisif, il est vrai, c’est que le rédacteur du
décret de Memphis emploie des mots que celui du décret
de Canope ignore pour rendre la mémo idée. L’idée de « .se
préoccuper de » est rendue dans l’inscription de Tunis par
à ^ JtTtî O’-i tcxvxoç tco loüvca; (p. 129),
JtîtT icpotTxâvxe<; -/-t.oe^ovÎ/.w; (p. 133), ^ ^ [| ^
(p. 134) icpovoTj0évxeç, tandis que l’inscription de Rosette la
=> TCpoç çûXaxc (p. 29) ou
« faire tout soin pour »
traduit par le mot j
A/V\
par l’expression J
(p. 19 et 22).
3° Bien plus, une même racine peut prendre une forme
différente dans les deux textes : Canope écrit
i, préparatifs, ^opriyMP- 130) , et Memphis jljj
COIXTI,
CO&TI, yo^rf.oL (p. 214).
4° Ensuite, il y a deux points plus importants à signaler :
a) Dans le texte de Canope, on écrit
„ , / „00 , , ©
Beo! (p. 128, etc.),
l EuepY^*’-
AAAAAA Ci I
bienfait, EÛspfsxoO/xEî (p. 128),
IWW» o I V -
eùsp-fscêa (p. 136); dans Memphis on écrit j (P- 2, 6,
11, etc.).
b) Dans Canope, on écrit ^ axôXiafjco; (p. 126); —
AAAAAA l W 1
ii ii ni ii^ ^
dans Memphis, on écrit 1 (p. 7).
,WWVN
c) De même, Memphis écrit — — ° g=> , l’égyptien antique
•U=Ü
« fort, force » (p. 37).
i \x~j
d) De même □ 7 -Ji (p. 39 et 41) pour
cm
© □ ,
, - W n •
I W I t>_==ü
1. Stèle de Bachtan, etc., etc.
90
DIALECTES ÉGYPTIENS
e)
éventail (p. 9) pour ^ [|(| J ^ ^ 1 .
On voit par ces cinq exemples que le rédacteur du texte
de Rosette a une tendance à changer © *5 en nn ty dans
certains mots. Or, on sait que le dialecte memphitique
introduit volontiers la chuintante où le sahidique garde
les gutturales, les aspirées ou la sifflante.
Il ne faut pas non plus négliger une autre permutation :
dans les deux décrets, le verbe (pii signifie prendre est
ordinairement écrit ^ (M., p. 8, 30, 47, 50, 51) —
= L^pJ , ign'2; mais dans le texte de Rosette on trouve la
variante dans la phrase : « Il ordonna de ne point
prendre d’homme par force » (p. 18).
5° Enfin le même mot n’a pas toujours le même genre
dans les deux textes ; celui de Tanis dit :
« la vie », sto-TTjp'a (p. 135);
le texte de Rosette, au contraire, fait ce mot du genre
masculin :
□ O ■?■ © « la vie », xôv jffôv (p. 2).
La formule 'Ayaefi est traduite dans le décret de
Canope :
et dans celui de Memphis :
(p. 38).
L’un des rédacteurs semble faire les noms abstraits du
genre féminin, l’autre du genre masculin3.
1. Champollion, Monuments, t. III, p. 219, etc.
2. Voir Brugsch, Zeitschrift, t. II. p. 43.
3. On trouve ces mêmes différences, pour plusieurs mots, dans des
textes hiéroglyphiques anciens,
DIALECTES ÉGYPTIENS 91
Ainsi, bien que les deux textes appartiennent au dialecte
memphitique, il y aurait entre eux des différences remar-
quables, notamment des différences dans le genre des mots,
et surtout le changement du © en i~n— i dans le texte de
Rosette. Peut-être en conclurait-on légitimement que le
rédacteur du décret de Canope appartenait par son langage
à l’Égypte inférieure, et que celui du décret de Memphis
écrivait la langue parlée à Memphis même.
Je répète, en terminant, que je n’ai pas l’intention d’éta-
blir du premier abord des règles absolues sur quelques
points de détail. Mais, en face de la théorie généralement
admise que toutes les variantes que l’on rencontre sont le
produit de la modification de la langue par le temps, j’ai
cru nécessaire de faire des réserves et de poser la thèse, nou-
velle en égyptologie (en dehors du copte), que certaines va-
riantes tiennent à l'influence locale, ou, en d’autres termes,
constituent des dialectes. Dans toutes les langues qui ont
une histoire, ces deux causes, le temps et le lieu, agissent
concurremment, pourquoi n’en serait-il pas de même en
égyptien? Je reviendrai probablement sur cette question;
mais je n’en invite pas moins mes savants confrères à l’exa-
miner et à relever soigneusement les faits qu’on doit rap-
porter à l’une ou à l’autre cause.
Orléans, décembre 1880.
LES MOTS
y o^i
ET f J
« DROITE » ET « GAUCHE » 1 2 3 4
Ce mémoire sur Ammon5 me donne l’occasion de fournir
un renseignement sur une question débattue dernièrement,
je veux parler de la révision de la valeur du groupe
\\ ,
r
^ faite par M. Chabas 1 et que les lecteurs de la Revue
connaissent par la lettre de M. de Horrack''.
Une des formes d’ Ammon est celle d’Ammon ithyphal-
lique On sait que d'après les habitudes du dessin hiéra-
tique les personnages se présentent la tête de profil et le
buste de face, mais on reconnaît, par les colliers, etc., que
la poitrine, et non le dos, est mise du côté du spectateur. Il
en résulte que, dans la représentation d’Ammon ithyphal-
lique, c’est certainement le ôras gauche qui soutient le
1. Note inédite, destinée à la Revue archéologique.
2. Le mémoire sur le grand-prêtre d’Ammon (voir ci-après).
3. Chabas, Les Inscriptions des mines d’or , 1862, dans les Mémoires
do la Société d’histoire et d’archéologie de Chalon-sur-Saône , t. IV,
p. 470-472 (= Bibliothèque èggptologique , t. X, p. 226-230); Lettre à
M. le D r R. Lepsius sur les mots égyptiens désignant la droite et la
gauche, dans la Zeitschrift für àgyptische Sprache, 1865, p. 9.
4. De Horrack, Lettre à propos d’un mot égyptien signifiant la
gauche, dans la Reçue archéologique, 1862, t. II, p. 368-369.
94
LES MOTS ET f J ^
fouet. Or, dans la panégyrie de Médinet-Habou, cette re-
présentation est accompagnée de la légende :
*/U-F HeR QÂHU-F A BT
que M. de Rougé (Stèle égyptienne) a traduit : « Son fouet
est sur son bras droit. »
La disposition de la ligure indique qu’il faut traduire :
« Son fouet est sur son bras gauche. »
Ce qui me parait une preuve sans réplique de l’équiva-
lence chez les Égyptiens de Y orient et de la gauche.
11
HISTOIRE
MONUMENTS DES VIIP-X" DYNASTIES1
En lisant le catalogue des fouilles d’Abvdos, un fait frappe
immédiatement : trois dynasties seulement de l’Ancien-
Empire paraissent avoir régné sur cette ville, et leurs con-
temporains seuls y ont été enterrés, savoir : la VIe, la XIIe
et la XIII0 que Mariette ne peut distinguer de la XIVe, à
laquelle il attribue cependant les monuments de jfj°] ^ |
ceux qui en rappellent le style.
De là ressortirait une conséquence importante, la contem-
poranéité des VIIe et VIIIe dynasties memphites, ainsi que
des IXe et Xe dynasties héracléopolitaines, soit avec la
VIe dynastie memphite, soit avec la XIIe dynastie thébaine.
Mais cette conclusion serait fausse, car il est établi que
les rois de la VIe dynastie, comme ceux de la XIIe, ont régné
sur toute l’Égypte. Leurs monuments sont répandus depuis
Assouan jusqu’au Sinaï.
Alors la VIIIe dynastie memphite (je ne compte pas la
VII0 qui ne règne que 70 jours) n’est que la continuation de
la VIe, également memphite.
Comment donc cette VIIIe dynastie n’est-elle pas repré-
sentée à Abydos? Je pense qu’il est impossible qu’il en soit
ainsi. Une dynastie qui a duré 146 ans a dû laisser des traces
à Abydos. Si Mariette n’en fait pas mention, c’est que cette
considération lui a échappé, et dès lors il a mêlé les monu-
1. Extrait du Recueil de Tracaux , 1892, t. XII, p. 48-53.
Bibl. BGYPT., T. XV.
7
98
MONUMENTS DES VIIIe-Xe DYNASTIES
ments de la VIIIe à ceux de la VIe, de la XIIe et même des
XIIIe-XIVe.
Le malheur est que nous ne connaissons pas la VIIIe dy-
nastie, les extraits de Manéthon n’ayant pas donné le nom
de ses rois, ni ceux non plus de la IXe, de la Xe, de la XIe,
de sorte que, si l’on rencontre des noms étrangers à la VIe
et à la XIIe, on ne sait dans quelle dynastie intermédiaire
les placer. Aussi a-t-on essayé plus d’un système pour
ranger dans les dynasties le nombre assez grand de ces rois.
Au milieu de ces hypothèses, il n’y a peut-être que deux
points certains : c’est que le roi Ouàh-ân x. ANTEF tprè-
cède de deux ou trois règnes Amenemhàt Ier, roi de
la XIIe dynastie, d’après la stèle de Leyde, mise en lumière
par M. de Rougé; secondement, la table de Séti Ier et celle
de Ramsès II nous donnent indubitablement l’une de ces
dynasties intermédiaires. Sans vouloir ici débrouiller cette
chronologie, il me suffira de rechercher si, dans la masse
des monuments recueillis par Mariette, il ne s’en trouverait
pas quelques-uns qu’on puisse rapporter à cette époque. On
ne doit pas s’attendre à en trouver beaucoup. Des dynasties
memphites ou héracléopolitaines (surtout si elles n’ont
régné que sur une partie de l’Egypte, ce qui est fort pos-
sible) ne doivent avoir laissé que peu de traces à Abydos.
Mais ces rois portent des noms si rares sur les monuments,
que la réunion de plusieurs d’entre eux sur une stèle peut
engager à l’attribuer à leur temps.
M. Lieblein, de Christiania, qui est un esprit observateur
et qui se plaît aux questions difficiles de la chronologie, a
essayé ce genre de recherches ', mais je ne suis pas sûr qu’il
ait réussi, et il me sera permis de faire une objection à l’une
de ses attributions. Je veux parler de la présence du nom de
1 1 — UjijO sur la stèle de Londres1 2. Ce nom, à lui seul, ne
1 . Recherches sur la Chronuloyie èyyptienne, p. 48.
2- Lieblein, Dictionnaire des nains, p. 79.
MONUMENTS DES VIII°-Xe DYNASTIES 99
scmble-t-il pas repousser cette stèle jusqu’à la dynastie que
Mariette appelait la XI Vü? Quant aux deux autres, l'attri-
bution n’en parait pas certaine à M. Lieblein; de sorte que,
de son propre aveu, la découverte des monuments de la
VIII0 dynastie ou des suivantes reste hypothétique.
I. — Sur la stèle, on trouve la généalogie suivante :
_û©
m i
On sait qu'il était d’habitude chez les Égyptiens de donner
à un enfant le nom de son grand-père Au contraire, il est
excessivement rare qu’un fils porte le nom de son père. On
peut, si l’on veut, au moyen du Dictionnaire des noms de
M. Lieblein, vérifier le fait sur les cent généalogies nos 301
à 400, qui correspondent à l’époque que nous étudions, on
n’en trouvera que deux exemples (n° 384 deux Mentouhotep,
n" 398 deux Sebek-sa); mais, au contraire, on aime à rap-
peler son nom dans celui de ses enfants. Ainsi, une femme
nommée ^ ^ aura pour lus /wwv, — — o j et pour
r1^ , o à D,e , r1^
petits-nls aaaaaa ^ /wwv\ ^ et
O I
□
; une dame
©
pour petits-fils
a pour 1
nr\ AAAAA
I J
o,
I
I /www
/VWW\
/wvw\
r_J
et
(Lieblein, 397
et 388) : on en pourrait citer des exemples dans de très nom-
breuses familles.
J’en arrive à penser que, au moins dans un certain nombre
de cas, quand le père et le fils portent le même nom, il y
en a une raison, celle-ci par exemple : le père et le fils sont
nés sous des rois portant le même nom. Ainsi ° J, le chef
des chanceliers, sera né sous un roi ColtÊÊê]. et aura eu,
sous un roi du même nom, un fils auquel, en sa qualité de
100
MONUMENTS DES VIIIe-Xe DYNASTIES
chef des chanceliers et de ^j. ijj « suivant du roi », il aura
encore donné le nom de ~ ^ ^ ; de sorte que, par excep-
tion, le père et le fils ont porté le même nom.
Or, cette circonstance s’est présentée deux fois, savoir :
pour les deux premiers rois de la Xe (?), l’un J LlJ» l’autre
('q^LJ ; et pour le Xe et le XIe J U ° (jfj l'j'l et
("o J U ~“a 0^, et elle ne se retrouve nulle autre part.
Malheureusement, les quelques noms qui accompagnent
ceux des deux Rânefer ne permettent pas de préciser à quel
règne ils appartiennent; mais il reste probable que cette
stèle est un monument des VIIIe-Xe dynasties.
Elle a pour caractères : 1° 0m44 de hauteur sur 30 de large;
2° le sommet cintré ; 3° le personnage principal peint en
rouge ; 4° les deux chacals dans le cintre; 5° le défunt (assis?)
reçoit l’offrande de son fils: de même au second tableau un
« chef du palais du pharaon (lier pir n Perâa) » reçoit l’hom-
mage de deux autres fonctionnaires; 6° aux noms des rois
des VIIIe-Xe dynasties, nous ajouterons comme usités alors
(je ne dis pas exclusivement) ceux de
l’fi
0
o
et a — °
ÏJJ
Notons encore cette circonstance historique que l’un des
personnages figurés au second tableau est « grand prêtre de
Sebek Sedi ( [IJj ) », ce qui tend à prouver
les relations du Fayoum avec la Haute-Égypte (puisqu’un
de ses habitants vint se faire enterrer à Abydos) et par suite
peut-être la domination d’une de nos dynasties sur toute
l’Egypte. En tout cas, cela confirmerait l’attribution de la
stèle à une famille de la Basse-Égypte.
II. — Une autre stèle que Mariette a placée au premier
règne de la XI1° dynastie (n° 588) nous fait connaître un
autre oj qui est Z | et un second oj qui est
MONUMENTS DES VIIIe-Xe DYNASTIES
101
, que stèle nous présente en deux pros-
cynèmes affrontés.
« La stèle est rectangulaire, entourée d’un linteau et de
deux montants en relief. »
Les autres noms appartiennent bien à la durée de l’Ancien
et du Moyen-Empire.
Après les remarques qui précèdent sur la précédente
stèle, on peut provisoirement placer celle-ci dans les dynas-
ties intermédiaires.
III. — Le nom de
oïï □
qui rappelle celui du roi
ne se voit que dans une stèle d’Abydos
qu’il est difficile de classer. Mariette l’a placée au règne
d’Amenemhàt Ier et d’Ousertsen Ier, parmi « une trentaine
de stèles qu’on reconnaît au premier coup d’œil comme le
produit du même art, de la même époque et de la même
main. Le grain de la pierre est dans toutes identique, les
hiéroglyphes ont la même finesse, les personnages y sont
toujours élancés et maigres. »
Or, on peut admettre que ces stèles ayant été confection-
nées à Abydos, on a pu y employer la même pierre, même
quand elles n’appartiendraient pas absolument au même
règne; qu’appartenant à la même époque ou au moins à des
époques voisines, elles doivent offrir les caractères du môme
art. Si, par exemple, la VIIIe dynastie et la XIIe avaient été
contemporaines quelque temps, l’une à Memphis, l’autre à
Thèbes, les stèles érigées par des personnages memphites à
Abydos ne devraient pas différer de celles consacrées par
des défunts de Thèbes ou d’Abydos.
Bien plus, m’emparant de l’observation de Mariette, je
vais dire qu’une stèle qui porte des noms de la VIIIe (?) et
des noms de la XIIe prouve la contemporanéité des deux
dynasties. La XIIe dynastie a régné à un certain moment
1 . N° 44 de la table de Séti I".
102
MONUMENTS DES VIIIe-Xe DYNASTIES
sur toute l’Égypte : je le concède; mais il y aura aussi des
règnes pendant lesquels elle a été contemporaine de la VIIIe.
C’est précisément ce que tendrait à prouver la nomenclature
de la stèle d’Abydos n° 567. En effet, on y voit plusieurs
noms
s et ^5^ C*u^ sont mais il
I » (WVVV\ — * — « ' ■ - ■ ■
en est d’autres qui nous reportent aux époques antérieures.
La mère du défunt est (
c’est-à-dire que
son nom rappelle l’un des premiers rois de la IVe dynastie’
et nous fait présumer une famille memphitique. Le défunt
lui-même est ^ (j(j O, dont le nom rappelle le roi
de la VIe dynastie. Quatre <e=cinn
(j portent ainsi le
AAAAAA II 1 /WWW -fy f\
nom1 2 d’une reine de la VIe dynastie. Les deux ©x\(l ou
©(jfj^ rappellent le nom de Xua, père de la femme du
roi Pepi-Râmeri, mère des rois Rà-mer-n et Râ-nofer-ka
(n° 523). Enfin, les deux
et surtout
g, fils d’An,
appartiennent soit à la VIIIe, soit à la Xe dynastie (Canon
de Turin et Table d’Abydos).
Le nom de
clue Lieblein regarde comme
caractéristique des dynasties que nous cherchons, se trouve
avec trois Antouf, un Ousertsen, deux Râ-s-hotep-ab et
Meri-hor, sur la stèle n° 738.
De même pour la stèle 758.
De sorte que, si la X1' dynastie et la XIe sont contempo-
raines, comme le veut M. Lieblein3 4; s’il est prouvé par
M. de Rougé’ que la XIIe dynastie succède immédiatement
à la XIe, il n’en est pas moins vrai aussi que nous lui trou-
1. Cf. une stèle (n° 762) que Mariette place à la XII” dynastie, qui
est au nom du
flb de
2. Usité sous la XII”, nos 646 (Amenemhât II), 720, 728.
3. Lieblein, Chronologie.
4. De Rougé, Reçue archéologique, décembre 1849.
• n <300- f
nier ptr uer Sen-ânx et du sutcn vey ' I tous deux
MONUMENTS DES VIIIe-Xe DYNASTIES
103
vons une connexité marquée avec les dynasties précédentes.
Je ne prétends pas résoudre les difficultés du classement
de ces dynasties : il faudrait pour cela des documents plus
clairs que la stèle 567. Mais je l’ai discutée et signalée ici
comme un des éléments importants de la solution de la
question.
IV. — S’il est un nom qui semble dépaysé au milieu des
stèles de la XIIIe dynastie, c’est assurément celui de (j(j
qu’on est habitué à rencontrer sous la VIe dynastie et sous
la XIIe seulement. Aussi M. Lieblein, à la recherche des
monuments de la VIIIe dynastie, en a-t-il fait un des noms
typiques de cette dynastie, l’une des plus inconnues de
l’histoire d’Egypte. Ce nom seul, bien entendu, ne suifit
pas pour attribuer un monument à cette VIIIe dynastie; il
faut s’appuyer sur quelque autre preuve; c’est ce que nous
allons essayer.
Une « stèle funéraire de dix lignes horizontales mal gra-
vées » (Mariette, A b y do. s, n° 987) est au nom de
lils de
chose que les cartouches
Or, ces deux noms qu’est-ce autre
WSMQ]
de
rois connus par la table de Séti Ier et de Ramsès et par le
fragment 47 du Papyrus royal? — Notons que cette stèle
est en grès rougeâtre, ce qui est une anomalie parmi les
stèles de la XIIIe dynastie, (pii sont toutes en calcaire. Elle
mesure 27 centimètres sur 18.
fl
né de
V. — La stèle n° 1000 est au nom de
/VWV'A O / <? ? Ci
Elle offre plusieurs particularités remar-
J J û
q ua blés.
ci) « Stèle en cette forme \J, rien au sommet. » C’est la
seule stèle du catalogue de cette forme.
b) « Quatre lignes horizontales de texte suivies de deux
tableaux superposés. » On y rencontre des signes hiératiques
mêlés aux hiéroglyphes (comme sur bien d’autres stèles).
104
MONUMENTS DES VIIle-Xe DYNASTIES
Les lignes horizontales débutent par un
© -m- /W'A'VV 5 -n in;
* Æ » mi?
i“î>
oîo’etc-
c) « Au premier tableau, le défunt et la femme (j jj
( pour n n ) reçoivent les offrandes qu’apportent le père
(du défunt)
et sa femme
Le tableau du re-
gistre inférieur montre un (j-<g>-(j et sa femme de-
bout, recevant l’hommage de leur fille -0 [X de leur fille
TT^et d’une autre femme dont le nom est illisible. »
On remarquera cette circonstance fort rare d’un père et
d’une mère rendant hommage à leur fils.
VI. — Le nu 1011 est une « Stèle funéraire. Style très
grossier. Les hiéroglyphes sont à peine grattés et semblent
avoir été tracés avec une pointe aiguë. Le défunt s’appelle
(j(j, les autres noms ne peuvent être lus avec certitude. »
— Calcaire.
VII. — Je ne veux pas détailler toutes les stèles où se
rencontre le nom de (j(J (comme le n° 733); il ne me
reste à signaler comme la plus intéressante que la stèle 749,
sur laquelle figure un ^ 1 1 J , nom fort rare, et qui est
celui d’un des rois de cette époque sur la liste d’Abydos.
Je ne puis aussi que renvoyer aux recherches de M. Mas-
pero dans les nécropoles memphites1, où il a rencontré des
tombeaux d’une construction particulière, qu’il n’est pas
invraisemblable d’attribuer aux dynasties intermédiaires
entre l’Ancien et le Moyen-Empire.
M. Schiaparelli, de son côté, dans son beau Catalogue du
Musée de Floi'ence, a décrit certains monuments qu’il
attribue aussi à cette époque. Il s’appuie sur des considéra-
tions de style dont on ne peut juger qu’en face des stèles
1. Trois Années de fouilles, dans les Mémoires de la Mission au
Caire, t. I.
MONUMENTS DES VIIIe-Xe DYNASTIES
105
elles-mêmes. Mais je ne puis m’empêcher de dire qu’il ren-
voie à la XIe dynastie le monument qu’on peut donner avec
le plus de probabilité aux temps antérieurs.
C’est une statuette d’un caractère tout à fait spécial :
« Elle représente le défunt ^ assis sur un siège très
singulier, à haut dossier. Les bras sont adhérents aux flancs
et les mains sur le bord de sa shenti, blanc et plissé à plis
fins et réguliers; sa taille est serrée dans une ceinture de
couleur jaune; les cheveux un peu courts et réunis en petites
boucles : au cou, il porte un collier qui paraît formé de
pièces de verre. Le reste du corps est nu et coloré en rouge
foncé, tel qu’on représente la carnation des hommes de l’An-
cien-Empire. Les yeux sont gros et paraissent sortir de leur
orbite, comme ceux d’un homme en fureur. Les muscles
de la poitrine sont très développés, les pieds proportionnés :
tous les traits en général très anguleux, mais pleins de
vigueur. Cette statue n’a de conventionnel que la pose et
révèle en celui qui l’a sculptée un artiste peu habile, mais
imitateur soigneux de la nature. L'inscription, horriblement
gravée et peinte en rouge, couvre le côté postérieur du
siège et se poursuit sur le côté droit :
<25-
O
£5^? U
/wvw\ S W'P
WJJ
/WW\A
« Don de royale offrande à Osiris, seigneur
d’Abydos. Qu’il accorde le per-khrou au double de Thoti,
fils d’Anou. Par son frère1 Snibef qui fait vivre son nom. »
— Calcaire peint, h. 0m22.
Deux choses frappent dans ce petit monument : son ca-
ractère artistique et les noms des personnages.
La rudesse du travail, unie à sa liberté dans l’oubli des
formes conventionnelles, le placerait bien à une époque
1. Le X/ est tracé en écriture hiératique. M. Schiaparelli l’a lu,
Sj AAAAAA
à tort, selon moi, et traduit « Per parte del suo nipote Senbef ».
106
MONUMENTS DES VIIIe-Xe DYNASTIES
telle que nous nous figurons l'intervalle qui sépare la VIe dy-
nastie de la XIIe, période de division de l’Egypte partagée
probablement entre plusieurs dynasties rivales (la VIIIe à
Memphis, la IXe et la Xe à Héracléopolis), sans compter
les princes féodaux, plus ou moins indépendants, comme les
de Thèbes du nom d’Antouf et de Mentouhotep, ori-
gine de la XIe dynastie : tous les égyptologues ont constaté
à cette époque une éclipse de l’art des premières dynasties,
suivie de tentatives qui préparent la renaissance sous la
XII° dynastie. Aussi, M. Schiaparelli attribue-t-il la sta-
tuette du Musée à la XIe-XIIe dynastie. Je la regarde
comme un monument des dynasties intermédiaires entre la
VIe et la XIe.
Un deuxième indice de cette attribution se tire du nom
A Ce nom ne se trouve ni au Catalogue d'Abydos
de Mariette, ni au Dictionnaire des noms de M. Lieblein.
Je ne le connais que par un seul monument, et c’est préci-
sément le nom du roi l’un des derniers de
la Xe (?) dynastie sur la table de Séti Ier.
A cette statue, il conviendra probablement de joindre
celle de LJ
. r\ AAAAA
P J
« Il est debout, dans une attitude
conventionnelle, appuyé à un pilastre, la jambe gauche en
avant, les bras collés le long du côté. Non moins conven-
tionnelle est la manière dont le corps est traité, excepté le
visage qui se distingue par les lèvres grosses enflées, par
le menton rond et les joues charnues et proéminentes. Il est
vêtu d’une shenti blanche et plissée, serrée aux côtés par
une petite ceinture. Par l’arrangement des cheveux et la
couleur de la carnation, cette statue se rapproche de celle
de Thoti' ».
Peut-être même, faut-il encore ajouter à ce groupe une
1. Schiaparelli, Cataloçjo, p. 191.
MONUMENTS DES VIIIe-X® DYNASTIES
107
troisième statuette, celle de (Florence, 1787,
Schiaparelli, Cata/ogo , n° 1500), quoique d’un meilleur style.
De sorte qu’on peut dire que si nous ne voyons pas en-
core les YIII°-Xe dynasties d’une manière certaine, nous les
entrevoyons déjà dans d’assez nombreux monuments. Les
observations de plusieurs savants et mes propres remarques,
que je soumets à leur critique, les ont multipliés. Une dé-
couverte heureuse viendra lever tous les doutes et changer
quelques hypothèses en réalités.
DE L’ÉLECTION ET DE LA DURÉE
DES
PONCTIONS DU GRAND PRÊTRE D’AMMON
A THÈBES*
La traduction des inscriptions de la statue funéraire de
Bak-en-Khensou conservée dans le Glyptothèque de Mu-
nich, que M. Devéria a donnée dans un des derniers numéros
de la Revue*, nous a révélé de la manière la plus certaine
l’organisation du haut sacerdoce dans le temple d’Ammon
à Tlièbes. On sent facilement l’importance de cette décou-
verte. Le temple d’Ammon était l’un des centres les plus
célèbres de la religion égyptienne. Thèbes, comme Abydos
et Héliopolis, était le siège d’une école théologique et phi-
losophique dont les doctrines ont laissé partout des traces
sur les monuments et dans les papyrus. Il n’est donc pas
indifférent de connaître le corps chargé de conserver la
science et de diriger l’administration dans un temple
célèbre par son enseignement, puissant par ses richesses,
pourvu d’un personnel nombreux de prêtres et de fonction-
naires de toute espèce, dont, à certaine époque, les souve-
rains pontifes purent renverser la dynastie régnante et
s'emparer du trône.
1. Extrait de la Reçue archéologique, 1863, nouvelle série, t. VII,
p. 44-61.
2. [Reçue archéologique, 1862, nouvelle série, t. VI, p. 101-104, et
Mémoires de l’Institut èggptien, 1862, t. I, p 701-754. Voir Biblio-
thèque èggptologique, t. IV, p. 269-273 et 275-324.]
110
de l’élection et de la durée
Toutefois, je n’essayerai pas de donner en ce moment un
tableau de cette vaste organisation, mais seulement d’éclaircir
une question qui pourrait donner lieu à controverse. Je
veux parler de la nature ou mieux encore de la durée des
fonctions du grand prêtre d’Ammon. Comment parvenait-
on à cette charge? Était-elle viagère ou était-elle d’une
durée limitée? Parait-il d’après les monuments que les
conditions d’obtention aient changé à diverses époques?
A ne consulter que la statue funéraire de Bak-en-Ixhensou,
il semble bien que l’on arrivait au sacerdoce suprême dans
le temple d’Ammon en passant par des grades inférieurs
qui pouvaient ainsi conduire au sommet de la hiérarchie
pontificale. Je résume ici brièvement le cursus honorum de
Bak-en-Ixhensou .
Bak-en-Ixhensou était « intendant de l’administration
A/WVXA AAAAAA
du roi»(jn|p $ ^ , lorsqu’il fut nommé :
A l’àge de 16 ans « purificateur » j ûeb; il le fut 4 ans;
A l’âge de 20 ans « divin père » c t| _ neter atej'; il le
fut 12 ans;
A l’âge de 32 ans « 3e prophète » ^ 111 neter-ken 3 ; il le
fut 15 ans ;
A l’âge de 47 ans « 2e prophète » c neter-hen ne ni ; il
le fut 12 ans ;
A l’âge de 59 ans « 1er prophète » c || neter-hen api ; il
le fut 27 ans.
Ce dernier titre, qui est celui du sacerdoce suprême dans
le temple d’Ammon à Thèbes, s’écrit en entier sur la statue
de Bak-en-Ixhensou :
11
Neter-hen
1 AfWVSA
Amen
Proplieta priinus Ammonis,
DES FONCTIONS DU GRAND PRÊTRE d'aMMON 111
et sur les murailles du temple de Khôns bâti par les grands
prêtres d’Ammon :
1 ®
fi
1 <3
AAAAM
| <W\MA
1 Q
1 □
1Q 1
t ml
■tien api n
Amcn-Râ
sûten neteru
Propheta primus Ammonis-Solis, regis deorum.
Les formules employées dans cette inscription ne me
laissent aucunement douter que les fonctions du sacerdoce
au commencement de la XIXe dynastie (Bak-en-Kkensou
vivait sous Séti Ier et Ramsès 11) étaient perpétuelles dans le
temple d’Ammon à Tlièbes.
En second lieu, il faut remarquer de quelle manière Bak-
en-Khensou parvint a chacun de ces emplois. Pour le pre-
mier, il dit : « J’étais préposé à l’administration du roi. »
Ad-A m lier ah(û) n s-yeper n sûten (3e colonne). Pour
les suivants, il se sert de la formule : « Je suis devenu. . . »
ari-A âeb1 n Amen (ibid.). Ce qui n’indique pas par quelle
autorité se faisait l’avancement. Mais, pour la charge de
grand prêtre, Bak-en-Kkensou dit positivement : « II (le
» roi) me récompensa, il me connut pour mon mérite, il
» me fit premier prophète d’Ammon. Hesi-f Û-A; sàû-J'
» û- A lier baà-A ; tà-f û-A er neter-hen api n Amen. »
C’était donc le roi qui, sous la XIXe dynastie tout au moins,
choisissait le grand prêtre d’Ammon, et je 11e vois pas de
1 . Dans les textes hiéroglyphiques, ce mot s’écrit presque toujours
par un signe syllabique seul ou accompagné du complément phoné-
tique ^JJ. M. Devéria (v. Reçue arc/icoloijique, t. VI, p. 1U1) transcrit
AB d’après une variante d'un texte démotique. Cependant, j’ai trouvé
sur la momie de la dame Tà-bak-en-Kheusou, au Musée de Turin, la
variante \ ’jj dans la phrase ùny. ba-A , UcB xù-A, « mon âme est
vivante, pur est mon corps ». De plus, le copte transcrit le mot égyp-
tien par 0-y0.fi pur, oimfi prêtre. Ces deux motifs me portent à adopter
la transcription UeB.
112
de l'élection et de la durée
raisons de penser qu’il ne nommait pas aux autres grades.
Maintenant, ces deux conditions de perpétuité du sacer-
doce et d’élection royale ont-elles été changées postérieure-
ment à la mort de Bak-en-Khensou ? Oui, s’il faut en croire
l’appréciation que M. Brugsch, conservateur au Musée
égyptien de Berlin, a faite d’un monument qu’il a reproduit
et analysé dans un ouvrage récemment publié’. Il s’agit
d’une inscription malheureusement fort incomplète de la
muraille de la grande salle du temple de Khensou, à Thèbes.
Tous les commencements des lignes manquent et fort sou-
vent aussi leur fin, de sorte qu’il est impossible d’en donner
une traduction suivie. Ce texte, dit M. Brugsch, « se rap-
porte à l’histoire d’un des rois de la XXe dynastie et à celle
du grand prêtre d’Ammon, Herhor (Phrihor), premier
régent de la XXIe dynastie. Ce qu’on trouve se rapporte
aux élections renouvelées de Herhor, comme grand prêtre
d’Ammon, à Thèbes, avec l’assentiment de l’oracle du dieu
Khensou, et à l’exploitation des carrières de Khennou (Sil—
silis) pour la construction de quelque édifice ». De sorte
que, s’il est vrai que Bak-en-Khensou fut appelé par les rois
puissants de la XIXe dynastie à remplir des fonctions per-
pétuelles, il faudrait bien croire que, à la faveur des cir-
constances politiques, ces mêmes fonctions seraient, à une
certaine époque, devenues électives, de viagères qu’elles
étaient. Ce serait là un fait bien digne de remarque.
Assurément, si l’on doit s’attendre à rencontrer un sacer-
doce perpétuel, c’est à Thèbes dans le temple d’Ammon,
sous la XXe dynastie. Les membres d’une même famille
occupent de père en fils, pendant plusieurs générations, le
sacerdoce suprême de « premier prophète d’Ammon-Râ,
roi des dieux ». A la fin même, l’un d’eux, Herhor, paraît
s’être emparé du pouvoir royal, qu’il put transmettre à ses
descendants avec le grand pontificat. Eh bien, c’est de ce
1. Recueil de monuments égyptiens , 1862, in-4°.
DES FONCTIONS DU GRAND PRÊTRE D'AMMON
113
Ilerhor si puissant que les monuments nous révéleraient les
« élections réitérées », selon M. Brugsch. Une notion aussi
importante, si elle était bien établie, ne saurait être admise
dans la science que sur preuves bien formelles. Aussi veux-
je m’arrêter à commenter la même inscription, car je crois
pouvoir nier le résultat auquel est arrivé M. Brugsch.
J’accorde bien que l’idée d’un sacerdoce de durée limitée
dans le temple d’Anunon n’a rien en soi d’inadmissible. On
rencontre en effet plusieurs fois chez les Egyptiens des
fonctions sacerdotales électives. Ainsi, je trouve1 2 un oer-
cz X
sonnage qui se dit ân neter-ha-t, neter-hen nem (JJ),
neter-hen Har-pe-yredi n neter-hen III Anhûr, c’est-
à-dire « grammate du temple, second prophète, prophète
d’Harpocrate dans la ville de , troisième prophète
d’Anhour, etc. » Il faut bien imaginer que ce personnage,
après avoir été plusieurs fois élu dans le temple d’Harpo-
crate* et avoir achevé le temps de ses fonctions, se fit
nommer ou élire dans le temple d’Anhour, car il me parait
difficile d’admettre qu’il pût servir à la fois dans plusieurs
temples. Toutefois, si l’annuité ou durée limitée des fonc-
tions ne ressort pas d’une manière évidente de l’exemple
précédent, il n’en est plus de même des suivants. Cliam-
pollion-Figeac a prouvé surabondamment, d’après l’inscrip-
tion de Rosette comparée avec les protocoles de deux
contrats en écriture démotique des ans IV et VII du règne de
Ptolémée Épiphane3, que le sacerdoce du prêtre d’Alexandre
et des dieux Ptolémées ses successeurs était annuel, ainsi
que celui de plusieurs prêtresses de princesses de leur
famille. Je ne puis mieux faire que de renvoyer aux déve-
1. Musée du Louvre, C 112.
2. On peut remarquer ici, dans le temple d’Harpocrate, une organi-
sation analogue à celle du temple d’Ammon à Thèbes.
3. Notice sur deux papr/rus èqi/pticns en écriture dèrno tique (extrait
du Journal asiatique , 1823).
Bibl. égypt., t. xv.
8
114
de l’élection et de la durée
loppements que ce savant a donnés. Mais j’ajouterai que les
Ptolémées en cela ne faisaient que suivre l'usage consacré
par les Pharaons, car je trouve1 2 qu’un grand personnage de
la XVIIIe dynastie, Amenhetep, surnommé Hepû, de la
famille des sûten-sa api héréditaires de Souvan, fut, sui-
vant les inscriptions de son tombeau, « prêtre |Jj du roi
» Ra-ser- kà s justifié, prêtre de la divine épouse Aâhmès-
» nefer-ari3 4 justifiée, prêtre de la royale épouse Aâhmès *,
» prêtre du roi Râ-âà-y.eperu5 6 7, prêtre du roi Rct-ser-kà
» justifié, pour la seconde Joiss , prêtre de la royale épouse
» Aahmès, pour [la. seconde fois] 7 ». Le retour des deux
sacerdoces du roi Ainénopliis Ier et de la reine Aâhmès
serait une preuve irrécusable de leur annuité, même en
l’absence de la mention expresse nern « pour la seconde
fois ».
Mais, si ces exemples rendent vraisemblable l'opinion de
M. Brugsch sur l’élection des grands prêtres d’Ammon à
Thèbes, ils ne démontrent pas que telle fût en réalité l’or-
ganisation sacerdotale du temple d’Ammon. Il me paraît au
contraire que l’opinion de M. Brugsch est fondée sur une
appréciation incomplète du texte et sur deux petites erreurs
grammaticales faciles à démontrer.
Dès la troisième ligne, on lit : Hâ nem-n-f neter-hen ape
en Amen-Râ sûten neteru, ce qui se traduit littéralement :
Ecce iteravit propheta primus Ammonis-Solis regis deo-
rum ; en français, et mot à mot : Voici qu’il fut de nouveau
1. Lepsius, Denkmaler, III, 436.
2. Aménophis I”, deuxième roi de la XVIIIe dynastie.
3. Femme du roi Aâhmès des Grecs), premier roi de la
XVIIIe dynastie.
4. Femme de Thothmès Ier, troisième roi de la XVIII'' dynastie.
5. Aménophis II, septième roi de la XVIIIe dynastie.
6. lien n sûten Râ-ser-kà , mâ xerû, nem.
7. U oh n suien liom-f Ad/imes, ni [nem], ân neter... La cassure de
la pierre ne permet plus de saisir le titre qui suit.
DES FONCTIONS DU GRAND PRÊTRE DAMMON 115
le 1er prophète d’Ammon-Râ, roi des dieu.r, — phrase (pii
se retrouve aux lignes 17 et 19, de sorte (pie l’inscription
mentionnerait trois réélections du grand prêtre Her-hor'.
Et de même se répètent aux lignes 15, 18 et 20 les mots* :
Pci neter hein er ûer lier, c’est-à-dire : Deus annuit multum
multum, — en français : Le dieu donna un plein assenti-
ment. Ce qui a fait direà M. Brugscli : « Ce qu’on trouve se
rapporte aux élections renouvelées de Herhor, comme grand
prêtre d’Ammon à Tlièbes, avec /’ assentiment du dieu
Chonsou. »
Il semble bien étonnant que les grands prêtres d’Ammon,
visant à l’union de la puissance religieuse et du pouvoir
royal, se soient soumis à des élections qui eussent certaine-
ment donné lieu aux rois d’intervenir. Il serait dillicile que,
pendant une longue période, les pharaons n’eussent pas
réussi à introduire quelques-uns de leurs candidats, ce qui
eût ruiné les projets de la famille de Herhor. Mais je crois
que le texte ne se prête pas à l’hypothèse des réélections de
Herhor.
En effet, la formule de la troisième ligne : hà nem-n-f
neter-hen ape en Amen-Râ, peut fort bien se traduire :
Voici que fut de nouveau le 1er prophète d’Ammon-Râ. .
en supposant, attendu la lacune qui suit, que le verbe expri-
mant l’action de Herhor venait ensuite. Mais ceci n’est
même pas une conjecture, car à la ligne 17 la phrase se
complète de la manière suivante : Hà nem-n-f neter-hen
ape en Ainen-Rû sûten neter u, Herhor mâ /crû, er zod :
Pà-A neb nefer, etc., c’est-à-dire : « Voici que fut de nou-
» veau le grand prêtre d’Ammon-Râ, roi des dieux, Herhor,
» décédé, disant : O mon bon maitre, etc. » D’ailleurs, si
l'on pouvait douter de la vérité de la traduction que je
1. Il est possible qu'entre les lignes 3 et 17 la formule ait été em-
ployée, mais la cassure en a fait disparaître toute trace.
2. A la ligne 15, il n’en reste que er ùcr ûer.
116 de l'élection et de la durée
donne, je renverrais à la planche XXII du même ouvrage de
M. Brugsch. Là, le grand prêtre d’Ammon, Râ-men-Kheper,
lils du roi et grand prêtre Pânezem, tous deux descendants
de Herlior, s’adressent de même à Khôns, et le texte moins
mutilé permet de mieux apprécier la suite du récit, dont
l’auteur emploie les mêmes formules que celui de l’inscrip-
tion de Herhor. Ainsi, à la ligne 10, il dit : « Voici que fut
» de nouveau le premier prophète d’Ammon, Râ-men-
» Ivheper, décédé, disant : O mon bon maître, etc., » et à la
ligne 11, avec une variante : « Voici que le dieu grand
» donna son plein consentement. Et voici qu’il (Râ-men-
» Kheperj fut de nouveau se rendant1 vers le dieu grand,
» disant : O mon bon maître, etc. ». On trouve ainsi : l’al-
locution du grand prêtre aux lignes 10, 11, . ..*, 16, 16,
18, 18, 23, et l’assentiment du dieu aux lignes 11, 11, 1 6,
16, 18, 18, . . .2 3 4 5, 23. En sus, de temps en temps, le verbe
qui suit l’auxiliaire nem change, ce qui offre des points
de comparaison. De ce premier examen, il résulte donc
qu’une traduction autre que celle de M. Brugsch est pos-
sible.
J’ajoute que c’est la seule possible, à cause des considé-
rations grammaticales suivantes :
1° La présence des prépositions er et cm dans les phrases
nem-n-J .... er zod'' ou cm z odK fait de nem une sorte
d’auxiliaire du verbe sod*, forme tout à fait analogue aux
formes du temps passé ûn-n-A lier qen « je combattis »,
1. Sper, avec les jambes pour déterminatif.
2. La mutilation du monument ne permet pas de retrouver ici la
formule qui commence ailleurs l’allocution.
3. Inscription de Herhor, ligne 17.
4. Inscription de Râ-men-Kheper, ligue 10, etc.
5. Le verbe nom se trouve employé comme auxiliaire dans la stèle
de la princesse de Balchtan, où M. de Rougé a traduit (ligne 8) nem-f
;od par dora rit. dirons , et (ligne 13) nem-n-Hon-f m zod par « le roi
répartit ». C’est une tournure des plus fréquemment employées.
DES FONCTIONS DU GRAND PRÊTRE d’aMMON 117
hâ-n-A lier s ‘es « je suivis », a-n-A lier zod « je dis ». Nem
n’est pas le seul verbe dans ce cas : on emploie de même
âïû, aller, yer, prendre, et quelques autres.
2° D’ailleurs, pour donner à nem le sens absolu de « de-
venir de nouveau », il faut prendre em zod, er sod pour un
mode personnel, et traduire : « Il dit. » Il est vrai que
quelquefois on trouve des phrases commençant par la pré-
position em; mais 1° on ne trouve pas cette tournure, fort
rare, avec er ; 2° lorsqu’on l’emploie, le verbe est suivi de
son sujet pronom ou substantif, ce qui n’a pas lieu dans
notre inscription.
3° Si nem-n-f avait le sens de « il fut élu de nouveau »,
il faut remarquer que la syntaxe égyptienne, surtout à
l’époque littéraire, eût voulu que l’on écrivît nem-n-f
EM (ou ER) neter-hen comme dans la stèle du basilico-
grammate Mentousa (XIIe dynastie) T à- A Ilen-f EM dn
« Sa Majesté me fit grammate’ », sur la statue de Bak-en-
Khensou Tà-f û-A ER neter-hen api en Amen : « Le
roi me fit grand prêtre d'Ammon, » et dans cent autres
exemples pareils.
4° Enfin nem est un verbe essentiellement actif : dans le
sens de « devenir de nouveau », il devrait être accompagné
des marques du passif, de sorte que pour signifier que
« Herhor fut réélu grand prêtre d’Ammon » les Égyptiens
eussent dit : hâ nem-TU-n-f EM neter-hen ape en
Amen-Râ.
Tout ceci revient donc à dire que les données de la statue
funéraire de Bak-en-Khensou ne sont pas contredites par
l’inscription de la muraille de la grande salle du temple de
Chôns, et que jusqu’à présent nous ne connaissons que des
grands prêtres d’Ammon chargés d’un sacerdoce perpétuel,
et choisis ou au moins confirmés par les rois d’Égypte,
même au temps de la XXe et de la XXIe dynastie, car il
1. Sharpe, Eg. Inscr ., pl. LXXXI1I.
118 de l’élection et de la durée, etc.
faudrait un document positif pour affirmer qu’il en était
autrement, alors, qu’au temps où Ramsès le Grand confiait
ces fonctions importantes à Bak-en-Khensou, « en récom-
pense de son mérite ».
Le 22 octobre 1862.
NOTE
SUR UN
MANUSCRIT PORTANT LE PRÉNOM UK THOUTMÈS III1
Dans les collections que possède M. l’abbé Desnoyers, à
Orléans, j’ai rencontré un feuillet de papyrus portant le
prénom de Thoutmès 111. Nous avons donc la un exemplaire
de la S haï per em hrû de la plus ancienne époque et portant
une date certaine.
C’est un exemplaire luxueux, car les représentations sont
peintes en sept couleurs : rouge, vert, noir, bleu, blanc
bleuté et deux nuances de jaune.
Je suis disposé à croire que cet exemplaire est le manus-
crit funéraire du roi Thoutmès 111; le luxe de l’exécution
rend la chose vraisemblable. Tout au moins ce manuscrit
appartiendrait-il à quelque grand fonctionnaire de son
temps.
En ce cas, s’il arrivait, comme je l’espère, que l’on retrouve
le manuscrit dont ce fragment a fait partie, on posséderait
un manuscrit dont l’âge serait exactement constaté, ce qui
serait d’une grande importance pour la paléographie hiéro-
glyphique.
1. Extrait des Mélanges d’archéologie , 1877, t. III, p. 100-101.
120
NOTE SUR UN MANUSCRIT
Four aider à cette recherche, je donne ci-dessous le signa-
lement du manuscrit.
C’est un fragment du chapitre cxxv de la Shaï per ern
hrû, en cinq colonnes, présentant une rédaction différente
de celle de l’édition de M. Lepsius, correspondant aux
lignes 7 et 8, mais dont il n’est pas nécessaire, pour la re-
cherche qui nous occupe, que je donne le texte.
Au-dessous des cinq colonnes se trouve la portion de
tableau qui, dans l’édition de M. Lepsius, surmonte les
lignes 30 à 36 du chapitre xv. — La principale différence de
dessin consiste en ce qu’une table à offrandes, supportant
un vase (J^, un pain ©, etc., est substituée aux deux objets
de l’exemplaire de Turin.
Or, tout l’intérêt du manuscrit réside dans le cartouche
dessiné sur le vase de la table, et qui me fait croire
que nous sommes en présence d’un manuscrit du tom-
beau de Thoutmès III (contre lequel il y eut une ten-
tative de violation au temps même des Pharaons), ou certai-
nement d’un fonctionnaire de son règne, qui, probablement,
en plaçant ce vase sur la table d’offrande de la procession
funéraire de son manuscrit funéraire, a eu pour but de
conserver le souvenir d’un cadeau royal. En raison même
de la beauté du manuscrit, les Arabes qui l’ont trouvé l’ont
morcelé, dans l’espoir d’en tirer un plus grand profit, et je
présume que l’on doit retrouver nécessairement dans quelque
musée les fragments d’un si beau papyrus.
C’est pourquoi je demande à tous mes savants confrères
s’ils ont connaissance d’un manuscrit de la Shaï per em
hrou, en écriture hiéroglyphique, présumé de la XVIIIe dy-
nastie’; à figures de sept couleurs; portant, comme le ma-
nuscrit Desnoyers, le nom ou prénom de Thoutmès III, ou,
i
!
1 . [Pour n'induire personne en erreur, je dois dire ici que ce manu-
scrit est de l'époque saïte (1904).]
PORTANT LE PRÉNOM DE THOUTMÈS III
121
dans le texte, le nom d'un personnage qu’on puisse attri-
buer à ce règne, et auquel manquerait le texte correspon-
dant aux colonnes 7 et 8 du Todtenbuch. Le tableau du
manuscrit a 0m25 environ de hauteur (il n’est pas limité par
le haut), et les colonnes ont exactement O"1 107; elles sont
inscrites entre une double ligne supérieure et inférieure;
elles ont 0,n02 de large.
I.ES
FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON
(1383-1365 av. J.-C.)'
On s'est demandé ce que devinrent les fonctionnaires civils
et religieux de l’Égypte’ quand Aménophis IV proscrivit le
culte d’Ammon et quitta Tlièbes, sa capitale, pour en créer
une autre à Khoutaton (aujourd’hui Tell el-Amarna et Hadgi-
Qandil). A cette question il n’a pas été donné de réponse.
On peut bien imaginer que cette persécution fut restreinte
au culte d’Ammon et au changement de capitale, mais ne
changea rien au gouvernement de l’Égypte. Comme dans
toutes les révolutions, le plus grand nombre des fonction-
naires accepta les ordres du roi, et fort peu d’entre eux
durent se rebeller contre ses volontés1 2 3. Les monuments de
ce règne ne sont pas très nombreux et donnent peu de détails
sur la biographie des contemporains. A Tell el-Amarna,
par exemple, les inscriptions sont exclusivement consacrées
à exalter le dieu Aton et ne nous renseignent que sur le
1. Extrait du Recueil de Travaux relatifs à la philologie et. à l’ar-
chéologie égyptiennes et assyriennes, 1901, t. XXIII, p. 140-445.
2. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient , t. II,
p. 324.
3. M. Maspero pense le contraire ( Histoire ancienne des peuples de
l'Orient, t. II, p. 317).
124 LES FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON
mouvement religieux. Cependant j’ai relevé quelques docu-
ments sur la conduite des fonctionnaires de cette époque
troublée. On peut en conclure que la persécution du culte
d’Ammon n’eut pas lieu sans amener quelques résistances.
Plusieurs textes, en effet, semblent y faire allusion.
Auprès du roi, nous voyons les mêmes courtisans. Kâmos,
qui vécut sous Aménophis III et mourut sous Khounaton,
Nofer-/oper-lier-s/oper rappelle qu’«il
se qu
a été appelé à la tète des grands », (| n
ce qui lui donne le droit « de se présenter devant l’être sacré
du palais (le roi) 8 », A -^n\ De même,
alifie |1<
n
Aï dit : « Je fus à la tête des grands »,
o il©
©□\\
, ou encore : « Je fus à la tète des grands,
des amis, primat royal des deux régions, sur tous les suivants
de Sa Majesté »,
I
i
: en cette qualité, « il accompagne le roi dans les cé-
rémonies solennelles »,
s>
U I
A
"Stli
n \ Alnnès dit également : « Je fus suivant du
maître de la double terre7. »
Ces ! ainsi mentionnés, ce sont les princes ", les amis
1. Bouriant, Mémoires de la Mission du Caire, t. I, p. 9.
2. Ou « d’entrer en présence (du roi), dans le lieu saint du palais ».
q n
— Cl. dif aq per in ^ ^ (Recueil de Travaux, t. XV, p. 41).
3. Recueil de Travaux, t. XV, p. 38.
4. Lepsius, Denkmaler, III, 107 d. — Même titre du personnage dont
le nom a été etîacé avec soin dans son tombeau de Tell el-Amarna (Re-
cueil de Travaux, t. XV, p. 41, 1. 10).
5. Recueil de Travaux, t. XV, p. 47, 1. 11.
0. Recueil de Travaux, t. XV, p. 47, 1. 11.
7. Lepsius, Denkmaler, III, 98.
8. Recueil de Travaux, t. XV, p. 38, 39.
LES FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON 125
(semer u) 1 , les rekhltou les suivants 3, les am-khent'' .
Puis, viennent une foule de fonctionnaires attachés au
roi : le majordome du palais5; les porteurs du flabellum à
, la droite <lu roi*, et le porte-flabellum derrière le roi7; le
W ou ^ — liai ^ | 1 8 ; l’intendant du gynécée royal
| (nir Suten-apy, et deux ahemes n kep 10 ; enfin, la foule des
grammates1', grammates de la table’2, basilicogram mates13;
avec un sodem às n Suten-àn, un page du basilicogram-
mateu.
Aï est « père du dieu », c’est-à-dire du roi15. Sa femme
; est menât sedt neter'\ /aker Souten'\ «nourrice gouver-
1. Lepsius, Denkmàler, III, 107 cl; Recueil de Travaux, t. XV,
) p. 39, 47.
2. Lepsius, Denkmàler , III, 107 d.
I 3. Recueil de Travaux, t. XV, p. 41 : « suivant royal dans sa
barque auguste »; cf. p. 39, 1. 13; p. 47, 1. 11, etc. — Cet anonyme se
I vante d’être (Recueil de Travaux, p. 41).
«Ill-fr I = „
4. Lepsius, Denkmàler, III, 106 b; cf. s-'/entû A nb A , dans le Re-
cueil de Travaux, t. XV, p. 39, 1. 11 : « mon maître me mit au premier
1 rang ».
5. Mémoires de la Mission du Caire, t. 1, p. 10, 15; Recueil des
| Travaux, t. XV, p. 44; Lepsius, Denkmàler , III, 98.
6. Lepsius, Denkmàler , III, 105; Recueil de Travaux, t. XV, p. 41,
42, 45, 48.
7. Recueil de Travaux, t. XV, p. 42.
8. Recueil de Travaux, t. XV, p. 38; Lieblein, Dictionnaire des
noms, n"' 585 et 854.
9. Lepsius, Denkmàler, III, 100-102.
10. Mémoires de la Mission du Caire, t. V, p. 587.
11. Recueil de Travaux, t. XV, p. 44; Lieblein, Dictionnaire des
noms, n° 620.
12. Recueil de Travaux, t. XV, p. 44.
13. Recueil de Travaux, t. XV, p. 44, 45; Aug. Baillet, Notice sur
la collection Desnoyers, p. 38; Lepsius, Denkmàler, III, 105.
14. Recueil de Travaux, t. XV, p. 45.
15. Lepsius, Denkmàler , III, 103 et suive
i 16. Recueil de Travaux, t. XV, p. 49.
17. Recueil de Travaux, t. XV, p. 45, 49.
12(3 LES FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON
nante du dieu » (du roi) et « femme de chambre du roi ».
Tous ces grands personnages se donnent tous les titres
laudatifs habituels (voir, par exemple, les inscriptions des
tombeaux d’Al ou de l’anonyme du tombeau n° 14).
Les grandes administrations ont toujours les mêmes di-
recteurs et employés :
Au trésor : « l’intendant du double trésor du maître
des deux régions' », ou « intendant du trésor du maître des
deux régions2», ou simplement «intendant du trésor3»;
puis, les « scribes du trésor du dieu bon ' » ( Houi ), ou sim-
plement « scribes du trésor5 » (K/iâa);
Aux approvisionnements : «l’intendant des greniers de !
la Haute et de la Basse-Égypte », RfL) LLJ 2: vP ( Si-Isit )‘,
ou simplement « intendant des greniers7 », ainsi que son (ils
Ap-ouatou-mos" ; puis, les « grammates des greniers du
maître des deux régions" », ou « grammates des greniers du
Pharaon10», ou «grammates du double grenier”»; les
« chefs de 1 ’ahou » ( Pai et Houmos)" ; enfin, un « intendant
du magasin» (mer àrît)", et encore le «chef des haras»
(mer sesemu n Nb touï )”;
Aux travaux publics : «l’intendant de tous les travaux j
1. Lieblein, Dictionnaire des noms , n° 641.
2. Recueil de Travaux , t. XV, p. 50.
3. Lepsius, Denkmàler , III, 100, 102.
4. Lieblein. Dictionnaire des noms, n“ 620.
5. Lieblein, Dictionnaire des noms, n° 620.
6. Lieblein, Dictionnaire des noms , n” 641.
7. Lieblein, Dictionnaire des noms, n° 620.
S. Lieblein, Dictionnaire des noms, n" 749.
9. Lieblein, Dictionnaire des noms, n°641.
10. Lieblein, Dictionnaire des noms, n° 620.
11. Lieblein, Dictionnaire des noms, n“ 641.
12. Lieblein, Dictionnaire des noms, n° 620.
13. Lepsius, Dcnkmâler, III, 98.
14. Lepsius, Denkmàler, III, 105; Recueil de Travaux, t. XV
p. 45.
LES FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON 127
du roi'», «l’intendant des travaux*»; Bok , «l’intendant
des travaux dans la montagne rouge pour les pylônes, chef
des artistes pour les très grands monuments du roi dans le
temple d’Aton à Khoutaton* »; « l’intendant des travaux à
Khoutaton* »; et les artistes qu’ils emploient : « le chef des
artistes, » Men, père de l’intendant Bok, originaire d’IIé-
liopolis5; un « chef des orfèvres du temple d’Aton à Mem-
phis6 »; un « sculpteur (sa hotep, sa basant r-o-, ) d’Am-
mon au lieu de vérité à l’occident de Thèbes7 » ; un « peintre »
P?
un ^
wfl
III
Peut hou)
Aux armées : des «généraux»,
un « chef
de gendarmerie à Khoutaton» (lier Mâsou)" ; un «officier
des gardes du roi » (hâût ri mnftu ntï m-bali Honf ')'*;
A l'administration des provinces ou des villes : les mer
nut sa, «comtes nomarques», (Nekht-p-aten)'* ; le lui n
Khut-aton, « préfet de Khoutaton », (Nefer-;oper-her-
skhope /■)**.
L’administration religieuse est aussi représentée par plu-
sieurs de ces personnages. La persécution du culte d’Ammon
ne commença qu’au milieu du règne d’Aménophis IV, de
sorte qu’on trouve sur les monuments de son temps le nom
1. Recueil de Travaux, t. XV, p. 41.
2. Recueil de Travaux, t- XV, p. 45.
3. De Morgan, Monuments, t. I, p. 40.
4. Recueil de Ti •avaux, t. XV, p. 45.
5. De Morgan, Monuments, t. I, p. 40.
6. Mariette, Guide, p. 304.
7. Mémoires de la Mission du Caire, t. V, p. 604, 610.
8. Lepsius, Denkmaler, III, 100.
9. Lepsius, Denkmaler, III, 91.
10. Bouriant, Mémoires de la Mission du Cuire, p. 10. 15; Recueil
de Travaux, t. XV, p. 39-41, 45.
11. Mémoires de la Mission du Cuire, t. I. p. 17.
12. Mémoires de la Mission du Caire, t. I. p. 18.
13. Recueil de Travaux, t. XV, p. 38.
14. Recueil de Travaux, t. XV, p. 38.
128 LES FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON
de dignitaires du temple d’Ammon : un « purificateur,
grammate du temple d’Ammon 1 11 » ; un « purificateur d’Am-
mon1 «; un «intendant des troupeaux d’Ammon3»; un
« prophète d’Hatlior à Thèbes3 »; deux « musiciennes d’Ap-
ouatou5 », et un « prophète de Ptah6 ».
Les temples d’Aton à Khoutaton, à Memphis et même à
Thèbes, devaient naturellement fournir des exemples de leur
hiérarchie. Le roi prenait le titre de « premier prophète
d’Har-akhuti haï ni khut ni r an J in Sû ni aten1 »; mais
il y avait dans la nouvelle capitale un « n p aten »
i i i
(Merî-râ)* , comme à Héliopolis; et un /WWW |l || AAAAAA
un «intendant de la demeure où se repose Aton0»: une
«administration du trésor», ayant un «intendant» et des
«scribes*0»; un « intendant des troupeaux” »; un
o
° n,,
/WVWv 1 »
O I
On trouve au temple de Memphis un « intendant de la
demeure d’Aton” », un « chef des orfèvres'5 », un « chef des
1. Mémoires de la Mission du Caire , t. V, p. 585.
2. Lieblein, Dictionnaire des noms , n“ 585; Mémoires de la Mission
du Caire, t. V, p. 587.
3. Lieblein, Dictionnaire des noms, n" 620.
4. Mémoires de la Mission du Caire, t. V, p. 589.
5. Lieblein, Dictionnaire des noms, n“ 620.
6. Mémoires de la Mission du Caire, t. V, p. 589.
7. Lepsius, Denkmàler , III, 110 i.
8. Lepsius, Denkmàler, III, 92-97.
9. Recueil de Tracaux, t. XV, p. 39.
10. Lieblein, Dictionnaire des noms, n“ 641.
11. Lieblein, Dictionnaire, des noms, nos 620 et 641.
12. Recueil de Tracaux, t. XV, p. 44.
13. Lieblein, Dictionnaire des noms, n“ 543.
14. Drocr/'dinç/s of the Society of biblical Arcltœuluy;/, 1895, p. 153.
15. Maspero, Guide, p. 304.
LES FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON 12(J
marchands du temple d'Aton' », et
La ville était administrée par un haut fonctionnaire, le
mr nut za qui avait rang de prince héréditaire, etc.3, et
par un « préfet de Khoutaton » ( hâ n Khutaton) ' . Il y avait
un «intendant des travaux (mr kntn) de Khoutaton5». Là
aussi, probablement, le [Jj^ et dont j’ai signalé
plus haut les intendants.
Enfin, je citerai un « intendant de la demeure de Râ à
Héliopolis* ».
Ces séries ne donnent pas la hiérarchie complète de cha-
cune des administrations auxquelles ces fonctionnaires ap-
partiennent; mais elles offrent assez de renseignements pour
qu’on puisse conclure que l’administration de l’Egypte ne
subit aucun bouleversement. Il n’y eut qu’une ville de plus
en Egypte, dont l’administration civile et religieuse fut mo-
delée sur celle de toutes les grandes villes.
Ce point une fois acquis, voyons s’il est possible de savoir
comment fut accueillie la politique du roi et la création de
la nouvelle capitale.
Voici que Nofer-hât7, dont le tombeau est à lladgi-Qandil
1. Mariette, Monuments divers, p. 562.
2. De Rougé, Inscriptions, pl. LIV ; Lieblein, Dictionnaire des noms.
n“ 622. — Pour les époques postérieures, je n’ai plus noté qu’un
(Mariette, Monuments divers, 107 c).
3. Recueil de Travaux, t. XV, p. 38.
4. Recueil de Travaux, t. XV, p. 38.
5. Recueil de Travaux, t. XV, p. 45.
6. Recueil de Travaux, t. XV, p. 41.
7. Dans son tombeau ( Rcc ■ de Trac., t. XV, p. 37), on ne lit plus
que
j. Mais je pense qu’on peut l’identi
Bibl. égypt., t. xv.
9
LES FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON
130
(n° 7), demande « une longue vie pour voir le maître des
deux régions, de ne point cesser [de voir] ses beautés »,
û a
. Il
Un général, propriétaire du tombeau n° 14, dont le nom a
» V**kîîî-
fier avec un J
*==^ d’une stèle de Leyde (Lieblein, Dict. des noms,
585), parce que celui-ci est ® § i I f ! /www /www (I et
que son fils est ^ ^ \\ . On pourrait ainsi établir leur généa-
logie de la manière suivante :
O <z> ^ i
Liab n Amen
et yer-heb aux funérailles d'Aménophis U
□
un
\\ sous Thoutmès IV
Houï a pour frère un
(j(j sous Aménophis III
mêmes titres, probablement
I sous Aménophis IV.
©
qui pourrait aussi bien être le
AA/WV', ci pci lui, sà/îùti f?), ntr nut, sa, dont le tombeau est
aussi à Hadgi-Qandil ( Rec ■ de True., t. XV, p. 38). Il aurait changé la
(inale de son nom, comme le fit la princesse (j 'V'^AA <^^fj
qui épousa le roi Tout-ânkh-Amon et fut reine sous le nom de
hh | wvw (I . Ce serait un autre exemple d une famille aban-
1 I I AAAAAA ... ,
donnant le culte d’Ammon pour s’attacher au régime inaugure par
Kliounalon. (Voir, plus loin, ce qui est dit de la famille de Khâa.)
1. Recueil de Tvacau.v , t. XV, p. 37.
LES FONCTIONNAMES DU RÈGNE DE KHOUNATON b'U
été soigneusement effacé, dit de même
t — LÙ
Ÿî^îîî1
o
fifûüL!
« Qu’il (le roi) me donne vie,
santé, force, contentement devant le maître des deux ré-
gions pour voir ses beautés chaque jour1 ». Le basilico-
grammate Anuï!, Aï, qui sera roi3, le basilieogrammate
Ahmès* ne cesseront de contempler les beautés du roi ou
d’écouter ses instructions5. Un autre dignitaire rappelle
que, « dès sa jeunesse, il a rendu au roi un hommage dé-
voue
«8i_S5
• SK
AAAAAA JJ \ \
J,;. Le gouverneur de
Thèbes sous Aménophis III, Râmos, y avait commencé son
tombeau et décoré tout un côté de scènes et d’inscriptions
en l’honneur d’Ammon et y avait représenté Aménophis IV
jeune; puis, il le continua d’après le nouveau style, avec le
portrait de Khounaton.
Une famille thébaine trouva dans l’apostasie du culte
d’Ammon l’avancement de sa fortune. Par la comparaison
des deux stèles7 de Leyde, V 26, et de Vienne, 53, on
voit Khâa, d’abord « intendant des taureaux d’Ammon »,
1. Recueil de Travaux , t. XV, p. 41.
2. Recueil de Travaux , t. XV, p. 45.
3. Recueil de Travaux, t. XV, p. 45; Lepsius, Denlanaler , III, 107 <7,
col. 3.
4. Lepsius, Denkmüler, III, 107 a, col. 6.
5. S-'/jitü A nb A; ar sebit f, au A hr Sdem nitû° f aû ben ab" ar A
ni Ses0 h au ben ab p' mes Atcn ( ibid ., 1. 13-14), au ben ab" /' h
p' atcn" & — 0 ( ibid p. 47, 1. 15-16).
6. Recueil de Travaux, t. XV, p. 41.
7. J'ai, le premier, signalé, dès 1877 ( Notice sur la collection ègi/p-
tienne de l’abbé Dcsnoi/ers , p. 40), les concordances et la date de ces
deux stèles, que Bergmann a depuis étudiées (Rec. de Trac., t. IX
(1887), p. 41-43). Ni Bergmann ni Lieblein ( Dict ■ des noms, II, 1891)
u ont connu cet opuscule. M. Petrie, qui cite avec soin les moindres
monuments du règne de Khounaton, a passé sous silence tous les per-
sonnages des stèles 620, 641, 749 (Histoire, t. II, p. 225-229).
hr maa
/> (Rec. de True., t. XV, p. 39, 1. 11), et du h S
132 LES FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON
S
V I I AAAAAA
du trésor du dieu bon»,
, et son petit— lils Houï, d’abord «scribe
^ /WV\M lî’- de' •enir, l’un « in-
j /vwwv (| , l’autre
tendant des troupeaux d’Aton »,
« basilicogrammate et intendant du trésor du roi »,
ÎAMAM
n n— ^ 8 . Un deuxième Khâa, de la même famille, de
CTH
« grammate du trésor (royal?) », devint
« grammate du trésor d’Aton* ». Un tin, Ap-ouatou-
« grammate* », devint
w /WVvV\ (
McQÛ),
« basilicogrammate et inten-
M/VW
Q
mos, lils du premier Khâa, de
AVW\a «Ci j y
« grammate des greniers du roi1 2 3 4 5 6 », et même
i i i . .
fut promu ^
dant du grenier du roi" ».
Tous ceux-ci sont courtisans, adhérents zélés du nouveau
règne; mais leur insistance ne marque-t-elle pas qu’ils pro-
testent contre une opposition plus ou moins avouée? En effet,
d’autres, au contraire, se vantent de leur résistance aux idées
nouvelles. Nofirhotpou, qui mourut l’an III de Haremhabi,
glorifie de la manière suivante son dévouement à Ammon :
« Celui qui multiplie les biens, qui sait donner, c’est le dieu
1. Lieblein, Dictionnaire des noms, n" 620 = 2044.
2. Lieblein, Dictionnaire des noms, n° 641 =2045.
3. Lieblein, Dictionnaire des noms, nos 620 et 641.
4. Lieblein, Dictionnaire des noms, n° 620.
5. Lieblein, Dictionnaire des noms, n“ 641. — La stèle le qualifie
(j ce qui est une faute du graveur pour ^j_ « basilicogrammate »,
ou plutôt pour p|lj, car on ne connaît pas le titre île « basilicogrammate
des greniers ». Il était seulement « grammate du grenier du roi » et de-
vint « basilicogrammate » quand il fut promu Cl « intendant du
grenier royal » (Lieblein, Dict. des noms, n” 749).
6. Lieblein, Dictionnaire des noms, n° 749. — Cette promotion n’a
pas encore été signalée.
LES FONCTIONNAIRES DU RÈGNE DE KHOUNATON 133
roi des dieux : il connaît qui le connaît; il récompense qui
le sert; il protège son partisan1. »
Un personnage d’époque un peu postérieure va encore
plus loin dans la voie de la réaction. Dans le tombeau de
Mès, scribe du trésor de Ptah, « l'une des salles est décorée
d’une longue inscription contenant le récit d’un procès, qui,
commencé sous le règne d’Ahmès Ier et repris de plus belle
sous Horemkeb, ne se termina que sous Ramsès II. Il y est
fait mention d’Aménophis IV sous la désignation de « le
vaincu de Khoutaton » (Tell el-Amarna)2 ».
Ainsi ce fonctionnaire memphite se sert, en parlant d’un
ancien roi, de l’expression de mépris dont les rois d’Égypte
qualifiaient leurs ennemis vaincus. Il ne prend pas garde
que ce roi est apparenté au souverain régnant.
En fin de compte, il reste prouvé que, pendant comme
après le règne d’Aménophis IV, il se passa ce qui arrive
dans toutes les révolutions. Rien ne fut changé à l’adminis-
tration civile, militaire, religieuse, etc., de l’Egypte. Le roi
trouva des flatteurs pour sa réforme ; quelques-uns en pro-
fitèrent pour gagner des grades dans la hiérarchie; un petit
nombre bouda le nouveau règne et s’en vanta lorsqu’il fut
tombé.
1. Mariette, Monuments divers, pl. 28 a.
2. Fouilles dans la nécropole de Memphis (1897-1899). Communica-
tion faite par M. Loret à l’Institut égyptien, séance du 5 mai 1899.
DIVISIONS ET ADMINISTRATION
d’une
VILLE ÉGYPTIENNE1
Les grandes villes de l’Egypte, c’est-à-dire les chefs-
lieux de provinces, étaient la résidence d’un ( ^ Q
© 0 1 « comte nomarque du pays d’Egypte », haut
o I I I
personnage réunissant dans sa main tous les pouvoirs, admi-
nistratif, militaire, financier, judiciaire, etc., aidé de plu-
sieurs dignitaires importants ayant encore sous leurs ordres
quantité d’employés subalternes. Mais tout ce personnel
appartenait à l’administration générale de l’Egypte, et n’est
pas l’objet du présent travail. Je voudrais rechercher si les
villes égyptiennes n’avaient pas une administration parti-
culière analogue, par exemple, à celle de nos municipalités.
Le curieux manuel de hiérarchie égyptienne connu sous
le nom de Papyrus Wilbour, si bien édité, traduit et com-
menté par M. Maspero2, nous fournit un renseignement
positif. Après avoir donné la liste des fonctionnaires dépen-
1. Extrait du Recueil de Travaux relatifs à la philologie et à l'ar-
chéologie égyptienne et assyrienne , 1889, t. XI, p. 31-36.
2. Papyrus Wilbour, 1. 16 à 19.
136
DIVISIONS ET ADMINISTRATION
dant du comte nomarque, dont je viens de parler, le ma-
nuscrit mentionne
HA na dirait ouhoui
les chefs des villes et bourgs1.
Les monuments épigraphiques et les textes manuscrits
nous avaient fait connaître bon nombre d’individus revêtus
de ce titre de hâ; mais leur rôle dans l’administration res-
tait assez mal défini à côté de celui du zct, mour nout. Dé-
sormais nous savons qu’ils agissent pour ainsi dire dans une
sphère différente. Le sa est le chef de la province; le hâ,
le chef d’une ville. En tout cas, hiérarchiquement, le hâ est
au-dessous du za : il en dépend, comme un maire ou bourg-
mestre moderne dépend du préfet ou gouverneur de pro-
vince.
Nous voyons encore que non seulement de grandes villes
avaient a leur tète des hâ : ce que les monuments nous
avaient fait connaitre déjà; mais qu’un fonctionnaire de ce
grade administrait les bourgs ou villages, ouhoui.
Là se bornent actuellement nos connaissances sur l’admi-
nistration des villes.
Or, de nos jours, une ville, à cause de son importance, de
son étendue, peut nécessiter des divisions, avec de nouveaux
administrateurs. Paris est divisé en vingt arrondissements,
ayant à leur tête un maire et des adjoints; d’autres villes
moins importantes, comme Orléans, sont divisées en plu-
sieurs cantons distincts au point de vue électoral, finan-
cier, etc. ; dans certaines communes rurales dont le territoire
est très étendu, on donne aux hameaux trop éloignés du
centre de la commune un adjoint spécial ou un « commis-
1 . Maspero, Un manuel de hiérarchie égyptienne., dans le Journal
asiatique, 1888, et dans les Études égyptiennes, t. II, p. 8 et 43-44.
d’une ville égyptienne
137
saire local ». On peut se demander si les villes égyptiennes
formaient toujours une unité compacte, si des nécessités de
topographie, d’intérêts, etc., n’avaient jamais amené des
divisions administratives et la création de fonctionnaires
subalternes.
On comprend qu’il sera difficile de vérilier cette question
pour beaucoup de villes. Il faudrait avoir sur une localité
des monuments nombreux, pour y rencontrer cette sorte de
renseignements. Il n’y a guère que Memphis, Thèbes et
Abydos qui soient dans cette condition, et c’est en effet aux
monuments de cette dernière localité que je vais faire appel.
Je vais utiliser la grande publication de Mariette1, sans
oublier quelques monuments conservés dans les Musées.
Indépendamment du nom des nécropoles d’ Abydos, de
celui des temples, de leurs diverses parties et de leurs an-
nexes, les monuments mentionnent quelquefois une divi-
sion géographique que je ne puis traduire autrement que
par « quartier ».
Ainsi, deux stèles paraissent parler d’un quartier sud
ÎQ □
, Nofer-hotep, (pii vivait sous la
XIIIe dynastie, était f ^ « scribe en chef de la
circonscription du quartier sud2 ». Au bas de la stèle il n’est
plus désigné que par jft " ^ « scribe en chef de cir-
conscription de quartier », et sur une autre stèle3, le titre
est encore plus abrégé; Nofer-hotep finit par être dit seule-
|q « scribe en chef de circonscription ». Je ne pense
ment
pas qu’on puisse objecter que l’attribution de ce monument
à Abvdos ne soit pas certaine et mérite d’être confirmée,
yp /WWW rs jUIUUIU^ ^ g ~
parce que Nofer-hotep était fils d'un ^ l]
1. Catalogue général des Monuments d’Abgdos, 1880.
2. Mariette, Catalogue général , n“ 803.
3. Mariette, Catalogue général, n° 808.
138
DIVISIONS ET ADMINISTRATION
-<s>-
/-n AA/WW
IJ, titre et nom qu’on peut lire de deux manières :
s/jûl n dena Amen, Doudou-res-snib, « le scribe du dena
d’Ammon, Didou-res-snib » — ou : sya n dena, Amen-didou
res-snib, «le scribe du dena [à Abydos], Amen-didou-res-
snib ». Dans le premier cas, malgré l’absence suspecte du
marque du génitif,
-H- s
1 1 1 1 1 1 1
désignerait un office du
temple d’Ammon à Tlièbes, et le fonctionnaire aurait porté
les deux noms Didou Res-snib. Au besoin, cette opinion
peut être corroborée par ce fait que cette famille paraît être
d’origine thébaine. En effet, la mère de Nofer-hotep était
n
r
m
w
« la prêtresse
de Ivhonsou en Thébalde, Snibt-si-Sment ». Mais, dans le
second cas, après
-TV s
on sous-entendrait
ÏJ“
« d’ Aby-
dos », qui n’avait pas besoin d’être exprimé dans cette ville,
ou bien ® ^ , qui vient d’être nommé dans le titre de son
lils. Alors le nom du fonctionnaire est Amen-didou Res-snib,
nom compliqué tout à fait comparable à celui du roi Ameni
Antef Amenemhât, sous qui, comme le démontre l’étude
des monuments, il fut de mode de prendre ainsi des doubles
et triples noms. C’est ainsi encore que la mère du défunt
r\ AAAAAA p| p» jimumij
s’appelait 1 H'u ' /WWW J] Snibt-si Sment. D’ordinaire,
\ I I a lli wp> /WWW r\ ^ Q
on abrégeait ces longs noms. Ainsi raiii (I x\
PI /WW v\ i y -n- s; i AWVW A 0 JT
J « le scribe du dena, Amen-didou Res-snib » de
stèle (n° 803) devient sur la seconde (n° 808)
■ • ww\
0 « le scribe du dena, Res-snib », sa femme
a première
/WWW
I
-O-n
/wwv\
a
e-
tresse de Khons en Thébaïde Snibt-si Sment » devient / I ^
AA/WW Q ^ |
J, J ' AA/WW (( 1 Ü prêtresse de Khons, Sment ». De sorte
Ci AAAAAA T I Ci
que la réunion du nom d’ Amen-didou à celui de Res-snib
se trouve parfaitement justilîée par les habitudes contem-
poraines. Et d’ailleurs, il n’v a rien d’étonnant à ce qu’un
d’une ville égyptienne
139
homme d’origine thébaine soit venu occuper un emploi dans
le nome thinite. J’aurai l’occasion d’en citer également des
exemples pour des gens de la Basse-Égypte et du Fayoum.
On pourra donc, au moins provisoirement, inscrire _f ® X
et -0- dans la topographie d’Abydos ou de son territoire.
Sur cette même stèle 808 figure encore un
I
SS
I I I
Mais cette fonction se retrouve trop souvent pour
qu’elle n’appartienne pas à Abvdos.
Sur la stèle 749 de la XII1 2 3 4' dynastie (?) figure le Z 'j 2
O <- f\ -> — D v W
/WVWN \\ ®
SS
•fi.
SS O A 0 1 z
Sur la stèle 792, le ) AT?
» -il v /vww\
w
AA/WSA
iTJJ
i
w
Et sur la stèle 868 réparait
A 0
avec le même titre 1
On peut se demander si ce n’est pas le même quartier qui
ïo m n~ -
est désigné dans le titre d’un Amensi nA
Notons que, sous Amenemhât Ier, un Amenemhât s’inti-
tule
Ar i
Mais le n’était pas le seul qui fût à Abydos. Une
statuette accroupie nous en fait connaître un second : elle
nous livre le nom d’un ^) fî[°| 1 1 ^ j « le chef du
district (quartier) des peintres et sculpteurs, Sobek-ouer »,
sous la XIII" dynastie*.
Je suppose, d’après cela, que, dans les villes d’Egypte, les
gens de même métier se groupaient par quartiers comme
1. Notons que Mariette, cette fois-ci, le place à la XIIIe dynastie.
2. Mariette, Abydos, III, p. 911.
3. Mariette, Abydos, III, p. 561.
4. « Personnage accroupi sur ses talons, vêtu de la longue robe qui
laisse la poitrine et les bras à découvert. Les hiéroglyphes sont re-
haussés de vert et rappellent par le ton général des légendes les stèles
de la XIII' dynastie » (Mariette, Abydos, III. p. 366).
140
DIVISIONS ET ADMINISTRATION
dans nos villes du moyen âge. Il y avait à Abydos un
j; comme à Amiens, par exemple, il y
avait une rue des Lombards, une rue des Orfèvres, une rue
des Corroyeurs, une rue des Chaudronniers, etc.
Vers le même temps, un certain -I \ <=> 1 , Aouf-
na-r-son était aussi w* ^ ^ _ (stèle 795),
1 n (stèle 801).
i i i
5
i i i
Je trouve un troisième à Abydos. Sous la XIIIe dy-
nastie encore et
sont qualifiés, l’un
f=^ A3 | <vvwv\ —à a m.. J5r 1 â II
u ( ( « chef du district des ouvriers en cuivre (ou forge-
rons) », l’autre 13- sur la stèle 856. Le père d’Ountou,
Tour, était
D
o\\ crzd
comme Ountou,
„ , , , ^ v\
district
était
. Mais rien n’indique de quel
Il est probable que
d t q w 1 1
I. était chef, sous Amenemhât II : il ne
prend que le titre de f j « chef de quartier » (stèle 640).
<CZT> I e ^ ocx
Nous verrons tout à l’heure un -M
; ce qui donne
un quatrième le f
d CS
Enfin, une stèle du Louvre (C 170) en fait connaître un
fO|
cinquième : |
U
« le quartier du seigneur des
offrandes à l’horizon occidental », et la stèle ajoute un ren-
seignement important : c’était en ce quartier qu’était situé
« l’escalier du dieu grand » :
Z-
.1
•111’-
« C’est ici le tombeau que je me suis fait dans le uome Thinile, à Aby-
dos, près de l’escalier du dieu grand, seigneur des dieux, au Quartier du
Maître du repos à l’horizon occidental, afin que mon khou soit puis-
sant à la suite du dieu grand. »
d’une ville égyptienne
141
Il me semble (lillicile de rejeter le sens nouveau de cir-
conscription (|ue j’ai donné à Q. 11 dérive très naturellement
de ceux qu’on a reconnus à ce mot. Q est originairement un
anneau; il désigne ensuite tout ce qui est circulaire : ^ Q
signifie en rond, tout autour . et a pour synonymes r. — ~ t=^ÿ>
et yN A V\ ' r=r> ' ; « les soldats vaillants du roi forment le
cercle 2 »; c’est le cercle, le circuit que semble parcourir le
soleil1 2 3 4; la lune' ; la circonférence qui semble limiter le ciel5;
ou les eaux du Nil au moment de l'inondation6, ou la mer
entourant la terre et la terre elle-même7 8 9 ; le mot s’applique
aussi aux divisions de l’Egypte, d’un nome, par exemple,
Ql « dans Y étendue de la Thébaïde », comme traduit
Chabas", et aux dimensions d’un temple,
q (3(3(3 @(2(2(2 « construisant un mur dont le pourtour
<e=c(
est de 300 sur 400" ».
Après ces deux dernières acceptions, on peut très légiti-
mement placer celle de circonscription que j’ai attribuée au
mot Q sen.
La signification de J ^ quartier , région ne se justifie pas
moins bien. D’abord, par les titres cités plus haut, dans les-
quels la traduction quartier, district convient parfaitement;
et, en second lieu, par le texte du Papyrus Wilbour.
1. Brugsch, Dict., Suppl-, p. 1189, 765.
2. Maspero, Recueil, 1880, p. 143.
3. De Rougé, Inscr. hier., pl. 141, 19; Greene, Fouilles, 112; Brugscli,
Dict., Suppl., p. 813; Bergmann, Recueil, 1883, p. 35, etc.
4. Brugsch, Dict-, Suppl-, p. 1187-1188.
5. Stèle triomphale de Thotmès III, 1. 10.
6. Brugsch et Pierret, Dict-, s. voce laud-
7. Brugsch, Dict., Suppl-, p. 1189; de Rougé, Mon. de Thoutmès III,
p. 201, 221; Dümichen, Zeitschrift, 1871, p. 90; Chabas, Nations,
p. 186, etc.
8. Papyrus magique Harris, III, 1. 1.
9. Brugsch, Dict-, Suppl., p. 1189.
142
DIVISIONS ET ADMINISTRATION
Ce mot ^ s paraît sur beaucoup de monuments’.
On l’a traduit d’abord par champ', tertre, gradin \ Enfin,
M. Lefébure et M. Naville, rencontrant les variantes 'K <=>
www O _R o
j aaaaaa et J xziï aux textes du Livre des Morts, ont pro-
/WWV\
posé, l’un la traduction cours d’eau, l’autre celle d'eau,
étang, lac, mer*. Enfin, M. BrugsclL l’a traduit pur bifurca-
tion, en parlant du Nil se séparant pour former le Delta.
Mais les énumérations du Papyrus Wilbour : — « Fleuve.
» Ruisseau. Source. Torrent. L’immensité des eaux. La crue.
» Bras du Nil. Mer ( iouma ). Flots. Lac ( hounnou ). Pièce
» d’eau (saou). Puits. Citerne. Réservoir. L’eau étale. Etang
» (barkaüa). Les hauts cantons. Les bas cantons. Les bas
» fonds. Les marigots. Rigoles. Caniveaux. Mares. Flaques.
» Terres en bordures. Berges. Chaussées ( dennou ). Digues"
» ( nohem ). Iles. Plaines. Terrains hauts ( tenaou ). Tertres
» (gai). Argile. Plantes annuelles. Bois. Sables. Boue. Ter-
» rains incultes. Terrains cultivés. » — ces minutieuses énu-
mérations, qui n’oublient ni les « flaques d’eau » ni « la boue »,
et qui ne parlent pas d'_f ou , prouvent que cette
désignation n’appartient pas à la géographie physique, mais
1. Louvre C 3, 1. 15; Louvre C 17U; Leyde V 3; texte d'Edfou, E. et
J. de Kougé, pi. 61; Livre des Morts, chap. evi, 1. 3 ; cxlix, 1. 30 et 62.
2. Maspero, dans les Actes du premier Congres provincial des Orien-
talistes tenu à Lgon, en 1878, t. I, p. 246.
3. Piehl, Zeitschrift , 1881, p. 19; 1883, p. 119; Recueil, t. I, P- 138;
Maspero, Journal asiatique, 1880, p. 159, et Études èggptienncs, t. I,
p. 128.
4. Lefébure, Papyrus de Soutiniès, XX et XXI = Todtenbuch, cxlix,
1. 30; cf. 13, note. — Dans ce passage, uart-an-zer-s ne signifie pas
le Lac sans fin (Naville, Zeitschrift, 1882, p. 188), mais le district
d'An.-cres , dieu nommé plusieurs fois dans les textes des pyramides
traduits par M. Maspero.
5. Zeitschrift , 1882, p. 79-80.
6. On remarquera que ces mots, quoicjue désignant des terrains, pren-
non 1 y comme unrt, le déterminant /www de leau.
D* UNE VILLE ÉGYPTIENNE
143
à la géographie politique ou administrative. Ce n’est pas
une chose que l’on voit comme de l’eau, un étang, un lac,
une mer; mais, au contraire, une chose invisible comme les
créations administratives, telles que région, nome, district,
quartier.
Chacune de ces circonscriptions de quartier f ^ avait à
sa tête un | quartenier. Ainsi un certain Mema, à
l’époque de la XIIIe dynastie, est qualifié dans une inscrip-
if _
tien malheureusement détériorée :
que je crois pouvoir traduire : « quartenier de la ville, quar-
tenier du Midi et du Nord », soit que Mema veuille dire
qu’après avoir été « quartenier du quartier du Midi et du
quartier du Nord », il est devenu « quartenier (en chef) de
la ville », soit qu’il veuille dire ; « quartenier de ville poul-
ies quartiers du Midi et du Nord » (stèle 847); car, ainsi que
nous l’apprennent d’autres documents, il y avait à cette
même époque des chefs de district en chef, — chefs des
quarteniers et Tels sont
/WWVi f>
Nebatef et riïk
llllU \\o □
(stèle 891), (j^>(j(j A oui (stèle 900).
Il semble donc qu’Abydos (et probablement les grandes
villes d’Egypte, comme nous le verrons tout à l’heure),
était divisé en | ^
1° Le
ville ;
2° Et, au-dessous de lui, le
quartenier;
Xonti-botep (stèle 854),
o en
VI ’ J
/WWVA Q Q
AAAAAA Ch
ou % ayant à leur tête :
*
quartenier en chef de
chef de quartier
ou
3° Ceux-ci se faisaient aider dans leur emploi par leur
scribe (stèles 803, 808), et peut-être encore par des
DIVISIONS ET ADMINISTRATION, ETC.
est assis en face du
i
144
car le
(stèle 854).
Et ils prenaient alors le titre de j \\ f qui me
■» -D /WNAAA AA/WW I
parait signifier « chef de la direction du bureau de quar-
tier ».
Ceci vient encore à l’appui de l’opinion que j’émets sur
la signification de Il me semble difficile d’admettre un
tel luxe de hiérarchie pour un « tertre » ou pour un « lac »,
c’est-à-dire quelque étang naturel ou factice, comme on en
voit quelquefois nommés dans les descriptions de temples.
Enfin, j’ajouterai que cette division n’est pas particulière
à Abydos; car un monument d’Abydos est dédié par un
« lieutenant des quarteniers
^ i » i ni iii^
o e if III a
de Memphis » 1 .
Une inscription, découverte à Menchiéh par M. Maspero,
et publiée par M. Miller2, nous montre que la ville de Ptolé-
maïs était composée de sept bourgs ou quartiers, éit-axtop!*,
entourés de murs. Ainsi la ville fondée par Ptolémée avait
été probablement formée de la réunion de plusieurs villages
(xcifiai), qui en devinrent les quartiers j On en connaît
au moins deux : Psoï, souvent cité dans les papyrus démo-
AAAAAA
tiques, et Nislit, cezj3.
1. Mariette, Abydos, III, p. 1215.
2. Revue archéologique, 1883, II, p. 175 :
èv TTji £7tTax(0[j.iai tÔ iepbv xai
vsç y. ai to ipoobv ’lateiov xai toÙç irpoa-bvra; <j/tXoù; totiov;
xai tov èxt bç TŸj; TroXeoi; fSoip-ov, etc.
3. Daressy, Recueil , 1888, p. 139.
UNE FAMILLE SACERDOTALE
CONTEMPORAINE DES XXIP-XXVP DYNASTIES
(850-600 avant Jésus-Christ)1
La lecture du mémoire si bien documenté de M. Fritz
de Bissing m’a fait penser qu’il y aurait grand intérêt à
étudier les monuments d’une époque déterminée et ayant
appartenu à une même famille. On pourrait ainsi suivre
sûrement les modifications que le temps aurait apportées
dans la manière de faire des artistes ou des industriels de
cette période. Trouver cette famille, n’était-ce pas donner
aux recherches archéologiques une base de quelque consis-
tance? On classe assez facilement les monuments de l’époque
des Ramessides et des Saïtes; mais, entre ces deux dates,
il y a un vide de deux cent cinquante ans où les faits
flottent dans le vague. Des noms nouveaux apparaissent,
Sheshonq, Takelot, Osorkon, Petisis, etc. ; mais en général
ils aident fort peu au classement, car on les retrouve sous
toutes les dernières dynasties, quelquefois jusqu’aux Ptolé-
mées. En dehors des listes manéthoniennes, à peine quelques
dates émergent-elles à la surface de ce chaos.
1. Extrait du Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l’ar-
chèologie égyptiennes et assyriennes , 1896, t. XVIII, p. 187-196.
BIBL. ÉGYPT., XV. 10
146
UNE FAMILLE SACERDOTALE
UNE FAMILLE SACERDOTALE
épouse le prophète d'Amon, AMEN-HOTP
148
UNE FAMILLE SACERDOTALE
Ce n’est pas que les longues généalogies soient absolument
rares sur les stèles égyptiennes; mais ce qui est moins ordi-
naire, c’est de trouver plusieurs monuments ayant appar-
tenu aux descendants d’un même personnage. Cela ne se
rencontre que dans les familles royales. Si je me rappelle
bien, je n’ai reconnu dans le catalogue d’Abydos que deux
stèles concernant les membres d’une même famille. Quoique
l’on puisse citer ailleurs des exemples de plus longues gé-
néalogies, je maintiens que la chose est rare. Cependant, en
cherchant dans la publication de M. Lieblein, j’ai pu re-
constituer une famille dans les conditions désirables. Il y
a, en effet, au Musée de Gizéh une collection de sarcophages
tirés d’un même tombeau, ayant, on peut le présumer tout
d’abord, appartenu aux membres d’une même famille, ce
qui est vraiment une bonne fortune; car une suite de docu-
ments de ce genre ne laisse prise à aucun doute sur la date
de chacun d’eux et sur les déductions qu'on en peut faire.
Voici donc cette généalogie précieuse : [voir p. 146-147],
Cette longue généalogie comprend neuf générations, toutes
exactement reliées l’une à l’autre. Pas une seule interrup-
tion, ni de doute sur le lien qui les unit, comme le prouve
sur le tableau l’enchaînement des numéros donnés par
M. Lieblein.
Si on donne à chaque génération trente ans de survie, on
aura, depuis la mort de Bok-en-Ptah jusqu’à la mort de
Ta-ari, huit fois trente, ou deux cent quarante ans, c’est-
à-dire un espace de temps suffisant pour qu’il se produise
dans l’art des progrès ou des reculs, en tous cas des chan-
gements appréciables. C’est ce qui fait le grand mérite de
cette généalogie au point de vue des investigations pour
l’histoire des arts.
Cette famille nous a laissé les monuments de douze de
ses membres et de sept générations :
1° Oun-nofir, fils de Bok-[ni]-Ptah. Son
UNE FAMILLE SACERDOTALE
149
cercueil ... — L., 1095: Piehl, I. II. , 61 c. Stèle de bois
— L., 1104.
i * i
2° “ ' V\ Bis-n-Maout, son fils. Cercueil 438 —
JA AAAAAA — LTtj
L., 1092.
f AAAAAA ^
I Onkh-ef-ni-Khonsou, son fils. Cer-
© AAAAAA AAAAAA T
cueil 750 — L., 1123.
4° a) Iriou, son fils. Stèle de bois — L., 1107.
b) (| l— — Nsi-r-Amon. Cercueil ... — L., 1096;
< — ■> I /WWV\
Piehl, I. H., 61 c.
c) ^ ® 1 Nsi-[r]-Khonsou, sa femme. Cercueil . . .
— L., 1133.
d) ^ Bis-ni-Maout, frère de Nsiramon. Cer-
JA I AA/VWN
cueil 801. — L., 1117.
Q AAAAAA ^
5° aj 1 Onkh-ef-ni-Khonsou, fils de
i W AAAAAA AA/WVv I
Nsiramon. Cercueil 453 — L., 1109; Piehl, I. H., 60 B.
Stèle de bois — L., 1129.
I i "TL -=30C=- "fl <£f -=30E=-
b) ! ^ (var. q v^~) Ta-khent-Min, fille
de Nsiramon. Cercueil ... — L., 1089.
^ Har-si-Isit, son fils. Cercueil 456 — L.,
c)
1090.
6° ^ Hâ-hât (ou Hâti?), fils de Har-si-Isit. Cercueil
731 (?) — L., 1093.
7° \\ 21 Ta-ari, arrière-petite-fille de Zod-Khons-
ef-ônkh, fils de Nsiramon. Cercueil ... — L., 1100. (Brugsch,
Dict., Suppl., p. 810, dit : Sarcophage.)
Ce qui se résumera clairement dans le tableau suivant :
150
UNE FAMILLE SACERDOTALE
1" génération.
2»
3'
4'
[Bok-ni-Ptah]
6'
7'
Un-
Bis-n
NFR
Mut
Any-f-n-Xons
Iriu Nsr-Amn = Ns-Xons Bis-Mut
I III
Onkh-f-n-Khons [Zod-Xons-f-âny] Ta-Min-khont Har-si-Isit
I
[Bis-n-Mut]
I
[Xâûs-Isit]
I
Ta-ari.
Hâhât
(Hâti)
Le problème le plus important sera maintenant de déter-
miner à quelle époque vivait cette famille.
C’est une famille d’un rang assez obscur : elle n’a rempli
aucune charge dans l’État1 2. Tous ses membres sont de
A iIlnimui A ^
Thèbes. Les hommes sont tous | V A/WW\ \ / j) © ^ Nsiramon,
qui porte de nombreux titres, n’a que des fonctions se rat-
tachant au temple d’Amon , [1 AA/VSAA , La seule femme qui porte
1 n I o o S I
un titre, Nsi-Khons, mère de Nsiramon, est
/wwv\ ,
O I
Seul aussi, son père est à la fois « prophète de Month, sei-
gneur de Thèbes, et prophète d’Ap-ouatou, seigneur de
Siout, et chef du trésor du Pharaon » (L., 1096).
11 est à remarquer que, dans cette longue généalogie qui
dure deux siècles et qui comprend plus de trente noms3,
1. Hor, chef du trésor du Pharaon, beau-père de Nsiramon, n’est pas
de la famille.
2. Quoique tous prêtres de Montou, pas un de ces hommes n’a donné
le nom de son dieu à ses fils. Peut-être ainsi le voulait le respect pour
la divinité dont on exerçait le culte.
3. Dans le tableau il en manque quelques-uns : ce sont ceux des as-
cendants des femmes épousées par les hommes de cette famille.
UNE FAMILLE SACERDOTALE
151
pas un ne fait allusion à la XXVIe dynastie, ni à Bocchoris,
ni à Psammétique, ni à Alimès, etc., ni à leurs prénoms
royaux, ni au nom de leurs femmes. Il faut en conclure
qu’ils n’ont pas vécu sous la XXVI1' dynastie.
M. Lieblein, en présence de tous ces monuments, les a
appréciés, comme je le fais; car il les a placés (sauf un,
1180) avant les monuments incontestablement datés du règne
de Psammétique Iür (nos 1137 et suiv.).
Il y a tout lieu de croire qu’ils appartiennent à la
XXV'' dynastie ou à celles qui l’ont précédée. La XXV1' dy-
nastie se compose comme il suit :
1 1 1
(safeuf „ “
roi, 711, | 702 1 Son frère la fait régente de Thèue
1 1 1
ul (
m ] (53 °v*]
roi, 702, f 600
û
épouse épouse, vers 650,
rmuui A, ü C"P1 le rrtl
«M. ^37 o \ Psametik.
•oi, 690, t 661
Son successeur :
Pas un de ces noms ne figure dans la généalogie de la
famille de Bok-ni-Ptah.
1. Pour les dates, voir Haigh, Zeitschrift, 1868, p. 82, et 1871. p. 102.
152
UNE FAMILLE SACERDOTALE
Mais, à côté de la famille royale éthiopienne, on peut
trouver quelques familles, dont quelque membre ait vécu à
date certaine. Par exemple :
1“ L’un des généraux du roi Piônkhi en Égypte se nom-
mait □ ^Tj ^ ^ Pouarma (1. 8 et 140). Ce nom se retrouve
sur une stèle du Sérapéum1 2 de l’an 37 de Sheshonq IV
(vers 810), par conséquent antérieure à la stèle de Barkal,
où sont nommés :
Aru
I
Her-â-n-qer-RS-Mht
Nfr-isit
épouse le général Puarma
Ta-p-mr
hr-â-n-qer-RS-Mht.
2° P-ouii et sa femme Tâ-re6’-n-Bast, et leur fille, la
« nourrice du roi, seigneur des deux terres Toh'alcq (Ta-
harqou), vivant toujours, ees-RÀ-peR’ »
lL,--
L=üo i
Ts-mht-pr’, mère du « basilico-
» gra in mate o
nH4, décoré du collier et de l’abeille (?),
» ami, chef des deux terres, yeux du roi du Midi, oreilles
» du roi du Nord, intendant du trésor du maître des deux
» terres To-hal-q (Taharqou) », dont les cônes funéraires
sont à Lyon, à Londres, à Gizéli3.
Ces trois documents sont datés exactement. On pourrait
en rapprocher quelques autres.
Les noms analogues à ceux de Tes-Rà-pirou et de Tes-
1. Mariette, Sèrapèum , pl. 32; Lieblein, Dictionnaire des noms,
nu 1018 ; et. encore Recueil de Travaux, 1887, p. 58, et Louvre, A 96.
2. Lieblein, Dictionnaire des noms, n° 1136 — cercueil à Florence.
3. Daressy, Cônes.
UNE FAMILLE SACERDOTALE 153
Mehit-pirou se rencontrent avant et après le règne de
Taharqou :
a) <=> (var. qui assure la lecture
O O O O C)
de ce nom), Ts-bastit-pr, est lille du roi Osorkon II, de
la XXIIe dynastie ' ;
b) <E5>, Ts-mut-pr’1 2 3 4, fille de Ta-ser-n-Bast et
petite-fille d’Har-si-Isit, peut-être de la XXVe dynastie;
c) jj ^ ^fj, Ts-isit-pr’, mère d’un |oO’ ;
d) , Ts-mut-pr’, femme d’un fonction-
naire près de la * et mère d’un | ® nommé Pet-amon-
APT
e)
|j Ts-nit-prt, femme de et
mère du kasana Psamétik5 6.
Ces trois femmes appartiennent sans contestation possible
à la XXVIe dynastie.
Citons encore :
ctzl
mère de Qeres";
Ts-mut-pr’, femme de Zanrod,
, Ts-isit-br’ 7, qui me paraît une
variante dialectale du nom cité plus haut;
h) Notons encore que Ouzarans, tille du prince Khaâhor,
gouverneur de Thèbes, aïeul du prince Montoumhît, dynaste
1. Lepsius, Denkmàler , III, 255; Lieblein, n° 1085.
2. Gizéh, cercueil 632; Lieblein, n“ 1118.
3. Schiaparelli, Catalogo, 379; Lieblein, n° 1155.
4. Lieblein, n° 1329.
5. Canope inédit du Musée de Sens.
6. Recueil de Travaux, 1893, t. XIV, p. 57.
7. Recueil de Travaux, 1894, t. XVI, p. 175-176.
154
UNE FAMILLE SACERDOTALE
en 671, épousa un Ounnofir, et qu’un cercueil de Boulaq
donne la généalogie :
C=co«=3
Unnofir =
H O O O
I
Nbt-pir Uzarans1 2.
4° Puis, nous arrivons à la famille d’un personnage dont
le nom nous fournit un point de repaire assuré, je veux
parler de Montoumliît, nomarque de Thèbes, que le conqué-
rant assyrien lit l’un des vingt princes divisionnaires de
l’Égypte en 671. Sa fille Bibiout se maria dans une famille
de prophètes d’Amon \ qui s’allia elle-même à la famille de
notre Bok-ni-Ptah3.
Montoumliît nous donne la date des personnages de la
grande famille de Bok-ni-Ptah. Car sa sœur4 devint la
femme de son oncle5 6, et leur fille Tabazat épousa un Bibi,
prophète de Montou-m-Ouas, fils d’Onkh-ef-ni-Khonsou,
qui n’est autre qu’un des fils de Nesir-Amon, quatrième
descendant de Bok-ni-Ptah.
Je crois donc, par là, établir une concordance solide entre
les XXIP, XXIIIe, XXIVe, XXVe et XXVIe dynasties0.
Cet arrangement repose sur des considérations sérieuses :
1° Padoubastit, succédant à Sheshonq IV (qui règne 37 ans
au moins), doit être plus jeune que lui. 2" Piônkhi Ier a pour
contemporains Pifaâbast, Osorkon et Tafnakhti, selon la stèle
1. Lieblein, Dictionnaire des noms , n° 1269, cercueil.
2. Maspero, Les Momies de Dèir et-Baharî , p. 763.
3. [Voir les généalogies parallèles des trois familles, p. 155.]
4. Cf. Lieblein, Dictionnaire des noms , n° 1260.
5. [Pa-di-Amon est l’oncle de Bibiout, si son père Khaà-Ilor, pro-
phète d'Amon et nomarque, est bien le même que Khaâ-Hor, aussi
prophète d’Amon et nomarque, et aïeul de Montoumliît. On aurait ainsi
le bisaïeul de Montoumhit, Hor-si-Isit, également déjà prophète d'Amon
et nomarque.]
6. [Voir le tableau de concordance, p. 156-157.]
156
UNE FAMILLE SACERDOTALE
Bok-ni-Ptah
Ounnofri
Bisa-n-Mout
Onkh-ef-ni-Khonsou
Nesir-Amon
Onkh-ef-ni-Khonsou
épouse la sœur
du prince de Thèbes
Montou-em-hît.
I
Baba
I
Padi-Amon
OSORKON 11’,
vers 940
1
" ;
|
SEèONQ II,
NAMROT,
t 915
prince de Hnès et
1" prophète d’Amon
I
TAKELOT II,
1
Ptah-outou-f-Onkh,
f 902
1
prince de Hnès
1
1
SESONQ III,
1
Ptah-hon,
t 851
1
prince de Hnès
l
1
PIMI,
1
Har-pi-son,
851, f (?)
prince de Hnès
1
èESONQ IV,
1
Ptah-hon,
vers 850, ]• 810.
prince de Hnès
1
Har-pi-son,
prince de Hnès,
vers 810
1
PIF-ÂA-BAST,
prince de Hnès,
an 21 de Piônkhi 1”.
Hor-is-Isit,
nomarque
khaa-hor,
nomarque de Thèbe
Zod-Ivhonsou-f-ûnkh
Bisa-[n]-Mout
Khâou-s-Isit
I
Ta-ari.
Nsi-min,
nomarque
MONTOU-M-HIT, Am
nomarque souverain,
671 Bil
Nsi-Ptah,
nomarque.
1. Dates empruntées à Y Histoire de Brugsch.
UNE FAMILLE SACERDOTALE
157
[Tableau de concordance des généalogies des
prêtres de Montou , des nomarques t/ièbains, des
rois bubastites , tanites, éthiopiens et sa'ites. —
Voir p. 154. ]
-BASTIT',
), t 770
IKON III FIÔNKHI I"
), t "62,
3 Piônkhi l' r
I
^ — r
’ èOP-N-OPIT épouse : KASHTO
.SABAKA, Aqlà
715, t 706.
Amon-iridis
épouse
Piônkhi II
TAHARQOU, Shop-n-opit
roi, épouse
706, f 666. Psamétik Ier.
TAFNAKHT1
an 21 de Piônkhi lrr
BOK-NI-RAN-F,
brûlé vif par Sabacon,
715
I
Stéphinatès
I
Nékhepsos
I
NIKAOU I”,
t 666
PSAMÉTIK I”,
roi, 666-611
NIKAOU II,
611-595
I
PSAMÉTIK II,
595-590.
158
UNE FAMILLE SACERDOTALE
de Barkal. 3° Montouinhit doit descendre au rang de Ta-
harqou, son contemporain.
Et si nous revenons à la famille qui a fait l’objet de cette
étude, nous voyons que Bok-ni-Ptah est le contemporain du
roi Pimi ou de Sheskonq IV, vers 850, et que Taari vivait
au temps de Néchao, vers l’an 000, c’est-à-dire qu’entre le
cercueil de cette dernière et celui d’Ounnofri, lils de Bok-
ni-Ptah, il y a bien deux cent vingt ans, comme je l’avais
tout d’abord supposé. N’y a-t-il pas là un sujet d’étude bien
fait pour attirer l’attention? J’espère, en dressant cette gé-
néalogie unique dans l’archéologie égyptienne, que j’aurai
établi les bases solides d’un travail bien digne de tenter
quelqu’un des égyptologues ou des archéologues, comme
M. de Bissing, à qui il serait donné de séjourner en Egypte
et d’étudier sur place la série de monuments aussi exacte-
ment déterminée. Il me semble que l’entreprise serait d’un
grand intérêt pour l’histoire de l’art.
Les tableaux qui précèdent vont maintenant nous per-
mettre de classer d’une manière à peu près certaine d’autres
monuments qu’on peut rapporter à cette période’. Ce classe-
ment fournira des points de comparaison à qui entreprendra
l’étude de la famille de Bok-en-Ptah. La vue des monu-
ments d’ailleurs pourra suggérer quelques modifications au
classement que je vais proposer :
1° Je placerai le premier le n° 1097 du recueil de M. Lie-
blein, cercueil do la dame Ta-sit-n-Isit, fille du prophète
de Montou, Osorkon (dont le nom rappelle les rois de la
XXII1' dynastie et de la XXIII0) et de Ta-monkh-Amon.
2° Le n° 1132 appartient à une femme du même nom,
fille de P-si-mout. Cf. le roi P-si-mout, de la XXIII0 dy-
nastie, et Psi-n-mout, fils du prince Montoumhît (fin de la
XXV0 dynastie).
3" Le n° 1122, cercueil (n° 749) de dame Na-monkht-
Amon, fille de Nsi-Amon et de Nsi-Khonsou, petite-fille
1. Licblein, nos 1080 à 1130.
UNE FAMILLE SACERDOTALE
159
d’Har-si-Isit, nous offre un nom de femme analogue à celui
des femmes des numéros précédents et aux noms portés dans
la famille de Bok-ni-Ptah.
4° Les nos 1125, 1126, 1127, 1124 (cercueils nos 745, 748,
800 et 803) paraissent avoir appartenu a une même famille
dont le chef porte le nom d’un roi de la XXIIe dynastie.
PI-MI,
prophète de Montou,
scribe do trésor d'Amon
(1124)
1
P-H1BI = NSI-KHONSOU
mêmes titres (1124)
(1124)
I
ONKH-F-N-KHONSOU — OUZA-RAN-S
prophète de Montou (1124, 1127: — -
(1127, 1125) cercueil 745)
NA-MONKHTI-RÂ
divin père de Montou,
(1125)
I
BISA-N-MOUT,
divin père de Montou,
épouse Mut-iri-dis
(1125, 1126; —
cercueil 748)
1
ONKH-F-KTIONSOU
(1126 ; — cercueil 800).
5° La grande famille de Bok-ni-Ptah, dont les numéros
peuvent se ranger dans l'ordre chronologique suivant :
1104 1095
1092 1093 1123 1090
1096 1107 1109 1117
1089 1100 1129
1106
6° La famille du prince (1102) Khaa-Hor, prophète
NEKHT-BASTIT
(1127; -
cercueil 803)
160
UNE FAMILLE SACERDOTALE
d’Amon et gouverneur de Thèbes, etc., grand-père de
Montoumhît, l’un des vingt cliefs de 671 :
KHAÂ-HOR
(L., 1102, 1103, 1106; - P., /. H., 49)
NSI-MIN OUZA-RAN-S
(L., 1101, 1102, 1103, 1119, 1120, 1121, 1131; (1106)
— P., I. H., ) épouse Ounnofri,
épouse : prophète de Montou
1“ Isit-m-yobu, 2° Ta-ad-n-Isit |
Dame NSI-KHONSOU
(1106)
Le prince de AMON-IRI-DI-S BIBIOUT KHAÂ-HOR,
Thèbes, (1119,1120,1121; épouse prophète de Montou
MONTOUMHIT, — ses cercueils ; — Pediamon, (1101, 1102, 1103; —
en 671. P., I. H., 53-55). prophète ses cercueils 735, s. n°,
de Montou. 597; — P., I. H.).
7° La famille du prophète d’Amon et nomarque Har-si-
Isit (voir plus haut), nos 1094, 1105, 1189 (stèle; cercueils
sans numéro).
8° La famille d’un prophète de Montou, Mer-ni-Khonsou,
nos 1098-1099 (cercueils 734 et 602) dans lesquels Mariette
reconnaît l’élégance saïte.
9° Une famille (nos 1113, 1130), dont le chef Nakht-ef-
Mout porte de très hauts titres :
Na/t-e-Mut
i
ZOD-XONSU-AUF-ÔNy 1
Dame Tar.ua épouse An-/-p-/rd
Har-mât
I
Dame Nsi-Xonsu*.
O
1. Nom qui paraît sous Sheshonq I” (XXIIr dynastie).
2. Cercueil sans numéro; stèle.
UNE FAMILLE SACERDOTALE
1G1
10° On pourra placer dans la XXVe dynastie (peut-être
plus loin) les nos 1110 (cercueil de Nsi-p-sif), 1111 (cercueil
de Ouza-Hor-r-oui), 1112 (cercueil de Hor-mât), 1114 (cer-
cueil de Nit-sesen, 1115 (cercueil n" 5, à Miramar), 1116
! (cercueil de Pi-set, à Berlin), 112S (cercueil de dame Ta-
bok-Khonsou, n° 796).
11° Le n° 1136 (sarcophage à Florence), dont la titulaire
était Râ-perou, tille de Ta-roud-ni-Bastit, qui a le titre de
« nourrice du roi Taharqou ».
12° Le n° 1135 est le cercueil du prince Bok-ni-ran-f
(Bocchoris), chef du sacerdoce de Neith à Sais et gouverneur
de Thèbes (XXVIe dynastie). — Cf. Schiaparelli, Ca-
talorjo.
13° Enfin, le n° 1118 (cartonnage 732) peut être de la
XXVIe dynastie.
Bibl. ÉGYPT., T. XV
11
L’ÉGYPTE
PENDANT LES
PREMIÈRES ANNEES DU ROI ÉPIPIIANE1 2
M. Revillout, à la page 12 de son Étude sur les décrets
de Rosette et de Canope *, a fort bien mis en lumière les
faits qui accompagnèrent la mort de Philopator. Le jeune
Épiplume commença son règne au milieu de la guerre civile
et de la guerre étrangère. Les tuteurs du prince étaient
mis à mort; les Grecs, divisés en deux partis, s'égorgeaient
dans Alexandrie; des dynasties indigènes se fondaient dans
toute l’Egypte. Les Alexandrins appelaient l’intervention
de Rome; Antiochus enlevait la Syrie et la Phénicie au
roi Lagide, et s’avançait contre l'Égypte. C’était une entière
révolution, comme la nomment les documents contempo-
rains. Selon l’expression de Diodore de Sicile, cité par
M. Revillout, « Épiphane se vit sur le point de perdre
1. Extrait des Mémoires de la Société d' Agriculture, Sciences,
Belles- Lettres et Arts d’Orléans, 1882, t. XXIII, p. 385-390; Études
ptolèmaiqucs , p. 81-86.
2. Le décret de Tan IX d’Evergète a été rendu à Canope, et le mo-
nument qui nous Ta conservé a été trouvé à San, l’ancien Tanis des
Grecs; le décret de Tan IX d’Ëpiphane a été rendu à Memphis et
trouvé à Rosette. Il faut donc dire pour exact : « les décrets de Canope
et de Memphis » — et : « la pierre ou la stèle de San (Tanis), la pierre
ou la stèle de Rosette ».
164
l’égypte
complètement la couronne, si ce n’est la vie elle-même, et
de n’avoir plus un pouce de territoire en Égypte. »
Il y a toutefois, selon moi, quelque exagération dans
cette dernière appréciation. Il est bien vrai que, dès l’avène-
ment d’Épiphane, il y eut en Égypte, comme il était déjà
arrivé plusieurs fois aux siècles précédents, un soulèvement
national1 contre la dynastie étrangère. Alors Thèbes chassa
sa garnison grecque et proclama roi indépendant Horemhou* ;
il est certain que d’autres villes imitèrent cet exemple,
Polybe nous a transmis les noms des rois Athinis, Pausiras,
Khésouphos et Irobastos qui vinrent à Sais faire leur sou-
mission au roi Ptolémée, après la prise de Lycopolis. Mais
je suis disposé à penser que le soulèvement ne fut pas aussi
général qu’on a pu le croire. Il y eut entre les villes des
diverses provinces des rivalités qui les jetèrent dans des
partis opposés. Il n’est pas sûr que Memphis, par exemple,
rivale de Thèbes sa voisine, ait fait défection à Épiphane. Car
il me semble résulter de l’intitulé de plusieurs actes notariés
qu’Épiphane ne cessa pas d’être reconnu dans cette ville.
Le premier en date est daté : « an II, athyr, du roi Ptolé-
» mée, fils de Ptolémée et d’Arsinoé, les dieux Philopators,
» Aristomakhos, fils de Mennas, étant prêtre d’Alexandre,
» des dieux Sôters, des dieux Adelphes, des dieux Éver-
» gètes, des dieux Philopators, Didymé, fille de Ménander,
» étant athlophore devant Bérénice Évergète ; Iréné, fille de
» Cléon, étant canéphore devant Arsinoé Philadelphe3 ».
1. Les documents grecs ptolémaïques désignent cette révolution par
l’expression de r| Tapa/rj (Letronne, Inscriptions de V Égypte , p. 246;
Décret de Memphis, 1. 20 du texte grec). Les textes hiéroglyphiques
l'appellent ^ khenen. ( Inscription d’Edfou, voir Brugsch, Zeit-
schrift, 1877, p. 45.)
2. Voir Revillout, Decrets, et ma notice sur Horemhou, [p. 169-205].
3. Papyrus de Leyde n° 373, publié par M. Leemans, Monuments
de Leyde, 2e partie, pl. 187 à 193; traduit par M. Revillout. Reçue
ègyptologique, 1880, p. 128.
SOUS EPIPHANE
165
L'autre est daté : « l’an VIII, pharmouthi 8 (?), du roi
» Ptolémée, fils de Ptolémée et d’Arsinoé, dieux Philopa-
» tors; étant prêtre d’Alexandre et des dieux Frères et des
» dieux Évergètes et des dieux Philopators et du roi Pto-
» lémée, le maître du khopesch, Démétrios, (ils de Sitaltès;
» Aria, fille de Diogène, étant athlophore devant Bérénice
» Évergète; Nicias, fille d’Apellès, étant canéphore devant
» Arsinoé Philadelphie; Iréné, fille de Ptolémée, étant
» prêtresse devant Arsinoé Plnlopâtre’. »
Ce fils de Ptolémée et d’Arsinoé Philopator est Épiphane.
S’il ne porte pas encore ici ce surnom, c’est qu’il ne lui
fat donné que par le décret de Memphis en l’an IX de son
règne.
Quant à la localité où l’on datait ainsi de l’an II et de
l’an VIII du règne d’Épiphane, les actes entre particuliers,
il ne peut y avoir de doute. Les caractères paléographiques
des actes’, les titres’ et les noms1 2 * 4 des témoins, la mention
répétée de Memphis, de la nécropole de Memphis, du
chemin appelé Y Avenue d’Anubis , nous donnent toute cer-
titude sur leur provenance.
Ainsi, il est avéré qu’en l’an II et en l’an VIII de son règne,
1. Papyrus du Louvre, publié par M. Revillout, Revue èyyptolo-
gif/ue, 1880, pl. 6 et 7, et traduit ibid., p. 124. Cliampollion-Figeac en
avait publié le protocole dans sa Notice de deux Papyrus è y y p tiens.
2. La forme et l’emploi de certaines lettres et de certains mots,
comme le □ dans les noms de Ptolémée, — comme l'orthographe
pour fille, ^ pour femme, — la terminaison (j(j du mot 7 n
pes'i, moitié, toujours écrit ^ 7 J\ dans les actes thébains [cf. p. 63].
3.
sahuneter (?) traduit en grec titre spécial
à Memphis. (Revillout.)
‘J
□
IMHOTEP, ’I[jt.u07jÇ,
Petimhotep,
□
I
Ptahma,
M
Ptah-hotep, noms composés avec
ceux des dieux adorés à Memphis.
166
l’égypte
Épiphane était reconnu roi à Memphis. De sorte qu’on peut '
affirmer que cette ville ne se révolta pas comme Thèbes
dès les premières années du nouveau roi. Il est vrai qu’on
ne pourrait affirmer d'une manière absolument certaine
que Memphis ne s’est pas révolté après l’an II et n’a pas été
soumis avant l’an VIII. Des papyrus datés des années inter- ’
médiaires pourront seuls nous donner pleine certitude à
cet égard. Cependant il faut remarquer qu’en l’an VIII, les
généraux d’Épiphane faisaient le siège de Lycopolis,
qu’Épiphane ne disposait que de peu de troupes, qu’il était
obligé de faire venir incessamment des recrues de Grèce et
qu’il n’aurait pas pu faire en même temps le siège de deux j
villes importantes; en second lieu, que l’année suivante 1 2
Épiphane se faisait couronner solennellement à Memphis', j
et j’imagine avec assez de vraisemblance qu’elle dut cet
honneur à sa fidélité.
Bien plus, je pense que Memphis pourrait bien n’être pas
la seule ville à nous connue comme étant restée sous l’obéis-
sance du jeune roi. Dans son procès contre les Choachytes,
Hermias fait mention de son séjour à Ombos « lorsque j’étais
retiré au nome d’Ombos1 », dit-il. Nous savons maintenant!
pourquoi Hermias, qui tenait garnison à Thèbes, avait été
obligé de résider à Ombos. La révolution survenue à la
fin du règne de Ptolémée Philopator avait surpris le corps
de troupes auquel Hermias appartenait et l’avait forcé à
remonter le Nil; il parvint à se maintenir à Ombos, qui
resta ainsi, au moins quelque temps, dans l’obéissance
nominale d’Épiphane. Mais il est très probable qu’Ombos
ne tarda pas à tomber au pouvoir du roi thébain.
Il y a un autre fait historique qu’il est bon de signaler
encore. Edfou, pendant cette révolution, fut occupé par
l’armée nationale. Le texte de la Chronique de la fondation
1. Décret de Memphis.
2. XoptiTÔsvro; 8é (jlou e!ç rôv ’0[xStTï)v. (Letronne, Papyrus , p. 219.)
SOUS EPIPIIANE
1G7
du temple d’Edfou , écrite sous le règne de Ptoléméo
Alexandre Ior, dit expressément : « Lorsque survint la ré-
» volte, alors il arriva que d’abominables factieux péné-
» trèrent dans le sanctuaire et s’embusquèrent dans la
» demeure des dieux quand [le roi] fondit sur le Sud'. »
Mais le roi Ptolémée Epiphane, qui avait déjà obtenu la
soumission de la Basse-Égypte en l’an VIII de son règne,
après la prise de Lycopolisy et s’était fait couronner l’année
suivante à Memphis3 4, se rendit maître de Thèbes et
d’Edfou*, en l’an XIX de son règne5, et réunit la vallée du
Nil tout entière sous son sceptre. L’Égypte devait encore
appartenir sans conteste, près de deux siècles, à sa dy-
f nastie.
3 décembre 1880.
chen, Bntiurkunde des Tempelanlagen von Edfu, dans la Zeitschrift,
1870, pl. II, 1. 23-24). Mot à mot : « Survint une révolte, fut ensuite
l'abomination des rebelles dans le sanctuaire, se cachant dans le siège
des dieux, dans le s’élancer (le dieu bon) dans la direction du Midi. »
M. Dümichen traduit : « Dabrach eine Révolution aus und es ereignete
sich nun das die Bande der Empôrer sich dort befand in ihrem
Versteck, im Innern des Tempels, als es drünter und drüber gingauch
im Süden. »
9 Ce fut sans doute à cette occasion qu’on lui décerna le surnom de
! I W 1 ©
pneb s' opek' « le maître du glaive », qu’il échangea
„ □ D
1 année suivante contre le titre, officiel, consacré par le sacerdoce, de
“ CTZ3 a
J J NTIPF.R, ’ETïlçavïjÇ.
AAAAA^ < >
3. Ces événements sont racontés dans le Décret de Memphis et dans
Polybe.
4. [Pour l’occupation de Coptos par les Thébains, voir p. 205.]
5. Comme le prouvent l’édit de philanthropie et le texte d’Edfou
cité plus haut.
LE KOI HO R EM HOU
ET
LA DYNASTIE THÉBAJNE
AU III” SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE'
Après trois cents ans d'infatigables recherches, l’anti-
quité grecque n’a pas livré la clef de tous les problèmes
qu’elle a offerts à l’avidité des savants; le sol de l’Egypte
ptolémaïque, autant que celui de la Grèce, nous cache
encore bien des trésors aussi intéressants que ceux de
Mycènes et de Pergame, et nous réserve une longue suite
de révélations inattendues sur nombre de points obscurs de
l’histoire ou des mœurs des peuples grecs.
Telle est la découverte, pour ainsi dire, que AI. Revillout
vient de faire dans les musées mêmes de l’Europe. A Paris,
à Berlin, à Vienne, à Leyde, etc., étaient conservés des
papyrus venus d’Égypte, dont l’écriture n’était pas abso-
lument inconnue, mais dont on n’avait, depuis un demi-
siècle, pu déchiffrer que les premières lignes de quelques-
uns. M. Revillout, le savant conservateur du Louvre,
élargissant le cercle de ses études et remontant le cours
des âges, maitre de toute la littérature copte, s’est attaqué
aux papyrus plus anciens en écriture démotique, et, nouvel
1. Extrait des Mémoires de la Société d’ Agriculture, Sciences,
Belles- Lettres et Arts d’Orléans, 1879, t. XXI, p. 131-168; Études pto-
lémaï'iucs, p. 1-38.
170
LE ROI HOREMHOU
explorateur d’une mine délaissée, vient d’en tirer des
richesses qu’il livre à l’ardente curiosité de ceux qui atten-
daient de la publication des papyrus démotiques le complé-
ment indispensable aux papyrus grecs discutés par les
Peyron, Letronne, Bockh et autres érudits du milieu de
notre siècle.
Les pièces dont M. Revillout a publié, dans sa Chresto-
mathie démotirjue et dans sa Nouvelle Chrestomathie
démotique, le texte et la traduction, sont grosses, par la
variété des objets auxquels elles s’appliquent, de toutes
sortes d’enseignements. Comme les tables qui suivront les
derniers fascicules ne seront pas publiées de sitôt, il a
paru qu’il ne serait pas inutile d’en donner ici même une
brève nomenclature qui facilitera provisoirement aux lec-
teurs érudits le contrôle des discussions que cette publica-
tion ne peut manquer de susciter.
Deux de ces pièces sont des documents officiels de la
plus haute importance, les autres sont en général des actes
dressés par des notaires; une partie porte la mention de
l’enregistrement auquel elles étaient soumises par les lois;
elles sont minutieusement datées par de longs protocoles
qui vont souvent me servir dans les questions que j’aurai à
examiner.
Les documents publiés dans la Chrestomathie démotique,
il y a déjà quatre ans, comprennent :
Le décret de Canope, de l’an IX de Ptolémée III Éver-
gète Ier, ou 239 avant notre ère (p. 125-176) ;
— le décret de Rosette1, de l’an IX de Ptolémée V Épi-
phane, ou 197 avant J.-C. (p. 1-60);
— une vente de droits mobiliers, du 18 athyr, an XXXVI
de Ptolémée VI Philométor, ou 146 avant J.-C. (p. 61-84);
— une vente de maison et dépendances, de l’an L de Pto-
lémée VII Évergète II, ou 121 avant J.-C. (p. 85-109) ;
1. [Ou plutôt de Memphis. Voir p. 77 et 163.]
ET LA DYNASTIE THEBAINE
171
— deux prêts de blé, des 15e et IG® années de Cléopâtre,
12° et 13e années de Ptolémée IX Alexandre, ou 103 et
102 ans avant J.-C. (p. 110 à 128) ;
— un contrat de dépôt d’objets mobiliers, de l’an XVI
d’un roi qui n’est pas nommé (p. 123-124; déjà publié et
traduit par M. Brugsch, Zeitschrift füv âgyptische Sprciche,
juillet 1876).
Les documents publiés dans la Nouvelle Chrestomathie
démotique comprennent :
Trois contrats de mariage, des années 226, 211 et 201
avant notre ère (p. 1, 4 et 109) ;
— onze actes de vente de propriétés, des années 197, 199,
182, 176, 160, 150, 141, 127, 119 et 96, deux de cette année
(p. 139, 126, 66, 134, 113, 53, 32, 103, 59 et 20);
— cinq actes de quittance du prix de vente accompagnant
les actes de vente susmentionnés, des années 199, 186, 176,
150 et 142 (p. 126, 66, 134, 46 et 32);
— une vente sous forme de transaction, de l’an 142 (p. 79) ;
— un acte de partage entre co-propriétaires, de l’an 122
(p. 87);
— un acte de partage par avancement d’hoirie, de l’année
117 (p. 7);
— un prêt de blé, de l’an 113 (p. 121) ;
— deux baux, du règne d’Évergète II (p. 148 et 150) ;
— une déclaration de bail, de l’année 134 (p. 156);
— enfin, une note concernant l’état civil de plusieurs
personnes appartenant à une famille de Thèbes, entre les
années 135 et 131 (p. 65).
M. Revillout a publié encore quelques autres documents
dans la Zeitschrift de 1879 (malheureusement, quelquefois
sans donner le texte de leurs dates), savoir :
Un quatrième contrat de mariage, de l’an 172 (papyrus de
Turin 169, 13; Zeitschrift, pl. V, n° 20) ;
— une douzième vente de propriété, de l’an 126 (pap.
Turin 174, 24; Zeitschrift, pl. IV, n° 18) ;
172
LE ROI HOREMHOU
— un troisième bail, d’une vigne et de ses dépendances
(pap. Turin 21; Zeitschrift , pl. II, n° 12, publié sans date ni
souscriptions) ;
— une quittance, du 20 mésoré an XLIV, 127 av. J.-C.,
pour remboursement d’une somme de 1440 argenteus prêtée
par acte du 30 klioiak (pap. Turin 174, 14; Zeitschrift,
pl. II, n° 11);
— un acte d’adjuration, de l’année 118 (pap. Turin 18;
Zeitschrift, pl. IV, n° 17);
— un contrat d’échange de denrées, etc., de l’année 148
(pap. Turin 11 ; Zeitschrift, pl. III, seulement des fragments,
n°s 14-16) ;
— une nouvelle série d’actes de l’état civil des descen-
dants des époux du contrat de mariage de l’année 172, entre
les années 172 et 130 (pap. Turin 174, 20; Zeitschrift,
pl. IV, n° 19).
On conçoit parfaitement quelle source, pour ainsi dire
intarissable de renseignements nouveaux, vient de s’ouvrir
pour l’étude de l’histoire, des moeurs, du droit public, civil et
criminel, de l’administration, de l’organisation des finances,
de l’économie, de la statistique, du calendrier, des poids,
des mesures, des monnaies, etc., pendant les dernières dy-
nasties égyptiennes. Car ces documents embrassent une pé-
riode de cinq siècles, du règne de Darius Ier, roi des Perses,
jusqu’à la conquête de l’Égypte par les Romains.
Je n’ai pas assurément l’intention d’entreprendre l’étude
de toutes ces branches de l’histoire et de l’archéologie, ni
même d’en présenter un rapide tableau. Ces études en sont
à leur début. INI. Reviliout a déjà appelé l’attention, dans
plusieurs notices, sur tout l’intérêt de ces documents
historiques ou juridiques. Imitant son exemple, j’essaierai
d’éclaircir quelques faits relatifs à la dynastie des Ptolé-
mées, dont l’histoire nous offre bien des problèmes à
résoudre.
Suivant l’ordre chronologique, un des premiers objets de
ET LA DYNASTIE THÉBAINE
173
recherche rencontrés sous nos pas est cette petite dynastie
thébaine. dont la découverte est due à M. Revillout. Celui-
ci en a déjà établi l’époque et doit prochainement publier’
une notice sur le nom de l’un de ces rois jusqu’ici inconnus,
que je vais étudier de mon côté. J’aurai l’occasion d'ap-
porter de nouvelles preuves à côté de ses arguments et
d’établir un point intéressant qu’il n’a pu aborder, je veux
dire l’ordre de succession des nouveaux rois thébains.
Ce cartouche ne nous est connu que par un seul texte
démotique publié l’an dernier par M. Revillout. C’est le
contrat de mariage de Patimout et de Tbal , du mois
d’épip de l’an IV de ce roi1 2. Sa légende royale est conçue
comme il suit :
(Tî (lu 3/1 di ffc. 1 /• fl
en hiéroglyphes :
« Le roi Hor-em-hou, vivant éternellement, aimant Isis,
» aimant Ammon-Râ, roi des dieux, le dieu grand. »
§ Ier. — Nom du Roi
J’ai lu le nom du nouveau roi Hor-em-hou. Cette lecture
a besoin d’être prouvée. Il n’y a aucune difficulté sur la
1. [ Zeitschrift , 1879, p. 131.]
2. Nouvelle Chrestomathie démotique, p. 109.
174
LE ROI HOREMHOU
première partie du nom : fi égale sans doute pos-
sible pour personne; mais il nous faut rechercher la lecture
et la signification de la sigle Elle se rencontre heu-
reusement plusieurs fois dans les textes mêmes de la Nou-
velle Chrestomathie .
Les scribes de Thèbes et ceux de Memphis avaient, ainsi
que l’a très bien fait remarquer M. Revillout, des habi-
tudes différentes de rédaction et aussi d’écriture. Cette cir-
constance va nous fournir une variante instructive de la
sigle étudiée. Un texte thébain dit :
y )) .-j — — M y jD Cl ni vh
2 1 ~t D
scep A sun-u n teb (?) en to-tu-t, au-f- meh, an sep neb-t.
— « J’ai reçu leur prix de ta main : il est complet; pas
de reliquat’. »
On lit dans un texte memphitique :
/A | £_ ^ J | U ^ b/ ‘cr— J] I f /J) \sz
IA <i\z+p.y\) /Ali*. 3*
7*33 7 ?*-*.*/
Ti-u-I ui en-her-t pes-per nte kuat, au-f-hebes, au-f-
meh seba s'asa't. — « Je t’ai fait cession de ta maison bâtie,
couverte, complète de porte et de fenêtre’. »
On est frappé de l’analogie d’emploi des deux participes
'O;;. et jjpj-,» . L’identité n’est pas discutable,
1. Revillout, Nouvelle Chrestomathie dèmotique, p. 130.
2. Revillout, ibid., p. 114.
ET LA DYNASTIE THÉBAINE
175
et la forme memphitique, au lieu d’employer les deux
lettres M et II pour écrire le mot meh, reproduit exacte-
par le
ment l'orthographe hiéroglyphique [J ^
signe syllabique oc=>\ . La première de ces deux formules se
retrouve avec la même orthographe aux pages 75, 143, 46
et 151 dans des actes des années 183, 176, 151 et 141.
Une seconde formule de style notarial dit que l’acte de
cession, i — | 1 1 1 |o U, est passé l| |o YJ) / er meh s\a
sen « pour compléter deux écrits’ » avec l’acte de quit-
tance du prix. Un acte de vente nommant les quatre fils
du pastophore Hor ajoute : h — ZD) / er meh en ftu
« pour compléter quatre », c’est-à-dire « quatre en tout’ ».
Les vendeurs d’une maison indivise vendent leur part
2
13/ « pour compléter la moitié1 2 3 4 »; ou :
/a l i-u
ZD
« pour compléter la maison
entière3 »;
I X) /• L\ 2-É- ->>» 13/
« afin de compléter la superficie qui fait superficie d’un
aroure 5 6 » ; / A I U Z3 / « pour compléter le lieu 8 » ;
p 3 /A II/— Y \D « pour compléter
l’étendue du terrain ci-dessus7 ». Enfin, un mari promet
par contrat de mariage de donner à sa femme, en cas de
1. Revillout, Nouvelle Chrestomathie démotique , p. 43, 58, 63, 76,
132 et 145.
2. Revillout, ibid p. 62.
3. Revillout, ibid., p. 70.
4. Revillout, ibid., p. 71.
5. Revillout, ibid., p. 84.
6. Revillout, ibid., p. 91.
7. Revillout, ibid., p. 99.
176
LE ROI HOREMHOU
répudiation, dix argenteus de dommages-intérêts, outre les
deux argenteus, valeur de son don nuptial : 1] A y Y_J> /
« pour compléter douze, argenteus 1 ».
Dans un sens très voisin, le mot XD s’emploie pour
solder le prix de quelque chose* :
2. 1 l Ur IJ) /n-sO
V70Â * v3V/a .
Mtx—I meh ta set3, kebeh * n uiâ 5, nper 6 ntesc\ — « Que
je solde l’ensemencement, l’irrigation de culture, le droit
de moisson et l’arrosage*. »
Dans toutes ces phrases, la lecture et la valeur du mot
1D, en copte ü.e$>, complet, compléter, sont des mieux
assurées. Elles ne le sont pas moins dans leur emploi pour
signifier l’un des quatre points cardinaux. Dans la désigna-
tion des tenants et aboutissants d’une maison, le nord, en
1. Revillout, Nouvelle Chrestomathic dèmotique, p. 111.
2. Revillout, ibid., p. 154.
3. Cf.
H-?
cô.t, projicere, senunare.
n q ,VW'AA
4. Cf. A B /WWV\ / inonder, inondation (Hymne au Nil), ufie
«£-) /\ /WW V\ I
refriçjerare.
5. Cf.
(3 <a
£ /I travailler aux champs (Pap. Bologne 1086,
/I ( ~ -i
1. 23, apud Chabas, Mélanges ègyptologiqucs, III, p. 233 et pl. XIII),
ottoic colere, vertere , terrain.
6. V. Brugsch, Dictionnaire, p. 478.
AAAAM ,'qI /WWW \S
7. Cf. Q :'yU (Stèle de Piankhi), Q (Sharpe, Eqqpt.
r~v~i fi cxo wl
Inscr., XI, 15; copte «otsk aspcrgerc).
8. Le droit d’irrigation peut s’appliquer à l’entretien des canaux;
le droit d’arrosage à la prise d’eau annuelle. M. Revillout prend ce
dernier mot dans le sens général d'impositions. Peut-être lit-il autre-
ment que moi.
ET LA DYNASTIE THET.AINE
Ho, T, est écrit O meut’.
Je pense qu’il ne peut y avoir, après cette démonstration,
aucun doute sur la lecture du cartouche royal :
V i f ÏD JJJ
qui ne peut être autre chose que : ( ^ |>^ $ j IIOR M II.
Je dirai plus loin la signification de ce nom, mais jus-
qu’ici la transcription m’en parait être indubitablement
assurée.
§11. — Patrie de ce roi
Voyons ensuite où ce roi a pu régner.
Or, que ce roi fût Thébain, c’est ce qu’on peut inférer de
plusieurs mentions du texte du contrat de mariage de
Patimout.
La mention d ’Amon-Râ suten neteru, a Ammon-Râ, roi
des dieux », qui est l’un des titres d’Ammon à Thèbes,
ne serait pas concluante à elle seule, parce que les rois de
l’Egypte inférieure, les Bubastites, les Sa'ites, par exemple,
ont honoré Ammon de Thèbes. Il n’en est pas de même de
la profession, du domicile des personnages nommés, de la
situation des biens désignés dans les contrats.
I. Au contrat de mariage, d’épip an IV, le marié est dé-
signé de la manière suivante :
1. Revillout, Nouvelle Chrcstomathie dèmolique, p. 12.
Bibl. ÉGYPT., T. XV.
12
17X
LE ROI TIOREMIIOr
en hiéroglyphes :
« L'orfèvre, habitant de Tlièbes, Pati-inout, li I s de
» Pabast, et dont la mère est Tsatmout. »
Deux de ces noms nous reportent, comme celui d'Ammon,
est encore de même du nom de la more de la mariée,
, dans lequel entre le nom du dieu thébain
, , • ■ • 1 I < • 1 ] ■ • -7M ■ ,
'l/m ü u o Li - 1
nyme d’un nome de la Basse-Egypte et de la ville de
üotâ'zz-'.s . Mais la qualité du marié ne peut laisser aucun
doute. Il était :
©
. Il El U I
Orl'èvre, homme de Tlièbes.
M. Revillout en fait un « changeur » ; je le crois « orfèvre».
Dans un acte de partage par avancement d’hoirie fait en
l’année 117 avant notre ère (le 19 tobi an LIY d’Évergète II),
par Hor, fils d’Hor et de Tsatpour, le possesseur de presque
tous les papyrus thébains répandus dans les musées de
l’Europe, ses quatre enfants s’engagent par la clause coin- |
minatoire suivante : « Le jour de notre règlement, nos voi-
» sins susnommés, prenons-les à la maison pour écrire
» entre nous quatre : prenons-les. Et si l’un de nous quatre
» se rétracte pour ne pas aller là, il donnera cinq talents
» ( kerkev , s'maïop) à la banque de Pamont de Keramia. »
Ici le mot «banque» est écrit: D qui ne mej
i
i: r [. \ dynas nu i m i:\im
parait pas identique avec celui (pii exprime la profession
de Patimout.
Le mot
F^i nubi se rattache évidemment à la
racine verbale '!>_=/] nub, modeler, former. C’est le
mot propre appliqué au dieu Ptah, créateur du monde,
dont on dit, par exemple :
'"fi
» que tu as trouvé épars, tu
» leur des mondes’. »
n
(l Ce
«rwïn i
ui as fait sa place, dieu mode-
db
ujI!
Vf
i n ( — tù i i i
s
« Il a formi:: les dieux,
» les hommes, toutes leurs générations1 2 3. »
De ce verbe vient le substantif rwx fj ij 7 j\ . fwq(j(j et
rssq i | , auquel convient parfaitement la signification de
modeleur et orfèvre.
Dès la XIIe dynastie, on trouve des individus portant ce
titre : Ameni, sous Amenemhâ Ier3; — Senbou, son frère
Sabou, leur cousin Snââ et I-mru, sous Amenemhâ III’; -
lia, Amen-nezem, sous le nouvel empire ; — Ptah-meri,
sur une stèle de la XVIIIe (?) dynastie, prend le titre de
11 AA/WNA ^ '
a orfèvre du roi" ».
Cet em [)loi près des rois est soumis à une hiérarchie :
Sur la stèle de cette famille d'orfèvres qui vivaient sous
rWnO
\ j MER-
Amenemhâ III, l’un, Arn(ôs), est
nubu; d’autres. Pesés et Sasou, sont Ln per-
sonnage du même temps ou de la dynastie suivante, Titiou,
1. Hymne à Ptah, 1. 23, Pierret, Éludes èfiuptoloyi'/ims, p. 3.
2. Hymne à Ptah, 1. 57, Pierret, ibixl., p. 8.
3. Lieblein, Dictionnaire des noms propres, n" 173.
1. Lieblein, ibid., n" 144.
à. Lieblein, ibid., nos 702 et 730.
0. Lieblein, ibid., n° 711.
ISO
LE ROI HOREMHOU
m’intitule Puis, à une époque postérieure, je rencontre
encore le
mi'
Ani1 2.
Trois individus qui semblent appartenir à la XVIIIe dy-
nastie portent un titre un peu différent, quoique analogue :
Amenemheb est t=^rs|nj her-nubu3 4; et Paroi et Qenâ-
Amen sont 1;0 *.
Enfin Khensou-hotep est ,
« vérificateur
de l’orfèvrerie des ouvrages du palais (?) » du roi Amen-
mer Hor-em-heb de la XVIIIe dynastie5.
Les grands temples de l’Égypte ont aussi leurs orfèvres :
Maâ et son fils Hâ sont J, « orfèvres d’Ammon»,
AV'vW I A/WW\
avec Samout, sous la XVIIIe dynastie6.
Æ
•ÏÏ,
• JT1
Plus tard, Khaloun et son fils7 8, ainsi que
-esil i awwv I n r n
Les orfèvres ont à leur tête des f==i fwq
/WVW\ I
’, sont
n n
comme Hor et son fils Ar-r-za9.
De même, je trouve le noub d’Horus Mout-sa, XVIIIe dy-
nastie10.
Enfin un Moutsa, qui est peut-être le même personnage
que Samout ou Moutsa, que je viens de nommer, s’intitule
1. Lieblein, Dictionnaire des noms propres , n° 512.
2. De Rougé, Inscriptions hiéroglyphiques , IV, pi. 301.
3. Lieblein, Dictionnaire des noms propres, n" 750.
4. Lieblein, ibid., n° 699.
5. Lieblein, ibid., n“ G16.
6. Louvre, C 83; ou Lieblein, Dictionnaire des noms propres
n" 658.
7. Lieblein, Ægyptische Denkmaler.
8. Louvre, C 152.
9. Lieblein, Dictionnaire des noms propres, n° 1067.
10. E. de Rougé, Catalogue du Louvre , A 53; ou Pierret, Recueill
IL p. 22.
ET LA DYNASTIE THÉBAINE 181
sur sa stèle funéraire' : et ryl (| (] ^
« l’orfèvre d’Isis » et « l’orfèvre de Khcm », ou peut-être
mieux : « le modeleur des statues d’Isis et de Khem » dans
le temple où étaient conservées les statues.
Je pense que ces fonctions auprès des rois et dans les
temples, et cette hiérarchie sous des * S et des 5=n, indi-
quent plutôt des « orfèvres » (pie des « changeurs ». Cette
conclusion me parait s’imposer encore plus sûrement quand
on voit ces individus dans l’exercice de leurs fonctions.
Il y a longtemps qu’on a signalé le mot nsn jj <2 et
ses variantes comme l’expression propre pour raffinage de
or
On l’emploie pour dire que le roi a bâti une salle du temple
“SB w i /wwv> cTô
de Dendérah : fwi v: vi; © ' ; — pour parler de la
fabrication des portes du temple d’Edfou en lion airain :
i r4n
Tl'.llll
"cna-
~T7iTr:i
d'une arme
— pour la fabrication
oo JJ (
: (j ^ jj t _/i e (j(j ; pour celle d’un
bassin à se laver les pieds :
0 6 r*SP a n ^ i ^
1 il I I L=0l I
/WNAAA
« Tu te laves les pieds
dans des bassins d’argent, œuvre de l’artiste Sokaris. »
Sokaris, dont il est parlé ici, est le dieu Ptah-Sokar,
prototype de l’artiste : architecte, il suspend le ciel1 2 3 4 5 6 7 8; il
opère sur la voûte céleste : ct fl 7 ji
□
mw
\> O,
I I I
1. Pierret, Études ègi/ptolofji^ues, 1873, [3. Su.
2. Qourna, 15e tombeau ; Inscr. de Radesieli.
3. Düruichen, Bauurkunde, p. 6.
4. Dümichen, Zeitschrift, 1870, p. 3.
5. Naville, Zeitschrift, 1873, p. 1)2 .
6. Rituel de Nebseni, apud Naville, Zeitschrift, pl. III, p. 33.
7. Louvre, 3148. 6, 25.
8. Per cm hrou, édition Lepsius, cliap. lxiy. 1. 1.
Lli KOI IIOKEMIIOU
is;.
;eur, il modèle le monde, les dieux et les hommes' ; il
reconstitue les membres du défunt après sa mort,
□
§
Dans la phrase suivante, le mot
parallélisme avec le mot
« sculpter » est bien étab
7 n nub est mis en
mes, dont la signification
ie. Après divers détails sur la
construction du temple, le texte ajoute :
°l’s=5| awvw (( Sculptées sont leurs images, modelés sont
leurs^ corps : on les fait reposer dans leurs temples pour
recevoir les oblations, les provisions d offrandes qu on place
devant lui b »
Au livre des Instructions de Douaou-f-sa-Khartaï, le
(S o . =1 “ W
„ ,, MESENTI, copte
Si. D - -
est placé entre le
A\
L-fl
tecsuiv U ■ , tcvCiiCT et üiecuivT 1 .,j 01 Qt / on, et le
'/omti, le tondeur de cuivre, et il est compris dans la déno-
mina t ion générale de : y ^ ^ ^
/h
D
UJ
« tout artisan en objets mobiliers » dont
elfouüls sont le bois et le métal (§§ III et IV).
J’ai multiplie les exemples pour montrer cjue les Egyp-
tiens n’ont jamais entendu les mots rÿbJ et f^n(][j^
que dans le sens de façonner, modeler et modeleur. Je n’ai
pas recueilli une seul texte où ce mot eût rapport avec le
métier de changeur. En l’absence de preuves, je conserverai
à j^(][]r^^ le sens de modeleur, même lorsqu’il est
écrit ou comme au contrat de mariage
de Patimout.
1. Voir ci-dessus, p. lit).
2. $■<<< en s ins in, 11, 12. — Hymnes au Soleil, variante citee par
Lefébure, p. 44, etc.
Mariette, Abyclos, pl. 37, c.
1. Lieblein, Dictionnaire des noms propres, n0" 699 et 173.
I
HT LA DYNASTIE TU EU AINE
183
Cependant, comme la signilication des mots change avec
le cours des siècles, je ne serais pas étonné, si l’on prouvait
qu'a l'époque ptolémaïque, noubi soit véritablement un
« changeur » autant qu’un « orfèvre », et que les deux mots
que j’ai rapprochés aient plus de rapport entre eux (pie je ne
leur en ai attribué.
II. J’arrive maintenant à rechercher la patrie de Pati-
Q O
moût. Notre modeleur était, selon le texte : yp , que
l’on traduit aisément « homme de Thèbes, Thèbain ». Mais
(pielle est la prononciation de cette désignation?
Pour former les ethniques, la langue copte si' sert du mot
pCJÜL M., put T. :
pejueioui, incola prooinciæ P Jauni ;
pension, incola urbis Thon (?) ;
püKfeikOc, incola Ccibastc urbis ;
pjLUtKHJUe T., AI., u. Ef/IJ/jtlUS ,‘
pjupevKOTe T., cicis Alexandrin us ;
Pjulc.£i‘>ot, ctuis Xoï.s urbis;
pexic^.6irr, incola Æggpti inférions ;
p€Ainx».»\pHC T., pexipac M., incola Æggpti saperioris.
On applique ce système do formation même à des mots
j qui ne désignent pas un pays ou une ville, mais une portion
de territoire quelquefois très restreinte, comme :
peAiAiÀ&Ki, incola urbis, citas ;
pexiHKoi, rusticus, ruris incola ;
pM.m;*.o, p«.HK(soi, t lico! Cl tc/TCC ;
pexicmoi, incola ruris, rusticus;
pXip^TPH T., peiXpjsTH AL, vicia us ;
pjuLiictouje, agricole i ;
pxiîiTcooT, homo silvestris, rnontium incola;
pH’t’jue, p3ü.\r^-.*xe T., pexiir^xu, vici i ncola, pagcuius ;
pexiniujcvqe, clcscrd l licol Cl ;
pHiiHi T., pexiuHi et pexx^enm, incola, cloinus, domestieus ,
amiliaris ;
LE KOI HOREMHOU
184
pjuduS'oAe, pAiiis'oeAe T., pejuîrxoAi AI., divej'SOr'lt incola,
hospes ;
pexiAJL'Çe, cœli incola , cœlestis'.
Il est-
facile
iniiTiii •
'
de
reconnaître
nirmir
dans le préfixe le mot
_ et Vv 1 homme,
femme, en copte ptoAix AI., pwjui T., qui s’emploient aussi
pour les deux genres : uneptouie eue ooott eue c^ixie homines
siue masculi sive feminœ \
Mais, dans l’égyptien antique, ce n’était pas ce mot qui
était employé pour former les ethniques : on se servait de
au féminin
lü Le mot
est très rarement employé. Au contraire,
est, avec
Ainsi, dit-on: AAAAAA
, le terme général pour dire « l’homme ».
« ô homme (ô roi) Ou-
1 . Peyron, Lcxicon , passim. — Dans ce dictionnaire copte de Peyron,
outre les ethniques, les mots qui prennent pju. pour préfixe sont dis-
persés et placés au mot principal : c’est ce qui m’a engagé à les réunir
ici.
Quelquefois pjm joue en composition le rôle peq, qui sert à former
les noms d'agents; on trouve ainsi :
pHïï^c, série. v;
pjuLÏïkppe, novitius ;
pjuuieipe, factor, operator ;
peAuiK^d-» întelligens, intellectu prœditus ;
peju.imo'S'Te, homo Dci, puis ;
ïipejuuipeuov, pedites;
pjutp^uj T., p.u.pô.'S'uj M., tir mansuetus ;
pumciuAs. T., pejmucpçp-M. M., homo canus ;
pejupcoÊ. peJuîipcoÊ., angélus, nuniius, minister, qui res operatur ;
pcjLihxoAA. potens, tir fortis ;
pXïsAJUt, terax, ceridicus homo.
2. Brugsch, Recueil, pl. 43, 1. 7; Sharpe, Sarcophage de Sèti ln
(XIXe dyn.). — Sarcophage de Vienne, etc. Voir Lauth, Zeitschrift,
186G, p. 19, et 1870, p. 83.
3. Peyron, Lcxicon, p. 179.
ET LA DYNASTIE TI1EBAINE
185
sert-sen' ». « Total de ceux qui sont allés au tombeau du dieu
v-, 1111 huit hommes5. » On dit : , vs ~ « tout homme »\
AT Mil I il o
Au Livre royal (p. 3, 1. 12), se trouve la prescription de
« dessiner devant le lit funéraire un œil symbolique avec
de la gomme », et le texte ajoute :
ar-kâ d-t hemsû sa cm/un a
sefes-es « et tu placeras un homme assis au milieu de sa
pupille ».
On dit de même avec un adjectif déterminatif :
Kâ
□
her sa peu « pour cet homme-ci » 1 2 ;
'È
1
(5 I
III I
$
i i i nt ah' ma sa sen-u retu « tu es comme
ceux qui sont chefs d’hommes3 4 * * 7 8 9 ».
2° Il se prend encore dans un sens particulier, dans la
phrase suivante :
vy
(3 (©
-fl
pci sa au-)' er
uùu « l’homme est fait pour le capitaine0 ».
3° Il s’emploie comme peq ou pe«. pour former des noms
d’agents, de métier ou d’état. Ainsi dit-on :
pa sa sn, le couple1 ;
-O- , , titre du moraliste Douaou-f-sa-
i
Ivhartaï8;
— n <Vvvw\
. \s/ I 'wwwj un prêtre* ;
» vi*T I /WW\A
1. Instructions cVAmcncmhà.
2. Pcipi/rus Amhursf, 3, 6.
3. Ani, 25e maxime; Inscription de Rosette, 1. 9, etc.
4. Je n’ai pu retrouver la référence de ce passage.
T>. Chabas, Mélanges, 111, v. 2, pl. 148.
ti. Papyrus Anastasi II, pl. 7, 4.
7. Papyrus Sali ici- 11, 2, 7.
8. Papyrus Seillier II, 3, 9.
9. Per cm Iirou, édition Lepsius, chap. xclti, in fine; Pierrot, Hymne
à la ilirinitc , p. 14.
LE KOI IIOREMHOU
186
t /i , un confiseur' ;
— r\ n si /www
[1 ! ™ j Y homme altéré1 11 ;
, l’homme qui a ses outils, un ouvrier
/h
peut-être un supérieur (?);
jj , le complice" ;
U AAAAAA / ~]
si' , homme de vérité, en copte
, peut-être homme de solitude, soli-
^ i ‘ et i 'ÛM ~
^ixxixsxe. veraæ, homo vendions ,
^ jt i i i
taire;
^ ^ * , un homme appartenant à son dieu, un dévot,
un fidèle ' 0 ; cf. p-uuuto-rre homo Dei, pi us" ;
, l’homme qui ignore, l’ ignorant'1 ;
n , un homme dans sa maison, un propriétaire ",
mot formé comme pju.nHi incola domus et autres cités plus
haut ;
1. Papyrus de Turin, pl. 36, 16, apiul Chabas, Mélanges , IV,
pl. 34.
2. Papi/rus Seillier /, 8, 5.
3. Formule des us'ebti •' Liera des Morts, chap. vi-
4. De Rongé, Inscriptions hier of/h/phi c/ lies, pl. 303, 52.
5. Stèle de l’excommunication.
6. Louvre. Invent. 3015.
7. De Rongé, Inscriptions hièror/li/p/ih/iics, pl . 303 ; Pierret, Recueil
I, p. 8!), etc.
8. Peyron, Lexicon.
9. De Rougé, Inscript ions /tièrot/lrjphi'/ues, pl. 303, 7.
10. Louvre C 232, apud Pierret, Recueil, II, p. 32.
11. Peyron, Lexicon.
12. Ta shà ainu dua, 9, E- 119.
13. De Rougé, Inscriptions Itièroglt/phi<]ues , pl. 291.
K T LA DYNASTIE TIIEIÎAINF,
, un homme de petite condition'1 2 * * * * 7 8 9 ;
'â i'i H t~fl> lmi>oHc"r’’
Je ne doute pas qu’on ne puisse ajouter à ces exemples.
1" Kn dernier lieu on l’emploie, comme le copte peju, pour
former des ethniques, par exemple :
Y habitant du, sud'0.
Donc / ' ^ sa tap est un Thcbain.
ma\
Cette racine n’est pas cataloguée au lexique copte de
1. Pupi/rus S'allier /, 5.
2. Stèle Mctlcrnich , Brugsch, Zeitschrift, 1879, p. 2.
8. Mariette, Abi/ilos, pl. XX.
1. De Rongé, Inscriptions hicruf/i ' i/phiqucs, pl. 272.
•’). lie Rouge, i-bicl., pl. 281.
<>. De Rouge, ibid., pl. 251.
7. PapprïtS liisloi'i'/uc Harris , 78, 9.
8. Papi/rus Anastasi I, p. 28, 1. G.
9. Papr/rns Anastasi /, p. 28, 1. G.
19. De Rouge, 1 nscript ions h irrni/ h/ph i'/ucs, [il. 589. Cf. pl. 292.
188
LE ROI HOREMHOU
Peyron. Cependant, j’en ai retrouvé quelques exemples
conservés dans la langue copte :
cg^iAie T., cgqjui M., mulier;
c*.itoeiK, pis toi' ;
cô.uju^u]i , ponderator, mensuratov ;
cevjutnegwois', male, factor .
Au contraire, de
ij j rem, homme, employé en
composition, je ne connais qu'un exemple d’époque récente,
<=> Jn ij- REM-taui Nofru-As, «la femme du
double pays », c’est-à-dire « /’ Egyptienne Nofrou-Is »,
exemple cité par M. Lautli1.
Il sera intéressant pour l’histoire de la langue de recher-
cher à quelle époque le préfixe ^ Ko et plus tard aussi le
préfixe peq se substituèrent au préfixe ma.
Des démonstrations qui précèdent, je crois pouvoir con-
clure à bon droit que :
1° Patimout, le modeleur en métaux ou l’orfèvre,
^))i , était de Tlièbes { 'A- J |J .
2° Le roi dont le règne est mentionné en tête de l’acte
qui nous occupe ne pouvait être que Thébain.
Une autre circonstance milite encore en faveur de cette
attribution, c’est la conservation de l’acte dans les papiers
de la famille thébaine du pastophore d’ Amen-Api, Ilor.
§ III. — Place historique du roi IIormeii
La paléographie du contrat de mariage que j’examine
en place la rédaction au temps des premiers Lagides. 11 y
1 . Zeitschrift , 1866, p. 19.
ET LA DYNASTIE THEBAINE
189
a identité de formules avec celles de deux autres contrats
de mariage1 2 3 4 rédigés en 226 sous Ptolémée Évergète Ier et
(ai 211 sous Philopator Ier, et identité d’orthographe. C’est
donc à cette époque, sans hésiter, qu’il faut reporter le roi
Hormeli.
Or M. Revillout a signalé, il y a déjà deux ans, deux rois
dont le protocole est en tout semblable à celui d’Hormeli,
au nom près des rois; l’un s’appelle i et
l’autre î ■> h
M. Revillout a fort bien établi que ces rois sont Thé-
bains et contemporains de Ptolémée Épiphane :
1° Par le caractère paléographique des actes ;
2° Par la mention des « prêtres d’Ammon-Rà de5'! classe »
qui n’ont été institués qu’en 239, Tan IX d’Évergète Ier;
3° Par toutes les convenances historiques qui ne per-
mettent pas de les placer ailleurs que pendant les troubles
qui accompagnèrent la minorité d’Épiphane, devenu roi à la
mort de son père Philopator en 205.
Depuis, M. Brugsch a confirmé* par un texte monumental
la justesse des démonstrations de M. Revillout.
Enfin deux actes de même date, concernant une même
vente, viennent d’être publiés par JM. Revillout. Le nom
du roi est écrit cette fois : ,
Nous nous trouvons ainsi en face de quatre rois avant
régné à Tlièbes :
dont on connaît l’an IV (Pap. Berlin);
1. Publiés également dans la Nouvelle Chrcstonxathie.
2. Papyrus Wilkinson au British Muséum.
3. Photographie au Musée du Louvre.
4. Zeitschrift fur àgyptische Sprache, 1878, p. 43.
LE ROI IIOREMIIOU
190
dont on connaît l’an IV (Pap. Londres);
y dont on connaît l’an VI (Pap. Berlin);
(j \ ) dont on connaît l'an XIV (Pap. Louvre).
D’après le témoignage de Polybe1, à la mort de Pliilo-
métor, grand nombre de gouverneurs de provinces se soule-
vèrent et se firent couronner rois, comme nous le voyons
ici pour nos quatre rois. Cet auteur cite le nom d’Athinis,
Pausiras, Kliesouplios et Iroubastos, les derniers vaincus.
Il faut donc établir que les quatre cartouches appartiennent
bien à des rois thébains et non à des dynasties établies en
d’autres villes.
Je vais essayer sur ce point de compléter la belle décou-
verte de M. Revillout.
La preuve est faite pour Hor-meh, en particulier. Elle
n’est pas plus difficile pour le roi S ( <— que
M. Brugsch a nommé Hor-sat.
L’acte de vente et sa quittance datés de ce roi sont du
mois de paoni de l’an VI. Or, ils concernent trois champs
situés à Tlièbes .
Ce qui se serait écrit en hiéroglyphes :
« Tu as donné, satisfait est mon cœur de l'argent de la moitié
1. Polybe. livre XXI. 19, 1 (édit. Didot).
K T LA DYXASTIK TII] I3AIX1 .
191
\>l I I I
ywwvA T- \ ^
d Di
©
x»
» île mon sixième des trois champs qui à la sortie du quartier
» des charpentiers à l'occident de Tlièbes. »
Ainsi, le lieu d’habitation des contractantes (car ce sont
deux femmes) est bien déterminé. C’est le quartier dont il
est question dans presque tous les papyrus de la A 'oued la
Chrestoniathie dêmotique, où se trouvaient les maisons, les
vignes et les champs du pastophore lier. Parmi les tenants
et aboutissants nous trouvons les champs d’IIereb, fils de
Paheto. Or, deux notaires thébains, l’un petit-fils de l’autre
portent ces noms, mais je n’affirmerai pas qu’il soit ici
question d’eux, puisque le texte ne leur donne aucun tilrc.
Le roi llor-sat est donc un roi thébain.
Il en est de même d’Ankhtou, puisque M. Revillout nous
apprend, dans le court extrait qu’il a donné, (pie les prêtres
d’Ainmon-Râ-sonter dressaient les actes en son nom, en
l’an VI de son règne.
De même, encore, pour le second roi cité plus haut, car
M. Revillout a trouvé son protocole sur un acte de vente'
faite par un choachyte de Tlièbes à son frère, en l’an IV.
D’ailleurs, il faut remarquer que ces quatre rois avaient
adopté absolument le même protocole, ce qui me paraît
marquer leur commune origine. Je ne doute pas que, si l’on
retrouvait à Khemnis, à Siout ou dans quelqu’autre ville
de la Haute-Egypte des actes d’Athiris ou de Pausïras, ils
ne nous offrissent une tout autre formule en rapport avec
le culte local.
Ainsi donc les contrats démotiques conservés dans les
trois musées du Louvre, de Londres et de Berlin nous dé-
montrent bien que des rois, dont quatre cartouches nous
1. Rien n’en a été publié que le protocole.
192
LE KOI HOREMHOU
sont connus, ont régné à Tlièbes pendant la révolution
(tapa/;/, des textes grecs) qui suivit la mort de Pkilopator.
Mais, si l’on additionne les chiffres du tableau ci-dessus,
on obtient un total de vingt-huit années pour la durée mi-
ni ma des quatre règnes.
Or, les documents cités par M. Revillout et par M. Brugsch
sont formels pour limiter à dix-neuf années le règne de ces
rois de Thèbes.
Il faut donc de toute nécessité éliminer deux de ces car-
touches. Or, le deuxième et le troisième ont déjà été assi-
milés entre eux par M. Brugsch1, M. Revillout lisait le
troisième Hor-hotep, M. Brugsch les lut tous les deux
] IIor-sat; M. Revillout les lit aujourd’hui
Hormekh2.
Je sais que M. Brugsch a donné son assentiment à cette
lecture de M. Revillout, et de mon côté je crois que per-
sonne ne contestera le nouveau nom donné au roi thébain.
Il ne reste plus maintenant qu’à expliquer comment les
signes ou c£— doivent être rapprochés de ''O égal à
mh, pour ne donner que le nom d’un seul roi.
Or, s’il est un nom du dieu Horos répété dans tous les !
textes, c’est celui de Hor.-m-x.uui « Hor des deux
horizons », transcrit par les Grecs "Apuayi;.
Ce nom a pour variante des plus habituelles
LU I l O ° 1 AV^ OJJU1UA V.IU ^ C- UUOOl ^ ^
sur un monument du Louvre A 117. Nous avons là les !
éléments complets Hor-em-/.u du nom que les Grecs ont
1. Zeitschrift, 1878, p. 43.
2. [Hornxachu ou Hannaehis ( Zeitschrift , 1879, p. 131, et Reçue
èfji/ptologique, 1881, II, p. 283). Le bilingue Ivrall l’y confirme «d’une j
façon définitive» ( Reçue èçjyptologique, 1880, I, p. 190). Mais M. Re- I
villout ne distinguait et n’expliquait pas les diverses formes du nom.] j
ET LA DYNASTIE THEBAINE
1 ): î
transcrit "Appa^;. Or, si l’on rapproche les deux noms
du roi et et ccllli du ^ieu
cQ: J), on est frappé de l’identité. Le nom du roi
pourrait être écrit en memphitique 3<.opjuu6oir ou 3*.pjm.'6oT,
I et comme £ est une lettre qui n’existe pas en thébain et se
remplace par o, le même nom devait s’écrire à Thèbes
ScopAiooT ou 3^pju.oo-y, qui est précisément la transcription
du cartouche (J i
Donc, les trois cartouches désignent le même roi Har-
1 makhis. Les deux derniers ont été écrits avec le signe
1 idéographique £4— £ [O3; et le premier, d’après la pro-
! nonciation cjui alors, sans doute, commençait à s’introduire
à Thébes, par un groupe employé pour écrire la syllabe meh
) OU EM-HU.
Le nom du nouveau roi n’a rien de commun avec la racine
meh, ^3. remplir, compléter : il signifie hor de l’ho-
! KIZON OU DU DOUBLE HORIZON.
La difficulté des vingt-huit ans d’un quadruple règne
j disparait donc, et nous restons en présence de deux rois
, seulement :
1° (^> suivant l’orthographe de la langue sacrée
ou monumentale, "Appuy-.; selon le nom donné par les Grecs
Hor-m-hu d’après la
prononciation adoucie qui probablement commençait alors
à être usitée à Thèbes ;
au dieu son homonyme, ou
2° fi11* es^ Peut~ètre bien le nom
par les Grecs “Awv^iç 1 .
transcrit
1. [La nouvelle lecture de M. Revillout d’après les actes de Berlin,
j Anchmachis (Reçue ègi/ptoloyiquc , II, p. 146-147), n’in-
firme pas cette assimilation.]
Bibl. égypt., t. xv. 13
i
LE KOI HOREMHOl'
11)4
Du premier on connaît la date de l’an VI, et du second,
celle de l’an XIV, ce qui fait vingt ans, juste ce qu’il faut
pour remplir les dix-neuf premières années d’Épiphane.
Car, en partant de l’année 205, on a, suivant la manière de
compter de la chancellerie égyptienne et en supposant Har-
makhis prédécesseur d’Aonkhis :
205. Mort de Philopator.
lre année d’Épiphane et d’Hor-em-hou.
204. 2e — —
203. 3e
200. 6e année d’Épiphane et d’Hor-em-hou
et lre année d’Ankhtou.
190. 7e — 2e —
187. 19fi — 14ü —
Prise de Thèbes par Aristomakhos, général d’Épiphane.
Il n’est peut-être pas nécessaire de faire remonter la révo-
lution aux dernières années de Philopator; il suffirait qu’elle
eût été déterminée par l’attaque du roi de Syrie contre
l’Égypte dès le début du nouveau règne.
Je ferai encore remarquer que je n’ai rencontré aucun
" ■ÇA | — (D —
Egyptien appelé du nom de IIor-sat, et je nen
connais que deux du nom de y\ Hor-hotep, person-
ne es D
nages inconnus du Moyen-Empire1 2.
Au contraire, le nom d’HoR-EM-Knou est bien moins
rare :
1° Sur une stèle d’Apis, au Louvre, on trouve un
^ ^ , gendre et père de deux prêtres de PtalP.
^ n
1. Lieblein, Dictionnaire des noms propres , nos 293 et 460.
2. Lieblein, ibid., n" 1234.
ET LA DYNASTIE THEDAINK
19.")
2° Sur une stèle du Louvre (C 34) du règne d’Amen-
liotep Ier (XVIII0 dynastie, XVIIe siècle avant notre ère), je
c°j
trouve un V\ (j 1 — 1 Hor-am-kiiou, scribe et frère
de souten relïh, etc., Atcf-nofer’.
3° Un fonctionnaire bien plus intéressant encore pour
is d'un sotem de Ptali et d’une ahi
nous est un
fils
nefert en Se/îhet nefer Ptali mer- « bonne hiérodule de
Sekliet, la bonne amante de Ptali », et lui-même : □
tQ!. " prince’ chef> 1™^
» l’œuvre de Ptah, prophète (?) de la reine Arsinoé5 ».
Je suis le premier, si je ne me trompe, à signaler un sa-
cerdoce royal des Ptolémées en dehors de ceux d’Alexan-
drie et de Psoï ou Ptolémaïs au nome tliébain. O11 voit (pie
Memphis avait aussi sa part. Mais le sacerdoce de la reine
Arsinoé y était exercé par un prêtre ( hennetev , prophète).
4° Un individu contemporain du roi portait le même
nom. Il occupait, rue Royale, à Thèbes, une maison appar-
tenant à Ilereb le Jeune, fils de Lobaïs et petit-Iils d'IIer-
mias, et se trouve cité dans un acte de vente, en 180, la
23° année d’Épiphane, quelques années seulement après la
soumission de Thèbes. Dans la quittance du prix d’achat,
le nom est écrit" : <-.'a-30 )<vA que je transcris :
et dans l’acte de cession (
- 1° U
p s/ai n ni), qui se transcrit :
(O3
Ce nom était usité dès les premières dynasties, sous la
forme : $ " , attaché au palais du roi Râ-meri Pepi
1. Pierret, Recueil, II, p. 48.
2. Licblein, Dictionnaire, des noms propres, n" 1316.
3. Revillout, Nouccllc Chrestomathie dèmotique, p. 72.
196
LE ROI HOREMHOU
de la VIe dynastie’; femme qui vivait sous
Râ-s-hotep-het Amen-em-hâ Ier et sous Râ-khaper-ka
Ousert-sen Ier, rois de la XIIe dynastie’.
§ IV. — Ordre successif des deux rois
Hor-em-hou et Ankhtou
Enfin, pour compléter l’étude sur les deux nouveaux rois,
il me reste à prouver l’ordre dans lequel ils se sont succédé.
Je trouve cette preuve dans les souscriptions des contrats
thébains. En effet, la plupart des actes publiés par M. Re-
villout sont des contrats notariés, souscrits par le notaire.
On me saura gré sans doute de donner ici la liste chrono-
logique de ces fonctionnaires avec la date des actes qu’ils
ont souscrits, publiés jusqu’à ce jour.
Notaires à Tlièbes et à Hermonthis
Pet- As, fils de Pa-heto, en 226 et 210, et l’an IV d’Hor-
em-hou (A Touu. Chrest. dém., p. 3, 6 et 112).
Panekhtou, fils d’Hereb, l’an VI d’Hor-em-hou (p. 133).
Pabi, fils de Kloudj, en 182 (p. 78).
Amenhotep, fils de Tout, « qui écrit au nom de dame Sânkh
... la propliétesse de Djem », en 150 (p. 52
et 58).
Le neter-atef Nes-poumout (Xttotoùî) a pour fille Tsetkhons,
prêtresse d’Amon ( ouab-t Amen), mère de
Sânkh, la propliétesse de Djem, titulaire de
l’office des notaires en 150 (p. 52 et 58).
1. Lepsius, Dcnkmalrr, II, 115; Lieblein, Dirtionnaire des noms
propres, n05 47, 48.
2. Musée de Boulaq, n° 44; Lieblein, ibid., n° 99.
(
ET LA DYNASTIE TIIÉBAINE 197
Hor, fils de Pabi, qui écrit « au nom des prêtres d’Amon-Râ,
■ roi des dieux, et des dieux Frères et des dieux
Évergètes et des dieux Philopators et des
dieux Epiphanes, du dieu Philométor, du
dieu Philopator, des dieux Évergètes, de la
5e classe», en 140 et 142 ( C lires t . déni., p. 61,
et Nouv. Chrest. déni., p. 85).
Ilereb (‘Epielc), fils de Pa-heto, « qui écrit à Hermontkis »
en 141 {Noua. Chrest. déni., p. 45).
en 134 (M. Revillout ne donne pas la souscription).
; Ivloudj, fils de Pabi, « qui écrit au nom des prêtres d’Amon-
Râ, roi des dieux, et des dieux Adelphes, des
dieux Évergètes, des dieux Philopators, des
dieux Épiphanes, du dieu Philométor, du dieu
Eupator, des dieux Évergètes, de la 5° classe »,
en 127 et en 122 (p. 108 et 102).
Nes-min, « fils de Pabi, qui écrit au nom des prêtres
d’Amon-Râ-sonter et des dieux Adelphes, etc.»
(comme pour Kloudj), en 121 ( Chrest . déni.,
p. 85). Il était encore en fonctions en 113 :
voir ci-dessous au nom Hornekht.
IIor-sa-As (’Apa^atç), fils de Khons-tef-nekht, « qui écrit au
nom de Nes-pe-mctaou, fils d’Asar-ouer, le
prophète de Djem », en 120 ( Nouv . Chrest.
dérnot., p. 159) et en 119 (p. 64).
Hor-sa-As, fils de Khonsthot, en 117 (Ibid., p. 19).
Hornekht, « clerc (nul) de Nesmin, fils de Pabi, qui écrit au
nom des prêtres d’Amon-Râ, roi des dieux,
et des dieux qui unis avec lui, de la 5e classe »,
en 113 ( Ib id. , p . 1 25) .
Khons-tef-nekht, fils d’IIor-sa-As, « qui écrit au nom de
Nes-pe-metaou, fils d'Asar-ouer, le prophète
de Djem », en 103 (Chrest. dém., p. 122) et
en 96 (Nouv. Chrest. dém., p. 31).
Amenhotep, fils de Khons-tef-nekht, « qui écrit au nom de
198
LE ROI HOREMHOU
Nespemetaou, fils d’Asar-ouer, le prophète de
Djem », en 102 ( Chrest . déni., p. 122).
llereb, fils de Pa-heto, en 96 ( Nouv . Chrest. dém., p. 31).
M. Revillout cite encore :
IIor-si-As, fils de Khons-tef-nekht, sur un acte du 26 épip
an XLV d’Évergète II, ou l’année 126 ( Zeit -
schr., 1879, p. 88).
Et Pa-heto, fils de Pet-As, « qui écrit au nom d’Asar-ouer,
surnommé Amenhotep, fils de Nespemeté, le
prophète de Djem », an XI de Philométor, ou
l’année 172 (ibid., p. 91).
Il est facile, d’après les renseignements que ces notaires
donnent sur leurs familles, d’établir les généalogies sui-
vantes :
PREMIÈRE FAMILLE
notaire 'en 226 et 210
et l’an IV d'Horemhou
notaire fils de Hereb,
en 172 et 150 notaire vers 195
notaire il Herinontliis en 111
□
ra
J
notaire en 96.
ET LA DYNASTIE TIIEBAINE
DEUXIÈME FAMILLE
notaire en 122 notaire en 121
et 113.
TROISIÈME FAMILLE
W/vW I ^ ^
notaire en 126 et 119-120
notaire en 103 et 96.
/WW\A O
notaire en 102.
QUATRIÈME FAMILLE
(qui peut-être se rattache à la précédente)
notaire en 117
et ses trois frères (?) :
I ’AjjLjjuSvio;)
D
<300
200
LE ROI HOREMHOU
CINQUIÈME FAMILLE
Enfin viendraient les prophètes de Djem, chef du notariat
royal à Thèbes, institué en 139 par Évergète Ier :
surnommé Amenhotep, prêtresse d'Ammon
prophète de Djem
en 172
PÏ7I
prophétesse à Djem en 150
prophète à Djem en 120, 119, 103 et 102.
L’un de ces notaires nous intéresse tout particulièrement:
c’est Pet-As, le fils de Paheto. Il était notaire en 226 et
210, l’an XXII de Ptolémée Évergète Ier, mort en 222, et
l’an XII do son successeur Ptolémée Philopator, mort en
205. Mais il l’était encore l’an IV du roi thébain Horemhou,
et au contraire il ne l’était plus l’an VI du même roi.
Ces détails biographiques permettent d’établir toute la
chronologie de la petite dynastie thébaine.
En effet, le notaire Pet- As aurait rempli ses fonctions
sous les trois rois successifs Évergète Ier, Philopator et
Horemhou. Il aurait ainsi exercé sa charge dès avant
l’an 226 jusqu’après l’an IV d’Horemhou, qui serait l’année
202, c’est-à-dire pendant une trentaine d’années; ce qui
concorde avec la durée moyenne des notariats, qui est de
ET LA DYNASTIE TIIEBAINE
201
vingt ans dans la première famille et de dix-neuf dans la
seconde. Au contraire, s’il fallait y ajouter les quatorze ans
d’Anchtou, on obtiendrait un total de plus de quarante ans,
ce qui serait certainement allonger outre mesure la durée
du notariat de Pet-As.
La publication de nouveaux contrats, en fournissant de
nouvelles souscriptions de Pet- As pendant le règne de Phi-
lopator, pourra seule permettre de préciser l’époque de son
entrée en fonctions.
En résumé, l’on peut maintenant affirmer que la petite
dynastie thébaine nationale, qui résista à la dynastie grecque
des Ptolémées, se composa de deux rois :
Harmakhis, roi en 205, à la mort
de Philopator, ou dans ses dernières années au plus tôt.
Il nous reste quatre actes notariés faits pendant son
règne :
1° Le contrat de mariage du modeleur thébain Patimout,
d’épip an IV ou 202 avant notre ère;
2° La quittance du prix de vente de trois champs près de
Thèbes, de paoné an IV ou 200;
3° L’acte de vente de ces mêmes champs, même date;
4° L’acte du British Muséum, de l’an IV, dont M. Re-
villout n’a encore fait connaître que la première ligne.
J'ajouterai qu’à l’époque qui nous occupe, les Grecs ne
transcrivaient plus ”Ap;j.a/ -ç, mais "Aofxaï; (voir les contrats
grecs).
II. ^ roi en 200, qui nous est connu
par un contrat de l'an XIV, dont M. Revillout n’a cité que
la première et la dernière ligne.
Rien jusqu’ici ne prouve qu’il fût le fils d’IIarmaïs.
Il fut vaincu et détrôné en 187, la quatorzième année de
son règne, par Aristomakhos, général de Ptolémée Épi-
phane. Probablement même périt-il dans la lutte suprême,
car autrement Polybe l'eût nommé parmi les rois qui se
202 LE ROI HOREMHOU ET LA DYNASTIE THÉBAINE
soumirent après la prise de Thèbes et furent mis à mort,
malgré la promesse faite de leur conserver la vie sauve.
Un seul fait, de peu d'importance, se rattache à leur règne.
On voit, par les actes datés d’Hor-em-hou et d’Ankhtou,
que les rois thébains respectèrent l’organisation du notariat
à Thèbes, établie par le décret de Canope en 23ü, et conser-
vèrent même les titulaires des charges.
Orléans, le 19 novembre 1879.
HOREMHOU ET ANKHTOU
ROIS DE THÈBES’
I
L'un des buts principaux de mon étude précédente sur
ces rois était de fixer l’ordre de leur succession. D’après
les dates des actes et la succession des notaires, j’ai cru
devoir placer Horemhou avant Ankhtou. M. Revillout n’a
pas voulu d’abord adopter ce classement.
En parlant de l’acte recopié, qui porte au Louvre le
n° 2435 et la date an VII d’Épiphane, M. Revillout fait
justement observer que la paléographie s’oppose à ce que
cet acte soit de cette date : l’écriture et la dimension du
papyrus sont du temps d’Évergète IL II suppose avec vrai-
semblance que le notaire d’alors a substitué le protocole
d’Épiphane à celui du roi thébain. « C’est vers l’an VII
» d’Anchtu que notre acte fut rédigé pour Péchytès, fils de
» Pchelchons. . . qui figure dans le papyrus 2429 », an XIII
de Sôter1 2. M. Revillout nomme toujours Ankhtou avant
Harmakhis : « jusqu’à l’an XX (d’Épiphane), la Thébaïde
» appartenait aux rois révoltés Anchtu et Harmachis3 ».
1. Extrait des Études àr/i/pt oloçj iques , p. 79-80.
2. Renie ègyptologiquc, II, 1881, p. 106, note.
3. Ibidem.
204
HOREMHOU ET ANKHTOU, ROIS DE THEBES
Dans la liste des notaires de Tlièbes', donnée par M. Re-
villout, un contrat de l’an XIV d’Ankhtou est placé avant
un contrat de l’an VI d’Harmakhis; un contrat de l’an VII
d’Ankhtou avant un contrat de l'an IV d’Harmakhis*.
Dès lors, l’an VII d’Épipkane correspond, pour M. Revil-
lout, à l’an VII d’Ankhtou; selon moi, au contraire, l’an VII
d’Épiphane est l’an I d’Ankhtou, Horemhou ayant régné
six ans avant lui '.
Ailleurs, en parlant d’un autre acte, M. Revillout dit :
« Cet acte est un nouvel argument pour l'ordre des règnes
n d’Anchtu et d’ Harmachis que nous cirons fîxé. . . Quand
» M. Bai 1 let a fait, d’après les notaires, sa belle étude sur
» le roi Harmachis (qu’il place avant Anchtu), il n’a pas
» distingué les provenances et les études1 2 3 4. »
Enfin, M. Revillout dit encore : « Mais la Thébaïde resta
» encore indépendante sous Anchtu et Harmachis jusqu’en
» l’an XX5. »
Mais, par un contrat nouvellement acquis par le Musée
de Berlin, et daté de l’an VII du roi Ankhtou, une femme
Tsetmin vend une propriété qu'elle avait acquise par con-
trat de l'an VI du roi Horemhou. Al. Revillout est obligé
d’en conclure que « l’ordre chronologique de ces deux rois
» est donc définitivement établi. C’est Harmachis qui a été
» proclamé le premier en Thébaïde6 ».
Ainsi, ce nouvel acte vient infirmer la première opinion
de M. Revillout et pleinement confirmer mes prévisions.
1. Reçue c<jtjptolo<jiquc , II, 1881, p. 107.
2. Reçue, p. 109.
3. M. Revillout fait la même correction, Reçue, p. 146, note-
4. Reçue, p. 110. Je n’avais pas besoin, pour l'étude que je me pro-
posais, de distinguer la provenance des actes, qui d’ailleurs n’importe
en rien au classement des deux rois.
5. Reçue, p. llô.
6. Reçue, p. 146.
HOREMHOU ET ANKHTOU, ROIS DE THÈBES
2o:>
II
Dans les textes communiqués par M. Revillout, il ne faut
pas négliger de constater un fait nouveau concernant le
règne des rois thébains.
Un notaire de Coptos date un acte de l'an V de Hor-
emhou. On doit en conclure que la domination des rois
thébains s’étendait alors à une ville voisine de Tlièbes leur
capitale. Il est, en effel, fort probable que toute la Haute-
Égypte dut leur obéir. C’est ce qui fit leur force et leur
permit de résister vingt ans à la dynastie grecque.
Novembre 1882.
HIPPALOS
FONCTIONNAI R E K G Y P T I E N
de l’époque ptolémaïque '
Les historiens grecs et latins Polybe, Diodore, Tite-Livc,
Justin, etc., nous sont parvenus si incomplets et nous ont
transmis si peu de détails sur la dynastie ptolémaïque, qu’il
n’y a peut-être pas deux personnages de cette époque dont
on puisse entreprendre la biographie. Tout manquerait :
détails et dates. Je vais cependant essayer de rassembler
les traits épars qui rappellent la vie de Tun d’eux, Hippalos,
fonctionnaire égyptien, au II0 siècle avant notre ère.
Ce nom d’Hippalos n’est pas absolument rare.
Pline et le Périple citent un navigateur.
Les papyrus grecs du Sérapéum nomment un administra-
teur égyptien et le frère du reclus Ptolémée.
Enlin les papyrus démotiques nous font connaître un
prêtre de Ptolémée Sôter.
Mais personne n’a jamais reproché ces faits pour les
attribuer à la même personne. Or, je crois qu’il n’est pas
impossible de montrer, avec quelque vraisemblance, qu’ils
1. Extrait des Mémoù-es de la Société d' Agriculture, Sciences,
Belles- Lettres et Arts d'Orléans , 1879, t. XXI, p. 232-216; Études
ptolémaïques, p. 38-54.
208
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE ÉGYPTIEN
concernent tous un haut personnage des règnes d’Épiphane
et de son fils Philométor.
J’ai parlé dans une précédente étude de la révolution qui
avait suspendu sur la plus grande partie de l’Egypte l’au-
torité des Lagides’ : elle en avait sans doute désorganisé
l’administration. Épiphane fut heureux de rencontrer, à
côté de bons généraux, d'habiles organisateurs. Tel fut
Hippalos remplissant alors les fonctions de ministre de l’in-
térieur et des finances. Il resta pour les Grecs le modèle des
administrateurs. Pendant les dix-neuf années de guerre
civile, on peut croire que le domaine royal avait été l’objet
de dilapidations ou de négligences coupables. Il parait prin-
cipalement que plus d’un contribuable s’était soustrait à la
corvée imposée pour la culture des terres royales, et aussi
que des fonctionnaires trop zélés y soumirent des personnes
(jui eussent dû en être exemptées. Hippalos institua* sous
la présidence du sous-administrateur des finances (hvpo-
diœcète) un conseil composé des préfets des nomes, des
commandants des gardes, des économes, des scribes royaux,
des employés de l’intendance militaire et des scribes des
nomes et des bourgs, et généralement de toutes les per-
sonnes que l’hypodiœcète jugerait utile d’y appeler1 2 3. Cette
Assemblée ou Conseil de répartiteurs devait répartir les
corvées équitablement, de manière à ne pas entraver l’ense-
mencement des terres des particuliers, et en dispenser ceux
qui avaient droit de l’etre, notamment ceux qui devaient le
service militaire. Les mesures prises par Hippalos eurent
1. Voir mon étude sur Horc.mhou et la dynastie thcbaine. Voir sur-
tout M. Revillout, Décrets de Canope et de Rosette.
2. Lettre d’Hérode à Tliéon. — Papyrus grec du Louvre n° 63, col. 6.
3. SuvôSpî-jiravteç 8s p.sià tüv arpxrr,Y<5v -/.ai tüv â-TtiaraTtov tüv ipviXaxi'ïtov
xai tüv oixovdp.wv xat tüv patrtXtxüv Ypapipi-ocTStov TiapovTtov xal tiîiv Ttap’
E-jp.r)Xou toü YPa'AlAa'cstoi; tüv p.a^ip.iov xat tüv TOJroYpap.tAaTSti>v xat xtop-oYP*!*-
[xaTÉüJv xat tüv dXXcov ov àv •j7toXap.oxvï]TE ^pr,Tijxov ïivat 7tpôç Ta-jia. (Le-
troune, Papyrus yrecs, p. 366-367.)
HIl’l’ALOS, FONCTIONNAIRE EGYPTIEN
20'J
le plus heureux résultat, ainsi que le constate une circu-
laire’ postérieure de moins d'une vingtaine d'années, rendue
clans des circonstances toutes semblables, c'est-à-dire après
1 la captivité de Philométor, sa rentrée en Egypte avec les
1 armées d’Antiochus, et au moment où il disputait à son
| frère Évergète II le trône d’Egypte (en 165, l’an VI de ce
dernier). « C’est ainsi que fit, dans une circonstance ana-
logue, Hippalos, alors à la tête de l’Egypte, persuadant aux
stratèges et autres fonctionnaires de se charger de ce soin :
l'ensemencement s’accomplit convenablement. » Par une
i mesure habile, Hippalos sauva probablement le peuple
j égyptien de la famine. Bien plus, l’organisation imaginée
I par Hippalos subsista après lui, comme le prouve ce docu-
ment de Philométor.
1 La récompense des services qu’il avait rendus en cette
circonstance ne se fit pas attendre. Nous verrons plus loin
j le gouverneur de Memphis attester qu’Hippalos jouissait
d’un grand crédit à la cour des Ptolémées. Il eut, à deux
dates différentes, l’honneur d’être revêtu de sacerdoces
royaux.
i Ces sacerdoces étaient une institution à la fois grecque
I et égyptienne : égyptienne parce que l’usage de la déifica-
i tion des rois, même de leur vivant, remontait à la plus
haute antiquité en Egypte; grecque parce qu’il semble que
les Ptolémées ne donnèrent le privilège de ces sacerdoces
qu’aux familles grecques venues avec eux en Égypte, autant
qu’on peut l’inférer de ce fait que tous les noms des prêtres
et prêtresses connus sont des noms grecs.
Epiphane venait de reconquérir Thèbes sur le roi égyp-
tien Ankhtou, en 187, la dix-neuvième année de son régne.
Il se hâta de rétablir à Ptolémaïs le sacerdoce de son aïeul
Ptolémée Sôter, en y adjoignant le sien. L’un des premiers
personnages qui en furent revêtus fut le ministre Hippalos.
i
1 . La lettre d'Hérode à Théon.
Bibl. égypt., t. xv.
14
210
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE ÉGYPTIEN
Le texte d’un contrat de vente de l’an XXIII d’Épiphane
(183 av. J.-C.) porte :
« Étant Hippalos ( Hplos ), fils de Sas, prêtre du nome
thébain de Ptolémée Sôter et du roi Ptolémée, le dieu
Épiphane Euchariste’. »
Hippalos eut le privilège de recevoir une seconde fois cet
honneur sous le règne du successeur d’Épiphane, en l’an VI
de Philoraétor Ier (176 av. J.-C.), suivant le double contrat
du Musée de Berlin n° 111 !, qui présente la même formule’.
Hippalos, qui avait remis l’ordre dans l’administration
de l’Égypte à la fin du règne troublé d’Épiphane, tourna
ses vues vers le développement du commerce sous celui de
son fils Philométor. Par sa position géographique, l’Égypte
était le trait d’union entre l’Europe et l’extrême Orient.
L’Égypte recevait, à la fois par terre et par mer, les pro-
duits de l’Éthiopie, et, par mer, ceux de l’Inde. C’étaient les
éléphants, les lions, panthères et léopards, girafes et rhino-
céros qui figuraient dans les fêtes, les bœufs, chèvres et brebis
d’Ethiopie, les bœufs blancs de l’Inde, le sel gemme, l’ébène,
le caroubier, le cuivre, l’émeraude, l’ivoire, les écailles de
tortue, l’encens, la soie venant de Chine, certains bois do
la presqu’île de Malacca, le myrthe, la casse, la cannelle, lo
suif, le beurre, probablement aussi les substances colorante*
pour la teinture, l’huile de ricin pour l’éclairage, l’orge qu
1. Revillout, Nouvelle Chrestoniathic dèmotique, p. 67-68.
2. Revillout, ibid., p. 135.
3. Un contrat de l’an XI, publié par M. Revillout dans sa C lires
lomathie dèmotique, depuis que ces lignes sont écrites, montre qu!
Hippalos fut revêtu une troisième fois de ce sacerdoce, honneur qui n
fut accordé à personne autre. — [Une inscription du règne de Philo
métor, trouvée à Ptolémaïs (Menschieh), confirme le titre sacerdoü
d’Hippalos et l'identité du prêtre des Ptolémées avec le ministre
« llToXsij.aûi> 6s<j> ‘ÜiXjvrçTopi, ùîiàp TniràXou, roiv upti-wv çi'Xcov, *c
ÈiuoTpa-riYou -/.ai isp éu; IlTCi).Ep.atou XcoTrjpoç y.at lTuo).sp.a(ou ’Euiçavoüç xj
E-j^apiarou, tôv [fiop-bv N v/,6 uxyji' ispeù; toO Aiôç. » (Alaspero et Milleij
Bulletin de correspondance hellénique , t. IX, p. 141.)]
IIIPPALOS, FONCTION* \IRK K< i YPTIF.N
servait à faire la bière. L’Arabie envoyait des chevaux et
des mulets, de la pourpre, des étoffes, du vin, des parfums,
des objets d’argent et d’airain’.
Ce commerce était entre les mains des populations mari-
times des côtes de la mer Rouge et du golfe Persique. Aga-
tharchide, qui écrivait au IIe siècle avant notre ère, et le
Périple de la mer Erythrée, qui est de quatre siècles pos-
térieur, s’accordent à représenter comme tout à fait primi-
tive cette navigation indigène : elle se faisait sur des barques
construites de bois léger et de jonc, recouverts de peaux.
Naturellement, de tels bâtiments ne pouvaient faire autre
chose que de suivre la côte de très près, se réfugiant dans
toutes les anses chaque nuit et même le jour à la moindre
apparence de gros temps. La flotte elle-même d’Alexandre,
sous la conduite de ses amiraux Néarque et Onésicrite, ne
suivit pas d’autre route pour venir des embouchures de
l’Indus à celle de l’Euphrate.
Philadelphie, autrefois, avait envoyé Timosthène remonter
le Nil, et son ministre Satiros explorer la côte do la mer
Rouge, pour y fonder des stations commerciales. Simmias,
sous Evergète, avait été chargé d’étudier le golfe d’Aden.
C’est ainsi encore que, sous Évergète II, Eudoxe de Cyzique
fit un premier voyage aux Indes, et un second probable-
ment l’année qui suivit la mort de ce roi (en 117 ou 116).
Philométor confia sans doute une mission analogue à llip-
palos. Les écrivains postérieurs lui donnent les épithètes
de marchand et de pilote : ce qui s’explique fort bien par
l'insuffisance de renseignements sur les siècles (pii les
avaient précédés, et surtout par la nature même de son
entreprise.
Hippalos, soit sur les rapports cle^ pilotes de son temps,
soit même qu’il eût entrepris le voyage, ce qui n'a rien que
1. Voir Robiou, Economie politique, etc., au temps des Lapides,
§ 12, commerce.
212
UIPPALOS, FONCTIONNAIRE ÉGYPTIEN
de très vraisemblable, connut l’existence dans la mer des
Indes, de vents périodiques soufflant alternativement six
mois de l’Est à l’Ouest et six mois en sens inverse. L’habile
ministre fut tout de suite frappé du parti qu’on pouvait
tirer de ces vents revenant a époque fixe. A partir de ce
moment, la navigation des mers orientales prit un nouvel
essor. Car, ainsi que l’ont fait remarquer Pline’ et l’auteur
du Périple -, une des conséquences de la découverte de la
mousson fut que les navires, n’étant plus obligés de longer
les côtes, purent recevoir de plus grandes dimensions. Par
là, ils avaient une marche plus rapide; ils portaient une
charge plus forte, et, en même temps, ils résistaient mieux
aux horribles tempêtes des mers orientales. Strabon et Pline
nous apprennent qu’un navire romain pouvait faire en
sept jours ce qui en exigeait vingt de la part d’un navire
indigène1 2 3 4.
Le commerce de l’Inde passa entre les mains des Grecs
établis en Égypte; les ports de la mer Rouge prirent un
développement considérable. Les ruines de Bérénice, fondée
par Ptolémée Philadelphe, couvrent un espace de 1,600
pieds du Nord au Sud, et de 2,000 de l'Est à l’Ouest*.
Strabon, l’an 24 avant notre ère, vit partir de Myos-Hormos
une flotte de 120 navires.
Les produits de l’Inde arrivaient aux ports de l’Égypte
sur la mer Rouge, Myos-Hormos et Bérénice, d'où ils
étaient apportés par des caravanes à Esné et à Coptos, pour
descendre sur le Nil jusqu’à Alexandrie, dont les flottes les
répandaient dans le monde grec et romain.
1. Pline, liv. VI, chap. xxiv.
2. Géographe minores, p. 298.
3. Consulter Reinaud, Royaumes de la Mèsùne et de la Khoracène
(dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
1864, p. 24 et suiv.), pour la découverte de la mousson et la révolution
qu’elle amena dans la navigation en général, dans les constructions
maritimes et la direction du commerce.
4. Belzoni, A Narrative, p. 330 et suiv.
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE ÉGYPTIEN
213
La découverte faite par Hippalos eut donc une impor-
tance capitale pour le développement du commerce et de la
richesse de l'Egypte.
Il s’agirait maintenant d’en fixer l’époque. Le Diction-
naire général de biographie et d'histoire de Dezobry, se
faisant l’écho de l’opinion vulgaire, nomme « Hippalus » un
pilote grec, qui découvrit au Ior siècle de notre ère, proba-
blement vers la fin du règne d’Auguste, les vents pério-
diques ou moussons de la mer des Indes. Le fait d’une flotte
de 120 bâtiments, appareillant pour l’Inde au port de Myos-
Hormos, vue par Strabon dans son voyage en l’année 24
de notre ère, démontre que l’époque fixée par le lexico-
graphe est beaucoup trop rapprochée, de plus de cinquante
ans. Aussi M. Reinaud, dans le mémoire précité, a-t-il
recherché un fait qui indiquât une époque antérieure. Il
fournit en effet la preuve que la découverte de la mousson
« était déjà mise en usage en Égypte dès l’an 72 avant
J.-C., sous le règne de Ptolémée Aulète. A cette époque,
le gouverneur de la Haute-Égypte, qui avait le port de
Myos-Hormos sous sa direction, portait entre autres titres
celui de stratège ou amiral de la mer Indienne et de la mer
Erythrée : o-Tpa-r^-o? x^ç ’ivSixijç v.I. ’EpuOpâç OaXy.Trr];. Évidem-
ment, la mer Erythrée désigne ici la mer Rouge et les
parages d’Aden (Euclémon); c’était le lieu où, jusqu’à
Hippalus, s’était exercée la navigation égyptienne. Lorsque
les navires partis d’Égypte avancèrent jusqu’aux ports de
l’Inde, il fallut bien ajouter les mots mer Indienne aux mots
mer Erythrée ».
Et M. Reinaud ajoute avec justesse : « Du reste, rien dans
le titre du gouverneur de la Haute-Égvpte ne montre que
l’usage de la mousson ait commencé sous le règne de
Ptolémée Aulète lui-même » et non auparavant.
En effet, si la découverte remonte a Hippalos, qui vivait
sous Épiphane, il faut vieillir cet-te grande invention d'un
siècle environ.
211
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE EGYPTIEN
C’est ici le lieu de parler de la famille d'Hippalos. Son
nom est grec, et celui de son père Sas pourrait paraître
égyptien. En effet, il faut remarquer que l’usage de ce
siècle était pour les Grecs de prendre un nom égyptien.
Pour n’en citer qu’un exemple entre cent, je rappellerai
que le fils de Ptolémée, soldat grec en garnison à Thèbes
en 205, quand les Thébains proclamèrent le roi national,
portait les noms de 'Epfjuac ô /.%. iistsve^^xtjç, et son petit-fils
ceux de ’a-o/Xwv.o; ô xaî 'Fe;jijji'jjvOt(ç. Et cela n’empêchait pas
ces Grecs d’être fiers de leur origine. On sait avec quel soin
Ptolémée, le reclus du Sérapéum, toujours sous le règne
de Philométor, s'intitule Uxo'AejjtaToç rXauz.!nu Max.Giv. De même,
dans l’acte de l’année 176, où figure notre Hippalos comme
prêtre de Sôter et d’Épiphane, un certain ’Apjjuuv.o;, fils
d’Alexandre, se qualifie uinen mes Kam « Grec (Ionien), né
en Égypte ».
Dans une inscription récemment publiée, découverte pré-
cisément au port de Bérénice, un habitant rappelle qu’il est
originaire de la ville crétoise de iio ).A-b,v’. L’inscription est
de la fin du règne d’Évergète II, successeur de Philométor,
c’est-à-dire presque contemporaine d’Hippalos.
Je m’arrête pour ne pas multiplier les exemples qui se-
raient très nombreux.
Il n’y aurait donc rien d’étonnant à ce que le père d’Hip-
palos, à côté de son nom grec, portât un nom égyptien. Ce
serait bien la mode de l’époque. Assurément Sas pourrait
n’ètre que la transcription exacte du nom grec. Pour m’en
tenir aux papyrus égyptiens, c’est-à-dire h l’époque même
d’Hippalos, ce nom est celui d’un Crétois, père d’un Démc-
trius, que Ptolémée employait pour le règlement de ses
1. E. Miller, Inscriptions grèco-è</i/pticnne$, dans le Journal des
Sacarils , août 1879. — Je crois qu’il faut restituer à la cinquième ligne
Oiüv K jîpYÉïMv au lieu de t<;w IvApyÉ-wv, me fondant sur l'usage constant
de cette formule, dans les papyrus grecs et démotiques.
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE EGYPTIEN
affaires1 2. Mais il pourrait aussi fort bien se faire que ce
fût un nom égyptien. Il paraît au partage d’Hor et de ses
frères, dans un endroit où l’on ne saurait dire positivement,
qu’il s’agisse d’un Egyptien plutôt que d’un Grec’, bien
qu’il soit mêlé à des noms égyptiens.
Ce nom, toutefois, rappelle à la mémoire celui du dieu
S'ou, que les Grecs ont transcrit Su;. On pourrait
encore en rapprocher les noms 1(1 l\\ ou |1 (](][', Sasi, Sis3,
i — n — i ri • w i n ri i n i 111
üvd
i \\ i
r~vn
^ S's'a, S's'i, S's'ou; si les monu-
et
ments où ils se trouvent n’appartenaient pas exclusivement
à l’ancien empire4 5. Mais je trouve dans le double nom que
portait le père d’Hippalos, un rapprochement plus décisif.
Le nom de rXxtma; est dérivé de fATj/.o;, qui se traduit par
glaucus, caesius; or, en égyptien, parait avoir existé une
S's'a3, dési-
racine de même sens, sous la forme 1
I W 1
gnant une couleur6, et sous la forme allongée
S'esem, un minéral vert, grüne Porcellan Erde, selon
M. Brugsch7 8. De sorte que Glaucias et Sas auraient eu la
même signification, et comme ce dernier nom" reproduisait
le nom grec Sfoso;9, il fut conservé dans les nomenclatures
des prêtres éponymes.
1. Papyrus du Louvre nu 36, in fine; Papyrus de Leyde B, 2, 9.
2. Papyrus du Louvre n° 5 ( Contrat Casati), p. 13-
3. Lieblein, Æyyptische Denkmüler, pl. XVII; Dictionnaire des
noms propres, nos 374, 402, 433, 767.
4. Dictionnaire des noms propres, u“" 43, 493 et 491. — Je citerais
encore le surnom d’Hathor ^ %( à Dendérah, si la lecture Sous ne me
paraissait pas douteuse.
5. Todtenbuch, xcvm, 5.
6. M. Brugsch, Dictionnaire, propose « blanc».
7. Zeitschrift fur âyyptische Sprachc, 1880, p. 5.
8. Ce nom se retrouve encore dans un contrat dont M. Revillout a
donné la traduction depuis que ceci est écrit.
9. Letronne, Papyrus grecs, p. 137 et 291.
216
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE ÉGYPTIEN
Glaucias était macédonien, puisque son fils Ptolémée, le
reclus du Sérapéum, prend le titre nxoXspxïoç rXxuxîou MaxsStiv,
dans toutes les pétitions qu’il adresse aux rois ou aux fonc-
tionnaires publics. Son frère Apollonios le dit encore plus
positivement quand il s’intitule ’A-oXXumoç xoù rXauxJou Ma«-
oîüvoç, au papyrus du Louvre n° 40. Ptolémée donne encore
quelque part d’autres renseignements : au papyrus de
Londres II0 2, il se dit Èiriyor?; ç iûv Èx xoù 'BpaxXeoTtoXîxou,
« épigone », c’est-à-dire « fils d’un Grec et né en Égypte »
( uinen mes Kam, comme s’exprime le contrat de l’an 176, cité
plus haut), « au nome Héracléopolite », que son père habi-
tait, TaxuxÎou Ôvxoî [j.sv xmv sv xÿi IIpxxXsoTtoXîxTj d'jy ysvcov xaxotxiov.
On voit par là que Glaucias était un personnage considé-
rable, car le titre de cruyyÉvr,? « parent » du roi n’était donné
qu’à de hauts fonctionnaires; et cette distinction explique-
rait encore au besoin que son fils Hippalos soit parvenu aux
dignités où nous le voyons.
Enfin, Ptolémée nous donne la date de la mort de son
père ; xouxoù os \xfzxk\i%Tixos xàv |3tov sv xoïç X7,î xxpa^T,;; ^povot;’
« mon père ayant quitté la vie aux temps de la révolution »,
c’est-à-dire pendant la révolution qui enleva la plus grande ;
partie de l’Égypte à la domination d’Épiphane, durant les 1
dix-neuf ans de règne, à Thèbes, des rois nationaux Har-
maïs et Aonkhis, de l’an 205 à l’an 187 ou 186 avant notre
ère. Remarquons que cette date concorde bien avec l’âge
que devait avoir Hippalos pour remplir les hautes fonc-
tions qui lui furent conférées sous Philopator, Epiphane et
Philométor.
Glaucias eut quatre fils, comme nous l’apprend une péti-
tion de Ptolémée le Reclus « au roi Ptolémée et à la reine
Cléopâtre, sa sœur, dieux Philométors », datée de l’an XII
de sa réclusion, qui correspond à l’an XXI de leur règne,
ou 161 avant notre ère. Il y nomme ses trois frères Hippalos
et les deux Apollonios.
1 . Letronne, Papyrus grecs, p. 302.
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE EGYPTIEN
217
Il faut donc prouver que cet Hippalos, fils de Glaucias et
frère de Ptolémée, est le même : 1° que le ministre, 2° que
le navigateur. C’est ce qu’il n’est pas dillicile de faire au
moyen de la correspondance de Ptolémée.
Dans une lettre, dont la date se place entre les années
164 et 15S, Denys, le stratège de Memphis, raconte à Pto-
lémée qu’il a reçu la visite du frère de celui-ci. Brunet de
Presle fait remarquer avec raison que « le style de cette
lettre montre que Ptolémée, fils de Glaucias, ôtait traité
sur un pied d’intimité par de hauts personnages ». En effet,
Denys s’accuse de bassesse et de grossièreté envers Ptolémée
et son frère, et se vante au contraire de leur amitié et de
leur bienveillance. Il s’excuse de n’avoir pas reçu Apollonios
comme il eût dû le faire, sur ce que celui-ci « est tombé
chez lui un 17 mékhir », jour sans doute où il était retenu
par les affaires de son administration; il se trouve trop
honoré et indigne de l’estime qu’ Apollonios lui témoigne.
Que pourrait-il faire pour lui, qui a un frère à la cour?
Cependant, après avoir raconté les suites de son entretien,
il demande à Ptolémée de lui renvoyer son frère, il proteste
ses grands dieux que s'il ne se rend pas près d’eux, c’est que
ses devoirs de fonctionnaire l’en empêchent.
Le ton de cette lettre ne peut nous paraître extraordinaire,
puisque Ptolémée serait, selon moi, le frère d’un ministre
du dernier roi, encore estimé de son successeur qui l’avait
honoré, quelques années auparavant, d’un sacerdoce royal.
11 est vrai que Brunet de Presle, qui n’avait pas fait ce
rapprochement entre les deux Hippalos, pense que « lorsque
Denys dit au frère de Ptolémée que puisqu’il a, à ce qui!
parait, un frère à la Cour, il n’a qu’à l’cdler trouver, c’est
une plaisanterie' ». Pour moi, je ne le crois pas, et c’est un
conseil sérieux que donne Denys à Apollonios d’aller trouver
son frère Hippalos à la Cour où il était en faveur.
1 . Letronne, Papyrus grecs, p. 318.
218
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE EGYPTIEN
Je ne doute pas davantage que le frère de Ptolémée ne
soit le navigateur grec. Nous possédons une lettre' qu’un
fonctionnaire du nom de Lysimaque lui écrivit au sujet de
détails concernant sa pension. Non moins empressé que le
stratège Denys de plaire à Ptolémée, il est heureux de pro-
tester de son dévouement et de lui donner des nouvelles de
son frère :
« Lysimaque à Ptolémée et aux Jumelles et à Apollonios,
» les frères, salut. Si vous allez bien, moi je suis en bonne
» santé. Sachez que, depuis que je suis parti, je n’ai cessé
i) de m’occuper de tes1 2 commissions, » etc., et après divers
détails à ce sujet, il ajoute : « Hippalos, ton frère, est dé-
» barqué à l’improviste; heureusement, je venais de tout
» préparer3. Soigne-toi bien, et que je vous trouve en bonne
» santé quand je vous embrasserai. Porte-toi bien.
» An XX, 30 mésoré. »
Cette lettre est datée : l k pesopïp Â, « le 30 mésoré
an XX », c’est-à-dire de l’année 161 avant notre ère.
Telle serait donc la véritable date de la découverte des
moussons, s’il était prouvé qu’Hippalos ne fit que ce seul
voyage, ce qui est très probable. Son rang, ses fonctions
d’administrateur ne lui permettaient sans doute pas de
multiplier ces absences. Il a dû lui suffire de s’ètre une fois
rendu compte par lui-même de la solution possible du pro-
blème qu’il poursuivait.
Ce voyage nous explique aussi la raison des qualifica-
tions de marchand ( mercator ) et de pilote (■/.■jêepvpr^) que
Pline et le Périple donnent à Hippalos. Ils écrivaient plu-
1 . Papyrus grec du Louvre n° 32.
2. Le texte porte yivij>nsxe et àveteiXa:.
3. Après avoir écrit ào-jv-âxuo;, Lysimaque qui ne voudrait pas être
taxé de négligence, ajoute eu interligne : àjxoÿ èToi|xa/.ÔTo; xiivxix, « moi
ayant préparé toutes choses ». Évidemment Lysimaque, qui ne comptait
pas sur l’effet des moussons, ne s’attendait pas au retour si prompt
d'Hippalos.
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE EGYPTIEN
219
sieurs siècles après lui, et c’est par ces termes que les ren-
seignements populaires qu’ils recueillaient, traduisaient
l’initiative des innovations commerciales dont il avait été
; le promoteur.
L’enthousiasme et la reconnaissance des rois d’Egypte et
j des navigateurs envers Hippalos furent tels que, pour perpé-
tuer le souvenir du service qu’il avait rendu, on donna son
nom aux moussons; au temps de Pline et du Périple, à plus
de deux et trois cents ans de distance, ces vents sont encore
connus sous cette appellation.
| Le nom d’Hippalos se retrouve encore sur un papyrus,
provenant de la collection Anastasi, publié par M. Egger1,
datéL K cpxpjxo’jô'. o (le 4 pharmouthi de l'an XXXYI1 d’Éver-
gète II — 132 ou 133 av. J.-C.); mais, comme l’Hippalos en
I question ne fait que donner un visa, je ne pense pas que ce
soit là le nom de notre Hippalos, qui eût été alors fort âgé,
I mais celui d’un simple contrôleur cf. tous les papyrus).
Au contraire, il est fort possible que dans le papyrus grec
■ n° VII du Britisli Muséum2, renfermant une lettre écrite
par Apollonios (nom de deux frères d’Hippalos) à Hippalos,
j à Sérapion, à Bérénice, à Pyrrhos et à tous ceux de la
I maison (**' -m; h o’V.w -âc.), nous ayons l’énumération de
j toute la famille d’Hippalos. Cela rentre complètement dans
les habitudes du style épistolaire de l’époque.
Dans cette famille, les deux Apollonios n’ont occupé que
des fonctions inférieures. Ptolémée, entré au Sérapéum,
entretient une correspondance active avec les administra-
teurs du nome de Memphis et même avec les rois; mais, en
somme, il n’est qu’un mince personnage. Hippalos fut un
homme tout autrement distingué.
Les batailles et les sièges des généraux d’Épiphane,
1. Egger, Mémoires d'histoire ancienne et d’archéologie , p. 149.
Bei'n. Peyron, Papiri greci , p. 68, dans les Mcmorie delta Reale
1 Aecadcmia délie science di Torino , 1841.
220
HIPPALOS, FONCTIONNAIRE ÉGYPTIEN
Scopas, Polycratès, Aristomakhos, sont de petits exploits
qui n'ont guère profité à l’humanité. De ses ministres
Agatlioclès, Aristomène, l’histoire ne nous dit que les noms,
pour nous apprendre leur élévation et leur chute tragique.
Hippalos fut plus digne de mémoire que tous ces hommes
oubliés, et son nom méritait de passer à la postérité. Après
avoir rétabli l’ordre dans sa patrie, il fut encore, par une
mémorable découverte, l’un des grands hommes de l’anti-
quité.
CLEOPATRE
PILLE DE PTOLÉMÉE ÉP1P1IANE
ET
EEMME DE PHILOMÉTOR ET D’ÉVERGÈTE IL
Moins célèbre que l’amante de César et d’Antoine, que
cette fameuse Cléopâtre, dont elle porte le nom et qui
vécut cent ans plus tard, la fille de Ptolémée V Épiphane
n’eut pas une destinée moins agitée, une ligure historique
moins étrange, selon nos idées modernes. Les principes du
droit public égyptien, et les circonstances politiques lui
ont fait jouer dans sa famille un rôle tel que n’a jamais eu
princesse au monde.
On sait bien que Cléopâtre, fille de Ptolémée Épiphane
et de la première Cléopâtre, épousa successivement ses
deux frères Philométor et Évergète II. Ce n’est pas, toute-
fois, comme a pu le croire Brunet de Presle, par suite de
la dissolution des mœurs de la cour d’Alexandrie « devenue
étrangère à toute idée de morale », mais bien par applica-
tion du droit public égyptien. En effet, d’après la coutume
égyptienne qui donnait aux filles des rois l’hérédité du
1. Extrait des Mémoires de la Société d’ Agriculture, Sciences,
Belles-Lettres et Arts d’Orléans , 1880, t. XXIII, p. 301-384; Études
ptolèmaïques , p. 55-78.
CLÉOPÂTRE
222
trône aussi bien qu'à leurs frères, le mariage d’une princesse
royale avec un prince étranger eût pu créer de grandes
difficultés ou au moins de sérieuses appréhensions aux sou-
verains de l’Egypte. Ils cherchèrent sans doute un moyen
de se débarrasser de toute crainte, et il faut bien dire qu’ils
trouvèrent une solution moins barbare que ne firent les
sultans ottomans. Au lieu de mettre à mort, au début de
leur règne, des sœurs dont l’existence pouvait être dange-
reuse pour leur règne, ils se contentèrent de les épouser.
C’est ainsi qu'agirent les rois de la XVIIIe dynastie, et
leur exemple fut imité par leurs successeurs : nous en avons
la preuve à l’époque de plusieurs des dynasties suivantes.
Il faut qu’aux yeux des Egyptiens ce droit des lilles ait
eu une bien grande importance, car nous savons que le
grand Ramsès, le second prince de sa dynastie, jugea si
dangereuse l’existence des droits de ses filles, qu’il épousa
les deux aînées. Les Ptolémées, race nouvelle en Egypte,
eurent les mêmes craintes que leur illustre prédécesseur; et,
sans aller jusqu’à l'inceste du père et de ses filles, aucun
d’eux ne négligea d’épouser sa sœur, et, dans quelques cir-
constances, sa nièce.
C’est ainsi que Ptolémée VI Philométor, succédant à son :
père Epiphane, associa à son trône et à son lit sa sœur
Cléopâtre, deuxième du nom. Mais lorsque Philométor eut
été fait prisonnier par Antiochus IV Epiphane, roi de
Syrie, la douzième année de son règne, en 171 , les Alexan-
drins proclamèrent son frère, qui reçut le surnom d’Éver-
gète déjà porté par son bisaïeul. Evergète II devint, en
même temps, le mari de sa sœur, femme de Philométor.
En 166, Philométor parvint à s’échapper, à rentrer en
Egypte, s’établit à Memphis pendant que son frère était à
Alexandrie, et resta seul roi en 164.
Après sa mort, en 146, son frère Evergète redevint roi.
Que devint Cléopâtre au milieu de cette compétition
entre scs deux frères?
FILLE d’f.PIPHANK
223
Des contrats démotiques, si longtemps attendus1 2 * *, que
vient de publier M. Revillout5, je crois pouvoir tirer des
conclusions propres à éclairer bien des points obscurs de
l’histoire de ces deux régnes et de la vie de la reine Cléo-
pâtre.
Il se passera sans doute encore bien des années avant
que l’égyptologie soit dotée des beaux recueils bibliogra-
phiques qui sont à la disposition de quiconque étudie Rome
et la Grèce : comme préliminaire indispensable de mon
travail, je dois mettre sous les yeux du lecteur la nomen-
clature des actes publiés jusqu’à ce jour, appartenant aux
quatre règnes de Philométor Ier et d’Évergète II.
Le recueil publié par M. Revillout contient douze actes
appartenant à ces deux règnes. Les divers recueils de pa-
pyrus grecs nous en fournissent encore plusieurs autres.
En prenant dans ces derniers les principales dates, en y
ajoutant toutes celles que donnent les papyrus démotiques,
on peut dresser le tableau suivant :
Ptolémée Philométor Ior
Ans I à XII (181 à 170 av. J.-C.)
*An VI, 19 (?) paophi (en 176). Quittance et acte de vente
(Revillout, Nouv. Chrest. dém., p. 134).
An VI, 21 tobi (février 175). Vente de maisons, etc. (Louvre,
3440; Revillout, Chrest. dém., p. 375).
1 . a II faut espérer que la publication des contrats démotiques
viendra bientôt compléter les notions qui résultent de l'étude des
actes grecs », disait, en 1866, M. Brunet de Presle en publiant avec
M. Egger, les Papyrus grecs du Loutre, préparés plus de vingt ans
auparavant par Letronne ( Pap . grecs du Louvre , p. 225).
2. Revillout, Nouvelle Chrcstomathic dèmotique, dont l’apparition
fait d'autant plus regretter le retard apporté à la publication de la
Chrcstomatfiie domotique de cet érudit champion de l’égyptologie.
CLÉOPÂTRE
!24
**An XI, 28 thot (novembre 171). Contrat de mariage
(Revillout, Zeitschr., 1879, pl. Y).
**An XII, 9 paophi ou mékhir (en 170). Acte de naissance
(Ibid., pl. IV, n" 19, et Rev. éggpt., 1880, pl. III bis).
Ptolémée Evergète II
Ans I à VII (170 à 164)
An VI, 24 mésoré (en 165). Première lettre d’Hérodès à
Théon (Letronne, Pap. yi'ecs du Louvre, n° 63,
p. 361).
An VII, 20 thot (en 164). Deuxième lettre à Théon (Ibid.,
p. 368).
« An VII, 3 (?) thot » (en 164). Pétition de Ptolémée, fils
de Glaucias, au roi (Ibid., n° 24, p. 271).
« An VII. » Autre (Prit. Mus., n° 3).
Ptolémée Philométor (2° fois)
Ans XVI à XXXVI (166 à 146, seul le 19 épip 164)
An XVI, 29 phaménoth (en 166). Prêt de blé (Letronne, |
Pap. grecs du Louvre, n° 7, p. 172).
An XVIII, 25 mésoré (en 164). Décret d’amnistie (Ibid.,
nu 63, p. 373).
An XIX (en 163). Pétition des Jumelles du Sérapéum « au
roi Ptolémée et à la reine Cléopâtre sa sœur, dieux
Philométors » (Ibid., n° 22, p. 265).
(Ici se placent de l’an XIX à l’an XXIX toutes les pièces
relatives aux Jumelles du Sérapéum.)
An XXI, phaménoth (en 160). Acte de vente (Revillout,
Nouv. C/irest. dém., p. 113).
*An XXVIII, 18 pakhons (juin 153). Acte de vente (Louvre,
2416-2417 ; Revillout, C/irest. dém., p. 243 et 351).
*An XXXI, 19 tobi (en 150). Quittance et acte de vente |
(Ibid., p. 46 et 53).
I ILLE L) EPIPIIANE
*An XXXVI, 18 athyr (décembre 116). Actes de partage
(Berlin; Bibl. nat. de Paris, n° 218; Pap. grec
Grey, de Londres; Revillout, dirent, déni p. 62).
!;s*An XXXVI (en 116). Contrat d’échange (Revillout,
Zeitne.hr . , 1879, pl. III, fragments).
|
Ptolémée Évergète II (2e fois)
Ans XXV à LIV (146 à 117)
An XXV, 16 épip (en 146). Récompense promise pour un
esclave fugitif (Letronne, Pap. grecs du Louvre,
n° 10, p. 178).
*An XXIX, 19 pharmouthi (en 142). Vente sous forme de
transaction (Revillout, Nouv. Chrest. dém., p. 79).
b*An XXX, 1S mésoré (en 141). Quittance et acte de vente
[Ibid., p. 32).
! An XXX, 16 Arrêt rendu par l’épistate Dionysios
(Letronne, Pap. grecs du Louvre , n° 16, p. 226;
Turin, VIII, IX et XIV).
An XXIX, 9 phaménoth. Enregistrement grec du Pap. du
Louvre, IV, 2416 (Letronne, Pap. grecs du Louvre,
p. 225).
I *An XXXVII, 21 mésoré (en 134). Déclaration de bail
(Revillout, Nouv. Chrest. dém., p. 156).
I *An LX, paoplii (novembre 131). Contrat de mariage
(Musée de Leyde; Revillout, Rev. éggpt., 1880,
pl. III bis).
An XL1 ou XLII (130 ou 129). Plainte à l’occasion d’un
prêt de blé (Letronne, Pap. grecs du Louvre, n" 8,
P- 174).
An XLIV (en 127). Pétition d’Apollonios « au roi Ptolémée
et à la reine Cléopâtre, sa femme, dieux Ever-
gètes » (Ibid., n° 14, p. 212).
j*AnXLIV, 1er mésoré (25 août 127). Prêt d’argent (Louvre,
n° 2420; Revillout, Chrest. dém., p. 358).
Bibl. égypt., t. xv. 1 7>
226
CLÉOPÂTRE
:*An XLIV, 20 mésoré. Quittance pour remboursement
d’un prêt d’argent (Turin, 174, 14; Zeitschr., 1879,
pl. II, 11, et Chrest. dém., p. 308).
«An XLV, 26 épip (en 126). Acte de vente (Turin, 174, 24;
ibid., pl. IV, 18).
An XLIV, 25 mésoré. Acte de désistement par Ptolémée,
frère dTIermias (Pap. Turin IV, cité ibid., p. 214
et 216).
*An XLIV, 28 mésoré. Acte de vente par Antigone, fille
de Petnoferhotep-Hermias, à son frère Psamont-
Apollonios (Revillout, Nouv. Chrest. dém., p. 103).
— Enregistrement du 3 épagomène (Letronne, Pap. grecs
du Louvre, p. 115; Revillout, Nouv. Chrest. dém.,
p. 108).
An XLIV. Plainte d'Osoroeris, lils d’Hor, contre Poeris
et Ptônis, en violation de sépulture (Letronne
Pap. grecs du Louvre, n° 6, p. 161).
*An XLVI, 10 tobi (janvier 124). Quittance de part de sur-
cession (Revillout, Chrest. dém., p. 303).
*An XLVI, 20 paoni (juillet 124). Partage de successior
(Pap. de Berlin; Revillout, ibid., p. 314).
*An XL1X, 18 khoiak (en 122). Partage entre Chonno-,
pris, etc., et le pastophore Hor (Revillout, Noue
Chrest. dém., p. 87).
An L, mékhir (mars 120). Vente de maison (Louvre, 2418
2410; Revillout, Chrest. dém., p. 85).
An L, 10 phaménotk et 1er paoni (en 121). Enregistremen
grec d’une vente faite à Chakhpéris la jeune (Pap
du Louvre dém., 2410; Letronne, ibid., p. 225).
An LI, 8 paoni (en 120). Jugement pour Hor et consort
contre Hermias (Letronne, Pap. grecs du Louvre
n° 15, p. 218).
*An LI, 10 paoni. Bail de biens ruraux par le pastophorj
Hor au cultivateur Aoufankli (Revillout, N'ouï |
Chrest. dém., p. 148).
i
FILLE d’épiphane 227
*An LII, 3 pakhons (en 119). Vente par Imout au pasto-
pliore Asarouer (Ibid., p. 59).
*An LUI, 9 épip (en 118). Acte d’adjuration (Revillout,
Zeitsckr., 1879, pl. IV, 17).
*An LIV, 19 tobi (en 117). Acte de partage entre le pa.sto-
phore Hor et ses enfants (Revillout. Noue. Ckresf.
déni., p. 7).
*An LII (?). Bail par le taricheute Amenhotep au cavalier
Khonsthot (Revillout. ibid. , p. 150, et Zeitsckr.,
1879, pl. II, 12; Turin, 12).
* Sans date. — Bail d’une vigne et de ses dépendances (Re-
villout, ibid., p. 149, et Zeitsckr., 1879, pl. III,
n° 13; Pap. Turin n° 21).
Cléopâtre, fille de Ptolémée Épipiiane
Abordons maintenant plus particulièrement la biographie
de la reine Cléopâtre.
Il n’v a pas à douter que Cléopâtre ne fût fille d’Epiphane
et sœur des deux rois. Les auteurs grecs et latins l’ont
I dit, et an besoin les actes démotiques le démontreraient sur-
abondamment. Ainsi, le contrat de vente de l’année 160
! est daté : « L’an XXI des rois Ptolémée et Cléopâtre, les
» enfants (nascerâ) de Ptolémée et de Cléopâtre les dieux
» Epiphanes, » sous le règne de Philométor ' ; celui de 150 :
« L’an XXXI des rois Ptolémée et Cléopâtre sa sœur [tcj‘
» sont), les enfants ( na scerû) de Ptolémée et de Cléopâtre
» les dieux Épiphanes2. »
De même, sous le règne d’Évergète II, on trouve en 141 :
« L’an XXX du roi Ptolémée l’Évergète, fils de Ptolémée
» et de Cléopâtre les dieux Épiphanes, et de la reine Cléo-
» pâtre sa sœur, sa femme ( taif sont , taij'himé) '. »
| 1. Revillout, Nouvelle Chrestomathic dèmotic/ue, p. 113.
2. Revillout, ibid., p. 46 et 63.
3. Revillout, ibid., p. 32.
228
CLÉOPÂTRE
Selon l’historien Josèphe’, les villes de Syrie envoyèrent,
en 187, à Épiphane des présents à l’occasion de la naissance
d'un enfant. Champollion-Figeac en fit Philométor. Brunet
de Presle, s’appuyant sur les convenances historiques, y vit
la naissance d’Évergète2. Philométor serait alors né en 190,
l’année qui suivit le mariage de son père; Cléopâtre aurait
pu naitre un ou deux ans après, en 189 ou 188, et Evergète
en 187.
Nous sommes donc assez mal renseignés sur la date de
naissance de Cléopâtre et de ses deux frères. Il n’est pas
impossible qu’elle fût l’ainée et qu’aux yeux des Égyptiens
ses droits ne primassent ceux de ses frères. C’est en vertu
de ce droit d’ainesse que Thothmès Ier avait associé au trône
sa fille Hatshopsou ; c’est contre ce droit que paraissent
s’ètre élevés ses deux frères en mutilant ses légendes sur
les monuments qu’elle avait élevés, en y substituant leurs
noms aux siens3.
Premier mariage de Cléopâtre
L'époque du mariage de Philométor est une question1
controversée. Champollion-Figeac et Letronne ne la placent
qu’en 165.
Cette date, comme nous allons le voir, est inadmissible.
Deux actes (les papyrus démotiques de Berlin III ab el
III cd) du même jour appartiennent au premier règne d(
Philométor. En voici le protocole :
Renpû ses, paopi met-psit, suten P dams, se PÜums ai
Kluptra, ne neteru Nteper, au puab Aleksenirus, ne neten
Sonu, ne neteru Ntarnofer, ne neteru Mert-at, ne neten
1. Antiquités, livre, XII, p. 4.
2. Pupi/rus grecs du Louvre, p. 40 et suiv.
3. Cela se fit quelquefois avec si peu de soin que tous les pronom,
du texte qui suit les titres royaux sout restés au genre féminin.
;
FILLE d'ÉPIPHANE
229
Ntepcr, n suten Ptlnms p Mer-mut-ef, etc., c'est-à-dire :
« L’an VI, 19 paoplii, du roi Ptolémée, fils de Ptoléniéc
» et de Cléopâtre, les dieux Épiphanes, et sous le prêtre
» d’Alexandre, des dieux Frères (Philadelphes), des dieux
I » Évergètes, des dieux Philopators, des dieux Epiphanes,
j » du roi Ptolémée Philométor, etc. (suivent les sacerdoces
» des reines, puis les sacerdoces royaux au nome thébain,
» en ptos ‘ en Tep). »
On voit dans ces premiers actes que Cléopâtre n’était pas
encore mariée ni associée à son frère. Fn effet, même dans
; le cas le plus favorable, la naissance de Philométor en 190,
il n’eût eu encore que treize ou quatorze ans, et sa sœur
douze ou treize. Le nom de celle-ci comme reine ne pouvait
! donc figurer dans le protocole de l’an VI.
i On remarquera aussi que Ptolémée n’avait pas encore
reçu par décret sacerdotal la déification : il n’est associé
! aux dieux ses ancêtres qu’avec le titre de roi '.
Bien plus, Philométor, qui n’était pas encore associé
complètement à la divinité de ses aïeux à Alexandrie, fonda
1 à Thèbes un sacerdoce particulier, pour lui et pour sa
mère, dont Ivinéas, fils de Dosithéos, fut l’un des premiers
| titulaires, sinon le premier : « étant Kinéas, fils de Dosithéos,
I prêtre de Ptolémée et de Cléopâtre sa mère" ». S’il eût été
marié, il eût partagé avec sa sœur et femme Cléopâtre ce
nouveau sacerdoce, comme le fit Évergète redevenu roi
après son frère1.
Un autre acte, daté du 21 tobi an VI (février 104), offre
le même protocole'.
La seconde date que nous rencontrions du règne de
Philométor n’est pas moins intéressante que la première.
j 1. Cf. Revillout, Décrets de Rosette , etc., p. 7.
2. Au Kinas sa Dusthus uab Pt-hunes au Ktuptra tuf mut. (Revil
i lout, Aour. Chrest. dèm ., p. 136.)
j 3. Voir ci-après, p. 236.
F Revillout, Chresfomathic dèmotique , p. 375.
CLÉOPÂTRE
230
C’est celle du contrat de mariage de l’an XI. Elle est ainsi
conçue :
Renpe XI, thot zut s'mun, n suten Ptlumis, sa Ptluniis
au Kleopatra, ne neteru Nteper, au uab Aleksentrus, ne
neteru X'ohem, ne neteru Sonu, ne neteru Ntarnejer, ne
neteru Mert-atu, ne neteru Nteper, ne neteru Mertmut
(suivent les sacerdoces des reines, et, après le sacerdoce de
Sôter, la mention de) Ketas, sa Thositheos, uab suten
Ptlumis , au Kluptra taf sont, au ta uabt n suten Kluptra,
(tu la Ji ten nub mbah Arsina ta Mertson, c’est-à-dire :
« L’an XI, le 28 thot, du roi Ptolémée, fils de Ptolémée et
» de Cléopâtre, les dieux Épiphanes, et sous le prêtre
» d’Alexandre, des dieux Sôters, des dieux Philadelphes,
» des dieux Evergètes, des dieux Philopators, des dieux
» Épiphanes, des dieux Philométors, et sous l’athlophorc
» de Bérénice Evergète, et la eanéphore devant Arsinoé
» Philadelphe, et la prêtresse d’Arsinoé Philopator, comme
» ils sont établis à Racoti (Alexandrie). Hippalos, fils de
» Sas, étant prêtre dans la province de Thèbes de Ptolémée
» Sôter et du roi Ptolémée le dieu Epiphane Euchariste;
» Cétas, fils de Dosithéos, étant prêtre du roi Ptolémée|
» et de la reine Cléopâtre sa sœur, et sous la prêtresse
» de la reine Cléopâtre, et sous la eanéphore devant Ar-
» sinoé Philadelphe. »
De ce protocole ressortent deux faits intéressants. Pre-
mièrement, Philométor, qui, en l'an VI, n’avait pas encore
épousé sa sœur, était marié avec elle au commencement de
l’an XI (fin 172 avant notre ère). Champollion-Figeac place
en 165, au retour de Philométor, prisonnier du roi de Syrie
Antiochus, le mariage de ce prince, et Letronne a adopte
la même date. 11 peut paraître étonnant que deux auteurs
si souvent en désaccord, aient admis tous les deux une
hypothèse aussi peu probable. En effet, d’après les habi-
I ue les ele la cour des Ptolémées, il n’était guère vraisemj
blable epie Philométor, né en DO, selon le calcul de Brunei
,
FILLE d’ÉPIPHANE
231
de Presle, ou même en 187, selon Cliampollion-Figeac, ait
attendu pour se marier sa vingt-deuxième ou vingt-cin-
quième année. Il était à peu près certain que Ptolémée
! Philométor avait dû épouser sa sœur dès son premier règne.
11 y avait même contre la date adoptée par les deux
| savants une grande objection : c’est que, comme nous allons
le voir, d’après deux textes positifs et suivant le témoignage
de Tive-Live, en l’an VI et en l'an VII d’Évergète II, qui
correspondent aux ans XVII et XVIII de Philométor et
aux années 165 et 164, Cléopâtre était femme d’Kvergète II
i et résidait avec lui à Alexandrie. L'opinion de Cliampollion-
; Figeac d’un mariage en 165 pouvait donc paraître inadmis-
. sible, même si le texte du protocole de l’an XI ne nous
avait pas appris positivement que le mariage avait eu lieu
i avant cette année.
Il s’ensuivra que trois enfants de Ptolémée Philométor
j n’ont pu naître de 164 à 460, mais vraisemblablement à la
lin du premier règne de leur père ou peut-être encore
avant et après sa captivité, partie dans le premier règne,
partie dans le second. J’ai pour moi l’autorité du texte de
; l’an VI qui parle des deux rois et de leurs enfants’. Les
I enfants de Philométor ne pouvaient être nés que de son
j mariage avec Cléopâtre pendant son premier règne,
i En second lieu, on voit encore que, dès l’an XJ, le culte
de Ptolémée et de sa sœur et femme Cléopâtre était déjà
établi tant à Alexandrie (Racoti) qu’à Psoï ou Ptolémaïs en
Thébaïde.
Enfin, le troisième acte de ce premier règne de Philo-
métor, la note de naissance des fils du paraschistc Amen-
liotep, malgré sa brièveté, nous fournit encore une notion
précieuse à recueillir, la date extrême de cette première
période du règne. Les signes qui expriment le nom du mois
sont assez douteux, mais il reste assez pour qu’on lise
I
1. Ci-dessous, page 233.
232
CLÉOPÂTRE
nécessairement « le 9 paophi » ou plutôt « le .9 mékhir »;
j’incline donc à croire que Pkilométor était encore roi au
sixième mois de ISO, sa douzième année.
Vers cette date se place un grave événement dans la vie
de Cléopâtre. Une guerre s’éleva entre l’Egypte et le roi
de Syrie Antiochus Epiphane, et Philométor y fut fait pri-
sonnier ' .
Second mariage de Cléopâtre
M. Brunet de Presle* a conjecturé que Cléopâtre était
devenue, pendant la captivité de son frère Philométor,
femme de son second frère Ptolémée Évergète II.
Son hypothèse me paraît appuyée sur d’assez fortes
raisons : 1° puisque Ptolémée, fils de Glaucias, dans sa
pétition de « l’an VII, 3 thot1 2 3 », supplie les dieux Éver-
gètes : o.ô SÉopat ouv ujj-wv xwv p.ey'cr:uv/ 0swv IvjîpyExwv ; 2° puisque
Tive-Live4 raconte que Cléopâtre suivit Évergète à Alexan-
drie, pendant que Philométor, ayant fait la paix avec An-
tiochus, était avec lui à Memphis. J’ajouterai, comme je l’ai
déjà dit, que la conduite de Cléopâtre n’avait rien que de
conforme au droit égyptien. Mais ce mariage, qui est le'
premier pour M. Brunet de Presle, n’est, pour moi, que le
second d’après ce que les plus fortes vraisemblances pou-
vaient faire admettre, d’après ce que l’acte de l’an XI a
f o r m (il le m en t démontré.
Bien plus, il est probable que Cléopâtre, après le retour
de son frère aîné en Egypte, ne redevint pas immédiatement
sa femme.
1. Justin, Histoires philippigir’s, liv. XXXIV, 2.
2. Brunet de Presle, Papt/rus grecs, p. 41.
J. Louvre, n° 24, 1. 3, to-j i.Z OoLO V. — Comme il ne peut y avoir
un C de thot, je conjecture I (10) ou plutôt V (3) qui se rapproche
encore plus par sa forme de l’T qu’on a cru déchiffrer.
4. Tite-Live, Annales, liv. XI A*, 2.
FILL1Ï D KPIPIIANE
233
Ici, les deux historiens Justin et Diodore ne sont pas
d’accord. Selon celui-ci', Philométor, s’étant emparé de son
frère, l’épargna et lui donna la Cyrénaïque pour royaume.
Selon Justin ’, Philométor, chassé du trône, se réfugia au-
près de son frère cadet à Alexandrie et partagea le pouvoir
avec lui, tous deux remettant leur querelle à l’arbitrage du
Sénat romain.
Ce dernier récit paraît le plus probable, puisqu’on effet,
au témoignage des papyrus, les deux frères régnèrent en
même temps, même en Egypte. En effet, la lettre d’IIérode
à Théon, du 24 mésoré an VI, qui ne peut, connue l’a déjà
établi Brunet de Presle, être (pie l’an VI d’Evergète II,
nomme les deux rois et leur sœur comme co-régnants :
“Eàôuxa'. (jlÈv (3ao,iXe,Jî ITxoXejJLXïoç /.a: paatXe'jç 1 1 — r. Xïp.a7oç ô aos/.wôi; /.a:
(iaaiXiaaa KXsQirâxpa f, àSeXtpr) x a! xà xsxva, (( le roi Ptolémée
» [Philométor] et le roi Ptolémée [K vergé te] son frère et la
» reine Cléopâtre sa sœur se portent bien, ainsi que les
» enfants ».
Je vois clairement dans ce texte trois choses : 1° que les
deux rois ont véritablement régné ensemble; 2° que cette
co-royauté existait dès 165; 3° qu’Hérode nomme Cléopâtre
seulement « sœur » du roi, comme si elle se fût trouvée
alors dans une position ambiguë vis-à-vis de ses deux
frères.
Mais Cléopâtre, en réalité, était restée avec Evergète.
Le fait n’est pas douteux d’après la lettre de Ptolémée, fils
de Glaucias, citée plus haut, qui leur donne l’année sui-
vante, en l’an VII, le nom de oév. v. -jzpqi-xl, et d’après le
témoignage de Tite-I.ive.
Peu de temps après (en 164), par décision du Sénat
romain, Évergète dut quitter l’Egypte et devenir roi de
Cyrène. Il est fort possible que Cléopâtre ne reprit pas im-
1. Diodore, Bibliothèque historique, liv. XXXIÏI. 33.
2. Justin, Histoires philipjtiques , liv. XXXIV, 2.
CLEOPATRE
^34
média tement auprès de Philomêtor ses droits d’épouse et
de reine d’Égypte.
Troisième mariage de Cléopâtre
Dans l’acte d’amnistie qui parut au début du second
règne de Philomêtor1, et qui est daté de l’an XVIII (l ih
-tçy-l.v J A [j.£cropr; KE), le roi paraît seul : Baa-.XEÔç IBoXspaioî
iwjjUo, probablement parce que Cléopâtre était encore avec
son second mari.
Mais il n’en est plus de même l’an XIX: Cléopâtre est
redevenue reine d’Égypte, et dans une pièce que M. Brunet
de Presle rapporte à cette année, les jumelles du Sérapéum
s’adressent : Ba7'./E~ llToXcp.a’cp v.v' pajnXltroTi KÀEo~2Tpa tX, àoE Xort,
OeoT; 'B’.Xoïjt/Topcrt. Cléopâtre avait donc changé de mari pour
la troisième fois.
Malgré l’autorité de Brunet de Presle, le fait pourrait
paraître douteux, puisqu’après tout cette pétition ne porte
pas de date certaine.
Mais ici les documents égyptiens viennent apporter de
nouvelles lumières sur ces faits étranges. Un acte de vente
d’une maison sise à Memphis, entre la rue du Sont et le
mur du Sérapéum, est daté : Renpû ( me h ) zed na, Pa-
menot, en na suteniu Ptulmis au Kluptra na neteru Per ;
uab Aleksantres au na neteru Xte-lek-kab , au na neteru
Sonu, au na neteru Nte-arnofru, au na neteru Mert-atu,
au na neteru Per, au na neteru Mer-mutu (suivent les
sacerdoces des reines). « L’an XXI, phaménoth, des rois Pto-
» lémée et Cléopâtre, enfants de Ptolémée et de Cléopâtre
» dieux Kpiphancs, sous le prêtre d’Alexandre, et des dieux
» Sôters, et des dieux Philadelphes et des dieux Évergètes
1. Un mois environ après sa restauration, qui est du 19 épip, selon
la remarque de Brunet de Presle, Popi/rus grecs du Loucre, p. 37.
FILLE D EPIPHANE
235
» et des dieux Philopators et des dieux Kpiphanes et des
)) DIEUX PhILOMÉTORS. . . »
Ainsi donc Cléopâtre, abandonnant Evergète II, était
bien redevenue la femme et l’associée au trône du roi, son
premier mari.
Cet acte ne date (pie du milieu de l’an XXI (160 avant
notre ère), c’est-à-dire de la quatrième année depuis (pie
Pliilométor était redevenu seul roi, et encore la première
ne compte-t-elle que pour six semaines.
Dix ans plus tard, rien n’était encore changé dans la po-
I si t ion de la reine Cléopâtre, à cela près que des sacerdoces
royaux avaient été établis à Thèbes, notamment pour la reine
Cléopâtre Pliilométor et pour sa mère Cléopâtre Epiphane,
nouvel honneur pour la reine trois fois mariée :
« L’an XXXI, le 0 tobi, des rois Ptolémée et Cléopâtre
» sa sœur', les enfants de Ptolémée et Cléopâtre les dieux
» Kpiphanes, et sous le prêtre d’Alexandre, des dieux
» Sôters nte nohem , des dieux Philadelphes, des dieux
» Evergètes, des dieux Philopators, des dieux Kpiphanes,
» du dieu Eupator1 2, des dieux Piiilométors. »
Il ne nous reste plus, pour achever le second règne de
Pliilométor, le troisième de Cléopâtre, qu'à constater la
date de la mort de ce roi. On voit, par la pièce grecque
bien connue sous la désignation de « Récompense promise
pour un esclave fugitif », objet d’un beau mémoire de Le-
tronne, que Pliilométor ne régnait plus le 16 épi p, c’est-à-
dire au dixième mois de l’année égyptienne ou au mois
d’août du calendrier Julien proleptique.
Deux actes de partage3 entre Ounnofré et ses frères sont
1. Même formule dans les contrats du 18 paklmns an XXXIII,
juin 103. (Louvre, 2416 et 2417; Revillout, Chrcst. déni., p. 643 et 301.)
2. Encore une conquête de la science hiéroglyphique. Il est nommé
dans le protocole de presque tous les rois ses successeurs. Sa place esl
mal connue; j’y reviendrai dans une notice spéciale [encore inédite].
3. Papyrus de Berlin et Papyrus de la Bibliothèque nationale de
CLÉOPÂTRE
236
datés du « 18 athyr an XXXVI décembre 140 , des rois
» Ptolémée et Cléopâtre sa sœur, les enfants de Ptolémée
» et de Cléopâtre, les dieux Épiphanes, et sous le prêtre
» d’Alexandre et des dieux Sôters, des dieux Adelphes,
» des dieux Evergètes, des dieux Philopators, des dieux
» Épiphanes, du dieu Eupator et des dieux Philomé-
» tors, » etc.
Ainsi, Philométor vivait encore au milieu du mois de
décembre 146.
D’autre part, M. Revillout a signalé' un contrat d’échange
de l’an XXXVI de Philométor, dont il publie des extraits
sans date ni souscription de notaire. Le quantième, quand
il sera connu, donnera une limite approximative de la fin
du règne de Philométor.
Quatrième mariage de Cléopâtre
Ptolémée Philométor mourut en 146 ou 145, et, à part
un court règne d’un an que l’on attribue â son fils Eupator,
son frère Evergète lui succéda, et, selon l’usage égyptien,
dut dater cette année de l’an XXV de son règne. En effet,
après l’an VII (164 av. J.-C.), la plus ancienne pièce publiée
jusqu’à présent est l’acte de l’an XXIX (142 av. J.-C.).
« L’an XXIX, le 12 (?) pharmouthi, du roi Ptolémée
» Evergète, fils de Ptolémée et de la reine Cléopâtre, et
» de Cléopâtre sa femme, et sous le prêtre d’Alexandre
» et des dieux Sôters {rite no hem ), des dieux Frères, des
» dieux Évergètes, du dieu Philométor, du dieu Eupator,
» du dieu [Philopator] et l’atlilophore de Bérénice Éver-
» gète, » etc.
On voit dans ce protocole figurer une reine Cléopâtre,
Paris, pap. 218; antigraphe Grey à Londres. Ces deux derniers, publiés
et traduits, Revillout, Chrestomathie domotique, p. 62.
1 . Zeitschrift, p. 87.
FILLE D’ÉPIPHANE
237
femme d’Evergète. Or, elle n'est pas autre que Cléopâtre,
lille d’Épiphane, changeant pour la quatrième fois de
mari. La preuve s’en tire du titre de « dieu Philométor »,
qui paraît avant celui d’Eupator. Si le dernier roi décédé
est nommé seul ici sous le nom de « dieu Philométor », où
l’on eût attendu la mention « des dieux Philométors », c’est
que sa femme Cléopâtre, continuant de régner et changeant
de mari pour la quatrième fois, était redevenue la femme
de son frère Evergète et devait reprendre avec lui le nom
de « dieux Evergètes ». Plus loin, dans rémunération dos
sacerdoces de Thèbes, est mentionné son sacerdoce entre
ceux de son mari et de sa mère : « et le prêtre du roi Pto-
» lémée et la prêtresse de Cléopâtre sa femme et la pré-
» tresse de Cléopâtre la mère, la déesse Épiphane ».
Le fait de ce quatrième mariage est encore plus explici-
tement attesté dans le protocole d’un double acte de vente
de l’année suivante1 : « L’an XXX, le 18 mésoré, du roi
» Ptolémée l’Évergète, fils de Ptolémée et de Cléopâtre
» les dieux Épiphanes, et de la reine Cléopâtre sa
» sœur, sa femme, la déesse Évergète, et sous le prêtre
» d’Alexandre, des dieux Sôters, des dieux Frères, des
» dieux Evergètes. des dieux Philopators, des dieux Epi-
» phanes, du dieu Eupator, du dieu Philométor, des dieux
» Evergètes. »
Ici : 1° Cléopâtre est dite « sœur et femme » de Ptolémée
Evergète, et 2° par suite leur prédécesseur est seul « dieu
Philométor », tandis qu’eux-mêmes deviennent « dieux
Evergètes ».
Ainsi, le fait de ce quadruple mariage est rendu indiscu-
table par les termes des protocoles de la chancellerie ptolé—
inaïque. Mais la politique, qui avait uni deux fois Cléopâtre
à chacun de ses frères, allait la faire répudier par le dernier.
C’est ce que nous apprend une déclaration de bail faite en
1. Revillout, Nouvelle Chrestomathie dèmotique, p. 32.
238
CLÉOPÂTRE
l’an XXXVII, le premier acte en date après celui qui vient
d’être cité.
ÉVERGÈTE II RÉPUDIE CLÉOPÂTRE
En effet, auprès du trône grandissait une troisième Cléo-
pâtre, fille de Philométor. Il y avait en elle des droits à la
couronne égyptienne qu’il fallait éteindre ou confisquer.
La reine Cléopâtre, alors âgée de cinquante ans, dut céder
la place à sa fille, et la jeune Cléopâtre devint l’épouse de
son oncle Évergète, dont elle eut un fils qui fut son succes-
seur sous la tutelle de sa mère.
Évergète n’imita pas, en cette circonstance, celui de ses
prédécesseurs qui avait mis à mort sa mère en montant au
trône : il laissa la vie à Cléopâtre. Bien plus, elle garda ses
honneurs et ses titres de reine, à côté de la nouvelle reine
sa fille. Voici ce que nous atteste le protocole de l’acte dont
il est question1 2 : « L’an XXXVII, le 21 mésoré, du roi
» Ptolémée, le dieu Évergète, fils de Ptolémée et de
» Cléopâtre, les dieux Epiplianes, et de la reine Cléopâtre
» sa sœur, et de la reine Cléopâtre sa femme. »
Depuis lors, on dut voir ainsi paraître en tête de tous les
actes les noms des trois souverains de l’Egypte, jusqu’au
jour (en 131 de notre ère) où les Alexandrins se révoltèrent
au nom de Cléopâtre, fille d’Épiphane. Evergète, devenu
cruel, lui envoya, dans une corbeille, les membres du fils
qu’il avait eu d’elle.
Aussi, dès lors, le nom de la reine Cléopâtre, sœur du roi,
disparaît des protocoles. Ainsi ceux de l’an XLIV portent,
avec une variante dans le titre du roi : « L’an XLIV, mé-
» soré, du roi Ptolémée, le dieu Évergète, fils de Ptolémée
» et de la reine Cléopâtre sa femme, les dieux Évergètes,
» et sous le prêtre d’Alexandre1, » etc.
1. Revillout, Noucrllo. Chvestonxathic dcmotiqne, p. 155, note 2.
2. Acte du P'r mésoré (Revillout, Chrest. dèm., p. 358); — du
FILLE d’ÉPIPHANF. 239
Lu même formule est usitée eu l’an XLY ' et en
l’an XXVI
Mais la reine reparaît clans deux actes de cette même
année, datés du 20 paoni : « L’an XLA I. paoni 20, du roi
» Ptolémée, le dieu Evergètc, lils de Ptolémée et de Cléo-
» pâtre les dieux Kpiphanes, et de la reine Cléopâtre sa
» sœur, et de la reine Cléopâtre sa femme, les dieux
» Kvergètes, et sous le prêtre d’Alexandre2, » etc.
On trouve la même formule en tête d’un acte de partage
do l’an XL1X*, d’une vente de maison en mékliir an L . et
d'un bail du 10 paoni de l’an LP'.
On ne peut en conclure autre chose, sinon que, entre
les dates du 10 tobi an XLYI (janvier 124) et du 20 paoni
(14 juillet 124), Cléopâtre rentra en grâce et reprit son
rang et ses prérogatives de reine, perdus en 131 par sa par-
ticipation à la révolte des Alexandrins, et les conserva au
moins jusqu’en l’an LI (juillet 119).
Au contraire, en LU, elle disparaît de la formule initiale
des actes. En effet, un acte de vente ch1 cette année a pour
date : « An LII, pakhons 3, du roi Ptolémée, le dieu Kver-
» gète, tils de Ptolémée, et de la reine Cléopâtre sa femme,
» les dieux Evergètes7. . . »
Faut-il supposer cju’en cette année la reine Cléopâtre
mourut, âgée d’environ soixante-dix ans? C’est ce qui me
paraît le plus probable, car, dans les actes de date posté-
rieure, elle ne paraît plus selon moi.
20 mésoré ( ibicl. , p. 308); — du 28 mésoré (Revillout, Noue. Chrest.
délit ., p. 103).
1. Acte du 26 épiphi (Revillout, Zcitsehr., 1870, pl. 1. n" 18).
2. Acte du 10 tobi (Revillout, Chrest. déni., p 303).
3. Papyrus de Rcrlin (Revillout, dirent, déni., p. 312).
4. Revillout, Nouvelle Chrestomatkic démoli// ne, p. 87.
5. Revillout, Chrestomathie dùmotique, p. 85; Papyrus du Louvre,
2418 et 2410.
6. Revillout, Nouvelle Chrestomathie dèmotique, p. 148.
7. Revillout, ibid., p. 59.
24U
CLÉOPÂTRE
L’acte grec, par lequel Hor le choaehyte partage scs
maisons et ses liturgies entre ses enfants (Pap. du Louvre
n" 5), est daté ; pajAsuortiov L),£o— l-pa; y. j.. Oeü>v *ï»tÀojjtTrj-
tôowv Eojtt'ocüv, eto'jî A, eu’ isoito; SaaiXÉw; M-oXîpa!o'j Oeoü tI>;/.ola/-
tooo; Sw^pos, ’AXsçavopoj, etc.
« Il s’agit ici, dit Brunet de Presle, de Cléopâtre , veuoe
de Ptolémée Philomêtor et de Ptolémée Évergèle II, et de
son fils aîné Ptolémée Sôter II, qui monta sur le trône en
117 avant J.-C., et fut désigné sous le double titre de Pto-
lémée Philométor-Sôter »
L’acte de partage est donc de l’année 114.
Or, si l’on adopte, comme je l’ai dit, les données de
Brunet de Presle sur la naissance des enfants d’Épiphane,
c’est-à-dire l'année 192 pour Philomêtor, 188 pour Éver-
gète et l'une des années intermédiaires pour Cléopâtre, on
aurait 190 — 114 = 76, ce qui serait un âge très possible
pour Cléopâtre.
Mais il y a contre cette attribution plusieurs graves ob-
jections :
1° Rien dans les récits des historiens grecs n’autorise à
croire que Cléopâtre II ait joué un rôle sous le règne des
fils d’Évergète II; et comme, d’autre part, son nom dispa-
raît des protocoles officiels, rien n’est plus probable que sa
mort en l’an LI ou LU.
2° Cléopâtre, mère de Sôter II et de son frère Alexandre Ier,
fut mise à mort par ce dernier en 89. Si cette Cléopâtre
était la veuve de Philomêtor Lr et d’Évergète II, comme le
veut Brunet de Presle, née vers 190, elle aurait eu près de
cent ans et assez de force de corps et d’esprit pour disputer
le gouvernement à ses fils et les renverser, ce qui cette fois
devient tout a fait invraisemblable. En effet, je pense qu’il
ne faut pas voir dans les événements du règne des deux
frères, la fille d’Épiphane, mais la petite-fille de ce roi, la
1 . Brunet de Presle. Papyrus yrecs du Lourvc, p. 152.
FILLE D EPIPIIANE
(
■iille de son lils Philométor Ier, épouse d’Évergète II, son
>ncle, [cpii, par son testament, lui laissa la couronne à la
condition de la partager avec celui de ses lils qu'elle vou-
i Irait choisir].
Ainsi, je vois dans cette dynastie, au cours du second
j-ièclc, quatre reines Cléopâtre :
Cléopâtre Ire, femme d’Epiphane;
Cléopâtre II, sa lille, femme de ses deux frères Philométor
i ;t Évergète II, morte probablement en l’an LII = 117;
Cléopâtre III, fille de Cléopâtre II et de Philométor,
(deuxième femme d’Évergète II, mise à mort en 89;
, Cléopâtre IV, fille de Cléopâtre III et d’Évergète II et
[femme de son frère Sôter II.
Bien plus, je puis démontrer que mon système cadre
|i)ien avec les énonciations des protocoles de tous les actes
originaux parvenus jusqu’à nous :
1° Un contrat de prêt de blé par le pastophore Osorouer
1 1 un Grec nommé Psémont est daté de « l’an IV, 30 tliot,
!» de la reine Cléopâtre et du roi Ptolémée Philométor le
!» Sôter et sous le prêtre d’Alexandre, etc , des dieux
I» Évergèteset du . . .1 Philométor le Sôter 2 3 (?) ».
« La reine Cléopâtre » est Cléopâtre III, régente de son
| lils Ptolémée IX Philométor II Sôter IL
l [Ce roi est nommé seul, parce que sa mère lui a fait répu-
dier sa sœur Cléopâtre IV :|, et que sa nouvelle femme n’a
pas été associée aux honneurs divins.]
La date du contrat est le 30 tliot, 21 octobre 114.
2° L’acte de partage fait par Hor â ses enfants, daté :
UïTiAô'jovHûv kXso— à-pa:; xxc ll'uoXèji.aîou, 0eû)v «luXopnrjTÔpcDv Xüwjpwv
1. Mot passé : dieu ou roi.
2. Revillout, Nouvelle Chrestomathie dèmotique, p. 50.
3. [Ici, dans sa première rédaction, l’auteur conjecturait que Sôter II
n avait pas encore épousé sa sœur Cléopâtre IV, et qu’à celle-ci, avec
son frère, s’appliquait le titre de 6sol 'Vù.o\i.r-. opz: Sut-?, psç. Il a, depuis
longtemps, rectifié.]
Bibl. égypt., t. xv.
Vi
CLÉOPÂTRE
242
ï'oli ç A, sep lepéwç pacriXîcüî H-:oX£|j.aîO'j tî)'.Xop.r|xopoç Xior^poç, ÂXs^av-
opou, etc., xaî Geoù EùepYSTOu /.a; 6eù)v <ï>(Xop.7)Tdpti>v Ewtï'pwv, etc.,
pû;voç Iti'.o 0, sv ’EppuüvGei1, etc.
La date de ce contrat est 9 épip ou 1er août 113.
[Dans les actes de son règne, Cléopâtre III adopta au
moins trois formules :
1° Dans le premier acte de l’an IV, Évergète II et sa
femme Cléopâtre III sont compris sous le nom de « dieux
Évergètes », et Sôter II est seul.
2° Dans le second acte de l’an IV, Évergète II est nommé
seul, et Cléopâtre et son fils sont nommés ensemble « dieux
Philométors Sôters ».]
En cette année IV (114), Ptolémée X Alexandre Ier devint
roi en même temps que son frère et alla régner en Chypre.
Puis, en 107, Cléopâtre III renversa Sôter, II et lui sub-
stitua Alexandre Ier.
[3° Dans l’acte de l’an XIV qui va suivre, Cléopâtre,
sous le règne de son fils Alexandre, reprend le titre
d’« Evergète ».]
Ici l’on rencontre, parmi les papyrus démotiques, deux
actes de vente, dont les dates sont des plus instructives ;j
en voici le libellé :
« An XIV, qui fait XI, le 17 phaménoth, de la reine
» Cléopâtre Évergète et du roi Ptolémée, qu’on surnomme
» Alexandre son lils, [sous le prêtre d’Alexandre], des dieux
» Sauveurs (sic), » etc.
Et : « L’an XI, le 30 mékhir, de la reine Cléopâtre et de
» roi Ptolémée, surnommé Alexandre, et sous le prêtre
» d’Alexandre, des dieux Sauveurs, » etc.
S’il était question de Cléopâtre II Évergète en l’an X
d’Alexandre, c’est-à-dire en 104 (114 — 10 = 104), la reinej
née en 188, aurait eu quatre-vingt-quatre ans ; or, comm<[
Sôter II était mineur en 117, on se demande à quel âg<|
1. Papyrus grecs du Loutre , n° 5, p. 130.
{
FILLE d’ÉPIPIIANE 213
Cléopâtre eût eu ses trois enfants : en supposant à Sôter II
une douzaine d’années lors de son avènement, il serait né
en 129, Cléopâtre ayant près de la soixantaine, ce qui n’est
pas admissible.
Donc, la reine « Cléopâtre Évergète », de ce contrat, est
Cléopâtre III, et Ptolémée Alexandre étant nommé son /ils,
il s’ensuit que la mère de Sôter II n'est pas, comme l’a cru
Brunet de Presle, Cléopâtre 11, fille d’Epiphane, mais bien
Cléopâtre III, fille de Philométor et deuxième femme
' d’ Evergète II.
I Cléopâtre III eût dû compter ses années de règne depuis
; son mariage avec Evergète II, que je soupçonne avoir eu
lieu vers 131, c’est-à-dire quand Evergète ayant fait mettre
à mort ses deux fils, chercha dans sa famille une femme
i qui pût lui donner des enfants, et épousa sa nièce Cléo-
pâtre, dont, par le fait même, il confisquait les droits au
! nom de scs futurs enfants, c’est-à-dire à son profit. Cléo-
pâtre eût donc dû dater cet acte de l’an XXIV (et non
^ XIV) = l’an XI d’Alexandre qui était roi de Chypre de-
puis 114.
Mais, comme dans l’écriture démotique il ne peut y avoir
! confusion entre le chiffre / 10 et le chiffre b' 20, on ne peut
| faire d’autre supposition que de dire que Cléopâtre Éver-
gète, tutrice de ses fils, data à nouveau son règne de la
mort d’ Evergète II. L’acte de l’an XIV de Cléopâtre est de
101(117 — 13=104); et, comme Alexandre ne commença à
régner qu’en 114, son an XI 114 — 10 = 101 concorde bien
avec l’an XIV du règne de Cléopâtre Evergète.
Si je voulais refaire ici, en ce qui concerne les règnes de
Philométor et d’Évergète II, le tableau chronologique
dressé par Letronne dans ses Inscriptions d’Égypte, on
pourrait apprécier ce que la chronologie des Lagides doit
déjà à la publication de quelques contrats démotiques. Mais
i ce travail serait nécessairement incomplet; M. Revillout
1 tient en réserve bien d’autres documents : il saura les mettre
244
CLÉOPÂTRE
en œuvre avec l’autorité qu'il s’est acquise en ces matières
Ce que j’en ai dit, d’après les textes qu'il a livrés au public
suffit à montrer combien l’histoire s’est enrichie par s;
brillante découverte.
!j novembre 1880.
LE
DÉCRET DE MEMPHIS
ET LES
INSCRIPTIONS DK ROSETTE ET DE DAMANHOUR1
I
[Les Textes |
L'inscription de Rosette a été le principe des études et
des découvertes égyptologiques. Aujourd’hui encore tout
ce qui y touche intéresse toujours non seulement les égyp-
tologues, mais le monde savant2. L’état malheureux dans
lequel se trouve le texte hiéroglyphique rappelle en toute
occasion l’attention de ceux qui s’occupent de l’une des
trois rédactions dans lesquelles le décret des prêtres de
l’Egypte, assemblés à Memphis, nous a été transmis.
Tout d’abord le texte grec, le plus accessible à l’étude par
sa conservation presque parfaite et par la connaissance de
la langue dans laquelle il était écrit, a été l'objet d'études
savantes.
1. Extrait des Mémoires de la Société d' Agriculture, Sciences.
Belles-Lettres et Arts d'Orléans, 1887, t. XXVII, p. 1 135 et i-xxxi.
2. Voir, par exemple, l’étude de M. Miller sur le nouveau texte de
Canope, dans le Journal des Savants, 1883, p. 214.
246
LE DÉCRET DE MEMPHIS
Ameilhon s’en occupa le premier en 1803, puis vinrent
Villoison (1803), Heyne, Porson, Druman, Lenormant (1840),
Letronne (1841), dont la transcription et la traduction, à
peu près parfaites, n'ont besoin de correction que dans
quelques rares endroits.
Ce fut ensuite le tour du texte démotique, que l’on pré-
suma devoir être entièrement alphabétique, parce qu’on n’\
reconnaissait alors aucune figure régulière. Mais, ici, les
efforts de Silvestre de Sacy (1802), d'Ackerblad (1802)
d’Young (1816), de Kosegarten (1828), de Saulcy (1845)
restèrent à peu près sans résultats. Il a fallu les progrès
incessants de l’égyptologie pour que M. Revillout en donna
une traduction interlinéaire exacte.
Enfin, à la suite de l’infructueuse tentative d’Yourç
(1819), Champollion, après avoir lu, dès 1821, devant l’Aca
démie des Inscriptions et Belles-Lettres, plusieurs mémoire
sur les écritures égyptiennes, trouvait définitivement, ei
1822, la lecture des hiéroglyphes monumentaux. Ses tra-
ductions partielles du texte hiéroglyphique de la pierre d
Rosette servirent à Lenormant et à Letronne pour leur
restitutions du texte grec. Trente ans plus tard, 1
Dr Brugsch (1851) en donna une traduction intégrale qu
Chabas améliora beaucoup en 1863, mais en y laissan
encore, comme on le verra, plus d’une omission ou erreui
D’ailleurs, depuis cinquante ans, tous les égyptologues on
eu l’occasion de proposer quelque restitution’.
Deux découvertes importantes eurent lieu dans cet intei
valle de temps; en 1866, par Lepsius, celle de la stèle d
Tanis, contenant un décret des prêtres de l’Égypte réun:
dans un temple de Canope, l’an IX d’Évergète Ier, et e
décembre 1884, l’entrée au Musée de Boulaq d’un nouv<
1. Dernièrement encore l’un d'eux proposait la restitution d’un m'
au commencement de la deuxième ligne, tant cette restitution reste
préoccupation constante des égyptologues. — Voir Chabas, Inscriptii
de Rosette, 1867, p. 10.
,
LE DÉCRET DE MEMPHIS
24 1
exemplaire du décret de Memphis, connu par la stèle de
Rosette.
Le texte de Tanis, tout à fait analogue de sujet à celui de
Rosette, aurait pu fournir des éléments pour restituer ce
dernier. Personne cependant ne l’a entrepris. Mais il n’en a
pas été de même du nouveau texte du décret de Memphis,
trouvé à Damanhour'. M. Bouriant, en le publiant5, a tenté
en même temps de le combiner avec celui de Rosette, de
façon à présenter le décret à peu près dans son intégrité.
Son essai mérite des éloges et fait honneur à l’école du
Caire, dont M. Bouriant était hier encore l’un des élèves.
On y forme des égyptologues, comme M. Bouriant, qui
n’hésitent pas à aborder les travaux les plus ardus.
M. Bouriant eût pu étudier plus longtemps son sujet, il
a préféré laisser son travail incomplet et mettre immédiate-
ment à la portée de tous les égyptologues le texte précieux
entré dans le dépôt confié à sa garde.
11
[Identité et incorrection des deux textes]
Il ne faut pas espérer d’une restitution de ce genre quelque
découverte nouvelle d’un intérêt historique. Les textes
grec et démotique ont fait connaître tout ce qu’on pouvait
attendre de ce côté : tout au plus pourra-t-on y trouver un
motif de décision sur quelques points que les deux textes
déjà connus avaient, parleur désaccord, laissés indécis.
Je ne veux entreprendre, quant à présent, aucune dis-
cussion sur les questions touchant l’histoire, l’administra-
tion, les mœurs, les usages, la chronologie, que peut soulever
le texte du décret. Je restreins complètement mon plan.
1 . Musée du Caire, n° 5576.
2. Recueil de Travaux, 1885, t. VI, p. 1-20.
248 LE DÉCRET DE MEMPHIS
J'entreprends une étude purement bibliographique, si ji
puis appliquer cette expression à deux stèles. Mon seul bul
est de montrer qu’on peut, presque avec un succès complet,
tenter sur les textes hiéroglyphiques les plus maltraités
par le temps, des essais de restitution analogues à cem
auxquels on soumet les textes grecs et latins. La tâche est
plus difficile sans doute, parce que nous avons moins d’ha-
bitude de la langue égyptienne que les hellénistes de h
langue grecque. Cependant, plus de trente ans d’étude m’ont
assez familiarisé avec la langue et l’archéologie, pour nn
permettre une tentative dans laquelle M. Bouriant, trop
jeune encore d'expérience, a souvent échoué.
Le premier point dont je me suis assuré, c’est l’identitc
des deux textes. Elle est complète. On peut, pour s’er
convaincre, comparer :
Rosette, ligne 1, et Damanhour,
ligne 22.
9
23-24.
3,
25-26.
9,
26.
8,
26-27.
10,
27-28-29
12,
29.
— 14,
30-31.
J’ai eu la patience de comparer tous ces passages, groupe
par groupe, et de constater qu’ils sont formés des mêmes
signes. Damanhour les intervertit quelquefois, mais chaque
groupe est formé des mêmes éléments’. Je n’ai trouvé qu’uni
1. Il faut faire cette expérience sur la planche, car, dans la repro
duction typographique, M. Bouriant a dérangé quelquefois l’ordre de
. . -p-r as-
signes. Ainsi, ligne 24, t>===iJ «
-ïu- r— i J\ 'i
Damanhour, T'Cf comme sur Rosette; la fiu du cartouche d(
est écrit sur la pierre d(
ÜLù
la dernière ligne est
st ^
dans les deux textes.
;
LE DECRET DE MEMPHIS
249
(Dam.,
exception (Ros., 1. 14), est écrit a
C. Jl j.
1. 30).
Lorsqu’un mot peut être écrit de plusieurs manières, il
est reproduit sur les deux textes à la lois sous la même
orthographe. Ainsi, le pronom de la troisième personne du
pluriel est écrit I (Ros., 1.2; Dam., 1.23; — 3/25, 2 fois,
8/27, 12/29); (Ros., 1. 2; Dam., 1. 24; — 3/2G, 2 fois).
De même, le pronom de la troisième personne du singu-
« I /V7 AA/VW\
lier est écrit x/% (Ros., 1. 10; Dam., 1. 28), et (Ros.,
1. 3; Dam., 1. 25; —3/26, 10/28).
/.et n ed est écrit
©
aux endroits correspondants (Ros.,
©
1. 3; Dam., 1. 25), et (Ros., 1. 10; Dam., 1. 28).
Certaines bizarreries se rencontrent des deux côtés,
comme ©<r^> pour (Ros., 1. 2; Dam., 1. 24).
Il est curieux de voir que des fautes d’orthographe de
l’inscription de Rosette sont reproduites dans celle de Da-
manhour. Ainsi, le mot nofrt, jusqu’à , est écrit
noftr (Ros., 1. 12; Dam., 1. 29), au lieu de T<=>; Q"
coin, est
(Ros., 1. 10) et
A IIU,
(Dam., 1. 27, (in),
au lieu de
l\\@
a
^37 (Ros., 1. 3) est une faute évidente pour
, -roTî aXÀoi? tepoTç r.;. Damanhour, tout en recti-
fiant la faute (ligne 25), adopte l’orthographe ptolémaïque
^ qui y a donné lieu.
L'identité d’orthographe et de disposition des signes est
donc un fait dont il faudra tenir compte dans la restitution.
Par exemple, quand, dans Damanhour, on trouve le groupe
. qui n’a aucune signification, il faudra lui conserver
® . O |LD
sa physionomie et le transcrire ^ .
250
LE DÉCRET DE MEMPHIS
Q /WWVA / q
Le verbe n □ (Dam., 1. 1) serait écrit à l’ordinaire
@ x i . ' x 1 ^ .
AAAAAA ^ ^ * il y a tout lieu de croire que, dans Rosette comme
dans Damanhour, il présentait la disposition plus voisine de
Q AAAAAA / ç
l’hiératique | XD i ^
Ces particularités n’étonneront pas; car, si le texte de
Rosette est un texte très correct relativement à celui de
Damanhour, dans lequel les fautes pullulent, il n’en est
cependant pas tout à fait exempt. On y rencontre quelque-
fois des signes transposés, remplacés par d’autres de dessin
analogue, ou supprimés, dont voici la liste1 :
1° Transposés, comme :
ü o
©
iour
y - — û éric/ei
1 y\ J
(ligne 4) pour
(ligne 7)
(ligne 10) —
(ligne 6)
© o
ra
o
2° Remplacés par d’autres de dessin analogue, comme :
— Q \\
(ligne 1)
(ligne 3)
(ligne 4)
pour — (g-
X
L=4
ou
-ç- x
.a L J\
32
1 . Je suis le texte tel qu’il a été publié par Lepsius et reproduit par
Chabas.
LE DÉCHET DE MEMPIIIS
PPP (ligne 4)
SJ °
ordinairement ^
P? (ligne 7)
on &
(1 ®
pour Y
^ n i i i
(IM
-§M
kouk
- k
0 n
0 1 I
1
(lignes 8 et 14)
(ligne 9 in fine )
(ligne 10)
C3 I
(Hsnoii)
S=>
u?.
—
^s>-
Sr o
Ps
(ligne 12)
(ligne 13)
“t* <2
1 1 1 1
3° Omis,
comme dans
ïîrî
(ligne 9)
m
(ligne 11)
;i
(ligne 12)
ûD
— en o
I I I
-<2>-
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h ®
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I
LE DÉCRET DE MEMPHIS
252
t!¥
(ligne 12)
pour |
l<^>
M
—
2 HA]
—
- 21 HA]
/SA (3 <2
(ligne 13)
1
* (2
I
C’est plus d’une vingtaine de rectifications qui me pa-
raissent des plus certaines, dont une partie a été faite par
mes prédécesseurs; mais ce nombre d’inadvertances du
graveur n’a pas lieu de beaucoup étonner. On en retrouve
tout autant dans les inscriptions grecques ou latines. Pre-
nons par exemple la Table de Souk-el-Kmis’. C’est un texte
important et bien comparable aux inscriptions de Rosette
et de Daman hour. Il comprenait :
1° Le texte d’une loi d’Adrien ;
2° Des litterœ procuratorum conservées aux archives du
district de Carthage ;
3° Une subscriptio de l’empereur Commode;
4° Une lettre du procurateur Tussanius Aristo ;
5° La formule de dédicace du monument.
Or, dans cette inscription2 3, on trouve :
1° Des fautes contre l’orthographe usuelle'1 : kapite
(colonne ni, lignes 4 et 7), legis hadriane (iii, 5), littere
(iii, 9), itqve (iii, 13, pour idquë), apvt (iii, 21, apud),
qvit (iv, 7, quid), set (ii, 2, pour sed);
1. R. Cagnat et E. Fernique; Table de Souk-el-Kmis, Reçue ar-
chéologique, 1881, t. XLI, p. 94-103 et 139-151.
2. [Collationnée pour moi, à la Bibliothèque nationale, par mon fils
Jules Baillet, alors élève de l’École normale supérieure. — A. B.]
3. Tous les mots que je cite ne sont pas absolument des fautes.
Ainsi, kapite, suplicantibus , manuni (pour manuum), etc., sont des
orthographes admises par des grammairiens. Je ne me pique pas ici
de faire œuvre de latiniste : j’ai voulu donner un point de comparaison.
LE DÉCHET DE MEMPHIS
253
2° Des lettres ajoutées : discipvlinae (iv, 5, disciplina >),
PETITATOTE (il, 32 , pctitüté)' , LARGITIIONIBUS (ilï, 21, iur-
(jitionibus) , exsistimamus (ii, 24) ;
3° Des lettres ou des syllabes omises : suplicantibvs
(u, 6), nonvllos (ii, 14), manvm (ni, 19, pour manuum),
saltvm (ni, 29, pour saltuum), cos (iv, 28, pour coss) et
cvra (iv, 28, pour curant), tulario (iii, 28, tabulario),
prastvtvm ( ni, 16, prœstitutum) , gratiosismo (iii, 21,
(jratiosissimo) , mare (iii, 30, manere)î ;
4° Mots omis entièrement : sit après nostris (iii, 15,
Mommsen suppose même : oiso le<jis capite ita sit), non
devant amplius (iii, 24) % aere inciso (iii, 14, peut-être
acre incisa ni sit');
5° Mots mis l’un pour l’autre : modicvm (ii, 1, modo
cum ), aliorum (iv, 4, probablement pour aliis), contem-
platione (iv, 4, contemptioneY , ex litteras (iii, 26),
miserinvs (iii, 24, aie pitié de nous);
6° Enfin, à la colonne iv, lignes 4-8, les mots ne
qvit, etc., sont déplacés et doivent venir avant plvs
qvam1 2 3 4 5 6.
Il est même tel passage que MM. Cagnat et Fernique
renoncent à traduire à cause de son incorrection.
Le texte de la stèle de Rosette ne serait pas difficile à
restituer, si celui de Damanhour était aussi correct. Mais
il s’en faut de beaucoup. Il n’est sorte d'erreur que le gra-
veur n’ait commise. M. Bouriant a pu dire : « La stèle de
1. MM. Cagnat et Fernique lisent ret ita tôt r (Roc. arch., 1880.
p. 96).
2. MM. Cagnat et Fernique n’ont pu déchiffrer que m.
3. MM. Cagnat et Fernique ont déchiffré un n, mis par abréviation
pour non.
4. In aere inciso (Cagnat et Fernique).
5. «Considérant» (Cagnat et Fernique).
6. MM. Cagnat et Fernique supposent une interpolation de ces mots
par les bénéficiaires du décret.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
254
» Damanhour est bien une copie du décret de Memphis,
» mais c’est une copie écourtée; bien des groupes sont
» passés, des phrases supprimées; enfin la rédaction est si
» imparfaite qu’il est de toute évidence que le graveur n’en-
» tendait rien ou presque rien à la langue égyptienne. »
Oui, le graveur de la stèle de Damanhour, comme celui
de Rosette, transpose les signes, les remplace par d’autres
de dessin analogue, ou les omet. La liste de ces transpo-
sitions, échanges et omissions, serait très longue, et il n’y
a pas d’intérêt réel à la dresser; elles sont quelquefois si
multipliées que le texte en devient absolument incompré-
hensible : telles sont toute la ligne 12 et la moitié de la
treizième, et une partie des lignes 21 et 22 que M. Bouriant
a renoncé à restituer. De plus, arrivé à ce qui correspond
à la quatrième ligne de Rosette, le graveur commence à
supprimer des lignes entières : c’est ainsi que disparaît de la
rédaction de Damanhour tout le texte compris aux lignes 4,
5, 6, 7, 11 et 13 de celle de Rosette.
On le voit donc, jamais texte n’a été plus maltraité.
INI. Bouriant met tout ce désordre sur le compte de l’igno-
rance évidente, selon lui, d’un graveur qui n’entendait rien
ou presque rien à la langue égyptienne. Je suis d’un avis
différent. Je ne trouve pas dans toutes les fautes qui rendent
si difficile la lecture de Damanhour une raison de croire
que le graveur ne fût pas Égyptien.
Letronne (p. 318) a relevé les fautes commises dans la
gravure du texte grec :
EIZ1IOPEVOMENOI (1. 6),
xonov (1. 23),
«l'IAIIlATOPiîN (1. 37),
izpün (1. 35),
AXni AOEPAÛN (1. 44),
TPIANAAA (1. 46),
OVEIAX (1. 50)
pour Eisn. ,
— XPONOV,
— 'MAOIl. ,
— IEPON,
— AXHIAOEIAUN,
— TPIAKAAA,
— ersiAs, etc.,
LE DÉCRET DE MEMPHIS
sans parler de la confusion perpétuelle des a, a et a; et, de
la nature même de ces fautes, il conclut : « Il me paraît
» évident que c’est un Égyptien qui a tracé l’inscription
» sur la pierre. »
Mais, en lisant sur la pierre de Rosette des mots comme :
G
ra
au lieu de hau. jour (1. 7),
o J '
î no f ter,
TvT’
O
- — o tâf\
ami ,
isrf,
J nofer, jusqu’à (1. 12),
~ ÿj1 cïq, milieu (1. 9),
rr~~& qàhû, coin (1. 1),
aumâi, puisse...! (1. 12),
(j p() asarf, (1. 10),
ne pourrait-on pas trouver que ces fautes sont si étonnantes,
qu'il faudrait en conclure aussi qu'il n’y a qu’un Grec, peu
habitué à la langue égyptienne, qui ait pu les commettre?
Cependant, c’est Letronne qui a raison : « On pouvait,
» comme il le fait justement remarquer, difficilement charger
» un Grec de graver les hiéroglyphes, et, surtout, les carac-
» tères démotiques, si difficiles à discerner pour un ôtran-
» ger; on devait prendre un homme du pays : il était alors
» tout simple de charger le même graveur de tracer aussi
» les caractères grecs, dont les éléments sont si simples et
» si faciles à reconnaître1. »
Mais alors comment un Égyptien, qui assurément devait
connaître sa langue, pouvait-il écrire des mots comme
* ^ _ fl ^
^ ^ ) j j ’ ° ~ > etc- - fffii n’ont aucun sens ? Comment
surtout un Égyptien de naissance n’a-t-il pu graver le
1. Letronne, Inscriptions.
256
LE DÉCRET DE MEMPHIS
texte de Damanhour, criblé de fautes au point qu’il serait
impossible de le restituer si l'on n’avait le secours de ceux
de Rosette?
Il faut, pour s’expliquer ce fait, se faire une juste idée
de l’éducation du peuple en Égypte. Quand on voit, dès la
XIIe dynastie, le jeune Papi partir pour l’école de Khennou
(Silsilis), tenant sous son bras le livre Karnit (sans doute
le manuel des écoliers de l’époque), dans l’étude duquel
son père lui donne le conseil de se plonger comme on plonge
dans l’eau1, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit du fils
d’un fonctionnaire recevant une éducation supérieure, puis-
qu’il faut, pour cela, qu’il quitte son pays afin d’aller fré-
quenter les écoles dé Khennou.
Aux yeux des Égyptiens, ce n’était pas un petit mérite
que de savoir lire et interpréter les hiéroglyphes, et l'ins-
truction chez eux était prisée à très haut prix. Ils paraissent
fiers du titre de grammate, basilicogrammate, hiérogram-
mate, etc., qu’ils prennent dans leurs épitaphes funéraires.
Ils se vantent de leurs connaissances littéraires, et n’ou-
blient pas leurs titres de savants ou d’ingénieurs, ni les
louanges que les rois ont accordées à leur habileté ou à
leur science.
Mais le peuple devait être fort ignorant de ce système
compliqué d’écriture. Il pouvait encore être compris et pra-
tiqué par des négociants ou des employés du fisc, qui avaient
besoin de tenir leurs comptes comme ceux de l'ostracon
Caillaud2. La connaissance en était nécessaire à certains
1 . « Il se rendait à Khennou, pour le mettre à l’école des lettres où
ne le dépassèrent pas les fils des magistrats qui habitent Khennou.
Voici qu’il lui dit : « J’ai vu la violence; c’est pourquoi mets ton cœur
» après les lettres! J’ai contemplé qui est délivré des travaux manuels, et
» en vérité il n’y a rien au-dessus des lettres. Comme on fait dans l’eau,
» plonge-toi au sein du livre Kamit y I (| (| ^ . » (Instructions,
de Douaouf-sa-Khrodi à son fils.)
2. Devéria, Un ostracon égyptien. [Bibliothèque ègyptologiquc , t. I V,
LE DECRET DE MEMPHIS
artisans, comme les copistes de livres des morts copiés à
l’avance et sur lesquels il ne restait qu’à ajouter le nom du
défunt, ou comme ceux qui gravaient les stèles funéraires.
Mais on sait que rien n’est moins correct que les papyrus
funéraires et que plus d’une faute se glisse dans la gravure
des stèles. Les cicérones qui recevaient les étrangers,
comme Hérodote, Diodore et les autres, pouvaient bien
leur lire sur les murailles le nom de Ramsès ou de Séti ;
ils ne leur traduisaient pas les récits de batailles et de
conquêtes inscrits à Ixarnak ou à Louqsor : cela dépassait
leur connaissance de l’écriture. Pour instruire le voyageur
curieux, ils faisaient appel à leur mémoire et lui narraient
les aventures imaginées par les Alexandre Dumas de cette
époque, où florissait le roman historique, genre qui paraît
avoir été fort goûté par les Égyptiens. Mais il est à croire
(piecette science élémentaire de l’alphabet dépassait même
l’instruction de la majorité du peuple. Est-il étonnant que,
dans la bourgade de Déma-n-Hor (aujourd’hui Damanhour),
on n’ait trouvé pour graver le décret de Memphis qu’un
homme médiocrement lettré, qui prend une lettre pour une
autre, (jui saute des lignes entières, quand il rencontre un
même mot dans deux lignes voisines, un pauvre ouvrier
qui copie plutôt avec des yeux qui voient mal qu’avec son
intelligence? Ce n’est pas pour une autre cause que le texte
de Damanhour est le texte ofliciel le plus incorrect qui
nous soit jamais parvenu.
Du reste, M. Bouriant fait remarquer que la stèle de
Damanhour a été gravée par deux mains différentes. Le
graveur des six premières lignes est bien supérieur a son
confrère. Les personnages du tableau (si toutefois c’est lui
qui les a tracés) sont bien dessinés à l’égyptienne, et le
texte du protocole, à part quelques lettres renversées, est
p. 129-142.] — Notons que ce compte est tenu par un scribe pour le re-
glement de la dîme.
Bibl. égypt. , t. xv. 17
258
LE DÉCRET DE MEMPHIS
correct et sans omissions. Au contraire le graveur des lignes
suivantes, dont la gravure est moins belle, commet des
fautes de toute espèce, signes intervertis, mis les uns pour
les autres, omissions de lettres ou de mots ou de phrases,
qui devaient rendre, sinon impossible pour des Egyptiens,
au moins laborieuse la lecture du décret. Pour nous, mo-
dernes, sans les trois textes de la pierre de Rosette, la res-
titution du texte de Damanhour eût été assurément fort
malaisée.
En résumé, je pense donc que le graveur de la stèle de
Damanhour, comme de celle de Rosette, ôtait un Egyptien.
Un Égyptien seul, ayant l’habitude de graver les signes
hiéroglyphiques, pouvait se charger de cette besogne ; mais
il faut avouer que cet artisan avait reçu une instruction
des plus élémentaires; en un mot, il savait à peine lire, si
même son talent allait jusque-là, ce qui est douteux.
III
[Conditions d'une restitution]
.
I
Pour qu’une restitution soit possible, il faut, avant tout,
connaître la longueur des lignes'. Il faut non seulement que
les restitutions donnent des lignes égales entre elles, mais
que nous soyons assurés que ces lignes offrent bien la lar-
geur exacte de la pierre de Rosette. Quel que soit l’état
malheureux où elle nous soit parvenue, je dis que nous
avons la chance que ce contrôle soit possible.
En effet, la longueur des lignes de la pierre de Rosette
et de la stèle de Damanhour ne concordant pas, on conçoit
a priori que l’un des textes pourra nous donner ce qui
manque entre la fin d’une ligne et le commencement de la
1 . [Pour les démonstrations qui suivent, se reporter à la planche quij
termine le mémoire.]
suivante dans l’autre texte. Or, c’est ce qui arrive précisé-
ment pour l’une des lignes de la pierre de Rosette.
La stèle de Damanhour ne comble pas toute la lacune
1 existant entre la première et la deuxième ligne de la pierre
I de Rosette; mais au contraire les lignes 25-20 de Daman-
j hour donnent absolument tout ce qui manque entre la lin
do la deuxième ligne de Rosette et le commencement de la
troisième. Puis, comme la lin de l'inscription de Daman-
hour présente un texte tout à fait mutilé, aucune ligne de
Damanhour ne vient plus compléter Rosette. Mais la com-
i plète restitution de la lacune comprise entre la (in de la
ligne 2 et le commencement de la ligne 3 nous suffît.
Toutefois, la lacune portant à la fois sur la fin de la
1 ligne 2 et sur le commencement de la ligne 3, la restaura-
i tion est encore impossible, puisque rien n’indique à quel
mot finissait la ligne 2. On voit bien au premier coup d’œil
| jeté sur un fac-similé de la pierre entière qu’il manque peu
au commencement de la ligne et beaucoup à la lin; mais la
limite de l’allongement à chaque bout reste jusqu’ici arbi-
traire.
Heureusement toutes les lignes ne sont pas incomplètes
! à leurs deux extrémités. En effet, les trois dernières ont
i encore leur marge sur le coté droit (à la gauche du specta-
i teur), elles sont donc complètes de ce côté-'là. C’est un point
important qui, je crois, n’a pas été signalé jusqu’ici. Je pro-
fite de cette circonstance pour fixer la lin de la seconde ligne.
Au moyen de caractères typographiques, j’écris, en les
superposant, les mots qui terminent les trois dernières
lignes :
260
LE DÉCHET DE MEMPHIS
La perpendiculaire menée à l’arasement des mots super-
posés et suffisamment prolongés donnera la limite de la
ligne 2 et de toutes les autres lignes. Si maintenant j’écris
(toujours en caractères typographiques) la fin de la der-
, 0
nière ligne jusqu au mot J ,.S\ , qui paraît placé juste au-
dessous du mot ?[][]", qui termine actuellement la se-
conde ligne de l’inscription de Rosette ; si, en troisième lieu,
je superpose à ce mot ^ ~y\ ° tous les mots qui le séparent de
j’obtiendrai exactement la longueur qui sépare J(|(j de
la perpendiculaire qui limite la fin de toutes les lignes.
Alors, comme d’autre part je connais par expérience
l’identité du texte de Rosette et de celui de Damanhour, si
je place entre ^(jlj et la perpendiculaire les caractères typo-
graphiques qui écrivent le texte de la ligne 25 de Daman-
hour après ce même mot, je déterminerai à quel mot
s’arrêtait la ligne 2 de la pierre de Rosette : le reste devra
être rejeté à la ligne 3, et par là même nous obtiendrons la
longueur des lignes de ce côté. D’ailleurs, ici, une contre-
épreuve est possible.
En effet, si l’on suit le texte grec entre la ligne 7 et la
ligne 8, on constate qu’il manque peu de chose au texte
hiéroglyphique, et la restitution en est facile et certaine.
La ligne 7 finit par : (< Ie r°i Ptolémée »,
et la ligne 8 commence par : ^ j a auSus^e d’or », ce
qui correspond, dans la ligne 41 du grec, à lopAaaGai 8=
(üaatXs! llvaXsii-aiw. . . £ôavôv te xaî va ov ^puaâ. Or, les mots qui Ollt
disparu dans la brisure de la pierre entre le nom de Pto-
lémée et la qualification « auguste d’or » appliquée au
naos et à la statue, sont les titres du roi, c’est-à-dire
des mots auxquels on ne peut rien ajouter ni retrancher.
Il n’y a donc qu’à traduire le grec pour retrouver le
passage perdu. M. Bouriant n’a pas hésité à le faire. Sa
LE DECHET DE MEMPHIS
261
restitution : M ÇgflfSlWStglU 1 ^ M ¥ Y
est incontestable'.
f
Il faut donc distribuer ce membre de phrase entre les
deux lignes, d’après le procédé déjà employé. Il y a ici cer-
titude complète, car la ligne 7 ne peut se terminer que sur
le cartouche de Ptolémée; en effet, terminée avant, elle
serait trop courte; après, elle finit exactement, et cela donne
la longueur même de la ligne 1.
Je pourrais continuer l’épreuve sur les lignes 14, 13, 12,
1 11, on verrait que la traduction la plus serrée du texte grec
donne exactement ce qu’il faut pour compléter la lin des
lignes 10 et 11, ainsi que le commencement de la ligne 11
et des suivantes. On pourra s’y reporter plus loin. L’épreuve
l réussie sur les trois lignes 3, 7 et 8 suffit présentement pour
fixer la longueur des lignes de l’inscription.
Le résultat de ces épreuves est de distribuer le texte de
i Damanhour en quinze lignes un tiers, égales en longueur
à celles de la pierre de Rosette, de sorte qu’il reste prouvé
que l’inscription de Rosette avait vingt-neuf lignes et que
celle que l’on désignait jusqu’ici comme la première est en
réalité la seizième. Désormais, je ne me servirai plus de
l’ancien numérotage.
La seconde condition d’une restitution dans un texte
aussi altéré que celui de Damanhour, c’est une correction
attentive et sévère. Des mots passés, ou même des phrases
omises, changeraient toutes les proportions. Heureusement,
dans toute la première partie de la stèle de Damanhour, les
graveurs sont exacts : jusqu’à la vingtième ligne, la rédac-
tion égyptienne traduit fidèlement le grec, et, à partir de
1. J’en ai modifié la fin, par suite d’une erreur de traduction faite
par mes devanciers. — (Pour ces titres de Ptolémée, voir les ligne? è
et 3 de Damanhour.)
LE DÉCRET DE MEMPHIS
OA9
là, jusqu’à la fin de la vingt-deuxième où elle rejoint le
texte hiéroglyphique de Rosette, la rédaction grecque nous
aidera à juger de la longueur des lacunes et à rétablir le
texte perdu. Nous trouverions le même secours dans la
rédaction démotique et surtout dans deux documents ana-
logues au décret de Memphis et complètement négligés
jusqu’à présent, je veux parler des deux décrets gravés sur
le mur d’un temple de Philæh
Ce sont deux textes écrits en hiéroglyphes et reproduits
en écriture démotique. Mais l’un des successeurs du prince
qui les a fait graver a trouvé bon de faire sculpter par-
dessus une scène d’adoration; de sorte que le corps des
personnages de cette scène couvre la moitié de la rédaction
primitive et en interrompt les phrases tous les trois mots.
On comprend donc que personne n’ait été tenté d’aborder
des textes conservés dans de pareilles conditions, absolu-
ment incompréhensibles, si, par une étude patiente, on ne
les rapproche des textes similaires, mais, au contraire, des
plus précieux pour la restitution des exemplaires du décret
de Memphis (Damanhour et Rosette), quand on est parvenu
à se rendre compte de leur contenu.
En effet, sans entrer dans l’examen du détail de la ré-
daction de ces textes, il me suffira de dire que ce sont deux
décrets rendus en l’an XXI d’Epiphane, par les prêtres
égyptiens assemblés en concile à Alexandrie, absolument
dans la même forme que les décrets de Canope et de Mem-
phis, et qu’on y retrouve les mêmes formules. Ces décrets
d’Alexandrie pourront donc aider à rétablir celui de Mem-
phis5.
Avec l’aide de ces documents divers, j’aborde maintenant
la restitution du décret de Memphis.
L’égyptien des inscriptions de Rosette et de Damanhouil
j
1. [Lepsius, Denkmàlcr, IV, 20.)
2. Ils feront l'objet d’une prochaine étude [encore inédite].
LE DÉCHET DE MEMPHIS
2G3
n’est pas l’égyptien parlé à l’époque des Ptolémées : on ne
retrouverait celui-ci que dans le texte démotique de Rosette.
La rédaction hiéroglyphique est faite dans la langue qu’on
pourrait appeler officielle, qui servait à écrire les textes
religieux, les inscriptions officielles, et se conserva jusqu’à
la fin de l’Egypte, avec introduction de quelques mots ou
formes nouvelles, tandis que la langue parlée allait toujours
sc modifiant, pour devenir la langue des textes démotiques
et enfin le copte.
Quand je parle de restitution des inscriptions de Rosette
ou de Damanhour, je ne veux pas dire que je vais refaire
un texte tel que l’eût approuvé un grain mate du temps de
la XVIIIe dynastie. Mon intention est seulement de faire
disparaître les fautes évidentes du graveur; car autrement
y eût-il, selon moi, des incorrections, je les laisserais sub-
sister, ne pouvant décider si elles proviennent d’inadver-
tances du rédacteur ou du graveur, ou même si elles ne sont
pas (' le témoignage précieux d’un état particulier soit de la
langue, soit de la culture intellectuelle' » des scribes de
l 'époque ptolémaïque.
IV
Discussion et restitution]
[Date et préambule. Damanhour, 1. 1-9; Rosette, 1. 1-5.]
Les premières lignes n’offrent aucune difficulté de lec-
ture. A part quelques signes tracés en sons inverse des
autres ou substitués à d’autres, mais dont la correction est
des plus aisées2, et le mot ^ mis au duel ^ quand il faut
1. Exi cessions de M. Alf. Croiset dans son rapport sur les travaux
présentés aux concours de l’Association pour l’encouragement d’études
grecques, en 1881.
2. On la trouvera signalée en note du texte critique qui suivra cette
discussion.
264
LE DECRET DE MEMPHIS
le singulier, tout est correct et il n’y a qu’à transcrire.
Mais, si la lecture est aisée, une contradiction entre le
texte de Damanhour et ceux de Rosette paraît embarras-
sante. Il est constant que le décret de Memphis est de l’an IX
du règne d’Épipliane : cela ressort du récit des faits exposés
par la stèle elle-même. Comment alors se fait-il que le dé-
cret de Memphis, daté de l’an IX sur la pierre de Rosette,
soit daté de l’an XXIV sur celle de Damanhour?
L’explication me paraît bien simple : les prêtres de Da-
manhour n’ont pas érigé la stèle en l’honneur d’Epiphane
dès l’année même du décret, l’an IX du règne du roi, mais
seulement en l’an XXIV, et ils ont cru devoir donner au
monument la date du jour de son érection. Il y a donc bien
lieu de rétablir dans le texte de Damanhour la date donnée
par le texte grec de Rosette, et de remplacer :
'H I I A
on 1 1 u
« L'an XXIV, de gorpiœos,
p| | | A/WVXA c-« /WWW | * VT.-3
on u ~k o
le 24, qui correspond au mois des Égyptiens
n 1 1
nu
pharmout/d , le 24 »,
par
r^lillll
1 O III
« L’an IX,
fke
I
LT1
©
de œcinticos ,
n nui
o o 1 1 1 1 1
des Égyptiens mékhir, le 18 ».
O
A AAAAA
* o
le 4, qui correspond au mois
Dans la rédaction, je rétablis 1 1| I jour, qui est de
règle (cf. le décret de Canope) et qui a disparu dans le
texte de Damanhour, à cause du voisinage de la terminaison
du nom du mois ropmaTo?.
La même raison qui a fait changer la date de jour, mois
LE DÉCHET DE MEMPHIS
205
et année du règne d’Epiphane, doit entraîner le changement
de nom de tous les titulaires des sacerdoces royaux '.
Le premier mot vraiment embarrassant se rencontre à la
huitième ligne,
A
qui serait nouveau pour traduire
I (Tjva^OÉvtï; « réunis dans le temple de Memphis ». Il ne se
! rattache, en ce sens, à aucun des mots connus jusqu’ici.
M. Bouriant l'a remplacé par qu’il traduit par « ils
se sont rassemblés». Il n’appuie cette correction d’aucune
1 preuve1 2 *, mais elle est justifiée par la présence du même
| mot au même endroit des deux décrets d’Alexandrie. 11 est
i traduit, dans les rédactions démotiques des décrets de Ca-
I nope et de Memphis, par clu^ a bien la même
j signification se réuni/', s'assembler ' .
[Considérants. Damanhour, 1. 9-26; Rosette, 1. 5-20.]
[S 1. D., 1. 9-10; R., 1. 5-6.] — Après la date et le préam-
bule — qui se termine 4 par : (j jl (lisez )
a ils proclamèrent » (ou plus littéralement so rufen sie aus ),
i — commence (1. 9) ce que nous appelons les considérants,
que les décrets grecs marquent par ’e-eio/', et l’égyptien par
/VWW \ cooo AAAAAA
ou ou bien ^ attendu que. C’est ce dernier
O \\ Cà \\ d \\
mot qu’il faudrait lire au texte de Damanhour au lieu de
\\ mati, qui paraît n’avoir aucune signification. Le
petit signe ^ donnerait le dessin de la tête de chouette;
et, quant à \\ pour ^ , il n’y a pas plus lieu de s’en
1. [On trouvera plus loin (cliap. V) le texte complètement restitué
et une traduction suivie, avec les divisions que nous indiquons ici
entre crochets.]
2 Voyez cependant Recueil, p. 16.
Le mot est détruit dans le texte démotique des decrets d’Alexandrie.
4. Damanhour, 1. 9; Rosette, 1. 5.
266
LE DÉCRET DE MEMPHIS
étonner que de ° pour rai, de f ° pour f de $ P P
o o o û| m o q \ o irinncii
pour P P P i, etc.; et d’ailleurs, la conjonction ne prend
jamais le déterminatif r-^. Cependant, malgré cette con-
sidération, il faut conserver
\\
, parce que cette ex-
pression se retrouve à la même place dans les décrets
d’Alexandrie.
Je renvoie à plus loin (p. 271) la discussion du troisième
proposée par
mot La restitution
M. Bouriant3, ne me paraît pas admissible.
[§ 2. D., 1. 10-11; R., 1. 6.] — A la ligne 10, je ne con-
serve pas
,V1
« né d'une déesse » (M. Bouriant).
On emploie bien en ce sens <e>- et mais je n'ai pas
d’exemple pour Q Il semble bien naturel d’employer l’ex-
pression □ prince héritier d’une déesse, en parallélisme
à dieu fils d’un dieu* .
J’adopte ensuite plusieurs corrections de détail faites par
M. Bouriant :
H ^ pour ^ ;
QPl'Vl j p°ur ^ligne 11
Le mot mis pour est un memphitisme introduit
1 Rosette, 1. 21.
2. Damanhour, 1. 15.
3. Recueil, p. 17.
4. Dans sa restitution (p. 7>, M. Bouriant retranche :fi qui est ce-
pendant dans le texte.
LE DECHET DE MEMPIIIS
207
ici dans la langue classique, et, puisqu'il se trouve sur la
pierre de Damanhour, je pense qu’il existait sur celle de
Rosette en raison de la conformité des deux textes entre
eux.
pàq doit être corrigé en ' (cf- 1- 19 et 23)’: Px'f!
A o | Al w-'l l
est pour x i .
[§ 3. D., 1. 11; R., 1. 6-7.] — Vers la fin de la ligne 11,
vient une phrase dont il ine semble qu'on n’a pas donné la
c /WWW O p. , W _ 1 III p. yrs
véritable traduction : ^
i i i
in
« Il a fait de grandes et nombreuses choses
pour maintenir en paix l’Egypte et affermir les choses éta-
blies », selon la traduction de M. Bouriant5. Le grec dit
(1. 11) : K a 'jXT.i'rj.- TroXÀiî ô~o [j.z'j.i'iry.i'1 , i/v/.j io-j -rp A’y’jtt-ov £*-ï
sùoîav à^aysiv, xa: tà upà xa-aa'-v'a'STOa'..
Pas plus que M. Bouriant, je n’admets le sens Saliva;
pour ^[1 .Ce mot signifie choses précieuses, richesses :
i i i
l’inscription de Kay ligne 7:1, parle de «barques de trans-
port équipées, pleines de richesses » ° ^ a
iii
^ j. L’inscription d’Haroua, au Louvre, dit du
défunt que « son amour est la richesse du pauvre » ,3i I
a/wvw a/ww\A jj ; |
Ainsi, pour rendre : Sa-lva? uoà).^ 'j-ouyjil'.riy/Ev, le texte
hiéroglyphique a usé d’un équivalent : rtâ-n-f s'epsû ucru
« il a donné des richesses nombreuses ».
1 . M. Bouriant lit (1. 11 et 23), (1. 14 et 19). Le signe est
indistinct à la ligne 14; mais, ligne 19, on voit bien la boule du II
faut lire partout l, qui est l’expression égyptienne pour dire « de
,, , Al
1 argent, des sommes ».
2. M. Bouriant oublie les derniers signes (p. 7, 1. 11) et introduit un
— jp1 qui n’est pas utile (cf. 1. 12, etc.).
3. Chabas, Mélanges ègyptologiques, IV, pl. X’.
268
LE DÉCRET DE MEMPHIS
Les mots
□
m
evexsc xoù elç eùo!av à'fccyv.v xr,v Alyj-xov
m
sont, sans aucun doute, mis pour :
à la ligne 19, « pour mettre en paix
m
comme
Quant à
'Égypte ».
, jamais cela n’a voulu dire « et af-
fermir les choses établies ». La traduction de M. Bouriant
est plutôt celle du grec que de l’égyptien. Le mot |^Pj
n’a pas moins embarrassé INI. Pierret dans la traduction du
décret de Canope. « Il est impossible, dit ce savant, d’ex-
» traire du mot , de quelque façon qu’on le retourne,
» le sens premier, et sur tout premier ordre... » Je pense au
contraire que c’est là le véritable sens. Sans chercher loin,
j’en trouve la preuve dans le décret de Canope lui-même.
Ce que le décret de Memphis (ligne 29) appelle :
^ cxo^ oo<^
. nnn
« les sanctuaires des temples de pre-
i i i © i i i i i i
mier ordre, de deuxième ordre et de troisième ordre», le
décret de Canope le rend par :
O
I I I
« sanctuaires de l"r ordre,
□ Il
I I
C
sanctuaires de 2' ordre, sanctuaires de 3' ordre1 ».
Dans ce même décret de Canope, ligne
LTZ1
n or i m
est encore très exactement traduit par h toi; irptixot;
DOlî
ligne 26, par h. twv
rotoTtov tsotov Travxtov
et tjTEp Exaoxov
30V XÜJV TXplÜXÜJV
; ligne 28, èv txXeickuv kpoTç xwv xxptüxü
1 . Pierret, Canope, p. 43.
2. « Le temple de Pakot (Canope) qui est parmi les sanctuaires de
premier ordre ». Aux endroits correspondants du texte démotique,
‘/ont est remplacé par 21 « premier » (Revillout, Chrest -, p. 159, 160,
161, 164), et jamais le mot ordre n’y est exprimé, pas plus que dans le
texte hiéroglyphique de Rosette, dernière ligne; partout le mot ordre
LF. DECRET DE MEMPHIS
2<>9
Le mot comme substantif, signifie principe. Ainsi,
au décret de Canope, il est dit du 5 dios, jour de naissance
de Ptolémée Evergète Ier :
□
O A/VWW _ __
« car ce jour fut le principe de
W 1 i i i (2
beaucoup de biens pour tous les vivants », y-y.' -o ),),<ov à-faOü'/
' Ai’XH -(ï'fo'jvi . De même, dans l’inscription de Rosette, on lit :
^ I (1- 25), «voici que cela fut l'ori-
(jine pour toute chose heureuse' », ai or, toXXwv àyaSwv "Apxoro'i
ùtm (1. 45). En parlant d’un pays, le même mot signifie la
frontière : ^ 1 5T^Î vz^3 « la frontière de tout
1/ -ATS I lis | AAAAAA ^ I
pays ».
Comme adverbe, il est souvent employé dans le sens de
« antérieurement, primitivement, auparavant, autrefois ».
5
Il est dit d’Alexandrie :
nom auparavant 3 ». — ‘TH1"1
'w'~« « Ralcoti était son
£S
!!!©□© o o
« ist Eigen-
— H — l l IWU W u o @ n
thum der Gotter von PeTep von früher lier ‘ ». — I
9tk@,£.fK/ o DI) iît û f."'
« lorsqu’ils se rappelaient
o<g=R<
MIDI
» les désastres arrivés antérieurement, au temps des pre-
» miers rois5 ».
De sorte que je traduis le passage qui nous occupe : « il
» donna beaucoup de richesses (il fit beaucoup de dépenses)
» pour mettre en paix l’Égypte, plus6 qu’il n’avait été
» établi auparavant ».
est sous-entendu : de même en démotique. — (Voir Revillout, Chrest.,
Canope, p. 159, 169, 161, 164, 166; Memphis, p. 57.)
1. « Étant ce jour le contenant de bienfaits nombreux pour tou- les
vivants » (Pierret, loc. cit,.).
2. Papyrus Anastcisi III. 7.
3. Décret de Ptolémée Lagos, 1. 4.
4. Décret de Ptolémée Lagos , 1. 8; Brugsch, Zeitschrift, 1871. p. 3-4.
5. Décret de Canope, 1. 8.
6. Cet emploi de <rr> est des plus fréquents.
270
LE DÉCRET DE MEMPHIS
[§ 4. D., 1. 11-12; R., 1. 7.] — Au commencement de la
phrase suivante, il faut encore corriger ^ en Q
Le mot qui suit paraît plus difficile. M. Bouriant « avoue
» ne pas comprendre grand’chose aux hiéroglyphes que
» nous donne en cette place le texte de Damanhour. Il est
» d'autant plus difficile de les expliquer qu’il faudrait leur
» trouver un sens analogue à celui que présente le texte
» grec, ce qui n’est pas, évidemment. Le grec dit : Il aima
» les hommes de toutes ses forces; mais ici rien de sem-
» blable. Il y a là un verbe VC\ ; dont le sens est in-
— Z-DXS' es
» connu, mais qui ne se rapproche d’aucune racine signi-
» fiant aimer ; je crois plutôt que ce groupe est mis là, par
ra /WV\AA
» erreur, pour il fit en force, il fortifia les guer-
» riers, autrement dit, il augmenta leur nombre; mais le
» texte est trop incertain pour en tirer un sens précis. »
J’oserai être plus affirmatif que M. Bouriant. Comparons
les deux textes :
-H a; —
TCcpiXav0pw7rrjX.e
HA I
ouvà[xs?iv
AAAAAA I I
/\vwv\ I ! <
O
TXXXt;.
’VWWV
I I I
Dans cette traduction, on voit que \/ i : j n s'esu,
aux troupes, traduit ouvi^ecnv. Je n’admets pas l’interpréta-
tion de toutes ses forces, donnée par M. Bouriant d’après
Letronne. L’égyptien nous prouve qu’il faut ici traduire
ouvx|j.eiç par forces, troupes, et non par forces, énergie.
'Exuxoù est rendu par « qui étaient sous son autorité su-
prême », et Traffatç, par « selon leur quantité », expression plus
d’une fois répétée dans le décret pour traduire Restent
A/VWVi
alors les premiers mots pour TO<p'.Xav6pu>inr)XE; or, ^ si-
1. Ou son synonyme
/WW'A (Rosette, 1. 19 et 18).
1 rvn i i i
LE DECHET DE MEMPHIS
gnifie il donna ou il fit, donc
:| est la chose donnée,
le don, les largesses laites par le roi. Entré dans cette voie,
on se rappelle le mot ^ qui se cache sous ^ ,
soit que le graveur ait commis une de ces inversions qui lui
sont familières et écrit :J pour ^ ’ so^ qu’il
ait mal à propos séparé les éléments du mot écrit ^ 3 ,
suivant une orthographe fort usitée. Je ne fais aucun doute
qu’il ne faille lire :
a, i
1 fp, i
« 11 lit des largesses aux soldats, » etc.
|
Ma manière de voir est confirmée par le texte démotique
! qui porte :
A
Lü □ Û \\
« Il excella à faire cadeaux à ceux qui, » etc.
J’applique la même lecture au premier considérant (ci-
dessus, p. 266), dont j’avais renvoyé ici l’explication :
T* tk° fl .
\\ /WWSA 1 l
« Attendu que lurent largesses de celui qui est aimé des dieux. »
’E— st8r| y.a-à rroXXx EÙepyÉrqy.ev.
Ici le mot est extrêmement dénaturé; et, sans le second
passage, il eût été vraiment impossible de le restituer. Mais
on voit bien que JJ est un :j, et le o un A; on reconnaît
dans J le dessin de : . Les mots eùepyÉ-:-qy.ev et -ecptX-
av0piTOf)xsv sont également bien traduits par
<r /WWV\
« furent largesses du roi », et par Q ^
largesses à ses soldais ».
« il fit
!
LE DÉCRET DE MEMPHIS
070
Dans ce nouvel exemple, le texte démotique dit : puisque
le roi. . . a fait bienfaits J aux temples.
Dans les textes hiéroglyphiques, le nom propre, le mot
spécial pour désigner les largesses du roi envers ses favoris,
[§ 5. D., 1. 12-13; R., 1. 7.] — La phrase suivante est
particulièrement difficile, et M. Bouriant a, en partie, re-
noncé à la restituer. On lit ;
x O U
l2=/i
U
AAAAAA
□
X I
.W
(3,
I I I
AAAAAA CZS
I I I
AAAAAA C± I I I A
'O
Le grec disait ; Ka:. â-aô •uüv mïapy 0U7Û)'/ ev Aî-piiTip Trpoaôoiov -/.a:
tiopoloyiiov^ivà!; psv eîç téXoç àtpŸjxEV, aXXaç os xsxo'jetxsv, oto>)ç o te Xaô;
y. ai 0'. aXXot TràvTSç Èv sùQiQVta watv Èui Tfjç xjtoô [iaaiXE'aç.
Sauf les mots qui signifient et —jp, d’entre eux,
soldats et de son temps, rien n’est compréhensible. La res-
titution de M. Bouriant ne commence qu’à : (I
AAAAAA I
AAAAAA
' — -1 AAAAAA
I I I AAAAAA c
AAAAAA
111
AAAAAA
AAAAAA
6 <2.
I I I -4
« d’entre les revenus publics et impôts perçus en
» Egypte, il a anéanti (les uns) parmi eux, il a allégé (les
» autres) parmi eux, faisant être les guerriers et les gens
» dans l’abondance, de son temps ».
Ce que M. Bouriant passe me paraît le plus facile. Je
reconnais immédiatement dans j^r le mot ^ y], or-
1. C’est le mot que Chabas ( Voyage , p. 79; Mélanges, IV, p. 284
et suiv.) traduisait par récompenser, et Bireh ( Mélanges , II, p- 337),
par repas. Il faut traduire partout par largesses, faire des largesses ,
SÜSPYÉTY)V.E, 7tE?Uav9po>7trixev (Décret de Memphis, texte grec de Rosette,
1. 9 et 12), Swo-oviTiv (Décret de Canope, 1. 20).
LE DECRET DE MEMPHIS
dinairement écrit
j" | impôt, revenu ’, correspondant a
rpouôowv. Le mot suivant doit correspondre à «popoXoy-.iov. Sous
la forme r X il est inconnu. Mais le démotique
— AAAAAA I ,
emploie ici les mots p heti p s‘ekel « 1 impôt, la taxe ». On
voit aussitôt que V37 doit être corrigé en A la rigueur
^ X saken pourrait être une forme de s'e/.c/1 2; mais
J2J AA WA L=iJ „ . T -r *'-■ ^ X /Tl 1
je pense qu d faut lire Jml . <r__^r ^ s‘aker. 11 y a la une
erreur provenant de la ressemblance de IdïT et de de
1 ... _ûr
1 <rr> gt de aaaaaa, en écriture hiératique.
(j"| [j{| roi, qui suit, pourrait paraître mis là par dé-
! placement et devoir traduire A tî j3x<nXixi ooedyu^-a, qui
1 vient au membre de phrase suivant; mais je pense que ces
i trois sio-nes cachent un autre mot.
I D xg.
Ici il faut remarquer la répétition du mot Elle a
/VWAAA
j fait commettre au graveur erreurs sur erreurs. 11 déplace
' les mots qui viennent après ces A§L> de sorte que la phrase
1 1 /WVNAA 1 ...
j bouleversée n’a plus de sens. Pour lui rendre une signifi—
' cation, il faut remettre les mots en place. M. Bouriant a
, déjà commencé, en rejetant PRR! après l~~“I if .
A/WWA /VWVNA I I I
Ces divers points une fois reconnus, prenons le démo-
i tique pour guide et plaçons sous les mots de cette rédaction
les mots déplacés et si étrangement défigurés du texte de
Damanhour :
P I1TI
X <=>
s
0 x <=
S
heter ru
« Leurs impôts
"P
X
.1=^1
5 X
>U
Kami,
O U
5^^ O
a Q> | LT1
yx ©
üh
et
sleh'e ;/■
taxes
sû/ui
établis
hcr ta Mer-t
en Égypte,
1. Decret de Canope, 1. 9 (Pierret, Le décret trilingue, p. 7).
2. Ibid., texte démotique (Revillout, Clirest. dèm., p. 131).
Birl. iîgypt., t. xv.
18
I.F. DFCRET DF MEMPIÎIS
UNCJ s‘OT (?) F yVS U,
Sis*
Cl AVWNA O
ï U fft
AAAAAA
v —
4 x i IA
1 1 1
AAAAAA
/VAAAA
r? AAAAAA / AAAAAA
AAAAAA
1 I 1
va
ycinop-n-f
aux
sen ,
»
partie il abolit
d'entre
eux,
UNU UIF R -U ZAZA
liSsxi 1 1
aaaaaa
I I I
RTI y OP P
^ A/VNAA'X slSj 2/^i
- - fl 'MvVWv I 1 AAAAAA Ci I 1 I AAAAAA
-V^3 AAAAAA
/WW*A Ci I 1 I /WWV\
03 — —
AAAW
AAAAAA I I I
aân-n-f am son.
\U K I U RO MU TERU AUU NOFER PEF H AU NT SUTES
6r = <
. o
i i i ,/r<Ër,
rQ
/•Pi r/nn menfitiu, un tau baqut m rek-J
» faisant être les soldats (et) les habitants dans l'abondance en son temps. »
Justifions maintenant la restitution de tous ces mots.
Après « les Impôts et les taxes », souverain était
inutile; il n’est ni dans le grec, ni dans le démotique. Au
contraire, il manque un verbe pour rendre ôratp^oü ™v, et ce
verbe, dans le démotique, est ! - 1 r,~ ° étant eux êta-
AAAAAA I r -A
bits , qui étaient établis. Or, les deux signes droits s’expli- I
queraient bien par la forme passée relative du verbe (j ^
et le deviendrait facilement ; mais je ne sais si cette
lorme
A
40 est usitée ; îe n en ai pas recueilli
a •' n fi o
d exemple, et je lui préfère la forme causative l-lt/] .
Le mot aha est le mot propre pour « préposer, imposer n.
Sur une stèle cl’ Apis, an b2 de Psamtik I, on dit 1 ¥ Ik 1
l; Q &) A /WVW\ 1 iJj T AAAAAA
9 "I « le s mer du roi préposé sur eux »; et dans
I a i ! i i i
un papvrus Ar< UxnV nsa „ r .
1 1 - //M w SX ï a rn (nf\ JT @ L=4
» chef d’atelier est préposé , préside à l’ouvrage ».
« le
1. Papi/fus Annstasi II, 7, 1.
LF, DISCRET DE MEMPHIS
Alors lo o qui suit doit être corrigé on y| sur et
est le nom de l’Egypte, $v Ahp—ip, ou un ) bien des fois répété
dans le décret.
Nous trouvons dans le texte hiéroglyphique, comme dans
le domotique, répété devant chaque verbe, pour répondre
AA/W/W
à -!vaî ’J-ï'i... iiXXaç ob
Q /WWW p
Le premier verbe est à peine défiguré .j mis pour
^ ou, si 1 on veut tenir compte de j , qui semble incli-
, ce qui s'écrit
/WWW
» □ m
X
ou
/WWW
□
X
(iiier une lettre droite, □
O x x 1
ordinairement „ retirer, extraire, enlever, ôter.
U U
Je rapporte ici 'vwv' inutile un peu plus loin, mais
justifié ici par son emploi dans le membre de phrase paral-
lèle, et correspondant au démotique ! /un a « en eux ».
„ n i ~
Le [] \\ A. . ,'-vwv' a besoin de correction, pour de-
/www 1 w III . D <sf=^=x3
venir intelligible. M. liouriant a mis
. www I /www
-www, on pourrait aussi proposer de
•****'. Au lieu de
i i i n o
'N
dérivé soit de
lire i] p vv\\ et de corriger (] atmtm, annihiler'1 2,
l I cz \\ N
|\ trancher, soit de la négation
L’expression revient ensuite pour exprimer
/WWW AWWX
’r.i v.% \ du texte grec, et c’est ainsi qu’est justifié le
déplacement fait par M. Bouriant de pü? . Seulement
il ne faut pas mettre Les deux lettres (](] sont là
par suite d’une de ces interversions si habituelles au gra-
veur : tj(j est la terminaison du mot suivant.
Qu'est-ce que que M. Bouriant remplace par
i i i
1. an, «couper, détruire, tout instrument de destruction » (Picrret,
Vocabulaire, p. 33).
2. Pierret, Vocabulaire , p. 56.
%
276 LE DÉCRET DE MEMPHIS
faisant de if le synonyme de ceux qui sont, les habi-
/WWW I I I
tenus? Comparons les expressions des divers textes :
RTI S OPE P..
AU ICI ROM U TERU
4j É
M/WV\
I i I /WWW
AUU NOTER
O ~ Cl);
o ~.z Àao;
I I U
/.acc oc a), À oc -vr.i- Èv so0t)vc3 ojjcv.
Il est assez remarquable que le texte grec et le démo-
tique disent : « le peuple et tous les autres », c’est-à-dire,
selon Letronne, les laboureurs et les artisans d’une part,
les prêtres, les fonctionnaires et les soldats d’autre part,
tandis que le texte hiéroglyphique divise la population en
o les soldats et les gens du pays ». N’est-ce pas par un sen-
timent national que l’écrivain égyptien oppose ainsi l’armée
grecque au peuple égyptien?
Le texte de Canope dit : « Attendu qu’ils (le roi et la
» reine) ont rendu la justice à tout habitant (etny nebt) de
» l’Egypte SB* JW Ol 7) et
» à tous les habitants des pays en servage de Sa Majesté. »
Il faut donc conserver seul ou avec l’addition de ifî3.
Si on ajoute— jj-0, comme le fait M. Bouriant, devient
inutile, et ce mot, précédemment, devient le verbe « être »
répondant au s‘ope du démotique. Je suis disposé à ad-
mettre cette dernière rédaction ’ :
ADO,
i i i A £
i i i
« Pour mettre ( l'aire être) les soldats et les indigènes dans l'abondance.»
1 . Ce dernier mot a déjà été restitué par M. Bouriant, comme « le
» seul mot égyptien se rapprochant de l'orthographe du mot donné pat
)) le texte. »
2. Cependant, je conserve des doutes : 1° C’est le seul endroit des
deux inscriptions où il faudrait supprimer un mot ; 2" je ne suis pas
suivi d’ui
sur que
/WWW
troisième verbe ?
placé ainsi soit justifié; 3“ dit-on
LE DECRET DK MEMPHIS
G. 1)., 1. 13; IL, I. 7-8.] — La suite du texte n'est pa>
moins incompréhensible ni moins dilFicile à restituer. Pla-
çons les trois rédactions les unes sous les autres :
|
Damanhour :
Ros. grec :
AAAAAX O. \ | /' —
Ros. (Ii ‘III. .' | I 'www 1 |
_k\ A'VWV. Il V —
X
I I I
Ivf?- °
l à -s [jas-'.X'.xà
AAAAXX
$°(T
i i 1 1 Y ©
O». £V V’V'JTI'UCJ . . .
/vww\ r) | 'Vwvvx
Z7> | j
à ttsoît oosiXov
A/WW\ I /VWW\ I I
Le premier mot ne peut même pas se prononcer. Ln y
changeant il en 1, on a encore un mot inconnu, puis
qui parait suivre, signifie un, et n’a aucun rapport avec le
texte. La femme qui suit ne peut être le déterminatif de
<J| , qui est du genre masculin. On pourrait penser à cor-
riger en " 1 ’ impôt; mais ce mot est déjà employé
plus haut sous la forme régulière
7=4
, pour rendre
-vjîôoo’j;, et ne devait pas être répété ici sous une forme
étrangère aux textes monumentaux.
<c=> qui suit ne prend pas la marque du pluriel; les signes
mis pour ^ j ne s’expliquent pas en cet endroit;
ne signifient rien; et corrigés en 1 1 fermes,
a/ww\ I I I
ils ne rendent aucun mot du texte. Les trois derniers mots
du lexte sont corrects et traduisent bien le grec o\ L A-yL-w.
Cependant, comme le texte à expliquer est bien limité
par la fin du membre de phrase précédent en son temps,
iv tt, ér.vi fJxTiXs-st, d’une part, et par les mortels de l'Egypte,
îv on est assuré que les groupes intermédiaires
LE DÉCHET DE MEMPHIS
!7S
Ja j’./.'./.a. oc z'./.r a ttgotjjoc'./ov,
traduisent -z
l’étude.
Tout d’abord, je remarque que
Reprenons-en
doit être mis pour
en et, rapprochant jj, recons-
ou , déterminatif de l’expression équivalente de pac.À'.xi.
Je rejette Pirâa, Pharaon, qui ne répond pas assez à
1 J’aime mieux laisser au groupe précédent,
transformer | en o
tituer le groupe S cJ Sa Majesté.
Alors, tout ce qui précède doit exprimer ocsO./pa -.1. Je
vois dans | le poteau 'j, dans l’oiseau volant PT et dans
<_a2_ ]e papyrus 1^=.; le premier signe du mot devient
alors tn\
D
démotique
On obtient ainsi le mot ^ ; ! , équivalent du
1
r* ü
et le grec A -.z [factL/.à ôcps’Xr'fxaca a bien son
équivalent dans
Les mots qui suivent, après une légère correction,
, sont connus, et se traduisent par « de ce qui
Zh
jj 1 1 1 ■
leur appartient2 ».
J’avais songé à transcrire :
x
1 i 1
I . O.
s “Xi
P-" :
J'
. 2 u crm
Le 1 V ri
Li 1 — ! 11
P
•É
I I I
’É
1 1 1
« L'impôt royal sur les choses appartenant aux hommes des fermes
des hommes d'Egypte... »
Mais je me suis fait plusieurs objections :
1° Le texte grec ni le démotique 11e parlent de fermes;
1. Je n’admets pas la restitution
l’orthographe usitée dans les deux stèles.
qui est en dehors do
2. Cf. 1. 23/29,
V - J /VWW\
I 1 l I ^ -CJJ
l II « les
lli ©
» choses appartenant au roi et qui étaient dans les temples ».
LE DÉCRET DE MEMPHIS
279
2" « Les hommes de fermes » n’est pas une expression
usitée;
3° « Les hommes de fermes des hommes d’Egypte » est
encore plus étrange ;
4° Enfin, tout cela ne rend pas -k -t à r.y>? AA. ,v,
où il y a une répétition qui se retrouve dans le texte démo-
tique TENU N SUTN R R UNU TENU.
Je me suis attaché à trouver dans le texte- égyptien la
traduction de à' -?o- AAoy. Alors, j’ai vu dans j V'Ac%A/
la forme du verbe au temps passé relatif
La phrase entière me parait être d’une manière très as-
surée :
i i i ■
AA/VWX
à 7TGOJ bJCpsiÀOV
O
Ti tî paj'.X’y.à ccpA /tax-x,
« La redevance de S. M. sur leurs biens, que roderaient les hommes d'Egypte, ...»
i i il AYO
/•. t'i
Le texte de Damanhour continue en disant :
H
s* i YJ
A
e
/.y.', oi bi Xo(-r 'ixs-./Ax i\ oto'j,
« et... tout homme étant sous son autorité bienfaisante en sa lolalin
et je croîs que
T qui
1 1
M. Bouriant a cru devoir changer le second mot en
Je ne pense pas qu’on dise
est tout simplement le commencement de
et que le graveur a commencé, puis abandonné pour écrire
iry- .
M. Bouriant rétablit a juste titre "
A
©
se rapportant à
12
; mais il laisse
, qu’il vaut peut-être
mieux remplacer par , quoique les deux se trouvent .
LE DÉCRET DE MEMPHIS
280
Je diffère encore avec lui pour la fin de la phrase :
AA/WW
I I I I
</ ““ |
H
«... mit eux Sa Majesté à terre (les abandonna).
M. Bouriant restitue :
a
mu
A/vWW
D I1)É» I I I
« d'après leur compte et dans leur totalité, ...»
Cette restitution est ingénieuse, mais elle ne tient compte
ni de | ni de _n_ ; je crois la suivante plus simple et plus
juste :
TOI
©
• (£
AAAAA\
I I I
« combien grands ! n’est pas connu leur nombre. »
L’exclamation (l combien grands! » est bien
égyptienne, et le membre de phrase est des plus usités. A
la ligne 21, on lit une exclamation analogue.
On voit aussi que Letronne a fait un contresens en tra-
duisant -à otpeiXrbjLa-a . . . ovtX vroXXà tco -X/'Osc àcp fjy.ev par (( les
» sommes. . ., lesquelles étaient fort considérables, il en a
» fait une remise générale ». Ameilhon et Drumann, qui
rapportaient -d ttXï;Gei à ovxà iroXXà, paraissent avoir raison
contre Heyne et Letronne.
[§ 7. D., 1. 13-14 ; R., 1. 8.] — Le texte du considérant
suivant, dont la seconde moitié :
/WWW
/WWW
AAAAAA
M/VW\ A/WW\ L
est remplie d’erreurs, a été bien restitué par M. Bouriant,
dont j’adopte à peu près le texte; seulement, j’ajouterai le
pronom pour compléter la dernière expression. On ob-
tient le texte correct :
LE DECRET DE MEMPHIS
281
^ /WWW
H^k+n
« Il prit soin des prisonniers étant en geôle, ordonnant tout individu
-<s>- ^ P n
: n n O
1 i ^
-r -r
AAAAAA
/WWNA
@111
» d'entre eux être relâché de (toute) action, tous. »
[§ S. D., 1. 14-15; R., 1. S 9. ] — M. Bouriant n’a pas moins
bien réussi pour le considérant suivant, dont le texte était
défiguré par une foule de petites erreurs de détail.
m -r
« Ordonna Sa Majesté que : si quelque chose des dieux cl
flpotri’caçs ok /.ai ~o'j; Trooaoîoo; -cov iîowv xa;
• ï
> c-oD
<z>
I *°
\ o°o
_ a
I ®
I
O
» les argents et denrées
"à; 7’-.r/.y.; i z /. j.'. âov'joixà; sur:
données aux temples chaque année
O'.oopLÉvx? aô-à /.a-: èviau-ov,
4ji
© <=>
X
r-~-,
» et
chose
ô'io’to; os xx :
Ta? y.aOr,x.o
ko
Itt '
toute
à'TrojJ.oioa;
O
D
X> I
□
de
: x>
i
; dieux,
; OsoT;,
¥
de
» champ de vigne (et j de champ de jardin... »
~',Z àjj.— î.'k'.ziooç v-qç y. al tiov — aoaôs'cwv . . .
1. Mots omis.
2. |f^n(Dam.)
(Dam.)
4. Mot omis.
o OOaI ^ c
282
LE DÉCRET DE MEMPHIS
jimuuiij juuun^ H-
Si on corrige (Dam.) en comme M. Bou-
° i i i ' i — — i i i i
riant, la phrase se termine par :
^ A
AAWA
AA/WAA ^
/WWW
O
É-> /WWW
I I I
« et toutes choses leur appartenant sous son auguste père demeureraient
ué'j svv
/û
^ AAAAAA
I I I
» a eux. »
È-' y/ôoa;.
[ÿ 9. D., 1. 15-16; R., 1. U. ; — Ici commence un autre
considérant :
■soc=S <2
/WWAA
o ©n
« Il ordonna, voici de ne pas faire remplie la caisse télcstique. » etc.
UsOtÉtX^E CE GTÏ'Jü; UTjO'îV TTAîToV O'.OWJiV ïh ~'J TîYîTCC/.Ôv, /..".À.
restitution importante due à M. Bouriant.
[§ 10. D., 1. 16; R., 1. 9-10.] — Le paragraphe suivant
commence avec la ligne 16 par un mot
correspondant os /.A et ne peut être restitué que —
en outre (cf. ^ ^ P^us (lnc l;l ligne 15), comme l’a
lait M. Bouriant3, à moins cependant de lire o
, qui a pour
TL \\
■M
A3
(Dam.) — M. Bouriant. restitue
B 0 1 J\
. Je pense
que le <rr> est nécessaire comme dans la phrase précédente
i ! ordonna . . nue
2. ® (Dam.)
3.
A'
n’a pas besoin de correction,
. \\
étant parfaitement une expression égyptienne
\\
= le copte
>m, faccrc. et
0 chemin. Le tout, littéralement : itrr facorc
ou peut être ,vY7 uii/ner. ( Note d' M. Karl Pichl.)
,
WWVVN (3 l
comme
AA/VWN (D fl r w- -i
rxy _ de lu ligne 10.
LE DECRET DE MEMPHIS
> (3
de la ligne 15 et
■iior
-a
^ | à— £>.’ j7vi correspond au démotique
verbe très usité en ce sens et en plusieurs acceptions dérivées.
■te r)ir ^
Le texte de Damanhour porte |
; apres ■-->
en
un mettra
és- y\
, et après
on mettra
£ «
comme dans la même ligne
regarde f ^
^ J\
> .NWAAA Q
r^„ ; mais je
comme plus probable et
plus rapproché du texte de Damanhour.
me parait devoir être corrigé en
•k [X <D
les divines classes de prêtres coü; s* :üv hpwv sflvcôv.
Iv„- ’A).s?âvo=tav se cache sous ij j | -p Ql ^ Q \ P ZZ] ’
mots pour lesquels M. Bou riant n'a proposé aucune restitu-
tion. Ils signifient : vers le d’ Alexandre .
La signification du mot une fois établie, c'est-à-dire
«'vers la cille, la forteresse d’ Alexandre », les traces du
texte monumental nous donnent les éléments de
O^PVffQI (( Porte d’Alexandre», ou plutôt de
le
forteresse d'Alexandre ». Cf. le nom de Memphis
mur blanc, celui cl’un quartier d’Héliopolis (Derry)
jj ww^ojj L^^]- ® le rjrand mur de Ramessou-
Mer-Amon à Hêliopolis' , celui d’une forteresse du pays
de Héfennou, ILJC31 2, ^ais> sans même chercher ces
analogies, nous sommes assurés que tel était bien le nom
«l'Alexandrie par le texte du décret de Ptolémée Lagos, (pii
1 Louvre, C 94, apud Pierret, Iirmcil, II, P- 50.
"é Pu/.i/ms deinolû/ue de Lei/de n" 6\5, p. 13-
LE DÉCHET DE MEMPHIS
284
la désigne aussi par :
IM
ÛSA1I
i
« la forteresse du roi Mer-ka-
» Amon sotep-n-Râ, (ils du Soleil Alexandre, appelée
» primitivement Rakoti' ».
De même, le premier décret d’Alexandrie2 est daté de
entièrement justifiée.
Pour m ^ j ( qui termine ce paragraphe, traduisant
7.x-' IviaAov, je ne vois d’autre correction possible que ^
Vf o c'h°rliæ annûe*> ou / — — j qui a le même sens.
Les deux expressions sont également usitées ; toutefois
c’est la première fois que j'v rencontre l’emploi de x/ c
, / ra ^ t
comme
dans
'^<==>Q un jour.
10.] — - La phrase qui suit commence
a i ~
[§ 11. D., 1. 16; R.,
à peu près, comme celle de la ligne 15, par Y ^
^ r'tHu > etc., et qu'il faut corriger en :
0 !. C
. ^pni
XJ .
J 3 tN==Æ CS
^ 0
II I I
« A ordonné S.M. que ne fussent pas levés les hommes de la marine. »
lloocré-rxçe ol xxl -r,v <tjXXï)<Liv xwv s’.ç -r,v vauxeîav uv, -otîTo'Oat.
1. Zeitschrift , 1871, p. 2-3.
2. Lepsius, Dcnkmaler , IV, 20.
3. Cf. Damanhour, 1. 14.
4.
maïque. Alors équivaut à s
pliique. (Note de M. Karl Piehl.)
'itn=ir , cte. (M. Bouriant.)
f ha à l'époque ptolé-
7 n de la belle époque hiérogly-
/ v v v v v \
7). rNce peut être exact, parce que ^
[j
r A A A N AAAAAA
LE DECRET DK Ml. M [MIL
-?s:
Dans les deux passages j’ai conservé (j que je n'ai
pas remplacé par comme l’a fait M. Donnant, parce
que la particule <=> est nécessaire en tête de la phrase
dépendante prohibitive après le verbe j D'abord on voit
qu’ici même elle est employée aux deux endroits (lignes 15
et 16); en voici un exemple emprunté à un autre monument
traduit par M. Brugsch : | /vwws | j)
X'û v )’ <=> « Sa Majesté or-
/WW\A I / / VvV.W H
» donna de ne pas payer l’impôt du péage de port une
» barque du nome Mendésien dans toute son étendue’. »
[S 12. D., 1. 16-17; R., 1. 10. ] — Pour les lignes qui suivent
immédiatement, j’adopte à peu près les restitutions de
M. Bouriant :
TEL m
de byssus données au trésor royal dans les temples,
8 I
« El, des étoffes
Tâ)V "S Q'JUT'.VtOV O0OVUOV SCÇ TQ ’i'J.T-'/.'.V.ryi U'JVTîXo'JfASVWV l'i toTç lepolç
’ A/WWX
JS
/WWW
I I I
n voici qu'il ordonna d'écarter leurs deux tiers. »
â—E/.’jTEV "ti Ojrj IJ. SOT, .
[§ 13. D.. 1. 17;
R., 1. 10.] -
CS 5 .
©
CS
<2
$
Ci -> x- AA/WAA
« De même toutes choses
Ta xs svXeXstpLpiéva (sic)
1. Brugsch, Zeitschrift , 1879, p. 21.
A/WWN Q
'' ' 1 Rosette, 1. 17.
AA/WV\ | I
2. ^ CyP (Dam.). Cf. Rc
ni (Dam.),
i a Tiüf a y\
4. Mot omis (M. Bouriant).
5. ^AAMMjl^J^(D;lm.)
£=zz - — fl ^ <2 h
(M. Bouriant).
2SG
LE DECRET DE MEMPHIS
©
/WWVA
I I ! I
D Y7 /WVvM y ^7 ^
O v 11 il I I I
» depuis un temps grand les rétabli t Sa Majesté dans leur état primitif. »
sv toTç irpoTepov / povoi? 7TZov.7iicn^Z't s îç ir,v xa6rp/.0'jffav xxçiv, ...
[§ 14. D., 1. 17-18;
R., 1. 10-11. J — i
« il lut à réfléchir
i
I
O ^ fi
$
. coo Vt'.ÇtOV
P
beaucoup à faire
ÔïttoÇ ffOVTsXïÎTa'.
©
l i i
111" l
\\
n les choses établies il faire pour le culte des dieux selon ce qui à
17 c Î0K7USVX coi? QsoTî V.117 CO
i®3
AM/Wt
I lll
» leur principe0. »
—ooory.ov.
[ÿ 15. D., 1. 18; R., 1. 11.] — Puis vient un nouveau
paragraphe annoncé, suivant l’habitude, dans le grec par
ôptotwç os y. zl et dans l’égyptien par V <=> :
©'
ni
@ I (Dam.)
I i
2. La même expression se trouve dans le décret de Canope, 1. 5 et 9,
sous la forme
3. (Da
un.)
/VWW\
4. Cf. le titre *=»
i jj O^j « Traité d’honorer Osiris ».
(Louvre. Papyrus n° 3079, c. 11U, publié par M. Pierret, dans ses
Etudes <’ a!/ p tolorj iques, en 1873.)
•">. n n (Dam.)
6. Le mot à mot est : « selon leur origine», « telles qu’elles étaient
en principe ». ^ équivaut à ^ et à (voir ci-dessus, p. 268). L’es-
tampage que m’a envoyé M. Bouriant ne me permet pas de douter de
la lecture . C’est du reste une expression très fréquente.
LE DECRET 1)R MEMPHIS
.(?
•<2>- w.v.
AA/WVN
III \\ ■
c4
« De même a été maintenu pour eux ce qu’il a fait, réfléchissant à
’Ouo'wç os
AAAAAA
CTLD I I I
iT=>— “ V?
_ n ~ o S=> III I Z M ©
)) faire la justice aux hommes1 d’Égypte, selon leur quantité, .. . »
to oixxiov àrivstusv iraaiv. . . .
Ce mot . l hommes, qui se trouve à la ligne suivante
s=j mi J &
devant p | j chevaux, a causé la première lacune
importante provenant du fait du graveur : cette répétition
a entraîné l’omission malencontreuse de toute une ligne. Il
faut nécessairement essayer de la restituer2.
D’abord le mot -à<nv sera rendu par Q (j | yy J * - ^ comme
f~l "
à la ligne 7 de Rosette (= D., I. 12), ou par <zz>
(R. 6 = D. 10, R. 8=:D. 13, R. 8 = D. 14, R. 20), ou encore
par 0 ~y" yp - (R., 1. 20). J’ai opté pour cette dernière tra-
duction.
Le grec termine la phrase par xaOàrap 'Eo^ç o txiyz; /.a! péy»;,
et le démotique par rma p ai' Thot pâa pâa. Il n’y a pas à
hésiter sur la traduction hiéroglyphique :
11
[§ 16. D., 1. 18; R., 1. 11-12.] — Vient ensuite un nou-
veau considérant :
1 . n aru p hp n na reûrt, « de faire le droit aux hommes » (Rosette,
texte démotique).
2. M. Bouriant n’a pas tenté cette restitution. Elle m’est donc toute
personnelle.
288
LE DÉCRET DE MEMPHIS
1 eJCte (Jl'CC .' llpos S7x;ev SI -/.a' TO’j? •/.axaTropsoofzÉvouç
Texte, démotique : ts f su *em /r nanti auu r an
h II établit encore au sujet de ceux qui reviendraient
zv. ~z Ttov p.xy i'iojy /.a! toiv àXXwv ’iwv àXXÔTp'a ©povTjarâvttov
/UN NA REÜU QNQN AU PSEP REÔU AU s‘OP H1 KET M/L
» d'entre lesliominescombattant etlerestedeshoiumes étant en autre parti
sv toT? ■/.■x.'zz tt,v xapa^v xaipoTç, xx'ceXOôrraç
P TOyTEy AU R S‘OP [n] Kami RTI Ây ST [r] NASEN MAU,
» de la révolution survenue en Égypte, qui reviendraient en leurs lieux,
JJlÉveiV E 77*. TOJV ÎSÎtoV V.lr^l (OV.
RTI NASN SAU S*OPE /ERU.
» ((ue leurs biens seraient à eux. »
I 1 I AAAAAA AAAAAA
combat » (copte s'unit). Plus haut,
Il y a dans le texte démotique plusieurs expressions
inusitées dans les textes hiéroglyphiques, qu'il faut étudier
pour savoir comment on rendait la même idée dans la langue
sacrée.
1° Les a gens de guerre », tüv pta/lpao-/, sont désignés ici par
une périphrase tj» ^ ^ /] ï. /i « les hommes de
I 1 I AAAAAA AAAAAA I —Il
S'jvâjjtediv Trwaq était rendu
(?) « ceux qui forts ». Dans ce dernier
par ^ o w S ^
passage (ligne 11, fin), le texte de Damanhour transcrivait
par 7 i ^ ! soldats , troupes.
«le reste des hommes » a pour équivalent
(cf. Rosette, 1. 6, 8 (deux fois) et 26); [ou encore
AAAAAA AAAAAA
ol àXXoi est traduit
ci-dessus, p. 276).]
3° Le mot
i (cf. Rosette, 1. 7 = D., 1. 12,
-SS* 1 1\ (variantes J ’
1. Decret de Canope (p. 131, Revillout, Chrest.). « Il sauva le pays
» du combat en combattant au dehors. » — Prophéties (Revillout,
Revue ègyptol., I, 1880, pl. G).
LE DÉCRET DE MEMPHIS
289
ou J (j [j 1 2 3 4 ) est très usité dans le démotique; dons
le décret de Canope, il est traduit par -? o-oXcpov, et, dans le
texte hiéroglyphique correspondant, par fVh £ /i: il v est dit
d’Évergète l'“r
« Il sauva l’Égypte des troubles en
hors d’elle ».
Peut-être est-ce le même mot d’où dérivent le copte
n combattant au de
ms'
et
xicpeiS spiculum, lancea, ainsi que
plus certainement juéWo.
ta mot dans le sens de parti, corres-
pondant à -ü)v àXXôxpia tppo vTjdâvxtov, ne me paraît pas employé
dans l’idiome sacré; mais, comme j’en ignore le correspon-
dant hiéroglyphique, je le conserverai provisoirement, ou
bien je modifierai un peu la phrase.
4° Enfin xapa^ n’est pas moins inconnu.
On vient de voir que le décret de Canope désigne les
troubles intérieurs par
r i . La Chronique d’Edfou
* ■ — M I r
mentionne la révolution du temps d’Epiphane £ n\ ou
© O JJ / 1 .
suivant un autre exemplaire yv 1 '. C est donc la dési-
AAA/VAA J ivl
gnation officielle, qu’il faudra adopter.
5° Mevêiv i-' tüv îSiüJv xxfjdeojv est traduit déjà à la ligne 15
par JLû ™ ■
AA/WVN
I I
I I I
« et toutes les
» choses qui leur appartenaient demeurer à eux ».
On peut se conformer à l’une des deux tournures de phrases
u -*r\ H AAAAAA
employées à la ligne 14 : J ^ | (< ordon-
1. Roman de Sctni, p. 153, 155, ar niela/i , «faire dispute»; p. 32,
ahs p malayj, «récolter la dispute», c’est-à-dire «des ennuis».
2. Papyrus Anastasi IV.
3. Dümichen, Bauurkunde des Tempelanlagen von Edfu, dans la
Zeitschrift, 1870, pl. 2, 1. 23-24. (Cf. A. Baillet, L'Égypte pendant les
premières années du roi Épiphane , p. 80 [ci-dessus, p. 164].)
4. Brugseh, Zeitschrift , 1878, p. 43.
Bibl. égypt., t. xv.
19
290
LE DÉCRET DE MEMPHIS
» nant tout homme être quitte. .. », ou
® ûaaa —
I I I
AAAAAA . . . . . « S. M. ordonna que, s’il
jef=, mi 1
» y avait des revenus des dieux, etc. , ils demeureraient, » etc.
On rétablirait la phrase comme il suit :
1° En se rapprochant du texte démotique :
\ îS)kà
^-7 *
I yTA /www .
I AAAAAA I
» tout homme étant en autre
<=>
A.
Si
revient
^=<
O
<-a2-
Vi-
es
parti
_0
AA/WAA r — | AAAAAA
l l I I l 1 1 l I
de la catastrophe survenue, etc.,
m
/WWW
I I I
ii 1 1 1 1 1 ii^
/WWW
les faire aller vers leurs lieux et
leurs biens demeurer à
AAAAAA
I I I
» eux. »
2° En employant les expressions des inscriptions de Tanis
et d’Edfou :
I"
i
^ $
^1* A MV ^ ' PT j <d> I AAAAAA I
«Décréta S.M. en disant: Si des soldats et tout homme ont été à
k L!^
(S
AAAAAA AAAAAA
/VMI
» combattre dans la catastrophe survenue dans le pays entier, ils reviendraient
©
| ,WWAA A/WW'
I C±±=3 I I I
m
A/WW\
I I I
» et toutes choses étant à eux resteraient à eux. »
1 . Le mot TqT{T ! du texte démotique, qui se rencontre dans les con-
trats, appartient aussi à la langue classique. Il se trouve précisément
dans la stèle de Piânkhi, 1. 11.
LE DÉCHET DE MEMPHIS
2'.)i
3° Si l’on doit, comme l’a fait le démotique, tenir compte
de 8è xx ! {nam), de /.x-x-opsuo|xévo'j; (/cr nanti anu r an), n i nsi
que de xxBsXOôvtxî traduit par rti ch/ st [/•]' nasen mau,
« faire aller eux vers leur lieux », on pourra dire :
1%
AAA/VXN
zv
_û < l-l? ■
1 j
« Décréta S. M. en outre en disant : Si revient quelqu un des soldats
VI'
I
'É
® CK)
ÜA
©
/www
» et tout homme étant à combattre dans la calamité survenue dans
&
/V VW\A
I I I
/ AA/VNAA - 8 »
I l I I I I A
» le pays entier, de taire aller eux vers leurs lieux et que toute chose
xKi /L
fl\
AAAAAA MWA «WM
i 11 I I II I I
u leur appartenant demeureraient à eux. »
/WWW
I i I
De ces diverses rédactions la meilleure est certainement
la dernière, parce qu’elle traduit le grec plus exactement
que les autres, parce qu’elle est plus conforme à la langue
des monuments hiéroglyphiques, enfin parce qu’elle remplit
complètement la place libre sur la ligne. Mais aujourd’hui
(un an après avoir écrit les lignes précédentes) clic ne me
parait pas encore satisfaisante. Kn elfet, le grec ne dit pas :
« les soldats et ceux qui avaient combattu dans un autre
» parti ». Tü)v (Jtxytjjuov xxi •liüv xXXtov twv àXXôxpia cppovqcrxvTO)'/ parait
viser : 1° les soldats, les combattants; 2° ceux qui, sans être
combattants, avaient pris le parti des rois nationaux. Dès
lors je pense que l’emploi de ( j’CK) en face de
^1^ est défectueux. Il faut trouver une expression égyp-
1. On peut lire aussi rti j)oh si nasen mau, «leur faire gagner
» leurs endroits ».
292
LE DÉCRET DE MEMPHIS
A
tienne qui, comme àXX-kp-.a «poovrjaâvTwv, exprime la défection,
mais sans impliquer le service militaire.
Je crois la rencontrer dans le mot ou <==^
^j. La racine du mot est ^ ^ „ n ,
peu., p*.Ki, declinare, avertere, recusare, renuere' ; d’où se
séparer OO ^ 2 « ne te sépare pas de lui, ne te
» tourne pas contre lui »1 2 3 4 5, c’est un synonyme de j? | ;
comme verbe, cela signifie aussi faillir, pin, pmi, Aois'e, Aoi-xi,
cu!pa\ Comme substantif, représentant l’agent, le mot dé-
signe « celui qui se sépare de quelqu’un », « celui qui trans-
» gresse les chemins du roi et les desseins des dieux » selon
l’expression de la ligne 14, le « rebelle », quel qu’il soit, envers
les dieux ou envers le roi. Les reqau, reqiu sont donc souvent
en cause dans les chapitres du Livre des Morts \ On lit encore :
A'
I I I
I I I
« Sa Majesté est venue dans le Routen supérieur ; elle a
» frappé tous ses adversaires (tous ceux qui s’étaient séparés
<4 ®
» d’elle)6 7. » De même : ^ jl
i
i i i
□(][
AAAAAA .
@ I
AAAAAA A
ne resta
(j(j ‘ 7 « Il trancha les tètes de ses ennemis, i
» plus de tètes à ses adversaires. » C’est précisément ce que
fit Épiphane aux dynastes qui s’étaient rendus dans Lyco-
polis8. Après la victoire, le roi se vante de n’avoir plus d’ad-
versaires dans le monde : ~ju. ~ û
Z i i i
1. Voir Devéria, Papyrus judiciaire de Turin, p. 188.
2. Todtenbuch, chap. xxx.
3. Chabas, Mcianyes, II, p. 223.
4. Zeitschrift, 1870, p. 48.
5. Ibid.
6. Stèle d’Aménophis II, à Amada.
7. Stèle du Louvre, C 123.
8. Voir ci-après, § 19, p. 295.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
293
Je traduirais donc volontiers x «î «XXwv tü» «xx^p-.a (ppovr^âvwov
par :
F <=> üd
[§ 17. D., 1. 18-19; R., 1. 12.;
Le grec continue :
npOEVO/jOT)
81 xa'
otïw; IÇaitoaxaXwfftv
et le démotique :
AR-F NEB
NEB
R TI ÂQ (poh)
« Il fit tout
soin
pour faire aller
OuvâfJiE'.î irE^’.xâî xe xaî titirtxàç xx:. vî; aç, x. x. X.
PETU (?)
» fantassins,
HTRU,
cavalerie,
biri, etc.
vaisseaux. ...»
La rédaction reprend dans Damanhour ttvec le mot '--y.iç,
même avec le mot r.zX, -.xà; dont il reste le dernier signe
$ qui a causé, comme je l’ai dit, la méprise qui a amené
la lacune dont il reste encore à combler la fin.
npovo/;0ï] oz xa: o’-w? est l’équivalent de
j r ' T ( i
ô’tooç de la
ligne 18, et la rédaction démotique traduit les deux exprès-
sions par une seule J « prendre soin »; et,
bien que ce ne soit pas une raison péremptoire pour que le
texte hiéroglyphique ait fait de même, on peut traduire
dans les deux passages : ^ ^ <( ^
» à réfléchir beaucoup à ’».
Cependant, comme cette expression a déjà été employée
deux fois à la ligne 11 (Rosette = 1. 17-18 Damanhour), je
me risque à traduire, en empruntant un synonyme de cette
locution à l'inscription de Tanis (ligne 9) :
-A
A «Sdv © ®
® I Q. si) i i i I I I
« De même il pensa beaucoup beaucoup à
nooevo/iÔT] oè xal Stïojî è^aTroaxaXwfftv
/WW/W A/WWA
rassembler
1 . Canope dit aussi : HH ^ j" (j j"
u ils pensaient en tout temps à » (ligne 5).
O IQ
294
LE DÉCRET DE MEMPHIS
f [’kl’kV
» des hommes,
ou'/âjjLstç — îÇtxà; te
A
des chevaux,
xa' Iwrcixàç
J Oi i i
des vaisseaux
xas vr a;
\jL
I AA/WW
contre
$
I
T'
[iii ©
» les venant pour faire dommage à l’Égypte sur terre
toÛç ÈkeXOv/tï; etc'. tt,v AbyirnTOV xaxd te tt,v âj-ireipov
/WWW
/V WW\
AA/WW
)) de même que sur
xa*
mer. »
TTj v OàXaacjav.
J’ai rendu ottw; ÈSa-ojraXwj'.v par une expression technique
empruntée au récit de la campagne du roi Piânkhi : 11(1
y\ ^ I g — 3 n ^ ^ Il /www
I /www fi (1. 10) « Il a rassemblé des soldats
AA/WW JLÀ I Ci > I 1 I
nA<e<A^ AAAAAA
» et des cavaliers . . . , 1(1
I 1 /wwv\
» eux. . . » (1. 11). On pourrait dire aussi comme au décret
de Ptolémée Lagos : o "Igs, ^
que soient réunis à
A
Je n’ai, dans ce texte, fait qu’une seule restitution,
^ au lieu de Q J^. M. Rouriant a cru ce mot
inutile : il l’a supprimé. Le grec, il est vrai, dit seulement :
È~' to'jç ÈtsaO ’vtxî s~' t r,'t A’y'jtttov xxt x te t À'/ (Jx'axtj x'i xa' ty,v rj— eipov ;
mais le démotique traduit ï-é tt,v a’yu-tov, contre l'Egypte,
par
^ — i
pour faire dommage
contre V Egypte, et je pense que ^ est le débris de
. C’est le mot qui sera répété à la ligne 22, sous
1. Décret de Ptolémée /", 1. 6.
Jv
adopté par M. Rouriant.. C’est le mot
O lll
propre pour désigner les Hottes nationales. (Cf. Decret do Ptolémée r\
1. 5, 6, 8; et Statue naophore du Vatican.)
LE DECRET DE MEMPHIS
29:.
la forme
un grand dommage,
mis pour
Cà ,
[§ 18. D., 1. 19; R., 1. 12-13.] — Suit une phrase qui n’olïre
pas de difficulté :
©
A — a
« Il a dépensé
41 2 3! î
argent et choses en nature
>•£>
I
I I
nombreuses
AWVNA
I I I
contre eux,
» assurant la tranquillité dans
les temples
LTI
o O
l’Égypte'. »
[§ 19. D., 1. 19-22; R., 1. 13-16.] — Nous arrivons à un
passage important de l’inscription, car c’est là qu’est raconté
le siège de Lycopolis; mais la restitution en offre de grandes
difficultés, comme on va le voir. Il commence par :
HtE
Ce texte, évidemment, commence par la répétition du
même membre de phrase.
Le mot LLT A est un mot bien connu, étudié plu-
sieurs fois par Chabas, qui lui donne le sens de avancer,
passe/', trave/'ser \ Le défunt dit aux dieux qui suivent
Osiris : « Avancez ( LLT (j [1 a °JJ? — — ^ ) et voyez la construe-
» tion de la demeure de ce lumineux '. » « Tu ne passeras pas
(
û o
LH
A
I
) sur moi », dit le seuil d'une
porte mystique4. C’est un verbe fort usité. Nous traduisons
1 . i , etc. (Dam.)
2. Pap;/rus magique Harris.
3. Todlenbuch, chap. clii, 1. 4.
4. Ihid., chap. cxxv, 1. 55.
296
LE DÉCRET DE MEMPHIS
donc : « Sa Majesté s’avança vers. . . qui est dans. . . », ce
qui correspond bien au grec : -rapayivop-evoî oï -/.a' eU Auxwv-ôXiv,
TT(V EV TW B0U<T[ptTT).
Ce qui manque dans le texte de Damanhour, c’est le nom
de la ville et celui du nome. Le texte démotique peut y
suppléer. On y lit :
u II se rendit à Ta-Hiit-Scekan. »
En rétablissant ce nom et celui du nome dans le texte
hiéroglyphique, on obtient la phrase :
O N ©
tu
/WWVN
\\
On se rend compte de la répétition de la phrase dans le
texte de Damanhour : elle a été amenée par la répétition
du signe TtîoT au commencement du verbe s‘àcis et au com-
mencement du nom de la ville de S‘akn'.
Suivant la méthode précédemment employée, je transcris
ici le texte grec et le texte démotique pour les étudier; y
voir le système suivi par l’auteur de l’inscription et son
traducteur, et juger des mentions qui devaient se trouver
dans l’égyptien ; enfin chercher les locutions de la langue
sacrée correspondant au démotique, quand celui-ci parait
employer des mots inusités dans l’idiome sacré.
1. M. Bouriant semble d’accord avec moi pour reconnaître qu’entre
manque le nom de Auxwv7r<ftiç ; mais il paraît voir
et
dans ^ ^
\\
O
(qu’il corrige en ) le nom du nome ; ce qui me
n
paraît impossible, ' “ est le déterminatif de
mencement d’une autre phrase.
et
le com-
LE DÉCHET DE MEMPHIS
297
Ainsi le grec énonce successivement :
1° Que la ville est tombée aux mains des rebelles;
r, r(v xax£tArua[jisvr), A
2" Qu’ils l’ont fortifiée contre un siège
xa! lüyupofiévT] ~poî TxoXtopxîav B
par des dépôts d’armes OTrXiovxe xxapaOÉaEt oa'^iXEaxIpa C
par toute sorte de munitions;
xa; xf, aXXïj yopriyta xr iar\- D
3° Car depuis longtemps w; Sv èx xroXXoü /pôvou e
les révoltés s’y étaient rassemblés auv£<rxqxu!a;
x^ç àXXoxptôxTjxoç xoT; Èxriauvay 0eT<jiv c!? au xr,v âaîoéaiv F
et faisaient beaucoup de mal
o’i rjaav xcoXXà xaxà auvxExsXea'p.évot G
aux temples et? xe xà lepà h
et aux habitants de l’Egypte;
xa; xoù; sv Aî-pxxxiu xaxotxo üvxxç- I
4° Le roi forma le siège xa! àvxr/.aQ'ca; j
l’environnant de retranchements, fossés, murs.
y •ojj.aertv xe xa! xàcppoiç xa! xEÎyscuv a ùxr,v à;;oXoyo;ç xxspiÉXaêev. K
Le démotique énonce successivement :
1° Que la ville est tombée aux mains des rebelles; a
2° Qu’il y avait des armes c
et des munitions ; d
3” Le roi en forma le siège J
par murs, retranchements extérieurs, k
« à cause des impies qui étaient à l’intérieur, F
» faisant beaucoup de mal G
» à l’Egypte, i
» étant en dehors du chemin de l’obéissance au roi
et de l’obéissance aux dieux1. » F’
1. « Il se rendit à Chaken qui était accablée par la main des impies
» de tout trouble; il y avait des armements en quantité et des muni-
298
LE DÉCRET DE MEMPHIS
Ce tableau montre la différence profonde qui existe entre
le grec et la rédaction démotique.
Voyons le texte hiéroglyphique. Après la lacune, le texte
reprend par :
« ...étant en elle1,
/WWVN M jfJN
=r> ^ \\ Ml I
attendu qu'ils furent la cause1
rajp\
de.
grands
» en Égypte, ...»
phrase OÙ l’on reconnaît ; oi qaav e’.’ç TE xà îspà xx) xoù; Èv Alyuirap
xaxoïxoüvxaç ixoXXà xaxà au vteteXect|jlÉvo i .
mj(l\
est un mot nouveau, mais dont le sens désastres ,
pertes , est bien déterminé par -oXXà xaxâ.
Cette phrase rappelle celle de Manéthon parlant des
Pasteurs : « Ils incendièrent sans pitié les villes et renver-
» sèrent les temples des dieux, A; te txôXek; wpub? ÈvÉïxp-rprav v.%\ x*
)) lepà xwv 6ewv xaxéaxa^ocv . »
La suivante :
S
^ 1 O
A/WWV /I ô |
ra jr " i i i o ta i i
u ...qui avaient violé les chemins du
1+
oi et
©
Mil
°in
les plans des dieux... »
est la traduction de : wç av EX txoXXoü }(pôvou auvEtmjxoîa; xr,? âXXo-
xp'.âx'qxo; xolç auv:cy OeTœiv eÎç aùxr(v àjeêÉtJtv.
Ici je diffère complètement d'opinion avec M. Bouriant,
» tions à l’intérieur. Il assiégea ladite ville par murs et retranchements
» à son extérieur, à cause des impies qui étaient à son intérieur, qui
» étaient accoutumés à faire le mal en quantité à l’Egypte, étant en
» dehors du chemin de l’obéissance au roi et de l’obéissance aux dieux. »
1 . — h — et non Jc-^, car le nom de Lycopolis et le mot « ville » sont
du genre féminin en égyptien.
2. M. Bouriant retranche ce mot. C’est le synonyme de ^ principe ,
cause (cf. p. 268-2Ü9). Il est trois fois dans l’inscription (1. 1U, 11 et 14).
LE DÉCRET DE MEMPHIS
29'.)
qui restitue :
traduit : « S;t Majesté leur coupa le chemin, éle\ant des
» murs, creusant des fossés contre eux. » Ainsi je rapporte
cette phrase aux actes des rebelles; M. Bouriant y voit les
préparatifs de siège faits contre eux par le roi. Mais je pense
que ma restitution rend mieux compte des signes de l’ins-
cription.
On obtient donc, pour ce qui existe du texte hiérogly-
phique, les mentions suivantes :
1° « Elle était » tombée au pouvoir des rebelles a
2° « les impies qui s’y trouvaient » ; F
3° « car ils faisaient beaucoup de mal g
4° « à l’Egypte, i
5" « transgressant les chemins de Sa Majesté et les
les desseins des dieux ». F'
La comparaison de ces textes inspire plusieurs observa-
tions :
1° Le texte grec et le démotique ont la phrase mar-
quée (a). Le texte hiéroglyphique l’aurait aussi, car on
peut légitimement changer 'K()(j[l Ipp en
Jvjb j -U III O i wmm
QAi <( elle fut en la main des impies »
2" k A tü/ypopivr) — poc lîoXtopxlav (b) n’est pas traduit dans le
texte démotique; je suis bien tenté de croire qu’il ne l’était
pas dans le texte hiéroglyphique, probablement comme
rendu inutile par ce qui est dit des dépôts d’armes et de
munitions.
3° Ce qui concerne l’armement et les munitions (c, d)
se trouve dans le texte grec et le démotique, il faudra en
trouver l’équivalent hiéroglyphique.
4° Le texte démotique ne traduit pas â* ttoXXoù ^pôvou (e).
5° Le texte hiéroglyphique et le démotique omettent la
mention (h, i) des temples et des habitants (~i -.s. Upà v.i' toG?
èv Al-yü-imp xaxotxoüvxaç) et disent seulement « à l’Égypte »; en
300
LE DÉCRET DE MEMPHIS
quoi ils me paraissent, comme à M. Bouriant, fautifs : une
mention du grec ne devant faire défaut dans les traductions
que par une inadvertance du traducteur.
6° Il faut aussi remarquer que le traducteur égyptien a
cru être plus clair en déplaçant les deux membres de
phrases (f-i et j-k).
7° Il a remplacé la mention wç av l*. ttoXXoù ypôvou etc. par
une locution etc., plus familière aux Égyptiens.
Ne faut-il pas en conclure que c’est le même traducteur
qui a fait les deux traductions hiéroglyphique et démotique,
ou du moins qu’elles ont été faites l’une sur l'autre, puis-
qu'on y constate les mêmes omissions (è/. -oàXoj ^p-îvou), les
mêmes additions ou substitutions (qui étaient en dehors
du chemin, etc.), et les mêmes interversions de phrase (f-i
et j-k)?
Par conséquent, il ne faudra pas ajouter avec M. Bouriant
s ^ s + -jj- i 0 © ’ ma*s constater que Ie Pre“
mier traducteur, à tort assurément, avait omis ce membre
de phrase, et que le second traducteur a fait de même.
Par la même raison, il n’y aura pas lieu de traduire
w^upopivrj TTpôî TtoXiopictav , 111 ex TtoXXoü y pôv ou.
En résumé, le texte de Damanhour omet tout ce qui cor-
respond au commencement des deux autres :
a, sauf quelques mots ;
b, c, d, c’est-à-dire tout ce qui concerne les travaux de
défense des rebelles ;
e, la mention de la durée delà rébellion;
h, la mention des temples et des habitants;
j-k, les détails sur le siège de la ville par Épiphane.
Nous avons déjà constaté l'inintelligence des copistes de
la stèle de Damanhour. Ici la répétition des mots
impies, o | dans son intérieur , a causé plusieurs lacunes,
comme précédemment l’avait fait la répétition de ^
hommes .
LE DECRET DE MEMPHIS
301
Ce qu’il faut restituer ici est donc maintenant bien dé-
terminé : c’est, d’une part, ce qui regarde les travaux de
défense entrepris par les rebelles, et, d’autre part, ce qui a
rapport aux travaux d’attaque de l’armée royale.
Pour faire cette restitution, nous prendrons pour guide à
la fois le grec et le démotique. Mais tout d’abord il faudra
remarquer qu’ici encore le démotique emploie des termes
inusités dans la langue officielle, par exemple, atb r tôt,
tombe au pouvoir, alb, assiéger, dont il faudra chercher
les équivalents.
T) T,V XITE P,T| [JL JJLEVTj
AU S ATEB R TOT
m k
_û
« Elle était
la mai»
des
SEBAU
impies
NE»,
Ci I Ci
de tout pays ;
xT lü^upwjjLîVT) Ttpoç iroXiopxîav
SitXwv zz itaoiOsTst
R UN STB
JJ. o-
Mil.
8®|/iXearép* xaî zr\ àXXr, /^oprpy’i 7i
N HI SOBT1 NHB
III
I I I
O AA/VXAA ci
LJ
□ J\ ZI O
,13.
x !
» et étaient instruments d' action nombreux et tous approvisionnements
clx; av èx -oXXoj j^pôvou auveuT^xulaç zrt ç aXXoxptôxrixo?
PS ^UN M^ER NA SEBAU R UNU l'S y_UN
O
PJ
o i
» en son milieu, à cause des impies étant au milieu d'elle,
toTi; ETUtiuvay Qéïeriv e!ç aùxrjV àaeoÉffiv
AAAAAA
ra J r' 1 1 1
» violant
O
I
O A 1 I
AU
P TS N ST
N NA
N ETE R U
ne
n 0 ^
1 <zr>i 1 1
0
1
111
é et
les desseins
des
dieux,
302
LE DÉCRET DE MEMPHIS
<z> ^ \\
)) parce que
o'i ïjaav Tic ), Xà /. t/. y. <r>vxeteX sffpivo'.
UN U HÂT
I
commencement
AA/WW
I I I
ils firent
AR KAMA
ra
de désastres
JP\
_ in
grands
:i lEpà y.aî xooç èv AÎY'J7tx(p xxxoïxoüvxaç /.a' àvxr/aOîaa? aùxï;v
R Ram ALEB-F TA HÂT RAN-S
Égypte
assiégea
S. M. cette ville
y (ôpiaotv xe xal xàtppoi; xat xsÿeTiv à^toX^YOn; TiEpiÉXaSEV xoü xe NeIXou, etc.
UN PIS BOL
AMAM «»> O
I I I
k pj:oi+ #oi k
» par des murs et retranchements au dehors. »
I A
Mettre au pouvoir se dit ordinairement A
plus rarement A Être au pouvoir dans le sens de
être permis, s^ivat, se dit t\ - l/i*; dans le sens de
AAAAAA Jÿ'X <2 \\
être en la possession,
fus en son pouvoir »\
i « je
Assiéger se dit ® X~]r * / ; en copte, kcote, koo^-.
I J \\: j S(
Copte, coqT.
O TT
: E se trouve partout pour désigner les murailles; en
1. Papyrus Anastasi, V, 18; Papyrus Orbiney, V, 5; Papyrus ma-
gique Harris, B, 3; Papyrus S allier /, IX, 3; Papyrus judiciaire (le
Turin, etc.
2. Inscription de Rosette, 1. 27, et grec, 1. ô2.
3. Recueil de Travaux, II, 1880. p. 109_eUll.
1. La stèle du roi Piânkhi dit aussi : Z Z
« Hermopolis était au pouvoir des ennemis. »
5. Stèle de Piânkhi, 1. 5, 7. 9 31, 91.
E=:kLM
303
LE DÉCHET DE MEMPHIS
est le copte ov&n, terra aggesta, agger,
Ce mot remonte à une haute antiquité : sous la forme
011 trouve dans l’inscription d’Ouna'.
O
En adoptant l’ordre des phrases du texte démotique*, on
aura la rédaction suivante :
WMiPJ
g. o
i i i i
CS <j '
© WMV
g i
in p n □ n ^ oi* • — „ /
n D| * r x „ i i s
U^ll
: - 8
kPJwO-r^üiJi
/WWNA
I I I
™ i; n
w ro JJ j l
_ Il
t
I J\
© ra
M
Su
,wwv' Jbvfl
i i i Jÿ^O
fcfî j o
A I I
©
mnn
Pour la phrase suivante, le texte hiéroglyphique de Da-
manhour (1. 20-21) et le démotique concordent, tout en
différant du grec :
ô x
o L=ü
/WWNA
AA/WNA
/WWV\
/WNAAA
I I I
«Il endigua les canaux3 leurs bouches toutes
(Il endigua toutes les bouches des canaux)
AA/WW
-<2-
o W A
qui allaient
vers
1. De Rougé, Les six premières dynasties, pl. XII, 1. 24.
2. Selon l’observation, ci-dessus, p. 300.
3. Expression très usitée; cf. Annales de Thotmès Ilf , 4, 22; Cam-
pagne de Piànkhi, 1. 16; cf. 37; Papyrus de Turin, 48 (apud Chabas,
Mélanges, IV, 57); Annales de Ramsès III , 78, 10, etc.
ZJ O -c^ i » i
4. Dans les textes on oppose souvent . , à . Cf. précisément
i i i
Q i i n □ a xi o 7 n „ .
1 expression i i l A (Canope, 1. 5).
C W — 3 I <=> I 1 Ci U X I I I
X „ -<2>-
5. O (Dam.). Les deux barres parallèles mal placées
ili
304
LE DÉCRET DE MEMPHIS
wewi ^ ?
» cette ville. Ne fut pas fait pareillement par les rois anciens’ à
» (ce qu’)il a fait2. »
Ce qui précédait correspondait aux lignes 22-24 du grec;
c ^ /WWV\
la phrase ^ ^ r ^ , etc., traduit la ligne 25, tyu piôaa; ti
'r-'jija-a tüjv -o-ajjôjv. L’allusion aux rois anciens n’existe pas
dans le grec.
Vient ensuite ;
iTriteTç
^opTjY^ffaç eîç aù-cà ^pr) ptaxtov irXïjOoç où/. 6X!yov, xaî xa-aaTïjaa;
vî xat 'Kïto'jç Tîpà; xr, cpuXaXQ aùvwv, x.v. X.
En comparant avec plusieurs autres passages, on restitue
facilement :
/www
I I I
« 11 dépensa beaucoup d'argent pour eux. »
□
M. Bouriant corrige la fin en
et traduit
ici, ou elles coupent le mot en deux, ne peuvent qu’être rejetées après
lui, et devenir /wwv\ « les canaux » (ne iaru du texte démotique).
CZ5 AA/VSAA
1. i w , «les choses» (M. Bouriant); le démotique dit : na sutcniu
i i i
hàtu « les rois antérieurs ». Cette expression est bien connue dans les
textes; cf. Stèle de San, 1. 8.
— <o- -<s>- n g n n i ° ® ^ <==> T
- -mi:, , ..^■i§je
Q W A
restitue
rien supprimer
AAAAAA
I II i
(j^/, n’admettant pas que là plus qu’ailleurs il soit permis de
LE DECRET DE MEMPHIS
305
■rcpoç v ô tpuXaxri aùxwv, mot à mot surveillant (?) ce lieu. Je ne
puis adopter son opinion. *j~p| ^ \ 5 vient avant J ^
a le roi prit la ville », comme, dans le démotique, (j
i T i (< 011 ^es 0CCllPa 0CS canaux) » vient avant
a 1 JLJlà Dn “ le roi prit Ia ville »• D’autre part'
le texte de Daman îour ne mentionne pas l’inondation du
Nil, qui, d’après le texte grec, aida à la prise de la ville. J’en
conclus à l’existence d’une nouvelle lacune, dont le texte se
terminait par
i « on s’en empara » ; d’où résulte
la nécessité de restituer ce qui a rapport à l’inondation de
l’an VIII.
A cause de la conformité du texte de Damanhour et du
texte démotique de Rosette, constatée ici pour la seconde
fois, au lieu du démotique : « il amena gens, hommes de
» pied et chevaux, à l’endroit des canaux nommés pour
» veiller sur eux de toute leur force, à cause des inondations
» de l’eau qui étaient grandes en l’année VIII, lesquels
» canaux nommés, ceux qui font aller l’eau dans les plaines
» en quantité, on occupa eux », nous dirons :
a m i'
l'kl’k**
« Fit aller Sa Majesté ses troupes de pied,
K.a:. '/.axaaxrj aaç txsÇo'jç xe
sa cavalerie vers
■/.a'. IttttsIç
/WWAA
AAAAAA
/WWW
§
b les canaux pour
irpoç xrj (fi/Xaxrj
/WWW () |
I I I /WWW I
veiller
»
sur eux extrêmement;
aù x&v
or donc
XOÙ Xî
» étant
□ eee
un Nil
grand
Qllll
oim
l’an VIII,
A/WWA
/WWW
/VWWv
les canaux
NeîXo'j xrjv àvâoxac/ uîyiX'rjv itonr)aa[i.svoii iv xw ôvoôip sxït,
Bibl. ÉGYPT., T. XV.
20
306
LH DÉCRET DE MEMPHIS
■-e-
I IM Q \\ A
» toutes leurs bouches qui vont
xa; Etfhafjdvou xacxaxXûÇstv
(2
Arww\
I I I
I I I /WW\A I
dans la plaine, on s’empara d’elles. »
rà — Eoia, xatlayev IxiroXXwv xôirwv,...
C’est le texte de Canope qui m’a fourni la traduction de ce
passage. A l’inverse de ce qui arriva en l’an VIII d’Épi-
pliane, une inondation sous le règne d’Évergète fut insuf-
fisante, ce que la rédaction du décret (1. 7) exprime par :
» donc advint une année de Nil petit en leur temps. »
Nous arrivons à une phrase très maltraitée encore, et que
M. Bouriant a restituée en partie exactement :
lire
m
îvî:
«
n
^ n
AAAAAA
£_X q— j /W
A/WW\ 0
dQ W
_û
A/WVAA
Jj O W l i I
O
A
«Prit S. M. cette ville de force de leurs mains en peu de temps. »
x/;V xe 7toX tv eTXev xaxà xpâxoç èv 6X!yuj ^povip.
Ici s’arrête ce qui a rapport au siège de la ville : ce qui
suit fait allusion au châtiment des chefs des rebelles.
La nécessité d’une restitution en cet endroit s’imposait
d’elle-même, car il était impossible que le texte hiérogly-
phique eût supprimé le récit du siège de Lycopolis, ou l’eût
au moins fortement et maladroitement abrégé. La simili-
tude bien constatée jusqu’ici entre le texte grec; le démo-
tique et le texte hiéroglyphique fournit une trop forte pré-
somption qu’une pareille omission ne devait pas exister.
Mais, bien plus, les débris de phrases conservés sur le
monument prouvent que cet épisode du règne d’Épiphane
était mentionné dans le décret hiéroglyphique. Le récit
commence par : « Sa Majesté s’avança vers [Lycopolis] dans
» [le nome Busirite], elle était »; puis manque tout ce
LE DÉCHET DE MEMPHIS
307
qui répondrait à la 22e ligne et au commencement de la 23°,
et le texte reprend seulement à ce qui correspond à la lin
de cette dernière ligne. Or, on comprend très bien comment
l’omission s’est produite : de même qu’aux lignes 11 et 12 la
présence du mot , superposé à lui-même dans deux
lignes qui se suivent, a fait sauter au graveur la fin de
la 11° et le commencement de la 12°, de même ici la répé-
tition du mot [Mj QÙ!\> au milicu et à la (in de la 13°, lui
a fait omettre une demi-ligne. L’omission se comprendra
encore plus facilement si l’on retranche les mots
de ma restitution3, en les remplaçant par <> i après
|W] ^ ,
, et si l’on fait passer au commencement de la 14®
O I a <<3. /"
les mots i que j’ai placés à la lin de la 13" ligne. De
cette façon, on aura I i répété deux fois dans
la même ligne, ce qui expliquera encore mieux l’erreur du
graveur. Pour la troisième lacune, qui s’explique moins
aisément, on peut cependant encore conjecturer qu’elle a
/VWWv < H—
a été amenée par la répétition de *** à la 14e ligne
et à la 15e.
Ces observations sur cette triple lacune montrent bien la
justesse de nos conjectures sur la longueur des lignes de la
pierre de Rosette et la répartition du texte de Damanhour
en seize lignes.
Les deux premières lacunes ne se seraient pas produites
si le mot aÎ n’avait pas été répété à la même place
dans deux lignes subséquentes et SH J ne s était pas
trouvé précisément au milieu et à la fin de la 13e ligne.
Quant aux expressions employées dans ma restitution,
elles n’ont rien d’absolument sûr. 11 est impossible de choisir
1. [R., 1. 11-12 = D., 1. 13. Ci-dessus, p. 287.]
2. [Ci-dessus, p. 296.]
308
LE DÉCRET DE MEMPHIS
d’une manière certaine entre les synonymes qui peuvent
traduire les mots grecs, ni entre les tournures de phrases
qui rendent le mieux en égyptien les phrases grecques. Si
nous avions une inscription bilingue sur le siège de Metz
en 1870, et que la partie française fût en partie perdue, il
serait impossible de décider si le mot latin calamitas y au-
rait été rendu par calamité ou par catastrophe, urbem par
cité ou par ville, qui sont à peu près de la même longueur.
Je me suis décidé sur les probabilités.
La méthode que j’ai suivie consiste à adopter en principe
l’identité des trois textes, surtout des deux textes égyptiens
que je pense être la traduction l'un de l’autre1; à écarter
les expressions qu’on n’a rencontrées jusqu’ici que dans des
textes démotiques2; à y substituer les phrases et les termes
connus par les textes hiéroglyphiques, notamment par des
textes spéciaux, comme le récit de la campagne de Piânkhi
en Égypte quand il est question de termes appartenant à
l’art militaire, et comme les décrets de Canope et d’Alexan-
drie quand il s’agit des formules de chancellerie. Il me
semble que, guidé par ces considérations, je n’ai pas dû
m’écarter beaucoup du vrai texte qu’une heureuse décou-
verte mettra au jour peut-être au XXe siècle.
La 15e ligne de la pierre de Rosette et le récit de l’épi-
sode du siège de Lycopolis se terminaient par la mention
du châtiment des chefs du soulèvement national contre les
rois grecs :
Dam. :
AAAAAA
<2>-
/WWSA
AAA/WS
I 9 I
lire :
« Il fit faire frapper les impies étant en son intérieur; il fit eux
K ai oié<fOeipev xoùç àa-sêîlç uavxaç èv aùvr\, . . . .
1 . Voir p. 300 et 303.
2. Voir p. 301.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
309
» eu anéantissement grand, comme lirent i'hot et llor lils d lsis
. /. aOâ~ p lyEipioa’avTO 'EojjiJ^ç1 '/.ai Üpoî, 6 xï, î I jioo;
» lils d'Osiris
xal ’ÜTtpiooç ôtôî,
V m
il ceux qui liront impiété contre eux
to'jç àTro<ruavxac;
$
i i i
dans
SV
| I □ £S
Jno i
» lesdits lieux primitivement. »
toÏî aùxoTç xôitotç Tcpôxepov.
Le texte de Damanhour, après / JJ ^ , porte ^ j~l Jj
que M. Bouriant traduit « en rébellion ». Je vois dans "
une altération d primitivement1 2 3 (^^===^du texte dé-
motique), et de |1J je fais le sujet de la phrase sui-
vante comme dans le démotique.
[§ 20. R., 1. 16; D., 1. 22-23.] — Ici commence la partie
conservée de l’inscription hiéroglyphique de Rosette. Nous
devrions donc, à partir de la 16e ligne, avoir deux textes
qui pourraient combler les lacunes l’un de l’autre. J’ai dit
plus haut que le texte de Damanhour complétait tout l’es-
pace entre la 16" ligne et la 17e de Rosette; il comble aussi
une partie de la lacune entre la 15° et la 16e. Malheureuse-
1. Le texte de Damanhour confirme la restitution, dans le grec, de
xaôaTtep 'Epp.^;. Il est singulier que le démotique dise : « Comme l’action
» de faire du Soleil et d’Horus » r ma p ar n p Râ au Hor.
2. M. Bouriant restitue ces deux mots.
3. Cf. p. 268-269.
310
LE DÉCRET DE MEMPHIS
ment, hors ces deux passages, toutes les lacunes de Rosette
existent aussi dans Damanhour. Il y aura donc encore dans
Rosette, à chaque extrémité des lignes, de longues lacunes
à combler.
Je rappelle aussi qu’à partir d’ici, le graveur de Daman-
hour a fait de larges omissions.
To jç [V] àcp^YTjtrajjiÉvo’Jî tîôv àiroa'TàvTüJV è~ï toô tauTOÙ T:axoo; xa: tt,v
^t&pav Èvo^X^aavTaç xa' Ta lepi àStxr'aavTaç, TTapaYevojjtlvoç elç Mépç-tv x.t.X.
Ceci est traduit dans la rédaction démotique par :
Na seba au ar tutu s'esu, au-u s'opr hât r to/.te/.
NA TOS'U-U, AU U QEMA R NA RPIU, A-UU P BOL P MIT N
SUTEN AU PF AT, TI-U NA NTERU ARF AR SE/J AM U (n)
Mennofi. (Rosette, texte démotique, 1. 16.)
« Les impies qui avaient rassemblé des troupes étant en tête pour trou-
» blcr les nomes, pour nuire aux temples, étant en dehors du chemin du
» roi et de son père, les dieux donnèrent qu’il fit faire exécution parmi eux
» à Memphis. »
mm
1. 22-23).
(Damanhour,
V? A I U I
ira. i m © m Jn
'waaa ^ 'v 'v fJÊÊk (Rosette, 1. 16).
I I I J±^ HXSS
Au texte de Rosette, il manque le quart de la ligne au
commencement, la moitié à la lin. Dans celui de Daman-
hour, il y a, au commencement de la ligne 23, une lacune,
car les premiers mots rappellent « la prise de la royauté »,
dont les autres textes ne font mention qua la suite des
passages que j’ai cités.
Voyons ce qu’on peut tirer des fragments hiérogly-
phiques.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
311
M. Bouriant en fait :
U ...en rébellion;
! âa
I I I
A
A/W\AA
I I I
quant à ceux qui s étaient mi s chefs pour les conduire
» sous son père et qui acaient ceæé le pays sans respecter les temples , Sa
» Majesté s’étant rendue à Memphis, » etc.
Je ne puis admettre les corrections de M. Bouriant; et,
par suite, ma traduction sera tout autre. Le texte est par-
faitement exact, selon moi. J’ai déjà dit ce que je pensais
de *1 PJj jjjj' (( en rébellion » ; et, sans rien changer au texte,
tel qu’il est donné par la stèle de Rosette, je traduis :
« Quant aux impies qui avaient rassemblé des troupes et qui, étant à
» lotir tête, avaient troublé les nomes et violé les temples... »
Voici comment je crois pouvoir justifier ma manière de
voir. La question a son importance.
1° L’emploi de ^ dans la phrase « à ceux qui firent im-
» piété contre eux en ce lieu, en rébellion », avec ce sens,
n’est justifié par aucun texte.
2° Cette traduction ne tient pas compte de l’adverbe
-vkcpov, rendu par ° ÎTiitio ou antea.
3° ^ |l ] du texte démotique disparait aussi.
4" Je ne saisis pas comment peut signifier se
.ai ^ o l 1 °
mettre, ni O I m en être le complément; oi veut avant lui
un nom.
5° La pierre de Rosette a et non j^j. Ce seraient de
suite trois fautes dans le genre de celles que Damanhour
commet à chaque mot; mais la pierre de Rosette est trop
correcte pour qu’on y suppose ainsi des fautes répétées. On
312
LE DÉCRET DE MEMPHIS
ne doit certainement pas lui appliquer les mêmes procédés
de correction qu'à la stèle de Damanhour.
/
6° M. Bouriant supprime
n
7° Il transforme
’ AWA* à leur tête.
Mil
(3
J\ conduire,
J\ en p.
que je ne connais pas sous cette forme. Il faudrait au moins
P • M. Bouriant a été conduit à ce changement
par la nécessité de traduire à^Yrujanévou;.
Pour moi, j’estime que le texte de Rosette est absolument
correct, et se traduit aisément. La justice veut ici que, à
la décharge de M. Bouriant, dont j’ai eu maintes fois occa-
sion de louer la perspicacité, je rappelle qu’il n’avait pas
sous les yeux le texte démotique, et que, pressé de livrer à
ses confrères le texte nouvellement découvert, il n’avait pas
acquis par une étude approfondie la conviction de l’identitc
des deux textes hiéroglyphique et démotique. M. Bouriant
me pardonnera si, pour la facilité de ma démonstration, j'ai
quelquefois eu l’air de le prendre à partie. Je pense ne
l’avoir fait qu’en termes qui marquent mon estime. Je ne
suis pas de ceux qui aiment à injurier les auteurs avec qui
ils ne sont pas d’accord.
Le pivot sur lequel j’appuie mon interprétation est le
mot démotique na. sebau, les ennemis, comme sujet de
la phrase correspondant au fragment de la première (16*')
ligne de Rosette. Je le retrouve dans de Damanhour,
et dans ^ je vois une de ces méprises ordinaires à Daman-
hour, la tête humaine § mise à la place de la tête de veau à?
pour répondre à l’adverbe npoiepov,
La tournure
= PJ
fl
« quant aux impies
1. Il est fort possible que la même substitution existe à la ligne 10
de la stèle de Damanhour, dans ^ que j’ai supposé l’équi-
1 1 W
de la ligne 13.
AMMA
LE DECHET DE MEMPHIS
313
» qui avaient rassemblé... », est très égyptienne. On la
retrouve, par exemple, à la ligne 5 du décret de Canope :
il y est dit d’Évergète et de sa femme : HH OS/ I P * ’Hh'
,9
I X 1
. . « Ils furent alors donc à penser à . . . ». A la
*] P se trouve à la fois au commencement et
ligne 7,
après le second mot de deux phrases qui se suivent :
I
-r
AAiWAA^ [_]
ü /WW\A (p
« Or donc étant survenue une année de Nil petit en
O
leur temps
V
O II =j AAAAAA q
1 W ;
i
» furent les vivants tous de l’Égypte leur cœur affligé du devenir certes
» en (telle) conjoncture. »
A la ligne 22, on lit de même :
AA/WVX
O \\
f:
a en §nn
ti;nn
AAAAAA iQ I O Ülnn
« puisqu'il y a certes que est
l’année de jours 360 ».
Ces exemples suffisent pour conclure que c’est légitime-
ment que je coupe la phrase avant [1 il Khu.
=(__ ^ ^ I -21 \erj I
r (Dam.), -ppl (Ros.), ne peut signifier se
mettre. Il est rare. Il faut le lire ZDB ^ /], et on ne
peut le comparer qu’à
grappe ', et à
;a
touffe, botte,
x>
monceau, tas*, en copte •s.^tcul,
1. Papyrus Anastasi III, IV, 14, 16; Recette du kyphi.
2. Pierret, Dictionnaire , p. 730.
314
LE DÉCRET DE MEMPHIS
acerous. Comme verbe, il ne peut signifier que t'assembler ,
réunir. Le sens ne saurait être douteux, car le démotique
traduit par na sebau au ar tutu (copte totwt) s‘esu, au-u
~/ope ha-u, « les impies qui avaient rassemblé des troupes
» et étaient à leur tête’ pour troubler, » etc.
Damanhour donne ensuite G'|jjjj’ niais Rosette a la
bonne leçon ($| fil S‘eS troupes écrit ]f i ^ j aux lignes 7
et 14 (= 11 et 21 de Damanhour). C’est le mot que j’ai ren-
contré sur un monument de la collection Desnoyers3 (aujour-
d'hui au Musée d’Orléans) , et que j’ai traduit par « chef
» de la garde-robe ».
Les mots
AAAAAA
I
I M/W\A
se traduisent facilement par
« qui étaient à leur tête ».
Cette périphrase : « Les impies qui avaient rassemblé des
troupes, étant à leur tête », rend bien, quoique un peu
longuement, to'jç x’ à!prlYï}<TatjLlvo’Jî xüv ànosrxàvTiov.
Les Egyptiens ne disent pas simplement « les chefs de tel
peuple », mais « telles gens et les chefs qui les com-
f\y\yi
mandent » ; exemple :
r |W1
. c5=Êv
■
/WWW
I I
(Canope, 1. 7). Le décret de Memphis emploie donc ici une
tournure analogue.
|l J\ a pour correspondant, dans le texte démotique, le
mot pd/.d/., que nous avons déjà rencontré plus haut [§ 16,
p. 289] pour désigner la révolution (dans le grec xapa ■pi)k qui
1. Et non « étant origine pour troubler les nomes » de M. Revillout.
2. Chabas, n’ayant pas reconnu le verbe . , corrige $1 en
V7 V L A
Ü3 I, et fait par conséquent un premier contresens, p. 17.
3. A. Baillet, Collection Desnoyers, p. 33, n° 6 [voir ci-après]. Cf.
cependant le titre 3 JJ & l’audit eut' cl ex comptes ou
le domestique du vestiaire , du Papyrus Mayer B. Sur la prononciation
S‘eS, voir Brugsch, Zeitschrift , 1880, p. 8.
4. C’est le mot officiel. Cf. les papyrus grecs.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
315
priva Épiphane du gouvernement de la Haute-Égypte pen-
dant près de vingt ans. Nous sommes à la 27" ligne du texte
grec, mais le mot correspondant à sedem a perdu six lettres
E antas. Letronne avait adopté par compa-
raison avec la phrase IvityXouv -à; tôXeiç h nsXoTtowr'Tw’.
Il n’y a pas d’autres exemples de ce mot. Cependant, je
crois que c’est le même qui a été étudié par M. Bergmann *
dans cette phrase : ^ www /..p « es
n verkehrt den Weg fur Apophis3 »; 0
^ s> /r\ n t\ <\ k n c — I aa/w\a -Air ^ -ürv^ dJ O
« es verkehrt Isis die Wege
» vor jenen Bôsen in der Richtung gegen Abydos' ».
Le Shâ amu Duat m’en fournirait une autre variante.
Il y est dit : « Et ce dieu accomplit ses transformations
7TÀZ
» pour infester la route, pour Apophis, par les incantations
» d’Isis1 2 3 4 5 » . Et plus loin : « Ce grand dieu ne monte pas sur
» lui, (car) . _ n|nj| il m-
A/WWN /WWV\
□ N
» c/esfeson chemin dont l’entrée est à la retraite d’Osiris6. »
Je pense que ['gA. f%^A et [ sont
trois formes du même radical7, et signifient « troubler, in-
1. Isocrat., Ad Philipp., §21. Cf. Letronne, Inscriptions d’Égi/pte,
I, p. 293.
2. Recueil de Travaux, 1885, p. 158.
3. Sarcophage de Nes-Shu-Tefnout. — Tombeau de Patu-Amen-ap.
4. Ne ta n seyji Asiri, 1. 22-23. — « Isis retourne par les chemins
» d’avant l’acte funeste (?) vers Abydos. » (Pierret, Études ègypt., 1873,
p. 34.) M. Pierret ne maintiendrait pas sans aucun doute cette tra-
duction.
5. « Pour monter la route vers Apophis par les influences d’Isis. »
(Pierret, Études ègypt., p. 113.)
6. « Ne monte pas ce dieu grand sur lui; il parcourt sa route dont
l’entrée est à la retraite d’Osiris. » (Pierret, Études ègypt., p. 114.)
7. [Cf. ( /V ou J\ « s’égarer ».
A/WVNA il
316
LE DÉCRET DE MEMPHIS
j ester des chemins, les nomes, » etc. Cf. peut-être le copte
UJTA.AA, ujTexi, obturare.
Tà kpà àStvo'ffavraç est traduit par ^jjx ^ ^ par
au u kma r na ca'piu « et qui violaient les temples’ » dans
le texte démotique.
même signification que j’ai
Je donne
adoptée au commencement de la ligne 14 (Dam., 1. 20).
On peut ici saisir sur le fait une habitude des traducteurs
égyptiens. Lorsqu’ils ont à transcrire du démotique en
langue sacrée, ou réciproquement, un texte donné, ils affec-
tent de remplacer les mots par leurs synonymes, ainsi ici :
» en dehors ».
Cette méthode est surtout frappante au Rituel de Parnont
(en écriture démotique) : tous les mots sont ainsi traduits
de ceux du Rituel hiéroglyphique, même quand ils sont
d’un usage usuel dans les deux idiomes et souvent repro-
duits à la page suivante.
Après ces phrases incidentes, le grec ajoute : èirî toS sau-coù
TOxxpôç, qui ne se trouve pas mot à mot au démotique, mais
y est remplacé par une périphrase bien connue : au-u p bol
p mit n suten au pef at « qui étaient en dehors du chemin
1. M. Brugsch ( Inscriptio Rosettana, 1ÎS51) a traduit ce commen-
cement : « Eccc etiam (?) milites qui fuerunt in domibus (Cil au
lieu de i®l) eorum, incedcrunt in regiones , [violantes] dicina templa. »
Cette traduction du Décret de Memphis, remarquable en son temps,
est aujourd’hui trop arriérée pour qu’il soit utile de la citer à chaque
pas et de la rectifier. Celles de M. Chabas et de M. Revillout, qui
peuvent être consultées avec fruit, demandent qu’on en rectifie les
•rreurs.
LE DÉCHET DE MEMPHIS
317
du roi et de son père », ce qu’on traduit facilement en langue
sacrée par :
AAMM
A/VWVN . . .
A/WVNA I • I
J
, /www <>
I I I
----- I A
« (et) qui étaient en dehors
O ^ III I A
des chemins de S. M. et de son père ».
Enfin, cette longue phrase se termine par :
TIU NA NTRU ARF AR SE/„I AM U N MeNNOFI
« donnèrent les dieux qu'il renversât eux à Memphis »
011 en hiér°eiypl‘es ■
On rejoint ainsi un fragment de Damanhour, qui, lui-
même, aboutit au fragment de la seconde (17e) ligne de la
pierre de Rosette :
Damanhour
U. Bouriant : x
o iw □ U'
« ... la fête du jour de la prise de la royauté des mains de son père; de plus...
1
s A
A ug. B aille t =f ^ x — 1
J _É^/wvw,Ô©0 I □
« ... à Memphis, en la fête, il reçut la royauté de son père en elle »
(en la fête dans laquelle il reçut de son père la royauté).
Rosette, texte démotique, 1. l(j : Mennofi, /.un p hib n p
S‘OP TA AAU HER R AR F RTOT PEF AT
« ii Memphis, dans la fête de la prise de l'autorité suprême qu’il
» ht de la main de son père ».
Rosette, texte grec, 1. 28 : Ka8’ ôv xatpov TOxpsYSVv(07] npoi; xo aovxe-
XsuSTjvai xà TïpoaVjXovxa vopiipia xq TrapaXç^et X7)ç paa-iXsîaç.
Si l’on compare ces testes, il me semble qu’on doit re-
connaître, dans la restitution faite par M. Bouriant, plu-
sieurs inexactitudes.
318
LE DÉCRET DE MEMPHIS
1°
correspond à comme à la ligne 18 où se ren-
contre à peu près la même phrase, et comme dans le démo-
tique ^ | . 2° Il faut traduire simplement
dans la J'ête et non dans lajête du jour, — poç -ïv/jooiv
-t(î TapxXr't^swç ~.7^ {üaaiXeîaç r(v racpiXaêev Txpà toù -rca-roo;; ocjtoü
(Rosette, 1. 7). 3° Avant ces mots, il faut ^ t~*~! ^
□
,com me
il n’y a aucun
dans le démotique1 2. 4° Entre et
intervalle. 5° Au contraire, il y a des signes effacés entre
et ^ (j(j, et l’on doit y restituer dans la
fêle (où) il reçut la royauté. 6° Il n’y a aucune trace de
, que du reste M. Bouriant ne propose que cou-
«VIII
jecturalement. 7° Au contraire, la construction de la phrase
dans la fête il reçut la royauté appelle nécessairement
vrlV |
l’adverbe où, dans laquelle , qui se rend par . i
— H /WWA I
rejeté à la fin de la phrase : or, le dessin de en lui , se
Q i
compte des traces ^ .
C’est donc sans hésitation que j’écris la restitution :
rapportant à qui est du genre masculin, rend bien
* x
'©O I □
Dans le texte démotique suit une petite phrase :
« U fit punir, eux selon l'usage »
qui semble une répétition inutile. En vertu de la similitude
des deux textes, on pourrait croire qu’elle doit figurer dans
1 . Voir p. 300, 303, conformité des deux textes.
2. P - des textes hiéroglyphiques.
A
LE DECHET DE MEMPHIS
319
l’hiéroglyphique; mais je ne sais comment la rapprocher
de .^Ln , qui se trouve en cet endroit de Damanhour.
i o i ^
Faut-il voir dans ces deux groupes un nouvel exemple des
inadvertances du graveur qui avait commencé trop tôt à
écrire la formule finale de la phrase qui va suivre? Cepen-
dant, elle allongerait trop le texte pour qu’il pût tenir dans
la lacune de Rosette, et elle est tellement inutile, que je
crois devoir m’en tenir au contenu du texte de Damanhour.
[§21. R., 1. 16-17; D., 1. 23.] — Après la mention du sup-
plice des chefs rebelles, les textes, parfaitement d’accord,
passent à la mention d’une remise d’impôts :
Dam., 1. 23
D
<=> I I
i l l l i i
III O
lire :
/L
O
l l I
iSso
/WW\A
/W/WW
n i
<=> i i i
<= i ©
« Les possessions de Sa Majesté étant dans les temples
JM
JM
O I I l
° i i i
i i i
©mi
/www I
444”!
44+1
o O
o O O
» jusqu'à
l’an IX,
qui faisaient quantité
d’argent et
objets.
/WWW
Ci
I I I
» S. M. les a abandonnées1 2. »
Je ne vois pas d’autre moyen de transcrire ■— S— ,~)i Ÿ etc.
-<27>- | /wvw\ U /\
que par — «— i Y 3 etc. ; la phrase ainsi rectifiée répond bien
WWWA I /\
à ovta d; atxou xe x ad àpyjpiou oùx oXîvov.
1. M. Boudant n'a pas essayé cette restitution. — -<s>- est le terme
usité pour marquer l’égalité. (Cf., à la première ligne, la traduction de
la date EavôtxoO TîxpiSi, AifJTi-t'iov 6k M ôy.xov/.atGïxàxir), et toutes
les pièces de comptes.)
2. Rosette, 1. 2 = 17, n'a que les deux derniers groupes.
3. ^ naît n’est pas à modifier.
320
LE DÉCHET DE MEMPHIS
On remarque que le texte grec dit : eu>« wj e-cou;, et
que le texte de Damanhour porte : f Bll, qui ne peut
r a | | | t I ©; i i i
être restitué que \ i i i, cest-à-dire l’an IX; cette fois,
cependant il n’y a pas faute du graveur, car le texte démo-
tique porte aussi le chiffre 9 (\^). Pour exprimer « jusqu’à
» la fin de la huitième année », les Grecs disaient I EU JÇ TO'J
oyoôù'j etouî, c’est-à-dire « jusqu’à la huitième année révolue »,
et les Égyptiens « jusqu’à la neuvième année non comprise ».
[§ 22. R., 1. 17; D., 1. 23-24.] — Une deuxième exemption
porte sur ce que les temples redevaient en étoffes :
R., 1. 17 :
« De même
étoffes de
CM <=
^5
byssus données
au
1 =
Palais
iii
n ni
» et dues par les temples
-e-
j\
U41
1 1 1 1 ii 1 1
5 I
le complément de pièces d'étoffe
/vww.
/www
I 1 I
qu'ils
» jusqu’à »
Damanhour vient heureusement compléter Rosette par :
c’est-à-dire :
îfe IJ
mm
O O
« jusqu’à ce temps ».
Cette phrase difficile a embarrassé les commentateurs
tant du grec que de l’égyptien1. Mon intention n’étant pas
d’éclaircir le texte du décret, je me bornerai à quelques
observations.
1. Voir le résumé des discussions dans Chabas. o/i. rit., p. 23.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
321
^ en
_ 0 1 ^WA^ ... et tra-
nsi-) de byssus » (p. 19). Brugscli’
Chabas change $
duit « portion1 d'étoile
avait la et traduit : pariter etiarn a vestibus e bysso datis t7,
domui regiœ a domibus veritatis. M. Picrret3 traduit "5
et s 1 $ par « étoffe ». Le texte démotique dit : « De même
» le prix (sun, corn) des byssus que redevaient les temples »;
et le grec : xi? x-.pà? xüv (Ljalvwv oOovûov. On ne peut choisir
qu’entre les significations « étoffe » ou « estimation », ou, en
parlant des étoffes, « métrage ».
I^1^, cf. Rosette, 1. 23. Jj mis pour ^ s’expliquerait par
la forme hiératique de mais il me paraît douteux que le
texte de Damanhour ait été écrit d’après un texte hiéra-
tique. Le démotique, selon son habitude, remplace ^ par
le synonyme 0 écrit p ta. Mais on ne pouvait restituer
dans le texte de Damanhour
©□
I ü'
Ce serait une ortho-
graphe qui ne concorderait pas avec celle qui est adoptée
dans la stèle. On eût écrit comme plus loin (Dam.,
on
proposé
1.25; Ros., 1. 18). Il faut choisir entre tçp© ou
par M. Bouriant.
La fin de la phrase, composée de trois mots techniques,
n’est pas moins difficile à interpréter.
AAAAAA
« et l’échan-
Chabas traduit4 : —
i s
AAAAAA
I I I
» tillonnement des pièces de leur fourniture4 ».
Le texte démotique permet de préciser tout d’abord le
sens de clu* a Paru embarrassant à Chabas : ce mot y
est rendu en effet par meh « remplir, compléter » ; c’est donc
«le complément, le reliquat ». M. Revillout, d’accord avec
1. Aucune racine n’a ce sens.
2. Inscriptio Roscttana.
3. Dictionnaire, p. 692, 715.
4. Voir, dans Chabas, Inscription de Rosette, p. 23, les diverses tra-
ductions proposées pour le grec.
5. « dies et constituta testes illis » (Brugsch).
21
Bibl. ÉGYPT., T. XV.
322
LE DÉCRET DE MEMPHIS
Chabas, traduit le mot suivant par « pièces d’étoffes ». Quant
au dernier <_> Xe^ô^evov, qui paraît à Chabas désigner
a la livraison, la fourniture d’étoffes effectuée », il est rendu
dans le démotique par sar (^f| ), que M. Revillout traduit
par « qu’on a écartées (ciop) », c’est-à-dire « qui n’ont pas
» été fournies jusqu’en l’an IX ».
[§ 23. D., 1. 24; R., 1. 17.] — Damanhour continue seul au
sujet d’une troisième exemption :
D., 1.24:1V1 2 f)c=-=
« Voici qu’il déchargea
..«••D O
III I lll
□J
l l l
/‘°D
I I I
les temples de la mesure de grains1
X (2
csUû
» exigée par sati de champ des dieux ; »
[§ 24. D., 1. 24-25; R., 1. 17-18.]
« De même pour le seti de leurs vins par champ de
» vignes2. »
1. Très bien restitué par M. Bouriant, sauf (j qu’il passe (cf.
Ros., 1. 9-10; Dam., 1. 16). Le démotique emploie p ad pour f , s'cti
X -fl o 'bilqqa O
pour ' et ah p ntr-hotep pour
^ b.» -d
2. Restitution de M. Bouriant.
:?m-
LE DÉCRET DE MEMPHIS
323
[§ 25. R., 1. 18; D., 1. 25-26.] — Dans la phrase suivante,
nous retrouvons, au moins en partie, l’accord des deux
textes :
Ros., 1. 18 :
Doiut, 1. 25
P
'WWVA
i®.~]
I I I
des choses
nombreuses
» (et) Mnévis et les animaux sacrés tous,
pour Apis
O
O
(les) honorant
» plus que
AA/WVS
I I I
il
© □
i i i
n’avaient fait les anciens. »
Et le texte de Rosette continue :
« Son cœur alla vers léur service en tout temps. 11 donna toute chose
» dont ils avaient besoin pour ensevelir (A'esau) leurs corps, beaucoup, bcau-
» coup. Il a pris à sa charge leur entretien dans les temples. . . »
Damanliour, dont le texte correspondant est criblé de
fautes, nous donne la suite :
« ... en panégyries grandes, plaçant des autels répandant
» des libations auparavant. »
Ici encore je change O I en <£?\ « auparavant », qui est tra-
duit dans le démotique par
>, et je rejette
« en leur honneur » de M. Bouriant. Damanliour porte
P 0 11 r /VVVNAA , qui est le commencement d’une autre phrase.
AA/VWV
I I I
324
LE DÉCRET DE MEMPHIS
Celle-ci n’est pas complète après <çn; le démotique ajoute :
« et le reste des choses qui d’obligation à faire elles », et le
grec : -/.ai wv aXXwv tôjv vo(xi[tofi£vü)v], ce qui est plus d’une fois
traduit par -J-
i©
(2
Cf.
® î
¥V4ï8
AA/WVA
I I I
yc ^ ' —U. s r — L ■ l I « I
; etc. « les rites prescrits pour leurs personnes
» comme (ceux que) l’on fait pour les dieux, etc.’ »; —
©
¥!
i i i
©
« pour faire toutes
choses prescrites de faire pour le service des dieux ».
[§ 26. R., 1. 18-19; D., 1. 26.] — La rédaction grecque re-
prend en disant : Ta te x!p.ia xwv tepwv, /.ai iT^ AlylitTou S'aTex^pTj/.EV
iin yoîioaç àxoXo'jOwç xoTç vôp.oiç.
Cette phrase manque tout entière dans Rosette comme
dans Damanhour. Le démotique la rend par « les honneurs
» qui d’obligation pour les temples et les autres honneurs
» d’Égypte, il fit établir eux dans leur ordre selon le droit, »
suivant la traduction de M. Revillout.
Le décret de Canope nous fournit les équivalents du mot
« les honneurs ». A la ligne 5, « prodiguer les honneurs
» aux dieux » est fl fl fl et à la ligne 27 on
lit encore : <^<Ë> fl â (< ^aire
» des honneurs éternels à la reine ». La rédaction démo-
tique se sert ici du même mot sous la forme
et
, J^!
si-poli, zi-nt-poh. Il est aussi employé au
A .
texte démotique de Rosette :
i i i
1. Canope, 1. 33, stut n ar. — Rosette, 1. 26, p 27, ■<&>- . —
o V III
Canope, 1. 26; cf. 1. 37, etc.
2. Rosette, 1. 22.
3. Rosette, 1. 11 = Damanhour, 1. 17-18.
4. L’initiale de ce mot est l’origine de la particule xm, qui forme
en copte les noms abstraits. Ils sont nombreux au Rituel démotique de
Pamont. [Voir infra , p. 364, et supra, p. 52-56.]
5. Quant à <. x , qui veut dire «force, puissance», comme on le
LE DÉCHET DE MEMPIIIS
325
Les textes anciens n’emploient pas ce mot, mais
® . Je n’en veux citer que quelques
— « Je suis l’esclave honneur de mon maître, »
— J’ai delà cité le Livre d’ honorer Osiris
et surtout
exemples : -
yV /WV\AA |
©
j ^J. C’est ce qu’on appelle aussi
« l'honneur de la
» première fois », c’est-à-dire celui qui a été rendu pour la
première fois àOsiris ’ = ^ ! cf . I| jl, _ fj
^ dans l’ Arnduat , passim. — Ce mot s’ap-
©
plicjue aux choses : |fl Q
13
» aus ». —
©
i i
« Er rechnete meinen Namen
n i
i «
©
A/WW\
I I I
« Faisant des embellisse-
« Ils
1 n
AA/vXAA
» ment s à son temple5 ». — ,
L I I I Tl III I WMA
» célèbrent la fête de ce dieu ». — On le retrouve plusieurs
fois dans le décret de Rosette7. — Cette expression remonte
©f)fl _ fl flk n -y
à l’époque des Pyramides.
o
A/VWVA
AAAAAA —/JT
« Ce puissant accomplit le rite pour son fils’
<§
traduit ordinairement, il signifie aussi «gloire,
avons pour garantie les bilingues, qui traduisent
XoSoSio;. Ta Tigia (1. 23), Ta TtjjutoTaTa (1. 35) et rà
honneur » ; nous en
fl
r V „ par u.sya-
i i i uid 1 1 1
ijj.ia (1. 36) sont tous
trois rendus en démotique fl i ^ et correspondent, aux trois cn-
4J- l iii
droits, à des lacunes du texte hiéroglyphique. Mais les équivalents hié-
roglyphiques sont bien connus.
1. Statue de Bakenkhons [Devéria, Bill, ègi/pt., IV, p. 279].
2. Pierret, Études èggptologiqucs, II, p. 6.
3. Louvre, A 66.
4. Sarcophage de Pnobemisit; von Bergmann.
5. Statue de Bakenkhons [/oc. cit., p. 287].
6. Dcnknmlev, III, 63.
7. Cf. Damanhour, 1. 18; Rosette, 1. 18= Damauhour, 1. 25.
8. Pgramide de Pèpi P1, 1. 66.
356
LE DÉCRET DE MEMPHIS
! y « D’après ce rite qu’a ordonné pour toi
AAAA/A k —H. \
» Anubis’ ».
Si cela ne donnait lieu à une répétition peu probable, on
pourrait dire ^ j P b P mm* <?Povt‘î=wv ®V7)*<>vtwv
£:; aùxa (1. 31-32).
AtaTcT/'pr/.Ev i-r'. /"jpa; peut se rendre, comme dans le démo-
tique, par I i • , ou, comme à la fin de la ligne 10, par in.
L’expression à-/.oXo'j0u>; xoT; v-ipo ^ « conformément aux lois »
est dans le démotique « hi pej' ki rma p hap, dans leur
» forme selon le droit ». Le « droit » ou la « loi » se dit
ro
□ Ji i i i
A/VWVN
U
dans
&
2ll;
ra t
□
« édicter des lois1 2 3 4 »,
i i
« affermir les lois ' »,
» 1rs lois5 6 7 8 ». Mais je n’ai pas rencontré
^vv\ m □
ra □
■j=?=î=> « accomplir
ra □
es \\
I I I
I I I
ou
n
*=^3 AAA/Wv 0 |“j-J
7\ A/VWSA \r\
a W □
i i i
ou mieux
comme
/W\A/V\ CS
w
ou V
□
AWWv CS
W
:. Il est d’autres expressions qui reviennent dans
les textes fort souvent et qui pourraient convenir ici. Il ne
serait pas impossible que l-\ /-ôp a; ait été rendu
' — " — , — i
comme « les rites demeurés en vigueur »
à YAmduat \ Enfin, il en est une autre expression bien
connue, qui rendrait encore la même idée à l’égyptienne;
1. Pyramide de Pèpi P’, 1. 73; cf. 1. 71, etc.
2. Rosette, 1. 18 = Damanliour, 1. 25.
3. Louvre, C 1.
4. Titre royal, Dcnhmaler, III, 71, etc.
5. Turin, statue, aptid Maspero, Recueil, i383, p. 133; et Decret
d’IIorcrnheb, 1. 17, etc.
6. Amduat , 5e heure.
7. Ibid., 3e heure.
8. Ibid., 9° heure, Pierret, p. 119.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
327
© i i i ©
on dit, par exemple :
« Le défunt est honoré sur terre dans le compte du droit'. »
Mais, comme dans le texte démotique du décret de Canope
(2° considérant) V\ 5
est traduit i-\ xXéov, il n’est pas sûr
qu’il puisse être employé dans le sens de « légalement,
» légitimement5 ».
Pour traduire xal xü>v à XXwv vop.iÇopévwv (1. 32) àxoXojOwç xoïç
vôaoiî (1. 33), il est plus simple de retrouver ces expressions
autre part dans les bilingues et de voir ce qui y correspond
dans l’égyptien.
Or, xaî -à iXXa vo,a^ô,asvx (1. 40 et 48) est traduit en démo-
tique par p sep ta nt n hap ar u « le reste des choses qui de
» droit de faire elles », et dans le texte hiéroglyphique par
-jP1 2 ^ (1- 26) « et toutes choses (qu’il est)
» établi de faire ». Les deux textes égyptiens traduisent de
même (Rosette, 1. 27) xx>. xxXXx xxG-^xovxa (1. 50). Il faudrait
répéter deux fois de suite la même expression, si le décret
de Canope ne nous fournissait une expression équivalente.
Là , [XEXX OE XXÙXX 7EOOÇ XTJV IxOïWJlV XJX?i Ç vô[i.lp.X. . . îïlStt naiu lit hap
n ar u « après ces choses que droit de faire elles ...»
est encore traduit par <
. =>^m<L26>-
Oll lit : xxOx-eo xx'. s—', xu Ateei xx'. Mve'jei e!ff0tff[i.evov e ox'.v Y'.veaOxq
2f\ A/VNAAA
0 SED (1- 27).
d A/sAAAA
Je restituerais donc : 1° en traduisant « les honneurs » par
l’expression du texte démotique de Rosette et du décret clc
Canope :
II
J
q
tu I I i
m
d ©
AAAAAA
I I I
M/v/sAA
^2>-
1. Amduat, p. 105, 106, 107.
2. Rosette, 1. 19. Cette expression est employée à la fois dans le
texte hiéroglyphique et dans le démotique, sans être traduite dans le
grec.
328
LE DÉCRET DE MEMPHIS
2° Ou, en prenant pour « honneur » un mot plus usité
dans la langue sacrée et variant l’expression' :
/?) ©
au
DJ i i i
/wwv\
I I I
AAAAAA
[§ 27. R., 1. 19-20; D., 1. 26.] — Deux mots correspondant
au demotique i « il donna or », soit
(cf. 1. 12 et 14), rempliront la lacune jusqu’au texte conservé
sur la pierre de Rosette :
© aaa/wv rw
_A O O OJ
« Il dépensa or, argent, objets en nature, grands, et toutes choses
/WVWA
rrr-i i i i
□J
n
o
w
of etC-
» selon leur nombre, pour le temple de la résidence d’Apis vivant.
Rosette s’arrête après l’énumération des temples, naos
et autels, fondés par le roi.
Le grec continue par : è^wv Oecù eÙEpYE'tixoô èv xoïs àvr]xo[uatv eî;
xo] 35 0îlov otavocav TrpoaTruv0avôfi£vô<; te xà xtov teptuv xipuiôxaxx, àvEVEOùxo
£7x1 T?;? sxjxoù paa-tlsiocç, àç xaO^xsi. ’AvO’ ùv oeStüxaatv, etc. Ceci re-
joint le fragment de la 20e ligne.
La première phrase nous est donnée par la ligne 6 (Da-
manhour, 1. 11) :
P
UJkîVîl”***
1. Le rédacteur égyptien s’est montré plus d’une fois, sous ce rap-
port, plus élégant que le grec : ainsi iD.r.Oo: où* ô).tyov (lignes 2!) et 34)
est traduit une première fois par
_ _ ,, .n
par
o
O
■©
Itosette.
^ (Dam., 1. 23), et, plus loin,
Awvv' (ltosette, 1. 11)).
□a ) i i
LE DÉCRET DE MEMPIIIS
329
puis : itpoairuvOavofjLsvo?, etc., par la ligne 11 (Dam., 1. 17) :
/wvw\ , Ç | tSn
AAAAAA il I A ' £_T
« il fut à songer
a
-<2>-
P PI'
nnn'
beaucoup à faire toutes choses des temples » ;
et la fin par divers passages :
„o
¥1
« fi nouveau' en son temps5 comme il convient5 défaire».
Soit qu’il y ait erreur de déchiffrement, soit que le gra-
veur de la pierre de Rosette ait mis pour je regarde
ce signe comme traduisant le pronom de àvO’ «üv Seo-ixa nv
aùxw ol Oiot. Il n’est question en aucune manière de reine ou
ciaci
de déesse, et ol Oiot. est traduit plus loin par r p p ; il faut
donc restituer nécessairement :
û o
Seo'jjzaTtv aùxt» 4 àvO’ wv [ÈTcoîrja'av] ol 0éo t, etc. 5
A/WWV
I 1 I
Avec ces souhaits finit, au milieu de la ligne, le préambule.
1 . Rosette, 1. 19.
2. Rosette, 1. 7; Damanhour, 1. 13. On dit aussi
ra
i i i
3. Rosette, 1. 26 et 27 ; cf . Canope, 1. 26, 33, 37, etc. On pourrait répéter
I f? de Rosette, 1. 9.
4. Il est nécessaire de modifier la traduction de Chabas : « En ré-
» compense de cela, ont donné à lui les dieux et déesses, etc. », p. 35.
5. On reconnaît le premier mot dans le fragment de Damanhour, qui
vient à l’endroit même où nous nous étions arrêtés :
- 0 / <=> X -<2>- *
(1- 2ü)-
Mais il est impossible d’en faire concorder les autres signes avec le
texte donné ici par la pierre de Rosette.
330
LE DÉCRET DE MEMPHIS
[Dispositif. Rosette, 1. 20-29; Damanhour, 1. 26-30.]
Ici commence le dispositif, annoncé sur tons les décrets
par la formule :
51
AEAt)!!! TVXII1
XJ A
o
« 11 est venu au cœur des prêtres des temples de l'Égypte
A/VW'A (Ici finit cette ligne.]
» en leur totalité. »
Le texte grec dit : Tà ôxcxpy ovxx [xtprx Tïàvxa] 37 xqp a!ujvo6!(u [3x3:-
Àîl UxoXepia'to Oï'p E-;cpxvîI E ù^xp'CTxip r^x— T]|Lvtp 'j-q toù <I>0x, ôptottoç
os v.-j\ xx ~â)v y ovfwv xùxoô 0îwv d> iXo— xxlpiov, /.ai xx xüv — poyôvwv Oeîijv
EôspY exd)v xai xx] l8xü)v Oewv ’AosXcpwv, xxî xà xwv 0ïwv SioxiQpiov, zt.t’j-
L'.v
Dans le texte de Rosette (1. 21) :
tlfl
AVWVA
I I 1
et des dieux Sôters
nous reconnaissons la fin de ce paragraphe : xx? xà xîôv Oeîôv
Xojxr'owv.
Tout ce qui précède n’est que titres, et il semble qu’il
était facile de restituer le texte hiéroglyphique. C’était
cependant plus difficile qu’il ne paraît à première vue, et
Chabas, malgré son habileté et sa connaissance de la langue,
s’est complètement fourvoyé dans l’interprétation du petit
fragment que je viens de transcrire. Occupons-nous en
tout d’abord, parce qu’il sera la clef de la restitution à pro-
poser.
La restitution des titres du roi n’offre pas de difficulté;
celle du passage qui concerne ses ancêtres en présente
LE DÉCHET DE MEMPHIS
331
davantage. M. Brugsch' en traduisit tout d’abord la fin :
+ tlfl V 41 =
« et iluorum soient m (jeiutoruni iwv / talrum coruin ».
M. Chabas8 dit au contraire : « Les premiers traducteurs
» ont cru que exprime l'idée père du père, aïeul, mais
» c’est une erreur; l’addition \f<^> {J établis, institués
» à eux, ne permet pas d’y voir autre chose qu’une cérô-
» monie, une institution, » et il en fait l’équivalent de ~i
Û-L/ÛV-ÜX TtJJL’a.
M. Brugsch, dans le supplément de son dictionnaire8, main-
tient au mot {J la signification d 'ancêtres, Erseuger;
il le compare à peq-xno, f/enerator ; il en donne les variantes
il'l et le dérivé j| Statue fines Vorfahren,
ocler des Erreur/ ers.
Je pense que M. Brugsch a raison. Ce mot est très rare.
Le texte de Rosette est le seul où il se présente sous la
forme |J. Il faut donc l’étudier par ce texte même.
Le démotique, qui suit la construction grecque, porte au
commencement de la phrase :
Vf
i iii
/WWv\
« Les honneurs
T à Tt.uîx irirux
qui appartiennent
ovxa
fl letc-
\ d AAAAAA J\
au roi Ptolémée, etc.
tw aîwvoêéo JjxtiXîT, y..~.Ù .
AMAM WAM
\\
» et ceux qui appartiennent
Ôjjlouüç 2k x ai -ci
T
A Vf
aux dieux
Oswv
Philopators
'lUÀOTTaT'JSÜU/
1 . Inscriptio Rosettana.
2. Inscription de Rosette, p. 41.
3. Page 1384.
332
LE DÉCRET DE MEMPHIS
ivre-
)) qui font être lui, et
tu>v vovswv aÙTOu, x a:
/WWW
û w
ceux des
HT
\ A
)) qui ont fait être ceux qui ont fait être lui, et
Tü)V Trpovoviov, xat
/WW/W
'WW'A C3C3cq | [ll|m‘ll‘| j
= \lll! S~ï!
dieux Évergètes
Oewv E'jepYETtLv
ceux des
Ta
>imiH t raiT ë ! h
» dieux Adelphes ceux qui ont fait être ceux qui ont fait être eux, et
tw v Oswv ’AoeÀcpwv, xx'.
/?os., Idérogl., 1. 6 :
w A fl caïqcq
PV
I© □
fait être eux et
déni.
/WVW\ /WWW
w
I
I I 1 1 ci w ra
kl - loi
» ceux de les dieux qui sauvent qui sont pères
(]1‘. xà TW v 0ewv Swt^pwv
hiérogl. “Fj'fl
» des dieux Sôters ancêtres
/VMM -H — ri
démet. ^“lol’
» de leurs pères. »
hiérogl. ^
AWM
I I I
» des avant formé eux. »
Je dis que la transcription et la traduction de M. Chabas
sont également fautives. En effet, il lit le premier groupe
/WWW M
de la stèle de Rosette : © □ n /opr sn; et il traduit :
c — -> Ml
« Les honneurs religieux qui existaient déjà. »
Malheureusement, la copie de M. Chabas elle-même ne
LE DÉCRET DE MEMPHIS
333
A/WWV _ — » ^ Qj
porte pas © □, mais © □. Or, s'il est vrai que (ordi-
nairement écrit ^ ou J) devenir, se former, peut avoir
au sens passif la signification de être devenu, exister, être,
qui conviendrait à uuâp^ovia, il n’en est pas de même de
© □, forme causative ou impulsive du verbe, lui donnant
la signification d e faire devenir, faire exister, tout à fait
synonyme du démotique ^ . On ne peut donc traduire
autrement que ayant fait exister eux, qui, dans le grec,
correspond à upoYÔvwv. Il ne s’agit donc pas des hommes
religieux qui existaient déjà.
Le reste de la traduction n’est pas mieux réussi. Pour
pût signifier les honneurs établis
I I I
que
à eux, il faudrait qu’il y eût |c/ ^7’ que
la préposition n se trouvât après tut et non avant. Laissons
donc à znf la signification d 'ancêtre, Erzeuger, genitor, et
donnons à tut celle de creator, c’est-à-dire père, qu’il a
incontestablement.
Personne n’a encore réuni les exemples de ce sens de
^ , d’ailleurs bien connu. En voici quelques-uns :
^ ^ ° « Nondum fecerat esse deos
P _
^ s 111
» Ptahtonen deus 1 2 ». — Oî
(-] AA/WNA /WVsAA -O ^ V7 l' 'SH A 1 tül I O
“ 'vN J _ J) etc. « O roi bon, vaillant à donner
A/VWNA
/\WW\
AA/VAAA
. ^ ü
» l'existence, etc.’ », disent les chefs qui viennent saluer le
roi Tout-ânkh-Amon. — IÜ P ^ Q P ^ ^
« Né de la déesse Pakht, qui a reçu l’existence de la déesse
» Ouer-Hekaou3. » — Il prend le sens dérivé à! élever un
1. Inscription de Sabaka, 1. 9; Goodwin, Mélanges èggptologiques
III, p. 269.
2. Denkmàler, III, 117.
3. De Rougé, Inscriptions hiéroglyphiques, pl. 149, 5.
334
LE DÉCRET DE MEMPHIS
enfant’, un chien’, un édifice1 2 3 4, de produire ou faire pousser
des végétaux. — Substantivement, il s’emploie comme dans
^ 'SjX ^ « créateur des corps' ». —
Le sens de créateur , père, que je donne à 1, est égale-
ment justifié par l’usage de toutes les époques :
notre texte :
AAAflAA
/WWW
n i « faisant honorer le
u I 1 1
» nom de celui qui l’a procréé par les gens de sa maison5 ».
Le grec, en spécifiant les degrés de parenté, emploie les
mots twv y°Liüv a,}xo3 et twv Tpoyôvwv après les deux premiers
degrés, et n’ajoute rien aux noms des ascendants qui sui-
vent. Le démotique, au contraire, indique quatre fois la
parenté. Le fragment conservé dans la stèle de Rosette
prouve que le texte hiéroglyphique faisait de même, puisque
nous la trouvons indiquée aux troisième et quatrième degrés.
Le démotique avait deux expressions différentes pour le
troisième degré (au rti yoper na rti ; yoper sen ) et pour le
quatrième degré (atu uasen atu) ; de même, le texte hiéro-
glyphique de Rosette variait l’expression au troisième
(%'i <=>PVi) au clua^®me degré
Enfin, par et des dieux Sôters, on voit que le
texte hiéroglyphique ne répétait pas, comme le démotique,
à a et ceux de.
A/WW\ /WWW
Ce mot ~^|Jj, pour dire les ancêtres, ne se rencontre
pas dans les inscriptions antérieures, parce que les rois n’y
1. Papyrus Anastasi V , X, 5. — Papyrus d’Orbiney, 4, 1.
2. Conte du prince prédestiné, 4, 1. 7.
3. Chant d’Amibàhkeni, p. 2, 1. 5.
4. Lefébure, Mythe d'Osiris, p. 236.
5. Tombeau de Siout : De Rougé, Inscriptions hiéroglyphiques,
pl. 292.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
335
parlent jamais que de leurs pères et de leurs aïeux mâles.
(j hJ§L père de ses pères.
On se sert de l’expression ^
Mais, quand les Ptolémées associèrent leurs femmes à tous
leurs honneurs, il fallut trouver un terme qui comprit les
ancêtres mâles et femelles, c’est ainsi qu’apparut le mot
. Quant au déterminatif, il n’a rien ici d’extraordi-
naire, puisqu’il s’agit d’ancêtres défunts et divinisés.
Mais ces conclusions, auxquelles jetais arrivé avant
d’avoir étudié les décrets de Philæ, se trouvent pleinement
confirmées par ces textes. Je vais mettre parallèlement ces
trois textes et celui de Canope :
! Rosette :
1 Philæ, P* décret, 1. 8 :
[ Philæ, 2e décret : . . .
WM
IRos ., 1. 20 :
Ph., îet d. :
Ph., 2e d. :
Tanis, 1. 11 :
Ros. :
Ph., P r d. :
Ph., 2e d. :
Tanis, 1. 12 :
<s>-
/WW\A
1 . Mauvaise lecture pour
336
LE DÉCRET DE MEMPHIS
On voit que, dans ces textes, les mots grecs wv npo-pvwv
sont traduits par les verbes -<2=- « faire »,
ou
V, « engendrer » et âçs* « enfanter »
et
« creer »,
-SI
Ces mots varient de place, parce qu’à aucun d’eux ne
justifie
s’attachait en égyptien une idée de degré dans la filiation.
L’orthographe du 1er décret de Philæ |1 ° <
complètement ma lecture © □ dans Rosette, au lieu de © □
lu par Chabas.
On remarquera aussi la double orthographe ^ | ! (Ro-
sette et 1er décret de Philæ) et (2e décret de
Philæ), que M. Brugsch a également relevée dans d’autres
textes.
Rien donc ne sera plus probable que la restitution sui-
vante du texte de Rosette :
L-P”
/WMA
I I I II
-8_fl f
\\ I I I A A
a Ft
© □
PV:
-MflàîiV-Sîrr
Revenons maintenant au reste de la phrase. En dehors
des titres, reste : xi uixap^ovxa x[tpua 7iâvxa] xÜ> aluvoêûp (3a?iXsï
IlxoXepiaîw, fjYaTCïjptevtp û— ô xo'j fI»0â, ôsài ’ETncpaveï Eù^apîtJxip ... ÈTtauÊEiv
jxSYdtXcoç.
On rétablit aisément les titres royaux :
Pour xà ÛTtàp^ovxa x'ji.!a xuxvxa .... Ètox'j£eiv [xeyilux;, la traduc-
tion en est donnée par le décret de Canope : « Salut et
» force! Mettent dans leur cœur les prêtres de l’Egypte
» (] (1 ^ °i d’augmenter l’effusion d’hon-
I JT I I I I AAAAAA I
» neurs nombreux pour le roi, etc. »
LE DECHET DE MEMPHIS
337
[Article premier. R., 1. 21-22; D., 1. 26.] — Au para-
graphe suivant, il s’agit d’élever une statue du roi :
llToXejJiaio'j xoù ÈTcafjt'jvavxoç xf| Al^ jttxoj,
ce qui se complète par :
(S£M11)
O ®
i_n
c ©
Le grec ajoute : f, Trapxxxr'ffsxa'. ô xupuixaxo; Oeô? xoü ispoù, otoo'jç
ôltXov vixrjxixôv à ïjxai xxxsaxsuxapdp/a xxxà xôv Arp— tIwv] iozp6r: ov.
Ce que le texte démotique traduit :
« ...une image du dieu des hommes (de ce lieu) donnant à lui le khoperh
» de victoire dans le temple, temple chaque, le lieu qui apparent du
» temple; (lesdites images) sculptées selon la façon d'hommes d’Égypte2. »
Rien dans Damanhour. Heureusement la même prescrip-
tion se trouvait aux décrets d’Alexandrie, et nous allons
en retrouver les traces sur les murs de Philæ. On y lit après
une longue lacune :
0 =
1
AAA/VXA
1. Chabas restitue ce groupe victorieux. Cela ne serait l’équi-
K=b,0^: . , . v— -a 0 ®
ni de £7îa(i‘JvavTo; -ri) AIyuhtm. Eo mot x est
valent ni de .
I OC©
connu sous l'orthographe
©
v/j AîyÛuti
AMAAA
©
X
etc., protéger,
AAMM Q
I
AAAAAA
© 0 /WvWi
défendre, protection (Picrret, Vocabulaire , p. 278);
/WWVX /WWW ^0 L±A , , )( ( ± £
© *2 « lia lui accorde une protection puissante » (de liougé,
Inscr. hiêrogl., pl. 144, 1. 49);
» du roi » ( Ibid ., pl. 143, 1. 38), etc.
2. Revillout, Chrestomathie ègr/pticnne, I, p. 41-42.
Biol, égypt., t. xv.
ante » (
J « la protection
338
LE DÉCRET DE MEMPHIS
que je restitue de la manière suivante :
<2>-
Le premier membre de la phrase est encore incomplet,
je restituerais :
i j
n
«... 1 image du dieu de ce lieu. »
O
Je répète deux fois comme le démotique répète
deux fois J. Le démotique dit « le dieu des hommes »,
c’est-à-dire le dieu des habitants de la ville dans le temple
de laquelle sera élevée la stèle; mais sur le mur de Philæ
les traces Jj ( du mot Jj ^ sont incontestables. L’épithète
y.'jpi'jj-aTo? a disparu. On a donc :
« Qu’ils fassent établir l image du roi, etc., et l'image du dieu local,
© □
r~vm
A O
/www ^
» donnant à lui le khopevk de victoire (le tout) sculpté comme
■©
;\\i
» (le prescrit) le décret rendu par les prêtres. »
On voit bien que la même prescription existait dans
l'autre décret d’Alexandrie; mais les lacunes sont si grandes
que je ne puis rien restituer. Je n’y lis que :
« qu’on (élève une statue, etc.) » ; et plus loin : q n
1 ' ' © i Lun /www
« (sanctuaire?) de cette divine demeure » ; plus loin encore :
i.
| AA/WW .
LE DECRET DE MEMI'IliS
33'.)
Il faut remarquer que iv -.c> en démotique
pma nt un/i, a disparu du texte hiéroglyphique. Il est rem-
placé, à la fin d’un des décrets d’Alexandrie, par | jj;
« dans la grande salle ».
[Article II. R., 1. 22; D., 1. 26.] — Après le premier
article du décret prescrivant l’érection sà/ià) d’une image
du roi recevant le / c/iopech des mains du dieu local (c’est
précisément le tableau mis en tête de la stèle de Damanhour),
le second organise le culte du roi :
ka'. U-rT- OzZZ~iJZ'.'/ "à; c’.xovaî to'; T?g YijjLSoaî1 y. a'. TraoaTiOévai
av-xTî ’.îs'jv y.ôj’x ov /. a: vo;ju^Ô;jl£V2 œ'jv'î^îTv, y.aO à toïç xXXoï;
OeT; iv [txï; iop-rxiî /.a -2] u wp,' jpvjsav.
La traduction s’en retrouve au fragment de la 22° ligne
de Rosette :
?n © §> czzx
M 'f
O ift, „3- fï □
O
□ ©
I I I
« . . . tout temple ii son nom servir ces images par trois lois
ra
E\
O
» par jour, » etc.
La même prescription est édictée au décret d’Alexandrie,
(lui fournit quelques mots au commencement de la phrase :
« Les prêtres du sanctuaire de tous les temples à son nom
» serviront les images. . . »
310
Lli DÉCHET DE MEMPHIS
11 semble bien qu’il soit fait mention d'une classe spéciale
de prêtres, mais elle reste obscure; et, malheureusement,
l’autre decret n’est pas plus clair :
Le texte démotique emploie le mot
T© (â
commençait l’ar-
O es
ticle, comme cela arrive en tête de l’article Ier (1. 21) et
d’autres articles (1. 22, 23, 24, 26, 28). En effet, cette locu-
tion a pour correspondant en démotique ^), qui se trouve
précisément en cet endroit; voilà pourquoi j’en fais l’ar-
ticle II du décret.
11 devait donc y avoir ici à peu près :
T
ee
10
i
i i
■Cl
tLin i i
etc.
La suite se lit facilement sur la pierre de Rosette5.
Je ferai seulement remarquer qu’on n’a point encore
signalé l’équivalent de PPP Ispôv xoapôv : c’est le mot antique
qui paraît répondre au mot ustensiles, en général.
A Edfou, à côté d’armes de diverses espèces ||\Q>
O
5
1 . Et nom
2. | L’expression
» pour le double qui est en elles » mériterait de retenir l’attention.
,W'AA* « les cérémonies établies
l i i
D’abord
U
n’est pas, comme dit Cliabas (p. 49), un simple « sup-
» port du pronom personnel auquel est attaché un délerminatif d’hon-
» neur » ; il désigne l’esprit vivant qui anime l’image matérielle, statue
ou relief, et que les spiritualistes adorent seul en elle : l’exemple pré
sent est typique. Ensuite le lapieide abuse du signe LU (voir p. 329
et 344) : ici, après le mot masculin
U
il est manifestement incor-
LE DÉCHET DE MEMPIIIS
34 1
sc trouve la légende :
» (guerre)’ ».
i /i « ustensiles d’action
Les
J 1
sont placés dans un magasin
.2» .
parle des ustensiles sacrés
»!. Un papyrus
\ Il est
fait mention des
Ji A ©III
du moule de Sokaris'. I)esc^>Jj^Çj
en argent sont offerts au temple d’Lléphantinc Un fonc-
tionnaire munit les scribes des *= nécessaires à leur
profession1 2 3 4 5 6 7. Un anmoutef offre TOTO, que la légende
« debeli de pains blancs' ». Lutin, avec
nomme
_..'ü ou , de Rongé le traduit par grains, M. Brugsch
‘ O O O
par blé, et M. Lefébure par récoltes.
[Article III. R., 1. 22-23; D., 1. 26.] — 'ioomLcrOx'. Zï
ILoXyuaiip, Oî(u ’E— i'javîï lvj^ac br'to, 1C1 îy jjow.Xiw; llvoXîuxio'j /.y.
PaaiXîaoTjî Apffivô-rçç, Oewv 'l’tXo— a~ôpwv, £ôavov t: v.y.\ vxôv ypjyjTâ iv
EXXOTtp tcovI isptov .
I I I
Dans le démotique :
« Qu'ils fassent paraître (SI la statue divine (P^^lîiî = 1 j yj] ) du roi
» Ptolémée, etc., ainsi que le naos d’or (ta ga nub) dans le temple, chaque
» temple. »
J’ai fait remarquer que, même au cas où la stèle de Daman-
hour ne nous aurait pas fourni,- de la ligne 17 à la ligne 18,
la longueur des lignes de Rosette, le contenu du passage
auquel nous sommes arrivés nous l’eût donnée, parce qu’il a
conservé le commencement et la fin de la phrase, et que le
1 . Brugsch .
2. Inscription de Stabel-Antar : Recueil de Travaux, 18S5, p. 20.
3. Papyrus de Bologne : Chabas, Mélanges èguptologiques, IN', p. 15.
4. Loret, Fêtes d'Osiris en choia/c, § 55.
5. Louvre, A 90.
6. Statue naophore du Vatican, § 7.
7. Mariette, Abr/dos, p. 17.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
342
milieu se compose de titres immuables1. J’ai dit aussi que
je la traduirais tout autrement que mes prédécesseurs.
Voici leurs traductions et la mienne :
« ... per statu tu tn (ut) filins gubernator zo\j regis Ptolemæi. » (Brugseli.)
« ... ayant été la naissance auguste du roi Ptolémée. » (Chabas.)
« ... que la naissance glorieuse du roi Ptolémée. . . » (Revillout.)
« . . . au jour en son nom où il est né. Que soit honoré le roi... » (Bouriant.)
« Qu’on sculpte en l'honneur du roi Ptolémée... » (A. Baillet.)
M. Brugsch pense donc qu’Épiphane est désigné sous le
titre de « fils gouverneur du roi Ptolémée, » son père.
Chabas croit que le texte égyptien, comme celui du dé-
cret de Canope, rappelle la naissance du roi2.
M. Bouriant coupe la phrase en deux et fait rapporter
MSS à la précédente.
1° La traduction de M. Brugsch, même en l’améliorant,
en voyant dans une épithète de ^fj JUius augustus,
aurait le grave tort de changer l’ordonnance donnée par
le texte grec, qui parle de « Ptolémée, fils de Ptolémée et
» de Bérénice, dieux Philopators », et non « du fils auguste
AA (O (3
» de Ptolémée et de Bérénice » ; ne signifie pas per
I CS CS
statut um.
2° Chabas se trompe encore plus gravement. Il n’a pas
T (O (3
, employé, selon lui, pour amener
CS CS
la phrase incidente explicative : comme a été (le jour de
naissance, etc.). D’ailleurs, Chabas ne fait pas attention que
cette mention ferait ici double emploi avec ce qui est dit à
T(c) (c) . , . . ,
, comme je l’ai déjà dit, est l’équivalent
CS CS
du démotique ^), et annonce chacune des prescriptions du
1. Voir ci-dessus, p. 260.
2, Inscription de Rosette, p. 52.
LE DÉCRET DE ^lEMPIIIS
w
AWA\
^ W
Bs
w
343
i
annoncent chaque
grec ne fait
décret, comme
« considérant ».
Chabas lui-même fait remarquer que
aucune allusion à la naissance du roi, et il croit à l’intro-
duction d’une formule banale de flatterie à l’adresse d’Kpi-
phane*.
3° M. Revillout n’a amélioré en rien la traduction de
Chabas. Sa petite phrase ne répond à rien, ni dans le grec,
ni dans le démotique.
4° M. Bouriant, pour arriver à sa traduction, déplace
(2©
T
Le mot
ne peut signifier ni jïlius, ni naissance.
Il faut en chercher la signification dans les textes grec et
démotique.
Le grec dit lop'jaxaOai [Baj'.XsT IlToAeuaùp te y. a' vxôv ;
le démotique : « Qu’ils fassent paraître la statue divine
nw
du roi Ptolémée. . . ainsi que le naos. . . »: c’est-à-
dire que le démotique sépare deux mentions (la statue et
le naos) que le grec réunit. Or, nous savons combien sont
étroitement calqués le texte hiéroglyphique et le démotique;
a priori on pourrait donc soutenir que le texte hiérogly-
phique a dû séparer aussi les deux mentions, et penser que
cache la mention soit de la statue ( so/c/n ), soit du naos
©
{'jet); et, comme il n’v a pas lieu de penser que le traduc-
teur ait dérangé l’ordre des deux objets, on doit croire que
1. Rosette, 1. 5 = Damanhour, 1. 9; ef. Philæ, 1. 4.
2. Décret de Cnnope, 1. 4, 13, 16, 25, 30, 32.
3. Ibid., 1. 18; — Rosette, 1. 24, 25.
4. L’Inscription de Rosette, p. 53. Chabas venait de dire (p. 51) ;
« Or, il y a tout d’abord lieu de remarquer qu’on ue peut supposer
» dans le décret en langue égyptienne des prescriptions que le décret
» grec n’aurait pas édictées. On doit donc tenir pour certain, etc. »
341
LE DÉCRET DE MEMPHIS
Le texte des décrets d'Alexandrie, malheureusement, ne
nous vient pas en aide. On y lit après une longue lacune :
Ce texte, encore plus embarrassant que celui de Rosette,
nous assure seulement que l’emploi de „ est exact. Il
semble cependant qu’il soit question d’une statue J)
du roi, puis de celle de la reine Cléopâtre.
Le déterminatif que nous avons vu, plus haut1, mis
pour ^j, paraît fautif ici encore après quelle qu’en
soit la signification. M. Brugsch y avait vu Je me ha-
sarde à croire qu’il devrait y avoir \^j, mis, selon certaine
écriture ptolémaïque, pour \\ , et de 3?
je ferais : « Qu’on sculpte la statue du roi », rejetant à la
ligne suivante la mention du naos (S du démotique).
Mais ici je me heurte à une difficulté inattendue. La phrase
i
A
W
Z3CCDJ3+1-
trop courte pour remplir la lacune de Rosette. De sorte que
me voici bien tenté de croire qu 'après les cartouches, comme
dans le grec, venait la mention de la statue ou du naos
c‘ue
pas « sculpter en l’honneur c
dont il faudra chercher le sens, qui très probablement ne
s’écartera pas beaucoup de celui-là.
©
A — a
AA/WW
u roi », est une expression
s’il ne signifie
1. [P. 329. Cf. p. 340, n. 2.]
LE DÉCRET DE MEMPIIIS
345
Fin tout cas, il ne faudra pas couper la phrase après
T(p (p
est né-
cessairement le premier mot d’un nouvel article du dis-
positif.
[Article IV. R., 1. 23; D., 1. 2G-27.] — La rédaction de
cet article diffère un peu de celle des autres. Il commence
par une phrase incidente :
1
ra
o
npi etc.
« S'il y a un jour do panégyries, » etc.,
T (S (3
ne vient qu après.
O Q
C’est au milieu de ce paragraphe que reprend le texte de
Damanhour, et il se prolonge un peu plus loin que celui de
Rosette :
Ros. :
@ <g a
Dam. :
« . . . qu’on fasse apparaître
le naos
auguste
... ΆV
s;00£j£'.v
y. a' tov vaov
V 1
1
du dieu
to’j Oîo'j
J\
Épiphane
Kt.'.o'x-io'j-
» Euchariste, avec eux. »
E'jyapîffToi».
Ces deux articles III et IV prescrivent de tailler un naos
du roi et de le faire figurer dans les fêtes; l’article suivant
va dire ce qu’il faut observer pour que ce naos ne soit pas
confondu avec tous les autres naos.
346
LE DÉCRET DE MEMPHIS
[Articles V et VI. R., 1. 23-24; D., 1. 27 et 26.] — Le
texte le plus complet, avec le grec, est le démotique; ils
doivent nous servir de guides pour la restitution.
•A
ç!
« Pour faire être qu’ils (on) reconnaissent
"O-wç o’
» jusqu'à le
•/.oc' ï’.; TGV
f
n
» d’or dix
c J TT, u oc ï,
AAAAAA
reste du temps ensuite,
ypovov à— c'.Ta,
1 ro
oi
aujourd’hui
VÜV Te
A PI
qu’ils placent basilics
s~cxêÎ50a>. pocTiXsîa;
le naos
^ I
1
AAAAAA
du roi,
_û
J)
St
y y. jtôc; or/.a toô pacrcXîtoç,
VWW\A /WW\A
a wra □
» comme ce qui est de loi
f/.xO/.TrêO — CGT /*/.£'
<rr>
l i i
étant une uræus sur elles à chacune,
-0GT/.ECTET3C'. TTTci C «Te (P/.OCTTr,),
AAAAAA
d'or
AAAAAA ,
r\ AAAAAA O
sr !
P = î
de faire; étant les
basilics
U ®
cüa cü) SC\X,
a1k-
AAAAAA SSs
^ «
AAAAAA
K
sMSti
AAAAAA
^ \\
» en tête
du naos
au lieu
des
uræus
qui
'Z Ci va (T),
OCVT'.] *'
TtOV
* "S > ~ A *>.
aoTTioosiotov iaaiAst
;5>v rî
ÎAA
1 V\^»
îi
» en tête
du reste des naos.
Que le pschent, »
etc.
B-î
t5>v
àXXcov vacov.
>/r » * i ' _
tarai o V) uyîvr.
Voyons maintenant les fragments qui subsistent dans les
autres monuments. Sur Rosette on lit encore (fin de la 1. 231 :
« Pour faire connaître ce naos aujourd'hui... »
LE DÉCRET DR MEMPIIES 347
et au commencement de la ligne 24 :
' "M,
.... j Ç/
—7 Q i®
1 1
ü
/W\AAA
3ès
C2> ex
»
AA/VWX !
S®
1
«... basilie sur
ce
naos, au lieu
des
u r cens
qui sont en
tôte
11
des naos.
Que soit
le pschent, » etc.
Ainsi, Rosette a perdu tout le milieu du libellé de cette
prescription.
Il faut remarquer aussi que, pour décrire tout ce qui a
rapport aux couronnes placées sur le naos, le texte emploie
T (3 S
, mais
CX Ci
dans lesquelles il ne faut voir que les paragraphes d’un
même article.
Ajoutons qu’on ne saurait admettre la restitution
ni la traduction « pour toute couronne » adoptée
par M. Revillout. Il s’est laissé induire en erreur par le
graveur de la pierre de Rosette qui, en effet, a séparé la
couronne de la corbeille; mais les traductions grecque et
démotique, ainsi que les textes de Damanliour et de Philæ,
montrent bien qu’il faut rapprocher les deux signes et
traduire « couronnes », en faisant dépendre ce mot d’un
verbe que nous allons voir apparaître.
Damanliour (1. 27), tout d’abord, s’accorde avec les autres
textes, tout en étant fort incorrect :
D. :
n o
o a
« Pour faire connaître
ce naos
ra o
□ o
aujourd'hui
348
LE DÉCRET DE MEMPHIS
Slfff
- tofff
» jusqu'aux périodes infinies d'années, qu'on fasse »
Ici le graveur s’est fourvoyé; mais, dans son commence-
ment, le texte est d’accord avec les autres monuments, et
de plus il nous donne la traduction de d? tôv s-e-.tx ypv/ov :
<^><3 cd fff (< l30ur ^es P®ri°des d’années1 2 ».
Sur le monument de Philæ, le texte n’est pas moins
maltraité; mais cependant il va nous fournir de précieuses
indications :
« Pour faire distinguer ce naos aujourd'hui, (qu'on mette) dix
A 0
I
» qu'on fasse établir
’St
ü
[ces] couronnes en tête de ce naos, » etc.
Ainsi, le texte de Philæ vient nous fournir le verbe qui
manque avant le premier mot de la 24e ligne de Ro-
sette. Mais, ce qui n’est pas moins précieux, c’est de cons-
tater que la môme phrase se trouvait dans Damanhour (et
par conséquent dans Rosette ; seulement elle est déplacée.
Le graveur l’a mise à la ligne précédente, où on lit :
1. Les signes de la pierre de Damanhour, un peu différents de ceux
[Ijg ou] que j’emploie ici, sont les équivalents de
2. La répétition du mot « naos » a amené la confusion et l’erreur du
graveur.
LE DÉCRET DE MEMPHIS 3 19
Il devient donc possible de restituer comme il suit la
lacune de lîosette (1. 23-24 :
<âïï A ^ | n j $ | 0 (1
r~\ / l\ \ / I )\^=^ — MAAM C_É> V) MJ \ /VWVNA I O I
« ... qu'on place basilics dix de S.M. étant une uræus sur elles, comme
» il est établi de faire ; qu'on
a pi:
fasse disposer
Q
I
une basilic en
f®
I
tête
» de ce naos, » etc.
Arrêtons-nous pour justifier quelques mots de mes resti-
tutions.
Damanhour commence par (g (a comme le texte démo-
tique, puis se perd dans une phrase qui ne correspond plus
à rien. J’ai adopté ce commencement.
Le démotique dit « couronnes d’or dix », j’ai mis seule-
ment « couronnes dix », parce que Rosette, qui recommence
aussitôt après, met seulement $ .
Le démotique nomme deux fois l’uræus <=> (j(j àrài ;
c’est le vrai nom de l’uræus; mais j’ai dû préférer le nom
mythique qui lui est donné dans la fin de la phrase.
Porson avait rempli la lacune par [y. aO-Lusp -ml stA iraawv]
•ïcTjv âî-ioo ïtowv panAsiwv, et Lctronue avait fidopté' cette
restitution. Elle ne tient pas compte cependant de la men-
tion du démotique « comme ce qui est de loi de faire cela ».
Par analogie avec d’autres passages*, je propose de resti-
tuer : /.xOsKisp lîpoff-rjxei à ru!, qui a le même nombre de lettres ;
1. Letronne, Inscriptions de l'Éçji/ptc, I, 310. La restitution de Le-
normant est toute de fantaisie.
2. Lignes 11, 15, 26, 27.
350
LE DÉCHET DE MEMPHIS
et je traduis par
comme aux passages cor-
respondants de l’égyptien.
T P a o dans Damanhour, 0
dans Philæ, prouvent que le texte hiéroglyphique faisait
deux paragraphes où le démotique n’en avait qu’un.
Le contraire arrive quand il s’agit du pschent.
Cette restitution, une fois effectuée, a parfaitement rempli
la lacune de Rosette 1 .
[Article VII. R., 1. 24-25; D., 1. 27.] — Après le § 2 de
l’article VI relatif au pschent, qui se trouve à la fois dans
Rosette et dans Philæ, vient l’article VII, mais incomplet.
Heureusement, Philæ servira encore à le restituer :
1
i
Ros. :
(3 (2 d
Ci Ci 0
« Qu'on place
E-'.QsLm oî /.xi
à l'endroit supérieur
Phil.
/\WvVt
(le
1 /tapi
TO'J TîTOaYOVOÜ
A/WWV
les décors
VX? pXJ'.ÀcLX^
II
É I
au milieu de ccsrhent
xx tx —o Sx'é.îiov
1. C'est, du reste, ainsi que j’ai partout procédé : restituer le texte
hiéroglyphique d’après le grec et le démotique, puis vérifier si la res-
titution convient à l’espace enlevé de la pierre. J’ai presque toujours
réussi du premier coup.
Lire
sT 1
fi. ^ 'j 'j ^ sur la pierre de ltosette. (Voir p. 251 et 255.)
LE DECRET DE MEMPHIS
351
%e,t
» un ua; et un /icr, et qu'on place un vautour sur une corbeille
li os.
Déni.
P/iil.
» étant un qenui sur lui, sur la partie droite du coin5 en tête du naos ;
il r
lit
•e
» tin lotus sous elle, sur son côté droit en tête de ce naos;
Déni. : » qu'on place une urteus étant un nuit sous elle, sur un ut,
| $ ^
I I
P/iil. : SI .
mÆfcé.
Dam. :
lire :
» une uræus également sur une corbeille, un papyrus sous elle,
l'y
y % i
a *
1. [La répétition d’ci uræus d pour «vautour» (cf. Revillout, Chrest.
démot., p. 48 et 192) est un lapsus évident du démotique.]
des textes monumentaux), ^
a
n
n
www d'Wf . Le grec remplace toute la description qui va suivre
par 5'j),a-/.Tr,?ia xpu[-râ Si/.a, cd; îYYpaçOr^Exat ô]xt ècttL toO ^ao-ddto;.
3. Les mots <^> étaient omis sur la pierre de Rosette.
LC DECRET DE MEMPIIIS
<§> |
» sur
» à
$
i
§
i
$
i
✓-» — ^
son côté
la partie
r a B
0 ci I
d
D^J]
A
û^—B
.A.
T
gauche ;
fauche :
<<=9
nO (â
ce qui signifie : roi*
16 'j-.'. Èaxiv xoü (3a<nXé(oç
p ï
.A.
T
PÎM
J
V
352
/?os. :
Déni. :
Phil. :
Dam . :
lire :
f Ros. :
h
Dam. :
Ainsi se rejoignent les lignes 24 et 25.
L’Article VIII [R., 1. 25-26; D., 1. 27-29] institue une
fête en l’honneur du couronnement du roi. Il est tout entier
sur la pierre de Rosette et sur celle de Damanliour (sauf
une lacune au commencement de la 28e ligne). Le texte de
Damanliour donne quelques variantes.
Le mot rites, lu (j ^ | sur la pierre de Rosette, est écrit
® jj sur Damanliour; mais, comme il est écrit
à la ligne précédente, et que le copte a aussi un k,
(j ^ f] paraît une orthographe fautive, à moins qu’il ne faille
I (£ JJ r\ o X) f] -<2>- X)
plutôt voir dans (j J la prunelle au lieu de l’œil : (j ^ jj,
» qui a illuminé la Haute-Égypte et la Basse-Égypte. »
xoü S'îïtœavïj mur(aavx o; x/'v xe àvu> / lüpav 7. al xr,v y.àxio.
1 . Lire : —La ^ B ■
2. Le texte démotique traduit simplement par souten, roi, comme le
grec par fJauiXétoç.
3. Faute de lecture probablement.
LE DÉCHET DE MEMPIIIS
301)
suivant une orthographe connue que le démotique emploie
aussi.
Damanhour donne la bonne orthographe (j|l(j au lieu
de (j(j|l . Les autres variantes sont évidemment fautives.
Cet article commence par un long exposé de motifs :
B
C3a
etc.
\\ A/VWXA O '
« Attendu que le 30 inésori est le jour de naissance du dieu bon, vivant
» éternellement; qu’il fut établi en fête d'exode dans les temples aupara-
» vaut; que de même, le 17 mékhir, on célèbre les rites de sa royale exode,
» dans laquelle il reçut la royauté de son père (et ce fut le principe de
» toutes choses prospères pour tous les hommes ) — le jour de naissance du
» dieu bon cirant éternellement, de même le jour de la prise de possession
i) de son autorité bienfaisante, — afin qu’on célèbre ces jours le 17 et le 30
» de chaque mois par une fête dans les temples de l’Égypte en leur totalité »;
après lequel vient le dispositif :
« Qu'on place les autels, qu’on répande des libations, » etc.
Les mots ci-dessus en italique se trouvent dans le texte
démotique, et ont, au contraire, été emportés dans la cassure
de la pierre de Rosette; mais il en reste des traces sur la
stèle de Damanhour.
Nos. :
Dam .
lire :
Dém.
(omis)
i i i
® □
i i t
i i i
AA/WVX
mm®.
« et ce fut principe de toutes choses prospères pour tous
oc. 6r( E'.d'.v apyïjYO'.
TA HAT
•nroÀXùr;
àyocGti
NA ZU NOFRU AU S OP N RET NIB
1. C’est le contraire de l’idée exprimée plus haut, ligne 14 (Dam.,
1. 20). « Ce qui fut principe de beaucoup de désastres. » Canopc dit de
m ême.
23
Bujl. KGYPT., T. XV.
354
LE DÉCRET DE MEMPHIS
Entre la fin de la 10e ligne [de la pierre, 25e de la restitu-
tion] et le commencement de la 11e [26e], la lacune est
encore plus courte. Voici ce qui reste du texte sur les deux
stèles :
ai OTj apy TjYoI àyaQiov ~ oXXcov itàaiv sîcuv, âyei v, etc.
En combinant ces trois textes, en y comparant celui de
la ligne 10 de Damanhour, je pensai tout d’abord qu’il ne
pouvait y avoir aucun doute sur la restitution suivante :
■£S
1>
lll
AAAAAA
T
Mais elle devait nous donner une troisième fois la lon-
gueur de la lacune de la 25° à la 26e ligne. Or, ici, une dif-
LE DECHET DE MEMPHIS
355
ficultô m’arrêta : le texte restitué comme ci-dessus parait
bien traduire complètement le grec; cependant, 1 égyptien
ne fait que la moitié environ de l’espace vide.
J’avais déjà vérifié, au moyen des caractères typogra-
phiques, ma restitution de la 22° ligne et du commence-
ment de la 23e ligne qui m’avaient paru à première vue
présenter les meilleures conditions d’une restitution exacte,
à cause de leur contenu ; puis, le commencement des trois
dernières lignes, à cause de la brièveté des lacunes; et
l’épreuve avait réussi. Quel ne fut pas mon étonnement de
voir qu’aux lignes 10-11 [1. 25-20], la traduction du grec ne
remplissait que la moitié environ de l’espace. Heureuse-
ment, une nouvelle lecture du démotique vint me donner
la clef du problème.
Après avoir dit longuement, comme le grec :
« Attendu que, en raésori, jour 30e, que ils célèbrent le jour de naissance
» du roi en lui, fut établie une panégyrie et fête à exode dans les temples
» primitivement; (que) de même manière, (en) mékliir’, jour 17e, qu'ils font
» k lui les rites de la prise de la puissance suprême, principe des biens qui
» furent à tout homme, ...»
le texte démotique, résumant ce qui précède, reprend :
« — la naissance du roi toujours vivant, la prise de la puissance suprême,
» il fit faire ces jours, 17e jour et 30e jour, (en) panégyrie, en tout mois, dans
» tous les temples d’Égypte. »
De même, le texte hiéroglyphique disait :
« Attendu que, le "0 mésori, jour de naissance du dieu bon, vivant éter-
» nellement, a été établi en panégyrie et exode dans les temples primitive-
» ment; (que) de même, le 17 mékliir, on célèbre pour lui les rites de l'exode
» royale quand il reçut la royauté de son père1 2, ce qui fut pour tous le
» principe de toutes sortes d’avantages, ...»
1. Le « en » que M. Revillout place ici paraît fautif. Il n’est pas
dans le démotique, ou bien il faut faire de « le 30 mésori » le sujet de
la phrase.
2. Cf. Daman hour, 1. 8.
LE DÉCHET DE MEMPHIS
356
Mais, se résumant comme le démotique, il devait con-
tinuer :
« — [ce jour du la naissance du roi et de la] prise de son autorité bien-
» faisante, qu’on célèbre ces jours, 17e et 30e, chaque mois, par une pané-
» gyrie dans tous les temples de l’Égypte. »
Ou plutôt la répétition était nécessaire, parce que la pre-
mière partie de cette longue phrase est un considérant, et
que la seconde partie est le dispositif; et, dès lors, la mention
des deux jours de fêtes devait être faite deux fois. Le tra-
ducteur grec a eu tort de ne pas en faire la double men-
tion, comme les textes égyptiens. La rédaction démotique
marque mal le dispositif par -<g>- « il fit faire », mais
la rédaction hiéroglyphique prend la formule impérative :
(j ^ (' clue so^ent fait8 ces jours en panégyrie ».
Il y a donc lieu de modifier ce que j’ai dit plus haut, et
de remplir la lacune par :
O IRJiH k
« ... et que certes ils furent le principe de toutes sortes d’avantages pour
» tous : ce jour de la naissance du dieu bon, vivant éternellement, ainsi
» que le jour où il reçut son autorité bienfaisante, — que soient célébrés
» ces jours 17 et 30 comme fêtes dans tous les temples. »
;Ti>HV
La restitution
If.
conviendrait pour remplir
la longueur de la lacune; mais, à cause du principe de la
similitude orthographique des deux textes de Rosette et de
Damanhour, je crains qu’elle ne soit pas bonne. Damanhour
donne
/7\v\L
JLA:
ce qui serait trop court : Rosette
“ 9
7
ne devait donc pas écrire (I certes
remplirait mieux la place : mais ce n’est pas dans le démo-
tique, et d ailleurs V paraîtrait mal placé. Je pense que, pour
combler le vide, il nous suffira de placer après
LE DÉCRET DF. MEMPHIS 357
la traduction du mot -ït -.v. Ce mot est traduit do plusieurs
manières dans l’inscription : y ,wv'A' (lignes fil], 19, 20),
_h_ 1 êrrro i i i ' L J
^ ® (^/ois) et 20),
(j^ ^7^ 0- ~6) ; mais il faut remarquer qu’âpres 'O'
on ajoute toujours ri AA/W'A (1. 6, 8, 2 fois), ainsi qu'après
® ^ , a i i i
(1. 20). J’adopterai donc ces trois mots.
□
i i
après
Le dispositif de cet article Mil est complet dans Rosette,
à un mot près : mais il suffit d’ajouter le pronom
I 1 £2»
i 1 « leurs temples ».
iii 1
La dernière phrase des hiéroglyphes :
IM-lo
A/WAA
e Ql I I
Ml e ^
« Tout ce qu’on fait dans ces panégyries, que tout homme le fasse
n
q i — -
/WVNAA
iL
Ln n i i J
» dans son temple, »
correspond au grec :
Taç T£ y ivofLvx; — po(H[ffî'.s otoôvai io~.^ Ispsü
toTç ispoeç,
et au démotique :
rot.; Trajpsy o(jl£\
jjLîvo'.r sv
NA NT AU-U AR-U
AAAAAA AAAAAA
TOS‘ U
AAAAAA AAAAAA r\ i n
k-
SJ
I l i <2 ! nn ill1?
III NA
AAAAAA
(( Les choses qu on fait en offrandes, qu'on les assigne pour les
S‘ES NASEN ARPIU
ROMU NT
q j AAAAAA
i
AAAAAA H—
'H AAAAAA
» hommes qui desservent leurs
n i
^ i
□ JJ i i
temples. »
Les trois textes se corroborent entre eux, et les rédac-
358
LE DÉCRET DE MEMPHIS
lions égyptiennes sont suivies de près par la restitution du
grec faite par Porson.
Le texte de Rosette passe la première lettre de la locution
, qu’aucun des traducteurs n’a comprise. M. Brugscli
traduit : aJiud omne factum in panegyribus fat esse
homineni omnem facere ilia in templo. M. Chabas (p. 70)
ne traduit pas du tout le p. M. Bouriant (p. 13) le supprime
du texte et réunit (j ^ | e^c- à la phrase précédente,
ce qui produit une répétition impossible à admettre. La
véritable coupure est celle que j’ai indiquée, confirmée par
le texte démotique. Après c=^=i etc., mis ainsi au commen-
cement de la phrase, la particule (j |1 devient nécessaire pour
introduire le sujet ( Ici, comme en bien des cas, elle
joue un rôle analogue à la particule so en allemand.
L’Article IX [R., 1. 26-27; D., 1. 29] commence dans la
lacune. Après les mots TCxpEyopÉvoi; lv xoi? LpoT;, le grec intro-
duit un nouveau dispositif que M. Bouriant n’a pas reconnu :
. . . ayeiv oè èopvr]v -/.a'. xxavrîyuptv [xü ajîiovoêûp xa'. Tj-fsc^T) pivot ùtxo to'3
‘I>0à nxoXepafip, Gsw ’ETXKjtavel, etc.,
ce que le démotique exprime par :
0^ j ^TTz>- r— | r— ] /WWVX ^ c — — > ^ ^ j— j
Cl “ j “<S>- q . tq
l'A <1 ! 1 ^ S1
□
I
l l
Or, la ligne 27 de Rosette recommence par
'qcriD
□
J\
etc. ;
1. Lo fac-similé de Lepsius, Auswahl, pl. 18, omet le signe
LE DECHET DE MEMPHIS
359
la ligne 29 de Damanhour, que nous avons laissée (p. 354)
au milieu du mot (j initial d’une phrase qu’elle ne donne
pas, reprend par : et tout
ce qui suit dans le texte de Rosette. Nous sommes donc
bien assurés que la lacune dans Rosette est fort courte, et
qu’il n’y manque que la traduction des mots àyî-.v o* $0p ■/.%'
-itavr^uptv. Or, cette expression se répète maintes fois dans le
corps de l’inscription, où elle est traduite tant en hiéro-
glyphes qu’en démotique.
En écrivant, suivant la svntaxe de notre document :
Te<5W®
Q 3 A
a 1
A <5 5
T w u LT, (|
1 QO 1 1 1
n
1 1 1 1 1 $2) 1
y\
Wi etc-
1 . M. Bouriant passe (p. 13) les mots
a M
Y.L
ex e»
2. Cf. le commencement de tous les dispositifs, qui se fait par
w (£. (â
, suivi de la racine verbale nue.
I ex ei
3. Cf. le texte démotique, loco ,
S
et / mssim ; cf.
Rosette
, 1. 25;
£> ra O Q ,
B , 1. 28, et , 1. 22.
I l l i i i
4. Les mots correspondants manquent dans le texte grec; ils ont été
emportés par la cassure de la pierre, mais tout le monde les a restitués :
Osai ’Ejuçaveï, EüyaptVrfp, y.a-’ è'n[auTÔv, èv ~o\; icpoï; y. ara TYjv] ’°yd)pav. Pour
l'cgyptic, cf. Rosette, 1.23, j fC ; 1. 2t>, J, ,
L 27’ ^ ü ^ P T i. 29,
[ m( mi ii nnn I n ©
“ ^ ’ ; 1. 20, M Q Q 41 f ; et Damanhour,
( ni O I © & /» »
>■ 8- * ÿ ■ '■ "• *■ H-
nnn i i i
LD ; 1. 29, au lieu de
on a pu employer
i i l
/WWNA (des lignes 19 et 20 de Rosette), qui a la même signification.
m i i i
360
LE DÉCRET DE MEMPHIS
on est certain d'avoir rétabli exactement le texte de Ro-
sette1.
L’Article X [R., 1. 27; D., »] n’est pas marqué par
dans le texte hiéroglyphique :
T
O
ff/lrl? ï
« Les prêtres des sanctuaires dans
n i
tous les temples
§ US
CZZDi ÜtD
à son nom
e
AA/VW\ 0^0
III
» qu’ils soient appelés... »
Le démotique dit avec la même inversion, mais avec la
formule m tu : n uabu nt n na arpiu Ivam, arpi nib,
m tu XE-N-U UABU, etc.
Pour la première fois nous trouvons complète, à deux
lettres près2, la ligne de Rosette sur le côté droit (à gauche
du spectateur). Nous n’avons à restituer que le commence-
ment de la ligne 28. La 27e finit par :
« Que les prêtres des sanctuaires des temples, à son nom, soient appelés
» prêtres du dieu Épiphane Euchariste , en outre des titres de prêtres
» qu’ils portent (déjà). Qu'ils l’écrivent... »
[Articles XI et XII. R., 1. 27-28; D., ».] — Plus
nous approchons de la fin, plus les lacunes sont courtes. Il
ne manque rien à la fin des lignes 12, 13, 14 [27-29] ; nous
n’avons à chercher que les quelques mots du commencement
des lignes 13 et 14 [28-29].
La ligne 12 [27] se termine par : ^
1. Sauf ce que je viens de dire dans la note précédente.
2. Deux corrections au texte de Rosette sont ici nécessaires :
1”
j, titres , est pour
; 2"
doit être écrit
complète en
comme à la ligne 26; 3“
écrire.
l—û
«4/
, qui finit la ligne, se
LE DECRET DE MEMPHIS
3G1
et la suivante commence par :
Cela correspond à xai xaxa^wpîja'. ssç xxâvxa; xoô; y
y. al elç xoùî 8[ax.xuXtooç, ooç cpopoôa-tv, x/'v] ispaxsi'av aùxoô (1. 51-52).
Il paraît que Champollion n’avait pu déchiffrer cet endroit
du texte de Rosette, puisque la traduction par lui remise à
Letronne1 n’a pas permis à celui-ci de restituer dans le
grec des mots qui se trouvent et dans le texte démotique et
dans le texte hiéroglyphique.
M. Bouriant n’a pas mieux réussi en mettant (p. 13) :
A/VWVX <5 _>
I l l 4-=4
qui est tout à fait incorrect et passe une phrase du grec.
Ici encore le démotique va nous servir à la fois de guide
et de preuve. On y lit :
1. Cf. Letronne, Inscriptions , p. 251. Letronne met xai £î? xc«C;
â[X),ouç ty)v] ispa-£'xv. Kosegarten, De prisai Æç/ppt. lilt., p. 65,
écrit xal eîç xo-j; X. . . . La similitude du A, du A et de l’A a conduit à ces
conjectures erronées.
362
LE DÉCRET DE MEMPHIS
« Qu'on l'écrive1 sur tous les formulaires5.
» Qu'ils inscrivent le titre3 de «prêtre du dieu Épiphane Euchariste» sur
» l'anneau qu'ils portent sur eux. »
Passons maintenant au texte hiéroglyphique, qui va de-
venir absolument clair.
Le premier dispositif ne commence pas par la formule
T
ordinaire
, adopté par M. Bouriant, ne
signifie rien. Mais, en se reportant à la ligne 26 de Rosette,
nous trouvons, pour répondre au grec a-p-v tL r.pépa; totl-a;
'3%** r*™'’ 1,1
/ 1 \, qui est de 1 égyptien très correct, et nous prouve
que le graveur de Rosette a commis en cet endroit deux
inadvertances, l’omission de et la substitution de
comme à la ligne 26.
b Lisons donc
Le p qui suit est, d’après la restitution de M. Bouriant,
tout à fait inutile; il est cependant indispensable pour écrire
S!, et que ce-
le mot p , dont il reste sur la pierre
pendant M. Bouriant (p. 13), comme M. Chabas (p. 79),
suppose perdu dans la cassure.
Il faudrait ensuite trouver la traduction égyptienne de
^pTjp.aTKTjJLO’JÇ.
Le mot ypr, jaaTiajaôç a été interprété arrêté par Letronne
(p. 251), et il se trouve avec cette acception dans les lexi-
ques*.
M. Revillout a traduit par dépôt le mot Lj[j[j /WWW ^
1. Le titre de «prêtres du dieu Épiphane» dont parle le dispositif
précédent.
2 . Cf. le protocole même du texte de Damanhour et le grec de Rosette,
où cette prescription est appliquée. (Cf. l’article VIII.)
3. (| fonction, titre; d’ou autorité (cf. Damanhour, 1. 10, et
ma restitution de la ligne); mal traduit puissance par M. Revillout
(p. 55) : on n’écrit pas une puissance sur un anneau.
4. Alexandre, Dict., c° /pïjjAaieTjAdç, arrêt, décision.
LF, DECRET DE MEMPHIS
303
37 « qu’ils l’écrivent dans le dépôt de toute parole ».
Cela ne suffît pas, il s’agit d’examiner ce qu’il faut entendre
par ce « dépôt de toute parole ».
Le mot
, suivant moi, prend dans les hiéroglyphes
plusieurs formes se rapportant à la racine
"1 r AAAAAA I
t n ZRA,
« n’est
fermer; exemple : *
AA/WXA <111 * I 1 -L /WWV\ I
» fermé aucun chemin à lui’ ». D où le mot ^
« Gemauer, ummauerte Banni » et plus généralement
« Haus, Wohnung , Tempelsgebaude » :
n
« das Haus des Horus des Siegers ans Erden* ». De
I \>© . G
là vient le sens prison, comme dans la phrase suivante :
f A n ^ / ^ 1)0^ <( ’^C me ^ens (mc v°ici) dans ta
» prison3. » Avec une autre orthographe, le papyrus Sal-
lier II, 3, 9, donne encore un sens plus rapproché du copte
, titre
-n-
■xôAo. M. Maspero a traduit ( v;
de Douaouf-sa-kharad, par « l’employé à l’aire ». Cf. ■xupe,
area. Ce peut être tout aussi bien « le préposé au dépôt ’ »,
ïiitïn,Ao, dépôt 3 . Tout cela confirme le sens de dépôt donné
M
par M. Revillout.
1. Variante du Todtcnbucli, clvi, citée par M. Maspero, Papyrus
du Loucre, p. 9; cf. sAe sepes; cf. Todtenbuch, cxlvi, 10e porte, et
cxlv, 1. 38.
2. Dümichen, Zeitschrift, 1871, p. 31 ; cl. Zeitschrift, 1870, p. 15, etc.
3. Todtenbuch, cxlix, 15; ou : dans ton emprisonnement, c’est-à-dire
emprisonné par toi.
4. La grange où l'on dépose la dime royale (?).
5. Je passe diverses acceptions voisines, (| ^ A A « cons-
» truire » ( Todtb ., clii, titre et 1. 3; Shûi n sinsinu, 2, 11, etc.);
B
muraille » et
B
O « massif limitrophe des sépul-
» tures » (Pap. Abbott). Je n’ai pas en main le Papyrus magique du
British Muséum, cité par M. Birch, Reçue archéologique, VIII, p. 431,
où se trouve un mot garu ou tabu avec <=’“3 pour déterminatif.
364
LE DÉCRET DE MEMPIIIS
On pourrait croire qu’il s’agit d ’ archives. Mais que serait-
ce que « inscrire le titre de prêtres du dieu Épiphane dans
» les archives », ou même « dans les archives des paroles (?) »?
Je pense que telle n’est pas la véritable nuance de sens du
mot. La terminaison w;j.ôç entraîne une idée d’abstraction qui
se trouve dans le mot démotique formé avec LJ (j[ J
et dans le mot copte formé avec xm’. Dépôt dans e sens
d 'archives eût été plutôt /pTj^aTu-r'piov ou /yr^j.-. osAix-ov.
Selon moi, xpïipxuqjuL et « le dépôt de paroles toutes » ne
peuvent vouloir dire ici que formulaire. Aux prêtres
chargés en Egypte des fonctions de notaires, il était pres-
crit d’inscrire le nouveau titre dans leurs formulaires.
Dans le libellé des actes publics qu’ils dresseront, ils de-
vront ajouter dorénavant, à la mention des autres sacer-
doces, celle du sacerdoce de Ptolémée Épiphane.
Nous pourrions donc écrire dans la lacune, selon l’ortho-
graphe hiéroglyphique :
<1
Cependant, d’après le parti pris du rédacteur démotique de
remplacer les termes du texte hiéroglyphique par d’autres,
il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’il y eût ici une autre
expression. Or, parmi les honneurs rendus à la princesse
Bérénice, tille d’Évergète, le décret de Canope prescrit
« qu’il soit chanté à sa double plume par des chœurs de
» chanteurs, hommes et femmes, une fois par jour, et aux
» panégyries et exodes des dieux par des hymnes rédigées
» par les hiérogrammates, qui les remettront aux chefs d’en-
1. Voir, ci-dessus, p. 52-56 et 324.
2. Après ^ , le verbe est à l’infinitif (Rosette, 1. 21, 22, 23, 24,
26 et 28) ; mais après 011 Ine*' Participe fl. 26). D’ail-
leurs ici le mot est au passif.
LE DÉCHET DE MEMPHIS
365
» seignement des chanteurs, et qui les écriront également
formulaires de la demeure
» sur les
r~vr~i
» de vie’. » On pourrait donc mettre aussi dans Rosette :
'(2 Q CE
(T
T
Le mot
C3ED
□
peut fort bien prendre cette signification.
ce livre (ou ce formulaire) désigne le Livre de
ce qui est dans l’hémisphère inférieur \ On a traduit
F (2 <=>
» du roi
1 A/WWX
laire ? Copie se dit
□ 5
par : « Fut faite cette copie au temps
mu-
o
^ ni
». Ne serait-ce pas plutôt ce traité, c cformu-
/WWV\ ( ^ 1
Autre exemple :
© (2 ^ ** ^ >
<=> «... comme au livre (re-
Qi
T
» cueil, catalogue, traité, formulaire), intitulé : Fondation
» des localités par le premier cycle des dieux * ». — Au
Lxvi e des florts, <=~^\ désigne le recueil des Hymnes
au ^soleil 5 et aussi les^chapitres formant un
J 7 i i i ^17 7 (< Autre recueil ajouté au Pei^m-
» hrou6 ».
Je ne suis pas éloigné de voir dans les
s=L<2 C 7Z),
Il l rx/f" c-n
ou
*> Fs notaires chargés de rédiger les actes pu-
1. « (Et) il en sera écrit copie dans les archives de la maison de
» vie. » (Traduction de M. Pierret.)
2. Ta s‘d ama Dnat, 1, apud Pierret, Études , 1, p. 104.
3. Papyrus géométrique Rhind : Zeitschrift, 1808, p. 109.
4. Traité de Ramsès II et du roi des Ivhétas.
5. Todtenhuch , xv, 47, 48.
6. Todtenhuch, clxiii, titre.
7. Rosette, 1. 4; Philæ, 2" décret, 1. 13.
8. San, 1. 34.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
36G
blics, qui devaient se servir de formulaires tenus toujours
au courant.
Quoique la formule ^ ^ parût bien satisfai-
sante, tant au point de vue du sens que de la place à remplir,
une étude plus approfondie du texte si malheureusement
mutilé de Philæ m’a fait retrouver la véritable expression.
A force de patience, j’ai pu établir que le premier décret
d’Alexandrie reproduisait dans son dispositif, à peine avec
quelques modifications, et dans le même ordre, les prescrip-
tions du décret de Memphis. Ainsi, vers le commencement
de la 15e ligne vient l’institution d'un exode en l’honneur
de Ptolémée et de Cléopâtre Épiphanes', puis l’institution
du titre « prêtres des dieux Épiphanes1 2 3 »; puis A ix flll
1 I
/I I
% ; puis la prescription d’inscrire
le titre de « prêtres des dieux Epiphanes » sur les bagues
des prêtres1, et de même pour les articles suivants. J’en ai
cité assez pour qu’on soit persuadé que, sous le fragment
reproduit ci-dessus, se cache l’article XII des deux décrets
de Memphis et d’Alexandrie, dont je rappelle le libellé : xaî
lopîaai si? tA'i-.x; tqü; ^prllu.a'L,.aiuox, et dans la rédaction dé-
motique : « Qu’ils l’inscrivent dans tous les formulaires. »
Le texte de Rosette a encore le commencement de la for-
mule (1. 26, in fine) : jjff
d’après la ligne 26 et compléter en
qu’il faut corriger
PS-
« qu’on inscrive. . . ».
Je ne saurais rétablir les mots suivants, dont il reste si
peu de traces; mais les deux groupes suivants ne laissent
aucun doute sur la restitution^® * \ ~ ', pour traduire
i 5^^ J i i i 1
e’.ç -couî /pT)[i.a-:;a[jLO'L « sur les formulaires », avec addition de
1. Cf. article X du décret de Memphis, 1. 26-27.
2. Cf. article XI du décret de Memphis, 1. 27.
3. Cf. article XIII du décret de Memphis, 1. 28.
w
LE DÉCHET DE MEMPHIS 367
« comme il est prescrit de faire' », ou mieux
O A/Wvv> « selon leur nombre », pour traduire -âvxaç.
mi 1
On aura ainsi dans le décret de Memphis (Rosette, 1. 27-28)
l—ff
i «==
S
i i i
Q AAAAAA
I I I
« Qu'il soit écrit sur les formulaires selon leur nombre (= tous). »
Article XII. [R., 1. 28.] — Les premiers mots seuls
manquent. Le démotique a deux phrases où le grec n’en fait
qu’une. De même le texte hiéroglyphique devait en avoir
deux; le verbe étant le même dans les deux phrases, le
rédacteur grec ne l’avait pas répété et avait joint les com-
pléments par xaî.
0^>T
1
.A
$ ©
I
Q
« Qu'on écrive le titre de prêtre du dieu Épiphane sur les sceaux
W
I
» que gardent leurs mains. »
Le démotique dit : « Les anneaux ( kelet ) qu’ils portent
» (fa) sur eux (hi at-u, mot à mot : sur leur dos). »
Ces deux rédactions paraissent assurer la restitution de la
51° ligne du grec. Rien n’eût été plus facile à Letronne que
de rétablir /.A tU xo üç o[axToXîooç oîç cpôpoucuv], si Champollion
S '
AAAAAA I I V*\ |
I I I o \\
avait pu déchiffrer les mots
S (( ^eur anneau ûu portent sur eux »; mais
il y avait dans cette phrase plusieurs mots alors inconnus
à Champollion. Pour nous, la restitution et du grec et de
l’égyptien est tout à fait certaine.
1 . Cf. Rosette, 1. 21 : Memphis, art. II, répété au deuxième décret de
Ü7T7
Philæ, I. 14. Là ®
signifie ceremonies.
368
LE DÉCHET DE MEMPHIS
L’Article XIII [R., 1. 28] concerne l'autorisation donnée
aux particuliers d’élever chez eux un naos en l’honneur du
roi; et I’ArticleXIV [R., 1. 28-29], l’autorisation de célébrer
les panégyries et exodes mensuels et annuels, * ]
1 i o il
La fin de cet article manque au texte de Rosette.
Il ne reste plus à compléter que la dernière ligne. La
ligne 28 se termine par :
fO CM fO AAAAAA
r J VI AWW\
«pour qu'il soit fait connu être
i.
I
I l I
les habitants
a
m ^
a © i
d’Égvpte à honorer... »
et la ligne 14 [29] commence par :
« ce décret sur une stèle, » etc.
Le gTeC dit ceci : "Otïw;; yvwpquov -fi oiott ol Iv Alyj’r.'to avouai •/.al
Ttiaibai tov 0eôv ’Eiutpavîj ’Euy àpia^ov, [üaatXÉa */.aOâ”cp vôpupôv Èar[iv A
o'î ip-^cpiaj-ca ■zoû'co àvaypà'Aai ett! aT^Xrp/] jteqeoù XîOou, etc.
et le démotique :
« Que cela soit
/wwv\ /wwvx
lS n \ „ u ~~~
évident que ceux qui (sont) en
Égypte
i -O r- 1 I 1 AAAAAA AAAAA'
KW . w l
» font honneur au dieu Épiphane
- — 0 7g
AAAAAA
-?23- AAAAAA
Euchariste
comme
w ra □
k;isi m
n ce qui [est) de droit. Qu’ils écrivent le décret sur
flMlp
une stèle. »
1 . Le démotique dit seulement annuels : / cr renpit , sans mention de
mois; mais on peut traduire «pendant l’année» et les deux locutions
reviennent au même.
2. o T -*c2ü- (Canope, 1. 37); le démotique
o 4
LE DECHET DE MEMPHIS
369
■îîî-
Ainsi, la lacune du commencement de la 14° ligne com-
prend : 1° le titre royal aussi écourté que possible ; 2 0 la
mention xaOâ-sp vôpipôv ia-r-.v = « comme ce (jui est de droit ».
Or ; 1° Osôv ’Eiuçav^ v.jyjij'.j-.'ri correspond à
<|ui se trouve en plusieurs endroits de la sté
à la ligne précédente; 2° /.aOâne
qui revient plus d’une fois : J ^ | | |
« toutes choses établies à faire en l'honneur des dieux ' » :
«I-
A
e, notamment
p vô[j.iaov est une formule
IV^^Jrr^^Vl! (< toutes lcs pres_
» criptions établies pour leurs personnes comme on fait pour
, , . ® Q <2>- —
» les dieux ■ » ; <=^=> AAAAAA t
V37 (3 c I I I Xi7 I
» qu’on fait dans ces panégyries3 » ;
[Tl ' 0 « toutes les choses
I 1 ü
D
'(2
\\
« et toutes
» les choses qu’il est prescrit de faire' ». Il faut donc écrire
C\ h X\ l—3 XI
à la suite : \/(lo v\ t -<s>- comme ligne 18 de Damanhour, ou
n A/WXAA ^ I —21 JJ I I !
(a y comme ligne 27 de Rosette3.
qJq w &
Enfin, avouer, xxî Tt(j.wa! peut se rendre littéralement par
® fl ^ 0 ! ^ ^3! V37 J JJ d’après la formule de
I I 1 /WW\A I
J\
la ligne 1 1 du décret de Canope ; ou
d’après la ligne 5.
w7
1
A •
AMVA
111 IA
W7
signifie d’abord disposer, placer : « Isis
w u 1
place ta personne auprès d’Ounnofer' » ;
W7
AAAAAA
I I I
1. Damanhour, 1. 17-18 = grec, 1. 18-
2. Rosette, hiérogl., 1. 22 = grec, 1. 40.
3. Rosette, hiérogl., 1. 27 = grec, 1. 48.
4. Rosette, hiérogl., 1. 22 = grec, 1. 40.
5. Cf. Décret de Canope ,
» est prescrit de faire ».
6. Pierret, Recueil , II, p- 111
1 1
(1. 37) « selon qu’il
24
Bibl. égypt., t. xv.
370
LE DÉCRET DE MEMPHIS
■ W'
a ^
I I c
« placez-lui la couronne dans l’enfer' »;
^ C|C|C] (( il tendit la main vers le temple
» ( s/em-t ) des dieux2 »;
wwv\ <r — o I
W7 feA
« montrer le chemin3
» :
/WVvW
*^81* « il a disposé, amé-
... ». En ce sens, il parait
De là dérive la signification
du copte coup, distribuer, répandre. On dit au figuré
» nagé son temple, il a construit
1
se confondre avec
W* O'
pour « ils mettent tous leurs soins » ;
\\ « ils placent leur cœur avec chaleur4 »
A o 1 7 ,
i « placer
• I I I /wwv\
» des choses ou des honneurs nombreux » pour le roi; le
verbe est même employé seul pour « vénération, vé-
» nérer ». A la ligne 25 de Canope, il est dit que le temple
de cette ville est « parmi ceux que vénèrent le roi et tous
» les habitants de l’Egy
0
T
ü
un
i i i i
A
Me »
4
et plus loin, ligne 37
.<13-
W7
« pour
» faire évidence a la face de tout homme de la vénération
» qu’ont les prêtres pour les dieux Evcrgètes ». Enfin, le
mot s’applique encore à des cérémonies religieuses et qua-
lifie souvent les temples, les personnes et les objets sacrés*.
1. Pierret, Recueil, II, p. 122.
2. Stèle de Piânkhi, 1. 5)7.
3. Stèle Metternicli.
4. De Rouge, Inscriptions hiéroglyphiques , pl. 167, 1. 32.
5. Chabas, Papyrus magique Harris, p. 76.
6. Pierret, Canope, 1. 27.
7. Ibid , 1. 11.
8. m bu son (Rosette, 1. 23) in loco sancto , rendu dans le grec par
iv toï; àSÛTGiç (ef. Sarcophage de Séti I"r et l’inscription de Chabaka);
— snn sohi n tf f tonn « une image sainte de son père Toncn » (Recule
LE DECHET DE MEMPHIS
371
Mais, pour choisir entre ces formules, il faut remarquer
que l’espace enlevé à la pierre de Rosette est très restreint
et doit contenir non seulement la lin de cette phrase, mais
aussi le commencement de la suivante; de sorte (pie la ré-
daction la plus courte est certainement la plus probable. On
peut donc proposer avec assurance quelque chose comme :
<=^=> A.
<==> e «Si
« Pour faire connu
0“MÎ y VI O p Ji. O V T|
i i i
<Mre ceux qui sont
8 LOT! o'.
L»û\\l I I
V 1
A
LT1
q ©
en Egypte ;
èv A'Y'JTxtp
-m m
» disposer des honneurs pour le dieu Épiphane Euchariste comme
X JZO’JT. V.ï. X’.'JL (07!
Osèr
E — tsavr.
-'VA0'
rxov xaOâ—io
4“
— \\ — I
)) il est établi de faire. »
VOfJLOJLOV S JT IV.
badin, à I’Article XV [R., 1. 29; D., 1. 30-31], il ne
manque que :
« Qu’on grave... » « ce décret
sur
tTÎCK
une stèle. . . »
âv x'ipityaa os
xooî 'li'/, otdjjtx xojto j x/,Àr,v, etc.
Trac., 1881, p. C3); M. Pleyte traduit par « artistique »; — soru smon/,
r an f « Saint et Bienfaisant sont ses noms » ( Hi/mnc à Osii-is, 1. 22); —
ailleurs : sor ran k « ton nom est saint » ; — sor amn-ra r notru « Am-
mon est saint par-dessus tous les dieux » (Mariette, Abt/dos, pl. 13). —
Cf. de Bougé, Inscriptions hièrot/lt/p/tirju \s, 304, Tl; Diimichen, Ilauttr-
latnde, pl. 17; tous les passages du Licrc des Morts cités à l’htdcj de
M. Lieblein; et quantité de titres dans les textes historiques et religieux.
372 LE DÉCHET DE MEMPHIS
Q q est le mot de l'un des décrets d’Alexandrie dans la
même formule. Chabas avait fait avant moi cette observa-
tion. Le mot correspondant n’existe plus sur l’autre décret.
Il se retrouve au décret de Canope (1. 36), sous la forme
n . Mais le démotique se sert de |(^. C’est une preuve
de plus de la prédilection avec laquelle les rédacteurs dé-
motiques aiment, dans leurs traductions, à éviter de se servir
des mots des textes qu’ils traduisent.
V
Texte et traduction du Décret de Memphis
La restitution de l’inscription de Rosette, telle que je
la donne, sera retouchée plus tard. Je n’ai pas, comme
M. Chabas, notre illustre maître, la prétention d’avoir fait
un travail absolument définitif’. Au contraire, je veux
mettre tout le monde à même d’apprécier le mien en ce
qu’il a d’exact et de le corriger dans ses conjectures dou-
teuses et hasardées. J’ai dit 5 comment on devait s’attendre
à ce qu’une nouvelle découverte modifie mes restitutions :
j’ai donc cherché à rendre, pour ceux qui viendront après
moi, l’étude de ce document important aussi facile que pos-
sible. C’est pourquoi j’en reproduis le texte, divisé comme
on le ferait de nos jours pour un décret de cette sorte,
et j’y joins la traduction des deux textes collatéraux (grec
1. Inscription de Rosette, p. 101. «Mon travail dira sans doute le
» dernier mot sur le monument le plus vénérable de la science égyp-
» tologiquc. »
2. Ci-dessus, p. 308.
LE DÉCRET DE MEMPIIIS
et démotique) et les indications .suivantes en interligne :
2, 3, 4, indiquent le commencement des lignes de
la stèle de Damanhour ;
•2-, -3-, -4-, indiquent 1»' commencement des
lignes de la stèle de Rosette:
II, III, IV, indiquent le commencement des lignes
du premier décret sur le mur de Pliilæ ;
2,3,4, , dans les traductions, indiquent les lignes
du texte traduit ;
• • -2 2' • [-2- 2-], ■ • ■III III • • - indiquent le
début et la fin de certains fragments conservés :
>»— > <— «« indiquent le commencement et la fin de trois
grandes restitutions que j’ai tentées, afin que personne ne
soit exposé à les citer comme texte égyptien.
Pour le grec et le démotique, les traductions que je donne
sont à peu près [sauf les mots en italique] celles de Letronne
et de M. Revillout.
374
LE DÉCHET DE MEMPHIS
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TEXTE HIÉROGLYPHIQUE
L’an IX, le 4 de xandicos, correspondant au 18 mékhir
des Egyptiens, sous la Majesté de l’Horus, l'adolescent cpii
s’est levé en roi sur le siège de son père, le maître des
régions du XI i d i et du Nord, le très vaillant, qui a affermi
la double terre et rendu florissante l’Egypte, parfait ~ de
cœur envers les dieux, Ilorus d’or, qui a amélioré la vie des
humains, seigneur des panégyries comme Ptah, prince
LF. DÉCHET DE MEMPHIS
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comme R<\, roi du Midi et du Nord,'2' fils des dieux
Philopators. éprouvé par Ptaii, victorieux par Râ,
image vivante d’Ammon, 11 fils de Rà, Ptolémée, vivant
a jamais, aimé de Ptaii, dieu lùpi [)ha no, fils du Ptolémée
et d'AusixoÉ, dieux Philopators.
Etant prêtre d’Alexandre, et des dieux Sôtcrs, et des
dieux Adelphes, et des dieux Évergètes, 1 et des dieux Phi-
lopators, et du dieu Epiphane, Aétès, fils d’Aétès ;
Étant Pyrrha, fille de Philinos, 5 athlophorc 111 devant
Bérénice E vergé te ;
TEXTE GREC
Sous le règne du jeune, et succes-
seur immédiat de son père; maître
des couronnes; couvert de gloire;
qui a établi l'ordre en Egypte: pieux
2 envers les dieux; supérieur à ses
adversaires; ayant amélioré la vie
des hommes; maître des triaconté-
térides comme lléphæstos le grand;
roi comme le soleil; 'grand roi des
régions supérieures et inférieures;
né uns dieux Philopators; ap-
prouve par Héph.estos; a qui le
SOLEIL A DONNÉ L\ VICTOIRE: IMAGE
vivante ue Zeus: fils d'Hélios, Pto-
lémée, 1 TOUJOURS VIVANT, CHÉRI DE
Phthas; la neuvième année;
Aétès, fils d’Aétès, étant prêtre
d'Alexandre, et des dieux Sôters, et
des dieux Adelphes, et des dieux
Évergètes, et des dieux Philopators,
et ; du dieu Epiphane, Euchariste ;
Étant athlophorc de Bérénice Ever-
gète, Pyrrha, fille de Philinos;
TEXTE DÉMOTIQUE
An IX, xandicos jour 1, qui fait
mois d'homme d'Égypte mékhir 18,
du roi, le jeune, qui se manifesta roi
à la place de son père, seigneur des
uncus, dont grande est la gloire, qui
a affermi l'Égypte, faisant bonne elle,
qui fait générosité de son cœur en-
vers les dieux, qui domine son en-
nemi, qui fait bonne la vie des
hommes, le seigneur des années de
panégyries comme Ptah le grand,
roi comme le soleil, [roi des contrées
supérieures et] 2 des contrées infé-
rieures, LU FILS DES DIEUX PlIILOPA-
tors, qu'approuva Ptah, a qui le
SOLEIL DONNA LA VICTOIRE, L'IMAGE
vivante d'Ammon, le fils du soleil
Ptolémée, vivant toujours, aimé
de Ptah, dieu Epiphane, Euchariste,
fils de Ptolémée et d’ArtsixoÉ, les
dieux Philopators.
Etant prêtre d’Alexandre et des
dieux Sôters, et [des dieux Adelphes,
et des dieux] 2 Évergètes, el des dieux
Philopators, et du roi Ptolemee, le
dieu Epiphane, Euchariste, Aétos
fils d' Aétos ;
Étant Pyrrha, fille do Philinos,
athlophorc devant Bérénice l'Éver-
gète;
376
LE DÉCRET DE MEMPHIS
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7 iv
Étant Aria, fille de Diogène, canéphore devant Arsinoé
Philadelpfie ;
Étant Irène, fille de Ptolémée, prêtresse d’ Arsinoé Philo-
pator.
LE DÉCRET DE MEMPHIS
377
Ce jour-là, décret :
Les chefs des temples, les prophètes, les secrétaires, les
prêtres, qui entrent clans le lieu saint pour revêtir les dieux
de leurs habillements, ainsi que les grammates des livres
divins, et les écrivains de la double maison de vie et les
autres prêtres venus des sanctuaires du Midi et du Nord à
Memphis pour la fête de la prise de la royauté de la main
de son père par Sa Majesté le roi du Midi et du Nord, h'
maître des deux régions, Ptolémée, vivant a jamais, aimé
de Ptah, dieu Kpiphane, Euchariste, se sont réunis dans la
salle sehez-ânq-makha-tooui ;
Voici qu’ils proclament :
Attendu :
1° — Qu’a fait largesses, — le bien-aimé des dieux et roi
du Midi et du Nord, fils des dieux Piiilopators, éprouvé
Étant canéphore d'Arsinoé Phila-
delphe, Aria, fille de Diogène:
Étant prêtresse d'Arsinoé Philo-
pator, Irène, 6 fille de Ptolémée;
Du mois xandique le 4, et du mois
des Égyptiens mékhir le 18;
DÉCRET
Les grands prêtres et les prophètes,
et ceux qui pénètrent dans le sanc-
tuaire pour l’habillement des 7 dieux,
et les ptérophores, et les hiérogram-
mates, et tous les autres qui, des
temples du pays, s'étant rendus à
Memphis, au devant du roi, pour la
panégyrie de la réception de la cou-
ronne 8 par Ptolémée, toujours
vivant, chéri de Phthas, dieu Épi-
phane, Euchariste, laquelle il a reçu
immédiatement de son père, réunis
dans le temple de Memphis,
Ce même jour, ont dit :
a Considérant que le roi Ptolémée,
toujours vivant, chéri du Phthas,
Étant Aria, fille de Diogène, canô-
pliore devant Arsinoé Philadelphe ;
Étant Irène, fille de Ptolémée, prê-
tresse d'Arsinoé Philopator;
En ce jour, DÉCRET
Les grands prêtres, et les prophètes,
et les prêtres qui vont dans le sanc-
tuaire pour faire la vestiture des
dieux, et les ptérophores et les hié-
rogrammates et les autres prêtres qui
sont venus des temples de l'Égypte
3 [à Memphis pour faire] la panégyrie
de la prise de l'autorité suprême pour
faire roi Ptolémée vivant toujours,
aimé de Ptah, le dieu Épiphane,
Euchariste, de la main de son père,
s'étant rassemblés dans le sanctuaire
de Memphis,
Ils dirent :
Puisque le roi Ptolémée vivant
toujours, le dieu Épiphane, Eucha-
378 LE DÉCRET DE MEMPHIS
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DE PtAII, VICTORIEUX PAR RÀ, IMAGE VIVANTE ü’ÂMMON, le
fils de Rà, Ptolémée, vivant a jamais, aimé de Ptaii,
Epiphane, Euchariste, — de toutes choses lionnes en quan-
tité aux temples et à tous ceux qui les habitent, et à toutes
LE DECRET DE MEMPHIS
371)
personnes qui sont sous sa domination excellente, autant
qu’elles sont ;
2° — Qu’Il fut dieu fils d’un dieu, héritier d’une déesse;
image d’ITorus, fils d'Tsis, fils d’Osiris, vengeur de son père
Osiris; et qu’ainsi Sa Majesté, animée des sentiments d’un
dieu dévoué envers les dieux, a donné de grandes sommes
d’argent et de nombreux dons en nature aux temples d’Égypte;
3° — Qu’Il a fait de grandes dépenses pour rendre la
paix à l’Egypte et restaurer les sanctuaires ;’
4° — Qu’Il a fait des largesses aux soldats placés sous son
autorité suprême, autant qu’ils étaient ;
5° — Que, des impôts et taxes existant en Egypte, Il a
aboli les uns, et allégé les autres, mettant soldats et habi-
tants dans l’abondance en son temps ;
dieu Épiphane, Euchariste, issu du
roi Ptolémée et de la reine Arsinoé,
dieux Philopators, a comblé de bien-
faits les temples et 10 ceux qui y de-
meurent, et tous ceux qui sont rangés
sous sa domination ;
2° — Qw’étant dieu né d’un dieu et
d’une déesse, comme I lorus, fils d’Isis
et d’Osiris, qui a vengé son père
Osiris, et, envers les dieux, 11 plein
d’une piété généreuse, il a consacré
aux temples des revenus en argent
et en vivres ;
3" — Qu'il a supporté de grandes
dépenses pour amener la sérénité en
Égypte, et pour établir l’ordre en
tout ce qui concerne le culte;
4° — 12 Qw’il a manifesté pour toutes
ses troupes ses sentiments d’huma-
nité;
5° — Que, d’entre les revenus pu-
blics et impôts perçus en Egypte, il a
supprimé définitivement quelques-
uns et allégé d’autres, afin que le
peuple et tous les autres u fussent
dans l’abondance sous son règne;
riste, (fils) du roi Ptolémée c [et de la
reine] Arsinoé, les dieux Philopators,
a fait bienfaits en quantité aux tem-
ples de l’Egypte et à tous ceux qui
étaient sous son autorité royale;
Qa’étant dieu, fils de dieu et de
déesse; étant semblable à Horus, fils
d’Isis, fils d’Osiris, qui vengea son
père Osiris; étant son cœur généreux
envers les dieux; il excella à donner
argent en quantité, blé en quantité
aux temples d’Égypte ;
7 [Q«’il a fait dépenses] en quantité
pour faire être la tranquillité en
Égypte, et pour restaurer les temples ;
Qa’il excella à faire cadeaux aux
guerriers, qui étaient dans tous ses
états ;
Que , de l’impôt et redevance établis
en Égypte, il en supprima une partie,
et en allégea une autre, pour rendre
le peuple et tous les autres hommes
heureux sous son 8 [règne] ;
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G° — Que, toutes les redevances dues à Sa Majesté par
les habitants de l’Egypte et par tous gens placés sous son
autorité excellente, autant qu’ils étaient, — S. M. en a
fait remise, en quel nombre! on n’en sait pas la quantité;
LE DÉCHET DE MEMPHIS
381
7° — Qu II a pris soin des prisonniers qui étaient en
prison, ordonnant que tout individu d’entre eu.\ l'ut dé-
chargé de toute action, tant qu’ils étaient;
8° — Que S. M. a ordonné que les revenus dos dieux,
sommes d’argent et objets en nature alloués aux temples
chaque année, revenus des dieux sur les champs de vignes
et les terrains de jardins, tous revenus qui étaient a eux
sous son auguste père, leur demeureraient ;
9° — Qu’Il a ordonné que ne serait point remplie la
caisse télestique, par les mains des prêtres, au delà de ce
(iui avait été fait jusqu’il la première année du règne de son
auguste père ;
10° — Qu’en outre, S. M.
G* — Que, les sommes que rede-
vaient au trésor les habitants de
l'Égypte et ceux du reste de son
royaume, lesquelles étaient fort con-
sidérables, il en a fait remise:
7° — Que, quant à ceux qui au-
raient été n emprisonnés et ceux à
qui on avait intenté procès depuis
très longtemps, il les a délivrés de
tout ce qui leur était réclamé;
8“ — Qu’il a ordonné, en outre, que
les revenus des temples et les contri-
butions qui leur étaient accordées
chaque année, tant en 17 vivres qu'en
argent, ainsi que les parts équitables
assignées aux dieux, sur les vigno-
bles, les jardins et sur les autres ter-
rains qui appartenaient aux dieux
sous le règne de son père, ,c reste-
raient sur le même pied ;
9“ — Que, relativement aux prêtres,
il a ordonné encore qu'ils ne payent
rien de plus à la caisse télestique que
ce à quoi ils étaient imposés jusqu'il
la première année sous son père;
10" — Qu'il a, de plus, affranchi
ceux d'entre les 17 tribus sacrées de
i exempté les tribus sacerdo-
Que les redevances du roi que re-
devaient les habitants de l’Égypte et
tous ceux qui étaient sous son auto-
rité royale, lesquels étaient en quan-
tité, il leur en fit remise;
Que, les hommes qui étaient em-
prisonnés et ceux qui étaient accusés
depuis longtemps, il les exempta;
Qu'il a ordonné, par rapport aux
redevances sacrées des dieux et à
l'argent et aux blés, (pi on donne en
syntaxis 11 [aux temples] par année, et
aux parts qui sont aux dieux dans les
terres de vignes et les terres de jar-
dins et tous autres biens qui leur ap-
partenaient sous son père, de les leur
conserver ;
Qu'il ordonna aussi, par rapport aux
prêtres, de ne point leur faire donner
leur redevance, pour leur entrée en
prêtrise, plus qu'ils ne le faisaient jus-
que la première année sous son père ;
Qu'il exempta les hommes 10 [(pii
sont parmi] les autorités dans les
382
LE DÉCHET DE MEMPHIS
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taies du voyage quelles faisaient à Alexandrie au commen-
cement de chaque année;
11° — Que S. M. a ordonné de ne point lever les gens de
la marine ;
LE DÉCHET DE MEMl'IIIS
383
12° — Que, pour la toile de byssus donnée au trésor royal
par les temples, voici qu’il a ordonné d’en remettre les
deux tiers;
13° — Que, de même dans toutes choses qu’on négligeait
de faire, Sa Majesté lésa rétablies en leur état primitif;
11° — Qu’Il a veillé assidûment à l’exécution de toutes
les choses qu’on a établi de faire en l’honneur des dieux,
comme cela était à leur origine ;
15° — Que de même leur a été concédé ce qu’il a fait,
veillant à rendre la justice à tous les habitants [de l'Égypte,
comme Tliot deux fois grand ;
16° — Qu’en outre Sa Majesté a ordonné que tout soldat
et tout rebelle, pendant les troubles survenus dans le
la descente annuelle à Alexandrie ;
11° — Qa'il a ordonné également
de ne plus faire la lacée des hommes
pour la marine;
12" — Que, des toiles de byssus
livrées dans les temples au trésor
royal, 18 il en a remis les deux
tiers;
13° — Que, tout ce qui était négligé,
il l'a rétabli dans l'état convenable ;
11° — Qa’il a ceillù à ce que tout ce
qu'il était d'usage de faire pour les
dieux fut exécuté comme 13 il con-
vient ;
15" — Qu’en même temps il a dis-
tribué il tous la justice, ainsi qu' Her-
mès deux fois grand ;
16“ — Qa'il a ordonné, en outre,
que les émigrés revenus, gens de
guerre et tous autres qui 20 auraient
manifesté des intentions hostiles dans
le temps des troubles, conservent les
temples, de leur apparition qu'ils fai-
saient à la ville d'Alexandrie chaque
année ;
Qa'il ordonna de ne point prendre
homme de force ;
Qa'il fit remise des deux tiers des
toiles de byssus que les temples don-
naient il la maison du roi ;
Que tout ce qui était en dehors de
l'ordre depuis longtemps, il le ramena
il la règle :
Qu'il a mis tous ses soins pour faire
faire les choses qu’il est de coutume
de faire pour les dieux selon l’ordre
convenable ;
Qa'ilfitde même pour faire le droit
aux hommes, comme le fait Tliot le
grand, le grand ;
Qa'il a encore ordonné, par rapport
il ceux qui viendront parmi les hom-
mes de guerre et le reste des hommes
qui furent en autre parti dans la ré-
volution qui fut en Egypte, de les
384
LE DÉCRET DE MEMPHIS
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royaume, pourraient rentrer dans leurs foyers et reprendre
tous leurs biens ;
17° — ■ Qu’Il a mis tous ses soins à faire partir des
hommes], des chevaux, des vaisseaux, contre ceux qui ve-
LE DÉCRET DE MEMPHIS 38 J
liaient porter dommage à l’Egypte tant par terre que par
mer ;
18° — Qu’Il a dépensé beaucoup d’argent et de choses
en nature contre eux, apportant la paix aux temples et à
l’Egypte ;
19° — Que S. M. vint à Hât-chekan (Lycopolis) au nome
Busirite, ville tombée aux mains des impies de tout pays,
et où étaient des armes de guerre en quantité et des appro-
visionnements de toutes sortes; que S. M. assiégea cette
ville, l’entourant extérieurement de murs et de retranche-
ments à cause des impies qui s’y trouvaient : ce qui fut
l’origine de grands désastres en Egypte, car ils transgres-
saient les voies de S. M. et les desseins des dieux; qu’il
endigua toutes les bouches des canaux qui sc répandaient
biens en la possession desquels ils
sont rentrés;
17° — Qa'il a pourvu il ce que des
corps de cavalerie et d'infanterie et
des vaisseaux fussent envoyés contre
ceux qui se seraient avancés 21 contre
1 Égypte, tant par mer que par terre;
18" — Supportant de grandes dé-
penses en argent et en vivres, afin
que les temples et tous les habitants
de l'Égypte fussent en sûreté;
19° — Que, s’étant rendu - à Lyco-
polis celle du nome Busirite, ville dont
on s'était emparé et qu'on avait forti-
fiée contre un siège par de grands
dépôts d'armes et toute autre sorte
de munitions, l'esprit de révolte s'y
étant affermi depuis très longtemps
parmi les impies, qui, rassemblés
dans cette ville, avaient fait beau-
coup de mal aux temples et aux ha-
bitants d'Égypte; et, ayant formé le
siège de 21 cette place, il l'a environ-
née de retranchements, de fossés, de
murs solides; le Nil ayant fait une
renvoyer dans leurs localités, en sorte
que leurs biens soient pour eux ;
Qa'il mit tous ses soins à faire aller
gens, chevaux, vaisseaux contre ceux
qui étaient venus sur terre et sur
mer pour porter dommage ii l'Égypte;
Qu’il a fait de grandes dépenses en
argent (et) en blé pour ces choses pour
faire être en tranquillité les temples
et les habitants de 1 Égypte;
Qu'il alla il la ville de Lycopolis,
qui était passée aux mains des impies
da tout pays, des armes en quantité
et toute espèce de préparatifs étant
il son intérieur; qu’il l'assiégea par
murs et retranchements extérieurs, à
cause des impies qui étaient à son
intérieur. accoutumés ii faire tous les
maux it l'Egypte, étant en dehors du
chemin do l'obéissance du roi et de
l'obéissance des dieux; qu'il lit des
digues aux canaux qui faisaient aller
l'eau il la ville susnommée, ce que ne
purent point faire les rois antérieurs;
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LE DECRET DE MEMPHIS
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dans cette région : jamais ancien roi ne lit pareille chose,
tant 11 dépensa d’argent et de choses en nature pour cela;
que S. M. lit marcher hommes et chevaux sur les canaux
LE DÉCRET DE MEMPHIS
387
[pour les surveiller exactement; qu’une forte inondation
étant survenue en l’an VIII, le roi occupa toutes les bouches
des canaux qui se répandaient dans la plaine;] de sorte que
S. M. enleva cette ville de vive force, de leurs mains, en
peu de temps, égorgea les impies qui s’v trouvaient, en fai-
sant un grand carnage comme l’avaient fait Thot et Hor,
fils d’Isis, I ils d’Osiris, pour les impies qui s’étaient mis en
révolte contre eux, en ce lieu, autrefois ;
20° — Que, quant aux impies qui avaient rassemblé des
troupes et étaient à leur tête pour troubler les nomes et
violer les temples, étant hors des voies de S. M. et de son
père, les dieux Lui accordèrent de les abattre à Memphis
dans la fête anniversaire du jour où II reçut la royauté de
son père ;
grande crue dans la huitième année,
et, comme il est accoutumé de le
faire, inondant les 25 plaines, le roi
l'a contenu, en beaucoup de lieux,
en fortifiant l'embouchure des fleu-
ves, pour lesquels travaux il a dé-
pensé des sommes non petites; après
avoir établi des troupes tant de ca-
valerie que d’infanterie pour la garde
de ces tleuves, il a pris en peu de
temps la ville de vive force et détruit
tous les impies qui s'v trouvaient,
comme [Hermjès et Horus, tils d'Isis
et d Osiris, s'étaient rendus maîtres,
dans ces mêmes 27 lieux, des gens
révoltés auparavant;
~0" — Que, quant à ceux qui s'é-
taient mis à la tête des rebelles sous
son père et qui avaient [vexé] le
pays, sans respecter les temples,
s’étant rendu à Memphis, pour ven-
ger 2S son père et sa propre couronne,
il les a punis comme ils le méritaient,
à l’époque où il vint dans l’intention
de célébrer les cérémonies prescrites
pour la réception de la couronne;
qu'il y dépensa quantité d'argent;
qu'il amena des troupes, fantassins et
chevaux sur lesdits canaux, pour
veiller sur eux de tout leur poucoir;
qu'à cause des inondations dujleucc
qui furent grandes en l’an VIII, on
occupa lesdits canaux qui répandent
l'eau dans les plaines; de so/'le que le
roi enleva de force de leurs mains
ladite ville en peu de temps; qu'il
fit frapper les impies qui étaient d
son intérieur; qu'il en lit anéantisse-
ment comme lavaient fait le Soleil
et Horus, fils d'Isis, pour ceux qui
firent impiété contre eux dans ces
dits lieux autrefois;
Que, quant aux impies qui avaient
réuni des troupes et étaient à leur
tète pour troubler les nomes, qui fai-
saient tort aux temples et étaient en
dehors du chemin du roi et de son
père, les dieux accordèrent qu'il les
fit exécuter à Memphis dans la pa-
négyrie de la prise de la dignité su-
prême qu'il fit de la main de son père ;
qu'il les fit immoler selon la loi ;
388
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21" — Que les impôts dus ;i S. M. par les temples, jus-
qu’en l’an IX, et qui se montaient à de grosses sommes
d’argent et de choses en nature, S. M. en lit remise ;
22° — De même pour les étoffes de byssus données au
LE DÉCRET DE MEMPHIS
3S9
Palais et dues par les temples, et le complément des pièces
d étoffés jusqu’à ce moment ;
23° — Qu 'encore II déchargea les temples de la mesure de
grains exigée par sali de terrain des dieux ;
24° — De même pour le sêU de leurs vins pour le terrain
en vignes;
25° — Qu’Il lit toutes les choses grandement pour Apis
et Mnévis et tous les animaux sacrés, dépensant plus que
n’avaient fait ses ancêtres; que son cœur alla vers leur
service en tout temps; qu’il donna tout ce qui était néces-
saire pour ensevelir leur corps, largement et noblement;
qu’il prit à sa charge les dépenses survenues dans leurs
temples pour grandes panégyrics, établissement d'autels,
21° — Que, de plus, il ;i remis ce
qui dans sa les temples était dû au
trésor royal jusqu'à la VIIP année,
montant, tant en vivres qu'en argent,
à une quantité non petite;
22" — Que, pareillement, il a remis
la valeur des toiles de bvssus qui
n’avaient point été fournies au trésor
royal, 35 ainsi que les dij) crenc.es re-
connues à la vérification, pour celles
qui l'avaient été jusqu'à la même
époque ;
23° — Qn’il a affranchi les temples
du droit d'artabe par aroure de terre
sacrée ;
24° — De même, quant à la terre
de vigne, 31 du kéramion par aroure;
25° — Qn’il a fait beaucoup de do-
nations à l'Apis, au Mnévis et aux
autres animaux sacrés en Égypte,
prenant beaucoup plus de soin que
les rois ses prédécesseurs de ce qui
les concerne en toute circonstance ;
32 et ce qui était nécessaire à leur
sépulture, il l'a donné largement et
noblement, ainsi que les sommes
Qwil céda les reliquats du roi que
redevaient les temples, jusqu'à la
neuvième année, que l'on fait aller
à quantité d'argent et de blé;
Que, de même manière, le prix
d'étoffes royales que redevaient les
temples, dans ce qu'on donnait à
la Maison du roi, et le complément
pour pièces d’étoffe qu’on avait four-
nie* jusqu'à ce temps;
Qn’il ordonna cela, aussi par rap-
port à la mesure que l'on exigeait par
aroure du domaine divin;
Que, de même façon pour la me-
sure par aroure de vigne des divins
domaines des dieux, il leur en lit
remise :
Qtt’il fit des bienfaits en quantité à
Apis, à Mnéviset aux autres taureau. /
vénérés en Égypte, plus que ses pré-
décesseurs; que son cœur sc donne
à leur loi à toute époque, faisant tout
ce qu'ils désirent pour leur sépul-
ture, grandement, largement; pre-
nant les dépenses survenues dans
leurs temples en faisant panégyrics,
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LE DÉCRET DE MEMPHIS
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effusion des libations comme autrefois et toutes les choses
prescrites ;
26° — Que S. M. a confirmé les honneurs des temples et
de l'Égypte, conformément aux lois;
27° — Qu’Il a dépensé beaucoup en or, argent et toutes
choses en nature pour le temple où réside Apis vivant; et
que S. M. embellit extrêmement sa splendeur par de nou-
veaux travaux, exaltant Apis vivant en fondant des chapelles,
des sanctuaires, des autels; car S. M. avait les sentiments
d’un dieu bienfaisant envers les dieux, mettant toutes ses
LE DÉCRET DE MEMPHIS 391
préoccupations à régler toutes les choses des temples en son
temps, comme il est prescrit de le faire.
En récompense de ce qu’il a fait, les dieux Lui ont donné
la victoire et la puissance, la vie, la santé et la force et
toutes choses comme en quantité; sa dignité étant établie
pour Lui et ses enfants à jamais.
accordées pour leur culte particulier,
y compris les sacrifices, panégyries
et autres cérémonies prescrites;
26“ — 11 Que les privilèges des tem-
ples et de l’Égypte, il les a maintenus
sur le même pied, conformément
aux lois ;
27° — Qu'il a embelli l’Apiéum de
magnifiques ouvrages, ayant dépensé
pour ce temple, d'or, [d'argent] :Ji et
de pierres précieuses une quantité
non petite; qu' il a fondé des temples,
des naos, des autels; qu’ il a restauré
à son tour, ceux qui avaient encore
besoin de réparations, ayant pour
tout ce qui concerne la divinité. :li le
zèle d'un dieu bienfaisant; qu’ après
nouvelle information, il a réparé les
plus honorés des temples, sous son
règne, comme il convient.
En récompense, les dieux lui ont
donné santé, victoire, force et [tous]
les autres biens, 30 la couronne de-
vant demeurer à lui et à ses enfants,
dans toute la durée du temps.
en faisant sacrifices auparavant et le
reste des choses qu'il est d’obligation
de faire;
Qui; les honneurs dus aux temples
et les autres honneurs de l'Égypte,
il les maintint en leur forme, selon
les lois;
■Qu'il donna or, argent, blé en
quantité et autres biens, pour la
place d’Apis; qu'il fit achever la bâ-
tisse il neuf, en bâtisse belle extrê-
mement,; qu'il fit achever à neuf les
sanctuaires, naos, autels des dieux,
étant de cœur bienfaisant envers les
dieux et s'enquérant des honneurs
dos dieux pour les rétablir sous son
règne.
Que les dieux lui donnent, en
échange de ces choses, la victoire, le
triomphe, la force, le salut, la vigueur
et tous les autres biens; que sa di-
gnité royale soit affermie pour lui et
pour ses enfants il jamais!
LE DÉCRET DE MEMPHIS
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A LA BONNE FORTUNE.
Il est venu au cœur des prêtres des deux légions en leur
totalité d’augmenter les honneurs rendus au roi de la Haute
et de la Basse-Égypte, Ptolémée, vivant toujours, aimé de
Ptah, Épiphane, Euchariste, et ceux des dieux Philopators
LE DÉCRET DE MEMPHIS
393
qui l’ont créé, dos dieux K vergé tus pères de ses pères, des
dieux Philadelphes leurs pères, et des dieux Sôters ancêtres
de leurs pères ;
1° — Qu’on élève une image du roi de la Haute et de la
13asse-Kgypte, Ptolémée, toujours vivant, aimé de Ptah,
Epiphane, Euchariste, nommée «Ptolémée ne; non Bc/:i »
(sauveur de l’Egypte), c’est-à-dire « Ptolémée ne;. 7o-
merit » (protecteur de l'Egypte); el (pie l'image du dieu
local lui présente le glaive de victoire, ainsi que lu prescrit
le décret rendu par les prêtres des temples;
II” — Que les prêtres des temples à son nom fassent le
service divin devant ces images trois fois par jour, plaçant
devant eux (le dieu et le roi figurés) le mobilier sacré et
A LA BONNE FORTUNE.
Il a paru convenable aux prêtres
rte tous les temples du pays que tous
les honneurs rendus 17 au toujours
vivant roi Ptolémée, chéri de Phthas,
dieu Épiphane, Euchariste, de même
(pie ceux de ses parents, dieux Phi-
lopators, et ceux de scs aïeux, dieux
Évergètes, et ceux ,8des dieux Adel-
phe*, et ceux des dieux Sôters, soient
de nouveau augmentés grandement :
P — Qu'on élève au toujours vi-
vant roi Ptolémée, dieu Épiphane,
Euchariste, une image en chaque
temple, dans le lieu le plus apparent,
33 laquelle portera le nom de Pto-
lémée celui qui a vengé l'Égypte;
qu'auprôs soit placé, debout, le dieu
principal du temple lui présentant
une arme de victoire. le tout disposé
il la manière égyptienne;
1 1" — 1(1 Que les prêtres fassent trois
fois par jour le service religieux au-
près des images; et, leur mettant les
ustensiles sacre'’*, exécutent les au-
AVEC LA BONNE FORTUNE.
11 est. venu, dans le cœur des prê-
tres de ti ins les temples d'Ég) pte,
d’augmenter les honneurs rendus au
roi Ptolémée, vivant toujours, le dieu
Épiphane, Euchariste, dans les tem-
ples, et ceux des dieux Philopators
qui l'ont fait être, et ceux des dieux
Évergètes qui les ont fait être, et ceux
des dieux Adelphes qui ont fait être
ceux qui les ont fait être, et ceux des
dieux Sauveurs, pères de leurs pères :
I" — Qu'on fasse établir une iniai/u
du roi Ptolémée, vivant toujours, le
dieu Epiphane, Euchariste; qu'on
l'appelle Ptoléméc-Xcz-Ilek (sauveur
du pays île Béki), autrement dit
Ptolémée-Xekh-Kemi l/irotucteur de
l'Égvpte), et une image du dieu des
habitants lui donnant le fjlaire de
victoire dans le temple, dans chaque
temple, au lieu apparent du temple,
le tout sculpté ii la manière des
Égyptiens ;
11“ — Que les prêtres servent les
images dans le temple, en chaque
temple, trois fois par jour; qu'ils éta-
blissent les ustensiles sacre s devant
394 LE DÉCRET DE MEMPHIS
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accomplissant les rites prescrits pour leurs personnes,
comme cela se fait pour les dieux des nomes dans les pané-
g-yries des temples, les jours de fêtes à exodes et les jours
éponymes;
111° — Qu’on sculpte en l’honneur du roi de la Haute et de
la Basse-Egypte, Ptolémée, toujours vivant, aimé de Ptah,
Epiphane, Euchariste, fils de Ptolémée et d’Arsinoé, dieux
Philopators, une image et un naos dorés, ornés de toutes
LE DÉCRET DE MEMPHIS 395
sortes de gemmes vraies, dans les temples à son nom, dans
le sanctuaire, avec les naos des dieux des nomes;
IV0 — Et, s'il arrive un jour de grandes panégyries dans
lesquelles le dieu sort de sa chapelle auguste à son jour,
qu’on fasse sortir le naos auguste du dieu Épiphane, Euclia-
riste (avec lui) ;
Y0 — Afin de faire reconnaître ce naos de ce jour jusqu’à
la fin des temps, qu’on y place dix couronnes royales de
S. M., ornées cl’uræus, selon l’usage;
YI° — Qu’on fasse disposer la couronne royale (psi, lient)
en haut de ce naos au lieu des uræus qui sont sur les naos.
très cérémonies prescrites, comme
pour les autres dieux, dans [les fêtes
et pajnégyries;
111° — 11 Qu'ils élèvent au roi Pto-
lémée, dieu Epiphane, Euchariste, né
du roi Ptolémée et de la reine Arsi-
noé, dieux Philopators, une statue de
bois et un édicule dorés dans chacun
des 12 temples; qu'ils les placent dans
les sanctuaires, avec les autres édi-
cules ;
IV0 — Et que, lors des grandes pa-
négyries, où se fait la sortie des édi-
cules, celui du dieu Épiphane, Eu-
chariste, M sorte en même temps;
V° — Afin que son édicule se dis-
lingue des autres, maintenant et dans
la suite des temps, qu’il soit surmonté
des dix coiffures d’or du roi, devant
lesquelles sera placé un aspic, comme
;i toutes " les coiffures aspidoïdes pla-
cées sur les autres édicules;
VP — Au milieu d'elles sera mise
la coiffure appelée pskhent, dont le
roi s'était couvert lorsqu'il est entré
elles; qu’ils leur fassent le reste des
choses qu'on doit faire, comme ils le
font aux autres dieux dans les pané-
gyries, les l'êtes à exodes et les jours
éponymes ;
IIP — Qu'ils fassent paraître la sta-
tue divine du roi Ptolémée, le dieu
Épiphane, Euchariste, (ils de Ptolé-
méc et de la reine Arsinoé, les dieux
Philopators, ainsi que le naos d'or
dans le temple, chaque temple; qu'ils
le fassent reposer dans le sanctuaire,
avec les autres naos ;
IV“ — Lorsque se feront les gran-
des panégyries dans lesquelles on fait
apparaître les dieux, qu'on fasse ap-
paraître le naos du dieu Épiphane,
Euchariste, avec eux ;
V° — Afin qu’on reconnaisse le
naos aujourd’hui et le reste du temps,
qu'on fasse dix basilics d’or dit roi,
étant une uræus sur elles à chacune,
comme on doit le faire pour les ba-
silics d’or, sur la tête du naos, à la
place de> uræus qui sont sur le reste
des naos;
VP — Que le pskhent soit au mi-
lieu des basilies, parce que resplendit
le roi par lui, dans le sanctuaire de
LE DÉCRET DE MEMPHIS
et la couronne royale au milieu d'elles, parce que, par elle,
brillait S. M. au temple de Ptah, lorsqu’elle accomplit la
cérémonie de 1 entrée du roi au temple, quand elle prit sa
dignité suprême;
\ Il - Qu on établisse a la partie supérieure du carré
qui est derrière ces ornements, au droit de ce pskhent, un
oa: et un nés; qu’on place un vautour sur une corbeille avec
un lotus au-dessous, à son côté droit au-dessus de ce naos ;
LE DECRET DE MEMPIIIS
397
et de même une uræus sur une corbeille avec un papyrus
au-dessous, à son côté gauche; cela veut dire : « le Seigneur
des couronnes, illuminant le sud et le nord » ;
Mil0 — Et puisque le dernier jour de mésori, jour de nais-
sance du dieu bon vivant toujours, a été établi antérieure-
ment en panégyrie et l'éte à exode dans les temples; que de
même le 17 mékliir il accomplit les rites de l'exode royale,
quand il reçoit la royauté de la main de son père; attendu
que ce fut pour tous l’origine de toute chose prospère; le
jour de la naissance du dieu Epiphane, Euchariste, vivant
éternellement, et de même le jour qu’il prit son autorité
bienfaisante, (pie soient célébrés ces jours 17 et 30 de chaque
dans le temple de Memphis, pour y
13 accomplir les cérémonies pres-
crites dans la prise de possession du
trône ;
VII" — Qu'on mette, de plus, sur
le tétragone des coiffures, au susdit
ornement royal, dix phylactères d'or,
où l'on écrira 4C que c’est celui du roi
qui a rendu illustre le pays haut et
le pays bas;
VIII» — Et, puisque le S0 de mésori,
dans lequel on célèbre la naissance
du roi, ainsi que [le 17 de mékhir,]
47 dans lequel il a pris la couronne de
son père, les prêtres les ont reconnus
comme éponymes dans les temples,
lesquels jours sont, en effet, pour
tous, cause de beaucoup de biens;
qu'ils les célèbrent par une fête en
son honneur, [et une panégyrie dans]
48 les temples d’Égypte, chaque mois;
Memphis, lorsqu'on accomplit pour
lui tout ce qu'on doit faire pour la
prise de la dignité suprême;
VII» — Qu'on établisse à la partie
supérieure du carre qui est en dehors
des basilics d'or, au droit milieu de
la couronne d'or mentionnée ci-des-
sus, un oui et un ne;. Qu'on établisse
un L’autour sur un neb étant un huma
sous lui, sur l'occident du coin de
dessus du naos d'or. Qu'on établisse
une uræus étant un neb sur un out,
à l'orient. De ceci l'explication est :
« roi qui a illuminé l'Egypte du sud
et l'Égypte inférieure » ;
VIII0 — Puisque fin de mésori, où
l'on célèbre le jour de naissance du
roi, furent établies panégyrie et fête
à exode dans les temples primitive-
ment; que, de même le 17, où on lit
pour lui les rites de la prise de la
dignité suprême : ce qui fut le prin-
cipe de la prospérité de tous les
hommes; la naissance du roi vivant
toujours et la prise de la dignité su-
prême, il fit faire (sic) ces jours, le
17r et le 30% en panégyries, chaque
mois, dans les temples de l’Égypte;
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LE DÉCRET DE MEMPHIS
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mois comme fêtes dans tous les temples de l’Égypte; qu’on
pose des autels, qu’on répande des libations et qu’on exé-
cute toutes choses qu’on doit exécuter dans les panégyries,
en cette fête, chaque mois; que toutes les offrandes faites
en ces fêtes soient attribuées aux hommes qui auront fait le
service dans les temples ;
IX0 — Qu’Il fasse une panégyrie à exode dans tous les
temples de l’Égypte au roi de la Haute et de la Basse-
LE DÉCHET DE MEMPHIS
399
Egypte, dieu Épiphane, Euchariste, chaque année, depuis
le premier tliot jusqu’au cinquième jour, des couronnes sur
la tête; qu’ils mettent en fête les autels, répandent des
libations et fassent tout ce qui est prescrit de faire;
X° — Que les prêtres des sanctuaires dans tous les
temples à son nom soient appelés « prêtres du dieu Epi-
pliane, Euchariste », outre les titres sacerdotaux qu’ils ont
déjà ;
XI0 — Et que ce titre soit écrit dans toutes les formules,
comme il est prescrit de le faire ;
XII0 — Que soit écrit le titre de prêtre du dieu Épiphane,
Euchariste, sur les anneaux qu’ils ont à la main;
qu’ils accomplissent des sacrilices,
des libations et toutes les autres
choses d’usage, comme dans les au-
tres, et que les offrandes faites [soient
attribuées aux prêtres ] 40 qui auront
officié dans les temples ;
IX0 — Qu'ils célèbrent une fête et
une panégyrie pour le toujours vi-
vant et chéri de Phthas,roi Ptolémée,
dieu Épiphane, Euchariste, chaque
[année, dans tous les temples du]
50 pays, depuis le premier de tbot,
pendant cinq jours, dans lesquels ils
porteront aussi des couronnes, accom-
plissant les sacrifices et les libations
et tout ce qui convient:
X» — Que [les prêtres de tous les
temples ] 31 reçoivent le nom de prê-
tres du dieu Épiphane, Euchariste,
outre les autres noms des dieux dont
ils sont prêtres;
XI0 — Qu'ils consignent dans tous
les formulai l'es et sur les [anneaux
qu’ils portent] 52 le sacerdoce du roi ;
XII0 — Qu'il soit permis à tout par-
ticulier de célébrer la fête, d'élever
qu’on fasse sacrifice, libations et le
reste des choses que les règlements
prescrivent de faire dans les autres
panégyries, dans les deux panégyries
par mois; que tout ce qu'on fait en
offrandes, on l’assigne pour les hom-
mes qui servent leurs temples;
IX0 — Qu'on fasse panégyrie, fête à
exode dans les temples et l’Égypte
entière au roi Ptolémée, vivant tou-
jours, dieu Épiphane, Euchariste,
par année, le l' T de thot, jusqu’à cinq
jours, prenant couronne, faisant sa-
crifice, libation et le reste des choses
qu’on doit faire ;
X° — Que les prêtres qui sont dans
les temples de l’Égypte, en chaque
temple, soient appelés « prêtres du
dieu Épiphane, Euchariste », en outre
de leurs autres noms de prêtres;
XP — Qu'ils l'écrivent sur le for-
mulaire ;
X1I“ — Qu'ils écrivent la dignité de
prêtre du dieu Épiphane, Euchariste,
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LE DÉCRET DE MEMPHIS
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XIII0 — Qu’il soit permis aux habitants qui le désireront
d’ériger de même ce naos du dieu Épiphane, Eucliaristc,
pour le placer dans leur maison ;
XIV0 — Qu’ils célèbrent ces panégyries et ces exodes
chaque mois, chaque année, afin qu’on connaisse que les
habitants de l'Égypte honorent le dieu Epiphane, Euclia-
riste, comme il est prescrit de le faire;
XV0 — Qu’on grave ce décret sur une stèle de pierre
dure en écriture de paroles sacrées, en écriture de livres et
en écriture des Grecs, et qu’on l'érige dans les sanctuaires,
dans les temples à son nom de premier, de second et de
troisième ordre, auprès de la statue du roi de la Haute et
LE DÉCHET DE MEMPHIS
101
de la Basse-Égypte, Ptolémée, toujours vivant, aimé de
Ptah, dieu Épiphane, Euchariste.
l'édicule susdit et de l'avoir chez soi,
pourvu qu’ils accomplissent [les J rte. *
et panêyyries susdites tant men-
suelles] 51 qu'annuelles, alin qu’il soit
connu que les Égyptiens élèvent ('?
et honorent le dieu Épiphane, Eu-
chariste, roi, comme il est légal de
le faire.
XIII” — [Enfin, que ce décret soit
gravé sur une stèle de] 51 pierre dure,
en caractères sacrés, démotiques et
grecs, et placé dans chaque temple
de premier, de second et de troisième
ordre, près de l'image du roi toujours
vivant.
sur les anneaux qu ils portent sur
eux .
XIII" — Qu'il soit permis à tous les
hommes du peuple qui désirent aussi
faire resplendir de même le naos d’or
du dieu Épiphane, Euchariste. de
1 installer chez eux.
XIV» — Qu'ils fassent les pané-
gvries et fêtes à exode, écrites ci-
dessus, chaque mois, chaque année,
afin qu'il soit manifeste que les ha-
bitants de 1 Égypte honorent le dieu
Epiphane, Euchariste, comme on
doit le faire.
XV — Qu'on écrive ce décret sur
une stèle de pierre dure en écriture
de paroles divines, en écriture de
livre et en écriture grecque.
XVI" — Qu'on la place dans les
temples de premier ordre, les temples
de deuxième ordre, les temples de
troisième ordre, auprès de la statue
du roi, doué de vie à jamais.
Bibl. ÉUYPT.
T. XV
26
ÉRIGÉS PAR LABIÉNUS '
Dans son étude sur les obélisques de Douèrent \ M. lürnian
a rejeté avec raison, selon moi, la lecture RuJ'us (qui pour-
rait être aussi Lupus). La lecture Mpupus (?) était un pro-
grès; mais il faut remarquer quelle ne tient aucun compte
de [1(1 ou \\ que donne le nom orthographié :
(A 3),
et :
Je proposerai donc une nouvelle lecture.
Au lion debout îe donne la même valeur qu’au lion
couché dans Lucilius; □ transcrit bien le b latin; ^
est régulièrement employé pour e; f=3 égale n, à cause de
1. Extrait cle la Zeitschrift für ügi/ptische Sprarhe. 1!)02 1903, t. XI,,
p. 147-148.
2. Zeitschrift , 1896, t. XXXIV, p. 149-158.
104
LES OBÉLISQUES DE BÉNÉVENT
Q nom de la déesse Nout, ou mieux il n’est que la
transcription fautive de “““=> hiératique; de sorte que cela
donne Lbiens.
Le magistrat qui a érigé les obélisques de Bénévent serait
donc un Lucilius Labienus.
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DECRET DE MEMPHIS (PIERRES I)E ROSETTE ET DE DAM.WIIOURj
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TABLE DES MATIÈRES
Note biographique, par J. Baillet i-xxxii
I. — Philologie
Examen du système de déchiffrement des hiéroglyphes
égyptiens de M. Seyffarth (Rec. d' Éthnogr., 1861).. . 3-22
De la transcription des hiéroglyphes (Zeitsch., 1867).. 23-43
La particule copte ■xm, s'm (Rec. écjupt., 1882) 45-56
Dialectes égyptiens : I. Deux contrats ptolémaïques
(Rec. de Trac., 1882) 57-77
— II. Décrets de Canope et de Mem-
phis (Rec. de 'Trac., 1883).. 77-91
Les mots ounam fî et semeh droite et gauche (1863). . 93-94
II. — Histoire
Monuments des VIII0-X° dynasties (Rec. de Trac.,
1892) 97-107
De l’élection et de la durée des fonctions du grand-
prêtre d’Ammon à Thèbes (Rec. arch . , 1863) 109-118
Note sur un manuscrit portant le prénom deThoutmès 1 1 1
(Mél. d’arch., 1877) 119-121
Les fonctionnaires du règne de Khounaton (Rec. de
Trac., 1901) 123-133
406
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Divisions et administration d’une ville égyptienne (Rec.
de Trav., 1899) 135-144
Une famille sacerdotale contemporaine des XXII01-
XXVIe dynasties (Rec. de Trav., 1896) 145-161
Études Ptolémaïques :
L’Égypte pendant les premières années du roi Épiphane
( Mém . de la Soc. d’Orléans, 1882) 163-167
Le roi lloremhou (Mém. de la Soc. d'Orléans, 1879).. . 169-201
Horemhou et Ankhtou (1882) 203-205
Hippalos, fonctionnaire égyptien de l’époque ptolé-
maïque (Mém. de la Soc. d’Orléans, 1879) 207-220
Cléopâtre, fille de Ptolémée Épiphane et femme de
Philométor et d'Évergète II (Mém. de la Soc. d'Or-
léans, 1882) 221-243
Le décret de Memphis et les inscriptions de Rosette et
de Damanhour (Mém. de la Soc. d' Orléans, 1888). . . 245-401
Les obélisques de Bénévent érigés par Labiénus (Zeitscli. ,
1903) 403-404
/
IMPRIMERIE FRANÇAISE ET ORIENTALE DE E. BERTRAND
•-
PJ1025 B58 *.15
Bibliothèque eqjrploloqique : comprenant
Princeton TheoloqrCll Seminjry Sperc Library
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